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1
+ En géométrie euclidienne, un triangle est une figure plane, formée par trois points appelés sommets, par les trois segments qui les relient, appelés côtés, délimitant un domaine du plan appelé intérieur.
2
+ Lorsque les sommets sont distincts deux à deux, en chaque sommet les côtés délimitent un angle intérieur, d'où vient la dénomination de « triangle ».
3
+
4
+ Le triangle est aussi le polygone le plus simple qui délimite une portion du plan et sert ainsi d'élément fondamental pour le découpage et l'approximation de surfaces.
5
+
6
+ De nombreuses constructions géométriques de points, droites et cercles associés à un triangle sont liées par des propriétés qui étaient en bonne part déjà énoncées dans les Éléments d'Euclide, près de 300 ans avant Jésus-Christ. Les relations entre les mesures des angles et les longueurs des côtés sont notamment à l'origine de techniques de calcul de distances par triangulation. Le développement de ces techniques constitue d'ailleurs une branche des mathématiques appelée trigonométrie.
7
+
8
+ Hors de la géométrie euclidienne, les côtés d'un triangle sont remplacés par des arcs géodésiques et beaucoup de ses propriétés sont modifiées (voir Trigonométrie sphérique).
9
+
10
+ La forme triangulaire se retrouve dans de nombreux objets, mathématiques ou non, et s'est chargée de symboliques diverses. De nombreux caractères typographiques présentent une telle forme.
11
+
12
+ Un triangle est complètement déterminé par la donnée de ses trois sommets et il se note en général en juxtaposant les trois lettres (a priori capitales) qui les désignent. L'ordre de ces lettres importe peu même si l'ordre d'énonciation correspond en général à un parcours dans le sens trigonométrique autour du triangle[1]. La longueur d'un côté est classiquement notée avec la lettre minuscule correspondant au sommet opposé.
13
+
14
+ Si tous les sommets sont distincts[note 1], chaque angle géométrique peut être identifié par la lettre du sommet correspondant, surmontée d'un accent circonflexe. Au cas où la figure comprend d'autres segments passant par les sommets, les côtés de l'angle sont précisés par les lettres désignant les deux autres sommets de part et d'autre sous l'accent circonflexe. Ces angles peuvent aussi être notés à l'aide de lettres grecques en minuscule et en italique.
15
+
16
+ Le postulat euclidien selon lequel « la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre » s'illustre par le fait que dans un triangle, la longueur de chaque côté est inférieure à la somme des longueurs des deux autres côtés :
17
+
18
+ Le cas d'égalité caractérise les triangles plats, dans lequel l'un des sommets appartient au segment qui relie les deux autres.
19
+
20
+ Réciproquement, étant données trois longueurs (données par trois nombres réels positifs) dont aucune n'est supérieure à la somme des deux autres, il est possible de construire un triangle ayant ces longueurs de côté.
21
+ La vérification de ces inégalités peut être faite en comparant seulement la plus grande des trois longueurs avec la somme des deux autres, car les deux autres inégalités sont nécessairement vraies.
22
+
23
+ Il suffit alors de construire d'abord un segment d'une des trois longueurs souhaitées, puis de tracer deux cercles centrés sur les extrémités de ce segment avec pour rayon chacune des deux autres longueurs. Les deux cercles ont alors deux points d'intersection et n'importe lequel de ces deux points définit le triangle de dimensions voulues avec le segment initial.
24
+
25
+ La somme des angles d'un triangle est égale à un angle plat, autrement dit la somme de leurs mesures vaut 180° (degrés) c'est-à-dire π radians. Cette propriété est une caractéristique de la géométrie euclidienne. Il existe d'autre géométries, dites géométries non euclidiennes, dans lesquelles la somme des angles d'un triangle est toujours supérieure à 180° (on parle alors de géométrie elliptique) ou au contraire inférieure (la géométrie est alors dite géométrie hyperbolique).
26
+
27
+ Réciproquement, étant données trois mesures (non nulles) d'angles géométriques dont la somme vaut un angle plat, il existe un triangle ayant ces mesures d'angles. Il suffit de tracer un segment d'une longueur quelconque et de tracer une demi-droite en chaque extrémité mais du même côté du segment, de façon à former deux des angles voulus avec le segment initial. Les deux demi-droites auront un point d'intersection en lequel l'angle intérieur sera le troisième angle voulu.
28
+
29
+ Un triangle dans lequel au moins deux sommets sont confondus est dit dégénéré (ou parfois en aiguille[réf. nécessaire]).
30
+
31
+ Un triangle plat est un triangle dont les sommets sont alignés.
32
+
33
+ Un triangle isocèle est un triangle ayant au moins deux côtés de même longueur. Les deux angles adjacents au troisième côté sont alors de même mesure. Réciproquement, tout triangle ayant deux angles de même mesure est isocèle. Les triangles isocèles sont les seuls à admettre un axe de symétrie en dehors des triangles plats. Anciennement, en géométrie euclidienne, un triangle isocèle possédait exactement deux côtés égaux.[réf. nécessaire]
34
+
35
+ Un triangle équilatéral est un triangle dont les trois côtés ont la même longueur. Ses trois angles ont alors la même mesure qui vaut donc 60° et il admet trois axes de symétrie.
36
+
37
+ Un triangle qui n'est ni isocèle (ce qui exclut également le cas équilatéral) ni plat est dit scalène (du grec σκαληνός (skalenos) : boiteux, inégal, déséquilibré, oblique…). Un triangle scalène peut aussi être rectangle.
38
+
39
+ L'adjectif « scalène » n'est pas synonyme de l'adjectif « quelconque ». Un triangle quelconque est un triangle qui peut posséder ou non des propriétés des triangles particuliers. Ainsi un triangle quelconque peut être isocèle ou équilatéral, ou même scalène. Par contre un triangle scalène ne peut être ni équilatéral ni isocèle. L'adjectif « quelconque » est employé pour insister sur le fait qu'on ne sait rien de plus à propos d'un triangle. Dès lors qu'on sait qu'un triangle possède une ou des propriété(s) particulière(s) il ne peut plus être considéré comme quelconque.
40
+
41
+ Triangle isocèle.
42
+
43
+ Triangle équilatéral.
44
+
45
+ Triangle scalène.
46
+
47
+ Un triangle rectangle est un triangle ayant un angle droit, c'est-à-dire de mesure 90°. Il satisfait alors le théorème de Pythagore. Comme la somme des angles d'un triangle vaut 180°, il ne peut y avoir plus d'un angle obtus (supérieur à l'angle droit). S'il y en a un, le triangle est obtusangle ou ambligone. S'il n'y en a pas, il est acutangle ou oxygone (il a alors trois angles aigus).
48
+
49
+ Triangle obtusangle ou ambligone.
50
+
51
+ Triangle rectangle.
52
+
53
+ Triangle acutangle ou oxygone.
54
+
55
+ Certains triangles ont reçu une dénomination particulière qui détermine leurs angles :
56
+
57
+ Demi-carré.
58
+
59
+ Triangle des arpenteurs.
60
+
61
+ Triangle de l'écolier.
62
+
63
+ Triangle d'or.
64
+
65
+ Triangle de Kepler.
66
+
67
+ Un triangle est dit bisocèle si l'une de ses bissectrices le partage en deux triangles isocèles. Il ne peut s'agir que du demi-carré ou d'un triangle d'or[2].
68
+
69
+ Le tableau suivant compare quelques-uns de ces triangles particuliers :
70
+
71
+
72
+
73
+ L'aire d'un triangle est donnée par diverses formules, la première étant fonction de la longueur d'un côté, appelée base, et de la distance du sommet opposé à la droite qui porte ce côté, appelée hauteur.
74
+
75
+ Cette formule est dérivée de celle de l'aire d'un parallélogramme et démontrée dans les Éléments d'Euclide.
76
+
77
+ D'autres formules font appel à la longueur des côtés (formule de Héron) ou aux coordonnées des sommets dans un repère orthonormé.
78
+
79
+ Le périmètre d'un triangle est simplement la somme des trois longueurs de côté. Pour un périmètre p donné, l'aire intérieure du triangle est majorée par celle du triangle équilatéral correspondant :
80
+
81
+ Les longueurs de côté d'un triangle et les mesures de ses angles satisfont plusieurs relations qui permettent de toutes les calculer à partir de certaines d'entre elles.
82
+
83
+ Il s'agit d'une part, outre la formule de la somme des angles, d'une relation entre l'aire, la mesure d'un angle et la longueur des deux côtés adjacents :
84
+
85
+ laquelle permet d'obtenir la formule des sinus :
86
+
87
+ d'autre part, du théorème d'Al-Kashi (ou théorème de Carnot[réf. nécessaire] ou encore loi des cosinus) qui généralise le théorème de Pythagore :
88
+
89
+ Les relations métriques dans le triangle permettent d'évaluer des distances à partir de mesures angulaires, comme en navigation maritime, en géodésie et en astronomie. C'est selon ce principe qu'a été mesuré le méridien terrestre pour la définition du mètre[3].
90
+
91
+ Dans le plan, le calcul de l'aire d'un domaine peut être évalué en approchant ce domaine par une réunion de triangles disjoints.
92
+
93
+ Plus généralement, des surfaces de l'espace peuvent être approchées par une réunion de triangles appelées facettes. Cette technique est utilisée en analyse numérique dans la méthode des éléments finis, mais aussi en imagerie numérique. L'analyse vectorielle permet d'ailleurs de calculer rapidement l'orientation d'une telle facette et d'en déduire la réflexion du rayonnement lumineux d'une source ponctuelle dans une direction donnée.
94
+
95
+ Plusieurs polyèdres (réguliers ou non) ont des faces triangulaires, comme le tétraèdre, l'octaèdre, l'icosaèdre et le grand icosaèdre. Les polyèdres dont toutes les faces sont des triangles équilatéraux sont appelés deltaèdres.
96
+
97
+ D'autre part, tout polygone peut être découpé en un nombre fini de triangles qui forment alors une triangulation de ce polygone. Le nombre minimal de triangles nécessaire à ce découpage est n-2, où n est le nombre de côtés du polygone. L'étude des triangles est fondamentale pour celle des autres polygones, par exemple pour la démonstration du théorème de Pick.
98
+
99
+ Si on joint les trois milieux des côtés d'un triangle on obtient quatre triangles semblables au triangle initial, l'aire de chacun des triangles est le quart de celle du triangle initial.
100
+
101
+ On appelle triangle médian le triangle central dont les sommets sont les milieux des côtés du triangle initial. Ce triangle médian se trouve « inversé » par rapport aux trois autres.
102
+
103
+ D'après le théorème des milieux, ce triangle médian a ses côtés parallèles à ceux du triangle initial et des longueurs de côté proportionnelles dans un rapport de 1/2.
104
+
105
+ Si le triangle est non plat, les trois médiatrices des côtés (les droites coupant les côtés à angle droit en leur milieu) sont concourantes en un point appelé centre du cercle circonscrit, car il est le seul équidistant des trois sommets, c'est-à-dire qu'il est le centre du seul cercle passant par les trois sommets. Ce centre est souvent noté O ou Ω (« oméga »).
106
+
107
+ Un triangle est rectangle si et seulement si le centre de son cercle circonscrit est le milieu de l'un de ses côtés (qui est alors son hypoténuse).
108
+
109
+ Pour un triangle acutangle, le centre du cercle circonscrit est à l'intérieur du triangle. Pour un triangle obtusangle, ce centre est à l'extérieur.
110
+
111
+ Le produit du rayon du cercle circonscrit et de l'aire du triangle est le quart du produit des longueurs de côtés du triangle.
112
+
113
+ Une cévienne d'un triangle est un segment de droite partant d'un sommet et joignant son côté opposé. Les médianes, hauteurs et bissectrices sont des céviennes particulières.
114
+
115
+ Dans un triangle, une médiane est un segment qui relie un sommet au milieu du côté opposé. Chaque médiane divise un triangle en deux triangles d'aires égales.
116
+
117
+ Si le triangle est non plat, les trois médianes sont concourantes en un point appelé centre de gravité. Ce point, souvent noté G et situé aux deux-tiers de chaque médiane en partant du sommet, est à la fois l'isobarycentre des trois sommets et le centre de masse de l'intérieur du triangle.
118
+
119
+ Les trois médianes concourantes divisent le triangle en six triangles de même aire.
120
+
121
+ La longueur de la médiane est reliée aux longueurs des autres côtés par le théorème de la médiane ou théorème d'Apollonius.
122
+
123
+ Si les trois sommets sont distincts, une hauteur est une droite passant par un sommet et perpendiculaire au côté opposé. Si le triangle est non plat, les trois hauteurs sont concourantes en un point appelé orthocentre, souvent noté H.
124
+
125
+ Un triangle est rectangle si et seulement si son orthocentre est l'un des sommets (en lequel se trouve alors l'angle droit).
126
+ Pour un triangle acutangle, l'orthocentre est à l'intérieur du triangle. Pour un triangle obtusangle, il est à l'extérieur.
127
+
128
+ Les trois médiatrices d'un triangle sont les trois hauteurs de son triangle médian et par conséquent, le centre du cercle circonscrit à un triangle est l'orthocentre du triangle médian.
129
+
130
+ Le point de Longchamps est le symétrique de l'orthocentre par rapport au centre du cercle circonscrit.
131
+
132
+ Si le triangle est non plat, les trois bissectrices de ses angles (les demi-droites qui partagent les angles en deux angles de même mesure) sont concourantes en un point appelé centre du cercle inscrit, car il est le centre du seul cercle tangent aux trois côtés. Ce centre est en général noté I ou J.
133
+
134
+ D'après le théorème de Steiner-Lehmus, les longueurs de deux bissectrices dans un triangle sont égales si et seulement si les angles correspondants ont même mesure.
135
+
136
+ Les points de contact de ce cercle inscrit avec les côtés forment le triangle de Gergonne. Les segments reliant ces points de contact avec les sommets opposés dans le triangle sont concourantes en un point appelé point de Gergonne.
137
+
138
+ Chaque bissectrice divise le côté opposé en deux segments dont les longueurs sont proportionnelles à celles des côtés de l'angle grâce à la loi des sinus.
139
+
140
+ Le segment de bissectrice allant (par exemple) du sommet A jusqu'au côté BC a pour longueur :
141
+
142
+ où b et c désignent les longueurs des côtés AC et AB, et
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+
148
+
149
+ A
150
+ ^
151
+
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+ {\displaystyle {\hat {A}}}
157
+
158
+ l'angle en A.
159
+
160
+ Dans un repère orthonormé où l'on a pris l'origine O en A et l'axe Ox le long de AB, les points A, B et C ont respectivement pour coordonnées
161
+
162
+
163
+
164
+ (
165
+ 0
166
+ ,
167
+ 0
168
+ )
169
+
170
+
171
+ {\displaystyle (0,0)}
172
+
173
+ ,
174
+
175
+
176
+
177
+ (
178
+ c
179
+ ,
180
+ 0
181
+ )
182
+
183
+
184
+ {\displaystyle (c,0)}
185
+
186
+ et
187
+
188
+
189
+
190
+ [
191
+ b
192
+ cos
193
+
194
+ (
195
+ 2
196
+ θ
197
+ )
198
+ ,
199
+ b
200
+ sin
201
+
202
+ (
203
+ 2
204
+ θ
205
+ )
206
+ ]
207
+
208
+
209
+ {\displaystyle [b\cos(2\theta ),b\sin(2\theta )]}
210
+
211
+ , où l'on a noté θ l'angle
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+
218
+ A
219
+ ^
220
+
221
+
222
+
223
+
224
+ /
225
+
226
+ 2
227
+
228
+
229
+ {\displaystyle {\hat {A}}/2}
230
+
231
+ . Le point M est à l'intersection de la bissectrice (d'équation
232
+
233
+
234
+
235
+ x
236
+ sin
237
+
238
+ θ
239
+
240
+ y
241
+ cos
242
+
243
+ θ
244
+ =
245
+ 0
246
+
247
+
248
+ {\displaystyle x\sin \theta -y\cos \theta =0}
249
+
250
+ ) et de la droite portant le segment BC (d'équation
251
+
252
+
253
+
254
+ b
255
+ x
256
+ sin
257
+
258
+ (
259
+ 2
260
+ θ
261
+ )
262
+
263
+ y
264
+ [
265
+ b
266
+ cos
267
+
268
+ (
269
+ 2
270
+ θ
271
+ )
272
+
273
+ c
274
+ ]
275
+ =
276
+ b
277
+ c
278
+ sin
279
+
280
+ (
281
+ 2
282
+ θ
283
+ )
284
+
285
+
286
+ {\displaystyle bx\sin(2\theta )-y[b\cos(2\theta )-c]=bc\sin(2\theta )}
287
+
288
+ ). En résolvant ce système de deux équations linéaires à deux inconnues on trouve pour l'abscisse de M :
289
+
290
+ or
291
+
292
+
293
+
294
+
295
+ A
296
+ M
297
+
298
+ =
299
+ x
300
+
301
+ /
302
+
303
+ cos
304
+
305
+ θ
306
+
307
+
308
+ {\displaystyle \mathrm {AM} =x/\cos \theta }
309
+
310
+ , d'où le résultat.
311
+
312
+ Le rayon du cercle inscrit est le quotient de l'aire du triangle par son demi-périmètre.
313
+
314
+ Le centre de gravité, le centre du cercle circonscrit et l'orthocentre sont alignés sur une droite appelée droite d'Euler et satisfont la relation vectorielle :
315
+
316
+ En outre, les milieux des côtés, les pieds des hauteurs et les milieux des segments reliant l'orthocentre aux sommets sont tous sur un même cercle appelé cercle d'Euler, dont le centre est également sur la droite d'Euler.
317
+
318
+ Particularité : soit M un point de la droite d'Euler. Les cercles d'Euler des triangles AHM, BHM et CHM se recoupent sur le cercle d'Euler du triangle ABC. Si M est le centre du cercle circonscrit au triangle ABC, alors le point de concours est nommé point de Jérabek.
319
+
320
+ Deux triangles sont dits isométriques, superposables ou, anciennement[4] égaux, s'ils ont les mêmes longueurs de côté. Dans ce cas il est possible de faire correspondre les sommets de l'un avec les sommets de l'autre par une isométrie (par exemple une translation, une rotation ou une symétrie) et cette correspondance relie alors des angles de même mesure. Ces triangles ont donc aussi la même aire.
321
+
322
+ Cette première définition est équivalente à chacune des trois suivantes :
323
+
324
+ Deux triangles ayant les mêmes mesures d'angle sont dits semblables. Ils ne sont pas nécessairement isométriques, mais leurs longueurs de côté sont proportionnelles avec un même coefficient de proportionnalité k. Leurs aires sont alors reliées par un facteur k2.
325
+
326
+ Il existe en effet une similitude (qui est la composée d'une isométrie et d'une homothétie) qui transforme l'un en l'autre. Cette définition équivaut à :
327
+
328
+ ou encore à :
329
+
330
+ Deux triangles isométriques sont toujours semblables. Deux triangles équilatéraux (non nécessairement isométriques) aussi.
331
+
332
+ Il existe trois autres cercles tangents simultanément aux trois droites qui portent les côtés d'un triangle, et sont tous trois extérieurs à ce triangle. Les points d'intersection de ces cercles avec les côtés du triangle forment le triangle de Nagel. Les segments reliant ces points de contact avec les sommets opposés du triangle sont concourants en un point appelé point de Nagel.
333
+
334
+ Le cercle dont un diamètre relie le point de Nagel à l'orthocentre est appelé cercle de Fuhrmann et son rayon est égal à la distance entre les centres des cercles inscrit et circonscrit.
335
+
336
+ Les centres des trois cercles forment le triangle de Bevan, qui est homothétique au triangle de Gergonne. Le centre de son cercle circonscrit est appelé point de Bevan.
337
+
338
+ Les trois cercles exinscrits sont tangents intérieurement à un cercle appelé cercle d'Apollonius. Les droites reliant les points de contact aux sommets opposés du triangle sont concourantes en un point appelé point d'Apollonius.
339
+
340
+ Le cercle inscrit et les trois cercles exinscrits sont tous tangents au cercle d'Euler. Les points de contact sont appelés points de Feuerbach.
341
+
342
+ Une symédiane est une droite symétrique de la médiane par rapport à une bissectrice issue du même sommet. Les trois symédianes sont concourantes en un point appelé point de Lemoine.
343
+
344
+ Dans un triangle acutangle, il existe un unique point qui minimise la somme des distances aux sommets. En ce point, appelé point de Fermat, les angles formés par les segments vers les sommets du triangle sont tous de 120°.
345
+
346
+ Si un triangle est non plat, il existe deux points appelés points de Brocard pour lesquels les segments vers les sommets subdivisent le triangle en trois triangles ayant un angle de même mesure par permutation des sommets du triangle initial.
347
+ La mesure de cet angle est alors la même pour les deux points.
348
+
349
+ La droite de Brocard est la droite qui passe par ces deux points.
350
+
351
+ Les points de Brocard appartiennent au cercle de Brocard dont un diamètre a pour extrémités le centre du cercle circonscrit et le point de Lemoine.
352
+
353
+ D'après le théorème d'Alasia, la droite de Brocard est parallèle à l'un des côtés si et seulement si le triangle est isocèle avec ce côté pour base.
354
+
355
+ Dans un triangle non plat, il existe une unique ellipse tangente à chaque côté en son milieu.
356
+
357
+ Le théorème de Thalès relie les longueurs de côtés de deux triangles semblables ayant un sommet commun et les côtés opposés parallèles.
358
+
359
+ Le théorème de Napoléon affirme que les centres des triangles équilatéraux formés extérieurement sur les côtés d'un triangle sont eux-mêmes les sommets d'un triangle équilatéral.
360
+
361
+ Le « théorème japonais de Carnot » établit que la somme des rayons des cercles inscrit et circonscrit est égale à la somme des distances du centre du cercle circonscrit aux côtés du triangle.
362
+
363
+ Le théorème de Ménélaüs donne une condition nécessaire et suffisante pour l'alignement de trois points alignés respectivement avec les côtés d'un triangle.
364
+
365
+ Le théorème de Morley affirme que les intersections des trissectrices des angles d'un triangle forment un triangle équilatéral.
366
+
367
+ Le théorème de Nagel montre que la bissectrice d'un angle d'un triangle est la même que celle de l'angle en ce sommet dont les côtés passent par l'orthocentre et le centre du cercle circonscrit.
368
+
369
+ Le théorème de Neuberg établit que les centres de trois carrés obtenus par une construction géométrique particulière sur un triangle sont les milieux des côtés de ce triangle.
370
+
371
+ Le théorème de Hamilton stipule que le cercle d'Euler est le même pour les quatre triangles formés par un groupe orthocentrique.
372
+
373
+ Le théorème d'Euler en géométrie exprime la distance d entre les centres des cercles inscrit et circonscrit en fonction de leurs rayons respectifs r et R par d2=R(R-2r). Il en découle que le rayon du cercle inscrit est au moins deux fois plus petit que celui du cercle circonscrit (inégalité d'Euler).
374
+
375
+ Le théorème de Ceva donne une condition nécessaire et suffisante pour que trois droites (appelées céviennes) passant respectivement par les trois sommets d'un triangle soient parallèles ou concourantes.
376
+
377
+ Le théorème de Gergonne donne alors une relation entre les longueurs des céviennes et les longueurs des segments qui relient leur point d'intersection aux sommets.
378
+
379
+ Le théorème de Stewart relie la longueur d'une cévienne aux longueurs des côtés des deux triangles qu'elle forme.
380
+
381
+ Le théorème de Terquem montre que le cercle pédal, circonscrit au triangle pédal formé par les trois pieds de céviennes concourantes, coupe les côtés du triangle en trois points qui sont également les pieds de céviennes concourantes.
382
+
383
+ Le théorème de Routh donne le quotient des surfaces entre l'aire du triangle formé par trois céviennes, et celle d'un triangle donné.
384
+
385
+ Le théorème des six cercles montre qu'une suite de cercles successivement tangents extérieurement et tangents intérieurement à deux côtés d'un triangle (les côtés variant par permutation circulaire) est 6-périodique.
386
+
387
+ La réciproque du théorème des trois cercles de Miquel montre que trois cercles passant respectivement par les sommets d'un triangle et sécants le long des côtés correspondants sont concourants en un point appelé point de Miquel.
388
+
389
+ Un triangle étant un polygone à trois côtés, certaines propriétés se généralisent pour un plus grand nombre de côtés, comme l'inégalité triangulaire ou la somme des angles (pour un polygone non croisé), mais l'aire et les angles ne dépendent plus seulement des longueurs des côtés. Il y a aussi moins de résultats valables en toute généralité sur les droites ou points remarquables. Cependant, certaines conditions permettent d'en retrouver comme dans le cas de quadrilatères particuliers (parallélogrammes notamment) ou inscriptibles dans un cercle.
390
+
391
+ Dans l'espace, trois points sont toujours coplanaires et ne suffisent donc pas pour définir un élément de volume. Mais quatre points non coplanaires forment un tétraèdre. Plus généralement, un simplexe est une figure géométrique convexe engendré par n points dans un espace à au moins n−1 dimensions.
392
+
393
+ Aucun document mathématique de l'Ancien Empire ne nous est parvenu. Mais l'architecture monumentale des IIIe et IVe dynastie constitue une preuve que les Égyptiens de cette époque détenaient des connaissances relativement élaborées en géométrie, et en particulier dans l'étude des triangles.
394
+
395
+ Le calcul de l'aire de cette figure est étudié dans les problèmes R51 du papyrus Rhind, M4, M7 et M17 du papyrus de Moscou et datant tous du Moyen Empire. Le problème R51 constitue, dans l'histoire mondiale des mathématiques, le premier témoignage écrit traitant du calcul de l'aire d'un triangle.
396
+
397
+ « Exemple de calcul d'un triangle de terre. Si quelqu'un te dit : un triangle de 10 khet sur son mryt et de 4 khet sur sa base. Quelle est sa superficie ? Calcule la moitié de 4 qui est 2 pour en faire un rectangle. Tu fais en sorte de multiplier 10 par 2. Ceci est sa superficie. »
398
+
399
+ Le terme mryt signifie probablement hauteur, ou côté. Mais la formule utilisée pour le calcul de l'aire fait pencher l'interprétation en faveur de la première solution[6]. Le scribe prenait la moitié de la base du triangle et calculait l'aire du rectangle formé par ce côté et la hauteur, soit
400
+
401
+ équivalente à la formule générale utilisée de nos jours :
402
+
403
+ Euclide, dans le livre I de ses Éléments, vers -300, énonce la propriété sur la somme des angles du triangle et les trois cas d'égalité des triangles (voir ci-dessus le paragraphe sur les triangles isométriques).
404
+
405
+ Texte de problème sur les propriétés classiques du triangle, avec indications de démonstration.
fr/5789.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,405 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ En géométrie euclidienne, un triangle est une figure plane, formée par trois points appelés sommets, par les trois segments qui les relient, appelés côtés, délimitant un domaine du plan appelé intérieur.
2
+ Lorsque les sommets sont distincts deux à deux, en chaque sommet les côtés délimitent un angle intérieur, d'où vient la dénomination de « triangle ».
3
+
4
+ Le triangle est aussi le polygone le plus simple qui délimite une portion du plan et sert ainsi d'élément fondamental pour le découpage et l'approximation de surfaces.
5
+
6
+ De nombreuses constructions géométriques de points, droites et cercles associés à un triangle sont liées par des propriétés qui étaient en bonne part déjà énoncées dans les Éléments d'Euclide, près de 300 ans avant Jésus-Christ. Les relations entre les mesures des angles et les longueurs des côtés sont notamment à l'origine de techniques de calcul de distances par triangulation. Le développement de ces techniques constitue d'ailleurs une branche des mathématiques appelée trigonométrie.
7
+
8
+ Hors de la géométrie euclidienne, les côtés d'un triangle sont remplacés par des arcs géodésiques et beaucoup de ses propriétés sont modifiées (voir Trigonométrie sphérique).
9
+
10
+ La forme triangulaire se retrouve dans de nombreux objets, mathématiques ou non, et s'est chargée de symboliques diverses. De nombreux caractères typographiques présentent une telle forme.
11
+
12
+ Un triangle est complètement déterminé par la donnée de ses trois sommets et il se note en général en juxtaposant les trois lettres (a priori capitales) qui les désignent. L'ordre de ces lettres importe peu même si l'ordre d'énonciation correspond en général à un parcours dans le sens trigonométrique autour du triangle[1]. La longueur d'un côté est classiquement notée avec la lettre minuscule correspondant au sommet opposé.
13
+
14
+ Si tous les sommets sont distincts[note 1], chaque angle géométrique peut être identifié par la lettre du sommet correspondant, surmontée d'un accent circonflexe. Au cas où la figure comprend d'autres segments passant par les sommets, les côtés de l'angle sont précisés par les lettres désignant les deux autres sommets de part et d'autre sous l'accent circonflexe. Ces angles peuvent aussi être notés à l'aide de lettres grecques en minuscule et en italique.
15
+
16
+ Le postulat euclidien selon lequel « la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre » s'illustre par le fait que dans un triangle, la longueur de chaque côté est inférieure à la somme des longueurs des deux autres côtés :
17
+
18
+ Le cas d'égalité caractérise les triangles plats, dans lequel l'un des sommets appartient au segment qui relie les deux autres.
19
+
20
+ Réciproquement, étant données trois longueurs (données par trois nombres réels positifs) dont aucune n'est supérieure à la somme des deux autres, il est possible de construire un triangle ayant ces longueurs de côté.
21
+ La vérification de ces inégalités peut être faite en comparant seulement la plus grande des trois longueurs avec la somme des deux autres, car les deux autres inégalités sont nécessairement vraies.
22
+
23
+ Il suffit alors de construire d'abord un segment d'une des trois longueurs souhaitées, puis de tracer deux cercles centrés sur les extrémités de ce segment avec pour rayon chacune des deux autres longueurs. Les deux cercles ont alors deux points d'intersection et n'importe lequel de ces deux points définit le triangle de dimensions voulues avec le segment initial.
24
+
25
+ La somme des angles d'un triangle est égale à un angle plat, autrement dit la somme de leurs mesures vaut 180° (degrés) c'est-à-dire π radians. Cette propriété est une caractéristique de la géométrie euclidienne. Il existe d'autre géométries, dites géométries non euclidiennes, dans lesquelles la somme des angles d'un triangle est toujours supérieure à 180° (on parle alors de géométrie elliptique) ou au contraire inférieure (la géométrie est alors dite géométrie hyperbolique).
26
+
27
+ Réciproquement, étant données trois mesures (non nulles) d'angles géométriques dont la somme vaut un angle plat, il existe un triangle ayant ces mesures d'angles. Il suffit de tracer un segment d'une longueur quelconque et de tracer une demi-droite en chaque extrémité mais du même côté du segment, de façon à former deux des angles voulus avec le segment initial. Les deux demi-droites auront un point d'intersection en lequel l'angle intérieur sera le troisième angle voulu.
28
+
29
+ Un triangle dans lequel au moins deux sommets sont confondus est dit dégénéré (ou parfois en aiguille[réf. nécessaire]).
30
+
31
+ Un triangle plat est un triangle dont les sommets sont alignés.
32
+
33
+ Un triangle isocèle est un triangle ayant au moins deux côtés de même longueur. Les deux angles adjacents au troisième côté sont alors de même mesure. Réciproquement, tout triangle ayant deux angles de même mesure est isocèle. Les triangles isocèles sont les seuls à admettre un axe de symétrie en dehors des triangles plats. Anciennement, en géométrie euclidienne, un triangle isocèle possédait exactement deux côtés égaux.[réf. nécessaire]
34
+
35
+ Un triangle équilatéral est un triangle dont les trois côtés ont la même longueur. Ses trois angles ont alors la même mesure qui vaut donc 60° et il admet trois axes de symétrie.
36
+
37
+ Un triangle qui n'est ni isocèle (ce qui exclut également le cas équilatéral) ni plat est dit scalène (du grec σκαληνός (skalenos) : boiteux, inégal, déséquilibré, oblique…). Un triangle scalène peut aussi être rectangle.
38
+
39
+ L'adjectif « scalène » n'est pas synonyme de l'adjectif « quelconque ». Un triangle quelconque est un triangle qui peut posséder ou non des propriétés des triangles particuliers. Ainsi un triangle quelconque peut être isocèle ou équilatéral, ou même scalène. Par contre un triangle scalène ne peut être ni équilatéral ni isocèle. L'adjectif « quelconque » est employé pour insister sur le fait qu'on ne sait rien de plus à propos d'un triangle. Dès lors qu'on sait qu'un triangle possède une ou des propriété(s) particulière(s) il ne peut plus être considéré comme quelconque.
40
+
41
+ Triangle isocèle.
42
+
43
+ Triangle équilatéral.
44
+
45
+ Triangle scalène.
46
+
47
+ Un triangle rectangle est un triangle ayant un angle droit, c'est-à-dire de mesure 90°. Il satisfait alors le théorème de Pythagore. Comme la somme des angles d'un triangle vaut 180°, il ne peut y avoir plus d'un angle obtus (supérieur à l'angle droit). S'il y en a un, le triangle est obtusangle ou ambligone. S'il n'y en a pas, il est acutangle ou oxygone (il a alors trois angles aigus).
48
+
49
+ Triangle obtusangle ou ambligone.
50
+
51
+ Triangle rectangle.
52
+
53
+ Triangle acutangle ou oxygone.
54
+
55
+ Certains triangles ont reçu une dénomination particulière qui détermine leurs angles :
56
+
57
+ Demi-carré.
58
+
59
+ Triangle des arpenteurs.
60
+
61
+ Triangle de l'écolier.
62
+
63
+ Triangle d'or.
64
+
65
+ Triangle de Kepler.
66
+
67
+ Un triangle est dit bisocèle si l'une de ses bissectrices le partage en deux triangles isocèles. Il ne peut s'agir que du demi-carré ou d'un triangle d'or[2].
68
+
69
+ Le tableau suivant compare quelques-uns de ces triangles particuliers :
70
+
71
+
72
+
73
+ L'aire d'un triangle est donnée par diverses formules, la première étant fonction de la longueur d'un côté, appelée base, et de la distance du sommet opposé à la droite qui porte ce côté, appelée hauteur.
74
+
75
+ Cette formule est dérivée de celle de l'aire d'un parallélogramme et démontrée dans les Éléments d'Euclide.
76
+
77
+ D'autres formules font appel à la longueur des côtés (formule de Héron) ou aux coordonnées des sommets dans un repère orthonormé.
78
+
79
+ Le périmètre d'un triangle est simplement la somme des trois longueurs de côté. Pour un périmètre p donné, l'aire intérieure du triangle est majorée par celle du triangle équilatéral correspondant :
80
+
81
+ Les longueurs de côté d'un triangle et les mesures de ses angles satisfont plusieurs relations qui permettent de toutes les calculer à partir de certaines d'entre elles.
82
+
83
+ Il s'agit d'une part, outre la formule de la somme des angles, d'une relation entre l'aire, la mesure d'un angle et la longueur des deux côtés adjacents :
84
+
85
+ laquelle permet d'obtenir la formule des sinus :
86
+
87
+ d'autre part, du théorème d'Al-Kashi (ou théorème de Carnot[réf. nécessaire] ou encore loi des cosinus) qui généralise le théorème de Pythagore :
88
+
89
+ Les relations métriques dans le triangle permettent d'évaluer des distances à partir de mesures angulaires, comme en navigation maritime, en géodésie et en astronomie. C'est selon ce principe qu'a été mesuré le méridien terrestre pour la définition du mètre[3].
90
+
91
+ Dans le plan, le calcul de l'aire d'un domaine peut être évalué en approchant ce domaine par une réunion de triangles disjoints.
92
+
93
+ Plus généralement, des surfaces de l'espace peuvent être approchées par une réunion de triangles appelées facettes. Cette technique est utilisée en analyse numérique dans la méthode des éléments finis, mais aussi en imagerie numérique. L'analyse vectorielle permet d'ailleurs de calculer rapidement l'orientation d'une telle facette et d'en déduire la réflexion du rayonnement lumineux d'une source ponctuelle dans une direction donnée.
94
+
95
+ Plusieurs polyèdres (réguliers ou non) ont des faces triangulaires, comme le tétraèdre, l'octaèdre, l'icosaèdre et le grand icosaèdre. Les polyèdres dont toutes les faces sont des triangles équilatéraux sont appelés deltaèdres.
96
+
97
+ D'autre part, tout polygone peut être découpé en un nombre fini de triangles qui forment alors une triangulation de ce polygone. Le nombre minimal de triangles nécessaire à ce découpage est n-2, où n est le nombre de côtés du polygone. L'étude des triangles est fondamentale pour celle des autres polygones, par exemple pour la démonstration du théorème de Pick.
98
+
99
+ Si on joint les trois milieux des côtés d'un triangle on obtient quatre triangles semblables au triangle initial, l'aire de chacun des triangles est le quart de celle du triangle initial.
100
+
101
+ On appelle triangle médian le triangle central dont les sommets sont les milieux des côtés du triangle initial. Ce triangle médian se trouve « inversé » par rapport aux trois autres.
102
+
103
+ D'après le théorème des milieux, ce triangle médian a ses côtés parallèles à ceux du triangle initial et des longueurs de côté proportionnelles dans un rapport de 1/2.
104
+
105
+ Si le triangle est non plat, les trois médiatrices des côtés (les droites coupant les côtés à angle droit en leur milieu) sont concourantes en un point appelé centre du cercle circonscrit, car il est le seul équidistant des trois sommets, c'est-à-dire qu'il est le centre du seul cercle passant par les trois sommets. Ce centre est souvent noté O ou Ω (« oméga »).
106
+
107
+ Un triangle est rectangle si et seulement si le centre de son cercle circonscrit est le milieu de l'un de ses côtés (qui est alors son hypoténuse).
108
+
109
+ Pour un triangle acutangle, le centre du cercle circonscrit est à l'intérieur du triangle. Pour un triangle obtusangle, ce centre est à l'extérieur.
110
+
111
+ Le produit du rayon du cercle circonscrit et de l'aire du triangle est le quart du produit des longueurs de côtés du triangle.
112
+
113
+ Une cévienne d'un triangle est un segment de droite partant d'un sommet et joignant son côté opposé. Les médianes, hauteurs et bissectrices sont des céviennes particulières.
114
+
115
+ Dans un triangle, une médiane est un segment qui relie un sommet au milieu du côté opposé. Chaque médiane divise un triangle en deux triangles d'aires égales.
116
+
117
+ Si le triangle est non plat, les trois médianes sont concourantes en un point appelé centre de gravité. Ce point, souvent noté G et situé aux deux-tiers de chaque médiane en partant du sommet, est à la fois l'isobarycentre des trois sommets et le centre de masse de l'intérieur du triangle.
118
+
119
+ Les trois médianes concourantes divisent le triangle en six triangles de même aire.
120
+
121
+ La longueur de la médiane est reliée aux longueurs des autres côtés par le théorème de la médiane ou théorème d'Apollonius.
122
+
123
+ Si les trois sommets sont distincts, une hauteur est une droite passant par un sommet et perpendiculaire au côté opposé. Si le triangle est non plat, les trois hauteurs sont concourantes en un point appelé orthocentre, souvent noté H.
124
+
125
+ Un triangle est rectangle si et seulement si son orthocentre est l'un des sommets (en lequel se trouve alors l'angle droit).
126
+ Pour un triangle acutangle, l'orthocentre est à l'intérieur du triangle. Pour un triangle obtusangle, il est à l'extérieur.
127
+
128
+ Les trois médiatrices d'un triangle sont les trois hauteurs de son triangle médian et par conséquent, le centre du cercle circonscrit à un triangle est l'orthocentre du triangle médian.
129
+
130
+ Le point de Longchamps est le symétrique de l'orthocentre par rapport au centre du cercle circonscrit.
131
+
132
+ Si le triangle est non plat, les trois bissectrices de ses angles (les demi-droites qui partagent les angles en deux angles de même mesure) sont concourantes en un point appelé centre du cercle inscrit, car il est le centre du seul cercle tangent aux trois côtés. Ce centre est en général noté I ou J.
133
+
134
+ D'après le théorème de Steiner-Lehmus, les longueurs de deux bissectrices dans un triangle sont égales si et seulement si les angles correspondants ont même mesure.
135
+
136
+ Les points de contact de ce cercle inscrit avec les côtés forment le triangle de Gergonne. Les segments reliant ces points de contact avec les sommets opposés dans le triangle sont concourantes en un point appelé point de Gergonne.
137
+
138
+ Chaque bissectrice divise le côté opposé en deux segments dont les longueurs sont proportionnelles à celles des côtés de l'angle grâce à la loi des sinus.
139
+
140
+ Le segment de bissectrice allant (par exemple) du sommet A jusqu'au côté BC a pour longueur :
141
+
142
+ où b et c désignent les longueurs des côtés AC et AB, et
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+
148
+
149
+ A
150
+ ^
151
+
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+ {\displaystyle {\hat {A}}}
157
+
158
+ l'angle en A.
159
+
160
+ Dans un repère orthonormé où l'on a pris l'origine O en A et l'axe Ox le long de AB, les points A, B et C ont respectivement pour coordonnées
161
+
162
+
163
+
164
+ (
165
+ 0
166
+ ,
167
+ 0
168
+ )
169
+
170
+
171
+ {\displaystyle (0,0)}
172
+
173
+ ,
174
+
175
+
176
+
177
+ (
178
+ c
179
+ ,
180
+ 0
181
+ )
182
+
183
+
184
+ {\displaystyle (c,0)}
185
+
186
+ et
187
+
188
+
189
+
190
+ [
191
+ b
192
+ cos
193
+
194
+ (
195
+ 2
196
+ θ
197
+ )
198
+ ,
199
+ b
200
+ sin
201
+
202
+ (
203
+ 2
204
+ θ
205
+ )
206
+ ]
207
+
208
+
209
+ {\displaystyle [b\cos(2\theta ),b\sin(2\theta )]}
210
+
211
+ , où l'on a noté θ l'angle
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+
218
+ A
219
+ ^
220
+
221
+
222
+
223
+
224
+ /
225
+
226
+ 2
227
+
228
+
229
+ {\displaystyle {\hat {A}}/2}
230
+
231
+ . Le point M est à l'intersection de la bissectrice (d'équation
232
+
233
+
234
+
235
+ x
236
+ sin
237
+
238
+ θ
239
+
240
+ y
241
+ cos
242
+
243
+ θ
244
+ =
245
+ 0
246
+
247
+
248
+ {\displaystyle x\sin \theta -y\cos \theta =0}
249
+
250
+ ) et de la droite portant le segment BC (d'équation
251
+
252
+
253
+
254
+ b
255
+ x
256
+ sin
257
+
258
+ (
259
+ 2
260
+ θ
261
+ )
262
+
263
+ y
264
+ [
265
+ b
266
+ cos
267
+
268
+ (
269
+ 2
270
+ θ
271
+ )
272
+
273
+ c
274
+ ]
275
+ =
276
+ b
277
+ c
278
+ sin
279
+
280
+ (
281
+ 2
282
+ θ
283
+ )
284
+
285
+
286
+ {\displaystyle bx\sin(2\theta )-y[b\cos(2\theta )-c]=bc\sin(2\theta )}
287
+
288
+ ). En résolvant ce système de deux équations linéaires à deux inconnues on trouve pour l'abscisse de M :
289
+
290
+ or
291
+
292
+
293
+
294
+
295
+ A
296
+ M
297
+
298
+ =
299
+ x
300
+
301
+ /
302
+
303
+ cos
304
+
305
+ θ
306
+
307
+
308
+ {\displaystyle \mathrm {AM} =x/\cos \theta }
309
+
310
+ , d'où le résultat.
311
+
312
+ Le rayon du cercle inscrit est le quotient de l'aire du triangle par son demi-périmètre.
313
+
314
+ Le centre de gravité, le centre du cercle circonscrit et l'orthocentre sont alignés sur une droite appelée droite d'Euler et satisfont la relation vectorielle :
315
+
316
+ En outre, les milieux des côtés, les pieds des hauteurs et les milieux des segments reliant l'orthocentre aux sommets sont tous sur un même cercle appelé cercle d'Euler, dont le centre est également sur la droite d'Euler.
317
+
318
+ Particularité : soit M un point de la droite d'Euler. Les cercles d'Euler des triangles AHM, BHM et CHM se recoupent sur le cercle d'Euler du triangle ABC. Si M est le centre du cercle circonscrit au triangle ABC, alors le point de concours est nommé point de Jérabek.
319
+
320
+ Deux triangles sont dits isométriques, superposables ou, anciennement[4] égaux, s'ils ont les mêmes longueurs de côté. Dans ce cas il est possible de faire correspondre les sommets de l'un avec les sommets de l'autre par une isométrie (par exemple une translation, une rotation ou une symétrie) et cette correspondance relie alors des angles de même mesure. Ces triangles ont donc aussi la même aire.
321
+
322
+ Cette première définition est équivalente à chacune des trois suivantes :
323
+
324
+ Deux triangles ayant les mêmes mesures d'angle sont dits semblables. Ils ne sont pas nécessairement isométriques, mais leurs longueurs de côté sont proportionnelles avec un même coefficient de proportionnalité k. Leurs aires sont alors reliées par un facteur k2.
325
+
326
+ Il existe en effet une similitude (qui est la composée d'une isométrie et d'une homothétie) qui transforme l'un en l'autre. Cette définition équivaut à :
327
+
328
+ ou encore à :
329
+
330
+ Deux triangles isométriques sont toujours semblables. Deux triangles équilatéraux (non nécessairement isométriques) aussi.
331
+
332
+ Il existe trois autres cercles tangents simultanément aux trois droites qui portent les côtés d'un triangle, et sont tous trois extérieurs à ce triangle. Les points d'intersection de ces cercles avec les côtés du triangle forment le triangle de Nagel. Les segments reliant ces points de contact avec les sommets opposés du triangle sont concourants en un point appelé point de Nagel.
333
+
334
+ Le cercle dont un diamètre relie le point de Nagel à l'orthocentre est appelé cercle de Fuhrmann et son rayon est égal à la distance entre les centres des cercles inscrit et circonscrit.
335
+
336
+ Les centres des trois cercles forment le triangle de Bevan, qui est homothétique au triangle de Gergonne. Le centre de son cercle circonscrit est appelé point de Bevan.
337
+
338
+ Les trois cercles exinscrits sont tangents intérieurement à un cercle appelé cercle d'Apollonius. Les droites reliant les points de contact aux sommets opposés du triangle sont concourantes en un point appelé point d'Apollonius.
339
+
340
+ Le cercle inscrit et les trois cercles exinscrits sont tous tangents au cercle d'Euler. Les points de contact sont appelés points de Feuerbach.
341
+
342
+ Une symédiane est une droite symétrique de la médiane par rapport à une bissectrice issue du même sommet. Les trois symédianes sont concourantes en un point appelé point de Lemoine.
343
+
344
+ Dans un triangle acutangle, il existe un unique point qui minimise la somme des distances aux sommets. En ce point, appelé point de Fermat, les angles formés par les segments vers les sommets du triangle sont tous de 120°.
345
+
346
+ Si un triangle est non plat, il existe deux points appelés points de Brocard pour lesquels les segments vers les sommets subdivisent le triangle en trois triangles ayant un angle de même mesure par permutation des sommets du triangle initial.
347
+ La mesure de cet angle est alors la même pour les deux points.
348
+
349
+ La droite de Brocard est la droite qui passe par ces deux points.
350
+
351
+ Les points de Brocard appartiennent au cercle de Brocard dont un diamètre a pour extrémités le centre du cercle circonscrit et le point de Lemoine.
352
+
353
+ D'après le théorème d'Alasia, la droite de Brocard est parallèle à l'un des côtés si et seulement si le triangle est isocèle avec ce côté pour base.
354
+
355
+ Dans un triangle non plat, il existe une unique ellipse tangente à chaque côté en son milieu.
356
+
357
+ Le théorème de Thalès relie les longueurs de côtés de deux triangles semblables ayant un sommet commun et les côtés opposés parallèles.
358
+
359
+ Le théorème de Napoléon affirme que les centres des triangles équilatéraux formés extérieurement sur les côtés d'un triangle sont eux-mêmes les sommets d'un triangle équilatéral.
360
+
361
+ Le « théorème japonais de Carnot » établit que la somme des rayons des cercles inscrit et circonscrit est égale à la somme des distances du centre du cercle circonscrit aux côtés du triangle.
362
+
363
+ Le théorème de Ménélaüs donne une condition nécessaire et suffisante pour l'alignement de trois points alignés respectivement avec les côtés d'un triangle.
364
+
365
+ Le théorème de Morley affirme que les intersections des trissectrices des angles d'un triangle forment un triangle équilatéral.
366
+
367
+ Le théorème de Nagel montre que la bissectrice d'un angle d'un triangle est la même que celle de l'angle en ce sommet dont les côtés passent par l'orthocentre et le centre du cercle circonscrit.
368
+
369
+ Le théorème de Neuberg établit que les centres de trois carrés obtenus par une construction géométrique particulière sur un triangle sont les milieux des côtés de ce triangle.
370
+
371
+ Le théorème de Hamilton stipule que le cercle d'Euler est le même pour les quatre triangles formés par un groupe orthocentrique.
372
+
373
+ Le théorème d'Euler en géométrie exprime la distance d entre les centres des cercles inscrit et circonscrit en fonction de leurs rayons respectifs r et R par d2=R(R-2r). Il en découle que le rayon du cercle inscrit est au moins deux fois plus petit que celui du cercle circonscrit (inégalité d'Euler).
374
+
375
+ Le théorème de Ceva donne une condition nécessaire et suffisante pour que trois droites (appelées céviennes) passant respectivement par les trois sommets d'un triangle soient parallèles ou concourantes.
376
+
377
+ Le théorème de Gergonne donne alors une relation entre les longueurs des céviennes et les longueurs des segments qui relient leur point d'intersection aux sommets.
378
+
379
+ Le théorème de Stewart relie la longueur d'une cévienne aux longueurs des côtés des deux triangles qu'elle forme.
380
+
381
+ Le théorème de Terquem montre que le cercle pédal, circonscrit au triangle pédal formé par les trois pieds de céviennes concourantes, coupe les côtés du triangle en trois points qui sont également les pieds de céviennes concourantes.
382
+
383
+ Le théorème de Routh donne le quotient des surfaces entre l'aire du triangle formé par trois céviennes, et celle d'un triangle donné.
384
+
385
+ Le théorème des six cercles montre qu'une suite de cercles successivement tangents extérieurement et tangents intérieurement à deux côtés d'un triangle (les côtés variant par permutation circulaire) est 6-périodique.
386
+
387
+ La réciproque du théorème des trois cercles de Miquel montre que trois cercles passant respectivement par les sommets d'un triangle et sécants le long des côtés correspondants sont concourants en un point appelé point de Miquel.
388
+
389
+ Un triangle étant un polygone à trois côtés, certaines propriétés se généralisent pour un plus grand nombre de côtés, comme l'inégalité triangulaire ou la somme des angles (pour un polygone non croisé), mais l'aire et les angles ne dépendent plus seulement des longueurs des côtés. Il y a aussi moins de résultats valables en toute généralité sur les droites ou points remarquables. Cependant, certaines conditions permettent d'en retrouver comme dans le cas de quadrilatères particuliers (parallélogrammes notamment) ou inscriptibles dans un cercle.
390
+
391
+ Dans l'espace, trois points sont toujours coplanaires et ne suffisent donc pas pour définir un élément de volume. Mais quatre points non coplanaires forment un tétraèdre. Plus généralement, un simplexe est une figure géométrique convexe engendré par n points dans un espace à au moins n−1 dimensions.
392
+
393
+ Aucun document mathématique de l'Ancien Empire ne nous est parvenu. Mais l'architecture monumentale des IIIe et IVe dynastie constitue une preuve que les Égyptiens de cette époque détenaient des connaissances relativement élaborées en géométrie, et en particulier dans l'étude des triangles.
394
+
395
+ Le calcul de l'aire de cette figure est étudié dans les problèmes R51 du papyrus Rhind, M4, M7 et M17 du papyrus de Moscou et datant tous du Moyen Empire. Le problème R51 constitue, dans l'histoire mondiale des mathématiques, le premier témoignage écrit traitant du calcul de l'aire d'un triangle.
396
+
397
+ « Exemple de calcul d'un triangle de terre. Si quelqu'un te dit : un triangle de 10 khet sur son mryt et de 4 khet sur sa base. Quelle est sa superficie ? Calcule la moitié de 4 qui est 2 pour en faire un rectangle. Tu fais en sorte de multiplier 10 par 2. Ceci est sa superficie. »
398
+
399
+ Le terme mryt signifie probablement hauteur, ou côté. Mais la formule utilisée pour le calcul de l'aire fait pencher l'interprétation en faveur de la première solution[6]. Le scribe prenait la moitié de la base du triangle et calculait l'aire du rectangle formé par ce côté et la hauteur, soit
400
+
401
+ équivalente à la formule générale utilisée de nos jours :
402
+
403
+ Euclide, dans le livre I de ses Éléments, vers -300, énonce la propriété sur la somme des angles du triangle et les trois cas d'égalité des triangles (voir ci-dessus le paragraphe sur les triangles isométriques).
404
+
405
+ Texte de problème sur les propriétés classiques du triangle, avec indications de démonstration.
fr/579.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,186 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ 6 000 unilingues bascophones[3]
4
+
5
+ 1. atala
6
+
7
+ Le basque (euskara) est la langue traditionnelle du peuple autochtone des Basques, parlée au Pays basque. C'est le seul isolat encore vivant parmi toutes les langues en Europe, tant du point de vue génétique que du point de vue typologique. De type ergatif et agglutinant, le basque, appelé aquitain dans l'Antiquité et lingua Navarrorum (langue des Navarrais) au Moyen Âge, est la langue d'Europe occidentale la plus ancienne in situ, encore vivante.
8
+
9
+ En 2016, l'enquête sociolinguistique du Pays basque a recensé 700 300 locuteurs bascophones de seize ans et plus en Espagne (provinces de Biscaye, Alava, Guipuscoa et de Navarre) et 51 202 au Pays basque français, soit 28,4 % de la population. Le nombre total de locuteurs s'élève à 1 185 500, bilingues réceptifs inclus, soit 44,8 % de la population. Environ 10 000 personnes sont unilingues bascophones. Le basque est aussi parlé dans sa diaspora.
10
+
11
+ La langue basque comporte une grande diversité dialectale. Pour pallier le manque d'intercompréhension entre locuteurs de dialectes éloignés, l'Académie de la langue basque (dont le siège officiel est à Bilbao, en Biscaye), a mis en place vers la fin des années 1960 une koinê, un basque unifié (euskara batua). Engagé dans un processus de standardisation, d'unification et d'un développement du corpus, ce dialecte commun et nouvelle variété de basque est basé sur les dialectes du centre tels que le guipuscoan essentiellement, et le navarro-labourdin, et ce, parmi cinq ou sept dialectes constituant un continuum dialectal.
12
+
13
+ De nos jours, le basque unifié investit tous les secteurs formels tels que les émissions de radio-télévision, la presse écrite, Internet, la recherche, l'enseignement, la littérature, l'administration, etc. Dans les domaines informels, le basque unifié cohabite avec chacun des dialectes dans un espace où se côtoient les bascophones natifs (euskaldun zahar) et les néo-locuteurs (euskaldun berri).
14
+
15
+ Le mot basque vient du nom d’un peuple antique, les Vascons (en espagnol, basque se dit d'ailleurs vasco), qui était le peuple protohistorique occupant le territoire de l'actuelle Navarre. Il s'agirait peut-être d'une forme latinisée (prononcée comme ‘uascone’) du nom autochtone de la racine eusk-, présente dans le nom de la langue (Euskara), et de ceux qui parlent cette dernière euskaldunak (en français : « ceux qui possèdent (parlent) l'Euskara »). De nombreux linguistes ont comparé cette racine avec le nom des Ausci, le peuple aquitain antique qui a donné son nom à la ville d'Auch (dont l'ancien nom était basque : Elimberrum, c'est-à-dire « ville nouvelle », du basque (h)iri « ville, domaine » et berri "nouveau". Le passage de a- à e- étant assez fréquent en basque, l'hypothèse *ausc- > *eusk- est tout à fait admissible.
16
+
17
+ Un rapprochement par étymologie populaire entre euskal « basque » et eguzki « soleil »[5] est à l'origine du néologisme Euzkadi (dû à Sabino Arana Goiri) et des formes comme euzko[6].
18
+ Selon une autre hypothèse, la base *aus- pourrait représenter une variante de haitz « roche » (on la trouve dans la toponymie basque : Etxauz à Saint-Étienne-de-Baigorry, le mont Hautza, etc.). Ces deux hypothèses buttent sur la nature de la sifflante (laminale contre apicale).
19
+
20
+ Les formes anciennes du mot sont :
21
+
22
+ La forme enusquera est citée à deux reprises, ce qui pourrait exclure une faute. Le n simple intervocalique disparaît en basque sur le modèle de l'évolution du latin anatem au basque ahate. Les deux formes archaïques sont donc cohérentes si on corrige heuscara en *ehuskara[9]. Le h aspiré se serait par la suite effacé, mais il n'y a pas de preuve décisive en ce sens.
23
+
24
+ Le linguiste Alfonso Irigoyen analyse Enuskera/Ehuskara en deux termes :
25
+
26
+ Dans cette hypothèse, euskara signifierait « manière de parler »[11],[12]. Cette thèse est admissible phonétiquement mais aussi séduisante soit-elle, rien n'exclut une origine plus ancienne, une évolution plus complexe, la langue étant refaçonnée de génération en génération.
27
+
28
+ Euskera, eskuara, uskara et üskara sont des formes dialectales de euskara.
29
+
30
+ La présence du basque est antérieure à l'arrivée des deux langues indo-européennes[13],[14] qui, au cours de l'histoire, allaient devenir majoritaires, le celte, puis le latin, idiome dont dérivent les langues parlées aujourd'hui dans la région (français, espagnol, portugais, galicien, occitan, catalan, gascon, aragonais, etc.).
31
+
32
+ Au cours des siècles, le basque a reçu de nombreux emprunts lexicaux des langues indo-européennes voisines, mais a gardé sa syntaxe totalement différente de ces langues, ainsi qu'un abondant lexique également sans rapport avec elles. La plus ancienne preuve d'une écriture basque daterait du XIe siècle : il s'agit des Glosas Emilianenses. Toutefois des inscriptions basques auraient été découvertes sur le site d’Iruña-Veleia, dans la province d'Alava. Elles dateraient du IVe siècle et de l'époque à laquelle les Basques ont été christianisés. Certains les tiennent pour des faux, d'autres estiment qu'elles sont authentiques. Mais si l'on considère l'aquitain comme du basque, alors les premières traces écrites datent de l'époque romaine. Le premier livre écrit en basque est le Linguæ Vasconum Primitiæ de Bernard D'Etchepare imprimé à Bordeaux en 1545.
33
+
34
+ Outre les locuteurs de la diaspora, le basque est parlé au Pays basque (Euskadi au sens initial) et, plus précisément, dans une partie des trois provinces formant la Communauté autonome basque d'Espagne (Guipuscoa, centre et est de la Biscaye, extrême nord de l'Alava) ; dans le nord de la Navarre (Espagne également) ; et dans les trois provinces basques de France : Labourd, Basse-Navarre et Soule (voir la carte).
35
+
36
+ Le basque n'est pas la plus vieille langue d'Europe mais la langue d'Europe occidentale la plus ancienne in situ encore vivante[15],[16],[17],[18],[19]. L'origine du basque a fait l'objet de différentes études en corrélation avec l'archéologie et la génétique.
37
+
38
+ Si, sur le plan linguistique, le basque unifié est une forme de basque au même titre que chacun des autres dialectes, d'un certain point de vue et de par son statut officiel, on peut le comparer à une langue comme le français issu du francien, qui a réussi au détriment des autres formes d'oïl[20].
39
+
40
+ L'origine de la langue basque étant antérieure à la diffusion de l'écriture en Europe, elle est de ce fait, mal connue et toujours débattue. Cela ne saurait toutefois constituer un obstacle insurmontable pour la paléolinguistique qui permet de remonter bien au-delà grâce à la comparaison avec d'autres langues non-indo-européennes et à la reconstruction interne. Toutefois, des reconstructions a priori affectent souvent le sérieux des hypothèses.
41
+
42
+ On a proposé des relations lexicales entre le basque et un grand nombre de langues : l'ibère, le picte, les langues afro-asiatiques (dont les langues berbères, le guanche), les langues Niger-Congo et langues Khoïsan, l'étrusque, le minoen, les langues ouraliennes, le bourouchaski, les langues dravidiennes du sud de l'Inde, les langues munda de l'est de l'Inde, les langues caucasiennes, certaines langues paléo-sibériennes, le chinois, les langues esquimaudes, les langues na-dené d'Amérique du Nord et les langues indo-européennes
43
+
44
+ Par ailleurs, plusieurs études estiment qu'au bout de 10 000 ans, il ne resterait presque plus rien d'une langue, le matériau linguistique se trouverait entièrement renouvelé et l’origine commune entre le basque et toute autre langue serait alors très difficile à prouver[21],[22],[23]. Le linguiste et bascologue français Michel Morvan conteste le fait qu'on ne puisse pas remonter très haut dans le temps, jusqu'à l'eurasien primitif en travaillant sur l'ensemble des langues non-indoeuropéennes du continent eurasien. D'autres travaux rattachent cette langue à des groupes définis.
45
+
46
+ Depuis le XIXe siècle, la typologie linguistique considère la langue basque comme un isolat[24],[25],[26].
47
+
48
+ Diverses études défendent cette thèse. On peut mentionner la conférence donnée en 2003 à l'Institut culturel basque de Bayonne par Beñat Oyharçabal. Pour ce linguiste, les hypothèses basco-ibérique, basco-chamito-sémitique, basco-caucasique et la théorie des substrats ne sont pas suffisamment crédibles pour révoquer la théorie de l'isolat[27] Voir aussi l'étude de Joseba Lakarra publiée en 2005 et intitulée Protovasco, munda y otros : reconstrucción interna y tipología holística diacrónica[28].
49
+
50
+ Ce point de vue est aussi celui des linguistes basques tels que Joseba Lakarra et Joaquín Gorrochategui[29].
51
+
52
+ Dans le magazine La Recherche, en mai 2019, les linguistes Eneko Zuloaga et Borja Ariztimuño, de l'université du Pays basque (Espagne), écrivent de même que la langue basque est un isolat. Pour eux, les linguistes ou chercheurs, qui lient le basque à d'autres familles linguistiques, ne prennent pas en compte ni les méthodes standards, ni le travail effectué par les bascologues ces dernières décennies[30].
53
+
54
+ Plus généralement, les tentatives de comparaison et de rattachement à d'autres familles linguistiques ne prennent le plus souvent en compte que les aspects morphologiques, sans tenir compte du caractère exceptionnel de la grammaire du basque, langue agglutinante et ergative (comme ne le sont que de très rares langues, telles l'abkhaze ou le groenlandais)[réf. souhaitée].
55
+
56
+ La comparaison avec les langues européennes fait l'objet de plusieurs recherches. Tout comme les linguistes Gianfranco Forni et Castro Guisasola[29], et, avant eux, des amateurs tels que Augustin Chaho ou Jean-Baptiste Darricarrère, puis, récemment, Juliette Blevins, et, en 2007, Eñaut Etxamendi, ils rattachent le basque à la famille indo-européenne. Eñaut Etxamendi[31],[32] présente au grand public dans un article qu'il écrit dans L'Express en 2015[33] et ont fait l'objet d'un ouvrage L'origine de la langue basque[34],[35]. Ces travaux s’éloignent ainsi des schémas de pensée habituels qui font de cette langue un isolat[36]. Eñaut Etxamendi affirme être le seul à soutenir cette origine du basque car il dit être le seul à avoir comparé la langue basque à des langues indo-européennes[33]. Il reconnaît lui-même que sa thèse est ainsi très isolée au sein du milieu scientifique[33],[37],[38].
57
+
58
+ Eñaut Etxamendi écrit qu'il y a une importante proximité de l’euskara avec beaucoup de langues indo-européennes très anciennes et souvent très lointaines du Pays basque telles que le grec ancien, l'arménien, le sanskrit, etc., et dont certaines sont éteintes[39], alors qu'il n'est pas connu à ce jour d'émigration d'habitants de ces pays lointains au pays basque[40].[source insuffisante]
59
+
60
+ Eñaut Etxamendi, dans ses travaux où sont analysés environ 4 000 mots, souligne le nombre considérable de termes similaires (tant pour la phonie (?) que pour le sens) avec des termes d'origine indo-européenne[39]. Ce constat ne peut pas résulter, selon lui, du seul emprunt du basque aux langues environnantes et il ajoute qu'il n'a pas eu connaissance au cours de ses travaux de termes basques sans aucune parenté[40].
61
+
62
+ Par ailleurs, selon Eñaut Etxamendi, un nombre non négligeable de termes basques sont en mesure d’éclairer des étymologies que les plus grands indo-européanistes du siècle dernier ont considérées douteuses, obscures, voire inexpliquées[41]. Eñaut Etxamendi a fait une comparaison systématique dans ses travaux entre le basque et les langues indo-européennes, tant au niveau du vocabulaire que de la construction grammaticale. Pour cet auteur les racines de nombreux concepts (dits) indo-européens procèdent d'onomatopées décelables par l'euskara (dévorer, frapper/tuer, gratter, courir, écorcer/racler, aiguiser...)[42].
63
+
64
+ Eñaut Etxamendi réfute le caractère exclusif de certains particularismes généralement attribués à la langue basque. Parmi différents exemples pris par cet auteur: la langue basque n'est pas la seule à pratiquer l'ergativité en Europe (toutes les langues indo-européennes auraient été ergatives selon la linguiste Claude Tchekhoff), la langue basque a elle aussi des préfixes et peut avoir également dans certains cas un genre féminin, le basque a une forme agglutinante mais l'arménien également et l'allemand souvent[source insuffisante], etc[32].
65
+
66
+ L'article d'Eñaut Etxamendi Le basque est une langue indo-européenne a été repris dans un journal italien du 5 mai 2015[37] et en 2017 Robert Elissondo, professeur d'histoire-géographie et président de l'association Ikerzaleak[43], se range à ses arguments. Elissondo écrit notamment « sa recherche s'appuie sur les travaux des linguistes les plus reconnus en particulier Émile Benveniste. À la fois chercheur, écrivain et poète, Eñaut Etxamendi manie avec aisance les méthodes et les concepts de la linguistique »[44]. Robert Elissondo écrit également « Pourquoi la plus ancienne des langues indo-européennes est-elle toujours vivante ? » en parlant de la langue basque[44].
67
+
68
+ A contrario, toujours en 2017, le philologue et spécialiste de l'histoire de la langue basque Joseba Lakarra parle du basque comme une langue isolée[25], et dans La Recherche, en mai 2019, les linguistes Eneko Zuloaga et Borja Ariztimuño écrivent que « le basque est un isolat, [...] la thèse [d'Eñaut Etxamendi] n'est pas reconnue par les bascologues, [...] car elle ne répond pas aux exigences de la recherche linguistique »[30].
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+ En 2013, Jaime Martín Martín[45] tend à soutenir, dans son livre Un enigma esclarecido : el origen del vasco (« Une énigme éclaircie : l'origine du basque »), que le basque s'apparente au dogon, une langue parlée actuellement par environ 600 000 personnes, principalement au Mali, mais aussi au Burkina Faso[46],[47]. Jaime Martin a comparé pendant douze ans le basque et le dogon, tant au niveau de la structure que du vocabulaire et a observé « des ressemblances entre les deux langues dans la forme et dans le sens », convaincu que ces ressemblances « ne pouvaient pas être dues au hasard »[47]. Il a comparé 2 247 mots[48], observant des ressemblances parmi 1 633 d'entre eux, soit 70 %. Selon lui, l'hypothèse d'une parenté entre deux langues prend force à partir de 50 %[49].
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+ Selon Xabier Kintana, qui a vivement critiqué l'ouvrage, cela n'aurait « ni queue ni tête »[50] et ne comparerait que des mots comme soro (champ), dont l'origine est latine[51].
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+ Pour la linguiste Asya Pereltsvaig, les preuves présentées à l'appui du lien basque-dogon par Martín ne sont pas « qualitatives » : Martín compare les aspects structurels et lexicaux du basque et du dogon et affirme que les deux langues sont très semblables, la seule différence étant que le dogon « n'a pas de déclinaison ni de sujet ergatif ». Elle fait observer que « ce sont toutefois des différences majeures ». « Le dogon, sans marquage de cas ni alignement ergatif, ressemble beaucoup plus au chinois, d'autant plus que les deux langues (ou familles de langues) sont également tonales. Le basque, en revanche, n'est pas tonal, ce qui constitue une autre différence majeure entre lui et le dogon ». Enfin l'argument selon lequel « trois des quatorze dialectes dogon montraient exactement le même ordre de mots dans la phrase » que le basque, est, selon Asya Pereltsvaig, un très mauvais élément de preuve. Le basque est une langue SOV stricte, mais l'ordre SOV est l'ordre linguistique le plus courant et représente près de 45 % des langues du monde[46].
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+ La linguiste Lilias Homburger avait également présenté le basque, langue agglutinante, comme plus proche de l'égyptien ancien, des langues dravidiennes (parlées aujourd'hui en Inde du Sud), et des langues africaines du groupe sénégalo-guinéen (wolof, sérère, peul), que des langues indo-européennes. Elle supposait qu'au néolithique, avant l'extension de l'indo-européen commun, les langues agglutinantes recouvraient probablement l'Afrique du Nord, l'Europe méridionale et l'Asie[52].
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+ Dans une étude Le basque, langue eurasienne publiée en 2008, le comparatiste et bascologue français Michel Morvan présente la langue basque comme étant d'origine eurasienne pré-indoeuropéenne[53],[54]. Dans cette étude, il écrit également à propos de l'origine de la langue basque : « La piste sino-caucasienne est bonne »[53]. Il explique que les anciennes langues parlées en Eurasie (basque, certaines langues du Caucase, de Sibérie, etc.) ont été submergées par l'arrivée des langues indo-européennes et donc qu'il est vain de vouloir raccrocher le basque à telle ou telle autre langue avec une entière certitude au vu de la profondeur du substrat eurasien, ceci n'excluant pas toutefois la mise en évidence de liens de parenté révélateurs d'une origine commune entre ces anciennes langues ou du moins une partie d'entre elles[53].
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+ Se référant entre autres aux travaux de Sergueï Starostine[53], il estime que, dans sa forme originelle, le basque pourrait remonter au paléolithique supérieur et qu'elle est très stable dans le temps, ce qui peut faciliter ainsi des comparaisons[53].
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+ Selon lui l'erreur est d'avoir voulu rattacher à chaque tentative le basque à une famille de langues traditionnelle bien délimitée. À cause de cette erreur s'est développé le dogme excessif du basque comme langue complètement isolée. Sur ce sujet l'américain John Bengtson, avec toutefois de nombreuses erreurs, donne à la langue basque une origine commune avec des langues du Caucase (langues du nord-est du Caucase précise Michel Morvan). La théorie eurasienne de Michel Morvan gagne de plus en plus en vraisemblance grâce à ses travaux étymologiques très poussés[55].
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+ Certains termes comme guti = « peu, petit » ou bihi = « grain » ont été repérés en dravidien et jusqu'en austronésien (tagalog, waray, indonésien) par Michel Morvan, ce dernier sous la forme binhi qui correspond au proto-basque *binhi, ce qui ferait remonter de telles formes encore bien plus loin dans le passé. Selon ce linguiste, il faut comprendre qu'il y a des parentés proches (ibère, pré-occitan, paléosarde, paléocorse par exemple) et des parentés éloignées (caucasien, dravidien, langues sibériennes, etc.). Son travail étymologique est le plus avancé à ce jour.
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+ Des chercheurs (Marr, Trombetti, Bouda, Dumézil, Dzidziguri...) ont proposé des similitudes entre le basque et les langues caucasiennes, particulièrement le géorgien. La théorie caucasienne s'est développée dès le XIXe siècle et pendant tout le XXe siècle.
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+
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+ D'un point de vue grammatical et typologique, ils comparent les objets en langues agglutinantes et ergatives, et avec le même système déclinatif.
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+ Le parallélisme des systèmes de numération (vigésimaux), la façon identique d'exprimer le réfléchi en basque et en kartvèle (géorgien...) sous forme "ma tête, ta tête, sa tête" sont d'autres convergences typologiques. Mais on sait que convergence typologique n'implique pas ipso facto parenté génétique.
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+
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+ Dans son ouvrage L'origine des langues, publié en 1994[56], le linguiste Merritt Ruhlen rattache le basque au groupe des langues sino-caucasiennes lui-même rattaché à la super-famille des langues dené-caucasiennes. Ce groupe comprend le basque, le caucasien, le burushaski, le sino-tibétain, le iénisséien, le na-dené[57]. Pour le rattachement du basque à la famille dené-caucasienne, Ruhlen cite les travaux de Bengtson et Trombetti comme étant les principaux chercheurs ayant mis en lumière ce lien. Merritt Ruhlen rapporte que ce sont les travaux d'Edward Sapir qui ont mis en évidence le na-dené (localisé en Amérique du Nord). Puis que Sergueï Nikolaïev a repris les travaux de celui-ci en disant que le na-dené était apparenté à la famille caucasienne, sino-tibétaine et iénisséienne[58]. À la fin des années 1990, John Bengtson y a ajouté le basque et le bouroushaski, « deux idées que préfiguraient déjà les travaux de Trombetti et d'autres chercheurs »[59] dit-il. Enfin, Merritt Ruhlen mentionne les travaux de Sergueï Starostine qui a décrit une famille qu'il a nommée sino-caucasienne et qui comprend les familles caucasiennes, sino-tibétaine et iénisséienne[58].
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+ Merritt Ruhlen explique également que les dené-caucasiens sont isolés entre eux par les autres groupes de langues eurasiatiques arrivés postérieurement. Sur le plan génétique, il dit que pris au niveau mondial le groupe bascophone ne se différencie pas suffisamment des autres européens pour constituer un isolat génétique. « Les langues ne font pas l'amour », dit-il pour expliquer des différences linguistiques que l'on ne retrouve pas dans les gènes. Selon cet auteur, des proto-Basques auraient occupé l'Europe occidentale bien avant la migration des Indo-européens au deuxième millénaire avant l'ère chrétienne[60]. Les ancêtres des Basques se seraient alors maintenus vers l'Atlantique et les Pyrénées, dans la région qu'ils occupent actuellement et nommée durant la conquête romaine d'après les territoires des Caristes, des Vascons, des Cantabres, des Aquitains, des Vardules et autres tribus.
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+ L'hypothèse d'un ensemble plus élargi dit "dené-caucasien" (Starostine, Nikolaïev, Bengtson, Ruhlen) divise les langues d'Eurasie entre les langues eurasiatiques (comprenant, selon Greenberg, l'indo-européen, l'ouralien, l'altaïque et quelques autres petits groupes en Sibérie) et un groupe relictuel de langues qui n'appartiennent pas à cette famille. Ruhlen, Bengston[61] et Shevoroshkin font entrer le basque dans cet ensemble.
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+ Le déné-caucasien, très large, réunit notamment, en plus du basque et du caucasien, le chinois et le na-déné. Or, une parenté entre le chinois et le caucasien est réfutée par des linguistes tel Laurent Sagart, spécialiste du chinois archaïque. Ce dernier a présenté un regroupement « STAN » (sino-tibéto-austronésien).
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+
100
+ La proximité linguistique entre le basque et les langues kartvèles a été combattue par plusieurs linguistes, tel Larry Trask.
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102
+ Cette thèse rapproche le basque de cet ensemble de langues anciennement parlées dans la péninsule Ibérique : de nombreuses similarités et des recoupements territoriaux importants, de part et d'autre des Pyrénées, permettent ce rapprochement selon lequel les langues ibères formeraient elles-mêmes un isolat[62].
103
+
104
+ Dans une conférence organisée en 2003 à Bayonne par Beñat Oyharçabal au sein de l'Institut Culturel Basque, celui-ci écrit que l'hypothèses basco-ibérique n'a pas été jugée suffisamment crédible pour faire évoluer la thèse de l'isolat[27].
105
+
106
+ Cette thèse situe l'apparition de la langue basque avec l'arrivée de certaines troupes berbères de Hannibal Barca estimées à 20 000 hommes qui en 218 av. J.-C. décidèrent de l'abandonner et de ne pas l'accompagner dans sa marche vers Rome depuis Carthage[réf. nécessaire]. La théorie est soutenue par le spécialiste du basque Hector Iglesias et autrefois par les africanistes autrichiens Ernst Zyhlarz (de) et Hans Mukarovsky[63] qui se fondent sur certaines similitudes linguistiques avec l'amazigh parlé en Mauritanie, au Maroc, aux îles Canaries et en Algérie[64],[65].
107
+
108
+ Héctor Iglesias explique cette survivance par le fait que, durant l'Antiquité, les Basques ont été des alliés plutôt que des ennemis de l'Empire romain, ce qui leur aurait permis de mieux sauvegarder leur langue[66]. L'habitat dispersé a sans doute aidé aussi à la préservation de la langue basque.
109
+
110
+ Selon Luis Núñez Astrain, la raison principale de la survivance du basque est due précisément à la chute de l'Empire romain d'Occident, vers l'an 400, et à l'arrivée des Visigoths. Les Basques (Autrigons, Caristes, Vardules, Vascons) et même Gascons, dont le nom provient d'une prononciation germanique de vascone) sont à cette époque des alliés des Romains. Astrain estime que si l'invasion des Goths avait été retardée de deux cents ans, l'euskara aurait été éliminé. Par conséquent, bien que les Goths aient combattu les Basques, c'est à eux que le basque doit en grande partie sa survie[67],[68].
111
+
112
+ Cependant, depuis les deux derniers siècles, la révolution industrielle, l'urbanisation, le centralisme politique, la répression franquiste et l'exode rural au Pays basque nord ainsi que la politique linguistique de l'Etat français ont exercé une pression écrasante sur l'euskera, ce qui a aggravé les disparités démographiques régionales et linguistiques[69]. De 1868 à 1970, la population bascophone est passée de 471 000 à 597 000 locuteurs, alors que la population totale a augmenté de 875 900 à 2 561 400 habitants. La population totale a donc presque triplé, tandis que le pourcentage de la population bascophone a diminué, passant de 54 % à 23 %, soit le quart de la population totale[69].
113
+
114
+ La langue basque a beaucoup souffert des conséquences de la guerre civile espagnole, entre 1936 et 1939, lors de laquelle de très nombreux jeunes gens qui parlaient le basque durent émigrer (surtout vers la France). Entre 1940 et 1975, la situation économique de l'Espagne contribuera encore à faire émigrer beaucoup de jeunes Basques. Les Ikastolas furent légalisées au Sud, dans l'Etat espagnol, à partir de 1960. En France, il fallut attendre plus longtemps.
115
+
116
+ Les Américains auraient utilisé des Codes talkers basques, pour l'encodage, en mai 1942, dans la guerre contre les Japonais. Cette histoire est néanmoins contestée par des travaux d'historiens publiés en 2017[70].
117
+
118
+ La grammaire basque est d'une originalité radicale. Le basque est une langue agglutinante, et des suffixes ou des radicaux peuvent être accolés derrière d'autres suffixes ou radicaux. Le genre n'existe pas, sauf attaché au verbe pour le tutoiement (du-k "tu as" (homme) et du-n "tu as" (femme)) avec des marqueurs k (ou t) pour le masculin et n pour le féminin typiques des langues eurasiennes.
119
+ Sa conjugaison fait que, en plus de s'accorder avec le sujet, le verbe s'accorde avec les compléments, dits directs et indirects en français. L'évolution moderne de la langue fait qu'en basque on ne conjugue souvent que l'auxiliaire du verbe.
120
+
121
+ Le basque suit généralement une syntaxe SOV ou OVS, dans certains cas rares.
122
+
123
+ Le système numérique du basque présente la particularité d'être vicésimal (base 20) comme en ancien français, en breton ou en danois. Toutefois, dans ces trois langues, il s'agit d'un compte bi-décimal (deux-dix, *ui-kmti), non sur base vingt.
124
+
125
+ Si la grammaire basque est d'une originalité radicale, on estime qu'avant la normalisation de la langue, 75 % du vocabulaire provenait du latin ou des langues géographiquement voisines (gascon, aragonais, roman de Navarre, espagnol, français, voire le gaulois auparavant). Par ex. dans la liste ci-dessus zeru dérive du latin caelum "ciel".
126
+
127
+ Notes :
128
+
129
+ Le r est roulé mais, au Pays basque nord, le r simple est roulé, le r double est généralement prononcé « à la française » chez les nouvelles générations. En Soule, le « r » est parfois amuï, il peut être aussi entre le « l » et le « d », la règle est que seul on le roule, double ou devant une consonne on le grasseye. Le h est généralement aspiré par les locuteurs âgés du Pays basque nord, mais il est tout à fait muet au Pays basque sud. Le s est prononcé au Pays basque sud comme le s espagnol standard de Castille, le s finlandais ou le sigma grec ; au Pays basque Nord, par influence du français, il est pratiquement — mais fautivement — prononcé comme un ch. Le z est prononcé comme une sifflante sourde s partout, sauf en Biscaye et sur la côte de Gipuzkoa, où il est prononcé comme le s basque ; finalement, le x est prononcé comme une chuintante ch partout[71].
130
+
131
+ Le j représente en principe le y de yaourt au début d'un mot (à l'intérieur d'un mot, on utilise généralement la lettre i). C'est la prononciation standard recommandée pour le basque unifié. Cependant, au Pays basque Sud, on a tendance à le prononcer comme le j espagnol (Rajoy, José, Guadalajara) ou le ch allemand ou écossais (Bach, loch), alors qu'en Soule et à Lekeitio (Biscaye), on le prononce comme le j français de journal.
132
+
133
+ Les noms et adjectifs se déclinent en s'augmentant de suffixes. La forme donnée dans la liste ci-avant est celle de l'absolutif indéterminé : à cette forme, les noms et adjectifs apparaissent sous leur forme la plus simple, sans aucun suffixe.
134
+
135
+ La langue basque s'écrit avec l'alphabet latin. L'alphabet basque est globalement phonétique, toutes les lettres d'un mot se prononcent à l'exception du h qui est muet dans la plupart des dialectes. Généralement, les voyelles qui se suivent forment une diphtongue[72].
136
+
137
+ En 1571, on doit à Jean de Liçarrague, sur ordre de la reine de Navarre Jeanne d'Albret, la traduction en basque du Nouveau Testament[73]. Les cinq dialectes du basque sont le navarro-labourdin, le guipuscoan, le navarrais, le souletin et le biscayen. Certains sont peu intelligibles entre eux comme le biscayen et le souletin[74].
138
+
139
+ Un autre dialecte, le roncalais, a vu sa dernière locutrice s'éteindre en 1991 (Fidela Bernat)[réf. nécessaire].
140
+
141
+ Le basque standard, ou « basque unifié », se fonde sur les dialectes centraux comme le guipuzcoan et le navarro-labourdin, mais aussi sur le labourdin classique du XVIIe siècle, précurseur de la littérature basque et trait d'union entre les dialectes continentaux et péninsulaires.
142
+
143
+ Le basque unifié, ou euskara batua, langue coofficielle avec le castillan dans les communautés autonomes basque et navarraise, y est largement enseigné, et commence à y supplanter les formes dialectales, dorénavant associées aux échanges non formels, voire à la ruralité.
144
+
145
+ Sur une population totale de 2 975 000 habitants répartis dans les 7 provinces du Pays basque, 26,9 % sont bilingues et 15,3 % ont une connaissance approximative du basque, soit 1 255 750 personnes (881 300 personnes sont des locuteurs bilingues actifs et 454 400 sont des locuteurs bilingues passifs). Du point de vue de leur rapport avec l'euskara, les habitants du Pays basque se répartissent en 4 grandes catégories[75].
146
+
147
+ Il existe de grandes disparités dans la population au regard du bilinguisme basque selon les provinces. La Biscaye compte 1 141 000 habitants, dont 26,5 % (302 000) sont bilingues et 24,9 % (284 000) de bilingues passifs. Le Guipuzcoa avec 686 000 habitants a le plus grand nombre de locuteurs bascophones, soit 329 000, ce qui correspond à 48 % de la population et 9,5 % (65 000) de bilingues réceptifs. La Navarre (594 000) n'a que 14,4 % (85 500) de bascophones qui sont groupés essentiellement dans le nord de la province et 6,8 % de bilingues réceptifs (40 200). L'Alava avec ses 298 000 habitants a 13,4 % (40 000) de bilingues et 11,1 % (33 000) bilingues réceptifs. Le Labourd avec 208 000 habitants a 18,6 % de sa population bilingue (38 600) et 24 600 bilingues réceptifs. Quant à la Basse-Navarre et à la Soule, les plus faiblement peuplées (30 000 et 17 000), elles ont de loin les plus forts pourcentages de personnes bilingues, avec 60,9 % de bilingues (28 600) et 15,1 % de bilingues réceptifs (7 000).
148
+
149
+ La prise de Bilbao le 19 juin 1937 par les troupes franquistes mit fin à l'expérience sur le territoire basque. Cependant, le Gouvernement basque en exil (1937-1979) continua d'utiliser cette langue dans ses activités.
150
+
151
+ La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, dans les deux communautés autonomes qui correspondent au territoire basque traditionnel en Espagne.
152
+
153
+ La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, depuis 1980 et la mise en place du statut d'autonomie (2 184 606 habitants en 2011).
154
+
155
+ La langue basque est co-officielle, avec l'espagnol, depuis la loi forale de 1986, dans la zone historiquement "bascophone". Cette zone correspond à 63 communes du nord de la Navarre (soit, en 2009, 58.932 habitants).
156
+
157
+ La langue basque est minoritaire dans deux autres zones de la Navarre, l'espagnol étant la seule langue administrative. Dans la Zone mixte (55 communes du centre de la Navarre, dont la capitale Pampelune) la langue basque peut bénéficier de certaines mesures comme l'enseignement public bilingue ou la signalisation toponymique bilingue. Dans la Zone non bascophone (sud de la Navarre) la langue basque ne bénéficie d'aucun statut juridique officiel.
158
+
159
+ Le français est la seule langue officielle dans cette circonscription administrative dans laquelle sont regroupées les provinces basques de Labourd, Basse-Navarre et Soule.
160
+
161
+ Le 26 juin 2014, le conseil municipal d'Ustaritz, ville de 6 200 habitants, chef-lieu de canton du département des Pyrénées-Atlantiques a fait du basque la langue officielle de la commune. Le tribunal administratif de Pau a annulé, le 26 janvier 2015, cette délibération. La commune attend depuis de recevoir les motivations de ce jugement pour décider si elle fera appel ou non.
162
+
163
+ Pays basque nord :
164
+
165
+ Le basque est enseigné dans les écoles immersives associatives dites « ikastola » où tous les cours, dans les premières années de maternelle se font par immersion en basque avec introduction progressive du français qui est utilisé en parité avec l'euskara (histoire, géographie, sciences, mathématiques…). Les enfants sont donc rapidement parfaitement bilingues.
166
+
167
+ La langue est aussi enseignée dans certaines écoles, collèges et lycées publics en tant que langue facultative. Il existe aussi des cours du soir pour apprendre la langue et la culture basques.
168
+
169
+ En France est créé à Bayonne en 2004 l' Office Public de la Langue Basque (OPLB) qui poursuit son projet de politique linguistique en ouvrant des sections d'enseignement bilingue dans le Pays basque[76].
170
+
171
+ Pays basque sud :
172
+
173
+ Dans la CAB, en plus de certaines stations de service public Euskadi Irratia (groupe EITB) (Euskadi Irratia, Gaztea, EiTB Musika), une cinquantaine de radios associatives émet en basque.
174
+
175
+ De nombreuses radios associatives parmi lesquelles Euskalerria irratia[réf. souhaitée] à Pampelune, Xorroxin Irratia (Baztan).
176
+
177
+ Les radios associatives du Pays basque nord se sont groupées dans une association nommée Euskal irratiak et diffusent des programmes en commun :
178
+
179
+ De plus France Bleu Pays Basque consacre 55 minutes d'actualité en basque.
180
+
181
+ Il existe aussi une radio à caractère religieux diffusant en basque depuis Ustaritz, Radio Lapurdi Irratia.
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+ De nombreux hebdomadaires sont écrits en basque parmi lesquels :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ En géométrie euclidienne, un triangle est une figure plane, formée par trois points appelés sommets, par les trois segments qui les relient, appelés côtés, délimitant un domaine du plan appelé intérieur.
2
+ Lorsque les sommets sont distincts deux à deux, en chaque sommet les côtés délimitent un angle intérieur, d'où vient la dénomination de « triangle ».
3
+
4
+ Le triangle est aussi le polygone le plus simple qui délimite une portion du plan et sert ainsi d'élément fondamental pour le découpage et l'approximation de surfaces.
5
+
6
+ De nombreuses constructions géométriques de points, droites et cercles associés à un triangle sont liées par des propriétés qui étaient en bonne part déjà énoncées dans les Éléments d'Euclide, près de 300 ans avant Jésus-Christ. Les relations entre les mesures des angles et les longueurs des côtés sont notamment à l'origine de techniques de calcul de distances par triangulation. Le développement de ces techniques constitue d'ailleurs une branche des mathématiques appelée trigonométrie.
7
+
8
+ Hors de la géométrie euclidienne, les côtés d'un triangle sont remplacés par des arcs géodésiques et beaucoup de ses propriétés sont modifiées (voir Trigonométrie sphérique).
9
+
10
+ La forme triangulaire se retrouve dans de nombreux objets, mathématiques ou non, et s'est chargée de symboliques diverses. De nombreux caractères typographiques présentent une telle forme.
11
+
12
+ Un triangle est complètement déterminé par la donnée de ses trois sommets et il se note en général en juxtaposant les trois lettres (a priori capitales) qui les désignent. L'ordre de ces lettres importe peu même si l'ordre d'énonciation correspond en général à un parcours dans le sens trigonométrique autour du triangle[1]. La longueur d'un côté est classiquement notée avec la lettre minuscule correspondant au sommet opposé.
13
+
14
+ Si tous les sommets sont distincts[note 1], chaque angle géométrique peut être identifié par la lettre du sommet correspondant, surmontée d'un accent circonflexe. Au cas où la figure comprend d'autres segments passant par les sommets, les côtés de l'angle sont précisés par les lettres désignant les deux autres sommets de part et d'autre sous l'accent circonflexe. Ces angles peuvent aussi être notés à l'aide de lettres grecques en minuscule et en italique.
15
+
16
+ Le postulat euclidien selon lequel « la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre » s'illustre par le fait que dans un triangle, la longueur de chaque côté est inférieure à la somme des longueurs des deux autres côtés :
17
+
18
+ Le cas d'égalité caractérise les triangles plats, dans lequel l'un des sommets appartient au segment qui relie les deux autres.
19
+
20
+ Réciproquement, étant données trois longueurs (données par trois nombres réels positifs) dont aucune n'est supérieure à la somme des deux autres, il est possible de construire un triangle ayant ces longueurs de côté.
21
+ La vérification de ces inégalités peut être faite en comparant seulement la plus grande des trois longueurs avec la somme des deux autres, car les deux autres inégalités sont nécessairement vraies.
22
+
23
+ Il suffit alors de construire d'abord un segment d'une des trois longueurs souhaitées, puis de tracer deux cercles centrés sur les extrémités de ce segment avec pour rayon chacune des deux autres longueurs. Les deux cercles ont alors deux points d'intersection et n'importe lequel de ces deux points définit le triangle de dimensions voulues avec le segment initial.
24
+
25
+ La somme des angles d'un triangle est égale à un angle plat, autrement dit la somme de leurs mesures vaut 180° (degrés) c'est-à-dire π radians. Cette propriété est une caractéristique de la géométrie euclidienne. Il existe d'autre géométries, dites géométries non euclidiennes, dans lesquelles la somme des angles d'un triangle est toujours supérieure à 180° (on parle alors de géométrie elliptique) ou au contraire inférieure (la géométrie est alors dite géométrie hyperbolique).
26
+
27
+ Réciproquement, étant données trois mesures (non nulles) d'angles géométriques dont la somme vaut un angle plat, il existe un triangle ayant ces mesures d'angles. Il suffit de tracer un segment d'une longueur quelconque et de tracer une demi-droite en chaque extrémité mais du même côté du segment, de façon à former deux des angles voulus avec le segment initial. Les deux demi-droites auront un point d'intersection en lequel l'angle intérieur sera le troisième angle voulu.
28
+
29
+ Un triangle dans lequel au moins deux sommets sont confondus est dit dégénéré (ou parfois en aiguille[réf. nécessaire]).
30
+
31
+ Un triangle plat est un triangle dont les sommets sont alignés.
32
+
33
+ Un triangle isocèle est un triangle ayant au moins deux côtés de même longueur. Les deux angles adjacents au troisième côté sont alors de même mesure. Réciproquement, tout triangle ayant deux angles de même mesure est isocèle. Les triangles isocèles sont les seuls à admettre un axe de symétrie en dehors des triangles plats. Anciennement, en géométrie euclidienne, un triangle isocèle possédait exactement deux côtés égaux.[réf. nécessaire]
34
+
35
+ Un triangle équilatéral est un triangle dont les trois côtés ont la même longueur. Ses trois angles ont alors la même mesure qui vaut donc 60° et il admet trois axes de symétrie.
36
+
37
+ Un triangle qui n'est ni isocèle (ce qui exclut également le cas équilatéral) ni plat est dit scalène (du grec σκαληνός (skalenos) : boiteux, inégal, déséquilibré, oblique…). Un triangle scalène peut aussi être rectangle.
38
+
39
+ L'adjectif « scalène » n'est pas synonyme de l'adjectif « quelconque ». Un triangle quelconque est un triangle qui peut posséder ou non des propriétés des triangles particuliers. Ainsi un triangle quelconque peut être isocèle ou équilatéral, ou même scalène. Par contre un triangle scalène ne peut être ni équilatéral ni isocèle. L'adjectif « quelconque » est employé pour insister sur le fait qu'on ne sait rien de plus à propos d'un triangle. Dès lors qu'on sait qu'un triangle possède une ou des propriété(s) particulière(s) il ne peut plus être considéré comme quelconque.
40
+
41
+ Triangle isocèle.
42
+
43
+ Triangle équilatéral.
44
+
45
+ Triangle scalène.
46
+
47
+ Un triangle rectangle est un triangle ayant un angle droit, c'est-à-dire de mesure 90°. Il satisfait alors le théorème de Pythagore. Comme la somme des angles d'un triangle vaut 180°, il ne peut y avoir plus d'un angle obtus (supérieur à l'angle droit). S'il y en a un, le triangle est obtusangle ou ambligone. S'il n'y en a pas, il est acutangle ou oxygone (il a alors trois angles aigus).
48
+
49
+ Triangle obtusangle ou ambligone.
50
+
51
+ Triangle rectangle.
52
+
53
+ Triangle acutangle ou oxygone.
54
+
55
+ Certains triangles ont reçu une dénomination particulière qui détermine leurs angles :
56
+
57
+ Demi-carré.
58
+
59
+ Triangle des arpenteurs.
60
+
61
+ Triangle de l'écolier.
62
+
63
+ Triangle d'or.
64
+
65
+ Triangle de Kepler.
66
+
67
+ Un triangle est dit bisocèle si l'une de ses bissectrices le partage en deux triangles isocèles. Il ne peut s'agir que du demi-carré ou d'un triangle d'or[2].
68
+
69
+ Le tableau suivant compare quelques-uns de ces triangles particuliers :
70
+
71
+
72
+
73
+ L'aire d'un triangle est donnée par diverses formules, la première étant fonction de la longueur d'un côté, appelée base, et de la distance du sommet opposé à la droite qui porte ce côté, appelée hauteur.
74
+
75
+ Cette formule est dérivée de celle de l'aire d'un parallélogramme et démontrée dans les Éléments d'Euclide.
76
+
77
+ D'autres formules font appel à la longueur des côtés (formule de Héron) ou aux coordonnées des sommets dans un repère orthonormé.
78
+
79
+ Le périmètre d'un triangle est simplement la somme des trois longueurs de côté. Pour un périmètre p donné, l'aire intérieure du triangle est majorée par celle du triangle équilatéral correspondant :
80
+
81
+ Les longueurs de côté d'un triangle et les mesures de ses angles satisfont plusieurs relations qui permettent de toutes les calculer à partir de certaines d'entre elles.
82
+
83
+ Il s'agit d'une part, outre la formule de la somme des angles, d'une relation entre l'aire, la mesure d'un angle et la longueur des deux côtés adjacents :
84
+
85
+ laquelle permet d'obtenir la formule des sinus :
86
+
87
+ d'autre part, du théorème d'Al-Kashi (ou théorème de Carnot[réf. nécessaire] ou encore loi des cosinus) qui généralise le théorème de Pythagore :
88
+
89
+ Les relations métriques dans le triangle permettent d'évaluer des distances à partir de mesures angulaires, comme en navigation maritime, en géodésie et en astronomie. C'est selon ce principe qu'a été mesuré le méridien terrestre pour la définition du mètre[3].
90
+
91
+ Dans le plan, le calcul de l'aire d'un domaine peut être évalué en approchant ce domaine par une réunion de triangles disjoints.
92
+
93
+ Plus généralement, des surfaces de l'espace peuvent être approchées par une réunion de triangles appelées facettes. Cette technique est utilisée en analyse numérique dans la méthode des éléments finis, mais aussi en imagerie numérique. L'analyse vectorielle permet d'ailleurs de calculer rapidement l'orientation d'une telle facette et d'en déduire la réflexion du rayonnement lumineux d'une source ponctuelle dans une direction donnée.
94
+
95
+ Plusieurs polyèdres (réguliers ou non) ont des faces triangulaires, comme le tétraèdre, l'octaèdre, l'icosaèdre et le grand icosaèdre. Les polyèdres dont toutes les faces sont des triangles équilatéraux sont appelés deltaèdres.
96
+
97
+ D'autre part, tout polygone peut être découpé en un nombre fini de triangles qui forment alors une triangulation de ce polygone. Le nombre minimal de triangles nécessaire à ce découpage est n-2, où n est le nombre de côtés du polygone. L'étude des triangles est fondamentale pour celle des autres polygones, par exemple pour la démonstration du théorème de Pick.
98
+
99
+ Si on joint les trois milieux des côtés d'un triangle on obtient quatre triangles semblables au triangle initial, l'aire de chacun des triangles est le quart de celle du triangle initial.
100
+
101
+ On appelle triangle médian le triangle central dont les sommets sont les milieux des côtés du triangle initial. Ce triangle médian se trouve « inversé » par rapport aux trois autres.
102
+
103
+ D'après le théorème des milieux, ce triangle médian a ses côtés parallèles à ceux du triangle initial et des longueurs de côté proportionnelles dans un rapport de 1/2.
104
+
105
+ Si le triangle est non plat, les trois médiatrices des côtés (les droites coupant les côtés à angle droit en leur milieu) sont concourantes en un point appelé centre du cercle circonscrit, car il est le seul équidistant des trois sommets, c'est-à-dire qu'il est le centre du seul cercle passant par les trois sommets. Ce centre est souvent noté O ou Ω (« oméga »).
106
+
107
+ Un triangle est rectangle si et seulement si le centre de son cercle circonscrit est le milieu de l'un de ses côtés (qui est alors son hypoténuse).
108
+
109
+ Pour un triangle acutangle, le centre du cercle circonscrit est à l'intérieur du triangle. Pour un triangle obtusangle, ce centre est à l'extérieur.
110
+
111
+ Le produit du rayon du cercle circonscrit et de l'aire du triangle est le quart du produit des longueurs de côtés du triangle.
112
+
113
+ Une cévienne d'un triangle est un segment de droite partant d'un sommet et joignant son côté opposé. Les médianes, hauteurs et bissectrices sont des céviennes particulières.
114
+
115
+ Dans un triangle, une médiane est un segment qui relie un sommet au milieu du côté opposé. Chaque médiane divise un triangle en deux triangles d'aires égales.
116
+
117
+ Si le triangle est non plat, les trois médianes sont concourantes en un point appelé centre de gravité. Ce point, souvent noté G et situé aux deux-tiers de chaque médiane en partant du sommet, est à la fois l'isobarycentre des trois sommets et le centre de masse de l'intérieur du triangle.
118
+
119
+ Les trois médianes concourantes divisent le triangle en six triangles de même aire.
120
+
121
+ La longueur de la médiane est reliée aux longueurs des autres côtés par le théorème de la médiane ou théorème d'Apollonius.
122
+
123
+ Si les trois sommets sont distincts, une hauteur est une droite passant par un sommet et perpendiculaire au côté opposé. Si le triangle est non plat, les trois hauteurs sont concourantes en un point appelé orthocentre, souvent noté H.
124
+
125
+ Un triangle est rectangle si et seulement si son orthocentre est l'un des sommets (en lequel se trouve alors l'angle droit).
126
+ Pour un triangle acutangle, l'orthocentre est à l'intérieur du triangle. Pour un triangle obtusangle, il est à l'extérieur.
127
+
128
+ Les trois médiatrices d'un triangle sont les trois hauteurs de son triangle médian et par conséquent, le centre du cercle circonscrit à un triangle est l'orthocentre du triangle médian.
129
+
130
+ Le point de Longchamps est le symétrique de l'orthocentre par rapport au centre du cercle circonscrit.
131
+
132
+ Si le triangle est non plat, les trois bissectrices de ses angles (les demi-droites qui partagent les angles en deux angles de même mesure) sont concourantes en un point appelé centre du cercle inscrit, car il est le centre du seul cercle tangent aux trois côtés. Ce centre est en général noté I ou J.
133
+
134
+ D'après le théorème de Steiner-Lehmus, les longueurs de deux bissectrices dans un triangle sont égales si et seulement si les angles correspondants ont même mesure.
135
+
136
+ Les points de contact de ce cercle inscrit avec les côtés forment le triangle de Gergonne. Les segments reliant ces points de contact avec les sommets opposés dans le triangle sont concourantes en un point appelé point de Gergonne.
137
+
138
+ Chaque bissectrice divise le côté opposé en deux segments dont les longueurs sont proportionnelles à celles des côtés de l'angle grâce à la loi des sinus.
139
+
140
+ Le segment de bissectrice allant (par exemple) du sommet A jusqu'au côté BC a pour longueur :
141
+
142
+ où b et c désignent les longueurs des côtés AC et AB, et
143
+
144
+
145
+
146
+
147
+
148
+
149
+ A
150
+ ^
151
+
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+ {\displaystyle {\hat {A}}}
157
+
158
+ l'angle en A.
159
+
160
+ Dans un repère orthonormé où l'on a pris l'origine O en A et l'axe Ox le long de AB, les points A, B et C ont respectivement pour coordonnées
161
+
162
+
163
+
164
+ (
165
+ 0
166
+ ,
167
+ 0
168
+ )
169
+
170
+
171
+ {\displaystyle (0,0)}
172
+
173
+ ,
174
+
175
+
176
+
177
+ (
178
+ c
179
+ ,
180
+ 0
181
+ )
182
+
183
+
184
+ {\displaystyle (c,0)}
185
+
186
+ et
187
+
188
+
189
+
190
+ [
191
+ b
192
+ cos
193
+
194
+ (
195
+ 2
196
+ θ
197
+ )
198
+ ,
199
+ b
200
+ sin
201
+
202
+ (
203
+ 2
204
+ θ
205
+ )
206
+ ]
207
+
208
+
209
+ {\displaystyle [b\cos(2\theta ),b\sin(2\theta )]}
210
+
211
+ , où l'on a noté θ l'angle
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+
217
+
218
+ A
219
+ ^
220
+
221
+
222
+
223
+
224
+ /
225
+
226
+ 2
227
+
228
+
229
+ {\displaystyle {\hat {A}}/2}
230
+
231
+ . Le point M est à l'intersection de la bissectrice (d'équation
232
+
233
+
234
+
235
+ x
236
+ sin
237
+
238
+ θ
239
+
240
+ y
241
+ cos
242
+
243
+ θ
244
+ =
245
+ 0
246
+
247
+
248
+ {\displaystyle x\sin \theta -y\cos \theta =0}
249
+
250
+ ) et de la droite portant le segment BC (d'équation
251
+
252
+
253
+
254
+ b
255
+ x
256
+ sin
257
+
258
+ (
259
+ 2
260
+ θ
261
+ )
262
+
263
+ y
264
+ [
265
+ b
266
+ cos
267
+
268
+ (
269
+ 2
270
+ θ
271
+ )
272
+
273
+ c
274
+ ]
275
+ =
276
+ b
277
+ c
278
+ sin
279
+
280
+ (
281
+ 2
282
+ θ
283
+ )
284
+
285
+
286
+ {\displaystyle bx\sin(2\theta )-y[b\cos(2\theta )-c]=bc\sin(2\theta )}
287
+
288
+ ). En résolvant ce système de deux équations linéaires à deux inconnues on trouve pour l'abscisse de M :
289
+
290
+ or
291
+
292
+
293
+
294
+
295
+ A
296
+ M
297
+
298
+ =
299
+ x
300
+
301
+ /
302
+
303
+ cos
304
+
305
+ θ
306
+
307
+
308
+ {\displaystyle \mathrm {AM} =x/\cos \theta }
309
+
310
+ , d'où le résultat.
311
+
312
+ Le rayon du cercle inscrit est le quotient de l'aire du triangle par son demi-périmètre.
313
+
314
+ Le centre de gravité, le centre du cercle circonscrit et l'orthocentre sont alignés sur une droite appelée droite d'Euler et satisfont la relation vectorielle :
315
+
316
+ En outre, les milieux des côtés, les pieds des hauteurs et les milieux des segments reliant l'orthocentre aux sommets sont tous sur un même cercle appelé cercle d'Euler, dont le centre est également sur la droite d'Euler.
317
+
318
+ Particularité : soit M un point de la droite d'Euler. Les cercles d'Euler des triangles AHM, BHM et CHM se recoupent sur le cercle d'Euler du triangle ABC. Si M est le centre du cercle circonscrit au triangle ABC, alors le point de concours est nommé point de Jérabek.
319
+
320
+ Deux triangles sont dits isométriques, superposables ou, anciennement[4] égaux, s'ils ont les mêmes longueurs de côté. Dans ce cas il est possible de faire correspondre les sommets de l'un avec les sommets de l'autre par une isométrie (par exemple une translation, une rotation ou une symétrie) et cette correspondance relie alors des angles de même mesure. Ces triangles ont donc aussi la même aire.
321
+
322
+ Cette première définition est équivalente à chacune des trois suivantes :
323
+
324
+ Deux triangles ayant les mêmes mesures d'angle sont dits semblables. Ils ne sont pas nécessairement isométriques, mais leurs longueurs de côté sont proportionnelles avec un même coefficient de proportionnalité k. Leurs aires sont alors reliées par un facteur k2.
325
+
326
+ Il existe en effet une similitude (qui est la composée d'une isométrie et d'une homothétie) qui transforme l'un en l'autre. Cette définition équivaut à :
327
+
328
+ ou encore à :
329
+
330
+ Deux triangles isométriques sont toujours semblables. Deux triangles équilatéraux (non nécessairement isométriques) aussi.
331
+
332
+ Il existe trois autres cercles tangents simultanément aux trois droites qui portent les côtés d'un triangle, et sont tous trois extérieurs à ce triangle. Les points d'intersection de ces cercles avec les côtés du triangle forment le triangle de Nagel. Les segments reliant ces points de contact avec les sommets opposés du triangle sont concourants en un point appelé point de Nagel.
333
+
334
+ Le cercle dont un diamètre relie le point de Nagel à l'orthocentre est appelé cercle de Fuhrmann et son rayon est égal à la distance entre les centres des cercles inscrit et circonscrit.
335
+
336
+ Les centres des trois cercles forment le triangle de Bevan, qui est homothétique au triangle de Gergonne. Le centre de son cercle circonscrit est appelé point de Bevan.
337
+
338
+ Les trois cercles exinscrits sont tangents intérieurement à un cercle appelé cercle d'Apollonius. Les droites reliant les points de contact aux sommets opposés du triangle sont concourantes en un point appelé point d'Apollonius.
339
+
340
+ Le cercle inscrit et les trois cercles exinscrits sont tous tangents au cercle d'Euler. Les points de contact sont appelés points de Feuerbach.
341
+
342
+ Une symédiane est une droite symétrique de la médiane par rapport à une bissectrice issue du même sommet. Les trois symédianes sont concourantes en un point appelé point de Lemoine.
343
+
344
+ Dans un triangle acutangle, il existe un unique point qui minimise la somme des distances aux sommets. En ce point, appelé point de Fermat, les angles formés par les segments vers les sommets du triangle sont tous de 120°.
345
+
346
+ Si un triangle est non plat, il existe deux points appelés points de Brocard pour lesquels les segments vers les sommets subdivisent le triangle en trois triangles ayant un angle de même mesure par permutation des sommets du triangle initial.
347
+ La mesure de cet angle est alors la même pour les deux points.
348
+
349
+ La droite de Brocard est la droite qui passe par ces deux points.
350
+
351
+ Les points de Brocard appartiennent au cercle de Brocard dont un diamètre a pour extrémités le centre du cercle circonscrit et le point de Lemoine.
352
+
353
+ D'après le théorème d'Alasia, la droite de Brocard est parallèle à l'un des côtés si et seulement si le triangle est isocèle avec ce côté pour base.
354
+
355
+ Dans un triangle non plat, il existe une unique ellipse tangente à chaque côté en son milieu.
356
+
357
+ Le théorème de Thalès relie les longueurs de côtés de deux triangles semblables ayant un sommet commun et les côtés opposés parallèles.
358
+
359
+ Le théorème de Napoléon affirme que les centres des triangles équilatéraux formés extérieurement sur les côtés d'un triangle sont eux-mêmes les sommets d'un triangle équilatéral.
360
+
361
+ Le « théorème japonais de Carnot » établit que la somme des rayons des cercles inscrit et circonscrit est égale à la somme des distances du centre du cercle circonscrit aux côtés du triangle.
362
+
363
+ Le théorème de Ménélaüs donne une condition nécessaire et suffisante pour l'alignement de trois points alignés respectivement avec les côtés d'un triangle.
364
+
365
+ Le théorème de Morley affirme que les intersections des trissectrices des angles d'un triangle forment un triangle équilatéral.
366
+
367
+ Le théorème de Nagel montre que la bissectrice d'un angle d'un triangle est la même que celle de l'angle en ce sommet dont les côtés passent par l'orthocentre et le centre du cercle circonscrit.
368
+
369
+ Le théorème de Neuberg établit que les centres de trois carrés obtenus par une construction géométrique particulière sur un triangle sont les milieux des côtés de ce triangle.
370
+
371
+ Le théorème de Hamilton stipule que le cercle d'Euler est le même pour les quatre triangles formés par un groupe orthocentrique.
372
+
373
+ Le théorème d'Euler en géométrie exprime la distance d entre les centres des cercles inscrit et circonscrit en fonction de leurs rayons respectifs r et R par d2=R(R-2r). Il en découle que le rayon du cercle inscrit est au moins deux fois plus petit que celui du cercle circonscrit (inégalité d'Euler).
374
+
375
+ Le théorème de Ceva donne une condition nécessaire et suffisante pour que trois droites (appelées céviennes) passant respectivement par les trois sommets d'un triangle soient parallèles ou concourantes.
376
+
377
+ Le théorème de Gergonne donne alors une relation entre les longueurs des céviennes et les longueurs des segments qui relient leur point d'intersection aux sommets.
378
+
379
+ Le théorème de Stewart relie la longueur d'une cévienne aux longueurs des côtés des deux triangles qu'elle forme.
380
+
381
+ Le théorème de Terquem montre que le cercle pédal, circonscrit au triangle pédal formé par les trois pieds de céviennes concourantes, coupe les côtés du triangle en trois points qui sont également les pieds de céviennes concourantes.
382
+
383
+ Le théorème de Routh donne le quotient des surfaces entre l'aire du triangle formé par trois céviennes, et celle d'un triangle donné.
384
+
385
+ Le théorème des six cercles montre qu'une suite de cercles successivement tangents extérieurement et tangents intérieurement à deux côtés d'un triangle (les côtés variant par permutation circulaire) est 6-périodique.
386
+
387
+ La réciproque du théorème des trois cercles de Miquel montre que trois cercles passant respectivement par les sommets d'un triangle et sécants le long des côtés correspondants sont concourants en un point appelé point de Miquel.
388
+
389
+ Un triangle étant un polygone à trois côtés, certaines propriétés se généralisent pour un plus grand nombre de côtés, comme l'inégalité triangulaire ou la somme des angles (pour un polygone non croisé), mais l'aire et les angles ne dépendent plus seulement des longueurs des côtés. Il y a aussi moins de résultats valables en toute généralité sur les droites ou points remarquables. Cependant, certaines conditions permettent d'en retrouver comme dans le cas de quadrilatères particuliers (parallélogrammes notamment) ou inscriptibles dans un cercle.
390
+
391
+ Dans l'espace, trois points sont toujours coplanaires et ne suffisent donc pas pour définir un élément de volume. Mais quatre points non coplanaires forment un tétraèdre. Plus généralement, un simplexe est une figure géométrique convexe engendré par n points dans un espace à au moins n−1 dimensions.
392
+
393
+ Aucun document mathématique de l'Ancien Empire ne nous est parvenu. Mais l'architecture monumentale des IIIe et IVe dynastie constitue une preuve que les Égyptiens de cette époque détenaient des connaissances relativement élaborées en géométrie, et en particulier dans l'étude des triangles.
394
+
395
+ Le calcul de l'aire de cette figure est étudié dans les problèmes R51 du papyrus Rhind, M4, M7 et M17 du papyrus de Moscou et datant tous du Moyen Empire. Le problème R51 constitue, dans l'histoire mondiale des mathématiques, le premier témoignage écrit traitant du calcul de l'aire d'un triangle.
396
+
397
+ « Exemple de calcul d'un triangle de terre. Si quelqu'un te dit : un triangle de 10 khet sur son mryt et de 4 khet sur sa base. Quelle est sa superficie ? Calcule la moitié de 4 qui est 2 pour en faire un rectangle. Tu fais en sorte de multiplier 10 par 2. Ceci est sa superficie. »
398
+
399
+ Le terme mryt signifie probablement hauteur, ou côté. Mais la formule utilisée pour le calcul de l'aire fait pencher l'interprétation en faveur de la première solution[6]. Le scribe prenait la moitié de la base du triangle et calculait l'aire du rectangle formé par ce côté et la hauteur, soit
400
+
401
+ équivalente à la formule générale utilisée de nos jours :
402
+
403
+ Euclide, dans le livre I de ses Éléments, vers -300, énonce la propriété sur la somme des angles du triangle et les trois cas d'égalité des triangles (voir ci-dessus le paragraphe sur les triangles isométriques).
404
+
405
+ Texte de problème sur les propriétés classiques du triangle, avec indications de démonstration.
fr/5791.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,191 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Comme le tissage, le tricot est une technique utilisée pour fabriquer une étoffe à partir d'un fil. Le tricot est constitué de boucles, appelées mailles, passées l'une dans l'autre. Les mailles actives sont tenues sur des aiguilles jusqu'à ce qu'elles puissent être bloquées par le passage d'une nouvelle maille à travers elles.
2
+
3
+ Dans le tissage, les fils sont toujours droits et parallèles, soit dans le sens de la longueur (fils de chaîne) ou dans le sens de la largeur (fils de trame). Par opposition, le fil d'une étoffe tricotée suit un trajet en méandres, formant des boucles symétriques ou mailles successivement au-dessus et au-dessous du chemin moyen. Ces mailles en méandres peuvent facilement être étirées dans diverses directions, ce qui donne au tricot beaucoup plus d'élasticité que n'en a le tissu ; selon le type de fil et de point, des vêtements tricotés peuvent s'étendre jusqu'à 500 %.
4
+
5
+ Le processus du tricot a trois contraintes à respecter :
6
+
7
+ Tant qu'elles ne sont pas bloquées, les mailles d'un rang tricoté vont se défaire si l'on tire sur le fil ; c'est ce qu'on appelle démailler. Pour bloquer une maille, il faut au moins passer une nouvelle maille à travers. Bien que la nouvelle maille soit elle-même en l'air (active ou vivante), elle bloque la (ou les) maille(s) à travers lesquelles elle passe. Une suite de mailles où chaque maille est suspendue à la suivante est appelée une colonne[1].
8
+
9
+ Il y a deux variétés majeures de tricot : le tricot en trame et le tricot en chaîne[2]. Dans le tricot en trame, plus commun, le fil court perpendiculairement aux colonnes, et toute l'étoffe peut être tricotée avec un seul fil qui va et vient, en rangs dans le sens de la largeur ; tandis que dans le tricot en chaîne, le fil court en gros le long des colonnes, et il faut un fil par colonne. Comme un tricot typique peut avoir jusqu'à des centaines de colonnes, le tricot en chaîne ne se fait pratiquement qu'à la machine, alors que le tricot en trame peut être fait aussi bien à la main qu'à la machine[3]. Les points tricotés en chaîne comme la charmeuse, l’atlas ou le satin résistent à l'usure, sont indémaillables, et sont couramment utilisés pour des maillots de bain, la lingerie, des voilages. Nous n'aborderons pas plus dans cet article le thème du tricot en chaîne, et nous nous limiterons au tricot en trame.
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+
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+
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+
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+ Dans le point le plus simple, le jersey, toutes les mailles sont enfilées de la même manière dans la maille du rang en dessous. De cette manière, le textile est parfaitement uniforme, jusqu'aux dimensions de la maille elle-même. Cependant la laine décrit des méandres incessants, sans aucune partie rectiligne.
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+
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+ La topologie d'une étoffe tricotée est donc relativement complexe. Contrairement au cas des étoffes tissées, où les fils courent d'habitude tout droit horizontalement et verticalement, le fil qui a été tricoté suit un chemin plein de boucles le long de son rang, comme le fil rouge du diagramme de gauche, où les mailles d'un rang ont toutes été tirées à travers celles du rang inférieur.
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+
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+ C'est pour cela que le tricot avait été initialement mis au point : pour des vêtements qui doivent être élastiques et s'étendre pour suivre les mouvements de leur propriétaire, comme les chaussettes, ou la bonneterie. Par comparaison, le tissu ne s'étend pratiquement que dans une direction (en biais), et encore relativement peu, à moins d'être fait de fil élastique comme l'élasthane. Les vêtements tricotés sont souvent plus ajustés que ceux en tissu, parce que leur élasticité leur permet de suivre de près la courbure du corps ; par opposition, dans la plupart des vêtements en tissu, on ne peut introduire de courbure qu'avec des embus, des soufflets, des épaulettes, des fronces, des godets, des pinces, qui diminuent encore l'élasticité du tissu. Une courbure supplémentaire peut être introduite dans les vêtements tricotés, sans couture, comme pour le talon d'une chaussette : les effets obtenus pour les vêtements en tricot peuvent être obtenus par des rangs partiels, par des augmentations ou des diminutions (changement du nombre de mailles). Le fil utilisé pour le tissage est d'habitude bien plus fin que la laine à tricoter, ce qui peut donner au tricot plus d'épaisseur, mais moins de drapé qu'au tissu.
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+
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+ Beaucoup de vêtements élastiques modernes, même ceux qui utilisent des matériaux synthétiques élastiques, reposent sur des schémas de tricot pour obtenir une partie au moins de leur élasticité.
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+
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+ On peut constater sur la figure que le tricot en jersey n'est pas symétrique : si on le retourne, la disposition de l'entrelacement des mailles est différente.
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+
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+ Quand on bloque la maille précédente d'une colonne en la tricotant, la nouvelle maille peut passer dans la précédente soit du dessous soit par-dessus. Dans le premier cas, la maille est appelée à l'endroit ; dans le second à l'envers. La figure montre à gauche une maille à l'endroit, qui forme l'endroit du jersey, et à droite une maille à l'envers. Les deux mailles sont reliées en ce qu'une maille à l'endroit vue d'un côté du tricot apparaît à l'envers vue de l'autre côté.
24
+
25
+ Le tricot de base, appelé jersey, possède un endroit et un envers. Sur l'endroit du jersey, les parties visibles des mailles sont les verticales connectant deux rangs, en forme de V, arrangées comme sur une grille. Sur l'envers, on ne voit que les extrémités horizontales des mailles, formant une texture de bosses, souvent appelée jersey à l'envers. Ceci s'entend vu d'un même côté du tricot.
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+
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+ Malgré le fait que ce soit l'envers, le jersey à l'envers est souvent utilisé comme partie de motifs contrastant avec le jersey. Comme le fil maintenant les rangs ensemble est tout sur l'endroit, et que celui qui maintient les colonnes ensemble est tout sur l'envers, le jersey uni a une forte tendance à se rouler vers l'avant en haut et en bas, et vers l'arrière sur les côtés.
28
+
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+ On peut faire des textures ou des dessins dans les tricots en utilisant les mailles à l'endroit et les mailles à l'envers comme des pixels rectangulaires, selon le diamètre des aiguilles. On peut aussi faire des mailles individuelles, ou des rangs, plus hauts, en mettant plus de fil dans la maille – souvent en faisant un « jeté » (tour supplémentaire sur l'aiguille), qu'on laissera filer au rang suivant – (maille allongée), ce qui forme la base du tricot inégal : un rang de mailles allongées peut alterner avec une ou plusieurs rangs de mailles courtes pour donner un aspect visuel intéressant. On peut aussi alterner des mailles allongées et des mailles courtes dans un rang, pour former des formes ovales en forme de poisson.
30
+
31
+ En mélangeant les mailles à l'envers et les mailles à l'endroit, on peut créer divers motifs. On peut obtenir des côtes verticales en alternant des colonnes à l'endroit et des colonnes à l'envers. On caractérise ces motifs par le nombre de colonnes à l'endroit et à l'envers. On utilise par exemple fréquemment la côte 2-2, très élastique, où 2 colonnes à l'endroit et 2 colonnes à l'envers alternent régulièrement. Les colonnes de mailles à l'envers ont une tendance à s'enfoncer, celles de mailles à l'endroit à saillir. Ainsi, dans les côtes, les colonnes à l'envers tendent à être invisibles, parce qu'elles passent derrière les colonnes à l'endroit qui saillent.
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+
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+ On peut faire aussi des côtes horizontales en alternant les rangs à l'endroit et les rangs à l'envers. Le plus simple d'entre eux est le point mousse point mousse (haut), ou côte 1-1 horizontale, très élastique. Dans les côtes horizontales, les rangs à l'envers tendent à saillir par rapport à des rangs à l'endroit voisins. Ceci forme la base du tricot en relief, dans lequel l'apparence d'un tricot change selon la direction sous lequel il est regardé[4].
34
+
35
+ Les côtes, verticales ou horizontales, sont très élastiques dans la direction perpendiculaire, car elles ont tendance à former des fronces, qu'il est aisé de déplier. Dans les côtes symétriques, la tendance du tricot à rouler est faible, ce qui les rend très usitées pour les bords, malgré leur élasticité.
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+
37
+ On peut également faire des dessins en carreaux, dont le plus simple est le point de riz : les mailles à l'endroit et à l'envers alternent le long des rangs et le long des colonnes.
38
+
39
+ Les tricots dans lesquels le nombre de mailles à l'endroit et à l'envers n'est pas le même ont tendance à se courber ; ceux pour lesquels ces nombres sont égaux (côtes, point mousse ou point de riz) se tiennent bien plats et donnent de beaux drapés.
40
+
41
+ À la main, il existe de nombreux styles et méthodes. Le tricot à plat, qui peut être fait sur deux aiguilles droites, ou sur une aiguille circulaire, produit une bande, tandis que le tricot circulaire ou tricot en rond, qui se fait sur une aiguille circulaire ou sur un jeu d'aiguilles à deux pointes, produit un tube sans couture.
42
+
43
+ Le tricot à plat est, à la base, utilisé pour tricoter des rectangles plats, et habituellement des pièces plates, comme les écharpes, les couvertures, les devants et dos de chandails[5]. Il s'effectue en retournant le travail à chaque fin de rang. Il faut alors faire attention à ce que l'on inverse la perspective sur le travail. Si l'on veut tricoter du jersey, il faut alors tricoter alternativement un rang à l'endroit, puis un rang à l'envers. Pour le point mousse, il suffit de toujours tricoter à l'endroit (ou à l'envers), et comme on retourne le tricot à chaque bout de rang, les rangs successifs, vus d'un côté, apparaissent successivement à l'endroit et à l'envers.
44
+
45
+ Le tricot circulaire ou tricot en rond est une forme de tricot qui crée un tube sans couture (à la main ou à la machine). On tricote par tours (l'équivalent des rangs en tricot à plat) en hélice. Initialement, le tricot circulaire était fait en utilisant un ensemble de quatre ou cinq aiguilles à deux pointes. Plus tard, les aiguilles circulaires ont été inventées. Une aiguille circulaire ressemble à deux aiguilles à tricoter courtes, reliées par un câble plastique.
46
+ On utilise le tricot circulaire pour créer des pièces de tricot circulaires ou en tube, comme les bonnets, les chaussettes, les moufles, et les manches.
47
+
48
+ Il existe encore le tricot aux doigts. Ce n'est pas fait sur des aiguilles, mais sur les doigts, et produit un tube.
49
+
50
+ Une colonne démarre dès qu'une aiguille vide commence à tricoter Pour faire les points initiaux d'un tricot, on utilise une méthode de montage ; pour bloquer les mailles finales, on utilise une méthode de fermeture. Pendant le tricot, les mailles actives sont tenues mécaniquement, soit par des crochets individuels (dans les machines à tricoter), soit par des aiguilles ou des cadres dans le tricot à la main.
51
+
52
+ Un tricot commence donc par l'opération de montage des mailles, qui implique la création initiale des mailles sur l'aiguille. Différentes méthodes de montage sont utilisées, avec différentes propriétés : l'une peut être suffisamment élastique pour la dentelle, tandis que l'autre fabrique une bordure décorative. On utilise aussi des montages provisoires si l'on veut pouvoir continuer à tricoter dans les deux sens à partir du montage. Il y a bien des méthodes pour faire le montage, comme la méthode du pouce (aussi connue sous le nom de fronde ou de longue queue), où les mailles sont créées par une série de boucles, qui donneront, une fois tricotées une bordure très lâche, idéale pour relever des mailles en vue de tricoter une bordure. Dans la méthode de la double aiguille (aussi connue sous le nom de montage sur câble), chaque boucle placée sur l'aiguille est immédiatement tricotée, ce qui produit une bordure plus ferme, idéale comme bordure définitive, et il en est bien d'autres. Le nombre de mailles actives reste le même qu'au montage sauf si l'on ajoute des mailles (augmentation) ou si l'on en enlève (diminution).
53
+
54
+ Une fois le morceau de tricot fini, il faut fermer les mailles actives restantes. La fermeture consiste à bloquer les mailles chacune par sa voisine, si bien qu'il n'en reste plus qu'une, que l'on bloque en coupant la laine et en tirant sur la maille jusqu'à ce que le bout de la laine passe à travers. La mécanique est différente de celle du montage, mais la variété des méthodes est comparable.
55
+
56
+ Dans le tricot à plat, on introduit aussi sur les côtés des bords supplémentaires, qui correspondent aux fins de rang. Ceux-ci peuvent être aussi réalisés de diverses façons, avec des propriétés et des aspects divers.
57
+
58
+ Les bords de départ et de fin d'un tricot s'appellent bords de montage et de fermeture. Les bords de côté sont les bords, tout simplement. On peut introduire des bords verticaux ou horizontaux au milieu d'un tricot, par exemple pour faire des boutonnières, en fermant et en remontant à nouveau, pour faire une boutonnière horizontale, ou en tricotant séparément les deux côtés d'une boutonnière verticale, la formant ainsi entre les bords.
59
+
60
+ Une nouvelle maille peut aussi être passée à travers deux (ou plus) mailles du rang actif, ce qui fait une diminution, et rassemble des colonnes en une.
61
+
62
+ Inversement, une colonne peut être partagée en deux colonnes ou plus par augmentation, souvent impliquant un jeté (tour supplémentaire de fil autour de l'aiguille). Selon la manière dont l'augmentation est faite, il y a souvent un trou en œillet dans le tissu au point de l'augmentation.
63
+
64
+ La plupart des tricoteurs des pays européanisés suivent soit le style allemand, où le fil est tenu dans la main gauche, soit le style occidental, où le fil est tenu dans la main droite.
65
+
66
+ Il y a aussi différents usages, généralement locaux, pour insérer l'aiguille dans la maille. En France, par exemple, on l'insère par le devant pour un point à l'endroit, et par l'arrière pour un point à l'envers[6].
67
+
68
+ En tricotant certains vêtements, en particulier les plus grands comme les chandails, le vêtement final peut être fait de plusieurs morceaux tricotés séparément, et enfin cousus ensemble par un point invisible. Mais il est aussi possible de tricoter sans couture, d'une seule pièce. Elizabeth Zimmermann (en) est probablement la plus ardente militante en faveur des techniques de tricot sans couture et circulaire. Les objets plus petits, chaussettes et bonnets, sont d'habitude tricotés en rond d'une seule pièce sur des aiguilles à deux pointes ou des aiguilles circulaires.
69
+
70
+ Avec diverses laines et aiguilles, on peut obtenir des produits finis bien différents, en variant les couleurs, les textures, le poids ou le serrage. L'utilisation d'aiguilles de diamètres et de pointes diverses peut ajouter aux effets. De plus on a une grande liberté dans le choix de la confection des mailles, ce qui ajoute aux effets.
71
+
72
+ Toutes les combinaisons de mailles à l'endroit et à l'envers, éventuellement avec des techniques plus élaborées, engendrent des tissus possédant diverses qualités, de la gaze au très dense, du très élastique au relativement rigide, du plat au fortement roulé, etc.
73
+
74
+ Le motif le plus commun pour un vêtement tricoté est celui, uni, du point de jersey. C'est celui utilisé, à très petite échelle, par les machines à tricoter, pour les bas et les T-shirts. D'autres motifs simples peuvent être obtenus par le mélange de mailles à l'endroit et de mailles à l'envers, comme les côtes, verticales, ou horizontales, le point mousse, le point de riz. En ajoutant les mailles glissées (mailles passées d'une aiguille à l'autre sans être tricotées), on augmente considérablement les possibilités, comme les talons ou le point de toile, et tout un ensemble de motifs complexes[7].
75
+
76
+ Typiquement, quand une nouvelle maille est passée à travers une maille active, la longueur de la colonne augmente d'une maille. Mais ce n'est pas toujours le cas : la nouvelle maille peut être passée à travers une maille déjà tricotée plus bas dans le tricot, ou également entre des mailles tricotées (maille vers le bas). Selon la distance entre l'endroit où la maille est tricotée et le point dans le tricot où elle est, une maille vers le bas peut produire une subtile moucheture, ou une longue ligne sur la surface du tricot, comme pour les feuilles inférieures d'une fleur. La nouvelle maille peut aussi être passée entre deux mailles du rang actif, en resserrant les mailles concernées. Cette approche est souvent utilisée pour produire un effet de fronces sur le tricot. Les mailles rassemblées peuvent ne pas être du même rang : par exemple, on peut faire un pli en tricotant ensemble des mailles de différents rangs, ce qui produit une marque horizontale en saillie sur le tricot.
77
+
78
+ Toutes les mailles d'un rang n'ont pas besoin d'être tricotées ; certaines peuvent être laissées en l'état, simplement passées d'une aiguille à l'autre, et tricotées sur un rang ultérieur. Ceci est connu sous le nom de maille glissée[8]. Les mailles glissées sont naturellement plus longues que les tricotées. Par exemple, une maille glissée sur un rang avant d'être tricotée sera en gros deux fois plus haute que ses voisines. Ceci peut produire des effets visuels intéressants, bien que le tricot résultant soit plus rigide, car les mailles glissées tirent sur leurs voisines et sont moins déformables. La technique des mailles glissées joue un rôle important dans le tricot en mosaïque, une technique importante dans les étoffes texturées tricotées à la main. Les tricots en mosaïque ont tendance à être plus raides que les tricots texturés fabriqués par d'autre méthodes, telles que celles utilisées pour le jacquard[9].
79
+
80
+ Dans certains cas, une maille peut être délibérément laissée non tricotée, et sa colonne se démaille. Ceci est connu sous le nom de tricot à maille manquée, et produit une échelle verticale de trous transparents dans le tricot, correspondant à l'emplacement de la colonne démaillée.
81
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86
+ Les mailles à l'endroit et à l'envers peuvent être tordues : d'habitude une seule fois (c'est-à-dire un demi-tour) au plus, mais quelquefois deux ou (très rarement) trois fois. Quand on la regarde du dessus, la torsion peut être dans le sens des aiguilles d'une montre ou opposé. Dans le premier cas le fil de droite passe devant celui de gauche, sinon c'est l'inverse. On appelle ces mailles torses à droite, respectivement à gauche. Les tricoteurs à la main produisent généralement les mailles torses à droite en tricotant à travers les mailles par derrière, c'est-à-dire en passant l'aiguille dans la maille d'une façon inhabituelle, mais en tournant le fil sur l'aiguille comme à l'habitude. Par contre, les mailles torses à gauche sont généralement faites par les tricoteurs à la main en tournant le fil à l'envers sur l'aiguille et en enfonçant cette dernière comme d'habitude dans la maille. Bien qu'elles soient symétriques dans leur forme, les mailles torses sont équivalentes fonctionnellement. Les deux types de mailles torses donnent une texture visuelle subtile mais intéressante. Elles tendent à resserrer le tricot, le rendant plus raide. Les mailles torses sont une méthode habituelle pour tricoter de fins fils métalliques pour la joaillerie.
87
+
88
+ Certaines techniques de tricot plus avancées créent une variété surprenante de textures complexes. L'aspect du vêtement est aussi influencé par le poids de la laine, qui décrit l'épaisseur de fibres filées. Plus la laine est épaisse, plus les mailles seront visibles. Les points ornementaux doivent être intégrés avec soin au projet final, pour lui donner un bel aspect général.
89
+
90
+ D'habitude, les mailles sont tricotées dans le même ordre sur chaque rang, et les colonnes sont parallèles, verticales le long du tricot. Mais ceci n'est pas une règle obligatoire.
91
+
92
+ En changeant l'ordre des mailles d'un rang à l'autre, d'habitude avec une aiguille à torsades, ou réserve de mailles, on peut tricoter une variété infinie de tresses, de torsades, de nids d'abeilles, de motifs des chandails d'Aran. Les torsades ont tendance à resserrer le tricot, le rendant plus dense et moins élastique[10]. Les chandails d'Aran utilisent une grande variété de tricots en torsade[11]. On peut ainsi réaliser des tresses arbitrairement complexes, sous la restriction que les colonnes doivent toujours se diriger vers le haut ; il est en général impossible d'avoir une colonne qui monte puis descend dans le tricot. Des tricoteurs ont mis au point des méthodes pour donner l'illusion d'une colonne circulaire, comme celles qui apparaissent dans les nœuds celtiques, mais ce ne sont que des approximations inexactes : le sens de tricot fait que les mailles ont la forme d'un V, et il faudrait les raccorder au sommet avec des mailles en < aux intercolonnes en forme de Λ, ce qui est impossible . Cependant de telles colonnes circulaires sont possibles en utilisant la reprise suisse, une forme de broderie, ou en tricotant séparément un tube et en l'appliquant sur le tricot.
93
+
94
+ En combinant les augmentations faisant de petits trous en œillet, avec des diminutions assorties, on peut créer un tissu très léger ressemblant à la dentelle : c'est le tricot en dentelle, qui consiste en motifs et dessins utilisant de tels trous, plutôt qu'avec les mailles elles-mêmes[12],[13]. Les grands et nombreux trous de la dentelle la rendent extrêmement élastique : par exemple certains châles en Shetland sont nommés alliances, parce qu'ils sont si fins qu'ils peuvent passer à travers une alliance.
95
+
96
+ Deux tricots peuvent être cousus par des méthodes de couture invisible empruntées à la broderie, le plus souvent le point Kitchener.
97
+
98
+ Mais on peut surtout commencer de nouvelles colonnes à partir d'un bord quelconque d'un tricot ; ceci s'appelle relever des mailles, et c'est la base de l’entrelacement. L'entrelacement forme un riche motif en échiquier, en tricotant de petits carrés, en relevant leurs côtés et en tricotant d'autres carrés pour continuer perpendiculairement le vêtement.
99
+
100
+ En combinant les augmentations et les diminutions, il est possible d'orienter la direction d'une colonne en oblique par rapport à la verticale. Ceci est la base du tricot en biais, et peut être utilisé pour des effets visuels comparables à la direction du trait de pinceau sur une peinture à l'huile.
101
+
102
+ Divers ornements ponctuels peuvent être ajoutés au tricot pour l'aspect, ou pour améliorer la résistance à l'usure. Les exemples comprennent les divers types de pompons, de paillettes ou de perles. De longues boucles peuvent aussi être tirées et fixées, donnant un aspect hirsute au tricot ; ceci est appelé tricot à boucles. Des motifs additionnels peuvent être faits à la surface du tricot en utilisant la broderie ; si cette broderie ressemble au tricot, elle s'appelle souvent reprise suisse. Diverses finitions sont rapportées sur les vêtements, comme les boutons ou galons. Les boutonnières sont généralement tricotées dans le vêtement, plutôt que coupées, ce qui risquerait des démaillages intempestifs.
103
+
104
+ Des ornements peuvent aussi être tricotés séparément et attachés en applique. Par exemple, les feuilles et pétales différemment colorés d'une fleur peuvent être tricotés séparément et appliqués pour former le dessin final. Des tubes tricotés séparément peuvent être appliqués sur un tricot pour former les complexes nœuds celtiques ou autres dessins difficiles à tricoter.
105
+
106
+ Le feutrage est une technique pour agglomérer les fibres de laine. Le produit fini est mis dans une lessive chaude, et agité jusqu'à ce qu'il soit rétréci. Le résultat final est significativement plus petit. On peut feutrer des sacs, des moufles, des chaussettes ou des bonnets, par exemple. Ceci peut être souhaité pour améliorer la cohésion et l'imperméabilité du tricot, ou tout à fait désagréable, si cela arrive par accident, en mettant par mégarde une pièce en tricot dans une lessive de coton blanc à 90°.
107
+
108
+ Des fils non tricotés peuvent être introduits dans le tricot pour renforcer leur chaleur, comme on le fait pour ouater, en petits brins dont les extrémités, laissées libres à l'intérieur, sont feutrées, ou en fils réguliers introduits dans les rangs.
109
+
110
+ Beaucoup de vêtements tricotés finis n'utilisent qu'une seule couleur de laine, mais il y a beaucoup de façons de travailler en couleurs multiples.
111
+
112
+ On tricote avec plusieurs fils de couleurs différentes, d'habitude pour faire des dessins en couleur intéressants. On appelle ces dessins en général jacquard.
113
+
114
+ Il existe deux approches les plus courantes, appropriées à des dessins de style différent. La figure représente schématiquement ces deux méthodes. Elle ne présente que le trajet moyen des fils de couleur, en négligeant les sinuosités des mailles. Il s'agit d'illustrer un rond bleu sur fond rouge.
115
+
116
+ La première méthode est appropriée pour des motifs de grande dimension, avec peu de parties de couleurs différentes. La méthode de tricot est à plat, donc en faisant l'aller-retour sur chacune des régions. Elle est illustrée sur jacquard, haut. Elle consiste à tricoter chaque région avec son propre fil de la couleur souhaitée, le raccord entre régions étant fait en passant un fil sous l'autre à chaque rang. Le résultat est un tricot d'épaisseur simple, qui a les mêmes couleurs à l'endroit et à l'envers.
117
+
118
+
119
+
120
+
121
+
122
+ Dans une autre méthode (jacquard, bas), plus complexe, les fils de toutes les couleurs utilisées, ici deux, courent tout au long du rang, l'un étant maintenu apparent (trait continu sur la figure), l'autre étant passé derrière le tricot (trait pointillé). Ici encore plusieurs solutions sont possibles :
123
+
124
+ Ce deuxième ensemble de méthodes est plus appropriée pour faire des petits motifs, des bandes, des frises, voire des chandails entiers, ce qui représente un travail très important.
125
+
126
+ Un autre système d'utilisation de la couleur est de s'abandonner aux variations de couleur du fil de laine : certaines laines sont teintes en panaché, en sorte que leur couleur change au hasard toutes les quelques mailles, ou auto-zébrantes, qui changent de couleur plus lentement, tous les quelques rangs. La laine peut être faite de fibres de différentes couleurs : en petites quantités, elles seront appelées chinées, les tweeds en contenant plus.
127
+
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+ La plupart des fils sont faits de fibres filées. Dans le filage, les fibres sont tordues, de manière que le fil résiste à la cassure sous tension. La torsion peut être faite dans les deux sens, ce qui donne des torsions en S ou en Z . Si les fibres sont seulement cardées (démêlées), le fil est duveteux et est appelé cardé. Si en plus les fibres courtes sont éliminées, puis l'ensemble aligné par un peigne, le fil est plus lisse, et s'appelle peigné. Les fibres faisant un fil peuvent être des filaments pratiquement continus, comme la soie et de nombreux synthétiques, ou ils peuvent être des fibres de longueur variable, en moyenne d'une dizaine de centimètres. Bien sûr on peut couper les filaments en fibres avant de les filer. La résistance à la traction du fil obtenu est déterminée par la torsion, la longueur des fibres, et l'épaisseur de la laine. En général, les laines deviennent plus solides avec plus de torsion (laines worsted), des fibres plus longues et plus d'épaisseur (plus de fibres). L'épaisseur d'un fil peut varier sur sa longueur ; un boudin est une surépaisseur, où un paquet de fibres emmêlées s'est incorporé dans le fil.
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+ Un fil filé une fois peut être tricoté en l'état, ou tressé ou retordu avec un autre.
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+ Pour retordre, deux fils ou plus sont tordus ensemble, presque toujours dans le sens opposé à celui dans lequel ils avaient été filés individuellement. Par exemple deux fils filés en Z sont d'habitude retordus ensemble en S. L'opposition des torsions contrebalance une partie de la tendance des fils à s'enrouler sur eux-mêmes pour faire un fil plus épais mais équilibré. Des fils retors peuvent eux-mêmes être retordus ensemble, faisant ainsi des fils câblés ou des fils multibrins. Quelquefois les fils retordus sont déroulés à différentes vitesses, si bien que l'un d'eux entoure les autres comme dans le bouclé. Les fils simples peuvent être teints séparément avant torsion, ou après, pour donner au fil fini un aspect plus uniforme.
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+ La teinture de la laine est un art complexe. Elle peut rester non-teinte, écrue comme c'est la tradition pour les chandails d'Aran, ou elle peut être teinte d'une seule couleur, ou d'une grande variété de couleurs. La teinture peut se faire industriellement, à la main, ou même peinte à la main sur le fil. Une grande variété de teintures synthétiques ont été mises au point depuis la synthèse de l'indigo au milieu du XIXe siècle ; cependant les teintures naturelles existent encore, bien qu'elles soient généralement moins éclatantes. Le schéma des couleurs d'un fil est parfois appelé sa palette. Des fils de couleurs changeantes peuvent produire des effets visuels intéressants, comme des bandes obliques. Inversement, un fil de couleur changeante peut rendre un bon motif de tricot sans intérêt, en produisant des effets visuels qui le contrarient.
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+ La laine à tricoter à la main est usuellement vendue en pelotes ou en écheveaux, parfois enroulée sur des bobines ou des cônes. Les écheveaux et les pelotes sont généralement vendus avec une étiquette indiquant le poids, la longueur, le lot de teinture, le contenu en fibres, les instructions de lavage, la taille d'aiguilles conseillée, etc. Il est de bonne pratique de conserver cette étiquette pour une référence future, surtout si l'on doit acheter de la nouvelle laine. Les tricoteurs s'assurent généralement que la laine pour leur travail provient d'un seul lot de teinture. Ce lot spécifie un groupe d'écheveaux qui ont été teints ensemble, et qui ont donc précisément la même couleur ; des écheveaux de lots différents, même s'ils sont très semblables, sont parfois un peu différents, ce qui fera un contraste quand ils seront tricotés ensemble. D'autant plus qu'ils ne vieilliront pas tous forcément de la même manière. Si un tricoteur n'achète pas suffisamment de laine pour terminer son projet, il est parfois possible de se procurer des écheveaux additionnels du même lot, éventuellement chez d'autres marchands, ou en ligne.
138
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+ L'épaisseur ou le poids de la laine est un facteur significatif pour déterminer la jauge, c'est-à-dire le nombre de mailles et de rangs nécessaire pour faire une certaine surface dans un point donné. Les laines épaisses ont besoin de grosses aiguilles, tandis que les laines fines peuvent être tricotées avec des aiguilles ordinaires ou fines. Les laines plus grosses demandent donc moins de mailles, et donc moins de temps, pour tricoter un vêtement de dimension donnée. Les motifs et ornements sont plus gros avec des laines plus grosses ; les grosses laines donnent des effets visuels plus voyants, les laines fines sont meilleures pour les motifs raffinés. Les laines sont groupées selon leur épaisseur en six catégories : superfine, fine, légère, moyenne, grosse et supergrosse. L'épaisseur est mesurée quantitativement en nombre de colonnes par unité de longueur (en anglais, wraps per inch ou WPI). Le poids qui lui est relié est la masse linéique, mesurée en denier, unité de mesure d'épaisseur des fils continus : c'est la masse en grammes d'une longueur de 9 000 m. On lui préfèrera l'unité dérivée du SI, le tex (1 g/km soit 9 deniers).
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+ Avant de tricoter, le tricoteur va typiquement transformer un écheveau en pelote. Il est préférable de laisser la laine émerger du centre de la pelote : ceci va rendre le tricot plus facile en évitant que le fil ne s'emmêle trop facilement. Cette transformation peut être faite à la main, ou avec un appareil enrouleur de pelotes. Quand ils tricotent, certains tricoteurs enferment leur pelote dans un bocal, pour la garder propre et éviter qu'elle ne roule et ne s'emmêle avec d'autres fils ; le bout du fil passe par un petit trou dans le couvercle du bocal.
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+ L'utilité d'une laine pour un projet de tricot se juge sur divers facteurs, comme sa légèreté (sa capacité à emprisonner l'air), sa résilience (son élasticité sous tension), ses propriétés au lavage et sa tenue des couleurs, son toucher (en particulier sa douceur ou sa rudesse), sa résistance à l'abrasion, sa résistance au peluchage, son poil, sa tendance à se tordre ou à se détordre, son poids global et son drapé, ses qualités de blocage et de feutrage, son confort (perméabilité à l'air, absorption et transport de l'humidité par capillarité), et bien sûr son aspect, qui comprend la couleur, le lustre, la douceur et les propriétés ornementales. Parmi les autres facteurs, citons les propriétés allergéniques, la vitesse de séchage, la résistance aux agents chimiques, aux mites et à la moisissure, le point de fusion et l'inflammabilité, la rétention de l'électricité statique, et la résistance aux taches et aux teintures. Certains aspects peuvent être plus importants que d'autres selon les projets, si bien qu'il n'y a pas une laine optimale. La résilience et la tendance à se (dé)tordre sont des propriétés générales qui affectent la facilité du tricot à la main. Les laines plus résilientes sont plus tolérantes aux irrégularités de la tension ; les laines très tordues sont parfois difficiles à tricoter, tandis que la laine qui se détord peut conduire à des mailles à moitié manquées, où une partie de la maille reste en l'air. Un facteur clé en tricot est la définition des points, qui correspond à la façon dont des motifs compliqués sont vus avec la laine concernée. Des laines lisses, filées très serré sont les meilleures pour faire apparaître les motifs de points ; à l'autre bout, des laines extrêmement duveteuses ou poilues ont une mauvaise définition des points, et tout motif de points compliqué passera inaperçu.
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+ Dans des cas très simples, le tricot peut être fait sans instruments, en ne se servant que des doigts ; cependant, le tricot se fait d'habitude en utilisant des outils tels que des aiguilles à tricoter, des machines à tricoter, ou des cadres rigides. Selon leur taille et leur forme, ces cadres peuvent s'appeler planches, anneaux, métiers, ou bobines à tricoter. D'autres outils sont utilisés pour préparer la laine à tricoter, pour mesurer et ajuster les vêtements tricotés, ou pour rendre le tricot plus facile ou plus confortable.
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+ Il y a trois types de base d'aiguilles à tricoter:
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+ La possibilité de travailler à partir des deux bouts de la même aiguille est commode pour divers types de tricot, comme les versions à mailles glissées du tricot en double.
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+ La propriété la plus importante des aiguilles est leur diamètre, qui peut aller de moins de 2 mm à 25 mm. Le diamètre définit la taille des mailles, ce qui affecte la jauge du tricot et son élasticité. En effet, les mailles sont formées en enroulant le fil sur l'aiguille, où il reste tant que la maille est active.
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+
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+ Un cas spécial est l'aiguille à torsades, aiguille à deux pointes, très courte, et munie d'une chicane au milieu. On l'utilise quand on fait des torsades pour tenir les mailles temporairement, d'un côté ou de l'autre du tricot, pendant que l'on tricote les autres.
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+
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+ Divers accessoires ont été mis au point pour faciliter le tricot à la main (Accessoires et Bobineaux). Les instruments pour dérouler les écheveaux, pelotonner les pelotes, et les mettre à l'abri ont été évoqués plus haut. Les crochets et aiguilles à repriser la laine sont souvent utiles pour relever des mailles ou lier deux morceaux de tricot bord à bord. L'aiguille à repriser est utilisée dans le point doublé (également connu sous le nom de reprise suisse, tandis que le crochet est essentiel pour réparer les démaillages, ou pour certains points comme l’ouaté. D'autres accessoires utilisés pour préparer des ornementations spécifiques incluent l'arbre à pompons, pour faire commodément des pompons. Pour les motifs grands ou compliqués, il est souvent difficile de garder la trace de quel point doit être tricoté de quelle manière ; divers instruments ont été mis au point pour identifier le numéro d'un rang ou d'une maille particulière, y compris les anneaux de marquage, les marqueurs pendants, les bouts de fil et les compteurs. Une autre difficulté potentielle est que les mailles peuvent glisser à la pointe de l'aiguille quand on pose l'ouvrage pour faire autre chose : ceci est empêché par les protège-pointe que l'on glisse sur les pointes. Évoquons le problème des excès de zèle au tricot qui peuvent conduire à des contractures de la main ou du poignet, ou plus grave. Des gants spéciaux anti-stress combattent ce genre d'effet. Enfin, il y a toute espèce de sacs et de bagagerie pour contenir en bon ordre le tricot, la laine, les aiguilles et tout le reste.
156
+
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+ L'ancêtre du tricot est sans doute ce qui est connu sous le nom viking de nålbinding. Les trouvailles archéologiques les plus anciennes ont été réalisées avec cette technique, et faussement identifiées comme des tricots. La trouvaille la plus ancienne de tricot au sens propre consiste en fragments de chaussettes coptes en coton finement décorées trouvées en Égypte et datant de la fin du Xe siècle[14],[15]. Compte tenu de la finesse et de la sophistication du décor bicolore, il faut supposer que l'invention elle-même du tricot est bien antérieure.
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+
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+ Technique répandue dans le monde islamique au Xe siècle, elle est introduite en Europe par les Croisades, le développement des relations commerciales et la conquête musulmane de la péninsule Ibérique[16].
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+ Les premières guildes commerciales de tricot apparaissent en Europe de l'Ouest au début du XVe siècle (Tournai en 1429, Barcelone en 1496). La guilde de saint Fiacre est fondée à Paris en 1527 mais les archives y mentionnent une organisation de tricoteurs dès 1268[17].
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+ D'Espagne, le tricot remonte en Angleterre et en Écosse, où, suivant la légende, il est enseigné aux natifs des Shetland par des matelots espagnols rescapés du naufrage de l'Invincible Armada. Fair Isle, une des îles Shetland, a ainsi donné son nom à un type particulier de motifs de jersey[18].
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+ À partir du milieu du XVIIe siècle, à la fin de l’époque d’Edo, le tricot est introduit au Japon au cours d’échanges commerciaux avec l’occident. Cette période coïncide avec le déclin de l’influence des samouraïs, et la refonte de l’armée japonaise vers un modèle inspiré par les États-Unis. Les samouraïs se mettent alors au tricot pour combler la demande en gants et chaussettes impliquée par les nouveaux uniformes[19].
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+ Le XVIIIe siècle voit la prospérité de villes en France comme Saint-Affrique dans l'Aveyron ou Vervins dans l'Aisne, villes réputées pour leurs fabriques de tricot dont l'activité décline au XIXe siècle avec l'industrialisation[20].
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+ Avec l'invention de la machine à tricoter moderne en 1864 par William Cotton, le tricot à la main reste un art utile, mais non essentiel. Comme le matelassage, le filage, la broderie au petit point, le tricot est devenu une activité sociale.
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+
171
+ Le tricot à la main est devenu à la mode et en est sorti plusieurs fois dans les deux derniers siècles, et au début du XXIe siècle, il revit. Selon le groupe industriel Craft Yarn Council of America, le nombre de personnes qui tricotent aux États-Unis entre 25 et 35 ans a augmenté de 150 % entre 2002 et 2004[21]. Cette dernière réincarnation est moins orientée vers la débrouillardise et la réparation que celle des années 1940 et 50, mais plus vers une affirmation de la personnalité et le développement de l'esprit communautaire. Cette dernière affirmation est surtout vraie aux États-Unis, en France, il s'agit plutôt de se réunir pour partager un savoir-faire, sortir de l'isolement, s'initier à un art qui autrefois se transmettait de génération en génération, apprendre des trucs et astuces de personnes expérimentées et passionnées dans la convivialité. Des boutiques, des cafés ou des associations proposent ainsi des ateliers tricot ou « tricot-thé ».
172
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+ En outre, bien des tricoteurs contemporains ont un blog sur leur tricot, leurs modèles et leurs techniques, ou rejoignent des communautés virtuelles focalisées sur le tricot[22], comme Ravelry.
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+ Tricoter des vêtements pour une distribution gratuite aux autres est de tradition courante dans les groupes de tricot. Les filles et les femmes ont tricoté des chaussettes, des chandails, des écharpes, des moufles, des gants et des bonnets pour les soldats en Crimée, pendant la guerre de Sécession, ou la guerre des Boers. Cette pratique a continué pendant les deux guerres mondiales, en Corée, et continue pour les soldats en Irak et en Afghanistan. Dans les entreprises historiques, les compagnies de laine fournissaient des patrons approuvés par les diverses armées. Les projets modernes impliquent usuellement des garnitures intérieures de casques. Ces garnitures doivent être à 100 % de la laine peignée épaisse.
176
+
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+ Un des projets modernes les plus réussis a été le projet chemo-cap, démarré à Nazareth (Pennsylvania) en 2002, en mémoire d'une femme décédée d'un cancer de l'utérus. Ce projet, comme d'autres tels que les headhuggers, jour sans cheveux, fournit des bonnets et autres couvre-chefs pour les patientes en chimiothérapie. Comme pour les projets de garniture de casques, les compagnies de laine offrent gratuitement les recettes ; la fibre doit être ici 100 % coton ou acrylique, et lavable à la machine.
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+ Il existe également des groupes de tricot qui confectionnent des modèles à destination des enfants prématurés ou mort-nés, dont les parents ont généralement du mal à trouver des vêtements adaptés à leur petite taille.
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+ Dans l'industrie, le fil métallique est aussi tricoté pour tout un ensemble d'applications, allant des filtres à cafetières aux convertisseurs catalytiques pour l'automobile, et encore bien d'autres usages. Ces étoffes sont généralement tricotées sur des machines à tricoter circulaires, analogues aux machines à chaussettes.
182
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+ Au Royaume-Uni, une compagnie agro-alimentaire a fait une campagne de publicité pour des céréales de petit-déjeuner à la télévision en les présentant comme tricotées par des mamies. La présentation mène le spectateur dans une usine mythique où chaque morceau de céréales est tricoté par une mamie. Puis elle explique que ce n'est pas facile de tricoter le bon goût du produit, parce que les céréales ont besoin du savoir-faire des mamies. Entre les explications « techniques » qui sont données, des mamies qui bavardent sont admonestées par leur surveillante.
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+ En France et en Suisse, c'est dans le cadre de l'opération "mets ton bonnet" que Phildar lance chaque année un appel au public pour que soient tricotés de minis bonnets destinés à orner les bouteilles de jus de fruit de la marque Innocent durant une période donnée: chaque bouteille vendue sous cette forme rapporte quelques centimes d'euros aux Petits frères des pauvres.
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+ Dans ces dernières années, une pratique appelée Yarn bombing, ou bombage à la laine, utilisant de l'étoffe tricotée aux aiguilles ou au crochet pour modifier et orner le mobilier urbain ou un élément d'un décor champêtre, a émergé aux États-Unis, et s'est répandue dans le monde[23]. Les "Yarn bombeurs" se manifestent souvent dans les endroits symboliques de la culture graffiti ou du street art à cause de leurs renommées et d'une certaine exposition. L'américaine Magda Sayeg (en)aurait lancé cet art en 2005[24].
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+ Dès les années 1960, des artistes femmes américaines et européennes créent des œuvres brodées, cousues, tissées, tricotées mettant en valeur un travail artisanal et créatif. Elles s'emparent de ces techniques comme moyen d'expression tout en affirmant leur identité[25]. Dans les années 1960, l'américaine Mary Walker Phillips (en) utilise le tricot[24]. Dans les années 1970, Raymonde Arcier crée des objets tricotés représentants symboliquement l'asservissement des femmes à travers les tâches domestiques. Elle tricote ainsi un énorme pull en maille de fer[26]. En 1971, Annette Messager réalise Les Pensionnaires, une œuvre qui présente un alignement de moineaux empaillés et emmaillotés dans des tricots[27].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Trinité-et-Tobago
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+ (en) Republic of Trinidad and Tobago
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+ 10° 39′ N, 61° 30′ O
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+ Trinité-et-Tobago, en forme longue la république de Trinité-et-Tobago, en anglais : Republic of Trinidad and Tobago, est un État insulaire des Caraïbes situé dans la mer des Caraïbes, au large du Venezuela.
10
+
11
+ Membre du Commonwealth, la langue officielle du pays est l’anglais ; le créole trinidadien, à base lexicale française est en déclin. Sa capitale est Port-d'Espagne.
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+ Trinité-et-Tobago est composée de deux îles distantes de 35 km l'une de l'autre : Trinité et Tobago dont Scarborough est le chef-lieu.
14
+
15
+ En 2015, Trinité-et-Tobago avait le troisième plus important PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat d'Amérique, derrière les États-Unis et le Canada. Son économie repose principalement sur l'industrie pétrolière et pétrochimique, grâce aux grandes réserves en hydrocarbures que possède le pays.
16
+
17
+ 700 ans avant l'arrivée de Christophe Colomb à Trinité, l’île était peuplée par les peuples Caraïbes ou Arawaks. Au moment de la colonisation par le royaume de Castille, on comptait 40 000 Amérindiens. Pour cette population, l’île de Trinité servait de transit entre l’Amérique du Sud et les Caraïbes.
18
+
19
+ En 1498, lors de son troisième voyage, Christophe Colomb débarque sur l’île qu'il baptise Trinidad (Trinité). En 1532, le royaume de Castille s’empare de l’île ; débute alors la période de la colonisation castillane.
20
+
21
+ Le duché de Courlande établit une colonie sur l'île de Tobago de 1654 à 1659 puis, par intermittence, de 1660 à 1689.
22
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23
+ Les Français conquièrent ensuite Trinité en même temps que Tobago pendant la guerre de Hollande (1672-1678). Le traité de Nimègue en 1678, entérine la possession de Trinité pour le roi Louis XIV aux dépens des Espagnols, comme celle de Tobago, aux dépens des Hollandais.
24
+
25
+ L’origine diverse de ses habitants donne naissance à une culture particulière à l’île, dont le carnaval est un élément essentiel. Deux langues y coexistent : le créole et le français, qui devient la langue véhiculaire. En effet, cette île est à prédominance française, la colonisation par les Castillans étant remplacée par celle des Français. Ce phénomène va faire dire à Eric Eustace Williams, historien trinidadien et Premier ministre de son pays de 1962 à 1981 : « L’Espagne règne, mais la France gouverne[7]. »
26
+
27
+ En 1797, les îles Trinité-et-Tobago sont conquises par les Anglais auxquels elles sont officiellement attribuées en 1802 par la Paix d'Amiens, puis en 1815 après les guerres napoléoniennes. Tobago fait partie de la Windward Islands Colony (la colonie des îles-du-Vent) jusqu’en 1899, où elle est rattachée à Trinité pour former une seule colonie, afin de lui apporter une plus grande stabilité financière. Tobago devient alors une annexe de l’île Trinité.
28
+
29
+ Le cacao criollo, introduit par les castillans en 1525, est décimé en 1727[8] par des épidémies (Phytophthora) amenant les planteurs des peuples originaires, dont c'était la seule exportation[9], à créer en 1757 un mélange avec l'autre variété, plus robuste, le forastero, pour créer le cacao trinitario. Cette innovation est soutenue en 1783 par l'arrivée d'immigrants français créoles, alors que l'île est encore très peu peuplée : seulement 2 813 habitants dont 2 082 sont des personnes natives Américaines, soit une proportion de trois quarts, connue dans aucune autre île de la Caraïbe[9]. Mais dès 1789, les personnes natives ne représentent plus que 11 % de la population.
30
+
31
+ Forte de sa réussite, la culture du cacao trinitario est introduite au Sri Lanka en 1834 et en 1880. Sa culture s'étend ensuite à Singapour, aux îles Fiji et Samoa, en Tanzanie, à Madagascar et à Java[10].
32
+
33
+ Dès 1830, Trinité-et-Tobago en était le troisième producteur au monde[8] après le Venezuela et l'Équateur. La pénurie de main d'œuvre sur les plantations fut compensée entre 1838 et 1917, par l'arrivée de 500 000 personnes natives d'Amérique dans la Caraïbe[11] dont une partie à Trinité-et-Tobago. Entre 1866 et 1870, sous l'administration du gouverneur Gordoen, l'île décida d'attribuer les « terres de la Couronne » à des petits planteurs, le plus souvent des personnes issues de l'esclavage, et les forêts de la plaine centrale devinrent des cacaoyères[12]. Près de 7 000 des 11 000 personnes esclaves avaient en effet quitté les plantations de leurs ex-maîtres[12].
34
+
35
+ Trinité-et-Tobago connut dans la foulée un « âge d'or du cacao » entre 1870 et 1930, année où sa production était de 30 000 tonnes, puis une chute[13], face à la montée en puissance des pays africains.
36
+
37
+ En 1962, Trinité-et-Tobago devient un État indépendant. Le début des années 1970 marque pour cette île une période de grave crise économique et sociale. Le choc pétrolier de 1973 engendre une hausse rapide des revenus pétroliers du pays. Au début de l’année 1975, le taux de chômage atteint 17 % et celui de l’inflation 23 %.
38
+
39
+ En 1976, le pays devient une république au sein du Commonwealth.
40
+
41
+ En juillet 1990, le groupe islamique Jamaat al Muslimeen tente un coup d'État.
42
+
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+ Dans les années 1990, l’île vit un essor économique grâce aux revenus du pétrole.
44
+
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+ Réunis depuis 1889 sous une même administration coloniale et obtenant l’indépendance en 1962 au sein du Commonwealth, Trinité-et-Tobago sont les îles les plus méridionales de la Caraïbe. D’une superficie totale de 5 130 km2, cet État comprend deux grandes îles habitées (île de la Trinité et Tobago) ayant pour superficie respective 4 827 km2 et 303 km2, mais également d'autres groupes de petites îles (Îles Boca, Cinq Îles, Îles San Diego, Saut d'Eau, Little Tobago). L'île de la Trinité est localisée à 15 km au nord-est de la punta Sabaneta, au Venezuela. Elle ferme le golfe de Paria. À 35 km au nord-nord-est se trouve l'île de Tobago.
46
+
47
+ Les principales villes sont Port-d'Espagne avec 50 076 habitants, San Fernando (30 115 habitants) et Arima (29 483 habitants). L’État compte plus de 1,3 million d’habitants. La principale agglomération est l'East-West Corridor qui regroupe 41 % de la population.
48
+
49
+ La république de Trinité-et-Tobago est divisée en neuf régions (Diego Martin, San Juan-Laventille, Arima, Chaguanas, Couva-Tabaquite-Talparo, Sangre Grande, Siparia, Peñal Debe et Princes Town), trois municipalités (Port-d'Espagne, Point Fortin et San Fernando) et une section (Tobago).
50
+
51
+ Le pays est occupé par trois chaînes de montagne dans la partie nord qui sont la continuité de la cordillère vénézuélienne, Northern Range et Southern Range. L’altitude maximale du pays est atteinte au Cerro del Aripo qui culmine à 940 mètres.
52
+
53
+ Malgré sa forte exposition aux risques du changement climatique, Trinité-et-Tobago est le deuxième pays à émettre le plus de CO2 par habitant en 2014 après le Qatar. Ces émissions étaient de 34,2 tonnes métriques par habitant, quand la moyenne mondiale s'élèvait à 5,0 tonnes métriques[14].
54
+
55
+ En 2015, la population de Trinité-et-Tobago est estimée à 1 222 363 habitants. La plupart (94,2 %) communique en anglais trinidadien. La densité de la population est, en 2011, d'environ 263 hab./km2. Le taux de fécondité est estimé à 1,71 enfant par femme.
56
+ Le taux de mortalité est proche de 8,1 ‰ tandis que le taux de mortalité infantile à 24,4 ‰.
57
+ L’espérance de vie est d'environ 70 ans.
58
+ Le taux d'homicides a été en 2008 de 44,3 pour 100 000 habitants.
59
+ Le taux d’urbanisation reste faible (50,8 %) par rapport à la moyenne sud-américaine.
60
+
61
+ Avec un PIB de 20,38 milliards d’euros en 2009[15], Trinité-et-Tobago est l’un des États les plus dynamiques de l’espace Caraïbe grâce à l’essor, depuis 1907, de son secteur pétrolier.
62
+
63
+ Malgré certaines difficultés dues au premier choc pétrolier (1973), il connaît au XXIe siècle une situation florissante grâce aux nouveaux investissements étrangers.
64
+
65
+ Trinité-et-Tobago renferme également des gisements de gaz naturel ainsi que de l’asphalte (production qui s’élève jusqu'à 26 000 tonnes par an). Ces dernières années, ce pays s’est beaucoup développé dans le secteur énergétique à la suite de l’intervention de l’entreprise Amoco, qui, en 1997 et 1998, a découvert d’importantes réserves de gaz et de pétrole.
66
+
67
+ Au XXIe siècle, le secteur pétrolier et gazier permet à ce pays de se placer cinquième producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que premier fournisseur en GNL pour les États-Unis, ce qui représente 72 % des importations américaines. La production de gaz est ainsi exportée à environ 50 % sous forme de GNL. Quant aux exportations (toutes catégories de marchandises confondues) vers les États-Unis, elles totalisaient en 2009 19 534 tonnes soit 59,71 % du trafic total depuis les Caraïbes vers les États-Unis, tandis que la part de la totalité des échanges (importations et exportations) Antilles-États-Unis s'élevait à 40,72 %[16].
68
+
69
+ Ces ressources naturelles ont permis de développer en grande partie l’industrie pétrochimique, ce qui place Trinité-et-Tobago en tant que premier exportateur mondial de méthanol et d’ammoniac.
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+ Le secteur de l’énergie représente donc à lui seul 40 % du PIB et 86 % du total des exportations du pays.
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+ En 2005, la république de Trinité-et-Tobago a refusé de s’associer à une alliance nommée « PetroCaribe ». Composée de 12 pays du CARICOM, cette alliance permet d’acheter le pétrole à des conditions de paiement préférentielles.
74
+
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+ Les ressources en gaz naturel ont aussi permis le développement des industries de l’acier et de l’aluminium. D’autres ressources, comme le charbon, le fer ou le gypse, sont trop limitées pour jouer un rôle économique.
76
+
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+ Le tourisme est un secteur en pleine expansion, mais comparé aux autres îles de la région, il est relativement faible : alors que la République dominicaine attire chaque année près de 2,8 millions de visiteurs, Trinité-et-Tobago n’en accueille que le tiers.
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+ L’activité agricole est assez importante. La production de canne à sucre était auparavant pratiquée dans ce pays mais elle a cessé depuis 2007, laissant place à la production d’autres produits tels que le cacao, le coco, les agrumes…
80
+
81
+ Malgré de nets efforts dans l’économie de ce pays, il reste cependant de nombreuses inégalités. Le gouvernement trinidadien s’est fixé comme objectif d’atteindre d’ici 2020 le statut de pays industrialisé. La réalisation de cet objectif dépend principalement de la découverte éventuelle de gisements de gaz.
82
+
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+ La quasi-totalité de la population est alphabète (99,7 % des hommes et 99,6 % des femmes).
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+ Deux universités publiques sont présentes à Trinidad-et-Tobago : l'Université des West Indies (UWI) et l'Université de Trinidad-et-Tobago (UTT).
85
+
86
+ L'université des West Indies a été créée initialement en 1948 en Jamaïque, sur le campus de Mona, en tant que University College of West Indies (UCWI) comme une part de l'université de Londres. Elle a obtenu le statut d'université indépendante en 1962. Le Campus Saint-Augustine à Trinidad-et-Tobago, anciennement l'Imperial College of Tropical Agriculture, a été lancé en 1960 et le campus de Cave Hill à la Barbade a été fondé en 1963. Cette université est répartie sur 17 états indépendants de la Caraïbe. En dehors des 3 campus de la Jamaïque, de Trinidad-et-Tobago et de la Barbade, des centres universitaires sont situés dans chacun des 14 autres pays.
87
+ Cinq facultés sont communes aux trois campus : faculté des sciences humaines et des sciences de l'éducation, faculté de droit, faculté des sciences médicales, faculté de sciences et de technologie et faculté des sciences sociales. Toutefois, le campus de Saint-Augustine à Trinidad-et-Tobago a la particularité de compter deux facultés supplémentaires : faculté d'ingénierie (école d'ingénieur) et faculté agro-alimentaire.
88
+ Le campus de Saint-Augustine regroupe entre 15 000 et 20 000 étudiants pour un total de près de 40 000 étudiants pour l'ensemble de l'UWI.
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+
90
+ L’université de Trinidad-et-Tobago (UTT) a été inaugurée en 2004. Seul le campus de Point Lisas, au centre du pays, est opérationnel. La construction de trois autres campus (Chaguaramas dans l’ouest, O’Meara et Wallerfield dans l’est, Tobago) est en cours. À terme, 13 campus devraient être créés. L’UTT, dont les diplômes pour l’instant ne dépassent pas le 2e cycle, diffère de l’UWI par l’accent mis sur la technologie.
91
+ Les disciplines proposées actuellement sont les suivantes : ingénierie appliquée au pétrole, exploration et production pétrolières, forage, raffinage, traitement et marketing du gaz, technologie et gestion du gaz naturel, gestion de l’électricité. L'UTT est née d'un constat : malgré un haut degré d'alphabétisation (proche de 100 %), au début des années 2000, seuls 7 % des Trinidadiens avaient un diplôme d'études supérieurs contre 30 % dans les pays développés. Cela était dû à une population très dispersée sur le territoire et à de fortes disparités économiques. En 2004, le Gouvernement de la République de Trinidad-et-Tobago a donc décidé de créer la nouvelle Université UTT avec plusieurs campus (dont un sur l'île de Tobago). Cette nouvelle université est résolument tournée vers l'Ingénierie pour un total d'environ 6 500 étudiants.
92
+
93
+ En plus de ces deux universités publiques, il existe une troisième université privée, l'Université de la Caraïbe du Sud (University of the Southern Caribbean). C'est une université confessionnelle des adventistes du 7e jour qui dispose de trois campus à Trinidad-et-Tobago.
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+
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+ Trinité-et-Tobago est une république dont le régime politique est inspiré du système britannique.
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+ Le président de la République est élu par un collège électoral composé des membres des deux chambres. Celui-ci nomme le Premier ministre parmi les parlementaires.
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+ Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement. Celui-ci est composé de deux chambres :
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+ En 2008, deux partis dominent la scène politique : le People’s National Movement (PNM), actuellement au pouvoir et dont l’électorat est majoritairement d’origine africaine, et l’United National Congress (UNC), qui recrute pour l’essentiel parmi la population originaire du sous-continent indien.
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+ Trinité-et-Tobago est membre : de l’ONU (Organisation des Nations unies), de l’OEA (l’Organisation des États américains), de l’AEC (Association des États de la Caraïbe), de la CARICOM (Communauté caribéenne) et du Commonwealth.
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+ Trinité-et-Tobago est un pays à revenu intermédiaire qui est en bonne santé économique. Cela lui donne donc vocation à consolider son rôle à l’échelle régionale au sein de la CARICOM, dont le Secrétaire général est trinidadien depuis 1992 (M. Carrington), et au sein de la direction des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud avec lesquels le pays est lié par des accords commerciaux et de coopération.
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+
107
+ Des ambassades de Trinité-et-Tobago devraient être prochainement ouvertes non seulement au Costa Rica ou à Cuba mais également en Malaisie ou encore en Ouganda, afin que le pays étende sa couverture diplomatique.
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+ Le Premier ministre trinidadien, lors du 8e Sommet de l’Union africaine de janvier 2007, a proposé à sept pays (Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, Nigeria, Congo, Cameroun et Angola) l’expertise trinidadienne en matière énergétique.
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+ Trinité-et-Tobago accueillit en 2009 le sommet des Amériques et le sommet du Commonwealth.
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+ Le pays est également un des initiateurs de l’Association des États de la Caraïbe dont le secrétariat général se trouve à Port-d'Espagne.
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+ En ce qui concerne la crise haïtienne Trinité-et-Tobago a adopté une attitude assez ouverte et s’est attaché à ce que la communauté caribéenne puisse apporter une aide au peuple haïtien. C’est ainsi que des ingénieurs de la compagnie trinidadienne Petrotrin se sont rendus à Port-au-Prince en mai 2005 pour évaluer les besoins du pays en matière énergétique.
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117
+ En matière de lutte contre la drogue, le pays collabore activement à la coopération régionale et accueille le siège du secrétariat du Groupe d’action financière des Caraïbes (GAFIC) : Le pays organisé les 22 et 23 mai 2007 la neuvième réunion à haut niveau du mécanisme de coordination et de coopération UE- Amérique latine-Caraïbes sur les drogues, permettant l’adoption d’une déclaration fixant pour les années à venir de nouveaux axes de coopération entre les deux régions.
118
+
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+ De plus, Trinité-et-Tobago a signé un accord, en septembre 2005, avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Il permet aux personnels des services de police, de l’immigration et des douanes de bénéficier d’un programme de formation en matière d’application de la loi.
120
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121
+ Les États-Unis et Trinité-et-Tobago entretiennent une relation privilégiée : la majeure partie des investissements provient de cette puissance mondiale. C’est notamment pourquoi, lors du dernier sommet des Amériques qui s’est tenu à Mar del Plata en novembre 2005, Trinité-et-Tobago s’est montré partisan du projet de zone de libre échange des Amériques (ZLEA).
122
+
123
+ Dans le cadre du 10e FED (Fonds européen de développement de 2008 à 2013), la programmation de l’aide de l’Union européenne se monte à 25,9 M€ et se fixe comme priorités le soutien à la transition économique et l’appui à la bonne gouvernance.
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+ Il y a quatre (4) catégories et dix (10) classes de récompenses nationales (National Awards)[17] :
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+ Le sport est un élément capital sur les deux îles. Trois sont très populaires dans le pays : l'athlétisme, le football et le cricket.
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+ En athlétisme, les plus célèbres sont Hasely Crawford, champion olympique du 100 m à Montréal en 1976, et Ato Boldon, qui a remporté de nombreuses médailles aux 100 m et 200 m, avec notamment une médaille d’argent sur le 100 m aux jeux Olympiques de Sydney en 2000 et une médaille d’or sur 200 m aux championnats du monde d’athlétisme de 1997 à Athènes. Actuellement de nombreux athlètes trinidadiens sont reconnus internationalement, comme Marc Burns, Darrel Brown ou encore le vice-champion olympique au 100 m Richard Thompson et le champion olympique au javelot Keshorn Walcott. Le 13 août 2017, l'équipe du relais 4 × 400 m obtient la médaille d'or aux championnats du monde d'athlétisme à Londres.
130
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131
+ Le football est très populaire à Trinité-et-Tobago, surtout depuis la qualification historique du pays pour sa première participation à une coupe du monde de football, en 2006 en Allemagne. Il était alors le plus petit pays représenté. Cette qualification a été acquise grâce à Dwight Yorke, un attaquant trinidadien qui a évolué plusieurs années dans l’équipe de Manchester United Football Club avec laquelle il a remporté de nombreux titres dont celui de meilleur buteur de la Ligue des champions (compétition européenne de football) et Chris Birchall le buteur lors du match décisif face à Bahreïn.
132
+
133
+ Le cricket est également très populaire sur les deux îles. L'équipe de Trinité-et-Tobago dispute des compétitions régionales contre des îles et fédérations voisines, mais pas de rencontres officiellement « internationales ». Au niveau international, les meilleurs joueurs de Trinité-et-Tobago peuvent être sélectionnés au sein de l'équipe des Indes occidentales, qui fédère plusieurs nations des Caraïbes. Le batteur Brian Lara détient ou a détenu plusieurs records du monde à ce niveau.
134
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135
+ Il existe à Trinité-et-Tobago un carnaval, le plus célèbre de la Caraïbe. Il est un élément essentiel de la culture du pays. Il se déroule chaque année jusqu'au mardi gras dans les rues de Port-d'Espagne. Cet événement est très important pour les habitants, il représente toute une tradition.
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+
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+ Celle-ci a des origines françaises. Elle remonte à l’arrivée sur les îles des premiers colons catholiques français invités par les Espagnols à la fin du XVIIIe siècle. Les colons français ont acclimaté leur tradition du carnaval, des bals costumés et des grandes fêtes qui précèdent le Carême. Les esclaves travaillant dans les plantations de café et de cacao ont parodié leurs maîtres dans des fêtes secrètes pour oublier la dureté du travail.
138
+
139
+ Aujourd'hui, c’est toute la population du pays qui est concernée par cet événement dans lequel un autre aspect de la culture trinidadienne est fortement présent : la musique. Ce carnaval se déroule au son du calypso donné par les steel bands, et de la soca, plus énergique, particulièrement plébiscitée par les jeunes.
140
+
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+ Le calypso est un style de musique local dans lequel le chanteur ou la chanteuse improvise. C’est un style qui a pour origine l'époque de l’esclavage et des conflits coloniaux.
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+ Le steel pan est un instrument de musique fabriqué initialement avec des fûts de pétrole vides. Dans les années 1930, l’idée de l’instrument est née : les habitants ont commencé à frapper sur des récipients en métal. Cela apportait une sonorité totalement différente des tambours de peaux tendues déjà bien connus. Au fil des années, l’instrument a évolué, notamment grâce à des personnalités comme Winston Spree Simon ou encore Elie Mannette. Ils ont beaucoup contribué à son amélioration technique. Aujourd’hui, mondialement connu, il est utilisé lors de nombreux événements musicaux. Conçu et fabriqué à partir de bidons de pétrole, il peut produire différentes tonalités.
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+ L'anglais est la langue officielle du pays. Néanmoins, la langue principale des habitants dans leur vie de tous les jours reste deux créoles à base lexicale anglaise : le créole tobagodien et le créole trinidadien. Ces créoles reflètent l'héritage caribéen, européen, africain et asiatique du pays. Le créole trinidadien est ainsi influencé par le français et le créole français. Il existe d'ailleurs le créole trinidadien à base lexicale française. Celui-ci, proche du créole guadeloupéen et du créole martiniquais, est aujourd'hui peu employé et, de là, moins compris. Cependant, des personnes le parlent encore couramment dans certains villages du nord de Trinidad.
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+
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+ L'espagnol, parlé par environ 5 % de la population, a été promu récemment par les pouvoirs publics comme « première langue étrangère », le pays voulant favoriser ses liens avec son proche voisin, le Venezuela.
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+ Les descendants d'immigrés indiens parlent également une variété de langues indiennes.
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151
+ Lors des fêtes de fin d'année, des groupes de parang jouent dans leurs quartiers. Traditionnellement, les musiciens munis d'instruments à cordes et de chachas interprètent des chants religieux en espagnol. Peu à peu l'anglais, la soca et les rythmes indiens se mélangent à cette musique.
152
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+ Au XIXe siècle, une forte immigration indienne fut organisée pour remplacer les esclaves dans les plantations. En conséquence, la culture trinidadienne comporte un important héritage indien. Il se retrouve notamment dans la musique et la cuisine. D'ailleurs, aujourd'hui, les deux principaux groupes ethniques sont le groupe indien et africain (environ 35 % de la population chacun).
154
+
155
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
156
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157
+ Le programme Patrimoine mondial (UNESCO, 1971) a inscrit dans sa Patrimoine mondial (au 17/01/2016) : Liste du patrimoine mondial à Trinité-et-Tobago.
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159
+ Le programme Mémoire du monde (UNESCO, 1992) a inscrit dans son registre international Mémoire du monde (au 17/01/2016) :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Trinité-et-Tobago
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+
3
+ (en) Republic of Trinidad and Tobago
4
+
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+ 10° 39′ N, 61° 30′ O
6
+
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+ modifier
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+
9
+ Trinité-et-Tobago, en forme longue la république de Trinité-et-Tobago, en anglais : Republic of Trinidad and Tobago, est un État insulaire des Caraïbes situé dans la mer des Caraïbes, au large du Venezuela.
10
+
11
+ Membre du Commonwealth, la langue officielle du pays est l’anglais ; le créole trinidadien, à base lexicale française est en déclin. Sa capitale est Port-d'Espagne.
12
+
13
+ Trinité-et-Tobago est composée de deux îles distantes de 35 km l'une de l'autre : Trinité et Tobago dont Scarborough est le chef-lieu.
14
+
15
+ En 2015, Trinité-et-Tobago avait le troisième plus important PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat d'Amérique, derrière les États-Unis et le Canada. Son économie repose principalement sur l'industrie pétrolière et pétrochimique, grâce aux grandes réserves en hydrocarbures que possède le pays.
16
+
17
+ 700 ans avant l'arrivée de Christophe Colomb à Trinité, l’île était peuplée par les peuples Caraïbes ou Arawaks. Au moment de la colonisation par le royaume de Castille, on comptait 40 000 Amérindiens. Pour cette population, l’île de Trinité servait de transit entre l’Amérique du Sud et les Caraïbes.
18
+
19
+ En 1498, lors de son troisième voyage, Christophe Colomb débarque sur l’île qu'il baptise Trinidad (Trinité). En 1532, le royaume de Castille s’empare de l’île ; débute alors la période de la colonisation castillane.
20
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21
+ Le duché de Courlande établit une colonie sur l'île de Tobago de 1654 à 1659 puis, par intermittence, de 1660 à 1689.
22
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23
+ Les Français conquièrent ensuite Trinité en même temps que Tobago pendant la guerre de Hollande (1672-1678). Le traité de Nimègue en 1678, entérine la possession de Trinité pour le roi Louis XIV aux dépens des Espagnols, comme celle de Tobago, aux dépens des Hollandais.
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25
+ L’origine diverse de ses habitants donne naissance à une culture particulière à l’île, dont le carnaval est un élément essentiel. Deux langues y coexistent : le créole et le français, qui devient la langue véhiculaire. En effet, cette île est à prédominance française, la colonisation par les Castillans étant remplacée par celle des Français. Ce phénomène va faire dire à Eric Eustace Williams, historien trinidadien et Premier ministre de son pays de 1962 à 1981 : « L’Espagne règne, mais la France gouverne[7]. »
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+ En 1797, les îles Trinité-et-Tobago sont conquises par les Anglais auxquels elles sont officiellement attribuées en 1802 par la Paix d'Amiens, puis en 1815 après les guerres napoléoniennes. Tobago fait partie de la Windward Islands Colony (la colonie des îles-du-Vent) jusqu’en 1899, où elle est rattachée à Trinité pour former une seule colonie, afin de lui apporter une plus grande stabilité financière. Tobago devient alors une annexe de l’île Trinité.
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+ Le cacao criollo, introduit par les castillans en 1525, est décimé en 1727[8] par des épidémies (Phytophthora) amenant les planteurs des peuples originaires, dont c'était la seule exportation[9], à créer en 1757 un mélange avec l'autre variété, plus robuste, le forastero, pour créer le cacao trinitario. Cette innovation est soutenue en 1783 par l'arrivée d'immigrants français créoles, alors que l'île est encore très peu peuplée : seulement 2 813 habitants dont 2 082 sont des personnes natives Américaines, soit une proportion de trois quarts, connue dans aucune autre île de la Caraïbe[9]. Mais dès 1789, les personnes natives ne représentent plus que 11 % de la population.
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+ Forte de sa réussite, la culture du cacao trinitario est introduite au Sri Lanka en 1834 et en 1880. Sa culture s'étend ensuite à Singapour, aux îles Fiji et Samoa, en Tanzanie, à Madagascar et à Java[10].
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+ Dès 1830, Trinité-et-Tobago en était le troisième producteur au monde[8] après le Venezuela et l'Équateur. La pénurie de main d'œuvre sur les plantations fut compensée entre 1838 et 1917, par l'arrivée de 500 000 personnes natives d'Amérique dans la Caraïbe[11] dont une partie à Trinité-et-Tobago. Entre 1866 et 1870, sous l'administration du gouverneur Gordoen, l'île décida d'attribuer les « terres de la Couronne » à des petits planteurs, le plus souvent des personnes issues de l'esclavage, et les forêts de la plaine centrale devinrent des cacaoyères[12]. Près de 7 000 des 11 000 personnes esclaves avaient en effet quitté les plantations de leurs ex-maîtres[12].
34
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35
+ Trinité-et-Tobago connut dans la foulée un « âge d'or du cacao » entre 1870 et 1930, année où sa production était de 30 000 tonnes, puis une chute[13], face à la montée en puissance des pays africains.
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+
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+ En 1962, Trinité-et-Tobago devient un État indépendant. Le début des années 1970 marque pour cette île une période de grave crise économique et sociale. Le choc pétrolier de 1973 engendre une hausse rapide des revenus pétroliers du pays. Au début de l’année 1975, le taux de chômage atteint 17 % et celui de l’inflation 23 %.
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+ En 1976, le pays devient une république au sein du Commonwealth.
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+ En juillet 1990, le groupe islamique Jamaat al Muslimeen tente un coup d'État.
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+ Dans les années 1990, l’île vit un essor économique grâce aux revenus du pétrole.
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+ Réunis depuis 1889 sous une même administration coloniale et obtenant l’indépendance en 1962 au sein du Commonwealth, Trinité-et-Tobago sont les îles les plus méridionales de la Caraïbe. D’une superficie totale de 5 130 km2, cet État comprend deux grandes îles habitées (île de la Trinité et Tobago) ayant pour superficie respective 4 827 km2 et 303 km2, mais également d'autres groupes de petites îles (Îles Boca, Cinq Îles, Îles San Diego, Saut d'Eau, Little Tobago). L'île de la Trinité est localisée à 15 km au nord-est de la punta Sabaneta, au Venezuela. Elle ferme le golfe de Paria. À 35 km au nord-nord-est se trouve l'île de Tobago.
46
+
47
+ Les principales villes sont Port-d'Espagne avec 50 076 habitants, San Fernando (30 115 habitants) et Arima (29 483 habitants). L’État compte plus de 1,3 million d’habitants. La principale agglomération est l'East-West Corridor qui regroupe 41 % de la population.
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+ La république de Trinité-et-Tobago est divisée en neuf régions (Diego Martin, San Juan-Laventille, Arima, Chaguanas, Couva-Tabaquite-Talparo, Sangre Grande, Siparia, Peñal Debe et Princes Town), trois municipalités (Port-d'Espagne, Point Fortin et San Fernando) et une section (Tobago).
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+ Le pays est occupé par trois chaînes de montagne dans la partie nord qui sont la continuité de la cordillère vénézuélienne, Northern Range et Southern Range. L’altitude maximale du pays est atteinte au Cerro del Aripo qui culmine à 940 mètres.
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+ Malgré sa forte exposition aux risques du changement climatique, Trinité-et-Tobago est le deuxième pays à émettre le plus de CO2 par habitant en 2014 après le Qatar. Ces émissions étaient de 34,2 tonnes métriques par habitant, quand la moyenne mondiale s'élèvait à 5,0 tonnes métriques[14].
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+ En 2015, la population de Trinité-et-Tobago est estimée à 1 222 363 habitants. La plupart (94,2 %) communique en anglais trinidadien. La densité de la population est, en 2011, d'environ 263 hab./km2. Le taux de fécondité est estimé à 1,71 enfant par femme.
56
+ Le taux de mortalité est proche de 8,1 ‰ tandis que le taux de mortalité infantile à 24,4 ‰.
57
+ L’espérance de vie est d'environ 70 ans.
58
+ Le taux d'homicides a été en 2008 de 44,3 pour 100 000 habitants.
59
+ Le taux d’urbanisation reste faible (50,8 %) par rapport à la moyenne sud-américaine.
60
+
61
+ Avec un PIB de 20,38 milliards d’euros en 2009[15], Trinité-et-Tobago est l’un des États les plus dynamiques de l’espace Caraïbe grâce à l’essor, depuis 1907, de son secteur pétrolier.
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+ Malgré certaines difficultés dues au premier choc pétrolier (1973), il connaît au XXIe siècle une situation florissante grâce aux nouveaux investissements étrangers.
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65
+ Trinité-et-Tobago renferme également des gisements de gaz naturel ainsi que de l’asphalte (production qui s’élève jusqu'à 26 000 tonnes par an). Ces dernières années, ce pays s’est beaucoup développé dans le secteur énergétique à la suite de l’intervention de l’entreprise Amoco, qui, en 1997 et 1998, a découvert d’importantes réserves de gaz et de pétrole.
66
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67
+ Au XXIe siècle, le secteur pétrolier et gazier permet à ce pays de se placer cinquième producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que premier fournisseur en GNL pour les États-Unis, ce qui représente 72 % des importations américaines. La production de gaz est ainsi exportée à environ 50 % sous forme de GNL. Quant aux exportations (toutes catégories de marchandises confondues) vers les États-Unis, elles totalisaient en 2009 19 534 tonnes soit 59,71 % du trafic total depuis les Caraïbes vers les États-Unis, tandis que la part de la totalité des échanges (importations et exportations) Antilles-États-Unis s'élevait à 40,72 %[16].
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69
+ Ces ressources naturelles ont permis de développer en grande partie l’industrie pétrochimique, ce qui place Trinité-et-Tobago en tant que premier exportateur mondial de méthanol et d’ammoniac.
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71
+ Le secteur de l’énergie représente donc à lui seul 40 % du PIB et 86 % du total des exportations du pays.
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+ En 2005, la république de Trinité-et-Tobago a refusé de s’associer à une alliance nommée « PetroCaribe ». Composée de 12 pays du CARICOM, cette alliance permet d’acheter le pétrole à des conditions de paiement préférentielles.
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+
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+ Les ressources en gaz naturel ont aussi permis le développement des industries de l’acier et de l’aluminium. D’autres ressources, comme le charbon, le fer ou le gypse, sont trop limitées pour jouer un rôle économique.
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77
+ Le tourisme est un secteur en pleine expansion, mais comparé aux autres îles de la région, il est relativement faible : alors que la République dominicaine attire chaque année près de 2,8 millions de visiteurs, Trinité-et-Tobago n’en accueille que le tiers.
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+ L’activité agricole est assez importante. La production de canne à sucre était auparavant pratiquée dans ce pays mais elle a cessé depuis 2007, laissant place à la production d’autres produits tels que le cacao, le coco, les agrumes…
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+ Malgré de nets efforts dans l’économie de ce pays, il reste cependant de nombreuses inégalités. Le gouvernement trinidadien s’est fixé comme objectif d’atteindre d’ici 2020 le statut de pays industrialisé. La réalisation de cet objectif dépend principalement de la découverte éventuelle de gisements de gaz.
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+ La quasi-totalité de la population est alphabète (99,7 % des hommes et 99,6 % des femmes).
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+ Deux universités publiques sont présentes à Trinidad-et-Tobago : l'Université des West Indies (UWI) et l'Université de Trinidad-et-Tobago (UTT).
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+ L'université des West Indies a été créée initialement en 1948 en Jamaïque, sur le campus de Mona, en tant que University College of West Indies (UCWI) comme une part de l'université de Londres. Elle a obtenu le statut d'université indépendante en 1962. Le Campus Saint-Augustine à Trinidad-et-Tobago, anciennement l'Imperial College of Tropical Agriculture, a été lancé en 1960 et le campus de Cave Hill à la Barbade a été fondé en 1963. Cette université est répartie sur 17 états indépendants de la Caraïbe. En dehors des 3 campus de la Jamaïque, de Trinidad-et-Tobago et de la Barbade, des centres universitaires sont situés dans chacun des 14 autres pays.
87
+ Cinq facultés sont communes aux trois campus : faculté des sciences humaines et des sciences de l'éducation, faculté de droit, faculté des sciences médicales, faculté de sciences et de technologie et faculté des sciences sociales. Toutefois, le campus de Saint-Augustine à Trinidad-et-Tobago a la particularité de compter deux facultés supplémentaires : faculté d'ingénierie (école d'ingénieur) et faculté agro-alimentaire.
88
+ Le campus de Saint-Augustine regroupe entre 15 000 et 20 000 étudiants pour un total de près de 40 000 étudiants pour l'ensemble de l'UWI.
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+ L’université de Trinidad-et-Tobago (UTT) a été inaugurée en 2004. Seul le campus de Point Lisas, au centre du pays, est opérationnel. La construction de trois autres campus (Chaguaramas dans l’ouest, O’Meara et Wallerfield dans l’est, Tobago) est en cours. À terme, 13 campus devraient être créés. L’UTT, dont les diplômes pour l’instant ne dépassent pas le 2e cycle, diffère de l’UWI par l’accent mis sur la technologie.
91
+ Les disciplines proposées actuellement sont les suivantes : ingénierie appliquée au pétrole, exploration et production pétrolières, forage, raffinage, traitement et marketing du gaz, technologie et gestion du gaz naturel, gestion de l’électricité. L'UTT est née d'un constat : malgré un haut degré d'alphabétisation (proche de 100 %), au début des années 2000, seuls 7 % des Trinidadiens avaient un diplôme d'études supérieurs contre 30 % dans les pays développés. Cela était dû à une population très dispersée sur le territoire et à de fortes disparités économiques. En 2004, le Gouvernement de la République de Trinidad-et-Tobago a donc décidé de créer la nouvelle Université UTT avec plusieurs campus (dont un sur l'île de Tobago). Cette nouvelle université est résolument tournée vers l'Ingénierie pour un total d'environ 6 500 étudiants.
92
+
93
+ En plus de ces deux universités publiques, il existe une troisième université privée, l'Université de la Caraïbe du Sud (University of the Southern Caribbean). C'est une université confessionnelle des adventistes du 7e jour qui dispose de trois campus à Trinidad-et-Tobago.
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+
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+ Trinité-et-Tobago est une république dont le régime politique est inspiré du système britannique.
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+ Le président de la République est élu par un collège électoral composé des membres des deux chambres. Celui-ci nomme le Premier ministre parmi les parlementaires.
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+ Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement. Celui-ci est composé de deux chambres :
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+ En 2008, deux partis dominent la scène politique : le People’s National Movement (PNM), actuellement au pouvoir et dont l’électorat est majoritairement d’origine africaine, et l’United National Congress (UNC), qui recrute pour l’essentiel parmi la population originaire du sous-continent indien.
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+ Trinité-et-Tobago est membre : de l’ONU (Organisation des Nations unies), de l’OEA (l’Organisation des États américains), de l’AEC (Association des États de la Caraïbe), de la CARICOM (Communauté caribéenne) et du Commonwealth.
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+
105
+ Trinité-et-Tobago est un pays à revenu intermédiaire qui est en bonne santé économique. Cela lui donne donc vocation à consolider son rôle à l’échelle régionale au sein de la CARICOM, dont le Secrétaire général est trinidadien depuis 1992 (M. Carrington), et au sein de la direction des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud avec lesquels le pays est lié par des accords commerciaux et de coopération.
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+
107
+ Des ambassades de Trinité-et-Tobago devraient être prochainement ouvertes non seulement au Costa Rica ou à Cuba mais également en Malaisie ou encore en Ouganda, afin que le pays étende sa couverture diplomatique.
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+ Le Premier ministre trinidadien, lors du 8e Sommet de l’Union africaine de janvier 2007, a proposé à sept pays (Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, Nigeria, Congo, Cameroun et Angola) l’expertise trinidadienne en matière énergétique.
110
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+ Trinité-et-Tobago accueillit en 2009 le sommet des Amériques et le sommet du Commonwealth.
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+ Le pays est également un des initiateurs de l’Association des États de la Caraïbe dont le secrétariat général se trouve à Port-d'Espagne.
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+ En ce qui concerne la crise haïtienne Trinité-et-Tobago a adopté une attitude assez ouverte et s’est attaché à ce que la communauté caribéenne puisse apporter une aide au peuple haïtien. C’est ainsi que des ingénieurs de la compagnie trinidadienne Petrotrin se sont rendus à Port-au-Prince en mai 2005 pour évaluer les besoins du pays en matière énergétique.
116
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117
+ En matière de lutte contre la drogue, le pays collabore activement à la coopération régionale et accueille le siège du secrétariat du Groupe d’action financière des Caraïbes (GAFIC) : Le pays organisé les 22 et 23 mai 2007 la neuvième réunion à haut niveau du mécanisme de coordination et de coopération UE- Amérique latine-Caraïbes sur les drogues, permettant l’adoption d’une déclaration fixant pour les années à venir de nouveaux axes de coopération entre les deux régions.
118
+
119
+ De plus, Trinité-et-Tobago a signé un accord, en septembre 2005, avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Il permet aux personnels des services de police, de l’immigration et des douanes de bénéficier d’un programme de formation en matière d’application de la loi.
120
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121
+ Les États-Unis et Trinité-et-Tobago entretiennent une relation privilégiée : la majeure partie des investissements provient de cette puissance mondiale. C’est notamment pourquoi, lors du dernier sommet des Amériques qui s’est tenu à Mar del Plata en novembre 2005, Trinité-et-Tobago s’est montré partisan du projet de zone de libre échange des Amériques (ZLEA).
122
+
123
+ Dans le cadre du 10e FED (Fonds européen de développement de 2008 à 2013), la programmation de l’aide de l’Union européenne se monte à 25,9 M€ et se fixe comme priorités le soutien à la transition économique et l’appui à la bonne gouvernance.
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+
125
+ Il y a quatre (4) catégories et dix (10) classes de récompenses nationales (National Awards)[17] :
126
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+ Le sport est un élément capital sur les deux îles. Trois sont très populaires dans le pays : l'athlétisme, le football et le cricket.
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+ En athlétisme, les plus célèbres sont Hasely Crawford, champion olympique du 100 m à Montréal en 1976, et Ato Boldon, qui a remporté de nombreuses médailles aux 100 m et 200 m, avec notamment une médaille d’argent sur le 100 m aux jeux Olympiques de Sydney en 2000 et une médaille d’or sur 200 m aux championnats du monde d’athlétisme de 1997 à Athènes. Actuellement de nombreux athlètes trinidadiens sont reconnus internationalement, comme Marc Burns, Darrel Brown ou encore le vice-champion olympique au 100 m Richard Thompson et le champion olympique au javelot Keshorn Walcott. Le 13 août 2017, l'équipe du relais 4 × 400 m obtient la médaille d'or aux championnats du monde d'athlétisme à Londres.
130
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131
+ Le football est très populaire à Trinité-et-Tobago, surtout depuis la qualification historique du pays pour sa première participation à une coupe du monde de football, en 2006 en Allemagne. Il était alors le plus petit pays représenté. Cette qualification a été acquise grâce à Dwight Yorke, un attaquant trinidadien qui a évolué plusieurs années dans l’équipe de Manchester United Football Club avec laquelle il a remporté de nombreux titres dont celui de meilleur buteur de la Ligue des champions (compétition européenne de football) et Chris Birchall le buteur lors du match décisif face à Bahreïn.
132
+
133
+ Le cricket est également très populaire sur les deux îles. L'équipe de Trinité-et-Tobago dispute des compétitions régionales contre des îles et fédérations voisines, mais pas de rencontres officiellement « internationales ». Au niveau international, les meilleurs joueurs de Trinité-et-Tobago peuvent être sélectionnés au sein de l'équipe des Indes occidentales, qui fédère plusieurs nations des Caraïbes. Le batteur Brian Lara détient ou a détenu plusieurs records du monde à ce niveau.
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+ Il existe à Trinité-et-Tobago un carnaval, le plus célèbre de la Caraïbe. Il est un élément essentiel de la culture du pays. Il se déroule chaque année jusqu'au mardi gras dans les rues de Port-d'Espagne. Cet événement est très important pour les habitants, il représente toute une tradition.
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+ Celle-ci a des origines françaises. Elle remonte à l’arrivée sur les îles des premiers colons catholiques français invités par les Espagnols à la fin du XVIIIe siècle. Les colons français ont acclimaté leur tradition du carnaval, des bals costumés et des grandes fêtes qui précèdent le Carême. Les esclaves travaillant dans les plantations de café et de cacao ont parodié leurs maîtres dans des fêtes secrètes pour oublier la dureté du travail.
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+ Aujourd'hui, c’est toute la population du pays qui est concernée par cet événement dans lequel un autre aspect de la culture trinidadienne est fortement présent : la musique. Ce carnaval se déroule au son du calypso donné par les steel bands, et de la soca, plus énergique, particulièrement plébiscitée par les jeunes.
140
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+ Le calypso est un style de musique local dans lequel le chanteur ou la chanteuse improvise. C’est un style qui a pour origine l'époque de l’esclavage et des conflits coloniaux.
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+ Le steel pan est un instrument de musique fabriqué initialement avec des fûts de pétrole vides. Dans les années 1930, l’idée de l’instrument est née : les habitants ont commencé à frapper sur des récipients en métal. Cela apportait une sonorité totalement différente des tambours de peaux tendues déjà bien connus. Au fil des années, l’instrument a évolué, notamment grâce à des personnalités comme Winston Spree Simon ou encore Elie Mannette. Ils ont beaucoup contribué à son amélioration technique. Aujourd’hui, mondialement connu, il est utilisé lors de nombreux événements musicaux. Conçu et fabriqué à partir de bidons de pétrole, il peut produire différentes tonalités.
144
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145
+ L'anglais est la langue officielle du pays. Néanmoins, la langue principale des habitants dans leur vie de tous les jours reste deux créoles à base lexicale anglaise : le créole tobagodien et le créole trinidadien. Ces créoles reflètent l'héritage caribéen, européen, africain et asiatique du pays. Le créole trinidadien est ainsi influencé par le français et le créole français. Il existe d'ailleurs le créole trinidadien à base lexicale française. Celui-ci, proche du créole guadeloupéen et du créole martiniquais, est aujourd'hui peu employé et, de là, moins compris. Cependant, des personnes le parlent encore couramment dans certains villages du nord de Trinidad.
146
+
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+ L'espagnol, parlé par environ 5 % de la population, a été promu récemment par les pouvoirs publics comme « première langue étrangère », le pays voulant favoriser ses liens avec son proche voisin, le Venezuela.
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+ Les descendants d'immigrés indiens parlent également une variété de langues indiennes.
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151
+ Lors des fêtes de fin d'année, des groupes de parang jouent dans leurs quartiers. Traditionnellement, les musiciens munis d'instruments à cordes et de chachas interprètent des chants religieux en espagnol. Peu à peu l'anglais, la soca et les rythmes indiens se mélangent à cette musique.
152
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+ Au XIXe siècle, une forte immigration indienne fut organisée pour remplacer les esclaves dans les plantations. En conséquence, la culture trinidadienne comporte un important héritage indien. Il se retrouve notamment dans la musique et la cuisine. D'ailleurs, aujourd'hui, les deux principaux groupes ethniques sont le groupe indien et africain (environ 35 % de la population chacun).
154
+
155
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
156
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157
+ Le programme Patrimoine mondial (UNESCO, 1971) a inscrit dans sa Patrimoine mondial (au 17/01/2016) : Liste du patrimoine mondial à Trinité-et-Tobago.
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+ Le programme Mémoire du monde (UNESCO, 1992) a inscrit dans son registre international Mémoire du monde (au 17/01/2016) :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Trinité-et-Tobago
2
+
3
+ (en) Republic of Trinidad and Tobago
4
+
5
+ 10° 39′ N, 61° 30′ O
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+
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+ modifier
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+
9
+ Trinité-et-Tobago, en forme longue la république de Trinité-et-Tobago, en anglais : Republic of Trinidad and Tobago, est un État insulaire des Caraïbes situé dans la mer des Caraïbes, au large du Venezuela.
10
+
11
+ Membre du Commonwealth, la langue officielle du pays est l’anglais ; le créole trinidadien, à base lexicale française est en déclin. Sa capitale est Port-d'Espagne.
12
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13
+ Trinité-et-Tobago est composée de deux îles distantes de 35 km l'une de l'autre : Trinité et Tobago dont Scarborough est le chef-lieu.
14
+
15
+ En 2015, Trinité-et-Tobago avait le troisième plus important PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat d'Amérique, derrière les États-Unis et le Canada. Son économie repose principalement sur l'industrie pétrolière et pétrochimique, grâce aux grandes réserves en hydrocarbures que possède le pays.
16
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17
+ 700 ans avant l'arrivée de Christophe Colomb à Trinité, l’île était peuplée par les peuples Caraïbes ou Arawaks. Au moment de la colonisation par le royaume de Castille, on comptait 40 000 Amérindiens. Pour cette population, l’île de Trinité servait de transit entre l’Amérique du Sud et les Caraïbes.
18
+
19
+ En 1498, lors de son troisième voyage, Christophe Colomb débarque sur l’île qu'il baptise Trinidad (Trinité). En 1532, le royaume de Castille s’empare de l’île ; débute alors la période de la colonisation castillane.
20
+
21
+ Le duché de Courlande établit une colonie sur l'île de Tobago de 1654 à 1659 puis, par intermittence, de 1660 à 1689.
22
+
23
+ Les Français conquièrent ensuite Trinité en même temps que Tobago pendant la guerre de Hollande (1672-1678). Le traité de Nimègue en 1678, entérine la possession de Trinité pour le roi Louis XIV aux dépens des Espagnols, comme celle de Tobago, aux dépens des Hollandais.
24
+
25
+ L’origine diverse de ses habitants donne naissance à une culture particulière à l’île, dont le carnaval est un élément essentiel. Deux langues y coexistent : le créole et le français, qui devient la langue véhiculaire. En effet, cette île est à prédominance française, la colonisation par les Castillans étant remplacée par celle des Français. Ce phénomène va faire dire à Eric Eustace Williams, historien trinidadien et Premier ministre de son pays de 1962 à 1981 : « L’Espagne règne, mais la France gouverne[7]. »
26
+
27
+ En 1797, les îles Trinité-et-Tobago sont conquises par les Anglais auxquels elles sont officiellement attribuées en 1802 par la Paix d'Amiens, puis en 1815 après les guerres napoléoniennes. Tobago fait partie de la Windward Islands Colony (la colonie des îles-du-Vent) jusqu’en 1899, où elle est rattachée à Trinité pour former une seule colonie, afin de lui apporter une plus grande stabilité financière. Tobago devient alors une annexe de l’île Trinité.
28
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+ Le cacao criollo, introduit par les castillans en 1525, est décimé en 1727[8] par des épidémies (Phytophthora) amenant les planteurs des peuples originaires, dont c'était la seule exportation[9], à créer en 1757 un mélange avec l'autre variété, plus robuste, le forastero, pour créer le cacao trinitario. Cette innovation est soutenue en 1783 par l'arrivée d'immigrants français créoles, alors que l'île est encore très peu peuplée : seulement 2 813 habitants dont 2 082 sont des personnes natives Américaines, soit une proportion de trois quarts, connue dans aucune autre île de la Caraïbe[9]. Mais dès 1789, les personnes natives ne représentent plus que 11 % de la population.
30
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+ Forte de sa réussite, la culture du cacao trinitario est introduite au Sri Lanka en 1834 et en 1880. Sa culture s'étend ensuite à Singapour, aux îles Fiji et Samoa, en Tanzanie, à Madagascar et à Java[10].
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33
+ Dès 1830, Trinité-et-Tobago en était le troisième producteur au monde[8] après le Venezuela et l'Équateur. La pénurie de main d'œuvre sur les plantations fut compensée entre 1838 et 1917, par l'arrivée de 500 000 personnes natives d'Amérique dans la Caraïbe[11] dont une partie à Trinité-et-Tobago. Entre 1866 et 1870, sous l'administration du gouverneur Gordoen, l'île décida d'attribuer les « terres de la Couronne » à des petits planteurs, le plus souvent des personnes issues de l'esclavage, et les forêts de la plaine centrale devinrent des cacaoyères[12]. Près de 7 000 des 11 000 personnes esclaves avaient en effet quitté les plantations de leurs ex-maîtres[12].
34
+
35
+ Trinité-et-Tobago connut dans la foulée un « âge d'or du cacao » entre 1870 et 1930, année où sa production était de 30 000 tonnes, puis une chute[13], face à la montée en puissance des pays africains.
36
+
37
+ En 1962, Trinité-et-Tobago devient un État indépendant. Le début des années 1970 marque pour cette île une période de grave crise économique et sociale. Le choc pétrolier de 1973 engendre une hausse rapide des revenus pétroliers du pays. Au début de l’année 1975, le taux de chômage atteint 17 % et celui de l’inflation 23 %.
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39
+ En 1976, le pays devient une république au sein du Commonwealth.
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41
+ En juillet 1990, le groupe islamique Jamaat al Muslimeen tente un coup d'État.
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+ Dans les années 1990, l’île vit un essor économique grâce aux revenus du pétrole.
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+ Réunis depuis 1889 sous une même administration coloniale et obtenant l’indépendance en 1962 au sein du Commonwealth, Trinité-et-Tobago sont les îles les plus méridionales de la Caraïbe. D’une superficie totale de 5 130 km2, cet État comprend deux grandes îles habitées (île de la Trinité et Tobago) ayant pour superficie respective 4 827 km2 et 303 km2, mais également d'autres groupes de petites îles (Îles Boca, Cinq Îles, Îles San Diego, Saut d'Eau, Little Tobago). L'île de la Trinité est localisée à 15 km au nord-est de la punta Sabaneta, au Venezuela. Elle ferme le golfe de Paria. À 35 km au nord-nord-est se trouve l'île de Tobago.
46
+
47
+ Les principales villes sont Port-d'Espagne avec 50 076 habitants, San Fernando (30 115 habitants) et Arima (29 483 habitants). L’État compte plus de 1,3 million d’habitants. La principale agglomération est l'East-West Corridor qui regroupe 41 % de la population.
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+ La république de Trinité-et-Tobago est divisée en neuf régions (Diego Martin, San Juan-Laventille, Arima, Chaguanas, Couva-Tabaquite-Talparo, Sangre Grande, Siparia, Peñal Debe et Princes Town), trois municipalités (Port-d'Espagne, Point Fortin et San Fernando) et une section (Tobago).
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+ Le pays est occupé par trois chaînes de montagne dans la partie nord qui sont la continuité de la cordillère vénézuélienne, Northern Range et Southern Range. L’altitude maximale du pays est atteinte au Cerro del Aripo qui culmine à 940 mètres.
52
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53
+ Malgré sa forte exposition aux risques du changement climatique, Trinité-et-Tobago est le deuxième pays à émettre le plus de CO2 par habitant en 2014 après le Qatar. Ces émissions étaient de 34,2 tonnes métriques par habitant, quand la moyenne mondiale s'élèvait à 5,0 tonnes métriques[14].
54
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55
+ En 2015, la population de Trinité-et-Tobago est estimée à 1 222 363 habitants. La plupart (94,2 %) communique en anglais trinidadien. La densité de la population est, en 2011, d'environ 263 hab./km2. Le taux de fécondité est estimé à 1,71 enfant par femme.
56
+ Le taux de mortalité est proche de 8,1 ‰ tandis que le taux de mortalité infantile à 24,4 ‰.
57
+ L’espérance de vie est d'environ 70 ans.
58
+ Le taux d'homicides a été en 2008 de 44,3 pour 100 000 habitants.
59
+ Le taux d’urbanisation reste faible (50,8 %) par rapport à la moyenne sud-américaine.
60
+
61
+ Avec un PIB de 20,38 milliards d’euros en 2009[15], Trinité-et-Tobago est l’un des États les plus dynamiques de l’espace Caraïbe grâce à l’essor, depuis 1907, de son secteur pétrolier.
62
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63
+ Malgré certaines difficultés dues au premier choc pétrolier (1973), il connaît au XXIe siècle une situation florissante grâce aux nouveaux investissements étrangers.
64
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65
+ Trinité-et-Tobago renferme également des gisements de gaz naturel ainsi que de l’asphalte (production qui s’élève jusqu'à 26 000 tonnes par an). Ces dernières années, ce pays s’est beaucoup développé dans le secteur énergétique à la suite de l’intervention de l’entreprise Amoco, qui, en 1997 et 1998, a découvert d’importantes réserves de gaz et de pétrole.
66
+
67
+ Au XXIe siècle, le secteur pétrolier et gazier permet à ce pays de se placer cinquième producteur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que premier fournisseur en GNL pour les États-Unis, ce qui représente 72 % des importations américaines. La production de gaz est ainsi exportée à environ 50 % sous forme de GNL. Quant aux exportations (toutes catégories de marchandises confondues) vers les États-Unis, elles totalisaient en 2009 19 534 tonnes soit 59,71 % du trafic total depuis les Caraïbes vers les États-Unis, tandis que la part de la totalité des échanges (importations et exportations) Antilles-États-Unis s'élevait à 40,72 %[16].
68
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+ Ces ressources naturelles ont permis de développer en grande partie l’industrie pétrochimique, ce qui place Trinité-et-Tobago en tant que premier exportateur mondial de méthanol et d’ammoniac.
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71
+ Le secteur de l’énergie représente donc à lui seul 40 % du PIB et 86 % du total des exportations du pays.
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+ En 2005, la république de Trinité-et-Tobago a refusé de s’associer à une alliance nommée « PetroCaribe ». Composée de 12 pays du CARICOM, cette alliance permet d’acheter le pétrole à des conditions de paiement préférentielles.
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75
+ Les ressources en gaz naturel ont aussi permis le développement des industries de l’acier et de l’aluminium. D’autres ressources, comme le charbon, le fer ou le gypse, sont trop limitées pour jouer un rôle économique.
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+ Le tourisme est un secteur en pleine expansion, mais comparé aux autres îles de la région, il est relativement faible : alors que la République dominicaine attire chaque année près de 2,8 millions de visiteurs, Trinité-et-Tobago n’en accueille que le tiers.
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+ L’activité agricole est assez importante. La production de canne à sucre était auparavant pratiquée dans ce pays mais elle a cessé depuis 2007, laissant place à la production d’autres produits tels que le cacao, le coco, les agrumes…
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+ Malgré de nets efforts dans l’économie de ce pays, il reste cependant de nombreuses inégalités. Le gouvernement trinidadien s’est fixé comme objectif d’atteindre d’ici 2020 le statut de pays industrialisé. La réalisation de cet objectif dépend principalement de la découverte éventuelle de gisements de gaz.
82
+
83
+ La quasi-totalité de la population est alphabète (99,7 % des hommes et 99,6 % des femmes).
84
+ Deux universités publiques sont présentes à Trinidad-et-Tobago : l'Université des West Indies (UWI) et l'Université de Trinidad-et-Tobago (UTT).
85
+
86
+ L'université des West Indies a été créée initialement en 1948 en Jamaïque, sur le campus de Mona, en tant que University College of West Indies (UCWI) comme une part de l'université de Londres. Elle a obtenu le statut d'université indépendante en 1962. Le Campus Saint-Augustine à Trinidad-et-Tobago, anciennement l'Imperial College of Tropical Agriculture, a été lancé en 1960 et le campus de Cave Hill à la Barbade a été fondé en 1963. Cette université est répartie sur 17 états indépendants de la Caraïbe. En dehors des 3 campus de la Jamaïque, de Trinidad-et-Tobago et de la Barbade, des centres universitaires sont situés dans chacun des 14 autres pays.
87
+ Cinq facultés sont communes aux trois campus : faculté des sciences humaines et des sciences de l'éducation, faculté de droit, faculté des sciences médicales, faculté de sciences et de technologie et faculté des sciences sociales. Toutefois, le campus de Saint-Augustine à Trinidad-et-Tobago a la particularité de compter deux facultés supplémentaires : faculté d'ingénierie (école d'ingénieur) et faculté agro-alimentaire.
88
+ Le campus de Saint-Augustine regroupe entre 15 000 et 20 000 étudiants pour un total de près de 40 000 étudiants pour l'ensemble de l'UWI.
89
+
90
+ L’université de Trinidad-et-Tobago (UTT) a été inaugurée en 2004. Seul le campus de Point Lisas, au centre du pays, est opérationnel. La construction de trois autres campus (Chaguaramas dans l’ouest, O’Meara et Wallerfield dans l’est, Tobago) est en cours. À terme, 13 campus devraient être créés. L’UTT, dont les diplômes pour l’instant ne dépassent pas le 2e cycle, diffère de l’UWI par l’accent mis sur la technologie.
91
+ Les disciplines proposées actuellement sont les suivantes : ingénierie appliquée au pétrole, exploration et production pétrolières, forage, raffinage, traitement et marketing du gaz, technologie et gestion du gaz naturel, gestion de l’électricité. L'UTT est née d'un constat : malgré un haut degré d'alphabétisation (proche de 100 %), au début des années 2000, seuls 7 % des Trinidadiens avaient un diplôme d'études supérieurs contre 30 % dans les pays développés. Cela était dû à une population très dispersée sur le territoire et à de fortes disparités économiques. En 2004, le Gouvernement de la République de Trinidad-et-Tobago a donc décidé de créer la nouvelle Université UTT avec plusieurs campus (dont un sur l'île de Tobago). Cette nouvelle université est résolument tournée vers l'Ingénierie pour un total d'environ 6 500 étudiants.
92
+
93
+ En plus de ces deux universités publiques, il existe une troisième université privée, l'Université de la Caraïbe du Sud (University of the Southern Caribbean). C'est une université confessionnelle des adventistes du 7e jour qui dispose de trois campus à Trinidad-et-Tobago.
94
+
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+ Trinité-et-Tobago est une république dont le régime politique est inspiré du système britannique.
96
+
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+ Le président de la République est élu par un collège électoral composé des membres des deux chambres. Celui-ci nomme le Premier ministre parmi les parlementaires.
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+
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+ Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement. Celui-ci est composé de deux chambres :
100
+
101
+ En 2008, deux partis dominent la scène politique : le People’s National Movement (PNM), actuellement au pouvoir et dont l’électorat est majoritairement d’origine africaine, et l’United National Congress (UNC), qui recrute pour l’essentiel parmi la population originaire du sous-continent indien.
102
+
103
+ Trinité-et-Tobago est membre : de l’ONU (Organisation des Nations unies), de l’OEA (l’Organisation des États américains), de l’AEC (Association des États de la Caraïbe), de la CARICOM (Communauté caribéenne) et du Commonwealth.
104
+
105
+ Trinité-et-Tobago est un pays à revenu intermédiaire qui est en bonne santé économique. Cela lui donne donc vocation à consolider son rôle à l’échelle régionale au sein de la CARICOM, dont le Secrétaire général est trinidadien depuis 1992 (M. Carrington), et au sein de la direction des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud avec lesquels le pays est lié par des accords commerciaux et de coopération.
106
+
107
+ Des ambassades de Trinité-et-Tobago devraient être prochainement ouvertes non seulement au Costa Rica ou à Cuba mais également en Malaisie ou encore en Ouganda, afin que le pays étende sa couverture diplomatique.
108
+
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+ Le Premier ministre trinidadien, lors du 8e Sommet de l’Union africaine de janvier 2007, a proposé à sept pays (Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, Nigeria, Congo, Cameroun et Angola) l’expertise trinidadienne en matière énergétique.
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+
111
+ Trinité-et-Tobago accueillit en 2009 le sommet des Amériques et le sommet du Commonwealth.
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+
113
+ Le pays est également un des initiateurs de l’Association des États de la Caraïbe dont le secrétariat général se trouve à Port-d'Espagne.
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+
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+ En ce qui concerne la crise haïtienne Trinité-et-Tobago a adopté une attitude assez ouverte et s’est attaché à ce que la communauté caribéenne puisse apporter une aide au peuple haïtien. C’est ainsi que des ingénieurs de la compagnie trinidadienne Petrotrin se sont rendus à Port-au-Prince en mai 2005 pour évaluer les besoins du pays en matière énergétique.
116
+
117
+ En matière de lutte contre la drogue, le pays collabore activement à la coopération régionale et accueille le siège du secrétariat du Groupe d’action financière des Caraïbes (GAFIC) : Le pays organisé les 22 et 23 mai 2007 la neuvième réunion à haut niveau du mécanisme de coordination et de coopération UE- Amérique latine-Caraïbes sur les drogues, permettant l’adoption d’une déclaration fixant pour les années à venir de nouveaux axes de coopération entre les deux régions.
118
+
119
+ De plus, Trinité-et-Tobago a signé un accord, en septembre 2005, avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Il permet aux personnels des services de police, de l’immigration et des douanes de bénéficier d’un programme de formation en matière d’application de la loi.
120
+
121
+ Les États-Unis et Trinité-et-Tobago entretiennent une relation privilégiée : la majeure partie des investissements provient de cette puissance mondiale. C’est notamment pourquoi, lors du dernier sommet des Amériques qui s’est tenu à Mar del Plata en novembre 2005, Trinité-et-Tobago s’est montré partisan du projet de zone de libre échange des Amériques (ZLEA).
122
+
123
+ Dans le cadre du 10e FED (Fonds européen de développement de 2008 à 2013), la programmation de l’aide de l’Union européenne se monte à 25,9 M€ et se fixe comme priorités le soutien à la transition économique et l’appui à la bonne gouvernance.
124
+
125
+ Il y a quatre (4) catégories et dix (10) classes de récompenses nationales (National Awards)[17] :
126
+
127
+ Le sport est un élément capital sur les deux îles. Trois sont très populaires dans le pays : l'athlétisme, le football et le cricket.
128
+
129
+ En athlétisme, les plus célèbres sont Hasely Crawford, champion olympique du 100 m à Montréal en 1976, et Ato Boldon, qui a remporté de nombreuses médailles aux 100 m et 200 m, avec notamment une médaille d’argent sur le 100 m aux jeux Olympiques de Sydney en 2000 et une médaille d’or sur 200 m aux championnats du monde d’athlétisme de 1997 à Athènes. Actuellement de nombreux athlètes trinidadiens sont reconnus internationalement, comme Marc Burns, Darrel Brown ou encore le vice-champion olympique au 100 m Richard Thompson et le champion olympique au javelot Keshorn Walcott. Le 13 août 2017, l'équipe du relais 4 × 400 m obtient la médaille d'or aux championnats du monde d'athlétisme à Londres.
130
+
131
+ Le football est très populaire à Trinité-et-Tobago, surtout depuis la qualification historique du pays pour sa première participation à une coupe du monde de football, en 2006 en Allemagne. Il était alors le plus petit pays représenté. Cette qualification a été acquise grâce à Dwight Yorke, un attaquant trinidadien qui a évolué plusieurs années dans l’équipe de Manchester United Football Club avec laquelle il a remporté de nombreux titres dont celui de meilleur buteur de la Ligue des champions (compétition européenne de football) et Chris Birchall le buteur lors du match décisif face à Bahreïn.
132
+
133
+ Le cricket est également très populaire sur les deux îles. L'équipe de Trinité-et-Tobago dispute des compétitions régionales contre des îles et fédérations voisines, mais pas de rencontres officiellement « internationales ». Au niveau international, les meilleurs joueurs de Trinité-et-Tobago peuvent être sélectionnés au sein de l'équipe des Indes occidentales, qui fédère plusieurs nations des Caraïbes. Le batteur Brian Lara détient ou a détenu plusieurs records du monde à ce niveau.
134
+
135
+ Il existe à Trinité-et-Tobago un carnaval, le plus célèbre de la Caraïbe. Il est un élément essentiel de la culture du pays. Il se déroule chaque année jusqu'au mardi gras dans les rues de Port-d'Espagne. Cet événement est très important pour les habitants, il représente toute une tradition.
136
+
137
+ Celle-ci a des origines françaises. Elle remonte à l’arrivée sur les îles des premiers colons catholiques français invités par les Espagnols à la fin du XVIIIe siècle. Les colons français ont acclimaté leur tradition du carnaval, des bals costumés et des grandes fêtes qui précèdent le Carême. Les esclaves travaillant dans les plantations de café et de cacao ont parodié leurs maîtres dans des fêtes secrètes pour oublier la dureté du travail.
138
+
139
+ Aujourd'hui, c’est toute la population du pays qui est concernée par cet événement dans lequel un autre aspect de la culture trinidadienne est fortement présent : la musique. Ce carnaval se déroule au son du calypso donné par les steel bands, et de la soca, plus énergique, particulièrement plébiscitée par les jeunes.
140
+
141
+ Le calypso est un style de musique local dans lequel le chanteur ou la chanteuse improvise. C’est un style qui a pour origine l'époque de l’esclavage et des conflits coloniaux.
142
+
143
+ Le steel pan est un instrument de musique fabriqué initialement avec des fûts de pétrole vides. Dans les années 1930, l’idée de l’instrument est née : les habitants ont commencé à frapper sur des récipients en métal. Cela apportait une sonorité totalement différente des tambours de peaux tendues déjà bien connus. Au fil des années, l’instrument a évolué, notamment grâce à des personnalités comme Winston Spree Simon ou encore Elie Mannette. Ils ont beaucoup contribué à son amélioration technique. Aujourd’hui, mondialement connu, il est utilisé lors de nombreux événements musicaux. Conçu et fabriqué à partir de bidons de pétrole, il peut produire différentes tonalités.
144
+
145
+ L'anglais est la langue officielle du pays. Néanmoins, la langue principale des habitants dans leur vie de tous les jours reste deux créoles à base lexicale anglaise : le créole tobagodien et le créole trinidadien. Ces créoles reflètent l'héritage caribéen, européen, africain et asiatique du pays. Le créole trinidadien est ainsi influencé par le français et le créole français. Il existe d'ailleurs le créole trinidadien à base lexicale française. Celui-ci, proche du créole guadeloupéen et du créole martiniquais, est aujourd'hui peu employé et, de là, moins compris. Cependant, des personnes le parlent encore couramment dans certains villages du nord de Trinidad.
146
+
147
+ L'espagnol, parlé par environ 5 % de la population, a été promu récemment par les pouvoirs publics comme « première langue étrangère », le pays voulant favoriser ses liens avec son proche voisin, le Venezuela.
148
+
149
+ Les descendants d'immigrés indiens parlent également une variété de langues indiennes.
150
+
151
+ Lors des fêtes de fin d'année, des groupes de parang jouent dans leurs quartiers. Traditionnellement, les musiciens munis d'instruments à cordes et de chachas interprètent des chants religieux en espagnol. Peu à peu l'anglais, la soca et les rythmes indiens se mélangent à cette musique.
152
+
153
+ Au XIXe siècle, une forte immigration indienne fut organisée pour remplacer les esclaves dans les plantations. En conséquence, la culture trinidadienne comporte un important héritage indien. Il se retrouve notamment dans la musique et la cuisine. D'ailleurs, aujourd'hui, les deux principaux groupes ethniques sont le groupe indien et africain (environ 35 % de la population chacun).
154
+
155
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
156
+
157
+ Le programme Patrimoine mondial (UNESCO, 1971) a inscrit dans sa Patrimoine mondial (au 17/01/2016) : Liste du patrimoine mondial à Trinité-et-Tobago.
158
+
159
+ Le programme Mémoire du monde (UNESCO, 1992) a inscrit dans son registre international Mémoire du monde (au 17/01/2016) :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le troc est l'opération économique par laquelle chaque participant cède la propriété d'un bien (ou un groupe de biens) et reçoit un autre bien. Le troc fait partie du commerce de compensation avec l'échange de services au pair[1].
2
+
3
+ Il peut intervenir dans le commerce intérieur mais surtout dans les échanges internationaux, lorsqu'un pays ne dispose pas d'une devise convertible.
4
+
5
+ Les crises monétaires donnent toujours un rôle un peu plus grand au troc du fait de la raréfaction des signes monétaires. Plus généralement dans les périodes de pénuries, comme les périodes de guerre ou d'occupation, le troc redevient un mode d'échange fréquent. Les différents tickets de rationnement font particulièrement l'objet d'un troc massif, l'égalité de la distribution de ticket ne correspondant pas à la variété de celles des goûts. Mais les biens rares et d'usage courants jouent un rôle nouveau dans les échanges. Pendant la guerre de 1940, en France occupée, les pneus rechapés, extrêmement rares, comme l'essence, étaient des moyens d'échanges irrésistibles.
6
+
7
+ Les sociétés soviétiques ont toutes connu, à côté des marchés classiques utilisant la monnaie légale, d'importants marchés de troc portant sur des productions personnelles, des biens meubles personnels, ou des biens récupérés sur les lieux de travail.
8
+
9
+ La contestation du rôle de la monnaie a vu l'apparition de systèmes de troc à dimension sociale. Ils sont connus sous le nom de système d'échange local, mais leur proximité avec les systèmes de monnaie locale laisse penser que le but recherché est moins de rejeter la monnaie fiduciaire, que de (re)créer une monnaie du lien[2].
10
+
11
+ Emprunté au latin trochus, et celui-ci au grec τροχός, « roue, cerceau, anneau »[3].
12
+
13
+ Les troques sont des coquilles de mollusques utilisées pour leur nacre et servant de monnaie d’échange[4].
14
+
15
+ Depuis Adam Smith les économistes ont généralement postulé que le troc a été le seul mode d'échange de nombreuses économies anciennes comme celle de l'Égypte des Pharaons ou celle des peuples amérindiens. L'absence de monnaie circulante n'empêchait pas l'usage d'unités de compte. Le faible nombre des productions conduisaient les agents économiques à connaître par cœur les rapports d'échanges entre eux qui étaient généralement fixes et parfois constatés dans des mercuriales. Les indemnités judiciaires étaient également basées sur des rapports de valeurs fixées entre les différents objets usuels, souvent dans l'espace méditerranéen antique la tête de bétail (le plus souvent le bœuf).
16
+
17
+ Les historiens et anthropologues ont une position sensiblement différente. Depuis les années 40, notamment grâce à Karl Polanyi[5], il est expliqué que la relation entre le troc et la monnaie n'est pas celle d'une succession. Au contraire, il est montré que toute société est nécessairement monétaire dans la mesure où les échanges entre les personnes sont avant tout l'expression d'un code social.
18
+
19
+ Cette compréhension du troc a été reprise plus récemment par David Graeber[6], le troc est une invention récente qui suppose la préexistence d'une monnaie : unité de mesure abstraite et universelle. Les économies anciennes (Égypte, Mésopotamie) utilisaient un système monétaire basé sur la dette, elle-même formulée en termes de poids d'argent métal et payée en orge ; la frappe de pièces de monnaie n'est apparue que vers 600 avant notre ère, mais ce n'est que bien plus tard, à l'occasion de pénuries de signes monétaires qu'il existe des preuves tangibles de l'utilisation du troc.
20
+
21
+ Les juristes français tels que Jean Carbonnier[7] expliquent les deux faces du droit et de la monnaie: celle de l'engagement et de l'obligation juridique qui s'ensuit et celle de la libération, par la remise d'un bien juridique, commun à tous, la monnaie[pas clair].
22
+
23
+ Les formes de troc varient grandement selon la nature des biens échangés, le nombre de participants et le déroulement temporel de l'échange.
24
+
25
+ Les biens échangés d'un troc peuvent être matériels, par exemple des ressources minières, des terres, ou encore non matérielles, comme des services, des savoirs, des quotas de pollution, des idées ou même des symboles, comme l'est devenue la monnaie. Ces biens sont divisibles lorsqu'il est possible de les partager, ou indivisibles, comme l'est un billet de banque. Lorsqu'un étalon de mesure permet d'évaluer la quantité d'un bien divisible, ces biens sont mesurables.
26
+
27
+ Le troc est multilatéral, bilatéral lorsqu'il a lieu entre deux participants, ou non-bilatéral entre au moins trois participants. Les cessions de propriété qui réalisent l'échange peuvent être immédiates, ou différés selon des conditions dépendant d’événements futurs.
28
+
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+ L'usage d'un seul médium d'échange réduit les échanges à des cycles bilatéraux, et ramène la concurrence au choix du meilleur prix. Ce médium est la monnaie. Le participant qui cède la monnaie est l' acheteur, celui qui la reçoit est le vendeur. C'est aujourd'hui la transaction économique dominante.
30
+
31
+ La création d'un médium symbolique permet de réduire à des relations bilatérales acheteur-vendeur le problème complexe de recherche de cycles d'échange de valeurs réelles qui intègrent plus de deux acteurs économiques. Si un marché de troc se limite, comme sur un marché classique, à des relations bilatérales, la coïncidence offre-demande est peu probable car on a peu de chance de trouver un partenaire qui accepte ce qu'on fournit et propose en même temps ce qu'on demande. Cette faible liquidité explique pourquoi la plupart des transactions économiques utilisent un médium monétaire.
32
+
33
+ Une multitude de monnaies alternatives apparaissent:
34
+
35
+ Le troc entre entreprises ou « Bartering » existe et se développe d'abord dans les pays anglo-saxons puis en Europe. Selon l'International Reciprocal Trade Association, l'organe de commerce de l'industrie du troc entre entreprises, plus de 400 000 entreprises ont échangé 10 milliards de dollars au niveau mondial en 2008 — et grâce à ces plateformes les échanges commerciaux entre professionnels augmentent en moyenne de 15 % par an dans un contexte économique difficile marqué par moins de liquidités financières[8].
36
+
37
+ D'autres médiums moins symboliques que la monnaie ont ces mêmes qualités, celle de durabilité par exemple, pour les ressources minières non extraites ou les quotas de pollution non produits.
38
+
39
+ Lorsque tous les biens échangés sont mesurables, on peut considérer une variable
40
+
41
+
42
+
43
+ ω
44
+
45
+
46
+
47
+
48
+ {\displaystyle \omega \,\!}
49
+
50
+ comme une autre expression du prix d'une offre; qui est le rapport entre quantité fournie et quantité reçue. cette variable mesure la générosité de l'offre de troc. L'accord bilatéral entre acheteur et vendeur s'exprime par l'identité des prix de leurs offres. Si l'acheteur donne à son offre un
51
+
52
+
53
+
54
+ ω
55
+
56
+
57
+
58
+
59
+ a
60
+
61
+
62
+
63
+
64
+ {\displaystyle \omega \,\!_{a}}
65
+
66
+ et le vendeur un
67
+
68
+
69
+
70
+ ω
71
+
72
+
73
+
74
+
75
+ v
76
+
77
+
78
+
79
+
80
+ {\displaystyle \omega \,\!_{v}}
81
+
82
+ , l'accord s'exprime par l'identité
83
+
84
+
85
+
86
+ ω
87
+
88
+
89
+
90
+
91
+ a
92
+
93
+
94
+ .
95
+ ω
96
+
97
+
98
+
99
+
100
+ v
101
+
102
+
103
+ =
104
+ 1
105
+
106
+
107
+ {\displaystyle \omega \,\!_{a}.\omega \,\!_{v}=1}
108
+
109
+ .
110
+
111
+ Cette apparente complication a l'avantage de se généraliser à des rapports non bilatéraux, puisque pour un cycle de n offres, on peut montrer qu'un accord sur les
112
+
113
+
114
+
115
+ ω
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ i
121
+
122
+
123
+
124
+
125
+ {\displaystyle \omega \,\!_{i}}
126
+
127
+ est possible lorsque
128
+
129
+
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+ n
135
+ =
136
+ 0
137
+
138
+
139
+ i
140
+
141
+ 1
142
+
143
+
144
+ ω
145
+
146
+
147
+
148
+
149
+ i
150
+
151
+
152
+ =
153
+ 1
154
+
155
+
156
+ {\displaystyle \prod _{n=0}^{i-1}\omega \,\!_{i}=1}
157
+
158
+ . Ce produit, qu'on note
159
+
160
+
161
+
162
+ Ω
163
+
164
+
165
+
166
+
167
+ {\displaystyle \Omega \,\!}
168
+
169
+ est sans dimension. Il est supérieur à 1 lorsque les offres du cyle sont plus généreuses que nécessaires, et que les
170
+
171
+
172
+
173
+ ω
174
+
175
+
176
+
177
+
178
+ i
179
+
180
+
181
+
182
+
183
+ {\displaystyle \omega \,\!_{i}}
184
+
185
+ doivent être revus à la baisse pour aboutir à un accord, exprimant une abondance globale à répartir sur le cycle. Dans le cas contraire les
186
+
187
+
188
+
189
+ ω
190
+
191
+
192
+
193
+
194
+ i
195
+
196
+
197
+
198
+
199
+ {\displaystyle \omega \,\!_{i}}
200
+
201
+ doivent être revus à la hausse, traduisant un effort global à répartir sur le cycle. On donne à ce produit
202
+
203
+
204
+
205
+ Ω
206
+
207
+
208
+
209
+
210
+ {\displaystyle \Omega \,\!}
211
+
212
+ le nom de produit collectif. L'équilibrage du troc consiste à répartir également ce produit collectif en ajustant les
213
+
214
+
215
+
216
+ ω
217
+
218
+
219
+
220
+
221
+ i
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+
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+
224
+
225
+
226
+ {\displaystyle \omega \,\!_{i}}
227
+
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+ des participants à une valeur
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+
230
+
231
+
232
+
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+
234
+ ω
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
242
+ i
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+
244
+
245
+ =
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+ ω
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+
248
+
249
+
250
+
251
+ i
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+
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+
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+ .
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+ Ω
256
+
257
+
258
+
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+
260
+
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+
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+
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+ 1
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+ n
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+
266
+
267
+
268
+
269
+
270
+
271
+ {\displaystyle {\omega \,\!'}_{i}=\omega \,\!_{i}.\Omega \,\!^{-{\frac {1}{n}}}}
272
+
273
+ . Il est facile de vérifier que
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+
275
+
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+
277
+
278
+
279
+
280
+ n
281
+ =
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+ 0
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+
284
+
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+ i
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+
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+
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+
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+
292
+ ω
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+
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+
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+
296
+
297
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+
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+ i
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+
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+
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+ =
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+ 1
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+
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+
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+ {\displaystyle \prod _{n=0}^{i-1}{\omega \,\!'}_{i}=1}
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+
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+ .
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+
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+ Lorsque les
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+
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+
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+ ω
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+ i
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \omega \,\!_{i}}
326
+
327
+ sont ajustés de manière empirique, on donne à ce processus le nom de marchandage.
328
+
329
+ Généraliser la règle du meilleur prix à des rapports non-bilatéraux consiste à ordonner les cycles d'échange créés par le dépôt d'une nouvelle offre; en définissant par exemple une fonction réelle à maximiser, dépendant des
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+
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+
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+ ω
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+ i
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+
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+
342
+
343
+ {\displaystyle \omega \,\!_{i}}
344
+
345
+ et indépendante de leur ordre. Il en existe au moins deux :
346
+
347
+ On peut constater que ces deux règles sont équivalentes lorsqu'elles sont appliquées à des relations bilatérales, elles-mêmes équivalentes à la règle du meilleur prix.
348
+
349
+ Comme il est simplement impossible de partager entre moins que deux, la restriction des échanges à des rapports bilatéraux oblige à confondre de ces deux notions de produit individuel et produit collectif fondamentalement différentes du point de vue des rapports humains.
350
+
351
+ Pour les distinguer, il faut construire une place de marché qui explore ces cycles d'échange non-bilatéraux, ce que tente de faire openbarter. Le faible nombre de biens mesurables réellement nécessaires (riz, blé, énergie, quota de pollution, etc.) fait que les cycles d'échange qui ont un poids économique significatif incluent un nombre d'acteurs très réduit. Si l'on restreint ainsi la recherche des coïncidence offres-demandes à des cycles de taille limitée, la complexité de l'algorithmique est bornée, et à la portée de moyens informatiques.
352
+
353
+ Un swap est un échange de cadeaux autour d'un thème donné entre internautes[10]. Le but est de faire plaisir à un inconnu selon ses goûts, et de, peut-être, lier amitié[11]. L'intérêt est aussi de recevoir des cadeaux parmi ses factures dans sa boîte aux lettres. Il ne s'agit surtout pas d'un troc car lors d'un swap, l'effet de surprise est très important.
354
+
355
+ Les règles du swap sont généralement définies par son organisateur[12] :
356
+
357
+ Par exemple, pour le swap à 2 euros, les membres du swap doivent envoyer un objet d'une valeur supérieure à 2 euros. Les participants d'un swap peuvent être répartis en binôme, ou sous forme de chaîne (A envoie à B qui envoie à C, qui envoie à D, etc.).
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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5
+ Troie (en grec ancien Τροία / Troía et en turc Truva) est une cité disparue, à la fois historique et légendaire, située à l’entrée de l'Hellespont, non loin de la mer Égée, en Troade (Asie Mineure), qui correspond, dans l'actuelle Turquie, à Hissarlık.
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7
+ Avec l'Éolide, la Troade était l'une des sous-régions de la Mysie, et elle était également connue sous le nom de Phrygie hellespontique à l'époque achéménide.
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9
+ Mentionnée pour la première fois par Homère, elle est au centre de nombreuses légendes de la mythologie grecque, et notamment de la guerre de Troie à laquelle se rattachent les récits du Cycle troyen.
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11
+ Le nom Troie viendrait du hittite Taruiša (« rivières ») selon les linguistes[1] ou de Tros, le héros de Troie, selon la mythologie ; elle est aussi appelée Teucrie par les poètes, du nom de son premier roi mythique, Teucros de Phrygie, ou encore Ilios (en grec ancien Ἴλιος / Ílios) ou Ilion (en grec ancien Ἴλιον / Ílion), qui selon les linguistes pourrait provenir du hittite Wilusa, et selon la mythologie du nom de son fondateur : Ilos.
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+
13
+ Selon la légende, Dardanos est considéré comme le fondateur de la dynastie des rois troyens. Il fuit le déluge et trouve asile auprès du roi Teucros de Phrygie. Après la mort de Teucros, il devient le seul héritier, en se mariant avec Batia, la fille du roi Teucros. On retrouve le nom de Dardanos pour désigner une tribu thrace ou illyre des Balkans : les Dardanes, ce qui suggèrerait des liens entre l'Europe et les Troyens (sachant que les voisins bythiniens des Troyens étaient des Thraces). Tros, petit-fils de Dardanos, est le héros éponyme de la Troade et de Troie. La ville elle-même est fondée par son fils Ilos.
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+
15
+ Laomédon, le fils d'Ilos, lui succède sur le trône. Poséidon et Apollon, punis par Zeus, ont bâti pour ce roi cruel les murs de Troie, mais n'ont finalement pas reçu le salaire promis et, offensés par le roi, qui les menace de leur couper les oreilles, ils se vengent. Apollon envoie une épidémie de peste, et Poséidon ordonne à un monstre marin de dévorer les habitants et de dévaster les champs en vomissant de l’eau de mer.
16
+
17
+ L’oracle de Zeus, Ammon, conseille à Laomédon de sacrifier sa fille Hésione, en l'abandonnant nue, avec ses seuls bijoux, sur le rivage de la Troade, afin qu'elle soit dévorée par le monstre.
18
+
19
+ C’est ainsi qu’Héraclès, qui suivait Jason à la recherche de la toison d'or en Colchide, trouve Hésione enchaînée à un rocher sur le rivage de Troie, entièrement nue et parée de ses seuls bijoux. Il brise ses chaînes et offre de tuer le monstre marin en échange de deux chevaux blancs immortels, que Zeus avait offerts à Tros, le grand-père de Laomédon, pour le prix de l'enlèvement de Ganymède[2].
20
+
21
+ Les Troyens construisent alors un haut mur à quelque distance du rivage. Lorsque le monstre atteint le mur, il ouvre ses énormes mâchoires, et Héraclès s'engage armé dans la gorge du monstre. Après trois jours, il sort victorieux du ventre du monstre. Laomédon aurait alors trompé Héraclès en substituant deux chevaux ordinaires aux chevaux immortels promis. Héraclès s'embarque très en colère après avoir menacé de mener la guerre contre Troie.
22
+
23
+ Celui-ci recrute des soldats à Tirynthe et affrète des bateaux (6 à 18, suivant les sources) ; il compte parmi ses alliés Iolaos, Télamon, Pélée, Oïclès l'Argien, Déimaque le Béotien.
24
+ Il débarque près de Troie, en confiant la garde des navires à Oïclès. Laomédon envoie le peuple équipé d'épées et de torches brûler les navires d'Héraclès, mais Oïclès résiste jusqu'à son dernier souffle et permet à ceux-ci de reprendre la mer.
25
+
26
+ Héraclès ordonne l’assaut immédiat de la ville, et c'est Télamon qui réussit à créer une brèche dans la muraille et à pénétrer dans la ville. Héraclès tue Laomédon et tous ses fils, à l'exception du jeune Podarcès. Hésione est attribuée à Télamon en récompense ; elle a la permission de racheter le prisonnier de son choix, et achète son frère Podarcès pour le prix du voile d'or qu'elle porte au front. Ceci vaut à Podarcès le nom de Priam, qui signifie « racheté ».
27
+
28
+ Après avoir brûlé la ville et dévasté les environs, Héraclès s’éloigne de la Troade avec Glaucia, fille du fleuve Scamandre, et en laissant Priam sur le trône.
29
+
30
+ L’histoire légendaire de la guerre entre Hellènes et Troyens est le sujet de l’Iliade d'Homère, des épopées du cycle troyen et l'un des sujets de l’Énéide de Virgile, dans laquelle Énée doit abandonner Troie, événement qui mène très indirectement à la fondation de Rome, récit apocryphe servant bien entendu à l'édification de l'Empire romain.
31
+
32
+ L’origine de la guerre de Troie est l'enlèvement par Pâris, prince troyen, d’Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte. Pour punir les Troyens, les rois grecs se coalisent et mettent le siège devant la cité. Au bout de dix ans de siège, les Grecs pénètrent dans la ville grâce à la ruse d'Ulysse : le cheval de Troie.
33
+
34
+ Durant ces événements, le roi de Troie est Priam, et la reine est Hécube.
35
+
36
+ La mythologie comparée consiste à comparer des récits et des mythes entre eux, et à rechercher les projections de ces mythes à l'intérieur d’une même sphère socio-linguistique, suivant en cela Georges Dumézil. Cette comparaison est de nos jours facilitée par la numérisation des textes et leur traitement selon leurs caractéristiques, permettant de déceler la diversité des sources et la chronologie des interpolations.
37
+
38
+ Selon cette analyse, aucun élément concernant la guerre de Troie n’est démontrable : elle ne serait qu’un mythe héroïsé, une agrégation d’archétypes récurrents plaqués sur des réalités géographiques et historiques (les nombreux conflits d’époques différentes que l’archéologie révèle sur le site)[3].
39
+
40
+ Au début du XVIIe siècle, Maïer contestait déjà le caractère historique du siège de Troie, pour lui préférer un sens purement allégorique : « Par le siège de Troie et sa réduction en cendres, Homère n'a, mystiquement et occultement, rien voulu entendre d'autre que la période et le contour du vase philosophique où la matière du principe (c'est-à-dire Hélène et Pâris) est contenue, étroitement recluse par son feu qui l'entoure, vaporeux et digérant[4]. » Cette interprétation n'était pas entièrement nouvelle, car elle s'inspirait de l'œuvre de l'alchimiste Basile Valentin[5] ; mais Maïer est le premier à se servir du sens allégorique pour réfuter le sens historique. Ses arguments seront repris par d'autres philosophes[6]. De leur côté, les Byzantins tels que Michel Psellos, Jean Tzétzès et Christophe Contoléon, voyaient en la ville de Troie une image de « ce bas monde » ou du « corps humain »[7].
41
+
42
+ Selon l’Iliade, Troie était située sur les deux sources du Scamandre, l'une dégageant des vapeurs chaudes, et l'autre glacée. Cependant, lorsque les habitants grecs d'Ilion revendiquèrent l'héritage troyen, ils furent qualifiés de vaniteux. De plus, le géographe grec Strabon déclara que le site véritable se trouvait à 5,6 km de là, au « village des Troyens ».
43
+
44
+ Au printemps 334 avant notre ère, Alexandre de Macédoine franchit les Dardanelles avec son armée et il amorce ainsi la conquête de l'Empire perse. Il s'arrête sur le site supposé de Troie[8].
45
+
46
+ Le voyageur français Lechevalier affirma, à la fin du XVIIIe siècle, que Troie était le village de Bunarbashi (ce nom signifie « tête de source »), qui se trouvait au pied d'une colline rocheuse d'où jaillissaient plusieurs sources. Pendant deux générations, les chercheurs oublièrent que ces sources avaient la même température (mais il est vrai que de tels phénomènes géophysiques sont rarement pérennes). Heinrich Schliemann lui-même ne trouva pas trace de la ville à cet emplacement et se rabattit sur la colline d'Hissarlik, une éminence située à 4,8 km de la côte entre deux fleuves, nommés Simoïs et Scamandre dans l’Iliade (aujourd’hui Dımbrek et Kara-Menderes).
47
+
48
+ Comme souvent les légendes anciennes et les réalités topographiques modernes ne concordent pas exactement, même si des convergences existent. Cependant, le site d’Hissarlık est aujourd’hui reconnu sous le nom de « site archéologique de Troie » par l’UNESCO, qui l’a inscrit sur la liste de son patrimoine mondial en 1998.
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+ 3 (trois) est l'entier naturel qui suit 2 et qui précède 4.
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+ Dans un grand nombre de cultures, trois est le plus grand nombre écrit avec autant de lignes que le nombre représente. Même les Romains ont remplacé le nombre 4 écrit sous la forme IIII par la forme soustractive IV ; aujourd'hui en chinois, 3 est écrit avec trois lignes. C’est la manière dont les brahmanes hindous l'ont écrit, et les Gupta en ont fait trois lignes plus incurvées. Les Nagari ont commencé à effectuer une rotation des lignes dans le sens horaire et ont fini chaque ligne avec une légère boucle vers le bas sur la droite. Puis, ils connectèrent ces boucles avec les lignes du dessous, et le développèrent en un caractère qui ressemble beaucoup au 3 moderne avec une boucle supplémentaire à la base. Ce furent les Arabes occidentaux, qui, dans les chiffres dits ghûbar[1], éliminèrent finalement la boucle supplémentaire et créèrent notre 3 moderne. La boucle « supplémentaire », néanmoins, fut très importante pour les Arabes orientaux, ils l'ont faite plus longue, tout en faisant une rotation des boucles du dessous pour les lier le long de l'axe horizontal, et jusqu'à aujourd'hui, les Arabes orientaux écrivent un 3 qui ressemble à un 7 renversé avec des crêtes sur sa ligne de sommet (۳). La lettre ej (ʒ) est parfois utilisé pour écrire la forme numérique de 3.
10
+
11
+ La graphie « 3 » n'est pas la seule utilisée dans le monde ; un certain nombre d'alphabets — particulièrement ceux des langues du sous-continent indien et du sud-est asiatique — utilisent des graphies différentes.
12
+
13
+ graphie du nombre 3 sur un afficheur 7 segments.
14
+
15
+ Le nombre 3 est :
16
+
17
+ En base dix, les fractions dont le dénominateur comporte le facteur 3 ont un chiffre unique qui se répète dans leurs développements décimaux, (, 000… ,333… ou, 666… ou, 999…).
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+
19
+ Un nombre naturel est divisible par trois si la somme de ses chiffres en base dix est divisible par 3. Par exemple, le nombre 21 est divisible par trois (3 fois 7) et la somme de ses chiffres est 2 + 1 = 3.
20
+
21
+ Un nombre élevé à la puissance trois est un cube.
22
+
23
+ Les puissances entières successives de 3 sont : 1, 3, 9, 27, 81, 243, 729, 2187, 6561 ...
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+
25
+ Beaucoup de cultures humaines ont donné au concept de triplet des sens symboliques.
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27
+ Un groupe de trois est souvent appelé triade, trinité, trilogie, trio ou triplet.
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+ Les croisades du Moyen Âge sont des expéditions militaires organisées pour pouvoir mener le pèlerinage des chrétiens en Terre sainte[1] afin d'aller prier sur le Saint-Sépulcre[2]. À cette époque, elles sont d'ailleurs conçues comme une forme très particulière de pèlerinage, un « pèlerinage en armes »[2]. Elles ont été prêchées par des papes, par des autorités spirituelles de l'Occident chrétien comme Bernard de Clairvaux, ou par des souverains comme Frédéric Barberousse.
6
+
7
+ La première croisade est lancée en 1095 par le pape Urbain II pour rétablir l'accès aux lieux de pèlerinages chrétiens en Terre sainte, autorisé jusque-là par les Arabes Abbassides, mais interdit par les nouveaux maîtres de Jérusalem à partir de 1071, les Turcs Seldjoukides, de nouveaux venus provenant des steppes de l'Asie. À l'époque, Jérusalem n'était plus aux mains des chrétiens depuis de nombreux siècles. La croisade répond aussi à une demande de l'empereur d'Orient, inquiet de l'expansion turque qui menace son empire[2].
8
+
9
+ Cette première croisade aboutit à la fondation des États latins d'Orient, dont la défense va motiver les sept principales croisades ultérieures, de 1147 à 1291, date de la perte du dernier port encore contrôlé par les chrétiens en Orient, Saint-Jean-d'Acre. Toutefois, dès 1187, moins d'un siècle après sa conquête, les musulmans reprennent définitivement Jérusalem grâce à Saladin, même si les croisés gardent la haute main sur de vastes régions[2].
10
+
11
+ À partir de la quatrième croisade, qui s'empare de Constantinople en 1204, l'idée est parfois dévoyée : des expéditions sont organisées par le pape contre ses opposants chrétiens (Albigeois, Hohenstaufen, Aragon ou encore Hussites au XVe siècle…) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien provisoire des États latins d'Orient, ces croisades n'ont plus pour objectif Jérusalem.
12
+
13
+ Les croisés ne firent pas de conquêtes durables, se désintéressèrent de la question une fois que Saladin eut rétabli l'accès aux pèlerinages, hormis pour ceux qui s'étaient installés sur place, et en fin de compte affaiblirent les chrétiens d'Orient plus qu'ils ne les aidèrent.
14
+
15
+ Les cités marchandes italiennes ont retiré d'immenses profits économiques des croisades, et développé dans la foulée des liens entre les places commerciales européennes. Parallèlement, c'est également à cette période que fait son apparition la violence anti-juive en Europe[2].
16
+
17
+ La période dite des croisades couvre, selon la définition traditionnelle, les expéditions en Terre sainte, de 1095 à 1291, c'est-à-dire du concile de Clermont à la prise de Saint-Jean-d'Acre. Des historiens la prolongent jusqu'à la bataille de Lépante (1571), en y incluant donc la Reconquista espagnole et toutes les guerres contre les Infidèles et les hérétiques sanctionnées par la papauté, qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences.
18
+
19
+ Pour L'historien Jacques Le Goff, ces croisades sont une forme pervertie de la foi[3]. Il partage l'opinion de Steven Runciman : « Les hauts idéaux de la croisade ont été gâtés par la cruauté et la cupidité, la hardiesse et la résistance aux épreuves par une dévotion aveugle et étroite, et la Guerre sainte n'a rien été de plus qu'un long acte d'intolérance au nom de Dieu, ce qui est le péché même contre l'Esprit »[4].
20
+
21
+ Le terme « croisade » n'apparaît pas avant le milieu du XIIIe siècle en latin médiéval (seulement vers 1850 dans le monde arabe) et est rarement utilisé à cette époque[5]. Les textes médiévaux parlent le plus souvent de « voyage à Jérusalem » (iter hierosolymitanum) ou encore de peregrinatio, « pèlerinage »[5]. Plus tard, sont aussi employés les termes de auxilium terre sancte, « aide à la Terre sainte », expeditio, transitio ainsi que « passage général » (expéditions d'armées nationales), « passage régulier » et « passage particulier », ces passages étant des incursions ponctuelles (plus ou moins locales, de brigandage et pillage) et non les « guerres saintes » et « grandes expéditions » que sont les croisades[5].
22
+
23
+ Le terme de croisade n'apparaît que tardivement en français : le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) fait remonter l'expression « soi cruisier » (se croiser) à la Vie de St Thomas le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxence datée de 1174, et « croiserie » en ancien français apparaît dans la chronique de Robert-de-Clari durant la quatrième croisade (1204), tandis que l'on trouve l'espagnol cruzada dans une charte en Navarre de 1212. En réalité, ces termes sont des substantifs de l'adjectif crucesignatus, « croisé » (littéralement « marqué par la croix ») qui, lui, apparaît dans la chronique d'Albert d'Aix (sans doute écrite, pour sa première partie, dès 1106) ou du verbe crucesignare, prendre la croix, qui est fréquent au XIIe siècle.
24
+
25
+ Le terme à proprement parlé de « croisade » apparaît selon le TLFi dans les Chroniques de Chastellain datées d'avant 1475, notant qu'il s'agit d'un substitut de termes proches tels que « croisement », « croiserie » ou « croisière » qui sont plus anciens ; le Dictionnaire historique de la langue française note une première apparition du mot vers 1460 et note également qu'il dérive de « croisement », que l'on rencontre avant la fin du XIIe siècle.
26
+
27
+ Il est donc clair que ce que nous appelons « première croisade » n'était pas connue sous cette dénomination par ses contemporains.
28
+
29
+ Du point de vue musulman, les croisades ne sont d'ailleurs pas perçues comme une nouveauté, mais comme la continuation de la lutte contre l'Empire romain d'Orient[6], qui durait depuis plusieurs siècles. Pourtant, il est aussi évident que les contemporains ont eu très tôt conscience que la croisade n'était pas un simple pèlerinage armé ni une opération militaire comme les autres mais bien une réalité différente, alliant les caractéristiques du pèlerinage à Jérusalem aux impératifs d'une guerre pour la défense de la foi[réf. nécessaire].
30
+
31
+ Jérusalem restait pour les chrétiens le centre du monde spirituel terrestre. Le pèlerin pouvait s'y recueillir devant le calvaire et le Saint-Sépulcre. La « vraie Croix » y était vénérée[7]. Parmi les fidèles se répandait même l'idée que le pèlerinage lavait les péchés.
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33
+ La conquête de la Palestine par les Arabes (Jérusalem fut prise en 638) n'affecta guère les pèlerinages vers les lieux saints ; les Fatimides imposèrent simplement une redevance aux pèlerins[8]. Les dangers à braver en chemin faisaient partie de la spiritualité du pèlerinage. Avec la fin de la piraterie dans la seconde moitié du Xe siècle, le flux des pèlerins s'amplifia. En 1009, le calife fatimide du Caire, al-Hakim, fit détruire le Saint-Sépulcre[8]. Son successeur permit à l'Empire byzantin de le rebâtir, et les pèlerinages furent à nouveau autorisés.
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+ Ainsi, lors de l'invasion arabe, les chrétiens ne songèrent guère à reprendre le contrôle des lieux saints[2]. L'Occident chrétien n'en n'avait ni la force ni même le désir, et les relations avec les musulmans qui gouvernaient en Terre sainte étaient dans l'ensemble assez bonnes[2].
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+ À l'approche du millénaire de la mort du Christ (1033), le flot des pèlerins augmenta encore. De nombreux monastères furent construits dans la ville. Les plus riches pèlerins étaient parfois dépouillés par les bédouins[9], et certains groupes de pèlerins s'organisèrent en véritables troupes armées. En 1045, l'abbé Richard emmenait avec lui sept cents compagnons qui ne purent arriver que jusqu'à Chypre. L'historien Jacques Heers[10] mentionne un pèlerinage d'une troupe importante, conduite en 1064 par Siegfried, archevêque de Mayence, attaquée et presque entièrement décimée à Ramallah par des Bédouins le 25 mars 1065.
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+ Surtout, la prise de Jérusalem par les Turcs Seldjoukides aux Arabes Fatimides en 1071 font de la Terre sainte un endroit plus dangereux qu'auparavant, serait-ce que parce que les nouvelles élites turques converties à l'islam sont moins cultivées, moins tolérantes et plus belliqueuses que les élites arabes[2]. L'historien Robert Mantran indique toutefois que des pèlerinages, dont six entre les années 1085 et 1092, semblent s'être déroulés sans difficultés particulières[11].
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+ L'histoire des croisades s'inscrit à la suite d'une longue période de lutte défensive contre les invasions sarrasines.
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+ Dès le VIIIe siècle, la chrétienté occidentale est confrontée à l'expansion de l'islam ; la péninsule ibérique est occupée et le royaume franc est envahi jusqu'à Poitiers. Une première phase de présence des armées omeyyades est enregistrée entre 719 et 759 dans la province de Septimanie, avec Narbonne pour capitale.
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+ Du IXe siècle au XIe siècle, les côtes méditerranéennes continuent à subir les assauts répétés de bandes armées bien organisées. Malgré l'extension de l'empire carolingien et sa puissance certaine, la Méditerranée reste dominée par la piraterie musulmane. Le contrôle de la Sicile, de la Corse, des îles Baléares et de la péninsule ibérique leur permet une grande mobilité au long des côtes de Septimanie, de Provence, et du sud de l'Italie où ils mènent des raids et des razzias profondément à l'intérieur des terres[12]. Entre 890 et 973, une seconde phase de présence musulmane s'établit en Provence pendant près de 80 ans, au cours de laquelle ils établirent plusieurs camps fortifiés[13]. Au XIe siècle, l'affaiblissement des structures politiques du califat fatimide permet aux chrétiens la reconquête progressive des terres occupées. La Sicile repasse ainsi sous domination chrétienne dans la seconde moitié du XIe siècle.
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+ Les Romains d'Orient (dits « byzantins » depuis le XVIe siècle) parlaient grec, étaient chrétiens, mais restaient attachés à la Pentarchie et ne reconnaissent pas la primauté de Rome depuis la querelle du Filioque en 1054 (séparation des Églises d'Orient et d'Occident).
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+ À l'époque de la première croisade, les Byzantins nommaient les Occidentaux « Francs » ou « Celtes », mais les Occidentaux qu'ils connaissaient le mieux étaient les Normands. D'abord employés comme mercenaires, appréciés par les généraux byzantins pour leur courage et leur cohésion, ils s'émancipèrent rapidement. En 1071, ils réalisent la conquête de toute l'Italie du Sud[14] où ils fondent un royaume indépendant. De 1081 à 1085, ils mènent une série d'attaques contre la Grèce sous la direction de Robert Guiscard.
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+ Afin de faire face à ses nouveaux ennemis, Turcs seldjoukides, l'empereur byzantin demande l'aide de troupes occidentales. Au concile de Plaisance de juin 1095, les ambassadeurs de l'empereur byzantin Alexis Comnène réclament aux Occidentaux une assistance militaire pour lutter contre les Turcs. Byzance n'appelle pas pour autant à la croisade pour délivrer Jérusalem : lutter contre les menaces présumées des Arabes et certaines des Turcs est avant tout une question de défense de l'Empire[15].
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+ D'ailleurs, si la pénétration des Seldjoukides en Asie mineure byzantine s'était accompagnée de plusieurs pillages et exactions contre les populations locales, en Syrie, déjà sous domination musulmane, l'arrivée des Turcs suscite moins de brutalité[16] et les chrétiens locaux ne semblent pas demander d'aide.
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+ À la fin du XIe siècle, le Proche-Orient est divisé. Au Sud, les Fatimides chiites sont au pouvoir en Égypte et contrôlent une partie de la Palestine. Le reste du Proche-Orient est sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade converti à l'islam sunnite au IXe siècle qui a mis fin à l'empire arabe et d'une manière générale à la suprématie des Arabes ; Arabes absents des croisades pour cette raison. En 1055, les Seldjoukides prennent le contrôle du califat abbasside à Bagdad[17]. Après la victoire de Mantzikert en 1071, les Turcs atteignent le Bosphore, mais très tôt, l'Empire seldjoukide est divisé en une série de principautés rivales dont la principale était le sultanat de Roum. La Syrie est aussi divisée en plusieurs États indépendants autour d'Alep, de Damas, de Tripoli, d'Apamée et de Shaizar.
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+ Au Proche-Orient les divisions sont d'ordre religieux et ethnique. Les Turcs sunnites sont minoritaires. La population arabe était de confession chiite, ismaélienne ou chrétienne[18]. Les chrétiens sont eux-mêmes de différentes tendances : orthodoxes, melkites, et monophysites. Il y a des Arméniens en Syrie du Nord. Pour ces populations musulmanes ou chrétiennes, les croisades sont des expéditions militaires de secours après l'invasion musulmane, expéditions auxquelles ils prennent part en faisant entrer les croisés dans Antioche, ou pendant la traversée du Liban avant le siège de Jérusalem[Lequel ?][19].
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+ L'affaiblissement de l'islam a permis l'essor du commerce par les villes italiennes en Méditerranée. Venise, Bari et Amalfi nouent des liens avec l'Orient, et, Pise et Gênes ont chassé les Sarrasins de la mer Tyrrhénienne[20]. La Méditerranée devient un lac latin. Les villes italiennes créent des comptoirs de commerce fructueux, qu'elles réussiront à conserver après la fin des croisades. Elles détournent à leur profit le commerce entre Orient et Occident. Les croisades sont une étape décisive de l'essor de l'Occident chrétien et du déclin du monde arabe amorcé dès le Xe siècle en Orient.
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+ Vingt ans après la prise de Jérusalem aux Arabes par les Turcs et six mois après le concile de Plaisance, Urbain II convoque un concile à Clermont en 1095 auquel participent surtout des évêques francs. Un des canons du concile promet l'indulgence plénière, c'est-à-dire la remise de la pénitence imposée pour le pardon des péchés (et non la rémission des péchés) à ceux qui partiront délivrer Jérusalem. Pour clore le concile, au cours d'un célèbre prêche public le 27 novembre 1095, Urbain appelle aux armes toute la chrétienté. Il évoque les « malheurs de chrétiens d'Orient ». Il appelle les chrétiens d'Occident à cesser de se faire la guerre et à s'unir pour combattre les « païens[réf. nécessaire] » et délivrer les frères d'Orient. Il ne cache pas les souffrances qui attendent les pèlerins[21]. À cet appel lancé directement aux chevaliers sans passer par les rois, la foule enthousiaste répond : « Deus lo volt » (Dieu le veut) et décide de prendre la croix, c'est-à-dire fait vœu d'aller à Jérusalem. Le signe de ce vœu est une croix de tissu, symbole de renoncement et d'appartenance à la nouvelle communauté des pèlerins en armes dotés de privilèges. On appelle ceux qui la portent les cruce signati[N 1].
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+ Urbain II essaie alors de tempérer l'enthousiasme que son appel a suscité et qu'il juge déraisonnable : les clercs ont interdiction de partir sans le consentement de leur supérieur, les jeunes maris sans celui de leur femme et les laïcs sans celui d'un clerc. Urbain II reste dix mois de plus en Francie occidentale pour y prêcher la croisade. Son appel s'adresse surtout à son milieu d'origine, la noblesse franque du Sud de la Loire. Mais à l'été 1096, les contingents réunis dépassent largement ce cadre[22]. Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et son frère Baudouin de Boulogne ont rejoint l'expédition, ainsi que le frère du roi, Hugues de Vermandois, Robert II de Normandie et Étienne de Blois. Bohémond, fils aîné de Robert Guiscard, décide lui aussi de se « croiser ». Le départ est fixé au 15 août 1096.
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+ Le succès considérable, qui parait peu explicable dans l'état d'esprit actuel du moins, pourrait avoir, disent certains, des explications matérielles : le mouvement de paix et le resserrement des liens vassaliques limitent les possibilités d'aventure en Occident. En partant en croisade, le chevalier peut ainsi garder sa possibilité de salut sans renoncer pour autant au métier des armes[23]. Il convient toutefois d'observer que le départ en croisade est très couteux, certains croisés vendent leurs biens pour s'équiper à cette fin et subissent un préjudice grave du fait de leur longue absence. Jacques Heers précise dans L'islam cet inconnu que les croisés « quittaient leurs biens et leurs familles pour se mettre au service de Dieu »[réf. nécessaire].
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+ De nombreux prédicateurs populaires relaient l'appel de la croisade. Le plus connu est Pierre l'Ermite. Beaucoup attendant l'Apocalypse partent sans espoir de retour avant la date officielle fixée par le pape. Pierre l'Ermite commence sa prédication dans le Berry, puis l’Orléanais, la Champagne, la Lorraine et la Rhénanie, emmenant dans son sillage quinze mille pèlerins, encadrés par des nobles et des chevaliers dont Gautier Sans-Avoir. Arrivé à Cologne le 12 avril 1096, il continue de prêcher auprès des populations germaniques, tandis que Gautier Sans-Avoir conduit les pèlerins en direction de Constantinople[24].
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+ Des bandes parties de Rhénanie s'acharnent au départ sur les communautés juives des villes rhénanes, cherchant à les convertir de force. Le refus du baptême est, pour le peuple, considéré comme une insulte à Dieu pouvant attirer sa colère sur les hommes[25]. Présents depuis des siècles, les Juifs deviennent soudain des étrangers et des assassins du Christ qu'il convient de punir avant de délivrer les lieux saints comme Jérusalem [26]. Peut-être douze mille Juifs ont-ils péri en 1096[27]. Certains évêques protègent la communauté de la ville[28],[29]. Le pape condamne ces violences, souvent l'œuvre de la lie de la société. Il ne semble pas que Pierre l’Ermite ait appelé à persécuter les Juifs, mais les terreurs créées par les pogroms commis en Germanie lui permettent d'obtenir des communautés juives des régions qu’il traverse le ravitaillement et le financement des croisés.
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+ Ayant persuadé un certain nombre de Germaniques à partir, Pierre l'Ermite quitte Cologne à la tête d’environ douze mille croisés le 19 avril 1096 et traverse le Saint-Empire et la Hongrie en suivant le Danube. Sur le chemin, les troupes dirigées par Pierre l'ermite se livrent à des confrontations locales dans Belgrade et dans le faubourg de Constantinople, incapables de s'acheter par leur propres moyens leur nourriture. Les groupes partis du Nord de Francie occidentale et de Rhénanie en avril 1096, arrivent sans trop de difficultés à Constantinople quelques mois plus tard. Mais la plupart des groupes germaniques ne sont jamais arrivées à Constantinople, anéanties ou dispersées par les troupes hongroises[28].
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+ Quatre armées de chevaliers partent à la date prévue. Celle de la Francie du Nord et de la Basse-Lorraine, conduite par Godefroy de Bouillon suit la route du Danube. La deuxième armée venant des régions du Sud de la Francie, dirigée par le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, et le légat du pape, Adhémar de Monteil passe par la Lombardie, la Dalmatie et le Nord de la Grèce. La troisième, d'Italie méridionale, commandée par le prince normand Bohémond gagne Durazzo par mer. La quatrième, de la Francie centrale, dont les chefs sont Étienne de Blois et Robert de Normandie passe par Rome[30].
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+ Si les premières arrivées se passent bien, au fur et à mesure que les troupes croisées arrivent, les incidents se multiplient. Les croisés se livrent à des pillages et à des violences[31]. L'empereur Alexis Ier Commène cherche à obtenir un serment d'allégeance de la part des chefs croisés, et à rendre à l'empire toutes les terres qui lui appartenaient avant l'invasion turque. La plupart acceptent[32]. Les croisés assiègent Nicée qui est rendue en juin 1097 aux Byzantins. Ils battent plusieurs émirs turcs en marchant à travers l'Anatolie, traversent le Taurie, parviennent en Cilicie et mettent le siège devant Antioche le 20 octobre 1097[33].
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+ Les croisés manifestent des ambitions territoriales pour leur propre compte. Baudouin de Boulogne aide l'arménien Thoros à secouer la tutelle turque à Édesse et devient son héritier. Le siège d'Antioche est long et difficile. Les croisés développent un fort ressentiment contre les Byzantins qu'ils accusent de double jeu avec les Turcs. Bohémond réussit à faire promettre aux combattants qu'il prendrait possession de la ville, s'il y entrait en premier et si l'empereur byzantin ne venait pas lui-même prendre possession de la ville. Grâce à une complicité intérieure, il parvient à entrer dans la ville. Aussitôt les assiégeants se retrouvent assiégés par les Turcs et subissent un siège très éprouvant. L'armée de secours, dirigée par Bohémond parvient à vaincre les Turcs sans l'aide de l'empereur. Les croisés s'estiment déliés de leur serment de leur fidélité et gardent la ville pour eux[34].
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+ Pendant l'été, les chefs croisés prennent le contrôle des places-fortes dans les régions voisines d'Antioche. L'historien arabe Ibn Al Athir rapporte que de nombreux actes de barbarie ont été perpétrés par de très nombreux croisés fanatisés. C'est le cas lors de la prise de Maara (Maarat al'Nouman) où la population est massacrée malgré la promesse de Bohémond de laisser la vie sauve à ses habitants. « A l'aube, les Franj arrivent : c'est le carnage. Pendant trois jours ils passèrent les gens au fil de l'épée »[35].
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+ Mais le plus terrifiant reste ces actes de cannibalisme rapportés par le chroniqueur franc Raoul de Caen « A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur des broches et les dévoraient grillés » ou par un autre chroniqueur franc Albert d'Aix « Les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turcs et les Sarrasins tués mais aussi les chiens ! »[36]. Le supplice de la ville de Maara ne prend fin que le 13 janvier 1099 (soit environ un mois après la prise de la ville), lorsque des centaines de Franj armés de torche parcourent les ruelles, mettant le feu à chaque maison. Ce terrible épisode contribue à creuser entre les Arabes et les Franj un fossé que plusieurs siècles ne suffisent pas à combler. Les populations paralysées par la terreur ne résistent plus et les émirs syriens s'empressent d'envoyer aux envahisseurs des émissaires chargés de présents pour les assurer de leur bonne volonté, leur proposer toute l'aide dont ils auraient besoin.
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+ L'armée ne prend la route de Jérusalem qu'en janvier 1099[37]. Les chrétiens syriens indiquent la route la plus sûre aux chevaliers latins. Ils descendent le long de la côte, prenant plusieurs villes. Ils prennent Bethléem le 6 juin et assiègent Jérusalem le lendemain. Par une ironie de l'histoire, les Arabes avaient entretemps repris la ville aux Turcs[réf. souhaitée]. Les croisés manquent d'eau, de bois, d'armes et ne sont pas assez nombreux pour investir la ville. Une expédition à Samarie et l'arrivée d'une flotte génoise à Jaffa leur fournissent tout ce qui leur manque.
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+ Jérusalem est prise le 15 juillet 1099 après un assaut de deux jours. Une fois les croisés entrés dans la ville, de nombreux habitants furent tués jusqu'au matin suivant. Le bilan humain varie selon les sources : pour les auteurs chrétiens, 10 000 morts, pour les musulmans, de 30 000 à 50 000. Le gouverneur de Jérusalem s'était barricadé dans la Tour de David, qu'il donna à Raymond en échange de la vie sauve pour lui et ses hommes. Ils purent se rendre à Ascalon avec la population civile musulmane et juive survivante.
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+ Un certain nombre de pèlerins après avoir accompli leurs dévotions prirent le chemin de retour. Ils ont délivré Jérusalem, et donc accompli leur vœu. D'autres croisés s'apprêtèrent à rester en Orient. Godefroy de Bouillon fut élu par les siens comme prince de Jérusalem. Godefroi n'a joué aucun rôle décisif pendant la croisade mais les barons préférèrent ce conciliateur sans ambition à l'impétueux et intransigeant Raymond de Saint-Gilles désigné par le pape comme chef militaire de la croisade[38]. Il refusa d'être nommé roi du royaume de Jérusalem. Il dit : « Je ne porterais pas une couronne d'or, là où le Christ porta une couronne d'épines ». Il prit alors le nom d'Avoué du Saint-Sépulcre, soit advocatus Sancti Sepulchri, réservant les droit éminents du nouvel État à l'Église. En septembre, il resta seul dans ses nouvelles possessions avec seulement trois cents chevaliers et deux mille piétons. Les établissements francs étaient très isolés les uns des autres et mal reliés à la mer[39]. Jérusalem devint la capitale du royaume latin de Jérusalem qui s'étendait jusqu'à la mer Rouge et à l'isthme de Suez. Repeuplée de chrétiens, elle était le siège des ordres militaires du Temple de Jérusalem et de l'hôpital de Saint-Jean, ainsi qu'un site actif de pèlerinage. Jérusalem devint alors une cité romane. Le Saint-Sépulcre fut reconstruit en 1149. Une citadelle fut édifiée, dite tour de David[40]. Chrétiens d'Orient et Latins cohabitèrent sans trop de difficultés.
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+ En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem provoqua le départ de nouvelles armées dépassant parfois le millier d'hommes. Mais faute d'ententes, ces croisades échouèrent toutes en Anatolie, face aux Turcs qui avaient provisoirement refait leur unité. La mer devint alors le seul moyen de communication avec l'Occident. L'archevêque Daimbert de Pise, arrivé à Jaffa avec cent vingt bateaux, se fit nommer patriarche latin de Jérusalem, et suzerain de la principauté d'Antioche et du royaume de Jérusalem, se fit attribuer un quart de Jérusalem et la totalité de Jaffa. Godefroi, de son côte promit aux Vénitiens qui venaient de prendre Haïfa, le tiers de toutes les villes qu'ils aideraient à conquérir[41]. Des contingents, norvégiens, arrivés eux aussi par bateau aidèrent également les croisés établis en Terre sainte à occuper les villes de la côte[30].
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+ Quelques mois plus tard, après la mort de Godefroi, son frère Baudouin, comte d'Édesse, se fit couronner Roi de Jérusalem par le patriarche latin de la ville. Il étendit le royaume de Jérusalem par les conquêtes d'Arsouf, de Césarée, de Beyrouth et de Sidon. De son côté, Raymond de Toulouse fit la conquête, avec l'aide de Gênes du comté de Tripoli[42]. Les marchands italiens, d'abord réticents à l'idée d'une aventure guerrière risquant de détériorer leurs relations commerciales avec l'Orient, commencèrent à voir dans les croisades un moyen d'élargir le champ de leurs activités et d'acheter les produits d'Orient à leur source, sans passer par l'intermédiaire des musulmans ou des Byzantins[43].
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+ À partir de 1128, l'Islam reprit l'initiative autour des souverains de Mossoul, l'atabeg Zengi. Le pape Calixte II songea à organiser une nouvelle croisade pour secourir les Latins d'Orient mais son appel demeura sans suite. Cependant, durant tout le XIIe siècle, des pèlerins, individuellement ou en groupe, accomplirent le pèlerinage vers Jérusalem et secoururent les Francs[30]. Zengi parvint à reprendre Édesse.
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+ L'initiative de la croisade revient au roi Louis VII. Il désirait se rendre en pèlerinage à Jérusalem pour expier ses fautes[44] : un crime dont le souvenir le tourmentait : l’incendie de l'église de Vitry-en-Perthois dans laquelle plus de mille personnes trouvèrent la mort[45]. Il obtient du pape la nouvelle promulgation d'une bulle de croisade, jusque-là sans effet. La prédication revient à Bernard de Clairvaux à Vézelay le 31 mars 1146 puis à Spire. En Germanie, la prédication populaire d'un ancien moine cistercien provoque une nouvelle flambée de violence contre les Juifs que Bernard de Clairvaux parvient à stopper[46].
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+ Les armées franques et germaniques réunissent plus de 200 000 croisés, dont une bonne part d'éléments populaires particulièrement indisciplinés et prompts à la violence, principalement dans l'armée de Conrad III, l'empereur germanique. Une grande partie n'est pas composée de soldats mais de civils : des gens pauvres, qui se sont croisés pour se faire pardonner leurs péchés et assurer leur salut dans la vie éternelle. Il n'est donc guère surprenant que l'empereur germanique ait eu peu de contrôle sur une telle armée. Conrad III part de Ratisbonne en mai 1147 suivant la rive du Danube en direction d’Édesse. Les Francs, ayant à leur tête Louis VII, partent de Paris un mois plus tard, soit en juin 1147, par le même chemin que les troupes germaniques. L’indiscipline dans l’armée germanique provoque des incidents dans les Balkans.
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+ À Constantinople, l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène souhaite retrouver sa suzeraineté sur Antioche et demande aux deux souverains de lui prêter hommage. Conrad III et Louis VII refusent. Ils perdent donc l’appui et l’aide des Byzantins qui refusent de les approvisionner, ce qui a pour conséquence de compliquer la traversée de l’Asie Mineure. L'empereur de Constantinople, soucieux de voir les importants effectifs croisés aux portes de sa cité, les presse de franchir le Bosphore pour rejoindre l'Asie.
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+ Alors que les armées byzantines sont occupées à surveiller les croisés, Roger II de Sicile en profite pour s'emparer de Corfou, de Céphalonie et pour piller Corinthe et Thèbes. C'est l'amiral Georges d'Antioche, émir des émirs, c'est-à-dire premier ministre de Roger II, qui, bien que syrien et orthodoxe, commande de la flotte sicilienne opérant les ravages sur les rivages byzantins. La deuxième croisade favorise donc les ambitions normandes dans l'Empire byzantin. Manuel Ier Comnène se résigne à signer un traité avec le sultan de Roum[47].
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+ Les relations s'enveniment entre Francs et Germaniques, qui décident de cheminer séparément. L’armée de Conrad est battue à Dorylée. Conrad se réconcilie avec Manuel qui lui propose des vaisseaux byzantins qui les emmènent à Acre. Louis VII et son armée suivent le littoral, mais harcelés dans la vallée du Méandre, il abandonne les non-combattants à Antalya. Ces derniers, privés de protection militaire sont massacrés par les Turcs. À ce moment de l’expédition, les trois quarts des effectifs partis d'Europe ont disparu.
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+ Louis VII embarque avec ses chevaliers vers Antioche. Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, lui propose une expédition contre Alep, qui menace ses possessions. Mais il ridiculise Louis VII en ayant une aventure avec sa nièce Aliénor d'Aquitaine, épouse du roi[48]. Louis VII soucieux de réaliser son pèlerinage, peu enclin à écouter son rival et ignorant les réalités militaires des États latins d'Orient, refuse. Il rejoint donc Conrad à Jérusalem. Leur pèlerinage terminé, certains repartent en Europe ; les deux souverains se laissent entraîner par les barons de Jérusalem dans une expédition contre, non pas Édesse comme prévu, mais Damas. Les croisés abandonnent le siège au bout de quatre jours (24-28 juillet 1148). La deuxième croisade se termine sans aucun résultat. Le prestige de Louis VII est fortement entamé. L’échec de cette deuxième croisade est attribué par l’opinion populaire aux excès de péchés des croisés. L'échec de la deuxième croisade est même reproché à Bernard de Clairvaux car il avait prêché une croisade de pénitence sans se soucier de son organisation[49].
106
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+ Les atabeks de Mossoul ont remis à l'honneur le thème du djihad et étendent leur contrôle de la Syrie. Nur-al-Dîn, le fils de Zengi, s'assure le contrôle définitif d'Édesse[50]. Les chefs des États latins sont obligés de s'allier avec l'empire byzantin. Les vizirs fatimides se maintiennent en faisant appel soit aux Francs et soit aux Syriens[51]. Finalement Saladin, qui est un kurde à l'esprit religieux, parvient à devenir vizir du dernier fatimide et, à la mort de celui-ci, devient lieutenant de l'atabek pour l'Égypte et rétablit le sunnisme (1169), réalisant ainsi l'union de la Syrie et de l'Égypte.
108
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109
+ Saladin attaque les positions franques[52]. Il cherche à isoler les Latins. il conclut pour cela des alliances avec les Seldjoukides en 1179, avec l'Empire byzantin et Chypre en 1180. En effet, l'Empire byzantin est menacé en Europe par les Hongrois, les Serbes et les Normands de Sicile et n'a plus les capacités de soutenir ses anciens alliés.
110
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+ Une trêve avec les Latins est cependant conclue en 1180. Elle est renouvelée en 1185. Saladin en profite pour s'assurer le contrôle d'Alep et de Mossoul. En même temps, de graves dissensions internes minent le royaume de Jérusalem.
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113
+ Le roi Baudouin IV de Jérusalem est très malade — il est lépreux. La classe dirigeante se déchire sur sa succession. Le royaume de Jérusalem, menacé, ne peut compter sur aucun secours extérieur. À la mort de Baudouin, Sibylle, sœur du roi défunt, et son mari Guy de Lusignan sont couronnés. Raymond III, comte de Tripoli, déçu d'être écarté, demande l'aide de Saladin. Celui-ci refuse dans un premier temps car il vient de renouveler la trêve avec le royaume. Mais Renaud de Châtillon, un seigneur brigand, pille une caravane arabe se rendant à Damas en 1187 et refuse, malgré l'ordre du nouveau roi, de rendre le butin. Saladin proclame la guerre sainte[53].
114
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115
+ Lors de la bataille de Hattin, les chevaliers francs sont presque tous capturés et ne sont délivrés qu'en échange d'une rançon ou de leurs châteaux[54]. Renaud de Châtillon, deux cents Templiers ou Hospitaliers sont tués et presque tous les chevaliers sont capturés. Les sergents ou piétons sont massacrés ou vendus comme esclaves. Saladin prend l'une après l'autre les places fortes de l'intérieur. Il autorise le départ contre rançon d'une partie des combattants et des habitants vers Tyr pour embarquer vers l'Europe, le reste de la population est livrée à l'esclavage. À Jérusalem, Balian d'Ibelin obtient de Saladin une capitulation honorable permettant le rachat d'un tiers de la population le 2 octobre 1187 (environ 10 000 habitants sont livrés à la déportation et l'esclavage[19]).
116
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117
+ Les proclamations triomphales envoyées à travers le monde musulman y consacrent la gloire du vainqueur[55]. Les établissements sont alors réduits à Tyr et à Beaufort pour le royaume de Jérusalem et à Tripoli, au Krak des Chevaliers, à Antioche et à Margat au nord[54].
118
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119
+ Quand la nouvelle de la prise de Jérusalem par Saladin parvient en Occident, le pape Grégoire VIII lance des appels à une nouvelle croisade et à la paix. Richard de Poitou, futur Richard Cœur de Lion, prend la croix le premier, bientôt suivi par son père, Henri II d'Angleterre et par le roi de France, Philippe Auguste. Dans le même temps, la flotte navale de Guillaume II de Sicile fait voile vers les avant-postes de Tripoli, Antioche et Tyr et assure le ravitaillement des dernières places fortes en armes et en hommes[56]. Le même mois, l'empereur Frédéric Ier Barberousse quitte Ratisbonne avec la plus grande armée croisée jamais rassemblée, au moins 20 000 chevaliers. Il suit la route terrestre.
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+ L'hostilité entre Byzantins et croisés germaniques est très importante et Barberousse menace de marcher sur Constantinople. Sous la pression, l'empereur Isaac Ange signe la paix et s'engage à faire traverser le détroit à l'armée germanique. Alors que la traversée de l'Anatolie s'achève, Barberousse se noie accidentellement le 10 juin 1190 dans les eaux du fleuve Saleph, (actuellement Göksu, « eau bleue » en Asie Mineure) et une grande partie de ses troupes retourne en Europe. Quelques centaines de chevaliers germaniques seulement parviennent à Acre.
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+ Un conflit franco-anglais retarde le départ des rois des deux royaumes jusqu'en 1190. Embarquant à Gênes et à Marseille, les troupes de croisés hivernent en Sicile où ils se disputent sur de nombreux sujets politiques et personnels[56]. La prise de Chypre par le roi d'Angleterre assure aux croisés une base proche du lieu des conflits[57].
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+ En Terre sainte, le roi de Jérusalem Guy de Lusignan a commencé à assiéger Saint-Jean-d'Acre avec une petite troupe en août 1188[56]. Les deux souverains arrivent à Acre avec la plus grande armée franque jamais réunie. Les troupes de Saladin la tiennent à leur tour dans un demi-siège préjudiciable à ses communications et à son ravitaillement. Mais Saladin ne parvient pas à briser l'encerclement d'Acre et les Francs reprennent la ville aux musulmans le 12 juillet 1192 après deux ans de siège.
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+ L'échec des musulmans tient en partie à leur mode de combat, inadapté à celui de l'armée franque, mais surtout à la lassitude des troupes musulmanes. Les alliés et les vassaux avaient été contraints d'amener des contingents, mais la campagne avait été trop longue et n'avait même pas la perspective d'un butin compensateur[55].
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+ Après la prise d'Acre, Philippe Auguste retourne en France[58]. Richard Cœur de Lion, resté seul, bat les musulmans à Arsouf. Arrivé à Jaffa en septembre, il passe l'année en Palestine du sud, période durant laquelle il fait reconstruire Ascalon pour fortifier les frontières méridionales du Royaume de Jérusalem. Il force l'admiration de l'ennemi par ses prouesses.
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+ Par deux fois (en décembre 1191 puis en juin 1192), il parvient à quelques kilomètres de Jérusalem, mais ne peut reprendre la ville. En effet, il ne peut pénétrer trop longtemps à l'intérieur des terres sous peine de voir ses communications coupées. Il s'occupe aussi de régler les problèmes dynastiques du royaume de Jérusalem. Guy de Lusignan, dont la femme était décédée, conserve le titre royal qui doit revenir à sa mort à Isabelle, l'héritière du trône, et à son époux Conrad de Montferrat. Après avoir signé un traité par lequel Saladin renonce à éliminer les colonies franques de Syrie, il repart pour l'Angleterre en octobre 1192 et est capturé par Léopold V de Babenberg, duc d'Autriche et emprisonné pendant un an et demi.
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+ La troisième croisade a empêché la chute de la Syrie franque et permis l'établissement d'un second royaume de Jérusalem, en fait royaume d'Acre, réduit à une frange côtière où les communautés marchandes italiennes jouent un rôle considérable[59]. Les souverains anglais et français se détournent désormais de la croisade. Pour les chevaliers, elle devient une sorte de rite de passage et une institution. En 1194, l'ordre des Trinitaires est fondé par Jean de Matha pour le rachat des captifs prisonniers des musulmans. Il est plus tard confirmé par le pape Innocent III dans la bulle Operante divine dispositionis.
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+ L'empereur Henri VI, fils de Frédéric Barberousse et maître du royaume de Sicile veut reprendre la croisade à son compte dans le but d'imposer sa suzeraineté à l'empereur byzantin et aux royaumes nouvellement institués de Chypre et d'Arménie. Il lance l'appel à la Croisade à Bari en 1195 ; les Allemands se rassemblent en Italie du sud au cours de l'été et débarquent à Acre en septembre 1197. Ils prennent Sidon et Beyrouth et rétablissent la continuité territoriale entre Acre et Tripoli, mais leur armée se disperse immédiatement après l'annonce de sa mort, survenue à Messine le 28 septembre 1197.
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+ Les années entre 1187 et 1204 marquent un tournant dans l'histoire de l'Orient latin :
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+ La quatrième croisade est appelée par le pape Innocent III en 1202. Dès le début de son pontificat, il souhaite lancer une nouvelle croisade vers les lieux saints d'inspiration purement pontificale. Il forge l'idée de « croisades politiques » qui sera reprise par ses successeurs. Il lève le premier des taxes pour financer les croisades et exprime le premier le droit à « l'exposition de proie », c'est-à-dire le droit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l'hérésie[60].
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+ La croisade est prêchée en France par le légat Pierre de Capoue et le curé de Neuilly-sur Marne, Foulques de Neuilly, avec beaucoup de succès auprès de la noblesse champenoise[61]. Elle est dirigée par le marquis Boniface de Montferrat.
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+ Mais la IVe croisade ne prend pas le tour prévu par le pape. Les croisés traitent avec Venise. Ils louent une flotte pour 85 000 marcs d'argent pour transporter 4 500 chevaliers, 9 000 écuyers et 20 000 fantassins. Les croisés, qui ne peuvent pas payer leurs voyages aux armateurs vénitiens, sont détournés par eux à Zara (Zadar) sur la côte dalmate qu'ils assiègent et prennent pour le compte de Venise. Le pape excommunie les croisés et Venise mais lève très vite l'excommunication pour les croisés[62]. Philippe de Souabe, beau-frère d'Alexis Ange, fils de l'empereur byzantin déchu Isaac II, promet l'aide de l'Empire byzantin pour la croisade si Isaac est rétabli dans son trône[63]. Ceci est fait en 1203 après un premier siège de Constantinople. Mais Isaac II et son fils devenu Alexis IV sont renversés par le parti antilatin de la ville, dirigé par Alexis Murzuphle. Les croisés s'emparent alors de la cité pour leur compte en 1204. Enrico Dandolo fait désigner Baudouin de Flandre comme empereur d'Orient. Innocent III accepte le fait accompli se satisfaisant des promesses d'union des Églises et de soutien aux États latins d'Orient. Innocent III espère tirer parti des divisions byzantines pour rétablir l'unité de l'Église[64] Mais, informé des excès des croisés, il parle le premier de détournement de la croisade et accuse les Vénitiens. Le concept de déviation est donc contemporain de la quatrième croisade[65].
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+ Si Innocent III est à l'origine du dévoiement de l'idée de croisades, la responsabilité de Venise est écrasante dans la prise de Constantinople. La république utilise au mieux les circonstances pour servir ses intérêts. Depuis 1082, elle a obtenu dans l'Empire byzantin des privilèges commerciaux immenses qui ont presque sans arrêt été renouvelés. Mais elle se sent menacée par la concurrence commerciale de Gênes et de Pise qui ont obtenu des avantages semblables, par la piraterie que l'Empire byzantin ne réprime pas et par l'hostilité de plus en plus grande des Grecs. En 1172 et 1182, des émeutes anti-latines ont abouti au massacre et à l'expulsion de marchands italiens.
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+ Attaqué de toute part l'Empire est en voie de désagrégation. La conquête de Constantinople permettrait aux Vénitiens de circuler dans la mer Noire qui est pour l'instant interdite aux étrangers. Les intérêts économiques de Venise la poussent à vouloir dominer Constantinople[66]. Le doge Enrico Dandolo dispose de moyens de pression considérables : les créances des croisés, le « bon droit » d'Alexis IV et les immenses richesses dans la vieille capitale.
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+ En fait, l'empire vénitien sera l'établissement le plus durable de ceux issus de la quatrième croisade[67]. À Venise, échoit un quartier entier de Constantinople, les ports de Coron et de Modon au sud du Péloponnèse et la Crète qui fournit à partir du XIVe siècle, le bois, le blé et les denrées agricoles. Les îles grecques où se sont installées de familles vénitiennes restent plus ou moins dans la mouvance de la Sérénissime[68].
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+ La déviation de l'idée même de croisade et le pillage de Constantinople chrétienne transforment les ordres militaires en puissances financières et, par là même, politiques[69].
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+ La cinquième croisade est précédée de la croisade des enfants déclenchée simultanément dans la région parisienne, en Rhénanie et dans le nord de l'Italie, peu après l'émotion suscitée, à la Pentecôte 1212, par les processions ordonnées pour aider à la victoire sur les Sarrasins d'Espagne. À la suite d'une vision, le jeune Berger Estienne de Cloyes-sur-le-Loir rassemble des pèlerins et les mène vers Saint-Denis pour y rencontrer le roi Philippe Auguste. À la même époque, d'autres groupes partent de Germanie et se rendent vers les ports de Gênes et de Marseille. Les chroniqueurs mentionnent que certains réussirent à embarquer et qu'ils sont vendus comme esclaves ou bien meurent de faim pendant le voyage. Certains réussissent à gagner Rome. L'empereur Frédéric II fait pendre quelques-uns des trafiquants marseillais compromis dans l'affaire. Malgré un nom (croisade des enfants) qui vient de traductions incertaines et de documents tardifs, ce mouvement affecte peu de véritables enfants ; les participants sont surtout de pauvres gens désireux de donner une leçon aux chrétiens plus favorisés, chez qui l'idée de croisade s'émoussait[70].
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+ Dans le même temps, Innocent III essaie de convaincre le sultan d'Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, pour que la paix s'installe entre musulmans et chrétiens. La construction d'une forteresse musulmane sur le mont Thabor, bloquant Acre, le décide à prêcher la croisade[30] au quatrième concile de Latran en 1215. Les armées de la Hongrie, de l'Autriche et de la Bavière s'attaquent d'abord à la forteresse du Mont-Thabor. Puis le 31 mai 1218, l'armée des croisés mouille sa flotte devant Damiette, port situé sur la grande branche oriental du Nil et gardant la route du Caire.
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+ Alors que la ville est assiégée, saint François d'Assise et un de ses disciples se présentent à l'armée musulmane. Ils sont arrêtés comme espions. Ils n'ont la vie sauve que grâce au sultan d'Égypte[71]. Après un long siège, les croisés s'emparent de Damiette le 5 novembre 1219. Après le saccage de la ville, le légat du pape Pélage Galvani les persuade d'attaquer Le Caire. Arrivés près de la ville de Mansourah, ils se retrouvent bloqués par les eaux du Nil que le sultan ayyoubide Al-Kâmil a laissé se répandre dans la plaine en ouvrant les digues de protection ; les croisés doivent capituler sans conditions. Avant de rembarquer, ils rétrocèdent Damiette.
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+ Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle en 1220, Frédéric II promet au pape de partir en croisade. Mais dans l'Empire, il doit faire face à la résistance des communes lombardes en 1225-1226 et tarde à accomplir son vœu. Entretemps, les croisés déjà arrivés en Orient, après avoir restauré quelques places fortes, commencent à repartir pour l'Occident. Or, la papauté cherche à desserrer l'étau que fait peser l'empereur du Saint-Empire sur ses États pontificaux en éloignant l'ambitieux souverain[72]. Frédéric est donc excommunié par Grégoire IX en 1227 pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer la sixième croisade. Il embarque à Brindisi pour la Syrie l'année suivante alors que son excommunication n'est pas levée. Sa brève croisade se termine en négociations et par un simulacre de bataille avec le sultan Malik Al-Kâmil « le Parfait », avec qui des liens d'amitié s'étaient tissés, et par un accord, le traité de Jaffa en 1229. Il récupère sans combattre les villes de Jérusalem (où le Temple restait aux musulmans), de Bethléem et de Nazareth. Il est ensuite couronné roi de Jérusalem le 18 mars 1229.
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+ Alors que Frédéric II est parti en Orient pour respecter sa promesse de se croiser, le pape lance contre lui une armée financée par une taxe sur les revenus du clergé et les reliquats des sommes prélevées pour la croisade des albigeois[60]. L'Orient latin est remis en selle pour une dizaine d'années.
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+ En 1237, une nouvelle croisade est lancée par le pape Grégoire IX. Cette « croisade des barons » est dirigée par le comte de Champagne, le duc de Bourgogne et Richard de Cornouailles. Elle poursuit la tradition des négociations avec les princes musulmans, en exploitant leurs rivalités. Le comte Richard obtient la restitution d'une grande partie du royaume de Jérusalem (1239-1241), complétant ainsi l'œuvre de Frédéric II[30].
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+ La situation reste confuse en Orient. Les Francs s'allient aux Syriens contre l’Égypte. Les Templiers attaquent l'Égypte en 1243, sont vaincus, et en 1244 les Khwarezmiens (bandes turcomanes au service des Égyptiens) reprennent Jérusalem. Le pape Innocent IV lance un nouvel appel à la croisade. Le roi de France, Louis IX (dit « Saint Louis »), et celui de Norvège décident de prendre la croix mais seul Louis IX part accompagné de barons anglais et du prince de Morée. Il part d'Aigues-Mortes en France et débarque à Chypre en 1248. L'armée croisée s'empare de Damiette en 1249 et entreprend la conquête de l'Égypte. Cette campagne est un lourd échec durant lequel Louis IX est capturé avec ses hommes en 1250[30]. Les succès de l'armée égyptienne, principalement composée des Mamelouks a pour conséquence l'arrivée au pouvoir de ces derniers qui massacrent les derniers ayyoubides.
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+ La captivité de Louis IX provoque la croisade des pastoureaux à l'initiative d'un certain Job, ou Jacob ou Jacques, moine hongrois de l'ordre de Cîteaux qui prétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, les riches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seuls y parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide, un peu dans l'esprit de la précédente « croisades des enfants ».
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+ Des milliers de bergers et de paysans prennent la croix, et marchent vers Paris, armés de haches, de couteaux et de bâtons. Sur la route, les pastoureaux accusent abbés et prélats de cupidité et d'orgueil, et s'en prennent même à la chevalerie, accusée de mépriser les pauvres et de tirer profit de la croisade. Les juifs sont molestés et certains tués[73]. Des villes sont pillées. Il s'ensuit une féroce répression et seuls quelques rescapés parviennent jusqu'à Marseille et s'embarquent pour Saint-Jean-d'Acre, où ils rejoignent les croisés.
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+ Pour être libérés, les prisonniers du sultan d'Égypte doivent verser une lourde rançon et abandonner Damiette. Louis IX séjourne ensuite plusieurs années en Terre sainte pour mettre en état de défense les territoires conservés par les Francs. Dans le même temps, il noue des relations diplomatiques avec le successeur de Gengis Khan, Kubilaï, croyant à l'intérêt d'une alliance pouvant prendre l'Islam à revers[74].
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+ Louis IX négocie des trêves avec les princes musulmans avant de repartir pour la France en 1254. Cette conciliation est de courte durée. Les États latins d'Orient sont de nouveau menacés par les Égyptiens.
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+ Urbain IV appelle à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ils consacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à d��fendre leurs dernières places. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il se dirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et, peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égypte mamelouke qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît très vite que l'émir n'a aucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravages dans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage[75]. En Orient, Édouard d'Angleterre parvient à amener le sultan à accorder une nouvelle trêve aux Latins.
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+ Le deuxième concile de Lyon, présidé par Grégoire X en 1274 décide d'une nouvelle croisade. Mais les hésitations des princes et les lenteurs de la préparation font qu'elle n'a jamais eu lieu. Après la chute de Tripoli en 1289, Nicolas IV proclame une autre croisade. Mais elle échoue à sauver Acre en 1291[30]. À partir de cette date, il n'y a plus d'États latins en Orient. Les Latins sont ainsi privés d'une base commerciale importante.
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+ L'initiative de la croisade revient le plus souvent au pape, plus rarement à un souverain. Ainsi en 1267, Louis IX se croise de lui-même après en avoir informé le pape[76]. Le pape prêche lui-même la croisade ou en confie la prédication à des clercs autorisés. Au XIIe siècle, il faut souvent freiner l'ardeur des prédicateurs populaires à l'origine de nombreux excès. De la IIe à la IVe croisade, la prédication de la croisade est confiée à l'ordre cistercien.
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+ Le pèlerin reçoit des privilèges spirituels et matériels constituant le statut du croisé. Lors de la première croisade, Urbain II promet à celui qui meurt en chemin ou au combat la rémission des péchés, à ceux qui accomplissent le vœu de croisade l'indulgence plénière[77].
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+ Au IVe siècle, saint Augustin avait exprimé une théorie de la « juste guerre » à laquelle l'Église s'était ralliée. Au IXe siècle, les papes s'étaient efforcés de créer les « milices du Christ » pour protéger Rome, menacée par la seconde vague d'invasions[78]. Le pape Jean VIII accordait même l'absolution à ceux qui étaient prêts à mourir pour la défense des chrétiens contre les Sarrasins en Italie. À partir de la fin du Xe siècle, l'Église s'efforça de christianiser les mœurs guerrières des chevaliers en leur proposant entre autres de combattre les Sarrasins aux frontières de la chrétienté, en Espagne.
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+ En 1063, dans une lettre envoyée à l'archevêque de Narbonne, le pape écrivit que ce n'était pas un péché de verser le sang des infidèles[79]. Ce document innovait en affirmant que prendre part à une guerre utile à l'Église était une pénitence comme l'aumône ou un pèlerinage[80]. Le succès n'avait pas été au rendez-vous, mais l'Église autorisait, voire encourageait désormais la défense armée globale des chrétiens contre les attaques des musulmans[81], et y autorisait la participation des chevaliers francs. Les royaumes frontières étaient devenus les vassaux du Saint-Siège, atout important dans la lutte des papes contre le Saint-Empire romain germanique[82].
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+ À partir d'Innocent III, les canonistes élaborent une doctrine cohérente de la croisade. Ils justifient ainsi la guerre sainte, pourtant contraire au message évangélique, en arguant que les infidèles ont occupé la Terre consacrée par la mort du Christ et maltraité des chrétiens. La guerre de conquête et les conversions forcées sont justifiées par l'impossibilité qu'ont les missionnaires chrétiens de propager la parole de Dieu en terre musulmane. Il faut donc la conquérir pour pouvoir annoncer l'Évangile. Les canonistes fixent aussi une hiérarchie des indulgences suivant le temps passé en Terre sainte : deux ans pour une indulgence plénière[83]. Avec le quatrième concile du Latran, l'indulgence plénière est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade alors que jusque-là seuls les combattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villes italiennes[30]. Les décisions ont comme but d'associer toute la chrétienté à l'idéal des croisades et non pas seulement les combattants. Il suffit pour cela d'aider financièrement à l'organisation de la cinquième croisade[84]. En proposant à tous les fidèles de participer à la croisade par la prière, le don ou le combat, le pape inaugure la spiritualisation de la croisade.
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+ La bulle quantum praedecessores stipule que le croisé, sa famille et ses biens sont placés sous la protection de l'Église. Il est pendant son voyage exempté de taxes, d'aide, de péages. Le paiement de ses dettes est suspendu jusqu'à son retour[85]. Le pouvoir civil proteste contre cet empiétement de l'Église qui le prive de soldats et de revenus. D'ailleurs dès la première croisade, Urbain II précise que le vassal doit obtenir l'aval de son seigneur afin de diminuer les conflits. Après l'échec de la IIe croisade, le statut de croisé est le plus souvent attribué à des hommes en armes. Au XIIIe siècle, la croix est donnée à des femmes, des enfants, des vieillards qui doivent alors racheter leur vœu[86].
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+ Le financement varie lui aussi avec le temps. Lors de la première croisade, les croisés doivent financer eux-mêmes leur voyage. Beaucoup gagent des terres auprès des ordres monastiques dont les propriétés foncières augmentent. Là encore, il s'agit d'une entorse au droit féodal car en théorie le fief ne peut revenir qu'au seigneur. Au cours du XIIe siècle, le seigneur en vient à exiger l'aide de ses vassaux. Les rois de France lèvent des contributions en 1166, 1183 et 1185, un ou deux deniers par livre de biens pour la défense des terres franques en Orient. La dîme saladine de 1188 est le véritable premier impôt levé sur les biens meubles et les revenus en France et en Angleterre.
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+ De son côté l'Église passe de la collecte des dons à la taxation. C'est Innocent III qui impose pour la première fois le clergé. En 1199, il décide de prélever un quarantième des revenus de l'ensemble du clergé et un dixième pour les cardinaux, d'où le nom de décimes[87]. Le quatrième concile du Latran, qu'il préside, décide par ailleurs de frapper les revenus ecclésiastiques d'un impôt d'un vingtième et les biens du pape et des cardinaux d'un impôt d'un dixième[88]. La décime devient courante au XIIIe siècle. Elle entraîne la création d'une administration financière spécialisée. Ce sont les légats qui en contrôlent la levée, ainsi que les autres ressources : legs, rachat de vœux, dons assortis d'une indulgence proportionnelle[89].
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+ Si dans l'ensemble, les sommes sont consacrées à la croisade, toutefois il y a parfois des détournements. Le reliquat de la décime versée par le clergé français pour la croisade des Albigeois est même utilisé pour mener la guerre contre Frédéric II. Ce « détournement » affaiblit la cause de la croisade.
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+ Lors des deux premières croisades, les croisés empruntent la route terrestre et traversent l'Empire byzantin. L'empereur s'engage à assurer des marchés approvisionnés le long du parcours[90]. En terre byzantine, les croisés connaissent des problèmes de change, les changeurs byzantins leur proposant des taux défavorables. Lors de la traversée de l'Anatolie, il faut prévoir vingt jours de vivres. Mais les attaques des Turcs et le manque d'eau provoquent des pertes considérables parmi les bêtes et les hommes. De ce fait lors de la troisième croisade, deux des trois souverains choisissent la voie maritime.
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+ La route maritime est ancienne. Dès la fin du XIe siècle, les pèlerins scandinaves et anglais gagnaient la Terre sainte en contournant la péninsule Ibérique. D'ailleurs le seul succès de la deuxième croisade a été la prise de Lisbonne par des croisés anglais et flamands. Au XIIe siècle, Gênes, Pise puis Venise commencent à ravitailler les États latins et ceci dès la fin de la première croisade. Les cités maritimes italiennes aident à la prise de ports[91]. Elles transportent régulièrement des pèlerins. Lors de la IIIe croisade, Gênes s'engage à assurer le passage de six cent cinquante chevaliers, mille trois cents écuyers, autant de chevaux et le ravitaillement pour le compte de Philippe Auguste. Au XIIIe siècle, les accords entre les ports italiens et les croisés portent plutôt sur la location de bateaux[92].
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+ Les croisades permettent le développement de l'activité commerciale des cités italiennes. En échange de l'aide de Gênes, les barons francs attribuent aux Génois une part de butin, un quartier ou fondouk, l'exemption des taxes dans les villes conquises. Outre au transport et au ravitaillement des États latins, les comptoirs servent de support aux importations en Occident des produits de luxe de l'Orient comme les épices, aux exportations en Orient de draps de laine, d'armes, de bois et de fer. L'Orient devient ainsi le champ des rivalités entre Gênes et Venise. Après la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les croisés, Gênes est exclue des terres byzantines. La cité offre donc son appui à Michel VIII Paléologue qui, redevenu maître de Constantinople, donne à ses alliés le monopole du commerce en mer Noire[93].
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+ Afin d'éviter d'avoir à changer leur monnaie à un taux désavantageux, les croisés utilisent un système d'escompte. Les Templiers versent en Syrie l'argent dont Louis VII a besoin et se font rembourser à Paris. Les croisades permettent ainsi de développer les activités bancaires[94].
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+ Dès l'origine de la croisade, l'expédition est une entreprise féodale réservée à la chevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensable à la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le christ devient le parfait seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croisé est donc un miles christi, « chevalier du Christ ». Les chroniqueurs comparent les croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte[95]. Les prédicateurs n'hésitent pas non plus à parler des richesses qui attendent les croisés en Terre sainte. Ils parlent d'une terre riche et fertile qui comblera leurs espérances[96].
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+ De grandes figures épiques rentreront à cette occasion dans la mémoire collective, comme Godefroi de Bouillon, Richard Cœur de Lion ou encore Saint-Louis.
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+ Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement et aient accepté de braver le danger et la souffrance pour l'amour de Dieu est la preuve que les masses humaines de la fin du XIe siècle étaient très réceptives à la promesse de l'indulgence plénière mais surtout à l'espoir que la récupération du Saint-Sépulcre serait le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde[97]. L'attente eschatologique et millénariste est très forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations. Ceux qui ont répondu à l'appel de la croisade, sont aussi convaincus que Dieu leur a assigné une tâche : libérer les lieux saints et purifier le monde du mal afin de préparer son retour[25]. Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par la croix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où les nombreuses mortifications que s'infligent les pèlerins. Les croisades révèlent pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournée vers l'action, moyen de gagner le salut[98].
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+ Dans les milieux populaires, la croisade fait appel au merveilleux. Les foules voient des signes et des prodiges manifestant la volonté divine au moment des prédications, ce qui les entraîne à partir. Des rumeurs circulent sur les croix marquées dans la chair des croisés morts ou vivants. Ces « prodiges » sont accompagnés de prophéties et entretiennent l'idée que la fin du monde approche. L'attente de la parousie se colore de légendes politiques. Le roi des derniers jours prendra sa couronne sur le Golgotha et sera un Franc[99]. De même, la soumission du « roi des Grecs » est dans toutes les traditions, le prélude au retour d'un âge d'or. La foule cherche aussi à imposer l'idéal de pauvreté et de pénitence aux grands notamment lors de la première croisade[100]. Les attentes millénaristes ont pour corollaire le fanatisme et la violence contre les juifs et les musulmans. Les millénaristes « tendent à faire table rase du groupe des autres »[101]. Les croisades répondent ainsi à l'attente des fidèles aspirant à un salut qui semble difficile à atteindre dans la vie quotidienne[102].
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+ Les croisades contribuent à éloigner les chrétiens des musulmans mais surtout les catholiques des orthodoxes[103]. Après les croisades, les catholiques ne peuvent plus, durant cinq siècles, faire le pèlerinage de Jérusalem. Principalement, les croisades ont permis une propagation des connaissances de l'Orient vers l'Occident[103]. Elles ont aussi permis à l'Occident de créer des comptoirs de commerce en Orient, qui ont pris en mains une partie du commerce entre l'Europe et l'Orient, jusque-là monopole oriental. Venise a atteint son but. L'Europe a conservé des croisades un profit économique dont les musulmans n'ont pas vu l'importance.
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215
+ Il apparaît toutefois exagéré de parler de colonialisme même sous une forme embryonnaire ; tout au plus peut-on tirer des parallèles avec la colonisation puisque les croisés s'installent en nombre et durablement sur de nouveaux territoires, mais sans toutefois entretenir un rapport de domination exercée depuis une métropole européenne[104].
216
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217
+ L'idée de croisade est « encore vivante au début des Temps modernes, sous Charles Quint et à la bataille de Lépante, et encore lors du siège de Vienne en 1683 »[105].
218
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219
+ Un certain nombre d’adaptations visent à limiter l’échauffement au soleil : plusieurs auteurs signalent de nombreuses morts dues à l’insolation. Le heaume est souvent remplacé par le chapel de fer, le long haubert par une cotte de maille plus courte, le haubergeon, ou par le gambison (vêtement rembourré porté sous la cotte de maille, pour amortir les chocs). De même, des housses couvrent les armures et les chevaux, pour limiter l’échauffement au soleil. Les chevaux turcomans sont aussi achetés (ou volés) en grand nombre, pour remplacer les chevaux tués au combat ou morts. L’armement local, d’excellente qualité (les armuriers de Damas avaient excellente réputation), sert aussi pour remplacer les armes que les combattants européens ont perdues ou cassées.
220
+ De façon plus large, l’emploi de la masse turque, qui permet de défoncer les pièces d’armure, se généralise en Europe après les croisades. Elle entraîne l’abandon du heaume à sommet plat, remplacé par les casques bombés, déviant les coups.
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+ Les principales adaptations militaires sont situées toutefois dans la tactique. L’efficacité meurtrière des archers montés, qui souvent visent les chevaux des Francs, pousse à une remise en cause du combat fondé sur la recherche du choc frontal. Le recours plus fréquent à l’infanterie, protégeant les chevaux derrière de longs boucliers, et aux archers et surtout aux arbalétriers, plus puissants et précis que les archers, permet de rivaliser avec les cavaliers musulmans. Des unités d’arbalétriers montés sont aussi créées, ainsi que des unités de cavalerie légère indigène, les turcopoles, très utiles aussi pour le renseignement.
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+
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+ Mais la tactique favorite, la charge massive créant la rupture de l’armée ennemie, n’est pas abandonnée, et l’armement lourd non plus. D’une part, les habitudes et les dépenses lourdes dans cet armement font qu’il était difficile de les abandonner. D’autre part, l’armement lourd assure une supériorité certaine à des combattants chrétiens le plus souvent en infériorité numérique. Enfin, en choisissant le moment du combat pour que les combattants n’attendent pas en armes sous le soleil, et pour que le combat soit bref, les Européens ont parfois d’excellents résultats[106].
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+ Pour soutenir la cause de la défense de la Terre sainte, les premiers ordres de moines-soldats sont fondés, comme les Templiers ou les Hospitaliers, mêlant à l'instinct hospitalier ou guerrier l'idéal monastique. Les premiers ordres, français et espagnols, sont constitués en communautés, ascétisme et prière purifiant l'épée destinée à défendre le pèlerin et à pourfendre le « païen », l'identifiant au glaive de l'archange saint Michel transperçant le dragon. Au XIVe siècle, alors qu'il n'y a plus de croisades en Terre sainte de nombreux nouveaux ordres apparaissent, toujours dotés d'un idéal de sacrifice et de pureté, toujours voués à la prière et à la mortification. Mais les mortifications sont dédiées à une dame plus souvent qu'à Dieu, fêtes et tournois prennent le pas sur la prière. Le crépuscule du Moyen Âge transforme les ordres de chevalerie en cercles aristocratiques où s'élabore un art de vivre, un langage allégorique, une imagerie littéraire ou graphique qui transpose dans l'illusion la geste chevaleresque[69].
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+ Bien que dirigées contre les musulmans, les croisades ont été contraires aux intérêts de l'Empire byzantin[107]. Les troupes qui traversent l'Empire byzantin commettent d'inévitables excès de par leur taille[107]. Il arrive ainsi que les Normands profitent des croisades pour attaquer l'Empire. Les mesures prises par les empereurs pour protéger l'Empire des croisés (surveillance des troupes latines, alliance avec les Turcs…) entraînent une grande méfiance vis-à-vis de Byzance et un sentiment de trahison. Alexis Comnène est traité de perfide et de traitre. La propagande normande amplifie le thème de la perfidie grecque qui devient un lieu commun et une explication aux échecs des croisés[108]. Elle légitime la prise de Constantinople en 1204. Pour les Byzantins, cet événement fait définitivement des croisades un acte de piraterie dont le but religieux n'est qu'une façade.
229
+
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+ La notion de croisade ou de guerre sainte est incompréhensible pour les Byzantins. Les guerres sont pour eux uniquement des actes politiques. L'Église orthodoxe est hostile à l'emploi des armes par les laïcs[Quoi ?] et encore plus par les clercs. Les Byzantins sont donc indignés de voir, parfois, des prêtres latins participer personnellement aux combats[109]. Malgré ces différences au XIIe siècle, pour la plupart des Latins, les Byzantins sont des frères chrétiens. La conscience du schisme ne dépasse guère les milieux ecclésiastiques. Ce sont finalement les événements de 1204 qui creusent réellement et définitivement la séparation entre catholiques et orthodoxes. La haine du Latin devient plus forte que celle du Turc[110].
231
+
232
+ À la fin du XIe siècle, le djihad a perdu sa force d'attraction parmi les musulmans. L'Occident latin est entré dans une phase de reconquête aux dépens de l'Islam. De même que les musulmans reconnaissent les communautés juive et chrétienne, les États chrétiens d'Orient et la Sicile accordent aux musulmans des institutions propres et une certaine liberté de culte. Aux excès des premiers croisés — un trait classique de tout assaut quels que soient les assaillants — a donc succédé une cohabitation acceptable et tout à fait comparable à la pratique musulmane[111].
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234
+ Les musulmans de l'époque ne perçoivent pas le motif religieux de la croisade et celle-ci tient peu de place dans les ouvrages des chroniqueurs arabes mis à part ceux originaires des pays voisins des Francs comme Ibn al-Athîr [112]. L'opinion publique des pays menacés ou lésés uniquement, en premier lieu la Syrie du Nord, est réellement hostile aux croisés[113]. De fait, les croisades n'ont pas provoqué de « contre-croisades ». Ainsi le regain d'intérêt pour la guerre sainte, le djihad, ne sert surtout qu'à rassembler la Djazira, la Syrie, l'Égypte, les Arabes et les Kurdes ainsi que d'éliminer les Chiites[113].
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+ En revanche, l'établissement d'un État militaire en Égypte dans la seconde partie du XIIIe��siècle peut être considéré comme une conséquence directe des croisades. Cet État est très intolérant envers les dhimmis (juifs et chrétiens) car il craint une alliance à revers entre eux et la puissance mongole en pleine expansion[113].
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+ Les croisades n'ont pas favorisé la connaissance réciproque des deux civilisations. Des contacts plus enrichissants se sont noués en Espagne, en Sicile et à Constantinople après 1204. Comme toute propagande, celle des croisades est plutôt négative. Les musulmans sont accusés à cette occasion d'idolâtrie, d'immoralité et même de louer et justifier la violence, alors que les chrétiens eux-mêmes faisaient l'apologie de la guerre pour rassembler et recruter des chevaliers sous la bannière du Christ. Les croisades ont été l'occasion pour les chrétiens occidentaux d'être confrontés à une masse de non-chrétiens[114]. Les disputations religieuses sont rares. Les conversions religieuses vers le christianisme se sont rarement faites sous la contrainte[23]. Le missionnaire Ricoldo loue l'hospitalité des musulmans[115].
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+ Un aéroport est l'ensemble des bâtiments et des installations qui servent au traitement des passagers ou du fret aérien situés sur un aérodrome. Le bâtiment principal est, généralement, l'aérogare par où transitent les passagers (ou le fret) entre les moyens de transport au sol et les avions.
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+
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+ Un aéroport est un ensemble d'infrastructures destinées au trafic aérien commercial de passagers ou de fret ainsi qu'à toutes les activités commerciales et administratives (vente de billets, douane, etc.) qui s'y rattachent.
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+ L'aéroport est implanté sur un aérodrome dont il partage parfois les infrastructures avec d'autres utilisateurs militaires (base aérienne) ou civils (aviation générale). Toutefois les plus grands aéroports sont souvent à l'usage exclusif ou quasi-exclusif du transport aérien commercial et le terme « aéroport » désigne alors l'ensemble des installations.
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+
7
+ Le bâtiment principal de l'aéroport est l'aérogare. Pour le passager aérien, l'aérogare est l'interface entre les transports terrestres individuels ou collectifs et les avions ; c'est le lieu où il accomplit les formalités d'enregistrement auprès de la compagnie aérienne ainsi que les éventuelles formalités de police ou de douane. Les plus grands aéroports utilisent plusieurs aérogares qui donnent, elles-mêmes, accès à plusieurs jetées voire à des bâtiments totalement séparés où sont stationnés les avions. Les appellations en français de ces bâtiments ne sont pas standardisées : le terme aérogare est plutôt attaché au bâtiment desservi par les transports terrestres, le terme terminal aux bâtiments donnant accès aux avions. La terminologie anglaise est présente dans la plupart des aéroports en plus de la langue locale : l'équivalent de l'aérogare est le terminal, celui du terminal est concourse.
8
+
9
+ Certains aéroports sont utilisés par une compagnie aérienne comme plateforme de correspondance. Une partie notable des passagers utilise alors l'aéroport pour changer d'avion. La configuration des terminaux et des installations destinées au traitement des bagages doit prendre en compte ce cas particulier.
10
+
11
+ Un héliport est un aéroport ou une partie de l'aéroport destiné exclusivement au trafic des hélicoptères.
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+
13
+ Un hydroaéroport est bâti près d'un plan d'eau et destiné aux hydravions.
14
+
15
+ Un adaport (terme québécois) est un aéroport généralement situé au cœur d'une zone urbanisée et destiné aux avions à décollage court.
16
+
17
+ Les aéroports internationaux admettent les vols en provenance et à destination d'autres pays. Une partie de l'aérogare ou une aérogare séparée est alors dévolue aux formalités d'entrée ou sortie du territoire et aux opérations de douane.
18
+
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+ Les aéroports nationaux accueillent les vols intérieurs à un pays ou à une union douanière.
20
+
21
+ Un aéroport peut héberger une compagnie aérienne qui s'en sert comme plateforme de correspondance. Les terminaux doivent alors être aménagés pour faciliter le transit entre les portes d'embarquement ainsi que le déchargement des bagages et leur réorientation dans un délai de l'ordre de l'heure.
22
+
23
+ Les aéroports régionaux sont généralement plus petits et servent d'aéroport d'appoint aux aéroports nationaux et internationaux.
24
+
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+ Certains aéroports se spécialisent dans l'accueil du trafic des compagnies à bas coût ou disposent d'une aérogare spécifique à ce trafic.
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+
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+ Quelques aéroports sont exclusivement dédiés au trafic du fret mais une partie importante de ce trafic provient du transport de fret en soute des avions de transport de passagers.
28
+
29
+ Toutefois la majorité des aéroports accueille généralement tous les types de trafic commerciaux et on ne les distingue que par la primauté de l'une des activités.
30
+
31
+ Singapour est une cité-état et toutes les destinations desservies à partir de son aéroport (à gauche sur la photo) sont internationales
32
+
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+ Le trafic national de certains des grands aéroports aux États-Unis est largement prépondérant : 98 % des 60 millions de passagers à Denver.
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+
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+ L'aérogare dédiée aux passagers des compagnies à bas coûts est clairement identifiée à l'aéroport de Singapour.
36
+
37
+ L'aérogare de l'aéroport de Paris-Beauvais est entièrement dédiée aux passagers des compagnies à bas coûts
38
+
39
+ Les statistiques de trafic permettent de classer les aéroports en fonction de leur trafic passagers, trafic fret ou du nombre de mouvements.
40
+
41
+ On peut noter qu'en France[1], et probablement dans de nombreux pays voire à l'échelle mondiale, la loi de Pareto est vérifiée. Ainsi les deux grands aéroports parisiens représentent à eux seuls plus de 50 % du trafic, quel que soit le critère retenu, et les 9 premiers aéroports (sur 42) représentent plus de 80 % du trafic. Il en résulte que 80 % des aéroports français sont des petits aéroports, voire très petits qui se partagent les 20 % restants du trafic.
42
+
43
+ Il existe une corrélation entre le trafic d'un aéroport et le nombre de mouvements. En France, toutefois, on note sur les 15 dernières années (2000-2015) une augmentation du trafic et une baisse des mouvements. Cette tendance est due à l'augmentation de la taille des avions et à un meilleur taux de remplissage.
44
+
45
+ Les avions utilisant un aéroport n'ont pas tous les mêmes performances de maniabilité à basse vitesse. Le classement en trois catégories selon ce critère dépend à la fois du type d'avion et des caractéristiques de la piste et de son circuit d'approche.
46
+
47
+ Les infrastructures nécessaires au transport aérien de passagers ou de fret sont celles que l'on trouve sur un aérodrome auxquelles s'ajoutent le terminal aéroportuaire permettant au passager aérien ou au fret de transiter entre les transports au sol et les avions.
48
+
49
+ La grande majorité des aérodromes sont conçus pour l'aviation de loisirs, sportive ou d'affaires. Le transport aérien de passagers ou de fret utilise des avions de ligne généralement plus lourds et plus rapides et la fréquence des mouvements (atterrissage ou décollage) dépasse la centaine par heure dans les créneaux les plus chargés. Il en résulte que les infrastructures doivent être adaptées en taille, nombre et efficacité pour répondre à la demande.
50
+
51
+ Les aéroports doivent pouvoir être accessibles de nuit ou lorsque les conditions météorologiques sont défavorables. Le balisage de l'approche finale et celui de la piste sont alors primordiaux. Certaines compagnies aériennes imposent l'utilisation de l'ILS même en conditions de vol à vue et la piste doit être équipée en conséquence.
52
+
53
+ Les avions de lignes sont moins sensibles aux vents de travers : la vitesse d'atterrissage étant trois à quatre fois plus élevée que celle d'un avion léger, l'angle formé entre l'axe de l'avion et la trajectoire au sol, pour un vent de travers donné, est plus faible. Il en résulte que beaucoup de nouveaux aéroports n'ont qu'une seule orientation de piste. Les aéroports construits avant l'ère des avions de ligne à réaction conservent toutefois des orientations multiples.
54
+
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+ En 1955, l'aéroport comporte des pistes avec 3 × 2 orientations différentes permettant l'atterrissage des multimoteurs à hélices
56
+
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+ En 2017 l'aéroport ne comporte plus que deux pistes rallongées pour accueillir les avions de ligne à réaction.
58
+
59
+ Lorsque le trafic est important l'utilisation d'une seule piste peut être insuffisante. Les plus grands aéroports disposent alors de deux, voire trois ou quatre, pistes parallèles. L'utilisation simultanée de pistes qui se croisent est possible mais doit faire l'objet de procédures précises. Dans le cas où plusieurs pistes sont utilisables il est courant d'en affecter une à l'atterrissage et l'autre au décollage. Toutefois un avion à l'atterrissage peut être amené à effectuer une remise de gaz ce qui impose de maintenir une séparation dans le temps.
60
+
61
+ La capacité d'une piste d'aéroport dépend du temps passé par chaque avion sur la piste mais aussi de la distance à respecter entre deux avions pour éviter les courants tourbillonnaires, la turbulence de sillage, générés par l'avion de tête.
62
+
63
+ L'identification des pistes est identique à celle des aérodromes : le chiffre représente l'orientation magnétique de la piste. Dans le cas de pistes parallèles on ajoute la lettre L pour la piste gauche (left) et R pour la piste de droite (right). La piste centrale est notée C (center). Pour deux paires de pistes parallèles on ajoute ou on retranche 1 au chiffre normal bien que les pistes aient toutes la même orientation.
64
+
65
+ La largeur, les rayons de virage et les matériaux de couverture doivent être adaptés aux dimensions et au poids des avions de ligne utilisant la plateforme.
66
+
67
+ Lorsque le trafic est important et le nombre de pistes élevé, il devient nécessaire de créer un véritable réseau de voies de circulation et des sens uniques afin d'éviter au maximum le croisement des avions et a fortiori les croisements entre voies de circulation et pistes.
68
+
69
+ Afin d'augmenter la capacité des pistes, les aéroports à fort trafic créent des voies de sortie rapides permettant aux avions à l'atterrissage de quitter la piste dès que leur vitesse est réduite et contrôlée sans attendre l'arrêt complet.
70
+
71
+ Les aires de stationnement, ou parkings (parfois encore appelés tarmacs) sont les parties de l'aéroport où s'effectuent les opérations d'embarquement et de débarquement des passagers, chargement et déchargement des soutes à bagages et à fret ainsi que l'avitaillement des avions (remplissage des réservoirs de carburant, évacuation des déchets et approvisionnement des consommables de bord).
72
+
73
+ Sur les petits aéroports les aires de stationnement sont situées au plus près de l'aérogare et les passagers marchent jusqu'à l'avion. Les surfaces nécessaires au garage d'un avion sont de l'ordre de 1 000 m2 pour un avion de ligne biréacteur et atteignent 6 000 m2 pour les plus gros quadriréacteurs, auxquelles s'ajoutent les espaces nécessaires aux manœuvres et au roulage. Pour des raisons de sécurité et de confort, les passagers sont alors acheminés par autobus jusqu'à un escalier permettant l'accès à la cabine. À fortiori, cette méthode est utilisée lorsque les contraintes d'espace obligent à déporter les aires de stationnement à distance de l'aérogare. Pour encore plus de confort les plus grands aéroports ont construit des jetées à partir de l'aérogare, voire des terminaux détachés, permettant le stationnement des avions près de la porte et l'accès par une passerelle télescopique et orientable.
74
+
75
+ Le contrôle d'aérodrome est le service qui, sur certains aérodromes, gère la circulation des avions dans l'espace proche des pistes d'atterrissage, essentiellement les trajectoires d'approche et de départ, et au sol. La précision de l'identification, de la localisation et de la mesure des vitesses au sol est encore (2017) insuffisante pour permettre de s'affranchir totalement d'une surveillance visuelle de la plateforme. La tour de contrôle est un bâtiment qui abrite les contrôleurs aériens et les écrans liés au radar de contrôle, une salle vitrée située en hauteur plutôt dédiée à la surveillance du trafic au sol et l'antenne radar située sur le toit.
76
+
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+ Le contrôle d'aérodrome définit la piste en service et gère le balisage lumineux en fonction des conditions météorologiques et de visibilité.
78
+
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+ Sur d'autres aérodromes, c'est un service d'information de vol d'aérodrome (AFIS) qui est rendu. Les agents AFIS ne sont pas habilités à donner des instructions aux pilotes, mais seulement à leur transmettre des informations pour faciliter leurs manœuvres, qui sont effectuées sous leur entière responsabilité.
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+ L'aérogare est un bâtiment d'interface entre les transports terrestres privés ou publics utilisés par le passager aérien et l'avion. Côté externe on trouvera des voies routières d'accès permettant l'arrêt et la dépose de passagers arrivant en voiture ou en bus et éventuellement une gare, une station de métro ou de tramway, Côté interne on trouvera des portes d'embarquement donnant accès aux avions soit directement par passerelle soit par l’intermédiaire de bus ou à pied. Dans les plus grands aéroports certaines portes d'embarquement peuvent être situées dans un bâtiment séparé, le terminal. La liaison entre l'aéroport et les terminaux est généralement effectuée en souterrain par un tapis roulant ou un métro léger.
82
+
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+ En raison des menaces pour la sécurité des transports aériens la grande majorité des aérogares sont séparées en deux zones distinctes. Les installations des compagnies aériennes permettant la vente des billets et l'enregistrement des passagers et de leurs bagages sont situées dans la zone externe accessible au public ; les portes d'embarquement sont situées dans la zone interne et ne sont accessibles qu'aux passagers enregistrés. Dans le cas d'un aéroport international une partie de la deuxième zone pourra être sous douane et accessible uniquement aux passagers des vols internationaux. L'accès aux zones internes nécessite le passage par les contrôles de police et de sûreté au départ et le contrôle éventuel de la douane à l'arrivée.
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+
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+ L'aérogare et les terminaux mettent à disposition des passagers des salles et salons d'attente et souvent des boutiques et services de restauration. Dans la zone sous douane on pourra souvent trouver des boutiques assurant la vente hors-taxe.
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+
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+ À l'arrivée le passager international récupère ses bagages de soute en zone sous douane et passe par un contrôle de police et de douane avant l'accès à la zone externe. Pour les vols nationaux la récupération des bagages est généralement assurée dans la zone externe à laquelle le passager accède par passage direct à sa sortie de l'avion.
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+
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+ L'histoire du transport aérien de passagers et de fret inclut celle des compagnies aériennes, des avions de ligne et des aéroports. La transformation des infrastructures aéroportuaires est la conséquence des évolutions du transport aérien et en particulier :
90
+
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+ Les premiers aéroports, au sens strict du terme, ont été mis en service dans plusieurs villes d'Allemagne dès 1910 par la compagnie Delag, opératrice des dirigeables Zeppelin. En quatre années, jusqu'à la Première guerre mondiale, elle a effectué 1 600 vols et transporté 34 000 passagers.
92
+
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+ À la suite de la Première Guerre mondiale, l'Europe, celle de l'Ouest en particulier, s'est trouvée pourvue d'un grand nombre d'aérodromes qui avaient servi de base aux milliers d'avions utilisés pendant le conflit. Leur utilisation ou leur transformation en aéroport était relativement aisée puisqu'il suffisait de construire quelques locaux sur une prairie d'une vingtaine d'hectares afin d'accueillir les premiers services commerciaux réguliers et, en premier lieu, le courrier aérien. Certains de ces aéroports étaient aussi indispensables en tant qu'escales techniques car la distance franchissable de la plupart des avions était inférieure à 250 - 300 km.
94
+
95
+ En même temps les grandes capitales europ��ennes se dotent d'installations plus importantes. Dès 1919 le premier service aérien entre Paris et Londres est créé à partir des aéroports du Bourget et de Hounslow, deux bases aériennes rapidement adaptées pour des vols commerciaux. D'autres aéroports sont construits en Europe tel que Croydon (1920) près de Londres au Royaume-Uni, probablement le premier doté d'un service de contrôle aérien par radio ; Bromma (1936) près de Stockholm en Suède, le premier d'Europe à être équipé d'une piste en dur ; Tempelhof (1938) près de Berlin en Allemagne accueille une aérogare monumentale dont la canopée peut abriter les avions et leurs passagers pendant l'embarquement.
96
+
97
+ Au cours des années 1930 plusieurs villes d'Europe situées à proximité d'étendues d'eau comme Copenhague au Danemark, Rome, Venise et Gênes en Italie, Barcelone en Espagne ou Lisbonne au Portugal ont pu s'équiper d'hydroaéroports et développer des services utilisant des hydravions. Cette solution ne nécessite pas de pistes et les aérogares sont construites dans les ports.
98
+
99
+ Aux États-Unis l'aéroport de Newark, près de New-York, est inauguré en 1928 et se vante d'une piste de 488 m de long, la première au monde à être construite en dur. Au cours de l'année 1930, il traite 20 000 passagers, un nombre considérable pour l'époque. L'expansion de la ville et du trafic entraîne la création de l'aéroport de La Guardia en 1939 puis celui d'Idlewild (qui deviendra JFK) en 1948.
100
+
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+ Les premiers aéroports ont été établis à proximité des villes desservies et parfois attenant à une étendue d'eau afin de permettre l'accès aux hydravions utilisés dans les années 1930-40. Les planificateurs ont rarement prévu l'expansion du trafic et surtout l'apparition de l'avion à réaction. La croissance de la ville a souvent cerné l'aéroport gênant ou empêchant l’allongement des pistes ce qui a entraîné sa reconversion en aéroport régional, en aérodrome réservé à l'aviation d'affaire ou à l'utilisation du site pour d'autres activités. Les aéroports situés près de plans d'eau ont pu allonger certaines pistes sur remblai.
102
+
103
+ Les aéroports les plus récents sont souvent implantés plus loin des villes et prévoient l'espace nécessaire à la construction de terminaux ou de pistes supplémentaires. Dans quelques cas l'aéroport a pu être installé sur une île artificielle.
104
+
105
+ L'aéroport de Midway à Chicago est particulièrement remarquable : construit, comme une partie des banlieues, dans un lotissement de 1 × 1 mile (2,6 km2) les deux plus grandes pistes situées sur les diagonales font moins de 2000 m (photo ci-dessous) et son extension s'est révélée impossible.
106
+
107
+ Le nouvel aéroport de Denver couvre une surface de 136 km2, soit 50 fois plus, et prévoit l'espace nécessaire pour des pistes et terminaux supplémentaires.
108
+
109
+ L'aéroport de Nice a pu être agrandi et une nouvelle piste construite sur un remblai. Les pistes de l'aéroport de Sydney ont été prolongées sur la baie.
110
+
111
+ L'aéroport de Kansai est entièrement construit sur une île artificielle.
112
+
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+ Aéroport de Chicago-Midway. Cerné par la ville, il reste en opération pour les compagnies à bas coût.
114
+
115
+ Aéroport de Denver. (En 2017) la plus grande emprise des États-Unis.
116
+
117
+ Aéroport de Nice-Côte d'Azur. Deuxième piste construite sur remblai.
118
+
119
+ Aéroport de Sydney. Pistes prolongées sur remblai
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+
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+ L'aéroport de Kansai est construit sur une île artificielle
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+
123
+ Les aéroports les plus importants au milieu du XXe siècle ont un réseau de pistes en triangle et une aérogare située au centre. Ce plan initial reste visible sur la photo de l'aéroport d'Heathrow de 1955 (cf. ci-dessus) ou sur les aéroports de Chicago ou New-York. Cette disposition a l'inconvénient de limiter l'extension de l'aérogare et des terminaux associés.
124
+
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+ Les aéroports construits vers la fin du XXe siècle ont un réseau de pistes en parallèles. Deux solutions principales sont utilisées : plusieurs aérogares parallèles aux pistes ou une seule aérogare et des terminaux perpendiculaires.
126
+
127
+ Atlanta : Aérogare et terminaux en échelon
128
+
129
+ Dallas : Aérogares multiples
130
+
131
+ Au cours du temps, les aéroports ont connu différentes fonctions et différentes formes. De nos jours, les aéroports sont composés de plusieurs bâtiments et installations nécessaires à son bon fonctionnement. Cela n’a pas toujours été le cas. L’évolution des aéroports a été dictée par certains besoins et par certaines technologies. Les changements les plus notables concernent les aspects suivants: le design, le terminal et la sécurité[2].
132
+
133
+ Les premiers aéroports n’étaient que de simples structures temporaires composées de tentes et de marquages au sol. En effet, un terrain plat dénué d’obstacles suffisait comme piste d’atterrissage. Ces aéroports pionniers étaient implantés dans de larges champs[3].
134
+
135
+ Ce n’est que peu avant la Seconde Guerre mondiale que les aéroports se sont démarqués de cette image. Dans les années 1920, aux États-Unis, l’armée américaine ainsi que l’Office de Poste national souhaitaient faire de l’aviation quelque chose d’utile[4]. Le projet de concevoir un réseau national est rapidement né. L’idée était de pouvoir transporter des cargaisons et/ou des passagers par avion. Le développement de l’aviation commerciale a engendré des besoins techniques tels que des bâtiments spécialisés (hangar, terminal, tour de contrôle, etc.) et technologiques tels que des systèmes pour améliorer la sûreté des vols (lumières, radar, etc.). C’est ainsi qu’une surface dure et plate pour les pistes d’atterrissage est devenue nécessaire au bon fonctionnement de l’aéroport. Les pistes en bitume ont effectivement été conçues pour faciliter et rendre plus sûrs le décollage et l’atterrissage[5]. Les premiers hangars ont également été construits afin de faciliter le service technique des avions au sol[6]. La création du terminal s’est avérée essentielle pour créer une interface entre les passagers et l’avion. Les différents accès aux pistes ont été développés, notamment les voies de circulation au sol pour permettre des interventions rapides du service du feu spécialisé. C’est dans les années 1960 que les aéroports ont pris cette forme. Par la suite, l’entourage des aéroports a également été aménagé avec des hôtels, des espaces de parkings pour les voitures ou encore des bureaux pour les autorités de l’aéroport par exemple.
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+ Vers la fin du siècle, les aéroports sont devenus des systèmes très spécifiques et plus uniquement de simples « gares ». En effet, face à la demande, les aéroports ont évolué pour devenir des entités remplissant plusieurs fonctions: commerciale, sociale, sécurité, etc.[7].
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+ Les enjeux pour l’architecture des aéroports de nos jours sont provoqués par la demande en constante augmentation. Effectivement, de plus en plus de gens voyagent par avion. Pour répondre à cette demande, des avions avec une capacité de personnes plus élevée ont été conçus et pourraient être conçus dans le futur[8]. Ceci peut engendrer des adaptations importantes dans les aéroports. En effet, il est nécessaire de réviser la longueur et la largeur des pistes, des accotements de pistes et des voies de circulation au sol[9]. Il faut également améliorer la résistance du bitume puisque ces avions sont plus lourds. Enfin, il faut équiper les terminaux de portes et de pont d’accès spécialisés[10].
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+ À son apparition, le terminal avait pour but de simplement offrir un couvert aux passagers. Il était composé d’un petit bureau et d’une salle d’attente[6]. La demande augmentant, le terminal a grandi petit à petit. Les architectures sont devenues de plus en plus complexes. Différents services ont été ajoutés au terminal. Effectivement, les infrastructures nécessaires aux contrôles de sécurité ont été ajoutées au bâtiment. Le service de gestion des bagages a également vu le jour. Puis, sont arrivés les différents commerces.
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+ Avant d’être rattachée au terminal, la tour de contrôle était un bâtiment isolé. Au début, sa fonction était de transmettre des informations sur le vent et sur les conditions météorologiques aux avions. Elle faisait également office de balise lumineuse[6].
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+ Par la suite, grâce aux avancées technologiques sur les radars, la tour de contrôle permis de guider les pilotes et de sécuriser la synchronisation des décollages et atterrissages. Ces avancées ont également rendu possibles les atterrissages dans de mauvaises conditions météorologiques[11].
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+ Pendant les années 1974 un système, qui s’appelle indicateur de pente d'approche (PAPI), a été inventé pour faciliter l’atterrissage des avions. Ce système aide à bien poser l’avion respectivement sur un axe vertical pendant l’atterrissage et ceci, en utilisant des lampes à côté des pistes des aéroports avec des couleurs différentes. Chaque combinaison de couleurs donne des instructions différentes aux pilotes en ce qui concerne l’altitude de l’avion[12].
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+ Plus précisément, cela consiste en quatre lampes sur les deux côtés de la piste qui émettent une lumière blanche ou rouge. C’est seulement quand les pilotes aperçoivent deux lumières rouges et blanches qu’ils savent qu’ils ont la bonne inclinaison et hauteur. Les quatre autres combinaisons indiquent que l’avion est soit trop haut soit trop bas[13].
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+
151
+ Selon un rapport de l’Association internationale des gestionnaires d’aéroports (ACI) de 2017, 41 % des passagers aériens dans le monde passent par des aéroports totalement ou partiellement privatisés, tandis que 86 % des aéroports mondiaux sont encore publics[14]. Selon le même rapport, 46 des 100 plus gros aéroports mondiaux sont aux mains de sociétés privées ou de partenariats public-privés[14]. C’est en Amérique du Nord que la part du trafic passager transitant par des aéroports privés est alors la plus faible (1 %), et c’est en Europe qu’elle est la plus élevée (75 %)[14]. Selon l'ACI, le nombre d'aéroports privatisés devrait continuer à augmenter, les États et les collectivités locales étant de moins en moins enclins à financer seuls les investissements nécessaires au développement prévu du trafic aérien[14].
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+
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+ En France, la loi Aéroports du 20 avril 2005 a organisé les aérodromes français en trois catégories[15] :
154
+
155
+ La sécurité vise à éviter les accidents susceptibles de causer des préjudices aux biens et aux personnes. C'est une préoccupation primordiale en ce qui concerne les aéroports. C'est pourquoi plusieurs systèmes et méthodes ont été conçus.
156
+
157
+ La sécurité est ainsi prise en compte dès la conception d'un aéroport, lors de l'aménagement des infrastructures aéroportuaires (pistes, voies de circulation, aires de stationnement), en s'appuyant sur les normes internationales et les recommandations de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
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+
159
+ Par ailleurs, afin de répondre aux normes de l'OACI, chaque aéroport possède un service de sauvetage et de lutte contre l'incendie des aéronefs (SSLIA), qui dispose de véhicules de lutte contre l'incendie spécifiques aux aéroports mis en œuvre par des pompiers d'aérodrome. En particulier, l'objectif opérationnel de ce service est d'obtenir un délai maximum de trois minutes entre une alerte et l'arrivée des premiers engins pour une intervention en tout point d'une piste.
160
+
161
+ Enfin, outre les mesures mises en place pour limiter le risque de collision avec un autre véhicule roulant ou une personne, des mesures particulières peuvent être mises en œuvre sur les aéroports et à leur voisinage afin de limiter les risques de collision avec un obstacle (interdiction ou balisage d'obstacle) ou avec un animal — oiseau ou mammifère — par la mise en place d'un service chargé d'assurer la prévention du péril animalier. Des dispositifs d'effarouchement antiaviaire (notamment des enregistrements de cris de détresse à fréquence variable aléatoire afin que les oiseaux ne s'y accoutument pas) ont permis, selon la DGAC, de diminuer de 80 % le nombre de collisions en France[17].
162
+
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+ Dans plusieurs aéroports du Canada, de Scandinavie ou de Russie notamment, sont utilisés en hiver des appareils de dégivrage des avions. Dans les pays au climat plus tempéré, seuls des engins permettant de déblayer et saler les pistes enneigées l'hiver sont présents. Cela permet de maintenir à son rythme habituel le trafic aérien en respectant les normes sécuritaires.
164
+
165
+ La sûreté vise à éviter les actions volontaires susceptibles de causer des préjudices aux biens et aux personnes. Les mesures de sûreté sont particulièrement importantes dans les aéroports. Elles incluent le contrôle des passagers et de leurs bagages au moment de l'enregistrement et de l'embarquement mais aussi la surveillance des mouvements dans les terminaux et sur les pistes, aux abords des avions, etc.
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+ Pour assurer la sûreté, on peut trouver :
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+ Elle concerne aussi la bonne gestion des déchets[18] et frets dangereux...
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+ Les aéroports sont souvent une composante majeure de l'activité économique et touristique d'une agglomération. Ils sont alors desservis par des liaisons routières rapides (voie express, autoroute) et des transports en commun. Leur implantation au plus près de la zone d'achalandise est l'objet de conflits liés aux nuisances générées par les avions.
172
+
173
+ Les aéroports sont le lieu de convergence et de décollage d'un grand nombre d'avions, mais ils sont aussi desservis par des voies ferrées et des réseaux routiers et autoroutiers générant des pollutions et contribuant à la fragmentation écologique des paysages.
174
+
175
+ Ils génèrent des polluants parfois fortement concentrés (gaz des tuyères au décollage, carburants évaporés, produits anti-gel, etc.) et certaines nuisances (notamment en termes de bruit, tout particulièrement lorsque les vols de nuit sont nombreux). Les avions sont aussi d'importants émetteurs de gaz à effet de serre et contribuent à modifier l'albédo par leurs trainées de condensation. L'importance et l'étendue des impacts de ces phénomènes sont discutés, riverains et autorités aéroportuaires n'étant pas toujours d'accord.
176
+
177
+ En France, une surveillance de l’impact du trafic aérien des trois grands aéroports Charles de Gaulle, Orly et Le Bourget sur la santé des riverains doit être mise en place en 2008 dans les objectifs du plan régional santé environnement (PRSE), sous la responsabilité du Préfet et de la cellule interrégionale d'épidémiologie d'Île-de-France (Cire), avec un comité de pilotage composé de l'État, d'élus, d'associations, de professionnels et de scientifiques. Les observatoires du bruit et de l’air Bruitparif et Airparif évalueront l'exposition des riverains au bruit et à la pollution de l'air. Crises d’asthme et troubles du sommeil seront les indicateurs retenus pour l'étude.
178
+
179
+ Airparis devait mesurer à la fin de l’été 2008 le dioxyde d'azote (NO2) autour de Roissy-en-France pour mettre à jour les données de 2002 (sur 120 sites intéressant 23 communes).
180
+
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+ Les émissions de NOx de l'ensemble des activités des plates-formes aéroportuaires de Roissy et d'Orly sont « plus de trois fois supérieures à celles du boulevard périphérique », selon Airparif[19].
182
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+ Outre les impacts de la pollution de l'air et du bruit (Pollution sonore ou des nuisances lumineuses induites par certains aéroports), les grands aéroports en tant que lieux où se croisent un grand nombre de personnes venues de toutes les régions du monde sont une source de risque épidémiologique et écoépidémiologique. Ils sont un lieu privilégié de contagion et de diffusion rapide possibles pour certaines maladies infectieuses, comme on l'a vu avec le SRAS.
184
+
185
+ Pour cette raison, ils sont associés aux dispositifs de veille sanitaire et de réaction visant à limiter le risque épidémiologique, notamment en cas de pandémie grippale (grippe aviaire à virus H5N1, A H1N1 ou autre).
186
+
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+ Selon le Conseil international des aéroports, les onze aéroports les plus fréquentés en 2018 sont les suivants[20] :
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+ D'après l'organisme Eurocontrol[21], 45 % des retards enregistrés dans les aéroports européens au cours de l'été 2011 étaient dus à six d'entre eux : Frankfurt-Main, Madrid-Bajaras, London-Heathrow, Istanbul-Ataturk, Zurich et Athinai-Eleftherios. Toutefois, ramenés au nombre de vols, le classement s'améliore nettement pour les grands aéroports. Les retards les plus importants par vol étant enregistrés dans les petits aéroports des îles grecques.
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+ Le Pays basque ou Euskal Herria, soit le pays de la langue basque (l'euskara), est un territoire de traditions (anciennes, renouvelées, ou nouvelles), de cultures et d'histoire basque, terre traditionnelle du peuple autochtone des Basques[1] dont la langue basque est parlée par 28,4 % de la population et comprise par 44,8 %[2],[3]. Appelé au Moyen Âge Vasconie et très probablement Cantabrie à l’époque romaine, il s'étend de l'Èbre à l'Adour, sur deux pays, l'Espagne principalement et la France, à cheval sur l'extrémité occidentale de la chaîne des Pyrénées, et est baigné par le golfe de Gascogne.
4
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+ Il est difficile de préciser avec exactitude les contours d'Euskal Herria dont les frontières administratives ne coïncident pas toujours avec les frontières ethniques et culturelles[4]. Selon l'Académie de la langue basque, il s'agit des territoires de langue basque nommés en 1643 par l'écrivain Axular dans l'avant-propos de son livre « Gero »[5],[6], à savoir les sept provinces basques traditionnelles (Zazpiak Bat) : le Labourd, la Soule, la Basse-Navarre, la Navarre, la Biscaye, l'Alava et le Guipuscoa.
6
+
7
+ Sur la base de cette définition, Le Pays basque recouvre actuellement 20 500 km2 et compte trois millions d'habitants[7], répartis en trois entités politiques distinctes. Deux communautés autonomes espagnoles : la communauté autonome du Pays basque (dont les trois provinces, Alava, Guipuscoa et Biscaye, représentent 35 % du territoire et 70 % de la population totale), et la Navarre (plus de 50 % du territoire et 20 % de la population totale). Ainsi qu'une portion du département français des Pyrénées-Atlantiques : le Pays basque français (le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule représentent 15 % du territoire et 10 % de la population), représenté par la communauté d'agglomération du Pays Basque depuis janvier 2017[8].
8
+
9
+ C'est à l'unité linguistique d'une grande partie de ses habitants que l'ensemble doit son nom[9]. En basque, le nom du pays est aussi étroitement lié à celui de sa langue. Pays basque se traduit par Euskal Herria (Pays basque) = Euskararen Herria (le pays de la langue basque), et Basque par euskaldun = Euskara dun (celui qui possède la langue basque)[10]. Très peu de peuples se désignent et désignent leur pays par la connaissance de leur langue[10]. Quant au mot Euskadi[5], initialement orthographié « Euzkadi » et inventé par le père du nationalisme basque, Sabino Arana, au XIXe siècle, il désigne la patrie basque. Les deux termes ont donc une portée différente. « Euskal Herria » est une notion plus géographique et culturelle, alors que « Euskadi » est une notion politique : elle désigne la nation basque. À l'heure actuelle, Euskadi est le nom basque de la Communauté autonome du Pays basque formée par les 3 provinces : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa (Araba, Bizkaia et Gipuzkoa en basque ; cf. infra).
10
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11
+ En février 2011, la séance plénière du Congrès des députés d'Espagne a fait un premier pas pour changer la toponymie officielle des trois territoires de la Communauté autonome basque, qui sont désormais écrits de la façon suivante : Araba-Álava, Bizkaia, Gipuzkoa[11].
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13
+ Longtemps le royaume de Navarre fut l'expression la plus aboutie de la souveraineté du peuple basque. À la suite de la disparition forcée de ce royaume au XVIe siècle la notion ethno-culturelle « Pays basque » a fini par prendre le dessus sur le concept politique « royaume de Navarre »[réf. nécessaire]. L'expression « Terre des Basques » apparaît très précocement dans les textes en français, ainsi la lit-on déjà dans les « Chroniques » de Jean Froissart écrites dans la deuxième moitié du XIVe siècle[12]. Jusqu'au XVIIIe siècle, l'expression « Pays des Basques » est utilisée pour désigner des espaces d'étendue variable peuplés de Basques.
14
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15
+ En basque, la formule Euskal Herria est attestée à partir du XVIe siècle (chez Joanes Leizarraga en 1571). Comme pour les formes françaises, on désigne ainsi les régions peuplées de Basques. En 1643, le traité de religion Gero de Pedro de Axular, en langue basque, est le premier document connu qui décrit territorialement ce « Pays basque » en fournissant l'énumération des sept provinces qui le composent[13].
16
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17
+ Une telle description géographique demeure isolée. On note une nouvelle énumération des sept provinces (désignées comme « pays particuliers ») constituant un Pays basque, cette fois en français sous la plume du chevalier de Béla dans son Histoire des Basques rédigée entre 1761 et 1766[14].
18
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19
+ Au XIXe siècle, l'expression « Pays basque » est désormais d'usage courant en français[15], encore que son sens varie selon le contexte : région de langue basque, territoire des sept provinces ou territoire des trois provinces basques de France. Pendant cette même période País Vasco reste rare en espagnol : les terres peuplées de Basques sont désignées comme Vascongadas, comme País Vasco- Navarro, País euskaro[15], par l'expression basque Euskal Herría intégrée à la langue espagnole (sous des orthographes variées : Euskal-Erria, escualherria…)[13], ou tout simplement comme Señorío de Vizcaya.
20
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21
+ Ainsi dans la deuxième moitié du XIXe siècle, sous des appellations assez variées, le territoire composé des sept « provinces » traditionnelles est devenu un cadre conceptuel d'usage courant, bien au-delà des cercles nationalistes selon l'Académie de la langue basque[13]. À titre d'exemple, on peut mentionner la carte des dialectes basques dressée en 1869 par Louis Lucien Bonaparte qui est intitulée : « Carte des sept provinces basques »[16].
22
+
23
+ Il est a noter que les basques mexicains composent l'un des groupes européens les plus importants et les plus nombreux au Mexique. Ils sont en général originaires de Navarre, d'Euskadi ou d'Iparralde. C'est l'une des plus grandes diasporas basques au monde.
24
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25
+ Avec la montée en puissance du nationalisme basque, Sabino Arana invente un nouveau mot à la fin du XIXe siècle : Euzkadi, la « patrie basque ». Désignant le même territoire que le « Pays basque », il fait plus que décrire la délimitation d'une région culturelle et sous-tend un projet politique pour ce territoire[13]. Un autre terme basque, Zazpiak Bat (« les sept font un ») va fournir encore une autre façon, plus lyrique, de se référer à ce projet politique[16].
26
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27
+ On pourrait aussi définir le Pays basque à partir d'un critère purement linguistique, et en retirer notamment le sud de l'Alava et de la Navarre. Ce point de vue est courant voire majoritaire au XIXe siècle ; ainsi à partir de cette définition la Grande Encyclopédie de Berthelot peut-elle écrire au XIXe siècle que « ni Bayonne, ni Pampelune, ni Bilbao ne sont basques ». On retrouve encore ce mode de définition tardivement au XXe siècle comme dans Le Pays basque de Georges Viers, publié en 1975. Cette conception s'est toutefois essoufflée et n'est pratiquement plus défendue de nos jours, où l'identité basque est conçue comme transcendant largement la seule identité linguistique[17].
28
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29
+ Plus anecdotique est le projet ultra-nationaliste de Federico Krutwig pour qui le Pays basque doit être une « grande Vasconie » incluant toutes les terres qui auraient été basques un jour : Gascogne, région de Jaca, la Rioja et la Bureba[18]. C'est ce qu'on dénomme en basque Orok Bat, qui signifie « Toutes unies »[19].
30
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31
+ La validité du concept de « Pays basque » transnational, au sein duquel s'intègre le Pays basque français, ne pose guère question du côté nord de la frontière[20]. L'inclusion dans le territoire du Pays basque de zones où la langue populaire était le gascon (surtout Bayonne) a pu être une question polémique jusqu'au-delà du milieu du XXe siècle : en 1922 le choix du nom à donner au « Musée basque et de la tradition bayonnaise » est l'objet de « vives discussions » avant d'aboutir à un « compromis »[21], et en 1986 encore, Manex Goyhenetche juge nécessaire, dans son guide historique de Bayonne, de consacrer trois pages véhémentes à affirmer la basquitude de la ville contre « certains auteurs » selon lui « non dépourvus parfois de sentiments anti-basques »[22]. Mais avec le temps, les représentations collectives évoluent et, comme le note Gisèle Carrière-Prignitz, même la rive droite de l'Adour, à Boucau et Saint-Esprit, est aujourd'hui « intégrée » au Pays basque[23] ; les voix regrettant cet état de fait semblent en ce début de XXIe siècle être peu audibles[24], même si Barbara Loyer estime que « cette représentation de l’identité basque de l’agglomération fâche ou inquiète une partie de la population »[25].
32
+
33
+ En revanche une partie significative de l'opinion publique espagnole et particulièrement navarraise refuse d'admettre la pertinence de ce concept de « Pays basque ». Le chef de l'opposition espagnole, Mariano Rajoy va jusqu'à déclarer, en avril 2006 : « La Navarre est la Navarre depuis des siècles, Euskal Herria n'existe pas »[26].
34
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35
+ La Navarre, dont la partie sud n'est plus bascophone, est l'objet d'un sentiment d'identité régionale particulièrement marqué — à tel point qu'on parle de navarrisme. Son articulation avec l'identité basque n'est pas simple et surtout pas univoque, si bien qu'on peut parler aujourd'hui de navarrismes au pluriel : un navarrisme qualifié d'« espagnoliste » par ses adversaires – qui revendique son ancrage à l'Espagne et se construit en s'opposant aux revendications basquisantes – qui s'oppose à un navarrisme basquiste – qui voit dans le projet politique national basque le cadre le plus approprié pour l'épanouissement de l'identité navarraise[27].
36
+
37
+ Cette dualité de conceptions de l'identité navarraise se manifeste dans le sentiment populaire vis-à-vis du concept d'« Euskal Herria », et cette idée d'un grand Pays basque incluant leur province semble rejetée par environ la moitié de la population[28]. On a pu utiliser l'expression d'« Ulster basque » pour décrire l'écartèlement de l'opinion publique navarraise[29].
38
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39
+ Pierre Letamendia fait remarquer que cette situation n'était pas une fatalité historique : rapprochant la Navarre de l'Alava, il souligne la grande similitude culturelle entre les deux provinces, toutes deux non bascophones au sud, toutes deux marquées par le carlisme et très conservatrices au moment de la guerre civile, toutes deux rurales s'industrialisant seulement au milieu du XXe siècle. Il isole des différences fortuites : l'Alava a adhéré au statut de 1936, la Navarre a un passé de royaume, mais considère aussi comme essentiel le rôle de la presse locale et notamment du Heraldo de Navarra dans la construction d'une identité navarraise en opposition à l'identité basque[30].
40
+
41
+ La conception extensive du territoire basque qui est l'objet de cet article n'est pas dépourvue de cohérence : ainsi délimité, le Pays basque est simplement la réunion des sept provinces qui contiennent des locuteurs du basque. Pour Barbara Loyer, la formation sociale du territoire va de pair avec l'évolution de l'identité basque. Dans un premier temps essentiellement linguistique, elle est alors « une représentation ethnique avant d'être politique » ; lorsque le nationalisme basque se développe, l'existence d'institutions provinciales similaires dans les sept provinces constitue un élément d'unité particulièrement structurant pour la nouvelle idéologie[31], et cette focalisation sur les anciennes libertés et les fueros conforte l'installation de l'identité nationale basque dans la grille préexistante des limites provinciales[32]. Béatrice Leroy, en posant les difficultés de l'écriture d'une histoire dans ce cadre préétabli, accepte l'exercice en rattachant la territorialité basque aux « normes de la géopolitique du XIXe siècle »[33].
42
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43
+ Les auteurs proches du nationalisme basque posent souvent le concept d'« Euskal Herria » comme une donnée, sans discussion de sa validité — même dans des présentations relativement longues de son territoire ou discussions de l'identité basque[34]. La question n'est toutefois pas systématiquement éludée par les nationalistes basques : ainsi Manex Goyhenetche, qui est d'abord un historien, en fait l'ouverture de son Histoire générale du Pays basque sous le titre provocateur « Le Pays basque existe-t-il ? ». Il conclut à une communauté de destin des habitants du territoire, qui malgré leur grande diversité « sont définis par un ensemble de caractères relativement stables susceptibles de conférer une personnalité collective, voire une identité collective »[35]. Plus récemment, Jean-Louis Davant juge qu'il convient de « débattre du principe de la territorialité » puis défend le cadre des sept provinces comme « le plus cohérent » pour représenter le territoire basque[36].
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45
+ La pensée de Pierre Letamendia est nuancée : pour lui « Ce n'est que par convention et par construction sociale et politique qu'on peut identifier le Pays basque et les sept provinces historiques traditionnelles. Ces dernières ont incontestablement un enracinement historique et politique. Mais celui-ci n'est pas fondé exclusivement ou même principalement sur un substrat culturel basque »[4]. Il admet par ailleurs qu'« il est certain qu'une réelle parenté culturelle rassemble, ou plutôt a rassemblé l'ensemble des Basques »[37].
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47
+ La géopolitologue Barbara Loyer, foncièrement hostile aux nationalismes régionaux, propose une peinture très critique des enjeux territoriaux de la construction de l'identité. Pour elle « plus on prend en considération des ensembles spatiaux vastes, plus on néglige les diversités locales au profit des représentations ». Dressant un tableau très pessimiste des conséquences des revendications nationales et notamment linguistiques, elle fournit une lecture conflictuelle des inscriptions territoriales ; dans le cas spécifique de la Navarre, elle voit dans le projet national basque une volonté de « faire coïncider par une relation d’appartenance historique une langue et un territoire, sans tenir compte des locuteurs qui y viennent ou qui s’en vont ». Pour elle, « rien n’est moins naturel qu’un territoire » : derrière le choix d'une représentation territoriale, il y a des enjeux géopolitiques en termes de pouvoir[38].
48
+
49
+ Des auteurs plus ouverts au nationalisme basque sont beaucoup plus optimistes et voient au contraire dans la montée en puissance de la territorialisation de l'identité basque une chance. Interviewé dans Lema, mensuel du parti nationaliste basque, Jean-Philippe Larramendy déclare « J'aime cette idée qu'il suffit d'habiter au Pays basque pour devenir basque »[39]. Une analyse de Thomas Pierre décrit l'évolution de la pensée nationaliste qui, bâtissant depuis les dernières années du XXe siècle une nouvelle « identité territoriale », redéfinit ce que signifie être basque. S'éloignant de la conception linguistique inadéquate et de la conception ethnique qui a longtemps imprégné le mouvement national basque, elle se débarrasse ainsi d'une catégorie de pensée peu rigoureuse. Il est d'ailleurs selon Thomas Pierre intéressant de relever qu'au même moment ce sont les opposants à l'institutionnalisation de la culture basque qui, tout en dénonçant chez leurs adversaires des dérives ethnicistes fantasmées, sont paradoxalement ceux qui continuent à raisonner dans des cadres ethniques périmés[40].
50
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+ Traditionnellement, le Pays basque est décrit comme formé par la réunion de sept provinces, ou territoires historiques. Quatre au sud des Pyrénées forment le pays basque espagnol (ou Pays basque sud) (Hegoalde) et trois au nord forment le pays basque français (ou Pays basque nord) (Iparralde).
52
+
53
+ Avec une précision au km² près, chaque source ou presque fournit une valeur différente de la superficie du territoire. Cela peut s'expliquer d'une part par l'indétermination des frontières exactes du pays basque français et d'autre part par le choix d'inclure ou non l'enclave de Treviño dans le calcul : on lit ainsi 20 551 km2 dans Nationalismes au Pays basque[41] ; 20 587 km2 dans Nosostros Los Vascos[42], 20 657 km2 dans l'article (en espagnol) Geografia de l'encyclopédie Auñamendi, 20 664 km2 dans Euskal Herria - Un pueblo[43], 20 725 km2 dans Notre terre basque[44].
54
+
55
+ Le Pays basque sud (Hegoalde), c'est-à-dire sa partie située en Espagne est formé de deux communautés autonomes :
56
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57
+ Pour certaines sources, deux enclaves à l'intérieur de la communauté autonome basque font également partie du Pays basque[46] : l'enclave de Treviño, enclave de la province de Burgos au sein de l'Alava (280 km2[47]) et Valle de Villaverde (20 km2), enclave de la Cantabrie en Biscaye.
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+ Le Pays basque nord (Iparralde en basque), c'est-à-dire la partie du Pays basque située en France, couvre la partie occidentale du département des Pyrénées-Atlantiques. Pour les sources récentes, il est composé de l'arrondissement de Bayonne et des cantons de Mauléon-Licharre et Tardets-Sorholus, les sources divergeant pour inclure ou exclure la commune d'Esquiule[48]. Si on accepte ces conventions[49], la superficie du Pays basque français (y compris les 29 km2 d'Esquiule) est de 2 995 km2[50].
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+ Le Pays basque, dont les frontières ont été définies par la loi Pasqua en 1997, compte 158 communes. Délimitées par les Landes, le golfe de Gascogne, les Pyrénées et la Bidassoa.
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+ Traditionnellement, le Pays basque français est divisé en trois provinces :
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+ Une présentation aussi sommaire est peu cohérente avec l'appartenance au Pays basque de communes du Bas-Adour difficilement rattachables aux anciens territoires des provinces, qui est généralement admise de nos jours ; il est sans doute plus exact de suivre Jean Goyhenetche dans sa description du Pays basque septentrional comme formé de « cinq entités administratives : les deux provinces traditionnelles de Soule et Labourd, le royaume de (basse) Navarre, la ville de Bayonne, la principauté féodale de Gramont »[51].
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+ La Révolution française ayant totalement refondu le système d'administration de la France, les trois provinces (augmentées de villes et villages du Bas-Adour) sont d'abord devenus des districts : celui d'Ustaritz pour le Labourd, celui de Saint-Palais pour la Basse-Navarre, celui de Mauléon pour la Soule. Ces districts sont réunis à trois districts béarnais pour former le nouveau département des Basses-Pyrénées[52]. Au gré des modifications ultérieures du découpage interne du département, les provinces basques ont cessé d'exister dans l'ordre administratif. Un mouvement très actif depuis les dernières décennies du XXe siècle, milite pour la constitution d'un « département Pays basque » dont le territoire serait celui du Pays basque nord (voir à ce sujet l'article Batera).
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+ Trois provinces se partagent la côte basque : le Labourd côté français et le Guipuscoa et la Biscaye côté espagnol. La région est très marquée par l'influence maritime et Bilbao et Bayonne en sont les deux villes rayonnantes. La côte basque commence au sud de l'Adour avec des plages de sables fins qui correspondent au prolongement de la côte landaise. À Anglet, à la chambre d'Amour, les longues plages se terminent et laissent la place à des falaises de 30 à 50 m de hauteur et à des petites plages enfoncées dans des criques. Cette formation rocheuse provient du massif pyrénéen qui rencontre le golfe de Gascogne au niveau de la frontière franco-espagnole (Pointe Sainte Anne, Cap du Figuier). Les formations géologiques sont très hétérogènes le long de la côte. On rencontre du grès calcaire à la pointe Saint-Martin, des marnes bleues sur la côte des basques, ou du flysh vers Bidart, dans la baie de Loya, à Hendaye ou à Zumaia. La côte est alors très découpée et change inexorablement avec l'érosion des pluies et de la mer. Au milieu de ces falaises, on trouve des plages étroites, assez rares et parfois composées de galets et des estuaires qui sont devenus les lieux privilégiés d'urbanisme.
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+ On observe une différence nette entre la côte basque française et la costa vasca (côte basque espagnole). L'expansion de l'urbanisme est importante côté français à cause notamment du tourisme grandissant. Environ 5 % de la côte est libre de construction[réf. nécessaire]. Côté espagnol, la côte est plus préservée et moins urbanisée.
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+ La montagne domine tout le reste du territoire basque avec des hauteurs dépassant 400 m sur plus de la moitié du pays. Ce sont les Pyrénées qui sont dans le centre du Pays basque et coupent ce dernier en deux, formant la frontière entre la France et l'Espagne. Le point culminant des Pyrénées basques est la Table des Trois Rois (Hiru Errege Mahaia) à 2 421 m suivi par les pics d'Ezkaurre (2 047 m) et d'Arlas (2 044 m)[53]. À l'est, les Pyrénées sont élevées et parsemées de forêts et de pâturages d'altitude avec des vallées assez profondes. À l'ouest, la chaîne pyrénéenne est plus calme et forme des plateaux herbeux et des sommets arrondis jusqu'à la mer. Au nord du massif, en Iparralde, les collines vertes dominent jusqu'à l'Adour. On y trouve des prairies, des bois et des champs cultivés de maïs. Au-dessus de l'Adour se forme une plaine alluviale marécageuse appelée les barthes. Au sud de la chaîne axiale, en Navarre, les Pyrénées sont présentes tout le long de la frontière et se prolongent jusqu'à la côte basque espagnole avec des vallées plus vertes et moins étroites. À l'ouest, dans la communauté autonome basque, on trouve la cordillère Cantabrique qui se prolonge vers Bilbao. Elle est formée d'une succession de massifs : le massif d'Aralar, d'Urbasa et d'Andia. Enfin, vers l'Èbre, les plateaux disparaissent au profit d'une grande vallée.
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+ Le climat du Pays basque est varié et fortement influencé par l'océan Atlantique. Le littoral bénéficie de l'influence du Gulf Stream, qui donne un climat tempéré et des températures douces. La température annuelle moyenne est de 13 °C. Les vents dominants sont orientés d'ouest en est et amènent des précipitations régulières en hiver. Au sud, en Espagne, des vents du sud appelés localement haize hegoa permettent de réchauffer tout le pays. Les étés restent doux grâce à l'océan. Les pluies sont assez abondantes et tombent très rapidement sous forme d'orages ce qui donne une végétation riche et verte même en été. Vers le sud du Pays basque en Espagne, le climat devient plutôt méditerranéen voire presque continental avec des hivers secs et froids et une végétation plus steppique.
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+ La faune est très variée sur ce vaste territoire. Les oiseaux sont très présents sur le littoral. On retrouve l'hirondelle de rochers qui niche dans les falaises, l'océanite tempête qui est un oiseau devenu rare, ou le tournepierre à collier que l'on trouve très fréquemment sur les plages et les rochers. Le cormoran, le goéland, la mouette et l'huîtrier pie sont des oiseaux qui fréquentent les côtes basques. C'est aussi un lieu d'hivernage pour le macareux moine, le guillemot de Troïl et le pingouin torda. La montagne est le refuge de nombreux rapaces comme le milan noir, la buse variable ou le vautour fauve.
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+ Des mammifères sont familiers du Pays basque. Autrefois, l'ours brun peuplait les montagnes. Maintenant, on trouve des cerfs, des sangliers, des pottoks (prononcé pottiok), des renards. De nombreux lapins de garenne font le bonheur des chasseurs de la région.
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+ La flore du Pays basque est variée et différente suivant l'altitude et le climat. Sur le littoral, la flore est adaptée aux conditions maritimes de vent et de sel. On y trouve de la lande et de la prairie maritime avec des ajoncs, de la bruyère, de la sérapia langue et du crithme marin. Sur la côte espagnole, les dunes sont fixées grâce à des plantations de pins maritimes, des tamaris et de l'eucalyptus. Le paysage de collines est dominé par des prairies herbeuses et de la lande. En paysage montagnard, on trouve essentiellement des forêts de chênes et de hêtres. Arbailles et Iraty sont les plus grandes forêts de hêtres d'Europe. Au-dessus de 1 800 m, la lande reprend le relais ainsi que les pâturages d'estive. On y retrouve le rhododendron et la myrtille.
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+ L'histoire du Pays basque commence à la préhistoire tels en témoignent les objets retrouvés dans les grottes d'Isturitz et d'Oxocelhaya et de très anciennes sépultures[54].
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+ Comme pour le reste du territoire français ou de la péninsule Ibérique, les populations présentes dans cette région sont caractérisées par l'arrivée au néolithique d'agriculteurs venus d'Anatolie qui se sont mélangés avec la population locale de chasseurs-cueilleurs[55]. Le Pays basque ne se distingue également en rien de l'Ouest de la France, il voit environ 2.000 avant notre ère le remplacement de 40 % des ancêtres présents et de près de 100 % de ses chromosomes Y par des personnes d'ascendance steppique. Ces études montrent que durant l'âge du fer, l'ascendance steppique s'est répandue non seulement dans les régions parlant des langues indo-européennes, mais aussi dans les régions de langues non indo-européennes. L'haplogroupe R-DF27, un sous clade de R-M269 haplogroupe très présent parmi les populations celtiques, atteint 74 % chez les Basques[56]. Il s'est étendu dans la péninsule Ibérique principalement entre 3 500 et 3 000 ans, soit à l'Âge du Bronze moyen[56].
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+ D'une manière générale, les études génétiques révèlent que les Basques actuels sont mieux décrits comme étant une population typique de l'âge du fer sans les adjonctions qui ont ensuite affecté le reste de la péninsule Ibérique[57]. Les Basques représentent un isolement récent avec des goulots d'étranglement de l'ADN-Y après les mouvements de population de l'âge du fer à l'époque romaine[57].
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+ Les historiens romains relatent l'existence de nombreuses tribus différentes des Celtes ou des Gaulois : Autrigons, Caristes, Vardules, Bérones, Vascons et Aquitains. Ces derniers collaborent sans doute pleinement avec les Romains. Au Moyen Âge, les Romains sont supplantés par les Wisigoths qui ont envahi toute la péninsule et les Francs qui se trouvent au nord des Pyrénées. Au milieu se forme le territoire des Vascons. Ils ne se soumettent pas au roi des Francs et n'hésitent pas à piller les villages au sud comme au nord. La particularité basque d'une société indépendante et très égalitaire apparaît alors à cette période.[réf. nécessaire]
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+ Au VIIIe siècle, l'invasion musulmane provenant du sud prend le territoire des Basques. Se forme alors le royaume de Pampelune, prélude du royaume de Navarre. Charlemagne, à la suite de sa déconvenue à Saragosse[58], met à sac la ville de Pampelune et détruit ses murailles. En 778 eut lieu la Bataille de Roncevaux, où, pour se venger, les Vascons attaquèrent l'arrière-garde de l'armée franque de Charlemagne, privant ainsi de sa protection la constitution d'une zone d'influence carolingienne[59] dans la vallée de l'Èbre, similaire aux marches hispaniques de Catalogne. Cette bataille donna naissance à la fameuse Chanson de Roland.
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+ Au IXe siècle, c'est le début de la reconquête des terres prises par les musulmans (Reconquista) et le Pays basque fut alternativement partie du royaume de Navarre et du royaume de Castille. Des conflits existaient entre les commerçants du Pays basque espagnol et les commerçants de Bayonne. C'est aussi le moment de la mise en place des fueros (fors). En Espagne, il s'agit d'une charte accordant aux populations des privilèges et des libertés et issue d'une synthèse entre les lois romaines et wisigothes. Elles sont conclues entre le roi et une vallée, une ville ou un village. Dans les provinces basques, il s'agit au contraire d'un texte que le seigneur jure de respecter pour obtenir l'obéissance de son peuple. Les députés des provinces basques y mettent par écrit les libertés et les franchises que le peuple basque veut conserver.
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+ La province de Navarre sera la plus prospère sous le règne de Sanche le Grand au XIe siècle s'étendant sur une partie de l'Aquitaine au nord et en Aragon à l'est. Au XIIe siècle, elle éclate mais chaque province conserve son système de fueros. La Soule et le Labourd qui reviennent à l'Aquitaine tombent sous domination anglaise avec le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et du roi d'Angleterre. Et durant la guerre de Cent Ans, le Pays basque est écartelé entre la France et l'Angleterre.
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+ En 1521, la Navarre fut envahie par les troupes espagnoles et son territoire au sud des Pyrénées fut annexé à l'Espagne, moyennant promesse royale de respecter les fors de Navarre. Le royaume de Navarre sous domination de la Maison de Foix se réduisait alors aux territoires au nord des Pyrénées. En 1659 est signé le traité des Pyrénées à Hendaye qui marque le rapprochement de l'Espagne et de la France, et la reconnaissance implicite de la frontière au Pays basque, qui sépare donc définitivement en deux parties la Navarre.
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+ Pendant ce temps, les Basques participèrent à une lucrative chasse à la baleine qui les emmena jusqu'aux terres inconnues de l'actuelle Terre-Neuve. De nombreux marins et explorateurs sont issus des territoires basques. La toponymie basque à l'embouchure du Saint-Laurent représente quelques dizaines de noms reconnus, surtout à Terre-Neuve. Par exemple, en Gaspésie nous trouvons « Barachois », l'« Ile aux Basques » face à la ville de Trois-Pistoles. Dans la baie de Sept-Îles, on trouve les îles « Île Grande Basque » et « Île Petite Basque », près d'Escoumins « L'anse aux Basques », du côté de Charlevoix « Lac du Basque » et « L'anse du Chafaud aux Basques ». À ces noms-là, on peut ajouter : Orignac, Orignal, originaires du nom basque orein qui signifie cerf. En outre, certains chercheurs, utilisent les commentaires de Koldo Mitxelena, faits en 1961, qui mentionnaient que le nom de Gaspé est d'origine basque gerizpe/kerizpe ce qui signifie sous l'abri.
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+ La Révolution française voit la réorganisation administrative complète du Pays basque français et la suppression des assemblées spécifiques des trois provinces du nord (Biltzar du Labourd, États de Navarre, Cour d'Ordre en Soule). Au sud, le pouvoir des fueros est contesté par des économistes qui y voient un frein au développement économique. Lors d'une guerre de succession entre Isabelle II d'Espagne et son oncle Don Carlos, les avis sont partagés sur les fueros entre ces deux héritiers du trône. C'est la première puis la seconde guerre carliste entre 1833-1839 puis 1872-1876 qui déchirent l'Espagne. Des guérillas des populations basques s’opposent aux armées des gouvernements libéraux espagnols. Mais en 1876, les fueros sont abolis par ordre du roi et le pouvoir central est affirmé.
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+ La fin du XIXe siècle est marquée, côté espagnol, par la naissance du nationalisme basque. En 1895, le mouvement nationaliste basque, EAJ/PNV (Euzko Alderdi Jeltzalea - Partido Nacionalista Vasco, en castillan) ou EAJ-PNB (Parti Nationaliste Basque, en français), voit le jour et réclame le retour des fueros et l'autonomie des provinces basques. En 1930, des mouvements de gauche et du Front populaire émergent dans les deux pays[réf. nécessaire]. En 1931, la république est déclarée en Espagne et la droite prend le pouvoir.
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+ En 1936, débute la guerre civile espagnole. Dès le lendemain du soulèvement militaire, en juillet 1936, EAJ-PNB, le Parti Nationaliste Basque, proclame son soutien au gouvernement légal républicain de Madrid. En remerciement, les républicains accordent un statut d'autonomie du Pays basque. La Navarre prise dès les premiers jours par le général Mola, et marquée par le Carlisme, soutient Franco tandis que la Biscaye et le Guipuscoa où le Parti nationaliste basque (EAJ-PNB) est puissant, soutiennent le pouvoir républicain en place. Franco attaque le Pays basque en 1937 et le bombardement de Guernica (immortalisé par un célèbre tableau de Picasso) fait de nombreuses victimes civiles. Le gouvernement autonome présidé par José Antonio Aguirre (EAJ-PNB) s'exile à Bayonne lorsque Bilbao est prise en juin 1937. De nombreux exilés rejoignent la partie française du Pays basque. Il ne fallut d'ailleurs pas attendre 1939 qui marque la victoire définitive de Franco pour que commence la répression franquiste.
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+ La résistance basque rejoint les territoires du nord et en plus d'EAJ-PNB, deux mouvements se forment : ETA (Euskadi ta Askatasuna) en 1959 au sud, vite influencé par les idées révolutionnaires, et Enbata en 1963 au nord. Les mouvements se radicalisent et appellent à la violence. C'est le début du terrorisme. Avec l'arrivée de Juan Carlos au pouvoir, des concessions sont faites par le gouvernement espagnol mais cela ne satisfait pas les révolutionnaires qui veulent un peuple basque libre et socialiste. En 1979, le statut de la communauté autonome basque est signé par les provinces sauf la Navarre. Depuis, des institutions basques (parlement, gouvernement, système éducatif, radio-TV) sont mises en place.
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+ Le gouvernement du Pays basque Sud (Hegoalde) de 1937 a émis sa monnaie. Il avait également son passeport, son armée, etc. José Antonio Aguirre était le lehendakari (président). Les quatre provinces basques de Biscaye, du Guipuscoa, de Navarre et d'Alava se déclarèrent autonomes le 8 octobre 1936. Ce régime s’acheva le 18 juin 1937.
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+ Elle commença à être frappée durant la troisième guerre carliste à Paris et Bruxelles. Les dernières monnaies autochtones sont celles frappées par le gouvernement basque en 1937 en Belgique, où l'on a fabriqué 7 millions de pièces de 1 Peseta (nickel, Ø 22 mm, tête de la liberté) et 6 million de pièces de 2 Pesetas (nickel, Ø 26 mm). Pour d'autre raisons, en 1937, on a frappé à Guernica, 50 000 pièces de une peseta pour le conseil des Asturies et León. La même année, à Bilbao, 80 000 pièces de cinquante centimes et 100 000 pièces de une peseta ont été frappées pour le conseil de Santander, Palencia et Burgos.
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+ Le 2 juin 1782 se crée la banque de San Carlos qui émet pour la première fois des billets signés et numérotés à la main en mars 1783. Les séries les mieux accueillies à Madrid sont celles de 200, 500 et 1 000 réals.
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+ Au Pays basque, la banco de Bilbao est la première a émettre, en 1857, des billets pour une valeur de 3 millions de réals et, en 1863, suit la banque de San Sébastian (Donosti en euskara) qui émet pour une valeur de 6 millions de réals. En 1864, les banques de Pampelune (Iruñea en euskara) et Vitoria-Gasteiz émettent respectivement pour 1,3 million réals et 4,1 million réals. Ces trois dernières banques fusionnent avec la banque d'Espagne en 1874, à l'intérieur de laquelle, celle de Bilbao continue son activité commerciale en reprenant ses billets.
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+ Durant la seconde guerre carliste, on émet à Bayonne, des bons du trésor de la Real Hacienda, avec la formule : « remboursable comme dette préférable pour le trésor public » dans les cinq premières années de la pacification du royaume.
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+ Durant la dernière guerre civile et au reste du nord de l'Espagne et isolée de la zone républicaine, la junte de défense de Biscaye dispose de l'émission de talons, émission ratifiée par le gouvernement d'Euskadi (décret du 21 octobre 1936). En 1937, sont émis des billets de 5, 10, 25, 50, 100, 500 et 1 000 pesetas qui présentent le même endroit mais différents motifs pour les revers. Quelques exemplaires portent en violet le sceau du gouvernement d'Euskadi. Existent aussi des sceaux de couleur rouge pour la délégation de Hacienda du gouvernement d'Euskadi en Catalogne.
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+ Ci-dessous des billets de banque émis par la Banco de Bilbao entre 1937 et 1939 pour le gouvernement d'Euskadi.
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+ Note : tous ces billets ont un recto identique, seul le verso diffère.
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+ Recto 5 pesetas
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+ Verso 5 pesetas
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129
+ Recto 10 pesetas
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131
+ Verso 10 pesetas
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+ Recto 25 pesetas
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+ Verso 25 pesetas
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+ Recto 50 pesetas
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+ Verso 50 pesetas
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+ Recto 100 pesetas
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+ Verso 100 pesetas
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+ Le tourisme est la principale économie du Pays basque surtout pour la partie nord. Il représente 20 % du PIB pour le Pays basque français tandis que l'industrie réduit cette proportion à 4 % au Pays basque espagnol. Le tourisme est apparu au XIXe siècle avec l'arrivée des premiers touristes à Biarritz venant goûter aux bains marins. De nombreuses personnes célèbres comme Eugénie l'épouse de Napoléon III, le roi Édouard VII d'Angleterre, Edmond Rostand et bien d'autres vedettes se rendront dans le Pays basque afin de profiter des bienfaits de la mer et du thermalisme. Côté espagnol, la ville de Saint-Sébastien attire le plus grand nombre de touristes. Bilbao tire aussi son épingle du jeu avec notamment son musée Guggenheim. La renommée de Saint-Sébastien vient des premiers souverains espagnols puis des riches Espagnols qui allaient en vacances dans cette belle ville côtière. Enfin, les fêtes de San Fermin, qui se déroulent au mois de juillet à Pampelune, sont considérées comme l'une des plus grandes fêtes du monde, et attire plus de 2 millions de personnes chaque année.
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+ L'attrait du Pays basque s'explique aussi par son climat clément en été, mais aussi sa culture, ses traditions et son patrimoine. De nombreuses activités et de nombreux loisirs attirent les touristes. La nature permet de pratiquer la chasse et la pêche mais aussi les sports d'eau vive sur la Nive à Bidarray, la randonnée et le VTT.
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+ La pêche est une activité économique très présente en Pays basque comme en témoignent les nombreux ports que l'on y trouve. Autrefois, les basques pêchaient activement la baleine dont on extrayait de nombreux produits dérivés comme le savon et l'huile. Mais, avec la raréfaction des baleines et l'interdiction de sa chasse, les basques se tournent vers la pêche à la morue au XIXe siècle. Le port de Saint-Jean-de-Luz est typique et permet de retrouver toute l'ambiance d'un port basque. Son activité fut essentiellement tournée vers la sardine et le thon malgré les rivalités avec les pêcheurs bretons sur ces produits.
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+ Au XXe siècle, des rivalités opposent les pêcheurs espagnols aux pêcheurs français qui détériorent les conditions de travail. De plus la réglementation européenne et la raréfaction des ressources provoquent une crise importante dans la profession. Les pêcheurs s'organisent alors en coopératives puis modifient leurs zones de pêche en se déplaçant vers les côtes africaines. Les bateaux-usines se développent pour permettre de réaliser de plus grandes campagnes de pêche. Il existe tout de même un fossé entre les pêcheurs français et espagnols car ces derniers pêchent beaucoup plus que les pêcheurs du Pays basque français.
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+ Les plus grosses industries se situent autour du pôle Bayonne-Anglet-Biarritz côté Nord. Le port de Bayonne est très dynamique et assure les livraisons de soufre et du pétrole de Lacq vers l'extérieur. Il est aussi la plate-forme européenne de distribution des véhicules Ford et General Motors fabriqués en Espagne et au Portugal. Enfin, on retrouve à Anglet l'usine de Dassault Aviation et le technopôle Izarbel à Bidart.
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+ Quelques industries sont issues directement de l'artisanat du Moyen Âge comme la tannerie du cuir à Hasparren, l'espadrille à Mauléon, le linge de table et les textiles dans le Pays basque français.
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+ À Saint-Jean-de-Luz se trouvent au moins trois entreprises mondialement connues : la marque Quiksilver, le groupe Olano et le groupe médical B. Braun. S'y trouve aussi une grande clinique des yeux, première en Aquitaine, travaillant en collaboration avec celle de Toulouse.
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+ Au sud regroupe les mines de fer de Biscaye qui assurent 10 % de la production mondiale et la sidérurgie à Bilbao. Côté financier, Bilbao et BBVA se sont unis afin de créer la deuxième place financière de l'Espagne.
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+ Au sud, l'ameublement et le travail du bois au Guipuscoa et en Biscaye sont très présents.
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+ Aujourd’hui, la Communauté autonome basque fait partie des dix régions dont le niveau d’industrialisation et le niveau de richesse sont les plus élevés d’Europe, aux côtés de la Bavière, du Bade-Wurtemberg, de la Lombardie et de la Haute-Autriche. En juin 2007, le taux de chômage atteignait le niveau record de 3,4 % et le taux de croissance du PIB 4,2 %. Après avoir traversé une grave crise économique et sociale pendant les années 1980, la Communauté autonome basque (ou Euskadi) a opéré un redressement économique spectaculaire.
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+ Avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne de l'Union européenne (indice 140 en 2007 contre 109 en Espagne - 111 en France), le Pays basque est devenu en 2007 la région la plus riche d’Espagne devant la Communauté de Madrid (indice 139 en 2007). C'est la première fois qu'une Communauté autonome dépasse la région capitale qui s'était toujours, logiquement, imposée comme la plus riche du pays.
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+ Le centre financier du Pays basque est Bilbao, siège de la Bourse de Bilbao et des banques comme BBVA, et caisse d'épargne Bilbao Bizkaia Kutxa (BBK).
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+ Le Pays basque est une région fortement rurale pour 90 % de son territoire. Le maïs domine les cultures agricoles du Pays basque français et les Pyrénées-Atlantiques sont le deuxième département au niveau national en termes de production de maïs. Mais, la production est fortement concurrentielle et subit des baisses du cours. Certains producteurs préfèrent se tourner vers des productions plus rustiques et de qualité comme le piment d'Espelette, la cerise noire d'Itxassou, les pommes à cidre ou les produits biologiques.
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+ L'agriculture connaît un regain comme nulle part ailleurs en France. Elle représente désormais 6 % de l'activité locale contre 3 % pour le reste du pays, devenant ainsi le premier pôle économique de la région. Et 21 % des exploitations sont gérées par des paysans de moins de 35 ans, contre 15 % pour le reste de l'Hexagone. Compte tenu du relief très vallonné qui ne favorise pas la culture maraîchère, les trois quarts des 5 000 fermes se consacrent à l'élevage ovin : 2 000 d'entre elles possèdent le label AOC et 500 le label bio. « Les petites fermes et les petites collectivités assurent toute la chaîne de production, culture, transformation et vente, explique Michel Bidegain, conseiller à l'agriculture basque. Nous parions sur le marché de produits du terroir et de haute qualité ». Parmi ces productions désormais très valorisées, le piment d'Espelette qui commence à trouver sa place sur les tables des plus grands chefs et dans les épiceries de luxe. Le jambon Quintoa, lui, s'exporte en Asie et attend son appellation AOC. En 2013, un autre label estampillé « Pays basque », viendra confirmer le dynamisme régional. « Il permettra, en outre, de développer et atteindre des nouveaux marchés, des consommateurs toujours plus soucieux de produits authentiques », relève Jean-Baptiste Etcheto[60].
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+ Le vin était très présent dans tout le Pays basque, seuls quelques terroirs demeurent aujourd'hui comme le vin d'Irouléguy les vins de la Rioja, de Navarre et le txakoli autour de Getaria. Quelques cultures d'oliviers sont visibles dans le bassin de l'Èbre. La Navarre est aussi une région de maraîchage.
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+ Les régions montagneuses sont propices à l'élevage pour la production de fromage. Le Pays basque est notamment réputé pour la diversité des fromages de brebis, tant du côté nord que du côté sud avec des appellations protégées telle que l'ossau-iraty, le Roncal ou l'Idiazabal.
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+ Outre un grand nombre de petits producteurs artisanaux, de grands groupes industriels sont installés notamment en Pays basque français telle que Lactalis (fromagerie Pyrénéfrom à Larceveau produisant le fromage Istara ou le Petit Basque) ou le groupe Bongrain (fromagerie des Chaumes à Mauléon avec l'Etorki). Parmi les races ovines typiques de la région, l'on trouve la manech tête noire, la manech tête rousse ou encore la basco-béarnaise.
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+ Les Aquitains (comme les Gascons), les Vardules, les Autrigons, les Caristes et surtout les Vascons sont à l'origine de la culture basque actuelle qui au cours des siècles, a subi d'innombrables influences mais dont la langue ainsi que certaines coutumes sont les fondements. De nos jours, la culture basque vit un véritable renouveau.
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+ Chaque province du Pays Basque possède ses propres particularités culturelles.
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+ L'identité basque est, comme d'autres, complexe et différente selon les individus. Elle s'avère « à géométrie variable » selon le lieu et le concept d'appartenance. L'influence navarraise, française ou espagnole est, selon occurrence, très marquée. Le sentiment d'avoir une, deux, voire trois identités différentes est très répandu dans la population, sans que cela apparaisse aux intéressés comme contradictoire. En Alava, par exemple, où seulement un quart de la population est bascophone, 79 % se considèrent « basques », la langue étant un facteur identitaire parmi d'autres.
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+ La langue basque, ou euskara est une des composantes importantes de la culture basque. C'est une langue vivante, qui est parlée par plus de 1 063 700 personnes, soit 26 % des habitants[61]. En 2010, seulement 22,9 % des habitants du Pays basque ayant accès à Internet à la maison utilisaient la langue basque sur Internet[61]. On peut présumer de son origine au paléolithique supérieur si l'on se réfère aux récentes recherches génétiques et scientifiques, combinées à la linguistique qui démontrent que les Basques d'aujourd'hui sont les descendants les plus fidèles d'un groupe humain qui vivait dans le Pays basque actuel durant cette période et qui survécut à la dernière glaciation[62]. On retrouve pourtant des similarités grammaticales et lexicales avec de nombreuses langues de contrées lointaines (Caucase, Inde dravidienne, Sibérie) mais aucun lien d'échanges linguistiques avec la langue basque n'a encore été prouvé. En revanche la structure grammaticale du basque le distingue fortement de toutes les langues indo-européennes, ce qui lui vaut sa réputation de complexité.
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+ Le basque utilise la déclinaison. Tous les groupes de mots d'une phrase se déclinent et leur terminaison est différente suivant leur rôle dans la phrase. Ces rôles ne coïncident pas partout avec les catégories grammaticales des langues indo-européennes, comme « sujet » et « complément d'objet direct » (le basque est une langue ergative). De plus, le basque est une langue agglutinante, c’est-à-dire que l'on peut cumuler plusieurs suffixes pour obtenir nuances et combinaisons de sens. Pour la conjugaison enfin, la forme du verbe dépend non seulement du temps, du mode et de la personne du sujet, mais elle peut aussi dépendre du complément d'objet direct, de la personne du complément d'attribution, et même des statuts respectifs de la personne qui parle et de celle à qui elle s'adresse (prolongement du tutoiement / vouvoiement).
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+ Dans la communauté autonome basque et le nord de la Communauté forale de Navarre, la langue basque est officielle avec l'espagnol, avec respectivement 99,4 % des enfants qui sont scolarisés dans une école où le basque est enseigné et 41,4 % en Navarre. Les médias aussi favorisent son expansion et son utilisation. En France, la langue est considérée comme une langue minoritaire et seules des associations locales militent pour la sauvegarde et la transmission de la langue. Ces associations locales ont œuvré à la fondation et font vivre des « ikastolak » (écoles basques) dans lesquelles la totalité ou presque de l'enseignement est dispensé en langue basque. Ces ikastola, peu nombreuses, scolarisent les enfants de la maternelle au lycée. Tout comme les écoles confessionnelles, elles ont un statut d'écoles privées sous contrat avec l'État Français, et, à ce titre, bénéficient de financements d'État. De même, les enseignants et personnels de ces établissements sont rémunérés par l'État. Il existe aussi de nombreux établissements scolaires publics qui dispensent un enseignement bilingue (basque/français) de la maternelle au lycée, toutefois, seuls 21,7 % des enfants du Pays basque nord (France) sont scolarisés dans une école basque dont les écoles maternelles représentent plus de 35,5 % du total pour l'année scolaire 2004-2005.
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+ Le Pays basque est connu pour ses fêtes et festivals qui se déroulent toute l'année. Cette particularité peut s'expliquer par la vie autrefois rurale des habitants du Pays basque, par le catholicisme et aussi par un renouveau traditionnel encouragé par le tourisme important de la région.
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+ La Soule est notamment réputée pour sa pastorale, représentation théâtrale. Elle est organisée chaque année par un village différent.
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+ Il existe une communauté basque aux États-Unis (près de 100 000 personnes), essentiellement regroupée dans les États de la Californie, le Nevada et l'Idaho. La ville d'Elko dans l'État du Nevada organise chaque mois de juillet un festival basque (National Basque Festival) avec des danses traditionnelles, des spécialités culinaires, des courses de taureaux et des épreuves de force. D'autres festivals tel que celui de Boise dans l'Idaho sont également réputés. Il existe aussi une fête basque à Saint-Pierre-et-Miquelon, car des familles de pêcheurs basques sont venues s'y établir.
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+ Par ailleurs, la plus grande concentration de Basques se situe en Argentine (près de 3 millions et demi de personnes soit 10 % de la population totale du pays), qui organise chaque année, la Semana Nacional Vasca (la Semaine Nationale Basque). 30 % de la population chilienne porte un nom de famille basque et 30 % de la population uruguayenne a des origines basques.
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+ Le Parlement de la Communauté autonome basque adopte la date du 25 octobre comme « Jour du Pays basque » (« Euskadi Eguna » ou « Día de Euskadi »), commémorant ainsi le Statut de Gernika approuvé par référendum le 25 octobre 1979. Ce premier jour férié sera fêté en 2011[63].
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+ Grâce à sa pêche traditionnelle on trouve sur les marchés du Pays basque et dans les poissonneries une très grande variété de produits de la mer (thons, sardines, anchois, dorades, soles, merlus, louvines, chipirons, palourdes, crabes, araignées de mer, etc.) et aussi des poissons d'eau douce (truites, saumons, anguilles, pibales, etc.). Avec une agriculture traditionnelle faite de petites exploitations, un climat et une géographie exceptionnels, le Pays basque dispose d’un large éventail de produits du terroir (fromages, agneau, porcs, piments, vins, cidres…). Cependant, des influences gasconnes se font sentir du côté de la France tandis qu'au sud on retrouve des influences espagnoles avec l'huile d'olive, la tomate et les poivrons, la cuisine ne connaissant pas les frontières administratives.
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+ Dans la culture basque les sociétés gastronomiques ont toujours joué un rôle primordial. Lieux de rencontre, les sociétés gastronomiques sont des associations de village, de quartier, ou socioprofessionnelles qui allient les différentes structures de la culture basque (la langue basque, les danses et les chants basques, les sports basques, et bien sûr la gastronomie basque). La réputation légendaire des Basques pour les défis et les concours fit le reste. Toutes les fêtes et rassemblements populaires sont prétextes à des concours de cuisine, entre quartiers, villages, villes, sociétés gastronomiques ou entre amis. C’est ainsi que les tapas et pintxos (véritables plats traditionnels en miniatures) se sont développés. Dans les bars de Donostia (Saint-Sébastien) comme dans tout le Pays basque on rivalise d’ingéniosité pour créer les meilleures tapas et gagner les différents concours.
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+ La cuisine basque utilise des produits de la mer comme le thon rouge frit servi avec une piperade (compote de tomates, de piments doux et d'oignons) dans la recette de la marmitako. La morue est cuisinée à la Biscaye avec des tomates et des poivrons. D'autres spécialités à base de poissons sont cuisinées dans le Pays basque : le merlu koxkera, la daurade d'Oihartzun, le ttoro (soupe de poisson spécialité de Saint-Jean-de-Luz), les chipirons (nom local des encornets cuisinés avec leur encre) et le txanguro qui est un crabe farci.
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+ Le porc et l'agneau sont les viandes les plus consommées du Pays basque. Dans le Pays basque du sud, l'agneau est servi avec de la sauce basquaise et à Espelette on cuisine l'axoa qui est un plat à base de viande de veau ou d'agneau avec du piment d'Espelette. La viande de porc est du cochon-pie qui a été élevé en semi-liberté et nourri de glands. Le poulet est consommé à la basquaise c'est-à-dire avec une sauce à base de tomates.
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+ Contrairement à l'erreur commise par bien des personnes, il ne faut pas confondre la sauce basquaise avec la piperade (sauce basquaise additionnée d'œufs)
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+ Le fromage basque est un fromage de brebis frais au lait cru. Trois appellations contrôlées distinguent les fromages basques : l'ossau-iraty, le roncal et l'idiazabal. Le jambon dit « de Bayonne » est en réalité basco-béarnais et fabriqué à partir de porcs du Pays basque Nord et des vallées d'Ossau et d'Aspe. Ce jambon était historiquement salé grâce au sel de Salies-de-Béarn puis exporté via l'Adour depuis le port de Bayonne d'où l'appellation jambon de Bayonne qui perdure aujourd'hui. Le porc, et en particulier le porc noir, a été réintroduit dans le Pays basque dans les années 1960 pour faire face à une grave crise agricole. Le foehn, vent sec de cette région, permet lors du séchage de faire pénétrer le sel à l'intérieur du jambon. Enfin, moins connus, les chichons, sorte de rillons et la ventrèche (xingar ou chingar), poitrine séchée et pimentée sont aussi des spécialités locales.
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+ Côté alcool, quatre appellations existent dans le Pays basque : le vin d'Irouléguy appellation du Pays basque nord, le vin blanc de txakoli, les vins de la Rioja et les vins rouges de la région de Tudela, Tafalla et Estella. L'izarra et le patxaran sont des liqueurs basques.
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+ Côté douceurs, les chocolats de Bayonne, de Saint-Sébastien et de Tolosa, les vasquitos et nesquitas de Vitoria, les macarons de Saint-Jean-de-Luz, les goxuas, sortes de baba au rhum à la crème patissière et au caramel, et le fameux gâteau Basque, originaire de Cambo-les-Bains.
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+ Au Pays basque les activités traditionnelles, force basque ou pelote basque, côtoient les activités plus contemporaines comme le golf (huit parcours) ou le surf[64]. La pelote basque est un sport très ancien possédant de nombreuses spécialités avec autant de règles particulières. Le jeu de base se joue à main nue sur le fronton dont chaque village est équipé. La danse, le chant et la musique sont également des éléments traditionnels qui forgent la culture basque.
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+ La maison basque ou etxe est typique et représentative du Pays basque. Mais, on observe des différences régionales comme en Labourd où la maison est asymétrique au niveau de sa toiture ou en Basse-Navarre ou en Soule. Elle servait à accueillir les hommes et les bêtes sous le même toit.
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+ Le Troisième Reich désigne l'État allemand nazi dirigé par Adolf Hitler de 1933 à 1945. Ce terme est souvent utilisé en alternance avec celui d'« Allemagne nazie ».
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+ La République n'étant pas abrogée en droit durant l'année 1933, le terme « Reich allemand » (Deutsches Reich) continue d'être le nom officiel donné à l’État allemand, dans l'ensemble des documents administratifs et politiques produits par l'Allemagne jusqu'en 1945. Toutefois, à partir de l'automne 1943, le terme « Grand Reich allemand » (Grossdeutsches Reich) lui est préféré par certains représentants du régime.
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+ Adolf Hitler, le chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (abrégé en « NSDAP », pour l'allemand Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) est nommé chancelier par le président de la République de Weimar Paul von Hindenburg le 30 janvier 1933. Après son arrivée au pouvoir, le parti commence à anéantir toute opposition politique dans le pays et à consolider son pouvoir ; l'Allemagne devient un État totalitaire. Après le décès de Hindenburg le 2 août 1934, Hitler établit un pouvoir absolu en fusionnant les fonctions de chancelier et de président. Le 19 août 1934, il se fait appeler le « Führer ».
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+ À partir de la fin des années 1930, l'Allemagne nazie fait des revendications territoriales et menace d'une guerre. L'Autriche est annexée en 1938 et la Tchécoslovaquie en 1939. Une alliance est signée avec l'URSS et la Pologne est envahie en septembre 1939. L'alliance est rompu par l'Allemagne nazie deux ans plus tard avec l'opération Barbarossa. Une autre alliance est signée avec l'Italie fasciste et les pays de l'Axe. L'Allemagne nazie occupera la majeure partie de l'Europe, jusqu'à être défaite le 8 mai 1945. Le 23 mai, le dernier gouvernement nazi de Karl Dönitz est arrêté. La propagande nazie destinait le Troisième Reich à durer « mille ans », il en dura douze, la république de Weimar n'ayant d'ailleurs jamais été formellement abrogée par les nazis.
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+ État policier de type totalitaire, reposant avant tout sur le pouvoir absolu exercé par Adolf Hitler, le Troisième Reich est responsable du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il laisse l'Allemagne et l'Europe en ruines.
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+ L'idéologie du Troisième Reich reposait sur le racisme, sur l'antisémitisme, la promotion du Lebensraum et la croyance dans l'existence d'une « race aryenne ». Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le régime met en place un système génocidaire, composé de camps d'extermination, de camps de concentration, de ghettos et de massacres par des unités mobiles. L'Allemagne nazie commet ainsi la Shoah, le génocide des Juifs, le génocide des Roms d'Europe (Porajmos), la mise à mort systématique des handicapés, ainsi que la déportation des personnes homosexuelles et des opposants politiques au régime.
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+ Formellement, la république, dite république de Weimar, n'a jamais été abolie. Le nom officiel reste donc le même, à savoir Deutsches Reich (Reich allemand), nom que portait déjà auparavant l'Empire de 1871. À partir de 1943, le nom de Großdeutsches Reich (Grand Reich allemand, parfois rendu en Reich grand-allemand) est aussi utilisé. Le nom Deutsches Reich est habituellement traduit en français par « Empire allemand » ou « Reich allemand » ; selon le contexte, le premier (« Empire ») est généralement utilisé pour la période 1871-1918 où le pays est dirigé par un empereur (Kaiser en allemand, le pays est donc un Kaiserreich), le second (« Reich », non-traduit) est utilisé pour la période 1918-1945, c'est-à-dire le régime désigné informellement sous le nom de république de Weimar et le régime hitlérien.
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+ En français, les expressions « Allemagne nazie » et « Troisième Reich » sont communément utilisées pour désigner le régime de Hitler — quand le contexte n'est pas ambigu, le simple mot « Reich » fait référence au régime nazi. Le nom de « Troisième Reich », adopté par les Nazis, fut utilisé pour la première fois dans un ouvrage de 1923 d'Arthur Moeller van den Bruck pour lequel le Saint-Empire romain germanique (962–1806) est le premier Reich et l'Empire allemand (1871–1918) le deuxième[1]. Dans le vocabulaire allemand actuel, la période nazie est désignée sous le nom de Zeit des Nationalsozialismus (« période nationale-socialiste »), Nationalsozialistische Gewaltherrschaft (« tyrannie nationale-socialiste ») ou simplement das dritte Reich (le Troisième Reich) ou die Hitlerzeit.
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27
+ Bien que n'ayant obtenu qu'un tiers des voix aux élections libres de novembre 1932, et bien qu'Adolf Hitler ait été battu à la présidentielle par Paul von Hindenburg, le NSDAP arrive au pouvoir quand son « Führer » est appelé à la Chancellerie le 30 janvier 1933.
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+ Beaucoup d'industriels et d'hommes de droite, réunis autour de Franz von Papen et d'Alfred Hugenberg, pensaient ainsi « lever l'hypothèque » nazie et se servir d'Adolf Hitler pour ramener l'ordre dans l'Allemagne en crise, avant de s'en séparer dès qu'il n'y aurait plus besoin de lui. De fait, le gouvernement Adolf Hitler ne comporte que trois nazis : Adolf Hitler chancelier du Reich, Hermann Göring, chargé en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick à l'Intérieur.
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+ Or loin de se laisser instrumentaliser par les conservateurs, Adolf Hitler parvient en quelques mois à mettre l'Allemagne au pas (Gleichschaltung). Le démantèlement de la république de Weimar au profit de la dictature nazie permet l'avènement et la proclamation du Troisième Reich dès le 15 mars 1933, lors d'une grandiose cérémonie de propagande tenue à Potsdam, sur le tombeau de Frédéric II de Prusse.
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+ Dès le 1er février, Adolf Hitler fait dissoudre le Reichstag par Hindenburg. Pendant la campagne électorale, la SA et les SS, milices du parti nazi, reçoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police. Les réunions du Parti communiste (KPD), du Parti social-démocrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont marquées par de nombreux décès. Des opposants sont déjà brutalisés ou torturés.
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+ Dans la nuit du 27 au 28 février 1933 survient l'énigmatique incendie du Reichstag. Saisissant l'occasion, Adolf Hitler fait adopter par Hindenburg un « décret pour la protection du peuple allemand » qui suspend toutes les libertés garanties par la Constitution de Weimar. Un autre décret institue la Schutzhaft ou « détention de protection » préventive, qui permet d'arrêter et d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite de temps.
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+ La terreur s'accélère. En deux semaines, Göring fait ainsi arrêter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du KPD, Ernst Thälmann, le 3 mars. En avril, près de 30 000 arrestations ont lieu dans la seule Prusse. À l'été, la Bavière compte 4 000 internés, la Saxe 4 500. Entre 1933 et 1939, un total de 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d'autres devront fuir l'Allemagne[2].
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+ De nombreuses figures de la gauche littéraire et scientifiques s'exilent, comme Thomas Mann, Bertolt Brecht et Albert Einstein dès le 28 février 1933. D'autres sont jetées en prison comme le pacifiste Carl von Ossietzky. Les nazis condamnent l'« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques.
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+ Les premiers camps de concentration nazis provisoires apparaissent, où sont emprisonnés militants communistes, socialistes, et sociaux-démocrates. Dès le 20 mars 1933, Heinrich Himmler ouvre le premier camp permanent à Dachau, près de Munich. Il sera suivi en 1937 de Buchenwald et en 1939 de Ravensbrück pour les femmes.
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+ Le 5 mars 1933, les nazis obtiennent 43,9 % des voix aux élections législatives. Dans tous les Länder d'Allemagne, les nazis s'emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 23 mars 1933, Adolf Hitler obtient des deux tiers des députés le vote des pleins pouvoirs pour quatre ans. Le 2 mai, les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Les ouvriers sont enrôlés dans l'organisation corporatiste du Deutsche Arbeitsfront (DAF). Le 10 mai, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside à Berlin à une nuit d'autodafé pendant laquelle des milliers de « mauvais livres » d'auteurs juifs, marxistes, démocrates ou psychanalystes sont brûlés pêle-mêle en public par des étudiants nazis ; la même scène se tient dans les autres grandes villes. Le KPD est officiellement interdit en mai, le SPD en juin[3]. Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient. Le 14 juillet, la loi contre la formation de nouveaux partis fait du NSDAP le parti unique en Allemagne. Les jeunes Allemands sont obligatoirement embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes (« Hitlerjugend »), seul mouvement de jeunesse autorisé à partir du 1er décembre 1936.
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+ Les SA de Ernst Röhm exigent que la « révolution nationale-socialiste » prenne un tour plus anticapitaliste et rêvent de prendre le contrôle de l'armée. Mais Adolf Hitler, qui a besoin des grands industriels pour sa future armée, fait massacrer une centaine de chefs SA le 30 juin 1934 au cours de la nuit des Longs Couteaux. Le IIIe Reich s'oriente dès lors vers un « État SS » (Eugen Kogon).
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+ Les nazis liquident aussi à cette occasion plusieurs dizaines de personnalités diverses, ainsi que le docteur Klausener, dirigeant de l'Action catholique.
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+ Après la mort de Paul von Hindenburg le 3 août 1934, Adolf Hitler est à la fois chancelier et président de l'État. Il est entouré d'un culte de la personnalité intense qui le célèbre comme le sauveur messianique de l'Allemagne, et fait prêter un serment de fidélité à sa propre personne, notamment par les militaires. Le Führerprinzip devient le fondement de toute autorité.
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+ Mouvement antichrétien, le nazisme tente de soumettre les Églises, et certains de ses dirigeants tels Martin Bormann rêvent même d'éradiquer le christianisme à long terme[4]. Le pouvoir provoque ainsi une scission au sein des protestants allemands, par la mise sur pied de l'Église dite des « chrétiens allemands », qui professe sans réserve le racisme et le culte du Führer. Il combat aussi l'Église confessante des pasteurs résistants Martin Niemöller et Dietrich Bonhoeffer, déportés.
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+ En 1933, le puissant parti catholique, le Zentrum, s'était sabordé en échange de la signature d'un concordat entre l'ADO (en allemand, « Ausland Deutsches Organisation ») et le Vatican. Mais en 1937, le pape Pie XI dénonce dans l'encyclique Mit brennender Sorge les violations répétées du concordat, les tracasseries contre des hommes d'Église, le racisme d'État et l'idolâtrie entourant le Reich et son chef. Son texte est interdit de lecture et de diffusion en Allemagne et ses exemplaires en circulation détruits par la Gestapo. Cependant, dans l'ensemble, « les Églises allemandes n'ont pas activé tout leur potentiel de résistance » (Jacques Sémelin), et le successeur de Pie XI, Pie XII, ancien nonce en Allemagne, évitera pendant la guerre de dénoncer les atrocités nazies, notamment par peur d'attirer des représailles sur l'Église allemande qu'il connaît bien.
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+ Au printemps 1938, Adolf Hitler accentue la prédominance nazie dans le régime. Il évince les chefs d'état-major Werner von Fritsch et Werner von Blomberg et soumet la Wehrmacht en plaçant à sa tête Alfred Jodl et Wilhelm Keitel. Le conservateur Konstantin von Neurath est remplacé par le nazi Joachim von Ribbentrop aux Affaires étrangères, et Göring prend en main l'économie autarcique aux dépens du Dr Hjalmar Schacht.
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+ La franc-maçonnerie est mise hors la loi et ses membres, pourchassés par une section spéciale de l'appareil policier.
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+ Les Témoins de Jéhovah, objecteurs de conscience, refusent par principe le service militaire et le travail dans l'industrie de guerre, tout comme le salut nazi et tout signe d'allégeance à l'idolâtrie entourant le Führer. Près de 6 000 d'entre eux sont enfermés en camp de concentration.
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+ Dès février 1933, la persécution contre les juifs se déchaîne. Une loi permet à Adolf Hitler de faire révoquer 2 000 hauts fonctionnaires et 700 universitaires juifs. Le boycott des magasins juifs est lancé le 1er avril par les SA. Des Juifs sont humiliés en public, des couples mixtes promenés dans les rues avec des pancartes insultantes autour du cou. La contribution juive à la culture allemande est niée : la musique de Felix Mendelssohn ou de Giacomo Meyerbeer est interdite, et le célèbre poème de Heinrich Heine, la Lorelei, n'a officiellement plus d'auteur. Les lois de Nuremberg, en 1935, retirent la citoyenneté allemande aux Juifs et interdisent tout mariage mixte. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin, toute vie quotidienne normale leur est rendue impossible. Cependant, si plusieurs dizaines de milliers de Juifs s'exilent, beaucoup persistent à rester malgré les brimades, pensant qu'Adolf Hitler apaisera son courroux et parce qu'ils devaient abandonner tous leurs biens pour quitter le pays[5]. Le pogrom de la nuit de Cristal, le 9 novembre 1938, annonce leur élimination physique ainsi que leur spoliation systématique (aryanisation). À partir de 1941, ils doivent porter une étoile jaune, puis sont déportés dans les ghettos de Pologne et les camps de la mort.
62
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63
+ Seuls sont provisoirement épargnés les Mischlinge, ou les Juifs mariés à des Allemandes « aryennes », tels Victor Klemperer. Les Mischlinge sont des personnes dont un des parents n'est pas de religion juive. Cette qualification était codifiée par les lois de Nuremberg. En 1943, en plein Berlin, des conjointes de Juifs manifesteront dans la Rosenstrasse pour empêcher la déportation de leurs époux.
64
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+ En juillet 1933, le régime adopte une loi sur la stérilisation forcée, conforme à son objectif de « purifier la race aryenne ». Des dizaines de milliers de personnes en sont victimes. Elle concerne surtout les malades mentaux, mais aussi des Tziganes (préconisée par Robert Ritter[6]), ou encore des Noirs (planifiée par Eugen Fischer[7] ; la stérilisation touche la moitié des métis, « bâtards de Rhénanie » enfants de la « Honte noire ») : en 1937, Adolf Hitler ordonne de stériliser les 400 enfants nés dans les années 1920 de soldats noirs français et de femmes allemandes[8]. Des milliers de femmes tziganes ne survivent pas à la stérilisation.
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67
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie s'en prend également aux Slaves, peuple d'Europe de l'Est que le régime considérait comme une race inférieure.
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+ Les homosexuels sont condamnés à la stérilisation ou à la déportation en camp en vertu du paragraphe 175 du code pénal ; 25 000 condamnés sont dénombrés en deux ans (J.M. Argelès).
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71
+ Alors que la Gestapo n’a que seulement 6 000 hommes en 1938, et 32 000 en 1944[9], toute opposition organisée au nazisme a pratiquement disparu après 1934. La police politique ne pourrait donc avoir autant d'efficacité sans l'aide de nombreux délateurs, mouchardant pour régler des comptes personnels, par peur ou par adhésion idéologique. Il n'est pas rare non plus que des enfants, soumis à l'embrigadement intense des Jeunesses hitlériennes, finissent par dénoncer leurs parents.
72
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73
+ Les rares groupes constitués de la résistance allemande au nazisme émergent à nouveau à partir de 1938. Très isolés, surtout après l'entrée en guerre, les résistants à Adolf Hitler sont assimilés par l'opinion à des traîtres à leur pays. Ce qui amène les historiens allemands au concept d'une « résistance sans le peuple ».
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+ Dans l'ensemble, la société allemande s'est vite accommodée du régime national-socialiste du moment qu'il mettait fin à l'instabilité politique et économique, et entreprenait de déchirer le diktat du traité de Versailles. Les réalisations sociales du régime, les cérémonies grandioses de propagande comme lors des Congrès du NSDAP à Nuremberg, la peur, l'indifférence ou le conformisme ont entraîné de nombreux Allemands à céder à la « fascination du nazisme » (Peter Reichel).
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+ Environ onze millions de citoyens allemands ont adhéré au NSDAP, dont beaucoup de carriéristes et d'opportunistes, soit une part considérable de la population adulte. Quelque 100 000 Allemands, selon Annette Wieviorka, ont pris part activement au génocide des Juifs. L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov (L'Armée de Hitler, 1999) a montré qu'une bonne part des combattants allemands avaient intégré le discours nazi, et que nombre d'entre eux furent, avec leurs officiers et leurs généraux, à peine moins compromis que les SS dans les tueries à l'est, en dépit de l'opinion contraire qu'ils ont cherché à propager, y compris à l'étranger, dans les années soixante.
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+ L'historien britannique Paul Johnson (Une Histoire des Juifs, 1986) souligne que les Autrichiens, intégrés au Grand Reich en 1938, sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime (outre Adolf Hitler lui-même, il peut être cité Adolf Eichmann, Ernst Kaltenbrunner, Arthur Seyss-Inquart ou Hans Rauter) et qu'ils ont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des Einsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, 2 499 Autrichiens sont dénombrés.
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+ L'historiographie allemande distingue depuis Martin Broszat la résistance organisée au nazisme (Widerstand) et des formes de dissidence civiles (Resistenz), sans ambition de contestation politique, mais démontrant une certaine réticence envers l'embrigadement et l'idéologie officiels.
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+ Par exemple, des groupes de jeunes gens, les Edelweiss ou la Swingjugend, se réunissaient en pleine guerre pour écouter la musique swing proscrite par le régime, et adoptaient un habillement et une coiffure qui défiaient l'ordre moral officiel. De nombreuses Allemandes bravèrent les interdictions officielles des relations amoureuses avec les travailleurs étrangers occidentaux ou slaves. Des centaines d'Allemands furent exécutés pour avoir écouté la BBC, ou proféré des paroles méprisantes ou sceptiques contre le régime et sur l'issue de la guerre. Certains tentèrent discrètement de venir en aide à des Juifs, ou eurent du moins le courage de gestes et de paroles de sympathie. D'autres s'arrangèrent pour ne jamais faire le salut nazi. En Bavière catholique, un mouvement d'opinion empêcha le régime néo-païen de retirer les crucifix des classes[10].
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+ Clemens August von Galen, évêque de Münster, relaya une vague d'indignation contre l'euthanasie des handicapés mentaux, protesta en chaire contre celle-ci, et obtint ainsi l'arrêt officiel théorique de l'Aktion T4 (août 1941).
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+ Dans les années 1930, les Églises ont également souvent résisté aux ingérences du régime et aux tracasseries de ses agents mais leurs hiérarchies n'ont fait porter leurs refus que sur des points matériels et confessionnels et, comme au temps de l'empire wilhelminien, se défendaient toujours de « faire de la politique ». Excepté Konrad von Preysing, évêque catholique d'Eichstätt, les Églises en tant que telles n'ont condamné ni les guerres d'agression, ni la politique raciale, ni les crimes contre l'humanité dans les pays occupés, dont des échos parvenaient pourtant en Allemagne.
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+ La loi sur les pleins pouvoirs, votés à la suite de l'incendie du Reichstag, suspend la Constitution, mais ne l'abroge pas[11], donc « le Reich allemand est une république », selon l'article 1er de la Constitution de 1919, mais le gouvernement dispose des pleins pouvoirs en matière de police et de justice.
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+ À partir de 1933, tous les partis, syndicats, mouvements de jeunesse ou associations non-nazis ont été dissous ou absorbés, les opposants exilés ou envoyés dans des camps de concentration, les Églises exposées à des tracasseries, les autonomies régionales supprimées au profit du premier État centralisé qu'ait connu l'Allemagne, la population soumise à la surveillance étroite de la Gestapo, certes relayée par une multitude de délateurs. La justice a pareillement été soumise au régime, le sinistrement célèbre Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof) présidé notamment par Roland Freisler ayant prononcé des milliers de condamnations à mort au cours de parodies de justice n'essayant même pas de respecter les apparences élémentaires. Plus de 30 000 condamnés à mort furent guillotinés, pendus, voire décapités à la hache[12] sous le IIIe Reich, souvent pour de simples paroles d'hostilité ou de mécontentement. Il n'était pas rare que la Gestapo arrête des gens acquittés ou ayant fini leur peine, et les déporte à sa guise.
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+ À la différence de l'Italie fasciste, les rôles ne sont pas aussi répartis entre le parti et les institutions traditionnelles[13]. En effet, les institutions héritées des périodes précédentes continuent d'exister, mais certaines sont progressivement noyautées par des structures du parti, ou plus simplement, elles ne sont plus opérantes, à l'image des Länder, par exemple, redécoupés en Gaue, circonscription territoriale du NSDAP[réf. nécessaire]. Ce maintien des classes dirigeantes traditionnelles, donc la mise en place d'un condominium sur le pays, géré par le NSDAP et les anciennes classes dirigeantes amende nettement la vision totalitaire[réf. nécessaire]. Cette alliance est appelée à se fissurer à la période des échecs militaires (il suffit de faire une biographie des principaux conjurés du complot du 20 juillet 1944, pour s'en convaincre : des militaires, décorés et honorés par le régime (Rommel), un chef de corps d'armée durant la campagne de France, fait maréchal par Adolf Hitler (Witzleben), des généraux anciennement proches d'Adolf Hitler (Hoeppner), un homme qui a voté les pleins pouvoirs en 1933 (Goerdeler)…).
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+ En outre, à côté de cette alliance entre les conservateurs et les nazis, se met en place ce que Broszat appelle « anarchie totalitaire », par l'installation de structures ayant les mêmes compétences dans un domaine donné, et qui finissent par avoir des actions antagonistes : Warlimont, dans ses mémoires[14], évoque une anecdote au sujet de camions de la marine, mais dont l'armée a un besoin vital. Le représentant de la marine refuse de les mettre à disposition de l'armée de terre, sous prétexte que beaucoup de camions ont déjà été donnés à l'armée de terre. À l'issue de plusieurs heures de débat, Adolf Hitler ne tranche pas, renvoyant le problème à plus tard, trop tard.
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+ Au vu de ces considérations, l'historiographie allemande caractérise donc traditionnellement le IIIe Reich comme un « État de non-droit » (Unrechtsstaat). En juin 1934, le célèbre juriste Carl Schmitt, penseur de « l'état d'exception », approuve le massacre des SA lors de la nuit des Longs Couteaux et théorise publiquement que la simple parole du Führer a force de loi, et qu'elle prime sur le droit.
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+ L'école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté d'Adolf Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et de culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologue Max Weber : Adolf Hitler se considère et est considéré sincèrement comme investi d'une mission providentielle.
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+ Sans l'idéologie (Weltanschauung, ou vision du monde) redoutablement efficace qui animait Adolf Hitler et ses fidèles, le régime nazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et de l'extermination de masse, ni dans le reniement des règles juridiques et administratives élémentaires régissant les États modernes. Par exemple, sans son pouvoir charismatique d'un genre inédit, Adolf Hitler n'aurait pas pu autoriser l'euthanasie massive des handicapés par quelques simples mots sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939), et encore moins déclencher la Shoah sans rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple mot de Führerbefehl (ordre du Führer) était suffisant pour faire taire toute question.
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+ Comme l'a démontré l'école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat), le IIIe Reich n'a jamais tranché entre le primat du pouvoir du parti unique et celui du pouvoir de l'État, d'où des rivalités de compétence incessantes entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l'État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C'est le principe de la « polycratie »[15].
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+ Or, entre ces groupes rivaux, Adolf Hitler tranche rarement et décide peu. Fort peu bureaucratique, travaillant de façon irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), le Führer, « dictateur faible » ou « paresseux » selon M. Broszat, laisse chacun libre de se réclamer de lui, et attend seulement que les individus marchent dans le sens de sa volonté.
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+ Dès lors, a démontré son biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écoles intentionnalistes et fonctionnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère et essaye d'être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C'est le cas en particulier dans le domaine de la persécution antisémite, qui s'emballe et passe ainsi graduellement de la simple persécution au massacre, puis au génocide industriel. Ce qui explique que le IIIe Reich obéisse structurellement à la loi de la « radicalisation cumulative », et que le système ne puisse en aucun cas se stabiliser.
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+ Ce « pouvoir charismatique » explique aussi que beaucoup d'Allemands soient spontanément allés au-devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d'étudiants organisent d'elles-mêmes les autodafés de livres honnis par le régime, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d'eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L'Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s'empare d'elle. Selon Kershaw, le Führer est l'homme qui rend possible les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu'il ait besoin de donner d'ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisémites d'Allemagne à déclencher boycotts et pogroms, ou des médecins à pratiquer les expériences pseudo-médicales et les opérations d'euthanasie dont l'idée préexistait à 1933.
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+ Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du régime à l'« autodestruction » (Selbstzerstörung). Le IIIe Reich, retour à l'« anarchie féodale » (Kershaw) se décompose en une multitude chaotique de fiefs rivaux. C'est ainsi qu'en 1943, alors que l'existence du Reich est en danger après la bataille de Stalingrad, tous les appareils dirigeants du IIIe Reich se disputent pendant des mois pour savoir s'il faut interdire les courses de chevaux, sans trancher[réf. nécessaire]. Le régime substitue aux institutions rationnelles modernes le lien d'allégeance personnelle, d'homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d'Adolf Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement, puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l'absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable »[16][réf. non conforme]), la dictature d'Adolf Hitler n'a aucun avenir et ne peut lui survivre[17]. La mort du IIIe Reich et celle de son dictateur se sont d'ailleurs pratiquement confondues.
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+ L'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir marque brutalement la fin de la diversité culturelle qu'avait apportée la république de Weimar pour l'Allemagne. De nombreux autodafés ont même lieu, surtout des livres d'auteurs juifs, communistes, etc. Tous les livres de Marx, de Sigmund Freud, d'Einstein et d'auteurs célèbres à cette époque finissent brûlés en place publique. La culture est prise en main : Adolf Hitler met en place un contrôle total de la presse écrite par le parti nazi, choisit les films qui passent au cinéma… La propagande passe par ces moyens de communication ; tout a pour but de mettre en avant le parti. L'organisation des jeux olympiques d'été de 1936 sera instrumentalisée pour consolider l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale.
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+ Les ouvrages scolaires sont également expurgés. Pour ne pas renoncer aux poèmes d'Heinrich Heine, quelques-uns les attribuent à un « auteur inconnu de langue allemande ».
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+ De nombreux artistes, écrivains et savants doivent fuir d'emblée l'Allemagne nazie en raison de leurs origines juives, et/ou de leurs convictions politiques pacifistes, de gauche, antinazies, ou encore de la nature avant-gardiste de leur art.
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+ Parmi eux les écrivains Erich Maria Remarque, Adrienne Thomas, Thomas Mann et son frère Heinrich Mann, ainsi que Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Kurt Tucholsky, ou encore Lion Feuchtwanger, Walter Benjamin, Arthur Koestler. Il en va de même pour les metteurs en scène berlinois Max Reinhardt et Erwin Piscator. Sont aussi notamment proscrits les philosophes Husserl, Hannah Arendt ou Wilhelm Reich, la théologienne Edith Stein (juive convertie et religieuse carmélite, gazée en 1942 à Auschwitz), les peintres d'avant-garde Paul Klee, l'architecte Walter Gropius, le physicien Albert Einstein. En 1938, l'annexion de l'Autriche oblige le vieux fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, à partir pour Londres. L'écrivain viennois Felix Salten rejoint la Suisse et s'installe à Zurich. Stefan Zweig, qui a dû fuir les nazis autrichiens dès 1934, se suicide en 1942.
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+ Quelques artistes pourtant sondés par Goebbels font choix de partir par acte de résistance au régime, ainsi le cinéaste Fritz Lang ou l'actrice Marlene Dietrich.
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+ Un certain nombre d'artistes et d'écrivains restés en Allemagne, comme Emil Nolde (qui adhère au parti nazi en 1935), se voient interdire de peindre ou d'écrire, et sont placés sous surveillance policière.
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+ Les Juifs sont exclus de la presse, du cinéma, du monde du spectacle. Les œuvres d'auteurs juifs (comme celles de Heinrich Heine ou Moses Mendelssohn) ne peuvent plus être jouées ou interprétées, et Goebbels devra intervenir contre certains fanatiques de son propre parti qui souhaitaient interdire Mozart parce que franc-maçon.
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+ L'autodafé spectaculaire des livres interdits, le 10 mai 1933, permit à beaucoup de commentateurs de rappeler la célèbre phrase de Heinrich Heine : « là où on brûlera des livres, on brûlera des hommes ». En 1937, une « exposition d'art dégénéré » très visitée sillonne l'Allemagne pour tourner en dérision les œuvres de plusieurs artistes d'avant-garde (parmi lesquels Emil Nolde), taxées de « bolchevisme culturel » ou de « gribouillages juifs et cosmopolites » par Adolf Hitler. Beaucoup de ces œuvres sont ensuite dispersées ou détruites par les nazis.
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+ Un nombre non négligeable d'esprits se rallient toutefois plus ou moins durablement au régime hitlérien. Le philosophe Martin Heidegger prend sa carte au NSDAP et d'après Victor Farias (Heidegger et le nazisme) il paiera ses cotisations jusqu'en 1945. Il accepte quelques mois les fonctions de recteur à Fribourg ; avant de s'opposer fondamentalement au national socialisme en déclarant : « le national socialisme est un principe barbare ». Le théoricien du droit Carl Schmitt devient le juriste nazi officiel. Nombre de musiciens et d'interprètes entretiennent des relations très cordiales avec le régime et ses plus hauts dirigeants, acceptant ou sollicitant les commandes officielles : ainsi les compositeurs Carl Orff et Richard Strauss, la cantatrice Elisabeth Schwarzkopf, ou les chefs d'orchestre Wilhelm Furtwängler[18] et Herbert von Karajan. Dans le domaine de l'art populaire, les internationalement réputés Comedian Harmonists sont obligés de se dissoudre.
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+ Dès 1933, Goebbels impose la création des Reichskulturkammer, organisation corporatiste des métiers de la culture. Nul ne peut publier ou composer s'il n'en est membre.
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+ Les cérémonies nazies récupèrent particulièrement la musique de Richard Wagner et celle de Anton Bruckner, favorites du Führer. Un « art nazi » conforme aux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir se manifeste au travers des œuvres de Arno Breker en sculpture, de Leni Riefenstahl au cinéma ou de Albert Speer, confident d'Adolf Hitler, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le stade olympique de Berlin destiné aux Jeux de 1936, ces œuvres au style très néo-classique développent aussi souvent l'exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».
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+ Le Führer confia à Albert Speer le projet pharaonique (et inabouti) de reconstruction de la capitale Berlin. Celle-ci aurait dû prendre le nom de Germania et se couvrir de monuments néoclassiques au gigantisme démesuré : la coupole du nouveau Reichstag aurait été 13 fois plus grande que celle de St-Pierre de Rome, l'avenue triomphale deux fois plus large que les Champs-Élysées et l'Arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l'Arc de triomphe parisien (40 m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, décèle à travers ces projets mégalomanes une « architecture de mort »[19]. En pleine guerre, Adolf Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitent pour l'après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg ou Linz.
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen puis les jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin furent des jalons non négligeables dans la consolidation de l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale, cela en dépit de son caractère notoirement raciste et ouvertement belliqueux. Les attitudes des gouvernements occidentaux qui, en faisant confiance à Adolf Hitler et à ses promesses en faveur des Juifs et de la non-discrimination raciale en général, entamaient une série de capitulations dont les Accords de Munich seront l’apothéose. Le Comité international olympique lui-même a été accusé d'avoir une part de responsabilité dans l’édification de l'image positive de l’hitlérisme[20].
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+ La Grande Dépression de 1929 s'était traduite par une montée importante du chômage dans les pays développés. En Allemagne, il y avait environ 3 500 000 chômeurs en 1930. Les historiens et économistes (Maury Klein (en), Daniel Cohen, Joseph Stiglitz entre autres) reconnaissent que la crise de 1929 a eu un impact majeur sur la montée du nazisme, conséquence directe du retrait des capitaux américains d’Allemagne[21].
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141
+ Robert Ley, adhérent du parti nazi dès 1923, et élu député au Reichstag en 1932, fut chargé de l'élimination des syndicats, qui furent remplacés par le Deutsche Arbeitsfront en 1933, organisation de type corporatiste. Liée au DAF, la « Kraft durch Freude » (Force par la joie) fut chargée d'offrir aux classes populaires des loisirs de masse étroitement encadrés. Elle offrit par exemple à des milliers d'ouvriers des croisières en mer Baltique sur ses deux paquebots.
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+ À la fois anticapitaliste et antimarxiste, et soucieux de se rallier la classe ouvrière, le régime nazi voulut comme tout fascisme expérimenter une troisième voie entre libéralisme et collectivisme. L'État nazi intervint ainsi largement dans l'économie. Il mena une politique de grands travaux (essor du réseau autoroutier), lança un programme ambitieux de logements sociaux, de réfection des cantines ouvrières, ou de loisirs de masse. En 1936, Adolf Hitler fit concevoir par Ferdinand Porsche les premières Volkswagen ou « voiture du peuple », censées être accessibles aux Allemands les plus modestes – en réalité, peu seront construites sous le IIIe Reich, leurs usines de montage étant vite affectées à la construction de chars. Mais aussi, le régime imposa la planification et une stricte autarcie, obligeant les industriels et les particuliers à remplacer par des ersatz de moindre qualité les produits interdits d'importation.
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+ Dès l'origine, l'économie du Troisième Reich s'est orientée vers la remilitarisation de l'Allemagne, puis la préparation de la guerre. Cette politique s'est appuyée dès 1933-1934 sur une série de lois économiques qui favorisèrent la réorganisation complète de l'industrie, puis fut accentuée à partir de 1936 avec le lancement du plan de Quatre Ans confié à Hermann Göring. Celui-ci constitua le tout-puissant cartel des Hermann-Göring Reichswerke, devenu très vite l'une des plus grosses entreprises d'Allemagne puis, après la mise sous tutelle des industries des pays conquis, une des plus grosses du monde.
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+ Le développement de l'industrie de l'armement fut grandement facilité par la technologie de la mécanographie et de la carte perforée Hollerith, fournie par la Dehomag. Les méthodes de comptabilisation, qui permettaient de connaître avec précision la nature du travail effectué par les ouvriers, orientèrent l'industrialisation dans ce sens.
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+ À partir de 1941, l'état-major SS a entériné le programme d'exploitation de travailleurs forcés et de prisonniers de guerre, dans des conditions extrêmes pour les dits « travailleurs ». Très fréquemment, ces travaux étaient d'ailleurs simplement une manière « économiquement efficace » de liquider les ennemis du régime en maximisant leur utilité économique. Littéralement, on les tuait à la tâche. Le camp Auschwitz-Birkenau n'est qu'un exemple parmi d'autres.
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+ Les entreprises IG Farben, Krupp AG, BMW, Mercedes-Benz, Volkswagen ont toutes participé à ce système, mais également des entreprises étrangères, telles Fordwerke, filiale allemande du groupe Ford, et Opel, filiale du groupe General Motors. Henry Ford notamment participa activement à la constitution de l'arsenal de la Wehrmacht avant l'entrée en guerre de l'Allemagne, et accepta en 1939, la même année que Benito Mussolini, la plus grande décoration qu'Adolf Hitler pouvait décerner à un étranger, la grand-croix de l’ordre de l'Aigle allemand.
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+ En comparaison avec les États-Unis ou l'Angleterre, ces chiffres sont très flatteurs, sur le papier. Mais, outre le surendettement de l'État qu'impliquait la politique de militarisation et de plein emploi, il faut ajouter que :
154
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155
+ « Cette performance apparente fut obtenue au moyen de mesures de plus en plus attentatoires aux libertés. Ainsi, le 22 juin 1938, une ordonnance ouvrit le droit pour les autorités de réquisitionner la main-d'œuvre pour une tâche précise. Le 1er septembre 1939, c'est la fin de toute liberté en matière de choix d'un emploi. La militarisation de la classe ouvrière s'était esquissée dès avant la guerre. La ligne Siegfried (Westwall ou « mur de l'Ouest ») fut construite au moyen de la réquisition de 400 000 ouvriers (22 juin 1938). »
156
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+ — (Source : Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 à 1945, p. 136)
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+ À partir de 1933, la société allemande est profondément remodelée sous l'action d'une vision totalitaire. Brisant un certain nombre de cadres hérités de la période précédente, le nouveau pouvoir rebat les cartes des rapports sociaux, définissant, au sein de la société allemande, des groupes sociaux qui subissent le régime et des catégories sociales qui bénéficient du régime. Cependant, malgré l'emploi d'une rhétorique misant sur l'harmonie des rapports sociaux redéfinis dans la communauté du peuple, les conflits inhérents à une société industrielle n'ont pas disparu, et à partir de 1936, des revendications salariales, conséquence du plein-emploi, réapparaissent[22].
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+ En effet, dès les premiers mois d'installation du gouvernement de coalition entre les nazis et les conservateurs, se dessinent les contours des groupes qui perdent, par rapport à la période précédente, ce qui avait été conquis ou octroyé : les salariés, en dépit de nombreuses proclamations, ainsi que les femmes et les Juifs.
162
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+ Dans un contexte de chômage de masse, la destruction des syndicats entraîne le durcissement des conditions de vie des salariés, touchant aussi bien les rémunérations que les conditions de travail[23] : la loi du 4 avril 1933 autorise le licenciement de tout employé communiste, de représentant social-démocrate ou de tout militant syndical sans préavis : tout salarié mal vu peut, à partir de la mise en application de cette loi, être licencié de façon arbitraire sans aucun moyen de défense[24]. Par delà la rhétorique mise en avant (chaque entreprise serait une communauté au sein de laquelle chacun aurait des droits et des devoirs), les dirigeants d'entreprise voient leurs pouvoirs renforcés[24].
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+ Les salariés, après la dissolution des syndicats, doivent être inscrits au Front du Travail. Cette institution regroupe à la fois les salariés et leurs employeurs, régit les relations au travail, et se trouve placée sous la tutelle du ministère du travail du Reich[25]. Confiées à des commissaires aux compétences territoriales élargies, les relations sociales sont dorénavant régies par le Führerprinzip, dans une rhétorique néoféodale, insistant sur la relation de dépendance du salarié envers son employeur[26].
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+ À cela, s'ajoute le fait que l'indice des salaires (100 en 1932) était retombé à 97 en 1938. En 1937, le niveau des salaires était à peu près celui de 1929. Le pouvoir d'achat de la classe ouvrière est inférieur en 1939 à celui de 1933. À partir de juin 1938, les salaires sont fixés d'autorité.
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+ Cependant, des sources indiquent le contraire : l’historien britannique Niall Ferguson nota que les prix à la consommation entre 1933 et 1939 avaient augmenté au taux annuel moyen de seulement 1,2 %. Cela signifiait en réalité que les travailleurs allemands s’en sortaient mieux, aussi bien en valeur réelle que nominale : entre 1933 et 1938, le revenu hebdomadaire net (après déduction des impôts) augmenta de 22 %, tandis que le coût de la vie avait augmenté de seulement 7 %. Le revenu des travailleurs continua d’augmenter, même après le déclenchement de la guerre en septembre 1939. La rémunération horaire moyenne des travailleurs allemands augmenta de 25 %, et le salaire hebdomadaire de 41 % jusqu’en 1943[27].
170
+
171
+ Fin 1935, J.K Galbraith écrivait également, « le chômage touchait à sa fin en Allemagne. En 1936, les revenus élevés tiraient à la hausse les prix ou bien permettaient de les augmenter […] à la fin des années trente l’Allemagne avait atteint le plein emploi et des prix stables. C’était un exploit absolument unique dans le monde industriel »[28]
172
+ Le qualificatif de classe perdante serait donc à nuancer.
173
+
174
+ Les paysans, nombreux à avoir voté pour les nazis, ne voient pas l'exode rural s'arrêter (il a même tendance à s'accélérer) ni leur situation s'améliorer réellement. Les petits commerçants et artisans menacés par la modernisation économique, et qui avaient fourni de gros bataillons aux SA, sont aussi floués : au nom de l'efficacité économique et par souci de préparer la guerre, le gouvernement encourage légalement la concentration des petites entreprises, dont plus de 400 000 disparaissent entre 1933 et 1939[29].
175
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+ Enfin, en raison de la conception que les nazis avaient de la femme[30], celles-ci furent peu à peu cantonnées à leur rôle traditionnel[31]. Dès 1933, les femmes sont poussées hors de la fonction publique, ne peuvent plus être directrices dans l'enseignement, n'ont plus le droit d'être avocates, ni juges. Les ouvrières sont poussées vers l'agriculture. Les ouvrières célibataires de moins de 25 ans furent ainsi contraintes à faire une année dans les champs. 1,3 million de femmes supplémentaires furent employées dans l'agriculture entre 1933 et 1939. La politique vis-à-vis des femmes s'est cependant un peu assouplie à l'approche de la guerre[32].
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+ Si des groupes sociaux ont été floués ou matés en 1933-1934, d'autres, par contre, ont su tirer parti du nouveau cadre politique et institutionnel. En effet, après quelques incertitudes, notamment en raison d'actions violentes de la SA[33], le décret du 31 mai 1933[33], préparé lors d'une rencontre entre Adolf Hitler et des représentants des industriels allemands[34], lève toute ambiguïté sur la place dévolue aux représentants de l'industrie et des services dans la réorganisation nationale-socialiste. De plus, dès le 30 janvier, les intérêts privés, représentés par Hugenberg, sont fortement présents dans le gouvernement du Reich ; ils se voient renforcés par la nomination du Dr Schmitt, directeur général des assurances Allianz, et non d'un cadre du parti, au gouvernement[34].
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+ Dans le même temps, les représentants de l'industrie lourde jouent un rôle accru au sein du NSDAP et de l’État, à l'image de Fritz Thyssen, nommé par Goering conseiller d'État à vie en Prusse, jouant de ce fait un rôle important de conseiller économique dans les Gaue de Rhénanie[35]. Ainsi, la loi sur les cartels du 15 juillet 1933, qui donne aux ministères de l'économie et de l'agriculture un pouvoir sur la constitution de cartels et de contrôle de ces derniers, renforce les intérêts des cartels déjà existants, en rendant théorique le contrôle étatique sur ces institutions[36].
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+ De plus, la lutte contre la corruption est considérablement allégée à partir de mai 1933[34].
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+ Dans le même temps, la direction du NSDAP, Adolf Hitler en tête, écarte tous les militants susceptibles de remettre en cause ces nouveaux choix économiques, illustrés par la nomination de membres éminents du patronat allemand à des postes clés de la direction de l'économie[34] : ainsi, les décrets du printemps 1933 annulent les plaintes déposées par le parti à l'encontre des industriels pour corruption[34].
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+ La justification de l’expansionnisme nazi se trouve déjà dans Mein Kampf (1926). Le régime nazi se réclame du fascisme, défini par Benito Mussolini comme un régime militariste et anti-pacifiste. Il nourrit le culte de la virilité et de la violence guerrière, et vit dans le souvenir permanent de l'expérience de la Grande Guerre. Enfin, Adolf Hitler viole constamment le traité de Versailles, imposé à l’Allemagne en 1919. Méprisant les institutions internationales, posant le primat de la force sur le droit, il traite les traités internationaux conclus en « chiffons de papier ». D'emblée Adolf Hitler se met à bafouer ouvertement le traité de Versailles, dont il ne reste plus grand-chose dès 1938-1939. Le 14 octobre 1933, l'Allemagne quitte la Société des Nations tout en proposant des discussions bilatérales sur la sécurité[37]. En janvier 1935, les Sarrois votent massivement leur rattachement à l'Allemagne. Cette victoire améliore l'image des nazis à l'étranger[38]. La conscription est réintroduite le 16 mars 1935, en violation ouverte du traité de Versailles. Les effectifs de la Wehrmacht sont portés à 550 000 hommes[39]. En même temps, Adolf Hitler négocie avec les Britanniques. Le 18 juin 1935, un accord anglo-germanique autorise l'Allemagne à se doter d'une flotte équivalente à 35 % de celle du Royaume-Uni. En fait, les Allemands cherchent à dessiner un nouveau partage du monde qui leur réserverait l'Est de l'Europe[38].
187
+
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+ Le projet nazi reprend en partie les vieux thèmes du pangermanisme. Selon Adolf Hitler, la réunification du « sang allemand » est un impératif moral, même si cette communauté se révélait nuisible sur le plan économique. Il revendique donc des territoires qui étaient allemands avant la Première Guerre mondiale, et invoque la communauté de sang et de culture pour annexer d'abord l’Autriche, puis la Région des Sudètes en 1938. À partir de 1939, Adolf Eichmann est aussi chargé de « rapatrier » les minorités allemandes dispersées depuis des siècles à travers toute l'Europe centrale et orientale.
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+
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+ Mais au désir de regrouper tous les Allemands s'ajoute l'idée que les Aryens, « Race des Seigneurs » (Herrenvolk) auraient besoin d’un espace vital (Lebensraum) pour survivre, et que celui-ci, potentiellement illimité, doit être conquis par la force à l’Est (Drang nach Osten). Considérant les Slaves comme une race inférieure (des « sous-hommes », Untermenschen), le projet nazi ambitionne donc de conquérir l’Europe orientale et de réduire ses populations en esclavage, voire de les éliminer[40]. La Tchécoslovaquie, jeune démocratie abritant une population allemande, est le premier pays démantelé par les Allemands. La Pologne, qui abrite une large population juive, est particulièrement visée par le Troisième Reich.
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+ Le Führer prépare la société allemande à la guerre. Dans les Jeunesses hitlériennes, organisations obligatoires (à partir de 1936) pour les adolescents, l’entraînement physique et moral doit former des hommes nouveaux, courageux jusqu’à l’extrême et capables de tuer sans éprouver la moindre pitié. Habillés en uniformes, les jeunes allemands apprennent à être fidèles à Adolf Hitler. L’économie est militarisée et tournée vers la production d’armes. Adolf Hitler prend lui-même le commandement de l’armée en 1938. Le 7 mars 1936, la Wehrmacht entre en Rhénanie, démilitarisée depuis le traité de Versailles. La Grande-Bretagne et la France condamnent cette action mais n'interviennent pas[39] alors qu'Adolf Hitler avait prévu de reculer s'il rencontrait une résistance. L'inaction des démocraties conforte la volonté d'Adolf Hitler de réaliser la grande Allemagne et en protestant publiquement de son pacifisme. Adolf Hitler ensuite multiplie les pressions sur le chancelier autrichien Schuschnigg pour qu'il cède le pouvoir au nazi Arthur Seyss-Inquart. Sans soutien extérieur, le chancelier cède et le 12 mars 1938, Adolf Hitler entre en Autriche. Il annonce le rattachement du pays au Reich et obtient 99 % de oui de la part des Autrichiens au plébiscite d'avril[41]. L’Anschluss ne rencontre aucune opposition internationale. Après les accords de Munich, le Royaume-Uni et la France laissent Adolf Hitler s’emparer des Sudètes.
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+ Les deux pays sont mis devant le fait accompli lorsque la Bohême-Moravie, Memel et la ville libre de Dantzig sont annexés en 1939.
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+ À la fin des années 1930, les démocraties européennes sont dans une situation difficile. La Grande Crise de 1929 n'est pas entièrement résolue. Le pacifisme est extrêmement puissant dans les opinions publiques. La spécificité du nazisme est rarement perçue, et beaucoup persistent longtemps à voir en Adolf Hitler un nationaliste allemand comme les autres. La SDN n’a pas de réel pouvoir et les États-Unis sont isolationnistes.
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+ Une grande partie de l’Europe est aux mains de dictatures autoritaires (Espagne, Portugal, Autriche…) fascistes (Italie) ou communistes (URSS). L’Allemagne a conclu une série d’alliances qui la renforce : Axe Rome-Berlin puis Pacte d'acier avec l’Italie, enfin, en août 1939, pacte germano-soviétique avec l’URSS de Joseph Staline. Francisco Franco, qu'Adolf Hitler a aidé activement à arriver au pouvoir pendant la guerre civile espagnole par l'envoi de la légion Condor, est l'allié moral du Reich. Les États des Balkans, qui ont conclu des accords commerciaux de clearing avec le Reich, sont sous l'influence économique voire diplomatiques de Berlin. La Belgique et les Pays-Bas se replient dans des neutralités frileuses. La France et le Royaume-Uni sont isolées et vivent dans le spectre de la Grande Guerre.
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+
200
+ Malgré l’alliance qui les unit à la Tchécoslovaquie, la France et le Royaume-Uni se gardent bien d’intervenir lorsqu'Adolf Hitler déclare son intention de rattacher les Sudètes. Les accords de Munich de 1938 marquent l'ultime tentative de conciliation des démocraties devant les prétentions territoriales nazies : elles laissent Adolf Hitler s’emparer des Sudètes en octobre 1938.
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+ À cette époque, beaucoup de partisans de l’« apaisement » avec l'Allemagne nazie croient qu'Adolf Hitler s'en tiendra à démolir les dispositions les plus humiliantes du traité de Versailles et aux traditionnels projets pangermanistes. Pour le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, l'annexion de l'Autriche n'est ainsi qu’« une affaire entre Allemands », et la Tchécoslovaquie « un petit pays dont nous ne savons presque rien ». Mais le 15 mars 1939, le Reich s'empare de Prague et détruit l'État tchécoslovaque, absorbant donc des populations slaves et nullement allemandes. Les opinions occidentales basculent, les gouvernements comprennent que le IIIe Reich nourrit des ambitions hégémoniques illimitées.
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+
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+ Lorsque les armées allemandes pénètrent en Pologne, elles ne peuvent plus reculer et doivent déclarer la guerre. Toutefois, les démocraties n'entreront pas en Allemagne, alors qu'elles auraient pu tirer profit de la division de l'armée allemande pendant la campagne de Pologne.
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+ Le 1er septembre 1939 à 4 h 45 du matin, le Reich envahit la Pologne sans déclaration de guerre, déclenchant la Seconde Guerre mondiale. L'occupation militaire allemande de la plus grande partie du continent européen a lieu rapidement et, jusqu'en 1941, le territoire contrôlé par les nazis va du Cercle Polaire et de la Manche jusqu'à l'Afrique du Nord et aux portes de Moscou. Dans tous les pays, le IIIe Reich trouve des forces de collaboration pour l'assister, mais sa domination est combattue par les mouvements de résistance. La Grande-Bretagne cependant refuse de se retirer de la guerre même après la défaite de la France et l'armistice du 22 juin 1940. Elle est le seul adversaire du Reich entre juin 1940 et juin 1941, quand Adolf Hitler envahit brusquement l'Union soviétique, violant le pacte de non-agression et s'ouvrant un autre front de bataille. Celui-ci signe par ailleurs un pacte d'amitié avec la Turquie le 18 juin 1941.
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+ Or, à partir de la défaite devant Moscou (6 décembre 1941), Adolf Hitler perd l'espoir d'une guerre courte. Trois gigantesques potentiels humains et industriels sont désormais alliés contre lui : l'URSS, l'Empire britannique et les États-Unis, auxquels, après l'agression japonaise sur Pearl Harbor, il a déclaré la guerre le 11 décembre 1941, sans aucun bénéfice pour l'Allemagne.
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+
210
+ Se résignant à proclamer la mobilisation totale voulue par Goebbels et Speer, Adolf Hitler accentue le pillage des pays occupés et met en œuvre la guerre totale. À partir de début 1942, la production d'armements s'accroît, et elle est encore supérieure en février 1945 à ce qu'elle était en 1942, malgré des attaques aériennes massives des Alliés contre les cibles civiles et industrielles.
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+ Le totalitarisme nazi se renforce encore avec la guerre. Sous la direction de Heinrich Himmler (1900-1945), l'appareil policier développe des pouvoirs illimités. Se radicalisant sans fin, le IIIe Reich perpètre sur son territoire et à travers les pays occupés, surtout à l'Est, des crimes contre l'humanité : le lancement du génocide industriel des Juifs est entériné par la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 ; l'extermination s'abat aussi sur les handicapés mentaux allemands, les Tziganes, les Polonais et les Slaves, sujets au Generalplan Ost ; d'innombrables résistants de toute l'Europe affluent dans les camps de concentration en territoire allemand, tandis que la Wehrmacht et les SS perpètrent à l'extérieur massacres et tortures. En juillet 1942, au cours d'une cérémonie au Reichstag, Adolf Hitler se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur tout citoyen allemand. Le complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, mené par des résistants allemands, est réprimé dans le sang : plus de 5 000 personnes sont suppliciées après des procès aux verdicts connus d'avance, leurs familles déportées en vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective (Sippenhaft).
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214
+ À partir de novembre 1944, tous les Allemands sont appelés à servir dans la Volkssturm, une milice sous-équipée : les derniers défenseurs du IIIe Reich seront souvent des vieillards et des préadolescents armés de vieux fusils. Dans les ruines de Berlin et de Vienne assaillies par l'Armée rouge, les SS pendront encore en public tous ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir.
215
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216
+ Au printemps 1945, le Troisième Reich, bombardé quotidiennement, sillonné de millions de réfugiés fuyant l'avancée soviétique, et assailli de toutes parts se trouve en ruines.
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+ Déclarant que le peuple allemand ne mérite pas de lui survivre puisqu'il ne s'est pas montré le plus fort, Adolf Hitler donne l'ordre en mars 1945 d'une politique de terre brûlée d'une radicalité jamais égalée : il s'agit de détruire non seulement les usines et toutes les voies de communication, mais aussi les centrales thermiques et électriques, les stations d'épuration, et tout ce qui est indispensable à la vie des Allemands. Dans la pratique, toutefois, ces ordres furent peu appliqués sur le terrain[42].
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+
220
+ À partir de l'hiver 1944-1945, le Reich connaît un processus de désintégration de plus en plus accentué au fil des semaines. Ce processus de désintégration se matérialise par la décentralisation de la répression et par ce que Bormann appelle « la calamité des communications »[43].
221
+
222
+ En effet, en novembre 1944, Heinrich Himmler confie par décret aux responsables de la police et des SS de chaque Gau le pouvoir de mener des actions dirigées contre les travailleurs étrangers[44], perçus comme une cinquième colonne particulièrement bien organisée[45], et à partir de février 1945, Kaltenbrunner autorise ces mêmes responsables à pratiquer des exécutions arbitraires à l'encontre de ces populations, ciblant particulièrement les travailleurs de l'Est[46] ; ces consignes sont appliquées avec zèle par la Gestapo, zèle annonciateur des massacres des dernières semaines du conflit[47].
223
+
224
+ Mais la violence est également dirigée contre les populations allemandes. En effet, le décret promulgué le 15 février 1945 par le ministre de la Justice, renforcé par un décret d'Adolf Hitler du 9 mars crée les conditions de l'exercice d'une justice toujours plus décentralisées, sans procédures d'appel : les modalités d'application prévues par Bormann contribuent à accentuer ce processus de décentralisation-désintégration de la justice[48].
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+ Mais la décentralisation de la répression ne constitue pas le seul facteur de la désintégration du Reich dans les premiers mois de l'année 1945. En effet, les contraintes liées aux attaques des nœuds de communication accentue le chaos dans un Reich de plus en plus décentralisé de fait.
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228
+ Dans les semaines qui précèdent la disparition du Reich, les Gauleiter, représentant le NSDAP et l'État en province, sont livrés à eux-mêmes, ne recevant plus de consignes applicables de Berlin[49], ou alors des directives inapplicables émanant de la chancellerie de Bormann, qu'ils ne prennent même plus la peine de lire[43].
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230
+ En effet, la « calamité des communications », en réalité l'incapacité pour le pouvoir central de communiquer efficacement avec ses représentants installés dans les régions éloignées du centre, notamment le Sud du Reich, accélère la désintégration totale de l'État central et la fragmentation de ses pouvoirs, le pouvoir central se trouvant davantage chaque jour en incapacité de transmettre ses ordres à ses représentants locaux ou régionaux, selon le constat de Goebbels au début du mois[50], tandis qu'une répression féroce, menée par les Gauleiter, la SS et la police, s'abat sur la population[49]. Au mois d'avril, les autorités centrales de Berlin ne peuvent plus communiquer de façon efficace avec le Sud du Reich, un service de courriers à moto est alors mis en place, et transmet le flot des directives de Bormann, une « paperasse inutile »[51] que plus personne ne prend alors le temps de lire[43]. Cette déliquescence est visible dans la politique personnelle menée par chaque Gauleiter dans leur Gau : dans le sud du Reich, tous les Gauleiter refusent d'accueillir les réfugiés des régions envahies par les Soviétiques, malgré les consignes strictes de la chancellerie du Parti[52].
231
+
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+ Face à ce processus de désintégration, les plus hauts responsables du Reich se réfugient dans la routine et l'accomplissement de leurs tâches et du rôle de représentation qui leur est dévolu. Heinrich Himmler fait ainsi établir une liste d'ouvrages à offrir aux haut-dignitaires de la SS à l'occasion de la fête de Yule ou encore répond au père de l'un de ses filleuls que le « chandelier de vie » destiné au nouveau-né lui sera adressé dès que possible[53]. Dans les premières semaines de 1945, le ministre des finances, Lutz Schwerin von Krosigk, adresse une abondante correspondance à Adolf Hitler ou aux autres ministères leur demandant de considérer la situation financière et monétaire du Reich, allant jusqu'à suggérer un relèvement des tarifs d'un certain nombre de services publics, arguant de leur cout en hausse constante du fait de la prolongation du conflit, ou encore une réforme fiscale, à laquelle Goebbels reproche, fin mars 1945, de peser sur la consommation[54].
233
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234
+ Mais Schwerin n'est pas le seul à se focaliser sur son activité principale : dans l'entourage même d'Adolf Hitler, le maintien des apparences et la perpétuation des habitudes acquises demeurent la règle. En effet, dans la semaine qui précède l'anniversaire d'Adolf Hitler, une exposition de prototypes de nouvelles armes mobilise l'attention du personnel de la chancellerie du Reich, cette dernière devant être visitée par Adolf Hitler à l'occasion de son anniversaire le 20 avril[55]. Bormann, lui, continue d'inonder les cadres supérieurs du parti de directives vaines et inapplicables, au grand agacement de Goebbels[43]. La recherche de cette routine se fait aussi aux échelons inférieurs du NSDAP : le 28 avril, le Kreisleiter de Freiberg, en Saxe, fait publier une circulaire à destination des militants, contenant un éventail de tâches partisanes à accomplir[43].
235
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236
+ Adolf Hitler se suicide le 30 avril 1945 quand l'Armée rouge arrive à quelques centaines de mètres du bunker berlinois du dictateur. Son successeur, l'amiral Karl Dönitz ne peut que capituler sans conditions le 8 mai 1945. Il est arrêté avec le gouvernement de Flensbourg, dernier vestige de gouvernement allemand, le 23 mai 1945, à Flensbourg. Le 20 septembre, plusieurs mois après la défaite militaire totale de l'Allemagne nazie, la loi no 1 du Conseil de contrôle allié, issue d'un accord entre les gouvernements des Alliés, abroge l'ensemble des lois d'exceptions constituant la base législative du régime hitlérien. L'Allemagne est ensuite soumise au processus dit de dénazification, destiné à effacer toute trace du régime hitlérien et à garantir le rétablissement de la démocratie.
237
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238
+ La défaite finale du IIIe Reich laisse l'Allemagne en ruines et soumise à un régime d'administration militaire par les Alliés. Elle disparaît en tant qu'État indépendant jusqu'en 1949, date à laquelle sont proclamées, à quelques mois d'intervalle et dans le cadre de la Guerre froide, la RFA à l'ouest sur les zones d'occupation américaine, britannique et française et la RDA à l'est sur la zone d'occupation soviétique. L'Allemagne, divisée en deux États politiquement rivaux, cesse d'exister en tant que pays unifié jusqu'à sa réunification en 1990. Cinq millions de soldats allemands sont morts au front et trois millions de civils sous les bombes. 11 millions d'Allemands présents depuis des siècles sont chassés des pays d'Europe centrale et orientale en représailles aux exactions du IIIe Reich. L'actuel territoire de la République fédérale d'Allemagne est inférieur d'un tiers à celui du Reich de 1914.
239
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240
+ Après leur capture, les 16 plus hauts dirigeants du IIIe Reich encore vivants sont jugés au procès de Nuremberg en 1946, lequel déclare également organisation criminelle plusieurs piliers du régime : le NSDAP, la SS, la Gestapo et le cabinet du Reich. Plusieurs chefs nazis se sont suicidés, tels Adolf Hitler, Heinrich Himmler, Joseph Goebbels. D'autres, en fuite, seront traqués et retrouvés, tels Adolf Eichmann, jugé et pendu à Jérusalem en 1962. D'autres sont morts libres après s'être réfugiés en Amérique du Sud (Josef Mengele) ou dans le monde arabe. La dénazification imposée à l'Allemagne après 1945, ainsi qu'une série de procès et de révocations, n'a pas empêché de très nombreux serviteurs du IIIe Reich de faire de bonnes carrières administratives, économiques ou politiques après la guerre, sans être jamais inquiétés, même lorsque très compromis. Tout comme les Russes, les Américains recyclèrent des agents gestapistes, tels Klaus Barbie, entré au service de la CIA, ou des scientifiques compromis tels Wernher von Braun.
241
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242
+ Adolf Hitler et Joseph Staline ont brisé la continuité historique de leur pays[59] ; de surcroît, la « catastrophe allemande »[60][réf. non conforme] ne s'est pas produite dans un pays arriéré aux mœurs traditionnellement brutales. Les Nazis accèdent au pouvoir légalement, dans l'un des pays les plus développés et les plus cultivés du monde, célèbre pour son abondance de philosophes, d'artistes et de savants. Dès lors, la question de la « culpabilité » du peuple allemand dans l'avènement du IIIe Reich et de son degré d'adhésion à ses actes (Schuldfrage) n'a cessé de hanter la conscience nationale depuis la fin de la guerre. Elle a longtemps pesé lourdement sur l'image de l'Allemagne et des Allemands à l'étranger, et sur sa place en Europe et dans le monde. Pendant la guerre froide, RFA et RDA se renvoyèrent l'accusation d'être les continuateurs du IIIe Reich. Des personnalités comme le philosophe Martin Heidegger ou le chef d'orchestre Herbert von Karajan ont traîné toute leur vie comme un boulet le fait d'avoir adhéré au parti nazi et de s'être montrés incapables de s'expliquer clairement sur cette adhésion.
243
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244
+ En dépit de ce passé, quelques nostalgiques, ainsi que les néo-nazis ou les négationnistes, vantent encore aujourd'hui la grandeur du IIIe Reich, prétendant par exemple que « le procès de Nuremberg c'est celui de l'homme blanc, que les chambres à gaz n'ont jamais existé, elles sont tout droit sorties du néant »[61]. Ces individus, parfois apparentés au mouvement skinhead nazi, sont ultra-minoritaires et guère médiatisés, et ce sont surtout leurs frasques violentes qui les mettent en lumière, comme en Angleterre avec le paki bashing.
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246
+ Du fait de l'ampleur inédite de ses crimes, le IIIe Reich est reconnu aujourd'hui comme l'un des épisodes les plus noirs et les plus traumatisants de l'histoire de l'Allemagne et de celle de l'humanité. Ses emblèmes et son apologie sont interdits dans la plupart des pays occidentaux. Certains ont aussi adopté des lois contre les négateurs de ses crimes contre l'humanité, comme en France, en Autriche ou en Allemagne même. Sans équivalents même dans l'URSS stalinienne, sa « violence congénitale »[62][réf. non conforme], son idéologie raciste et ses volontés expansionnistes et génocidaires, et surtout la spécificité radicale amplement établie de la Shoah, singularisent communément le IIIe Reich comme un régime intrinsèquement criminel. Il pose de ce fait à l'historiographie, mais aussi à la conscience universelle, des angoisses et des interrogations jamais totalement résolues.
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+ Un troll est un être de la mythologie nordique, incarnant les forces naturelles ou la magie, caractérisé principalement par son opposition aux hommes et aux dieux. Ce troll est souvent assimilé aux Jötunns, les « Géants » de cette mythologie.
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5
+ À partir du Moyen Âge, le troll apparait comme une créature surnaturelle des légendes et croyances scandinaves. Peu amical ou dangereux pour l'homme, le troll reste lié aux milieux naturels hostiles comme les mers, les montagnes et les forêts. Diabolisée par le christianisme, la croyance du troll perdure néanmoins dans le folklore scandinave jusqu'au XIXe siècle. Il est parfois confondu avec d'autres créatures du Petit peuple, tels que les elfes.
6
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7
+ À l'époque contemporaine, le troll demeure un personnage de fiction pour les œuvres littéraires et la culture populaire ; il est souvent représenté sous l'archétype moderne d'un géant de grande force, naïf ou malfaisant.
8
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9
+ Le mot « troll » Écouter apparaît dans la langue française au début du XVIIe siècle, quand Pierre Le Loyer évoque des esprits norvégiens appelés « Trollen » ou « Drolles »[3]. C'est un emprunt au troll du suédois Écouter ou norvégien, avec le même sens[4]. Le terme s'écrit tröll Écouter en islandais, trold en danois.
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11
+ Ces termes scandinaves sont empruntés au vieux norrois (ancien islandais) trǫll ou troll, apparaissant dans la littérature norroise du Moyen Âge où il désigne des personnages de la mythologie, avec selon Sveinsson le sens de « possédant de la magie ou de sombres pouvoirs »[5]. Le terme est par ailleurs relié au verbe norrois trylla qui signifie « rendre fou, conduire à une puissante rage, remplir de furie »[5] ou « transformer en troll, enchanter »[6]. Dans les textes norrois, ces termes sont dérivés en trollskapr « sorcière » et tryllskr « de la nature d'un troll »[6].
12
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13
+ L'étymologie de ces termes norrois est l'objet de quelques théories linguistiques, pour les rattacher par exemple à des racines de proto-germanique ou d'indo-européen, mais aucune théorie ne semble faire consensus parmi les spécialistes[6].
14
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15
+ Par ailleurs, dans les langues scandinaves modernes, troll et trylla sont dérivés en de nombreuses expressions toutes liées à la magie (plus ou moins néfaste) : troldom (danois), trolldom (suédois) signifiant « sorcellerie », trolderi (danois), trolleri (suédois), « magie, enchantement », trolla (suédois) « conjurer », trollsk (suédois) « magique », troldmand (danois), trollkarl (suédois) « sorcier », en danois : trylle « conjurer », tryllekraft « pouvoir magique », tryllemiddel, trylleri « magie, enchantement »[6]… On retrouve aussi en moyen haut allemand médiéval le trolle ou trol « monstre fantôme, sorcière », et trüllen « jouer des tours, tromper »[6].
16
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17
+ Le terme « troll » est mentionné dans le corpus médiéval de la mythologie nordique, c'est-à-dire à l'ensemble des mythes d'Europe du Nord, particulièrement de Scandinavie (sud de la Norvège, Suède, Danemark), nord de l'Allemagne et à partir du IXe siècle Islande. Ces mythes étaient à la base de la religion ancienne (paganisme) des Vikings, jusqu'à la christianisation (Xe-XIIIe). D'après les textes, le troll est souvent relié aux jötnar, des êtres qui symbolisent les forces naturelles, parfois désignés comme les « Géants » de la mythologie nordique.
18
+
19
+ Il existe beaucoup de confusion dans l'utilisation des termes norrois jǫtunn, troll, þurs et risi, qui décrivent diverses créatures. Selon Jakobsson (ou MacCulloch), le terme « troll » était utilisé au Moyen Âge pour désigner des êtres divers, tel le géant ou l'habitant des montagnes, une sorcière, une personne anormalement forte ou grande ou laide, un esprit malveillant, un fantôme, un Noir, un sanglier magique, un demi-dieu païen, un démon, un brunnmigi (en) ou un berserk, etc[7],[8].
20
+
21
+ Selon Einar Ólafur Sveinsson, la signification de « Géant » apparaît seulement vers le XI-XIIe siècle, avec le kenning trǫlls fákr qui désigne la géante Hyrrokin ; le terme troll devint ultérieurement synonyme de jötunn (Géant)[9].
22
+
23
+ La première mention du troll apparait dans l’Edda de Snorri, rédigé à partir de 1220[1]. Le poète et mythographe Snorri Sturluson raconte que le dieu Thor est allé à l'est pour combattre des trolls[8]. Dans le poème Völuspá (40-41) l'une des progénitures du monstre-loup Fenrir aurait la « forme d'un troll »[8].
24
+
25
+ Des « femmes-trolls » ou « femelles trolls » sont mentionnées dans les sagas ; elles sont décrites généralement comme des Géantes, mais parfois comme des sorcières ou bien le mot est utilisé pour nommer une créature Fylgja[8]. Dans les récits du Skáldskaparmál, transmis partiellement dans l’Edda de Snorri, un épisode relate la rencontre entre une femme-troll non nommée et le poète Bragi Boddason (qui vécu au IXe siècle)[1],[8]. D'après ce récit, tard dans la nuit, Bragi traversait une forêt quand la troll lui demanda agressivement qui il était, tout en se présentant elle-même :
26
+
27
+ Troll kalla mik
28
+ trungl sjǫtrungnis,
29
+ auðsug jǫtuns,
30
+ élsólar bǫl,
31
+ vilsinn vǫlu,
32
+ vǫrð nafjarðar,
33
+ hvélsveg himins –
34
+ hvat's troll nema þat?
35
+ — (vieux norrois[10])
36
+
37
+ « Troll appelle-moi
38
+ Lune de la terre-Hrungnir [?]
39
+ Avaleuse-de-richesse [?] du Géant,
40
+ Destructeur du soleil-tempête [?]
41
+ Disciple bien-aimé de la voyante,
42
+ Gardien du fjord-du-cadavre [tombe],
43
+ Avaleuse de la roue-du-ciel [soleil/lune].
44
+ Qu'est-ce qu'un troll si ce n'est pas ça ? »
45
+ — (traduction libre)
46
+
47
+ Des « demi-trolls » sont également mentionnés dans les sagas islandaises. À l'exemple du demi-troll Thorir, mentionné dans la Saga de Grettir, ou des demi-trolls combattu par Grettir Ásmundarson dans le Chant de Halmund[8].
48
+
49
+ Selon Sveinsson, il n'est pas pertinent de chercher à décrire précisément les caractéristiques du troll mythologique, en raison des variations de représentation selon les textes et les époques.
50
+
51
+ Par opposition aux trolls des légendes médiévales, les Géants de la mythologie vivent en communauté, dans le « monde des géants », le Jotunheimar ; ils ont des habitations et des salles publiques, des vêtements et riches bijoux, ils sont gouvernés par des rois et leurs filles sont attrayantes[11]. Ces caractéristiques des Géants diffèrent des trolls légendaires du folklore, présentés comme des êtres solitaires, bestiaux ou monstrueusement laids, de taille « géante », habitant dans des montagnes isolées, vêtus de haillons ou peaux de bêtes[11].
52
+
53
+ Le troll du folklore concerne toutes les légendes et croyances populaires relatives au troll. Celles-ci étaient transmises de génération en génération, principalement par voie orale (contes, récits, chants, rites). Ces légendes et croyances sont délimitées par la culture scandinave, et plus précisément par les régions de langues scandinaves. Elles concernent principalement la Norvège, la Suède, le Danemark et certaines régions du nord de l'Allemagne et l'Islande[12].
54
+
55
+ Le troll est resté un objet de croyance depuis le Moyen Âge et la christianisation, jusqu'au début du XXe siècle où les nombreuses légendes ont été collectées par des chercheurs. Le troll est ensuite considéré essentiellement comme une créature imaginaire, c'est-à-dire un personnage littéraire de contes merveilleux, de romans et de films fantastiques.
56
+
57
+ La fin de l'Âge des Vikings correspond à l'instauration d'une autorité royale et au début de la christianisation en Scandinavie, à partir du Xe siècle et jusqu'au XIIIe siècle. À la suite de l'adoption du christianisme par la monarchie puis par la totalité du pays, les pratiques spirituelles et les croyances traditionnelles ont été marginalisées et leurs adeptes ont été persécutés. Les völvas, prophètes des pratiques ancestrales (sejðr), furent généralement exécutés ou exilés.
58
+
59
+ Les anciens dieux et les rites paganistes ont été remplacés par des croyances pour de nouvelles créatures païennes : trolls, jötnars, elfes[13]… Et parmi celles-ci, le troll était une créature très présente dans les légendes. Il était aussi le plus important opposant à la christianisation : « les forces du chaos, les ennemis de Dieu » sont ainsi symbolisées par le troll[13]. À l'exemple, pour le roi et saint Olaf II de Norvège, combattre les trolls (voir peinture) était ainsi une manière d'amener son peuple vers la nouvelle religion[13]. De même, les trolls vaincus sont associés à la construction de certaines églises ou cathédrales, à l'exemple de la cathédrale de Trondheim : en plus de la symbolique du triomphe du bien contre le mal, c'est-à-dire de la foi chrétienne sur les croyances païennes, l'histoire du troll renforce aussi le caractère sacré de l'emplacement géographique des églises[13].
60
+
61
+ Il est difficile de déterminer avec certitude l'évolution des légendes et croyances populaires, entre le Moyen Âge et l'Époque moderne, en l'absence de traces écrites suffisantes. Les spécialistes, historiens et folkloristes fondent leurs hypothèses à partir de l'étude philologique des textes littéraires norrois et ultérieurs.
62
+
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+ Il n'existe pas de doutes sur l'existence de légendes populaires, dès le Moyen Âge, concernant des êtres géants ou « trolls », vivant dans les montagnes et les rochers en Scandinavie ou en Islande. Ces créatures étaient vraisemblablement solitaires.
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+
65
+ Selon Sveinsson, si le mot « troll » a pris une signification très vague vers 1200 (en raison de la christianisation), les croyances populaires n'étaient pas altérées ou diminuées à cette époque. Pour Sveinsson, la croyance de l'existence des trolls a commencé à diminuer progressivement vers 1600 en Islande ; l'apparition de nouvelles légendes sur le troll est rare après la Réforme protestante et les histoires islandaise de trolls des XVIIe et XVIIIe siècles semblent trouver leur origine avant la Réforme. Les Islandais se sont certainement mis à croire que la race des trolls avait disparu.
66
+
67
+ Les croyances et caractéristiques du troll sont fort variables, selon les époques et les régions scandinaves, rendant difficile la tentative d'une description générale du troll.
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+ Un aspect important des légendes, est que le troll est rarement décrit physiquement : les récits légendaires laissent généralement de côté l'apparence du troll et se fixent essentiellement sur les actions du troll et sur la mention explicite de sa nature surnaturelle, c'est-à-dire sa distinction par rapport aux humains. Son apparence est mentionnée parfois comme identique aux humains, à l'identique des trolls qui habitent les forêts sauvages du centre de la Suède.
70
+
71
+ La taille du troll est rarement évoquée dans les légendes ; même quand le troll semble hériter de caractéristiques divines du jötunn de l'ancienne mythologie, sa taille est très rarement déterminée. L'idée moderne du troll de taille immense ou « géante » (ou bien naïf) est essentiellement héritée de la fiction du XIXe siècle (contes merveilleux, illustrations).
72
+
73
+ Le troll légendaire se définit essentiellement par son lien aux lieux sauvages et aux éléments naturels : la mer, certaines forêts, montagnes ou rochers, c'est-à-dire des endroits sauvages et étrangers à la civilisation humaine. Le troll prend ainsi son sens comme le symbole ou l'incarnation des forces naturelles, considérées avec respect et crainte par les hommes, en raison de leur étrangeté et dangerosité. Le troll se définit aussi par sa différence à l'égard de l'homme et la difficulté de la cohabitation amicale entre espèces. Les légendes mentionnent de manière récurrentes le problème de la rencontre humaine avec des trolls, l'enlèvement de femmes et d'enfants humains par les trolls, les manières de les éviter, les vaincre ou les tuer ; notamment la faiblesse du troll à l'égard du feu, des éclairs (orage) et de la lumière (solaire).
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+
75
+ Dans certaines régions, les caractéristiques du troll sont identiques à celles d'autres créatures surnaturelles ou bien parfois ses pouvoirs sont fortement « diminués ». Cette différence peut avoir pour origine une confusion entre le troll et d'autres créatures légendaires (småfolk), issues du folklore scandinave ou germanique. Les caractéristiques du troll sont ainsi parfois confondues avec celles des elfes, des huldres… notamment dans les régions Sud (Danemark). Quand le troll est assimilé aux créatures de petite taille (et peu dangereuses), ses caractéristiques sont parfois attribués à l'influence chrétienne qui luttait contre les croyances païennes et dépréciait l'influence des trolls.
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+
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+ La survivance des conceptions mythologiques dans le folklore du XIX-XXe est un questionnement pour les chercheurs contemporains. Est-ce que les anciens mythes ont survécu ? Si oui, pour quelles raisons ? Quelle serait l'utilité ou la fonction des anciens mythes dans une société moderne ?
78
+
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+ L'hypothèse la plus commune parmi les folkloristes est celle d'un dégénération des mythes médiévaux, due à la pression du christianisme ; les légendes moderne du troll ne seraient que des morceaux éparpillés et déformées des anciens mythes. Les caractéristiques « diminuées » du troll des légendes s'expliquerait par la diabolisation par l'Église de cette croyance païenne : le troll mythique, géant doté de pouvoirs divins, serait ainsi devenu une petite créature maléfique et peu puissante.
80
+
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+ Dans une approche dite réductionniste, d'autres chercheurs considèrent les légendes modernes du troll comme le simple reflet des conceptions humaines du présent sur le royaume des morts. Cette approche expliquerait que d'autres cultures européennes (par exemple anglo-saxonne) possèdent des légendes similaires ou comparables à celles du troll scandinave.
82
+
83
+ Pour d'autres chercheurs, tel Amilien, les conceptions paganistes ont été adaptées au contexte historique actuel, afin d'assurer la viabilité des traditions. Les mythes paganistes n'auraient pas été valorisés (et conservés) au motif de leur ancienneté : ils auraient simplement été transformés pour suivre l'évolution de la société[14].
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+
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+ À l'époque moderne, le troll regagne de l'importance dans la culture scandinave. Ce phénomène peut s'expliquer par plusieurs éléments :
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+ À partir du XIXe siècle, l'influence luthérienne diminue fortement dans les pays scandinaves, avec la sécularisation de la société, la séparation de l'Église des affaires civiles et politiques (services publics des villes et régions) et de l'enseignement scolaire. Cette perte d'influence religieuse favorisa peut-être le maintien d'une relative « cohabitation » entre les pratiques chrétiennes et les croyances populaires d'inspiration paganiste. À titre d'exemple, les folkloristes soulignent que certains pasteurs du XIXe siècle mentionnent fréquemment dans leurs sermons des éléments de croyance populaire (trolls), sans forcément déprécier celles-ci.
88
+
89
+ D'autre part, la redécouverte de la mythologie nordique, avec un renouveau dans l'étude des sagas islandaises et des eddas et la redécouverte de certains textes médiévaux oubliés. Cette redécouverte avait débuté au XVIe siècle autour du mouvement des sociétés d'antiquaires. Ce mouvement a permis de diffuser les textes des Eddas et il a contribué à la redécouverte de la religion nordique ancienne, à la suite des travaux de l'érudit danois Peder Hansen Resen (1625-1688). Cet intérêt se prolonge avec l'intérêt ultérieur pour la mythologie germanique lié à un influent romantisme « gothique » (Allemagne) ; puis au XIXe siècle l'intérêt nationaliste de distinguer des « épopées nationales » pour le romantisme scandinave.
90
+
91
+ Le nationalisme romantique apparaît en Europe au XIXe siècle, en réaction contre les transformations sociale de la Révolution industrielle. Ce mouvement intellectuel et culturel a une influence très importante dans les pays scandinaves de la fin du 19e jusqu'au début du XXe siècle. Cette approche nationaliste (et parfois indépendantiste), se fonde sur l'idée d'une identité spécifiquement nationale, délimitée par la langue, la culture et l'origine ethnique.
92
+
93
+ Ce nationalisme romantique a inspiré d'importants travaux sur les dialectes locaux scandinaves, à travers l'étude ou la rénovation des langues (par exemple, le nynorsk en Norvège).
94
+ De même il a visé à l'élaboration d'une identité historique ou culturelle nationale : il a inspiré de nombreux travaux sur la mythologie nordique, les religions anciennes, les contes et légendes populaires, soutenus par les États, avec la collecte d'éléments du folklore et de l'histoire locale. Ce nationalisme a aussi inspiré l'art à travers le style du romantisme national qui s'exprime dans la peinture et l'illustration, et des thématiques liées aux espaces naturels (forêts), à la vie simple des fermiers.
95
+
96
+ Des contes et légendes sont collectées dès le XIXe siècle. À cette époque, la majorité des personnes qui collectaient les légendes et contes populaires scandinaves considéraient leur travail comme une opération de sauvetage et un archivage pour la postérité de la mémoire des anciens. L'importance croissante de l'éducation scolaire était considéré comme une menace pour la survie de la tradition, bien que paradoxalement les collecteurs étaient eux-mêmes fréquemment des enseignants[15].
97
+
98
+ Les grandes études sur le folklore scandinave du troll débutent essentiellement dans les années 1930, autour des légendes et des contes. L'une des premières études de grande ampleur est celle d'Elisabeth Hartmann en 1936 : Die Trollvorstellungen in den Sagen und Märchen der skandinavischen Völker[16].
99
+
100
+ Au XIXe et début XXe siècles, la tradition et la définition du troll dans le folklore diffèrent de manière assez importante selon les régions de Scandinavie. Hartmann distingue deux traditions opposées : une tradition norvégienne à l'ouest, et une tradition à l'est (sud de la Suède, Danemark)[17].
101
+
102
+ D'après la tradition norvégienne, le troll est un être solitaire, grand et laid — mais surtout fictif. Sa description correspond essentiellement aux Géants rise ou jötunn de la mythologie nordique. Ce troll est utilisé comme personnage pour des récits explicatifs populaires (conte étiologique), agissant souvent comme un symbole diabolique. Ce troll ne serait donc pas objet de croyances populaires, selon Hartmann, à l'inverse des huldrefolk qui sont encore l'objet de croyances à cette époque en Norvège[17].
103
+
104
+ L'autre tradition du troll est délimitée globalement par les régions du centre et sud de la Suède et du Danemark. Dans cette tradition, les trolls sont objets de croyances populaires et de légendes. Ces trolls sont considérés comme un ensemble de créatures surnaturelles anthropomorphiques (parfois d'apparence humaine), habitant les montagnes et les forêts, sont rattachés à la famille des vättar (suédois) ou aux huldrefolk (norvégiens)[17].
105
+
106
+ Ces trolls légendaires sont parfois considérés comme un peuple vivant en paix avec les humains, mais le plus souvent les trolls sont considérés comme dangereux et malhonnêtes.
107
+ Dans cette tradition, le troll est fréquemment relié à des légendes d'enlèvements d'adultes ou d'enfants (changeling), d'après des légendes comparables à celles du folklore celte.
108
+
109
+ Bien que le troll soit relié à la magie et au surnaturel, sa croyance est distinguée très nettement de la croyance aux sorcières[17].
110
+
111
+ Dans les îles de l'archipel Shetland et Orcades, au nord de l'Écosse, des créatures surnaturelles désignées comme trow (ou trowe, drow) sont similaires aux huldrefolk norvégiens et suggèrent une possible origine commune. Selon Peter Narváez, le terme « troll » aurait peut-être été apporté par les anciens colons nordiques de ces îles, utilisé pour comme désignation générique pour les créatures surnaturelles, avant que sa signification soit ultérieurement restreinte aux seuls créatures géantes (jötunn) de la mythologie[18].
112
+
113
+ Issu des croyances populaires, le troll est devenu dès le Moyen Âge un personnage de fiction dans certains récits anciens. À l'époque moderne, le troll devient un personnage pour de nombreux contes merveilleux et un sujet de figuration pour différentes œuvres artistiques (illustration, sculpture).
114
+
115
+ Au-delà de l'illustration des manuscrits de la mythologie norroise, les premières représentations du troll des contes et légendes sont souvent attribuées aux ouvrages de l'auteur et religieux suédois Olaus Magnus (1490-1557). Archidiacre catholique, il séjourna en Suède jusqu'à la Réforme protestante qui l'obligea à s'exiler en Italie. Magnus consacra le reste de sa vie à la rédaction de descriptions des pays nordiques.
116
+
117
+ Magnus fit ainsi réaliser la Carta Marina (1539), carte géographique des pays nordiques, avec de nombreuses représentations des créatures légendaires scandinaves, dont des monstres maritimes. Le trolual ou trolval (islandais), sorte de baleine démoniaque tuant les marins qui la confondent avec une île, préfigure peut-être les « trolls des mers »[19].
118
+
119
+ Magnus réalisa surtout la monumentale Historia de gentibus septentrionalibus (1555), qui devint l'ouvrage de référence en Europe pour la description des pays du Nord. Cet ouvrage reprend les récits qu'il a recueilli lors de ses voyages scandinaves mélangé à d'autres auteurs (antiques, médiévaux…). L'ouvrage comporte plusieurs centaines de gravures sur bois, probablement réalisés par des artistes italiens sur les instructions de Magnus. Parmi celles-ci, plusieurs représentations de créatures surnaturelles (trolls, nains…).
120
+
121
+ Dans les anciens contes scandinaves, le troll est un personnage comparable au géant ou à l'ogre d'autres traditions européennes : il a le rôle d'antagoniste surnaturel et dangereux qui s'oppose aux héros et il est vaincu ou tué par ceux-ci à la fin des histoires[17]. Son apparence est souvent détaillée : les descriptions sont purement fictionnelles (non reliées aux anciennes croyances), il est généralement présenté comme un être farouche, et caractérisé selon Asplund par des détails descriptifs « raides » et « irréalistes ».
122
+ Il a généralement une stature de haute taille, une prédilection pour les lieux de montagne et une inimitié envers l'homme[20].
123
+
124
+ Les contes destinés aux enfants reprennent parfois certains aspects légendaires et ces histoires se distinguent alors des archétypes plus classiques du conte merveilleux (succès du troll, fin énigmatique, détails incohérents…)[20].
125
+
126
+ Le tournant du siècle est l'époque du mouvement nationaliste romantique en Scandinavie, plaçant le troll comme une figure majeure dans la littérature et les arts.
127
+
128
+ De nombreux poètes, écrivains et conteurs scandinaves ont repris le personnage du troll : notamment Knut Hamsun, Trygve Gulbranssen, Bjørnstjerne Bjørnson et Selma Lagerlöf.
129
+
130
+ Le dramaturge norvégien Henrik Ibsen, dans Peer Gynt (1866), confronte son héros aux trolls, dont le roi est le Vieux de la Montagne de Dovre. Pour épouser la fille du roi, il doit renoncer à sa condition d’homme, mais il s’enfuit avant de franchir cette étape. Ibsen s’est servi des travaux de Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe pour mettre en scène des personnages et des situations du folklore norvégien.
131
+
132
+ Le peintre et dessinateur norvégien Theodor Kittelsen est particulièrement connu pour ses illustrations de trolls. Il a commencé à illustrer des contes vers 1882, et notamment des ouvrages de Asbjørnsen et Moe (1883-1887), puis le magazine Troldskab (1909-1915). Installé dans le cadre sauvage des îles Lofoten à partir de 1897, il reprend le thème des forces naturelles menaçantes et il s'inspire des formes du paysage pour les formes de ses trolls. Par exemple le gigantesque et effrayant « troll de mer » surgissant des flots ; le « troll des forêt », vivant en solitaire dans la nature ; ou bien le « troll des montagnes », couvert de sapins qui se confond avec une colline. À l'identique des trolls de l'artiste norvégien Erik Werenskiold, les trolls de Kittelsen sont souvent des géants poilus avec un grand nez et des vêtements rapiécés[21].
133
+
134
+ L'artiste suédois John Bauer (1882-1918) est peut-être l'illustrateur scandinave de trolls le plus connu, notamment par son livre de contes pour enfants Parmi tomtes et trolls [Bland Tomtar och Troll] (1907). Les trolls de Bauer sont grands, avec une tête énorme, un gros nez et des bras noueux (comme chez Kittelsen). Ces trolls sont des habitants de la forêt mystérieuse et inquiétante, avec un caractère bête et naïf plutôt que méchant. Cette représentation est devenue l'archétype du troll moderne, avec une influence majeure sur les représentations ultérieures, autant visuelles que littéraires[22], comme en témoignent notamment les illustrations de Brian Froud (né en 1947).
135
+
136
+ À partir des années 1920, l'importance nationaliste du troll diminue et il subsistera essentiellement comme sujet d'illustration. La représentation du troll se « démythifie » et il devient un personnage pour enfants, souvent ridicule ou comique. L'artiste et auteur suédoise Elsa Beskow (1874-1953) réalise de nombreux livres pour enfants durant cette période, dans un monde imaginaire idyllique et doux où les trolls apparaissent parfois[23]. Cette démythification et humanisation du troll dans les contes pour enfants se prolonge notamment dans les personnages Moumines (à partir de 1948) de l'artiste finlandaise Tove Jansson : une petite famille de trolls aux formes rondes (v. « Moumine le Troll », Bibliothèque internationale 1968, et sa suite « Un hiver dans la vallée de Moumine », Bibliothèque internationale 1972).
137
+
138
+ Le troll des mers (Theodor Kittelsen, 1887).
139
+
140
+ Le troll des forêts (Theodor Kittelsen, 1906).
141
+
142
+ Le changelin (John Bauer, 1913).
143
+
144
+ Troll qui sent le sang chrétien, sculpture de Niels Hansen Jacobsen, 1895
145
+
146
+ Illustration de Carl Larsson, 1927
147
+
148
+ L'écrivain anglais J. R. R. Tolkien a repris le personnage du troll, s'inspirant principalement des caractéristiques des contes et illustrations scandinaves, notamment le troll de John Bauer. Les trolls de Tolkien apparaissent dans Le Hobbit (1937) et Le Seigneur des anneaux (1954).
149
+
150
+ Dans Le Hobbit, les trolls sont décrits comme très grands (une bonne dizaine de mètres de haut), puissants, laids et particulièrement stupides. Leur peau épaisse les protège des coups, mais la plupart se transforment en pierre sous les rayons du Soleil. Ils vivent dans des cavernes. Ils amassent des trésors, tuent pour le plaisir et mangent homme, hobbit, nain ou elfe dès qu'ils peuvent[24].
151
+
152
+ Popularisées à l'échelle mondiale grâce à l'œuvre littéraire de Tolkien, ces créatures inspirent à partir du milieu du XXe siècle de nombreuses œuvres populaires qui reprennent le troll comme personnage de fiction, notamment la littérature de fantasy, les jeux de rôle, les jeux vidéo et les adaptations cinématographiques[24].
153
+
154
+ D'autres écrivains reprendront la figure du troll, souvent inspirée des romans de Tolkien[24] ; par exemple Terry Pratchett dans Troll Bridge (1992), J. K. Rowling dans Harry Potter à l'école des sorciers (1997), Neil Gaiman dans Troll Bridge (Smoke and Mirrors, 1998).
155
+
156
+ Dans Les Brigands de la forêt de Skule (1988), roman suédois de Kerstin Ekman, un troll, Skord, quitte le monde de la forêt et rejoint des enfants qui l'acceptent parmi eux. On le prend pour un enfant, mais il ne grandit jamais et ses doigts repoussent. Le roman navigue entre fantastique et réalisme.
157
+
158
+ Dans le roman finlandais Jamais avant le coucher du soleil (2000) de Johanna Sinisalo, ces créatures mythiques sont rationalisées. Les trolls sont des animaux comme les autres, dont des spécimens sont découverts en 1907 et classés parmi les mammifères (felipithecus trollius).
159
+
160
+ La série des Lanfeust de Troy (Arleston et Tarquin) et de Trolls de Troy mettent en scène des trolls ressemblant plutôt à des sortes de yétis couvert de poils et très attachés à leurs mouches. Ces trolls peuvent être enchantés par des sages afin de devenir dociles, mais l'eau dont ils ont une sainte horreur et l'alcool dont ils raffolent peuvent briser cet enchantement. Bien que sauvages et dangereux pour l'homme, ils sont dotés d'une intelligence et parlent, ce qu'ils cachent aux humains. Ils s'organisent en sociétés primitives dans de petits villages et adorent cueillir le paysan dans les bois et les fermières dans les champs.
161
+
162
+ Dans le film Willow (1988) de Ron Howard, les trolls sont une espèce hostile d'apparence simiesque[25] — ou pré-hominidé — poilue. Ils sont nus et mesurent environ 1,50 m. Ils sont quadrumanes et ont la capacité de se déplacer rapidement, par exemple sur un mur vertical ou sous une passerelle en bois.
163
+
164
+ Dans le film fantastique norvégien The Troll Hunter (2010) d'André Øvredal, les trolls sont répartis en différentes espèces et vivent plus de 1 000 ans. Ils sont traités comme « secret d'État » par le gouvernement norvégien, essayant de cacher l'existence des trolls à la population en faisant passer leurs exactions pour des accidents impliquant un ours ou une tornade.
165
+
166
+ Dans le film La Reine des neiges (Frozen), les trolls sont les amis des héros principaux du film. Ils se déplacent en se transformant en petites pierres et roulent sur eux mêmes. Pour se camoufler ils se transforment également en pierre. Ils sont habillés de vêtements en peaux de bêtes. Ces créatures surnaturelles ont des pouvoirs magiques et peuvent guérir des blessures au cerveau et au cœur. Ils sont regroupés en familles dans une forêt enchantée.
167
+
168
+ Dans le film fantastique suédois Border d'Ali Abbasi (2018), tiré de la nouvelle Gräns de John Ajvide Lindqvist, les deux personnages principaux, dont la nature est d'abord mystérieuse, s'avèrent être des trolls. Ils présentent certaines des caractéristiques attribuées aux trolls légendaires, comme la peur vis-à-vis des éclairs ou le fait d'enlever des enfants humains.
169
+
170
+ Dans la série fantastique Chasseurs de Trolls de Guillermo del Toro, les Trolls sont un peuple vivant caché des humains sous la surface, dans un endroit nommé le « marché des trolls », et possèdent de nombreux pouvoirs et tribus variantes[pas clair]. Il peuvent être habillés ou non, sont généralement imposants, possèdent de un à six yeux et souvent plusieurs cornes, mais ont toujours le même nez, ressemblant à celui d'un chat.
171
+
172
+ Les trolls sont aussi présents dans les jeux vidéos de fantasy, comme dans la série des Elder Scrolls où ils vivent dans les forêts de Cyrodiil, il y a aussi les trolls de glace, vivants dans les montagnes, et dans les grottes de glace. On retrouve les trolls dans World of Warcraft, au sein de la Horde.
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+ Discutez-en ou améliorez-le ! Pour de plus amples informations, voir le Guide contre l'anthropocentrisme.
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+ Les tubes utérins ou salpinx anciennement appelés trompes utérines ou trompes de Fallope[1] sont l'une des parties constituantes de l'appareil génital féminin. Ce sont deux conduits symétriques qui relient chaque ovaire à l’utérus. Leur rôle est indispensable dans le processus de reproduction. Après l’ovulation, ils transportent l’ovocyte dans leur tiers externe et permettent sa rencontre avec les spermatozoïdes. Ils assurent le déplacement de l’'œuf vers la cavité utérine après sa fécondation.
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7
+ On doit leur découverte au chirurgien et anatomiste italien Gabriele Falloppio ou Falloppio (1523-1562), dont le nom francisé, Gabriel Fallope, a donné son nom aux trompes.
8
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9
+ Les tubes utérins sont constitués extérieurement d'une couche séreuse, le mésosalpinx, se prolongeant jusqu'au péritoine, et d'une couche musculaire lisse, le myosalpinx, qui de par ses fortes capacités contractiles, permettant le déplacement du tube, joue un rôle essentiel dans la migration de l'embryon vers la cavité utérine, dans le transport des spermatozoïdes, et dans le reflux menstruel. C'est cette capacité motile qui permet aux tubes de se placer en regard des ovaires.
10
+
11
+ La muqueuse interne est un épithélium cylindrique simple, l'endosalpinx, doté de cellules ciliées. Les cils participent à la motilité des tubes et au sens à adopter en fonction du moment du cycle. L'endosalpinx a également une activité sécrétoire dépendante des hormones ovariennes ce qui permet d'adapter la sécrétion aux besoins de l'embryon[2].
12
+
13
+ Ils sont situés de part et d'autre de l'utérus, dans le ligament large, et sont composés de quatre segments, qui sont, du plus latéral au plus médial :
14
+
15
+ Leur longueur totale est comprise entre 10 et 14 cm, pour un calibre variant de 0,5 à 8 mm en fonction des portions.
16
+
17
+ Les tubes utérins sont reliés à l'utérus, organe mobile, mais également aux ovaires via le ligament infundibulo-ovarique. Enfin, ils sont englobés par la partie du ligament large appelé méso-salpinx.
18
+
19
+ Les rapports principaux se font surtout avec l'utérus et l'ovaire homolatéral, les anses grêles au-dessus. Du côté droit, le tube est en rapport avec le cæco-appendice, du côté gauche avec le côlon sigmoïde.
20
+
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+ Dans le mesosalpinx, les tubes sont en rapport avec les arcades vasculaires infra-tubaires, les nerfs du tube et des reliquats embryonnaires.
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+ La vascularisation artérielle du tube utérin est réalisée par deux artères :
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+ Ces deux rameaux s'anastomoseront au niveau de l'artère tubaire moyenne, créant l'arcade infra-tubaire, qui elle-même s'anastomosera au plexus artériel ovarien, créant ainsi un réseau anastomotique artériel très riche.
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+
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+ La vascularisation veineuse est réalisée par des arcades veineuses infra-tubaires, superposables à arcade artérielle infra-tubaire, qui se draineront dans les veines ovariennes et utérines
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+ Le drainage lymphatique est double, en direction des axes iliaques internes et externes, mais également en direction des lymphatiques ovariens qui gagnent ensuite la région lombaire.
30
+
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+ L'ovulation se produit dans la cavité abdominale. L'ovule est libérée dans l'abdomen. La captation de l'ovule par le tube nécessite des mouvements ampoulaires d'aspiration. L'ampoule tubaire est la partie la plus importante du tube puisqu'elle assure le captage de l'ovule et la fécondation se produit dans l'ampoule; L’œuf reste quelques jours dans l'ampoule. puis est transporté par celle ci (mouvement ciliaire de l'épithélium tubaire) dans la cavité utérine ou il s'implante dans l'endomètre 7 jours après la fécondation.
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+
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+ L'altération de l'épithélium tubaire ,donc de son fonctionnement pour le transport ovulaire dans la cavité utérine , par une infection génitale haute (majoritairement une infection sexuellement transmissible) est responsable de grossesse extra-utérine.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La trompette est un instrument de musique à vent de la famille des cuivres clairs. Elle est fabriquée dans un tube de 1,50 m de long comme le cornet. Le métal utilisé pour fabriquer la trompette est surtout le laiton (en moyenne 70 % de la trompette est fabriquée avec du laiton). Pour en jouer, on utilise souvent 3 pistons (parfois 4 dans la picolo) ainsi que de l'air (colonne d'air).
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+ Le didjeridoo des aborigènes australiens est considéré comme la première « trompette », il s'agit d'un simple tube de bois avec une embouchure de cire, le mode d'émission du son est le même que tout autre cuivre[1].
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+ Deux trompettes ont été retrouvées dans le tombeau de Toutânkhamon (une en or et une en argent), ce qui semble indiquer l'origine très ancienne et peut-être égyptienne de cet instrument[2]. En Grèce, la trompette alors appelée salpinx était considérée comme un instrument de guerre. On y trouvait trois épreuves : le son le plus fort (avec le plus de décibels), le son portant le plus loin, et le son le plus aigu. À Rome, on utilisait le cornu, le buccin (buccina) et le lituus. Les Celtes utilisaient le carnyx. Les Hébreux avaient également trois types de trompettes ou cors, le hazozerah, le chofar et le keren, ou du moins trois substantifs pour désigner cet instrument[3],[4].
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+ La crise de la trompette a duré soixante-cinq ans (1750-1815). D’une part, l’art du clarino[5] avait atteint un sommet difficile à dépasser et d’autre part, l’apparition de l’idéal bourgeois faisait incarner à la trompette un aspect héroïque démodé.
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+ L’époque classique montre un brusque changement dans la fonction des trompettes. Après avoir rempli une fonction héroïque qui donne le ton sous forme mélodique, la trompette se fond maintenant dans les tutti. Pour continuer à jouer son rôle héroïque, elle ne fait que couronner brièvement les crescendo. Elle doit s’adapter à la variété des tonalités, on voit donc apparaître des trompettes en fa, sol, si
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+ ou la. Dans le classique, le registre du clarino ne monte plus aussi haut que dans le baroque : on monte rarement au-dessus du sol (juste au-dessus de la portée), parfois on rencontre un la ou un do mais très rarement.
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+ Dès la fin du baroque, on a essayé de rendre la trompette chromatique car la plupart des notes à jouer se trouvent maintenant dans la troisième octave des partiels, les notes sont plus écartées donc les possibilités sont plus restreintes. Différentes techniques vont essayer de contrer ce problème.
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+ Une des plus anciennes de ces techniques est le bouchage qui fut inventé en 1775, puis inutilisée à partir de 1840. L’idée vient du corniste Anton Joseph Hampel, qui en 1750 avait remarqué qu’en introduisant la main dans le pavillon, on pouvait faire baisser la note émise d’un demi, voire un ton complet. La technique n’a pas été mise en œuvre tout de suite sur les trompettes car leur forme ne permettait pas à l’instrumentiste de mettre sa main au niveau du pavillon. C’est en 1777 qu’un facteur « enroula » plus la trompette pour lui donner une forme de demi-lune. On bouchait le pavillon avec trois doigts de la main droite. Le bouchage influence cependant le timbre de la trompette. En France, David Buhl[6] fut le plus éminent des trompettistes jouant avec ce procédé. Dans sa méthode, il distinguait la trompette d’ordonnance (instrument de cavalerie en mi
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+ ) et la trompette d’harmonie (instrument d’orchestre en sol). On pouvait mettre cette dernière dans des tons plus graves à l’aide de coulisses de rechange et on obtenait les demi-tons au-dessous d’une note donnée en bouchant le pavillon. Le gros défaut de cet instrument est l’inégalité sonore entre les notes ouvertes et bouchées.
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+ La deuxième technique est la trompette à clefs. Elle a les mêmes dates d’apparition et de disparition que le bouchage. L’idée commença, encore une fois, à être expérimentée sur le cor. La première trompette à clefs a été construite en 1777 mais ne connut aucun succès car le timbre caractéristique de la trompette disparaissait presque entièrement et était à mi-chemin entre la trompette et le hautbois. Indépendamment les uns des autres, plusieurs inventeurs firent différents essais dans le même sens. C’est en 1793 qu’un amateur nommé Nessman a mis au point une trompette à clefs qui gardait le timbre de la trompette et avec laquelle il pouvait monter une gamme chromatique. L’expérimentateur le plus heureux et en même temps le plus grand virtuose de la trompette à clefs fut A. Weidinger. D’ailleurs pour lui et sa trompette à clefs, J. Haydn, un de ses amis, a composé son fameux concerto en mi bémol majeur, qui fait usage du registre du clarino et peut être joué avec seulement trois clefs. Alors que celui de Hummel a un plus grand choix de notes graves et en nécessite une quatrième. Le gros défaut de cet instrument est le même que pour la trompette à boucher : l’inégalité entre les notes où certaines clefs sont ouvertes et ces mêmes notes lorsqu’elles sont toutes fermées.
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+ La troisième technique a été utilisée surtout en Angleterre entre 1790 et 1885 : c’est la trompette à coulisse. Comme son nom l’indique, le moyen utilisé ici pour rendre la trompette chromatique est la coulisse. Cette coulisse, qui est en forme de U comme sur un trombone mais moins longue que sur celui-ci, est plus proche de l’instrument et comporte un mécanisme permettant de revenir à la position initiale. Elle était appréciée grâce à sa sonorité noble et naturelle mais c’était plus un instrument d’orchestre que de solo à cause notamment de sa raideur mécanique. La trompette à coulisse se construisait en fa mais comportait des coulisses pour l‘accorder dans des tons inférieurs. Elle a subsisté plus longtemps que la trompette à boucher et celle à clefs grâce à la forte personnalité des personnes qui la défendaient.
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43
+ La grande invention du XIXe siècle pour la trompette est le piston. C’est un des deux grands évènements de l’histoire de la trompette avec l’admission de la trompette dans la musique de concert vers 1600. Le piston a été inventé vers 1815 (mais des ébauches existaient dès 1788), il fut une réponse au vœu de faire devenir la trompette chromatique, dans le registre grave vers 1750. Le système de pistons avait tous les avantages des systèmes antérieurs de « chromatisation » sans aucun des inconvénients. Le piston est un élément de l'instrument très fragile et une simple chute peut le dérégler. Les avantages sur les autres systèmes sont : l’instrument est entièrement chromatique et toutes les notes présentaient le même timbre (peut-être pas au début, mais des perfectionnements le permirent très vite). Alors que la trompette à clefs raccourcissait le tube en provoquant des pertes de charge — des « fuites » —, la trompette à pistons comme la trompette à coulisse l’allonge.
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+
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+ Cependant on ne fait plus intervenir la physique en tirant sur une coulisse mais on agit mécaniquement sur un, deux, voire trois pistons, ce qui permet d'améliorer la dextérité. À la technique traditionnelle, vient maintenant s’ajouter un élément nouveau : l’habileté digitale. Alors que les trompettistes du baroque n’avaient que trois éléments à coordonner (lèvres, souffle et langue), ceux qui utilisèrent une trompette à pistons en avaient quatre : souffle, lèvres, langue et doigts. La trompette à pistons s’imposa rapidement dans la musique militaire mais se heurta à des opposants (surtout par conservatisme) dans le milieu symphonique. L'inconvénient majeur du piston, hormis sa fragilité résolue par l'usage de monel, alliage résistant, est qu'une trompette à perce parfaitement cylindrique et à pistons ne peut pas être juste, pour des raisons physiques. La modulation de la perce de la branche d'embouchure et l'adaptation de la colonne d'air et — un peu — des lèvres permettent de corriger la justesse.
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+ La trompette à pistons (pistons de type Périnet) en si
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ — plus communément appelée trompette en si bémol — est celle qui est la plus utilisée aujourd’hui dans la plupart des pays. Mais la trompette à valves rotatives (appelée aussi « trompette à palettes ») est largement présente en Allemagne et en Europe de l'Est.
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+
58
+ La trompette en ut est aussi beaucoup utilisée, en particulier en France, dans les orchestres symphoniques et pour certains concerti pour trompette. Elle existe aussi en version à pistons ou à valves rotatives.
59
+
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+ À cause d’une attaque trop aléatoire avec une trompette normale en si
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ , certains instrumentistes utilisent la trompette piccolo pour jouer surtout des œuvres baroques dans lesquelles le registre aigu est souvent très utilisé (anciennement appelé clarino). La trompette piccolo ne monte pas plus haut que la trompette normale en si
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
78
+ , elle n'est pas plus facile à jouer dans le registre aigu, cependant les traits aigus sont plus stables. Elle existe en version à pistons ou à valves rotatives. La plupart du temps, elle est aussi en si
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+
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
86
+
87
+ (qui peut être mise en la avec une coulisse additionnelle), parfois en ré.
88
+
89
+ La trompette de poche est surtout utilisée par les jeunes trompettistes débutants. Elle est choisie car sa petite taille est adaptée à celle des enfants et son poids est mieux réparti donc elle n’est pas déséquilibrée vers l’avant. Mais certains trompettistes professionnels l’utilisent. Contrairement aux idées reçues, la trompette de poche a la même longueur de tube que la trompette normale, car celui-ci est simplement plus enroulé.
90
+
91
+ Il existe d’autres types de trompettes qui sont dans des accords différents, mais qui sont beaucoup moins utilisées que celles citées ci-dessus (trompette en sol, ré, mi
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ , fa ou trompette basse).
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+
102
+ La note et le volume de la trompette peuvent aussi être modifiés à l'aide d'une sourdine. Il en existe de nombreux types. Les plus connues sont les sourdines sèche, bol, wah-wah, plunger ou harmon (voir article Sourdine).
103
+
104
+ La trompette naturelle est fabriquée dans un tuyau de 1,50 m de long et constituée par l'embouchure, le tube (ou perce) et le pavillon. La perce est cylindrique, ce qui lui donne un son brillant, par comparaison au son plus doux de la famille des saxhorns. Cet instrument est encore employé dans la musique baroque sur des instruments anciens, et dans la musique militaire.
105
+
106
+ Dans la trompette à pistons, un mécanisme est ajouté qui permet d'accroître la longueur du tube, ce qui permet de jouer des notes plus graves et de combler ainsi les notes faisant défaut dans la série harmonique.
107
+
108
+ Le doigté est celui des instruments à pistons.
109
+
110
+ Le registre courant s'étend sur deux octaves et demie, du fa# grave au do au-dessus de la portée (contre-ut). Certaines pièces du répertoire classique dépassent cette tessiture (par exemple, le 2e concerto brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach). Pour ces pièces les instrumentistes utilisent généralement la trompette piccolo. Il est à noter qu'en jazz, il n'est pas rare d'entendre des musiciens monter jusqu'au bi-contre-ut voire plus haut.
111
+
112
+ Les trompettes — sauf la trompette en ut — sont en général des instruments transpositeurs qui jouent des sons réels différents des notes écrites. Ainsi par exemple une trompette en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ joue un son réel qui est un ton plus bas que la note écrite.
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+
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+ La trompette actuelle la plus courante est un instrument soprano, en si
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ .
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+
134
+ Il existe aussi des trompettes en ut (encore très utilisées par les musiciens classiques, car le son est souvent un peu plus fin, et pour l'enseignement dans les conservatoires, à partir d'un certain niveau), en ré et en mi
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et la trompette piccolo en si
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+
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+ (souvent à quatre pistons) pour un registre plus élevé, largement utilisée dans la musique baroque. Le 4e piston de certaines trompettes piccolos sert à atteindre les notes graves de la tessiture de la trompette en descendant généralement d'une quarte.
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+
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+ Il existe une multitude de trompettes moins usitées : celles en sol et en fa qui sont assez proches de la trompette piccolo en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ .
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+ La trompette basse est rarement utilisée en France. Son registre est sensiblement le même que celui du trombone à pistons ou de l'euphonium.
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+ Certains orchestres spécialisés utilisent encore des trompettes baroques pour jouer des pièces de cette époque (par exemple le Messie ou la Musique pour les feux d'artifice royaux, de Haendel). Ces très longues trompettes permettant un certain chromatisme dans le registre de jeu (la première fréquence de résonance de l'instrument étant très basse, les harmoniques correspondant au registre de jeu sont assez rapprochées pour donner un quasi-chromatisme). Cependant, leur usage est assez anecdotique, ne serait-ce qu'à cause de la difficulté de jeu de ces instruments, parfois facilitée quelque peu par la perce sur des répliques d'instruments anciens d'un trou harmonique bouché ou libéré par l'instrumentiste.
168
+
169
+ Enfin, il existe quelques trompettes atypiques : trompettes à quatre pistons permettant de jouer des quarts de tons (cf. Don Ellis, Ibrahim Maalouf…), ou trompettes combinant pistons et coulisse (la Firebird de la marque Holton, etc.)… Il existe également des trompettes qui, bien qu'acoustiquement très proches d'une trompette standard, ne sont pas enroulées : la trompette héraldique appelée aussi « trompette thébaine », utilisées pour des effets de mise en scène par exemple dans la marche triomphale d'Aida, opéra de Giuseppe Verdi.
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+ Certaines trompettes sont munies d'un ou plusieurs barillets.
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+ Un barillet fonctionne à l'instar d'une valve, et permet de dévier la colonne d'air d'une coulisse vers une autre, le plus souvent à l'aide d'un bouton circulaire à cran que l'on tourne sur une position ou l'autre. L'instrumentiste peut ainsi changer l'accord de sa trompette. Sur la photo ci-contre, le barillet permet de changer l'accord de l'instrument d'ut en si bémol.
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+ S'il permet théoriquement de disposer d'une trompette à la fois en Ut et en Si bémol dans le même instrument, ce système a néanmoins une limite de justesse. En effet, la longueur des coulisses des pistons est calculée comme une fraction de la longueur totale du tube de l'instrument. Or, une trompette en Si bémol est plus longue qu'une trompette Ut, les coulisses des pistons de ces instruments doivent être différentes pour garantir des notes justes sans effort excessif du musicien sur ses lèvres. Certaines marques fabriquent, ou ont fabriqué, des trompettes transpositrices livrées avec deux jeux de coulisses de pistons pour pallier ce problème.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La trompette est un instrument de musique à vent de la famille des cuivres clairs. Elle est fabriquée dans un tube de 1,50 m de long comme le cornet. Le métal utilisé pour fabriquer la trompette est surtout le laiton (en moyenne 70 % de la trompette est fabriquée avec du laiton). Pour en jouer, on utilise souvent 3 pistons (parfois 4 dans la picolo) ainsi que de l'air (colonne d'air).
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+ Le didjeridoo des aborigènes australiens est considéré comme la première « trompette », il s'agit d'un simple tube de bois avec une embouchure de cire, le mode d'émission du son est le même que tout autre cuivre[1].
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+ Deux trompettes ont été retrouvées dans le tombeau de Toutânkhamon (une en or et une en argent), ce qui semble indiquer l'origine très ancienne et peut-être égyptienne de cet instrument[2]. En Grèce, la trompette alors appelée salpinx était considérée comme un instrument de guerre. On y trouvait trois épreuves : le son le plus fort (avec le plus de décibels), le son portant le plus loin, et le son le plus aigu. À Rome, on utilisait le cornu, le buccin (buccina) et le lituus. Les Celtes utilisaient le carnyx. Les Hébreux avaient également trois types de trompettes ou cors, le hazozerah, le chofar et le keren, ou du moins trois substantifs pour désigner cet instrument[3],[4].
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+ La crise de la trompette a duré soixante-cinq ans (1750-1815). D’une part, l’art du clarino[5] avait atteint un sommet difficile à dépasser et d’autre part, l’apparition de l’idéal bourgeois faisait incarner à la trompette un aspect héroïque démodé.
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+ L’époque classique montre un brusque changement dans la fonction des trompettes. Après avoir rempli une fonction héroïque qui donne le ton sous forme mélodique, la trompette se fond maintenant dans les tutti. Pour continuer à jouer son rôle héroïque, elle ne fait que couronner brièvement les crescendo. Elle doit s’adapter à la variété des tonalités, on voit donc apparaître des trompettes en fa, sol, si
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+ ou la. Dans le classique, le registre du clarino ne monte plus aussi haut que dans le baroque : on monte rarement au-dessus du sol (juste au-dessus de la portée), parfois on rencontre un la ou un do mais très rarement.
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+ Dès la fin du baroque, on a essayé de rendre la trompette chromatique car la plupart des notes à jouer se trouvent maintenant dans la troisième octave des partiels, les notes sont plus écartées donc les possibilités sont plus restreintes. Différentes techniques vont essayer de contrer ce problème.
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+ Une des plus anciennes de ces techniques est le bouchage qui fut inventé en 1775, puis inutilisée à partir de 1840. L’idée vient du corniste Anton Joseph Hampel, qui en 1750 avait remarqué qu’en introduisant la main dans le pavillon, on pouvait faire baisser la note émise d’un demi, voire un ton complet. La technique n’a pas été mise en œuvre tout de suite sur les trompettes car leur forme ne permettait pas à l’instrumentiste de mettre sa main au niveau du pavillon. C’est en 1777 qu’un facteur « enroula » plus la trompette pour lui donner une forme de demi-lune. On bouchait le pavillon avec trois doigts de la main droite. Le bouchage influence cependant le timbre de la trompette. En France, David Buhl[6] fut le plus éminent des trompettistes jouant avec ce procédé. Dans sa méthode, il distinguait la trompette d’ordonnance (instrument de cavalerie en mi
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+ ) et la trompette d’harmonie (instrument d’orchestre en sol). On pouvait mettre cette dernière dans des tons plus graves à l’aide de coulisses de rechange et on obtenait les demi-tons au-dessous d’une note donnée en bouchant le pavillon. Le gros défaut de cet instrument est l’inégalité sonore entre les notes ouvertes et bouchées.
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+ La deuxième technique est la trompette à clefs. Elle a les mêmes dates d’apparition et de disparition que le bouchage. L’idée commença, encore une fois, à être expérimentée sur le cor. La première trompette à clefs a été construite en 1777 mais ne connut aucun succès car le timbre caractéristique de la trompette disparaissait presque entièrement et était à mi-chemin entre la trompette et le hautbois. Indépendamment les uns des autres, plusieurs inventeurs firent différents essais dans le même sens. C’est en 1793 qu’un amateur nommé Nessman a mis au point une trompette à clefs qui gardait le timbre de la trompette et avec laquelle il pouvait monter une gamme chromatique. L’expérimentateur le plus heureux et en même temps le plus grand virtuose de la trompette à clefs fut A. Weidinger. D’ailleurs pour lui et sa trompette à clefs, J. Haydn, un de ses amis, a composé son fameux concerto en mi bémol majeur, qui fait usage du registre du clarino et peut être joué avec seulement trois clefs. Alors que celui de Hummel a un plus grand choix de notes graves et en nécessite une quatrième. Le gros défaut de cet instrument est le même que pour la trompette à boucher : l’inégalité entre les notes où certaines clefs sont ouvertes et ces mêmes notes lorsqu’elles sont toutes fermées.
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+ La troisième technique a été utilisée surtout en Angleterre entre 1790 et 1885 : c’est la trompette à coulisse. Comme son nom l’indique, le moyen utilisé ici pour rendre la trompette chromatique est la coulisse. Cette coulisse, qui est en forme de U comme sur un trombone mais moins longue que sur celui-ci, est plus proche de l’instrument et comporte un mécanisme permettant de revenir à la position initiale. Elle était appréciée grâce à sa sonorité noble et naturelle mais c’était plus un instrument d’orchestre que de solo à cause notamment de sa raideur mécanique. La trompette à coulisse se construisait en fa mais comportait des coulisses pour l‘accorder dans des tons inférieurs. Elle a subsisté plus longtemps que la trompette à boucher et celle à clefs grâce à la forte personnalité des personnes qui la défendaient.
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+ La grande invention du XIXe siècle pour la trompette est le piston. C’est un des deux grands évènements de l’histoire de la trompette avec l’admission de la trompette dans la musique de concert vers 1600. Le piston a été inventé vers 1815 (mais des ébauches existaient dès 1788), il fut une réponse au vœu de faire devenir la trompette chromatique, dans le registre grave vers 1750. Le système de pistons avait tous les avantages des systèmes antérieurs de « chromatisation » sans aucun des inconvénients. Le piston est un élément de l'instrument très fragile et une simple chute peut le dérégler. Les avantages sur les autres systèmes sont : l’instrument est entièrement chromatique et toutes les notes présentaient le même timbre (peut-être pas au début, mais des perfectionnements le permirent très vite). Alors que la trompette à clefs raccourcissait le tube en provoquant des pertes de charge — des « fuites » —, la trompette à pistons comme la trompette à coulisse l’allonge.
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+ Cependant on ne fait plus intervenir la physique en tirant sur une coulisse mais on agit mécaniquement sur un, deux, voire trois pistons, ce qui permet d'améliorer la dextérité. À la technique traditionnelle, vient maintenant s’ajouter un élément nouveau : l’habileté digitale. Alors que les trompettistes du baroque n’avaient que trois éléments à coordonner (lèvres, souffle et langue), ceux qui utilisèrent une trompette à pistons en avaient quatre : souffle, lèvres, langue et doigts. La trompette à pistons s’imposa rapidement dans la musique militaire mais se heurta à des opposants (surtout par conservatisme) dans le milieu symphonique. L'inconvénient majeur du piston, hormis sa fragilité résolue par l'usage de monel, alliage résistant, est qu'une trompette à perce parfaitement cylindrique et à pistons ne peut pas être juste, pour des raisons physiques. La modulation de la perce de la branche d'embouchure et l'adaptation de la colonne d'air et — un peu — des lèvres permettent de corriger la justesse.
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+ La trompette à pistons (pistons de type Périnet) en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ — plus communément appelée trompette en si bémol — est celle qui est la plus utilisée aujourd’hui dans la plupart des pays. Mais la trompette à valves rotatives (appelée aussi « trompette à palettes ») est largement présente en Allemagne et en Europe de l'Est.
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+ La trompette en ut est aussi beaucoup utilisée, en particulier en France, dans les orchestres symphoniques et pour certains concerti pour trompette. Elle existe aussi en version à pistons ou à valves rotatives.
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+ À cause d’une attaque trop aléatoire avec une trompette normale en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ , certains instrumentistes utilisent la trompette piccolo pour jouer surtout des œuvres baroques dans lesquelles le registre aigu est souvent très utilisé (anciennement appelé clarino). La trompette piccolo ne monte pas plus haut que la trompette normale en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ , elle n'est pas plus facile à jouer dans le registre aigu, cependant les traits aigus sont plus stables. Elle existe en version à pistons ou à valves rotatives. La plupart du temps, elle est aussi en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ (qui peut être mise en la avec une coulisse additionnelle), parfois en ré.
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+ La trompette de poche est surtout utilisée par les jeunes trompettistes débutants. Elle est choisie car sa petite taille est adaptée à celle des enfants et son poids est mieux réparti donc elle n’est pas déséquilibrée vers l’avant. Mais certains trompettistes professionnels l’utilisent. Contrairement aux idées reçues, la trompette de poche a la même longueur de tube que la trompette normale, car celui-ci est simplement plus enroulé.
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+ Il existe d’autres types de trompettes qui sont dans des accords différents, mais qui sont beaucoup moins utilisées que celles citées ci-dessus (trompette en sol, ré, mi
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+ {\displaystyle \flat }
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+ , fa ou trompette basse).
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+ La note et le volume de la trompette peuvent aussi être modifiés à l'aide d'une sourdine. Il en existe de nombreux types. Les plus connues sont les sourdines sèche, bol, wah-wah, plunger ou harmon (voir article Sourdine).
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+
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+ La trompette naturelle est fabriquée dans un tuyau de 1,50 m de long et constituée par l'embouchure, le tube (ou perce) et le pavillon. La perce est cylindrique, ce qui lui donne un son brillant, par comparaison au son plus doux de la famille des saxhorns. Cet instrument est encore employé dans la musique baroque sur des instruments anciens, et dans la musique militaire.
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+
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+ Dans la trompette à pistons, un mécanisme est ajouté qui permet d'accroître la longueur du tube, ce qui permet de jouer des notes plus graves et de combler ainsi les notes faisant défaut dans la série harmonique.
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+ Le doigté est celui des instruments à pistons.
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+ Le registre courant s'étend sur deux octaves et demie, du fa# grave au do au-dessus de la portée (contre-ut). Certaines pièces du répertoire classique dépassent cette tessiture (par exemple, le 2e concerto brandebourgeois de Jean-Sébastien Bach). Pour ces pièces les instrumentistes utilisent généralement la trompette piccolo. Il est à noter qu'en jazz, il n'est pas rare d'entendre des musiciens monter jusqu'au bi-contre-ut voire plus haut.
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+ Les trompettes — sauf la trompette en ut — sont en général des instruments transpositeurs qui jouent des sons réels différents des notes écrites. Ainsi par exemple une trompette en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ joue un son réel qui est un ton plus bas que la note écrite.
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+ La trompette actuelle la plus courante est un instrument soprano, en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ .
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+ Il existe aussi des trompettes en ut (encore très utilisées par les musiciens classiques, car le son est souvent un peu plus fin, et pour l'enseignement dans les conservatoires, à partir d'un certain niveau), en ré et en mi
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+
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+
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+ {\displaystyle \flat }
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+ et la trompette piccolo en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ (souvent à quatre pistons) pour un registre plus élevé, largement utilisée dans la musique baroque. Le 4e piston de certaines trompettes piccolos sert à atteindre les notes graves de la tessiture de la trompette en descendant généralement d'une quarte.
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+ Il existe une multitude de trompettes moins usitées : celles en sol et en fa qui sont assez proches de la trompette piccolo en si
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+ {\displaystyle \flat }
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+ .
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+ La trompette basse est rarement utilisée en France. Son registre est sensiblement le même que celui du trombone à pistons ou de l'euphonium.
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+ Certains orchestres spécialisés utilisent encore des trompettes baroques pour jouer des pièces de cette époque (par exemple le Messie ou la Musique pour les feux d'artifice royaux, de Haendel). Ces très longues trompettes permettant un certain chromatisme dans le registre de jeu (la première fréquence de résonance de l'instrument étant très basse, les harmoniques correspondant au registre de jeu sont assez rapprochées pour donner un quasi-chromatisme). Cependant, leur usage est assez anecdotique, ne serait-ce qu'à cause de la difficulté de jeu de ces instruments, parfois facilitée quelque peu par la perce sur des répliques d'instruments anciens d'un trou harmonique bouché ou libéré par l'instrumentiste.
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+ Enfin, il existe quelques trompettes atypiques : trompettes à quatre pistons permettant de jouer des quarts de tons (cf. Don Ellis, Ibrahim Maalouf…), ou trompettes combinant pistons et coulisse (la Firebird de la marque Holton, etc.)… Il existe également des trompettes qui, bien qu'acoustiquement très proches d'une trompette standard, ne sont pas enroulées : la trompette héraldique appelée aussi « trompette thébaine », utilisées pour des effets de mise en scène par exemple dans la marche triomphale d'Aida, opéra de Giuseppe Verdi.
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+ Certaines trompettes sont munies d'un ou plusieurs barillets.
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+ Un barillet fonctionne à l'instar d'une valve, et permet de dévier la colonne d'air d'une coulisse vers une autre, le plus souvent à l'aide d'un bouton circulaire à cran que l'on tourne sur une position ou l'autre. L'instrumentiste peut ainsi changer l'accord de sa trompette. Sur la photo ci-contre, le barillet permet de changer l'accord de l'instrument d'ut en si bémol.
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+ S'il permet théoriquement de disposer d'une trompette à la fois en Ut et en Si bémol dans le même instrument, ce système a néanmoins une limite de justesse. En effet, la longueur des coulisses des pistons est calculée comme une fraction de la longueur totale du tube de l'instrument. Or, une trompette en Si bémol est plus longue qu'une trompette Ut, les coulisses des pistons de ces instruments doivent être différentes pour garantir des notes justes sans effort excessif du musicien sur ses lèvres. Certaines marques fabriquent, ou ont fabriqué, des trompettes transpositrices livrées avec deux jeux de coulisses de pistons pour pallier ce problème.
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+ Le climat tropical est un type de climat présent entre les tropiques, généralement jusqu'à 14 degrés de latitude nord et sud.
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+ Dans le système de classification des climats défini par Köppen, un climat tropical est un climat non aride où la température moyenne mensuelle ne descend pas en dessous de 18 °C (64,4 °F) tout au long de l'année. Toutefois, la notion de transversalité des climats arides, unis en un groupe commun, est discutable, et il est tout à fait envisageable de considérer comme valide la notion de climats arides tropicaux (tels que ceux qui concernent le sud du Sahara et de la péninsule Arabique, par exemple, ou encore une bonne partie du nord de l'Australie, ou la côte pacifique aride du Pérou), lesquels se distinguent clairement des climats arides tempérés ou froids (désert de Gobi, etc.).
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+ Selon Köppen, c'est donc la pluviosité qui définit avant tout les saisons. Il existe une saison sèche (faibles températures, précipitations quasiment nulles) et une saison humide (hautes températures, très fortes précipitations), la saison sèche ayant lieu autour du solstice d'hiver (décembre dans l'hémisphère nord, juin dans l'hémisphère sud), lorsque les températures sont généralement plus fraîches, et la saison humide autour du solstice d'été (juin dans l'hémisphère nord, décembre dans l'hémisphère sud), lors des mois les plus chauds. Mais là encore, cela reste très approximatif : bien qu'assez rares, des climats tropicaux avec sécheresse estivale et pluies hivernales existent bel et bien : face est de l'île d'Hawaï, îles Canaries (San Andrés y Sauces, avec 600 mm annuels centrés sur l'hiver et une température moyenne du mois le plus froid de 18,6 °C), centre-nord du Viêt Nam, certaines régions du Brésil, etc. D'autres régions ont un régime des pluies intermédiaire, avec sécheresse de février à juillet (dans l'hémisphère nord, d'août à janvier dans l'hémisphère sud), les pluies démarrant donc assez tard (comparé au climat tropical typique de mousson) et se prolongeant tout l'automne, jusqu'au début de l'hiver (Nouméa, Lagunillas et plusieurs autres points du sud de la Basse-Californie, Trinquemalay, etc.). Enfin, il existe sous les tropiques, mais à plus de 10-15° de latitude, des territoires clairement tropicaux (car l'amplitude thermique et la latitude sont trop élevés pour qu'on les considère comme équatoriaux) mais qui ont des précipitations (abondantes, modérées, ou faibles, sans être trop limitées pour rentrer dans le cadre de l'aridité) réparties de manière plus ou moins homogène.
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+ En dehors de ces cas particuliers, pour ce qui est du cadre général, le maximum pluviométrique est lié à la présence de la zone de convergence intertropicale. Le régime tropical classique ne comporte alors qu'un maximum, qui se place au solstice d'été, ainsi les pluies d'été ou d'automne rafraichissent l'atmosphère et abaissent les moyennes thermiques (c'est l'hivernage). La saison humide est plus ou moins longue, selon la distance par rapport à l'équateur. On peut alors distinguer :
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+ On associe souvent de manière abusive les climats tropicaux et « sub » tropicaux. Le terme « sub » tropical renvoi aux latitudes plus élevées, avec des climats chauds en été mais connaissant une vraie saison froide en hiver, même si les températures restent relativement douces. C'est le cas du climat méditerranéen ou plus typiquement du climat subtropical humide (Sud-Est des États-Unis, Brisbane en Australie, Durban en Afrique du Sud, etc.).
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+ Pour bien distinguer les climats tropicaux des climats équatoriaux, il faut se rappeler que ces derniers n'ont pas de saison sèche digne de ce nom, mais des conditions presque constamment humides. En outre, il n'y a pratiquement aucune amplitude thermique affectant leurs températures moyennes annuelles, ni d'écarts dans la durée du jour, etc. Comme indiqué ci-dessus, les régions les plus proches de l'équateur relèvent du climat équatorial.
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+ Le terme tropical désigne souvent des zones chaudes et humides toute l'année et où la végétation est luxuriante, ce qui en fait inclut une grande partie des zones équatoriales.
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+ Certaines forêts tropicales, en particulier sur les reliefs où se forment des nuages persistants en toute saison, correspondent aussi à cette description, mais la majorité des couverts tropicaux varient avec une saison sèche, durant laquelle la plupart des arbres perdent leurs feuilles et les plantes basses se dessèchent, suivie d'une saison humide, où tout reverdit. Inversement en altitude existent des flores apparemment moins typiquement tropicales qui (comme la flore de montagne du Kilimandjaro ou du Mauna Kea).
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+ Pour une même unité de surface ou de volume, les animaux, champignons et végétaux de la zone tropicale et équatoriale sont proportionnellement plus nombreux et variés que dans les zones plus proches des pôles. De nombreuses études ont conclu que les écosystèmes sont non seulement plus riches en espèce s'ils sont proches de l'équateur, mais que les interactions biotiques (notamment la concurrence interspécifique et la prédation) y sont également plus intenses qu'aux latitudes supérieures, surtout dans la forêt tropicales humides[1], au point que certains considèrent que ce principe est l'une des lois fondamentales de l'écologie[2]. Par exemple Roslin et al. (2017) ont disposé de fausses chenilles (plasticine verte) sur des sites situés sur six continents et sur un gradient latitudinal de plus de 11 600 km. En observant les traces de morsures ou de bec laissés par les prédateurs Ils ont constaté que le taux de prédation sur ces pseudo-chenilles augmentait en s'approchant de l'équateur. De plus les prédateurs y sont plus souvent des prédateurs d'arthropodes (comme les fourmis) que des oiseaux et mammifères[3]. Un modèle semblable existe pour l'altitude. Ce gradient est retrouvé aux échelles mondiales et régionales. Dans les zones plus chaude le développement est plus rapide, mais la pression de prédation est également plus intense[3].
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+ Le tropique du Cancer est l'un des cinq parallèles principaux indiqués sur les cartes terrestres. Il s'agit du parallèle de 23° 26' 12.087" (au 1er janvier 2020)[1],[2] de latitude nord, la latitude la plus septentrionale sur laquelle il est possible d'apercevoir le Soleil directement au zénith, lors du solstice de juin.
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+ Le tropique du Cancer porte ce nom car, au cours des derniers siècles avant notre ère, le Soleil était dans la constellation du Cancer, en latin pour crabe (d'où l'expression « grignoté par le crabe »)[réf. nécessaire], lors du solstice de juin. Chaque année, c'est le moment où le Soleil atteint son zénith pour cette latitude.
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+ En raison de la précession des équinoxes, le Soleil se situe désormais dans la constellation des Gémeaux lors de ce solstice. Le mot « tropique » vient du grec trope (τροπή), qui signifie virage (changement de direction, ou circonstances), inclinaison, faisant référence au fait que le Soleil semble « repartir » aux solstices.
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+ La position du tropique du Cancer n'est pas fixe, mais varie d'une manière compliquée au fil du temps. Actuellement, il dérive progressivement vers le sud de près d'une demi-seconde d'arc (0,468 ″) de latitude, soit 14,45 mètres par an (il était exactement à 23 ° 27 ′ en 1917 et sera à 23 ° 26 'en 2045). [2] Voir l' inclinaison axiale et les cercles de latitude pour plus d'informations.
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+ Au nord du tropique se trouvent les régions subtropicales et la zone tempérée nord. La ligne de latitude équivalente au sud de l'équateur s'appelle le tropique du Capricorne , et la région située entre les deux, centrée sur l'équateur, correspond aux tropiques.
12
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+ Il y a environ 13 heures 35 minutes de lumière du jour pendant le solstice d'été. Pendant le solstice d’hiver, il y a 10 heures et 41 minutes de lumière du jour.
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+ Les coordonnées de la section Pays traversés de Tropique du Cancer :
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+
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+ Le tropique du Cancer se situe principalement sur des océans. Néanmoins, le nombre de terres émergées traversées par le tropique du Cancer est plus important que pour le tropique du Capricorne et la distance maritime traversée est donc moindre.
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+ Les dix-huit pays qu'il traverse, en partant de 0° de longitude et en se dirigeant vers l'est, sont les suivants :
21
+
22
+ → Le tropique passe au sud des îles japonaises des Ryūkyū et Ogasawara
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+ → Hawaii (États-Unis, aucune terre traversée : le tropique passe entre Nihoa et l'île Necker)
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+
25
+ → Le tropique passe au nord de l'île de Cuba
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+
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+ Fichier KML (modifier, h, d)
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+ Vous pouvez modifier la page pour effectuer la traduction.
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+ Les tropiques sont les deux parallèles du globe terrestre qui délimitent une bande à l'intérieur de laquelle le soleil apparaît au zénith au moins une fois dans l'année. Chaque tropique est séparé de l'équateur par 23° 26′ 12″ de latitude : le tropique du Cancer au nord, et le tropique du Capricorne au sud.
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+ Les noms de « Cancer » et « Capricorne » ont été attribués il y a environ 2 000 ans selon la position qu'occupait alors le Soleil dans le zodiaque au solstice d'été. Ces positions ne sont plus valables : l'emplacement exact des tropiques varie sur des échelles de temps géologique avec l'inclinaison de la Terre sur son orbite.
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+ On désigne aussi sous le nom de tropiques les régions du monde situées près de ces lignes, en particulier les zones littorales et insulaires de ces régions.
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+ Les tropiques célestes, ou tropiques, sont, en astronomie, les deux petits cercles parallèles de la sphère céleste, de déclinaison de + et – 23° 26′ 12″, passant par les points solsticiaux[1].
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+ La partie du globe située entre les deux tropiques, comprend tous les points de la Terre où le Soleil apparaît au zénith à midi solaire une ou deux fois dans l'année. Au nord du tropique du Cancer ou au sud du tropique du Capricorne, le soleil n'atteint jamais une élévation de 90° et ne se trouve jamais à la verticale du sol. Sur les tropiques mêmes, le Soleil atteint le zénith une fois l'an, à l'époque du solstice.
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+ Lorsque le soleil atteint le zénith du tropique du Cancer, c'est l'été (en juin) dans l'hémisphère nord. Au même moment, c'est l'hiver dans l'hémisphère sud. Par conséquent, sur le tropique du Capricorne, le soleil ne culmine à midi qu'à la hauteur de 43,126°. Entre ces deux saisons, le Soleil passe à la verticale de l'équateur le jour du printemps (mars) dans son mouvement vers le nord et le jour de l'automne dans son mouvement vers le sud.
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+ Du fait du redressement de l'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre, les tropiques se rapprochent[2] de l'équateur à une vitesse très grande : environ 14,45 mètres par an (3,95 cm par jour). Pour les mêmes raisons, les cercles polaires se rapprochent des pôles. Au total, la zone intertropicale perd ainsi environ 1 060 km² par an. Les tropiques continueront à se rapprocher de l'équateur pendant environ 10 000 ans, où ils atteindront les latitudes de ± 22° 36′. Ceci est causé par l'influence des autres planètes sur le plan de l'écliptique (et non par la précession des équinoxes).
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+ À proximité de l'équateur, on rencontre le plus souvent un climat avec des températures élevées et des précipitations abondantes toute l'année : c'est le climat équatorial. En revanche, près des tropiques (Cancer ou Capricorne), l'année est souvent marquée par une saison sèche et une saison des pluies, donc des précipitations variables, alors que la température est élevée tout au long de l'année, ce qu'on qualifie de climat tropical.
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+
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+ Cependant, les vents dominants, les courants marins, la présence ou pas d'une masse continentale importante ont une telle influence sur le climat d'une région donnée que l'on observe de nombreux endroits où, bien que l'on soit au niveau d'un tropique, le climat n'est pas tropical (par exemple le centre de l'Australie ou du Sahara, où il n'y a pas de saison des pluies) ; et des régions où le climat est « tropical » sans que l'on soit sous les tropiques (c'est le cas du Kenya, pays situé sur l'équateur mais dont l'essentiel du territoire a un climat nettement tropical).
22
+
23
+ Les régions situées en climat à régime tropical proprement dit sont situées principalement en Amérique centrale et Amérique du Sud, le centre et une partie du sud de l'Afrique, le nord de l'Australie et une partie de l'Indonésie. Le reste de la zone intertropicale se partage essentiellement entre un climat désertique (surtout en Afrique), équatorial ou de mousson (surtout en Asie).
24
+
25
+ Voir aussi la Catégorie:Habitat tropical
26
+
27
+ De façon simplifiée, le climat tropical se caractérise par la chaleur et l'alternance des précipitations en deux saisons dites sèche et humide.
28
+
29
+ Les zones tropicales sont considérées, pour les récifs coralliens, forêts et mangroves comme abritant une part importante du patrimoine mondial de biodiversité[3]
30
+
31
+ On peut y retrouver les types d'arbres suivant : Hure, Ceiba, Acajou, Capara, Palissandre, Teck, Hévéa et le Noyer du Brésil
32
+
33
+ Voir aussi la Catégorie:Végétation tropicale
34
+
35
+ La faune y est très riche.
36
+
37
+ Voir aussi la Catégorie:Faune tropicale
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+
39
+ Civilisations:
40
+
41
+ Peuples en zone à climat tropical :
42
+
43
+ Les cultures traditionnelles utilisent les matériaux abondants que fournit une nature généreuse. Les faibles variations de température du climat tropical favorisent la construction d'habitations et le port de costumes légers.
44
+
45
+ Embarcations au Kerala, en Inde
46
+
47
+ Maisons de Pygmées, en République du Congo.
48
+
49
+ Costume traditionnel, République centrafricaine
50
+
51
+ Dans les pays avec de longues périodes hivernales, les populations ont une vision idéalisée des tropiques qu'ils cherchent à reconstituer dans des milieux artificiels ou à retrouver à travers des travaux artistiques.
52
+
53
+ Bogaïevsky : Paysage tropical, 1906
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+
55
+ Matinée sous les tropiques, Frederic Edwin Church, 1877. National Gallery of Art, Washington, D.C., USA.
56
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57
+ Fatata Te Miti, Paul Gauguin. Polynésie française.
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+ Le tropique du Cancer est l'un des cinq parallèles principaux indiqués sur les cartes terrestres. Il s'agit du parallèle de 23° 26' 12.087" (au 1er janvier 2020)[1],[2] de latitude nord, la latitude la plus septentrionale sur laquelle il est possible d'apercevoir le Soleil directement au zénith, lors du solstice de juin.
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+ Le tropique du Cancer porte ce nom car, au cours des derniers siècles avant notre ère, le Soleil était dans la constellation du Cancer, en latin pour crabe (d'où l'expression « grignoté par le crabe »)[réf. nécessaire], lors du solstice de juin. Chaque année, c'est le moment où le Soleil atteint son zénith pour cette latitude.
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+ En raison de la précession des équinoxes, le Soleil se situe désormais dans la constellation des Gémeaux lors de ce solstice. Le mot « tropique » vient du grec trope (τροπή), qui signifie virage (changement de direction, ou circonstances), inclinaison, faisant référence au fait que le Soleil semble « repartir » aux solstices.
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+ La position du tropique du Cancer n'est pas fixe, mais varie d'une manière compliquée au fil du temps. Actuellement, il dérive progressivement vers le sud de près d'une demi-seconde d'arc (0,468 ″) de latitude, soit 14,45 mètres par an (il était exactement à 23 ° 27 ′ en 1917 et sera à 23 ° 26 'en 2045). [2] Voir l' inclinaison axiale et les cercles de latitude pour plus d'informations.
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+ Au nord du tropique se trouvent les régions subtropicales et la zone tempérée nord. La ligne de latitude équivalente au sud de l'équateur s'appelle le tropique du Capricorne , et la région située entre les deux, centrée sur l'équateur, correspond aux tropiques.
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+ Il y a environ 13 heures 35 minutes de lumière du jour pendant le solstice d'été. Pendant le solstice d’hiver, il y a 10 heures et 41 minutes de lumière du jour.
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+ Les coordonnées de la section Pays traversés de Tropique du Cancer :
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+ Le tropique du Cancer se situe principalement sur des océans. Néanmoins, le nombre de terres émergées traversées par le tropique du Cancer est plus important que pour le tropique du Capricorne et la distance maritime traversée est donc moindre.
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+ Les dix-huit pays qu'il traverse, en partant de 0° de longitude et en se dirigeant vers l'est, sont les suivants :
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+ → Le tropique passe au sud des îles japonaises des Ryūkyū et Ogasawara
23
+ → Hawaii (États-Unis, aucune terre traversée : le tropique passe entre Nihoa et l'île Necker)
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+ → Le tropique passe au nord de l'île de Cuba
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+ Fichier KML (modifier, h, d)
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+ Vous pouvez modifier la page pour effectuer la traduction.
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+ Le tropique du Cancer est l'un des cinq parallèles principaux indiqués sur les cartes terrestres. Il s'agit du parallèle de 23° 26' 12.087" (au 1er janvier 2020)[1],[2] de latitude nord, la latitude la plus septentrionale sur laquelle il est possible d'apercevoir le Soleil directement au zénith, lors du solstice de juin.
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+ Le tropique du Cancer porte ce nom car, au cours des derniers siècles avant notre ère, le Soleil était dans la constellation du Cancer, en latin pour crabe (d'où l'expression « grignoté par le crabe »)[réf. nécessaire], lors du solstice de juin. Chaque année, c'est le moment où le Soleil atteint son zénith pour cette latitude.
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+ En raison de la précession des équinoxes, le Soleil se situe désormais dans la constellation des Gémeaux lors de ce solstice. Le mot « tropique » vient du grec trope (τροπή), qui signifie virage (changement de direction, ou circonstances), inclinaison, faisant référence au fait que le Soleil semble « repartir » aux solstices.
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+ La position du tropique du Cancer n'est pas fixe, mais varie d'une manière compliquée au fil du temps. Actuellement, il dérive progressivement vers le sud de près d'une demi-seconde d'arc (0,468 ″) de latitude, soit 14,45 mètres par an (il était exactement à 23 ° 27 ′ en 1917 et sera à 23 ° 26 'en 2045). [2] Voir l' inclinaison axiale et les cercles de latitude pour plus d'informations.
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+ Au nord du tropique se trouvent les régions subtropicales et la zone tempérée nord. La ligne de latitude équivalente au sud de l'équateur s'appelle le tropique du Capricorne , et la région située entre les deux, centrée sur l'équateur, correspond aux tropiques.
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+ Il y a environ 13 heures 35 minutes de lumière du jour pendant le solstice d'été. Pendant le solstice d’hiver, il y a 10 heures et 41 minutes de lumière du jour.
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+ Les coordonnées de la section Pays traversés de Tropique du Cancer :
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+ Le tropique du Cancer se situe principalement sur des océans. Néanmoins, le nombre de terres émergées traversées par le tropique du Cancer est plus important que pour le tropique du Capricorne et la distance maritime traversée est donc moindre.
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+ Les dix-huit pays qu'il traverse, en partant de 0° de longitude et en se dirigeant vers l'est, sont les suivants :
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+ → Le tropique passe au sud des îles japonaises des Ryūkyū et Ogasawara
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+ → Hawaii (États-Unis, aucune terre traversée : le tropique passe entre Nihoa et l'île Necker)
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+ → Le tropique passe au nord de l'île de Cuba
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+ La guitare basse, basse électrique ou simplement basse, est un instrument de musique à cordes conçu selon le même principe que la guitare électrique, mais avec une tessiture plus grave. Comme la contrebasse dont elle est inspirée, la guitare basse est généralement utilisée pour jouer la ligne de basse au sein de la section rythmique d'un ensemble musical, mais elle est également utilisée comme instrument soliste, par exemple dans le jazz fusion.
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+ Une basse possède généralement 4 cordes, mais peut aussi en avoir 5, 6, 9 ou plus (on parle alors d'ERB, Extended-Range Basses). L'instrument est constitué d'un manche et d'un corps en bois plein (solid body) ou creux (semi-hollow body) comprenant un ou plusieurs micros, potentiomètres et un chevalet, comme sur la guitare électrique.
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+ Les cordes ont généralement un diapason de 34 pouces (86,34 cm), qui peut être parfois plus long ou plus court. Certaines basses avec un plus petit diapason (30 pouces ou 76,2 cm) sont appelées short scale. La touche d'une basse supporte des frettes (qui délimitent les notes, comme sur la guitare) mais on trouve, plus rare, des modèles qui en sont dépourvus (comme une contrebasse) dénommés fretless. La méthode de fixation du manche (vissé, collé ou traversant le corps) et le type de bois utilisé pour la lutherie influent sur la sonorité.
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+ La basse est considérée comme le « pilier » dans un groupe par son côté rythmique avec la batterie et l'accompagnement des graves.
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+ La guitare basse est généralement accordée une octave plus grave qu'une guitare, et de la même manière qu'une contrebasse, c’est-à-dire en quartes.
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+ Les fréquences sont les suivantes lorsque la note de référence est le la 440 Hz :
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+ L'accord de la basse à cinq cordes est généralement si (ou do), mi, la, ré, sol (B/C EADG ; ajout d'une corde grave) ou bien, moins fréquemment, mi, la, ré, sol, do (EADGC ; ajout d'une corde aiguë). Les basses à six cordes sont accordées en si, mi, la, ré, sol, do (BEADGC ; ajout d'une corde grave et d'une corde aigüe), en quartes. Les basses à huit cordes possèdent généralement quatre chœurs (paires de cordes accordées à l'octave), et les rares modèles à 12 cordes ont soit six chœurs, soit quatre groupes de trois cordes formant chacun un accord de quinte (dans ce dernier cas, la corde la plus aiguë du chœur est semblable à une corde de guitare).
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+ Cet instrument fut conçu, tout comme la guitare électrique, pour pallier le manque de puissance des instruments acoustiques utilisés dans la musique country, le rock 'n' roll, et le jazz ainsi que la contrainte de l'encombrement de la contrebasse.
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+ En dehors de la contrebasse, il n'existait jusqu'alors que quelques instruments à corde traditionnels dans cette tessiture comme le guitarrón mexicain, la balalaika russe dans ses versions basse et contrebasse, et dans certains pays africains ou arabes, comme la contrebassine ou le guembri.
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+ En 1933, l'inventeur américain Paul Tutmarc (en) crée une première basse électrique ayant la forme et la taille d'un violoncelle au corps plein[1]. Insatisfait par la taille de l'instrument, il en fabrique une deuxième inspirée des guitares électriques, frettée et conçue pour être utilisée à l'horizontale. En 1935, Audiovox, le catalogue commercial de la société de Tutmarc propose le « Model #736 Electric Bass Fiddle »[2], à quatre cordes, le corps plein et un manche fretté d'une longueur de 77,5 cm. De par son design proche de celui d'une guitare, l'instrument était plus simple à tenir et l'apposition de frettes sur le manche rendait la basse plus accessible, en facilitant le jeu juste. Cependant, le modèle développé par Tutmarc ne rencontra pas d'engouement particulier et le concept de basse électrique est abandonné jusqu'aux années 1950.
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+ À la même époque, les fabricants de guitares Gibson et Rickenbacker s'intéressèrent au développement d'une contrebasse électrique, sans que l'idée n'aboutisse.
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+ En 1951, Leo Fender sort la première basse électrique commercialisée, la Precision Bass. Le terme « précision » insiste sur la présence de frettes, facilitant la justesse des notes par rapport à la contrebasse. Sa particularité est d'avoir un seul micro centré entre le départ du manche et le chevalet, ce qui donne un son grave, profond et bien rond. La Precision Bass est devenu un modèle de référence dans la musique populaire, très utilisé en musique soul, et a souvent été copiée par les autres compagnies. La première utilisée en Europe fut celle de Jet Harris, premier bassiste du groupe The Shadows. James Jamerson, bassiste très réputé de la Motown, en était l'un des meilleurs praticiens. Rocco Prestia, actuel bassiste américain de soul/funk des plus célèbres, joue exclusivement sur Precision, avec un groove très particulier.
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+ En 1960 sort le nouveau modèle de Fender, la Jazz Bass, qui a deux micros « simple bobinage », un manche plus fin que la Precision, et une forme différente. Sa particularité concerne le fait d'avoir deux micros, l'un près du chevalet qui donne un son médium très précis et assez dur avec beaucoup d'attaque et l'autre près du départ du manche et qui donne un son très grave et moins précis. À l'instar de la Stratocaster, cette basse offre une palette de son nettement plus large, notamment en plaçant les deux micros en phase ou en opposition de phase. Elle a été plus utilisée par les bassistes virtuoses, de jazz-rock ou de funk-jazz. Tina Weymouth, Marcus Miller, Tal Wilkenfeld et surtout Jaco Pastorius qui jouait sur une Jazz Bass fretless avec un toucher très particulier, en ont été de célèbres utilisateurs.
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+ Afin de varier la gamme sonore sans le besoin de changer d'instrument durant les morceaux, la Precision fut ensuite dotée d'un second micro placé près du chevalet (usuellement un micro simple bobinage de type Jazz Bass ou un pavé « humbucker » double bobinage ou un second micro « split-coil » Precision Bass), parfois même d'un manche Jazz Bass au profil aminci. Cette option fut valable vers le milieu des années 1960 et fut très populaire au début des années 1980.
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+ L'année suivante Gibson (plus spécialisé dans les guitares) crée la Gibson electric bass. Puis Höfner en 1956 sort la 500/1 en forme de violon, popularisée par Paul McCartney. En 1959 et 1961, Gibson crée la EB-0 (diapason court ou short scale) avec un micro unique et la EB-3 (diapason long ou long scale), équipées de micros du style « humbucker ».
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+ En 1957, Rickenbacker se lance dans la production de basses électriques avec la série des 4000. Ces instruments présentent la particularité d'avoir un manche traversant le corps, produisant ainsi une sonorité distinctive associée à ce fabricant.
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+ La Rickenbacker 4001, emblématique du rock progressif et du heavy metal des années 1970, sort en 1961. Cette basse à l'esthétique particulière et au son puissant et clair marquera l'histoire du rock grâce à des musiciens tels que Paul McCartney des Beatles, Lemmy de Motörhead, Cliff Burton deuxième bassiste de Metallica, Chris Squire de Yes ou encore Roger Glover de Deep Purple et Geddy Lee du trio canadien Rush. Rickenbaker sort notamment une version stéréo (4001 stéréo) qui permet de brancher les deux micros sur deux amplis séparément en offrant ainsi des possibilités de réglages très précis.
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+ Du milieu des années 1970 jusqu'au milieu des années 1980, Rickenbacker produit également la série 3000, basses bas de gamme de conception plus classique (à manche vissé) ne présentant pas les sonorités marquées de la série 4000.
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+ Depuis, cet instrument a évolué et de nombreux modèles se partagent le marché. Quelques marques sont présentes aux côtés de Fender et Gibson, comme Danelectro, ESP Guitars (fabriquant Japonais offrant des basses de style Métal et Gothic à son très grave), Ibanez, Music Man Instruments (la nouvelle marque de Leo Fender, avant qu'il ne crée une nouvelle société de fabrication de basses, G&L Musical Instruments) qui produit la basse StingRay, Bc Rich (offrant plutôt des basses de styles métal), Cort.
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+ En 1971, Alembic, marque de prédilection de Stanley Clarke, a conçu les basses du style « boutique » (en anglais) ou « high end », avec des formes spéciales, en bois taillé et fini à la main, des préamplificateurs et égaliseurs actifs dans l'instrument et des techniques de construction innovatrices, comme l'emploi de manches en bois multi-plis traversant le corps ou de manches en graphite. Alembic et le luthier Ken Smith ont produit leurs premières basses à cinq cordes vers 1975, suivies dix ans plus tard de leurs premiers modèles à six cordes.
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+ On citera par exemple le fabricant français Vigier qui créa des modèles de très bonne facture, légers et souples et souvent équipés de micros Benedetti, dont le manche est presque toujours renforcé avec du graphite ainsi que Warwick dont le look arrondi, le bois apparent et le son agréable firent de nombreux émules. De nombreux luthiers fabriquent des basses artisanalement, comme les Français Christian Noguera et Christophe Leduc.
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+ Ned Steinberger crée une basse « headless », les basses de graphite et le « Trans-Trem tremolo bar ». En 1987, le Guild Guitar Corporation a créé la basse fretless Ashbory, un instrument très petit avec les cordes en caoutchouc-silicone rubber qui reproduisaient le son d'une contrebasse. Lors des années 1980 et 1990, des basses à cinq ou six cordes ont souvent été utilisées pour les styles latin, jazz, funk principalement, et parfois dans le metal.
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+ Cette technique s'apparente à la technique de « buter » de la guitare classique, mais avec une position plus verticale de la main droite, le pouce reposant souvent sur un micro. Elle donne un son velouté et précis dans la puissance des notes. Jaco Pastorius, Cliff Burton ou bien encore Steve Harris donnent un très bon exemple des possibilités qu'offre l'instrument utilisé de cette manière. On joue le plus souvent en alternance de plusieurs doigts (l'index et le majeur, le plus souvent).
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+ Aussi appelé plectre, flat pick, il est généralement en plastique (peut être aussi en bois, en feutre épais, en os, en pierre ou en métal), ce petit triangle sert à frotter les cordes pour davantage d'attaque dans le toucher et dans le son. Bien que peu utilisé par défaut, cette technique est plus souvent utilisée pour le rock, davantage pour le metal, et est presque la règle pour le punk. Elle est emblématique de joueurs comme Paul McCartney, Chris Squire, Gene Simmons ou encore Lemmy de Motorhead.
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+ Cette technique consiste à frapper les cordes graves avec le pouce, et à tirer les cordes aiguës avec l'index ou le majeur. Ces techniques sont utilisées principalement dans le funk, le rock, le jazz rock, la fusion et les musiques expérimentales. Bootsy Collins et Flea en sont quelques références.
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+ Le tapping consiste à taper la corde avec le bout des doigts de la main droite (ou de la main gauche dans le cas d'un gaucher) dans une case pour émettre un son. Cette technique, très répandue pour la guitare électrique, permet un jeu « pianistique » d'une ou deux mains. Parmi les bassistes qui utilisent cette technique on peut citer Stuart Hamm, John Entwistle, Billy Sheehan, John Myung, Victor Wooten, Michael Manring, Roscoe Beck, Patrice Guers, Flea et Les Claypool. Il existe principalement deux techniques de tapping : l'une, lente et plutôt atmosphérique, favorise le jeu en accord et l'utilisation de la totalité des 8 doigts, et sa difficulté réside dans l'écart des doigts et dans la régularité. Le deuxième, surtout utilisée en metal, demande une grande dextérité, et adjoint au tapping de la main droite la technique des Trill à la main gauche (ou encore Pull-Off ou Hammer-On), s'inspirant du guitariste Van Halen. Cette technique se limite souvent à une corde (de préférence la plus aiguë).
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+ Cette technique utilise la basse plus comme un instrument percussif. Le jeu est constitué de figures rythmiques effectués par claqués alternatif des deux mains sur les cordes. Le slap est une forme de step.
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+ Jouer une note avec seulement la main gauche en mettant un doigt. Ex : on fait vibrer la corde case 5 puis on ajoute un doigt case 7 ; cela se note « 5H7 » sur une tablature.
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+ C'est aussi jouer une note avec seulement la main gauche, sauf qu'on enlève un doigt. Ex : on fait vibrer la note case 7 puis on enlève son doigt pour faire sonner la case 5 : cela se note « 7PO5 » ou bien « 7P5 »
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+ Suite de Hammer/Pull-off. Ex : « 6PO5H7 » ou même « 5H7PO6H8 »
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+ Utilisées, notamment, par Jaco Pastorius. Il s'agit de faire sonner une note sans appuyer la corde sur le manche. C'est une note pure. Il suffit juste de poser un doigt de la main gauche (pour les droitiers) sur la corde et la faire sonner avec la main droite. Cela fonctionne plus simplement sur les frettes no 4;5;7;9;12;15;17, etc. Il y a possibilité d'en faire sonner n'importe où sur les cordes, mais ceci requiert une technique bien précise.
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+ En appuyant sur une case il est possible de produire deux notes différentes: la note « pure » et son harmonique. Pour produire cette harmonique tout en appuyant sur la case, il suffit de légèrement effleurer la corde (sans l'étouffer) avec le pouce ou la tranche de la main immédiatement après avoir attaqué la note (voire en même temps). Là où cette technique est la plus efficace est sur les cordes de Ré et Sol en jouant en tiré. Elle est assez difficile à mettre en place, du fait de la grande précision requise.
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+ Dans son livre How The Fender Bass Changed The World, Jim Roberts indique que Bill Wyman, le bassiste des Rolling Stones, a créé une des premières basses fretless en 1961. La première basse fretless produite en masse était l'Ampeg AUB-1 en 1966. Fender a créé une Precision Bass sans frettes en 1970 (chose amusante car Leo Fender avait ainsi nommé la Precision car elle était frettée et donc plus précise que la contrebasse). Le bassiste Jaco Pastorius en était un virtuose dans le style de jazz fusion lors des années 1980 et de nombreux bassistes rock (Sting, Jack Bruce...) l'ont aussi adoptée.
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+ Enfin c'est le français Patrice Vigier qui met au point la basse fretless à touche Delta Metal, une innovation qui date des années 1980 mais reste en 2011 à la pointe de la recherche en matière de basse[réf. nécessaire].
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+ Les bassistes utilisent des amplificateurs du style « combo » (qui rassemblent préamplificateur, amplificateur et un ou plusieurs haut-parleurs dans un même « cabinet ») ou, pour les grandes scènes le plus souvent, des têtes d'ampli (combinant préamplificateur et amplificateur associées à des haut-parleurs dans des cabinets séparés). Selon le son recherché, les technologies d'amplification à lampes ou à transistors sont utilisées.
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+ Les amplificateurs pour basse sont différents des amplificateurs pour guitare car ils ne sont pas conçus pour supporter les mêmes plages de fréquences. Cependant, bien qu'une basse ne puisse pas être amplifiée sur un ampli pour guitare électrique, une guitare électrique peut être amplifiée par un amplificateur pour basse.
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+ Les seuls amplificateurs pouvant servir à la fois pour guitare et basse sont ceux qui sont utilisés avec les synthétiseurs ou les orgues électriques. Cependant leur qualité sonore, avec un instrument à cordes, est inférieure à celle d'un amplificateur spécialisé.
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+ Les bassistes utilisent en général moins d'effets électroniques que les guitaristes électriques. Cependant, certains types d'effets sont couramment utilisés. Beaucoup de bassistes se servent de préamplificateurs ou égaliseurs pour créer leur son. Il existe aussi des effets qui évitent les pics et les chutes de volume sonore, les compresseurs ou limiteurs. Ils sont utilisés sur l'immense majorité des enregistrements en studio ; ils sont aussi utilisés fréquemment par les bassistes qui pratiquent le slap (comme dans la musique funk).
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+ Les bassistes de metal ainsi que des bassistes de rock plus moderne (Christopher Wolstenholme de Muse, Tim Commerford de Rage Against the Machine, Flea des Red Hot Chili Peppers, Les Claypool de Primus) utilisent des saturations (overdrive, distorsion ou encore fuzz). Les bassistes funk utilisent les filtres d'enveloppe (mêlant wah-wah et saturation). Les bassistes qui jouent des solos, comme les musiciens jazz fusion utilisent quelquefois une réverbération, des delays ou bien des chorus. Les bassistes utilisent aussi des octavers (ajoutant au son d'origine son double à l'octave supérieure ou inférieure), pour renforcer leur son.
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+ Les tropiques sont les deux parallèles du globe terrestre qui délimitent une bande à l'intérieur de laquelle le soleil apparaît au zénith au moins une fois dans l'année. Chaque tropique est séparé de l'équateur par 23° 26′ 12″ de latitude : le tropique du Cancer au nord, et le tropique du Capricorne au sud.
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+ Les noms de « Cancer » et « Capricorne » ont été attribués il y a environ 2 000 ans selon la position qu'occupait alors le Soleil dans le zodiaque au solstice d'été. Ces positions ne sont plus valables : l'emplacement exact des tropiques varie sur des échelles de temps géologique avec l'inclinaison de la Terre sur son orbite.
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+ On désigne aussi sous le nom de tropiques les régions du monde situées près de ces lignes, en particulier les zones littorales et insulaires de ces régions.
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+ Les tropiques célestes, ou tropiques, sont, en astronomie, les deux petits cercles parallèles de la sphère céleste, de déclinaison de + et – 23° 26′ 12″, passant par les points solsticiaux[1].
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13
+ La partie du globe située entre les deux tropiques, comprend tous les points de la Terre où le Soleil apparaît au zénith à midi solaire une ou deux fois dans l'année. Au nord du tropique du Cancer ou au sud du tropique du Capricorne, le soleil n'atteint jamais une élévation de 90° et ne se trouve jamais à la verticale du sol. Sur les tropiques mêmes, le Soleil atteint le zénith une fois l'an, à l'époque du solstice.
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15
+ Lorsque le soleil atteint le zénith du tropique du Cancer, c'est l'été (en juin) dans l'hémisphère nord. Au même moment, c'est l'hiver dans l'hémisphère sud. Par conséquent, sur le tropique du Capricorne, le soleil ne culmine à midi qu'à la hauteur de 43,126°. Entre ces deux saisons, le Soleil passe à la verticale de l'équateur le jour du printemps (mars) dans son mouvement vers le nord et le jour de l'automne dans son mouvement vers le sud.
16
+
17
+ Du fait du redressement de l'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre, les tropiques se rapprochent[2] de l'équateur à une vitesse très grande : environ 14,45 mètres par an (3,95 cm par jour). Pour les mêmes raisons, les cercles polaires se rapprochent des pôles. Au total, la zone intertropicale perd ainsi environ 1 060 km² par an. Les tropiques continueront à se rapprocher de l'équateur pendant environ 10 000 ans, où ils atteindront les latitudes de ± 22° 36′. Ceci est causé par l'influence des autres planètes sur le plan de l'écliptique (et non par la précession des équinoxes).
18
+
19
+ À proximité de l'équateur, on rencontre le plus souvent un climat avec des températures élevées et des précipitations abondantes toute l'année : c'est le climat équatorial. En revanche, près des tropiques (Cancer ou Capricorne), l'année est souvent marquée par une saison sèche et une saison des pluies, donc des précipitations variables, alors que la température est élevée tout au long de l'année, ce qu'on qualifie de climat tropical.
20
+
21
+ Cependant, les vents dominants, les courants marins, la présence ou pas d'une masse continentale importante ont une telle influence sur le climat d'une région donnée que l'on observe de nombreux endroits où, bien que l'on soit au niveau d'un tropique, le climat n'est pas tropical (par exemple le centre de l'Australie ou du Sahara, où il n'y a pas de saison des pluies) ; et des régions où le climat est « tropical » sans que l'on soit sous les tropiques (c'est le cas du Kenya, pays situé sur l'équateur mais dont l'essentiel du territoire a un climat nettement tropical).
22
+
23
+ Les régions situées en climat à régime tropical proprement dit sont situées principalement en Amérique centrale et Amérique du Sud, le centre et une partie du sud de l'Afrique, le nord de l'Australie et une partie de l'Indonésie. Le reste de la zone intertropicale se partage essentiellement entre un climat désertique (surtout en Afrique), équatorial ou de mousson (surtout en Asie).
24
+
25
+ Voir aussi la Catégorie:Habitat tropical
26
+
27
+ De façon simplifiée, le climat tropical se caractérise par la chaleur et l'alternance des précipitations en deux saisons dites sèche et humide.
28
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29
+ Les zones tropicales sont considérées, pour les récifs coralliens, forêts et mangroves comme abritant une part importante du patrimoine mondial de biodiversité[3]
30
+
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+ On peut y retrouver les types d'arbres suivant : Hure, Ceiba, Acajou, Capara, Palissandre, Teck, Hévéa et le Noyer du Brésil
32
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+ Voir aussi la Catégorie:Végétation tropicale
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+ La faune y est très riche.
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+ Voir aussi la Catégorie:Faune tropicale
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+ Civilisations:
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+ Peuples en zone à climat tropical :
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+ Les cultures traditionnelles utilisent les matériaux abondants que fournit une nature généreuse. Les faibles variations de température du climat tropical favorisent la construction d'habitations et le port de costumes légers.
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+ Embarcations au Kerala, en Inde
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+ Maisons de Pygmées, en République du Congo.
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+ Costume traditionnel, République centrafricaine
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+ Dans les pays avec de longues périodes hivernales, les populations ont une vision idéalisée des tropiques qu'ils cherchent à reconstituer dans des milieux artificiels ou à retrouver à travers des travaux artistiques.
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+ Bogaïevsky : Paysage tropical, 1906
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+ Matinée sous les tropiques, Frederic Edwin Church, 1877. National Gallery of Art, Washington, D.C., USA.
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+ Fatata Te Miti, Paul Gauguin. Polynésie française.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En astrophysique, un trou noir est un objet céleste si compact que l'intensité de son champ gravitationnel empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper.
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+ De tels objets ne peuvent ni émettre, ni diffuser la lumière et sont donc noirs, ce qui en astronomie revient à dire qu'ils sont optiquement invisibles. Toutefois, plusieurs techniques d’observation indirecte dans différentes longueurs d'onde ont été mises au point et permettent d’étudier de nombreux phénomènes qu’ils induisent. En particulier, la matière happée par un trou noir est chauffée à des températures considérables avant d’être « engloutie » et émet une quantité importante de rayons X.
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+
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+ Envisagée dès le XVIIIe siècle, dans le cadre de la mécanique classique, leur existence — prédite par la relativité générale — est une certitude pour la quasi-totalité des astrophysiciens et des physiciens théoriciens. Un trou noir n'étant détectable que par les effets de son champ gravitationnel, une observation quasi-directe de trous noirs a pu être établie en février 2016 par le biais de la première observation directe des ondes gravitationnelles, GW150914. Le 10 avril 2019, les premières images d'un trou noir sont publiées, celle de M87*, trou noir supermassif situé au cœur de la galaxie M87. Ces différentes observations apportent ainsi la preuve scientifique de leur existence.
6
+
7
+ Dans le cadre de la relativité générale, un trou noir est défini comme une singularité gravitationnelle occultée par un horizon absolu appelé horizon des évènements. Selon la physique quantique, un trou noir est susceptible de s'évaporer par l'émission d'un rayonnement de corps noir appelé rayonnement de Hawking.
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+
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+ Un trou noir ne doit pas être confondu avec un trou blanc ni avec un trou de ver.
10
+
11
+ Un trou noir est un objet astrophysique dont la relativité générale dit qu'il est provoqué par une masse suffisamment concentrée pour qu'elle ne cesse de s'effondrer sur elle-même du fait de sa propre gravitation, arrivant même à se concentrer en un point appelé singularité gravitationnelle. Les effets de la concentration de cette masse permettent de définir une sphère, appelée l'horizon du trou noir, dont aucun rayonnement et a fortiori aucune matière ne peut s’échapper[1],[2]. Cette sphère est centrée sur la singularité et son rayon ne dépend que de la masse centrale ; elle représente en quelque sorte l’extension spatiale du trou noir. À proximité de cette sphère, les effets gravitationnels sont observables et extrêmes.
12
+
13
+ Le rayon d'un trou noir est proportionnel à sa masse : environ 3 km par masse solaire pour un trou noir de Schwarzschild. À une distance interstellaire (en millions de kilomètres), un trou noir n’exerce pas plus d’attraction que n’importe quel autre corps de même masse ; il ne s’agit donc pas d’un « aspirateur » irrésistible. Par exemple, si le Soleil se trouvait remplacé par un trou noir de même masse, les orbites des corps tournant autour (planètes et autres) resteraient pour l'essentiel inchangées (seuls les passages à proximité de l'horizon induiraient un changement notable). Il existe plusieurs sortes de trous noirs. Lorsqu’ils se forment à la suite de l’effondrement gravitationnel d’une étoile massive, on parle de trou noir stellaire, dont la masse équivaut à quelques masses solaires. Ceux qui se trouvent au centre des galaxies possèdent une masse bien plus importante pouvant atteindre plusieurs milliards de fois celle du Soleil ; on parle alors de trou noir supermassif (ou trou noir galactique). Entre ces deux échelles de masse, il existerait des trous noirs intermédiaires avec une masse de quelques milliers de masses solaires. Des trous noirs de masse bien plus faible, formés au début de l’histoire de l’Univers, peu après le Big Bang, sont aussi envisagés et sont appelés trous noirs primordiaux. Leur existence n’est, à l’heure actuelle, pas confirmée.
14
+
15
+ Il est par définition impossible d’observer directement un trou noir. Il est cependant possible de déduire sa présence de son action gravitationnelle : soit par les effets sur les trajectoires des étoiles proches ; soit au sein des microquasars et des noyaux actifs de galaxies, où de la matière, située à proximité, tombant sur le trou noir va se trouver considérablement chauffée et émettre un fort rayonnement X. Les observations permettent ainsi de déceler l’existence d’objets massifs et de très petite taille. Les seuls objets correspondant à ces observations et entrant dans le cadre de la relativité générale sont les trous noirs.
16
+
17
+ Le français « trou noir » est attesté dès 1973[3]. C'est un calque[4] de l'anglais black hole, expression attestée dès 1964. Sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans un article de la journaliste américaine Ann E. Ewing paru dans The Sciences News Letters le 18 janvier 1964[5],[6],[7],[8]. Selon Hong-Yee Chiu, un astrophysicien américain qui travaillait sur le sujet dans les années 1960, et Marcia Bartusiak, journaliste scientifique qui a recherché l'histoire du terme, le nom viendrait de la prison Trou Noir de Calcutta[9],[6]. Auparavant, on utilisait les termes de « corps de Schwarzschild » ou d’« astre occlus ». Il a rencontré des réticences dans certaines communautés linguistiques, notamment francophones et russophones, qui le jugeaient quelque peu inconvenant[10].
18
+
19
+ Le concept de trou noir a émergé à la fin du XVIIIe siècle dans le cadre de la gravitation universelle d’Isaac Newton. La question était de savoir s’il existait des objets dont la masse était suffisamment grande pour que leur vitesse de libération soit plus grande que la vitesse de la lumière. Cependant, ce n’est qu’au début du XXe siècle et avec l’avènement de la relativité générale d’Albert Einstein que le concept de trou noir devient plus qu’une curiosité. En effet, peu après la publication des travaux d’Einstein, une solution de l’équation d’Einstein est publiée par Karl Schwarzschild, à partir de laquelle l'existence du rayon de Schwarzschild et les caractéristiques mathématiques de l'espace intérieur suscitent beaucoup d'interrogations, et tout cela ne sera mieux compris qu'avec la découverte d'autres solutions exactes (métrique de Lemaître en 1938, métrique de Kruskal-Szekeres en 1960). Robert Oppenheimer en 1939 est un des premiers physiciens à interpréter ces résultats comme la possible existence de ce que l'on appelle aujourd'hui un trou noir (nommé plutôt collapse gravitationnel à l'époque). Les travaux fondamentaux sur les trous noirs remontent aux années 1960, précédant de peu les premières indications observationnelles solides en faveur de leur existence. La première « observation »[11],[12] d’un objet contenant un trou noir fut celle de la source de rayons X Cygnus X-1 par le satellite Uhuru en 1971.
20
+
21
+ Un trou noir est un objet astrophysique qui se caractérise par le fait qu’il est très difficile à observer directement (voir ci-dessous), et que sa région centrale ne peut être décrite de façon satisfaisante par les théories physiques en leur état du début du XXIe siècle, car elle abrite une singularité gravitationnelle. Cette dernière ne peut être décrite que dans le cadre d’une théorie de la gravitation quantique, manquante à ce jour[b]. En revanche, on sait parfaitement décrire les conditions physiques qui règnent dans son voisinage immédiat, de même que son influence sur son environnement, ce qui permet de les détecter par diverses méthodes indirectes.
22
+
23
+ Par ailleurs, les trous noirs sont étonnants en ce qu’ils sont décrits par un très petit nombre de paramètres. En effet, leur description, dans l’univers dans lequel nous vivons, ne dépend que de trois paramètres : la masse, la charge électrique et le moment cinétique. Tous les autres paramètres du trou noir (par exemple ses effets sur les corps environnants et leur étendue) sont fixés par ceux-ci. Par comparaison, la description d’une planète fait intervenir des centaines de paramètres (composition chimique, différenciation de ses éléments, convection, atmosphère, etc.). La raison pour laquelle un trou noir n’est décrit que par ces trois paramètres est connue depuis 1967 : c’est le théorème de calvitie démontré par Werner Israel. Celui-ci explique que les seules interactions fondamentales à longue portée étant la gravitation et l’électromagnétisme, les seules propriétés mesurables des trous noirs sont données par les paramètres décrivant ces interactions, à savoir la masse, le moment cinétique et la charge électrique.
24
+
25
+ Pour un trou noir, la masse et la charge électrique sont des propriétés habituelles que décrit la physique classique (c’est-à-dire non-relativiste) : le trou noir possède un champ gravitationnel proportionnel à sa masse et un champ électrique proportionnel à sa charge. L’influence du moment cinétique est en revanche spécifique à la relativité générale. Celle-ci énonce en effet qu’un corps en rotation va avoir tendance à « entraîner » l’espace-temps dans son voisinage (plus exactement, la géométrie de ce dernier décrit une convergence gravitationnelle dans le sens de rotation du corps massif). Ce phénomène, difficilement observable dans le système solaire en raison de son extrême faiblesse pour des astres non compacts, est connu sous le nom d’effet Lense-Thirring (aussi appelé frame dragging, en anglais)[c]. Il prend une amplitude considérable au voisinage d’un trou noir « en rotation », au point qu’un observateur situé dans son voisinage immédiat serait inévitablement entraîné dans le sens de rotation du trou noir. La région où ceci se produit est appelée ergorégion.
26
+
27
+ Un trou noir possède toujours une masse non nulle. En revanche, ses deux autres caractéristiques, à savoir le moment cinétique (hérité de celui, initial, de la matière l'ayant formé, et détectable seulement par l'effet produit sur la matière environnante) et la charge électrique, peuvent en principe prendre des valeurs nulles (c’est-à-dire égales à zéro) ou non nulles. La combinaison de ces états permet de définir quatre types de trous noirs :
28
+
29
+ D’un point de vue théorique, il peut exister d’autres types de trous noirs avec des propriétés différentes. Par exemple, il existe un analogue du trou noir de Reissner-Nordström, mais en remplaçant la charge électrique par une charge magnétique, c’est-à-dire créée par des monopôles magnétiques, dont l’existence reste extrêmement hypothétique à ce jour. On peut de même généraliser le concept de trou noir à des espaces comprenant plus de trois dimensions. Ceci permet d’exhiber des types de trous noirs ayant des propriétés parfois différentes de celles des trous noirs présentés ci-dessus[d].
30
+
31
+ L’existence des trous noirs est envisagée dès le XVIIIe siècle indépendamment par John Michell[14] et Pierre-Simon de Laplace. Il s’agissait alors d’objets prédits comme suffisamment denses pour que leur vitesse de libération soit supérieure à la vitesse de la lumière — c’est-à-dire que même la lumière ne peut vaincre leur force gravitationnelle. Plutôt qu’une telle force (qui est un concept newtonien), il est plus juste de dire que la lumière subit en fait un décalage vers le rouge infini. Ce décalage vers le rouge est d’origine gravitationnelle : la lumière perd la totalité de son énergie en essayant de sortir du puits de potentiel d’un trou noir. Ce décalage vers le rouge est donc d’une nature quelque peu différente de celui dû à l’expansion de l’Univers, que l’on observe pour les galaxies lointaines et qui résulte d’une expansion d’un espace ne présentant pas de puits de potentiels très profonds. De cette caractéristique provient l’adjectif « noir », puisqu’un trou noir ne peut émettre de lumière. Ce qui est valable pour la lumière l’est aussi pour la matière : aucune particule ne peut s’échapper d’un trou noir une fois capturée par celui-ci, d’où le terme de « trou ».
32
+
33
+ La zone sphérique qui délimite la région d’où lumière et matière ne peuvent s’échapper est appelée « horizon des évènements ». On parle parfois de « surface » du trou noir, quoique le terme soit quelque peu impropre car il ne s’agit pas d’une surface solide ou gazeuse comme celle d’une planète ou d’une étoile. Il ne s’agit pas d’une région qui présente des caractéristiques particulières : un observateur qui franchirait l’horizon ne ressentirait rien de spécial (sinon d'éventuels violents effets de marée). En revanche, il se rendrait compte qu’il ne pourrait plus s’échapper de cette région s’il essayait de faire demi-tour. C’est une sorte de surface de non-retour.
34
+
35
+ Un hypothétique observateur situé au voisinage de l’horizon remarquera que le temps s’écoule différemment pour lui et pour un observateur situé loin du trou noir. Si ce dernier lui envoie des signaux lumineux à intervalles réguliers (par exemple une seconde), alors l’observateur proche du trou noir recevra des signaux plus énergétiques (la fréquence des signaux lumineux sera plus élevée, conséquence du décalage vers le bleu subi par la lumière qui tombe vers le trou noir) et les intervalles de temps séparant deux signaux consécutifs seront plus rapprochés (moins d’une seconde). Cet observateur aura donc l’impression que le temps s’écoule plus vite pour son confrère resté loin du trou noir que pour lui. À l’inverse, l’observateur resté loin du trou noir verra son collègue évoluer de plus en plus lentement, le temps chez celui-ci donnant l’impression de s’écouler plus lentement.
36
+
37
+ Si un observateur distant voit un objet tomber dans un trou noir, les deux phénomènes de dilatation du temps et de décalage vers le rouge se combinent. Les éventuels signaux émis par l’objet sont de plus en plus rouges, de moins en moins lumineux (la lumière émise perd de plus en plus d’énergie avant d’arriver à l’observateur lointain) et de plus en plus espacés. En pratique, le nombre de photons par unité de temps reçus par l’observateur distant décroît, jusqu’à devenir nul quand l'objet est sur l'horizon : à ce moment-là, l’objet en train de chuter dans le trou noir est devenu invisible.
38
+
39
+ Pour un observateur extérieur s’approchant de l'horizon, ce sont les effets de marée qui deviennent importants. Ces effets, qui déterminent les déformations d’un objet (le corps d’un astronaute, par exemple) du fait des hétérogénéités du champ gravitationnel, sont inéluctablement ressentis par un observateur s’approchant près d’un trou noir ou d’une singularité. La région où ces effets de marée deviennent importants est entièrement située dans l’horizon, pour les trous noirs supermassifs, mais empiète notablement hors de l’horizon pour des trous noirs stellaires[e]. Ainsi, un observateur s’approchant d’un trou noir stellaire serait déchiqueté avant de passer l’horizon, alors que le même observateur qui s’approcherait d’un trou noir supermassif passerait l’horizon sans encombre. Il serait tout de même inéluctablement détruit par les effets de marée en s’approchant de la singularité.
40
+
41
+ Même si aucune information ni influence causale ne peut traverser l'horizon vers l'extérieur, le trou noir est tout de même formellement considéré comme étant à l'origine du champ gravitationnel qui s'exerce sur l'extérieur. Toutefois, ce n'est pas la singularité dotée de sa masse qui est à l'origine de ce champ gravitationnel, mais c'est l'étoile juste avant son effondrement en trou noir, car les effets de l'effondrement sur le champ gravitationnel de l'étoile prennent de plus en plus de temps à se communiquer au reste de l'univers, étant donné la dilatation temporelle extrême (et même devenant infinie) quand le rayon de l'étoile diminue et approche celui de l'horizon[15]. Le théorème de Birkhoff rend indiscernable le champ gravitationnel généré par une région ponctuelle de celui généré par une distribution sphérique de masses. Il en est de même du moment d'inertie de l'étoile en effondrement, qui est attribué au trou noir en rotation, et ses effets sur le champ gravitationnel[16].
42
+
43
+ L'ergosphère - qui n'est pas une sphère - est une région au voisinage d'un trou noir en rotation dans laquelle il est impossible à un objet de se soustraire à l'effet d'entraînement de cette rotation.
44
+
45
+ La dernière orbite circulaire stable, généralement abrégée en ISCO (pour l'anglais Innermost stable circular orbit), est l'orbite circulaire la plus proche d'un trou noir en deçà de laquelle la matière finit inéluctablement par tomber sur le trou noir.
46
+
47
+ Pour un trou noir de Schwarzschild, le rayon de l'ISCO vaut trois fois le rayon de Schwarzschild de ce trou noir :
48
+
49
+ Pour un trou noir de Kerr, il varie en fonction du moment angulaire du trou noir considéré et n'est plus que de 0,6 fois le rayon de Schwarzschild pour un trou noir ayant une rotation maximale[17].
50
+
51
+ Au centre d’un trou noir se situe une région dans laquelle le champ gravitationnel et certaines distorsions de l’espace-temps (on parle plutôt de courbure de l’espace-temps) divergent à l'infini, quel que soit le changement de coordonnées[18]. Cette région s’appelle une singularité gravitationnelle. La description de cette région est délicate dans le cadre de la relativité générale puisque celle-ci ne peut décrire que des régions où la courbure est finie.
52
+
53
+ De plus, la relativité générale est une théorie qui ne peut pas incorporer en général des effets gravitationnels d’origine quantique. Le fait que la courbure tende vers l’infini est un signe que la relativité générale ne peut décrire totalement la réalité à cet endroit et qu'il est probablement nécessaire d'introduire des effets quantiques[19]. Par conséquent, seule une théorie de la gravitation incorporant tous les effets quantiques (on parle alors de gravitation quantique) est en mesure de décrire correctement les singularités gravitationnelles.
54
+
55
+ La description d’une singularité gravitationnelle est donc pour l’heure problématique[b]. Néanmoins, tant que celle-ci est située à l’intérieur de l'horizon du trou noir, elle ne peut influencer ce qui est à l’extérieur de cet horizon, de la même façon que de la matière située à l’intérieur de l'horizon d’un trou noir ne peut en ressortir. Ainsi, aussi mystérieuses que soient les singularités gravitationnelles, notre incapacité à les décrire, signe de l’existence de limitations de la relativité générale à décrire tous les phénomènes gravitationnels, n’empêche pas la description des trous noirs pour la partie située de notre côté de l’horizon des évènements.
56
+
57
+ En décembre 2018, Abhay Ashtekar, Javier Olmedo, et Parampreet Singh font publier un article scientifique démontrant que, dans le cadre de la théorie de la gravitation à boucles, un trou noir n'a pas de singularité centrale, sans préciser géométriquement le devenir de la matière en ce point[20],[21],[22].
58
+
59
+ La possibilité de l’existence des trous noirs n’est pas une conséquence exclusive de la relativité générale : la quasi-totalité des autres théories de la gravitation physiquement réalistes permet également leur existence. Toutefois, la relativité générale, contrairement à la plupart de ces autres théories, a non seulement prédit que les trous noirs peuvent exister, mais aussi qu’ils seront formés partout où suffisamment de matière peut être compactée dans une région de l’espace. Par exemple, si l’on compressait le Soleil dans une sphère d’environ trois kilomètres de rayon (soit à peu près quatre millionièmes de sa taille), il deviendrait un trou noir. Si la Terre était compressée dans un volume de quelques millimètres cubes, elle deviendrait également un trou noir.
60
+
61
+ Pour l’astrophysique, un trou noir peut être considéré comme le stade ultime d’un effondrement gravitationnel. Les deux stades de la matière qui, en termes de compacité, précèdent l’état de trou noir, sont ceux atteints par exemple par les naines blanches et les étoiles à neutrons. Dans le premier cas, c’est la pression de dégénérescence des électrons qui maintient la naine blanche dans un état d’équilibre face à la gravitation ; dans le second, c'est l’interaction forte qui maintient l’équilibre[f]. Un trou noir ne peut se former à la suite de l’effondrement d’une naine blanche : celle-ci, en s’effondrant, initie des réactions nucléaires qui forment des noyaux plus lourds que ceux qui la composent[g]. Ce faisant, le dégagement d’énergie qui en résulte est suffisant pour disloquer complètement la naine blanche, qui explose en supernova thermonucléaire (dite de type Ia).
62
+
63
+ Un trou noir se forme lorsque la force de gravitation est suffisamment grande pour dépasser l’effet de la pression, ce qui se produit quand le rapport masse/rayon de l’astre progéniteur dépasse une certaine valeur critique. Dans ce cas, plus aucune force connue ne permet de maintenir l’équilibre et l’objet en question s’effondre complètement. En pratique, plusieurs cas de figures sont possibles : soit une étoile à neutrons accrète de la matière issue d’une autre étoile, jusqu’à atteindre une masse critique, soit elle fusionne avec une autre étoile à neutrons (phénomène a priori beaucoup plus rare), soit le cœur d’une étoile massive s’effondre directement en trou noir[h], dans le cas d'une supernova à effondrement de cœur ou d'un collapsar.
64
+
65
+ L’hypothèse de l’existence d’un état plus compact que celui d’étoiles à neutrons a été proposée dans le courant des années 1980. Il se trouverait dans les étoiles à quarks, aussi appelées étoiles étranges, du nom des quarks étranges entrant dans leur composition[23]. Des indications d’une possible détection indirecte de tels astres ont été obtenues depuis les années 1990, sans qu'elles aient permis de trancher la question[24]. Au-delà d’une certaine masse, ce type d’astre finirait lui aussi par s’effondrer en trou noir, seule la valeur de la masse limite se trouvant modifiée.
66
+
67
+ En 2006, on distingue quatre grandes classes de trous noirs en fonction de leur masse : les trous noirs stellaires, supermassifs, intermédiaires et primordiaux (ou micro trous noirs). L’existence voire l’abondance de chaque type de trou noir est directement liée aux conditions et à la probabilité de leur formation.
68
+
69
+ Un trou noir de la masse du Soleil aurait un diamètre de 6 kilomètres[25]. Les trous noirs stellaires ont une masse d’au moins trois masses solaires. Ils naissent à la suite de l’effondrement gravitationnel du résidu des étoiles massives (environ dix masses solaires et plus, initialement). En effet, lorsque la combustion par les réactions thermonucléaires dans le cœur de l’étoile massive se termine, faute de carburant, une supernova se produit. Cette dernière peut laisser derrière elle un cœur qui continue à s’effondrer rapidement.
70
+
71
+ En 1939, Robert Oppenheimer a montré que si ce cœur a une masse supérieure à une certaine limite, appelée limite d’Oppenheimer-Volkoff et égale à environ 3,3 masses solaires, la force gravitationnelle l’emporte définitivement sur toutes les autres forces et un trou noir se forme[26],[27].
72
+
73
+ L’effondrement vers un trou noir est susceptible d’émettre des ondes gravitationnelles, qui sont détectées avec des instruments tels que le détecteur Virgo de Cascina en Italie, ou avec les deux interféromètres américains de LIGO. Les trous noirs stellaires sont aujourd’hui observés dans les binaires X et les microquasars et sont parfois responsables de l’apparition de jets tels que ceux observés dans certains noyaux actifs de galaxies.
74
+
75
+ Les trous noirs supermassifs ont une masse comprise entre quelques millions et quelques milliards de masses solaires. Ils se trouvent au centre des galaxies et leur présence provoque parfois l’apparition de jets et du rayonnement X. Les noyaux de galaxies qui sont ainsi plus lumineux qu’une simple superposition d’étoiles sont alors appelés noyaux actifs de galaxies.
76
+
77
+ Notre galaxie, la Voie lactée, contient un tel trou noir (Sagittarius A*), ainsi qu’il a été démontré par l’observation des mouvements extrêmement rapides des étoiles proches du trou noir[30]. En particulier, une étoile nommée S2 a pu être observée lors d’une révolution complète autour d’un objet sombre non détecté en moins de onze ans. L’orbite elliptique de cette étoile l’a amenée à moins de vingt unités astronomiques de cet objet (soit une distance de l’ordre de celle Uranus-Soleil) et la vitesse à laquelle l’orbite est parcourue permet d’assigner une masse d’environ 2,3 millions de masses solaires pour l’objet sombre autour duquel elle gravite. Aucun modèle autre que celui d’un trou noir ne permet de rendre compte d’une telle concentration de matière dans un volume aussi restreint[31].
78
+
79
+ Le télescope Chandra a également permis d’observer au centre de la galaxie NGC 6240 deux trous noirs supermassifs en orbite l’un autour de l’autre. La formation de tels géants est encore débattue, mais certains pensent qu’ils se sont formés très rapidement au début de l’univers[32],[i].
80
+
81
+ La masse d’un trou noir galactique correspond en général à environ un millième de la masse de la matière présente dans le bulbe central[33].
82
+
83
+ La formation des trous noirs de très grande masse (de l'ordre d'un milliard de masses solaires) qu'on observe dans l'Univers lointain a été beaucoup trop rapide pour correspondre à l'effondrement d'étoiles massives. Il pourrait s'agir de l'effondrement direct de nuages de gaz gigantesques présents juste après le Big Bang, conduisant à des trous noirs de dix à cent mille masses solaires, amplifiés ensuite aux dépens du gaz et des étoiles environnants[34].
84
+
85
+ Les trous noirs intermédiaires sont des objets récemment découverts et ont une masse entre 100 et 10 000 masses solaires[35]. Dans les années 1970, les trous noirs de masse intermédiaire étaient supposés se former dans le cœur des amas globulaires mais aucune observation ne venait soutenir cette hypothèse. Des observations dans les années 2000 ont montré l’existence de sources de rayons X ultra-lumineuses (Ultra-luminous X-ray source en anglais, ou ULX)[36]. Ces sources ne sont apparemment pas associées au cœur des galaxies où l’on trouve les trous noirs supermassifs. De plus, la quantité de rayons X observée est trop importante pour être produite par un trou noir de 20 masses solaires, accrétant de la matière avec un taux égal à la limite d’Eddington (limite maximale pour un trou noir stellaire). Ces trous noirs intermédiaires pourraient aussi résulter de l'effondrement d'étoile de population III : ce sont des populations hypothétiques d'étoiles très massives (des milliers de masses solaires) qui se seraient formées au début de l'Univers, constituées des éléments les plus légers : l'hydrogène ou l'hélium.
86
+
87
+ Si l'existence de tels trous noirs est maintenant bien acceptée dans la communauté des astronomes[37],[38], le faible nombre de candidats et l’ambiguïté de certains signaux font que l'existence de cette catégorie de trou noir reste encore sujette à débat[39].
88
+
89
+ En 2017, Bulent Kiziltan, directeur de recherche au centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian, affirme avoir détecté un trou noir intermédiaire de 1400 à 3700 masses solaires au sein de l'amas globulaire 47 Tucanae[40],[41].
90
+
91
+ Les trous noirs primordiaux, aussi appelés micro trous noirs ou trous noirs quantiques, auraient une taille très petite[Combien ?]. Ils se seraient formés durant le Big Bang (d’où le qualificatif « primordial »), à la suite de l’effondrement gravitationnel de petites sur-densités dans l’univers primordial. Dans les années 1970, les physiciens Stephen Hawking et Bernard Carr ont étudié un mécanisme de formation des trous noirs dans l’univers primordial. Ils ont avancé l’idée d’une profusion de mini-trous noirs, minuscules par rapport à ceux envisagés par la formation stellaire. La densité et la répartition en masse de ces trous noirs ne sont pas connues et dépendent essentiellement de la façon dont se produit une phase d’expansion rapide dans l’univers primordial, l’inflation cosmique. Ces trous noirs de faible masse émettent, s’ils existent, un rayonnement gamma qui pourrait éventuellement être détecté par des satellites comme INTEGRAL. La non détection de ce rayonnement permet de mettre des limites supérieures sur l’abondance et la répartition en masse de ces trous noirs.
92
+
93
+ Une hypothèse émise mi-2019 envisage que l'hypothétique 9e planète du système solaire pourrait être un tel trou noir[42].
94
+
95
+ Selon certains modèles de physique des hautes énergies, il serait possible de créer des micro trous noirs similaires en laboratoire[43], dans des accélérateurs de particules comme le LHC.
96
+
97
+ Les deux seules classes de trous noirs pour lesquelles on dispose d’observations nombreuses (indirectes, mais de plus en plus précises, voir paragraphe suivant) sont les trous noirs stellaires et super-massifs. Le trou noir supermassif le plus proche est celui qui se trouve au centre de notre Galaxie à environ 8,5 kpc (∼27 700 a.l.).
98
+
99
+ Une des premières méthodes de détection d’un trou noir est la détermination de la masse des deux composantes d’une étoile binaire, à partir des paramètres orbitaux. On a ainsi observé des étoiles de faible masse avec un mouvement orbital très prononcé (amplitude de plusieurs dizaines de km/s) mais dont le compagnon est invisible. Le compagnon massif invisible peut généralement être interprété comme une étoile à neutrons ou un trou noir, puisqu’une étoile normale avec une telle masse se verrait très facilement. La masse du compagnon (ou la fonction de masses, si l’angle d’inclinaison est inconnu) est alors comparée à la masse limite maximale des étoiles à neutrons (environ 3,3 masses solaires). Si elle dépasse cette limite, on considère que l’objet est un trou noir. Sinon, il peut être une naine blanche.
100
+
101
+ On considère également que certains trous noirs stellaires apparaissent lors des sursauts de rayons gamma (ou GRB, pour gamma-ray burst en anglais). En effet, ces derniers se formeraient via l’explosion d’une étoile massive (comme une étoile Wolf-Rayet) en supernova ; dans certains cas (décrits par le modèle collapsar), un flash de rayons gamma est produit au moment où le trou noir se forme. Ainsi, un GRB[j] pourrait représenter le signal de la naissance d’un trou noir. Des trous noirs de plus faible masse peuvent aussi être formés par des supernovæ classiques. Le rémanent de supernova SN 1987A est soupçonné d’être un trou noir, par exemple.
102
+
103
+ Un deuxième phénomène directement relié à la présence d’un trou noir, cette fois pas seulement de type stellaire, mais aussi super-massif, est la présence de jets observés principalement dans le domaine des ondes radio. Ces jets résultent des changements de champ magnétique à grande échelle se produisant dans le disque d’accrétion du trou noir.
104
+
105
+ L'objet trou noir en tant que tel est par définition inobservable ; toutefois, il est possible d'observer l'environnement immédiat d'un trou noir (disque d'accrétion, jets de matière..) à proximité de son horizon, permettant ainsi de tester et vérifier la physique des trous noirs[44]. La petite taille d’un trou noir stellaire (quelques kilomètres) rend cependant cette observation directe très difficile. En guise d’exemple, et même si la taille angulaire d’un trou noir est plus grande que celle d’un objet classique de même rayon, un trou noir d’une masse solaire et situé à un parsec (environ 3,26 années-lumière) aurait un diamètre angulaire de 0,1 micro seconde d’arc.
106
+
107
+ Cependant, la situation est plus favorable pour un trou noir super-massif. En effet, la taille d’un trou noir est proportionnelle à sa masse. Ainsi, le trou noir du centre de notre galaxie a une masse comprise probablement comprise entre 3,7 millions[45] et 4,15 millions de masses solaires[46]. Son rayon de Schwarzschild est d’environ 12,7 millions de kilomètres. La taille angulaire de ce trou noir, situé à environ 8,5 kiloparsecs de la terre est de l’ordre de 40 microsecondes d’arc. Cette résolution est inaccessible dans le domaine visible, mais est assez proche des limites actuellement atteignables en interférométrie radio. La technique de l’interférométrie radio, avec une sensibilité suffisante, est limitée en fréquence au domaine millimétrique. Un gain d’un ordre de grandeur en fréquence permettrait une résolution meilleure que la taille angulaire du trou noir.
108
+
109
+ Le 10 avril 2019, le projet Event Horizon Telescope publie les premières images de M87*, le trou noir supermassif se trouvant au cœur de la galaxie M87[29]. Ces restitutions sont obtenues grâce à un algorithme de reconstitution d'image, baptisé « CHIRP » (Continuous High-resolution Image Reconstruction using Patch priors), mis au point par la scientifique américaine Katie Bouman[47],[48],[49]. Ces images permettent de distinguer la silhouette du trou noir dans un disque d'accrétion[50].
110
+
111
+ Cygnus X-1, détecté en 1965, est le premier objet astrophysique identifié comme pouvant être la manifestation d’un trou noir. C’est un système binaire qui serait constitué d’un trou noir en rotation et d’une étoile géante.
112
+
113
+ Les systèmes binaires stellaires qui contiennent un trou noir avec un disque d’accrétion formant des jets sont appelés micro-quasars, en référence à leurs parents extragalactiques : les quasars. Les deux classes d’objets partagent en fait les mêmes processus physiques. Parmi les micro-quasars les plus étudiés, on notera GRS 1915+105, découvert en 1994 pour avoir des jets supraluminiques. Un autre cas de tels jets fut détecté dans le système GRO J1655-40. Mais, sa distance est sujette à controverse et ses jets pourraient ne pas être supraluminiques. Notons aussi le micro-quasar très spécial SS 433, qui a des jets persistants en précession et où la matière se déplace par paquets à des vitesses de quelques fractions de la vitesse de la lumière.
114
+
115
+ Les candidats comme trous noirs supermassifs ont premièrement été les noyaux actifs de galaxie et les quasars découverts par les radioastronomes dans les années 1960. Cependant, les observations les plus convaincantes de l’existence de trous noirs supermassifs sont celles des orbites des étoiles autour du centre galactique appelé Sagittarius A*. Les orbites de ces étoiles et les vitesses atteintes ont permis aujourd’hui d’exclure tout autre type d’objet qu’un trou noir supermassif, de l'ordre de 4 millions de masses solaires à cet endroit de la galaxie. Par la suite, des trous noirs supermassifs ont été détectés dans de nombreuses autres galaxies.
116
+
117
+ En février 2005, une ��toile géante bleue, appelée SDSS J090745.0+024507 fut observée quittant notre galaxie avec une vitesse deux fois supérieure à la vitesse de libération de la Voie lactée, soit 0,002 2 fois la vitesse de la lumière. Quand on remonte la trajectoire de cette étoile, on voit qu’elle croise le voisinage immédiat du centre galactique. Sa vitesse et sa trajectoire confortent donc également l’idée de la présence d’un trou noir supermassif à cet endroit dont l’influence gravitationnelle aurait provoqué l’éjection de cette étoile de la Voie Lactée.
118
+
119
+ En novembre 2004, une équipe d’astronomes a rapporté la découverte du premier trou noir de masse intermédiaire dans notre galaxie et orbitant à seulement trois années-lumière du centre galactique. Ce trou noir aurait une masse d’environ 1 300 masses solaires et se trouve dans un amas de seulement sept étoiles. Cet amas est probablement le résidu d’un amas massif d’étoiles qui a été dénudé par la présence du trou noir central[51]. Cette observation conforte l’idée que les trous noirs supermassifs grandissent en absorbant des étoiles et d'autres trous noirs, idée qui pourra être confirmée par l’observation directe des ondes gravitationnelles émises par ce processus, par l’intermédiaire de l’interféromètre spatial LISA.
120
+
121
+ En juin 2004, des astronomes ont trouvé un trou noir supermassif, appelé Q0906+6930, au centre d’une galaxie lointaine d’environ 12,7 milliards d’années-lumière, c’est-à-dire lorsque l’univers était encore très jeune[52]. Cette observation montre que la formation des trous noirs supermassifs dans les galaxies est un phénomène relativement rapide.
122
+
123
+ En 2012, le plus gros trou noir jamais observé est découvert dans la galaxie NGC 1277, située à 220 millions d’années-lumière dans la constellation de Persée. Il aurait une masse de 17 milliards de masses solaires et représente 14 % de la masse de sa propre galaxie (contre 0,1 % pour les autres, en moyenne[réf. nécessaire]). En 2017, ce trou noir aurait été détrôné par TON 618, un quasar situé à 10,4 milliards d'années-lumière et « pesant » 66 milliards de masses solaires.
124
+
125
+ Une question cruciale à propos des trous noirs est de savoir sous quelles conditions ils peuvent se former. Si les conditions nécessaires à leur formation sont extrêmement spécifiques, les chances que les trous noirs soient nombreux peuvent être faibles. Un ensemble de théorèmes mathématiques dus à Stephen Hawking et Roger Penrose a montré qu’il n’en était rien : la formation des trous noirs peut se produire dans une variété de conditions extrêmement génériques. Pour des raisons évidentes, ces travaux ont été nommés théorèmes sur les singularités. Ces théorèmes datent du début des années 1970, époque où il n’y avait guère de confirmation observationnelle de l’existence des trous noirs. Les observations ultérieures ont effectivement confirmé que les trous noirs étaient des objets très fréquents dans l’univers.
126
+
127
+ Au centre d’un trou noir se situe une singularité gravitationnelle. Pour tout type de trou noir, cette singularité est « cachée » du monde extérieur par l’horizon des événements. Cette situation s’avère très heureuse : la physique actuelle ne sait certes pas décrire une singularité gravitationnelle mais cela a peu d’importance, car celle-là étant à l’intérieur de la zone délimitée par l’horizon, elle n’influe pas sur les événements du monde extérieur. Il se trouve cependant qu’il existe des solutions mathématiques aux équations de la relativité générale dans lesquelles une singularité existe sans être entourée d’un horizon. C’est par exemple le cas pour les solutions de Kerr ou de Reissner-Nordström, quand la charge ou le moment cinétique dépasse une certaine valeur critique. Dans ce cas, on ne parle plus de trou noir (il n’y a plus d’horizon donc plus de « trou ») mais de singularité nue. De telles configurations sont extrêmement difficiles à étudier en pratique car la prédiction du comportement de la singularité reste toujours impossible ; mais cette fois, il influence l’univers dans lequel nous vivons. L’existence de singularités nues a donc pour conséquence l’impossibilité d’une évolution déterministe de l’univers dans l’état des connaissances actuelles[k].
128
+
129
+ Pourtant, les trous noirs de Kerr ou de Reissner-Nordström (ainsi que le cas général de Kerr-Newman) ne peuvent pas arriver à leurs valeurs critiques respectives par apport externe de moment cinétique ou de charges électriques. En effet, plus on se rapprocherait de la valeur critique d’un trou noir de Kerr, moins un objet externe pourrait augmenter son moment cinétique. De façon comparable, à l’approche de la charge maximale d’un trou noir de Reissner-Nordström, les charges électriques de même signe que celle du trou noir projetées vers celui-ci y parviendraient de plus en plus difficilement en raison de la répulsion électrostatique exercée par le trou noir. Pour amener les charges à pénétrer dans le trou noir, il faudrait les y projeter à une vitesse relativiste (à cause de la répulsion électrique), ce qui contribuerait à leur conférer une énergie croissante devenant bien supérieure à leur énergie de masse (au repos). D’où une contribution à la masse du trou noir, suffisante pour compenser l’augmentation de charge du trou noir. Finalement, le rapport charge/masse du trou noir « saturerait » juste en dessous de la valeur critique[l].
130
+
131
+ Ces éléments, ainsi que des considérations plus fondamentales, ont conduit le mathématicien anglais Roger Penrose à formuler en 1969 l’hypothèse dite de la censure cosmique, stipulant qu’aucun processus physique ne pouvait permettre l’apparition de singularités nues dans l’univers. Cette hypothèse, qui possède plusieurs formulations possibles, a été l’objet d’un pari entre Stephen Hawking d’une part et Kip Thorne et John Preskill d’autre part, ces derniers ayant parié que des singularités nues pouvaient exister. En 1991, Stuart L. Shapiro et Saul A. Teukolsky montrèrent sur foi de simulations numériques que des singularités nues pouvaient se former dans l’univers. Quelques années plus tard, Matthew Choptuik mit en évidence un ensemble important de situations à partir desquelles la formation de singularités nues était possible. Ces configurations demeurent cependant extrêmement particulières, et nécessitent un ajustement fin des conditions initiales pour mener à la formation des singularités nues. Leur formation est donc possible, mais en pratique extrêmement improbable. En 1997, Stephen Hawking reconnut qu’il avait perdu son pari avec Kip Thorne et John Preskill. Un autre pari a depuis été lancé, où des conditions plus restrictives sur les conditions initiales pouvant mener à des singularités nues ont été rajoutées.
132
+
133
+ En 1971, le physicien britannique Stephen Hawking montra que la surface totale des horizons des événements de n’importe quel trou noir classique ne peut jamais décroître. Cette propriété est tout à fait semblable à la deuxième loi de la thermodynamique, avec la surface jouant le rôle de l’entropie. Dans le cadre de la physique classique, on pourrait violer cette loi de la thermodynamique en envoyant de la matière dans un trou noir, ce qui la ferait disparaître de notre univers, avec la conséquence d’un décroissement de l’entropie totale de l’univers.
134
+
135
+ Pour éviter de violer cette loi, le physicien Jacob Bekenstein proposa qu’un trou noir possède une entropie (sans en préciser la nature exacte) et qu’elle soit proportionnelle à la surface de son horizon. Bekenstein pensait alors que les trous noirs n’émettent pas de rayonnement et que le lien avec la thermodynamique n’était qu’une simple analogie et pas une description physique des propriétés du trou noir. Néanmoins, Hawking a peu après démontré par un calcul de théorie quantique des champs que le résultat sur l’entropie des trous noirs est bien plus qu’une simple analogie et qu’il est possible de définir rigoureusement une température associée au rayonnement des trous noirs (voir ci-dessous).
136
+
137
+ Utilisant les équations de la thermodynamique des trous noirs, il apparaît que l’entropie d’un trou noir est proportionnelle à la surface de son horizon[m]. C’est un résultat universel qui peut être appliqué dans un autre contexte aux modèles cosmologiques comportant eux aussi un horizon comme l’univers de de Sitter. L’interprétation microscopique de cette entropie reste en revanche un problème ouvert, auquel la théorie des cordes a cependant réussi à apporter des éléments de réponse partiels.
138
+
139
+ Il a été ensuite montré que les trous noirs sont des objets à entropie maximale, c’est-à-dire que l’entropie maximale d’une région de l’espace délimitée par une surface donnée est égale à celle du trou noir de même surface[53],[54]. Ce constat a amené les physiciens Gerard 't Hooft et ensuite Leonard Susskind à proposer un ensemble d'idées, appelé principe holographique, basé sur le fait que la description de la surface d'une région permet de reconstituer toute l'information relative à son contenu, de la même façon qu'un hologramme code des informations relatives à un volume sur une simple surface, permettant ainsi de donner un effet de relief à partir d’une surface.
140
+
141
+ La découverte de l'entropie des trous noirs a ainsi permis le développement d'une analogie extrêmement profonde entre trous noirs et thermodynamique, la thermodynamique des trous noirs, qui pourrait aider dans la compréhension d’une théorie de la gravité quantique.
142
+
143
+ En 1974, Stephen Hawking appliqua la théorie quantique des champs à l'espace-temps courbé de la relativité générale, et découvrit que contrairement à ce que prédisait la mécanique classique, les trous noirs pouvaient effectivement émettre un rayonnement (proche d'un rayonnement thermique) aujourd’hui appelé rayonnement de Hawking[55] : les trous noirs ne sont donc pas complètement « noirs ».
144
+
145
+ Le rayonnement de Hawking correspond en fait à un spectre de corps noir. On peut donc y associer la « température » du trou noir, qui est inversement proportionnelle à sa taille[n]. De ce fait, plus le trou noir est important, plus sa température est basse. Un trou noir de la masse de la planète Mercure aurait une température égale à celle du rayonnement de fond diffus cosmologique (à peu près 2,73 kelvins). Si le trou noir est plus massif, il sera donc plus froid que la température du fond et accroîtra son énergie plus vite qu’il n’en perdra via le rayonnement de Hawking, devenant ainsi encore plus froid. Un trou noir stellaire a ainsi une température de quelques microkelvins, ce qui rend la détection directe de son évaporation totalement impossible à envisager. Cependant, pour des trous noirs moins massifs, la température est plus élevée et la perte d'énergie associée lui permet de voir sa masse varier sur des échelles cosmologiques. Ainsi, un trou noir de quelques millions de tonnes s’évaporera-t-il en une durée inférieure à celle de l'âge de l'Univers. Alors que le trou noir s'évapore, il devient plus petit, et donc plus chaud. Certains astrophysiciens ont proposé que l'évaporation complète de trous noirs produirait un flash de rayons gamma. Ceci serait une signature de l'existence de trous noirs de très faible masse. Il s'agirait alors de trous noirs primordiaux. La recherche actuelle explore cette possibilité avec les données du satellite européen International Gamma-Ray Astrophysics Laboratory (INTEGRAL)[56].
146
+
147
+ Une question de physique fondamentale encore irrésolue au début du XXIe siècle est le fameux paradoxe de l'information. En effet, en raison du théorème de calvitie déjà cité, il n’est pas possible de déterminer a posteriori ce qui est entré dans le trou noir. Cependant, vue d’un observateur éloigné, l’information n’est jamais complètement détruite puisque la matière tombant dans le trou noir ne disparaît qu’après un temps infiniment long. Alors, l’information qui a formé le trou noir est-elle perdue ou pas ?
148
+
149
+ Des considérations générales sur ce que devrait être une théorie de la gravitation quantique suggèrent qu’il ne peut y avoir qu’une quantité finie et limitée d’entropie (c’est-à-dire une quantité maximale et finie d’information) associée à l’espace près de l’horizon du trou noir. Mais la variation de l’entropie de l’horizon plus celle du rayonnement de Hawking est toujours suffisante pour prendre en compte toute l’entropie de la matière et de l’énergie tombant dans le trou noir… Mais restent de nombreuses questions. En particulier au niveau quantique, est-ce que l’état quantique du rayonnement de Hawking est déterminé de manière unique par l’histoire de ce qui est tombé dans le trou noir ? De même, est-ce que l’histoire de ce qui est tombé est déterminée de manière unique par l’état quantique du trou noir et de son rayonnement ? En d’autres termes, est-ce que les trous noirs sont, ou ne sont pas, déterministes ? Cette propriété est bien sûr conservée dans la relativité générale comme dans la physique classique, mais pas dans la mécanique quantique.
150
+
151
+ Pendant de longues années, Stephen Hawking a maintenu sa position originelle de 1975 voulant que le rayonnement de Hawking soit entièrement thermique, et donc complètement aléatoire, représentant ainsi une nouvelle source d’information non-déterministe. Cependant, le 21 juillet 2004, il présenta un nouvel argument, allant à l’opposé de sa première position[57],[58],[59]. Dans ses nouveaux calculs, l’entropie associée à un trou noir serait effectivement inaccessible à un observateur extérieur. De plus, dans l’absence de cette information, il est impossible de relier de manière univoque l’information du rayonnement de Hawking (contenue dans ses corrélations internes) à l’état initial du système. Cependant, si le trou noir s’évapore complètement, cette identification univoque peut être faite et l’unitarité est préservée (l’information est donc conservée). Il n’est pas clair que la communauté scientifique spécialisée soit absolument convaincue par les arguments présentés par Hawking[60]. Mais Hawking lui-même fut suffisamment convaincu pour régler le pari qu’il avait fait en 1997 avec le physicien John Preskill de Caltech, provoquant ainsi un énorme intérêt des médias.
152
+
153
+ En juillet 2005, l’annonce de Hawking a donné lieu à une publication dans la revue Physical Review[61] et fut débattue par la suite au sein de la communauté scientifique sans qu’un consensus net ne se dégage quant à la validité de l’approche proposée par Hawking[62],[63].
154
+
155
+ La relativité générale indique qu’il existerait des configurations dans lesquelles deux trous noirs sont reliés l’un à l’autre. Une telle configuration est habituellement appelée trou de ver ou plus rarement pont d’Einstein-Rosen. De telles configurations ont beaucoup inspiré les auteurs de science-fiction (voir par exemple les références de la section médias) car elles proposent un moyen de voyager très rapidement sur de grandes distances, voire voyager dans le temps. En pratique, de telles configurations, si elles sont autorisées par la relativité générale, semblent totalement irréalisables dans un contexte astrophysique car aucun processus connu ne semble permettre la formation de tels objets[64].
156
+
157
+ La démonstration de l'existence des trous noirs stellaires s'appuie sur l'existence d'une limite supérieure pour la masse des étoiles à neutrons. La valeur de cette limite dépend fortement des hypothèses faites concernant les propriétés de la matière dense. La découverte de nouvelles phases exotiques de la matière pourrait repousser cette limite[65]. Une phase constituée de quarks libres (non liés pour former des protons et neutrons par exemple) à haute densité pourrait permettre l'existence d'étoiles à quarks[66] tandis que des modèles de supersymétrie prévoient l'existence d'étoiles Q[67]. Certaines extensions du modèle standard postulent l'existence de préons qui constitueraient les blocs élémentaires des quarks et des leptons, lesquels pourraient hypothétiquement former des étoiles à préons[68]. Ces modèles hypothétiques pourraient expliquer un certain nombre d'observations de candidats trous noirs stellaires. Cependant, il peut être montré à partir d'arguments généraux en relativité générale que tous ces objets auraient une masse maximale[65].
158
+
159
+ Étant donné que la densité moyenne d'un trou noir à l'intérieur de son rayon de Schwarzschild est inversement proportionnelle au carré de sa masse, les trous noirs supermassifs sont beaucoup moins denses que les trous noirs stellaires (la masse volumique d'un trou noir de 108 masses solaires est comparable à celle de l'eau ; un trou noir de dix milliards (1010) de masses solaires serait moins dense que l'air)[65]. En conséquence, la physique de la matière formant un trou noir supermassif est bien mieux comprise et les explications alternatives possibles pour l'observation des trous noirs supermassifs sont beaucoup plus ordinaires. Par exemple, un trou noir supermassif pourrait être modélisé par un grand amas d'objets très sombres. Cependant, ces alternatives ne sont généralement pas assez stables pour expliquer les candidats trous noirs supermassifs[65].
160
+
161
+ Les éléments de preuve en faveur des trous noirs stellaires et supermassifs impliquent que, pour que les trous noirs ne se forment pas, la relativité générale doit échouer comme théorie de la gravitation, peut-être à cause de l'apparition de corrections quantiques. Une caractéristique très attendue d'une théorie de la gravitation quantique serait l'absence de singularités ou d'horizons des évènements (et donc l'absence de trous noirs)[69]. Ces dernières années, une grande attention a été portée au modèle des « fuzzballs » (littéralement « balles (ou pelotes) chevelues ») développé en théorie des cordes. Basée sur des calculs dans des situations spécifiques en théorie des cordes, la proposition suggère que de façon générale les états individuels d'une solution trou noir ne doit pas avoir d'horizon des évènements ni de singularité mais que pour un observateur classique/semi-classique la moyenne statistique de ces états apparaît comme un trou noir ordinaire en relativité générale[70].
162
+
163
+ Jean-Pierre Luminet lors de sa conférence au CPPM en janvier 2020[71],[72] a évoqué en introduction une alternative théorique au trou noir à travers le modèle Janus de Jean-Pierre Petit. Il précise[o] qu’au niveau observationnel un tel objet « ressemble vraiment à un trou noir »[73].
164
+
165
+ De nombreuses alternatives ont également été proposées, telles que par exemple :
166
+
167
+ Mais tous ces objets restent purement théoriques en l'état actuel de nos connaissances.
168
+
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+ Quand on parle de « culture populaire » à propos de trou noir, on pense souvent à la science-fiction. On y trouve, au cinéma ou dans le domaine littéraire, beaucoup d’inspiration.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ En astrophysique, un trou noir est un objet céleste si compact que l'intensité de son champ gravitationnel empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper.
2
+
3
+ De tels objets ne peuvent ni émettre, ni diffuser la lumière et sont donc noirs, ce qui en astronomie revient à dire qu'ils sont optiquement invisibles. Toutefois, plusieurs techniques d’observation indirecte dans différentes longueurs d'onde ont été mises au point et permettent d’étudier de nombreux phénomènes qu’ils induisent. En particulier, la matière happée par un trou noir est chauffée à des températures considérables avant d’être « engloutie » et émet une quantité importante de rayons X.
4
+
5
+ Envisagée dès le XVIIIe siècle, dans le cadre de la mécanique classique, leur existence — prédite par la relativité générale — est une certitude pour la quasi-totalité des astrophysiciens et des physiciens théoriciens. Un trou noir n'étant détectable que par les effets de son champ gravitationnel, une observation quasi-directe de trous noirs a pu être établie en février 2016 par le biais de la première observation directe des ondes gravitationnelles, GW150914. Le 10 avril 2019, les premières images d'un trou noir sont publiées, celle de M87*, trou noir supermassif situé au cœur de la galaxie M87. Ces différentes observations apportent ainsi la preuve scientifique de leur existence.
6
+
7
+ Dans le cadre de la relativité générale, un trou noir est défini comme une singularité gravitationnelle occultée par un horizon absolu appelé horizon des évènements. Selon la physique quantique, un trou noir est susceptible de s'évaporer par l'émission d'un rayonnement de corps noir appelé rayonnement de Hawking.
8
+
9
+ Un trou noir ne doit pas être confondu avec un trou blanc ni avec un trou de ver.
10
+
11
+ Un trou noir est un objet astrophysique dont la relativité générale dit qu'il est provoqué par une masse suffisamment concentrée pour qu'elle ne cesse de s'effondrer sur elle-même du fait de sa propre gravitation, arrivant même à se concentrer en un point appelé singularité gravitationnelle. Les effets de la concentration de cette masse permettent de définir une sphère, appelée l'horizon du trou noir, dont aucun rayonnement et a fortiori aucune matière ne peut s’échapper[1],[2]. Cette sphère est centrée sur la singularité et son rayon ne dépend que de la masse centrale ; elle représente en quelque sorte l’extension spatiale du trou noir. À proximité de cette sphère, les effets gravitationnels sont observables et extrêmes.
12
+
13
+ Le rayon d'un trou noir est proportionnel à sa masse : environ 3 km par masse solaire pour un trou noir de Schwarzschild. À une distance interstellaire (en millions de kilomètres), un trou noir n’exerce pas plus d’attraction que n’importe quel autre corps de même masse ; il ne s’agit donc pas d’un « aspirateur » irrésistible. Par exemple, si le Soleil se trouvait remplacé par un trou noir de même masse, les orbites des corps tournant autour (planètes et autres) resteraient pour l'essentiel inchangées (seuls les passages à proximité de l'horizon induiraient un changement notable). Il existe plusieurs sortes de trous noirs. Lorsqu’ils se forment à la suite de l’effondrement gravitationnel d’une étoile massive, on parle de trou noir stellaire, dont la masse équivaut à quelques masses solaires. Ceux qui se trouvent au centre des galaxies possèdent une masse bien plus importante pouvant atteindre plusieurs milliards de fois celle du Soleil ; on parle alors de trou noir supermassif (ou trou noir galactique). Entre ces deux échelles de masse, il existerait des trous noirs intermédiaires avec une masse de quelques milliers de masses solaires. Des trous noirs de masse bien plus faible, formés au début de l’histoire de l’Univers, peu après le Big Bang, sont aussi envisagés et sont appelés trous noirs primordiaux. Leur existence n’est, à l’heure actuelle, pas confirmée.
14
+
15
+ Il est par définition impossible d’observer directement un trou noir. Il est cependant possible de déduire sa présence de son action gravitationnelle : soit par les effets sur les trajectoires des étoiles proches ; soit au sein des microquasars et des noyaux actifs de galaxies, où de la matière, située à proximité, tombant sur le trou noir va se trouver considérablement chauffée et émettre un fort rayonnement X. Les observations permettent ainsi de déceler l’existence d’objets massifs et de très petite taille. Les seuls objets correspondant à ces observations et entrant dans le cadre de la relativité générale sont les trous noirs.
16
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17
+ Le français « trou noir » est attesté dès 1973[3]. C'est un calque[4] de l'anglais black hole, expression attestée dès 1964. Sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans un article de la journaliste américaine Ann E. Ewing paru dans The Sciences News Letters le 18 janvier 1964[5],[6],[7],[8]. Selon Hong-Yee Chiu, un astrophysicien américain qui travaillait sur le sujet dans les années 1960, et Marcia Bartusiak, journaliste scientifique qui a recherché l'histoire du terme, le nom viendrait de la prison Trou Noir de Calcutta[9],[6]. Auparavant, on utilisait les termes de « corps de Schwarzschild » ou d’« astre occlus ». Il a rencontré des réticences dans certaines communautés linguistiques, notamment francophones et russophones, qui le jugeaient quelque peu inconvenant[10].
18
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+ Le concept de trou noir a émergé à la fin du XVIIIe siècle dans le cadre de la gravitation universelle d’Isaac Newton. La question était de savoir s’il existait des objets dont la masse était suffisamment grande pour que leur vitesse de libération soit plus grande que la vitesse de la lumière. Cependant, ce n’est qu’au début du XXe siècle et avec l’avènement de la relativité générale d’Albert Einstein que le concept de trou noir devient plus qu’une curiosité. En effet, peu après la publication des travaux d’Einstein, une solution de l’équation d’Einstein est publiée par Karl Schwarzschild, à partir de laquelle l'existence du rayon de Schwarzschild et les caractéristiques mathématiques de l'espace intérieur suscitent beaucoup d'interrogations, et tout cela ne sera mieux compris qu'avec la découverte d'autres solutions exactes (métrique de Lemaître en 1938, métrique de Kruskal-Szekeres en 1960). Robert Oppenheimer en 1939 est un des premiers physiciens à interpréter ces résultats comme la possible existence de ce que l'on appelle aujourd'hui un trou noir (nommé plutôt collapse gravitationnel à l'époque). Les travaux fondamentaux sur les trous noirs remontent aux années 1960, précédant de peu les premières indications observationnelles solides en faveur de leur existence. La première « observation »[11],[12] d’un objet contenant un trou noir fut celle de la source de rayons X Cygnus X-1 par le satellite Uhuru en 1971.
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+ Un trou noir est un objet astrophysique qui se caractérise par le fait qu’il est très difficile à observer directement (voir ci-dessous), et que sa région centrale ne peut être décrite de façon satisfaisante par les théories physiques en leur état du début du XXIe siècle, car elle abrite une singularité gravitationnelle. Cette dernière ne peut être décrite que dans le cadre d’une théorie de la gravitation quantique, manquante à ce jour[b]. En revanche, on sait parfaitement décrire les conditions physiques qui règnent dans son voisinage immédiat, de même que son influence sur son environnement, ce qui permet de les détecter par diverses méthodes indirectes.
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+ Par ailleurs, les trous noirs sont étonnants en ce qu’ils sont décrits par un très petit nombre de paramètres. En effet, leur description, dans l’univers dans lequel nous vivons, ne dépend que de trois paramètres : la masse, la charge électrique et le moment cinétique. Tous les autres paramètres du trou noir (par exemple ses effets sur les corps environnants et leur étendue) sont fixés par ceux-ci. Par comparaison, la description d’une planète fait intervenir des centaines de paramètres (composition chimique, différenciation de ses éléments, convection, atmosphère, etc.). La raison pour laquelle un trou noir n’est décrit que par ces trois paramètres est connue depuis 1967 : c’est le théorème de calvitie démontré par Werner Israel. Celui-ci explique que les seules interactions fondamentales à longue portée étant la gravitation et l’électromagnétisme, les seules propriétés mesurables des trous noirs sont données par les paramètres décrivant ces interactions, à savoir la masse, le moment cinétique et la charge électrique.
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+ Pour un trou noir, la masse et la charge électrique sont des propriétés habituelles que décrit la physique classique (c’est-à-dire non-relativiste) : le trou noir possède un champ gravitationnel proportionnel à sa masse et un champ électrique proportionnel à sa charge. L’influence du moment cinétique est en revanche spécifique à la relativité générale. Celle-ci énonce en effet qu’un corps en rotation va avoir tendance à « entraîner » l’espace-temps dans son voisinage (plus exactement, la géométrie de ce dernier décrit une convergence gravitationnelle dans le sens de rotation du corps massif). Ce phénomène, difficilement observable dans le système solaire en raison de son extrême faiblesse pour des astres non compacts, est connu sous le nom d’effet Lense-Thirring (aussi appelé frame dragging, en anglais)[c]. Il prend une amplitude considérable au voisinage d’un trou noir « en rotation », au point qu’un observateur situé dans son voisinage immédiat serait inévitablement entraîné dans le sens de rotation du trou noir. La région où ceci se produit est appelée ergorégion.
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+ Un trou noir possède toujours une masse non nulle. En revanche, ses deux autres caractéristiques, à savoir le moment cinétique (hérité de celui, initial, de la matière l'ayant formé, et détectable seulement par l'effet produit sur la matière environnante) et la charge électrique, peuvent en principe prendre des valeurs nulles (c’est-à-dire égales à zéro) ou non nulles. La combinaison de ces états permet de définir quatre types de trous noirs :
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+ D’un point de vue théorique, il peut exister d’autres types de trous noirs avec des propriétés différentes. Par exemple, il existe un analogue du trou noir de Reissner-Nordström, mais en remplaçant la charge électrique par une charge magnétique, c’est-à-dire créée par des monopôles magnétiques, dont l’existence reste extrêmement hypothétique à ce jour. On peut de même généraliser le concept de trou noir à des espaces comprenant plus de trois dimensions. Ceci permet d’exhiber des types de trous noirs ayant des propriétés parfois différentes de celles des trous noirs présentés ci-dessus[d].
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31
+ L’existence des trous noirs est envisagée dès le XVIIIe siècle indépendamment par John Michell[14] et Pierre-Simon de Laplace. Il s’agissait alors d’objets prédits comme suffisamment denses pour que leur vitesse de libération soit supérieure à la vitesse de la lumière — c’est-à-dire que même la lumière ne peut vaincre leur force gravitationnelle. Plutôt qu’une telle force (qui est un concept newtonien), il est plus juste de dire que la lumière subit en fait un décalage vers le rouge infini. Ce décalage vers le rouge est d’origine gravitationnelle : la lumière perd la totalité de son énergie en essayant de sortir du puits de potentiel d’un trou noir. Ce décalage vers le rouge est donc d’une nature quelque peu différente de celui dû à l’expansion de l’Univers, que l’on observe pour les galaxies lointaines et qui résulte d’une expansion d’un espace ne présentant pas de puits de potentiels très profonds. De cette caractéristique provient l’adjectif « noir », puisqu’un trou noir ne peut émettre de lumière. Ce qui est valable pour la lumière l’est aussi pour la matière : aucune particule ne peut s’échapper d’un trou noir une fois capturée par celui-ci, d’où le terme de « trou ».
32
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33
+ La zone sphérique qui délimite la région d’où lumière et matière ne peuvent s’échapper est appelée « horizon des évènements ». On parle parfois de « surface » du trou noir, quoique le terme soit quelque peu impropre car il ne s’agit pas d’une surface solide ou gazeuse comme celle d’une planète ou d’une étoile. Il ne s’agit pas d’une région qui présente des caractéristiques particulières : un observateur qui franchirait l’horizon ne ressentirait rien de spécial (sinon d'éventuels violents effets de marée). En revanche, il se rendrait compte qu’il ne pourrait plus s’échapper de cette région s’il essayait de faire demi-tour. C’est une sorte de surface de non-retour.
34
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35
+ Un hypothétique observateur situé au voisinage de l’horizon remarquera que le temps s’écoule différemment pour lui et pour un observateur situé loin du trou noir. Si ce dernier lui envoie des signaux lumineux à intervalles réguliers (par exemple une seconde), alors l’observateur proche du trou noir recevra des signaux plus énergétiques (la fréquence des signaux lumineux sera plus élevée, conséquence du décalage vers le bleu subi par la lumière qui tombe vers le trou noir) et les intervalles de temps séparant deux signaux consécutifs seront plus rapprochés (moins d’une seconde). Cet observateur aura donc l’impression que le temps s’écoule plus vite pour son confrère resté loin du trou noir que pour lui. À l’inverse, l’observateur resté loin du trou noir verra son collègue évoluer de plus en plus lentement, le temps chez celui-ci donnant l’impression de s’écouler plus lentement.
36
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37
+ Si un observateur distant voit un objet tomber dans un trou noir, les deux phénomènes de dilatation du temps et de décalage vers le rouge se combinent. Les éventuels signaux émis par l’objet sont de plus en plus rouges, de moins en moins lumineux (la lumière émise perd de plus en plus d’énergie avant d’arriver à l’observateur lointain) et de plus en plus espacés. En pratique, le nombre de photons par unité de temps reçus par l’observateur distant décroît, jusqu’à devenir nul quand l'objet est sur l'horizon : à ce moment-là, l’objet en train de chuter dans le trou noir est devenu invisible.
38
+
39
+ Pour un observateur extérieur s’approchant de l'horizon, ce sont les effets de marée qui deviennent importants. Ces effets, qui déterminent les déformations d’un objet (le corps d’un astronaute, par exemple) du fait des hétérogénéités du champ gravitationnel, sont inéluctablement ressentis par un observateur s’approchant près d’un trou noir ou d’une singularité. La région où ces effets de marée deviennent importants est entièrement située dans l’horizon, pour les trous noirs supermassifs, mais empiète notablement hors de l’horizon pour des trous noirs stellaires[e]. Ainsi, un observateur s’approchant d’un trou noir stellaire serait déchiqueté avant de passer l’horizon, alors que le même observateur qui s’approcherait d’un trou noir supermassif passerait l’horizon sans encombre. Il serait tout de même inéluctablement détruit par les effets de marée en s’approchant de la singularité.
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+ Même si aucune information ni influence causale ne peut traverser l'horizon vers l'extérieur, le trou noir est tout de même formellement considéré comme étant à l'origine du champ gravitationnel qui s'exerce sur l'extérieur. Toutefois, ce n'est pas la singularité dotée de sa masse qui est à l'origine de ce champ gravitationnel, mais c'est l'étoile juste avant son effondrement en trou noir, car les effets de l'effondrement sur le champ gravitationnel de l'étoile prennent de plus en plus de temps à se communiquer au reste de l'univers, étant donné la dilatation temporelle extrême (et même devenant infinie) quand le rayon de l'étoile diminue et approche celui de l'horizon[15]. Le théorème de Birkhoff rend indiscernable le champ gravitationnel généré par une région ponctuelle de celui généré par une distribution sphérique de masses. Il en est de même du moment d'inertie de l'étoile en effondrement, qui est attribué au trou noir en rotation, et ses effets sur le champ gravitationnel[16].
42
+
43
+ L'ergosphère - qui n'est pas une sphère - est une région au voisinage d'un trou noir en rotation dans laquelle il est impossible à un objet de se soustraire à l'effet d'entraînement de cette rotation.
44
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45
+ La dernière orbite circulaire stable, généralement abrégée en ISCO (pour l'anglais Innermost stable circular orbit), est l'orbite circulaire la plus proche d'un trou noir en deçà de laquelle la matière finit inéluctablement par tomber sur le trou noir.
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+ Pour un trou noir de Schwarzschild, le rayon de l'ISCO vaut trois fois le rayon de Schwarzschild de ce trou noir :
48
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+ Pour un trou noir de Kerr, il varie en fonction du moment angulaire du trou noir considéré et n'est plus que de 0,6 fois le rayon de Schwarzschild pour un trou noir ayant une rotation maximale[17].
50
+
51
+ Au centre d’un trou noir se situe une région dans laquelle le champ gravitationnel et certaines distorsions de l’espace-temps (on parle plutôt de courbure de l’espace-temps) divergent à l'infini, quel que soit le changement de coordonnées[18]. Cette région s’appelle une singularité gravitationnelle. La description de cette région est délicate dans le cadre de la relativité générale puisque celle-ci ne peut décrire que des régions où la courbure est finie.
52
+
53
+ De plus, la relativité générale est une théorie qui ne peut pas incorporer en général des effets gravitationnels d’origine quantique. Le fait que la courbure tende vers l’infini est un signe que la relativité générale ne peut décrire totalement la réalité à cet endroit et qu'il est probablement nécessaire d'introduire des effets quantiques[19]. Par conséquent, seule une théorie de la gravitation incorporant tous les effets quantiques (on parle alors de gravitation quantique) est en mesure de décrire correctement les singularités gravitationnelles.
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+ La description d’une singularité gravitationnelle est donc pour l’heure problématique[b]. Néanmoins, tant que celle-ci est située à l’intérieur de l'horizon du trou noir, elle ne peut influencer ce qui est à l’extérieur de cet horizon, de la même façon que de la matière située à l’intérieur de l'horizon d’un trou noir ne peut en ressortir. Ainsi, aussi mystérieuses que soient les singularités gravitationnelles, notre incapacité à les décrire, signe de l’existence de limitations de la relativité générale à décrire tous les phénomènes gravitationnels, n’empêche pas la description des trous noirs pour la partie située de notre côté de l’horizon des évènements.
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+ En décembre 2018, Abhay Ashtekar, Javier Olmedo, et Parampreet Singh font publier un article scientifique démontrant que, dans le cadre de la théorie de la gravitation à boucles, un trou noir n'a pas de singularité centrale, sans préciser géométriquement le devenir de la matière en ce point[20],[21],[22].
58
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59
+ La possibilité de l’existence des trous noirs n’est pas une conséquence exclusive de la relativité générale : la quasi-totalité des autres théories de la gravitation physiquement réalistes permet également leur existence. Toutefois, la relativité générale, contrairement à la plupart de ces autres théories, a non seulement prédit que les trous noirs peuvent exister, mais aussi qu’ils seront formés partout où suffisamment de matière peut être compactée dans une région de l’espace. Par exemple, si l’on compressait le Soleil dans une sphère d’environ trois kilomètres de rayon (soit à peu près quatre millionièmes de sa taille), il deviendrait un trou noir. Si la Terre était compressée dans un volume de quelques millimètres cubes, elle deviendrait également un trou noir.
60
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+ Pour l’astrophysique, un trou noir peut être considéré comme le stade ultime d’un effondrement gravitationnel. Les deux stades de la matière qui, en termes de compacité, précèdent l’état de trou noir, sont ceux atteints par exemple par les naines blanches et les étoiles à neutrons. Dans le premier cas, c’est la pression de dégénérescence des électrons qui maintient la naine blanche dans un état d’équilibre face à la gravitation ; dans le second, c'est l’interaction forte qui maintient l’équilibre[f]. Un trou noir ne peut se former à la suite de l’effondrement d’une naine blanche : celle-ci, en s’effondrant, initie des réactions nucléaires qui forment des noyaux plus lourds que ceux qui la composent[g]. Ce faisant, le dégagement d’énergie qui en résulte est suffisant pour disloquer complètement la naine blanche, qui explose en supernova thermonucléaire (dite de type Ia).
62
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+ Un trou noir se forme lorsque la force de gravitation est suffisamment grande pour dépasser l’effet de la pression, ce qui se produit quand le rapport masse/rayon de l’astre progéniteur dépasse une certaine valeur critique. Dans ce cas, plus aucune force connue ne permet de maintenir l’équilibre et l’objet en question s’effondre complètement. En pratique, plusieurs cas de figures sont possibles : soit une étoile à neutrons accrète de la matière issue d’une autre étoile, jusqu’à atteindre une masse critique, soit elle fusionne avec une autre étoile à neutrons (phénomène a priori beaucoup plus rare), soit le cœur d’une étoile massive s’effondre directement en trou noir[h], dans le cas d'une supernova à effondrement de cœur ou d'un collapsar.
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+ L’hypothèse de l’existence d’un état plus compact que celui d’étoiles à neutrons a été proposée dans le courant des années 1980. Il se trouverait dans les étoiles à quarks, aussi appelées étoiles étranges, du nom des quarks étranges entrant dans leur composition[23]. Des indications d’une possible détection indirecte de tels astres ont été obtenues depuis les années 1990, sans qu'elles aient permis de trancher la question[24]. Au-delà d’une certaine masse, ce type d’astre finirait lui aussi par s’effondrer en trou noir, seule la valeur de la masse limite se trouvant modifiée.
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+ En 2006, on distingue quatre grandes classes de trous noirs en fonction de leur masse : les trous noirs stellaires, supermassifs, intermédiaires et primordiaux (ou micro trous noirs). L’existence voire l’abondance de chaque type de trou noir est directement liée aux conditions et à la probabilité de leur formation.
68
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+ Un trou noir de la masse du Soleil aurait un diamètre de 6 kilomètres[25]. Les trous noirs stellaires ont une masse d’au moins trois masses solaires. Ils naissent à la suite de l’effondrement gravitationnel du résidu des étoiles massives (environ dix masses solaires et plus, initialement). En effet, lorsque la combustion par les réactions thermonucléaires dans le cœur de l’étoile massive se termine, faute de carburant, une supernova se produit. Cette dernière peut laisser derrière elle un cœur qui continue à s’effondrer rapidement.
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+ En 1939, Robert Oppenheimer a montré que si ce cœur a une masse supérieure à une certaine limite, appelée limite d’Oppenheimer-Volkoff et égale à environ 3,3 masses solaires, la force gravitationnelle l’emporte définitivement sur toutes les autres forces et un trou noir se forme[26],[27].
72
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+ L’effondrement vers un trou noir est susceptible d’émettre des ondes gravitationnelles, qui sont détectées avec des instruments tels que le détecteur Virgo de Cascina en Italie, ou avec les deux interféromètres américains de LIGO. Les trous noirs stellaires sont aujourd’hui observés dans les binaires X et les microquasars et sont parfois responsables de l’apparition de jets tels que ceux observés dans certains noyaux actifs de galaxies.
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+ Les trous noirs supermassifs ont une masse comprise entre quelques millions et quelques milliards de masses solaires. Ils se trouvent au centre des galaxies et leur présence provoque parfois l’apparition de jets et du rayonnement X. Les noyaux de galaxies qui sont ainsi plus lumineux qu’une simple superposition d’étoiles sont alors appelés noyaux actifs de galaxies.
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+ Notre galaxie, la Voie lactée, contient un tel trou noir (Sagittarius A*), ainsi qu’il a été démontré par l’observation des mouvements extrêmement rapides des étoiles proches du trou noir[30]. En particulier, une étoile nommée S2 a pu être observée lors d’une révolution complète autour d’un objet sombre non détecté en moins de onze ans. L’orbite elliptique de cette étoile l’a amenée à moins de vingt unités astronomiques de cet objet (soit une distance de l’ordre de celle Uranus-Soleil) et la vitesse à laquelle l’orbite est parcourue permet d’assigner une masse d’environ 2,3 millions de masses solaires pour l’objet sombre autour duquel elle gravite. Aucun modèle autre que celui d’un trou noir ne permet de rendre compte d’une telle concentration de matière dans un volume aussi restreint[31].
78
+
79
+ Le télescope Chandra a également permis d’observer au centre de la galaxie NGC 6240 deux trous noirs supermassifs en orbite l’un autour de l’autre. La formation de tels géants est encore débattue, mais certains pensent qu’ils se sont formés très rapidement au début de l’univers[32],[i].
80
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81
+ La masse d’un trou noir galactique correspond en général à environ un millième de la masse de la matière présente dans le bulbe central[33].
82
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83
+ La formation des trous noirs de très grande masse (de l'ordre d'un milliard de masses solaires) qu'on observe dans l'Univers lointain a été beaucoup trop rapide pour correspondre à l'effondrement d'étoiles massives. Il pourrait s'agir de l'effondrement direct de nuages de gaz gigantesques présents juste après le Big Bang, conduisant à des trous noirs de dix à cent mille masses solaires, amplifiés ensuite aux dépens du gaz et des étoiles environnants[34].
84
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+ Les trous noirs intermédiaires sont des objets récemment découverts et ont une masse entre 100 et 10 000 masses solaires[35]. Dans les années 1970, les trous noirs de masse intermédiaire étaient supposés se former dans le cœur des amas globulaires mais aucune observation ne venait soutenir cette hypothèse. Des observations dans les années 2000 ont montré l’existence de sources de rayons X ultra-lumineuses (Ultra-luminous X-ray source en anglais, ou ULX)[36]. Ces sources ne sont apparemment pas associées au cœur des galaxies où l’on trouve les trous noirs supermassifs. De plus, la quantité de rayons X observée est trop importante pour être produite par un trou noir de 20 masses solaires, accrétant de la matière avec un taux égal à la limite d’Eddington (limite maximale pour un trou noir stellaire). Ces trous noirs intermédiaires pourraient aussi résulter de l'effondrement d'étoile de population III : ce sont des populations hypothétiques d'étoiles très massives (des milliers de masses solaires) qui se seraient formées au début de l'Univers, constituées des éléments les plus légers : l'hydrogène ou l'hélium.
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+ Si l'existence de tels trous noirs est maintenant bien acceptée dans la communauté des astronomes[37],[38], le faible nombre de candidats et l’ambiguïté de certains signaux font que l'existence de cette catégorie de trou noir reste encore sujette à débat[39].
88
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+ En 2017, Bulent Kiziltan, directeur de recherche au centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian, affirme avoir détecté un trou noir intermédiaire de 1400 à 3700 masses solaires au sein de l'amas globulaire 47 Tucanae[40],[41].
90
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91
+ Les trous noirs primordiaux, aussi appelés micro trous noirs ou trous noirs quantiques, auraient une taille très petite[Combien ?]. Ils se seraient formés durant le Big Bang (d’où le qualificatif « primordial »), à la suite de l’effondrement gravitationnel de petites sur-densités dans l’univers primordial. Dans les années 1970, les physiciens Stephen Hawking et Bernard Carr ont étudié un mécanisme de formation des trous noirs dans l’univers primordial. Ils ont avancé l’idée d’une profusion de mini-trous noirs, minuscules par rapport à ceux envisagés par la formation stellaire. La densité et la répartition en masse de ces trous noirs ne sont pas connues et dépendent essentiellement de la façon dont se produit une phase d’expansion rapide dans l’univers primordial, l’inflation cosmique. Ces trous noirs de faible masse émettent, s’ils existent, un rayonnement gamma qui pourrait éventuellement être détecté par des satellites comme INTEGRAL. La non détection de ce rayonnement permet de mettre des limites supérieures sur l’abondance et la répartition en masse de ces trous noirs.
92
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+ Une hypothèse émise mi-2019 envisage que l'hypothétique 9e planète du système solaire pourrait être un tel trou noir[42].
94
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95
+ Selon certains modèles de physique des hautes énergies, il serait possible de créer des micro trous noirs similaires en laboratoire[43], dans des accélérateurs de particules comme le LHC.
96
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97
+ Les deux seules classes de trous noirs pour lesquelles on dispose d’observations nombreuses (indirectes, mais de plus en plus précises, voir paragraphe suivant) sont les trous noirs stellaires et super-massifs. Le trou noir supermassif le plus proche est celui qui se trouve au centre de notre Galaxie à environ 8,5 kpc (∼27 700 a.l.).
98
+
99
+ Une des premières méthodes de détection d’un trou noir est la détermination de la masse des deux composantes d’une étoile binaire, à partir des paramètres orbitaux. On a ainsi observé des étoiles de faible masse avec un mouvement orbital très prononcé (amplitude de plusieurs dizaines de km/s) mais dont le compagnon est invisible. Le compagnon massif invisible peut généralement être interprété comme une étoile à neutrons ou un trou noir, puisqu’une étoile normale avec une telle masse se verrait très facilement. La masse du compagnon (ou la fonction de masses, si l’angle d’inclinaison est inconnu) est alors comparée à la masse limite maximale des étoiles à neutrons (environ 3,3 masses solaires). Si elle dépasse cette limite, on considère que l’objet est un trou noir. Sinon, il peut être une naine blanche.
100
+
101
+ On considère également que certains trous noirs stellaires apparaissent lors des sursauts de rayons gamma (ou GRB, pour gamma-ray burst en anglais). En effet, ces derniers se formeraient via l’explosion d’une étoile massive (comme une étoile Wolf-Rayet) en supernova ; dans certains cas (décrits par le modèle collapsar), un flash de rayons gamma est produit au moment où le trou noir se forme. Ainsi, un GRB[j] pourrait représenter le signal de la naissance d’un trou noir. Des trous noirs de plus faible masse peuvent aussi être formés par des supernovæ classiques. Le rémanent de supernova SN 1987A est soupçonné d’être un trou noir, par exemple.
102
+
103
+ Un deuxième phénomène directement relié à la présence d’un trou noir, cette fois pas seulement de type stellaire, mais aussi super-massif, est la présence de jets observés principalement dans le domaine des ondes radio. Ces jets résultent des changements de champ magnétique à grande échelle se produisant dans le disque d’accrétion du trou noir.
104
+
105
+ L'objet trou noir en tant que tel est par définition inobservable ; toutefois, il est possible d'observer l'environnement immédiat d'un trou noir (disque d'accrétion, jets de matière..) à proximité de son horizon, permettant ainsi de tester et vérifier la physique des trous noirs[44]. La petite taille d’un trou noir stellaire (quelques kilomètres) rend cependant cette observation directe très difficile. En guise d’exemple, et même si la taille angulaire d’un trou noir est plus grande que celle d’un objet classique de même rayon, un trou noir d’une masse solaire et situé à un parsec (environ 3,26 années-lumière) aurait un diamètre angulaire de 0,1 micro seconde d’arc.
106
+
107
+ Cependant, la situation est plus favorable pour un trou noir super-massif. En effet, la taille d’un trou noir est proportionnelle à sa masse. Ainsi, le trou noir du centre de notre galaxie a une masse comprise probablement comprise entre 3,7 millions[45] et 4,15 millions de masses solaires[46]. Son rayon de Schwarzschild est d’environ 12,7 millions de kilomètres. La taille angulaire de ce trou noir, situé à environ 8,5 kiloparsecs de la terre est de l’ordre de 40 microsecondes d’arc. Cette résolution est inaccessible dans le domaine visible, mais est assez proche des limites actuellement atteignables en interférométrie radio. La technique de l’interférométrie radio, avec une sensibilité suffisante, est limitée en fréquence au domaine millimétrique. Un gain d’un ordre de grandeur en fréquence permettrait une résolution meilleure que la taille angulaire du trou noir.
108
+
109
+ Le 10 avril 2019, le projet Event Horizon Telescope publie les premières images de M87*, le trou noir supermassif se trouvant au cœur de la galaxie M87[29]. Ces restitutions sont obtenues grâce à un algorithme de reconstitution d'image, baptisé « CHIRP » (Continuous High-resolution Image Reconstruction using Patch priors), mis au point par la scientifique américaine Katie Bouman[47],[48],[49]. Ces images permettent de distinguer la silhouette du trou noir dans un disque d'accrétion[50].
110
+
111
+ Cygnus X-1, détecté en 1965, est le premier objet astrophysique identifié comme pouvant être la manifestation d’un trou noir. C’est un système binaire qui serait constitué d’un trou noir en rotation et d’une étoile géante.
112
+
113
+ Les systèmes binaires stellaires qui contiennent un trou noir avec un disque d’accrétion formant des jets sont appelés micro-quasars, en référence à leurs parents extragalactiques : les quasars. Les deux classes d’objets partagent en fait les mêmes processus physiques. Parmi les micro-quasars les plus étudiés, on notera GRS 1915+105, découvert en 1994 pour avoir des jets supraluminiques. Un autre cas de tels jets fut détecté dans le système GRO J1655-40. Mais, sa distance est sujette à controverse et ses jets pourraient ne pas être supraluminiques. Notons aussi le micro-quasar très spécial SS 433, qui a des jets persistants en précession et où la matière se déplace par paquets à des vitesses de quelques fractions de la vitesse de la lumière.
114
+
115
+ Les candidats comme trous noirs supermassifs ont premièrement été les noyaux actifs de galaxie et les quasars découverts par les radioastronomes dans les années 1960. Cependant, les observations les plus convaincantes de l’existence de trous noirs supermassifs sont celles des orbites des étoiles autour du centre galactique appelé Sagittarius A*. Les orbites de ces étoiles et les vitesses atteintes ont permis aujourd’hui d’exclure tout autre type d’objet qu’un trou noir supermassif, de l'ordre de 4 millions de masses solaires à cet endroit de la galaxie. Par la suite, des trous noirs supermassifs ont été détectés dans de nombreuses autres galaxies.
116
+
117
+ En février 2005, une ��toile géante bleue, appelée SDSS J090745.0+024507 fut observée quittant notre galaxie avec une vitesse deux fois supérieure à la vitesse de libération de la Voie lactée, soit 0,002 2 fois la vitesse de la lumière. Quand on remonte la trajectoire de cette étoile, on voit qu’elle croise le voisinage immédiat du centre galactique. Sa vitesse et sa trajectoire confortent donc également l’idée de la présence d’un trou noir supermassif à cet endroit dont l’influence gravitationnelle aurait provoqué l’éjection de cette étoile de la Voie Lactée.
118
+
119
+ En novembre 2004, une équipe d’astronomes a rapporté la découverte du premier trou noir de masse intermédiaire dans notre galaxie et orbitant à seulement trois années-lumière du centre galactique. Ce trou noir aurait une masse d’environ 1 300 masses solaires et se trouve dans un amas de seulement sept étoiles. Cet amas est probablement le résidu d’un amas massif d’étoiles qui a été dénudé par la présence du trou noir central[51]. Cette observation conforte l’idée que les trous noirs supermassifs grandissent en absorbant des étoiles et d'autres trous noirs, idée qui pourra être confirmée par l’observation directe des ondes gravitationnelles émises par ce processus, par l’intermédiaire de l’interféromètre spatial LISA.
120
+
121
+ En juin 2004, des astronomes ont trouvé un trou noir supermassif, appelé Q0906+6930, au centre d’une galaxie lointaine d’environ 12,7 milliards d’années-lumière, c’est-à-dire lorsque l’univers était encore très jeune[52]. Cette observation montre que la formation des trous noirs supermassifs dans les galaxies est un phénomène relativement rapide.
122
+
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+ En 2012, le plus gros trou noir jamais observé est découvert dans la galaxie NGC 1277, située à 220 millions d’années-lumière dans la constellation de Persée. Il aurait une masse de 17 milliards de masses solaires et représente 14 % de la masse de sa propre galaxie (contre 0,1 % pour les autres, en moyenne[réf. nécessaire]). En 2017, ce trou noir aurait été détrôné par TON 618, un quasar situé à 10,4 milliards d'années-lumière et « pesant » 66 milliards de masses solaires.
124
+
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+ Une question cruciale à propos des trous noirs est de savoir sous quelles conditions ils peuvent se former. Si les conditions nécessaires à leur formation sont extrêmement spécifiques, les chances que les trous noirs soient nombreux peuvent être faibles. Un ensemble de théorèmes mathématiques dus à Stephen Hawking et Roger Penrose a montré qu’il n’en était rien : la formation des trous noirs peut se produire dans une variété de conditions extrêmement génériques. Pour des raisons évidentes, ces travaux ont été nommés théorèmes sur les singularités. Ces théorèmes datent du début des années 1970, époque où il n’y avait guère de confirmation observationnelle de l’existence des trous noirs. Les observations ultérieures ont effectivement confirmé que les trous noirs étaient des objets très fréquents dans l’univers.
126
+
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+ Au centre d’un trou noir se situe une singularité gravitationnelle. Pour tout type de trou noir, cette singularité est « cachée » du monde extérieur par l’horizon des événements. Cette situation s’avère très heureuse : la physique actuelle ne sait certes pas décrire une singularité gravitationnelle mais cela a peu d’importance, car celle-là étant à l’intérieur de la zone délimitée par l’horizon, elle n’influe pas sur les événements du monde extérieur. Il se trouve cependant qu’il existe des solutions mathématiques aux équations de la relativité générale dans lesquelles une singularité existe sans être entourée d’un horizon. C’est par exemple le cas pour les solutions de Kerr ou de Reissner-Nordström, quand la charge ou le moment cinétique dépasse une certaine valeur critique. Dans ce cas, on ne parle plus de trou noir (il n’y a plus d’horizon donc plus de « trou ») mais de singularité nue. De telles configurations sont extrêmement difficiles à étudier en pratique car la prédiction du comportement de la singularité reste toujours impossible ; mais cette fois, il influence l’univers dans lequel nous vivons. L’existence de singularités nues a donc pour conséquence l’impossibilité d’une évolution déterministe de l’univers dans l’état des connaissances actuelles[k].
128
+
129
+ Pourtant, les trous noirs de Kerr ou de Reissner-Nordström (ainsi que le cas général de Kerr-Newman) ne peuvent pas arriver à leurs valeurs critiques respectives par apport externe de moment cinétique ou de charges électriques. En effet, plus on se rapprocherait de la valeur critique d’un trou noir de Kerr, moins un objet externe pourrait augmenter son moment cinétique. De façon comparable, à l’approche de la charge maximale d’un trou noir de Reissner-Nordström, les charges électriques de même signe que celle du trou noir projetées vers celui-ci y parviendraient de plus en plus difficilement en raison de la répulsion électrostatique exercée par le trou noir. Pour amener les charges à pénétrer dans le trou noir, il faudrait les y projeter à une vitesse relativiste (à cause de la répulsion électrique), ce qui contribuerait à leur conférer une énergie croissante devenant bien supérieure à leur énergie de masse (au repos). D’où une contribution à la masse du trou noir, suffisante pour compenser l’augmentation de charge du trou noir. Finalement, le rapport charge/masse du trou noir « saturerait » juste en dessous de la valeur critique[l].
130
+
131
+ Ces éléments, ainsi que des considérations plus fondamentales, ont conduit le mathématicien anglais Roger Penrose à formuler en 1969 l’hypothèse dite de la censure cosmique, stipulant qu’aucun processus physique ne pouvait permettre l’apparition de singularités nues dans l’univers. Cette hypothèse, qui possède plusieurs formulations possibles, a été l’objet d’un pari entre Stephen Hawking d’une part et Kip Thorne et John Preskill d’autre part, ces derniers ayant parié que des singularités nues pouvaient exister. En 1991, Stuart L. Shapiro et Saul A. Teukolsky montrèrent sur foi de simulations numériques que des singularités nues pouvaient se former dans l’univers. Quelques années plus tard, Matthew Choptuik mit en évidence un ensemble important de situations à partir desquelles la formation de singularités nues était possible. Ces configurations demeurent cependant extrêmement particulières, et nécessitent un ajustement fin des conditions initiales pour mener à la formation des singularités nues. Leur formation est donc possible, mais en pratique extrêmement improbable. En 1997, Stephen Hawking reconnut qu’il avait perdu son pari avec Kip Thorne et John Preskill. Un autre pari a depuis été lancé, où des conditions plus restrictives sur les conditions initiales pouvant mener à des singularités nues ont été rajoutées.
132
+
133
+ En 1971, le physicien britannique Stephen Hawking montra que la surface totale des horizons des événements de n’importe quel trou noir classique ne peut jamais décroître. Cette propriété est tout à fait semblable à la deuxième loi de la thermodynamique, avec la surface jouant le rôle de l’entropie. Dans le cadre de la physique classique, on pourrait violer cette loi de la thermodynamique en envoyant de la matière dans un trou noir, ce qui la ferait disparaître de notre univers, avec la conséquence d’un décroissement de l’entropie totale de l’univers.
134
+
135
+ Pour éviter de violer cette loi, le physicien Jacob Bekenstein proposa qu’un trou noir possède une entropie (sans en préciser la nature exacte) et qu’elle soit proportionnelle à la surface de son horizon. Bekenstein pensait alors que les trous noirs n’émettent pas de rayonnement et que le lien avec la thermodynamique n’était qu’une simple analogie et pas une description physique des propriétés du trou noir. Néanmoins, Hawking a peu après démontré par un calcul de théorie quantique des champs que le résultat sur l’entropie des trous noirs est bien plus qu’une simple analogie et qu’il est possible de définir rigoureusement une température associée au rayonnement des trous noirs (voir ci-dessous).
136
+
137
+ Utilisant les équations de la thermodynamique des trous noirs, il apparaît que l’entropie d’un trou noir est proportionnelle à la surface de son horizon[m]. C’est un résultat universel qui peut être appliqué dans un autre contexte aux modèles cosmologiques comportant eux aussi un horizon comme l’univers de de Sitter. L’interprétation microscopique de cette entropie reste en revanche un problème ouvert, auquel la théorie des cordes a cependant réussi à apporter des éléments de réponse partiels.
138
+
139
+ Il a été ensuite montré que les trous noirs sont des objets à entropie maximale, c’est-à-dire que l’entropie maximale d’une région de l’espace délimitée par une surface donnée est égale à celle du trou noir de même surface[53],[54]. Ce constat a amené les physiciens Gerard 't Hooft et ensuite Leonard Susskind à proposer un ensemble d'idées, appelé principe holographique, basé sur le fait que la description de la surface d'une région permet de reconstituer toute l'information relative à son contenu, de la même façon qu'un hologramme code des informations relatives à un volume sur une simple surface, permettant ainsi de donner un effet de relief à partir d’une surface.
140
+
141
+ La découverte de l'entropie des trous noirs a ainsi permis le développement d'une analogie extrêmement profonde entre trous noirs et thermodynamique, la thermodynamique des trous noirs, qui pourrait aider dans la compréhension d’une théorie de la gravité quantique.
142
+
143
+ En 1974, Stephen Hawking appliqua la théorie quantique des champs à l'espace-temps courbé de la relativité générale, et découvrit que contrairement à ce que prédisait la mécanique classique, les trous noirs pouvaient effectivement émettre un rayonnement (proche d'un rayonnement thermique) aujourd’hui appelé rayonnement de Hawking[55] : les trous noirs ne sont donc pas complètement « noirs ».
144
+
145
+ Le rayonnement de Hawking correspond en fait à un spectre de corps noir. On peut donc y associer la « température » du trou noir, qui est inversement proportionnelle à sa taille[n]. De ce fait, plus le trou noir est important, plus sa température est basse. Un trou noir de la masse de la planète Mercure aurait une température égale à celle du rayonnement de fond diffus cosmologique (à peu près 2,73 kelvins). Si le trou noir est plus massif, il sera donc plus froid que la température du fond et accroîtra son énergie plus vite qu’il n’en perdra via le rayonnement de Hawking, devenant ainsi encore plus froid. Un trou noir stellaire a ainsi une température de quelques microkelvins, ce qui rend la détection directe de son évaporation totalement impossible à envisager. Cependant, pour des trous noirs moins massifs, la température est plus élevée et la perte d'énergie associée lui permet de voir sa masse varier sur des échelles cosmologiques. Ainsi, un trou noir de quelques millions de tonnes s’évaporera-t-il en une durée inférieure à celle de l'âge de l'Univers. Alors que le trou noir s'évapore, il devient plus petit, et donc plus chaud. Certains astrophysiciens ont proposé que l'évaporation complète de trous noirs produirait un flash de rayons gamma. Ceci serait une signature de l'existence de trous noirs de très faible masse. Il s'agirait alors de trous noirs primordiaux. La recherche actuelle explore cette possibilité avec les données du satellite européen International Gamma-Ray Astrophysics Laboratory (INTEGRAL)[56].
146
+
147
+ Une question de physique fondamentale encore irrésolue au début du XXIe siècle est le fameux paradoxe de l'information. En effet, en raison du théorème de calvitie déjà cité, il n’est pas possible de déterminer a posteriori ce qui est entré dans le trou noir. Cependant, vue d’un observateur éloigné, l’information n’est jamais complètement détruite puisque la matière tombant dans le trou noir ne disparaît qu’après un temps infiniment long. Alors, l’information qui a formé le trou noir est-elle perdue ou pas ?
148
+
149
+ Des considérations générales sur ce que devrait être une théorie de la gravitation quantique suggèrent qu’il ne peut y avoir qu’une quantité finie et limitée d’entropie (c’est-à-dire une quantité maximale et finie d’information) associée à l’espace près de l’horizon du trou noir. Mais la variation de l’entropie de l’horizon plus celle du rayonnement de Hawking est toujours suffisante pour prendre en compte toute l’entropie de la matière et de l’énergie tombant dans le trou noir… Mais restent de nombreuses questions. En particulier au niveau quantique, est-ce que l’état quantique du rayonnement de Hawking est déterminé de manière unique par l’histoire de ce qui est tombé dans le trou noir ? De même, est-ce que l’histoire de ce qui est tombé est déterminée de manière unique par l’état quantique du trou noir et de son rayonnement ? En d’autres termes, est-ce que les trous noirs sont, ou ne sont pas, déterministes ? Cette propriété est bien sûr conservée dans la relativité générale comme dans la physique classique, mais pas dans la mécanique quantique.
150
+
151
+ Pendant de longues années, Stephen Hawking a maintenu sa position originelle de 1975 voulant que le rayonnement de Hawking soit entièrement thermique, et donc complètement aléatoire, représentant ainsi une nouvelle source d’information non-déterministe. Cependant, le 21 juillet 2004, il présenta un nouvel argument, allant à l’opposé de sa première position[57],[58],[59]. Dans ses nouveaux calculs, l’entropie associée à un trou noir serait effectivement inaccessible à un observateur extérieur. De plus, dans l’absence de cette information, il est impossible de relier de manière univoque l’information du rayonnement de Hawking (contenue dans ses corrélations internes) à l’état initial du système. Cependant, si le trou noir s’évapore complètement, cette identification univoque peut être faite et l’unitarité est préservée (l’information est donc conservée). Il n’est pas clair que la communauté scientifique spécialisée soit absolument convaincue par les arguments présentés par Hawking[60]. Mais Hawking lui-même fut suffisamment convaincu pour régler le pari qu’il avait fait en 1997 avec le physicien John Preskill de Caltech, provoquant ainsi un énorme intérêt des médias.
152
+
153
+ En juillet 2005, l’annonce de Hawking a donné lieu à une publication dans la revue Physical Review[61] et fut débattue par la suite au sein de la communauté scientifique sans qu’un consensus net ne se dégage quant à la validité de l’approche proposée par Hawking[62],[63].
154
+
155
+ La relativité générale indique qu’il existerait des configurations dans lesquelles deux trous noirs sont reliés l’un à l’autre. Une telle configuration est habituellement appelée trou de ver ou plus rarement pont d’Einstein-Rosen. De telles configurations ont beaucoup inspiré les auteurs de science-fiction (voir par exemple les références de la section médias) car elles proposent un moyen de voyager très rapidement sur de grandes distances, voire voyager dans le temps. En pratique, de telles configurations, si elles sont autorisées par la relativité générale, semblent totalement irréalisables dans un contexte astrophysique car aucun processus connu ne semble permettre la formation de tels objets[64].
156
+
157
+ La démonstration de l'existence des trous noirs stellaires s'appuie sur l'existence d'une limite supérieure pour la masse des étoiles à neutrons. La valeur de cette limite dépend fortement des hypothèses faites concernant les propriétés de la matière dense. La découverte de nouvelles phases exotiques de la matière pourrait repousser cette limite[65]. Une phase constituée de quarks libres (non liés pour former des protons et neutrons par exemple) à haute densité pourrait permettre l'existence d'étoiles à quarks[66] tandis que des modèles de supersymétrie prévoient l'existence d'étoiles Q[67]. Certaines extensions du modèle standard postulent l'existence de préons qui constitueraient les blocs élémentaires des quarks et des leptons, lesquels pourraient hypothétiquement former des étoiles à préons[68]. Ces modèles hypothétiques pourraient expliquer un certain nombre d'observations de candidats trous noirs stellaires. Cependant, il peut être montré à partir d'arguments généraux en relativité générale que tous ces objets auraient une masse maximale[65].
158
+
159
+ Étant donné que la densité moyenne d'un trou noir à l'intérieur de son rayon de Schwarzschild est inversement proportionnelle au carré de sa masse, les trous noirs supermassifs sont beaucoup moins denses que les trous noirs stellaires (la masse volumique d'un trou noir de 108 masses solaires est comparable à celle de l'eau ; un trou noir de dix milliards (1010) de masses solaires serait moins dense que l'air)[65]. En conséquence, la physique de la matière formant un trou noir supermassif est bien mieux comprise et les explications alternatives possibles pour l'observation des trous noirs supermassifs sont beaucoup plus ordinaires. Par exemple, un trou noir supermassif pourrait être modélisé par un grand amas d'objets très sombres. Cependant, ces alternatives ne sont généralement pas assez stables pour expliquer les candidats trous noirs supermassifs[65].
160
+
161
+ Les éléments de preuve en faveur des trous noirs stellaires et supermassifs impliquent que, pour que les trous noirs ne se forment pas, la relativité générale doit échouer comme théorie de la gravitation, peut-être à cause de l'apparition de corrections quantiques. Une caractéristique très attendue d'une théorie de la gravitation quantique serait l'absence de singularités ou d'horizons des évènements (et donc l'absence de trous noirs)[69]. Ces dernières années, une grande attention a été portée au modèle des « fuzzballs » (littéralement « balles (ou pelotes) chevelues ») développé en théorie des cordes. Basée sur des calculs dans des situations spécifiques en théorie des cordes, la proposition suggère que de façon générale les états individuels d'une solution trou noir ne doit pas avoir d'horizon des évènements ni de singularité mais que pour un observateur classique/semi-classique la moyenne statistique de ces états apparaît comme un trou noir ordinaire en relativité générale[70].
162
+
163
+ Jean-Pierre Luminet lors de sa conférence au CPPM en janvier 2020[71],[72] a évoqué en introduction une alternative théorique au trou noir à travers le modèle Janus de Jean-Pierre Petit. Il précise[o] qu’au niveau observationnel un tel objet « ressemble vraiment à un trou noir »[73].
164
+
165
+ De nombreuses alternatives ont également été proposées, telles que par exemple :
166
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+ Mais tous ces objets restent purement théoriques en l'état actuel de nos connaissances.
168
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+ Quand on parle de « culture populaire » à propos de trou noir, on pense souvent à la science-fiction. On y trouve, au cinéma ou dans le domaine littéraire, beaucoup d’inspiration.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sus domesticus • Cochon domestique, Cochon
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+ Espèce
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+ Sus domesticus est une espèce de mammifères domestiques omnivores de la famille des Porcins, ou Suidés. Appelé porc (du latin porcus) ou cochon ou encore cochon domestique, il est resté proche du sanglier avec lequel il peut se croiser.
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+
9
+ Le statut taxonomique a changé au cours du temps : longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier (Sus scrofa) sous le nom de Sus scrofa domesticus, le code international de nomenclature zoologique a décidé de classer cette forme domestique (et de nombreuses autres) comme espèce séparée, afin d'éviter les confusions entre les populations sauvages et domestiques[1].
10
+
11
+ La femelle adulte est la truie (coche), la jeune femelle élevée pour la reproduction est une cochette, le mâle est le verrat et le jeune cochon (avant le sevrage) s’appelle porcelet, cochonnet, goret (ou cochon de lait dans l’assiette), le jeune porc sevré se nomme nourrain (ou nourrin)[2].
12
+
13
+ Le terme désigne aussi la viande fournie par cet animal qui est la viande la plus consommée dans le monde alors même que le porc fait l'objet d'un interdit alimentaire dans certaines religions (dans le judaïsme et l'islam notamment). La production se concentre dans trois zones : l’Europe (y compris la Russie), l’Asie (notamment la Chine) et l’Amérique du Nord (le Canada - l'un des plus grands producteurs, avec notamment le Québec - et les États-Unis). La Chine avec 46 millions de tonnes (2003) produit presque la moitié du total mondial.
14
+
15
+ Le substantif masculin[3],[4],[5] « porc » (prononcé [pɔ:ʀ][4]) est un emprunt[3],[4] au latin porcus[3],[4],[5] (« porc, cochon, pourceau »[3],[4]), lui-même probablement issu du grec[6].
16
+
17
+ L'étymologie du substantif masculin[7],[8] « cochon » (prononcé [kɔʃɔ̃][8]) est de son côté plus incertaine. La plupart des termes servant à décrire ou à désigner le porc sont d’origine latine, mais le mot cochon, quant à lui, ne vient ni du latin, ni des langues germaniques ou celtes. Il pourrait dériver, selon Valérie Péan, d'une onomatopée utilisée par les éleveurs, « coch-coch[9] » Le terme apparaît en français vers le XIe siècle et devient courant dès le XIIIe siècle, mais à cette époque, il désigne surtout le porcelet et principalement dans les parlers de langue d'oïl. Il ne prend son sens actuel et se répand dans toutes les régions françaises qu’à partir de la fin du XVIIe siècle.
18
+
19
+ Le porc femelle est la truie[10].
20
+
21
+ Le tableau suivant donne un aperçu de l'étymologie des différents mots connus en français pour désigner le porc[11]. Lorsque le terme n'est pas mixte, le genre de l'animal désigné est indiqué entre parenthèses.
22
+
23
+ laie (f.)
24
+
25
+ La domestication de porcs a été faite dans 2 foyers indépendants : au nord de la Mésopotamie vers c. 7500 cal. BC. et en Chine vers c. 6000 cal. BC. Les plus anciennes traces connues de porcs domestiques se trouvent dans l'est de la Turquie et à Chypre, soit dans la région qui a vu la naissance de l'agriculture, et datent du IXe millénaire BC [24].
26
+
27
+ Dans le nord de la Mésopotamie, la domestication des porcs a suivi une voie mixte « commensale et proie » transformée en un élevage extensif qui a persisté comme forme dominante de gestion des porcs pendant plusieurs millénaires. Les données zoo-archéologiques sont encore insuffisantes pour spéculer sur les premiers stades de la domestication des porcs en Chine, mais le développement de l'élevage aurait été plus intensif (enclos et fourrage), tandis qu'il ne s'est pas développé au Japon[25].
28
+
29
+ La génétique montre une claire origine au sein de l'espèce Sus scrofa (le sanglier)[25]. Les races domestiques européennes ont certaines des spécificités génétiques des sangliers européens, à l'inverse, les cochons asiatiques sont plus proches des lignées de Sus scrofa asiatiques[24].
30
+
31
+ Leur corps fait entre 90 cm et 1,80 m de long et ils mesurent entre 0,7 et 1 m au garrot une fois adulte.
32
+
33
+ Ce sont des animaux courts sur pattes, ayant une tête grande par rapport à leur corps, et de grandes oreilles. À cause de la forme de leur dos, les porcs ne peuvent que très légèrement relever la tête.
34
+
35
+ Le cochon a un très bon odorat. Il est utilisé dans la recherche des truffes[26] et est alors nommé « cochon truffier ».
36
+
37
+ Avec un museau plus court que le sanglier, le cochon n'a pas non plus de défenses[27].
38
+
39
+ Le cochon a le dos plutôt droit. Cela est probablement dû à son poids[28].
40
+
41
+ Contrairement aux chevaux et aux vaches qui ont des sabots divisés, le cochon a des pieds élevés, ce qui fait qu'il marche sur la pointe des pieds. Cette caractéristique est héritée du sanglier[28].
42
+
43
+ La période de gestation est habituellement de cent-quinze jours (que la sagesse populaire retient comme « trois mois, trois semaines et trois jours »[29]).
44
+
45
+ Le cochon domestique possède 38 chromosomes (compté pour la première fois en 1931, ce nombre a fait l'objet de discussions au cours des trente années suivantes, étant parfois donné comme égal à 39 ou 40[30]). Le sanglier n'en possède que 36, à la suite d'une fusion ancestrale. Leur descendance commune est fertile. L'hybride est appelé cochonglier ou sanglochon. Les hybrides de première génération possèdent 37 chromosomes. Ensuite ils peuvent avoir 36, 37 ou 38 chromosomes. L'hybridation est fréquente dans les régions d'élevage de cochons en plein air ou bien lorsque la population sauvage a été reconstituée par des femelles de cochons domestiques saillies par un sanglier mâle, ainsi le sanglier corse est génétiquement très proche du cochon domestique. Cette pratique est habituelle en période de guerre.
46
+
47
+ L'animal au poids le plus important connu est chinois : il pèse une tonne.
48
+
49
+ En fonction des critères testés, les cochons peuvent être considérés comme plus intelligents que les chiens ou encore ayant des capacités équivalentes aux chimpanzés[31],[32],[33].
50
+
51
+ Les cochons ont une bonne mémoire spatiale et mémorisent les meilleures sources de nourriture.
52
+
53
+ Ils peuvent apprendre à faire leurs besoins dans un endroit précis en trois jours.[34]
54
+
55
+ Ils sont joueurs (balle, bâton, sautillements, poursuite...) et peuvent également interagir avec des jeux vidéo.
56
+
57
+ Ils réussissent une variante du test du miroir où un bol de nourriture peut être trouvé uniquement en déduisant sa position du reflet du miroir.
58
+
59
+ Ils savent différencier leurs congénères ainsi que distinguer un humain familier d'un autre.
60
+
61
+ Un cochon qui sait où se trouve un point de nourriture est capable de développer une stratégie pour ne pas vendre la mèche à un autre cochon qui a l'habitude de lui voler sa nourriture.
62
+
63
+ Interdite dans les religions juive et musulmane, la viande de porc est parmi les viandes les plus consommées au monde. Elle présente un certain nombre de dangers sanitaires (vers, toxines) si elle n'est pas préparée convenablement (la viande de porc doit pour cette raison être soit cuite, soit tranchée très fine).
64
+
65
+ Presque toutes les parties du porc sont utilisables en cuisine, ce qui se traduit par le dicton populaire « Dans le cochon, tout est bon », expression attribuée à Brillat-Savarin[35]. Dans Scènes de la vie future, Georges Duhamel visitant les abattoirs de Chicago fait remarquer que « seul le cri du porc » n'est pas récupéré chez cet animal.
66
+
67
+ Les soies de porc servent à la fabrication de pinceaux et de brosses. Sa peau fournit un cuir utilisé pour la fabrication de vêtements, de doublure de chaussures et d’articles de maroquinerie variés.
68
+
69
+ Au XIIe siècle, les porcs, clochette au cou, divaguent dans les rues de Paris et en nettoient les immondices. L'un d'eux cause, le 13 octobre 1131, la chute et la mort de Philippe, fils aîné et héritier du roi Louis VI le Gros. À la suite de cet accident, un édit royal interdit la divagation des cochons. Les seuls cochons qui échappent à l'interdit sont ceux des confréries de moines Antonins. Saint Antoine l'ermite est donc souvent identifié par sa proximité avec un cochon.
70
+
71
+ Les restes d'aliments, les détritus de cuisine, les résidus de la fabrication de bière familiale ont fait partie, des siècles durant, de l'alimentation donnée aux porcs.
72
+
73
+ Le cochon est utilisé pour son odorat dans la recherche des truffes.
74
+
75
+ La plupart des cochons utilisés comme animaux de compagnie sont des cochons de races dites naines[36]. En tant que nouvel animal de compagnie (NAC), le cochon ne bénéficie pas de la législation européenne sur les animaux de compagnie, qui est propre aux carnivores domestiques (chiens, chats et furets) ce qui complique fortement son passage aux frontières. Il ne bénéficie pas non plus de la législation européenne propre aux équidés domestiques.
76
+
77
+ Cela suscite des débats pour que le cochon devienne officiellement un animal de compagnie, en tout cas au moins pour les cochons nains.
78
+
79
+ De nombreux foyers abandonnent leur animal soit parce qu'ils pensaient avoir acheté un cochon nain et qu'il se retrouvent avec un cochon de race bouchère, soit parce qu'ils n'ont pas su l'éduquer ou subvenir à ses besoins comportementaux spécifiques[37].
80
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81
+ Sa constitution anatomique et biologique proche des humains et sa facilité d’élevage ont fait que le cochon est utilisé en recherche médicale et dans des applications thérapeutiques : chirurgie cardiaque, production d’insuline, héparine (anticoagulant). La taille de ses organes internes est la même que celle des humains, ce qui en fait un bon candidat aux xénogreffes.
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+ La peau du cochon est très proche de celle des humains et peut, comme celle de l'homme, recevoir des coups de soleil (contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les seuls animaux pour qui c'est le cas[38]). Elle est utilisée pour le traitement des grands brûlés.
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+ La domestication du porc remonte probablement au IXe millénaire av. J.‑C.[24]. Le porc a été domestiqué bien après les ovins et les bovins, car peut-être moins capable de transhumer, et donc de suivre des groupes humains nomades. Sa domestication correspondrait donc à la sédentarisation de groupes humains et à l’apparition de l’agriculture. Elle débute probablement en Asie Mineure[24], et est attestée à l’âge du bronze chez les Égyptiens et les Mésopotamiens.
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+ La génétique montre que les porcs européens sont issus de lignages de sangliers européens[24]. « Curieusement, l'haplotype Y2 a été identifié dans le cochon sauvage corse moderne, ce qui en fait le seul spécimen européen moderne à posséder un haplotype du Proche-Orient et suggère que la lignée de ce cochon descend des premiers porcs domestiques arrivé en Corse avec les premiers colons néolithiques de l’île[24] ». Par contre, les analyses sur des porcs fossiles européens montrent pour des périodes anciennes (5500 à 3900 ans avant notre ère) la présence de porcs portant des marqueurs moyen-orientaux sur une route de pénétration des cultures néolithiques moyen-orientales qui va du nord de la mer Noire à la France[24]. Ces animaux sont présents au côté de souches strictement européennes, qui finiront par les supplanter au IVe millénaire avant notre ère[24].
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+ La facilité d’élevage et de reproduction du porc, l’abondance de sa viande vont faciliter son expansion rapide en Asie et en Europe. Mais certains peuples dont les Juifs ont considéré cet animal comme impur (tabou alimentaire). Les Juifs, conformément à leurs textes religieux, ne mangeaient que des animaux ruminants aux sabots divisés, comme les bovins et les agneaux. L'animal fait l'objet du même interdit dans l'islam.
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+ En Angleterre, du temps de Guillaume le Conquérant, les forêts étaient encore si nombreuses et étendues qu'elles n'étaient pas valorisées par la quantité de bois, ou ce qui pourrait être abattu chaque année, mais par le nombre de porcs que les glands pouvaient entretenir[39]. L'explorateur espagnol Hernando de Soto, introduisit des porcs en Floride en 1539, comme source de nourriture pour les colons, et comme les autres animaux qui furent introduits dans les bois entre 1565-1732, ils se féralisèrent et finirent par perturber dramatiquement certains écosystèmes, notamment celui du pin des marais. Falmouth, en Virginie, a été surnommé « Hogtown » pendant la période coloniale à cause de tous les porcs qui couraient librement dans la région, et ce nom s’est longtemps maintenu au XXe siècle. Aujourd’hui en Virginie beaucoup de porc continuent à s'échapper des enclos de ferme, et constituent un fléau dont l'État tente de se débarrasser[40]. New-York est connue pour ses porcs éboueurs qui nettoyèrent ses rues des ordures ménagères jusqu'au XIXe siècle.
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+ Le premier porc ressemblait bien plus à un sanglier qu'à un cochon, mais avec le temps, son museau s'est raccourci, son crâne s'est élargi, sa masse musculaire a diminué[41] au point que certaines espèces de porc ont presque entièrement perdu leur poils.
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+ La cause principale est que les humains ont sélectionné des races à la morphologie et au caractère leur convenant. Autrefois plus petits et rustiques et adaptés à la vaine pâture ou à la stabulation en forêt, les porcs sont devenus de plus en plus gros. Aujourd'hui, les élevages industriels utilisent des variétés de grande taille, à croissance rapide.
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+ En raison d'une demande croissante, le « grand porc blanc » a presque complètement évincé différentes races de porc laineux au XXe siècle. Certaines races (ex : porc craonnais et porc flamand) ont plus récemment disparu (respectivement en 1958 et dans les années 1960)[42],[43].
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+ À la suite d'une intense pression de sélection, très exacerbée par le développement de l'insémination artificielle et notamment pour des raisons de consanguinité[44], le porc fait partie des espèces domestiquées sensibles à la cryptorchidie (non- descente ou descente anormale des testicules chez l'embryon ou le porcelet mâle). Selon l'INRA, sur la base d'enquêtes faite en abattoirs, cette malformation génitale fluctue entre 0,5 et 2,2 % des mâles[44]. Les différentes races y sont plus ou moins sensibles mais au sein d'une même race, le taux de mâles victimes de cette pathologie ne varie pas (ex : héritabilité estimée à 0,21 au sein de la « race Duroc » et à 0,28 pour la race « Landrace  »[44]). 80 % des ectopies testiculaires sont unilatérales et 20 % sont bilatérales, comme chez le chien. Chez le porc, l'ectopie est plutôt abdominale qu'inguinale et elle est située à gauche plus qu'à droite. Elle est souvent associée aux hernies et semble plus fréquente quand la taille de la portée diminue[44].
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+ En France, au XVIIIe siècle, dans les campagnes, la viande fraîche, rôtie ou bouillie, ou en pâté n'était consommée qu'aux grandes occasions : fêtes religieuses ou événements familiaux, dont le plus gastronomique était « les noces ». L'apport carné le plus courant était à base de viande de porc, salée ou fumée, avec lard et saindoux apportant un intéressant apport en ��nergie aux paysans et ouvriers.
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+ La mise à mort du cochon était un des grands moments de la vie familiale et des villages ruraux, et une occasion de convivialité festive. Pour beaucoup, la plus grande fête de l'année était le jour où l'on tue le cochon, dit « le jour du cochon ». Toute la famille, et les voisins à charge de revanche, étaient mobilisés pour l'occasion – les enfants étaient dispensés d'école. La mise à mort était opérée par un homme de la maisonnée ou par un spécialiste des environs ; certains d'entre eux étaient renommés pour leur tour de main et pour la qualité des préparations qu'ils fabriquaient. Le tueur opérait de bon matin, de préférence par une journée sèche et froide. Les hommes de la maison préparaient une grande chaudière d'eau bouillante et une grande table, alors que les femmes préparaient les récipients, les torchons, le sel et les épices. Le goret était égorgé d'un coup de couteau coupant la carotide. Tenu par les hommes les plus costauds l'animal poussait des cris perçants qui ne cessaient qu'avec sa mort. Le sang était précieusement recueilli dans une terrine et brassé pour éviter la coagulation, puis le porc était nettoyé, découpé et les cochonnailles (boudin, saucisses, saucissons, jambons, noix, etc.) préparées.
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+ L'élevage porcin se développa particulièrement en France, en Allemagne et en Angleterre au cours du XIXe siècle pour ravitailler en viande et à bas prix les villes industrielles. La viande de porc, accompagnée de pommes de terre, devint la base de la nourriture populaire d'autant plus qu'elle répondait au goût des consommateurs, alors que les peuples méditerranéens étaient plutôt amateurs de viande de mouton. La viande rouge bovine était un luxe inaccessible aux bourses modestes. Les cochonnailles apprêtées de multiples façons (pommes de terre, choux, choucroute, haricots blancs, pommes…) était le menu le plus courant.
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+ En 1789, la France passe d'une production de quatre millions de porcs à une production de 6,3 millions en 1880 — à comparer aux 15 millions de 2001 essentiellement fournis par les porcheries industrielles. Dans le même temps, le poids moyen des porcs augmente. Certaines régions se spécialisent dans l'engraissement (Bretagne, Savoie, etc.) alors que certains départements, appelés « naisseurs », se spécialisent dans la fourniture de porcelets destinés à l'engraissement (Puy-de-Dôme, Ain, Loire, Allier, Nièvre, Saône-et-Loire). L'ancienne race gauloise de couleur noire est peu à peu évincée par les gros cochons blancs anglais « Large White », arrivant rapidement à leur poids de vente (entre 100 et 150 kilos).
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+ Au début du siècle, en Europe, l'élevage de porc est très rémunérateur ; juste avant la Première Guerre mondiale, un éleveur produisant 140-160 porcs annuellement avait un bénéfice annuel net de 6 à 8 000 francs-or, soit 4 à 5 fois le salaire moyen annuel d'un ouvrier spécialisé des usines (environ 1 530 francs.[réf. nécessaire]
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+ Après l'armistice de 1918, la période de la reconstruction est l'occasion de développer l'adduction d'eau potable (alors dite « verdunisée ») et l'électricité dans les campagnes. C'est le début d'une période d'intense industrialisation de l'agriculture et de l'élevage ; la première porcherie expérimentale industrielle de France est ainsi construite en 1928-1929 sur le « Domaine de Molleville », à Consenvoye, près de Verdun, au cœur d'une zone dévastée (classée zone rouge, interdite aux labours et culture en raison des munitions) sur 25 ha sur un sol criblé de trous d’obus, nivelé après traitement par des amendements chimiques riches en phosphore (déchets industriels)[45]. On y élève selon des principes hygiénistes et de rentabilité de « grands porcs blancs ».
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+ Ce lieu a produit une partie de l'élite de la génétique porcine de l'époque (cette ferme expérimentale est aujourd'hui redevenue une ferme céréalière). Les hangars de tôle et les silos sont installés dans les campagnes, dont en Bretagne. Paradoxalement, malgré des progrès constants dans la compétitivité des éleveurs, cet élevage sera au XXe siècle parfois assez peu rémunérateur (fréquentes « crise du porc » ou du « prix du porc »).
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+ À partir des années 1970, alors que le remembrement et les hangars industriels artificialisent les paysages ruraux, la déshumanisation des élevages, les problèmes de pollution (nitrates et métaux lourds) et de manque de surface d'épandage pour les lisiers, de nitrates, d'odeur se développement. La concentration du marché et des abattoirs (dont beaucoup sont fermés) et l'endettement de certains exploitants (de plus en plus dépendants des prix de l'énergie et de la nourriture animale industrielle qu'ils doivent acheter), s'ajoutent à certains problèmes vétérinaires (maladie mystérieuse du porcelet) et sanitaires (antibiorésistance, rendent cet élevage moins attractif.
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+ La demande des consommateurs évolue. Alors qu'autrefois tout se mangeait dans le cochon, le jambon devient le produit phare, et l'on demande de la viande moins grasse. Une partie de la production doit donc être recyclée en farine animale. On se demande au moment de la crise de la vache folle si le porc est sensible aux prions.
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+ Malgré un suivi scientifique plus important et divers dispositifs régionaux, nationaux et mondial (OMS/OIE) d'épidémiosurveillance et d'alertes, des zoonoses émergentes (grippe porcine, peste porcine, susceptible de se transmettre aux sangliers et/ou à l'homme) ou réémergentes se développent, dont de nouveaux syndromes d'abord incompris, qu'on attribue à un « agent de Lelystad » (apparemment viral sur la base d'un syndrome grippal et d'anticorps repéré chez une majorité des porcs malades avant d'être moléculairement caractérisé comme une « molécule d'ARN polyadénylé »[46] en 1993[47] et étudié jusqu'aux années 2000 au moins[48],[49]), sources d'épidémies dans de nombreux élevages, mais s'exprimant différemment selon les élevages (ex : [Syndrome dysgénésique et respiratoire du porc] (SDRP) ou PRRS-Maladie mystérieuse des porcelets déclarée en Europe, d'abord en Allemagne en 1990, et suivie depuis 1987 en Amérique du Nord[50] puis en Amérique du Nord : Syndrome HAAT-pneumonie interstitielle (en raison de pneumonies interstitielles (PI) ou de pneumonies proliférative et nécrosantes (PPN) renommé SRPP pour syndrome reproducteur et respiratoire porcin car responsable de nombreux avortements depuis le début des années 1990[51]. Ce virus (Porcine reproductive and respiratory syndrome virus ou PRRSV) a été récemment classé dans la famille récemment créée des Arteriviridae où l'on trouve le genre Arterivirus ainsi que d'autres sources de zoonoses tels que le « virus de l'artérite équine » ou EAV pour equine arteritis virus, le lactate dehydrogenase-elevating virus (LDV), et le « virus de la fièvre hémorragique simienne » ou SHFV pour simian hemorrhagic fever virus.
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+ Et de 2006 à 2008, une « maladie mystérieuse » (« neuropathie inflammatoire progressive ») se développe dans les abattoirs nord-américains. Elle est associée à une inflammation de la moelle épinière (causant fatigue, douleurs, picotements et engourdissements dans les bras et les jambes…) touche les ouvriers d'abattoirs, notamment ceux qui sont chargés de la découpe des têtes[52].
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+ La production mondiale de porcs est en 2014 d’environ 109 millions de tonnes, soit 790 millions d’animaux. Elle a augmenté en 2015 de 3 %, sauf en Chine premier producteur mondial avec 49,8 % du marché mondial, en baisse de 3,5 %. La Chine est suivie par l'Union européenne avec 21,4 % de la production mondiale.
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+ La Chine et l'Union européenne (UE) sont les acteurs principaux des échanges mondiaux. En 2012, l'UE représentait 57,6 % des importations russes ; en 2015 c'est le Brésil qui est devenu le premier fournisseur de la Russie (71,6 %). Malgré tout, l'Union européenne a retrouvé un marché à potentiel élevé en Asie dont la demande est de plus en plus élevée.
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+ La consommation individuelle régresse −7,6 % de 2005 à 2015, à mettre en regard d'une augmentation de la population de 5,4 %. De 2008 à 2014, si le cheptel de truies diminue, la productivité numérique augmente de 1,5 %. En 2015 le cheptel de truies baisse de 0,05 % ; le poids moyen du porc charcutier à la carcasse augmente de 1 kg, soit une augmentation de 1,1 % TEC (Tonnes Équivalent Carcasse).
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+ Traditionnellement, chaque foyer de paysans élevait quelques porcs pour son alimentation et ces porcs divaguaient librement aux abords de la ferme. Ils se nourrissaient souvent seuls, avec ce qu’ils pouvaient trouver en fouinant la terre avec leur groin, à la recherche de vers, de racines et de détritus en tous genres. Les naissances avaient lieu au printemps, ce qui permettait de les engraisser à l’automne avec les glands et les châtaignes.
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+ Cet élevage extensif a été pratiqué dans les pays méditerranéens dès l'antiquité, un porcher conduisant les porcelets sevrés et les jeunes à la glandée. Les porcs plus âgés étaient resserrés en permanence dans des enclos et nourris « à la main ». À la saison des châtaignes, olives, etc., toutes les bêtes étaient tenues éloignées des arbres.
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+ De nos jours, la conduite des porcs en plein air consiste à élever des porcs toute l’année à l’extérieur sur une prairie et à les loger dans des cabanes, ou bauges, adaptées. Un treillis lourd constitue l’enceinte extérieure du site de production, un couvert végétal résistant assure la couverture du sol, des abreuvoirs adaptés fournissent l’eau potable et des zones ombragées limitent les effets néfastes des chaleurs excessives. En élevage, les truies sont séparées, par stade physiologique et par bande, avec des clôtures électriques. La prairie est divisée en parcs de gestation et de maternité dont le nombre est fonction de la taille de l’élevage et du type de conduite en bandes. Les cabanes sont posées à même le sol.
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135
+ Les porcelets sont classiquement sevrés à 28 jours d’âge (en mode de production biologique, ils le sont plus tard). À ce stade, ils peuvent rejoindre le mode de production en porcherie ou poursuivre leur vie au grand air pour six semaines de post-sevrage et quatre mois d’engraissement. Au sevrage, les truies bouclées au groin sont transférées en bâtiment d’insémination. Elles passent ainsi toute leur vie à l’extérieur, sauf durant la courte période qui va du sevrage des porcelets au diagnostic de gestation. Engraissés en plein air, les porcelets sont logés dans des cabanes adaptées et ont accès librement à une prairie. Des exigences de production particulières sont dictées par le cahier des charges de la filière à laquelle les porcs sont destinés. Une attention spécifique est accordée à la mise à jeun. Ils sont abattus à un poids généralement plus élevé que dans la filière classique.
136
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137
+ En Belgique, la dénomination « Le Porc Plein Air »[53] est attribuée comme signe de qualité officiel pour les porcs élevés sur base de ce mode de production. Il existe aujourd'hui trois filières en France qui pratiquent ce mode d'élevage « en plein air », spécifié par les marques agroalimentaires suivantes : Porc d'Auvergne, Porc du Sud-Ouest et Porc de Vendée.
138
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+ L'élevage intensif consiste à regrouper les porcs dans des bâtiments appelés « engraissement » munis de grandes pièces avec plusieurs cases. Ces pièces sont chauffées par les porcs eux-mêmes sauf pour les jeunes porcelets qui nécessitent un chauffage d'appoint généralement un chauffage mobile à fioul ou au gaz. Pour réguler la température suivant l'âge des porcs (généralement de 27 °C pour les plus jeunes à 21 °C pour ceux en fin d'engraissement), on utilise des ventilateurs régulés rejetant le surplus d'air chaud. Le bien-être animal dans les élevages de porcs est régi dans l'Union européenne par la directive du conseil 91/630/EEC[54], transposée en droit français par l'arrêté ministériel du 16 janvier 2003 établissant les normes minimales relatives à la protection des porcs[55]. Ces réglementations prévoient qu'un porc de plus 110 kg dispose de 1 m2 de surface d'élevage, un porcelet de 0,15 m2. Pour éviter que les porcs se mutilent entre eux, en particulier la queue, cette dernière peut être coupée et les dents (appelés coins) des jeunes porcelets meulées ou coupées. De même les porcelets mâles sont castrés à vif, avant l'âge de 7 jours. C'est pourquoi, la grande majorité des éleveurs castrent leurs porcelets à vif avant l'âge de 7 jours, afin de réaliser des économies de temps et d'agent.
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+ À l'automne 2010, un groupe de réflexion mis en place par la Commission européenne sous l'autorité de la Direction générale de la Santé et des consommateurs fait des recommandations de principe sur la castration des porcs: à compter du 1er janvier 2012, la castration chirurgicale devra se faire, le cas échéant, avec analgésie et/ou anesthésie prolongée au moyen de méthodes mutuellement reconnues ; dans un deuxième temps, la castration chirurgicale devra être abandonnée le 1er janvier 2018 au plus tard[56].
142
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+ En France, 85 % des porcelets mâles subissent la castration à vif, soit plus de 27 000 chaque jour et 10 millions chaque année[57].
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+ Concernant l'alimentation, les deux types de méthodes les plus souvent employés sont l'alimentation par soupe ou l'alimentation par aliments secs. Ces derniers sont utilisés pour les porcelets après sevrage puis vient la soupe pour l'engraissement intensif. L'alimentation multiphase consiste à donner plus d'azote aux animaux selon les périodes pour éviter les gaspillages et limiter les pollutions. On apporte ainsi plus d’azote aux truies reproductrices pendant la lactation, et moins pendant la gestation. L'alimentation comprend de même plus d’azote pour les porcs charcutiers en phase de croissance, quand ils passent de 25 à 70 kilogrammes et elle devient moins riche pendant la « finition ».
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+ Bien que naturellement omnivore, les porcs de ce type d'élevage ne consomment que des végétaux (soja, maïs, etc.). Les porcs qui vivent en liberté ne doivent pas approcher le poulailler car ils se nourriraient des volailles.
148
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149
+ Le leader mondial de l'abattage de porcs est, en 2007, le groupe américain Smithfield, qui a racheté en 2006 les marques Aoste, Justin Bridou et Cochonou[58].
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151
+ Les principaux groupes d'abattage de porcs sont, en Europe en 2007[58] :
152
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+ En 1999, les échanges internationaux de viandes de porc (hors échanges intracommunautaires) ont porté sur 6,4 millions de tonnes équivalent carcasse (TEC représentant les viandes et produits transformés). En 2004, les principaux exportateurs mondiaux de viande de porc sont dans l’ordre d’importance l’Europe (Danemark, Pays-Bas, France), le Canada, le Brésil, les États-Unis. Cette situation pourrait évoluer dans les prochaines années pour voir la part des exportations européennes diminuer au profit du Brésil, du Canada et des États-Unis.
154
+
155
+ Les principaux pays importateurs de viande de porc sont le Japon et la Corée du Sud, importations en provenance d’Europe et du Canada. La Chine (et Hong Kong) premier producteur mondial de cochons, mais dont les besoins sont en augmentation constante du fait de l’amélioration du pouvoir d’achat des populations. La Russie dont le système de production est encore incapable d’assurer les besoins qui sont également en augmentation [réf. nécessaire], les importations proviennent du Brésil et d’Europe. Les États-Unis, dont les besoins sont couverts principalement par la production canadienne.
156
+ Le Mexique est également importateur de viande de porc en provenance des États-Unis et du Brésil.
157
+
158
+ Carcasses bouchères : En France, la viande de marque Porc d'Auvergne est enregistrée comme « indication géographique protégée » (IGP) en 2011[59]. Cette IGP garantit au consommateur que les produits agroalimentaires sont issus de porcs nés, élevés en plein air et abattus en Auvergne ou dans certains départements voisins. Le nom officiel de l'indication protégée au niveau européen est « Porc d'Auvergne[60] », mais on le trouve couramment sous la forme « porc fermier d'Auvergne » bien que les volumes produits soient conséquents et transformés par l'industrie agroalimentaire. L’IGP pour la viande Porc du Sud-Ouest est enregistrée à la Commission européenne le 9 mai 2013 après dépôt d'un dossier le 7 novembre 2011 avec publication le 8 juin 2012[61]. La viande de marque Porc de Vendée bénéfice de l'IGP depuis 1998.
159
+
160
+ Races porcines : La race de porc Nustrale dite aussi Corse, a été reconnue en 2006 [62].
161
+
162
+ Dans beaucoup de cultures, le cochon et la viande de porc sont chargés de très fortes connotations symboliques.
163
+
164
+ Dès le Néolithique, on rencontre des représentations de sangliers, souvent sur des objets associés à la chasse[63]. Mais les représentations et les usages du cochon domestique varient ensuite beaucoup selon les cultures.
165
+
166
+ Au Proche-Orient, le statut du porc varie ; apprécié dans certaines cultures (chez les Akkadiens[64], les Moabites, les Ammonites), il est tabou dans d'autres, soit en raison de sa sacralité (pour les Crétois), soit en raison de son impureté (chez les Hébreux par exemple).
167
+
168
+ Dans le monde grec, comme plus tard chez les Romains, les Germains et les Gaulois, le porc ne subit pas de tabou : il est à la fois un animal consommé et sacrifié, notamment en l'honneur de Déméter ou de Cérès. Le sacrifice sanglant d'un cochon disparaît cependant au fil du temps, au profit de l'offrande de viande cuite[63]. Selon les auteurs latins, le cochon est parfois associé à la fécondité et à l'intelligence (Varron, Traité d'agriculture) ou au « plus stupide des animaux », capable de dévorer ses petits, et par nature fragile (Pline l'Ancien, Histoire naturelle)[63].
169
+
170
+ « Les mâles n'engendrent pas au-delà de trois ans. Les femelles affaissées par la vieillesse s'accouplent couchées; quelquefois elles dévorent leurs petits, sans que cela soit considéré comme un prodige. […] On pense que le porc meurt promptement quand il perd un œil. La vie de cet animal va jusqu'à quinze ans, quelquefois jusqu'à vingt; mais il est sujet à devenir furieux, et est exposé à diverses maladies, surtout à l'angine et à la ladrerie[65]. »
171
+
172
+ Le cochon peut aussi prendre une connotation négative dans l'Odyssée, lorsque Circé transforme les compagnons d'Ulysse en pourceaux[66].
173
+
174
+ En Égypte antique, le cochon est consommé par les fermiers sédentaires de la vallée du Nil jusqu'au milieu du IIe millénaire av. J.-C. Sa consommation semble ensuite abandonnée, afin de le réserver au culte d'Osiris. Le porc prend peu à peu une connotation négative, puisqu'il est ensuite associé au dieu mauvais Seth, parfois représenté sous la forme d'un porc noir dévorant la lune[63].
175
+
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+ La truie est l'animal dans laquelle est représentée souvent la déesse Nout, déesse du ciel.
177
+
178
+ L'interdit judaïque est exprimé à plusieurs endroits dans la Torah et les Nevi'im :
179
+
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+ « 7. Toutefois, parmi les ruminants et parmi les animaux à sabot fourchu et fendu, vous ne pourrez manger ceux-ci : le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent mais n'ont pas le sabot fourchu ; vous les tiendrez pour impurs.
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+ 8. Ni le porc, qui a bien le sabot fourchu et fendu mais qui ne rumine pas : vous le tiendrez pour impur. Vous ne mangerez pas de leur chair et ne toucherez pas à leurs cadavres. »
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+
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+ — Deutéronome, XIV, 7-8[67]
184
+
185
+ « Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur. »
186
+
187
+ — Lévitique, XI, 7[68]
188
+
189
+ « 2. J’étendais mes mains tout le jour vers un peuple rebelle, vers ceux qui marchent dans la voie mauvaise, au gré de leurs pensées ;
190
+ 3. vers un peuple qui me provoquait, en face, sans arrêt, sacrifiant dans les jardins, brûlant de l’encens sur des briques, se tenant dans les sépulcres,
191
+ 4. et passant la nuit dans des cachettes ; mangeant de la chair de porc et des mets impurs dans leurs plats,
192
+ 5. disant : « Retire-toi ! Ne m’approche pas, car je suis saint pour toi ! » Ceux-là sont une fumée dans mes narines, un feu qui brûle toujours. »
193
+
194
+ — Isaïe, LXV, 2-5
195
+
196
+ « 3. Celui qui immole un bœuf tue un homme ; celui qui sacrifie une brebis égorge un chien ; celui qui présente une oblation offre du sang de porc ; celui qui fait brûler l’encens bénit une idole. Comme ils choisissent leurs voies, et elle leur âme se comptait dans leurs abominations,
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+ 4. moi aussi je choisirai leur infortune, et je ferai venir sur eux ce qu’ils redoutent, parce que j’ai appelé, et personne n’a répondu ; j’ai parlé, et ils n’ont pas entendu ; ils ont fait ce qui est mal à mes yeux, et ils ont choisi ce qui me déplaît. […]
198
+ 17. Ceux qui se sanctifient et se purifient pour aller dans les jardins, derrière celui qui se tient au milieu, ceux qui mangent de la chair de porc, des mets abominables et des souris, périront tous ensemble, —oracle de Yahweh »
199
+
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+ — Isaïe LXVI, 3-4 et 17[69]
201
+
202
+ Cet interdit a été souvent étudié, et plusieurs hypothèses, qui peuvent se recouper, ont été proposées pour l'expliquer.
203
+
204
+ Certaines sont d'ordre hygiénique : le porc aurait une alimentation impure, se nourrissant de déchets, voire de ses propres excréments (dès le XIIe siècle, Maïmonide a produit plusieurs exégèses à ce sujet) ; plus récemment[70], certains ont pensé que la viande de porc serait difficile à digérer et facilement malsaine dans les pays chauds. Ces explications sont anachroniques : elles relèvent d'une vision hygiéniste et rationnelle des maladies qui date au mieux du xixe siècle.
205
+
206
+ Michel Pastoureau souligne que, dans les régions orientales, cultures consommatrices et non-consommatrices se côtoient et que, dans certains pays chauds éloignés du Proche-Orient (Insulinde, région de l'océan Pacifique), le porc est une nourriture licite et saine. Pour lui, les raisons du tabou judaïque sont d'ordre symbolique et social : toute société possède des interdits, tellement courants qu'ils deviennent inconscients ; c'est le cas, dans les sociétés occidentales, des interdits sur la consommation de chat ou le chien. Dans le judaïsme, les interdits portent d'ailleurs sur un bestiaire bien plus vaste : lapin, cheval, âne, chameau, escargot, crevette, certains oiseaux. Ces arguments sont repris par Olivier Assouly, qui considère que « la différence entre le permis et l’illicite cherche à marquer l’obéissance à la loi divine »[71].
207
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208
+ Dans De la souillure[72], l'anthropologue britannique Mary Douglas propose que le tabou est une « anomalie » ; ainsi le porc, par bien des aspects, est presque humain, mais il n'est pas humain ; c'est presque un ruminant, mais ce n'est pas un ruminant. Il constitue une sorte d'exception dans la création divine et sa proximité avec l'humain le rend particulièrement tabou.
209
+
210
+ Historiquement, le fait que le porc ait été un animal sacrificiel chez les Cananéens, prédécesseurs des Hébreux en Palestine, aurait pu pousser à l'interdit. Les Hébreux auraient ainsi cherché à distinguer leur religion des cultes concurrents, et, en insistant sur l'impureté du porc, se démarquer comme des champions de la pureté. Dans la Bible en effet, l'interdit du porc est expliqué par le fait qu'il échappe aux critères de classification : il a le sabot fendu, mais il ne rumine pas[63].
211
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212
+ Le fait que le porc soit un animal peu apte aux pratiques pastorales des nomades (il ne peut pas suivre les déplacements comme des chèvres ou des dromadaires), que son élevage nécessite une eau et une nourriture abondantes, a pu également jouer un rôle[73].
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214
+ Dans un domaine plus symbolique, Salomon Reinach propose une explication totémique[74]: le porc serait le totem des ancêtres des Hébreux, et serait donc devenu tabou. Cette explication, à tendance freudienne, a été abandonnée, car elle s'appuie sur des pratiques inconnues au Proche-Orient[63]. Pastoureau note également le tabou qui existe quant au sang dans les sociétés sémitiques, sensible aux rites de mise à mort rituelle des animaux. Au paradis terrestre, Adam et Ève semblent suivre un régime strictement végétarien[63].
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216
+ L'interdit relatif au porc dans le judaïsme se trouve dans le Tanakh donc dans l'Ancien Testament. Pourtant la consommation de porc n'est pas interdite dans le christianisme, à l'exception de l'Église adventiste du septième jour[75] et de l'Église éthiopienne orthodoxe[76]. La non-interdiction du porc prend sa source dans plusieurs versets du Nouveau Testament, qui lèvent l'interdit alimentaire juif. Ainsi, dans l'Évangile selon Matthieu :
217
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218
+ « Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille l'homme. »
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+ — Matthieu XV, 11[77]
221
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222
+ « Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, puis est jeté dans les lieux secrets ? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme. »
223
+
224
+ — Mathieu XV, 17-20[77]
225
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226
+ Les versets Marc VII, 15 ; Marc VII, 18-23[78] sont similaires. De plus, dans les Actes des Apôtres alors que Pierre veut manger il entend une voix qui lui dit : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur (Actes des Apôtres X, 15[79]). »
227
+
228
+ Toutefois, Matthieu rapporte une anecdote dans laquelle Jésus enferme des démons dans des pourceaux, ce qui témoigne des considérations négatives sur le porc dans le Nouveau Testament[80].
229
+ C'est également dans Matthieu (VII, 6) que se trouve l'expression « jeter des perles aux pourceaux », qui signifie alors « dilapider inconsidérément ses biens spirituels[81] ». De même, Luc rapporte que le fils prodigue, après avoir dilapidé tout son bien, est contraint de devenir gardien de cochons[63].
230
+
231
+ Dans les premiers siècles du christianisme oriental, des iiie siècle au ve siècle, l'action des propagandistes de la nouvelle foi relevait autant de l'évangélisation que de la lutte contre le judaïsme dont il fallait se démarquer. La recommandation à consommer de la viande de porc était ainsi une incitation à distinguer les nouveaux convertis de la vieille foi hébraïque.
232
+
233
+ Au Moyen Âge, prédicateurs et théologiens ont considéré le cochon comme un attribut du diable ; comme lui, le diable grogne et se vautre dans l'ordure. Cette image du porc lié à l'enfer existe déjà sur quelques chapiteaux romans, mais prend son essor essentiellement à la période gothique. Le porc est aussi parfois associé aux Juifs et à la Synagogue. Il peut personnifier plusieurs vices, comme la saleté, la gloutonnerie et la colère[63]. Dès le XIIIe siècle, un homme débauché est un porc[82]. Cette image perdure longtemps après le Moyen Âge.
234
+
235
+ Plus tardivement, entre le XVe et le XVIIe siècle, le porc a été associé, après le bouc, l'âne et le chien, à la luxure, bien que le mot de verrat soit en toute logique plus approprié. En 1503-1504, Jérôme Bosch, dans le panneau l'enfer du Jardin des délices, représente une truie vêtue en nonne, enlaçant un homme nu, mais le terme de « cochonnerie » en prend son sens actuel en français qu'à la fin du XVIIe siècle[63]. Par dérision, il arrive que le prix «remporté» par le dernier arrivé d'une compétition, telle que le palio en Italie ou des course de chevaux à Ulm (par le Pritschenmeister (de)) ou à Strasbourg soit un cochon [83]. Un jeu moqueur, impliquant des aveugles et un cochon, existait dans de nombreuses villes européennes au XIVe et XVe siècle, de Lübeck à Paris [83].
236
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237
+ Ces connotations négatives peuvent s'expliquer par la couleur sombre du pelage du porc[84], ainsi que par certains traits comportementaux, particulièrement sa goinfrerie, son aptitude à se nourrir d'ordures et de charognes. Les créatures omnivores (le corbeau, le renard, l'ours, voire l'être humain) sont ainsi souvent considérées comme impures. Sa mauvaise vue et sa tendance à se vautrer dans la boue sont d'autres éléments vus négativement. Toutefois, l'image d'un bon cochon émerge aussi quelquefois dans l'iconographie des saints. Dans l'iconographie de saint Antoine, le cochon apparaît à partir du XIIIe siècle comme un compagnon du saint, sans doute sous l'influence de l'ordre des Antonins, spécialisés dans l'élevage des cochons, qui fournissaient de la viande aux indigents et un lard passant pour bénéfique aux malades[63]. Saint Blaise est aussi parfois représenté accompagné d'un pourceau. Un de ses miracles serait d'avoir poussé un loup à rendre son pourceau à une vieille femme qui, pour remercier le saint, lui apporta dans son cachot les pieds et la tête du porc rôtis[85]. Par ailleurs, le porc (qui, à l'époque, ressemblait davantage au sanglier) est vu comme un animal fort et courageux ; certains nobles le prenaient ainsi pour emblème sur leurs armoiries, et une version du Roman d'Alexandre raconte la mise en fuite d'éléphants du roi Porus par des cochons sauvages [86].
238
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239
+ Dans le calendrier républicain, le « Cochon » était le nom attribué au 5e jour du mois de frimaire[87].
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+ Le cochon prend aussi, au fil du temps, des connotations plus positives, liées à la fécondité et à la prospérité, en raison notamment de la grande fécondité de la truie et de son cycle de gestation : trois mois, trois semaines et trois jours, un chiffre déjà mentionné par Aristote, et que les hommes du Moyen Âge ont relevé comme un cycle arithmétiquement parfait. L'idée ancienne que la possession d'un cochon garantit de la pauvreté a entraîné la naissance, au XVIIIe siècle en Angleterre, des tirelires en forme de cochon, ou piggy banks. L'idée du cochon porte-bonheur existe aussi largement dans les pratiques alimentaires (gâteaux, friandises) et dans les expressions : « avoir une chance de cochon », « Schwein haben », « un colpo di porco[63] »… Un lien a également été établi entre enfants et cochons, sensible dans la légende de saint Nicolas (le boucher jette les enfants au saloir comme de vulgaires pourceaux) puis à partir de la fin du XIXe siècle dans la littérature pour jeunesse, les jouets, les manèges, puis le cinéma. Le cochon est alors représenté comme un porcelet rose, joyeux et dynamique, largement humanisé (bipédie, parole, activités, etc.)[63].
242
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243
+ Cette figure archétypale est présente dans de nombreux personnages de dessin animé et de bande dessinée : Porky Pig l'ami bègue de Daffy Duck, Miss Piggy la cochonne amoureuse de la grenouille Kermit dans le Muppet Show, Porcinet le copain de Winnie l'ourson, Les Trois petits cochons, Babe, etc.
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+ En ce qui concerne l'islam, dans le Coran comme dans les hadiths, le porc est le seul animal clairement désigné comme interdit.
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+ « 3. Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui de Dieu, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d'une chute ou morte d'un coup de corne, et celle qu'une bête féroce a dévorée - sauf celle que vous égorgez avant qu'elle ne soit morte -. (Coran, V, 3). »
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+ Il existe toutefois des exceptions :
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+ « 172. Ô les croyants ! Mangez des (nourritures) licites que Nous vous avons attribuées. Et remerciez Dieu, si c'est Lui que vous adorez.
252
+ 173. Certes, Il vous est interdit la chair d'une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre que Dieu. Il n'y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni transgresser, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. (sourate II 172-173) »
253
+
254
+ L'impureté du porc est reprise dans l'histoire de Shaykh San'an, racontée par Farîd ud-Dîn 'Attar, dans le Langage des oiseaux, ouvrage mystique en persan. Le Shaykh est poussé hors de la voie de Dieu par son amour pour une jeune grecque, qui l'humilie en lui faisant garder des pourceaux pendant une année.
255
+ « Le Schaïkh ne détourna par la tête de l'ordre de sa belle ; car s'il l'eût détournée, il n'aurait pas trouvé ce qu'il recherchait. Ainsi donc, ce schaïkh de la Caaba, ce saint et grand personnage, se résigna à garder les pourceaux pendant une année.
256
+ Dans la nature de chacun de nous il y a cent pourceaux ; il faut devenir pourceau ou prendre le zunnâr[88]. »
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258
+ Comme pour le judaïsme, l'interdit islamique touche au tabou du sang[réf. nécessaire].
259
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260
+ Dans la mythologie hindoue, la figure du porc (ou du sanglier, les Indiens ne font pas la différence) est celle d'un avatar/descente du Seigneur Vishnou, sous le nom de Varâha, tuant un démon voulant noyer la Déesse Terre, épouse cosmique de Vishnou.
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262
+ Dans le bouddhisme tibétain, le porc représente l’ignorance, avidya, responsable de toute la misère du monde.
263
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264
+ Pour les peuples chinois et vietnamien, le porc est au contraire un symbole de prospérité et d’abondance. Le calendrier zodiacal chinois comporte une année du cochon (亥 hài : 12e des 12 rameaux terrestres [porc]) : les natifs de ce signe sont dits patients, fondamentalement équilibrés et bien disposés envers leur prochain. Dans Le Voyage en Occident, un des compagnons du moine Xuanzang est le cochon Zhu Bajie.
265
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266
+ L'élevage des porcs apparaît anciennement en Océanie, associé notamment dans les îles Fidji aux poteries lapita[89]. Le cochon est souvent associé à des pratiques culturelles et artistiques. Dans le nord du Vanuatu, à Malekula notamment, l'incisive supérieure des cochons était cassée pour permettre à l'inférieure de pousser en spirale, formant parfois deux ou trois cercles. Nourri à la main, le verrat devenait « une réserve d'« âme masculine » et cette substance devait passer au sacrificateur de l'animal lorsque celui-ci était tué. Ces sacrifices permettaient aux hommes d'acquérir sainteté, titres et emblèmes de leurs rangs et d'atteindre les plus hauts grades […]. L'identification entre le verrat et son propriétaire était si forte que l'on incorporait les défenses de l'animal aux têtes à son effigie ou à celle de son sacrificateur, également décorées de dessins de cochons[89] ». Des compétitions peuvent exister entre jeunes garçons concernant l'élevage des cochons.
267
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268
+ À Ambae, les cochons hermaphrodites étaient obtenus par sélection pour incarner l'union des pouvoirs masculins et féminins[89]. Dans certaines sociétés, les porcs et les enfants peuvent être élevés ensemble. En Nouvelle-Guinée, des photographies ethnologiques des années 1930 montrent des femmes allaitant simultanément un enfant et un porcelet[63]. Dans la chaîne de montagnes au centre de la Nouvelle-Guinée, les habitants célèbrent tous les vingt ans une « fête du Cochon », qui peut durer plusieurs années. Elle commence par des rites destinés à favoriser l'engraissement des cochons et des échanges de porcs et d'ornements destinés à la fête. La dernière année est marquée par des danses puis par le sacrifice d'une grande partie des porcs, dont la viande est consommée et distribuée[90].
269
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270
+ Selon Pierre Magnan,
271
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272
+ « Le cochon est l’animal le plus proche de l’homme. Il le nourrit mais il lui en laisse tout le remords. On peut avoir la conscience tranquille après avoir occis un agneau ou un veau, mais jamais un cochon. Chaque soir, quand apparaît sur la soupe épaisse la couenne du lard, c’est comme si le cochon de l’année venait vous parler de sa gentillesse. »
273
+
274
+ Dans son roman Le Père de nos pères, Bernard Werber imagine même le cochon comme ancêtre lointain de l'homme. Les xénogreffes donnent, sinon du corps, du moins un prétexte amusant à cette hypothèse[91].
275
+
276
+ Dans son roman Truismes, Marie Darrieussecq raconte la transformation progressive de la narratrice en truie. Dans une veine semi-fantastique, une critique latente de la politique et du statut d'une femme dans la société émerge du récit.
277
+
278
+ Un alexandrin français, qui serait dû à Charles Monselet[92] ou à Auguste Préault[93], affirme que « tout homme a dans son cœur un cochon qui sommeille », sans expliquer toutefois comment le réveiller.
279
+
280
+ Félicien Rops écrit à propos de La Dame au cochon - Pornokrates :
281
+
282
+ « Ma Pornocratie est faite. Ce dessin me ravit. Je voudrais te faire voir cette belle fille nue chaussée, gantée et coiffée de noir, soie, peau et velours, et, les yeux bandés, se promenant sur une frise de marbre, conduite par un cochon à « queue d'or » à travers un ciel bleu. Trois amours — les amours anciens — disparaissent en pleurant […] J'ai fait cela en quatre jours dans un salon de satin bleu, dans un appartement surchauffé, plein d'odeurs, où l'opopanax et le cyclamen me donnaient une petite fièvre salutaire à la production et même à la reproduction. »
283
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284
+ — Lettre de Félicien Rops à H. Liesse, 1879[94]
285
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+ Voir aussi Idiotisme animalier.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le mot Roms (parfois écrit Rroms[3]) désigne en français un ensemble de populations établies dans divers pays du monde et ayant, à origine, une culture et des origines communes dans le sous-continent indien[4], également dénommées par les exonymes Tziganes / Tsiganes, Gitans, Bohémiens, Manouches ou Romanichels (chacun de ces noms ayant sa propre histoire) ou encore « gens du voyage » par confusion ou par vision fantasmée (l'immense majorité étant sédentaire). Leurs langues initiales font partie du groupe, issu du sanskrit, parlé au nord-ouest du sous-continent indien, et qui comprend aussi le gujarati, le pendjabi, le rajasthani et le sindhi. Minoritaires sur une vaste aire géographique entre l'Inde et l'océan Atlantique, puis sur le continent américain, les élites lettrées de ces populations ont adopté comme endonyme unique le terme Rom, signifiant en langue romani « homme accompli et marié au sein de la communauté »[5]. Deux autres dénominations, les Sintis et les Kalés, sont considérées tantôt comme des groupes différents des Roms[6], tantôt comme inclus parmi ces derniers[7].
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+ Selon Ian Hancock, contrairement aux Kalés et aux Sintis, tous originaires du nord de l’Inde, les Roms seraient plus précisément issus de la ville de Cannouge (Uttar Pradesh)[8], d'où les armées de Mahmoud de Ghazni les auraient déportés en 1018. Quoi qu'il en soit, ils sont présents en Europe dès le XIe siècle[9], et au XXIe siècle, les roms de tous les pays formeraient ensemble, selon une étude faite en 1994 pour le Conseil de l'Europe, la minorité « la plus importante en termes numériques »[10].
10
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11
+ Le terme de « Rom » est adopté par l'Union romani internationale (IRU) lors du premier Congrès international des Roms (Londres, 1971) qui a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel, et a officialisé la dénomination « Rom »[11].
12
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13
+ Depuis cette date, beaucoup de Roms se désignent ou sont désignés par les noms rom (masculin), romni (féminin), roma (masculin pluriel) et romnia (féminin pluriel) qui selon Bordigoni signifient « hommes et femmes mariés et parents faisant partie d'un groupe de voyageurs, Gitans ou Tsiganes »[12], par opposition à gadjo (masculin), gadji (féminin) et gadjé (masculin pluriel), qui désignent tous les individus étrangers à la population rom, les « autres ». Les Gitans de la péninsule ibérique disent payo (masculin), paya (féminin), payos (masculin pluriel) à la place de gadjo, gadgi et gadjé, que les Gitans de France désignent aussi avec les mots paysan et paysanne[12].
14
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15
+ Par ailleurs, des journalistes de The Economist ont reçu une brochure au pavillon « Rom »[13] de la Biennale de Venise 2007, qui excluait de ce terme « les Sintis, les Romungrés, les Gitans, les Manouches , etc.[14][source insuffisante]. Lorsqu'ils sont entendus dans leur sens étroit de sous-groupes qui s'excluent les uns des autres, ces différents termes posent des problèmes étymologiques, car on ne peut prouver de manière indiscutable leur filiation par rapport à « Sind », à « Égyptiens » et aux « Manouches ». Cette notion de Rom au sens le plus restreint est également celle utilisée par le site internet de Larousse[15].
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17
+ Une hypothèse propose que le mot Rom dériverait du nom du Dieu Rāma (nom d'un Avatâr de Vishnou)[16]. Une étymologie remontant au mot sanskrit Dom, dont la signification elle-même pose problème et qui désigne une population de basse caste en Inde, a également été proposée par Ian Hancock[17], mais il la réfute lui-même en arguant de la « distance génétique » entre Roms et divers groupes de populations indiennes[17].
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19
+ Les Roms sont désignés en France par d'autres noms traditionnels ou familiers, selon les pays d'où ils sont supposés venir : « Bohémiens », originaires des régions de la Bohême ; « Gitans », originaires d'Égypte, appellation traditionnelle très ancienne en France ; « Manouches » ; « Romanichels », originaires de l'Est de l'Europe, mentionnés dans la littérature au début du XIXe siècle, ils parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident ; « Tziganes » ; etc.
20
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21
+ D'autres appellations, d'origine scientifique, se sont diffusées récemment : Kalés (Gitans)[18], qui peuplent la péninsule Ibérique et l'Amérique latine et qui parlent le kaló, un mélange entre castillan ou catalan et romani ; Sintis (Manouches), qui peuplent l'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne...), qui parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident.
22
+
23
+ La nouvelle appellation administrative française gens du voyage, qui a remplacé celle de nomades, ne saurait être utilisée pour désigner les Roms, l'immense majorité de ceux-ci étant sédentaire[19],[20]. En outre l'appellation gens du voyage regroupe des personnes qui ne sont pas roms ou ne se reconnaissent pas roms.
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25
+ À diverses époques, la langue française a produit différents termes qui évoquent soit des sous-ensembles soit l'ensemble des populations rom :
26
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27
+ Jan Yoors (en), qui a vécu de nombreuses années au sein des Roms au cours des années 1930, décrit dans son ouvrage Tsiganes (paru en 1967) les différentes populations Roms telles qu'elles lui ont été présentées par les siens, membres de la tribu des Lovara. Tout d'abord, tous ne sont pas nomades et certains se fixent pour plusieurs générations en lieu donné, à l'instar des Cali ou Gitans d'Espagne (Calés) qui parlent une langue fortement influencée par l'espagnol ; on trouve également des tribus sédentaires en Serbie, en Macédoine, en Turquie et en Roumanie : ainsi, les Rudari ont « rompu tout lien avec leur passé » et ne parlent plus que roumain. Ensuite, il est fréquent que des vagabonds soient baptisés tsiganes alors qu'il s'agit uniquement « d'autochtones ayant pris la route » : ils sont certes nomades mais dans un périmètre restreint : ce sont par exemple les Yénische en Allemagne, les Shelta en Irlande ou les Tatars de Scandinavie. À ces populations se rajoutent ensuite les forains et les gens du cirque. Existe également une tribu apparentée aux Roms bien que très différente : les Sinti ou Manush : ce sont souvent des musiciens et des luthiers et ils se distingueraient des autres Roms par leur physionomie (plus petits et mats de peau), leur dialecte mâtiné d'allemand « pratiquement inintelligible aux autres tsiganes » ou encore leurs coutumes, comme le rite de l'enlèvement de la future épouse. Enfin, « les vrais Roms » se diviseraient uniquement en quatre grandes tribus : Lovara (Lovàris), Tshurara, Kalderasha (Kalderàšis) et Matchvaya. Ils diffèrent eux aussi par la langue, le physique, les métiers (les Lovara et les Tshurara étant marchands de chevaux et se déplacent donc en roulotte ; les Kalderasha, les plus nombreux, sont chaudronniers et dorment sous la tente). Tous se considèrent néanmoins comme des « races tsiganes » à part entière et évitent de se mélanger[48].
28
+
29
+ Selon Jean-Pierre Liégeois, « les Tsiganes forment une mosaïque de groupes diversifiés et segmentarisés dont aucun ne saurait représenter un autre »[49].
30
+ Marcel Courthiade a proposé en 2003 une classification qui se caractérise notamment par le refus de la dichotomie « Vlax/non-Vlax » faite par d'autres linguistes[50] ; le terme « Vlax » provient du mot « Valaques » désignant, à l'origine, les locuteurs des langues romanes orientales, mais dont le sens a été ultérieurement élargi à beaucoup de populations nomades des Balkans (voir l'article Valaques). Les linguistes qui s'y réfèrent désignent par « Vlax » les groupes utilisant des mots empruntés aux langues romanes orientales, ou censés avoir transité par les régions valaques.
31
+
32
+ Sans que l'on puisse le démontrer formellement faute d'archives écrites, les noms de ces groupes (appelés endaja en langue romani, que l'on peut traduire par « clans ») ressemblent :
33
+
34
+ Selon Marcel Courthiade, on peut répartir les endajas dans les cinq ensembles ci-dessous, identifiés d'après les formes de la langue romani[50] :
35
+
36
+ De nombreux contes poétiques de la tradition orale circulent sur l'origine des Roms et font partie de leurs traditions. Ils en font des descendants de la divinité hindoue Rāma, ou encore de Rāmachandra, avatar de Vishnou, de Cham fils de Noé, des mages de Chaldée, des Égyptiens de l’époque pharaonique, des manichéens de Phrygie, de la Marie-Madeleine biblique, d'une des tribus perdues d'Israël, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mamelouks, d’anciennes tribus celtes du temps des druides, voire des Mayas, des Aztèques, des Incas... La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Quant à la tradition écrite, un récit légendaire du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza al-Isfahani (en), reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi, fait état de migrations de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partant du Sind actuel vers la Perse[réf. souhaitée]. Plus récemment, les protochronistes ont fait remonter l'origine des Roms à Hérodote lequel mentionne une tribu du nom de Sigynnes (qui sont des Scythes pour les historiens[réf. nécessaire]).
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38
+ Les études linguistiques envisagent, vers la fin du XVIIIe siècle, des origines indiennes aux Roms. L'Inde du nord est aujourd'hui clairement identifiée comme la zone géographique d'origine des Roms, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[51].
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+ Selon les recherches en génétique de l'UWA, les caractéristiques génétiques de la population rom permettent de démontrer leur origine indienne et d'estimer que leurs origines remontent de 32 à 40 générations environ[52]. Les études génétiques montrent que tous les Roms européens sont les descendants d'un petit nombre de fondateurs (cinq lignées paternelles et 11 lignées maternelles représentant 58 % des individus étudiés ont été définies comme fondatrices des Roms européens)[53]. Cette ascendance Indienne est confirmée par la présence de hautes fréquences pour l'haplogroupe du chromsome Y H-M52 (de fréquence extrêmement faible parmi les populations non-Roms en Europe), pour les haplogroupes mitochondriaux M5, M18, M25 et M35 d'origine Indienne et par la présence de maladies génétiques spécifiques que l'on retrouve également en Inde et au Pakistan[53]. D'après les études portant sur les marqueurs autosomiques, le nord-ouest de l'Inde semble la patrie la plus probable des Roms européens, la période du départ de cette région étant évaluée à il y a environ 1 500 ans[53].
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+ Dans les recherches linguistiques, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[54], les rapproche du Sind et du Pendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Roms[54].
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+ Dans les recherches sociologiques, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la société brahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriers Rajputs (liés aux castes royales, équivalent hindou des samouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms comme Banjara, Doma, Lôma, Roma ou Hanabadosh (en hindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que les castes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[55].
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+ Probablement pour échapper au rejet de la société brahmanique, ces groupes pourraient avoir quitté le nord de l'Inde autour de l'an 1000 vers le plateau Iranien et l'Asie centrale, où on les appelle Kaoulis et Djâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Afghanistan, l'Iran, l'Arménie, le Caucase, le sud de l'ex-URSS et la Turquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des Mongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[56]. Avec la Horde d'or et Tamerlan, les Roms parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l'Égypte[57]. Des populations reconnues par d'autres Roms comme telles vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Deux directions migratoires sont connues : vers le sud-ouest et l’Égypte (Roms méridionaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Roms septentrionaux ou Zingares, mot venant peut-être d'une déformation du terme Sinti). Quoi qu'il en soit, au XIVe siècle, des Roms vassaux des Tatars atteignent les Balkans, et il semble que ce faisant, ils aient été marqués dès l'origine (puisque cette origine les « constitue » en tant que peuple) par le nomadisme et la dispersion. Au XVIe siècle, ils sont attestés en Écosse et en Suède. Vers le sud ils traversent en 1425 les Pyrénées et pénètrent dans ce qui deviendra l'Espagne en 1479. On ignore si des Roms ont jamais transité par l'Afrique du Nord, comme certains le pensent. Les preuves manquent.
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+ Ils sont Tsiganoi parmi les Byzantins (d'où Tsiganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés de langue anglaise. La plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
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+ L'histoire des Roms en Europe commence en 1416-1417, car c'est à cette époque que l'on trouve les premiers documents attestant de leur passage dans telle ou telle contrée (néanmoins, il est fort probable que de très petits contingents roms circulent en Europe dès le XIIe siècle[58]).
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+ Au XIVe siècle, des récits attestent pour la première fois de leur présence à Constantinople, en Crète, en Serbie, en Bohême, en Roumanie... Au siècle suivant, ils continuent d'avancer vers l'ouest.
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+ L'Empire byzantin en accueille un grand nombre dès le début du XIVe siècle, sous le nom d'Atsinganos (Ατσίγγανος, qui a donné Tsigane, Zigeuner, Zingari, Ciganos, etc.) ou de Gyphtos (déformation de Egyptios = égyptien). L'Empire est traversé par les pèlerins occidentaux se rendant en Terre sainte. Ces voyageurs les appellent alors Égyptiens (Egitanos, Gitanos, Gitans, Egypsies, Gypsies). De l'Empire byzantin (et ensuite ottoman) les Roms se dispersent sur les routes d’Europe, et au XVe siècle, la diaspora commence à être visible partout : Hongrie, Allemagne, jusqu'à la Baltique et en Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Mâcon, à Sisteron[59].
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+ En 1423, Sigismond Ier du Saint-Empire accorde à un certain Ladislav, chef d'une communauté tsigane, une lettre de protection qui permet à des familles d'émigrer depuis la Transylvanie vers la Hongrie[45],[60].
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+ Le 11 juin 1447, un contingent rom arrive en Espagne, en Catalogne, et se dirige vers Barcelone : la même légende[Quoi ?] y est racontée[61] ; d'autres clans roms plus nombreux s'éparpillèrent à leur tour sur ce territoire, tous avec un « duc » ou un « comte » de Petite Égypte à leur tête[61].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ D'après le Journal d'un bourgeois de Paris, le 17 août 1427, 100 à 120 hommes, femmes et enfants, qui se présentent en tant que chrétiens, pèlerins pénitents recommandés par le Pape, originaires d'Égypte, sont annoncés par une délégation à cheval qui demande l'hospitalité, et autorisés quelques jours plus tard à séjourner à La Chapelle Saint-Denis. Intrigués par leur apparence physique et vestimentaire, ou par leurs anneaux portés à l'oreille, des curieux accourent de Paris et des environs pour les voir, se prêtant parfois à la chiromancie qui leur est proposée. La rumeur leur prête également des tours de magie durant lesquels se vide la bourse des passants. L'évêque de Paris réagit en se rendant sur place avec un frère mineur qui prêche et convainc le groupe de repartir. Praticiens et clients de chiromancie sont excommuniés. Le groupe repart en direction de Pontoise début septembre[62].
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+ En Angleterre, les Roms arrivent en 1460[61] ; en Suède, en 1512[61] ; à la fin du XVIe siècle, en Finlande[61] ; et au début du XVIIe siècle, les premiers textes légiférant sur leur présence en Grande Russie sont réalisés[61]. En Russie méridionale, les Roms apparaissent sous les noms de Tataritika Roma, Koraka Roma et Khaladitika Roma soit « Roms des Tatars », « Roms Coraques » ou « Roms des Armées » qui témoignent de leur ancien statut d'artisans, éleveurs de chevaux, charrons, ferronniers, selliers ou éclaireurs auprès des Tatars, des caravaniers ou des Cosaques[63].
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+ À leur arrivée (historique) en Europe, au XVe siècle, les Roms furent en règle générale bien accueillis[64] ; ils obtinrent des protections qui leur permettaient de ne pas être inquiété par l'Inquisition, les groupes hérétiques gyrovagues étant les victimes privilégiées de l'Inquisition ; car c'est ce qu'ils étaient ostensiblement, précisément, mais leur politique fut toujours d'adopter en apparence la religion officielle, en s'accordant ainsi, en Europe occidentale, la protection du pape[65].
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+ Ils deviennent indésirables et tombent, dès la fin du XVe siècle, sous le coup de décrets qui vont de l’expulsion pure et simple à l’exigence de sédentarisation : ce ne sont pas les Tsiganes qui sont visés, mais les nomades. Les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés, envoyés aux galères ou dans les colonies, et même exécutés. La récurrence de ces mesures montre leur manque d’efficacité, sauf aux Pays-Bas, qui parviennent à tous les expulser au milieu du XIXe siècle.
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+ Les deux premiers documents attestant de la présence des Roms dans l'actuelle Roumanie sont des actes de donation de familles de robs roms à deux monastères, l'un de Vodița daté de 1385 et l'autre de Tismana daté de 1387, tous deux situés en Olténie dans l'ancienne Principauté de Valachie. La « robie », terme issu du mot slave robota : travail, est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage à un contrat féodal de servitude personnelle, appelée εργατεία ou υποτέλεια (ergatie, hypotélie) dans les documents phanariotes en grec, et différente de la δουλεία (esclavage proprement dit) qui existait aussi, pour les (rares) eunuques africains attachés au service des cours princières[67]. L’entrée de la plupart de Roms en « robie » est liée au recul de leurs anciens alliés les Tatars au XIVe siècle. Les Khans tatars cèdent alors leurs Roms au voïvode roumain victorieux, qui les distribue soit aux monastères de sa principauté, soit aux nobles, propriétaires terriens : les boyards. Ainsi en 1428, le voïvode moldave Alexandre le Bon fait don de 31 familles de Roms au monastère de Bistriţa en Principauté de Moldavie.
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+ Le « rob » pouvait être vendu et acheté, mais contrairement à l'esclave, il pouvait racheter lui-même sa liberté, et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Roms portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. En droit, les familles ne pouvaient pas être séparées sans leur propre accord, et un rob ne peut être puni sans le jugement d'un pope ; son témoignage ne vaut pas celui d'un homme libre mais est néanmoins enregistré ; les « robs » du voïvode ou hospodar (robi domnesti : « robs princiers ») sont libres d’aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit[68]. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysans serfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d’instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité (cas de Ștefan VIII, devenu voïvode de Moldavie). Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères[69].
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+ En France, dès 1666, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient, dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[70],[71].
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+ Les philosophes des Lumières ne se sont pas montrés particulièrement tendres avec les Bohémiens, à l'exception peut-être de Jean-Jacques Rousseau[72]. L'abbé Prévost ou Voltaire ont eu des mots assez durs, et Mallet, dans l'Encyclopédie, écrit comme définition pour Égyptiens : « Espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes ».
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+ Le 6 décembre 1802, le préfet des Basses-Pyrénées Boniface de Castellane fait arrêter en une seule nuit les Bohémiens des arrondissements de Bayonne et Mauléon (environ 500 personnes[73]) dans l'intention de les déporter en Louisiane[74],[75]. Mais la guerre maritime empêcha l'exécution de ce projet et ils furent progressivement remis en liberté[76]. Les femmes et les enfants furent répartis dans divers dépôts de mendicité en France et les hommes furent employés à divers grands travaux : canal d'Arles, canal d'Aigues-Mortes, construction de routes dans les départements des Hautes-Alpes et du Mont-Blanc[77]. La détention des personnes ainsi arrêtées s'étend sur une période de trois ans[78]. Après cet épisode, « tous sont revenus à leurs montagnes », estime Adolphe Mazure[74].
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+ Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions « humaines » pour les sédentariser, d’autant que les Roms acquièrent avec la Révolution et le mouvement romantique une image plus positive empreinte de liberté. En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu’ils revendent aussitôt à leurs voisins pour reprendre la route. L’échec de la plupart de ces politiques n’est pourtant pas une règle absolue, et une partie de la population nomade se sédentarise.
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+ Au Siècle des Lumières, l'Espagne a essayé brièvement d'éliminer le statut de marginal des Roms en tentant d'interdire l'emploi du mot gitano, et d'assimiler les Roms dans la population en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie. Cet effort fut vain.
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+ On rencontre, dans le nord des Vosges, dans le courant du XIXe siècle des familles manouches qui habitent des maisons dans les villages parfois depuis plusieurs générations, tout en maintenant leur spécificité culturelle. Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, leurs descendants se déplacent ensuite dans de nombreuses autres régions françaises, voire en Espagne ou en Amérique du Sud[79],[80].
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+ Depuis le XVIIIe siècle, des fils de boyards étudiants à Paris, initiés à l'esprit des Lumières et/ou en franc-maçonnerie, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, en Moldavie, le Hospodar Ioniță Sandu Sturza délie les Roms de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Roms sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Roms reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par la Révolution roumaine de 1848 et par Victor Schœlcher, le prince humaniste Alexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie et Valachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations (Constitution roumaine de 1923). Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[81]. Cette abolition de la robie a pour conséquence de faire émigrer les Roms Vlax en masse dans les pays voisins et dans le monde ; la plupart respectent leurs règles endogames et leur mode de vie nomade[53].
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+ L'immigration rom aux États-Unis commence avec la colonisation des Espagnols et les Roms étaient embarqués comme esclaves et certains s'échappèrent en arrivant aux Amériques avec de petits groupes en Virginie et en Louisiane[réf. nécessaire]. L'immigration à plus grande échelle commence dans les années 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : les Pavees) du Royaume-Uni et les Travellers de l'Irlande. Au début des années 1900 commence une importante vague d’émigration de Roms récemment émancipés de Russie, de Roumanie et de Hongrie vers de nombreux pays d’Europe. Tous ces Roms seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d’entre eux s’embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe des Kalderash (« Căldărași » = « Chaudronniers ») de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
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+ Au XXe siècle, les grandes vagues de migration cessèrent au moment de la Première Guerre mondiale.
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+ C’est, paradoxalement, la première moitié du XXe siècle, époque de libéralisation dans toute l’Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». En France, une loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, en 1912, à se munir d’un « carnet anthropométrique d’identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement. Marcel Waline dira en 1950 à propos de cette loi, en vigueur jusqu'en 1969, qu'elle constitue « un cas probablement unique dans le droit français (...) de législation appliquant à une certaine catégorie de gens, les nomades, un régime d'exception, rejetant cette catégorie hors du droit commun, et adoptant, pour opérer cette discrimination, un critère fondé sur un élément racial »[82],[83]. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec le Livret de circulation[84], dont la suppression est cependant programmée au terme d'une procédure législative entamée à l'Assemblée nationale en 2015[85]. Voir aussi ci-après la section « L'après-guerre ».
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+ La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théories eugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques[Quand ?][réf. nécessaire]. La Suisse et la Suède mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société. En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l’enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants des Yéniches (Tsiganes de Suisse, en allemand Jenische) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur des Enfants de la Grand-Route considère en effet les Yéniches comme génétiquement menteurs et voleurs. Non seulement on interdit aux parents biologiques de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975[86].
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+ Le génocide contre les roms est officiellement reconnu par l'Allemagne, seulement en 1982. Si le génocide contre les juifs porte le nom de shoah, celui des roms reste flou et selon les courants il s'appelle Porajmos, littéralement « engloutissement », ou Samudaripen, « meurtre total »[87]. De plus, il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, car bon nombre de victimes n'ont pas été comptées[88].
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+ En Allemagne, le Parti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu’Indo-européens, les Zigeuner ne sont pas considérés comme des Aryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux[89]. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d’en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés en Pologne, et enfin internés dans des camps de concentration sur ordre d’Himmler, puis assassinés dans des camps d'extermination.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, déportés à Auschwitz, à Jasenovac, à Buchenwald, entre 50 000 et 80 000 Tsiganes d'Europe sont morts des suites des persécutions nazies[90]. Les Tsiganes ont aussi participé à la résistance armée en France, en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne et en URSS.
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+ D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5000 Roms vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de froid, de faim et de dysenterie. Quelques habitants parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que la Shoah) en 2005.
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+ Durant la Première Guerre mondiale, tandis que les tsiganes alsaciens-lorrains de nationalité allemande sont internés en tant que civils ennemis, ceux de nationalité française qui circulent dans les zones de combat sont arrêtés sous divers motifs et internés au camp de Crest, de 1915 à 1919[92].
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+ Lorsque se déclenche la Seconde Guerre mondiale, la France n'attend pas l'occupation allemande pour prendre des mesures privatives de liberté à l'encontre des « nomades ». Le 16 septembre 1939, le préfet d'Indre-et-Loire les déclare « indésirables » dans le département et ordonne à la gendarmerie qu'ils « soient refoulés de brigade en brigade dans un autre département[93] ». Le 22 octobre 1939, le général Vary (sl), commandant de la 9e Région militaire, ajoute une interdiction de séjour en Maine-et-Loire et une interdiction de circuler dans les deux départements précités ainsi que dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne, la Charente, la Dordogne et la Corrèze, précisant quelques jours plus tard que la mesure s'applique également aux « forains »[94].
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+ Un décret-loi du 6 avril 1940 prohibe la circulation des nomades sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre et impose l'assignation à résidence. Officiellement, cette mesure vise à réduire les risques d’espionnage mais il s'agit en réalité de contraindre les « Tsiganes » à la sédentarisation[95]. Pour autant, les autorités se montrent réticentes à imposer l'internement à cause de la menace de reconstitution de bandes à l'intérieur des camps et pour ne pas imposer de charges trop lourdes à l'État. Ces réticences sont toujours de mise sous le régime de Vichy : seuls deux camps, le camp de Lannemezan et le camp de Saliers sont consacrés exclusivement à l'internement de « nomades » en zone sud[96].
115
+ En zone nord les Allemands sont à l'origine de l'internement des nomades[97]. Selon la thèse de l'historien Denis Peschanski publiée en 2002 et qui confirme son estimation de 1994[98], le nombre des Tsiganes internés une ou plusieurs fois entre 1940 et 1946 s'élève à 3 000[99]. D'autres chiffres ont été cités : Marie-Christine Hubert a cité en 1999 un minimum de 4 657 internés tsiganes en zone occupée et 1 404 en zone libre, en précisant que 90 % sont de nationalité française, et que 30 à 40 % sont des enfants[100]. Ce chiffre de 6 000 a été confirmé en 2009[101] et repris en 2010, par le secrétaire d'État aux anciens combattants Hubert Falco[102].
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+ L'ordonnance du Militärbefehlshaber in Frankreich du 4 octobre 1940 édicte que « les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement, surveillés par des policiers français »[103]. Les autorités françaises y répondent dans un premier temps en créant de petits camps plus ou moins organisés ou improvisés[104],[105], où les « nomades » sont soumis à un régime d'assignation à résidence assez dans l'esprit de la circulaire du 26 avril 1940 aux préfets[106] : autorisation de quitter le camp le jour pour trouver des moyens de subsistance, à condition de regagner le camp le soir, à l'instar du camp de la rue Le-Guen-de-Kérangal à Rennes[107].
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+ Le régime se durcit progressivement. Il n'y a pas de barbelés ni de mirador au camp établi jusqu'en décembre 1940 par le département des Deux-Sèvres dans les ruines du château de Châtillon à Boussais, ce qui n'est plus le cas au camp de la route de Limoges où les « nomades » de Boussais sont ensuite transférés[108].
119
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+ Le règlement du camp de Coudrecieux rédigé en août 1941 précise qu'aucune permission n'est accordée aux internés, tout en permettant des sorties encadrées par les gendarmes[109]. Dans son étude sur Arc-et-Senans, Alain Gagnieux distingue la période « camp de rassemblement » de septembre 1941 à mai 1942 et la période « camp d'internement » de mai 1942 à septembre 1943 lorsque les autorisations de sortie furent exclues[110].
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+ Les conditions de vie au camp de Moisdon-la-Rivière sont décrites le 8 décembre 1941 par l'assistante sociale principale : les repas consistent en ersatz de café le matin avec une ration de pain pour la journée, parfois un peu de viande le midi pour agrémenter navets, betteraves, choux, et le soir une soupe trop claire ; à l'exception de quelques familles, « toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air », la gale et les poux ne manquant pas de faire leur apparition[111],[112]. En mai 1942, les instituteurs du camp de Mulsanne obtiennent du directeur d'une scierie voisine « l'autorisation de collecter les écorces et brindilles qui couvrent les sapinières (…) [qui] seraient collectées par les enfants au cours de promenades surveillées et destinées à la cuisson du lait des bébés du camp, aucun moyen de chauffage n'ayant été prévu jusqu'à présent »[113].
123
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+ D'une part, 66 hommes adultes en provenance du camp de Poitiers quittent le camp de Compiègne le 23 janvier 1943 pour être déportés à Oranienburg-Sachsenhausen[114], d'autre part, un second groupe de 25 hommes adultes du camp de Poitiers sont déportés au cours de la même année vers Buchenwald[114]. Emmanuel Filhol cite le cas d'un déporté de Sachsenhausen qui rentre de déportation en août 1945 et se voit à nouveau assigné à résidence sous le coup du décret du 6 avril 1940 que les gendarmes continuent d'appliquer jusqu'en juin 1946[115].
125
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+ En 1995, le quotidien Centre-Presse publie le récit d'un survivant de Buchenwald qui témoigne du « froid et de la faim, des coups, du travail harassant dans les galeries souterraines » qui causèrent la mort de son père et neuf membres de sa famille[116].
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+
128
+ Par ailleurs, des personnes du Nord-Pas-de-Calais rattaché par l'occupant à la Belgique furent arrêtées fin 1943 à la suite de l'ordre d'Himmler d'arrêter tous les Tsiganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, puis internées au camp de Malines et déportées vers Auschwitz le 15 janvier 1944. Seules 12 personnes belges ou françaises ont survécu sur les 351 convoyées de Malines à Auschwitz[117]. Parmi les 351 personnes, au moins 145 étaient françaises, au moins 121 étaient belges, et 107 étaient des enfants de moins de 16 ans[118].
129
+
130
+ Il existe également quelques cas connus, non exhaustifs, de Gitans français déportés en tant que résistants[119].
131
+
132
+ Les derniers internés au camp de Jargeau ne le quitteront qu’en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d’Allemagne depuis le printemps[120]. Le dernier camp à fermer est le camp des Alliers à Angoulême, qui fonctionne jusqu'au 1er juin 1946[121]. Les internés sont libérés mais placés sous une étroite surveillance. Le régime des nomades reprend ses droits[122]. À la sortie, les familles libérées ne retrouvent pas les roulottes et chevaux qu'elles possédaient et ne reçoivent aucune aide ou indemnisation. Certaines se réfugient dans la grotte des Eaux-Claires à Ma Campagne.
133
+
134
+ Toutefois, un petit nombre de personnes ont obtenu le statut d'« interné politique » longtemps après la guerre[46].
135
+
136
+ En 1985, une stèle est érigée au camp de la route de Limoges à Poitiers, qui mentionne la présence des Tsiganes dans ce camp, avec des Juifs et des résistants[123].
137
+
138
+ En 1988, une modeste stèle commémorative est érigée sur le site d'internement de Montreuil-Bellay[124]. Les vestiges de ce camp font l'objet d'une inscription aux Monuments historiques le 8 juillet 2010[125].
139
+
140
+ Des stèles furent également érigées au Camp de Jargeau en 1991, à Laval (mémoire des camps de Grez-en-Bouère et Montsûrs) en 1993, à Arc-et-Senans en 1999, au camp de Linas-Montlhéry en 2004, à Angoulême (camp des Alliers), et Lannemezan en 2006, à Avrillé-les-Ponceaux (camp de La Morellerie) et Barenton en 2008[123].
141
+
142
+ Un monument, œuvre du sculpteur Jean-Claude Guerri, a été inauguré à l'emplacement du camp de Saliers le 2 février 2006[126].
143
+
144
+ L'ouvrage « Les lieux de mémoire » publié de 1984 à 1992 sous la direction de Pierre Nora, et les principaux manuels d'histoire de classe de terminale disponibles en 2009 n'évoquent pas les camps d'internement de « nomades[127] ».
145
+
146
+ Depuis 2004, une cérémonie d'hommage aux victimes nomades de l'internement en France (1939-1946) est organisée le 2 août sous l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
147
+
148
+ Le film Liberté de Tony Gatlif, qui a pour thème les politiques anti-tsiganes en France sous le régime de Vichy, paraît en 2010.
149
+
150
+ Le génocide a violemment marqué les consciences et, s’il faut attendre 1969 pour qu’une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, cela se fait sans opposition, ceux qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande.
151
+
152
+ Le « Comité international tsigane » créé en 1967, réunit à Londres en 1971 le premier « Congrès mondial tsigane », durant lequel des délégués de 14 pays décident de recommander l'utilisation du terme « Rom ». Le Congrès mondial rom réuni à Genève en 1978 crée l'Union romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU[128].
153
+
154
+ Les Roms sont mentionnés pour la première fois dans un texte officiel de l'ONU à travers la résolution 6 (XXX) du 31 août 1977 de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme exhortant les pays « qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population[129] ».
155
+
156
+ Les dernières décennies sont marquées par une conversion massive de la communauté au protestantisme évangélique[réf. nécessaire]. En France, 100 000 adultes au moins rejoignent l'association cultuelle Vie et Lumière fondée en 1953 et membre de la Fédération protestante de France[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Entre 1944 et 1946, dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est , comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou la Bulgarie, de nombreux pogroms eurent lieu contre les Roms, accusés de collaboration avec l'Allemagne, ou "profiteurs de guerre " (Marché noir, et vols de marchandises à des paysans) : on ignore l'ampleur de ces pogroms, et le nombre de victimes, d'autant plus que certains de ces pays étaient occupés par l'Armée rouge, et allaient basculer vers les démocraties populaires Communistes.
159
+
160
+ Avec de 10 à 12 millions de personnes, les Roms sont la plus grosse minorité ethnique d'Europe. Quelquefois, ils ont prospéré, par exemple chez les Căldăraşi (Caldéraches) de Roumanie, qui travaillent traditionnellement le cuivre.
161
+
162
+ Le niveau d'intégration des Roms dans la société est variable. Les statistiques roumaines ne reconnaissent qu'un demi-million de Roms, alors qu'eux-mêmes estiment leur nombre entre 0,5 et 1 million[130].
163
+
164
+ Dans certains pays comme la Slovaquie ou la Roumanie, où il est possible de constituer des partis ethniques, les Roms ont constitué des partis et ont au Parlement des représentants en tant que tels. Toutefois, leur entrée en politique n'est pas sans risques. Dans ces deux pays, les partis conservateurs (ex-communistes), cherchant à retarder l'intégration en Union européenne, leur ont distribué dans les anciens kolkhozes des terres qui étaient revendiquées par leurs anciens propriétaires, les agriculteurs locaux spoliés par la collectivisation. Les partis rénovateurs pro-européens, favorables à la restitution, soutenaient ces agriculteurs contre les Roms, ce qui a conduit à des désordres civils dans quelques villages. À la suite de ces manipulations, la plupart des dirigeants politiques roms se sont détachés des conservateurs (communistes) et rapprochés des rénovateurs (libéraux). En 2000, un parlement international rom, basé à Vienne, a été créé. En juin 2004, Lívia Járóka devint le premier membre rom hongrois du parlement européen (elle avait été précédée d'un seul auparavant : Juan de Dios Ramírez-Heredia, d'Espagne). Depuis lors, deux autres Roms y ont été élus, l'un sur la liste ADLE : Mme Viktória Mohácsi (Hongrie), l'autre sur celle du parti roumain libéral.
165
+
166
+ Sept États de l'ancien bloc communiste ont lancé l'initiative Décennie de l'intégration tzigane en 2005, pour améliorer les conditions socio-économiques et le statut de la minorité rom. En septembre 2008, les deux députées au Parlement européen d’origine rom, Lívia Járóka et Viktória Mohácsi, ont réussi à faire voter cette initiative au niveau de toute l'Union européenne[131].
167
+
168
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
169
+
170
+ L'Espagne est le pays de l'Europe de l'Ouest qui accueille la plus grosse communauté de Roms. C'est aussi l'un des rares à lui avoir donné le statut de minorité nationale[132]. Le gouvernement catalan a adopté depuis 2009 un plan d'action pour le développement de la population gitane[133],[134].
171
+
172
+ La plupart des Roms (au sens de l'URI) de France sont sédentaires, salariés, intégrés[réf. nécessaire], même si une « minorité visible » restée semi-nomade pratique le travail à la journée (par exemple dans les vergers à l'époque de la cueillette, ou dans le bâtiment). Cependant, une partie de la classe politique les accuse, dans leur totalité ou en en désignant une partie, de pratiquer la mendicité ou la délinquance, de façon forcée par des réseaux mafieux ou de manière volontaire.[réf. nécessaire].
173
+
174
+ Elle vise en fait une minorité de sédentaires roumains et pays proches, exilés, qui a commencé à circuler depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne, le 1er janvier 2007, bénéficiant à partir de ce moment des droits de liberté de circulation dont bénéficie tout citoyen de l'Union européenne. Selon certaines associations et journaux[135], « On compte […] en France environ 15 000 Roms migrants de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l’ex Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment). La plupart d’entre eux ont immigré dans les années 1990, peu après la chute des états communistes[136]. »
175
+
176
+ Si une partie de ces Roms pratique le travail à la journée, c'est parce que jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées[137].
177
+
178
+ Dans cette situation, les expulsions de Roms sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008[138]. Depuis 2007, le nombre de reconduites à la frontière de Roms roumains en France se situe entre 8 000 et 9 000 par an, représentant environ 30 % des objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Ces retours sont en grande partie volontaires car ils sont assortis de primes de 300 € par adulte et 100 € par enfant et de la prise en charge du billet d'avion[139].
179
+
180
+ En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms de Roumanie et de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
181
+
182
+ 8 030 Roms en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France en Roumanie et en Bulgarie entre le 1er janvier et le 25 août 2010. Selon le ministre Éric Besson, 1291 l'ont été de manière contrainte, et 6739 de manière volontaire, au moyen de 27 vols « spécialement affrétés[140] ».
183
+
184
+ En 2014, près de 13 500 Roms ont été expulsés de leurs campements en 2014, contre 19 380 en 2013 selon les chiffres de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR)[141]. En 2014, la France est critiquée par le rapport d'Amnesty International[142] en raison d'expulsions réalisées dans des conditions jugées par l'ONG « épouvantables »[141].
185
+
186
+ Certains « gens du voyage » français ne veulent pas être identifiés aux Roms en raison de la large utilisation du terme Rom en lien avec les problèmes de délinquance faite par des médias francophones et par des hommes politiques[réf. nécessaire] tels Nicolas Sarkozy[143], Manuel Valls[144], Christian Estrosi, Éric Ciotti[145] Lionnel Luca[146], ou de partis politiques comme le Front national.
187
+
188
+ Selon l'eurodéputé roumain Cristian Preda, membre du parti au pouvoir (PD-L) et ancien secrétaire d'État à la Francophonie, l'emploi du mot Rom en français est devenu synonyme à la fois de « délinquant » et de « Roumain »[147]. Rom et Roumain étant ainsi devenus péjoratifs, Dorin Cioabă, le fils du « roi » (autoproclamé) des Roms, a suggéré en 2009 d'utiliser le terme d’Indirom à la place de Rom.
189
+
190
+ La politique d'intégration menée par les ONG et l'État roumain porte des fruits : d'après Martin Olivera, ethnologue connaissant bien la communauté Rom « certains [des Roms] ont effectivement voyagé de Roumanie en France, mais étaient sédentaires là-bas et ne demandent pas mieux que de se sédentariser ici[148] ». Toutefois, comme les Afro-Américains aux États-Unis ou les Dalits en Inde, une partie de la communauté reste très marginale socialement et vit, en Occident comme en Europe de l'Est, dans des conditions extrêmement précaires[149].
191
+
192
+ Mais ces estimations ne concernent que les environ 600.000 Roms comptés comme tels dans les statistiques roumaines, alors que selon Nicolae Paun[150], si l'on comptait aussi les 0,3 à 0,6 millions de Roms intégrés (qui eux, sont comptés comme Roumains), le peu d'ampleur de la marginalité apparaîtrait clairement : selon lui, les Roms en tant que groupe ethnique ne sont pas plus marginalisés que n'importe quelle classe sociale de niveau socio-économique et culturel équivalent. À l'encontre de cette position, les nationalistes roumains (comme les nationalistes français en France), refusent de considérer les Roms comme des Roumains et les perçoivent comme une population indésirable venue d'ailleurs, vivant en parasite et impossible à intégrer. Cette tendance d'opinion se fait un devoir de les appeler couramment « Tziganes », mot péjoratif, en dépit de la loi qui prescrit l’appellation de « Roms »
193
+
194
+ Les Roms restent discriminés en Hongrie[151]. Le gouvernement hongrois entend d'ici à septembre 2011 faire voter une loi qui proposera aux allocataires de prestations sociales « des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts »[152].
195
+
196
+ En mai 2008, en Italie, près de Naples, des camps roms ont été brûlés[153]. En 2010, le gouvernement de Silvio Berlusconi a déjà fait évacuer de nombreux camps illégaux et demande à Bruxelles l'autorisation d'expulser les Roms.
197
+
198
+ D'autres camps de Rome sont en 2014 l'objet de l'enquête judiciaire Mafia Capitale : certains groupes mafieux auraient détourné les fonds européens destinés à l'intégration de ces populations, ce qui expliquerait l'état de profonde dégradation des infrastructures leur étant destinées[154].
199
+
200
+ Arrivée en Pologne au XIVe siècle, la population Rom est estimée au début du XXIe siècle entre 17 000 et 35 000 personnes. Ils y ont souffert des persécutions, notamment lors de l'occupation nazie au cours de laquelle un nombre très important (le chiffre exact n'est pas connu) d'entre eux a été exterminé. Ils subissent toujours les préjugés et les persécutions, qu'ils soient Roms polonais ou étrangers (de Roumanie ou de Macédoine du Nord) et ce malgré l'instauration d'une loi en 2011 destinée à les protéger[155].
201
+
202
+ Le terme Rom n'est nullement réservé aux seuls Roms de Roumanie même s'il est phonétiquement proche du mot roumain român (roumain). Il n'y a pas de lien étymologique ou sémantique entre les deux termes : rom signifie simplement être humain en romani tandis que român vient du latin romanus.
203
+
204
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
205
+
206
+ Les Roms de Roumanie forment l'un des principaux groupes de la communauté rom[157]. Officiellement, selon les derniers recensements, la Roumanie compte 600 000 Roms mais plusieurs ONG estiment que ce nombre est sous-estimé et serait en réalité plus proche d'un million, soit autour de 6 % de la population roumaine, et Nicolae Paun du Partida le Romenge (parti Rom) fait remarquer que le fait d'être compté comme Rom a moins à voir avec la langue ou les traditions qu'avec la situation sociale : « si on a ou si on pose des problèmes, on est considéré comme Rom »[156].
207
+
208
+ Le romani est une langue parlée par plus d'un million de personnes en Roumanie.
209
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210
+ Au Royaume-Uni, les travellers (voyageurs, en référence à la fois aux Irish Travellers et aux Roms) sont devenus en 2005 un enjeu électoral, quand le chef du Parti conservateur promit de réviser l'Acte des droits de l'Homme de 1998. Cette loi, qui englobe la Convention européenne sur les droits de l'Homme dans la législation du Royaume-Uni, est considérée par beaucoup comme permettant de garantir le droit rétrospectif de planification[précision nécessaire]. Les pressions importantes de la population avaient conduit les travellers à acheter des terres[Quand ?], et à s'établir en contournant ainsi les restrictions de planification imposées sur les autres membres locaux de la communauté.
211
+
212
+ En Suisse romande, l'enquête que Jean-Pierre Tabin a menée à Lausanne entre 2011 et 2013, a montré que la mendicité concerne peu de personnes, environ une soixantaine. Selon cette enquête, il ne s'agit pas d’une mendicité organisée de manière criminelle[158].
213
+
214
+ De « nombreux habitants » seraient méfiants lorsqu'il s'agit d'utiliser les deniers publics pour des infrastructures en Roumanie. Ainsi, Messemrom, une association de soutien aux populations roms, a dû faire face à une plainte afin que soit examinée l'utilisation d'une subvention de l'État helvétique en Roumanie[159]. Elles se plaignent des conséquences générées par la stigmatisation des Roms sous la présidence, en France, de Nicolas Sarkozy[160].
215
+
216
+ Confronté à un afflux de Roms du Kosovo, le pays a pratiqué quelques expulsions. Entre 1934 et 1975, la Suède, comme le Danemark et la Norvège, a stérilisé[réf. souhaitée] des Roms et des malades mentaux. En 1999, elle a indemnisé les victimes, plus de 60 000.
217
+
218
+ D'après une enquête publiée en 2007 par le Centre européen pour les droits des Roms sur l'exclusion des Roms du marché de l'emploi en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, et Slovaquie, 35 % d'entre eux se définissent comme des ouvriers non qualifiés, 27 % comme des ouvriers qualifiés, 18 % déclarent travailler dans le nettoyage. Seuls 2 % des Roms ont une profession libérale ou sont cadres[161]. 61 % des Roms interrogés lors de l'enquête étaient sans emploi[162].
219
+
220
+ Il est difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et le nombre exact des Roms car comme pour la plupart des minorités, les nombreuses unions mixtes avec des non-Rom, la sédentarisation (seulement 2 % d’entre eux sont du voyage en Europe) et l'acculturation (ou intégration, selon les points de vue) progressent à grande vitesse.
221
+
222
+ Des estimations laissent à penser qu'il y a approximativement 8 à 10 millions de Roms dans le monde en 2001[163] sans compter ceux qui résident en Inde. Les plus grandes concentrations de Roms se trouvent dans les Balkans, en Europe centrale et de l'Est, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. De plus petits groupes vivent dans l'Ouest et le Nord de l'Europe, au Moyen-Orient, et en Afrique du Nord.
223
+
224
+ Les pays où les populations roms dépassent le demi-million sont la Roumanie, les pays de l'ex-Yougoslavie, l'Espagne, les États-Unis, la Hongrie, la Turquie, le Brésil et l'Argentine. Les Roms sont nombreux aussi en Tchéquie et en Slovaquie.
225
+
226
+ En 1971, le congrès des associations et mouvements militants roms adopta le drapeau rom comme symbole du peuple Rom. Sur un fond vert (qui symbolise la Terre fertile) et bleu intense (le Ciel, la liberté), est posé le Chakra (roue solaire à vingt-quatre rayons, symbole de la route et de la liberté), du rouge de l'empereur Ashoka ou Ashok, comme on le voit en tête d'article. Le Congrès mondial tzigane tenu à Londres le 8 avril 1971 choisit cette date pour commémorer la journée internationale des Roms[164]. L'hymne, Djelem, djelem, a été écrit par Žarko Jovanović sur une chanson populaire tzigane[165].
227
+
228
+ Il y aurait actuellement en France entre 350 000[166] et 1 300 000[167] Roms.
229
+
230
+ La quasi-totalité des Roms parlant les langues d'origine romani est bilingue, mais un nombre indéterminé (parce que généralement non comptés comme Roms aux recensements) ne parlent que les langues des pays où ils vivent ou ont vécu. Les Gitans, par exemple, s'expriment le plus souvent en dialectes hispaniques, comme le caló[172].
231
+
232
+ Les Roms parlent de nombreuses langues : certaines leur sont propres, d'autres sont celles des contrées qu'ils ont traversées et où ils vivent, d'autres encore sont des dialectes nés de ces multiples influences. La parenté de l'ensemble romani avec le sanskrit est clairement établie, avec des influences avestiques et hébraïques[54].
233
+
234
+ Les Roms parlent aussi la langue dominante de la région dans laquelle ils vivent, voire plusieurs langues. Par exemple, les Roms de Prizren au Kosovo parlent quotidiennement quatre langues[réf. nécessaire] dès leur plus jeune âge : l'albanais, le romani, le serbe et le turc. En Slovaquie, beaucoup de Roms parlent à la fois le romani, le slovaque et le hongrois. Les emprunts linguistiques du romani rendent possible le suivi de leur migration vers l'Ouest.
235
+
236
+ Les linguistes divisent actuellement l'ensemble rom (non reconnu par les tsiganologues de l'INALCO) en trois groupes linguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe, celui des Tsiganes (qui sont les Roms stricto sensu pour l'INALCO) vivant principalement en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Amérique et en Australie, celui des Sintis ou Manouches vivant en France, en Italie, au Benelux et en Allemagne, et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal.
237
+
238
+ Quelques Roms ont développé des sabirs tels que l’ibéroromani (caló), qui utilise le vocabulaire rom, la grammaire espagnole, présente de nombreux emprunts lexicaux à l'andalou, et au catalan et est la source de nombreux mots en argot espagnol, l’angloromani (cant, ce mot désigne également la langue des Travellers irlandais, le shelta), l’arméno-romani (lomavren ou lovari) ; le gréco-romani (ellino-romani), le suédo-romani (tavringer romani), le norvégo-romani (nomad norsk), le serbo-romani (srpskoromani), le hungaro-romani (romungro, modgar, modyar), alors que la boyash est un argot roumain avec des emprunts au hongrois et au romani.
239
+
240
+ Dans les Balkans, on trouve cinq langues vernaculaires composés de romani, d'albanais, de grec et de langues slaves : l’arlisque (arliskó), le djambasque (xhambaskó), le tchanarsque (Čanarskó), le tcherbarsque (Čerbarskó) et le thamarsque (thamarskó).
241
+
242
+ Les Roms sont connus pour être d'excellents musiciens et danseurs. En Espagne, ils ont influencé le flamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Macédoine du Nord, Roumanie, Tchéquie, Slovaquie…), les musiciens tziganes ont été très recherchés pour les mariages, funérailles, etc. En Roumanie on les appelle lăutari, en République tchèque et Slovaquie lavutari.
243
+
244
+ En France, leurs talents d'amuseurs publics et de dresseurs de chevaux ont généré des familles du cirque célèbres, comme les Bouglione ou les Zavatta.
245
+ Le guitariste Django Reinhardt, quant à lui, influencera durablement le jazz en y mêlant la musique tzigane. Gus Viseur et Tony Murena, compositeurs de célèbres valses-musette, ont joué et ont été influencés par des musiciens manouches.
246
+
247
+ Le théâtre était également une activité artistique traditionnelle de la population Tsigane. Aujourd'hui, il n'est plus guère représenté que par le Djungalo Teatro, l'un des très rares théâtres de tradition tsigane en Europe.
248
+
249
+ En Andalousie, le flamenco est la principale musique dans laquelle les artistes gitans se sont imposés depuis la fin du XVIIIe siècle, et ce, en concurrence et rivalité avec les artistes andalous non gitans. El Planeta est considéré comme le premier artiste gitan du flamenco, identifié comme tel par les auteurs du XIXe siècle. À la fois guitariste et chanteur, il crée certains styles de cette musique dont la seguiriya. Au début du XXe siècle le cante flamenco gitan est représenté par Manuel Torre de Jerez de la Frontera spécialisé dans les styles typiquement gitans du cante jondo, et à partir des années 1930, par Manolo Caracol. Entre 1930 et 1940, le flamenco fait place à l'opéra flamenca, décrié pour son caractère décadent et commercial. Après la seconde guerre mondiale, Antonio Mairena impose un retour aux sources d'un flamenco purement gitan, son approche d'une musique dont il revendique les origines exclusivement gitane, est contesté par les défenseur du répertoire payo (c'est-à-dire non gitan). Des années 1950 à 1970 plusieurs cantaors vont représenter le versant gitan du flamenco, les principaux étant El Chocolate, Terremoto de Jerez, El Agujetas. Camarón de la Isla fut la principale vedette du cante flamenco des années 1970 à 1990.
250
+
251
+ Dans la guitare, Ramón Montoya est considéré comme le père du répertoire moderne du flamenco, premier artiste à se produire seul et non seulement comme accompagnateur, sa célébrité ne fut supplantée que par le guitariste non gitan Paco de Lucía. Le guitariste Manitas de Plata, né en 1921 dans le Sud de la France, vendra plus de 93 millions d'album, contribuant ainsi à la diffusion de la musique flamenco et devenant un des artistes français les plus connus au monde. Dans le domaine de la danse flamenca, la figure prépondérante fut Carmen Amaya l'une des plus célèbres artistes du flamenco tout style confondu.
252
+
253
+ Le pianiste György Cziffra fut réputé pour sa grande virtuosité, son répertoire extrêmement varié et ses dons d'improvisateur.
254
+
255
+ On a suggéré que, lorsqu’ils étaient encore en Inde, les Roms étaient hindouistes ; le mot romani pour « croix », trushul, est le même mot que le sanskrit triṣula qui désigne le trident de Shiva.
256
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257
+ Les Roms ont souvent adopté la religion dominante du pays où ils se trouvaient, en gardant toutefois leur système spécial de croyances. La plupart des Roms sont catholiques, protestants, orthodoxes ou musulmans. Ceux qui se trouvent en Europe de l'Ouest ou aux États-Unis sont soit catholiques, soit protestants. En Amérique latine, beaucoup ont gardé leur religion européenne : la plupart sont orthodoxes. En Turquie, en Égypte et dans le sud des Balkans, ils sont souvent musulmans. Il n'existe pas de "religion rom", mais l'on observe chez les Roms à travers leurs différentes confessions, des survivances vivaces de croyances au surnaturel et d'interdits spécifiques, bien souvent dénigrés par les religions organisées.
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+ Dans les Balkans, Georges de Lydda est commémoré le 6 mai lors de la fête que les Roms appellent Ederlezi qui marque le printemps.
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+ Même lorsque les Tsiganes rejoignent au fil des siècles telle ou telle religion, ils n'oublient pas leurs origines. Celles-ci remontent très loin dans le passé et la mythologie, et ce qui est parfois devenu ailleurs folklore ou superstition, demeure souvent chez eux une croyance véritable. La principale, fréquente chez les peuples ayant souffert de rejets et de déportations, est l'espérance d'être un jour tous réunis. Cette espérance prend, dans les croyances, un tour prophétique : au rassemblement ultime sur un lieu d'origine mythique est associée la fin du monde actuel, d'où doit ressortir un monde meilleur.
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+ À la fin des années 1990, certains Roms de Hongrie se tournent vers le bouddhisme à l'image des intouchables d'Inde rejoignant le mouvement Ambedkar dans leur recherche de dignité et d'égalité[173],[174].
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+ Il existe un mouvement de Roms qui souhaitent revenir à l'hindouisme, leur religion originelle : le mouvement a commencé en Grande-Bretagne, lors de rencontres de Roms et de migrants hindous d'Inde, et en Allemagne, où des Roms qui avaient accès à des études universitaires, cherchaient l'origine des Roms, tout en considérant l'évolution religieuse des différents groupes roms à travers les âges. Cependant , l'hindouisme, lointain, reste fort mal connu, et ce mouvement est fortement minoritaire.
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+ Dans plusieurs sous-groupes Roms, des repas traditionnels, connus notamment sous le nom de pomana, sont pratiqués plusieurs fois à des intervalles déterminés après un décès, dans l'intention d'apaiser les esprits des morts, appelés mulo, auxquels une place est réservée[175]. Cette tradition est partagée avec les aroumains[176], ainsi qu'avec les Roumains mais aussi d'autres populations balkaniques.
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+ Sous l'Ancien Régime, des Tsiganes font des pèlerinages au Mont Saint-Michel et à Alise-Sainte-Reine[177].
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+ L'origine du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, qui est l'occasion d'un grand rassemblement annuel, pieux et festif, n'est pas connue précisément. Un des premiers récits faisant état de la participation des Gitans à la fête des Saintes-Maries-de-la-Mer est celui de Frédéric Mistral publié en 1906 :
272
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273
+ « L'église était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d'Arles, d'infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d'ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l'autel de Sara qui, d'après leur croyance, serait de leur nation[178] »
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275
+ Mais la date de 1855 où l'auteur situe le récit, n'est pas fiable[179]. L'édition de 1861 de Mireille comporte au chant XII les vers suivants :
276
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+ « Dins la capello sousterradoI'a Santo Saro, venerado di brun Bóumian ; (...) »
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279
+ L'auteur les traduit par « Dans la chapelle souterraine est Sainte Sara vénérée des bruns bohémiens[180] ». Une image de L'Illustration de 1852 montre une Bohémienne plaçant son enfant sur les châsses des Maries[181].
280
+ Le journal des curés des Saintes mentionne les Gitans dès 1861 et peu après 1900 y est inscrite la note suivante :
281
+
282
+ « Les Bohémiens sont déjà arrivés. Usant d'un droit très ancien qu'on leur a laissé d'occuper, sous le chœur de l'église, la crypte de sainte Sara, leur patronne légendaire, ils sont là accroupis au pied de son autel, têtes crépues, lèvres ardentes, maniant des chapelets, couvrant de leurs baisers la châsse de leur sainte, et suant à grosses gouttes au milieu des centaines de cierges qu'ils allument. (...) L'empressement qu'ils mettent à porter, toucher, baiser, faire baiser à leurs enfants, à la procession, la barque qui contient les statues des Saintes, se disputant les fleurs qui la parent, témoignent de leurs sentiments chrétiens[182]. »
283
+
284
+ La création en 1935 de la procession annuelle de Sara la noire, le 24 mai, qui s'ajoute à la procession, plus ancienne, des Maries, fixée au 25 mai, est le résultat d'une demande faite par le poète camarguais Folco de Baroncelli au nouvel archevêque d'Aix, Clément Roques, alors que l'ancien évêque Emmanuel Coste avait interdit aux Bohémiens en 1934, de porter la barque des Maries[183]. Les deux processions seront interdites durant la durée du régime de Vichy[184].
285
+
286
+ Le 26 septembre 1965, le pape Paul VI célèbre la messe lors d'un pèlerinage international gitan réunissant des milliers de pèlerins à Pomezia près de Rome[185],[186].
287
+
288
+ Le gitan espagnol Zéphyrin Giménez Malla est béatifié le 4 mai 1997 par Jean-Paul II[187].
289
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290
+ Son nom est donné à la paroisse catholique des gens du voyage du diocèse d'Evry créée par l’évêque d’Évry Mgr Michel Dubosc, basée à Longpont non loin du camp de Linas Montlhery, et se déplaçant parfois sous un chapiteau au gré des campements.
291
+
292
+ La 54e édition du « pèlerinage des gitans et gens du voyage » à Lourdes rassemble 6 000 personnes en août 2010[188].
293
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294
+ Le pèlerinage de Lisieux est aussi très suivi par les familles de l'Île-de-France.
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296
+ Les orientations de la pastorale des Tsiganes sont définies par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, un nombre croissant de Roms rejoint des mouvements évangéliques, et pour la première fois, des Roms s'engagent comme chefs religieux, en créant leurs propres églises et organisations missionnaires. Dans certains pays, la majorité des Roms appartiennent maintenant à des Églises rom. Ce changement imprévu a contribué grandement à l'amélioration de leur image dans la société. Le travail qu'ils font est perçu comme plus légitime, et ils ont commencé à obtenir des permis légaux pour exercer leurs activités commerciales.
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+ Des églises roms évangéliques existent aujourd'hui dans chaque pays où les Roms se sont installés. Le « réveil spirituel » a eu lieu dès la fin des années 1950, en France d'abord, en Normandie, puis partout en Europe. Leur conversion s'est réalisée sous l'impulsion du pasteur missionnaire « gadjé » Clément Le Cossec à qui on attribue l'adhésion de plus de cinq cent mille tsiganes à travers l'Europe[2]. Il fut appelé « l'apôtre des Gitans » par le peuple Rom. Le mouvement est particulièrement fort en France et en Espagne (dans ce dernier pays, il y a plus d'un millier d'églises rom, appelées Filadelfia, dont déjà une centaine à Madrid). D'autres assemblées importantes et nombreuses existent à Los Angeles, Houston, Buenos Aires et Mexico. Quelques groupes de Roumanie et du Chili ont rejoint l'Église adventiste du septième jour.
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+ L'association Vie et Lumière anime un rassemblement communautaire à Chaumont-Semoutiers, Damblain, à Nevoy et dans la Haute-Saône.
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+ On trouve des Roms de confession musulmanes sunnite surtout en Albanie[189], en Bosnie-Herzégovine[190], au Monténégro[190], en Macédoine du Nord[190], au Kosovo[190], dans le sud de la Serbie[190] et dans le sud-est de la Bulgarie[190].
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+ D'un point de vue génétique, les populations roms, notamment pour celles du Sud-Est de l'Europe, se caractérisent à la différence des autres populations européennes par une faible diversité de leurs haplotypes due au petit nombre de fondateurs de ces communautés[53]. Les études génétiques montrent que le flux de gènes des populations roms vers les autres populations européennes a été extrêmement limité, le flux génétique étant un peu plus fréquent en sens opposé variant entre 17 % en Roumanie et jusqu'à 46 % en Hongrie pour le flux génétique masculin (estimations hautes)[53].
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+ Pour Jean-Pierre Tabin, René Knüsel et Claire Ansermet dans leur ouvrage Lutter contre les pauvres[191], ce qui différencie le discours sur l’identité « Rom » par rapport aux discours sur les identités nationales ou régionales, n’est pas son caractère construit qui est commun à chacun de ces groupes, mais le fait qu’il n’est pas en lien avec un territoire. Le discours est d’ordre ethnique (voire relève de l'ethnogenèse) et fait référence à une « communauté imaginaire et imaginée » dans le sens où l’entend l'historien des nationalismes Benedict Anderson (1983) : elle n’existe qu’en fonction des attributs qu’un groupe revendique ou que d’autres groupes lui prêtent.
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+ Des fictions célèbres ont contribué à modeler la représentation du monde rom dans l'imaginaire collectif, comme Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou Carmen de l'opéra Carmen de Georges Bizet.
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+ Mentionnons aussi : La Petite Gitane de Miguel de Cervantes, Noces de sang de Federico García Lorca, La Lyre d'Orphée de Robertson Davies, dont les personnages principaux perpétuent jusqu'à ce jour au Canada et ailleurs les traditions tziganes, comme le soin et la réparation des instruments de musique. Mulengro, roman de l'auteur canadien de fiction contemporaine Charles de Lint, présente un portrait du Rom et de ses mythes culturels.
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+ Citons également : The Experiment, roman de Stephen (Barbara) Kyle qui trace le portrait d'une Rom américaine, sœur d'une victime de l'expérimentation nazie, Fires in the Dark de Louise Doughty, fiction relatant une expérience rom en Europe centrale durant la Seconde Guerre mondiale, Zoli de Colum McCann, roman retraçant la destinée mouvementée d'une Rom en Europe des années 1930 à nos jours, et le roman de Gaston Leroux, Rouletabille chez les Bohémiens[192]. Dans la bande dessinée Les Bijoux de la Castafiore, en 1963, Hergé met en scène des tsiganes obligés par la police de camper dans un endroit insalubre, et victimes des préjugés ambiants auxquels ne cèdent pas Tintin et le capitaine Haddock qui les invitent dans le parc du château de Moulinsart.
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+ En bande dessinée également, Modou la Tzigane, de Nadine Brass et Régine Pascale, est une série dont l'héroïne principale est une jeune Tzigane à la fin du Moyen Âge.
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+ La Bohème est un thème littéraire et artistique dérivé des divers stéréotypes sur les Bohémiens.
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+ Parmi les œuvres de littérature populaire française contribuant à transmettre des stéréotypes sur le monde rom, on peut citer les chansons. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, la chanson évoque souvent le thème du tzigane (homme ou femme), sous diverses nominations : gitan, manouche, bohémien, tzigane ou tsigane. Les mêmes stéréotypes que dans le roman ou l'opéra sont utilisés[193].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ Le mot Roms (parfois écrit Rroms[3]) désigne en français un ensemble de populations établies dans divers pays du monde et ayant, à origine, une culture et des origines communes dans le sous-continent indien[4], également dénommées par les exonymes Tziganes / Tsiganes, Gitans, Bohémiens, Manouches ou Romanichels (chacun de ces noms ayant sa propre histoire) ou encore « gens du voyage » par confusion ou par vision fantasmée (l'immense majorité étant sédentaire). Leurs langues initiales font partie du groupe, issu du sanskrit, parlé au nord-ouest du sous-continent indien, et qui comprend aussi le gujarati, le pendjabi, le rajasthani et le sindhi. Minoritaires sur une vaste aire géographique entre l'Inde et l'océan Atlantique, puis sur le continent américain, les élites lettrées de ces populations ont adopté comme endonyme unique le terme Rom, signifiant en langue romani « homme accompli et marié au sein de la communauté »[5]. Deux autres dénominations, les Sintis et les Kalés, sont considérées tantôt comme des groupes différents des Roms[6], tantôt comme inclus parmi ces derniers[7].
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+ Selon Ian Hancock, contrairement aux Kalés et aux Sintis, tous originaires du nord de l’Inde, les Roms seraient plus précisément issus de la ville de Cannouge (Uttar Pradesh)[8], d'où les armées de Mahmoud de Ghazni les auraient déportés en 1018. Quoi qu'il en soit, ils sont présents en Europe dès le XIe siècle[9], et au XXIe siècle, les roms de tous les pays formeraient ensemble, selon une étude faite en 1994 pour le Conseil de l'Europe, la minorité « la plus importante en termes numériques »[10].
10
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+ Le terme de « Rom » est adopté par l'Union romani internationale (IRU) lors du premier Congrès international des Roms (Londres, 1971) qui a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu en tant que tel, et a officialisé la dénomination « Rom »[11].
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13
+ Depuis cette date, beaucoup de Roms se désignent ou sont désignés par les noms rom (masculin), romni (féminin), roma (masculin pluriel) et romnia (féminin pluriel) qui selon Bordigoni signifient « hommes et femmes mariés et parents faisant partie d'un groupe de voyageurs, Gitans ou Tsiganes »[12], par opposition à gadjo (masculin), gadji (féminin) et gadjé (masculin pluriel), qui désignent tous les individus étrangers à la population rom, les « autres ». Les Gitans de la péninsule ibérique disent payo (masculin), paya (féminin), payos (masculin pluriel) à la place de gadjo, gadgi et gadjé, que les Gitans de France désignent aussi avec les mots paysan et paysanne[12].
14
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15
+ Par ailleurs, des journalistes de The Economist ont reçu une brochure au pavillon « Rom »[13] de la Biennale de Venise 2007, qui excluait de ce terme « les Sintis, les Romungrés, les Gitans, les Manouches , etc.[14][source insuffisante]. Lorsqu'ils sont entendus dans leur sens étroit de sous-groupes qui s'excluent les uns des autres, ces différents termes posent des problèmes étymologiques, car on ne peut prouver de manière indiscutable leur filiation par rapport à « Sind », à « Égyptiens » et aux « Manouches ». Cette notion de Rom au sens le plus restreint est également celle utilisée par le site internet de Larousse[15].
16
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17
+ Une hypothèse propose que le mot Rom dériverait du nom du Dieu Rāma (nom d'un Avatâr de Vishnou)[16]. Une étymologie remontant au mot sanskrit Dom, dont la signification elle-même pose problème et qui désigne une population de basse caste en Inde, a également été proposée par Ian Hancock[17], mais il la réfute lui-même en arguant de la « distance génétique » entre Roms et divers groupes de populations indiennes[17].
18
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19
+ Les Roms sont désignés en France par d'autres noms traditionnels ou familiers, selon les pays d'où ils sont supposés venir : « Bohémiens », originaires des régions de la Bohême ; « Gitans », originaires d'Égypte, appellation traditionnelle très ancienne en France ; « Manouches » ; « Romanichels », originaires de l'Est de l'Europe, mentionnés dans la littérature au début du XIXe siècle, ils parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident ; « Tziganes » ; etc.
20
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21
+ D'autres appellations, d'origine scientifique, se sont diffusées récemment : Kalés (Gitans)[18], qui peuplent la péninsule Ibérique et l'Amérique latine et qui parlent le kaló, un mélange entre castillan ou catalan et romani ; Sintis (Manouches), qui peuplent l'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne...), qui parlent le romani ainsi que les langues des pays où ils résident.
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+ La nouvelle appellation administrative française gens du voyage, qui a remplacé celle de nomades, ne saurait être utilisée pour désigner les Roms, l'immense majorité de ceux-ci étant sédentaire[19],[20]. En outre l'appellation gens du voyage regroupe des personnes qui ne sont pas roms ou ne se reconnaissent pas roms.
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+ À diverses époques, la langue française a produit différents termes qui évoquent soit des sous-ensembles soit l'ensemble des populations rom :
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+ Jan Yoors (en), qui a vécu de nombreuses années au sein des Roms au cours des années 1930, décrit dans son ouvrage Tsiganes (paru en 1967) les différentes populations Roms telles qu'elles lui ont été présentées par les siens, membres de la tribu des Lovara. Tout d'abord, tous ne sont pas nomades et certains se fixent pour plusieurs générations en lieu donné, à l'instar des Cali ou Gitans d'Espagne (Calés) qui parlent une langue fortement influencée par l'espagnol ; on trouve également des tribus sédentaires en Serbie, en Macédoine, en Turquie et en Roumanie : ainsi, les Rudari ont « rompu tout lien avec leur passé » et ne parlent plus que roumain. Ensuite, il est fréquent que des vagabonds soient baptisés tsiganes alors qu'il s'agit uniquement « d'autochtones ayant pris la route » : ils sont certes nomades mais dans un périmètre restreint : ce sont par exemple les Yénische en Allemagne, les Shelta en Irlande ou les Tatars de Scandinavie. À ces populations se rajoutent ensuite les forains et les gens du cirque. Existe également une tribu apparentée aux Roms bien que très différente : les Sinti ou Manush : ce sont souvent des musiciens et des luthiers et ils se distingueraient des autres Roms par leur physionomie (plus petits et mats de peau), leur dialecte mâtiné d'allemand « pratiquement inintelligible aux autres tsiganes » ou encore leurs coutumes, comme le rite de l'enlèvement de la future épouse. Enfin, « les vrais Roms » se diviseraient uniquement en quatre grandes tribus : Lovara (Lovàris), Tshurara, Kalderasha (Kalderàšis) et Matchvaya. Ils diffèrent eux aussi par la langue, le physique, les métiers (les Lovara et les Tshurara étant marchands de chevaux et se déplacent donc en roulotte ; les Kalderasha, les plus nombreux, sont chaudronniers et dorment sous la tente). Tous se considèrent néanmoins comme des « races tsiganes » à part entière et évitent de se mélanger[48].
28
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29
+ Selon Jean-Pierre Liégeois, « les Tsiganes forment une mosaïque de groupes diversifiés et segmentarisés dont aucun ne saurait représenter un autre »[49].
30
+ Marcel Courthiade a proposé en 2003 une classification qui se caractérise notamment par le refus de la dichotomie « Vlax/non-Vlax » faite par d'autres linguistes[50] ; le terme « Vlax » provient du mot « Valaques » désignant, à l'origine, les locuteurs des langues romanes orientales, mais dont le sens a été ultérieurement élargi à beaucoup de populations nomades des Balkans (voir l'article Valaques). Les linguistes qui s'y réfèrent désignent par « Vlax » les groupes utilisant des mots empruntés aux langues romanes orientales, ou censés avoir transité par les régions valaques.
31
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32
+ Sans que l'on puisse le démontrer formellement faute d'archives écrites, les noms de ces groupes (appelés endaja en langue romani, que l'on peut traduire par « clans ») ressemblent :
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+ Selon Marcel Courthiade, on peut répartir les endajas dans les cinq ensembles ci-dessous, identifiés d'après les formes de la langue romani[50] :
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+ De nombreux contes poétiques de la tradition orale circulent sur l'origine des Roms et font partie de leurs traditions. Ils en font des descendants de la divinité hindoue Rāma, ou encore de Rāmachandra, avatar de Vishnou, de Cham fils de Noé, des mages de Chaldée, des Égyptiens de l’époque pharaonique, des manichéens de Phrygie, de la Marie-Madeleine biblique, d'une des tribus perdues d'Israël, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mamelouks, d’anciennes tribus celtes du temps des druides, voire des Mayas, des Aztèques, des Incas... La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Quant à la tradition écrite, un récit légendaire du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza al-Isfahani (en), reproduite et embellie au XIe siècle par le poète Ferdowsi, fait état de migrations de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) partant du Sind actuel vers la Perse[réf. souhaitée]. Plus récemment, les protochronistes ont fait remonter l'origine des Roms à Hérodote lequel mentionne une tribu du nom de Sigynnes (qui sont des Scythes pour les historiens[réf. nécessaire]).
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+ Les études linguistiques envisagent, vers la fin du XVIIIe siècle, des origines indiennes aux Roms. L'Inde du nord est aujourd'hui clairement identifiée comme la zone géographique d'origine des Roms, comme en témoignent la linguistique et la génétique comparées[51].
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40
+ Selon les recherches en génétique de l'UWA, les caractéristiques génétiques de la population rom permettent de démontrer leur origine indienne et d'estimer que leurs origines remontent de 32 à 40 générations environ[52]. Les études génétiques montrent que tous les Roms européens sont les descendants d'un petit nombre de fondateurs (cinq lignées paternelles et 11 lignées maternelles représentant 58 % des individus étudiés ont été définies comme fondatrices des Roms européens)[53]. Cette ascendance Indienne est confirmée par la présence de hautes fréquences pour l'haplogroupe du chromsome Y H-M52 (de fréquence extrêmement faible parmi les populations non-Roms en Europe), pour les haplogroupes mitochondriaux M5, M18, M25 et M35 d'origine Indienne et par la présence de maladies génétiques spécifiques que l'on retrouve également en Inde et au Pakistan[53]. D'après les études portant sur les marqueurs autosomiques, le nord-ouest de l'Inde semble la patrie la plus probable des Roms européens, la période du départ de cette région étant évaluée à il y a environ 1 500 ans[53].
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42
+ Dans les recherches linguistiques, la première hypothèse, plutôt européenne et anglo-saxonne[54], les rapproche du Sind et du Pendjab, régions dont les langues sont les plus proches des langages actuellement parlés par les Roms[54].
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44
+ Dans les recherches sociologiques, la seconde hypothèse, plutôt indienne, se réfère à la société brahmanique, où les bouchers, les équarrisseurs, les tanneurs, les bûcherons, les fossoyeurs, les éboueurs, les chiffonniers, les ferronniers et les saltimbanques exerçaient des métiers nécessaires à la communauté, mais, considérés comme religieusement « impurs », n'avaient pas le droit d'être sédentaires et étaient hors-caste (çandales), avec toutefois une grande diversité, depuis les guerriers Rajputs (liés aux castes royales, équivalent hindou des samouraï japonais) jusqu'à ceux que l'on désigne aujourd'hui comme intouchables. En Inde, où ils sont connus sous des noms comme Banjara, Doma, Lôma, Roma ou Hanabadosh (en hindi/ourdou), ces groupes sociaux/professionnels plutôt qu'ethniques, aux origines géographiquement et socialement multiples, sont beaucoup plus mobiles et perméables que les castes traditionnelles (un enfant issu d'une union non autorisée, un proscrit pour quelque raison que ce soit sont eux aussi « impurs » et peuvent donc les rejoindre)[55].
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46
+ Probablement pour échapper au rejet de la société brahmanique, ces groupes pourraient avoir quitté le nord de l'Inde autour de l'an 1000 vers le plateau Iranien et l'Asie centrale, où on les appelle Kaoulis et Djâts, et, à travers ce qui est maintenant l'Afghanistan, l'Iran, l'Arménie, le Caucase, le sud de l'ex-URSS et la Turquie, s'être mis, comme charriers, éleveurs de chevaux, servants et éclaireurs, au service des Mongols, qui les protégèrent et leur laissèrent, en échange, une part du butin[56]. Avec la Horde d'or et Tamerlan, les Roms parvinrent ainsi en Europe, en Anatolie et aux portes de l'Égypte[57]. Des populations reconnues par d'autres Roms comme telles vivent encore en Iran, y compris ceux qui ont migré vers l'Europe, et qui en sont revenus. Deux directions migratoires sont connues : vers le sud-ouest et l’Égypte (Roms méridionaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Roms septentrionaux ou Zingares, mot venant peut-être d'une déformation du terme Sinti). Quoi qu'il en soit, au XIVe siècle, des Roms vassaux des Tatars atteignent les Balkans, et il semble que ce faisant, ils aient été marqués dès l'origine (puisque cette origine les « constitue » en tant que peuple) par le nomadisme et la dispersion. Au XVIe siècle, ils sont attestés en Écosse et en Suède. Vers le sud ils traversent en 1425 les Pyrénées et pénètrent dans ce qui deviendra l'Espagne en 1479. On ignore si des Roms ont jamais transité par l'Afrique du Nord, comme certains le pensent. Les preuves manquent.
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+ Ils sont Tsiganoi parmi les Byzantins (d'où Tsiganes), Cingene parmi les Turcs, Romani-çel pour eux-mêmes (c'est-à-dire « peuple rom », d'où Romanichels pour les Croisés francophones), Manuschen pour les Croisés germanophones et Gypsies pour les Croisés de langue anglaise. La plupart des Roms, une fois parvenus en Europe, se mirent sous la protection des seigneurs nobles et des monastères ou abbayes, échappant ainsi à la vindicte des cultivateurs sédentaires, et continuant à exercer leurs métiers traditionnels au service de leurs nouveaux maîtres (leur esclavage était une servitude de type féodal nommée Roba dans les pays slaves, ce qui ressemble à la fois à leur nom de Roma et au mot « Robota » : travail). Au XIVe siècle, la plupart des groupes de Roms que nous connaissons avaient achevé leur installation en Europe.
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+ L'histoire des Roms en Europe commence en 1416-1417, car c'est à cette époque que l'on trouve les premiers documents attestant de leur passage dans telle ou telle contrée (néanmoins, il est fort probable que de très petits contingents roms circulent en Europe dès le XIIe siècle[58]).
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+ Au XIVe siècle, des récits attestent pour la première fois de leur présence à Constantinople, en Crète, en Serbie, en Bohême, en Roumanie... Au siècle suivant, ils continuent d'avancer vers l'ouest.
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+ L'Empire byzantin en accueille un grand nombre dès le début du XIVe siècle, sous le nom d'Atsinganos (Ατσίγγανος, qui a donné Tsigane, Zigeuner, Zingari, Ciganos, etc.) ou de Gyphtos (déformation de Egyptios = égyptien). L'Empire est traversé par les pèlerins occidentaux se rendant en Terre sainte. Ces voyageurs les appellent alors Égyptiens (Egitanos, Gitanos, Gitans, Egypsies, Gypsies). De l'Empire byzantin (et ensuite ottoman) les Roms se dispersent sur les routes d’Europe, et au XVe siècle, la diaspora commence à être visible partout : Hongrie, Allemagne, jusqu'à la Baltique et en Suisse. L'été 1419, les tribus apparurent sur le territoire de la France actuelle à Châtillon-sur-Chalaronne, dans la Bresse, à Mâcon, à Sisteron[59].
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+ En 1423, Sigismond Ier du Saint-Empire accorde à un certain Ladislav, chef d'une communauté tsigane, une lettre de protection qui permet à des familles d'émigrer depuis la Transylvanie vers la Hongrie[45],[60].
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+ Le 11 juin 1447, un contingent rom arrive en Espagne, en Catalogne, et se dirige vers Barcelone : la même légende[Quoi ?] y est racontée[61] ; d'autres clans roms plus nombreux s'éparpillèrent à leur tour sur ce territoire, tous avec un « duc » ou un « comte » de Petite Égypte à leur tête[61].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ D'après le Journal d'un bourgeois de Paris, le 17 août 1427, 100 à 120 hommes, femmes et enfants, qui se présentent en tant que chrétiens, pèlerins pénitents recommandés par le Pape, originaires d'Égypte, sont annoncés par une délégation à cheval qui demande l'hospitalité, et autorisés quelques jours plus tard à séjourner à La Chapelle Saint-Denis. Intrigués par leur apparence physique et vestimentaire, ou par leurs anneaux portés à l'oreille, des curieux accourent de Paris et des environs pour les voir, se prêtant parfois à la chiromancie qui leur est proposée. La rumeur leur prête également des tours de magie durant lesquels se vide la bourse des passants. L'évêque de Paris réagit en se rendant sur place avec un frère mineur qui prêche et convainc le groupe de repartir. Praticiens et clients de chiromancie sont excommuniés. Le groupe repart en direction de Pontoise début septembre[62].
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+ En Angleterre, les Roms arrivent en 1460[61] ; en Suède, en 1512[61] ; à la fin du XVIe siècle, en Finlande[61] ; et au début du XVIIe siècle, les premiers textes légiférant sur leur présence en Grande Russie sont réalisés[61]. En Russie méridionale, les Roms apparaissent sous les noms de Tataritika Roma, Koraka Roma et Khaladitika Roma soit « Roms des Tatars », « Roms Coraques » ou « Roms des Armées » qui témoignent de leur ancien statut d'artisans, éleveurs de chevaux, charrons, ferronniers, selliers ou éclaireurs auprès des Tatars, des caravaniers ou des Cosaques[63].
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+ À leur arrivée (historique) en Europe, au XVe siècle, les Roms furent en règle générale bien accueillis[64] ; ils obtinrent des protections qui leur permettaient de ne pas être inquiété par l'Inquisition, les groupes hérétiques gyrovagues étant les victimes privilégiées de l'Inquisition ; car c'est ce qu'ils étaient ostensiblement, précisément, mais leur politique fut toujours d'adopter en apparence la religion officielle, en s'accordant ainsi, en Europe occidentale, la protection du pape[65].
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+ Ils deviennent indésirables et tombent, dès la fin du XVe siècle, sous le coup de décrets qui vont de l’expulsion pure et simple à l’exigence de sédentarisation : ce ne sont pas les Tsiganes qui sont visés, mais les nomades. Les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés, envoyés aux galères ou dans les colonies, et même exécutés. La récurrence de ces mesures montre leur manque d’efficacité, sauf aux Pays-Bas, qui parviennent à tous les expulser au milieu du XIXe siècle.
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+ Les deux premiers documents attestant de la présence des Roms dans l'actuelle Roumanie sont des actes de donation de familles de robs roms à deux monastères, l'un de Vodița daté de 1385 et l'autre de Tismana daté de 1387, tous deux situés en Olténie dans l'ancienne Principauté de Valachie. La « robie », terme issu du mot slave robota : travail, est un statut traduit en français et en roumain moderne par « esclavage », mais qui s'apparente davantage à un contrat féodal de servitude personnelle, appelée εργατεία ou υποτέλεια (ergatie, hypotélie) dans les documents phanariotes en grec, et différente de la δουλεία (esclavage proprement dit) qui existait aussi, pour les (rares) eunuques africains attachés au service des cours princières[67]. L’entrée de la plupart de Roms en « robie » est liée au recul de leurs anciens alliés les Tatars au XIVe siècle. Les Khans tatars cèdent alors leurs Roms au voïvode roumain victorieux, qui les distribue soit aux monastères de sa principauté, soit aux nobles, propriétaires terriens : les boyards. Ainsi en 1428, le voïvode moldave Alexandre le Bon fait don de 31 familles de Roms au monastère de Bistriţa en Principauté de Moldavie.
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+ Le « rob » pouvait être vendu et acheté, mais contrairement à l'esclave, il pouvait racheter lui-même sa liberté, et la revendre ailleurs : c'est pour cela que traditionnellement les Roms portent leur or sur eux, bien visible, sous forme de colliers, bijoux ou dents, afin de montrer leur solvabilité et leur capacité à se racheter. Il est la marque de leur dignité. En droit, les familles ne pouvaient pas être séparées sans leur propre accord, et un rob ne peut être puni sans le jugement d'un pope ; son témoignage ne vaut pas celui d'un homme libre mais est néanmoins enregistré ; les « robs » du voïvode ou hospodar (robi domnesti : « robs princiers ») sont libres d’aller et venir, mais payent tous les ans une redevance pour ce droit[68]. Ils pratiquent toutes sortes de métiers : commerçants ambulants, forains, ferronniers, forgerons, rétameurs, bûcherons, maquignons, fossoyeurs, chiffonniers, saltimbanques, musiciens. Quant aux monastères et aux boyards, ils utilisent leurs « robs » comme domestiques ou comme contremaîtres pour faire travailler les paysans serfs. Ils offrent à quelques-uns une formation et des postes de majordomes, de comptables ou d’instituteurs pour leurs enfants. Si le maître ou la maîtresse de maison est stérile, une jeune Rom ou un jeune Rom pourvoira à la perpétuation de la famille, en toute simplicité (cas de Ștefan VIII, devenu voïvode de Moldavie). Les « robs » peuvent être donnés, légués ou vendus aux enchères[69].
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+ En France, dès 1666, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient, dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[70],[71].
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+ Les philosophes des Lumières ne se sont pas montrés particulièrement tendres avec les Bohémiens, à l'exception peut-être de Jean-Jacques Rousseau[72]. L'abbé Prévost ou Voltaire ont eu des mots assez durs, et Mallet, dans l'Encyclopédie, écrit comme définition pour Égyptiens : « Espèce de vagabonds déguisés, qui, quoiqu'ils portent ce nom, ne viennent cependant ni d'Égypte ni de Bohème ; qui se déguisent sous des habits grossiers, barbouillent leur visage et leur corps, et se font un certain jargon ; qui rôdent çà et là, et abusent le peuple sous prétexte de dire la bonne aventure et de guérir les maladies, font des dupes, volent et pillent dans les campagnes ».
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+ Le 6 décembre 1802, le préfet des Basses-Pyrénées Boniface de Castellane fait arrêter en une seule nuit les Bohémiens des arrondissements de Bayonne et Mauléon (environ 500 personnes[73]) dans l'intention de les déporter en Louisiane[74],[75]. Mais la guerre maritime empêcha l'exécution de ce projet et ils furent progressivement remis en liberté[76]. Les femmes et les enfants furent répartis dans divers dépôts de mendicité en France et les hommes furent employés à divers grands travaux : canal d'Arles, canal d'Aigues-Mortes, construction de routes dans les départements des Hautes-Alpes et du Mont-Blanc[77]. La détention des personnes ainsi arrêtées s'étend sur une période de trois ans[78]. Après cet épisode, « tous sont revenus à leurs montagnes », estime Adolphe Mazure[74].
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+ Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions « humaines » pour les sédentariser, d’autant que les Roms acquièrent avec la Révolution et le mouvement romantique une image plus positive empreinte de liberté. En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu’ils revendent aussitôt à leurs voisins pour reprendre la route. L’échec de la plupart de ces politiques n’est pourtant pas une règle absolue, et une partie de la population nomade se sédentarise.
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+ Au Siècle des Lumières, l'Espagne a essayé brièvement d'éliminer le statut de marginal des Roms en tentant d'interdire l'emploi du mot gitano, et d'assimiler les Roms dans la population en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie. Cet effort fut vain.
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+ On rencontre, dans le nord des Vosges, dans le courant du XIXe siècle des familles manouches qui habitent des maisons dans les villages parfois depuis plusieurs générations, tout en maintenant leur spécificité culturelle. Vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, leurs descendants se déplacent ensuite dans de nombreuses autres régions françaises, voire en Espagne ou en Amérique du Sud[79],[80].
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+ Depuis le XVIIIe siècle, des fils de boyards étudiants à Paris, initiés à l'esprit des Lumières et/ou en franc-maçonnerie, lancent un mouvement abolitionniste. Le processus se fait en plusieurs étapes. En 1825, en Moldavie, le Hospodar Ioniță Sandu Sturza délie les Roms de leurs liens envers les monastères et les boyards. Cet acte officiel part d'une bonne intention : mettre fin à la « robie ». Mais en pratique, cela laisse les Roms sans protection face aux agriculteurs sédentaires qui réclament des réformes agraires. De nombreux Roms reprennent alors le nomadisme, alors qu'ils s'étaient sédentarisés en majorité autour des domaines seigneuriaux (konaks) et abbatiaux. De toute façon, Sturdza est renversé en 1828 et la « robie » est aussitôt rétablie. Plus tard, en 1865, influencé par la Révolution roumaine de 1848 et par Victor Schœlcher, le prince humaniste Alexandru Ioan Cuza sécularise les immenses domaines ecclésiastiques et abolit la « robie » en Moldavie et Valachie. Toutefois il faut attendre 1923 pour que des lois leur donnent des droits égaux aux sédentaires et les protègent contre les discriminations (Constitution roumaine de 1923). Mais ces lois sont remises en question entre 1940 et 1944[81]. Cette abolition de la robie a pour conséquence de faire émigrer les Roms Vlax en masse dans les pays voisins et dans le monde ; la plupart respectent leurs règles endogames et leur mode de vie nomade[53].
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+ L'immigration rom aux États-Unis commence avec la colonisation des Espagnols et les Roms étaient embarqués comme esclaves et certains s'échappèrent en arrivant aux Amériques avec de petits groupes en Virginie et en Louisiane[réf. nécessaire]. L'immigration à plus grande échelle commence dans les années 1860, avec des groupes de Romanichels ou assimilés (à tort — ainsi : les Pavees) du Royaume-Uni et les Travellers de l'Irlande. Au début des années 1900 commence une importante vague d’émigration de Roms récemment émancipés de Russie, de Roumanie et de Hongrie vers de nombreux pays d’Europe. Tous ces Roms seront appelés indistinctement « Romanichels » ou « Hongrois » dans la plupart des contrées où ils arrivent. Nombre d’entre eux s’embarqueront aussi à cette époque vers les Amériques. Le plus grand nombre d'émigrants appartient au groupe des Kalderash (« Căldărași » = « Chaudronniers ») de Roumanie. Un grand nombre émigre également vers l'Amérique latine.
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+ Au XXe siècle, les grandes vagues de migration cessèrent au moment de la Première Guerre mondiale.
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+ C’est, paradoxalement, la première moitié du XXe siècle, époque de libéralisation dans toute l’Europe, qui fut la plus dure pour les « gens du voyage ». En France, une loi sur « l’exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades » les oblige pour la première fois, en 1912, à se munir d’un « carnet anthropométrique d’identité » qui doit être tamponné à chaque déplacement. Marcel Waline dira en 1950 à propos de cette loi, en vigueur jusqu'en 1969, qu'elle constitue « un cas probablement unique dans le droit français (...) de législation appliquant à une certaine catégorie de gens, les nomades, un régime d'exception, rejetant cette catégorie hors du droit commun, et adoptant, pour opérer cette discrimination, un critère fondé sur un élément racial »[82],[83]. Ce contrôle administratif et de police existe toujours avec le Livret de circulation[84], dont la suppression est cependant programmée au terme d'une procédure législative entamée à l'Assemblée nationale en 2015[85]. Voir aussi ci-après la section « L'après-guerre ».
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+ La répression du nomadisme se conjugue avec le succès des théories eugénistes sur la « protection de la race » dans les milieux scientifiques[Quand ?][réf. nécessaire]. La Suisse et la Suède mettent en place une législation qui vise à détruire la culture tzigane, avec l'assentiment ou l'approbation d'une majorité de la société. En Suisse, le département fédéral de justice et police planifie en 1930 l’enlèvement des enfants sur dix ans. La fondation Pro-Juventute a déjà mis en application en 1926 l'opération « les Enfants de la Grand-Route ». Celle-ci enlève de force les enfants des Yéniches (Tsiganes de Suisse, en allemand Jenische) pour les placer et les rééduquer dans des familles d'accueil sédentaires, des orphelinats voire des asiles psychiatriques en tant que « dégénérés ». Le docteur Alfred Siegfried, directeur des Enfants de la Grand-Route considère en effet les Yéniches comme génétiquement menteurs et voleurs. Non seulement on interdit aux parents biologiques de rencontrer leurs enfants (sous peine de prison) mais des stérilisations sont pratiquées sous prétexte « humanitaire » pour limiter leur reproduction. Cette opération ne prend fin en Suisse qu'en 1972. La Suède pratique une politique similaire jusqu'en 1975[86].
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+ Le génocide contre les roms est officiellement reconnu par l'Allemagne, seulement en 1982. Si le génocide contre les juifs porte le nom de shoah, celui des roms reste flou et selon les courants il s'appelle Porajmos, littéralement « engloutissement », ou Samudaripen, « meurtre total »[87]. De plus, il est difficile de mesurer l'ampleur de ce génocide, car bon nombre de victimes n'ont pas été comptées[88].
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+ En Allemagne, le Parti national-socialiste renforce, dès son arrivée au pouvoir, une législation déjà assez dure ; bien qu’Indo-européens, les Zigeuner ne sont pas considérés comme des Aryens mais, au contraire, comme un mélange de races inférieures ou, au mieux, comme des asociaux[89]. Ils sont vite parqués dans des réserves (on envisage d’en classer une tribu comme échantillon, mais le projet est abandonné), puis envoyés en Pologne, et enfin internés dans des camps de concentration sur ordre d’Himmler, puis assassinés dans des camps d'extermination.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, déportés à Auschwitz, à Jasenovac, à Buchenwald, entre 50 000 et 80 000 Tsiganes d'Europe sont morts des suites des persécutions nazies[90]. Les Tsiganes ont aussi participé à la résistance armée en France, en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne et en URSS.
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+ D'autres massacres ont pris une forme particulièrement cruelle : ainsi, en Roumanie, le régime d'Antonescu déporte plus de 5000 Roms vers l'Ukraine occupée par les Roumains (« Transnistrie ») : la plupart meurent de froid, de faim et de dysenterie. Quelques habitants parviennent à protéger certains groupes. Le gouvernement roumain a officiellement reconnu ce génocide (en même temps que la Shoah) en 2005.
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+ Durant la Première Guerre mondiale, tandis que les tsiganes alsaciens-lorrains de nationalité allemande sont internés en tant que civils ennemis, ceux de nationalité française qui circulent dans les zones de combat sont arrêtés sous divers motifs et internés au camp de Crest, de 1915 à 1919[92].
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+ Lorsque se déclenche la Seconde Guerre mondiale, la France n'attend pas l'occupation allemande pour prendre des mesures privatives de liberté à l'encontre des « nomades ». Le 16 septembre 1939, le préfet d'Indre-et-Loire les déclare « indésirables » dans le département et ordonne à la gendarmerie qu'ils « soient refoulés de brigade en brigade dans un autre département[93] ». Le 22 octobre 1939, le général Vary (sl), commandant de la 9e Région militaire, ajoute une interdiction de séjour en Maine-et-Loire et une interdiction de circuler dans les deux départements précités ainsi que dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne, la Charente, la Dordogne et la Corrèze, précisant quelques jours plus tard que la mesure s'applique également aux « forains »[94].
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+ Un décret-loi du 6 avril 1940 prohibe la circulation des nomades sur l'ensemble du territoire métropolitain pour la durée de la guerre et impose l'assignation à résidence. Officiellement, cette mesure vise à réduire les risques d’espionnage mais il s'agit en réalité de contraindre les « Tsiganes » à la sédentarisation[95]. Pour autant, les autorités se montrent réticentes à imposer l'internement à cause de la menace de reconstitution de bandes à l'intérieur des camps et pour ne pas imposer de charges trop lourdes à l'État. Ces réticences sont toujours de mise sous le régime de Vichy : seuls deux camps, le camp de Lannemezan et le camp de Saliers sont consacrés exclusivement à l'internement de « nomades » en zone sud[96].
115
+ En zone nord les Allemands sont à l'origine de l'internement des nomades[97]. Selon la thèse de l'historien Denis Peschanski publiée en 2002 et qui confirme son estimation de 1994[98], le nombre des Tsiganes internés une ou plusieurs fois entre 1940 et 1946 s'élève à 3 000[99]. D'autres chiffres ont été cités : Marie-Christine Hubert a cité en 1999 un minimum de 4 657 internés tsiganes en zone occupée et 1 404 en zone libre, en précisant que 90 % sont de nationalité française, et que 30 à 40 % sont des enfants[100]. Ce chiffre de 6 000 a été confirmé en 2009[101] et repris en 2010, par le secrétaire d'État aux anciens combattants Hubert Falco[102].
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+ L'ordonnance du Militärbefehlshaber in Frankreich du 4 octobre 1940 édicte que « les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement, surveillés par des policiers français »[103]. Les autorités françaises y répondent dans un premier temps en créant de petits camps plus ou moins organisés ou improvisés[104],[105], où les « nomades » sont soumis à un régime d'assignation à résidence assez dans l'esprit de la circulaire du 26 avril 1940 aux préfets[106] : autorisation de quitter le camp le jour pour trouver des moyens de subsistance, à condition de regagner le camp le soir, à l'instar du camp de la rue Le-Guen-de-Kérangal à Rennes[107].
118
+ Le régime se durcit progressivement. Il n'y a pas de barbelés ni de mirador au camp établi jusqu'en décembre 1940 par le département des Deux-Sèvres dans les ruines du château de Châtillon à Boussais, ce qui n'est plus le cas au camp de la route de Limoges où les « nomades » de Boussais sont ensuite transférés[108].
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120
+ Le règlement du camp de Coudrecieux rédigé en août 1941 précise qu'aucune permission n'est accordée aux internés, tout en permettant des sorties encadrées par les gendarmes[109]. Dans son étude sur Arc-et-Senans, Alain Gagnieux distingue la période « camp de rassemblement » de septembre 1941 à mai 1942 et la période « camp d'internement » de mai 1942 à septembre 1943 lorsque les autorisations de sortie furent exclues[110].
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+ Les conditions de vie au camp de Moisdon-la-Rivière sont décrites le 8 décembre 1941 par l'assistante sociale principale : les repas consistent en ersatz de café le matin avec une ration de pain pour la journée, parfois un peu de viande le midi pour agrémenter navets, betteraves, choux, et le soir une soupe trop claire ; à l'exception de quelques familles, « toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air », la gale et les poux ne manquant pas de faire leur apparition[111],[112]. En mai 1942, les instituteurs du camp de Mulsanne obtiennent du directeur d'une scierie voisine « l'autorisation de collecter les écorces et brindilles qui couvrent les sapinières (…) [qui] seraient collectées par les enfants au cours de promenades surveillées et destinées à la cuisson du lait des bébés du camp, aucun moyen de chauffage n'ayant été prévu jusqu'à présent »[113].
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124
+ D'une part, 66 hommes adultes en provenance du camp de Poitiers quittent le camp de Compiègne le 23 janvier 1943 pour être déportés à Oranienburg-Sachsenhausen[114], d'autre part, un second groupe de 25 hommes adultes du camp de Poitiers sont déportés au cours de la même année vers Buchenwald[114]. Emmanuel Filhol cite le cas d'un déporté de Sachsenhausen qui rentre de déportation en août 1945 et se voit à nouveau assigné à résidence sous le coup du décret du 6 avril 1940 que les gendarmes continuent d'appliquer jusqu'en juin 1946[115].
125
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126
+ En 1995, le quotidien Centre-Presse publie le récit d'un survivant de Buchenwald qui témoigne du « froid et de la faim, des coups, du travail harassant dans les galeries souterraines » qui causèrent la mort de son père et neuf membres de sa famille[116].
127
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128
+ Par ailleurs, des personnes du Nord-Pas-de-Calais rattaché par l'occupant à la Belgique furent arrêtées fin 1943 à la suite de l'ordre d'Himmler d'arrêter tous les Tsiganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais, puis internées au camp de Malines et déportées vers Auschwitz le 15 janvier 1944. Seules 12 personnes belges ou françaises ont survécu sur les 351 convoyées de Malines à Auschwitz[117]. Parmi les 351 personnes, au moins 145 étaient françaises, au moins 121 étaient belges, et 107 étaient des enfants de moins de 16 ans[118].
129
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130
+ Il existe également quelques cas connus, non exhaustifs, de Gitans français déportés en tant que résistants[119].
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+ Les derniers internés au camp de Jargeau ne le quitteront qu’en décembre 1945, alors que les déportés survivants sont rentrés d’Allemagne depuis le printemps[120]. Le dernier camp à fermer est le camp des Alliers à Angoulême, qui fonctionne jusqu'au 1er juin 1946[121]. Les internés sont libérés mais placés sous une étroite surveillance. Le régime des nomades reprend ses droits[122]. À la sortie, les familles libérées ne retrouvent pas les roulottes et chevaux qu'elles possédaient et ne reçoivent aucune aide ou indemnisation. Certaines se réfugient dans la grotte des Eaux-Claires à Ma Campagne.
133
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134
+ Toutefois, un petit nombre de personnes ont obtenu le statut d'« interné politique » longtemps après la guerre[46].
135
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136
+ En 1985, une stèle est érigée au camp de la route de Limoges à Poitiers, qui mentionne la présence des Tsiganes dans ce camp, avec des Juifs et des résistants[123].
137
+
138
+ En 1988, une modeste stèle commémorative est érigée sur le site d'internement de Montreuil-Bellay[124]. Les vestiges de ce camp font l'objet d'une inscription aux Monuments historiques le 8 juillet 2010[125].
139
+
140
+ Des stèles furent également érigées au Camp de Jargeau en 1991, à Laval (mémoire des camps de Grez-en-Bouère et Montsûrs) en 1993, à Arc-et-Senans en 1999, au camp de Linas-Montlhéry en 2004, à Angoulême (camp des Alliers), et Lannemezan en 2006, à Avrillé-les-Ponceaux (camp de La Morellerie) et Barenton en 2008[123].
141
+
142
+ Un monument, œuvre du sculpteur Jean-Claude Guerri, a été inauguré à l'emplacement du camp de Saliers le 2 février 2006[126].
143
+
144
+ L'ouvrage « Les lieux de mémoire » publié de 1984 à 1992 sous la direction de Pierre Nora, et les principaux manuels d'histoire de classe de terminale disponibles en 2009 n'évoquent pas les camps d'internement de « nomades[127] ».
145
+
146
+ Depuis 2004, une cérémonie d'hommage aux victimes nomades de l'internement en France (1939-1946) est organisée le 2 août sous l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris.
147
+
148
+ Le film Liberté de Tony Gatlif, qui a pour thème les politiques anti-tsiganes en France sous le régime de Vichy, paraît en 2010.
149
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150
+ Le génocide a violemment marqué les consciences et, s’il faut attendre 1969 pour qu’une loi plus libérale remplace en France la loi de 1912, cela se fait sans opposition, ceux qui sont peu favorables aux Tsiganes craignant d'être assimilés aux promoteurs du racisme sous l'occupation allemande.
151
+
152
+ Le « Comité international tsigane » créé en 1967, réunit à Londres en 1971 le premier « Congrès mondial tsigane », durant lequel des délégués de 14 pays décident de recommander l'utilisation du terme « Rom ». Le Congrès mondial rom réuni à Genève en 1978 crée l'Union romani internationale qui a un statut consultatif à l'ONU[128].
153
+
154
+ Les Roms sont mentionnés pour la première fois dans un texte officiel de l'ONU à travers la résolution 6 (XXX) du 31 août 1977 de la Sous-Commission de la promotion et de la protection des droits de l'homme exhortant les pays « qui ont des Tsiganes (Romanis) à l'intérieur de leurs frontières à accorder à ces personnes, s'ils ne l'ont pas fait jusqu'ici, la totalité des droits dont jouit le reste de la population[129] ».
155
+
156
+ Les dernières décennies sont marquées par une conversion massive de la communauté au protestantisme évangélique[réf. nécessaire]. En France, 100 000 adultes au moins rejoignent l'association cultuelle Vie et Lumière fondée en 1953 et membre de la Fédération protestante de France[réf. nécessaire].
157
+
158
+ Entre 1944 et 1946, dans plusieurs pays de l'Europe de l'Est , comme la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou la Bulgarie, de nombreux pogroms eurent lieu contre les Roms, accusés de collaboration avec l'Allemagne, ou "profiteurs de guerre " (Marché noir, et vols de marchandises à des paysans) : on ignore l'ampleur de ces pogroms, et le nombre de victimes, d'autant plus que certains de ces pays étaient occupés par l'Armée rouge, et allaient basculer vers les démocraties populaires Communistes.
159
+
160
+ Avec de 10 à 12 millions de personnes, les Roms sont la plus grosse minorité ethnique d'Europe. Quelquefois, ils ont prospéré, par exemple chez les Căldăraşi (Caldéraches) de Roumanie, qui travaillent traditionnellement le cuivre.
161
+
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+ Le niveau d'intégration des Roms dans la société est variable. Les statistiques roumaines ne reconnaissent qu'un demi-million de Roms, alors qu'eux-mêmes estiment leur nombre entre 0,5 et 1 million[130].
163
+
164
+ Dans certains pays comme la Slovaquie ou la Roumanie, où il est possible de constituer des partis ethniques, les Roms ont constitué des partis et ont au Parlement des représentants en tant que tels. Toutefois, leur entrée en politique n'est pas sans risques. Dans ces deux pays, les partis conservateurs (ex-communistes), cherchant à retarder l'intégration en Union européenne, leur ont distribué dans les anciens kolkhozes des terres qui étaient revendiquées par leurs anciens propriétaires, les agriculteurs locaux spoliés par la collectivisation. Les partis rénovateurs pro-européens, favorables à la restitution, soutenaient ces agriculteurs contre les Roms, ce qui a conduit à des désordres civils dans quelques villages. À la suite de ces manipulations, la plupart des dirigeants politiques roms se sont détachés des conservateurs (communistes) et rapprochés des rénovateurs (libéraux). En 2000, un parlement international rom, basé à Vienne, a été créé. En juin 2004, Lívia Járóka devint le premier membre rom hongrois du parlement européen (elle avait été précédée d'un seul auparavant : Juan de Dios Ramírez-Heredia, d'Espagne). Depuis lors, deux autres Roms y ont été élus, l'un sur la liste ADLE : Mme Viktória Mohácsi (Hongrie), l'autre sur celle du parti roumain libéral.
165
+
166
+ Sept États de l'ancien bloc communiste ont lancé l'initiative Décennie de l'intégration tzigane en 2005, pour améliorer les conditions socio-économiques et le statut de la minorité rom. En septembre 2008, les deux députées au Parlement européen d’origine rom, Lívia Járóka et Viktória Mohácsi, ont réussi à faire voter cette initiative au niveau de toute l'Union européenne[131].
167
+
168
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
169
+
170
+ L'Espagne est le pays de l'Europe de l'Ouest qui accueille la plus grosse communauté de Roms. C'est aussi l'un des rares à lui avoir donné le statut de minorité nationale[132]. Le gouvernement catalan a adopté depuis 2009 un plan d'action pour le développement de la population gitane[133],[134].
171
+
172
+ La plupart des Roms (au sens de l'URI) de France sont sédentaires, salariés, intégrés[réf. nécessaire], même si une « minorité visible » restée semi-nomade pratique le travail à la journée (par exemple dans les vergers à l'époque de la cueillette, ou dans le bâtiment). Cependant, une partie de la classe politique les accuse, dans leur totalité ou en en désignant une partie, de pratiquer la mendicité ou la délinquance, de façon forcée par des réseaux mafieux ou de manière volontaire.[réf. nécessaire].
173
+
174
+ Elle vise en fait une minorité de sédentaires roumains et pays proches, exilés, qui a commencé à circuler depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'Union européenne, le 1er janvier 2007, bénéficiant à partir de ce moment des droits de liberté de circulation dont bénéficie tout citoyen de l'Union européenne. Selon certaines associations et journaux[135], « On compte […] en France environ 15 000 Roms migrants de nationalité roumaine, bulgare, tchèque, slovaque, hongroise, moldave ou des pays de l’ex Yougoslavie (Serbie, Croatie, Kosovo notamment). La plupart d’entre eux ont immigré dans les années 1990, peu après la chute des états communistes[136]. »
175
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+ Si une partie de ces Roms pratique le travail à la journée, c'est parce que jusqu'en 2014, les ressortissants de la Bulgarie et de la Roumanie ne sont pas totalement bénéficiaires du principe européen de libre circulation et, pour travailler officiellement, ont besoin d'un titre de séjour et d'une autorisation de travail : c'est pour cela qu'ils sont expulsables. De plus, la directive communautaire de 2004 sur la libre circulation des ressortissants de l'UE n'a pas été totalement transposée en droit français, notamment ses dispositions relatives aux garanties accordées aux personnes expulsées[137].
177
+
178
+ Dans cette situation, les expulsions de Roms sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008[138]. Depuis 2007, le nombre de reconduites à la frontière de Roms roumains en France se situe entre 8 000 et 9 000 par an, représentant environ 30 % des objectifs chiffrés de reconduite à la frontière. Ces retours sont en grande partie volontaires car ils sont assortis de primes de 300 € par adulte et 100 € par enfant et de la prise en charge du billet d'avion[139].
179
+
180
+ En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms de Roumanie et de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
181
+
182
+ 8 030 Roms en situation irrégulière ont ainsi été reconduits par la France en Roumanie et en Bulgarie entre le 1er janvier et le 25 août 2010. Selon le ministre Éric Besson, 1291 l'ont été de manière contrainte, et 6739 de manière volontaire, au moyen de 27 vols « spécialement affrétés[140] ».
183
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+ En 2014, près de 13 500 Roms ont été expulsés de leurs campements en 2014, contre 19 380 en 2013 selon les chiffres de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le Centre européen pour les droits des Roms (CEDR)[141]. En 2014, la France est critiquée par le rapport d'Amnesty International[142] en raison d'expulsions réalisées dans des conditions jugées par l'ONG « épouvantables »[141].
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+ Certains « gens du voyage » français ne veulent pas être identifiés aux Roms en raison de la large utilisation du terme Rom en lien avec les problèmes de délinquance faite par des médias francophones et par des hommes politiques[réf. nécessaire] tels Nicolas Sarkozy[143], Manuel Valls[144], Christian Estrosi, Éric Ciotti[145] Lionnel Luca[146], ou de partis politiques comme le Front national.
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+ Selon l'eurodéputé roumain Cristian Preda, membre du parti au pouvoir (PD-L) et ancien secrétaire d'État à la Francophonie, l'emploi du mot Rom en français est devenu synonyme à la fois de « délinquant » et de « Roumain »[147]. Rom et Roumain étant ainsi devenus péjoratifs, Dorin Cioabă, le fils du « roi » (autoproclamé) des Roms, a suggéré en 2009 d'utiliser le terme d’Indirom à la place de Rom.
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+ La politique d'intégration menée par les ONG et l'État roumain porte des fruits : d'après Martin Olivera, ethnologue connaissant bien la communauté Rom « certains [des Roms] ont effectivement voyagé de Roumanie en France, mais étaient sédentaires là-bas et ne demandent pas mieux que de se sédentariser ici[148] ». Toutefois, comme les Afro-Américains aux États-Unis ou les Dalits en Inde, une partie de la communauté reste très marginale socialement et vit, en Occident comme en Europe de l'Est, dans des conditions extrêmement précaires[149].
191
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+ Mais ces estimations ne concernent que les environ 600.000 Roms comptés comme tels dans les statistiques roumaines, alors que selon Nicolae Paun[150], si l'on comptait aussi les 0,3 à 0,6 millions de Roms intégrés (qui eux, sont comptés comme Roumains), le peu d'ampleur de la marginalité apparaîtrait clairement : selon lui, les Roms en tant que groupe ethnique ne sont pas plus marginalisés que n'importe quelle classe sociale de niveau socio-économique et culturel équivalent. À l'encontre de cette position, les nationalistes roumains (comme les nationalistes français en France), refusent de considérer les Roms comme des Roumains et les perçoivent comme une population indésirable venue d'ailleurs, vivant en parasite et impossible à intégrer. Cette tendance d'opinion se fait un devoir de les appeler couramment « Tziganes », mot péjoratif, en dépit de la loi qui prescrit l’appellation de « Roms »
193
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+ Les Roms restent discriminés en Hongrie[151]. Le gouvernement hongrois entend d'ici à septembre 2011 faire voter une loi qui proposera aux allocataires de prestations sociales « des tâches d'intérêt général sur de gros chantiers de travaux publics, tels la construction d'un stade de football à Debrecen (à l'est du pays), le nettoyage des rues mais aussi l'entretien des parcs et des forêts »[152].
195
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196
+ En mai 2008, en Italie, près de Naples, des camps roms ont été brûlés[153]. En 2010, le gouvernement de Silvio Berlusconi a déjà fait évacuer de nombreux camps illégaux et demande à Bruxelles l'autorisation d'expulser les Roms.
197
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198
+ D'autres camps de Rome sont en 2014 l'objet de l'enquête judiciaire Mafia Capitale : certains groupes mafieux auraient détourné les fonds européens destinés à l'intégration de ces populations, ce qui expliquerait l'état de profonde dégradation des infrastructures leur étant destinées[154].
199
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200
+ Arrivée en Pologne au XIVe siècle, la population Rom est estimée au début du XXIe siècle entre 17 000 et 35 000 personnes. Ils y ont souffert des persécutions, notamment lors de l'occupation nazie au cours de laquelle un nombre très important (le chiffre exact n'est pas connu) d'entre eux a été exterminé. Ils subissent toujours les préjugés et les persécutions, qu'ils soient Roms polonais ou étrangers (de Roumanie ou de Macédoine du Nord) et ce malgré l'instauration d'une loi en 2011 destinée à les protéger[155].
201
+
202
+ Le terme Rom n'est nullement réservé aux seuls Roms de Roumanie même s'il est phonétiquement proche du mot roumain român (roumain). Il n'y a pas de lien étymologique ou sémantique entre les deux termes : rom signifie simplement être humain en romani tandis que român vient du latin romanus.
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204
+ Dans les années 1990-2000, la terre arable a souvent été un enjeu dans des conflits dont les Roms furent les « pions ». Lorsque les paysans ont réclamé la restitution de leurs terres aux ex-communistes (anciens directeurs de kolkhozes), ces derniers ont placé des ouvriers agricoles, souvent Roms, sur ces terres, pour ne pas les rendre (la loi protégeant les cultivateurs occupant le terroir, contre les revendications de propriétaires antérieurs). Ils ont même offert à ces Roms de quoi construire des maisons, une construction rendant la parcelle définitivement inaccessible à ses propriétaires légitimes, selon la loi de l'époque.
205
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206
+ Les Roms de Roumanie forment l'un des principaux groupes de la communauté rom[157]. Officiellement, selon les derniers recensements, la Roumanie compte 600 000 Roms mais plusieurs ONG estiment que ce nombre est sous-estimé et serait en réalité plus proche d'un million, soit autour de 6 % de la population roumaine, et Nicolae Paun du Partida le Romenge (parti Rom) fait remarquer que le fait d'être compté comme Rom a moins à voir avec la langue ou les traditions qu'avec la situation sociale : « si on a ou si on pose des problèmes, on est considéré comme Rom »[156].
207
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208
+ Le romani est une langue parlée par plus d'un million de personnes en Roumanie.
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+ Au Royaume-Uni, les travellers (voyageurs, en référence à la fois aux Irish Travellers et aux Roms) sont devenus en 2005 un enjeu électoral, quand le chef du Parti conservateur promit de réviser l'Acte des droits de l'Homme de 1998. Cette loi, qui englobe la Convention européenne sur les droits de l'Homme dans la législation du Royaume-Uni, est considérée par beaucoup comme permettant de garantir le droit rétrospectif de planification[précision nécessaire]. Les pressions importantes de la population avaient conduit les travellers à acheter des terres[Quand ?], et à s'établir en contournant ainsi les restrictions de planification imposées sur les autres membres locaux de la communauté.
211
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212
+ En Suisse romande, l'enquête que Jean-Pierre Tabin a menée à Lausanne entre 2011 et 2013, a montré que la mendicité concerne peu de personnes, environ une soixantaine. Selon cette enquête, il ne s'agit pas d’une mendicité organisée de manière criminelle[158].
213
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214
+ De « nombreux habitants » seraient méfiants lorsqu'il s'agit d'utiliser les deniers publics pour des infrastructures en Roumanie. Ainsi, Messemrom, une association de soutien aux populations roms, a dû faire face à une plainte afin que soit examinée l'utilisation d'une subvention de l'État helvétique en Roumanie[159]. Elles se plaignent des conséquences générées par la stigmatisation des Roms sous la présidence, en France, de Nicolas Sarkozy[160].
215
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216
+ Confronté à un afflux de Roms du Kosovo, le pays a pratiqué quelques expulsions. Entre 1934 et 1975, la Suède, comme le Danemark et la Norvège, a stérilisé[réf. souhaitée] des Roms et des malades mentaux. En 1999, elle a indemnisé les victimes, plus de 60 000.
217
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218
+ D'après une enquête publiée en 2007 par le Centre européen pour les droits des Roms sur l'exclusion des Roms du marché de l'emploi en Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Roumanie, et Slovaquie, 35 % d'entre eux se définissent comme des ouvriers non qualifiés, 27 % comme des ouvriers qualifiés, 18 % déclarent travailler dans le nettoyage. Seuls 2 % des Roms ont une profession libérale ou sont cadres[161]. 61 % des Roms interrogés lors de l'enquête étaient sans emploi[162].
219
+
220
+ Il est difficile de définir avec précision des critères d'appartenance et le nombre exact des Roms car comme pour la plupart des minorités, les nombreuses unions mixtes avec des non-Rom, la sédentarisation (seulement 2 % d’entre eux sont du voyage en Europe) et l'acculturation (ou intégration, selon les points de vue) progressent à grande vitesse.
221
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222
+ Des estimations laissent à penser qu'il y a approximativement 8 à 10 millions de Roms dans le monde en 2001[163] sans compter ceux qui résident en Inde. Les plus grandes concentrations de Roms se trouvent dans les Balkans, en Europe centrale et de l'Est, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est. De plus petits groupes vivent dans l'Ouest et le Nord de l'Europe, au Moyen-Orient, et en Afrique du Nord.
223
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224
+ Les pays où les populations roms dépassent le demi-million sont la Roumanie, les pays de l'ex-Yougoslavie, l'Espagne, les États-Unis, la Hongrie, la Turquie, le Brésil et l'Argentine. Les Roms sont nombreux aussi en Tchéquie et en Slovaquie.
225
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226
+ En 1971, le congrès des associations et mouvements militants roms adopta le drapeau rom comme symbole du peuple Rom. Sur un fond vert (qui symbolise la Terre fertile) et bleu intense (le Ciel, la liberté), est posé le Chakra (roue solaire à vingt-quatre rayons, symbole de la route et de la liberté), du rouge de l'empereur Ashoka ou Ashok, comme on le voit en tête d'article. Le Congrès mondial tzigane tenu à Londres le 8 avril 1971 choisit cette date pour commémorer la journée internationale des Roms[164]. L'hymne, Djelem, djelem, a été écrit par Žarko Jovanović sur une chanson populaire tzigane[165].
227
+
228
+ Il y aurait actuellement en France entre 350 000[166] et 1 300 000[167] Roms.
229
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230
+ La quasi-totalité des Roms parlant les langues d'origine romani est bilingue, mais un nombre indéterminé (parce que généralement non comptés comme Roms aux recensements) ne parlent que les langues des pays où ils vivent ou ont vécu. Les Gitans, par exemple, s'expriment le plus souvent en dialectes hispaniques, comme le caló[172].
231
+
232
+ Les Roms parlent de nombreuses langues : certaines leur sont propres, d'autres sont celles des contrées qu'ils ont traversées et où ils vivent, d'autres encore sont des dialectes nés de ces multiples influences. La parenté de l'ensemble romani avec le sanskrit est clairement établie, avec des influences avestiques et hébraïques[54].
233
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234
+ Les Roms parlent aussi la langue dominante de la région dans laquelle ils vivent, voire plusieurs langues. Par exemple, les Roms de Prizren au Kosovo parlent quotidiennement quatre langues[réf. nécessaire] dès leur plus jeune âge : l'albanais, le romani, le serbe et le turc. En Slovaquie, beaucoup de Roms parlent à la fois le romani, le slovaque et le hongrois. Les emprunts linguistiques du romani rendent possible le suivi de leur migration vers l'Ouest.
235
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236
+ Les linguistes divisent actuellement l'ensemble rom (non reconnu par les tsiganologues de l'INALCO) en trois groupes linguistiques, correspondant à trois grands ensembles historiquement différenciés en Europe, celui des Tsiganes (qui sont les Roms stricto sensu pour l'INALCO) vivant principalement en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Amérique et en Australie, celui des Sintis ou Manouches vivant en France, en Italie, au Benelux et en Allemagne, et celui des Gitans vivant dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal.
237
+
238
+ Quelques Roms ont développé des sabirs tels que l’ibéroromani (caló), qui utilise le vocabulaire rom, la grammaire espagnole, présente de nombreux emprunts lexicaux à l'andalou, et au catalan et est la source de nombreux mots en argot espagnol, l’angloromani (cant, ce mot désigne également la langue des Travellers irlandais, le shelta), l’arméno-romani (lomavren ou lovari) ; le gréco-romani (ellino-romani), le suédo-romani (tavringer romani), le norvégo-romani (nomad norsk), le serbo-romani (srpskoromani), le hungaro-romani (romungro, modgar, modyar), alors que la boyash est un argot roumain avec des emprunts au hongrois et au romani.
239
+
240
+ Dans les Balkans, on trouve cinq langues vernaculaires composés de romani, d'albanais, de grec et de langues slaves : l’arlisque (arliskó), le djambasque (xhambaskó), le tchanarsque (Čanarskó), le tcherbarsque (Čerbarskó) et le thamarsque (thamarskó).
241
+
242
+ Les Roms sont connus pour être d'excellents musiciens et danseurs. En Espagne, ils ont influencé le flamenco et ils sont devenus les protagonistes de ce genre. Dans la plupart des pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Macédoine du Nord, Roumanie, Tchéquie, Slovaquie…), les musiciens tziganes ont été très recherchés pour les mariages, funérailles, etc. En Roumanie on les appelle lăutari, en République tchèque et Slovaquie lavutari.
243
+
244
+ En France, leurs talents d'amuseurs publics et de dresseurs de chevaux ont généré des familles du cirque célèbres, comme les Bouglione ou les Zavatta.
245
+ Le guitariste Django Reinhardt, quant à lui, influencera durablement le jazz en y mêlant la musique tzigane. Gus Viseur et Tony Murena, compositeurs de célèbres valses-musette, ont joué et ont été influencés par des musiciens manouches.
246
+
247
+ Le théâtre était également une activité artistique traditionnelle de la population Tsigane. Aujourd'hui, il n'est plus guère représenté que par le Djungalo Teatro, l'un des très rares théâtres de tradition tsigane en Europe.
248
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249
+ En Andalousie, le flamenco est la principale musique dans laquelle les artistes gitans se sont imposés depuis la fin du XVIIIe siècle, et ce, en concurrence et rivalité avec les artistes andalous non gitans. El Planeta est considéré comme le premier artiste gitan du flamenco, identifié comme tel par les auteurs du XIXe siècle. À la fois guitariste et chanteur, il crée certains styles de cette musique dont la seguiriya. Au début du XXe siècle le cante flamenco gitan est représenté par Manuel Torre de Jerez de la Frontera spécialisé dans les styles typiquement gitans du cante jondo, et à partir des années 1930, par Manolo Caracol. Entre 1930 et 1940, le flamenco fait place à l'opéra flamenca, décrié pour son caractère décadent et commercial. Après la seconde guerre mondiale, Antonio Mairena impose un retour aux sources d'un flamenco purement gitan, son approche d'une musique dont il revendique les origines exclusivement gitane, est contesté par les défenseur du répertoire payo (c'est-à-dire non gitan). Des années 1950 à 1970 plusieurs cantaors vont représenter le versant gitan du flamenco, les principaux étant El Chocolate, Terremoto de Jerez, El Agujetas. Camarón de la Isla fut la principale vedette du cante flamenco des années 1970 à 1990.
250
+
251
+ Dans la guitare, Ramón Montoya est considéré comme le père du répertoire moderne du flamenco, premier artiste à se produire seul et non seulement comme accompagnateur, sa célébrité ne fut supplantée que par le guitariste non gitan Paco de Lucía. Le guitariste Manitas de Plata, né en 1921 dans le Sud de la France, vendra plus de 93 millions d'album, contribuant ainsi à la diffusion de la musique flamenco et devenant un des artistes français les plus connus au monde. Dans le domaine de la danse flamenca, la figure prépondérante fut Carmen Amaya l'une des plus célèbres artistes du flamenco tout style confondu.
252
+
253
+ Le pianiste György Cziffra fut réputé pour sa grande virtuosité, son répertoire extrêmement varié et ses dons d'improvisateur.
254
+
255
+ On a suggéré que, lorsqu’ils étaient encore en Inde, les Roms étaient hindouistes ; le mot romani pour « croix », trushul, est le même mot que le sanskrit triṣula qui désigne le trident de Shiva.
256
+
257
+ Les Roms ont souvent adopté la religion dominante du pays où ils se trouvaient, en gardant toutefois leur système spécial de croyances. La plupart des Roms sont catholiques, protestants, orthodoxes ou musulmans. Ceux qui se trouvent en Europe de l'Ouest ou aux États-Unis sont soit catholiques, soit protestants. En Amérique latine, beaucoup ont gardé leur religion européenne : la plupart sont orthodoxes. En Turquie, en Égypte et dans le sud des Balkans, ils sont souvent musulmans. Il n'existe pas de "religion rom", mais l'on observe chez les Roms à travers leurs différentes confessions, des survivances vivaces de croyances au surnaturel et d'interdits spécifiques, bien souvent dénigrés par les religions organisées.
258
+
259
+ Dans les Balkans, Georges de Lydda est commémoré le 6 mai lors de la fête que les Roms appellent Ederlezi qui marque le printemps.
260
+
261
+ Même lorsque les Tsiganes rejoignent au fil des siècles telle ou telle religion, ils n'oublient pas leurs origines. Celles-ci remontent très loin dans le passé et la mythologie, et ce qui est parfois devenu ailleurs folklore ou superstition, demeure souvent chez eux une croyance véritable. La principale, fréquente chez les peuples ayant souffert de rejets et de déportations, est l'espérance d'être un jour tous réunis. Cette espérance prend, dans les croyances, un tour prophétique : au rassemblement ultime sur un lieu d'origine mythique est associée la fin du monde actuel, d'où doit ressortir un monde meilleur.
262
+
263
+ À la fin des années 1990, certains Roms de Hongrie se tournent vers le bouddhisme à l'image des intouchables d'Inde rejoignant le mouvement Ambedkar dans leur recherche de dignité et d'égalité[173],[174].
264
+
265
+ Il existe un mouvement de Roms qui souhaitent revenir à l'hindouisme, leur religion originelle : le mouvement a commencé en Grande-Bretagne, lors de rencontres de Roms et de migrants hindous d'Inde, et en Allemagne, où des Roms qui avaient accès à des études universitaires, cherchaient l'origine des Roms, tout en considérant l'évolution religieuse des différents groupes roms à travers les âges. Cependant , l'hindouisme, lointain, reste fort mal connu, et ce mouvement est fortement minoritaire.
266
+
267
+ Dans plusieurs sous-groupes Roms, des repas traditionnels, connus notamment sous le nom de pomana, sont pratiqués plusieurs fois à des intervalles déterminés après un décès, dans l'intention d'apaiser les esprits des morts, appelés mulo, auxquels une place est réservée[175]. Cette tradition est partagée avec les aroumains[176], ainsi qu'avec les Roumains mais aussi d'autres populations balkaniques.
268
+
269
+ Sous l'Ancien Régime, des Tsiganes font des pèlerinages au Mont Saint-Michel et à Alise-Sainte-Reine[177].
270
+
271
+ L'origine du pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue, qui est l'occasion d'un grand rassemblement annuel, pieux et festif, n'est pas connue précisément. Un des premiers récits faisant état de la participation des Gitans à la fête des Saintes-Maries-de-la-Mer est celui de Frédéric Mistral publié en 1906 :
272
+
273
+ « L'église était bondée de gens du Languedoc, de femmes du pays d'Arles, d'infirmes, de bohémiennes, tous les uns sur les autres. Ce sont d'ailleurs les bohémiens qui font brûler les plus gros cierges, mais exclusivement à l'autel de Sara qui, d'après leur croyance, serait de leur nation[178] »
274
+
275
+ Mais la date de 1855 où l'auteur situe le récit, n'est pas fiable[179]. L'édition de 1861 de Mireille comporte au chant XII les vers suivants :
276
+
277
+ « Dins la capello sousterradoI'a Santo Saro, venerado di brun Bóumian ; (...) »
278
+
279
+ L'auteur les traduit par « Dans la chapelle souterraine est Sainte Sara vénérée des bruns bohémiens[180] ». Une image de L'Illustration de 1852 montre une Bohémienne plaçant son enfant sur les châsses des Maries[181].
280
+ Le journal des curés des Saintes mentionne les Gitans dès 1861 et peu après 1900 y est inscrite la note suivante :
281
+
282
+ « Les Bohémiens sont déjà arrivés. Usant d'un droit très ancien qu'on leur a laissé d'occuper, sous le chœur de l'église, la crypte de sainte Sara, leur patronne légendaire, ils sont là accroupis au pied de son autel, têtes crépues, lèvres ardentes, maniant des chapelets, couvrant de leurs baisers la châsse de leur sainte, et suant à grosses gouttes au milieu des centaines de cierges qu'ils allument. (...) L'empressement qu'ils mettent à porter, toucher, baiser, faire baiser à leurs enfants, à la procession, la barque qui contient les statues des Saintes, se disputant les fleurs qui la parent, témoignent de leurs sentiments chrétiens[182]. »
283
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284
+ La création en 1935 de la procession annuelle de Sara la noire, le 24 mai, qui s'ajoute à la procession, plus ancienne, des Maries, fixée au 25 mai, est le résultat d'une demande faite par le poète camarguais Folco de Baroncelli au nouvel archevêque d'Aix, Clément Roques, alors que l'ancien évêque Emmanuel Coste avait interdit aux Bohémiens en 1934, de porter la barque des Maries[183]. Les deux processions seront interdites durant la durée du régime de Vichy[184].
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+
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+ Le 26 septembre 1965, le pape Paul VI célèbre la messe lors d'un pèlerinage international gitan réunissant des milliers de pèlerins à Pomezia près de Rome[185],[186].
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+ Le gitan espagnol Zéphyrin Giménez Malla est béatifié le 4 mai 1997 par Jean-Paul II[187].
289
+
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+ Son nom est donné à la paroisse catholique des gens du voyage du diocèse d'Evry créée par l’évêque d’Évry Mgr Michel Dubosc, basée à Longpont non loin du camp de Linas Montlhery, et se déplaçant parfois sous un chapiteau au gré des campements.
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+ La 54e édition du « pèlerinage des gitans et gens du voyage » à Lourdes rassemble 6 000 personnes en août 2010[188].
293
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+ Le pèlerinage de Lisieux est aussi très suivi par les familles de l'Île-de-France.
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+ Les orientations de la pastorale des Tsiganes sont définies par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement.
297
+
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, un nombre croissant de Roms rejoint des mouvements évangéliques, et pour la première fois, des Roms s'engagent comme chefs religieux, en créant leurs propres églises et organisations missionnaires. Dans certains pays, la majorité des Roms appartiennent maintenant à des Églises rom. Ce changement imprévu a contribué grandement à l'amélioration de leur image dans la société. Le travail qu'ils font est perçu comme plus légitime, et ils ont commencé à obtenir des permis légaux pour exercer leurs activités commerciales.
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+
300
+ Des églises roms évangéliques existent aujourd'hui dans chaque pays où les Roms se sont installés. Le « réveil spirituel » a eu lieu dès la fin des années 1950, en France d'abord, en Normandie, puis partout en Europe. Leur conversion s'est réalisée sous l'impulsion du pasteur missionnaire « gadjé » Clément Le Cossec à qui on attribue l'adhésion de plus de cinq cent mille tsiganes à travers l'Europe[2]. Il fut appelé « l'apôtre des Gitans » par le peuple Rom. Le mouvement est particulièrement fort en France et en Espagne (dans ce dernier pays, il y a plus d'un millier d'églises rom, appelées Filadelfia, dont déjà une centaine à Madrid). D'autres assemblées importantes et nombreuses existent à Los Angeles, Houston, Buenos Aires et Mexico. Quelques groupes de Roumanie et du Chili ont rejoint l'Église adventiste du septième jour.
301
+
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+ L'association Vie et Lumière anime un rassemblement communautaire à Chaumont-Semoutiers, Damblain, à Nevoy et dans la Haute-Saône.
303
+
304
+ On trouve des Roms de confession musulmanes sunnite surtout en Albanie[189], en Bosnie-Herzégovine[190], au Monténégro[190], en Macédoine du Nord[190], au Kosovo[190], dans le sud de la Serbie[190] et dans le sud-est de la Bulgarie[190].
305
+
306
+ D'un point de vue génétique, les populations roms, notamment pour celles du Sud-Est de l'Europe, se caractérisent à la différence des autres populations européennes par une faible diversité de leurs haplotypes due au petit nombre de fondateurs de ces communautés[53]. Les études génétiques montrent que le flux de gènes des populations roms vers les autres populations européennes a été extrêmement limité, le flux génétique étant un peu plus fréquent en sens opposé variant entre 17 % en Roumanie et jusqu'à 46 % en Hongrie pour le flux génétique masculin (estimations hautes)[53].
307
+
308
+ Pour Jean-Pierre Tabin, René Knüsel et Claire Ansermet dans leur ouvrage Lutter contre les pauvres[191], ce qui différencie le discours sur l’identité « Rom » par rapport aux discours sur les identités nationales ou régionales, n’est pas son caractère construit qui est commun à chacun de ces groupes, mais le fait qu’il n’est pas en lien avec un territoire. Le discours est d’ordre ethnique (voire relève de l'ethnogenèse) et fait référence à une « communauté imaginaire et imaginée » dans le sens où l’entend l'historien des nationalismes Benedict Anderson (1983) : elle n’existe qu’en fonction des attributs qu’un groupe revendique ou que d’autres groupes lui prêtent.
309
+
310
+ Des fictions célèbres ont contribué à modeler la représentation du monde rom dans l'imaginaire collectif, comme Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou Carmen de l'opéra Carmen de Georges Bizet.
311
+
312
+ Mentionnons aussi : La Petite Gitane de Miguel de Cervantes, Noces de sang de Federico García Lorca, La Lyre d'Orphée de Robertson Davies, dont les personnages principaux perpétuent jusqu'à ce jour au Canada et ailleurs les traditions tziganes, comme le soin et la réparation des instruments de musique. Mulengro, roman de l'auteur canadien de fiction contemporaine Charles de Lint, présente un portrait du Rom et de ses mythes culturels.
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+
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+ Citons également : The Experiment, roman de Stephen (Barbara) Kyle qui trace le portrait d'une Rom américaine, sœur d'une victime de l'expérimentation nazie, Fires in the Dark de Louise Doughty, fiction relatant une expérience rom en Europe centrale durant la Seconde Guerre mondiale, Zoli de Colum McCann, roman retraçant la destinée mouvementée d'une Rom en Europe des années 1930 à nos jours, et le roman de Gaston Leroux, Rouletabille chez les Bohémiens[192]. Dans la bande dessinée Les Bijoux de la Castafiore, en 1963, Hergé met en scène des tsiganes obligés par la police de camper dans un endroit insalubre, et victimes des préjugés ambiants auxquels ne cèdent pas Tintin et le capitaine Haddock qui les invitent dans le parc du château de Moulinsart.
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+ En bande dessinée également, Modou la Tzigane, de Nadine Brass et Régine Pascale, est une série dont l'héroïne principale est une jeune Tzigane à la fin du Moyen Âge.
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+ La Bohème est un thème littéraire et artistique dérivé des divers stéréotypes sur les Bohémiens.
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+ Parmi les œuvres de littérature populaire française contribuant à transmettre des stéréotypes sur le monde rom, on peut citer les chansons. En effet, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui, la chanson évoque souvent le thème du tzigane (homme ou femme), sous diverses nominations : gitan, manouche, bohémien, tzigane ou tsigane. Les mêmes stéréotypes que dans le roman ou l'opéra sont utilisés[193].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ Un tsunami (en japonais 津波, litt. « vague du port ») est une série d'ondes de très grande période se propageant à travers un milieu aquatique (océan, mer ou lac[1]), issues du brusque mouvement d'un grand volume d'eau, provoqué généralement par un séisme, un glissement de terrain sous-marin ou une explosion volcanique, et pouvant se transformer, en atteignant les côtes, en vagues destructrices déferlantes de très grande hauteur[2].
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5
+ En eau profonde, les vagues du tsunami ont une période (temps séparant chaque crête) se comptant en dizaines de minutes, et peuvent voyager à plus de 800 km/h, tout en ne dépassant pas quelques décimètres de hauteur. Mais à l'approche des côtes, leur période et leur vitesse diminuent, tandis que leur amplitude augmente, leur hauteur pouvant dépasser 30 m[2]. Elles peuvent alors submerger le rivage, inondant les terrains bas, pénétrant profondément dans les terres, en emportant tout sur leur passage, dans une succession de flux et de reflux.
6
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7
+ Les tsunamis font partie des catastrophes les plus destructrices de l'histoire. Sur les quatre derniers millénaires, ils totalisent plus de 600 000 victimes, à travers au moins 279 évènements répertoriés[2]. Le tsunami de 2004 dans l'Océan Indien est la catastrophe la plus meurtrière des 30 dernières années, avec plus de 250 000 victimes.
8
+
9
+ En français, le terme de raz-de-marée était précédemment couramment employé pour désigner les tsunamis. C'est toutefois un terme imprécis, car il regroupe sous la même appellation les tsunamis et d'autres phénomènes de submersion marine. Les scientifiques ont donc officialisé en 1963 le terme « tsunami »[3], sujet de cet article.
10
+
11
+ Un tsunami est créé lorsqu'une grande masse d'eau est déplacée. Cela peut être le cas lors d'un séisme important, d'une magnitude de 6,3 (valeur « seuil » d'après les catalogues de tsunamis disponibles : NOA, catalogue de Novossibirsk, etc.) ou plus, lorsque le niveau du plancher océanique le long d'une faille s'abaisse ou s'élève brutalement (voir Fig. 1), lors d'un glissement de terrain côtier ou sous-marin, lors d'un impact par un astéroïde ou une comète ou encore lors d'un retournement d'iceberg. Un fort séisme ne produit pas nécessairement un tsunami : tout dépend de la manière (vitesse, surface, etc.) avec laquelle la topographie sous-marine (bathymétrie) évolue aux alentours de la faille et transmet la déformation à la colonne d'eau au-dessus.
12
+
13
+ Les mouvements de l'eau provoquent un mouvement de grande longueur d'onde (généralement quelques centaines de kilomètres) et de grande période (quelques minutes dans le cas d'un glissement de terrain à quelques dizaines de minutes dans le cas d'un séisme).
14
+
15
+ Certains tsunamis sont capables de se propager sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres et d'atteindre l'ensemble des côtes d'un océan en moins d'une journée. Ces tsunamis de grande étendue sont généralement d'origine tectonique, car les glissements de terrain et les explosions volcaniques produisent généralement des ondes de plus courte longueur d'onde qui se dissipent rapidement : on parlera de dispersion des ondes.
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+
17
+ Ce n'est pas principalement la hauteur du tsunami qui fait sa force destructrice, mais la durée de l'élévation du niveau de l'eau et la quantité d'eau déplacée à son passage : si des vagues de plusieurs mètres de hauteur, voire d'une dizaine de mètres, sont légion sur les côtes de l'océan Pacifique, elles ne transportent pas assez d'énergie pour pénétrer profondément à l'intérieur des terres. On peut voir le phénomène sous un autre angle : une vague classique, d'une période d'au plus une minute, n'élève pas le niveau de l'eau suffisamment longtemps pour qu'elle pénètre profondément, tandis que le niveau des eaux s'élève au-dessus de son niveau normal pendant 5 à 30 minutes lors du passage d'un tsunami.
18
+
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+ La force destructrice provient de l'énergie considérable qu'il véhicule : contrairement à la houle ou aux vagues classiques qui sont des phénomènes de surface et de faible longueur, le tsunami touche l'océan sur toute sa profondeur et sur une longueur d'onde bien plus importante. L'énergie dépendant de la vitesse et de la masse, celle-ci est considérable, même pour une faible élévation de surface au large près de l'épicentre. C'est cette énergie qui est révélée par l'élévation de la vague à l'approche des côtes. D'où son impact sur le littoral.
20
+
21
+ Les victimes emportées par un tsunami peuvent recevoir divers chocs par les objets charriés (morceaux d'habitations détruites, bateaux, voitures, arbres, etc.) ou être projetées violemment contre des objets terrestres (mobilier urbain, arbres, etc.) : ces coups peuvent être mortels ou provoquer une perte de conscience et de facultés, pertes menant à la noyade. Certaines victimes peuvent aussi être piégées sous les décombres d'habitations. Enfin, le reflux du tsunami est capable d'emmener des personnes au large, où elles dérivent et, sans secours, meurent de noyade, d'épuisement ou de soif.
22
+
23
+ Dans les jours et les semaines suivant l'événement, le bilan peut s'alourdir, en particulier dans les pays pauvres. Mais de temps à autre des victimes survivent et restent des jours, des semaines voire des mois sous les décombres. L'après-tsunami peut être plus mortel que la vague elle-même. Les maladies liées à la putréfaction de cadavres, à la contamination de l'eau potable et à la péremption des aliments sont susceptibles de faire leur apparition. La faim peut survenir en cas de destruction des récoltes et des stocks alimentaires.
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+
25
+ Les tsunamis sont susceptibles de détruire habitations, infrastructures et flore en raison :
26
+
27
+ De plus, dans les régions plates, la stagnation d'eaux maritimes saumâtres peut porter un coup fatal à la faune et à la flore côtières, ainsi qu'aux récoltes. Sur les côtes sableuses ou marécageuses, le profil du rivage peut être modifié par la vague et une partie des terres, immergées.
28
+
29
+ Les récifs coralliens peuvent également être disloqués et mis à mal par le tsunami lui-même et par la turbidité de l'eau qui peut s'ensuivre les semaines suivantes, ainsi que par les polluants (engrais, pesticides…) que l'eau a pu ramener.
30
+
31
+ Pour mesurer les effets ou la magnitude des tsunamis, différentes échelles, analogues à l'échelle de Richter pour les séismes, sont utilisées.
32
+
33
+ L'échelle Sieberg-Ambraseys, utilisée par le BRGM, classe les tsunamis par degrés[3] :
34
+
35
+ L'échelle d'Imamura permet d'attribuer une magnitude aux tsunamis. Introduite par Akitsune Imamura en 1942 et développée par Iida en 1956, elle est l'une des plus simples. La magnitude est calculée à partir de la hauteur maximum de la vague au niveau de la côte, selon la formule[4] :
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+
41
+ m
42
+
43
+
44
+ {\displaystyle m}
45
+
46
+ désigne la magnitude et
47
+
48
+
49
+
50
+
51
+ H
52
+
53
+
54
+ m
55
+ a
56
+ x
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+ {\displaystyle H_{\mathrm {max} }}
63
+
64
+ la hauteur maximale de la vague (
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+ log
70
+
71
+ 2
72
+
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle \log _{2}}
77
+
78
+ est le logarithme de base 2).
79
+
80
+ Par exemple, le tsunami de 2004 dans l'océan Indien fut de magnitude 4 à Sumatra et de magnitude 2 en Thaïlande[4].
81
+
82
+ La présence d'un système d'alerte permettant d'alerter la population quelques heures avant la survenue d'un tsunami, la sensibilisation des populations côtières aux risques et aux gestes de survie, et la sécurisation de l'habitat permettent de sauver la plupart des vies humaines.
83
+
84
+ Au Japon, habitué à ce genre de catastrophes, les habitants ont pris des précautions systématiques. Ils ont mis en place un système doté d'ordinateurs très performants, système qui peut détecter la formation d'un tsunami, en déduire la hauteur des vagues ainsi que la vitesse de leur propagation et le moment où les vagues atteindront les côtes grâce à l'épicentre et à la magnitude du séisme. Ils transmettent aussi ces données aux pays du Pacifique, même à leurs concurrents, contrairement à la surveillance de l'océan Indien[5].
85
+
86
+ Il suffit généralement de s'éloigner de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres des côtes ou d'atteindre un promontoire de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de hauteur pour être épargné. La mise à l'abri ne prend donc que quelques minutes à un quart d'heure, aussi un système d'alerte au tsunami permet-il d'éviter la plupart des pertes humaines.
87
+
88
+ Un système de bouées adaptées à la réception des mouvements (capteurs de pression disposés sur les fonds océaniques) peut être installé le long des côtes et ainsi prévenir du danger.
89
+
90
+ Un dispositif de surveillance et d'alerte, utilisant une maille de sondes subocéaniques et traquant les séismes potentiellement déclencheurs de tsunamis, permet d'alerter les populations et les plagistes de l'arrivée d'un tsunami dans les pays donnant sur l'océan Pacifique : le Centre d'alerte des tsunamis dans le Pacifique, basé sur la plage d'Ewa à Hawaï, non loin d'Honolulu.
91
+
92
+ À Hawaï, où le phénomène est fréquent, les règlements d'urbanisme imposent que les constructions proches du rivage soient bâties sur pilotis.
93
+
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+ À Malé, la capitale des Maldives, une rangée de tétrapodes en béton dépassant de 3 mètres le niveau de la mer est prévue pour diminuer l'impact des tsunamis.
95
+
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+ La sensibilisation au phénomène et à ses dangers est également un facteur déterminant pour sauver des vies humaines, car toutes les côtes ne possèdent pas de système d'alarme - les côtes des Océans Atlantique et Indien en sont notamment dépourvues. De plus, certains tsunamis ne peuvent être détectés à temps (tsunamis locaux).
97
+
98
+ Deux indices annonçant la survenue possible d'un tsunami sont à reconnaître et impliquent qu'il faut se rendre en lieu sûr :
99
+
100
+ Si l'on est surpris par le tsunami, grimper sur le toit d'une habitation ou la cime d'un arbre solide, tenter de s'accrocher à un objet flottant que le tsunami charrie sont des solutions de dernier recours. En aucun cas, il n'est sûr de revenir auprès des côtes dans les heures suivant le tsunami car celui-ci peut être composé de plusieurs vagues espacées de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures.
101
+
102
+ Sources : voir Bibliographie thématique : prévention.
103
+
104
+ Un rapport publié par le PNUE suggère que le tsunami du 26 décembre 2004 a causé moins de dégâts dans les zones où des barrières naturelles, telles que les mangroves, les récifs coralliens ou la végétation côtière, étaient présentes. Une étude japonaise sur ce tsunami au Sri Lanka, établit à l’aide d’une modélisation sur image satellite, les paramètres de résistance côtière en fonction de différentes classes d’arbres[6].
105
+
106
+ En France Métropolitaine, le programme MAREMOTI[7] financièrement soutenu par l'ANR dans le cadre de RiskNat 2008 et ayant débuté le 24 mars 2009[8]. Il associe plusieurs disciplines : la marégraphie, l'observation historique et de traces de paléo-tsunamis d'événements anciens (aux Baléares et sur la côte Nord-Est Atlantique notamment), la modélisation (notamment pour la création d'outils d'alerte) et des études de vulnérabilité. Le CEA coordonne les dix partenaires (CEA/DASE, SHOM, université de La Rochelle, Noveltis, GEOLAB - Université Blaise Pascal, LGP - Université Paris 1, Géosciences Consultants, GESTER - Université Montpellier, Centro de Geofisica da Universidade de Lisboa (Portugal), Laboratoire de Géologie - ENS).
107
+
108
+ En outre-mer, le programme de recherche PREPARTOI[9] s'intéresse à l'évaluation et la réduction du risque de tsunami à La Réunion et à Mayotte. Également pluridisciplinaire, ce projet se veut intégré et systémique, tout comme le programme MAREMOTI, apportant des solutions opérationnelles aux services de l'État.
109
+
110
+ Le CENALT, le centre d'alerte aux tsunamis pour l'Atlantique Nord-Est et la Méditerranée occidentale est opérationnel depuis juillet 2012 à Bruyères-le-Châtel.
111
+
112
+ Glissements de terrain et éruptions volcaniques peuvent déclencher des tsunamis dans des lacs et des fleuves[10]. Le lac Léman a connu un tsunami en l'an 563 avec une vague atteignant 13 mètres[11],[12]. Des tsunamis ont affecté d'autres lacs alpins, notamment le lac de Côme aux vie et xiie siècles, le lac de Lucerne en 1601 et le lac du Bourget en 1822[13].
113
+
114
+ On définit comme mégatsunami un tsunami dont la hauteur au niveau des côtes dépasse cent mètres. Un mégatsunami, s'il se propage librement dans l'océan, est capable de provoquer des dégâts majeurs à l'échelle de continents entiers. Les séismes étant incapables a priori d'engendrer de telles vagues, seuls des événements cataclysmiques, tels un impact météoritique de grande ampleur ou l'effondrement d'une montagne dans la mer, en sont la cause possible.
115
+
116
+ Aucun mégatsunami non local n'a été rapporté dans l'histoire de l'humanité. Notamment, l'explosion du Krakatoa en 1883 et l'effondrement de Santorin dans l'Antiquité n'en ont pas produit.
117
+
118
+ Les causes possibles d'un mégatsunami sont des phénomènes rares, espacés d'échelles de temps géologiques — au bas mot plusieurs dizaines de milliers d'années, si ce n'est des millions d'années. Certains scientifiques estiment cependant qu'un mégatsunami aurait récemment été provoqué par l'effondrement du Piton de la Fournaise sur lui-même, à La Réunion : l'événement remonterait à 2 700 av. J.-C. environ.
119
+
120
+ Les glissements de terrain produisent des tsunamis de courte période qui ne peuvent se propager sur plusieurs milliers de kilomètres sans dissiper leur énergie. Par exemple, lors des glissements de terrain à Hawaï en 1868 sur le Mauna Loa et en 1975 sur le Kīlauea, des tsunamis locaux importants furent créés, sans que les côtes américaines ou asiatiques distantes fussent inquiétées.
121
+
122
+ Le risque de mégatsunami reste cependant médiatisé et surévalué. Des modèles controversés prédisent en effet deux sources possibles de mégatsunami dans les prochains millénaires : sont envisagés un effondrement le long des flancs du Cumbre Vieja aux Canaries (mettant la côte est du continent américain en danger) et un autre au Kīlauea à Hawaï (menaçant la côte ouest de l'Amérique et celles de l'Asie). Des études plus récentes remettent en cause le risque d'effondrement sur les flancs de ces volcans, d'une part, et le caractère non local des tsunamis engendrés, d'autre part.
123
+
124
+ Sources : Bibliographie thématique : mégatsunamis.
125
+
126
+ Dans la mythologie grecque, à l'occasion de son témoignage sur la vengeance des dieux contre le roi de Troie Laomédon (~XIVe siècle av. J.-C.) et le sacrifice d'Hésione, le poète romain Ovide identifie le monstre marin divin Céto à une inondation[14]. D'autres auteurs, comme Valérius Flaccus, y joignent un bruit de tremblement de terre[15]. L'un dans l'autre suggérant un tsunami.
127
+
128
+ Des tsunamis surviennent quasiment chaque année dans le monde. Les plus violents peuvent changer le cours de l'histoire. Par exemple, des archéologues ont avancé qu'un raz de marée en mer Méditerranée a ravagé la côte nord de la Crète, il y a un peu plus de 3 500 ans ; ce désastre aurait marqué le début de la décadence de la civilisation minoenne, l'une des plus raffinées de l'Antiquité[16].
129
+
130
+ À l'échelle des temps géologiques, des tsunamis d'une ampleur exceptionnelle peuvent accompagner des événements majeurs tout aussi exceptionnels. C'est par exemple le cas de l'impact de Chicxulub il y a environ 66 millions d'années. En 2018, une simulation numérique de ses effets sur l'océan mondial a permis de quantifier la hauteur de la vague : jusqu'à 1 500 m dans le golfe du Mexique, plusieurs mètres dans les secteurs les plus éloignés. La vitesse de l'eau au fond de l'océan (plus de 20 cm/s) doit aussi avoir eu pour effet de remobiliser une épaisseur considérable de sédiments[17].
131
+
132
+ L'historien grec Thucydide fut le premier à établir un lien entre tremblements de terre et tsunamis, au Ve siècle av. J.-C.. Il avait noté que le premier indice d'un raz de marée est souvent le soudain retrait des eaux d'un port, tandis que la mer s'éloigne de la côte[18].
133
+
134
+ Le Stromboli est à l'origine d'un tsunami vu par Pétrarque, c'est l'un des trois qui se sont produits au Moyen Âge en Méditerranée. Une étude de l'Université de Pise et de l' Ingv situe les épisodes dans la période 1343 - 1456.
135
+ Pétrarque a été témoin oculaire du tsunami qu'il définit una strana tempesta («  une étrange tempête »), si violent qu'il aurait détruit les ports de Naples et d'Amalfi[19].
136
+
137
+ Au XXe siècle, dix tsunamis par an furent enregistrés, dont un et demi par an a provoqué des dégâts ou des pertes humaines. Sur cette période d'un siècle, sept provoquèrent plus d'un millier de morts, soit moins d'un tous les dix ans.
138
+
139
+ 80 % des tsunamis enregistrés le sont dans l'océan Pacifique ; parmi les huit tsunamis ayant causé plus d'un millier de victimes depuis 1900, seul le tsunami du 26 décembre 2004 n'a pas eu lieu dans l'océan Pacifique.
140
+
141
+ Sources : voir Bibliographie thématique : statistiques sur les tsunamis.
142
+
143
+ En pleine mer, le tsunami se comporte comme la houle : c'est une onde à propagation elliptique, c'est-à-dire que les particules d'eau sont animées d'un mouvement elliptique à son passage. Il n'y a (presque) pas de déplacement global de l'eau, une particule retrouve sa position initiale après le passage du tsunami. La figure 2 illustre le déplacement des particules d'eau au passage de la vague.
144
+
145
+ Mais, contrairement à la houle, le tsunami provoque une oscillation de l'eau aussi bien en surface (un objet flottant est animé d'un mouvement elliptique à son passage, cf. point rouge du haut sur la Fig. 2) qu'en profondeur (l'eau est animée d'une oscillation horizontale dans le sens de la propagation de l'onde, voir le point rouge du bas sur la Fig. 2). Ce fait est lié à la grande longueur d'onde du tsunami, typiquement quelques centaines de kilomètres, qui est très supérieure à la profondeur de l'océan - une dizaine de kilomètres tout au plus. Il en résulte que la quantité d'eau mise en mouvement est bien supérieure à ce que la houle produit ; aussi le tsunami transporte-t-il beaucoup plus d'énergie que la houle.
146
+
147
+ Les vagues ordinaires de l'océan sont de simples rides formées à sa surface par le vent. Mais un tsunami déplace une colonne d'eau tout entière, depuis le plancher océanique jusqu'en haut. La perturbation initiale se propage dans des directions opposées à partir de la faille, dans de longs fronts de houle parfois séparés les uns des autres par 500 km. Ceux-ci se remarquent à peine au large, en eaux profondes. Ils n'atteignent des hauteurs redoutables qu'en eaux peu profondes, quand ils se cumulent à l'approche d'une côte[18].
148
+
149
+ Un tsunami possède deux paramètres fondamentaux :
150
+
151
+ Ces paramètres sont sensiblement constants au cours de la propagation du tsunami, dont la perte d'énergie par friction est faible du fait de sa grande longueur d'onde.
152
+
153
+ Les tsunamis d'origine tectonique ont des périodes longues, généralement entre une dizaine de minutes et plus d'une heure. Les tsunamis créés par des glissements de terrain ou l'effondrement d'un volcan ont souvent des périodes plus courtes, de quelques minutes à un quart d'heure.
154
+
155
+ Les autres propriétés du tsunami comme la hauteur de la vague, la longueur d'onde (distance entre les crêtes) ou la vitesse de propagation sont des quantités variables qui dépendent de la bathymétrie et/ou des paramètres fondamentaux
156
+
157
+
158
+
159
+ E
160
+
161
+
162
+ {\displaystyle E}
163
+
164
+ et
165
+
166
+
167
+
168
+ T
169
+
170
+
171
+ {\displaystyle T}
172
+
173
+ .
174
+
175
+ La plupart des tsunamis ont une longueur d'onde supérieure à la centaine de kilomètres, bien supérieure à la profondeur des océans qui ne dépasse guère 10 km, de sorte que leur propagation est celle d'une vague en milieu « peu profond ». La longueur d'onde
176
+
177
+
178
+
179
+ λ
180
+
181
+
182
+ {\displaystyle \lambda }
183
+
184
+ dépend alors de la période
185
+
186
+
187
+
188
+ T
189
+
190
+
191
+ {\displaystyle T}
192
+
193
+ et de la profondeur de l'eau
194
+
195
+
196
+
197
+ h
198
+
199
+
200
+ {\displaystyle h}
201
+
202
+ selon la relation :
203
+
204
+
205
+
206
+
207
+
208
+ g
209
+ =
210
+ 9
211
+
212
+ ,
213
+
214
+ 81
215
+  
216
+
217
+
218
+ m
219
+
220
+
221
+ s
222
+
223
+
224
+ 2
225
+
226
+
227
+
228
+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle g=9{,}81\ {\rm {m\cdot s^{-2}}}}
232
+
233
+ est la gravité, ce qui donne numériquement
234
+
235
+ La période spatiale ou longueur d'onde est le plus souvent comprise entre 60 km (période de 10 min et profondeur de 1 km), typique des tsunamis locaux non tectoniques, et 870 km (période de 60 min et profondeur de 6 km), typique des tsunamis d'origine tectonique.
236
+
237
+ Pour les tsunamis de période suffisamment longue, typiquement une dizaine de minutes, soit la plupart des tsunamis d'origine tectonique, la vitesse
238
+
239
+
240
+
241
+ v
242
+
243
+
244
+ {\displaystyle v}
245
+
246
+ de déplacement d'un tsunami est fonction de la seule profondeur d'eau
247
+
248
+
249
+
250
+ h
251
+
252
+
253
+ {\displaystyle h}
254
+
255
+  :
256
+
257
+ Cette formule peut être utilisée pour obtenir une application numérique :
258
+
259
+ ce qui signifie que la vitesse est de 870 km/h pour une profondeur de 6 km et de 360 km/h pour une profondeur d'un kilomètre. La figure 4. illustre la variabilité de la vitesse d'un tsunami, en particulier le ralentissement de la vague en milieu peu profond, notamment à l'approche des côtes.
260
+
261
+ De la variabilité de cette vitesse de propagation, il résulte une réfraction de la vague dans les zones peu profondes. Ainsi, le tsunami a rarement l'allure d'une onde circulaire centrée sur le point d'origine, comme le montre la Fig. 5. Toutefois, l'heure d'arrivée d'un tsunami sur les différentes côtes est prévisible puisque la bathymétrie des océans est bien connue. Cela permet d'organiser au mieux l'évacuation lorsqu'un système de surveillance et d'alerte est en place.
262
+
263
+ Il est ainsi possible de calculer et de retracer les temps de parcours de différents tsunamis historiques à travers un océan comme le fait le National Geophysical Data Center[20].
264
+
265
+ Pour des tsunamis de longue période, qui présentent peu de dissipation d'énergie même sur de grandes distances, l'amplitude
266
+
267
+
268
+
269
+ A
270
+
271
+
272
+ {\displaystyle A}
273
+
274
+ du tsunami est donnée par la relation :
275
+
276
+ Pour les tsunamis de faible période (souvent ceux d'origine non sismique) la décroissance avec la distance peut être beaucoup plus rapide.
277
+
278
+ Lorsque le tsunami s'approche des côtes sa période et sa vitesse diminuent, son amplitude augmente. Lorsque l'amplitude du tsunami devient non négligeable par rapport à la profondeur de l'eau, une partie de la vitesse d'oscillation de l'eau se transforme en un mouvement horizontal global, appelé courant de Stokes. Sur les côtes, c'est davantage ce mouvement horizontal et rapide (typiquement plusieurs dizaines de km/h) qui est la cause des dégâts que l'élévation du niveau de l'eau.
279
+
280
+ À l'approche des côtes, le courant de Stokes d'un tsunami a pour vitesse théorique
281
+
282
+ soit
283
+
284
+ Cependant, contrairement à la propagation en haute mer, les effets d'un tsunami sur les côtes sont difficiles à prévoir, car de nombreux phénomènes peuvent avoir lieu.
285
+
286
+ Contre une falaise, par exemple, le tsunami peut être fortement réfléchi ; à son passage on observe une onde stationnaire dans laquelle l'eau a essentiellement un mouvement vertical.
287
+
288
+ Les derniers tsunamis vraiment importants de la période historique ont concerné la mer Méditerranée et datent de l'Antiquité[22] : le premier récit historique d'un tsunami est fait par Hérodote dans son Enquête lors de la prise de la ville de Potidée par le général perse Artabaze en -479 lors des guerres médiques[23]. Ils peuvent aussi naître dans la mer du nord située au-dessus de ce qui a été la jonction de trois plaques tectoniques continentales dans la première période de l'ère paléozoïque (des mouvements et failles résiduels peuvent encore provoquer des tremblements de terre et les tsunamis de petite taille)[24]. Quelques petits tsunamis semblent avoir eu lieu durant les vingt derniers siècles dans le pas de Calais, notamment lors du tremblement de terre de 1580.
289
+
290
+ Dans les 3 siècle précédents, la France métropolitaine n'a connu que quelques petits tsunamis (au XXe siècle principalement) :
291
+
292
+ La France d'outre-mer est bien plus exposé à l'aléa tsunami que la France Métropolitaine. Ses territoires et départements sont souvent situés dans des bassins océaniques plus propices au déclenchement de tsunami par des séismes de forte magnitude, notamment dans les zones de subduction.
293
+ De nombreux catalogues de ces tsunamis existent dans la littérature scientifique pour la Polynésie française[28], la Guadeloupe[29], la Martinique[30] ou encore la Nouvelle-Calédonie[31]. À noter l'événement meurtrier du 28 mars 1875, tuant 25 personnes sur l'île de Lifou en Nouvelle-Calédonie.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Vous pouvez corriger, en discuter sur l’Atelier typographique ou créer la discussion.
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+ Le tuba est un instrument de musique appartenant à la famille des cuivres. Par la variété de ses tailles et de ses formes, il constitue une sous-famille[1] des cuivres.
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+ Le mot « tuba » provient du latin et désignait à l'époque romaine une grande trompette incurvée (tuba curva) utilisée dans le contexte militaire[2].
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+ Le terme générique « tuba » englobe aujourd'hui une grande diversité d'instruments distincts, dont les caractéristiques sont sensiblement différentes en fonction de paramètres liés à une facture instable depuis les débuts[2].
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+
11
+ L'invention du tuba découle de celle du piston, qui révolutionne la facture des instruments de la famille des cuivres au premier tiers du XIXe siècle. Vers 1835, Wieprecht, le directeur général des musiques militaires de Prusse, demande à l'ingénieur allemand Johann Gottfried Moritz[3] de travailler à l'élaboration d'un cuivre grave à pistons qui pourrait avoir un timbre plus homogène et puissant que celui des ophicléides et bassons russes. D'autre part, un autre facteur, W. Schuster élabore entre 1830 et 1835 un tuba à trois barillets. De nombreux facteurs contribueront ensuite à l'évolution de l'instrument.
12
+
13
+ Parallèlement, Adolphe Sax travaille à améliorer le bugle, puis développe une gamme d'instruments, déclinée en sept tailles et tonalités différentes (du contrebasse en si bémol au sopranino en mi bémol), qu'il présente en 1844. Le succès de ses instruments est tel qu'ils sont connus sous le nom de « saxhorns », ou bugles/cuivres de Sax. Parallèlement aux saxhorns, Adolphe Sax a développé une autre famille d'instruments : les saxotrombas ou saxtrombas, tombés en désuétude, mais qui donneront aux gros cuivres leur forme oblongue moderne.
14
+
15
+ Gustave-Auguste Besson[4] (1820-1874), autre facteur parisien important, délocalise son activité à Londres en 1858, à la suite de nombreux procès avec Sax. Outre-Manche, son entreprise prend une part majeure dans le développement des brass bands, où le saxhorn basse évolue vers l'euphonium.
16
+
17
+ Actuellement plusieurs dénominations s'entrecroisent. Cela génère une certaine confusion et une réelle difficulté à comprendre les différences entre les diverses formes d'instruments. De nombreuses variations de termes sont usitées selon l'origine géographique, historique ou le point de vue de l'utilisateur. Aucun système normalisé ne permet à ce jour de satisfaire le plus grand nombre.
18
+
19
+ Aujourd'hui, on fabrique des tubas en fa, mi bémol, ut et si bémol.
20
+
21
+ Le tuba est l'instrument le plus grave de la famille des cuivres, dont la tessiture varie en fonction de la longueur du tube. La sonorité varie en fonction de la géométrie globale, et notamment de la proportion de tube conique ou cylindrique par rapport à la longueur totale.
22
+
23
+ Pour modifier la hauteur des sons, comme sur les autres cuivres, le musicien (tubiste) fait vibrer ses lèvres en agissant sur divers paramètres : tension de l'appareil musculaire facial (zygomatique), quantité et vitesse de l'air expulsé, le tout en coordination avec les différentes combinaisons de doigtés. L'utilisation des 3, 4, 5, voire 6 pistons ou des systèmes rotatifs à palettes (de 3 à 6) permet de modifier la longueur du tube. Le tuba à six pistons a une tessiture théorique de 4 octaves[5], mais cela dépend des possibilités de chaque tubiste.
24
+
25
+ Les tubas au sens large appartiennent à deux familles d'instruments différentes : les tubas et les saxhorns, auxquelles s'ajoute le tuba wagnérien (ou « tuben ») qui n'est pas un tuba contrairement à ce qu'indique son nom, mais appartient à la famille des cors : c'est en fait un cor modifié pour en changer la sonorité, « plus directe », « plus sombre que celui du cor et semblant plus éloignée mais aussi plus dense »[évasif], située entre celle du trombone et du cor.
26
+
27
+ Dans la pratique, les perces sont souvent intermédiaires entre deux instruments-type recensés ci-dessus, de sorte que la distinction est souvent difficile à faire entre barytons, entre contrebasses et (contre)tubas, voire entre euphonium et saxhorn basse (ou entre trompette et cornet).
28
+
29
+ Certains de ces instruments ont la même tessiture (du plus aigu au plus grave) :
30
+
31
+ Lorsque les instruments ont la même tessiture, la différence se fait sur la sonorité déterminée par sa perce.
32
+
33
+ Les tubas sont des instruments à perce conico-cylindrique : la section de l'instrument augmente sur la longueur, mais certaines sections (bloc pistons, coulisses) restent constantes.
34
+
35
+ Comme pour tous les cuivres, il existe deux types de valves : les pistons et les palettes.
36
+
37
+ Traditionnellement, les pistons sont plus utilisés en France et dans les pays anglo-saxons, les palettes sont plus utilisées en Allemagne et en Europe de l'Est. Néanmoins, dans le cas du (contre)tuba et de la contrebasse, les instruments sont conçus soit avec des pistons soit avec des palettes, il existe même certains modèles hybrides avec les deux systèmes. L'instrumentiste choisit donc son instrument selon ses préférences et son répertoire.
38
+
39
+ La plupart des instruments sont conçus avec 4 pistons, ou palettes. Les 3 pistons frontaux sont équivalents aux 3 pistons d'une trompette. Le quatrième piston, qui peut être frontal ou latéral, sert à abaisser la note d'une quarte, et procure un registre grave plus étendu et aussi plus juste.
40
+
41
+ Cependant il existe des instruments à 3 ou 5 pistons, certains en ont 6.
42
+
43
+ Tous les instruments à pistons, ou à palettes, sont faux (voir Problèmes de justesse). Pour pallier ce défaut, il faut ajuster la longueur de l'instrument afin d'avoir une note plus juste. Les petits cuivres, comme la trompette, ont des coulisses mobiles tandis que les gros cuivres sont conçus de plus en plus avec un système de compensation, en plus parfois d'une coulisse mobile.
44
+
45
+ Avec un instrument compensé, l'air sortant du dernier piston n'est pas dévié vers une coulisse, mais retourne dans les autres pistons, en passant par un deuxième circuit d'air. Ce dispositif permet d'ajuster la note en fonction des pistons déjà actionnés. De cette façon, la longueur de l'équivalent de la quatrième coulisse, si l'instrument a 4 pistons, est artificiellement modifiée en fonction des besoins.
46
+
47
+ Contrairement aux idées reçues, la compensation n'a rien à voir avec le fait qu'il y ait un 4e piston ni même avec la tessiture de l'instrument. C'est un système qui sert à rendre l'instrument plus juste.
48
+
49
+ La notation de la musique pour les tubas n'est pas uniforme. Elle varie selon la géographie et le contexte musical.
50
+
51
+ Les tubas basse et contrebasse sont habituellement notés en clef de fa et en sons réels (répertoire soliste, symphonique, lyrique et en ensembles restreints).
52
+
53
+ En Europe, l'utilisation de la clé de sol demeure répandue pour la plupart des tubas dits « transpositeurs », tels que l'euphonium en si bémol, le saxhorn baryton, (plus rarement le tuba contrebasse en si bémol), tradition héritée de la pratique en brass band et en orchestre d'harmonie. Dans ce cas, le matériel d'orchestre propose des parties séparées transposées en si bémol ou mi bémol et notées en clé de sol ou clé de fa, une ou deux octaves plus haut.
54
+
55
+ Exemples :
56
+
57
+ Le répertoire original pour quintette de cuivres est très important.
58
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Vous pouvez modifier la page pour effectuer la traduction.
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+ Le système gastro-intestinal (ou appareil digestif) est le système d'organes des animaux pluricellulaires qui prend la nourriture, la digère pour en extraire de l'énergie et des nutriments, et évacue le surplus en matière fécale..
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+
5
+ La digestion est importante pour décomposer les aliments en nutriments, que le corps utilise pour l'énergie, la croissance et la réparation des cellules.
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+
7
+ Quand on mange, les aliments sont mâchés et transformés en grosses molécules. Elles sont ensuite transformées en molécules suffisamment petites (nutriments) pour être absorbées dans la circulation sanguine. Le reste est ensuite éliminé par le corps sous forme de déchets (selles).
8
+
9
+ Le tube digestif varie d'une espèce animale à l'autre. Par exemple, certains animaux ont des estomacs à plusieurs chambres.
10
+
11
+ Au niveau embryologique, le tube digestif est constitué de plusieurs feuillets embryonnaires : la cavité buccale et l'anus sont d'origine ectodermique, alors que le reste du tube est d'origine endodermique.
12
+
13
+ Ce système est un tube faisant transiter dans divers compartiments les aliments ingérés par les êtres vivants qui en sont munis. Ces aliments portent successivement le nom de contenu gastrique, chyle et chyme alimentaires. Dans ce tube diverses opérations mécaniques et chimiques vont transformer la nourriture en nutriments.
14
+
15
+ Les transformations mécaniques sont réalisées par le système masticateur et la couche de muscles bordant le tube digestif.
16
+ Les transformations chimiques sont réalisées par le complexe enzymatique (catalyse enzymatique). Ces transformations enzymatiques sont couplées à un pH favorisant ces réactions. Par exemple, le pH de l'estomac est de 3 en attente d'une prise alimentaire.
17
+
18
+ Le rôle essentiel de l'appareil digestif est d'assimiler, d'absorber les nutriments dans la circulation sanguine et lymphatique et d'éliminer les éléments non assimilables.
19
+
20
+ Cependant, l'appareil digestif possède également deux autres rôles :
21
+
22
+ Chez un adulte de sexe masculin, le tube digestif mesure environ 8 m de long. Il a un diamètre variable. Son mouvement est appelé péristaltisme. Il a quatre tuniques qui sont en partant de la lumière vers l'extérieur : la muqueuse (rôle sécrétoire et d'absorption), la sous-muqueuse (on y trouve tous les éléments de vascularisation et d'innervation), une tunique musculeuse et enfin une couche externe appelée séreuse lorsqu'on se trouve dans le péritoine et adventice qu'on se trouve en dehors du péritoine. La tunique musculeuse peut être constituée de deux ou trois couches musculaires dont la dénomination est relative à leur orientation. Dans le cas de l'estomac, celles-ci sont au nombre de trois :
23
+
24
+ La suite de l'appareil digestif (donc intestin grêle et colon) quant à lui n'est composé que de deux couches différenciées au sein de la musculeuse qui sont pour la plus externe à l'organisme la circulaire et pour la plus interne la longitudinale.
25
+
26
+ L'appareil digestif se compose des éléments suivants.
27
+
28
+ Le tube digestif comprend, de haut en bas :
29
+
30
+ Le foie a pour fonction principale de détoxifier ce que l'appareil digestif a ingéré. Il se situe dans la cavité péritonéale et plus précisément dans l'hypocondre droit, sous le diaphragme. Sa face inférieure repose sur les autres viscères. Sa vascularisation est double (une vascularisation pour le nourrir, dite nourricière et une vascularisation fonctionnelle qui lui permet de remplir sa fonction de nettoyage). Le foie est par son rôle un organe vital. Un de ses produits est la bile qu'il sécrète dans l'intestin grêle via les canaux biliaires. La bile, lorsqu'elle arrive dans l'intestin grêle, rejoint le duodénum. Le sang est purifié par les lobules hépatiques.
31
+
32
+ Le pancréas est un organe rétropéritonéal. Il est traversé par la terminaison de la voie biliaire. La voie biliaire extrahépatique (à l'extérieur du foie) est constituée du cholédoque. L'accumulation de canaux biliaires dans le pancréas peut engendrer une pancréatite. Il sécrète un liquide iso-osmotique contenant du bicarbonate et diverses enzymes, parmi lesquelles de la trypsine, de la chymotrypsine, de la lipase, et de l'amylase pancréatique, ainsi que des enzymes nucléolytiques, dans l'intestin grêle.
33
+
34
+ Tous ces organes sécréteurs assistent la digestion.
35
+
36
+ Après avoir été mastiquée, la nourriture est avalée et dirigée vers l'estomac via l'œsophage. Grâce à l'action de brassage des muscles de l'estomac et des sucs gastriques, elle est transformée en pâte liquide qui passe ensuite à travers l'intestin grêle, où les particules nutritives sont rétrécies (protéines=acides aminés, lipides=acides gras + glycérol et glucides = glucose), puis sont absorbées par l'organisme en passant dans le sang et la lymphe. Les glucides et les protéines seront absorbées par les vaisseaux sanguins et les lipides seront absorbés par les vaisseaux lymphatiques. Le reste chemine vers le côlon et est rejeté en tant que fèces.
37
+
38
+ Le système digestif est constitué d'une suite d'organes creux, reliés entre eux pour former un tube qui va de la bouche jusqu'à l'anus. À l'intérieur, ce tube est tapissé d'une muqueuse. Dans la bouche, l'estomac et l'intestin grêle, cette muqueuse renferme des petites glandes qui produisent des sucs favorisant la digestion.
39
+
40
+ Deux autres organes, le foie et le pancréas, sécrètent des sucs digestifs qui sont déversés dans l'intestin grêle. Bien d'autres facteurs (ex.: nerfs et sang) jouent également un rôle important dans le processus de digestion des aliments.
41
+
42
+ Pour être absorbée par l'organisme, la nourriture doit être traitée, c'est-à-dire brisée en petites molécules capables de passer dans la circulation sanguine pour ensuite être distribuée à toutes les cellules du corps. La digestion est ce processus de fractionnement et d'absorption des aliments qui serviront par la suite de nutriments et de source d'énergie à l'organisme.
43
+
44
+ La digestion implique le brassage des aliments, leur progression à travers le système digestif et le fractionnement des grosses molécules en plus petites. Elle débute dans la bouche, avec la mastication et la déglutition et se termine dans l'intestin. Le procédé chimique en cause est quelque peu différent selon le type de nourriture ingérée. Les bactéries normalement présentes dans le système digestif sont responsables de plusieurs transformations chimiques utiles à la digestion.
45
+
46
+ Les organes creux du système digestif sont pourvus de muscles qui permettent aux parois de faire des mouvements qui poussent la nourriture ou la brassent. Le mouvement typique de l'œsophage, de l'estomac et de l'intestin est le péristaltisme. L'action du péristaltisme ressemble à une vague traversant le muscle, ayant pour effet de diminuer le diamètre du tube digestif. Ces rétrécissements se déplacent lentement d'un bout à l'autre de l'organe, toujours dans le même sens, avec pour effet d'en pousser le contenu à travers tout le canal alimentaire.
47
+
48
+ Les premiers mouvements de ces muscles surviennent lorsque la nourriture ou un liquide est ingurgité. Bien que le fait d'avaler soit au départ un geste volontaire, une fois commencé, il devient involontaire et se poursuit sous le contrôle des nerfs
49
+
50
+ L'œsophage est l'organe dans lequel la nourriture (bol alimentaire) est poussée une fois déglutie. Il connecte la gorge avec l'estomac. À sa jonction avec l'estomac, se trouve le sphincter du cardia qui ferme le passage entre les deux organes. Toutefois, à l'approche du bol alimentaire, le sphincter se relâche et permet à la nourriture de passer.
51
+
52
+ La nourriture pénètre dans l'estomac qui a alors trois tâches mécaniques à effectuer. Premièrement, il doit contenir tous les aliments et liquides avalés, ce qui requiert que le sphincter supérieur (cardia) reste relâché et accepte une grande quantité de matière. Deuxièmement, il doit malaxer la nourriture avec les sucs gastriques qu'il produit (HCl, enzymes...). Ceci est fait par l'action des muscles de la base de l'estomac. Finalement, il doit vider son contenu en direction de l'intestin grêle.
53
+
54
+ Différents facteurs affectent l'évacuation du contenu de l'estomac, incluant la nature des aliments (en particulier leur teneur en gras et protéines), ainsi que le degré d'action musculaire nécessaire pour vider l'estomac et au niveau de l'intestin, d'en recevoir le contenu. À mesure que la nourriture est digérée dans l'intestin et dissoute par les sucs pancréatiques, hépatiques et intestinaux, elle est brassée et toujours poussée plus loin le long de l'intestin.
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+ Finalement, tous les nutriments déjà digérés sont absorbés par les parois intestinales. Les déchets de ce procédé sont constitués de fibres ou de cellules mortes. Ils sont propulsés vers le côlon (cæcum, côlon ascendant, côlon transverse, côlon descendant, côlon sigmoïde), où le bol alimentaire sera dépourvu de son eau. Le bol alimentaire, maintenant transformé en fèces, sera stocké dans le rectum et éliminé par l'anus (sphincter anal).
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+ Les premières glandes qui entrent en action sont les glandes salivaires. La salive qu'elles produisent contient une enzyme, l'amylase, qui entame la digestion de l'amidon.
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+ Ensuite, les cellules tapissant la paroi interne de l'estomac sécrètent les sucs gastriques composés d'acide chlorhydrique et d'enzymes peptidiques qui digèrent les protéines. Curieusement, l'acide produit par l'estomac ne le détruit pas lui-même. Le mucus qu'il produit réussit à le protéger et l'action de l'acide se concentre uniquement sur les aliments.
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+ Après que l'estomac s'est vidé de son contenu dans l'intestin grêle (duodénum), en passant par le sphincter du pylore, les sucs digestifs du pancréas et du foie sont ajoutés aux aliments afin de poursuivre la digestion. Le pancréas produit de nombreuses enzymes capables de dégrader les glucides, les lipides et les protéines. D'autres enzymes sont sécrétées également par les parois de l'intestin.
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+ Le foie produit la bile. Celle-ci est mise en réserve dans la vésicule biliaire. Au moment de la prise d'aliments, la vésicule se contracte pour libérer la bile dans l'intestin via le cholédoque. La bile dissout les lipides, un peu comme les détergents agissent sur la graisse d'une poêle à frire. Les molécules ainsi obtenues sont digérées par les enzymes du pancréas et de l'intestin.
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+ La nourriture (comme les céréales, les légumineuses, la viande, les noix, les amandes, les noisettes... et les œufs) contient des molécules géantes appelées protéines. Ces molécules doivent tout d'abord être digérées par les enzymes pour ensuite être absorbées par le sang. Ces molécules sont utilisées pour réparer les tissus cellulaires. La plus grosse part de la digestion est située dans l'intestin grêle.
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+ Les molécules de gras constituent une importante source d'énergie pour le corps. La première étape de la digestion d'un corps gras comme le beurre par exemple, est de le dissoudre dans le milieu aqueux de la cavité intestinale. Les acides de la bile réduisent ces grosses molécules en de plus petites comme les acides gras et le cholestérol. Ces molécules peuvent ensuite être absorbées par les cellules de la paroi intestinale où elles sont transformées en molécules plus grosses qui sont déversées dans les vaisseaux lymphatiques. De là elles passent ensuite dans le sang qui les dirige vers les réserves de graisse de l'organisme.
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+ D'autres éléments très importants puisés dans la nourriture sont les vitamines. Elles sont classées en deux grands groupes selon leurs solubilité: dans l'eau (toutes les vitamines B et la vitamine C) ou dans les lipides (vitamines A, D, E, K).
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+ La plupart du matériel absorbé par les parois de l'intestin est composé d'eau dans laquelle des sels sont dissous. Cette eau et ces sels proviennent de la nourriture et liquides absorbés, mais aussi des sucs gastriques sécrétés par l'organisme.
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+ Le système digestif produit ses propres régulateurs :
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+ La digestion est en grande partie régulée par le système nerveux autonome, le système sympathique l'inhibant, le système parasympathique la favorisant. En effet, une stimulation sympathique (noradrénaline) entraîne : une diminution de la motricité, une contraction des sphincters, une inhibition des sécrétions digestives, notamment pancréatiques. À l'inverse, une stimulation parasympathique (acétylcholine) entraîne : une augmentation de la motricité, un relâchement des sphincters, une stimulation des sécrétions digestives. Deux types de nerfs permettent de contrôler l’action du système digestif. Des nerfs extrinsèque (para- et ortho-sympathiques), utilisant deux neurotransmetteur, l'acetylcholine et l'adrenaline. L’acetylochine permet aux muscles du système digestif d’écraser avec plus de force et de pousser la nourriture et les liquides dans le tube digestif. L’acetylcholine permet également à l’estomac et au pancréas de produire plus de sucs gastriques. L’adrénaline relâche les muscles de l’estomac et diminue le flux de sang vers ces organes.
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+ Plus important encore, les nerfs intrinsèque forment un réseau très dense dans les parois de l’œsophage, de l’estomac, de l’intestin grêle et du côlon. Les nerfs intrinsèque sont amenés à agir lorsque les parois des organes vitaux sont étirés par la nourriture. Ils libèrent de nombreuses substances variées qui vont accélérer ou ralentir les mouvements de la nourriture et la production de sucs par l’appareil digestif.
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+ Le système gastro-intestinal (ou appareil digestif) est le système d'organes des animaux pluricellulaires qui prend la nourriture, la digère pour en extraire de l'énergie et des nutriments, et évacue le surplus en matière fécale..
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+ La digestion est importante pour décomposer les aliments en nutriments, que le corps utilise pour l'énergie, la croissance et la réparation des cellules.
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+ Quand on mange, les aliments sont mâchés et transformés en grosses molécules. Elles sont ensuite transformées en molécules suffisamment petites (nutriments) pour être absorbées dans la circulation sanguine. Le reste est ensuite éliminé par le corps sous forme de déchets (selles).
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+ Le tube digestif varie d'une espèce animale à l'autre. Par exemple, certains animaux ont des estomacs à plusieurs chambres.
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+ Au niveau embryologique, le tube digestif est constitué de plusieurs feuillets embryonnaires : la cavité buccale et l'anus sont d'origine ectodermique, alors que le reste du tube est d'origine endodermique.
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+ Ce système est un tube faisant transiter dans divers compartiments les aliments ingérés par les êtres vivants qui en sont munis. Ces aliments portent successivement le nom de contenu gastrique, chyle et chyme alimentaires. Dans ce tube diverses opérations mécaniques et chimiques vont transformer la nourriture en nutriments.
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+ Les transformations mécaniques sont réalisées par le système masticateur et la couche de muscles bordant le tube digestif.
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+ Les transformations chimiques sont réalisées par le complexe enzymatique (catalyse enzymatique). Ces transformations enzymatiques sont couplées à un pH favorisant ces réactions. Par exemple, le pH de l'estomac est de 3 en attente d'une prise alimentaire.
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+ Le rôle essentiel de l'appareil digestif est d'assimiler, d'absorber les nutriments dans la circulation sanguine et lymphatique et d'éliminer les éléments non assimilables.
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+ Cependant, l'appareil digestif possède également deux autres rôles :
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+ Chez un adulte de sexe masculin, le tube digestif mesure environ 8 m de long. Il a un diamètre variable. Son mouvement est appelé péristaltisme. Il a quatre tuniques qui sont en partant de la lumière vers l'extérieur : la muqueuse (rôle sécrétoire et d'absorption), la sous-muqueuse (on y trouve tous les éléments de vascularisation et d'innervation), une tunique musculeuse et enfin une couche externe appelée séreuse lorsqu'on se trouve dans le péritoine et adventice qu'on se trouve en dehors du péritoine. La tunique musculeuse peut être constituée de deux ou trois couches musculaires dont la dénomination est relative à leur orientation. Dans le cas de l'estomac, celles-ci sont au nombre de trois :
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+
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+ La suite de l'appareil digestif (donc intestin grêle et colon) quant à lui n'est composé que de deux couches différenciées au sein de la musculeuse qui sont pour la plus externe à l'organisme la circulaire et pour la plus interne la longitudinale.
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+ L'appareil digestif se compose des éléments suivants.
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+ Le tube digestif comprend, de haut en bas :
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+ Le foie a pour fonction principale de détoxifier ce que l'appareil digestif a ingéré. Il se situe dans la cavité péritonéale et plus précisément dans l'hypocondre droit, sous le diaphragme. Sa face inférieure repose sur les autres viscères. Sa vascularisation est double (une vascularisation pour le nourrir, dite nourricière et une vascularisation fonctionnelle qui lui permet de remplir sa fonction de nettoyage). Le foie est par son rôle un organe vital. Un de ses produits est la bile qu'il sécrète dans l'intestin grêle via les canaux biliaires. La bile, lorsqu'elle arrive dans l'intestin grêle, rejoint le duodénum. Le sang est purifié par les lobules hépatiques.
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+
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+ Le pancréas est un organe rétropéritonéal. Il est traversé par la terminaison de la voie biliaire. La voie biliaire extrahépatique (à l'extérieur du foie) est constituée du cholédoque. L'accumulation de canaux biliaires dans le pancréas peut engendrer une pancréatite. Il sécrète un liquide iso-osmotique contenant du bicarbonate et diverses enzymes, parmi lesquelles de la trypsine, de la chymotrypsine, de la lipase, et de l'amylase pancréatique, ainsi que des enzymes nucléolytiques, dans l'intestin grêle.
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+
34
+ Tous ces organes sécréteurs assistent la digestion.
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+ Après avoir été mastiquée, la nourriture est avalée et dirigée vers l'estomac via l'œsophage. Grâce à l'action de brassage des muscles de l'estomac et des sucs gastriques, elle est transformée en pâte liquide qui passe ensuite à travers l'intestin grêle, où les particules nutritives sont rétrécies (protéines=acides aminés, lipides=acides gras + glycérol et glucides = glucose), puis sont absorbées par l'organisme en passant dans le sang et la lymphe. Les glucides et les protéines seront absorbées par les vaisseaux sanguins et les lipides seront absorbés par les vaisseaux lymphatiques. Le reste chemine vers le côlon et est rejeté en tant que fèces.
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+ Le système digestif est constitué d'une suite d'organes creux, reliés entre eux pour former un tube qui va de la bouche jusqu'à l'anus. À l'intérieur, ce tube est tapissé d'une muqueuse. Dans la bouche, l'estomac et l'intestin grêle, cette muqueuse renferme des petites glandes qui produisent des sucs favorisant la digestion.
39
+
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+ Deux autres organes, le foie et le pancréas, sécrètent des sucs digestifs qui sont déversés dans l'intestin grêle. Bien d'autres facteurs (ex.: nerfs et sang) jouent également un rôle important dans le processus de digestion des aliments.
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+ Pour être absorbée par l'organisme, la nourriture doit être traitée, c'est-à-dire brisée en petites molécules capables de passer dans la circulation sanguine pour ensuite être distribuée à toutes les cellules du corps. La digestion est ce processus de fractionnement et d'absorption des aliments qui serviront par la suite de nutriments et de source d'énergie à l'organisme.
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+ La digestion implique le brassage des aliments, leur progression à travers le système digestif et le fractionnement des grosses molécules en plus petites. Elle débute dans la bouche, avec la mastication et la déglutition et se termine dans l'intestin. Le procédé chimique en cause est quelque peu différent selon le type de nourriture ingérée. Les bactéries normalement présentes dans le système digestif sont responsables de plusieurs transformations chimiques utiles à la digestion.
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+ Les organes creux du système digestif sont pourvus de muscles qui permettent aux parois de faire des mouvements qui poussent la nourriture ou la brassent. Le mouvement typique de l'œsophage, de l'estomac et de l'intestin est le péristaltisme. L'action du péristaltisme ressemble à une vague traversant le muscle, ayant pour effet de diminuer le diamètre du tube digestif. Ces rétrécissements se déplacent lentement d'un bout à l'autre de l'organe, toujours dans le même sens, avec pour effet d'en pousser le contenu à travers tout le canal alimentaire.
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+ Les premiers mouvements de ces muscles surviennent lorsque la nourriture ou un liquide est ingurgité. Bien que le fait d'avaler soit au départ un geste volontaire, une fois commencé, il devient involontaire et se poursuit sous le contrôle des nerfs
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+ L'œsophage est l'organe dans lequel la nourriture (bol alimentaire) est poussée une fois déglutie. Il connecte la gorge avec l'estomac. À sa jonction avec l'estomac, se trouve le sphincter du cardia qui ferme le passage entre les deux organes. Toutefois, à l'approche du bol alimentaire, le sphincter se relâche et permet à la nourriture de passer.
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+ La nourriture pénètre dans l'estomac qui a alors trois tâches mécaniques à effectuer. Premièrement, il doit contenir tous les aliments et liquides avalés, ce qui requiert que le sphincter supérieur (cardia) reste relâché et accepte une grande quantité de matière. Deuxièmement, il doit malaxer la nourriture avec les sucs gastriques qu'il produit (HCl, enzymes...). Ceci est fait par l'action des muscles de la base de l'estomac. Finalement, il doit vider son contenu en direction de l'intestin grêle.
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+ Différents facteurs affectent l'évacuation du contenu de l'estomac, incluant la nature des aliments (en particulier leur teneur en gras et protéines), ainsi que le degré d'action musculaire nécessaire pour vider l'estomac et au niveau de l'intestin, d'en recevoir le contenu. À mesure que la nourriture est digérée dans l'intestin et dissoute par les sucs pancréatiques, hépatiques et intestinaux, elle est brassée et toujours poussée plus loin le long de l'intestin.
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+ Finalement, tous les nutriments déjà digérés sont absorbés par les parois intestinales. Les déchets de ce procédé sont constitués de fibres ou de cellules mortes. Ils sont propulsés vers le côlon (cæcum, côlon ascendant, côlon transverse, côlon descendant, côlon sigmoïde), où le bol alimentaire sera dépourvu de son eau. Le bol alimentaire, maintenant transformé en fèces, sera stocké dans le rectum et éliminé par l'anus (sphincter anal).
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+ Les premières glandes qui entrent en action sont les glandes salivaires. La salive qu'elles produisent contient une enzyme, l'amylase, qui entame la digestion de l'amidon.
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+ Ensuite, les cellules tapissant la paroi interne de l'estomac sécrètent les sucs gastriques composés d'acide chlorhydrique et d'enzymes peptidiques qui digèrent les protéines. Curieusement, l'acide produit par l'estomac ne le détruit pas lui-même. Le mucus qu'il produit réussit à le protéger et l'action de l'acide se concentre uniquement sur les aliments.
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+ Après que l'estomac s'est vidé de son contenu dans l'intestin grêle (duodénum), en passant par le sphincter du pylore, les sucs digestifs du pancréas et du foie sont ajoutés aux aliments afin de poursuivre la digestion. Le pancréas produit de nombreuses enzymes capables de dégrader les glucides, les lipides et les protéines. D'autres enzymes sont sécrétées également par les parois de l'intestin.
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+ Le foie produit la bile. Celle-ci est mise en réserve dans la vésicule biliaire. Au moment de la prise d'aliments, la vésicule se contracte pour libérer la bile dans l'intestin via le cholédoque. La bile dissout les lipides, un peu comme les détergents agissent sur la graisse d'une poêle à frire. Les molécules ainsi obtenues sont digérées par les enzymes du pancréas et de l'intestin.
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+ La nourriture (comme les céréales, les légumineuses, la viande, les noix, les amandes, les noisettes... et les œufs) contient des molécules géantes appelées protéines. Ces molécules doivent tout d'abord être digérées par les enzymes pour ensuite être absorbées par le sang. Ces molécules sont utilisées pour réparer les tissus cellulaires. La plus grosse part de la digestion est située dans l'intestin grêle.
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+ Les molécules de gras constituent une importante source d'énergie pour le corps. La première étape de la digestion d'un corps gras comme le beurre par exemple, est de le dissoudre dans le milieu aqueux de la cavité intestinale. Les acides de la bile réduisent ces grosses molécules en de plus petites comme les acides gras et le cholestérol. Ces molécules peuvent ensuite être absorbées par les cellules de la paroi intestinale où elles sont transformées en molécules plus grosses qui sont déversées dans les vaisseaux lymphatiques. De là elles passent ensuite dans le sang qui les dirige vers les réserves de graisse de l'organisme.
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+ D'autres éléments très importants puisés dans la nourriture sont les vitamines. Elles sont classées en deux grands groupes selon leurs solubilité: dans l'eau (toutes les vitamines B et la vitamine C) ou dans les lipides (vitamines A, D, E, K).
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+ La plupart du matériel absorbé par les parois de l'intestin est composé d'eau dans laquelle des sels sont dissous. Cette eau et ces sels proviennent de la nourriture et liquides absorbés, mais aussi des sucs gastriques sécrétés par l'organisme.
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+ Le système digestif produit ses propres régulateurs :
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+ La digestion est en grande partie régulée par le système nerveux autonome, le système sympathique l'inhibant, le système parasympathique la favorisant. En effet, une stimulation sympathique (noradrénaline) entraîne : une diminution de la motricité, une contraction des sphincters, une inhibition des sécrétions digestives, notamment pancréatiques. À l'inverse, une stimulation parasympathique (acétylcholine) entraîne : une augmentation de la motricité, un relâchement des sphincters, une stimulation des sécrétions digestives. Deux types de nerfs permettent de contrôler l’action du système digestif. Des nerfs extrinsèque (para- et ortho-sympathiques), utilisant deux neurotransmetteur, l'acetylcholine et l'adrenaline. L’acetylochine permet aux muscles du système digestif d’écraser avec plus de force et de pousser la nourriture et les liquides dans le tube digestif. L’acetylcholine permet également à l’estomac et au pancréas de produire plus de sucs gastriques. L’adrénaline relâche les muscles de l’estomac et diminue le flux de sang vers ces organes.
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ La lampe est un objet destiné à produire de la lumière, généralement polychromatique[1].
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+ La lampe la plus ancienne est la lampe à huile. Depuis l'avènement de l'électricité, les lampes les plus utilisées sont les lampes à incandescence qui convertissent l'énergie électrique en énergie lumineuse.
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+ Par extension, ce terme est utilisé pour désigner un objet destiné à supporter la lampe proprement dite ; on parle ainsi de lampe de chevet, de bureau, frontale, etc. Il désigne ainsi très souvent des objets d'art ou décoratifs servant à s'éclairer ou à brûler des essences odoriférantes.
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+ Les premières lampes étaient constituées d'un réservoir contenant un combustible (huile, paraffine, cire, pétrole) destiné à être brûlé en une petite flamme au bout d'une mèche.
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+ Ces lampes étaient destinées à un usage local, voire individuel et portatif. Bien que peu performantes, l'humanité les a utilisées pour s'éclairer, lorsque la lumière prodiguée par le soleil faisait défaut.
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+
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+ Depuis les premières lampes électriques industriellement produites par Edison et destinées à remplacer les réverbères à gaz des villes, les lampes électriques ont beaucoup évolué et présentent aujourd'hui une grande diversité de techniques et de formes.
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+
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+ Peut-être parce qu'elles constituent un substitut au soleil, ou comme dispositif de mise en valeur, les lampes sont l'objet d'appropriations symboliques, de coutumes et de rituels.
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+ Les lumières peuvent venir de différentes matières. Leur spectre lumineux dépend donc de la matière ayant produit la lumière. Par exemple une lampe à incandescence pourra produire toutes les lumières, alors qu'une lampe à gaz se limite à certaines fréquences.
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+
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+ Inversement, un abat-jour peut éventuellement filtrer certaines fréquences et donc réduire la lumière. C'est le cas en particulier de ceux en verre orientables des lampes de banquier (également utilisées dans les bibliothèques) dont la partie blanche réflectrice concentre la lumière visible sur ce qui est à lire et la partie colorée extérieure en laisse passer une partie par transparence pour éviter aux yeux la fatigue du contraste trop violent que créerait un réflecteur opaque.
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+
21
+ Ces objets, dénommés lampes, n'ont pas pour objectif d'éclairer :
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23
+ Lampe à huile rappelant un modèle antique
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+
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+ Lampes de poche
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+
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+ Lampe à lave
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+
29
+ Festival de lampions à Nagasaki
30
+
31
+ Remplissage des lampes dans un temple bouddhiste
32
+
33
+ Une lampe cassée. Le fil qui la tenait au plafond a soudainement rompu. Novembre 2018.
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35
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le mot latin tumulus (au pluriel tumuli) désigne une éminence artificielle, circulaire ou non, recouvrant une sépulture. En haut français, on emploie aussi le mot tombelle[1].
2
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+ Un tertre n'est fait que de terre, un tumulus est fait de terre et de pierres et, enfin, un cairn (ou galgal) est fait uniquement de pierres.
4
+
5
+ La tombe peut être de dimensions très variables : d'un simple dépôt d'ossements brûlés jusqu'à une chambre sépulcrale très élaborée en pierre sèche et/ou en dalles, auquel cas on parlera de tumulus mégalithique (Voir Dolmen).
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+
7
+ Actuellement, les tumuli de terre sont rares, car l'érosion et l'action de l'homme les ont en partie effacés. Les tumuli de pierre (ou cairns) sont par contre assez bien conservés.
8
+
9
+ Le tumulus est souvent consolidé sur son pourtour par un parement en pierre sèche, voire par des blocs plus gros ou même par des pierres levées (le péristalithe). Dans le cas des monuments les plus imposants, il peut y avoir une façade architecturée au niveau de l'entrée de la sépulture.
10
+
11
+ Certains tumuli sont très élaborés et peuvent être structurés en parements concentriques. Ils présentent alors une élévation en gradins.
12
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+ De nombreux tumuli ont été pillés, ont servi de carrière, parfois de butte de tir, ou ont été détruits par l'agriculture. On a aussi pu y construire des tours de guet, ou de petites fortifications.
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+
15
+ L'Algérie compte de nombreux tumuli, le mausolée royal de Maurétanie et le Madracen.
16
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+ Les Égyptiens de l'Antiquité ont utilisé les tumuli pour enterrer leurs morts jusqu'à la fin de période prédynastique. C'est n'est qu'à l'Ancien Empire que les mastabas (puis les pyramides) prendront le pas sur les tumuli ; d'abord pour les pharaons, puis pour les nobles et les notables.
18
+
19
+ Pour les Égyptiens, le tumulus représente la butte émergeant de l'océan primordial d'où naquit le soleil dans la mythologie héliopolitaine.
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+
21
+ Le plus ancien tumulus d'Amérique du Nord (vers -5500) se trouve à L'Anse Amour. Un autre site est le tumulus Augustine, à Metepenagiag. D'autres tumuli ont été retrouvés en 2008 sur la presqu'île de Plaisance dans la province de Québec. On retrouve des amas de pierres semblables derrière l'ancien cimetière protestant MacGillivray du rang 7 est dans la municipalité de Lochaber, Qc.
22
+
23
+ La culture des bâtisseurs de tumulus (« mound » en anglais) s'est épanouie du Ier millénaire av. J.-C. au VIIIe siècle dans une grande partie des États-Unis actuels. Les premiers tertres ont été aménagés vers 3 400 av. J.-C.[2]. Les Adenas semblent être les premiers à pratiquer l'art de la poterie et à enterrer leurs chefs sous des tumuli. Les Hopewells ou leur ont succédé dans la vallée de l'Ohio du Ier siècle av. J.-C. au VIIIe siècle. Ils enterraient leurs morts avec des bijoux et des objets précieux, toujours sous des tumuli. Enfin la civilisation du Mississippi reprend la tradition en érigeant des tertres monumentaux.
24
+
25
+ De nombreux tumuli ont été détruits à cause de l'agriculture, des fouilles sauvages ou la construction d'équipements. Les sites les plus connus aux États-Unis sont :
26
+
27
+ Tertre à effigie : Serpent Mound dans l'Ohio.
28
+
29
+ Monks Mound, témoignage de la culture des bâtisseurs de tumulus, Cahokia, Illinois, États-Unis.
30
+
31
+ Tertres à plate-forme de Kincaid Mounds, reconstitution d'artiste (Herb Roe).
32
+
33
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
34
+
35
+ La Chine compte de nombreux tumuli abritant la sépulture de hautes personnalités, principalement dans la vallée de la rivière Wei (province du Shaanxi), où l'on trouve 65 sépultures d'empereurs allant de la dynastie des Qin à celle des Tang, et plus de 200 d'autres personnalités (impératrices, princes, princesses et hauts fonctionnaires).
36
+
37
+ Silbury Hill est un tumulus de 40 mètres de haut, 167 mètres de diamètre à la base, situé près d'Avebury, comté de Wiltshire, Angleterre. Il est donné pour le plus grand tumulus d'Europe[5].
38
+
39
+ Il n'a jamais révélé de structure funéraire interne malgré les recherches effectuées depuis le XVIIIe siècle.
40
+
41
+ Ce groupe de tumuli, qui abritait notamment la tombe d'un roi anglo-saxon du VIe siècle, a révélé aux archéologues un véritable trésor désormais exposé au British Museum. On y a retrouvé un bateau tombe.
42
+
43
+ Les Étrusques ont utilisé des tumuli pour la sépulture de leurs morts (en plus de leurs tombes enfouies). Les tombes étaient souvent ornées de fresques et regroupées en nécropoles, comme à Monterozzi, Cerveteri ou Populonia (Italie).
44
+
45
+ Il s'agit d'un ensemble de cinq tumuli regroupés sur un seul et même site, à Bougon. Cas assez rare, la construction et l'utilisation de ceux-ci s'est étalée sur une très longue période, de 4 500 à 3 000 ans av. J.-C. Il s'agit de l'une des plus anciennes nécropoles mégalithiques d'Europe occidentale.
46
+
47
+ La commune Bussy-le-Château compte cinq mottes non funéraires sur son territoire, dont trois relativement intactes et de très grande taille, alignées le long de la rivière Noblette. Ces mottes sont fautivement considérées comme des tumulus.
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49
+ Voici leurs noms[6] :
50
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51
+ Son architecture originale et complexe a permis d’authentifier l’utilisation d’un système de mesure au commencement de La Tène ancienne[8].
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53
+ Ce tumulus fut construit entre 5000 et 3400 av. J.-C. (au Néolithique).
54
+
55
+ À la base, il est long de 125 mètres et large de 60 mètres et mesure 12 mètres de haut. Il a nécessité 35 000 mètres cubes de pierres et de terre. Sa fonction était la même que celle des pyramides d'Égypte, tombeau pour les membres d'une élite, il contenait divers objets funéraires pour la plupart exposés dorénavant au musée de préhistoire de Carnac.
56
+
57
+ La chapelle érigée dessus, construite en 1663, fut détruite en 1923 pour être reconstruite à l'identique en 1926[9].
58
+
59
+ À quelques kilomètres de Carnac, on trouve également de nombreux monuments mégalithiques dans la commune de Locmariaquer. En particulier, on y découvre les tumuli d'Er-Grah (140 mètres par 20 mètres), à proximité du célèbre Grand menhir brisé, du Mané-Lud (80 mètres par 50 mètres) et de Mané-er-Hroeg (100 mètres par 60 mètres).
60
+
61
+ Sur le site situé dans la forêt de Benon, sur la commune de Benon, sont implantés cinq tumuli.
62
+
63
+ Ce tumulus n'est actuellement pas recouvert de terre (le fut-il?) et sa structure de pierre sèche (calcaire) est apparente. C'est l'un des rares dolmens héraultais à être encore couverts et enserré par un gros tumulus.
64
+
65
+ Le tumulus de pierre sèche de ce dolmen est original (mais pas unique) : son pourtour est délimité par un cercle de pierres levées intégrées à l'ensemble (le « péristalithe »).
66
+
67
+ Chambre d'un tumulus à champ Châlons.
68
+
69
+ Dolmen, Hérault.
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+ Dolmen, dans le Gard.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
74
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+ Le tumulus de Tanouédou de l'âge d'or est classé depuis le 22 juillet 1914 [10]
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+ La partie la plus ancienne de ce tumulus en pierres sèches daterait de 4 850–4 450 av. J.-C., du Néolithique
78
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79
+ Sur le ban de la commune d'Appenwihr, dans la forêt de Kastenwald, se trouve un groupe de neuf tumuli de hauteur modeste (environ 1,50 m). À quelques centaines de mètres au nord-ouest de ce groupe, se dresse un tumulus d'une hauteur de 4 à 5 mètres qui n'a jamais été fouillé.
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+ Sept des tumuli du groupe ont été fouillés, l'un ayant été détruit par la construction de la départementale D1 et un autre n'a pas fait le sujet de fouilles. Ils ont été datés de l'époque du Bronze moyen et le résultat des fouilles est exposé au musée Unterlinden à Colmar.
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+ À l'époque mycénienne, les rois avaient pour habitude d'être inhumés dans des tombes à tholos, dont la plus célèbre est le trésor d'Atrée à Mycènes qui date d'environ 1250 av. J-C..
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+ Un tumulus fut construit pour les soldats athéniens morts au combat lors de la bataille de Marathon contre les Perses.
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+ Tunis (/ty.nis/[2] ; arabe : تونس, tūnis /ˈtuːnɪs/[3] Écouter) est la ville la plus peuplée et la capitale de la Tunisie. Elle est aussi le chef-lieu du gouvernorat du même nom depuis sa création en 1956. Située au nord du pays, au fond du golfe de Tunis dont elle est séparée par le lac de Tunis, la cité s'étend sur la plaine côtière et les collines avoisinantes. Son cœur historique est la médina, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.
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+ Bourgade modeste placée dans l'ombre de Carthage, Kairouan puis Mahdia, elle est finalement désignée comme capitale le 20 septembre 1159 (5 ramadan 554 du calendrier musulman), sous l'impulsion des Almohades, puis confirmée dans son statut sous la dynastie des Hafsides en 1228 et à l'indépendance du pays le 20 mars 1956.
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+ Tunis est la capitale économique et commerciale de la Tunisie. La densité de son réseau routier, autoroutier et sa structure aéroportuaire en font un point de convergence pour les transports nationaux. Cette situation est issue d'une longue évolution, en particulier des conceptions centralisatrices qui donnent un rôle considérable à la capitale et tendent à y concentrer à l'extrême les institutions.
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+ En 2014, la population de la municipalité de Tunis intra-muros est de 638 845 habitants d'après le recensement de l'Institut national de la statistique[1]. Néanmoins, au cours du XXe siècle, l'agglomération s'est largement développée hors des limites de la municipalité, s'étendant sur quatre gouvernorats, Tunis, l'Ariana, Ben Arous et La Manouba. Le Grand Tunis compte 2 643 695 habitants en 2014, soit environ 14 % de la population du pays.
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+ En 2017, Tunis est classée comme la cinquième ville arabe où il fait bon vivre[4].
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+ Selon Paul Sebag, « Tunis » est la transcription française d'un nom qui se prononce tûnus, tûnas ou tûnis (û ayant la valeur du « ou » français) en arabe tunisien. Les trois vocables sont indiqués par le géographe syrien Yaqout al-Rumi dans son ouvrage Mu'jam al-Bûldan (Dictionnaire des pays) ; le dernier est celui qui prédomine dans le nom de la ville de même que dans le gentilé tûnisi ou tûnusi (tunisien). Ce vocable, issu du verbe ens en berbère, se définit comme « être couché » ou « se coucher » et par extension « aller passer la nuit à », « arriver de manière à passer la nuit », « aller passer la nuit chez ». Parmi les très nombreux dérivés de ce terme, on trouve tinés (pluriel de ténésé) indiquant « le fait d'être couché » et par extension le « fait de passer la nuit »[5].
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15
+ Compte tenu des variations vocaliques dans le temps et l'espace, le nom de Tunis a donc très probablement le sens de « campement de nuit », « bivouac » ou « halte ». Dans la toponymie antique de l'Afrique romaine, on note également les noms proches des localités de Tuniza (actuelle El Kala), Thunusuda (actuelle Sidi Meskine), Thinissut (actuelle Bir Bouregba), Thunisa (actuelle Ras Jebel) ou Cartennæ (actuelle Ténès en Algérie)[5]. Toutes ces localités berbères se situaient sur des voies romaines et ont sans doute servi de relais ou de halte. Du nom de Tunis est dérivé en français le terme « Tunisie » qui désigne le pays dont cette ville est la capitale. Ce nom est lancé par des géographes et historiens français par analogie avec le mot « Algérie » forgé à partir d'Alger. Ce mot s'est depuis répandu dans toutes les langues européennes. Or, le terme Tunes désignant à la fois la ville et le pays, il ne peut être clairement compris que lu dans son contexte : c'est donc le sens de la phrase qui permet de savoir si l'on parle de la Tunisie ou de Tunis.
16
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17
+ D'autres explications existent sur l'origine du nom de Tunis : il dériverait du terme berbère Tinast qui pourrait signifier « clé de la fertilité », en référence à la fertilité du territoire[6].
18
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19
+ D'autres le lient à la déesse punique Tanit, étant donné que plusieurs anciennes cités étaient nommées d'après une divinité[7]. On mentionne par ailleurs que le nom proviendrait de Tynes, ville mentionnée par Diodore de Sicile et Polybe dans leurs descriptions[8],[9].
20
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21
+ La ville de Tunis est construite sur un ensemble de collines, culminant à quarante mètres d'altitude[10] et descendant en pente douce vers le lac de Tunis mais présentant un versant abrupt dans la direction opposée (au-dessus de la sebkha Séjoumi). Ces collines, qui font suite aux coteaux de l'Ariana et correspondant aux lieux-dits Notre-Dame de Tunis, Ras Tabia, La Rabta, La Kasbah, Montfleury et La Manoubia, ont des altitudes qui dépassent à peine 50 mètres[11].
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23
+ Mosquée Hammouda-Pacha située à 23 mètres au-dessus du niveau de la mer.
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+ Bab El Bhar située à 7 mètres au-dessus du niveau de la mer.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La ville naît, à une époque reculée, au carrefour de routes qui se constituent naturellement à travers l'étroite bande de terre resserrée entre les vastes cuvettes du lac de Tunis et du Séjoumi. L'isthme qui les sépare constitue ce que les géologues appellent le « dôme de Tunis », lequel comprend des collines de roches calcaires et de sédiments d'origine éolienne et lacustre. C'est une sorte de pont naturel par où passent, dès l'Antiquité, plusieurs routes importantes reliant la Berbérie à l'Égypte et dont le tronçon tunisien passe par Utique et Hadrumète. La deuxième route est celle de Béja qui longe la Medjerda et rejoint à Tunis la route d'Utique. La troisième est la route de Sicca qui met la Numidie en communication avec Hadrumète. Ces routes sont évidemment tributaires de Carthage quand celle-ci affirme sa primauté politique et économique en Afrique. Sur ces parcours routiers, les courants de trafic ont favorisé la naissance de relais et d'étapes parmi lesquelles Tunis.
30
+
31
+ Sur une superficie de 300 000 hectares, 30 000 sont urbanisés, le restant se partageant entre des plans d'eau (20 000 hectares de lagunes ou de sebkhas dont les plus importantes sont le lac de Tunis, la sebkha Ariana et la sebkha Sejoumi) et des espaces agricoles ou naturels (250 000 hectares). Toutefois, la croissance urbaine, qui est évaluée à 500 hectares par an, se fait au détriment de cet espace. Elle est d'autant plus coûteuse qu'elle consomme les terres de plaines les plus intéressantes pour les cultures.
32
+
33
+ Le climat tunisois appartient au climat méditerranéen caractérisé par une saison fraîche et pluvieuse et une saison chaude et sèche. Il doit ses traits essentiels à la latitude de la ville, à l'influence modératrice de la Méditerranée et au relief du Tell septentrional[12].
34
+
35
+ L'hiver est la saison la plus humide de l'année : il tombe ainsi plus du tiers des précipitations annuelles au cours de cette période, ce qui représente un jour de pluie tous les deux ou trois jours. L'ensoleillement entretient tout de même une certaine douceur : les températures évoluent en moyenne entre 7 °C le matin et 16 °C l'après-midi. Les gelées sont donc très rares. Au printemps, il tombe moins de pluie : le cumul des précipitations diminue ainsi de moitié. L'ensoleillement devient prépondérant au fil des mois pour atteindre près de dix heures en moyenne par jour au mois de mai. Les températures s'en ressentent, variant en mars entre 8 et 18 °C, en mai entre 13 et 24 °C. En été, la pluie se fait totalement absente et l'ensoleillement maximum. Les valeurs moyennes des températures sont très élevées. Les brises marines atténuent la chaleur mais le sirocco renverse parfois la tendance. En automne, il se remet à pleuvoir, souvent à l'occasion d'orages brefs, ce qui peut parfois favoriser de rapides crues voire des inondations dans certains quartiers de la ville[14],[15] : celles de 2007, aggravées par une urbanisation trop rapide, ont conduit à réviser la politique d'aménagement[16]. Le mois de novembre marque en général une coupure thermique avec des températures qui évoluent en moyenne entre 11 et 20 °C.
36
+
37
+ La métropole de Tunis, dont la superficie a beaucoup augmenté au cours de la seconde moitié du XXe siècle, s'étend maintenant sur plusieurs gouvernorats : le gouvernorat de Tunis accueille une minorité de la population de l'agglomération tandis que la banlieue s'étend sur les gouvernorats de Ben Arous, de l'Ariana et de La Manouba.
38
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39
+ La municipalité de Tunis est divisée en quinze arrondissements municipaux[17] : Bab El Bhar, Bab Souika, Cité El Khadra, Djebel Jelloud, El Kabaria, El Menzah, El Omrane, El Omrane supérieur, El Ouardia, Ettahrir, Ezzouhour, Hraïria, Médina, Séjoumi et Sidi El Béchir.
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+
41
+ L'existence de la localité est attestée dès le début du IVe siècle av. J.-C.[18],[19]. Perchée sur sa colline, Tunis est un excellent observatoire d'où les Libyens peuvent suivre aisément les manifestations extérieures de la vie de Carthage (allées et venues des navires ou des caravanes vers l'intérieur du pays). Tunis est l'une des premières cités libyennes à passer sous la domination carthaginoise, étant donné son voisinage avec la grande cité et sa position stratégique. Plus d'une fois, dans les siècles qui suivent, il est fait mention de Tunes dans l'histoire militaire de Carthage. Ainsi, durant l'expédition d'Agathocle de Syracuse, qui débarque en 310 av. J.-C. au cap Bon, Tunis change de main à plusieurs reprises. Par ailleurs, son rôle durant la guerre des Mercenaires laisse penser qu'elle est alors « un des principaux centres de la race aborigène »[18]. Selon toute vraisemblance, le gros de sa population est alors constitué de paysans, de pêcheurs et d'artisans. Toutefois, en regard de la Carthage punique, l'antique Tunes reste d'une taille très modeste.
42
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43
+ Détruite selon Strabon[20] par les Romains pendant la troisième guerre punique, elle aurait été reconstruite avant Carthage. Elle ne fait toutefois l'objet que de rares témoignages, dont celui de la table de Peutinger, qui mentionne Thuni[20]. Dans le système de voies de la province d'Afrique, Tunes n'est que le nom d'une mutatio (relais de poste)[20]. La ville latinisée est progressivement christianisée et devient le siège d'un évêché. Toutefois Tunes reste sans doute une modeste bourgade tant que Carthage existe[19].
44
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45
+ La région est conquise par les troupes arabes menées par le général ghassanide Hassan Ibn Numan au VIIe siècle. En effet, la cité est pourvue d'une position privilégiée au fond du golfe et au carrefour des flux commerciaux avec l'Europe et son arrière-pays. Très tôt, Tunis joue le rôle militaire pour lesquelles les Arabes l'ont choisi car elle est désormais la seule cité importante dans les parages du détroit de Sicile. Dès les premières années du VIIIe siècle, le chef-lieu de district qu'est alors Tunis se voit renforcer dans son rôle militaire : devenue la base navale des Arabes en Méditerranée occidentale, elle prend une importance militaire considérable[19]. Sous le règne des Aghlabides, les Tunisois se révoltent à maintes reprises[19] mais Tunis profite de l'embellie économique et devient rapidement la deuxième cité du royaume. Devenue la capitale du pays à la fin du règne d'Ibrahim II (902), elle le demeure jusqu'en 909[21], date à laquelle des Berbères chiites prennent l'Ifriqiya et fondent la dynastie des Fatimides, puis redevient chef-lieu de district. Son rôle d'opposition au pouvoir en place s'intensifie, dès septembre 945, lorsque des insurgés kharidjistes occupent Tunis et la livrent au pillage[22],[19]. Avec l'avènement de la dynastie des Zirides, Tunis gagne en importance mais la population sunnite supporte de plus en plus mal le règne chiite et perpétue des massacres contre cette communauté[22]. C'est pourquoi, en 1048, le Ziride Al-Muizz ben Badis rejette l'obédience fatimide et rétablit dans toute l'Ifriqiya le rite sunnite. Cette décision provoque la colère du calife chiite Al-Mustansir Billah. Pour punir les Zirides, il lâche sur l'Ifriqiya des tribus arabes dont les Hilaliens. Une grande partie de l'Ifriqiya est mise à feu et à sang, la capitale ziride Kairouan est détruite en 1057 et seules quelques villes côtières dont Tunis et Mahdia échappent à la destruction. Néanmoins, exposée aux exactions des tribus hostiles qui campent aux environs de la ville, la population de Tunis, qui ne reconnaît plus l'autorité des Zirides repliés à Mahdia, prête allégeance au prince hammadide El Nacer ibn Alennas, basé à Bougie, en 1059. Le gouverneur nommé par ce dernier, ayant rétabli l'ordre dans le pays, ne tarde pas à s'affranchir des Hammadides et fonde la dynastie des Khourassanides avec Tunis pour capitale. Le petit royaume indépendant renoue alors avec le commerce extérieur et retrouve la paix et la prospérité.
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47
+ En 1159, l'Almohade Abd al-Mumin s'empare de Tunis, destitue le dernier souverain khourassanide et installe à sa place un gouvernement chargé de l'administration de toute l'Ifriqiya qui siège dans la kasbah construite pour l'occasion[19]. La conquête almohade ouvre une nouvelle période dans l'histoire de Tunis. La ville, qui jouait jusque-là un rôle de second plan derrière Kairouan et Mahdia, se trouve promue au rang de capitale de province. En 1228, le gouverneur Abû Zakariyâ Yahyâ s'empare du pouvoir et, un an plus tard, s'affranchit du pouvoir almohade, prend le titre d'émir et fonde la dynastie des Hafsides. Avec l'avènement de cette dynastie, la cité devient la capitale d'un royaume s'étendant progressivement vers Tripoli et Fès. À la ville primitive s'ajoutent au nord et au sud d'importants faubourgs enserrés par une deuxième enceinte entourant la médina, la kasbah et ces nouveaux faubourgs[19]. En 1270, Tunis se retrouve prise dans la huitième croisade : Louis IX, espérant convertir le souverain hafside au christianisme et le dresser contre le sultan d'Égypte, s'empare facilement de Carthage mais son armée est rapidement victime d'une épidémie de dysenterie. Louis IX lui-même en meurt le 25 août 1270 devant les remparts de la capitale[23]. Dans le même temps, chassés par la reconquête espagnole, les premiers Andalous musulmans et juifs arrivent à Tunis et vont participer activement à la prospérité économique et à l'essor de la vie intellectuelle dans la capitale hafside[19].
48
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49
+ Au cours du XVIe siècle, la Tunisie est l'un des principaux théâtres où s'affronte la monarchie espagnole et l'Empire ottoman[19]. Les troupes ottomanes, sous la conduite de Khayr ad-Din Barberousse, se présentent devant Bab El Jazira le 18 août 1534[24] et livrent la ville au pillage. Charles Quint, appelé à la rescousse par les dirigeants européens menacés par l'avancée ottomane en Méditerranée, prend la ville le 6 août 1535 et rétablit le souverain hafside. Face aux difficultés rencontrées par ce dernier, l'Ottoman Uludj Ali, à la tête d'une armée de janissaires, reprend Tunis en 1569. Toutefois, à la suite de la bataille de Lépante en 1571, les Espagnols parviennent à reprendre la ville et rétablissent le souverain hafside. Après de nouveaux combats, la ville tombe finalement aux mains des Ottomans en août 1574[25].
50
+
51
+ Devenu une province ottomane gouvernée par un pacha nommé par le sultan ottoman basé à Istanbul, le pays accède rapidement à une certaine autonomie (1591). Sous le règne des deys puis des beys mouradites, la capitale prend un nouvel essor : sa population grandit grâce à de multiples apports ethniques, dont les Maures chassés d'Espagne, et les activités économiques se diversifient. Aux industries traditionnelles et aux échanges avec les pays lointains s'ajoute la course qui connaît alors son âge d'or. Les profits assurés par le rachat des esclaves chrétiens permettent également aux souverains d'élever des constructions fastueuses qui renouvellent la parure monumentale héritée du Moyen Âge[19].
52
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53
+ Au début du XVIIIe siècle, la Tunisie entre dans une nouvelle période de son histoire avec l'avènement de la dynastie des Husseinites. Dans ce cadre, de multiples initiatives émanant des princes se succédant au pouvoir ou de hauts dignitaires apportent de nombreuses retouches urbaines qui renouvellent et enrichissent la parure monumentale de la ville. Durant cette période, la ville prospère à nouveau comme centre de commerce mais aussi de piraterie jusqu'au XIXe siècle, période durant laquelle sa population est évaluée, selon les différentes sources, sur une échelle allant de 90 000 à 110 000 habitants[26]. Profitant des dissensions internes à la dynastie, la régence d'Alger s'empare de Tunis en 1756 et place le pays sous tutelle[27]. Au début du XIXe siècle, Hammouda Pacha doit faire face aux bombardements de la flotte vénitienne mais réussit à se défaire de la tutelle algérienne et dissout la milice des janissaires après une révolte en 1811[28]. Sous le règne de Hussein II Bey, les victoires navales des Anglais (1826) et des Français (1827) mettent fin à la course, privant le pays des revenus en découlant[29].
54
+
55
+ Pendant le demi-siècle qui va de la conquête de l'Algérie au traité du Bardo, des colonies européennes, de plus en plus nombreuses chaque année, viennent grossir la population tunisoise. En conséquence, l'organisation spatiale de la ville est remise en cause par les premières démolitions des remparts, à partir de 1860, et l'ouverture des portes dès 1870.
56
+
57
+ La cité s'étend dès lors hors de ses murs, entre la médina et les rives du lac, pour accueillir les nouvelles populations et reçoit les premiers équipements modernes en matière d'adduction d'eau (1860), d'éclairage au gaz (1872), de voirie, de l'enlèvement des ordures ménagères (1873) ainsi que de communications avec la proche banlieue et l'arrière-pays[30].
58
+
59
+ En marge de l'artisanat et du commerce traditionnels qui déclinent, les nouveaux venus développent les échanges avec l'Europe, introduisent les premières industries modernes et acclimatent ainsi sur les marges de la cité arabe de nouvelles formes de vie urbaine.
60
+
61
+ L'année 1881, qui est celle de l'instauration du protectorat français, marque un tournant dans l'histoire de Tunis. La cité entre dans une ère de mutations rapides qui la transforment profondément en deux ou trois décennies. Restée pendant des siècles contenue derrière ses fortifications, la ville s'étend donc rapidement : elle se dédouble en une ville ancienne peuplée par la population arabe et une ville nouvelle peuplée par les nouveaux arrivants et différente de par sa structure avec la ville arabe. Tunis fait également l'objet d'importants travaux qui la dotent d'adductions d'eau, de gaz naturel et d'électricité, de transports publics et d'équipements sociaux. À l'économie traditionnelle s'ajoute une économie capitaliste de type colonial.
62
+
63
+ La Première Guerre mondiale marque un temps d'arrêt dans l'histoire de Tunis. Après la guerre, la cité connaît de nouvelles transformations : la ville moderne gagne en importance et étend son réseau de rues quadrillées dans toutes les directions possibles. De plus, un ensemble de cités satellites font leur apparition et repoussent encore les limites de l'aire urbaine tunisoise. Au niveau économique, les activités se développent et se diversifient : les industries modernes voient leurs opérations commerciales prendre de l'ampleur alors que l'industrie traditionnelle poursuit son déclin[31]. Au cours de la période qui s'ouvre avec la Seconde Guerre mondiale[32], Tunis connaît un ensemble de mutations qui lui donnent un nouveau visage. C'est dans ce contexte qu'apparaît une ceinture de « faubourgs spontanés » (appelés « gourbivilles ») qui entourent rapidement la capitale.
64
+
65
+ Après la guerre, l'industrialisation de la capitale s'accélère mais ne permet pas de subvenir aux besoins d'une population en pleine croissance. Du même coup, les contrastes au sein de la ville s'accentuent.
66
+
67
+ Lors de l'indépendance du pays en 1956, Tunis est confirmée dans son rôle de capitale, la Constitution du 1er juin 1959 disposant que l'Assemblée nationale[33] et la présidence de la République[34] doivent avoir leurs sièges à Tunis ou sa banlieue. Dans un laps de temps très court, les changements se succèdent et transforment la ville coloniale. Les Européens qui voient leurs conditions de vie bouleversées se résolvent progressivement au départ. Au fur et à mesure, les Tunisiens les remplacent et la population de l'agglomération continue de croître. L'opposition entre la ville arabe et la ville européenne s'atténue progressivement avec l'arabisation de la population.
68
+
69
+ Sous la pression démographique, la ville s'étend encore avec la création de nouveaux quartiers qui englobent peu à peu les banlieues les plus proches. Les équipements hérités du protectorat sont progressivement renouvelés et modernisés et de nouvelles constructions enrichissent le paysage urbain. Dans le même temps, une politique active d'industrialisation développe l'économie municipale. Le 12 juin 1979, Tunis devient le siège de la Ligue arabe après la signature par l'Égypte des accords de Camp David avec Israël. Elle le restera jusqu'au 31 octobre 1990.
70
+
71
+ La médina, bâtie sur une colline aux pentes douces descendant vers le lac de Tunis, est le cœur historique de la cité et abrite de nombreux monuments dont des palais, tels le Dar Ben Abdallah et le Dar Hussein, le mausolée beylical de Tourbet El Bey ou encore de nombreuses mosquées dont la grande mosquée Zitouna. Autrefois enserrée dans ses fortifications aujourd'hui en grande partie disparues, elle est encadrée par les deux faubourgs populaires de Bab Souika au nord et Bab El Jazira au sud. Situé à proximité immédiate de Bab Souika, le quartier populaire d'Halfaouine est connu pour avoir fait l'objet de l'attention internationale grâce à la diffusion du film Halfaouine, l'enfant des terrasses.
72
+
73
+ Mais c'est à l'est de ce noyau d'origine, d'abord avec la construction du consulat de France, que la ville moderne se constitue progressivement, avec l'instauration du protectorat français à la fin du XIXe siècle, sur les terrains laissés libres entre la médina et le lac car servant de réceptacle aux eaux usées de la cité du Moyen Âge. L'axe structurant de cette partie de la ville est constitué par les avenues de France et Habib-Bourguiba, conçues comme les équivalents tunisois de la rue de Rivoli et des Champs-Élysées parisiens avec leurs cafés, grands hôtels, magasins et lieux culturels. De part et d'autre de cet axe arboré, au nord comme au sud, la métropole s'est étendue en constituant divers quartiers aux visages variés, le Nord accueillant plutôt des quartiers résidentiels et d'affaires alors que le Sud accueille des quartiers industriels et plus pauvres.
74
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75
+ Au nord de l'avenue Bourguiba se trouve le quartier de Lafayette qui abrite encore la Grande synagogue de Tunis et le jardin Habib-Thameur aménagé à l'emplacement de l'ancien cimetière juif situé hors les murs. Au sud-est, le quartier de La Petite Sicile est limitrophe de l'ancienne zone portuaire et doit son nom à son peuplement originel d'ouvriers originaires d'Italie. Il fait désormais l'objet d'un projet de réaménagement prévoyant notamment la construction de deux tours jumelles. Au nord de celui-ci, la longue avenue Mohammed V qui débouche sur la place du 14-Janvier 2011 traverse le quartier des grandes banques où l'on trouve les hôtels du Lac et des Congrès ainsi que l'ancien siège du parti au pouvoir. Elle aboutit au quartier résidentiel du Belvédère articulé autour de la place Pasteur.
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+ C'est ici que s'ouvre le parc du Belvédère — le plus grand de la ville — et son zoo ainsi que l'Institut Pasteur fondé par Adrien Loir en 1893[35].
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+ En poursuivant vers le nord apparaît le quartier huppé de Mutuelleville qui abrite le lycée français Pierre-Mendès-France, l'hôtel Sheraton et quelques ambassades. Encore plus au nord du parc du Belvédère, derrière l'avenue Mohamed-Bouazizi transformée en voie rapide, débutent les quartiers d'El Menzah, El Manar et Ennasr qui atteignent désormais les crêtes des collines dominant le nord de l'agglomération. Ils abritent une série de quartiers résidentiels et commerciaux branchés et composés de lotissements identifiés par des numéros. À l'ouest du parc s'étend le quartier d'El Omrane qui accueille l'un des principaux cimetières musulmans de la capitale ainsi que les entrepôts des transports publics.
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+ En direction de l'est et de l'aéroport se situent les quartiers du Borgel, donnant son nom aux actuels cimetières juif et chrétien de la capitale, de la cité Jardins et de Montplaisir. Au-delà, à plusieurs kilomètres au nord-est, sur la route de La Marsa, est apparu le nouveau pôle des Berges du Lac à proximité immédiate des pistes de l'aéroport. Aménagé sur des terres gagnées sur la rive nord du lac, il abrite en majorité des bureaux d'entreprises tunisiennes ou étrangères, des ambassades ainsi que des boutiques de luxe. Au sud-ouest de la médina, sur la crête des collines traversant l'isthme de Tunis, se trouve le quartier de Montfleury puis, sur les contreforts descendant vers la sebkha Séjoumi, le quartier pauvre de Mellassine.
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+ Au nord-ouest de ce dernier, au nord de la RN3 menant vers les villes de l'Ouest du pays, se trouve la cité Ezzouhour (anciennement El Kharrouba en référence à un arbre du même nom) qui s'étend sur plus de trois kilomètres et se divise en cinq sections. Elle reste encore parsemée de surfaces agricoles et maraîchères dont ne restent toutefois que de petites parcelles cultivées pour alimenter les souks de la région. Le Sud de Tunis est quant à lui constitué de quartiers plus défavorisés, notamment en raison de la forte implantation industrielle dans cette partie de la métropole. Parmi eux figurent Djebel Jelloud, situé à la limite sud-est de Tunis, qui concentre l'industrie lourde (cimenterie, usine de traitement des phosphates, etc.) et la banlieue populaire de La Cagna. Ras Tabia est quant à lui connu pour abriter une importante caserne de l'armée tunisienne. Le principal cimetière de Tunis, le cimetière du Djellaz, domine cette partie de l'agglomération, accroché sur les pentes d'un escarpement rocheux.
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+ Au début du XXIe siècle, la médina est ainsi l'un des ensembles urbains traditionnels les mieux préservés du monde arabe[36]. Avec une superficie de 270 hectares (plus 29 hectares pour le quartier de la kasbah)[37] et plus de 100 000 habitants, la médina représente le dixième de la population tunisoise et le sixième de la surface urbanisée de l'agglomération. L'urbanisme de la médina de Tunis a la particularité de ne pas obéir à des tracés géométriques ni à des compositions formelles (quadrillage, alignements, etc.). L'organisation complexe du tissu urbain a alimenté toute une littérature coloniale où la médina dangereuse, anarchique et chaotique semblait le territoire du guet-apens. Pourtant, des études entamées dans les années 1930 avec l'arrivée des premiers ethnologues a permis de démontrer que l'articulation des espaces de la médina n'est pas aléatoire : les maisons s'articulent de manière socioculturelle, codifiée selon les types complexes des rapports humains.
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+ Le domaine bâti est caractérisé en général par l'accolement de grandes parcelles (600 m2 environ) et la mitoyenneté. Architectures domestiques (palais et maisons bourgeoises), officielles et civiles (bibliothèques et administrations), religieuses (mosquées, tourbas et zaouïas) et de services (commerces et fondouks) présentent une grande porosité malgré un zonage clair entre les commerces et l'habitation. La notion d'espace public est donc ambiguë dans le cas de la médina où les rues sont considérées comme le prolongement des maisons et soumises aux balises sociales. La notion de propriété individuelle est faible et les étalages des souks débordent souvent sur la voie publique. Cette idée est renforcée par la superficie d'une boutique (environ 3 m2) et des chambres à coucher (10 m2 environ). Aujourd'hui, chaque quartier conserve sa culture et les rivalités peuvent être fortes.
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+ Ainsi, le faubourg nord supporte le club de football de l'Espérance sportive de Tunis alors que, à l'autre extrémité, c'est le quartier du grand club rival du Club africain. La médina connaît aussi une sectorisation sociale : le quartier du Tourbet El Bey et le quartier de la kasbah sont les deux quartiers aristocratiques, avec une population de juges et de politiciens, tandis que la rue du Pacha est celui des militaires et des bourgeois (commerçants et notables).
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+ Fondée en 698[37] autour du noyau initial de la mosquée Zitouna, elle développe son tissu urbain tout au long du Moyen Âge[38], vers le nord et vers le sud, se divisant ainsi en une médina principale et en deux faubourgs au nord (Bab Souika) et au sud (Bab El Jazira). Devenue capitale d'un puissant royaume à l'époque hafside, foyer religieux et intellectuel et grand centre économique ouvert sur le Proche-Orient, le Maghreb, l'Afrique et l'Europe, elle se dote de nombreux monuments où se mêlent les styles de l'Ifriqiya aux influences andalouses et orientales mais qui empruntent également certaines de leurs colonnes ou leurs chapiteaux aux monuments romains ou byzantins, l'architecture arabe n'étant caractérisé que par l'emploi de l'arc brisé et légèrement outrepassé.
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+ Ce patrimoine architectural est également omniprésent dans les maisons de particuliers et les petits palais des personnalités officielles aussi bien que dans le palais du souverain à la kasbah[39]. Toutefois, rares sont les palais et demeures qui remontent au Moyen Âge, contrairement aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles qui ont légué des maisons prestigieuses telles que le Dar Othman (début du XVIIe siècle), le Dar Ben Abdallah (XVIIIe siècle), le Dar Hussein, le Dar Echérif ainsi que d'autres maisons plus ou moins vastes et richement décorées dont l'inventaire des années 1970 n'en compte pas moins d'une centaine[40]. On dénombre également plusieurs palais élevés par les beys ou des membres de leur entourage dans la banlieue de Tunis et ce depuis le XIIIe siècle. Les principaux palais des beys sont ceux de La Marsa, du Bardo et de Ksar Saïd. Si l'on ajoute les mosquées et oratoires (environ 200), les médersas (El Bachia, Mouradiyya, Slimania, El Achouria, Bir Lahjar, Ennakhla, etc.), les zaouïas (Sidi Mahrez, Sidi Brahim Riahi, Sidi Ali Azouz, Sidi Abdelkader, etc.), les kouttabs, les tourbas (Tourbet El Fellari, Tourbet Aziza Othmana et Tourbet El Bey) et les portes, le nombre des monuments de Tunis approche les 600[40] dont 98 ont été classés depuis 1912[37].
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+ Car, au contraire d'Alger, Palerme ou Naples, son cœur historique n'a en effet jamais souffert de grandes catastrophes naturelles ou d'interventions urbanistiques radicales. Les principaux outrages qu'a subi la médina remontent à l'époque suivant l'indépendance du pays avec la destruction de l'enceinte et la précarisation de l'habitat. C'est la raison pour laquelle la médina est inscrite en 1979 au patrimoine mondial de l'Unesco[41]. Par ailleurs, le long des boulevards créés sur l'emplacement des anciens remparts, l'apport architectural de la période 1850-1950 se fait sentir dans les bâtiments officiels, la médina accueillant neuf ministères et le siège de la municipalité de Tunis.
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+ Les souks constituent un véritable réseau de ruelles couvertes et bordées de boutiques de commerçants et d'artisans groupées par spécialités[42]. Les métiers « propres » sont situés près de la mosquée Zitouna car ils ne suscitent aucune nuisance par l'odeur, le bruit ou l'usage de l'eau. Les marchands d'étoffes, les parfumeurs, les marchands de fruits secs, les libraires et les marchands de laine sont concernés au contraire des tanneurs, poissonniers, potiers et forgerons qui sont relégués à la périphérie[43]. Il existe ainsi une hiérarchie codifiée des métiers : le commerce des chéchias, celui des parfums, le tissage de la soie, la sellerie, la confection des vêtements, la fabrication des babouches, le tissage, la poterie et enfin les forgerons et les teinturiers.
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+ Au nord de la mosquée Zitouna, qu'il longe en partie, s'ouvre le souk El Attarine (parfums) construit au début du XVIIIe siècle. Il surprend par ses échoppes regorgeant de fioles contenant une grande diversité d'essences et de parfums. À partir de ce souk, une rue mène vers le souk Ech-Chaouachine (chéchias) dont la corporation, celles des chaouachis, est l'une des plus anciennes du pays. Ce sont en général des descendants d'émigrés andalous chassés d'Espagne.
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+ Sur le souk El Attarine s'ouvrent deux autres souks : le premier, qui longe la façade occidentale de la mosquée Zitouna, est le souk El Kmach (étoffes) et le second, le souk El Berka, datant du XVIIe siècle, abrite les brodeurs mais surtout les bijoutiers. C'est pourquoi, il s'agit du seul souk dont les portes sont encore fermées et gardées pendant la nuit.
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+ En son milieu, on remarque une place carrée où se trouvait l'ancien marché aux esclaves jusqu'au milieu du XIXe siècle[42]. Le souk El Berka débouche sur le souk El Leffa, où l'on vend toutes sortes de tapis, de couvertures et autres tissages, et se prolonge par le souk Es Sekajine (selliers), édifié au début du XVe siècle, qui est spécialisé en maroquinerie. À la périphérie, on trouve les souks El Trouk, El Blat, El Blaghgia, El Kébabjia, En Nhas, Es Sabbaghine et El Grana où l'on vend des vêtements et des couvertures et qui était occupé par les Juifs livournais.
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+ Dès les premiers temps de sa fondation, Tunis est considérée comme une importante base militaire. Le géographe Al-Yaqubi affirme qu'au début du IXe siècle « Tunis était entourée d'un mur de briques et d'argile sauf du côté de la mer où il était de pierre »[44]. Souvent endommagée voire totalement détruite au cours du Moyen Âge, l'enceinte conserva toujours son tracé d'origine. Elle était parsemée de différentes portes. Bab El Jazira, sans doute la plus ancienne porte de la muraille méridionale[45], ouvrait sur les routes du Sud et de Kairouan. Bab Cartagena donnait accès à Carthage d'où étaient ramenés les matériaux de construction nécessaires à la ville. Bab Souika (d'abord appelée Bab El Saqqayin) avait le rôle stratégique de garder les routes vers Bizerte, Béja et Le Kef. Bab Menara (d'abord appelée Bab El Artha) ouvrait la médina vers le faubourg d'El Haoua. Quant à Bab El Bhar, elle permettait l'accès aux quelques fondouks où vivaient les marchands chrétiens de Tunis.
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+ Au début du règne des Hafsides, deux nouvelles portes sont percées au XIIIe siècle : Bab Bnet et Bab Jedid. Avec le développement de la capitale, deux faubourgs émergent à l'extérieur des remparts : Bab El Jazira (au sud) et Bab Souika (au nord). C'est pourquoi, le souverain hafside Abû Darba Muhammad al-Mustansir al-Lihyânî ordonne, au début du XIVe siècle, la construction d'une seconde enceinte englobant la médina et ses deux faubourgs extérieurs[46]. Elle est dotée de six portes : Bab El Khadra, Bab Saadoun, Bab El Allouj (d'abord appelée Bab Er-Rehiba), Bab Khalid ou Bab Sidi Abdallah Cherif, Bab El Fellah et Bab Alioua.
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+ À l'époque ottomane, quatre nouvelles portes sont ouvertes : Bab Laassal, Bab Sidi Abdessalem, Bab El Gorjani et Bab Sidi Kacem. La ville de Tunis conserve certaines portes — Bab Saadoun, Bab El Khadra, Bab El Bhar, Bab Jedid et Bab Sidi Kacem — qui ouvraient l'ancien mur qui a disparu en grande partie.
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+ Tunis compte quelques grands parcs dont les premiers sont aménagés à la fin du XIXe siècle par les autorités du protectorat français.
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+ Le plus grand d'entre eux, le parc du Belvédère, constitué dès 1892 sur un site choisi à l'époque pour sa position excentrée par rapport à la ville et sa vue sur Tunis et son lac, est le plus ancien parc public du pays[47]. Il est réalisé dans le style paysager qui se pratique alors en métropole, constituant un très vaste espace de plus d'une centaine d'hectares traversé de routes que l'on peut parcourir à pied ou en voiture. Il abrite par ailleurs le zoo de Tunis, qui présente la faune africaine, et le musée d'art moderne.
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+ Le jardin Habib-Thameur, jardin à la française situé dans le quartier du Passage, se caractérise par un tracé régulier et comprend une pièce d'eau centrale ainsi que des parterres et des massifs floraux. Le jardin du Gorjani, jardin à l'anglaise situé au sud-ouest de la ville, présente un tracé irrégulier très probablement lié la topographie escarpée du terrain. Il comprend un bassin central et des allées courbes. Tous deux sont réalisés dans l'année qui suit l'indépendance en lieu et place d'anciens cimetières désaffectés[48], notamment le cimetière israélite de Tunis qui est déplacé au Borgel.
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+ Depuis la Seconde Guerre mondiale, une progression rapide mais inégale de la banlieue s'effectue selon les secteurs géographiques concernés. La banlieue prend ainsi une part de plus en plus importante dans la population de l'agglomération tunisoise. Représentant 27 % du total des habitants en 1956, elle passe à 37 % en 1975 puis à près de 50 % de ce total en 2006 :
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+ Au nord-ouest, dans le prolongement du Bardo, centre politique du pays après l'indépendance et quartier des ministères et de l'Assemblée nationale, le bâti progresse par des occupations puis des constructions illégales ou par la construction d'habitats collectifs bon marché (Ksar Saïd, Oued Ellil, Den Den, La Manouba, etc.)[49]. Au nord, le Belvédère, El Menzah et l'Ariana se structurent par des lotissements pavillonnaires de part et d'autre des nouvelles voies de communication reliant le centre-ville à l'aéroport. Ici vivent les classes moyennes et se sont implantées de nombreux équipements universitaires et organismes de recherche étatiques. Le Sud de l'agglomération souffre encore de ses activités industrielles, minières et portuaires. À Ben Arous se multiplient toutefois les lotissements résidentiels ou les occupations illégales de terrains le long des axes routiers[49].
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+ Cet espace urbain dilué génère toute une série de problèmes qui acquièrent dans le contexte tunisois une gravité particulière : exiguïté des terres agricoles, autosuffisance alimentaire non assurée, aridité et pénurie d'eau à terme, pauvreté et précarité des couches urbaines populaires potentiellement sensibles aux discours protestataires, etc.[49].
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+ Dans les années qui suivent l'indépendance, la population de l'agglomération continue de s'accroître : l'accroissement est de 21,1 % de 1956 à 1966 puis de 28,5 % de 1966 à 1975 (55,6 % entre 1956 et 1975)[50]. Cette croissance régulière des effectifs s'accompagne de mutations qui modifient d'une façon radicale le peuplement de la capitale. La décolonisation s'est traduite par l'exode de toutes les minorités confessionnelles dont les effectifs s'amenuisent d'année en année. Mais les vides créés par leur départ sont surabondamment comblés par des Tunisiens qui affluent de l'arrière-pays.
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+ Au début du XXIe siècle, la métropole de Tunis dépasse les 2 000 000 d'habitants. La multiplication par quatorze de la population depuis le début du XXe siècle est d'abord le résultat de migrations extérieures. À partir de 1975, la croissance de la population se fait de façon endogène ou par transferts des villes moyennes[51] — la croissance démographique se ralentissant progressivement tout comme l'exode rural — en raison du développement économique et de l'attractivité de la capitale. C'est dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale que le taux de croissance de la population de Tunis connaît son paroxysme.
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+ Après l'indépendance, le gouvernement tunisien met en œuvre, pour faire face à la croissance de la population du pays, un système de planning familial, ce qui permet de faire descendre le taux de croissance démographique. Entre 1994 et 2004, la population du gouvernorat de Tunis ne s'accroît plus que de 1,03 % par an. Elle représente, lors du recensement de 2004, 9,9 % de l'ensemble de la population tunisienne[52]. Comme dans le reste de la Tunisie, l'alphabétisation de la région de Tunis a connu une évolution rapide au cours de la deuxième moitié du XXe siècle et atteint même un niveau légèrement supérieur par rapport à la moyenne nationale : le gouvernorat de Tunis connaît le niveau d'instruction supérieure le plus élevé du pays (14,8 % des plus de dix ans[53]) et se trouve même dépassé par le gouvernorat voisin de l'Ariana (15,3 %[53]) qui accueille de nombreuses institutions d'études dans les NTIC. Celui de Ben Arous fait un peu moins bien (12,3 %[53]) alors que celui de La Manouba (7,3 %[53]) est en dessous de la moyenne nationale. Ces différences témoignent ainsi des disparités sociales au sein de la grande banlieue tunisoise. En 2014, la population de la municipalité de Tunis atteint 638 845 habitants — appelés « Tunisois » — d'après le recensement de l'Institut national de la statistique[1].
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+ Le Dar Ben Abdallah, palais datant probablement du XVIIIe siècle, devient en 1964 le siège du musée des arts et traditions populaires de la capitale ; il renferme dans ses salles d'exposition de nombreux éléments traditionnels, témoins de la vie quotidienne d'une famille de la médina[55]. Le mausolée Sidi Kacem El Jellizi abrite le Centre national de la céramique, un musée présentant une collection de céramiques et de faïences ainsi que d'anciennes stèles funéraires islamiques. Le musée du mouvement national se situe pour sa part dans le Dar Maâkal Az-Zaïm, demeure du nationaliste Habib Bourguiba tout au long de la période de la lutte pour l'indépendance. Après l'avènement de cette dernière, un musée y est aménagé afin de relater les péripéties de la lutte nationale entre 1938 et 1952. Tunis accueille également quelques petits musées thématiques, comme le musée de la monnaie, le musée de la poste et le musée national de la médecine. Dans la banlieue nord, la Cité des sciences vise à diffuser le savoir et de la culture scientifiques à travers des manifestations, des expositions et des démonstrations interactives.
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+ Logé dans un ancien palais beylical de la banlieue du Bardo depuis la fin du XIXe siècle, le musée national du Bardo est le plus important des musées archéologiques du Maghreb et l'un des plus riches du monde en mosaïques romaines ; ses collections se sont rapidement développées grâce aux nombreuses découvertes archéologiques faites à travers le territoire.
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+ Le musée militaire national, ouvert le 24 juin 1989 à La Manouba, est logé dans un ancien palais beylical (Palais de la Rose) édifié vers 1793 ; il possède une collection de 23 000 pièces couvrant les différentes époques de l'histoire militaire de la Tunisie dont 13 000 armes datant du XIXe siècle, une partie ayant été utilisée par les troupes tunisiennes lors de la guerre de Crimée[56].
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+ Tunis abrite des institutions musicales parmi les plus prestigieuses du pays. La troupe de La Rachidia y est fondée en 1934 pour sauvegarder la musique arabe originale et valoriser particulièrement la musique tunisienne à travers de nouvelles créations inspirées des règles de la musique ifriquienne. Elle se compose de 22 membres (joueurs d'instruments et chorale)[57].
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+ La Troupe musicale de la ville de Tunis est créée en 1954 par Salah El Mahdi. Il charge en 1955 son disciple Mohamed Saâda de diriger cette troupe qui rassemble à cette époque les meilleurs artistes de la place qui intègrent par la suite la troupe de la radio nationale[58]. Elle contribue à la promotion de plusieurs noms de la chanson tunisienne dont Oulaya.
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+ L'Association de l'orchestre arabe de la ville de Tunis débute ses activités à la fin du mois d'avril 1982 en tant qu'atelier lié au centre culturel municipal. Il s'attache à la promotion de la musique arabe, à la formation musicale ainsi qu'à la coopération avec divers partenaires en Tunisie et à l'étranger. L'Orchestre symphonique tunisien, créé en 1969 par le ministère de la Culture, produit par ailleurs des concerts mensuels au Théâtre municipal ou dans l'un des espaces culturels de la capitale.
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+ La ville de Tunis constitue un pôle majeur de la vie culturelle tunisienne. Le Théâtre municipal de Tunis, dès son inauguration le 20 novembre 1902, ouvre la voie à la diffusion de la création artistique dans la cité : opéra, ballet, concerts symphoniques, art dramatique, etc. Sur la scène de ce théâtre, de nombreuses représentations sont régulièrement données par de nombreux comédiens tunisiens, arabes et internationaux[59]. Dans ce contexte, le théâtre joue un rôle d'importance. Le Théâtre national tunisien, entreprise publique à caractère culturel[60], est installée depuis 1988 au palais Khaznadar (datant du milieu du XIXe siècle et situé à Halfaouine) rebaptisé « palais du théâtre ». En 1993, il prend également possession de l'ancienne salle de cinéma Le Paris, d'une capacité de 350 places, rebaptisée Quatrième art. Elle abrite chaque saison culturelle (du 1er octobre au 30 juin) plus de 80 représentations théâtrales[60].
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+ Le théâtre El Hamra est un espace culturel situé à la rue El Jazira. Deuxième salle de cinéma ouverte à Tunis, Al Hambra (comme elle est appelée alors) est l'une des salles les plus célèbres de la capitale pendant les années 1930 et 1940[61].
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+ Après quinze ans de fermeture, elle est transformée en théâtre de poche en 1986 et abrite le premier centre arabo-africain de formation et de recherches théâtrales depuis mars 2001[61]. On peut citer également l'existence des troupes d'El Teatro et de l'Étoile du Nord. D'autres arts sont également représentés dans la capitale. Le Centre national des arts de la marionnette est créé le 27 mars 1993. Sa création vient couronner les efforts de la Troupe de théâtre de la marionnette de Tunis fondée en 1976[60]. L'École nationale des arts du cirque est fondée le 1er octobre 2003 au sein du Théâtre national à la suite d'une rencontre entre le directeur de ce dernier et le directeur général du Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne (France) en 1998. L'École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois et l'Institut français de coopération concourt également à l'élaboration des programmes de l'école. Par ailleurs, des maisons de la culture sont disséminées à travers la ville et permettent diverses représentations artistiques.
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+ Le 21 mars 2018, la Cité de la Culture est ouverte après quinze ans de travaux[62] et abrite trois pôles (cinéma, opéra et arts chorégraphiques) ainsi qu'un Centre national du cinéma et de l'image et un musée de l'art moderne et contemporain[63].
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+ La ville de Tunis offre par ses décors un paysage très tôt convoité par les producteurs de cinéma. En effet, le premier tournage de vues animées dans ses rues est réalisé par les opérateurs des frères Lumière en 1896. Les premières projections sont organisées l'année suivante et la première salle de cinéma, l'Omnia-Pathé, ouverte en octobre 1908[64]. Le premier ciné-club de Tunis est ouvert en 1946 et la première salle d'art et essai, Le Globe, en 1965.
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+ En 1990, Férid Boughedir tourne dans le quartier d'Halfaouine son premier long métrage : Halfaouine, l'enfant des terrasses. Le Patient anglais (1996) et Les Derniers Jours de Pompéi (2003) sont eux tournés dans des studios tunisois.
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+ L'agglomération organise plusieurs festivals chaque année dont le plus important est le Festival international de Carthage qui a lieu en juillet et août avec un retentissement international. Fondé en 1964, il en est à sa 42e édition. Il permet de proposer au public, dans le cadre de l'amphithéâtre de Carthage (avec une contenance de 7 500 places assises en gradins), les prestations de chanteurs, musiciens, acteurs, danseurs ainsi que la projection de films sur écran en plein air. Parmi les festivals les plus réputés, nous pouvons également citer les Journées cinématographiques de Carthage organisées tous les deux ans ainsi que les Journées théâtrales de Carthage.
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+ De nombreuses manifestations culturelles et foires sont également organisées au sein de l'agglomération tunisoise chaque année.
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+ Tunis regroupe quelques-unes des plus importantes bibliothèques de Tunisie, dont la Bibliothèque nationale qui est d'abord installée en 1924 dans un bâtiment de la médina construit en 1810 par Hammouda Pacha pour servir de casernement aux troupes des janissaires puis de prison[65]. Devenue trop exiguë, la bibliothèque est transférée, le 1er décembre 2005, dans son nouveau siège de 35 000 m2 situé au boulevard 9-Avril 1938. Le nouvel édifice comporte une salle de lecture, une salle de conférences, des laboratoires, une galerie d'exposition, un bloc de services techniques et administratifs, un relais ouvert aux visiteurs, un restaurant, un parking et un espace vert couvrant 10 300 m2[65].
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+ Abritée dans une ancienne demeure d'un savant de l'époque hafside, la bibliothèque de la Khaldounia est fondée en 1896 dans le cadre de la création de cette institution éducative. Après l'indépendance et à la suite de l'unification des programmes de l'éducation nationale, l'association cesse ses activités et la bibliothèque est rattachée à la Bibliothèque nationale qui assure depuis sa gestion[66].
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+ Bâti au XVIIe siècle, le Dar Ben Achour abrite la bibliothèque de la ville de Tunis. Acquise à la fin des années 1970 par la municipalité de Tunis, la demeure est restaurée avant d'abriter dès 1983 la bibliothèque municipale[65].
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+ Tunis et sa banlieue concentrent les principales universités tunisiennes : l'université Zitouna, l'université de Tunis, l'université de Tunis - El Manar, l'université de Carthage et l'université de La Manouba. C'est pourquoi, on y compte la concentration la plus forte en nombre d'étudiants en Tunisie avec 148 058 inscrits en 2008-2009[67].
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+ On y trouve aussi plusieurs établissements d'enseignement supérieur tels que l'École nationale d'ingénieurs de Tunis, l'École nationale des sciences de l'informatique, l'École supérieure des communications de Tunis, l'Institut national agronomique de Tunisie, l'Institut supérieur des études technologiques en communications de Tunis ou l'Institut préparatoire aux études d'ingénieurs de Tunis.
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+ Par ailleurs, le nombre des universités et autres instituts de formation privés augmentent à l'image des créations de l'université libre de Tunis, de l'université centrale, de l'École supérieure privée d'ingénierie et de technologie ou de l'Institut maghrébin des sciences économiques et de technologie.
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+ Parmi les lycées de la capitale les plus connus figurent le lycée de la rue du Pacha (fondé en 1900), le lycée Bab El Khadhra, le lycée El Omrane, le lycée de la rue de Russie, le lycée Bourguiba (ancien lycée Carnot de Tunis), le lycée Alaoui ou encore le lycée pilote de l'Ariana. Jusqu'à l'indépendance, le Collège Sadiki (fondé en 1875) et la Khaldounia (fondée en 1896) figuraient également parmi les établissements les plus reconnus. Enfin, héritage de la présence française dans le pays, la ville conserve plusieurs établissements scolaires français dont le plus important est le lycée Pierre-Mendès-France situé à Mutuelleville.
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+ Parmi les lieux de culte, il y a principalement des mosquées musulmanes. Il y a aussi des églises catholiques (rattachées à l'archidiocèse de Tunis) et orthodoxes, des temples protestants et des églises évangéliques[68].
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173
+ Comme dans le reste de la Tunisie, une très large majorité de la population tunisoise (aux environs de 98 %) est de confession musulmane sunnite. La capitale abrite donc un très grand nombre de mosquées de différents styles architecturaux, signes de leurs époques de construction respectives. La principale et la plus ancienne d'entre elles, la mosquée Zitouna, bâtie en 732 au cœur de la médina puis entièrement rebâtie en 864[69], est un prestigieux lieu de culte et, pendant longtemps, un important lieu de culture et de savoir en abritant les locaux de l'université Zitouna jusqu'à l'indépendance de la Tunisie. Il accueille encore les cérémonies marquant les principales dates du calendrier musulman auxquelles assiste régulièrement le président de la République.
174
+
175
+ La médina regroupe la plupart des grandes mosquées de la capitale qui sont toutes construites avant l'avènement du protectorat français :
176
+
177
+ La présence d'églises à Tunis témoigne de la présence française pendant un demi-siècle mais aussi des échanges de Tunis avec le reste du bassin méditerranéen. Tunis est par ailleurs le siège de l'archidiocèse de Tunis dont l'archevêque siège dans la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul, édifiée en 1897 sur l'emplacement de l'ancien cimetière chrétien de Saint-Antoine[70]. À celle-ci s'ajoutent un réseau d'édifices catholiques, dont l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, mais aussi protestants avec l'église réformée et l'église anglicane Saint-Georges[71]. La petite communauté orthodoxe est quant à elle regroupée autour de l'église grecque orthodoxe (1901), gérée par l'ambassade de Grèce, et de l'église russe orthodoxe (1956) qui témoigne de la présence en Tunisie d'une petite colonie de réfugiés russes blancs[70].
178
+
179
+ Le judaïsme bénéficie quant à lui d'une très longue tradition de présence dans la ville malgré l'émigration d'une grande partie de la communauté après l'indépendance. Parmi les sept lieux de culte juifs qui subsistent encore[72], la Grande synagogue de Tunis, édifiée à la fin de la première moitié du XXe siècle en remplacement de l'ancienne Grande synagogue démolie dans le cadre des travaux de réaménagement du quartier juif de la Hara, est le principal d'entre eux.
180
+
181
+ Tunis est la capitale de la Tunisie depuis 1159. En vertu des articles 24 et 43 de la Constitution de 1959, « Tunis et sa banlieue » accueille des institutions nationales même si la Constitution du 10 février 2014 ne fait plus aucune mention de la cité[73] :
182
+
183
+ Elle abrite également le siège des ministères et organismes publics, ainsi que celui de la Cour constitutionnelle et des principales institutions judiciaires.
184
+
185
+ Avant 2011, le Conseil municipal se compose de soixante membres dont vingt assistants élus par le conseil après sa prise de fonctions[74]. Durant la législature 2005-2010, la répartition des sièges se fait de la façon suivante[75] : 48 pour le Rassemblement constitutionnel démocratique (parti alors au pouvoir au niveau national), 4 pour le Mouvement des démocrates socialistes, 4 pour le Parti de l'unité populaire, 3 pour l'Union démocratique unioniste et 1 pour le Parti social-libéral.
186
+
187
+ Le Conseil municipal se réunit quatre fois par an mais peut se réunir en session extraordinaire à la demande du maire. Parmi ses compétences figurent l'étude et le vote du budget municipal, du programme d'équipement municipal et des actions à entreprendre dans le cadre du plan national de développement[74]. Il donne également son avis sur tous les projets devant être réalisés par l'État, le gouvernorat ou un organisme public.
188
+
189
+ Contrairement aux autres maires de Tunisie, celui de Tunis est alors désigné par décret du président de la République parmi les membres du Conseil municipal[76]. Mohamed Béji Ben Mami est nommé par un décret promulgué le 11 janvier 2010 en remplacement d'Abbès Mohsen, nommé en 2000 et reconduit à son poste après les élections municipales de 2005[77].
190
+
191
+ Le 8 avril 2011, une délégation spéciale dirigée par Seifallah Lasram est mise en place pour remplacer les institutions élues sous le régime de Zine el-Abidine Ben Ali[78].
192
+
193
+ Le 6 mai 2018, les élections municipales voient Ennahdha obtenir 21 sièges de conseillers sur 60 et Nidaa Tounes 17. Le 3 juillet suivant, Souad Abderrahim devient la première femme élue maire de la capitale[79].
194
+
195
+ En complément des institutions municipales, chacun des quinze arrondissements municipaux dispose d'un conseil se réunissant chaque mois en présence des élus et des représentants des administrations concernées par les questions à l'ordre du jour.
196
+
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+ Le budget 2014 adopté par le Conseil municipal s'articule de la façon suivante : 41,850 millions de dinars seront collectés par les taxes foncières et sur les activités, 9,510 millions par les redevances pour formalités administratives et droits perçus en atténuation de services rendus, 7,040 millions par les revenus d'occupation et de concession de services publics dans le domaine municipal ; 53,878 millions seront investis dans la rémunération publique, 23,344 millions dans des dépenses de développement, 4,102 millions dans les intérêts de la dette et 3,635 millions dans diverses interventions publiques[80].
198
+
199
+ Les recettes sont le produit des taxes sur les immeubles bâtis et les terrains non bâtis, des redevances de location des propriétés municipales, des revenus de l'exploitation de la voie publique, de la publicité, de la vente du domaine municipal et des actions que la municipalité détient dans le capital de certaines entreprises. Côté dépenses, des crédits sont prévus pour la consolidation de l'hygiène et de la propreté, de l'état de l'environnement et de l'esthétique urbaine, l'entretien de l'infrastructure, la réhabilitation et la rénovation des équipements collectifs, le renforcement de la logistique et des moyens de travail et de transport.
200
+
201
+ De par la concentration des activités de commandement politique (siège des institutions du pouvoir central, présidence, assemblée, ministères et administrations centrales) et culturel (importants festivals et grands médias), Tunis est la seule métropole de rang national.
202
+
203
+ Son poids économique est donc très important : la ville constitue le premier pôle économique et industriel du pays, abrite le tiers des entreprises tunisiennes — dont la quasi-totalité des sièges sociaux des entreprises de plus de cinquante salariés à l'exception de la Compagnie des phosphates de Gafsa qui a fait l'objet d'une mesure de décentralisation de son siège social à Gafsa — et produit le tiers du produit intérieur brut national[81].
204
+
205
+ Les grandes faiblesses de l'économie tunisoise sont son attractivité insuffisante pour les investissements étrangers (33 % des entreprises, 26 % des investissements et 27 % des emplois), l'exclusion de plusieurs zones de la dynamique économique en raison des déséquilibres urbains, le taux de chômage des diplômés du supérieur qui est en progression de même que le taux d'analphabétisme qui demeure élevé au sein de la population la plus âgée (27 % des femmes et 12 % des hommes)[81]. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, en régression à l'échelle nationale, reste plus élevé en milieu urbain. Par ailleurs, le chômage persiste : un jeune de 18 à 24 ans sur trois est au chômage contre un actif sur six à l'échelle nationale. Dans le Grand Tunis, la proportion de jeunes au chômage est ainsi de 35 %[81].
206
+
207
+ La structure économique de Tunis, tout comme celle du pays, se tertiarise — la ville est la plus grande place financière du pays en abritant le siège de 65 % des entreprises financières — alors que les secteurs industriels perdent de leur importance (saturation des zones industrielles mais spécialisation des activités industrielles à haute valeur ajoutée)[81].
208
+
209
+ L'industrie y reste tout de même très représentée : Tunis accueille 85 % des établissements industriels répartis dans les quatre gouvernorats constituant son agglomération avec une évolution vers l'étalement des zones industrielles en périphérie, le long des axes de communication.
210
+
211
+ L'agriculture, quant à elle, est active dans les espaces les plus éloignés du centre sous forme de ceintures maraîchères ou d'espaces agricoles spécialisés (notamment dans la viticulture très présente autour de la ville). En effet, grâce à un relief en général plat et à l'encadrement de l'agglomération par les deux principaux fleuves de Tunisie, la Medjerda au nord et l'oued Miliane au sud, fertilisant grâce à leur forte charge alluviale[82], Tunis bénéficie de plusieurs grandes plaines fertiles encore très productives : les plaines de l'Ariana et de La Soukra (nord), la plaine de La Manouba (ouest) et la plaine de Mornag (sud). De plus, une vaste nappe phréatique facilement accessible par le forage de puits peu profonds apporte l'eau nécessaire aux différentes cultures. Les sols sont lourds et calcaires au nord mais légers et argilo-sablonneux au sud[83]. Les productions agricoles sont diversifiées, notamment en raison d'un régime de pluies réparties au cours de l'année : blé dur (La Manouba), olivier (Ariana et Mornag), vigne (Mornag), arboriculture fruitière, maraîchage et cultures légumineuses (toutes régions)[84].
212
+
213
+ La ville dispose au début du XXIe siècle d'un réseau de transport en commun relativement développé et placé sous la gestion de la Société des transports de Tunis (STT). En plus des quelque 200 lignes de bus, la première ligne du métro léger ouvre en 1985. Le réseau s'étend progressivement depuis pour atteindre les quartiers périphériques. La capitale est aussi reliée à sa banlieue nord par la ligne ferroviaire du TGM qui traverse la digue divisant le lac en deux.
214
+
215
+ Par ailleurs, un nouveau projet de transport de masse, d'un montant estimé à trois milliards de dinars, doit être aménagé dans la région du Grand Tunis à partir de 2013[85]. Il s'agit du Réseau ferroviaire rapide qui doit transporter des dizaines de milliers de voyageurs depuis les lointaines banlieues de Tunis vers le centre en utilisant des voies ferrées existantes ou à construire[86]. Il sera décomposé en cinq lignes, dont la longueur totale est de 86 kilomètres, dont la priorité est fonction de certains critères, comme la densité de la population ou le déficit de la desserte d'une zone donnée :
216
+
217
+ Par ailleurs, le TGM sera intégré dans le réseau du métro léger et une nouvelle ligne construite vers Aïn Zaghouan et Bhar Lazrag (8,4 kilomètres). Une telle opération nécessitera la mise à niveau des quais de gares du TGM afin qu'ils soient adaptés aux rames du métro léger[86]. Parmi les autres projets prévus se trouvent une ligne vers la cité Ennasr (8,4 kilomètres) ainsi que l'extension de la ligne Tunis-Ettadhamen pour atteindre Mnihla (1,7 kilomètre).
218
+
219
+ De son côté, la ligne sud du métro léger est étendue en novembre 2008 jusqu'à El Mourouj 6 sur une longueur de 6,8 kilomètres. La longueur totale du réseau sera à terme de l'ordre de 84 kilomètres[86].
220
+
221
+ La ville est reliée par le transport aérien avec l'aéroport international de Tunis-Carthage, situé à huit kilomètres au nord-est du centre-ville, qui est mis en exploitation en 1940 sous le nom de Tunis-El Aouina[87]. L'aérogare actuelle est dotée d'une capacité d'accueil de cinq millions de voyageurs par an[87]. Disposant de deux pistes d'environ trois kilomètres de long chacune, il accueille 4 188 914 passagers en 2008 contre 304 918 en 2003[87].
222
+
223
+ Après l'indépendance, l'Office national des ports maritimes, qui prend en charge l'ensemble des ports du pays, modernise les infrastructures du port de Tunis durant les années 1960[88]. Toutefois, le développement très important des installations portuaires de La Goulette et Radès, bénéficiant de sites plus favorables, et le transfert progressif des activités et du trafic permettent d'envisager au début du XXIe siècle le réaménagement du port de Tunis et sa transformation en port de plaisance dans le cadre du réaménagement du quartier de La Petite Sicile.
224
+
225
+ Grâce au port de La Goulette, Tunis est reliée à Marseille et Gênes par des liaisons hebdomadaires en ferry assurées par la Compagnie tunisienne de navigation, Corsica Linea et Grandi Navi Veloci.
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227
+ Tunis connaît également une densité de circulation importante en raison de la croissance du parc automobile qui évolue au rythme de 7,5 % par an[89]. D'ailleurs, la capitale concentre à elle seule au moins 40 % du parc national avec la circulation de quelque 700 000 voitures par jour[89].
228
+
229
+ C'est dans ce contexte que d'importants travaux d'infrastructure routière (viaducs, échangeurs, voies express, etc.) sont mis en route dès la fin des années 1990 afin de désengorger les principaux axes de la capitale[90]. Tunis est par ailleurs le noyau d'où rayonnent les principales routes ainsi que toutes les autoroutes qui desservent les diverses régions du pays :
230
+
231
+ Au début du XXe siècle se créent les premières sociétés sportives, notamment dans un cadre scolaire, à l'exemple de l'Association tunisienne musulmane en 1905 qui regroupe les élèves du lycée Alaoui et du Collège Sadiki et de la Nasria, dont les activités se limitent à la gymnastique. Un concours régional de gymnastique a d'ailleurs lieu à Tunis en 1912 avec la participation de milliers de gymnastes français. Peu prisé dans un premier temps par les locaux, le football fait son apparition dans la capitale le 15 septembre 1904 avec la création de la première société de football du pays, le Football Club de Tunis, qui devient six jours plus tard le Racing Club de Tunis officialisé le 11 mai 1905. Faute de compétition officielle, on organise des rencontres entre les équipes des établissements scolaires, la première d'entre elles ayant lieu le 9 juin 1907 entre l'équipe du lycée Alaoui et celle du lycée Carnot (1-1).
232
+
233
+ Mais le football n'est pas la seule discipline à émerger. Ainsi, entre 1928 et 1955 se disputent neuf éditions du Grand Prix automobile de Tunisie qui s'impose comme le rendez-vous incontournable du sport automobile au Maghreb où Marcel Lehoux, Achille Varzi, Tazio Nuvolari ou Rudolf Caracciola inscrivent leur nom au palmarès. Les courses sont d'abord organisées sur le tracé urbain du Bardo puis sur le circuit de Carthage avant de se terminer sur un nouveau tracé au Belvédère lors de la dernière édition. Un Grand Prix historique de Tunis a refait son apparition depuis 2000[91],[92]. La ville organise par ailleurs à deux reprises les Jeux méditerranéens en 1967 et 2001, ou les championnats d'Afrique de gymnastique artistique 2000, mais aussi le Grand Prix de la ville de Tunis depuis 2007 et un tournoi international de tennis, le Tunis Open, qui est inscrit à l'ATP Challenger Tour.
234
+
235
+ Dans ce contexte, le gouvernorat de Tunis compte en 2007 24 095 licenciés dans les divers clubs de l'agglomération[93].
236
+
237
+ L'Espérance sportive de Tunis (EST), le Club africain (CA) et le Stade tunisien sont les grands clubs omnisports de la ville. Les matchs entre les deux clubs des faubourgs tunisois, l'EST et le CA, charrieraient symboliquement une opposition de classe sociale entre un club riche et bourgeois (EST) et un club pauvre et soutenu par les masses populaires (CA). Toutefois, en se penchant sur la composition des premiers bureaux directeurs ou sur la constitution des équipes, il est étonnant de constater combien la bourgeoisie et les notables sont présents dans les deux clubs[94].
238
+
239
+ Les premières véritables installations sportives sont aménagées sous le protectorat français, comme l'illustre l'aménagement de l'hippodrome de Ksar Saïd ou la construction du stade Géo-André devenu le stade Chedly-Zouiten, dans le quartier du Belvédère, qui a longtemps été le stade principal de la capitale avant d'être supplanté par le stade olympique d'El Menzah qui voit le jour au sein du complexe de la Cité olympique d'El Menzah bâtie à l'occasion des Jeux méditerranéens 1967. Celui-ci est lui-même supplanté par la Cité olympique du 7-Novembre et son stade de 60 000 places[95] bâti à Radès pour les Jeux méditerranéens 2001 pour un coût estimé à 170 millions de dinars dont près de la moitié financée par des prêts sud-coréens et espagnols alors que le stade d'athlétisme représente un investissement de 12 millions de dinars et le village olympique un investissement estimé à 50 millions de dinars[96]. En 2008, le gouvernement annonce le lancement de la construction par le groupe émirati Boukhater d'un important complexe sportif comprenant plusieurs académies sportives, un stade de 20 000 places et un centre de natation. Baptisé Tunis Sports City, il s'étendra au bord du lac de Tunis, sur la route de La Marsa[97].
240
+
241
+ La municipalité de Tunis a signé de nombreux accords de coopération et de jumelage avec diverses villes à travers le monde[98] :
242
+
243
+ « Le sultan Mostancer [Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansir] voulant procurer aux dames de son harem la facilité de se rendre du palais au jardin de Ras Tabia qui touchait à l'enceinte de la ville, sans être exposées aux regards du public, fit élever une double muraille depuis le palais jusqu'au jardin […] Ensuite, il fit élever dans la cour de son palais le pavillon appelé Coubba-Asarak. Cet édifice forme un portail large et élevé dont la façade tournée vers le couchant et percée d'une porte à deux vantaux en bois artistiquement travaillé et dont la grandeur est telle que la force de plusieurs hommes réunis est nécessaire pour les ouvrir et les fermer. Dans chacun des deux côtés qui touchent à celui de la façade s'ouvre une porte semblable à celle que nous venons de décrire. La porte principale est ainsi du côté de l'occident et donne sur un énorme escalier d'environ cinquante marches. Les deux portes s'ouvrent sur des allées qui se prolongent jusqu'aux murs d'enceinte et reviennent ensuite aboutir dans la cour même […] Ce bâtiment aussi remarquable par la beauté de son architecture que par ses vastes dimensions offre un témoignage frappant de la grandeur du prince et de la puissance de l'empire. »
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1
+ Turdus merula
2
+
3
+ Espèce
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+
5
+ Statut de conservation UICN
6
+
7
+ LC  : Préoccupation mineure
8
+
9
+ Le Merle noir (Turdus merula), ou plus communément Merle, est une espèce de passereaux de la famille des turdidés.
10
+
11
+ Le merle niche en Europe, Asie et Afrique du Nord, et a été introduit en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il existe plusieurs sous-espèces de Merle noir sur sa vaste aire de répartition dont certaines sous-espèces asiatiques sont considérées par certains auteurs comme des espèces à part entière. Selon la latitude, le Merle noir peut être sédentaire ou migrateur, partiellement ou entièrement.
12
+
13
+ Le mâle de la sous-espèce holotype, celle qui est la plus répandue en Europe, est entièrement noir, à part le bec jaune et un anneau jaune autour de l'œil, et possède un vaste répertoire de vocalisations tandis que la femelle adulte et les juvéniles ont un plumage brun. Cette espèce niche dans les bois et jardins, construisant un nid en forme de coupe aux formes bien définies, bordé de boue. Le Merle noir est omnivore et consomme une grande variété d'insectes, de vers et de fruits.
14
+
15
+ Mâle et femelle ont un comportement territorial sur le site de nidification, chacun ayant un comportement agressif distinct, mais sont plus grégaires lors de la migration ou sur les aires d'hivernage. Les couples restent dans leur territoire pendant toute l'année dans les régions où le climat est suffisamment tempéré. De nombreuses références littéraires et culturelles à cette espèce commune font cas de son chant mélodieux.
16
+
17
+ Le Merle noir de la sous-espèce type (Turdus merula merula) a une longue queue (95 à 110 mm pour le mâle et 100 à 105 mm pour la femelle), mesure entre 23,5 et 29 cm de long pour une envergure de 34 à 38 cm, et pèse entre 80 et 125 grammes. Cette masse varie en fonction du sexe mais aussi des saisons et des contraintes physiologiques qui leur sont liées[1].
18
+
19
+ Les mâles (118 à 135 mm d'aile pliée, 28 à 33 mm de tarse et 20 à 23 mm de bec) tendent à être plus grands que les femelles (118 à 129 mm d'aile pliée, 28 à 29 mm de tarse et 20 à 21 mm de bec).
20
+
21
+ Le plumage des mâles adultes est entièrement noir de jais et contraste vivement avec un anneau oculaire jaune ou jaune-orangé et avec un bec brillant jaune-orangé. Ce contraste coloré est probablement un indicateur de qualité du mâle (une couleur vive étant corrélée à sa condition physique, son âge, son succès reproducteur ou la qualité de son territoire)[2]. En hiver, le cercle autour de l'œil devient plus brun et le bec légèrement plus sombre[3]. Les pattes sont brun-noir[1].
22
+
23
+ Selon les sous-espèces et selon la saison (plumage nuptial, plumage postnuptial frais à la teinte noir glacé et plumage internuptial[4] aux plumes mates et usées à la fin du printemps), le noir du plumage est plus ou moins intense[5]. Il est assez brillant chez la sous-espèce-type T. m. merula. Chez quelques sous-espèces d'Inde et de Ceylan, la couleur du plumage des mâles tire vers le brun ou vers le gris-bleu. Ces caractéristiques permettent de le distinguer du plumage brun sombre ou noir constellé de blanc de la principale espèce européenne, l'étourneau sansonnet.
24
+
25
+ Le dimorphisme sexuel est bien visible.
26
+
27
+ La femelle a un plumage brun roussâtre, dont les tons varient d'un individu à l'autre, présentant des zones plus noirâtres. Elle ne possède pas le bec et l'anneau orbital jaune brillant du mâle : son bec est marron, parfois avec une zone jaune pâle, et son cercle orbitaire[6] est brun clair. Sa gorge est plus claire que le reste de son plumage, pouvant présenter un aspect vaguement pommelé. Ses pattes sont brun foncé, sa poitrine brun clair.
28
+
29
+ Les juvéniles possèdent un plumage brun similaire à celui de la femelle, mais moucheté de beige sur la poitrine et le dessous du corps. Chez eux aussi les tons de brun varient d'un individu à l'autre ; les plus sombres sont présumés être des mâles[1]. Ce plumage juvénile dure jusqu'à la première mue, entre août et octobre. Les mâles acquièrent alors le plumage noir luisant, mais leur bec est plus sombre et l'anneau jaune autour des yeux est moins visible ; l'aile garde encore une teinte plus brune que le corps[7]. Le bec des jeunes mâles n'atteint sa couleur jaune et leur corps un aspect noir uniforme qu'après une année complète.
30
+
31
+ Des anomalies de coloration du plumage sont occasionnellement observées chez les Merles noirs. Même si ces phénomènes demeurent rares en chiffres absolus, ils semblent moins exceptionnels que chez les autres espèces d'oiseaux. Selon des observations menées en Grande-Bretagne, sur l'effectif total d'oiseaux décolorés recensés de toutes espèces, 29 % appartiennent au genre Turdus et sont principalement des Merles noirs, en l'occurrence des merles blancs[8]. L'existence de merles blancs avait déjà été rapportée entre autres par Buffon[9].
32
+
33
+ Les anomalies s'expriment toutes par une décoloration plus ou moins prononcée mais sont de natures diverses et peuvent relever de l'albinisme véritable et total (l'albinisme est ou n'est pas, l'albinisme ne peut être partiel), de la canitie ou de diverses formes d'aberration (leucisme, dilutions, schizochroïsmes…)[10]. Alors que pour les vrais albinos la cause est purement génétique, d'autres facteurs, comme le vieillissement ou les carences alimentaires et vitaminiques, peuvent intervenir pour expliquer les déficiences de pigmentation[8].
34
+
35
+ Réputés plus vulnérables, les individus entièrement blancs ont de moindres chances de survie et de reproduction (les albinos ont une déficience visuelle qui les voue à une mort rapide, en général les albinos rencontrés sont donc toujours des sujets jeunes ; en revanche les merles leuciques n'ont pas d'atteinte oculaire et peuvent très bien atteindre l'âge adulte). Aussi la plupart des merles tout blancs que l'on peut observer actuellement, qu'il s'agisse de véritables albinos ou non, sont des animaux reproduits sous la protection des humains. Quant aux décolorations partielles qui surviennent chez des animaux réellement sauvages, il semble qu'elles soient nettement plus fréquentes en milieu urbain.
36
+
37
+ En Europe, le Merle noir peut être confondu avec le juvénile du Merle à plastron (Turdus torquatus) lorsqu'il est dans sa première année, mais ce dernier a les ailes plus pâles. Le Merle noir présente également une ressemblance superficielle avec l'Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris)[1].
38
+
39
+ La sous-espèce T. m. kinsii du Sri Lanka ressemble à une autre espèce sri lankaise, le Merle siffleur de Ceylan (Myophonus blighi), mais cette dernière présente toujours du bleu dans son plumage, et à une espèce qui ne vit pas dans la même région du monde, le Merle unicolore (Turdus unicolor), qui a un ventre beaucoup plus pâle[7],[11].
40
+
41
+ Un certain nombre d'espèces membres du genre Turdus, d'apparence assez similaires au Merle noir, vivent en dehors de l'aire de répartition de ce dernier, comme le Merle chiguanco (Turdus chiguanco) sud-américain[12].
42
+
43
+ La femelle Merle noir peut être confondue avec une Grive musicienne (Turdus philomelos), mais cette dernière a le dessous nettement plus pâle et ponctué de sombre.
44
+
45
+ Le régime alimentaire des Merles noirs est omnivore. Ils se nourrissent d'une grande variété d'espèces d'insectes, de vers et de divers autres petits animaux et ils consomment également des fruits et parfois des graines.
46
+
47
+ Les merles recherchent principalement leurs proies à terre. Ils courent, sautillent, progressent par à-coups et penchent la tête de côté pour observer le sol. Ils chassent principalement à vue mais utilisent aussi parfois leur ouïe. Ce sont d'importants consommateurs de lombrics qu'ils attrapent en fouillant l'humus. Ils sauraient les faire émerger de leurs galeries en tapotant le sol avant de les en extirper[13]. Ils grattent aussi la litière des feuilles en décomposition, de façon bruyante et démonstrative, en faisant voleter les feuilles à la recherche de toutes sortes d'invertébrés : des insectes aussi bien à l'état de larves que d'imagos, des araignées, des myriapodes, des limaces, des petits escargots[14]… Exceptionnellement, ils se repaissent de petits vertébrés comme des têtards, de petits amphibiens adultes ou des lézards. Même s'ils sont surtout des chasseurs au sol, les merles n'hésitent pas à explorer les arbres et les buissons pour collecter les insectes qui y sont posés, notamment les chenilles.
48
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49
+ Mais si les Merles noirs fréquentent les branchages pour s'alimenter, c'est d'abord à la recherche de fruits, généralement de petits fruits charnus : baies ou drupes[15]. La nature des fruits consommés dépend de ce qui est localement disponible, et peut inclure des espèces exotiques prises dans les jardins ou les vergers. Ils affectionnent les petits fruits qu'ils peuvent saisir et emporter dans leur bec mais ne dédaignent pas de picorer de plus gros fruits tombés à terre comme des pommes.
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51
+ En Europe tempérée, ils se nourrissent de baies de troène, de sureau noir, d'argouses, de cornouilles, de cerises, de mûres de roncier… En hiver, ils trouvent, encore accrochés aux rameaux, des fruits d'aubépine, de lierre grimpant, des sorbes, des boules de houx, du gui, etc.[16]. Plus au sud, ils peuvent cueillir des olives, des myrtes, des fruits de micocoulier, des raisins… Dans le nord de l'Inde, les petites figues du Figuier des Banyans et les mûres de mûrier sont souvent consommées, alors que vers le sud de ce sous-continent, les petites baies noires des arbres du genre Trema font fréquemment partie de leur régime[7]. Comme d'autres turdidés, le merle noir peut régurgiter les graines non digérées de certaines de ces baies[17].
52
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53
+ Les proies animales dominent et sont particulièrement importantes dans l'alimentation du merle pendant la saison de nidification, alors que les fruits tombés ou les baies prennent de l'importance en automne et en hiver.
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55
+ Les Merles noirs ont une territorialité très affirmée et ne vivent pas en groupe. Chaque individu délimite son territoire propre dont l'étendue varie de 0,2 à 0,5 ha en forêt ou de 0,1 à 0,3 ha en ville. Le mâle établit son territoire au cours de sa première année d'existence et le garde sa vie entière. Durant la saison de nidification, un merle ne supporte aucun congénère, à l'exception de son partenaire.
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57
+ Pour défendre l'exclusivité de son territoire, un mâle chasse les autres mâles par des postures de menace : une course brève vers l'intrus, la tête d'abord levée, puis penchée vers le bas au fur et à mesure que la queue s'abaisse. Si un combat s'ensuit, les deux mâles se font face et, voletant à quelques centimètres du sol en poussant des cris, les pattes tendues vers l'adversaire. Ces combats sont généralement de courte durée, plus démonstratifs que violents, et l'expulsion de l'intrus est rapide. La femelle aussi est agressive au printemps, quand elle entre en compétition avec d'autres femelles pour un partenaire ou un territoire de nidification. Bien que les combats de femelles soient moins fréquents, ils ont tendance à être plus violents[15].
58
+
59
+ En dehors de la période de reproduction, plusieurs merles peuvent partager un habitat commun qui leur procure nourriture et abri, et il arrive qu'ils se perchent pour la nuit en petits groupes, mais même dans ce cas, il n'y a guère de relations entre les individus.
60
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61
+ Le territoire d'un merle, bien qu'essentiel à la formation des couples et à la nidification, ne fournit au mieux qu'une partie des ressources en nourriture[18].
62
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63
+ Une étude semble montrer que l'apparence du bec est un facteur important dans les interactions entre Merles noirs. Le mâle qui défend son territoire réagit plus agressivement envers les intrus au bec orangé qu'envers ceux à bec jaune, mais il réagit moins aux becs bruns, caractéristiques des jeunes mâles de moins d'un an et des femelles. La femelle est au contraire relativement indifférente à la couleur du bec de l'intrus, mais semble sensible à la réflexion des ultraviolets sur le bec[19].
64
+
65
+ On dit que le merle siffle, flûte, appelle ou babille[20].
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67
+ Un Merle noir mâle d'un an de la sous-espèce Turdus merula merula peut déjà commencer à chanter dès le mois de janvier par beau temps, afin d'établir un territoire. Il est suivi fin mars par le mâle adulte. « Chaque mâle possède une grande variété de phrases. Sonores et émises sans hâte, on les reconnaît facilement grâce au timbre flûté de nombreuses syllabes. Mais les phrases se terminent souvent par des sons suraigus, moins agréables. Elles peuvent aussi comporter des syllabes empruntées à d'autres oiseaux, voire des sonneries de GSM » (Metzmacher, 2008). Ce chant est lancé depuis le haut des arbres, le toit des maisons ou tout autre perchoir dominant les environs. Il chante de mars à juin, parfois début juillet. Une étude semble montrer que le chant dure plus longtemps lorsque le mâle est en meilleure forme, et lorsque sa femelle est dans une période de fertilité maximale[21]. Le mâle peut chanter à tout moment de la journée, mais le lever et le coucher du soleil sont les moments où les chants sont plus intenses. Le chant du Merle noir est considéré comme l'un des plus beaux chants d'oiseaux d'Europe. Sa richesse de répertoire, ses variations mélodiques et ses capacités d'improvisation distinguent le Merle noir européen de la plupart des autres oiseaux.
68
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69
+ Il possède de nombreux autres appels, tel un agressif sriiii, un pök-pök-pök d'alarme désignant un prédateur terrestre (un chat par exemple), et divers tchink et tchouk, tchouk. Le mâle assurant un territoire réalise invariablement des appels de type chink-chink dans la soirée, dans une tentative (généralement vaine) de décourager les autres mâles de venir se percher pour dormir sur son territoire[15]. Comme les autres passereaux, il a un léger sriiiiii d'alarme haut perché pour désigner les oiseaux de proie, car ce son est rapidement étouffé par la végétation, et donc difficile à localiser[22]. En cas de vive inquiétude, il émet une série de cris gloussants, précipités et bruyants.
70
+
71
+ Au moins deux sous-espèces, T. m. merula et T. m. nigropileus, sont capables d'imiter d'autres espèces d'oiseaux, mais aussi des chats, des humains ou des alarmes, mais le son obtenu est généralement faible et difficile à détecter. Les grandes sous-espèces de montagne, particulièrement T. m. maximus, ont un chant comparativement de piètre qualité, avec un répertoire limité comparé à celui des sous-espèces occidentales, sri lankaises ou de l'Inde péninsulaire[7].
72
+
73
+ La parade nuptiale du mâle se compose de courses obliques combinées à des hochements de tête, le bec ouvert, et un chant émis avec une voix grave et étranglée. La femelle reste immobile jusqu'à ce qu'elle lève la tête et la queue pour permettre l'accouplement[15]. Cette espèce est monogame, la fidélité étant généralement la règle jusqu'au décès d'un des partenaires[23]. La séparation des couples survient cependant dans 20 % des cas après une saison de reproduction ayant un faible taux de réussite[24]. De plus, bien que « socialement » monogame, des études ont montré que le taux de paternité adultérine peut atteindre 17 % chez cette espèce[25].
74
+
75
+ La sous-espèce Turdus merula merula commence généralement à pondre en mars, mais les sous-espèces orientales et indiennes sont plus tardives, commençant au plus tôt en avril ou en mai. Les individus introduits dans l'hémisphère sud, eux, commencent à pondre en août[7],[26].
76
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77
+ Le couple nicheur recherche un emplacement convenable pour la nidification dans un buisson (arbustif ou grimpant), généralement à environ 2 m du sol, favorisant certaines espèces végétales comme le lierre, le houx, l'aubépine, le chèvrefeuille ou le pyracantha[27]. Le nid peut aussi être installé sur la fourche d'une branche d'arbre[28].
78
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79
+ Bien que le mâle puisse aider à la construction du nid, principalement en apportant des matériaux de construction[29], la femelle construit presque seule un nid en forme de coupelle avec de la mousse, de l'herbe, de petites racines et des brindilles, qu'elle borde ensuite de boue ou de feuilles boueuses. Elle pond ensuite 2 à 6 œufs (généralement 4) de couleur bleu-vert, présentant des taches brun-rouge qui sont plus nombreuses sur le gros bout[15],[26]. Les œufs de la sous-espèce T. m. merula ont des dimensions moyennes de 2,9 × 2,1 cm et pèsent généralement 7,2 grammes (6 % de cette masse correspond à la coquille)[30]. Les coquilles d'œufs des sous-espèces du sud de l'Inde sont plus pâles que celles des autres[7].
80
+
81
+ La femelle couve seule durant 12 à 14 jours avant l'éclosion, qui donne naissance à des oisillons nidicoles, nus et aveugles d'une masse de 5 à 6 g. Les parents s'occupent tous les deux des petits, les nourrissant et débarrassant le nid des sacs fécaux. La masse atteinte par le poussin à l'âge de huit jours est déterminante pour la survie ultérieure : la masse idéale serait de 35 à 45 g, en dessous de ces valeurs le poussin aurait très peu de chance de survivre[31]. En effet, la période qui suit le séjour au nid est primordiale pour la survie. Pendant trente jours, les jeunes sont particulièrement vulnérables : les plus lourds sont alors favorisés par rapport aux plus légers. À douze jours, les poussins pèsent entre 60 et 65 g.
82
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+ Ils quitteront leur nid très tôt, au bout de 10 à 19 jours (13,6 jours en moyenne avec une masse de 70 à 80 g)[23], une semaine avant de savoir voler : ils rampent hors du nid, se laissent tomber en voletant, et vont se mettre à couvert à proximité[32]. Ils seront encore nourris par leurs parents pendant trois semaines après leur départ du nid et suivront les adultes, mendiant de la nourriture. Si la femelle commence une deuxième couvée, le mâle assurera seul le nourrissage des jeunes[15]. Une seconde couvée est en effet commune, la femelle réutilisant le même nid si la première couvée a été couronnée de succès et, dans le sud de l'aire de répartition de cette espèce, il peut ainsi y avoir jusqu'à trois couvées par an, voire davantage[7],[20]. Pendant la période où les petits sont nourris par leurs parents, ils apprendront à choisir leur nourriture. À mesure que leur expérience et leur confiance augmentent, ils commencent à s'aventurer plus avant dans le territoire parental. Les jeunes finissent par prendre leur indépendance et s'envoler, toujours de leur propre chef : ils ne sont jamais chassés par leurs parents[32].
84
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85
+ Les jeunes seront à leur tour capables de se reproduire à un an[33], après avoir choisi leur propre territoire.
86
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+ En France, la prédation, les maladies, la chasse et les aléas climatiques provoquent une mortalité moyenne variant de 50 à 80 % selon les régions[16].
88
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89
+ Cette sous-espèce des régions montagneuses a une saison de reproduction plus courte et ne peut produire qu'une seule couvée par an. La femelle pond généralement moins d'œufs, de 2 à 4 (2,86 œufs en moyenne), mais de dimensions plus grandes que ceux de T. m. merula. La période d'incubation sera en moyenne plus courte (de 12 à 13 jours), mais les petits resteront plus longtemps au nid (durant 16 à 18 jours)[34].
90
+
91
+ Le merle noir, espèce communément répandue de l'Ancien Monde, est mentionné et décrit dans de nombreux textes anciens. Il est cité par Aristote sous le nom de Cottyphus (Κοττύφος) au dix-huitième chapitre du neuvième Livre des Animaux comme la principale espèce de merle. Nommé en latin merula, ce qui donnera directement en français merle[35], Varron fournit comme explication étymologique un diminutif de mera : Merula est le quasi mera, le « presque seul », celui qui ne vole pas en groupe, ce qui rend bien compte du caractère solitaire de cet oiseau[36].
92
+
93
+ En 1555, Pierre Belon dans l'Histoire de la nature des oiseaux en dit notamment que « Chacun sait qu'il est de couleur noire, et que son bec devient jaune en vieillissant… » et plus loin que « Les médecins tiennent qu'il engendre bonnes humeurs, acomparants la chair à celle de la Grive aussi ont maintenant coutume de concéder aux malades d'en manger, l'estimant de facile digestion[37] ».
94
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95
+ Le très commun Merle noir est naturellement recensé par Carl von Linné dès 1746 dans son ouvrage sur la faune de Suède, Fauna Svecica. Il y est répertorié sous l'appellation
96
+ Turdus ater, rostro palpebrisque fulvis[38] qui signifie « grive noire, au bec et aux paupières jaunes ». Il est d'ores et déjà regroupé avec les grives dans le genre Turdus, conformément à cet égard au sens de son nom en suédois koltrast, la « grive de charbon ».
97
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98
+ Dans l'édition de 1758 de Systema Naturae, qui établit la généralisation de la nomenclature binominale, Linné lui donne enfin le nom scientifique qu'il a toujours conservé jusqu'à présent : Turdus merula[39], en apposant au nom de genre Turdus, la « grive » en latin, le nom d'espèce merula, le « merle » dans la même langue. Ce qui lui servait de longue appellation savante précédemment ne devient plus alors qu'une simple description. Linné ajoute que le Merle noir dissémine les graines de genévrier.
99
+
100
+ Le Merle noir appartient au genre Turdus, avec les grives et d'autres espèces de « merles ». La différenciation entre les merles et les grives ne repose pas sur des fondements biologiques ; elle est purement culturelle et linguistique, et diffère selon les langues.
101
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102
+ Les oiseaux du genre Turdus ont été, dès les premières classifications de Linné, à l'origine de la création de la famille des Turdidae dont ils forment le genre-type. Mais sur la base d'une vaste étude génétique générale des oiseaux menée dans les années 1970 et 80, mesurant l'hybridation de l'ADN et menant à une nouvelle classification taxinomique dite de Sibley-Ahlquist, des ornithologues américains ont intégré ce groupe dans la famille des Muscicapidae. L'ancienne famille des Turdidae passe alors au rang de sous-famille, celle des Turdinae. Cependant la fiabilité de la méthodologie utilisée par Charles Gald Sibley et Jon Ahlquist et la pertinence des résultats déduits est contestée par une large part des spécialistes en ornithologie. Dans des classifications plus récentes, notamment celle de Jim Clements[40], la famille des Turdidae est pleinement rétablie.
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104
+ Parmi les 65 espèces environ du genre Turdus, caractérisées par une taille moyenne, des têtes rondes, de longues ailes pointues et des chants généralement mélodieux, plusieurs sont aussi appelées en français « merles » comme le Merle à plastron (Turdus torquatus) ou le Merle d'Amérique (Turdus migratorius). Le Merle noir semble en particulier être très proche, au niveau phylogénique, du Merle des îles (Turdus poliocephalus), oiseau du sud-ouest de l'océan Pacifique, qui a probablement divergé au point de vue évolutif très récemment des populations de Turdus merula[7].
105
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106
+ D'autres espèces de proche parenté sont également appelées couramment « merles » comme le merle de roche (Monticola saxatilis), mais d'autres « merles » appartiennent à des familles plus éloignées, comme le merle d'eau ou Cincle plongeur ou encore le merle des Indes ou Mainate et sont surnommés ainsi en raison de ressemblances avec le Merle noir par la taille, la couleur, le chant ou le régime alimentaire.
107
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108
+ Turdus simillimus et Turdus maximus, citées comme espèces à part entière, sont considérées comme sous-espèces par certains auteurs[41].
109
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110
+ En fait, la taxonomie de cette espèce est assez complexe, surtout en ce qui concerne les sous-espèces asiatiques. Celles du sous-continent indien (T. m. simillimus, T. m. nigropileus, T. m. bourdilloni, T. m. spencei et T. m. kinnissi) sont de petite taille, seulement 19 à 20 cm de long, et les mâles ont un anneau oculaire large ; elles diffèrent aussi des autres sous-espèces de Turdus merula par leurs proportions, par leur surface alaire et leur envergure, par la couleur de leurs œufs et par leurs vocalisations. De fait, elles sont parfois considérées comme constituant une espèce séparée, le Merle indien (T. simillimus)[42],[43]. La sous-espèce himalayenne T. m. maximus est très différente des sous-espèces indiennes (le groupe simillimus cité plus haut), car ses représentants sont plus grands (23 à 28 cm de long) ; elle diffère en fait de toutes les autres sous-espèces de Turdus merula par son manque total d'anneau oculaire et par ses piètres vocalisations. Elle est donc parfois considérée comme une espèce à part entière, le Merle tibétain (T. maximus)[44].Les autres sous-espèces asiatiques, T. m. intermedius et T. m. mandarinus, relativement grandes, et T. m. sowerbyi, plus petite, sont elles aussi différentes par leur aspect et leurs vocalisations, et pourraient, selon certains auteurs, former une espèce distincte qui, une fois reconnue serait appelée Merle chinois et prendrait comme nom scientifique T. mandarinus[45]. Certains auteurs ont suggéré qu'on pourrait les considérer comme une sous-espèce de T. maximus[7], mais ces merles en diffèrent par leur aspect (notamment par leur anneau oculaire) et par leurs vocalisations[44],[45].
111
+
112
+ Les sous-espèces européennes, tout comme celles d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, se distinguent les unes des autres par des nuances de coloration du plumage. Le plumage des mâles des populations des Açores (Turdus merula azorensis), de Madère et des îles Canaries occidentales (Turdus merula cabrerae) et d'Afrique du Nord (Turdus merula mauretanicus) est d'un noir plus profond et plus brillant que celui des mâles d'Europe continentale (Turdus merula merula). De même, les femelles sont plus sombres puisque brun noir chez azorensis et cabrerae ou gris suie chez mauretanicus au lieu de brunes chez merula. Chez cette dernière sous-espèce, les oiseaux tendent à avoir des tailles un peu plus grandes et des ailes un peu plus longues du sud vers le nord. Les populations des îles méditerranéennes se singularisent par leur taille plus petite. En Suède, des mâles à gorge blanche et des femelles très rousses peuvent être observés. Dans le sud-est de l'Europe, les oiseeaux (Turdus merula aterrimus) sont plus pâles et plus gris. Du Proche-Orient jusqu'à l'Irak et l'Iran, les mâles de la sous-espèce syriacus sont pâles et les femelles grises.
113
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114
+ Commun dans les zones boisées sur la grande majorité de son aire de répartition, le Merle noir a une préférence pour les forêts décidues, à sous-bois dense. Cependant, les jardins leur fournissent le meilleur site de nidification, capables d'accueillir jusqu'à 7,3 couples par hectare, alors que les forêts ne peuvent soutenir que le dixième de cette densité de population (et les espaces ouverts et très urbanisés encore moins)[15]. On peut aussi le trouver dans des haies, des zones arbustives, en lisière de forêt, dans des parcs ou cultures, voire en zone urbaine.
115
+
116
+ En Europe, il est souvent graduellement remplacé par le Merle à plastron, espèce assez proche du point de vue taxonomique, quand on progresse en altitude[26]. On peut le trouver jusqu'à 1 000 m d'altitude en Europe, 2 300 m en Afrique du Nord, 800 m au Sri Lanka et 900 m dans la péninsule indienne, mais les grandes sous-espèces himalayennes peuvent atteindre des altitudes bien supérieures : T. m. maximus niche entre 3 200 et 4 800 m et demeure au-dessus de 2 100 m d'altitude même en hiver[7].
117
+
118
+ Le Merle noir niche dans toute l'Europe tempérée, toujours en dessous du cercle polaire arctique, mais aussi en Afrique du Nord, sur certaines îles atlantiques (Madère, Açores, îles Canaries) et dans une grande partie de l'Asie du Sud.
119
+
120
+ Le Merle noir a été introduit dans de nombreuses parties du monde en dehors de son aire originelle. Par exemple, en Australie et en Nouvelle-Zélande, se trouvent des descendants de merles importés de Grande-Bretagne[7].
121
+
122
+ Selon la latitude, le Merle noir peut être un oiseau sédentaire ou migrateur, partiellement ou entièrement[45]. Les populations du sud et de l'ouest de l'aire de répartition sont sédentaires, mais les merles les plus nordiques migrent vers le sud jusqu'à l'Afrique du Nord ou l'Asie tropicale en hiver[7].
123
+
124
+ Les mâles des populations urbaines sont plus à même de rester en hiver dans les climats frais que les mâles de campagne, adaptation rendue possible grâce à un microclimat plus clément et à une nourriture relativement abondante, qui permet à ces oiseaux d'établir un territoire et de commencer la reproduction plus tôt dans l'année[46]. Tant que de la nourriture est disponible en hiver, mâles et femelles resteront sur leur territoire tout au long de l'année.
125
+
126
+ Les individus migrateurs sont capables de couvrir de grandes distances. Ils sont plus sociables, voyageant en petits groupes, généralement de nuit, et se nourrissant en groupe dispersé sur les aires d'hivernage. Le vol de migration, qui consiste en des séries de rapides battements d'ailes interrompues par des mouvements planés horizontaux ou plongeants, diffère du vol normal, rapide et agile, du Merle noir, mais aussi du vol de plus grands Turdidae, présentant souvent des mouvements plongeants plus accentués[20],[23].
127
+
128
+ Quelques individus erratiques de cette espèce très répandue géographiquement sont occasionnellement apparus en de nombreux endroits d'Europe hors de leur aire normale de répartition, comme dans l'archipel de Svalbard et l'île de Jan Mayen, situés dans la région Arctique. Il y a aussi eu des observations d'individus erratiques au Japon[47]. Les observations en Amérique du Nord sont généralement imputées à des individus captifs échappés, comme dans le cas du merle noir observé au Québec en 1971[48]. Cependant, une observation datant de 1994 à Bonavista, dans la province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador, a été reconnue comme une observation d'un individu vraiment sauvage[7] et l'espèce figure de fait sur la liste des oiseaux de l'Amérique du Nord[49].
129
+
130
+ La population mondiale du merle noir n'a pas été chiffrée, mais la population européenne est estimée entre 79 et 160 millions d'individus[50]. Cette espèce est particulièrement abondante en Allemagne (8 à 16 millions de couples), au Royaume-Uni (près de 5 millions de couples) et en France où les effectifs de merles sont estimés à plusieurs dizaines de millions de couples nicheurs[16]. Cette population y est considérée comme stable, et l'indice d'abondance des oiseaux nicheurs en France montre même une légère augmentation entre 1994 et 2003[16].
131
+
132
+ L'avenir de l'espèce dépendra essentiellement du maintien d'habitats diversifiés favorables lui apportant abri et ressources alimentaires. La population européenne semble globalement en accroissement depuis les années 1990, elle est donc considérée comme « sécurisée » par Birdlife International[51].
133
+
134
+ Ce paragraphe suivra la proposition de classification de Clement (voir paragraphe « Systématique »):
135
+
136
+ Un Merle noir a une espérance de vie de 2,4 ans en moyenne[54], ce qui inclut la mortalité infantile. Les Merles noirs dépassant leur première année vivent 5 ans en moyenne[55], mais selon des résultats basés sur le marquage, cette espèce peut atteindre un âge record de 21 ans et 10 mois[33],[56].
137
+
138
+ Le principal prédateur du Merle noir est le chat domestique, mais le renard, la fouine, l'hermine et les rapaces, comme les éperviers et les autours, chassent aussi cette espèce quand l'occasion se présente, et limitent ainsi les populations de Merle noir[57],[58]. Par contre, il n'y a guère de preuves directes montrant que la prédation des œufs de Merle noir, des oisillons ou des adultes par les Corvidés, tels que la Pie bavarde, la Corneille noire, ou le Geai des chênes, ait un impact direct sur les effectifs des populations de merles[27].
139
+
140
+ Le Merle noir est occasionnellement l'hôte involontaire du Coucou gris (Cuculus canorus), espèce parasite qui pond ses œufs dans le nid d'autres espèces. Mais généralement, le coucou en est pour ses frais, car le merle sait reconnaître l'adulte de cette espèce, mais aussi ses œufs, plus gros que ceux des espèces qu'il parasite, et qui sont rejetés[59]. Le merle introduit en Nouvelle-Zélande, où le coucou ne vit pas, a depuis perdu la capacité à reconnaître le Coucou gris adulte, mais rejette toujours les œufs de ce dernier[60].
141
+
142
+ Comme chez tous les passereaux, les parasites sont communs chez le merle. Des études ont montré que 88 % des merles examinés présentaient des parasites intestinaux, le plus fréquemment du genre Isospora ou Capillaria[61], et plus de 80 % présentaient des hématozoaires parasites[62].
143
+
144
+ Les merles passent beaucoup de leur temps à chercher de la nourriture au niveau du sol. Ils sont souvent colonisés par des tiques, ou autres parasites externes, surtout au niveau de la tête[63]. Lors d'une étude en France, 74 % des merles examinés en milieu rural étaient infestés de tiques du genre Ixodes, contre seulement 2 % de ceux examinés en milieu urbain[63]. Ceci est dû au fait que dans les parcs et jardins des régions urbaines, les tiques ont davantage de difficultés à trouver d'autres hôtes, alors qu'en milieu rural, les hôtes sont plus nombreux et divers (renard, daim et chevreuil, sanglier, etc.)[63]. Bien que les tiques du genre Ixodes puissent transmettre des virus ou bactéries pathogènes, et soient réputées transmettre la bactérie Borrelia aux oiseaux[64], il n'y a aucune preuve que ceci affecte la santé du Merle noir, sauf lorsqu'ils sont épuisés et immunodéprimés après la migration[63]. Il semble par contre que le Merle noir soit malheureusement un réservoir à Borrelia, capable de retransmettre le parasite aux tiques[65].
145
+
146
+ En se nourrissant, ils peuvent aussi être contaminés par divers polluants du sol et de l'eau. Cette espèce a fait l'objet d'une étude de biomonitoring sur la zone-atelier de l'ancienne fonderie Métaleurop-Nord, afin de vérifier qu'un suivi des métaux lourds pouvait être fait avec des passeraux en n'utilisant que de petites quantités de sang pour les analyses[66].
147
+
148
+ Le merle semble être l'oiseau le plus vulnérable[réf. nécessaire] à une maladie émergente virale due à un virus : le virus Usutu (ou USUV).
149
+
150
+ Le Merle noir fut introduit en Australie à Melbourne dans les années 1850, mais s'est répandu depuis de Melbourne et Adelaide, ses quartiers originels, à travers tout le sud-est de l'Australie mais aussi en Tasmanie et dans les îles du détroit de Bass[67]. Les populations introduites en Australie sont considérées comme nuisibles car elles causent des dommages sur une grande variété de baies et drupes dans les vergers, parcs et jardins, particulièrement sur le raisin et les cerises. Il est aussi accusé de répandre des « mauvaises herbes », telles que les ronces, et d'entrer en compétition avec le reste de l'avifaune locale en ce qui concerne la nourriture et les sites de nidification[68].
151
+
152
+ En Nouvelle-Zélande, le Merle noir et l'autochtone Zostérops à dos gris (Zosterops lateralis) sont les deux oiseaux disperseurs de graines les plus répandus de ce pays. Depuis son introduction en 1862, en même temps que la Grive musicienne (Turdus philomelos), il s'est répandu dans tout le pays, jusqu'à une altitude de 1 500 m, de même que sur les îles situées à quelques distances, telles que le groupe de l'île Campbell et les îles Kermadec[69]. Il mange une grande variété de fruits autochtones et exotiques, et il est un contributeur majeur du développement des communautés de plantes ligneuses naturalisées telle, encore une fois, la Ronce commune. Ces plantes fournissent des fruits plus appréciés par les oiseaux non endémiques (qu'ils soient autochtones ou introduits) que par les oiseaux endémiques[70].
153
+
154
+ Dans le sud de la France, le merle paie aussi son tribut à la chasse à la grive, car de manière officielle, aucune distinction n'est faite entre merles et grives. De 1998 à 1999, les décès par la chasse ont été estimés à 985 000 Merles noirs par l'ONCFS ; les principales zones de chasse étaient alors la Gironde, l'Hérault, le Var et la Corse[16]. Dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, les décès liés à la chasse en 2000 ont été estimés à 200 000 individus[71].
155
+
156
+ Comme de nombreux autres petits oiseaux, il a été dans le passé chassé dans les zones rurales, en général trappé sur ses perchoirs nocturnes, afin d'améliorer le quotidien[72]. Il entre toujours actuellement dans la composition du pâté de merle, spécialité culinaire corse.
157
+
158
+ Le Merle noir se chasse à tir, devant soi sur les zones d'alimentation ou au poste fixe. Il peut être également capturé vivant avec des gluaux pour servir d'appelant à la chasse au poste. Cette capture d'oiseaux aux gluaux, utilisée dans les Alpes de Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse, est réglementée par arrêté ministériel et soumise à autorisation préfectorale[16].
159
+
160
+ En tant qu'oiseau relativement ubiquiste (à la fois urbain et rural) il a été utilisé pour l'étude des effets de la pollution lumineuse sur les oiseaux (et plus précisément sur les cycles chronobiologiques nycthéméraux et saisonniers[73] ou la migration aviaire).
161
+
162
+ En particulier, une étude a été basée sur le suivi d'adultes mâles sauvages capturés pour les uns dans une forêt rurale, et pour les autres dans deux sites urbains, différents (du point de vue de leur degré de perturbation anthropique de l'environnement nocturne par l'éclairage urbain)[73].
163
+ Avant d'être relâchés dans leur milieu, ces merles ont tous été équipés d'un système de télémétrie associé à deux capteurs enregistrant simultanément les variations de la luminosité ambiante et l'état d'activité de l'oiseau (actif/non-actif). Les chercheurs ont ainsi pu étudier les relations entre la luminosité naturelle ou artificielle, les conditions météorologiques et les moments de début et de fin de l'activité de chaque individu. Ils ont aussi étudié l'activité de l'oiseau selon le niveau de bruit ambiant (qui variait entre la semaine et le week-end).
164
+ Les enregistrements montrent que l'activité quotidienne du merle était considérablement plus précoce dans les deux sites urbains éclairés (par rapport au calendrier d'activité de la population rurale), alors que la fin de l'activité quotidienne ne variait pas entre les trois sites. Les oiseaux les plus éclairés en fin de soirée débutaient leur activité matinale plus tôt (alors que le degré d'illumination nocturne n'a pas influencé l'heure de fin de l'activité quotidienne)[73]. Le bruit variait entre la semaine et le week-end, mais sans effet apparent sur les moments et/ou durées d'activité des oiseaux[73]. Un effet saisonnier fort a été détecté dans les deux populations urbaines et rurales, montrant une durée d'activité allongée le matin et le soir (plus marqué en début de saison de reproduction qu'aux stades suivants)[73]. Les auteurs ont conclu que « la lumière artificielle nocturne est un facteur majeur de changement du calendrier de l'activité quotidienne » et que « des recherches futures devraient se concentrer sur les coûts/avantages d'une rythmicité quotidienne altérée chez les oiseaux des zones urbaines »[73]. Peu auparavant une autre étude avait montré que la pollution lumineuse réduit fortement la production de mélatonine chez les merle Turdus merula[74].
165
+
166
+ La combinaison d'une ambiance bruyante le jour et de la pollution lumineuse affecte fortement le merle urbain qui se met à chanter jusqu'à cinq heures plus tôt que ses homologues vivant en milieu rural[75].
167
+
168
+ Le Merle noir, ubiquiste et adaptable ne semble néanmoins pas menacé. Du fait de sa vaste aire de répartition (environ dix millions de km²), de son importante population, et de la relative stabilité en termes d'effectifs globaux, il a été classé dans la catégorie LC (préoccupation mineure) par l'UICN[47].
169
+
170
+ Dans l'ouest de la région paléarctique, les populations semblent plutôt stables ou en accroissement[23], mais il peut aussi y avoir des déclins localisés, en zones rurales notamment, peut être en raison de l'intensification de l'agriculture qui a poussé les agriculteurs à détruire de nombreuses haies, mares, prairies permanentes, prairies humides et des fossés et talus qui fournissaient aux merles gîte et nourriture. Dans le même temps, l'utilisation de pesticides a aussi pu nuire aux merles, directement (écotoxicité) et indirectement (diminution des invertébrés qui sont la ressource alimentaire du merle[58].
171
+
172
+ Oiseau peu craintif tout en restant prudent, il s'apprivoise si bien qu'on le voit dans les jardins et les faubourgs faire son nid dans des endroits quotidiennement fréquentés par l'homme. Il a ainsi pu être jadis élevé en cage[76]. Seul un individu des variétés albino ou blanche, issu d'élevage, est considéré comme étant un animal domestique en droit français. Les autres formes de cet oiseau relèvent donc de la législation concernant les animaux sauvages[77].
173
+
174
+ Le merle était considéré par les Grecs anciens comme un animal sacré, mais destructeur. Il était censé mourir s'il mangeait un fruit de grenadier[78].
175
+
176
+ Contrairement aux autres animaux noirs, le merle n'est généralement pas perçu comme un symbole de malheur[72].
177
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180
+ Représentation de « Merle noir » sur timbres postaux
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+ Voir aussi :
183
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184
+ Le Merle noir est l'oiseau national de la Suède[79], où la population de merles nicheurs compte entre un et deux millions de couples[23]. Il figure aussi sur les armoiries de la ville allemande de Krukow.
185
+
186
+ De nombreux pays ont émis des timbres à l'effigie de cet oiseau.
187
+
188
+ Le merle, présent dans le blason de quelques villes, n'est pas un meuble très fréquent en héraldique.
189
+
190
+ Par contre, la merlette est très fréquente, mais c'est une figure héraldique étrange, petit oiseau de profil, sans bec ni patte, utilisé le plus souvent en nombre.
191
+
192
+ Le Merlerault, France(Armes parlantes)
193
+
194
+ Famille de Cesse (trois merlettes)
195
+
196
+ Incourt, France(neuf merlettes)
197
+
198
+ Le Merle noir est le nom d'une courte composition musicale d'Olivier Messiaen inspirée par le chant de cet oiseau. Ce chant a aussi inspiré Paul McCartney, qui faisait alors partie des Beatles, une de ses plus belles ballades, Blackbird. On y entend le chant d'un merle au dernier couplet.
199
+
200
+ « Blackbird singing in the dead of night,
201
+ Take these broken wings and learn to fly
202
+ All your life,
203
+ You were only waiting for this moment to arise[80]. »
204
+
205
+ ce qui peut se traduire par :
206
+
207
+ « Merle qui chante au cœur de la nuit
208
+ Prends ces ailes brisées et apprend à voler
209
+ Toute ta vie
210
+ Tu n'attendais que ce moment pour t'élever. »
211
+
212
+ Une chanson enfantine allemande intitulée Ein Vogel wollte Hochzeit machen (littéralement : Un oiseau voulait se marier) raconte le mariage d'un merle et d'une grive. Personne ne sait qui a écrit les paroles de cette chanson enfantine, ni quand la mélodie en a été composée[81].
213
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République du Turkménistan
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+ (tk) Türkmenistan Respublikasy
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+ (ru) Республика Туркменистан
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+ 37° 57′ N ; 58° 23′ E
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+ Le Turkménistan, également appelé Turkménie, en forme longue la république du Turkménistan (en turkmène Türkmenistan et Türkmenistan Respublikasy, en russe Turkmenistan, Туркмениста́н, ou Turkmeniya, Туркмения et Respublika Turkmenistan, Республика Туркменистан), est un pays d'Asie centrale, entouré de l'Afghanistan au sud-est, de l'Iran au sud-sud-ouest, de la mer Caspienne à l'ouest, du Kazakhstan au nord-ouest et de l'Ouzbékistan à l'est-nord-est.
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+ Autrefois république socialiste soviétique jusqu'en 1991, il portait le nom de Turkménie ou officiellement République socialiste soviétique du Turkménistan (en turkmène cyrillique : Түркменистан Совет Социалистик Республикасы, Түркменистан ССР).
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+ L'histoire du Turkménistan s'étend sur plusieurs millénaires, comme l'attestent les vestiges archéologiques Taboulis, vieux de 5 000 ans et découverts sur le territoire du pays.
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+ Le Turkménistan est un pays d’Asie centrale situé au nord de la chaîne de montagnes Kopet-Dag, entre la mer Caspienne et le fleuve Amou-Daria. Le pays a des frontières avec le Kazakhstan et l’Ouzbékistan au nord et au nord-est, avec l'Iran et l'Afghanistan au sud et au sud-est.
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+ La caractéristique géographique la plus significative du Turkménistan est le désert du Karakoum qui couvre 80 % de la superficie du pays. La plupart des montagnes du Turkménistan sont inaccessibles. Les vestiges de l'ancienne route de la soie vont de la Chine centrale jusqu'à la côte méditerranéenne, passant par le Turkménistan.
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+ Sa superficie est comparable à celle de l'Espagne.
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+ Le pays est situé dans une région où le risque sismique est un des plus élevés au monde.
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25
+ Le climat est réputé être de type continental sec, comprenant des hivers modérés et peu pluvieux, avec parfois un peu de neige. Les étés sont très chauds (jusqu'à 50 °C dans le désert du Karakoum) et secs avec des vents de sable soufflant depuis le nord ou l'est. Il y a en moyenne 250 jours de soleil par an et les précipitations ne dépassent pas les 200 mm par an dans les plaines, mais atteignent 350 mm dans les zones montagneuses et moins de 100 mm dans la région du Garabogaz[3]. Ces données font du Turkménistan le pays le plus sec de l'Asie centrale, du fait de la présence des montagnes du sud qui empêchent l'arrivée des masses d'air humides en provenance de l'océan Indien.
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+ Le pays est divisé en cinq provinces, trois États et une ville indépendante, qui est la capitale Achgabat.
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29
+ Les provinces sont dirigées par un gouverneur. Chacune est subdivisée en plusieurs districts.
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31
+ Saparmyrat Nyýazow était le premier secrétaire du parti communiste de la république socialiste soviétique du Turkménistan entre 1985 et 1991, puis président du Turkménistan jusqu'à sa mort en décembre 2006.
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+
33
+ Un très important culte de sa personnalité est encore en place, on trouve son visage presque partout dans le pays, des billets de banque jusqu'aux bouteilles de vodka. Il est rebaptisé Türkmenbaşy (ou en français le « père de tous les Turkmènes »). La fête nationale correspond à l'anniversaire du président, le 19 février. Une statue de Nyýazow d'une hauteur de 12 m, dorée à l'or fin, juchée sur une arche de 75 m de hauteur, l'Arche de la Neutralité, tourne sur elle-même dans la capitale Achgabat de manière que son visage soit toujours tourné vers le soleil[4]. En janvier 2010, le nouveau président Berdimoukhamedov a annoncé le démontage imminent de la statue[5], lequel a été effectué durant le mois de mai 2015. Il fut procédé à l'installation d'une statue du président Berdimoukhamedov à l'emplacement de celle de l'ancien président, cette dernière ayant été déplacée vers la banlieue d'Achkhabat[6].
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35
+ Le Turkménistan fait partie de la Communauté des États indépendants (CEI). En août 2005, le Turkménistan décide de devenir un simple « membre associé ».
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+ Le pouvoir législatif est exercé par le Conseil du Peuple, une assemblée de 2 500 membres.
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+ À la suite de la mort de Saparmyrat Nyýazow, le Conseil du peuple fixe la date de l'élection présidentielle au 11 février 2007. Il a modifié la Constitution turkmène pour permettre au président par intérim Gurbanguly Berdimuhamedow de se présenter. Grand favori, il est élu avec 89 % des voix face à cinq prétendants. Il est officiellement investi le 14 février 2007, prêtant serment sur le Coran et le Ruhnama, livre écrit par son prédécesseur.
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+ Si Berdimuhamedow a initié une certaine ouverture économique, aucun progrès notable au niveau des droits de l'homme n'a pu être observé[7]. Il a développé son propre culte de la personnalité en lieu et place de celui de Nyýazow.
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ Amnesty International a dressé un tableau très noir[8] de la situation au Turkménistan en 2003, et s'est notamment montrée pessimiste sur une éventuelle évolution positive à cause de :
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47
+ La situation des droits de l'homme au Turkménistan est toujours critique en 2006. Le régime dictatorial, un des plus autocratiques au monde, restreint un grand nombre de libertés. Selon Human Rights Watch, on peut citer parmi les atteintes aux libertés[9] :
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49
+ En 2017, le Turkménistan occupe la 154e place sur une échelle de corruption de 176 pays testés par Transparency International. Pour l'ONG Human Rights Watch, « le Turkménistan reste l'un des pays les plus répressifs au monde, qui affiche un bilan désastreux sur les droits de l'homme »[11].
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51
+ L'économie du Turkménistan est fortement dépendante de l'exploitation de son gaz naturel[12] — le pays dispose de la cinquième plus importante réserve au monde, soit près de 12 % des réserves mondiales[13] — ainsi que de son pétrole, qui représente 60 % de ses exportations. Dans le domaine de l'agriculture, la moitié des terres irriguées est utilisée pour cultiver le coton, faisant du pays le dixième plus important producteur au monde.
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53
+ L’enseignement ainsi que les services de santé ont été dégradés depuis l’éclatement de l’URSS. Cette crise sociale se double d’un désastre écologique, avec des eaux salinisées et une Mer Caspienne polluée. La distribution de l’eau s’avère désastreuse, produisant de très importantes pertes[14].
54
+
55
+ On estime qu'un peu plus de 50 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté[4].
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+
57
+ Le réseau ferroviaire est le principal moyen de transport turkmène. Les routes sont également développées grâce aux voies rapides. Le transporteur aérien national, Turkmenistan Airlines, est lui moins utilisé. Le transport maritime est quasiment inutilisé.
58
+
59
+ La route européenne E60 traverse, par son prolongement asiatique, le Turkménistan[19].
60
+
61
+ Le Turkménistan fait appel à de nombreuses entreprises étrangères, l'une des clés des partenariats étant la traduction du Ruhnama, un livre de propagande écrit par Niazov[20].
62
+
63
+ Le groupe de construction turc Polimeks[21] ainsi que les français Vinci (VCGP)[22] et Bouygues[23],[24] sont présents au Turkménistan.
64
+
65
+ En 1921, les autorités soviétiques du Turkménistan interdisent les mariages d’enfants, les mariages forcés et la polygamie[25].
66
+
67
+ La plupart des citoyens du Turkménistan sont des Turkmènes. Il existe toutefois d'importantes minorités d'Ouzbeks ou de Russes. Il y a également des minorités moins représentées (Kazakhs, Tatars, Ukrainiens, Arméniens, Azéris, Hazaras et Baloutches).
68
+
69
+ Le CIA World Factbook estime en 2003 que la population du pays est composée de 85 % de Turkmènes, 5 % d'Ouzbeks, 4 % de Russes et 6 % appartenant à d'autres ethnies[26]. Selon les données annoncées par les autorités turkmènes en février 2001, la population est composée à 91 % de Turkmènes, 3 % d'Ukrainiens et 2 % de Russes. Entre 1989 et 2001, le nombre de Turkmènes dans le pays a doublé (de 2,5 millions à 4,9 millions), tandis que le nombre de Russes a diminué de deux tiers (de 334 000 à un peu plus de 100 000)[27].
70
+
71
+ La langue officielle est le turkmène.[réf. nécessaire].
72
+
73
+ La musique turkmène est typiquement pastorale comme celle d'Asie centrale ; les bardes nomades chantent et s'accompagnent au luth dotâr.
74
+
75
+ Le Turkménistan est un pays laïc[réf. nécessaire].
76
+
77
+ Au 9 avril 2009, la CIA estime dans son World Factbook que 89 % de la population est musulmane, 9 % chrétienne orthodoxe et 2 % de croyance inconnue[26]. Selon la loi sur la liberté de conscience et les organisations religieuses, telle que modifiée en 1995 et 1996, les congrégations religieuses doivent se faire enregistrer auprès des autorités et avoir au moins 500 adultes adhérents dans chaque localité où l'enregistrement est effectué. Les religions minoritaires ne sont pas reconnues par le gouvernement. Ainsi, seuls l'islam sunnite et l'Église orthodoxe russe sont enregistrés comme des organisations religieuses légales au Turkménistan[28]. Il y a aussi entre 5 000 et 10 000 Zoroastriens, surtout présents vers Mary et Merekut (Mereket), et vers la frontière Iranienne.
78
+
79
+ En octobre 2021, le pays accueille les 111e championnats du monde de cyclisme sur piste à Achgabat.
80
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81
+ Le Turkménistan a pour codes :
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+
83
+ Sur les autres projets Wikimedia :
84
+
85
+ Asie centrale
86
+
87
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
88
+
89
+ Asie de l’Est
90
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91
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
92
+
93
+ Asie de l'Ouest
94
+
95
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
96
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+ Asie du Sud-Est
98
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99
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
102
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103
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ Le Turkménistan, également appelé Turkménie, en forme longue la république du Turkménistan (en turkmène Türkmenistan et Türkmenistan Respublikasy, en russe Turkmenistan, Туркмениста́н, ou Turkmeniya, Туркмения et Respublika Turkmenistan, Республика Туркменистан), est un pays d'Asie centrale, entouré de l'Afghanistan au sud-est, de l'Iran au sud-sud-ouest, de la mer Caspienne à l'ouest, du Kazakhstan au nord-ouest et de l'Ouzbékistan à l'est-nord-est.
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+ Autrefois république socialiste soviétique jusqu'en 1991, il portait le nom de Turkménie ou officiellement République socialiste soviétique du Turkménistan (en turkmène cyrillique : Түркменистан Совет Социалистик Республикасы, Түркменистан ССР).
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+ L'histoire du Turkménistan s'étend sur plusieurs millénaires, comme l'attestent les vestiges archéologiques Taboulis, vieux de 5 000 ans et découverts sur le territoire du pays.
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+ Le Turkménistan est un pays d’Asie centrale situé au nord de la chaîne de montagnes Kopet-Dag, entre la mer Caspienne et le fleuve Amou-Daria. Le pays a des frontières avec le Kazakhstan et l’Ouzbékistan au nord et au nord-est, avec l'Iran et l'Afghanistan au sud et au sud-est.
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+ La caractéristique géographique la plus significative du Turkménistan est le désert du Karakoum qui couvre 80 % de la superficie du pays. La plupart des montagnes du Turkménistan sont inaccessibles. Les vestiges de l'ancienne route de la soie vont de la Chine centrale jusqu'à la côte méditerranéenne, passant par le Turkménistan.
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+ Sa superficie est comparable à celle de l'Espagne.
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+ Le pays est situé dans une région où le risque sismique est un des plus élevés au monde.
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+ Le climat est réputé être de type continental sec, comprenant des hivers modérés et peu pluvieux, avec parfois un peu de neige. Les étés sont très chauds (jusqu'à 50 °C dans le désert du Karakoum) et secs avec des vents de sable soufflant depuis le nord ou l'est. Il y a en moyenne 250 jours de soleil par an et les précipitations ne dépassent pas les 200 mm par an dans les plaines, mais atteignent 350 mm dans les zones montagneuses et moins de 100 mm dans la région du Garabogaz[3]. Ces données font du Turkménistan le pays le plus sec de l'Asie centrale, du fait de la présence des montagnes du sud qui empêchent l'arrivée des masses d'air humides en provenance de l'océan Indien.
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+ Le pays est divisé en cinq provinces, trois États et une ville indépendante, qui est la capitale Achgabat.
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+ Les provinces sont dirigées par un gouverneur. Chacune est subdivisée en plusieurs districts.
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+ Saparmyrat Nyýazow était le premier secrétaire du parti communiste de la république socialiste soviétique du Turkménistan entre 1985 et 1991, puis président du Turkménistan jusqu'à sa mort en décembre 2006.
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33
+ Un très important culte de sa personnalité est encore en place, on trouve son visage presque partout dans le pays, des billets de banque jusqu'aux bouteilles de vodka. Il est rebaptisé Türkmenbaşy (ou en français le « père de tous les Turkmènes »). La fête nationale correspond à l'anniversaire du président, le 19 février. Une statue de Nyýazow d'une hauteur de 12 m, dorée à l'or fin, juchée sur une arche de 75 m de hauteur, l'Arche de la Neutralité, tourne sur elle-même dans la capitale Achgabat de manière que son visage soit toujours tourné vers le soleil[4]. En janvier 2010, le nouveau président Berdimoukhamedov a annoncé le démontage imminent de la statue[5], lequel a été effectué durant le mois de mai 2015. Il fut procédé à l'installation d'une statue du président Berdimoukhamedov à l'emplacement de celle de l'ancien président, cette dernière ayant été déplacée vers la banlieue d'Achkhabat[6].
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+ Le Turkménistan fait partie de la Communauté des États indépendants (CEI). En août 2005, le Turkménistan décide de devenir un simple « membre associé ».
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+ Le pouvoir législatif est exercé par le Conseil du Peuple, une assemblée de 2 500 membres.
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+ À la suite de la mort de Saparmyrat Nyýazow, le Conseil du peuple fixe la date de l'élection présidentielle au 11 février 2007. Il a modifié la Constitution turkmène pour permettre au président par intérim Gurbanguly Berdimuhamedow de se présenter. Grand favori, il est élu avec 89 % des voix face à cinq prétendants. Il est officiellement investi le 14 février 2007, prêtant serment sur le Coran et le Ruhnama, livre écrit par son prédécesseur.
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41
+ Si Berdimuhamedow a initié une certaine ouverture économique, aucun progrès notable au niveau des droits de l'homme n'a pu être observé[7]. Il a développé son propre culte de la personnalité en lieu et place de celui de Nyýazow.
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ Amnesty International a dressé un tableau très noir[8] de la situation au Turkménistan en 2003, et s'est notamment montrée pessimiste sur une éventuelle évolution positive à cause de :
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+ La situation des droits de l'homme au Turkménistan est toujours critique en 2006. Le régime dictatorial, un des plus autocratiques au monde, restreint un grand nombre de libertés. Selon Human Rights Watch, on peut citer parmi les atteintes aux libertés[9] :
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+ En 2017, le Turkménistan occupe la 154e place sur une échelle de corruption de 176 pays testés par Transparency International. Pour l'ONG Human Rights Watch, « le Turkménistan reste l'un des pays les plus répressifs au monde, qui affiche un bilan désastreux sur les droits de l'homme »[11].
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+ L'économie du Turkménistan est fortement dépendante de l'exploitation de son gaz naturel[12] — le pays dispose de la cinquième plus importante réserve au monde, soit près de 12 % des réserves mondiales[13] — ainsi que de son pétrole, qui représente 60 % de ses exportations. Dans le domaine de l'agriculture, la moitié des terres irriguées est utilisée pour cultiver le coton, faisant du pays le dixième plus important producteur au monde.
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53
+ L’enseignement ainsi que les services de santé ont été dégradés depuis l’éclatement de l’URSS. Cette crise sociale se double d’un désastre écologique, avec des eaux salinisées et une Mer Caspienne polluée. La distribution de l’eau s’avère désastreuse, produisant de très importantes pertes[14].
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+ On estime qu'un peu plus de 50 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté[4].
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+ Le réseau ferroviaire est le principal moyen de transport turkmène. Les routes sont également développées grâce aux voies rapides. Le transporteur aérien national, Turkmenistan Airlines, est lui moins utilisé. Le transport maritime est quasiment inutilisé.
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+ La route européenne E60 traverse, par son prolongement asiatique, le Turkménistan[19].
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+ Le Turkménistan fait appel à de nombreuses entreprises étrangères, l'une des clés des partenariats étant la traduction du Ruhnama, un livre de propagande écrit par Niazov[20].
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+ Le groupe de construction turc Polimeks[21] ainsi que les français Vinci (VCGP)[22] et Bouygues[23],[24] sont présents au Turkménistan.
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+ En 1921, les autorités soviétiques du Turkménistan interdisent les mariages d’enfants, les mariages forcés et la polygamie[25].
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+
67
+ La plupart des citoyens du Turkménistan sont des Turkmènes. Il existe toutefois d'importantes minorités d'Ouzbeks ou de Russes. Il y a également des minorités moins représentées (Kazakhs, Tatars, Ukrainiens, Arméniens, Azéris, Hazaras et Baloutches).
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+
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+ Le CIA World Factbook estime en 2003 que la population du pays est composée de 85 % de Turkmènes, 5 % d'Ouzbeks, 4 % de Russes et 6 % appartenant à d'autres ethnies[26]. Selon les données annoncées par les autorités turkmènes en février 2001, la population est composée à 91 % de Turkmènes, 3 % d'Ukrainiens et 2 % de Russes. Entre 1989 et 2001, le nombre de Turkmènes dans le pays a doublé (de 2,5 millions à 4,9 millions), tandis que le nombre de Russes a diminué de deux tiers (de 334 000 à un peu plus de 100 000)[27].
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+ La langue officielle est le turkmène.[réf. nécessaire].
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+ La musique turkmène est typiquement pastorale comme celle d'Asie centrale ; les bardes nomades chantent et s'accompagnent au luth dotâr.
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+ Le Turkménistan est un pays laïc[réf. nécessaire].
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+ Au 9 avril 2009, la CIA estime dans son World Factbook que 89 % de la population est musulmane, 9 % chrétienne orthodoxe et 2 % de croyance inconnue[26]. Selon la loi sur la liberté de conscience et les organisations religieuses, telle que modifiée en 1995 et 1996, les congrégations religieuses doivent se faire enregistrer auprès des autorités et avoir au moins 500 adultes adhérents dans chaque localité où l'enregistrement est effectué. Les religions minoritaires ne sont pas reconnues par le gouvernement. Ainsi, seuls l'islam sunnite et l'Église orthodoxe russe sont enregistrés comme des organisations religieuses légales au Turkménistan[28]. Il y a aussi entre 5 000 et 10 000 Zoroastriens, surtout présents vers Mary et Merekut (Mereket), et vers la frontière Iranienne.
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+ En octobre 2021, le pays accueille les 111e championnats du monde de cyclisme sur piste à Achgabat.
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+ Le Turkménistan a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ Twitter [ˈtwɪtɚ][2] (litt. « gazouillis » en anglais) est un réseau social de microblogage géré par l'entreprise Twitter Inc. Il permet à un utilisateur d’envoyer gratuitement de brefs messages, appelés tweets, sur internet, par messagerie instantanée ou par SMS. Ces messages sont limités à 280 caractères (140 caractères jusqu'en novembre 2017).
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+ Twitter a été créé le 21 mars 2006 par Jack Dorsey, Evan Williams, Biz Stone et Noah Glass. Le service en ligne est rapidement devenu populaire. Le 5 mars 2017, il compte 313 millions d’utilisateurs actifs par mois, 500 millions de tweets envoyés par jour et est disponible en plus de quarante langues. En 2018, Twitter annonce pour la première fois avoir fait du profit, notamment à la suite de restrictions budgétaires.
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+ Le siège social de Twitter Inc. se situe aux États-Unis à San Francisco.
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+ Twitter a été créé à San Francisco au sein de la start-up Odeo fondée par Noah Glass[3] et Evan Williams. Noah Glass commercialisait AudBlog, une application permettant de publier des fichiers audio sur un blog au moyen d’un téléphone. Evan Williams est connu pour être entre autres le cofondateur de la société Pyra Labs, à l’origine de la plateforme de blogs Blogger, achetée par Google en 2003. Odeo proposait une plateforme d'hébergement web, de diffusion et d’enregistrement de podcasts.
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+ Le marché du podcast étant déjà très concurrentiel, Jack Dorsey, ingénieur spécialiste du dispatchingdispatching, et Noah Glass, ancien collaborateur de Marc Canter (fondateur de MacroMind (en)) et fondateur du service de blog podcasting AudBlog (qui a fusionné avec Odeo), furent chargés de développer un nouveau service[source insuffisante]. L’idée de départ lancée par Jack Dorsey était de permettre aux utilisateurs de partager facilement leurs petits moments de vie avec leurs amis[source insuffisante]. Ouverte au public le 13 juillet 2006, la première version s’intitulait Stat.us puis Twttr, en référence au site de partage de photos Flickr puis Twitter, son nom actuel. Le 21 mars 2006, M. Dorsey envoyait son premier tweet : « Just setting up my twttr » (« Suis en train d'installer mon twttr »), marquant la date anniversaire de la fondation de l'entreprise par Jack Dorsey, Evan Williams, Biz Stone et Noah Glass[4].
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+ Le 25 octobre 2006, les actifs de la société Odeo ont été achetés par Obvious Corp. Puis en avril 2007, une entité indépendante est créée avec comme nom Twitter avec Jack Dorsey à sa tête jusqu’en octobre 2008 date à laquelle Evan Williams lui succéda. En mars 2008, Twitter compte un million d’utilisateurs. La société compte 29 employés en février 2009[5], 300 en octobre 2010 et 900 en avril 2012[6].
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+ Le 4 octobre 2010, Evan Williams, le cofondateur, annonce qu'il passe la main à Dick Costolo, ancien directeur d'exploitation.
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+ Fin février 2012, le service en ligne réunit plus de cinq cents millions d'utilisateurs dans le monde[7]. En juin de la même année, les mots « Twitter » (nom propre), « twitt » ou « tweet », « twitteur » ou « twitteuse », ainsi que « twitter » ou « tweeter », font leur apparition dans Le Petit Larousse édition 2013[8].
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+ Twitter dont le prix d'introduction est fixé à 26 dollars entre à la bourse de New York le 31 octobre 2013 sous le symbole « TWTR » avec une première cotation qui s'effectue à 45,10 dollars[9]. L'action atteindra un pic à 73,31 dollars en décembre 2013 avant d'amorcer une chute jusqu'à 31,85 dollars à la fin du lock-up (période durant laquelle un actionnaire ou un investisseur ne peut se défaire de ses actions) le 6 mai 2014[réf. nécessaire].
20
+
21
+ Dick Costolo démissionne de son poste de PDG de Twitter en juin 2015, sur fond de désaveu de sa stratégie. Il est remplacé de façon intérimaire par l'un de ses fondateurs, Jack Dorsey[10].
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23
+ Le 5 mars 2017, Twitter compte 313 millions d’utilisateurs actifs par mois, 500 millions de tweets envoyés par jour et affiche une disponibilité en plus de quarante langues[réf. nécessaire]. En 2018, Twitter annonce pour la première fois avoir fait du profit, notamment à la suite de restrictions budgétaires[11].
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25
+ En avril 2010, l'application et client Twitter, Tweetie est achetée, il devient Twitter pour iPhone, Twitter pour Mac[12]. Si la version Twitter pour iPhone subsiste, Twitter pour Mac est définitivement arrêté en octobre 2012[13].
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+ Le 25 mai 2011, le client Twitter TweetDeck est acheté pour 40 millions de dollars[14]. Le 5 juillet 2011 l'outil de gestion analytique de Twitter BackType (en) est acheté[15]. Le 21 septembre 2011, Twitter acquiert un spécialiste de la recherche sur Internet Julpan, fondé en 2010 par Ori Allon, un ancien employé qui avait travaillé sur le moteur de recherche de Google[16].
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+ Le 20 janvier 2012, Twitter acquiert l'agrégateur d'informations torontois Summify[17]. Le 3 mars 2012, Twitter acquiert le site spécialisé dans les microblogs Posterous, un concurrent de Tumblr[18]. En avril 2012, Hotspots.io, un service spécialisé dans l'analyse sociale est acheté aussi[19]. Le 10 mai 2012, Twitter achète le développeur de service marketing personnalisés de notification par e-mail RestEngine[20]. En octobre 2012 c'est au tour de Vine, un outil new-yorkais qui permet aux utilisateurs de publier des vidéos par tweets via smartphones qui se voit acquis par Twitter[21]. Cet outil est directement proposé aux utilisateurs de Twitter sur smartphones à partir du 24 janvier 2013[21].
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+ Le 28 janvier 2013, Twitter achète l'outil d’analyse Crashlytics, qui permet de détecter et de reporter toute fermeture impromptue d'une application mobile pour iOS et Android dont peuvent être victime des utilisateurs[22]. Le 5 février 2013, Twitter confirme l'acquisition de la société Bluefin Labs basée à Cambridge près de Boston[23]. Cette dernière est spécialisée dans l'analyse des conversations autour des programmes de télévision. Avec cette acquisition, Twitter précise sa stratégie de développement dans la Télévision Sociale[24]. Le 11 avril 2013 à l’occasion du festival musical Coachella en Californie, en vue de lancer une application, Twitter annonce avoir fait l'acquisition du service musical WeAreHunted.com, jeune pousse créé en 2007 qui répertorie les chansons les plus populaires sur Internet et les réseaux sociaux[25]. Le 13 mai 2013, Twitter annonce avoir fait l'acquisition du service de visualisation de données originaire de Portland, Lucky Sort pour un montant de 600 000 US$[26]. En septembre 2013, Twitter annonce l'acquisition de MoPub pour 350 millions de dollars, soit sa plus grande acquisition à ce moment[27]. En août 2013 Twitter acquiert Trendrr une jeune-pousse new-yorkaise qui développe Curatorr un service spécialisée dans l'analyse en temps réel des messages échangés sur les réseaux sociaux sur les programmes télévisés ou les publicités[28].
32
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33
+ Twitter fait l'acquisition le 15 avril 2014 de Mesagraph une jeune pousse lorraine spécialisée dans la mesure de l’audience sociale (tweets) liée aux émissions de télévision[29]. Il achète aussi Gnip, son principal partenaire dans l’analyse de données sociales le 16 avril 2014. La jeune société est l’une des rares à avoir accès à l’ensemble du flux de tweets (également appelé « Firehose »)[30].
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35
+ En juin 2014, Twitter annonce l'acquisition de Namo Media, une société spécialisée dans les publicités mobiles[31].
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37
+ Le 11 février 2015, Twitter annonce avoir acheté la start-up Niche qui met en relation des annonceurs avec des personnalités s'étant rendues célèbres sur le Web avec des vidéos en ligne[32].
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39
+ Le 13 mars 2015, Twitter annonce avoir acheté la start-up Periscope qui permet à l'utilisateur de retransmettre en direct ce qu'il est en train de filmer[33].
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+ En octobre 2015, Twitter annonce 336 suppressions de postes, soit 8 % de ceux-ci, à cause d'une moindre croissance qu'espéré du nombre de ses utilisateurs[34]. En octobre 2016, Twitter annonce une suppression similaire de l'ordre de 9 % de ses effectifs, soit environ 350 personnes[35]. Le même mois, Twitter annonce la fermeture de Vine[36].
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+ Le 21 novembre 2019, Twitter fait l'acquisition de la start-up Aiden.ai, plateforme utilisant l'intelligence artificielle pour générer des recommandations marketings [37],[38].
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45
+ La mascotte de Twitter est un oiseau stylisé, nommé Larry[39] en hommage au basketteur américain Larry Bird[40]. Le 6 juin 2012, Twitter présente un nouvel oiseau[41], désormais utilisé comme logo unique, sans typographie[42],[43].
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47
+ Logo de Twitter de sa création en 2006 à mai 2009.
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49
+ Logo de Twitter du 15 mai 2009 à septembre 2010.
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+ Logo de Twitter de septembre 2010 à juin 2012.
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+ Logo de Twitter depuis le 6 juin 2012.
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55
+ Liste des principaux actionnaires au 18 octobre 2019[44].
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57
+ Twitter est un service de microblogage ou microblogging, qui permet à ses utilisateurs de bloguer grâce à de courts messages, des « tweets ». Outre cette concision imposée, la principale différence entre Twitter et un blog traditionnel réside dans le fait que Twitter n’invite pas les lecteurs à commenter les messages postés. La promesse d'origine de Twitter, « What are you doing? », le définit comme un service permettant de raconter ce qu’on fait au moment où on le fait. Prenant acte de l’utilisation du service pour s'échanger des informations et des liens, Twitter le remplace par « What's happening ? » (« Quoi de neuf ? » ou encore « Que se passe-t-il ? » dans la version française), puis par « Compose new Tweet… » dans la dernière version de septembre 2011.
58
+
59
+ De surcroît, Twitter est généralement utilisé comme plateforme de réseau social. Par contre, son interface et son format sont très différents d'un univers comme celui de Facebook ou Instagram, quoiqu'il existe certaines similarités. La culture très particulière et propre à sa communauté font en sorte que Twitter peut demander un peu plus d'effort de la part des nouveaux utilisateurs. Plusieurs guides existent d'ailleurs dans le but d'aider les nouveaux usagers à mieux s'immiscer dans l'univers des tweets.
60
+
61
+ L’interface originelle de Twitter est en anglais. Une version en japonais est lancée en avril 2008. En octobre 2009, le service lance un appel à ses utilisateurs pour être volontaires pour sa traduction en « FIGS » (français, italien, allemand, espagnol)[45]. La version en espagnol est disponible début novembre 2009[46], celle en français deux semaines après[47]. Twitter se différencie, par rapport à d’autres médias sociaux populaires, par son respect absolu du principe Keep it Simple, Stupid - sa simplicité d'utilisation – ce qui en fait un des principaux facteurs de son succès[48].
62
+
63
+ En septembre 2014 : après son concurrent Facebook, le réseau social teste également un bouton « Buy now » permettant de réaliser des achats à partir de tweets. Parmi les partenaires associés, Burberry, The Home Depot ou encore le rappeur Eminem. En juin 2015, le groupe lance un outil qui permet de mieux cibler les annonces que voient les utilisateurs à partir des applications installées sur leur mobile[49].
64
+
65
+ En décembre 2016, Jack Dorsey demande aux utilisateurs du réseau social la fonctionnalité qu'ils aimeraient voir apparaître, sans surprise, il s'agira de la possibilité d'éditer un tweet déjà rédigé (autrement dit le modifier même après publication)[50]. Mais cette fonctionnalité est difficile à mettre en œuvre, notamment du fait que les publications sur Twitter sont vite et plus facilement partagées que sur les autres réseaux sociaux pouvant amener à la remise en question de l'intégrité du message publié initialement.
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+
67
+ Chaque court message, le tweet, est limité à l'origine à 140 caractères (jusqu'en septembre 2016). Il contraint les utilisateurs à être concis dans leur rédaction. Initialement, Twitter pouvait être utilisé par l'intermédiaire des SMS. Ceux-ci étant limités à 160 caractères, Twitter prend cette limite et conserve 20 caractères pour ajouter son nom d'utilisateur[51]. La capacité limitée à 140 caractères par message sur le service a favorisé l'émergence de plateformes de contenu, telle TwitPic, qui permet de poster des images et photos ; bit.ly pour raccourcir les liens.
68
+
69
+ Il est cependant question en janvier 2016 de permettre la publication de tweets dépassant les 140 caractères traditionnels autorisant un nombre de 10 000 caractères[52]. L'objectif étant de toucher un plus grand public et de favoriser la communication des entreprises sur le support. Depuis l'été 2015, le groupe a d'ailleurs levé la limite des 140 caractères sur les messages privés[53].
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+
71
+ Il existe deux manières de « retweeter » : soit comme initialement en copiant/collant intégralement le tweet lu en le précédant de la mention « RT @Bob », soit comme depuis fin 2009 en le « retweetant » automatiquement pour l’afficher à ses abonnés tel qu'on l'a vu soi-même, avec l'avatar de l'auteur d'origine, sauf si l'auteur d’origine utilise un compte protégé[54].
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73
+ Depuis le 15 juin 2016, Twitter offre la possibilité de retweeter ou de citer ses propres tweets[55].
74
+
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+ Depuis le 19 septembre 2016, Twitter ne décompte plus le nombre de caractères utilisés lors de l'insertion de photos, de vidéos et de gif dans un tweet, ce qui libère 20 caractères supplémentaires[56].
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+ Depuis le 26 septembre 2017, Twitter offre la possibilité à certains de ses utilisateurs de dépasser la limite des 140 caractères traditionnels pour en atteindre désormais 280[57].
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79
+ Après s'être connecté à Twitter en tant que membre inscrit, on accède aux tweets (mini-messages) en fil postés par ses propres abonnements, c'est-à-dire par les comptes d'utilisateurs que l'on a choisi de « suivre ». Si l'utilisateur Alice[58] « suit » l'utilisateur Bob, on dit qu'Alice est une abonnée de Bob et que Bob est un abonnement d'Alice.
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+ Dans la version française de l'interface, un follower est appelé initialement « suiveur »[59] remplacé par « abonné » et un following, par « suivis »[59] puis « abonnement ». Twitter est un réseau social asymétrique, c'est-à-dire n'engageant pas de réciprocité.
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+
83
+ Il est possible pour un utilisateur de restreindre la lecture de ses mini-messages en gardant privé l'accès à son compte, en évitant donc de le rendre public. Les messages sont alors visibles par l'abonné uniquement après validation d'une requête d'ajout à sa liste d'abonnement par l'utilisateur qui a appliqué un accès privé.
84
+
85
+ L'accès privé n'est pas le mode par défaut de Twitter. Il n'est pas vraiment dans l'esprit de ce service, et son existence même n'est pas connue de tous les utilisateurs (certains utilisateurs déclarent avoir quitté Twitter parce qu'il est impossible de rendre ses messages privés[60]). En revanche, les comptes qui ne sont pas privés sont bien publics ce qui implique qu'un tweet est bien un propos public et peut donc être repris et cité dans les médias ou en justice par exemple[61].
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+
87
+ Le fil d’actualité, ou « timeline » en anglais (abrégé « TL »), est la page principale sur laquelle apparaissent les tweets des comptes auxquels l’utilisateur s’est abonné.
88
+
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+ Le 23 mars 2015, Twitter lance un nouveau filtre sur son application mobile permettant de lutter contre le harcèlement en ligne. Ce filtre qualité vise à supprimer les notifications et les apparitions sur le fil d'actualité des tweets contenant des menaces ou des propos offensants envers l'utilisateur[62].
90
+
91
+ En décembre 2015, alors que les tweets s'affichent habituellement dans l'ordre antichronologique, Twitter décide d'expérimenter d'autres méthodes de classement pour ses messages. Certains utilisateurs voient alors l'ordre de leurs tweets complètement bouleversé et ne tardent pas à témoigner leur mécontentement sur le réseau social[63].
92
+
93
+ Un nom précédé d'arobase « @ » est un lien vers le compte Twitter de l'utilisateur de ce nom (qui permet de voir tous ses tweets, sauf s'ils sont protégés). Chaque utilisateur peut consulter les mentions qu’il a reçues dans l’onglet « @ Connect », remplacé par « @ Notifications ». Si un tweet débute par une mention, seuls les followers suivant le compte mentionné verront le tweet dans leur fil d’actualité (par exemple @Eve rédige un tweet en commençant par @Bob, donc parmi les followers de @Eve, seuls ceux qui suivent également @Bob liront le tweet depuis leur fil d'actualité).
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95
+ Un mot précédé du signe « # » (croisillon) est un hashtag. Au Québec, l'Office québécois de la langue française a créé et proposé en janvier 2011 le terme « mot-clic »[64],[65]. En France, la Commission générale de terminologie et de néologie a proposé en janvier 2013 le terme « mot-dièse »[66]. Il s'agit d'un sujet attribué au message, Twitter peut afficher tous les tweets comportant un hashtag précis, et établit un classement des mots ou bien des hashtags du moment les plus utilisés (les trending topics, désormais disponibles pour les tweets rédigés en français[67]) — d'où parfois des détournements du système, sur le même principe que le bombardement Google[68].
96
+
97
+ En pratique Twitter a un vocabulaire propre, les utilisateurs du service de microblogue créent de nombreux hashtags sous forme d'abréviations. Ci-dessous sont identifiées les plus couramment utilisés par les utilisateurs[69] :
98
+
99
+ Tous les jours, de nombreux hashtags voient le jour et se popularisent par viralité, selon l'actualité du moment ou pour des raisons humoristiques (mèmes). De nombreux médias, acteurs institutionnels, marques… promeuvent des hashtags, sur Twitter et d'autres supports (télévision, publicité, presse papier…) pour inciter les internautes à communiquer sur leurs sujets (par exemple : #ConfPR pendant les conférences de presse du président de la République française[70]).
100
+
101
+ Les trending topics, abrégés « TT » sur Twitter, sont les sujets tendances. Ce sont des mots, des hashtags ou des phrases qui ont été tweetés de multiples fois durant une période. Il est possible d'afficher les tendances par pays, par ville ou encore dans le monde entier.
102
+
103
+ Un utilisateur peut établir des listes parmi ses abonnements. Depuis fin 2009 il est possible de suivre une liste établie par un autre utilisateur. Il est également possible de rendre privées les listes (pour s'en servir comme répertoire de contacts d'un secteur, ou de concurrents, par exemple).
104
+
105
+ Depuis 2012, dans un tweet, le symbole « $ » placé devant le code d'une devise boursière permet de consulter en temps réel les discussions sur les sociétés cotées en Bourse[71]. Par exemple « $AAPL » pour Apple ou bien « $TWTR » pour Twitter.
106
+
107
+ À la suite d'une plainte déposée par Tony La Russa, manager d’une équipe de baseball américaine, pour usurpation d’identité[72], et plus généralement afin d'empêcher l'usurpation d'identité sur Twitter, les comptes des personnalités peuvent bénéficier d'un logo bleu « Compte certifié ». Twitter donne plus d'indications sur les comptes certifiés en priorité :
108
+
109
+ « Nous nous concentrons sur des utilisateurs hautement demandés dans la musique, le spectacle, la mode, le gouvernement, la politique, la religion, le journalisme, les médias, la publicité, les affaires et d'autres domaines d'intérêt particuliers. Nous certifions le cas échéant les partenaires commerciaux et les personnes présentant un risque élevé d'usurpation d'identité[73]. »
110
+
111
+ En juin 2012, Twitter introduit une option de masquage des réponses (tweets commençant par une mention à un autre utilisateur) pour les comptes certifiés[74]. Ainsi, quand on consulte un profil certifié, deux onglets permettent de filtrer les tweets « All / No Replies ».
112
+
113
+ Depuis la fin du mois de juillet 2016, tout utilisateur de Twitter peut demander la certification de son compte[75] en remplissant un formulaire qui sera par la suite validé par le site de microblogue.
114
+
115
+ Les utilisateurs peuvent s’échanger des messages privés à travers des « messages directs », « MD » (« Direct Message » en anglais, abrégé « DM »). Cependant, on ne peut envoyer de DM que si l'on est abonné à un compte et que ce compte est lui-même abonné en retour (abonnements réciproques).
116
+
117
+ Néanmoins, depuis le 20 avril 2015, Twitter a introduit une nouvelle fonctionnalité permettant à un utilisateur de recevoir des messages privés de n'importe quelle personne, sans avoir besoin de la suivre[76].
118
+
119
+ Le 11 juin 2015, Twitter a introduit la possibilité d'envoyer des « messages directs » de plus de 140 caractères. Cette limite a pris fin le 12 août 2015[77].
120
+
121
+ Le 17 octobre 2014, Twitter a annoncé qu'il lançait Audio card[78]. Ce nouveau service permet de partager sa musique, d'écouter et de découvrir la musique des autres utilisateurs directement sur le site de microblogging. L'un des principaux partenaires de ce nouveau système d'écoute en ligne est la plateforme SoundCloud dans laquelle Twitter investit 70 millions de dollars en juin 2016[79]. David Guetta est l'une des premières stars à avoir utilisé cette nouvelle fonctionnalité[80]. Twitter a cependant précisé qu'Audio card était encore à l'état de test.
122
+
123
+ Le 17 juin 2020, Twitter introduit les audio tweets[81], c'est-à-dire la possibilité d'inclure des message audio directement dans ses tweets.
124
+
125
+ Il est possible d'insérer dans un tweet une vidéo de source externe (tel que YouTube, Dailymotion, Vimeo…).
126
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127
+ Le 24 janvier 2013, Twitter lance Vine, une application qui permet de publier sur Twitter de courtes vidéos de 6 secondes jouées en boucle.
128
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129
+ Depuis le 27 janvier 2015, l'application Twitter permet nativement la publication de vidéos d'une durée maximale de 30 secondes, jusqu'à 10 minutes pour les comptes certifiés.
130
+
131
+ Le 26 mars 2015, Twitter lance l'application Periscope permettant à l'utilisateur de diffuser de la vidéo en direct à ses abonnés depuis son smartphone.
132
+
133
+ Le 16 juin 2015, Twitter continue de développer la lecture des vidéos en lançant une option autoplay. Désormais, les vidéos natives, les Vines et les GIF se lancent automatiquement[82].
134
+
135
+ Ces outils doivent être utilisés avec parcimonie, car ils comptent dans les 280 caractères autorisés.
136
+
137
+ En octobre 2009, Google, à la suite d'un partenariat[83] avec la société Twitter, référence[84] les « tweets » publiés sur le site de cette dernière en les indexant en temps réel dans les résultats de ses pages de recherche. Ce partenariat est ensuite suspendu en juillet 2011 à la suite de l'arrivée du produit social de Google : Google Plus[85]. Le 20 mai 2015, Twitter met fin à cette suspension, autorisant Google à référencer son flux de données, rendant possible le référencement des tweets en temps réel aux États-Unis[86]. Le 21 août 2015, Twitter et Google établissent un partenariat permettant aux messages publiés sur le premier d’apparaître dans les résultats de recherche du second[87]. Rendue possible sur smartphones depuis mai 2015, cette pratique s’étend désormais aux recherches faites depuis un ordinateur de bureau.
138
+
139
+ Depuis ses premières années, Twitter propose une interface de programmation (API) ouverte et documentée. Celle-ci permet de construire facilement des applications ou des services s’appuyant sur la plateforme Twitter. Un grand nombre de logiciels tiers ont été développés, non seulement pour lire et écrire sur Twitter sans utiliser le site lui-même, mais dans certains cas ils ajoutent des fonctions de tri, filtrage, remplacement automatique des URL par celles d'un service de réduction d'URL (quasiment indispensable vu que la limite de 140 caractères comprend les éventuels liens), etc. De plus il en existe pour toutes les plates-formes, y compris les smartphones.
140
+
141
+ Sur de nombreux blogs, un bouton permet à un utilisateur, s'il aime un billet, de générer immédiatement un Tweet en son nom et donnant un lien vers le billet. C'est cette possibilité de réutilisation qui rend Twitter quasiment impossible à bloquer. Même si un pays souhaitant limiter la liberté d'expression bloque l'accès à twitter.com, il ne peut pas bloquer tous les sites utilisant une API permettant aux utilisateurs de poster un tweet depuis ce site, à moins de bloquer tous les sites internet sauf une liste blanche[88].
142
+
143
+ En août 2012, Twitter a durci les conditions d'accès à son API[89].
144
+
145
+ Le 16 août 2018, la fermeture de deux anciennes API entraîne la disparition de fonctionnalités clés utilisées par des applications tierces[90], les privant notamment de flux de tweets en temps réel (stream), de la fonctionnalité « messages directs » ou de l'affichage de certains types de notifications ; Twitter invite les développeurs à migrer vers de nouvelles API payantes[91].
146
+
147
+ Après avoir lancé des versions différentes de ses applications selon la marque du smartphone, Twitter a uniformisé toutes ses applications mobiles en décembre 2011. Sous le nom de code Lets Fly[92], Twitter adopte une nouvelle interface simplifiée qui facilite l'accès à son compte et ses connexions[93].
148
+
149
+ Twitter collecte des données personnelles sur ses utilisateurs et les partage avec des tierces parties. Twitter considère ces informations comme un actif et se réserve le droit de les vendre si la société change de mains[94]. En revanche, Twitter ne prétend en aucun cas avoir des droits sur les messages envoyés par les utilisateurs (voir ci-dessous). Twitter indique supprimer toutes vos données personnelles au bout de 30 jours lorsque vous supprimez votre compte Twitter[95].
150
+
151
+ Une faille de sécurité a été rapportée le 7 avril 2007 par Nitesh Dhanjani et Rujith. Nitesh a utilisé FakeMyText pour envoyer un message à la place de la victime en modifiant l’en-tête du SMS pour se faire passer pour un autre numéro. Cette usurpation d’identité ne peut être réalisée que si l’on connaît le numéro de téléphone rattaché au compte Twitter. À la suite de cette annonce, Twitter introduisit un code PIN que l’utilisateur peut indiquer pour authentifier le message SMS.
152
+
153
+ Le 5 janvier 2009, 33 comptes Twitter ont été piratés, dont ceux de Barack Obama et de Britney Spears. Le pirate a obtenu le mot de passe d’un administrateur de Twitter grâce à une attaque par dictionnaire. Il a ensuite utilisé certains outils de l’équipe de support technique comme l’édition ou le rappel des courriels associés au compte Twitter[96],[97],[98].
154
+
155
+ En juillet 2012, le PDG de Twitter, Dick Costolo, annonce que le site permettra à ses utilisateurs de télécharger l'ensemble de leurs tweets[99].
156
+
157
+ Le 15 juillet 2020, des comptes appartenant à des employés de Twitter disposant d’un accès aux outils internes de l’entreprise sont compromis à la suite d’une attaque par ingénierie sociale, les attaquants prennent ensuite possession de comptes de nombreuses personnalités telles que Barack Obama, Elon Musk, Jeff Bezos, Kanye West ou encore XXXTentacion mais aussi d’entreprises telles qu’Apple ou Uber pour y publier des tweets incitant les internautes à envoyer de l’argent sur une adresse bitcoin, promettant de doubler leur mise[100],[101],[102]. Les attaquants ont reçu l’équivalent de plus de 118 000 dollars[101].
158
+
159
+ Le problème des droits d'auteur et de propriété intellectuelle s'appliquant à un message sur Twitter est loin d'être évident. Par exemple, si on recopie un tweet d'autrui, on ne peut invoquer le droit de courte citation, car le caractère « court » de la citation se rapporte à la longueur de l'œuvre dont elle est extraite[103]. Les retweets, pour leur part, peuvent même être accusés de plagiat (si l'attribution à l'auteur original disparait[104]) ou de violer les droits moraux de l'auteur quand le message est modifié[104].
160
+
161
+ Un tweet ne peut cependant systématiquement être protégé par le droit d'auteur, car celui-ci ne s'applique qu'aux « créations originales » non-encore tombées dans le domaine public. Il est rare qu'un message aussi court puisse être considéré comme une création, mais pas impossible (par exemple pour des slogans publicitaires)[105].
162
+
163
+ Twitter lui-même encourage les utilisateurs à placer leurs messages dans le domaine public, ne revendiquant lui-même aucun droit dessus — ce qui lui vaut les félicitations de certains des défenseurs des contenus libres (en comparaison de Facebook[106]).
164
+
165
+ En 2009, Twitter n'a pratiquement pas produit de revenus étant donné la gratuité du service et l'absence de publicité (hormis sur la version japonaise). Ceci ne semble pas inquiéter les dirigeants car Twitter n'a ni besoin d'une infrastructure complexe ni de faire sa propre publicité ou toute autre dépense de ce type ; ses dépenses sont donc très faibles, et les réserves obtenues par collectes de fonds suffisent probablement pour financer le service durant plusieurs années[107].
166
+
167
+ Twitter a un contrat avec l’entreprise SocialMedia, qui se sert de Twitter pour diffuser des tweets sur des produits ou qui peut aussi utiliser et citer des tweets à travers « Twitter Pulse » dans d’autres publicités sur Internet : « En d’autres termes, ne tweetez rien que vous ne voudriez voir sur un panneau sur Times Square ou diffusé lors du Super Bowl », écrit ainsi un journaliste du New York Times[108]. Sur la version japonaise, des encarts publicitaires sont affichés en haut à droite de la page twitter.com.
168
+
169
+ La stratégie de Twitter a été largement dévoilée quand des documents confidentiels ont été dérobés par piratage, puis envoyés au siège du blog TechCrunch ; après négociation, Techcrunch a publié ce qui se rapporte à la stratégie de l'entreprise, mais pas les informations privées ou concernant la sécurité. Il apparaît que Twitter compte générer des revenus en proposant des services avancés pour les comptes créés par les entreprises. Mais n'ayant pas un besoin urgent de générer des revenus, Twitter maintient une stratégie attentiste, cherchant en premier lieu à rassembler un maximum d'utilisateurs (objectif : 1 milliard en 2013), pour mieux valoriser ses services quand ils seront lancés[109].
170
+
171
+ Sur son blog consacré à la publicité, Twitter a annoncé en décembre 2015 qu'il allait mettre en place une série de tests pour proposer à ses utilisateurs de la publicité monétisée à destinations des non-utilisateurs du réseau[110]. Cette annonce a eu pour effet une augmentation de 6,35 % de son action à la Bourse de New York[111].
172
+
173
+ Des rumeurs d'achat circulent depuis 2008. En novembre 2008, Facebook aurait proposé d'acheter Twitter pour 500 millions de dollars en actions basé sur une valorisation de Facebook de 15 milliards de dollars[112]. Puis les noms de Google et Apple ont été évoqués[113],[114]. Les dirigeants de Twitter démentent tout achat, disant préférer que l’entreprise demeure indépendante, mais confirment qu’il y a des discussions et ne s’interdisent pas de collaborer avec ces grands groupes[115]. En juin 2012, les rumeurs se font insistantes sur l'achat possible de Twitter par Google, considérant que l'introduction en bourse de Facebook, jugée « ratée », compromet les chances de Twitter d'entrer en bourse[116],[117].
174
+
175
+ Depuis fin septembre 2016, de nouvelles rumeurs gonflent sur un éventuel achat et des négociations déjà sérieusement commencées entre Google, Salesforce.com, Microsoft et Twitter. La chaîne d'informations américaine CNBC[118] parle même d'une proposition d'achat à 30 milliards de dollars alors que la valorisation de Twitter en bourse n'est que de 15 milliards de dollars. En octobre 2016 on apprend que toutes ces propositions ont échoué le dernier pressenti (Salesforce) ayant renoncé[119].
176
+
177
+ La société a réalisé un premier appel public à l'épargne en 2007 auprès des fonds Union Square Ventures (en) (investisseurs de Delicious entre autres), Charles River Ventures et de plusieurs business angel, dont Marc Andreessen (fondateur entre autres de Netscape Communications et Ning), Dick Costolo (fondateur de FeedBurner), Ron Conway (un des premiers banquiers de Google) et Naval Ravikant[120] (cofondateur de Epinions).
178
+
179
+ Les deux premiers appels publics à l'épargne ont permis d'amasser 5,4 et 15 millions de dollars[5]. Un troisième appel public à l'épargne, qui a permis d'amasser 35 millions de dollars selon le webzine américain TechCrunch, a été réalisé en 2009. Benchmark and Institutional Venture Partners, Union Square Ventures et Spark Capital ont apporté les fonds[121].
180
+
181
+ Comme il est évoqué plus haut, Twitter était fin 2008, évaluée à 500 millions de dollars et, à la fin de 2009, à 1 milliard de dollars[122], en se basant sur les propositions d'achat.
182
+
183
+ À la fin du mois d'août 2009, Robert Scoble évaluait Twitter à 5 à 10 milliards de dollars, en se basant sur le potentiel de ce service[123]. En septembre 2009, un nouvel appel public à l'épargne permit d'attribuer à Twitter une valeur de 1 milliard de dollars, selon la valeur que doit avoir Twitter en rapportant la levée de fonds à la part acquise de l'entreprise[124].[pas clair]
184
+
185
+ Le 15 décembre 2010, Twitter lève 200 millions de dollars, ce qui fait monter la valorisation de Twitter à 3,7 milliards de dollars[125].
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+
187
+ En juillet 2011, Twitter est en passe de porter sa valorisation à 7 milliards de dollars[126].
188
+
189
+ Ces valorisations financières restent fictives, car la société n'a toujours pas de business model (i.e de modèle économique) clairement établi, même si la publicité semble la solution la plus logique. On se base donc sur un potentiel estimé d'après le nombre actuel de visiteurs, de tweets et les sommes reçues lors des levées de fonds.
190
+
191
+ En 2013, Twitter a publié un projet d'introduction boursière (IPO). Cela pourrait être l'introduction en bourse la plus importante du secteur depuis Facebook en 2012. Twitter espère ainsi lever près d'un milliard de dollars (734 millions d'euros) lors de son IPO, et révèle ses données financières : son chiffre d'affaires a presque triplé en 2012, pour atteindre 316,9 millions de dollars (pour une perte nette de 79,4 millions). Au premier semestre 2013, le CA a atteint 253,6 millions de dollars (69,3 millions de perte nette)[127].
192
+
193
+ Le lendemain de la chute de -20 % de l'action Facebook à la bourse de New York, Twitter perd à son tour -20,54 % à la clôture de la bourse le 27 juillet 2018, soit une évaporation de 6 milliards et 836 millions de dollars de sa capitalisation boursière[réf. nécessaire].
194
+
195
+ En mars 2020, la presse évoque les critiques émises par certains actionnaires concernant Jack Dorsey du fait des chiffres de croissance des utilisateurs et de « la performance boursière relativement léthargique par rapport à ses concurrents sur les réseaux sociaux », le présentant comme la cible d'un éventuel renvoi[128],[129].
196
+
197
+ Selon l'étude de Sémiocast (30 juillet 2012), Twitter avait en 2012 517 millions de comptes enregistrés, 140 millions d’utilisateurs aux États-Unis, 40 millions au Brésil, 30 au Japon et 7,3 en France[130]. Les États-Unis représentent 27,4 % des utilisateurs de Twitter (contre 28,1 % au mois de janvier)[131]. Sémiocast annonce 688 millions de comptes au 31 janvier 2013. Dans le monde, près de 44 % des 974 millions de comptes ouverts en avril 2014 n'ont jamais tweeté[132].
198
+
199
+ Pew Research Center’s Internet & American Life Project a publié une étude sur l’utilisation de Twitter aux États-Unis. 11 % des internautes adultes utiliseraient un service de microblogage, contre 9 % en novembre 2008 et 6 % en mai 2008. L’âge médian est de 31 ans. Les citadins sont sur-représentés (35 % des utilisateurs de Twitter résident en ville, alors qu’ils ne représentent que 29 % des internautes). 76 % des utilisateurs de ce service utilisent des connexions internet sans fil[133].
200
+
201
+ Twitter a été utilisé dans le cadre des Relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne par Jean-Claude Juncker pour féliciter la nouvelle Première ministre britannique, déclarant que « le résultat du référendum du Royaume-Uni a créé une nouvelle situation à laquelle le Royaume-Uni et l'Union européenne doivent répondre bientôt. J'ai hâte de travailler étroitement avec vous et d'apprendre vos intentions à ce sujet »[134].
202
+
203
+ Durant le mois de février 2009, Twitter est le site de la catégorie des sites communautaires qui a connu la plus forte croissance selon Nielsen[135]. Selon une étude IFOP publiée en août 2009, 28 % des internautes français connaissent Twitter (contre 4 % en 2008), mais ils ne sont que 2 % à avoir un compte[136].
204
+
205
+ En octobre 2010, une étude de l'IFOP indique que 80 % des internautes français connaissent Twitter et 7 % possèdent un compte[137]. En recoupant avec une étude de Médiamétrie indiquant que le nombre d'internautes en France à cette époque était de 37,54 millions[138], on peut estimer le nombre d'utilisateurs de Twitter en France à 2,6 millions.
206
+
207
+ En 2012, selon l'institut comScore, 16 % des 15-24 ans possèdent un compte Twitter[139]. Début 2012, le site connaît un regain d'intérêt en France. Il sert d'outil aux politiques qui participent à la campagne présidentielle. Les émissions télévisuelles sont commentées activement, certaines comme On n'est pas couché, Des Paroles et Des Actes, The Voice ou Mots Croisés proposent même leur lien au téléspectateur. Le 6 mai 2012, Twitter enregistre un pic de fréquentation en France avec 1,4 million de visiteurs uniques[140].
208
+
209
+ En 2015, Damien Viel est nommé directeur général de Twitter France[141].
210
+
211
+ En 2018, selon W3Techs, fournisseur de service en ligne, le français serait la septième langue utilisé sur Twitter, avec 2 % seulement des tweets écrits en français, loin de l’anglais avec 34 % et du japonais avec 16 %[142].
212
+
213
+ Selon les conclusions, reprises par The Guardian[143],[144], de l'une des neuf études de cas d'une série publiée en 2017 dans le cadre du projet Computational Propaganda de l'université d'Oxford[145], portant sur plus de 1,3 million de comptes Twitter localisés en Russie et ayant publié des messages en rapport avec la politique dans ce pays de février 2014 à décembre 2015, 45 % des comptes ayant publié plus de 10 tweets liés à ce sujet sont des bots informatiques. Pour déterminer si les comptes étaient gérés par des bots, l'analyse a utilisé un algorithme recherchant l'absence d'attributs caractéristiques d'utilisateurs humains tels qu'un nom, une biographie, une image de profil, une localisation et des échanges avec d'autres utilisateurs, ainsi que l'absence ou non de followers[146]. À titre de comparaison, il est estimé que 9 à 15 % de l'ensemble des comptes Twitter sont des bots[147].
214
+
215
+ En octobre 2017, Twitter interdit toute publicité sur les comptes des médias russes RT et Sputnik, en raison des accusations portées par les services de renseignement des États-Unis sur les « interférences » des médias russes dans le déroulement des élections américaines de 2016[148].
216
+
217
+ Dans certains cas, il peut arriver que certaines personnes ou entreprises usurpent une ou plusieurs identités afin de promouvoir un point de vue. En particulier certaines théories accréditent certaines entreprises russes d'avoir utilisé ce stratagème pour influencer les élections des États-Unis en 2016[149].
218
+
219
+ En janvier 2009, la publication sur Twitter par un internaute de la photo d'un avion dans l'Hudson marque le début d'une révolution médiatique[150]. Ce n'était pas la presse traditionnelle qui signalait l'événement, mais un simple citoyen équipé d'un smartphone. L'un des fondateurs de twitter, Biz Stone, raconte dans un article du Monde : « Ce moment a tout changé, soudain, le monde a commencé à nous prêter attention, parce qu’on était la source d’une info – et ce n’était pas nous, c’était l’utilisateur sur le bateau, ce qui est encore plus incroyable »[150].
220
+
221
+ En France, Twitter a fait l’objet d’une importante couverture médiatique au cours des premiers mois de l’année 2009 selon Slate.fr[151],[152]. Cela se reflète dans la recherche du terme « twitter ». Médiamétrie rapporte que le terme a été tapé 65 000 fois en mars, 158 % de plus qu’en février[153].
222
+
223
+ La croissance médiatique de Twitter peut en partie s'expliquer par la démocratisation de la Télévision sociale, procédé permettant de rendre une émission participative ou interactive par l'usage parallèle des réseaux sociaux. Un segment nouveau sur lequel Twitter séduit[154] bien que son concurrent emblématique Facebook, qui propose également ses propres prestations, reste leader[155].
224
+
225
+ Twitter a été largement critiqué par ses utilisateurs des débuts pour les nombreuses périodes pendant lesquels le service cessait de fonctionner. Lors de ces périodes d'indisponibilité, Twitter affichait un dessin de baleine, originellement titré Lifting Up a Dreamer, mais renommé par les utilisateurs « Fail whale » (baleine de l'échec).
226
+
227
+ Paradoxalement, l'ampleur de l'indignation des internautes quand Twitter est indisponible est un témoignage du succès du service.[réf. nécessaire]
228
+
229
+ Twitter a en particulier été victime d'une attaque en déni de service en août 2009, vraisemblablement pour des motifs politiques[156].
230
+
231
+ La forte croissance de Twitter a conduit à un événement redouté : la Twitpocalypse, qui surviendrait quand les identifiants des tweets seraient épuisés. En effet, chaque tweet est identifié par un numéro unique. Pour certains logiciels externes utilisant Twitter, ce numéro était codé en int32 ou uint32 (sur 32 bits, un bit étant réservé ou non au signe), les numéros utilisables ont été épuisés au bout de 2147483647 tweets dans le premier cas, 4294967295 dans le second. La première Twitpocalypse eut lieu en juin 2009, la seconde en septembre 2009, dans les deux cas sans conséquences graves. Il faut noter à quel point le rapprochement entre les deux crises témoigne de la progression formidable de Twitter en 2009[157].
232
+
233
+ À partir de la fin août 2009, Twitter renforce son infrastructure pour ne plus avoir d'indisponibilité, en prévoyant de poursuivre sa forte croissance[158].
234
+
235
+ Depuis le 31 août 2010, les APIS de Twitter n’utilisent plus le Basic Auth, forçant ainsi toutes les applications de son écosystème à utiliser oAuth pour se connecter à ses serveurs. Dans les premiers jours de Twitter, le Basic Auth a permis aux développeurs de créer des applications facilement, les modalités d'identification y étant extrêmement simplifiées. À la suite du passage à oAuth, un épisode surnommé l' oAuthpocalypse[159], des milliers d'applications de la première génération de Twitter ont disparu[160].
236
+
237
+ Le 21 octobre 2016, Twitter a été rendu indisponible à la suite d'une attaque sous forme de DDoS du service DNS Dyn[161].
238
+
239
+ Stromae critique l'usage excessif de Twitter dans sa chanson Carmen ; le clip de la chanson, réalisé par Sylvain Chomet, a pour protagoniste notamment « un épouvantable volatile bleu aux grandes dents, lequel n'est pas sans rappeler le logo du célèbre réseau social »[162].
240
+
241
+ Twitter est accusé par certaines études de nuire à la productivité au travail[163]. Lorsqu'un chat dénommé Sockington devint en mai 2009 une star de la twittosphère, l'aspect productif de l'outil Twitter en prit un coup[164].
242
+
243
+ Les fondateurs de Twitter admettent aujourd'hui qu'eux-mêmes n'imaginaient pas que leur service aurait un tel succès[165]. Le site satirique The Onion, face à l'utilisation de Twitter par les insurgés iraniens, fait dire à un des fondateurs que lui-même est choqué car Twitter n'avait pas été conçu pour être utile[166]. Ironie mise à part, la crise iranienne avait effectivement prouvé l'utilité de Twitter[167], surprenant tous ceux qui n'y voyaient qu'une perte de temps, et faisait relayer son existence par les médias traditionnels. Certains commentateurs, comme Ethan Zuckerman[168] et Shadi Sadr[169] estiment que l'impact de Twitter en termes d'autonomisation des manifestants iraniens a été exagéré par les médias occidentaux.
244
+
245
+ Twitter est utilisé par des enseignants dans leurs classes[170], de l'école primaire à l'université. Des chartes d'utilisation sont créées et l'usage de Twitter permet en outre un apprentissage des médias sociaux en classe. Le fait d'utiliser le réseau en cours pourrait être un facteur favorisant la réussite des étudiants, il est associé à une plus grande implication de leur part dans le travail scolaire[171].
246
+
247
+ Twitter a montré qu'il était un moyen de faire circuler l'information à une vitesse formidable. Pour des raisons techniques, les mises à jour de Twitter sont beaucoup plus rapides que celles des fils RSS ou les moteurs de recherche traditionnels, ce qui fait même prédire par des partisans que Twitter va « tuer » les RSS[172].
248
+
249
+ Cette puissance est à double tranchant, comme le soulignent les partisans et détracteurs. Par exemple, les utilisateurs de Twitter ont pu être informés de la mort de Michael Jackson en s'échangeant le lien vers le premier site d'information à l'avoir mentionnée, bien avant que les autres ne reprennent l'information[173]. Il en est de même pour le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti où les Haïtiens ont utilisé Twitter pour informer les autres utilisateurs de la catastrophe et demander de l'aide. Mais Twitter peut aussi propager les fausses rumeurs à vitesse formidable ; l'exemple a été l'annonce de l'annulation de la proposition 8, c'est-à-dire le rétablissement du mariage homosexuel en Californie, annonce qui venait en fait d'une interprétation erronée d'un message, qui en réalité datait d'avant la proposition 8[174]. À l'instar de Facebook, Twitter a également fait face à des critiques sur sa politique de suppression des publications. Ainsi en 2009, un tweet du présentateur anglais Jonathan Ross contenant son adresse courriel resta visible un certain temps via le module de recherche de Twitter bien qu'ayant été supprimé par son auteur[175].
250
+
251
+ L'utilisation de Twitter par des opposants politiques en Iran en 2009 a été très remarquée. S'étant rendu compte de cette utilisation, les dirigeants de Twitter avaient même décidé — après discussion avec le gouvernement américain, mais sans avoir réellement reçu d'ordre, selon Twitter — de retarder une opération de maintenance suspendant le service quelques heures pendant les heures de repos en Iran et non aux États-Unis — où se trouve pourtant la majorité de ses utilisateurs. Mark Pfeifle, ancien conseiller de George W. Bush, avait publiquement affirmé que pour cela, Twitter méritait le prix Nobel de la paix[176].
252
+
253
+ En septembre 2011, Twitter a été suspecté d'avoir censuré le mouvement Occupy Wall Street[177],[178],[179].
254
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255
+ Fin 2011, le gouvernement américain voit d'un mauvais œil que des mouvements djihadistes utilisent Twitter pour diffuser leurs actualités[180]. Pour répondre aux pressions du gouvernement, Twitter a lancé un filtre de censure par pays, afin de pouvoir adapter leurs contenus en fonction des lois de chaque pays[181]. Pour le spécialiste du djihadisme Romain Caillet, l'impunité est restée presque totale jusqu'en 2014. Twitter annonce avoir supprimé 235 000 comptes au premier semestre 2016 puis 377 000 au second. Cette modération rend le réseau moins utilisé au profit notamment de Telegram[182].
256
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257
+ En 2013 et début 2014, le gouvernement français, en la personne de son porte-parole Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, a demandé à Twitter de l'aider à poursuivre les auteurs de certains messages, affirmant que les tweets haineux sont illégaux, ainsi que la mise en place d'alertes et de mesures de sécurité. Le quotidien britannique The Guardian s'étonne de tels arguments qui, selon lui, sont les mêmes que ceux employés « par les censeurs et les tyrans de tous les âges et toutes les cultures »[183]. Entre janvier et juillet 2014, le gouvernement français a lancé 108 requêtes de suppression de tweet, classant la France en deuxième position juste sous la Turquie, première au classement de censure[184].
258
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+ En février 2016, Twitter est suspecté de filtrer les messages véhiculant des opinions conservatrices, effectuant un « shadow ban ». Ces soupçons sont renforcés par un employé de Twitter et un éditeur en contact avec la compagnie, qui affirment que Twitter entretien une liste blanche et une liste noire de comptes d'utilisateurs : les comptes figurant sur la liste blanche seraient prioritaires dans les résultats de recherche, tandis que les messages de comptes sur liste noire seraient cachés à la fois des résultats de recherche et du fil chronologique des utilisateurs suivant ces comptes[185],[186]. Devin Nunes, , élu républicain de Californie à la Chambre des représentants des États-Unis, a ainsi intenté une action en justice pour obtenir 250 millions de dollars de dommages-intérêts compensatoires et 350 000 dollars de dommages-intérêts punitifs contre Twitter et une poignée de ses utilisateurs, accusant le site du réseau social de cacher secrètement les posts conservateurs, de censurer systématiquement les points de vue opposés et d'« ignorer » totalement les plaintes licites de comportement abusif répété[128].
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+ Certains professionnels, pour la plupart liés à l’industrie des médias, ont commencé à utiliser professionnellement ce service. C’est ainsi le cas de certains journaux d’informations, comme CNN ou BBC qui utilisent un robot pour envoyer des flashs d’information sur Twitter. John Edwards et Barack Obama ont également utilisé Twitter comme outil médiatique lors de la campagne pour l’élection présidentielle américaine de 2008. En novembre 2009, alors que son compte a 2,6 millions d'abonnés, Obama a avoué qu'il n'avait écrit aucun message lui-même. Ce qui ne l'empêche pas d'appeler les pays comme la Chine à ne pas restreindre l'accès à Twitter[187].
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+ De nombreuses personnalités utilisent Twitter pour envoyer des messages à leurs fans via ce réseau ; cela leur permet d'envoyer un message directement, sans qu'il soit mis en forme par les médias d'une manière qu'elles ne souhaitent pas. Ashton Kutcher est la toute première personne à avoir dépassé le million d'abonnés sur Twitter[188].
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+ L'inscription d'Oprah Winfrey avait été très remarquée. Il semble qu'elle ait eu un important effet accélérateur sur les inscriptions, et qu'elle a aux États-Unis permis à Twitter de ne plus être un outil réservé aux fans de technologie[189]. Katy Perry est la personne qui possède, à ce jour, le plus d'abonnés sur Twitter[190]. Elle devance ainsi Justin Bieber et Barack Obama.
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+ En juin 2012, Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande, ancien président de la République Française, déclare sur Twitter soutenir le dissident socialiste Olivier Falorni en vue des élections législatives. Elle s'oppose alors ouvertement à la candidature de l’ex-compagne du président, Ségolène Royal, candidate dans la circonscription de la Rochelle. Elle déclenche ainsi une polémique en France. Certains évoquent alors un « Dallas » à l’Élysée[191].
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+ Le président Donald Trump est également connu pour faire un usage important de Twitter, se justifiant en déclarant que cela lui permet de communiquer directement avec ses électeurs sans le filtrage de la presse[192].
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+ L'utilisation de Twitter par des non-professionnels pour communiquer des informations est assez controversée. Pour ses partisans, elle permet d'être informé plus vite et avec des détails que seuls les témoins directs peuvent apporter. Mais l'exemple de la fusillade de Fort Hood a montré qu'un témoin sur place pouvait parfaitement lancer des informations comportant des erreurs importantes.
272
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273
+ L'autre critique du journalisme citoyen est celle des comportements que cela provoque. Typiquement, un journaliste professionnel a peu de chances de se trouver près d'un blessé grave sans qu'un tiers soit déjà en train de lui porter secours[193].
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275
+ Ces arguments donnent lieu à débat[194] ; l'argument avancé en faveur de Twitter est que l'abondance d'information de différentes sources, non censurées, est une bonne chose — même s'il faut trier les vraies des fausses.
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+ Depuis 2009, des enseignants utilisent Twitter à des fins pédagogiques, en primaire, au collège, au lycée et dans le supérieur[195]. Son format se prête à la diffusion de journaux d'écrivains. Parmi les journaux d'auteurs libres de droits les plus lus sur Twitter on peut citer Samuel Pepys (20 000 abonnés à mi novembre 2011) et Samuel Johnson (38 000 abonnés à même date), alors que les téléchargements des mêmes journaux sur Gutenberg ne dépassent pas le millier[196].
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+
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+ Au XXIe siècle, le développement de ses compétences informationnelles est primordial[197]. Or, l’usage de Twitter amène un apprenant à analyser, exploiter et évaluer une quantité importante d’informations. L’avantage, c’est que l’apprenant peut interagir avec cette information et son enseignant peut facilement le guider en présentiel ou à distance.
280
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281
+ Par ailleurs, Twitter offre un pouvoir unique de communication. En étant diffusé en ligne de façon instantanée, l’apprenti écrivain est fortement conscientisé à l’importance de bien s’exprimer. Il découvrira rapidement le pouvoir que confère une bonne maîtrise de la langue. De plus, l’obligation d’exprimer ses tweets en 140 caractères force l’apprenant à développer sa capacité de synthèse.
282
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+ Au Québec, en 2012, les élèves de tout niveau de la province furent conviés au premier festival de twittérature[198]. Une occasion en or pour conscientiser les jeunes apprenants québécois à l'importance de bien maîtriser la langue[199].
284
+
285
+ Depuis 2013, des classes francophones utilisent Twitter pour apprendre l'orthographe et la grammaire : elles échangent de courtes dictées et des outils pour les corriger dans le cadre du dispositif Twictée[200], développé par deux enseignants français.
286
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+ En 2013, le site de microblogue BabyTwit a été proposé par l'association AbulÉdu-fr aux écoles primaires pour répondre aux problématiques de vie privée et de confidentialité des données personnelles. À la suite d'un exercice démocratique, ce site changera de nom pour devenir Édutwit en 2017.
288
+
289
+ Les fonctionnalités de Twitter permettent à ses utilisateurs d'obtenir, filtrer, trier, échanger et classer le flot d'un grand nombre d'informations et de données. En ce sens que Twitter peut être assimilé à un outil d'acquisition et gestion des connaissances[réf. nécessaire].
290
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291
+ La base de données de Twitter est un substrat statistique et sémantique dont les scientifiques ou des entreprises commerciales ou de communication peuvent tirer des informations.
292
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293
+ Twitter, ses hashtags et smileys[201] et ses utilisateurs deviennent donc des sujets d’étude et de recherche[202],[203] ; ainsi :
294
+
295
+ En 2014, une équipe internationale américano-française[210] a utilisé la Science des réseaux pour, à partir de 3 grandes bases de données (ouvrages traduits, Wikipédia et Twitter), créer et publier des cartographies permettant de visualiser comment des informations et des idées circulent aujourd'hui dans le monde selon la langue du message d’origine, le PIB moyen des pays où cette langue est parlée[211], la langue des premières traductions et celles qui vont véhiculer l’information ou selon le médium (livre, Wikipédia, Twitter).
296
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297
+ Pour dresser cette « carte » ces chercheurs ont étudié d’une part les données disponibles sur la traduction littéraire (en se basant sur 2,2 millions de traductions de livres publiés dans plus de 1 000 langues) et d’autre part les deux grands réseaux mondiaux d’échanges par le langage[212],[213]. Les auteurs ont, dans ce cadre, pu évaluer le rôle des tweets bilingues à partir de l'étude de 550 millions de tweets, de 17 millions d'utilisateurs en 73 langues, retenus pour l’étude, ce qui a été rendu possible par le fait que la base de données est ouverte et qu'elle permet d'associer un tweet à une langue et la personne qui tweete à une ou plusieurs communautés linguistiques. Ils sont cependant conscients qu'il existe des biais d'interprétation à éviter, notant par exemple que si bientôt 7 % de la population mondiale disposera d'un compte Twitter, la démographie de cette population ne reflète pas celle de la vraie ; ainsi, les utilisateurs de Twitter aux États-Unis sont nettement plus jeunes que la moyenne de la population et ont des opinions plus libérales que la population générale du pays[214].
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+ Twitter affiche prioritérement les publications récentes. Le moteur de recherche de base, affiche les résultats populaires ou récent. En revanche le moteur de recherche avancée permet d'accéder aux publications anciennes notamment en selectionnant des intervales de dates. Twitter à également intégré depuis le mois de mars 2013, la possibilité de télécharger une archive contenant l'ensemble des publications d'un compte utilisateur[215].
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+ De par sa nature, Twitter facilite beaucoup la propagation de cyberhaine, renforcée par le dispositif de modération très insuffisant. Ainsi, un grand nombre de personnalités, célèbres ou non, ont été victimes de tweets de haine et de menaces de mort, qui peuvent avoir pour conséquences le suicide de la personne concernée ou la fermeture de son compte de sa propre initiative[216].
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+ Des employés et ex-employés de Twitter interrogés par Buzzfeed ont affirmé que Twitter n'a jamais réellement cherché à lutter contre la cyberviolences, qui ne faisaient pas partie de leurs priorités, n'agissant que très occasionnellement, le plus souvent quand ce sont les célébrités qui sont atteintes ou quand il y a une forte médiatisation. Le bouton de signalement de tweets n'est apparu qu'en 2013 à la suite d'une campagne de harcèlement menée contre Caroline Criado-Perez, soit 6 ans après la création du réseau. Est également pointé du doigt le manque d'employés issus de minorités, donc plus enclins à subir (donc à comprendre) le harcèlement[217].
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+ Depuis 2010, l'Arabie saoudite a constitué une cellule numérique destinée à harceler les dissidents. Les autorités saoudiennes cherchent ainsi à discréditer les dissidents sur les réseaux sociaux et à retourner l'opinion publique contre eux[218].
306
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+ De son côté, Amnesty International a annoncé sa volonté de vouloir « mettre fin au cyber-environnement hostile aux femmes ». L'ONG, assistée d'une société spécialisée dans l'intelligence artificielle, a analysé des millions de tweets adressés à plusieurs femmes journalistes et militantes. 7,1 % d'entre-eux, soit 1,1 million de tweets, seraient problématiques[219].
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+ Le 30 avril 2019, la secrétaire d’État française chargée de l’égalité femmes-hommes Marlène Schiappa présente un premier bilan de l'entrée en vigueur du délit d'outrage sexiste. Évoquant la criminalisation du «cyberharcèlement en meute», elle a pointé du doigt l'absence de coopération de twitter, qui «ne fournit pas les adresses IP (des harceleurs), et parfois ne retirent pas les tweets qui ont été incriminés et condamnés en justice »[220].
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+ Twitter est critiqué pour la faiblesse de sa modération concernant les contenus inappropriés, violents ou haineux[221]. Dans un entretien au Monde, Collin Crowell, directeur chargé des affaires publiques de Twitter déclare : « Nous avons annoncé, au début de 2017, que la sécurité et les comportements abusifs seraient notre principale priorité... Désormais, nous agissons sur dix fois plus de comportements abusifs sur Twitter qu’il y a un an ». Malgré cela, certains utilisateurs disent ne plus apprécier Twitter en raison du niveau de violence et de l'insuffisance de modération de la part de la plateforme[221].
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+ L'amélioration de la qualité des conversations est une priorité pour Twitter depuis mars 2018[222]. Le réseau social limite ainsi la visibilité des messages des utilisateurs qui ne respectent pas les règles ou sont bloqués par de nombreuses personnes avec lesquelles elles interagissent[223].
314
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+ Mais en avril 2019, Twitter tarde à supprimer des menaces de mort contre Ilhan Omar, élue au Congrès américain. L'incident met en évidence des défauts persistants dans le processus de modération de la plateforme. Le réseau social tarde à définir clairement le type de contenu qui devrait être autorisé sur son service[224].
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+ Différents services comparables existent également.
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+ Si du point de vue des fonctions, Facebook semble très différent de Twitter, du point de vue de la mesure d'audience, Facebook est le seul à pouvoir être considéré comme un concurrent sérieux de Twitter. Réciproquement, même si Twitter possède beaucoup moins d'utilisateurs que Facebook, l'évolution de Facebook montre que celui-ci considère Twitter comme une menace sérieuse[226].
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+ Certains services qui sont en partie concurrents de Twitter permettent d'afficher les messages de Twitter sur leurs pages (ce fut le cas de Google Buzz), ou à l'inverse d'envoyer sur Twitter un message venant de ce service (c'est le cas de pump.io). Un tel service peut donc être simultanément un concurrent de Twitter et un service utilisant Twitter.
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+ Mastodon est un concurrent libre et décentralisé de Twitter[227] qui repose sur des instances indépendantes et interconnectées. Lancé en octobre 2016, Mastodon a commencé à être connu en avril 2017, mois durant lequel le nombre d'abonnés est passé de 30 000 à plus de 500 000 en l'espace de trois semaines. Par la suite, la croissance s'est poursuivie à un rythme plus régulier pour atteindre les 700 000 utilisateurs sur 1 481 instances le 11 juin. Le cap du million d’utilisateurs a été passé le 1er décembre 2017.
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+ Le basset hound est une race de chiens originaire du Royaume-Uni selon la Fédération cynologique internationale. La race s'est formée au cours de croisements entre plusieurs races de bassets français. Par la suite, son importation en Angleterre puis aux États-Unis a formé le type actuel. Le basset hound est un chien courant de petite taille, de type basset, de forte corpulence. Construit comme un chien de chasse, il est surtout un chien de compagnie très populaire.
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+ Le mot « Basset » semble avoir été utilisé pour la première fois dans La Vénérie, un texte sur la chasse écrit par Jacques du Fouilloux en 1561. Les illustrations le concernant le font ressembler au Basset fauve de Bretagne. Selon ce traité, ce chien est utilisé dans la poursuite des renards et des blaireaux. Les premiers bassets français ressemblaient à l'actuel basset artésien normand, qui est l'une des six races de bassets reconnues actuellement en France.
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+ Le basset hound serait issu de croisements entre de vieilles races françaises, notamment le basset d'Artois (race aujourd'hui disparue) et le chien de Saint-Hubert[1]. Il est difficile de savoir en quelle année le véritable basset hound est apparu. Il semble que ce soit le marquis de La Fayette qui l'ait introduit aux États-Unis lorsqu'il en offrit un en cadeau à George Washington à la fin du XVIIIe siècle.
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+ En France, les bassets ont atteint une notoriété certaine lors du règne de Napoléon III. En 1853, le sculpteur Emmanuel Frémiet a exposé des sculptures en bronze de bassets hounds à l'occasion de l'exposition de chiens de Paris. Il y avait alors deux sortes de bassets hounds, l'un avec le pelage rêche (le basset griffon) et l'autre au pelage lisse (le basset français). Les deux éleveurs français de bassets les plus populaires de ce temps étaient M. Lane et le comte Le coulteux de Canteleu.
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+ C'est en 1866 que Lord Galway a importé le basset au Royaume-Uni mais ce n'est qu'en 1874 que Sir Everett Millais l'a largement introduit dans ce pays. Le Kennel Club a reconnu la race en 1882 et le Club de basset anglais fut fondé en 1884. En 1885, l'American Kennel Club l'a reconnu pour la première fois.
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+
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+ Les éleveurs américains ont développé et relancé la race vers le milieu du XXe siècle[2], construite comme un chien de compagnie. La paternité de la race est cependant attribuée à l'Angleterre en 1987[3]. Son apparition dans divers feuilletons télévisés, comme Columbo ou Shérif, fais-moi peur le popularise en Occident.
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+
15
+ En France, le basset connait un regain de popularité à partir des années 1950. Le Club du Basset Hound est fondé en 1967 par Paul Liot, Tony Benstal et M. et Mme Peress. En 1992, le club a compté 770 naissances de Bassets Hounds dans le pays ce qui, selon le président du Club, Jacques Médard-Ringuet, suffisait pour pouvoir satisfaire la demande[4].
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17
+ Le basset hound est beaucoup plus populaire aux États-Unis qu'en Europe[3].
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19
+ Le basset hound est un chien courant de petite taille, le plus lourd de tous les bassets. C'est un chien imposant, construit en force sans être lourdaud. Il s'agit avant tout d'un chien de travail : c'est un chien qui doit être puissant, actif et avoir une grande endurance. Le corps est long et bien descendu dans toute sa longueur. Les pattes sont courtes avec des pieds massifs. Quelques plis peuvent être présents sur les membres mais ils ne doivent en aucun cas être excessifs[5].
20
+
21
+ La peau de la tête est lâche et forme des rides. En forme de losange, les yeux bruns expriment la mélancolie et la douceur. Attachées juste en dessous de la ligne de l'œil, les longues oreilles dépassent légèrement l'extrémité d'un museau. Très souples, de texture fine et veloutée, elles sont étroites sur toute leur longueur et bien papillotées[5].
22
+
23
+ Le poil est lisse, court et serré sans être trop fin. Toutes les couleurs du chien courant sont admises, mais la robe est généralement tricolore ou citron et blanc[5].
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+ Basset hound tricolore faded.
26
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+ Basset hound orange et blanc.
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+ Basset hound noir blanc et feu, avec des mouchetures.
30
+
31
+ Le basset hound est décrit dans le standard de la Fédération cynologique internationale comme un chien tenace, placide et affectueux, jamais agressif ni craintif[5]. Selon la Société centrale canine, c'est un chien convivial, doué pour la chasse. Déterminé, il nécessite une éducation ferme (mais non violente). Le basset hound a besoin de beaucoup d'exercice. Il supporte mal la solitude[2]. Le basset hound est un chien amical et très doux même avec les enfants. Il est sociable avec les autres animaux[3].
32
+
33
+ Certains sujets doivent être tenus en laisse lors des promenades en pleine nature, car ils ont tendance à suivre les pistes odorantes et rester sourds aux appels du maître. Mais cet instinct est plus ou moins prononcé selon les individus. Le basset hound a tendance à hurler lorsqu'il sent que quelque chose ne va pas (une tempête à venir, par exemple). Il se lamente souvent quelque peu lorsqu'il cherche à attirer l'attention. Il se fait entendre surtout lorsqu'il mendie de la nourriture ou des caresses[réf. nécessaire].
34
+
35
+ Le basset hound est à l'origine un chien de chasse utilisé comme un chien courant. Endurant et entêté, il possède un bon flair et une voix grave[5]. Il est cependant beaucoup plus utilisé comme chien de compagnie[3]. Outre-Atlantique, il est également utilisé comme chien renifleur de police, pour détecter les substances illicites[6] ainsi que le chien renifleur dans les entreprises de désinsectisation pour localiser les nids de termites et autres insectes xylophages dans les habitations[7].
36
+
37
+ Le basset hound est sujet aux problèmes de dos et son propriétaire doit veiller à son poids, la surcharge pondérale étant très néfaste à son dos. Pour la même raison, il est conseillé de lui éviter les escaliers[3].
38
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39
+ Le basset hound craint le froid et doit dormir autant que possible à l'intérieur[3].
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41
+ En raison de leur longueur, les oreilles des bassets sont souvent sujettes à des maladies. Un bon nettoyage hebdomadaire est à conseiller.
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+ Le basset hound peut également développer des maladies au niveau des yeux. En raison de ses paupières tombantes, la zone sous le globe oculaire recueille parfois de la saleté et peut se boucher à cause du mucus. Il est préférable de les essuyer quotidiennement avec un linge humide. Cela aide à réduire le mucus et l'irritation des yeux.
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+ Le basset hound est l'une des races les plus prédisposées à développer la dermatite à Malassezia[8],[9].
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+ Les bassets hound n'arrivent que très rarement à se reproduire tout seuls. En raison de leurs morphologies lourdes et longues, les mâles ne sont pas en mesure de chevaucher correctement leur femelle[10],[11].
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+ Il y a donc deux solutions[réf. nécessaire] :
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+ Genre
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+ Espèces de rang inférieur
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5
+ Synonymes
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+
7
+ Tyrannosaurus, communément appelé tyrannosaure, est un genre éteint de dinosaures théropodes appartenant à la famille des Tyrannosauridae et ayant vécu durant la partie supérieure du Maastrichtien, dernier étage du système Crétacé[1], il y a environ 68 à 66 millions d'années[2], dans ce qui est actuellement l'Amérique du Nord. Tyrannosaurus rex, dont l'étymologie du nom signifie « roi des lézards tyrans », est l'une des plus célèbres espèces de dinosaure et l'unique espèce de Tyrannosaurus si le taxon Tarbosaurus bataar n'est pas considéré comme faisant partie du même genre. Tyrannosaurus fut l'un des derniers dinosaures non-aviens à avoir vécu jusqu'à l'extinction survenue à la limite Crétacé-Paléocène il y a 66 millions d'années[1].
8
+
9
+ Tout comme les autres membres du clade des Tyrannosauridae, Tyrannosaurus était un carnassier bipède doté d'un crâne massif équilibré par une longue queue puissante. Comparés à ses larges membres postérieurs, les bras du Tyrannosaurus étaient petits et atrophiés et ne portaient que deux doigts griffus. Même si d'autres théropodes rivalisaient voire dépassaient Tyrannosaurus en taille, il est le plus grand Tyrannosauridae connu et l'un des plus grands carnivores terrestres ayant existé sur la planète, avec une longueur de plus de 13,2 mètres[3],[4], 4 mètres à hauteur de hanches[5] et un poids pouvant atteindre 8 tonnes[6](pour les spécimens les plus lourds). De loin le plus grand des carnivores de son temps, le T. rex a pu être un superprédateur au sommet de la chaîne alimentaire, chassant notamment des herbivores de grande taille tels que les Hadrosauridae et les Ceratopsidae, même si certains experts suggèrent qu'il était avant tout charognard.
10
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11
+ Une cinquantaine de spécimens fossiles de Tyrannosaurus rex a été recensée[7], dont moins de la moitié sont presque complets. Un laboratoire est parvenu à déminéraliser des restes de tissus mous et de protéines à partir d'un échantillon d'au moins l'un de ces spécimens[8]. Cette abondance de matériaux a permis de nombreuses avancées dans bien des aspects de l'histoire et de la biologie de cette espèce. Si certains points sont consensuels, d'autres restent controversés, tels que ses habitudes alimentaires, sa physiologie ou sa vitesse de pointe. Sa relation de parenté avec le genre Tarbosaurus est sujette à débat : si la majorité des spécialistes considèrent T. rex comme la seule espèce du genre Tyrannosaurus (ce qui validerait le taxon Tarbosaurus bataar, que l'on a trouvé en Asie et dont l'anatomie est quasiment identique)[9],[10], certains chercheurs considèrent que les spécimens asiatiques identifiés comme Tarbosaurus bataar appartiennent en réalité au genre Tyrannosaurus (ce qui ferait synonymiser les deux genres et signifierait que l'espèce asiatique doit être nommée Tyrannosaurus bataar). La synonymie de plusieurs autres genres a déjà été établie, comme Manospondylus ou Dynamosaurus, dont les spécimens sont tous, de nos jours, considérés comme appartenant en réalité au genre Tyrannosaurus.
12
+
13
+ Le genre Tyrannosaurus fut créé en 1905 par Henry Fairfield Osborn, alors conservateur du tout nouveau département de paléontologie des vertébrés à l’American Museum of Natural History de New York. Le nom de genre dérive, par l'intermédiaire du latin, des racines grecques τύραννος / túrannos (« maître », « tyran ») et σαῦρος / saûros (« lézard »). Quant à l'épithète spécifique rex, elle signifie « roi » en latin. Osborn lui attribua cette appellation car ce fut un prédateur impressionnant, avec des griffes et des dents particulièrement développées. Le nom binominal complet Tyrannosaurus rex peut être ainsi traduit par « roi des lézards tyrans », soulignant la domination imaginée de l'animal sur les autres espèces de son temps[11].
14
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15
+ On l'appelle souvent « T. rex », qui est l'initiale du nom de genre suivie de l'épithète spécifique. Cependant, le diminutif « T-Rex » est fréquemment utilisé et abusif puisque l'espèce Tyrannosaurus rex ne possède pas de trait d'union, et les termes spécifiques ne portent jamais de majuscule. Dans le cas présent le nom scientifique de l'espèce est Tyrannosaurus rex, nom binominal où Tyrannosaurus est le terme générique, le genre, et où rex est le terme spécifique, ce dernier étant toujours écrit entièrement en minuscules. De même, la prononciation « Ti-rex », popularisée après la sortie du film Jurassic Park en 1993, n'a aucune raison d'être dans le monde francophone puisque les noms binomiaux des espèces ne sont pas en anglais, mais en latin.
16
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17
+ Originellement nommé Dynamosaurus imperiosus (« Saurien dynamique impérial ») par Barnum Brown lors de sa découverte, ces noms de genre et d'espèce ne perdureront cependant pas dans la littérature.
18
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19
+ Tyrannosaurus rex est l'un des plus grands carnivores ayant vécu sur Terre. Le plus grand spécimen complet (mais pas le plus grand spécimen) découvert à ce jour, répertorié sous le code FMNH PR2081 et surnommé « Sue », du nom de la paléontologue Sue Hendrickson, mesure 12,8 mètres de long et 4 mètres de haut au niveau des hanches[4]. Les différentes estimations de la masse du Tyrannosaurus rex ont grandement varié au cours des années, allant selon les auteurs de plus de 8,8 tonnes[12] à moins de 4,5 tonnes[13],[14] avec d'après les estimations les plus récentes une fourchette allant de 7,8 à 9,9 tonnes[6],[15],[16],[17].
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21
+ Si Tyrannosaurus rex était plus grand qu'Allosaurus, un autre théropode bien connu du Jurassique, il était peut-être légèrement moins imposant que Spinosaurus et Giganotosaurus, deux carnivores du Crétacé[18],[19].
22
+
23
+ Comme chez les autres théropodes, le cou du T. rex forme une courbe en forme de « S » afin de maintenir la tête au-dessus du corps, mais il est particulièrement court et musculeux afin de supporter la tête massive. Les bras sont courts et se terminent par deux doigts. En 2007, un spécimen possédant trois doigts à chaque main a été découvert dans la formation de Hell Creek dans le Montana, suggérant la possible présence d'un troisième doigt vestigial chez Tyrannosaurus[20], hypothèse restant à confirmer[21]. Proportionnellement à la taille du corps, les jambes du T. rex sont parmi les plus longues de tous les théropodes. La queue est longue et massive, constituée parfois de plus de quarante vertèbres, agissant comme un balancier permettant d'équilibrer la lourde tête et le torse. Afin d'alléger l'animal et de lui permettre de se mouvoir suffisamment rapidement, de nombreux os sont creux, réduisant la masse sans perte significative de solidité[3].
24
+
25
+ Le plus grand crâne de T. rex mesure 1,535 mètre (5 pieds) de longueur[22]. De larges cavités aériennes permettaient de réduire la masse du crâne, et laissaient la place aux attaches des muscles de la mâchoire, comme chez tous les théropodes carnivores[23]. Mais, sur d'autres aspects, le crâne de Tyrannosaurus est significativement différent de celui des autres grands théropodes. Extrêmement large à l'arrière et muni d'un museau étroit, il permet une très bonne vision stéréoscopique[24],[25].
26
+
27
+ Les os du crâne sont massifs et certains os de la face dont l'os nasal sont fusionnés, empêchant tout mouvement. Beaucoup sont pneumatisés (constitués d'une structure en nid d'abeilles de petites poches d'air) ce qui a pour conséquence de les rendre plus souples et plus légers[26]. Ces caractéristiques du crâne des tyrannosauridés leur aurait donné une morsure très puissante dépassant largement celle de tous les non-tyrannosauridés[27],[28],[29]Cependant, et malgré le cliché véhiculé par la saga des films Jurassic Park, T. rex ne pouvait pas tirer la langue, cette dernière étant supposée collée au fond de la gueule comme chez l'alligator. La conclusion est aussi valable pour la plupart des dinosaures[30].
28
+
29
+ L'extrémité de la mâchoire supérieure est en forme de « U » (alors qu'elle est en forme de « V » chez la plupart des carnivores en dehors de la super-famille des Tyrannosauroidea), ce qui augmente la quantité de chair et d'os pouvant être arrachée à chaque bouchée, tout en augmentant l'effort exercé sur les dents frontales[31],[32]. L'étude des dents de Tyrannosaurus rex montrent une importante hétérodontie, c'est-à-dire la présence de dents de morphologies différentes[3],[33].
30
+
31
+ Les prémaxillaires à l'avant de la mâchoire supérieure sont resserrés, avec des crêtes de renforcement sur la surface arrière, en forme d'incisive recourbée vers l'arrière, réduisant ainsi le risque que les dents ne s'arrachent quand Tyrannosaurus mordait et tirait. Les autres dents sont robustes, plus largement espacées et également renforcées par des crêtes[34]. Les dents de la mâchoire supérieure sont plus grandes que toutes les autres. La plus grande trouvée à ce jour est estimée à 30 cm de long, racine comprise, ce qui en fait la plus grande dent de dinosaure carnivore[5].
32
+
33
+ Dans les premiers temps, les paléontologues pensaient qu'il se tenait presque verticalement à cause de sa bipédie. Mais à la suite de la découverte de nouveaux squelettes et à des études biomécaniques, il s'avère qu'il se serait tenu à l'horizontale car c'est la seule manière pour que ses vertèbres supportent son poids. Le tyrannosaure ne devait donc pas dépasser 6 mètres de hauteur.
34
+
35
+ Il se tenait sur ses deux pattes arrière. Ses membres postérieurs, terminés par un pied à trois orteils griffus, étaient particulièrement puissants. Sa vision frontale lui permettait d'évaluer efficacement les distances. Afin de pouvoir soutenir son immense tête, ses membres antérieurs étaient atrophiés (« miniaturisés »). Ses bras avaient néanmoins des muscles développés et ils disposaient de deux doigts avec des griffes acérées. Ils servaient sans doute à maintenir la nourriture, mais étaient trop courts (comparables à ceux d'un homme) pour pouvoir la ramasser au sol. Le tyrannosaure était donc obligé de se pencher pour ronger les carcasses de ses proies. Certaines de ses dents, particulièrement impressionnantes (atteignant 18 cm de long), étaient crénelées comme des couteaux à viande. On suppose qu'il pouvait déplacer l'un de ses maxillaires vers l'arrière. D'autre part, l'usure des dents fossilisées indique qu'il mâchait des aliments relativement durs.
36
+
37
+ La mâchoire du tyrannosaure était d'une puissance phénoménale. Selon une étude publiée en 2012, elle pouvait appliquer sur une seule dent postérieure une force estimée entre 35 000 et 57 000 N, soit une pression équivalente d'environ 3,5 à 5,7 tonnes, à comparer aux 1 000 N environ d'un être humain, ou à la force 8 fois moins importante d'un alligator[35],[36]. Elle est considérée comme la plus puissante de tout le règne animal vivant ou éteint : le tyrannosaure était ainsi capable d'emporter plusieurs kilogrammes de chair lors d'un seul coup de mâchoire[réf. nécessaire].
38
+
39
+ Il n'est pas exclu que le tyrannosaure, comme d'autres dinosaures de cette époque, ait été pourvu de plumes. Une équipe de chercheurs a d'ailleurs découvert dans un fémur brisé des tissus mous » (phénomène extrêmement rare)[37],[38]. « Les vaisseaux (sanguins) et leur contenu sont similaires à ceux observés dans les os d'autruche », a rapporté la paléontologue Mary Schweitzer.
40
+
41
+ Tyrannosaurus appartient à la famille des Tyrannosauridae, à la super-famille des Tyrannosauroidea, à l'infra-ordre des Coelurosauria, au sous-ordre des Theropoda et à l'ordre des saurischiens. La famille des tyrannosauridés inclut également Daspletosaurus, dinosaure de l'Amérique du Nord et l'asiatique Tarbosaurus[39],[40], tous deux ayant parfois été considérés comme synonymes de Tyrannosaurus[32]. On a considéré autrefois les tyrannosauridés comme étant des descendants des premiers grands théropodes comme les mégalosaures et les carnosaures, mais ils ont été reclassés plus récemment parmi les cœlurosauriens[31].
42
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43
+ En 1955, le paléontologue soviétique Evgeny Maleev nomme une nouvelle espèce Tyrannosaurus bataar, à partir de restes fossiles découverts en Mongolie en 1946[41]. Mais en 1965, les spécialistes découvrent que cette espèce se distingue du Tyrannosaurus nord-américain, et elle est alors renommée Tarbosaurus bataar[42]. De nombreuses analyses phylogénétiques ont permis de découvrir que Tarbosaurus bataar était un taxon frère de Tyrannosaurus rex[40] et il a été souvent considéré comme étant une espèce asiatique du Tyrannosaurus[31],[43],[44]. Une nouvelle description du crâne du Tarbosaurus bataar a permis de démontrer qu'il est plus étroit que celui du Tyrannosaurus rex et que la répartition de la pression lors d'une morsure devait être bien différente, plus proche de celle de l'Alioramus, un autre tyrannosaure asiatique[45].
44
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45
+ En 2003, une analyse cladistique a montré que c'était Alioramus, et non pas Tyrannosaurus, qui était le taxon frère de Tarbosaurus, ce qui suggérerait que Tarbosaurus et Tyrannosaurus devraient bien rester distincts[39].
46
+ Cette hypothèse a été réfutée par les grandes analyses phylogénétique exhaustives conduites sur les Tyrannosauroidea, en particlulier durant les années 2010[9],[46],[10] ont démontré que Tyrannosaurus était en fait en groupe frère avec Tarbosaurus dans un petit clade et que ces deux animaux, qui sont bien deux genres distincts, étaient les plus évolués de la famille des Tyrannosauridae.
47
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48
+ D'autres fossiles de tyrannosauridés trouvés dans les mêmes formations que Tyrannosaurus rex ont été initialement classés comme des taxons distincts, y compris Aublysodon et Albertosaurus megagracilis[32], ce dernier étant renommé Megagracilis dinotyrannus en 1995[47]. Cependant, ces fossiles sont désormais universellement considérés comme étant des formes juvéniles de Tyrannosaurus rex[48].
49
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50
+ Un petit crâne presque complet trouvé dans le Montana, mesurant 60 cm de long, pourrait être une exception. Ce crâne a été classé initialement comme une espèce de Gorgosaurus (G. lancensis) par Charles Whitney Gilmore en 1946[49] mais il a été ensuite rattaché à un nouveau genre, Nanotyrannus[50]. Les avis restent partagés sur la validité de Nanotyrannus lancensis. De nombreux paléontologues considèrent qu'il appartient à un petit de Tyrannosaurus rex[51]. Il existe des différences mineures entre les deux espèces, notamment un plus grand nombre de dents chez N. lancensis, ce qui conduit certains à recommander de conserver les deux genres distincts jusqu'à ce que de nouvelles découvertes permettent de clarifier la situation[40],[52]. Depuis, un crâne avec une taille et un nombre de dents intermédiaires corrobore la thèse d'une seule espèce[53],[54].
51
+
52
+ Le premier fossile à avoir pu être attribué à Tyrannosaurus rex consiste en deux morceaux de vertèbres (dont l'un a été perdu) découverts par Edward Drinker Cope en 1892 et décrits comme Manospondylus gigas. Osborn reconnait la similitude entre M. gigas et Tyrannosaurus rex dès 1917 mais, en raison de la nature fragmentaire des vertèbres, il ne peut pas conclure qu'il s'agit de synonymes[57].
53
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54
+ En juin 2000, le Black Hills Institute localise M. gigas dans le Dakota du Sud où il déterre des os appartenant au même individu, identiques à ceux de Tyrannosaurus rex. Selon les règles du Code international de nomenclature zoologique (CINZ), l'appellation originale, Manospondylus gigas, devrait avoir la priorité sur Tyrannosaurus rex. Toutefois, la quatrième édition du CINZ, datant du 1er janvier 2000, stipule que « l'usage en vigueur doit être maintenu » quand « le synonyme ou l'homonyme le plus ancien n'a pas été utilisé après 1899 » et « le synonyme ou l'homonyme le plus récent a été utilisé pour un taxon particulier dans au moins 25 ouvrages, publiés par au moins 10 auteurs dans les 50 années suivant la publication du nom »[58]. Tyrannosaurus rex peut être considéré comme étant le nom valide en vertu de ces conditions et serait probablement considéré comme nomen protectum (en) (« dénomination protégée ») alors que Manospondylus gigas serait considérée nomen oblitum (« dénomination oubliée »)[59].
55
+
56
+ En 1874, A. Lakes découvre près de Golden, dans le Colorado des dents ayant appartenu à Tyrannosaurus. Dans les années 1890, J. B. Hatcher rassemble des éléments post-crâniens à l'est du Wyoming. À l'époque, les paléontologues pensaient avoir trouvé des fossiles d'une espèce de grand Ornithomimus (O. grandis), mais ils appartenaient en réalité à Tyrannosaurus rex. Les fragments de vertèbres découverts dans le Dakota du Sud par E. D. Cope en 1892 et nommés Manospondylus gigas ont également été reclassés en Tyrannosaurus rex[60].
57
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58
+ Les premiers restes significatifs furent découverts en 1902 et l'animal fut décrit et baptisé par Henry Fairfield Osborn en 1905. Des découvertes de squelettes entiers, en 1988 (au Montana) et 1990 (Dakota du Sud), ont fait considérablement évoluer la connaissance du tyrannosaure. En 2006, on a découvert, dans un fémur exhumé dans le Montana, des tissus mous appelés « os médullaire » qui n'existent aujourd'hui que chez les oiseaux femelles. Après déminéralisation, les paléontologues y ont retrouvé des vaisseaux sanguins ayant conservé leur élasticité.
59
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60
+ Barnum Brown, conservateur adjoint de l'American Museum of Natural History, trouva le premier squelette partiel de Tyrannosaurus rex dans l'Est du Wyoming en 1900. H.F. Osborn appela ce squelette Dynamosaurus imperiosus dans un article en 1905. Brown trouva un autre squelette partiel dans la formation de Hell Creek au Montana en 1902. Osborn utilisa cet holotype pour décrire Tyrannosaurus rex et D. imperiosus dans le même article[11]. En 1906, Osborn reconnait les deux comme étant des synonymes, et choisi Tyrannosaurus comme étant le nom valide[61]. Les éléments d'origine de Dynamosaurus se trouvent dans les collections du Natural History Museum de Londres[62].
61
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62
+ Au total, Brown trouva cinq squelettes partiels de Tyrannosaurus. Le spécimen de 1902 fut vendu au Musée d'histoire naturelle Carnegie de Pittsburgh en Pennsylvanie en 1941. La quatrième trouvaille de Brown, la plus complète, fut également retrouvée à Hell Creek et se trouve au Musée américain d'histoire naturelle à New York[63].
63
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64
+ Bien qu'il existe de nombreux squelettes de Tyrannosaurus de par le monde, une seule trace de pas a été documentée : celle du Philmont Scout Ranch, dans le Nord du Nouveau-Mexique. Elle a été découverte en 1983 et identifiée et documentée en 1994[64].
65
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66
+ Le 12 août 1990, Sue Hendrickson, paléontologue amateur américaine, découvre le plus complet (environ 85 %) et, jusqu'en 2001, le plus grand, squelette fossile de Tyrannosaurus connu dans la formation de Hell Creek près de Faith en Dakota du Sud. Ce Tyrannosaurus, surnommé « Sue » en son honneur, a fait l'objet d'une bataille juridique concernant son propriétaire. En 1997, c'est Maurice Williams, le propriétaire du terrain d'origine, qui a été déclaré propriétaire du fossile, acheté par le musée Field aux enchères pour 7,6 millions de dollars américains, ce qui en fait le squelette de dinosaure le plus cher à ce jour. De 1998 à 1999, plus de 25 000 heures de travail ont été nécessaires pour nettoyer le squelette[65]. Les os ont ensuite été expédiés au New Jersey où le montage a été réalisé. Une fois achevé, le squelette a été démonté, les os numérotés ont été renvoyés à Chicago pour l'assemblage final. Le squelette a été montré au public le 17 mai 2000 dans la grande salle du musée Field. Une étude des os fossilisés a montré que Sue avait atteint sa taille adulte à 19 ans et était morte à 28 ans, ce qui en fait le tyrannosaure le plus âgé jamais découvert[6]. L'hypothèse initiale voulant que Sue soit morte d'une morsure à l'arrière de la tête n'a pas été confirmée. Bien que l'étude du squelette ait retrouvé de nombreuses pathologies osseuses, aucune trace de morsures n'a été retrouvée[66].
67
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68
+ Les dégâts de l'arrière de son crâne pourraient avoir été causé par un piétinement post mortem. Des spéculations récentes indiquent que Sue pourrait être morte après avoir contracté une infection parasitaire consécutive à l'ingestion de viande contaminée ; l'infection aurait provoqué une inflammation de la gorge et une impossibilité à s'alimenter, menant finalement Sue à mourir de faim. Cette hypothèse est étayée par la présence de trous dans son crâne, semblables à ceux causés par un parasite similaire, un Trichomonas touchant les oiseaux d'aujourd'hui[67],[68],[69].
69
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70
+ Un autre Tyrannosaurus, surnommé « Stan », en honneur du paléontologue amateur Stan Sacrison, fut trouvé dans la formation de Hell Creek près de Buffalo en Dakota du Sud, au printemps 1987. Après 30 000 heures de travail de préparation et de fouille, un squelette complet à 65 % fut mis au jour. Stan est actuellement exposé à l'Institut de recherche géologique de Black Hills à Hill City dans le Dakota du Sud, après avoir effectué une tournée mondiale. Les scientifiques, dont Peter Larson (en) qui avait déjà examiné Sue, ont également retrouvé sur ce tyrannosaure de nombreuses lésions osseuses, notamment des fractures consolidées au niveau des côtes et de la nuque ainsi qu'un trou spectaculaire à l'arrière de sa tête, de la taille d'une dent de Tyrannosaurus.
71
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72
+ Durant l'été 2000, Jack Horner découvrit cinq squelettes de Tyrannosaurus près de Fort Peck Reservoir dans le Montana. Un des spécimens, surnommé « C-rex » est l'un des plus grands Tyrannosaurus jamais retrouvé[70].
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74
+ En 2001, un squelette complet à 50 % d'un petit de Tyrannosaurus est découvert dans la formation Hell Creek, par une équipe du Burpee Museum of Natural History (en) de Rockford, Illinois. Surnommé « Jane », le squelette fut initialement considéré comme étant le premier spécimen connu du tyrannosauridé nain Nanotyrannus mais des études ultérieures révélèrent que c'était plus probablement un petit de Tyrannosaurus[39]. Il s'agit du petit le plus complet et le mieux préservé à ce jour. Jane fut examiné par Jack Horner, Pete Larson, Robert Bakker, Greg Erickson (en) et plusieurs autres paléontologues de renom. Il est exposé au Burpee Museum of Natural History de Rockford, Illinois[71],[72].
75
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76
+ En avril 2006, la Montana State University révéla qu'elle était en possession du plus grand crâne de Tyrannosaurus jamais découvert. Trouvé dans les années 1960 et seulement remonté récemment, le crâne mesure 150 cm de long, comparé aux 141 cm de Sue, une différence de 6,5 %[73],[74].
77
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78
+ Une phalange de 13 cm, répertoriée sous le nom de code UCMP 137538, découverte dans la Formation de Hell Creek dans le Montana a été attribuée à un Tyrannosaurus rex[75].
79
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+ En 2013, une équipe de paléontologues de Naturalis, un musée d'histoire naturelle situé dans la ville de Leyde aux Pays-Bas, voyagea aux États-Unis, au Montana, et découvrit un nouveau spécimen de Tyrannosaurus rex, surnommé par la suite « Trix ». D'une ancienneté estimée de 66 millions d'années, il s'agit de l'un des plus grands et des plus complets spécimens découverts jusqu'à présent[76]. Le Black Hills Institute collabora dans les fouilles paléontologiques sur le site de la découverte mais l'accord entre les deux pays avait établi que ce spécimen appartiendrait au musée Naturalis, des Pays-Bas. Le squelette fut entièrement dégagé, nettoyé et monté au Black Hills Institute. Toutes ces tâches ayant été accomplies, il fut démonté et envoyé aux Pays-Bas le 23 août 2016[77], en faisant de ce spécimen de Tyrannosaurus rex l'un des deux seuls à avoir quitté le continent américain et à être conservés en permanence en Europe[78]. Le spécimen a été surnommé « Trix » d'après la reine Beatrix et, à la suite de quelques caractères ostéologiques qui y ont été constatés, il est en l'état supposé être une femelle. Pendant la rénovation du musée Naturalis (2017-2019), ce grand spécimen de Tyrannosaurus a été envoyé faire une tournée internationale sous la forme d'expositions itinérantes dont le parcours prévu à l'origine incluait plusieurs villes d'Europe et une ville en Chine, Macao. Ce parcours d'expositions itinérantes a été complété à l'exception de l'exposition à Macao, la seule à avoir été annulée[79], remplacée par la ville de Glasgow en Écosse[80]. Ainsi, le squelette de Trix, de 12,5 m de long, a d'abord été exposé au musée Naturalis en 2016, ensuite en 2017 à Salzburg en Autriche et à Barcelone en Espagne[81],[82], puis finalement à Paris, dans la galerie de Minéralogie et de Géologie du Muséum national d'histoire naturelle, du 6 juin au 4 novembre 2018[83],[84]. Un squelette d'edmontosaure, conservé dans les réserves du Muséum depuis 1911[85] et monté pour l'occasion, a été lui aussi exposé au public à Paris dans le parcours de l'exposition, cela pour illustrer le type de proie le plus habituellement consommé par le prédateur[86],[84]. Après l'exposition à Glasgow, Trix regagnera les Pays-Bas vers la mi 2019, dans sa nouvelle salle construite sur mesure au musée Naturalis[80].
81
+
82
+ Le paléontologue Jack Horner a découvert cinq tyrannosaures dans un même gisement. Il suppose qu'ils vivaient en groupe. Ces individus n'ont pas pu être attirés par une proie ou une charogne : aucun reste d'herbivore n'a été trouvé à cet endroit.
83
+
84
+ Jack Horner s'est demandé si le tyrannosaure était un chasseur ou un charognard. En effet il n'est pas un bon coureur sur de longues distances, mais certains chercheurs pensent qu'il pouvait atteindre une vitesse de pointe d'environ 40 km/h. Cependant, il aurait eu un flair très sensible, ce qui aurait compensé sa supposée mauvaise vision (mais selon de récentes études le tyrannosaure aurait possédé une vision binoculaire stéréoscopique dû à la position frontale de ses orbites, ce qui lui aurait permis d'avoir une bonne vue ainsi qu'une évaluation correcte des distances[réf. nécessaire]). On a découvert une morsure de tyrannosaure sur un Edmontosaurus qui avait cicatrisé ; l'animal est décédé postérieurement. De plus le tyrannosaure détenait une mâchoire d'une puissance phénoménale, qu'il devait probablement utiliser pour tuer des animaux vivants, ce qui en faisait un chasseur.
85
+
86
+ Les scientifiques se demandent donc toujours s'il mangeait de la viande fraîche ou de la charogne. Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'il ait pu être à la fois prédateur et charognard, selon les opportunités qui se présentaient à lui. À titre de comparaison, dans les comportements que l'on peut observer de nos jours, il peut arriver que les lions, découvrant un cadavre encore frais, n'hésitent pas à s'en repaître.
87
+
88
+ Des scientifiques ont découvert dans les fossiles de T. Rex, des traces de goutte. Ce grand carnivore devait donc souffrir de douleurs aiguës et soudaines dans les articulations, ce qui devait probablement jouer sur son comportement[87].
89
+
90
+ L'identification de plusieurs spécimens de jeunes Tyrannosaurus rex a permis aux scientifiques de documenter les changements ontogénétiques, d'évaluer le cours de leur vie, et de déterminer la croissance de ces animaux. Le plus petit individu connu (LACM 28471, le théropode « Jordan ») devait peser seulement 29,9 kg, alors que les plus grands, comme le spécimen FMNH PR2081 (Sue), devaient bien atteindre plus de 5 400 kg (soit presque 6 tonnes). Des analyses histologiques d'os de T. rex ont démontré que le spécimen LACM 28471 était âgé de deux ans seulement, alors que Sue avait 28 ans, probablement l'âge limite de cette espèce[6].
91
+
92
+ L'histologie a également permis de déterminer l'âge d'autres spécimens. Il est possible de dessiner les courbes de croissance lorsqu'on peut reporter sur un graphique l'âge et le poids de différents spécimens. Celle du T. rex est une courbe en S, les jeunes ne dépassaient pas les 1 800 kg jusqu'à 14 ans environ, puis leur taille augmentait de façon significative. Durant cette phase de croissance rapide, un jeune T. rex pouvait gagner en moyenne 600 kg par an pendant quatre ans. À partir de 18 ans, la courbe se stabilise, ce qui signifie que la croissance de l'animal augmente plus lentement. Par exemple, seulement 600 kg séparent le spécimen Sue âgé de 28 ans du spécimen canadien âgé quant à lui de 22 ans (RTMP 81.12.1)[6]. Une autre étude histologique plus récente menée par différents scientifiques corrobore ces résultats, démontrant que la croissance rapide commence à ralentir à partir de 16 ans[88]. Cette rupture brutale de la vitesse de croissance entre 14 et 18 ans pourrait témoigner de l'existence d'une phase de maturité physique, synonyme de maturité sexuelle. Une hypothèse soutenue par la découverte en 2005 de tissus osseux riches en calcium, connus aussi sous le nom d'os médullaires, dans le fémur d'une T. rex âgée de 18 ans (MOR 1125, également connu sous le nom de « B-rex »)[89]. Dans la nature, ces tissus osseux ne sont retrouvés que chez les oiseaux femelles matures juste avant la ponte; ils permettent de renforcer la coquille des œufs. Les dinosaures étant également ovipares, le même phénomène intervenait peut-être à l'époque[90],[91] et cette découverte pourrait donc indiquer que la jeune « B-rex » était sexuellement mature[92]. La même découverte a été réalisée chez une femelle Allosaurus âgée de 10 ans et chez une femelle Tenontosaurus âgée de 8 ans, laissant penser que la maturité sexuelle des dinosaures serait intervenue beaucoup plus tôt que ce qui était jusqu'alors pensé. Des femelles dinosaures pouvaient donc pondre des œufs dès leur préadolescence, et de là, devenir mères[91],[93]. D'autres tyrannosauridés ont des courbes de croissances très similaires à celles de T. rex, même si leurs vitesses de croissance plus lentes correspondent à des tailles plus petites à l'âge adulte[94].
93
+
94
+ Le taux de mortalité augmente à l'approche de la maturité sexuelle, un schéma que l'on retrouve chez les autres tyrannosaures, les grands oiseaux et les mammifères. Ces espèces connaissent après une mortalité infantile élevée, un taux de survivance élevé, qui décline rapidement à la maturité sexuelle. La mortalité augmente à la maturité sexuelle, en partie du fait du stress des femelles qui accompagne la ponte. Une étude démontre que le faible nombre d'échantillons de petits est dû en partie à leur taux de mortalité bas, ces animaux ne mouraient pas en grand nombre à ces âges[94].
95
+
96
+ Avec la découverte de spécimens de plus en plus nombreux, les scientifiques ont commencé à analyser les différences entre individus et ils ont identifié chez Tyrannosaurus rex deux types morphologiques distincts, similaires à d'autres espèces de théropodes. En prenant en compte leur morphologie générale, l'un a été dénommé le morphotype « robuste » alors que l'autre était dénommé « gracile ».
97
+
98
+ Plusieurs caractéristiques associées à ces deux morphotypes ont permis aux scientifiques d'en déduire qu'il s'agissait peut-être d'un dimorphisme sexuel, et que le type robuste était probablement femelle, alors que le type gracile était probablement mâle. Ainsi le pelvis de plusieurs spécimens robustes est plus large, peut-être afin de faciliter le passage des œufs dans le bassin lors de la ponte[95]. De plus chez le type robuste, on retrouve un arc hémal ou chevron — os protégeant certains éléments vitaux de la partie ventrale de la queue — de taille réduite au niveau de la première vertèbre caudale, peut-être également afin de faciliter le passage des œufs dans le conduit génital[96]. Cette hypothèse avait été déjà proposée par Alfred Romer en 1956 pour les crocodiliens[97].
99
+
100
+ L'absence d'os pénien suggère que le tyrannosaure mâle avait un pénis rétractile, comme les dinosaures aviens, les oiseaux, et les crocodiliens[98].
101
+
102
+ Au début des années 2000, l'existence d'un dimorphisme sexuel chez T. rex a été remise en question. Ainsi en 2005, une étude concluait que la présence de chevrons ne permettait pas de différencier le genre des crocodiliens, et jetait ainsi le doute sur le bien-fondé de ce critère pour différencier le genre de T. rex[99]. De plus les scientifiques ont découvert que le premier chevron de Sue, un spécimen extrêmement robuste, était en fait situé très près de son pelvis, comme chez certains reptiles mâles, démontrant que la position des chevrons variait trop pour être un bon indicateur du sexe, chez les T. rex comme chez les reptiles modernes[100]. L'existence de différences morphologiques entre les différents spécimens retrouvés pourrait ne pas être liée à un dimorphisme sexuel, mais plutôt à des variations géographiques, ou à des variations dues à l'âge, les individus robustes étant les plus âgés[3].
103
+
104
+ En 2009, nous ne connaissons avec certitude le sexe que d'un seul et unique spécimen de T. rex. L'examen de « B-rex » (MOR 1125) a permis de retrouver des tissus mous préservés provenant d'os médullaire, un tissu spécialisé retrouvé chez les oiseaux femelles modernes, source de calcium permettant la production de la coquille des œufs lors de l'ovulation. Le tissu osseux médullaire n'est retrouvé naturellement que chez les femelles oiseaux, suggérant fortement que « B-rex » était une femelle, et qu'elle est morte en période ovulatoire[92]. Des études récentes ont montré que le tissu médullaire n'était jamais retrouvé chez les crocodiles, qui sont les animaux vivants les plus proches des dinosaures, avec les oiseaux. La présence partagée de tissu médullaire chez les oiseaux et les dinosaures théropodes montre les liens évolutionnaires étroits entre les deux[101].
105
+
106
+ Comme beaucoup de dinosaures bipèdes, Tyrannosaurus rex a été, de façon erronée, historiquement décrit comme un tripode marchant sur ses deux pattes postérieures avec sa queue servant d'appui au sol : avec le corps presque à la verticale, un peu à la façon d'un kangourou. Cette conception date de la reconstitution en 1865 d'un Hadrosaurus par le paléontologue américain Joseph Leidy, qui fut le premier à décrire un dinosaure en bipédie[102]. Cette représentation erronée du tyrannosaure-kangourou disparaît dans Jurassic Park qui marque le triomphe total des idées initiales de Robert Bakker sur les dinosaures[103].
107
+
108
+ Henry Fairfield Osborn, ancien président de l'American Museum of Natural History (AMNH) de New York, pensant que l'animal se tenait à la verticale, inaugura la première reconstitution d'un squelette complet de T. rex en 1915. Celui-ci resta en position debout pendant près d'un siècle, jusqu'à son démantèlement en 1992[104].
109
+
110
+ Vers 1970, les scientifiques réalisent que cette posture en position verticale avec trois points d'appui n'est pas anatomiquement possible ; elle aurait entraîné la luxation ou la détérioration de nombreuses articulations telles que celles des hanches ou celle comprise entre le crâne et les premières vertèbres cervicales[105].
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112
+ La reconstitution erronée à l'AMNH a inspiré de nombreux films et peintures jusque dans les années 1990, lorsque des films comme Jurassic Park ont représenté le tyrannosaure dans une posture plus réaliste. Les représentations modernes dans les musées, l'art et les films montrent Tyrannosaurus rex avec le corps presque parallèle au sol et la queue tendue à l'arrière pour équilibrer la tête.
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114
+ Lorsqu'on a découvert Tyrannosaurus rex, l'humérus était la seule partie connue des pattes antérieures[11]. Le premier squelette montré au public en 1915 et monté par Osborn montrait Tyrannosaurus rex avec une main à trois doigts, comme pour Allosaurus[57]. Pourtant un an plus tôt, Lawrence Lambe avait décrit les membres antérieurs de Gorgosaurus, une espèce proche et apparentée à T. rex, comme étant courts et munis de deux doigts seulement[106]. Ce qui pouvait suggérer que Tyrannosaurus rex avait des bras similaires, hypothèse qui ne fut confirmée que bien plus tard, lorsque les premiers restes de bras entiers furent identifiés en 1989, appartenant à MOR 555, surnommé le « Wankel rex », découvert à Hell Creek[63]. Les restes de Sue comprennent également des bras complets[3].
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116
+ Les bras de Tyrannosaurus rex sont très petits par rapport au reste du corps, mesurant seulement 1 mètre de long. Cependant ces bras ne sont pas des structures vestigiales et montrent de larges zones d'attachement musculaires, indiquant une force considérable. Dès 1906, Osborn avait imaginé que les bras pouvaient être utilisés pour tenir fortement le partenaire lors de l'accouplement[61]. Il a été également suggéré que les bras soient utilisés pour aider l'animal à se redresser à partir d'une position couchée[105], ou pour tenir sa proie alors que les mâchoires font le reste, hypothèse qui serait soutenue par des analyses biomécaniques. Ainsi les os des bras possèdent une corticale particulièrement résistante. Le muscle biceps brachial d'un adulte était capable de soulever à lui seul une charge de 200 kg, chiffre augmentant avec l'action combinée des autres muscles du bras comme le brachial. Les mouvements des bras étaient limités, avec des amplitudes articulaires de respectivement 40 et 45° aux épaules et aux coudes - en comparaison, chez Deinonychus, les amplitudes de ces deux mêmes articulations sont 88 et 130°, et chez l'homme 360 et 165°. Ainsi, les bras de Tyrannosaurus rex, avec leur structure osseuse particulièrement solide, la force considérable développée par leurs muscles et leur amplitude de mouvement limitée, pourraient indiquer un système anatomique conçu pour agripper vite et fort une proie se débattant[107].
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118
+ En 2005, Mary Higby Schweitzer de l'université de Caroline du Nord et ses collègues ont annoncé la découverte de tissus mous dans un fémur d'un tyrannosaure âgé de 68 millions d'années[37]. Les protéines extraites du fémur ont été analysées et se sont révélées être du collagène proche de celui des poulets actuels[108]. La découverte de tissus mous pour un fossile aussi âgé a été fortement contestée : Thomas Kaye et ses collègues soutenant que la substance à l'intérieur de l'os du tyrannosaure était en fait un biofilm bactérien[109]. Une étude parue en 2013 émet l'hypothèse que la présence de fer pourrait avoir permis la conservation de ces protéines[38].
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+ En 2004, la revue scientifique Nature a publié un rapport décrivant un représentant de la super-famille des Tyrannosauroidea, Dilong paradoxus, un parent de T. Rex apparu près de 60 Ma (millions d'années) avant ce dernier, et retrouvé dans un site de la formation d'Yixian en Chine. Comme de nombreux théropodes découverts dans cette formation géologique, le squelette fossilisé a été préservé dans un manteau de structures filamenteuses reconnues comme étant des structures précurseuses des plumes. C'est ainsi qu'on a également supposé que Tyrannosaurus et d'autres tyrannosauridés proches possédaient des protoplumes. Cependant, des empreintes de peau retrouvées sur de grands tyrannosauridés montrent des écailles en mosaïques[110]. Il est possible que ces protoplumes aient existé sur des surfaces de peau n'ayant pas été préservées. Mais les gros animaux ont, proportionnellement à leur volume, une surface moins importante que les plus petits. Ainsi, plus un animal est gros, moins il souffre des déperditions de chaleur. Les protoplumes deviendraient alors inutiles et pourraient avoir été secondairement perdues lors de l'évolution des grands tyrannosauridés comme Tyrannosaurus, particulièrement sous le chaud climat du Crétacé supérieur[111]. Cependant, en 2012 un Tyrannosauroidea basal de très grande taille (les spécimens adultes atteignaient 9 mètres de long pour 1 414 kg), du nom de Yutyrannus fut découvert dans la province chinoise du Liaoning avec des traces de plumes sur le cou, le bout de la queue, les jambes et les bras, ce qui suggère que sous les climats froids (des températures annuelles de 10 °C pour la province du Liaoning il y a 125 millions d'années), ces Tyrannosauroidea portaient des plumes qui servaient d'isolant[112]. En 2017, l'étude d'une empreinte de peau fossilisée de Tyrannosaurus rex trouvée dans des couches de la formation de Hell Creek au Montana datées du Maastrichtien supérieur n'a montré aucune trace de plume, semblant indiquer ainsi que cette espèce n'était pas entièrement couverte de plumes. Il n'est tout de même pas impossible qu'il y eut sur l'animal des zones emplumées localisées sur certaines parties du corps[113],[114].
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+ On a longtemps pensé que Tyrannosaurus, comme la plupart des dinosaures était poïkilothermes, c'est-à-dire qu'ils ne contrôlaient pas leur température corporelle et avait le « sang froid », tout comme les reptiles. C'est dans les années 1960 que des scientifiques comme Robert T. Bakker et John Ostrom ont émis l'idée que le métabolisme des dinosaures ressemblait davantage à celui des mammifères et des oiseaux qu'à celui des animaux à sang froid[115],[116]. À la suite de l'analyse d'un squelette, des scientifiques ont déclaré que le Tyrannosaurus rex était homéotherme (à sang chaud), impliquant ainsi une vie très active[14]. Depuis, plusieurs paléontologues ont cherché à déterminer la capacité du Tyrannosaurus à réguler la température de son corps. Des preuves histologiques de taux de croissance rapides chez le jeune T. rex, comparables à ceux des mammifères et des oiseaux, pourrait supporter l'hypothèse d'un métabolisme élevé. Les courbes de croissance indiquent que, tout comme chez les mammifères et les oiseaux, la croissance de Tyrannosaurus rex est limitée à l'âge adulte, contrairement à la croissance indéterminée retrouvée chez de nombreux autres vertébrés[88].
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+ Les ratios d'isotopes d'oxygène présents dans les os fossilisés sont utilisés pour déterminer la température à laquelle l'os a été formé, car ces ratios sont corrélés avec la température. Chez un spécimen de T. rex on a retrouvé des ratios indiquant que la différence de température entre une vertèbre du thorax et un tibia n'était que de 4 à 5 °C. Selon le paléontologue Reese Barrick et le géochimiste William Showers cette différence minime entre le corps de l'animal et ses extrémités indique que Tyrannosaurus rex maintenait sa température interne corporelle constante, définition de l'homéothermie, et qu'il possédait un métabolisme situé entre celui des reptiles ectothermes et des mammifères endothermes[117]. D'autres scientifiques ont fait remarquer que le ratio des isotopes d'oxygène présent dans les fossiles actuels était probablement différent du ratio originel au temps où Tyrannosaurus vivait, et qu'il avait dû être modifié durant ou après le processus de fossilisation appelé la diagenèse[118]. Barrick et Showers se sont défendus en retrouvant des résultats similaires chez un autre dinosaure théropode, Giganotosaurus, vivant sur un autre continent et dix millions d'années plus tôt[119].
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126
+ Des dinosaures ornithischiens montrent également des preuves d'homéothermie, alors que ce n'est pas le cas pour des varans retrouvés dans la même formation[120]. Même si Tyrannosaurus rex montre des preuves d'homéothermie, cela ne signifie pas obligatoirement qu'il était endotherme. Une telle thermorégulation peut s'expliquer par la gigantothermie, comme chez certaines tortues de mer[121],[122]. Ainsi certains grands poïkilothermes, grâce à un rapport volume / surface de peau favorable, sont capables de maintenir une température de corps et un métabolisme relativement élevés.
127
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128
+ Il y a deux questions principales qui font débat concernant les capacités locomotrices du Tyrannosaurus : comment pouvait-il tourner ? et quelle était sa vitesse de pointe ? Ces deux questions sont liées au débat concernant le fait de savoir s'il était chasseur ou charognard.
129
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130
+ Tyrannosaurus devait être lent à se retourner, prenant probablement une à deux secondes pour se tourner de 45° — à titre de comparaison l'Homme, qui se tient debout et n'a pas de queue, peut se retourner en une fraction de seconde[123].
131
+ Cette lenteur est due au moment d'inertie, qui quantifie la résistance d'un corps soumis à une mise en rotation et qui est particulièrement important chez Tyrannosaurus, dont une grande partie de la masse est située à distance de son centre de gravité. Il pouvait diminuer cette résistance en arquant son dos et sa queue et en rapprochant sa tête et ses bras de son corps, à la façon d'un patineur qui se regroupe pour tourner sur lui-même plus vite[124].
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133
+ Les scientifiques ont avancé de nombreux chiffres concernant la vitesse maximale de course de Tyrannosaurus rex, la plupart autour de 11 m/s soit 40 km/h, avec des minima de 5–11 m/s (18–40 km/h) et des maxima autour de 20 m/s (72 km/h). Diverses techniques d'estimation ont été utilisées pour aboutir à ces chiffres car, s'il existe de nombreuses traces de pas de grands théropodes en train de marcher, aucune trace de théropodes en train de courir n'a été encore retrouvée, ce qui pourrait indiquer qu'ils ne couraient simplement pas[125]. Les scientifiques qui pensent que Tyrannosaurus était capable de courir soulignent que certaines caractéristiques anatomiques permettent à un adulte de ne peser que 4,5 tonnes et que certains animaux tels que les autruches ou les chevaux, possédant de longues jambes flexibles, sont capables d'atteindre de grandes vitesses grâce à des foulées plus lentes mais plus longues. De plus, certains avancent que Tyrannosaurus avait des muscles aux membres inférieurs plus larges que chez n'importe quel animal vivant actuel, ce qui lui aurait permis de courir jusqu'à 40 à 70 kilomètres par heure[126].
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+ Jack Horner et Don Lessem avancèrent en 1993 que Tyrannosaurus était lent et ne pouvait probablement pas courir (présence d'une phase de suspension en l'air) car le ratio de la longueur de son fémur sur celle de son tibia était supérieur à 1, comme chez la plupart des grands théropodes et comme les éléphants modernes[63]. Cependant, Holtz écrit en 1998 que les tyrannosauridés et des groupes proches avaient les éléments distaux des membres postérieures (cheville, métatarse et orteils) significativement plus longs que la longueur du fémur de la plupart des autres théropodes, et que les tyrannosauridés et des groupes proches avait un métatarse plus efficace pour transmettre les forces de locomotion du pied à la jambe que chez les premiers théropodes. Il conclut que les tyrannosauridés et des groupes proches étaient les plus rapides des grands théropodes[127].
136
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137
+ Christiansen écrit en 1998 que les os de la jambe de Tyrannosaurus n'étaient pas significativement plus solides que ceux des éléphants, qui sont relativement limités concernant leur vitesse de pointe et qui n'ont jamais pu courir (pas de phase de suspension en l'air), et il proposa que la vitesse maximale de Tyrannosaurus devait être d'environ 11 mètres par seconde (40 km/h), ce qui est comparable à la vitesse d'un sprinter humain. Il fit remarquer que cette estimation dépendait de nombreuses hypothèses douteuses[128].
138
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139
+ Farlow et ses collègues avancent en 1995 qu'un Tyrannosaurus pesant 5,4 à 7,3 tonnes serait gravement voire fatalement blessé s'il tombait alors qu'il était en train de se mouvoir rapidement, car son thorax frapperait le sol avec une décélération de 6 g sans que ses petits bras puissent réduire l'impact[15]. Cependant, des animaux comme les girafes peuvent galoper à 50 km/h malgré le risque que cela représente[129],[130] et il est donc possible que Tyrannosaurus ait également pu se déplacer rapidement en cas de nécessité et malgré les risques que cela pouvait représenter[131],[132].
140
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141
+ Des études sur la vitesse de déplacement de Tyrannosaurus avançent une allure modérée ne dépassant pas 40 km/h. Par exemple, en 2002 dans la revue Nature, un modèle mathématique est présenté[133] dont le but est de permettre d'estimer la masse musculaire nécessaire au niveau des jambes pour courir rapidement, à plus de 40 km/h[126]. L'article conclut que des vitesses supérieures à 40 km/h sont impossibles à atteindre car elles nécessiteraient de très gros muscles représentant plus de 40 à 86 % de la masse corporelle totale. Si ces muscles avaient été moins massifs, seule une vitesse d'environ 18 km/h aurait pu être atteinte. Faire des conclusions sur cette modélisation est difficile car on ne sait pas quel était le volume des muscles de Tyrannosaurus[126].
142
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143
+ Une étude de 2007 utilisant des modèles informatiques estime la vitesse maximale de course de T. rex à 8 mètres par seconde, soit 29 km/h[134], soit légèrement plus vite qu'un footballeur professionnel et moins vite qu'un sprinter qui peut atteindre 12 mètres par seconde soit 43 km/h[135]. Cette étude se révèle quelque peu obsolète car cette dernière ne prit pas en compte la puissance des muscles de l'animal qui à la suite de certaines études s'est révélée extrêmement développée (à la suite d'une étude des marques qu'ont laissées les muscles sur les os de l'animal).
144
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145
+ Les paléontologues qui pensent que Tyrannosaurus était incapable de courir estiment sa vitesse de pointe à 17 km/h, ce qui est toujours plus rapide que les hadrosauridés et les cératopsiens qui devaient être ses principales proies[126]. De plus, certains de ceux qui défendent le fait que Tyrannosaurus était un prédateur, avancent que sa vitesse de course n'était pas si cruciale, car même s'il était lent, il était toujours plus rapide que ses proies[136]. Cependant, Paul et Christiansen (2000) écrivent que les derniers Ceratopsia avaient des pattes arrière verticales et que les gros spécimens devaient pouvoir courir aussi vite que les rhinocéros[137]. On a retrouvé des fossiles de Ceratopsia présentant des cicatrices de morsures de Tyrannosaurus. Or, si les Ceratopsia ayant vécu en même temps que les T. rex étaient rapides, cela jette le doute sur l'argument que Tyrannosaurus n'avait pas à être rapide pour attraper ses proies[132].
146
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147
+ Deux différentes empreintes isolées de pas ont été proposées comme appartenant à Tyrannosaurus rex. La première a été découverte au Philmont Scout Ranch dans l'État du Nouveau-Mexique, en 1983, par le géologue américain Charles Pillmore. On pensait initialement qu'elle appartenait à un hadrosauridé ou « dinosaure à bec de canard », mais l'examen attentif de l'empreinte de pas révéla d'une part un large talon inconnu chez les ornithopodes et, d'autre part, les restes de ce qui aurait pu être un hallux, quatrième orteil en forme d'ergot. Cette empreinte fut décrite comme appartenant à l'ichnotaxon Tyrannosauripus pillmorei en 1994 par Martin Lockley (en) et Adrian Hunt, qui suggéraient qu'elle pouvait avoir été faite par un Tyrannosaurus rex, ce qui en ferait la première empreinte de pas connue de l'espèce. La trace est imprimée dans ce qui fut autrefois de la boue provenant d'une terre humide végétale. Elle mesure 83 cm de longueur sur 71 cm de largeur[138].
148
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149
+ Une seconde empreinte de pas qui pourrait avoir été faite par un Tyrannosaurus fut découverte dans la formation de Hell Creek dans le Montana en 2007 par le paléontologue britannique Phil Manning. Cette seconde trace de 76 cm de long est plus petite que celle décrite par Lockley et Hunt. Qu'elle appartienne à un Tyrannosaurus n'est pas certain, bien que Tyrannosaurus et Nanotyrannus sont les deux seuls grands théropodes qui ont été retrouvés à Hell Creek. Des études plus approfondies, comparant notamment cette trace à celle du Nouveau-Mexique, sont prévues[139].
150
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+ Un ensemble d'empreintes de pas situées à Glenrock dans le Wyoming ont été décrites en 2016. Ces empreintes ont été découvertes dans des roches de la formation de Lance, datée du Maastrichtien supérieur. Elles sont considérées comme appartenant à un tyrannosauridé, soit à un Tyrannosaurus rex juvénile, soit à l'espèce Nanotyrannis lancensis. À partir de la position des empreintes de pas et de leur taille, il en a été déduit que l'animal se déplaçait à une vitesse comprise entre 4,5 et 8 km/h[140],[141].
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153
+ Le débat concernant le comportement charognard ou prédateur du Tyrannosaurus est aussi vieux que celui sur sa locomotion.
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+ En 1917, Lambe étudie un squelette de Gorgosaurus, une espèce proche de Tyrannosaurus, et conclut que Tyrannosaurus était un pur charognard car les dents de Gorgosaurus ne montraient aucune trace d'usure[142]. Cet argument n'est plus considéré comme valide depuis que l'on sait que les théropodes remplacent leurs dents rapidement.
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+ Depuis la première découverte de Tyrannosaurus, la plupart des scientifiques ont la certitude qu'il est un prédateur, bien que tout comme de nombreux prédateurs modernes, il aurait pu aussi voler la prise d'un autre prédateur ou être parfois charognard si l'occasion se présentait[143].
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+ Jack Horner est le principal défenseur de la théorie du tyrannosaure charognard[63],[144],[145]. Il a présenté plusieurs arguments défendant cette hypothèse :
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+ D'autres preuves suggèrent un comportement de prédateur. Les orbites du tyrannosaure étaient placées vers l'avant, lui donnant ainsi une vision binoculaire ce qui lui permettait d'évaluer les distances, bien mieux que les faucons modernes. Horner note aussi une amélioration importante de la vision binoculaire tout au long de l'évolution des tyrannosauridés, avançant qu'il n'était pas évident que la sélection naturelle favorise cette caractéristique si les tyrannosaures avaient été de purs charognards, pour qui une vision stéréoscopique n'aurait pas été un atout[24],[25]. Chez les animaux modernes, la vision binoculaire est principalement retrouvée chez les prédateurs[150].
162
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+ Selon certains scientifiques, si Tyrannosaurus était un pur charognard, un autre dinosaure devait être le superprédateur du Crétacé supérieur amérasien. Des autres tyrannosauridés partageant les caractéristiques de Tyrannosaurus, seuls les petits dromæosauridés auraient le potentiel pour être ce superprédateur. Les proies en haut de la chaîne alimentaire étaient alors les marginocéphales et les ornithopodes. Des supporteurs de l'hypothèse du charognard suggèrent que la taille et la puissance de Tyrannosaurus lui aurait alors permis de voler les proies tuées par de plus petits prédateurs[149]. La plupart des paléontologues acceptent l'hypothèse que Tyrannosaurus était à la fois prédateur et charognard, comme beaucoup de grands carnivores.
164
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+ D'autres paléontologues suggèrent que les tyrannosaures vivaient en groupes familiaux et chassaient en interaction. Les plus jeunes, plus petits, légers et habiles, auraient rabattu les proies vers les adultes embusqués. Ce type de comportement aurait peut-être été adopté par d'autres dinosaures carnivores de grande taille comme les allosaures[réf. nécessaire].
166
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167
+ William Abler (en) a émis l'hypothèse que Tyrannosaurus avait peut-être une salive infectieuse, qu'il utilisait pour tuer sa proie[151]. En examinant les dents de tyrannosaures, on s'est aperçu qu'il existait des dentelures pouvant, comme chez le Dragon de Komodo, retenir des morceaux de carcasse permettant la prolifération de bactéries, rendant leur morsure infectante. Horner note cependant que les dentelures de Tyrannosaurus ressemblent plus à des cubes alors que celles des Komodo sont arrondies[152].
168
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+ Depuis sa découverte en 1905, le tyrannosaure est devenu peu à peu le dinosaure le plus célèbre dans la culture populaire. C'est un des seuls dinosaures dont le nom scientifique Tyrannosaurus rex est connu du grand public, de même son abréviation T. rex est aussi répandue. Les expositions du tyrannosaure sont très populaires ; on estime à dix mille le nombre de visiteurs venus au musée Field de Chicago en 2003 pour voir Sue, le fossile le plus complet exposé.
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+ Le tyrannosaure est apparu plusieurs fois à la télévision et au cinéma, notamment dans le Monde perdu, King Kong, Fantasia, Un million d'années avant J.C., plusieurs versions filmiques et de dessins animés avec le personnage de Godzilla (monstre des croyances d'après-guerre, à la suite des chocs des bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki) comme héros, et Jurassic Park. De nombreux livres et bandes dessinées, dont Calvin et Hobbes, et le manga Gon de Masashi Tanaka, ont aussi représenté le tyrannosaure, qui est souvent montré comme le plus grand et le plus terrifiant carnivore de tous les temps. Le groupe de rock T-Rex a pris ce nom d'après l'espèce, le troisième album du groupe The Hives est intitulé Tyrannosaurus Hives.
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+ Tyrannosaurus rex est régulièrement mis en scène dans la littérature de science-fiction, qui aime imaginer des rencontres souvent mouvementées entre les humains et les dinosaures.
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+ L'un des premiers auteurs de science-fiction à mettre en scène Tyrannosaurus est l'Américain Edgar Rice Burroughs, qui les met en scène dans sa trilogie romanesque Caspak, parue en 1918, qui reprend le thème littéraire du monde perdu : durant la Première Guerre mondiale, l'équipage d'un sous-marin allemand égaré découvre une île, Caspak, où survivent à la fois des dinosaures, des mammifères de l'ère tertiaire et des humains primitifs. Un tyrannosaure apparaît dans le troisième volume, Out of time's abyss[153]. Burroughs s'inspire en outre du Tyrannosaurus pour le bestiaire d'un autre pays imaginaire, Pellucidar, auquel il consacre plusieurs romans et nouvelles entre 1914 et sa mort en 1950. Le Tyrannosaurus lui sert d'inspiration principale pour un animal imaginaire de Pellucidar, le Zarith[154].
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+ D'autres récits de science-fiction utilisent le thème du voyage dans le temps afin de mettre en présence des humains et des dinosaures comme Tyrannosaurus. La nouvelle Un coup de tonnerre, publiée par l'écrivain américain Ray Bradbury en 1952, se projette en 2055 et imagine qu'une entreprise organise des parties de chasse dans le passé à l'aide d'une machine à remonter le temps. Eckels, un chasseur intrépide, paye une forte somme afin d'aller chasser un Tyrannosaurus rex, mais au cours de la chasse il déclenche malgré lui un bouleversement temporel qui modifie l'Histoire. Pour décrire le tyrannosaure, Bradbury s'inspire probablement des vues d'artistes comme Zdenek Burian ou Charles R. Knight[155]. Le roman Mastodontia de l'auteur américain Clifford D. Simak, paru en 1978, approfondit ce thème dans une intrigue plus ample où les héros ont affaire à deux T. rex chassant en couple, une vision influencée par les thèses alors toutes récentes du paléontologue Robert Bakker sur le comportement de ce dinosaure[156]. Dans l'intervalle, le paléontologue et écrivain soviétique Ivan Efremov imagine une variation sur ce thème dans sa nouvelle L'Ombre du passé, parue en 1954, où un paléontologue découvre des "paléophotographies', des structures minérales naturelles qui ont enfermé pendant des millions d'années des images d'époques passées, et notamment une image d'un tyrannosaure[157].
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+ En 1990, l'écrivain américain Michael Crichton publie Jurassic Park, un roman de science-fiction qui imagine une utilisation commerciale de la génétique afin de recréer des dinosaures pour les enfermer dans un parc d'attraction ouvert par un milliardaire américain sur une île au large du Costa Rica. La visite du parc par des experts avant son ouverture tourne au cauchemar lorsqu'un employé coupe l'électricité le temps de s'enfuir avec des embryons qu'il souhaite revendre. Le Tyrannosaurus rex, censé être l'attraction vedette du parc, cause de nombreuses victimes. Une suite parue en 1995, Le Monde perdu, met en scène des dinosaures en liberté sur une autre île, dont des tyrannosaures qui constituent la principale menace pesant sur les personnages quand ils doivent s'aventurer sur l'île. Le succès des romans et des films qui les adaptent ou s'en inspirent contribue à populariser les tyrannosaures auprès d'un large public.
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+ La littérature pour la jeunesse met également en scène les tyrannosaures. En 1987, Hudson Talbott publie le roman We're Back! A Dinosaur's Story, qui imagine quatre dinosaures dotés d'intelligence et propulsés au XXe siècle par les soins d'un savant excentrique.
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+ La série de comic américain Turok, qui démarre en 1956 avec des dessins de Rex Maxon et des scénarios de Matthew H. Murphy, Gaylord DuBois et Paul S. Newman, met en scène deux frères aventuriers, Turok et Andar, qui explorent une vallée perdue peuplée de dinosaures et d'hommes préhistoriques.
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+ La série Devil Dinosaur , dessinée par Jack Kirby d'avril à décembre 1978 pour Marvel Comics conte les aventures, dans un monde parallèle où dinosaures et humains coexistent aux temps préhistoriques, d'un jeune anthropoïde, Moon-boy, chevauchant Red, un tyrannosaure rouge dont il est l'ami.
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+ La bande dessinée Calvin et Hobbes, créée par l'Américain Bill Watterson en 1985, met en scène les rêveries, jeux et bêtises de Calvin, un enfant de six ans, et de son tigre en peluche Hobbes. Calvin aime se transformer en dinosaure, et en général en Tyrannosaurus.
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+ Gon , un manga d'aventure humoristique de Masashi Tanaka paru entre 1992 et 2002, met en scène un bébé tyrannosaure possédant une force redoutable et disproportionnée par rapport à sa petite taille.
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+ Les adaptations au cinéma du roman Le Monde perdu d'Arthur Conan Doyle (paru en 1912) mettent souvent en scène un Tyrannosaurus rex, en dépit du fait que le roman n'en fait rien : ce roman d'aventure, qui imagine un plateau isolé du reste du monde où survivraient encore plusieurs espèces disparues ailleurs, met en scène dans l'un de ses chapitres un dinosaure carnivore non identifié, peut-être un Allosaurus ou un Mégalosaurus). l'adaptation réalisée en 1925 par Harry O. Hoyt, film muet en noir et blanc, met en scène ce dinosaure carnivore d'espèce douteuse dans une première scène, mais il fait aussi intervenir par la suite des Tyrannosaurus dans plusieurs scènes qui sont des ajouts à l'intrigue du roman d'origine. Le film met ainsi aux prises un T. rex et un Tricératops. Il s'agit du premier film à mettre en scène un Tyrannosaurus, dont l'apparence s'inspire des peintures de Charles R. Knight[158]. Dans l'adaptation de 1960 réalisée par Irwin Allen, les explorateurs remportent avec eux un œuf de T. rex qui éclot peu avant leur sortie de la vallée perdue : le professeur Challenger décide malgré tout de ramener le dinosaure nouveau-né à Londres.
192
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193
+ Le célèbre film d'aventure américain King Kong, réalisé en 1933 par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, met aux prises le gorille géant King Kong avec un Tyrannosaurus qu'il combat pour protéger la jeune femme Ann[159]. Dans le remake de 2005, réalisé par Peter Jackson, le tyrannosaure est remplacé par un « Vastatosaurus rex », une évolution imaginaire du T. rex.
194
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195
+ Le Monde perdu en 1925 puis King Kong en 1933 sont d'énormes succès publics, qui influencent durablement la postérité du Tyrannosaurus dans l'imagination populaire[159]. Au cours des décennies suivantes, de nombreux films à la célébrité moins durable mettent en scène à leur tour le Tyrannosaurus, par exemple Tumak, fils de la jungle en 1940, où les dinosaures sont représentés à l'écran par des lézards dotés de crêtes artificielles et filmés en gros plan, ou encore L'Oasis des tempêtes (The Land Unknown, traduit en Belgique par Oasis de la terreur) réalisé par Virgil W. Vogel en 1957, où le tyrannosaure est un comédien costumé[160].
196
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197
+ Pour créer le célèbre monstre japonais Godzilla, les designers de Tōhō se sont inspirés du stégosaure pour les plaques dorsales, du tyrannosaure pour la tête et de l'Allosaurus pour le corps[réf. nécessaire].
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199
+ Le film d'aventure Jurassic Park, réalisé en 1993 par Steven Spielberg, fait du Tyrannosaurus rex sa principale vedette[161]. Jurassic Park est un parc zoologique imaginaire dans lequel des généticiens sont parvenus à recréer des dinosaures. Au cours du film, on peut voir le dinosaure s'évader de son enclos et parcourir le parc pour chasser les visiteurs, les employés et d'autres dinosaures. Sans doute le dinosaure le plus iconique du film, avec les Vélociraptors. Le dinosaure réapparaît systématiquement dans les suites de ce film. Dans Le Monde perdu, une famille de Tyrannosaurus est séparée, car un père et son petit sont capturés et emmenés à San Diego. Dans Jurassic Park 3, un jeune (juvénile) Tyrannosaurus se fait tuer par un Spinosaurus. Dans Jurassic World (juin 2015), le Tyrannosaurus original de Jurassic Park fait son grand retour. Il apparaît à la fin du film où il affronte l'Indominus Rex (dinosaure hybride, vedette et principal antagoniste du film) mais se fait maitriser par ce dernier qui est alors sur le point de le tuer. Mais l'arrivée du Vélociraptor Blue (en réalité un deinonychus, mais les réalisateurs l'ont plutôt appelé un raptor car c'était plus accrocheur) permet néanmoins de remporter le combat.
200
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+ La Nuit au musée, film fantastique où les animaux et les objets conservés dans un musée prennent vie pendant la nuit, un squelette de Tyrannosaurus prend vie une fois que la nuit est tombée et se comporte comme un chien en rapportant un de ses os que le gardien lui lance.
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203
+ Dans Dino King (2012), un tarbosaure doit affronter un tyrannosaure qui a tué sa famille.
204
+
205
+ Le dessin animé musical Fantasia, produit par Walt Disney Pictures, en 1940, consacre une de ses séquences à l'évolution de la vie, sur la musique du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. Au cours d'une des scènes de cette séquence, un Tyrannosaurus terrorise d'autres dinosaures et engage un combat avec un Stegosaurus, ce qui constitue un anachronisme, les deux animaux ayant vécu à des périodes différentes.
206
+
207
+ La série de dessins animés Le Petit Dinosaure, dont le premier film est Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles, réalisé par Don Bluth en 1988, met en scène un jeune apatosaure, Petit-Pied, et ses amis. Tous doivent fuir devant un Tyrannosaurus, qu'ils appellent « Dents tranchantes ». Par la suite, ils adopteront Gobeur, un bébé T. Rex.
208
+
209
+ Les Quatre Dinosaures et le Cirque magique, produit par Universal Studios en 1994, a pour personnages principaux plusieurs dinosaures, dont un T.rex appelé Rex, qui a été rendu gentil par le professeur Bon Œil.
210
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211
+ Sortis au cours des années 2000 et 2010, les dessins animés Toy Story, Toy Story 2 et Toy Story 3, produits en images de synthèse par les studios américains Pixar, mettent en scène des jouets doués de vie. Parmi eux, le personnage Rex est un Tyrannosaurus en plastique vert, peureux et comique.
212
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213
+ Dans L'Âge de glace 3, sorti en 2009, le paresseux Sid adopte des bébés T. rex.
214
+
215
+ Le film d'animation japonais Omae Umasō da na a pour personnage principal un Tyrannosaurus nommé Heart, élevé par une femelle Maiasaura et qui adoptera un jeune Ankylosaurus nommé Umasō ("Délicieux" en japonais ; Heart a dit qu'il avait l'air délicieux, mais Umasō a cru que c'était son nom). Le film présente d'autres Tyrannosaurus, notamment le plus grand et puissant d'entre eux, nommé Baku.
216
+
217
+ Tyrannosaurus apparaît dans l'épisode 5 de la saison 5 de la série anglaise Primeval, il apparait dans un lieu très fréquenté de Londres et s'attaque aux passants.
218
+
219
+ Dans Prehistoric Park, Nigel Marven doit sauver les tyrannosaures de l'extinction.
220
+
221
+ Dans les 3 séries du type Super Sentai dont le thème est les dinosaures (à savoir Zyuranger, Abaranger et Kyoryuger et leurs adaptations sous la licence Power Rangers), le Tyrannosaurus est l'emblème du leader (le Ranger Rouge) du groupe (respectivement Tyranno Ranger, AbaRed et KyoryuRed).
222
+
223
+ Dans la série télévisée d'animation japonaise Dinosaur King, diffusée en 2007-2008, le Gang Alpha possède un Tyrannosaurus nommé Terry, capable de créer des flammes.
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225
+ Très présent dans les jeux vidéo, Tyrannosaurus rex constitue souvent un ennemi redoutable comme dans plusieurs jeux ou séries de jeux : Dino Crisis (action-horreur, 1999) et ses suites, Lost Eden (aventure, 1995), Tomb Raider (action-aventure, commencée en 1996), Turok: Dinosaur Hunter (1997) et ses suites, ParaWorld (stratégie, 2006), dans Ark: Survival Evolved (action-aventure, 2015) et dans The Isle (simulation, 2015). Il est aussi présent dans tous les jeux adaptés des romans et films Jurassic Park. Le personnage de Gon (héros du manga éponyme) apparaît en tant que personnage jouable dans la version Playstation du jeu de combat Tekken 3 (1998).
226
+
227
+ Le 4 octobre 1997, chez Sotheby's à New York un squelette de Tyrannosaurus rex, surnommé Sue d'après le nom de sa découvreuse, fut adjugé à 8 362 500 dollars, la somme la plus importante jamais payée pour un fossile[162],[163]. Parmi neuf enchérisseurs, ce fut le musée Field de Chicago qui remporta les enchères notamment grâce à des partenaires industriels.
228
+
229
+ En mars 2007, un crâne de Tyrannosaurus rex fut acheté 276 000 dollars par un collectionneur de Californie, la troisième plus importante somme jamais payée pour un spécimen préhistorique[164].
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+ Squelette exposé à Washington
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+ Vue de face
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+ Détail membre antérieur
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+ Détail des mâchoires
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+ « One palaeontologist memorably described the huge, curved teeth of T. rex as 'lethal bananas' »
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+ « Le 4 octobre 1997, chez Sotheby's, à New York, eut lieu une vente historique : un Tyrannosaurus rex, nommé Sue en l'honneur de sa découvreuse, fut adjugé à 8 362 500 US dollars au terme d'une bataille ayant opposé neuf enchérisseurs. »
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+ Genre
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+
3
+ Espèces de rang inférieur
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+
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+ Synonymes
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+
7
+ Tyrannosaurus, communément appelé tyrannosaure, est un genre éteint de dinosaures théropodes appartenant à la famille des Tyrannosauridae et ayant vécu durant la partie supérieure du Maastrichtien, dernier étage du système Crétacé[1], il y a environ 68 à 66 millions d'années[2], dans ce qui est actuellement l'Amérique du Nord. Tyrannosaurus rex, dont l'étymologie du nom signifie « roi des lézards tyrans », est l'une des plus célèbres espèces de dinosaure et l'unique espèce de Tyrannosaurus si le taxon Tarbosaurus bataar n'est pas considéré comme faisant partie du même genre. Tyrannosaurus fut l'un des derniers dinosaures non-aviens à avoir vécu jusqu'à l'extinction survenue à la limite Crétacé-Paléocène il y a 66 millions d'années[1].
8
+
9
+ Tout comme les autres membres du clade des Tyrannosauridae, Tyrannosaurus était un carnassier bipède doté d'un crâne massif équilibré par une longue queue puissante. Comparés à ses larges membres postérieurs, les bras du Tyrannosaurus étaient petits et atrophiés et ne portaient que deux doigts griffus. Même si d'autres théropodes rivalisaient voire dépassaient Tyrannosaurus en taille, il est le plus grand Tyrannosauridae connu et l'un des plus grands carnivores terrestres ayant existé sur la planète, avec une longueur de plus de 13,2 mètres[3],[4], 4 mètres à hauteur de hanches[5] et un poids pouvant atteindre 8 tonnes[6](pour les spécimens les plus lourds). De loin le plus grand des carnivores de son temps, le T. rex a pu être un superprédateur au sommet de la chaîne alimentaire, chassant notamment des herbivores de grande taille tels que les Hadrosauridae et les Ceratopsidae, même si certains experts suggèrent qu'il était avant tout charognard.
10
+
11
+ Une cinquantaine de spécimens fossiles de Tyrannosaurus rex a été recensée[7], dont moins de la moitié sont presque complets. Un laboratoire est parvenu à déminéraliser des restes de tissus mous et de protéines à partir d'un échantillon d'au moins l'un de ces spécimens[8]. Cette abondance de matériaux a permis de nombreuses avancées dans bien des aspects de l'histoire et de la biologie de cette espèce. Si certains points sont consensuels, d'autres restent controversés, tels que ses habitudes alimentaires, sa physiologie ou sa vitesse de pointe. Sa relation de parenté avec le genre Tarbosaurus est sujette à débat : si la majorité des spécialistes considèrent T. rex comme la seule espèce du genre Tyrannosaurus (ce qui validerait le taxon Tarbosaurus bataar, que l'on a trouvé en Asie et dont l'anatomie est quasiment identique)[9],[10], certains chercheurs considèrent que les spécimens asiatiques identifiés comme Tarbosaurus bataar appartiennent en réalité au genre Tyrannosaurus (ce qui ferait synonymiser les deux genres et signifierait que l'espèce asiatique doit être nommée Tyrannosaurus bataar). La synonymie de plusieurs autres genres a déjà été établie, comme Manospondylus ou Dynamosaurus, dont les spécimens sont tous, de nos jours, considérés comme appartenant en réalité au genre Tyrannosaurus.
12
+
13
+ Le genre Tyrannosaurus fut créé en 1905 par Henry Fairfield Osborn, alors conservateur du tout nouveau département de paléontologie des vertébrés à l’American Museum of Natural History de New York. Le nom de genre dérive, par l'intermédiaire du latin, des racines grecques τύραννος / túrannos (« maître », « tyran ») et σαῦρος / saûros (« lézard »). Quant à l'épithète spécifique rex, elle signifie « roi » en latin. Osborn lui attribua cette appellation car ce fut un prédateur impressionnant, avec des griffes et des dents particulièrement développées. Le nom binominal complet Tyrannosaurus rex peut être ainsi traduit par « roi des lézards tyrans », soulignant la domination imaginée de l'animal sur les autres espèces de son temps[11].
14
+
15
+ On l'appelle souvent « T. rex », qui est l'initiale du nom de genre suivie de l'épithète spécifique. Cependant, le diminutif « T-Rex » est fréquemment utilisé et abusif puisque l'espèce Tyrannosaurus rex ne possède pas de trait d'union, et les termes spécifiques ne portent jamais de majuscule. Dans le cas présent le nom scientifique de l'espèce est Tyrannosaurus rex, nom binominal où Tyrannosaurus est le terme générique, le genre, et où rex est le terme spécifique, ce dernier étant toujours écrit entièrement en minuscules. De même, la prononciation « Ti-rex », popularisée après la sortie du film Jurassic Park en 1993, n'a aucune raison d'être dans le monde francophone puisque les noms binomiaux des espèces ne sont pas en anglais, mais en latin.
16
+
17
+ Originellement nommé Dynamosaurus imperiosus (« Saurien dynamique impérial ») par Barnum Brown lors de sa découverte, ces noms de genre et d'espèce ne perdureront cependant pas dans la littérature.
18
+
19
+ Tyrannosaurus rex est l'un des plus grands carnivores ayant vécu sur Terre. Le plus grand spécimen complet (mais pas le plus grand spécimen) découvert à ce jour, répertorié sous le code FMNH PR2081 et surnommé « Sue », du nom de la paléontologue Sue Hendrickson, mesure 12,8 mètres de long et 4 mètres de haut au niveau des hanches[4]. Les différentes estimations de la masse du Tyrannosaurus rex ont grandement varié au cours des années, allant selon les auteurs de plus de 8,8 tonnes[12] à moins de 4,5 tonnes[13],[14] avec d'après les estimations les plus récentes une fourchette allant de 7,8 à 9,9 tonnes[6],[15],[16],[17].
20
+
21
+ Si Tyrannosaurus rex était plus grand qu'Allosaurus, un autre théropode bien connu du Jurassique, il était peut-être légèrement moins imposant que Spinosaurus et Giganotosaurus, deux carnivores du Crétacé[18],[19].
22
+
23
+ Comme chez les autres théropodes, le cou du T. rex forme une courbe en forme de « S » afin de maintenir la tête au-dessus du corps, mais il est particulièrement court et musculeux afin de supporter la tête massive. Les bras sont courts et se terminent par deux doigts. En 2007, un spécimen possédant trois doigts à chaque main a été découvert dans la formation de Hell Creek dans le Montana, suggérant la possible présence d'un troisième doigt vestigial chez Tyrannosaurus[20], hypothèse restant à confirmer[21]. Proportionnellement à la taille du corps, les jambes du T. rex sont parmi les plus longues de tous les théropodes. La queue est longue et massive, constituée parfois de plus de quarante vertèbres, agissant comme un balancier permettant d'équilibrer la lourde tête et le torse. Afin d'alléger l'animal et de lui permettre de se mouvoir suffisamment rapidement, de nombreux os sont creux, réduisant la masse sans perte significative de solidité[3].
24
+
25
+ Le plus grand crâne de T. rex mesure 1,535 mètre (5 pieds) de longueur[22]. De larges cavités aériennes permettaient de réduire la masse du crâne, et laissaient la place aux attaches des muscles de la mâchoire, comme chez tous les théropodes carnivores[23]. Mais, sur d'autres aspects, le crâne de Tyrannosaurus est significativement différent de celui des autres grands théropodes. Extrêmement large à l'arrière et muni d'un museau étroit, il permet une très bonne vision stéréoscopique[24],[25].
26
+
27
+ Les os du crâne sont massifs et certains os de la face dont l'os nasal sont fusionnés, empêchant tout mouvement. Beaucoup sont pneumatisés (constitués d'une structure en nid d'abeilles de petites poches d'air) ce qui a pour conséquence de les rendre plus souples et plus légers[26]. Ces caractéristiques du crâne des tyrannosauridés leur aurait donné une morsure très puissante dépassant largement celle de tous les non-tyrannosauridés[27],[28],[29]Cependant, et malgré le cliché véhiculé par la saga des films Jurassic Park, T. rex ne pouvait pas tirer la langue, cette dernière étant supposée collée au fond de la gueule comme chez l'alligator. La conclusion est aussi valable pour la plupart des dinosaures[30].
28
+
29
+ L'extrémité de la mâchoire supérieure est en forme de « U » (alors qu'elle est en forme de « V » chez la plupart des carnivores en dehors de la super-famille des Tyrannosauroidea), ce qui augmente la quantité de chair et d'os pouvant être arrachée à chaque bouchée, tout en augmentant l'effort exercé sur les dents frontales[31],[32]. L'étude des dents de Tyrannosaurus rex montrent une importante hétérodontie, c'est-à-dire la présence de dents de morphologies différentes[3],[33].
30
+
31
+ Les prémaxillaires à l'avant de la mâchoire supérieure sont resserrés, avec des crêtes de renforcement sur la surface arrière, en forme d'incisive recourbée vers l'arrière, réduisant ainsi le risque que les dents ne s'arrachent quand Tyrannosaurus mordait et tirait. Les autres dents sont robustes, plus largement espacées et également renforcées par des crêtes[34]. Les dents de la mâchoire supérieure sont plus grandes que toutes les autres. La plus grande trouvée à ce jour est estimée à 30 cm de long, racine comprise, ce qui en fait la plus grande dent de dinosaure carnivore[5].
32
+
33
+ Dans les premiers temps, les paléontologues pensaient qu'il se tenait presque verticalement à cause de sa bipédie. Mais à la suite de la découverte de nouveaux squelettes et à des études biomécaniques, il s'avère qu'il se serait tenu à l'horizontale car c'est la seule manière pour que ses vertèbres supportent son poids. Le tyrannosaure ne devait donc pas dépasser 6 mètres de hauteur.
34
+
35
+ Il se tenait sur ses deux pattes arrière. Ses membres postérieurs, terminés par un pied à trois orteils griffus, étaient particulièrement puissants. Sa vision frontale lui permettait d'évaluer efficacement les distances. Afin de pouvoir soutenir son immense tête, ses membres antérieurs étaient atrophiés (« miniaturisés »). Ses bras avaient néanmoins des muscles développés et ils disposaient de deux doigts avec des griffes acérées. Ils servaient sans doute à maintenir la nourriture, mais étaient trop courts (comparables à ceux d'un homme) pour pouvoir la ramasser au sol. Le tyrannosaure était donc obligé de se pencher pour ronger les carcasses de ses proies. Certaines de ses dents, particulièrement impressionnantes (atteignant 18 cm de long), étaient crénelées comme des couteaux à viande. On suppose qu'il pouvait déplacer l'un de ses maxillaires vers l'arrière. D'autre part, l'usure des dents fossilisées indique qu'il mâchait des aliments relativement durs.
36
+
37
+ La mâchoire du tyrannosaure était d'une puissance phénoménale. Selon une étude publiée en 2012, elle pouvait appliquer sur une seule dent postérieure une force estimée entre 35 000 et 57 000 N, soit une pression équivalente d'environ 3,5 à 5,7 tonnes, à comparer aux 1 000 N environ d'un être humain, ou à la force 8 fois moins importante d'un alligator[35],[36]. Elle est considérée comme la plus puissante de tout le règne animal vivant ou éteint : le tyrannosaure était ainsi capable d'emporter plusieurs kilogrammes de chair lors d'un seul coup de mâchoire[réf. nécessaire].
38
+
39
+ Il n'est pas exclu que le tyrannosaure, comme d'autres dinosaures de cette époque, ait été pourvu de plumes. Une équipe de chercheurs a d'ailleurs découvert dans un fémur brisé des tissus mous » (phénomène extrêmement rare)[37],[38]. « Les vaisseaux (sanguins) et leur contenu sont similaires à ceux observés dans les os d'autruche », a rapporté la paléontologue Mary Schweitzer.
40
+
41
+ Tyrannosaurus appartient à la famille des Tyrannosauridae, à la super-famille des Tyrannosauroidea, à l'infra-ordre des Coelurosauria, au sous-ordre des Theropoda et à l'ordre des saurischiens. La famille des tyrannosauridés inclut également Daspletosaurus, dinosaure de l'Amérique du Nord et l'asiatique Tarbosaurus[39],[40], tous deux ayant parfois été considérés comme synonymes de Tyrannosaurus[32]. On a considéré autrefois les tyrannosauridés comme étant des descendants des premiers grands théropodes comme les mégalosaures et les carnosaures, mais ils ont été reclassés plus récemment parmi les cœlurosauriens[31].
42
+
43
+ En 1955, le paléontologue soviétique Evgeny Maleev nomme une nouvelle espèce Tyrannosaurus bataar, à partir de restes fossiles découverts en Mongolie en 1946[41]. Mais en 1965, les spécialistes découvrent que cette espèce se distingue du Tyrannosaurus nord-américain, et elle est alors renommée Tarbosaurus bataar[42]. De nombreuses analyses phylogénétiques ont permis de découvrir que Tarbosaurus bataar était un taxon frère de Tyrannosaurus rex[40] et il a été souvent considéré comme étant une espèce asiatique du Tyrannosaurus[31],[43],[44]. Une nouvelle description du crâne du Tarbosaurus bataar a permis de démontrer qu'il est plus étroit que celui du Tyrannosaurus rex et que la répartition de la pression lors d'une morsure devait être bien différente, plus proche de celle de l'Alioramus, un autre tyrannosaure asiatique[45].
44
+
45
+ En 2003, une analyse cladistique a montré que c'était Alioramus, et non pas Tyrannosaurus, qui était le taxon frère de Tarbosaurus, ce qui suggérerait que Tarbosaurus et Tyrannosaurus devraient bien rester distincts[39].
46
+ Cette hypothèse a été réfutée par les grandes analyses phylogénétique exhaustives conduites sur les Tyrannosauroidea, en particlulier durant les années 2010[9],[46],[10] ont démontré que Tyrannosaurus était en fait en groupe frère avec Tarbosaurus dans un petit clade et que ces deux animaux, qui sont bien deux genres distincts, étaient les plus évolués de la famille des Tyrannosauridae.
47
+
48
+ D'autres fossiles de tyrannosauridés trouvés dans les mêmes formations que Tyrannosaurus rex ont été initialement classés comme des taxons distincts, y compris Aublysodon et Albertosaurus megagracilis[32], ce dernier étant renommé Megagracilis dinotyrannus en 1995[47]. Cependant, ces fossiles sont désormais universellement considérés comme étant des formes juvéniles de Tyrannosaurus rex[48].
49
+
50
+ Un petit crâne presque complet trouvé dans le Montana, mesurant 60 cm de long, pourrait être une exception. Ce crâne a été classé initialement comme une espèce de Gorgosaurus (G. lancensis) par Charles Whitney Gilmore en 1946[49] mais il a été ensuite rattaché à un nouveau genre, Nanotyrannus[50]. Les avis restent partagés sur la validité de Nanotyrannus lancensis. De nombreux paléontologues considèrent qu'il appartient à un petit de Tyrannosaurus rex[51]. Il existe des différences mineures entre les deux espèces, notamment un plus grand nombre de dents chez N. lancensis, ce qui conduit certains à recommander de conserver les deux genres distincts jusqu'à ce que de nouvelles découvertes permettent de clarifier la situation[40],[52]. Depuis, un crâne avec une taille et un nombre de dents intermédiaires corrobore la thèse d'une seule espèce[53],[54].
51
+
52
+ Le premier fossile à avoir pu être attribué à Tyrannosaurus rex consiste en deux morceaux de vertèbres (dont l'un a été perdu) découverts par Edward Drinker Cope en 1892 et décrits comme Manospondylus gigas. Osborn reconnait la similitude entre M. gigas et Tyrannosaurus rex dès 1917 mais, en raison de la nature fragmentaire des vertèbres, il ne peut pas conclure qu'il s'agit de synonymes[57].
53
+
54
+ En juin 2000, le Black Hills Institute localise M. gigas dans le Dakota du Sud où il déterre des os appartenant au même individu, identiques à ceux de Tyrannosaurus rex. Selon les règles du Code international de nomenclature zoologique (CINZ), l'appellation originale, Manospondylus gigas, devrait avoir la priorité sur Tyrannosaurus rex. Toutefois, la quatrième édition du CINZ, datant du 1er janvier 2000, stipule que « l'usage en vigueur doit être maintenu » quand « le synonyme ou l'homonyme le plus ancien n'a pas été utilisé après 1899 » et « le synonyme ou l'homonyme le plus récent a été utilisé pour un taxon particulier dans au moins 25 ouvrages, publiés par au moins 10 auteurs dans les 50 années suivant la publication du nom »[58]. Tyrannosaurus rex peut être considéré comme étant le nom valide en vertu de ces conditions et serait probablement considéré comme nomen protectum (en) (« dénomination protégée ») alors que Manospondylus gigas serait considérée nomen oblitum (« dénomination oubliée »)[59].
55
+
56
+ En 1874, A. Lakes découvre près de Golden, dans le Colorado des dents ayant appartenu à Tyrannosaurus. Dans les années 1890, J. B. Hatcher rassemble des éléments post-crâniens à l'est du Wyoming. À l'époque, les paléontologues pensaient avoir trouvé des fossiles d'une espèce de grand Ornithomimus (O. grandis), mais ils appartenaient en réalité à Tyrannosaurus rex. Les fragments de vertèbres découverts dans le Dakota du Sud par E. D. Cope en 1892 et nommés Manospondylus gigas ont également été reclassés en Tyrannosaurus rex[60].
57
+
58
+ Les premiers restes significatifs furent découverts en 1902 et l'animal fut décrit et baptisé par Henry Fairfield Osborn en 1905. Des découvertes de squelettes entiers, en 1988 (au Montana) et 1990 (Dakota du Sud), ont fait considérablement évoluer la connaissance du tyrannosaure. En 2006, on a découvert, dans un fémur exhumé dans le Montana, des tissus mous appelés « os médullaire » qui n'existent aujourd'hui que chez les oiseaux femelles. Après déminéralisation, les paléontologues y ont retrouvé des vaisseaux sanguins ayant conservé leur élasticité.
59
+
60
+ Barnum Brown, conservateur adjoint de l'American Museum of Natural History, trouva le premier squelette partiel de Tyrannosaurus rex dans l'Est du Wyoming en 1900. H.F. Osborn appela ce squelette Dynamosaurus imperiosus dans un article en 1905. Brown trouva un autre squelette partiel dans la formation de Hell Creek au Montana en 1902. Osborn utilisa cet holotype pour décrire Tyrannosaurus rex et D. imperiosus dans le même article[11]. En 1906, Osborn reconnait les deux comme étant des synonymes, et choisi Tyrannosaurus comme étant le nom valide[61]. Les éléments d'origine de Dynamosaurus se trouvent dans les collections du Natural History Museum de Londres[62].
61
+
62
+ Au total, Brown trouva cinq squelettes partiels de Tyrannosaurus. Le spécimen de 1902 fut vendu au Musée d'histoire naturelle Carnegie de Pittsburgh en Pennsylvanie en 1941. La quatrième trouvaille de Brown, la plus complète, fut également retrouvée à Hell Creek et se trouve au Musée américain d'histoire naturelle à New York[63].
63
+
64
+ Bien qu'il existe de nombreux squelettes de Tyrannosaurus de par le monde, une seule trace de pas a été documentée : celle du Philmont Scout Ranch, dans le Nord du Nouveau-Mexique. Elle a été découverte en 1983 et identifiée et documentée en 1994[64].
65
+
66
+ Le 12 août 1990, Sue Hendrickson, paléontologue amateur américaine, découvre le plus complet (environ 85 %) et, jusqu'en 2001, le plus grand, squelette fossile de Tyrannosaurus connu dans la formation de Hell Creek près de Faith en Dakota du Sud. Ce Tyrannosaurus, surnommé « Sue » en son honneur, a fait l'objet d'une bataille juridique concernant son propriétaire. En 1997, c'est Maurice Williams, le propriétaire du terrain d'origine, qui a été déclaré propriétaire du fossile, acheté par le musée Field aux enchères pour 7,6 millions de dollars américains, ce qui en fait le squelette de dinosaure le plus cher à ce jour. De 1998 à 1999, plus de 25 000 heures de travail ont été nécessaires pour nettoyer le squelette[65]. Les os ont ensuite été expédiés au New Jersey où le montage a été réalisé. Une fois achevé, le squelette a été démonté, les os numérotés ont été renvoyés à Chicago pour l'assemblage final. Le squelette a été montré au public le 17 mai 2000 dans la grande salle du musée Field. Une étude des os fossilisés a montré que Sue avait atteint sa taille adulte à 19 ans et était morte à 28 ans, ce qui en fait le tyrannosaure le plus âgé jamais découvert[6]. L'hypothèse initiale voulant que Sue soit morte d'une morsure à l'arrière de la tête n'a pas été confirmée. Bien que l'étude du squelette ait retrouvé de nombreuses pathologies osseuses, aucune trace de morsures n'a été retrouvée[66].
67
+
68
+ Les dégâts de l'arrière de son crâne pourraient avoir été causé par un piétinement post mortem. Des spéculations récentes indiquent que Sue pourrait être morte après avoir contracté une infection parasitaire consécutive à l'ingestion de viande contaminée ; l'infection aurait provoqué une inflammation de la gorge et une impossibilité à s'alimenter, menant finalement Sue à mourir de faim. Cette hypothèse est étayée par la présence de trous dans son crâne, semblables à ceux causés par un parasite similaire, un Trichomonas touchant les oiseaux d'aujourd'hui[67],[68],[69].
69
+
70
+ Un autre Tyrannosaurus, surnommé « Stan », en honneur du paléontologue amateur Stan Sacrison, fut trouvé dans la formation de Hell Creek près de Buffalo en Dakota du Sud, au printemps 1987. Après 30 000 heures de travail de préparation et de fouille, un squelette complet à 65 % fut mis au jour. Stan est actuellement exposé à l'Institut de recherche géologique de Black Hills à Hill City dans le Dakota du Sud, après avoir effectué une tournée mondiale. Les scientifiques, dont Peter Larson (en) qui avait déjà examiné Sue, ont également retrouvé sur ce tyrannosaure de nombreuses lésions osseuses, notamment des fractures consolidées au niveau des côtes et de la nuque ainsi qu'un trou spectaculaire à l'arrière de sa tête, de la taille d'une dent de Tyrannosaurus.
71
+
72
+ Durant l'été 2000, Jack Horner découvrit cinq squelettes de Tyrannosaurus près de Fort Peck Reservoir dans le Montana. Un des spécimens, surnommé « C-rex » est l'un des plus grands Tyrannosaurus jamais retrouvé[70].
73
+
74
+ En 2001, un squelette complet à 50 % d'un petit de Tyrannosaurus est découvert dans la formation Hell Creek, par une équipe du Burpee Museum of Natural History (en) de Rockford, Illinois. Surnommé « Jane », le squelette fut initialement considéré comme étant le premier spécimen connu du tyrannosauridé nain Nanotyrannus mais des études ultérieures révélèrent que c'était plus probablement un petit de Tyrannosaurus[39]. Il s'agit du petit le plus complet et le mieux préservé à ce jour. Jane fut examiné par Jack Horner, Pete Larson, Robert Bakker, Greg Erickson (en) et plusieurs autres paléontologues de renom. Il est exposé au Burpee Museum of Natural History de Rockford, Illinois[71],[72].
75
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76
+ En avril 2006, la Montana State University révéla qu'elle était en possession du plus grand crâne de Tyrannosaurus jamais découvert. Trouvé dans les années 1960 et seulement remonté récemment, le crâne mesure 150 cm de long, comparé aux 141 cm de Sue, une différence de 6,5 %[73],[74].
77
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78
+ Une phalange de 13 cm, répertoriée sous le nom de code UCMP 137538, découverte dans la Formation de Hell Creek dans le Montana a été attribuée à un Tyrannosaurus rex[75].
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80
+ En 2013, une équipe de paléontologues de Naturalis, un musée d'histoire naturelle situé dans la ville de Leyde aux Pays-Bas, voyagea aux États-Unis, au Montana, et découvrit un nouveau spécimen de Tyrannosaurus rex, surnommé par la suite « Trix ». D'une ancienneté estimée de 66 millions d'années, il s'agit de l'un des plus grands et des plus complets spécimens découverts jusqu'à présent[76]. Le Black Hills Institute collabora dans les fouilles paléontologiques sur le site de la découverte mais l'accord entre les deux pays avait établi que ce spécimen appartiendrait au musée Naturalis, des Pays-Bas. Le squelette fut entièrement dégagé, nettoyé et monté au Black Hills Institute. Toutes ces tâches ayant été accomplies, il fut démonté et envoyé aux Pays-Bas le 23 août 2016[77], en faisant de ce spécimen de Tyrannosaurus rex l'un des deux seuls à avoir quitté le continent américain et à être conservés en permanence en Europe[78]. Le spécimen a été surnommé « Trix » d'après la reine Beatrix et, à la suite de quelques caractères ostéologiques qui y ont été constatés, il est en l'état supposé être une femelle. Pendant la rénovation du musée Naturalis (2017-2019), ce grand spécimen de Tyrannosaurus a été envoyé faire une tournée internationale sous la forme d'expositions itinérantes dont le parcours prévu à l'origine incluait plusieurs villes d'Europe et une ville en Chine, Macao. Ce parcours d'expositions itinérantes a été complété à l'exception de l'exposition à Macao, la seule à avoir été annulée[79], remplacée par la ville de Glasgow en Écosse[80]. Ainsi, le squelette de Trix, de 12,5 m de long, a d'abord été exposé au musée Naturalis en 2016, ensuite en 2017 à Salzburg en Autriche et à Barcelone en Espagne[81],[82], puis finalement à Paris, dans la galerie de Minéralogie et de Géologie du Muséum national d'histoire naturelle, du 6 juin au 4 novembre 2018[83],[84]. Un squelette d'edmontosaure, conservé dans les réserves du Muséum depuis 1911[85] et monté pour l'occasion, a été lui aussi exposé au public à Paris dans le parcours de l'exposition, cela pour illustrer le type de proie le plus habituellement consommé par le prédateur[86],[84]. Après l'exposition à Glasgow, Trix regagnera les Pays-Bas vers la mi 2019, dans sa nouvelle salle construite sur mesure au musée Naturalis[80].
81
+
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+ Le paléontologue Jack Horner a découvert cinq tyrannosaures dans un même gisement. Il suppose qu'ils vivaient en groupe. Ces individus n'ont pas pu être attirés par une proie ou une charogne : aucun reste d'herbivore n'a été trouvé à cet endroit.
83
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+ Jack Horner s'est demandé si le tyrannosaure était un chasseur ou un charognard. En effet il n'est pas un bon coureur sur de longues distances, mais certains chercheurs pensent qu'il pouvait atteindre une vitesse de pointe d'environ 40 km/h. Cependant, il aurait eu un flair très sensible, ce qui aurait compensé sa supposée mauvaise vision (mais selon de récentes études le tyrannosaure aurait possédé une vision binoculaire stéréoscopique dû à la position frontale de ses orbites, ce qui lui aurait permis d'avoir une bonne vue ainsi qu'une évaluation correcte des distances[réf. nécessaire]). On a découvert une morsure de tyrannosaure sur un Edmontosaurus qui avait cicatrisé ; l'animal est décédé postérieurement. De plus le tyrannosaure détenait une mâchoire d'une puissance phénoménale, qu'il devait probablement utiliser pour tuer des animaux vivants, ce qui en faisait un chasseur.
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86
+ Les scientifiques se demandent donc toujours s'il mangeait de la viande fraîche ou de la charogne. Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'il ait pu être à la fois prédateur et charognard, selon les opportunités qui se présentaient à lui. À titre de comparaison, dans les comportements que l'on peut observer de nos jours, il peut arriver que les lions, découvrant un cadavre encore frais, n'hésitent pas à s'en repaître.
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+ Des scientifiques ont découvert dans les fossiles de T. Rex, des traces de goutte. Ce grand carnivore devait donc souffrir de douleurs aiguës et soudaines dans les articulations, ce qui devait probablement jouer sur son comportement[87].
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+ L'identification de plusieurs spécimens de jeunes Tyrannosaurus rex a permis aux scientifiques de documenter les changements ontogénétiques, d'évaluer le cours de leur vie, et de déterminer la croissance de ces animaux. Le plus petit individu connu (LACM 28471, le théropode « Jordan ») devait peser seulement 29,9 kg, alors que les plus grands, comme le spécimen FMNH PR2081 (Sue), devaient bien atteindre plus de 5 400 kg (soit presque 6 tonnes). Des analyses histologiques d'os de T. rex ont démontré que le spécimen LACM 28471 était âgé de deux ans seulement, alors que Sue avait 28 ans, probablement l'âge limite de cette espèce[6].
91
+
92
+ L'histologie a également permis de déterminer l'âge d'autres spécimens. Il est possible de dessiner les courbes de croissance lorsqu'on peut reporter sur un graphique l'âge et le poids de différents spécimens. Celle du T. rex est une courbe en S, les jeunes ne dépassaient pas les 1 800 kg jusqu'à 14 ans environ, puis leur taille augmentait de façon significative. Durant cette phase de croissance rapide, un jeune T. rex pouvait gagner en moyenne 600 kg par an pendant quatre ans. À partir de 18 ans, la courbe se stabilise, ce qui signifie que la croissance de l'animal augmente plus lentement. Par exemple, seulement 600 kg séparent le spécimen Sue âgé de 28 ans du spécimen canadien âgé quant à lui de 22 ans (RTMP 81.12.1)[6]. Une autre étude histologique plus récente menée par différents scientifiques corrobore ces résultats, démontrant que la croissance rapide commence à ralentir à partir de 16 ans[88]. Cette rupture brutale de la vitesse de croissance entre 14 et 18 ans pourrait témoigner de l'existence d'une phase de maturité physique, synonyme de maturité sexuelle. Une hypothèse soutenue par la découverte en 2005 de tissus osseux riches en calcium, connus aussi sous le nom d'os médullaires, dans le fémur d'une T. rex âgée de 18 ans (MOR 1125, également connu sous le nom de « B-rex »)[89]. Dans la nature, ces tissus osseux ne sont retrouvés que chez les oiseaux femelles matures juste avant la ponte; ils permettent de renforcer la coquille des œufs. Les dinosaures étant également ovipares, le même phénomène intervenait peut-être à l'époque[90],[91] et cette découverte pourrait donc indiquer que la jeune « B-rex » était sexuellement mature[92]. La même découverte a été réalisée chez une femelle Allosaurus âgée de 10 ans et chez une femelle Tenontosaurus âgée de 8 ans, laissant penser que la maturité sexuelle des dinosaures serait intervenue beaucoup plus tôt que ce qui était jusqu'alors pensé. Des femelles dinosaures pouvaient donc pondre des œufs dès leur préadolescence, et de là, devenir mères[91],[93]. D'autres tyrannosauridés ont des courbes de croissances très similaires à celles de T. rex, même si leurs vitesses de croissance plus lentes correspondent à des tailles plus petites à l'âge adulte[94].
93
+
94
+ Le taux de mortalité augmente à l'approche de la maturité sexuelle, un schéma que l'on retrouve chez les autres tyrannosaures, les grands oiseaux et les mammifères. Ces espèces connaissent après une mortalité infantile élevée, un taux de survivance élevé, qui décline rapidement à la maturité sexuelle. La mortalité augmente à la maturité sexuelle, en partie du fait du stress des femelles qui accompagne la ponte. Une étude démontre que le faible nombre d'échantillons de petits est dû en partie à leur taux de mortalité bas, ces animaux ne mouraient pas en grand nombre à ces âges[94].
95
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96
+ Avec la découverte de spécimens de plus en plus nombreux, les scientifiques ont commencé à analyser les différences entre individus et ils ont identifié chez Tyrannosaurus rex deux types morphologiques distincts, similaires à d'autres espèces de théropodes. En prenant en compte leur morphologie générale, l'un a été dénommé le morphotype « robuste » alors que l'autre était dénommé « gracile ».
97
+
98
+ Plusieurs caractéristiques associées à ces deux morphotypes ont permis aux scientifiques d'en déduire qu'il s'agissait peut-être d'un dimorphisme sexuel, et que le type robuste était probablement femelle, alors que le type gracile était probablement mâle. Ainsi le pelvis de plusieurs spécimens robustes est plus large, peut-être afin de faciliter le passage des œufs dans le bassin lors de la ponte[95]. De plus chez le type robuste, on retrouve un arc hémal ou chevron — os protégeant certains éléments vitaux de la partie ventrale de la queue — de taille réduite au niveau de la première vertèbre caudale, peut-être également afin de faciliter le passage des œufs dans le conduit génital[96]. Cette hypothèse avait été déjà proposée par Alfred Romer en 1956 pour les crocodiliens[97].
99
+
100
+ L'absence d'os pénien suggère que le tyrannosaure mâle avait un pénis rétractile, comme les dinosaures aviens, les oiseaux, et les crocodiliens[98].
101
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102
+ Au début des années 2000, l'existence d'un dimorphisme sexuel chez T. rex a été remise en question. Ainsi en 2005, une étude concluait que la présence de chevrons ne permettait pas de différencier le genre des crocodiliens, et jetait ainsi le doute sur le bien-fondé de ce critère pour différencier le genre de T. rex[99]. De plus les scientifiques ont découvert que le premier chevron de Sue, un spécimen extrêmement robuste, était en fait situé très près de son pelvis, comme chez certains reptiles mâles, démontrant que la position des chevrons variait trop pour être un bon indicateur du sexe, chez les T. rex comme chez les reptiles modernes[100]. L'existence de différences morphologiques entre les différents spécimens retrouvés pourrait ne pas être liée à un dimorphisme sexuel, mais plutôt à des variations géographiques, ou à des variations dues à l'âge, les individus robustes étant les plus âgés[3].
103
+
104
+ En 2009, nous ne connaissons avec certitude le sexe que d'un seul et unique spécimen de T. rex. L'examen de « B-rex » (MOR 1125) a permis de retrouver des tissus mous préservés provenant d'os médullaire, un tissu spécialisé retrouvé chez les oiseaux femelles modernes, source de calcium permettant la production de la coquille des œufs lors de l'ovulation. Le tissu osseux médullaire n'est retrouvé naturellement que chez les femelles oiseaux, suggérant fortement que « B-rex » était une femelle, et qu'elle est morte en période ovulatoire[92]. Des études récentes ont montré que le tissu médullaire n'était jamais retrouvé chez les crocodiles, qui sont les animaux vivants les plus proches des dinosaures, avec les oiseaux. La présence partagée de tissu médullaire chez les oiseaux et les dinosaures théropodes montre les liens évolutionnaires étroits entre les deux[101].
105
+
106
+ Comme beaucoup de dinosaures bipèdes, Tyrannosaurus rex a été, de façon erronée, historiquement décrit comme un tripode marchant sur ses deux pattes postérieures avec sa queue servant d'appui au sol : avec le corps presque à la verticale, un peu à la façon d'un kangourou. Cette conception date de la reconstitution en 1865 d'un Hadrosaurus par le paléontologue américain Joseph Leidy, qui fut le premier à décrire un dinosaure en bipédie[102]. Cette représentation erronée du tyrannosaure-kangourou disparaît dans Jurassic Park qui marque le triomphe total des idées initiales de Robert Bakker sur les dinosaures[103].
107
+
108
+ Henry Fairfield Osborn, ancien président de l'American Museum of Natural History (AMNH) de New York, pensant que l'animal se tenait à la verticale, inaugura la première reconstitution d'un squelette complet de T. rex en 1915. Celui-ci resta en position debout pendant près d'un siècle, jusqu'à son démantèlement en 1992[104].
109
+
110
+ Vers 1970, les scientifiques réalisent que cette posture en position verticale avec trois points d'appui n'est pas anatomiquement possible ; elle aurait entraîné la luxation ou la détérioration de nombreuses articulations telles que celles des hanches ou celle comprise entre le crâne et les premières vertèbres cervicales[105].
111
+
112
+ La reconstitution erronée à l'AMNH a inspiré de nombreux films et peintures jusque dans les années 1990, lorsque des films comme Jurassic Park ont représenté le tyrannosaure dans une posture plus réaliste. Les représentations modernes dans les musées, l'art et les films montrent Tyrannosaurus rex avec le corps presque parallèle au sol et la queue tendue à l'arrière pour équilibrer la tête.
113
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114
+ Lorsqu'on a découvert Tyrannosaurus rex, l'humérus était la seule partie connue des pattes antérieures[11]. Le premier squelette montré au public en 1915 et monté par Osborn montrait Tyrannosaurus rex avec une main à trois doigts, comme pour Allosaurus[57]. Pourtant un an plus tôt, Lawrence Lambe avait décrit les membres antérieurs de Gorgosaurus, une espèce proche et apparentée à T. rex, comme étant courts et munis de deux doigts seulement[106]. Ce qui pouvait suggérer que Tyrannosaurus rex avait des bras similaires, hypothèse qui ne fut confirmée que bien plus tard, lorsque les premiers restes de bras entiers furent identifiés en 1989, appartenant à MOR 555, surnommé le « Wankel rex », découvert à Hell Creek[63]. Les restes de Sue comprennent également des bras complets[3].
115
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116
+ Les bras de Tyrannosaurus rex sont très petits par rapport au reste du corps, mesurant seulement 1 mètre de long. Cependant ces bras ne sont pas des structures vestigiales et montrent de larges zones d'attachement musculaires, indiquant une force considérable. Dès 1906, Osborn avait imaginé que les bras pouvaient être utilisés pour tenir fortement le partenaire lors de l'accouplement[61]. Il a été également suggéré que les bras soient utilisés pour aider l'animal à se redresser à partir d'une position couchée[105], ou pour tenir sa proie alors que les mâchoires font le reste, hypothèse qui serait soutenue par des analyses biomécaniques. Ainsi les os des bras possèdent une corticale particulièrement résistante. Le muscle biceps brachial d'un adulte était capable de soulever à lui seul une charge de 200 kg, chiffre augmentant avec l'action combinée des autres muscles du bras comme le brachial. Les mouvements des bras étaient limités, avec des amplitudes articulaires de respectivement 40 et 45° aux épaules et aux coudes - en comparaison, chez Deinonychus, les amplitudes de ces deux mêmes articulations sont 88 et 130°, et chez l'homme 360 et 165°. Ainsi, les bras de Tyrannosaurus rex, avec leur structure osseuse particulièrement solide, la force considérable développée par leurs muscles et leur amplitude de mouvement limitée, pourraient indiquer un système anatomique conçu pour agripper vite et fort une proie se débattant[107].
117
+
118
+ En 2005, Mary Higby Schweitzer de l'université de Caroline du Nord et ses collègues ont annoncé la découverte de tissus mous dans un fémur d'un tyrannosaure âgé de 68 millions d'années[37]. Les protéines extraites du fémur ont été analysées et se sont révélées être du collagène proche de celui des poulets actuels[108]. La découverte de tissus mous pour un fossile aussi âgé a été fortement contestée : Thomas Kaye et ses collègues soutenant que la substance à l'intérieur de l'os du tyrannosaure était en fait un biofilm bactérien[109]. Une étude parue en 2013 émet l'hypothèse que la présence de fer pourrait avoir permis la conservation de ces protéines[38].
119
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120
+ En 2004, la revue scientifique Nature a publié un rapport décrivant un représentant de la super-famille des Tyrannosauroidea, Dilong paradoxus, un parent de T. Rex apparu près de 60 Ma (millions d'années) avant ce dernier, et retrouvé dans un site de la formation d'Yixian en Chine. Comme de nombreux théropodes découverts dans cette formation géologique, le squelette fossilisé a été préservé dans un manteau de structures filamenteuses reconnues comme étant des structures précurseuses des plumes. C'est ainsi qu'on a également supposé que Tyrannosaurus et d'autres tyrannosauridés proches possédaient des protoplumes. Cependant, des empreintes de peau retrouvées sur de grands tyrannosauridés montrent des écailles en mosaïques[110]. Il est possible que ces protoplumes aient existé sur des surfaces de peau n'ayant pas été préservées. Mais les gros animaux ont, proportionnellement à leur volume, une surface moins importante que les plus petits. Ainsi, plus un animal est gros, moins il souffre des déperditions de chaleur. Les protoplumes deviendraient alors inutiles et pourraient avoir été secondairement perdues lors de l'évolution des grands tyrannosauridés comme Tyrannosaurus, particulièrement sous le chaud climat du Crétacé supérieur[111]. Cependant, en 2012 un Tyrannosauroidea basal de très grande taille (les spécimens adultes atteignaient 9 mètres de long pour 1 414 kg), du nom de Yutyrannus fut découvert dans la province chinoise du Liaoning avec des traces de plumes sur le cou, le bout de la queue, les jambes et les bras, ce qui suggère que sous les climats froids (des températures annuelles de 10 °C pour la province du Liaoning il y a 125 millions d'années), ces Tyrannosauroidea portaient des plumes qui servaient d'isolant[112]. En 2017, l'étude d'une empreinte de peau fossilisée de Tyrannosaurus rex trouvée dans des couches de la formation de Hell Creek au Montana datées du Maastrichtien supérieur n'a montré aucune trace de plume, semblant indiquer ainsi que cette espèce n'était pas entièrement couverte de plumes. Il n'est tout de même pas impossible qu'il y eut sur l'animal des zones emplumées localisées sur certaines parties du corps[113],[114].
121
+
122
+ On a longtemps pensé que Tyrannosaurus, comme la plupart des dinosaures était poïkilothermes, c'est-à-dire qu'ils ne contrôlaient pas leur température corporelle et avait le « sang froid », tout comme les reptiles. C'est dans les années 1960 que des scientifiques comme Robert T. Bakker et John Ostrom ont émis l'idée que le métabolisme des dinosaures ressemblait davantage à celui des mammifères et des oiseaux qu'à celui des animaux à sang froid[115],[116]. À la suite de l'analyse d'un squelette, des scientifiques ont déclaré que le Tyrannosaurus rex était homéotherme (à sang chaud), impliquant ainsi une vie très active[14]. Depuis, plusieurs paléontologues ont cherché à déterminer la capacité du Tyrannosaurus à réguler la température de son corps. Des preuves histologiques de taux de croissance rapides chez le jeune T. rex, comparables à ceux des mammifères et des oiseaux, pourrait supporter l'hypothèse d'un métabolisme élevé. Les courbes de croissance indiquent que, tout comme chez les mammifères et les oiseaux, la croissance de Tyrannosaurus rex est limitée à l'âge adulte, contrairement à la croissance indéterminée retrouvée chez de nombreux autres vertébrés[88].
123
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124
+ Les ratios d'isotopes d'oxygène présents dans les os fossilisés sont utilisés pour déterminer la température à laquelle l'os a été formé, car ces ratios sont corrélés avec la température. Chez un spécimen de T. rex on a retrouvé des ratios indiquant que la différence de température entre une vertèbre du thorax et un tibia n'était que de 4 à 5 °C. Selon le paléontologue Reese Barrick et le géochimiste William Showers cette différence minime entre le corps de l'animal et ses extrémités indique que Tyrannosaurus rex maintenait sa température interne corporelle constante, définition de l'homéothermie, et qu'il possédait un métabolisme situé entre celui des reptiles ectothermes et des mammifères endothermes[117]. D'autres scientifiques ont fait remarquer que le ratio des isotopes d'oxygène présent dans les fossiles actuels était probablement différent du ratio originel au temps où Tyrannosaurus vivait, et qu'il avait dû être modifié durant ou après le processus de fossilisation appelé la diagenèse[118]. Barrick et Showers se sont défendus en retrouvant des résultats similaires chez un autre dinosaure théropode, Giganotosaurus, vivant sur un autre continent et dix millions d'années plus tôt[119].
125
+
126
+ Des dinosaures ornithischiens montrent également des preuves d'homéothermie, alors que ce n'est pas le cas pour des varans retrouvés dans la même formation[120]. Même si Tyrannosaurus rex montre des preuves d'homéothermie, cela ne signifie pas obligatoirement qu'il était endotherme. Une telle thermorégulation peut s'expliquer par la gigantothermie, comme chez certaines tortues de mer[121],[122]. Ainsi certains grands poïkilothermes, grâce à un rapport volume / surface de peau favorable, sont capables de maintenir une température de corps et un métabolisme relativement élevés.
127
+
128
+ Il y a deux questions principales qui font débat concernant les capacités locomotrices du Tyrannosaurus : comment pouvait-il tourner ? et quelle était sa vitesse de pointe ? Ces deux questions sont liées au débat concernant le fait de savoir s'il était chasseur ou charognard.
129
+
130
+ Tyrannosaurus devait être lent à se retourner, prenant probablement une à deux secondes pour se tourner de 45° — à titre de comparaison l'Homme, qui se tient debout et n'a pas de queue, peut se retourner en une fraction de seconde[123].
131
+ Cette lenteur est due au moment d'inertie, qui quantifie la résistance d'un corps soumis à une mise en rotation et qui est particulièrement important chez Tyrannosaurus, dont une grande partie de la masse est située à distance de son centre de gravité. Il pouvait diminuer cette résistance en arquant son dos et sa queue et en rapprochant sa tête et ses bras de son corps, à la façon d'un patineur qui se regroupe pour tourner sur lui-même plus vite[124].
132
+
133
+ Les scientifiques ont avancé de nombreux chiffres concernant la vitesse maximale de course de Tyrannosaurus rex, la plupart autour de 11 m/s soit 40 km/h, avec des minima de 5–11 m/s (18–40 km/h) et des maxima autour de 20 m/s (72 km/h). Diverses techniques d'estimation ont été utilisées pour aboutir à ces chiffres car, s'il existe de nombreuses traces de pas de grands théropodes en train de marcher, aucune trace de théropodes en train de courir n'a été encore retrouvée, ce qui pourrait indiquer qu'ils ne couraient simplement pas[125]. Les scientifiques qui pensent que Tyrannosaurus était capable de courir soulignent que certaines caractéristiques anatomiques permettent à un adulte de ne peser que 4,5 tonnes et que certains animaux tels que les autruches ou les chevaux, possédant de longues jambes flexibles, sont capables d'atteindre de grandes vitesses grâce à des foulées plus lentes mais plus longues. De plus, certains avancent que Tyrannosaurus avait des muscles aux membres inférieurs plus larges que chez n'importe quel animal vivant actuel, ce qui lui aurait permis de courir jusqu'à 40 à 70 kilomètres par heure[126].
134
+
135
+ Jack Horner et Don Lessem avancèrent en 1993 que Tyrannosaurus était lent et ne pouvait probablement pas courir (présence d'une phase de suspension en l'air) car le ratio de la longueur de son fémur sur celle de son tibia était supérieur à 1, comme chez la plupart des grands théropodes et comme les éléphants modernes[63]. Cependant, Holtz écrit en 1998 que les tyrannosauridés et des groupes proches avaient les éléments distaux des membres postérieures (cheville, métatarse et orteils) significativement plus longs que la longueur du fémur de la plupart des autres théropodes, et que les tyrannosauridés et des groupes proches avait un métatarse plus efficace pour transmettre les forces de locomotion du pied à la jambe que chez les premiers théropodes. Il conclut que les tyrannosauridés et des groupes proches étaient les plus rapides des grands théropodes[127].
136
+
137
+ Christiansen écrit en 1998 que les os de la jambe de Tyrannosaurus n'étaient pas significativement plus solides que ceux des éléphants, qui sont relativement limités concernant leur vitesse de pointe et qui n'ont jamais pu courir (pas de phase de suspension en l'air), et il proposa que la vitesse maximale de Tyrannosaurus devait être d'environ 11 mètres par seconde (40 km/h), ce qui est comparable à la vitesse d'un sprinter humain. Il fit remarquer que cette estimation dépendait de nombreuses hypothèses douteuses[128].
138
+
139
+ Farlow et ses collègues avancent en 1995 qu'un Tyrannosaurus pesant 5,4 à 7,3 tonnes serait gravement voire fatalement blessé s'il tombait alors qu'il était en train de se mouvoir rapidement, car son thorax frapperait le sol avec une décélération de 6 g sans que ses petits bras puissent réduire l'impact[15]. Cependant, des animaux comme les girafes peuvent galoper à 50 km/h malgré le risque que cela représente[129],[130] et il est donc possible que Tyrannosaurus ait également pu se déplacer rapidement en cas de nécessité et malgré les risques que cela pouvait représenter[131],[132].
140
+
141
+ Des études sur la vitesse de déplacement de Tyrannosaurus avançent une allure modérée ne dépassant pas 40 km/h. Par exemple, en 2002 dans la revue Nature, un modèle mathématique est présenté[133] dont le but est de permettre d'estimer la masse musculaire nécessaire au niveau des jambes pour courir rapidement, à plus de 40 km/h[126]. L'article conclut que des vitesses supérieures à 40 km/h sont impossibles à atteindre car elles nécessiteraient de très gros muscles représentant plus de 40 à 86 % de la masse corporelle totale. Si ces muscles avaient été moins massifs, seule une vitesse d'environ 18 km/h aurait pu être atteinte. Faire des conclusions sur cette modélisation est difficile car on ne sait pas quel était le volume des muscles de Tyrannosaurus[126].
142
+
143
+ Une étude de 2007 utilisant des modèles informatiques estime la vitesse maximale de course de T. rex à 8 mètres par seconde, soit 29 km/h[134], soit légèrement plus vite qu'un footballeur professionnel et moins vite qu'un sprinter qui peut atteindre 12 mètres par seconde soit 43 km/h[135]. Cette étude se révèle quelque peu obsolète car cette dernière ne prit pas en compte la puissance des muscles de l'animal qui à la suite de certaines études s'est révélée extrêmement développée (à la suite d'une étude des marques qu'ont laissées les muscles sur les os de l'animal).
144
+
145
+ Les paléontologues qui pensent que Tyrannosaurus était incapable de courir estiment sa vitesse de pointe à 17 km/h, ce qui est toujours plus rapide que les hadrosauridés et les cératopsiens qui devaient être ses principales proies[126]. De plus, certains de ceux qui défendent le fait que Tyrannosaurus était un prédateur, avancent que sa vitesse de course n'était pas si cruciale, car même s'il était lent, il était toujours plus rapide que ses proies[136]. Cependant, Paul et Christiansen (2000) écrivent que les derniers Ceratopsia avaient des pattes arrière verticales et que les gros spécimens devaient pouvoir courir aussi vite que les rhinocéros[137]. On a retrouvé des fossiles de Ceratopsia présentant des cicatrices de morsures de Tyrannosaurus. Or, si les Ceratopsia ayant vécu en même temps que les T. rex étaient rapides, cela jette le doute sur l'argument que Tyrannosaurus n'avait pas à être rapide pour attraper ses proies[132].
146
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147
+ Deux différentes empreintes isolées de pas ont été proposées comme appartenant à Tyrannosaurus rex. La première a été découverte au Philmont Scout Ranch dans l'État du Nouveau-Mexique, en 1983, par le géologue américain Charles Pillmore. On pensait initialement qu'elle appartenait à un hadrosauridé ou « dinosaure à bec de canard », mais l'examen attentif de l'empreinte de pas révéla d'une part un large talon inconnu chez les ornithopodes et, d'autre part, les restes de ce qui aurait pu être un hallux, quatrième orteil en forme d'ergot. Cette empreinte fut décrite comme appartenant à l'ichnotaxon Tyrannosauripus pillmorei en 1994 par Martin Lockley (en) et Adrian Hunt, qui suggéraient qu'elle pouvait avoir été faite par un Tyrannosaurus rex, ce qui en ferait la première empreinte de pas connue de l'espèce. La trace est imprimée dans ce qui fut autrefois de la boue provenant d'une terre humide végétale. Elle mesure 83 cm de longueur sur 71 cm de largeur[138].
148
+
149
+ Une seconde empreinte de pas qui pourrait avoir été faite par un Tyrannosaurus fut découverte dans la formation de Hell Creek dans le Montana en 2007 par le paléontologue britannique Phil Manning. Cette seconde trace de 76 cm de long est plus petite que celle décrite par Lockley et Hunt. Qu'elle appartienne à un Tyrannosaurus n'est pas certain, bien que Tyrannosaurus et Nanotyrannus sont les deux seuls grands théropodes qui ont été retrouvés à Hell Creek. Des études plus approfondies, comparant notamment cette trace à celle du Nouveau-Mexique, sont prévues[139].
150
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+ Un ensemble d'empreintes de pas situées à Glenrock dans le Wyoming ont été décrites en 2016. Ces empreintes ont été découvertes dans des roches de la formation de Lance, datée du Maastrichtien supérieur. Elles sont considérées comme appartenant à un tyrannosauridé, soit à un Tyrannosaurus rex juvénile, soit à l'espèce Nanotyrannis lancensis. À partir de la position des empreintes de pas et de leur taille, il en a été déduit que l'animal se déplaçait à une vitesse comprise entre 4,5 et 8 km/h[140],[141].
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+ Le débat concernant le comportement charognard ou prédateur du Tyrannosaurus est aussi vieux que celui sur sa locomotion.
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+ En 1917, Lambe étudie un squelette de Gorgosaurus, une espèce proche de Tyrannosaurus, et conclut que Tyrannosaurus était un pur charognard car les dents de Gorgosaurus ne montraient aucune trace d'usure[142]. Cet argument n'est plus considéré comme valide depuis que l'on sait que les théropodes remplacent leurs dents rapidement.
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+ Depuis la première découverte de Tyrannosaurus, la plupart des scientifiques ont la certitude qu'il est un prédateur, bien que tout comme de nombreux prédateurs modernes, il aurait pu aussi voler la prise d'un autre prédateur ou être parfois charognard si l'occasion se présentait[143].
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+ Jack Horner est le principal défenseur de la théorie du tyrannosaure charognard[63],[144],[145]. Il a présenté plusieurs arguments défendant cette hypothèse :
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+ D'autres preuves suggèrent un comportement de prédateur. Les orbites du tyrannosaure étaient placées vers l'avant, lui donnant ainsi une vision binoculaire ce qui lui permettait d'évaluer les distances, bien mieux que les faucons modernes. Horner note aussi une amélioration importante de la vision binoculaire tout au long de l'évolution des tyrannosauridés, avançant qu'il n'était pas évident que la sélection naturelle favorise cette caractéristique si les tyrannosaures avaient été de purs charognards, pour qui une vision stéréoscopique n'aurait pas été un atout[24],[25]. Chez les animaux modernes, la vision binoculaire est principalement retrouvée chez les prédateurs[150].
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+ Selon certains scientifiques, si Tyrannosaurus était un pur charognard, un autre dinosaure devait être le superprédateur du Crétacé supérieur amérasien. Des autres tyrannosauridés partageant les caractéristiques de Tyrannosaurus, seuls les petits dromæosauridés auraient le potentiel pour être ce superprédateur. Les proies en haut de la chaîne alimentaire étaient alors les marginocéphales et les ornithopodes. Des supporteurs de l'hypothèse du charognard suggèrent que la taille et la puissance de Tyrannosaurus lui aurait alors permis de voler les proies tuées par de plus petits prédateurs[149]. La plupart des paléontologues acceptent l'hypothèse que Tyrannosaurus était à la fois prédateur et charognard, comme beaucoup de grands carnivores.
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+ D'autres paléontologues suggèrent que les tyrannosaures vivaient en groupes familiaux et chassaient en interaction. Les plus jeunes, plus petits, légers et habiles, auraient rabattu les proies vers les adultes embusqués. Ce type de comportement aurait peut-être été adopté par d'autres dinosaures carnivores de grande taille comme les allosaures[réf. nécessaire].
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+ William Abler (en) a émis l'hypothèse que Tyrannosaurus avait peut-être une salive infectieuse, qu'il utilisait pour tuer sa proie[151]. En examinant les dents de tyrannosaures, on s'est aperçu qu'il existait des dentelures pouvant, comme chez le Dragon de Komodo, retenir des morceaux de carcasse permettant la prolifération de bactéries, rendant leur morsure infectante. Horner note cependant que les dentelures de Tyrannosaurus ressemblent plus à des cubes alors que celles des Komodo sont arrondies[152].
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+ Depuis sa découverte en 1905, le tyrannosaure est devenu peu à peu le dinosaure le plus célèbre dans la culture populaire. C'est un des seuls dinosaures dont le nom scientifique Tyrannosaurus rex est connu du grand public, de même son abréviation T. rex est aussi répandue. Les expositions du tyrannosaure sont très populaires ; on estime à dix mille le nombre de visiteurs venus au musée Field de Chicago en 2003 pour voir Sue, le fossile le plus complet exposé.
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+ Le tyrannosaure est apparu plusieurs fois à la télévision et au cinéma, notamment dans le Monde perdu, King Kong, Fantasia, Un million d'années avant J.C., plusieurs versions filmiques et de dessins animés avec le personnage de Godzilla (monstre des croyances d'après-guerre, à la suite des chocs des bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki) comme héros, et Jurassic Park. De nombreux livres et bandes dessinées, dont Calvin et Hobbes, et le manga Gon de Masashi Tanaka, ont aussi représenté le tyrannosaure, qui est souvent montré comme le plus grand et le plus terrifiant carnivore de tous les temps. Le groupe de rock T-Rex a pris ce nom d'après l'espèce, le troisième album du groupe The Hives est intitulé Tyrannosaurus Hives.
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+ Tyrannosaurus rex est régulièrement mis en scène dans la littérature de science-fiction, qui aime imaginer des rencontres souvent mouvementées entre les humains et les dinosaures.
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+ L'un des premiers auteurs de science-fiction à mettre en scène Tyrannosaurus est l'Américain Edgar Rice Burroughs, qui les met en scène dans sa trilogie romanesque Caspak, parue en 1918, qui reprend le thème littéraire du monde perdu : durant la Première Guerre mondiale, l'équipage d'un sous-marin allemand égaré découvre une île, Caspak, où survivent à la fois des dinosaures, des mammifères de l'ère tertiaire et des humains primitifs. Un tyrannosaure apparaît dans le troisième volume, Out of time's abyss[153]. Burroughs s'inspire en outre du Tyrannosaurus pour le bestiaire d'un autre pays imaginaire, Pellucidar, auquel il consacre plusieurs romans et nouvelles entre 1914 et sa mort en 1950. Le Tyrannosaurus lui sert d'inspiration principale pour un animal imaginaire de Pellucidar, le Zarith[154].
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+ D'autres récits de science-fiction utilisent le thème du voyage dans le temps afin de mettre en présence des humains et des dinosaures comme Tyrannosaurus. La nouvelle Un coup de tonnerre, publiée par l'écrivain américain Ray Bradbury en 1952, se projette en 2055 et imagine qu'une entreprise organise des parties de chasse dans le passé à l'aide d'une machine à remonter le temps. Eckels, un chasseur intrépide, paye une forte somme afin d'aller chasser un Tyrannosaurus rex, mais au cours de la chasse il déclenche malgré lui un bouleversement temporel qui modifie l'Histoire. Pour décrire le tyrannosaure, Bradbury s'inspire probablement des vues d'artistes comme Zdenek Burian ou Charles R. Knight[155]. Le roman Mastodontia de l'auteur américain Clifford D. Simak, paru en 1978, approfondit ce thème dans une intrigue plus ample où les héros ont affaire à deux T. rex chassant en couple, une vision influencée par les thèses alors toutes récentes du paléontologue Robert Bakker sur le comportement de ce dinosaure[156]. Dans l'intervalle, le paléontologue et écrivain soviétique Ivan Efremov imagine une variation sur ce thème dans sa nouvelle L'Ombre du passé, parue en 1954, où un paléontologue découvre des "paléophotographies', des structures minérales naturelles qui ont enfermé pendant des millions d'années des images d'époques passées, et notamment une image d'un tyrannosaure[157].
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+ En 1990, l'écrivain américain Michael Crichton publie Jurassic Park, un roman de science-fiction qui imagine une utilisation commerciale de la génétique afin de recréer des dinosaures pour les enfermer dans un parc d'attraction ouvert par un milliardaire américain sur une île au large du Costa Rica. La visite du parc par des experts avant son ouverture tourne au cauchemar lorsqu'un employé coupe l'électricité le temps de s'enfuir avec des embryons qu'il souhaite revendre. Le Tyrannosaurus rex, censé être l'attraction vedette du parc, cause de nombreuses victimes. Une suite parue en 1995, Le Monde perdu, met en scène des dinosaures en liberté sur une autre île, dont des tyrannosaures qui constituent la principale menace pesant sur les personnages quand ils doivent s'aventurer sur l'île. Le succès des romans et des films qui les adaptent ou s'en inspirent contribue à populariser les tyrannosaures auprès d'un large public.
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+ La littérature pour la jeunesse met également en scène les tyrannosaures. En 1987, Hudson Talbott publie le roman We're Back! A Dinosaur's Story, qui imagine quatre dinosaures dotés d'intelligence et propulsés au XXe siècle par les soins d'un savant excentrique.
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+ La série de comic américain Turok, qui démarre en 1956 avec des dessins de Rex Maxon et des scénarios de Matthew H. Murphy, Gaylord DuBois et Paul S. Newman, met en scène deux frères aventuriers, Turok et Andar, qui explorent une vallée perdue peuplée de dinosaures et d'hommes préhistoriques.
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+ La série Devil Dinosaur , dessinée par Jack Kirby d'avril à décembre 1978 pour Marvel Comics conte les aventures, dans un monde parallèle où dinosaures et humains coexistent aux temps préhistoriques, d'un jeune anthropoïde, Moon-boy, chevauchant Red, un tyrannosaure rouge dont il est l'ami.
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+ La bande dessinée Calvin et Hobbes, créée par l'Américain Bill Watterson en 1985, met en scène les rêveries, jeux et bêtises de Calvin, un enfant de six ans, et de son tigre en peluche Hobbes. Calvin aime se transformer en dinosaure, et en général en Tyrannosaurus.
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+ Gon , un manga d'aventure humoristique de Masashi Tanaka paru entre 1992 et 2002, met en scène un bébé tyrannosaure possédant une force redoutable et disproportionnée par rapport à sa petite taille.
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+ Les adaptations au cinéma du roman Le Monde perdu d'Arthur Conan Doyle (paru en 1912) mettent souvent en scène un Tyrannosaurus rex, en dépit du fait que le roman n'en fait rien : ce roman d'aventure, qui imagine un plateau isolé du reste du monde où survivraient encore plusieurs espèces disparues ailleurs, met en scène dans l'un de ses chapitres un dinosaure carnivore non identifié, peut-être un Allosaurus ou un Mégalosaurus). l'adaptation réalisée en 1925 par Harry O. Hoyt, film muet en noir et blanc, met en scène ce dinosaure carnivore d'espèce douteuse dans une première scène, mais il fait aussi intervenir par la suite des Tyrannosaurus dans plusieurs scènes qui sont des ajouts à l'intrigue du roman d'origine. Le film met ainsi aux prises un T. rex et un Tricératops. Il s'agit du premier film à mettre en scène un Tyrannosaurus, dont l'apparence s'inspire des peintures de Charles R. Knight[158]. Dans l'adaptation de 1960 réalisée par Irwin Allen, les explorateurs remportent avec eux un œuf de T. rex qui éclot peu avant leur sortie de la vallée perdue : le professeur Challenger décide malgré tout de ramener le dinosaure nouveau-né à Londres.
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+ Le célèbre film d'aventure américain King Kong, réalisé en 1933 par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, met aux prises le gorille géant King Kong avec un Tyrannosaurus qu'il combat pour protéger la jeune femme Ann[159]. Dans le remake de 2005, réalisé par Peter Jackson, le tyrannosaure est remplacé par un « Vastatosaurus rex », une évolution imaginaire du T. rex.
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+ Le Monde perdu en 1925 puis King Kong en 1933 sont d'énormes succès publics, qui influencent durablement la postérité du Tyrannosaurus dans l'imagination populaire[159]. Au cours des décennies suivantes, de nombreux films à la célébrité moins durable mettent en scène à leur tour le Tyrannosaurus, par exemple Tumak, fils de la jungle en 1940, où les dinosaures sont représentés à l'écran par des lézards dotés de crêtes artificielles et filmés en gros plan, ou encore L'Oasis des tempêtes (The Land Unknown, traduit en Belgique par Oasis de la terreur) réalisé par Virgil W. Vogel en 1957, où le tyrannosaure est un comédien costumé[160].
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+ Pour créer le célèbre monstre japonais Godzilla, les designers de Tōhō se sont inspirés du stégosaure pour les plaques dorsales, du tyrannosaure pour la tête et de l'Allosaurus pour le corps[réf. nécessaire].
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+ Le film d'aventure Jurassic Park, réalisé en 1993 par Steven Spielberg, fait du Tyrannosaurus rex sa principale vedette[161]. Jurassic Park est un parc zoologique imaginaire dans lequel des généticiens sont parvenus à recréer des dinosaures. Au cours du film, on peut voir le dinosaure s'évader de son enclos et parcourir le parc pour chasser les visiteurs, les employés et d'autres dinosaures. Sans doute le dinosaure le plus iconique du film, avec les Vélociraptors. Le dinosaure réapparaît systématiquement dans les suites de ce film. Dans Le Monde perdu, une famille de Tyrannosaurus est séparée, car un père et son petit sont capturés et emmenés à San Diego. Dans Jurassic Park 3, un jeune (juvénile) Tyrannosaurus se fait tuer par un Spinosaurus. Dans Jurassic World (juin 2015), le Tyrannosaurus original de Jurassic Park fait son grand retour. Il apparaît à la fin du film où il affronte l'Indominus Rex (dinosaure hybride, vedette et principal antagoniste du film) mais se fait maitriser par ce dernier qui est alors sur le point de le tuer. Mais l'arrivée du Vélociraptor Blue (en réalité un deinonychus, mais les réalisateurs l'ont plutôt appelé un raptor car c'était plus accrocheur) permet néanmoins de remporter le combat.
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+ La Nuit au musée, film fantastique où les animaux et les objets conservés dans un musée prennent vie pendant la nuit, un squelette de Tyrannosaurus prend vie une fois que la nuit est tombée et se comporte comme un chien en rapportant un de ses os que le gardien lui lance.
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+ Dans Dino King (2012), un tarbosaure doit affronter un tyrannosaure qui a tué sa famille.
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+ Le dessin animé musical Fantasia, produit par Walt Disney Pictures, en 1940, consacre une de ses séquences à l'évolution de la vie, sur la musique du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. Au cours d'une des scènes de cette séquence, un Tyrannosaurus terrorise d'autres dinosaures et engage un combat avec un Stegosaurus, ce qui constitue un anachronisme, les deux animaux ayant vécu à des périodes différentes.
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+ La série de dessins animés Le Petit Dinosaure, dont le premier film est Le Petit Dinosaure et la Vallée des merveilles, réalisé par Don Bluth en 1988, met en scène un jeune apatosaure, Petit-Pied, et ses amis. Tous doivent fuir devant un Tyrannosaurus, qu'ils appellent « Dents tranchantes ». Par la suite, ils adopteront Gobeur, un bébé T. Rex.
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+ Les Quatre Dinosaures et le Cirque magique, produit par Universal Studios en 1994, a pour personnages principaux plusieurs dinosaures, dont un T.rex appelé Rex, qui a été rendu gentil par le professeur Bon Œil.
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+ Sortis au cours des années 2000 et 2010, les dessins animés Toy Story, Toy Story 2 et Toy Story 3, produits en images de synthèse par les studios américains Pixar, mettent en scène des jouets doués de vie. Parmi eux, le personnage Rex est un Tyrannosaurus en plastique vert, peureux et comique.
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+ Dans L'Âge de glace 3, sorti en 2009, le paresseux Sid adopte des bébés T. rex.
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+ Le film d'animation japonais Omae Umasō da na a pour personnage principal un Tyrannosaurus nommé Heart, élevé par une femelle Maiasaura et qui adoptera un jeune Ankylosaurus nommé Umasō ("Délicieux" en japonais ; Heart a dit qu'il avait l'air délicieux, mais Umasō a cru que c'était son nom). Le film présente d'autres Tyrannosaurus, notamment le plus grand et puissant d'entre eux, nommé Baku.
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+ Tyrannosaurus apparaît dans l'épisode 5 de la saison 5 de la série anglaise Primeval, il apparait dans un lieu très fréquenté de Londres et s'attaque aux passants.
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+ Dans Prehistoric Park, Nigel Marven doit sauver les tyrannosaures de l'extinction.
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+ Dans les 3 séries du type Super Sentai dont le thème est les dinosaures (à savoir Zyuranger, Abaranger et Kyoryuger et leurs adaptations sous la licence Power Rangers), le Tyrannosaurus est l'emblème du leader (le Ranger Rouge) du groupe (respectivement Tyranno Ranger, AbaRed et KyoryuRed).
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+ Dans la série télévisée d'animation japonaise Dinosaur King, diffusée en 2007-2008, le Gang Alpha possède un Tyrannosaurus nommé Terry, capable de créer des flammes.
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+ Très présent dans les jeux vidéo, Tyrannosaurus rex constitue souvent un ennemi redoutable comme dans plusieurs jeux ou séries de jeux : Dino Crisis (action-horreur, 1999) et ses suites, Lost Eden (aventure, 1995), Tomb Raider (action-aventure, commencée en 1996), Turok: Dinosaur Hunter (1997) et ses suites, ParaWorld (stratégie, 2006), dans Ark: Survival Evolved (action-aventure, 2015) et dans The Isle (simulation, 2015). Il est aussi présent dans tous les jeux adaptés des romans et films Jurassic Park. Le personnage de Gon (héros du manga éponyme) apparaît en tant que personnage jouable dans la version Playstation du jeu de combat Tekken 3 (1998).
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+ Le 4 octobre 1997, chez Sotheby's à New York un squelette de Tyrannosaurus rex, surnommé Sue d'après le nom de sa découvreuse, fut adjugé à 8 362 500 dollars, la somme la plus importante jamais payée pour un fossile[162],[163]. Parmi neuf enchérisseurs, ce fut le musée Field de Chicago qui remporta les enchères notamment grâce à des partenaires industriels.
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+ En mars 2007, un crâne de Tyrannosaurus rex fut acheté 276 000 dollars par un collectionneur de Californie, la troisième plus importante somme jamais payée pour un spécimen préhistorique[164].
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+ Squelette exposé à Washington
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+ Vue de face
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+ Détail membre antérieur
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+ Détail des mâchoires
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+ « One palaeontologist memorably described the huge, curved teeth of T. rex as 'lethal bananas' »
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241
+ « Le 4 octobre 1997, chez Sotheby's, à New York, eut lieu une vente historique : un Tyrannosaurus rex, nommé Sue en l'honneur de sa découvreuse, fut adjugé à 8 362 500 US dollars au terme d'une bataille ayant opposé neuf enchérisseurs. »
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