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/Mishnah
/Seder Nezikin
/Mishnah Bava Metzia
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/Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr].json
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"title": "Mishnah Bava Metzia", | |
"versionSource": "https://www.nli.org.il/he/books/NNL_ALEPH002182155/NLI", | |
"versionTitle": "Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr]", | |
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"heTitle": "משנה בבא מציעא", | |
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"Mishnah", | |
"Seder Nezikin" | |
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"Deux individus tiennent un vêtement; l’un dit l’avoir trouvé, l’autre de même; ou bien l’un dit que le vêtement lui appartient entier et l’autre aussi, ils se partageront entre eux le vêtement, en jurant chacun que sa part dans le vêtement n’est pas moindre de la moitié. Si l’un dit avoir le vêtement en entier, et l’autre en réclame la moitié, le premier en prendra 3/4, en prêtant le serment que sa part dans le vêtement n’est pas moindre de 3/4, et l’autre en prendra 1/4, en prêtant serment que sa part n’est pas moindre d’un 1/4.", | |
"Deux individus montent un animal, ou l’un monte, et l’autre le guide; chacun prétend posséder l’animal; en ce cas, ils se partagent l’animal, en prêtant chacun le serment que sa part dans cet animal n’est pas moindre de la moitié. Si les deux individus avouent avoir trouvé tous deux l’objet en litige, ou si des témoins l’affirment, les individus se partageront l’objet entre eux sans serment.", | |
"Un individu monte un animal, en voyant une trouvaille<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Un objet qui n'a pas de maître.</i> dit à un autre de la lui donner; l’autre la prend et dit l’acquérir lui-même; le piéton acquiert alors l’objet. Mais s’il a d’abord donné l’objet à celui qui était à cheval, et plus tard il dit avoir ramassé l’objet pour lui même, sa parole n’a aucune valeur.", | |
"Un individu voit un objet qui n’appartient à personne, et il tombe dessus, pour faire ainsi acte de prise de possession; mais un autre vient et saisit l’objet, dans ce cas, l’objet appartient à celui qui l’a saisi. Un objet inanimé que n’a pas de maître, ou un cerf blessé, ou de petits oiseaux qui ne peuvent pas encore voler, se trouvent dans le champ d’un individu; cet individu voyant d’autres personnes qui courent pour s’approprier ces objets, les prévient en disant: “Mon champ me les a acquis”. Dans ce cas les objets lui sont acquis par son champ. Mais si c’était un cerf qui peut courir, ou des oiseaux qui peuvent voler, le champ ne peut pas les lui acquérir, et ils appartiennent à celui qui les a attrapés.", | |
"La trouvaille d’un enfant mineur, garçon ou fille, appartient au père, et celle d’un esclave cananéen, homme ou femme, appartient au maître; celle d’une femme mariée appartient au mari. Mais ce qu’un enfant majeur, fils ou fille, trouve lui appartient; ce qu’un domestique hébreu, homme ou femme, trouve, appartient au domestique; la trouvaille d’une femme divorcée, même avant de recevoir son douaire, appartient à elle.", | |
"Si un individu a trouvé un contrat de dette où le débiteur engageait ses immeubles, l’individu qui l’a trouvé ne doit pas le rendre<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Le créancier pourrait recourir au tribunal pour se faire payer.</i>; s’il n’y a pas d’engagement d’immeubles dans l’acte, il peut le rendre, car le créancier ne pourra pas obtenir que le tribunal lui fasse payer la dette; c’est l’opinion de R. Meir. Les autres docteurs disent qu’aux deux cas, il ne doit pas rendre l’acte, car le créancier pourrait se faire payer la dette.", | |
"Si un individu a trouvé des lettres de divorce, des lettres d’affranchissement d’esclaves, des testaments, des actes de donation entre vifs, ou des quittances, il ne doit pas les rendre à celui qui veut s’en prévaloir, car il est possible que ces actes étaient préparés pour les luis remettre, mais qu’on a changé d’avis avant de le faire.", | |
"Il faut rendre, si on les trouve, des lettres d’estimation<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> Elles constatent que le tribunal a adjugé une partie des terrains du débiteur au créancier après l'estimation de leur valeur.</i>, ou des lettres de nourriture<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> L'engagement de nourri la fille de sa femme.</i>, ou des actes du déchaussement<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> \"V. (Dt, 25, 9; à la suite de cet acte la femme peut se remarier.\"</i>, ou des actes de refus<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Pour le Mioun, V. t. 7, pp. 11-12.</i>. Il faut aussi rendre, si on les trouve, des actes de brourin<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Littéral.: Documents du choix (de 2 juges et d'un arbitre).</i>, ou un acte quelconque fait par un tribunal. Si un individu a trouvé un acte dans une boîte, glwssocomeion, ou s’il a trouvé un rouleau, ou un paquet de plusieurs actes, il doit les rendre. On appelle “paquet d’actes”, l’ensemble d’au moins 3 actes liés<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> En ces cas, observe Rashi, il est facile de connaître celui qui les a perdus, car celui-ci peut fournir des indices sur la boîte, ou sur le monde du lien des actes, pour affirmer sa possession.</i>. R. Simon b. Gamliel dit: Si les 3 actes sont d’un seul débiteur qui a emprunté de l’argent à 3 créanciers, on doit les rendre au débiteur<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> Evidemment, il les a perdus après avoir payé les dettes et repris les actes.</i>. Si ces 3 actes sont d’un seul créancier qui a prêté de l’argent à 3 individus, il faut les rendre au créancier<sup class=\"footnote-marker\">10</sup><i class=\"footnote\"> Il les a perdus.</i>. Si un individu trouve dans ses papiers un acte, et il ne se souvient pas si c’est le créancier ou le débiteur qui le lui a donné, il le gardera jusqu’à l’arrivée d’Elie (indéfiniment, jusqu’à preuve contraire). Si un individu trouve dans ses papiers l’acquit sumfwnh de son débiteur, il doit se conformer à ce qui est écrit dans la quittance." | |
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"Voici quelles trouvailles on peut garder, et voici celles qu’il faut publier. On peut garder p. ex. des produits de champs (du blé, des fruits, etc.) dispersés, des pièces de monnaies dispersées, des meules de blé dans une place publique, des ronds de figues sèches, des pains de boulanger, des poissons liés ensemble, des morceaux de viande, de la laine tondue, telle qu’elle vient des propriétaires des moutons<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Par opposition à celle qui vient de l'ouvrier, qui présente un indice.</i>, des touffes de lin, des langues de pourpre. C’est l’opinion de R. Meir. R. Juda dit: toutes les trouvailles présentant quelque chose d’extraordinaire doivent être publiées. Par exemple, si l’on trouve un rond de figues sèches qui renferme un tesson, ou un pain qui renferme des pièces de monnaie. R. Simon b. Eléazar dit: on n’est pas obligé de les publier, si l’on trouve des objets neufs<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Ou: en panier (de anaphoreus).</i>.", | |
"Voici quels objets trouvés exigent la publication: Un vase vide, ou contenant des fruits, ou les produits du champ<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> Il y a alors un indice qui permet de le distinguer.</i>, une bourse vide, ou renfermant des pièces de monnaie<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Même motif.</i>, des tas de produits des champs ou de fruits, des tas de pièces de monnaie. Il en est de même, si l’on trouve 3 pièces de monnaie l’une sur l’autre, des gerbes dans un lieu privé, des pains cuits chez un particulier<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> Différents de ceux du boulanger.</i>, de la laine tondue, venant d’un ouvrier, des cruches de vin ou d’huile. Toutes ces choses exigent la publication.", | |
"Si l’on trouve derrière le mur, ou derrière une haie, ou dans les sentiers des champs des pigeons liés, il ne faut pas les toucher<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> On craint qu'en cas de publication, le propriétaire ne sache pas les désigner.</i>. Si l’on trouve au fumier un vase couvert (caché), il ne faut pas le toucher<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Il n'est pas perdu.</i>. Si le vase n’est pas caché, il faut le prendre et le publier (pour que le propriétaire vienne le prendre en indiquant un indice).Si l’on trouve un objet dans une ruine ou dans un vieux mur, ou même dans un mur neuf du côté de la rue, on peut le garder. Si l’objet se trouve dans le mur du côté de la maison, il appartient au propriétaire de la maison. Si cette maison était louée, celui qui le trouve peut le garder, quand même l’objet se trouverait dans la maison.", | |
"Si on trouve un objet (sans indice) dans une boutique<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> Ouverte à tout venant.</i>, on peut le garder; si on le trouve entre le bureau et le boutiquier, c’est à celui-ci. Si on le trouve chez un changeur entre lui et la table, il faut le lui rendre; mais si on le trouve en dehors de la table<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> Devant elle chacun passe, et la trouvaille ne provient pas du changeur.</i>, on peut le garder. Si un individu achète à un autre des fruits ou des produits de champ, ou si l’autre les lui envoie, et qu’en les recevant il y trouve des pièces de monnaie, il peut les garder; mais si les pièces sont jointes (en bourse), il faut les publier, pour les rendre à celui qui pourra les désigner.", | |
"L’Ecriture dit expressément que si l’on trouve un vêtement il faut le rendre (Dt 22, 3); c’est pour nous apprendre ceci: comme un vêtement présente des signes particuliers, et appartient à quelqu’un qui le réclamera, ainsi pour tous les objets présentant des signes spéciaux et appartenant à quelqu’un qui les réclamera, on est obligé de faire la publication.", | |
"Jusqu’à quand doit-on continuer les publications? Jusqu’à ce que ses voisins l’aient appris; tel est l’avis de R. Meir. R. Juda, dit: il faut continuer les publications pendant 3 fêtes, et encore 7 jours après la 3e fête, afin que le pèlerin (qui vient à Jérusalem pour la fête et qui entend la publication) ait 3 jours pour retourner chez lui, voir s’il a perdu un objet, puis 3 jours pour revenir, et encore un jour pour publier à son tour qu’il a perdu tel objet.", | |
"Si celui qui réclame l’objet trouvé indique l’objet sans indiquer de signe, on ne le lui donne pas<sup class=\"footnote-marker\">10</sup><i class=\"footnote\"> Son indication est insuffisante à prouver qu'il est le propriétaire.</i>. Si cet individu est un imposteur, on ne lui donne pas l’objet, quand même il donnerait les signaux, comme il est dit (ibid.): jusqu’à ce que ton frère le réclame; ces mots sont à entendre ainsi: il faut scruter ton frère, afin de savoir s’il est un imposteur. (Celui qui trouve un objet, ou un animal, doit le garder jusqu’au jour fixé par la loi, où il doit le rendre au propriétaire). Si c’est un animal qui exige des dépenses pour sa nourriture, mais qui la peut gagner, on le fera travailler et on le nourrira. Si l’objet ou l’animal ne rapporte pas les frais de son entretien, on le vendra (en vue de rendre l’argent un jour au propriétaire). Selon ces mots (ibid.), tu le lui rendras; il faut examiner comment on le rendra (sans préjudice). Que fait-on de l’argent en attendant? Selon R. Tarfon, celui qui a vendu l’objet trouvé dans ces circonstances peut utiliser l’argent (comme l’argent prêté); par suite, si l’argent se perd, il en est responsable. R. aqiba dit: il ne doit pas l’utiliser (comme un dépôt); et par suite, s’il perd l’argent, il n’en est pas responsable<sup class=\"footnote-marker\">11</sup><i class=\"footnote\"> Pas plus que d'un dépôt.</i>.", | |
"Si un individu a trouvé des livres, il doit les lire une fois par mois. S’il ne sait pas les lire, il doit au moins les dérouler. Si c’est un ouvrage qu’il n’a pas encore lu, il ne doit pas le lire pour la première fois<sup class=\"footnote-marker\">12</sup><i class=\"footnote\"> En raison de la nouveauté, le livre pourrait en souffrir.</i>. Il ne doit pas y lire avec une autre personne<sup class=\"footnote-marker\">13</sup><i class=\"footnote\"> Même motif.</i>. S’il a trouvé un vêtement, il doit le secouer une fois par mois, et l’étendre pour lui donner de l’air, mais non pas pour sa convenance (ou pour en faire étalage). S’il a trouvé des vases d’argent ou de cuivre, il les utilisera pour leur objet, mais il ne doit pas en abuser au point de diminuer leur valeur par le frottement. S’il a trouvé des vases d’or, ou de verre, il ne doit pas les toucher, quand même celui qui les a perdus tarderait à venir jusqu’à l’arrivée d’Elie<sup class=\"footnote-marker\">14</sup><i class=\"footnote\"> Indéfiniment.</i>. S’il a trouvé un sac, un panier, ou un autre objet vil, qu’un homme de sa position n’a pas l’habitude de porter, il n’est pas obligé de la ramasser.", | |
"Dans quel cas est-on obligé de s’occuper des objets trouvés? Si l’on trouve un âne ou une vache qui paissent en route, on ne doit pas les considérer comme des objets perdus dont il faudrait s’occuper pour les remettre au propriétaire<sup class=\"footnote-marker\">15</sup><i class=\"footnote\"> On les supposera laissés là sciemment par le propriétaire.</i>. Si l’on rencontre un âne avec son harnais renversé, ou une vache qui court dans les vignes, il faut les considérer comme des objets perdus qu’on doit remettre au propriétaire. Si l’on ramène la vache et qu’elle s’échappe, il faut la ramener pour la 2e fois; si elle s’échappe de nouveau, on la ramènera pour la 3e fois, et ainsi de suite jusqu’à 4 ou 5 fois, comme il est dit (Dt 22, 1): tu le ramèneras, expression dite avec redondance. Si l’individu qui s’occupe à ramasser un objet perdu par un autre est dérangé par cette occupation dans ses travaux, ce qui lui fait perdre un selà (1/2 sicle), qu’il aurait gagné s’il n’avait pas été dérangé, il ne peut pas exiger du propriétaire de l’objet perdu de lui donner un selà; mais celui-ci paiera le travail, comme on paie à un ouvrier. Si l’individu ne veut pas se contenter de ce salaire, et qu’il préfère gagner un selà entier en continuant ses propres travaux; il a le droit de faire ses conditions<sup class=\"footnote-marker\">16</sup><i class=\"footnote\"> Il peut dire aux juges de ne vouloir se charger de sauver cet objet, qu'à la condition d'être remboursé par le propriétaire pour le selà, qu'il peut gagner par ses propres travaux.</i>. Mais s‘il n’y a pas de juges dans cet endroit, il a le droit de préférer ses propres travaux, et il n’est pas obligé de perdre son argent, en abandonnant son travail pour s’occuper de l’objet d’un autre individu.", | |
"Si un individu trouve une vache dans une étable, il n’est pas obligé de s’en occuper; s’il la trouve au dehors, il est tenu de la remettre à son propriétaire. S’il est un cohen et que la vache se trouve dans un cimetière<sup class=\"footnote-marker\">17</sup><i class=\"footnote\"> Où un cohen ne doit pas entrer, pour ne pas devenir impur.</i>, il n’y entrera pas. Si son père lui ordonne d’entrer au cimetière où il se rendra impur, ou si la vache se trouve ailleurs et le père de l’individu lui défend de la prendre pour la remettre à son propriétaire, il n’obéira pas<sup class=\"footnote-marker\">18</sup><i class=\"footnote\"> Vu la gravité de l'infraction légale.</i>. Si un individu voit un homme ou un animal accablé sous son fardeau, il est obligé de l’aider dans le déchargement ou dans le chargement. S’il a déjà aidé cet homme à le décharger ou charger plusieurs fois, il est toujours tenu de le faire, fût-ce 4 ou 5 fois, en raison de l’expression redondante du texte (Ex 23, 5): aide-lui à le décharger. Si cet homme dit à l’individu: “puisque la loi t’oblige à t’occuper du déchargement, va seul le faire, si tu veux, et je me reposerai”, l’individu ne sera pas obligé de le faire seul. Mais si cet homme est malade ou vieux, son prochain sera tenu d’entreprendre seul la besogne. La loi oblige d’aider son prochain à décharger le fardeau; mais elle n’oblige pas de l’aider à charger (sans se faire payer). R. Simon dit: la loi oblige aussi d’aider à charger (sans rémunération). R. Yossé le Galiléen dit: on n’est pas obligé d’aider son prochain, qui a commis la faute de charger l’animal d’un fardeau trop lourd; car il est dit (ibid.): sous sa charge; il faut que ce soit une charge supportable.", | |
"Si un individu a perdu un objet et que son père en ait perdu un aussi, ne pouvant pas s’occuper des deux objets à la fois, il peut s’occuper d’abord du sien<sup class=\"footnote-marker\">19</sup><i class=\"footnote\"> B., Horayot 48a.</i>. Si un disciple a perdu un objet et que son maître en ait perdu aussi un, le disciple peut s’occuper d’abord du sien. Si son père a perdu un objet et que son maître en ait perdu un aussi, ne pouvait pas s’occuper des deux objets à la fois, il doit s’occuper d’abord de celui de son maître; car son père lui a donné des biens terrestres, mais son maître l’a rendu digne du monde futur. Mais si son père est un homme instruit, il doit s’occuper d’abord de l’objet de son père<sup class=\"footnote-marker\">20</sup><i class=\"footnote\"> Celui-ci alors a satisfait à la fois aux besoins du corps et à ceux de l'âme.</i>. Si son père et son maître portent chacun un fardeau, il doit d’abord décharger celui de son maître, puis celui de son père. Si son père et son maître sont en prison (chez les païens), il doit d’abord racheter son maître, et plus il rachètera son père; mais si son père est un homme instruit, il rachètera d’abord son père, puis son maître." | |
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"Si un individu donne à un autre en dépôt un animal ou des objets inanimés, et que ce dépôt ait été volé ou perdu par un accident rare chez le gardien<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> En ce cas, le gardien gratuit du dépôt jurera seulement que le vol ou la perte n'est pas de sa faute.</i>, si le gardien ne voulant pas prêter serment a payé au propriétaire la valeur du dépôt, et si l’on trouve le voleur, qui est condamné, suivant le cas, à l’amende du double, ou du quadruple ou au quintuple, dans ce cas c’est au gardien que le voleur paye l’amende. Si, au contraire, le gardien a prêté serment que le voleur pour être quitte envers le propriétaire du dépôt, le voleur paye l’amende au propriétaire.", | |
"Un individu a loué une vache et il l’a prêtée ensuite à un autre individu; la vache est morte de sa mort naturelle chez cet emprunteur (accident qu’on ne pouvait éviter). Dans ce cas, celui qui a volé la vache prêtera serment que la vache est morte naturellement, et il sera acquitté envers le propriétaire; puis l’emprunteur paiera sa valeur au premier. Mais R. Yossé dit: celui-ci ne peut pas profiter de la vache qui ne lui appartient pas; elle doit être payée au propriétaire.", | |
"Si un individu s’adressant à la fois à deux personnes leur dit: “J’ai enlevé à l’un de vous 100 zouz, mais je ne sais pas à qui”; ou il leur dit: “Le père de l’un de vous m’a remis en dépôt 100 zouz, et je ne sais pas le père de qui me les a donnés”; en ces cas, l’individu donnera à chaque personne 100 zouz, car il a fait spontanément l’aveu (pour être consciencieux en réparant ses torts).", | |
"Deux individus ont donné de l’argent en dépôt à un gardien; l’un a donné 100 zouz et l’autre 200; plus tard, chacun d’eux réclame 200 zouz. Le dépositaire donnera à chacun d’eux 100 zouz, et les derniers 100 zouz resteront jusqu’à l’arrivée d’Elie<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> On ne les donneras à personne, jusqu'à ce que l'on arrive à savoir à qui ils sont.</i>. R. Yossé dit: Si l’on agissait ainsi, le menteur n’y perdrait rien, et il ne se déciderait jamais à avouer la vérité; il faut donc ne donner rien à aucun d’eux, afin que le menteur se décide à avouer la vérité pour obtenir ses 100 zouz.", | |
"Il en est de même de 2 vases mis en dépôt par 2 individus, dont l’un a donné un vase de 100 zouz, et l’autre en a donné un plus grand qui vaut mille zouz. Si plus tard, chacun d’eux réclame le grand vase, les autres docteurs disent qu’on donne le petit à l’un d’eux, et on vend le grand pour en donner une valeur de 100 zouz à l’autre, et l’on garde le reste. R. Yossé dit: alors aussi on ne donnera rien à aucun d’eux, afin que le menteur se décide enfin à avouer la vérité pour avoir sa part.<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> L'argumentation de la Guemara sur ce est traduite (Yebamot 15, 10), sauf qu'ici on met en opposition la Mishna de Yebamot</i>", | |
"Si un individu a mis en dépôt des fruits (ou des produits de champs) chez autrui, quoique ces objets se gâtent, le gardien ne doit pas y toucher (pour les vendre avant qu’ils ne soient perdus). R. Simon b. Gamliel dit: Le gardien les vendra devant le tribunal, car il rend service au propriétaire, comme s’il lui vendait un objet perdu<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Le dépôt finirait par se corrompre s'il n'était vendu.</i>.", | |
"Si un individu donne en dépôt à un autre des fruits (ou des produits des champs, que le gardien aura mêlés avec ses propres produits), il ne rendra pas au propriétaire la quantité qu’il a reçue; il retranchera de chaque produit la perte qu’il subit selon sa nature. Pour le froment et le riz, on retranchera 9 demi-cab par chaque kour: pour l’orge et le cumin, 9 cab; pour l’épeautre le lin, 3 saah, par kour. Tout se calcule selon la mesure et le temps<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> La quantité a retrancher sera multiplier par le Nb des Kours et celui des années.</i>. R. Yohanan b. Nouri dit: les souris mangent la même quantité d’un kour ou de 2 et 3; la quantité à retrancher ne sera donc que sur un seul kour. R. Juda dit: si le dépôt est considérable, le gardien ne doit rien retrancher, car la perte faite par les souris est compensée par le gonflement que subissent les produits<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Supposant leur mise en dépôt en été, après la moisson, quand ils sont secs, et que le gardien les rende en hiver.</i>.", | |
"Si un individu donne en dépôt du vin (que le gardien mêle ensuite au sien), on en retranchera 1/6; c’est la perte que le vin subit. R. Juda dit: on en retranchera 1/5. S’il s’agit d’un dépôt d’huile, on retranchera 3 lougs 0/0; la lie fait 1 loug 1/2, et un loug 1/2 est absorbé par les cruches; de l’huile pure, on ne retranche rien pour la lie. Si les cruches sont vieilles, on ne retranche rien pour l’absorption (les vieilles cruches n’absorbent plus rien). R. Juda dit: le vendeur a le même droit que le gardien d’un dépôt, en ce sens que si un individu vend à un autre de l’huile pure de ses tonneaux, qu’il doit donner peu à peu selon les besoins de l’acheteur, le vendeur lui retranchera 1 loug 1/2 0/0 de lie<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> B., Sanhedrin 29.</i>", | |
"Un individu dépose un tonneau, sans préciser la place où le gardien doit mettre ce tonneau; puis le gardien l’ayant pris et déplacé, le tonneau se brise. Si cette rupture a lieu entre les mains du gardien, on l’oblige à payer le dommage, lorsqu’il a déplacé le tonneau pour son propre usage; mais il sera acquitté s’il l’a déplacé pour le mieux garder. Si le tonneau s’est brisé après avoir été remis en place, le gardien est quitte, quand même le déplacement aurait eu lieu dans un but personnel. Si le propriétaire du tonneau a précisé la place où le gardien devait le mettre, et celui-ci l’a déplacé puis la fracture a eu lieu, le gardien doit toujours payer le dommage, lorsqu’il l’a déplacé pour son propre usage, quand même le tonneau ne serait brisé qu’après avoir été remis en place.", | |
"Un individu donne à autrui de l’argent en dépôt, le dépositaire l’enveloppe dans son manteau pour le porter sur son dos, ou il le donne à son enfant mineur qu’il laisse dans la maison, sans l’enfermer d’une façon suffisante. En ce cas, le gardien est responsable de la perte de l’argent; car il ne l’a pas gardé selon l’usage. S’il l’a gardé comme l’usage l’exige, il est acquitté.", | |
"Si un individu donne des Maot<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> \"Voir t. 8, p. 80. Une maah égale la moitié d'un pondion; mais, en généralité, maot a le sens d'argent monnayé.\"</i> en dépôt à un changeur, en lui remettant ces pièces liées dans un paquet, le changeur ne peut pas en faire usage; aussi ce dernier n’est pas responsable si l’argent se perd. Si l’argent n’était pas lié, le changeur peut en faire usage, et il est responsable de la perte du dépôt. Si l’individu a donné l’argent en dépôt à un propriétaire (non changeur), quand même l’argent n’a pas été lié en paquet, le dépositaire ne peut pas en user<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> A condition de l'avoir bien gardé selon l'usage, il n'est pas responsable.</i>. Si le dépositaire est un boutiquier il sera assimilé à un homme ordinaire. Tel est l’avis de R. Meir. Selon R. Juda, le boutiquier est assimilé au changeur.", | |
"Si le gardien met la main sur le dépôt<sup class=\"footnote-marker\">10</sup><i class=\"footnote\"> C'est-à-dire s'il en abuse.</i>, d’après l’école de Shammaï, il sera puni, soit que le dépôt diminue de valeur après usage, soit qu’il augmente de valeur<sup class=\"footnote-marker\">11</sup><i class=\"footnote\"> Si p. ex. le dépôt valait 4 zouz quand le gardien l'a pris, et il ne valait plus qu'un zouz quand il a consommé, il paiera les 4 zouz. Si au contraire ce qui valait un zouz d'abord s'est élevé à la valeur de 4 zouz, le gardien paiera aussi 4 zouz.</i>. Les Hillélites disent: le gardien payera la valeur du dépôt au moment de l’enlèvement. R. aqiba dit: il payera la valeur au moment de la réclamation. Si le gardien a voulu mettre la main sur le dépôt, il est condamné, d’après l’école de Shammaï (comme s’il l’avait déjà fait); d’après l’école de Hillel, il n’est condamné qu’après le fait accompli. Ainsi, le gardien ayant reçu en dépôt un tonneau de vin, en a pris un quart de log, puis le tonneau a été brisé par un accident; le gardien ne paiera que le quart qu’il a pris. Mais s’il a soulevé le tonneau pour en prendre un quart de mesure, et le tonneau s’est brisé plus tard par accident, il est responsable de l’accident, et il paiera pour le dépôt entier<sup class=\"footnote-marker\">12</sup><i class=\"footnote\"> Soulevant le tonneau, il a fait acte d'acquisition avec ses conséquences.</i>." | |
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"Quand on achète un meuble pour de l’argent, l’achat devient valable si l’acheteur fait l’acte d’attirer le meuble, mais non parce que le vendeur a pris l’argent<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Au lieu du texte ierouschalmi, il a paru préférable de suivre ici celui du Babli.</i>. Si un individu donne à un autre des espèces en or en échange de l’argent, la prise de l’or rend l’achat valable, mais non pas la prise de l’argent<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Dans cet échange, l'or est considéré comme marchandise, adoptant comme telle la monnaie la moins courante.</i>; dans l’échange des monnaies de cuivre avec celles d’argent, la prise des pièces de cuivre rend l’échange valable, non celle des pièces d’argent. Si on échange des pièces de monnaie mauvaises (qui n’ont plus cours) avec des bonnes, la prise des mauvaises rend l’échange valable, mais non celle des bonnes. Si on échange une pièce de monnaie frappée (marquée) contre une frustre ashmon, la prise de la dernière pièce rend l’échange valable, non celle de la première. Enfin, si on achète du mobilier avec de l’argent, la prise de la marchandise rend la vente valable, non celle de l’argent. En général, en échangeant une marchandise (mobilière) avec une autre, la prise de l’une d’elles rend l’échange valable.", | |
"Si l’acheteur a pris la marchandise, quoiqu’il n’ait pas encore donné l’argent, la vente est valable sans retour. Si le vendeur a touché l’argent, mais l’acheteur n’a pas pris la marchandise, la vente n’est pas valable, et tous les deux peuvent se rétracter; mais le tribunal inflige à celui qui se rétracte un blâme public, en disant que Celui qui a puni la génération du déluge et la génération de la confusion des langues (Gn 11, 7) punira celui qui ne tient pas sa parole. R. Simon dit: celui qui a l’argent en main a la plus grande faculté<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> Le vendeur qui a reçu l'argent peut encore se rétracter, mais l'acheteur ne peut pas se rétracter et réclamer son argent s'il l'a déjà donné, quoiqu'il n'ait pas fait encore l'acte d'attraction.</i>.", | |
"Si le prix de la marchandise monte à un selà, qui vaut 24 maoth, on peut réclamer si l’on s’est trompé de 4 maoth, ou 1/6 du prix de la marchandise. Combien de temps a-t-on pour une telle réclamation? Le temps de montrer la marchandise à un marchand qui s’y connaît, ou à un parent. R. Tarfon a décidé dans la ville de Lod, qu’on ne peut réclamer que si, sur le prix d’un selà, on s’est trompé de 8 maoth ou 1/3 du prix. Les négociants de Lod en étaient contents; mais R. Tarfon leur dit ensuite qu’on peut réclamer toute la journée. Alors ils lui dirent: “que R. Tarfon nous laisse comme nous étions auparavant, sous l’ancienne loi”, et l’on est revenu aux idées des autres docteurs.", | |
"L’acheteur comme le vendeur peut réclamer s’il se trouve lésé dans le prix. Les dispositions sur l’erreur du prix s’appliquent soit au marchand, soit à celui qui ne l’est pas; R. Juda dit qu’elles ne s’appliquent pas à un marchand. La partie lésée peut, à volonté, annuler la vente par la restitution du montant, ou réclamer le dédommagement.", | |
"Combien de selà<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> \"Ou une pièce de 4 dinars; elle s'use avec le temps et perd peu à peu de sa valeur.\"</i> peut-il perdre par le frottement, sans que celui qui le reçoit pour une bonne pièce soit fondé à réclamer? R. Meir dit: le selà peut avoir perdu la valeur de 4 As dont 1 par dinar (ou 1/24 de la valeur d’une bonne pièce), sans que la partie lésée puisse réclamer. R. Juda dit: il peut perdre 4 pondion, à raison d’un pondion par dinar (= 1/12 de selà). R. Simon dit: il peut perdre 8 pondion à raison de 2 pond. par dinar (= 1/6 de selà).", | |
"Jusqu’à quand celui qui a reçu une mauvaise pièce peut-il la rendre? Dans les grandes villes (où il y a un changeur), on lui accorde le temps de montrer la pièce au changeur; dans les villages (où il n’y a pas de changeur), on lui accorde jusqu’au premier vendredi<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> En voulant la dépenser pour les besoins du Shabat il verra si on l'accepte ou non.</i>. Cependant, si celui qui lui a donné cette pièce la reconnaît, il doit la recevoir, même après une année; s’il ne la reçoit pas après écoulement du temps accordé à la partie lésée, la partie lésée peut en être mécontente, mais elle ne peut pas forcer l’autre de la reprendre. On peut sans crainte l’utiliser pour l’échange de la 2e dîme; car la refuser serait un acte de mauvaise volonté.", | |
"La réclamation pour la perte est fondée à raison de 4 pièces d’argent (par selà); il y a lieu à procès pour 2 pièces, et l’aveu se fait pour une différence infime d’une prouta. En 5 cas, cette dernière valeur est admise comme minimum: pour l’aveu, l’argent donné à une femme pour valider le mariage, la jouissance du sacré, la trouvaille d’un objet perdu; il faut alors faire les publications nécessaires pour pouvoir le rendre au propriétaire, enfin si l’on a volé à son prochain la valeur d’une prouta<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Mishna, (Baba Qama 9, 7).</i>, qu’on lui a niée par serment (puis avouée), on devra la rapporter au propriétaire fût-ce en Médie.", | |
"Cinq individus doivent ajouter un cinquième en sus du principal: 1° celui qui mange de l’oblation, ou l’oblation de la dîme (1/100 du blé), ou le prélèvement sur les produits douteux (demaï), ou la parcelle sacerdotale de pâte (Halla), ou les prémices offertes au cohen; 2° celui qui rachète le plant de vigne de la 4e année, ou sa seconde dîme et la consomme lui-même; 3° celui qui rachète (reprend) ce qu’il a consacré; 4° celui qui use pour la valeur d’une prouta de ce qui est consacré; 5° celui qui vole à son prochain la valeur d’une prouta, qu’il jure ensuite ne pas avoir (puis fait l’aveu du vol), devra payer 1/5 outre le capital.", | |
"Les disposition concernant l’erreur dans le prix des achats ne sont point applicables aux esclaves, aux actes, aux immeubles, ni aux consécrations. Les amendes du double ou du quadruple, ou du quintuple, ne sont pas non plus applicables à toutes ces choses. Il y a des cas où un gardien non salarié doit prêter serment que le dépôt n’a pas été perdu par sa faute, et où le gardien salarié doit payer pour la perte du dépôt déterminé par un accident rare; mais le premier n’est pas obligé de prêter ce serment<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Mishna, (Shevuot 6, 7).</i>, ni le dernier de payer s’il s’agit d’une de ces choses. R. Simon dit: pour les saintetés entraînant la responsabilité, on tient compte de l’erreur, non si l’on est irresponsable. R. Juda dit: l’acheteur d’un Pentateuque, ou d’une quadrupède domestique, ou d’une perle, ne peut pas réclamer s’il a payer trop cher; mais les autres docteurs rejettent cette opinion.", | |
"Comme il est défendu de tromper quelqu’un dans les achats, il est aussi défendu de tromper quelqu'un en paroles ou de lui faire du chagrin. Ainsi il est défendu de demander à quelqu’un le prix d’un objet (pour lui faire croire qu’on veut l’acheter), quand on ne veut pas l’acheter. Si l’on rencontre un homme repentant, il ne faut pas lui rappeler les anciens péchés; si on rencontre le fils d’un prosélyte, il est défendu de lui rappeler la conduite de ses parents païens, car il est dit (Ex 22, 20): tu ne fouleras pas l’étranger et ne l’opprimeras pas, car vous avez été des étrangers en Egypte.", | |
"Quand on vend à quelqu’un les produits d’un champ, il ne faut pas mêler ceux d’un autre champ, quoique les uns et les autres soient nouveaux; et à plus forte raison, si l’on vend des produits anciens, il ne faut pas y mêler les nouveaux (moins bons). En vérité, on l’a dit: si l’on vend à quelqu’un du vin mou, on peut y mêler du vin dur, car le vin se conserve mieux (ou s’améliore) par le mélange. Quand on vend le vin d’un tonneau, on peut le donner avec la lie; mais il ne faut pas y mêler la lie d’un autre tonneau. Un individu qui a son vin mêlé avec de l’eau ne peut pas le vendre dans la boutique (aux particuliers) sans les avertir que le vin est mêlé; on ne doit pas le vendre à un marchand, même en l’avertissant du mélange, car celui-ci trompera ces acheteurs, en le leur donnant pour du vin pur. Dans les endroits où il est d’usage de mettre de l’eau dans le vin, on peut le faire (là, personne n’est trompé).", | |
"Le marchand peut vendre les produits de 5 (divers) champs mêlés entre eux, et les vins de 5 (divers) pressoirs. Mais il ne doit pas tromper les acheteurs, en leur faisant croire que les marchandises viennent de tel champ, quand il y mêle les produits d’un autre. R. Juda dit: un boutiquier ne doit pas distribuer les grains rôtis ou des noix aux enfants qui viennent faire des achats<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> B., Baba Batra 78.</i>, car il les habitue ainsi à venir chez lui (c’est faire du tort aux autres boutiquiers); les autres docteurs permettent de le faire. Il ne doit pas baisser le prix des marchandises (car il fait du tort à ceux qui vendent au prix courant). Les autres disent, au contraire: il faut le remercier, s’il baisse le prix<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> Grâce à lui, chacun se nourrira à meilleur compte.</i>. Il ne doit pas trier les poix cassés (de façon à les faire valoir indûment); tel est l’avis d’Aba-Saül. Selon les autres sages, c’est permis. Ceux-ci pourtant reconnaissent que l’on ne doit pas placer le choix seul au-dessus, c’est un trompe-l’œil, pas plus que l’on ne doit colorer (décorer, vernir) ni un homme esclave à vendre, ni un animal, ni des vases." | |
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"Qu’est-ce que l’usure (défendue par la loi mosaïque), et qu’est-ce que l’intérêt défendu seulement par la loi rabbinique? L’usure défendue par la loi mosaïque est celle des prêts; p. ex. si l’on prête à une personne une selà (= 4 dinars), pour qu’elle rende plus tard cinq dinars, ou si l’on prête deux saah (mesures) de froment à une personne pour qu’elle en rende trois. L’intérêt défendu seulement par la loi rabbinique est celui des achats de fruits (ou d’autres objets); p. ex. un citadin passe au marché avec un paysan, pour que celui-ci lui fournisse du froment à raison de 25 dinars d’argent le kour (mesure de 30 saah), prix courant de la récole; plus tard, le prix s’est élevé à 30 dinars d’argent. Le citadin vient réclamer son froment pour le vendre et acheter du vin; mais le paysan répond “Je garde le froment à raison de 30 dinars d’argent le kour, et je te fournirai du vin quand tu en auras besoin”, bien qu’en ce moment le paysan n’ait pas de vin (c’est défendu).", | |
"Le créancier ne doit pas demeurer gratis dans la propriété du débiteur, et il ne doit pas même la louer meilleur marché qu’un autre locataire; car cela serait de l’usure. Quand on loue quelque chose, on peut augmenter le loyer (si l’on ne paie pas d’avance), mais on ne peut pas augmenter le prix de la vente (en un tel cas). Il est permis de louer une propriété à un individu, en lui disant: “si tu paies pour l’année d’avance, tu ne donneras pas 10 selaïm; si tu paies au mois, tu donnera un selà par mois” (ou par an 12 selaïm). Mais il est défendu de vendre un champ à un individu en lui disant: “si tu paies d’avance, tu ne donneras que mille zouz; mais si tu ne paies qu’après ta récolte, tu donneras 1200 zouz”.", | |
"Un individu vend son champ à un autre qui lui donne une partie du prix convenu; et le vendeur dit à l’acheteur: “tu peux apporter le reste quand tu voudras, et alors le champ t’appartiendra<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> De suite, selon Rashi.</i>” dans ce cas, il fait un acte défendu. Si un individu prête de l’argent à un autre sur son champ, et lui dit: “si tu ne me payes pas la dette en 3 ans d’ici, le champ m’appartiendra”, alors le champ appartient, en effet, au créancier, si l’autre ne paie pas. Ainsi agit Baithos, fils de Zonin, avec le consentement des docteurs.", | |
"Il est défendu de donner des marchandises à un boutiquier<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> \"Le boutiquier est le débiteur pour la moitié des marchandises dont le bénéfice lui appartient, et il n'est qu'un gardien pour l'autre moitié dont le bénéfice appartient à l'individu qui la lui a donnée; il devrait donc le faire payer pour la peine qu'il prend de s'occuper de la moitié dont il n'est que le gardien; mais il en fait cadeau à l'individu qui lui a prêté l'autre moitié; c'est donc de l'usure.\"</i> pour qu’il les vende et en partage les bénéfices (avec le déposant). Il est défendu (par le même motif) de prêter à un marchand de l’argent, pour que celui-ci achète des marchandises et partage le bénéfice avec le créancier, à moins que celui-ci ne paie au marchand pour sa part de travail, comme on paie un ouvrier. De même, il est défendu de donner à crédit des œufs à un individu qui a une poule, pour qu’il les fasse couvert, et que prêteur et débiteur se partagent le bénéfice<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> \"Il ne se fait pas payer par celui qui la lui a donnée, afin que celui-ci soit récompensé pour l'autre moitié qu'il a prêtée; c'est donc de l'usure.\"</i>. Il en est de même, si un individu donne à un éleveur des veaux et des poulains à nourrir, fixant leur valeur en argent (que l’éleveur sera obligé de payer en cas de perte ou de mort des animaux), et sous la condition qu’ils se partageront le bénéfice. Ce commerce n’est permis que si celui qui donne les œufs ou les veaux paie à l’autre la peine prise pour sa moitié, et qu’il lui paie aussi (la moitié des dépenses) pour nourrir les petits poussins, ou les veaux, ou les poulains. Mais il est permis de donner des veaux ou des poulains à un individu, pour que celui-ci les élève jusqu’au tiers du développement<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> \"L'éleveur n'a aucune responsabilité pour perte ou mort des animaux, on ne peut pas dire qu'il est débiteur d'une moitié; il n'y a pas d'usure alors.\"</i>.", | |
"On peut donner à l’éleveur une vache, un âne, ou tout animal qui rapporte ce qu’il mange, en fixant la valeur de l’animal au moment de la lui donner, pour partager avec lui plus tard le bénéfice. Si l’animal a des petits chez l’éleveur, on les partage de suite après leur naissance, dans les endroits où c’est l’usage<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> Là, par contre, l'éleveur n'est pas tenu d'élever les petits qui ne lui appartiennent pas.</i>. Mais dans les endroits où il est d’usage d’élever les petits, l’éleveur doit élever même les petits qui ne lui appartiennent pas. R. Simon b. Gamliel dit: on peut donner à l’éleveur le veau avec sa mère<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Sans payer plus pour le veau.</i>, ou le poulain avec la jument; on peut avancer au fermier de l’argent pour améliorer le champ et se faire payer plus cher la ferme; tout cela n’est pas de l’usure.", | |
"L’éleveur ne doit pas recevoir du petit bétail<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Littéralement: de fer (ne courant nul danger de cession).</i> d’un israélite, à la condition de subir seul les dommages et les pertes, et de partager le bénéfice, car c’est de l’usure<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> Car l'éleveur s'occupe gratis de la moitié, dont le bénéfice ne lui appartient pas.</i>. Mais l’éleveur peut le recevoir d’un païen. On peut donner l’intérêt à un créancier païen, et on peut aussi lui prêter à intérêt. Il en est de même d’un prosélyte palestinien. On peut prêter à intérêt l’argent du païen à un israélite, en le faisant sur la demande du païen, non à l’inverse.", | |
"Celui qui veut passer un marché avec un paysan fournisseur, en lui donnant l’argent dans la saison du bon marché (en automne, après la récolte), pour que celui-ci lui fournisse la marchandise pendant toute l’année au bas prix de cette saison, ne doit pas le conclure avant que le prix de la saison ne soit déjà fixé (si le paysan n’a pas en ce moment la marchandise demandée). Si ce prix est fixé, il peut passer le marché même avec un paysan qui ne possède pas en ce moment la marchandise qu’on lui demande, car il peut l’acheter en ce moment chez un autre au prix de la saison. Si ce paysan a récolté la marchandise demandée avant les autres (et passe ce marché quand le prix de la saison n’est pas encore fixé), il peut passer ce marché s’il a des gerbes en tas, ou des raisins ou des olives dans le pressoir; le potier peut passer le marché pour fournir les pots, s’il possède les moules, ou bien pour fournir la chaux, quand il l’a mise dans la fournaise. On peut conclure le marché pour fournir du fumier toute l’année (au bas prix de la saison). R. Yossé dit: on ne peut pas le faire si le fournisseur ne possède pas du fumier à ce moment; les autres docteurs le permettent. On peut convenir avec le fournisseur qui s’engage pour toute l’année, que si la marchandise baisse de prix, on ne le payera que selon la valeur diminuée. R. Juda dit: on n’a pas besoin d’une convention pour cela; car si le prix baisse, l’acquéreur peut toujours dire au fournisseur: “donne-moi à ce prix, ou rends-moi mon argent”.", | |
"Celui qui afferme ses champs peut prêter à ses fermiers une mesure de blé pour qu’ils la lui rendent plus tard (sans craindre que la mesure soit plus chère au moment du payement et qu’il y ait usure), s’ils l’empruntent pour semer, non pour leur consommation. Quand R. Gamliel prêtait à ses fermiers une mesure de blé, fût-ce pour semer, il en estimait la valeur au jour de l’emprunt et celle au jour du payement; si le prix avait baissé ou augmenté du premier jour au dernier, il se faisait payer selon le prix le plus bas. Mais R. Gamliel était trop scrupuleux; le loi ne l’exige pas.", | |
"Il ne faut pas emprunter un kour de blé pour rendre la même mesure après la récolte<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> Le prix pouvant augmenter, il y aurait usure.</i>; mais on peut dire à quelqu’un: prête-moi du blé et je te le rendrai quand j’aurai trouvé la clef, ou quand mon fils viendra<sup class=\"footnote-marker\">10</sup><i class=\"footnote\"> Ce qui suppose le blé présent, prêt à être restitué.</i>. Hillel le défend (même quand le débiteur a du blé). Hillel disait aussi: une femme ne doit pas prêter un pain à sa voisine pour que celle-ci lui rende le même pain, à moins d’en fixer le prix; autrement, il est à craindre que le prix de la substance n’augmente, il y aurait usure.", | |
"Un homme peut dire à un autre: “Va sarcler mon champ; je sarclerai (un autre jour) le tien; va creuser chez moi, je creuserai chez toi”; mais on ne peut pas dire: “Va sarcler dans mon champ et je creuserai dans le tien, ou: va creuser chez moi et je sarclerai chez toi<sup class=\"footnote-marker\">11</sup><i class=\"footnote\"> Si le travail n'est pas le même, il y a usure.</i>”. Quant aux jours du travail, on peut considérer tous les jours comme se ressemblant l’un à l’autre, et de même tous les jours de pluie; mais on ne peut pas dire à autrui: “Va labourer dans mon champ un jour sec, et je labourerai dans le tien en un jour de pluie”.<sup class=\"footnote-marker\">12</sup><i class=\"footnote\"> Selon la correction du Comment. Pné-Mosché, d'après le passage parallèle du T. Babli.</i>. R. Gamliel dit: il y a l’usure prématurée et l’usure tardive, par exemple: un homme a en vue d’emprunter quelque chose à un individu, et il lui fait un envoi d’avance, en lui disant: “c’est pour que tu me prêtes de l’argent”; c’est là l’usure prématurée. Un homme a emprunté de l’argent chez un individu, et il l’a payé; puis il lui fait un envoi, en lui disant: “c’est pour l’argent que tu m’as laissé quelques temps”; c’est là l’usure tardive. R. Simon dit: Il y a aussi usure en paroles; ainsi, il faut renoncer à son créancier (pour lui faire plaisir) l’arrivée de quelqu’un<sup class=\"footnote-marker\">13</sup><i class=\"footnote\"> Il ne faut pas faire ou dire, pour plaire au créancier, ce qu'on n'aurait pas fait ou dit pour lui, si on ne lui avait pas emprunté de l'argent.</i>.", | |
"Voici ceux qui transgressent la défense biblique d’usure: le créancier, le débiteur, le garant et les témoins (qui signent l’acte où le débiteur s’engage à donner l’usure). Les autres docteurs ajoutent: l’écrivain. Ils transgressent 5 défenses: “tu ne donneras pas ton argent à usure” (Lv 15, 37); “tu ne prendras pas d’usure (ibid. 36); “tu ne seras pas comme un exacteur” (Ex 22, 24); “vous ne lui imposerez pas d’usure” (ibid.); enfin “tu ne mettras rien devant l’aveugle qui puisse le faire tomber, tu craindras ton Dieu, je suis l’Eternel” (Lv 19, 14)." | |
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"Si un individu loue des ouvriers, et l’un trompe l’autre, celui qui a été trompé peut être mécontent, mais il ne peut rien réclamer. Si un individu loue un ânier ou un voiturier<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Littéralement: le charretier (le mot du texte venant de carrum), porteur de chaise, phoreion. Voir la Monatschrift de Fraenkel, 1871, t. 20, p. 66.</i>, pour que celui-ci lui apporte des instruments de musique en vue d’une noce ou d’un enterrement, ou bien s’il loue un ouvrier pour tirer le lin de l’endroit où il trempe, ou pour faire un autre travail dont l’ajournement peut causer une perte, et si l’ânier ou l’ouvrier ne peut pas remplir son engagement, lorsqu’il n’y pas de remplaçant, on peut louer un autre à ses frais, ou le tromper<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Vu le manque de parole de l'ouvrier, on peut lui promettre ce qu'il demande, et ne pas lui donner plus qu'il ne lui est dû.</i>.", | |
"Si on loue des ouvriers, et que ceux-ci ne veulent plus travailler (après avoir commencé), l’ouvrier doit subir la perte qui en résulte. Si le patron renvoie l’ouvrier au milieu du travail, il en subira l’inconvénient. Ceux qui changent les conditions convenues (sans y avoir droit) en subissent les inconvénients, et tous ceux qui ne sont pas fidèles à leur parole en subissent l’inconvénient.", | |
"Si un individu loue un âne pour le conduire sur une montagne et le conduit dans une plaine, ou s’il le loue pour la plaine et il le conduit sur la montagne, il doit payer la valeur de l’âne qui en meurt, quoique la distance parcourue par l’âne, par exemple: dix milles, fut celle qu’il devait parcourir d’après la convention. Un individu loue un âne pour le conduire sur une montagne, et il le conduit dans une plaine ou dans une vallée, si l’âne glisse et tombe, l’individu est acquitté; mais si l’âne meurt par la chaleur, l’individu doit payer le dommage. Un individu loue un âne pour le conduire dans la plaine et il le conduit sur une montagne; si l’animal glisse et tombe, l’individu doit payer le dommage; mais si l’âne meurt par la chaleur, l’individu est acquitté. Si l’âne s’est échauffé par la montée, l’individu doit payer le dommage. Si un individu loue un âne, et si cet âne a attrapé une maladie (dans les yeux ou dans les pattes), ou si le gouvernement l’a enlevé pour le service public, aggareia, le propriétaire n’est pas obligé de donner un autre âne<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> On peut arguer que la perte est commune. Cette phrase, dans le texte jérusalémite, précède la dernière à l'inverse du T. Babli.</i>; mais si l’âne est mort, ou s’il s’est cassé une patte, le propriétaire doit donner au locataire un autre âne pour le temps convenu entre eux.", | |
"Si un individu a loué une vache (avec les instruments du labourage) pour labourer sur une montage, et il laboure dans une plaine, il n’est pas obligé de payer le dommage, si les instruments se brisent; mais s’il a loué pour labourer dans la plaine et il laboure sur une montage, il doit payer le dommage, si le coin se brise. S’il a loué pour battre des légumes, et il a battu du blé, il n’est pas obligé de payer le dommage; mais s’il a loué pour battre du blé et il bat des légumes, il doit payer le dommage, car les légumes sont glissants.", | |
"Si l’individu qui avait loué un âne pour un chargement de blé, l’a chargé d’orge (en plus grande quantité), il doit payer le dommage, si l’âne meurt<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Quoique l'orge soit plus légère que le blé.</i>. Si l’individu qui avait loué un âne pour le chargement de produits des champs, l’a chargé de paille (en plus grande quantité), il doit payer le dommage, si l’âne meurt<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> Quoique la paille soit plus légère.</i>; car le volume du fardeau est aussi fatigant que le poids. Si l’ayant loué pour le chargement d’une mesure de blé, il l’a chargé d’une d’orge, il est acquitté (si l’animal meurt); mais s’il a ajouté à la mesure, il est condamné à payer le dommage. Combien faut-il avoir ajouté à la mesure pour être condamné à payer le dommage, si l’animal meurt? Somkos dit au nom de R. Meir: il est condamné à payer le dommage, s’il a ajouté un saah (6 cabs) pour un chameau, et 3 cabs pour un âne.", | |
"Tous les ouvriers qui reçoivent les matériaux chez eux pour confectionner un objet ont à l’égard de ces matériaux la responsabilité d’un gardien salarié. Mais tous ces individus, après avoir fini le travail et avoir dit au patron qu’il peut le venir prendre et les payer ensuite, n’ont plus que la responsabilité d’un gardien non salarié. Si un individu dit à un autre: “garde-moi mes objets, et je garderai les tiens”, ils ont chacun la responsabilité d’un gardien salarié; mais s’il lui a dit: “garde mes objets et mets devant moi les tiens”, il n’a que la responsabilité d’un gardien non salarié.", | |
"Si un individu prête à un autre de l’argent sur gage, il a la responsabilité du gage comme un gardien salarié. R. Juda dit: s’il a prêté de l’argent, il n’a que la responsabilité d’un gardien sans salaire; s’il a prêté des fruits, il est responsable d’un gage comme un gardien salarié. Abba Saül dit: Le créancier d’un pauvre peut louer certains gages à d’autres personnes plusieurs fois, pour diminuer peu à peu la dette<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Le créancier recevant le loyer pour le pauvre.</i>; car il agit alors envers le pauvre débiteur, comme un homme qui lui rend un objet perdu<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Le bien du pauvre mis en gage était comme perdu pour lui, ne lui rapportant rien.</i>.", | |
"Si un individu porte un tonneau (déposé chez lui) d’un endroit à un autre, et que ce tonneau se brise, qu’il soit gardien salarié ou non, il prêtera serment qu’il n’a pas à se reprocher une négligence, et il sera acquitté. R. Eliézer dit: j’ai aussi appris que le gardien non salarié et le gardien salarié doivent prêter serment et être acquittés; mais je suis étonné que tous les deux puissent être acquittés par un serment." | |
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"Si un individu loue des ouvriers, et qu’il leur dise de venir très tôt au travail, ou de s’en aller très tard, il ne peut pas les y forcer plus que ne l’exige l’usage du pays. Si l’usage prescrit de donner aux ouvriers à manger, ou même de leur donner un bon repas, il le faut. Dans toute chose, il faut suivre l’usage. R. Yohanan b. Mathia dit à son fils: Va nous louer des ouvriers. Son fils alla les louer et s’engagea à leur donner la nourriture. Quand il le raconta à son père, celui-ci lui dit: -Si tu leur donnais un repas comme ceux du roi Salomon dans sa grandeur, tu n’aurais pas encore satisfait complètement à ton devoir, car ces ouvriers sont les enfants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Va donc leur dire, avant qu’ils commencent le travail, que tu ne t’engages qu’à leur donner du pain et des légumes. R. Simon b. Gamliel dit: c’était inutile, car tout dépend de l’usage du pays.", | |
"Voici les ouvriers qui peuvent manger, d’après la loi mosaïque (Dt 23), les fruits du terrain où ils travaillent: Celui qui travaille dans les fruits adhérents à la terre, quand on est à la fin de la récolte, ou aux fruits détachés avant la récolte, pourvu que les ouvriers travaillent dans les choses qui viennent de la terre. Voici ceux qui n’est pas le droit de manger les fruits: Celui qui travaille dans les fruits adhérents à la terre, quand la récolte n’est pas finie; celui qui travaille dans les fruits détachés de la terre, bien qu’après la récolte; enfin celui qui travaille dans les choses qui ne poussent pas dans la terre<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> P. ex. l'homme occupé à traire les animaux, ou à faire du fromage.</i>.", | |
"Si l’ouvrier travaille seulement des mains et non des pieds<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Cf. J. (Maasserot 2, 6).</i>, ou des pieds mais non des mains, ou fût-ce seulement des épaules, il peut consommer des produits; selon R. Yossé b. Juda, il faut pour cela avoir travaillé des mains et des pieds –.<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> La Guemara sur ce est traduite (Maasser Sheni 2, 8).</i>", | |
"Si l’ouvrier travaille dans les récoltes de figues, il ne doit pas manger de raisins; s’il travaille dans des récoles de raisins, il ne doit pas manger de figues; mais il peut manger le genre de fruits dans lesquels il travaille, en s’abstenant dans l’endroit où ils sont moins bons, pour en manger davantage quand il arrive à l’endroit où ils sont meilleurs. Toutes ces règles s’appliquent au moment de l’ouvrage achevé; mais pour ne pas causer de perte au maître on a dit: l’ouvrier devra manger en allant d’un outil à l’autre, ou en revenant du pressoir à la maison. Enfin, l’âne peut manger de son chargement.", | |
"L’ouvrier peut manger des courges ou figues jusqu’à la valeur d’un dinar. R. Eliézer Hisma dit: la valeur de ce qu’il mange ne doit pas dépasser la somme de son salaire. Les autres docteurs le permettent; seulement, on peut donner à l’ouvrier le conseil de ne pas manger trop, car on ne le louerait plus à l’avenir.", | |
"L’ouvrier peut vendre au patron le droit de manger, en fixant la somme que le patron lui donnera pour ne pas manger les fruits dans lesquels il travaille; il peut faire ce marché pour soi-même, pour ses enfants majeurs avec leur consentement, pour ses esclaves majeurs et pour sa femme; car ces individus ont de l’intelligence<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Ils peuvent donc céder leur droit.</i>. Mais l’ouvrier ne peut pas faire ce marché pour ses enfants mineurs, pour ses esclaves mineurs et pour son animal; car ces êtres n’ont pas d’intelligence pour vendre leur droit.", | |
"Les ouvriers qui travaillent dans des arbres de la 4e année<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> A la plantation d'un arbre, il est interdit d'en manger les produits pendant 3 ans, et à la 4e année, ce n'est permis qu'après rachat.</i> ne doivent pas manger les fruits; mais si le propriétaire de ces arbres n’a pas avisé les ouvriers que les arbres sont dans la 4e année de leur existence, il est obligé, de racheter les fruits, pour que les ouvriers puissent en manger. Si les fruits étaient déjà prêts à être mangés<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Lorsque les fruits sont recueillis, il faut prélever les dîmes pour les lévites et l'oblation pour les prêtres avant d'en manger.</i>, et le patron a besoin des ouvriers pour un travail, p. ex. pour boucher les tonneaux de vin, ou réparer les cercles de figues qui sont rompus, les ouvriers ne doivent pas en manger; mais si le patron ne les a pas avertis, il doit prélever la dîme pour que l’on puisse en manger.", | |
"Les gardiens des fruits peuvent en manger, car c’est l’usage du pays, quoique la loi biblique n’en parle pas. Il y a 4 catégories: le non salarié, celui qui emprunte un objet pour son usage; un gardien salarié, et un loueur (à son usage). Quant à leur responsabilité, il y a 3 degrés. 1° Le gardien non salarié n’a qu’à jurer s’il est défendeur<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> \"Il doit garder l'objet selon l'habitude, pour le garantir contre les accidents habituels; si on peut lui reprocher une négligence répréhensible, c.-à-d. s'il n'a pas garanti le dépôt contre un accident fréquent, il est responsable du dommage, et doit le payer; s'il a bien garanti le dépôt contre les accidents fréquents, et que l'objet se soit perdu par un accident rare, il n'y a pas de négligence de la part du gardien, celui-ci n'est pas responsable de la perte, et il est acquitté. Par conséquent, si le propriétaire du dépôt qui s'est perdu réclame le prix, le gardien non salarié n'a qu'à prêter serment qu'il n'y a pas eu de négligence reprochable, que l'objet s'est perdu par un accident rare, et le gardien est acquitté. v. (Shevuot 8, 1).\"</i>. 2° Celui qui emprunte un objet a la responsabilité complète et il doit payer, quel qu’ait été l’accident. 3° Le gardien salarié et celui qui loue un objet ont la responsabilité partielle; ils doivent garder l’objet mieux que le gardien non salarié, le garantir même contre les accidents rares; aussi, sont-il condamnés à payer la valeur de l’objet, en cas de vol ou de perte (par un accident rare);mais ils sont acquittés si la perte a eu lieu par un accident (imprévu ou inévitable), p. ex. S’il a gardé pour salaire, ou loué, un animal qui est mort ou qui a été enlevé par l’ennemi. En ces derniers cas il doit jurer que cela a eu lieu ainsi.", | |
"Si l’animal confié au gardien a été attaqué par un loup seul, le cas n’est pas considéré comme accident inévitable<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> On peut alors sauver l'animal.</i>; s’il y avait 2 loups, le cas est considéré comme accident<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> Le gardien, même salarié, sera acquitté.</i>. R. Juda a dit: un seul loup est considéré comme inévitable, quand il y a des attaques fréquentes de loups; l’attaque de deux chiens n’est pas considérée comme un danger. Yaddua le Babylonien dit au nom de R. Meir: si les deux chiens attaquent des deux côtés, c’est un danger. L’attaque d’un brigand est un danger; celle d’un lion, d’un ours, d’un tigre, d’un serpent, d’une panthère est un danger. Si le gardien a conduit l’animal qu’on lui a confié dans un endroit où se trouvent ces animaux féroces ou des brigands, le cas n’est pas considéré comme accident, car il n’aurait pas dû y conduire l’animal.", | |
"Si l’animal est mort de sa mort naturelle, c’est un accident; mais si le gardien a tourmenté l’animal, la mort n’est pas accidentelle. Si l’animal est monté (malgré le gardien) sur une montagne et est tombé, c’est un accident; mais si le gardien l’y a fait monter, la chute n’est pas accidentelle<sup class=\"footnote-marker\">10</sup><i class=\"footnote\"> C'est de sa faute, et il en est responsable.</i>. Tous peuvent convenir avec le propriétaire du dépôt pour être acquitté en cas d’accident; le gardien non salarié peut conditionner d’être dispensé du serment, l’emprunteur de ne pas payer; le gardien salarié et le locataire, de ne pas jurer en cas d’accident inévitable, puis d’être dispensés du payement pour les autres accidents.", | |
"Toutes les conditions qui sont contraires à la loi biblique sont nulles<sup class=\"footnote-marker\">11</sup><i class=\"footnote\"> Cf. J., (Ketubot 9, 1).</i>; en outre toute condition qui vient après l’acte (pour limiter sa valeur) est nulle. Mais toute condition qu’on peut accomplir est légale, si elle est faite avant l’acte qu’elle doit limiter." | |
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"Un individu a emprunté une vache, et il a aussi loué le propriétaire de la vache<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> C.-à-d. le propriétaire s'est engagé à travailler pour lui avec la vache.</i>. S’il n’a emprunté la vache qu’après que le propriétaire s’était déjà engagé, et que la vache soit morte, l’emprunteur est acquitté; car il est écrit: Si le propriétaire de l’animal emprunté est avec lui (avec l’emprunteur), celui-ci ne paiera pas (Ex 22, 14). Mais s’il a emprunté la vache, quand le propriétaire ne s’était pas encore engagé, et que la vache soit morte, il doit payer la valeur de la vache; car il est écrit (ibid.): Si le propriétaire n’est pas avec lui, il paiera.", | |
"Un individu emprunte une vache pour la moitié de la journée et il la loue pour l’autre moitié, ou bien il l’emprunte pour un jour et la loue pour le lendemain, ou bien il emprunte une vache et il en loue une autre; la 1re vache ou la seconde meurt. Le demandeur dit: la vache morte était empruntée, ou bien il dit que la vache est morte pendant qu’elle était empruntée<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Aussi le défendeur payera la valeur de la vache, car l'emprunteur est responsable de l'accident même inévitable.</i>, et le défendeur dit qu’il ne sait pas si l’autre dit vrai ou non; en ce cas le défendeur doit payer. Si le défendeur dit: la vache morte était louée, ou bien il dit que la vache est morte pendant qu’elle était louée<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> Le locataire n'est pas responsable de l'accident inévitable.</i>, et si le demandeur dit qu’il ne sait pas si l’autre dit vrai ou non, le défendeur est acquitté. Si le demandeur dit que la vache morte était empruntée, et le défendeur dit qu’elle était louée; celui-ci prêtera serment qu’il dit la vérité (et il sera acquitté). Si le demandeur et le défendeur n’ont que des doutes, ils se partageront entre eux la valeur de la vache morte<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Le défendeur paiera la moitié.</i>.", | |
"Un individu emprunte une vache à un autre: celui-ci l’envoie au premier par son fils, par son esclave, ou par une autre personne<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> Cf. J., Eruvin 7,1.</i>; ou bien il l’envoie par le fils ou l’esclave ou l’ouvrier du premier; la vache meurt avant d’arriver à destination, en ce cas, celui-ci est acquitté. Si l’emprunteur dit au prêteur: “Envoie-moi la vache par mon fils, mon esclave, ou par la personne que je t’enverrai”, ou s’il lui dit: “Envoie-la par ton fils, ton esclave, ou par une autre personne”; si le propriétaire adhère à cette demande, et la vache meurt après que cette personne l’a reçue, l’emprunteur doit en payer la valeur comme s’il l’avait reçue lui-même. Il en est de même au cas où le propriétaire dit à l’emprunteur: “Je veux t’envoyer la vache par mon fils, mon esclave, ou par une autre personne, ou par ton fils, ton esclave, ou par celui que tu m’enverras”; l’emprunteur lui dit: “Fais-le”, et le propriétaire le fait; et la vache meurt après que la personne indiquée l’a reçue; dans ce cas, l’emprunteur doit également en payer la valeur, comme s’il l’avait reçue lui-même, puisqu’il a dit au propriétaire de la vache de la lui envoyer. Ces règles s’appliquent aussi au cas où l’emprunteur rend la vache au propriétaire<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> \"P. ex. l'emprunteur renvoie la vache qui meurt avant que le propriétaire l'ait reçue; en ce cas, le premier est responsable, comme si la vache était morte chez lui. Mais si le propriétaire lui dit de la lui envoyer, et que la vache meurt après que la personne indiquée l'a reçue, l'emprunteur est acquitté, comme si c'était le propriétaire lui-même qui l'avait reçue.\"</i>.", | |
"Un individu échange une vache contre un âne, et la vache a un petit; ou bien un individu vend son esclave qui accouche d’un enfant. L’individu dit que le petit veau, ou l’enfant est né quand la vache ou l’esclave était encore en sa propriété, et l’autre déclare au contraire que la naissance a eu lieu quand la vache ou l’esclave était déjà acquise à lui. Dans ce cas, les deux plaideurs se partageront le petit veau, ou l’enfant. Un individu a eu 2 esclaves ou deux champs, dont l’un est grand et l’autre petit. Il en a vendu un. L’acheteur prétend avoir acquis le grand; le vendeur dit ignorer lequel des 2 a été vendu; en ce cas l’acheteur prend le grand. Si le vendeur prétend avoir vendu le petit et que l’acheteur dit ne plus savoir lequel des 2 il a acheté, il ne peut prendre que le petit. Si le vendeur dit avoir vendu le petit et l’acheteur dit avoir acquis le grand<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Cf. (Shevuot 6, 12).</i>, le vendeur prêtera serment qu’il dit vrai (et il donnera à l’acheteur le petit). Si le vendeur et l’acheteur doutent tous deux, ils se partagent entre eux l’objet en litige.", | |
"Un individu vend ses oliviers à un autre (qui les achète pour les couper plus tard et faire usage du bois); en attendant ils ont rapporté un peu d’huile, moins d’un quart par saah, cette huile appartient à l’acheteur. Mais s’il y a un quart que l’acheteur réclame (parce que les arbres lui appartiennent), et le vendeur le réclame, parce que le champ est à lui; les deux plaideurs se le partageront. Si un fleuve a arraché les oliviers du sol d’un individu, qui se trouvent maintenant dans le champ d’un autre individu, où ils ont rapporté des fruits; l’un réclame parce que les arbres lui appartiennent, et l’autre les réclame, parce qu’ils ont cru dans son champ; les 2 plaideurs se les partageront.", | |
"Si un individu loue une maison à un autre (à raison de tant par mois), il ne peut pas le mettre dehors en hiver, savoir de la fête des tentes à Pâques; s’il veut le mettre dehors, en été, il faut l’en avertir 30 jours d’avance. Dans les grandes villes, on ne peut mettre dehors les locataires ni en hiver ni en été, sans les avertir d’un an d’avance. S’il loue une boutique à un boutiquier, soit dans les petites villes, soit dans les grandes, il doit l’avertir un an d’avance. R. Simon b. Gamliel dit: s’il s’agit d’une boutique d’un boulanger ou d’un teinturier, le locataire de la boutique doit être averti 3 ans d’avance<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> Ils donnent à leurs clients à crédit pour longtemps</i>.", | |
"Si un individu loue une maison, il doit au locataire les portes, les verrous, la clef et tout ce qui peut être fait par un ouvrier; mais le locataire est obligé de faire lui-même ce qui peut être fait par tout le monde. Le fumier appartient au patron; le locataire n’a droit qu’aux cendres du four et des foyers.", | |
"Si un individu loue une maison à quelqu’un pour un an, le mois ajouté (embolismique) appartient au locataire. S’il a loué au mois, le mois ajouté appartient au propriétaire de la maison. Un individu loue à Sipporï une maison de bains, en disant qu’il la loue pour 12 dinars d’or par an, ou un dinar d’or par mois; comme l’année était alors de 13 mois, on se présenta devant R. Simon b. Gamliel et R. Yossé, qui dirent: Il faut partager le mois ajouté entre le locataire et le propriétaire.", | |
"Un individu loue une maison à un autre pour un certain espace de temps, et la maison s’écroule avant le terme, le propriétaire est obligé de fournir une autre maison au locataire. Si la maison était petite, il ne la fera pas grande; si elle était grande, il ne la fera pas petite; si elle n’avait qu’une pièce, il ne la fera pas de 2; si elle avait 2 pièces, il ne la fera pas d’une pièce. La maison qu’il fera n’aura pas moins ni plus de fenêtres que l’ancienne, à moins que le locataire et le propriétaire consentent tous les deux au changement." | |
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"Si un individu prend un champ à ferme, il fera tous les travaux accomplis d’ordinaire d’après l’usage du pays<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Cf. ci-dessus, 7, 1.</i>. Si l’usage veut qu’on coupe les épis, le fermier les coupera; si l’usage veut qu’on les arrache, il les arrachera. Si l’usage veut qu’on laboure la terre après la moisson, il le fera. La part que le fermier doit prendre du blé, il la prendra aussi du chaume et de la paille. La part qu’il prend du vin, il la prendra aussi des ceps et des échalas. Les échalas sont à la charge commune du propriétaire et du fermier.", | |
"Si un individu prend à ferme un champ qu’on arrose d’une source<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> V. (Baba Batra 3, 1) et 4, 7.</i>, ou un champ où se trouve un arbre, le fermier ne peut rien retrancher de ce qu’il doit au propriétaire, lors même que la source aura disparu ou que l’arbre se sera brisé. Mais s’il a dit qu’il veut prendre à ferme tel champ qu’on arrose d’une source, ou tel champ dans lequel se trouve un arbre, il peut retrancher au propriétaire l’équivalent du dommage qu’il a par la disparition de la source ou de l’arbre.", | |
"Si le fermier ne cultive pas le champ<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> V. J., (Yebamot 15, 3).</i>, il doit payer au propriétaire ce que le champ aurait produit s’il était cultivé; car il est écrit dans le bail: “si je laisse le champ sans culture, je paierai le meilleur” (des produits qu’on aurait pu en obtenir).", | |
"Si le fermier refuse de sarcler le champ, en disant au propriétaire: “tu n’en auras aucun dommage, puisque je te donne la part convenue des produits du champ”, le propriétaire peut le forcer de faire ce travail car il peut lui dire: “tu peux t’en aller un jour et me laisser mon champ plein de mauvaises herbes”.", | |
"Si le champ accepté en fermage donne trop peu de produits pour en obtenir un monceau, le fermier est obligé de le cultiver. R. Juda dit: il est obligé de le faire si le champ produit assez pour la semence qui y tombe.", | |
"Si les produits du champ affermé sont détruits par des sauterelles, ou sont brûlés, lorsque c’est un malheur public du pays, le fermier peut retrancher au propriétaire une somme correspondante à la perte qu’il subit; si la perte n’a pas été causée par un malheur public (si elle n’était pas générale), le fermier ne peut rien retrancher de la somme qu’il doit au propriétaire. R. Juda dit: si, au lieu de s’engager à donner au propriétaire une certaine quantité des produits du champ, le fermier s’est engagé à lui payer une certaine somme en argent, il ne peut rien retrancher, quand même la perte résulte du malheur public.", | |
"Le fermier qui s’engage à donner au propriétaire une certaine quantité des produits du champ (p. ex. dix kour de blé), par an, la lui donnera sur les produits du champ qu’il cultive, quoique ces produits aient été frappés de dévastation. Si les produits de ce champ sont meilleurs que ceux des autres, il est obligé de donner de ces produits au propriétaire, et il ne peut pas lui dire qu’il lui en achètera d’autres.", | |
"Un fermier qui prend un champ pour y semer de l’orge, ne doit pas y semer du froment<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Le froment disent les commentaires, épuise la terre plus que d'autres cultures.</i> s’il l’a pris pour y semer du froment, il peut y semer de l’orge. R. Simon b. Gamliel défend cette dernière mutation. S’il a pris le champ pour y semer des légumes secs il ne doit pas semer du blé s'il l'a pris pour y semer du blé, il peut y semer des légumes. R. Simon b. Gamliel le défend.", | |
"Le fermier qui prend un champ pour au moins 7 ans, peut la 1re année, y semer du lin, et couper les sycomores la même année<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> Le lin n'épuise pas la terre plus de 7 ans, et les sycomores repoussent et deviennent aussi forts qu'ils étaient en 7 ans.</i>. Mais s’il l’a pris pour peu d’ans (moins de 7 ans), il ne peut pas y semer du lin, ni couper de sycomores.", | |
"Un fermier qui prend en fermage un champ à raison de 700 zouz, pour un septenaire d’années, la 1e année de la période (ou repos agraire) y est comprise; mais s’il dit qu’il paiera 700 zouz pour 7 ans, l’année du repos ne compte pas pour une année de culture.", | |
"L’ouvrier qui travaille à la journée doit être payé le soir qui la suit, et le patron a le temps de payer toute la nuit jusqu’au lendemain matin. L’ouvrier loué pour la nuit doit être payé le jour qui la suit, et le patron a le temps de payer toute la journée avant le coucher du soleil. L’ouvrier loué pour quelques heures pourra être payé toute la nuit et toute la journée. Quant à l’ouvrier loué pour une semaine, pour un mois, pour une année, ou pour un septenaire d’années, s’il finit son travail pendant le jour, il sera payé dans cette journée avant le coucher du soleil; s’il finit son travail la nuit, le patron a le temps de le payer toute cette nuit et toute la journée qui la suit, jusqu’avant le coucher du soleil.", | |
"Il est écrit: Tu payeras son salaire le jour même (qu’il aura travaillé), le soleil ne doit pas se coucher sur cette dette (Dt 24, 15). Ce commandement s’applique aux ouvriers qui travaillent en personne, et aussi à ceux qui louent leurs bestiaux ou leurs instruments. On leur applique aussi ce texte (Lv 19, 13): tu ne garderas pas le salaire de l’ouvrier jusqu’au matin. Le patron transgresse la loi mosaïque, s’il ne paye pas le salaire (dans le temps prescrit) à l’ouvrier qui le réclame; mais il ne commet pas de péché si l’ouvrier ne réclame pas. Si le patron envoie l’ouvrier chez un boutiquier (afin de prendre à son compte des objets de consommation pour son salaire), ou s’il dit à un changeur de donner de sa part à l’ouvrier les pièces de monnaie qu’il lui doit, il a satisfait à la loi. Si l’ouvrier réclame son salaire pendant le temps prescrit pour le payement (tandis que le patron dit avoir déjà payé), l’ouvrier peut se le faire payer, en jurant dire vrai<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> V. J., (Shevuot 7, 1).</i>. S’il ne réclame que plus tard, il est obligé (comme tout demandeur) d’appuyer sa réclamation de preuves, et le serment ne suffira pas pour se faire payer. Cependant, s’il réclame plus tard, en amenant des témoins qui constatent qu’il a réclamé au temps prescrit pour le payement, il peut se faire payer son salaire en jurant dire vrai. Si l’ouvrier est un étranger païen<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> Ici, le mot Gher ne signifie pas, comme d'ordinaire, un prosélyte, mais un étranger, comme dans (Gn 23, 4)</i>, il faut observer envers lui (comme pour un Juif) le commandement biblique où il est écrit: “Ne retiens pas le salaire du mercenaire pauvre et nécessiteux, d’un de ses frères ou des étrangers qui sont dans ton pays, dans l’une de tes villes. Tu lui donneras le salaire le jour même (où il aura travaillé), le soleil ne doit pas se coucher sur cette dette, car il est pauvre et attend après; crains qu’il (Juif ou païen) n’implore contre toi Jéhovah, et que tu ne commettes un péché (ibid. 14, 15)”. Pourtant, l’étranger ne se trouve pas mentionné dans cet autre passage (Lv 19, 13): “Le salaire du mercenaire ne demeurera pas de vers toi jusqu’au lendemain”.", | |
"Le créancier ne peut pas saisir des gages du débiteur sans la permission du tribunal. Il n’entrera pas dans la maison du débiteur pour prendre un gage, car il est écrit: “Tu n’entreras dans sa maison pour te nantir de son gage; tu dois attendre dehors, et le débiteur t’apportera le gage au dehors” (Dt 24, 10-11). Si le créancier a deux gages, il rendra au débiteur un gage quand celui-ci en aura besoin, et il gardera l’autre. Il rendra p. ex. l’oreiller la nuit, et la charrue le jour. Si le débiteur est mort, le créancier n’est pas obligé de rendre le gage à ses héritiers. R. Simon b. Gamliel dit: Quand même le débiteur ne serait pas mort, le créancier n’est obligé de lui rendre le gage au moment où il en aura besoin, que dans un délai de 30 jours; ce terme passé, il peut le faire vendre pour le tribunal. Il ne faut pas prendre un gage à une veuve, qu’elle soit pauvre ou riche; car il est écrit: “tu ne prendras pas pour gage le vêtement d’une veuve” (ibid. 17). Celui qui prend une meule pour gage transgresse une double défense biblique, car il est écrit (ib. 6): “On ne doit pas saisir pour gage une meule inférieure ni une meule courante, car ce serait prendre la vie même en gage”. Non seulement la meule est interdite, mais il est défendu aussi de prendre pour gage un instrument quelconque qui sert à préparer la nourriture, car, d’après l’expression de l’écriture (ibid.) “ce serait prendre pour ainsi dire à gage la vie même de son prochain”." | |
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"Deux individus avaient une maison, dont l’un avait l’étage inférieur et l’autre le supérieur, la maison s’est écroulée, et on ne reconnaît pas les matériaux, bois et pierres, s’ils viennent de l’étage inférieur ou du supérieur; en ce cas, les débris sont partagés entre les deux individus. S’il y a des pierres brisées et d’autres intactes, on peut parfois reconnaître, d’après la cause et la manière de l’écroulement, si ce sont celles de l’étage supérieur, ou celles de l’inférieur, qui ont dû se briser (on fera alors le partage en conséquence). Si l’un des individus reconnaît une partie de ses pierres (qui sont intactes), il les prend, et elles lui sont comptées pour le partage.", | |
"Un individu a loué l’étage supérieur d’une maison<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Le bas est occupé par le propriétaire.</i>; le plafond s’est écroulé; le propriétaire devrait rebâtir le plafond pour le locataire, mais il ne veut pas le faire. En ce cas, le locataire entre dans l’étage inférieur, où il reste jusqu’à ce que le propriétaire ait rebâti le plafond. R. Yossé dit: le propriétaire donnera la charpente du toit, et le locataire donnera l’enduit pour la maçonner.", | |
"Deux individus possèdent une maison à deux étages, dont l’inférieur appartient à l’un, et le supérieur à l’autre; la maison s’est écroulée. Le propriétaire de l’étage supérieur dit à l’autre: de faire rebâtir l’étage inférieur (et il rebâtira ensuite le supérieur); l’autre ne veut pas le faire. Dans ce cas, le propriétaire de l’étage supérieur peut rebâtir l’étage inférieur et y demeurer, jusqu’à ce que l’autre lui ait remboursé ses dépenses (après quoi, il rebâtira l’étage supérieur). R. Juda n’approuve pas cette idée; car le propriétaire de l’étage supérieur (avant de l’avoir rebâti) aura demeuré dans l’inférieur qui appartient à celui pour lequel il aura avancé de l’argent (nécessaire pour rebâtir son étage inférieur<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> \"Il sera donc son créancier et aura demeuré gratuitement là, ce qui ressemblerait à de l'usure; pour l'éviter, il devra payer le loyer.\"</i>. Par conséquent, il vaut mieux pour le propriétaire de l’étage supérieur rebâtir d’abord les deux étages, et aller demeurer ensuite dans l’étage inférieur (en laissant le supérieur vide), jusqu’à ce que l’autre lui rembourse ses dépenses pour l’étage inférieur.", | |
"Un individu possède un jardin, au dessous duquel se trouve, creusé dans le roc, un pressoir pour les olives, et ce pressoir appartient à un autre individu; le terrain qui servait en même temps à l’un comme jardin et à l’autre comme voûte de son pressoir, s’est effondré; de sorte que l’un y a perdu la place pour les plantations, et l’autre la voûte de son pressoir. Si le propriétaire du pressoir ne veut pas faire les réparations nécessaires, celui du jardin sèmera au dessous (dans le pressoir), jusqu’à ce que l’autre rétablisse la voûte sur laquelle il pourra semer. Si un mur, ou un arbre, en tombant (par un accident imprévu) sur la voie publique, a causé un dommage, le propriétaire est acquitté. Si le magistrat, prévoyant la chute, a fixé au propriétaire un espace de temps dans lequel l’arbre devra être abattu, et si la maison ou l’arbre s’est écroulé avant ce jour, le propriétaire est acquitté (il n’est pas obligé de payer le dommage, qui en est résulté pour les passants); si l’écroulement a eu lieu après le jour fixé par le magistrat, le propriétaire est condamné à payer le dommage<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> V. J., (Baba Qama 3, 3) fin.</i>.", | |
"Un mur appartenant à un individu tombe, en s’écroulant, dans le jardin d’un autre; le propriétaire du jardin lui dit: “Enlève tes pierres”, et celui-ci lui répond: “Je t’en fais cadeau, fais-en ce que tu veux”. En ce cas, le propriétaire du mur est obligé d’enlever ses débris du jardin. Si le propriétaire du jardin a accepté ce cadeau, et a fait enlever les pierres, puis le propriétaire du mur lui dit: “Je te rembourserai tes dépenses, rends-moi mes débris”, on ne l’écoute pas. Un individu a loué un ouvrier pour ramasser la paille; l’ouvrier a travaillé, et il demande son salaire; le patron lui répond: “prends tout ce que tu as ramassé pour ton salaire”; l’ouvrier peut alors le refuser et réclamer son salaire. Si l’ouvrier l’a accepté, et si le patron lui dit plus tard: “je te donnerai ton salaire, rends-moi ma paille”, on ne l’écoute pas. Si un individu porte son fumier dans une place accessible au public, il faut qu’un autre soit là tout prêt à le porter de là dans les champs, afin qu’il ne reste pas dans cette place (où il pourrait causer des dommages aux passants). Il ne faut pas tremper l’argile dans une place accessible au public, ni faire des briques en cet endroit<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> Il s'agit, dit Rashi, de l'opération qui consiste à étendre l'argile, puis à la couper en tranches, selon la dimension que l'on veut donner aux briques, et à les laisser en place jusqu'à ce qu'elles soient sèches.</i>. Cependant, on peut y pétrir l’argile pour l’appliquer de suite dans un édifice, mais on ne peut pas pétrir des tuiles dans un pareil endroit. Si l’on bâtit dans une place accessible au public, et l’on apporte des pierres, il faut qu’un individu les enlève pour l’édifice aussitôt qu’on les apporte, afin qu’elles ne restent pas en cette place. Si, en attendant, les pierres ont causé des dommages aux passants, il faut payer les dommages. R. Simon b. Gamliel dit au contraire: on peut même préparer le travail un mois d’avance (sans être obligé de payer le dommage s’il en survient).", | |
"Deux jardins se touchent l’un l’autre; l’un se trouve dans un lieu élevé, et l’autre est plus bas: il y a des plantes sur l’escarpement qui sépare les deux jardins l’un de l’autre. R. Meir dit: ces plantes appartiennent au propriétaire du jardin supérieur, car c’est sa terre qui les nourrit, et que s’il enlevait sa terre, les plantes disparaîtraient. R. Juda dit: elles appartiennent au propriétaire du jardin inférieur, car si celui-ci voulait remplir son jardin jusqu’au dessus de ses plantes, elles disparaîtraient. Mais, dit R. Meir, puisque tous les deux se disent les maîtres des plantes en question, en se prévalant de ce qu’ils peuvent l’un et l’autre les anéantir, voyons d’où ces plantes tirent leur nourriture? R. Simon dit: le propriétaire du jardin supérieur prendra tout ce qu’en restant chez lui il peut atteindre avec la main; le reste appartiendra à l’autre." | |
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"Mishnah" | |
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