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En hydrographie, une rivière est un cours d'eau au débit moyen à modéré (supérieur à 2 m3/s), recevant des affluents et qui se jette dans une autre rivière ou dans un fleuve[1].
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En français courant, une rivière est un cours d'eau d'une certaine importance, inférieure subjectivement à celle d'un fleuve[2], sans autre égard à son débouché.
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Pourtant cette affirmation est erronée au regard de la définition hydrographique. En effet, il n'est pas rare de rencontrer des fleuves qui sont plus "petits" que certaines rivières (à titre d'exemples : la Saône à Lyon, qui présente un lit et un débit importants, reste une rivière. À l'inverse, l'Huveaune, fleuve côtier marseillais, présente un lit et un débit beaucoup plus restreints).
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Quand le substrat le permet (porosité suffisante), la rivière peut être accompagnée d'un compartiment écologique parallèle où l'eau s'écoule plus lentement, dit compartiment sous-fluvial.
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L'origine de la rivière s'appelle la source. La rivière coule dans un chenal appelé le lit, qui chemine dans les terres jusqu'au terme de la rivière, l'embouchure. Celle-ci peut donner dans une autre rivière, un fleuve (on parle alors de confluent pour désigner l'embouchure) ou un lac. Certaines rivières s'assèchent progressivement en arrivant dans une zone aride, et n'ont pas d'embouchure à proprement parler. On parle alors d'endoréisme.
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Chaque rivière collecte et stocke l'eau d'un « sous bassin versant », l'ensemble de ces sous-bassins constituant le bassin versant d'un fleuve. Les rivières ont divers faciès et abritent divers écosystèmes, de la source à leur embouchure. On parle de torrent si la pente est forte et le courant rapide. La berge porte généralement une large bande boisée, appelée ripisylve. On parle de forêt-galerie si la canopée est jointive au-dessus de la rivière.
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D'une manière générale, le lit de la rivière suit la topologie des lieux[3],[4] :
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l'eau a augmenté de 3. 8%
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Les rivières font partie des zones humides abritant de nombreux habitats et diverses espèces, dont certaines sont migratrices. Dans l'hémisphère nord, des espèces telles que saumons, castors, loutres, écrevisses, invertébrés, et plantes et algues y jouent des fonctions importantes. Certaines de ces espèces sont menacées, inscrites sur des listes rouges ou espèces protégées par la législation environnementale. Certains habitats menacés ou d'intérêt européen peuvent relever de la Directive habitats.
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Les rivières en collectant les eaux du micro-bassin versant sont aussi le réceptacle de nombreuses pollutions (domestiques, urbaines, industrielle, agricoles), ce qui explique que les organismes d'eau douce comptent parmi les espèces les plus menacées dans le monde. Certaines rivières sont en contact direct avec la nappe qui les alimente. En France la pollution par les eaux usées domestiques et industrielles a fortement régressée, mais en dépit des plans nitrates successifs et du plan Ecophyto, la plupart des rivières sont encore concernées par une pollution chronique par les nitrates et les pesticides[5]. En 2010-2011, des pesticides étaient retrouvés sur « 89 % des points de mesure en métropole » (pour 56 % des points des départements d’outre-mer, hors Guyane)[5]. « Plus de 20 pesticides différents sont décelés sur plus de 26 % des points de mesure »[5]. Pour l'écologie du paysage, les rivières (et leurs berges et milieux associés) jouent un rôle majeur de corridor biologique, que la loi (Lois Grenelle) demande de ne pas artificiellement fragmenter sans mesure compensatoire efficaces permettant aux espèces de circuler le plus normalement dans tout le cours d'eau.
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Selon une étude en 2010, 80 % de la population mondiale vit dans des zones où l'état des rivières menace gravement l'accès à l'eau pour les populations humaines. Cette étude internationale est basée sur une modélisation informatique prenant en compte 23 facteurs de stress (taux d'urbanisation, développement agricole et industriel, captage d'eau, niveau de pollution, etc.) pour évaluer la santé des plus grandes rivières du monde[6].
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Sur substrat fragile, la rivière sauvage est erratique, avec des zones d'érosion et de dépôt. Dans la nature, ces phénomènes sont normaux et utiles à la diversité des habitats, mais ils sont peu compatibles avec la propriété privée. Le génie végétal ou le génie écologique stabilisent efficacement ce type de berges, largement fragilisées par la disparition des ripisylves. Rats musqués, vaches, chevaux et humains peuvent aussi « dégrader » les berges.
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Dans le haut de certains bassins versants, des obstacles naturels et barrages de castor peuvent contribuer à réguler et adoucir le débit de l'eau, en limitant les inondations, sans empêcher la remontée des poissons migrateurs, en posant moins de problèmes que les gros obstacles artificiels (barrages, ponts…) qui peuvent boucher le passage des migrateurs. Ces « gués » naturels peuvent aussi diminuer le caractère fragmentant de nombreuses rivières pour de nombreuses espèces ; les rivières ont été utilisées pour la boisson et la pêche, pour le cresson et comme moyens de transports dès la Préhistoire (transport de personnes ou marchandises ou matériaux).
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Elles ont ensuite été utilisées pour l'irrigation, l'arrosage, pour abreuver le bétail, comme source de matériaux (galets, gravier, sable, sédiment) et pour la force de l'eau, utile aux forges et moulins à eau (à grain ou à fouler le drap ou battre le métal, etc.) et plus tardivement pour produire de l'électricité (barrage hydroélectrique, petite hydroélectricité ou comme source de frigories (pour le refroidissement des centrales nucléaires notamment). Au XXe siècle, diverses pratiques de loisir se sont également développées en rivière : raft, canoë, kayak, canyoning, pêche de loisir.
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Selon les pays, divers droits coutumiers et lois précisent ou règlent les droits et devoirs des riverains, des pêcheurs et des usagers. Dans un même pays, une rivière peut avoir des statuts différents selon le segment considéré.
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Curt Herrmann (en), 1896.
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Jan van Goyen, 1625.
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En français courant, une rivière est un cours d'eau d'une certaine importance, inférieure subjectivement à celle d'un fleuve[2], sans autre égard à son débouché.
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Pourtant cette affirmation est erronée au regard de la définition hydrographique. En effet, il n'est pas rare de rencontrer des fleuves qui sont plus "petits" que certaines rivières (à titre d'exemples : la Saône à Lyon, qui présente un lit et un débit importants, reste une rivière. À l'inverse, l'Huveaune, fleuve côtier marseillais, présente un lit et un débit beaucoup plus restreints).
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Quand le substrat le permet (porosité suffisante), la rivière peut être accompagnée d'un compartiment écologique parallèle où l'eau s'écoule plus lentement, dit compartiment sous-fluvial.
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L'origine de la rivière s'appelle la source. La rivière coule dans un chenal appelé le lit, qui chemine dans les terres jusqu'au terme de la rivière, l'embouchure. Celle-ci peut donner dans une autre rivière, un fleuve (on parle alors de confluent pour désigner l'embouchure) ou un lac. Certaines rivières s'assèchent progressivement en arrivant dans une zone aride, et n'ont pas d'embouchure à proprement parler. On parle alors d'endoréisme.
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Chaque rivière collecte et stocke l'eau d'un « sous bassin versant », l'ensemble de ces sous-bassins constituant le bassin versant d'un fleuve. Les rivières ont divers faciès et abritent divers écosystèmes, de la source à leur embouchure. On parle de torrent si la pente est forte et le courant rapide. La berge porte généralement une large bande boisée, appelée ripisylve. On parle de forêt-galerie si la canopée est jointive au-dessus de la rivière.
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Les rivières en collectant les eaux du micro-bassin versant sont aussi le réceptacle de nombreuses pollutions (domestiques, urbaines, industrielle, agricoles), ce qui explique que les organismes d'eau douce comptent parmi les espèces les plus menacées dans le monde. Certaines rivières sont en contact direct avec la nappe qui les alimente. En France la pollution par les eaux usées domestiques et industrielles a fortement régressée, mais en dépit des plans nitrates successifs et du plan Ecophyto, la plupart des rivières sont encore concernées par une pollution chronique par les nitrates et les pesticides[5]. En 2010-2011, des pesticides étaient retrouvés sur « 89 % des points de mesure en métropole » (pour 56 % des points des départements d’outre-mer, hors Guyane)[5]. « Plus de 20 pesticides différents sont décelés sur plus de 26 % des points de mesure »[5]. Pour l'écologie du paysage, les rivières (et leurs berges et milieux associés) jouent un rôle majeur de corridor biologique, que la loi (Lois Grenelle) demande de ne pas artificiellement fragmenter sans mesure compensatoire efficaces permettant aux espèces de circuler le plus normalement dans tout le cours d'eau.
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Selon une étude en 2010, 80 % de la population mondiale vit dans des zones où l'état des rivières menace gravement l'accès à l'eau pour les populations humaines. Cette étude internationale est basée sur une modélisation informatique prenant en compte 23 facteurs de stress (taux d'urbanisation, développement agricole et industriel, captage d'eau, niveau de pollution, etc.) pour évaluer la santé des plus grandes rivières du monde[6].
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Sur substrat fragile, la rivière sauvage est erratique, avec des zones d'érosion et de dépôt. Dans la nature, ces phénomènes sont normaux et utiles à la diversité des habitats, mais ils sont peu compatibles avec la propriété privée. Le génie végétal ou le génie écologique stabilisent efficacement ce type de berges, largement fragilisées par la disparition des ripisylves. Rats musqués, vaches, chevaux et humains peuvent aussi « dégrader » les berges.
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Dans le haut de certains bassins versants, des obstacles naturels et barrages de castor peuvent contribuer à réguler et adoucir le débit de l'eau, en limitant les inondations, sans empêcher la remontée des poissons migrateurs, en posant moins de problèmes que les gros obstacles artificiels (barrages, ponts…) qui peuvent boucher le passage des migrateurs. Ces « gués » naturels peuvent aussi diminuer le caractère fragmentant de nombreuses rivières pour de nombreuses espèces ; les rivières ont été utilisées pour la boisson et la pêche, pour le cresson et comme moyens de transports dès la Préhistoire (transport de personnes ou marchandises ou matériaux).
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Elles ont ensuite été utilisées pour l'irrigation, l'arrosage, pour abreuver le bétail, comme source de matériaux (galets, gravier, sable, sédiment) et pour la force de l'eau, utile aux forges et moulins à eau (à grain ou à fouler le drap ou battre le métal, etc.) et plus tardivement pour produire de l'électricité (barrage hydroélectrique, petite hydroélectricité ou comme source de frigories (pour le refroidissement des centrales nucléaires notamment). Au XXe siècle, diverses pratiques de loisir se sont également développées en rivière : raft, canoë, kayak, canyoning, pêche de loisir.
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Classification phylogénétique
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Le riz est une céréale de la famille des Poacées (anciennement graminées), cultivée dans les régions tropicales, subtropicales et tempérées chaudes pour son fruit, ou caryopse, riche en amidon. Il désigne l'ensemble des plantes du genre Oryza, parmi lesquelles les deux seules espèces cultigènes[1], qui sont cultivées le plus souvent dans des champs plus ou moins inondés appelés rizières : Oryza sativa (appelé couramment « riz asiatique ») et Oryza glaberrima (appelé couramment « riz ouest-africain » ou « riz de Casamance »).
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Dans le langage courant, le terme de riz désigne le plus souvent ses grains, qui sont un élément fondamental de l'alimentation de nombreuses populations du monde, notamment en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie. C'est la première céréale mondiale pour l'alimentation humaine (à lui seul il représente 20 % des besoins mondiaux en énergie alimentaire[2]), la deuxième après le maïs pour le tonnage récolté. Le riz est notamment l'aliment de base de la cuisine asiatique, chinoise, indienne et japonaise.
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Diverses agences conseillent de surveiller les apports alimentaires en riz pour les nourrissons et les femmes enceintes, en raison des quantités naturellement élevés d'arsenic dans le riz.
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Le riz est une plante annuelle glabre à chaume dressé ou étalé de hauteur variable, allant de moins d'un mètre jusqu'à cinq mètres pour les riz flottants. C'est une plante prédisposée au tallage, formant un bouquet de tiges, à racines fasciculées. Les fleurs, en épillets uniflores, sont groupées en panicules de 20 à 30 cm, dressées ou pendantes. Le fruit est un caryopse enveloppé dans deux glumelles grandes, coriaces et adhérentes, l'ensemble formant le riz complet. La masse volumique du riz blanc cru en vrac est d'environ 0,9 g/cm3.
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Selon la texture du caryopse, on distingue les variétés ordinaires, à tégument blanc, le plus souvent, ou rouge ; ou glutineuses (ou riz gluant, sweet rice). Les variétés de riz africain sont généralement à tégument rouge.
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Les riz appartiennent au genre Oryza L. qui comprend 22 espèces[1], dont deux sont cultivées, Oryza sativa L., originaire de l'Asie, la plus cultivée et Oryza glaberrima Steud., ou riz de Casamance, originaire d'Afrique de l'Ouest[3].
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Oryza sativa provient de divers événements de domestication ayant eu lieu environ 5000 ans av. J.-C. en Inde du Nord, et autour de la frontière sino-birmane. Le parent sauvage du riz cultivé est Oryza rufipogon (anciennement, les formes annuelles de Oryza rufipogon ont été nommées Oryza nivara). À ne pas confondre avec le riz, nommé riz sauvage, du genre botanique Zizania.
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Oryza glaberrima provient de la domestication de Oryza barthii. On ne sait pas où a eu lieu la domestication, mais elle semble dater d'avant 500 av. J.-C.. Depuis quelques dizaines d'années, ce riz est de moins en moins cultivé en Afrique où le riz asiatique lui est de plus en plus préféré. Aujourd'hui, des variétés hybrides sativa-glaberrima combinant les qualités des deux espèces sont diffusées sous le nom de Nérica[4].
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À partir de sa récolte, le riz peut être commercialisé à plusieurs stades de transformation :
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Généralement, 1 kg de riz paddy donne 750 g de riz complet et 600 g de riz blanc.
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Lors de sa commercialisation à des fins alimentaires, ou lors de son utilisation dans des recettes, les différentes variétés de (grains de) riz peuvent être classées suivant deux critères : la taille des grains et leur appartenance à un type de riz ayant des caractéristiques particulières.
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La classification usuelle du riz, suivant la taille de ses grains, dont la taille des variétés commerciales est généralement comprise entre 2,5 mm et 10 mm[7], est la suivante[8] :
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Cette classification s'accompagne aussi de classification sur des critères plus gustatifs. On distingue souvent le riz gluant asiatique (dont les grains sont souvent longs ou moyens et s'agglutinent entre eux), les riz parfumés qui ont une saveur particulière (le basmati et le thaï étant les plus connus en Occident), ou encore le riz à risotto (qui est le plus souvent du riz rond ou moyen, comme l'Arborio ou le Carnaroli).
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De plus, on utilise dans certaines parties du monde différents cultivars pour obtenir différentes couleurs de riz, comme rouge (Madagascar), jaune (Iran) ou encore violet (Laos).
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Les labels européens :
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IGP : Riz de Camargue [9], en Italie: riso del Delta (delta du Pô), Riso Nano Vialone Veronese (demande introduite), au Portugal: arroz carolino do Baixo Mondego [10], arroz Carolino das Lezírias Ribatejanas [10],
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AOP : en Espagne arroz del Delta del Ebro (sous les formes Bahía et Bomba), arroz de Valencia (sous les formes Bomba, Bahia, Sénia et Abufera), en Italie riso di Baraggia Biellese e Vercellese.
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Ces appellations sont protégées
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Le riz cultivé existe en de très nombreuses variétés, plusieurs milliers, qui ont été class��es historiquement en trois groupes : japonica à épillet court, indica à épillet très long, et un groupe intermédiaire, anciennement nommé javanica.
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Aujourd'hui, on classe le riz asiatique en deux sous-espèces, indica et japonica, sur une base moléculaire[11], mais aussi d'incompatibilité reproductive. Ces deux groupes correspondent à deux événements de domestication ayant eu lieu de part et d'autre de l'Himalaya. Les riz anciennement nommés javanica appartiennent au groupe japonica. On parle parfois de japonica tropicaux.
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La sous-espèce indica regroupe des indica classiques, les écotypes « aus », et des écotypes flottants.
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La sous-espèce japonica regroupe les japonica tempérés et tropicaux (ex-javanica, généralement adaptés à la culture « sèche », c'est-à-dire sans inondation du champ), les riz long grain parfumés (basmati et sari) et des écotypes flottants.
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Les milliers de variétés de riz existantes sont parfois classées selon leur degré de précocité, selon la longueur du cycle végétatif (en moyenne 160 jours). On parle alors de variétés très précoces (90 à 100 jours, écoptypes « aus »), précoces, semi-précoces, tardives, très tardives (plus de 210 jours). Ce mode de classement, s'il est pratique d'un point de vue agronomique, n'a cependant aucune valeur taxonomique.
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Il existe plus de 360 variétés de riz inscrites dans le catalogue européen des espèces et variétés[12]. Environ 118 variétés de riz sont inscrites au catalogue officiel français[13].
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Le riz sauvage appartient à un genre voisin : la zizanie, Zizania aquatica L. et Zizania palustris, originaire de la région des Grands Lacs, en Amérique du Nord.
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Le genre Oryza comprend une vingtaine d'espèces différentes[14]. De nombreuses classifications de ces espèces en complexes, en tribus, en séries, etc., ont été proposées, et se recoupent plus ou moins les unes les autres. La classification proposée ici présente l'avantage d'être simple, et reprend les travaux les plus récents[15]. La base de ces classifications est l'organisation du génome (ploïdie, niveau d'homologie des génomes, etc.), mais est cohérente avec les caractéristiques morphologiques observées chez ces différentes espèces.
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Deux autres groupes plus petits en nombre d'espèces sont décrits dans la littérature :
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Enfin, les deux espèces suivantes ne sont regroupées avec aucune autre :
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L'être humain a commencé à cultiver le riz il y a près de 10 000 ans, lors de la révolution néolithique. Il se développe d'abord en Chine, puis dans le reste du monde. La collecte de riz sauvage (dont la balle se détache spontanément) est en effet attestée en Chine dès 13000 av. J.-C. puis ce riz disparaît (à cause d'une sécheresse ?), tandis que le riz cultivé (riz sélectionné pour son rendement et sa balle qui se conserve et n'est emportée par le vent que lors du vannage des grains[16]) apparaît vers 9000 av. J.-C. après avoir subi des hybridations avec l'espèce sauvage vivace Oryza rufipogon (qui existe depuis moins de 680 000 ans[17]) et l'espèce sauvage annuelle Oryza nivara, ces différents riz coexistant pendant des milliers d'années, ce qui favorisa les échanges génétiques[18]. Ce n'est qu'il y a environ 5 000 ans, en Chine, que le riz domestique a cessé de varier et de s'hybrider, devenant la seule forme de riz cultivée[19].
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Le riz était connu des anciens Grecs, depuis les expéditions d'Alexandre le Grand en Perse.
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Le riz est mentionné dès 1393 en France, dans Le Mesnagier de Paris, mais c'est encore un produit d'importation. Ce sont les musulmans qui l'introduisent en al-Andalus (péninsule Ibérique). En Italie, il apparaît en 1468. En France, des tentatives de cultures sont réalisées au XVIIe siècle, mais ce n'est que dans la seconde moitié du XXe siècle que cette culture se développe, parallèlement à l'aménagement du delta du Rhône[20].
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Le riz est cultivé de diverses manières. La riziculture pluviale, sans inondation du champ, est une culture non aquatique, elle se distingue des cultures aquatiques, la riziculture inondée où le niveau d'eau n'est pas contrôlé, et la riziculture irriguée où la présence d'eau et son niveau sont contrôlés par le cultivateur[21]. Un champ cultivé en riz est nommé rizière.
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Près de 2 000 variétés de riz sont aujourd'hui cultivées. Les difficultés liées à la culture du riz font que, contrairement au blé, il est cultivé dans très peu de pays. Ainsi, près de 90 % de la production mondiale est fournie par l'Asie des moussons. À elles seules, les productions totales additionnées de la Chine et de l'Inde dépassent la moitié de la production mondiale. Cela s'explique notamment par les exigences du riz en matière climatique.
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En effet, les besoins de la plante en chaleur, en humidité et en lumière sont très spécifiques. Ce n'est que dans les régions tropicales et subtropicales que le riz peut être cultivé toute l'année. L'intensité lumineuse exigée limite sa production aux zones se situant entre le 45e parallèle nord et le 35e parallèle sud, tandis que les conditions pédologiques requises s'avèrent plus souples, la plante étant relativement accommodante. La culture du riz requiert cependant une humidité importante : les besoins s'élèvent à au moins 100 mm d'eau par mois.
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Le riz entraîne donc une forte consommation domestique en eau.
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À tous ces obstacles climatiques s'ajoute la difficulté à récolter le riz. La récolte n'est pas partout automatisée (moissonneuses), ce qui nécessite une main-d'œuvre humaine importante. Cet aspect des coûts en capital humain joue un rôle prépondérant dans la considération du riz comme une culture de pays pauvres.
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La riziculture « irriguée » exige des surfaces planes, des canaux d'irrigation, des levées de terre, elle est effectuée en plaine ou bas-fonds. En zone montagneuse, ce type de culture est parfois pratiqué en terrasses. De plus, les plantules de riz aquatique sont en premier lieu obtenues sous pépinière avant d'être repiquées sous une lame d'eau, dans un sol préalablement labouré. Sur le long terme, l'entretien pose aussi de sérieux problèmes, car il exige sarclage et désherbage de la terre avant d'effectuer la récolte à la faucille obligatoire, et dont les rendements s'avèrent faibles. Ce mécanisme est celui de la culture rizicole dite « intensive », car ayant les meilleurs rendements et permettant plusieurs récoltes par an (jusqu'à sept tous les deux ans, soit plus de trois par an dans le delta du Mékong).
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La riziculture « inondée » se pratique dans des zones naturellement inondables. Dans cette catégorie entrent deux types de culture, l'un à faible profondeur, et comparable en moins contrôlé à la culture irriguée, l'autre à forte profondeur (parfois entre 4 et 5 mètres lors de crues[21]) où des variétés particulières de riz flottant, comme Oryza glaberrima, sont cultivées. Ces cultures sont traditionnelles dans le delta central du Niger au Mali, de Ségou à Gao, ou même Niamey. Semé sans repiquage, ce riz aquatique est à croissance rapide, mais peu productif[22]. Le terme « riz flottant » est impropre, bien que les tiges fortement allongées et pleines d'air flottent au moment de la décrue. Il faut y préférer « riz de crue », ou deep flood rice. Il faut des variétés photosensibles. Le cycle dépend à la fois de la pluviométrie et de la crue : germination et tallage se font en pluvial, montaison sous crue montante jusqu'à 4 cm/jour, épiaison et floraison sous crue stable, maturation et récolte à la décrue.
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Au Mali, cette culture va de Ségou à Gao, le long du fleuve et des rivières importantes. Au-delà du delta central, la crue peut tarder à baisser : il faut alors récolter en pirogue (lac Télé en particulier)[23]. Parfois, il existe des situations intermédiaires où le niveau d'inondation est partiellement contrôlé[24] : des aménagements simples d'un coût de l'ordre du dixième des coûts pour l'irrigation, permettent de retarder la crue et la décrue. Des compléments d'aménagements permettent de diminuer la hauteur d'eau pour chaque zone d'altitude. Il faut changer de variété tous les 30 cm de hauteur d'eau. Il y a peu de recherche à ce sujet, mais les variétés traditionnelles résistent mieux aux aléas d'inondation. Elles sont peu productives mais fort goûteuses[25].
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Il existe également une riziculture dite « pluviale », dépendant uniquement de la pluviométrie. Le riz pluvial n'est pas cultivé « les pieds dans l'eau » et ne requiert pas d'irrigation en continu. Ce type de culture peut se rencontrer dans les zones tropicales d'Afrique de l'Ouest. Ces cultures sont « extensives » ou « sèches », et offrent des rendements plus faibles que la riziculture irriguée.
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Jusqu'à plus de 8 000 m3/ha.
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La culture du riz nécessite des quantités très importantes d'eau, plus de 1 500 tonnes d'eau par tonne de riz. C'est la raison pour laquelle elle est localisée dans des zones arrosées ou humides, comme la Chine du Sud, les deltas du Mékong et du fleuve Rouge au Vietnam, ou la Camargue en France.
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La culture intensive du riz contribue à l'effet de serre, car elle est à l'origine de l'émission d'une quantité assez importante de méthane[26],[27] (environ 120 g par kg de riz) puissant gaz à effet de serre.
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En riziculture, deux types de bactéries agissent : les bactéries anaérobies se développent en l'absence d'oxygène ; les bactéries aérobies se développent en présence d'oxygène. Les bactéries anaérobies produisent du méthane, et les aérobies en consomment. Les techniques d'irrigation couramment utilisées pour la riziculture favorisent le développement principal des bactéries anaérobies, donc la production de méthane n'est que très peu absorbée par les bactéries aérobies. Conséquence, une grande quantité de méthane est produite et lâchée dans l'atmosphère. Des techniques alternatives d'irrigation pourraient cependant être utilisées pour limiter ce problème.
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La production d'un kilogramme de riz correspond à l'émission de 120 g de méthane. La riziculture représente de ce fait le deuxième producteur mondial de méthane avec 60 millions de tonnes par an ; juste derrière l'élevage des ruminants, qui génère 80 millions de tonnes par an.
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La protection phytosanitaire du riz est réglementée, notamment en France[28].
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Ces dernières années, la hausse de la production de riz fut surtout due à la hausse des rendements, environ 4,5 t/ha. La production générale de riz fluctue moins que celle du blé, du fait notamment des moindres enjeux économiques et politiques.
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En 2014, la production mondiale de riz complet s'est élevée à 740 millions de tonnes (Mt) contre seulement 585, en 2003 (source : FAO).
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Historiquement, si l'Égypte fait partie des plus grands producteurs exploitants du riz, elle connaît des difficultés depuis 2008. Sa politique en affaires internationales a interdit en effet, dès 2008, l'exportation de ses productions de riz. Décision qui est marquée définitivement en 2011 avec la révolte du peuple contre le président dictateur, Hosni Mubarak. Le Mali est grand producteur de deux types de riz : riz de crue (glaberrima) traditionnel et riz irrigué (office du Niger).
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L'Italie, avec 1,5 Mt (2009), représente le principal producteur européen et le vingt-huitième au niveau mondial. La culture est concentrée principalement dans les régions du Piémont et de Lombardie, dans le triangle Vercelli, Novara, Pavie. La France a produit en 2009 138 035 tonnes, essentiellement en Camargue.
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En Europe, il est cultivé dans la plaine du Pô (Italie), en Camargue (France), en Espagne, en Russie, en Grèce, au Portugal, en Ukraine ou encore en Bulgarie.
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Le prix du riz a doublé entre 2005 et 2009, atteignant même le quintuple lors d'un pic au printemps 2008[30],[31].
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Le 30 avril 2008, la Thaïlande a annoncé le projet de la création de l'Organisation des pays exportateurs de riz (OREC) afin de mettre en place un cartel de fixation des prix pour le riz sur le modèle de l'OPEP.
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L'Inde est le premier pays exportateur au monde. Il est suivi par le Vietnam, la Thaïlande, le Pakistan et les États-Unis. Pour l'année 2015 qui est représentative des autres années, elles étaient respectivement de 9,75, 7, 6,6, 3,75 et 3 millions de tonnes[32].
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En Thaïlande, le riz hom mali, parfumé subtilement comme la fleur blanche du jasmin, compte pour 25 % des exportations, rapportant quelque 2,5 millions de dollars par année au pays à environ 550 dollars la tonne, contre 250 dollars pour le riz blanc. Un million de petits paysans dans le nord-est du pays, région connue sous le nom d'Isan, doivent se contenter le plus souvent d'un revenu mensuel d'à peine 200 dollars et vivent largement au-dessous du seuil de précarité dépendant de la mousson.
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Le Japon est également un pays exportateur qui, en 2014, cherche à exporter du riz de Fukushima (riz Koshihikari)[33]. Le Japon est toutefois particulier car malgré une production excédentaire (10 549 Mt en 2014), le pays importe plus de riz qu'il n'en exporte. En effet, depuis 1995, suite à un accord verbal, le Japon est contraint d'importer 700 000 à 800 000 tonnes de riz par an. Or l'exportation de riz est limitée par une certaine réticence internationale vis à vis des produits agricoles issus notamment des regions qui ont été exposés aux radiations nucléaires. Par ailleurs, le prix du riz japonais est plus élevé (prix intérieur atteignant le double du cours du marché). Le Japon dispose donc d'un important stock de riz.
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Taïwan participe à des opérations d'aide par distribution de riz[34], comme peuvent le faire les États-Unis dans un but d'influence politique et économique[35].
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En 2008, le principal importateur fut le Mexique, avec 716 kt (kilotonne), devant le Nicaragua (138 kt) et le Honduras (104 kt).
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Les Philippines, traditionnellement les plus gros importateurs de riz[36], ont importé 0,985 Mt en 2004 et on estime à 1,1 Mt les importations pour 2005. La République populaire de Chine possède un énorme stock de riz évalué à 42 Mt, ses prévisions d'achats portent sur 0,7 Mt en 2005.
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Le riz est un aliment de base dans la majorité du sud de l'Asie ainsi qu'en Afrique de l'Ouest[37]. Il entre également dans la composition de nombreux plats européens comme la paella et beaucoup d'autres recettes de riz safrané d’Espagne, le risotto originaire d’Italie, probablement influencé par le riz lok lak chinois.
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En Asie, le célèbre riz cantonais, mêlant divers légumes et viandes, issu de Chine, ou bien le riz lok lak, il est plus généralement servi séparément dans un bol comme féculent de base.[pas clair]
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En Asie, il est également utilisé pour faire de l'alcool, comme le saké au Japon, le soju en Corée et certains alcools chinois. La majorité des alcools chinois, appelés en Chine populaire baijiu (ce terme signifiant plutôt vin [de vigne] blanc à Taiwan), sont à base de sorgho.
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Mentionnons également le carry de l’Île de La Réunion, le gâteau de riz, le plov (Ouzbékistan et Xinjiang (Chine)), le ceebu jën (Sénégal), le nasi padang (Indonésie), le koba (Madagascar) ou le soudah karis (Djibouti).
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Le riz gluant est utilisé dans de nombreux plats et surtout dans ce que l'on nommerait, en France, dessert : des sucreries, telles que les boules de coco du sud de la Chine, les mochi du Japon, les zongzi, ou bien le tāngyuán, de la fête des lanternes en Chine. Il est également la base du niangao de Chine, du tteok de Corée, et c'est un féculent qui accompagne de nombreux plats en Asie du Sud-Est (Cambodge, Laos, Thaïlande et Vietnam).
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Le riz blanc est efficace pour aider à lutter contre la diarrhée[38].
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À partir de la fermentation enzymatique du riz avec de l'orge maltée est produit le sirop de riz brun, un sirop édulcorant composé de sucres complexes (oligosides), de maltose et de glucose.
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La farine de riz gluant (ou glutineux) est utilisée comme colle naturelle, généralement additionnée d'huile d'amande amère afin d'éviter le développement de champignons. C'est ce qui donnait le parfum tant apprécié par les enfants de la colle Cléopâtre. Cette colle a l'avantage de permettre de coller des papiers fins comme le papier de riz sans trop épaissir le collage.
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La paille de riz est utilisée pour fabriquer différents types d'objets, comme les chapeaux ou les balais.
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Au Japon, de nombreuses municipalités entretiennent des rizières réservées à une forme originale de land art : le tambo art.
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Dans certaines circonstances, les méthodes ou moyens de production du riz pourraient avoir un impact négatif sur la santé, notamment si une pollution importante des zones de production existe.
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En Chine, le cadmium serait présent dans une partie importante de la production de riz[39]. Selon une étude de 2011, 10 % de la production chinoise serait concernée[40]. Cette pollution obligerait la Chine à importer du riz afin d'assurer ses besoins[41].
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Le riz absorbe de 10 à 20 fois plus d'arsenic inorganique que les autres cultures céréalières. Cela est dû au fait que la culture du riz se pratique dans l'eau, ce qui permet à l'arsenic inorganique, présent naturellement dans les sols[note 1], de migrer plus facilement vers la céréale[43]. L'arsenic inorganique, plus toxique que l'arsenic organique[44], est classé cancérogène de catégorie 1 par l'Union européenne[43]. De plus, selon l'OMS, l'exposition prolongée à l'arsenic peut provoquer une intoxication chronique, l'arsenicisme, dont les effets à long terme peuvent être une neurotoxicité, des lésions de la peau, des atteintes cardiovasculaires, un diabète[45]. Le riz fait partie des sources les plus importantes d'exposition à l'arsenic inorganique après l'eau de boisson[46]. En 2014, l'OMS a annoncé que les 186 pays membres de la commission de l'ONU chargée de la sécurité alimentaire se sont mis d'accord pour la première fois pour fixer une limite maximale de 0,02 milligrammes d'arsenic par kilo de riz[47].
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En 2018, selon le quotidien québécois La Presse, la Chine a imposé une limite de 0,15 milligrammes par kilogramme et « très peu de pays ont établi des concentrations maximales d’arsenic dans le riz. L'Organisation mondiale de la santé n’émet pas de recommandation pour l’arsenic dans le riz, malgré la pression de la communauté scientifique ». Sébastien Sauvé, vice-doyen à la recherche et à la création de la Faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal, estime que le problème est « très politique » et que certains pays exportateurs de riz font pression pour maintenir le statu quo, afin de pouvoir vendre du riz riche en arsenic à l’insu des consommateurs. En 2018 également, La Presse fait analyser par un laboratoire privé des céréales de riz soufflé bio vendues au Québec. Celles-ci contiennent jusqu’à 0,49 milligrammes d’arsenic par kilogramme, « ce qui est très élevé » selon le journal. Mais La Presse signale qu'une même marque peut contenir soit beaucoup d'arsenic, soit peu, car le contaminant est présent de façon variable dans la nature[48].
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Selon une étude de l'Environmental Science and Technology, en 2005 le riz américain est plus riche en arsenic que ses homologues européens ou indiens, et une solution serait de ne plus cultiver le riz au Mississippi ou en Arkansas sur des terres utilisées naguère pour la culture du coton. La contamination des sols pourrait être un héritage de cette culture, « grande consommatrice » d'herbicides et insecticides à base d'arsenic, notamment pour éliminer les charançons. Lors de la conversion à la culture du riz, les premiers plants de riz avaient des difficultés à pousser, étant pénalisés par la présence d'arsenic. Les agriculteurs ont alors utilisés du riz résistant à l'arsenic, ce qui a conduit à ce que « la plante absorbe de l'arsenic tout en ayant l'air saine »[44],[49].
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En octobre 2019, une étude de Healthy Babies Bright Future sur les métaux toxiques (plomb, mercure, etc) présents dans les aliments pour bébés aux États-unis indique que les aliments à base de riz (céréales, plats et goûters) sont les plus toxiques pour les bébés : « ces aliments populaires pour bébés sont non seulement riches en arsenic inorganique, la forme la plus toxique d'arsenic, mais ils sont aussi presque toujours contaminés par les quatre métaux toxiques »[50].
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Des expériences menées par l'Université de Stanford indiquent que la concentration d'arsenic devrait doubler dans le riz avec le réchauffement climatique. Les chercheurs ont pris comme hypothèse un réchauffement de 5 °C et un doublement du CO2 dans l'atmosphère d'ici 2100, ce qui correspond à une prévision du GIEC. Les chercheurs ont découvert que, dans ces conditions, les communautés microbiennes vont moins cloisonner l'arsenic au niveau minéral et le rendre plus disponible dans l'eau et donc pour les plantes. Le doublement de l'arsenic dans le riz devrait diminuer son rendement de 40%, ce qui pourrait s'avérer « dramatique », la moitié de la population mondiale étant tributaire du riz pour sa subsistance. Une solution serait la sélection de plantes qui puissent s'adapter à l'évolution de leur environnement[51],[52],[53].
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La BBC, se basant sur des données de la Food Standards Agency, a calculé des seuils de consommation du riz en-dessous desquels le risque est faible pour la santé si le niveau d'arsenic dans le riz respecte le niveau maximum européen. Les calculs ne tiennent pas compte du fait que des quantités supplémentaires d'arsenic peuvent provenir d'autres sources que le riz. Pour un adulte, la limite de consommation journalière est de 100 g de riz. Pour le nourrisson, la limite est 30 g par jour avec un riz spécifique « bébé ». En ce qui concerne le cas particulier des gâteaux de riz, la limite est 20 g par jour avec du riz spécifique « bébé », et 10 g par jour de gâteau de riz si le riz est non spécifique. La Food Standards Agency recommande de ne jamais utiliser de boisson à base de riz comme alternative au lait chez les enfants de moins de 5 ans[43].
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Selon la BBC, tremper le riz durant la nuit ou le cuire dans un volume d'eau de cinq fois le volume de riz permet de réduire le niveau d'arsenic respectivement de 82% et 57 %[note 2],[43]. En Belgique, le Conseil supérieur de la santé conseille pour l'alimentation des nourrissons de faire cuire le riz dans 6 volumes d'eau pour 1 volume de riz et vider l'eau bouillante avant consommation[54]. Par ailleurs, le riz complet contient généralement plus d'arsenic que le riz blanc, car l'arsenic se concentre plus dans l'enveloppe du riz[48],[43]. Les riz biologiques ne contiennent pas moins d'arsenic[43].
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Selon une étude indienne de 2006 de l’Université de Jadavpur, une technique simple permet de faire disparaître la moitié de l'arsenic du riz : il faut mettre le riz dans une eau faiblement polluée par l'arsenic, puis le rincer jusqu'à ce que l'eau deviennent claire, non laiteuse[48].
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Aux États-unis, la Food and Drug Administration (FDA) propose en 2016 d'établir une limite de 100 parties par milliard (ppb) pour l'arsenic inorganique présent dans le riz pour nourrisson. La limite proposée découle de l'étude d'un grand nombre d'informations scientifiques. Notamment, celles-ci indiquent que les nourrissons sont alimentés en riz principalement sous forme de céréales et cet apport est trois fois supérieur à celui des adultes si on le compare en fonction du poids corporel. En outre, des études scientifiques montrent « une association entre les issues négatives d’une grossesse et les effets neurologiques au début de la vie associés à une exposition à l’arsenic inorganique ». La FDA conseille pour les nourrissons une alimentation en céréales diversifiées. Elle signale l'intérêt des céréales enrichies en fer, un « élément nutritif important », mais qu'il existe d'autres céréales que le riz enrichies en fer, comme par exemple l'avoine et l'orge. La FDA estime qu'« il serait prudent » que les femmes enceintes consomment elles aussi un panel de céréales variées[55]. En Belgique, le Conseil supérieur de la santé recommande également aux femmes enceintes de « limiter la consommation de riz [...] pendant la grossesse afin d'éviter le transfert placentaire au fœtus » et de « privilégier l'allaitement maternel afin de limiter autant que possible l'ingestion d'arsenic inorganique pendant les premiers mois de vie »[54].
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Selon la revue Science, la Chine, premier pays producteur et consommateur de riz, envisage de commercialiser des riz OGM à court terme, c'est-à-dire dès 2006.[Passage à actualiser] Il s'agit de deux variétés issues de la recherche chinoise, résistantes à la pyrale du riz, grâce à des gènes transplantés, l'un du bacillus thuringiensis (riz Xianyou 63) et l'autre d'une plante, la dolique à œil noir (riz Youming 86). Ces variétés ont fait l'objet de culture en conditions réelles en 2001 et 2003. Ces essais ont démontré la réduction sensible de la consommation de pesticides (80 %) avec un effet positif sur la santé des agriculteurs et sur leurs résultats économiques, et une amélioration du rendement (63,6 q/ha contre 61,5 pour des variétés classiques). Cependant, aucune étude scientifique n'a encore démontré ni l'innocuité ni la nocivité de ces produits OGM sur le corps humain et sur l'environnement. La Chine est déjà le plus gros producteur de coton OGM, mais avec le riz, ce serait la deuxième fois que des produits OGM seraient mis massivement sur le marché de l'alimentation humaine (après le soja).
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Par ailleurs, à la suite de la présence d'OGM dans des nouilles chinoises, distribuées par Tang Frères, découverte en septembre 2006, la Chine a nié avoir autorisé la culture d'organismes génétiquement modifiés[56].
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Le riz doré, ou Golden Rice, est un ensemble de lignées de riz qui ont été obtenues par transgénèse par une équipe de chercheurs suisses menée par le Pr Ingo Potrykus à Zurich, en collaboration avec une équipe allemande dirigée par le Pr Beyer à Fribourg[57]. Le caractère « doré » de ces lignées est dû à leur transformation avec différents gènes codant un ensemble d'enzymes, permettant à la biosynthèse du β-carotène d'avoir lieu dans le grain de riz. L'organisme humain est capable de transformer le β-carotène en vitamine A. Selon ces chercheurs, le riz doré pourrait être une réponse à la détresse d'un demi-million de personnes qui, chaque année, perdent la vue, et d'un à deux millions de personnes qui, chaque année, meurent de carence en cette vitamine. Ce travail a été repris par l'Institut international de recherche sur le riz (IRRI), qui travaille actuellement à intégrer ces transgènes dans de nombreuses nouvelles variétés adaptées aux différentes conditions de culture du riz[58]. Dans ce cadre, le caractère « doré » a été transféré à IR64, l'une des variétés les plus utilisées de riz indica. Les lignées obtenues ont gardé toutes les caractéristiques de la variété parente, et ne contiennent pas de gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques[59].
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De nombreux groupements écologistes (dont Greenpeace[60] et Friends of the Earth[61]), ainsi que des groupements altermondialistes ont critiqué ces travaux et émis des craintes concernant leur application.
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Pour l'activiste Vandana Shiva, mais aussi selon d'autres opposants aux OGM, comme l'association internationale Greenpeace, c'est l'approche même qui est à revoir, les carences en vitamine A sont des conséquences de la monoculture instaurée par la révolution verte, la solution réside selon elle dans la restauration de la biodiversité[62]. Par ailleurs, l'association Greenpeace a montré que les doses de β-carotène trouvées dans les premières lignées de riz doré étaient très basses. Il a été dit par des militants de cette association que de très grandes quantités (de 4 à 18 kg selon les sources) de riz doré devaient être consommées chaque jour pour obtenir l'apport journalier recommandé (AJR) en vitamine A[63]. Cependant, les lignées récentes de riz dorés produisent de plus grandes quantités de vitamine A (23 fois plus que les premières), et une consommation quotidienne beaucoup plus modeste permet de fournir les doses de vitamine A souhaitables[64].
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Les personnes et les organismes à l'origine de cette technique (tout particulièrement Ingo Potrykus[65] et la Fondation Rockefeller[66]) ont défendu, parfois avec véhémence[67] l'intérêt de cette nouvelle technique pour la santé dans les pays en voie de développement. Deux axes d'argumentation ont été développés : d'une part, il n'existerait pas de scénario raisonnable aboutissant à un risque grave pour l'environnement ; et, d‘autre part, les personnes souffrant actuellement d'avitaminose A sont atteintes, malgré les programmes de lutte existant contre cette carence. Le riz doré s'ajouterait, et ne remplacerait pas, les programmes existants.
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Par ailleurs 107 lauréats d'un prix Nobel ont envoyé une lettre ouverte[68] enjoignant Greenpeace de cesser son opposition au riz doré.
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De nombreux médias ont réalisé des reportages relatant la controverse liée au riz doré[69].
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La France est nette importatrice de riz, d'après les douanes françaises. En 2014, le prix à la tonne était d'environ 330 €[70].
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Ethernet est un protocole de réseau local à commutation de paquets. C'est une norme internationale : ISO/IEC 802-3.
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Depuis les années 1990, on utilise très fréquemment Ethernet sur paires torsadées pour la connexion des postes clients, et des versions sur fibre optique pour le cœur du réseau. Cette configuration a largement supplanté d'autres standards comme le Token Ring, FDDI et ARCNET. Depuis quelques années, les variantes sans fil d'Ethernet (normes IEEE 802.11, dites « Wi-Fi ») ont connu un fort succès, aussi bien pour les installations personnelles que professionnelles.
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Ethernet n'offre pas de garantie de bonne livraison des données, ce qui est laissé aux couches protocolaires supérieures.
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Dans les premiers réseaux Ethernet, le câble coaxial diffusait les données à toutes les machines connectées, de la même façon que les ondes radiofréquences parviennent à tous les récepteurs. Le nom Ethernet dérive de cette analogie[1] : avant le XXe siècle, on imaginait que les ondes se propageaient dans l’éther, milieu hypothétique censé baigner l'Univers. Quant au suffixe net, il s'agit de l'abréviation du mot network (réseau) en anglais.
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Ethernet a originellement été développé comme l'un des projets pionniers du Xerox PARC[réf. nécessaire]. Une histoire commune veut qu'il ait été inventé en 1973, date à laquelle Robert Metcalfe écrivit une note à ses patrons à propos du potentiel d'Ethernet. Metcalfe affirme qu'Ethernet a été inventé sur une période de plusieurs années[2]. En 1975, Robert Metcalfe et David Boggs (l'assistant de Metcalfe) ont publié un document intitulé Ethernet: Distributed Packet Switching For Local Computer Networks[3] (Ethernet : commutation de paquets distribuée pour les réseaux informatiques locaux).
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Metcalfe a quitté Xerox en 1979 pour promouvoir l'utilisation des ordinateurs personnels et des réseaux locaux, et a fondé l'entreprise 3Com. Il réussit à convaincre DEC, Intel et Xerox de travailler ensemble[4] pour promouvoir Ethernet en tant que standard, au terme d'une période au cours de laquelle la réflexion des constructeurs s'oriente vers une informatique décentralisée.
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La norme Ethernet I (10 Mb/s), ou « DIX » (DEC Intel Xerox) est publiée en 1980[5], suivie d'une révision Ethernet II en 1982[6]. L'IEEE s'inspire du standard DIX et publie sa norme IEEE 802.3 en 1983.
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Ethernet était à l'époque en compétition avec deux systèmes propriétaires, Token Ring (IBM, plus récent) et ARCnet (TRW-Matra, plus ancien) ; ces deux systèmes ont au fil du temps diminué en popularité[5] puis disparu face à Ethernet, en raison de la baisse de coûts due à la production de masse, et aux modernisations ultérieures d'Ethernet. Ethernet avait par ailleurs moins de contraintes topologiques que le Token Ring (au CeBIT de 1995, on pouvait voir à titre expérimental un simili plafond blanc utilisé comme medium Ethernet, les signaux transitant par infrarouge). Pendant ce temps, 3Com est devenue une compagnie majeure du domaine des réseaux informatiques.
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Ethernet est fondé sur le principe de membres (pairs) sur le réseau, envoyant des messages dans ce qui était essentiellement un système radio, captif à l'intérieur d'un fil ou d'un canal commun, parfois appelé l'éther. Ainsi, Ethernet est conçu à l'origine pour une topologie physique et logique en bus (tous les signaux émis sont reçus par l'ensemble des machines connectées). Chaque pair est identifié par une clé globalement unique, appelée adresse MAC, pour s'assurer que tous les postes sur un réseau Ethernet aient des adresses distinctes sans configuration préalable.
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Une technologie connue sous le nom de CSMA/CD (Carrier Sense Multiple Access with Collision Detection, ou écoute de porteuse avec accès multiples et détection de collision) régit la façon dont les postes accèdent au média. Au départ développée durant les années 1960 pour ALOHAnet à Hawaï en utilisant la radio, la technologie est relativement simple comparée à Token Ring ou aux réseaux contrôlés par un maître. Lorsqu'un ordinateur veut envoyer de l'information, il obéit à l'algorithme suivant[7] :
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Une station qui détecte une collision émet sur le média un signal de collision appelé « jam signal » (une séquence de 4 à 6 octets)[8].
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En pratique, ceci fonctionne comme une discussion ordinaire, où les gens utilisent tous un médium commun (l'air) pour parler à quelqu'un d'autre[9]. Avant de parler, chaque personne attend poliment que plus personne ne parle. Si deux personnes commencent à parler en même temps, les deux s'arrêtent et attendent un court temps aléatoire. Il y a de bonnes chances que les deux personnes attendent un délai différent, évitant donc une autre collision. Des temps d'attente en progression exponentielle sont utilisés lorsque plusieurs collisions surviennent à la suite.
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Comme dans le cas d'un réseau non commuté, toutes les communications sont émises sur un médium partagé, toute information envoyée par un poste est reçue par tous les autres, même si cette information était destinée à une seule personne. Les ordinateurs connectés sur l'Ethernet doivent donc filtrer ce qui leur est destiné ou non. Ce type de communication « quelqu'un parle, tous les autres entendent » d'Ethernet était une de ses faiblesses, car, pendant que l'un des nœuds émet, toutes les machines du réseau reçoivent et doivent, de leur côté, observer le silence. Ce qui fait qu'une communication à fort débit entre seulement deux postes pouvait saturer tout un réseau local[10].
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De même, comme les chances de collision sont proportionnelles au nombre de transmetteurs et aux données envoyées, le réseau devient extrêmement congestionné au-delà de 50 % de sa capacité (indépendamment du nombre de sources de trafic).
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Suivant le débit utilisé, il faut tenir compte du domaine de collision régi par les lois de la physique et notamment la vitesse de propagation finie des signaux dans un câble de cuivre. Si l'on ne respecte pas des distances maximales entre machines, le protocole CSMA/CD devient inopérant et la détection des collisions ne fonctionne plus correctement.
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Historiquement[11] Ethernet utilisait des bus sur câbles coaxiaux, surtout de type 10BASE5 puis 10BASE2. Il fut ensuite adapté en 10BASE-T pour utiliser des topologies physiques en étoile sur câbles à paires torsadées, les pairs étant raccordés à des concentrateurs (hubs), ce qui ne change toutefois rien à la nature d'Ethernet: la topologie logique reste le bus, le médium reste partagé, tout le monde reçoit toutes les trames, il n'y a toujours qu'un seul segment, tout le monde voit les collisions[12].
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Ethernet est un réseau de type diffusion (Broadcast), c'est-à-dire qu'il est possible d'envoyer (y compris dans ses évolutions ultérieures, sur demande) une trame donnée à toutes les stations raccordées au réseau Ethernet, qui constitue ainsi un domaine de diffusion (Broadcast domain).
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Il est possible de raccorder deux segments Ethernet par le biais d'un pont (bridge)[13] qui va répéter et retransmettre à l'identique (contrairement à un routeur) les trames d'un segment vers un autre segment. Les deux segments ainsi raccordés forment un seul domaine de diffusion, en revanche ils forment chacun leur propre domaine de collision (les collisions ne traversent pas le pont).
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Pour résoudre les problèmes liés aux collisions, les commutateurs (switches) ont été développés afin de maximiser la bande passante disponible, en reprenant les câbles à paires torsadées (et plus tard en y ajoutant la fibre optique). Un commutateur est une sorte de pont multiport, chaque lien point à point entre un hôte et le commutateur étant alors un segment avec son propre domaine de collision. Dans ce cas, les caractéristiques d'Ethernet changent nettement[14]:
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Historiquement Ethernet est un standard de fait décrit depuis 1980 par les spécifications Ethernet / DIX. Par ailleurs, l'IEEE a publié son propre standard IEEE 802.3 en 1983, s'inspirant de ce standard de fait. Il existe donc en fait un standard Ethernet II / DIX d'une part (de 1982), et une norme IEEE 802.3 d'autre part (de 1983). Les deux standards sont interopérables[15]. Par la suite les mises à jour normatives ont été formalisées par l'IEEE, et 802.3 a du reste pris officiellement en compte les aspects de DIX en 1998 (révision 802.3-1998)[13].
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Bien qu'il implémente la couche physique (PHY) et la sous-couche Media Access Control (MAC) du modèle IEEE 802.3, le protocole Ethernet est classé dans les couches de liaison de données (niveau 2) et physique (niveau 1) du modèle OSI. En 802.3, la couche LLC (Logical Link Control) 802.2[16],[17] fait la charnière entre les couches supérieures et la sous-couche MAC (Media Access Control) qui fait partie intégrante du processus 802.3 avec la couche physique ; les formats de trames que le standard définit sont normalisés et peuvent être encapsulés dans des protocoles autres que ses propres couches physiques MAC et PHY. Ces couches physiques font l'objet de normes séparées en fonction des débits, du support de transmission, de la longueur des liaisons et des conditions environnementales.
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Ethernet a été standardisé sous le nom IEEE 802.3[18],[19] :
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Il y a quatre types de trames Ethernet[20] (en dehors de l'Ethernet Experimental de 1975) :
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Ces différents types de trame ont des formats différents mais peuvent coexister et être distinguées entre elles[22] sur un même médium physique par les membres du réseau.
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La différence de base entre les trames Ethernet II et les autres trames est l'utilisation du champ de 16 bits (soit 2 octets) situé après les adresses MAC:
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Par convention les valeurs de ce champ entre 0 et 1 500 indiquent une taille de payload et donc permettent d'identifier une trame Ethernet 802.3 ; et les valeurs plus grandes indiquent un EtherType, et l'utilisation du format Ethernet II. Cette utilisation duale du même champ justifie son appellation courante de champ longueur/type.
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L'IEEE 802.3 ayant initialement défini ce champ de 16 bits après les adresses MAC comme la longueur du payload, il est fait appel à un nouveau champ pour préciser le payload transportés et les niveaux et types de service utilisés (Service Access Point). Les trames 802.3 doivent ainsi avoir un champ LLC de 3 octets défini par la norme IEEE 802.2. Le LLC étant trop petit par rapport aux besoins potentiels, un champ supplémentaire SNAP de 5 octets a été défini ultérieurement, utilisable en option. En examinant le champ LLC, il est possible de déterminer s'il est suivi par un champ SNAP ou non.
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En outre, Novell a utilisé des trames 802.3 sans LLC (avant la normalisation IEEE 802.2) dans son système d'exploitation Netware[20] pour y faire passer son protocole IPX. Netware ayant été très répandu (à une époque), ce non-standard en est devenu un de fait.
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Note: Les valeurs de champ longueur/type entre 1 500 et 1 536 sont indéfinies et ne devraient jamais être employées.
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Exemple de trame Ethernet II (Information extraite du document de G.Requilé du CNRS et adaptée):
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Le champ Type de protocole des trames Ethernet II peut prendre entre autres les valeurs suivantes :
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La plupart des évolutions ultérieures sont rendues possibles par la mise en œuvre de l'Ethernet commuté.
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Une station et un commutateur qui se connectent ensemble peuvent utiliser l'auto-négociation[29],[30], c'est-à-dire qu'ils négocient automatiquement sans configuration préalable nécessaire, les éléments de la communication Ethernet et notamment, la vitesse, le duplex, et l'utilisation ou pas de contrôle de flux.
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En Ethernet commuté, toutes les stations du réseau peuvent communiquer en même temps (ou à des vitesses différentes, le média physique n'étant pas partagé), il est donc possible pour une station que son port soit saturé en réception par plusieurs communications entrantes. Le commutateur peut alors stocker temporairement et/ou détruire les trames qui ne peuvent être transmises, ou opter pour d'autres méthodes[31],[32] comme le backpressure ou les trames Pause.
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Dans ce cas le commutateur génère un signal de collision factice[33] vers la station émettrice (en fait il n'y a pas de collision puisqu'il s'agit d'Ethernet commuté, full-duplex, mais ce signal est toujours pris en compte), ce qui fait cesser temporairement son émission.
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IEEE 802.3x définit un type de trame Pause[34] qu'un équipement dont le lien sature en réception peut envoyer pour faire taire l'émetteur le temps que le lien ne soit plus saturé, fournissant ainsi un mécanisme normalisé de contrôle de flux.
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Toutefois cette norme ne permet pas d'être spécifique en fonction du trafic (aucune prise en compte de types ou classes de trafic), tout le trafic de la station est stoppé. Par conséquent des trames Pause prenant en compte les classes de services sont normalisées par la norme IEEE 802.1Qbb[35] (contrôle de flux Ethernet prenant en compte les priorités 802.1p).
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La norme IEEE 802.1Q permet de faire circuler des réseaux virtuels au sein du réseau Ethernet physiques, en distinguant les trames de chaque VLAN (Virtual LAN)[36] par un identifiant sur 12 bits de 1 à 4095. Il contient aussi une valeur de classe de service (802.1p) sur 3 bits.
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La norme IEEE 802.1Q, en plus de définir des VLAN, inclut aussi une valeur de classe de service (802.1p)[37] sur 3 bits qui permet de classifier et discriminer 8 classes de trafic (des Classes de Service – Class of Service ou CoS) pour traitement éventuel par un mécanisme de Qualité de Service / QoS (Quality of Service).
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Il est désormais possible pour un commutateur de contrôler l'identité de la station et/ou de l'utilisateur avant de le laisser accéder au réseau (et le cas échéant de le placer dans un certain VLAN), grâce à la norme IEEE 802.1X[38].
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Les normes IEEE 802.3af et IEEE 802.3at permettent à un commutateur d'alimenter électriquement un équipement raccordé en paire torsadée dans le cadre du concept de Power over Ethernet (PoE)[39].
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La section ci-dessous donne un bref résumé de tous les types de média d'Ethernet. En plus de tous ces standards officiels, plusieurs fabricants ont implémenté des types de média propriétaires pour différentes raisons—quelquefois pour supporter de plus longues distances sur de la fibre optique.
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(cf. cercle CREDO)
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Le standard Ethernet 10 gigabits par seconde recouvre sept types de média différents pour les réseaux locaux, réseaux métropolitains et réseaux étendus. Il a été spécifié par le standard IEEE 802.3ae dont la première publication date de 2002, puis a été incorporé dans une révision de l'IEEE 802.3. La version Ethernet 10 Gbit/s est 10 fois plus rapide que Gigabit Ethernet ; ceci est vrai jusqu'au niveau de la couche MAC seulement.
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Ces deux familles de standards (40GBASE et 100GBASE) ont été initialement définies en 2010 sous la norme IEEE 802.3ba.
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Ces deux familles de standards (200GBASE et 400GBASE) ont été définies en décembre 2017 sous la norme IEEE 802.3bs.
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10 Gigabit Ethernet et ultérieurs supportent seulement le mode full duplex.
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Sur les médias fibre, le mode LAN[40] fonctionne à un débit ligne, au niveau de la fibre, de 10,3 Gbit/s ce qui représente le débit MAC de 10 Gbit/s pondéré par 66/64 rapport lié au codage de la couche PCS utilisant un code de ligne 64B66B. Le sur-débit de ce code est de 3 %, à comparer aux 25 % du code 8B10B du mode Gigabit Ethernet.
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Il existe un mode WAN PHY[41] permettant de transporter les trames Ethernet 10 Gigabits sur des liens SDH ou SONET encore en place dans beaucoup de réseaux. Le mode WAN PHY opère à un débit légèrement inférieur à 10Gbe, à savoir 9 953 280 kbit/s (ce qui correspond au débit STM64/OC192). Le conteneur virtuel 64c ou 192c véhicule des codes 64B66B.
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Divers fabricants (Fiberxon, Sumitomo, Finisar[42], etc) proposent des modules optiques (ou cuivre, selon la technologie employée) appelés transceivers en anglais, permettant une interopérabilité. Ces modules permettent de convertir le signal optique (côté ligne) en un signal électrique différentiel (côté matériel) au débit de 10,3 Gbit/s; c'est donc l'équivalent de la couche PHY au niveau PMD du modèle OSI.
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Il existe plusieurs normes pour ces transceivers, par exemple (en 10 Gb/s) : XENPAK, XPAK, X2, XFP (normalisés selon le XFP MSA Group), SFP+ (normalisés selon le Small Form Factor Committee).
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Ce signal de 10 Gbit/s, trop rapide à l'époque de sa standardisation, ne pouvait pas être traité directement, il a donc fallu donc le paralléliser, en général sur 64 bits. Des circuits dédiés spécialisés permettent cette conversion.
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Le terme serdes vient de l'anglais pour serialiser/deserialiser.
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Le code en ligne utilisé 64B66B transforme le format XGMII (64 bits de données plus 8 bits de contrôle) en mots de 66 bits. L'objectif est multiple :
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Le code 66 bits est composé de deux bits de synchronisation suivis de 64 bits de donnée.
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Les 64 bits de données sont embrouillés par un embrouilleur auto synchronisé.
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À ce niveau-là nous retrouvons un format équivalent MII, les couches suivantes : data link (MAC), network (IP), transport (TCP/UDP) fonctionnant de façon similaire à gigabit Ethernet.
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Roald Engelbregt Gravning Amundsen (prononciation : /ˈɾuːɑl ˈɑmʉnsən/)Écouter, né le 16 juillet 1872 à Borge en Norvège et mort le 18 juin 1928 vers l'île aux Ours, est un marin et explorateur polaire norvégien.
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En 1898, il participe à l'expédition polaire belge d'Adrien de Gerlache de Gomery qui réalise le premier hivernage en Antarctique. Il s'y lie avec le médecin du bord, le docteur Frederick Cook qui lui révèle le parti que l'on peut tirer des chiens huskys dans les expéditions polaires. En 1905, il est le premier à franchir le passage du Nord-Ouest qui relie l'océan Atlantique au Pacifique dans le Grand Nord canadien. Il commande plus tard l'expédition qui, la première, atteint le pôle Sud, le 14 décembre 1911, après être arrivé dans la baie des Baleines le 14 janvier de la même année.
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Préparée avec méticulosité, cette entreprise hardie est aussi une coïncidence . Deux ans auparavant, Amundsen a échafaudé des plans pour étendre son exploration de l'océan Arctique et se laisser dériver jusqu'au pôle Nord. Mais il a reçu la nouvelle que Robert Peary a annoncé l'avoir déjà atteint en 1909 (ce qui fut ensuite contesté). « À cet instant, racontera plus tard Amundsen, je décidai de modifier mon objectif, de changer du tout au tout, et d'aller vers le Sud ». Amundsen escompte que la conquête du pôle Sud lui assure la gloire aussi bien que le financement des explorations suivantes. Faisant semblant de se préparer pour le Nord, il organise secrètement son départ pour le Sud. Mais parvenir le premier au pôle Sud ne va pas de soi. Commandée par le capitaine Robert Falcon Scott et entourée d'une abondante publicité, une expédition britannique s'y destine également.
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Amundsen n'ignore rien des ambitions de son rival. La note du 12 décembre 1911 dans son journal de bord en témoigne : tenaillé par l'idée que Scott peut le prendre de vitesse, il se met en route avant l'arrivée du printemps polaire, et, malgré une météo défavorable, il devient le premier à atteindre le pôle Sud le 14 décembre 1911. En 1926, après avoir survolé le pôle Nord en ballon dirigeable, Amundsen devient le premier à avoir atteint les deux pôles.
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Il disparaît en juin 1928 en participant à une mission de recherche et sauvetage de l'ingénieur aéronautique et explorateur italien Umberto Nobile. Il est, avec Douglas Mawson, Robert Falcon Scott et Ernest Shackleton, l'un des chefs de file de l'exploration polaire et de l'âge héroïque de l'exploration en Antarctique entre 1900 et 1912.
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Né le 16 juillet 1872 à Borge, près de Christiania (aujourd'hui Oslo), entre les villes de Fredrikstad et Sarpsborg, il est le quatrième fils d'un capitaine de marine devenu armateur, Jens Amundsen. Sa mère fait pression sur lui pour l'éloigner de l'activité maritime et souhaite qu'il devienne médecin. Lors du retour triomphal de Fridtjof Nansen après sa traversée du Groenland en ski en 1889, Amundsen, alors âgé de 18 ans, décide de devenir explorateur polaire mais cache ce rêve à ses parents. En 1890, il entame cependant des études de médecine pour sa mère. Après le décès de celle-ci, en 1893, et des examens ratés[1],[2], il quitte l'université pour une vie de marin. Il est alors âgé de 21 ans et s'engage pour une campagne de six mois sur le phoquier Magdalena[2]. Il poursuit ensuite son apprentissage de marin à bord des navires de la flotte de son père.
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En 1896 un Belge, le commandant Adrien de Gerlache de Gomery, qui prépare une expédition d'exploration scientifique en Antarctique, achète un phoquier en Norvège, qu'il rebaptise Belgica. Il compose un équipage international et intègre comme second lieutenant Roald Amundsen.
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La Belgica appareille en octobre 1897 et atteint la Terre de Graham en janvier 1898. Là, Amundsen participe à plusieurs raids à l'intérieur des terres équipé de ses skis ; il est le premier à en utiliser en Antarctique. En mars, le navire est pris dans la banquise de la mer de Bellingshausen[2] au large de la Terre Alexandre, à l'ouest de la péninsule Antarctique, à 70°30'S et hiverne pendant six mois avant de rentrer en Belgique. C'est le premier hivernage en Antarctique[3].
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Lors de cette première expédition majeure, Roald Amundsen noue une solide amitié avec le médecin du bord, l'Américain Frederick Cook, qui joue un rôle prépondérant dans la réussite de l'hivernage. Selon Amundsen, Cook a sauvé l'équipage des ravages du scorbut en lui donnant à manger de la viande de manchot[2]. Cook, qui venait de parcourir avec Robert Peary le nord du Groenland, lui fournit de nombreuses informations sur les Inuit, leurs techniques de protection au froid ainsi que leurs déplacements avec des chiens d'attelage. Amundsen restera fidèle à cette amitié même au plus fort de la polémique qui opposera Peary à Cook pour la revendication de la conquête du pôle Nord.
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Après son retour en Norvège et l'obtention de son brevet de capitaine, Amundsen prépare sa première expédition personnelle. L'ouverture du passage du Nord-Ouest (passage, fermé par les glaces, qui relie l'Atlantique au Pacifique par le grand nord canadien jusqu'au détroit de Béring), découvert par voie terrestre en 1822. Il n'avait jamais encore été ouvert par voie maritime. Nombreux sont les explorateurs qui ont tenté de forcer ce passage maritime : Jean Cabot, Jacques Cartier ou encore Henry Hudson, sans oublier la tragique expédition de John Franklin au milieu du XIXe siècle.
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Pour son expédition, Amundsen rencontre, en décembre 1900, l'explorateur Fridtjof Nansen, qui encourage et appuie le projet. Il le complète même par une recherche plus scientifique : le pôle Nord magnétique.
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Amundsen vend ses parts de l'entreprise familiale et prend le large avec six compagnons sur un navire de pêche de 47 tonnes, le Gjøa, qu'il munit d'un petit moteur[4]. Il appareille le 16 juin 1903, criblé de dettes. Ils naviguent par la mer de Baffin, les détroits de Lancaster et de Peel, puis les détroits de Ross et de Rae.
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Au lieu d'aller à l'ouest de l'île du Roi-Guillaume comme l'avait fait John Franklin, il décide de longer sa côte est[2]. Le 9 septembre, il ancre le Gjøa sur la côte sud de l'île du Roi-Guillaume et hiverne deux ans dans une baie qu'il nomme Gjoa Haven (aujourd'hui au Nunavut, Canada)[3],[4].
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Pendant cette longue période, occupée par des mesures magnétiques, il se rapproche du campement des Inuits Netsilik et continue patiemment à apprendre les techniques des Inuits auxquelles Frederick Cook l'avait initié, ainsi que leur langue. Il apprend à mener les chiens d'attelage et à porter des vêtements en fourrures du Grand Nord à la place des lourdes parkas en laine. Après son troisième hiver dans les glaces, il arrive à se frayer un passage dans la mer de Beaufort, et, continuant au sud de l'île Victoria, il quitte l'archipel arctique canadien le 17 août 1905, devenant ainsi celui qui ouvre le passage du Nord-Ouest[1]. Avant de pouvoir poursuivre jusqu'à Nome, sur la côte pacifique de l'Alaska, il doit s'arrêter pour l'hivernage. Le poste de télégraphe le plus proche étant à Eagle City, à 800 km, Amundsen fait un aller-retour par la terre pour annoncer au monde par message le succès son expédition. Message envoyé en PCV le 5 décembre 1905. Il arrive finalement à Nome en 1906. Il n'aurait jamais pu accomplir son exploit sur un navire plus grand car il y avait des hauts-fonds. Il a mesuré parfois un seul mètre de profondeur.
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En Alaska, Roald Amundsen apprend que la Norvège est devenue indépendante de la Suède et a son roi. Il envoie à Haakon VII un message lui disant que « c'est un grand exploit pour la Norvège ». Il lui dit qu'il espérait faire davantage pour son pays et signe « Votre sujet loyal, Roald Amundsen ».
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Le passage du Nord-Ouest est franchi mais il est rapidement délaissé en raison des difficultés de navigation. Ce n'est qu'en 1940-1942 que le passage du Nord-Ouest sera de nouveau franchi, cette fois d'Ouest en Est, puis en 1944 d'Est en Ouest en une seule saison, par la goélette St. Roch de la police montée canadienne commandée par Henry Larsen[5],[6].
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Il est temps maintenant pour Amundsen de s'attaquer au rêve de toute sa vie : être le premier homme à atteindre le pôle Nord. Nansen lui prête le Fram et Amundsen se prépare pour une répétition de la dérive de ce dernier à travers l'océan Arctique, un projet prévu pour durer entre quatre et cinq ans[2]. À cette époque les expéditions polaires sont en plein essor et dans un esprit de compétition entre les nations et entre les hommes, aussi bien pour le Nord (Peary, Cook, Amundsen), que pour le Sud (Scott, Shackleton). Cette rivalité va faire basculer le destin d'Amundsen : le 1er septembre 1909, Frederick Cook annonce qu'il a atteint le pôle Nord le 21 avril. Six jours plus tard, Peary annonce qu'il a atteint le pôle Nord, lui, le 6 avril. La grande controverse du pôle Nord commence.
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Robert Falcon Scott prépare une expédition, l'expédition Terra Nova, d'après les notes et les cartes d'une route ouverte en fin 1908-début 1909 par Ernest Shackleton, son ex-lieutenant de sa précédente expédition Discovery (1901-1904) étant devenu à son tour chef d'expédition, l'expédition Nimrod. Shackleton a été contraint de faire demi-tour le 9 janvier 1909 à 180 km du pôle sud. Scott donc, hâte ses préparatifs pour aller, lui, jusqu'au pôle. Amundsen apprenant en peu de temps les nouvelles du Nord comme celles du Sud, de cette année 1909 chargée, prend immédiatement la décision de changer ses plans et de mettre cap au Grand Sud pour tourner définitivement la page de la conquête du pôle sud[7]. Il tient cette nouvelle rigoureusement secrète y compris vis-à-vis de son équipage (seuls son frère et son second seront au courant du changement de destination)[7].
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Le 3 juin 1910, il appareille officiellement de Christiania — aujourd'hui Oslo[7],[8]. Une fois à Madère, Amundsen informe son équipage du changement de destination et envoie un télégramme à Scott « BEG TO INFORM YOU FRAM PROCEEDING ANTARCTIC--AMUNDSEN »[7] (« Prends liberté vous informer Fram fait route vers l'Antarctique »). Tous les membres de l'équipage décident de rester avec leur capitaine.
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Le 14 janvier 1911, il installe son camp de base, qu'il nomme Framheim, sur le glacier flottant dans la baie des Baleines à l'est de la barrière de Ross dans l'Antarctique. Amundsen croyait (faussement) que le glacier restait sur terra firma et donc serait sûr[9]. Lorsque le Terra Nova, le navire de Scott, pénètre dans la baie des Baleines où l'équipage découvre le Fram, les Britanniques sont frappés par la qualité de l'expédition norvégienne, l'expérience des hommes et surtout par le nombre de chiens (130). C'est sur cette impression forte que Scott établira son camp à 700 km à l'ouest du camp d'Amundsen au cap Evans.
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Utilisant des skis et des chiens d'attelage, Amundsen et son équipage créent des dépôts de ravitaillement aux 80°, 81° et 82° degrés Sud en ligne droite vers le pôle[1]. Après une tentative avortée le 8 septembre 1911, le 19 octobre Amundsen, Olav Bjaaland, Helmer Hanssen, Sverre Hassel et Oscar Wisting prennent le départ avec quatre traîneaux et 52 chiens (il prévoyait de tuer quelques chiens au retour pour se nourrir ainsi que ses hommes et les chiens restants). Ouvrant une voie jusqu'alors inconnue, sur le glacier Axel Heiberg ils arrivent sur le plateau polaire le 21 novembre après une ascension de quatre jours. Le 14 décembre à quinze heures ils atteignent le pôle Sud. Scott en est encore distant de 572 km, qu'il mettra plus de trente-trois jours à parcourir.
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Amundsen nomme leur camp du pôle Sud Polheim, « maison au pôle ». Il renomme le plateau Antarctique le « plateau de Haakon VII ». Lui et son équipe laissent une petite tente et une lettre adressée au roi Haakon où il raconte leur exploit au cas où ils périraient au cours de leur retour à Framheim. Ils survivent et y rentrent le 25 janvier 1912 avec 11 chiens d'attelage après avoir parcouru 2 824 km en 94 jours (56 à l'aller, 38 au retour) soit une moyenne de 30 km par jour.
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Le succès de l'expédition d'Amundsen tient à une préparation soignée, des équipements de qualité, des vêtements appropriés (en peau animale), des tâches matérielles simples (Amundsen ne fait pas de relevés pendant le voyage au pôle et ne prend que deux photos), une bonne connaissance des chiens d'attelage, et l'usage des skis. En contraste avec l'expédition de Scott, celle d'Amundsen est sans surprise et bien planifiée.
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Le Fram devenant vieux, Amundsen équipe un nouveau navire, la Maud. En 1918, à bord de ce dernier, il franchit le passage du Nord-Est ouvert en 1879 par le suédois Nils Gustaf Nordenskiöld, devenant le premier homme à franchir les deux passages mythiques de l'Arctique. Il veut figer la Maud dans la glace de la banquise pour dériver avec (comme Nansen avait fait avec le Fram), mais il ne réussit pas. Toutefois, les études scientifiques menées à bord, principalement par Harald Sverdrup, sont d'une grande valeur.
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L'aviation attire Amundsen. Il obtient son brevet de pilote en 1918. En 1923, il projette de tenter un vol au-dessus du pôle Nord mais son avion s'écrase quelques jours avant le départ. Un millionnaire américain, Lincoln Ellsworth lui propose alors de financer le projet à condition d'en faire partie. En mai 1925, Amundsen, Ellsworth et le pilote Hjalmar Riiser-Larsen (ainsi que trois autres membres d’équipage) décollent du Spitzberg à bord de deux hydravions, le N-24 et le N-25, et réalisent un vol avant de se poser en catastrophe à 87°44' de latitude Nord[10]. Les avions se posent sur la glace à quelques kilomètres de distance l'un de l'autre, mais les équipages arrivent à se réunir. Le N-24 étant trop endommagé, ils travaillent trois semaines pour créer une piste de décollage. L'accueil est triomphal, le public pensant qu'ils étaient perdus à jamais.
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L'année suivante, en 1926, Amundsen, Ellsworth, Riiser-Larsen, Wisting et l'ingénieur en aéronautique Umberto Nobile décident une tentative en dirigeable (l'Italie propose un navire à la condition que Nobile fasse partie de l'équipage). Le Norge, conçu par Nobile, quitte le Svalbard le 11 mai 1926, survole le pôle Nord à 1 h 30 et arrive à Teller en Alaska deux jours plus tard.
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Les trois revendications du premier voyage au pôle Nord (Cook en 1908, Peary en 1909, et Byrd en 1926 — ce dernier quelques jours avant le Norge), étant disputées, soit par inexactitude géographique ou accusations de mensonge, le voyage du Norge est considéré par certains comme le premier à avoir réellement survolé le point mythique 90° N. Ainsi, Amundsen et Wisting seraient les premières personnes à avoir atteint les deux pôles.
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Amundsen annonce sa retraite après le voyage du Norge. Malgré son énorme gloire, particulièrement dans son pays natal, il est toujours lourdement endetté. Ses relations avec Umberto Nobile se sont dégradées. Il accepte toutefois de prendre part à une mission de recherche et sauvetage de Nobile et son équipage du dirigeable Italia, écrasé au nord du Spitzberg en revenant du pôle Nord.
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Amundsen s'envole donc le 18 juin 1928 à bord d'un hydravion Latham 47 de la marine nationale française avec son compatriote, le pilote Leif Dietrichson. L'équipage est composé du capitaine de corvette René Guilbaud, du capitaine de corvette Albert Cavelier de Cuverville, du maître mécanicien pilote Gilbert Brazy et du second maître radiotélégraphiste Emile Valette. Aucun d'entre eux ne reviendra. Seul un flotteur et un réservoir de l'hydravion ainsi qu'un radeau de fortune sont retrouvés près de la côte de Tromsø. Il est probable que l'hydravion s'est écrasé, désorienté dans un brouillard, quelque part dans la mer de Barents, et qu'Amundsen est mort lors de l'accident ou peu après. Son corps n’a jamais été retrouvé. Le gouvernement norvégien n’a stoppé les opérations de recherche d’Amundsen qu'en septembre de la même année.
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En 2003 on suppose que l'hydravion se serait écrasé au nord-ouest de l'île aux Ours. Le 24 février 2009, la marine norvégienne annonce une expédition pour le mois d'août 2009 afin de rechercher les restes de l'épave. À l'aide d'un sous-marin automatisé, baptisé Hugin, l'exploration d'une centaine de km2 au nord-ouest de l'île aux Ours tente sans succès de retrouver les débris du Latham 47 disparu 81 ans auparavant[11]. En 2010, le documentaire Roald Amundsen, sur les traces du grand explorateur polaire de l'Allemand Rudolph Herzog, relate ces recherches restées infructueuses.
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Aujourd'hui plusieurs lieux polaires sont nommés en l'honneur d'Amundsen, dont la base Amundsen-Scott au pôle Sud, la mer d'Amundsen, le mont Amundsen (un nunatak) et le glacier Amundsen en Antarctique, et le bassin d'Amundsen et le golfe d'Amundsen dans l'océan Arctique. Le cairn d'Amundsen, érigé en 1912 dans la chaîne de la Reine-Maud, est classé comme monument historique de l'Antarctique.
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Il existe également le cratère Amundsen, près du pôle Sud de la Lune. (1065) Amundsenia, un astéroïde de la ceinture principale aréocroiseur découvert le 4 août 1926 par l'astronome russo-soviétique Sergueï Beljawsky, tire son nom de Roald Amundsen.
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La marine royale norvégienne dénomme sa deuxième frégate de la classe Nansen, KNM Roald Amundsen (2007). Au Canada, un navire de recherche de la Garde côtière canadienne, le NGCC Amundsen prend son nom. En Norvège, le nouveau navire de la Compagnie Express Côtier Hurtigruten, le MS Roald Amundsen, sera bientôt baptisé en son honneur.
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L'écrivain Roald Dahl a reçu son prénom en hommage à Amundsen.
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En 1906, il est élu membre de l'American Antiquarian Society[12].
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Œuvres principales
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Patricia Neal (épouse) 1953
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Roald Dahl, né le 13 septembre 1916 à Llandaff au pays de Galles et mort le 23 novembre 1990 à Oxford en Angleterre, est un écrivain britannique et scénariste, auteur de romans et de nouvelles, qui s'adressent aussi bien aux enfants qu'aux adultes, mais mieux connu pour ses ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse.
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Ses œuvres les plus célèbres sont Charlie et la Chocolaterie (Charlie and the Chocolate Factory, 1964), adapté plusieurs fois au cinéma, ainsi que des recueils de nouvelles : Bizarre ! Bizarre ! (Someone Like You, 1948) qui obtint le prix Edgar-Allan-Poe en 1954, et Kiss Kiss (1959).
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Né au Pays de Galles de parents norvégiens, armateurs à la grande pêche, Roald Dahl connaît une enfance et une jeunesse assez difficiles. En 1920, à l'âge de 3 ans, il perd sa sœur aînée et son père en quelques semaines. Sa mère décide de rester au pays de Galles afin de faire bénéficier ses enfants des écoles britanniques que sa famille considère comme excellentes. Il fréquente ainsi l'école paroissiale de Llandlaff au pays de Galles (qui lui fournira matière à l'une de ses nouvelles de souvenirs d'enfance dans le recueil Moi, Boy), l'internat du collège de Weston Super Mare, puis celui de la Public School de Repton. Sa mère s'organise pour passer les grandes vacances en famille en Norvège, laissant à ses enfants une large autonomie dont ils profitent pour « robinsonner » en bateau dans les îlots et le long des fjords. Très grand, taillé en athlète, Dahl excelle dans divers sports : squash, gym, rugby... et est aussi un photographe amateur de talent.
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Il s'engage dans une compagnie pétrolière à 17 ans et part en Tanzanie, en Afrique, à 20 ans, employé par la compagnie Shell. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage d'abord dans l'armée où on lui confie une compagnie de tirailleurs indigènes (African Rifles), chargée d'arrêter et d'interner les colons allemands du Kenya et de Tanzanie qui ont formé un convoi motorisé et fuient vers la colonie portugaise du Mozambique. Il se rend ensuite à Nairobi, au Kenya, pour s'engager dans la Royal Air Force (RAF) et devenir pilote de chasse. Après quelques mois d'entraînement sur biplan Tiger Moth, il est affecté à l'escadrille 80.
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Cette escadrille est équipée d'avions obsolètes, les biplans Gloster Gladiator (les monoplans modernes type Hurricane ou Spitfire sont alors réservés à la défense des îles britanniques), et combat en Égypte contre des escadrilles italiennes équipées de biplans Fiat CR 42 Falco tout aussi démodés. Lors d'un vol pour rejoindre son escadrille, il échappe de peu à la mort. Suivant des instructions de vol erronées, il se retrouve à court d'essence à la nuit tombante. Contraint à un atterrissage forcé dans un no man's land rocailleux entre les troupes anglaises et celles de Rodolfo Graziani, son appareil capote à l'atterrissage et prend feu. Souffrant de brûlures graves, d'une fracture du crâne et devenu temporairement aveugle, il sera traité pendant plusieurs mois à l'hôpital anglo-suisse d'Alexandrie (cf. nouvelle A Piece of Cake, un de ses premiers écrits).
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Après s'être rétabli, il est déclaré apte à voler, et on lui confie un Hurricane flambant neuf sur lequel il ne peut effectuer que quelques heures d'entraînement avant de le convoyer vers son escadrille en Grèce où il combat héroïquement.
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La situation en Grèce est alors totalement asymétrique. Venue au secours des armées mussoliniennes, la Luftwaffe aligne plusieurs centaines d'avions de chasse Messerschmitt 109 et de bombardiers Stuka contre quelques dizaines d'avions anglais et une aviation grecque équipée d'appareils totalement dépassés. L'escadrille 80, en infériorité numérique criante, se distingue durant la Bataille d'Athènes, au cours de laquelle l'as Marmaduke Pattle est abattu.
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Dahl évacue la Grèce avec les restes de son escadrille, ayant plusieurs victoires aériennes à son crédit.
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De retour en Égypte en mai 1941, il prend part à la campagne de Syrie, combattant l'aviation française du régime de Vichy. Il abat un Potez 630 français et un Junkers Ju 88, participe à de nombreuses missions de mitraillage au sol des aérodromes vichystes. Toutefois, il souffre de plus en plus de douleurs cérébrales et d'évanouissements lors des manœuvres rapides, une conséquence de son crash de septembre 1940. Les médecins militaires le déclarent inapte au combat aérien.
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Envoyé en mission aux États-Unis, notamment pour convaincre les Américains d'intervenir dans le conflit, il fait la connaissance de l'écrivain américain C. S. Forester, qui le pousse à écrire, et de Ian Fleming, espion britannique qui deviendra l'auteur des James Bond. Il travaille à contrer l'influence du mouvement isolationniste America First, c'est à ce titre qu'il publie ses récits de guerre dans des magazines comme Harper's, Ladies Home Journal, Saturday Evening Post.
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Il travaille pour le service de renseignements MI6, sous la houlette du maître espion William Stephenson, mais tient en piètre estime le personnel diplomatique anglais, stupéfait qu'il est du décalage entre les conditions du front et la vie aux États-Unis encore neutres : « J'arrivais d'un monde en guerre, où les hommes se faisaient tuer, j'avais volé d'atrocité en atrocité et je me retrouvais dans une cocktail-party américaine d'avant-guerre. »
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Il commence à écrire des livres en 1942 et rencontre Walt Disney. Il envisage de créer avec ce dernier une fiction autour des légendaires Gremlins, créatures auxquelles les pilotes de la Royal Air Force attribuent leurs problèmes mécaniques. Mais, au vu de la situation mondiale, Disney renonce à produire ce film qui nécessiterait un tournage en Angleterre.
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Le premier récit qu'il publie est A Piece of Cake, qui décrit son accident d'avion en Libye. Il écrit notamment des nouvelles pour adultes, à l'atmosphère souvent lourde, comme Kiss Kiss.
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Certaines de ses nouvelles sont adaptées pour la télévision par Alfred Hitchcock. En 1953, il épouse l'actrice américaine Patricia Neal. Ils auront cinq enfants : Olivia, décédée en 1962 à l'âge de sept ans d'une encéphalite, Chantal-Sophia (née en 1957), mère de l'auteure et mannequin Sophie Dahl, Théo, né en 1960, Ophélia née en 1964 et Lucy Neal, née en 1965.
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Le couple devra subir de dures épreuves : la mort de sa fille aînée conduira Roald Dahl à abandonner la foi religieuse. Son fils Théo, dont la poussette avait été renversée par un taxi new-yorkais, restera longtemps entre la vie et la mort, souffrant d'une hydrocéphalie traumatique.
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En cette circonstance, Roald Dahl prend le taureau par les cornes : associé au neurochirurgien Kenneth Till et à l'ingénieur Stanley Wade, il fait mettre au point et breveter un dispositif médical stérilisateur, destiné à relâcher la pression intracrânienne, la valve WDT (pour Wade Dahl Till) ; Théo se rétablira avant la fin de la mise au point, mais cette invention sera utilisée sur des milliers de patients. Les trois co-inventeurs refuseront de toucher des redevances[1].
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Alors qu'elle est enceinte de leur cinquième enfant, Patricia Neal Dahl sera frappée par un anévrisme cérébral aigu avec épisodes d'aphasie ; son mari prendra en main sa rééducation et lui permettra ainsi de reprendre sa carrière d'actrice.
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Le prix Edgar-Allan-Poe de la meilleure nouvelle lui est décerné deux fois : en 1954 pour Someone Like You (Bizarre ! Bizarre !), et en 1960 pour The Landlady.
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En 1982, au moment de la guerre du Liban, Dahl s'indigne de la façon dont l'État d'Israël intervient à Beyrouth dans sa préface d'un porte-folio d'images de guerre réalisé par Tony Clifton et Catherine Leroy et intitulé God Cried (Les Larmes de Dieu)[2]. Ses prises de position tranchées lui vaudront d'être accusé d'antisémitisme, mais les amis juifs de Dahl ne lui en tiendront pas rigueur, estimant qu'il avait réagi de façon émotionnelle[réf. nécessaire]. Un hommage est annulé par le Royal Mint pour le centenaire de sa naissance, en raison de ses multiples propos antisémites[3]. Il a en effet déclaré en 1983 : « Il existe un trait dans le caractère juif qui provoque de l’animosité, c’est peut-être une sorte de manque de générosité envers les non-juifs. Je veux dire, il y a toujours une raison pour laquelle un anti-n'importe quoi surgit quelque part ; même une ordure comme Hitler ne s’en est pas pris à eux sans raison. »[3]. En 1990, il répond à l'Independent : « Je suis certainement anti-israélien et je suis devenu antisémite parce que les Juifs, dans un pays comme l'Angleterre, soutiennent fortement le sionisme. Je pense qu'ils devraient voir les deux côtés. C’est toujours la même chose : nous sommes tous au courant de ce que font les juifs, etc. Il n’y a pas d’éditeurs non-juifs, ils contrôlent les médias – ce qui est particulièrement intelligent –, c’est pourquoi le président des États-Unis doit vendre tout ce matériel à Israël... »[3]. La décision du Royal Mint est saluée par différents parlementaires et représentants de la communauté juive britannique[3].
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Il obtient en 1983 le prix World Fantasy Grand Maître et le Whitbread du meilleur roman jeunesse pour The Witches[4] (Sacrées Sorcières).
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Après son divorce, intervenu en 1983, il épousera en secondes noces Felicity Crosland.
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En 1989, au moment de l'affaire des Versets sataniques, il prit position contre Salman Rushdie qu'il qualifia de « dangereux opportuniste. » Il déclara que Rushdie « devait indubitablement savoir quels sentiments profondément violents son livre susciterait auprès des musulmans. En d'autres termes il savait exactement ce qu'il était en train de faire et ne pouvait plaider le contraire. Ce type de sensationnalisme place des livres sans grand intérêt au sommet de la pile des best-sellers, mais à mon avis c'est une manière de peu de valeur d'y parvenir[5]. »
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Il meurt d'une grave maladie sanguine le 23 novembre 1990 à Oxford et est enterré dans le cimetière de Great Missenden dans le Buckinghamshire, sa résidence campagnarde où il s'était établi depuis 1954.
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Ses premières nouvelles (Dahl est plutôt un nouvelliste qu'un romancier) parfois osées, souvent narquoises, ont été publiées pour un public adulte dans des revues comme The New Yorker, Collier's Weekly, Ladies' Home Journal, Esquire, Harper's Magazine et Playboy.
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Il a signé le scénario du cinquième film de James Bond, On ne vit que deux fois, sorti en 1967[6], et qui comporte d'impressionnantes séquences de combat aérien.
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Ce sont pourtant ses textes destinés à un public jeune qui lui valent d'être reconnu[7]. Il publie en 1943 son premier livre pour enfants : Les Gremlins, qui inspirera très fortement le cinéaste Joe Dante, quarante ans plus tard, pour son film Gremlins. Dans ses livres pour enfants, les héros sont souvent des enfants malheureux, qui prennent un jour leur revanche (parfois cruelle) sur leurs tortionnaires. L'effet est jubilatoire, et permet aussi au lecteur de relativiser ses propres problèmes.
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Quelques-unes de ses récompenses :
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Il s'agit d'adaptations pour le théâtre de romans de Roald Dahl.
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Le terme bactérie est un nom vernaculaire qui désigne certains organismes vivants microscopiques et procaryotes présents dans tous les milieux. Le plus souvent unicellulaires, elles sont parfois pluricellulaires (généralement filamenteuses), la plupart des espèces bactériennes ne vivant pas individuellement en suspension, mais en communautés complexes adhérant à des surfaces au sein d'un gel muqueux (biofilm)[1].
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Les bactéries les plus grosses mesurent plus de 2 μm et, jusqu'au début du XXIe siècle, les spécialistes considéraient que les plus petites mesuraient 0,2 μm, mais il existe des « ultramicrobactéries »[2],[3],[4].
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Les bactéries présentent de nombreuses formes : sphériques (coques), allongées ou en bâtonnets (bacilles) et des formes plus ou moins spiralées. L’étude des bactéries est la bactériologie, soit une des nombreuses branches de la microbiologie.
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Il existe environ 10 000 espèces connues à ce jour[5],[6], mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure. L'estimation du nombre des espèces oscillerait entre 5 et 10 millions[7],[8].
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Les bactéries sont ubiquitaires et sont présentes dans tous les types de biotopes rencontrés sur Terre. Elles peuvent être isolées du sol, des eaux douces, marines ou saumâtres, de l’air, des profondeurs océaniques, des déchets radioactifs[10], de la croûte terrestre, sur la peau et dans l’intestin des animaux ou des humains. Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de l’atmosphère.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, d'ordre comparable à la quantité des cellules qui le constituent, mais la masse de ces dernières est plus importante. La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l'organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses.
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Les bactéries peuvent être très utiles à l’humain lors des processus de traitement des eaux usées, dans l’agroalimentaire lors de la fabrication des yaourts ou du fromage et dans la production industrielle de nombreux composés chimiques[11].
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Les bactéries étant microscopiques, elles ne sont donc visibles qu'avec un microscope. Antoine van Leeuwenhoek fut le premier à observer des bactéries, grâce à un microscope de sa fabrication, en 1668[12]. Il les appela « animalcules » et publia ses observations dans une série de lettres qu'il envoya à la Royal Society[13],[14],[15].
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Au XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur ont révolutionné la bactériologie. Il démontra en 1859 que les processus de fermentation sont causés par des microorganismes et que leur croissance n’était pas due à la génération spontanée. Il démontra aussi le rôle des microorganismes comme agents infectieux[16]. Pasteur conçut également des milieux de culture, des procédés de destruction des microorganismes comme l’autoclave et la pasteurisation.
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Le médecin allemand Robert Koch et ses collaborateurs mirent au point les techniques de culture des bactéries sur milieu solide. Robert Koch est un des pionniers de la microbiologie médicale, il a travaillé sur le choléra, la maladie du charbon (anthrax) et la tuberculose. Il démontra de façon claire qu’une bactérie pouvait être l’agent responsable d’une maladie infectieuse et il proposa une série de postulats (les postulats de Koch, toujours utilisés aujourd'hui[17]) confirmant le rôle étiologique d’un microorganisme dans une maladie. Il obtient le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905[18].
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Si les bactéries étaient connues au XIXe siècle, il n’existait pas encore de traitement antibactérien. En 1909, Paul Ehrlich mit au point un traitement contre la syphilis avant l’utilisation de la pénicilline en thérapeutique suggérée par Ernest Duchesne en 1897 et étudiée par Alexander Fleming en 1929. Ehrlich reçut le prix Nobel pour ses travaux sur l'immunologie en 1908, et fut un pionnier de l'usage de colorants pour détecter et identifier les bactéries, son travail étant la base de la coloration de Gram et de la coloration de Ziehl-Neelsen[19].
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Les microbiologistes Martinus Beijerinck et Sergei Winogradsky initièrent les premiers travaux de microbiologie de l’environnement et d’écologie microbienne en étudiant les relations entre ces microorganismes au sein de communautés microbiennes du sol et de l’eau.
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Le mot « bactérie » apparaît pour la première fois avec le microbiologiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg en 1838[20]. Ce mot dérive du grec βακτηριον, qui signifie « bâtonnet ». Parallèlement Haeckel inventa en 1866 l'embranchement Monera pour regrouper au sein de son règne Protista tous les microorganismes sans structure interne (bien qu'excluant les cyanobactéries, alors classées parmi les plantes). Ferdinand Cohn utilisa à son tour le terme Bacteria comme taxon en 1870 et tenta le premier de les classer rigoureusement selon leur morphologie[21]. Pour Cohn, les bactéries étaient des plantes primitives non chlorophylliennes. À la suite des travaux de Cohn, Haeckel révisa la circonscription de ses « monères » pour y inclure les cyanobactéries[22]. Les termes de « monère » et de « bactérie » devinrent alors synonymes[21].
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En 1938 Herbert Copeland éleva les monères au rang de règne, à un niveau désormais égal aux animaux, plantes et protistes[23]. Ce n'est qu'en 1957 qu'André Lwoff distingua avec clarté les concepts de bactérie et de virus[24] grâce à des arguments biochimiques et structuraux. Enfin, Roger Stanier et Cornelis van Niel définirent pour la première fois rigoureusement en 1962 le concept de bactérie par l’absence d’organite membrané (et en particulier de véritable noyau, donc de mitose)[25].
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Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[26] en français.
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En 1977, Carl Woese grâce à ses travaux de phylogénie moléculaire divisa les procaryotes en deux domaines : les Eubacteria et les Archaebacteria[30] ; il les renomma respectivement Bacteria et Archaea lors de la révision de sa nomenclature en 1990[31]. Le mot « bactérie » faisant référence à l'ensemble des procaryotes avant 1990, ce renommage a provoqué une certaine ambiguïté dans l'utilisation de ce terme et n'a donc pas été accepté par tous les biologistes[32],[33],[34],[35],[36].
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Certains biologistes[21],[37] pensent que cette tentative de renommage tient davantage de la propagande (de la part de Carl Woese, afin d'accréditer ses idées) que de la science :
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« Therefore archaebacterial cell structure, growth, division, and genetics remained fundamentally bacterial or prokaryotic. Early claims that archaebacteria are a “third form of life” in addition to eukaryotes and prokaryotes/bacteria are thus falsified, despite misleading, confusing, purely propagandistic name changes that some of us never accepted [...][37] »
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Et plus loin dans le même article :
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« Differences between archaebacteria and eubacteria have been grossly exaggerated. »
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Dans un cadre kuhnien la théorie des trois domaines qui sous-tend ce changement de nomenclature est parfois analysé comme un paradigme de la bactériologie moderne[38],[39],[21], ce qui expliquerait les résistances (principalement de nature sociologiques) contre sa remise en cause.
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Les bactéries présentent une grande diversité de tailles et de formes. Les cellules bactériennes typiques ont une taille comprise entre 0,5 et 5 µm de longueur, cependant, quelques espèces comme Thiomargarita namibiensis et Epulopiscium fishelsoni peuvent mesurer jusqu’à 750 µm (0,75 mm) de long et être visibles à l’œil nu[40],[41] (voir Bactérie géante). Parmi les plus petites bactéries, les mycoplasmes mesurent 0,3 µm, soit une taille comparable à certains gros virus[42].
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La plupart des bactéries sont soit sphériques soit en forme de bâtonnets. Dans le premier cas elles sont appelées coques (du grec kókkos, grain) et dans le second bacilles (du latin baculus, bâton). Il existe aussi des formes intermédiaires : les coccobacilles. Quelques bactéries en forme de bâtonnets sont légèrement incurvées comme les Vibrio. D’autres bactéries sont hélicoïdales. Ce sont des spirilles si la forme est invariable et rigide, des spirochètes si l’organisme est flexible et peut changer de forme. La grande diversité de formes est déterminée par la paroi cellulaire et le cytosquelette. Les différentes formes de bactéries peuvent influencer leur capacité d’acquérir des nutriments, de s’attacher aux surfaces, de nager dans un liquide et d’échapper à la prédation.
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Beaucoup d’espèces bactériennes peuvent être observées sous forme unicellulaire isolée alors que d’autres espèces sont associées en paires comme les Neisseria ou en chaînette, caractéristique des Streptocoques. Dans ces cas, les coques se divisent selon un axe unique et les cellules restent liées après la division. Certains coques se divisent selon un axe perpendiculaire et s’agencent de façon régulière pour former des feuillets. D’autres se divisent de façon désordonnée et forment des amas comme les membres du genre Staphylococcus qui présentent un regroupement caractéristique en grappe de raisins. D'autres bactéries peuvent s’élonger et former des filaments composés de plusieurs cellules comme les actinobactéries.
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En dépit de leur apparente simplicité, elles peuvent former des associations complexes. Des capteurs leur permettent de détecter d'autres bactéries ou une surface (ce qui induit souvent chez elle un changement de comportement ; ainsi Pseudomonas aeruginosa ne devient virulente et active ses gènes de résistance que quand son « sens du toucher » l'informe qu'elle entre en contact avec une surface ; muqueuse pulmonaire par exemple[43]).
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Les cyanobactéries forment des chaînes appelées trichomes où les cellules sont en relation étroite, grâce à des échanges physiologiques. Certaines bactéries forment des colonies pouvant solidement s’attacher aux surfaces. Ces « biofilms » sont un arrangement complexe de cellules et de composants extracellulaires, formant des structures secondaires comme des microcolonies, au sein desquelles se forme un réseau de canaux facilitant la diffusion des nutriments.
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Une caractéristique importante des bactéries est la paroi cellulaire. La paroi donne à la bactérie sa forme et la protège contre l’éclatement sous l’effet de la très forte pression osmotique du cytosol. Les bactéries peuvent être structuralement divisées en deux groupes : les bactéries à paroi unimembranée (ne contenant qu'une seule membrane, la membrane plasmique) et les bactéries à paroi bimembranée (constituée de deux membranes superposées, la membrane interne et la membrane externe). La coloration de Gram est un critère empirique, quoique imparfait, permettant de déterminer la structure de la paroi bactérienne.
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Certains organites extracellulaires comme les flagelles ou les poils peuvent être enchâssés dans la paroi cellulaire. Quelques bactéries peuvent fabriquer de fines couches externes à la paroi cellulaire, généralement essentiellement constituées de polysaccharides (des sucres). D'autres bactéries peuvent s’envelopper d’une couche protéique appelée la couche S.
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En tant que procaryote (organisme sans noyau), les bactéries sont des cellules relativement simples, caractérisées par une absence de noyau et d’organites comme les mitochondries et les chloroplastes, elles n'ont pas non plus de réticulum endoplasmique ou d'appareil de Golgi[44].
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Le métabolisme d’une cellule est l’ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de cette cellule. Pour réaliser ce processus, les bactéries, comme toutes les autres cellules, ont besoin d’énergie. L’ATP est la source d’énergie biochimique universelle, commune à toutes les formes de vie, mais les réactions d’oxydo-réduction impliquées dans sa synthèse sont très variées selon les organismes et notamment chez les bactéries.
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Les bactéries vivent dans pratiquement toutes les niches environnementales de la biosphère. Elles peuvent ainsi utiliser une très large variété de source de carbone et/ou d’énergie[45].
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Les bactéries peuvent être classées selon leur type de métabolisme, en fonction des sources de carbone et d’énergie utilisés pour la croissance, les donneurs d’électrons et les accepteurs d’électrons[46].
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(donneur d'électrons)
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L’énergie cellulaire des chimiotrophes est d’origine chimique alors que celle des phototrophes est d’origine lumineuse. La source de carbone des autotrophes est le dyoxyde de carbone , tandis que des substrats organiques sont la source de carbone des hétérotrophes. Il est aussi possible de distinguer deux sources possibles de protons (H+) et d'électrons (e-) : les bactéries réduisant des composés minéraux sont des lithotrophes alors que celles réduisant des substances organiques sont des organotrophes.
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Tout organisme vivant réalise en permanence de nombreuses réactions chimiques destinées à construire les biomolécules indispensables à la vie, et particulièrement lipides, protéines, acides nucléiques et saccharides. Ces réactions ne sont possibles que grâce à l'énergie accumulée à la suite d’autres réactions chimiques. Le métabolisme d'une bactérie est l'ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de la cellule bactérienne[47]. Les besoins énergétiques de la bactérie peuvent être satisfaits par deux mécanismes :
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Les bactéries possèdent un chromosome généralement unique et circulaire (mais il y a des exceptions) qui porte la majorité des gènes. Certains gènes ayant des fonctions particulières (résistance à un antibiotique, un prédateur, adaptation physiologique au milieu, etc.) sont cependant localisés sur des petites sections d'ADN circulaire libres appelées plasmides.
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Il existe une grande diversité de métabolismes par rapport aux eucaryotes. D'ailleurs la phototrophie et l'autotrophie chez les eucaryotes sont toujours le résultat d'une symbiose avec des bactéries (certains lichens par exemple) et/ou d'une symbiogenèse impliquant une cyanobactérie (chloroplaste).
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Source de matière : Hétérotrophie vs Autotrophie
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Source d'énergie : Phototrophie vs Chimiotrophie
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Les bactéries, avec les autres micro-organismes, participent pour une très large part à l’équilibre biologique existant à la surface de la Terre. Elles colonisent en effet tous les écosystèmes et sont à l’origine de transformations chimiques fondamentales lors des processus biogéochimiques responsables du cycle des éléments sur la planète.
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Une population de bactéries peut avoir un comportement coordonné grâce à une messagerie moléculaire, le quorum sensing.
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Au sein des biofilms des relations s'établissent entre bactéries, conduisant à une réponse cellulaire intégrée. Les molécules de la communication cellulaire ou « lang » sont soit des homosérines lactones pour les bactéries à Gram négatif, soit des peptides courts pour les bactéries à Gram positif. De plus au sein de biofilms établis, les caractéristiques physico-chimiques (pH, oxygénation, métabolites) peuvent être néfastes au bon développement bactérien et constituer donc des conditions stressantes. Les bactéries mettent en place des réponses de stress qui sont autant d'adaptation à ces conditions défavorables. En général les réponses de stress rendent les bactéries plus résistantes à toute forme de destruction par des agents mécaniques ou des molécules biocides.
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L'étude des canaux ioniques bactériens a permis à une équipe de chercheurs de mettre en évidence, en 2015, une synchronisation du métabolisme de certaines bactéries au sein des communautés de biofilms bactériens par des vagues d'ions potassium. Celles-ci résultent d'une boucle de rétroaction positive, dans laquelle un déclencheur métabolique induit la libération d'ions potassium intracellulaire, qui à son tour dépolarise les bactéries voisines. Cette vague de dépolarisation coordonne les états métaboliques entre les bactéries à l'intérieur et à la périphérie du biofilm. La suppression ou le blocage de l'activité des canaux potassium supprime cette réponse[48].
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Les eaux naturelles comme les eaux marines (océans) ou les eaux douces (lacs, mares, étangs, rivières, etc.) sont des habitats microbiens très importants. Les matières organiques en solution et les minéraux dissous permettent le développement des bactéries. Les bactéries participent dans ces milieux à l’autoépuration des eaux. Elles sont aussi la proie des protozoaires. Les bactéries composant le plancton des milieux aquatiques sont appelées le bactérioplancton.
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Il y a environ quarante millions de cellules bactériennes dans un gramme de sol et un million de cellules bactériennes dans un millilitre d’eau douce. On estime qu'il y aurait (à un instant donné) quatre à six quintillions (4 ×1030 à 6×1030), soit entre quatre et six mille milliards de milliards de milliards de bactéries dans le monde[49], représentant une grande partie de la biomasse du monde[49]. Cependant, un grand nombre de ces bactéries ne sont pas encore caractérisées car non cultivables en laboratoire[50].
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+
Le sol est composé de matière minérale provenant de l’érosion des roches et de matière organique (l’humus) provenant de la décomposition partielle des végétaux. La flore microbienne y est très variée. Elle comprend des bactéries, des champignons, des protozoaires, des algues, des virus, mais les bactéries sont les représentants les plus importants quantitativement. On peut y retrouver tous les types de bactéries, des autotrophes, des hétérotrophes, des aérobies, des anaérobies, des mésophiles, des psychrophiles, des thermophiles. Tout comme les champignons, certaines bactéries sont capables de dégrader des substances insolubles d’origine végétale comme la cellulose, la lignine, de réduire les sulfates, d’oxyder le soufre, de fixer l’azote atmosphérique et de produire des nitrates. Les bactéries jouent un rôle dans le cycle des nutriments des sols, et sont notamment capables de fixer l’azote. Elles ont donc un rôle dans la fertilité des sols pour l’agriculture. Les bactéries abondent au niveau des racines des végétaux avec lesquels elles vivent en mutualisme.
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À la différence des milieux aquatiques, l’eau n’est pas toujours disponible dans les sols. Les bactéries ont mis en place des stratégies pour s’adapter aux périodes sèches. Les Azotobacter produisent des cystes, les Clostridium et les Bacillus des endospores ou d’autres types de spores chez les Actinomycètes.
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Dans le sous-sol, dans l'eau ou dans les cavités humides, des bactéries colonisent inévitablement les galeries minières, puits de mines et leurs abords faillés ou évidés, y compris dans les centres de stockage souterrains ; elles sont parfois trouvée à grande profondeur dans le sous-sol, y compris dans les remontées de forages d'eau ou de pétrole. Elles peuvent là aussi modifier leur environnement, être source de CO2 ou de méthane, d'acidification, de corrosion, de méthylation, de putréfaction et/ou interagir avec les nappes, certains métaux ou des matériaux de confinement (ce pourquoi Rizlan Bernier-Latmani a monté une campagne expérimentale d'étude à des centaines de mètres de profondeur (sous le Mont Terri, près de Saint-Ursanne dans le Jura dans une plateforme de recherche et de collaboration internationales visant à étudier la pertinence de la roche argileuse pour l'enfouissement des déchets radioactifs[51].
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Les bactéries peuvent aussi être rencontrées dans des environnements plus extrêmes. Elles sont qualifiées d’extrémophiles. Des bactéries halophiles sont rencontrées dans des lacs salés, des bactéries psychrophiles sont isolées d’environnements froids comme des océans Arctique et Antarctique, des banquises. Des bactéries thermophiles sont isolées des sources chaudes ou des cheminées hydrothermales.
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En 2007, des forages dans le pergélisol du nord-est de la Sibérie, du nord-ouest du Canada et de l'Antarctique ont permis à des scientifiques de l'université de Californie dirigée par le professeur Eske Willerslev (en) (Université de Copenhague) de mettre au jour des bactéries toujours vivantes vieilles d'environ 500 000 ans. Les chercheurs ont montré chez ces bactéries des signes de réparation de leur ADN combiné à un état de dormance inférieure à l'activité métabolique nécessaire à la réparation de l'ADN maintenue à un bas niveau[52].
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En 2000, une équipe scientifique a annoncé avoir découvert une bactérie demeurée endormie dans un cristal de sel pendant 250 millions d'années[53]. De nombreux scientifiques sont très réservés vis-à-vis de ce résultat, qui serait plutôt dû à une colonisation récente du cristal[54].
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Dans l'espace, les bactéries deviendraient presque trois fois plus virulentes. C'est du moins le cas de Salmonella typhimurium, une bactérie responsable d'intoxication alimentaire. Celles-ci ont fait un voyage à bord de la navette Atlantis en 2006. À leur retour, les bactéries qui avaient été conservées dans un récipient étanche, ont été transmises à des souris. Il n'a fallu que le tiers de la dose habituelle pour tuer la moitié du groupe de souris qui avait été infecté[55],[56].
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On cherche actuellement à savoir s'il a existé une vie bactérienne sur la planète Mars. Certains éléments d'analyse du sol martien semblent s'orienter en ce sens, et la présence abondante d'eau sur Mars jadis a peut-être pu constituer un terrain extrêmement favorable au développement de la vie bactérienne, si elle est apparue. Si la chose venait à être confirmée, ce serait un élément important en faveur de l'hypothèse de panspermie. Des chercheurs écossais ont mis en évidence en juin 2017 que le sol de mars éliminait la moindre bactérie. C’est l’interaction entre le rayonnement ultraviolet, les substances oxydantes du sol de Mars, et surtout les perchlorates qui confère à la surface de la Planète rouge sa capacité à éliminer toute bactérie[57]. D'autres recherches s'intéressent aussi aux glaces de la lune jovienne Europe qui abritent de l'eau liquide sous leur surface.
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En dépit de leur apparente simplicité, les bactéries peuvent entretenir des associations complexes avec d’autres organismes. Ces associations peuvent être répertoriées en parasitisme, mutualisme et commensalisme. En raison de leurs petites tailles, les bactéries commensales sont ubiquitaires et sont rencontrées à la surface et à l’intérieur des plantes et des animaux.
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Dans le sol, les bactéries de la rhizosphère (couche de sol fixée aux racines des plantes) fixent l’azote et produisent des composés azotés utilisés par les plantes (exemple de la bactérie Azotobacter ou Frankia). En échange, la plante excrète au niveau des racines des sucres, des acides aminés et des vitamines qui stimulent la croissance des bactéries. D’autres bactéries comme Rhizobium sont associées aux plantes légumineuses au niveau de nodosités sur les racines.
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Il existe de nombreuses relations symbiotiques ou mutualistes de bactéries avec des invertébrés. Par exemple, les animaux qui se développent à proximité des cheminées hydrothermales des fonds océaniques comme les vers tubicoles Riftia pachyptila, les moules Bathymodiolus ou la crevette Rimicaris exoculata vivent en symbiose avec des bactéries chimiolitho-autotrophes.
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Buchnera est une bactérie endosymbiote des aphides (puceron). Elle vit à l'intérieur des cellules de l'insecte et lui fournit des acides aminés essentiels. La bactérie Wolbachia est hébergée dans les testicules ou les ovaires de certains insectes. Cette bactérie peut contrôler les capacités de reproduction de son hôte.
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Des bactéries sont associées aux termites et leur apportent des sources d'azote et de carbone.
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Des bactéries colonisant la panse des herbivores permettent la digestion de la cellulose par ces animaux. La présence de bactéries dans l’intestin de l’Homme contribue à la digestion des aliments mais les bactéries fabriquent également des vitamines comme l’acide folique, la vitamine K et la biotine[58].
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Des bactéries colonisent le jabot d'un oiseau folivore (consommateur de feuilles), le Hoazin (Opisthocomus hoazin). Ces bactéries permettent la digestion de la cellulose des feuilles, de la même manière que dans le rumen des ruminants.
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Des bactéries bioluminescentes comme Photobacterium sont souvent associées à des poissons ou des invertébrés marins. Ces bactéries sont hébergées dans des organes spécifiques chez leurs hôtes et émettent une luminescence grâce à une protéine particulière : la luciférase. Cette luminescence est utilisée par l'animal lors de divers comportements comme la reproduction, l'attraction de proies ou la dissuasion de prédateurs.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, environ autant, voire plus, que de cellules le constituant, toutefois leur masse reste infime en comparaison.
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Les calculs donnent des résultats variés quant à leur nombre. D'après certaines estimations, 1012 bactéries colonisent la peau, 1010 bactéries colonisent la bouche et 1014 bactéries habitent dans l'intestin[59]. D'autres calculs, réalisés par des chercheurs de l'institut Weizmann, indiquent qu'il y a plus de cellules bactériennes (~40 × 1012) que de cellules humaines (~30 × 1012) dans le corps humain[60],[61].
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La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l’organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses comme le choléra, la syphilis, la peste, l’anthrax, la tuberculose.
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Le plus souvent, les maladies bactériennes mortelles sont les infections respiratoires : la tuberculose à elle seule tue environ deux millions de personnes par an, principalement en Afrique subsaharienne[62]. Des bactéries peuvent entraîner des troubles respiratoires ou intestinaux alors que d’autres peuvent être responsables de l’infection d'une blessure. Les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui le plus souvent inhibent une de leurs fonctions vitales (par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire).
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Les bactéries pathogènes sont responsables de maladies humaines et causent des infections. Les organismes infectieux peuvent être distingués en trois types : les pathogènes obligatoires, accidentels ou opportunistes.
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Un pathogène obligatoire ne peut survivre en dehors de son hôte. Parmi les bactéries pathogènes obligatoires, Corynebacterium diphtheriae entraîne la diphtérie, Treponema pallidum est l’agent de la syphilis, Mycobacterium tuberculosis provoque la tuberculose, Mycobacterium leprae la lèpre, Neisseria gonorrhoeae la gonorrhée. Les Rickettsia à l’origine du typhus sont des bactéries parasites intracellulaires.
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Un pathogène accidentel présent dans la nature peut infecter l’Homme dans certaines conditions. Par exemple, Clostridium tetani provoque le tétanos en pénétrant dans une plaie. Vibrio cholerae entraîne le choléra à la suite de la consommation d’une eau contaminée.
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Un pathogène opportuniste infecte des individus affaiblis ou atteints par une autre maladie. Des bactéries comme Pseudomonas aeruginosa, des espèces de la flore normale, comme des Staphylococcus de la flore cutanée, peuvent devenir des pathogènes opportunistes dans certaines conditions. On rencontre surtout ce type d’infection en milieu hospitalier.
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La capacité d’une bactérie à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène. L’intensité du pouvoir pathogène est la virulence. L’aboutissement de la relation bactérie-hôte et l’évolution de la maladie dépendent du nombre de bactéries pathogènes présentes dans l’hôte, de la virulence de cette bactérie, des défenses de l’hôte et de son degré de résistance.
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Pour déclencher une maladie, les bactéries infectieuses doivent d’abord pénétrer dans l’organisme et adhérer à un tissu. Des facteurs d’adhésion permettent la fixation des bactéries à une cellule. Le pouvoir invasif est la capacité de la bactérie à se répandre et à se multiplier dans les tissus de l’hôte, soit par un processus d'endocytose permettant leur pénétration intracellulaire, soit pour certaines bactéries en passant entre les cellules des muqueuses afin de coloniser la lamina propria sous-jacente. Les bactéries peuvent produire des substances lytiques leur permettant de se disséminer dans les tissus. Certaines bactéries présentent aussi un pouvoir toxinogène qui est la capacité de produire des toxines, substances chimiques portant préjudice à l’hôte. On peut distinguer les exotoxines libérées lors de la multiplication des bactéries et les endotoxines fixées dans la membrane des bactéries.
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Les bactéries pathogènes tentant d’envahir un hôte rencontrent toutefois de nombreux mécanismes de défense assurant à l’organisme une protection aux infections. Une bonne alimentation et une hygiène de vie correcte constituent une première protection. La peau, les muqueuses forment une première ligne de défense contre la pénétration d’organismes pathogènes. Les bactéries de la flore normale constituent aussi une barrière de protection. Lorsqu’un micro-organisme a pénétré ces premières lignes de défense, il rencontre des cellules spécialisées qui se mobilisent contre l’envahissement : ce sont les phagocytes. L’inflammation est une réaction défensive non spécifique. Un second système de défense très efficace est le système immunitaire spécifique, capable de reconnaître des antigènes portés ou sécrétés par les bactéries, et d’élaborer des anticorps et des cellules immunitaires spécifiques de ces antigènes.
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En milieu hospitalier, le personnel soignant doit suivre des protocoles de protection (port de la blouse, gants, lunettes en chirurgie...). En cas de contact avec un élément à risque (sang, liquide...), le personnel soignant doit impérativement et au plus tôt se laver les mains avec un produit désinfectant et aseptisant[63].
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Les bactéries pathogènes pour les plantes sont connues du grand public pour leur responsabilité dans la dévastation de cultures agricoles. En 2001, les vergers du midi de la France étaient victimes d'une vague d'infection par une bactérie du genre Xanthomonas[64].
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En biotechnologie végétale, la bactérie du sol, Agrobacterium tumefaciens, est utilisée pour sa capacité à transmettre un fragment d'ADN à la plante cible lors de son cycle infectieux.
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Les Procaryotes sont d'importants outils dans le domaine de la biorestauration : on se sert d'organismes pour éliminer des polluants du sol, de l'eau et de l'air. Exemple : Les archées décomposent la matière organique contenue dans les eaux usées pour la transformer en substance qui peut servir d'engrais. Dans l'industrie minière, les Procaryotes aident à retirer les métaux contenus dans le minéral. L'utilité des Procaryotes provient en grande partie de la diversité de leurs formes de nutrition et de métabolisme[65].
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L’origine de la microbiologie industrielle date de l’époque préhistorique. Les premières civilisations ont utilisé sans le savoir des micro-organismes pour produire des boissons alcoolisées, du pain et du fromage.
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Les bactéries comme Lactobacillus, Lactococcus ou Streptococcus, combinées aux levures et moisissures interviennent dans l’élaboration d’aliments fermentés comme les fromages, les yaourts, la bière, le vin, la sauce de soja, le vinaigre, la choucroute.
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Les bactéries acétiques (Acetobacter, Gluconobacter) peuvent produire de l'acide acétique à partir de l'éthanol. Elles se rencontrent dans les jus alcoolisés et sont utilisées dans la production du vinaigre. Elles sont également exploitées pour la production d'acide ascorbique (vitamine C) à partir du sorbitol transformée en sorbose.
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La capacité des bactéries hétérotrophes à dégrader une large variété de composés organiques est exploitée dans des processus de traitement des déchets comme la bioremédiation ou le traitement des eaux usées. Des bactéries sont également utilisées dans les fosses septiques pour en assurer l'épuration. Des bactéries, capables de dégrader des hydrocarbures du pétrole, peuvent être utilisées lors du nettoyage d'une marée noire. Le processus de nettoyage de milieux pollués par des micro-organismes est la bioremédiation.
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Des bactéries peuvent être utilisées pour récupérer des métaux d'intérêts économiques à partir de minerais. C'est la biolixiviation. L'activité de bactéries est ainsi exploitée pour la récupération du cuivre.
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Des bactéries peuvent être utilisées à la place de pesticides en lutte biologique pour combattre des parasites des plantes. Par exemple, Bacillus thuringiensis produit une protéine Bt qui est toxique pour certains insectes. Cette toxine est utilisée en agriculture pour combattre des insectes qui se nourrissent de plantes.
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En raison de leur capacité à se multiplier rapidement et de leur relative facilité à être manipulées, certaines bactéries comme Escherichia coli sont des outils très utilisés en biologie moléculaire, génétique et biochimie. Les scientifiques peuvent déterminer la fonction de gènes, d’enzymes ou identifier des voies métaboliques nécessaires à la compréhension fondamentale du vivant et permettant également de mettre en œuvre de nouvelles applications en biotechnologie.
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De nombreuses enzymes utilisées dans divers processus industriels ont été isolées de micro-organismes. Les enzymes des détergents sont des protéases de certaines souches de Bacillus. Des amylases capables d’hydrolyser l’amidon sont très utilisées dans l’industrie alimentaire. La Taq polymérase utilisée dans les réactions de polymérisation en chaîne (PCR) pour l’amplification de l’ADN provient d’une bactérie thermophile Thermus aquaticus.
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Les bactéries génétiquement modifiées sont très utilisées pour la production de produits pharmaceutiques. C’est le cas par exemple de l’insuline, l’hormone de croissance, certains vaccins, des interférons… Certaines bactéries comme Streptomyces sont très employées pour la production d’antibiotiques.
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Certaines bactéries peuvent provoquer une dégradation d'installation (biocorrosion), en particulier les bactéries sulfato-réductrices.
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Robin des Bois (en anglais : Robin Hood)[1] est un personnage fictif, héros légendaire[1],[2] et archétypal du Moyen Âge anglais. D'abord sujet d'une tradition orale[2], il devient un personnage littéraire dès le XIVe siècle, avec des œuvres telles que Piers plowman (« Pierre le Laboureur ») de William Langland[2], puis le héros de diverses gestes du XVe siècle telles que The Lytell Geste of Robin Hood[2]. Selon la légende, telle qu'elle est répandue aujourd’hui, Robin des Bois était un brigand au grand cœur qui vivait caché dans la forêt de Sherwood et de Barnsdale (en). Habile braconnier, mais aussi défenseur avec ses nombreux compagnons des pauvres et des opprimés, il détroussait les riches au profit des pauvres ou rendait au peuple l'argent des impôts prélevés, selon les idéaux des auteurs.
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L'anglais Robin Hood signifie littéralement « Robin à la capuche »[3], ou « Robin au capuchon »[4]. Le français « Robin des Bois » est une erreur de traduction qui provient d'une confusion entre hood (« capuche, capuchon » ou « truand ») et son paronyme wood (« bois »)[3],[5]. Il est à noter que hood peut aussi signifier « truand » en anglais, Robin Hood étant peut-être originellement « Robin le Truand »[4]. La fameuse capuche pourrait ainsi être un élément ajouté a posteriori par la légende anglo-saxonne pour expliquer le nom anglais par cette coiffe et ne plus l'associer à son côté criminel[6]. Par ailleurs, « robin » signifie « homme de loi, juge » en langage familier (et vieilli)[7].
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La première mention de Robehod ou Hobbehod date de 1228 dans un document judiciaire : un parchemin recense un Robinhood mis en prison pour non-paiement d'une dette ou d'une amende[8]. La majorité des références datent de la fin du XIIIe siècle : entre 1261 et 1300 en Angleterre, on retrouve pas moins de huit références à un certain Rabunhod[9].
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Dès le début du XIVe siècle, des ballades populaires célèbrent les aventures de Robin des Bois, notamment d'un Robin, chef d'une équipe de lutteurs qui apparaît lors des fêtes paroissiales[10]. Il est dès lors suffisamment connu dans la tradition orale pour apparaître dans la littérature : la première mention manuscrite d'une œuvre littéraire de Robin des Bois se trouve dans Pierre le laboureur (Piers Plowman) de William Langland (1377), où Sloth, un prêtre paresseux, déclare : « Je connais des rimes de Robin des Bois. » Trois ans plus tard, le chroniqueur écossais Jean de Fordun écrit que le personnage de Robin des Bois dans les ballades « plaît mieux que tous les autres. »
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Au cours du XVe siècle se forge la légende de Robin des Bois dans plusieurs ballades qui s'étoffent : A Gest of Robyn Hode (La geste de Robin des Bois) est un conte enfantin, compilation de plusieurs poèmes du XIVe siècle, qui le présente comme un hors-la-loi au grand cœur, affrontant un système corrompu avec son arc long (arme ignoble au sens étymologique du terme) ; Robin et le moine, histoire sanglante dans laquelle il détrousse les riches pour son propre compte et tue des gens avec flegme ; Robin et le potier, conte comique dans lequel il berne le shérif de Nottingham grâce à la femme de ce dernier ; Gest[11] présente une version complète de l’histoire de Robin des Bois (avec les personnages du bûcheron Petit Jean et de Stuteley, chef du groupe de paysans que Robin a sauvé de la potence). Des historiens marxistes comme Rodney Hilton[12] en ont fait le symbole de la révolte paysanne alors que Robin des Bois apparaît dans ces textes plutôt comme un yeoman[13]. D'après les recherches de Laurence Belingard, maître de conférence en histoire anglaise à l'université d'Avignon[14], le personnage décrit dans certaines ballades populaires n'a rien à voir avec l'image du noble justicier mais plutôt comme un paysan parfois cruel et violent. Elle note par exemple des passages où le héros décapite un moine, ou d'autres où il décapite un enfant.
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D'après les recherches de Rodney H. Hilton le personnage ne met jamais en cause l'ordre monarchique : il se prosterne devant le roi, Richard Ier, « notre noble roi ». « Illusion bien médiévale celle qui met le roi du côté des paysans », du fait des nombreux conflits qui l'ont opposé - uniquement pour les intérêts de la couronne - aux propriétaires, oppresseurs des serfs. Cette erreur aboutit au « désastre populaire de 1381 »[15].
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De nombreuses versions imprimées de ces ballades apparaissent au début du XVIe siècle au moment où l'imprimerie connaît ses premiers essors en Angleterre. Son image a cependant changé : il n'y est plus question d'un personnage aussi cruel qu'au siècle précédent, et Robin est désormais qualifié de gentleman, ce qui à cette époque signifie un commerçant ou un fermier indépendant. Ce n'est qu'à la fin du siècle qu'il acquiert dans les pièces élisabéthaines (par exemple en 1601 The Downfall and Death of Robert, Earl of Huntingdon, La chute et la mort de Robert, comte de Huntingdon) un titre de noblesse et prend le nom de « Robin de Loxley », ou encore de « Robert Fitz Ooth, comte de Huntingdon » : du hors-la-loi, les auteurs des pièces de théâtre le transforment (phénomène de gentrification) en noble dépossédé volant les riches pour donner aux pauvres.
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Son association romantique avec Marianne (ou « Marion », parfois appelée « Mathilde ») date de cette période tardive. Le nom de « Marion » provient d'une pastourelle lyrique du poète français Adam de la Halle, Le Jeu de Robin et Marion (vers 1283). À part les noms, rien cependant ne permet d'établir une correspondance entre les deux personnages. Ils se rencontrent soit dans les fêtes paroissiales (ballades dans lesquelles ils font partie tous deux du petit peuple, elle étant présentée comme une danseuse), soit dans la demeure seigneuriale du père de Lady Marianne (pièces de théâtre les présentant comme des nobles). Marianne devient même le double féminin de Robin au XIXe siècle (guerrière montant à cheval). Apparaît à la même période le frère Tuck, confesseur de Marianne[13].
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À la fin du XVIe siècle, l'histoire de Robin des Bois recule dans le temps pour se situer vers les années 1190 au moment où le roi Richard Cœur de Lion part pour la troisième croisade.
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Au XVIIe siècle, Robin des Bois figure dans The Sad Shepherd (Le Triste Berger, 1641) de Ben Jonson. Puis, au XIXe siècle, Robin des Bois devient un des héros du roman Ivanhoé (1819) de Walter Scott, ce qui en fait un personnage mondialement popularisé. L'idée que Robin est un rebelle saxon combattant les seigneurs normands et vole aux riches pour donner aux pauvres[16] date de cette époque.
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On a accusé de plagiat Thomas Love Peacock (1785-1866) pour le célèbre Maid Marian, paru trois ans après Ivanhoé. Peacock a toujours soutenu que son livre avait été écrit en 1818, un an avant la parution de celui de Scott. L’influence de Rabelais y est sensible, notamment à travers le personnage de frère Tuck.
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Autour du personnage de Robin, de nombreuses incohérences se sont introduites au fil du temps. Il est dit que Robin le Seigneur de Locksley (chef-lieu du comté de Hallamshire) fut dépossédé de ses terres par le Shérif de Nottingham et déclaré hors-la-loi. Le shérif apparaît en effet dans les premières ballades, où Robin finit par le décapiter, mais il n'y est pas question de ses terres. Ses autres ennemis sont un chasseur de primes du nom de Guy de GisbourneGuy de Gisbourne, ainsi que de riches abbés, lesquels sont également tués par Robin. Mais si les anciennes ballades font mention d'un prêt accordé par Robin à un chevalier malchanceux, elles ne disent rien d'une redistribution des rapines aux pauvres. Il est dit encore que Robin réside dans la verte forêt de Sherwood, dans le comté de Nottingham, alors que les ballades le font évoluer à Barnsdale (en), dans le comté de York, soit à près de 80 kilomètres au nord.
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Du Moyen Âge à nos jours, chansons et ballades, pièces de théâtre et comédies musicales, films et séries de télévision ont façonné un mythe en résonance avec leur époque, soumis au passage à de nombreuses manipulations idéologiques, comme le montrent par exemple le personnage de Marianne, qui joue tantôt le rôle d'une guerrière, tantôt celui d'une jeune fille passive, ou celui de Robin des Bois lui-même, présenté tantôt comme un vulgaire bandit, tantôt comme un résistant qui combat pour une juste cause. Par ailleurs tout en idéalisant Robin des Bois, Egon Pierce et Alexandre Dumas le font périr d'une mort violente. Blessé, recueilli dans un couvent, une religieuse, lointaine parente d'un normand, feint de le soigner et enlève le pansement pour que coule le sang. Agonisant il enjoint à ses compagnons de ne pas le venger. Dans La rose et la flèche Richard Lester s'inspirera de l'histoire en imaginant la religieuse sous les traits de Marianne. Les deux images de Robin des bois porteur des valeurs d'une justice sociale redistributive et d'un combat contre les Normands ne coïncident pas forcément. Les œuvres d'Egon Pierce et d'Alexandre Dumas privilégiant la deuxième image font admettre au héros l'alliance avec les riches yeomen saxons. Les compagnons de Robin des Bois de Donald E Cooks, œuvre se déroulant sous le règne du roi Jean sans Terre qui privilégie la première image, reproche aussi au roi Jean, par la bouche d'un des compagnons de Robin des Bois, d'avoir, par sa négligence, fait perdre la Normandie à l'Angleterre.
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Dans les versions modernes de la légende, Robin Hood aurait élu domicile dans la forêt de Sherwood, dans le comté du Nottinghamshire. Pour cette raison, les gens du comté entretiennent une affinité particulière avec le personnage, depuis 2011 une silhouette de Robin des Bois est représentée sur le drapeau du comté tout comme les grands panneaux routiers entrant dans le comté représentent Robin des Bois avec son arc et une flèche, l'accueil des personnes à « Robin Hood County ». La BBC de Nottingham utilise aussi l'expression « Robin Hood County » sur ses programmes réguliers.
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Un des plus fameux sites liés à Robin des Bois est le « Major Oak Tree », un chêne plusieurs fois centenaire considéré comme le repaire du héros et de ses comparses. Pour appuyer cette affirmation, l'université de Nottingham réalise en 2010 une étude des grottes de Nottingham, dans le but « d'accroître le potentiel touristique de ces sites ». Le projet utilise un scanner laser 3D afin de produire un document en trois dimensions permettant d'analyser et de localiser plus de 450 grottes de grès autour de Nottingham où l'on pourrait trouver des traces probantes de l'existence de Robin des Bois à Nottingham.
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Cependant, la localisation de Nottingham est un sujet de discorde en Angleterre. Alors que le shérif de Nottingham et la ville elle-même apparaissent dans les premières ballades (Sherwood est spécifiquement mentionné dans la ballade Robin Hood et le moine) certaines des ballades originales (même celles référençant Nottingham) localisent plutôt l'action de Robin des bois vers Barnsdale dans une zone se situant entre Pontefract et Doncaster, dans le comté du Yorkshire.
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Par ailleurs, il semble que les ballades, qui placent l'action dans ce comté, sont géographiquement plus précises. Cette idée est renforcée pour certains par la prétendue similitude entre le nom « De Locksley » (auquel Robin des Bois a été très souvent apparenté) à la ville de Loxley, dans le Sud du Yorkshire, près de Sheffield.
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Les environs de Tideswell se disputent aussi le lieu de l'action, les registres du tribunal local font état d'un grand nombre d'apparitions du nom « Robert de Lockesly » en 1245.
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On peut mentionner aussi le petit village de Robin Hood's Bay sur la baie homonyme de la côte du Yorkshire, où une ballade anglaise et une légende racontent l'histoire de Robin des bois à l'assaut de pirates français, venus piller les bateaux et la côte nord-ouest. Les pirates se rendirent et Robin des bois rendit le butin aux pauvres du village, appelé désormais "Baie de Robin Hood".
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Plusieurs localités affirment posséder la tombe de Robin des Boistombe de Robin des Bois.
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Les hommes de main de Robin des bois et en français, les « Joyeux Compagnons ». Ce sont :
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Parmi les très nombreuses interprétations du mythe de Robin des Bois, voici quelques œuvres qui ont connu une diffusion en français :
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Robin des Bois (en anglais : Robin Hood)[1] est un personnage fictif, héros légendaire[1],[2] et archétypal du Moyen Âge anglais. D'abord sujet d'une tradition orale[2], il devient un personnage littéraire dès le XIVe siècle, avec des œuvres telles que Piers plowman (« Pierre le Laboureur ») de William Langland[2], puis le héros de diverses gestes du XVe siècle telles que The Lytell Geste of Robin Hood[2]. Selon la légende, telle qu'elle est répandue aujourd’hui, Robin des Bois était un brigand au grand cœur qui vivait caché dans la forêt de Sherwood et de Barnsdale (en). Habile braconnier, mais aussi défenseur avec ses nombreux compagnons des pauvres et des opprimés, il détroussait les riches au profit des pauvres ou rendait au peuple l'argent des impôts prélevés, selon les idéaux des auteurs.
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L'anglais Robin Hood signifie littéralement « Robin à la capuche »[3], ou « Robin au capuchon »[4]. Le français « Robin des Bois » est une erreur de traduction qui provient d'une confusion entre hood (« capuche, capuchon » ou « truand ») et son paronyme wood (« bois »)[3],[5]. Il est à noter que hood peut aussi signifier « truand » en anglais, Robin Hood étant peut-être originellement « Robin le Truand »[4]. La fameuse capuche pourrait ainsi être un élément ajouté a posteriori par la légende anglo-saxonne pour expliquer le nom anglais par cette coiffe et ne plus l'associer à son côté criminel[6]. Par ailleurs, « robin » signifie « homme de loi, juge » en langage familier (et vieilli)[7].
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La première mention de Robehod ou Hobbehod date de 1228 dans un document judiciaire : un parchemin recense un Robinhood mis en prison pour non-paiement d'une dette ou d'une amende[8]. La majorité des références datent de la fin du XIIIe siècle : entre 1261 et 1300 en Angleterre, on retrouve pas moins de huit références à un certain Rabunhod[9].
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Dès le début du XIVe siècle, des ballades populaires célèbrent les aventures de Robin des Bois, notamment d'un Robin, chef d'une équipe de lutteurs qui apparaît lors des fêtes paroissiales[10]. Il est dès lors suffisamment connu dans la tradition orale pour apparaître dans la littérature : la première mention manuscrite d'une œuvre littéraire de Robin des Bois se trouve dans Pierre le laboureur (Piers Plowman) de William Langland (1377), où Sloth, un prêtre paresseux, déclare : « Je connais des rimes de Robin des Bois. » Trois ans plus tard, le chroniqueur écossais Jean de Fordun écrit que le personnage de Robin des Bois dans les ballades « plaît mieux que tous les autres. »
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Au cours du XVe siècle se forge la légende de Robin des Bois dans plusieurs ballades qui s'étoffent : A Gest of Robyn Hode (La geste de Robin des Bois) est un conte enfantin, compilation de plusieurs poèmes du XIVe siècle, qui le présente comme un hors-la-loi au grand cœur, affrontant un système corrompu avec son arc long (arme ignoble au sens étymologique du terme) ; Robin et le moine, histoire sanglante dans laquelle il détrousse les riches pour son propre compte et tue des gens avec flegme ; Robin et le potier, conte comique dans lequel il berne le shérif de Nottingham grâce à la femme de ce dernier ; Gest[11] présente une version complète de l’histoire de Robin des Bois (avec les personnages du bûcheron Petit Jean et de Stuteley, chef du groupe de paysans que Robin a sauvé de la potence). Des historiens marxistes comme Rodney Hilton[12] en ont fait le symbole de la révolte paysanne alors que Robin des Bois apparaît dans ces textes plutôt comme un yeoman[13]. D'après les recherches de Laurence Belingard, maître de conférence en histoire anglaise à l'université d'Avignon[14], le personnage décrit dans certaines ballades populaires n'a rien à voir avec l'image du noble justicier mais plutôt comme un paysan parfois cruel et violent. Elle note par exemple des passages où le héros décapite un moine, ou d'autres où il décapite un enfant.
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D'après les recherches de Rodney H. Hilton le personnage ne met jamais en cause l'ordre monarchique : il se prosterne devant le roi, Richard Ier, « notre noble roi ». « Illusion bien médiévale celle qui met le roi du côté des paysans », du fait des nombreux conflits qui l'ont opposé - uniquement pour les intérêts de la couronne - aux propriétaires, oppresseurs des serfs. Cette erreur aboutit au « désastre populaire de 1381 »[15].
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De nombreuses versions imprimées de ces ballades apparaissent au début du XVIe siècle au moment où l'imprimerie connaît ses premiers essors en Angleterre. Son image a cependant changé : il n'y est plus question d'un personnage aussi cruel qu'au siècle précédent, et Robin est désormais qualifié de gentleman, ce qui à cette époque signifie un commerçant ou un fermier indépendant. Ce n'est qu'à la fin du siècle qu'il acquiert dans les pièces élisabéthaines (par exemple en 1601 The Downfall and Death of Robert, Earl of Huntingdon, La chute et la mort de Robert, comte de Huntingdon) un titre de noblesse et prend le nom de « Robin de Loxley », ou encore de « Robert Fitz Ooth, comte de Huntingdon » : du hors-la-loi, les auteurs des pièces de théâtre le transforment (phénomène de gentrification) en noble dépossédé volant les riches pour donner aux pauvres.
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Son association romantique avec Marianne (ou « Marion », parfois appelée « Mathilde ») date de cette période tardive. Le nom de « Marion » provient d'une pastourelle lyrique du poète français Adam de la Halle, Le Jeu de Robin et Marion (vers 1283). À part les noms, rien cependant ne permet d'établir une correspondance entre les deux personnages. Ils se rencontrent soit dans les fêtes paroissiales (ballades dans lesquelles ils font partie tous deux du petit peuple, elle étant présentée comme une danseuse), soit dans la demeure seigneuriale du père de Lady Marianne (pièces de théâtre les présentant comme des nobles). Marianne devient même le double féminin de Robin au XIXe siècle (guerrière montant à cheval). Apparaît à la même période le frère Tuck, confesseur de Marianne[13].
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À la fin du XVIe siècle, l'histoire de Robin des Bois recule dans le temps pour se situer vers les années 1190 au moment où le roi Richard Cœur de Lion part pour la troisième croisade.
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Au XVIIe siècle, Robin des Bois figure dans The Sad Shepherd (Le Triste Berger, 1641) de Ben Jonson. Puis, au XIXe siècle, Robin des Bois devient un des héros du roman Ivanhoé (1819) de Walter Scott, ce qui en fait un personnage mondialement popularisé. L'idée que Robin est un rebelle saxon combattant les seigneurs normands et vole aux riches pour donner aux pauvres[16] date de cette époque.
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On a accusé de plagiat Thomas Love Peacock (1785-1866) pour le célèbre Maid Marian, paru trois ans après Ivanhoé. Peacock a toujours soutenu que son livre avait été écrit en 1818, un an avant la parution de celui de Scott. L’influence de Rabelais y est sensible, notamment à travers le personnage de frère Tuck.
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Autour du personnage de Robin, de nombreuses incohérences se sont introduites au fil du temps. Il est dit que Robin le Seigneur de Locksley (chef-lieu du comté de Hallamshire) fut dépossédé de ses terres par le Shérif de Nottingham et déclaré hors-la-loi. Le shérif apparaît en effet dans les premières ballades, où Robin finit par le décapiter, mais il n'y est pas question de ses terres. Ses autres ennemis sont un chasseur de primes du nom de Guy de GisbourneGuy de Gisbourne, ainsi que de riches abbés, lesquels sont également tués par Robin. Mais si les anciennes ballades font mention d'un prêt accordé par Robin à un chevalier malchanceux, elles ne disent rien d'une redistribution des rapines aux pauvres. Il est dit encore que Robin réside dans la verte forêt de Sherwood, dans le comté de Nottingham, alors que les ballades le font évoluer à Barnsdale (en), dans le comté de York, soit à près de 80 kilomètres au nord.
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Du Moyen Âge à nos jours, chansons et ballades, pièces de théâtre et comédies musicales, films et séries de télévision ont façonné un mythe en résonance avec leur époque, soumis au passage à de nombreuses manipulations idéologiques, comme le montrent par exemple le personnage de Marianne, qui joue tantôt le rôle d'une guerrière, tantôt celui d'une jeune fille passive, ou celui de Robin des Bois lui-même, présenté tantôt comme un vulgaire bandit, tantôt comme un résistant qui combat pour une juste cause. Par ailleurs tout en idéalisant Robin des Bois, Egon Pierce et Alexandre Dumas le font périr d'une mort violente. Blessé, recueilli dans un couvent, une religieuse, lointaine parente d'un normand, feint de le soigner et enlève le pansement pour que coule le sang. Agonisant il enjoint à ses compagnons de ne pas le venger. Dans La rose et la flèche Richard Lester s'inspirera de l'histoire en imaginant la religieuse sous les traits de Marianne. Les deux images de Robin des bois porteur des valeurs d'une justice sociale redistributive et d'un combat contre les Normands ne coïncident pas forcément. Les œuvres d'Egon Pierce et d'Alexandre Dumas privilégiant la deuxième image font admettre au héros l'alliance avec les riches yeomen saxons. Les compagnons de Robin des Bois de Donald E Cooks, œuvre se déroulant sous le règne du roi Jean sans Terre qui privilégie la première image, reproche aussi au roi Jean, par la bouche d'un des compagnons de Robin des Bois, d'avoir, par sa négligence, fait perdre la Normandie à l'Angleterre.
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Dans les versions modernes de la légende, Robin Hood aurait élu domicile dans la forêt de Sherwood, dans le comté du Nottinghamshire. Pour cette raison, les gens du comté entretiennent une affinité particulière avec le personnage, depuis 2011 une silhouette de Robin des Bois est représentée sur le drapeau du comté tout comme les grands panneaux routiers entrant dans le comté représentent Robin des Bois avec son arc et une flèche, l'accueil des personnes à « Robin Hood County ». La BBC de Nottingham utilise aussi l'expression « Robin Hood County » sur ses programmes réguliers.
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Un des plus fameux sites liés à Robin des Bois est le « Major Oak Tree », un chêne plusieurs fois centenaire considéré comme le repaire du héros et de ses comparses. Pour appuyer cette affirmation, l'université de Nottingham réalise en 2010 une étude des grottes de Nottingham, dans le but « d'accroître le potentiel touristique de ces sites ». Le projet utilise un scanner laser 3D afin de produire un document en trois dimensions permettant d'analyser et de localiser plus de 450 grottes de grès autour de Nottingham où l'on pourrait trouver des traces probantes de l'existence de Robin des Bois à Nottingham.
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Cependant, la localisation de Nottingham est un sujet de discorde en Angleterre. Alors que le shérif de Nottingham et la ville elle-même apparaissent dans les premières ballades (Sherwood est spécifiquement mentionné dans la ballade Robin Hood et le moine) certaines des ballades originales (même celles référençant Nottingham) localisent plutôt l'action de Robin des bois vers Barnsdale dans une zone se situant entre Pontefract et Doncaster, dans le comté du Yorkshire.
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Par ailleurs, il semble que les ballades, qui placent l'action dans ce comté, sont géographiquement plus précises. Cette idée est renforcée pour certains par la prétendue similitude entre le nom « De Locksley » (auquel Robin des Bois a été très souvent apparenté) à la ville de Loxley, dans le Sud du Yorkshire, près de Sheffield.
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Les environs de Tideswell se disputent aussi le lieu de l'action, les registres du tribunal local font état d'un grand nombre d'apparitions du nom « Robert de Lockesly » en 1245.
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On peut mentionner aussi le petit village de Robin Hood's Bay sur la baie homonyme de la côte du Yorkshire, où une ballade anglaise et une légende racontent l'histoire de Robin des bois à l'assaut de pirates français, venus piller les bateaux et la côte nord-ouest. Les pirates se rendirent et Robin des bois rendit le butin aux pauvres du village, appelé désormais "Baie de Robin Hood".
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Plusieurs localités affirment posséder la tombe de Robin des Boistombe de Robin des Bois.
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Les hommes de main de Robin des bois et en français, les « Joyeux Compagnons ». Ce sont :
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En 1953, dans le cadre du maccarthysme et de la chasse aux « communistes » aux États-Unis, Robin des Bois est assimilé à de la « propagande communiste » par l’État de l'Indiana et retiré des bibliothèques[19].
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Parmi les très nombreuses interprétations du mythe de Robin des Bois, voici quelques œuvres qui ont connu une diffusion en français :
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Robinson Crusoé est un roman d'aventures anglais de Daniel Defoe, publié en 1719. L'histoire s'inspire très librement de la vie d'Alexandre Selkirk. Écrit à la première personne, l'intrigue principale du roman se déroule sur une île déserte à l'embouchure de l'Orénoque, près des côtes vénézuéliennes, où Robinson, après avoir fait naufrage, vécut pendant 28 ans. Durant son séjour, il fit connaissance d'un « sauvage » qu'il nomma Vendredi. Les deux compagnons vécurent ensemble pendant plusieurs années avant de pouvoir quitter l'île.
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C'est un des premiers romans d'aventures, voire le premier, écrit en anglais. Il connut un grand succès à sa parution. Certains, comme Jean-Jacques Rousseau, le considérèrent comme un livre d'éducation[2]. Il reste aujourd'hui un grand classique de la littérature.
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Le titre complet, traduit en français, de l'ouvrage est « La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l'Amérique, près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque, à la suite d'un naufrage où tous périrent à l'exception de lui-même, et comment il fut délivré d'une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrit par lui-même ».
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En 1651, Robinson Crusoé quitte York, en Angleterre, contre la volonté de ses parents qui voulaient qu'il devienne avocat, pour naviguer. Le navire est abordé par des pirates de Salé et Crusoé devient l'esclave d'un Maure. Il parvient à s'échapper sur un bateau et ne doit son salut qu'à un navire portugais qui passe au large de la côte ouest de l'Afrique. Arrivé au Brésil, Crusoé devient le propriétaire d'une plantation grâce au matériel qu'il y avait sur le bateau.
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En 1659, alors qu'il a vingt-huit ans, il se joint à une expédition partie à la recherche d'esclaves africains, mais à la suite d'une tempête il est naufragé sur une île à l'embouchure de l'Orénoque au Venezuela. Tous ses compagnons étant morts, il parvient à récupérer des armes et des outils dans l'épave. Il fait la découverte d'une grotte. Il se construit une habitation et confectionne un calendrier en faisant des entailles dans un morceau de bois. Il chasse et cultive le blé. Il apprend à fabriquer de la poterie et élève des chèvres. Il lit la Bible et rien ne lui manque, si ce n'est la compagnie des hommes.
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Il s'aperçoit que l'île qu'il a appelée « Despair Island », signifiant « île du désespoir », reçoit périodiquement la visite de cannibales, qui viennent y tuer et manger leurs prisonniers. Crusoé, qui juge leur comportement abominable, songe à les exterminer, mais il se rend compte qu'il n'en a pas le droit, puisque les cannibales ne l'ont pas agressé et ne savent pas que leur acte est criminel. Il rêve de se procurer un ou deux serviteurs en libérant des prisonniers et, de fait, quand l'un d'eux parvient à s'évader, ils deviennent amis. Crusoé nomme son compagnon « Vendredi », du jour de la semaine où il est apparu. Il lui apprend l'anglais et le convertit au christianisme.
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28 ans après son arrivée sur l'île, un navire anglais survient ; une mutinerie vient d'éclater et les rebelles veulent abandonner leur capitaine sur l'île. Le capitaine et Crusoé parviennent à reprendre le navire et à retourner en Angleterre avec Vendredi qui sera toujours un serviteur dévoué. Sa plantation a été bien entretenue et il est devenu riche. Il voyage en Espagne et en France, où il est attaqué par des loups dans les Pyrénées. Il vend sa plantation pour ne pas avoir à se convertir au catholicisme et retourne en Angleterre pour retrouver sa femme et ses enfants.
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La première traduction française est publiée dès 1720, à Amsterdam. Elle est faite par Thémiseul de Saint-Hyacinthe et Justus Van Effen, et illustrée de gravures d’après Bernard Picart.
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La traduction la plus connue de Robinson Crusoé de Defoe en langue française est celle réalisée par le poète et écrivain romantique frénétique Petrus Borel au XIXe siècle[3],[4].
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Une nouvelle version est sortie en 2012, traduction de Françoise Du Sorbier (Albin Michel)
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Le roman de Defoe fut adapté au cinéma et à la télévision à maintes reprises ; citons un téléfilm, une série télévisée commencée en 2008 et à ce jour en production, une série d'animation (Robinson Sucroë), une version modernisée intitulée Seul au monde, une version soviétique de Stanislav Govoroukhine en 1973 (Жизнь и удивительные приключения Робинзона Крузо)[5], un film de Luis Buñuel, Les Aventures de Robinson Crusoé.
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Il existe deux adaptations en bande dessinée :
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Jacques Offenbach a adapté Robinson Crusoé en opéra-comique en 1867
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Depuis sa parution, l'œuvre de Defoe n'a cessé de susciter de nouvelles variations sur le thème, ou robinsonnades. Parmi les plus représentatifs, Le Robinson suisse de Johann David Wyss (1812) L'Île mystérieuse de Jules Verne (1874), ou encore Sa Majesté des mouches de William Golding (1954).
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D'autres auteurs ont également procédé à une réécriture de l'œuvre, en modifiant l'histoire et les problématiques qu'elle propose :
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Robinson Crusoé aurait été inspiré par l'histoire du marin écossais Alexandre Selkirk qui survécut quatre ans sur une île déserte.
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Il existe d'autres récits ou légendes à propos de naufragés solitaires. Par exemple, selon Laura Secord, le marin naufragé Pedro Serrano, a été retrouvé après sept ans de solitude.
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l'histoire de Robinson Crusoé a également inspiré le film Seul au monde (2000), réalisé par Robert Zemeckis, racontant l'histoire de Chuck Noland (Tom Hanks), un cadre de la société FedEx qui échoue sur une île après avoir survécu à un accident d'avion et y reste pendant quatre ans.
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Robinson Crusoé est un roman d'aventures anglais de Daniel Defoe, publié en 1719. L'histoire s'inspire très librement de la vie d'Alexandre Selkirk. Écrit à la première personne, l'intrigue principale du roman se déroule sur une île déserte à l'embouchure de l'Orénoque, près des côtes vénézuéliennes, où Robinson, après avoir fait naufrage, vécut pendant 28 ans. Durant son séjour, il fit connaissance d'un « sauvage » qu'il nomma Vendredi. Les deux compagnons vécurent ensemble pendant plusieurs années avant de pouvoir quitter l'île.
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C'est un des premiers romans d'aventures, voire le premier, écrit en anglais. Il connut un grand succès à sa parution. Certains, comme Jean-Jacques Rousseau, le considérèrent comme un livre d'éducation[2]. Il reste aujourd'hui un grand classique de la littérature.
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Le titre complet, traduit en français, de l'ouvrage est « La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l'Amérique, près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque, à la suite d'un naufrage où tous périrent à l'exception de lui-même, et comment il fut délivré d'une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrit par lui-même ».
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En 1651, Robinson Crusoé quitte York, en Angleterre, contre la volonté de ses parents qui voulaient qu'il devienne avocat, pour naviguer. Le navire est abordé par des pirates de Salé et Crusoé devient l'esclave d'un Maure. Il parvient à s'échapper sur un bateau et ne doit son salut qu'à un navire portugais qui passe au large de la côte ouest de l'Afrique. Arrivé au Brésil, Crusoé devient le propriétaire d'une plantation grâce au matériel qu'il y avait sur le bateau.
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En 1659, alors qu'il a vingt-huit ans, il se joint à une expédition partie à la recherche d'esclaves africains, mais à la suite d'une tempête il est naufragé sur une île à l'embouchure de l'Orénoque au Venezuela. Tous ses compagnons étant morts, il parvient à récupérer des armes et des outils dans l'épave. Il fait la découverte d'une grotte. Il se construit une habitation et confectionne un calendrier en faisant des entailles dans un morceau de bois. Il chasse et cultive le blé. Il apprend à fabriquer de la poterie et élève des chèvres. Il lit la Bible et rien ne lui manque, si ce n'est la compagnie des hommes.
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Il s'aperçoit que l'île qu'il a appelée « Despair Island », signifiant « île du désespoir », reçoit périodiquement la visite de cannibales, qui viennent y tuer et manger leurs prisonniers. Crusoé, qui juge leur comportement abominable, songe à les exterminer, mais il se rend compte qu'il n'en a pas le droit, puisque les cannibales ne l'ont pas agressé et ne savent pas que leur acte est criminel. Il rêve de se procurer un ou deux serviteurs en libérant des prisonniers et, de fait, quand l'un d'eux parvient à s'évader, ils deviennent amis. Crusoé nomme son compagnon « Vendredi », du jour de la semaine où il est apparu. Il lui apprend l'anglais et le convertit au christianisme.
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La première traduction française est publiée dès 1720, à Amsterdam. Elle est faite par Thémiseul de Saint-Hyacinthe et Justus Van Effen, et illustrée de gravures d’après Bernard Picart.
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La traduction la plus connue de Robinson Crusoé de Defoe en langue française est celle réalisée par le poète et écrivain romantique frénétique Petrus Borel au XIXe siècle[3],[4].
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Une nouvelle version est sortie en 2012, traduction de Françoise Du Sorbier (Albin Michel)
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Le roman de Defoe fut adapté au cinéma et à la télévision à maintes reprises ; citons un téléfilm, une série télévisée commencée en 2008 et à ce jour en production, une série d'animation (Robinson Sucroë), une version modernisée intitulée Seul au monde, une version soviétique de Stanislav Govoroukhine en 1973 (Жизнь и удивительные приключения Робинзона Крузо)[5], un film de Luis Buñuel, Les Aventures de Robinson Crusoé.
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Il existe deux adaptations en bande dessinée :
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Jacques Offenbach a adapté Robinson Crusoé en opéra-comique en 1867
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Depuis sa parution, l'œuvre de Defoe n'a cessé de susciter de nouvelles variations sur le thème, ou robinsonnades. Parmi les plus représentatifs, Le Robinson suisse de Johann David Wyss (1812) L'Île mystérieuse de Jules Verne (1874), ou encore Sa Majesté des mouches de William Golding (1954).
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D'autres auteurs ont également procédé à une réécriture de l'œuvre, en modifiant l'histoire et les problématiques qu'elle propose :
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Robinson Crusoé aurait été inspiré par l'histoire du marin écossais Alexandre Selkirk qui survécut quatre ans sur une île déserte.
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Il existe d'autres récits ou légendes à propos de naufragés solitaires. Par exemple, selon Laura Secord, le marin naufragé Pedro Serrano, a été retrouvé après sept ans de solitude.
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l'histoire de Robinson Crusoé a également inspiré le film Seul au monde (2000), réalisé par Robert Zemeckis, racontant l'histoire de Chuck Noland (Tom Hanks), un cadre de la société FedEx qui échoue sur une île après avoir survécu à un accident d'avion et y reste pendant quatre ans.
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Un robot est un dispositif mécatronique (alliant mécanique, électronique et informatique) conçu pour accomplir automatiquement des tâches imitant ou reproduisant, dans un domaine précis, des actions humaines. La conception de ces systèmes est l'objet d'une discipline scientifique, branche de l'automatisme nommé robotique.
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Le terme robot apparaît pour la première fois dans la pièce de théâtre (science-fiction) R. U. R. (Rossum's Universal Robots), écrite en 1920 par l'auteur Karel Čapek[1]. Le mot a été créé par son frère Josef à partir du mot tchèque « robota » qui signifie « travail, besogne, corvée ».
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Les premiers robots industriels apparaissent, malgré leur coût élevé, au début des années 1970. Ils sont destinés à exécuter certaines tâches répétitives, éprouvantes ou toxiques pour un opérateur humain : peinture ou soudage des carrosseries automobiles. Aujourd'hui, l'évolution de l'électronique et de l'informatique permet de développer des robots plus précis, plus rapides ou avec une meilleure autonomie. Industriels, militaires ou spécialistes chirurgicaux rivalisent d'inventivité pour mettre au point des robots assistants les aidant dans la réalisation de tâches délicates ou dangereuses. Dans le même temps apparaissent des robots à usages domestiques : aspirateur, tondeuses, etc.
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L'usage du terme « robot » s'est galvaudé pour prendre des sens plus larges : automate distributeur, dispositif électro-mécanique de forme humaine ou animale, logiciel servant d'adversaire sur les plateformes de jeu, bot informatique.
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Le terme robot est issu des langues slaves et formé à partir du radical rabot, rabota (работа en russe) qui signifie travail, corvée que l'on retrouve dans le mot Rab (раб), esclave en russe. Ce radical présent dans les autres langues slaves (ex. : travailleur = robotnik en polonais, работнік en biélorusse, pracovník en tchèque) provient de l'indo-européen *orbho- qui a également donné naissance au gotique arbais signifiant besoin, nécessité, lui-même source de l'allemand Arbeit, travail[2].
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Il fut initialement utilisé par l’écrivain tchécoslovaque Karel Čapek dans sa pièce de théâtre R. U. R. (Rossum's Universal Robots), écrite en 1920. Cette pièce fut jouée pour la première fois en public au Théâtre national à Prague le 25 janvier 1921[3]. Bien que Karel Čapek soit souvent considéré comme l’inventeur du mot, il a lui-même désigné son frère Josef, peintre et écrivain, comme étant l’inventeur réel du terme[4].
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Ainsi certains assurent que le mot robot fut d’abord utilisé dans la courte pièce Opilec de Josef Čapek (The Drunkard), publiée dans la collection Lelio en 1917. Selon la Société des frères Čapek à Prague, ce serait néanmoins inexact. Le mot employé dans Opilec est automate, alors que c'est bien dans R.U.R. que le mot robot est apparu pour la première fois.
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Alors que les « robots » de Karel Čapek étaient des humains organiques artificiels, le mot robot fut emprunté pour désigner des humains « mécaniques ». Le terme androïde peut signifier l’un ou l’autre, alors que le terme cyborg (« organisme cybernétique » ou « homme bionique ») désigne une créature faite de parties organiques et artificielles.
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Quant au terme robotique, il fut introduit dans la littérature en 1942 par Isaac Asimov dans son livre Runaround. Il y énonce les « trois règles de la robotique » qui deviendront, par la suite, dans les œuvres de sciences fiction les Trois lois de la robotique.
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Un robot est un assemblage complexe de pièces mécaniques, électro-mécanique ou pièces électroniques. L'ensemble est piloté par une unité centrale appelée « système embarqué » : une simple séquence d'automatisme, un logiciel informatique ou une intelligence artificielle suivant le degré de complexité des tâches à accomplir. Lorsque les robots autonomes sont mobiles, ils possèdent également une source d'énergie embarquée : généralement une batterie d'accumulateurs électriques ou un générateur électrique couplé à un moteur à essence pour les plus énergivore.
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Il en existe une grande variété. Par exemple :
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Les sondeurs (ou télémètres) à ultrason ou Laser. Ces derniers sont à la base des scanners laser permettant à l'unité centrale du robot de prendre « conscience » de son environnement en 3D.
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Les caméras sont les yeux des robots. Il en faut au moins deux pour permettre la vision en trois dimensions. Le traitement automatique des images pour y détecter les formes, les objets, voire les visages, demande en général un traitement matériel car les microprocesseurs embarqués ne sont pas assez puissants pour le réaliser.
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Les roues codeuses permettent au robot se déplaçant sur roues, des mesures de déplacement précises en calculant les angles de rotation (information proprioceptive).
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Les microprocesseurs ou les microcontrôleurs sont des éléments essentiel du système de pilotage d'un robot. Ils permettent l'exécution de séquences d'instruction ou de logiciels commandant la réalisation d'actions ou de fonctions du robot. On trouve souvent, dans les robots de petite taille, des composants à très faible consommation électrique, car ils ne peuvent emporter que des sources d'énergie limitées.
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Les actionneurs les plus usuels sont :
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Un actionneur est le constituant d'un système mécanique (exemple : bras, patte, roue motrice...) réalisant une action motrice suivant un degré de liberté. Il anime les interfaces haptiques réalisant les actions de saisies d'objets dans les applications de télémanipulation.
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Une certaine capacité d'adaptation à un environnement inconnu peut, dans les systèmes semi-autonomes actuels, être assurée pourvu que l'inconnu reste relativement prévisible : l'exemple déjà opérationnel du robot aspirateur en est une bonne illustration : le logiciel qui pilote cet appareil est en mesure de réagir aux obstacles qui peuvent se rencontrer dans une habitation, de les contourner, de les mémoriser. Il sauvegarde le plan de l'appartement et peut le modifier en cas de besoin. Il retourne en fin de programme se connecter à son chargeur. Il doit donc fournir une réponse correcte au plus grand nombre possible de stimulations, qui sont autant de données entrées, non par un opérateur, mais par l'environnement.
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L'autonomie suppose que le programme d'instructions prévoit la survenue de certains événements, puis la ou les réactions appropriées à ceux-ci. Lorsque l'aspirateur évite un buffet parce qu'il sait que le buffet est là, il exécute un programme intégrant ce buffet, par exemple les coordonnées X-Y de son emplacement. Si ce buffet est déplacé ou supprimé, le robot est capable de modifier son plan en conséquence et de traiter une zone du sol qu'il ne prenait pas en compte jusqu'alors.
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Les ancêtres des robots sont les automates. Les plus anciennes sources de réalisation concrètes semblent réalisée par l'inventeur arabe Al-Jazari au XIIe siècle. Un automate très évolué fut présenté par Jacques de Vaucanson en 1738 : il représentait un homme jouant d’un instrument de musique à vent[5]. Jacques de Vaucanson créa également un automate représentant un canard mangeant et refoulant sa nourriture après ingestion de cette dernière.
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Unimate est le premier robot industriel créé. Il fut intégré aux lignes d'assemblage de General Motors en 1961[6].
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En 1970, le robot lunaire Lunokhod 1, envoyé par l'Union soviétique, a voyagé sur une distance de 10 km et a transmis plus de 20 000 images[7].
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Le 25 octobre 2017 Sophia est le premier robot à avoir une nationalité. Avec l'obtention de la nationalité saoudienne[8],[9]. Cela a suscité la controverse, car il n'est pas évident de savoir si cela implique que Sophia peut voter ou se marier, ou si un arrêt délibéré du système peut être considéré comme un meurtre[10].
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La robotique possède de nombreux domaines d'application. Les robots ont été installés dans les industries, ce qui permet de faire des tâches répétitives avec une précision constante. À la suite de l'évolution des techniques on retrouve des robots dans des secteurs de pointe tels que le spatial, médecine, chez les militaires.
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Depuis quelques années on les retrouve même à domicile.
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L'image d'êtres automatisés est ancienne, des traces étant présentes dès l’Antiquité gréco-romaine. Pour autant, le sujet a largement évolué, allant du mythe de la création d'êtres humains par les hommes à la prise de pouvoir de ces êtres artificiels, et allant de l'utilisation des matériaux basiques (boue, morceaux humains) à l'utilisation des techniques et sciences modernes. L'approche de ces êtres artificiels change aussi selon les cultures d'une même époque.
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Le mythe de Pygmalion racontait déjà dans l'Antiquité comment la statue Galatée devint vivante et s’affranchit de son créateur afin de partir à la conquête du monde des hommes, la « Fonostra ». Il ne s'agit toutefois pas d'un robot au sens propre du terme, puisque Galatée n'a pas été conçue pour être autonome. Son autonomie est le fruit de la volonté divine, et non de celle de son créateur ; elle ne dépend ni de l'intelligence de celui-ci, ni des mécanismes (inexistants) qui la composent.
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Le premier exemple d’un robot de forme humaine fut donné par Léonard de Vinci en 1495. Ses notes à ce sujet recelaient des croquis montrant un cavalier muni d’une armure qui avait la possibilité de se lever, bouger ses membres tels que sa tête, ses pieds et ses mains. Le plan était probablement basé sur ses recherches anatomiques compilées dans l’homme vitruvien. On ne sait pas s’il a tenté de construire ce robot.
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Lorsque la technologie arriva au point où l’on put préfigurer des créatures mécaniques, les réponses littéraires au concept de robot suscitèrent la crainte que les humains soient remplacés par leurs propres créations.
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Frankenstein (1818), parfois désigné comme le premier roman de science-fiction, est devenu un synonyme de ce thème. Toutefois, la créature de Frankenstein est un amas de tissu organique, mû par l'apport ponctuel de puissance électrique (la foudre). Le robot n'est pas encore apparu comme tel.
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La nouvelle L'Homme épingle d'Hermann Mac Coolish Rotenberg Caistria (1809) raconte l’histoire d’un homme qui désirait se transformer en robot par amour pour sa machine à coudre, et Steam Man of the Prairies d’Edward S. Ellis (1865) exprime la fascination américaine de l’industrialisation. La littérature concernant la robotique connut des sommets notables avec l’Homme électrique de Luis Senarens en 1885.
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En France, le roman L'Ève future de Villiers de L'isle-Adam en 1883 tourne autour de la figure moderne du robot : création métallique, mobile par électricité, et autonome. Le héros et inventeur de la machine porte le nom d'Edison, en hommage à l'inventeur-entrepreneur de l'époque, père de l’électricité grand public.
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En 1900, la littérature enfantine et les illustrations de W.W. Denslow laissent apparaître dans Le_Magicien_d'Oz un bûcheron de fer-blanc comme un robot.
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Le mot robot est créé par Karel Čapek, dans sa pièce de théâtre : R. U. R. (Rossum's Universal Robots), mise en scène à Prague en 1921. Dans une petite île, un industriel humain a créé une chaîne de montages d'où sortent des serviteurs de métal, pour être envoyés partout dans le monde. Les robots se révolteront, prenant le contrôle de leur chaîne de montage, et chercheront à construire toujours plus de robots.
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Le thème prit donc une consonance économique et philosophique.
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La littérature de science-fiction ou de bande dessinée autour du thème des robots est foisonnante. Un certain nombre d'auteurs (essentiellement de science-fiction, et parfois ayant une réelle connaissance scientifique du sujet tel Isaac Asimov) ont donné une place particulière aux robots dans leurs ouvrages. Isaac Asimov est le premier à utiliser le mot robotique en 1941. Dans ses nombreux romans où apparaissent des robots (regroupés dans Le Grand Livre des robots), il s'intéressa tout particulièrement à leur interaction avec la société et à la manière dont cette dernière les accepte. Certains de ces romans ont d'ailleurs fait l'objet d'une adaptation cinématographique. Exemples :
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Les robots sont présents dans de nombreuses œuvres cinématographiques. Ces robots peuvent être des ennemis de l'Homme (par exemple dans Terminator), parfois trop intelligents pour rester des serviteurs (2001, l'Odyssée de l'espace, Blade Runner). Ces robots peuvent pourtant aussi être foncièrement bons, comme le sont R2-D2 et C-3PO dans Star Wars (1977), ou les robots de L'Homme bicentenaire et I, Robot (deux films adaptés de nouvelles d'Isaac Asimov).
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Citons aussi le film classique Metropolis (1927). Mais également Short Circuit, Matrix (les sentinelles), WALL-E, Robots, Transformers.
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Plusieurs séries télévisées comportent un certain nombre de robots ou d'androïdes. On peut ainsi citer les Réplicateurs de Stargate SG-1, les Cybermen de Doctor Who, les hubots de Real Humans (Äkta människor), ou encore les Cylons de Battlestar Galactica. Dans chaque univers, le robot a une place différente. Ainsi, les hubots de Real Humans ont découvert la notion de liberté de pensée et veulent s'affranchir des humains, tandis que les robots de la série Futurama vivent au sein même de leur société sans relation d'infériorité.
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Il existe aussi des mangas traitant le sujet (Astro, le petit robot, Dragon Ball Z) ainsi que de nombreux jeux vidéo (Megaman, Sonic the hedgehog).
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Enfin, la série Il était une fois... l'Espace en présente de nombreux, soit hostiles soit grandement utiles. Leur présence permet de réfléchir en profondeur sur le libre-arbitre et la volonté d'indépendance.
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Un robot est un dispositif mécatronique (alliant mécanique, électronique et informatique) conçu pour accomplir automatiquement des tâches imitant ou reproduisant, dans un domaine précis, des actions humaines. La conception de ces systèmes est l'objet d'une discipline scientifique, branche de l'automatisme nommé robotique.
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Le terme robot apparaît pour la première fois dans la pièce de théâtre (science-fiction) R. U. R. (Rossum's Universal Robots), écrite en 1920 par l'auteur Karel Čapek[1]. Le mot a été créé par son frère Josef à partir du mot tchèque « robota » qui signifie « travail, besogne, corvée ».
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Les premiers robots industriels apparaissent, malgré leur coût élevé, au début des années 1970. Ils sont destinés à exécuter certaines tâches répétitives, éprouvantes ou toxiques pour un opérateur humain : peinture ou soudage des carrosseries automobiles. Aujourd'hui, l'évolution de l'électronique et de l'informatique permet de développer des robots plus précis, plus rapides ou avec une meilleure autonomie. Industriels, militaires ou spécialistes chirurgicaux rivalisent d'inventivité pour mettre au point des robots assistants les aidant dans la réalisation de tâches délicates ou dangereuses. Dans le même temps apparaissent des robots à usages domestiques : aspirateur, tondeuses, etc.
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L'usage du terme « robot » s'est galvaudé pour prendre des sens plus larges : automate distributeur, dispositif électro-mécanique de forme humaine ou animale, logiciel servant d'adversaire sur les plateformes de jeu, bot informatique.
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Le terme robot est issu des langues slaves et formé à partir du radical rabot, rabota (работа en russe) qui signifie travail, corvée que l'on retrouve dans le mot Rab (раб), esclave en russe. Ce radical présent dans les autres langues slaves (ex. : travailleur = robotnik en polonais, работнік en biélorusse, pracovník en tchèque) provient de l'indo-européen *orbho- qui a également donné naissance au gotique arbais signifiant besoin, nécessité, lui-même source de l'allemand Arbeit, travail[2].
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Il fut initialement utilisé par l’écrivain tchécoslovaque Karel Čapek dans sa pièce de théâtre R. U. R. (Rossum's Universal Robots), écrite en 1920. Cette pièce fut jouée pour la première fois en public au Théâtre national à Prague le 25 janvier 1921[3]. Bien que Karel Čapek soit souvent considéré comme l’inventeur du mot, il a lui-même désigné son frère Josef, peintre et écrivain, comme étant l’inventeur réel du terme[4].
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Ainsi certains assurent que le mot robot fut d’abord utilisé dans la courte pièce Opilec de Josef Čapek (The Drunkard), publiée dans la collection Lelio en 1917. Selon la Société des frères Čapek à Prague, ce serait néanmoins inexact. Le mot employé dans Opilec est automate, alors que c'est bien dans R.U.R. que le mot robot est apparu pour la première fois.
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Alors que les « robots » de Karel Čapek étaient des humains organiques artificiels, le mot robot fut emprunté pour désigner des humains « mécaniques ». Le terme androïde peut signifier l’un ou l’autre, alors que le terme cyborg (« organisme cybernétique » ou « homme bionique ») désigne une créature faite de parties organiques et artificielles.
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Quant au terme robotique, il fut introduit dans la littérature en 1942 par Isaac Asimov dans son livre Runaround. Il y énonce les « trois règles de la robotique » qui deviendront, par la suite, dans les œuvres de sciences fiction les Trois lois de la robotique.
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Un robot est un assemblage complexe de pièces mécaniques, électro-mécanique ou pièces électroniques. L'ensemble est piloté par une unité centrale appelée « système embarqué » : une simple séquence d'automatisme, un logiciel informatique ou une intelligence artificielle suivant le degré de complexité des tâches à accomplir. Lorsque les robots autonomes sont mobiles, ils possèdent également une source d'énergie embarquée : généralement une batterie d'accumulateurs électriques ou un générateur électrique couplé à un moteur à essence pour les plus énergivore.
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Il en existe une grande variété. Par exemple :
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Les sondeurs (ou télémètres) à ultrason ou Laser. Ces derniers sont à la base des scanners laser permettant à l'unité centrale du robot de prendre « conscience » de son environnement en 3D.
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Les caméras sont les yeux des robots. Il en faut au moins deux pour permettre la vision en trois dimensions. Le traitement automatique des images pour y détecter les formes, les objets, voire les visages, demande en général un traitement matériel car les microprocesseurs embarqués ne sont pas assez puissants pour le réaliser.
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Les roues codeuses permettent au robot se déplaçant sur roues, des mesures de déplacement précises en calculant les angles de rotation (information proprioceptive).
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Les microprocesseurs ou les microcontrôleurs sont des éléments essentiel du système de pilotage d'un robot. Ils permettent l'exécution de séquences d'instruction ou de logiciels commandant la réalisation d'actions ou de fonctions du robot. On trouve souvent, dans les robots de petite taille, des composants à très faible consommation électrique, car ils ne peuvent emporter que des sources d'énergie limitées.
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Un actionneur est le constituant d'un système mécanique (exemple : bras, patte, roue motrice...) réalisant une action motrice suivant un degré de liberté. Il anime les interfaces haptiques réalisant les actions de saisies d'objets dans les applications de télémanipulation.
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Une certaine capacité d'adaptation à un environnement inconnu peut, dans les systèmes semi-autonomes actuels, être assurée pourvu que l'inconnu reste relativement prévisible : l'exemple déjà opérationnel du robot aspirateur en est une bonne illustration : le logiciel qui pilote cet appareil est en mesure de réagir aux obstacles qui peuvent se rencontrer dans une habitation, de les contourner, de les mémoriser. Il sauvegarde le plan de l'appartement et peut le modifier en cas de besoin. Il retourne en fin de programme se connecter à son chargeur. Il doit donc fournir une réponse correcte au plus grand nombre possible de stimulations, qui sont autant de données entrées, non par un opérateur, mais par l'environnement.
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L'autonomie suppose que le programme d'instructions prévoit la survenue de certains événements, puis la ou les réactions appropriées à ceux-ci. Lorsque l'aspirateur évite un buffet parce qu'il sait que le buffet est là, il exécute un programme intégrant ce buffet, par exemple les coordonnées X-Y de son emplacement. Si ce buffet est déplacé ou supprimé, le robot est capable de modifier son plan en conséquence et de traiter une zone du sol qu'il ne prenait pas en compte jusqu'alors.
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Les ancêtres des robots sont les automates. Les plus anciennes sources de réalisation concrètes semblent réalisée par l'inventeur arabe Al-Jazari au XIIe siècle. Un automate très évolué fut présenté par Jacques de Vaucanson en 1738 : il représentait un homme jouant d’un instrument de musique à vent[5]. Jacques de Vaucanson créa également un automate représentant un canard mangeant et refoulant sa nourriture après ingestion de cette dernière.
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Unimate est le premier robot industriel créé. Il fut intégré aux lignes d'assemblage de General Motors en 1961[6].
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En 1970, le robot lunaire Lunokhod 1, envoyé par l'Union soviétique, a voyagé sur une distance de 10 km et a transmis plus de 20 000 images[7].
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Le 25 octobre 2017 Sophia est le premier robot à avoir une nationalité. Avec l'obtention de la nationalité saoudienne[8],[9]. Cela a suscité la controverse, car il n'est pas évident de savoir si cela implique que Sophia peut voter ou se marier, ou si un arrêt délibéré du système peut être considéré comme un meurtre[10].
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La robotique possède de nombreux domaines d'application. Les robots ont été installés dans les industries, ce qui permet de faire des tâches répétitives avec une précision constante. À la suite de l'évolution des techniques on retrouve des robots dans des secteurs de pointe tels que le spatial, médecine, chez les militaires.
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Depuis quelques années on les retrouve même à domicile.
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L'image d'êtres automatisés est ancienne, des traces étant présentes dès l’Antiquité gréco-romaine. Pour autant, le sujet a largement évolué, allant du mythe de la création d'êtres humains par les hommes à la prise de pouvoir de ces êtres artificiels, et allant de l'utilisation des matériaux basiques (boue, morceaux humains) à l'utilisation des techniques et sciences modernes. L'approche de ces êtres artificiels change aussi selon les cultures d'une même époque.
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Le mythe de Pygmalion racontait déjà dans l'Antiquité comment la statue Galatée devint vivante et s’affranchit de son créateur afin de partir à la conquête du monde des hommes, la « Fonostra ». Il ne s'agit toutefois pas d'un robot au sens propre du terme, puisque Galatée n'a pas été conçue pour être autonome. Son autonomie est le fruit de la volonté divine, et non de celle de son créateur ; elle ne dépend ni de l'intelligence de celui-ci, ni des mécanismes (inexistants) qui la composent.
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Le premier exemple d’un robot de forme humaine fut donné par Léonard de Vinci en 1495. Ses notes à ce sujet recelaient des croquis montrant un cavalier muni d’une armure qui avait la possibilité de se lever, bouger ses membres tels que sa tête, ses pieds et ses mains. Le plan était probablement basé sur ses recherches anatomiques compilées dans l’homme vitruvien. On ne sait pas s’il a tenté de construire ce robot.
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Lorsque la technologie arriva au point où l’on put préfigurer des créatures mécaniques, les réponses littéraires au concept de robot suscitèrent la crainte que les humains soient remplacés par leurs propres créations.
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Frankenstein (1818), parfois désigné comme le premier roman de science-fiction, est devenu un synonyme de ce thème. Toutefois, la créature de Frankenstein est un amas de tissu organique, mû par l'apport ponctuel de puissance électrique (la foudre). Le robot n'est pas encore apparu comme tel.
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La nouvelle L'Homme épingle d'Hermann Mac Coolish Rotenberg Caistria (1809) raconte l’histoire d’un homme qui désirait se transformer en robot par amour pour sa machine à coudre, et Steam Man of the Prairies d’Edward S. Ellis (1865) exprime la fascination américaine de l’industrialisation. La littérature concernant la robotique connut des sommets notables avec l’Homme électrique de Luis Senarens en 1885.
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En France, le roman L'Ève future de Villiers de L'isle-Adam en 1883 tourne autour de la figure moderne du robot : création métallique, mobile par électricité, et autonome. Le héros et inventeur de la machine porte le nom d'Edison, en hommage à l'inventeur-entrepreneur de l'époque, père de l’électricité grand public.
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En 1900, la littérature enfantine et les illustrations de W.W. Denslow laissent apparaître dans Le_Magicien_d'Oz un bûcheron de fer-blanc comme un robot.
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Le mot robot est créé par Karel Čapek, dans sa pièce de théâtre : R. U. R. (Rossum's Universal Robots), mise en scène à Prague en 1921. Dans une petite île, un industriel humain a créé une chaîne de montages d'où sortent des serviteurs de métal, pour être envoyés partout dans le monde. Les robots se révolteront, prenant le contrôle de leur chaîne de montage, et chercheront à construire toujours plus de robots.
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Le thème prit donc une consonance économique et philosophique.
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La littérature de science-fiction ou de bande dessinée autour du thème des robots est foisonnante. Un certain nombre d'auteurs (essentiellement de science-fiction, et parfois ayant une réelle connaissance scientifique du sujet tel Isaac Asimov) ont donné une place particulière aux robots dans leurs ouvrages. Isaac Asimov est le premier à utiliser le mot robotique en 1941. Dans ses nombreux romans où apparaissent des robots (regroupés dans Le Grand Livre des robots), il s'intéressa tout particulièrement à leur interaction avec la société et à la manière dont cette dernière les accepte. Certains de ces romans ont d'ailleurs fait l'objet d'une adaptation cinématographique. Exemples :
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Les robots sont présents dans de nombreuses œuvres cinématographiques. Ces robots peuvent être des ennemis de l'Homme (par exemple dans Terminator), parfois trop intelligents pour rester des serviteurs (2001, l'Odyssée de l'espace, Blade Runner). Ces robots peuvent pourtant aussi être foncièrement bons, comme le sont R2-D2 et C-3PO dans Star Wars (1977), ou les robots de L'Homme bicentenaire et I, Robot (deux films adaptés de nouvelles d'Isaac Asimov).
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Citons aussi le film classique Metropolis (1927). Mais également Short Circuit, Matrix (les sentinelles), WALL-E, Robots, Transformers.
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Plusieurs séries télévisées comportent un certain nombre de robots ou d'androïdes. On peut ainsi citer les Réplicateurs de Stargate SG-1, les Cybermen de Doctor Who, les hubots de Real Humans (Äkta människor), ou encore les Cylons de Battlestar Galactica. Dans chaque univers, le robot a une place différente. Ainsi, les hubots de Real Humans ont découvert la notion de liberté de pensée et veulent s'affranchir des humains, tandis que les robots de la série Futurama vivent au sein même de leur société sans relation d'infériorité.
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Il existe aussi des mangas traitant le sujet (Astro, le petit robot, Dragon Ball Z) ainsi que de nombreux jeux vidéo (Megaman, Sonic the hedgehog).
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Enfin, la série Il était une fois... l'Espace en présente de nombreux, soit hostiles soit grandement utiles. Leur présence permet de réfléchir en profondeur sur le libre-arbitre et la volonté d'indépendance.
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Les roches (du latin populaire rocca) sont des matériaux naturels généralement solides et formés, essentiellement ou en totalité, par un assemblage de minéraux, comportant parfois des fossiles (notamment dans les roches sédimentaires), du verre résultant du refroidissement rapide d'un liquide (volcanisme, friction...) ou des agrégats d'autres roches. Les roches peuvent être formées d'une seule espèce minérale (roches monominérales) ou de plusieurs (roches polyminérales) :
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L'ensemble présente une certaine homogénéité statistique. La classification des roches est complexe, car elle est basée sur un grand nombre de critères.
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La roche présente une grande diversité d'aspects décrits comme suit :
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La science de la description et de l'analyse des roches se nomme la pétrographie (du grec petra, « pierre », et graphê, « description »). La pétrologie (du grec petra et logos, « étude ») quant à elle, étudie les mécanismes de formation et de transformation des roches. La discipline scientifique associée à l'étude des mouvements et déformations des roches s'appelle la mécanique des roches.
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Un bloc de roche constitue un rocher.
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Les roches sont classées selon leur composition, leur origine ou la modalité de leur formation ; d'abord en quatre grandes catégories :
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On peut également classer les roches en trois types, selon leurs propriétés :
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Les roches présentent une dureté qui varie énormément. Le talc et le gypse présentent un indice très faible et s'érodent très facilement. Le corindon et le diamant, quant à eux font partie des roches les plus dures[1].
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L'homogénéité des roches varie en fonction des minéraux. On en distingue quatre types de textures[2] :
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Les roches peuvent plus ou moins se dilater.
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Certaines roches sont perméables, c'est-à-dire qu'elles laissent passer l'eau à grande échelle (perméables en petit, sur un petit échantillon) ou à petite échelle (perméable en grand, par des fissures ou diaclases, par exemple dans les terrains karstiques) ; d'autres sont imperméables, telles que l'argile. Les roches poreuses, comme le grès, permettent à l'eau de s'infiltrer. Les roches poreuses peuvent être des roches-réservoirs (gaz naturel, pétrole, eau). Aussi, d'autres roches et minéraux sont solubles[3],[4] :
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Plusieurs critères génétiques conduisent à la diagnose pétrographique et la pétrologie de la roche[5] :
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Associés à une analyse minéralogique, ces critères permettent de déterminer le nom d'une roche.
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Les roches servent dans de nombreuses utilisations, notamment :
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Les roches sédimentaires proviennent de l'accumulation de sédiments qui se déposent le plus souvent en couches ou lits superposés, appelés strates. Elles résultent de l'accumulation de sédiments divers, c'est-à-dire d'éléments solides (clastes : morceaux de roches ou fragments minéraux, débris coquilliers...) et/ou de précipitations à partir de solutions (elles-mêmes constitutives ou à l'origine de ciments, souvent intercalaires entre grains, particules ou clastes)[a]. On rassemble sous le nom de diagenèse l'ensemble des processus par lesquels les dépôts issus de l'érosion sont transformés en roches sédimentaires.
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Les principales catégories de roches sédimentaires sont les roches détritiques, les plus abondantes, les roches biogènes ou physico-chimiques, mettant en jeu des équilibres chimiques dans des conditions de température et de pression externes, que ce soit à la surface des continents ou au fond des mers ou des océans.
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Elles sont dites roches exogènes, c'est-à-dire qui se forment à la surface de l'écorce terrestre. Parmi celles-ci, les roches sédimentaires se distinguent des roches résiduelles formées localement à partir des roches existantes, auxquelles les eaux ont enlevé des éléments en solution (argiles résiduelles, bauxite, paléosols...)[b].
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Les roches sédimentaires affleurent dans 73 % des cas de la surface des continents[1], mais en considérant l'ensemble de la croûte terrestre (depuis la surface jusqu'à 35 km de profondeur sous un relief plat), elles ne constituent plus que 8 % de son volume total[2].
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Elles demeurent très variées, du fait du grand nombre de facteurs affectant leur genèse : nature des matériaux désagrégés et altérés, mode et type d'altération et d'érosion, mode de transport, zones de dépôts ou bassin sédimentaires, modalités de la diagenèse...
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Le classement génétique est le suivant :
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Mais aussi les roches biochimiques : elles sont aussi liées à l'activité des organismes vivants mais proviennent de l'accumulation de certains des éléments minéraux qu'ils synthétisent (coquilles, tests, os). Ces squelettes minéralisés peuvent être fragmentés pour former des bioclastes (débris de squelette d'organisme). Il peut y avoir transport mais il existe aussi des organismes constructeurs qui construisent eux-mêmes la roche, comme les récifs coralliens ou des micro-organismes qui contribuent à la précipitation de certains minéraux. Il est souvent difficile de faire la part du vivant et du chimique dans l'élaboration de ces roches sédimentaires, d'où l'appellation de roches biochimiques. Exemples : le calcaire, la craie ;
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Mais il est préférable de distinguer :
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La difficulté de ce type de classement mixte réside dans le fait qu'il existe des roches silico-argilo-carbonatées d'origine détritique et biochimique à la fois. De plus, toutes les formes intermédiaires entre les différents critères de classement se rencontrent dans les affleurements naturels.
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Un classement minéralogique minimal peut être :
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Du fait de leur formation, les roches sédimentaires se présentent généralement impures et en plusieurs couches.
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La couleur des roches sédimentaires est due ordinairement à la présence des éléments accessoires. Sans eux, elles seraient généralement de teinte blanchâtre, puisqu'elles sont formées essentiellement de trois éléments qui, à l'état pur, sont incolores ou blancs : le quartz, le kaolin, la calcite. Une roche pâle est donc pauvre en minéraux accessoires colorés. Parmi les roches colorées, les plus fréquentes sont les roches noires, vertes, jaunes, rouges ou violettes[3].
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La teinte noire ou grise résulte généralement de la présence de carbone d'origine organique. Les roches noires les plus fréquentes sont les roches argileuses, les schistes et certains calcaires ; un sédiment formé en eau agitée, où l'oxydation est facile, renferme ordinairement peu de matières charbonneuses. Dans un environnement marin anoxique riche en matière organique, il se forme des minéraux authigènes caractéristiques de ce milieu réducteur, les sulfures de fer (pyrite en milieu neutre, donnant des niveaux jaune-soufre dans la roche ; marcassite en milieu acide, donnant une teinte bleuâtre lorsqu'il est réparti dans la masse sédimentaire en grains microscopiques). Dans un environnement marin oxygéné riche en matière organique, il se forme des minéraux authigènes vert-bleu, la glauconie et la verdine[4]. La teinte grise ou gris verdâtre plus ou moins foncée peut résulter de la présence de grains de roches éruptives telles que des basaltes à olivine[5].
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L'élément le plus important dans la coloration des roches sédimentaires est le fer[3]. Suivant l'état dans lequel il se trouve, il leur donne la teinte[6] verte, jaune ou rouge[5] ; si des traces du cation manganèse Mn2+ accompagnent le fer divalent Fe2+, le rouge passe au violet[7]. Les teintes rouges, rouille, pourprées ou ocre-jaune sont dues essentiellement à la présence de minéraux d'oxy-hydroxydes de fer (hématite, goethite, limonite dans les dépôts sédimentaires sous forme de ciment, croûte ou d'oolithes dites ferrugineuses, issues de l'altération de minéraux ferro-magnésiens par oxydation et hydratation, altération variable selon l'humidité du milieu) ou de carbonates de fer (sidérite, ankérite)[8]. Sur les continents, où il y a plutôt tendance à l'oxydation, comme partout où l'eau a peu de profondeur (zone néritique), ces colorations subsistent[c]. Si ces matériaux détritiques colorés sont entraînés à grande profondeur dans un milieu à tendances réductrices, les minéraux d'oxy-hydroxydes de fer sont réduits, du moins en partie, et les roches prennent une teinte verdâtre devenant noirâtre si la proportion de matières organiques est suffisante. Si la réduction est totale, la roche devient entièrement verte, cette couleur étant due à la présence de glauconie, chlorite, illite, minéraux formés selon le climat, l'eau et la nature de la roche-mère ; si elle est partielle et répartie irrégulièrement, la roche est bigarrée de vert et de rouge[9].
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La texture d'une roche sédimentaire est conditionnée par sa taille, la forme et l'orientation de ses clastes. Cette texture est une propriété à petite échelle d'une roche, mais détermine une grande partie de ses propriétés à grande échelle, telles que la densité, la porosité ou la perméabilité[10].
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Les roches sédimentaires sont portées en surface dans le cadre des grands mouvements tectoniques qui affectent l'écorce terrestre. Le choc des plaques continentales a entraîné l'émergence des fonds marins, qui apparaissent, aujourd'hui, sous forme de bassins ou de formations d'altitude.
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Lors de ces mouvements tectoniques, ces roches ont pu être soumises, localement, à des pressions très fortes et à de très hautes températures. Il en est résulté une transformation de ces roches en roches métamorphiques. Les calcaires se métamorphisent en marbres et les argiles en schistes, voire en gneiss.
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Les régions sédimentaires sont riches en ressources minérales, en particulier en charbon, pétrole et fer. Le charbon formé par décomposition de forêts au fond des marécages et le pétrole formé de vies marines ensevelies au fond des mers, et certains minerais de fer formés par précipitation en présence d’oxygène, sont généralement piégés entre des couches d'argiles ou de calcaires.
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Le terme bactérie est un nom vernaculaire qui désigne certains organismes vivants microscopiques et procaryotes présents dans tous les milieux. Le plus souvent unicellulaires, elles sont parfois pluricellulaires (généralement filamenteuses), la plupart des espèces bactériennes ne vivant pas individuellement en suspension, mais en communautés complexes adhérant à des surfaces au sein d'un gel muqueux (biofilm)[1].
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Les bactéries les plus grosses mesurent plus de 2 μm et, jusqu'au début du XXIe siècle, les spécialistes considéraient que les plus petites mesuraient 0,2 μm, mais il existe des « ultramicrobactéries »[2],[3],[4].
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Les bactéries présentent de nombreuses formes : sphériques (coques), allongées ou en bâtonnets (bacilles) et des formes plus ou moins spiralées. L’étude des bactéries est la bactériologie, soit une des nombreuses branches de la microbiologie.
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Il existe environ 10 000 espèces connues à ce jour[5],[6], mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure. L'estimation du nombre des espèces oscillerait entre 5 et 10 millions[7],[8].
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Les bactéries sont ubiquitaires et sont présentes dans tous les types de biotopes rencontrés sur Terre. Elles peuvent être isolées du sol, des eaux douces, marines ou saumâtres, de l’air, des profondeurs océaniques, des déchets radioactifs[10], de la croûte terrestre, sur la peau et dans l’intestin des animaux ou des humains. Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de l’atmosphère.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, d'ordre comparable à la quantité des cellules qui le constituent, mais la masse de ces dernières est plus importante. La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l'organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses.
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Les bactéries peuvent être très utiles à l’humain lors des processus de traitement des eaux usées, dans l’agroalimentaire lors de la fabrication des yaourts ou du fromage et dans la production industrielle de nombreux composés chimiques[11].
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Les bactéries étant microscopiques, elles ne sont donc visibles qu'avec un microscope. Antoine van Leeuwenhoek fut le premier à observer des bactéries, grâce à un microscope de sa fabrication, en 1668[12]. Il les appela « animalcules » et publia ses observations dans une série de lettres qu'il envoya à la Royal Society[13],[14],[15].
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Au XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur ont révolutionné la bactériologie. Il démontra en 1859 que les processus de fermentation sont causés par des microorganismes et que leur croissance n’était pas due à la génération spontanée. Il démontra aussi le rôle des microorganismes comme agents infectieux[16]. Pasteur conçut également des milieux de culture, des procédés de destruction des microorganismes comme l’autoclave et la pasteurisation.
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Le médecin allemand Robert Koch et ses collaborateurs mirent au point les techniques de culture des bactéries sur milieu solide. Robert Koch est un des pionniers de la microbiologie médicale, il a travaillé sur le choléra, la maladie du charbon (anthrax) et la tuberculose. Il démontra de façon claire qu’une bactérie pouvait être l’agent responsable d’une maladie infectieuse et il proposa une série de postulats (les postulats de Koch, toujours utilisés aujourd'hui[17]) confirmant le rôle étiologique d’un microorganisme dans une maladie. Il obtient le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905[18].
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Si les bactéries étaient connues au XIXe siècle, il n’existait pas encore de traitement antibactérien. En 1909, Paul Ehrlich mit au point un traitement contre la syphilis avant l’utilisation de la pénicilline en thérapeutique suggérée par Ernest Duchesne en 1897 et étudiée par Alexander Fleming en 1929. Ehrlich reçut le prix Nobel pour ses travaux sur l'immunologie en 1908, et fut un pionnier de l'usage de colorants pour détecter et identifier les bactéries, son travail étant la base de la coloration de Gram et de la coloration de Ziehl-Neelsen[19].
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Les microbiologistes Martinus Beijerinck et Sergei Winogradsky initièrent les premiers travaux de microbiologie de l’environnement et d’écologie microbienne en étudiant les relations entre ces microorganismes au sein de communautés microbiennes du sol et de l’eau.
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Le mot « bactérie » apparaît pour la première fois avec le microbiologiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg en 1838[20]. Ce mot dérive du grec βακτηριον, qui signifie « bâtonnet ». Parallèlement Haeckel inventa en 1866 l'embranchement Monera pour regrouper au sein de son règne Protista tous les microorganismes sans structure interne (bien qu'excluant les cyanobactéries, alors classées parmi les plantes). Ferdinand Cohn utilisa à son tour le terme Bacteria comme taxon en 1870 et tenta le premier de les classer rigoureusement selon leur morphologie[21]. Pour Cohn, les bactéries étaient des plantes primitives non chlorophylliennes. À la suite des travaux de Cohn, Haeckel révisa la circonscription de ses « monères » pour y inclure les cyanobactéries[22]. Les termes de « monère » et de « bactérie » devinrent alors synonymes[21].
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En 1938 Herbert Copeland éleva les monères au rang de règne, à un niveau désormais égal aux animaux, plantes et protistes[23]. Ce n'est qu'en 1957 qu'André Lwoff distingua avec clarté les concepts de bactérie et de virus[24] grâce à des arguments biochimiques et structuraux. Enfin, Roger Stanier et Cornelis van Niel définirent pour la première fois rigoureusement en 1962 le concept de bactérie par l’absence d’organite membrané (et en particulier de véritable noyau, donc de mitose)[25].
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Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[26] en français.
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En 1977, Carl Woese grâce à ses travaux de phylogénie moléculaire divisa les procaryotes en deux domaines : les Eubacteria et les Archaebacteria[30] ; il les renomma respectivement Bacteria et Archaea lors de la révision de sa nomenclature en 1990[31]. Le mot « bactérie » faisant référence à l'ensemble des procaryotes avant 1990, ce renommage a provoqué une certaine ambiguïté dans l'utilisation de ce terme et n'a donc pas été accepté par tous les biologistes[32],[33],[34],[35],[36].
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Certains biologistes[21],[37] pensent que cette tentative de renommage tient davantage de la propagande (de la part de Carl Woese, afin d'accréditer ses idées) que de la science :
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« Therefore archaebacterial cell structure, growth, division, and genetics remained fundamentally bacterial or prokaryotic. Early claims that archaebacteria are a “third form of life” in addition to eukaryotes and prokaryotes/bacteria are thus falsified, despite misleading, confusing, purely propagandistic name changes that some of us never accepted [...][37] »
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Et plus loin dans le même article :
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« Differences between archaebacteria and eubacteria have been grossly exaggerated. »
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Dans un cadre kuhnien la théorie des trois domaines qui sous-tend ce changement de nomenclature est parfois analysé comme un paradigme de la bactériologie moderne[38],[39],[21], ce qui expliquerait les résistances (principalement de nature sociologiques) contre sa remise en cause.
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Les bactéries présentent une grande diversité de tailles et de formes. Les cellules bactériennes typiques ont une taille comprise entre 0,5 et 5 µm de longueur, cependant, quelques espèces comme Thiomargarita namibiensis et Epulopiscium fishelsoni peuvent mesurer jusqu’à 750 µm (0,75 mm) de long et être visibles à l’œil nu[40],[41] (voir Bactérie géante). Parmi les plus petites bactéries, les mycoplasmes mesurent 0,3 µm, soit une taille comparable à certains gros virus[42].
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La plupart des bactéries sont soit sphériques soit en forme de bâtonnets. Dans le premier cas elles sont appelées coques (du grec kókkos, grain) et dans le second bacilles (du latin baculus, bâton). Il existe aussi des formes intermédiaires : les coccobacilles. Quelques bactéries en forme de bâtonnets sont légèrement incurvées comme les Vibrio. D’autres bactéries sont hélicoïdales. Ce sont des spirilles si la forme est invariable et rigide, des spirochètes si l’organisme est flexible et peut changer de forme. La grande diversité de formes est déterminée par la paroi cellulaire et le cytosquelette. Les différentes formes de bactéries peuvent influencer leur capacité d’acquérir des nutriments, de s’attacher aux surfaces, de nager dans un liquide et d’échapper à la prédation.
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Beaucoup d’espèces bactériennes peuvent être observées sous forme unicellulaire isolée alors que d’autres espèces sont associées en paires comme les Neisseria ou en chaînette, caractéristique des Streptocoques. Dans ces cas, les coques se divisent selon un axe unique et les cellules restent liées après la division. Certains coques se divisent selon un axe perpendiculaire et s’agencent de façon régulière pour former des feuillets. D’autres se divisent de façon désordonnée et forment des amas comme les membres du genre Staphylococcus qui présentent un regroupement caractéristique en grappe de raisins. D'autres bactéries peuvent s’élonger et former des filaments composés de plusieurs cellules comme les actinobactéries.
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En dépit de leur apparente simplicité, elles peuvent former des associations complexes. Des capteurs leur permettent de détecter d'autres bactéries ou une surface (ce qui induit souvent chez elle un changement de comportement ; ainsi Pseudomonas aeruginosa ne devient virulente et active ses gènes de résistance que quand son « sens du toucher » l'informe qu'elle entre en contact avec une surface ; muqueuse pulmonaire par exemple[43]).
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Les cyanobactéries forment des chaînes appelées trichomes où les cellules sont en relation étroite, grâce à des échanges physiologiques. Certaines bactéries forment des colonies pouvant solidement s’attacher aux surfaces. Ces « biofilms » sont un arrangement complexe de cellules et de composants extracellulaires, formant des structures secondaires comme des microcolonies, au sein desquelles se forme un réseau de canaux facilitant la diffusion des nutriments.
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Une caractéristique importante des bactéries est la paroi cellulaire. La paroi donne à la bactérie sa forme et la protège contre l’éclatement sous l’effet de la très forte pression osmotique du cytosol. Les bactéries peuvent être structuralement divisées en deux groupes : les bactéries à paroi unimembranée (ne contenant qu'une seule membrane, la membrane plasmique) et les bactéries à paroi bimembranée (constituée de deux membranes superposées, la membrane interne et la membrane externe). La coloration de Gram est un critère empirique, quoique imparfait, permettant de déterminer la structure de la paroi bactérienne.
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Certains organites extracellulaires comme les flagelles ou les poils peuvent être enchâssés dans la paroi cellulaire. Quelques bactéries peuvent fabriquer de fines couches externes à la paroi cellulaire, généralement essentiellement constituées de polysaccharides (des sucres). D'autres bactéries peuvent s’envelopper d’une couche protéique appelée la couche S.
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En tant que procaryote (organisme sans noyau), les bactéries sont des cellules relativement simples, caractérisées par une absence de noyau et d’organites comme les mitochondries et les chloroplastes, elles n'ont pas non plus de réticulum endoplasmique ou d'appareil de Golgi[44].
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Le métabolisme d’une cellule est l’ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de cette cellule. Pour réaliser ce processus, les bactéries, comme toutes les autres cellules, ont besoin d’énergie. L’ATP est la source d’énergie biochimique universelle, commune à toutes les formes de vie, mais les réactions d’oxydo-réduction impliquées dans sa synthèse sont très variées selon les organismes et notamment chez les bactéries.
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Les bactéries vivent dans pratiquement toutes les niches environnementales de la biosphère. Elles peuvent ainsi utiliser une très large variété de source de carbone et/ou d’énergie[45].
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Les bactéries peuvent être classées selon leur type de métabolisme, en fonction des sources de carbone et d’énergie utilisés pour la croissance, les donneurs d’électrons et les accepteurs d’électrons[46].
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(donneur d'électrons)
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L’énergie cellulaire des chimiotrophes est d’origine chimique alors que celle des phototrophes est d’origine lumineuse. La source de carbone des autotrophes est le dyoxyde de carbone , tandis que des substrats organiques sont la source de carbone des hétérotrophes. Il est aussi possible de distinguer deux sources possibles de protons (H+) et d'électrons (e-) : les bactéries réduisant des composés minéraux sont des lithotrophes alors que celles réduisant des substances organiques sont des organotrophes.
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Tout organisme vivant réalise en permanence de nombreuses réactions chimiques destinées à construire les biomolécules indispensables à la vie, et particulièrement lipides, protéines, acides nucléiques et saccharides. Ces réactions ne sont possibles que grâce à l'énergie accumulée à la suite d’autres réactions chimiques. Le métabolisme d'une bactérie est l'ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de la cellule bactérienne[47]. Les besoins énergétiques de la bactérie peuvent être satisfaits par deux mécanismes :
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Les bactéries possèdent un chromosome généralement unique et circulaire (mais il y a des exceptions) qui porte la majorité des gènes. Certains gènes ayant des fonctions particulières (résistance à un antibiotique, un prédateur, adaptation physiologique au milieu, etc.) sont cependant localisés sur des petites sections d'ADN circulaire libres appelées plasmides.
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Il existe une grande diversité de métabolismes par rapport aux eucaryotes. D'ailleurs la phototrophie et l'autotrophie chez les eucaryotes sont toujours le résultat d'une symbiose avec des bactéries (certains lichens par exemple) et/ou d'une symbiogenèse impliquant une cyanobactérie (chloroplaste).
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Source de matière : Hétérotrophie vs Autotrophie
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Source d'énergie : Phototrophie vs Chimiotrophie
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Les bactéries, avec les autres micro-organismes, participent pour une très large part à l’équilibre biologique existant à la surface de la Terre. Elles colonisent en effet tous les écosystèmes et sont à l’origine de transformations chimiques fondamentales lors des processus biogéochimiques responsables du cycle des éléments sur la planète.
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Une population de bactéries peut avoir un comportement coordonné grâce à une messagerie moléculaire, le quorum sensing.
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Au sein des biofilms des relations s'établissent entre bactéries, conduisant à une réponse cellulaire intégrée. Les molécules de la communication cellulaire ou « lang » sont soit des homosérines lactones pour les bactéries à Gram négatif, soit des peptides courts pour les bactéries à Gram positif. De plus au sein de biofilms établis, les caractéristiques physico-chimiques (pH, oxygénation, métabolites) peuvent être néfastes au bon développement bactérien et constituer donc des conditions stressantes. Les bactéries mettent en place des réponses de stress qui sont autant d'adaptation à ces conditions défavorables. En général les réponses de stress rendent les bactéries plus résistantes à toute forme de destruction par des agents mécaniques ou des molécules biocides.
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L'étude des canaux ioniques bactériens a permis à une équipe de chercheurs de mettre en évidence, en 2015, une synchronisation du métabolisme de certaines bactéries au sein des communautés de biofilms bactériens par des vagues d'ions potassium. Celles-ci résultent d'une boucle de rétroaction positive, dans laquelle un déclencheur métabolique induit la libération d'ions potassium intracellulaire, qui à son tour dépolarise les bactéries voisines. Cette vague de dépolarisation coordonne les états métaboliques entre les bactéries à l'intérieur et à la périphérie du biofilm. La suppression ou le blocage de l'activité des canaux potassium supprime cette réponse[48].
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Les eaux naturelles comme les eaux marines (océans) ou les eaux douces (lacs, mares, étangs, rivières, etc.) sont des habitats microbiens très importants. Les matières organiques en solution et les minéraux dissous permettent le développement des bactéries. Les bactéries participent dans ces milieux à l’autoépuration des eaux. Elles sont aussi la proie des protozoaires. Les bactéries composant le plancton des milieux aquatiques sont appelées le bactérioplancton.
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Il y a environ quarante millions de cellules bactériennes dans un gramme de sol et un million de cellules bactériennes dans un millilitre d’eau douce. On estime qu'il y aurait (à un instant donné) quatre à six quintillions (4 ×1030 à 6×1030), soit entre quatre et six mille milliards de milliards de milliards de bactéries dans le monde[49], représentant une grande partie de la biomasse du monde[49]. Cependant, un grand nombre de ces bactéries ne sont pas encore caractérisées car non cultivables en laboratoire[50].
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Le sol est composé de matière minérale provenant de l’érosion des roches et de matière organique (l’humus) provenant de la décomposition partielle des végétaux. La flore microbienne y est très variée. Elle comprend des bactéries, des champignons, des protozoaires, des algues, des virus, mais les bactéries sont les représentants les plus importants quantitativement. On peut y retrouver tous les types de bactéries, des autotrophes, des hétérotrophes, des aérobies, des anaérobies, des mésophiles, des psychrophiles, des thermophiles. Tout comme les champignons, certaines bactéries sont capables de dégrader des substances insolubles d’origine végétale comme la cellulose, la lignine, de réduire les sulfates, d’oxyder le soufre, de fixer l’azote atmosphérique et de produire des nitrates. Les bactéries jouent un rôle dans le cycle des nutriments des sols, et sont notamment capables de fixer l’azote. Elles ont donc un rôle dans la fertilité des sols pour l’agriculture. Les bactéries abondent au niveau des racines des végétaux avec lesquels elles vivent en mutualisme.
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À la différence des milieux aquatiques, l’eau n’est pas toujours disponible dans les sols. Les bactéries ont mis en place des stratégies pour s’adapter aux périodes sèches. Les Azotobacter produisent des cystes, les Clostridium et les Bacillus des endospores ou d’autres types de spores chez les Actinomycètes.
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Dans le sous-sol, dans l'eau ou dans les cavités humides, des bactéries colonisent inévitablement les galeries minières, puits de mines et leurs abords faillés ou évidés, y compris dans les centres de stockage souterrains ; elles sont parfois trouvée à grande profondeur dans le sous-sol, y compris dans les remontées de forages d'eau ou de pétrole. Elles peuvent là aussi modifier leur environnement, être source de CO2 ou de méthane, d'acidification, de corrosion, de méthylation, de putréfaction et/ou interagir avec les nappes, certains métaux ou des matériaux de confinement (ce pourquoi Rizlan Bernier-Latmani a monté une campagne expérimentale d'étude à des centaines de mètres de profondeur (sous le Mont Terri, près de Saint-Ursanne dans le Jura dans une plateforme de recherche et de collaboration internationales visant à étudier la pertinence de la roche argileuse pour l'enfouissement des déchets radioactifs[51].
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Les bactéries peuvent aussi être rencontrées dans des environnements plus extrêmes. Elles sont qualifiées d’extrémophiles. Des bactéries halophiles sont rencontrées dans des lacs salés, des bactéries psychrophiles sont isolées d’environnements froids comme des océans Arctique et Antarctique, des banquises. Des bactéries thermophiles sont isolées des sources chaudes ou des cheminées hydrothermales.
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En 2007, des forages dans le pergélisol du nord-est de la Sibérie, du nord-ouest du Canada et de l'Antarctique ont permis à des scientifiques de l'université de Californie dirigée par le professeur Eske Willerslev (en) (Université de Copenhague) de mettre au jour des bactéries toujours vivantes vieilles d'environ 500 000 ans. Les chercheurs ont montré chez ces bactéries des signes de réparation de leur ADN combiné à un état de dormance inférieure à l'activité métabolique nécessaire à la réparation de l'ADN maintenue à un bas niveau[52].
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En 2000, une équipe scientifique a annoncé avoir découvert une bactérie demeurée endormie dans un cristal de sel pendant 250 millions d'années[53]. De nombreux scientifiques sont très réservés vis-à-vis de ce résultat, qui serait plutôt dû à une colonisation récente du cristal[54].
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Dans l'espace, les bactéries deviendraient presque trois fois plus virulentes. C'est du moins le cas de Salmonella typhimurium, une bactérie responsable d'intoxication alimentaire. Celles-ci ont fait un voyage à bord de la navette Atlantis en 2006. À leur retour, les bactéries qui avaient été conservées dans un récipient étanche, ont été transmises à des souris. Il n'a fallu que le tiers de la dose habituelle pour tuer la moitié du groupe de souris qui avait été infecté[55],[56].
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On cherche actuellement à savoir s'il a existé une vie bactérienne sur la planète Mars. Certains éléments d'analyse du sol martien semblent s'orienter en ce sens, et la présence abondante d'eau sur Mars jadis a peut-être pu constituer un terrain extrêmement favorable au développement de la vie bactérienne, si elle est apparue. Si la chose venait à être confirmée, ce serait un élément important en faveur de l'hypothèse de panspermie. Des chercheurs écossais ont mis en évidence en juin 2017 que le sol de mars éliminait la moindre bactérie. C’est l’interaction entre le rayonnement ultraviolet, les substances oxydantes du sol de Mars, et surtout les perchlorates qui confère à la surface de la Planète rouge sa capacité à éliminer toute bactérie[57]. D'autres recherches s'intéressent aussi aux glaces de la lune jovienne Europe qui abritent de l'eau liquide sous leur surface.
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En dépit de leur apparente simplicité, les bactéries peuvent entretenir des associations complexes avec d’autres organismes. Ces associations peuvent être répertoriées en parasitisme, mutualisme et commensalisme. En raison de leurs petites tailles, les bactéries commensales sont ubiquitaires et sont rencontrées à la surface et à l’intérieur des plantes et des animaux.
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Dans le sol, les bactéries de la rhizosphère (couche de sol fixée aux racines des plantes) fixent l’azote et produisent des composés azotés utilisés par les plantes (exemple de la bactérie Azotobacter ou Frankia). En échange, la plante excrète au niveau des racines des sucres, des acides aminés et des vitamines qui stimulent la croissance des bactéries. D’autres bactéries comme Rhizobium sont associées aux plantes légumineuses au niveau de nodosités sur les racines.
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Il existe de nombreuses relations symbiotiques ou mutualistes de bactéries avec des invertébrés. Par exemple, les animaux qui se développent à proximité des cheminées hydrothermales des fonds océaniques comme les vers tubicoles Riftia pachyptila, les moules Bathymodiolus ou la crevette Rimicaris exoculata vivent en symbiose avec des bactéries chimiolitho-autotrophes.
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Buchnera est une bactérie endosymbiote des aphides (puceron). Elle vit à l'intérieur des cellules de l'insecte et lui fournit des acides aminés essentiels. La bactérie Wolbachia est hébergée dans les testicules ou les ovaires de certains insectes. Cette bactérie peut contrôler les capacités de reproduction de son hôte.
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Des bactéries sont associées aux termites et leur apportent des sources d'azote et de carbone.
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Des bactéries colonisant la panse des herbivores permettent la digestion de la cellulose par ces animaux. La présence de bactéries dans l’intestin de l’Homme contribue à la digestion des aliments mais les bactéries fabriquent également des vitamines comme l’acide folique, la vitamine K et la biotine[58].
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Des bactéries colonisent le jabot d'un oiseau folivore (consommateur de feuilles), le Hoazin (Opisthocomus hoazin). Ces bactéries permettent la digestion de la cellulose des feuilles, de la même manière que dans le rumen des ruminants.
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Des bactéries bioluminescentes comme Photobacterium sont souvent associées à des poissons ou des invertébrés marins. Ces bactéries sont hébergées dans des organes spécifiques chez leurs hôtes et émettent une luminescence grâce à une protéine particulière : la luciférase. Cette luminescence est utilisée par l'animal lors de divers comportements comme la reproduction, l'attraction de proies ou la dissuasion de prédateurs.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, environ autant, voire plus, que de cellules le constituant, toutefois leur masse reste infime en comparaison.
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Les calculs donnent des résultats variés quant à leur nombre. D'après certaines estimations, 1012 bactéries colonisent la peau, 1010 bactéries colonisent la bouche et 1014 bactéries habitent dans l'intestin[59]. D'autres calculs, réalisés par des chercheurs de l'institut Weizmann, indiquent qu'il y a plus de cellules bactériennes (~40 × 1012) que de cellules humaines (~30 × 1012) dans le corps humain[60],[61].
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La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l’organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses comme le choléra, la syphilis, la peste, l’anthrax, la tuberculose.
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Le plus souvent, les maladies bactériennes mortelles sont les infections respiratoires : la tuberculose à elle seule tue environ deux millions de personnes par an, principalement en Afrique subsaharienne[62]. Des bactéries peuvent entraîner des troubles respiratoires ou intestinaux alors que d’autres peuvent être responsables de l’infection d'une blessure. Les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui le plus souvent inhibent une de leurs fonctions vitales (par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire).
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Les bactéries pathogènes sont responsables de maladies humaines et causent des infections. Les organismes infectieux peuvent être distingués en trois types : les pathogènes obligatoires, accidentels ou opportunistes.
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Un pathogène obligatoire ne peut survivre en dehors de son hôte. Parmi les bactéries pathogènes obligatoires, Corynebacterium diphtheriae entraîne la diphtérie, Treponema pallidum est l’agent de la syphilis, Mycobacterium tuberculosis provoque la tuberculose, Mycobacterium leprae la lèpre, Neisseria gonorrhoeae la gonorrhée. Les Rickettsia à l’origine du typhus sont des bactéries parasites intracellulaires.
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Un pathogène accidentel présent dans la nature peut infecter l’Homme dans certaines conditions. Par exemple, Clostridium tetani provoque le tétanos en pénétrant dans une plaie. Vibrio cholerae entraîne le choléra à la suite de la consommation d’une eau contaminée.
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Un pathogène opportuniste infecte des individus affaiblis ou atteints par une autre maladie. Des bactéries comme Pseudomonas aeruginosa, des espèces de la flore normale, comme des Staphylococcus de la flore cutanée, peuvent devenir des pathogènes opportunistes dans certaines conditions. On rencontre surtout ce type d’infection en milieu hospitalier.
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La capacité d’une bactérie à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène. L’intensité du pouvoir pathogène est la virulence. L’aboutissement de la relation bactérie-hôte et l’évolution de la maladie dépendent du nombre de bactéries pathogènes présentes dans l’hôte, de la virulence de cette bactérie, des défenses de l’hôte et de son degré de résistance.
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Pour déclencher une maladie, les bactéries infectieuses doivent d’abord pénétrer dans l’organisme et adhérer à un tissu. Des facteurs d’adhésion permettent la fixation des bactéries à une cellule. Le pouvoir invasif est la capacité de la bactérie à se répandre et à se multiplier dans les tissus de l’hôte, soit par un processus d'endocytose permettant leur pénétration intracellulaire, soit pour certaines bactéries en passant entre les cellules des muqueuses afin de coloniser la lamina propria sous-jacente. Les bactéries peuvent produire des substances lytiques leur permettant de se disséminer dans les tissus. Certaines bactéries présentent aussi un pouvoir toxinogène qui est la capacité de produire des toxines, substances chimiques portant préjudice à l’hôte. On peut distinguer les exotoxines libérées lors de la multiplication des bactéries et les endotoxines fixées dans la membrane des bactéries.
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Les bactéries pathogènes tentant d’envahir un hôte rencontrent toutefois de nombreux mécanismes de défense assurant à l’organisme une protection aux infections. Une bonne alimentation et une hygiène de vie correcte constituent une première protection. La peau, les muqueuses forment une première ligne de défense contre la pénétration d’organismes pathogènes. Les bactéries de la flore normale constituent aussi une barrière de protection. Lorsqu’un micro-organisme a pénétré ces premières lignes de défense, il rencontre des cellules spécialisées qui se mobilisent contre l’envahissement : ce sont les phagocytes. L’inflammation est une réaction défensive non spécifique. Un second système de défense très efficace est le système immunitaire spécifique, capable de reconnaître des antigènes portés ou sécrétés par les bactéries, et d’élaborer des anticorps et des cellules immunitaires spécifiques de ces antigènes.
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En milieu hospitalier, le personnel soignant doit suivre des protocoles de protection (port de la blouse, gants, lunettes en chirurgie...). En cas de contact avec un élément à risque (sang, liquide...), le personnel soignant doit impérativement et au plus tôt se laver les mains avec un produit désinfectant et aseptisant[63].
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Les bactéries pathogènes pour les plantes sont connues du grand public pour leur responsabilité dans la dévastation de cultures agricoles. En 2001, les vergers du midi de la France étaient victimes d'une vague d'infection par une bactérie du genre Xanthomonas[64].
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En biotechnologie végétale, la bactérie du sol, Agrobacterium tumefaciens, est utilisée pour sa capacité à transmettre un fragment d'ADN à la plante cible lors de son cycle infectieux.
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Les Procaryotes sont d'importants outils dans le domaine de la biorestauration : on se sert d'organismes pour éliminer des polluants du sol, de l'eau et de l'air. Exemple : Les archées décomposent la matière organique contenue dans les eaux usées pour la transformer en substance qui peut servir d'engrais. Dans l'industrie minière, les Procaryotes aident à retirer les métaux contenus dans le minéral. L'utilité des Procaryotes provient en grande partie de la diversité de leurs formes de nutrition et de métabolisme[65].
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L’origine de la microbiologie industrielle date de l’époque préhistorique. Les premières civilisations ont utilisé sans le savoir des micro-organismes pour produire des boissons alcoolisées, du pain et du fromage.
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Les bactéries comme Lactobacillus, Lactococcus ou Streptococcus, combinées aux levures et moisissures interviennent dans l’élaboration d’aliments fermentés comme les fromages, les yaourts, la bière, le vin, la sauce de soja, le vinaigre, la choucroute.
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Les bactéries acétiques (Acetobacter, Gluconobacter) peuvent produire de l'acide acétique à partir de l'éthanol. Elles se rencontrent dans les jus alcoolisés et sont utilisées dans la production du vinaigre. Elles sont également exploitées pour la production d'acide ascorbique (vitamine C) à partir du sorbitol transformée en sorbose.
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La capacité des bactéries hétérotrophes à dégrader une large variété de composés organiques est exploitée dans des processus de traitement des déchets comme la bioremédiation ou le traitement des eaux usées. Des bactéries sont également utilisées dans les fosses septiques pour en assurer l'épuration. Des bactéries, capables de dégrader des hydrocarbures du pétrole, peuvent être utilisées lors du nettoyage d'une marée noire. Le processus de nettoyage de milieux pollués par des micro-organismes est la bioremédiation.
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Des bactéries peuvent être utilisées pour récupérer des métaux d'intérêts économiques à partir de minerais. C'est la biolixiviation. L'activité de bactéries est ainsi exploitée pour la récupération du cuivre.
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Des bactéries peuvent être utilisées à la place de pesticides en lutte biologique pour combattre des parasites des plantes. Par exemple, Bacillus thuringiensis produit une protéine Bt qui est toxique pour certains insectes. Cette toxine est utilisée en agriculture pour combattre des insectes qui se nourrissent de plantes.
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En raison de leur capacité à se multiplier rapidement et de leur relative facilité à être manipulées, certaines bactéries comme Escherichia coli sont des outils très utilisés en biologie moléculaire, génétique et biochimie. Les scientifiques peuvent déterminer la fonction de gènes, d’enzymes ou identifier des voies métaboliques nécessaires à la compréhension fondamentale du vivant et permettant également de mettre en œuvre de nouvelles applications en biotechnologie.
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De nombreuses enzymes utilisées dans divers processus industriels ont été isolées de micro-organismes. Les enzymes des détergents sont des protéases de certaines souches de Bacillus. Des amylases capables d’hydrolyser l’amidon sont très utilisées dans l’industrie alimentaire. La Taq polymérase utilisée dans les réactions de polymérisation en chaîne (PCR) pour l’amplification de l’ADN provient d’une bactérie thermophile Thermus aquaticus.
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Les bactéries génétiquement modifiées sont très utilisées pour la production de produits pharmaceutiques. C’est le cas par exemple de l’insuline, l’hormone de croissance, certains vaccins, des interférons… Certaines bactéries comme Streptomyces sont très employées pour la production d’antibiotiques.
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Certaines bactéries peuvent provoquer une dégradation d'installation (biocorrosion), en particulier les bactéries sulfato-réductrices.
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Les montagnes Rocheuses, ou simplement les Rocheuses, en anglais Rocky Mountains ou Rockies, sont une grande chaîne de montagnes dans l'Ouest de l'Amérique du Nord, sur les territoires des États-Unis et du Canada.
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Elles ont représenté un obstacle pour les immigrants américains et canadiens blancs dans l'extension de leur emprise sur le territoire nord-américain à l'occasion de la conquête de l'Ouest.
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Les montagnes Rocheuses s'étendent sur plus de 3 000 kilomètres depuis le Nouveau-Mexique au sud jusqu'en Colombie-Britannique septentrionale au nord où elles sont désignées sous le nom de Rocheuses canadiennes (en anglais : Canadian Rockies). Leur altitude varie entre 1 500 mètres près des hautes plaines et 4 401 m au mont Elbert dans le Colorado. Leur largeur est comprise entre 120 et 650 kilomètres[1]. Elles prennent une forme oblongue, étendue en latitude sur plusieurs milliers de kilomètres.
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Les montagnes Rocheuses sont découpées en groupes et en massifs[2] :
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Les cours d'eau coulant depuis les Rocheuses se jettent dans trois des cinq océans du monde : l'océan Atlantique, l'océan Pacifique et l'océan Arctique. La région constitue une ligne de partage des eaux. Aussi considère-t-on que les Rocheuses sont l'un des châteaux d'eau de l'Amérique du Nord. Les cours d'eau alimentent les villes de la région, plus particulièrement l'agglomération de Denver et permettent l'installation de barrages hydroélectriques.
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Les montagnes Rocheuses se sont majoritairement formées pendant le Crétacé au cours de l'orogenèse laramide, il y a environ 70 millions d'années. Cependant, certains secteurs méridionaux datent du Précambrien (c'est-à-dire entre −4,5 milliards d'années et -542 millions d'années). Ces montagnes sont le résultat de la collision entre la plaque nord-américaine et la plaque Farallon (océanique).
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La chaîne des Rocheuses est un complexe de roches métamorphiques et magmatiques comportant quelques dépôts sédimentaires (karsts de Grand Teton, monts Big Horn, Bighorn Basin (en)). L'érosion intense, notamment due aux glaciations, a arasé des bassins situés au centre de la chaîne, tel que le bassin du Wyoming. L'érosion glaciaire a également formé des vallées profondes et encaissées.
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Comme le massif de l'Altaï en Asie, elles sont le résultat de compressions intenses à l'intérieur du continent américain. Il s'agit d'une chaîne de collision active. La partie sud-ouest a été disloquée dans les horsts avec les bassins (grabens) au milieu. Cette zone est nommée « bassin et étendue provinciale » (Basin and Range).
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La région des Rocheuses a connu plusieurs phases de glaciation entre le Pléistocène et l'Holocène. Les épisodes glaciaires les plus récents sont représentés par la Bull Lake Glaciation commencée il y a environ 150 000 ans, et par la Pinedale Glaciation dont l'apogée se situe vers 15 000-20 000 années av. J.-C.[3] Pendant le Petit Âge glaciaire (1550-1860), les glaciers Agassiz et Jackson situés dans le parc national de Glacier se sont étendus jusque vers 1860 avant de connaître un important recul[4].
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La température moyenne est de 6 °C. Le mois le plus chaud, juillet, enregistre 28 °C, tandis qu'en janvier les températures descendent à −2 °C. Les précipitations de neige annuelles moyennes sont de 36 cm.
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Comme dans d'autres montagnes de haute altitude, la végétation dans les montagnes Rocheuses dépend de nombreux facteurs : la chaîne s'étirant en latitude, la position géographique détermine en grande partie l'aspect de la flore. Les autres critères de différenciation sont l'exposition au soleil ou au vent et la situation en altitude. La végétation est en effet étagée. Ainsi, à l'étage alpin par exemple, la pelouse remplace la forêt.
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La population est de faible densité avec une moyenne de quatre humains par km2, et peu de villes dépassent les 50 000 habitants. L'anglais est la langue la plus utilisée, suivie par l'espagnol.
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Depuis le dernier âge glaciaire, les montagnes Rocheuses étaient considérées comme un endroit sacré par les Paléo-Indiens. Par la suite, ce caractère particulier fut entretenu par les Amérindiens Apaches, Arapaho, Bannocks, Pieds-Noirs (Blackfoot), Cheyennes, Crows, Flatheads, Shoshones, Sioux et Utes. Les premiers habitants de ces régions chassaient le mammouth et le bison dans les collines et les vallées. Ils migraient probablement vers les plaines au début de l'automne et hivernaient dans les régions les moins hostiles. Ils revenaient dans les montagnes au printemps et vivaient de la pêche, de la chasse et de la cueillette. Ils pratiquaient également l'écobuage, ce qui a modifié le milieu naturel, comme en Australie par exemple. Les traces archéologiques les plus anciennes remontent à 10 ou 12 000 années.
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Les premiers Européens à explorer les Rocheuses sont les Espagnols : en 1540, une expédition de Francisco Vásquez de Coronado parcourut une partie des montagnes depuis le sud. À partir de cette époque, les Blancs introduisirent des nouveautés significatives : le cheval, les outils en métal, les armes à feu et de nouvelles maladies qui ont changé le mode de vie des Amérindiens.
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En 1739, alors qu'ils se trouvaient dans les environs de la source de la rivière Platte, les commerçants de fourrures canadiens-français Pierre et Paul Mallet découvrirent une chaîne de montagnes, appelée « Rocheuses » par les Amérindiens, devenant les premiers Européens à rendre compte de ces montagnes inexplorées.
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En 1803, la partie septentrionale des Rocheuses passe sous le contrôle des Américains, après la vente de la Louisiane par la France. L'expédition Lewis et Clark (1804-1806) est la première expédition américaine dans les montagnes Rocheuses. Auparavant, seuls quelques trappeurs et chercheurs d'or ainsi que le Canadien Alexander Mackenzie avaient pénétré dans la région. L'expédition devait reconnaître un passage fluvial vers l'océan Pacifique et collecter des spécimens pour les botanistes, les zoologistes et les géologues.
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Au début du XIXe siècle, plusieurs Américains apparaissent dans la région : William Henry Ashley, Jim Bridger, Kit Carson, John Colter, Thomas Fitzpatrick, Andrew Henry et Jedediah Smith. Le 24 juillet 1832, Benjamin Bonneville conduisit les premiers trains de chariots de la conquête de l'Ouest à travers les Rocheuses par la passe sud du Wyoming.
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Les mormons commencent à s'établir sur les rives du Grand Lac Salé en 1847. En 1859, de l'or est découvert près de Cripple Creek, dans le Colorado. Le premier chemin de fer transcontinental est achevé en 1869 et le parc national du Yellowstone est établi en 1872. Benjamin Harrison établit plusieurs forêts protégées en 1891-1892. Le développement économique des Rocheuses s'appuie sur l'exploitation des ressources minières et de la forêt, l'agriculture et les loisirs. Les villes se développent dans les vallées et autour des gares du Transcontinental.
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Avant sa fermeture en 1998, la mine de Climax située à Leadville, Colorado était la plus grande mine de molybdène du monde. La mine de Cœur d’Alene, au nord de l'Idaho, produit de l'argent, du plomb et du zinc.
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En hiver, l'activité principale est le ski dans des stations comme Aspen, Vail, Keystone, Breckenridge et Copper Mountain au Colorado, Sun Valley dans l'Idaho, et Snowbird dans l'Utah. Au Canada, les stations de Lake Louise, de Banff et de Golden sont très populaires.
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Liste des stations de ski :
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Au Canada, une montagne se trouvant entre la tranchée des Rocheuses et le cañon de la rivière Kicking Horse permet les meilleures envolées durant l'été. La montagne se nomme le mont Seven[5]. Elle doit son nom au dessin en forme de 7 formé par la neige printanière sous le sommet. Plusieurs records mondiaux de vol libre furent établis à partir du mont Seven dans les années 1980 et 1990. Deux vols deltaplanes de plusieurs centaines de kilomètres se terminant à Trego au Montana constituent les meilleurs vols tout temps pour ce site de vol.
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Les montagnes Rocheuses sont une destination touristique populaire avec beaucoup de parcs.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Le rock 'n' roll (rock and roll, rock & roll, ou rock 'n roll) est un genre musical populaire ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement de styles musicaux tels que le gospel, le blues, le jazz, le boogie woogie, le rhythm and blues, et la musique country. Alors que des éléments musicaux de ce qui allait devenir le rock 'n' roll peuvent être entendus dans les disques de blues des années 1920 et dans les disques country des années 1930, le genre n'a acquis son nom qu'en 1954.
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Selon le journaliste Greg Kot, «Rock 'n' roll » fait référence à un style de musique populaire originaire des États-Unis dans les années 1950 avant son développement au milieu des années 1960 dans « le style international plus global connu sous le nom de musique rock, bien que ce dernier a continué à être connu sous le nom de Rock 'n' roll ».
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Dans les premiers enregistrements de rock 'n' roll , le piano ou le saxophone sont généralement les instruments principaux, mais ils ont été complétés ou remplacés par la guitare entre le milieu et la fin des années 1950. Le rythme est essentiellement un rythme de danse avec un contre-temps accentué, qui est presque toujours fourni par la caisse claire. Le rock 'n' roll classique est généralement joué avec une ou deux guitares électriques (une rythmique, une solo), une contrebasse ou après le milieu des années 1950 une guitare basse électrique, et un kit de batterie.
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Au-delà d'un simple style musical, le rock 'n' roll, tel que décrit dans les films, dans les magazines et à la télévision, a influencé les modes de vie, la mode, les attitudes et la langue dans la deuxième moitié du XXe siècle.
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Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rhythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954.
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Ce style est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel[3]), et de la country[3].
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L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que la musique des artistes blancs se retrouve dans les mêmes bacs chez les disquaires que celle dite "ethnique" (afro-américaine). La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs des déshérités, mais plutôt les petits bals champêtres (ou les concerts country, plus engagés sur un plan social), rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive. Les principaux précurseurs sont Big Joe Turner, Louis Jordan, Arthur Crudup, Wynonie Harris, John Lee Hooker, Fats Domino, mais aussi des femmes comme Rosetta Tharpe, Big Mama Thornton, ou Albennie Jones (en)[4].
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On trouve les premières traces enregistrées à la fin des années 1940, avant la sortie des fondamentaux Rock Around the Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan et de la blues-woman Rosetta Tharpe.
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En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ».
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Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de Noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour le sérail blanc ("l'Establishment"). Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau.)
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Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock' n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.
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Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. Cette même année, Little Richard sur son premier 33 tours enregistre quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.
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Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.
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Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham and the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».
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The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les Américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).
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Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.
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À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").
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Pour certains puristes, c'est le départ d'Elvis Presley en Allemagne pour effectuer son service militaire (1958-1960), qui marque la fin de cet âge d'or.
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S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.
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De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et Phil Spector (avec l'effet Wall of Sound), qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].
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Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rockabilly des années 1950 et à ses valeurs (fidélité en amitié, intégrité rebelle, non-conformisme, etc[7].). Alors de nombreux jeunes, nostalgiques, ressortent les Perfectos et les Blue Jeans élimés en se recoiffant avec la banane, et manifestent le même état d'esprit que les pionniers[7]. Ainsi Burt Blanca, Robert Gordon, les Stray Cats, puis des groupes comme AC/DC, Motörhead, etc. moins typés mais à l'allure tout aussi anticonformiste, qui revendiquent le fait de jouer du rock'n'roll. Une attitude engagée au XXe siècle et poursuivie au début du XXIe siècle avec des artistes comme Nick Waterhouse, ou Mustang, Radio Elvis.
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Pendant l'apogée de la période pop, ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. pub rock, garage rock etc.). Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop ils ont une forte affluence. La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine.
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Plus tard, alors que le rock'n'roll connaît un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le glam rock s'essouffle, et que le rock progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant le rockabilly de l'ombre.
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Des groupes comme Dr Feelgood ou Mink DeVille, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien de Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979.
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Severus Rogue (Severus Snape en anglais) est un personnage fictif créé par la romancière britannique J. K. Rowling pour la série Harry Potter.
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Professeur à l'école de magie de Poudlard et directeur de la maison des Serpentard, il y est depuis des années un maître de la préparation des potions redouté et particulièrement partial, avant d'être nommé par Albus Dumbledore au poste de professeur de défense contre les forces du Mal, qu'il désire depuis longtemps. Après la mort de Dumbledore, il devient directeur de l'école durant une année sous le règne de Voldemort.
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Personnage sombre, aigri et amer, il a une personnalité complexe, ambiguë et assez indéchiffrable ; il a un physique peu engageant et un ton sarcastique. Il est également décrit comme un élève et un homme très brillant, mais montre une antipathie et une animosité particulières envers le héros dès l'arrivée de ce dernier à Poudlard, s'ingéniant à le ridiculiser tout en le sauvant plusieurs fois de situations dangereuses. Au fil des années, leurs deux personnalités se heurtent de plus en plus et la relation entre le professeur et l'élève se détériore au point que Harry Potter en arrive à douter de la loyauté de Rogue et à le considérer comme un ennemi majeur.
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Incarnant selon certains universitaires « la figure la plus trouble et ambivalente de la résistance », son rôle dans l'intrigue est difficile à interpréter pour le lecteur, qui est fréquemment entraîné sur de fausses pistes. La nature de sa loyauté et de ses motivations est donc une question cruciale de la série, dont la réponse est donnée seulement à la fin du septième et dernier roman.
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Severus Rogue est interprété au cinéma par Alan Rickman.
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Lorsqu'il est enfant, Rogue est négligé par ses parents[2] ; il est alors chétif, avec les cheveux mal coupés et portant des vêtements débraillés[3]. Il conserve cette apparence à l'adolescence, où il est décrit comme étant maigre et noueux, avec un nez crochu et un teint blafard, comme s'il vivait continuellement dans l'obscurité[S 1]. À l'âge adulte, Rogue est mince, avec les cheveux noirs et gras, tombant en rideaux sur son visage. Il a le teint « cireux » et les dents jaunâtres[4],[5], et ses yeux noirs sont vides et froids « comme l'entrée d'un tunnel »[5],[6]. Il porte toujours une longue cape et un manteau noirs qui lui donnent l'apparence d'une chauve-souris[5],[7]. Par ailleurs, la marque des ténèbres figure sur son avant-bras gauche, mais n'est pas toujours visible.
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Dans l'intrigue, Rogue est un personnage aimant la solitude[S 1]. Il est détesté par la grande majorité de ses élèves et ne recherche aucun soutien auprès des autres protagonistes[5],[S 1]. Il est amer, froid, sarcastique et cruel[5], et sa manière d'enseigner est basée sur les brimades et l'intimidation[2]. C'est un sorcier néanmoins très intelligent et clairvoyant. Sa voix est généralement douce (« à peine plus élevée qu'un murmure »[6]). Il attend de ses élèves qu'ils travaillent en silence et consciencieusement, et punit quiconque déroge à cette règle (en particulier les élèves de la maison Gryffondor)[S 2], bien qu'il fasse partie des professeurs n'ayant généralement aucun besoin de crier ni de menacer les élèves pour obtenir le silence pendant leurs cours[S 3],[6]. Il méprise particulièrement Harry Potter, mais son comportement laisse parfois entrevoir sa curiosité à son égard et un instinct protecteur vis-à-vis de lui et de ses amis, qu'il secourt à plusieurs reprises[8],[9]. Rogue affiche un comportement posé et il est rarement embarrassé par une situation. Cette attitude distante et impassible contraste pourtant avec un caractère parfois brutal, notamment envers le héros[10].
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Fasciné dès l'adolescence par la magie noire[5], c'est un spécialiste en potions (une discipline considérée par nature comme fallacieuse[S 4]). Afin de perfectionner ses préparations, il annote son propre manuel scolaire lorsqu'il est étudiant, et devient professeur dans ce domaine à Poudlard, une fois adulte. Il est à l'origine du maléfice sectumsempra[10], destiné à creuser de profondes entailles sur le corps d'une personne (il met également au point le sortilège permettant de soigner ces blessures[11]). En outre, c'est un bon legilimens (c'est-à-dire qu'il est apte à lire dans l'esprit ou dans les pensées d'une autre personne) et un « occlumens parfait »[S 5] (apte à dissimuler ses propres pensées face à un legilimens très puissant).
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Le nom complet de Severus Rogue (Severus Snape en anglais) porte une connotation de sévérité et de rigueur, et souligne le caractère du personnage[2],[S 2].
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Severus est un mot latin signifiant « sévère »[2]. On peut aussi le rapprocher du verbe anglais to sever (« couper, rompre »). Blandine Le Callet soulève dans ce prénom une allusion possible à la dynastie des Sévères et aux cinq empereurs ayant régné sur l'Empire romain aux IIe siècle et IIIe siècle[S 6]. J. K. Rowling précise cependant en 2020 avoir été surtout influencée par le nom de la rue qu'elle empruntait régulièrement pour se rendre au travail, la Severus Road, London SW11[12].
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Son nom anglais Snape se rapproche du verbe to snap (« claquer, se casser net, rompre, se moquer ») ; du verbe to snipe (« critiquer » ou « attaquer » quelqu'un sournoisement) ainsi que du mot snake (« serpent »). C'est aussi le nom de plusieurs emplacements géographiques existants, notamment celui d'un village du Suffolk[13], et celui d'un village du nord du Yorkshire, près du mur d'Hadrien (ou mur de Sévère) abritant le château de Snape[2]. Ce dernier village, réputé aussi pour le tissage de sa laine[S 7], aurait influencé J. K. Rowling pour choisir le nom du personnage[S 7] : dans le livre, il est révélé que la maison familiale de Rogue est située à l'Impasse du Tisseur (Spinner's end), près d'une rivière et d'une usine désaffectée[14].
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« Rogue », la traduction du nom choisie par Jean-François Ménard, peut avoir un rapport avec le mot anglais rogue, qui signifie « gredin, scélérat, coquin ». Le mot français « rogue », peu courant[S 2], livre une connotation plus proche de l'arrogance et de la rudesse[2]. L'éventuel lien entre le nom du personnage Snape et sa localisation dans l'histoire n'a donc pas été retenu dans la version française des romans[S 7].
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Né le 9 janvier 1960[15], Severus Rogue est le fils d'un Moldu, Tobias Rogue, et d'une sorcière dite de « sang-pur » du nom d'Eileen Prince[16]. C'est donc un sorcier de « sang-mêlé », tout comme Voldemort[17]. Il grandit dans une petite ville industrielle, à un endroit nommé l'Impasse du Tisseur[3]. Enfant esseulé, il fréquente le même quartier que la petite Lily Evans[18], une sorcière née-Moldue avec laquelle il sympathise[3]. Eileen Prince semble être une mère négligente, tandis que Tobias Rogue est un homme violent et méprisant. Les deux adultes se disputent beaucoup[3] et Rogue ne reçoit de sa famille ni tendresse, ni affection[19].
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Rogue est élève à Poudlard dans les années 1970, en même temps que Lily, mais également que Sirius Black, Remus Lupin, Peter Pettigrow et James Potter[20]. Lors de la cérémonie de répartition, Lily est envoyée à Gryffondor tandis que Rogue est envoyé à Serpentard[3]. C'est un élève très studieux et particulièrement doué en potions ; il simplifie la préparation d'un grand nombre d'entre elles en annotant son propre manuel[7]. Au cours de cette période, il se surnomme le « Prince de sang-mêlé », faisant référence au nom de famille de sa mère[16].
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James Potter et Sirius Black ont un penchant pour la moquerie et Rogue en est régulièrement victime[20]. Vers la fin de ses études, Rogue, lors d'une humiliation publique que lui fait subir James, manque de respect à Lily en la traitant de « sang-de-bourbe », alors que celle-ci prend sa défense[3]. Esseulé et profondément malheureux d'être définitivement rejeté par son amie, Rogue est de plus en plus attiré par les forces obscures. Après ses études, il décide de rejoindre le camp de Voldemort[3], tandis que James Potter et Lily Evans se marient et rejoignent l'ordre du Phénix fondé par Albus Dumbledore.
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Plus tard, Rogue est amené à entendre une partie de la prophétie de Sibylle Trelawney, et transmet ce qu'il a entendu à Voldemort[21], ce qui entraîne indirectement la mort de James et Lily Potter[3].
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Dans Harry Potter à l'école des sorciers, Rogue, devenu professeur de potions, fait la connaissance de Harry Potter et constate avec dégoût la forte ressemblance physique entre le garçon et son père, James[3]. Pour cette raison, il lui manifeste une hostilité viscérale et immédiate, en rabaissant ce qu'il présume à tort être de la vanité dans le caractère de Harry. Il fait également preuve d'un favoritisme constant envers les élèves de Serpentard, notamment envers Drago Malefoy[6]. Il est rapidement soupçonné par Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger de chercher à s'emparer de la pierre philosophale dans le but de restaurer Lord Voldemort[22],[23], mais aussi d'avoir essayé de faire tomber Harry de son balai lors d'un match de quidditch[22]. Le lecteur apprend par Albus Dumbledore que James Potter avait un jour sauvé la vie de Rogue[24] et que celui-ci aurait au contraire cherché à s’acquitter de sa dette en sauvant Harry, qui se trouvait lors du match sous l'emprise d'un sortilège de Quirinus Quirrell[24]. Dumbledore manifeste en outre toute sa confiance au professeur de potions, ce que Harry ne comprend pas en raison de l'injustice et de la cruauté dont ce dernier fait preuve en permanence.
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Rogue est de plus en plus frustré de n'avoir pu obtenir le poste de professeur de défense contre les forces du Mal, et manifeste dans Harry Potter et la Chambre des secrets une hostilité particulière envers le nouveau titulaire du poste, Gilderoy Lockhart, qui de son côté se montre pédant, prétentieux, vaniteux et incompétent[25]. Face aux événements inquiétants qui menacent Poudlard, Rogue ne cache pas ses soupçons à propos de Harry et de son comportement étrange, tout en reconnaissant la faible probabilité que le garçon soit coupable[26].
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Le nouveau professeur de défense contre les forces du Mal dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban est Remus Lupin, que Rogue semble mépriser encore davantage que ses prédécesseurs, à cause de l'ancienne amitié entre Lupin et James Potter, et en outre parce que Lupin est un loup-garou[27],[28]. Rogue, à la demande de Dumbledore, lui prépare néanmoins la potion Tue-Loup lui permettant de garder le contrôle de lui-même pendant sa transformation[29]. C'est également lui qui remplace Lupin lorsque celui-ci est incapable d'assurer ses cours. Ulcéré par cette situation, Rogue fait en sorte que les élèves devinent la nature de Lupin[27] ; ces informations ne sont décryptées que par Hermione Granger, qui les conservera cependant pour elle[30]. Rogue finit néanmoins par le préciser explicitement devant les élèves en fin d'année, incitant Lupin à présenter sa démission[31]. Lorsqu'il se retrouve face à Sirius Black, présenté tout au long du roman comme un criminel en fuite, Rogue tente de le livrer aux Détraqueurs[28]. Il se fait cependant assommer au préalable par Harry, Ron et Hermione à l'unisson[28]. Plus tard, il transporte Hermione, légèrement blessée, Ron, inconscient à cause d'un mauvais sort, et Harry, évanoui après qu'il a dû faire face aux Détraqueurs en tentant de sauver Black, à l'infirmerie[32]. Lorsqu'il s'aperçoit de la fuite de Black, il entre dans une colère violente[32].
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Dans Harry Potter et la Coupe de feu, le lecteur apprend que Rogue a été un mangemort, avant de changer de camp dans le but d'espionner Voldemort au service de Dumbledore[33]. Durant l'année, il suspecte Harry de voler dans son armoire personnelle et le menace d'utiliser sur lui un élixir de vérité[34]. Fin juin, alors qu'il sent la Marque des Ténèbres le brûler, Rogue ne se rend pas à l'appel de Voldemort, qui vient de reprendre forme humaine[35]. Alors que l'ordre du Phénix se reforme, Rogue se voit confier par Dumbledore une mission[35] qui reste secrète jusqu'à la fin du septième tome[3].
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Après Noël, dans Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Dumbledore demande à Rogue de donner des cours particuliers d'occlumancie à Harry, afin qu'il puisse fermer son esprit aux intrusions possibles de Voldemort[36]. Mais les leçons s'avèrent quasiment inutiles, puisque ni Harry Potter et ni Rogue ne sont capables de contrôler leur colère vis-à-vis de l'autre. En voulant échapper à l'une de ses intrusions, Harry parvient cependant à entrer quelques instants dans l'esprit de Rogue et découvrir que ce dernier a vécu une enfance difficile auprès de parents qui se disputaient régulièrement[19]. Rogue ne tient pas compte de l'incident, estimant cette réaction de défense comme un progrès notable[19]. Lors d'une autre leçon, Harry, se retrouvant seul quelques instants dans la pièce, entre dans la pensine que Rogue a laissée derrière lui, et devient le témoin d'une scène de souvenir se déroulant à Poudlard, lorsque Rogue, adolescent, se fait brimer par James Potter et Sirius Black[20]. Il voit également sa mère Lily intervenir en faveur de Rogue, puis celui-ci la traiter de « sang-de-bourbe »[20]. Rogue surprend alors Harry dans la pensine, le réprimande violemment, puis met définitivement fin aux leçons d'occlumancie[20]. En fin d'année, alors que Harry se rend dans le bureau de Dolores Ombrage et qu'il est interrogé par celle-ci sur ses activités suspectes relatives à l'Armée de Dumbledore, le garçon avertit Rogue de l'une de ses visions (sous forme de message codé) comme quoi Voldemort détiendrait Sirius prisonnier au Département des Mystères[37]. Rogue simule l'incompréhension devant l'intérêt soudain d'Ombrage[37], mais vérifie ensuite la présence de Black au square Grimmaurd[38]. Lorsqu'il s'aperçoit de la disparition de Harry et de ses amis, Rogue devine que le garçon est tombé dans le piège de Voldemort et qu'il s'est rendu au Ministère[38]. Il avertit les membres de l'ordre du Phénix afin qu'ils aillent à son secours[38].
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Avant le début de l'année scolaire que relate Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, Rogue prête un « Serment Inviolable » avec Narcissa Malefoy, jurant de « protéger son fils Drago, de l'arrêter dans sa mission si le danger devenait trop grand et d'accomplir sa mission à sa place s'il venait à faillir », Voldemort ayant confié au garçon une mission dont on ignore encore la nature[14]. D'autre part, Rogue obtient, à la surprise générale, le poste tant convoité de professeur de défense contre les forces du Mal[39]. Au début de l'année, Harry trouve dans un placard un vieux manuel de potions ayant appartenu à un mystérieux « Prince de sang-mêlé » dont les annotations l'aident à progresser dans cette matière[7]. Hermione, contrairement à Harry, est intriguée par ce personnage instruit et inconnu dont elle redoute que les sorts ne soient dangereux, et découvre à la fin de l'année qu'il s'agit de Rogue, auquel ce manuel a appartenu une vingtaine d'années auparavant[16]. Celui-ci avait fait référence au nom de jeune fille de sa mère, Eileen Prince, et à son statut de sang-mêlé[16]. À la fin du livre, à la suite d'une intrusion de mangemorts à Poudlard, Albus Dumbledore se retrouve à la merci de Drago Malefoy qui ne peut se résoudre à tuer le vieil homme, comme le lui a demandé Voldemort[40]. Rogue tue alors Dumbledore sous les yeux horrifiés et impuissants de Harry[40]. Le garçon tente de rattraper Rogue pour l’affronter, mais ce dernier l'empêche de combattre et s'enfuit de Poudlard en emmenant Drago Malefoy avec lui[10].
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Rogue ne reste pas longtemps en fuite ; dès l'été suivant, dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, Voldemort prend le pouvoir parmi la population magique de Grande-Bretagne et nomme le professeur de potions directeur de Poudlard, où une atmosphère de terreur s'installe. Il suffit d'une visite clandestine de Harry à Poudlard pour mettre l'école en ébullition[41]. Rogue tente de le trouver en premier et interroge Minerva McGonagall, qu'il soupçonne de vouloir le couvrir[42]. McGonagall, qui à ce moment précis accompagne le garçon caché sous sa cape d'invisibilité, affronte Rogue et, épaulée par d'autres professeurs, l'oblige à fuir[42]. Quelques heures plus tard, alors que l'école est assiégée par les mangemorts, Rogue retrouve Voldemort dans la cabane hurlante. Ce dernier imagine que Rogue est le véritable maître de la baguette de sureau, ayant tué Albus Dumbledore, son ancien propriétaire[43], et décide donc de le tuer par l'intermédiaire de son serpent Nagini, afin de s'approprier les pouvoirs de la baguette[43]. Harry, Ron et Hermione, qui assistent au meurtre en étant cachés, se dévoilent à Rogue juste après le départ du mage noir[43]. À l'agonie, le professeur confie à Harry ses souvenirs, qui lui permettent de prouver sa véritable allégeance et d'expliquer au garçon en quoi consiste le plan de Dumbledore pour vaincre Voldemort[3],[43]. Juste avant de mourir, Rogue demande à Harry de le regarder dans les yeux[43].
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Severus Rogue apparaît pour la première fois dans le chapitre 7 de Harry Potter à l'école des sorciers (1997) et demeure présent dans chacun des tomes de la série. Le personnage et le héros, lors de leur première rencontre, se situent dans la Grande salle de Poudlard avec les autres professeurs et élèves, et Rogue croise le regard de Harry, qui éprouve aussitôt une vive douleur à l'emplacement de sa cicatrice[4], ce qui le pousse à associer Rogue à Voldemort, et donc à l'appréhender de manière négative[S 2]. De son côté, le professeur semble par la suite éprouver satisfaction à le punir cruellement[6], et apparaît même comme le « stéréotype du professeur injuste »[S 3],[S 8].
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Dans une entrevue accordée à Lindsey Fraser en 2000, J. K. Rowling précise que son institutrice de l'école de Tutshill, Sylvia Morgan, plaçait les élèves selon l'opinion qu'elle se faisait de leur intelligence[44]. Rowling a ajouté que le personnage de Severus Rogue lui avait été inspiré « par un grand nombre de personnes », et que cette institutrice était « sans aucun doute l'une d'elles »[S 9],[44].
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Le biographe Sean Smith considère également que John Nettleship, l'ancien professeur de chimie de Rowling aux classes supérieures — qui était également l'employeur de sa mère —, est un évident « point de départ » du personnage[S 10], et l'intéressé s'est reconnu sous ces traits[S 10],[45]. Sans avoir précisé qu'il s'agissait de Nettleship, Rowling a dit avoir particulièrement « détesté » l'un de ses professeurs de collège qui était, selon elle, « un véritable tyran »[46]. Dans une autre interview datant de 1999, elle a précisé que Rogue, professeur éminemment « sadique », était « vaguement basé » sur l'un des professeurs qu'elle a eu[47]. Rogue aurait néanmoins été pour elle l'un de ses personnages les plus plaisants à écrire[48],[49].
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Le doute sur la loyauté de Rogue plane constamment au cours de l'intrigue, tant parmi les autres protagonistes que chez le lecteur. Seul le personnage d'Albus Dumbledore lui accorde une confiance totale dès le début de l'histoire, pour des raisons qu'il garde secrètes et que le lecteur ne découvre qu'à la fin du dernier livre. Dumbledore laisse simplement entendre à Minerva McGonagall qu'il a « une raison indiscutable » de lui faire confiance[S 11]. Tout au long du récit, J. K. Rowling amène le lecteur à suivre l'intrigue du point de vue du principal protagoniste et à obtenir les informations telles qu'elles lui sont présentées[S 2]. Cependant, dans une interview de 1999, elle fait aussi allusion au rôle important de Rogue, suggérant que les lecteurs devraient « garder un œil » sur ce personnage dont « les apparences sont trompeuses »[47].
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À partir du troisième tome[S 12], le lecteur est un peu plus éclairé sur la raison qui pousse le personnage à agir durement envers le héros : la ressemblance physique de ce dernier avec son père, James Potter, qui était en conflit avec Rogue durant leur jeunesse[S 12]. Rogue est soumis à un désir de vengeance, dont le garçon fait les frais, mais il montre à plusieurs reprises qu'il est aussi capable de mettre ses ressentiments de côté, en secourant plusieurs fois Harry Potter et ses amis. Les informations fournies sont ainsi contradictoires et le personnage « gagne en complexité »[S 12].
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Harry Potter, de son côté, se contente de haïr son professeur, qui s'emploie à lui rappeler inlassablement la nature arrogante et persécutrice de son père, ce que le garçon réfute avec force[S 2]. Ainsi, bien que certains personnages fiables et amicaux s'emploient à interpréter les agissements de Rogue sous des aspects plus positifs[S 2], Harry se ferme simplement à leurs points de vue et à leurs arguments, qui ne correspondent pas à l'image qu'il s'en est fait[S 2]. De nombreux élèves répandent également une rumeur selon laquelle le professeur de potions souhaiterait obtenir le poste de professeur de défense contre les forces du Mal, non pas pour apprendre aux élèves à se défendre, mais parce qu'il vénère ces forces obscures[S 2]. La plupart des élèves pensent d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle le poste lui est longtemps refusé[S 2].
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Le lecteur apprend dans le tome suivant que Rogue a été mangemort, et d'autres personnages sont persuadés qu'il demeure fidèle à Voldemort[33]. Au fil du récit, J. K. Rowling amène son héros et le lecteur à douter de plus en plus de la loyauté de Rogue, malgré le fait qu'Albus Dumbledore, figure de sagesse, n'aura jamais aucun doute sur sa fidélité[S 13]. Lorsque Harry demande à Dumbledore ce qui lui permet d'affirmer que Rogue n'est pas du côté de Voldemort, Dumbledore lui répond simplement : « c'est une affaire entre le professeur Rogue et moi-même »[33]. Dans l'Ordre du Phénix, Dumbledore voit un espoir de rapprocher Rogue et Harry par le biais des leçons particulières d'occlumancie. Mais l'élève et le professeur n'arrivent pas à mettre leur haine réciproque de côté. La colère du garçon l'amène même à évoquer très brièvement avec Rogue le rôle que ce dernier tient auprès de Voldemort, en tant qu'informateur, ce que Rogue ne nie pas (il se montre même satisfait que Harry ait abordé le sujet)[19]. Au cours de l'année, Ron évoque l'éventualité que Rogue puisse, au lieu de chercher à aider Harry, tenter de faciliter la tâche de Voldemort à l'insu du directeur[50]. La diabolisation de Rogue atteint donc son apogée lorsque, à la fin du sixième roman, il tue Dumbledore, avant de prendre sa place en tant que directeur de Poudlard. Par l'intermédiaire de Rogue, Rowling fait ainsi le choix de priver son héros de sa protection la plus sûre et la plus évidente aux yeux du lecteur[S 14].
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Dans le chapitre « Le récit du Prince » du dernier tome, les souvenirs que Rogue communique à Harry juste avant de mourir éclaircissent les mystères qui l'enveloppent depuis le début de l'histoire. Le garçon apprend ainsi que Rogue était un voisin et ami d'enfance de sa mère (Lily Evans), et qu'il en est tombé amoureux[3]. À dix-sept ans, celle-ci lui a préféré son rival James Potter. Rogue, lorsqu'il était mangemort, s'est rapproché d'Albus Dumbledore afin d'essayer de protéger Lily de Voldemort, en sachant que celui-ci avait décidé de tuer les époux Potter et leur fils[3]. Les précautions de Dumbledore n'ayant pas suffi, ce dernier a ensuite manipulé Rogue, qui était rongé par la profonde tristesse et le remords, en lui faisant comprendre qu'il était dorénavant de son devoir de se racheter en protégeant le fils de Lily, seul survivant de l'attaque. En échange, Rogue a fait promettre à Dumbledore de ne jamais communiquer à qui que ce soit ses motivations et ses sentiments pour Lily[3]. C'est en partie ce serment qui a tenu Dumbledore au silence et nourri l’ambiguïté autour de Rogue tout au long de l'intrigue.
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Étant condamné à la suite de sa manipulation maladroite d'un horcruxe, Dumbledore avait fait promettre à Rogue de le tuer au moment voulu, plutôt que de laisser Drago Malefoy — qui était chargé par Voldemort de le faire — devenir un assassin[3]. Dumbledore souhaitait également, par cette demande, faire que Rogue devienne le propriétaire légitime de la baguette de sureau[51].
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Rogue apprend sur le tard, horrifié, que le plan de Dumbledore pour vaincre Voldemort consistait finalement à sacrifier Harry Potter, qui contenait en lui une part de l'âme de Voldemort (un horcruxe)[3],[S 15]. Il était cependant contraint, de par sa promesse, de mener le plan à son terme et de ne livrer la vérité à Harry Potter qu'au tout dernier moment, c'est-à-dire une fois que les autres horcruxes auraient été détruits[3]. Après la mort de Dumbledore, Rogue était également tenu de ne jamais informer Harry qu'il combattait à ses côtés, puisque la connexion encore existante entre l'esprit du garçon et celui de Voldemort aurait pu amener ce dernier à comprendre et déjouer le plan[3]. Rogue a donc guidé discrètement Harry Potter jusqu'à l'épée de Gryffondor à l'aide de son patronus (dont la forme est identique à celui de Lily Potter), afin que le garçon puisse détruire les horcruxes[3].
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Rogue est, dès l'enfance, fasciné par la magie noire qui, selon l'écrivain Sigrun Strunk, lui offre une forme d’échappatoire lorsqu'il ne peut trouver conseils et sécurité auprès de son entourage[S 2]. Alors qu'il est un jeune garçon timide, esseulé mais fier, la magie noire est pour lui une façon d'essayer de gagner du pouvoir et de l'influence sur les autres, et de gagner l'estime des gens « bien nés »[S 2],[S 16]. Cependant, c'est à une enfant née-Moldue, Lily Evans, que le jeune Rogue s'attache le plus. J. K. Rowling explique l'attitude de Rogue ainsi : « […] Comme beaucoup de personnes faibles et vulnérables […], il est devenu membre de quelque chose de grand, de puissant et d’impressionnant [...] il était tellement aveuglé par la magie noire qu’il pensait que Lily trouverait impressionnant qu’il devienne un Mangemort[52] ». Mais au lieu d'être impressionnée par les capacités de Rogue, Lily redoute cette part d'ombre[3].
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À l'adolescence, Rogue est tiraillé entre suivre ses principes ou suivre ses sentiments[S 17]. Il est amoureux de Lily, mais semble penser à cet âge que cet amour est honteux[S 2]. Selon Sigrun Strunk, il est de première importance, pour le jeune Rogue, de se comporter en public selon les normes des sorciers qu'il trouve influents, et donc de se montrer méprisant envers tout sorcier issu d'une famille de Moldus (ce qu'il a l'extrême maladresse de faire à cet âge, même contre Lily[20]), puisque afficher publiquement de l’affection pour une fille issue d'une telle famille signifierait perdre l'estime des personnes puissantes à ses yeux[S 2].
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Au contact de Lily, Rogue change progressivement d'opinion sur l'importance de la « pureté » du sang chez les sorciers, convaincu que cela n'a en définitive aucune importance[3]. Il demeure néanmoins incapable d'avouer ce qu'il ressent pour Lily. Il choisit même d'apprendre très tôt l'art de l'occlumancie, afin que ses sentiments ne soient connus de quiconque[S 2]. Cette mesure d'auto-protection s’avérera extrêmement précieuse par la suite pour Albus Dumbledore qui, grâce à la rédemption de Rogue et à son soutien après le meurtre de Lily par Voldemort, parviendra ainsi à dissimuler ses intentions aux yeux du mage noir (un puissant legilimens), à la cause duquel Rogue feint de rester fidèle[S 2]. Comme elle le présente dans son essai Harry Potter ou les chemins insolites de la résistance, Sabine Delzescaux pense que Rogue représente « l'un des principaux artisans de la résistance contre Voldemort »[S 14]. Il joue un rôle crucial d'agent double : il doit conserver la confiance de Voldemort, être dans ses confidences, l'influencer autant que possible et informer l'ordre du Phénix de ses intentions, tout en faisant croire à Voldemort qu'il agit de la même manière en sa faveur. Il y parvient avec succès. Ainsi, chaque dirigeant sait que Rogue est dans les confidences du camp ennemi, et chaque dirigeant est convaincu de sa loyauté (Voldemort est certain de pouvoir deviner les pensées de chaque individu, y compris celles de Rogue, et Dumbledore, qui a été mis dans les confidences de Rogue, est fondamentalement convaincu du pouvoir de l'amour)[S 2].
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Par ailleurs, Dumbledore aurait souhaité que Rogue devienne professeur de défense contre les forces du Mal beaucoup plus tôt dans sa carrière[S 2], puisque Rogue, qui désire depuis longtemps enseigner cette discipline, est selon toute probabilité la personne la mieux placée pour le faire[S 2] : il connaît à la fois l'attrait que les forces du Mal peuvent exercer sur un être humain, et les facultés qu'il faut maîtriser pour s'en défendre[S 2]. Néanmoins, la « malédiction » touchant le poste[Note 1] aurait contraint Dumbledore à attendre les événements de l'été précédant Harry Potter et le Prince de sang-mêlé pour l'y nommer. Le directeur devinait que Rogue serait — après l'avoir tué selon leur accord[3] — nommé par Voldemort pour prendre sa place en tant que directeur de Poudlard[Note 2], et que l'ancien mangemort assurerait ainsi, à sa manière, la protection des élèves[3].
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« — Je vous avais dit de vous débarrasser de toute émotion ! — Ah oui ? Eh bien, je trouve ça très difficile en ce moment, gronda Harry. — Alors, vous deviendrez une proie facile pour le Seigneur des Ténèbres ! […] Les idiots qui portent fièrement leur cœur en bandoulière, qui sont incapables de contrôler leurs émotions, qui se complaisent dans les souvenirs les plus tristes et se laissent facilement provoquer — les gens faibles, en d'autres termes — n'ont aucune chance de résister à ses pouvoirs ! »
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— Harry et Rogue, leçon d'occlumancie,Harry Potter et l'Ordre du Phénix, chapitre 24.
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D'après les professeurs Catherine et David Deavel[54],[55], le talent de Rogue pour l'occlumancie révélerait à la fois sa force et sa faiblesse de caractère[S 18]. Car bien que cette capacité permette de duper et de vaincre indirectement Voldemort, cela empêche également Rogue d'être apprécié et considéré de son vivant pour son dévouement et son courage auprès des autres personnages[S 5] : il est seul et détesté de tous. Son interprète Alan Rickman pense même que Rogue désire être « l'opposé du type de personne que les gens respectent […] »[S 16]. Il cache ses sentiments, aussi bien l'amour que la souffrance. Selon Sigrun Strunk, aucun autre personnage, pas même Dumbledore, n'est en mesure de comprendre à quel point la mort de Lily Potter l'a affecté[S 2],[3]. Les professeurs Deavel pensent qu'il garderait aussi en lui, en partie, la même conviction que Voldemort selon laquelle les personnes qui agissent en étant guidées par leurs sentiments sont faibles ; c'est ce qu'il ferait comprendre à Harry Potter pendant leur première leçon d'occlumancie[S 19] (extrait ci-contre). L'auteure Marianne Chaillan donne néanmoins une interprétation différente de ce passage : selon elle, Rogue souhaiterait, plutôt que de dénigrer ceux qui éprouvent des émotions, faire comprendre au garçon que se laisser submerger par la souffrance comme il pourrait être tenté de le faire — sentiment que Rogue pourrait aisément comprendre et partager — reviendrait à se livrer trop facilement à Voldemort et à ce qu'il symbolise : le « rejet de la vie sous prétexte de la souffrance »[S 20].
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J. K. Rowling suggère qu'en dissimulant ainsi ses émotions, Rogue aurait volontairement placé sa vie entre parenthèses[S 2] : c'est un être froid, aux yeux qui « ne reflètent que sa mort intérieure ». Dans un article du Point intitulé Rogue, le plus beau de tous les salauds, la philosophe Edwige Chirouter met en avant le fait que Rogue « reste dans les limbes, dans son ressentiment »[S 16]. Il agit comme un homme « prisonnier du passé et de sa blessure »[S 16]. Sabine Delzescaux partage ce point de vue en disant que Rogue représente la figure de la haine et du ressentiment[S 14]. Dans son essai To Sir with Love (contenu dans le livre Mapping the World of Harry Potter[S 21]), Joyce Millman suggère qu'en cela, Rogue pourrait être dérivé d'une tradition de héros byroniens, tels que Heathcliff dans Les Hauts de Hurlevent[S 21]. Par ailleurs, la première question que Rogue pose à Harry — « Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ? » — ferait référence à sa mère Lily, aux remords et à la douleur provoquée par sa disparition : l'asphodèle, de la famille des liliacées (ou des lys, Lily en anglais), signifierait « regret du passé », tandis que l'armoise serait le symbole de l'absence, d'après certains botanistes[S 4],[56].
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L'écrivain Isabelle Smadja pense que Rogue pourrait également être considéré comme une figure paternelle ambivalente pour le héros, en possédant « la sévérité d'un père, sans en avoir l'indulgence »[S 22]. À ce titre, il peut être rapproché de sa consœur Minerva McGonagall, qui fait preuve d'autant de sévérité, d'exigence et de froideur, à la différence majeure que cette dernière demeure impartiale[S 2]. De son côté, Rogue revoit James Potter à travers Harry, mais sa haine pour le père du garçon se retrouve compensée par l’amour indéfectible qu'il éprouve encore pour sa mère. Dans leur essai, les professeurs Deavel disent que Rowling refuse de limiter l'amour à quelque chose de « purement rhétorique et sentimental » dans son œuvre[S 23] : Rogue ne choisirait pas de protéger Harry Potter et les autres ennemis de Voldemort par affection pour eux, mais parce-qu'il pense agir ainsi pour leur bien, et selon ce que Lily aurait elle-même décidé de faire pour eux[S 17].
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Pour Sabine Delzescaux, Rogue est la figure la plus ambiguë et énigmatique de la série, dans la mesure où il fait le choix de ne pas porter le « masque de la vertu », en œuvrant en secret sous une haine apparente[S 14]. Ainsi, le lecteur ne sait jamais quels sentiments l’animent, ni même s’il se positionne, fondamentalement, au service de la mort ou de la vie[S 14]. Les seules émotions que Rogue exprime sont celles de la haine et du dégoût : envers lui-même[3], envers Harry Potter, mais également envers Dumbledore, qui lui fait promettre de devenir son assassin aux yeux de ses alliés[3],[40], et qui a pris secrètement la décision de condamner Harry, que Rogue s'était engagé à protéger[S 2],[3]. Il ressent des émotions conflictuelles tout au long du récit, mais sa capacité à agir à plusieurs reprises pour le Bien, malgré son aversion, témoigne de la puissance de son amour envers Lily[S 24]. Pour Marianne Chaillan, Rogue, par sa capacité à aimer, est humain avant tout, et se rend vulnérable ; il a choisi ce chemin après la mort de Lily[S 25]. Plutôt que de se tourner vers l'obscurité et la magie noire, il trouve « une forme de salut » dans le fait de protéger la personne la plus chère aux yeux de celle qu'il aime toujours[S 16],[S 26]. Cet amour, qui était au départ égoïste[S 5], a fondamentalement transformé Rogue à partir du moment où il s'est engagé à combattre Voldemort[S 18],[S 27],[S 28]. Même si Rogue et Harry se détestent mutuellement et que Rogue n'éprouvera jamais aucune affection pour le fils de Lily, le garçon trouve en ce personnage glacial et ambigu l'un de ses protecteurs les plus efficaces et les plus puissants[3],[S 14]. Par ailleurs, il est le seul à qui Rogue accepte « d'offrir » ses souvenirs avant de mourir ; le seul à savoir ce qu'il a réellement ressenti pour sa mère, et fait pour lui[S 29]. Mathilde Cesbron (journaliste du Point) et Sigrun Strunk se rejoignent sur le fait que l'opinion de Harry Potter était en définitive très importante aux yeux de Rogue[S 2],[S 29], qui souhaitait une reconnaissance de sa part, et l'a finalement obtenue[S 29],[57] : dix-neuf ans après la mort du professeur, Harry dit à son fils Albus Severus qu'il porte notamment le nom d'un Serpentard et « sans doute l'homme le plus courageux [qu'il ait] jamais rencontré »[58].
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Bien que le personnage ne soit pas considéré comme « aimable », Rogue a rapidement gagné en popularité auprès des fans, à un niveau qui a surpris J. K. Rowling[48] (pour qui quelqu'un comme Rogue mérite autant l'admiration que la désapprobation[S 29]). En 2011, MTV organise un sondage public permettant aux admirateurs de voter pour le meilleur personnage de Harry Potter ; Rogue a été élu premier[S 30]. La même année, Rogue se classe une nouvelle fois en première position parmi les meilleurs personnages de la série dans un sondage public organisé par la maison d'édition Bloomsbury[S 31] ; de même qu'en 2016, dans un sondage organisé par le magazine Empire[S 32].
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Le site IGN a affirmé que Rogue a eu « un impact considérable sur la série »[S 33]. Jenny Sawyer, de The Christian Science Monitor, commente le développement du personnage, affirmant que Rogue est le seul protagoniste qui ait véritablement un choix à faire et qui a des difficultés à faire ce qui est juste, et donc le seul à faire face à une « crise intérieure absolue »[S 34]. Elle pense que la popularité du personnage est due à son cheminement moral et au conflit intérieur qu'il subit, car c’est la lutte du héros et la rédemption coûteuse de Rogue qui importent vraiment : « le personnage cherchait la résolution. Et c’est précisément ce besoin de résolution — notre désir de connaître le véritable Rogue et de comprendre ses choix — qui en fait le personnage le plus convaincant de l'épopée Potter »[S 34]. Stephen Fry, le narrateur britannique des livres audio de la série, a déclaré en 2003 que « la plupart des personnages comme Rogue sont difficiles à aimer mais ont une sorte d’ambiguïté […], [Rogue] a quelque chose de triste au fond de lui, il est solitaire, et c'est fascinant de penser qu'il est sur le point de devenir le méchant… avant que l'on se rende compte qu'il n'est pas si mauvais »[59].
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Malgré le peu d'informations fournies sur le personnage avant la fin de la série, certaines théories ont été suggérées de longue date par une minorité d'admirateurs sur les véritables motivations de Rogue[47],[60]. En 1999, après la publication de Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, une question a été posée à Rowling concernant la possibilité que Rogue soit amoureux, et que cela puisse constituer un motif de rédemption de son personnage[47]. Rowling a été très surprise de cette remarque à ce moment précis du récit, en ajoutant qu'elle ne pourrait être plus explicite à ce sujet qu'après la publication du septième tome[47]. Elle se souvient également d'une femme qui, juste après la publication du troisième livre, a soupçonné que Rogue soit amoureux de Lily[60]. Elle s'est alors demandé ce qui avait pu la trahir dans l'écriture de ce tome[60].
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La révélation finale sur la loyauté de Rogue dans Harry Potter et les Reliques de la Mort a été perçue de manière positive par les admirateurs et les critiques. Daniel Radcliffe, qui interprète Harry Potter dans les adaptations cinématographiques, s'est dit ravi de constater que sa théorie, selon laquelle Rogue finirait par devenir « une sorte de héros tragique », s'est avérée exacte[S 35]. La romancière de fantasy Elizabeth Hand écrit dans le Washington Post que « le solitaire tant décrié, Rogue, n'apparaît véritablement que dans la dernière partie des Reliques de la Mort, mais quand il le fait, le livre devient le sien : le destin de Rogue, plus que celui de Voldemort, et peut-être même plus que celui de Harry, est le plus déchirant, surprenant et satisfaisant de toutes les réalisations de Rowling »[S 36].
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Marianne Chaillan, auteure du livre Harry Potter à l'école de la philosophie, considère que Severus Rogue est « sans aucun doute l'un des plus beaux personnages de la saga »[S 37], tandis que la philosophe Edwige Chirouter estime qu'un personnage comme Rogue est « très bénéfique pour un jeune public », qui est ainsi poussé à se questionner sur ce qui fait d'un être humain quelqu'un de « bon ou méchant », ainsi qu'à faire preuve de tolérance et d'ouverture d'esprit face à la complexité[S 29]. Elle estime aussi que par son acte « sublime » et son sacrifice, Rogue « transcende ce que l'immense majorité des hommes est capable de faire »[S 16]. Sabine Delzescaux note cependant que « l’acte de résistance » de Rogue demeure ambivalent et s'instaure davantage sur son sentiment de culpabilité que sur des principes éthiques[S 14]. Ainsi, s'il n'avait pas aimé Lily Potter, Rogue n'aurait probablement pas cherché à protéger son fils. Rowling confirme d'ailleurs cette idée[61], tout en revendiquant l'aspect héroïque de son personnage : « Je pense […] que c'est un héros, mais un héros imparfait. Un anti-héros, peut-être. Ce n'est pas un homme très agréable dans bien des domaines. Il reste plutôt cruel, une brute remplie d’amertume – et pourtant il a aimé, il a été loyal, et, pour finir, il a sacrifié sa vie pour cet amour. C’est plutôt héroïque ! »[52].
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En 2000, Tim Roth est un temps envisagé pour interpréter le personnage au cinéma[S 38]. C'est finalement Alan Rickman, un autre acteur britannique, qui obtient le rôle selon le souhait de J. K. Rowling[62].
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L'acteur a été charmé par le premier livre (qu'il a lu lors de la pré-production du film[63]), mais souhaitait connaître plus en profondeur le personnage pour se considérer en mesure de l'interpréter[62]. Dans une interview de 2006, Alan Rickman déclare que J. K. Rowling lui a révélé, avant même le début de tournage du premier film, un détail précis sur Rogue[64], afin de l'aider à mieux comprendre la complexité du personnage[62]. Rowling lui avait fait promettre de garder le secret sur le contenu de leur conversation. Rickman a toujours mis un point d'honneur à respecter cette promesse[65], même après la sortie du dernier film où tous les secrets de l'intrigue ont été révélés au grand public. D'après Chris Columbus, réalisateur des deux premiers films, la performance d'Alan Rickman s'est basée depuis le départ sur cette fameuse conversation avec l'auteure[66].
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En 2011, Rickman a estimé que Rogue était un personnage « intéressant » à interpréter[67] : « sa concentration est totale parce qu'il sait qu'il a une tâche à accomplir »[67]. La même année, Rowling a laissé entendre à Daniel Radcliffe, lors d'un entretien filmé, qu'Alan Rickman avait appris très tôt que son personnage était amoureux de Lily Potter et qu'il savait également pourquoi son personnage se montrait parfois cruel envers Harry[68]. Trois jours après la mort de l'acteur, en janvier 2016, J. K. Rowling a finalement révélé à une internaute curieuse le sujet de leur discussion ː « J'ai révélé à Alan ce qui se cachait derrière le mot "toujours"[69] » (en référence au chapitre Le récit du Prince).
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« Parfois, un réalisateur disait à Alan comment aborder une scène, et il répondait qu'il ne pouvait pas. En y repensant, on se rend compte qu'il y avait toujours quelque chose, un regard, une expression, un sentiment qui annonçait ce qui allait suivre… Alan occupe une place importante dans ces films et y apporte une émotion incommensurable[65]. »
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— David Heyman en 2015.
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Après la sortie du dernier film, Télérama considère Alan Rickman comme « l’acteur le plus ensorcelant » de la série[70]. Mathilde Cesbron estime quant à elle que Rickman a su conférer à Rogue une « stature shakespearienne »[S 1].
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Dans les films, Alan Rickman porte une redingote bleu nuit cintrée lui arrivant aux genoux, d'un style inspiré par l'univers de Dickens et des tenues universitaires traditionnelles aux tissus épais et très foncés[71]. Alan Rickman, qui estime que le costume doit être à l'image de la « vie très maîtrisée » d'un personnage qui « vit entre des limites très étroites, aussi bien physiques qu'émotionnelles », consulte la costumière Judianna Makovsky au début de la production pour qu'elle imagine un ensemble comportant des manches très serrées et beaucoup de boutons[65],[71]. Le personnage porte également une longue cape noire traînant au sol et volant dans son dos. La traîne de la cape, visible sur certaines scènes, est allongée et divisée pour former deux petites fourches, à la manière d'une langue bifide de serpent, pour donner l'impression que le personnage se déplace en « ondulant »[71]. Alan Rickman a souhaité porter ce même costume du premier au dernier film[71].
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Alan Rickman est doublé en versions francophones par les comédiens Claude Giraud (version française) et Daniel Picard (version québécoise)[72],[73].
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Dans les scènes des souvenirs de Rogue, le personnage adolescent est joué par Alec Hopkins (Harry Potter et l'Ordre du Phénix) et le personnage enfant par Benedict Clarke (Harry Potter et les Reliques de la Mort).
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J. K. Rowling a participé au développement de la pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit, en donnant des idées pour une huitième histoire. La pièce a été écrite par Jack Thorne en 2016 et mise en scène par John Tiffany.
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Dix-neuf ans après les événements de Harry Potter et les Reliques de la Mort, le fils de Drago Malefoy, Scorpius, est propulsé dans une réalité alternative en utilisant le retourneur de temps. Dans cette réalité, Voldemort a gagné la bataille de Poudlard et Severus Rogue a survécu[74]. Pour parvenir à s'échapper, Scorpius prend contact avec le professeur, lui explique les événements et son rôle dans la première réalité, et lui demande son aide[75]. Rogue est également allié avec Hermione Granger, qui est dans cette réalité la cheffe des rebelles, recherchée par les autorités[76].
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Dans cette huitième histoire, par le biais de Scorpius, Rogue a ainsi connaissance du deuxième prénom choisi par Harry Potter pour son fils (Albus Severus), et s'en montre ému et fier[74],[77].
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Severus Rogue est interprété sur scène par Paul Bentall (à Londres) en 2016 et 2017[78] et par Byron Jennings (à Broadway) en 2018[79].
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Sources primaires
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L'école des sorciers (1997)
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La Chambre des secrets (1998)
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Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
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La Coupe de feu (2000)
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L'Ordre du Phénix (2003)
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Le Prince de sang-mêlé (2005)
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Les Reliques de la Mort (2007)
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L'Enfant maudit (2016)
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Le roi Arthur ou Arthur Pendragon est, d'après les romances médiévales, un seigneur breton qui aurait organisé la défense des peuples celtes des îles Britanniques et de Bretagne armoricaine face aux envahisseurs germaniques à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. La légende d'Arthur est principalement inspirée par le folklore[1] et l'invention littéraire, et son existence historique n'est pas attestée. Les sources historiques sont recueillies sur de rares textes contradictoires, essentiellement des poèmes et contes en langue galloise, des annales et chroniques décrivant la romanisation et la christianisation de la Grande-Bretagne comme les Annales Cambriae et l’Historia Brittonum et la vie des premiers saints de l'île bretonne, comme Gildas le Sage. Le nom d'Arthur apparaît également dans d'anciens poèmes tel que le Y Gododdin. Son histoire se situe à une époque où le terme « Bretagne » désignait la grande moitié sud de l'actuelle Grande-Bretagne.
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La figure légendaire d'Arthur s'est développée essentiellement grâce à l’Historia regum Britanniae (Histoire des rois de Bretagne) écrite par Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle. Toutefois, antérieurement à cette œuvre, certains contes et poèmes gallois ou bretons, ainsi que des chroniques ou annales reprenant des traditions orales, font déjà apparaître Arthur comme un grand guerrier défendant la Bretagne des hommes et d'ennemis surnaturels ou comme une figure magique du folklore, parfois associée à Annwvyn, l'autre-Monde celtique. La part du récit de Geoffroy de Monmouth, écrit encore en latin, adaptée des sources antérieures et celle issue de son imagination sont inconnues.
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Bien que les thèmes, les événements et les personnages de la légende du roi Arthur varient considérablement de texte en texte, et qu'il n'existe pas de version unique, les événements contés dans l’Historia regum Britanniae ont servi de base pour la plupart des histoires postérieures.
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Geoffroy de Monmouth dépeint Arthur comme un roi ayant établi un empire rassemblant toute l'île de Bretagne, ainsi que l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule. En fait, beaucoup d'éléments qui font désormais partie intégrante de l'histoire du roi Arthur apparaissent dans l’Historia regum Britanniae : le père d'Arthur Uther Pendragon, Merlin l'Enchanteur, l'épée Excalibur, la naissance d'Arthur à Tintagel, sa dernière bataille contre Mordred à Camlann et sa retraite finale à Avalon. Au XIIe siècle, l'écrivain français Chrétien de Troyes y ajoute Lancelot du Lac et le Saint Graal et initie le genre de la romance arthurienne (en puisant dans la matière de Bretagne) qui devient un volet important de la littérature médiévale. Dans ces histoires, la narration se concentre souvent sur d'autres personnages, tels que les différents chevaliers de la Table ronde au lieu de se focaliser sur le roi Arthur. La littérature arthurienne a prospéré pendant le Moyen Âge, avant de perdre de l'importance dans les siècles qui suivent. Elle est redevenue un sujet à la mode depuis le XIXe siècle. Au XXIe siècle, le roi Arthur est toujours un personnage mis en scène, à la fois dans la littérature mais aussi dans les adaptations scéniques (festivals, spectacles vivants), au théâtre, au cinéma, à la télévision, dans les bandes dessinées, et d'autres médias.
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Le prénom Arthur était en rapport étymologique avec le nom celtique de l'ours, « artos » signifiant à la fois « ours » et « guerrier ». On rapproche son nom avec celui de la déesse ourse Artio. Arthur s'expliquerait par *Arto-rix « roi-ours » (« roi des guerriers ? ») par un intermédiaire latinisé *Artori(u)s[2].
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On remarque au VIe siècle une certaine augmentation des noms tels Arzur, Arzul', Arthus, Artus ou Arthur[réf. nécessaire] qui laisse supposer l'existence d'un personnage ayant marqué les esprits.
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Le nom lui-même revêt un symbole de force, de stabilité et de protection, caractères bien présents dans sa légende : c'était un homme réputé fort, posé, et, en tant que roi, garant de la sécurité de ses sujets. Dans la civilisation celtique, l'ours est avant tout l'animal emblématique de la royauté. À travers son hibernation, il marque également le rythme des saisons. Les dates de naissance et de mort d'Arthur correspondent au cycle d'hibernation de l'ours, et encadrent donc un moment Arthurien dans le royaume[3].
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Notons néanmoins qu'à l'époque où naît la légende arthurienne (XIIe siècle), la place de l'ours comme animal emblématique est prise par le lion[4]. Ainsi dans l'Historia Regum Britanniae, Arthur rêve à un combat entre un ours et un dragon. Mais Arthur est le dragon, et non l'ours.
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La transcription latine basée sur cette racine celtique donnerait le nom Artorius[réf. nécessaire], ce qui appuierait l'hypothèse romaine identifiant le roi Arthur au personnage de Lucius Artorius Castus. Néanmoins l'assimilation d'Arthur à Artorius repose sur des bases très fragiles.
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Les défenseurs de l'hypothèse galloise constatent que le roi Arthur apparaît pour la première fois dans les légendes et élégies galloises, bien avant d'être repris dans les romans de chevalerie du XIIe siècle.
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Arthur serait né vers 470/475[5] et serait originaire du Pays de Galles, ou de l'ouest de l'Angleterre, mais l'emplacement exact de sa cour, connue sous le nom de Camelot, reste un mystère. Il aurait repoussé l'invasion des Saxons au début du VIe siècle bien qu'il n'ait jamais été couronné roi. En effet, la chronique de Nennius (IXe siècle) le désigne comme un dux bellorum (chef de guerre) combattant « avec les rois bretons » et les textes médiévaux en gallois ne lui donnent jamais le titre de roi, mais l'appellent amerauder (« empereur »).
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Certains auteurs en feraient un grand propriétaire terrien romanisé ayant constitué, comme c'était alors courant, sa propre troupe de bucellaires, mercenaires à la solde d'une personne riche et payés en nourriture, d'où leur nom (buccelus = biscuit), et ayant prêté main-forte aux rois bretons contre les Saxons. En outre, dès le IVe siècle, les corps de bucellaires sont constitués majoritairement de cavaliers. La légende d'un corps de cavaliers d'élite servant Arthur n'est pas loin…
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Kemp Malone[6], a estimé avoir retrouvé le vrai Arthur dans le personnage de Lucius Artorius Castus. La parenté de nom est en effet assez troublante. Ce préfet romain, installé à York, a commandé (l'épigraphie l'atteste) la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l'actuelle Écosse) au-delà du mur d'Hadrien. Il a remporté contre eux (et non contre les Saxons) une suite de victoires entre 183 et 185 apr. J.-C. Ensuite, il aurait été envoyé en Armorique mater une rébellion ; cependant de récentes recherches tendent à prouver qu'il aurait été envoyé en Arménie. Lors de cette expédition, il portait le titre de dux, ce qui n'est pas sans rappeler le titre de dux bellorum rapporté par la chronique de Nennius.
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Selon Geoffrey Ashe[7], reprenant la thèse de Léon Fleuriot, le légendaire Arthur est inspiré du personnage réel de Riothamus, qui aurait porté le titre de « roi des Bretons » entre 454 et 470. Celui-ci aurait fait campagne en Gaule au cours des années 468 et 469 pour appuyer les Gallo-romains contre les Wisigoths, avant d'être battu par ces derniers à la bataille de Déols.
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Plus récemment, C. Scott Littleton et Linda A. Malcor ont repris ces deux dernières hypothèses et affirment que le Arthur de Camelot est la synthèse du Romain Lucius Artorius Castus et du Britannique Riothamus[8]. Pour ces deux chercheurs, le nom d'Arthur est la « celticisation » d'Artorius. Mais ce dernier, personnage assez mineur dans l'Histoire de Bretagne, ne peut plus être considéré comme le modèle du roi Arthur[pourquoi ?].
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Ainsi, il apparaît que certains auteurs médiévaux ont voulu réécrire l'histoire transformant en victoire la défaite essuyée par les Bretons lors de la bataille de Déols. Après s'être rendu maître de toute l'île de Bretagne, Arthur aurait ainsi conquis l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule. Il aurait même vaincu les légions romaines en Burgondie (Bourgogne), au cours d'une expédition qui l'aurait mené jusqu'à Rome…
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On peut également évoquer l'hypothèse du décalage chronologique. Dans ce cas, la bataille de Camlann contre l'usurpateur Mordred aurait eu lieu vers 490, alors qu'Arthur revenait de son expédition en Gaule, où il serait allé prêter main-forte aux troupes gallo-romaines confrontées à l'invasion franque. Dans le cadre de cette hypothèse, une nouvelle datation peut être proposée : la bataille du Mont Badon doit être placée dans la chronologie aux environs des années 475 et l'arrivée des Saxons en Bretagne aux environs de 428.
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Le nom de Jules César apparaît dans la légende arthurienne. Il faut peut-être définir le terme de césar comme un titre, correspondant à la fonction de empereur en second assumée par le dernier empereur d'Occident Julius Nepos reconnu en Orient. Cette mise au point permettrait de mettre un terme au thème de Merlin l'Enchanteur, capable de traverser le temps et l'espace, parce qu'il est ainsi avéré qu'il existait bien un dénommé Jules, « césar » de son état, contemporain de la jeunesse du personnage connu aujourd'hui sous le nom du Roi Arthur, mais qui reste encore à identifier parmi les responsables britto-romains de son époque[réf. nécessaire].
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Selon l'historienne Norma Goodrish, la tombe d'Arthur datant du IIIe siècle se trouve dans la Civil parish (la « commune ») d'Arthuret (en) où s'est déroulée la Bataille d'Arfderydd près du mur d'Hadrien, région dans laquelle Lucius Artorius Castus défendait le limes romain[9].
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Le patronyme « Arthur » pouvait être courant à l'époque celtique et aurait pu ainsi désigner plusieurs chefs. L'amalgame du récit de différentes vies aurait pu servir à constituer celle du personnage mythologique. Ce nom connaît d'ailleurs une vogue très importante dans l'aristocratie celtique dans les années qui suivent la Bataille de Camlann, où serait mort Arthur, entre 537 et 542.
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Pour Withaer, auteur d'une histoire des guerres de ce prince, Arthur fut le dernier roi des Bretons siluriens.
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Après avoir défendu longtemps son pays avec succès contre les Angles du nord, les Saxons de l'occident et les Danois qu'il vainquit en douze batailles successives, il aurait été complètement défait à Camlann, vers 542.
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Blessé mortellement, il se fit transporter en un lieu inconnu où il termina sa glorieuse vie. Ses soldats étonnés de ne pas le voir reparaître allèrent à sa recherche et, comme ils ne trouvèrent nulle part son tombeau, ils se persuadèrent qu'il n'était pas mort. Bientôt, se répandit la croyance populaire qu'Arthur reviendrait un jour régner sur la Bretagne affranchie du joug étranger, et qu'il y ramènerait le siècle d'or. Les chants patriotiques des bardes le représentaient tantôt guerroyant en Palestine contre les Infidèles, et tantôt errant dans les forêts des deux Bretagnes. Cette espérance du retour d'Arthur s'accrut à mesure que le peuple était opprimé.
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Henri II, à qui elle inspirait de vives inquiétudes, imagina un moyen pour la faire cesser. Il se rendit à Glassenbury (ou Glastonbury), où des moines de l'abbaye annoncèrent avoir découvert la tombe d'Arthur et de Guenièvre quelques années après l'incendie de leur église en 1184. Sa reconstruction nécessitait des fonds importants, d'où l'idée des moines, selon l'érudit britannique le docteur Robert Dunning, de broder à partir d'une supposée tombe royale toute une légende autour d'Arthur, de Joseph d'Arimathie, du Saint-Graal ou du chevalier Lancelot, en s'inspirant des écrits de leur évêque Geoffroy de Monmouth. Cette légende ne manquerait pas ainsi d'attirer d'importants donateurs et d'accroître sa renommée par rapport à sa rivale l'Abbaye de Saint Denis[10]. Ces fouilles furent faites en un lieu que des vers chantés par un pâtre indiquaient comme l'endroit de la sépulture d'un grand homme. Giraud de Barri, aumônier du roi Henri II Plantagenêt rapporte qu'on en retira, parmi divers débris, un cercueil de pierre décoré d'une petite croix de plomb, sur laquelle était inscrit :
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« Hic jacet sepultus inclutvs rex Arturius cum Wenneveria uxore cum sua secunda in insula Avallonia », inscription qu'il traduit ainsi : « Ci gît le célèbre roi Arthur enseveli avec Wenneveria, sa seconde femme, dans l’île d’Avallonie »[11]. »
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« On serait lapidé en Bretagne, si l'on osait dire qu'Arthur est mort. »
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— (Explanat. in proph. Merlini, p. 19, lib. i.)[12].
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Selon cette hypothèse, Arthur n'aurait pas d'existence historique mais serait un personnage mythologique comme un demi-dieu celte incarné, tel que le dieu de la mer Lir (supposé incarné par le Roi Lear), ou même un personnage fictif comme Beowulf (loup des abeilles, un surnom de l'ours). Arthur ne serait alors pas un personnage isolé, mais s'insèrerait dans l'ensemble mythologique recueilli par la matière de Bretagne, et la recherche d'un souverain historique auquel l'identifier serait une interprétation évhémériste du mythe. Cette théorie serait renforcée par le fait que d'autres Britanniques de cette période, comme Ambrosius Aurelianus, ont combattu les Saxons à la bataille du Mont Badonicus.
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Le roi Arthur est apparu pour la première fois dans la littérature galloise. Dans le premier poème gallois retrouvé, le Y Gododdin[14], Aneirin (vers 575-600) écrit au sujet d'un de ses personnages qu'« il nourrissait des corbeaux noirs sur les remparts, alors qu'il n'était pas Arthur » (en gallois : « Gochorai brain du fur caer/ Cyn ni bai ef Arthur. », traduit en anglais par « he fed black ravens on the ramparts, although he was not Arthur »). Mais ce poème composé d'une série d'épopées élégiaques peut être interprété de différentes manières.
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Une autre ancienne référence au roi Arthur se trouve dans l'Historia Brittonum attribuée au moine gallois Nennius, qui aurait écrit cette Histoire galloise vers 830. Le roi Arthur est décrit comme un « chef de guerre » plutôt que comme un roi.
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Le roi Arthur apparaît aussi dans l'histoire galloise Kulhwch et Olwen, habituellement associé avec les Mabinogion.
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Les dernières parties du texte les Triades galloises font mention d'Arthur et situent sa cour à Celliwig en Cornouailles. Celliwig serait l'actuelle Callington ou Kelly Rounds, une colline fortifiée près d'Egloshayle.
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Le roi Arthur (ou roi Artus) est aussi parfois décrit comme le chef des chasses fantastiques, comme la Chasse-galerie (un groupe de chasseurs mythiques), non seulement dans les Îles britanniques, mais aussi dans toute l'Europe occidentale.
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En 1133, Geoffroy de Monmouth écrivit son Historia Regum Britanniae. Ce livre fut l'équivalent d'un best seller médiéval, et attira l'attention d'autres écrivains, tels que Wace et Layamon, sur ces histoires. Ces écrivains en profitèrent pour améliorer les histoires du roi Arthur.
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Même si de nombreux érudits s'accordent sur le fait que Geoffroy a suscité l'intérêt médiéval pour le roi Arthur, une autre hypothèse existe. Les histoires concernant Arthur pourraient venir des traditions orales bretonnes, disséminées dans les cours royales et de la noblesse d'Europe grâce aux jongleurs professionnels. L'écrivain médiéval français Chrétien de Troyes raconta des histoires provenant de cette mythologie à la moitié du XIIe siècle, de même que Marie de France dans ses lais, des poèmes narratifs. Les histoires provenant de ces écrivains et de beaucoup d'autres seraient indépendantes de Geoffroy de Monmouth.
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Ces histoires, réunies sous le vocable de matière de Bretagne, devinrent populaires à partir du XIIe siècle. Dans ces histoires, Arthur rassembla les chevaliers de la Table ronde (en particulier Lancelot, Gauvain et Galaad). Cette assemblée était en général située à Camelot dans les derniers récits. Le magicien Merlin, dit « l'Enchanteur », y participait de temps en temps. Ces chevaliers participèrent à des quêtes mythiques, comme celle du Saint Graal. D'autres histoires du monde celtique s'associèrent à la légende d'Arthur, telle que la légende de Tristan et Iseut. Dans les dernières légendes, la romance entre le champion d'Arthur, Lancelot, et la reine Guenièvre devint la cause principale de la chute du monde arthurien.
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Robert de Boron écrivit dans son Merlin qu'Arthur obtint son trône en tirant une épée d'un rocher et d'une enclume. Cet acte ne pouvait être effectué que par le Vrai Roi, ce qui signifie le roi choisi par (les) Dieu(x), ou l'héritier d'Uther Pendragon. Cette épée est dans certaines versions la célèbre Excalibur. Dans d'autres récits, Excalibur sort d'un lac, portée par Viviane, la Dame du Lac — une demoiselle sorcière — et est remise à Arthur peu de temps après le début de son règne. L'épée pouvait trancher n'importe quoi, et son fourreau rendait son porteur invincible.
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Le dernier combat d'Arthur, la bataille de Camlann, contre les forces de Mordred vit sa perte. Des histoires montrent que Mordred était un chevalier de la Table ronde et le fils incestueux d'Arthur et de sa sœur Morgane ou bien de sa demi-sœur Morgause. Le Roi Arthur fut mortellement blessé lors de cette bataille, et emmené à Avalon. Là, ses mains furent soignées ou son corps enterré dans une chapelle. D'autres textes disent qu'il n'est pas mort, mais qu'il s'est retiré dans Avalon, monde insulaire mystérieux ; le roi Arthur est en dormition et reviendra un jour. De nombreux lieux sont revendiqués comme étant l’Avalon dont parle la légende : Glastonbury (dans le Somerset, en Angleterre), l'île d'Avalon (un îlot sur la commune de Pleumeur-Bodou dans les Côtes-d'Armor), Burgh by Sands, ancienne forteresse Aballaka du Mur d'Hadrien, en Cumberland, à l'embouchure de l'Eden… Mais il faut préciser que les peuples celtiques transportent leurs légendes au fur et à mesure de leurs émigrations. Ceci explique donc qu'il y ait plusieurs forêts de Brocéliande, plusieurs Cornouailles…
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La légende du roi Arthur s'est répandue dans toute l'Europe. Des images d'Arthur ont été retrouvées à de nombreux endroits. En particulier, dans la cathédrale de Modène en Italie, une gravure datée entre 1099 et 1120 représente Arthur et ses chevaliers attaquant un château. Une mosaïque de 1165 dans la cathédrale d'Otrante, près de Lecce, en Italie contient la représentation curieuse d'Arturus Rex portant un sceptre et chevauchant une chèvre. Des marchands du XVe siècle baptisèrent un Hall arthurien à Gdańsk, en Pologne. De nombreux lieux évoquent le roi Arthur en Bretagne, notamment la forêt de Brocéliande ou la Grotte Art en forêt de Huelgoat ou encore Glastonbury.
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Le roi unique et incontesté n'a jamais existé dans la civilisation celtique. Les divisions tribales (chefs de clans vassaux de rois des provinces eux-mêmes vassaux d'un roi suprême) ont permis à Jules César de prendre le contrôle de la Gaule. En contrepartie, l'imaginaire populaire s'est emparé d'un roi, plus ou moins attesté, paré des atouts les plus nobles de sa charge : un homme fort, bon guerrier mais sage, fédérateur et bien conseillé. Même après sa disparition, il porte encore les espoirs d'un peuple : son sommeil n'est que temporaire, et il reviendra unir les « deux Bretagnes » et sauver les Bretons.
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En 1066, Guillaume le Conquérant s’impose en maître de l’Angleterre… Mais comment faire accepter un Normand comme roi, alors qu'il est issu d'un peuple minoritaire ? En s’appuyant sur la légende arthurienne et sur Arthur, sa figure de proue, unificateur de la Grande-Bretagne et du peuple breton. Car sur le continent se trouvent les descendants de Bretons partis de l'île quelques siècles plus tôt. Pour monter son armée, Guillaume a utilisé les services d'un certain nombre de nobles descendants de ces Bretons émigrants. En favorisant la diffusion du mythe de la survivance d’Arthur, de sa dormition dans l’île d’Avalon et de son retour prochain, Guillaume rendait populaire sa lutte contre les Angles et les Saxons et comptait bien se rallier les Gallois. Ce fut le début de « l’espoir breton ».
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De même, Henri II Plantagenêt se servit du mythe arthurien pour asseoir son pouvoir, maintenir son autorité et unifier l’île de Bretagne. Couronné en 1154 après moult difficultés (petit-fils d'Henri Ier, désigné comme successeur mais écarté du trône par le neveu du roi défunt), il confisque la légende à son profit. Afin d’estomper les origines non-anglaises de la dynastie des Plantagenêt, Henri II préférera s’appuyer sur la civilisation bretonne en se présentant comme le digne successeur d’Arthur, bel et bien mort lors de l’ultime bataille. Car le monarque doit affirmer son autorité : vassal du roi de France pour le duché de Normandie, il a besoin du soutien breton contre les revendications des Saxons, qui ont du mal à accepter la domination normande sur l’Angleterre. Afin de renforcer cette analogie, il tente même sans succès de conquérir l’Irlande et l’Écosse afin de réunir sous sa bannière l’ensemble du royaume supposé d’Arthur.
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Arthur a aussi beaucoup servi pendant la Seconde Guerre mondiale chez les Britanniques pour raviver les efforts de la population face au risque d'invasion de l'Allemagne nazie.
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Dans l'imaginaire en Bretagne continentale, il représente l'unité du peuple breton, puisqu'il était roi des deux Bretagnes. Les auteurs du Moyen Âge l'ont actualisé selon les canons courtois de l'époque en en faisant un modèle de noblesse et de vertu chrétienne.
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Arthur est le fils d'Uther Pendragon, roi des Bretons, et d'Igraine (ou Ygerne), veuve de Gorlois (ou Gorlais), duc des Cornouailles.
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Il est le frère d’Anna (Morgause), épouse du roi Loth d'Orcanie, et aussi de la fée Morgane.
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Il épouse Guenièvre, fille de Léodagan, roi de Carmélide.
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Certaines œuvres lui attribuent la paternité de Lohot, et de Mordred, né d'une relation incestueuse avec sa demi-sœur.
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La vie des chevaliers de la Table Ronde est antérieure à l'apparition de l'héraldique, mais la notoriété du roi Arthur lui a valu l'attribution d'armes qui, du fait de l'anachronisme, relèvent des armoiries imaginaires.
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Hiérosme de Bara, dans son ouvrage Le Blason des Armoiries, énonce ceci : « De Artus, qu'on dit avoir été roy de la grande Bretaigne, quelques-uns ont dit qu'il n'avoit que trois couronnes, les autres six, un autre neuf, tantost mises en triangle maintenant en pal, et ainsi diversement[15]. »
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Concernant la variante à 13 couronnes, Pastoureau pense à une mauvaise lecture de treis[réf. souhaitée].
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À trois couronnes, classique, donc ordonnées 2 et 1.
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En triangle (2 et 1) sur le surcot, mais en pal sur la bannière.
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En pal (Arthur est à droite, derrière Gauvain combattant).
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À treize couronnes, 4, 4, 4 et 1.
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Relevé dans de nombreux ouvrages, dont De Bara.
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C'est l'un des Neuf Preux des romans de chevalerie du XIVe siècle.
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Le personnage du roi Arthur a été l'objet de nombreuses fictions, aussi bien au cinéma qu'à la télévision, sous forme de téléfilms ou de séries télévisées. Il a de plus inspiré de nombreux créateurs contemporains, que ce soit sous la forme de comédies musicales, de jeux vidéo ou de bandes dessinées.
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Le terme bactérie est un nom vernaculaire qui désigne certains organismes vivants microscopiques et procaryotes présents dans tous les milieux. Le plus souvent unicellulaires, elles sont parfois pluricellulaires (généralement filamenteuses), la plupart des espèces bactériennes ne vivant pas individuellement en suspension, mais en communautés complexes adhérant à des surfaces au sein d'un gel muqueux (biofilm)[1].
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Les bactéries les plus grosses mesurent plus de 2 μm et, jusqu'au début du XXIe siècle, les spécialistes considéraient que les plus petites mesuraient 0,2 μm, mais il existe des « ultramicrobactéries »[2],[3],[4].
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Les bactéries présentent de nombreuses formes : sphériques (coques), allongées ou en bâtonnets (bacilles) et des formes plus ou moins spiralées. L’étude des bactéries est la bactériologie, soit une des nombreuses branches de la microbiologie.
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Il existe environ 10 000 espèces connues à ce jour[5],[6], mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure. L'estimation du nombre des espèces oscillerait entre 5 et 10 millions[7],[8].
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Les bactéries sont ubiquitaires et sont présentes dans tous les types de biotopes rencontrés sur Terre. Elles peuvent être isolées du sol, des eaux douces, marines ou saumâtres, de l’air, des profondeurs océaniques, des déchets radioactifs[10], de la croûte terrestre, sur la peau et dans l’intestin des animaux ou des humains. Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de l’atmosphère.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, d'ordre comparable à la quantité des cellules qui le constituent, mais la masse de ces dernières est plus importante. La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l'organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses.
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Les bactéries peuvent être très utiles à l’humain lors des processus de traitement des eaux usées, dans l’agroalimentaire lors de la fabrication des yaourts ou du fromage et dans la production industrielle de nombreux composés chimiques[11].
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Les bactéries étant microscopiques, elles ne sont donc visibles qu'avec un microscope. Antoine van Leeuwenhoek fut le premier à observer des bactéries, grâce à un microscope de sa fabrication, en 1668[12]. Il les appela « animalcules » et publia ses observations dans une série de lettres qu'il envoya à la Royal Society[13],[14],[15].
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Au XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur ont révolutionné la bactériologie. Il démontra en 1859 que les processus de fermentation sont causés par des microorganismes et que leur croissance n’était pas due à la génération spontanée. Il démontra aussi le rôle des microorganismes comme agents infectieux[16]. Pasteur conçut également des milieux de culture, des procédés de destruction des microorganismes comme l’autoclave et la pasteurisation.
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Le médecin allemand Robert Koch et ses collaborateurs mirent au point les techniques de culture des bactéries sur milieu solide. Robert Koch est un des pionniers de la microbiologie médicale, il a travaillé sur le choléra, la maladie du charbon (anthrax) et la tuberculose. Il démontra de façon claire qu’une bactérie pouvait être l’agent responsable d’une maladie infectieuse et il proposa une série de postulats (les postulats de Koch, toujours utilisés aujourd'hui[17]) confirmant le rôle étiologique d’un microorganisme dans une maladie. Il obtient le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905[18].
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Si les bactéries étaient connues au XIXe siècle, il n’existait pas encore de traitement antibactérien. En 1909, Paul Ehrlich mit au point un traitement contre la syphilis avant l’utilisation de la pénicilline en thérapeutique suggérée par Ernest Duchesne en 1897 et étudiée par Alexander Fleming en 1929. Ehrlich reçut le prix Nobel pour ses travaux sur l'immunologie en 1908, et fut un pionnier de l'usage de colorants pour détecter et identifier les bactéries, son travail étant la base de la coloration de Gram et de la coloration de Ziehl-Neelsen[19].
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Les microbiologistes Martinus Beijerinck et Sergei Winogradsky initièrent les premiers travaux de microbiologie de l’environnement et d’écologie microbienne en étudiant les relations entre ces microorganismes au sein de communautés microbiennes du sol et de l’eau.
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Le mot « bactérie » apparaît pour la première fois avec le microbiologiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg en 1838[20]. Ce mot dérive du grec βακτηριον, qui signifie « bâtonnet ». Parallèlement Haeckel inventa en 1866 l'embranchement Monera pour regrouper au sein de son règne Protista tous les microorganismes sans structure interne (bien qu'excluant les cyanobactéries, alors classées parmi les plantes). Ferdinand Cohn utilisa à son tour le terme Bacteria comme taxon en 1870 et tenta le premier de les classer rigoureusement selon leur morphologie[21]. Pour Cohn, les bactéries étaient des plantes primitives non chlorophylliennes. À la suite des travaux de Cohn, Haeckel révisa la circonscription de ses « monères » pour y inclure les cyanobactéries[22]. Les termes de « monère » et de « bactérie » devinrent alors synonymes[21].
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En 1938 Herbert Copeland éleva les monères au rang de règne, à un niveau désormais égal aux animaux, plantes et protistes[23]. Ce n'est qu'en 1957 qu'André Lwoff distingua avec clarté les concepts de bactérie et de virus[24] grâce à des arguments biochimiques et structuraux. Enfin, Roger Stanier et Cornelis van Niel définirent pour la première fois rigoureusement en 1962 le concept de bactérie par l’absence d’organite membrané (et en particulier de véritable noyau, donc de mitose)[25].
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Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[26] en français.
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En 1977, Carl Woese grâce à ses travaux de phylogénie moléculaire divisa les procaryotes en deux domaines : les Eubacteria et les Archaebacteria[30] ; il les renomma respectivement Bacteria et Archaea lors de la révision de sa nomenclature en 1990[31]. Le mot « bactérie » faisant référence à l'ensemble des procaryotes avant 1990, ce renommage a provoqué une certaine ambiguïté dans l'utilisation de ce terme et n'a donc pas été accepté par tous les biologistes[32],[33],[34],[35],[36].
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Certains biologistes[21],[37] pensent que cette tentative de renommage tient davantage de la propagande (de la part de Carl Woese, afin d'accréditer ses idées) que de la science :
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« Therefore archaebacterial cell structure, growth, division, and genetics remained fundamentally bacterial or prokaryotic. Early claims that archaebacteria are a “third form of life” in addition to eukaryotes and prokaryotes/bacteria are thus falsified, despite misleading, confusing, purely propagandistic name changes that some of us never accepted [...][37] »
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Et plus loin dans le même article :
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« Differences between archaebacteria and eubacteria have been grossly exaggerated. »
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Dans un cadre kuhnien la théorie des trois domaines qui sous-tend ce changement de nomenclature est parfois analysé comme un paradigme de la bactériologie moderne[38],[39],[21], ce qui expliquerait les résistances (principalement de nature sociologiques) contre sa remise en cause.
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Les bactéries présentent une grande diversité de tailles et de formes. Les cellules bactériennes typiques ont une taille comprise entre 0,5 et 5 µm de longueur, cependant, quelques espèces comme Thiomargarita namibiensis et Epulopiscium fishelsoni peuvent mesurer jusqu’à 750 µm (0,75 mm) de long et être visibles à l’œil nu[40],[41] (voir Bactérie géante). Parmi les plus petites bactéries, les mycoplasmes mesurent 0,3 µm, soit une taille comparable à certains gros virus[42].
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La plupart des bactéries sont soit sphériques soit en forme de bâtonnets. Dans le premier cas elles sont appelées coques (du grec kókkos, grain) et dans le second bacilles (du latin baculus, bâton). Il existe aussi des formes intermédiaires : les coccobacilles. Quelques bactéries en forme de bâtonnets sont légèrement incurvées comme les Vibrio. D’autres bactéries sont hélicoïdales. Ce sont des spirilles si la forme est invariable et rigide, des spirochètes si l’organisme est flexible et peut changer de forme. La grande diversité de formes est déterminée par la paroi cellulaire et le cytosquelette. Les différentes formes de bactéries peuvent influencer leur capacité d’acquérir des nutriments, de s’attacher aux surfaces, de nager dans un liquide et d’échapper à la prédation.
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Beaucoup d’espèces bactériennes peuvent être observées sous forme unicellulaire isolée alors que d’autres espèces sont associées en paires comme les Neisseria ou en chaînette, caractéristique des Streptocoques. Dans ces cas, les coques se divisent selon un axe unique et les cellules restent liées après la division. Certains coques se divisent selon un axe perpendiculaire et s’agencent de façon régulière pour former des feuillets. D’autres se divisent de façon désordonnée et forment des amas comme les membres du genre Staphylococcus qui présentent un regroupement caractéristique en grappe de raisins. D'autres bactéries peuvent s’élonger et former des filaments composés de plusieurs cellules comme les actinobactéries.
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En dépit de leur apparente simplicité, elles peuvent former des associations complexes. Des capteurs leur permettent de détecter d'autres bactéries ou une surface (ce qui induit souvent chez elle un changement de comportement ; ainsi Pseudomonas aeruginosa ne devient virulente et active ses gènes de résistance que quand son « sens du toucher » l'informe qu'elle entre en contact avec une surface ; muqueuse pulmonaire par exemple[43]).
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Les cyanobactéries forment des chaînes appelées trichomes où les cellules sont en relation étroite, grâce à des échanges physiologiques. Certaines bactéries forment des colonies pouvant solidement s’attacher aux surfaces. Ces « biofilms » sont un arrangement complexe de cellules et de composants extracellulaires, formant des structures secondaires comme des microcolonies, au sein desquelles se forme un réseau de canaux facilitant la diffusion des nutriments.
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Une caractéristique importante des bactéries est la paroi cellulaire. La paroi donne à la bactérie sa forme et la protège contre l’éclatement sous l’effet de la très forte pression osmotique du cytosol. Les bactéries peuvent être structuralement divisées en deux groupes : les bactéries à paroi unimembranée (ne contenant qu'une seule membrane, la membrane plasmique) et les bactéries à paroi bimembranée (constituée de deux membranes superposées, la membrane interne et la membrane externe). La coloration de Gram est un critère empirique, quoique imparfait, permettant de déterminer la structure de la paroi bactérienne.
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Certains organites extracellulaires comme les flagelles ou les poils peuvent être enchâssés dans la paroi cellulaire. Quelques bactéries peuvent fabriquer de fines couches externes à la paroi cellulaire, généralement essentiellement constituées de polysaccharides (des sucres). D'autres bactéries peuvent s’envelopper d’une couche protéique appelée la couche S.
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En tant que procaryote (organisme sans noyau), les bactéries sont des cellules relativement simples, caractérisées par une absence de noyau et d’organites comme les mitochondries et les chloroplastes, elles n'ont pas non plus de réticulum endoplasmique ou d'appareil de Golgi[44].
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Le métabolisme d’une cellule est l’ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de cette cellule. Pour réaliser ce processus, les bactéries, comme toutes les autres cellules, ont besoin d’énergie. L’ATP est la source d’énergie biochimique universelle, commune à toutes les formes de vie, mais les réactions d’oxydo-réduction impliquées dans sa synthèse sont très variées selon les organismes et notamment chez les bactéries.
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Les bactéries vivent dans pratiquement toutes les niches environnementales de la biosphère. Elles peuvent ainsi utiliser une très large variété de source de carbone et/ou d’énergie[45].
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Les bactéries peuvent être classées selon leur type de métabolisme, en fonction des sources de carbone et d’énergie utilisés pour la croissance, les donneurs d’électrons et les accepteurs d’électrons[46].
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(donneur d'électrons)
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L’énergie cellulaire des chimiotrophes est d’origine chimique alors que celle des phototrophes est d’origine lumineuse. La source de carbone des autotrophes est le dyoxyde de carbone , tandis que des substrats organiques sont la source de carbone des hétérotrophes. Il est aussi possible de distinguer deux sources possibles de protons (H+) et d'électrons (e-) : les bactéries réduisant des composés minéraux sont des lithotrophes alors que celles réduisant des substances organiques sont des organotrophes.
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Tout organisme vivant réalise en permanence de nombreuses réactions chimiques destinées à construire les biomolécules indispensables à la vie, et particulièrement lipides, protéines, acides nucléiques et saccharides. Ces réactions ne sont possibles que grâce à l'énergie accumulée à la suite d’autres réactions chimiques. Le métabolisme d'une bactérie est l'ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de la cellule bactérienne[47]. Les besoins énergétiques de la bactérie peuvent être satisfaits par deux mécanismes :
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Les bactéries possèdent un chromosome généralement unique et circulaire (mais il y a des exceptions) qui porte la majorité des gènes. Certains gènes ayant des fonctions particulières (résistance à un antibiotique, un prédateur, adaptation physiologique au milieu, etc.) sont cependant localisés sur des petites sections d'ADN circulaire libres appelées plasmides.
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Il existe une grande diversité de métabolismes par rapport aux eucaryotes. D'ailleurs la phototrophie et l'autotrophie chez les eucaryotes sont toujours le résultat d'une symbiose avec des bactéries (certains lichens par exemple) et/ou d'une symbiogenèse impliquant une cyanobactérie (chloroplaste).
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Source de matière : Hétérotrophie vs Autotrophie
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Source d'énergie : Phototrophie vs Chimiotrophie
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Les bactéries, avec les autres micro-organismes, participent pour une très large part à l’équilibre biologique existant à la surface de la Terre. Elles colonisent en effet tous les écosystèmes et sont à l’origine de transformations chimiques fondamentales lors des processus biogéochimiques responsables du cycle des éléments sur la planète.
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Une population de bactéries peut avoir un comportement coordonné grâce à une messagerie moléculaire, le quorum sensing.
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Au sein des biofilms des relations s'établissent entre bactéries, conduisant à une réponse cellulaire intégrée. Les molécules de la communication cellulaire ou « lang » sont soit des homosérines lactones pour les bactéries à Gram négatif, soit des peptides courts pour les bactéries à Gram positif. De plus au sein de biofilms établis, les caractéristiques physico-chimiques (pH, oxygénation, métabolites) peuvent être néfastes au bon développement bactérien et constituer donc des conditions stressantes. Les bactéries mettent en place des réponses de stress qui sont autant d'adaptation à ces conditions défavorables. En général les réponses de stress rendent les bactéries plus résistantes à toute forme de destruction par des agents mécaniques ou des molécules biocides.
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L'étude des canaux ioniques bactériens a permis à une équipe de chercheurs de mettre en évidence, en 2015, une synchronisation du métabolisme de certaines bactéries au sein des communautés de biofilms bactériens par des vagues d'ions potassium. Celles-ci résultent d'une boucle de rétroaction positive, dans laquelle un déclencheur métabolique induit la libération d'ions potassium intracellulaire, qui à son tour dépolarise les bactéries voisines. Cette vague de dépolarisation coordonne les états métaboliques entre les bactéries à l'intérieur et à la périphérie du biofilm. La suppression ou le blocage de l'activité des canaux potassium supprime cette réponse[48].
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Les eaux naturelles comme les eaux marines (océans) ou les eaux douces (lacs, mares, étangs, rivières, etc.) sont des habitats microbiens très importants. Les matières organiques en solution et les minéraux dissous permettent le développement des bactéries. Les bactéries participent dans ces milieux à l’autoépuration des eaux. Elles sont aussi la proie des protozoaires. Les bactéries composant le plancton des milieux aquatiques sont appelées le bactérioplancton.
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Il y a environ quarante millions de cellules bactériennes dans un gramme de sol et un million de cellules bactériennes dans un millilitre d’eau douce. On estime qu'il y aurait (à un instant donné) quatre à six quintillions (4 ×1030 à 6×1030), soit entre quatre et six mille milliards de milliards de milliards de bactéries dans le monde[49], représentant une grande partie de la biomasse du monde[49]. Cependant, un grand nombre de ces bactéries ne sont pas encore caractérisées car non cultivables en laboratoire[50].
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Le sol est composé de matière minérale provenant de l’érosion des roches et de matière organique (l’humus) provenant de la décomposition partielle des végétaux. La flore microbienne y est très variée. Elle comprend des bactéries, des champignons, des protozoaires, des algues, des virus, mais les bactéries sont les représentants les plus importants quantitativement. On peut y retrouver tous les types de bactéries, des autotrophes, des hétérotrophes, des aérobies, des anaérobies, des mésophiles, des psychrophiles, des thermophiles. Tout comme les champignons, certaines bactéries sont capables de dégrader des substances insolubles d’origine végétale comme la cellulose, la lignine, de réduire les sulfates, d’oxyder le soufre, de fixer l’azote atmosphérique et de produire des nitrates. Les bactéries jouent un rôle dans le cycle des nutriments des sols, et sont notamment capables de fixer l’azote. Elles ont donc un rôle dans la fertilité des sols pour l’agriculture. Les bactéries abondent au niveau des racines des végétaux avec lesquels elles vivent en mutualisme.
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À la différence des milieux aquatiques, l’eau n’est pas toujours disponible dans les sols. Les bactéries ont mis en place des stratégies pour s’adapter aux périodes sèches. Les Azotobacter produisent des cystes, les Clostridium et les Bacillus des endospores ou d’autres types de spores chez les Actinomycètes.
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Dans le sous-sol, dans l'eau ou dans les cavités humides, des bactéries colonisent inévitablement les galeries minières, puits de mines et leurs abords faillés ou évidés, y compris dans les centres de stockage souterrains ; elles sont parfois trouvée à grande profondeur dans le sous-sol, y compris dans les remontées de forages d'eau ou de pétrole. Elles peuvent là aussi modifier leur environnement, être source de CO2 ou de méthane, d'acidification, de corrosion, de méthylation, de putréfaction et/ou interagir avec les nappes, certains métaux ou des matériaux de confinement (ce pourquoi Rizlan Bernier-Latmani a monté une campagne expérimentale d'étude à des centaines de mètres de profondeur (sous le Mont Terri, près de Saint-Ursanne dans le Jura dans une plateforme de recherche et de collaboration internationales visant à étudier la pertinence de la roche argileuse pour l'enfouissement des déchets radioactifs[51].
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Les bactéries peuvent aussi être rencontrées dans des environnements plus extrêmes. Elles sont qualifiées d’extrémophiles. Des bactéries halophiles sont rencontrées dans des lacs salés, des bactéries psychrophiles sont isolées d’environnements froids comme des océans Arctique et Antarctique, des banquises. Des bactéries thermophiles sont isolées des sources chaudes ou des cheminées hydrothermales.
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En 2007, des forages dans le pergélisol du nord-est de la Sibérie, du nord-ouest du Canada et de l'Antarctique ont permis à des scientifiques de l'université de Californie dirigée par le professeur Eske Willerslev (en) (Université de Copenhague) de mettre au jour des bactéries toujours vivantes vieilles d'environ 500 000 ans. Les chercheurs ont montré chez ces bactéries des signes de réparation de leur ADN combiné à un état de dormance inférieure à l'activité métabolique nécessaire à la réparation de l'ADN maintenue à un bas niveau[52].
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En 2000, une équipe scientifique a annoncé avoir découvert une bactérie demeurée endormie dans un cristal de sel pendant 250 millions d'années[53]. De nombreux scientifiques sont très réservés vis-à-vis de ce résultat, qui serait plutôt dû à une colonisation récente du cristal[54].
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Dans l'espace, les bactéries deviendraient presque trois fois plus virulentes. C'est du moins le cas de Salmonella typhimurium, une bactérie responsable d'intoxication alimentaire. Celles-ci ont fait un voyage à bord de la navette Atlantis en 2006. À leur retour, les bactéries qui avaient été conservées dans un récipient étanche, ont été transmises à des souris. Il n'a fallu que le tiers de la dose habituelle pour tuer la moitié du groupe de souris qui avait été infecté[55],[56].
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On cherche actuellement à savoir s'il a existé une vie bactérienne sur la planète Mars. Certains éléments d'analyse du sol martien semblent s'orienter en ce sens, et la présence abondante d'eau sur Mars jadis a peut-être pu constituer un terrain extrêmement favorable au développement de la vie bactérienne, si elle est apparue. Si la chose venait à être confirmée, ce serait un élément important en faveur de l'hypothèse de panspermie. Des chercheurs écossais ont mis en évidence en juin 2017 que le sol de mars éliminait la moindre bactérie. C’est l’interaction entre le rayonnement ultraviolet, les substances oxydantes du sol de Mars, et surtout les perchlorates qui confère à la surface de la Planète rouge sa capacité à éliminer toute bactérie[57]. D'autres recherches s'intéressent aussi aux glaces de la lune jovienne Europe qui abritent de l'eau liquide sous leur surface.
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En dépit de leur apparente simplicité, les bactéries peuvent entretenir des associations complexes avec d’autres organismes. Ces associations peuvent être répertoriées en parasitisme, mutualisme et commensalisme. En raison de leurs petites tailles, les bactéries commensales sont ubiquitaires et sont rencontrées à la surface et à l’intérieur des plantes et des animaux.
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Dans le sol, les bactéries de la rhizosphère (couche de sol fixée aux racines des plantes) fixent l’azote et produisent des composés azotés utilisés par les plantes (exemple de la bactérie Azotobacter ou Frankia). En échange, la plante excrète au niveau des racines des sucres, des acides aminés et des vitamines qui stimulent la croissance des bactéries. D’autres bactéries comme Rhizobium sont associées aux plantes légumineuses au niveau de nodosités sur les racines.
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Il existe de nombreuses relations symbiotiques ou mutualistes de bactéries avec des invertébrés. Par exemple, les animaux qui se développent à proximité des cheminées hydrothermales des fonds océaniques comme les vers tubicoles Riftia pachyptila, les moules Bathymodiolus ou la crevette Rimicaris exoculata vivent en symbiose avec des bactéries chimiolitho-autotrophes.
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Buchnera est une bactérie endosymbiote des aphides (puceron). Elle vit à l'intérieur des cellules de l'insecte et lui fournit des acides aminés essentiels. La bactérie Wolbachia est hébergée dans les testicules ou les ovaires de certains insectes. Cette bactérie peut contrôler les capacités de reproduction de son hôte.
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Des bactéries sont associées aux termites et leur apportent des sources d'azote et de carbone.
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Des bactéries colonisant la panse des herbivores permettent la digestion de la cellulose par ces animaux. La présence de bactéries dans l’intestin de l’Homme contribue à la digestion des aliments mais les bactéries fabriquent également des vitamines comme l’acide folique, la vitamine K et la biotine[58].
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Des bactéries colonisent le jabot d'un oiseau folivore (consommateur de feuilles), le Hoazin (Opisthocomus hoazin). Ces bactéries permettent la digestion de la cellulose des feuilles, de la même manière que dans le rumen des ruminants.
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Des bactéries bioluminescentes comme Photobacterium sont souvent associées à des poissons ou des invertébrés marins. Ces bactéries sont hébergées dans des organes spécifiques chez leurs hôtes et émettent une luminescence grâce à une protéine particulière : la luciférase. Cette luminescence est utilisée par l'animal lors de divers comportements comme la reproduction, l'attraction de proies ou la dissuasion de prédateurs.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, environ autant, voire plus, que de cellules le constituant, toutefois leur masse reste infime en comparaison.
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Les calculs donnent des résultats variés quant à leur nombre. D'après certaines estimations, 1012 bactéries colonisent la peau, 1010 bactéries colonisent la bouche et 1014 bactéries habitent dans l'intestin[59]. D'autres calculs, réalisés par des chercheurs de l'institut Weizmann, indiquent qu'il y a plus de cellules bactériennes (~40 × 1012) que de cellules humaines (~30 × 1012) dans le corps humain[60],[61].
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La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l’organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses comme le choléra, la syphilis, la peste, l’anthrax, la tuberculose.
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Le plus souvent, les maladies bactériennes mortelles sont les infections respiratoires : la tuberculose à elle seule tue environ deux millions de personnes par an, principalement en Afrique subsaharienne[62]. Des bactéries peuvent entraîner des troubles respiratoires ou intestinaux alors que d’autres peuvent être responsables de l’infection d'une blessure. Les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui le plus souvent inhibent une de leurs fonctions vitales (par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire).
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Les bactéries pathogènes sont responsables de maladies humaines et causent des infections. Les organismes infectieux peuvent être distingués en trois types : les pathogènes obligatoires, accidentels ou opportunistes.
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Un pathogène obligatoire ne peut survivre en dehors de son hôte. Parmi les bactéries pathogènes obligatoires, Corynebacterium diphtheriae entraîne la diphtérie, Treponema pallidum est l’agent de la syphilis, Mycobacterium tuberculosis provoque la tuberculose, Mycobacterium leprae la lèpre, Neisseria gonorrhoeae la gonorrhée. Les Rickettsia à l’origine du typhus sont des bactéries parasites intracellulaires.
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Un pathogène accidentel présent dans la nature peut infecter l’Homme dans certaines conditions. Par exemple, Clostridium tetani provoque le tétanos en pénétrant dans une plaie. Vibrio cholerae entraîne le choléra à la suite de la consommation d’une eau contaminée.
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Un pathogène opportuniste infecte des individus affaiblis ou atteints par une autre maladie. Des bactéries comme Pseudomonas aeruginosa, des espèces de la flore normale, comme des Staphylococcus de la flore cutanée, peuvent devenir des pathogènes opportunistes dans certaines conditions. On rencontre surtout ce type d’infection en milieu hospitalier.
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La capacité d’une bactérie à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène. L’intensité du pouvoir pathogène est la virulence. L’aboutissement de la relation bactérie-hôte et l’évolution de la maladie dépendent du nombre de bactéries pathogènes présentes dans l’hôte, de la virulence de cette bactérie, des défenses de l’hôte et de son degré de résistance.
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Pour déclencher une maladie, les bactéries infectieuses doivent d’abord pénétrer dans l’organisme et adhérer à un tissu. Des facteurs d’adhésion permettent la fixation des bactéries à une cellule. Le pouvoir invasif est la capacité de la bactérie à se répandre et à se multiplier dans les tissus de l’hôte, soit par un processus d'endocytose permettant leur pénétration intracellulaire, soit pour certaines bactéries en passant entre les cellules des muqueuses afin de coloniser la lamina propria sous-jacente. Les bactéries peuvent produire des substances lytiques leur permettant de se disséminer dans les tissus. Certaines bactéries présentent aussi un pouvoir toxinogène qui est la capacité de produire des toxines, substances chimiques portant préjudice à l’hôte. On peut distinguer les exotoxines libérées lors de la multiplication des bactéries et les endotoxines fixées dans la membrane des bactéries.
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Les bactéries pathogènes tentant d’envahir un hôte rencontrent toutefois de nombreux mécanismes de défense assurant à l’organisme une protection aux infections. Une bonne alimentation et une hygiène de vie correcte constituent une première protection. La peau, les muqueuses forment une première ligne de défense contre la pénétration d’organismes pathogènes. Les bactéries de la flore normale constituent aussi une barrière de protection. Lorsqu’un micro-organisme a pénétré ces premières lignes de défense, il rencontre des cellules spécialisées qui se mobilisent contre l’envahissement : ce sont les phagocytes. L’inflammation est une réaction défensive non spécifique. Un second système de défense très efficace est le système immunitaire spécifique, capable de reconnaître des antigènes portés ou sécrétés par les bactéries, et d’élaborer des anticorps et des cellules immunitaires spécifiques de ces antigènes.
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En milieu hospitalier, le personnel soignant doit suivre des protocoles de protection (port de la blouse, gants, lunettes en chirurgie...). En cas de contact avec un élément à risque (sang, liquide...), le personnel soignant doit impérativement et au plus tôt se laver les mains avec un produit désinfectant et aseptisant[63].
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Les bactéries pathogènes pour les plantes sont connues du grand public pour leur responsabilité dans la dévastation de cultures agricoles. En 2001, les vergers du midi de la France étaient victimes d'une vague d'infection par une bactérie du genre Xanthomonas[64].
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En biotechnologie végétale, la bactérie du sol, Agrobacterium tumefaciens, est utilisée pour sa capacité à transmettre un fragment d'ADN à la plante cible lors de son cycle infectieux.
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Les Procaryotes sont d'importants outils dans le domaine de la biorestauration : on se sert d'organismes pour éliminer des polluants du sol, de l'eau et de l'air. Exemple : Les archées décomposent la matière organique contenue dans les eaux usées pour la transformer en substance qui peut servir d'engrais. Dans l'industrie minière, les Procaryotes aident à retirer les métaux contenus dans le minéral. L'utilité des Procaryotes provient en grande partie de la diversité de leurs formes de nutrition et de métabolisme[65].
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L’origine de la microbiologie industrielle date de l’époque préhistorique. Les premières civilisations ont utilisé sans le savoir des micro-organismes pour produire des boissons alcoolisées, du pain et du fromage.
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Les bactéries comme Lactobacillus, Lactococcus ou Streptococcus, combinées aux levures et moisissures interviennent dans l’élaboration d’aliments fermentés comme les fromages, les yaourts, la bière, le vin, la sauce de soja, le vinaigre, la choucroute.
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Les bactéries acétiques (Acetobacter, Gluconobacter) peuvent produire de l'acide acétique à partir de l'éthanol. Elles se rencontrent dans les jus alcoolisés et sont utilisées dans la production du vinaigre. Elles sont également exploitées pour la production d'acide ascorbique (vitamine C) à partir du sorbitol transformée en sorbose.
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La capacité des bactéries hétérotrophes à dégrader une large variété de composés organiques est exploitée dans des processus de traitement des déchets comme la bioremédiation ou le traitement des eaux usées. Des bactéries sont également utilisées dans les fosses septiques pour en assurer l'épuration. Des bactéries, capables de dégrader des hydrocarbures du pétrole, peuvent être utilisées lors du nettoyage d'une marée noire. Le processus de nettoyage de milieux pollués par des micro-organismes est la bioremédiation.
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Des bactéries peuvent être utilisées pour récupérer des métaux d'intérêts économiques à partir de minerais. C'est la biolixiviation. L'activité de bactéries est ainsi exploitée pour la récupération du cuivre.
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Des bactéries peuvent être utilisées à la place de pesticides en lutte biologique pour combattre des parasites des plantes. Par exemple, Bacillus thuringiensis produit une protéine Bt qui est toxique pour certains insectes. Cette toxine est utilisée en agriculture pour combattre des insectes qui se nourrissent de plantes.
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En raison de leur capacité à se multiplier rapidement et de leur relative facilité à être manipulées, certaines bactéries comme Escherichia coli sont des outils très utilisés en biologie moléculaire, génétique et biochimie. Les scientifiques peuvent déterminer la fonction de gènes, d’enzymes ou identifier des voies métaboliques nécessaires à la compréhension fondamentale du vivant et permettant également de mettre en œuvre de nouvelles applications en biotechnologie.
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De nombreuses enzymes utilisées dans divers processus industriels ont été isolées de micro-organismes. Les enzymes des détergents sont des protéases de certaines souches de Bacillus. Des amylases capables d’hydrolyser l’amidon sont très utilisées dans l’industrie alimentaire. La Taq polymérase utilisée dans les réactions de polymérisation en chaîne (PCR) pour l’amplification de l’ADN provient d’une bactérie thermophile Thermus aquaticus.
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Les bactéries génétiquement modifiées sont très utilisées pour la production de produits pharmaceutiques. C’est le cas par exemple de l’insuline, l’hormone de croissance, certains vaccins, des interférons… Certaines bactéries comme Streptomyces sont très employées pour la production d’antibiotiques.
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Certaines bactéries peuvent provoquer une dégradation d'installation (biocorrosion), en particulier les bactéries sulfato-réductrices.
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Le roi Arthur ou Arthur Pendragon est, d'après les romances médiévales, un seigneur breton qui aurait organisé la défense des peuples celtes des îles Britanniques et de Bretagne armoricaine face aux envahisseurs germaniques à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. La légende d'Arthur est principalement inspirée par le folklore[1] et l'invention littéraire, et son existence historique n'est pas attestée. Les sources historiques sont recueillies sur de rares textes contradictoires, essentiellement des poèmes et contes en langue galloise, des annales et chroniques décrivant la romanisation et la christianisation de la Grande-Bretagne comme les Annales Cambriae et l’Historia Brittonum et la vie des premiers saints de l'île bretonne, comme Gildas le Sage. Le nom d'Arthur apparaît également dans d'anciens poèmes tel que le Y Gododdin. Son histoire se situe à une époque où le terme « Bretagne » désignait la grande moitié sud de l'actuelle Grande-Bretagne.
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La figure légendaire d'Arthur s'est développée essentiellement grâce à l’Historia regum Britanniae (Histoire des rois de Bretagne) écrite par Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle. Toutefois, antérieurement à cette œuvre, certains contes et poèmes gallois ou bretons, ainsi que des chroniques ou annales reprenant des traditions orales, font déjà apparaître Arthur comme un grand guerrier défendant la Bretagne des hommes et d'ennemis surnaturels ou comme une figure magique du folklore, parfois associée à Annwvyn, l'autre-Monde celtique. La part du récit de Geoffroy de Monmouth, écrit encore en latin, adaptée des sources antérieures et celle issue de son imagination sont inconnues.
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Bien que les thèmes, les événements et les personnages de la légende du roi Arthur varient considérablement de texte en texte, et qu'il n'existe pas de version unique, les événements contés dans l’Historia regum Britanniae ont servi de base pour la plupart des histoires postérieures.
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Geoffroy de Monmouth dépeint Arthur comme un roi ayant établi un empire rassemblant toute l'île de Bretagne, ainsi que l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule. En fait, beaucoup d'éléments qui font désormais partie intégrante de l'histoire du roi Arthur apparaissent dans l’Historia regum Britanniae : le père d'Arthur Uther Pendragon, Merlin l'Enchanteur, l'épée Excalibur, la naissance d'Arthur à Tintagel, sa dernière bataille contre Mordred à Camlann et sa retraite finale à Avalon. Au XIIe siècle, l'écrivain français Chrétien de Troyes y ajoute Lancelot du Lac et le Saint Graal et initie le genre de la romance arthurienne (en puisant dans la matière de Bretagne) qui devient un volet important de la littérature médiévale. Dans ces histoires, la narration se concentre souvent sur d'autres personnages, tels que les différents chevaliers de la Table ronde au lieu de se focaliser sur le roi Arthur. La littérature arthurienne a prospéré pendant le Moyen Âge, avant de perdre de l'importance dans les siècles qui suivent. Elle est redevenue un sujet à la mode depuis le XIXe siècle. Au XXIe siècle, le roi Arthur est toujours un personnage mis en scène, à la fois dans la littérature mais aussi dans les adaptations scéniques (festivals, spectacles vivants), au théâtre, au cinéma, à la télévision, dans les bandes dessinées, et d'autres médias.
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Le prénom Arthur était en rapport étymologique avec le nom celtique de l'ours, « artos » signifiant à la fois « ours » et « guerrier ». On rapproche son nom avec celui de la déesse ourse Artio. Arthur s'expliquerait par *Arto-rix « roi-ours » (« roi des guerriers ? ») par un intermédiaire latinisé *Artori(u)s[2].
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On remarque au VIe siècle une certaine augmentation des noms tels Arzur, Arzul', Arthus, Artus ou Arthur[réf. nécessaire] qui laisse supposer l'existence d'un personnage ayant marqué les esprits.
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Le nom lui-même revêt un symbole de force, de stabilité et de protection, caractères bien présents dans sa légende : c'était un homme réputé fort, posé, et, en tant que roi, garant de la sécurité de ses sujets. Dans la civilisation celtique, l'ours est avant tout l'animal emblématique de la royauté. À travers son hibernation, il marque également le rythme des saisons. Les dates de naissance et de mort d'Arthur correspondent au cycle d'hibernation de l'ours, et encadrent donc un moment Arthurien dans le royaume[3].
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Notons néanmoins qu'à l'époque où naît la légende arthurienne (XIIe siècle), la place de l'ours comme animal emblématique est prise par le lion[4]. Ainsi dans l'Historia Regum Britanniae, Arthur rêve à un combat entre un ours et un dragon. Mais Arthur est le dragon, et non l'ours.
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La transcription latine basée sur cette racine celtique donnerait le nom Artorius[réf. nécessaire], ce qui appuierait l'hypothèse romaine identifiant le roi Arthur au personnage de Lucius Artorius Castus. Néanmoins l'assimilation d'Arthur à Artorius repose sur des bases très fragiles.
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Les défenseurs de l'hypothèse galloise constatent que le roi Arthur apparaît pour la première fois dans les légendes et élégies galloises, bien avant d'être repris dans les romans de chevalerie du XIIe siècle.
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Arthur serait né vers 470/475[5] et serait originaire du Pays de Galles, ou de l'ouest de l'Angleterre, mais l'emplacement exact de sa cour, connue sous le nom de Camelot, reste un mystère. Il aurait repoussé l'invasion des Saxons au début du VIe siècle bien qu'il n'ait jamais été couronné roi. En effet, la chronique de Nennius (IXe siècle) le désigne comme un dux bellorum (chef de guerre) combattant « avec les rois bretons » et les textes médiévaux en gallois ne lui donnent jamais le titre de roi, mais l'appellent amerauder (« empereur »).
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Certains auteurs en feraient un grand propriétaire terrien romanisé ayant constitué, comme c'était alors courant, sa propre troupe de bucellaires, mercenaires à la solde d'une personne riche et payés en nourriture, d'où leur nom (buccelus = biscuit), et ayant prêté main-forte aux rois bretons contre les Saxons. En outre, dès le IVe siècle, les corps de bucellaires sont constitués majoritairement de cavaliers. La légende d'un corps de cavaliers d'élite servant Arthur n'est pas loin…
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Kemp Malone[6], a estimé avoir retrouvé le vrai Arthur dans le personnage de Lucius Artorius Castus. La parenté de nom est en effet assez troublante. Ce préfet romain, installé à York, a commandé (l'épigraphie l'atteste) la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l'actuelle Écosse) au-delà du mur d'Hadrien. Il a remporté contre eux (et non contre les Saxons) une suite de victoires entre 183 et 185 apr. J.-C. Ensuite, il aurait été envoyé en Armorique mater une rébellion ; cependant de récentes recherches tendent à prouver qu'il aurait été envoyé en Arménie. Lors de cette expédition, il portait le titre de dux, ce qui n'est pas sans rappeler le titre de dux bellorum rapporté par la chronique de Nennius.
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Selon Geoffrey Ashe[7], reprenant la thèse de Léon Fleuriot, le légendaire Arthur est inspiré du personnage réel de Riothamus, qui aurait porté le titre de « roi des Bretons » entre 454 et 470. Celui-ci aurait fait campagne en Gaule au cours des années 468 et 469 pour appuyer les Gallo-romains contre les Wisigoths, avant d'être battu par ces derniers à la bataille de Déols.
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Plus récemment, C. Scott Littleton et Linda A. Malcor ont repris ces deux dernières hypothèses et affirment que le Arthur de Camelot est la synthèse du Romain Lucius Artorius Castus et du Britannique Riothamus[8]. Pour ces deux chercheurs, le nom d'Arthur est la « celticisation » d'Artorius. Mais ce dernier, personnage assez mineur dans l'Histoire de Bretagne, ne peut plus être considéré comme le modèle du roi Arthur[pourquoi ?].
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Ainsi, il apparaît que certains auteurs médiévaux ont voulu réécrire l'histoire transformant en victoire la défaite essuyée par les Bretons lors de la bataille de Déols. Après s'être rendu maître de toute l'île de Bretagne, Arthur aurait ainsi conquis l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule. Il aurait même vaincu les légions romaines en Burgondie (Bourgogne), au cours d'une expédition qui l'aurait mené jusqu'à Rome…
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On peut également évoquer l'hypothèse du décalage chronologique. Dans ce cas, la bataille de Camlann contre l'usurpateur Mordred aurait eu lieu vers 490, alors qu'Arthur revenait de son expédition en Gaule, où il serait allé prêter main-forte aux troupes gallo-romaines confrontées à l'invasion franque. Dans le cadre de cette hypothèse, une nouvelle datation peut être proposée : la bataille du Mont Badon doit être placée dans la chronologie aux environs des années 475 et l'arrivée des Saxons en Bretagne aux environs de 428.
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Le nom de Jules César apparaît dans la légende arthurienne. Il faut peut-être définir le terme de césar comme un titre, correspondant à la fonction de empereur en second assumée par le dernier empereur d'Occident Julius Nepos reconnu en Orient. Cette mise au point permettrait de mettre un terme au thème de Merlin l'Enchanteur, capable de traverser le temps et l'espace, parce qu'il est ainsi avéré qu'il existait bien un dénommé Jules, « césar » de son état, contemporain de la jeunesse du personnage connu aujourd'hui sous le nom du Roi Arthur, mais qui reste encore à identifier parmi les responsables britto-romains de son époque[réf. nécessaire].
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Selon l'historienne Norma Goodrish, la tombe d'Arthur datant du IIIe siècle se trouve dans la Civil parish (la « commune ») d'Arthuret (en) où s'est déroulée la Bataille d'Arfderydd près du mur d'Hadrien, région dans laquelle Lucius Artorius Castus défendait le limes romain[9].
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Le patronyme « Arthur » pouvait être courant à l'époque celtique et aurait pu ainsi désigner plusieurs chefs. L'amalgame du récit de différentes vies aurait pu servir à constituer celle du personnage mythologique. Ce nom connaît d'ailleurs une vogue très importante dans l'aristocratie celtique dans les années qui suivent la Bataille de Camlann, où serait mort Arthur, entre 537 et 542.
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Pour Withaer, auteur d'une histoire des guerres de ce prince, Arthur fut le dernier roi des Bretons siluriens.
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Après avoir défendu longtemps son pays avec succès contre les Angles du nord, les Saxons de l'occident et les Danois qu'il vainquit en douze batailles successives, il aurait été complètement défait à Camlann, vers 542.
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Blessé mortellement, il se fit transporter en un lieu inconnu où il termina sa glorieuse vie. Ses soldats étonnés de ne pas le voir reparaître allèrent à sa recherche et, comme ils ne trouvèrent nulle part son tombeau, ils se persuadèrent qu'il n'était pas mort. Bientôt, se répandit la croyance populaire qu'Arthur reviendrait un jour régner sur la Bretagne affranchie du joug étranger, et qu'il y ramènerait le siècle d'or. Les chants patriotiques des bardes le représentaient tantôt guerroyant en Palestine contre les Infidèles, et tantôt errant dans les forêts des deux Bretagnes. Cette espérance du retour d'Arthur s'accrut à mesure que le peuple était opprimé.
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Henri II, à qui elle inspirait de vives inquiétudes, imagina un moyen pour la faire cesser. Il se rendit à Glassenbury (ou Glastonbury), où des moines de l'abbaye annoncèrent avoir découvert la tombe d'Arthur et de Guenièvre quelques années après l'incendie de leur église en 1184. Sa reconstruction nécessitait des fonds importants, d'où l'idée des moines, selon l'érudit britannique le docteur Robert Dunning, de broder à partir d'une supposée tombe royale toute une légende autour d'Arthur, de Joseph d'Arimathie, du Saint-Graal ou du chevalier Lancelot, en s'inspirant des écrits de leur évêque Geoffroy de Monmouth. Cette légende ne manquerait pas ainsi d'attirer d'importants donateurs et d'accroître sa renommée par rapport à sa rivale l'Abbaye de Saint Denis[10]. Ces fouilles furent faites en un lieu que des vers chantés par un pâtre indiquaient comme l'endroit de la sépulture d'un grand homme. Giraud de Barri, aumônier du roi Henri II Plantagenêt rapporte qu'on en retira, parmi divers débris, un cercueil de pierre décoré d'une petite croix de plomb, sur laquelle était inscrit :
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« Hic jacet sepultus inclutvs rex Arturius cum Wenneveria uxore cum sua secunda in insula Avallonia », inscription qu'il traduit ainsi : « Ci gît le célèbre roi Arthur enseveli avec Wenneveria, sa seconde femme, dans l’île d’Avallonie »[11]. »
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« On serait lapidé en Bretagne, si l'on osait dire qu'Arthur est mort. »
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— (Explanat. in proph. Merlini, p. 19, lib. i.)[12].
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Selon cette hypothèse, Arthur n'aurait pas d'existence historique mais serait un personnage mythologique comme un demi-dieu celte incarné, tel que le dieu de la mer Lir (supposé incarné par le Roi Lear), ou même un personnage fictif comme Beowulf (loup des abeilles, un surnom de l'ours). Arthur ne serait alors pas un personnage isolé, mais s'insèrerait dans l'ensemble mythologique recueilli par la matière de Bretagne, et la recherche d'un souverain historique auquel l'identifier serait une interprétation évhémériste du mythe. Cette théorie serait renforcée par le fait que d'autres Britanniques de cette période, comme Ambrosius Aurelianus, ont combattu les Saxons à la bataille du Mont Badonicus.
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Le roi Arthur est apparu pour la première fois dans la littérature galloise. Dans le premier poème gallois retrouvé, le Y Gododdin[14], Aneirin (vers 575-600) écrit au sujet d'un de ses personnages qu'« il nourrissait des corbeaux noirs sur les remparts, alors qu'il n'était pas Arthur » (en gallois : « Gochorai brain du fur caer/ Cyn ni bai ef Arthur. », traduit en anglais par « he fed black ravens on the ramparts, although he was not Arthur »). Mais ce poème composé d'une série d'épopées élégiaques peut être interprété de différentes manières.
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Une autre ancienne référence au roi Arthur se trouve dans l'Historia Brittonum attribuée au moine gallois Nennius, qui aurait écrit cette Histoire galloise vers 830. Le roi Arthur est décrit comme un « chef de guerre » plutôt que comme un roi.
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Le roi Arthur apparaît aussi dans l'histoire galloise Kulhwch et Olwen, habituellement associé avec les Mabinogion.
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Les dernières parties du texte les Triades galloises font mention d'Arthur et situent sa cour à Celliwig en Cornouailles. Celliwig serait l'actuelle Callington ou Kelly Rounds, une colline fortifiée près d'Egloshayle.
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Le roi Arthur (ou roi Artus) est aussi parfois décrit comme le chef des chasses fantastiques, comme la Chasse-galerie (un groupe de chasseurs mythiques), non seulement dans les Îles britanniques, mais aussi dans toute l'Europe occidentale.
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En 1133, Geoffroy de Monmouth écrivit son Historia Regum Britanniae. Ce livre fut l'équivalent d'un best seller médiéval, et attira l'attention d'autres écrivains, tels que Wace et Layamon, sur ces histoires. Ces écrivains en profitèrent pour améliorer les histoires du roi Arthur.
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Même si de nombreux érudits s'accordent sur le fait que Geoffroy a suscité l'intérêt médiéval pour le roi Arthur, une autre hypothèse existe. Les histoires concernant Arthur pourraient venir des traditions orales bretonnes, disséminées dans les cours royales et de la noblesse d'Europe grâce aux jongleurs professionnels. L'écrivain médiéval français Chrétien de Troyes raconta des histoires provenant de cette mythologie à la moitié du XIIe siècle, de même que Marie de France dans ses lais, des poèmes narratifs. Les histoires provenant de ces écrivains et de beaucoup d'autres seraient indépendantes de Geoffroy de Monmouth.
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Ces histoires, réunies sous le vocable de matière de Bretagne, devinrent populaires à partir du XIIe siècle. Dans ces histoires, Arthur rassembla les chevaliers de la Table ronde (en particulier Lancelot, Gauvain et Galaad). Cette assemblée était en général située à Camelot dans les derniers récits. Le magicien Merlin, dit « l'Enchanteur », y participait de temps en temps. Ces chevaliers participèrent à des quêtes mythiques, comme celle du Saint Graal. D'autres histoires du monde celtique s'associèrent à la légende d'Arthur, telle que la légende de Tristan et Iseut. Dans les dernières légendes, la romance entre le champion d'Arthur, Lancelot, et la reine Guenièvre devint la cause principale de la chute du monde arthurien.
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Robert de Boron écrivit dans son Merlin qu'Arthur obtint son trône en tirant une épée d'un rocher et d'une enclume. Cet acte ne pouvait être effectué que par le Vrai Roi, ce qui signifie le roi choisi par (les) Dieu(x), ou l'héritier d'Uther Pendragon. Cette épée est dans certaines versions la célèbre Excalibur. Dans d'autres récits, Excalibur sort d'un lac, portée par Viviane, la Dame du Lac — une demoiselle sorcière — et est remise à Arthur peu de temps après le début de son règne. L'épée pouvait trancher n'importe quoi, et son fourreau rendait son porteur invincible.
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Le dernier combat d'Arthur, la bataille de Camlann, contre les forces de Mordred vit sa perte. Des histoires montrent que Mordred était un chevalier de la Table ronde et le fils incestueux d'Arthur et de sa sœur Morgane ou bien de sa demi-sœur Morgause. Le Roi Arthur fut mortellement blessé lors de cette bataille, et emmené à Avalon. Là, ses mains furent soignées ou son corps enterré dans une chapelle. D'autres textes disent qu'il n'est pas mort, mais qu'il s'est retiré dans Avalon, monde insulaire mystérieux ; le roi Arthur est en dormition et reviendra un jour. De nombreux lieux sont revendiqués comme étant l’Avalon dont parle la légende : Glastonbury (dans le Somerset, en Angleterre), l'île d'Avalon (un îlot sur la commune de Pleumeur-Bodou dans les Côtes-d'Armor), Burgh by Sands, ancienne forteresse Aballaka du Mur d'Hadrien, en Cumberland, à l'embouchure de l'Eden… Mais il faut préciser que les peuples celtiques transportent leurs légendes au fur et à mesure de leurs émigrations. Ceci explique donc qu'il y ait plusieurs forêts de Brocéliande, plusieurs Cornouailles…
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La légende du roi Arthur s'est répandue dans toute l'Europe. Des images d'Arthur ont été retrouvées à de nombreux endroits. En particulier, dans la cathédrale de Modène en Italie, une gravure datée entre 1099 et 1120 représente Arthur et ses chevaliers attaquant un château. Une mosaïque de 1165 dans la cathédrale d'Otrante, près de Lecce, en Italie contient la représentation curieuse d'Arturus Rex portant un sceptre et chevauchant une chèvre. Des marchands du XVe siècle baptisèrent un Hall arthurien à Gdańsk, en Pologne. De nombreux lieux évoquent le roi Arthur en Bretagne, notamment la forêt de Brocéliande ou la Grotte Art en forêt de Huelgoat ou encore Glastonbury.
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Le roi unique et incontesté n'a jamais existé dans la civilisation celtique. Les divisions tribales (chefs de clans vassaux de rois des provinces eux-mêmes vassaux d'un roi suprême) ont permis à Jules César de prendre le contrôle de la Gaule. En contrepartie, l'imaginaire populaire s'est emparé d'un roi, plus ou moins attesté, paré des atouts les plus nobles de sa charge : un homme fort, bon guerrier mais sage, fédérateur et bien conseillé. Même après sa disparition, il porte encore les espoirs d'un peuple : son sommeil n'est que temporaire, et il reviendra unir les « deux Bretagnes » et sauver les Bretons.
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En 1066, Guillaume le Conquérant s’impose en maître de l’Angleterre… Mais comment faire accepter un Normand comme roi, alors qu'il est issu d'un peuple minoritaire ? En s’appuyant sur la légende arthurienne et sur Arthur, sa figure de proue, unificateur de la Grande-Bretagne et du peuple breton. Car sur le continent se trouvent les descendants de Bretons partis de l'île quelques siècles plus tôt. Pour monter son armée, Guillaume a utilisé les services d'un certain nombre de nobles descendants de ces Bretons émigrants. En favorisant la diffusion du mythe de la survivance d’Arthur, de sa dormition dans l’île d’Avalon et de son retour prochain, Guillaume rendait populaire sa lutte contre les Angles et les Saxons et comptait bien se rallier les Gallois. Ce fut le début de « l’espoir breton ».
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De même, Henri II Plantagenêt se servit du mythe arthurien pour asseoir son pouvoir, maintenir son autorité et unifier l’île de Bretagne. Couronné en 1154 après moult difficultés (petit-fils d'Henri Ier, désigné comme successeur mais écarté du trône par le neveu du roi défunt), il confisque la légende à son profit. Afin d’estomper les origines non-anglaises de la dynastie des Plantagenêt, Henri II préférera s’appuyer sur la civilisation bretonne en se présentant comme le digne successeur d’Arthur, bel et bien mort lors de l’ultime bataille. Car le monarque doit affirmer son autorité : vassal du roi de France pour le duché de Normandie, il a besoin du soutien breton contre les revendications des Saxons, qui ont du mal à accepter la domination normande sur l’Angleterre. Afin de renforcer cette analogie, il tente même sans succès de conquérir l’Irlande et l’Écosse afin de réunir sous sa bannière l’ensemble du royaume supposé d’Arthur.
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Arthur a aussi beaucoup servi pendant la Seconde Guerre mondiale chez les Britanniques pour raviver les efforts de la population face au risque d'invasion de l'Allemagne nazie.
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Dans l'imaginaire en Bretagne continentale, il représente l'unité du peuple breton, puisqu'il était roi des deux Bretagnes. Les auteurs du Moyen Âge l'ont actualisé selon les canons courtois de l'époque en en faisant un modèle de noblesse et de vertu chrétienne.
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Arthur est le fils d'Uther Pendragon, roi des Bretons, et d'Igraine (ou Ygerne), veuve de Gorlois (ou Gorlais), duc des Cornouailles.
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Il est le frère d’Anna (Morgause), épouse du roi Loth d'Orcanie, et aussi de la fée Morgane.
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Il épouse Guenièvre, fille de Léodagan, roi de Carmélide.
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Certaines œuvres lui attribuent la paternité de Lohot, et de Mordred, né d'une relation incestueuse avec sa demi-sœur.
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La vie des chevaliers de la Table Ronde est antérieure à l'apparition de l'héraldique, mais la notoriété du roi Arthur lui a valu l'attribution d'armes qui, du fait de l'anachronisme, relèvent des armoiries imaginaires.
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Hiérosme de Bara, dans son ouvrage Le Blason des Armoiries, énonce ceci : « De Artus, qu'on dit avoir été roy de la grande Bretaigne, quelques-uns ont dit qu'il n'avoit que trois couronnes, les autres six, un autre neuf, tantost mises en triangle maintenant en pal, et ainsi diversement[15]. »
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Concernant la variante à 13 couronnes, Pastoureau pense à une mauvaise lecture de treis[réf. souhaitée].
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À trois couronnes, classique, donc ordonnées 2 et 1.
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En triangle (2 et 1) sur le surcot, mais en pal sur la bannière.
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En pal (Arthur est à droite, derrière Gauvain combattant).
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À treize couronnes, 4, 4, 4 et 1.
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Relevé dans de nombreux ouvrages, dont De Bara.
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C'est l'un des Neuf Preux des romans de chevalerie du XIVe siècle.
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Le personnage du roi Arthur a été l'objet de nombreuses fictions, aussi bien au cinéma qu'à la télévision, sous forme de téléfilms ou de séries télévisées. Il a de plus inspiré de nombreux créateurs contemporains, que ce soit sous la forme de comédies musicales, de jeux vidéo ou de bandes dessinées.
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Charles VII, dit « le Victorieux » ou « le Bien Servi », né à l'hôtel Saint-Pol à Paris le 22 février 1403 et mort au château de Mehun-sur-Yèvre, résidence royale située à Mehun-sur-Yèvre, entre Bourges et Vierzon, le 22 juillet 1461, est roi de France de 1422 à 1461. Il est le cinquième roi de la branche dite de Valois de la dynastie capétienne.
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Charles VII est le fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Roi indissociable de l'épopée de Jeanne d'Arc, il réussit, au cours d'un long règne de près de quarante ans, presque aussi long que celui de son père et prédécesseur sur le trône (1380-1422), à renverser une situation compromise.
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En 1418, le dauphin Charles échappe à la capture lors de la prise du pouvoir par les Bourguignons à Paris. Il se réfugie à Bourges où il se proclame lui-même régent du royaume de France, eu égard à l'indisponibilité de son père atteint de folie, resté à Paris et tombé au pouvoir de Jean sans Peur, duc de Bourgogne[1].
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Le traité de Troyes (1420) déshérite le dauphin du royaume de France au profit de la dynastie anglaise des Lancastre, rameau cadet des Plantagenêts. Le dauphin Charles de Ponthieu, seul héritier légitime du trône, réfute ce traité et se proclame roi de France sous le nom de Charles VII le 30 octobre 1422, en la Cathédrale de Bourges, après la mort de son père, le roi Charles VI, survenue le 21 octobre 1422.
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Contesté par les Bourguignons et par les Anglais, Charles VII devient le souverain d'un royaume en proie à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, compliquée d'une intervention militaire anglaise victorieuse depuis la bataille d'Azincourt (1415). Allié au parti des Armagnacs, replié au sud de la Loire dans son duché de Berry, surnommé par dérision « roi de Bourges », par ses ennemis, le dauphin Charles de Ponthieu, proclamé roi Charles VII de France, voit sa légitimité et sa situation militaire s'arranger nettement grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc. Celle-ci participe à la levée du siège d'Orléans et conduit Charles VII à la cérémonie du sacre à Reims.
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Le souverain se fait sacrer à Reims le 17 juillet 1429, ce qui renforce sa légitimité. Il poursuit le combat contre les Bourguignons, alliés des Anglais, tout en ratifiant des trêves successives avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, avant de conclure avec lui le traité d'Arras de 1435, qui met fin à la guerre civile engagée depuis l'année 1407 entre Armagnacs et Bourguignons. L'armée royale est réorganisée par la création des compagnies d'ordonnance le 26 mai 1445. Charles VII peut ainsi se consacrer à la guerre contre les Anglais, achevant à terme de les chasser du royaume par la victoire finale de Castillon, en 1453, qui clôt la guerre de Cent Ans.
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Charles VII s'emploie à restaurer l'autorité royale en s'affirmant comme le gardien des droits de l'Église de France par la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438, et en brisant la révolte des grands féodaux lors de la Praguerie de 1440. Il tente également de rétablir l'économie grâce à l'aide de son Grand Argentier Jacques Cœur.
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Souvent critiqué par la postérité pour avoir censément ralenti la reconquête du royaume, relancée notamment par Jeanne d'Arc, et pour avoir abandonné celle-ci à son sort, le roi cautionne néanmoins en 1456 le procès en nullité de la condamnation de la Pucelle, qui la lave solennellement de toute accusation d'hérésie.
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Charles est né le 22 février 1403 en la résidence royale de l'Hôtel Saint-Pol à Paris. Il est le onzième et avant-dernier enfant de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Il est le troisième à porter le prénom de Charles (les deux Charles précédents étant morts, l'un au berceau, l'autre à l'âge de neuf ans).
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Il reçoit le titre de comte de Ponthieu dans sa première année et, en tant que cadet de famille, précédé de deux frères aînés , les princes Louis de Guyenne, né en 1397 et Jean de Touraine, né en 1398, il ne peut prétendre à la succession royale française : son seul avenir plausible serait de recevoir un apanage pour lequel il rendrait hommage au roi de France.
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Il est né dans un pays en pleine tourmente: à la Guerre de Cent ans (1337-1453) fomentée par la dynastie anglaise de Plantagenêt, qui revendique l'accession au trône de France, vient s'ajouter en 1407, la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1435) [2].
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Le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 10 ans, interfère très tôt, bien malgré lui, avec les querelles entre les maisons d’Anjou et de Bourgogne.
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Le 20 novembre 1413, le duc Louis II d'Anjou, cousin du roi Charles VI et roi titulaire de Naples, qui avait conclu une future alliance avec la maison de Bourgogne, annule le projet de mariage entre son fils Louis, futur Louis III d'Anjou et Catherine de Bourgogne, fille du duc Jean sans Peur. Cette rupture intervient en raison de sa fidélité à la dynastie de Valois, du fait de son désaccord avec la politique de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, qui intrigue pour prendre le pouvoir au royaume de France, après avoir fait assassiner le 23 novembre 1407 Louis Ier d'Orléans, frère du roi Charles VI[3].
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Un mois plus tard, le 18 décembre 1413, le duc d'Anjou renforce son alliance avec la dynastie de Valois, en donnant en fiançailles, sa fille Marie d'Anjou à Charles de Ponthieu, au Louvre : les enfants n'ont respectivement que neuf et dix ans[4]..
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La mère de Marie, Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou, ne souhaite pas, depuis la sanglante révolte des Cabochiens survenue au printemps 1413 à Paris, laisser les jeunes fiancés dans la capitale, les hôtes royaux de l'hôtel Saint-Pol étant notamment menacés par les Bourguignons. Elle réussit à emmener sa fille et son futur gendre en Anjou le 5 février 1414, puis Charles rallie Tours d'octobre à décembre 1414[5]. Vers la mi-janvier 1415, sa future belle-famille emmène Charles en Provence[6], au château de Tarascon. Il revient en Anjou à la fin de l'année. Ainsi le prince peut-il passer, avec sa fiancée, quelques heureuses et paisibles années jusqu'en 1416.
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Pendant son séjour en Anjou et en Provence, le jeune prince a reçu les leçons des meilleurs éducateurs : il sera aussi cultivé que son ancêtre, le roi Charles V.
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Son frère aîné, le dauphin Louis, duc de Guyenne (1397-1415), gendre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, commence à gérer le royaume à l'âge de 16 ans, au début de l'année 1413, sous l'influence de sa mère Isabeau de Bavière et de son beau-père Jean sans Peur. Ce dernier demande la réunion des états généraux, qui se tiennent le 30 janvier 1413 à l'Hôtel Saint-Pol de Paris, sous la présidence du roi Charles VI, où des remontrances sont prononcées sur l'inefficacité et la corruption du gouvernement de la régence[7] : il en ressort que le remède aux problèmes du royaume pourrait être apporté par le duc de Guyenne et son beau-père, le duc de Bourgogne, acharné à s'emparer du pouvoir.
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Mais la lutte du boucher Simon Caboche contre les Armagnacs, fomentée par Jean sans Peur, à partir du 30 janvier 1413, se poursuit par la Révolte des Cabochiens du mois d'août 1413 ; Jean sans Peur tente de contrôler cette insurrection, cependant que le duc de Guyenne, opposé à son beau-père, participe, de son côté, à la réduction des émeutiers à l'aide des Armagnacs. Jean sans peur, accompagné de Caboche, s'enfuit de la capitale le 22 août 1413. L'année suivante, les Armagnacs mènent une campagne contre le duc de Bourgogne, qui se termine par le siège d'Arras (1414), victorieusement remporté par les armées du roi Charles VI contre les Bourguignons. La paix d'Arras est ratifiée le 4 septembre 1414 entre Charles VI et Jean sans Peur, qui se pardonnent mutuellement.
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Le 26 avril 1415, le dauphin Louis de Guyenne est nommé par son père, le roi Charles VI, lieutenant et capitaine général sur toutes les frontières du royaume. Après la bataille d'Azincourt, où les Français subirent une lourde défaite, face aux Anglais, le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 12 ans, est nommé garde et capitaine du château du bois de Vincennes le 1er novembre 1415 par le roi et par le duc de Guyenne.
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La bataille d'Azincourt provoque un changement de rapport de force ; un rapprochement devient possible avec le duc de Bourgogne, au Conseil du 5 décembre 1415 où siègent le duc Louis II d'Anjou , président du conseil de régence et le dauphin Louis de Guyenne.
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À l'initiative de Yolande d'Aragon, Charles de Ponthieu était rentré à Paris au début de l'année 1416, pour assister au Conseil de Régence présidé par son futur beau-père le duc Louis II d'Anjou[n 1]. À l'hôtel Saint-Pol, il est placé sous la tutelle de son père Charles VI, dont l'état de démence s'est aggravé.
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Le dauphin Louis, duc de Guyenne était mort prématurément le 18 décembre 1415 d'un mal mystérieux, à l'âge de 18 ans. Il a été remplacé par son frère Jean, duc de Touraine, qui a pris les titres de duc de Berry et de comte de Poitiers à la mort de son oncle, le duc Jean de Berry, décédé sans postérité le 17 juin 1416.
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Or le nouveau dauphin, Jean de Touraine , qui succède à feu son frère, le duc de Guyenne, vit à la cour de Hainaut chez son beau-père le comte Guillaume IV de Hainaut[7]. Il fait l'objet des assiduités du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui tente par tous les moyens de se rapprocher du Conseil de régence à Paris.
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Le dauphin Jean de Touraine se dirige vers Paris, accompagné par le comte Guillaume de Hainaut. Il séjourne seul à Compiègne, en attendant que son beau-père négocie les modalités de son arrivée à Paris. Ce dernier entre donc à Paris et demande que la ville accueille son gendre , accompagné par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Faute de quoi, le duc Guillaume de Hainaut déclare qu'il a l'intention de retourner en Hainaut avec son protégé.
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En revenant à Compiègne, le comte Guillaume de Hainaut retrouve le dauphin Jean de Touraine gravement malade. Ce dernier succombe prématurément le 5 avril 1417 d'un mal mystérieux, à l'âge de 19 ans[9]. Cette disparition fait de Charles de Ponthieu le nouveau dauphin, et le dernier espoir de la dynastie de Valois. Il hérite le titre de duc de Berry de son frère défunt.
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Charles, comte de Ponthieu, dernier héritier vivant de la couronne de France, devient dauphin de France, sous la dénomination traditionnelle de dauphin de Viennois, à l'âge de 14 ans, à partir du 5 avril 1417[n 2]. Dès le décès de son futur beau-père, le duc d'Anjou, survenu le 29 avril 1417, Charles de Ponthieu le remplace à la présidence du conseil de régence. Or, sa mère, Isabeau de Bavière, prétend assumer seule la direction de la régence, sous l'influence du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Pour s'en débarrasser, son fils Charles l'envoie sous bonne garde à Tours, en résidence surveillée par les Armagnacs : elle ne pardonnera jamais au dauphin cette mésaventure.
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Le dauphin prend part à la régence du royaume avec ses conseillers Armagnacs. Il est fait duc de Touraine, duc de Berry et comte de Poitiers (sous le nom de Charles II de Poitiers). En mai 1417, il est nommé lieutenant-général du royaume, chargé de suppléer son père en cas d'empêchement. Il bénéficie de la garde rapprochée de quelques officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac.
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Cependant, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, dévoré d'ambition, vient de libérer la reine Isabeau de sa prison tourangelle. Il l'installe à Troyes le 23 décembre 1417, après l'avoir ralliée à sa cause contre le dauphin[n 3]. Il publie un manifeste pour réclamer les pleins pouvoirs, eu égard à la maladie du roi et à la jeunesse du dauphin.
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Jean sans Peur décide de prendre le contrôle de la situation à Paris en enlevant le dauphin Charles et en éliminant les Armagnacs, afin d'assumer seul la régence du royaume.
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En pleine guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, Paris est envahi le 29 mai 1418 pendant la nuit par les gens du duc de Bourgogne menés par le bourreau Capeluche. Ils se dirigent vers l'hôtel Saint-Pol où réside le dauphin. L'héritier du trône de France, sous la protection d'officiers de la couronne, doit quitter précipitamment Paris. Il échappe ainsi à l'influence de Jean sans Peur, cependant que les envahisseurs bourguignons procèdent au massacre du chancelier de France, Henri de Marle, du connétable de France, le comte d'Armagnac et de leurs partisans Armagnacs[11].
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Le dauphin, âgé de quinze ans, se réfugie à Bourges, capitale de son duché de Berry, pour y organiser la résistance contre les Bourguignons et les Anglais[n 4], entouré des fidèles officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac, qui deviendront ses premiers conseillers, ce qui lui vaut, de la part des chroniqueurs bourguignons, le sobriquet péjoratif de « roi de Bourges », tandis que ses conseillers sont traités d'« aventuriers sans scrupules », « avides de pouvoir » et accusés de « cupidité ». Les mêmes chroniqueurs répandent le bruit que le jeune dauphin est totalement livré à l'influence de ses conseillers et qu'il manque singulièrement de caractère : le parcours de Charles VII prouvera au contraire sa conduite avisée[n 5].
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Il apparaît comme l'héritier légitime du royaume de France dont il porte toujours le titre de lieutenant-général du royaume, conféré par son père, Charles VI. Il est allié des Armagnacs et hostile à la politique du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, secrètement allié des Anglais. C'est dans cette ville de Bourges qu'il se proclame régent du royaume de France, au grand dam de Jean sans Peur. Ce dernier fait promulguer à Paris un édit par le roi Charles VI — toujours en état de démence — pour révoquer les pouvoirs du lieutenant-général et pour stigmatiser les « méfaits » de ses conseillers.
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Le dauphin Charles établit le Parlement à Poitiers et la Cour des comptes à Bourges. Il prend les armes pour reconquérir son royaume. Entouré de grands féodaux et de chefs de guerre, il soumet plusieurs villes telles que Tours, Melun, Meaux, Compiègne et Montereau.
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Les Bourguignons occupant les environs de Paris sont cernés par les Armagnacs. Jean sans Peur, soucieux de prendre le contrôle sur le dauphin réfugié à Bourges, va tenter une première action diplomatique en ratifiant avec la reine Isabeau de Bavière et le duc Jean V de Bretagne le 16 septembre 1418 le traité de Saint-Maur[n 6].
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Par ce traité, concocté en dehors du roi Charles VI et du dauphin de France, Jean sans Peur et Isabeau de Bavière proposent d'accorder leur pardon aux Armagnacs pour tous les maux dont ils seraient coupables. Ils sont accusés, notamment, d'avoir empoisonné les deux premiers dauphins de France, Louis de Guyenne (mort en 1415) et Jean de Touraine (mort en 1417), et de détenir en otage à Bourges le dernier dauphin survivant, en la personne du dauphin Charles, dans l'intention de le livrer ultérieurement aux Anglais. En contrepartie, le dauphin et ses conseillers Armagnacs sont priés de se soumettre aux volontés de Jean sans Peur et d'Isabeau de Bavière en signant le traité de Saint-Maur et en renonçant à toute résistance.
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Le duc Jean V de Bretagne, envoyé le 22 septembre 1418 en ambassade par Jean sans Peur, rencontre le dauphin à Saumur pour tenter de lui faire entériner ce traité[14]. Mais le dauphin n'est pas dupe des intentions de son cousin bourguignon et il n'entend pas désavouer ses conseillers Armagnacs. Assisté de Jean Louvet, président de Provence, et de ses conseillers, il n'accepte aucune capitulation : il refuse de le ratifier et le traité va rester caduc.
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Cependant, Jean sans Peur est toujours soucieux de faire rapatrier le dauphin à Paris sous la tutelle de son père, pour mieux le contrôler, comme il l'avait déjà fait avec les deux dauphins précédents. En vain, car Charles est déjà en campagne pour recouvrer son royaume.
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L'alliance entre les Bourguignons et les Anglais se délite devant les ambitions du roi Henri V d'Angleterre. Jean sans Peur décide alors de négocier directement avec le dauphin et avec ses conseillers un traité d'alliance contre les Anglais.
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Une première rencontre a lieu le 8 juillet 1419 à Pouilly-le-Fort. Elle se solde par un traité provisoire signé le 11 juillet 1419, connu sous le nom de paix du Ponceau, qui devra être confirmé ultérieurement. Jean sans Peur, conscient de l'hostilité des Armagnacs à son encontre, a pris la précaution de faire co-signer et sceller le traité par les conseillers du dauphin, en leur faisant prêter serment sur les Saintes Écritures et sur de saintes reliques, en la présence de prélats bourguignons, sous peine d'être taxés de crime de lèse-majesté en cas de parjure.
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Jean sans Peur prend l'engagement de rompre toutes ses relations avec les Anglais et de dégager les places qu'il occupe autour de Paris. Il est convenu qu'une deuxième rencontre doit être programmée afin de consolider cette alliance contre les Anglais. Étant précisé que Jean sans Peur a toujours en vue de faire revenir le dauphin à Paris, sous la tutelle royale, lorsque cet engagement sera respecté.
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La seconde rencontre entre le dauphin de France et le duc de Bourgogne Jean sans Peur a lieu le 10 septembre 1419, à Montereau, résidence royale où s'est transporté le dauphin, entouré de sa garde[n 7]. On dresse un enclos au milieu du pont sur l'Yonne qui relie le château à la ville de Montereau : le dauphin et Jean sans Peur s'y retrouvent avec chacun 10 hommes armés, le gros de chaque troupe attendant sur l'une et l'autre rive. La discussion est orageuse : le dauphin reprocherait à son cousin de maintenir secrètement son alliance avec les Anglais et de ne pas avoir retiré ses garnisons, en dépit du traité provisoire de Pouilly. Ce dernier répliquerait qu'il avait fait ce qu'il avait à faire ! Les entourages sont nerveux et, alors que le ton monte, les hommes d'armes brandissent leur épée. Tanguy du Châtel, qui avait sauvé le jeune prince lors de l'entrée des Bourguignons à Paris en 1418, écarte le dauphin de la mêlée. Jean sans Peur est tué.
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Les Bourguignons vont accuser le dauphin d'assassinat prémédité. Celui-ci s'en défendra[n 8] et devra affronter longtemps la vengeance du duc Philippe le Bon, fils de feu Jean sans Peur.
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Dès la mort de son père, Philippe le Bon, prévenu par son ancien précepteur, Monseigneur de Thoisy, s'est allié avec les Anglais pour combattre le dauphin. Il cherche à se venger en s'associant avec le roi Henri V d'Angleterre et la reine Isabeau de Bavière pour éliminer le dauphin Charles de la succession du royaume de France[n 9].
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Le 21 mai 1420, en pleine crise de folie, le roi de France Charles VI est représenté par Isabeau de Bavière. Elle confirme la destitution de son propre fils au profit du roi d'Angleterre et de ses héritiers légitimes, en signant avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et Henri V d'Angleterre, le traité de Troyes.
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Ce traité tripartite stipule que la couronne de France sera cédée à Henri V d'Angleterre, à la mort du roi Charles VI, à condition qu'il épouse une de ses filles. Le dimanche de la Trinité, en l'église Saint-Jean-du-Marché de Troyes, son mariage est donc célébré avec Catherine de Valois (la propre sœur du dauphin Charles), dont il aura un fils : le futur Henri VI sera couronné — encore enfant — roi de France et d'Angleterre après la mort de son père le roi Henri V d'Angleterre, et celle de son grand-père le roi de France Charles VI, en vertu du traité de Troyes[n 10].
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Le dauphin Charles, en évoquant l'incapacité mentale de son père, refuse les termes du traité de Troyes qui devait, selon les protagonistes, abréger la guerre.
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Soulignant les déprédations des gens de guerre, Alain Chartier, poète et historiographe du futur Charles VII, écrit dans Le Quadrilogue invectif : « Nous allons comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frein »[16].
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Bien que le traité de Troyes organise la future succession du roi Charles VI au profit du roi d'Angleterre, Henri V[n 11], ce scénario n'a pas lieu car Henri V meurt le 31 août 1422 au château de Vincennes, avant que Charles VI ne trépasse à l'hôtel Saint-Pol de Paris moins de deux mois plus tard, le 21 octobre 1422.
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Il s'ensuit que le jeune Henri VI d'Angleterre, bébé de neuf mois, succède à son père comme roi d'Angleterre le 1er septembre 1422 et qu'il double la mise le 22 octobre 1422 en devenant également roi de France, sous la régence de son oncle paternel le duc de Bedford qui va gouverner à Paris[n 12].
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Le dauphin se proclame roi de France sous le nom de Charles VII le 30 octobre 1422, mais il est alors dans l'impossibilité de respecter la tradition en se faisant sacrer en la Cathédrale de Reims, en présence des chevaliers de la Sainte Ampoule, car le pays est infesté par les troupes ennemies. Il siège pour la première fois en majesté, en compagnie de son épouse, Marie d'Anjou en la cathédrale Saint-Étienne de Bourges.
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Le 17 avril 1423, une triple alliance est programmée , dans le cadre du Traité d'Amiens, contre le roi Charles VII, entre Jean de Lancastre, duc de Bedford, régent des royaumes d'Angleterre et de France, représentant son neveu Henri VI d'Angleterre (âgé d'un an),Philippe le Bon, duc de Bourgogne et Jean V, duc de Bretagne. Ce dernier parviendra toutefois à un compromis en 1425, en acceptant de rompre cette alliance au profit du roi Charles VII, par l'entremise de Yolande d'Aragon,duchesse d'Anjou.
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Le roi Charles VII doit affronter les Anglais et les Bourguignons dans de durs combats pour recouvrer l'intégralité du royaume de France dont il est le légitime héritier.
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De 1422 à 1425, Charles VII consolide ses positions. Il contrôle le Berry, la Touraine, le Poitou, l'Aunis, et la Saintonge, l'Auvergne et le Limousin, Lyon, le Dauphiné, le Languedoc, l'Agenais, le Rouergue et le Quercy. L'Anjou, le Maine, le Bourbonnais, l'Orléanais et le Vendômois sont également placés sous son contrôle.
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Très affaibli sur le plan militaire consécutivement à la défaite des troupes royales à Verneuil le 17 août 1424, Charles VII recherche de nouveaux appuis politiques. Il se tourne donc vers sa belle-mère, Yolande d'Aragon, dirigeante de la maison d'Anjou et reine de Sicile, qui l'incite depuis 1423 à une alliance avec le duc Jean V de Bretagne. Soucieuse des bons rapports entre les duchés voisins d'Anjou et de Bretagne, la reine de Sicile pousse son beau-fils à privilégier et à entériner ses propres intérêts diplomatiques[19],[20],[21].
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La politique prônée par les maisons alliées d'Anjou et de Bretagne revendique le retour à une concorde idéale entre les princes, l'entrée des grands feudataires au Conseil royal ainsi que la poursuite de la guerre contre les Anglais. En mars 1425, Charles VII accepte de remettre l'épée de connétable de France à Arthur de Richemont, frère cadet du duc Jean V de Bretagne[22]. En plaçant ainsi le prince breton à la tête de son armée, le roi consent au rapprochement de la couronne avec les duchés de Bourgogne et de Bretagne. En effet, Arthur de Richemont est non seulement le frère du duc de Bretagne, mais également l'époux de Marguerite, sœur du duc Philippe de Bourgogne. Partant, les liens familiaux de Richemont sont censés faciliter les démarches diplomatiques du roi de France auprès des ducs Philippe de Bourgogne et Jean de Bretagne, ses ennemis déclarés après le meurtre de Montereau en 1419 pour l'un et le complot des Penthièvre en 1420, pour l'autre.
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Devant l'exigence des ducs de Bourgogne et de Bretagne, en gage de bonne volonté, Charles VII se résigne à écarter de son Conseil ses fidèles conseillers de la première heure, accusés d'implication dans la mort de Jean sans peur et du soutien de la Maison de Penthièvre. Parmi les conseillers forcés de quitter la cour royale, on compte Tanguy du Chastel, Béraud d'Auvergne, Hardouin de Maillé, Robert Le Maçon, ainsi que Jean Louvet, seigneur de Mérindol , ancien président de la chambre des comptes d'Aix-en-Provence[23] et Pierre Frotier, commandant de la garde royale et grand maître de l'écurie du roi.
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Le médiéviste Olivier Bouzy note que la politique du connétable de Richemont se heurte à des relations difficiles avec le roi de France : « Il va sans dire que cette vision idyllique d'une grande aristocratie luttant réconciliée et sans arrière-pensée pour le salut du royaume était d'une grande naïveté : c'était le rêve du retour au bon temps du roi Saint Louis, que les Bourguignons vantaient depuis le temps de l'ordonnance cabochienne. Le duc de Bourgogne, qui avait d'autres objectifs politiques, fit capoter les rêves de Richemont (...)[23]. »: l'alliance avec le duché de Bretagne renforce les armes de France, nonobstant quelques atermoiements relevés de part et d'autre au fil des années. De 1425 à 1429, les troupes royales confrontées aux Anglais et aux Bourguignons, subissent des revers entrecoupés de quelques victoires… Le sort du royaume de France semble indécis.
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En 1428, les troupes royales conquièrent Chinon afin de soustraire ce fief royal au contrôle du connétable Arthur de Richemont, alors brouillé avec Charles VII. L'année suivante, le château de Chinon héberge essentiellement les capitaines du souverain, tandis que la reine Marie d'Anjou et le dauphin Louis d'Anjou s'abritent au château de Loches[24]. L'image d'une cour royale s'adonnant aux festivités, au temps du siège d'Orléans, relève d'une idée reçue, façonnée ultérieurement d'après des chroniques dénonçant les voluptés d'un Charles VII bien plus mûr[25],[26].
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Les Anglais reviennent en force et le 4 septembre 1428 envahissent le Gâtinais. Ils investissent Beaugency, Notre-Dame de Cléry et d'autres places : leur objectif est de prendre Orléans et ses ponts, ville-clef de la défense française, vrai verrou sur la Loire.
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Le 1er octobre 1428, pour faire face au péril, Charles VII réunit les états généraux à Chinon, afin d'obtenir les ressources nécessaires pour résister à l'ennemi. Il obtient à la fois des subsides et des renforts qui serviront utilement à la défense de la ville d'Orléans.
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Le duc de Bedford, régent des royaumes de France et d'Angleterre, met le siège devant Orléans, et veut poursuivre jusqu'à Bourges pour s'emparer du roi Charles VII. Mais celui-ci s'était d'ores et déjà réfugié à Chinon. C'est dans le château de Chinon que le 25 février 1429, une jeune fille vient le trouver et lui demande audience. Elle lui dit : « Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France. »
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Cette jeune fille de seize ans lui affirme qu'elle a eu des visions qui lui ont intimé l'ordre de sauver Orléans et de le faire sacrer roi de France. Charles VII la fait examiner par des ecclésiastiques, qui se montrent convaincus de sa sincérité et de sa catholicité. Cette jeune fille, qui dit venir de Lorraine (en fait du Barrois) et s'appeler Jeanne d'Arc, pousse Charles à se faire sacrer roi et à lever son armée pour « bouter les Anglais hors de France. »
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Commencé en juillet 1428, le siège d'Orléans se poursuit pendant près de dix mois, entrecoupé de revers et de succès. Les Français, aux ordres de Jean de Dunois et leurs alliés écossais, conduits par John Stuart de Darnley, se font tailler en pièces lors de la journée des Harengs, du 12 février 1429. Mais les forces fidèles à Charles VII réagissent et le siège d'Orléans s'achève le 8 mai 1429 par une éclatante victoire française. Les historiens considèrent que cette victoire est due à Jeanne d'Arc et à son compagnon d'armes Dunois.
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Après une chevauchée en territoire contrôlé en partie par l'ennemi, Charles VII est sacré roi de France par monseigneur Regnault de Chartres, chancelier de France, dans la cathédrale Notre-Dame de Reims le 17 juillet 1429, en présence notamment de Jeanne d'Arc et — selon la tradition — des chevaliers de la Sainte Ampoule.
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De son côté, Henri VI d'Angleterre est sacré, à son tour, roi de France à l'âge de neuf ans en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 décembre 1431, par le cardinal de Winchester, entouré du duc de Bedford et de nombreux lords anglais[n 13].
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Depuis la levée du siège d'Orléans, Jeanne d'Arc participe sans interruption à des combats victorieux contre les Anglais au cours du mois de juin 1429 :
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Puis elle s'engage dans la marche triomphale de Charles VII jusqu'à Reims où il est sacré le 17 juillet 1429. Enfin, après une période de négociations et de trêves entre les Armagnacs et les Bourguignons, ces derniers rouvrent les hostilités. Le 10 mai 1430, Jean de Luxembourg entame le siège de Compiègne. Alertée par ses habitants, Jeanne d'Arc vient à leur secours à la tête de 400 lances. Mais, tombée dans une embuscade, elle devient prisonnière des Bourguignons. Elle est vendue aux Anglais, jugée à Rouen par le tribunal ecclésiastique présidé par l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon. Elle est condamnée à mort comme hérétique et relapse, et meurt brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431, à l'âge de 19 ans.
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Le roi Charles VII, après avoir libéré Rouen en 1449, fera ouvrir une enquête sur les circonstances de son procès et de son supplice. Il obtient pour celle qui l'avait si fidèlement servi une solennelle réhabilitation le 17 juillet 1456. Sa fête, devenue fête nationale française en 1920, est alors fixée au dimanche suivant le 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans.
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Depuis le XVe siècle, les historiens ont cherché à définir le rôle exact de celle qui fut nommée sainte patronne de la France. Sur le plan militaire, elle n'est pas considérée comme chef de guerre, mais plutôt comme l'auxiliaire de la victoire, par ses encouragements et ses incitations à se battre résolument contre les Anglais et leurs alliés bourguignons. Sur le plan politique, elle sert admirablement les desseins du roi Charles VII, au moment où il était atteint de découragement devant les progrès de l'ennemi et la faiblesse de son camp : cette jeune fille religieusement inspirée, énergique et enthousiaste, entraîne le roi vers un total changement de cap. Elle est surtout à l'origine de sa légitimation définitive en le faisant sacrer à Reims. Enfin, elle incarne le symbole de la résistance du peuple de France contre l'occupant étranger.
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Longtemps indécis, Charles VII va exploiter l'extraordinaire élan suscité par Jeanne d'Arc pour asseoir son autorité et lancer la reconquête des territoires perdus sur les Anglais. Néanmoins, il sait qu'il ne peut rien tant que la guerre civile avec la Bourgogne ne sera pas terminée. Il entame donc des négociations avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. N'attendant plus rien des Anglais et désirant se consacrer au développement de ses provinces, Philippe le Bon accepte de traiter avec Charles VII[27]. Le 1er juillet 1435, sous la présidence des légats du pape et en présence de nombreux princes français et étrangers, le congrès de la paix entre Bourguignons et Armagnacs s'ouvre dans la ville d'Arras. Le roi Charles VII est représenté par le duc de Bourbon, le comte de Vendôme et le connétable de Richemont. De son côté, Philippe le Bon est accompagné de son fils, le futur duc de Bourgogne Charles le Téméraire et il est assisté du chancelier Rolin.
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Le 21 septembre 1435, dans la liesse populaire, la paix d'Arras est proclamée en l'église Saint-Waast, mettant fin à la guerre civile déclenchée en 1407 entre les Armagnacs et les Bourguignons, à la suite de l'assassinat du duc Louis d'Orléans par les sbires du duc de Bourgogne, Jean sans Peur[n 14]. Charles VII reconnaît officiellement Philippe le Bon comme souverain de la Bourgogne et le dispense personnellement de lui rendre hommage. Il lui cède également les comtés de Mâcon et d'Auxerre et lui vend plusieurs villes de la Somme, dont Amiens, Abbeville, Saint-Quentin. Le tribut à payer est lourd, mais pour Charles VII, le principal est ailleurs : il a désormais les mains libres et pourra affronter sereinement les Anglais[27].
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En 1438, le roi Charles VII, soucieux d'affirmer son autorité sur l'Église de France, décide de convoquer une assemblée composée d'évêques, de religieux et de théologiens, ainsi que des représentants du pape Eugène IV[n 15], en la Sainte-Chapelle de Bourges, afin de bien définir et de renforcer les pouvoirs du roi de France face aux prérogatives du souverain pontife. La Pragmatique Sanction de Bourges, promulguée le 7 juillet 1438, lui permet ainsi de s'imposer comme le chef naturel de l'Église de France. Il détient désormais le pouvoir de désigner les principaux représentants du clergé français dans les abbayes et les différents sièges épiscopaux français, avec l'approbation des conciles et celle du souverain pontife. En outre, il a un droit de regard et d'intervention sur les modalités de la redistribution des redevances religieuses vers le Saint-Siège. C'est le premier pas vers une institution bien française connue sous le nom de gallicanisme.
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En 1439, les états généraux de langue d'oïl, réunis sous la présidence du roi Charles VII à Orléans, émettent le vœu qu'une réforme intervienne pour mettre fin aux désordres provoqués par les routiers et les écorcheurs. Ces supplétifs des troupes combattantes de l'armée royale, le plus souvent aux ordres des grands féodaux, se signalaient en effet par leurs nombreuses exactions. Entre deux combats, leurs groupes armés pillaient et rançonnaient la population, en échappant à tout contrôle des autorités constituées.
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Par l'ordonnance d'Orléans, donnée le 2 novembre 1439 par le roi Charles VII, deux réformes sont décidées :
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L'armée royale est tenue de respecter un règlement disciplinaire rigoureux.
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L'ordonnance d'Orléans provoque la réaction des féodaux du royaume qui refusent toute atteinte de leurs prérogatives médiévales au profit du pouvoir royal centralisateur.
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En 1440, les grands vassaux s'engagent dans une révolte armée contre le roi Charles VII. Cette conspiration est connue sous le nom de Praguerie, par allusion à la révolte des hussites à Prague au début du XVe siècle. Parmi les comploteurs se retrouvent Jean II, Jean IV d'Armagnac, Charles Ier de Bourbon et jusqu'au dauphin Louis, futur Louis XI, pressé de prendre le pouvoir en éliminant son père.
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Les conjurés prennent les armes, mais ils essuient le refus des seigneurs restés fidèles au roi Charles VII. Après de nombreux combats, les troupes royales, dirigées en personne par le roi Charles VII, finissent par venir à bout des révoltés le 19 juillet 1440. Ces derniers demandent grâce et l'obtiennent de la part du roi. Son fils Louis est éloigné jusqu'en Dauphiné, dont il va assumer le gouvernement en tant que Dauphin du Viennois.
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Profitant d'une accalmie dans la guerre de Cent Ans, le roi Charles VII crée, par l'ordonnance de 1445, les premières unités militaires permanentes à disposition du roi de France, appelées compagnies d'ordonnance.
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Elles visent à la fois une plus grande efficacité au combat de l'armée royale, et une diminution des dégâts causés par l'armée en déplacement. Elles joueront un grand rôle dans la victoire de la France à la fin de la guerre de Cent Ans en 1453[28].
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Le 31 juillet 1449, le conseil du roi approuve la décision de Charles VII d'ouvrir les hostilités afin de libérer définitivement cette province.
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Trois corps d'armée dirigés par le comte de Saint-Pol, par Jean de Dunois et Pierre de Brézé et par le duc François Ier de Bretagne, investissent les places-fortes du Cotentin, de Basse et Haute-Normandie. Les troupes anglaises rendent les armes sous la pression des forces de l'intérieur et de l'armée royale.
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Le 1er novembre 1449, la ville de Rouen est libérée. Le roi Charles VII préside en majesté le grand défilé de la Libération, dont il confie le commandement à Pierre Frotier, baron de Preuilly[n 16].
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Après de nombreux combats auxquels le roi prend part directement, les troupes royales libèrent Caen le 6 juillet 1450 ; puis Cherbourg capitule le 12 août 1450 après un siège meurtrier.
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La Normandie est ainsi conquise et libérée définitivement de la domination anglaise après un an de combat.
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La libération de la Guyenne devait se révéler plus longue et plus difficile que celle de Normandie. En effet, les Bordelais considéraient les Anglais comme des amis et surtout des clients privilégiés dans le commerce du vin.
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Le roi envoie en septembre 1450 un détachement sous les ordres de Jean de Blois-Bretagne, comte de Périgord. Les Français investissent Bergerac, Jonzac et plusieurs places fortes aux environs de Bordeaux.
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En mai 1451, une armée forte de 20 000 hommes, aux ordres de Jean de Dunois, procède au siège de Bordeaux. La capitale de la Guyenne est prise le 24 juin 1451 et occupée par les royaux qui administrent la cité. Mais les Bordelais se révoltent et, le 22 octobre 1452, ouvrent les portes aux forces anglaises commandées par John Talbot. Les Français sont faits prisonniers et la ville est à nouveau occupée et défendue par les Anglais.
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Ce n'est que le 2 juin 1453 que le roi parvient à envoyer des renforts, après avoir défendu les côtes normandes d'une nouvelle et menaçante invasion anglaise. Les armées françaises battent les troupes de Talbot le 17 juillet 1453 lors de la bataille de Castillon (où John Talbot trouve la mort) et reprennent le siège de Bordeaux, avec l'appui de l'artillerie des frères Bureau. Les assiégés résistent vaillamment, tous Bordelais et Anglais confondus, mais ils finissent par capituler le 5 octobre 1453 auprès de l'amiral de Bueil, comte de Sancerre.
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Le roi Charles VII fait grâce aux rebelles bordelais pendant que les Anglais rembarquent définitivement le 19 octobre 1453. Cette année 1453 marque la fin de la guerre de Cent Ans et le triomphe de Charles VII, le Victorieux. Le roi Henri VI d'Angleterre sombre quant à lui dans la démence comme son grand-père maternel, le roi de France Charles VI.
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Ainsi s'achève la reconquête de la France, à l'exception de Calais qui ne sera prise qu'en 1558. La prédiction de Jeanne d'Arc est réalisée : les Anglais sont définitivement « boutés hors de France ».
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Les dernières années de Charles VII sont troublées par l'ambition de son fils, le futur Louis XI, qui s'était déjà manifesté dans le passé en participant activement à la Praguerie en 1440.
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En 1451, Jacques Cœur, grand argentier du roi, est arrêté, sans doute à cause de ses créanciers et débiteurs jaloux de sa réussite personnelle. Il est banni en 1453.
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Le 19 octobre 1453, les Anglais capitulent à Bordeaux : c'est la fin de la guerre de Cent Ans (même si le traité définitif date seulement de 1475). Charles VII recouvre la souveraineté de la Guyenne et de l'ensemble du royaume de France, à la seule exception de la ville de Calais qui restera aux mains des Anglais jusqu'en 1558.
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Après un long règne de près de 40 ans, le roi Charles VII s'éteint dans son Château de Mehun-sur-Yèvre le 22 juillet 1461, à l'âge de 58 ans. Son fils aîné, le Dauphin Louis, lui succède immédiatement et devient le roi Louis XI, à 38 ans. Le 7 août 1461, le défunt roi est inhumé en la Basilique de Saint-Denis, au nord de Paris, aux côtés de tous ses prédécesseurs, et près de son père.
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C'est en 1443, à l'âge de quarante ans, que Charles VII fait connaissance d'Agnès Sorel, demoiselle d'honneur d'Isabelle Ire de Lorraine, épouse du duc René d'Anjou. Elle fut admise à la cour royale et devint la favorite du roi. Elle lui donna trois filles, les princesses Marie de Valois, Charlotte de Valois et Jehanne de Valois, qui furent officiellement légitimées et mariées à de grands seigneurs de la cour.
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Selon les historiographes de l'époque, Agnès Sorel rayonnait par sa grâce et sa beauté. Le peintre Jean Fouquet en a fait un célèbre portrait éloquent. Elle avait reçu en présent du roi le château de Beauté et elle fut surnommée la « dame de Beauté. »
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Agnès Sorel est morte prématurément avant d'avoir atteint l'âge de trente ans, le 9 février 1450, peu de temps après avoir mis au monde une quatrième fille qui n'a pas survécu, au grand désespoir du roi. Le tombeau d'Agnès Sorel est érigé dans l'église abbatiale jouxtant le château de Loches. Un deuxième tombeau contenant une partie de ses cendres est érigé à l'abbaye de Jumièges.
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Né vers 1395 à Bourges, Jacques Cœur est le fils de Pierre Cœur, riche marchand pelletier, fournisseur de la cour du duc Jean Ier de Berry. Jacques Cœur prend la suite de son père et devient en 1427 fournisseur attitré de la cour du roi Charles VII, qui a fait de Bourges sa capitale. Il s'engage dans le commerce international et dirige une flotte de 12 navires marchands. En 1435, il obtient la charge de maître de la monnaie de Bourges, puis de celle de Paris. Le 2 février 1439, il est nommé grand argentier de France, chargé de recevoir les redevances des trésoriers généraux au nom du roi. Il crée des impôts nouveaux ou les remet en vigueur : la taille, le fouage, les aides et la gabelle.
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Toujours chargé de son commerce international, Jacques Cœur est anobli en 1441. Il est nommé conseiller du roi en 1442. Il devient son confident et reçoit de nombreuses missions diplomatiques. Il intervient aussi pour assainir les finances du royaume. Devenu richissime, Jacques Cœur est sollicité pour financer la bataille de Normandie contre les Anglais en 1447.
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Il avait fait construire en 1443 un somptueux palais à Bourges, aujourd'hui connu sous le nom de palais Jacques-Cœur, qui dépassait en magnificence le palais royal de Bourges et celui des archevêques. Il suscita de nombreuses jalousies et fut la victime, notamment de ceux qui lui avaient emprunté de l'argent. Ils témoignèrent contre lui lorsqu'un procès pour concussion lui fut intenté en 1451. Condamné à la confiscation de ses biens et au bannissement en 1453, il s'évade du château de Poitiers et se réfugie à Rome. Le pape Calixte III lui confie en 1456 le commandement de l'expédition sur l'île génoise de Chios contre les Ottomans. Il meurt au cours de l'expédition le 25 novembre 1456.
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Né en 1384, le comte Georges Ier de La Trémoille, après avoir servi les ducs de Bourgogne, rejoint les rangs du roi Charles VII à Bourges en 1422, tout en conservant des intelligences dans le camp des Bourguignons.
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Il entre au conseil du roi et devient son confident. Il s'oppose au connétable de Richemont et trempe dans de nombreuses intrigues pour finalement subir une tentative d'attentat le 3 juin 1433 dont il ressort blessé et captif du connétable. En 1440, il complote avec les grands féodaux dans la conspiration de la Praguerie, mais défait, il se retire dans son château de Sully-sur-Loire où il meurt le 6 mai 1446.
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Né en 1405, le chevalier Jean II de Chambes rentre comme écuyer au service du roi Charles VII en 1426, puis devient panetier du roi en 1438, premier maître d'hôtel en 1444 pour devenir ensuite conseiller privé du roi. Il préside les États de Languedoc avec Jacques Cœur en 1443 et négocie la reddition de Bordeaux en 1453. En 1452, il met ses talents diplomatiques au service du roi pour résoudre le conflit qui oppose Charles VII au dauphin futur roi Louis XI à la suite du mariage de ce dernier sans autorisation. Avec Thibaud de Lucé, évêque de Maillezais, il négocie un traité d'alliance avec Frédéric II de Saxe le 11 avril 1453. Il est nommé ambassadeur à Rome en 1454, à Venise en 1458 afin de préparer une croisade par convocation du pape Pie II. Il est aussi nommé ambassadeur pour l'Empire ottoman. Il obtient une somme considérable d'argent lors du procès de Jacques Cœur. En 1450 il acquiert de son beau-frère Louis Chabot la forteresse de Montsoreau, et entreprend des travaux considérables afin de faire construire dans le lit de la Loire l'actuel château de Montsoreau. Il fait aveu au roi René en 1466 et reçoit Louis XI au château de Montsoreau le 28 juillet 1471. Jean II de Chambes meurt entre 1474 et 1476.
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Parmi les premiers conseillers du dauphin de 1418 à 1425 figurent notamment Robert Le Maçon, Jean Louvet, Tanneguy III du Chastel, Arnault Guilhem de Barbazan et Pierre Frotier. Ils adhèrent au parti d'Armagnac et protègent le jeune dauphin de France lors de l'invasion de Paris par les Bourguignons en 1418. Repliés à Bourges avec l'héritier du trône, ils l'assistent fidèlement lors de ses négociations avec les Bourguignons. Ils constituent sa garde rapprochée dans ses combats contre les Anglais et les Bourguignons. Ils sont partie prenante à l'entrevue de Montereau en 1419, accusés du meurtre de Jean sans Peur. Ils sont poursuivis par la vindicte du duc Philippe le Bon de Bourgogne qui entend venger la mort de son père. Ils sont jugés par contumace dans la cour de Justice de Paris en 1420 et passibles de la peine de mort pour crime de lèse-majesté. Le procès traîne en longueur et n'aboutira jamais.
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Ils sont évincés du pouvoir en 1425 par le comte Arthur de Richemont, nouveau connétable de France, à l'instigation de son beau-frère Philippe le Bon. Ils sont menacés dans leur vie et dans leurs biens lors de la signature du traité d'Arras en 1435 mettant fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[n 18]. En dépit des clauses du traité imposées par les Bourguignons, le roi Charles VII reste fidèle à ceux qui l'ont si bien servi à ses débuts et il les maintient ou les rétablit dans de nouvelles fonctions dès l'année 1444.
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Parmi les capitaines et chefs de guerre qui appuient Charles VII dans sa guerre contre les Anglais et les Bourguignons, se distinguent nombre de personnalités (voir section suivante).
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La famille :
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La maison d'Orléans :
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La maison d'Anjou :
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La maison de Bretagne :
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Les conseillers :
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Les hommes de guerre :
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Les financiers :
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Les hommes des arts et des lettres :
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Les adversaires bourguignons :
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Il fut inhumé en l'église abbatiale de Saint-Denis, où il reposa avec son épouse jusqu'à la Révolution, dans la chapelle caroline de Saint-Jean-Baptiste. Les travaux de construction du tombeau débutèrent avant même le décès de la reine Marie et furent achevés entre 1464 et 1465. Le socle de marbre noir n'était pas entouré de pleurants ni de statuettes princières, à la différence des tombeaux de Charles V et de Charles VI. Deux colonnes de marbre blanc sculpté bordaient les gisants sur la dalle. On retrouvait dais, coussins et chiens traditionnels. Une inscription funéraire était gravée au dos du dais de Marie d'Anjou. La réalisation des gisants est attribuée à Michel Colombe (1430–1513). Le grand sculpteur, célèbre pour la réalisation du tombeau de François II de Bretagne, n'a guère séjourné en Île-de-France mais il a suivi les rois dans leur déplacement de Bourges à Tours.
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Le document de la collection Gaignières (aujourd'hui à Oxford, à la Bodleian Library) montre qu'au XVIIe siècle le tombeau n'était plus intact. Les bras des souverains avaient été cassés et les couronnes amputées. On ne sait à quelle période eurent lieu ces dégradations marginales.
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Cependant le monument était relativement bien préservé, comme le prouve l'état du décor gothique entourant les deux gisants, tout au moins jusqu'à la fin du XVIIe siècle car si le dessin de Gaignières reproduit les deux colonnettes horizontales gothiques sur les côtés de la dalle, le plan de dom Félibien de 1706 ne les montre plus. Ce plan, très détaillé, les maintient pour les tombeaux de Charles V et Charles VI, ce qui peut laisser penser qu'il y eut des travaux inachevés au début du XVIIIe siècle qui motivèrent un retrait temporaire de cette décoration.
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Le tombeau fut détruit du 5 au 8 août 1793. À la différence des gisants de Charles V, de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, ceux de Charles VII et de Marie d'Anjou furent brisés à coup de masse. Alexandre Lenoir put sauver les bustes des gisants qu'il fit détacher des parties supérieures amputées et s'émiettant. Aussi fit-il découper horizontalement à la scie ce qui restait de récupérable pour le transporter dans les réserves du musée des monuments français.
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Au XIXe siècle, les deux vestiges ne retournèrent pas à Saint-Denis mais subirent une restauration (nouveaux nez, nouvelles couronnes), peut-être à l'initiative de Viollet-le-Duc. Ils furent ensuite envoyés aux Archives nationales puis au Louvre et enfin retournèrent à la fin des années 1990 dans la basilique Saint-Denis, juste à côté du tombeau de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, sur des colonnes se faisant face.
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Ce paragraphe indique la fratrie de Charles VII et la destinée de chacun de ses frères et sœurs[31], souvent liés avec l'Angleterre des Lancastre et la famille de Bourgogne, ces deux Maisons cernant en quelque sorte la succession au trône de France.
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Il n'a pas vingt ans lorsqu'il épouse le 22 avril 1422 à Bourges, dans la cathédrale Saint-Étienne, Marie d'Anjou. Ils eurent quatorze enfants :
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Charles VII eut de sa liaison avec Agnès Sorel :
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À partir de 1461, sauf les Valois-Orléans de 1498 à 1589, tous les rois de France ou de Navarre descendent de Charles VII.
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Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Charles VII (roi de France) » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (lire sur Wikisource).
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Charles VII, dit « le Victorieux » ou « le Bien Servi », né à l'hôtel Saint-Pol à Paris le 22 février 1403 et mort au château de Mehun-sur-Yèvre, résidence royale située à Mehun-sur-Yèvre, entre Bourges et Vierzon, le 22 juillet 1461, est roi de France de 1422 à 1461. Il est le cinquième roi de la branche dite de Valois de la dynastie capétienne.
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Charles VII est le fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Roi indissociable de l'épopée de Jeanne d'Arc, il réussit, au cours d'un long règne de près de quarante ans, presque aussi long que celui de son père et prédécesseur sur le trône (1380-1422), à renverser une situation compromise.
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En 1418, le dauphin Charles échappe à la capture lors de la prise du pouvoir par les Bourguignons à Paris. Il se réfugie à Bourges où il se proclame lui-même régent du royaume de France, eu égard à l'indisponibilité de son père atteint de folie, resté à Paris et tombé au pouvoir de Jean sans Peur, duc de Bourgogne[1].
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Le traité de Troyes (1420) déshérite le dauphin du royaume de France au profit de la dynastie anglaise des Lancastre, rameau cadet des Plantagenêts. Le dauphin Charles de Ponthieu, seul héritier légitime du trône, réfute ce traité et se proclame roi de France sous le nom de Charles VII le 30 octobre 1422, en la Cathédrale de Bourges, après la mort de son père, le roi Charles VI, survenue le 21 octobre 1422.
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Contesté par les Bourguignons et par les Anglais, Charles VII devient le souverain d'un royaume en proie à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, compliquée d'une intervention militaire anglaise victorieuse depuis la bataille d'Azincourt (1415). Allié au parti des Armagnacs, replié au sud de la Loire dans son duché de Berry, surnommé par dérision « roi de Bourges », par ses ennemis, le dauphin Charles de Ponthieu, proclamé roi Charles VII de France, voit sa légitimité et sa situation militaire s'arranger nettement grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc. Celle-ci participe à la levée du siège d'Orléans et conduit Charles VII à la cérémonie du sacre à Reims.
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Le souverain se fait sacrer à Reims le 17 juillet 1429, ce qui renforce sa légitimité. Il poursuit le combat contre les Bourguignons, alliés des Anglais, tout en ratifiant des trêves successives avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, avant de conclure avec lui le traité d'Arras de 1435, qui met fin à la guerre civile engagée depuis l'année 1407 entre Armagnacs et Bourguignons. L'armée royale est réorganisée par la création des compagnies d'ordonnance le 26 mai 1445. Charles VII peut ainsi se consacrer à la guerre contre les Anglais, achevant à terme de les chasser du royaume par la victoire finale de Castillon, en 1453, qui clôt la guerre de Cent Ans.
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Charles VII s'emploie à restaurer l'autorité royale en s'affirmant comme le gardien des droits de l'Église de France par la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438, et en brisant la révolte des grands féodaux lors de la Praguerie de 1440. Il tente également de rétablir l'économie grâce à l'aide de son Grand Argentier Jacques Cœur.
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Souvent critiqué par la postérité pour avoir censément ralenti la reconquête du royaume, relancée notamment par Jeanne d'Arc, et pour avoir abandonné celle-ci à son sort, le roi cautionne néanmoins en 1456 le procès en nullité de la condamnation de la Pucelle, qui la lave solennellement de toute accusation d'hérésie.
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Charles est né le 22 février 1403 en la résidence royale de l'Hôtel Saint-Pol à Paris. Il est le onzième et avant-dernier enfant de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Il est le troisième à porter le prénom de Charles (les deux Charles précédents étant morts, l'un au berceau, l'autre à l'âge de neuf ans).
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Il reçoit le titre de comte de Ponthieu dans sa première année et, en tant que cadet de famille, précédé de deux frères aînés , les princes Louis de Guyenne, né en 1397 et Jean de Touraine, né en 1398, il ne peut prétendre à la succession royale française : son seul avenir plausible serait de recevoir un apanage pour lequel il rendrait hommage au roi de France.
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Il est né dans un pays en pleine tourmente: à la Guerre de Cent ans (1337-1453) fomentée par la dynastie anglaise de Plantagenêt, qui revendique l'accession au trône de France, vient s'ajouter en 1407, la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1435) [2].
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Le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 10 ans, interfère très tôt, bien malgré lui, avec les querelles entre les maisons d’Anjou et de Bourgogne.
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Le 20 novembre 1413, le duc Louis II d'Anjou, cousin du roi Charles VI et roi titulaire de Naples, qui avait conclu une future alliance avec la maison de Bourgogne, annule le projet de mariage entre son fils Louis, futur Louis III d'Anjou et Catherine de Bourgogne, fille du duc Jean sans Peur. Cette rupture intervient en raison de sa fidélité à la dynastie de Valois, du fait de son désaccord avec la politique de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, qui intrigue pour prendre le pouvoir au royaume de France, après avoir fait assassiner le 23 novembre 1407 Louis Ier d'Orléans, frère du roi Charles VI[3].
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Un mois plus tard, le 18 décembre 1413, le duc d'Anjou renforce son alliance avec la dynastie de Valois, en donnant en fiançailles, sa fille Marie d'Anjou à Charles de Ponthieu, au Louvre : les enfants n'ont respectivement que neuf et dix ans[4]..
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La mère de Marie, Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou, ne souhaite pas, depuis la sanglante révolte des Cabochiens survenue au printemps 1413 à Paris, laisser les jeunes fiancés dans la capitale, les hôtes royaux de l'hôtel Saint-Pol étant notamment menacés par les Bourguignons. Elle réussit à emmener sa fille et son futur gendre en Anjou le 5 février 1414, puis Charles rallie Tours d'octobre à décembre 1414[5]. Vers la mi-janvier 1415, sa future belle-famille emmène Charles en Provence[6], au château de Tarascon. Il revient en Anjou à la fin de l'année. Ainsi le prince peut-il passer, avec sa fiancée, quelques heureuses et paisibles années jusqu'en 1416.
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Pendant son séjour en Anjou et en Provence, le jeune prince a reçu les leçons des meilleurs éducateurs : il sera aussi cultivé que son ancêtre, le roi Charles V.
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Son frère aîné, le dauphin Louis, duc de Guyenne (1397-1415), gendre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, commence à gérer le royaume à l'âge de 16 ans, au début de l'année 1413, sous l'influence de sa mère Isabeau de Bavière et de son beau-père Jean sans Peur. Ce dernier demande la réunion des états généraux, qui se tiennent le 30 janvier 1413 à l'Hôtel Saint-Pol de Paris, sous la présidence du roi Charles VI, où des remontrances sont prononcées sur l'inefficacité et la corruption du gouvernement de la régence[7] : il en ressort que le remède aux problèmes du royaume pourrait être apporté par le duc de Guyenne et son beau-père, le duc de Bourgogne, acharné à s'emparer du pouvoir.
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Mais la lutte du boucher Simon Caboche contre les Armagnacs, fomentée par Jean sans Peur, à partir du 30 janvier 1413, se poursuit par la Révolte des Cabochiens du mois d'août 1413 ; Jean sans Peur tente de contrôler cette insurrection, cependant que le duc de Guyenne, opposé à son beau-père, participe, de son côté, à la réduction des émeutiers à l'aide des Armagnacs. Jean sans peur, accompagné de Caboche, s'enfuit de la capitale le 22 août 1413. L'année suivante, les Armagnacs mènent une campagne contre le duc de Bourgogne, qui se termine par le siège d'Arras (1414), victorieusement remporté par les armées du roi Charles VI contre les Bourguignons. La paix d'Arras est ratifiée le 4 septembre 1414 entre Charles VI et Jean sans Peur, qui se pardonnent mutuellement.
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Le 26 avril 1415, le dauphin Louis de Guyenne est nommé par son père, le roi Charles VI, lieutenant et capitaine général sur toutes les frontières du royaume. Après la bataille d'Azincourt, où les Français subirent une lourde défaite, face aux Anglais, le jeune Charles de Ponthieu, âgé de 12 ans, est nommé garde et capitaine du château du bois de Vincennes le 1er novembre 1415 par le roi et par le duc de Guyenne.
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La bataille d'Azincourt provoque un changement de rapport de force ; un rapprochement devient possible avec le duc de Bourgogne, au Conseil du 5 décembre 1415 où siègent le duc Louis II d'Anjou , président du conseil de régence et le dauphin Louis de Guyenne.
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À l'initiative de Yolande d'Aragon, Charles de Ponthieu était rentré à Paris au début de l'année 1416, pour assister au Conseil de Régence présidé par son futur beau-père le duc Louis II d'Anjou[n 1]. À l'hôtel Saint-Pol, il est placé sous la tutelle de son père Charles VI, dont l'état de démence s'est aggravé.
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Le dauphin Louis, duc de Guyenne était mort prématurément le 18 décembre 1415 d'un mal mystérieux, à l'âge de 18 ans. Il a été remplacé par son frère Jean, duc de Touraine, qui a pris les titres de duc de Berry et de comte de Poitiers à la mort de son oncle, le duc Jean de Berry, décédé sans postérité le 17 juin 1416.
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Or le nouveau dauphin, Jean de Touraine , qui succède à feu son frère, le duc de Guyenne, vit à la cour de Hainaut chez son beau-père le comte Guillaume IV de Hainaut[7]. Il fait l'objet des assiduités du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui tente par tous les moyens de se rapprocher du Conseil de régence à Paris.
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Le dauphin Jean de Touraine se dirige vers Paris, accompagné par le comte Guillaume de Hainaut. Il séjourne seul à Compiègne, en attendant que son beau-père négocie les modalités de son arrivée à Paris. Ce dernier entre donc à Paris et demande que la ville accueille son gendre , accompagné par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Faute de quoi, le duc Guillaume de Hainaut déclare qu'il a l'intention de retourner en Hainaut avec son protégé.
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En revenant à Compiègne, le comte Guillaume de Hainaut retrouve le dauphin Jean de Touraine gravement malade. Ce dernier succombe prématurément le 5 avril 1417 d'un mal mystérieux, à l'âge de 19 ans[9]. Cette disparition fait de Charles de Ponthieu le nouveau dauphin, et le dernier espoir de la dynastie de Valois. Il hérite le titre de duc de Berry de son frère défunt.
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Charles, comte de Ponthieu, dernier héritier vivant de la couronne de France, devient dauphin de France, sous la dénomination traditionnelle de dauphin de Viennois, à l'âge de 14 ans, à partir du 5 avril 1417[n 2]. Dès le décès de son futur beau-père, le duc d'Anjou, survenu le 29 avril 1417, Charles de Ponthieu le remplace à la présidence du conseil de régence. Or, sa mère, Isabeau de Bavière, prétend assumer seule la direction de la régence, sous l'influence du duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Pour s'en débarrasser, son fils Charles l'envoie sous bonne garde à Tours, en résidence surveillée par les Armagnacs : elle ne pardonnera jamais au dauphin cette mésaventure.
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Le dauphin prend part à la régence du royaume avec ses conseillers Armagnacs. Il est fait duc de Touraine, duc de Berry et comte de Poitiers (sous le nom de Charles II de Poitiers). En mai 1417, il est nommé lieutenant-général du royaume, chargé de suppléer son père en cas d'empêchement. Il bénéficie de la garde rapprochée de quelques officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac.
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Cependant, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, dévoré d'ambition, vient de libérer la reine Isabeau de sa prison tourangelle. Il l'installe à Troyes le 23 décembre 1417, après l'avoir ralliée à sa cause contre le dauphin[n 3]. Il publie un manifeste pour réclamer les pleins pouvoirs, eu égard à la maladie du roi et à la jeunesse du dauphin.
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Jean sans Peur décide de prendre le contrôle de la situation à Paris en enlevant le dauphin Charles et en éliminant les Armagnacs, afin d'assumer seul la régence du royaume.
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En pleine guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, Paris est envahi le 29 mai 1418 pendant la nuit par les gens du duc de Bourgogne menés par le bourreau Capeluche. Ils se dirigent vers l'hôtel Saint-Pol où réside le dauphin. L'héritier du trône de France, sous la protection d'officiers de la couronne, doit quitter précipitamment Paris. Il échappe ainsi à l'influence de Jean sans Peur, cependant que les envahisseurs bourguignons procèdent au massacre du chancelier de France, Henri de Marle, du connétable de France, le comte d'Armagnac et de leurs partisans Armagnacs[11].
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Le dauphin, âgé de quinze ans, se réfugie à Bourges, capitale de son duché de Berry, pour y organiser la résistance contre les Bourguignons et les Anglais[n 4], entouré des fidèles officiers de la couronne affiliés au parti d'Armagnac, qui deviendront ses premiers conseillers, ce qui lui vaut, de la part des chroniqueurs bourguignons, le sobriquet péjoratif de « roi de Bourges », tandis que ses conseillers sont traités d'« aventuriers sans scrupules », « avides de pouvoir » et accusés de « cupidité ». Les mêmes chroniqueurs répandent le bruit que le jeune dauphin est totalement livré à l'influence de ses conseillers et qu'il manque singulièrement de caractère : le parcours de Charles VII prouvera au contraire sa conduite avisée[n 5].
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Il apparaît comme l'héritier légitime du royaume de France dont il porte toujours le titre de lieutenant-général du royaume, conféré par son père, Charles VI. Il est allié des Armagnacs et hostile à la politique du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, secrètement allié des Anglais. C'est dans cette ville de Bourges qu'il se proclame régent du royaume de France, au grand dam de Jean sans Peur. Ce dernier fait promulguer à Paris un édit par le roi Charles VI — toujours en état de démence — pour révoquer les pouvoirs du lieutenant-général et pour stigmatiser les « méfaits » de ses conseillers.
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Le dauphin Charles établit le Parlement à Poitiers et la Cour des comptes à Bourges. Il prend les armes pour reconquérir son royaume. Entouré de grands féodaux et de chefs de guerre, il soumet plusieurs villes telles que Tours, Melun, Meaux, Compiègne et Montereau.
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Les Bourguignons occupant les environs de Paris sont cernés par les Armagnacs. Jean sans Peur, soucieux de prendre le contrôle sur le dauphin réfugié à Bourges, va tenter une première action diplomatique en ratifiant avec la reine Isabeau de Bavière et le duc Jean V de Bretagne le 16 septembre 1418 le traité de Saint-Maur[n 6].
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Par ce traité, concocté en dehors du roi Charles VI et du dauphin de France, Jean sans Peur et Isabeau de Bavière proposent d'accorder leur pardon aux Armagnacs pour tous les maux dont ils seraient coupables. Ils sont accusés, notamment, d'avoir empoisonné les deux premiers dauphins de France, Louis de Guyenne (mort en 1415) et Jean de Touraine (mort en 1417), et de détenir en otage à Bourges le dernier dauphin survivant, en la personne du dauphin Charles, dans l'intention de le livrer ultérieurement aux Anglais. En contrepartie, le dauphin et ses conseillers Armagnacs sont priés de se soumettre aux volontés de Jean sans Peur et d'Isabeau de Bavière en signant le traité de Saint-Maur et en renonçant à toute résistance.
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Le duc Jean V de Bretagne, envoyé le 22 septembre 1418 en ambassade par Jean sans Peur, rencontre le dauphin à Saumur pour tenter de lui faire entériner ce traité[14]. Mais le dauphin n'est pas dupe des intentions de son cousin bourguignon et il n'entend pas désavouer ses conseillers Armagnacs. Assisté de Jean Louvet, président de Provence, et de ses conseillers, il n'accepte aucune capitulation : il refuse de le ratifier et le traité va rester caduc.
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Cependant, Jean sans Peur est toujours soucieux de faire rapatrier le dauphin à Paris sous la tutelle de son père, pour mieux le contrôler, comme il l'avait déjà fait avec les deux dauphins précédents. En vain, car Charles est déjà en campagne pour recouvrer son royaume.
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L'alliance entre les Bourguignons et les Anglais se délite devant les ambitions du roi Henri V d'Angleterre. Jean sans Peur décide alors de négocier directement avec le dauphin et avec ses conseillers un traité d'alliance contre les Anglais.
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Une première rencontre a lieu le 8 juillet 1419 à Pouilly-le-Fort. Elle se solde par un traité provisoire signé le 11 juillet 1419, connu sous le nom de paix du Ponceau, qui devra être confirmé ultérieurement. Jean sans Peur, conscient de l'hostilité des Armagnacs à son encontre, a pris la précaution de faire co-signer et sceller le traité par les conseillers du dauphin, en leur faisant prêter serment sur les Saintes Écritures et sur de saintes reliques, en la présence de prélats bourguignons, sous peine d'être taxés de crime de lèse-majesté en cas de parjure.
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Jean sans Peur prend l'engagement de rompre toutes ses relations avec les Anglais et de dégager les places qu'il occupe autour de Paris. Il est convenu qu'une deuxième rencontre doit être programmée afin de consolider cette alliance contre les Anglais. Étant précisé que Jean sans Peur a toujours en vue de faire revenir le dauphin à Paris, sous la tutelle royale, lorsque cet engagement sera respecté.
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La seconde rencontre entre le dauphin de France et le duc de Bourgogne Jean sans Peur a lieu le 10 septembre 1419, à Montereau, résidence royale où s'est transporté le dauphin, entouré de sa garde[n 7]. On dresse un enclos au milieu du pont sur l'Yonne qui relie le château à la ville de Montereau : le dauphin et Jean sans Peur s'y retrouvent avec chacun 10 hommes armés, le gros de chaque troupe attendant sur l'une et l'autre rive. La discussion est orageuse : le dauphin reprocherait à son cousin de maintenir secrètement son alliance avec les Anglais et de ne pas avoir retiré ses garnisons, en dépit du traité provisoire de Pouilly. Ce dernier répliquerait qu'il avait fait ce qu'il avait à faire ! Les entourages sont nerveux et, alors que le ton monte, les hommes d'armes brandissent leur épée. Tanguy du Châtel, qui avait sauvé le jeune prince lors de l'entrée des Bourguignons à Paris en 1418, écarte le dauphin de la mêlée. Jean sans Peur est tué.
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Les Bourguignons vont accuser le dauphin d'assassinat prémédité. Celui-ci s'en défendra[n 8] et devra affronter longtemps la vengeance du duc Philippe le Bon, fils de feu Jean sans Peur.
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Dès la mort de son père, Philippe le Bon, prévenu par son ancien précepteur, Monseigneur de Thoisy, s'est allié avec les Anglais pour combattre le dauphin. Il cherche à se venger en s'associant avec le roi Henri V d'Angleterre et la reine Isabeau de Bavière pour éliminer le dauphin Charles de la succession du royaume de France[n 9].
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Le 21 mai 1420, en pleine crise de folie, le roi de France Charles VI est représenté par Isabeau de Bavière. Elle confirme la destitution de son propre fils au profit du roi d'Angleterre et de ses héritiers légitimes, en signant avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, et Henri V d'Angleterre, le traité de Troyes.
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Ce traité tripartite stipule que la couronne de France sera cédée à Henri V d'Angleterre, à la mort du roi Charles VI, à condition qu'il épouse une de ses filles. Le dimanche de la Trinité, en l'église Saint-Jean-du-Marché de Troyes, son mariage est donc célébré avec Catherine de Valois (la propre sœur du dauphin Charles), dont il aura un fils : le futur Henri VI sera couronné — encore enfant — roi de France et d'Angleterre après la mort de son père le roi Henri V d'Angleterre, et celle de son grand-père le roi de France Charles VI, en vertu du traité de Troyes[n 10].
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Le dauphin Charles, en évoquant l'incapacité mentale de son père, refuse les termes du traité de Troyes qui devait, selon les protagonistes, abréger la guerre.
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Soulignant les déprédations des gens de guerre, Alain Chartier, poète et historiographe du futur Charles VII, écrit dans Le Quadrilogue invectif : « Nous allons comme la nef sans gouvernail et comme le cheval sans frein »[16].
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Bien que le traité de Troyes organise la future succession du roi Charles VI au profit du roi d'Angleterre, Henri V[n 11], ce scénario n'a pas lieu car Henri V meurt le 31 août 1422 au château de Vincennes, avant que Charles VI ne trépasse à l'hôtel Saint-Pol de Paris moins de deux mois plus tard, le 21 octobre 1422.
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Il s'ensuit que le jeune Henri VI d'Angleterre, bébé de neuf mois, succède à son père comme roi d'Angleterre le 1er septembre 1422 et qu'il double la mise le 22 octobre 1422 en devenant également roi de France, sous la régence de son oncle paternel le duc de Bedford qui va gouverner à Paris[n 12].
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Le dauphin se proclame roi de France sous le nom de Charles VII le 30 octobre 1422, mais il est alors dans l'impossibilité de respecter la tradition en se faisant sacrer en la Cathédrale de Reims, en présence des chevaliers de la Sainte Ampoule, car le pays est infesté par les troupes ennemies. Il siège pour la première fois en majesté, en compagnie de son épouse, Marie d'Anjou en la cathédrale Saint-Étienne de Bourges.
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Le 17 avril 1423, une triple alliance est programmée , dans le cadre du Traité d'Amiens, contre le roi Charles VII, entre Jean de Lancastre, duc de Bedford, régent des royaumes d'Angleterre et de France, représentant son neveu Henri VI d'Angleterre (âgé d'un an),Philippe le Bon, duc de Bourgogne et Jean V, duc de Bretagne. Ce dernier parviendra toutefois à un compromis en 1425, en acceptant de rompre cette alliance au profit du roi Charles VII, par l'entremise de Yolande d'Aragon,duchesse d'Anjou.
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Le roi Charles VII doit affronter les Anglais et les Bourguignons dans de durs combats pour recouvrer l'intégralité du royaume de France dont il est le légitime héritier.
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De 1422 à 1425, Charles VII consolide ses positions. Il contrôle le Berry, la Touraine, le Poitou, l'Aunis, et la Saintonge, l'Auvergne et le Limousin, Lyon, le Dauphiné, le Languedoc, l'Agenais, le Rouergue et le Quercy. L'Anjou, le Maine, le Bourbonnais, l'Orléanais et le Vendômois sont également placés sous son contrôle.
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Très affaibli sur le plan militaire consécutivement à la défaite des troupes royales à Verneuil le 17 août 1424, Charles VII recherche de nouveaux appuis politiques. Il se tourne donc vers sa belle-mère, Yolande d'Aragon, dirigeante de la maison d'Anjou et reine de Sicile, qui l'incite depuis 1423 à une alliance avec le duc Jean V de Bretagne. Soucieuse des bons rapports entre les duchés voisins d'Anjou et de Bretagne, la reine de Sicile pousse son beau-fils à privilégier et à entériner ses propres intérêts diplomatiques[19],[20],[21].
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La politique prônée par les maisons alliées d'Anjou et de Bretagne revendique le retour à une concorde idéale entre les princes, l'entrée des grands feudataires au Conseil royal ainsi que la poursuite de la guerre contre les Anglais. En mars 1425, Charles VII accepte de remettre l'épée de connétable de France à Arthur de Richemont, frère cadet du duc Jean V de Bretagne[22]. En plaçant ainsi le prince breton à la tête de son armée, le roi consent au rapprochement de la couronne avec les duchés de Bourgogne et de Bretagne. En effet, Arthur de Richemont est non seulement le frère du duc de Bretagne, mais également l'époux de Marguerite, sœur du duc Philippe de Bourgogne. Partant, les liens familiaux de Richemont sont censés faciliter les démarches diplomatiques du roi de France auprès des ducs Philippe de Bourgogne et Jean de Bretagne, ses ennemis déclarés après le meurtre de Montereau en 1419 pour l'un et le complot des Penthièvre en 1420, pour l'autre.
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Devant l'exigence des ducs de Bourgogne et de Bretagne, en gage de bonne volonté, Charles VII se résigne à écarter de son Conseil ses fidèles conseillers de la première heure, accusés d'implication dans la mort de Jean sans peur et du soutien de la Maison de Penthièvre. Parmi les conseillers forcés de quitter la cour royale, on compte Tanguy du Chastel, Béraud d'Auvergne, Hardouin de Maillé, Robert Le Maçon, ainsi que Jean Louvet, seigneur de Mérindol , ancien président de la chambre des comptes d'Aix-en-Provence[23] et Pierre Frotier, commandant de la garde royale et grand maître de l'écurie du roi.
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Le médiéviste Olivier Bouzy note que la politique du connétable de Richemont se heurte à des relations difficiles avec le roi de France : « Il va sans dire que cette vision idyllique d'une grande aristocratie luttant réconciliée et sans arrière-pensée pour le salut du royaume était d'une grande naïveté : c'était le rêve du retour au bon temps du roi Saint Louis, que les Bourguignons vantaient depuis le temps de l'ordonnance cabochienne. Le duc de Bourgogne, qui avait d'autres objectifs politiques, fit capoter les rêves de Richemont (...)[23]. »: l'alliance avec le duché de Bretagne renforce les armes de France, nonobstant quelques atermoiements relevés de part et d'autre au fil des années. De 1425 à 1429, les troupes royales confrontées aux Anglais et aux Bourguignons, subissent des revers entrecoupés de quelques victoires… Le sort du royaume de France semble indécis.
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En 1428, les troupes royales conquièrent Chinon afin de soustraire ce fief royal au contrôle du connétable Arthur de Richemont, alors brouillé avec Charles VII. L'année suivante, le château de Chinon héberge essentiellement les capitaines du souverain, tandis que la reine Marie d'Anjou et le dauphin Louis d'Anjou s'abritent au château de Loches[24]. L'image d'une cour royale s'adonnant aux festivités, au temps du siège d'Orléans, relève d'une idée reçue, façonnée ultérieurement d'après des chroniques dénonçant les voluptés d'un Charles VII bien plus mûr[25],[26].
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Les Anglais reviennent en force et le 4 septembre 1428 envahissent le Gâtinais. Ils investissent Beaugency, Notre-Dame de Cléry et d'autres places : leur objectif est de prendre Orléans et ses ponts, ville-clef de la défense française, vrai verrou sur la Loire.
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Le 1er octobre 1428, pour faire face au péril, Charles VII réunit les états généraux à Chinon, afin d'obtenir les ressources nécessaires pour résister à l'ennemi. Il obtient à la fois des subsides et des renforts qui serviront utilement à la défense de la ville d'Orléans.
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Le duc de Bedford, régent des royaumes de France et d'Angleterre, met le siège devant Orléans, et veut poursuivre jusqu'à Bourges pour s'emparer du roi Charles VII. Mais celui-ci s'était d'ores et déjà réfugié à Chinon. C'est dans le château de Chinon que le 25 février 1429, une jeune fille vient le trouver et lui demande audience. Elle lui dit : « Gentil dauphin, je te dis de la part de Messire Dieu que tu es vrai héritier du trône de France. »
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Cette jeune fille de seize ans lui affirme qu'elle a eu des visions qui lui ont intimé l'ordre de sauver Orléans et de le faire sacrer roi de France. Charles VII la fait examiner par des ecclésiastiques, qui se montrent convaincus de sa sincérité et de sa catholicité. Cette jeune fille, qui dit venir de Lorraine (en fait du Barrois) et s'appeler Jeanne d'Arc, pousse Charles à se faire sacrer roi et à lever son armée pour « bouter les Anglais hors de France. »
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Commencé en juillet 1428, le siège d'Orléans se poursuit pendant près de dix mois, entrecoupé de revers et de succès. Les Français, aux ordres de Jean de Dunois et leurs alliés écossais, conduits par John Stuart de Darnley, se font tailler en pièces lors de la journée des Harengs, du 12 février 1429. Mais les forces fidèles à Charles VII réagissent et le siège d'Orléans s'achève le 8 mai 1429 par une éclatante victoire française. Les historiens considèrent que cette victoire est due à Jeanne d'Arc et à son compagnon d'armes Dunois.
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Après une chevauchée en territoire contrôlé en partie par l'ennemi, Charles VII est sacré roi de France par monseigneur Regnault de Chartres, chancelier de France, dans la cathédrale Notre-Dame de Reims le 17 juillet 1429, en présence notamment de Jeanne d'Arc et — selon la tradition — des chevaliers de la Sainte Ampoule.
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De son côté, Henri VI d'Angleterre est sacré, à son tour, roi de France à l'âge de neuf ans en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 16 décembre 1431, par le cardinal de Winchester, entouré du duc de Bedford et de nombreux lords anglais[n 13].
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Depuis la levée du siège d'Orléans, Jeanne d'Arc participe sans interruption à des combats victorieux contre les Anglais au cours du mois de juin 1429 :
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Puis elle s'engage dans la marche triomphale de Charles VII jusqu'à Reims où il est sacré le 17 juillet 1429. Enfin, après une période de négociations et de trêves entre les Armagnacs et les Bourguignons, ces derniers rouvrent les hostilités. Le 10 mai 1430, Jean de Luxembourg entame le siège de Compiègne. Alertée par ses habitants, Jeanne d'Arc vient à leur secours à la tête de 400 lances. Mais, tombée dans une embuscade, elle devient prisonnière des Bourguignons. Elle est vendue aux Anglais, jugée à Rouen par le tribunal ecclésiastique présidé par l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon. Elle est condamnée à mort comme hérétique et relapse, et meurt brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431, à l'âge de 19 ans.
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Le roi Charles VII, après avoir libéré Rouen en 1449, fera ouvrir une enquête sur les circonstances de son procès et de son supplice. Il obtient pour celle qui l'avait si fidèlement servi une solennelle réhabilitation le 17 juillet 1456. Sa fête, devenue fête nationale française en 1920, est alors fixée au dimanche suivant le 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans.
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Depuis le XVe siècle, les historiens ont cherché à définir le rôle exact de celle qui fut nommée sainte patronne de la France. Sur le plan militaire, elle n'est pas considérée comme chef de guerre, mais plutôt comme l'auxiliaire de la victoire, par ses encouragements et ses incitations à se battre résolument contre les Anglais et leurs alliés bourguignons. Sur le plan politique, elle sert admirablement les desseins du roi Charles VII, au moment où il était atteint de découragement devant les progrès de l'ennemi et la faiblesse de son camp : cette jeune fille religieusement inspirée, énergique et enthousiaste, entraîne le roi vers un total changement de cap. Elle est surtout à l'origine de sa légitimation définitive en le faisant sacrer à Reims. Enfin, elle incarne le symbole de la résistance du peuple de France contre l'occupant étranger.
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Longtemps indécis, Charles VII va exploiter l'extraordinaire élan suscité par Jeanne d'Arc pour asseoir son autorité et lancer la reconquête des territoires perdus sur les Anglais. Néanmoins, il sait qu'il ne peut rien tant que la guerre civile avec la Bourgogne ne sera pas terminée. Il entame donc des négociations avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. N'attendant plus rien des Anglais et désirant se consacrer au développement de ses provinces, Philippe le Bon accepte de traiter avec Charles VII[27]. Le 1er juillet 1435, sous la présidence des légats du pape et en présence de nombreux princes français et étrangers, le congrès de la paix entre Bourguignons et Armagnacs s'ouvre dans la ville d'Arras. Le roi Charles VII est représenté par le duc de Bourbon, le comte de Vendôme et le connétable de Richemont. De son côté, Philippe le Bon est accompagné de son fils, le futur duc de Bourgogne Charles le Téméraire et il est assisté du chancelier Rolin.
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Le 21 septembre 1435, dans la liesse populaire, la paix d'Arras est proclamée en l'église Saint-Waast, mettant fin à la guerre civile déclenchée en 1407 entre les Armagnacs et les Bourguignons, à la suite de l'assassinat du duc Louis d'Orléans par les sbires du duc de Bourgogne, Jean sans Peur[n 14]. Charles VII reconnaît officiellement Philippe le Bon comme souverain de la Bourgogne et le dispense personnellement de lui rendre hommage. Il lui cède également les comtés de Mâcon et d'Auxerre et lui vend plusieurs villes de la Somme, dont Amiens, Abbeville, Saint-Quentin. Le tribut à payer est lourd, mais pour Charles VII, le principal est ailleurs : il a désormais les mains libres et pourra affronter sereinement les Anglais[27].
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En 1438, le roi Charles VII, soucieux d'affirmer son autorité sur l'Église de France, décide de convoquer une assemblée composée d'évêques, de religieux et de théologiens, ainsi que des représentants du pape Eugène IV[n 15], en la Sainte-Chapelle de Bourges, afin de bien définir et de renforcer les pouvoirs du roi de France face aux prérogatives du souverain pontife. La Pragmatique Sanction de Bourges, promulguée le 7 juillet 1438, lui permet ainsi de s'imposer comme le chef naturel de l'Église de France. Il détient désormais le pouvoir de désigner les principaux représentants du clergé français dans les abbayes et les différents sièges épiscopaux français, avec l'approbation des conciles et celle du souverain pontife. En outre, il a un droit de regard et d'intervention sur les modalités de la redistribution des redevances religieuses vers le Saint-Siège. C'est le premier pas vers une institution bien française connue sous le nom de gallicanisme.
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En 1439, les états généraux de langue d'oïl, réunis sous la présidence du roi Charles VII à Orléans, émettent le vœu qu'une réforme intervienne pour mettre fin aux désordres provoqués par les routiers et les écorcheurs. Ces supplétifs des troupes combattantes de l'armée royale, le plus souvent aux ordres des grands féodaux, se signalaient en effet par leurs nombreuses exactions. Entre deux combats, leurs groupes armés pillaient et rançonnaient la population, en échappant à tout contrôle des autorités constituées.
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Par l'ordonnance d'Orléans, donnée le 2 novembre 1439 par le roi Charles VII, deux réformes sont décidées :
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L'armée royale est tenue de respecter un règlement disciplinaire rigoureux.
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L'ordonnance d'Orléans provoque la réaction des féodaux du royaume qui refusent toute atteinte de leurs prérogatives médiévales au profit du pouvoir royal centralisateur.
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En 1440, les grands vassaux s'engagent dans une révolte armée contre le roi Charles VII. Cette conspiration est connue sous le nom de Praguerie, par allusion à la révolte des hussites à Prague au début du XVe siècle. Parmi les comploteurs se retrouvent Jean II, Jean IV d'Armagnac, Charles Ier de Bourbon et jusqu'au dauphin Louis, futur Louis XI, pressé de prendre le pouvoir en éliminant son père.
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Les conjurés prennent les armes, mais ils essuient le refus des seigneurs restés fidèles au roi Charles VII. Après de nombreux combats, les troupes royales, dirigées en personne par le roi Charles VII, finissent par venir à bout des révoltés le 19 juillet 1440. Ces derniers demandent grâce et l'obtiennent de la part du roi. Son fils Louis est éloigné jusqu'en Dauphiné, dont il va assumer le gouvernement en tant que Dauphin du Viennois.
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Profitant d'une accalmie dans la guerre de Cent Ans, le roi Charles VII crée, par l'ordonnance de 1445, les premières unités militaires permanentes à disposition du roi de France, appelées compagnies d'ordonnance.
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Elles visent à la fois une plus grande efficacité au combat de l'armée royale, et une diminution des dégâts causés par l'armée en déplacement. Elles joueront un grand rôle dans la victoire de la France à la fin de la guerre de Cent Ans en 1453[28].
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Le 31 juillet 1449, le conseil du roi approuve la décision de Charles VII d'ouvrir les hostilités afin de libérer définitivement cette province.
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Trois corps d'armée dirigés par le comte de Saint-Pol, par Jean de Dunois et Pierre de Brézé et par le duc François Ier de Bretagne, investissent les places-fortes du Cotentin, de Basse et Haute-Normandie. Les troupes anglaises rendent les armes sous la pression des forces de l'intérieur et de l'armée royale.
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Le 1er novembre 1449, la ville de Rouen est libérée. Le roi Charles VII préside en majesté le grand défilé de la Libération, dont il confie le commandement à Pierre Frotier, baron de Preuilly[n 16].
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Après de nombreux combats auxquels le roi prend part directement, les troupes royales libèrent Caen le 6 juillet 1450 ; puis Cherbourg capitule le 12 août 1450 après un siège meurtrier.
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La Normandie est ainsi conquise et libérée définitivement de la domination anglaise après un an de combat.
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La libération de la Guyenne devait se révéler plus longue et plus difficile que celle de Normandie. En effet, les Bordelais considéraient les Anglais comme des amis et surtout des clients privilégiés dans le commerce du vin.
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Le roi envoie en septembre 1450 un détachement sous les ordres de Jean de Blois-Bretagne, comte de Périgord. Les Français investissent Bergerac, Jonzac et plusieurs places fortes aux environs de Bordeaux.
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En mai 1451, une armée forte de 20 000 hommes, aux ordres de Jean de Dunois, procède au siège de Bordeaux. La capitale de la Guyenne est prise le 24 juin 1451 et occupée par les royaux qui administrent la cité. Mais les Bordelais se révoltent et, le 22 octobre 1452, ouvrent les portes aux forces anglaises commandées par John Talbot. Les Français sont faits prisonniers et la ville est à nouveau occupée et défendue par les Anglais.
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Ce n'est que le 2 juin 1453 que le roi parvient à envoyer des renforts, après avoir défendu les côtes normandes d'une nouvelle et menaçante invasion anglaise. Les armées françaises battent les troupes de Talbot le 17 juillet 1453 lors de la bataille de Castillon (où John Talbot trouve la mort) et reprennent le siège de Bordeaux, avec l'appui de l'artillerie des frères Bureau. Les assiégés résistent vaillamment, tous Bordelais et Anglais confondus, mais ils finissent par capituler le 5 octobre 1453 auprès de l'amiral de Bueil, comte de Sancerre.
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Le roi Charles VII fait grâce aux rebelles bordelais pendant que les Anglais rembarquent définitivement le 19 octobre 1453. Cette année 1453 marque la fin de la guerre de Cent Ans et le triomphe de Charles VII, le Victorieux. Le roi Henri VI d'Angleterre sombre quant à lui dans la démence comme son grand-père maternel, le roi de France Charles VI.
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Ainsi s'achève la reconquête de la France, à l'exception de Calais qui ne sera prise qu'en 1558. La prédiction de Jeanne d'Arc est réalisée : les Anglais sont définitivement « boutés hors de France ».
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Les dernières années de Charles VII sont troublées par l'ambition de son fils, le futur Louis XI, qui s'était déjà manifesté dans le passé en participant activement à la Praguerie en 1440.
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En 1451, Jacques Cœur, grand argentier du roi, est arrêté, sans doute à cause de ses créanciers et débiteurs jaloux de sa réussite personnelle. Il est banni en 1453.
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Le 19 octobre 1453, les Anglais capitulent à Bordeaux : c'est la fin de la guerre de Cent Ans (même si le traité définitif date seulement de 1475). Charles VII recouvre la souveraineté de la Guyenne et de l'ensemble du royaume de France, à la seule exception de la ville de Calais qui restera aux mains des Anglais jusqu'en 1558.
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Après un long règne de près de 40 ans, le roi Charles VII s'éteint dans son Château de Mehun-sur-Yèvre le 22 juillet 1461, à l'âge de 58 ans. Son fils aîné, le Dauphin Louis, lui succède immédiatement et devient le roi Louis XI, à 38 ans. Le 7 août 1461, le défunt roi est inhumé en la Basilique de Saint-Denis, au nord de Paris, aux côtés de tous ses prédécesseurs, et près de son père.
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C'est en 1443, à l'âge de quarante ans, que Charles VII fait connaissance d'Agnès Sorel, demoiselle d'honneur d'Isabelle Ire de Lorraine, épouse du duc René d'Anjou. Elle fut admise à la cour royale et devint la favorite du roi. Elle lui donna trois filles, les princesses Marie de Valois, Charlotte de Valois et Jehanne de Valois, qui furent officiellement légitimées et mariées à de grands seigneurs de la cour.
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Selon les historiographes de l'époque, Agnès Sorel rayonnait par sa grâce et sa beauté. Le peintre Jean Fouquet en a fait un célèbre portrait éloquent. Elle avait reçu en présent du roi le château de Beauté et elle fut surnommée la « dame de Beauté. »
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Agnès Sorel est morte prématurément avant d'avoir atteint l'âge de trente ans, le 9 février 1450, peu de temps après avoir mis au monde une quatrième fille qui n'a pas survécu, au grand désespoir du roi. Le tombeau d'Agnès Sorel est érigé dans l'église abbatiale jouxtant le château de Loches. Un deuxième tombeau contenant une partie de ses cendres est érigé à l'abbaye de Jumièges.
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Né vers 1395 à Bourges, Jacques Cœur est le fils de Pierre Cœur, riche marchand pelletier, fournisseur de la cour du duc Jean Ier de Berry. Jacques Cœur prend la suite de son père et devient en 1427 fournisseur attitré de la cour du roi Charles VII, qui a fait de Bourges sa capitale. Il s'engage dans le commerce international et dirige une flotte de 12 navires marchands. En 1435, il obtient la charge de maître de la monnaie de Bourges, puis de celle de Paris. Le 2 février 1439, il est nommé grand argentier de France, chargé de recevoir les redevances des trésoriers généraux au nom du roi. Il crée des impôts nouveaux ou les remet en vigueur : la taille, le fouage, les aides et la gabelle.
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Toujours chargé de son commerce international, Jacques Cœur est anobli en 1441. Il est nommé conseiller du roi en 1442. Il devient son confident et reçoit de nombreuses missions diplomatiques. Il intervient aussi pour assainir les finances du royaume. Devenu richissime, Jacques Cœur est sollicité pour financer la bataille de Normandie contre les Anglais en 1447.
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Il avait fait construire en 1443 un somptueux palais à Bourges, aujourd'hui connu sous le nom de palais Jacques-Cœur, qui dépassait en magnificence le palais royal de Bourges et celui des archevêques. Il suscita de nombreuses jalousies et fut la victime, notamment de ceux qui lui avaient emprunté de l'argent. Ils témoignèrent contre lui lorsqu'un procès pour concussion lui fut intenté en 1451. Condamné à la confiscation de ses biens et au bannissement en 1453, il s'évade du château de Poitiers et se réfugie à Rome. Le pape Calixte III lui confie en 1456 le commandement de l'expédition sur l'île génoise de Chios contre les Ottomans. Il meurt au cours de l'expédition le 25 novembre 1456.
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Né en 1384, le comte Georges Ier de La Trémoille, après avoir servi les ducs de Bourgogne, rejoint les rangs du roi Charles VII à Bourges en 1422, tout en conservant des intelligences dans le camp des Bourguignons.
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Il entre au conseil du roi et devient son confident. Il s'oppose au connétable de Richemont et trempe dans de nombreuses intrigues pour finalement subir une tentative d'attentat le 3 juin 1433 dont il ressort blessé et captif du connétable. En 1440, il complote avec les grands féodaux dans la conspiration de la Praguerie, mais défait, il se retire dans son château de Sully-sur-Loire où il meurt le 6 mai 1446.
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Né en 1405, le chevalier Jean II de Chambes rentre comme écuyer au service du roi Charles VII en 1426, puis devient panetier du roi en 1438, premier maître d'hôtel en 1444 pour devenir ensuite conseiller privé du roi. Il préside les États de Languedoc avec Jacques Cœur en 1443 et négocie la reddition de Bordeaux en 1453. En 1452, il met ses talents diplomatiques au service du roi pour résoudre le conflit qui oppose Charles VII au dauphin futur roi Louis XI à la suite du mariage de ce dernier sans autorisation. Avec Thibaud de Lucé, évêque de Maillezais, il négocie un traité d'alliance avec Frédéric II de Saxe le 11 avril 1453. Il est nommé ambassadeur à Rome en 1454, à Venise en 1458 afin de préparer une croisade par convocation du pape Pie II. Il est aussi nommé ambassadeur pour l'Empire ottoman. Il obtient une somme considérable d'argent lors du procès de Jacques Cœur. En 1450 il acquiert de son beau-frère Louis Chabot la forteresse de Montsoreau, et entreprend des travaux considérables afin de faire construire dans le lit de la Loire l'actuel château de Montsoreau. Il fait aveu au roi René en 1466 et reçoit Louis XI au château de Montsoreau le 28 juillet 1471. Jean II de Chambes meurt entre 1474 et 1476.
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Parmi les premiers conseillers du dauphin de 1418 à 1425 figurent notamment Robert Le Maçon, Jean Louvet, Tanneguy III du Chastel, Arnault Guilhem de Barbazan et Pierre Frotier. Ils adhèrent au parti d'Armagnac et protègent le jeune dauphin de France lors de l'invasion de Paris par les Bourguignons en 1418. Repliés à Bourges avec l'héritier du trône, ils l'assistent fidèlement lors de ses négociations avec les Bourguignons. Ils constituent sa garde rapprochée dans ses combats contre les Anglais et les Bourguignons. Ils sont partie prenante à l'entrevue de Montereau en 1419, accusés du meurtre de Jean sans Peur. Ils sont poursuivis par la vindicte du duc Philippe le Bon de Bourgogne qui entend venger la mort de son père. Ils sont jugés par contumace dans la cour de Justice de Paris en 1420 et passibles de la peine de mort pour crime de lèse-majesté. Le procès traîne en longueur et n'aboutira jamais.
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Ils sont évincés du pouvoir en 1425 par le comte Arthur de Richemont, nouveau connétable de France, à l'instigation de son beau-frère Philippe le Bon. Ils sont menacés dans leur vie et dans leurs biens lors de la signature du traité d'Arras en 1435 mettant fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[n 18]. En dépit des clauses du traité imposées par les Bourguignons, le roi Charles VII reste fidèle à ceux qui l'ont si bien servi à ses débuts et il les maintient ou les rétablit dans de nouvelles fonctions dès l'année 1444.
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Parmi les capitaines et chefs de guerre qui appuient Charles VII dans sa guerre contre les Anglais et les Bourguignons, se distinguent nombre de personnalités (voir section suivante).
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La famille :
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La maison d'Orléans :
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La maison d'Anjou :
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La maison de Bretagne :
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Les conseillers :
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Les hommes de guerre :
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Les financiers :
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Les hommes des arts et des lettres :
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Les adversaires bourguignons :
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Les adversaires anglais :
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Il fut inhumé en l'église abbatiale de Saint-Denis, où il reposa avec son épouse jusqu'à la Révolution, dans la chapelle caroline de Saint-Jean-Baptiste. Les travaux de construction du tombeau débutèrent avant même le décès de la reine Marie et furent achevés entre 1464 et 1465. Le socle de marbre noir n'était pas entouré de pleurants ni de statuettes princières, à la différence des tombeaux de Charles V et de Charles VI. Deux colonnes de marbre blanc sculpté bordaient les gisants sur la dalle. On retrouvait dais, coussins et chiens traditionnels. Une inscription funéraire était gravée au dos du dais de Marie d'Anjou. La réalisation des gisants est attribuée à Michel Colombe (1430–1513). Le grand sculpteur, célèbre pour la réalisation du tombeau de François II de Bretagne, n'a guère séjourné en Île-de-France mais il a suivi les rois dans leur déplacement de Bourges à Tours.
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240 |
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Le document de la collection Gaignières (aujourd'hui à Oxford, à la Bodleian Library) montre qu'au XVIIe siècle le tombeau n'était plus intact. Les bras des souverains avaient été cassés et les couronnes amputées. On ne sait à quelle période eurent lieu ces dégradations marginales.
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Cependant le monument était relativement bien préservé, comme le prouve l'état du décor gothique entourant les deux gisants, tout au moins jusqu'à la fin du XVIIe siècle car si le dessin de Gaignières reproduit les deux colonnettes horizontales gothiques sur les côtés de la dalle, le plan de dom Félibien de 1706 ne les montre plus. Ce plan, très détaillé, les maintient pour les tombeaux de Charles V et Charles VI, ce qui peut laisser penser qu'il y eut des travaux inachevés au début du XVIIIe siècle qui motivèrent un retrait temporaire de cette décoration.
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Le tombeau fut détruit du 5 au 8 août 1793. À la différence des gisants de Charles V, de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, ceux de Charles VII et de Marie d'Anjou furent brisés à coup de masse. Alexandre Lenoir put sauver les bustes des gisants qu'il fit détacher des parties supérieures amputées et s'émiettant. Aussi fit-il découper horizontalement à la scie ce qui restait de récupérable pour le transporter dans les réserves du musée des monuments français.
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Au XIXe siècle, les deux vestiges ne retournèrent pas à Saint-Denis mais subirent une restauration (nouveaux nez, nouvelles couronnes), peut-être à l'initiative de Viollet-le-Duc. Ils furent ensuite envoyés aux Archives nationales puis au Louvre et enfin retournèrent à la fin des années 1990 dans la basilique Saint-Denis, juste à côté du tombeau de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, sur des colonnes se faisant face.
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Ce paragraphe indique la fratrie de Charles VII et la destinée de chacun de ses frères et sœurs[31], souvent liés avec l'Angleterre des Lancastre et la famille de Bourgogne, ces deux Maisons cernant en quelque sorte la succession au trône de France.
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Il n'a pas vingt ans lorsqu'il épouse le 22 avril 1422 à Bourges, dans la cathédrale Saint-Étienne, Marie d'Anjou. Ils eurent quatorze enfants :
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Charles VII eut de sa liaison avec Agnès Sorel :
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À partir de 1461, sauf les Valois-Orléans de 1498 à 1589, tous les rois de France ou de Navarre descendent de Charles VII.
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Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Charles VII (roi de France) » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (lire sur Wikisource).
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Napoléon François Joseph Charles Bonaparte, né le 20 mars 1811 au palais des Tuileries, à Paris, et mort le 22 juillet 1832 au palais de Schönbrunn, à Vienne, est le fils et l'héritier de Napoléon Ier, empereur des Français, et de sa seconde épouse, Marie-Louise d'Autriche[1].
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Prince impérial, il est titré roi de Rome à sa naissance.
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En 1814, il est évincé par le Sénat à la suite de la prise de Paris par les armées coalisées et de la première abdication de son père. En 1815, à la fin des Cent-Jours, il est proclamé successeur par son père, lors de la seconde abdication de ce dernier, sous le nom de Napoléon II. L'Assemblée, comme la commission censée régner en son nom, s'abstiennent cependant de proclamer officiellement comme empereur l'héritier impérial qui, âgé de 4 ans, se trouve alors en Autriche. Le « règne » de Napoléon II s'achève au bout de deux semaines lorsque Louis XVIII, soutenu par les armées coalisées, entre dans Paris.
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Il porte ensuite le titre de prince de Parme, et enfin celui de duc de Reichstadt qui lui est donné par son grand-père l'empereur d'Autriche.
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L'ex-Napoléon II passe le reste de sa vie en Autriche : jusqu'à sa mort à l'âge de 21 ans, il est reconnu par les bonapartistes comme l'héritier du trône impérial.
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Son surnom de l'Aiglon lui a été attribué à titre posthume, et a été popularisé par la pièce de théâtre d'Edmond Rostand L'Aiglon, le rôle-titre étant créé le 15 mars 1900 par la tragédienne Sarah Bernhardt.
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Le 20 mars 1811, les vœux de Napoléon sont comblés : Marie-Louise d'Autriche lui donne l'héritier qu'il a tant désiré, car c’est pour l'avoir qu’il a divorcé de Joséphine de Beauharnais. Après l'accouchement difficile de Marie-Louise d'Autriche, sa naissance est annoncée par cent un coups de canon dans Paris, comme convenu dans le cas de la naissance d'un garçon (et 21 s'il s'était agi d'une fille)[2].
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Son acte de naissance figurant dans un registre spécial indique : « Sa Majesté l'Empereur et Roi nous a déclaré que son intention était que le roi de Rome reçût les prénoms de Napoléon, François, Joseph, Charles. » Napoléon était le prénom de son père, François celui de son grand-père maternel et Charles celui de son grand-père paternel ; quant à Joseph, il peut évoquer Joseph Bonaparte qui fut le parrain de l'enfant avec le grand-duc de Wurtzbourg[3]. Les prénoms de François, Joseph et Charles sont communs au répertoire anthroponymique des deux familles Bonaparte et Habsbourg-Lorraine.
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Le fils de l'empereur Napoléon Ier est aussi, par sa mère, doublement l'arrière-petit-neveu de la reine Marie-Antoinette et du roi Louis XVI. Marie-Louise avait en effet pour grand-mère maternelle Marie-Caroline d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, reine consort de Naples et épouse de Ferdinand de Bourbon, petit-fils du roi d'Espagne Philippe V, lui-même petit-fils du roi Louis XIV[4], et pour grand-père paternel l'empereur Léopold II, frère de la reine Marie-Antoinette.
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La maison du roi de Rome avait été organisée avant sa naissance. Le choix de la gouvernante se porta, le 22 octobre 1810, sur Louise Charlotte Le Tellier de Louvois-Courtanvaux de Montmirail, qui avait épousé en 1780 le baron puis comte de Montesquiou-Fezensac. Dans le but de préparer le décret et le brevet de nomination de la comtesse de Montesquiou comme gouvernante des enfants de France, on reprit les lettres patentes du 9 avril 1722 nommant Anne Julie Adélaïde de Melun, princesse de Soubise, gouvernante des enfants et petits-enfants de France. La comtesse de Montesquiou gouvernera la maison constituée de sous-gouvernantes, berceuses, nourrices, garçons et filles de garde-robes, écuyers, huissiers, maîtres d'hôtels[5]…
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La Constitution du 28 floréal an XII (18 mai 1804) octroie le titre de « prince impérial » au fils aîné de l'empereur et celui de « prince français » aux autres princes dynastes.
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Le jeune prince reçoit, dès sa naissance, le titre de roi de Rome, en vertu de l'article 7 du sénatus-consulte du 17 février 1810, dont le titre premier était intitulé « de la réunion des États de Rome à l'Empire ». Ce titre rappelait aussi au pape Pie VII que Rome n'était plus que le chef-lieu de l'un des 130 départements français. L'article 10 du sénatus-consulte prévoyait que les empereurs des Français, après avoir été couronnés à Notre-Dame de Paris, le seraient également dans Saint-Pierre de Rome, « avant la dixième année de leur règne ». Ce qui peut laisser entendre que l'Empereur prévoyait peut-être pour lui-même une telle cérémonie par analogie avec le couronnement de Charlemagne en 800, cérémonie à laquelle il aurait pu associer son fils[6]. L'Empereur avait envisagé de faire couronner son fils roi de Rome par le pape, mais la dégradation de ses relations avec ce dernier et la chute de l'Empire français empêchèrent la réalisation de ce projet.
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Napoléon Ier décida de donner la plus grande solennité au baptême de son fils, dont le cérémonial fut repris de celui ayant servi pour le baptême de Louis Joseph, premier dauphin de France de Louis XVI. Le baptême a lieu le 9 juin 1811 à la cathédrale Notre-Dame de Paris[7][source insuffisante]. Il n'est pas étonnant qu'ait pu paraître en 1811 un ouvrage intitulé : Recherches sur le couronnement des fils aînés des rois, héritiers du trône français et la prestation de fidélité du vivant de leur père[8].
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Le titre de roi de Rome impliquait en outre que l'on s'adressât à l'enfant en l'appelant Sire ou Votre Majesté.
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En outre, Napoléon captait ainsi l'héritage du Saint-Empire romain germanique : en effet, les électeurs avaient la possibilité de désigner un successeur du vivant de l'empereur, et cet héritier recevait le titre de roi des Romains.
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Napoléon a décidé de donner à Rome le statut officiel de seconde ville de l'Empire français, et elle apparaît comme telle sur la médaille des bonnes villes de l'Empire[9].
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Le titre de roi de Rome permit aux artistes d'associer dans leurs œuvres le fils de Napoléon Ier à la Ville éternelle et à tout ce que le nom de cette dernière avait comme charge symbolique, historique et poétique. Ainsi, le peintre Innocent Louis Goubaud représente le jeune prince, couché dans son berceau, jetant un regard sur Rome ; c'est au Capitole que l'artiste Joseph Odevaere situe l'enfant ; Joseph Antoine Romagnesi réalisa une sculpture de Minerve protégeant l'enfance de S.M. le roi de Rome où la déesse protectrice de Rome couvre l'enfant qui s'appuie sur la Louve de son bouclier. Une médaille gravée par Thomas Mercandetti représente l'enfant assis sur les genoux de la déesse Rome, tenant dans sa main droite la main de justice, avec à ses pieds la louve et les jumeaux Romulus et Rémus[10]. Une des réalisations les plus spectaculaires mettant en scène la naissance du roi de Rome et ayant pour référence la Ville éternelle est la commande passée en septembre 1811 par le Sénat pour l'ameublement de la grande salle du premier étage du palais du Luxembourg : furent commandés les sièges, les couvertures à velours peint représentant des vues de la ville et huit grands panneaux de tentures ; sept des panneaux représentent les sites les plus prestigieux de la ville[11].
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À Meudon, Napoléon attribue à son fils le Château-Neuf, construit au début du XVIIIe siècle par le Grand Dauphin. L'empereur songe à en faire « l'école des Rois », où seraient éduqués tous les princes de sa maison destinés à régner sur l'Europe. D'importantes commandes de mobilier sont faites à cette époque. L'héritier de la couronne impériale fera ses premiers pas là où le premier fils de Louis XVI avait effectué sa dernière promenade.
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Soucieuse de former dès son plus jeune âge le roi de Rome à la lecture, Mme de Montesquiou, surnommée « maman Quiou » par l'enfant, souhaita débuter au plus tôt l'apprentissage de la lecture ; elle fit appel à la méthode mise au point par Mme de Genlis pour l'éducation des enfants du duc de Chartres. Proche de la méthode syllabique, elle la complétait en associant une image à un son[15].
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Par ailleurs, on chercha à développer chez le jeune prince le goût de la lecture et on lui constitua donc une bibliothèque. Quelques mois après sa naissance, le roi de Rome était abonné à plusieurs journaux comme Le Moniteur, Le Journal de l'Empire, La Gazette de France. De nombreux ouvrages sont commandés pour lui donner une solide éducation religieuse, morale, historique et militaire. On peut citer notamment les Anecdotes chrétiennes, les Anecdotes militaires, les Figures de la Bible, les Fastes de la Nation française et des puissances alliées, les vues des Ports de mer de France, le Dictionnaire historique des Grands Hommes.
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Du fait de l'importance de l'armée sous le Premier Empire et afin de faire naître chez le roi de Rome le goût des choses militaires, Mme de Montesquiou lui offrit pour son premier anniversaire « un cavalier lancier polonais roulant et mouvant » et on le forma à l'uniformologie très jeune[16].
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Mme de Montesquiou tenait néanmoins à diversifier l'éducation de l'héritier de l'Empire français : elle lui fit donc livrer, dès décembre 1811, « un piano à trois octaves, boîte en acajou et touches en ivoire ».
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Rétrospectivement, on peut estimer que Napoléon et son fils ont vécu très peu de temps ensemble : la dernière fois qu'il le vit fut le 24 janvier 1814[17], et il l'embrassa – ainsi que l'impératrice – avant d'engager la campagne de France. Ce furent donc de brefs rapports entre un père accaparé par la guerre et un très jeune enfant. Au cours de ces deux années, dix mois et quatre jours (de la naissance de l'enfant jusqu'à la séparation définitive), il y eut cinq moments où la vie commune fut possible :
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Cumulées, ces cinq périodes représentaient seulement un an, cinq mois et vingt-deux jours, soit la moitié du laps de temps séparant les mois de mars 1811 et janvier 1814. L'enfant n'ayant commencé à parler qu'aux heures de la campagne de Russie[18], Napoléon n'a donc pu que jouer avec son fils.
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Cette courte relation a été relatée par des témoins ou artistes sous une forme qui tranchait avec les principes en vigueur jusqu'alors : c'est généralement le portrait d'un père plutôt aimant et attentionné envers un garçonnet revêtu d'un enjeu dynastique et politique important. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Empereur bénéficia d'un retour en grâce dans la pensée académique officielle[19] et le souvenir de cette période française du roi de Rome fit l'objet, en France, d'ouvrages historiques ou destinés aux enfants.
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Après la campagne de France et la prise de Paris, Marie-Louise et son fils résidèrent à Rambouillet puis à Blois et Napoléon à Fontainebleau[20].
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Le 4 avril 1814, Napoléon rédigea un acte d'abdication conditionnelle, réservant les droits de son fils. Le 6 avril 1814, Napoléon dut finalement renoncer à la couronne pour lui et sa descendance, le Sénat refusant de conserver le régime impérial au profit d'une restauration des Bourbons. Le jeune Napoléon ne devint donc pas empereur en avril 1814, entre l'abdication conditionnelle du 4 avril 1814 et l'abdication sans condition du 6 avril 1814. Napoléon fit ses adieux à ses troupes le 20 avril 1814 à Fontainebleau et partit pour l'île d'Elbe, refusant que sa femme et son fils le rejoignissent[20]. Un convoi emmenant Marie-Louise et son fils à Vienne partit le 23 avril 1814.
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Par le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 (article 5), le jeune Napoléon fut nommé prince de Parme, étant le fils et l'héritier de la nouvelle duchesse souveraine de Parme et de Plaisance. Cependant, le traité du 10 juin 1817 retira définitivement au fils de Marie-Louise à la fois son titre de prince et ses droits sur Parme qui avaient déjà été remis en cause par l'article 99 de l'acte du congrès de Vienne du 9 juin 1815 et désormais dévolus aux Bourbon-Parme, qui devaient succéder à la duchesse.
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Marie-Louise finit par laisser son fils à Vienne pour s'en aller régner à Parme à titre viager. Certains soutinrent que son fils était un bâtard au motif que le mariage de Joséphine avec Napoléon n'avait pas été annulé par le pape en personne.
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Sous les Cent-Jours, l'acte additionnel aux constitutions de l'Empire du 22 avril 1815 rendit au fils de Napoléon Ier restauré le titre de prince impérial. À la fin des Cent-Jours, l'abdication faite au palais de l'Élysée le 22 juin 1815 indiquait : « ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils, sous le titre de Napoléon II, empereur des Français »[21]. Cette proclamation est approuvée par le Parlement, Chambre des représentants et Chambre des pairs.
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Une commission de gouvernement, présidée par Fouché, se mit en place pour établir — en principe — la régence du nouvel empereur, âgé de quatre ans et qui se trouvait alors à Vienne, mais les actes qu'elle promulgua ne faisaient pas référence à Napoléon II et furent rédigés « au nom du Peuple français » dès le 26 juin 1815. Fouché, censé diriger le pays au nom de Napoléon II, ne se soucia guère de cet enfant absent de France et prit des contacts avec les royalistes en vue de préparer l'avenir. L'avancée des troupes britanniques et prussiennes jusqu'à Paris, après leur victoire à Waterloo, amena la commission à se séparer le 7 juillet 1815, sans avoir réussi à se mettre d'accord sur une proclamation officielle de Napoléon II. Louis XVIII rentra à Paris le lendemain pour y régner à nouveau.
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Napoléon II aura été « empereur des Français » durant deux semaines, alors qu'il ne se trouvait pas en France[22]. Ce fut en raison du règne, aussi bref que théorique, de Napoléon II que Louis-Napoléon Bonaparte se proclama empereur des Français sous le nom de Napoléon III.
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François Ier d'Autriche traita dans les faits celui qui avait été brièvement proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon II comme un membre de sa famille et il le fit élever parmi les archiducs d'Autriche. Dans la mesure où il fut décidé que le titre de duc de Parme devait revenir aux Bourbons à la mort de l'impératrice Marie-Louise, il fallut décider du statut du fils de Napoléon Ier. De fait, si ce dernier exprima dans son testament le souhait que son fils se souvînt toujours qu'il était né prince français, l'empereur d'Autriche et les membres de sa cour et de son gouvernement firent tout pour éteindre cette identité.
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François Ier d'Autriche souhaita donc lui conférer un titre, des armes, des revenus qui lui permettent de tenir son rang à la cour et d'exister sous un nom ne reflétant pas sa filiation. À cette fin, le 22 juillet 1818, il délivra plusieurs lettres patentes. La première érige en duché le domaine de Reichstadt, la deuxième lui attribue le titre de duc de Reichstadt avec le prédicat d'altesse sérénissime, la troisième lui assure ces terres par acte de donation. Il érigea la ville de Reichstadt en duché héréditaire et fixa par quatre lettres patentes impériales du 22 juillet 1818 le titre, les armes, le rang et les revenus de son petit-fils[23]. L'empereur François Ier d'Autriche précisait également que le duc de Reichstadt devait prendre rang, tant à sa Cour que dans l'étendue de l'empire d'Autriche, immédiatement après les princes de sa famille et les archiducs d'Autriche. À la cour, il était appelé « Franz », comme son grand-père[24].
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Le 30 août 1818, l'empereur François Ier d'Autriche prit par disposition particulière dans la perspective d'un mariage du duc, la décision d'ériger en majorat ces terres en faveur d'une descendance masculine[25].
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Reichstadt était une petite ville de Bohême et s'appelle aujourd'hui Zákupy et fait partie de la République tchèque. Son nom allemand signifie « ville impériale », ce qui peut être compris comme « ville libre » car dépendant directement de l'empereur. Le duché de Reichstadt n'était pas un duché souverain. Son titulaire ne s'y rendit jamais.
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Les armes du duc de Reichstadt sont « de gueules à la fasce d'or, à deux lions passants d'or, tournés à droite, l'un en chef et l'autre en pointe ». La lettre patente détaille l'ensemble des armoiries du prince : « l'écu oval posé sur un manteau ducal et timbré d'une couronne de duc ; pour supports, deux griffons de sable, armés, becqués et couronnés d'or, tenant des bannières sur lesquelles sont répétées les armes ducales »[24].
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Il fut également chéri par toute sa famille Habsbourg-Lorraine, archiducs et archiduchesses d'Autriche, qui avaient beaucoup de mal à comprendre l'attitude de leur sœur et tante Marie-Louise, retenue trop souvent dans son duché de Parme en plus de ses obligations souveraines par d'autres enfants, nés de son mariage hâtif avec le comte de Neipperg, d'où est issue la branche des princes de Montenuovo.
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L'empereur François avait donné l'ordre qu'il ne lui fût pas parlé de son père (appelé « le souverain usurpateur » à la cour autrichienne), mais si le sujet devait être abordé, il ne devait en aucun cas en être dit du mal, l'Empereur et toute la famille impériale d'Autriche ayant conservé leur admiration à l'ennemi vaincu[réf. nécessaire]. Le duc de Reichstadt obtint néanmoins l'autorisation de pouvoir consulter la grande bibliothèque impériale de Vienne, si bien qu'il réapprit le français[réf. nécessaire] en lisant les Lettres de Madame de Sévigné, redécouvrit son père en parcourant les ouvrages sur l'épopée napoléonienne et surtout Le Mémorial de Sainte-Hélène dans lequel Napoléon Ier s'adressait à son fils lorsqu'il aurait seize ans.
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La légende du duc de Reichstadt coupé de son père, de son pays et d'un enfant « germanisé » par Metternich est forgée par le poète Barthélemy, mortifié de ne pas avoir été reçu à la Cour de Vienne pour présenter l'épopée de Bonaparte Napoléon en Égypte[20].
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Le duc de Reichstadt fut proche de sa tante par alliance l'archiduchesse Sophie, née Sophie de Bavière et épouse de l'archiduc François-Charles. Sophie, qui n'avait que six ans de plus que l'Aiglon, était déjà mère de l'archiduc François-Joseph (futur empereur d'Autriche-Hongrie).
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L'archiduchesse Sophie, comme son père le roi Maximilien Ier Joseph de Bavière, qui devait son trône à Napoléon Ier, était une fervente bonapartiste. Sa sœur aînée, la princesse Augusta de Bavière avait épousé, sur ordre de Napoléon, le prince Eugène de Beauharnais, mariage qui se révéla des plus heureux. L'archiduchesse Sophie, comme ses frères et sœurs, avaient une réelle affection pour leur beau-frère. Ce lien dut certainement jouer dans les rapports affectifs de l'archiduchesse Sophie et du duc de Reichstadt[26].
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Bien qu'enceinte de plusieurs mois, l'archiduchesse Sophie assista le duc de Reichstadt dans les derniers mois de sa vie. Une rumeur persistante à l'époque voyait en Maximilien, futur empereur du Mexique sous le nom de Maximiliano, le fils de Napoléon II, ce dont Napoléon III aurait été convaincu[27]. Les autres enfants que Sophie mit au monde après Ferdinand-Maximilien auraient bien été ceux de son époux l'archiduc François-Charles.
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Le duc de Reichstadt eut plusieurs professeurs chargés de son instruction : Collin pour le latin et le grec, Foresti pour les mathématiques et les éléments de stratégie, Baumgartner pour la physique, la chimie et les sciences naturelles, Pina et Foresti pour l’italien. Deux Français, Podewin et Barthélemy, lui enseignèrent des rudiments de français. Pour la danse, il eut le maître de ballet Philippe Taglioni[28].
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Durant l’été 1822, l’empereur François nomma son petit-fils caporal : l’enfant en tira une très grande fierté et, lors du repas familial qui suivit, il apparut en uniforme, prenant place tout au bout de la table, pour laisser la place aux généraux présents. Fin 1826, il prit la décision de devenir officier et il reçut une formation à cet effet. Cette décision est peut-être liée au fait qu’il ait eu libre accès à la bibliothèque impériale, où au sortir de l'adolescence il dévora le Mémorial et autres ouvrages récemment parus au sujet de son père. Le 17 août 1828, son grand-père le nomma capitaine dans son régiment de chasseurs tyroliens. Pour le récompenser, Marie-Louise lui donna le sabre des Pyramides. À la fin du mois de juin 1829, Franz prit part, régulièrement, aux manœuvres de son bataillon, à Mauer. Il fut nommé chef de bataillon au régiment Lamezan-Salins (no 54), au début du mois de juillet 1830. Le 14 juin 1831, il prend son service au régiment d’infanterie hongroise no 60 (colonel Gyulai, puis colonel Wasa).
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En juillet 1830, on cria « Vive Napoléon II » dans les rues de Paris.
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Au Royaume-Uni des Pays-Bas, les Belges, début novembre 1830, érigeaient leur pays en royaume souverain. On évoqua la candidature du duc de Reichstadt. Mais l’idée allait à l’encontre de la recommandation que Napoléon lui avait faite, de ne jamais oublier qu’il était né prince français.
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Fin novembre 1830, le même vent de contestation atteignit la Pologne. Un ancien de la Grande Armée, le général Chlopicki de Necznia, prit le pouvoir, et on cria « Vive Napoléon, roi de Pologne » à Varsovie. L’idée d’aller se mettre au service de ce peuple qui avait fait preuve d’attachement à son père put plaire au fils, qui ne fit pas son chemin malgré une campagne menée jusque dans le salon de Metternich.
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Une remarque de Friedrich von Gentz révèle l’état d’esprit qui régnait à cette époque au sujet du duc de Reichstadt : « Le petit Napoléon est un objet de désordre et de peur pour la plupart des cabinets européens. Il faut avoir entendu les conversations des dernières années, pour savoir jusqu’à quel point le nom de cet enfant énervait et effrayait même les ministres les plus habiles et être au courant de tout ce qu’ils inventaient et proposaient pour au moins faire oublier son existence. »
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Dès le début de l'année 1832, alors qu'il reprenait son service militaire, son état se dégrada (nombreuses congestions pulmonaires, pneumonie le clouant au lit), les médecins — son médecin personnel le docteur Malfatti, les docteurs Raiman et Vichrer, Vivenot et Turcken appelés pour le suppléer lorsque l'affection s'aggrave — le soignant à tort pour son foie (par incompétence ou malveillance[29] ?) alors qu'il était atteint de la tuberculose. Metternich empêcha sa guérison en refusant qu'il rejoignît sa mère[réf. nécessaire]. Le 15 avril, les médecins le considérèrent comme perdu, ce qui valut à Napoléon II de constater amèrement : « Ma naissance et ma mort, voilà toute mon histoire. Entre mon berceau et ma tombe, il y a un grand zéro ». Sa mère, prévenue, ne le rejoignit à Vienne que le dimanche 24 juin, alors qu'il était déjà mourant. Il s'éteignit le 22 juillet 1832 de la tuberculose, en étouffant dans ses mains une grive qu'il avait apprivoisée[30][source insuffisante].
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Napoléon II mourut sans alliance ni postérité. Après l’autopsie, le cœur fut placé dans un vase canope, pour être gardé dans la crypte des Augustins (les cœurs de tous les Habsbourg y sont rangés depuis 1864[31]), les viscères étant enfermés dans une urne en argent, scellée dans une boîte métallique, destinée à la crypte de la cathédrale Saint-Étienne. Puis, le duc de Reichstadt, revêtu de son uniforme blanc de colonel du régiment d’infanterie Nassau, fut présenté au public, dans un cercueil habillé de velours rouge, sur une table recouverte d’un drap noir, dans le salon des Laques.
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Le corps fut plus tard transporté de nuit, sur une civière tirée par deux barbeaux, et entourée d’officiers à cheval du régiment de Wasa à la chapelle de la Hofburg, où il fut veillé. Devant le catafalque étaient présentées ses armes, ainsi que l’urne contenant son cœur et celle contenant ses entrailles. Des officiers de la Garde formaient le piquet d’honneur. Une foule nombreuse, malgré l’heure tardive, vint défiler devant la dépouille.
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Le 27 juillet 1832, selon le cérémonial ancestral prévu pour un archiduc, Napoléon II, après avoir été transporté de la Hofburg, sur le catafalque rouge et or des archiducs, par la Michaelerplatz et l’Augustinerstrasse, jusqu’au Neuermarkt, est descendu dans la crypte des Capucins, la Kapuzinergruft....
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Sur le cercueil, une plaque de cuivre ornée d'une croix tréflée portait une inscription en latin, datée du 22 juillet 1832[32] :
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« AETERNAE. MEMORIAE IOS. CAR. FRANCISCI. DUCIS. REICHSTADIENSIS NAPOLEONIS. GALL. IMPERATORIS ET MAR. LVDUVICAE. ARCH. AVSTR. FILII NATI. PARISIIS. XX. MART. MDCCCXI. IN. CVNABVLIS REGIS ROMAE. NOMINE. SALVTATI AETATE. OMNIBVS. INGENII. COPORISQVE DOTIBVS FLORENTEM PROCERA. STATVRA. VVLTV. IVVNILITER. DECORSO SINGVLARI. SERMONIS. COMITATE MILITARIBVS. STVDIIS. ET. LABORIBVS MIRE. INTENTVM PHTISIS. TENTATVIT TRISTISSIMA. MORS. RAPVIT. SVBVRBANO. AVGVSTORVM. AD. PVLCHRVM FONTEM PROPE. VINDOBONAM XXII. IVLII. MDCCCXXXII. »
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Ce fut le seul document à mentionner, en Autriche, que le corps enfermé dans ce cercueil était le fils de Napoléon, empereur des Français et, par sa naissance, roi de Rome.
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Soucieux d'améliorer son image aux yeux des Français, Hitler décida en 1940 du rapatriement des cendres de l'Aiglon en France. Une cérémonie funèbre et nocturne eut lieu aux Invalides, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1940, devant une assistance triée sur le volet. Cette cérémonie franco-allemande, conçue pour coïncider avec le 100e anniversaire du retour des cendres de l'Empereur en France, eut lieu dans une atmosphère glaciale, dans tous les sens du terme, en raison de la crise qui avait éclaté entre le Reich et Vichy après le renvoi de Pierre Laval. Goguenards, les Parisiens murmuraient : « Ils nous prennent le charbon et ils nous rendent les cendres ! »[33].
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Le 18 décembre 1969, le sarcophage[34] est déplacé dans la crypte, sous une dalle de marbre. Le tombeau est dominé par une statue de Pierre Charles Simart représentant Napoléon Ier en Imperator romain[35].
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Le souvenir du fils de Napoléon se perpétua au travers d'œuvres et d'hommages posthumes.
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Napoléon II a porté différentes armoiries correspondant aux statuts qui furent successivement les siens.
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Armoiries du roi de Rome.
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Armoiries de l'empereur des Français.
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Armoiries du duc de Reichstadt, 1818-32.
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Variante des armoiries du duc de Reichstadt.
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Le Roi de Rome par Henri-Joseph Rutxhiel.
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L'Impératrice Marie-Louise veillant sur le sommeil du roi de Rome par Joseph-Boniface Franque.
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L'Impératrice Marie-Louise par François Gérard.
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Peinture populaire de Napoléon II (Colmar).
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Le Duc de Reichstadt en uniforme blanc de colonel, par Moritz Michael Daffinger.
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Le Duc de Reichstadt par Pietro Tenerani.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Un roi[1] ou une reine est une personne qui exerce la royauté.
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À l'époque de l'Empire romain, un roi (Rex) est le chef reconnu par Rome d'un peuple intégré à l'empire ou voisin de celui-ci. Souvent le Rex a été investi ou imposé à une population jugée peu évoluée ou hostile à l'empire sans qu'il y ait hérédité ou élection. Plus tard pour les chancelleries byzantine ou pontificale le roi est celui qui dans un peuple joue de facto un rôle prééminent, le pape ou l'empereur pouvant lui conférer une dignité interne à la hiérarchie traditionnelle de l'empire (comte, consul etc).
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Le roi a principalement un rôle de conservation autoritaire de l'ordre social, associant les fonctions de premier juge, de chef de guerre et de garant de la cohésion d’une société. Il est extérieur aux ordres, aux partis ou aux classes sociales qu'il a pour fonction de maintenir en équilibre. Ainsi, en France, le roi n'appartenait ni au clergé, ni à la noblesse, ni aux intérêts économiques, et ne représentait spécifiquement aucune de ces forces.
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D'ailleurs, la notion de roi associe des pouvoirs politiques et sacrés, mais pas les pouvoirs religieux — qui restent du domaine de prêtres, de mages ou de sorciers —, ni le pouvoir de faire ou de changer la loi et les coutumes. En sciences politiques, le terme générique qui est utilisé pour désigner le premier magistrat d'un État est plutôt prince, qu'il soit roi ou président élu.
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Par ailleurs, le rôle du roi n'est pas nécessairement associé à un pouvoir monarchique : il peut y avoir des rois particuliers. Dans ce cas, les Romains et les Gaulois avaient deux termes : rex et regulus, correspondant aux grands rois et aux rois locaux. Il y a aussi eu des rois de communautés, des rois de métiers (le roi des merciers), des « rois de la jeunesse » élus chaque année dans un village, ou simplement pour une fête ou un bal.
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Si dans la plupart des cas en Europe, le roi est désigné de manière héréditaire dans une dynastie, il peut aussi être désigné par une élection, par exemple dans le cadre d'une Monarchie élective.
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Le mot roi (orthographié « roy » jusqu'à la rectification orthographique de 1740) est un terme qui est formé sur le radical indo-européen *rig que l'on retrouve par exemple en latin (rex), en celtique (rix, comme par exemple Ambiorix)[2] ou en germanique (rik) dérivant des précédents puisque le terme proto-germanique est kuninggaz, et qui désigne la personne qui exerce la royauté.
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En France, comme chez beaucoup d'autres peuples, les attributs de la royauté servant au sacre, appelés regalia, sont la couronne, le sceptre, la main de justice, l'orbe, l'épée, le manteau, les cheveux longs, le trône, le discours à la troisième personne, l'absence de vie et de propriété privées, etc.
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Quand un roi en titre est hors d'état d'exercer ses fonctions (en raison de son jeune âge, par exemple), le pouvoir temporel peut être exercé par un régent. Un interroi peut occuper le pouvoir en l'absence d’un souverain légitime.
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Certains souverains portent un qualificatif particulier :
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Les pouvoirs censés appartenir aux rois thaumaturges en sont l'exemple le plus marquant ; ainsi le pouvoir guérisseur de la maladie des écrouelles attribué au roi de France et d'Angleterre, étudié par l'historien Marc Bloch.
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The Rolling Stones [ðə ˈɹəʊlɪŋ stəʊnz][1]( les pierres qui roulent) est un groupe rock britannique originaire de Londres, en Angleterre.
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Il est formé en 1962 par le guitariste et leader original Brian Jones, le pianiste Ian Stewart, le chanteur Mick Jagger et le guitariste Keith Richards. Le bassiste Bill Wyman et le batteur Charlie Watts les rejoignent ensuite et complètent la formation originale. Ian Stewart est écarté de la formation officielle par le manager du groupe Andrew Loog Oldham dès mai 1963, mais continue à travailler (comme road manager et comme pianiste) avec le groupe jusqu'à sa mort en 1985. Jagger et Richards constituent rapidement un duo d'auteurs-compositeurs et prennent peu à peu la direction du groupe, en lieu et place d'un Brian Jones de plus en plus erratique.
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Le nom du groupe vient d'une chanson de Muddy Waters, Rollin' Stone, choisie par Brian. Le blues a toujours été la source d'inspiration principale des Stones, qui ont été l'un des principaux acteurs du retour de cette musique sur le devant de la scène, à travers le « British blues boom ». Les premiers enregistrements des Rolling Stones sont des reprises de blues et de rhythm and blues américains. Après avoir rencontré le succès au Royaume-Uni, ils deviennent populaires aux États-Unis, durant la « British Invasion » (initiée par les Beatles) du milieu des années 1960. Leur single de 1965, (I Can't Get No) Satisfaction les fait connaître dans le monde entier.
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À partir de 1966 et de l'album Aftermath, les chansons de Jagger et Richards, embellies par les expérimentations instrumentales de Brian Jones, développent une diversité stylistique qui restera présente jusqu'à nos jours.
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Brian Jones meurt noyé dans sa piscine en juillet 1969, peu de temps après sa mise à pied du groupe. Il est remplacé par Mick Taylor qui participe aux tournées et à l'enregistrement de cinq albums studio avant de quitter les Stones en 1974. L'ancien guitariste des Faces, Ronnie Wood, prend alors sa place et la conserve depuis lors. Bill Wyman quitte à son tour le groupe en 1993. Le bassiste Darryl Jones rejoint alors les Stones sans en devenir un membre officiel.
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Les Rolling Stones ont publié 23 albums studio au Royaume-Uni (25 aux États-Unis), tous classés dans le top 10 britannique, 32 compilations et 8 albums en concert (9 aux États-Unis). En 1971, Sticky Fingers inaugure une série de huit albums studio qui atteignent la première place des hit-parades, des deux côtés de l'Atlantique. Leur dernier disque original, A Bigger Bang, est sorti en 2005. En 2016 est sorti le 23e album studio du groupe, Blue and Lonesome, qui reprend des standards du blues. En 2019, le groupe a vendu plus de 400 millions d'albums dans le monde (dont près de 100 millions de ventes certifiés). Le groupe est le deuxième à avoir eu le plus de succès dans le Billboard Hot 100, la référence des ventes de singles aux États-Unis. Les Stones ont été classés no 4 dans la liste des 100 plus grands artistes de tous les temps du magazine Rolling Stone.
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Les Rolling Stones sont entrés au Rock and Roll Hall of Fame en 1989, et Mick Jagger a été anobli par la reine du Royaume-Uni en 2002. Leur image de mauvais garçons rebelles, véhiculée dans les années 1960, est une référence majeure pour les générations de musiciens rock qui les ont suivis. Après près de soixante années de carrière, les Stones, tous septuagénaires, continuent à se produire sur scène et avec succès dans le monde entier, et ne manifestent aucune intention de mettre un terme à l'existence du groupe.
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En octobre 1960, Mick Jagger et Keith Richards, deux amis d'enfance — ayant fréquenté la même école depuis la maternelle puis s'étant perdus de vue — se retrouvent par hasard sur le quai de la gare de Dartford[2]. Mick a avec lui des disques de blues de Chuck Berry et le Best of Muddy Waters[3]. Mick et Keith ont aussi un ami en commun, Dick Taylor, un guitariste qui joue avec Mick dans son groupe Little Boy Blue & The Blue Boys et qui étudie dans l'école de Keith, la Sidcup Art[2]. Mick invite Keith à le rejoindre dans son groupe tout juste naissant, Little Boy Blue & The Blues Boys. Le groupe n'a cependant que le nom, puisque le seul public de leur courte carrière consistera en la mère de Dick Taylor, qui autorise le groupe à répéter chez elle[4].
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Brian Jones, après avoir rencontré Alexis Korner, l'un des pionniers du blues britannique, lors d'un concert à Cheltenham, décide de déménager à Londres avec Pat Andrews, la mère de son enfant. Désireux de monter son propre groupe, il passe une petite annonce dans Jazz News fin 1961. Il pense appeler son groupe les Rollin' Stone, d'après un titre de Muddy Waters[5]. Brian Jones donne rendez-vous aux postulants au pub Bricklayers'arms sur la Berwick Street[6]. Le pianiste Ian Stewart répond à l'annonce et lui présente d'autres musiciens dont le chanteur Andy Wren et le guitariste Geoff Bradford. Peu à peu, la première mouture des Rolling Stones se forme avec Brian Jones et Geoff Bradford aux guitares, Ian Stewart au piano, Paul Pond (qui office sous le nom de P.P. Jones) au chant[7]. Le poste de batteur est fluctuant : plusieurs batteurs payés au concert se succèdent dont Charlie Watts et Mick Avory (futur Kinks).
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En avril 1962, le Blues Incorporated, groupe monté par Alexis Korner et ouvert à de nombreux musiciens, joue ses premiers concerts[8]. Parmi les musiciens qui montent sur scène, Jack Bruce, Ginger Baker, Charlie Watts et aussi le groupe formé par Brian Jones. Ce dernier qui se produit sous le nom d'Elmo Lewis, impressionne le public en jouant de la guitare slide (à l'époque inconnue en Angleterre)[8]. Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor rejoignent le Blues Incorporated mais tendent à s'éloigner du rhythm and blues pur et dur pour jouer du rock'n'roll (notamment du Chuck Berry et Jimmy Reed)[9]. Brian Jones rencontre pour la première fois Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor le 2 avril 1962 au Ealing Jazz Club[10].
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Paul Pond ne souhaite cependant pas vraiment être le chanteur de ce qui sera les Rolling Stones et il quitte le groupe. Alexis Korner suggère à Brian Jones le chanteur Mick Jagger qui a fait sa place dans le Blues Incorporated[7]. Ce dernier impose alors son ami Keith Richards ainsi que Dick Taylor. Geoff Bradford quitte le groupe et Ian Stewart, Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards et Dick Taylor forment l'ossature du groupe qui prendra en juin le nom de « Rollin' Stones » avant de s'appeler « Rolling Stones ». Selon Keith Richards, c'est Brian Jones qui trouve le nom du groupe, alors qu'il est au téléphone en train de prospecter pour trouver des engagements pour des concerts. Alors qu'on lui demande le nom de son groupe, il cite le premier nom qu'il a sous les yeux : le titre d'un morceau de Muddy Waters, Rollin' Stone[11]. Néanmoins, il semblerait que cette anecdote ne soit qu'une légende, puisque d'après Ian Stewart, dès sa première rencontre avec Brian Jones à la suite de l'annonce dans Jazz News, Brian Jones avait déjà décidé de nommer son futur groupe « Rollin' Stones »[12], avec une apostrophe[13],[14].
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Mick, Keith et Brian emménagent au 102 Edith Grove dans le quartier de Chelsea. C'est une période de vaches maigres, avec des difficultés pour se nourrir et se chauffer. Ils vivent de chapardages et des maigres cachets obtenus pour quelques petits concerts[15]. C'est à cette période que Philip Townsend prend les photos qui circuleront à travers les plus grandes galeries du monde, comme les toutes premières des Stones. Ils habitent six mois en colocation avec James Phelge (nom qui servira de base au pseudonyme « Nanker Phelge » utilisé par les Stones à leurs débuts pour certains de leurs titres). Néanmoins, cette période est musicalement faste pour Brian et Keith, qui passent de longues journées à travailler leur jeu de guitare.
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Le premier concert des Stones se passe au Marquee à Londres, le 12 juillet 1962. Le groupe est alors composé de Brian Jone, Mick Jagger, Keith Richards, Ian Stewart au piano, Dick Taylor à la basse et Mick Avory à la batterie. Les Rolling Stones jouent comme interval band, juste une demi-heure, le temps que le groupe principal se repose. Ils interprètent Dust My Broom, Bright Lights, Big City, Ride them Down, Bad Boy, Back in the USA, et Down the Road Apiece. Ce soir-là, Keith lance à Brian cette phrase tristement célèbre : « Tu n'arriveras pas à trente ans, pas vrai[16] ? »
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Taylor partira ensuite former les Pretty Things. Le poste de batteur est toujours aléatoire, oscillant entre Tony Chapman et Mick Avory. Les Stones cherchent un bassiste. En décembre 1962, Tony Chapman leur présente Bill Wyman, au Red Lion Club[17] qui leur plaît immédiatement, peut-être grâce à ses amplis, denrée rare à l'époque, mais aussi grâce à ses capacités : il est plus âgé de sept ans que Mick et Keith, et joue déjà depuis de nombreuses années dans son groupe les Cliftons, avec Tony Chapman, tout en étant amateur. Les batteurs des Stones étant trop instables, Charlie Watts, qui connaissait bien Mick et Brian pour avoir joué avec eux, se joindra à eux définitivement en janvier 1963, laissant sa place au sein des Blues Incorporated à Ginger Baker. Le 14 janvier 1963, les Rolling Stones jouent leur premier concert avec la formation qui persistera jusqu'à l'exclusion de Brian Jones : Mick Jagger au chant, Keith Richards et Brian Jones aux guitares, Bill Wyman à la basse, Charlie Watts à la batterie et Ian Stewart au piano, qui quittera le groupe quelques mois plus tard, sous l'impulsion d'Andrew Loog Oldham.
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Le 11 mars 1963, le groupe enregistre une démo à l'IBC Studio de Portland Place, à Londres - avec comme ingénieur du son le futur mythique Glyn Johns - composée de reprises de Rythm & Blues[18]. Le 21 avril 1963, les Beatles rencontrent pour la première fois les Rolling Stones au club Station Hotel Richmond, club où les Stones jouaient le soir-même[19]. La première photo officielle du groupe en concert, prise par Dezo Hoffmann, date du 4 mai 1963 : Mick, Charlie, Brian, Bill et Keith (seuls visibles) participent à un gala de bienfaisance organisé par le journal News of the World à Battersea[20]. Les Stones joueront régulièrement au Ealing Club, puis au Crawdaddy, club que vient d'ouvrir Giorgio Gomelsky. De quelques dizaines de spectateurs, l'audience passe rapidement à plusieurs centaines, dépassant les capacités de la salle.
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Les Beatles viennent de sortir leur premier single Love Me Do. Andrew Loog Oldham, jeune publicitaire de 19 ans, qui a déjà travaillé avec Brian Epstein, Bob Dylan et Little Richard, associé au manager Eric Easton, ne rêve que de rencontrer et manager « ses » Beatles. Dans son parcours des clubs de Londres, il entre un jour au Crawdaddy (sur les conseils de Peter PD Jones, journaliste qui avait chroniqué les Stones après les avoir vus au Crawdaddy Club), et voit les Stones. C'est la révélation, il sera leur manager : il signe avec eux un contrat de management dès le lendemain, le 29 avril 1963[21].
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Avec leur nouveau manager, leur carrière décolle. En 1963, la maison de disques Decca et son directeur artistique (A&R) Dick Row, célèbre pour avoir refusé les Beatles[22], leur fait enregistrer leur premier single le 10 mai 1963[23],[24], avec, en face A, une reprise de Chuck Berry, Come On[25] et, en face B, I Want to Be Loved de Willie Dixon. Ce premier disque leur permet d'entrer discrètement dans les charts britanniques, et de se faire remarquer par la presse. Pour des raisons de « look », Ian Stewart est soustrait de la formation officielle par Andrew Loog Oldham en mai 1963, mais, indispensable (« Stu » est souvent appelé « le sixième Stone »[26]), il continue de travailler avec le groupe dont il est l'un des fondateurs[26], comme claviériste, et comme road manager (après en avoir été le chauffeur attitré), très apprécié jusqu'à son décès en 1985. Keith affirme qu'il fut toujours véritablement le liant du groupe[27] ; et Mick résume ainsi cette collaboration en déclarant « Stu fut le gars que nous nous efforcions de satisfaire[26] ». Un deuxième single sort en novembre avec, en face A, un titre composé par John Lennon et Paul McCartney, I Wanna Be Your Man et, en face B, un instrumental, Stoned[28].
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Ils font leur première apparition télévisée dans l'émission Thank Your Lucky Stars de Pete Murray. Leur look, pourtant si conventionnel de nos jours, paraît outrancier. Leurs cheveux longs, qui recouvraient juste les oreilles, font scandale ; ce look original et leur attitude parfois méprisante donnent des idées à Andrew Loog Oldham. Afin de se démarquer des Beatles, apparus un peu plus tôt et dont la popularité est exceptionnelle, le jeune manager des Stones leur crée une image de « mauvais garçons ». En opposition aux allures de « gentils gendres » des Fab Four, Jagger et sa bande cultivent leur différence, refusant très rapidement le costume-cravate[29], insistant sur leur chevelure, et défraient la chronique par leurs frasques[30]. Néanmoins, celui qui est surtout visé pour son côté « mauvais garçon », n'est ni Mick Jagger, ni Brian Jones, mais Bill Wyman qui, du groupe, est celui qui possède les cheveux les plus longs et qui a toujours une mine renfrognée[31]. C'est aussi lui qui est à l'origine de la première des nombreuses frasques du groupe : il est condamné pour avoir uriné sur le mur d'une station-service[32].
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C'est à cette époque que Brian Jones commence à manquer quelques concerts pour des raisons de santé, et à se perdre dans ses conquêtes féminines et leur conséquences[33]. Il a déjà deux enfants[34]. Sa position de leader du groupe est de plus en plus contestée depuis l'arrivée d'Oldham. Lors d'un concert à Liverpool, les Stones découvrent que Brian Jones reçoit un salaire supplémentaire en qualité de leader du groupe[35]. Cette révélation est le début d'une fissure qui se crée entre Jones et le reste du groupe[35] et qui aboutira à terme (conjointement avec son harassement physique et mental), à son exclusion en juin 1969.
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Leur carrière prend un tournant définitif : les concerts deviennent quotidiens, Bill Wyman et Charlie Watts quittent leur emploi[36] pour intégrer les Stones à plein temps, Mick Jagger laisse tomber ses études. L'appartement à Edith Grove abandonné, Keith, Mick et Andrew habitent ensemble dans un nouveau logement, où va débuter une nouvelle collaboration : Andrew oblige Mick et Keith à travailler ensemble, à l'image de McCartney et Lennon, sur l'écriture des chansons. En novembre 1963, à Mapesbury Road, Oldham oblige Keith et Mick à composer une chanson, au matin, ils interprètent It Should Be You, leur première composition en commun[37]. Cette volonté est dictée par le fait qu'il était difficile pour les Rolling Stones de trouver quelque chose de neuf à jouer et parce que beaucoup de chansons de leur répertoire étaient jouées par d'autres groupes anglais (dont les Beatles), ce qui ne les aidait pas à se démarquer des autres[38]. Par conséquent, le second single du groupe devant contenir les reprises Fortune Teller et Poison Ivy est refusé durant l'été.
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La légende veut qu'Andew ait enfermé Mick et Keith dans une cuisine, en leur interdisant d'en sortir tant qu'ils n'auraient pas écrit une chanson[39]. D'après la légende, ils lui auraient soumis As Time Goes By, que le manager renomme immédiatement As Tears Go By et fera enregistrer par la jeune chanteuse britannique Marianne Faithfull. Il semblerait cependant que la première chanson à être sortie de cette cuisine soit It Should Be You, qui sera enregistré une première fois par George Bean, un chanteur de la maison de production d'Oldham[40].
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Oldham a même sollicité les Beatles pour leur écrire I Wanna Be Your Man, que le groupe enregistre et publie en single en novembre avec en face B une improvisation du groupe créditée Nanker Phelge intitulée Stoned. Il se classera à la douzième place au Royaume-Uni.
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En janvier 1964, le groupe publie son premier EP intitulé simplement The Rolling Stones, comportant quatre reprises enregistrées en août et en novembre dernier. Ce sera leur premier n°1 de leur carrière et peuvent donc se concentrer sur leur premier album.
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En janvier et février 1964, le groupe enregistre en cinq jours au Regent Sound Studios leur premier album, qui sort le 17 avril 1964, et qui connait le succès à sa sortie, avant de se lancer dans une tournée américaine où ils vont percer deux mois plus tard.
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Début juin, au début de la tournée, le groupe se rend dans les fameux studios Chess à Chicago (là où sont enregistrés de nombreux standards de blues de Muddy Waters ou Chuck Berry qui les inspirent) pour une session le 10 et 11 juin 1964, où est enregistrée une série de chansons. De cette session est tiré un nouvel EP intitulé Five by Five, qui sort au Royaume-Uni en août, puis en octobre le second album américain 12 X 5, contenant les pièces de l'EP anglais, en plus de nouvelles chansons, incluant des singles. Ce sera le début de la grande disparité entre la discographie anglaise et américaine du groupe jusqu'en 1967 avec Their Satanic Majesties Request.
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Alors qu'il est en tournée, le groupe organise de nouvelles sessions d'enregistrements, dont celle du 8 novembre chez Chess, pour réaliser leur second album.
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À partir de novembre 1964, le groupe enregistre ses chansons aux États-Unis, principalement à Los Angeles dans les studios du label RCA, où une dizaine de sessions se déroulent jusqu'à mi-1966, calées entre les dates de concerts. Entre-temps, le groupe retourne deux fois chez Chess à Chicago pour deux nouvelles sessions en novembre 1964 et en mai 1965.
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En 1965, après la sortie de leur second album britannique intitulé The Rolling Stones No. 2 (suivi de la version américaine un mois plus tard renommée The Rolling Stones, Now! reprenant une partie de l'album précédent), Mick Jagger et Keith Richards décollent enfin comme compositeurs, tout d'abord avec As Tears Go By (qu'ils n'enregistrent pas dans un premier temps et qu'Oldham offre à Marianne Faithfull), avant que The Last Time, puis (I Can't Get No) Satisfaction atteignent toutes deux la première place des charts, suivis par Get Off of My Cloud et 19th Nervous Breakdown. Ces textes assoient la position des Stones qui arrivent désormais à évoluer au sommet comme les Beatles. Néanmoins, les textes des Stones se différencient beaucoup de ceux des Beatles par leur contenu. Si les Fab Four signent des bluettes bien sentimentales et innocentes (du moins à leurs débuts), les Stones se distinguent par leur ton ironique et sarcastique sur la société et leurs rapports aux femmes, parfois qualifiés de sexistes.
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La version américaine de l'album Out of Our Heads (publiée en juillet 1965) est en tête des ventes. Il comprend sept chansons originales (quatre créditées de Nankin Phelge et trois de Jagger/Richards). À la fin du même mois, au moment de la sortie du tube (I Can't Get No) Satisfaction, un autre évènement va changer l’histoire du groupe : le contrat entre Decca et Impact Sound - la société des producteurs Andrew Loog Oldham et son associé Eric Easton chargée de gérer l'image et les enregistrements du groupe depuis 1963 - ayant expiré en mai n'est pas renouvelée car les deux gestionnaires se sont fâchés et séparés après qu'Oldham ait découvert que son associé utilise son édition pour verser au groupe les droits d'auteurs des chansons créditées Nanker Phelge. Andrew décide de contacter l'homme d'affaire américain Allen Klein, afin de remplacer son associé et de signer un nouveau contrat avec Decca avec un plus gros cachet pour le groupe (600 000 $ d'avance et 700 000 $ par an jusqu'en 1974, fin de durée du contrat). Si les membres sont généralement enthousiastes pour ce contrat, le bassiste Bill Wyman est inquiet et regrette de ne pas avoir fait relire le contrat par un avocat avant de le signer. Cela leur portera préjudice en 1971 quand le groupe se séparera de Klein et de Decca, où ils perdent leurs droits d'auteur de leur discographie jusqu'en 1970[41].
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En septembre, le groupe retourne au studio RCA pour enregistrer une nouvelle série de chansons qui serviront de base pour le nouvel album américain December's Children (And Everybody's) prévu pour décembre suivant. Plus tard dans le même mois, la version britannique de Out of Our Heads est publiée où elle atteint la seconde place des ventes juste après l'album Help! des Beatles et ne contient que six chansons sur douze en communs, et trois proviennent de la session de septembre. Leur nouveau tube, Get Off of My Cloud (n°1 des deux côtés de l'Atlantique) parait à l'automne 1965, suivi d'un autre album américain December's Children (And Everybody's)[42]. Entretemps, le groupe, fatigué, se lance dans une nouvelle tournée américaine durant presque cinquante jours à la fin de l'automne, qui se termine à Los Angeles le 5 décembre. Après cela, le groupe reste en ville pour travailler de nouvelles chansons une nouvelle fois au RCA, dont le temps alloué au studio s'est prolongé à trois jours d'affilée. On retrouve parmi elles principalement le nouveau single 19th Nervous Breakdown qui sort deux mois plus tard en février 1966 à la seconde place des deux côtés de l'Atlantique, et principalement des chansons pour le prochain album du groupe, Aftermath.
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Les Rolling Stones introduisent à partir de leur 1er chef-d'œuvre Aftermath (en particulier sous l'impulsion de Brian Jones) des influences psychédéliques et la musique indienne : on peut notamment rappeler le sitar de Paint It, Black (dans la foulée de celui entendu joué par George Harrison sur Norwegian Wood des Beatles), la dulcimer sur Lady Jane ou les marimbas de Under My Thumb. L'album Between the Buttons continue sur la même lancée avec la flûte mélodieuse de Brian sur Ruby Tuesday mais contient aussi des morceaux de rock comme Let's Spend the Night Together et Connection et des influences « music-hall ».
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1966 sera l'année des dernières tournées avant un grand break : ils avaient tourné de façon ininterrompue depuis leurs débuts, donnant entre 250 et 300 concerts par an. Comme les Beatles, les Rolling Stones avaient subi depuis leurs débuts l'hystérie des foules dans les salles et en dehors, phénomène que l'on appelait la beatlemania. Particulièrement éprouvants, les concerts des Stones tournaient souvent à l'émeute à cause des fans qui tentaient de monter sur scène ou des bagarres dans le public. De nombreuses fois, les Rolling Stones furent contraints de s'enfuir de scène au bout de quelques minutes poursuivis par des fans. Les coûts des dégâts et le nombre de blessés sont parfois importants comme à Blackpool, à La Haye ou Paris[43].
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L'opposition de style entre les Beatles et les Rolling Stones est le résultat d'un marketing de différenciation savamment orchestré par Andrew Loog Oldham. Le parcours musical des deux groupes est assez parallèle : influences communes du rock 'n' roll et du rhythm and blues (même si ce dernier est plus marqué chez les Stones). Bien que dans les médias, les Rolling Stones incarnent les « mauvais garçons » (Oldham n'avait pas hésité à interroger : « Laisseriez-vous votre fille sortir avec un Rolling Stone ? »[44]) et les Beatles, les « gentils garçons », les membres des deux groupes s'apprécient et se côtoient dans le privé[45],[46]. Les Beatles, John Lennon et Paul McCartney offriront même la chanson I Wanna Be Your Man aux Rolling Stones pour lancer leur carrière en 1964 et feront les chœurs sur la chanson We Love You en 1967. Brian Jones jouera plus tard sur certains titres des Beatles comme Baby, You're a Rich Man ou You Know My Name.
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Mick Jagger et Keith Richards appréciaient particulièrement la musique des Beatles. Les deux seront d'ailleurs présents dans le studio de la BBC, accompagnés de Marianne Faithfull (petite amie de Mick à l'époque) lors de la diffusion live et en mondovision, le 25 juin 1967 du fameux All You Need Is Love. Sur la vidéo, on reconnaît Mick et sa veste bleu ciel avec des motifs marrons psychédéliques. Comme tous les heureux participants, il tape dans ses mains en chantant le refrain[47].
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Toujours en 1967, le même trio participe au tournage du clip A Day in the Life et on peut les voir dans ce clip discuter avec John Lennon[48].
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Les deux groupes évitaient aussi de sortir leur singles et leurs albums en même temps pour ne pas se concurrencer. La frontière entre Beatles et Stones était ténue. Alors que les médias accusaient les Stones de prendre des drogues[49], les Beatles en prenaient aussi. Paul McCartney fut d'ailleurs la première rock star à dire à la presse qu'il avait pris du LSD en 1967. Lors de la descente de police à Redlands où de la drogue fut trouvée dans le domicile de Keith Richards en 1967, parmi les convives se trouvaient un Beatle, George Harrison, qui ne fut pas inquiété, étant parti avant l'arrivée de la police[49].
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Après leur cinquième tournée américaine et la huitième britannique, toutes deux en 1966, les Stones s'accordent du repos. L'année 1967 est surtout consacrée aux activités parallèles et les Stones s'investissent dans différents projets personnels. Keith Richards s'achète la maison de Redlands, qui sera l'une des bases du groupe, Bill Wyman fait de la production, Brian Jones compose une bande originale de film et forme avec Anita Pallenberg un couple médiatisé, icône du Swinging London. C'est aussi l'époque des vacances : Brian, Keith, Anita Pallenberg, Mick et sa nouvelle petite amie Marianne Faithfull partent en vacances au Maroc. 1967 est aussi l'année des premiers problèmes qui vont ébranler le groupe et particulièrement Brian Jones.
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Le 12 février 1967, Mick Jagger et Keith Richards sont arrêtés au domicile de Keith à Redlands pour possession de drogues. Vite relaxés, ils ne feront pas de prison, sinon les quelques jours d'attente de leur comparution. Le quotidien The Times viendra à leur secours avec un superbe éditorial en leur faveur[50], prémices du changement de société en cours. Parmi les nombreux soutiens de tous bords les Who sortiront immédiatement un 45 tours en solidarité, avec 2 compositions des Stones[51]. Si Mick et Keith arrivent à se sortir de leurs ennuis judiciaires, Brian Jones, lui, connaît plus de difficultés. Arrêté une première fois en mai 1967, puis une deuxième fois en mai 1968, il vit très mal cette situation et souffre de dépression nerveuse. En raison de tous ces soucis, le groupe doit arrêter de faire des concerts pendant deux ans.
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Entre-temps, le groupe effectue sa dernière tournée en Europe avant deux ans en mars et avril. Il est le premier groupe du bloc de l'ouest à jouer un concert de rock en Pologne le 13 avril. Mais la venue dans ce pays, ainsi que les deux concerts joués ce soir-là ne plait pas forcément aux autorités. Le groupe ne retournera pas jouer avant de nombreuses années dans les pays du bloc soviétiques. Le groupe joue son dernier concert le 17 avril 1967 à Athènes en Grèce avec Brian Jones.
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Sur le plan sentimental, Brian Jones connaît aussi de nombreux déboires. Alors qu'il est hospitalisé pour une crise d'asthme en France sur le trajet d'un voyage au Maroc, Keith Richards entame une liaison avec sa petite amie Anita Pallenberg[52]. Lorsqu'il reviendra de convalescence, Keith, Anita (mais aussi Mick Jagger et Marianne Faithfull) abandonneront Brian au Maroc, sans lui laisser un mot. Cette rupture sera le début de tensions entre les deux guitaristes du groupe et le début de la fin pour Brian Jones.
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Sur le plan musical, l'album Their Satanic Majesties Request qui sort en décembre 1967 et qui porte largement la patte expérimentale de Brian Jones, bien qu'opposé initialement au projet ne voulant pas sortir de la droite ligne du blues, n'aura sur le moment qu'un succès mitigé, déconcertant par son côté planant quelques fans du blues pur et dur. Deux titres toutefois émergent : She's a Rainbow et 2000 Light Years from Home. La couverture de l'album innove en présentant une photo du groupe en relief (3D) sur film gaufré. La photographie fait un peu ciller, et pour cause : l'œil gauche du spectateur y voit Brian Jones de face tandis que le droit le voit de profil. Cette expérience ne sera pas reprise sur les rééditions vinyle, ni CD, de l'album. Interrogé sur celui-ci, John Lennon commente ironiquement : « Les Stones font tout six mois après nous » (Sgt. Pepper était sorti en juin). C'est une pique amicale et non une déclaration de guerre ; John Lennon, Brian Jones et Mick Jagger conserveront les meilleures relations qui soient dans le civil.
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1968 est une année décisive pour les Stones. Musicalement, avec l'échec de Their Satanic Majesties, le groupe a perdu du terrain face à ses concurrents. Cela est d'autant plus vrai que la musique du moment subit une véritable mutation apportée par des groupes comme le Jimi Hendrix Experience, les Doors ou le Grateful Dead, et que l'épicentre du rock s'est déplacé d'Angleterre vers la Californie. Alors que les Beatles concoctent leur Album Blanc, que les Who enregistrent leur opéra-rock Tommy, les Stones marquent leur grand retour en revenant aux racines du blues et du rock, d'abord avec le single Jumpin' Jack Flash, puis avec l'album Beggars Banquet. L'album est très influencé par son époque et l'esprit de contestation qui flotte dans l'air. Des titres comme Street Fighting Man, Jigsaw Puzzle ou Sympathy for the Devil font référence aux émeutes qui éclatent un peu partout dans le monde occidental. Depuis la descente de Redlands, Mick Jagger s'est positionné dans une attitude de défiance et de rébellion vis-à-vis de l'ordre établi[53]. Des titres comme Sympathy for the Devil témoignent aussi de l'influence de Marianne Faithfull sur Mick Jagger. Cette dernière l'a initié à une certaine culture littéraire puisque la chanson est inspirée du roman Le Maître et Marguerite.
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L'album, dont toute la prise de son possède une qualité technique (Parachute Woman, No Expectations, Salt of the Earth…) supérieure encore à celle du Going Home d'Aftermath, remet les Rolling Stones en selle avec des morceaux comme Sympathy for the Devil et Street Fighting Man qui vont asseoir leur réputation du groupe le plus violent de l'histoire du rock et de « greatest rock & roll band in the world ».
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En 1968, Keith Richards découvre une façon de s'accorder (l'open tuning, en sol, et en retirant la 6e corde -la plus grave- de sa guitare) qui marque le nouveau son des Rolling Stones, pour les albums qui suivront. En effet, cet accordage qui est utilisé par les bluesmen permet aux Stones de changer leur façon de composer. Certains pourront regretter que celui-ci appauvrisse l'aspect mélodique de leurs chansons, d'autres salueront les innombrables chansons qui seront le fruit de l'open tuning (Jumpin' Jack Flash, Street Fighting Man, You Can't Always Get What You Want, Honky Tonk Woman, Gimme Shelter, Happy, Start Me Up pour n'en citer que quelques-unes).
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Brian Jones, bien que leader dès l'origine, est exclu du groupe en juin 1969. Cela faisait quelques années que le guitariste des Stones était à l'écart dans le groupe. Depuis que le duo Mick Jagger/Keith Richards s'était imposé dans la création musicale du groupe, Brian Jones avait perdu de son influence et vivait mal cette situation. L'abus de drogues et d'alcool, les diverses arrestations ainsi que le fait qu'Anita Pallenberg, son ancienne petite amie soit désormais dans les bras de Keith Richards n'avaient pas arrangé les choses et ses relations avec le reste du groupe. Les participations de Brian aux albums sont de plus en plus erratiques comme le montre une des séquences du film de Jean-Luc Godard réalisé en 1968, Sympathy for the Devil. Il a du mal à se concentrer et à jouer en studio, les techniciens du son allant jusqu'à le laisser interpréter un morceau tout en lui coupant son micro de manière à ne pas enregistrer de fausses notes sur la piste. Plus grave pour le groupe, ses problèmes judiciaires ne lui permettent plus de suivre le groupe en tournée, puisque les États-Unis ne lui délivreront pas de visa. Incapable d'assurer les enregistrements studio et les concerts, il est remplacé par Mick Taylor et se retire du groupe le 9 juin 1969[54]. Quelques semaines plus tard, Brian Jones meurt le 3 juillet 1969, noyé dans sa piscine.
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Le grand retour à la scène date du 5 juillet 1969, lors du concert gratuit à Hyde Park, devant près de 500 000 personnes, le premier depuis deux ans et demi, pour l'intronisation du nouveau guitariste Mick Taylor, qui vient de chez John Mayall (qui a fait découvrir Eric Clapton et Peter Green) et, fait non prévu, pour rendre un hommage à Brian Jones, décédé 2 jours plus tôt. Mick Jagger lira à cette occasion un poème de Percy Bysshe Shelley, Adonaïs. Mick Taylor contribuera à renforcer les racines blues des Rolling Stones et sa participation aux albums Exile on Main Street et Sticky Fingers marqueront le retour à des compositions et des productions plus épurées. Le concert d'Hyde Park est le prélude à une grande tournée américaine où ils n'ont plus joué depuis trois ans. La grande tournée qui contient vingt-trois dates et dix-sept villes, démarre le 1er novembre 1969. Le spectacle est très bien rodé et le groupe apparaît plus professionnel qu'il ne l'a jamais été[55]. La tournée américaine de 1969 sera immortalisée par l'album en public Get Yer Ya-Ya's Out!, où les riffs de Keith Richards et les solos de Mick Taylor sont d'une efficacité redoutable.
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L'album Let It Bleed qui paraît en décembre 1969, est le dernier album auquel Brian avait participé même s'il ne s'agit que de deux morceaux. L'album se situe dans la lignée de Beggars Banquet. Il est aussi « violent » que l'album précédent avec des titres tels que Gimme Shelter, You Can't Always Get What You Want et surtout Midnight Rambler (qui évoque Albert DeSalvo, l'étrangleur de Boston), qui deviendra un classique sur scène. Le titre Let It Bleed (Que ça saigne !) est assez représentatif de ce qui s'est passé autour des Rolling Stones lors de l'année 1969, avec notamment la mort de Brian Jones et le concert meurtrier d'Altamont (voir plus bas).
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À la fin de l'année 1969 et durant l'année 1970, les Rolling Stones sont confrontés à deux évènements majeurs et tragiques qui vont changer leur histoire : le fiasco d'Altamont en décembre 1969 marquant la fin des années 1960 et la perte du catalogue de la décennie au moment où le groupe quitte le label Decca en 1970.
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À l'issue de leur tournée américaine de 1969 qui marque leur grand retour aux États-Unis, et regrettant de n'avoir pu jouer au festival de Woodstock, les Stones décident de donner un concert-événement gratuit, le 6 décembre 1969. La préparation est catastrophique en raison de la difficulté de trouver un lieu pour le concert. D'abord envisagé à San José puis à San Francisco, c'est finalement le circuit d'Altamont qui est choisi. Le concert rassemble plus de 300 000 personnes. Au fil des prestations des groupes en première partie, de violentes bagarres éclatent, notamment entre les Hells Angels payés en bières par les Stones pour assurer la sécurité, et le public. La prestation des Stones est émaillée de nombreux incidents. Alors que le groupe joue Under My Thumb, un adolescent noir de 18 ans, Meredith Hunter, est poignardé à multiples reprises par un Hells Angels, alors qu'il n'est qu'à quelques mètres de la scène et qu'il brandit une arme, qui ne sera jamais retrouvée. La scène est filmée et est présente dans le documentaire Gimme Shelter. Ce mini-festival, qui fera quatre morts, marquera la fin de l'utopie hippie et amènera les Stones à être plus rigoureux dans l'organisation de leurs concerts.
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Cet évènement, avec la séparation des Beatles l'année suivante, l'affaire Charles Manson, les morts en série d'artistes morts à 27 ans (« le club des 27 ») comme Brian Jones, met fin aux années 1960.
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Mick Taylor apporte une certaine virtuosité à la musique du groupe. Avec la séparation des Beatles, les Rolling Stones se retrouvent au premier plan et peuvent prétendre au titre de « plus grand groupe de rock'n'roll » (titre officieux qu'ils s'étaient arrogés[55] dès la tournée 1969).
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En 1970, parait le second album live du groupe, Get Yer Ya-Ya's Out, considéré comme un des meilleurs albums live de l'histoire du rock. Ce sera le dernier disque du groupe avec Decca, le contrat arrivant à son terme. Cependant, il n'est pas renouvelé et le groupe quitte officiellement Decca (à la limite de la banqueroute malgré ses très fortes ventes et ses tournées à guichets fermés) en février 1971 après la fin des sessions d'enregistrements de leur prochain disque et doivent se rendre « en exil fiscal » en France (car il s'avère que leur maison de disque n'a pas payé leurs impôts sur leurs droits d'auteurs). Mais trois semaines plus tard, les Stones se séparent de l'homme d'affaire Allen Klein après avoir découvert avec stupeur qu'ils ont perdu leurs masters et droits d'édition de leur discographie jusqu'en 1970. Désormais, celle-ci est gérée par ABKCO, la société de Klein[41].
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En 1971, les Rolling Stones sortent l'album Sticky Fingers avec la célèbre pochette fermeture-éclair, dessinée par Andy Warhol. C'est le premier disque à sortir sous leur label The Rolling Stones Record fondé à peine deux mois plus tôt. Les références au sexe et à la drogue sont explicites, les compositions sont excellentes (Brown Sugar, Wild Horses, Bitch, Sister Morphine, Dead Flowers). Mick Taylor apporte un nouveau souffle au groupe qui entame la même année une tournée d'adieu au Royaume-Uni. C'est en effet en France, sur la Côte d'Azur que le groupe pose ses valises pour échapper au fisc anglais. En 1972, le groupe sort son premier double album Exile on Main St. dont la plupart des titres sont enregistrés dans la villa Nellcôte, à Villefranche-sur-mer où réside Keith Richards, ainsi que dans la Bastide du Roy à [(Antibes]) où réside [(Mick Jagger]) et [(Bianca]) enceinte. De nombreux invités (Bobby Keys, Gram Parsons…) participent à l'album et aux interminables sessions d'enregistrement ponctuées par les injections d'héroïne, drogue à laquelle Keith s'adonne[56]. L'album ne contient pas vraiment de hit majeur, sauf Tumbling Dice et Happy chanté par Keith Richards. La chanson Sweet Black Angel, est un hommage à Angela Davis, et le blues y est omniprésent. L'album n'est pas très bien accueilli par la critique, mais cette même critique le classera vingt ans plus tard parmi les dix meilleurs albums de tous les temps (Rolling Stone Magazine).
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À la suite de l'album, les Stones se lancent dans une gigantesque tournée aux États-Unis où ils ne sont plus retournés depuis Altamont. La tournée (intitulé STP : Stone Touring Party, jeu de mots sur le STP qui est une amphétamine — le 2,5-diméthoxy-4-méthylamphétamine) a son cortège de sexe, drogues, rock'n'roll et télévisions défenestrées par Richards et Bobby Keys dans un hôtel. Le film-documentaire Cocksucker Blues tourné par Robert Frank pendant la tournée nord américaine en témoigne mais ne sortira pas, car présentant une vision trop crue du groupe (drogues, groupies, destruction de chambres d'hôtel, scènes d'orgies dans un avion). Une polémique porte sur ce film, car différentes scènes auraient été mises en scène.
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En 1973, l'inspiration du groupe s'appauvrit, Keith Richards commence à connaître des problèmes du fait de l'héroïne. La villa Nellcôte devint un repaire d'héroïnomanes (dont Anita Pallenberg), et fut surveillée par la police. En décembre 1972, la police trouva motif à inculper Keith Richards pour usage et trafic de drogue[57]. Si le guitariste eut le temps de quitter les lieux, il fut déclaré persona non grata dans l'Hexagone, y privant le groupe de tout concert pour plusieurs années. L'album qui sort en 1973, Goat's Head Soup, enregistré en Jamaïque, comporte un succès commercial avec Angie. Pour la tournée européenne qui promeut l'album, du fait de leurs démêlés judiciaires en France, les Rolling Stones et la radio RTL affrètent un train spécial pour un concert exceptionnel donné à Bruxelles. Le bootleg Brussels Affairs en reflète le son, notamment les prestations de Mick Taylor, et sera officiellement publié en 2011 dans la série From the Vault dans son intégralité.
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En 1974 sort l'album It's Only Rock 'N Roll, premier album produit sous le vocable Glimmer Twins, surnom du duo Jagger - Richards. L'album ouvre sur le titre If You Can't Rock Me avec Keith Richards à la basse, suivi de Ain't Too Proud To Beg, reprise des Temptations. Dans Time Waits For No One, Mick Taylor opère un solo inspiré. Fingerprint File, d'obédience soul, fait référence aux exactions du FBI et des dictatures sud-américaines.
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À la grande surprise de tous, Mick Taylor quitte les Stones après l'album It's Only Rock 'N Roll[58] en décembre 1974. Il sera remplacé par Ron Wood, issu des Faces et ayant travaillé avec Rod Stewart et Jeff Beck (en tant que bassiste). De nombreuses rumeurs ont circulé à propos du départ de Taylor (qui ne s'est jamais expliqué clairement sur ses raisons). La raison la plus répandue est qu'il en avait marre de ne pas être crédité pour son apport sur certains morceaux[59]. Mais, il semblerait aussi qu'il avait du mal à se sentir réellement intégré au groupe et que sa dépendance à l'héroïne a joué aussi dans sa décision de s'éloigner des Stones[59].
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Avec le départ de Mick Taylor et l'arrivée de Ron Wood, le groupe perd un virtuose mais gagne un guitariste qui correspond plus à leur image (très sex, drugs and rock'n'roll). De plus, l'arrivée de Ron Wood permet un retour au guitar weaving, cette technique particulière qui entremêle les deux guitares (sans distinction entre le guitariste soliste et le guitariste rythmique : chacun alternant ce rôle) qui était la marque de fabrique des Stones du temps où Brian Jones et Keith Richards jouaient ensemble. La technique de Mick Taylor l'avait imposé comme soliste et contraint Richards à ne se contenter que de la rythmique. Dans le monumental livre Rolling Stones, Ron Wood explique s'être longtemps senti le « petit nouveau », et pas Stone à part entière (à juste titre puisque jusqu'en 1993, il ne sera qu'un salarié du groupe avant d'être intégré comme membre à part entière des Stones). Les choses changeront pendant la durable brouille de 1988 entre Mick Jagger et Keith Richards, qui enregistreront alors en solo ; se disant qu'après tout il a alors davantage d'ancienneté que n'importe quel membre ayant quitté les Stones, il prend sur lui d'amener Jagger et Richards à la réconciliation. Celle-ci se concrétisera par l'album Steel Wheels en 1989.
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L'arrivée de Ron Wood est salutaire pour le groupe par sa capacité à soutenir en studio et sur scène les errances de Keith Richards, qui a du mal à assurer sa place en raison de sa dépendance grandissante à l'héroïne, sa contribution aux albums du groupe est de plus en plus erratique[60] et même sur scène, il a du mal à tenir son rôle. Lors d'une tournée européenne, en Allemagne, en 1976, Keith Richards, abruti par les drogues, s'évanouit sur scène à Francfort puis quelques jours plus tard, s'endort littéralement pendant un morceau à Münster. Si Mick Jagger réussit à maintenir le groupe à flots, Keith Richards est aux abonnés absents.
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Les années 1970 seront une période trouble pour Keith Richards à qui les médias attribuent le titre peu envié de « l'être humain le plus élégamment dévasté[61] ». Outre ses addictions, il est aussi affecté par la mort de ses proches : son fils Tara meurt âgé de dix semaines en 1976, son grand ami Gram Parsons en 1973… Ses diverses arrestations comme en Arkansas en 1975 ou à Toronto en 1977 et les interdictions de séjour qui en découlent mettent en péril l'avenir du groupe et l'obligent à constamment déménager (France, Suisse, Jamaïque). Il y a aussi les doutes musicaux. La fin des années 1970 voit apparaître des musiques nouvelles comme le punk ou la disco, qui donnent un coup de vieux à des groupes comme les Rolling Stones. Joe Strummer, guitariste du Clash déclare : « En 1977, plus d'Elvis, plus de Beatles, plus de Rolling Stones[62] ! » pour signifier sa défiance à l'égard de musiques qui selon lui, appartiennent au passé.
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L'arrestation de Keith Richards à Toronto en 1977, qui risque sept ans de prison, met le groupe en péril et jette le doute sur la pérennité de sa présence au sein des Stones. Il est sauvé in extremis de la prison par une fan aveugle — (en)Blind angel comme l'a surnommée Keith — qui convainc le juge d'infliger au groupe la peine de donner un concert pour lever des fonds pour la cause des aveugles. Keith Richards reconnaîtra plus tard qu'elle lui a probablement sauvé la vie. Cet événement incite le guitariste à se débarrasser de sa dépendance à l'héroïne qui génère de nombreux problèmes pour le groupe. Peu à peu, Keith Richards se défait de ses addictions, en même temps qu'il se défait de la présence de sa compagne, Anita Pallenberg, héroïnomane comme lui.
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Paradoxalement, malgré la défiance du punk, les albums des Stones entre 1974 et 1981 atteignent à chaque fois la première place au hit-parade des ventes. It's Only Rock 'N Roll (1974), Black and Blue (1976), Some Girls (1978), Emotional Rescue (1979) et Tattoo You (1981) sont tous numéro un des ventes. Le groupe s'essaie à des musiques nouvelles qui collent à leur époque comme le funk (Hot Stuff sur l'album Black and Blue), le reggae (Cherry O Baby) ou le jazz (Melody).
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De même, les concerts sont de plus en plus gigantesques et importants par les foules qu'ils attirent, les lieux où ils se déroulent et les moyens qu'ils nécessitent. L'attraction de la tournée 1975 est un pénis gonflable de six mètres[63]. C'est surtout grâce à Mick Jagger que le groupe arrive à se maintenir dans la décennie malgré la concurrence du punk ou de la disco. De l'aveu de Keith Richards, c'est Mick qui s'est occupé des affaires du groupe aussi bien sur le plan artistique que sur le plan économique[64]. L'album Love You Live sorti en 1977 est un bon témoin de ces tournées de plus en plus grandes.
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En 1978, le groupe retrouve le succès avec Some Girls, qui proposera des chansons répondant à la vague punk (When The Whip Comes Down, Lies) et disco avec le tube Miss You. S'il est aujourd'hui son album le plus vendu, le groupe réussit encore à s'attirer les foudres des bien-pensants notamment à cause des paroles et de la pochette du disque jugées sexistes[65]. Par la suite, Les Rolling Stones jouent dans des stades pouvant contenir plus de 80 000 personnes et ils sont les premiers à le faire[66].
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Après la tournée, le groupe enregistre l'album suivant, Emotional Rescue (en référence à Keith Richards qui a réussi à s'en sortir avec ses problèmes de drogues) qui sort en 1980. Durant les sessions fin 1978 à Pathé Marconi à Paris, les Rolling Stones côtoient le groupe de rock français Téléphone qui répète les chansons de l'album Crache ton venin dans la pièce d'à côté. Pour l'occasion, Mick Jagger dira aux membres qu'un groupe avec une fille (en l'occurrence la bassiste du groupe) ne marchera pas longtemps[67]. Un peu plus de sept ans plus tard, Téléphone se sépare.
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Puis, avec l'aide de leur ingénieur du son de leurs derniers albums (depuis 1978) Chris Kimsey, le groupe ressort des tiroirs les chansons non gardées des derniers disques depuis 1973, sur lesquels des overdubs sont effectués; résultant l'album Tattoo You, qui sort l'année suivante, avec les tubes Start Me Up et Waiting On A Friend. De ces deux disques en résulte une nouvelle tournée mondiale géante, en témoigne l'album live Still Life sortie l'année suivante.
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Le retour aux affaires de Keith est pourtant le début de nouveaux problèmes pour le groupe. Selon Keith Richards, Mick Jagger avait pris la tête du groupe dans les années 1970, lorsque lui-même était dépendant de l'héroïne, et maintenant que le guitariste allait mieux, il n'était plus disposé à partager ce pouvoir[64]. Les premiers problèmes apparaissent lors de l'enregistrement d'Emotional Rescue[68], en 1979 et culmineront avec la sortie de Dirty Work en 1986. Si le groupe continue d'enregistrer des albums et à jouer des concerts, Keith Richards et Mick Jagger ne se côtoient pratiquement plus et ne s'adressent plus la parole.
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Mick Jagger semble de plus en plus tenté par une carrière solo. Après deux collaborations avec Michael Jackson pour State of Shock en 1984 et David Bowie pour Dancing in the Street en 1985, il sort son premier album solo, She's the Boss, en 1985, suivi de Primitive Cool en 1987. Les velléités de carrière solo de Mick provoquent l'ire de Keith Richards qui déclare même en 1986 : « Si Mick fait une tournée sans nous, je lui coupe la gorge[69] ». Les autres Stones eux-mêmes se tiennent désormais à l'écart d'un groupe qui n'a plus de groupe que le nom. Keith Richards a formé son propre groupe les X-Pensive Winos, Charlie Watts joue du jazz avec le groupe qu'il a formé, le Charlie Watts Orchestra, et Bill Wyman s'investit dans la production via le projet AIMS (Ambition, Idées, Motivation, Succès). Selon Wyman, Mick est le responsable des problèmes des Stones parce qu'il a décidé de « faire son propre truc tout seul sans le groupe[37] ».
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En 1983, après la sortie de l'album Undercover, le contrat de distribution avec Atlantic touchant à sa fin, le groupe signe un nouveau contrat avec CBS. Cet évènement va provoquer la discorde car aucun des membres n'a été averti qu'il concerne non seulement les prochains albums, mais aussi trois albums solos de Mick Jagger, dont le premier doit sortir en premier avant celui du groupe[70]. Après la promotion de l'album précédent Undercover, Mick Jagger informe se camarades qu'il va enregistrer son premier album solo (She's the Boss) de mai à novembre 1984 pour une parution l'année suivante[70]. À ce moment-là, le sommet des troubles est atteint en 1985 et 1986 avec l'album Dirty Work, sur lequel Bill Wyman et Charlie Watts jouent volontiers les absents : Bill commence à fréquenter Mandy Smith, 14 ans, et Charlie doit soigner son alcoolisme, tandis que Mick Jagger est plus concentré sur sa carrière solo que celle au sein du groupe. Le 13 juillet 1985, alors que le groupe est sollicité pour participer au Live Aid, seuls trois membres y participent séparément en raison des tensions, et Mick Jagger y interprète Dancing in the Streets avec David Bowie. Plusieurs invités contribueront à Dirty Work, dont Tom Waits, Jimmy Cliff, Steve Naive, le guitariste Jimmy Page et Bobby Womack, ainsi que Steve Lillywhite (connu pour avoir travaillé avec U2 et les Simple Minds) à la production pour être en phase avec le son du moment. C'est pendant l'enregistrement de l'album que décède Ian Stewart, l'ami fidèle et un des membres fondateurs du groupe, qui vivait dans leur ombre. Le titre de l'album est un clin d'œil aux fans, qui connaissent les difficultés du groupe.
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À la sortie de l'album, bien qu'il rencontre le succès (ce qui est habituel), le groupe ne fera pas de tournée en raison de nombreuses tensions, et Mick Jagger annonce qu'il ne jouera plus jamais avec eux et se lance intégralement dans sa carrière solo avec son second album Primitive Cool. Keith Richards décide donc lui aussi de se lancer en solo avec l'album Talk Is Cheap qui sort en 1988.
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En janvier 1989, lors de l'intronisation du groupe au Rock and Roll Hall of Fame à Cleveland, aux États-Unis, les deux Glimmer Twins s'évitent mais finiront quand même par se parler (probablement aux réjouissances de fin de soirée) et décideront de se revoir au cas où l'« alchimie » fonctionnerait de nouveau.
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Ils synchronisent finalement leurs agendas et se retrouvent en mars 1989 à la Barbade. C'est là qu'ils signent un lucratif contrat avec CPI (Concert Production International) pour une tournée de cinquante concerts en Amérique du Nord, contre un cachet de 65 à 70 millions de dollars[71]. Il s'agit à l'époque, du plus lucratif contrat de l'histoire du rock[71]. À l'été 1989, les Rolling Stones se rendent à Tanger, au Maroc pour enregistrer Continental Drift avec les Master Musicians of Jajouka dirigé par Bachir Attar, pour l'album Steel Wheels. Le groupe se rend ensuite à Montserrat au studio Air pour enregistrer Steel Wheels qui sortira en août 1989. Une forme de renaissance viendra avec cet album, qui verra les Stones, à nouveau soudés, retrouver l'inspiration et l'envie de jouer ensemble. La tournée nommée elle aussi Steel Wheels, la première du groupe depuis sept ans, débute le 31 août 1989 et finit le 19 décembre. Mais elle se poursuit l'année suivante au Japon puis en Europe, sous le nom d'Urban Jungle Tour. Au total la tournée rapportera 270 millions de dollars, un record pour l'époque[72].
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Entretemps, le groupe publie un nouvel album live, Flashpoint, en avril 1991, sur lequel on retrouve deux chansons inédites, les dernières enregistrées avec Bill Wyman en janvier 1991 : Sex Drive et Highwire. Cette dernière sortie en single arrive en tête de classement aux Etats-Unis en pleine Guerre du Golfe qui y est évoquée. À la fin de la tournée, le groupe se met au repos le temps que les membres se consacrent à leurs carrières solo.
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Le 19 novembre 1991, le groupe signe chez Virgin Records un contrat de 44 millions de dollars pour trois albums. Cependant, le bassiste refuse de le signer car il a décidé d'arrêter la musique pour passer à autre chose, se consacrer à d'autres passions. Les autres membres acceptant la décision avec tristesse décident de ne pas dévoiler pour l'instant cette information au public[73]. Visiblement lassé de ne pas être crédité pour ses contributions, et peut-être aussi des tournées incessantes dans les stades ou bien aussi par son avance en âge sur les autres[74], son départ est officialisé le 6 janvier 1993 pour prendre sa retraite[75]. Il forme les Rhythm Kings, groupe comprenant des « requins de studios », tous de ses amis, comme Peter Frampton, Albert Lee ou Gary Brooker, et enregistre plusieurs albums aux consonances blues et jazz. Il est remplacé par Darryl Jones, choisi par Charlie Watts, qui amène une basse encore plus pesante que Bill Wyman et qui sied très bien au son des Stones ; Darryl Jones ne sera jamais considéré comme un « vrai Stone » et ne sera pas présent sur les photos publicitaires des Stones, bien qu'il soit très apprécié des membres du groupe.
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En 1993, après le départ officiel du bassiste et la publication de la publication de la compilation Jump Back par Virgin (regroupant les meilleures chansons de 1971 à 1989), le groupe se remet au travail pour réaliser l'album Voodoo Lounge. L'enregistrement se déroule principalement en Irlande avec Don Was comme producteur qui est très apprécié par les membres pour son travail et sa diplomatie (surtout entre les idées de Mick Jagger et celles de Keith Richards). À sa sortie en 1994, l'album encore plus roots que Steel Wheels, rencontre le succès commerciale et critique et donne l'impression une fois de plus que les Stones sont de retour. Le groupe remporte donc le Grammy Award du meilleur album rock.
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Si les tournées se font dans des grands stades et deviennent un vrai business industriel[76], Keith insistera pour pouvoir toujours jouer dans des petites salles, plus ou moins officiellement, usant parfois de pseudonymes pour le groupe, afin de rester près de ses fans. En 1995 pendant la tournée Voodoo Lounge (qui sera retracée près de 25 ans plus tard dans l'album live Voodoo Lounge Uncut), alors que l'émission MTV Unplugged est un succès grâce aux récentes performances d'Eric Clapton (album Unplugged en 1992) et de Nirvana (MTV Unplugged in New York en 1994), le groupe veut tenter l’expérience du live acoustique et sort Stripped. Elle comprend une série d'enregistrements live joués en partie à l'Olympia de Paris et en partie au Paradiso Club d'Amsterdam ainsi que quelques titres en studio au Japon dans le cadre de répétitions. Toutes ces chansons sont jouées en acoustique comme dans l'émission MTV Unplugged. L'album reçoit un accueil critique mitigé. Une nouvelle version de l'album ne comportant que les chansons live paraîtra en 2016 sous le nom de Totally Stripped.
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Les Stones sortent un nouvel album en 1997 (Bridges to Babylon), marqué par la volonté de s'inscrire dans l'air du temps (production des The Dust Brothers, basse de Meshell Ndegeocello, cosignature à l'amiable du premier single avec k.d. lang) tout en gardant le son traditionnel. Cet album donne l'occasion d'une nouvelle tournée mondiale, qui durera de septembre 1997 à septembre 1998, pour reprendre de janvier à juin 1999. Durant la tournée, le groupe sera le premier artiste à se produire au Stade de France le 25 juillet 1998 où il est accompagné de l'ancien Téléphone Jean-Louis Aubert en première partie. Entre-temps, le groupe réalise le clip du titre vedette Anybody Seen My Baby? en mettant en scène Angelina Jolie.
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En 2002, le groupe publie pour les 40 ans la double compilation Forty Licks comportant sur le premier disque leurs chansons appartenant à ABKCO (années 1960) et le second ceux de 1971 à 2002 avec quatre inédits, dont le tube Don't Stop. Cette sortie sera suivie d'une nouvelle tournée mondiale.
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Pour fêter leurs quarante années de carrière, les Rolling Stones repartent en tournée mondiale en 2002-2003. Le groupe n'a pas d'album à promouvoir cette fois, sinon une compilation qui comporte quatre titres inédits, Forty Licks. Elle contient sur le premier disque leurs chansons appartenant à ABKCO (années 1960) et le second ceux de 1971 à 2002 avec quatre inédits, dont le tube Don't Stop et Losing My Touch chanté par Keith. Pour cette tournée ils répètent plus de quatre-vingts chansons tirées de l'ensemble de leur répertoire (notamment des chansons jamais jouées sur scène comme Can't You Hear Me Knockin'). Ils en profiteront aussi pour écumer un grand nombre de petites salles, dont de nouveau l'Olympia de Paris. La tournée est remarquée pour sa vigueur, le plaisir qu'ils ont à jouer ensemble, le son et l'énergie. Elle sera l'occasion du premier DVD des Rolling Stones, Four Flicks, qui donne trois concerts (à New York au Madison Square Garden, à Paris à l'Olympia et au Stade de Twickenham) et plus de quarante chansons.
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En 2004, après la fin de la tournée Forty Licks pour fêter les 40 ans des Rolling Stones, le batteur Charlie Watts annule sa tournée avec son groupe de jazz en juin, car il est atteint d'un cancer de la gorge et commence déjà les soins, bien avant l'annonce officielle deux mois plus tard le 14 août. La presse s’interroge si le groupe doit continuer sans lui[77]. En attendant, Keith Richards et Sir Mick Jagger (anobli en 2003) se retrouvent au domaine de celui-ci, le château de Fourchette[78] pour écrire de nouvelles chansons[79]. De plus, le groupe doit également se passer du guitariste Ronnie Wood parti en cure de désintoxication pendant un an.
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En attendant l'issue de la maladie du batteur, Mick Jagger et Keith Richards participent à la cérémonie du Rock and Roll Hall of Fame le 15 mars 2005 pour y faire entrer Jann S. Wenner (le directeur du magazine Rolling Stone) et le groupe ZZ Top.
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De novembre à décembre 2004, puis en mars et avril 2005, le groupe sans Ronnie Wood enregistre un nouvel album toujours produit par Don Was dans une petite pièce du château en prise live, se voulant un retour aux sources avec un son brut et direct dans l'esprit des albums Exile on Main Street, Elephant des White Stripes ou encore Thickfreakness des Black Keys. Puis le groupe se rend à Los Angeles avec Ronnie pour finaliser et mixer l'album dans différents studios[77].
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Le nouvel album intitulé A Bigger Bang parait le 5 septembre 2005. Il est leur dernier album à ce jour enregistré en studio avec des compositions originales. Quelques jours plus tard, la femme du batteur annonce que son mari est guéri de son cancer[77].
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L'album A Bigger Bang apparaît à certains, à nouveau, comme une résurrection. Mais peinant quelque peu à se renouveler avec cet album de plus, ils ne font pas illusion auprès d'une partie de la critique et des fans. Leur dernière tournée mondiale, nommée elle aussi A Bigger Bang, commence le 21 août 2005 à Boston (États-Unis). Après les étapes américaines (Nord et Sud), asiatiques et en Océanie, un accident très médiatisé de Keith Richards (tombé d'un cocotier, indemne, il a eu un accident de jet-ski le jour même[80]) a contraint le groupe à différer l'ouverture de la tournée européenne, bouleversant nombre de dates et en en annulant quelques-unes. En France, deux concerts initialement prévus au Stade de France, furent fondus en une seule soirée le 28 juillet 2006, l'une de leurs meilleures prestations dans l'Hexagone selon de nombreux avis. Les Rolling Stones sont également à Nice le 8 août 2006, renouant pour un soir au Palais Nikaïa (stade Charles-Ehrmann) avec leurs années « Riviera ». Se confirme aussi un retour de la tournée aux États-Unis, prévue dès septembre pour plusieurs mois.
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A Bigger Bang devient tournée la plus lucrative de l'histoire de la musique, avec 558 millions de dollars de recette[81] et une audience de 4,6 millions de personnes pour 144 représentations[82]. Le groupe a également attiré deux millions de personnes lors du concert gratuit de Rio de Janeiro, sur la plage de Copacabana, en février 2006. Ainsi depuis la sortie de Voodoo Lounge en 1994, les Rolling Stones ont passé plus de sept ans sur scène, avec un évident plaisir qui, même s'il n'est pas dénué de manœuvres commerciales et de gains colossaux, démontre, s'il le fallait encore, que le groupe représente alors, avec les Who (reformés en 1989), Paul McCartney et Ringo Starr, le seul témoignage de l'âge d'or du rock'n'roll[83], et la preuve que leur musique est intemporelle.
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Les Stones sont considérés, avec Bob Dylan, les Beach Boys, les Beatles, les Who, Led Zeppelin et quelques autres, comme des inventeurs de la musique populaire moderne. Dès leurs débuts, ils ont tenu à catégoriser leur musique comme du rhythm and blues (d'après Ray Charles, c'était le nom donné autrefois au rock and roll avant qu'il ne devienne à la mode), et se réclamèrent à plusieurs reprises de la filiation des grands bluesmen. Légendaires, ils continuent à attirer les foules, et apparaissent lors de grands événements, comme lors du Super Bowl[84], ou lors des célébrations de la fin de l'embargo américain à l'encontre de Cuba.
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En février et en mars 2010, après de multiples rumeurs sur une éventuelle tournée, les Rolling Stones annoncent dans la presse qu'à l'occasion de la sortie de l'album de 1972 Exile on Main St. remastérisé, ils publieront une dizaine de chansons enregistrées à cette époque. D'après une interview publiée dans le magazine Rolling Stone, ils auraient même placé de nouvelles pistes de guitares et de chant sur certains titres. Dans la même interview, Keith Richards ne dément pas une rumeur selon laquelle Mick Taylor serait venu enregistrer avec eux[85]. En 2011, l'album Some Girls est ressorti avec douze nouvelles chansons.
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L'année 2012 est marquée par la célébration des cinquante ans de carrière des Rolling Stones. En août, le site officiel annonce la sortie pour le 13 novembre 2012 d'un coffret best of de 3 CD intitulé GRRR! avec en bonus deux nouvelles compositions enregistrées en août 2012 à Paris : One more shot et Doom and Gloom[86] (le clip vidéo de Doom and Gloom a été tourné dans les studios de la Cité du cinéma de Luc Besson à Saint-Denis). Cinq concerts exceptionnels ont lieu en fin d'année 2012 : deux à l'O2 Arena de Londres, deux autres au Prudential Center de Newark, près de New York, et un cinquième, intercalé, au Barclays Center de Brooklyn à New York. Afin d'être prêts pour les concerts londoniens et new-yorkais, les Rolling Stones ont répété dans un studio à quelques kilomètres de Paris et ont offert un concert-surprise au Trabendo de Paris devant 700 fans le 25 octobre 2012.
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Pour 2013, une tournée est confirmée par le groupe, avec neuf dates, de mai à juin, en Amérique du Nord, dans des salles de type « arena », un concert au festival de Glastonbury le 29 juin, ainsi qu'à Hyde Park à Londres le 6 juillet et le 13 juillet[87]. L'événement marquant de cette tournée anniversaire est la participation de Mick Taylor à quelques morceaux[88],[89]. Durant cette tournée nord-américaine, sa participation est systématique lorsque le groupe joue Midnight Rambler, participation qui s'étendra à d'autres morceaux comme Sway, Can't You Hear Me Knocking, et (I Can't Get No) Satisfaction, jouée en dernier rappel lors de cette tournée[90].
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De nombreux autres artistes rejoignent le groupe sur scène durant cette tournée : Lady Gaga, Sheryl Crow, Katy Perry, Aaron Neville, Tom Waits, Florence Welch (du groupe Florence and the Machine), Eric Clapton. Des chorales locales accompagnent le groupe sur You Can't Always Get What You Want, comme The Crossing (Philadelphie) ou la Cawthra Park Chamber Choir (Toronto). En février 2014, le groupe entame sa nouvelle tournée, 14 on fire qui débute par Abu Dhabi. Le Japon et la Chine suivent, puis le continent européen en mai et juin 2014, avec 14 dates qui rassembleront un total de 782 000 spectateurs[91]. La tournée se poursuivra en octobre-novembre 2014 par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, tournée prévue initialement en mars, mais reportée à la suite du décès de la compagne de Mick Jagger.
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À partir du 20 mai 2015, les Rolling Stones entament une tournée américaine de 16 dates, intitulée Zip Code, en référence à la réédition remasterisée de leur album Sticky Fingers. Cette tournée s'est clôturée le 15 juillet à Québec, ceci alors que les rumeurs concernant un nouvel album se font insistantes[92]. Ces rumeurs se voient finalement confirmées par Keith Richards lui-même qui, à l'occasion de la sortie de son album solo le 18/09/2015, annonce que le groupe enregistrera bien un nouvel album début 2016[93]. Du 3 février au 17 mars 2016, les Rolling Stones se produisent dans les stades d'Amérique Latine qui affichent tous complet, pour une tournée baptisée « America Latina Olé », qui démarre à Santiago du Chili et s'achève à Mexico, en passant par Buenos Aires, Montevideo, Rio de Janeiro, Sao Paulo, Porto Alegre, Lima et Bogota[94]. Le 1er mars 2016, Les Rolling Stones annoncent qu'ils vont donner un concert gratuit le 25 mars à Cuba, à La Havane. C'est le premier grand groupe de rock à se produire dans l'île. Cela s'explique par le fait que le rock a été interdit durant de nombreuses années à Cuba[95]. Les Stones se produisent à la « Ciudad Deportiva » de La Havane devant plus de 500000 spectateurs (la maison de disque avait annoncé 1,2 million)[96]. Un film documentant cet événement exceptionnel sort en septembre 2016 sous le titre Havana Moon[97].
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À l'orée des cinquante-cinq ans de carrière du groupe le 6 octobre 2016, le groupe annonce sur les réseaux sociaux qu'un nouvel album enregistré en studio (le premier depuis 11 ans) sortira le 2 décembre 2016 constitué uniquement de reprises de leurs maîtres en Blues[98]. Il s'agit de l'album Blue and Lonesome tout en humilité donc, qui connaîtra un succès commercial et sera considéré par les lecteurs du magazine Rolling Stone dès la première semaine de sa parution comme l'un des 10 meilleurs albums de l'année[99].
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En 2017, les Rolling Stones lancent une nouvelle tournée, européenne cette fois-ci, intitulée No Filter Tour, avec un visuel rappelant légèrement le No Security Tour. Cette tournée de 14 concerts débute le 9 septembre à Hambourg pour se clôturer le 25 octobre à Paris, où le groupe se produit trois fois en inaugurant la toute nouvelle U Arena de Nanterre.
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Le 7 juillet 2017 le quotidien britannique NME annonce un album retraçant les premiers passages du groupe à la BBC pour une parution le 1er décembre 2017[100],[101].
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Le 24 juillet 2017, d'après le magazine Rolling Stone, Keith Richards annonce que le groupe retourne en studio prochainement pour l'enregistrement d'un nouvel album[102], alors que la maison de disque ABKCO annonce huit jours plus tard la ressortie de l'album Their Satanic Majesties Request le 22 septembre 2017 remastérisé pour les cinquante ans de l'album[103].
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En décembre 2017, ABKCO publie l'album On Air, constitué d'enregistrements de concerts des années 1963 à 1965 captés par la BBC, avec un son remasterisé.
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En 2018, le groupe continue sa tournée européenne No Filter Tour entamée le 9 septembre 2017, avec 14 dates prévues entre le 17 mai (Dublin) et le 8 juillet (Varsovie). Les Rolling Stones se produisent entre autres à Londres, Manchester, Marseille et Berlin[104]. À la fin de l'année, ABKCO publie la version remastérisée de l'album Beggars Banquet pour ses cinquante ans[105].
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Fin janvier 2019, Keith Richards annonce que le groupe retourne en studio pour enregistrer en une semaine un nouvel album de chansons originales toujours produits par Don Was pour une sortie vers la fin de l'année avant de retourner en tournée en Amérique à partir du 20 avril suivant. Quelques mois plus tôt, Mick Jagger et Keith Richards s'étaient retrouvés en studio avec leur producteur pour répéter les nouvelles chansons, mais préféraient prendre du recul pour voir si elles étaient bonnes[106]. En attendant l'album, c'est une nouvelle compilation intitulée Honk reprenant les 36 meilleures chansons de Sticky FIngers (1971) à Blue and Lonesome (2016) qui sort le 19 avril 2019[107].
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En mars 2019, le groupe doit annuler sa tournée au Canada et aux Etats-Unis, car Mick Jagger subit avec succès une intervention chirurgicale au niveau du cœur[108]. Cette tournée, intitulée No Filter US Tour 2019 est reportée et reprend le 21 juin 2019 à Chicago pour se terminer le 31 août 2019 à Miami[109]. La même année, le groupe publie les concerts à Bremens (en Allemagne) et à Buenos Aires (Argentine) durant la tournée No Security sur deux albums distincts qui sortent en juin (Bridges to Bremens), puis en septembre (Bridges to Buenos Aires), pendant que le label ABKCO ressort l'album Let It Bleed en version remastérisée début novembre.
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Le 5 février 2020, le groupe annonce une nouvelle tournée[110] de 15 dates intitulée Stones 2020 No Filter Tour USA/CA qui devait débuter le 8 mai 2020 à San Diego et se terminer le 9 juillet 2020 à Atlanta, avec une seule date canadienne le 12 mai à Vancouver. Toutefois, la tournée est reportée en raison de la pandémie de covid-19. Bien qu'ils soient confinés séparément, ils participent à l'événement Global Citizen par écran interposés et interprètent leur titre You Can't Always Get What You Want.
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En attendant, le groupe publie une nouvelle chanson, Living In A Ghost Town enregistré l'année précédente à Los Angeles[111]. Pour la première fois dans l'histoire du groupe, la chanson est n°1 des classements dans une vingtaine de pays, ce que le groupe n'avait jamais connu jusque là (leur dernier single n°1 était Miss You en 1978)[112].
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En juillet 2020, en attendant le concert de septembre, le groupe dévoile un titre inédit de 1974 fait avec Jimmy Page, intitulé Scarlet.
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Depuis le début en 1962, les Rolling Stones ont survécu aux nombreuses querelles[114],[115]. Ils ont sorti près de 30 albums studios, autant d'albums live et près d'une centaine de singles[116]. Selon OfficialCharts.com, les Stones sont classés au quatrième rang des groupes les plus vendus de tous les temps. Leur plus grand succès en single est (I Can't Get No) Satisfaction[117], considéré par beaucoup à l'époque comme "l'exemple classique du rock and roll". Les Stones ont contribué au lexique du blues, créant leurs propres « mots de code » et argot qu'ils ont utilisé tout au long de leur catalogue de chansons. Le groupe a été considéré comme l'avant-garde musicale d'une transfusion majeure de diverses attitudes culturelles, les rendant accessibles aux jeunes en Amérique et en Europe. Muddy Waters déclara que les Rolling Stones et la British Invasion suscitèrent l'intérêt du public envers les artistes de blues. Après leur arrivée aux États-Unis, les ventes d'albums de Waters, ainsi que ceux d'autres musiciens de blues, ont accru l'intérêt du public[118], contribuant ainsi à reconnecter le pays avec sa propre musique[119].
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Les Rolling Stones ont vendu plus de 240 millions d'albums dans le monde[116] et ont organisé plus de 48 tournées de durée variable, dont trois des tournées les plus lucratives de tous les temps : Bridges to Babylon Tour[113], Voodoo Lounge Tour et A Bigger Bang Tour[120]. En mai 2013, le magazine Rolling Stone les a déclarés « le groupe de référence que le rock & roll ait produit »[114]. Le Telegraph a appelé Mick Jagger "le Rolling Stone qui a changé la musique"[121]. Le groupe a fait l'objet de nombreux documentaires et a été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame par Pete Townshend en 1989[122],[123]. Les Rolling Stones ont inspiré et encadré de nouvelles générations d'artistes musicaux que ce soit des groupes[124] comme Téléphone en France dont les membres ont pu côtoyer leurs idoles en studio 1979[67] et en première partie de concert en 1982[125], et des artistes en solo[126],[127] Ils sont également crédités d'avoir changé « entièrement la gestion de l’industrie du disque »[121].
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Le groupe a reçu, et a été nominé à de nombreux prix au cours de leurs 55 ans d’existence, y compris trois Grammy Awards (et 12 nominations)[128], le prix Juno de l'artiste international de l'année en 1991[129], et le prix décerné par le magazine New Musical Express pour le meilleur album live et du meilleur film musical, pour leur documentaire Crossfire Hurricane[130].
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À l'âge de 75 ans, Mick Jagger a nommé sept perles fossilisées d'après les membres actuels et anciens du groupe. Deux espèces, Petroperla mickjaggeri et Lapisperla keithrichardsi, ont été placées au sein d'une nouvelle famille Petroperlidae. La nouvelle famille a été nommée en l'honneur des Rolling Stones, dérivés de la "petra" grecque qui signifie "pierre". Les scientifiques ont appelé les fossiles des « Rolling Stoneflies»[131].
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The Tongue (« La langue »), inspirée de la bouche de la déesse indienne Kali fut créée en 1970 par John Pasche, alors étudiant en art au Royal College of Art de Londres sur une suggestion de Mick Jagger - qui avait repéré la fameuse déesse tirant la langue sur une affiche exposée au mur d'une échoppe du quartier indien de Londres -. Avant de devenir le logo emblématique du groupe, l'illustration a été utilisée sur l'album Sticky Fingers, en 1971. Le design original a été acheté le 2 septembre 2008 par le Victoria and Albert Museum, pour plus de 63 000 euros, lors d'enchères aux États-Unis[132].
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Devenu l'un des groupes de rock les plus célèbres de tous les temps, les Rolling Stones ont créé autour de leur groupe un marché particulièrement prolifique. Celui-ci s'articule autour de quatre sources de revenus : les concerts, les albums, les produits dérivés et les droits d'auteur[133].
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S'il est impossible de donner un chiffre d'affaires global, les ventes de la billetterie sont rendues publiques. Pour les 117 concerts du 'Licks Tour' (2002-2003), 301 millions de dollars ont été dégagés. 560 millions de dollars pour les 147 concerts du "Bigger Bang" (2005 - 2007) et 120 millions de dollars pour les 14 concerts de "50 & Counting" (2012 - 2013). Portées par la popularité du logo du groupe, les ventes de produits dérivés n'ont jamais cessé de croître. Que ce soit auprès de fans[134], ou auprès du grand public par l'intermédiaire de la grande distribution (Zara ou H&M proposant régulièrement des vêtements à l'effigie du groupe). Les albums et droits d'auteur ne sont pas en reste : la longévité sur scène des Rolling Stones leur permettant de dégager des recettes substantielles et stables dans le temps.
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Selon le Sunday Times, Mick Jagger et Keith Richards seraient ainsi chacun à la tête d'une fortune de plus de 200 millions d'euros[135].
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Lors de la première formation du groupe, celui-ci comportait six membres avec le pianiste Ian Stewart. Mais ce dernier est évincé par le label Decca le jour de la signature du contrat les liant. Désormais, les Rolling Stones fonctionnent à cinq dans une formation qui n'évolue pas jusqu'en 1969 avec le remplacement du second guitariste Brian Jones (de plus en plus absent dans le groupe) par le guitariste soliste Mick Taylor. Mais en 1974, ce dernier démissionne de son poste et le groupe doit lui trouver un remplaçant durant les sessions de l'album Black And Blue en la personne de Ron Wood, le guitariste de Rod Stewart et des Faces. Enfin, le groupe passe à quatre membres en 1993 avec le départ du bassiste Bill Wyman au moment où le groupe signe un nouveau contrat de distribution. Il est remplacé de façon non officielle par Darryl Jones qui, bien qu'il suive le groupe, n'a qu'un statut d'accompagnateur.
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Le romantisme est un mouvement culturel apparu à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne et en Angleterre et se diffusant à toute l’Europe au cours du XIXe siècle, jusqu’aux années 1850. Il s’exprime dans la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, la politique et la danse et se caractérise par une volonté de l'artiste d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer ses états d'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé, l'idéal ou le cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique. Ses valeurs esthétiques et morales, ses idées et thématiques nouvelles ne tardèrent pas à influencer d'autres domaines, en particulier la peinture et la musique.
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L'adjectif romantic nait en Angleterre vers 1650, dérivé du français « roman/romanz », il fait référence aux romans du Moyen Âge, les récits versifiés en langue romane, par opposition aux ouvrages rédigés en latin : « Romantic est proche de médiéval ou de gothique d'un côté, de romanesque, merveilleux, fabuleux, imaginaire ou fictif de l'autre »[1]. Traduit en romantisch, l'adjectif passe en Allemagne à la fin du XVIIe siècle, où cette idée de « qui est semblable au roman » prend une connotation péjorative pour « éveiller dans l'âme le goût dangereux des chimères »[2]. Au cours du XVIIIe siècle, il prend la signification de « comme dans un tableau », devenant synonyme de pictural car « dans l'expérience romantique, la nature est perçue à travers le prisme de l'art (originellement, le roman) »[3]. C'est dans cette acception que le mot fait son entrée dans la langue française avec Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau où il donne le qualificatif de romantique aux rives sauvages du lac de Bienne. Coïncidant avec la mode du jardin anglais organisant la nature comme dans un tableau, il s'associe à la notion de pittoresque.
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À la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, le romantisme, revenant à son sens médiéval, s'oppose à l'Antiquité et au classicisme. Dans les années 1797-1798, Novalis forge le mot romantisieren, désignant un processus de poétisation du monde : « Le monde doit être romantisé. […] Cette opération reste totalement inconnue. En conférant aux choses secrètes une haute signification, au quotidien un mystérieux prestige, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, je les romantise »[4]. August Wilhelm Schlegel, dans ses Cours de littérature dramatique, diffuse le concept de romantique en Europe, ramenant la poésie romantique à la poésie moderne, marquée par la tradition chrétienne, progressive, ouverte aux mélanges des genres.
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« Le romantisme qui fut un phénomène de portée révolutionnaire dans tous les arts plonge ses racines au cœur même du siècle des Lumières. Ses principes constitutifs furent formulés pour la première fois en Allemagne entre 1770 et 1780 par les représentants du Sturm und Drang (Tempête et Passion), le nom du mouvement, emprunté au titre d'un drame de Friedrich Maximilian Klinger, trahissait la portée contestataire de son programme idéologique. Mû par un sentiment de révolte à l'égard de la culture dominante des Lumières, le Sturm und Drang célébrait la force irrépressible du sentiment et le culte de l'individualité, considérés comme les préalables nécessaires à toute activité créatrice. Il ne s'agissait pas d'une rupture brutale avec le présent, mais d'une élaboration du culte du sentiment et du grand mythe de la nature énoncés par Jean-Jacques Rousseau au milieu du XVIIIe siècle. […] Une des idées les plus novatrices de ce mouvement fut le concept de génie artistique, irrationnel et créatif, non plus discipliné par la raison comme pour les Lumières, mais animé d'une liberté intérieure capable de briser le carcan des codes et des conventions, puisant au contraire dans la subjectivité et prêtant l'oreille à l'inspiration divine, à l'intuition, aux passions. Ainsi s'esquissait le portrait de l'homme révolté, d'un surhomme se mesurant avec Dieu. Ainsi naissait, surtout, une nouvelle conception de l'art, compris comme liberté absolue de création, qui refusait les contraintes imposées par les règles et les traditions, et qui revendiquait le droit de l'imagination individuelle à s'exprimer selon son propre langage »[5],[6]. Si le Sturm und Drang ouvre la voie au Romantisme, par le déferlement des passions et la spontanéité de l'individu, leurs modèles de beauté se référaient encore aux canons classiques, aux œuvres de l'Antiquité.
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Le véritable rejet du classicisme fut exprimé par les collaborateurs de la revue Athenaeum, fondée en 1798 par les frères Schlegel. Avec Ludwig Tieck, Schelling et Novalis ils formèrent le « groupe d'Iéna ». « Rejetant les modèles grecs et romains à l'époque où triomphait l'esthétique néo-classique, cette conception privilégiait l'expression de l'irrationnel et le mysticisme, le sentiment de l'infini et de l'immensité, le rapport entre la nature et le sentiment intérieur »[7]. En Angleterre, l'essai d'Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, paru en 1756, eut une influence considérable, sur la peinture du sublime et sur le mysticisme du paysage, tel que l'illustra Caspar David Friedrich. « En interprétant le sentiment du sublime comme un état d'âme provoqué par les violentes manifestations de la nature qui, par les cataclysmes ou les visions troublantes, frappent l'homme de stupeur, Edmund Burke rompait avec la conception classique de la nature, source d'harmonie et de sérénité… »[7]. En 1762, James Macpherson publiait ses Poèmes d'Ossian, dont le succès provoqua une vague de celtomanie dans toute l'Europe. Inspiré d'ancien poèmes Gaëlique, Macpherson les réécrit et les attribue à un barde écossais du IIIe siècle. En 1764, Le Château d'Otrante d'Horace Walpole inaugurait le genre du « roman noir », dont le décor ténébreux et les atmosphères effrayantes correspondaient à ce que Burke avait défini comme le « sublime ».
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La tourmente de la Révolution française puis de l’Empire provoque un bouleversement, politique, social et culturel dont les effets se font sentir dans l’Europe entière.
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« L'embrasement du romantisme qui enflamme l'Europe au début du XIXe siècle est de nature essentiellement politique et reflète l'aspiration profonde des peuples à voir des régime plus démocratiques remplacer les dynasties autoritaires ». « La Révolution française, en l'espace de quelques années, a paru réaliser instantanément et miraculeusement l'idéal romantique de nation libre, consciente d'elle-même et maîtresse de son destin. [...] Cette circonstance explique à elle seule la force et l'éclat du romantisme français. Sans ce séisme politique, il est probable que la France, nourrie de culture classique et arc-boutée sur ses certitudes aristocratiques, n'aurait jamais pu faire un tel accueil à l'esprit du romantisme ». En France, « la Révolution amplifie les ferments du romantisme »[8].
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La diffusion des idées du Romantisme allemand joue un rôle important dans l'histoire du romantisme :
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« Sous l'Empire, tout un groupe d'écrivains, dont Madame de Staël est le plus célèbre représentant, plaident la cause allemande aux dépens de la tragédie et du poème classiques. Le Nord c'est la nostalgie, les sentiments sombres, l'infini. “Ce que l'homme a fait de plus grand, comme l'écrit en 1800 Madame de Staël, il le doit au sentiment douloureux de l'incomplet de sa destinée. … le sublime de l'esprit, des sentiments et des actions doit son essor au besoin d'échapper aux bornes qui circonscrivent l'imagination” »[9].
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Le romantisme est une nouvelle sensibilité, s'opposant au Classicisme, aux Lumières et à la rationalité. Elle proclame le culte du moi, l'expression des sentiments jusqu'aux passions. « Issu de bouleversements politiques et sociaux sans précédent, il met l'homme et l'artiste devant un destin, improbable, inquiétant. Cette vision dramatique de l'humanité est alors commune à tous les arts, même au théâtre et à l'opéra, sous la magnificence des décors… Le réel, que les romantiques rendent expressif, dramatique, l'emporte sur le beau idéal »[10]. Neuve et subversive, cette sensibilité se manifeste dans la littérature et les arts plastiques par un renouvellement thématique, le Moyen Âge[11], l'Orient, l'époque napoléonienne, la littérature étrangère, etc.
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Décrire le Mal du siècle, thématique chère aux Romantiques, commence par Alfred de Musset qui en 1836 dans La Confession d'un enfant du siècle résume le mal dont souffre la jeunesse française :
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« Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes ; le peuple qui a passé par 1793 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux. »
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— Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle, Première partie, chapitre II (1836)
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Selon le philosophe Michael Löwy, la vision romantique constitue une « autocritique de la réalité » qui porte sur cinq thèmes principaux : le désenchantement du monde, sa quantification, sa mécanisation, l'abstraction rationaliste et la dissolution des liens sociaux[12].
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Le premier romantisme, appelé Frühromantik, naît en Allemagne à Iéna. Le cercle de Iéna est très cosmopolite. Il est composé de figures telles que Novalis, Ludwig Tieck, Frédéric Schlegel qui se réclamaient proches de la pensée de Fichte. Ce sont eux qui élaboreront la doctrine romantique et le romantisme politique. Après 1804, le romantisme allemand prend une nouvelle direction, c'est la Hochromantik de l'école de Heidelberg avec des noms tels que Clemens Brentano, Joseph von Eichendorff, Achim von Arnim et les Jacob et Wilhelm Grimm. La dernière période, la Spätromantik, s'étend de 1815 à 1848.
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Dans les années 1760 les Graveyard Poets (« les Poètes du cimetière »), en particulier Gray et son Élégie d'un cimetière de campagne, sondent les sentiments liés au deuil, à la perte et à l'anéantissement, voire à l'horreur de la putréfaction des corps, les émotions malséantes.
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En 1764, Horace Walpole avec son roman Le château d’Otrante, créé un nouveau genre : le roman gothique (The Gothic Novel). Repris par Ann Radcliffe, dont Les Mystères d’Udolfe, le Roman de la forêt et L’Italien connaissent un vif succès, ces romans noirs exaltent le goût pour le morbide, le terrifiant, le mystère, autant que l'inquiétante étrangeté des ruines médiévales.
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Avec son Pèlerinage de Childe Harold paru en 1813, Lord Byron connaît une célébrité foudroyante. Son héros qui traîne sa mélancolie désenchantée à travers l’Europe et l’Orient devient le modèle du héros byronien que l’on retrouve dans ses poèmes orientaux : Le Corsaire, le Giaour, La Fiancée d’Abydos… Sa vie scandaleuse et sa mort en 1824 à Missolonghi, pour la cause de l’indépendance grecque, le transforme en mythe. Son influence poétique et politique sur toute la jeunesse européenne est immense : les auteurs veulent écrire comme Byron, les révolutionnaires veulent mourir pour la liberté comme Byron[13], phénomène qualifié de « byronisme »[14].
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Si le romantisme a été en Allemagne en partie un retour aux fonds primitif et indigène, en France, ce fut au contraire une réaction contre la littérature nationale. Les littératures anglaise et allemande ne s'étaient asservies que momentanément à la discipline du classicisme, sous l'influence prédominante de notre grand siècle ; et ce qu'on appelle proprement romantisme outre-Manche et outre-Rhin c'est la période littéraire où le génie septentrional, reprenant conscience de lui-même, répudie l'imitation française. En France, au contraire, pays de culture et de tradition gréco-latines, la littérature était classique depuis la Renaissance, et l'on appelle romantiques les écrivains qui, au début du XIXe siècle, se sont affranchis des règles de pensée, en opposition au classicisme et au réalisme des philosophes du XVIIIe siècle.
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Pas plus qu'en Allemagne, cette révolution ne s'est accomplie d'un seul coup en France. À cause de son caractère de rupture avec la tradition nationale, et non avec des habitudes passagères, d'importation étrangère, elle a été plus tardive et a eu plus de peine à se réaliser. Commencée en réalité vers 1750, elle n'a atteint son terme qu'un siècle plus tard. Préparée au XVIIIe siècle, contenue et même refoulée pendant la Révolution et l'Empire, elle n'est arrivée à maturité que sous la Restauration et son triomphe ne s'est affirmé vers 1830 qu'après des luttes ardentes et passionnées.
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En 1927, on fête le centenaire du romantisme, en prenant comme référence la publication de la Préface de Cromwell de Victor Hugo en 1827[15]. À Bagnères-de-Luchon, on baptise alors les rue Lamartine, rue Alexandre-Dumas et rue Victor-Hugo que l'on pare de plaques de marbres commémoratives.
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En musique, le romantisme prend des formes variées, mettant au premier plan l'expression de l'émotion. De nombreux compositeurs célèbres s'illustreront dans cette longue période, aussi bien dans la musique instrumentale et orchestrale que dans l'art lyrique et vocal.
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Le piano-forte, en remplaçant le clavecin, permet désormais d'exploiter de puissants contrastes de dynamique. De la même façon, l'orchestration devient de plus en plus audacieuse et élaborée, d'autant plus que certains instruments, comme le cor, sont modifiés par les facteurs d'instruments de manière à devenir plus maniables. Les sonorités inventées par les romantiques sont particulièrement colorées et évocatrices, davantage en tout cas que chez des classiques comme Joseph Haydn ou Wolfgang Amadeus Mozart. À la jonction de ces deux courants se situe la puissante personnalité de Ludwig van Beethoven, dont les premières œuvres se rattachent à l'esthétique classique tandis que celles de sa maturité sont considérées comme le début du romantisme musical.
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Tout au long du XIXe siècle, la musique romantique conservera dans ses caractéristiques une certaine continuité, une homogénéité temporelle de style, que les autres formes artistiques du romantisme ne connurent pas. À la base de cette continuité se trouve peut-être une idéologie philosophique : la musique devenait enfin une réelle forme d'art. La musique commençait à prendre une tout autre dimension : elle n'était désormais plus considérée comme un art mineur, œuvre d'artisans. Par conséquent, ce qui caractérise la musique romantique est surtout l'individualité dans les styles. Cette époque incarne avant tout la liberté.
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Le ballet romantique apparaît au début du XIXe siècle, et succède au ballet d'action dont Jean-Georges Noverre fut le grand théoricien. La période du ballet romantique dure une trentaine d'années, de 1815 à 1845-1850.
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La première période du romantisme (1780-1810) se développe en opposition au néoclassicisme (1760-1800). Là ou le néoclassicisme prône une beauté idéale, le rationalisme, la vertu, la ligne, le culte de l’Antiquité classique et de la Méditerranée ; le romantisme s’oppose et promeut le cœur et la passion, l’irrationnel et l’imaginaire, le désordre et l’exaltation, la couleur et la touche, et des mythologies de l’Europe du Nord.
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Néanmoins, le romantisme en peinture ne se définit pas qu’en termes d’opposition, et développe ses propres caractéristiques, influencées par le baroque :
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Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827, Musée du Louvre,
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Caspar David Friedrich, Abbaye dans une forêt de chênes, 1809-1810.
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Le romanche (rumantsch) est une langue romane parlée par plus de 60 000 personnes en Suisse, essentiellement dans le canton des Grisons. Elle constitue une langue officielle de ce canton, ainsi que la 4e langue nationale suisse depuis le 19 février 1938 [3].
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Le romanche fait partie des langues rhéto-romanes et est apparenté au ladin et au frioulan, langues parlées dans le nord de l'Italie.
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Selon le recensement fédéral de la population de 2000, 60 561 résidents de la Suisse parlent cette langue, soit 0,8 % de la population du pays. C'est la langue principale de 35 095 personnes, ce qui représente 0,5 % de l'ensemble des résidents[4]. La majorité de ses locuteurs se trouvent dans les Grisons et le reste, dans la diaspora romanche, un peu partout en Suisse. L'usage de cet idiome étant en lente régression (- 15 % depuis 10 ans et parlé par moins de 100 000 personnes), on craint pour son avenir. Afin de contrer cette tendance, la Confédération suisse accorde un soutien au canton des Grisons pour la sauvegarde et la promotion du romanche[5].
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La langue n'est usuelle que dans les Grisons, surtout dans les régions d'Albula, de Surselva, d'Engiadina Bassa/Val Müstair et dans les trois quarts de la région de Maloja (Engadine). Elle est aussi pratiquée dans les communes de Cazis, Ferrera et Andeer dans la région de Viamala et à Domat/Ems, Trin, et Felsberg dans la région d'Imboden. Ces territoires représentent environ 40 % du territoire cantonal.
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Le romanche grison (RG), rumantsch grischun en romanche, est la forme unifiée et standardisée de la langue. Il a été créé et introduit par la Lia rumantscha (Ligue romanche) en 1982. Il est reconnu comme une langue officielle dans les Grisons depuis 1992 et son enseignement est encouragé dans presque toutes les écoles primaires depuis 2010. À présent, les manuels scolaires, les documents cantonaux et fédéraux ainsi que la majorité des publications en romanche sont écrits uniquement en romanche grison[6].
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Il existe aussi cinq variétés locales traditionnelles du romanche.
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Le romanche est attesté sous une forme écrite à partir du XVIe siècle[7] : en 1527, Juan Travers, homme d’État et de guerre, écrivait une sorte de chanson de geste (La chanzun da la guerra dal chasté da Müsch). Deux autres fondateurs de la langue écrite sont le réformateur Philippe Saluz et Giachem Bifrun.
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Si les protestants recourent souvent pour des fins polémiques à la langue romanche, l’abbaye catholique de Disentis est le foyer au XVIIe siècle d’une littérature nouvelle.
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Dans la période moderne, on trouve des poètes nationaux comme Peider Lansel, Gion Fontana ou Maurus Carnot, ainsi que des érudits comme Planto ou Andréa Schorta, auteurs d’un Dictionnaire toponymique grison. Le principal artisan du romanche moderne est sans doute le linguiste zurichois Heinrich Schmid, qui créa en 1982, à la demande de la Ligue romanche (Lia Rumantscha), organisation de défense et de promotion de la culture romanche, la forme écrite du romanche grison, unifiant les cinq principaux dialectes romanches, et désormais utilisée pour les manuels scolaires et les documents administratifs.
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C'est une langue romane, du groupe rhéto-roman, donc proche du ladin et du frioulan.
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Contrairement aux autres langues nationales, le romanche a un statut de langue semi-officielle. Il constitue une « langue officielle pour les rapports que la Confédération entretient avec les personnes de langue romanche » uniquement[8]. Le romanche n'est que très rarement utilisé lors des débats au Parlement fédéral, mais il l'est davantage dans les conférences de presse. Il figure sur les versions récentes des passeports, cartes d'identité et permis de conduire (de même que l'anglais), ainsi que sur les billets de banque.
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Il est utilisé dans la signalisation routière locale du canton des Grisons[9], mais rarement dans celle relevant du fédéral (autoroutes).
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Le romanche n'est pas qu'une seule et unique langue, mais cinq langues naturelles différentes[6], ayant chacune sa propre forme écrite standardisée :
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Le puter et le vallader forment ensemble le sous-groupe engadinois ou rumantsch ladin (de). On ne confondra pas ce sous-groupe avec la langue romane parlée au Tyrol du Sud, également appelée ladin et qui fait partie du même ensemble rhéto-roman.
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À ces dialectes, il faut ajouter le jauer (en), parlé dans le Val Müstair, et le romanche grison, langue-toit créée à la fin du XXe siècle.
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Comme en français ;
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A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, (W), X, (Y), Z.
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Les lettres w et y ne sont pas employées (sauf dans des mots étrangers).
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Contrairement au français actuel, les voyelles romanches peuvent être longues ou brèves. (Pour simplifier, il n'en est pas tenu compte dans les indications ci-dessous.)
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Nombreuses diphtongues, se prononçant en général comme elles s'écrivent.
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L'accent tonique est nettement prononcé, sur l'une des deux dernières syllabes. Comparer la différence entre heureux et heure en français méridional. Exemples en vallader : sandà "santé", mais sonda "samedi" ; pajan (accent final comme en français : païen), mais pajan (accent sur la première syllabe comme en français : "ils paient").
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L'accent tonique est indiqué par un point sous la voyelle dans les dictionnaires et les grammaires.
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Un francophone risque de confondre ce son avec /t͡ʃ/ (tsch), mais en romanche il s'agit d'un phonème nettement différent: engadinois tschinch "cinq" ; comme en allemand dans ich
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Exemples: glima « lime », egl (engadinois ögl) « œil ».
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Le début, simplifié, en français, en italien et dans les différents romanches.
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Le renard était à nouveau affamé. Il vit un corbeau sur un sapin, qui tenait en son bec un morceau de fromage. Cela me semble bon, pensa le renard et il dit au corbeau : « Comme tu es beau ! Si ton chant est aussi beau que ton apparence, alors tu es le plus beau de tous les oiseaux. »
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La volpe era di nuovo affamata. Vide un corvo posato su un pino con un pezzo di formaggio nel becco. Come lo gusterei, pensò la volpe che disse al corvo: «Come sei bello! Se il tuo canto è così bello come il tuo aspetto, allora sei il più bello fra gli uccelli.»
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L'uolp era puspei inagada fomentada. Cheu ha ella viu sin in pegn in tgaper che teneva in toc caschiel en siu bec. Quei gustass a mi, ha ella tertgau, ed ha clamau al tgaper: «Tgei bi che ti eis! Sche tiu cant ei aschi bials sco tia cumparsa, lu eis ti il pli bi utschi da tuts.»
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La vualp eara puspe egn'eada fumantada. Qua â ella vieu sen egn pegn egn corv ca taneva egn toc caschiel ainten sieus pecel. Quegl gustass a mei, â ella tartgieu, ed â clamo agli corv: «Tge beal ca tei es! Scha tieus tgànt e aschi beal sco tia pareta, alura es tei igl ple beal utschi da tuts.»
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La golp era puspe eneda famantada. Cò ò ella via sen en pegn en corv tgi tigniva en toc caschiel an sies pecal. Chegl am gustess, ò ella panso, ed ò clamo agl corv: «Tge bel tgi te ist! Schi ties cant è schi bel scu tia parentscha, alloura ist te igl pli bel utschel da tots.»
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La vuolp d'eira darcho üna vouta famanteda. Cò ho'la vis sün ün pin ün corv chi tgnaiva ün töch chaschöl in sieu pical. Que am gustess, ho'la penso, ed ho clamo al corv: «Che bel cha tü est! Scha tieu chaunt es uschè bel scu tia apparentscha, alura est tü il pü bel utschè da tuots.»
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La vuolp d'eira darcheu üna jada fomantada. Qua ha'la vis sün ün pin ün corv chi tgnaiva ün toc chaschöl in seis pical. Quai am gustess, ha'la pensà, ed ha clomà al corv: «Che bel cha tü est! Scha teis chant es uschè bel sco tia apparentscha, lura est tü il plü bel utschè da tuots.»
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La vulp era puspè ina giada fomentada. Qua ha ella vis sin in pign in corv che tegneva in toc chaschiel en ses pichel. Quai ma gustass, ha ella pensà, ed ha clamà al corv: «Tge bel che ti es! Sche tes chant è uschè bel sco tia parita, lura es ti il pli bel utschè da tuts.»
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/515.html.txt
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modifier
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Le terme bactérie est un nom vernaculaire qui désigne certains organismes vivants microscopiques et procaryotes présents dans tous les milieux. Le plus souvent unicellulaires, elles sont parfois pluricellulaires (généralement filamenteuses), la plupart des espèces bactériennes ne vivant pas individuellement en suspension, mais en communautés complexes adhérant à des surfaces au sein d'un gel muqueux (biofilm)[1].
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Les bactéries les plus grosses mesurent plus de 2 μm et, jusqu'au début du XXIe siècle, les spécialistes considéraient que les plus petites mesuraient 0,2 μm, mais il existe des « ultramicrobactéries »[2],[3],[4].
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Les bactéries présentent de nombreuses formes : sphériques (coques), allongées ou en bâtonnets (bacilles) et des formes plus ou moins spiralées. L’étude des bactéries est la bactériologie, soit une des nombreuses branches de la microbiologie.
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Il existe environ 10 000 espèces connues à ce jour[5],[6], mais la diversité réelle du groupe est probablement supérieure. L'estimation du nombre des espèces oscillerait entre 5 et 10 millions[7],[8].
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Les bactéries sont ubiquitaires et sont présentes dans tous les types de biotopes rencontrés sur Terre. Elles peuvent être isolées du sol, des eaux douces, marines ou saumâtres, de l’air, des profondeurs océaniques, des déchets radioactifs[10], de la croûte terrestre, sur la peau et dans l’intestin des animaux ou des humains. Les bactéries ont une importance considérable dans les cycles biogéochimiques comme le cycle du carbone et la fixation de l’azote de l’atmosphère.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, d'ordre comparable à la quantité des cellules qui le constituent, mais la masse de ces dernières est plus importante. La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l'organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses.
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Les bactéries peuvent être très utiles à l’humain lors des processus de traitement des eaux usées, dans l’agroalimentaire lors de la fabrication des yaourts ou du fromage et dans la production industrielle de nombreux composés chimiques[11].
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Les bactéries étant microscopiques, elles ne sont donc visibles qu'avec un microscope. Antoine van Leeuwenhoek fut le premier à observer des bactéries, grâce à un microscope de sa fabrication, en 1668[12]. Il les appela « animalcules » et publia ses observations dans une série de lettres qu'il envoya à la Royal Society[13],[14],[15].
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Au XIXe siècle, les travaux de Louis Pasteur ont révolutionné la bactériologie. Il démontra en 1859 que les processus de fermentation sont causés par des microorganismes et que leur croissance n’était pas due à la génération spontanée. Il démontra aussi le rôle des microorganismes comme agents infectieux[16]. Pasteur conçut également des milieux de culture, des procédés de destruction des microorganismes comme l’autoclave et la pasteurisation.
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Le médecin allemand Robert Koch et ses collaborateurs mirent au point les techniques de culture des bactéries sur milieu solide. Robert Koch est un des pionniers de la microbiologie médicale, il a travaillé sur le choléra, la maladie du charbon (anthrax) et la tuberculose. Il démontra de façon claire qu’une bactérie pouvait être l’agent responsable d’une maladie infectieuse et il proposa une série de postulats (les postulats de Koch, toujours utilisés aujourd'hui[17]) confirmant le rôle étiologique d’un microorganisme dans une maladie. Il obtient le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905[18].
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Si les bactéries étaient connues au XIXe siècle, il n’existait pas encore de traitement antibactérien. En 1909, Paul Ehrlich mit au point un traitement contre la syphilis avant l’utilisation de la pénicilline en thérapeutique suggérée par Ernest Duchesne en 1897 et étudiée par Alexander Fleming en 1929. Ehrlich reçut le prix Nobel pour ses travaux sur l'immunologie en 1908, et fut un pionnier de l'usage de colorants pour détecter et identifier les bactéries, son travail étant la base de la coloration de Gram et de la coloration de Ziehl-Neelsen[19].
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Les microbiologistes Martinus Beijerinck et Sergei Winogradsky initièrent les premiers travaux de microbiologie de l’environnement et d’écologie microbienne en étudiant les relations entre ces microorganismes au sein de communautés microbiennes du sol et de l’eau.
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Le mot « bactérie » apparaît pour la première fois avec le microbiologiste allemand Christian Gottfried Ehrenberg en 1838[20]. Ce mot dérive du grec βακτηριον, qui signifie « bâtonnet ». Parallèlement Haeckel inventa en 1866 l'embranchement Monera pour regrouper au sein de son règne Protista tous les microorganismes sans structure interne (bien qu'excluant les cyanobactéries, alors classées parmi les plantes). Ferdinand Cohn utilisa à son tour le terme Bacteria comme taxon en 1870 et tenta le premier de les classer rigoureusement selon leur morphologie[21]. Pour Cohn, les bactéries étaient des plantes primitives non chlorophylliennes. À la suite des travaux de Cohn, Haeckel révisa la circonscription de ses « monères » pour y inclure les cyanobactéries[22]. Les termes de « monère » et de « bactérie » devinrent alors synonymes[21].
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En 1938 Herbert Copeland éleva les monères au rang de règne, à un niveau désormais égal aux animaux, plantes et protistes[23]. Ce n'est qu'en 1957 qu'André Lwoff distingua avec clarté les concepts de bactérie et de virus[24] grâce à des arguments biochimiques et structuraux. Enfin, Roger Stanier et Cornelis van Niel définirent pour la première fois rigoureusement en 1962 le concept de bactérie par l’absence d’organite membrané (et en particulier de véritable noyau, donc de mitose)[25].
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Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[26] en français.
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En 1977, Carl Woese grâce à ses travaux de phylogénie moléculaire divisa les procaryotes en deux domaines : les Eubacteria et les Archaebacteria[30] ; il les renomma respectivement Bacteria et Archaea lors de la révision de sa nomenclature en 1990[31]. Le mot « bactérie » faisant référence à l'ensemble des procaryotes avant 1990, ce renommage a provoqué une certaine ambiguïté dans l'utilisation de ce terme et n'a donc pas été accepté par tous les biologistes[32],[33],[34],[35],[36].
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Certains biologistes[21],[37] pensent que cette tentative de renommage tient davantage de la propagande (de la part de Carl Woese, afin d'accréditer ses idées) que de la science :
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« Therefore archaebacterial cell structure, growth, division, and genetics remained fundamentally bacterial or prokaryotic. Early claims that archaebacteria are a “third form of life” in addition to eukaryotes and prokaryotes/bacteria are thus falsified, despite misleading, confusing, purely propagandistic name changes that some of us never accepted [...][37] »
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Et plus loin dans le même article :
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« Differences between archaebacteria and eubacteria have been grossly exaggerated. »
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Dans un cadre kuhnien la théorie des trois domaines qui sous-tend ce changement de nomenclature est parfois analysé comme un paradigme de la bactériologie moderne[38],[39],[21], ce qui expliquerait les résistances (principalement de nature sociologiques) contre sa remise en cause.
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Les bactéries présentent une grande diversité de tailles et de formes. Les cellules bactériennes typiques ont une taille comprise entre 0,5 et 5 µm de longueur, cependant, quelques espèces comme Thiomargarita namibiensis et Epulopiscium fishelsoni peuvent mesurer jusqu’à 750 µm (0,75 mm) de long et être visibles à l’œil nu[40],[41] (voir Bactérie géante). Parmi les plus petites bactéries, les mycoplasmes mesurent 0,3 µm, soit une taille comparable à certains gros virus[42].
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La plupart des bactéries sont soit sphériques soit en forme de bâtonnets. Dans le premier cas elles sont appelées coques (du grec kókkos, grain) et dans le second bacilles (du latin baculus, bâton). Il existe aussi des formes intermédiaires : les coccobacilles. Quelques bactéries en forme de bâtonnets sont légèrement incurvées comme les Vibrio. D’autres bactéries sont hélicoïdales. Ce sont des spirilles si la forme est invariable et rigide, des spirochètes si l’organisme est flexible et peut changer de forme. La grande diversité de formes est déterminée par la paroi cellulaire et le cytosquelette. Les différentes formes de bactéries peuvent influencer leur capacité d’acquérir des nutriments, de s’attacher aux surfaces, de nager dans un liquide et d’échapper à la prédation.
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Beaucoup d’espèces bactériennes peuvent être observées sous forme unicellulaire isolée alors que d’autres espèces sont associées en paires comme les Neisseria ou en chaînette, caractéristique des Streptocoques. Dans ces cas, les coques se divisent selon un axe unique et les cellules restent liées après la division. Certains coques se divisent selon un axe perpendiculaire et s’agencent de façon régulière pour former des feuillets. D’autres se divisent de façon désordonnée et forment des amas comme les membres du genre Staphylococcus qui présentent un regroupement caractéristique en grappe de raisins. D'autres bactéries peuvent s’élonger et former des filaments composés de plusieurs cellules comme les actinobactéries.
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En dépit de leur apparente simplicité, elles peuvent former des associations complexes. Des capteurs leur permettent de détecter d'autres bactéries ou une surface (ce qui induit souvent chez elle un changement de comportement ; ainsi Pseudomonas aeruginosa ne devient virulente et active ses gènes de résistance que quand son « sens du toucher » l'informe qu'elle entre en contact avec une surface ; muqueuse pulmonaire par exemple[43]).
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Les cyanobactéries forment des chaînes appelées trichomes où les cellules sont en relation étroite, grâce à des échanges physiologiques. Certaines bactéries forment des colonies pouvant solidement s’attacher aux surfaces. Ces « biofilms » sont un arrangement complexe de cellules et de composants extracellulaires, formant des structures secondaires comme des microcolonies, au sein desquelles se forme un réseau de canaux facilitant la diffusion des nutriments.
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Une caractéristique importante des bactéries est la paroi cellulaire. La paroi donne à la bactérie sa forme et la protège contre l’éclatement sous l’effet de la très forte pression osmotique du cytosol. Les bactéries peuvent être structuralement divisées en deux groupes : les bactéries à paroi unimembranée (ne contenant qu'une seule membrane, la membrane plasmique) et les bactéries à paroi bimembranée (constituée de deux membranes superposées, la membrane interne et la membrane externe). La coloration de Gram est un critère empirique, quoique imparfait, permettant de déterminer la structure de la paroi bactérienne.
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Certains organites extracellulaires comme les flagelles ou les poils peuvent être enchâssés dans la paroi cellulaire. Quelques bactéries peuvent fabriquer de fines couches externes à la paroi cellulaire, généralement essentiellement constituées de polysaccharides (des sucres). D'autres bactéries peuvent s’envelopper d’une couche protéique appelée la couche S.
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En tant que procaryote (organisme sans noyau), les bactéries sont des cellules relativement simples, caractérisées par une absence de noyau et d’organites comme les mitochondries et les chloroplastes, elles n'ont pas non plus de réticulum endoplasmique ou d'appareil de Golgi[44].
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Le métabolisme d’une cellule est l’ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de cette cellule. Pour réaliser ce processus, les bactéries, comme toutes les autres cellules, ont besoin d’énergie. L’ATP est la source d’énergie biochimique universelle, commune à toutes les formes de vie, mais les réactions d’oxydo-réduction impliquées dans sa synthèse sont très variées selon les organismes et notamment chez les bactéries.
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Les bactéries vivent dans pratiquement toutes les niches environnementales de la biosphère. Elles peuvent ainsi utiliser une très large variété de source de carbone et/ou d’énergie[45].
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Les bactéries peuvent être classées selon leur type de métabolisme, en fonction des sources de carbone et d’énergie utilisés pour la croissance, les donneurs d’électrons et les accepteurs d’électrons[46].
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(donneur d'électrons)
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L’énergie cellulaire des chimiotrophes est d’origine chimique alors que celle des phototrophes est d’origine lumineuse. La source de carbone des autotrophes est le dyoxyde de carbone , tandis que des substrats organiques sont la source de carbone des hétérotrophes. Il est aussi possible de distinguer deux sources possibles de protons (H+) et d'électrons (e-) : les bactéries réduisant des composés minéraux sont des lithotrophes alors que celles réduisant des substances organiques sont des organotrophes.
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Tout organisme vivant réalise en permanence de nombreuses réactions chimiques destinées à construire les biomolécules indispensables à la vie, et particulièrement lipides, protéines, acides nucléiques et saccharides. Ces réactions ne sont possibles que grâce à l'énergie accumulée à la suite d’autres réactions chimiques. Le métabolisme d'une bactérie est l'ensemble des réactions chimiques qui se produisent au niveau de la cellule bactérienne[47]. Les besoins énergétiques de la bactérie peuvent être satisfaits par deux mécanismes :
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Les bactéries possèdent un chromosome généralement unique et circulaire (mais il y a des exceptions) qui porte la majorité des gènes. Certains gènes ayant des fonctions particulières (résistance à un antibiotique, un prédateur, adaptation physiologique au milieu, etc.) sont cependant localisés sur des petites sections d'ADN circulaire libres appelées plasmides.
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Il existe une grande diversité de métabolismes par rapport aux eucaryotes. D'ailleurs la phototrophie et l'autotrophie chez les eucaryotes sont toujours le résultat d'une symbiose avec des bactéries (certains lichens par exemple) et/ou d'une symbiogenèse impliquant une cyanobactérie (chloroplaste).
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Source de matière : Hétérotrophie vs Autotrophie
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Source d'énergie : Phototrophie vs Chimiotrophie
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Les bactéries, avec les autres micro-organismes, participent pour une très large part à l’équilibre biologique existant à la surface de la Terre. Elles colonisent en effet tous les écosystèmes et sont à l’origine de transformations chimiques fondamentales lors des processus biogéochimiques responsables du cycle des éléments sur la planète.
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Une population de bactéries peut avoir un comportement coordonné grâce à une messagerie moléculaire, le quorum sensing.
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Au sein des biofilms des relations s'établissent entre bactéries, conduisant à une réponse cellulaire intégrée. Les molécules de la communication cellulaire ou « lang » sont soit des homosérines lactones pour les bactéries à Gram négatif, soit des peptides courts pour les bactéries à Gram positif. De plus au sein de biofilms établis, les caractéristiques physico-chimiques (pH, oxygénation, métabolites) peuvent être néfastes au bon développement bactérien et constituer donc des conditions stressantes. Les bactéries mettent en place des réponses de stress qui sont autant d'adaptation à ces conditions défavorables. En général les réponses de stress rendent les bactéries plus résistantes à toute forme de destruction par des agents mécaniques ou des molécules biocides.
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L'étude des canaux ioniques bactériens a permis à une équipe de chercheurs de mettre en évidence, en 2015, une synchronisation du métabolisme de certaines bactéries au sein des communautés de biofilms bactériens par des vagues d'ions potassium. Celles-ci résultent d'une boucle de rétroaction positive, dans laquelle un déclencheur métabolique induit la libération d'ions potassium intracellulaire, qui à son tour dépolarise les bactéries voisines. Cette vague de dépolarisation coordonne les états métaboliques entre les bactéries à l'intérieur et à la périphérie du biofilm. La suppression ou le blocage de l'activité des canaux potassium supprime cette réponse[48].
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Les eaux naturelles comme les eaux marines (océans) ou les eaux douces (lacs, mares, étangs, rivières, etc.) sont des habitats microbiens très importants. Les matières organiques en solution et les minéraux dissous permettent le développement des bactéries. Les bactéries participent dans ces milieux à l’autoépuration des eaux. Elles sont aussi la proie des protozoaires. Les bactéries composant le plancton des milieux aquatiques sont appelées le bactérioplancton.
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Il y a environ quarante millions de cellules bactériennes dans un gramme de sol et un million de cellules bactériennes dans un millilitre d’eau douce. On estime qu'il y aurait (à un instant donné) quatre à six quintillions (4 ×1030 à 6×1030), soit entre quatre et six mille milliards de milliards de milliards de bactéries dans le monde[49], représentant une grande partie de la biomasse du monde[49]. Cependant, un grand nombre de ces bactéries ne sont pas encore caractérisées car non cultivables en laboratoire[50].
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Le sol est composé de matière minérale provenant de l’érosion des roches et de matière organique (l’humus) provenant de la décomposition partielle des végétaux. La flore microbienne y est très variée. Elle comprend des bactéries, des champignons, des protozoaires, des algues, des virus, mais les bactéries sont les représentants les plus importants quantitativement. On peut y retrouver tous les types de bactéries, des autotrophes, des hétérotrophes, des aérobies, des anaérobies, des mésophiles, des psychrophiles, des thermophiles. Tout comme les champignons, certaines bactéries sont capables de dégrader des substances insolubles d’origine végétale comme la cellulose, la lignine, de réduire les sulfates, d’oxyder le soufre, de fixer l’azote atmosphérique et de produire des nitrates. Les bactéries jouent un rôle dans le cycle des nutriments des sols, et sont notamment capables de fixer l’azote. Elles ont donc un rôle dans la fertilité des sols pour l’agriculture. Les bactéries abondent au niveau des racines des végétaux avec lesquels elles vivent en mutualisme.
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À la différence des milieux aquatiques, l’eau n’est pas toujours disponible dans les sols. Les bactéries ont mis en place des stratégies pour s’adapter aux périodes sèches. Les Azotobacter produisent des cystes, les Clostridium et les Bacillus des endospores ou d’autres types de spores chez les Actinomycètes.
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Dans le sous-sol, dans l'eau ou dans les cavités humides, des bactéries colonisent inévitablement les galeries minières, puits de mines et leurs abords faillés ou évidés, y compris dans les centres de stockage souterrains ; elles sont parfois trouvée à grande profondeur dans le sous-sol, y compris dans les remontées de forages d'eau ou de pétrole. Elles peuvent là aussi modifier leur environnement, être source de CO2 ou de méthane, d'acidification, de corrosion, de méthylation, de putréfaction et/ou interagir avec les nappes, certains métaux ou des matériaux de confinement (ce pourquoi Rizlan Bernier-Latmani a monté une campagne expérimentale d'étude à des centaines de mètres de profondeur (sous le Mont Terri, près de Saint-Ursanne dans le Jura dans une plateforme de recherche et de collaboration internationales visant à étudier la pertinence de la roche argileuse pour l'enfouissement des déchets radioactifs[51].
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Les bactéries peuvent aussi être rencontrées dans des environnements plus extrêmes. Elles sont qualifiées d’extrémophiles. Des bactéries halophiles sont rencontrées dans des lacs salés, des bactéries psychrophiles sont isolées d’environnements froids comme des océans Arctique et Antarctique, des banquises. Des bactéries thermophiles sont isolées des sources chaudes ou des cheminées hydrothermales.
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En 2007, des forages dans le pergélisol du nord-est de la Sibérie, du nord-ouest du Canada et de l'Antarctique ont permis à des scientifiques de l'université de Californie dirigée par le professeur Eske Willerslev (en) (Université de Copenhague) de mettre au jour des bactéries toujours vivantes vieilles d'environ 500 000 ans. Les chercheurs ont montré chez ces bactéries des signes de réparation de leur ADN combiné à un état de dormance inférieure à l'activité métabolique nécessaire à la réparation de l'ADN maintenue à un bas niveau[52].
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En 2000, une équipe scientifique a annoncé avoir découvert une bactérie demeurée endormie dans un cristal de sel pendant 250 millions d'années[53]. De nombreux scientifiques sont très réservés vis-à-vis de ce résultat, qui serait plutôt dû à une colonisation récente du cristal[54].
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Dans l'espace, les bactéries deviendraient presque trois fois plus virulentes. C'est du moins le cas de Salmonella typhimurium, une bactérie responsable d'intoxication alimentaire. Celles-ci ont fait un voyage à bord de la navette Atlantis en 2006. À leur retour, les bactéries qui avaient été conservées dans un récipient étanche, ont été transmises à des souris. Il n'a fallu que le tiers de la dose habituelle pour tuer la moitié du groupe de souris qui avait été infecté[55],[56].
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On cherche actuellement à savoir s'il a existé une vie bactérienne sur la planète Mars. Certains éléments d'analyse du sol martien semblent s'orienter en ce sens, et la présence abondante d'eau sur Mars jadis a peut-être pu constituer un terrain extrêmement favorable au développement de la vie bactérienne, si elle est apparue. Si la chose venait à être confirmée, ce serait un élément important en faveur de l'hypothèse de panspermie. Des chercheurs écossais ont mis en évidence en juin 2017 que le sol de mars éliminait la moindre bactérie. C’est l’interaction entre le rayonnement ultraviolet, les substances oxydantes du sol de Mars, et surtout les perchlorates qui confère à la surface de la Planète rouge sa capacité à éliminer toute bactérie[57]. D'autres recherches s'intéressent aussi aux glaces de la lune jovienne Europe qui abritent de l'eau liquide sous leur surface.
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En dépit de leur apparente simplicité, les bactéries peuvent entretenir des associations complexes avec d’autres organismes. Ces associations peuvent être répertoriées en parasitisme, mutualisme et commensalisme. En raison de leurs petites tailles, les bactéries commensales sont ubiquitaires et sont rencontrées à la surface et à l’intérieur des plantes et des animaux.
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Dans le sol, les bactéries de la rhizosphère (couche de sol fixée aux racines des plantes) fixent l’azote et produisent des composés azotés utilisés par les plantes (exemple de la bactérie Azotobacter ou Frankia). En échange, la plante excrète au niveau des racines des sucres, des acides aminés et des vitamines qui stimulent la croissance des bactéries. D’autres bactéries comme Rhizobium sont associées aux plantes légumineuses au niveau de nodosités sur les racines.
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Il existe de nombreuses relations symbiotiques ou mutualistes de bactéries avec des invertébrés. Par exemple, les animaux qui se développent à proximité des cheminées hydrothermales des fonds océaniques comme les vers tubicoles Riftia pachyptila, les moules Bathymodiolus ou la crevette Rimicaris exoculata vivent en symbiose avec des bactéries chimiolitho-autotrophes.
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Buchnera est une bactérie endosymbiote des aphides (puceron). Elle vit à l'intérieur des cellules de l'insecte et lui fournit des acides aminés essentiels. La bactérie Wolbachia est hébergée dans les testicules ou les ovaires de certains insectes. Cette bactérie peut contrôler les capacités de reproduction de son hôte.
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Des bactéries sont associées aux termites et leur apportent des sources d'azote et de carbone.
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Des bactéries colonisant la panse des herbivores permettent la digestion de la cellulose par ces animaux. La présence de bactéries dans l’intestin de l’Homme contribue à la digestion des aliments mais les bactéries fabriquent également des vitamines comme l’acide folique, la vitamine K et la biotine[58].
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Des bactéries colonisent le jabot d'un oiseau folivore (consommateur de feuilles), le Hoazin (Opisthocomus hoazin). Ces bactéries permettent la digestion de la cellulose des feuilles, de la même manière que dans le rumen des ruminants.
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Des bactéries bioluminescentes comme Photobacterium sont souvent associées à des poissons ou des invertébrés marins. Ces bactéries sont hébergées dans des organes spécifiques chez leurs hôtes et émettent une luminescence grâce à une protéine particulière : la luciférase. Cette luminescence est utilisée par l'animal lors de divers comportements comme la reproduction, l'attraction de proies ou la dissuasion de prédateurs.
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Un nombre important de bactéries vit dans le corps humain, environ autant, voire plus, que de cellules le constituant, toutefois leur masse reste infime en comparaison.
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Les calculs donnent des résultats variés quant à leur nombre. D'après certaines estimations, 1012 bactéries colonisent la peau, 1010 bactéries colonisent la bouche et 1014 bactéries habitent dans l'intestin[59]. D'autres calculs, réalisés par des chercheurs de l'institut Weizmann, indiquent qu'il y a plus de cellules bactériennes (~40 × 1012) que de cellules humaines (~30 × 1012) dans le corps humain[60],[61].
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La plupart de ces bactéries sont inoffensives ou bénéfiques pour l’organisme. Il existe cependant de nombreuses espèces pathogènes à l'origine de beaucoup de maladies infectieuses comme le choléra, la syphilis, la peste, l’anthrax, la tuberculose.
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Le plus souvent, les maladies bactériennes mortelles sont les infections respiratoires : la tuberculose à elle seule tue environ deux millions de personnes par an, principalement en Afrique subsaharienne[62]. Des bactéries peuvent entraîner des troubles respiratoires ou intestinaux alors que d’autres peuvent être responsables de l’infection d'une blessure. Les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui le plus souvent inhibent une de leurs fonctions vitales (par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire).
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Les bactéries pathogènes sont responsables de maladies humaines et causent des infections. Les organismes infectieux peuvent être distingués en trois types : les pathogènes obligatoires, accidentels ou opportunistes.
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Un pathogène obligatoire ne peut survivre en dehors de son hôte. Parmi les bactéries pathogènes obligatoires, Corynebacterium diphtheriae entraîne la diphtérie, Treponema pallidum est l’agent de la syphilis, Mycobacterium tuberculosis provoque la tuberculose, Mycobacterium leprae la lèpre, Neisseria gonorrhoeae la gonorrhée. Les Rickettsia à l’origine du typhus sont des bactéries parasites intracellulaires.
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Un pathogène accidentel présent dans la nature peut infecter l’Homme dans certaines conditions. Par exemple, Clostridium tetani provoque le tétanos en pénétrant dans une plaie. Vibrio cholerae entraîne le choléra à la suite de la consommation d’une eau contaminée.
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Un pathogène opportuniste infecte des individus affaiblis ou atteints par une autre maladie. Des bactéries comme Pseudomonas aeruginosa, des espèces de la flore normale, comme des Staphylococcus de la flore cutanée, peuvent devenir des pathogènes opportunistes dans certaines conditions. On rencontre surtout ce type d’infection en milieu hospitalier.
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La capacité d’une bactérie à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène. L’intensité du pouvoir pathogène est la virulence. L’aboutissement de la relation bactérie-hôte et l’évolution de la maladie dépendent du nombre de bactéries pathogènes présentes dans l’hôte, de la virulence de cette bactérie, des défenses de l’hôte et de son degré de résistance.
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Pour déclencher une maladie, les bactéries infectieuses doivent d’abord pénétrer dans l’organisme et adhérer à un tissu. Des facteurs d’adhésion permettent la fixation des bactéries à une cellule. Le pouvoir invasif est la capacité de la bactérie à se répandre et à se multiplier dans les tissus de l’hôte, soit par un processus d'endocytose permettant leur pénétration intracellulaire, soit pour certaines bactéries en passant entre les cellules des muqueuses afin de coloniser la lamina propria sous-jacente. Les bactéries peuvent produire des substances lytiques leur permettant de se disséminer dans les tissus. Certaines bactéries présentent aussi un pouvoir toxinogène qui est la capacité de produire des toxines, substances chimiques portant préjudice à l’hôte. On peut distinguer les exotoxines libérées lors de la multiplication des bactéries et les endotoxines fixées dans la membrane des bactéries.
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Les bactéries pathogènes tentant d’envahir un hôte rencontrent toutefois de nombreux mécanismes de défense assurant à l’organisme une protection aux infections. Une bonne alimentation et une hygiène de vie correcte constituent une première protection. La peau, les muqueuses forment une première ligne de défense contre la pénétration d’organismes pathogènes. Les bactéries de la flore normale constituent aussi une barrière de protection. Lorsqu’un micro-organisme a pénétré ces premières lignes de défense, il rencontre des cellules spécialisées qui se mobilisent contre l’envahissement : ce sont les phagocytes. L’inflammation est une réaction défensive non spécifique. Un second système de défense très efficace est le système immunitaire spécifique, capable de reconnaître des antigènes portés ou sécrétés par les bactéries, et d’élaborer des anticorps et des cellules immunitaires spécifiques de ces antigènes.
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En milieu hospitalier, le personnel soignant doit suivre des protocoles de protection (port de la blouse, gants, lunettes en chirurgie...). En cas de contact avec un élément à risque (sang, liquide...), le personnel soignant doit impérativement et au plus tôt se laver les mains avec un produit désinfectant et aseptisant[63].
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Les bactéries pathogènes pour les plantes sont connues du grand public pour leur responsabilité dans la dévastation de cultures agricoles. En 2001, les vergers du midi de la France étaient victimes d'une vague d'infection par une bactérie du genre Xanthomonas[64].
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En biotechnologie végétale, la bactérie du sol, Agrobacterium tumefaciens, est utilisée pour sa capacité à transmettre un fragment d'ADN à la plante cible lors de son cycle infectieux.
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Les Procaryotes sont d'importants outils dans le domaine de la biorestauration : on se sert d'organismes pour éliminer des polluants du sol, de l'eau et de l'air. Exemple : Les archées décomposent la matière organique contenue dans les eaux usées pour la transformer en substance qui peut servir d'engrais. Dans l'industrie minière, les Procaryotes aident à retirer les métaux contenus dans le minéral. L'utilité des Procaryotes provient en grande partie de la diversité de leurs formes de nutrition et de métabolisme[65].
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L’origine de la microbiologie industrielle date de l’époque préhistorique. Les premières civilisations ont utilisé sans le savoir des micro-organismes pour produire des boissons alcoolisées, du pain et du fromage.
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Les bactéries comme Lactobacillus, Lactococcus ou Streptococcus, combinées aux levures et moisissures interviennent dans l’élaboration d’aliments fermentés comme les fromages, les yaourts, la bière, le vin, la sauce de soja, le vinaigre, la choucroute.
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Les bactéries acétiques (Acetobacter, Gluconobacter) peuvent produire de l'acide acétique à partir de l'éthanol. Elles se rencontrent dans les jus alcoolisés et sont utilisées dans la production du vinaigre. Elles sont également exploitées pour la production d'acide ascorbique (vitamine C) à partir du sorbitol transformée en sorbose.
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La capacité des bactéries hétérotrophes à dégrader une large variété de composés organiques est exploitée dans des processus de traitement des déchets comme la bioremédiation ou le traitement des eaux usées. Des bactéries sont également utilisées dans les fosses septiques pour en assurer l'épuration. Des bactéries, capables de dégrader des hydrocarbures du pétrole, peuvent être utilisées lors du nettoyage d'une marée noire. Le processus de nettoyage de milieux pollués par des micro-organismes est la bioremédiation.
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Des bactéries peuvent être utilisées pour récupérer des métaux d'intérêts économiques à partir de minerais. C'est la biolixiviation. L'activité de bactéries est ainsi exploitée pour la récupération du cuivre.
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Des bactéries peuvent être utilisées à la place de pesticides en lutte biologique pour combattre des parasites des plantes. Par exemple, Bacillus thuringiensis produit une protéine Bt qui est toxique pour certains insectes. Cette toxine est utilisée en agriculture pour combattre des insectes qui se nourrissent de plantes.
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En raison de leur capacité à se multiplier rapidement et de leur relative facilité à être manipulées, certaines bactéries comme Escherichia coli sont des outils très utilisés en biologie moléculaire, génétique et biochimie. Les scientifiques peuvent déterminer la fonction de gènes, d’enzymes ou identifier des voies métaboliques nécessaires à la compréhension fondamentale du vivant et permettant également de mettre en œuvre de nouvelles applications en biotechnologie.
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De nombreuses enzymes utilisées dans divers processus industriels ont été isolées de micro-organismes. Les enzymes des détergents sont des protéases de certaines souches de Bacillus. Des amylases capables d’hydrolyser l’amidon sont très utilisées dans l’industrie alimentaire. La Taq polymérase utilisée dans les réactions de polymérisation en chaîne (PCR) pour l’amplification de l’ADN provient d’une bactérie thermophile Thermus aquaticus.
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Les bactéries génétiquement modifiées sont très utilisées pour la production de produits pharmaceutiques. C’est le cas par exemple de l’insuline, l’hormone de croissance, certains vaccins, des interférons… Certaines bactéries comme Streptomyces sont très employées pour la production d’antibiotiques.
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Certaines bactéries peuvent provoquer une dégradation d'installation (biocorrosion), en particulier les bactéries sulfato-réductrices.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/5150.html.txt
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Artitgel in.
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Le romanche (rumantsch) est une langue romane parlée par plus de 60 000 personnes en Suisse, essentiellement dans le canton des Grisons. Elle constitue une langue officielle de ce canton, ainsi que la 4e langue nationale suisse depuis le 19 février 1938 [3].
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Le romanche fait partie des langues rhéto-romanes et est apparenté au ladin et au frioulan, langues parlées dans le nord de l'Italie.
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Selon le recensement fédéral de la population de 2000, 60 561 résidents de la Suisse parlent cette langue, soit 0,8 % de la population du pays. C'est la langue principale de 35 095 personnes, ce qui représente 0,5 % de l'ensemble des résidents[4]. La majorité de ses locuteurs se trouvent dans les Grisons et le reste, dans la diaspora romanche, un peu partout en Suisse. L'usage de cet idiome étant en lente régression (- 15 % depuis 10 ans et parlé par moins de 100 000 personnes), on craint pour son avenir. Afin de contrer cette tendance, la Confédération suisse accorde un soutien au canton des Grisons pour la sauvegarde et la promotion du romanche[5].
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La langue n'est usuelle que dans les Grisons, surtout dans les régions d'Albula, de Surselva, d'Engiadina Bassa/Val Müstair et dans les trois quarts de la région de Maloja (Engadine). Elle est aussi pratiquée dans les communes de Cazis, Ferrera et Andeer dans la région de Viamala et à Domat/Ems, Trin, et Felsberg dans la région d'Imboden. Ces territoires représentent environ 40 % du territoire cantonal.
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Le romanche grison (RG), rumantsch grischun en romanche, est la forme unifiée et standardisée de la langue. Il a été créé et introduit par la Lia rumantscha (Ligue romanche) en 1982. Il est reconnu comme une langue officielle dans les Grisons depuis 1992 et son enseignement est encouragé dans presque toutes les écoles primaires depuis 2010. À présent, les manuels scolaires, les documents cantonaux et fédéraux ainsi que la majorité des publications en romanche sont écrits uniquement en romanche grison[6].
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Il existe aussi cinq variétés locales traditionnelles du romanche.
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Le romanche est attesté sous une forme écrite à partir du XVIe siècle[7] : en 1527, Juan Travers, homme d’État et de guerre, écrivait une sorte de chanson de geste (La chanzun da la guerra dal chasté da Müsch). Deux autres fondateurs de la langue écrite sont le réformateur Philippe Saluz et Giachem Bifrun.
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Si les protestants recourent souvent pour des fins polémiques à la langue romanche, l’abbaye catholique de Disentis est le foyer au XVIIe siècle d’une littérature nouvelle.
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Dans la période moderne, on trouve des poètes nationaux comme Peider Lansel, Gion Fontana ou Maurus Carnot, ainsi que des érudits comme Planto ou Andréa Schorta, auteurs d’un Dictionnaire toponymique grison. Le principal artisan du romanche moderne est sans doute le linguiste zurichois Heinrich Schmid, qui créa en 1982, à la demande de la Ligue romanche (Lia Rumantscha), organisation de défense et de promotion de la culture romanche, la forme écrite du romanche grison, unifiant les cinq principaux dialectes romanches, et désormais utilisée pour les manuels scolaires et les documents administratifs.
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C'est une langue romane, du groupe rhéto-roman, donc proche du ladin et du frioulan.
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Contrairement aux autres langues nationales, le romanche a un statut de langue semi-officielle. Il constitue une « langue officielle pour les rapports que la Confédération entretient avec les personnes de langue romanche » uniquement[8]. Le romanche n'est que très rarement utilisé lors des débats au Parlement fédéral, mais il l'est davantage dans les conférences de presse. Il figure sur les versions récentes des passeports, cartes d'identité et permis de conduire (de même que l'anglais), ainsi que sur les billets de banque.
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Il est utilisé dans la signalisation routière locale du canton des Grisons[9], mais rarement dans celle relevant du fédéral (autoroutes).
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Le romanche n'est pas qu'une seule et unique langue, mais cinq langues naturelles différentes[6], ayant chacune sa propre forme écrite standardisée :
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Le puter et le vallader forment ensemble le sous-groupe engadinois ou rumantsch ladin (de). On ne confondra pas ce sous-groupe avec la langue romane parlée au Tyrol du Sud, également appelée ladin et qui fait partie du même ensemble rhéto-roman.
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À ces dialectes, il faut ajouter le jauer (en), parlé dans le Val Müstair, et le romanche grison, langue-toit créée à la fin du XXe siècle.
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Comme en français ;
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A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, (W), X, (Y), Z.
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Les lettres w et y ne sont pas employées (sauf dans des mots étrangers).
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Contrairement au français actuel, les voyelles romanches peuvent être longues ou brèves. (Pour simplifier, il n'en est pas tenu compte dans les indications ci-dessous.)
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Nombreuses diphtongues, se prononçant en général comme elles s'écrivent.
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L'accent tonique est nettement prononcé, sur l'une des deux dernières syllabes. Comparer la différence entre heureux et heure en français méridional. Exemples en vallader : sandà "santé", mais sonda "samedi" ; pajan (accent final comme en français : païen), mais pajan (accent sur la première syllabe comme en français : "ils paient").
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L'accent tonique est indiqué par un point sous la voyelle dans les dictionnaires et les grammaires.
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Un francophone risque de confondre ce son avec /t͡ʃ/ (tsch), mais en romanche il s'agit d'un phonème nettement différent: engadinois tschinch "cinq" ; comme en allemand dans ich
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Exemples: glima « lime », egl (engadinois ögl) « œil ».
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Le début, simplifié, en français, en italien et dans les différents romanches.
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Le renard était à nouveau affamé. Il vit un corbeau sur un sapin, qui tenait en son bec un morceau de fromage. Cela me semble bon, pensa le renard et il dit au corbeau : « Comme tu es beau ! Si ton chant est aussi beau que ton apparence, alors tu es le plus beau de tous les oiseaux. »
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La volpe era di nuovo affamata. Vide un corvo posato su un pino con un pezzo di formaggio nel becco. Come lo gusterei, pensò la volpe che disse al corvo: «Come sei bello! Se il tuo canto è così bello come il tuo aspetto, allora sei il più bello fra gli uccelli.»
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L'uolp era puspei inagada fomentada. Cheu ha ella viu sin in pegn in tgaper che teneva in toc caschiel en siu bec. Quei gustass a mi, ha ella tertgau, ed ha clamau al tgaper: «Tgei bi che ti eis! Sche tiu cant ei aschi bials sco tia cumparsa, lu eis ti il pli bi utschi da tuts.»
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La vualp eara puspe egn'eada fumantada. Qua â ella vieu sen egn pegn egn corv ca taneva egn toc caschiel ainten sieus pecel. Quegl gustass a mei, â ella tartgieu, ed â clamo agli corv: «Tge beal ca tei es! Scha tieus tgànt e aschi beal sco tia pareta, alura es tei igl ple beal utschi da tuts.»
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La golp era puspe eneda famantada. Cò ò ella via sen en pegn en corv tgi tigniva en toc caschiel an sies pecal. Chegl am gustess, ò ella panso, ed ò clamo agl corv: «Tge bel tgi te ist! Schi ties cant è schi bel scu tia parentscha, alloura ist te igl pli bel utschel da tots.»
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La vuolp d'eira darcho üna vouta famanteda. Cò ho'la vis sün ün pin ün corv chi tgnaiva ün töch chaschöl in sieu pical. Que am gustess, ho'la penso, ed ho clamo al corv: «Che bel cha tü est! Scha tieu chaunt es uschè bel scu tia apparentscha, alura est tü il pü bel utschè da tuots.»
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La vuolp d'eira darcheu üna jada fomantada. Qua ha'la vis sün ün pin ün corv chi tgnaiva ün toc chaschöl in seis pical. Quai am gustess, ha'la pensà, ed ha clomà al corv: «Che bel cha tü est! Scha teis chant es uschè bel sco tia apparentscha, lura est tü il plü bel utschè da tuots.»
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La vulp era puspè ina giada fomentada. Qua ha ella vis sin in pign in corv che tegneva in toc chaschiel en ses pichel. Quai ma gustass, ha ella pensà, ed ha clamà al corv: «Tge bel che ti es! Sche tes chant è uschè bel sco tia parita, lura es ti il pli bel utschè da tuts.»
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Le romantisme est un mouvement culturel apparu à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne et en Angleterre et se diffusant à toute l’Europe au cours du XIXe siècle, jusqu’aux années 1850. Il s’exprime dans la littérature, la peinture, la sculpture, la musique, la politique et la danse et se caractérise par une volonté de l'artiste d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer ses états d'âme : il est ainsi une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé, l'idéal ou le cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique. Ses valeurs esthétiques et morales, ses idées et thématiques nouvelles ne tardèrent pas à influencer d'autres domaines, en particulier la peinture et la musique.
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L'adjectif romantic nait en Angleterre vers 1650, dérivé du français « roman/romanz », il fait référence aux romans du Moyen Âge, les récits versifiés en langue romane, par opposition aux ouvrages rédigés en latin : « Romantic est proche de médiéval ou de gothique d'un côté, de romanesque, merveilleux, fabuleux, imaginaire ou fictif de l'autre »[1]. Traduit en romantisch, l'adjectif passe en Allemagne à la fin du XVIIe siècle, où cette idée de « qui est semblable au roman » prend une connotation péjorative pour « éveiller dans l'âme le goût dangereux des chimères »[2]. Au cours du XVIIIe siècle, il prend la signification de « comme dans un tableau », devenant synonyme de pictural car « dans l'expérience romantique, la nature est perçue à travers le prisme de l'art (originellement, le roman) »[3]. C'est dans cette acception que le mot fait son entrée dans la langue française avec Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau où il donne le qualificatif de romantique aux rives sauvages du lac de Bienne. Coïncidant avec la mode du jardin anglais organisant la nature comme dans un tableau, il s'associe à la notion de pittoresque.
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À la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, le romantisme, revenant à son sens médiéval, s'oppose à l'Antiquité et au classicisme. Dans les années 1797-1798, Novalis forge le mot romantisieren, désignant un processus de poétisation du monde : « Le monde doit être romantisé. […] Cette opération reste totalement inconnue. En conférant aux choses secrètes une haute signification, au quotidien un mystérieux prestige, au connu la dignité de l'inconnu, au fini l'apparence de l'infini, je les romantise »[4]. August Wilhelm Schlegel, dans ses Cours de littérature dramatique, diffuse le concept de romantique en Europe, ramenant la poésie romantique à la poésie moderne, marquée par la tradition chrétienne, progressive, ouverte aux mélanges des genres.
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« Le romantisme qui fut un phénomène de portée révolutionnaire dans tous les arts plonge ses racines au cœur même du siècle des Lumières. Ses principes constitutifs furent formulés pour la première fois en Allemagne entre 1770 et 1780 par les représentants du Sturm und Drang (Tempête et Passion), le nom du mouvement, emprunté au titre d'un drame de Friedrich Maximilian Klinger, trahissait la portée contestataire de son programme idéologique. Mû par un sentiment de révolte à l'égard de la culture dominante des Lumières, le Sturm und Drang célébrait la force irrépressible du sentiment et le culte de l'individualité, considérés comme les préalables nécessaires à toute activité créatrice. Il ne s'agissait pas d'une rupture brutale avec le présent, mais d'une élaboration du culte du sentiment et du grand mythe de la nature énoncés par Jean-Jacques Rousseau au milieu du XVIIIe siècle. […] Une des idées les plus novatrices de ce mouvement fut le concept de génie artistique, irrationnel et créatif, non plus discipliné par la raison comme pour les Lumières, mais animé d'une liberté intérieure capable de briser le carcan des codes et des conventions, puisant au contraire dans la subjectivité et prêtant l'oreille à l'inspiration divine, à l'intuition, aux passions. Ainsi s'esquissait le portrait de l'homme révolté, d'un surhomme se mesurant avec Dieu. Ainsi naissait, surtout, une nouvelle conception de l'art, compris comme liberté absolue de création, qui refusait les contraintes imposées par les règles et les traditions, et qui revendiquait le droit de l'imagination individuelle à s'exprimer selon son propre langage »[5],[6]. Si le Sturm und Drang ouvre la voie au Romantisme, par le déferlement des passions et la spontanéité de l'individu, leurs modèles de beauté se référaient encore aux canons classiques, aux œuvres de l'Antiquité.
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Le véritable rejet du classicisme fut exprimé par les collaborateurs de la revue Athenaeum, fondée en 1798 par les frères Schlegel. Avec Ludwig Tieck, Schelling et Novalis ils formèrent le « groupe d'Iéna ». « Rejetant les modèles grecs et romains à l'époque où triomphait l'esthétique néo-classique, cette conception privilégiait l'expression de l'irrationnel et le mysticisme, le sentiment de l'infini et de l'immensité, le rapport entre la nature et le sentiment intérieur »[7]. En Angleterre, l'essai d'Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, paru en 1756, eut une influence considérable, sur la peinture du sublime et sur le mysticisme du paysage, tel que l'illustra Caspar David Friedrich. « En interprétant le sentiment du sublime comme un état d'âme provoqué par les violentes manifestations de la nature qui, par les cataclysmes ou les visions troublantes, frappent l'homme de stupeur, Edmund Burke rompait avec la conception classique de la nature, source d'harmonie et de sérénité… »[7]. En 1762, James Macpherson publiait ses Poèmes d'Ossian, dont le succès provoqua une vague de celtomanie dans toute l'Europe. Inspiré d'ancien poèmes Gaëlique, Macpherson les réécrit et les attribue à un barde écossais du IIIe siècle. En 1764, Le Château d'Otrante d'Horace Walpole inaugurait le genre du « roman noir », dont le décor ténébreux et les atmosphères effrayantes correspondaient à ce que Burke avait défini comme le « sublime ».
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La tourmente de la Révolution française puis de l’Empire provoque un bouleversement, politique, social et culturel dont les effets se font sentir dans l’Europe entière.
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« L'embrasement du romantisme qui enflamme l'Europe au début du XIXe siècle est de nature essentiellement politique et reflète l'aspiration profonde des peuples à voir des régime plus démocratiques remplacer les dynasties autoritaires ». « La Révolution française, en l'espace de quelques années, a paru réaliser instantanément et miraculeusement l'idéal romantique de nation libre, consciente d'elle-même et maîtresse de son destin. [...] Cette circonstance explique à elle seule la force et l'éclat du romantisme français. Sans ce séisme politique, il est probable que la France, nourrie de culture classique et arc-boutée sur ses certitudes aristocratiques, n'aurait jamais pu faire un tel accueil à l'esprit du romantisme ». En France, « la Révolution amplifie les ferments du romantisme »[8].
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La diffusion des idées du Romantisme allemand joue un rôle important dans l'histoire du romantisme :
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« Sous l'Empire, tout un groupe d'écrivains, dont Madame de Staël est le plus célèbre représentant, plaident la cause allemande aux dépens de la tragédie et du poème classiques. Le Nord c'est la nostalgie, les sentiments sombres, l'infini. “Ce que l'homme a fait de plus grand, comme l'écrit en 1800 Madame de Staël, il le doit au sentiment douloureux de l'incomplet de sa destinée. … le sublime de l'esprit, des sentiments et des actions doit son essor au besoin d'échapper aux bornes qui circonscrivent l'imagination” »[9].
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Le romantisme est une nouvelle sensibilité, s'opposant au Classicisme, aux Lumières et à la rationalité. Elle proclame le culte du moi, l'expression des sentiments jusqu'aux passions. « Issu de bouleversements politiques et sociaux sans précédent, il met l'homme et l'artiste devant un destin, improbable, inquiétant. Cette vision dramatique de l'humanité est alors commune à tous les arts, même au théâtre et à l'opéra, sous la magnificence des décors… Le réel, que les romantiques rendent expressif, dramatique, l'emporte sur le beau idéal »[10]. Neuve et subversive, cette sensibilité se manifeste dans la littérature et les arts plastiques par un renouvellement thématique, le Moyen Âge[11], l'Orient, l'époque napoléonienne, la littérature étrangère, etc.
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Décrire le Mal du siècle, thématique chère aux Romantiques, commence par Alfred de Musset qui en 1836 dans La Confession d'un enfant du siècle résume le mal dont souffre la jeunesse française :
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« Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes ; le peuple qui a passé par 1793 et par 1814 porte au cœur deux blessures. Tout ce qui était n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux. »
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— Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle, Première partie, chapitre II (1836)
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Selon le philosophe Michael Löwy, la vision romantique constitue une « autocritique de la réalité » qui porte sur cinq thèmes principaux : le désenchantement du monde, sa quantification, sa mécanisation, l'abstraction rationaliste et la dissolution des liens sociaux[12].
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Le premier romantisme, appelé Frühromantik, naît en Allemagne à Iéna. Le cercle de Iéna est très cosmopolite. Il est composé de figures telles que Novalis, Ludwig Tieck, Frédéric Schlegel qui se réclamaient proches de la pensée de Fichte. Ce sont eux qui élaboreront la doctrine romantique et le romantisme politique. Après 1804, le romantisme allemand prend une nouvelle direction, c'est la Hochromantik de l'école de Heidelberg avec des noms tels que Clemens Brentano, Joseph von Eichendorff, Achim von Arnim et les Jacob et Wilhelm Grimm. La dernière période, la Spätromantik, s'étend de 1815 à 1848.
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Dans les années 1760 les Graveyard Poets (« les Poètes du cimetière »), en particulier Gray et son Élégie d'un cimetière de campagne, sondent les sentiments liés au deuil, à la perte et à l'anéantissement, voire à l'horreur de la putréfaction des corps, les émotions malséantes.
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En 1764, Horace Walpole avec son roman Le château d’Otrante, créé un nouveau genre : le roman gothique (The Gothic Novel). Repris par Ann Radcliffe, dont Les Mystères d’Udolfe, le Roman de la forêt et L’Italien connaissent un vif succès, ces romans noirs exaltent le goût pour le morbide, le terrifiant, le mystère, autant que l'inquiétante étrangeté des ruines médiévales.
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Avec son Pèlerinage de Childe Harold paru en 1813, Lord Byron connaît une célébrité foudroyante. Son héros qui traîne sa mélancolie désenchantée à travers l’Europe et l’Orient devient le modèle du héros byronien que l’on retrouve dans ses poèmes orientaux : Le Corsaire, le Giaour, La Fiancée d’Abydos… Sa vie scandaleuse et sa mort en 1824 à Missolonghi, pour la cause de l’indépendance grecque, le transforme en mythe. Son influence poétique et politique sur toute la jeunesse européenne est immense : les auteurs veulent écrire comme Byron, les révolutionnaires veulent mourir pour la liberté comme Byron[13], phénomène qualifié de « byronisme »[14].
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Si le romantisme a été en Allemagne en partie un retour aux fonds primitif et indigène, en France, ce fut au contraire une réaction contre la littérature nationale. Les littératures anglaise et allemande ne s'étaient asservies que momentanément à la discipline du classicisme, sous l'influence prédominante de notre grand siècle ; et ce qu'on appelle proprement romantisme outre-Manche et outre-Rhin c'est la période littéraire où le génie septentrional, reprenant conscience de lui-même, répudie l'imitation française. En France, au contraire, pays de culture et de tradition gréco-latines, la littérature était classique depuis la Renaissance, et l'on appelle romantiques les écrivains qui, au début du XIXe siècle, se sont affranchis des règles de pensée, en opposition au classicisme et au réalisme des philosophes du XVIIIe siècle.
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Pas plus qu'en Allemagne, cette révolution ne s'est accomplie d'un seul coup en France. À cause de son caractère de rupture avec la tradition nationale, et non avec des habitudes passagères, d'importation étrangère, elle a été plus tardive et a eu plus de peine à se réaliser. Commencée en réalité vers 1750, elle n'a atteint son terme qu'un siècle plus tard. Préparée au XVIIIe siècle, contenue et même refoulée pendant la Révolution et l'Empire, elle n'est arrivée à maturité que sous la Restauration et son triomphe ne s'est affirmé vers 1830 qu'après des luttes ardentes et passionnées.
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En 1927, on fête le centenaire du romantisme, en prenant comme référence la publication de la Préface de Cromwell de Victor Hugo en 1827[15]. À Bagnères-de-Luchon, on baptise alors les rue Lamartine, rue Alexandre-Dumas et rue Victor-Hugo que l'on pare de plaques de marbres commémoratives.
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En musique, le romantisme prend des formes variées, mettant au premier plan l'expression de l'émotion. De nombreux compositeurs célèbres s'illustreront dans cette longue période, aussi bien dans la musique instrumentale et orchestrale que dans l'art lyrique et vocal.
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Le piano-forte, en remplaçant le clavecin, permet désormais d'exploiter de puissants contrastes de dynamique. De la même façon, l'orchestration devient de plus en plus audacieuse et élaborée, d'autant plus que certains instruments, comme le cor, sont modifiés par les facteurs d'instruments de manière à devenir plus maniables. Les sonorités inventées par les romantiques sont particulièrement colorées et évocatrices, davantage en tout cas que chez des classiques comme Joseph Haydn ou Wolfgang Amadeus Mozart. À la jonction de ces deux courants se situe la puissante personnalité de Ludwig van Beethoven, dont les premières œuvres se rattachent à l'esthétique classique tandis que celles de sa maturité sont considérées comme le début du romantisme musical.
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Tout au long du XIXe siècle, la musique romantique conservera dans ses caractéristiques une certaine continuité, une homogénéité temporelle de style, que les autres formes artistiques du romantisme ne connurent pas. À la base de cette continuité se trouve peut-être une idéologie philosophique : la musique devenait enfin une réelle forme d'art. La musique commençait à prendre une tout autre dimension : elle n'était désormais plus considérée comme un art mineur, œuvre d'artisans. Par conséquent, ce qui caractérise la musique romantique est surtout l'individualité dans les styles. Cette époque incarne avant tout la liberté.
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Le ballet romantique apparaît au début du XIXe siècle, et succède au ballet d'action dont Jean-Georges Noverre fut le grand théoricien. La période du ballet romantique dure une trentaine d'années, de 1815 à 1845-1850.
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La première période du romantisme (1780-1810) se développe en opposition au néoclassicisme (1760-1800). Là ou le néoclassicisme prône une beauté idéale, le rationalisme, la vertu, la ligne, le culte de l’Antiquité classique et de la Méditerranée ; le romantisme s’oppose et promeut le cœur et la passion, l’irrationnel et l’imaginaire, le désordre et l’exaltation, la couleur et la touche, et des mythologies de l’Europe du Nord.
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Néanmoins, le romantisme en peinture ne se définit pas qu’en termes d’opposition, et développe ses propres caractéristiques, influencées par le baroque :
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Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale, 1827, Musée du Louvre,
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Caspar David Friedrich, Abbaye dans une forêt de chênes, 1809-1810.
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