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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?

La charrue est un instrument aratoire utilisé en agriculture pour labourer les champs.

L'étude des noms que portent la charrue et l'araire dans les dialectes germaniques et slaves permet d'assurer que la charrue était suffisamment connue pour posséder son nom particulier en Europe Centrale entre le Ve et le Xe siècle[1].

Elle s'est plus largement répandue en Europe lors de la révolution agricole du Moyen Âge (Xe-XIIIe siècle), où son utilisation, conjointement à celle du fumier, a permis d'augmenter la productivité agricole[citation nécessaire]. La charrue se distingue de l'araire par le fait qu'elle est munie d'un versoir qui rejette la terre d'un seul côté (travail dissymétrique), et retourne ainsi la terre, au lieu de simplement la scarifier.

Le labour permet d'ameublir la terre et de la préparer à recevoir le semis. Il permet d'enfouir également les résidus des cultures précédentes, les mauvaises herbes, le fumier, et accélère la minéralisation de la matière organique en faisant augmenter la température du sol.

Les charrues modernes, mues par des tracteurs de plus en plus puissants, peuvent comporter de nombreux socs travaillant en parallèle.

Une charrue est un instrument aratoire dissymétrique, disposant d’un attelage, utilisé pour un travail du sol profond appelé labour[2]. Les principales pièces, utiles au travail, composantes de cet outil sont : le soc et le versoir, auquel peut s’ajouter un coutre et une rasette. L’action de la charrue est de découper une tranche de terre et de la retourner sur un côté de l’axe de l’action du fait de son versoir[3].

Étymologiquement, c'est l'avant-train d'attelage, une sorte de charriot, qui est à l'origine du mot « charrue ». Il est cependant absent sur les charrues portées.

En 1955, la charrue a été définie comme un outil aratoire à structure dissymétrique. Depuis, c'est cette caractéristique qui la distingue de l'araire qui est un outil aratoire à structure symétrique[4]. Ce point implique qu'historiquement la charrue n'est pas une évolution de l'araire mais différentiation pour un outil spécifique utilisé pour des labours dans un type de terres particulières[5].

Cependant l'anthropologue Pierre Reignez (CNRS) constate qu'étant donné la rareté des pièces archéologiques et des représentations iconographiques, il n'est pas possible de réaliser une typologie des instruments aratoires avant le XVIIIe siècle; tous les socs retrouvés sont de type symétrique et la conservation d'éventuels versoirs en bois parfois renforcés de minces tôles de fer est insuffisante pour permettre leur caractérisation; il envisage de plus que certaines araires aient pu être employées pour fournir un travail dissymétrique, par exemple en les forçant à travailler en biais[6] ou en les munissant d'une reille orientable[7].

Il est difficile de faire la différence entre araire et charrue dans l'œuvre d'Olivier de Serres qui a scrupuleusement observé les pratiques françaises. Il constate que chaque petite région avait son type d'instrument aratoire susceptible d'être modifié selon les besoins. Il en résultait une extrême diversité[6].

L'araire est typiquement utilisée dans les zones méditerranéennes ou semi-arides et travaille à 10 cm de profondeur[8]. On effectue plusieurs passages éventuellement croisés. La charrue est apparue pour exploiter les sols à climat océanique où l'humidité et la végétation indésirable pouvaient poser des problèmes insurmontables et pour enfouir le fumier. La profondeur de travail varie le plus souvent de 15 à 30 cm.

Les éléments essentiels d'une charrue sont à peu près les mêmes que ceux de l'araire : age, sep et mancherons. Mais l'ajout d'autres pièces entraîne d'importantes modifications : c'est d'abord l'avant-train, muni de roues de dimensions souvent inégales pour permettre à la charrue de garder sa stabilité lors du labour (une roue passe sur la terre non encore travaillée, l'autre au fond de la raie précédemment tracée). Autre élément nouveau par rapport à l'araire, le coutre, lame de fer destinée à découper la motte de terre, qui sera ensuite soulevée par le soc et renversée par le versoir. La charrue, beaucoup plus lourde que l'araire, nécessite la présence de deux mancherons pour assurer une meilleure conduite par le laboureur. L'age devient un axe très long sur lequel sont fixées toutes les pièces travaillantes. Soc et versoir sont dans le prolongement l'un de l'autre, formant parfois une seule pièce reliée à l'age par les étançons et située sur le côté de celui-ci (n'oublions pas que le principe du labour à la charrue repose sur la dissymétrie).

En sa forme primitive, la charrue simple est parfaitement adaptée au labour en billons et à sa variante la plus fréquente, le labour en planches. En effet, si la charrue n'est pas réversible, le laboureur est obligé d'alterner les passages de chaque côté du premier sillon; le trajet en fourrière s'allonge donc à chaque sillon dans le cas de travail en adossant. Le principe de ce labour est simple : une fois que la charrue a terminé sa première raie et qu'elle effectue le trajet en sens inverse, le versoir, qui se trouve orienté vers le sillon de terre soulevée par le premier passage, rejette à nouveau la terre sur celui-ci. Ce type de labour qui laisse une rigole à chaque reprise de billon est excellent dans les sols humides, dont il facilite le drainage. Par contre, il n'est guère nécessaire en pays méditerranéen où on lui préfère le « labour à plat » : pour cela on peut modifier l'orientation du soc et du versoir de façon à renverser la terre toujours dans la même direction (on dit qu'on adosse toujours du même côté). S'il était facile de modifier l'inclinaison d'un araire, muni de deux oreilles symétriques à l'axe, la chose se complique avec une charrue. Mais très vite sont nés des instruments de type tourne-oreille qui ont permis de simplifier la tâche du laboureur : l'oreille y est un versoir mobile, que l'on fixe alternativement d'un côté et de l'autre de l'age chaque fois que la charrue arrive à l'extrémité de la raie.

Ces modifications étaient fastidieuses, aussi dès qu'on a pu disposer d'équipages de trait suffisamment robustes, on a rajouté à la charrue un second ensemble soc-versoir-coutre orienté différemment; il suffit alors de basculer la charrue pour amorcer le sillon suivant[8]. La charrue en est notablement alourdie, ce qui améliore sa tenue dans le sol. La charrue reste dite monocorps (un seul corps travaille à un moment donné).

Il existe plusieurs dispositions : balance, quart-de-tour, Brabant, ...) suivant le type de pivotement[2]. On a fabriqué ensuite des charrues réversibles à plusieurs corps.

Le labour à plat s'est imposé dans toutes les régions du monde avec les grandes cultures industrielles ; il laisse en effet de grandes surfaces uniformes jugées idéales pour l'utilisation de matériel de forte puissance.

Charrue-balance multisocs (1921), elle était tirée par un treuil actionné par une locomobile placée en bout de sillon avec un poulie de renvoi à l'autre bout. La charrue basculait automatiquement en repartant en sens inverse.

Première Guerre mondiale. Des landgirls effectuent un labour traditionnel en planches, Royaume-uni, 1914. Remarquer la  puissance des chevaux de labour.

Première Guerre mondiale. La motorisation.

Ancienne charrue Brabant, dans une cour de ferme en Suisse, 2019.

Charrue réversible à quatre corps type Brabant à coutres circulaires portée sur relevage trois points.

La particularité de cette charrue, exposée au Compa, conservatoire de l'Agriculture, à Chartres, est de présenter un réglage du labour en hauteur et en largeur, réglage qui se fait en conduisant et non en l'arrêtant. Cette charrue mise au point par Vincent Charlemagne Pluchet en 1829, sera utilisée dans les fermes du plateau de Trappes jusqu'à l'arrivée des tracteurs dans les années 1950 [9].

D'amélioration en amélioration, et toujours pour faciliter le labour à plat, on allait arriver à la charrue Brabant double. L'instrument est composé de deux corps de charrue superposés que le cultivateur, à l'aide d'une poignée, fait pivoter de 180° ou de 90° (cas du brabant dit 1/4 de tour) autour de l'axe quand il arrive à l'extrémité des raies. On se retrouve donc avec deux coutres, deux socs et deux versoirs, auxquels on a même ajouté deux rasettes placées en avant des coutres. Les rasettes qui comportent un petit soc et un petit versoir travaillent moins profondément en scalpant une partie de la couche supérieure du sol et en la rejetant au fond de la raie précédente avant passage du corps principal de charrue ; la surface du guéret est alors (en principe) exempte de débris végétaux sur toute sa largeur, ce qui facilite le hersage et le semis et minimise les  levées d'adventices. L'avant-train automatique avec régulateur entraîne la suppression des mancherons, réduits le plus souvent à de simples poignées.

La charrue à versoir (parfois improprement dénommée « charrue à soc »[10]) actuelle est fabriquée en acier et composée d'un bâti qui comprend les pièces de liaison et le système d'attelage et d'un ou plusieurs corps de labour qui rassemblent les pièces travaillantes.

Soc et versoir sont fixés solidairement sur une pièce horizontale, le sep, elle-même fixée sur l'étançon. Le sep peut être doté d'un contre-sep, pièce d'usure frottant contre la muraille.
À l'extrémité du sep du dernier corps de labour, se trouve le talon dont le réglage permet de maintenir l'horizontalité du bâti de la charrue.

Les charrues modernes sont le plus souvent réversibles : lorsqu'on a creusé un sillon dans un sens et qu'on va parcourir le champ dans l'autre, il est nécessaire que la terre reste déportée dans la même direction que celle du sillon précédent, et donc cette fois-ci dans le sens inverse par rapport à la marche. De telles charrues réversibles sont visibles au Musée des Arts et Métiers de Paris.

Ces charrues souvent monosoc sont généralement constituées d'un corps surdimensionné permettant de travailler à 40 cm de profondeur. On les utilise éventuellement pour casser une semelle de labour ou pour ameublir en profondeur une terre destinée à recevoir des plantations telles que vigne ou verger[12]. Ces charrues ont d'abord existé sous la forme de charrues-balance tractées au treuil par des locomobiles.

Ces charrues mélangent la matière organique sur toute la hauteur du profil travaillé à la différence d'une charrue à versoir et rasette. Cela peut être considéré comme un avantage du point de vue agronomique mais peut compliquer le semis.

La charrue à disques est essentiellement constituée d'un ou plusieurs disques tournants. Le disque remplace l'ensemble soc, versoir, coutre; il ressemble à un disque de déchaumeuse en plus robuste. Ce système a l'avantage de la simplicité mais est plus difficile à régler. Elle fonctionne bien en condition difficile mais enfouit mal les déchets verts. Elle reste peu utilisée[2].

La charrue-bêche ou machine à bécher repose  sur le principe, très différent du soc, d'un ensemble de pelles-bêches animées par la prise de force d'un tracteur. Elle a l'avantage sur la charrue ordinaire d'éviter la formation de semelles de labour. C'est cependant un outil complexe plus fragile et demandant plus d'entretien[13].

La charrue-chisel ou chisel est un cultivateur lourd équipé de puissants socs verticaux. Elle ne retourne pas la terre. Certains modèles peuvent briser une semelle de labour[8].

La charrue rotative est un appareil dérivé de la houe rotative ou rotoculteur (rotavator). Les socs tournants (lames coudées simples montées sur un axe horizontal) du rotavator sont remplacés par des socs dont la forme peut rappeler une bêche et la vitesse de rotation est généralement inférieure. Elle demande plus de puissance qu'une charrue bêche mais est plus simple. Elle est utilisée en maraîchage et jardinage (montée sur motoculteur) et pour la culture en rizières[8].

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