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La tectonique des plaques (du latin tardif tectonicus, dérivé du grec ancien τεκτονικός / tektonikós « de construction ») est un modèle scientifique expliquant la dynamique globale de la lithosphère terrestre. Ce modèle théorique a été constitué à partir du concept de dérive des continents, qui fut développé par Alfred Wegener au début du XXe siècle. La théorie de la tectonique des plaques fut acceptée par la communauté géologique internationale à la fin des années 1960, à la suite de l'émission des concepts du « double tapis-roulant océanique ».
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La lithosphère, coque externe rigide de la Terre constituée de la croûte et d'une partie du manteau supérieur, est subdivisée en plaques, dites tectoniques ou lithosphériques. Quinze plaques majeures ont été identifiées, auxquelles se rajoute une cinquantaine de plaques mineures. Ces plaques ont des mouvements relatifs variés, ce qui génère entre elles différents types de frontières : convergentes, divergentes ou transformantes. Au niveau de ces frontières se produisent de nombreux phénomènes géologiques tels que les séismes, l'activité volcanique, la formation de chaînes de montagnes et celle de fosses océaniques. La vitesse du mouvement relatif de deux plaques voisines varie entre 0 et 100 mm/an.
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Les plaques tectoniques sont constituées d'une lithosphère océanique et/ou continentale, caractérisée par les croûtes des mêmes noms respectifs, sous lesquelles se trouve la zone rigide du manteau supérieur.
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Le mouvement de ces plaques est possible du fait que la lithosphère, rigide, flotte sur l'asthénosphère sous-jacente, partie ductile du manteau supérieur. Ce mobilisme lithosphérique est l'expression des mouvements de convection qui animent le manteau terrestre, mécanisme permettant à la Terre de dissiper sa chaleur interne vers la surface.
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Pendant plusieurs siècles, les sciences de la Terre ont été dominées par la théorie fixiste qui repose sur le constat de l'état solide de la quasi-totalité du globe terrestre et de la surface terrestre qui présente une géométrie immuable, stable.
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Dès 1596, dans son ouvrage Thesaurus geographicus, le cartographe anversois Abraham Ortelius remarque la ressemblance du tracé des côtes américaines et africaines. Il émet l’hypothèse que ces continents ont autrefois été réunis, et qu’ils ont été séparés à la suite de catastrophes : inondations et séismes. Francis Bacon souligne également cette complémentarité en 1620. Dans la Corruption du grand et petit Monde (1668) le père François Placet affirme que la séparation de l'Amérique du reste des continents s'est produite pendant le déluge universel[1]. En 1756, le théologien allemand Theodor Christoph Lilienthal (de) découvre la confirmation biblique de cette séparation en interprétant avec peu de vraisemblance un passage du livre de la Genèse[2].
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Le pas final vers une vraie théorie de la dérive des continents revient en 1858 au géographe Antonio Snider-Pellegrini dans son mémoire intitulé La Création et ses mystères dévoilés. Il propose une première ébauche d'explication rationnelle de la complémentarité des côtes d'Europe et d'Amérique du Nord par la ressemblance des flores fossiles du Carbonifère dans ces deux continents. Pour Snider, un bloc primitif de roches en fusion aurait occupé une seule face de la Terre puis, refroidi, se serait rompu, créant l'Atlantique qui sépare les deux continents ; ceux-ci se seraient ensuite déplacés à la surface de la Terre. Cependant Snider, tenant de l'orthodoxie chrétienne, invoque encore la théorie du catastrophisme pour attribuer le phénomène du refroidissement au Déluge[3].
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Les hommes de science, imprégnés de la théorie de l'uniformitarisme qui s'est imposée à la fin du XIXe siècle, continuent à croire ferme à la pérennité des mers et des continents. Pourtant, quelques mobilistes (tenants de la théorie mobiliste qui considère que d'importants mouvements horizontaux animent la Terre) se sont exprimés.
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Jusqu'au début du XXe siècle, la mobilité verticale de la terre est admise (d'après l'observation des séismes, des volcans en formation) mais pas la mobilité horizontale.
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La théorie fixiste reste cependant dominante et seuls les déplacements verticaux demeurent expliqués. Le géologue Léonce Élie de Beaumont développe l'hypothèse de « systèmes de soulèvement » pour expliquer l'orogenèse. À la fin du XIXe siècle, Eduard Suess remplace l'hypothèse des « soulèvements » par celle des « affaissements » : adepte de la théorie de la contraction de la Terre[a], il propose que les montagnes résultent de plissements tandis que les océans proviennent de l'effondrement des ponts terrestres. Cependant, plusieurs contraintes (distribution bimodale des altitudes[b], quasi constance de la gravité à la surface du globe) rendent ces modèles fixistes inopérants[4].
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Le géologue Frank Bursley Taylor formule en 1908, dans une communication à la Société américaine de géologie, l'hypothèse de la dérive continentale, se fondant sur le fait qu'on retrouve des chaînes de montagnes sur les marges continentales opposées des côtes atlantiques, comme les Rocheuses en Amérique du Nord et les Andes en Amérique du Sud. Ces chaînes se seraient formées par un effet de boutoir causé par la dérive des continents.
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Le 6 janvier 1912, le météorologue allemand Alfred Wegener, sans connaître semble-t-il les travaux de Taylor, présente à la Société géologique de Francfort-sur-le-Main un exposé cohérent et argumenté de la théorie de la dérive des continents, avec plusieurs éléments de démonstration, ce qui explique que la paternité de cette théorie lui est attribuée[5]. Pour lui, un supercontinent, la Pangée (mot formé de deux noms grecs, Pan, et gê, Terre tout entière) s'est disloqué au début de l'ère secondaire, entraînant l'ouverture de l'Atlantique Nord et la séparation de l'Antarctique, puis l'ouverture de l'Atlantique Sud. Depuis cette ère, les masses continentales issues de cette fragmentation dériveraient à la surface de la Terre, telles des radeaux. Wegener publie un ouvrage en 1915, Genèse des océans et des continents : théories des translations continentales, dans lequel il précise les nombreuses preuves sur lesquelles il s'appuie : preuves morphologiques (emboîtement des formes des continents, comme la corne nord-est du Brésil et le fond du golfe de Guinée), stratigraphiques (continuité stratigraphique entre l'Afrique et l'Amérique du Sud qui se traduit par l'existence des cratons faits de tonalites ou boucliers qui datent du Paléozoïque), paléoclimatiques (existence de galets striés datant du primaire en Afrique du Sud et en Amérique du Sud, ce qui témoigne que les deux continents ont subi les mêmes influences glaciaires durant l'ère Paléozoïque) et paléontologiques (même faune et flore du primaire au rang desquelles les mésosaures, les cygnonatus et les glossoptéris, sorte de fougère à graines du Paléozoïque).
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Cette intuition, pourtant étayée par des arguments interdisciplinaires convaincants, est rejetée par une bonne partie de la communauté scientifique (Du Rietz (de), Ludwig Diels ou Harold Jeffreys) et ne trouve que peu de partisans, tel René Jeannel[6]. Wegener échoue en effet dans sa théorie cinématique (théorie mobiliste plus descriptive que causale) à fournir une cause plausible de cette dérive. Il pense que la croûte continentale seule se déplace, en glissant directement « dans » ou « à la surface de » la croûte océanique. Mais, dans cette vision théorique marquée encore par un certain fixisme (la dérive des continents de Wegener est d'abord une théorie de la permanence des continents), la dérive se caractérise par la formation de trous béants. Wegener propose comme explication le broutage des continents sur le fond des océans pour expliquer la dérive. De plus, l'hypothèse des « radeaux » de sial flottant sur le sima visqueux n'est pas acceptable car les sismogrammes démontrent que le sima est solide. Enfin, les forces imaginées par Wegener (forces centrifuges de la fuite des pôles, force d'Eötvös, effet de marée) pour faire dériver les continents sont trop faibles pour vaincre leur rigidité[7].
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Les mécanismes et la morphologie interne de la Terre sont à cette époque encore inconnus pour une interprétation plausible de la dérive. De plus, les géologues considèrent implicitement les fonds marins comme ayant une nature identique à celle des continents[8].
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Jean Goguel publie en 1942 son Introduction à l'étude mécanique des déformations de l'écorce terrestre ; en 1952, il publie son Traité de tectonique. L'hypothèse des mouvements de convection dans le manteau, émise par Arthur Holmes en 1945, propose un moteur plausible à ces déplacements de continents.
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Le géologue américain Harry Hess s'appuie sur de nouvelles données scientifiques (cartes des fonds océaniques avec mise en évidence des rifts et fosses océaniques, flux de chaleur et cartes de l'âge du plancher océanique) pour élaborer en 1962 un nouveau modèle scientifique, l'expansion des fonds océaniques, appelée aussi hypothèse du double tapis roulant. Hess propose que la croûte océanique, créée au niveau des dorsales par des courants ascendants et enfouie au niveau des fosses océaniques par des courants descendants (phénomène de subsidence), est continuellement recyclée alors que la croûte continentale, à cause de sa légèreté, est condamnée à dériver à la surface de la Terre.
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L'hypothèse du double tapis roulant marque une véritable révolution des sciences de la Terre[c] et affine le concept primitif de dérive des continents de Wegener. Ce dernier fait des blocs continentaux (formés de croûte continentale) le moteur de la dérive des continent alors qu'ils perdent ce rôle au profit des océans selon Hess. Pour ce dernier, les continents sont incorporés dans la lithosphère comme des morceaux de bois dans la banquise et sont entraînés passivement au gré des ouvertures et fermetures des océans.
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Différentes observations permettent de vérifier l'hypothèse de l'expansion océanique.
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En 1958 et 1961, les océanographes Ron G. Mason (en) et Arthur D. Raff mettent en évidence des bandes d'anomalies magnétiques symétriques par rapport à l'axe des dorsales océaniques, corrélables avec les phénomènes d'inversion du champ magnétique terrestre[10],[11]. Le géophysicien Drummond Matthews (en) et son étudiant Frederick Vine (en) interprètent cette disposition surnommée « peau de zèbre » comme la confirmation de l'hypothèse d'Hess : l'accrétion de matériau mantellique au niveau des rifts et la dérive de la croûte océanique portée par le manteau sous-jacent qui agit comme un tapis roulant de part et d'autre du rift, sont à l'origine de cette disposition caractéristique[12].
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Dès lors se met en place la théorie synthétique de la tectonique des plaques qui donne une explication globale à l'expansion océanique et la sismicité des zones des fosses océaniques en modélisant le mouvement relatif de plaques tectoniques sur la sphère terrestre. En 1965, le géophysicien Tuzo Wilson développe le concept de faille transformante, ce qui lui permet de découper la surface de la Terre en une mosaïque de plaques (qu'il nomme « plaques lithosphériques ») en mouvement les unes par rapport aux autres[13]. En 1967, Dan Peter McKenzie détaille le moteur de cette tectonique, la convection mantellique[14], et avec son collègue Parker contraint le modèle avec des problèmes géométrique relatifs aux mouvements sur sphère[15]. William Jason Morgan suggère en 1968 que la tectonique terrestre peut être modélisée par un nombre réduit de plaques tectoniques (six gros blocs rigides et douze plus petits)[16]. La même année, le géodynamicien français Xavier Le Pichon propose un modèle composé de six plaques et montre leurs mouvements relatifs depuis 120 millions d'années[17]. Enfin, Jack Oliver et son étudiant Bryan Isacks parviennent à expliquer la sismicité sur tout le globe terrestre par le modèle de la tectonique des plaques[18], ce qui finit de convaincre la majorité des scientifiques à rejeter le paradigme fixiste et embrasser la toute nouvelle théorie[19].
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Lors de l'exposé de sa théorie de la tectonique des plaques en 1968, Le Pichon distingue six plaques lithosphériques principales[20] :
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Outre ces plaques majeures, des études plus détaillées ont conduit à distinguer un certain nombre de plaques secondaires, de moindre importance. En effet, les limites des plaques ne sont pas toujours bien définies et l'on parle de frontière de plaque « diffuse »[21].
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La recherche dénombre quinze plaques principales en 2015[22].
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En 2016, les simulations numériques réalisées par Mallard et al. montrent que les plaques tectoniques sont au nombre de cinquante-trois : sept grandes plaques (l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Eurasie, le Pacifique, l’Australie et l’Antarctique), couvrant 94 % de la surface du globe, entre lesquelles se trouvent quarante-six petites plaques complémentaires[23],[24].
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On admet à présent que les plaques tectoniques sont portées par les mouvements du manteau asthénosphérique sous-jacent, et subissent des interactions dont les trois types principaux sont la divergence, la convergence, et le coulissage. À ces trois types d'interaction sont associées les trois grandes familles de failles :
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Une zone de « divergence » apparaissant dans une croûte continentale conduit transitoirement à la formation d'un rift.
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Un rift actif en zone continentale ne peut pas être une situation prolongée, parce que l'éloignement des deux bords de croûte continentale crée un vide qui sera comblé par de la croûte océanique, créant à terme un nouvel océan.
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L'exemple le plus célèbre de divergence continentale est la vallée du Grand Rift en Afrique, qui est en train de séparer la plaque africaine de la plaque somalienne, qui se prolonge par le rift de la Mer Rouge, déjà en grande partie submergé, qui sépare la plaque africaine de la plaque arabique.
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Quand les croûtes continentales se sont suffisamment séparées, la zone de divergence se retrouve en milieu océanique, et sépare deux surfaces constituées de croûte océanique. Une telle zone de divergence océanique éloigne deux plaques l'une de l'autre, couplé à une remontée du manteau entre elles, permettant la formation continue de croûte océanique. Leur frontière divergente correspond à une ride océanique ou dorsale, lieu de création de lithosphère océanique et théâtre de volcanisme intense.
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En dehors de leurs bordures, les plaques sont rigides, de géométrie fixe : s'il y a des zones de divergence créant de la surface terrestre, il y a nécessairement aussi des zones de convergence où la surface terrestre peut disparaître. Les zones de divergence sont donc nécessairement accompagnées de zones de convergence.
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Les zones de convergence sont la principale source d'orogenèse. La formation de montagnes continentales à partir de zones de convergence est un mécanisme à quatre temps.
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Une zone de convergence impliquant deux croûtes océaniques conduit l'une à plonger sous l'autre, dans un mouvement de subduction. La plaque inférieure s'enfonce dans une fosse océanique, et sur la bordure de la plaque supérieure se forme un arc volcanique. C'est la situation de la fosse des Mariannes, ou des Îles Kouriles. Dans ce type de convergence, la plaque inférieure se raccourcit, et la plaque supérieure reste stable.
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Si la croûte océanique de la plaque inférieure se prolonge par une croûte continentale, l'entrée de cette dernière dans la fosse océanique conduira transitoirement à une situation d'obduction : la croûte océanique supérieure passe au-dessus de la croûte continentale inférieure. Cette situation est transitoire, parce que la croûte continentale, moins dense, ne peut pas s'enfoncer et bloque le mouvement de convergence. Si la convergence se poursuit, c'est la croûte continentale (moins dense, d = 2,7), éventuellement chevauchée par des roches d'origine océanique, qui prendra le dessus, et la croûte océanique (la plus dense, d = 3,2) plongera à son tour dans un mouvement de subduction inversé, conduisant à une marge continentale active, ou marge de convergence.
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Une marge continentale active est une zone de convergence qui met en contact une croûte continentale supérieure et une croûte océanique plongeant sous celle-ci dans une fosse de subduction. La côte ouest de l'Amérique du Sud en est un exemple. La subduction d'une plaque sous une autre entraîne de nombreuses conséquences, comme un volcanisme andésitique (ou explosif ou volcan gris), de nombreux tremblements de terre et surtout la formation des plis et des failles.
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Enfin, si la convergence le long d'une marge continentale active a consommé toute la croûte océanique, elle conduit à une zone de collision, là où deux croûtes continentales se confrontent. Le moteur du mécanisme de subduction se bloque. Il n'est pas assez puissant pour faire plonger l'une des plaques dans l'asthénosphère à cause de leur faible densité. Les deux plaques se soudent pour n'en former qu'une seule. C'est le cas notamment de la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre la plaque indienne et la plaque eurasiatique ; cette rencontre s'est produite il y a 65 millions d'années à la faveur de la migration du continent indien. Les Alpes et les chaînes de l'Atlas sont des exemples de chaînes de collision. Il faut noter que pendant la collision, le matériel sédimentaire est transporté en hauteur pour former des chaînes de montagnes où les roches sont plissées et faillées.
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La collision conduit à la formation de masses continentales de plus en plus importantes. John Tuzo Wilson a montré que les continents grandissent par un cycle de Wilson, une série d'étapes quasi périodiques où les plaques tectoniques de la croûte terrestre se dispersent puis s'agrègent.
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Le « coulissage » ou « transcurrence » se dit du glissement horizontal de deux plaques, l'une à côté et le long de l'autre. Il s'agit d'un déplacement latéral d'une plaque contre une autre.
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Le décrochement est généralement le fait de croûtes continentales. Pendant le déplacement de cette faille se produisent des séismes très violents, dus aux frottements rugueux le long de failles épaisses et peu rectilignes. La faille de San Andreas en Californie et la faille nord-anatolienne en Turquie en sont deux exemples.
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Comme indiqué ci-dessus, une dorsale océanique est toujours formée de segments de divergence, séparés par des failles transformantes ; cependant ces failles transformantes océaniques associées aux dorsales ne produisent guère de séismes, étant très rectilignes et sur des zones de croûte océanique de faible épaisseur.
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Des zones de décrochement transformantes peuvent également être associées à la limite entre plaques océaniques et plaques continentales, comme pour la plaque caraïbe et la plaque Scotia.
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La Terre possède une chaleur importante du fait de la radioactivité (désintégration du potassium, de l'uranium et du thorium) et de la chaleur d'accrétion initiale. Elle se refroidit en évacuant la chaleur à sa surface. Pour cela, on connaît trois mécanismes : conduction thermique, convection et transfert radiatif. Au niveau du manteau terrestre, la majeure partie du flux de chaleur est évacuée par la mise en mouvement des roches. C'est cette convection mantellique qui est le moteur de la tectonique des plaques[25]. La convection est induite par la présence de matériel chaud (donc moins dense) sous du matériel moins chaud (donc plus dense). Ces mouvements sont très lents (de l'ordre de 1 à 13 cm/an) et favorisés par la lubrification par l’eau de mer et les sédiments qui réduisent les frottements entre les plaques[26].
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Jusqu'à peu, les géologues considéraient que le couplage mécanique entre les mouvements de l'asthénosphère et de la lithosphère était le principal moteur de la tectonique des plaques. L'importance de ce couplage entre la lithosphère (rigide et cassante) et l'asthénosphère (manteau sous-jacent ductile et déformable) est remise en cause. L'origine de la force qui rend les plaques mobiles est discutée :
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Ces possibilités ne sont pas exclusives, mais les contributions relatives dans le mouvement sont très discutées et dépendent des études, en particulier le rôle du couplage entre la lithosphère et l'asthénosphère, considéré comme majeur jusque dans les années 1990 est fortement remis en question.
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En 2019, une simulation 3D de la tectonique globale sur 1,5 Ma retrouve les principales caractéristiques : reliefs montagneux de 10 km de haut, fosses sous-marines de 15 km de profondeur, zones de subduction et dorsales, apparition et disparition de supercontinents, vitesse de déplacement des plaques de quelques centimètres par an, et flux de chaleur en surface réaliste. Les calculs indiquent que, depuis 500 Ma au moins, les deux-tiers de la surface de la Terre se déplacent plus vite que le manteau sous-jacent (à 150 km de profondeur), et que les rôles sont inversés sur le tiers restant : dans la majorité des cas, le manteau s'oppose au mouvement de la plaque (la cause de ce déplacement se situe donc en surface, dans les zones de subduction qui tirent l'ensemble de la plaque), et dans un tiers des cas c'est au contraire le manteau pousse la surface avec lui (et ce sont donc les courants profonds qui sont responsables du mouvement de la plaque)[27],[28].
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Alors que les plus anciennes traces de tectonique des plaques dataient de 2,5 Ga (milliards d'années), une équipe internationale de chercheurs en géosciences en 2007 fait remonter cette tectonique à 3,8 Ga au début de l'archéen. L'analyse d'inclusions dans les diamants de la ceinture de roches vertes d'Isua (en) a révélé la présence d'éclogite caractéristique de la subduction d'une plaque océanique[29]. Un modèle numérique de tectonique des plaques en deux dimensions suggère que vers 4 Ga commencent à se former les plaques tectoniques et que la tectonique s’est généralisée un Ga plus tard : les mouvements descendants de l'asthénosphère étirent les roches de la partie mantellique de la lithosphère et déforment la taille des grains de la péridotite composant cette partie, ce qui la fragilise sur une période d'environ 10 Ma (millions d'années). La convection mantellique se déplaçant au cours du temps, les zones fragilisées qui ne sont plus soumises à la déformation voient leurs minéraux grossir, ce qui « cicatrise » la lithosphère sur une période d'un Ga[26]. En 2016, une modélisation thermomécanique suggère que ce sont les panaches qui, en brisant la croûte terrestre ont formé les premières plaques[30].
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Il est probable que l'activité géologique de la Terre se soit manifestée de façon très différente durant l'Hadéen et l'Archéen, et plausible que le mécanisme actuel de la tectonique des plaques ne se soit mis en place qu'au Paléoprotérozoïque (−2,5 à −1,6 Ga). La découverte d'éclogites vieilles de 2,1 Ga dans le bloc du Kasaï (craton du Congo)[31],[32] indique que la mise en place de la tectonique des plaques est au moins antérieure à cette date.
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La découverte en 2016 et 2018 d'un excès d'eau dans des inclusions vitreuses de komatiites du Canada[33] et du Zimbabwe[34], d'âge 2,7 Ga, atteste de l'existence de réservoirs mantelliques hydratés au Néoarchéen (−2,8 à −2,5 Ga). L'étude en 2019 du rapport D/H dans ces inclusions confirme que cette eau provient de la surface, probablement entraînée dans la zone de transition du manteau par la déshydratation de la croûte océanique de plaques subductées. La même étude obtient des résultats semblables (avec aussi un excès de chlore et un appauvrissement en plomb) dans des inclusions vitreuses de komatiites de la ceinture de roches vertes de Barberton (en) (Afrique du Sud), vieille de 3,3 Ga. Ces résultats font ainsi remonter les débuts de la tectonique des plaques au Paléoarchéen (−3,6 à −3,2 Ga)[35],[36].
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L'animation ci-dessus montre la dislocation de la Pangée depuis le Trias. Dans un premier temps, ce supercontinent se sépare en Laurasia et Gondwana. La Laurasia se fragmente en Amérique du Nord et Groenland d'une part et Eurasie d'autre part, tandis que du Gondwana se détache successivement la Nouvelle-Zélande, l'Inde, puis le bloc Australie-Nouvelle-Guinée, avant que ce continent ne se partage entre Amérique du Sud, Afrique et Antarctique. Cette dislocation aboutit à une recomposition des continents puisque, par exemple, l'Inde fusionne avec l'Eurasie, suivie par l'Afrique et la Nouvelle-Guinée.
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Cette alternance de dislocation et de recomposition est intervenue plusieurs fois au cours des temps géologiques.
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Cet historique général ne prend pas en compte l'intervention des différents terranes, comme l'Avalonia, issue de la Pannotia, qui a participé à la formation de la Laurussia.
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La chaleur de la Terre ne s'évacue pas de la même façon selon que les continents sont regroupés en un seul ou qu'ils sont dispersés comme c'est le cas aujourd'hui et selon leur position (qui influe sur leur albédo, plus claires en zone polaire par exemple). Les chaînes de montagnes terrestres ou sous-marines modifient respectivement la circulation des masses d'air humide et des courants marins. Un supercontinent forme un « bouclier thermique » qui modifie la manière dont la chaleur s'évacue. Il se disloquera nécessairement en plusieurs fragments. Cela marquera le début d'un nouveau cycle de Wilson ainsi baptisé en l'honneur de John Tuzo Wilson (1908-1993), géophysicien canadien, qui a, le premier, émis l'hypothèse de ce rassemblement périodique des continents.
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La fermeture en cours de l'océan Pacifique devrait conduire à la formation d'un nouveau supercontinent, dénommé Amasia (« Amasie ») par Paul F. Hoffman en 1992[37]. L'Amasie pourrait se former d'ici une centaine de millions d'années, être centrée sur le pôle Nord et rester séparée de l'Antarctique[38],[39].
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La tectonique des plaques (du latin tardif tectonicus, dérivé du grec ancien τεκτονικός / tektonikós « de construction ») est un modèle scientifique expliquant la dynamique globale de la lithosphère terrestre. Ce modèle théorique a été constitué à partir du concept de dérive des continents, qui fut développé par Alfred Wegener au début du XXe siècle. La théorie de la tectonique des plaques fut acceptée par la communauté géologique internationale à la fin des années 1960, à la suite de l'émission des concepts du « double tapis-roulant océanique ».
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La lithosphère, coque externe rigide de la Terre constituée de la croûte et d'une partie du manteau supérieur, est subdivisée en plaques, dites tectoniques ou lithosphériques. Quinze plaques majeures ont été identifiées, auxquelles se rajoute une cinquantaine de plaques mineures. Ces plaques ont des mouvements relatifs variés, ce qui génère entre elles différents types de frontières : convergentes, divergentes ou transformantes. Au niveau de ces frontières se produisent de nombreux phénomènes géologiques tels que les séismes, l'activité volcanique, la formation de chaînes de montagnes et celle de fosses océaniques. La vitesse du mouvement relatif de deux plaques voisines varie entre 0 et 100 mm/an.
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Les plaques tectoniques sont constituées d'une lithosphère océanique et/ou continentale, caractérisée par les croûtes des mêmes noms respectifs, sous lesquelles se trouve la zone rigide du manteau supérieur.
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Le mouvement de ces plaques est possible du fait que la lithosphère, rigide, flotte sur l'asthénosphère sous-jacente, partie ductile du manteau supérieur. Ce mobilisme lithosphérique est l'expression des mouvements de convection qui animent le manteau terrestre, mécanisme permettant à la Terre de dissiper sa chaleur interne vers la surface.
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Pendant plusieurs siècles, les sciences de la Terre ont été dominées par la théorie fixiste qui repose sur le constat de l'état solide de la quasi-totalité du globe terrestre et de la surface terrestre qui présente une géométrie immuable, stable.
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Dès 1596, dans son ouvrage Thesaurus geographicus, le cartographe anversois Abraham Ortelius remarque la ressemblance du tracé des côtes américaines et africaines. Il émet l’hypothèse que ces continents ont autrefois été réunis, et qu’ils ont été séparés à la suite de catastrophes : inondations et séismes. Francis Bacon souligne également cette complémentarité en 1620. Dans la Corruption du grand et petit Monde (1668) le père François Placet affirme que la séparation de l'Amérique du reste des continents s'est produite pendant le déluge universel[1]. En 1756, le théologien allemand Theodor Christoph Lilienthal (de) découvre la confirmation biblique de cette séparation en interprétant avec peu de vraisemblance un passage du livre de la Genèse[2].
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Le pas final vers une vraie théorie de la dérive des continents revient en 1858 au géographe Antonio Snider-Pellegrini dans son mémoire intitulé La Création et ses mystères dévoilés. Il propose une première ébauche d'explication rationnelle de la complémentarité des côtes d'Europe et d'Amérique du Nord par la ressemblance des flores fossiles du Carbonifère dans ces deux continents. Pour Snider, un bloc primitif de roches en fusion aurait occupé une seule face de la Terre puis, refroidi, se serait rompu, créant l'Atlantique qui sépare les deux continents ; ceux-ci se seraient ensuite déplacés à la surface de la Terre. Cependant Snider, tenant de l'orthodoxie chrétienne, invoque encore la théorie du catastrophisme pour attribuer le phénomène du refroidissement au Déluge[3].
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Les hommes de science, imprégnés de la théorie de l'uniformitarisme qui s'est imposée à la fin du XIXe siècle, continuent à croire ferme à la pérennité des mers et des continents. Pourtant, quelques mobilistes (tenants de la théorie mobiliste qui considère que d'importants mouvements horizontaux animent la Terre) se sont exprimés.
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Jusqu'au début du XXe siècle, la mobilité verticale de la terre est admise (d'après l'observation des séismes, des volcans en formation) mais pas la mobilité horizontale.
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La théorie fixiste reste cependant dominante et seuls les déplacements verticaux demeurent expliqués. Le géologue Léonce Élie de Beaumont développe l'hypothèse de « systèmes de soulèvement » pour expliquer l'orogenèse. À la fin du XIXe siècle, Eduard Suess remplace l'hypothèse des « soulèvements » par celle des « affaissements » : adepte de la théorie de la contraction de la Terre[a], il propose que les montagnes résultent de plissements tandis que les océans proviennent de l'effondrement des ponts terrestres. Cependant, plusieurs contraintes (distribution bimodale des altitudes[b], quasi constance de la gravité à la surface du globe) rendent ces modèles fixistes inopérants[4].
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Le géologue Frank Bursley Taylor formule en 1908, dans une communication à la Société américaine de géologie, l'hypothèse de la dérive continentale, se fondant sur le fait qu'on retrouve des chaînes de montagnes sur les marges continentales opposées des côtes atlantiques, comme les Rocheuses en Amérique du Nord et les Andes en Amérique du Sud. Ces chaînes se seraient formées par un effet de boutoir causé par la dérive des continents.
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Le 6 janvier 1912, le météorologue allemand Alfred Wegener, sans connaître semble-t-il les travaux de Taylor, présente à la Société géologique de Francfort-sur-le-Main un exposé cohérent et argumenté de la théorie de la dérive des continents, avec plusieurs éléments de démonstration, ce qui explique que la paternité de cette théorie lui est attribuée[5]. Pour lui, un supercontinent, la Pangée (mot formé de deux noms grecs, Pan, et gê, Terre tout entière) s'est disloqué au début de l'ère secondaire, entraînant l'ouverture de l'Atlantique Nord et la séparation de l'Antarctique, puis l'ouverture de l'Atlantique Sud. Depuis cette ère, les masses continentales issues de cette fragmentation dériveraient à la surface de la Terre, telles des radeaux. Wegener publie un ouvrage en 1915, Genèse des océans et des continents : théories des translations continentales, dans lequel il précise les nombreuses preuves sur lesquelles il s'appuie : preuves morphologiques (emboîtement des formes des continents, comme la corne nord-est du Brésil et le fond du golfe de Guinée), stratigraphiques (continuité stratigraphique entre l'Afrique et l'Amérique du Sud qui se traduit par l'existence des cratons faits de tonalites ou boucliers qui datent du Paléozoïque), paléoclimatiques (existence de galets striés datant du primaire en Afrique du Sud et en Amérique du Sud, ce qui témoigne que les deux continents ont subi les mêmes influences glaciaires durant l'ère Paléozoïque) et paléontologiques (même faune et flore du primaire au rang desquelles les mésosaures, les cygnonatus et les glossoptéris, sorte de fougère à graines du Paléozoïque).
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Cette intuition, pourtant étayée par des arguments interdisciplinaires convaincants, est rejetée par une bonne partie de la communauté scientifique (Du Rietz (de), Ludwig Diels ou Harold Jeffreys) et ne trouve que peu de partisans, tel René Jeannel[6]. Wegener échoue en effet dans sa théorie cinématique (théorie mobiliste plus descriptive que causale) à fournir une cause plausible de cette dérive. Il pense que la croûte continentale seule se déplace, en glissant directement « dans » ou « à la surface de » la croûte océanique. Mais, dans cette vision théorique marquée encore par un certain fixisme (la dérive des continents de Wegener est d'abord une théorie de la permanence des continents), la dérive se caractérise par la formation de trous béants. Wegener propose comme explication le broutage des continents sur le fond des océans pour expliquer la dérive. De plus, l'hypothèse des « radeaux » de sial flottant sur le sima visqueux n'est pas acceptable car les sismogrammes démontrent que le sima est solide. Enfin, les forces imaginées par Wegener (forces centrifuges de la fuite des pôles, force d'Eötvös, effet de marée) pour faire dériver les continents sont trop faibles pour vaincre leur rigidité[7].
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Les mécanismes et la morphologie interne de la Terre sont à cette époque encore inconnus pour une interprétation plausible de la dérive. De plus, les géologues considèrent implicitement les fonds marins comme ayant une nature identique à celle des continents[8].
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Jean Goguel publie en 1942 son Introduction à l'étude mécanique des déformations de l'écorce terrestre ; en 1952, il publie son Traité de tectonique. L'hypothèse des mouvements de convection dans le manteau, émise par Arthur Holmes en 1945, propose un moteur plausible à ces déplacements de continents.
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Le géologue américain Harry Hess s'appuie sur de nouvelles données scientifiques (cartes des fonds océaniques avec mise en évidence des rifts et fosses océaniques, flux de chaleur et cartes de l'âge du plancher océanique) pour élaborer en 1962 un nouveau modèle scientifique, l'expansion des fonds océaniques, appelée aussi hypothèse du double tapis roulant. Hess propose que la croûte océanique, créée au niveau des dorsales par des courants ascendants et enfouie au niveau des fosses océaniques par des courants descendants (phénomène de subsidence), est continuellement recyclée alors que la croûte continentale, à cause de sa légèreté, est condamnée à dériver à la surface de la Terre.
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L'hypothèse du double tapis roulant marque une véritable révolution des sciences de la Terre[c] et affine le concept primitif de dérive des continents de Wegener. Ce dernier fait des blocs continentaux (formés de croûte continentale) le moteur de la dérive des continent alors qu'ils perdent ce rôle au profit des océans selon Hess. Pour ce dernier, les continents sont incorporés dans la lithosphère comme des morceaux de bois dans la banquise et sont entraînés passivement au gré des ouvertures et fermetures des océans.
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Différentes observations permettent de vérifier l'hypothèse de l'expansion océanique.
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En 1958 et 1961, les océanographes Ron G. Mason (en) et Arthur D. Raff mettent en évidence des bandes d'anomalies magnétiques symétriques par rapport à l'axe des dorsales océaniques, corrélables avec les phénomènes d'inversion du champ magnétique terrestre[10],[11]. Le géophysicien Drummond Matthews (en) et son étudiant Frederick Vine (en) interprètent cette disposition surnommée « peau de zèbre » comme la confirmation de l'hypothèse d'Hess : l'accrétion de matériau mantellique au niveau des rifts et la dérive de la croûte océanique portée par le manteau sous-jacent qui agit comme un tapis roulant de part et d'autre du rift, sont à l'origine de cette disposition caractéristique[12].
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Dès lors se met en place la théorie synthétique de la tectonique des plaques qui donne une explication globale à l'expansion océanique et la sismicité des zones des fosses océaniques en modélisant le mouvement relatif de plaques tectoniques sur la sphère terrestre. En 1965, le géophysicien Tuzo Wilson développe le concept de faille transformante, ce qui lui permet de découper la surface de la Terre en une mosaïque de plaques (qu'il nomme « plaques lithosphériques ») en mouvement les unes par rapport aux autres[13]. En 1967, Dan Peter McKenzie détaille le moteur de cette tectonique, la convection mantellique[14], et avec son collègue Parker contraint le modèle avec des problèmes géométrique relatifs aux mouvements sur sphère[15]. William Jason Morgan suggère en 1968 que la tectonique terrestre peut être modélisée par un nombre réduit de plaques tectoniques (six gros blocs rigides et douze plus petits)[16]. La même année, le géodynamicien français Xavier Le Pichon propose un modèle composé de six plaques et montre leurs mouvements relatifs depuis 120 millions d'années[17]. Enfin, Jack Oliver et son étudiant Bryan Isacks parviennent à expliquer la sismicité sur tout le globe terrestre par le modèle de la tectonique des plaques[18], ce qui finit de convaincre la majorité des scientifiques à rejeter le paradigme fixiste et embrasser la toute nouvelle théorie[19].
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Lors de l'exposé de sa théorie de la tectonique des plaques en 1968, Le Pichon distingue six plaques lithosphériques principales[20] :
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Outre ces plaques majeures, des études plus détaillées ont conduit à distinguer un certain nombre de plaques secondaires, de moindre importance. En effet, les limites des plaques ne sont pas toujours bien définies et l'on parle de frontière de plaque « diffuse »[21].
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La recherche dénombre quinze plaques principales en 2015[22].
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En 2016, les simulations numériques réalisées par Mallard et al. montrent que les plaques tectoniques sont au nombre de cinquante-trois : sept grandes plaques (l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Eurasie, le Pacifique, l’Australie et l’Antarctique), couvrant 94 % de la surface du globe, entre lesquelles se trouvent quarante-six petites plaques complémentaires[23],[24].
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On admet à présent que les plaques tectoniques sont portées par les mouvements du manteau asthénosphérique sous-jacent, et subissent des interactions dont les trois types principaux sont la divergence, la convergence, et le coulissage. À ces trois types d'interaction sont associées les trois grandes familles de failles :
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Une zone de « divergence » apparaissant dans une croûte continentale conduit transitoirement à la formation d'un rift.
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Un rift actif en zone continentale ne peut pas être une situation prolongée, parce que l'éloignement des deux bords de croûte continentale crée un vide qui sera comblé par de la croûte océanique, créant à terme un nouvel océan.
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L'exemple le plus célèbre de divergence continentale est la vallée du Grand Rift en Afrique, qui est en train de séparer la plaque africaine de la plaque somalienne, qui se prolonge par le rift de la Mer Rouge, déjà en grande partie submergé, qui sépare la plaque africaine de la plaque arabique.
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Quand les croûtes continentales se sont suffisamment séparées, la zone de divergence se retrouve en milieu océanique, et sépare deux surfaces constituées de croûte océanique. Une telle zone de divergence océanique éloigne deux plaques l'une de l'autre, couplé à une remontée du manteau entre elles, permettant la formation continue de croûte océanique. Leur frontière divergente correspond à une ride océanique ou dorsale, lieu de création de lithosphère océanique et théâtre de volcanisme intense.
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En dehors de leurs bordures, les plaques sont rigides, de géométrie fixe : s'il y a des zones de divergence créant de la surface terrestre, il y a nécessairement aussi des zones de convergence où la surface terrestre peut disparaître. Les zones de divergence sont donc nécessairement accompagnées de zones de convergence.
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Les zones de convergence sont la principale source d'orogenèse. La formation de montagnes continentales à partir de zones de convergence est un mécanisme à quatre temps.
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Une zone de convergence impliquant deux croûtes océaniques conduit l'une à plonger sous l'autre, dans un mouvement de subduction. La plaque inférieure s'enfonce dans une fosse océanique, et sur la bordure de la plaque supérieure se forme un arc volcanique. C'est la situation de la fosse des Mariannes, ou des Îles Kouriles. Dans ce type de convergence, la plaque inférieure se raccourcit, et la plaque supérieure reste stable.
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Si la croûte océanique de la plaque inférieure se prolonge par une croûte continentale, l'entrée de cette dernière dans la fosse océanique conduira transitoirement à une situation d'obduction : la croûte océanique supérieure passe au-dessus de la croûte continentale inférieure. Cette situation est transitoire, parce que la croûte continentale, moins dense, ne peut pas s'enfoncer et bloque le mouvement de convergence. Si la convergence se poursuit, c'est la croûte continentale (moins dense, d = 2,7), éventuellement chevauchée par des roches d'origine océanique, qui prendra le dessus, et la croûte océanique (la plus dense, d = 3,2) plongera à son tour dans un mouvement de subduction inversé, conduisant à une marge continentale active, ou marge de convergence.
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Une marge continentale active est une zone de convergence qui met en contact une croûte continentale supérieure et une croûte océanique plongeant sous celle-ci dans une fosse de subduction. La côte ouest de l'Amérique du Sud en est un exemple. La subduction d'une plaque sous une autre entraîne de nombreuses conséquences, comme un volcanisme andésitique (ou explosif ou volcan gris), de nombreux tremblements de terre et surtout la formation des plis et des failles.
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Enfin, si la convergence le long d'une marge continentale active a consommé toute la croûte océanique, elle conduit à une zone de collision, là où deux croûtes continentales se confrontent. Le moteur du mécanisme de subduction se bloque. Il n'est pas assez puissant pour faire plonger l'une des plaques dans l'asthénosphère à cause de leur faible densité. Les deux plaques se soudent pour n'en former qu'une seule. C'est le cas notamment de la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre la plaque indienne et la plaque eurasiatique ; cette rencontre s'est produite il y a 65 millions d'années à la faveur de la migration du continent indien. Les Alpes et les chaînes de l'Atlas sont des exemples de chaînes de collision. Il faut noter que pendant la collision, le matériel sédimentaire est transporté en hauteur pour former des chaînes de montagnes où les roches sont plissées et faillées.
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La collision conduit à la formation de masses continentales de plus en plus importantes. John Tuzo Wilson a montré que les continents grandissent par un cycle de Wilson, une série d'étapes quasi périodiques où les plaques tectoniques de la croûte terrestre se dispersent puis s'agrègent.
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Le « coulissage » ou « transcurrence » se dit du glissement horizontal de deux plaques, l'une à côté et le long de l'autre. Il s'agit d'un déplacement latéral d'une plaque contre une autre.
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Le décrochement est généralement le fait de croûtes continentales. Pendant le déplacement de cette faille se produisent des séismes très violents, dus aux frottements rugueux le long de failles épaisses et peu rectilignes. La faille de San Andreas en Californie et la faille nord-anatolienne en Turquie en sont deux exemples.
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Comme indiqué ci-dessus, une dorsale océanique est toujours formée de segments de divergence, séparés par des failles transformantes ; cependant ces failles transformantes océaniques associées aux dorsales ne produisent guère de séismes, étant très rectilignes et sur des zones de croûte océanique de faible épaisseur.
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Des zones de décrochement transformantes peuvent également être associées à la limite entre plaques océaniques et plaques continentales, comme pour la plaque caraïbe et la plaque Scotia.
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La Terre possède une chaleur importante du fait de la radioactivité (désintégration du potassium, de l'uranium et du thorium) et de la chaleur d'accrétion initiale. Elle se refroidit en évacuant la chaleur à sa surface. Pour cela, on connaît trois mécanismes : conduction thermique, convection et transfert radiatif. Au niveau du manteau terrestre, la majeure partie du flux de chaleur est évacuée par la mise en mouvement des roches. C'est cette convection mantellique qui est le moteur de la tectonique des plaques[25]. La convection est induite par la présence de matériel chaud (donc moins dense) sous du matériel moins chaud (donc plus dense). Ces mouvements sont très lents (de l'ordre de 1 à 13 cm/an) et favorisés par la lubrification par l’eau de mer et les sédiments qui réduisent les frottements entre les plaques[26].
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Jusqu'à peu, les géologues considéraient que le couplage mécanique entre les mouvements de l'asthénosphère et de la lithosphère était le principal moteur de la tectonique des plaques. L'importance de ce couplage entre la lithosphère (rigide et cassante) et l'asthénosphère (manteau sous-jacent ductile et déformable) est remise en cause. L'origine de la force qui rend les plaques mobiles est discutée :
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Ces possibilités ne sont pas exclusives, mais les contributions relatives dans le mouvement sont très discutées et dépendent des études, en particulier le rôle du couplage entre la lithosphère et l'asthénosphère, considéré comme majeur jusque dans les années 1990 est fortement remis en question.
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En 2019, une simulation 3D de la tectonique globale sur 1,5 Ma retrouve les principales caractéristiques : reliefs montagneux de 10 km de haut, fosses sous-marines de 15 km de profondeur, zones de subduction et dorsales, apparition et disparition de supercontinents, vitesse de déplacement des plaques de quelques centimètres par an, et flux de chaleur en surface réaliste. Les calculs indiquent que, depuis 500 Ma au moins, les deux-tiers de la surface de la Terre se déplacent plus vite que le manteau sous-jacent (à 150 km de profondeur), et que les rôles sont inversés sur le tiers restant : dans la majorité des cas, le manteau s'oppose au mouvement de la plaque (la cause de ce déplacement se situe donc en surface, dans les zones de subduction qui tirent l'ensemble de la plaque), et dans un tiers des cas c'est au contraire le manteau pousse la surface avec lui (et ce sont donc les courants profonds qui sont responsables du mouvement de la plaque)[27],[28].
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Alors que les plus anciennes traces de tectonique des plaques dataient de 2,5 Ga (milliards d'années), une équipe internationale de chercheurs en géosciences en 2007 fait remonter cette tectonique à 3,8 Ga au début de l'archéen. L'analyse d'inclusions dans les diamants de la ceinture de roches vertes d'Isua (en) a révélé la présence d'éclogite caractéristique de la subduction d'une plaque océanique[29]. Un modèle numérique de tectonique des plaques en deux dimensions suggère que vers 4 Ga commencent à se former les plaques tectoniques et que la tectonique s’est généralisée un Ga plus tard : les mouvements descendants de l'asthénosphère étirent les roches de la partie mantellique de la lithosphère et déforment la taille des grains de la péridotite composant cette partie, ce qui la fragilise sur une période d'environ 10 Ma (millions d'années). La convection mantellique se déplaçant au cours du temps, les zones fragilisées qui ne sont plus soumises à la déformation voient leurs minéraux grossir, ce qui « cicatrise » la lithosphère sur une période d'un Ga[26]. En 2016, une modélisation thermomécanique suggère que ce sont les panaches qui, en brisant la croûte terrestre ont formé les premières plaques[30].
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Il est probable que l'activité géologique de la Terre se soit manifestée de façon très différente durant l'Hadéen et l'Archéen, et plausible que le mécanisme actuel de la tectonique des plaques ne se soit mis en place qu'au Paléoprotérozoïque (−2,5 à −1,6 Ga). La découverte d'éclogites vieilles de 2,1 Ga dans le bloc du Kasaï (craton du Congo)[31],[32] indique que la mise en place de la tectonique des plaques est au moins antérieure à cette date.
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La découverte en 2016 et 2018 d'un excès d'eau dans des inclusions vitreuses de komatiites du Canada[33] et du Zimbabwe[34], d'âge 2,7 Ga, atteste de l'existence de réservoirs mantelliques hydratés au Néoarchéen (−2,8 à −2,5 Ga). L'étude en 2019 du rapport D/H dans ces inclusions confirme que cette eau provient de la surface, probablement entraînée dans la zone de transition du manteau par la déshydratation de la croûte océanique de plaques subductées. La même étude obtient des résultats semblables (avec aussi un excès de chlore et un appauvrissement en plomb) dans des inclusions vitreuses de komatiites de la ceinture de roches vertes de Barberton (en) (Afrique du Sud), vieille de 3,3 Ga. Ces résultats font ainsi remonter les débuts de la tectonique des plaques au Paléoarchéen (−3,6 à −3,2 Ga)[35],[36].
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L'animation ci-dessus montre la dislocation de la Pangée depuis le Trias. Dans un premier temps, ce supercontinent se sépare en Laurasia et Gondwana. La Laurasia se fragmente en Amérique du Nord et Groenland d'une part et Eurasie d'autre part, tandis que du Gondwana se détache successivement la Nouvelle-Zélande, l'Inde, puis le bloc Australie-Nouvelle-Guinée, avant que ce continent ne se partage entre Amérique du Sud, Afrique et Antarctique. Cette dislocation aboutit à une recomposition des continents puisque, par exemple, l'Inde fusionne avec l'Eurasie, suivie par l'Afrique et la Nouvelle-Guinée.
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Cette alternance de dislocation et de recomposition est intervenue plusieurs fois au cours des temps géologiques.
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Cet historique général ne prend pas en compte l'intervention des différents terranes, comme l'Avalonia, issue de la Pannotia, qui a participé à la formation de la Laurussia.
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La chaleur de la Terre ne s'évacue pas de la même façon selon que les continents sont regroupés en un seul ou qu'ils sont dispersés comme c'est le cas aujourd'hui et selon leur position (qui influe sur leur albédo, plus claires en zone polaire par exemple). Les chaînes de montagnes terrestres ou sous-marines modifient respectivement la circulation des masses d'air humide et des courants marins. Un supercontinent forme un « bouclier thermique » qui modifie la manière dont la chaleur s'évacue. Il se disloquera nécessairement en plusieurs fragments. Cela marquera le début d'un nouveau cycle de Wilson ainsi baptisé en l'honneur de John Tuzo Wilson (1908-1993), géophysicien canadien, qui a, le premier, émis l'hypothèse de ce rassemblement périodique des continents.
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La fermeture en cours de l'océan Pacifique devrait conduire à la formation d'un nouveau supercontinent, dénommé Amasia (« Amasie ») par Paul F. Hoffman en 1992[37]. L'Amasie pourrait se former d'ici une centaine de millions d'années, être centrée sur le pôle Nord et rester séparée de l'Antarctique[38],[39].
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Un thrombocyte (du grec thrombôsis, de thromboûn : faire coaguler[1] et kutos : enveloppe) ou plaquette sanguine est un élément figuré du sang, formé par fragmentation des mégacaryocytes, grandes cellules contenues dans la moelle osseuse. Les thrombocytes ne sont donc en fait pas des cellules complètes mais uniquement de petits fragments. Ceux-ci sont dépourvus de noyau chez les mammifères, mais sont nucléés chez les oiseaux.
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Leur durée de vie est d'environ 8 à 12 jours dans le compartiment sanguin. Le lieu de dégradation des thrombocytes est la rate. Elles sont un des composants indispensables à l'hémostase primaire.
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Ce sont les plus petits éléments figurés du sang. Les thrombocytes ne sont pas des cellules à proprement parler ; il s'agit de fragments cellulaires formés à partir d'un précurseur plurinucléé, le mégacaryocyte, présent dans la moelle osseuse. La formation des plaquettes se fait par "pincement" de la membrane du mégacaryocyte en périphérie, partitionnant complètement des fragments de cytoplasmes qui intègrent ensuite le compartiment sanguin. Les thrombocytes sont ainsi dépourvus de noyaux (anucléés) mais, à l'opposé des érythrocytes, conservent leurs organites (notamment des mitochondries).
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Les plaquettes (ou thrombocytes) sont de forme lenticulaire, en disque biconvexe, et mesurent entre 1.5 et 3.5 µm de diamètre. Les plaquettes sont présentes à raison de 150,000 à 400,000/µL de sang. Sur frottis, les plaquettes sont souvent regroupées et possèdent une affinité tinctoriale pour les colorants basiques (bleu de méthylène ou hématoxyline), leur donnant une apparence pourpre-bleu foncée. Au microscope optique (photonique), on peut distinguer deux zones aux thrombocytes :
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L'analyse ultrastructurale au microscope électronique permet de révéler une organisation des plaquettes en 4 zones :
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Le cytoplasme est très riche et on y retrouve :
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La thrombopoïèse s'effectue au niveau de la moelle osseuse. Elle se répartit en plusieurs étapes, mettant tour à tour en scène des divisions et des différenciations cellulaires. Toutefois, les poumons contribueraient à 50 % de la production des plaquettes[3].
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Comme toute cellule différenciée, les plaquettes dérivent d'une cellule souche appelée également pluripotente. Puis celles-ci se différencient en cellules multipotentes. On observe alors une différenciation en CFU-GEMM (Colony Forming Unit - Granulocyte-Erythrocyte-Monocyte-Megakaryocyte) qui pourront également, à la suite de plusieurs différenciations, donner naissance aux érythrocytes ou encore aux macrophages.
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Ces CFU-GEMM se différencient ensuite en précurseurs de chaque lignée, dont les CFU-MK (Colony Forming Unit - MegaKaryocytic), qui donneront les mégacaryoblastes. Après plusieurs divisions cellulaires (7 au total), on observe dans le cytoplasme, un noyau polyploïde. Le mégacaryocyte subit en effet plusieurs cycles de division cellulaire durant lesquels il réplique son ADN. Cependant, aucune n'étant menée à son terme, le noyau double sa quantité d'ADN à chaque division.
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Ces fausses divisions appelées endomitoses achèvent la thrombopoïèse : les mégacaryoblastes vont devenir mégacaryocytes basophiles, puis granuleux et thrombocytogènes. La cellule mesure alors de 100 à 150 micromètres (les mégacaryocytes sont les plus grosses cellules de la moelle osseuse, mais aussi les plus rares[2]) et le noyau comporte jusqu'à 128 fois la quantité normale d'ADN (valeur modale : 16N) : ce dernier se condense avant d'être éliminé par caryopinocytose.
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Dès lors, les proplaquettes (de 5 à 7, dans les mégacaryocytes) vont être libérées, et vont elles-mêmes littéralement exploser pour donner naissance à 1 000 voire 1 500 plaquettes chacune, conférant un pouvoir de production de l'ordre de 104 plaquettes par mégacaryocytes, ce qui se justifie par la courte durée de vie (9 à 10 jours[4] chez l'humain) des plaquettes dans le sang (environ 1011 plaquettes sont produites chaque jour pour garder le taux constant dans le sang humain[4]). Les plaquettes sont alors libérées dans le sang, afin qu'elles puissent remplir le rôle fondamental dans la survie du corps.
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Leur principale fonction consiste à arrêter rapidement un saignement. Les thrombocytes sont donc importants pour l'hémostase primaire.
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Les plaquettes, ou thrombocytes, sont des particules anucléées de 2 à 4 microns de diamètre. Après coloration au MGG, on met en évidence deux zones :
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Les plaquettes sont libérées par les mégacaryocytes qui éclatent au moment du passage dans le torrent circulatoire, leur diamètre d'environ 11 microns ne leur permettant pas le passage dans les vaisseaux de la rate (d'un diamètre de 3 µm). Leur rôle principal est celui de l'hémostase primaire, qui survient quand il y a «solution de continuité» (c’est-à-dire rupture[6]) au sein de l'endothélium vasculaire ; autrement dit lorsque le sous-endothélium est exposé au torrent circulatoire (hémorragie interne ou externe).
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Ce phénomène induit une réaction vasculaire vasoconstrictrice ayant pour effet, d'une part de diminuer la vitesse locale de passage de toutes les protéines et éléments sanguins, et d'autre part d'augmenter la concentration locale de certains médiateurs.
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Après une phase d'agrégation, les plaquettes peuvent fixer le sous-endothélium par l'intermédiaire du facteur de Von Willebrand et du fibrinogène qui pontent respectivement le sous-endothélium aux protéines IB, IIB et IIIA des plaquettes. Les plaquettes, discoïdales au repos, prennent alors une forme sphérique. Une amplification du phénomène conduit à la formation d'un thrombus blanc (caillot sanguin constitué de plaquettes agglutinées les unes aux autres auxquelles s'accolent les leucocytes). Il s'ensuit la constitution d'un réseau de fibrine dans lequel les globules rouges s'enchâssent et s'immobilisent : c'est le thrombus rouge.
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Les plaquettes interviennent dans l'hémostase primaire en fixant un complexe prothrombinase qui transforme la prothrombine en thrombine, la thrombine étant elle-même responsable de la dégradation du fibrinogène en fibrine.
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Leur concentration normale est de 150 à 400 G/L (milliards par litre). Elles sont comptées de manière automatisée lors d'une numération formule sanguin (ou NFS). Parfois le compte doit être demandé spécifiquement (« numération plaquettaire »). Leur nombre tend à diminuer avec l'âge[7]. Il est un peu plus important chez les afro-américains[8].
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Lorsque la concentration est inférieure à 150 G/l, on parle de thrombopénie. Lorsqu'elle est supérieure à 400, on parle alors de thrombocytose.
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Une numération normale des thrombocytes chez une personne saine est entre 150 et 400 Giga/L (× 109 /litres de sang).
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En cas de troubles de l'hémostase, on peut rencontrer aussi bien :
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En général, des taux bas ne requièrent pas de transfusions, à moins que le patient ne saigne ou que le taux soit descendu en dessous de 20 Giga/L ; elles sont contre-indiquées en cas de purpura thrombotique thrombocytopénique car cela aggraverait le trouble de l'hémostase.
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Il s'agit d'une thrombocytose qu'on peut classer en :
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Le plasma est le matériau le plus fin (minéraux argileux, oxydes de fer, macromolécules organiques) qui se trouve au sein des agrégats primaires et qui est susceptible de servir de ciment au squelette (particules plus grossières)[1].
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Le platine est l'élément chimique de numéro atomique 78, de symbole Pt.
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Les qualités du platine en font l'une des huit matières premières stratégiques considérées comme indispensables en temps de guerre[7].
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Ce métal facilement martelable était utilisé en Amérique précolombienne, ainsi que probablement par la plupart des cultures néolithiques et chalcolithiques majeures de l'Eurasie. Toutefois la première référence européenne apparut en 1557 dans les écrits de l'humaniste Jules César Scaliger (1484 – 1558) qui le décrit comme un métal mystérieux venant de mines des Indes occidentales situées entre Darién (Panama) et Mexico.
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Les Conquistadors hispaniques nomment d'emblée le métal « platina » (petit argent) quand ils le découvrent sous forme native en Colombie actuelle. Les savants le considèrent par principe comme une impureté de l'argent, une sorte de « petit argent brillant » par mépris, et les autorités régaliennes espagnoles, ayant le monopole du bon minerai et des métaux recherchés, s'empressent de le mettre au rebut et de le rejeter dans les fleuves car ils redoutaient les fraudes diverses, telles l'imitation de pièces d'argent. Les Indiens et les colons à l'esprit pratique (il s'agit d'un métal inaltérable, relativement malléable et très ductile) s'en servaient pour de multiples usages, ustensiles divers, balles, pierres à fusils, en théorie illégaux et interdits sous peine de mort.
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Le curieux métal platine ne fut vraiment étudié pour lui-même que par le militaire et astronome Antonio de Ulloa (1716 – 1795), qui avec Jorge Juan y Santacilia (1713 – 1773), avait été chargé par le roi Philippe V d'Espagne de rejoindre la mission scientifique française au Pérou (1735 – 1745). Parmi d’autres objets selon lui inédits, Ulloa observa le platina del pinto, un métal inexploitable trouvé avec l’or de Nouvelle-Grenade (Colombie).
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Des corsaires britanniques interceptent le navire d’Ulloa sur le chemin du retour. Quoiqu’il fût bien traité en Angleterre et admis plus tard comme membre de la Royal Society, le savant étranger captif n'a pas le droit de publier avant 1748[réf. nécessaire]. Avant que cela ne puisse arriver, Charles Wood soupçonne indépendamment l'élément en 1741, avant que le médecin et chimiste William Brownrigg, avec l'aide de Ulloa, le décrive en minéralogie en 1748. Mais il fallait disposer de l'usage d'un chalumeau performant, mis au point plus tard par les chimistes et minéralogistes suédois à la fin du XVIIIe siècle, pour initier les rudiments de la chimie du platine, comme sa mise en forme en joaillerie. Il faut donc se résigner à admettre, sans oublier l'héritage savant, que le chimiste anglais Wollaston démontre en 1803 que le corps simple métallique est bien issu d'un élément particulier, nommé platinum en latin ou en anglais savant, soit platine en français, das Platin en allemand, platino en italien ou en espagnol.
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Le symbole alchimique du platine a été créé tardivement après par « fusion » ou accolement des symboles, respectivement lunaire et solaire, de l'argent et de l'or.
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Ce métal de transition fait partie du sous-groupe ou triade du nickel, avec le nickel et le palladium, et dans un sens plus large du sous-groupe des éléments du groupe 10. Ce métalloïde lourd avec l'osmium et l'iridium figure parmi les éléments de la période 6.
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Mais le nickel se distingue des deux platinoïdes Pd et Pt : il possède des formes ioniques simples et se révèle globalement plus réactif.
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La définition standard d'un mètre fut longtemps fondée sur la distance entre deux marques gravées sur une barre en platine iridié conservée au Bureau international des poids et mesures à Sèvres en France. Jusqu'en novembre 2018, un cylindre en platine iridié, également conservé au BIPM, a servi de prototype au kilogramme. En France, l'intensité lumineuse du platine en fusion servait d'étalon en métrologie pour l'unité d'éclairage en bougie[8].
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Le platine est également toujours utilisé dans la définition de l'électrode standard à hydrogène.
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Le platine naturel est un mélange de six isotopes, dont cinq stables (192Pt, 194Pt, 195Pt, 196Pt et 198Pt) et un radioactif primordial. Ce dernier, 190Pt, a une très longue demi-vie (650 milliards d'années) et une abondance très faible (0,01 %, soit 100 ppm). On connaît de nombreux autres radioisotopes, dont le plus stable après 190Pt est 193Pt, dont la demi-vie est de 50 ans.
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Présent dans la nature, le platine et ses alliages sont connus depuis longtemps. Le platine est un métal noble résistant à la corrosion, on le trouve souvent associé à certains minerais de cuivre ou de nickel, plus rarement sous forme de dépôts natifs (en Afrique du Sud notamment).
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Le platine se trouve à l'état natif dans les gisements dits primaires, avec ses principaux minerais et/ou les roches magmatiques ultrabasiques tels que les dunites, le platine natif est le plus souvent allié avec d'autres métaux (Ir, Pd, Au, Fe, Cu, Ni...). Comme il est quasi-inaltérable et dense, ce platine se retrouve sur les gisements secondaires, en l'occurrence des placers souvent très proches de ces premières zones primaires.
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Notons qu'aujourd'hui le minerai à base de sperrylite (arséniure de platine, PtAs2) est la source principale du métal. L'alliage platine/iridium naturel qu'est le platiniridium se trouve aussi dans le coopérite minéral (sulfure de platine, PtS).
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Le clarke est de l'ordre de 0,005 ppm ou 0,005 g par tonne. Il est le plus abondant des platinoïdes.
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Le platine, souvent accompagné de faibles quantités d'autres métaux de la famille du platine, peut être trouvé dans certaines alluvions ; en Afrique du Sud où il est aussi fortement concentré dans le complexe igné du Bushveld (environ 5 g/t), Colombie, en Ontario, dans l'Oural et dans certains états de l'ouest des États-Unis d'Amérique. En Europe, il est extrait dans le grand nord de la Russie, dans les gisements de cuivre et nickel de la péninsule de Taïmyr, dans le massif de Konder, dans le complexe métallurgique et minier de Norilsk créé par la Russie soviétique en 1935 (en 1953, on y produisait déjà 35 % du nickel de l'Union soviétique, 30 % du cobalt et 90 % des métaux du groupe du platine, ou « platinoïdes »). Cette activité est à l'origine de la ville de Norilsk (175 000 habitants) et d'une voie ferrée qui transporte le minerai vers le port de Doudinka sur l'Ienisseï puis vers l'usine Severonickel dans la presqu'île de Kola. 330 000 t de nickel ont été extraites du sol rien qu'en 2003 (c'est 23,6 % de la production mondiale). C'est du même minerai qu'est tiré le platine, qui y est présent en faible quantité[9].
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Le platine, outre son occurrence à l'état natif souvent très localisée, est présent comme sous-produit intéressant à récupérer dans les minerais de nickel ou de cuivre.
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Le platine est en effet le plus souvent produit commercialement comme sous-produit du traitement du minerai de nickel, qui en contient parfois deux grammes par tonne.
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Ce corps simple est un métal de transition de couleur blanche à gris-blanche, à reflet métallique, brillante[10]. Ce platinoïde lourd a une densité élevée avoisinant 21,4 ; il est assez mou et malléable, très ductile (il peut être tréfilé en fil très fin), rare et précieux et très résistant à la corrosion.
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Il s'agit d'un métal noble (avec l'argent et l'or), d'un métal précieux non magnétique (pur), bon conducteur de la chaleur et de l'électricité. Son coefficient de dilatation thermique est proche de celui du verre.
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Sa résistance à l'abrasion et au ternissement font qu'il est apprécié en bijouterie. Son point de fusion est élevée de l'ordre de 1 770 °C. Pour l'artisan joaillier, le platine est un métal dense qui se soude à de très hautes températures aux alentours ou au-delà de 2 000 °C, mais ne s'oxyde quasiment pas et reste très blanc. La plage de travail est grande car son point d'ébullition dépasse 3 800 °C.
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Le platine natif ne s'altère pas à l'air et reste très stable sur un plan chimique. Il est possible de le chauffer au chalumeau sans ternissement de sa surface, même dans une zone en fusion partielle. Il s'agit d'un métal réfractaire. « Le platine roche », c'est-à-dire qu'il cloque, mousse ou forme des cloques en se solidifiant. En réalité, sa résistance à l'oxydation est relative, l'oxyde de platine PtO se forme à haute température et haute pression.
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Néanmoins ce corps simple est globalement plus réactif que l'osmium ou l'iridium métallique.
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Le platine est inattaquable par les bases fortes et acides forts, à l'exception notable de l'eau régale où il forme facilement un ion complexe hexachloroplatinique soluble, l'ion hexachloroplatinate [Pt(Cl6)] 2-, ainsi en milieu aqueux acide existe l'acide hexachloroplatinique H2[Pt(Cl6)].
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Citons ses propriétés physico-chimiques remarquables, en termes d'adsorption et de catalyse. Un fil fin de platine peut initier et favoriser la décomposition de la vapeur de méthanol en gaz dihydrogène et en méthanal. Il s'agit d'un des premiers métaux précieux utilisés en catalyse dans la synthèse de l'acide sulfurique. Il est parfois présent dans les pots d'échappement à l'état finement divisé, sous l'aspect d'une matière dénommée mousse de platine. Notons que les diverses éponges ou mousses de platine étaient fabriquées à l'origine par divers procédés thermiques, au contraire du noir de platine obtenu par réduction de corps organo-platiniques en solution aqueuse et précipitation chimique en fines particules.
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À température ambiante, une éponge ou mousse de Pt peut adsorber, c'est-à-dire fixer sur sa grande surface spécifique, cent fois son poids de gaz dihydrogène, et parfois jusqu'à vingt fois son poids de gaz dioxygène. De plus la mousse de platine chauffée libère ses gaz, sans les dénaturer. Ce métal d'adsorption est connu depuis les travaux pionniers de Sir Humphry Davy en 1817, cette reconnaissance ayant ouvert le champ de la catalyse en chimie.
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L'état d'oxydation IV est beaucoup plus stable que dans le cas du palladium. Il existe le monooxyde de platine PtO et le dioxyde de platine PtO2. Le platine réagit avec le fluor au-delà de 300 °C ː
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Elle peut d'ailleurs se poursuivre en obtenant PtF5 et PtF6.
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L'attaque par le gaz dichlore nécessite une haute température. On obtient PtCl2 et PtCl3. De même avec les autres halogènes plus lourds, PtBr2 et PtBr3 ou PtI2 et PtI3.
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Le platine, à l'instar des autres platinoïdes, est attaqué par les corps simples soufre et phosphore, ainsi que de nombreux semi-métaux As, Se, Te, Sb, Pb...
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Le platine a une nette propension à former des complexes.
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Le platine interagit avec de nombreuses molécules, ce qui en fait un catalyseur très recherché. À température ambiante, il résiste cependant à de nombreuses attaques chimiques : il ne s'oxyde pas à l'air libre, et n'est corrodé que par les cyanures, les halogènes, le soufre et les métaux alcalins caustiques. Sauf à l'état de micro- ou nanoparticules, il est insoluble dans l'acide chlorhydrique HCl et dans l'acide nitrique HNO3, mais il se dissout dans l'eau régale (mélange de ces deux acides). Le platine ne s'oxyde ni à l'air ambiant ni en présence d'oxygène O2 pur, mais, en faisant réagir de l'acide chloroplatinique H2PtCl6·6H2O avec divers sels azotés, on obtient un nitrate de platine qui, une fois réduit, donne un oxyde hydraté de platine qui pourra être encore réduit en dioxyde de platine PtO2, un oxyde lamellaire stable semblable au rutile TiO2 d'un point de vue cristallographique[11], qui a également un pouvoir catalytique (catalyseur d'Adams), et qui peut être réduit en platine colloïdal par l'hydrogène H2 afin d'obtenir par exemple un catalyseur beaucoup plus puissant appelé noir de platine, très réactif de par sa surface particulière. On peut obtenir aussi, par un procédé en partie semblable, une éponge de platine, un autre type de catalyseur en platine pur, qui offre de même une large surface, comparable au noir de platine.
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Les caractéristiques catalytiques du platine, comme celles des six autres métaux du groupe du platine, sont exceptionnelles. Ainsi, un mélange d'hydrogène H2 et d'oxygène O2 explose en présence de platine : le platine catalyse la réaction, qui est exothermique, l'élévation de température consécutive provoque alors un emballement de la réaction, d'où l'explosion. Sous certaines formes, le platine est un puissant toxique (il détruit l'ADN en empêchant la double hélice de se dérouler), ce pourquoi il est utilisé pour traiter certains cancers (chimiothérapie) en bloquant le processus de division rapide normal de certaines cellules (dont celles qui font pousser les cheveux, d'où une chute des cheveux lors de certaines chimiothérapies).
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Il est utilisé en bijouterie, dans les équipements de laboratoire, en médecine dentaire (réalisation de fausses dents en alliage or-platine), pour certains contacts électriques et surtout dans les pots catalytiques des véhicules.
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Le platine est très utilisé en bijouterie, dans les contacts électriques, dans les creusets et dans les fourneaux électriques à haute-température.
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Avec deux autres métaux du groupe du platine, il est souvent utilisé comme catalyseur chimique et notamment dans les pots catalytiques de moteurs à combustion interne des véhicules et dans différents procédés industriels, bien qu'il tende à être remplacé par du palladium (aussi de plus en plus utilisé dans les catalyseurs diesel[12]).
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Voici d'autres utilisations :
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Le cisplatine [PtCl2(NH3)2] et le carboplatine sont certaines des substances les plus efficaces dans le traitement de certains types de cancer dont la leucémie, le cancer du testicule ou le cancer de la vessie. Ces composés se lient à l'ADN de manière bifonctionnelle (deux liaisons covalentes avec deux bases puriques sur le même brin d'ADN ou deux brins différents). Ces liaisons créent une torsion dans la double hélice et entraînent donc l’inhibition de la transcription et donc la mort de la cellule (apoptose). L'utilisation de ces complexes de platine est efficace mais entraîne de lourds effets secondaires car ils ne s'attaquent pas seulement aux cellules cancéreuses. Parmi eux on compte la néphrotoxicité (attaque des reins), l'ototoxicité (perte d'audition) ou encore des allergies. C'est pourquoi d'autres composés, de formule cis-[Pt(NH3)2(N-hétérocycle)Cl]Cl[13], sont à l'étude. Ces autres complexes de platine sont monofonctionnels et inhibent la transcription grâce à la gêne stérique créée par l'hétérocycle.
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Quand il est pur et massif, le platine ne pose a priori aucun problème de santé environnementale.
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Mais depuis qu'il est abondamment utilisé comme catalyseur, on commence à le trouver dans tous les compartiments de l'environnement et notamment dans l'air urbain[14].
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La pluie lessive l'air, et les eaux de ruissellement l'apportent aux stations d'épuration urbaine, où il s'ajoute à celui qui provient des urines (dont celles de patients traités contre le cancer), des excréments et de certains rejets industriels. Dès le milieu des années 1990, on le retrouvait dans des boues d'épuration, avec des variations importantes liées à la météo (il y en a moins quand le temps est sec, et plus quand il est pluvieux[15]). Localement, l'industrie est une source qui, pour ce qui concerne la contamination des eaux usées, dépasse les apports automobiles (ça a été vérifié dans une grande zone industrielle de Munich[15]). Comparées à ceux des analyses de boues d'épuration de 15 stations d'épuration de petites villes rurales allemandes, les taux de platine des boues d'épuration munichoises étaient nettement plus élevés[15].
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Le taux de platine augmente jusque dans l'urine humaine et tous ses composés sont hautement toxiques.
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Sous leurs formes biodisponibles, les platinoïdes se sont montrés bio-assimilables chez les plantes et animaux expérimentalement exposés. Ceci a été démontré chez diverses plantes terrestres ou aquatiques, pour des composés solubles et pour des particules liées au platine, au palladium et au rhodium[16].
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Le platine des pots catalytiques, rare et coûteux tend à être remplacé par le palladium (ou associé à ce dernier). Dans les mêmes conditions, le palladium semble aussi bio-assimilable que le platine, voire plus que ce dernier.
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Chez les animaux (espèces aquatiques principalement) expérimentalement exposés à des sels solubles ou à des substances catalytiques, la bioconcentration est également démontrée[16].
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Des vers parasites des poissons ont également montré une capacité à bioaccumuler les platinoïdes (ils pourraient donc être utiles à la biosurveillance fine de milieux aquatiques[16]).
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La bioassimilabilité et bioconcentration sont également observées quand ce sont des sédiments de rivières urbaines, de la poussière routière ou de tunnel qui sont utilisés comme sources de platinoïdes pour l'expérience[16].
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Parmi les platinoïdes, le platine semble moins bio-assimilable que le palladium, pour la faune comme pour la flore[16]. Cependant, sous forme de micro ou nanoparticules, le platine devient très actif, même à très faible dose.
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Les composés du platine biodisponibles étaient très rares dans la nature. Mais ils sont maintenant produits en grandes quantités par l'industrie et largement répandus dans l'environnement, notamment via l'incinération, l'épandage de boues d'épuration[15] et lors du vieillissement des pots catalytiques.
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Par exemple, des analyses de 166 échantillons d'air et des urines de 178 personnes (non exposées par leur profession) ont été faites à Munich de 1993 à 1996. Elles ont montré une très forte augmentation (triplement) des teneurs de l'air en 3 ans (passant de 7,3 ± 6,5 pg/m3 en 1993-1994 à 21,5 ± 13,8 pg/m3 pour 1995-1996), avec jusqu'à 62 pg/m3. Le taux moyen de platine urinaire pour les 178 personnes était de 6,5 ng/g de créatinine. La distribution anormale de ce platine dans la population (96 % des personnes testés avaient moins de 20 ng/g de créatinine (SD = 6,4; MEDIAN 4,3 =; MAX = 45 ng/g de créatinine) alors que quelques personnes en présentaient 3 à 4 fois plus. L'étude a montré que ces derniers étaient en fait contaminés par des alliages dentaires or-platine qu'ils portaient[19].
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Plus la circulation était intense, plus le taux de ces métalloïdes était élevé.
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La cartographie de la pollution était fortement corrélée à celle du réseau routier et de la densité de circulation[22].
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Bien qu'ils ne soient obligatoires en Europe que depuis 1993 l'identité et les proportions respectives de platinoïdes (Pt / Pd / Rh) correspondent à celles des pots d'échappement catalytiques, ce qui laisse supposer qu'ils sont bien à l'origine des valeurs de plus en plus élevées (même en Italie où l'État a autorisé les pots non-catalytiques jusqu'en janvier 2002[22].).
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La neige fraîche contenait de 0,20 à 2,51 pg/g pour le Pt, de 1,45 à 14,04 pg/g pour le palladium et de 0,24 à 0,66 pg/g pour Rh. les teneurs les plus élevées étaient dans la plupart des cas trouvées près des axes routiers, sans lien direct ou évident avec le trafic routier. Durant l'étude la direction et l'origine des masses d'air atteignant la vallée ont été enregistrées, de manière à fournir des indices sur l'origine de ces platinoïdes[25].
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Les teneurs étaient plus élevées en 2004 qu'en 2003. Les auteurs estiment que les platinoïdes trouvés dans la neige des Pyrénées en 2004 provenait du parc des véhicules européens, et de certaines activités minières russes[25].
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Bien que leur potentiel toxicologique et écotoxicologique soit encore mal connu, et qu'on n'ait pas encore détecté d'effets écologiques majeurs ou aigus attribuables avec certitude à ces platinoïdes anthropiques[16], des effets chroniques sur la biosphère sont suspectés, notamment car[16] :
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La question d'éventuels effets sanitaires - via l'alimentation ou via l'inhalation de particules - se pose donc.
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Dans tous les cas, les études sont compliquées par les difficultés techniques d'analyse des traces de Pt, Pd et Rh (bien que des techniques récentes permettent des mesures très précises en Pg/g d'échantillon) et surtout par d'importantes lacunes en matière de connaissance de leurs impacts environnementaux[16],[28].
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De plus, les émissions (industrielles ou des pots catalytiques) changent dans leur composition. Par exemple, à Mexico, on a noté un pic en 1993, puis une moindre augmentation des taux de Pt-Pd-Rh[20], ce qui suggère que les premiers pots catalytiques perdaient plus rapidement qu'aujourd'hui une partie de leurs catalyseurs, soit parce que la technologie ne permettait pas une bonne adhésion des catalyseurs à la matrice du pot, soit parce que les conducteurs utilisaient des carburants inappropriés, ou pour ces deux raisons à la fois.
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Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrées, source : L'état du monde 2005
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En 2008, l'offre mondiale était de 198 tonnes réparties comme suit[12]:
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Les principaux producteurs mondiaux de platine sont[29]:
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Le platine étant une ressource non renouvelable, sa fin est prévue en 2064[30].
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En 2014, la France est nette importatrice de platine, d'après les douanes françaises. Le prix moyen au gramme à l'import était de 34 €[31].
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Le platine est maintenant considéré comme un métal plus précieux que l'or, de telle sorte qu'une récompense de platine est symboliquement supérieure à une récompense d'or.
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Platon (en grec ancien Πλάτων / Plátôn /plá.tɔːn/[1]), né en 428 / 427 av. J.-C. et mort en 348 / 347 av. J.-C. à Athènes, est un philosophe antique de la Grèce classique, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes qu'il critiqua vigoureusement. Il reprit le travail philosophique de certains de ses prédécesseurs, notamment Socrate dont il fut l'élève, ainsi que Parménide, Héraclite et Pythagore, afin d'élaborer sa propre pensée. Celle-ci explore la plupart des champs importants, c'est-à-dire la métaphysique et l'éthique, l'esthétique et la politique.
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Son œuvre, composée presque exclusivement de dialogues, produit les premières formulations classiques des problèmes majeurs de l'histoire de la philosophie occidentale[2]. Chaque dialogue de Platon est l'occasion d'interroger un sujet donné, par exemple le beau ou le courage. Il y développe une méthode qu'il appelle dialectique ou maïeutique. Il voua la majeure partie de son activité à la philosophie première, mais il se consacra aussi aux apparences et aborda l'Histoire Naturelle dans laquelle il voulut établir deux principes :
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Platon développe une réflexion sur les Idées communément appelée théorie des Formes ou théorie des Idées dans laquelle la réalité sensible est considérée comme un ensemble d'objets participant de leurs modèles immuables. La Forme suprême est, selon le contexte, tantôt le Bien, tantôt le Beau. La philosophie politique de Platon considère que la Cité juste doit être construite selon le modèle du Bien en soi. Il développe en conséquence l'idée du Philosophe roi.
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La pensée de Platon n'est pas monolithique. Une partie de ses dialogues aboutissent à des apories philosophiques : apportant une solution aux problèmes posés, ils ne constituent pas une réponse unique et définitive. Un long débat a donc agité les commentateurs, pour déterminer si Platon professait une philosophie dogmatique ou sceptique.
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Il est généralement considéré comme l'un des premiers philosophes occidentaux, sinon comme l'inventeur de la philosophie, au point que Whitehead a pu dire : « la philosophie occidentale n'est qu’une suite de notes de bas de page aux dialogues de Platon »[3]. Théophraste, parlant des philosophes, dit de Platon qu'il fut le premier par la renommée et le génie, tout en étant le dernier dans la chronologie.
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La vie de Platon est mal connue[4]. La plus ancienne biographie de Platon qui nous soit parvenue, De Platone et dogmate eius[5], est due à un auteur latin du IIe siècle, Apulée. Toutes les autres biographies de Platon – Diogène Laërce, Olympiodore le Jeune[6], Philodème et les auteurs anonymes des Prolégomènes et de la Souda[7] – ont été écrites plus de cinq cents ans après sa mort. À l'exception de quelques données considérées comme certaines, les informations sur sa biographie doivent toujours être prises avec circonspection.
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Platon est né à Athènes dans le dème de Collytos, en 428/427 av. J.-C.— Diogène Laërce le fait toutefois naître à Égine — deux ans après la mort de Périclès[p. 1].
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Platon est issu d'une famille aristocratique[8]. Sa généalogie est incertaine du côté de son père, Ariston d'Athènes[9], qui prétendait en effet descendre de Codros, dernier roi légendaire d’Athènes. Elle est mieux établie pour sa mère, Périctionè[10], qui descendait de Dropidès[p. 2], frère du législateur Solon[p. 3]. Périctionè est également la cousine germaine de Critias et la sœur de Charmide, deux des Trente Tyrans d'Athènes en 404 av. J.-C.
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Platon a deux frères, Adimante de Collytos et Glaucon, sans doute plus jeunes que lui[11], ainsi qu'une sœur, Pôtonê (mère de Speusippe, successeur de Platon à la tête de l’Académie[8]). La mère de Platon, veuve quelque temps après sa naissance, se remarie avec son oncle maternel, Pyrilampe. De leur union naît un fils, Antiphon, demi-frère de Platon, narrateur du Parménide. Selon les usages des grandes familles de son pays, Platon aurait dû recevoir le nom de son grand-père Aristoclès, et il est possible que ce soit son véritable nom ; « Platon » (Πλάτων, « large et plat ») n’aurait été qu’un surnom[Note 1],[p. 4] qui signifierait : « aux larges épaules » du fait de sa carrure athlétique, « au large front », ou encore « au style ample »[12]. Platon était un bel homme aux larges épaules si l'on en croit Épictète[13] et un buste que Ennius Quirinus Visconti[14] considère comme authentique.
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Selon Diogène Laërce, Denis, maître d’école, grammairien, professeur de lettres, a été l’un des maîtres de Platon[15]. Ce dernier a également eu pour maître de gymnastique (ou pédotribe) le lutteur argien Ariston d'Argos[Note 2] qui aurait surnommé son élève « Platon » en raison de sa constitution robuste (πλάτος : platos signifie « largeur » et « il avait les épaules larges »[8]). Il aurait été aussi l’élève de Théodore de Cyrène, disciple de Protagoras[Note 3], précepteur de Socrate, et de Théétète qui lui enseigne les mathématiques. Selon Olympiodore le Jeune, Platon aurait remporté deux prix aux Jeux olympiques et aux Jeux isthmiques[p. 5],[p. 6] auxquels il aurait participé en tant que lutteur[15]. Enfin, selon Plutarque[16], Platon était parfaitement versé dans la science musicale, ayant été l’élève d’un certain Dracon et de Metellos d’Agrigente ; on sait que la musique constituait aux yeux de Platon une pièce maîtresse de l’éducation[Note 4]. Il ne fait aucun doute que Platon a reçu l'éducation traditionnelle correspondant à son statut social, il semble que le détail du cursus avancé par Diogène Laërce relève d'une « illustration narrative des principales influences théoriques qui se seraient exercées sur Platon »[p. 7]. Ceci revient à dire que la biographie du jeune Platon serait une invention conçue pour s'accorder a posteriori avec ses œuvres. Apulée rapporte qu'il a d'abord été fortement influencé par les principes des penseurs ioniens comme Héraclite, Parménide, Zénon et Anaxagore ; c'est après la mort de Socrate que Platon s'est appliqué à la doctrine de Pythagore.
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Il a durant sa formation pour condisciple Isocrate, qui selon Diogène Laërce a six ans de plus que lui[17].
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Platon, de par ses origines, est en relation étroite avec le parti oligarchique que par ailleurs il honnit. Il semble qu'il n'ait pas été insensible à la célébrité de sa famille, qu'il mentionne dans le Charmide[p. 8] et dans le Timée[p. 9]. Dans La République, il considère la politique comme étant un honneur, le plus grand devoir d'un bon citoyen et le couronnement de la vie philosophique[p. 10].
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Malgré tout, Platon abandonne de bonne heure la vie politique, carrière par excellence de l'homme libre à Athènes. D’après la Lettre VII, dont l'authenticité est généralement acceptée, il s'est essayé à la politique, et a même pris quelque part au gouvernement des Trente tyrans, un gouvernement despotique et sanguinaire qui aurait procédé à près de 1 500 exécutions sommaires. Il aurait renoncé à la vie publique, dégoûté par les excès et les fureurs des partis[p. 11].
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« Du temps de ma jeunesse, je ressentais en effet la même chose que beaucoup dans cette situation : je m'imaginais qu'aussitôt devenu maître de moi-même, j'irais tout droit m'occuper des affaires communes de la cité. Et voilà comment le hasard fit que je trouvai les choses de la cité. Le régime d'alors était en effet l'objet de virulentes critiques de la part du plus grand nombre, et une révolution éclata. […] Et moi, voyant donc cela, et les hommes qui s'occupaient de politique, plus j'examinais en profondeur les lois et les coutumes en même temps que j'avançais en âge, plus il me parut qu'il était difficile d'administrer droitement les affaires de la cité. Il n'était en effet pas possible de le faire sans amis et associés dignes de confiance, et il n'était pas aisé d'en trouver parmi ceux qu'on avait sous la main, car notre cité n'était plus administrée selon les coutumes et les habitudes de nos pères. »
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— Lettre VII, 324.
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En 403 av. J.-C., la démocratie est rétablie à Athènes par Thrasybule de Stiria et Anytos, un des accusateurs de Socrate quatre années plus tard.
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À vingt ans, vers 407, Platon fut mis en relation avec Socrate ; d’après Élien le Sophiste, Platon, aurait résolu de quitter Athènes pour aller rejoindre l'armée. Socrate l'aurait surpris achetant des armes et l'aurait fait changer d'avis et persuadé de se tourner vers la philosophie[18]. Élien précise qu'il s'agit d'un ouï-dire, et avoue ne pas savoir si l’histoire est vraie.
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Socrate, négligeant les problèmes cosmologiques, s'attachait uniquement à l'homme et aux principes qui doivent diriger sa vie ; Platon se passionne dès lors pour la morale et adopte l'art socratique d'interroger et de philosopher, la dialectique. À la suite de cette rencontre, Platon abandonne l'idée de concourir pour la tragédie grecque et brûle toutes ses œuvres[19]. Il commence à écrire ses dialogues durant le vivant de Socrate : Hippias mineur et Ion, entre autres. « Socrate, qui venait d'entendre Platon donner lecture du Lysis, s'écria : Par Héraclès, que de faussetés dit sur moi ce jeune homme[p. 12] ! » Platon est le disciple de Socrate durant neuf ans, de 407 à la mort du maître, en 399 av. J.-C. Malade, plein de regrets déchirants et d'indignation après le procès et la condamnation de Socrate, il ne peut assister à la mort du philosophe[p. 13]. Selon Hermodore de Syracuse, inquiet sur le sort des disciples de Socrate, il se réfugie en compagnie de quelques amis chez Euclide de Mégare[p. 14].
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Platon aurait fait un voyage en Égypte selon les témoignages de Plutarque[20], de Strabon, de Cicéron et d'Hermodore de Syracuse. Diogène Laërce[21] écrit à ce propos : « À l'âge de vingt-huit ans, selon Hermodore, il [Platon] s'en alla à Mégare, chez Euclide, accompagné de quelques autres élèves de Socrate, mort à l'époque. » Il se rend ensuite à Cyrène, auprès de Théodore de Cyrène (appelé également Théodore le mathématicien), et de chez lui en Italie, chez Philolaos de Crotone et Eurytos de Tarente, deux pythagoriciens. Le voyage en Égypte aurait eu plus d'importance et sans doute de durée[22]. On sait qu'il a séjourné en Égypte chez les prêtres du haut clergé d'Héliopolis[p. 15]. Toutefois, la réalité du voyage en Égypte est parfois controversée[23] car sa connaissance de ce pays paraît indirecte et stéréotypée ; son œuvre est parsemée de souvenirs qui en sont autant de témoignages[p. 16],[24],[25],[26],[27],[p. 17],[28]. D’après Plutarque, Platon aurait vendu de l’huile en Égypte pour fournir aux frais de son voyage de retour. Il aurait été en Italie du Sud, à Tarente dans ce qui est alors appelé la Grande-Grèce. Là, il rencontre le pythagoricien Philolaos de Crotone, et ses auditeurs, Timée de Locres et peut-être Archytas de Tarente. Cependant, la Lettre VII laisse entendre que Platon ne rencontre Archytas qu'au cours du deuxième voyage en Sicile ; Photios dit qu'il devint alors son disciple[29]. À cette occasion, qui s'étale de 388 à 387 av. J.-C., il approfondit l'opposition entre l'âme et le corps, sa connaissance des nombres, et s'initie à l'idéal oligarchique du philosophe-roi[p. 18],[30].
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Après l'échec politique à Syracuse, Platon fonde, en 387 av. J.-C., à Athènes, près de Colone et du gymnase d'Acadèmos, une école, nommée « l'Académie », selon le modèle des pythagoriciens. Il y enseigne pendant quarante ans. Sur le fronton de l'Académie la devise « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre »[31] n'est qu'une légende. Dans cette institution, l'enseignement des sciences exactes prépare à l'étude de la philosophie tant en elle-même que dans ses applications politiques. Des philosophes illustres sont formés à l'Académie : Théophraste, jusqu'en 348 av. J.-C. ; Aristote, qui y passe vingt années ; Pamphile, qui sera maître d'Épicure ; Philippe d'Oponte, éditeur des Lois et peut-être l'auteur de l’Epinomis ; Amyntas d'Héraclée, contre qui écrira Ariston de Chios ; Chion ; Eschine ; Hypéride ; Cléarque d'Héraclée ; Hermodore de Syracuse ; Phocion ; Démosthène[32] ; Dinostrate ; Callippe d'Athènes ; Eudoxe de Cnide ; Hestiée de Périnthe ; Héraclide du Pont, Speusippe, Xénocrate, Ménechme, Ménédème d'Érétrie ; Euphraios d'Eubée ; Léon d'Athènes et Léon l'Académique ; Échécrate, Italien, qui fut d'abord pythagoricien ; Hermias d'Atarnée, futur protecteur d'Aristote ostracisé ; Python et Héraclide, citoyens d'Énos, conseillers et assassins de Cotys Ier, tous deux citoyens d'Énos, ville grecque située sur la côte de Thrace[Note 5] assassinèrent Cotys en 359 av. J.-C.[33],[34],[35] ; Aristonymos, législateur de Mégalopolis, en Arcadie ; Théodecte de Phasélis, poète tragique ; et deux femmes : Axiothée de Phlionte et Lasthénie de Mantinée. L'école a subsisté pendant neuf siècles, jusqu'au règne de l'empereur byzantin Justinien en 529[36].
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Vers 370 av. J.-C., Platon traverse[37], une longue crise intellectuelle, durant laquelle il s'interroge sur sa théorie des Idées (interrogation qui traverse les dialogues du Parménide et du Sophiste)[38]. Il prend conscience de la difficulté d'association : la participation (en grec ancien : μέθεξις / méthexis) non symétrique des Idées avec les choses sensibles, ainsi que de l'association (σύμμιξις / súmmixis) des Idées entre elles, de même que la communion (κοινωνία / koinônía) entre les Idées et le Bien[p. 19][pas clair]. En même temps, il semble admettre, sous l'influence d'Eudoxe de Cnide, l'idée d'un ordre dans le sensible, et s'orienter vers un dualisme de type oriental : « Cet univers, tantôt la Divinité guide l'ensemble de sa marche, tantôt elle l'abandonne à lui-même »[p. 20].
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Laissant la direction de son école à son élève Eudoxe de Cnide, au début de 367 av. J.-C., il fait un deuxième voyage politique en Sicile. Là, Dion de Syracuse lui demande d'enseigner la philosophie à son beau-frère Denys II, fils de Denys l'Ancien. Mais rapidement son élève bannit Dion, soupçonné de comploter, et place Platon en détention pendant un an à la citadelle d'Otygie[p. 21]. Platon aurait été en Sicile, avec les dispositions d'un réformateur, pensant créer une cité qui serait gouvernée selon les principes philosophiques exposés dans les dialogues de La République (372)[39].
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Le troisième et dernier voyage politique de Platon en Sicile a lieu en 360 av. J.-C. En 361, Denys II le Jeune promet d'accorder la grâce de Dion à condition que Platon revienne une troisième fois en Sicile. Platon, âgé de soixante-huit ans, confie alors l'Académie à Héraclide du Pont, et accepte[p. 22], pour remplir cette fois un devoir d'amitié. Mais Denys ne tient pas ses promesses concernant Dion qu'il soupçonne de nourrir de funestes desseins. Platon est de nouveau privé de liberté[40]. Sa vie étant en danger, le pythagoricien Archytas de Tarente doit envoyer un vaisseau pour libérer Platon. C'est l'occasion d'un second contact approfondi avec le pythagorisme. À cette occasion, (ou à la mort de Philolaos, vers 380, il achète « à Philolaos de Crotone trois livres sur la doctrine de Pythagore pour cent mines d'argent »[p. 23]. Le Timée dans ses considérations sur l'Âme du monde, et sur les notions d'harmonie et de médiété (35-44 ; 54-55) est pythagorisant, et l'on trouve dans le Philèbe (16 c-d) l'opposition pythagoricienne Limité - Illimité. Pendant les treize dernières années de sa vie, de 360 à 347, Platon ne semble pas avoir quitté Athènes ; au sein de l'Académie, il continue à écrire et à étudier, rédigeant le Timée, Les Lois, et le Critias, ces deux derniers ouvrages restés inachevés.
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D’après un récit de Néanthe de Cyzique, à Olympie, lors des Jeux Olympiques de 360 av. J.-C., il retrouve Dion de Syracuse et lui conseille de renoncer à une expédition contre Denys II[p. 24]. Quatre ans plus tard, Dion renverse Denys II, mais est assassiné par un ami, le rhéteur d'origine athénienne Callippe d'Athènes. Platon, âgé de 80-81 ans, meurt à Athènes en 347 ou 346 av. J.-C., « au cours d'un repas de noces »[p. 25]. La tradition symbolique veut qu'il soit mort à l'âge de 81 ans, 81 étant le carré de 9[p. 26]. Platon, qui a un fils, Adamante, est inhumé à l'Académie. Une inimitié notoire a existé entre Eubulide et Aristote ; Diogène Laërce fait mention du péripatéticien Aristoclès, qui rapporte qu’Eubulide aurait écrit un livre contre Aristote dans lequel il lui aurait reproché d'avoir altéré l'enseignement de Platon et d'avoir été absent au moment de son décès.
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Dans son étude sur Platon, la philosophe Simone Weil[41] affirme que « contrairement à tous les autres philosophes, Platon répète constamment qu'il n'a rien inventé, qu'il ne fait que suivre une tradition. Il s'inspire tantôt de philosophes antérieurs dont nous possédons des fragments et dont il a assimilé les systèmes dans une synthèse supérieure, tantôt de son maître Socrate, tantôt de traditions grecques secrètes dont nous ne savons presque rien sinon par lui, la tradition orphique, la tradition des mystères d'Eleusis, la tradition pythagoricienne qui est la mère de la civilisation grecque, et très probablement des traditions d'Égypte et d'autres pays d'Orient ». Socrate et les sophistes sont vraisemblablement les figures qui ressortent le plus nettement des dialogues de Platon, le premier comme interlocuteur principal, les seconds comme adversaires. Ils ne sont pas cependant les seuls penseurs ou écrivains présents dans les dialogues, qui reflètent à maints égards la culture de son temps. Mais il n'est pas toujours possible de déterminer précisément dans quelle mesure tel ou tel aspect de cette culture alimente la pensée de Platon, ni d'y repérer avec certitude telle ou telle allusion. Les références faites par Platon sont en effet souvent allusives, et il ne fait jamais, au contraire de son élève Aristote, d'exposé doxographique sur une question donnée[42]. Parmi les auteurs importants qui marquent l'environnement culturel de l'œuvre de Platon, outre Socrate et les sophistes, il convient d'évoquer les philosophes présocratiques, ainsi qu'Homère.
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Pythagore, ou plus largement les pythagoriciens, ont exercé une forte influence sur Platon, même s'il est difficile de dire avec précision sur quels points ; l'enseignement pythagoricien était réservé à des initiés et il n'y a que deux références explicites dans les dialogues de Platon, références qui n'apprennent pas grand-chose sur ce que Platon pourrait avoir emprunté au pythagorisme[43]. Aristote dans sa Métaphysique indique que la philosophie de Platon suit étroitement les enseignements des pythagoriciens[44]. Cicéron reprend ce thème : Platonem ferunt didicisse Pythagorea omnia, « On dit que Platon doit tout à Pythagore »[45]. Bertrand Russell, dans A History of Western Philosophy, affirme que l'influence de Pythagore sur Platon et d'autres est si grande qu'il peut être considéré comme le philosophe le plus influent de l'occident[46] Selon R. M. Hare[47], la pensée des pythagoriciens a fortement marqué celle de Platon sur trois principaux points. Tout d'abord, la République de Platon peut être vue comme un projet lié à l'idée de communauté hautement organisée de penseurs comme celle que Pythagore avait instaurée à Crotone. Ensuite, il y a de fortes présomptions que Platon ait pris à Pythagore l'idée que les mathématiques et plus généralement la pensée abstraite sont une base sûre à la fois pour la philosophie, la science et la morale. Enfin, Platon et Pythagore ont partagé une approche mystique de l'âme et de sa place dans le monde matériel (voir à ce propos la section sur l'âme). Il est probable qu'ils ont tous deux été influencés par l'orphisme[48],[46].
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Platon considère Parménide, dans Le Sophiste, comme le père de la philosophie, qu'il faut « tuer » pour rendre compte du discours faux. Puisqu'en effet, selon Parménide, seul l'être est, il est impossible de tenir des discours sur ce qui n'est pas. Or le discours faux, celui des sophistes, existe ; par conséquent, il faut emprunter la voie interdite par Parménide, voie selon laquelle le non-être est, d'une certaine façon[49].
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Sa pensée s'inspire de celle d'Héraclite[50] : « Platon, dès sa jeunesse, s'était familiarisé dans le commerce de Cratyle[51], son premier maître, avec cette opinion d'Héraclite que tous les objets sensibles sont dans un écoulement perpétuel, et qu'il n'y a pas de science possible de ces objets »[52]. Platon reprend par exemple la thèse héraclitéenne d'un flux perpétuel, mais y ajoute sa théorie des Idées ; l'étendue et la nature exacte de ces influences sont mal connues[53].
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Platon fut le « disciple »[Note 6],[54],[55] de Socrate, mais la nature exacte des relations entre Socrate et Platon nous est mal connue. Plutarque dit dans Opinions des Philosophes[56] que les opinions de Socrate et de Platon, de quelque chose que ce soit, sont toutes unes. Selon toute vraisemblance, Platon rencontra Socrate vers 407 av. J.-C., à l'âge de vingt ans, et il le fréquenta pendant huit ou neuf ans: à la mort de Socrate, il avait donc environ vingt-huit ans[57]. La place ou le rôle que Platon occupait parmi les disciples de Socrate est inconnu[Note 7].
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Tous les dialogues de Platon, sauf Les Lois et Le Sophiste, mettent en scène Socrate, quoiqu'en ne lui donnant pas toujours le premier rôle ; cette omniprésence atteste quelle influence Socrate exerça sur Platon. Du vivant de Socrate, tous les fidèles du cercle socratique, venus de tous les points de l'horizon philosophique, « communiaient non pas dans l'acceptation d'une doctrine philosophique, mais dans une sorte de culte sentimental à l'égard du caractère du Maître, dans la confiance en sa direction spirituelle »[58]. C'est donc la personne même de Socrate qui explique la nature du lien qui l'unit à Platon : pour lui comme pour les autres fidèles du cercle, la conduite de Socrate constitue un exemple surhumain, et sa pensée, un objet de méditation et d'examen. Quand, dans le Phédon[p. 27], Platon fait la liste des proches de Socrate ayant assisté à sa mort, il souligne sa propre absence : « Platon, je crois, était malade » dit Phédon ; la formulation hypothétique (je crois) dans la bouche du mieux informé est l'affirmation implicite que le récit de la mort du Maître est infidèle[59]. Les dialogues comportent certes plusieurs louanges envers Socrate, mais prononcées par des personnages dont nous ne savons pas avec certitude si l'on doit les considérer comme des porte-parole de Platon, bien que cela soit probable. Le seul passage où Platon parle de Socrate en son nom propre, est la Lettre VII, dont on admet généralement l'authenticité[p. 28] :
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« Entre autres choses, Socrate, mon ami, qui était plus âgé que moi, et dont, je pense, je ne rougirais pas de dire qu'il était l'homme le plus juste de cette époque, ils [les Trente] l'envoyèrent avec d'autres chercher un citoyen, pour l'amener de force, en vue de le mettre à mort, dans le but évident de le rendre complice de leurs agissements, de gré ou de force ; mais lui, refusa d'obéir et préféra courir le risque de tout endurer, plutôt que d'être associé à leurs œuvres impies. »
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La mise en scène de Socrate par Platon est en revanche des plus explicites. Socrate apparaît, par exemple, comme l'ami véritable dans le Lysis, comme un homme courageux dans le Lachès, comme un sage dans le Charmide. Une autre caractéristique, plusieurs fois remarquée par ses interlocuteurs et mise en scène par Platon, est l'άτοπία / atopia de Socrate, autrement dit son caractère déroutant[60] dont fait partie cette manœuvre ironique qui consiste à feindre la naïveté, et à prétendre reconnaître le savoir de son interlocuteur. Mais peu importe que Platon, transfigurant parfois le Socrate réel, l'ait dans une certaine mesure, présenté comme un « surhomme ». Bien des traits de Socrate, manifestement pris sur le vif, contribuent à dresser de lui un portrait saisissant, bien loin du Sage abstrait des stoïciens[61].
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La pensée de Platon s'inscrit dans un contexte philosophique où l'on trouve les présocratiques, les sophistes, et un savoir traditionnel transmis par les poètes, savoir qui constitue l'essentiel de l'éducation grecque. Platon construit sa philosophie par opposition à chacun de ces prétendants aux savoirs, cherchant à résoudre les difficultés philosophiques qu'ils soulèvent, mais il s'en approprie également certaines parties, en les formulant dans un cadre nouveau, défini par la dialectique et la théorie des Idées.
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Les présocratiques ont proposé des théories de la nature, expliquant l'origine, la constitution, l'organisation et le devenir du monde, en excluant les explications recourant à la divinité. Mais ces théories sont pour Platon insuffisantes, car, en faisant du monde un ensemble de choses sensibles constituées d'éléments, elles n'en expliquent pas la raison d'être, ni ne parviennent à surmonter certaines contradictions ontologiques et épistémologiques. Platon adopte plusieurs attitudes à cet égard, selon la nature de l'explication. Ainsi, dans le Phédon, Socrate critique-t-il la thèse d'Anaxagore de l'organisation du monde, du fait de l'insuffisance de son explication des causes de cette organisation. En revanche, Platon adhère à la thèse héraclitéenne du devenir, mais en montre les limites : d'une part, cette thèse produit des discours contradictoires sur les choses, d'autre part elle ne rend pas compte de la régularité observable au sein même du changement. D'une manière générale, les philosophes de la nature ont confronté la pensée grecque à cette difficulté de savoir comment il pouvait être possible de penser les réalités, alors que celles-ci n'ont aucune stabilité. C'est dans ce contexte que Platon tente d'apporter une solution originale, qui a pour but d'expliquer l'intelligibilité du sensible et de garantir à l'homme un authentique pouvoir de connaître.
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Mais la pensée grecque se trouve également confrontée à des difficultés du côté des conduites humaines, c'est-à-dire en morale et en politique. Certains sophistes ont en effet affirmé le conventionnalisme de la loi, qui, dès lors, dépend de la volonté humaine et se trouve donc être variable, relative, sans véritable fondement autre que le droit du plus fort[Note 8]. C'est alors la justice qui devient un effet de point de vue, et la vie en commun se transforme en un conflit permanent, qu'aucune valeur ne peut stabiliser, unifier, en sorte d'assurer la paix et le bonheur des citoyens. Là encore, Platon va tenter de trouver une solution originale dans le but de mettre un terme au relativisme moral, de fonder la politique et d'établir les conditions de la cité juste. Tant dans le domaine de la connaissance que dans ceux de la morale et de la politique, les problèmes rencontrés touchent aux changements et à l'instabilité des réalités. La résolution de ces difficultés pourra donc prendre aux yeux de Platon la forme d'une hypothèse ontologique unique, appelée « théorie des Idées » (ou des « Formes intelligibles »).
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Il y a, entre les historiens grecs et Platon, des points de ressemblance et des différences qui sont susceptibles d'éclairer quelque peu l'originalité du projet philosophique platonicien au sein de la culture grecque. À l'instar d'Hérodote et de Thucydide, Platon s'intéresse en premier lieu aux affaires humaines et à la politique, tant d'un point de vue philosophique que d'un point de vue qui peut passer aujourd'hui pour sociologique, ce qui est illustré par exemple par sa description de la genèse des sociétés dans La République[p. 29]. Il ne fait cependant pas œuvre d’historien, comme en témoignent les libertés chronologiques et historiques de ses dialogues.
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La principale différence est d'ordre philosophique : contrairement à ces deux historiens, Platon cherche en effet ce qui est toujours, alors que Thucydide et Hérodote écrivent sur des réalités dont ils savent qu'elles ne sont pas fixes et qu'elles sont vouées à la destruction. Ainsi, bien que Platon partage avec eux le souci d'éclairer le devenir, ce souci ne conduit pas aux mêmes méthodes d'investigations du monde sensible, ni aux mêmes causes explicatives. Bien que les enquêtes historiques et philosophiques soient rétrospectivement distinguées, c'est bien dans les deux cas le même amour du savoir qui pousse ces trois prosateurs dans leur enquête sur le devenir. Mais la pensée de Platon ne saurait permettre d'attribuer le titre de philosophes aux deux historiens, car on ne saurait posséder un savoir stable en s'attachant à ce qui est instable par nature, ce qui les disqualifie également pour ce qui concerne la compétence politique, qui est, aux yeux de Platon, la compétence philosophique par excellence[62].
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Parmi les grands intervenants dans les dialogues de Platon, Socrate n'a jamais rien écrit. Platon n'est pas le seul à faire de Socrate un des principaux interlocuteurs de ses dialogues. Xénophon fait de même dans son Apologie de Socrate ; Aristophane en fait le personnage central – et parodié – de sa comédie Les Nuées. À l'exception de l’Apologie de Socrate, la plupart des ouvrages de Platon sont rédigés sous forme de dialogue[63]. Pour Monique Dixsaut, un des paradoxes du corpus platonicien réside dans son existence[64] ; il est vrai que Platon diffère de la plupart des autres philosophes : méprisant délibérément la forme ordinaire du traité philosophique en prose, il choisit d'utiliser le dialogue. Dans le cadre de l'Académie, il est très probable qu'il proposait un enseignement oral, et il donna une conférence « Sur le Bien », mais ses seules œuvres publiées sont des dialogues, d'une étonnante variété. Cette forme littéraire traduit d'abord un certain détachement, en introduisant une distance entre l'auteur et tout ce qui se dit dans ses œuvres[65]. Platon n'abandonnera jamais la forme du dialogue ; jusqu'à la fin il gardera le rôle de l'homme qui avance des arguments sans prendre position sur ces arguments ni sur leurs prémisses. Mais ce rôle a de moins en moins de sens dans les derniers dialogues, comme le Sophiste ou le Timée[66]. La forme dialoguée doit surtout être mise en relation avec l'influence exercée par Socrate sur Platon, et avec la dialectique, qui est la méthode de recherche philosophique par excellence pour Platon : en grec, διαλέγεσθαι, qui est à l'origine du mot dialogue, signifie : « s'entretenir avec quelqu'un, conférer ». La dialectique est une recherche en commun par questions et réponses. Ainsi, pour Alexandre Koyré, si Platon écrit des dialogues, c'est parce qu'il veut faire participer le lecteur, parce que les dialogues ont un côté dramatique, parce que pour lui « la science véritable, seule digne de ce nom, ne s'apprend pas dans les livres, n'est pas imposée à l'âme du dehors ; c'est en elle-même, et par elle-même, par son propre travail intérieur que celle-ci l'atteint, la découvre, l'invente »[67]. Pour Monique Dixsaut comme pour Alexandre Koyré, ce qui distingue les dialogues platoniciens des dialogues d'autres philosophes, c'est que « penser ne s'y réduit pas à énoncer des thèses. Les personnages de Platon sont l'incarnation d'une attitude possible envers ce que c'est que penser »[68]. C'est que le dialogue est d'abord celui de l'âme avec elle-même[64], un « discours que l’âme se tient à elle-même », comme cela est énoncé par le personnage de Socrate dans le Théétète[69].
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Platon utilise la dialectique selon plusieurs méthodes de conduite du raisonnement[70] : méthode des conséquences, qui consiste à examiner et à éprouver toutes les conséquences d'une hypothèse[71], et méthode de division, qui consiste à diviser l'objet que l'on cherche à définir, en procédant à l’analyse des espèces et des différences qu’il contient[72].
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D’après Platon, tout comme Xénophane, Socrate rejetait les mythes qui faisaient de Zeus et des autres dieux des personnages immoraux et dévergondés[p. 30]. Platon utilise le mythe à plusieurs reprises. Cette utilisation, dans le cas de la description du monde, s'explique par la difficulté suivante : si, pour connaître une chose, il faut connaître sa causalité, comment connaître l'acte créateur de la cause ?
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L'acte de connaissance doit en effet être le reflet d'un acte créateur qui est inconcevable : comment, dans ce cas, parler de l'origine du monde ? L'acte créateur n'est-il pas au-delà de tout discours rationnel ? Pourtant, l'acte créateur fonde la possibilité de la rationalité. C'est ainsi que Platon se demande comment parler de l'origine du monde sensible, puisque la connaissance dialectique, qui articule les Formes intelligibles, est ici inopérante. On ne peut parler du monde que par un discours qui lui ressemble : un mythe vraisemblable, apparenté au sensible. Le mythe vraisemblable décrit une situation en transposant dans l'espace et le temps les relations que la pensée conçoit, sans pouvoir les exposer dialectiquement ; le mythe doit donc être interprété, il ne doit pas être confondu avec la réalité. Il faut traduire en rapport d'idées ce que le mythe a assemblé en fait. Le récit de l'organisation du cosmos par le démiurge en donne un exemple[73].
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D'autre part, les mythes, représentations de la tradition, véhiculent des sentiments, des valeurs et des savoirs partagés par toute une communauté. Leur importance est éthique et politique. En cohérence avec ce fait sociologique, Platon a utilisé le mythe pour faire passer des idées difficilement acceptables par ceux de ses contemporains, la grande majorité, peu préoccupés par la recherche de la vérité[p. 31]. Si la raison doit toujours avoir la première place, Platon sait que le savoir est réservé à une élite. Le mythe est une façon de persuader l'ensemble des citoyens de suivre telle ou telle règle, d'accepter telle ou telle valeur. Ces deux usages du mythe chez Platon se recouvrent partiellement, l'essentiel étant de se frotter aux Idées ou encore de faire effort vers cette source de lumière qu'est le Bien. « Le mythe désigne l’obligation qui est faite à la philosophie de considérer son projet, celui d’une explication rationnelle de toutes choses, à l’aune de ce qui semble se dérober à la raison. Le recours aux mythes n’est pas le signe d’un renoncement, mais plutôt celui d’une stratégie de contournement : dans la mesure où la vie humaine doit trouver dans la connaissance du monde et du divin le principe de sa perfection, son modèle, le mythe donnera aux hommes une représentation vraisemblable de ce modèle, sans laquelle il ne pourrait vivre convenablement.[74] »
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Pour certains philosophes grecs, le monde est un flux perpétuel. Le cas vraisemblablement le plus connu est celui d'Héraclite, pour qui l’être même est devenir. Même s'il divise le monde en être et non-être, Parménide tient également pour vrai que le sensible est un changement continuel, bien qu'il ne lui accorde, au contraire d'Héraclite, aucun être. Or, Platon renvoie dos-à-dos ces deux théories contradictoires, en estimant qu'elles ne peuvent ni l'une ni l'autre établir des conditions satisfaisantes pour la connaissance. D'autre part, parce que les sophistes ne cultivent plus la science pour elle-même, mais pour son utilité, parce que certains font même de l'utile le critère du vrai, Platon doit répondre au relativisme épistémologique dont le pragmatisme est la principale forme[75].
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La connaissance est pour Platon une activité de l'âme au contact de différents objets[76]. Parmi ces objets se trouve l'ensemble des choses sensibles dont la totalité constitue le monde. Le vivant, que Platon définit comme un corps animé, c'est-à-dire doté d'une âme, est affecté par ces objets sensibles, ainsi que par les processus internes à l'organisme. Platon nomme les impressions (pathêmata) ces mouvements provoqués dans le corps par les objets extérieurs au sujet qui perçoit. Toutes les impressions ne sont pas perçues par l'âme, seules le sont les sensations (aisthêsis) qui consistent en jugements de l'âme sur les objets qui l'entourent. Platon nie le vide, Épicure l'admet, et Aristote demeure entre négation et affirmation.
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Dans le Théétète, Socrate et Théétète recherchent une définition de la science et examinent en premier lieu si la connaissance trouve sa source dans ce contact de l'âme au sensible. Les deux premières définitions considérées sont en effet que la science est la sensation et que la science est l'opinion. La première définition se heurte à l'objection suivante : le monde sensible est devenir, c'est-à-dire un ensemble d'objets qui naissent et qui se corrompent, s'accroissent et décroissent. Monde sensible et devenir sont synonymes. Mais si toute réalité est un devenir, alors elle se transforme sans cesse et il est donc impossible d'y trouver la stabilité nécessaire à une connaissance vraie et certaine ; en effet, dans le sensible, un objet a tantôt telle qualité, tantôt telle autre, ou bien les deux en même temps, si bien que l'on en arrive à trouver des qualités contradictoires dans la même réalité. La conception héraclitéenne du monde sensible anéantit donc la connaissance, en soutenant que la nature du réel est d'être contradictoire. Mais cette conception fait également dépendre la connaissance, à la manière de Protagoras[77], des états empiriques de l'individu, selon la célèbre formule : « l'homme est la mesure de toute chose ». Ce relativisme, en posant que c'est de l'être-même des choses, et non seulement de leur connaissance, que chaque individu est le critère, fait de la connaissance un simple point de vue, et abolit toute possibilité de vérité.
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Les impressions sensibles ne donnent donc pas le vrai, et Socrate peut ainsi réfuter la thèse selon laquelle la science est sensation. Il est alors aussi impossible que l'âme parvienne à des jugements vrais à partir des impressions : ces jugements, qui sont des opinions, ne peuvent en effet se justifier par aucun critère, si ce n’est par une autre impression. La réfutation de l’idée d'une connaissance à partir du monde sensible en tant que devenir permet à Platon d'opposer au mobilisme héraclitéen et au relativisme sophistique l’idée d’une science qui ne porte pas sur les impressions des sens ni sur les opinions que l’âme peut former sur elles, mais sur une réalité qui sera seulement perçue par une puissance intellectuelle, et qui recevra, pour cette raison, le nom de réalité intelligible[p. 32]. Cette réalité et la puissance de l’âme qui la connaît doivent être postulées afin de maintenir la possibilité d’une connaissance vraie. Ce faisant, Platon suppose deux choses : que la fondation du savoir présuppose l’équivalence entre être et vérité ; que l’âme doit être une réalité parente des réalités intelligibles, afin de pouvoir les contempler. Sans cette hypothèse d'une appréhension, par l'intellect de l'âme, de réalités non sensibles, toute pensée et tout discours seraient impossibles.
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Il y a, sur la sensation, de nombreuses opinions, qui peuvent se réduire à deux générales : les uns la font produire par le semblable, les autres par le contraire. Parménide, Empédocle et Platon sont au nombre des premiers ; Anaxagore soutient la seconde thèse[78]. Théophraste, au Livre VI des Causes des plantes, fait à peu près la même division des saveurs que Platon : la douce, l’acide, l’aigre, l’austère, la salée, l’acre, et l’amère[79].
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Si connaître, c'est connaître quelque chose qui est, seul ce qui est absolument peut être véritablement connaissable[p. 33]. L'objet de la connaissance réelle ne peut donc être le monde sensible, et doit présenter des propriétés différentes du devenir. Ce raisonnement a une double conséquence : d'un point de vue épistémologique, c'est par une réalité seule, véritable, que l'on connaît et que l'on peut répondre aux questions de Socrate, en donnant des définitions : qu'est-ce que le Beau ? qu'est-ce que le Courage ? etc. Alors que la plupart des interlocuteurs de Socrate se tournent vers les choses sensibles, pour, comme réponse, lui présenter une multiplicité d'exemples, Socrate réplique qu'aucune de ces choses n'a de propriété par elle-même, mais qu'il faut, pour connaître ces propriétés, rassembler le multiple dans l'unité d'une réalité non sensible, de laquelle chaque chose sensible reçoit ses qualités. D'un point de vue ontologique, ces réalités doivent avoir, d'une part, une existence objective, distincte du monde sensible, et, d'autre part, doivent être la cause des qualités dans les choses. Lorsque Socrate demande ce qu'est le Beau, sa question est précisée également de manière à demander par quoi les choses belles sont dites belles, et elles sont belles dans la mesure où l'on trouve en elles la présence d'une réalité non sensible, qui seule est définissable et connaissable.
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Platon nomme Forme ou Idée (traduction de είδη et de ἰδέαι) l'hypothèse de ces réalités intelligibles. Ces Formes sont les véritables objets de la définition et de la connaissance. De l'échec de l'idée d'une connaissance sensible et des exigences de la connaissance, Platon peut déduire leurs propriétés : les Formes sont des réalités immatérielles et immuables, demeurant éternellement identiques à elles-mêmes, universelles et intelligibles, seules réellement étant, et indépendantes de la pensée. Ainsi, contrairement aux choses sensibles, dont la réalité est changeante, les Formes sont l'unique et vraie réalité. Cette réalité est désignée par Platon en ajoutant des adjectifs : réalité vraie, par exemple, ou par des comparatifs : « ce qu'il y a de plus réel », afin de la distinguer de la réalité sensible, qui n'est cependant réelle qu'en tant qu'elle possède un certain rapport à la réalité authentique. Ainsi Socrate dit-il : « car je ne vois rien de plus clair que ceci, c’est que le beau, le bien et toutes les autres choses de même nature dont tu parlais tout à l’heure existent d’une existence aussi réelle que possible »[80]. Si les choses sensibles ont quelque réalité, elles doivent la recevoir de ces Formes : « mais si l’on vient me dire que ce qui fait qu’une chose est belle, c’est ou sa brillante couleur, ou sa forme, ou quelque autre chose de ce genre, je laisse là toutes ces raisons, qui ne font toutes que me troubler, et je m’en tiens simplement, bonnement et peut-être naïvement à ceci, que rien ne la rend belle que la présence ou la communication de cette beauté en soi ou toute autre voie ou moyen par lequel cette beauté s’y ajoute »[81].
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Les Formes sont également immuables, stables et éternelles pour la même raison. Elles sont aussi universelles, parce que si le sensible reçoit ses qualités d'elles, alors ces qualités introduisent de la ressemblance entre les choses sensibles, c'est-à-dire que ces qualités sont présentes dans plusieurs choses déterminées par une même Forme qui s'apparente alors à une classe. Enfin, les Formes sont indépendantes de la pensée : objets du savoir, elles doivent en effet exister hors de nous, sans quoi elles seraient subjectives, autrement dit relatives à un sujet, et changeantes selon les affections sensibles de celui-ci, ce qui les rendrait particulières et dépendantes de nos opinions. Cette théorie des Idées, ou théorie des Formes intelligibles, qui constitue l'essentiel du platonisme, peut donc être résumée à deux notions, celle de Forme, qui désigne l'être intelligible, et celle de participation, qui désigne le rapport de l'être intelligible au devenir sensible, rapport par lequel ce dernier est déterminé et est connaissable. Du vivant de Platon, cette théorie s'est heurtée à des objections, que l'on retrouve formulées par Aristote dans La Métaphysique. Platon a lui-même formulé un ensemble d'objections, dans le Parménide, sans toutefois remettre en cause l'existence même de ces Formes, car elles sont à ses yeux des conditions nécessaires du discours et de la conduite humaine. Ces objections portent essentiellement sur l'impossibilité pour une Forme de se trouver en plusieurs réalités sensibles sans perdre son unité ou son identité, et sur la difficulté de doter les Formes d'une puissance causale qui, d'une part, contredit leur immuabilité, et, d'autre part, les fait entrer au contact du sensible, en leur faisant perdre de ce fait leur statut ontologiquement supérieur. Platon tentera de répondre à ces objections en reformulant le rapport des Formes aux réalités sensibles, par l'introduction de l'activité d'un démiurge, qui est décrite dans le Timée, c'est-à-dire par un récit mythique de la mise en ordre de l'univers en un tout ordonné.
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On désigne souvent la réalité intelligible par l'expression « monde des Idées ». Cette expression est impropre et provient d'une surinterprétation des dialogues par Philon d’Alexandrie. Platon parle plutôt du « lieu sensible » et du « lieu intelligible » d’un même monde[82]. Le monde, explique Platon dans le Timée, est unique.
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L'opposition entre le sensible et l'intelligible est une séparation ontologique ; à cette stricte séparation correspond une hiérarchie épistémologique, tout aussi stricte : l'opinion porte sur le monde sensible tandis que la science est la connaissance des réalités intelligibles. Cette division de la connaissance est exprimée par Platon au moyen de l'analogie de la ligne : « Prends donc une ligne coupée en deux segments inégaux, l'un représentant le genre visible, l'autre le genre intelligible, et coupe de nouveau chaque segment suivant la même proportion ; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d'après leur degré relatif de clarté ou d'obscurité, dans le monde visible, un premier segment, celui des images – j'appelle images d'abord les ombres, ensuite les reflets que l'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants, et toutes les représentations semblables ; […] pose maintenant que le second segment correspond aux objets que ces images représentent, j'entends les animaux qui nous entourent, les plantes, et tous les ouvrages de l'art. […] Examine à présent comment il faut diviser le monde intelligible. […] De telle sorte que pour atteindre l'une de ses parties l'âme soit obligée de se servir, comme d'autant d'images, des originaux du monde visible, procédant, à partir d'hypothèses, non pas vers un principe, mais vers une conclusion ; tandis que pour atteindre l'autre — qui aboutit à un principe anhypothétique — elle devra, partant d'une hypothèse, et sans le secours des images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l'aide des seules idées prises en elles-mêmes »[83].
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Cette représentation de la connaissance par une ligne a une portée à la fois ontologique et épistémologique : l'âme, au contact d'une réalité, se trouve affectée selon la nature de cette réalité. Il y aura donc autant de manières d'être affecté qu'il existe de modes d'être, et ces manières d'être affecté définissent des manières de parler d'un objet ou de le penser. Les modes de connaissance et les réalités qui leur correspondent sont décrits dans ce texte et ils sont les suivants : la conjecture (εἰκασία, eikasía) porte sur les images et les illusions ; la foi ((πίστις, pístis) porte sur les êtres vivants et les objets fabriqués ; la pensée ((διάνοια, diánoia) porte sur les notions et les nombres ; l'intellect ((νόησις, nóêsis) porte sur les Formes. On peut ajouter à cela l'ignorance, bien que ce ne soit pas un mode de connaissance : l'ignorance correspond au non-être.
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Les choses sensibles sont l'objet de la conjecture (εἰκασία, eikasia) et de la foi ((πίστις, pistis), et Platon désigne ces deux modes de connaissance comme opinion (doxa). L'opinion est ainsi un jugement qui porte sur des sensations. L'objet de l'opinion est instable, et celle-ci ne peut, pour cette raison, trouver en elle-même le critère de sa vérité et de sa fausseté. Les réalités intelligibles sont elles l'objet de la pensée et de l'intellect, et Platon les désigne par le nom de science. La pensée correspond aux raisonnements discursifs, se fondant sur des hypothèses, et elle comprend toutes les sciences particulières, comme les mathématiques. L'intellect est au contraire une intuition de ce qui est, de manière inconditionnelle, et cette intuition est donc la science par excellence, que Platon nomme dialectique, c’est-à-dire la science des Formes et de leurs rapports. À cette Forme la plus haute de la connaissance, à proprement parler la seule connaissance vraie, correspond l'activité par excellence de l'âme, qui est l'activité de l'intellect.
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L'analogie de la ligne, répond ainsi aux questions de savoir ce qui est connu et quels types de connaissance correspondent aux différentes sortes de réalités connues. Mais il faut encore savoir quelles méthodes y correspondent et quelles sont les facultés de l'âme qui permettent la connaissance. Les dialogues présentent plusieurs moyens par lesquels il est possible d'acquérir un savoir, ou du moins d'avancer dans l'initiation philosophique ; ce sont, en premier lieu, le ressouvenir, la réfutation, et la dialectique, cette dernière n'étant rien d'autre que la philosophie elle-même. Platon utilise par ailleurs plusieurs procédés d'exposition de sa pensée, qui sont la dialectique, le mythe et le paradigme.
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Le mot « âme », en grec ancien ψυχή, est de loin celui qui revient le plus fréquemment dans les dialogues de Platon, en particulier dans Phèdre, La République et Phédon. Dans les rares dialogues où il n'est pas employé, on trouve toujours un ou plusieurs discours y faisant allusion. Malgré l'omniprésence de cette notion, Platon n'en a jamais donné de définition complète. En revanche, il en donne des descriptions nombreuses et variées, qui privilégient chacune telle ou telle qualité ou propriété. Ainsi, à défaut de pouvoir fournir une définition précise de l'âme chez Platon, il est possible d'établir une classification de ces descriptions. Néanmoins, certaines propriétés semblent plus essentielles que d'autres : c'est le cas de la conception de l'âme comme principe du mouvement, et de la pensée[p. 34],[p. 35],[84].
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Pour Platon, l'âme est un être apparenté aux Idées, au divin, qui a un mouvement propre. Elle est immortelle et se compose de trois puissances : l’épithumia (ἐπιθυμία, en grec ancien), l'« appétit », élément concupiscible, désirant, le siège du désir (faim, sexualité), des passions ; le thumos (θυμός), la « colère », élément irascible, agressif, ce pourrait être traduit par « cœur », il est cette partie de l'âme susceptible d'emportement, de colère, de courage ; le logistikon (λογιστικόν), le « raisonnable » ou esprit, élément rationnel, immortel, divin, c'est un « démon » (daimon).
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Platon expose cette constitution tripartite de l'âme dans le Phèdre et dans La République. Le noûs, ou la raison, en tant qu'il a seul rapport à l'intelligible, est le plus noble des trois. Le second, caractéristique de la volonté d'enrichissement personnel, de bonne réputation, et des tentatives de prouesses qui en découlent, n'est utile que s'il se met au service de l'élément raisonnable, afin de maîtriser le troisième, qui mène irrémédiablement au vice. En d'autres termes, la bonne vie suppose que s'établisse, entre ces trois parties de l'âme, une hiérarchie : le noûs gouverne le thumos, qui gouverne l’épithumia. Chacune de ces parties possède ainsi une vertu qui lui est propre : la sagesse pour l'esprit, le courage pour l'élément agressif, et la tempérance, pour l'élément désirant ; l'harmonie de ces trois parties est la vertu de justice. La pensée de Platon a également évolué : d'abord, dans le Phédon, il admet une âme[85] ; ensuite, dans La République (vers 370), il admet trois parties de l’âme[86]. Dans Phèdre, Platon compare l'âme à un attelage ailé, avec comme cocher la raison, l'esprit, l'intelligence (noûs), comme cheval obéissant à la volonté, le cœur, la partie irascible (thumos), et comme cheval rétif les désirs, le « bas-ventre » (épithumia)[87]. Dans le Timée, à la fin de sa vie, Platon admet trois âmes différentes[88]. Ce tripartisme remonte, selon Diogène Laërce, à Pythagore[p. 36]. Platon croyait l'âme immortelle et chercha, sans prétendre pouvoir y parvenir, à le prouver dans le Phédon, qui raconte les derniers instants de Socrate. Cette immortalité se lie à la thèse de la migration des âmes et de leur purification après la mort, qu'il décrit dans trois mythes, à la fin du Gorgias, de La République et du Phédon. Platon admet cinq formes d'âmes : celles des dieux, des démons, des héros, des habitants de l'Enfer, des humains[p. 37].
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Dans le domaine de l'anthropologie, comme dans celui de la métaphysique, Platon est dualiste : l'âme et le corps sont nettement séparés l'un de l'autre, et l'âme domine le corps Note externe. L'âme a existé avant d'être incarnée sur terre, de la même manière qu'elle existera après la mort. Elle provient de la sphère du Noûs, du divin et du raisonnable, et prend une forme corporelle après chacune de ses incarnations, où elle est enfermée dans le corps (soma), lui-même « semblable à une maladie » ou à une « tombe » (sèma). Le but de l'existence terrestre devient alors le retour de l'âme à son état originel par l'anamnèse, capacité que possède l'âme de rechercher et retrouver les Idées dont elle a conservé la connaissance virtuellement.
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La philosophie de Platon ne peut être approchée sans comprendre le rôle fondamental d'un désir violent et multiforme qui s'empare tant de l'âme que du corps : l'amour (en grec ἔρως, érôs)[89]. L'amour est une forme de possession et de délire divins[p. 38] qui se manifeste par un attachement à une personne, à un objet ou même à une idée, accompagné de la pensée que la satisfaction de ce désir peut être une source de modification et d'élévation de l'existence. Cet amour se manifeste de nombreuses manières, qui vont de l'accouplement ou de la débauche, à l'amour de l'élève pour le maître, ou encore à l'excitation frénétique de l'âme poursuivant une idée, telle que le Bien[p. 39]. Il n'y a pas, pour Platon, plusieurs natures du désir érotique qui se manifesteraient dans plusieurs formes d'amour, qui n'auraient qu'un nom en commun. Platon distingue et hiérarchise l'amour selon les différentes finalités que l'on peut observer, mais cette variété des fins du d��sir n'est qu'une variété dans un même genre. Ainsi, si Platon condamne l'amour charnel ou bestial, et s'il place au plus haut cette forme de délire de l'âme qui possède le philosophe en quête du savoir, la véritable différence entre ces deux orientations se trouve, non dans la nature du désir même, mais dans la capacité de contempler le Beau. C'est pourquoi cette différence dans la finalité de l'amour se manifeste au contact de ce dernier :
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« La beauté seule jouit du privilège d’être l’objet le plus visible et le plus attrayant. L’homme pourtant dont l’initiation n’est point récente ou qui s’est laissé corrompre, ne s’élève pas promptement de la beauté d’ici-bas vers la beauté parfaite, quand il contemple sur terre l’image qui en porte le nom. Aussi, loin de se sentir frappé de respect à sa vue, il cède alors au plaisir, à la façon des bêtes, cherche à saillir cette image, à lui semer des enfants, et, dans la frénésie de ses fréquentations, il ne craint ni ne rougit de poursuivre une volupté contre nature. Mais l’homme, qui a été récemment initié, ou qui a beaucoup contemplé dans le ciel, lorsqu’il aperçoit en un visage une belle image de la beauté divine, ou quelque idée dans un corps de cette même beauté, il frissonne d’abord, il sent survenir en lui quelques-uns de ses troubles passés ; puis, considérant l’objet qui émeut ses regards, il le vénère comme un dieu. »
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— Phèdre, 250-251.
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Cette poursuite de la Beauté pose plusieurs questions que Platon aborde au fil des dialogues[90], dans lesquels l'âme s'engage en tendant tout son désir vers un « là-bas » : la question du statut du monde sensible comme reflet de modèles intelligibles (cf. Théorie des Formes), la question de l'accès intellectuel à ces modèles, et la question de leur nature. Outre ces questions d'ordre épistémologique, il faut garder à l'esprit que c'est le destin de l'âme qui se joue ici, et qui est le premier et même le seul souci du philosophe ; aussi sa nature, comme ses vertus, doivent-elles également faire l'objet d'une recherche. Mais, cette recherche touche tant à l'éthique, qui est l'excellence de l'âme, qu'à la politique, c’est-à-dire l'éducation de l'âme, et à la cosmologie - qui est la place et structure de l'âme dans le tout ordonné ; ces domaines ont besoin d'une explication et d'un fondement, que les contemporains qualifieraient d'ontologiques.
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Platon a montré que la connaissance sensible est moins vraie : l'âme ne peut en effet parvenir à l'être par le moyen des sensations. Il faut donc, aux yeux de Platon, qu'une certaine puissance de l'âme soit au contact des réalités vraies pour produire une science authentique, ce qui implique également que l'âme participe d'une certaine manière à l'intelligible. Ce rapport de l'âme à l'intelligible est décrit à travers le ressouvenir et les mythes que Platon lui rattache. La réminiscence (en grec ἀνάμνησις, anamnésis ; également traduit par ressouvenir) est le ressouvenir par l'âme, à l'occasion d'une perception sensible, de connaissances qu'elle a acquises en dehors de son séjour dans un corps, et qu'elle a perdues lors de sa réincorporation. L'acquisition de la connaissance doit alors débuter par une re-connaissance, avant de se poursuivre par l'épreuve de la réfutation. Cette thèse suppose l'immortalité de l'âme, et l'existence de réalités intelligibles, puisque c'est en séjournant dans un monde intelligible, supérieur au monde empirique, que l'âme a contemplé les réalités divines. L'un des exemples les plus célèbres de cette idée se rencontre dans le Ménon :
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« Ainsi, immortelle et maintes fois renaissante, l’âme a tout vu, tant ici-bas que dans l’Hadès, et il n’est rien qu’elle n’ait appris ; aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que, sur la vertu et sur le reste, elle soit capable de se ressouvenir de ce qu’elle a su antérieurement »
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— Ménon, 81 b
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Le Timée est considéré comme le dialogue le plus important par les medio-platoniciens, alors que selon les néo-platoniciens ce serait le Parménide[91].
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On considère en général que le Timée et le Critias ont été écrits entre 358 et 356 av. J.-C., soit une douzaine d'années avant la mort de Platon, après le Théétète, le Parménide, Le Sophiste et Le Politique et avant le Philèbe et Les Lois[92]. Platon pensait écrire une trilogie comprenant le Timée, le Critias et l’Hermocrate (non réalisé) pour décrire l'origine de l'univers, de l'homme et de la société[93]. Ce projet, selon Luc Brisson, s'insère dans une tradition ancienne dont le poète Hésiode est un représentant. Le Timée recourt au mythe, c'est-à-dire à « un discours qui se déploie dans le temps et qui décrit ce que font non point des entités abstraites, mais de personnages qui présentent une identité individuelle plus ou moins marquée »[94]. Parallèlement on trouve aussi chez Platon une volonté de démonstration « scientifique ». De sorte que sa pensée est marquée par une contradiction que certains constatent, tels Luc Brisson et d'autres critiques comme Aristote. Le Timée est triplement novateur, par sa volonté de trouver une explication scientifique qui dépasse les données purement sensibles ; par son utilisation d'axiomes a priori ; enfin, parce que « Platon fait des mathématiques l'instrument lui permettant d'exprimer certaines des conséquences qui découlent des axiomes qu'il a posés »[95].
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Pour Platon, une forme intelligible est « une entité non sensible », éternelle, pure, non composée, « qui entretient avec les réalités particulières [...] un rapport de modèle à image »[96].
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Le démiurge, à la différence des dieux grecs traditionnels, n'est pas jaloux. Il est fondamentalement bon, une qualité qui, chez Platon, est liée à la rationalité. Le démiurge est un intellect (noûs) qui réfléchit (Logizesthai)[97], « prend en considération »[98], « prévoit »[99],[100], parle et fait acte de volonté. À la différence de ce qu'on trouve chez Hésiode, le démiurge n'engendre pas ; il est vu en Timée 28 c comme « père et fabricant » de l'univers[101]. Le démiurge est potier lorsqu'il crée le squelette humain, modeleur de cire lorsqu'il le recouvre de chair. Il est paysan lorsqu'il sème les âmes, métallurgiste lorsqu'il fabrique l'univers, etc. Platon évoque le démiurge tantôt en utilisant le singulier, tantôt le pluriel, de sorte que Luc Brisson se demande s'il ne s'agit pas d'abord de « la fonction productrice de l'univers considérée tantôt dans sa généralité tantôt dans un de ses aspects »[101]. Pour Luc Brisson, l'activité du démiurge s'apparente à celle de l'artisan pour au moins trois raisons : 1° elle a un début et une fin ; 2° elle consiste à façonner des matériaux en partant d'une Forme intelligible ; 3° « elle obéit à une intention, une finalité ». Lorsque le démiurge a créé le monde, il se retire ; « c'est l'âme du monde qui prend le relais, en garantissant le maintien d'un ordre surtout mathématique dans le cours d'un changement incessant »[102]. De sorte que le Timée est « la seule cosmologie de type artificialiste dans l'Antiquité »[103]. Cet artificialisme sera attaqué par Aristote pour qui « la nature qui explique la production du cosmos »[104] ne délibère pas comme l'artisan[105]. Aristote sur ce point sera suivi par Plotin, les néoplatoniciens et par le stoïcisme[103].
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Pour Platon, pour connaître le monde, il faut : des formes intelligibles immuables et universelles ; des choses sensibles, images des formes intelligibles ; un matériau (Chora) qui rend compte de la différence entre forme intelligible et image. Chez lui, le matériau a son propre mouvement, sa propre agitation[106] et il est toujours lié à la nécessité (ananké) : c'est-à-dire à un enchaînement de mouvements. Chez Platon, ce mouvement est « dépourvu d'ordre et de mesure »[107] de sorte que le démiurge va devoir mettre de l'ordre dans le matériau « en persuadant la nécessité, dans la mesure du possible, de permettre la production du beau et du meilleur »[108]. Mais cette nécessité continue à se manifester même quand le démiurge a fini son œuvre, et que l'âme du monde perpétue son œuvre. La nécessité pousse à des contradictions qu'Aristote a dénoncées et qui ont conduit les médio-platoniciens à voir le Timée comme un drame[108].
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Platon voit le monde comme un être vivant, avec une âme, et un corps[109].
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Le démiurge commence par créer l'âme du monde qui est issue de trois notions fondamentales : l'Être, le Même et l'Autre. L'âme du monde est un intermédiaire entre le sensible et l'intelligible, entre l'indicible caractéristique de l'intelligible et le divisible caractéristique du monde sensible[110]. L'âme humaine a une structure mathématique constituée de cercles, elle est « le principe de l'ensemble des changements ordonnés dans tout l'univers »[111] et témoigne de la conviction de Platon qu'il existe une régularité non seulement dans le monde supralunaire, mais également dans le monde sublunaire. Toutefois, concernant ce dernier, ni le démiurge, ni l'âme du monde n'arrivent à vaincre complètement la nécessité issue de la matière[112].
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Le démiurge ne fabrique pas le corps du monde, il se contente d'y instaurer ordre et mesure sans vraiment y arriver totalement[113]. Pour lui, comme pour les Grecs depuis Empédocle, le monde est constitué par quatre éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre. Ce qui est propre à Platon, c'est d'une part sa volonté de montrer mathématiquement pourquoi il n'y a que quatre éléments et, d'autre part, le rapprochement qu'il établit entre les quatre éléments et quatre polyèdres réguliers : tétraèdre, hexaèdre, octaèdre, icosaèdre[114]. De sorte que pour Platon, « dans le monde sensible, tous les phénomènes observables - c'est-à-dire tout ce qui change suivant la terminologie platonicienne - se réduisent à des interactions entre les mêmes composantes élémentaires, qui peuvent être exprimés en termes de rapports mathématiques »[114].
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Le monde est peuplé de quatre espèces vivantes : les dieux associés au feu, les oiseaux associés à l'air, les animaux à la terre et les animaux y vivant à l'eau. En outre, il existe des végétaux qui servent de nourriture aux êtres humains et qui sont associés à l'aspect appétitif de l'âme[111].
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La vie humaine est conçue par Platon comme l'union de l'âme et du corps humain, le point de contact privilégié entre les deux étant la « moelle »[115].
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Les âmes des dieux, des démons et des êtres humains, dans ce qu'elles ont d'immortel, sont fabriquées par le démiurge à partir du mélange qui a servi pour l'âme du monde. Il en résulte que les âmes des hommes ont les mêmes caractéristiques que l'âme du monde en ce qui concerne l'aspect mathématique et les fonctions, mais qu'elles sont moins pures, qu'elles sont plus imparfaites. La partie immortelle de l'âme est fabriquée par le démiurge. Au contraire, la partie mortelle est fabriquée par les assistants du démiurge et comprend deux sous-parties « une partie irascible (thumos) le « cœur » et une partie désirante (epithumia), l'« appétit » ». La partie irascible cherche l'estime, la victoire dans la compétition. La partie désirante est liée à la nourriture et au sexe, c'est celle que Platon aime le moins. Dans le livre IV de la République et dans le Phèdre[116], Platon compare l'âme à un attelage avec deux chevaux (voir ci-dessus : L'âme).
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Le corps est formé de triangles rectangles qui donnent naissance aux os et à la chair. La moelle est constituée de triangles pouvant produire du feu, de l'eau et de l'air. Pour produire les os, il est ajouté à ce mélange de la terre pure. La peau est faite par un « mélange d'eau, de feu et de terre, auquel il ajoute un levain formé de sel et d'acide »[117]. Pour Platon, l'être humain est en bonne santé s'il respecte l'ordre du monde[118]. Les corps sont fabriqués par de jeunes dieux sur instruction du démiurge. Ils enferment dans le corps la partie rationnelle de l'âme (noûs).
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La vie humaine est conçue par Platon comme étant l'union de l'âme et du corps humain. Le point de contact privilégié entre les deux étant la moelle[115]. La partie rationnelle de l'âme a pour mission de dominer le chaos venant de la matière qui domine à la naissance et dans l'enfance. La coopération entre la partie rationnelle de l'âme et le corps, est réalisée au moyen des sensations. Pour Platon, les sens (vue, odorat, ouïe, etc.) captent des signaux venant de l'extérieur et les communiquent à l'âme où ils deviennent des sensations[119]. Chez lui, les maladies de l'âme viennent d'un dysfonctionnement du corps ou d'une mauvaise éducation[120].
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Le problème est que vivre veut aussi dire user le corps, la vie pour Platon est l’alternance entre deux mouvements types, soit la réplétion et la déplétion[121]. Pour rester en vie, il faut constamment rendre équivalents les gains par rapport aux pertes. Quand il y a plus de sorties que d’entrées, la corruption s’impose[122]. La vieillesse est la multiplication des ouvertures ou espacement entre les triangles qui composent la moelle. Cette vieillesse est donc la marque de l’environnement hostile qui agresse l’homme depuis sa naissance.
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Platon aborde la politique dans trois livres : La République, Le Politique, et Les Lois. Pour Monique Dixsaut, le premier ouvrage « s'attache à une réforme de la culture et trace le plan d'une constitution modèle » tandis que Les Lois « sont destinées à fonder une cité de second rang dont elles déterminent la législation et les institutions »[123] et Le Politique traite de la science nécessaire au bon politique[123].
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Pour Platon, contrairement à Aristote, l'homme n'est pas un animal politique (ζῷον πολιτικόν)[124] fait pour vivre dans une cité. « Tout homme est pour tout homme un ennemi et en est un pour lui-même »[125]. Aussi considère-t-il que le rôle de la politique consiste à créer l'unité, par la vertu et l'éducation notamment[126].
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Quant à la Cité, elle naît de l'économie. Socrate, au Livre II de La République, attribue sa naissance au besoin des hommes de s'associer pour produire et à la nécessité de recourir à une division des tâches[127]. Pour Alexandre Koyré, ce n'est pas la crainte, comme le soutient Glaucon anticipant Hobbes, qui est à l'origine du contrat social : c'est la solidarité[128]. La Cité s'agrandissant entre en conflit avec ses voisins de sorte qu'une classe nouvelle apparaît : les guerriers[128]. Pour Platon, le guerrier doit être à la fois le défenseur et le protecteur de la cité, c'est-à-dire le Gardien de La République[129].
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Le rôle du Gardien est fondamental dans la cité platonicienne idéale et constitue le sujet de préoccupation principal des dix livres de La République[130]. Les gardiens sont choisis dans l'élite intellectuelle, morale et physique, quel que soit leur sexe. Leur éducation est particulièrement soignée car Platon reproche à Athènes de ne pas donner aux meilleurs « une éducation réglée et contrôlée » à la manière des Spartiates[131]. La cité idéale que Platon dessine dans La République bannit les fables et les livres qui peuvent tromper[132]. Pour Monique Dixsaut, si la critique de Platon envers la poésie peut « sembler être la preuve irréfutable de son “totalitarisme” », elle peut s'expliquer par le fait que, agissant directement sur l'âme, la poésie peut être vue comme neutralisant l'intelligence[133].
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Platon explique la nature et la portée de sa pensée politique au livre I des Lois[p. 40], à l'aide d'un mythe, le mythe des marionnettes. Ce mythe présente l'homme comme une marionnette fabriquée par les dieux ; mais, à la différence des marionnettes habituelles, les fils qui servent à la manipuler sont, dans le cas des vivants, à l'intérieur du corps parce qu'ils symbolisent les affects : plaisir, douleur, crainte et raisonnement, qui tirent les hommes en des sens contraires ; parmi ces affects, celui du raisonnement est le plus faible. Ce mythe reprend les différents mythes représentant l'âme comme une réalité composée de parties, lesquelles ne sont pas spontanément en harmonie. Cette représentation de l'homme comme une marionnette, c'est-à-dire comme une réalité vivante, qui n'est pas, par nature, guidée par la raison, justifie pour Platon le rôle de la politique : l'âme a en effet besoin d'être éduquée pour être en mesure de réaliser son bien et cette éducation passe par les lois conçues comme un discours rationnel, que la cité adresse aux citoyens.
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Cette représentation anthropologique explique que la recherche de la meilleure constitution soit le principal souci de Platon : le but d'une cité bien constituée est de faire mener à ses citoyens une vie conforme au Bien, vie qui est heureuse et qui ne peut se réaliser qu'en fonction de l'état de l'âme et dans le cadre d'une vie commune. L'âme est ainsi toujours la finalité des spéculations, tant politiques que métaphysiques, de Platon.
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Le point commun des différentes réflexions politiques que l'on trouve dans les dialogues est la question de savoir comment unifier la multiplicité des éléments, des fonctions et des forces composant une cité, autrement dit la question de savoir ce que doit être une vie commune. La politique est alors conçue comme une technique qui, dans un territoire donné et face à des éléments hétérogènes, doit prendre soin de réaliser l'unité de la cité, en la dotant d'un régime politique (politeia, également traduit par constitution). Ce soin de l'unité, c'est la philosophie, et le philosophe est celui qui, de droit, doit gouverner la cité[134].
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La recherche de ce régime constitue l'essentiel de La République et des Lois, mais les dialogues socratiques témoignent déjà de l'orientation politique de Platon, puisqu'il s'y livre à de virulentes critiques des rhéteurs. Cette recherche écarte d'emblée toutes les formes de cités existantes, tant démocratiques qu'aristocratiques : les dissensions qui marquent en effet les cités réelles, dissensions entre des partis, entre des classes, sont aux yeux de Platon un symptôme de corruption, et l'on ne saurait donc tenir pour politiques des régimes qui ne peuvent parvenir à faire vivre ensemble des citoyens.
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Dans La République, Socrate est engagé dans la recherche d'une définition de la justice[p. 41]. Cherchant cette définition au niveau de la cité, il étudie la répartition des fonctions en son sein, pour montrer que le meilleur régime ne dépend pas tant de tel groupe de la cité que de l'exercice approprié de chaque fonction dans la cité, considérée comme un tout. La cité juste est ainsi composée de trois groupes, les gouvernants, les gardiens et les producteurs. À chaque groupe correspond particulièrement une vertu, mais tous les groupes ne possèdent pas seulement une seule et unique vertu : si les gouvernants possèdent la vertu de sagesse, ils sont aussi tempérants et courageux ; les gardiens sont courageux, mais également tempérants, et puisque les gouvernants sont choisis dans ce groupe, les gardiens reçoivent aussi une éducation à la sagesse ; enfin, les producteurs, c'est-à-dire le plus grand nombre, possèdent la vertu de tempérance.
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Dans Les Lois, Platon fait discuter plusieurs vieillards sur la valeur de la constitution de plusieurs cités. Selon Jean-Jacques Chevallier, Platon y « abandonne l'État parfait, mené autocratiquement par la seule sagesse ». Il propose donc une constitution mixte, entre la monarchie qui représente le principe de sagesse et la démocratie qui représente celui de liberté [135]. Mais la tradition a plutôt retenu « les fascinantes et dangereuses rêveries de la République sur l'État parfait (…) le gouvernement autocratique des Sages, des Meilleurs ».
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Au Livre VIII de La République[136], Platon décrit la manière dont on passe d’un régime politique à un autre. Cet enchaînement n’a pas, pour Platon, une valeur historique : comme dans le Timée, il s’agit de présenter une succession essentiellement logique, selon des degrés de perfection. Platon en distingue donc cinq : l’aristocratie, c’est-à-dire le gouvernement des meilleurs, est le seul régime parfait selon lui. Il correspond à l'idéal du « philosophe-roi », qui réunit pouvoir et sagesse entre ses mains. Ce régime est suivi de quatre régimes imparfaits : la timocratie ou timarchie, régime fondé sur l'honneur qui est naturellement porté à entreprendre des guerres ; ensuite on trouve l’oligarchie, régime fondé sur les richesses qui mène à rechercher une richesse toujours plus considérable au détriment de la vertu ; la démocratie, régime fondé sur l'équivalence des convictions où chacun ne se voit soumis à aucune obligation de gouverner[137]. Enfin, il y a la tyrannie, régime fondé sur le désir : ce dernier régime marque la fin de la politique, puisqu'il abolit les lois.
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Le déséquilibre dans les cités, par lequel on passe d'un régime à un autre, correspond au déséquilibre qui s'inscrit dans la hiérarchie entre les parties de l'âme. De même qu'une vie juste suppose que le noûs gouverne le thumos, et que celui-ci contrôle l’épithumia, la cité juste implique le gouvernement des philosophes, dont le noûs, la raison, est la vertu essentielle. Au contraire, le régime timocratique correspond au gouvernement du thumos, le courage et l'ardeur guerrière, vertus essentielles des soldats, ou gardiens de la cité, et le régime tyrannique à celui de l’épithumia : la tyrannie est donc un régime où seules dominent les passions du tyran.
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Dans les dialogues Timée et Critias, Platon raconte l'histoire d'une île en avance technologiquement et socialement nommée Atlantide, qui aurait existé 9 500 ans av. J.-C. Critias explique que cette histoire lui a été racontée par son grand-père Critias, qui la tenait de son père, Dropidès, qui la tenait de Solon, qui l'avait rapportée d'Égypte. Platon utilise un mythe permettant une réflexion sur sa conception d'une société juste et hiérarchisée : les Atlantes auraient été divisés en trois castes, comme les citoyens de la « ville en discours » de la République platonicienne.
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Le philosophe, représenté par le personnage de Socrate[138], est une des figures centrales des dialogues de Platon[139],[140]. Pourquoi Platon lie-t-il philosophe et roi ?
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« À moins que, dis-je, les philosophes n'arrivent à régner dans les cités, ou à moins que ceux qui à présent sont appelés rois et dynastes ne philosophent de manière authentique et satisfaisante et que viennent coïncider l'un avec l'autre pouvoir politique et philosophie ; à moins que les naturels nombreux de ceux qui à présent se tournent séparément vers l'un ou l'autre n'en soient empêchés de force, il n'y aura pas, mon ami Glaucon, de terme aux maux des cités ni, il me semble, à ceux du genre humain »
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— La République, V, 473 c-e.
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Pour Luc Brisson, le fait que Platon établisse une division des tâches entre les membres de la Cité d'une part et, d'autre part, le fait que, pour lui, peu nombreux sont les êtres humains capables d'acquérir le « savoir et la maîtrise de soi qu'exige l'exercice du pouvoir »[141] expliqueraient la conception platonicienne du philosophe-roi.
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Platon très tôt s'est intéressé à la notion de mesure. Dans le Gorgias, Socrate reproche à Caliclès son indiscipline, qu'il impute à son absence d'intérêt pour la géométrie. S'adressant à lui, il déclare « vous n'avez pas remarqué qu'une égalité géométrique (geometriké isotês) avait un grand pouvoir parmi les dieux et les hommes »[142]. Dans le Protagoras, Platon fait dire à Socrate que la vertu est l'art de mesurer (metrêtikê techné). Selon Dorothea Frede, cela ne veut pas dire que Platon soit un utilitariste[143] : il n'y a aucune indication que jusqu'au dialogue de maturité, Platon prenne au sérieux l'idée de quantification de l'excellence. C'est avec le Timée et Le Politique que se trouve « une exploration systématique du fait que la mesure et la proportion sont les conditions fondamentales du Bien »[143]. Dans Le Politique, l'Étranger distingue deux types de mesure : la mesure quantitative et la mesure en tant que qualité, en tant que juste mesure :
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« Il est clair que nous allons diviser la technique de la mesure en deux comme nous l'avons dit : en posant comme l'une de ses portions toutes les techniques pour lesquelles le nombre, la longueur, la profondeur, la largeur et la vitesse se mesurent par rapport à leurs contraires, et comme autre portion toutes les techniques qui se réfèrent à la juste mesure, à ce qui est convenable, opportun, requis, à tout ce qui tient le milieu entre les extrêmes. »
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— Gorgias, 408 a
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La mesure en tant que qualité est liée à ce qui est adéquat (prepon), au bon moment (kairion), à ce qui devrait être (deon), à ce qui n'est pas extrême (meson)[143]. La mesure en tant que quantité est développée dans le Philèbe. Toutefois, après avoir mis l'accent sur la nécessité de la précision numérique, notamment dans la procédure dialectique qui repose sur la division et sur la collection des données, Socrate affirme que la bonne vie repose sur un mélange de plaisir et de connaissance et distingue quatre classes « (a) la limite (peras), (b) l'illimité (apeiron), (c) le mélange (meixis) de limite et d'illimité, ou (d) la cause (aitia) d'un tel mélange »[143]. Pour Socrate, dans ce dialogue, « la raison divine est la source ultime de tout ce qui est bon et harmonieux dans l'univers, tandis que la raison humaine est seulement sa pauvre copie »[143]. Selon Platon, alors que le plaisir tend à être illimité, la raison au contraire est la cause des mélanges efficaces. Chez lui, le plaisir n'est qu'un remède partiel au manque de bien. De plus, les plaisirs peuvent être trompeurs, nocifs et violents si celui qui poursuit les plaisirs s'est trompé sur l'objet du plaisir ou sur la quantité[143]. Dans le Philèbe, Platon voit les plaisirs comme nécessaires à l'équilibre physique et psychique des êtres humains mais le plaisir n'est jamais chez lui qu'une compensation à l'imperfection humaine[143].
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« Le plaisir ne serait qu'au cinquième rang de valeur… Et non au premier, même si tous les bœufs et les chevaux et toutes les bêtes à l'envi témoignent du contraire par leur chasse à la jouissance ; le vulgaire s'y fie, comme les devins aux oiseaux, pour juger que les plaisirs sont les facteurs les plus puissants de la vie bonne, et regarde les amours des bêtes comme des témoins plus autorisés que ne le sont les amours nourries aux intuitions rationnelles de la muse philosophique. »
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— Philèbe, 67 b
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Dans ces derniers écrits, Platon emploie l'idée de mesure droite dans son sens littéral en lien avec l'idée des progrès de l'astronomie de son temps. Les bonnes proportions donnent des entités et des mouvements stables..
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« Il n'en reste pas moins que, lorsque les hommes s'interrogent sur les lois, toute leur enquête, ou peu s'en faut, porte sur les mœurs relatives aux plaisirs et aux douleurs qu'éprouvent aussi bien les cités que les particuliers. Ce sont là en effet les deux sources auxquelles la nature donne libre cours ; si l'on puise à ces sources auxquelles la nature donne libre cours où, quand et autant qu'il le faut, c'est le bonheur. »
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— Lois, I, 636 e
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Le second livre des lois est consacré à l'étude de l'éducation qui fournit les bonnes habitudes nécessaires à la juste mesure entre les plaisirs et les peines. Dans ce livre, Platon anticipe Aristote qui verra la vertu comme la bonne mesure entre un excès et un manque[143].
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Du fait d’une histoire deux fois millénaire, l’œuvre de Platon est passée par des processus de réfutations, de reprises et de développements en des sens très variés qui ont largement influé sur sa réception à travers les âges. Ce que l’on appelle la philosophie de Platon se présente moins sous la forme d'un système que d'un ensemble de thèmes qui apparaissent dispersés dans des dialogues dont les qualités littéraires font parfois oublier qu'ils possèdent aussi des qualités philosophiques[144]. C'est le cas, par exemple, jusqu'aux dernières décennies du XXe siècle, des dialogues socratiques qui, au moins en France, ont longtemps été étudiés dans le cadre des lettres classiques[145], les autres dialogues étant en revanche considérés comme relevant de la philosophie[146].
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Certains de ces thèmes sont devenus célèbres en dehors même du cercle des philosophes, non sans déformations : c'est le cas de l'amour platonique. D'autres thèmes font partie d’une vulgate, d'un imaginaire philosophique du platonisme qui est parfois loin de rendre compte de la complexité de l'œuvre ; parmi ces thèmes, les plus connus et étudiés sont :
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Cette grande richesse de l'œuvre de Platon ainsi que la variété des interprétations rendent difficile, sinon impossible, toute exposition générale et les monographies sont de fait assez rares[148]. Néanmoins, dans un article, Cherniss (en)[149] a proposé de voir dans la théorie des Idées une hypothèse économique permettant de résoudre les questions ontologiques, éthiques, épistémologiques qui se sont posées à Platon. Cette théorie a donc pour fonction, dans une telle lecture, d'unifier les problèmes et les solutions formulés par Platon. Ce dernier en effet explique au livre X de La République que l'œuvre d'art n'est qu'une imitation d'imitation, la copie d'une copie, car l’artiste ne fait qu’imiter l’objet produit par l’artisan ou par la nature, objet sensible étant lui-même la copie ou l'imitation de son essence (l'Idée ou Forme). L’art pour Platon, en tant que production d’objet, n’est donc qu’une imitation de second ordre, copie de la copie de l'Idée. L'œuvre d'art est ainsi de piètre valeur, car doublement éloignée de la vérité, et l'artiste lui-même apparaît comme un danger pour la réalisation de la République, puisqu'il est un illusionniste qui fait tenir pour vrai ce qui est faux et peut ainsi renverser dans l'apparence qu'il construit l'ordre des valeurs.
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Platon marqua de façon durable la philosophie de l’Antiquité par l’influence qu’il exerça, sur Plotin notamment, ou parce qu’on le considérait comme le philosophe par rapport auquel on devait se situer. Il fut aussi une source d’inspiration ainsi que la cible de bien des critiques. Aristote, Épicure ou les Stoïciens, par exemple, développèrent une critique plus ou moins systématique de l’éthique, de la théorie de la connaissance ou encore de la philosophie politique de Platon. Quant à Plotin ou aux Pères de l’Église, ils n’ont pas manqué de voir en Platon un philosophe quasi divin (Plotin) ou, en tout cas, une source d’inspiration importante. Plus généralement, son influence sur toute l'histoire de la philosophie a fait qu'on a pu voir en lui l'inventeur de cette discipline[150].
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La signification des œuvres de Platon a fait l'objet de nombreuses controverses depuis l'Antiquité. Certains ont fait de Platon un dogmatique ; d'autres un sceptique. Platon fut tantôt récupéré par des courants mystiques élévation de l'âme vers le bien, au-delà de l'être... -, tantôt par des philosophies purement rationalistes. La diversité de ses dialogues, leurs formes variées, les nombreuses apories qui y sont soulevées, les questionnements qu'ils suscitent, expliquent ces importantes divergences d'interprétation. Dans l'Antiquité, l'ensemble des dialogues fut organisé d'après un ordre progressif de lecture, alors que les modernes, qui prétendent à un savoir plus critique, se sont surtout efforcés d'établir l'ordre réel de leur composition, ainsi que leur authenticité. Ces essais d'organisation du corpus dépendent en fait toujours de l'idée que l'on se fait du platonisme, ce qui a conduit des critiques à exclure plus ou moins arbitrairement certains dialogues, et tous les dialogues à être remis en question.
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Favorinus disait de Lysias et de Platon : « Modifiez, ou supprimez une expression dans le discours de Platon ; si adroitement que vous fassiez ce changement, vous altérerez l'élégance : faites la même épreuve sur Lysias, vous altérerez la pensée »[151].
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Le mouvement platonicien se multiplie en divers courants, écoles ou périodes : Académie de Platon, moyen-platonisme, néoplatonisme, etc. On appelle platonisme mathématique ou réalisme mathématique une théorie philosophique sur les mathématiques, qui croit que les entités mathématiques, nombres, figures géométriques, ne sont pas abstraites par l'esprit humain, mais indépendantes de lui, avec une existence propre. Déjà, pour Platon, les « Nombres, Lignes, Surfaces et Solides » ont une existence en soi, ce sont des substances éternelles, séparées des êtres connus par les sens. Le platonisme mathématique traite de « deux types de questions : la première est ontologique, et concerne le mode d'existence des objets mathématiques, et la seconde est épistémologique, portant sur la question de savoir comment nous identifions les objets mathématiques » explique Jacques Bouveresse. Des conceptions modernes se rapprochent de celle de Platon avec Charles Hermite[152], Albert Lautman[153] ou Alain Connes[154].
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Il semble que Crantor ait composé, vers 350 av. J.-C., un commentaire du Timée. Dès le IIe ou Ier siècle av. J.-C., Platon fut commenté systématiquement. On sait que Crassus avait lu le Gorgias à Athènes, en 110 av. J.-C., sous la direction du philosophe académicien Charmadas. Le commentaire philosophique prit de l'importance à partir du IIIe siècle apr. J.-C. Les cours de Plotin consistaient avant tout en l'explication des textes de Platon et d'Aristote, étudiés avec l'aide des textes des commentateurs antérieurs : Sévère, Cronius, Numénios d'Apamée, Gaius, Atticus pour Platon[155]. Les néoplatoniciens ont donné de nombreux et amples commentaires des dialogues, dont Porphyre, Jamblique, Proclos. Parmi les monuments, il faut citer, traduits en français, Proclos (Commentaires sur le Timée, Commentaires sur la République), Damascios (Commentaires sur le 'Parménide' de Platon). L. G. Westernink a publié les commentaires grecs du Phédon, par Olympiodore le Jeune et Damascios[156].
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Seule une infime partie des textes de Platon furent traduits en latin et accessibles au Moyen Âge. Ils ont été publiés dans le Corpus Platonicum Medii Aevi[157], qui est divisé en deux sections, l'une consacrée aux traductions latines, l'autre aux traductions en langue arabe :
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Dans le cadre du projet éditorial du Corpus Platonicum Medii Aevi, quelques autres études concernant l'histoire du platonisme ont été élaborées et publiées. Au Moyen Âge, d'autres passages des œuvres de Platon étaient accessibles grâce aux citations faites notamment par Aristote, Macrobe, Augustin, Némesius, Boèce et Averroès.
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Les thèses platoniciennes, leur problématisation et leurs enjeux philosophiques soulevés par Platon lui-même[Note 10] ont eu une immense postérité et sont encore discutés et défendus de nos jours au sein du courant de la philosophie analytique[2], comme le platonisme mathématique. Si Karl Popper a critiqué le « communisme de Platon »[158], certains aspects du platonisme furent réactualisés par Frege[159] et Russell[160], et Gilbert Ryle a souligné l'importance de dialogues comme le Théétète pour les études philosophiques contemporaines[161]. Imre Toth s'est opposé au platonisme selon lui « scolaire » de Frege, qui hypostasie les lois logiques, pour soutenir un platonisme plus libre et plus ouvert (inspiré des dialogues tardifs de Platon), relu à la lumière des géométries non euclidiennes[162].
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Platon aurait dispensé « un enseignement oral et ésotérique à l'Académie », mais ses motivations demeurent inconnues. Aristote[p. 42] parle des « enseignements non écrits » (άγραφα δόγματα) de Platon, et il mentionne une leçon intitulée Sur le Bien (Περì τάγαθου) que prononça Platon, qui, à la surprise des auditeurs dont Aristote, Hestiée, Héraclide du Pont, Speusippe, Xénocrate[163], portait « sur les mathématiques, c'est-à-dire sur les Nombres, sur la Géométrie, sur l'Astronomie, et sur le fait que le Bien, c'est l'Un »[p. 43].
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Platon reconnaît la valeur limitée de l'écrit[164] :
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« L’écriture, Phèdre, a un grave inconvénient, tout comme la peinture. Les produits de la peinture sont comme s’ils étaient vivants ; mais pose leur une question, ils gardent gravement le silence. Il en est de même des discours écrits. »
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— Phèdre, 275 d.
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Platon fait allusion à des connaissances secrètes[p. 44] et à une connaissance plus fondamentale[165]. Cet enseignement oral peut être contemporain de la fondation de l'Académie selon H. J. Krämer, alors qu'il est plus tardif (vers -350) pour K. Gaiser[166].
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La philosophe Marie-Dominique Richard résume ainsi le contenu de cet enseignement oral[167] : « le platonisme non écrit est une doctrine émanatiste, engendrant, par l'action réciproque des deux principes, l'Un-Limite et la Dyade indéfinie du Grand et du Petit, les Nombres idéaux d'abord, puis les Idées, et, à partir des Idées, par un processus mathématique de détermination, le sensible lui-même ». Dans ses enseignements non écrits, Platon pose deux principes en dualité, c'est-à-dire opposés comme Bien et Mal, et ne dérivant pas l'un de l'autre : l'Un et la Dyade indéfinie du Grand (Excès) et du Petit (Défaut). Entre ces deux principes se placent donc des êtres intermédiaires ou metaxu. Platon identifie ici les Idées et les Nombres idéaux. Les objets mathématiques ne sont pas à la frontière de l'intelligible et du sensible, mais ils couvrent ces deux lieux. Platon établit cette hiérarchie :
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C'est le futur schéma de Plotin, avec ses trois hypostases ou principes divins (Un, Intellect, Idées supérieures et Idées particulières, Âme). Les Nombres idéaux sont antérieurs aux Idées, et, semble-t-il, les Idées, qui procèdent donc des Nombres de la Décade, sont des Nombres. Cette théorie a été étudiée par Léon Robin (La théorie platonicienne des Idées et des Nombres d'après Aristote, 1908), et les témoignages ont été regroupés, édités et traduits par Marie-Dominique Richard[168],[169]. Aristote soutient que la théorie de l'Un et de la Dyade préfigure sa propre distinction de la cause formelle et de la cause matérielle[170] ; les néoplatoniciens pythagorisants, comme Syrianos, Nicomaque de Gérase, Jamblique, ont assimilé le Un à la Monade, ils identifient l'opposition Limite – Illimité du Philèbe (16 c) avec la Monade – Dyade des pythagoriciens[171]. Certains spécialistes, dont Harold Cherniss[172], nient cet enseignement oral. D’après Théophraste, Platon[173] tendait à identifier l’Idée du Bien avec le Dieu suprême. Le bien est la valeur normative de la morale, avec comme opposé le mal.
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Platon aurait écrit 35 dialogues. On s'accorde en général à reconnaître trois grands groupes de dialogues : les dialogues socratiques et brefs, où Socrate joue le premier rôle, les dialogues intermédiaires marqués par de vastes schèmes métaphysiques, comme La République et Le Banquet, et les dialogues tardifs, tels Les Lois, où Socrate perd son rôle de protagoniste et où Platon traite de problèmes philosophiques de manière plus détaillée [174]. Les spécialistes de stylistique, de statistique lexicale[175] et d'histoire des idées ont classé les 35 dialogues attribués à Platon en grands « groupes », sans toujours s'entendre sur la stricte succession de chacun ou sur la périodisation par groupes[176]. Ce classement en groupes, par le moyen de la stylométrie, se résume fondamentalement aux quatre groupes suivants[177],[178] :
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Cependant, Platon est un écrivain et un poète plein de ressources, et il paraît vain de vouloir classer chronologiquement ses œuvres à partir de critères stylistiques.
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L'ensemble des œuvres de Platon se compose de plus d'une trentaine de dialogues, de lettres, d'un livre de définitions et de six dialogues apocryphes. La liste suivante suit l'ordre chronologique proposé par Luc Brisson. Les sous-titres, donnés entre parenthèses, ne sont pas de Platon.
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Consulter la liste des éditions des œuvres de cet auteur .
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Les traductions d'Émile Chambry sont considérées comme imprécises, celles de Léon Robin comme les plus rigoureuses ; d'après Luc Brisson, « quand on a le texte grec devant les yeux, on s’aperçoit qu’il ne manque rien à ces traductions, et qu’elles ont un souci de rendre compte de tous les mots »[145]. Cette exactitude tend toutefois à rendre le texte français difficile à lire. Pour les notices sur la vie de Platon et sa philosophie, Émile Chambry s'est très fortement inspiré d'Alcinoos de Smyrne, qui a composé Enseignement des doctrines de Platon.
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Plaute, en latin Titus Maccius Plautus, né vers 254 av. J.-C. à Sarsina dans l'ancienne Ombrie, maintenant située en Émilie-Romagne et mort en 184 av. J.-C. à Rome, est un auteur comique latin, le premier des grands dramaturges de la littérature latine, d'autres comme Naevius ou Ennius n'ayant guère laissé qu'un nom et quelques fragments. Il s'est essentiellement inspiré d'auteurs grecs de la comédie nouvelle tels que Ménandre, Philémon et Diphile auxquels il a donné une saveur typiquement romaine. Il a également connu un grand succès de son vivant, et nombreux sont les écrivains romains qui l'ont loué.
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Il a influencé certains des grands de la littérature, entre autres : Shakespeare et Molière (l'Avare est ainsi en partie imité de l'Aulularia de Plaute).
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La vie de Plaute est mal connue, surtout ses débuts, et il semble qu'une partie des informations disponibles ait été calquée sur les intrigues de ses comédies[1]. Il naît à Sarsina, petite ville d'Ombrie, région d'Italie centrale, vers le milieu du IIIe siècle av. J.-C.[2]. Il se rend à Rome pour faire carrière « dans les métiers du théâtre » (« in operis artificum scaenicorum »[3].). Selon Morris Marples, Plaute travaille comme charpentier ou machiniste de théâtre[4], activité ayant sans doute éveillé son amour pour la scène où se révèlent bientôt ses talents d'acteur. Il adopte alors les noms Maccius ou Maccus (« la mâchoire », autrement dit « le goinfre », stéréotype comique de farces populaires[1]), et Plautus (« pied-plat »), surnom pouvant désigner un acteur de comédie à sandales, par opposition aux acteurs de tragédie chaussés de cothurnes à haut talon ; ou encore « oreille-plate », telles les oreilles d'un chien courant[5]).
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D'après la tradition, il s'est alors suffisamment enrichi pour s'engager dans le commerce maritime où, cependant, il réussit plutôt mal, si bien qu'il doit s'embaucher comme manœuvre, notamment dans un moulin, activité lui laissant toutefois le loisir d'étudier le théâtre grec, particulièrement la nouvelle comédie et son principal représentant, Ménandre. Aussi peut-il à terme produire ses propres pièces qui connaissent une telle popularité que son nom suffit à remplir les théâtres. Elles s'appuient le plus souvent sur les modèles grecs, mais adaptés au goût du public romain. Telles quelles, elles représentent le corpus le plus ancien de textes latins ayant survécu dans son intégralité.
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Plaute meurt sous le consulat de Publius Claudius Pulcher, durant la censure de Caton l'Ancien[6], et a pour épitaphe :
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scaena est deserta, dein Risus, Ludus Iocusque
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« Après la mort de Plaute, la Comédie est en larmes,
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La Scène est déserte, le Rire, la Facétie et le Divertissement,
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Les Rythmes innombrables tous ensemble se sont mis à pleurer. »
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Les comédies de Plaute constituent le premier grand ensemble de la littérature latine qui soit disponible[8]. Plus de cent-trente pièces circulent sous son nom à la fin du IIe siècle av. J.-C., mais l'érudit Varron n'en a conservé que vingt et une[9],[10], les seules, donc, qui soient parvenues à la postérité. Cependant, il subsiste des fragments d'une trentaine d'autres pièces[11].
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La tradition manuscrite se divise en deux familles indépendantes[12].
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La première comprend le palimpseste ambrosien « A », redécouvert au XIXe siècle par Angelo Mai, datant du IVe siècle ou du Ve siècle et contenant une dizaine de pièces, dont le texte en a été gratté pour faire place à un commentaire de Saint Augustin sur les Psaumes. Le moine chargé de cette besogne y a plus ou moins réussi : en certains endroits, il s'y est employé avec ardeur, supprimant en particulier le classement alphabétique des pièces ; en d'autres, il s'est montré moins zélé, mais à la fin du manuscrit il s'avère si consciencieux que plus un seul des mots de Plaute ne reste lisible. Certes, les techniques d'investigation modernes ont permis de restituer une bonne part du matériau détruit, à cela près que si les pièces médianes sont presque intactes, celles dont le titre se situe en tête de l'alphabet demeurent mutilées (par exemple la fin de l'Aulularia et le début de Bacchides), et que seules subsistent des traces de Vidularia.
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La seconde famille est constituée par les codices Palatini, ainsi appelés car les principaux d'entre eux, B, C et D, ont été pendant une certaine période réunis à Heidelberg dans la bibliothèque du prince-électeur du Palatinat du Rhin.
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Lorsqu'il y a concordance entre les deux, il est généralement considéré que la leçon fournie a de grandes chances d'être authentique[13].
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Le contexte historique dans lequel Plaute a écrit peut dans une certaine mesure être induit de ses commentaires sur les événements et les personnalités dont il a été le contemporain. À cette époque, si la République romaine accroit son pouvoir et son influence, son théâtre en est toujours aux balbutiements.
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Dans la mesure où ses pièces ne les choisissent pas comme héros, Plaute a parfois été accusé d'inculquer au public le mépris ou la dérision des dieux. Qu'un seul de ses personnages soit honoré ou moqué représente en soi une atteinte à leur prestige, d'autant qu'ils sont souvent mentionnés en des commentaires ou par des comparaisons jugées désobligeants : ainsi, il n'est pas rare qu'un personnage compare une mortelle à une divinité, ou affirme préférer l'amour d'une femme à celui d'une déesse. Dans le Miles Gloriosus, Pyrgopolynices se vante de sa longue vie et proclame : « Ma fille, je naquis le lendemain du jour où Ops mit au monde Jupiter », « Postriduo gnatus sum ego, mulier, quam Iupiter ex Ope gnatu'st »[14]. Dans le Curculio, lorsqu'il rencontre Planésie pour la première fois, Phédrome lui affirme être un dieu, « sum Deus »[15]. Dans Pseudolus, Ballio le proxénète est comparé à Jupiter, « car il est dès à présent pour moi bien plus Jupiter que Jupiter lui-même », « nam hic mihi nunc est multo potior Iuppiter quam Iuppiter »[16], et il n'est pas rare qu'un personnage aille jusqu'à exprimer son mépris des dieux comme dans le Poenulus ou le Rudens.
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Pour autant, les personnages bafouant les divinités sont habituellement des individus de bas étage que Plaute a peut-être justement choisis pour leur irrévérence. Ainsi, parasites, proxénètes et courtisanes ne les honorent qu'avec parcimonie, et les soldats, quant à eux, les ridiculisent ouvertement. D'ailleurs, les jeunes gens censés représenter la classe supérieure, ne sont pas en reste, qui les rabaissent souvent par leur propos. Tolliver soutient que le théâtre reflétant et annonçant tout à la fois le changement social, il est probable que ce scepticisme était déjà largement répandu à l'époque de Plaute, et que son théâtre n'a ni provoqué ni encouragé le phénomène, mais simplement réfléchi les idées du temps. Comme, de toute façon, la production scénique est sous le contrôle de l'État, si les œuvres de Plaute avaient réellement été trop osées, elles auraient été censurées[17].
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La deuxième guerre punique, qui s'est déroulée à la fin du IIIe siècle av. J.-C., a été l'un des conflits les plus graves de l'histoire de Rome ; l'invasion de l'Italie par Hannibal aurait pu avoir des conséquences désastreuses pour la cité. M. Leigh a consacré un long chapitre sur Plaute et Hannibal dans son livre Comedy and the Rise of Rome. Il y explique que « les pièces contiennent des références occasionnelles au fait que l'état est en armes […] »[18]. Un bon exemple en est fourni par A. F. West dans son article « On a Patriotic Passage in the Miles Gloriosus of Plautus » (« À propos d'un passage patriotique dans le Miles Gloriosus de Plaute »). Après avoir déclaré que cette guerre « a absorbé les Romains plus que toutes les autres affaires publiques réunies »[19], il y mentionne un passage du Miles gloriosus, pièce dont la date de composition, si elle n'est pas certaine, est souvent située dans la dernière décennie du IIIe siècle av. J.-C.[20]. Ce passage, qu'il pense être une allusion à la deuxième guerre punique[19] et qui semble destiné à attiser la foule, commence ainsi : « Ne vois-tu pas les ennemis qui s'approchent[21] ? », « Viden' hostis tibi adesse[22] ? »
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Le général Scipion l'Africain veut livrer bataille à Hannibal, intention « soutenue avec vigueur par la plèbe »[23]. Plaute cherche apparemment à ce que ce plan soit approuvé par le Sénat, échauffant son public avec l'idée d'un ennemi proche, et l'appelant à le vaincre. Il est donc raisonnable de dire, selon P. B. Harvey, qu'il « désirait intégrer [dans ses pièces] des allusions très aisément compréhensibles par le public »[24]. M. Leigh écrit, dans son chapitre consacré à Plaute et Hannibal que « le Plaute qui émerge de cette investigation est quelqu'un dont les comédies touchent en permanence les cordes les plus sensibles du public pour lequel il écrit »[25].
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Plus tard, alors qu'elle se remet à peine de son affrontement avec Carthage, Rome se prépare déjà à entreprendre une autre expédition militaire vers la Grèce. Il existe alors un vaste débat sur le parti qu'elle doit prendre dans la deuxième Guerre macédonienne ; elle finit par se positionner contre Philippe V de Macédoine. Dans l'article « Bellum Philippicum: Some Roman and Greek Views Concerning the Causes of the Second Macedonian War » (« Bellum Philippicum : points de vue grecs et romain sur les causes de la seconde guerre macédonienne »), E. J. Bickerman écrit que « les causes de la guerre fatidique [...] étaient vivement débattues chez les Grecs comme chez les Romains »[26]. Arguant de la protection de ses alliés, explique Bickerman, Rome cherche en fait à étendre son pouvoir vers l'est, alors que la deuxième guerre punique est désormais terminée[27]. Mais repartir en guerre n'est pas tâche aisée après les r��cents affrontements avec Carthage, de nombreux Romains se trouvant trop fatigués pour penser à de nouvelles campagnes. Comme l'écrit W. M. Owens dans son article Plautus’ Stichus and the Political Crisis of 200 B.C. (« Plaute, Stichus et la crise politique de 200 av. J.-C. »), « il est prouvé que le sentiment pacifiste était profond et a persisté même après que la guerre fut déclarée »[28]. Owens affirme que Plaute essaye de s'accorder aux méandres de l'opinion générale, à la fois heureuse de la victoire sur Carthage, mais inquiète de l'éventualité d'un nouveau conflit[29]. Par exemple, les personnages de filles dévouées à leur père semblent obsédés par l'idée d’officium, de « devoir », d'« obligation morale ». Leur discours est émaillé de mots comme pietas et aequus, et leur insistance pour que leur père remplisse son rôle y est omniprésente[30]. Le parasite Gelasimus, client de cette famille, se dit prêt à accomplir n'importe quelle tâche pour gagner sa vie, et Owens avance l'idée que Plaute évoque ainsi les difficultés économiques auxquelles doivent faire face de nombreux Romains en raison du lourd tribut payé à la guerre[31].
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En plaidant sans relâche pour la prise en considération de la détresse des petites gens, Plaute se positionne clairement aux côtés du citoyen romain moyen. Sans faire de référence explicite à une possible guerre contre la Grèce ni à celle qui a été menée contre Carthage, ce qui eût été trop dangereux, il laisse entendre que le gouvernement devrait d'abord veiller au bien de son propre peuple avant d'envisager de nouvelles actions militaires.
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La comédie nouvelle de Ménandre et ses similitudes avec le théâtre de Plaute ne se comprennent que si on connaît la démarche de la comédie ancienne et son évolution.
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L'auteur le plus représentatif de la comédie ancienne est Aristophane : dramaturge du siècle de Périclès (Ve siècle av. J.-C.), il a écrit des pièces telles que Les Guêpes, Les Oiseaux et Les Nuées, autant de satires du pouvoir et de la société si lucides que son théâtre devient le lieu privilégié de la critique politique[32]. Dans Les Guêpes, le commentaire est particulièrement cru et agressif[33], le nom des personnages représentant déjà une prise de position : Philocléon (« pro-Cléon ») et Bdélycléon (« anti-Cléon ») pour les deux principaux, Cléon étant une figure politique majeure ; et leurs agissements ajoutent ouvertement et directement à la critique, ce qui a valu à l'auteur d'être l'objet de persécutions.
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Un passage d'Aulu-Gelle indique qu'Alexis était lu par les poètes comiques archaïques[34].
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La nouvelle comédie diffère beaucoup des pièces d'Aristophane. D'après Dana F. Sutton, elle est « dépourvue de contenu politique, social ou intellectuel » et « peut être jouée dans n'importe quelle conjoncture sociale ou politique sans risque d'infraction »[35]. La prise de risque, caractéristique d'Aristophane, est absente chez Ménandre, l'attention se portant bien davantage sur la maison et la cellule familiale — trait que les Romains, Plaute inclus, allaient aisément comprendre et intégrer.
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Contrairement à Aristophane, Plaute évite donc l'actualité politique immédiate[36].
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D'après William S. Anderson, les pièces de Plaute sont beaucoup moins crédibles et réalistes que celles de Ménandre, tirant plus sur la farce. Sa poésie, affirme-t-il, présente des aspérités telles qu'elles induisent de la part du public « l'incrédulité et le refus de la compassion »[37].
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C'est dans les prologues que les styles respectifs de Ménandre et de Plaute se comparent le mieux. Robert B. Lloyd souligne que « bien que les deux prologues introduisent des pièces dont les intrigues diffèrent profondément, ils sont presque identiques dans leur forme […] »[38]. Il affirme aussi que « la verbosité des prologues de Plaute a généralement été interprétée et le plus souvent excusée en vertu de la nécessité pour le dramaturge romain de conquérir son auditoire »[38]. Cependant, chez Ménandre comme chez Plaute, le jeu de mots est essentiel à la comédie. Plaute peut sembler plus prolixe, mais là où la « comédie physique » fait défaut, il compense avec le verbe, multiplie les allitérations et paronomases[39]. Son attirance pour les jeux de mots est bien connue, en particulier pour le nom des personnages : dans le Miles Gloriosus, par exemple, celui de la concubine, Philocomasium, « qui adore la fête », « la fêtarde », semble tout à fait approprié dès lors que les tours et les façons pendables de cette prostituée apparaissent au grand jour.
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Cet usage des prologues, servis le plus souvent par le servus callidus, apporte à la pièce vigueur et vitalité. En effet, selon C. Stace, « les esclaves chez Plaute comptent pour près de deux fois plus de monologues que n'importe quel autre personnage […] [et] c'est là une statistique significative ; la plupart des monologues se voulant humoristiques, moralisateurs, ou servant d'exposés en tout genre, il est désormais possible d'entrevoir la véritable importance de l'esclave »[40]. Parce que sont privilégiés l'humour, la vulgarité, le « régal issu de l'esprit facile que nous associons à Plaute »[41], de même que l'« incongruité », « l'esclave s'avère être l'outil essentiel de communication avec le public [...] Il n'est, dès lors, pas seulement source d'information et de compréhension, mais aussi le lien privilégié avec l'humour et l'espièglerie de la pièce ». Le servus callidus est un personnage qui, comme le dit McCarthy, « accapare toute l'attention du public » et, selon C. Stace, « malgré ses mensonges et abus, a droit à toute notre sympathie »[42],[43]. Il y parvient, selon certains, grâce au monologue, au mode impératif et à l'allitération — tous outils linguistiques efficaces, à l'écrit comme à l'oral.
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Le prologue est un type particulier de monologue (ou soliloque), pas seulement, selon N. W. Slater, une simple exposition, mais « doté d'une fonction bien plus importante que celle de simplement apporter de l'information »[44]. Autre moyen par lequel le servus callidus asseoit son autorité tout au long de la pièce, en particulier sur les autres personnages : l'usage de l'impératif, qui sert, selon E. Segal, à un « renversement d'autorité qui relègue le maître dans l'abject de la supplication... Le maître-suppliant devenant ainsi une caractéristique extrêmement importante du dénouement comique chez Plaute »[45]. Le mode impératif est donc utilisé dans le renversement des rôles entre esclave et maître ; « ceux qui apprécient l'autorité et le respect comme étant la norme du monde romain se voient détrônés et ridiculisés, tandis que sont hissés sur un piédestal les échelons les plus bas de la société […], les humbles étant exaltés à la face du monde »[46].
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La comédie traite beaucoup des relations père-fils ; ainsi, dans le Dis Exapaton de Ménandre, dont l'action principale concerne les trahisons sévissant entre groupes d'âge différent et amis, le fils reste loyal envers son père, avec qui il entretient une relation très forte et toujours centrale, même si elle n'affecte pas directement la démarche de chacun des personnages principaux. En revanche, chez Plaute, tout en restant essentielle, elle s'entache de trahisons inconnues chez Ménandre, et l'un de ses objectifs du dramaturge devient alors, semble-t-il, d'établir des règles de conduite entre père et fils, tant est importante cette relation dans la société romaine de l'époque.
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En cela, Ménandre et Plaute se ressemblent et diffèrent tout à la fois : les deux présentent des « situations concernant le milieu familial »[35] et traitent du caractère patriarcal d'une société où la relation entre père et fils est essentielle au bon fonctionnement de la maisonnée[47] ; cependant, reflet de l'ampleur des divergences séparant leur monde respectif, leur façon d'appréhender cette relation est radicalement opposée.
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Les personnages se retrouvent souvent d'une pièce à l'autre : issus eux aussi de la comédie grecque, ils n'en subissent pas moins quelques modifications. De fait, comme Plaute se livre à des adaptations, il est normal de retrouver chez lui les mêmes types : esclaves, courtisanes, soldats, vieillards. Cependant, s'il travaille avec des personnages déjà consacrés, il leur insuffle son propre génie, « [il] modifi[e] leur personnalité de façon substantielle, et du coup tout le propos d'une pièce »[48].
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L'éventail des personnages relève de techniques variées, dont la plus significative est le recours à des personnages-types et des situations conventionnelles, surtout lorsque l'auditoire s'en amuse. Comme l'écrit Walter Juniper, « tout est sacrifié à l'humour, la caractérisation artistique et la cohérence de cette caractérisation, l'approfondissement des personnages ne prévalant que lorsqu'il est indispensable à la réussite de l'intrigue, l'humour se réfugiant alors dans un persona »[49].
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Dans le Miles gloriosus par exemple, le « soldat fanfaron » Pyrgopolynice ne montre sa vanité et son immodestie que dans le premier acte, mais le parasite Artotrogus grossit ses exploits, formulant des allégations de plus en plus ridicules, auxquelles leur bénéficiaire acquiesce sans contester. Au lieu de dépeindre des individus au caractère complexe, Plaute apporte donc au public ce qu'il désire, car « l'auditoire au goût duquel Plaute s'adapt[e] ne s'intéress[e] pas au jeu du personnage[50], mais attend […] plutôt l'humour gras et accessible qu'offr[en]t les personnages stéréotypés ». « Les calembours, les jeux de mots, les glissements sémantiques ou autres formes d'humour verbal, Plaute les confie aux personnages d'un rang social inférieur auxquels ils correspondent le mieux »[51].
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Le type de « l'esclave astucieux », qui se retrouve dans nombre de pièces, illustre bien sa méthode : personnage d'envergure, tout à la fois présentateur, élément de comédie et moteur de l'action, il dérive, selon C. Stace, de la « nouvelle comédie » grecque, mais est modifié selon les besoins. Alors que dans la nouvelle comédie, commente le critique, « l'esclave n'est guère plus qu'un accessoire auquel s'ajoute peut-être un rôle de présentateur »[52], Plaute lui conserve ses attributs, celui du monologue introductif par exemple, mais y ajoute un aspect comique en le faisant, par exemple, se jouer de son maître ou se comparer à de célèbres héros ; ainsi, il crée un personnage original et plus évolué[53].
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Dans son article « The Intriguing Slave in Greek Comedy » ('L'Esclave intriguant dans la comédie grecque'), Philip Harsh montre que l'esclave intelligent, le servus callidus, n'est pas une invention de Plaute, comme l'ont longtemps cru les critiques. Ainsi, selon A. W. Gomme, l'esclave, « le vrai personnage comique, le concepteur de plans ingénieux, le régisseur des événements, le commandant de son jeune maître et de ses amis » est « une création de la comédie latine », les dramaturges grecs tel que Ménandre n'en faisant jamais intervenir selon ce schéma.
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Réfutant ces thèses, Harsh donne des exemples concrets d'esclaves intelligents dans la comédie grecque[54]. Par exemple, les Deipnosophistes d'Athénée, recueil de citations d'auteurs souvent perdus aujourd'hui[55], contiennent des intrigues requérant l'aide d'un esclave, et le Dis Exapaton de Ménandre présente une machination exécutée par un esclave intelligent, dont Plaute s'inspire pour ses Bacchides. Des servi callidi apparaissent également dans les pièces Thalis, Hypobolimaios de Ménandre, de même que dans le fragment papyrologique de sa Perinthia. Harsh reconnaît que la thèse de Gomme a probablement été formulée avant les grandes découvertes papyrologiques du XXe siècle.
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Le servus callidus n'est donc pas nécessairement une invention romaine ; mais Plaute a eu une façon bien à lui de le dépeindre. Avec des rôles plus importants, plus actifs, exubérants, et aux exagérations verbales plus nombreuses, l'esclave est devenu un élément prépondérant de l'action[54]. Grâce à l'inversion de la hiérarchie sociale créée par son caractère sournois et spirituel, ce personnage se prête à merveille à l'utilisation d'un ton comique et ses caractéristiques aident à la progression de l'intrigue.
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Parmi les personnages-types caractéristiques, se trouve aussi une sorte de double-opposé de l'esclave précité, le senex amator, qu'a analysé K. C. Ryder. Un senex amator est un vieil homme pris de passion pour une jeune fille et qui, par des moyens divers, cherche à satisfaire cette passion. Chez Plaute, se trouvent ainsi Demaenetus (Asinaria), Philoxenus et Nicobulus (Bacchides), Demipho (Cistellaria), Lysidamus (Casina), Demipho (Mercator) et Antipho (Stichus).
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Un bel exemple est donné par la Casina où « un vieillard, amoureux d’une servante de sa femme, veut la faire épouser à son fermier, et promet à ce dernier de l’affranchir s’il lui cède la première nuit ; le fils, amoureux de cette même servante, veut la donner aux mêmes conditions à son écuyer. Les deux esclaves se disputent Casina avec acharnement, et ni l’un ni l’autre ne paraît éprouver le moindre scrupule du marché honteux qu’il a conclu. Le fermier l’emporte ; l’autre s’entend, pour se venger, avec la femme du vieillard, et à la nouvelle épousée on substitue pour la nuit un garçon vigoureux, qui bat à outrance le nouveau marié et le vieux libertin. Le fermier s’élance éperdu et presque nu sur la scène, roué de coups, bafoué, honteux, et raconte sa mésaventure dans des termes tels que le manuscrit a été mutilé et lacéré en cet endroit d’une façon quasi complète ; le peu qui reste suffit cependant pour nous faire juger du ton du récit. Le vieillard, qu’on s’est bien gardé d’avertir, se présente à son tour au lit de la mariée et revient dans un état aussi piteux, recevoir les reproches et les railleries de sa femme et d’une commère »[56].
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En revanche, Periplectomenos (Miles Gloriosus) et Daemones (Rudens) sont considérés comme des senes lepidi, d'« agréables vieillards », qui savent modérer leurs pulsions pour respecter les limites de la bienséance. Tous, cependant, aspirent à se retrouver avec une femme plus jeune ; mais Plaute, afin d'éviter des redondances malgré leur évidente ressemblance, les fait procéder selon des méthodes variées. Reste le ridicule auquel personne n'échappe, tant leurs tentatives de séduction sont décrites avec une imagerie suggérant qu'ils sont mus comme par une passion animale, un comportement immature et un retour décalé au langage amoureux de leur jeunesse[57].
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Z. M. Packman s'est aperçu qu'ils ne sont pas aussi stables que leurs homologues masculins : par exemple, si un senex reste senex tout au long de la pièce, matrona, mulier ou uxor semblent interchangeables. La plupart des femmes adultes libres, mariées ou veuves, apparaissent dans le titre des scènes sous le nom de mulier, simplement traduit par femme. Mais dans le Stichus, les deux jeunes femmes sont appelées sorores, puis mulieres, et enfin matronae, termes dotés de significations et des connotations spécifiques. En dépit de ces divergences, Packman essaye de dégager certaines constantes : Mulier est attribué à une citoyenne nubile ou déjà mariée ; les citoyennes non-mariées, sans préjuger de leur expérience sexuelle, sont appelées virgines ; Ancilla est le terme utilisé pour les esclaves domestiques, anus étant réservé aux esclaves âgées ; une jeune femme restée célibataire en raison de son statut social est habituellement une meretrix, « courtisane » ; enfin, une lena, ou mère adoptive, peut être une femme qui possède ces filles[58].
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Autres esclaves
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Si dans les pièces de Plaute, il existe de nombreux esclaves malins, ce n'est pas toujours le cas. Le rôle de parasite revient plusieurs fois dans ses œuvres comme Persa ou bien Miles Gloriosus. Il s'agit le plus souvent d'un homme en flattant un autre pour pouvoir vivre sans travailler. Ainsi dans Persa, le parasite et sa fille sont au centre du comique de la pièce. Le parasite se montre prêt à faire beaucoup pour Toxile, du moment qu'on lui donne à manger. De même dans Miles Gloriosus, où le parasite flatte tellement son maître que cela en devient comique.
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À la manière de Packman, George Duckworth se sert du titre des scènes apparaissant dans les manuscrits pour élaborer sa théorie sur les personnages de Plaute, soit près de 220 répartis dans 20 pièces. Trente restent sans nom dans les titres et dans le texte, et neuf sont nommés dans le texte ancien mais ont disparu des versions modernes. Ainsi, près de 30 % des personnages sont dépourvus de dénomination. En général, leur rôle est mineur, alors que les plus importants titulaires sont presque tous nommés. N'en demeurent pas moins des anomalies : ainsi, le protagoniste de Casina reste anonyme et, en d'autres occasions, Plaute n'attribue un nom que si le personnage prend la parole, ne serait-ce que brièvement. Une explication possible est que certains noms se sont perdus au cours des années[59].
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Sur les quelque 270 noms propres que l'on trouve dans les pièces de Plaute, environ 250 sont grecs[60].
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William M. Seaman avance que ces noms auraient apporté une touche comique à laquelle la compréhension basique du grec par le public permettait d'accéder[61]. Cette connaissance, selon Seaman, vient de l'« expérience des soldats lors des première et deuxième guerres puniques. Les hommes stationnés dans les régions hellénophones ont eu l'occasion d'apprendre assez de grec pour leur usage quotidien, mais aussi d'assister à des pièces jouées en langue étrangère »[60]. Avoir un public connaissant peu ou prou la langue laisse ainsi à Plaute la liberté d'utiliser des références et des vocables dont le choix, soulignant l'origine grecque de ses pièces, fait de lui, poursuit Seaman, « d'une certaine manière un enseignant de la littérature, de la mythologie, de l'art et de la philosophie grecs ; de même éclaire-t-il la nature d'un vocabulaire, avec toutes ses richesses, que certaines gens, comme lui, [ont] récemment rencontré »[62].
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Rome est en expansion et remporte de nombreuses victoires en Grèce. W. S. Anderson souligne que Plaute « use et abuse de la comédie grecque pour sous-entendre la supériorité de Rome et de sa rude vitalité sur le monde grec désormais politiquement dépendant, dont l'affadissement des intrigues comiques témoigne de son incapacité à affronter la réalité du monde des IIIe et IIe siècles av. J.-C. qu'elle domine »[63].
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Plaute est en général connu pour son usage du style dit « grec », issu de la tradition de la variation sur un thème[réf. nécessaire], opinion cependant controversée. Pour les uns, c'est un authentique créateur, tandis que pour d'autres, il ne fait que plagier la comédie nouvelle sans apporter la moindre originalité[réf. nécessaire].
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La simple lecture du Miles gloriosus laisserait à penser que les noms, les lieux et le jeu en sont grecs, mais c'est là une impression superficielle, selon W. S. Anderson, qui n'a de cesse de prouver que les pièces de Plaute sont vraiment de son cru, à tout le moins un rendu original de leur modèle. Il affirme en effet que « Plaute les uniformise toutes pour en faire des vecteurs de sa propre expression. À l'encontre de l'esprit même des originaux, il ne manipule les événements qu'au dénouement […] ou modifie la situation pour qu'elle se plie à ses attentes »[64]. Cependant, si la véhémence de cette argumentation implique que ce théâtre n'est en aucune façon conforme à ses modèles, il paraît plus vraisemblable que Plaute expérimente un genre hybride, avec des idées venues de Rome et mises en œuvre selon des schémas grecs.
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La Grèce et Rome, trop souvent placées dans la même catégorie, ont des sociétés dissemblables et des modes de vie différents, ne répondant pas aux mêmes paradigmes. Aussi, W. Geoffrey Arnott écrit : « nous constatons qu'un assortiment de formules [utilisées dans les pièces] relatives à la caractérisation, au thème général et à la situation possède en soi autant de ressemblances que de différences »[réf. nécessaire]. À ce titre, si Ménandre et Plaute ont de nombreux points en commun, si Plaute écrit sur les Grecs en un style grec, il n'en demeure pas moins que le comique latin et les auteurs de la nouvelle comédie grecque se situent dans des contextes complètement différents.
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La contaminatio est le mélange d'éléments de deux pièces-sources ou plus. Plaute paraît friand de cette méthode d'adaptation, et un assez grand nombre de ses comédies semblent être le résultat de plusieurs histoires ayant été « cousues » ensemble. Un bon exemple est celui des Bacchides et de sa source grecque supposée, le Dis Exapaton de Ménandre. Le titre grec signifie « L'homme trompant deux fois », alors que la version de Plaute contient trois tromperies[65]. V. Castellani explique que :
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« Plaute corrompt le matériau qu'il pirate […] de quatre façons : il déconstruit nombre d'intrigues grecques finement agencées, en réduit d'autres, grossit le trait des personnages issus de Ménandre, de ses contemporains et émules en caricatures, remplace ou matine l'élégant humour de ses modèles par la vigoureuse drôlerie et le simple ridicule de l'action, des jugements et de la langue[66]. »
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En explorant les idées de la loyauté romaine, de la perfidie grecque, et les différences ethniques séparant ces deux peuples, « Plaute a, dans un sens, surpassé ses modèles »[67]. Il ne se serait pas satisfait d'une adaptation fidèle qui, bien qu'amusante, n'eût été ni novatrice, ni romaine. Il a pris ce qu'il a trouvé, puis collé, coupé, modifié. Il semble ainsi avoir suivi le même chemin qu'Horace — auteur bien plus tardif —, en cela qu'il a injecté des idées romaines dans des formes grecques. Il n'a pas seulement imité les Grecs ; il les a distordus, coupés, et a par là rendu ses pièces profondément romaines. Le théâtre grec a donc été colonisé par Rome et ses auteurs.
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À l'époque de Ménandre, La Grèce antique est dotée de théâtres permanents répondant aux attentes du public et des acteurs. Aussi, les grands dramaturges disposent-ils d'une infrastructure de qualité. Tel n'est pas le cas dans la Rome républicaine où, si le public est bien présent, aussi bien pour les spectacles comiques que tragiques, les autorités s'en désintéressent, le premier théâtre permanent érigé sur le Champ de Mars ne datant, à l'instigation de Pompée, que de -55[68].
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Cette absence de structure pérenne, qui a joué un rôle décisif dans l'évolution du théâtre romain, a dérouté les chercheurs contemporains. Dans leur introduction au Miles gloriosus, Hammond, Mack et Moskalew déclarent que « les Romains étaient familiers du théâtre en pierre grec, mais, considérant aussi que le théâtre corrompait les mœurs, éprouvaient une forte aversion envers la construction de théâtres permanents »[69]. Ce manque génère une inquiétude chronique qui devient l'objet mêmes des pièces de Plaute, la fiction se faisant alors réalité sur la scène. T. J. Moore note que « toute distinction entre le jeu, la production et la « vie réelle » a été effacée, comme dans Curculio »[70]. Un tel lieu, où les normes sociales sont bouleversées, est en lui-même suspect ; aussi l'aristocratie s'effaie-t-elle du pouvoir que prend le théâtre. Pourtant, c'est par ses seules bonnes grâces et ses ressources illimitées qu'une scène temporaire peut être construite durant des fêtes spécifiques.
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Le théâtre romain, et la comédie plautinienne en particulier, sont interprétés sur scène lors des ludi. À ce propos, John Arthur Hanson explique que, dans le théâtre romain archaïque, la fête des ludi Megalenses « consacrait plus de jours aux représentations théâtrales que n'importe quelle autre fête ordinaire, et c'est par l'intermédiaire de ces ludi que nous est parvenu le témoignage littéraire le plus fiable et le plus direct concernant le site retenu »[71] : les ludi étant de nature religieuse, les Romains installent la scène à proximité du temple de la divinité à l'honneur, et même, comme le note S. M. Goldberg, le plus souvent « en deçà de l'enceinte du dieu honoré »[72].
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T. J. Moore souligne que « les places assises dans ces théâtres où se jouaient pour la première fois les pièces de Plaute étaient souvent en quantité insuffisante pour tous les spectateurs ; dès lors, le critère principal pour déterminer qui devait rester debout et qui pouvait s'asseoir était le statut social ». Pour autant, les basses classes ne sont point privées du spectacle, mais sans doute condamnées à rester debout. Les pièces sont jouées au milieu du public et les personnalités les plus prestigieuses occupent les meilleures places[73].
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Les scènes en bois sur lesquelles les pièces sont jouées sont peu profondes mais longues, avec trois ouvertures, donc significativement plus petites que toutes les structures grecques connues. Le théâtre n'étant pas une priorité à cette époque, ces structures peuvent être montées et démontées en moins d'une journée. D'un point de vue strictement pratique, il convient de les démonter dans l'instant en raison des risques potentiels d'incendie[74].
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Il n'est pas rare que la scène et la pièce soient configurées selon la géographie de la cité, ce qui permet au public de se trouver d'emblée en terrain familier. À ce propos, Moore écrit que « les références à des lieux connus des Romains ont sûrement été particulièrement soignées, car elles concernent non seulement la vie romaine, mais renvoient aussi ouvertement que possible à celle de Rome »[75]. Plaute ne déroge pas à cette règle, ses pièces intégrant les lieux connus de tous et les personnages faisant leurs entrées et leurs sorties selon le protocole réservé à leur rang.
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V. J. Rosivach et N. E. Andrews se sont penchés sur l'art de la scène chez Plaute. Rosivach montre que les ailes en sont conçues selon la géographie physique et sociale de la cité. Il donne pour exemple la maison du médecin, citée comme étant au loin sur la droite, ce qui la situe vers le forum où se trouvent effectivement les membres de cette profession[76], et il ajoute que les personnages en conflit sont toujours orientés vers des sorties opposées. De son côté, avec quelques nuances, Andrews analyse ce qu'il appelle « la sémantique spatiale » de Plaute, remarquant entre autres que les différents espaces scéniques sont lestés de sens :
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« La Casina de Plaute utilise les corrélations tragiques traditionnelles entre mâle/extérieur et femelle/intérieur, mais les inverse afin de créer une relation encore plus complexe entre genre, sexe et espace dramatique, la lutte pour le pouvoir entre hommes et femmes [...] s'articulant autour des tentatives des personnages pour contrôler les entrées et sorties de scène[77]. »
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Andrews note aussi que cette lutte pour le pouvoir apparaît pleinement dans les entrées et sorties verbales, les mots de l'action et la façon de les dire constituant une importante part de la mise en scène. Certains vocables, dénotant une direction ou une action, comme abeo (« je m'en vais »), transeo (« je traverse »), fores crepuerunt (« les portes grincent ») ou intus (« à l'intérieur »), signalent chaque entrée ou sortie d'un personnage et s'avèrent en cela dans la norme du théâtre plautinien. En l'absence de toute indication scénique, ces verbes de mouvement ou ces phrases jouent le rôle de didascalies. Souvent, cependant, dans ces échanges entre personnages, survient la nécessité de passer à l'acte suivant. Plaute utilise alors un « monologue de couverture » qui, souligne S. M. Goldberg, « marque le passage du temps, moins par sa longueur que par son interpellation directe et immédiate du public, et aussi par son passage des senarii du dialogue au septenarii, le changement d'atmosphère qui en découle déformant notre perception du temps et de la durée »[78].
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La petitesse des lieux a une influence significative sur les mises en scène de l'ancien théâtre romain ; cette restriction limitant les mouvements, alors que le théâtre grec autorise l'amplitude de la gestuelle et l'enflure de l'action pour toucher le public relégué au fond du théâtre, les Romains comptent plus sur leur voix que sur l'impact de leur présence physique ; et puisque aucun orchestre n'est disponible comme chez les Grecs, le chœur est notamment absent du drame, en général remplacé par un personnage souvent appelé le « prologue »[79].
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Aussi, Goldberg explique-t-il que « ces changements ont engendré une relation différente entre les acteurs et l'espace dans lequel ils évoluent, ainsi qu'entre eux et leur auditoire »[80]. Les acteurs sont tenus à une interaction beaucoup plus intime avec le public, ce qui requiert un nouveau style de jeu, plus familier des contemporains. Les spectateurs, désormais très proches, désirent attirer leur attention et susciter le dialogue[81].
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Enfin, l'absence d'orchestre libère l'espace séparant la scène du public qui, tout près du podium en bois surélevé, a la possibilité d'observer les acteurs en gros plan, d'en percevoir les détails et d'en capter distinctement chaque mot[79].
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Ni la langue ni le style de Plaute ne sont compliqués. Il écrit dans un style familier, bien éloigné de la forme codifiée de latin trouvée par exemple chez Ovide ou Virgile. Cette langue de tous les jours serait celle à laquelle Plaute était accoutumé, ce qui signifie que la plupart des étudiants latinistes d'aujourd'hui ne peuvent qu'y rester étrangers. S'ajoute à cela l'incohérence des irrégularités rencontrées dans les textes. Dans une de ses nombreuses études du vocabulaire, A. W. Hodgman note que :
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« Les allégations selon lesquelles telle ou telle forme est « courante » ou « régulière » sont souvent trompeuses, voire incorrectes, et habituellement peu satisfaisantes chez Plaute [...]. J'ai appris à respecter de plus en plus la tradition manuscrite, et s'est raffermie en moi la conviction qu'après tout, ses irrégularités sont en quelque sorte régulières. Le système de flexion tout entier — et, ce que je suspecte, de syntaxe et de versification également — était moins établi et stable au temps de Plaute qu'il ne l'est ensuite devenu[82]. »
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Le style plautinien se distingue par l'emploi d'archaïsmes ; Plaute, cependant, ne s'est pas astreint à en émailler ses œuvres, comme le fera par exemple Salluste[83], car il n'est pas « archaïsant » au sens propre, le terme « archaïque » exigeant un recul que, forcément, il ne possède pas. Ce que souligne la plupart des critiques est la familiarité de son style : ainsi, M. Hammond, A H. Mack et W. Moskalew concluent dans leur introduction au texte du Miles gloriosus que Plaute était « libre de conventions […] il cherchait le ton simple de la conversation de tous les jours plutôt que la régularité formelle du discours oratoire ou de la poésie. Partant de là, nombre d'irrégularités qui ont troublé les copistes et les chercheurs reflètent peut-être simplement l'usage quotidien des petites gens négligentes et non instruites que Plaute entendait autour de lui »[84]. Les archaïsmes se rencontrent fréquemment dans les promesses, les arrangements, les menaces, les prologues ou les discours. Plaute utilise ces formes, parfois par simple nécessité métrique, mais le plus souvent pour obtenir un effet stylistique.
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Les manifestations de ces archaïsmes sont trop nombreuses pour toutes figurer dans l'article et il convient de se reporter aux études d'A. W. Hodgman pour en saisir pleinement l'usage. En voici quelques-unes, que Hodgman compte parmi « les plus régulières des irrégularités » : certains verbes, comme malo ne sont pas contractés ; l'impératif singulier élude le -e final ; dans les thèmes de certains verbes, apparaît -o là où l'on attendrait normalement -e ; les infinitifs présents passif et déponent se terminent en -ier ; les formes de sum sont soudées au mot précédent ; les -s et -e finaux sont supprimés quand la particule -ne est ajoutée à un verbe à la seconde personne du singulier ; -o remplace -u dans les terminaisons nominales et qu prend la place de c (quom à la place de cum, par exemple) ; -ai devient la terminaison du génitif singulier ; l'accusatif et l'ablatif des pronoms personnels se terminent en -d ; les particules enclitiques -pte, -te ou -met s'ajoutent aux pronoms ; le nominatif pluriel a -is comme terminaison[85] [réf. non conforme].
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Ces formes archaïques reflètent la façon dont parlaient les contemporains : par exemple, comment se saluaient les Romains, certaines formules de politesse telles que « Bonjour » ou « Comment vas-tu ? » exigeant en retour des réponses toutes faites comme « Salut » ou une allusion à la santé, tel Quid agis ? qui signifie « Comment va ! »
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Plaute s'exprime en un style caractéristique, quoique non spécifique, qui donne à ses textes une indéniable saveur. Parmi ses moyens d'expression favoris se retrouvent l'usage des proverbes et celui de la langue grecque[réf. nécessaire].
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Les proverbes, plusieurs centaines en tout, abondent dans son œuvre ; ils concernent le droit, la religion, la médecine, le commerce, l'artisanat, la navigation. Parfois isolés, ils se trouvent le plus souvent incorporés au texte rédactionnel et, en particulier, à la fin des soliloques, manière d'en souligner le propos. Quant à la langue grecque, elle sert en général de recours pour suppléer, selon J. N. Hough, un mètre manquant en latin ou servir des fins artistiques[réf. nécessaire]. Ainsi sont décrits les nourritures, les huiles, les parfums, etc. Hough compare cet usage à celui de l'anglais qui emprunte au français des termes tels que garçon ou rendez-vous. Les esclaves surtout, de même que les personnages de bas rang, font grand usage du grec, ce qui laisse à penser que bien des esclaves romains et beaucoup d'étrangers sont originaires de Grèce[réf. nécessaire].
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Il n'est pas rare que Plaute ait aussi recours à d'autres langues convenant à un personnage. Ainsi, deux prières puniques apparaissent dans Poenulus, récitées par Hanno, vieux Carthaginois, qui reproduit la prononciation des voyelles de sa ville d'origine. Certes, il est vraisemblable que Plaute lui-même ne connait pas cette langue, pas plus, d'ailleurs, que son public. Le texte des prières, sans doute transmis par un autochtone, a été incorporé pour rehausser l'authenticité exotique du vieil homme[86].
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Plaute fait également usage d'autres procédés stylistiques, plus particulièrement l'allitération et l'assonance, répétition de sons consonantiques ou vocaliques surtout placées, chez lui, au début des mots. Ses personnages-types en sont souvent abondamment pourvus, tel le servus callidus du Miles Gloriosus, Palaestrio, qui, lors d'une conversation avec Periplectomenus, s'emploie, afin de montrer son habileté langagière et, par là, affirmer son autorité, à les multiplier. Ainsi se rencontrent des expressions comme falsiloquom, falsicum, falsiiurium[87], témoignant – et c'est le but qu'il recherche –, de sa virtuosité à manier le latin. Parfois, ce procédé affecte aussi les terminaisons, comme dans cette autre séquence de Palaestrio, où l'accusatif se déploie en variations : inguam, perfidiam, malitiam atque audaciam, confidentiam, confirmitatem, fraudulentiam[88].
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Les comédies de Plaute abondent également en calembours et jeux de mots. Un célèbre exemple se situe dans le Miles Gloriosus : « Quod ego, Sceledre, scelus ex te audio[89]? », « Quelles paroles scélérates oses-tu dire, Sceledrus ? ». C'est souvent là une façon d'accentuer le propos ou tout simplement de rehausser la virtuosité artistique de la langue. La plupart du temps, cependant, il s'agit de plaisanteries présentées sous la forme d'énigmes avec, pour schéma obligé, l'ouverture traditionnelle : « Toc, toc, qui est là ? ». En ce sens, Plaute n'est pas sans annoncer Shakespeare qui, lui aussi, se plait à créer de nouveaux vocables et à changer le sens de ceux qui existent[90].
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L'art du vers, essentiellement le choix de la métrique, contribue puissamment à la qualité d'une œuvre poétique, fût-elle écrite pour la scène, car elle imprime son rythme à l'ensemble. Il n'existe pas encore de consensus sur la question de savoir si Plaute se contente de suivre ses modèles grecs quitte à les adapter au goût de la société au sein de laquelle il vit. À vrai dire, il utilise une grande variété de mètres, quoique favorisant le septanarius trochaïque[N 1]. Plaute privilégie-t-il un système fondé sur l'accent tonique, lictus ? Certes, il fait usage de mots iambiques qui, bien que courants en latin, s'insèrent difficilement dans ce schéma, les rejetant le plus souvent, il est vrai, en fin de phrase. G. B. Conte, lui, va à l'encontre de cette hypothèse et note qu'il donne plutôt la priorité au cantica[N 2], au détriment, donc, de la métrique grecque[42],[43].
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Bien qu'on l'ait souvent considéré comme un écrivain grossier, Plaute est resté tout au long de l'histoire du théâtre une source d'inspiration pour les dramaturges qui ont emprunté, parfois jusqu'à la traduction littérale, à ses personnages, ses intrigues, son humour ou autres éléments comiques. Son apparente familiarité avec l'absurdité de l'humanité, le comique et le tragique qui en découlent, ont inspiré de célèbres auteurs dont Shakespeare, surtout dans ses comédies de jeunesse, et Molière qui lui a aussi été très largement tributaire.
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Le poète Horace, dans son Art Poétique, dénigre Plaute[91] : « Mais, direz-vous, vos pères goûtaient le rythme de Plaute et ses plaisanteries. — Sans doute, mais leur admiration était excessive et un peu sotte ; vous et moi, nous savons faire la distinction entre une locution grossière et une expression gracieuse, et reconnaître au doigt et à l'oreille un son régulier. »
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Quintilien, dans son Institution oratoire, englobe dans une réprobation générale la comédie romaine[92] : « La comédie est notre endroit le plus faible, quoique Varron dise que, au jugement d'Élius Stilon, « les Muses auraient parlé le langage de Plaute, si elles eussent voulu parler latin » ; malgré l'admiration des anciens pour Cécilius; enfin, malgré la réputation de Térence, dont les pièces furent attribuées à Scipion l'Africain[93]. »
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Un écrivain anonyme de l'Antiquité tardive semble lui s'être inspiré de l'Aulularia pour sa pièce, Querolus, que certains voient même comme une sorte de suite à celle de Plaute[94].
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Plaute était apparemment lu au IXe siècle. Sa forme était cependant trop complexe pour être parfaitement comprise et, comme cela a été indiqué par le Terentius et delusor (en), il était impossible de déterminer à l'époque s'il écrivait en prose ou en vers, « An sit prosaicum nescio an metricum »[95].
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W. B. Sedgwick a publié une version de l’Amphitruo[96], pièce restée célèbre notamment au Moyen Âge et également jouée à la Renaissance, première, aussi, des pièces de Plaute à avoir été traduite en anglais. De plus, d'après quelques sources éparses, le Miles Goliosus a bénéficié de sa première édition universitaire à Oxford. Le magnum jornale du Queen's College contient en effet une référence à une comoedia Plauti vers 1522 ou 1523, date d'édition également mentionnée dans les poèmes de Leland[97]. L'édition suivante connue a été celle de la Westminster School en 1564[98]. D'autres documents évoquent plusieurs interprétations des Menaechmi, données dès 1527 dans la demeure du cardinal Wolsey par les élèves de la St. Paul's School[99].
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Shakespeare s'est inspiré de Plaute tout comme Plaute de ses modèles grecs. C. L. Barber explique que « Shakespeare nourrit la vie élisabéthaine du blé de la farce romaine, vie encore dopée par une créativité débordante, bien différente de la manière rude, étroite et parfois pesante de Plaute »[100].
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Les ressemblances les plus marquées se trouvent entre les Menaechmi et la Comédie des erreurs. Selon Marples, Shakespeare, en permanence influencé par l'œuvre de son prédécesseur classique, a puisé dans « l'intrigue, les incidents et les personnages »[101]. Cependant, H. A. Watt, lui, relève non sans insistance que « les deux pièces ont été écrites dans des conditions entièrement différentes et pour des publics aux antipodes l'un de l'autre »[102].
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En effet, les différences qui les séparent sont elles aussi manifestes. Dans les Ménechmes, Plaute n'implique qu'une seule paire de frères jumeaux, alors que Shakespeare en utilise deux, ce qui, selon William Connolly, « dilue l'impact des situations »[102]. Il se peut que Shakespeare se soit inspiré de l'Amphitruo, où apparaissent de concert deux paires de jumeaux, les maîtres et les esclaves, ce qui expliquerait cette disparité.
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Cet emprunt direct est caractéristique de la comédie élisabéthaine. Sur la fusion des techniques élisabéthaines et plautiniennes, T. W. Bladwin écrit : « [...] Errors (« La Comédie des erreurs ») n'a pas l'unité miniature des Ménechmes, caractéristique de la structure classique de la comédie »[103]. Il ajoute que la structure de la pièce de Shakespeare couvre un champ bien plus vaste que ne le fait celle de Plaute, destiné à un public dont l'esprit ne reste pas confiné à son petit domaine domestique, mais se tourne vers le vaste monde pour sonder le rôle qu'il s'apprête à y jouer.
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De plus, le public de Shakespeare est chrétien. À la fin de la Comédie des erreurs, le monde de la pièce retrouve la normalité quand un abbé fait irruption pour calmer les querelles ; les Ménechmes, elles, « manquent presque entièrement de dimension surnaturelle »[104]. Il est à noter que chez Plaute, un personnage n'attribue jamais une situation déplaisante à un acte de sorcellerie, tandis que chez Shakespeare, c'est là une démarche plutôt habituelle.
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La relation existant entre un maître et son rusé eclave est également un lieu commun de la comédie élisabéthaine. Shakespeare se sert souvent de personnages servant de repoussoirs à d'autres et il joue sur cette opposition. Cependant, à l'encontre des habitudes de Plaute, bien des pièces de la comédie élisabéthaine se terminent pas des mariages heureux. Ainsi, Dans la Comédie des erreurs, Aegeon et Aemilia sont séparés, Antipholus et Adriana sont en désaccord, Antipholus et Luciana ne se sont pas encore rencontrés, mais au dénouement, tous les couples se retrouvent et filent le parfait amour. En fait, s'il s'est servi de Plaute, Shakespeare a créé sa propre forme de comédie[102].
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Shakespeare utilise aussi un monologue introductif inspiré de Plaute, faisant intervenir un « scélérat » dans la Comédie des erreurs très comparable à celui des Ménechmes. Enseignant au lieu d'être docteur, il est doué de la même éducation et de la même rouerie[102]. Watt relève semblables procédés dans d'autres œuvres, La nuit des rois ou Le songe d'une nuit d'été par exemple, ce qui souligne l'impact exercé par le comique latin auprès du barde élisabéthain[102].
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Apparaît aussi le parasite dont le prototype est Falstaff, chevalier lâche et corpulent, création de Shakespeare mais réutilisé par la suite. J. W. Draper souligne que ce glouton partage nombre de ses traits avec l'Artotrogus du Miles gloriosus. Tous les deux sont obnubilés par la nourriture et ne se soucient que de leur prochain repas, comptant sur la flagornerie pour l'obtenir et prêts à couvrir leur protecteur d'un concert de louanges aussi creuses que fausses[105]. Bien sûr, Draper note que Falstaff ressortit également au « soldat fanfaron », mais que c'est « un personnage si complexe qu'il pourrait très bien être, en effet, la résultante de types emboîtés »[105].
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Le parasite est également présent dans l'une des premières comédies anglaises, Ralph Roister Doister (en) de Nicholas Udall, généralement datée de 1567, où le personnage de Matthew Merrygreeke perpétue les deux traditions du parasite et de l'esclave plautiniens, en quête permanente de nourriture, prêt à se vautrer pour l'obtenir et s'efforçant de satisfaire aux désirs de son maître[105]. En réalité, la pièce emprunte si ouvertement au Miles gloriosus qu'elle ressemble fort à un calque[99].
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H. W. Cole analyse l'influence de Plaute sur les Stonyhurst Pageants (« Les processions de Stonyhurst »)[N 3], pièces manuscrites composées après 1609 dans le Lancashire d'après l'Ancien Testament. Ce critique se concentre surtout sur l'une d'entre elles, le Pageant of Naaman (La procession de Naaman »). Ici, l'auteur s'écarte du style, traditionnel au Moyen Âge, du drame religieux et s'appuie beaucoup sur les pièces de Plaute, se référant indirectement à dix-huit d'entre elles, auxquelles s'ajoutent des échos de cinq des six pièces connues de Térence[99].
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Damon and Pythias d'Edwardes, de même que Silver Age de Thomas Heywood puisent elles aussi dans l'œuvre de Plaute, jusqu'à en reproduire, traduits en anglais, des passages entiers.
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Cole conclut de tout cela que ces emprunts et ces traductions témoignent de l'importance de l'auteur latin dans la comédie élisabéthaine.
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Molière n'est pas en reste qui s'inspire ouvertement, par exemple, de la faconde d'un Palaestrio dans le Miles Gloriosus pour les langues bien pendues de certains serviteurs ou servantes de L'Avare ou L'Étourdi[106] : mêmes manigances, mêmes ruses qui relancent l'élan et propulsent les pièces vers leur solution.
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La PlayStation 2 (abrégé officiellement PS2) est une console de jeux vidéo de sixième génération commercialisée par Sony Computer Entertainment, filiale de Sony. Elle est sortie le 4 mars 2000 au Japon, le 26 octobre 2000 en Amérique du Nord, le 24 novembre 2000 en Europe et le 30 novembre 2000 en Australie. La console était en concurrence avec la Dreamcast de Sega, la GameCube de Nintendo et la Xbox de Microsoft.
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La PlayStation 2 a succédé à la PlayStation dans la gamme du même nom. Elle a connu un succès immédiat avec un million d'exemplaires vendus en quelques jours au Japon. La PlayStation 2 atteint un total de 150 millions d'exemplaires expédiés en date du 31 janvier 2011[4],[5], ce qui en fait la console de salon la plus vendue de l'histoire des jeux vidéo. Sony affirme qu'il existe 10 828 titres de jeu vidéo disponibles sur la console et que 1,52 milliard d'exemplaires de ces titres ont été vendus depuis le lancement de la console[6]. Durant la fin de l'année 2009, alors que la console est commercialisée depuis près d'une décennie, Sony explique que la PlayStation 2 restera sur le marché tant qu'il y aura des acheteurs pour ses jeux[7]. Celle-ci est suivie par la PlayStation 3 en 2006.
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La PlayStation 2 est aujourd'hui la console la plus vendue de l'histoire du jeu vidéo[2].
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Plus de douze ans après son lancement, Sony annonce officiellement l'arrêt de la distribution de la PlayStation 2 au Japon, le 28 décembre 2012[8] (elle continuait toujours de se vendre honorablement, figurant encore dans le Top 10[9]) et dans le reste du monde[10],[11], le 4 janvier 2013[12].
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Une page se tourne dans l'histoire du jeu vidéo et pour le constructeur japonais, qui avait fait sensation avec la sortie de cette console en mars 2000, à une époque où inclure notamment de série la lecture des DVD (format alors tout récent) dans ce type d'appareil était une innovation importante.
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Le développement de la PlayStation 2 est mené par Ken Kutaragi. La console est officiellement annoncée au salon E3 le 11 mai 1999[13]. L'apparence de la console et la date de sortie japonaise sont dévoilées au salon Tokyo Game Show en septembre 1999. La console devait initialement sortir en France le 26 octobre 2000 mais son lancement sera repoussé au 24 novembre 2000[14].
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La PlayStation 2 est lancée le 4 mars 2000 au Japon, le 26 octobre 2000 en Amérique du Nord, le 24 novembre 2000 en Europe et le 30 novembre 2000 en Australie[15]. Le lancement est marqué par l'engouement du public et des retards d'approvisionnement[13]. Au Japon, les 980 000 consoles proposées sont parties en 48 heures[13]. Des difficultés de production amènent Sony à fournir deux fois moins de consoles que prévu pour les lancements américain et européen[13]. En France, 150 000 unités sont proposées avant Noël et seules la moitié sont disponibles au jour du lancement (dont 50 000 unités réservées)[16]. Au 23 mars 2001, Sony a déjà écoulé 10 millions de machines dans le monde[13].
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Au lancement de la console, dix jeux sont disponibles au Japon et vingt-neuf en Amérique du Nord, dont Dead or Alive 2, Dynasty Warriors 2, FIFA 2001, Kessen, Madden NFL 2001, Midnight Club, Ridge Racer V, SSX, Tekken Tag Tournament, TimeSplitters et Unreal Tournament[17].
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La console sort à Hong Kong, à Singapour, en Thaïlande et en Malaisie en décembre 2001, à Taïwan en janvier 2002, en Corée du Sud le 22 février 2002[15] et en Chine en décembre 2003. La PlayStation 2 « Slim », un nouveau modèle à la silhouette affinée (dénommé PlayStation 2 « Slim »)[8] est introduit le 1er novembre 2004[18] en Amérique du Nord et en Europe et le 3 novembre 2004 au Japon[15].
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Les ventes de la PlayStation 2 sont estimées à un peu plus de 150 millions d'exemplaires en 2011[19]. La barre des 100 millions d'unités distribuées est atteinte en novembre 2005, cinq ans et neuf mois après le lancement de la console au Japon[20]. La PlayStation, première console de salon à avoir atteint ce cap, a mis neuf ans et six mois en comparaison[20],[21]. La répartition des ventes sur les trois pôles du marché est d'environ 40 % pour l'Amérique du Nord, 38 % pour l'Europe et 22 % pour le Japon (et l'Asie). En 2004, la console occupe 70 % du marché des consoles de jeu vidéo[22].
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Le prix de la console au lancement est fixé à 39 800 ¥ au Japon, à 299 USD aux États-Unis et à 2990 francs ( 599 € en 2020 avec l'inflation) en France[15]. Le prix est ramené à 2790 francs ( 559 € d'aujourd'hui) en juin 2001, à 1990 francs ( 399 € d'aujourd'hui) en septembre 2001, à 249 € en juillet 2003, à 199 € en juin 2004, à 149 € en août 2005, à 129 € en août 2006 et à 99 € en avril 2009[15]. Fin 2010, elle est vendue en pack avec Gran Turismo 4 à 69,99 € en magasins.
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Le 7 novembre 2012, Sony a annoncé sur Twitter l'arrêt très prochain de la production de la PlayStation 2. La dernière usine en activité a fermé ses portes quelques heures plus tôt[23]. La production de la console est arrêtée le 30 novembre 2012 et Sony annonce cesser toute distribution sur le territoire japonais à compter du 28 décembre 2012. Le 7 janvier 2013 la production et la distribution de la PS2 est arrêtée dans le reste du monde.
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En août 2018, Sony annonce via son site officiel, la fermeture au 7 septembre du service après-vente, le dernier encore actif. Ainsi, Sony clôt définitivement l'ère de la PlayStation 2[24].
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La PlayStation 2 présente de nombreux processeurs, ce qui en fait une console assez difficile à programmer. Il est indispensable d’utiliser ces différents processeurs en parallèle pour tirer les performances maximales de la console. Dans les grandes lignes, la Playstation 2 comprend trois processeurs principaux : l'Emotion Engine, le Graphics Synthetiser et le I/O Processor. Ceux-ci jouent respectivement le rôle de processeur principal (CPU), de carte graphique (GPU) et de contrôleur d'entrée-sortie.
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L'Emotion Engine (EE) est le processeur central de la console. Il contient plusieurs sous-processeurs et circuits spécialisées, qui sont reliés par un bus interne de 128 bits, cadencé à 150MHz. Le sous-processeur principal est un processeur SIMD 128 bits, cadencé à 300MHz. Il est secondé par deux unités de calcul vectoriel 128 bits, nommées VU0 et VU1. Le EE, VU0, VU1 et l'IOP sont programmables, sur deux niveaux (microcode et macrocode) pour les unités vectorielles. Le FPU et les VU0 et VU1 permettent à la console d'atteindre 6,2 GFLOPS. La PS2 est capable de calculer 66 millions de polygones nus par seconde. Outre des processeurs programmables, l'Emotion Engine comprend aussi des circuits de communication avec les entrées-sorties et la mémoire, avec la présence d'un contrôleur DMA intégré. On peut aussi noter que l'Emotion Engine intègre un décodeur de flux MPEG utilisé pour la lecture des vidéos (beaucoup utilisées pour les cinématiques dans les jeux de l'époque). Il s'agit d'un circuit spécialisé, câblé directement en hardware.
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Le Graphic Synthesizer (GS) est un circuit qui s’occupe du rendu graphique 3D (rastérisation à partir de primitives), et qui est strictement équivalent à une carte graphique. Il contient un processeur graphique (GPU), couplé à une petite mémoire vidéo. Le processeurs graphique comprend 16 unités programmables séparées, appelées pixels processors, cadencées à 150 MHz. La mémoire vidéo est une petite mémoire DRAM de 4 mébioctets. Le bus qui relie le processeur graphique et la mémoire vidéo a une largeur de 1024 bits en lecture et 1024 bits en écriture.
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Le I/O Processor (IOP) gère les entrées/sorties et assure la compatibilité avec la PlayStation. Celui-ci communique avec divers contrôleurs esclaves, qui gèrent chacun une entrée-sortie précise. Par exemple, la console intègre une carte son appelée *Sound Processor Unit (SPU), un lecteur DVD, un modem et des cartes PCMIA. Fait intéressant, le I/O Processor intègre aussi un processeur qui exécute les jeux Playstation 1. Ce processeur, destiné à « l'émulation » est un processeur MIPS cadencé à 34 MHz. Il n'est pas utilisé pour l’exécution de jeux Playstation 2[réf. nécessaire].
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La console dispose d'une ludothèque de plus de 4 000 jeux, où sont représentés des séries populaires comme la série Ratchet and Clank, Dragon Quest, Jak and Daxter, God of War, Sly, Final Fantasy, Grand Theft Auto, Kingdom Hearts, Tomb Raider, Metal Gear Solid, Medal of Honor, Need for Speed, SSX, Pro Evolution Soccer et Tekken[3]. Les trois jeux les plus vendus sur le support sont Grand Theft Auto: San Andreas (20 millions d'exemplaires), Gran Turismo 3 A-spec et Grand Theft Auto: Vice City (14 millions d'unités)[3]. Onimusha: Warlords est le premier titre de la console à dépasser la barre du million d'exemplaires vendus, un an après la sortie de la console[26]. En mars 2007, 1,2 milliard de copies de jeux PlayStation 2 ont été distribués à travers le monde[27]. Les jeux PlayStation 2 sont gravés au format DVD-ROM ou CD-ROM. Les versions « éditeur » des jeux, réservées aux professionnels et notamment destinées aux démonstrations en magasin, sont communément appelées blue disc.
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La console est rétrocompatible avec le catalogue de jeux PlayStation ainsi que divers accessoires de la machine (manette, carte mémoire, etc.).
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Un adaptateur réseau permet de connecter la console au réseau afin d'accéder à des parties multijoueur en ligne. Le module matériel se branche sur la baie d'extension à l'arrière de la console : il est doté d'une carte réseau ethernet. Une connexion internet haut débit est requise. L'adaptateur est à l'origine vendu séparément puis directement intégré dans les modèles PlayStation 2 « Slim ». Il n'est plus fabriqué depuis 2006. Battlefield 2: Modern Combat et SOCOM: US Navy Seals sont des exemples de jeux en ligne populaires sur la console. Contrairement à la PS3 qui a son service de jeu en réseau centralisé (le PlayStation network), les jeux PS2 ont chacun leur réseau dédié indépendant.
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Pro Evolution Soccer 2014, sorti le 7 novembre 2013 est officiellement le dernier jeu, à l'heure actuelle, paru sur cette console[28]. Le dernier jeu japonais commercialisé est la dernière extension de Final Fantasy XI : Explorateurs d'Adoulin qui est disponible au Japon en mars 2013[29].
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Sony a lancé un kit qui permet d’installer le système d'exploitation Linux sur la console. Le kit comprend un disque dur de 20 Go, une souris, un clavier, une carte ethernet et deux DVD, incluant une distribution Linux. Des chercheurs américains du National Center for Supercomputing Applications de l'Université de l'Illinois ont mené une étude de faisabilité pour créer une grappe de 70 PlayStation 2 afin d'utiliser la puissance brute de calcul à des fins scientifiques[30].
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En novembre 2004, une version compacte[31] de la PlayStation 2 est commercialisée[32]. Il s'agit de la troisième modification importante apportée à la PS2. Elle a pour numéro de version : V12, SCPH-70000. Sony a définitivement arrêté la fabrication de l'ancien modèle PS2, et seules les versions compactes sont produites jusqu'à la fin officielle de la production, le 30 novembre 2012. À sa sortie, cette version « allégée » fut largement dénommée PStwo par la presse spécialisée, mais cette terminologie n'a cependant jamais été utilisée de façon officielle par Sony (contrairement au modèle « slim » de la PS1 qui fut, lui, bien nommé officiellement PSone par le constructeur japonais).
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Les changements apportés concernent la modification du design pour obtenir une machine plus compacte et nettement plus fine. Ainsi, le chargement des disques qui s'effectuait par le biais d'un tiroir sur la version précédente (chargement frontal, comme sur les platines DVD), s'effectue désormais sur le dessus de la console (comme sur la PS1). De dimensions 230 × 28 × 152 mm, le volume a été réduit d’environ 75 % et son poids passe de plus de 2 kg à 900 grammes. Cette modification est associée à l'externalisation du boîtier d'alimentation 220v, l'alimentation délivre une tension continue de 8.5v (pour un courant d'environ 6,5 A), et de la suppression du bouton ON/OFF (marche/arrêt) situé derrière la machine; celle-ci reste donc constamment en veille si elle n'est pas débranchée. Elle concerne également l'ajout d'un port Ethernet pour le jeu en réseau (le modèle original demandant l'ajout d'une extension). Il devient alors impossible d'installer un disque dur par les voies officielles (même si des adaptateurs à souder ont été créés, les points de connexion étant encore présents sur la carte mère)
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Une nouvelle révision de la PlayStation 2 Slim sort en 2007 au Japon (et 2008 en Europe et aux USA) pour numéro de version V18 SCPH-9000x, en plus de quelques changements cosmétiques au niveau du design visant à la rendre plus moderne, elle supprime désormais le boîtier d'alimentation 220V en l'intégrant directement à l'intérieur de la console (à l'image de la FAT). Sony en profite pour corriger plusieurs défauts de conceptions tels que des problèmes de surchauffe et la console devient également légèrement plus silencieuse. Cependant, certains utilisateurs constatent que cette révision de modèle n'est plus capable de gérer la protection des jeux PS1 protégés, les bloquant au moment de l'accès à l'écran d'accueil ; seuls les jeux PS1 non protégés restent alors jouables[réf. nécessaire]. Il s'agit là de la dernière révision de la PlayStation 2 jusqu'à l’arrêt de la production en janvier 2013.
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La PSX est une station multimédia qui fait office de console de jeu PlayStation et PlayStation 2, de graveur DVD, de tuner Télé et de numériscope grâce à un disque dur intégré. La PSX est lancée le 13 décembre 2003 au Japon, au prix initial de 79,800 ¥ (160 GB) et 99,800 ¥ (250 GB). Malgré des baisses de prix successives, les ventes sont restées confidentielles et la production est arrêtée en février 2005[33].
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La manette de jeu officielle, la DualShock 2, reprend l'apparence globale de la DualShock. Les boutons sont désormais analogiques (sauf L3, R3 et Analog) et la manette produit deux niveaux de vibrations supplémentaires. Accompagnée de celle-ci, la carte mémoire Memory Card (8 MB), qui intègre la technologie MagicGate, est vendue séparément. D'autres accessoires sont proposés : une télécommande, un adaptateur réseau, un disque dur, le micro-casque HeadSet, les micros SingStar, les guitares Guitar Hero, des volants à retour de force, le pistolet optique GunCon 2, le clavier-contrôleur NetPlay Controller, le multiplicateur de manette Multitap, des câbles (AV analogique, S-Video, i.Link), le kit Linux, ou encore des socles (horizontal et vertical).
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L'EyeToy est une petite caméra développée par Sony qui se connecte au port USB de la console et permet d'interagir avec l'univers de jeu en réalisant des mouvements avec le corps. Lancé en Europe le 9 juillet 2003 en pack avec le jeu EyeToy: Play, l'accessoire connait un certain succès (plus d'un million de vente en octobre 2003[34]) et tout une gamme de jeux spécialement conçus pour le périphérique a vu le jour. La caméra peut aussi être utilisée comme webcam sur un ordinateur grâce à sa connectique USB et les pilotes appropriés. Sony a également commercialisé des buzzers dans le cadre de la série Buzz!. Vendus par quatre, ils sont munis de cinq boutons, dont quatre de couleurs, qui permettent d'interagir avec les jeux comme dans un jeu télévisé.
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Les Australopithèques (Australopithecus) forment un genre éteint d'hominines ayant vécu en Afrique entre environ 4,2 et 2 millions d'années (Ma) avant le présent (AP). Le genre Australopithecus (du latin australis, « du sud », et du grec ancien πίθηκος, píthēkos, « singe ») a été créé en 1925 par Raymond Dart après la découverte de l'Enfant de Taung en 1924 en Afrique du Sud[1].
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Les Australopithèques présentent à la fois des caractères ancestraux (cerveau peu volumineux) et des caractères dérivés (denture proche de celle du genre Homo). Leur locomotion est mixte et associe la bipédie à une capacité à grimper encore marquée[2]. Les Australopithèques ont connu une radiation évolutive au cours du Pliocène et jusqu'au début du Pléistocène, avant de céder la place aux Paranthropes. Il est possible que l'une des espèces d'Australopithèques soit à l'origine du genre Homo, qui apparait en Afrique entre 3 et 2 Ma[2].
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Les découvertes successives d'ossements fossiles dans plusieurs pays d'Afrique et d'Eurasie, ainsi que les progrès réalisés dans le sequençage et l'analyse des génomes, permettent de faire avancer la compréhension de l'évolution des grands singes et donc de l'Homme.
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Il y a environ 16 millions d'années, les Ponginae (lignée asiatique des orang-outans) se séparèrent des Homininae (lignée euro-africaine des gorilles, chimpanzés, et humains). Il y a plus de 7 millions d'années, les hominines (lignée des humains) et les panines (lignée des chimpanzés) ont divergé pour donner naissance aux préhumains et aux préchimpanzés[3].
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Les hominines anciens du Miocène supérieur (Sahelanthropus tchadensis dont l'âge est estimé à 7 Ma, Orrorin tugenensis âgé d'environ 5,9 Ma, et Ardipithecus kadabba âgé de 5,8 à 5,5 Ma, tous probablement bipèdes et associés à des milieux boisés ou mixtes[a]) ont donné naissance vers 4,2 Ma aux Australopithèques, dont Australopithecus anamensis est la plus ancienne espèce connue[4].
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Phylogénie des genres actuels et fossiles d'homininés :
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Australopithecus † (Little Foot, Lucy, etc.)
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Paranthropus † (Crâne noir)
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Homo (les humains)
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Jusqu'à aujourd'hui, les découvertes de fossiles d'hominines pré-Homo ont eu lieu exclusivement en Afrique. Leurs traces ont été relevées principalement dans la vallée du Grand Rift, de l'Éthiopie au Malawi, ainsi qu'en Afrique du Sud.
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Les fossiles d'Afrique de l'Est proviennent de Tanzanie (sites d'Olduvaï, de Laetoli, explorés par Louis et Mary Leakey), d'Éthiopie (vallée de l'Omo, vallée de l'Awash, explorées par Donald Johanson, Timothy White, et de nombreuses équipes américano-éthiopiennes), et du Kenya (Kanapoï, Lothagam, alentours du lac Turkana : Koobi Fora, Ileret, Allia Bay, explorés par Richard et Meave Leakey, ainsi que par des équipes kenyo-américaines).
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La région de l'Afar éthiopien a été le cadre, depuis 1973, de quelques-unes des plus importantes découvertes, dont le squelette complet à 40 % d'un individu féminin de l'espèce Australopithecus afarensis, auquel on a donné le surnom de Lucy[5]. En 1979, on a mis au jour dans la même localité d'Hadar un gisement contenant les fossiles d'une dizaine d'individus avec des fragments de crâne, des dents, des mandibules, ainsi que des os du bassin et des os longs d'australopithèques, datant de 3,2 millions d'années.
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En 1995, Michel Brunet a découvert au Tchad le premier fossile d'australopithèque situé à l'ouest de la vallée du Grand Rift, qu'il a attribué à la nouvelle espèce Australopithecus bahrelghazali. Cette découverte a affaibli la théorie de l'East Side Story, avancée en 1982 par Yves Coppens. Le site tchadien est resté le seul site de l'ouest trouvé à ce jour.
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En 1997, les premiers ossements de Little Foot ont été découverts dans la grotte de Sterkfontein, en Afrique du Sud. Les fouilles ont permis de reconstituer à 90 % le squelette d'un individu daté de 3,67 millions d'années, attribué à l'espèce Australopithecus prometheus[6].
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Le nombre élevé de restes fossiles dont on dispose aujourd'hui a permis de reconstituer plusieurs individus presque complets. Jusqu'à environ 2 millions d'années avant le présent, le genre Australopithecus se ramifie en différentes espèces qui conservent une architecture générale du crâne somme toute assez ancestrale. À partir du début du Pléistocène, ce groupe semble céder progressivement la place aux Paranthropes, plus spécialisés.
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Les Australopithèques possédaient la locomotion bipède, mais celle-ci n'était pas exclusive : d'après les phalanges courbées des doigts de la main et l'anatomie de l'épaule, ils avaient apparemment conservé une capacité arboricole[7]. Leur marche bipède a cependant été confirmée par la découverte en 1976 par Mary Leakey, près de Laetoli (plaine du Serengeti), en Tanzanie, d'une double série d'empreintes de pas conservées depuis 3,66 millions d'années.
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La structure des mains des Australopithèques est proche de celle des humains. Cependant, le pouce est plus court et l'articulation de la première phalange du pouce ne permet pas tous les mouvements d'une main d'homme moderne. Cette structure analogue indique néanmoins que les Australopithèques étaient peut-être capables de façonner des outils rudimentaires.
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Il existait d'autres différences morphologiques avec les premiers Homo connus. Avant tout, la capacité crânienne de l'Australopithèque reste faible (environ 450 cm3, alors que celle d'Homo habilis atteint environ 600 cm3), mais elle est cependant proportionnée à la masse corporelle de ces hominines dont la taille était de l'ordre de 130 cm.
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La locomotion bipède avérée est le caractère clé de ce groupe d'hominines. Australopithecus est la preuve que l'apparition de la bipédie a largement précédé celle d'un cerveau plus volumineux et plus complexe. On débat toujours pour savoir comment la bipédie est apparue il y a plus de 7 millions d'années dans la lignée des hominines. Il semble que des formes de bipédie existaient auparavant chez d'autres lignées d'hominidés européens, comme l'Oréopithèque, il y a quelque 8 millions d'années (Italie), et Danuvius guggenmosi, il y a 11,6 millions d'années (Allemagne)[8]. La bipédie avait notamment pour avantages de libérer les mains pour pouvoir attraper des objets, tandis que les yeux pouvaient mieux examiner au-dessus des grandes herbes pour trouver des sources d'aliments possibles ou repérer des prédateurs.
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Les changements radicaux dans la morphologie sont survenus avant la séparation entre Australopithèques et Homo. La structure du bassin et des pieds les distinguent en effet à peine des hommes modernes. Les dents présentent aussi le même aspect général avec de petites canines. Pourtant, l'évolution vers les Paranthropes a donné naissance à une denture plus grande et plus robuste. Les Australopithèques devaient faire face à un défi particulier en vivant dans la savane. Ils étaient les primates les plus lents à se déplacer de leur temps et beaucoup d'entre eux ont fini au menu des carnivores africains (comme les lions, et Dinofelis aujourd'hui éteint).
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On s'est rendu compte que les chimpanzés utilisent des instruments simples : ils ouvrent des noix avec des pierres et ils introduisent de petites branches dans les termitières. On a plus récemment fait la même découverte avec les gorilles. Certains chercheurs pensent qu'Australopithecus garhi aurait déjà fabriqué des outils en pierre, antérieurement aux premiers représentants connus du genre Homo, Homo habilis et Homo rudolfensis. Les restes retrouvés d'Australopithecus garhi étaient en effet accompagnés d'outils et de restes d'animaux découpés, ce qui suggère le début d'une fabrication d'outils[9]. Une découverte faite en 2009 à Dikika, en Éthiopie[10],[11], apporte une preuve indirecte de l'utilisation d'outils par Australopithecus afarensis ou l'un de ses contemporains, qui reporterait à 3,4 millions d'années l'âge des plus vieux outils de pierre connus.
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Les restes fossiles semblent indiquer que le genre Australopithèque serait l'ancêtre du genre distinct d'hominines appelé Paranthrope, et probablement du genre Homo. Selon certains chercheurs, Australopithecus anamensis (de 4,2 à 3,8 Ma) pourrait être l'ancêtre commun des Australopithèques et du genre Homo. Cette hypothèse est contestée par d'autres, qui estiment que la séparation entre les deux genres pourrait avoir eu lieu à une époque antérieure.
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Huit espèces d'australopithèques ont été décrites à ce jour. Leurs fossiles sont datés entre 4,2 et 2 Ma. Les plus fameux d'entre eux sont indiqués ci-dessous après l'espèce à laquelle ils sont rattachés.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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104,25 millions[2]
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La PlayStation (プレイステーション, Purei Sutēshon?) est une console de jeux vidéo de cinquième génération, produite par Sony Computer Entertainment à partir de 1994. La PlayStation originale fut la première machine de la gamme PlayStation, déclinée ensuite en PSone (une version plus petite et plus légère que l'originale).
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Le 18 mai 2004, soit près de dix ans après son lancement, Sony annonce avoir distribué 100 millions de consoles dans le monde[4],[5] et plus de 962 millions de jeux PlayStation[6].
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En 1985, Nintendo avait travaillé sur la conception d'un lecteur supportant des disquettes pour la Famicom, le Famicom Disk System [7],[8], mais des problèmes survinrent. La nature magnétique réinscriptible de ces disquettes en faisait un support facilement effaçable (provoquant ainsi une baisse sensible de la durabilité), et exposé au danger de la contrefaçon. Par conséquent, lorsque furent mis au point les différents standards de CD-ROM, Nintendo se montre très intéressé et demanda à Sony de l'aider à développer un lecteur de CD-ROM additionnel pour sa future console SNES, sous le nom de SNES-CD. Le choix de Sony par Nintendo fut facilité car ceux-ci étaient déjà en collaboration dans la conception de la SNES. En effet, c'est Ken Kutaragi, futur « père de la Playstation », qui s'était chargé du développement du processeur sonore SPC-700 chez Sony. Nintendo, très satisfait de la qualité de ce processeur et du travail de Kutaragi, intégra cette puce dans sa console SNES. Un accord fut signé en 1988 pour le développement du SNES-CD, et le travail commença.
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En 1991, le SNES-CD est annoncé par Sony au CES de Las Vegas, au mois de juin[9]. Cependant, lorsque le président de Nintendo Hiroshi Yamauchi relut le contrat original entre Sony et Nintendo, il constata que l'accord passé ne sécurisait pas assez le droit de licence que Nintendo appliquait alors aux éditeurs pour chaque cartouche produite, ainsi que les droits sur la technologie produite. Yamauchi était furieux. En effet, au lieu d'annoncer leur association le jour de la conférence de Nintendo au CES, le directeur de la filiale américaine Howard Lincoln monta sur la scène et révéla qu'ils étaient maintenant en partenariat avec Philips. Howard Lincoln et Minoru Arakawa se rendirent au siège de Philips en Europe, sans en informer Sony, et formèrent une alliance d'une nature totalement différente : une alliance qui donnerait le pouvoir total à Nintendo sur toutes les licences sur les futures machines de Philips.
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L'annonce du CES fut un véritable choc. Non seulement ce fut une énorme surprise, mais cela fut perçu par beaucoup dans la communauté des affaires japonaises comme une trahison : une compagnie japonaise snobant une autre compagnie japonaise en faveur d'une firme européenne était absolument impensable. Après l'effondrement du projet commun, Sony pensa arrêter les recherches, mais finalement, la compagnie décida de réutiliser tout ce qui avait été développé en commun avec Nintendo pour en faire une console à part entière. Des contacts furent même établis avec Sega aux États-Unis, mais la maison-mère au Japon refusa toute collaboration. Cette décision motiva Nintendo à poursuivre Sony pour rupture de contrat devant la cour fédérale des États-Unis, ainsi que la tentative d'obtenir une interdiction de commercialisation de la Play Station, avec comme argumentation que Nintendo possédait les droits du nom. Le juge fédéral refusa finalement l'interdiction. Ainsi, en octobre 1991, le premier modèle de la nouvelle Sony Play Station fut révélé ; en théorie, environ 200 machines de ce type furent seulement produites.
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Malgré leurs divergences et rancœurs, les deux sociétés espérèrent trouver des intérêts commerciaux et industriels communs. Sony n'était pas forcément prêt à prendre le risque de se lancer seul sur ce marché, et Nintendo ne voulait pas manquer l'occasion de profiter d'un succès potentiel du projet de Sony, de plus sans devoir prendre en charge les coûts de fabrication de cette console. D'autant que le développement du SNES-CD avancait difficilement avec Philips, pour des raisons techniques. À la fin de l'année 1992, Sony et Nintendo essayèrent de trouver un accord pour que la Sony Play Station puisse conserver son port cartouche pour les jeux SNES, mais encore une fois il ne parvinrent pas à se mettre d'accord sur la répartition des droits. Cependant, Sony réalisa que la technologie de la SNES commençait à montrer ses limites, et que la nouvelle génération de consoles était sur le point de voir le jour : les travaux commencèrent début 1993 pour renouveler le concept de la Play Station pour cibler la nouvelle génération de logiciels et de matériel. Sony eu alors des discussions avec Commodore afin de racheter la technologie de leur Amiga CD32 (dont le lecteur CD était déjà fabriqué par l'entreprise japonaise[10]), mais elles n'aboutirent pas[11]. Finalement, le port SNES fut retiré, l'espace entre les deux mots fut enlevé, et la PlayStation naquit.
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Le logo PlayStation fut créé par Manabu Sakamoto, qui a également dessiné le logo des ordinateurs Sony VAIO.
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La PlayStation est lancée au Japon le 3 décembre 1994, le 9 septembre 1995 aux États-Unis, le 29 septembre 1995 en Europe[12], et en Océanie en novembre 1995. En Amérique, Sony profita d'un lancement réussi avec des titres de tous les genres comme Battle Arena Toshinden, Twisted Metal, Warhawk, Philosoma, Wipeout et Ridge Racer. Presque tous les titres de lancement de Sony et Namco ont donné lieu à des suites. Teiyu Goto, le designer de la manette, expliqua le choix de symboles plutôt que de lettres pour les boutons : « Le Triangle se réfère au point de vue : il représente la tête de tout un chacun ou une direction, et je l'ai voulu de couleur verte. Le Carré symbolise une feuille de papier : il représente les menus ou les documents, le tout de couleur rose. Le Rond et la Croix représentent le "oui" et le "non". Je les ai faits respectivement en rouge et en bleu[13]. »
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Au lancement, la console est proposée à 299 $[14] aux États-Unis (un prix atteint par son successeur) et 2099 FF (441 € de janvier 2019[15]) en France.
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Les titres les plus populaires sur PlayStation sont, Ridge Racer, Crash Bandicoot, Dragon Quest, Final Fantasy VII, Driver, Gran Turismo, Metal Gear Solid, Parasite Eve, Silent Hill, Spyro the Dragon, Tony Hawk's Skateboarding, Tekken, Tomb Raider, Castlevania: Symphony of the Night, Resident Evil et WipEout (ces quatre derniers jeux sont sortis également sur Sega Saturn)[réf. nécessaire].
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Le record de vente revient au jeu de course Gran Turismo[3] avec 10,85 millions d'unités distribuées[16]. Tekken est le premier jeu PlayStation à dépasser la barre du million d'unités écoulées[17]. Le dernier jeu produit sur la console est FIFA Football 2005.
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Au 30 juin 2008, 4 944 titres ont été commercialisés au Japon, 1 335 en Amérique du Nord et 1 639 en Europe[18] avec des ventes cumulées de jeux s'élevant à 962 millions d'unités[6]. Depuis 2006, des jeux PlayStation sont réédités en téléchargement sur PlayStation 3, PlayStation Portable et PlayStation Vita (cf. liste de jeux PSOne téléchargeables).
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Le bloc laser (bloc optique) se situe en haut à gauche sous le couvercle CD, près de l'alimentation. Une première nouvelle version de la partie matérielle de la console est lancée début 1996. Elle fut produite en réponse des plaintes concernant la surchauffe des consoles[réf. nécessaire]. Sony a revu légèrement la carte mère de la console : celle-ci passe du modèle PU-7 à PU-8, la firme n'a pas changé les spécifications techniques finales ni esthétiques. Les composants montés en surface sont implantés sur les deux faces de la carte. L'alimentation possède une connectique 7 broches et a tendance à chauffer anormalement tant que celle-ci est reliée au secteur, y compris lorsque la console n'est pas utilisée.
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À partir des modèles 5000, Sony a retiré les prises Cinch/RCA ainsi que l'alimentation du modulateur RF antenne (prise RF DC OUT pour l'accessoire SCPH-10070). L'alimentation est différente : simplifiée, elle ne chauffe plus de manière excessive et le brochage vers la carte mère est différent en passant à 5 broches. Le bloc optique est déporté sur la droite au centre du couvercle CD.
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La console embarque une nouvelle carte mère plus compacte : la PU-18.
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Aucun changement sur la connectique externe. La carte mère est encore modifiée : PU-20. Les composants sont dorénavant implantés uniquement sur la partie supérieure de la carte mère. Le port parallèle (qui fut rarement utilisé par Sony) a été retiré pour réduire les coûts de production. Nouveau modèle de carte mère toujours plus compacte : PU-23. Dernière version de carte mère produite pour les PlayStation grises, dites "fat".
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1 Le dernier chiffre du numéro de modèle SCPH de chaque console correspond à la version la région (une sorte de zonage). Les pays utilisant le système PAL (Europe, Australie et Nouvelle-Zélande) ont pour code région "2". Donc les consoles vendues en France (et plus généralement en Europe) ont pour numéro de modèle par exemple SCPH-7502. Les pays dans lesquels on utilise le système NTSC (Japon et Amérique) sont vendues des consoles dont le numéro de modèle se termine par "0" (Japon), "1" (États-Unis) et "3" (Asie).
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2 Les textes des boutons "Power" et "Open" sont remplacés par des symboles à partir du modèle SCPH-5502 (et suivantes) pour la région Europe (2). Les modèles NTSC n'ont pas de symboles mais ont toujours conservé les indications "Power" et "Open".
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3 L'emplacement du bloc laser (bloc optique) a changé de place sous le couvercle CD. Sur les séries 1000 et 3000 il se situe en haut à gauche, près de l'alimentation. À partir des séries 5000 il est déplacé au centre sur la droite.
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Une autre version était une PlayStation bleue, ou, plus tard, verte (différente des consoles habituelles qui étaient grises), qui était uniquement destinée aux développeurs et à la presse. Contrairement à l'opinion générale, la RAM n'était pas de 4 mégaoctets mais bien des 2 mégaoctets standards. La console incluait un émulateur de CD-ROM connecté à un PC. Il était ainsi possible de faire fonctionner des jeux encore en développement sans l'utilisation d'un code régional (qui seraient rejetés par une PlayStation normale, à l'instar des jeux contrefaits). Certaines de ces consoles furent mises en vente sur des réseaux douteux, à des prix très élevés.
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Une version de la PlayStation nommée Net Yaroze a également été produite. Elle était plus onéreuse que la première PlayStation, noire au lieu du gris habituel, et le plus important est qu'elle était livrée avec des outils et guides qui permettaient de programmer des jeux et applications pour PlayStation sans posséder une suite complète de développeur, qui coûtait bien plus cher (et qui était disponible uniquement pour les développeurs certifiés). La Net Yaroze n'inclut pas les mêmes outils qu'une suite complète : par exemple, les bibliothèques fournies ne permettent pas d'utiliser la fonctionnalité vibreur, le multitap ou le décodeur MPEG. La Net Yaroze est la seule PlayStation commercialisée à ne pas être zonée.
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La PSone est une version redessinée de la PlayStation. Elle est environ un tiers plus petite que le premier modèle (38 mm × 193 mm × 144 mm contre 45 mm × 260 mm × 185 mm). Elle est sortie fin septembre 2000 (au prix de 790 FF), peu avant le lancement de la PlayStation 2 (elle servira de PlayStation d'entrée de gamme pendant cette période, et ce jusqu'en 2006). La PSone est entièrement compatible avec les jeux de la PlayStation, elle est fournie avec un pad Dual Shock. Le modèle a été distribué à 28,15 millions d'exemplaires[19].
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Il existait trois différences entre la PSone et l'originale, la première étant une nouvelle esthétique, la deuxième un changement de l'interface du menu d'accueil, et la troisième l'ajout d'une protection contre les modchips en changeant les circuits internes et en rendant les modchips d'anciennes générations inutilisables. La PSone n'intègre plus le port série original de la PlayStation, qui permettait à plusieurs consoles d'être connectées pour un jeu multijoueur sur plusieurs téléviseurs, ou encore pour un modchip externe. Sony a également sorti un écran LCD et un adaptateur allume-cigare pour utiliser ce modèle en voiture. La production est arrêtée en 2006[réf. nécessaire].
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Une version blanche a aussi été produite pour lire les VCD, modèle unique SCPH-5903, distribué qu'en Asie là où les Vidéo-CD sont très populaires. D'autres versions produites en édition spéciale ont été lancées un peu partout dans le monde, comme une console noire pour la sortie du film Men In Black[réf. nécessaire].
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La PlayStation fait partie des toutes premières consoles à avoir subi la contrefaçon de jeux en masse : sa popularité, les jeux sur support CD, l'arrivée d'Internet et la banalisation des graveurs CD dans les ordinateurs à la fin des années 1990 y ont grandement participé.
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L'installation d'un modchip permettait aux PlayStation d'avoir des fonctionnalités avancées, et beaucoup d'options étaient disponibles. Vers la période de fin de vie de la console, presque n'importe qui pouvait, avec une simple soudure, réaliser une modification de la console. Ces modifications permettaient de jouer à des jeux NTSC sur une console PAL[20] (donc d'outrepasser la restriction du code régional), ou alors de pouvoir jouer à des copies de jeux illégales sans problème. Les modchips permettaient de jouer à des jeux gravés sur des CD-ROM vierges. Cela a généré une vague de jeux créés avec des compilateurs GNU, ainsi que la reproduction illégale de jeux originaux. Avec l'introduction de tels dispositifs, la console devint très attrayante à la fois aux yeux des programmeurs et aux yeux des hackers.
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Les individus qui ont insisté à copier des jeux auxquels ils voulaient jouer comme les versions originales ont rencontré plusieurs problèmes à la fois, vu que les disques fabriqués par Sony n'étaient pas facilement copiables. Non seulement les disques originaux Sony ont une couleur noire spécifique, mais ils contenaient également des secteurs vides de données qui interdisaient leur copie. La console était supposée ne pas lire les disques sans cette couleur noire[réf. nécessaire], et sans ces espaces de mémoire volontairement vierges.
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Parfois, les disques à face noire contenant des secteurs vides étaient impossibles à recopier avec les logiciels habituels, et les copies étaient inutiles sans modification de la console. Les logiciels de copies de CD ont bénéficié de nouvelles fonctions comme "Ignorer les mauvais secteurs", et combinés avec les modifications de consoles ont résolu les problèmes, et ont permis au grand public d'utiliser tous les disques voulus, à partir du moment où la puce de modification était installée dans leur console. La création et la production en masse de ces puces à très bas prix (12C508), couplées avec leur facilité d'installation (de 4 à 8 fils à souder), marquèrent véritablement le début de la contrefaçon des jeux vidéo[réf. nécessaire].
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Le premier successeur de la PlayStation est la PlayStation 2, qui est rétrocompatible avec son prédécesseur, dans le sens où elle peut lire presque tous les jeux PlayStation. Cela a été possible en intégrant la majorité des composants de la première PlayStation dans la seconde. Contrairement aux émulateurs sur PC, la PlayStation 2 contient le processeur original de la PlayStation, permettant aux jeux de fonctionner exactement comme sur la première PlayStation. Pour les jeux PlayStation 2, ce processeur, appelé IOP, est utilisé pour les entrées et les sorties (les cartes mémoires, le lecteur de DVD, l'adaptateur réseau, et le disque dur). Comme son prédécesseur, la PlayStation 2 est basée sur des composants fabriqués par Sony.
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La PlayStation Portable (PSP) est une console portable sortie en décembre 2004 au Japon, en mars 2005 aux États-Unis et en septembre 2005 en Europe. Elle utilise le format UMD. Une partie du catalogue de jeux PlayStation est réédité sur la console en téléchargement sur le PlayStation Network. Depuis fin décembre 2006, un firmware spécial permet aussi aux utilisateurs de convertir leurs jeux PlayStation au format PSP EBOOT.
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La PlayStation 3, est lancée en novembre 2006 aux États-Unis et au Japon, et le 23 mars 2007 en Europe. La plupart des jeux PlayStation fonctionnent sur les modèles 40 et 60 Go de la PlayStation 3 (la rétrocompatibilité avec les jeux PlayStation 2 est dépendante du modèle). Les jeux PlayStation et PlayStation 2 restent zonés. À l'instar de la PSP, une partie du catalogue de jeux PlayStation est réédité sur la console en téléchargement sur le PlayStation Network.
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En 2011, la PlayStation Vita est annoncée, elle succède à la PlayStation Portable. Dotée d'un écran tactile et d'un pavé tactile à l'arrière, de deux sticks analogiques et de composants plus puissants, elle sort en décembre 2011 au Japon, et en février 2012 en occident.
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En 2013, la PlayStation 4 est annoncée, elle succède à la PlayStation 3.
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En 2020, la PlayStation 5 est annoncée à la fin d'une conférence donnée sur la chaîne YouTube officiel de Sony Interactive Entertainment. Elle est prévue pour la fin d'année 2020 et elle succédera à la PlayStation 4.
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Le bloc laser du lecteur de CD intégré aux premières unités produites (notamment la série des 1000 avec le KSM-440AAM) était construit autour d'une structure en plastique qui glissait sur des rails eux aussi en plastique. Avec le temps, la friction provoquée par les déplacements répétés durant les accès au disque rongeait le plastique sur la partie la plus lourde du bloc optique. S'ensuit au bout de quelques mois, voire années, une inclinaison horizontale souvent inégale du bloc optique. Visuellement, on peut s'apercevoir qu'il penche d'un côté. Le laser ne pointe plus ainsi perpendiculairement sur le CD mais légèrement de biais. Par conséquent les disques ne pouvaient plus être lus correctement. Sony a résolu le problème en changeant le matériau des patins de la partie mobile en contact avec les rails de translation/déplacement (sled) par du silicone/nylon plus robuste. Le corps du bloc optique n'est plus réalisé en plastique lui non plus mais en métal sur modèles suivants, à savoir les KSM-440ACM, ADM, AEM et BAM.
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Une solution (seulement temporaire) pour résoudre le problème du laser était de mettre la PlayStation dans une position inhabituelle (sur le côté - alimentation vers le bas - ou carrément à l'envers). Cela suffisait au bloc optique pour se réaligner de manière perpendiculaire par rapport au CD, permettant à la console de lire à nouveau les disques. Malheureusement, la friction continuait à endommager le plateau en plastique, et finalement, la PlayStation ne lisait plus les disques sur le long terme. Certaines unités ne pouvaient pas lire les cinématiques correctement, avec des saccades (skipping), voire de charger tout ou partie d'un jeu correctement provoquant des plantages sévères.
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Dans certains cas, ces problèmes de lecture peuvent aussi survenir lorsque le moyeu central (spindle) est voilé ou mal positionné en hauteur (trop surélevé ou trop enfoncé).
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102,49 millions d'exemplaires de PlayStation ont été distribués en mars 2007[19]. Première console de salon de l'histoire à avoir dépassé la barre symbolique des 100 millions d'unités, cette performance a été franchie en mai 2004, neuf années et six mois après le lancement de la console[4],[5]. C'est alors un record dans l'histoire de consoles de salon (la PlayStation 2 fera mieux ensuite). La console est commercialisée dans plus de 120 pays et régions à travers le monde[4]. Les chiffres se répartissent comme suit selon les régions : 20.72 millions au Japon (et Asie), 39.67 millions en Amérique du Nord et 39.61 millions en Europe (et autres régions PAL)[4]. Au 1er janvier 1997, 12 millions de PlayStation se sont écoulées à travers le globe contre 7 millions de Saturn, sa principale concurrente de l'époque avec la Nintendo 64[21].)
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Au 1er janvier 1998, 28 millions de PlayStation se sont écoulées à travers le globe contre 9,5 millions de Saturn[22].
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Au 1er janvier 1999, 43 millions de PlayStation se sont écoulées à travers le globe contre 15 millions de Nintendo 64[23].
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L'arrêt de la production de la console est annoncé le 23 mars 2006[1], à sa onzième année (sa longévité est l'une des plus importantes avec l'Atari 2600 et la NES). Le succès de la PlayStation est aussi une des causes de la fin du support cartouche. Bien qu'elle ne soit pas la première console à utiliser un format de disque optique, ce fut la première à avoir du succès, et s'est retrouvée en face-à-face gagnant contre la dernière console de jeu de salon à utiliser le support cartouche, la Nintendo 64. Nintendo a longtemps attendu avant d'utiliser les supports CD et DVD comme support, en utilisant des arguments comme les temps de chargement plus longs et des problèmes de durabilité, et de contrefaçon.
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Le bilan des ventes de la PlayStation depuis son lancement :
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Chip à architecture MIPS R3000A fabriqué par MIPS Technologies compatible (R3051) 32 bits RISC tournant à 33,8688 MHz. Le chip est fabriqué par LSI Logic avec des technologies appartenant à Silicon Graphics. Le chip contient le Geometry Transformation Engine (Moteur de transformation de géométrie) et le Data Decompression Engine (Moteur de décompression de données). Il inclut plusieurs fonctions :
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Ce moteur est inclus dans le processeur principal. Cela apporte des instructions mathématiques vectorielles utilisées pour les graphismes 3D. Il inclut plusieurs fonctions :
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Sony a officiellement annoncé le compte des polygones à 1,5 million de polygones bruts par seconde et 500 000 polygones texturés et éclairés par seconde. Ces chiffres ont été donnés pour une utilisation dans des conditions optimales, et sont donc irréalistes dans des conditions normales.
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Ce moteur est intégré dans le processeur. Il est chargé de décompresser les contenus audio et vidéo. Le dispositif peut décoder trois macroblocs encodés en RLE de taille 16×16, et peut faire tourner une TCD ainsi qu'assembler un macrobloc de taille 16×16 en RVB. Les données externes peuvent être transférées via un accès direct à la mémoire. Il est possible de réécrire une matrice en TCD et plusieurs paramètres additionnels, cependant le jeu d'instructions internes MDEC n'a jamais été documenté. Il inclut plusieurs fonctions :
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Cette puce est séparée du processeur et se charge de tous les graphismes en 2D, qui incluent les transformations des polygones 3D. Il inclut plusieurs fonctions :
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Il inclut plusieurs fonctions :
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Il inclut plusieurs fonctions :
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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104,25 millions[2]
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modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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La PlayStation (プレイステーション, Purei Sutēshon?) est une console de jeux vidéo de cinquième génération, produite par Sony Computer Entertainment à partir de 1994. La PlayStation originale fut la première machine de la gamme PlayStation, déclinée ensuite en PSone (une version plus petite et plus légère que l'originale).
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Le 18 mai 2004, soit près de dix ans après son lancement, Sony annonce avoir distribué 100 millions de consoles dans le monde[4],[5] et plus de 962 millions de jeux PlayStation[6].
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En 1985, Nintendo avait travaillé sur la conception d'un lecteur supportant des disquettes pour la Famicom, le Famicom Disk System [7],[8], mais des problèmes survinrent. La nature magnétique réinscriptible de ces disquettes en faisait un support facilement effaçable (provoquant ainsi une baisse sensible de la durabilité), et exposé au danger de la contrefaçon. Par conséquent, lorsque furent mis au point les différents standards de CD-ROM, Nintendo se montre très intéressé et demanda à Sony de l'aider à développer un lecteur de CD-ROM additionnel pour sa future console SNES, sous le nom de SNES-CD. Le choix de Sony par Nintendo fut facilité car ceux-ci étaient déjà en collaboration dans la conception de la SNES. En effet, c'est Ken Kutaragi, futur « père de la Playstation », qui s'était chargé du développement du processeur sonore SPC-700 chez Sony. Nintendo, très satisfait de la qualité de ce processeur et du travail de Kutaragi, intégra cette puce dans sa console SNES. Un accord fut signé en 1988 pour le développement du SNES-CD, et le travail commença.
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En 1991, le SNES-CD est annoncé par Sony au CES de Las Vegas, au mois de juin[9]. Cependant, lorsque le président de Nintendo Hiroshi Yamauchi relut le contrat original entre Sony et Nintendo, il constata que l'accord passé ne sécurisait pas assez le droit de licence que Nintendo appliquait alors aux éditeurs pour chaque cartouche produite, ainsi que les droits sur la technologie produite. Yamauchi était furieux. En effet, au lieu d'annoncer leur association le jour de la conférence de Nintendo au CES, le directeur de la filiale américaine Howard Lincoln monta sur la scène et révéla qu'ils étaient maintenant en partenariat avec Philips. Howard Lincoln et Minoru Arakawa se rendirent au siège de Philips en Europe, sans en informer Sony, et formèrent une alliance d'une nature totalement différente : une alliance qui donnerait le pouvoir total à Nintendo sur toutes les licences sur les futures machines de Philips.
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L'annonce du CES fut un véritable choc. Non seulement ce fut une énorme surprise, mais cela fut perçu par beaucoup dans la communauté des affaires japonaises comme une trahison : une compagnie japonaise snobant une autre compagnie japonaise en faveur d'une firme européenne était absolument impensable. Après l'effondrement du projet commun, Sony pensa arrêter les recherches, mais finalement, la compagnie décida de réutiliser tout ce qui avait été développé en commun avec Nintendo pour en faire une console à part entière. Des contacts furent même établis avec Sega aux États-Unis, mais la maison-mère au Japon refusa toute collaboration. Cette décision motiva Nintendo à poursuivre Sony pour rupture de contrat devant la cour fédérale des États-Unis, ainsi que la tentative d'obtenir une interdiction de commercialisation de la Play Station, avec comme argumentation que Nintendo possédait les droits du nom. Le juge fédéral refusa finalement l'interdiction. Ainsi, en octobre 1991, le premier modèle de la nouvelle Sony Play Station fut révélé ; en théorie, environ 200 machines de ce type furent seulement produites.
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Malgré leurs divergences et rancœurs, les deux sociétés espérèrent trouver des intérêts commerciaux et industriels communs. Sony n'était pas forcément prêt à prendre le risque de se lancer seul sur ce marché, et Nintendo ne voulait pas manquer l'occasion de profiter d'un succès potentiel du projet de Sony, de plus sans devoir prendre en charge les coûts de fabrication de cette console. D'autant que le développement du SNES-CD avancait difficilement avec Philips, pour des raisons techniques. À la fin de l'année 1992, Sony et Nintendo essayèrent de trouver un accord pour que la Sony Play Station puisse conserver son port cartouche pour les jeux SNES, mais encore une fois il ne parvinrent pas à se mettre d'accord sur la répartition des droits. Cependant, Sony réalisa que la technologie de la SNES commençait à montrer ses limites, et que la nouvelle génération de consoles était sur le point de voir le jour : les travaux commencèrent début 1993 pour renouveler le concept de la Play Station pour cibler la nouvelle génération de logiciels et de matériel. Sony eu alors des discussions avec Commodore afin de racheter la technologie de leur Amiga CD32 (dont le lecteur CD était déjà fabriqué par l'entreprise japonaise[10]), mais elles n'aboutirent pas[11]. Finalement, le port SNES fut retiré, l'espace entre les deux mots fut enlevé, et la PlayStation naquit.
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Le logo PlayStation fut créé par Manabu Sakamoto, qui a également dessiné le logo des ordinateurs Sony VAIO.
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La PlayStation est lancée au Japon le 3 décembre 1994, le 9 septembre 1995 aux États-Unis, le 29 septembre 1995 en Europe[12], et en Océanie en novembre 1995. En Amérique, Sony profita d'un lancement réussi avec des titres de tous les genres comme Battle Arena Toshinden, Twisted Metal, Warhawk, Philosoma, Wipeout et Ridge Racer. Presque tous les titres de lancement de Sony et Namco ont donné lieu à des suites. Teiyu Goto, le designer de la manette, expliqua le choix de symboles plutôt que de lettres pour les boutons : « Le Triangle se réfère au point de vue : il représente la tête de tout un chacun ou une direction, et je l'ai voulu de couleur verte. Le Carré symbolise une feuille de papier : il représente les menus ou les documents, le tout de couleur rose. Le Rond et la Croix représentent le "oui" et le "non". Je les ai faits respectivement en rouge et en bleu[13]. »
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Au lancement, la console est proposée à 299 $[14] aux États-Unis (un prix atteint par son successeur) et 2099 FF (441 € de janvier 2019[15]) en France.
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Les titres les plus populaires sur PlayStation sont, Ridge Racer, Crash Bandicoot, Dragon Quest, Final Fantasy VII, Driver, Gran Turismo, Metal Gear Solid, Parasite Eve, Silent Hill, Spyro the Dragon, Tony Hawk's Skateboarding, Tekken, Tomb Raider, Castlevania: Symphony of the Night, Resident Evil et WipEout (ces quatre derniers jeux sont sortis également sur Sega Saturn)[réf. nécessaire].
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Le record de vente revient au jeu de course Gran Turismo[3] avec 10,85 millions d'unités distribuées[16]. Tekken est le premier jeu PlayStation à dépasser la barre du million d'unités écoulées[17]. Le dernier jeu produit sur la console est FIFA Football 2005.
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Au 30 juin 2008, 4 944 titres ont été commercialisés au Japon, 1 335 en Amérique du Nord et 1 639 en Europe[18] avec des ventes cumulées de jeux s'élevant à 962 millions d'unités[6]. Depuis 2006, des jeux PlayStation sont réédités en téléchargement sur PlayStation 3, PlayStation Portable et PlayStation Vita (cf. liste de jeux PSOne téléchargeables).
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Le bloc laser (bloc optique) se situe en haut à gauche sous le couvercle CD, près de l'alimentation. Une première nouvelle version de la partie matérielle de la console est lancée début 1996. Elle fut produite en réponse des plaintes concernant la surchauffe des consoles[réf. nécessaire]. Sony a revu légèrement la carte mère de la console : celle-ci passe du modèle PU-7 à PU-8, la firme n'a pas changé les spécifications techniques finales ni esthétiques. Les composants montés en surface sont implantés sur les deux faces de la carte. L'alimentation possède une connectique 7 broches et a tendance à chauffer anormalement tant que celle-ci est reliée au secteur, y compris lorsque la console n'est pas utilisée.
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À partir des modèles 5000, Sony a retiré les prises Cinch/RCA ainsi que l'alimentation du modulateur RF antenne (prise RF DC OUT pour l'accessoire SCPH-10070). L'alimentation est différente : simplifiée, elle ne chauffe plus de manière excessive et le brochage vers la carte mère est différent en passant à 5 broches. Le bloc optique est déporté sur la droite au centre du couvercle CD.
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La console embarque une nouvelle carte mère plus compacte : la PU-18.
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Aucun changement sur la connectique externe. La carte mère est encore modifiée : PU-20. Les composants sont dorénavant implantés uniquement sur la partie supérieure de la carte mère. Le port parallèle (qui fut rarement utilisé par Sony) a été retiré pour réduire les coûts de production. Nouveau modèle de carte mère toujours plus compacte : PU-23. Dernière version de carte mère produite pour les PlayStation grises, dites "fat".
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1 Le dernier chiffre du numéro de modèle SCPH de chaque console correspond à la version la région (une sorte de zonage). Les pays utilisant le système PAL (Europe, Australie et Nouvelle-Zélande) ont pour code région "2". Donc les consoles vendues en France (et plus généralement en Europe) ont pour numéro de modèle par exemple SCPH-7502. Les pays dans lesquels on utilise le système NTSC (Japon et Amérique) sont vendues des consoles dont le numéro de modèle se termine par "0" (Japon), "1" (États-Unis) et "3" (Asie).
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2 Les textes des boutons "Power" et "Open" sont remplacés par des symboles à partir du modèle SCPH-5502 (et suivantes) pour la région Europe (2). Les modèles NTSC n'ont pas de symboles mais ont toujours conservé les indications "Power" et "Open".
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3 L'emplacement du bloc laser (bloc optique) a changé de place sous le couvercle CD. Sur les séries 1000 et 3000 il se situe en haut à gauche, près de l'alimentation. À partir des séries 5000 il est déplacé au centre sur la droite.
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Une autre version était une PlayStation bleue, ou, plus tard, verte (différente des consoles habituelles qui étaient grises), qui était uniquement destinée aux développeurs et à la presse. Contrairement à l'opinion générale, la RAM n'était pas de 4 mégaoctets mais bien des 2 mégaoctets standards. La console incluait un émulateur de CD-ROM connecté à un PC. Il était ainsi possible de faire fonctionner des jeux encore en développement sans l'utilisation d'un code régional (qui seraient rejetés par une PlayStation normale, à l'instar des jeux contrefaits). Certaines de ces consoles furent mises en vente sur des réseaux douteux, à des prix très élevés.
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Une version de la PlayStation nommée Net Yaroze a également été produite. Elle était plus onéreuse que la première PlayStation, noire au lieu du gris habituel, et le plus important est qu'elle était livrée avec des outils et guides qui permettaient de programmer des jeux et applications pour PlayStation sans posséder une suite complète de développeur, qui coûtait bien plus cher (et qui était disponible uniquement pour les développeurs certifiés). La Net Yaroze n'inclut pas les mêmes outils qu'une suite complète : par exemple, les bibliothèques fournies ne permettent pas d'utiliser la fonctionnalité vibreur, le multitap ou le décodeur MPEG. La Net Yaroze est la seule PlayStation commercialisée à ne pas être zonée.
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La PSone est une version redessinée de la PlayStation. Elle est environ un tiers plus petite que le premier modèle (38 mm × 193 mm × 144 mm contre 45 mm × 260 mm × 185 mm). Elle est sortie fin septembre 2000 (au prix de 790 FF), peu avant le lancement de la PlayStation 2 (elle servira de PlayStation d'entrée de gamme pendant cette période, et ce jusqu'en 2006). La PSone est entièrement compatible avec les jeux de la PlayStation, elle est fournie avec un pad Dual Shock. Le modèle a été distribué à 28,15 millions d'exemplaires[19].
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Il existait trois différences entre la PSone et l'originale, la première étant une nouvelle esthétique, la deuxième un changement de l'interface du menu d'accueil, et la troisième l'ajout d'une protection contre les modchips en changeant les circuits internes et en rendant les modchips d'anciennes générations inutilisables. La PSone n'intègre plus le port série original de la PlayStation, qui permettait à plusieurs consoles d'être connectées pour un jeu multijoueur sur plusieurs téléviseurs, ou encore pour un modchip externe. Sony a également sorti un écran LCD et un adaptateur allume-cigare pour utiliser ce modèle en voiture. La production est arrêtée en 2006[réf. nécessaire].
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Une version blanche a aussi été produite pour lire les VCD, modèle unique SCPH-5903, distribué qu'en Asie là où les Vidéo-CD sont très populaires. D'autres versions produites en édition spéciale ont été lancées un peu partout dans le monde, comme une console noire pour la sortie du film Men In Black[réf. nécessaire].
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La PlayStation fait partie des toutes premières consoles à avoir subi la contrefaçon de jeux en masse : sa popularité, les jeux sur support CD, l'arrivée d'Internet et la banalisation des graveurs CD dans les ordinateurs à la fin des années 1990 y ont grandement participé.
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L'installation d'un modchip permettait aux PlayStation d'avoir des fonctionnalités avancées, et beaucoup d'options étaient disponibles. Vers la période de fin de vie de la console, presque n'importe qui pouvait, avec une simple soudure, réaliser une modification de la console. Ces modifications permettaient de jouer à des jeux NTSC sur une console PAL[20] (donc d'outrepasser la restriction du code régional), ou alors de pouvoir jouer à des copies de jeux illégales sans problème. Les modchips permettaient de jouer à des jeux gravés sur des CD-ROM vierges. Cela a généré une vague de jeux créés avec des compilateurs GNU, ainsi que la reproduction illégale de jeux originaux. Avec l'introduction de tels dispositifs, la console devint très attrayante à la fois aux yeux des programmeurs et aux yeux des hackers.
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Les individus qui ont insisté à copier des jeux auxquels ils voulaient jouer comme les versions originales ont rencontré plusieurs problèmes à la fois, vu que les disques fabriqués par Sony n'étaient pas facilement copiables. Non seulement les disques originaux Sony ont une couleur noire spécifique, mais ils contenaient également des secteurs vides de données qui interdisaient leur copie. La console était supposée ne pas lire les disques sans cette couleur noire[réf. nécessaire], et sans ces espaces de mémoire volontairement vierges.
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Parfois, les disques à face noire contenant des secteurs vides étaient impossibles à recopier avec les logiciels habituels, et les copies étaient inutiles sans modification de la console. Les logiciels de copies de CD ont bénéficié de nouvelles fonctions comme "Ignorer les mauvais secteurs", et combinés avec les modifications de consoles ont résolu les problèmes, et ont permis au grand public d'utiliser tous les disques voulus, à partir du moment où la puce de modification était installée dans leur console. La création et la production en masse de ces puces à très bas prix (12C508), couplées avec leur facilité d'installation (de 4 à 8 fils à souder), marquèrent véritablement le début de la contrefaçon des jeux vidéo[réf. nécessaire].
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Le premier successeur de la PlayStation est la PlayStation 2, qui est rétrocompatible avec son prédécesseur, dans le sens où elle peut lire presque tous les jeux PlayStation. Cela a été possible en intégrant la majorité des composants de la première PlayStation dans la seconde. Contrairement aux émulateurs sur PC, la PlayStation 2 contient le processeur original de la PlayStation, permettant aux jeux de fonctionner exactement comme sur la première PlayStation. Pour les jeux PlayStation 2, ce processeur, appelé IOP, est utilisé pour les entrées et les sorties (les cartes mémoires, le lecteur de DVD, l'adaptateur réseau, et le disque dur). Comme son prédécesseur, la PlayStation 2 est basée sur des composants fabriqués par Sony.
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La PlayStation Portable (PSP) est une console portable sortie en décembre 2004 au Japon, en mars 2005 aux États-Unis et en septembre 2005 en Europe. Elle utilise le format UMD. Une partie du catalogue de jeux PlayStation est réédité sur la console en téléchargement sur le PlayStation Network. Depuis fin décembre 2006, un firmware spécial permet aussi aux utilisateurs de convertir leurs jeux PlayStation au format PSP EBOOT.
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La PlayStation 3, est lancée en novembre 2006 aux États-Unis et au Japon, et le 23 mars 2007 en Europe. La plupart des jeux PlayStation fonctionnent sur les modèles 40 et 60 Go de la PlayStation 3 (la rétrocompatibilité avec les jeux PlayStation 2 est dépendante du modèle). Les jeux PlayStation et PlayStation 2 restent zonés. À l'instar de la PSP, une partie du catalogue de jeux PlayStation est réédité sur la console en téléchargement sur le PlayStation Network.
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En 2011, la PlayStation Vita est annoncée, elle succède à la PlayStation Portable. Dotée d'un écran tactile et d'un pavé tactile à l'arrière, de deux sticks analogiques et de composants plus puissants, elle sort en décembre 2011 au Japon, et en février 2012 en occident.
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En 2013, la PlayStation 4 est annoncée, elle succède à la PlayStation 3.
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En 2020, la PlayStation 5 est annoncée à la fin d'une conférence donnée sur la chaîne YouTube officiel de Sony Interactive Entertainment. Elle est prévue pour la fin d'année 2020 et elle succédera à la PlayStation 4.
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Le bloc laser du lecteur de CD intégré aux premières unités produites (notamment la série des 1000 avec le KSM-440AAM) était construit autour d'une structure en plastique qui glissait sur des rails eux aussi en plastique. Avec le temps, la friction provoquée par les déplacements répétés durant les accès au disque rongeait le plastique sur la partie la plus lourde du bloc optique. S'ensuit au bout de quelques mois, voire années, une inclinaison horizontale souvent inégale du bloc optique. Visuellement, on peut s'apercevoir qu'il penche d'un côté. Le laser ne pointe plus ainsi perpendiculairement sur le CD mais légèrement de biais. Par conséquent les disques ne pouvaient plus être lus correctement. Sony a résolu le problème en changeant le matériau des patins de la partie mobile en contact avec les rails de translation/déplacement (sled) par du silicone/nylon plus robuste. Le corps du bloc optique n'est plus réalisé en plastique lui non plus mais en métal sur modèles suivants, à savoir les KSM-440ACM, ADM, AEM et BAM.
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Une solution (seulement temporaire) pour résoudre le problème du laser était de mettre la PlayStation dans une position inhabituelle (sur le côté - alimentation vers le bas - ou carrément à l'envers). Cela suffisait au bloc optique pour se réaligner de manière perpendiculaire par rapport au CD, permettant à la console de lire à nouveau les disques. Malheureusement, la friction continuait à endommager le plateau en plastique, et finalement, la PlayStation ne lisait plus les disques sur le long terme. Certaines unités ne pouvaient pas lire les cinématiques correctement, avec des saccades (skipping), voire de charger tout ou partie d'un jeu correctement provoquant des plantages sévères.
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Dans certains cas, ces problèmes de lecture peuvent aussi survenir lorsque le moyeu central (spindle) est voilé ou mal positionné en hauteur (trop surélevé ou trop enfoncé).
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102,49 millions d'exemplaires de PlayStation ont été distribués en mars 2007[19]. Première console de salon de l'histoire à avoir dépassé la barre symbolique des 100 millions d'unités, cette performance a été franchie en mai 2004, neuf années et six mois après le lancement de la console[4],[5]. C'est alors un record dans l'histoire de consoles de salon (la PlayStation 2 fera mieux ensuite). La console est commercialisée dans plus de 120 pays et régions à travers le monde[4]. Les chiffres se répartissent comme suit selon les régions : 20.72 millions au Japon (et Asie), 39.67 millions en Amérique du Nord et 39.61 millions en Europe (et autres régions PAL)[4]. Au 1er janvier 1997, 12 millions de PlayStation se sont écoulées à travers le globe contre 7 millions de Saturn, sa principale concurrente de l'époque avec la Nintendo 64[21].)
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Au 1er janvier 1998, 28 millions de PlayStation se sont écoulées à travers le globe contre 9,5 millions de Saturn[22].
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Au 1er janvier 1999, 43 millions de PlayStation se sont écoulées à travers le globe contre 15 millions de Nintendo 64[23].
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L'arrêt de la production de la console est annoncé le 23 mars 2006[1], à sa onzième année (sa longévité est l'une des plus importantes avec l'Atari 2600 et la NES). Le succès de la PlayStation est aussi une des causes de la fin du support cartouche. Bien qu'elle ne soit pas la première console à utiliser un format de disque optique, ce fut la première à avoir du succès, et s'est retrouvée en face-à-face gagnant contre la dernière console de jeu de salon à utiliser le support cartouche, la Nintendo 64. Nintendo a longtemps attendu avant d'utiliser les supports CD et DVD comme support, en utilisant des arguments comme les temps de chargement plus longs et des problèmes de durabilité, et de contrefaçon.
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Le bilan des ventes de la PlayStation depuis son lancement :
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(Année Civile)
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(Sell-in)[24]
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jusqu'au 31 mars 2012
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Chip à architecture MIPS R3000A fabriqué par MIPS Technologies compatible (R3051) 32 bits RISC tournant à 33,8688 MHz. Le chip est fabriqué par LSI Logic avec des technologies appartenant à Silicon Graphics. Le chip contient le Geometry Transformation Engine (Moteur de transformation de géométrie) et le Data Decompression Engine (Moteur de décompression de données). Il inclut plusieurs fonctions :
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Ce moteur est inclus dans le processeur principal. Cela apporte des instructions mathématiques vectorielles utilisées pour les graphismes 3D. Il inclut plusieurs fonctions :
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Sony a officiellement annoncé le compte des polygones à 1,5 million de polygones bruts par seconde et 500 000 polygones texturés et éclairés par seconde. Ces chiffres ont été donnés pour une utilisation dans des conditions optimales, et sont donc irréalistes dans des conditions normales.
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Ce moteur est intégré dans le processeur. Il est chargé de décompresser les contenus audio et vidéo. Le dispositif peut décoder trois macroblocs encodés en RLE de taille 16×16, et peut faire tourner une TCD ainsi qu'assembler un macrobloc de taille 16×16 en RVB. Les données externes peuvent être transférées via un accès direct à la mémoire. Il est possible de réécrire une matrice en TCD et plusieurs paramètres additionnels, cependant le jeu d'instructions internes MDEC n'a jamais été documenté. Il inclut plusieurs fonctions :
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Cette puce est séparée du processeur et se charge de tous les graphismes en 2D, qui incluent les transformations des polygones 3D. Il inclut plusieurs fonctions :
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Il inclut plusieurs fonctions :
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Il inclut plusieurs fonctions :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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ADDED
@@ -0,0 +1,204 @@
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HCl + Br2,
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H2SO4 concentré chaud[6]
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Le plomb Écouter est l'élément chimique de numéro atomique 82, de symbole Pb. Dans les conditions standard le corps simple plomb est un métal malléable et gris bleuâtre, qui blanchit lentement en s'oxydant. Le mot plomb et le symbole Pb viennent du latin plumbum (le métal plomb).
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Le plomb appartient au groupe 14 et à la période 6 du tableau périodique. C'est le plus « lourd »[a] des éléments stables[b].
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Le plomb est un élément toxique, mutagène, et reprotoxique[8], sans valeur connue d'oligoélément. Il a en effet été classé comme potentiellement cancérigène en 1980, classé dans le groupe 2B par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)[9] puis comme probablement cancérigène pour l'humain et l'animal en 2004[9],[10]. Deux sels de plomb, le chromate et l'arséniate, sont considérés comme carcinogènes certains par le CIRC[9].
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Le plomb est un contaminant de l'environnement, toxique et écotoxique dès les faibles doses[11]. Les maladies et symptômes qu'il provoque chez l'humain ou l'animal sont regroupés sous le nom de « saturnisme ».
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Le plomb - relativement abondant dans la croûte terrestre - est l'un des métaux les plus anciennement connus et travaillés. On en a trouvé dans des pigments recouvrant des tombes ou dépouilles préhistoriques (40 000 ans av. J.-C.), mais aussi des objets.
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En dépit de sa haute toxicité, et grâce probablement à sa facilité d'extraction, à sa grande malléabilité et à son bas point de fusion, il a été fréquemment utilisé lors de l'âge du bronze, durci par de l'antimoine et de l'arsenic trouvés sur les mêmes sites miniers.
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Il est mentionné dans les écritures cunéiformes sumériennes — sous le vocable a-gar5[12] — il y a près de 5 000 ans, ou encore dans l'Exode, rédigé il y a environ 2 500 ans. C'est souvent aussi un sous-produit de mines d'argent.
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À travers les âges, de nombreux écrits relatent sa présence dans des objets ou à travers les cultures.
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Les Sumériens, Égyptiens, Grecs, Hébreux ou encore Romains savaient l'extraire. Ils l'utilisaient pour colorer et émailler des céramiques, lester des hameçons, sceller des amphores, produire des fards, du khôl ou produire des objets usuels (de 4 000 à 2 000 ans avant notre ère). On trouve aussi des tuyaux de plomb sur les sites antiques romains.
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Au Moyen Âge, les alchimistes croyaient que le plomb était le métal le plus ancien (et le plus froid) et l'associaient à la planète Saturne. C'est pourquoi l'intoxication au plomb est dite saturnisme[13].
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Sa toxicité était connue des médecins et mineurs (esclaves et prisonniers souvent) de l'antiquité. Les Romains l'utilisaient sous forme d'acétate de plomb pour conserver et sucrer leur vin, et s’étaient rendu compte que les gros buveurs, donc de la classe aristocratique, souffraient d’intoxication.
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Plus tard, des symptômes spécifiques ont été décrits, associés à des métiers tels que les mineurs, fondeurs, peintres ou artisans fabricants de vitraux.
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Le décès d’un enfant en Australie à la fin du XIXe siècle, à la suite d'une intoxication au plomb, fut le premier à sensibiliser un gouvernement. C'est à la suite de l'étude de nombreux cas d'intoxication qu'une réglementation, des recommandations et un dépistage se sont progressivement mis en place dans des pays riches (comme en Europe ou aux États-Unis). Le plomb a ainsi été interdit pour la confection des tuyaux de distribution d'eau potable en Suisse dès 1914[14] mais bien plus tardivement dans les autres pays (exemple : les peintures au plomb ont été interdites en 1948 en France mais l'interdiction totale pour les canalisations ne date que de 1995[15]).
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30 |
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Le plomb possède 38 isotopes connus, de nombre de masse variant de 178 à 215, ainsi que 46 isomères nucléaires. Quatre de ces isotopes, 204Pb, 206Pb, 207Pb et 208Pb, sont stables, ou du moins ont été observés stables jusqu'à présent, puisqu'ils sont tous soupçonnés de se désintégrer par désintégration α en isotopes du mercure correspondants, avec des demi-vies extrêmement longues[16] (qui seraient même supérieures à la demi-vie théorique de ses constituants, les nucléons[c], allant au-delà de 10100 années[17]'[d]).
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Le plomb 204 est entièrement un nucléide primordial et non radiogénique. Les isotopes plomb 206, plomb 207, et plomb 208 sont les produits finaux de trois chaînes de désintégration, respectivement la chaine de l'uranium (ou du radium, 4n+2), de l'actinium (4n+3) et du thorium (4n+0). Chacun de ces trois derniers isotopes est aussi, et surtout, un nucléide primordial, produit par les supernovas ainsi que par les collisions d'étoiles à neutrons.
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La quantité relative du plomb radiogénique au plomb total serait inférieure à 1 %.
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Les quatre isotopes stables, 204Pb, 206Pb, 207Pb et 208Pb, sont présents dans la nature dans un ratio 1,4/24,1/22,1/52,4 et 5 radioisotopes sont aussi présents à l'état de traces. La masse atomique standard du plomb est de 207,2(1) u.
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Les isotopes sont parfois utilisés pour le traçage isotopique du plomb et lors d'analyses isotopiques destinées à étudier la cinétique environnementale de certains polluants dans l'environnement (ex : plomb de chasse après avoir été solubilisé dans le sang d'un animal atteint de saturnisme, plomb de retombées industrielles, ou plomb tétraéthyl de l'essence...)[18].
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Le « plomb géochimique » (le plomb d'origine naturelle) est présent sous diverses formes dans tous les compartiments environnementaux (hydrosphère, stratosphère, biosphère, atmosphère, mais surtout dans la croute terrestre et le sol).
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+
Sachant qu'il y a des échanges permanents entre ces différents compartiments, et que cet élément toxique est bioconcentré dans la chaine alimentaire, on comprend donc que l'étude et la connaissance de sa cinétique environnementale est un enjeu majeur.
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Il est présent sous beaucoup de formes inorganiques notamment dans la croûte terrestre et les minerais. On retrouve ainsi des acétates, nitrates, carbonates, sulfates ou encore du chlorure de plomb. Ces composés inorganiques conduisent rarement à une toxicité aigüe[13].
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Minerais : Le plomb natif pur est rare. On l'extrait actuellement de minerais associés au zinc (la blende), à l'argent et (le plus abondamment) au cuivre. La principale source minérale est la galène (PbS) qui en contient 86,6 % en masse.
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D'autres variétés communes sont la cérusite (PbCO3) et l'anglésite (PbSO4). Aujourd'hui, le recyclage permet d'en récupérer une grande part. La plupart des minerais contiennent moins de 10 % de plomb. Les minerais qui contiennent moins de 3 % de plomb ne peuvent pas être exploités économiquement. Le minerai extrait du sol est concentré par gravimétrie et flottation, puis dirigé vers une usine métallurgique (fonderie).
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Les plus grands gisements sont aux États-Unis, en Australie, en CEI et au Canada. En Europe, la Suède et la Pologne concentrent la plupart des gisements.
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Le plomb compte avec le mercure et le cadmium parmi les trois contaminants les plus toxiques et fréquents de notre environnement.
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Les analyses des carottes de glace polaires arctiques et antarctiques[19] ou de glaciers montrent qu'il était quasiment absent de l'atmosphère pré-industrielle, sauf dans l'Antiquité grécoromaine où les fonderies de plomb ont pollué l'environnement[20],[21], parfois à un degré dépassant celui des retombées de plomb de l'essence dans les années 1970[22], signature également retrouvée dans les sédiments des ports de l'antiquité[23].
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La métallurgie antique de l’argent et du plomb a injecté une grande quantité de vapeur de plomb dans l’atmosphère, dont on trouve des traces fossiles dans les tourbières d'Espagne, d'Écosse et des îles Féroé, dans les glaciers du Mont Blanc[24] et dans les couches annuelles de la calotte glaciaire du Groenland, avec dans ce dernier cas un niveau de détail « stupéfiant » selon Dennis Kehoe (historien du droit économique romain à l'Université de Tulane de la Nouvelle-Orléans)[25]. L’étude de ces dépôts a montré que les variations de ce plomb suivent fidèlement les grands événements historiques (dont les guerres menées par Jules César), montrant l’expansion, la vie et l'effondrement de l'économie romaine fondé sur la monnaie d'argent dite « denarius » avec laquelle tout était payé dans l’empire[25]. Chaque pièce d’argent coulée impliquait une pollution de l’air par le plomb, et la précision des mesures de plomb dans la glace qui était environ bisannuelle est maintenant presque mensuelle, bien plus précise que dans les tourbières. L’étude la plus récente (2018) portée par Andrew Wilson (archéologue de l'Université d’Oxford) a pu mesurer le plomb avec 12 mesures par couches annuelles) sur 400 m environ d’épaisseur de glace groenlandaise (formée entre 1100 av. J.C. et 800 ap. J.C.). Le plomb naturel (volcanique) a été évalué et soustrait du total, offrant une chronologie de précision inégalée très détaillée de 1 900 ans de pollution romaine, maximale à l'apogée de l’Empire lors du premier siècle de notre ère (six fois plus que lors du XIe siècle av. J.-C.) et qui a brutalement retrouvé les niveaux pré-romains juste après la grande épidémie de peste antonine (165 de notre ère), et ce pour environ un demi-siècle. Au milieu de l'ère romaine, l'activité des gisements d’Espagne (haut lieu de la fusion du plomb-argent et du mercure romains, lors des derniers siècles) est aussi enregistrée dans la glace[25]. Les modèles de circulation atmosphérique indiquent que cette pollution (jusqu’à un microgramme de plomb par mètre carré) avait comme principale source l’ouest de l'empire romain (Europe occidentale et septentrionale). La quantité de plomb accumulé sur le Groenland dans les années 1990 était 50 fois plus élevée, relativise Joe McConnell, chercheur du Desert Research Institute de Reno, Nevada et co-auteur principal de l’étude[25]. L’étude montre quelques déconnections entre les pics de pollution par le plomb et la production connue de pièces d’argent, évoquant un possible stock spéculatif de l’argent (pour une future transformation en pièces de monnaie), ou d’autres pics de fusion de plomb (pour usage militaire par exemple)[25].
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Depuis l'homme a extrait du plomb des minerais et a introduit dans la biosphère (dans tous les milieux) une quantité croissante de plomb, sous diverses formes.
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Depuis la révolution industrielle, la pollution routière et industrielle, les guerres ainsi que la chasse la pêche et (cf. munitions et agrès à base de plomb) sont à l'origine d'apports de plomb parfois considérables.
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Ainsi et à titre d'exemple, dans les années 1970 le taux de plomb des glaces du pôle nord avait augmenté d'un facteur 20 environ, suite à la croissance de la pollution de l'air par le plomb dans l'hémisphère nord (en grande partie à cause du plomb de l'essence)[26]. En France l'INRA et les universités régionales ont dans les années fin 1990-début 2000 montré qu'environ 45 000 tonnes de plomb se sont ajoutées au fond pédogéochimique naturel des sols forestiers et cultivés du Nord-Pas-de-Calais (non compris celui qui a été lessivé vers les mers)[27],[28],[29]. De nombreuses analyses sous-estiment la présence du plomb dans le sol, car faites à partir d'échantillons de sols ou vases finement tamisés ne prennent pas en compte les munitions ou morceaux de plomb. Le plomb peut en outre agir en synergie avec d'autres éléments traces métalliques toxiques ou non et d'autres polluants (organiques ou acides par exemple). Or, dans cette même région, le plomb, le cuivre, le cadmium, le mercure et le sélénium sont aujourd'hui trouvés dans les couches récentes labourées à des taux de +84 % à +225 % plus élevés que dans les sols sous-jacents a priori pas ou peu pollués[30].
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En Espagne en 2005 les pêcheurs perdaient environ 100 t d'agrès en plomb par an dans l'environnement, et les environ 200 millions de cartouche tirées par environ 1,5 million de chasseurs et pratiquants de tir/ ball-traps en ajoutaient environ 6 000 t/an (en zones humides et sèches), plomb qui est responsable d'intoxications mortelles de plusieurs millions d'oiseaux par an[31],[32]. Au Canada les pêcheurs perdent environ 500 t de plomb lors de leurs activités[33] et Aux États-Unis ce sont environ 3 millions de tonnes de plomb qui ont ainsi été dispersés durant le XXe siècle (60 000 t/an au début du XXe siècle)[34].
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Les oeufs de poule issus de petites fermes[35] et plus encore des poulaillers urbains[36] ou domestiques[37] en contiennent parfois des doses préoccupantes (par exemple de moins de 0.05 µg/g (limite de détection) à 0.97 µg/g aux Etats-Unis pour l'intérieur de 24 oeufs pondus par 10 poules d'un poulailler domestique installé près d'un mur dont la peinture contenait du plomb (jusqu'à 1,8 µg/g retrouvés dans les coquilles)[38].
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62 |
+
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Le plomb n'est ni dégradable ni biodégradable. En tant que contaminant du sol, il est très stable : sa demi-vie géochimique, c'est-à-dire le temps au bout duquel la moitié de ce plomb s'est dispersée dans l'environnement, serait d'environ 7 siècles[39]. Il est plus mobile et écotoxique dans les milieux naturellement acides ou touchés par l'acidification anthropique.
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64 |
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À la fonderie, le minerai est tout d'abord « grillé » pour oxyder le sulfure et obtenir de l'oxyde de plomb ; le soufre est éliminé sous forme de dioxyde gazeux SO2, transformé et valorisé en acide sulfurique. Le minerai grillé est alors introduit, avec du coke, dans un four à la base duquel on souffle de l'air. La réaction de l'oxygène de l'air avec le coke donne du CO, qui réduit l'oxyde de plomb, donnant ainsi le plomb métallique liquide et du CO2.
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66 |
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67 |
+
À la base du four s'écoulent d'une part le plomb liquide, d'autre part une scorie qui est généralement granulée à l'eau avant d'être mise en décharge.
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68 |
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+
Le plomb recueilli à ce stade est appelé « plomb d'œuvre » ; il contient encore des impuretés (cuivre, argent, bismuth, antimoine, arsenic, etc.) qu'il faut éliminer. Ce raffinage du plomb, encore liquide, se fait dans des cuves, par refroidissement et ajout de divers réactifs (soufre, oxygène, zinc pour capturer l'argent, etc.).
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70 |
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Le plomb affiné est appelé « plomb doux ». Il est coulé et solidifié dans des lingotières avant d'être expédié chez le consommateur ou dans des entrepôts de stockage. Avant la coulée finale, des éléments peuvent être ajoutés en proportions bien définies pour le durcir ou élaborer des alliages (calcium, arsenic, antimoine, etc.).
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72 |
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Dans certaines fonderies, on utilise à côté des concentrés miniers, des matières premières issues du cassage des batteries, ou des sous-produits d'autres procédés industriels (sulfate de plomb par exemple).
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Paradoxalement, pour des raisons mal comprises, le plomb qui a longtemps été massivement utilisé dans les peintures antirouille (minium de plomb) est aussi dans certaines circonstances, un « contaminant métallurgique » qui pose des problèmes. Il peut, dans l'industrie nucléaire notamment (où il est très présent parce que comptant parmi les métaux les plus opaques aux rayonnements) contribuer à la dissolution, l’oxydation et la fragilisation d'aciers qui sont exposés à ses alliages[40].
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Il est néanmoins proposé et étudié (seul ou avec le bismuth) comme fluide caloporteur et réfrigérant, en raison de ses propriétés eutectiques dans des réacteurs dits Lead-cooled fast reactor (LCFR).
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78 |
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L’emploi historique du plomb pose des problèmes de toxicité liés à l’absorption de particules de ce métal par les organismes vivants. C’est pourquoi le plomb est dorénavant proscrit pour une certaine gamme de produits : les peintures, les meubles, les crayons et pinceaux pour artiste, les jouets, l’eau et les aliments, les ustensiles de cuisine au contact des aliments, les bavoirs pour bébés et les cosmétiques[41].
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79 |
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Toutefois il est important de savoir que chaque pays possède sa propre réglementation ; ainsi, au Royaume-Uni, les plaques de plomb sont encore utilisées en toiture alors qu’en France, elles sont interdites[réf. nécessaire] (hormis dans le cadre de certains monuments historiques on utilise le zinc qui a la même apparence une fois oxydé et qui est beaucoup plus léger).
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Le plomb sous forme de métal a été employé depuis l’Antiquité en raison de sa grande malléabilité et ductilité : vaisselle, plaques de toiture et de gouttières. Le plomb continue d’être utilisé également dans la plomberie d'art, à mi-chemin entre le cuvelage et la sculpture. Il a été coulé pour sceller du fer forgé dans la pierre (balustrades).
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Le plomb était employé dans tout le monde romain en raison de sa relative résistance à la corrosion (en milieu non acide) dans l'air et le sol[42] et de son bas point de fusion : on le retrouve dans les conduites d’eau potable (voir plomberie) et les descentes d’eau pluviales.
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L'oxyde rouge du plomb, le minium Pb3O4, était utilisé jusque dans les années 1970 comme revêtement anticorrosion.
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Il a beaucoup été utilisé en cuvelage et tuyauterie de l'acide sulfurique, auquel il résiste par formation d’une couche insoluble et protectrice de sulfate de plomb[43] : c’est pourquoi il est encore largement utilisé aujourd'hui dans les accumulateurs électriques (batteries), qui absorbent l’essentiel de la production de plomb et sont la principale raison des envolées de son cours. Cela a pour conséquence la rentabilité du recyclage de ce métal, notamment en Afrique et en Chine où le parc automobile est en pleine expansion.
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En 2004, les batteries au plomb, destinées à l’automobile ou à l’industrie, représentent 72 % de la consommation de plomb (53 % automobile, 19 % industrie). Les pigments et autres composés chimiques représentent 12 % de la consommation. Les autres applications (alliages pour soudures, tuyaux et feuilles, munitions, etc.) 16 %.
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Le plomb (en plaques métalliques, dans du caoutchouc ou dans du verre) sert de protection contre les radiations pour atténuer les rayons X et les rayons gamma grâce à sa densité et à ses propriétés absorbantes : à 100 keV, une épaisseur d'un millimètre de plomb atténue la dose de rayonnement d'un facteur 1 000. D'autres alliages à bas point de fusion comme l'alliage de Newton (50 % Bi, 30 % Sn, 20 % Pb) servent également en radioprotection.
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Dans certaines applications très spécifiques en physique des particules pour lesquelles la radioactivité naturelle du plomb 210 est trop importante[f], les blindages peuvent être issus de lingots de vieux plomb retrouvés dans le toit d'églises anciennes ou dans des épaves vieilles de plusieurs siècles, voire plusieurs millénaires[44],[g].
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Dans le monde de l’électricité, le plomb a longtemps été employé pour la fabrication des fusibles en raison de sa résistivité électrique élevée (dix fois celle du cuivre) et de sa basse température de fusion. Le nom « plomb » est encore actuellement utilisé pour designer les fusibles bien que d'autres matériaux soient employés. Cette utilisation est à l’origine d'expressions comme « faire sauter les plombs. »
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En alliage avec l'étain et l'antimoine, il était utilisé pour la fabrication des caractères d'imprimerie. On l'appelle alors plomb typographique.
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En sidérurgie, depuis la fin des années 1940, les bains au plomb (« patentage ») ont permis de tréfiler les fils d'acier à des diamètres toujours supérieurs (7, puis 8 mm) sans les rompre, en diminuant suffisamment le coefficient de frottement dans la filière. Le tréfilage produit un écrouissage de l'acier et fournit des aciers à haute limite élastique, dont les principales applications sont les câbles de hauban
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et les armatures de précontrainte.
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Plus récemment, le plomb a été introduit dans la composition de certains additifs (antidétonants) pour les carburants automobiles, par exemple le plomb tétraéthyle. Cette application est en voie de disparition. Un des facteurs de toxicité des munitions, en effet, reste le plomb, massivement utilisé depuis longtemps pour la fabrication de munitions de guerre ou de chasse (grenaille). Avec l'arsenic et l'antimoine qui lui sont associés, il contribue à la pollution induite par les munitions. Dans le cas des plombs de chasse, on retrouve encore aujourd'hui, des sites contaminés, notamment autour des anciennes tours à plomb (bâtiment en forme de tour, spécialement conçu, sur le principe de la tour d'impesanteur pour la production industrielle de la grenaille de plomb destinée à remplir les munitions (cartouches) de chasse ou de ball-trap).
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Le cristal de galène, d'abord utilisé comme pigment noir et ingrédient de base pour la préparation du khôl et du blanc de céruse dans l'Antiquité, offrit au début du XXe siècle, un semi-conducteur primitif utilisé dans la diode Schottky des premiers récepteurs radio.
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L'ajout de plomb (ou plus précisément de l'oxyde de plomb) à du verre augmente son éclat : c'est là l'origine du cristal vénitien et du verre flint très utilisé en optique. L'association d'un verre flint et d'un verre crown, dans les multiplicateurs de focale type lentille de Barlow, remédie à l'aberration chromatique.
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En raison de son éclat et du bas point de fusion de ses silicates, le plomb a également été utilisé pour des glaçures de poteries[45], fréquemment sources de saturnisme.
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On utilisait pour le maquillage le blanc de céruse. Le minium fut d'abord utilisé comme pigment rouge.
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Comme pour le maquillage le blanc de céruse et minium (rouge) furent utilisés pour peindre des tableaux, des meubles des murs et d'autres produits: jouets, etc.
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En 1920, le plomb tétraéthyle est utilisé comme additif dans l’essence par General Motors, malgré les risques sanitaires. Le plomb tétraéthyle ajouté à l'essence est commercialisé sous le nom d'Ethyl, ce qui évite d'évoquer le plomb. Aux Etats-Unis, l'utilisation du plomb dans l'essence sera interdit dans les années 1980. En Europe, l'essence couplée au plomb sera interdite en 1999. En France, cette prohibition a été réellement mise en place en 2000[46].
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Elle est souvent plus élevée dans les régions industrielles minières respectivement concernées par l'extraction et le travail de ce métal, mais de très nombreuses sources d'exposition existent souvent ubiquitaires comme les anciennes peintures au plomb, d'anciens émaux au plomb, le plomb de chasse[47] et de pêche... qui expliquent une grande variété de cas d'intoxications.
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On s'inquiète le plus de l'exposition périnatale (1000 premiers jours de la vie à partir de la conception).
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En 2018 en France le « Volet périnatal » du programme national de biosurveillance a publié une nouvelle évaluation de l'imprégnation des femmes enceintes pour le plomb (et pour 12 autres métaux ou métalloïdes ainsi que quelques polluants organiques).
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Le plomb de cordon ombilical de 1 968 femmes venant d'accoucher. Elles faisaient toutes partie de la « Cohorte Elfe », un pannel ne comprenant que des femmes ayant accouché en France en 2011 hors Corse et TOM)[48].
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La moyenne géométrique était de 8,30 μg de plomb par litre de sang de cordon, soit un peu moins que lors des études antérieures, françaises et étrangères, confirmant une amélioration qui a commencé avec l’interdiction de l’essence plombée dans les années 1990)[48]. Dans 1% des cas, les 50 μg/L étaient néanmoins dépassés[48]. Dans ce panel, le risque de plombémie élevée du cordon était corrélé à une consommation plus élevée de tabac, d’alcool, d’eau du robinet, de pain, de légumes, de coquillages et crustacés[48], avec un facteur aggravant pour certains pays de naissance de la mère[48] ; les mères ayant augmenté leur consommation de produits laitiers lors de la grossesse présentaient une plombémie de cordon plus basse[48].
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Beaucoup d'usages historiques du plomb ou de ses composés sont désormais proscrits en raison de la toxicité du plomb pour le système nerveux et la plupart des organes vitaux (saturnisme).
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Il a été récemment (2007) montré que − même à faible dose − le plomb a aussi un effet cytotoxique sur les cellules souches du système nerveux central (de même que de faibles doses de mercure ou de paraquat)[52].
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Un risque existe dès que du plomb ou certains de ses composés peuvent être inhalés (sous forme de vapeur ou de poussière) ou ingérés, et assimilés par l'organisme. Le passage percutané est également possible. Les principales voies de transport sont l’eau, l’air et les aliments.
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Les enfants et femmes enceintes, puis les personnes âgées y sont les plus vulnérables ;
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Seuils, et doses tolérables : Des seuils ont autrefois été fixés, mais qui n'ont plus de sens : le plomb est toxique quelle que soit sa dose, et il n'existe pas de seuils de tolérance au plomb, notamment pour les catégories de personnes décrites ci-dessus. le toxicologue se réfère néanmoins encore parfois à différents types de références (seuils, normes ou doses tolérables ou admissibles), dont : « Dose Journalière Admissible » (DJA) , « Dose Journalière Tolérable » (DJT), « Dose hebdomadaire tolérable » (DHT) ou DHTP (« Dose hebdomadaire tolérable provisoire » ; « Dose Limite Annuelle » (DLA)…
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Pour fixer quelques ordres de grandeur :
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En 2011, sur la base des analyses dose-réponse relatives au plomb dans l'alimentation, le Comité OMS chargé de réviser la DHTP de 25 μg/kg de poids corporel (PC) précédemment établie par lui a constaté que ce seuil était inapproprié puisque manifestement encore associé à « une diminution d'au moins 3 points de QI chez les enfants et à une augmentation de la pression artérielle systolique d'environ 3 mmHg (0,4 kPa) chez les adultes. Ces changements sont importants lorsqu'on les considère comme un changement dans la distribution du QI ou de la pression de la population au sein d'une population. Le Comité a donc conclu que la DHTP ne pouvait plus être considérée comme une protection de la santé et a été retirée »[50]. Le comité invite aussi à mieux évaluer l'exposition à d'autres sources de plomb qu'alimentaire.
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Cancérogénicité : Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) estimait en 2010 qu'il y avait des preuves suffisantes de cancérogénicité des composés de plomb inorganiques (tumeurs rénales et cérébrales chez les animaux de laboratoire), mais que les preuves de cancérogénicité pour les composés organochlorés étaient inadéquates.
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génotoxicité : les études de génotoxiccité et d'inhibition de la réparation de l'acide désoxyribonucléique (ADN) suggèrent un mode d'action non-ADN-réactif pour sa cancérogénicité[50],[51].
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Plusieurs études transversales ont établi qu'une exposition au Plomb est facteur de délétion de la spermatogenèse et de la motilité du sperme. Selon une étude Européenne publiée en 2003 environ 450 μg de plomb par litre de sang serait le seuil sous lequel le plomb aurait probablement pas d'effet détectable en termes de difficulté augmentée à avoir un enfant[56]. Au-dessus de ce seuil, la relation exposition-réponse est linéaire concernant le délai à concevoir un enfant. La forme du spermatozoïde et l’intégrité de la chromatine de son noyau sont altérés par le plomb (mauvaise condensation de la chromatine du spermatozoïde, peut-être car le plomb entre en compétition avec le Zinc, qui est essentiel pour la compaction de l’ADN assurée par Protamines, riches en Cystéine. Le sperme serait alors moins fécondant et son ADN serait dégradé. En outre une péroxydation lipidique peut être induite par le plomb ; elle affecterait le malondialdehyde libéré dans le liquide séminal qui dégraderait à son tour la motilité des spermatozoïdes[57]. Cet aspect n'est pas pris en compte en France par les tableaux de maladies professionnelles, bien qu'une enquête SUMER ait montré que de nombreux travailleurs sont encore exposés au plomb, notamment dans le domaine de la construction (2 % des salariés, soit environ 25 000 personnes dont 85 % des étaient des hommes. 82 % des cas détectés sont des intoxications mineures, mais le plomb est toxique pour le spermatozoïde à faible dose[58].
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Le plomb sous forme pure et fine, sous forme de sels simples ou de composé organique (plomb tétraéthyle, qui est par ailleurs très volatil) est plus ou moins facilement assimilé par tous les organismes vivants (faune, flore, fonge, bactéries).
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Il est hautement écotoxique pour presque toutes les espèces connues, hormis très rares exceptions (quelques bactéries ou de rares plantes métallo-tolérantes comme la variété Armeria maritima hallerii). Les sels de plomb sont peu solubles dans l'eau salée ou dure (la présence d'autres sels réduit la disponibilité du plomb pour les organismes en raison de précipitations de plomb). De manière générale l'acidification d'un milieu (ou d'un tissus vivant comme l'écorce) augmente la solubilité, la mobilité et la biodisponibilité du plomb. Les résultats des tests de toxicité doivent donc être traités en tenant compte du contexte et de ses évolution, sauf quand la dissolution de plomb est directement mesurée. Le plomb est toxique à n'importe quelle dose, dans l'eau à 0,2 mg/l la faune aquatique s'appauvrit et à partir de 0,3 mg/l les premières espèces de poisson commencent à dépérir [59].
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Depuis 2007, les médias ont relaté de plus en plus de rappels massifs de jouets. De grands groupes comme Mattel, dont plusieurs jouets ont été rappelés en 2007[62],[63], ont eu beaucoup de soucis avec des jouets contaminés au plomb. Ainsi en 2007, l’industrie du jouet (22 millions de dollars) a particulièrement été touchée. Sur 81 rappels de jouets la moitié de ceux-ci impliquait six millions de jouets ayant une peinture à base de plomb excédant les limites autorisées. Le problème vient notamment du fait que les grands groupes comme Mattel sous-traitent leur production dans des pays comme la Thaïlande et la Chine[64],[65] où la réglementation et le contrôle des produits finis sont moins courants. S’ajoute à cela un manque de personnel et de budget pour les sociétés de production ainsi qu’un faible nombre de moyens mis en place au niveau des dépistages. Ce sont les enfants des pays en voie de développement qui sont les plus affectés par un taux de plomb élevé.
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C’est en 2006 que la problématique a éclaté au grand jour avec la mort par empoisonnement au plomb d'un enfant âgé de 4 ans aux États-Unis. L'autopsie a révélé la présence d'un pendentif en forme de cœur dans l'abdomen, le pendentif contenait 99,1 % de plomb[66].
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Depuis il existe une prise de conscience de la part des pays riches vis-à-vis de ce problème. Ainsi des associations comme « kids in danger » aux États-Unis sont apparues ainsi qu’une ré-actualisation des lois au Québec et en France notamment. Depuis que la problématique est connue de tous, de nombreuses études et analyses ont eu lieu ainsi, de nouveaux composés nocifs ont été trouvés dans les jouets mais les cas restent plus rares (arsenic et phtalates)[67].
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La plombémie de l'enfant est généralement mesurée à partir d'une simple piqûre au doigt, à l'hôpital. Le résultat fourni est en µg/L.
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Les plombémies détectées chez l'enfant s’étendent de 5 à 1 400 ppm.
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Chez l'adulte, une plombémie est considérée comme « normale » si inférieure à 0,4 ppm, et la plomburie doit être inférieure à 0,08 ppm.
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D'autres techniques de mesure sont possibles, en particulier dans les pays en voie de développement particulièrement touchés par le saturnisme.
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La tendance est d'utiliser des biomarqueurs humains, et d'échantillonner autre chose que le sang qui ne traduit que l'intoxication éventuelle du moment, alors que les cheveux[68], dents de lait[69], ou les ongles[70]) ont accumulé du plomb sur une plus longue période. On peut ainsi retrouver dans les cheveux une concentration en plomb 10 fois plus élevée que celle présente dans l'urine ou le sang. Il est aussi plus aisé d'échantillonner, conserver et transporter des phanères (cheveux, ongles) plutôt que des solutions susceptibles de se dégrader.
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L'analyse implique de passer d’un composé solide à un liquide (par dissolution à chaud dans un acide fort en général), ce qui permet la destruction de toute matière organique. Pour les dents, l'émail est attaquée par un mélange HCL/glycérol. L'analyse se fait généralement par absorption atomique de flamme. L'utilisation d'échantillons certifiés (CRM) est un des éléments de validation des méthodes.
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Un questionnaire vise à rechercher l'origine de l'intoxication.
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À titre d’exemple, au Kenya un enfant vivant dans une maison peinte avait en moyenne une plombémie de 30,2 ± 2,9 µg/g alors qu'un enfant vivant dans une maison non peinte avait en moyenne une plombémie de 19,8 ± 0,9 µg/g.
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Il existe d’autres types de matrices pour lesquelles il est important de connaître le taux de plomb (eau, vin, bières, jus de fruits, fruits et légumes, viandes, poissons, crustacés, champignons, lait, fromages...). Les analyses sont parfois complexes car mettant en jeu de réactions de coprécipitations ou dérivations pour pouvoir travailler avec ce type de matrices.
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De nouvelles techniques d'analyse pourraient se développer, dont peut-être les analyses par Spectrométrie de fluorescence des rayons X.
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Des appareils portables (pistolets de fluorescence à rayons X) permettent de faire un premier diagnostic sur le terrain ; il suffit de pointer le pistolet sur un jouet pour avoir une mesure instantanée du plomb total présent à sa surface ou juste sous sa surface. Ces appareils sont encore couteux (ex : +/- 30 000 dollars pour un analyseur portable[71]).
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Des études sur l'animal se poursuivent (rats, souris...) pour évaluer plus finement l'impact de la présence de plomb (dont dans les jouets), sur la physiologie, le comportement et la psychologie du développement, des enfants en particulier[72].
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Enfin, des procédés visant à traiter les eaux contaminées existent ou sont actuellement en développement comme des membranes à base de matériaux composites qui après toute une série d’équilibres avec le plomb en solution vont pouvoir le capter intégralement en une soixantaine de minutes[73].
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Des hôpitaux distribuent dorénavant des fiches explicatives[74] aux parents dans lesquelles ils incitent les familles à venir faire des visites de contrôle de dépistage du plomb surtout s’ils habitent dans une zone à risque (vieilles maisons, proximité d’usines…). Ils leur expliquent aussi notamment quels sont les sources d’intoxication, les risques que cela implique, et comment combattre cela. Ainsi une nourriture riche en fer (haricots, épinards…) et en calcium (fromage, lait...) est préconisée.
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Au cas où un enfant serait amené à être intoxiqué, son taux de plomb dans le sang peut être abaissé. Pour cela des lavages gastriques ou encore l’ajout d’agent complexant comme l’EDTA peuvent être utilisés. Toutefois ce ne sont que des techniques visant à baisser la teneur en plomb dans l'organisme, mais, en aucun cas, elles ne peuvent éliminer tous les effets négatifs[75].
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Le plomb est considéré comme une ressource non renouvelable. Après la faillite et/ou rachat de quelques producteurs importants, le marché est concentré autour des besoins du bâtiment, des batteries, des munitions ainsi que de la radioprotection.
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En 2013, le groupe Eco-Bat Technologies qui recycle le plomb de batteries et produit divers produits en plomb ou à base de plomb se présente comme leader en France où il opère sous le nom de marque Le Plomb Français, en Europe et dans le monde.
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Le plomb est un métal stratégique dont le prix de vente est très irrégulier, coté en dollars US, en particulier à la Bourse des métaux de Londres[76]. Sur les dix dernières années, les cours ont évolué entre 400 et 3 665 $ par tonne.
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En raison de sa toxicité, les interdictions d’usage du plomb se multiplient dans le monde, ce qui aurait dû faire baisser son prix. Mais paradoxalement, c’est le métal dont le prix a le plus augmenté en 2007, face à la demande chinoise de batteries selon les uns, face à un marché qui s’est refermé et qui est contrôlé par quelques grands groupes selon les autres ; rachats et/ou fermeture d’usines (fermeture de Metaleurop Nord en France par exemple), usines en difficultés pour cause de pollution et problèmes sanitaires (ex : Bourg-Fidèle), fermeture en Australie en 2007 de la mine Magellan (3 % de la production mondiale, plus grande mine du monde), suivie d'une explosion dans une raffinerie (Doe Run) du Missouri qui a encore fait grimper les prix. En 6 mois le prix du plomb a doublé, il a été multiplié par 7 en 4 ans, atteignant un record en octobre 2007 (3 655 dollars/tonne, contre 500 dollars/tonne en 2003). Le 26 juin 2007 son prix dépassait celui de l'aluminium avant de dépasser celui du zinc.
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10 ans plus tard, en mars 2017, il se vendait à 2 037 €/t (2 281 $/t), soit + 26,6 % sur un an[77].
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La demande grimpait de 2 % par an jusqu'en 2004 (à 80 % pour fabriquer des batteries). Le stock mondial mi-2007 est tombé à 30 000 tonnes. « Soit 2 jours de consommation »[78]. La Chambre syndicale du plomb voit une vertu positive à cette demande : elle devrait encourager un meilleur recyclage des batteries « (de 130 euros la tonne, leur prix a bondi à 350 euros en un an) »[79].
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Le plomb métallique est produit dans des usines appelées fonderies (voir ci-dessus chapitre métallurgie), dont les matières premières proviennent soit de mines (concentrés miniers) soit du recyclage (en particulier le recyclage des batteries usagées). Sur les 6,8 millions de tonnes de production, environ 3 millions proviennent de concentrés miniers et 3,8 millions du recyclage.
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Le recyclage est devenu maintenant la première source de plomb[réf. nécessaire].
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En résumé, il est important de se souvenir que la consommation mondiale de plomb ne cesse d’augmenter depuis le Moyen Âge. Depuis deux décennies, elle tend à stagner dans les pays développés car ceux-ci ont pris conscience des dangers liés à sa toxicité. Ils ont cherché des substituts au plomb et ont mis en place un certain nombre de normes liées à son utilisation. Par contre, des pays en voie de développement continuent de l’utiliser pour certains usages ailleurs interdits et leur consommation de plomb ne cesse d’augmenter faute d'utilisation d'alternatives au plomb[13].
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Cette réglementation varie selon les pays et les époques. Dans l'Union européenne le plomb a peu à peu été interdit pour un certain nombre d'usages (en commençant par les peintures et les contenants alimentaires, les tuyaux d'adduction d'eau), et il doit légalement être recherché parmi quelques polluants "prioritaires", notamment dans l'eau potable, l'air et les aliments, où il ne doit pas dépasser certaines doses.
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À titre d'exemple :
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En 2014, la France est nette importatrice de plomb, d'après les douanes françaises. Le prix moyen à la tonne à l'import était de 1 830 €[85].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/4673.html.txt
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La pluie est un phénomène naturel par lequel des gouttes d'eau tombent des nuages vers le sol. Il s'agit d'une des formes les plus communes de précipitations sur Terre. Son rôle est prépondérant dans le cycle de l'eau. Elle prend nombre de formes allant de la pluie légère au déluge, de l'averse à la pluie continue, de fines gouttelettes à de très grosses. Elle est parfois mêlée de neige, de grêlons ou verglaçante. Elle s'évapore parfois avant de toucher terre pour donner la virga. Ses gouttes sont transparentes ou parfois opaques, chargées de poussières. Les vastes « rideaux de pluies », causés par la rencontre ou l'approche d'un front froid et/ou d'un front chaud, sont des cas typiques de pluies bien prévisibles en météorologie et suivie par satellite ainsi qu'en animation cartographique en temps légèrement différé par les radars météorologiques[1].
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La pluie est naturellement acide par l'effet de dissolution de dioxyde de carbone ou gaz carbonique acide : le potentiel hydrogène ou pH de l'eau de pluie recueillie dans les pluviomètres est de l'ordre de 5,7. Elle contient en conséquence de très faibles quantités d'acide carbonique, en particulier des ions bicarbonates et des ions hydronium. Il peut exister une grande quantité d'ions ou de composés différents, de grandes variétés d'origine y compris radioactives ou toxiques par polluants. Notons qu'en présence d'acide nitrique ou d'acide sulfurique, le pH des gouttes peut descendre exceptionnellement à 2,6. Il s'agit de pluies acides ou à potentiel acidifiant.
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Au IIIe siècle av. J.-C., dans son traité Sur le feu, Théophraste pense que c’est le choc des nuages contre les montagnes qui produit la pluie.
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Les nuages chargés d'eau représentent la phase aérienne de la condensation en micro-gouttelettes d'eau (d'une taille de l'ordre du micromètre jusqu'à 30 μm) de la vapeur d'eau de l'air de préférence chaud et humide sur des noyaux de condensation. L'eau qui forme ces nuages provient de l'évaporation de l'humidité qui existe dans la nature et plus particulièrement des grandes étendues d'eau (lacs, mers, etc.). Cette vapeur d'eau se mélange à la masse d'air. Lorsque l'air s'élève à cause des mouvements de l'atmosphère, il se refroidit par détente. La vapeur d'eau contenue dans l'air se condense autour de noyaux de condensation (poussières, pollens et aérosols) lorsqu'une légère sursaturation est atteinte. Ces gouttelettes donnent des nuages[2]. C'est le grossissement de ces gouttelettes qui donnera la pluie.
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On parle de pluie chaude quand les gouttes de pluie se sont entièrement formées dans un nuage au-dessus du point de congélation et de pluie froide quand elles sont le résultat de la fonte de flocons de neige quand l'air passe au-dessus de zéro degré Celsius en altitude. Mais il existe des phénomènes de surfusion hors équilibre thermodynamique, qui expliquent des températures de congélation réelle de gouttelettes avoisinant −20 °C.
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Dans un nuage chaud, les gouttes d'eau grossissent par condensation de la vapeur d'eau qui les entoure et coalescence avec d'autres gouttelettes[3]. La pluie se forme à partir du moment où l'accrétion des gouttelettes avoisine ou dépasse la taille de 50 μm[4]. L'accrétion amorcée par association collante se poursuit inéluctablement. La taille des gouttelettes peut alors facilement atteindre le dixième de millimètre, voire de manière catastrophique 4 à 5 mm dans les grosses pluies d'orage. Il existe aussi toutefois des « pluies sans nuages », telles que le serein des milieux maritimes et tropicaux.
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La pluie est polydisperse : la taille des gouttes varie du dixième de millimètres à quelques millimètres (en moyenne 1 à 2 mm). Aucune goutte ne dépasse 3 mm, au-delà elles se pulvérisent[5]. Néanmoins, certaines gouttes peuvent dépasser cette taille par condensation sur de grandes particules de fumée ou par des collisions entre les gouttes de régions proches d'un nuage à très forte saturation. Le record atteint (10 mm) a été enregistré au-dessus du Brésil et dans les Îles Marshall en 2004[6]. Quand elles sont trop lourdes (environ 0,5 mm de diamètre) pour être soutenues par le courant ascendant, elles tombent, formant ainsi une pluie.
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Dans un nuage froid, les gouttelettes peuvent rencontrer un noyau de congélation et se transformer en cristaux de glace. Ces derniers grossiront par condensation mais surtout par l’effet Bergeron, soit la cannibalisation des gouttes surfondues les entourant[7]. Ils finissent eux aussi par tomber en capturant des flocons plus petits pour augmenter leur diamètre. Lorsqu'ils passent dans de l'air au-dessus du point de congélation, les flocons fondent et continuent leur croissance comme les gouttes des nuages chauds. Des variations de température sur le parcours de la pluie peuvent occasionner d'autres formes de précipitations : pluie verglaçante, grêle ou grésil.
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La fréquence des pluies, apportées par le passage d'air humide maritime, est souvent accrue quasi-exponentiellement par l'obstacle d'un simple relief terrestre, comme de simples collines à des monts plus élevés qui, eux, sont déjà susceptibles d'épuiser toute l'humidité des nuages ou brouillards bas. Ainsi, les mesures pluviométriques spécifiques prouvent qu'à moins de 90 km de Bergen, ville très arrosée à plus de 2 mètres d'eau annuels, de vastes versants pierreux ou sableux, secs et arides, de profondes vallées montagnardes norvégiennes, paradoxalement situées sous les abondantes réserves de glaces des formations glaciaires, ne reçoivent quasiment pas d'eaux de pluie. Les pluies d'orage, aléatoires dans le temps et l'espace, restent souvent très localisées.
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Selon l’humidité relative de l'air rencontré sous le nuage, la goutte de pluie peut s'évaporer et seulement une partie atteint le sol. Quand l'air est très sec, la pluie se vaporise entièrement avant d'atteindre le sol et donne le phénomène nommé virga. Cela se produit souvent dans les déserts chauds et secs mais également partout où la pluie provient de nuages de faible extension verticale.
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Il est possible de créer des pluies artificielles par nucléation des gouttes d'eau à l'aide d’un produit chimique d’ensemencement dispersé à hauteur des nuages par avion ou fusée. Dans les pays industriels ou développés, le régime hebdomadaire des pluies est modifié par la pollution (qui est moindre le week-end) car celle-ci, notamment lorsqu'elle est riche en aérosols soufrés qui contribuent à nucléer les gouttes d'eau. Les modifications climatiques globales perturbent aussi probablement le régime mondial des pluies mais d'une manière qui n'est pas encore clairement comprise en raison de la grande complexité des phénomènes météorologiques.
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Une sécheresse est la conséquence directe d'un manque de pluie à un endroit sur une période. La pluie est indispensable à la fertilité des sols et à la recharge en eau des nappes phréatiques. Un déficit pluviométrique majeur peut engendrer des problèmes d’approvisionnement en eau des sols et des populations pouvant provoquer des restrictions voire des coupures. Le manque de pluie engendre sur l'environnement un assèchement des sols, de la végétation, des incendies et une mortalité des animaux. Les pays situés dans la latitudes des chevaux (Méditerranée, Sahel, désert de Sonora, etc.) sont les plus exposés à la sécheresse chaque année car il s'agit d'une zone d'anticyclones semi-permanents qui inhibent les précipitations.
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La mesure de la pluie, appelée pluviométrie, se fait avec un simple appareil nommé le pluviomètre. Cette mesure correspond à la hauteur d'eau recueillie sur une surface plane. Elle s'exprime en millimètres, et parfois en litres par mètre carré (1 litre/m2 = 1 mm). On sépare l'intensité de la pluie en pluie faible (trace à 2 mm/h), modérée (2 mm/h à 7,6 mm/h) et forte (plus de 7,6 mm/h)[8]. En station météorologique, cette mesure est faite quotidiennement, à chaque heure ou instantanément selon le programme de la station. Lors d'une pluie, ce taux n'est pas nécessairement uniforme et peut varier instantanément[9].
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La mesure par pluviomètre est ponctuelle et ne donne que de l'information à une faible distance de la station. Pour connaître les quantités de pluie qui tombent sur une région ou un bassin hydrologique, la mesure par radar météorologique est utilisée. Le faisceau radar est retourné en partie par les gouttes d'eau et en calibrant ce retour, il est possible d'estimer les quantités de précipitations qui tombent sur la région de couverture de l'appareil. Ces données sont sujettes à différents artefacts qui une fois enlevés peuvent donner une bonne estimation jusqu'à environ 150 km du radar.
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Les pluies se caractérisent aussi par leur durée et leur fréquence tout au long de l'année. Ces données sont notamment utilisées afin de dimensionner les réseaux d'assainissement des villes. Pour comparer la pluviosité de régions géographiques différentes, on utilise un cumul annuel de la quantité de pluie. On l'exprime alors en millimètres par an (par exemple, environ 2 500 mm/an en forêt tropicale humide, moins de 200 mm/an dans une zone désertique et le phénomène de la mousson amène de lourdes précipitations qui peuvent engendrer une moyenne annuelle avoisinant les 10 000 mm, concentrés sur quelques mois[10]).
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Comme les autres hydrométéores (rosée, brume, givre, condensations), l'eau de pluie est initialement réputée pure et légèrement acide mais des mesures et analyses chimiques faites principalement pour les composés azotés dès la fin du XIXe siècle, dont en zone tropicale[11] et le début des années 1900[12],[13],[14],[15],[16],[17], et surtout à partir des années 1950 pour d'autres bons traceurs d'activités humaines tels que le soufre, le chlore ou l'iode[18] montrent qu'en se formant et en tombant, la pluie se charge de différents éléments minéraux et polluants (solubilisés, inclus dans les gouttelettes ou collés à leur surface) qui la rendent moins pure et parfois non potable, voire très polluée (pluies acides).
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En particulier, le début d'une averse est souvent chargé en polluants (lessivage des particules et gaz solubles présents dans l'air traversé par la pluie, s'ajoutant aux molécules déjà éventuellement solubilisées dans les nuages). Très localement certaines conditions peuvent même induire un phénomène dit « pluie de mercure ». Les petites pluies suivant une période non-pluvieuses sont également souvent beaucoup plus concentrées en oligoéléments, nitrates[19], soufre et autres polluants que les fortes pluies (autrement dit par litre d'eau, les contaminants sont bien plus dilués, mais la quantité totale d'apport au sol est aussi un élément important).
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Les pluies issues de masses d'air venant de contextes agricole, urbain, industriel, ou sous le vent d'incendies de forêt, peuvent aussi être significativement contaminées par des bactéries, virus et spores fongiques pathogènes « aérosolisés »[20], plus ou moins selon les conditions météorologiques. Ces biocontaminants, comme divers aérosols minéraux (soufrés notamment) semblent pouvoir jouer le rôle de noyaux de condensation[21] accélérant la formation de gouttes de pluie. Les micro-organismes aérosolisés qui n'ont pas été tués par les UV solaires ou la déshydratation peuvent être déposés à distance. C'est pourquoi les eaux pluviales ne devraient pas être consommées sans avoir fait l'objet de traitement visant à en éliminer les métaux et pesticides, et les pathogènes[22]. Selon une étude faite à Singapour (2009-2010), les tenues élevées en bactéries (au moins l'une des 3 bactéries suivantes : Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et Klebsiella pneumoniae étaient dans ce cas trouvée dans 50% des échantillons) étaient fortement corrélées à un indice PSI (Indice standard de polluants[22]) élevé[23].
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De nombreuses études ont montré que les brumes[24] ou pluies pouvaient contenir des quantités significatives de pesticides[25],[26]. En France, une première étude de l'Institut Pasteur[27],[28],[29] s'est basée sur un recueil automatique et l'analyse de toutes les pluies tombées durant deux ans (fin juin 1999 à novembre 2001) sur cinq sites (littoral, ville dense, urbain moyen, et zone rurale) en Région Nord-Pas-de-Calais. Sur environ 80 molécules recherchées, plus d’une trentaine ont été trouvées, dont Atrazine, isoproturon et diuron surtout, mais pour des raisons de coûts, le glyphosate et le lindane n'ont par exemple pas été recherchés. De mai à mi-juillet, toutes les pluies contenaient de faibles quantités de pesticides, surtout en zone agricole, mais aussi, à moindre dose sur le littoral ou au centre de Lille où le Diuron était très présent, alors que peu utilisé par l’agriculture (il pourrait provenir des peintures et produits de traitement des toitures (anti-mousse, anti-lichens). Environ la moitié des pluies présentaient des traces des 80 pesticides recherchés, et près de 10 % en contenaient des taux supérieurs à un microgramme /litre. Il n'existe pas de normes de référence pour les eaux de pluies. Si l'on se réfère aux normes « eau potable », 70 % des échantillons de pluies étaient sous le seuil des concentrations maximales admissibles. Cependant, ponctuellement et durant une période réduite des échantillons présentant des valeurs jusqu’à seize fois supérieures à cette référence ont été mesurés ; c'est-à-dire que localement et quelques jours par an, les taux de pesticides semblaient assez élevés dans la pluie pour avoir un effet écotoxique direct[30]. Seules les molécules solubles dans l’eau ont été recherchées, mais les pluies pourraient en contenir d'autres, adsorbées sur des poussières ou particules fines.
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La pluie peut aussi contenir des eutrophisants (azote très soluble dans l'eau sous forme de nitrates ; d'origine agricole notamment, mais également industrielle, ou indirectement à partir de l'oxydation par l'Ozone troposphérique des NO2 émis par le diesel automobile et d'autres processus de combustion). Une forte corrélation entre les teneurs en nitrates et SO4 et NO3 a été notée dans les Vosges[31].
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En lessivant l'air, les pluies contribuent à la pureté naturelle de l'atmosphère, mais peuvent contaminer les eaux de surface où s'abreuvent de nombreux animaux[32]. Localement, ou dans certaines circonstances (après une tempête de sable), les poussières collectées par la pluie (ou la neige) peuvent être assez abondantes pour la teinter, ou la transformer en pluie de boue. Les particules riches en oxyde de fer ont pu donner naissance aux légendes de pluies de sang et des pluies de sable venant du Sahara.
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En France métropolitaine, la qualité des pluies évolue[33]. Elle est notamment suivie par le dispositif MERA[34]. Dans les années 1990, le pH des pluies était encore nettement acide, variant de 4,7 à 5,5 selon les stations, avec des valeurs plus acides les cinq dernières années de 1995 à 2000[35]. La déposition d'ions H+, variait de 5 à 25 mg/m²/an, plus élevée dans l'est et le nord de la France et en légère augmentation vers la fin de cette décennie d'observations[35]. Les taux nitrates dissous dans la pluie sont restés stables (moyenne de 0,2 à 0,3 mg de nitrate par litre de pluie, avec cependant des teneurs beaucoup plus élevées dans le nord du pays (dépôt de 10-400 mg d'Azote/m²/an)[35]. Les taux d'ammonium ont diminué (tombant à 0,3 à 0,7 mgN/L, mais avec des valeurs plus élevées dans le nord). Avec les fiouls dé-soufrés et le recul du charbon, les sulfates ont diminué, chutant à 0,6 à 0,4 mg de soufre par litre en moyenne[35].
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Des études antérieures avaient montré en Bretagne que les nuages (et secondairement les pluies) se chargent de pesticides au fur et à mesure de leur déplacement d'ouest en est, avec des taux d'atrazine et d'alachlore (les deux principaux pesticides du maïs à l'époque de l'étude) qui pouvaient « atteindre 10, 20, voire plus de 200 fois les normes tolérées pour l'eau potable »[36]. Les pluies peuvent aussi contenir des métaux et des radionucléides, notamment suivis en Europe via le réseau BRAMM (bioindication par les bryophytes)[37].
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Le réseau RENECOFOR (REseau National de suivi à long terme des ECOsystèmes FORestiers) apporte des données complémentaires pour les pluies en forêts. Quand l'analyse n'est pas faite rapidement et in situ, des protocoles spéciaux doivent être mis en place pour l'échantillonnage, le stockage et le transport[38]. La contamination peut persister longtemps après l'interdiction d'un produit, ainsi « dans la ville d'Hanovre en Allemagne, des concentrations de terbuthylazine et de son métabolite ont atteint 0,4 et 0,5 ug/l soit cinq fois la norme pour l'eau potable alors que le produit était interdit depuis cinq ans. »[36].
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Chaque pluie contribue à nettoyer l’air d’une partie des particules et polluants qu’il contient, mais dans certains environnements (sol agricole dévégétalisé ou labouré, sol poussiéreux, sol urbain pollué, sur sol industriel ou eau d’épuration polluée, etc.), l’explosion des gouttes d’eau sur le sol est à l’origine d’un nouvel aérosol constitué de micro et nanoparticules organiques, minérales, incluant des spores fongiques, des bactéries et des restes de plantes et d'animaux morts[39]. Ce phénomène fut photographié et étudié dès 1955 par A. H. Woodcock qui a clairement montré qu’il pouvait contribuer à la pollution de l’air quand il pleut, par exemple, sur certains déchets industriels ou boues d'épuration[40].
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D’autres auteurs (tel Blanchard en 1989) ont ensuite expliqué comment ces aérosols se formaient également en mer[41]. En 2015, il a été démontré que cette « brume induite » par la pluie peut repolluer ou polluer l’air, mais qu’elle peut aussi générer de nouvelles pluies (en ensemençant les nuages). Une partie des micro-aérosols formés après l’éclatement des bulles d’air créées par la chute de gouttes de pluies dans de l’eau non-pure se déshydrate et se diffuse dans l’atmosphère sous forme de « nanosphères » (de 0,5 µm de diamètre). Ces sphères sont essentiellement composées de carbone, d’oxygène et d’azote. Leur mécanisme de formation a été d’abord étudié en laboratoire, en filmant à fort grossissement et grande vitesse une pluie artificielle[42], puis le phénomène a été étudié par des chercheurs américains en plein air grâce à la microscopie à haute résolution appliquée à l’étude de particules en suspension dans l'air recueillie en 2014 dans les masses d’air circulant au-dessus des grandes plaines agricoles de l'Oklahoma[39]. Un à deux tiers des particules aéro-transportées étaient des nanoparticules issues des sols agricoles. Une partie des pesticides et nitrates trouvés dans l’air et ensuite transportées par les vents ou rabattues au sol par de nouvelles pluies pourraient venir de ce processus[39].
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Quand la pluie commence à produire des flaques d’eau ou un film d'eau sur le sol, cette eau dissout une partie de la matière organique ou des molécules du substrat ou de molécules adsorbées sur ce substrat. Les impacts des nouvelles gouttes de pluie créent des éclaboussures et de petites bulles d'air qui remontent vers le haut et éclatent en arrivant à la surface du film d’eau ou des flaques[39]. L'éclatement de chacune de ces bulles projette dans l’air des nano-gouttelettes qui formeront une très fine brume enrichie en matière organique[39]. Cette brume se déshydrate ensuite en formant les minuscules billes sphériques solides observables au microscope.
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Selon cette étude une pluie légère ou modérée semble plus efficace pour produire cet aérosol que celle constituée de grosses gouttes, car produisant plus de bulles d’air[39]. Les auteurs ont dressé le même constat dans l’air au-dessus d’une surface de terre végétale arrosée par un tuyau d'arrosage. Ils en déduisent qu’« Il est probable que l'irrigation des terres cultivées contribue à libérer dans l’air plus de particules organiques du sol, et potentiellement accroître les précipitations dans les régions irriguées »[39]. L’analyse de données météorologiques provenant du sud de l'Australie avait déjà montré que des pluies sur des terres agricoles, augmentaient la probabilité de nouvelles précipitations après un orage, suggérant que parfois « la pluie peut engendrer plus de pluie »)[39]. La prise en compte de cette interaction devrait améliorer les modélisations météorologiques mais aussi celles qui concernent la pollution de l'air, le cycle biogéochimique de certains éléments et celles qui concernent le changement climatique[39].
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Quand la pluie tombe sur un sol sec et poussiéreux, elle suscite une odeur particulière dont l'origine est longtemps restée mal comprise. Dans les milieux naturels, cette odeur serait celle du petrichor (néologisme forgé par Bear et Thomas, géologues australiens, en 1964 dans un article paru dans la revue Nature (petra signifiant pierre et ichor sang/fluide)). Le mot géosmine est ensuite plutôt utilisé pour décrire l'odeur émanant du sol naturel après une pluie. L'odorat humain y est très sensible (la géosmine est perçue dans l'air dès qu'elle atteint un taux de 5 ppb) et c'est une odeur jugée plutôt agréable. En ville et sur les enrobés goudronnés, la pluie prend une odeur particulière. Une autre composante de l'odeur de la pluie, en cas d'orage, est l'ozone qui est produite par les éclairs[43].
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Plus récemment, des scientifiques du MIT ont filmé les gouttes d'eau s'écrasant au sol avec des caméras à très hautes vitesse et résolution.
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En éclatant au sol, la plupart des gouttes emprisonnent sous elles de minuscules bulles d'air qui participent à un phénomène de nébulisation en remontant dans la goutte d'eau et en éclatant à sa surface, formant un aérosols que notre système olfactif identifie comme l’odeur de la pluie. Plusieurs paramètres jouent sur l'intensité de cette odeur : la taille et la vitesse de la goutte, la porosité et la nature du sol. L'étude a porté sur 28 types de surfaces différentes (12 substrats artificiels et 16 types de sol). La quantité d'aérosol était maximale sur les substrats légèrement poreux (argile ou terre battue par exemple) et avec une pluie est faible à modérée[44].
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En filmant des gouttes d'eau s'écrasant sur des surfaces couvertes d'une encre fluorescente, on observe qu'une partie de ce film coloré passe dans l'aérosol. Ceci laisse penser que divers spores, virus, bactéries peuvent aussi passer du sol à la colonne d'air lors des pluies, une information intéressante pour l'écoépidémiologie[44].
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L'attitude des populations vis-à-vis de la pluie diffère selon les régions du monde, mais aussi selon les milieux d'activités socio-professionnels et surtout les modes et temps d'activités ou de loisirs.
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Dans les régions tempérées, comme l'Europe urbaine de l'époque contemporaine, la pluie a pris plutôt une connotation triste et négative — « Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville », écrivait Paul Verlaine — alors que le soleil est synonyme de joie. Le monde paysan d'Europe occidentale, divisé en cultures spécifiques caractéristiques d'héritages lointains, semble autrefois étranger à ce jugement. Il a gardé tacitement des rituels de valorisation de la canicule ou d'ensoleillements forts, supposés momentanément nécessaires pour la croissance et la maturation des plantes, pour diverses tâches agro-pastorales comme la fenaison, la construction des édifices. La pluie banale, phénomène nullement divinisé mais parfois repoussé en nom collectif à une date limite, pour ne pas devenir gênante ou porter malheur pendant ces heures ou périodes réservées, peut alors reprendre comme bon lui semble.
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En marge de cette vision moderne dominante, potentiellement négative de la pluie si elle est jugée par trop abondante ou intempestive, il ne faut pas oublier qu'elle reste aussi communément associée à des valeurs positives : apaisement, fertilité de la végétation et du monde animal et humain, refroidissement de l'air après une vraie canicule, propreté, nettoyage des poussières et pollutions urbaines, réserve d'énergie pour les flux d'eau. Les valeurs esthétiques des artistes modernes s'affrontent parfois ouvertement au cliché de la pluie maussade.
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L'expression Mariage heureux, mariage pluvieux ressort peut-être d'un lointain environnement paysan qui a inventé la notion chrétienne de mariage. La pluie, même invitée de dernière minute, ne gêne personne car il s'agit d'un temps festif réunissant une petite collectivité, néoformée par l'assemblage rituel de deux familles, à cette occasion. L'expression anodine dévoile aussi surtout un rôle antique et crypté, mais évident de fertilité païenne de la pluie. Cependant, on peut aussi analyser cette expression comme une modification de "mariage plus vieux, mariage heureux", qui sous-entendrait que deux fiancés plus âgés que la moyenne feraient un choix plus mature et vivraient donc un mariage plus stable.[réf. nécessaire]
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Dans les régions sèches, comme certaines parties de l'Afrique, de l'Inde, du Moyen-Orient, la pluie est considérée comme une bénédiction et reçue avec euphorie. Elle a un rôle économique fondamental, là où les cours d'eau sont rares et la distribution de l'eau potable et l'irrigation sont conditionnées par les précipitations.
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De nombreuses cultures ont développé des moyens de se protéger de la pluie (imperméables, parapluies), et élaboré des systèmes de canalisation et d'évacuation (gouttières, égouts). Là où elle est abondante, soit par sa fréquence, soit par sa violence (mousson), les gens préfèrent instinctivement se mettre à l'abri.
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L'eau de pluie bénéficie naturellement à l'agriculture et donc aux populations qui en dépendent. Elle peut être stockée pour faire face à des périodes sèches. Son acidité et la présence de poussières la rendent fréquemment impropre à la consommation, et nécessitent des traitements bien qu'elle soit consommée telle quelle depuis toujours dans bien des endroits du monde y compris en France il y a peu.
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L'urbanisation doit prendre en compte une gestion de la pluie. Les sols rendus étanches dans les villes nécessitent le développement de réseaux d'évacuation et d'assainissement. En changeant la proportion entre l'eau de ruissellement et l'eau absorbée par le sol, le risque d'inondations est augmenté si les infrastructures sont sous-dimensionnées. Ces évacuations directement dans les cours d'eau contribuent grandement aux phénomènes de crues destructeurs.
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La Place de l'Europe, temps de pluie, Gustave Caillebotte.
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Averse blanche à Shōno, estampe de Hiroshige.
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Forte pluie sur un bois de pins (estampe d'Hiroshige).
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Berger sous la pluie (Pissaro).
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Différentes revues scientifiques ont annoncé des conjectures de précipitation liquide sur d’autres astres. Par analogie, elles sont appelées pluies :
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Par extension on appelle aussi pluie toute chute de corps :
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Dans le langage imagé, la pluie peut désigner une précipitation abondante d'objets, voire une abondance elle-même, comme dans le cas d'une pluie d'or. La pluie d'or est aussi l'apparence que Zeus a adoptée pour séduire Danaé.
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Dans de nombreuses régions, la pluie est un phénomène météorologique d'une grande banalité. Ce caractère commun de la pluie se retrouve dans certaines expressions comme être né de la dernière pluie.
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La plume, élément caractéristique de la classe des oiseaux, est une production tégumentaire complexe constituée de β-kératine. Comme les poils, les écailles, les ongles, les griffes ou les sabots, les plumes sont des phanères.
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L'ensemble des plumes, généralement plusieurs milliers, forme le plumage, dont les fonctions sont de protéger le corps de l'oiseau du milieu, notamment contre l'eau et le froid (phénomène de thermorégulation), de permettre le vol, de se camoufler. Mais il a aussi une fonction sociale et reproductive. Les plumes des oiseaux sont des exaptations : elles sont apparues comme des adaptations, jouant probablement un rôle initial de thermorégulation chez les dinosaures.
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L'observation d'une plume ou du plumage peut permettre de déterminer l'espèce, le sexe, l'âge ou la santé d'un oiseau.
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La plume caractéristique, la plume de contour, se compose d'un axe central rigide partagé en un calamus proximal (appelé aussi hampe, il s'agit d'un cylindre creux à sa base, correspondant au tube germinatif fortement kératinisé qui naît dans une invagination épidermique), et un rachis distal (« tuyau » central plein, partie principale de l'axe). Le rachis porte des « barbes », lames insérées obliquement en deux séries de part et d'autre de l'axe dans un seul plan, et enchevêtrées par des « barbules » perpendiculaires, lamelles proximales (Barbula proximalis lisse, en forme de « gouttière ») et distales (Barbula distalis crochu). Les barbules distales sont prolongées de barbicelles (appelées aussi hamuli, ce sont des écailles modifiées en crochets qui s"agrippent aux « gouttières » par de petites épines qui évitent le décrochement). Ce système d'accrochage assure la cohésion des barbes, mécaniquement importante pour le vol[2].
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L'ensemble des barbes situées du même côté du rachis est appelé vexille ou étendard. Le vexille externe (visible quand l'aile est repliée) est souvent plus étroit que l'interne[3].
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La base inférieure du rachis peut comporter une plume secondaire, appelée hyporachis ou hypoptyle, qui vient en quelque sorte doubler la plume initiale et permet de compenser l'absence de plumes de duvet, comme chez les manchots[4].
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On distingue plusieurs types de plumes :
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Les plumes les plus longues des ailes et de la queue sont appelées pennes ou plumes de contour. Il existe deux grands groupes de pennes, les rémiges et les rectrices.
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Les plumes tectrices ou plumes de couverture désignent le duvet (formé de plumes légères dont les barbes ne sont pas enchevêtrées) et les plumules ou semi-plumes, qui sont de très petites plumes sur les tarses. Les plumes de duvet sont très abondantes chez certaines espèces (canards, oies...) ; elles sont parfois arrachées par l'oiseau sur son propre corps afin de garnir le nid. Certaines espèces (outardes, hérons, certains passereaux...) possèdent des touffes de duvet particulier, dont l'extrémité se désagrège en une poudre utilisée pour l'entretien des plumes[3] (ces espèces ont généralement une glande uropygienne plus réduite que la moyenne)[6].
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Les plumes trichoptiles et néoptiles sont des plumes de couvertures qui ont l'air de cheveux. Les plumes de sabre sont les plumes latérales sans œil de la queue des paons. Les termes herls, hackles, quills, définissent des plumes particulières généralement utilisées pour la conception de mouches de pêche.
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Une plume naît d'un bourgeon épidermique que soulève une papille dermique vascularisée. Le bourgeon s'allonge en un cylindre épidermique oblique entourant un axe dermique (appelé pulpe) riche en vaisseaux sanguins et nerfs, qui se transforme progressivement en une masse composée de cellules vivantes non différenciées (appelée germe) qui, en se différenciant, se kératinise. Cet axe s'enfonce progressivement par sa base sous la surface de la peau, entraînant l'épiderme qui s'invagine dans une dépression de la peau appelée follicule plumaire. À partir d'une zone germinative annulaire ou collier, se divisent longitudinalement des lignes de cellules qui donnent naissance aux crêtes barbaires (les futures barbes) et barbulaires (les futures barbules). Un tube kératinisé appelé gaine entoure progressivement le cylindre épidermique. Finalement, après quelques jours, la gaine de cette ébauche plumaire se fend ventralement, permettent le déploiement du vexille. Cette gaine va ensuite disparaître par usure, laissant apparaître le calamus qui, à son extrémité, n'est plus qu'une structure morte appelée rachis. La plume est alors maintenue par des tissus musculaires implantés d'un même côté sur le rachis[7].
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Le pigment de mélanine des plumes est dû aux organites appelés mélanosomes, organites siégeant dans le cytoplasme des mélanocytes situés dans le calamus. Ces cellules transmettent leurs mélanosomes aux cellules médullaires présentes dans la partie centrale des barbes. Les mélanosomes migrent durant toute la croissance de la plume.
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La plume ayant une durée de vie limitée, ce processus recommencera à la prochaine mue.
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Il existe souvent des différences substantielles entre les rémiges et les rectrices d'adultes et de juvéniles de la même espèce. Parce que toutes les plumes des juvéniles poussent en même temps, elles sont moins douces et de moins bonne qualité que les plumes adultes dont le développement s'étale sur un laps de temps plus long[8]. Des problèmes alimentaires (voir le paragraphe Variations alimentaires) peuvent alors causer des stries de croissance sur les plumes qu'il est possible d'étudier avec une technique appelée ptilochronologie[9].
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En général, les juvéniles ont des plumes plus étroites et plus pointues[10],[11], ce qui est particulièrement visible dans le cas de rapace en vol. Les plumes d'un juvénile sont de longueur plus uniforme et les bords plus dentelés[8], surtout dans le cas des rapaces. Les rémiges des adultes peuvent être de longueurs et de résistances différentes mue après mue, d'une année sur l'autre[8]. D'une façon générale chez les jeunes, les rectrices, les primaires externes et secondaires sont plus longues tandis que les primaires internes sont plus courtes. Cependant, chez les espèces de Ciconiiformes à rectrices particulièrement longues comme le Milan à queue fourchue, le Messager sagittaire ou la Bondrée apivore, les rectrices, de même que les rémiges chez les espèces appartenant au genre Buteo, peuvent être plus courtes chez les juvéniles. Certains scientifiques pensent que ces différences peuvent aider les jeunes oiseaux à compenser leur inexpérience et leur musculature plus faible limitant leur capacité au vol battu[12].
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Les facteurs d'usures essentiels sont les frottements dûs à l'abrasion mécanique lors des mouvements dans le nid, contre la végétation, à cause des intempéries, du sable, du sel, du lissage quotidien des plumes, du grattage ou des frottements occasionnés par le vol ; la consommation de la kératine par des animalcules présents dans le plumage ; l'effet de la lumière (les rayons UV accélèrent la dégradation de la kératine et des pigments des plumes) ; les dommages mécaniques lors des combats ou des attaques des prédateurs. Au fil du temps, les plumes se décolorent, se raccourcissent et s'effilochent en raison de la structure des barbules qui s'altèrent et du rachis qui finit par casser[13]. Les ornithologues peuvent ainsi connaître les périodes du cycle de mue d'une espèce par l'étude de l'usure des plumes.
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La lumière agit sur la kératine et le pigment des plumes. Comme les rémiges se recouvrent partiellement, seules les extrémités qui sont exposées au soleil s'usent plus vite. Elles se décolorent d'abord, puis la structure des barbules se détériore et celles-ci se séparent. Les rachis finissent par se casser. Les rectrices s'écartant les unes des autres pour fonctionner, cette fonction entraîne une usure beaucoup plus rapide des plumes.
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L'étude de l'usure des plumes permet de connaître la période du cycle de mue de l'oiseau. Les espèces migratrices ont souvent des plumes plus usées que les sédentaires.
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Les pigments des plumes sont de deux types, les mélanines (noir) et les caroténoïdes (jaune au rouge). La coloration de certaines plumes est due à une couleur structurelle, dépendant de la disposition de minuscules parties des barbes. Ainsi, de nombreux oiseaux ont un plumage vert ou bleu, comme les espèces du genre Pavo[14] ou les Psittacidae, sans pigments de ces couleurs. De nombreuses espèces ont des plumes blanches comme les aigrettes, mouettes, spatules. Le blanc résulte de l’absence de pigmentation mais également de la réflexion totale du spectre lumineux.
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La coloration du plumage des oiseaux est un compromis évolutifTrade-off entre la résistance aux rayonnements solaires (provoquant une photo-oxydation différentielle des pigments) et la capacité à se dissimuler des prédateurs et à être vu par les partenaires sexuels éventuels[15].
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Les pigments obtenus à partir des mélanines (pigment le plus abondant chez les oiseaux[16]) peuvent aller du noir, comme pour le choucas des tours, au brun clair voire au jaune comme pour certaines espèces de Corvidae. Ces pigments mélaniques sont directement synthétisés par l’oiseau. Il n’en est pas de même pour les pigments caroténoïdes qui peuvent, suivant les espèces, être soit synthétisés soit plus généralement obtenus par la nourriture. Les Psittacidae synthétisent la psittacine tandis que les flamants, certains serins, etc., trouvent ces pigments dans leur alimentation[17]. Dans ce dernier cas, les caroténoïdes ne subissent pas ou peu de transformations chimiques avant de se déposer dans les plumes. Mais, chez les flamants, le pigment initial est produit par des algues unicellulaires, transformé en canthaxanthine chez des crevettes (Artemia salina) qui s’en nourrissent et finalement fixé dans les plumes des flamants. La couleur peut alors varier en fonction de l’alimentation et donc de la saison[18].
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La quantit�� de pigments allouée à la coloration dépend de la disponibilité et de l'état de santé de l'oiseau. Les caroténoïdes sont des précurseurs de la vitamine A qui joue un rôle important dans les défenses immunitaires. Il existe, chez les oiseaux ayant une coloration à base de caroténoïdes, un compromis des allocations des caroténoïdes entre la réponse immunitaire et l'intensité de la coloration[19]. L’accumulation des pigments peut varier avec l’âge de l’oiseau[14].
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C’est grâce au phénomène optique de diffusion Rayleigh (décomposition de la lumière par les microstructures des barbes) que des couleurs peuvent apparaître par décomposition de la lumière blanche. Ce phénomène est identique à celui qui permet la coloration des yeux chez l’homme, ou mieux la coloration des bulles de savon et l’arc-en-ciel. Chez les psittacidés, le bleu naît dans des barbes renfermant une couche structurale riche en microgranules de mélanine noire ; si à cela s’ajoute un caroténoïde jaune on a du vert. Les microgranules renvoient les radiations bleues (les plus courtes), les autres sont absorbées par une moelle centrale noire. Chez les paons et les colibris, la couleur structurale est due à l'interférence de la lumière : les barbules renferment des plages de microlamelles qui décomposent la lumière (comme pour un microsillon) et suivant l’écartement des microlamelles on a telle couleur. Dans ce cas, en inclinant la plume pour faire varier l’incidence de la lumière, on voit les couleurs se déplacer[20].
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La combinaison des différents pigments et de ces phénomènes optiques permet une très grande variété de couleurs. Les éleveurs d’oiseaux de compagnie ont pu sélectionner de nombreuses variétés de couleurs dues à des mutations apparues en élevage et en obtenir de nouvelles par des croisements pour produire les teintes désirées.
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Certaines espèces sont connues pour avoir des plumes iridescentes, comme les oiseaux-mouches mais aussi les guêpiers, l'ibis chauve, les paons, quelques canards, les étourneaux, les corbeaux, etc. Les irisations sont produites par les barbules renfermant des réseaux de microlamelles. Une barbule à microlamelles reposant sur une barbule riche en mélanine noire, cette dernière absorbe les radiations parasites. Les microlamelles ont l’avantage sur les microgranules de mélanine de pouvoir produire toutes les couleurs du spectre solaire, alors que les microgranules ne peuvent produire que du bleu.
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Le terme plumage fait référence à la fois aux coloris des plumes et à leur disposition. Les motifs et les couleurs du plumage varient entre les espèces et sous-espèces, et peuvent également varier entre les différentes classes d'âge, de sexe et les saisons. C'est une des manières les plus usuelles de reconnaître les espèces.
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Tous les oiseaux ne disposent pas de la même quantité de plumage. Le plumage représente jusqu’à 50 % du poids chez les Fregatidae, 30 % chez les passereaux[21]. Le nombre de plumes peut également beaucoup varier selon les saisons : il passe, chez le bruant à gorge blanche, d’environ 2 600 en février à environ 1 500 en octobre[21]. Le cygne siffleur, dispose lui, lors de sa saison la plus couverte, de près de 25 000 plumes tandis que les oiseaux-mouches ne disposent que d’environ 1 000 plumes lors de la saison la moins couverte.
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L'implantation des plumes ne se fait pas au hasard mais sur des zones de la peau appelées ptérylies. Les zones où les plumes ne poussent pas sont appelées aptéries. Seuls les Spheniscidae et les ratites ne répondent pas à ce schéma. Le plumage paraît uniforme du fait de la différence de taille des plumes. Ceci est particulièrement visible chez les juvéniles. Les petits Trochilidae éclosent avec une rangée de plumes dorsales, qui leur permettent de détecter par vibration l'arrivée de leurs parents.
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On distingue plusieurs régions d'implantation des plumes dont plusieurs noms sont en rapport avec le vêtement :
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Chaque plume, en fonction de sa position et donc de son utilité, a une forme différente. Les ornithologues ont créé une convention pour attribuer un identificateur à chacune d'elles. Ainsi les rémiges primaires sont identifiées par un P suivi de son numéro d'ordre. Les rémiges secondaires sont identifiées par un S, les tertiaires par un T et les rectrices par un R, Al pour les alulas. Pour la majorité des auteurs, le dénombrement commence de l'avant vers l'arrière, les rectrices sont numérotées de part et d'autre du centre vers l'extérieur[22]. Chaque espèce dispose d'une formule alaire différente. Elle peut permettre l'identification d'oiseaux. Les spécialistes peuvent même déduire l'espèce d'un oiseau à partir d'une seule plume.
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La connaissance des différentes plumes de l'aile est indispensable pour la compréhension des caractéristiques de la mue.
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Certaines espèces comme les anatidés du genre Anas ou des perroquets du genre Amazona possèdent sur le dos des ailes une barre iridescente appelée miroir, d'autres espèces disposent d'homochromie mimétique comme des ocelles. Ces caractéristiques peuvent être primordiales pour l'identification d'un oiseau.
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On observe des variations de plumages entre les individus d'une même espèce. Ces variations sont dues à plusieurs facteurs, la production d'hormones, des facteurs d'ordre génétique et, le moins connu et le plus discuté, le facteur nutritionnel. Les oiseaux changent de plumage au cours de mues, les couleurs peuvent changer en fonction des saisons pour certaines espèces. Ces différentes variantes de plumage sont appelées « formes » et ces espèces sont dites polymorphiques.
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Les plumages peuvent beaucoup varier en fonction des sexes, des saisons ou de l'âge des individus.
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Les poussins, qui peuvent à l'éclosion être entièrement nus (ex : pic vert), partiellement couverts de duvet (ex : rougequeue à front blanc) ou entièrement couverts de duvet (ex : poussins nidifuges) vont progressivement acquérir un premier plumage d'immature. Les juvéniles auront dans la plupart des cas un plumage différent des adultes ou semblable à celui des femelles. Ce plumage immature laissera la place au plumage d'adulte lorsque l'oiseau aura atteint la maturité sexuelle[3].
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Les mâles sont, en général, plus colorés, au moins de la période des parades nuptiales à la fin de la période de reproduction, la mue automnale (pour les espèces nordiques) leur permettant d'acquérir une livrée plus discrète.
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On parle de plumage éclipse, lorsque les mâles d'une espèce possèdent un plumage de parade nuptial différent de celui de la saison d'hivernage, comme c'est le cas pour les mâles de Sarcelle d'hiver et de nombreux canards en général.
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Les femelles de certaines espèces sont connues pour choisir leur mâle en fonction, entre autres, de la couleur de leur plumage, les mâles aux couleurs les plus chatoyantes étant supposés être en meilleure santé. Les femelles et les juvéniles, aux couleurs plus ternes, sont en général mieux camouflés, quoique certains mâles incubent également. Les espèces dites polymorphiques, sédentaires ou non, peuvent connaître des mues saisonnières, leur plumage changeant selon les saisons. Le Chardonneret jaune est un exemple de toutes ces variations de plumage.
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Ces variations sont d'origine endocrinienne.
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Certaines espèces disposent d’une importante variation de plumages en fonction des individus comme chez les Cuculidae ou les Strigiformes. Elles sont principalement dues à des raisons génétiques et peuvent s’étendre à l’ensemble du plumage ou à quelques zones. Une des plus célèbres de ces anomalies est l’albinisme comme chez le merle blanc, un oiseau quasi-mythique. L’albinisme, relativement rare, est liée à l’absence de l’enzyme tyrosinase. Une autre anomalie ne causant que des taches blanches est appelée leucisme et semble héréditaire et parfois liée au sexe[23]. Une pigmentation rouge ou jaune anormale étant respectivement l’érythrisme et la xanthochromie. On a observé à la fin des années 1990 pour les hirondelles de cheminée exposées aux radiations de la catastrophe de Tchernobyl que 13 % d’entre elles présentent des taches de dépigmentation liées à des mutations[24].
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Les éleveurs d’oiseaux de compagnie, de Psittacidae et de serins notamment, cherchent à reproduire ces anomalies génétiques, des mutations naturelles, par croisements sélectifs afin de rendre les oisillons produits plus rares et plus chers.
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Un autre type de variation génétique du plumage concerne la longueur des plumes. Par exemple, le coq domestique de la variété Onagadori présente trois mutations : une empêchant la mue des rectrices et deux favorisant leur croissance. Il s’ensuit une croissance démesurée et continue des plumes de la queue, dont la longueur atteint souvent 5 ou 6 m, voire la dimension exceptionnelle de 11,3 m[25].
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On observe dans de nombreuses études que dans le cas de carence alimentaire il apparaît d'une part des marques blanches sous les rémiges et surtout sous les rectrices et d'autre part un manque de barbes, mais ces études ne permettent cependant pas de conclure avec certitude[26]. On a observé que la présence de lysine dans l'alimentation favorise la croissance des plumes et l'absence des taches[27], la lysine influençant la production de tyrosinase, mais ce n'est peut-être pas la seule cause. Ces altérations se traduisent par des barres de croissance qui fragilisent les plumes, qui se cassent à cet endroit à la fin de la saison. La ptilochronologie propose d'étudier la santé alimentaire des oiseaux en observant ces phénomènes.
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Certains auteurs pensent que d'une part la sous-alimentation entraîne assez rapidement des dépigmentations au niveau des jeunes plumes et que d'autre part on observe une proportionnalité entre la durée de la famine et la taille des marques. Ces marques, dans ce cas, seraient liées à la diminution du flux sanguin causant un moindre afflux des produits chimiques précurseurs des couleurs dans le calamus. Ceci expliquerait la différence de positions et de formes de ces marques entre les juvéniles et les adultes, pour qui la pousse est plus étalée.
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Le toilettage est l'activité de confort la plus gourmande en temps de l'oiseau. C'est aussi une activité sociale, certains oiseaux se toilettant en couple. Par exemple, ils lissent leurs plumes avec les sécrétions cireuses de leur glande uropygienne. L'utilité de cette pratique est discutée mais il semble que cette cire agit sur la flexibilité des plumes et comme un agent antimicrobien en inhibant la croissance de bactéries dégradant les plumes[28]. Les oiseaux n'utilisent pas que de l'eau pour se nettoyer, plus de 250 espèces complètent ces sécrétions avec de l'acide formique tiré de fourmis[29]. Certains passereaux prennent des « bains » de fumée sur les cheminées des maisons. Certains oiseaux aiment également se baigner.
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La mue est un processus coûteux en énergie et en ressources pour l'oiseau. Le mécanisme, la manière dont elle se déroule et sa durée varient d'une espèce à l'autre. On peut ainsi observer d'une à quatre mues par an. Celle-ci dépend des saisons et permet aux oiseaux de disposer d'un meilleur camouflage ou d'arborer un plumage nuptial. Lorsque les mâles d'une espèce possèdent un plumage de parade nuptial différent de celui de la saison d'hivernage, en général cryptique, comme c'est le cas pour les mâles de Sarcelle d'hiver, ce dernier est appelé plumage d'éclipse. La mue dépend aussi de l'âge de l'oiseau et de l'état général de celui-ci. Certains oiseaux s'enlèvent eux-mêmes les plumes ou se grattent durant cette période. Toute perte de plume n'est pas nécessairement liée à une mue.
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On distingue la première mue des juvéniles, qui leur fait perdre leur duvet, et les mues saisonnières des adultes. En fonction des périodes de la vie des oiseaux on parle de plumage prénuptial, de plumage de reproduction , etc..
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La mue peut être progressive et laisser à l'oiseau la capacité de voler, ou être très rapide, laissant momentanément l'oiseau dans l'incapacité de voler (comme chez les Anatidés, les grèbes, les plongeons...) ou de plonger en eau froide (manchots)[3].
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La perte de plume peut être due à des maladies ou des problèmes d'alimentation. On appelle picage chronique, le fait d'arracher les plumes, en dehors du phénomène de la mue. Certaines alopécies sont dues à des levures ou des champignons mais aussi à des facteurs génétiques (dans ce cas un traitement hormonal peut régler le problème)[30]. Les oiseaux peuvent aussi souffrir de kystes folliculaires qui sont des plumes qui poussent sous la peau causant ainsi des amas de peau.
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Les plumes accueillent de nombreux ectoparasites qui se nourrissent du sang ou des plumes de leur hôte. Les activités de toilettage permettent notamment de limiter les effets de ces parasites.
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On connaît de multiples fonctions du plumage chez les oiseaux modernes. La fonction d'isolation thermique est la plus évidente mais il joue aussi un rôle primordial dans la communication visuelle tout au long des cycles de vie de l'oiseau. La couche de plumes tectrices protège aussi les oiseaux des chocs mécaniques, de l'humidité et des radiations solaires. En outre, le plumage peut jouer un rôle mimétique vis-à-vis des prédateurs, comme signal de dissuasion (cas du Coucou shikra qui ressemble à l'épervier shikra) ou comme camouflage (cas du plumage dit « cryptique » du Petit-duc africain). Les primaires des oiseaux-mouches produisent des bourdonnements particuliers qui leur servent à communiquer. C'est le cas aussi par exemple du Manakin à ailes blanches (en) dont les sons, produits par ses secondes rémiges extrêmement modifiées, lui servent lors de la parade amoureuse.
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Chez les Strigiformes, le bord des rémiges est pourvu de dentures appelées « sourdines », permettant l'assourdissement du bruit des ailes et un vol très silencieux.
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On sait que les femelles de certaines espèces évaluent la teinte du plumage des mâles qu'elles choisissent. C'est le cas par exemple de la mésange bleue ou de la Gorgebleue à miroir. Le mâle de Gorgebleue ne disposant que de peu de plumes réfléchissant l'ultra violet mettra plus de temps à former un couple et aura moins de copulations hors couple. D'après la théorie de Ronald Aylmer Fisher[31], les femelles cherchent les mâles les plus beaux, avec qui elles auront le plus de descendants. Pour les espèces du genre Pavo, plus les plumes de queue sont longues, plus le mâle a du succès. Cependant, les femelles de certaines espèces préfèrent les mâles ayant un handicap. Amotz Zahavi explique, avec sa théorie du handicap, qu'elles choisissent le mâle avec le plus lourd handicap car il a sûrement de bons gènes pour survivre malgré cela.
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Le rôle thermique intervient aussi bien pour protéger les oiseaux de la chaleur que du froid. L'oiseau renouvelle son plumage en fonction des saisons par la mue, ce qui lui assure une meilleure protection. Mais il peut aussi changer le degré d'isolation en les ébouriffant comme les mammifères hérissent leurs poils. De cette manière les plumes emprisonnent plus d'air ce qui augmente le pouvoir isolant.
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En l'absence de glandes sudoripares, la sudation n'existe pas chez les oiseaux. La thermorégulation est essentiellement assurée par la respiration qui élimine l'eau par évaporation[32].
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Le duvet des Ardeidae et de certaines espèces de rapaces pousse continuellement, sans muer. Les extrémités de ces plumes se désagrègent en poudre que ces oiseaux répandent lors de leur toilette pour imperméabiliser leurs plumes. Les oiseaux marins s’en servent pour enlever le mucus des poissons. Par ailleurs, ces oiseaux sont vulnérables aux plaques d’hydrocarbures causées par les marées noires, qui détruisent l’imperméabilité du plumage et entraînent leur mort par noyade ou par hypothermie[33].
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Les plumes longues des dinosaures ont pu jouer un rôle de caractère sexuel, qu'il est difficile de démontrer. Chez certains de ces dinosaures bipèdes actifs, coureurs, des études biomécaniques suggèrent que les longues rémiges présentes sur les bras et la queue ont pu contribuer à améliorer la stabilité de la course ou l'équilibre lors de brusques changements de direction. En effet, leurs longues plumes asymétriques, comme celles des oiseaux, « n'améliorent ni le vol, ni même la portance ; elles réduisent la traînée, ce qui est utile pour tout animal se déplaçant à une vitesse élevée »[34].
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Tous les oiseaux possèdent des plumes, y compris les oiseaux qui ne volent pas. Elles illustrent les autres utilités des plumes pour les oiseaux.
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Les perroquets-hiboux possèdent des rémiges plus courtes, plus symétriques avec un bout plus arrondi que chez les autres Psittaciformes. Les barbules ont moins de crochets, ce qui rend les plumes plus souples.
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D’autres espèces comme les grèbes microptères ont un nombre de rémiges réduit[35].
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Les Sphenisciformes adultes (les manchots) ne possèdent pas de plumes différenciées ; en outre, ce sont les seuls oiseaux pour qui elles poussent uniformément sur le corps. Leurs plumes sont petites, rigides et faiblement incurvées et couvrent l’ensemble de leur corps à l’exception de leurs pattes.
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Trois des quatre espèces de Brassemers ne peuvent pas voler ; leurs plumes ne sont pas très différentes de celles des oiseaux volants.
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Les rémiges des oiseaux coureurs sont fines et non rigides, les barbules n’ont pas de crochets et leur absence est l'une des causes de l’inaptitude au vol.
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Chez les émeus, les rémiges sont plus courtes.
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Les rémiges des casoars sont peu nombreuses et ne disposent que de cinq ou six barbes.
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Seules les autruches conservent leurs rectrices chez les oiseaux coureurs. Ces plumes leur servent à équilibrer leur trajectoire pendant les phases de course.
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Les kiwis ont des plumes qui ressemblent à des poils.
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Les plumes constituent la partie la plus importante du corps des oiseaux, les ailes, qui leur permettent de voler.
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Selon le type de vol spécifique à chaque catégorie d’oiseaux, les plumes des ailes et de la queue auront une forme et un fonctionnement différents.
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Le fait de couper les plumes, voire les phalanges, des ailes de certains oiseaux domestiques pour les empêcher de voler s’appelle l’éjointage.
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On a longtemps pensé que seuls les oiseaux modernes avaient des plumes. La découverte de plumes asymétriques (donc modernes) sur Archaeopteryx, dans les années 1860 a lancé un débat sur l'origine des plumes chez les oiseaux modernes ; ce cas est longtemps resté unique. Puis de nombreux fossiles de théropodes, dont Sinosauropteryx de la province du Liaoning en Chine ont prouvé que les spécimens de cette lignée, dont font vraisemblablement partie les oiseaux, possédaient des plumes ou des protoplumes (voir dinosaure à plumes). À l’exception des fossiles de dinosaures aviens, proches des oiseaux modernes, la morphologie des squelettes de dinosaures non-aviens à plumes n’est en général pas compatible avec un vol battu. En 2016, pour la première fois deux fragments d'ailes avec plumes (ayant conservé une coloration), peau et os ont été trouvés dans un morceau d'ambre (provenant du nord-est du Myanmar et datant d'environ 99 millions d'années, soit milieu du Crétacé) suggérant que des plumes aux structures et arrangements assez similaires à ceux des oiseaux d'aujourd'hui existaient déjà. Ces plumes appartenaient probablement à un poussin d'enantiornithes, (sorte d'oiseau primitif à dents et griffes alaires, qui a disparu avec les dinosaures, il y a environ 66 millions d'années). Il semble cependant que ces plumes, déjà semblables à celles des adultes, ne soient pas issues d'une mue et qu'il n'existait pas encore l'étape du duvet juvénile[36].
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Certaines espèces ne possédaient que quelques touffes de plumes symétriques dispersées sur leurs « mains » et leur longue queue osseuse. Pour certaines, le corps était également couvert de duvet, d’autres enfin avaient un plumage bien plus développé sur les pattes arrière, ce qui leur permettait peut-être de planer avec leurs quatre membres étendus. Ces spécimens témoignent d’une apparition de la plume indépendamment de l’origine du vol, même si elle a ensuite été réutilisée à cette fonction : il s’agit d’une exaptation. La plume a donc pu d’abord remplir d’autres rôles (isolation thermique, communication notamment sexuelle, reproduction). Leur apparition, bien avant le vol, semble confirmer ce qui était prédit par la théorie de l’évolution : l’organe crée les fonctions.
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Au fil des découvertes, l’époque de l’apparition de la première plume recule. Le spécimen d’Epidexipteryx décrit en 2008, découvert en Mongolie, possédait déjà des plumes primitives. Il a été daté de 168 à 152 Ma ; pour lui aussi, toute capacité de vol est exclue[38]. En 2008 puis 2009, c’est au tour d’un petit troodontidé, Anchiornis huxleyi d’être décrit comme étant lui aussi un dinosaure non avien à plumes, antérieur à Archaeopteryx. De longues plumes lui couvrent les membres antérieurs, la queue mais aussi les membres postérieurs. Il est daté du Jurassique, entre 151 et 161 Ma.
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En 2008, la découverte de « poils » sur Tianyulong confuciusi, un dinosaure Heterodontosauridae, donc assez éloigné de la lignée des théropodes et qui vivait entre 99 et 144 Ma, fait reculer l’origine des plumes à l’origine même des dinosaures. En effet, le groupe des dinosaures s’est séparé il y a 240 Ma environ en deux grands groupes, les Ornithischia auxquels se rattache ce spécimen et les Saurischia dont seront issus les théropodes. De ce fait, si ces protoplumes sont considérées comme homologues, cela veut dire qu’il est possible qu’elles existent depuis au moins cette époque[39]. Ce fait avait déjà été suspecté grâce à un fossile de Psittacosaurus en 2002.
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On connaît également de nombreux fossiles de Ptérosaures recouverts d’un duvet de Pycnofibres (en), par exemple le Sordes pilosus, ce qui pose la question d’une origine commune de ces phanères chez les premiers Archosaures[40].
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En quelques décennies, les paléontologues ont accumulé en Chine plusieurs dizaines d'exemples (31 exemples au moins, d'après les publications faites avant fin 2018) de paires de plumes conservées dans des morceaux d'ambre du Crétacé du Myanmar. L'observation en 3D de ces plumes montre que l'interprétation des fossiles plats antérieurement trouvés dans la pierre était incorrecte. Selon l'équipe de Lida Xing (Université des géosciences de Chine à Beijing), ces plumes sont en réalité très différentes des plumes modernes[41]. Leur rachis (tube central) n'est pas creux comme celui des oiseaux modernes, mais il a une forme de demi cylindre aplati. Par rapport aux plumes de vol des oiseaux contemporains il a peu de barbes de chaque côté de la hampe. Enfin le rachis est très fin et probablement très fragile, voire d'un diamètre microscopique (jusqu'à 3 microns, soit moins de la moitié du diamètre d'un globule rouge à titre de comparaison)[41]. Ces plumes semblent avoir formé des banderoles plutôt droites et rigides (formant une sorte de ruban). McKellar suggère une fonction défensive (leurre) pour prédateurs [41]
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D'anciennes hypothèses suggéraient que les écailles des reptiles auraient évolué pour donner les plumes. Or les avancées de la paléontologie et de l'étude des plumes montrent que celles-ci se forment à partir d'un tube et s'aplanissent après être sorties du tube. En revanche, les deux faces planes d'une écaille se développent à partir du sommet et de la base de l'excroissance épidermique initiale[40]. Le germe des plumes est tubulaire, y compris dans le développement des barbes, avant de se répandre ensuite latéralement et cela quelle que soit l'étape de développement de l'oiseau. Les données embryologiques montrent que les plumes, chez les Dinosauriens donc chez les oiseaux, sont issues de plusieurs innovations évolutives spécifiques.
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L'étude de ces plumes permet même de retracer l’arbre phylogénétique[40].
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De nombreux ectoparasites vivent dans les plumes, notamment les Mallophaga, Phthiraptera et acariens appelés poux des plumes. Au fil du temps, les lignées de parasites coévoluent avec l'espèce hôte, aussi peuvent-ils être utilisés comme marqueurs phylogénétiques. Les Mallophaga surnommés « poux broyeurs » comme Brueelia consomment les rectrices ou les pennes provoquant des trous dans les plumes. Ces espèces ont été décrites abondamment dans le cadre d'études épistémologiques qui mettent au jour le rapport entre écologie et pullulation des parasites[42].
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La production de plumes est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Des plumes de volailles terrestres on tire essentiellement de la farine animale tandis qu'on exploite les duvets et plumules des oiseaux aquatiques. La production de plumes ornementales est aujourd'hui marginale.
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Les civilisations amérindiennes tant au sud[43] (quetzal, oiseaux-mouches…) qu’au nord (aigle[44]…) ont utilisé les plumes comme élément décoratif ou comme signe distinctif du rang social ; toutefois l’usage symbolique chez ces peuples ne peut être séparé de l’usage ornemental. Les coiffes en sont l’usage le plus connu, mais aussi les tambourins, habits, colliers, etc. Dans ce cas, les plumes étaient fixées par ligature sur un support souple ou incluses dans un support rigide (vannerie, osier, etc.). Il existe toutefois un autre usage décoratif par collage. Si cette dernière technique était répandue dans une grande partie du monde précolombien (Pérou, Amazonie, etc.), ce sont les Aztèques qui excellèrent dans sa pratique. Elle atteignit une période d’apogée au XVIe siècle, juste avant puis juste après la conquête espagnole avec la création de véritables tableaux religieux en mosaïque de plumes. Une quinzaine de ces tableaux du XVIe siècle sont conservés dans le monde, dont deux en France : le Triptyque de la Crucifixion au Musée national de la Renaissance (Écouen) et la Messe de Saint-Grégoire, le plus ancien conservé (1539), au Musée des Jacobins d’Auch (Gers).
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La plume d'autruche était chez les anciens Égyptiens et les anciens Libyens un symbole guerrier, en raison peut-être du caractère combatif et vigilant de cet oiseau; aussi les soldats et les chasseurs avaient-ils coutume d'en porter une ou plusieurs plumes sur la tête [45].
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L'usage de se décorer la tête avec des plumes d'autruche existait aussi dans l’Antiquité européenne : les Grecs ou les Romains en décoraient leurs casques).
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Au cours des siècles, la mode s'empare de cet ornement. Les grandes plumes colorées de certains oiseaux (autruche, casoar…) servent d’éléments de décoration dans le vêtement et le costume de scène ainsi que pour les chapeaux et la coiffure. Sous Henri VIII, les plumes étaient petites et mettaient en valeur les autres accessoires ; sous Charles II et Henri IV, elles ornaient les couvre-chefs en panache. Les boas seraient apparus dès le XVIIe siècle mais ne sont réellement décrits qu’à partir du siècle suivant.
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Vers la fin du XIXe siècle, cette tendance était si grande que l’activité, connue sous le nom de « plumasserie », avait acquis un statut industriel. En Amérique, cinq millions d’oiseaux étaient tués annuellement pour cet usage. Les plumes des oiseaux de mer étaient particulièrement prisées en raison de leur résistance ; de ce fait, l’industrie de la plume a été considérée comme l’un des facteurs responsables du déclin des populations d’oiseaux marins dans bon nombre de régions de l’Atlantique Nord à cette époque[46]. De tels chiffres mobilisèrent l’opinion publique et des mouvements anti-plume furent créés afin que seules les plumes d’oiseaux domestiques soient utilisées.
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Les éventails des Égyptiens antiques, dont les plus anciens remontent au IIIe millénaire av. J.‑C., étaient en plume. Les premiers éventails chinois étaient également en plume avant d'être fabriqués en papier, bambou et soie. Ils ont été datés du Ier millénaire av. J.‑C. environ. D'ailleurs le caractère chinois pour le mot « éventail » (扇 ou 煽) est graphiquement dérivé de celui du mot « plume » (羽)[47]. Indépendamment de toute influence extérieure, les Aztèques et les Mayas utilisaient aussi des éventails en plumes.
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Plusieurs centaines de millions de pêcheurs dans le monde utilisent les plumes pour la fabrication de leurres pour la pêche sportive, notamment en mouche de pêche. La première trace écrite que l'on ait de cette utilisation se trouve dans une description de Claude Élien au IIe siècle. Les plumes proviennent la plupart du temps d'élevages spécialisés dans la production de plumes. Elles sont soit prélevées sur l'oiseau vivant, soit proviennent de cous ou de selles, nécessitant l'abattage du volatile. Au cours des derniers siècles, pratiquement toutes les espèces ont été concernées. Notons notamment la perdrix rouge, le faisan, le coq de jungle, le paon et le coq de pêche.
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Afin d’obtenir des plumes pour fabriquer entre autres les coiffes, certaines communautés ont mis en place des techniques diverses. Les colorations à base de teintures ou de décolorants pour obtenir les couleurs voulues ont été utilisées en Amérique du Sud notamment. Charles Darwin rapporte que les Amérindiens réussissaient à obtenir des couleurs plus conformes à leurs souhaits en changeant le régime alimentaire des oiseaux, ce que savaient faire également les Malais. Les Amérindiens pratiquent également le tapirage, c’est-à-dire qu’en appliquant des produits chimiques sur des oiseaux captifs, ils parviennent à obtenir des nuances de couleurs non naturelles. L’oiseau est soit d’abord plumé puis son épiderme est massé avec des décoctions de plantes, soit du venin est déposé dans le calamus des plumes. Les couleurs structurales des plumes disparaissent et les plumes qui repoussent sont alors jaunes ou roses. Les Enawenê-Nawê, avec du venin de batracien, transforment des plumes normalement vertes en plumes jaunes avec des nuances de vermillon[48].
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Aujourd’hui les nord-amérindiens colorent des plumes de dindons à l’encre pour fabriquer et vendre des coiffes aux touristes, la détention de vraies plumes d’aigle étant interdite aux non indiens[44]. La teinture de plumes ou la fabrication de plumes artificielles est également encouragée auprès de certaines communautés pour tenter de sauver les espèces en danger, comme l’Ara bleu en Bolivie[49]. Les boas confectionnés à partir de plumes d’autruches, de dindes ou de marabouts peuvent également être teints.
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Toutes les plumes utilisées ne sont pas obtenues après abattage des oiseaux. La pratique de récupération des plumules ou duvet pour les palmipèdes, récupération des plumes d’autruches, etc., sur les animaux vivants est marginale. Dans les abattoirs, les plumes peuvent être arrachées à sec mais il est plus facile et rapide d’échauder les oiseaux à environ 70 °C pendant 1 à 3 minutes[50]. Les plumes sont arrachées manuellement, quelquefois avec l’aide d’une machine appelée « plumeuse ». Les plumes sont ensuite séchées dans des tambours pour qu’elles prennent du volume. Elles sont ensuite triées, industriellement par des machines à flux d’air[50]. Le plumage à sec, n’impliquant pas de processus industriel est plus rentable pour les éleveurs[50].
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Pour les palmipèdes en France, 70 à 55 % des plumes sont utilisables[51].
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La fabrication de vêtements isolants (anorak, doudoune, etc.) ainsi que des sacs de couchage, édredons, duvets, oreillers, couettes est la principale utilisation des plumes. Le duvet est la plume la plus utilisée et celle qui a le plus de valeur. Le duvet provient aujourd’hui essentiellement des volailles palmipèdes de la filière avicole. Les duvets de certaines espèces sont plus réputés que d’autre, aussi plusieurs pays ont mis en place des législations protégeant les consommateurs. Au Canada, il est obligatoire de faire figurer de quel oiseau les plumes proviennent mais les termes employés sont équivoques puisqu’ils désignent en fait toutes les plumes secondaires des oiseaux aquatiques, comme les oies, les canards et les cygnes, constituées des barbes se ramifiant à partir du penne, mais n’ayant pas de rachis[52]. La plupart des produits du commerce sont fabriqués à partir d’un mélange de plumules et de duvet ; plus la quantité de duvet est importante et plus la valeur du produit est élevée.
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La production est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Les plumes des espèces fournissant duvet et plumules peuvent être valorisées industriellement en étant incluses dans des articles textiles, le reste étant transformé en farine animale, en cystéine, en engrais ou traité comme déchet. En France, la production de plumes de palmipèdes représente 12 000 tonnes par an dont 5 000 tonnes sont des déchets[51]. Les vêtements et produits à base de plumes sont perçus par la clientèle comme des produits de qualité, la demande en qualité augmentant, la quantité de déchets devrait aussi augmenter. Les plumes blanches sont les plus recherchées.
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Dans les pays industriels, la récolte continue d’être une source de revenus non négligeable. Elle est principalement pratiquée sur les canards ou les oies en Europe. Les revenus proviennent des animaux abattus et des récoltes des mues naturelles, à partir de l’âge de 9 à 10 semaines, puis toutes les six semaines, pour produire 100 grammes de plumes (8 à 15 % de duvet[51]) environ chez les oies[50].
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La β-keratin est obtenue par dialyse d’une solution aqueuse d’urée et de 2-mercaptoéthanol[53] dans laquelle sont trempées les plumes. Une agrégation de protéines a lieu et le résidu est soumis à plusieurs acides et agents chimiques[53]. L’acide cystéique est ensuite transformé en cystéine (E910 (L-cystéine), E920 (L-cystéine hydrochloride), E921 (L-cystéine hydrochloride monohydrate). La cystéine est par exemple utilisée en boulangerie comme correcteur de la force des pâtes à pain[54]. Si, historiquement, la cystéine a été extraite de plumes d’oiseaux et de cheveux, la législation européenne interdit maintenant l’usage de cystéine d’origine humaine.
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La farine ou poudre de plumes est une farine animale, elle est peu considérée du fait de son odeur. Elle est produite avant tout avec les plumes des volailles terrestres. Ces farines ont la composition des plumes c’est-à-dire que la kératine représente 85,9 % de la teneur en protéines et 70 % de la matière sèche totale.
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La poudre, pour améliorer sa digestibilité, est hydrolysée par traitement enzymatique ou physico-chimique. Si la digestibilité apparente atteint 65 % pour les volailles, et 85 % pour les ruminants, l’apport nutritif est faible car elle ne contient que 0,5 % de méthionine, 2,2 % de Lysine, 0,8 % de histidine et 0,7 % de tryptophane. Mais elle est riche en cystéine[55]. Elle a aussi un assez bon apport énergétique, comparable à la farine de sang[55], toutes deux pauvres en matières minérales[56].
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La production de farine animale représentait 531 000 tonnes en 1997 en France, la production de farine de plume représentait 34 370 tonnes[57], 31 000 tonnes en 1996 et 28 000 tonnes en 1994 pour 742 000 tonnes au total. La production de farine de plume est en constante augmentation, même sans débouché et alors que la production générale est en baisse.
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En principe, en France[51] :
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Mais en fait, en 2001, 10 % seulement a été incinéré du fait de la saturation des sites d’incinération. Moins de 5 % de la production est utilisé pour l’alimentation animale.
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Les déchèteries peuvent recycler certaines plumes. Cet usage est fort ancien, les selliers-garnisseur ou bourreliers récupéraient les vieux matelas, pour en produire des nouveaux. Bon nombre de plumes, comme celles des Gallus gallus domesticus qui n’ont pas de valeur commerciale suffisante sont considérées comme des déchets encombrants. Des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont produit un OGM appelé « bare chicken » qui ne possède pas de plumes[58], ce qui a des implications religieuses[59].
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Les plumes de récupération représentent 10 000 tonnes par an dont 30 % à 50 % seraient re-traitées ce qui générerait 2 500 à 3 000 tonnes par an de coutil, 500 à 1 500 tonnes par an de déchets et 100 à 200 tonnes de poussières[51].
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Le terme de plume dérive du latin plūma, « duvet » puis « plume » et a éliminé penna (penne*) dans presque toutes les dialectes gallo-romains[68]. Il a désigné, par métonymie, une plume tout aussi bien que le plumage. La synecdoque plume-oiseau se retrouve dans l'expression « gibier à plume » pour désigner ce gibier. L'association plume/léger, se retrouve dans l'expression poids plume, une catégorie de boxe.
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Ce terme a donné de nombreuses expressions et sens dérivés. Plumer signifie enlever les plumes des oiseaux mais aussi dérober tous les biens d'un individu, tandis que plumard désigne un lit, sens en relation avec les matelas autrefois fait en plumes.
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On parle aussi de plume pour l'organe corné des calmars.
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La plume a un rôle symbolique, il désigne l'écriture, un écrivain, etc. Dans de nombreuses symboliques s'appuyant sur la théorie des Quatre éléments la plume est reliée à l'air, ou au souffle qui est à son tour symbole de vie. Les Égyptiens de l'antiquité appelaient la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme pour les peuples nord-amérindiens[69]. La plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.
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La plume blanche était, dans l'empire britannique, un symbole de lâcheté, attribué à ceux qui refusaient la guerre. Ce symbole a pour origine la croyance selon laquelle, dans un combat de coq, il apparaissait une plume blanche sur la queue des jeunes coqs combattant mal[71]. Cet usage au XIXe siècle est le point de départ du roman Les Quatre Plumes blanches. Pendant la Première Guerre mondiale, des distributions de plumes blanches étaient organisées pour couvrir de honte les hommes non engagés dans la guerre. Cette distribution apparaît dans la saison 2 de Downton Abbey.
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À l'opposé, dans le manga Negima!, l'équipe du héros a pour symbole une plume blanche (son nom est Ala Alba, traduit par aile blanche ou plume blanche), et se fait remarquer par son courage.
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La plume, élément caractéristique de la classe des oiseaux, est une production tégumentaire complexe constituée de β-kératine. Comme les poils, les écailles, les ongles, les griffes ou les sabots, les plumes sont des phanères.
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L'ensemble des plumes, généralement plusieurs milliers, forme le plumage, dont les fonctions sont de protéger le corps de l'oiseau du milieu, notamment contre l'eau et le froid (phénomène de thermorégulation), de permettre le vol, de se camoufler. Mais il a aussi une fonction sociale et reproductive. Les plumes des oiseaux sont des exaptations : elles sont apparues comme des adaptations, jouant probablement un rôle initial de thermorégulation chez les dinosaures.
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L'observation d'une plume ou du plumage peut permettre de déterminer l'espèce, le sexe, l'âge ou la santé d'un oiseau.
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La plume caractéristique, la plume de contour, se compose d'un axe central rigide partagé en un calamus proximal (appelé aussi hampe, il s'agit d'un cylindre creux à sa base, correspondant au tube germinatif fortement kératinisé qui naît dans une invagination épidermique), et un rachis distal (« tuyau » central plein, partie principale de l'axe). Le rachis porte des « barbes », lames insérées obliquement en deux séries de part et d'autre de l'axe dans un seul plan, et enchevêtrées par des « barbules » perpendiculaires, lamelles proximales (Barbula proximalis lisse, en forme de « gouttière ») et distales (Barbula distalis crochu). Les barbules distales sont prolongées de barbicelles (appelées aussi hamuli, ce sont des écailles modifiées en crochets qui s"agrippent aux « gouttières » par de petites épines qui évitent le décrochement). Ce système d'accrochage assure la cohésion des barbes, mécaniquement importante pour le vol[2].
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L'ensemble des barbes situées du même côté du rachis est appelé vexille ou étendard. Le vexille externe (visible quand l'aile est repliée) est souvent plus étroit que l'interne[3].
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La base inférieure du rachis peut comporter une plume secondaire, appelée hyporachis ou hypoptyle, qui vient en quelque sorte doubler la plume initiale et permet de compenser l'absence de plumes de duvet, comme chez les manchots[4].
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On distingue plusieurs types de plumes :
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Les plumes les plus longues des ailes et de la queue sont appelées pennes ou plumes de contour. Il existe deux grands groupes de pennes, les rémiges et les rectrices.
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Les plumes tectrices ou plumes de couverture désignent le duvet (formé de plumes légères dont les barbes ne sont pas enchevêtrées) et les plumules ou semi-plumes, qui sont de très petites plumes sur les tarses. Les plumes de duvet sont très abondantes chez certaines espèces (canards, oies...) ; elles sont parfois arrachées par l'oiseau sur son propre corps afin de garnir le nid. Certaines espèces (outardes, hérons, certains passereaux...) possèdent des touffes de duvet particulier, dont l'extrémité se désagrège en une poudre utilisée pour l'entretien des plumes[3] (ces espèces ont généralement une glande uropygienne plus réduite que la moyenne)[6].
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Les plumes trichoptiles et néoptiles sont des plumes de couvertures qui ont l'air de cheveux. Les plumes de sabre sont les plumes latérales sans œil de la queue des paons. Les termes herls, hackles, quills, définissent des plumes particulières généralement utilisées pour la conception de mouches de pêche.
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Une plume naît d'un bourgeon épidermique que soulève une papille dermique vascularisée. Le bourgeon s'allonge en un cylindre épidermique oblique entourant un axe dermique (appelé pulpe) riche en vaisseaux sanguins et nerfs, qui se transforme progressivement en une masse composée de cellules vivantes non différenciées (appelée germe) qui, en se différenciant, se kératinise. Cet axe s'enfonce progressivement par sa base sous la surface de la peau, entraînant l'épiderme qui s'invagine dans une dépression de la peau appelée follicule plumaire. À partir d'une zone germinative annulaire ou collier, se divisent longitudinalement des lignes de cellules qui donnent naissance aux crêtes barbaires (les futures barbes) et barbulaires (les futures barbules). Un tube kératinisé appelé gaine entoure progressivement le cylindre épidermique. Finalement, après quelques jours, la gaine de cette ébauche plumaire se fend ventralement, permettent le déploiement du vexille. Cette gaine va ensuite disparaître par usure, laissant apparaître le calamus qui, à son extrémité, n'est plus qu'une structure morte appelée rachis. La plume est alors maintenue par des tissus musculaires implantés d'un même côté sur le rachis[7].
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Le pigment de mélanine des plumes est dû aux organites appelés mélanosomes, organites siégeant dans le cytoplasme des mélanocytes situés dans le calamus. Ces cellules transmettent leurs mélanosomes aux cellules médullaires présentes dans la partie centrale des barbes. Les mélanosomes migrent durant toute la croissance de la plume.
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La plume ayant une durée de vie limitée, ce processus recommencera à la prochaine mue.
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Il existe souvent des différences substantielles entre les rémiges et les rectrices d'adultes et de juvéniles de la même espèce. Parce que toutes les plumes des juvéniles poussent en même temps, elles sont moins douces et de moins bonne qualité que les plumes adultes dont le développement s'étale sur un laps de temps plus long[8]. Des problèmes alimentaires (voir le paragraphe Variations alimentaires) peuvent alors causer des stries de croissance sur les plumes qu'il est possible d'étudier avec une technique appelée ptilochronologie[9].
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En général, les juvéniles ont des plumes plus étroites et plus pointues[10],[11], ce qui est particulièrement visible dans le cas de rapace en vol. Les plumes d'un juvénile sont de longueur plus uniforme et les bords plus dentelés[8], surtout dans le cas des rapaces. Les rémiges des adultes peuvent être de longueurs et de résistances différentes mue après mue, d'une année sur l'autre[8]. D'une façon générale chez les jeunes, les rectrices, les primaires externes et secondaires sont plus longues tandis que les primaires internes sont plus courtes. Cependant, chez les espèces de Ciconiiformes à rectrices particulièrement longues comme le Milan à queue fourchue, le Messager sagittaire ou la Bondrée apivore, les rectrices, de même que les rémiges chez les espèces appartenant au genre Buteo, peuvent être plus courtes chez les juvéniles. Certains scientifiques pensent que ces différences peuvent aider les jeunes oiseaux à compenser leur inexpérience et leur musculature plus faible limitant leur capacité au vol battu[12].
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Les facteurs d'usures essentiels sont les frottements dûs à l'abrasion mécanique lors des mouvements dans le nid, contre la végétation, à cause des intempéries, du sable, du sel, du lissage quotidien des plumes, du grattage ou des frottements occasionnés par le vol ; la consommation de la kératine par des animalcules présents dans le plumage ; l'effet de la lumière (les rayons UV accélèrent la dégradation de la kératine et des pigments des plumes) ; les dommages mécaniques lors des combats ou des attaques des prédateurs. Au fil du temps, les plumes se décolorent, se raccourcissent et s'effilochent en raison de la structure des barbules qui s'altèrent et du rachis qui finit par casser[13]. Les ornithologues peuvent ainsi connaître les périodes du cycle de mue d'une espèce par l'étude de l'usure des plumes.
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La lumière agit sur la kératine et le pigment des plumes. Comme les rémiges se recouvrent partiellement, seules les extrémités qui sont exposées au soleil s'usent plus vite. Elles se décolorent d'abord, puis la structure des barbules se détériore et celles-ci se séparent. Les rachis finissent par se casser. Les rectrices s'écartant les unes des autres pour fonctionner, cette fonction entraîne une usure beaucoup plus rapide des plumes.
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L'étude de l'usure des plumes permet de connaître la période du cycle de mue de l'oiseau. Les espèces migratrices ont souvent des plumes plus usées que les sédentaires.
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Les pigments des plumes sont de deux types, les mélanines (noir) et les caroténoïdes (jaune au rouge). La coloration de certaines plumes est due à une couleur structurelle, dépendant de la disposition de minuscules parties des barbes. Ainsi, de nombreux oiseaux ont un plumage vert ou bleu, comme les espèces du genre Pavo[14] ou les Psittacidae, sans pigments de ces couleurs. De nombreuses espèces ont des plumes blanches comme les aigrettes, mouettes, spatules. Le blanc résulte de l’absence de pigmentation mais également de la réflexion totale du spectre lumineux.
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La coloration du plumage des oiseaux est un compromis évolutifTrade-off entre la résistance aux rayonnements solaires (provoquant une photo-oxydation différentielle des pigments) et la capacité à se dissimuler des prédateurs et à être vu par les partenaires sexuels éventuels[15].
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Les pigments obtenus à partir des mélanines (pigment le plus abondant chez les oiseaux[16]) peuvent aller du noir, comme pour le choucas des tours, au brun clair voire au jaune comme pour certaines espèces de Corvidae. Ces pigments mélaniques sont directement synthétisés par l’oiseau. Il n’en est pas de même pour les pigments caroténoïdes qui peuvent, suivant les espèces, être soit synthétisés soit plus généralement obtenus par la nourriture. Les Psittacidae synthétisent la psittacine tandis que les flamants, certains serins, etc., trouvent ces pigments dans leur alimentation[17]. Dans ce dernier cas, les caroténoïdes ne subissent pas ou peu de transformations chimiques avant de se déposer dans les plumes. Mais, chez les flamants, le pigment initial est produit par des algues unicellulaires, transformé en canthaxanthine chez des crevettes (Artemia salina) qui s’en nourrissent et finalement fixé dans les plumes des flamants. La couleur peut alors varier en fonction de l’alimentation et donc de la saison[18].
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La quantit�� de pigments allouée à la coloration dépend de la disponibilité et de l'état de santé de l'oiseau. Les caroténoïdes sont des précurseurs de la vitamine A qui joue un rôle important dans les défenses immunitaires. Il existe, chez les oiseaux ayant une coloration à base de caroténoïdes, un compromis des allocations des caroténoïdes entre la réponse immunitaire et l'intensité de la coloration[19]. L’accumulation des pigments peut varier avec l’âge de l’oiseau[14].
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C’est grâce au phénomène optique de diffusion Rayleigh (décomposition de la lumière par les microstructures des barbes) que des couleurs peuvent apparaître par décomposition de la lumière blanche. Ce phénomène est identique à celui qui permet la coloration des yeux chez l’homme, ou mieux la coloration des bulles de savon et l’arc-en-ciel. Chez les psittacidés, le bleu naît dans des barbes renfermant une couche structurale riche en microgranules de mélanine noire ; si à cela s’ajoute un caroténoïde jaune on a du vert. Les microgranules renvoient les radiations bleues (les plus courtes), les autres sont absorbées par une moelle centrale noire. Chez les paons et les colibris, la couleur structurale est due à l'interférence de la lumière : les barbules renferment des plages de microlamelles qui décomposent la lumière (comme pour un microsillon) et suivant l’écartement des microlamelles on a telle couleur. Dans ce cas, en inclinant la plume pour faire varier l’incidence de la lumière, on voit les couleurs se déplacer[20].
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La combinaison des différents pigments et de ces phénomènes optiques permet une très grande variété de couleurs. Les éleveurs d’oiseaux de compagnie ont pu sélectionner de nombreuses variétés de couleurs dues à des mutations apparues en élevage et en obtenir de nouvelles par des croisements pour produire les teintes désirées.
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Certaines espèces sont connues pour avoir des plumes iridescentes, comme les oiseaux-mouches mais aussi les guêpiers, l'ibis chauve, les paons, quelques canards, les étourneaux, les corbeaux, etc. Les irisations sont produites par les barbules renfermant des réseaux de microlamelles. Une barbule à microlamelles reposant sur une barbule riche en mélanine noire, cette dernière absorbe les radiations parasites. Les microlamelles ont l’avantage sur les microgranules de mélanine de pouvoir produire toutes les couleurs du spectre solaire, alors que les microgranules ne peuvent produire que du bleu.
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Le terme plumage fait référence à la fois aux coloris des plumes et à leur disposition. Les motifs et les couleurs du plumage varient entre les espèces et sous-espèces, et peuvent également varier entre les différentes classes d'âge, de sexe et les saisons. C'est une des manières les plus usuelles de reconnaître les espèces.
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Tous les oiseaux ne disposent pas de la même quantité de plumage. Le plumage représente jusqu’à 50 % du poids chez les Fregatidae, 30 % chez les passereaux[21]. Le nombre de plumes peut également beaucoup varier selon les saisons : il passe, chez le bruant à gorge blanche, d’environ 2 600 en février à environ 1 500 en octobre[21]. Le cygne siffleur, dispose lui, lors de sa saison la plus couverte, de près de 25 000 plumes tandis que les oiseaux-mouches ne disposent que d’environ 1 000 plumes lors de la saison la moins couverte.
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L'implantation des plumes ne se fait pas au hasard mais sur des zones de la peau appelées ptérylies. Les zones où les plumes ne poussent pas sont appelées aptéries. Seuls les Spheniscidae et les ratites ne répondent pas à ce schéma. Le plumage paraît uniforme du fait de la différence de taille des plumes. Ceci est particulièrement visible chez les juvéniles. Les petits Trochilidae éclosent avec une rangée de plumes dorsales, qui leur permettent de détecter par vibration l'arrivée de leurs parents.
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On distingue plusieurs régions d'implantation des plumes dont plusieurs noms sont en rapport avec le vêtement :
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Chaque plume, en fonction de sa position et donc de son utilité, a une forme différente. Les ornithologues ont créé une convention pour attribuer un identificateur à chacune d'elles. Ainsi les rémiges primaires sont identifiées par un P suivi de son numéro d'ordre. Les rémiges secondaires sont identifiées par un S, les tertiaires par un T et les rectrices par un R, Al pour les alulas. Pour la majorité des auteurs, le dénombrement commence de l'avant vers l'arrière, les rectrices sont numérotées de part et d'autre du centre vers l'extérieur[22]. Chaque espèce dispose d'une formule alaire différente. Elle peut permettre l'identification d'oiseaux. Les spécialistes peuvent même déduire l'espèce d'un oiseau à partir d'une seule plume.
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La connaissance des différentes plumes de l'aile est indispensable pour la compréhension des caractéristiques de la mue.
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Certaines espèces comme les anatidés du genre Anas ou des perroquets du genre Amazona possèdent sur le dos des ailes une barre iridescente appelée miroir, d'autres espèces disposent d'homochromie mimétique comme des ocelles. Ces caractéristiques peuvent être primordiales pour l'identification d'un oiseau.
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On observe des variations de plumages entre les individus d'une même espèce. Ces variations sont dues à plusieurs facteurs, la production d'hormones, des facteurs d'ordre génétique et, le moins connu et le plus discuté, le facteur nutritionnel. Les oiseaux changent de plumage au cours de mues, les couleurs peuvent changer en fonction des saisons pour certaines espèces. Ces différentes variantes de plumage sont appelées « formes » et ces espèces sont dites polymorphiques.
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Les plumages peuvent beaucoup varier en fonction des sexes, des saisons ou de l'âge des individus.
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Les poussins, qui peuvent à l'éclosion être entièrement nus (ex : pic vert), partiellement couverts de duvet (ex : rougequeue à front blanc) ou entièrement couverts de duvet (ex : poussins nidifuges) vont progressivement acquérir un premier plumage d'immature. Les juvéniles auront dans la plupart des cas un plumage différent des adultes ou semblable à celui des femelles. Ce plumage immature laissera la place au plumage d'adulte lorsque l'oiseau aura atteint la maturité sexuelle[3].
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Les mâles sont, en général, plus colorés, au moins de la période des parades nuptiales à la fin de la période de reproduction, la mue automnale (pour les espèces nordiques) leur permettant d'acquérir une livrée plus discrète.
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On parle de plumage éclipse, lorsque les mâles d'une espèce possèdent un plumage de parade nuptial différent de celui de la saison d'hivernage, comme c'est le cas pour les mâles de Sarcelle d'hiver et de nombreux canards en général.
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Les femelles de certaines espèces sont connues pour choisir leur mâle en fonction, entre autres, de la couleur de leur plumage, les mâles aux couleurs les plus chatoyantes étant supposés être en meilleure santé. Les femelles et les juvéniles, aux couleurs plus ternes, sont en général mieux camouflés, quoique certains mâles incubent également. Les espèces dites polymorphiques, sédentaires ou non, peuvent connaître des mues saisonnières, leur plumage changeant selon les saisons. Le Chardonneret jaune est un exemple de toutes ces variations de plumage.
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Ces variations sont d'origine endocrinienne.
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Certaines espèces disposent d’une importante variation de plumages en fonction des individus comme chez les Cuculidae ou les Strigiformes. Elles sont principalement dues à des raisons génétiques et peuvent s’étendre à l’ensemble du plumage ou à quelques zones. Une des plus célèbres de ces anomalies est l’albinisme comme chez le merle blanc, un oiseau quasi-mythique. L’albinisme, relativement rare, est liée à l’absence de l’enzyme tyrosinase. Une autre anomalie ne causant que des taches blanches est appelée leucisme et semble héréditaire et parfois liée au sexe[23]. Une pigmentation rouge ou jaune anormale étant respectivement l’érythrisme et la xanthochromie. On a observé à la fin des années 1990 pour les hirondelles de cheminée exposées aux radiations de la catastrophe de Tchernobyl que 13 % d’entre elles présentent des taches de dépigmentation liées à des mutations[24].
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Les éleveurs d’oiseaux de compagnie, de Psittacidae et de serins notamment, cherchent à reproduire ces anomalies génétiques, des mutations naturelles, par croisements sélectifs afin de rendre les oisillons produits plus rares et plus chers.
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Un autre type de variation génétique du plumage concerne la longueur des plumes. Par exemple, le coq domestique de la variété Onagadori présente trois mutations : une empêchant la mue des rectrices et deux favorisant leur croissance. Il s’ensuit une croissance démesurée et continue des plumes de la queue, dont la longueur atteint souvent 5 ou 6 m, voire la dimension exceptionnelle de 11,3 m[25].
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On observe dans de nombreuses études que dans le cas de carence alimentaire il apparaît d'une part des marques blanches sous les rémiges et surtout sous les rectrices et d'autre part un manque de barbes, mais ces études ne permettent cependant pas de conclure avec certitude[26]. On a observé que la présence de lysine dans l'alimentation favorise la croissance des plumes et l'absence des taches[27], la lysine influençant la production de tyrosinase, mais ce n'est peut-être pas la seule cause. Ces altérations se traduisent par des barres de croissance qui fragilisent les plumes, qui se cassent à cet endroit à la fin de la saison. La ptilochronologie propose d'étudier la santé alimentaire des oiseaux en observant ces phénomènes.
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Certains auteurs pensent que d'une part la sous-alimentation entraîne assez rapidement des dépigmentations au niveau des jeunes plumes et que d'autre part on observe une proportionnalité entre la durée de la famine et la taille des marques. Ces marques, dans ce cas, seraient liées à la diminution du flux sanguin causant un moindre afflux des produits chimiques précurseurs des couleurs dans le calamus. Ceci expliquerait la différence de positions et de formes de ces marques entre les juvéniles et les adultes, pour qui la pousse est plus étalée.
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Le toilettage est l'activité de confort la plus gourmande en temps de l'oiseau. C'est aussi une activité sociale, certains oiseaux se toilettant en couple. Par exemple, ils lissent leurs plumes avec les sécrétions cireuses de leur glande uropygienne. L'utilité de cette pratique est discutée mais il semble que cette cire agit sur la flexibilité des plumes et comme un agent antimicrobien en inhibant la croissance de bactéries dégradant les plumes[28]. Les oiseaux n'utilisent pas que de l'eau pour se nettoyer, plus de 250 espèces complètent ces sécrétions avec de l'acide formique tiré de fourmis[29]. Certains passereaux prennent des « bains » de fumée sur les cheminées des maisons. Certains oiseaux aiment également se baigner.
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La mue est un processus coûteux en énergie et en ressources pour l'oiseau. Le mécanisme, la manière dont elle se déroule et sa durée varient d'une espèce à l'autre. On peut ainsi observer d'une à quatre mues par an. Celle-ci dépend des saisons et permet aux oiseaux de disposer d'un meilleur camouflage ou d'arborer un plumage nuptial. Lorsque les mâles d'une espèce possèdent un plumage de parade nuptial différent de celui de la saison d'hivernage, en général cryptique, comme c'est le cas pour les mâles de Sarcelle d'hiver, ce dernier est appelé plumage d'éclipse. La mue dépend aussi de l'âge de l'oiseau et de l'état général de celui-ci. Certains oiseaux s'enlèvent eux-mêmes les plumes ou se grattent durant cette période. Toute perte de plume n'est pas nécessairement liée à une mue.
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On distingue la première mue des juvéniles, qui leur fait perdre leur duvet, et les mues saisonnières des adultes. En fonction des périodes de la vie des oiseaux on parle de plumage prénuptial, de plumage de reproduction , etc..
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La mue peut être progressive et laisser à l'oiseau la capacité de voler, ou être très rapide, laissant momentanément l'oiseau dans l'incapacité de voler (comme chez les Anatidés, les grèbes, les plongeons...) ou de plonger en eau froide (manchots)[3].
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La perte de plume peut être due à des maladies ou des problèmes d'alimentation. On appelle picage chronique, le fait d'arracher les plumes, en dehors du phénomène de la mue. Certaines alopécies sont dues à des levures ou des champignons mais aussi à des facteurs génétiques (dans ce cas un traitement hormonal peut régler le problème)[30]. Les oiseaux peuvent aussi souffrir de kystes folliculaires qui sont des plumes qui poussent sous la peau causant ainsi des amas de peau.
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Les plumes accueillent de nombreux ectoparasites qui se nourrissent du sang ou des plumes de leur hôte. Les activités de toilettage permettent notamment de limiter les effets de ces parasites.
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On connaît de multiples fonctions du plumage chez les oiseaux modernes. La fonction d'isolation thermique est la plus évidente mais il joue aussi un rôle primordial dans la communication visuelle tout au long des cycles de vie de l'oiseau. La couche de plumes tectrices protège aussi les oiseaux des chocs mécaniques, de l'humidité et des radiations solaires. En outre, le plumage peut jouer un rôle mimétique vis-à-vis des prédateurs, comme signal de dissuasion (cas du Coucou shikra qui ressemble à l'épervier shikra) ou comme camouflage (cas du plumage dit « cryptique » du Petit-duc africain). Les primaires des oiseaux-mouches produisent des bourdonnements particuliers qui leur servent à communiquer. C'est le cas aussi par exemple du Manakin à ailes blanches (en) dont les sons, produits par ses secondes rémiges extrêmement modifiées, lui servent lors de la parade amoureuse.
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Chez les Strigiformes, le bord des rémiges est pourvu de dentures appelées « sourdines », permettant l'assourdissement du bruit des ailes et un vol très silencieux.
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On sait que les femelles de certaines espèces évaluent la teinte du plumage des mâles qu'elles choisissent. C'est le cas par exemple de la mésange bleue ou de la Gorgebleue à miroir. Le mâle de Gorgebleue ne disposant que de peu de plumes réfléchissant l'ultra violet mettra plus de temps à former un couple et aura moins de copulations hors couple. D'après la théorie de Ronald Aylmer Fisher[31], les femelles cherchent les mâles les plus beaux, avec qui elles auront le plus de descendants. Pour les espèces du genre Pavo, plus les plumes de queue sont longues, plus le mâle a du succès. Cependant, les femelles de certaines espèces préfèrent les mâles ayant un handicap. Amotz Zahavi explique, avec sa théorie du handicap, qu'elles choisissent le mâle avec le plus lourd handicap car il a sûrement de bons gènes pour survivre malgré cela.
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Le rôle thermique intervient aussi bien pour protéger les oiseaux de la chaleur que du froid. L'oiseau renouvelle son plumage en fonction des saisons par la mue, ce qui lui assure une meilleure protection. Mais il peut aussi changer le degré d'isolation en les ébouriffant comme les mammifères hérissent leurs poils. De cette manière les plumes emprisonnent plus d'air ce qui augmente le pouvoir isolant.
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En l'absence de glandes sudoripares, la sudation n'existe pas chez les oiseaux. La thermorégulation est essentiellement assurée par la respiration qui élimine l'eau par évaporation[32].
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Le duvet des Ardeidae et de certaines espèces de rapaces pousse continuellement, sans muer. Les extrémités de ces plumes se désagrègent en poudre que ces oiseaux répandent lors de leur toilette pour imperméabiliser leurs plumes. Les oiseaux marins s’en servent pour enlever le mucus des poissons. Par ailleurs, ces oiseaux sont vulnérables aux plaques d’hydrocarbures causées par les marées noires, qui détruisent l’imperméabilité du plumage et entraînent leur mort par noyade ou par hypothermie[33].
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Les plumes longues des dinosaures ont pu jouer un rôle de caractère sexuel, qu'il est difficile de démontrer. Chez certains de ces dinosaures bipèdes actifs, coureurs, des études biomécaniques suggèrent que les longues rémiges présentes sur les bras et la queue ont pu contribuer à améliorer la stabilité de la course ou l'équilibre lors de brusques changements de direction. En effet, leurs longues plumes asymétriques, comme celles des oiseaux, « n'améliorent ni le vol, ni même la portance ; elles réduisent la traînée, ce qui est utile pour tout animal se déplaçant à une vitesse élevée »[34].
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Tous les oiseaux possèdent des plumes, y compris les oiseaux qui ne volent pas. Elles illustrent les autres utilités des plumes pour les oiseaux.
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Les perroquets-hiboux possèdent des rémiges plus courtes, plus symétriques avec un bout plus arrondi que chez les autres Psittaciformes. Les barbules ont moins de crochets, ce qui rend les plumes plus souples.
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D’autres espèces comme les grèbes microptères ont un nombre de rémiges réduit[35].
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Les Sphenisciformes adultes (les manchots) ne possèdent pas de plumes différenciées ; en outre, ce sont les seuls oiseaux pour qui elles poussent uniformément sur le corps. Leurs plumes sont petites, rigides et faiblement incurvées et couvrent l’ensemble de leur corps à l’exception de leurs pattes.
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Trois des quatre espèces de Brassemers ne peuvent pas voler ; leurs plumes ne sont pas très différentes de celles des oiseaux volants.
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Les rémiges des oiseaux coureurs sont fines et non rigides, les barbules n’ont pas de crochets et leur absence est l'une des causes de l’inaptitude au vol.
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Chez les émeus, les rémiges sont plus courtes.
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Les rémiges des casoars sont peu nombreuses et ne disposent que de cinq ou six barbes.
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Seules les autruches conservent leurs rectrices chez les oiseaux coureurs. Ces plumes leur servent à équilibrer leur trajectoire pendant les phases de course.
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Les kiwis ont des plumes qui ressemblent à des poils.
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Les plumes constituent la partie la plus importante du corps des oiseaux, les ailes, qui leur permettent de voler.
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Selon le type de vol spécifique à chaque catégorie d’oiseaux, les plumes des ailes et de la queue auront une forme et un fonctionnement différents.
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Le fait de couper les plumes, voire les phalanges, des ailes de certains oiseaux domestiques pour les empêcher de voler s’appelle l’éjointage.
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On a longtemps pensé que seuls les oiseaux modernes avaient des plumes. La découverte de plumes asymétriques (donc modernes) sur Archaeopteryx, dans les années 1860 a lancé un débat sur l'origine des plumes chez les oiseaux modernes ; ce cas est longtemps resté unique. Puis de nombreux fossiles de théropodes, dont Sinosauropteryx de la province du Liaoning en Chine ont prouvé que les spécimens de cette lignée, dont font vraisemblablement partie les oiseaux, possédaient des plumes ou des protoplumes (voir dinosaure à plumes). À l’exception des fossiles de dinosaures aviens, proches des oiseaux modernes, la morphologie des squelettes de dinosaures non-aviens à plumes n’est en général pas compatible avec un vol battu. En 2016, pour la première fois deux fragments d'ailes avec plumes (ayant conservé une coloration), peau et os ont été trouvés dans un morceau d'ambre (provenant du nord-est du Myanmar et datant d'environ 99 millions d'années, soit milieu du Crétacé) suggérant que des plumes aux structures et arrangements assez similaires à ceux des oiseaux d'aujourd'hui existaient déjà. Ces plumes appartenaient probablement à un poussin d'enantiornithes, (sorte d'oiseau primitif à dents et griffes alaires, qui a disparu avec les dinosaures, il y a environ 66 millions d'années). Il semble cependant que ces plumes, déjà semblables à celles des adultes, ne soient pas issues d'une mue et qu'il n'existait pas encore l'étape du duvet juvénile[36].
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Certaines espèces ne possédaient que quelques touffes de plumes symétriques dispersées sur leurs « mains » et leur longue queue osseuse. Pour certaines, le corps était également couvert de duvet, d’autres enfin avaient un plumage bien plus développé sur les pattes arrière, ce qui leur permettait peut-être de planer avec leurs quatre membres étendus. Ces spécimens témoignent d’une apparition de la plume indépendamment de l’origine du vol, même si elle a ensuite été réutilisée à cette fonction : il s’agit d’une exaptation. La plume a donc pu d’abord remplir d’autres rôles (isolation thermique, communication notamment sexuelle, reproduction). Leur apparition, bien avant le vol, semble confirmer ce qui était prédit par la théorie de l’évolution : l’organe crée les fonctions.
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Au fil des découvertes, l’époque de l’apparition de la première plume recule. Le spécimen d’Epidexipteryx décrit en 2008, découvert en Mongolie, possédait déjà des plumes primitives. Il a été daté de 168 à 152 Ma ; pour lui aussi, toute capacité de vol est exclue[38]. En 2008 puis 2009, c’est au tour d’un petit troodontidé, Anchiornis huxleyi d’être décrit comme étant lui aussi un dinosaure non avien à plumes, antérieur à Archaeopteryx. De longues plumes lui couvrent les membres antérieurs, la queue mais aussi les membres postérieurs. Il est daté du Jurassique, entre 151 et 161 Ma.
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En 2008, la découverte de « poils » sur Tianyulong confuciusi, un dinosaure Heterodontosauridae, donc assez éloigné de la lignée des théropodes et qui vivait entre 99 et 144 Ma, fait reculer l’origine des plumes à l’origine même des dinosaures. En effet, le groupe des dinosaures s’est séparé il y a 240 Ma environ en deux grands groupes, les Ornithischia auxquels se rattache ce spécimen et les Saurischia dont seront issus les théropodes. De ce fait, si ces protoplumes sont considérées comme homologues, cela veut dire qu’il est possible qu’elles existent depuis au moins cette époque[39]. Ce fait avait déjà été suspecté grâce à un fossile de Psittacosaurus en 2002.
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On connaît également de nombreux fossiles de Ptérosaures recouverts d’un duvet de Pycnofibres (en), par exemple le Sordes pilosus, ce qui pose la question d’une origine commune de ces phanères chez les premiers Archosaures[40].
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En quelques décennies, les paléontologues ont accumulé en Chine plusieurs dizaines d'exemples (31 exemples au moins, d'après les publications faites avant fin 2018) de paires de plumes conservées dans des morceaux d'ambre du Crétacé du Myanmar. L'observation en 3D de ces plumes montre que l'interprétation des fossiles plats antérieurement trouvés dans la pierre était incorrecte. Selon l'équipe de Lida Xing (Université des géosciences de Chine à Beijing), ces plumes sont en réalité très différentes des plumes modernes[41]. Leur rachis (tube central) n'est pas creux comme celui des oiseaux modernes, mais il a une forme de demi cylindre aplati. Par rapport aux plumes de vol des oiseaux contemporains il a peu de barbes de chaque côté de la hampe. Enfin le rachis est très fin et probablement très fragile, voire d'un diamètre microscopique (jusqu'à 3 microns, soit moins de la moitié du diamètre d'un globule rouge à titre de comparaison)[41]. Ces plumes semblent avoir formé des banderoles plutôt droites et rigides (formant une sorte de ruban). McKellar suggère une fonction défensive (leurre) pour prédateurs [41]
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D'anciennes hypothèses suggéraient que les écailles des reptiles auraient évolué pour donner les plumes. Or les avancées de la paléontologie et de l'étude des plumes montrent que celles-ci se forment à partir d'un tube et s'aplanissent après être sorties du tube. En revanche, les deux faces planes d'une écaille se développent à partir du sommet et de la base de l'excroissance épidermique initiale[40]. Le germe des plumes est tubulaire, y compris dans le développement des barbes, avant de se répandre ensuite latéralement et cela quelle que soit l'étape de développement de l'oiseau. Les données embryologiques montrent que les plumes, chez les Dinosauriens donc chez les oiseaux, sont issues de plusieurs innovations évolutives spécifiques.
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L'étude de ces plumes permet même de retracer l’arbre phylogénétique[40].
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De nombreux ectoparasites vivent dans les plumes, notamment les Mallophaga, Phthiraptera et acariens appelés poux des plumes. Au fil du temps, les lignées de parasites coévoluent avec l'espèce hôte, aussi peuvent-ils être utilisés comme marqueurs phylogénétiques. Les Mallophaga surnommés « poux broyeurs » comme Brueelia consomment les rectrices ou les pennes provoquant des trous dans les plumes. Ces espèces ont été décrites abondamment dans le cadre d'études épistémologiques qui mettent au jour le rapport entre écologie et pullulation des parasites[42].
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La production de plumes est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Des plumes de volailles terrestres on tire essentiellement de la farine animale tandis qu'on exploite les duvets et plumules des oiseaux aquatiques. La production de plumes ornementales est aujourd'hui marginale.
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Les civilisations amérindiennes tant au sud[43] (quetzal, oiseaux-mouches…) qu’au nord (aigle[44]…) ont utilisé les plumes comme élément décoratif ou comme signe distinctif du rang social ; toutefois l’usage symbolique chez ces peuples ne peut être séparé de l’usage ornemental. Les coiffes en sont l’usage le plus connu, mais aussi les tambourins, habits, colliers, etc. Dans ce cas, les plumes étaient fixées par ligature sur un support souple ou incluses dans un support rigide (vannerie, osier, etc.). Il existe toutefois un autre usage décoratif par collage. Si cette dernière technique était répandue dans une grande partie du monde précolombien (Pérou, Amazonie, etc.), ce sont les Aztèques qui excellèrent dans sa pratique. Elle atteignit une période d’apogée au XVIe siècle, juste avant puis juste après la conquête espagnole avec la création de véritables tableaux religieux en mosaïque de plumes. Une quinzaine de ces tableaux du XVIe siècle sont conservés dans le monde, dont deux en France : le Triptyque de la Crucifixion au Musée national de la Renaissance (Écouen) et la Messe de Saint-Grégoire, le plus ancien conservé (1539), au Musée des Jacobins d’Auch (Gers).
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La plume d'autruche était chez les anciens Égyptiens et les anciens Libyens un symbole guerrier, en raison peut-être du caractère combatif et vigilant de cet oiseau; aussi les soldats et les chasseurs avaient-ils coutume d'en porter une ou plusieurs plumes sur la tête [45].
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L'usage de se décorer la tête avec des plumes d'autruche existait aussi dans l’Antiquité européenne : les Grecs ou les Romains en décoraient leurs casques).
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Au cours des siècles, la mode s'empare de cet ornement. Les grandes plumes colorées de certains oiseaux (autruche, casoar…) servent d’éléments de décoration dans le vêtement et le costume de scène ainsi que pour les chapeaux et la coiffure. Sous Henri VIII, les plumes étaient petites et mettaient en valeur les autres accessoires ; sous Charles II et Henri IV, elles ornaient les couvre-chefs en panache. Les boas seraient apparus dès le XVIIe siècle mais ne sont réellement décrits qu’à partir du siècle suivant.
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Vers la fin du XIXe siècle, cette tendance était si grande que l’activité, connue sous le nom de « plumasserie », avait acquis un statut industriel. En Amérique, cinq millions d’oiseaux étaient tués annuellement pour cet usage. Les plumes des oiseaux de mer étaient particulièrement prisées en raison de leur résistance ; de ce fait, l’industrie de la plume a été considérée comme l’un des facteurs responsables du déclin des populations d’oiseaux marins dans bon nombre de régions de l’Atlantique Nord à cette époque[46]. De tels chiffres mobilisèrent l’opinion publique et des mouvements anti-plume furent créés afin que seules les plumes d’oiseaux domestiques soient utilisées.
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Les éventails des Égyptiens antiques, dont les plus anciens remontent au IIIe millénaire av. J.‑C., étaient en plume. Les premiers éventails chinois étaient également en plume avant d'être fabriqués en papier, bambou et soie. Ils ont été datés du Ier millénaire av. J.‑C. environ. D'ailleurs le caractère chinois pour le mot « éventail » (扇 ou 煽) est graphiquement dérivé de celui du mot « plume » (羽)[47]. Indépendamment de toute influence extérieure, les Aztèques et les Mayas utilisaient aussi des éventails en plumes.
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Plusieurs centaines de millions de pêcheurs dans le monde utilisent les plumes pour la fabrication de leurres pour la pêche sportive, notamment en mouche de pêche. La première trace écrite que l'on ait de cette utilisation se trouve dans une description de Claude Élien au IIe siècle. Les plumes proviennent la plupart du temps d'élevages spécialisés dans la production de plumes. Elles sont soit prélevées sur l'oiseau vivant, soit proviennent de cous ou de selles, nécessitant l'abattage du volatile. Au cours des derniers siècles, pratiquement toutes les espèces ont été concernées. Notons notamment la perdrix rouge, le faisan, le coq de jungle, le paon et le coq de pêche.
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Afin d’obtenir des plumes pour fabriquer entre autres les coiffes, certaines communautés ont mis en place des techniques diverses. Les colorations à base de teintures ou de décolorants pour obtenir les couleurs voulues ont été utilisées en Amérique du Sud notamment. Charles Darwin rapporte que les Amérindiens réussissaient à obtenir des couleurs plus conformes à leurs souhaits en changeant le régime alimentaire des oiseaux, ce que savaient faire également les Malais. Les Amérindiens pratiquent également le tapirage, c’est-à-dire qu’en appliquant des produits chimiques sur des oiseaux captifs, ils parviennent à obtenir des nuances de couleurs non naturelles. L’oiseau est soit d’abord plumé puis son épiderme est massé avec des décoctions de plantes, soit du venin est déposé dans le calamus des plumes. Les couleurs structurales des plumes disparaissent et les plumes qui repoussent sont alors jaunes ou roses. Les Enawenê-Nawê, avec du venin de batracien, transforment des plumes normalement vertes en plumes jaunes avec des nuances de vermillon[48].
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Aujourd’hui les nord-amérindiens colorent des plumes de dindons à l’encre pour fabriquer et vendre des coiffes aux touristes, la détention de vraies plumes d’aigle étant interdite aux non indiens[44]. La teinture de plumes ou la fabrication de plumes artificielles est également encouragée auprès de certaines communautés pour tenter de sauver les espèces en danger, comme l’Ara bleu en Bolivie[49]. Les boas confectionnés à partir de plumes d’autruches, de dindes ou de marabouts peuvent également être teints.
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Toutes les plumes utilisées ne sont pas obtenues après abattage des oiseaux. La pratique de récupération des plumules ou duvet pour les palmipèdes, récupération des plumes d’autruches, etc., sur les animaux vivants est marginale. Dans les abattoirs, les plumes peuvent être arrachées à sec mais il est plus facile et rapide d’échauder les oiseaux à environ 70 °C pendant 1 à 3 minutes[50]. Les plumes sont arrachées manuellement, quelquefois avec l’aide d’une machine appelée « plumeuse ». Les plumes sont ensuite séchées dans des tambours pour qu’elles prennent du volume. Elles sont ensuite triées, industriellement par des machines à flux d’air[50]. Le plumage à sec, n’impliquant pas de processus industriel est plus rentable pour les éleveurs[50].
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Pour les palmipèdes en France, 70 à 55 % des plumes sont utilisables[51].
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La fabrication de vêtements isolants (anorak, doudoune, etc.) ainsi que des sacs de couchage, édredons, duvets, oreillers, couettes est la principale utilisation des plumes. Le duvet est la plume la plus utilisée et celle qui a le plus de valeur. Le duvet provient aujourd’hui essentiellement des volailles palmipèdes de la filière avicole. Les duvets de certaines espèces sont plus réputés que d’autre, aussi plusieurs pays ont mis en place des législations protégeant les consommateurs. Au Canada, il est obligatoire de faire figurer de quel oiseau les plumes proviennent mais les termes employés sont équivoques puisqu’ils désignent en fait toutes les plumes secondaires des oiseaux aquatiques, comme les oies, les canards et les cygnes, constituées des barbes se ramifiant à partir du penne, mais n’ayant pas de rachis[52]. La plupart des produits du commerce sont fabriqués à partir d’un mélange de plumules et de duvet ; plus la quantité de duvet est importante et plus la valeur du produit est élevée.
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La production est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Les plumes des espèces fournissant duvet et plumules peuvent être valorisées industriellement en étant incluses dans des articles textiles, le reste étant transformé en farine animale, en cystéine, en engrais ou traité comme déchet. En France, la production de plumes de palmipèdes représente 12 000 tonnes par an dont 5 000 tonnes sont des déchets[51]. Les vêtements et produits à base de plumes sont perçus par la clientèle comme des produits de qualité, la demande en qualité augmentant, la quantité de déchets devrait aussi augmenter. Les plumes blanches sont les plus recherchées.
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Dans les pays industriels, la récolte continue d’être une source de revenus non négligeable. Elle est principalement pratiquée sur les canards ou les oies en Europe. Les revenus proviennent des animaux abattus et des récoltes des mues naturelles, à partir de l’âge de 9 à 10 semaines, puis toutes les six semaines, pour produire 100 grammes de plumes (8 à 15 % de duvet[51]) environ chez les oies[50].
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La β-keratin est obtenue par dialyse d’une solution aqueuse d’urée et de 2-mercaptoéthanol[53] dans laquelle sont trempées les plumes. Une agrégation de protéines a lieu et le résidu est soumis à plusieurs acides et agents chimiques[53]. L’acide cystéique est ensuite transformé en cystéine (E910 (L-cystéine), E920 (L-cystéine hydrochloride), E921 (L-cystéine hydrochloride monohydrate). La cystéine est par exemple utilisée en boulangerie comme correcteur de la force des pâtes à pain[54]. Si, historiquement, la cystéine a été extraite de plumes d’oiseaux et de cheveux, la législation européenne interdit maintenant l’usage de cystéine d’origine humaine.
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La farine ou poudre de plumes est une farine animale, elle est peu considérée du fait de son odeur. Elle est produite avant tout avec les plumes des volailles terrestres. Ces farines ont la composition des plumes c’est-à-dire que la kératine représente 85,9 % de la teneur en protéines et 70 % de la matière sèche totale.
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La poudre, pour améliorer sa digestibilité, est hydrolysée par traitement enzymatique ou physico-chimique. Si la digestibilité apparente atteint 65 % pour les volailles, et 85 % pour les ruminants, l’apport nutritif est faible car elle ne contient que 0,5 % de méthionine, 2,2 % de Lysine, 0,8 % de histidine et 0,7 % de tryptophane. Mais elle est riche en cystéine[55]. Elle a aussi un assez bon apport énergétique, comparable à la farine de sang[55], toutes deux pauvres en matières minérales[56].
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La production de farine animale représentait 531 000 tonnes en 1997 en France, la production de farine de plume représentait 34 370 tonnes[57], 31 000 tonnes en 1996 et 28 000 tonnes en 1994 pour 742 000 tonnes au total. La production de farine de plume est en constante augmentation, même sans débouché et alors que la production générale est en baisse.
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En principe, en France[51] :
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Mais en fait, en 2001, 10 % seulement a été incinéré du fait de la saturation des sites d’incinération. Moins de 5 % de la production est utilisé pour l’alimentation animale.
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Les déchèteries peuvent recycler certaines plumes. Cet usage est fort ancien, les selliers-garnisseur ou bourreliers récupéraient les vieux matelas, pour en produire des nouveaux. Bon nombre de plumes, comme celles des Gallus gallus domesticus qui n’ont pas de valeur commerciale suffisante sont considérées comme des déchets encombrants. Des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont produit un OGM appelé « bare chicken » qui ne possède pas de plumes[58], ce qui a des implications religieuses[59].
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Les plumes de récupération représentent 10 000 tonnes par an dont 30 % à 50 % seraient re-traitées ce qui générerait 2 500 à 3 000 tonnes par an de coutil, 500 à 1 500 tonnes par an de déchets et 100 à 200 tonnes de poussières[51].
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Le terme de plume dérive du latin plūma, « duvet » puis « plume » et a éliminé penna (penne*) dans presque toutes les dialectes gallo-romains[68]. Il a désigné, par métonymie, une plume tout aussi bien que le plumage. La synecdoque plume-oiseau se retrouve dans l'expression « gibier à plume » pour désigner ce gibier. L'association plume/léger, se retrouve dans l'expression poids plume, une catégorie de boxe.
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Ce terme a donné de nombreuses expressions et sens dérivés. Plumer signifie enlever les plumes des oiseaux mais aussi dérober tous les biens d'un individu, tandis que plumard désigne un lit, sens en relation avec les matelas autrefois fait en plumes.
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On parle aussi de plume pour l'organe corné des calmars.
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La plume a un rôle symbolique, il désigne l'écriture, un écrivain, etc. Dans de nombreuses symboliques s'appuyant sur la théorie des Quatre éléments la plume est reliée à l'air, ou au souffle qui est à son tour symbole de vie. Les Égyptiens de l'antiquité appelaient la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme pour les peuples nord-amérindiens[69]. La plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.
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La plume blanche était, dans l'empire britannique, un symbole de lâcheté, attribué à ceux qui refusaient la guerre. Ce symbole a pour origine la croyance selon laquelle, dans un combat de coq, il apparaissait une plume blanche sur la queue des jeunes coqs combattant mal[71]. Cet usage au XIXe siècle est le point de départ du roman Les Quatre Plumes blanches. Pendant la Première Guerre mondiale, des distributions de plumes blanches étaient organisées pour couvrir de honte les hommes non engagés dans la guerre. Cette distribution apparaît dans la saison 2 de Downton Abbey.
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À l'opposé, dans le manga Negima!, l'équipe du héros a pour symbole une plume blanche (son nom est Ala Alba, traduit par aile blanche ou plume blanche), et se fait remarquer par son courage.
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La plume, élément caractéristique de la classe des oiseaux, est une production tégumentaire complexe constituée de β-kératine. Comme les poils, les écailles, les ongles, les griffes ou les sabots, les plumes sont des phanères.
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L'ensemble des plumes, généralement plusieurs milliers, forme le plumage, dont les fonctions sont de protéger le corps de l'oiseau du milieu, notamment contre l'eau et le froid (phénomène de thermorégulation), de permettre le vol, de se camoufler. Mais il a aussi une fonction sociale et reproductive. Les plumes des oiseaux sont des exaptations : elles sont apparues comme des adaptations, jouant probablement un rôle initial de thermorégulation chez les dinosaures.
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L'observation d'une plume ou du plumage peut permettre de déterminer l'espèce, le sexe, l'âge ou la santé d'un oiseau.
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La plume caractéristique, la plume de contour, se compose d'un axe central rigide partagé en un calamus proximal (appelé aussi hampe, il s'agit d'un cylindre creux à sa base, correspondant au tube germinatif fortement kératinisé qui naît dans une invagination épidermique), et un rachis distal (« tuyau » central plein, partie principale de l'axe). Le rachis porte des « barbes », lames insérées obliquement en deux séries de part et d'autre de l'axe dans un seul plan, et enchevêtrées par des « barbules » perpendiculaires, lamelles proximales (Barbula proximalis lisse, en forme de « gouttière ») et distales (Barbula distalis crochu). Les barbules distales sont prolongées de barbicelles (appelées aussi hamuli, ce sont des écailles modifiées en crochets qui s"agrippent aux « gouttières » par de petites épines qui évitent le décrochement). Ce système d'accrochage assure la cohésion des barbes, mécaniquement importante pour le vol[2].
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L'ensemble des barbes situées du même côté du rachis est appelé vexille ou étendard. Le vexille externe (visible quand l'aile est repliée) est souvent plus étroit que l'interne[3].
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La base inférieure du rachis peut comporter une plume secondaire, appelée hyporachis ou hypoptyle, qui vient en quelque sorte doubler la plume initiale et permet de compenser l'absence de plumes de duvet, comme chez les manchots[4].
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On distingue plusieurs types de plumes :
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Les plumes les plus longues des ailes et de la queue sont appelées pennes ou plumes de contour. Il existe deux grands groupes de pennes, les rémiges et les rectrices.
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Les plumes tectrices ou plumes de couverture désignent le duvet (formé de plumes légères dont les barbes ne sont pas enchevêtrées) et les plumules ou semi-plumes, qui sont de très petites plumes sur les tarses. Les plumes de duvet sont très abondantes chez certaines espèces (canards, oies...) ; elles sont parfois arrachées par l'oiseau sur son propre corps afin de garnir le nid. Certaines espèces (outardes, hérons, certains passereaux...) possèdent des touffes de duvet particulier, dont l'extrémité se désagrège en une poudre utilisée pour l'entretien des plumes[3] (ces espèces ont généralement une glande uropygienne plus réduite que la moyenne)[6].
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Les plumes trichoptiles et néoptiles sont des plumes de couvertures qui ont l'air de cheveux. Les plumes de sabre sont les plumes latérales sans œil de la queue des paons. Les termes herls, hackles, quills, définissent des plumes particulières généralement utilisées pour la conception de mouches de pêche.
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Une plume naît d'un bourgeon épidermique que soulève une papille dermique vascularisée. Le bourgeon s'allonge en un cylindre épidermique oblique entourant un axe dermique (appelé pulpe) riche en vaisseaux sanguins et nerfs, qui se transforme progressivement en une masse composée de cellules vivantes non différenciées (appelée germe) qui, en se différenciant, se kératinise. Cet axe s'enfonce progressivement par sa base sous la surface de la peau, entraînant l'épiderme qui s'invagine dans une dépression de la peau appelée follicule plumaire. À partir d'une zone germinative annulaire ou collier, se divisent longitudinalement des lignes de cellules qui donnent naissance aux crêtes barbaires (les futures barbes) et barbulaires (les futures barbules). Un tube kératinisé appelé gaine entoure progressivement le cylindre épidermique. Finalement, après quelques jours, la gaine de cette ébauche plumaire se fend ventralement, permettent le déploiement du vexille. Cette gaine va ensuite disparaître par usure, laissant apparaître le calamus qui, à son extrémité, n'est plus qu'une structure morte appelée rachis. La plume est alors maintenue par des tissus musculaires implantés d'un même côté sur le rachis[7].
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Le pigment de mélanine des plumes est dû aux organites appelés mélanosomes, organites siégeant dans le cytoplasme des mélanocytes situés dans le calamus. Ces cellules transmettent leurs mélanosomes aux cellules médullaires présentes dans la partie centrale des barbes. Les mélanosomes migrent durant toute la croissance de la plume.
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La plume ayant une durée de vie limitée, ce processus recommencera à la prochaine mue.
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Il existe souvent des différences substantielles entre les rémiges et les rectrices d'adultes et de juvéniles de la même espèce. Parce que toutes les plumes des juvéniles poussent en même temps, elles sont moins douces et de moins bonne qualité que les plumes adultes dont le développement s'étale sur un laps de temps plus long[8]. Des problèmes alimentaires (voir le paragraphe Variations alimentaires) peuvent alors causer des stries de croissance sur les plumes qu'il est possible d'étudier avec une technique appelée ptilochronologie[9].
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En général, les juvéniles ont des plumes plus étroites et plus pointues[10],[11], ce qui est particulièrement visible dans le cas de rapace en vol. Les plumes d'un juvénile sont de longueur plus uniforme et les bords plus dentelés[8], surtout dans le cas des rapaces. Les rémiges des adultes peuvent être de longueurs et de résistances différentes mue après mue, d'une année sur l'autre[8]. D'une façon générale chez les jeunes, les rectrices, les primaires externes et secondaires sont plus longues tandis que les primaires internes sont plus courtes. Cependant, chez les espèces de Ciconiiformes à rectrices particulièrement longues comme le Milan à queue fourchue, le Messager sagittaire ou la Bondrée apivore, les rectrices, de même que les rémiges chez les espèces appartenant au genre Buteo, peuvent être plus courtes chez les juvéniles. Certains scientifiques pensent que ces différences peuvent aider les jeunes oiseaux à compenser leur inexpérience et leur musculature plus faible limitant leur capacité au vol battu[12].
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Les facteurs d'usures essentiels sont les frottements dûs à l'abrasion mécanique lors des mouvements dans le nid, contre la végétation, à cause des intempéries, du sable, du sel, du lissage quotidien des plumes, du grattage ou des frottements occasionnés par le vol ; la consommation de la kératine par des animalcules présents dans le plumage ; l'effet de la lumière (les rayons UV accélèrent la dégradation de la kératine et des pigments des plumes) ; les dommages mécaniques lors des combats ou des attaques des prédateurs. Au fil du temps, les plumes se décolorent, se raccourcissent et s'effilochent en raison de la structure des barbules qui s'altèrent et du rachis qui finit par casser[13]. Les ornithologues peuvent ainsi connaître les périodes du cycle de mue d'une espèce par l'étude de l'usure des plumes.
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La lumière agit sur la kératine et le pigment des plumes. Comme les rémiges se recouvrent partiellement, seules les extrémités qui sont exposées au soleil s'usent plus vite. Elles se décolorent d'abord, puis la structure des barbules se détériore et celles-ci se séparent. Les rachis finissent par se casser. Les rectrices s'écartant les unes des autres pour fonctionner, cette fonction entraîne une usure beaucoup plus rapide des plumes.
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L'étude de l'usure des plumes permet de connaître la période du cycle de mue de l'oiseau. Les espèces migratrices ont souvent des plumes plus usées que les sédentaires.
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Les pigments des plumes sont de deux types, les mélanines (noir) et les caroténoïdes (jaune au rouge). La coloration de certaines plumes est due à une couleur structurelle, dépendant de la disposition de minuscules parties des barbes. Ainsi, de nombreux oiseaux ont un plumage vert ou bleu, comme les espèces du genre Pavo[14] ou les Psittacidae, sans pigments de ces couleurs. De nombreuses espèces ont des plumes blanches comme les aigrettes, mouettes, spatules. Le blanc résulte de l’absence de pigmentation mais également de la réflexion totale du spectre lumineux.
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La coloration du plumage des oiseaux est un compromis évolutifTrade-off entre la résistance aux rayonnements solaires (provoquant une photo-oxydation différentielle des pigments) et la capacité à se dissimuler des prédateurs et à être vu par les partenaires sexuels éventuels[15].
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Les pigments obtenus à partir des mélanines (pigment le plus abondant chez les oiseaux[16]) peuvent aller du noir, comme pour le choucas des tours, au brun clair voire au jaune comme pour certaines espèces de Corvidae. Ces pigments mélaniques sont directement synthétisés par l’oiseau. Il n’en est pas de même pour les pigments caroténoïdes qui peuvent, suivant les espèces, être soit synthétisés soit plus généralement obtenus par la nourriture. Les Psittacidae synthétisent la psittacine tandis que les flamants, certains serins, etc., trouvent ces pigments dans leur alimentation[17]. Dans ce dernier cas, les caroténoïdes ne subissent pas ou peu de transformations chimiques avant de se déposer dans les plumes. Mais, chez les flamants, le pigment initial est produit par des algues unicellulaires, transformé en canthaxanthine chez des crevettes (Artemia salina) qui s’en nourrissent et finalement fixé dans les plumes des flamants. La couleur peut alors varier en fonction de l’alimentation et donc de la saison[18].
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La quantit�� de pigments allouée à la coloration dépend de la disponibilité et de l'état de santé de l'oiseau. Les caroténoïdes sont des précurseurs de la vitamine A qui joue un rôle important dans les défenses immunitaires. Il existe, chez les oiseaux ayant une coloration à base de caroténoïdes, un compromis des allocations des caroténoïdes entre la réponse immunitaire et l'intensité de la coloration[19]. L’accumulation des pigments peut varier avec l’âge de l’oiseau[14].
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C’est grâce au phénomène optique de diffusion Rayleigh (décomposition de la lumière par les microstructures des barbes) que des couleurs peuvent apparaître par décomposition de la lumière blanche. Ce phénomène est identique à celui qui permet la coloration des yeux chez l’homme, ou mieux la coloration des bulles de savon et l’arc-en-ciel. Chez les psittacidés, le bleu naît dans des barbes renfermant une couche structurale riche en microgranules de mélanine noire ; si à cela s’ajoute un caroténoïde jaune on a du vert. Les microgranules renvoient les radiations bleues (les plus courtes), les autres sont absorbées par une moelle centrale noire. Chez les paons et les colibris, la couleur structurale est due à l'interférence de la lumière : les barbules renferment des plages de microlamelles qui décomposent la lumière (comme pour un microsillon) et suivant l’écartement des microlamelles on a telle couleur. Dans ce cas, en inclinant la plume pour faire varier l’incidence de la lumière, on voit les couleurs se déplacer[20].
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La combinaison des différents pigments et de ces phénomènes optiques permet une très grande variété de couleurs. Les éleveurs d’oiseaux de compagnie ont pu sélectionner de nombreuses variétés de couleurs dues à des mutations apparues en élevage et en obtenir de nouvelles par des croisements pour produire les teintes désirées.
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Certaines espèces sont connues pour avoir des plumes iridescentes, comme les oiseaux-mouches mais aussi les guêpiers, l'ibis chauve, les paons, quelques canards, les étourneaux, les corbeaux, etc. Les irisations sont produites par les barbules renfermant des réseaux de microlamelles. Une barbule à microlamelles reposant sur une barbule riche en mélanine noire, cette dernière absorbe les radiations parasites. Les microlamelles ont l’avantage sur les microgranules de mélanine de pouvoir produire toutes les couleurs du spectre solaire, alors que les microgranules ne peuvent produire que du bleu.
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Le terme plumage fait référence à la fois aux coloris des plumes et à leur disposition. Les motifs et les couleurs du plumage varient entre les espèces et sous-espèces, et peuvent également varier entre les différentes classes d'âge, de sexe et les saisons. C'est une des manières les plus usuelles de reconnaître les espèces.
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Tous les oiseaux ne disposent pas de la même quantité de plumage. Le plumage représente jusqu’à 50 % du poids chez les Fregatidae, 30 % chez les passereaux[21]. Le nombre de plumes peut également beaucoup varier selon les saisons : il passe, chez le bruant à gorge blanche, d’environ 2 600 en février à environ 1 500 en octobre[21]. Le cygne siffleur, dispose lui, lors de sa saison la plus couverte, de près de 25 000 plumes tandis que les oiseaux-mouches ne disposent que d’environ 1 000 plumes lors de la saison la moins couverte.
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L'implantation des plumes ne se fait pas au hasard mais sur des zones de la peau appelées ptérylies. Les zones où les plumes ne poussent pas sont appelées aptéries. Seuls les Spheniscidae et les ratites ne répondent pas à ce schéma. Le plumage paraît uniforme du fait de la différence de taille des plumes. Ceci est particulièrement visible chez les juvéniles. Les petits Trochilidae éclosent avec une rangée de plumes dorsales, qui leur permettent de détecter par vibration l'arrivée de leurs parents.
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On distingue plusieurs régions d'implantation des plumes dont plusieurs noms sont en rapport avec le vêtement :
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Chaque plume, en fonction de sa position et donc de son utilité, a une forme différente. Les ornithologues ont créé une convention pour attribuer un identificateur à chacune d'elles. Ainsi les rémiges primaires sont identifiées par un P suivi de son numéro d'ordre. Les rémiges secondaires sont identifiées par un S, les tertiaires par un T et les rectrices par un R, Al pour les alulas. Pour la majorité des auteurs, le dénombrement commence de l'avant vers l'arrière, les rectrices sont numérotées de part et d'autre du centre vers l'extérieur[22]. Chaque espèce dispose d'une formule alaire différente. Elle peut permettre l'identification d'oiseaux. Les spécialistes peuvent même déduire l'espèce d'un oiseau à partir d'une seule plume.
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La connaissance des différentes plumes de l'aile est indispensable pour la compréhension des caractéristiques de la mue.
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Certaines espèces comme les anatidés du genre Anas ou des perroquets du genre Amazona possèdent sur le dos des ailes une barre iridescente appelée miroir, d'autres espèces disposent d'homochromie mimétique comme des ocelles. Ces caractéristiques peuvent être primordiales pour l'identification d'un oiseau.
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On observe des variations de plumages entre les individus d'une même espèce. Ces variations sont dues à plusieurs facteurs, la production d'hormones, des facteurs d'ordre génétique et, le moins connu et le plus discuté, le facteur nutritionnel. Les oiseaux changent de plumage au cours de mues, les couleurs peuvent changer en fonction des saisons pour certaines espèces. Ces différentes variantes de plumage sont appelées « formes » et ces espèces sont dites polymorphiques.
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Les plumages peuvent beaucoup varier en fonction des sexes, des saisons ou de l'âge des individus.
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Les poussins, qui peuvent à l'éclosion être entièrement nus (ex : pic vert), partiellement couverts de duvet (ex : rougequeue à front blanc) ou entièrement couverts de duvet (ex : poussins nidifuges) vont progressivement acquérir un premier plumage d'immature. Les juvéniles auront dans la plupart des cas un plumage différent des adultes ou semblable à celui des femelles. Ce plumage immature laissera la place au plumage d'adulte lorsque l'oiseau aura atteint la maturité sexuelle[3].
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Les mâles sont, en général, plus colorés, au moins de la période des parades nuptiales à la fin de la période de reproduction, la mue automnale (pour les espèces nordiques) leur permettant d'acquérir une livrée plus discrète.
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On parle de plumage éclipse, lorsque les mâles d'une espèce possèdent un plumage de parade nuptial différent de celui de la saison d'hivernage, comme c'est le cas pour les mâles de Sarcelle d'hiver et de nombreux canards en général.
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Les femelles de certaines espèces sont connues pour choisir leur mâle en fonction, entre autres, de la couleur de leur plumage, les mâles aux couleurs les plus chatoyantes étant supposés être en meilleure santé. Les femelles et les juvéniles, aux couleurs plus ternes, sont en général mieux camouflés, quoique certains mâles incubent également. Les espèces dites polymorphiques, sédentaires ou non, peuvent connaître des mues saisonnières, leur plumage changeant selon les saisons. Le Chardonneret jaune est un exemple de toutes ces variations de plumage.
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Ces variations sont d'origine endocrinienne.
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Certaines espèces disposent d’une importante variation de plumages en fonction des individus comme chez les Cuculidae ou les Strigiformes. Elles sont principalement dues à des raisons génétiques et peuvent s’étendre à l’ensemble du plumage ou à quelques zones. Une des plus célèbres de ces anomalies est l’albinisme comme chez le merle blanc, un oiseau quasi-mythique. L’albinisme, relativement rare, est liée à l’absence de l’enzyme tyrosinase. Une autre anomalie ne causant que des taches blanches est appelée leucisme et semble héréditaire et parfois liée au sexe[23]. Une pigmentation rouge ou jaune anormale étant respectivement l’érythrisme et la xanthochromie. On a observé à la fin des années 1990 pour les hirondelles de cheminée exposées aux radiations de la catastrophe de Tchernobyl que 13 % d’entre elles présentent des taches de dépigmentation liées à des mutations[24].
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Les éleveurs d’oiseaux de compagnie, de Psittacidae et de serins notamment, cherchent à reproduire ces anomalies génétiques, des mutations naturelles, par croisements sélectifs afin de rendre les oisillons produits plus rares et plus chers.
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Un autre type de variation génétique du plumage concerne la longueur des plumes. Par exemple, le coq domestique de la variété Onagadori présente trois mutations : une empêchant la mue des rectrices et deux favorisant leur croissance. Il s’ensuit une croissance démesurée et continue des plumes de la queue, dont la longueur atteint souvent 5 ou 6 m, voire la dimension exceptionnelle de 11,3 m[25].
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On observe dans de nombreuses études que dans le cas de carence alimentaire il apparaît d'une part des marques blanches sous les rémiges et surtout sous les rectrices et d'autre part un manque de barbes, mais ces études ne permettent cependant pas de conclure avec certitude[26]. On a observé que la présence de lysine dans l'alimentation favorise la croissance des plumes et l'absence des taches[27], la lysine influençant la production de tyrosinase, mais ce n'est peut-être pas la seule cause. Ces altérations se traduisent par des barres de croissance qui fragilisent les plumes, qui se cassent à cet endroit à la fin de la saison. La ptilochronologie propose d'étudier la santé alimentaire des oiseaux en observant ces phénomènes.
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Certains auteurs pensent que d'une part la sous-alimentation entraîne assez rapidement des dépigmentations au niveau des jeunes plumes et que d'autre part on observe une proportionnalité entre la durée de la famine et la taille des marques. Ces marques, dans ce cas, seraient liées à la diminution du flux sanguin causant un moindre afflux des produits chimiques précurseurs des couleurs dans le calamus. Ceci expliquerait la différence de positions et de formes de ces marques entre les juvéniles et les adultes, pour qui la pousse est plus étalée.
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Le toilettage est l'activité de confort la plus gourmande en temps de l'oiseau. C'est aussi une activité sociale, certains oiseaux se toilettant en couple. Par exemple, ils lissent leurs plumes avec les sécrétions cireuses de leur glande uropygienne. L'utilité de cette pratique est discutée mais il semble que cette cire agit sur la flexibilité des plumes et comme un agent antimicrobien en inhibant la croissance de bactéries dégradant les plumes[28]. Les oiseaux n'utilisent pas que de l'eau pour se nettoyer, plus de 250 espèces complètent ces sécrétions avec de l'acide formique tiré de fourmis[29]. Certains passereaux prennent des « bains » de fumée sur les cheminées des maisons. Certains oiseaux aiment également se baigner.
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La mue est un processus coûteux en énergie et en ressources pour l'oiseau. Le mécanisme, la manière dont elle se déroule et sa durée varient d'une espèce à l'autre. On peut ainsi observer d'une à quatre mues par an. Celle-ci dépend des saisons et permet aux oiseaux de disposer d'un meilleur camouflage ou d'arborer un plumage nuptial. Lorsque les mâles d'une espèce possèdent un plumage de parade nuptial différent de celui de la saison d'hivernage, en général cryptique, comme c'est le cas pour les mâles de Sarcelle d'hiver, ce dernier est appelé plumage d'éclipse. La mue dépend aussi de l'âge de l'oiseau et de l'état général de celui-ci. Certains oiseaux s'enlèvent eux-mêmes les plumes ou se grattent durant cette période. Toute perte de plume n'est pas nécessairement liée à une mue.
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On distingue la première mue des juvéniles, qui leur fait perdre leur duvet, et les mues saisonnières des adultes. En fonction des périodes de la vie des oiseaux on parle de plumage prénuptial, de plumage de reproduction , etc..
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La mue peut être progressive et laisser à l'oiseau la capacité de voler, ou être très rapide, laissant momentanément l'oiseau dans l'incapacité de voler (comme chez les Anatidés, les grèbes, les plongeons...) ou de plonger en eau froide (manchots)[3].
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La perte de plume peut être due à des maladies ou des problèmes d'alimentation. On appelle picage chronique, le fait d'arracher les plumes, en dehors du phénomène de la mue. Certaines alopécies sont dues à des levures ou des champignons mais aussi à des facteurs génétiques (dans ce cas un traitement hormonal peut régler le problème)[30]. Les oiseaux peuvent aussi souffrir de kystes folliculaires qui sont des plumes qui poussent sous la peau causant ainsi des amas de peau.
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Les plumes accueillent de nombreux ectoparasites qui se nourrissent du sang ou des plumes de leur hôte. Les activités de toilettage permettent notamment de limiter les effets de ces parasites.
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On connaît de multiples fonctions du plumage chez les oiseaux modernes. La fonction d'isolation thermique est la plus évidente mais il joue aussi un rôle primordial dans la communication visuelle tout au long des cycles de vie de l'oiseau. La couche de plumes tectrices protège aussi les oiseaux des chocs mécaniques, de l'humidité et des radiations solaires. En outre, le plumage peut jouer un rôle mimétique vis-à-vis des prédateurs, comme signal de dissuasion (cas du Coucou shikra qui ressemble à l'épervier shikra) ou comme camouflage (cas du plumage dit « cryptique » du Petit-duc africain). Les primaires des oiseaux-mouches produisent des bourdonnements particuliers qui leur servent à communiquer. C'est le cas aussi par exemple du Manakin à ailes blanches (en) dont les sons, produits par ses secondes rémiges extrêmement modifiées, lui servent lors de la parade amoureuse.
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Chez les Strigiformes, le bord des rémiges est pourvu de dentures appelées « sourdines », permettant l'assourdissement du bruit des ailes et un vol très silencieux.
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On sait que les femelles de certaines espèces évaluent la teinte du plumage des mâles qu'elles choisissent. C'est le cas par exemple de la mésange bleue ou de la Gorgebleue à miroir. Le mâle de Gorgebleue ne disposant que de peu de plumes réfléchissant l'ultra violet mettra plus de temps à former un couple et aura moins de copulations hors couple. D'après la théorie de Ronald Aylmer Fisher[31], les femelles cherchent les mâles les plus beaux, avec qui elles auront le plus de descendants. Pour les espèces du genre Pavo, plus les plumes de queue sont longues, plus le mâle a du succès. Cependant, les femelles de certaines espèces préfèrent les mâles ayant un handicap. Amotz Zahavi explique, avec sa théorie du handicap, qu'elles choisissent le mâle avec le plus lourd handicap car il a sûrement de bons gènes pour survivre malgré cela.
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Le rôle thermique intervient aussi bien pour protéger les oiseaux de la chaleur que du froid. L'oiseau renouvelle son plumage en fonction des saisons par la mue, ce qui lui assure une meilleure protection. Mais il peut aussi changer le degré d'isolation en les ébouriffant comme les mammifères hérissent leurs poils. De cette manière les plumes emprisonnent plus d'air ce qui augmente le pouvoir isolant.
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En l'absence de glandes sudoripares, la sudation n'existe pas chez les oiseaux. La thermorégulation est essentiellement assurée par la respiration qui élimine l'eau par évaporation[32].
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Le duvet des Ardeidae et de certaines espèces de rapaces pousse continuellement, sans muer. Les extrémités de ces plumes se désagrègent en poudre que ces oiseaux répandent lors de leur toilette pour imperméabiliser leurs plumes. Les oiseaux marins s’en servent pour enlever le mucus des poissons. Par ailleurs, ces oiseaux sont vulnérables aux plaques d’hydrocarbures causées par les marées noires, qui détruisent l’imperméabilité du plumage et entraînent leur mort par noyade ou par hypothermie[33].
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Les plumes longues des dinosaures ont pu jouer un rôle de caractère sexuel, qu'il est difficile de démontrer. Chez certains de ces dinosaures bipèdes actifs, coureurs, des études biomécaniques suggèrent que les longues rémiges présentes sur les bras et la queue ont pu contribuer à améliorer la stabilité de la course ou l'équilibre lors de brusques changements de direction. En effet, leurs longues plumes asymétriques, comme celles des oiseaux, « n'améliorent ni le vol, ni même la portance ; elles réduisent la traînée, ce qui est utile pour tout animal se déplaçant à une vitesse élevée »[34].
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Tous les oiseaux possèdent des plumes, y compris les oiseaux qui ne volent pas. Elles illustrent les autres utilités des plumes pour les oiseaux.
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Les perroquets-hiboux possèdent des rémiges plus courtes, plus symétriques avec un bout plus arrondi que chez les autres Psittaciformes. Les barbules ont moins de crochets, ce qui rend les plumes plus souples.
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D’autres espèces comme les grèbes microptères ont un nombre de rémiges réduit[35].
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Les Sphenisciformes adultes (les manchots) ne possèdent pas de plumes différenciées ; en outre, ce sont les seuls oiseaux pour qui elles poussent uniformément sur le corps. Leurs plumes sont petites, rigides et faiblement incurvées et couvrent l’ensemble de leur corps à l’exception de leurs pattes.
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Trois des quatre espèces de Brassemers ne peuvent pas voler ; leurs plumes ne sont pas très différentes de celles des oiseaux volants.
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Les rémiges des oiseaux coureurs sont fines et non rigides, les barbules n’ont pas de crochets et leur absence est l'une des causes de l’inaptitude au vol.
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Chez les émeus, les rémiges sont plus courtes.
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Les rémiges des casoars sont peu nombreuses et ne disposent que de cinq ou six barbes.
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Seules les autruches conservent leurs rectrices chez les oiseaux coureurs. Ces plumes leur servent à équilibrer leur trajectoire pendant les phases de course.
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Les kiwis ont des plumes qui ressemblent à des poils.
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Les plumes constituent la partie la plus importante du corps des oiseaux, les ailes, qui leur permettent de voler.
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Selon le type de vol spécifique à chaque catégorie d’oiseaux, les plumes des ailes et de la queue auront une forme et un fonctionnement différents.
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Le fait de couper les plumes, voire les phalanges, des ailes de certains oiseaux domestiques pour les empêcher de voler s’appelle l’éjointage.
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On a longtemps pensé que seuls les oiseaux modernes avaient des plumes. La découverte de plumes asymétriques (donc modernes) sur Archaeopteryx, dans les années 1860 a lancé un débat sur l'origine des plumes chez les oiseaux modernes ; ce cas est longtemps resté unique. Puis de nombreux fossiles de théropodes, dont Sinosauropteryx de la province du Liaoning en Chine ont prouvé que les spécimens de cette lignée, dont font vraisemblablement partie les oiseaux, possédaient des plumes ou des protoplumes (voir dinosaure à plumes). À l’exception des fossiles de dinosaures aviens, proches des oiseaux modernes, la morphologie des squelettes de dinosaures non-aviens à plumes n’est en général pas compatible avec un vol battu. En 2016, pour la première fois deux fragments d'ailes avec plumes (ayant conservé une coloration), peau et os ont été trouvés dans un morceau d'ambre (provenant du nord-est du Myanmar et datant d'environ 99 millions d'années, soit milieu du Crétacé) suggérant que des plumes aux structures et arrangements assez similaires à ceux des oiseaux d'aujourd'hui existaient déjà. Ces plumes appartenaient probablement à un poussin d'enantiornithes, (sorte d'oiseau primitif à dents et griffes alaires, qui a disparu avec les dinosaures, il y a environ 66 millions d'années). Il semble cependant que ces plumes, déjà semblables à celles des adultes, ne soient pas issues d'une mue et qu'il n'existait pas encore l'étape du duvet juvénile[36].
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Certaines espèces ne possédaient que quelques touffes de plumes symétriques dispersées sur leurs « mains » et leur longue queue osseuse. Pour certaines, le corps était également couvert de duvet, d’autres enfin avaient un plumage bien plus développé sur les pattes arrière, ce qui leur permettait peut-être de planer avec leurs quatre membres étendus. Ces spécimens témoignent d’une apparition de la plume indépendamment de l’origine du vol, même si elle a ensuite été réutilisée à cette fonction : il s’agit d’une exaptation. La plume a donc pu d’abord remplir d’autres rôles (isolation thermique, communication notamment sexuelle, reproduction). Leur apparition, bien avant le vol, semble confirmer ce qui était prédit par la théorie de l’évolution : l’organe crée les fonctions.
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Au fil des découvertes, l’époque de l’apparition de la première plume recule. Le spécimen d’Epidexipteryx décrit en 2008, découvert en Mongolie, possédait déjà des plumes primitives. Il a été daté de 168 à 152 Ma ; pour lui aussi, toute capacité de vol est exclue[38]. En 2008 puis 2009, c’est au tour d’un petit troodontidé, Anchiornis huxleyi d’être décrit comme étant lui aussi un dinosaure non avien à plumes, antérieur à Archaeopteryx. De longues plumes lui couvrent les membres antérieurs, la queue mais aussi les membres postérieurs. Il est daté du Jurassique, entre 151 et 161 Ma.
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En 2008, la découverte de « poils » sur Tianyulong confuciusi, un dinosaure Heterodontosauridae, donc assez éloigné de la lignée des théropodes et qui vivait entre 99 et 144 Ma, fait reculer l’origine des plumes à l’origine même des dinosaures. En effet, le groupe des dinosaures s’est séparé il y a 240 Ma environ en deux grands groupes, les Ornithischia auxquels se rattache ce spécimen et les Saurischia dont seront issus les théropodes. De ce fait, si ces protoplumes sont considérées comme homologues, cela veut dire qu’il est possible qu’elles existent depuis au moins cette époque[39]. Ce fait avait déjà été suspecté grâce à un fossile de Psittacosaurus en 2002.
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On connaît également de nombreux fossiles de Ptérosaures recouverts d’un duvet de Pycnofibres (en), par exemple le Sordes pilosus, ce qui pose la question d’une origine commune de ces phanères chez les premiers Archosaures[40].
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En quelques décennies, les paléontologues ont accumulé en Chine plusieurs dizaines d'exemples (31 exemples au moins, d'après les publications faites avant fin 2018) de paires de plumes conservées dans des morceaux d'ambre du Crétacé du Myanmar. L'observation en 3D de ces plumes montre que l'interprétation des fossiles plats antérieurement trouvés dans la pierre était incorrecte. Selon l'équipe de Lida Xing (Université des géosciences de Chine à Beijing), ces plumes sont en réalité très différentes des plumes modernes[41]. Leur rachis (tube central) n'est pas creux comme celui des oiseaux modernes, mais il a une forme de demi cylindre aplati. Par rapport aux plumes de vol des oiseaux contemporains il a peu de barbes de chaque côté de la hampe. Enfin le rachis est très fin et probablement très fragile, voire d'un diamètre microscopique (jusqu'à 3 microns, soit moins de la moitié du diamètre d'un globule rouge à titre de comparaison)[41]. Ces plumes semblent avoir formé des banderoles plutôt droites et rigides (formant une sorte de ruban). McKellar suggère une fonction défensive (leurre) pour prédateurs [41]
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D'anciennes hypothèses suggéraient que les écailles des reptiles auraient évolué pour donner les plumes. Or les avancées de la paléontologie et de l'étude des plumes montrent que celles-ci se forment à partir d'un tube et s'aplanissent après être sorties du tube. En revanche, les deux faces planes d'une écaille se développent à partir du sommet et de la base de l'excroissance épidermique initiale[40]. Le germe des plumes est tubulaire, y compris dans le développement des barbes, avant de se répandre ensuite latéralement et cela quelle que soit l'étape de développement de l'oiseau. Les données embryologiques montrent que les plumes, chez les Dinosauriens donc chez les oiseaux, sont issues de plusieurs innovations évolutives spécifiques.
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L'étude de ces plumes permet même de retracer l’arbre phylogénétique[40].
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De nombreux ectoparasites vivent dans les plumes, notamment les Mallophaga, Phthiraptera et acariens appelés poux des plumes. Au fil du temps, les lignées de parasites coévoluent avec l'espèce hôte, aussi peuvent-ils être utilisés comme marqueurs phylogénétiques. Les Mallophaga surnommés « poux broyeurs » comme Brueelia consomment les rectrices ou les pennes provoquant des trous dans les plumes. Ces espèces ont été décrites abondamment dans le cadre d'études épistémologiques qui mettent au jour le rapport entre écologie et pullulation des parasites[42].
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La production de plumes est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Des plumes de volailles terrestres on tire essentiellement de la farine animale tandis qu'on exploite les duvets et plumules des oiseaux aquatiques. La production de plumes ornementales est aujourd'hui marginale.
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Les civilisations amérindiennes tant au sud[43] (quetzal, oiseaux-mouches…) qu’au nord (aigle[44]…) ont utilisé les plumes comme élément décoratif ou comme signe distinctif du rang social ; toutefois l’usage symbolique chez ces peuples ne peut être séparé de l’usage ornemental. Les coiffes en sont l’usage le plus connu, mais aussi les tambourins, habits, colliers, etc. Dans ce cas, les plumes étaient fixées par ligature sur un support souple ou incluses dans un support rigide (vannerie, osier, etc.). Il existe toutefois un autre usage décoratif par collage. Si cette dernière technique était répandue dans une grande partie du monde précolombien (Pérou, Amazonie, etc.), ce sont les Aztèques qui excellèrent dans sa pratique. Elle atteignit une période d’apogée au XVIe siècle, juste avant puis juste après la conquête espagnole avec la création de véritables tableaux religieux en mosaïque de plumes. Une quinzaine de ces tableaux du XVIe siècle sont conservés dans le monde, dont deux en France : le Triptyque de la Crucifixion au Musée national de la Renaissance (Écouen) et la Messe de Saint-Grégoire, le plus ancien conservé (1539), au Musée des Jacobins d’Auch (Gers).
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La plume d'autruche était chez les anciens Égyptiens et les anciens Libyens un symbole guerrier, en raison peut-être du caractère combatif et vigilant de cet oiseau; aussi les soldats et les chasseurs avaient-ils coutume d'en porter une ou plusieurs plumes sur la tête [45].
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L'usage de se décorer la tête avec des plumes d'autruche existait aussi dans l’Antiquité européenne : les Grecs ou les Romains en décoraient leurs casques).
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Au cours des siècles, la mode s'empare de cet ornement. Les grandes plumes colorées de certains oiseaux (autruche, casoar…) servent d’éléments de décoration dans le vêtement et le costume de scène ainsi que pour les chapeaux et la coiffure. Sous Henri VIII, les plumes étaient petites et mettaient en valeur les autres accessoires ; sous Charles II et Henri IV, elles ornaient les couvre-chefs en panache. Les boas seraient apparus dès le XVIIe siècle mais ne sont réellement décrits qu’à partir du siècle suivant.
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Vers la fin du XIXe siècle, cette tendance était si grande que l’activité, connue sous le nom de « plumasserie », avait acquis un statut industriel. En Amérique, cinq millions d’oiseaux étaient tués annuellement pour cet usage. Les plumes des oiseaux de mer étaient particulièrement prisées en raison de leur résistance ; de ce fait, l’industrie de la plume a été considérée comme l’un des facteurs responsables du déclin des populations d’oiseaux marins dans bon nombre de régions de l’Atlantique Nord à cette époque[46]. De tels chiffres mobilisèrent l’opinion publique et des mouvements anti-plume furent créés afin que seules les plumes d’oiseaux domestiques soient utilisées.
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Les éventails des Égyptiens antiques, dont les plus anciens remontent au IIIe millénaire av. J.‑C., étaient en plume. Les premiers éventails chinois étaient également en plume avant d'être fabriqués en papier, bambou et soie. Ils ont été datés du Ier millénaire av. J.‑C. environ. D'ailleurs le caractère chinois pour le mot « éventail » (扇 ou 煽) est graphiquement dérivé de celui du mot « plume » (羽)[47]. Indépendamment de toute influence extérieure, les Aztèques et les Mayas utilisaient aussi des éventails en plumes.
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Plusieurs centaines de millions de pêcheurs dans le monde utilisent les plumes pour la fabrication de leurres pour la pêche sportive, notamment en mouche de pêche. La première trace écrite que l'on ait de cette utilisation se trouve dans une description de Claude Élien au IIe siècle. Les plumes proviennent la plupart du temps d'élevages spécialisés dans la production de plumes. Elles sont soit prélevées sur l'oiseau vivant, soit proviennent de cous ou de selles, nécessitant l'abattage du volatile. Au cours des derniers siècles, pratiquement toutes les espèces ont été concernées. Notons notamment la perdrix rouge, le faisan, le coq de jungle, le paon et le coq de pêche.
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Afin d’obtenir des plumes pour fabriquer entre autres les coiffes, certaines communautés ont mis en place des techniques diverses. Les colorations à base de teintures ou de décolorants pour obtenir les couleurs voulues ont été utilisées en Amérique du Sud notamment. Charles Darwin rapporte que les Amérindiens réussissaient à obtenir des couleurs plus conformes à leurs souhaits en changeant le régime alimentaire des oiseaux, ce que savaient faire également les Malais. Les Amérindiens pratiquent également le tapirage, c’est-à-dire qu’en appliquant des produits chimiques sur des oiseaux captifs, ils parviennent à obtenir des nuances de couleurs non naturelles. L’oiseau est soit d’abord plumé puis son épiderme est massé avec des décoctions de plantes, soit du venin est déposé dans le calamus des plumes. Les couleurs structurales des plumes disparaissent et les plumes qui repoussent sont alors jaunes ou roses. Les Enawenê-Nawê, avec du venin de batracien, transforment des plumes normalement vertes en plumes jaunes avec des nuances de vermillon[48].
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Aujourd’hui les nord-amérindiens colorent des plumes de dindons à l’encre pour fabriquer et vendre des coiffes aux touristes, la détention de vraies plumes d’aigle étant interdite aux non indiens[44]. La teinture de plumes ou la fabrication de plumes artificielles est également encouragée auprès de certaines communautés pour tenter de sauver les espèces en danger, comme l’Ara bleu en Bolivie[49]. Les boas confectionnés à partir de plumes d’autruches, de dindes ou de marabouts peuvent également être teints.
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Toutes les plumes utilisées ne sont pas obtenues après abattage des oiseaux. La pratique de récupération des plumules ou duvet pour les palmipèdes, récupération des plumes d’autruches, etc., sur les animaux vivants est marginale. Dans les abattoirs, les plumes peuvent être arrachées à sec mais il est plus facile et rapide d’échauder les oiseaux à environ 70 °C pendant 1 à 3 minutes[50]. Les plumes sont arrachées manuellement, quelquefois avec l’aide d’une machine appelée « plumeuse ». Les plumes sont ensuite séchées dans des tambours pour qu’elles prennent du volume. Elles sont ensuite triées, industriellement par des machines à flux d’air[50]. Le plumage à sec, n’impliquant pas de processus industriel est plus rentable pour les éleveurs[50].
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Pour les palmipèdes en France, 70 à 55 % des plumes sont utilisables[51].
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La fabrication de vêtements isolants (anorak, doudoune, etc.) ainsi que des sacs de couchage, édredons, duvets, oreillers, couettes est la principale utilisation des plumes. Le duvet est la plume la plus utilisée et celle qui a le plus de valeur. Le duvet provient aujourd’hui essentiellement des volailles palmipèdes de la filière avicole. Les duvets de certaines espèces sont plus réputés que d’autre, aussi plusieurs pays ont mis en place des législations protégeant les consommateurs. Au Canada, il est obligatoire de faire figurer de quel oiseau les plumes proviennent mais les termes employés sont équivoques puisqu’ils désignent en fait toutes les plumes secondaires des oiseaux aquatiques, comme les oies, les canards et les cygnes, constituées des barbes se ramifiant à partir du penne, mais n’ayant pas de rachis[52]. La plupart des produits du commerce sont fabriqués à partir d’un mélange de plumules et de duvet ; plus la quantité de duvet est importante et plus la valeur du produit est élevée.
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La production est importante à cause des volumes de volailles produites en aviculture. Les plumes des espèces fournissant duvet et plumules peuvent être valorisées industriellement en étant incluses dans des articles textiles, le reste étant transformé en farine animale, en cystéine, en engrais ou traité comme déchet. En France, la production de plumes de palmipèdes représente 12 000 tonnes par an dont 5 000 tonnes sont des déchets[51]. Les vêtements et produits à base de plumes sont perçus par la clientèle comme des produits de qualité, la demande en qualité augmentant, la quantité de déchets devrait aussi augmenter. Les plumes blanches sont les plus recherchées.
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Dans les pays industriels, la récolte continue d’être une source de revenus non négligeable. Elle est principalement pratiquée sur les canards ou les oies en Europe. Les revenus proviennent des animaux abattus et des récoltes des mues naturelles, à partir de l’âge de 9 à 10 semaines, puis toutes les six semaines, pour produire 100 grammes de plumes (8 à 15 % de duvet[51]) environ chez les oies[50].
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La β-keratin est obtenue par dialyse d’une solution aqueuse d’urée et de 2-mercaptoéthanol[53] dans laquelle sont trempées les plumes. Une agrégation de protéines a lieu et le résidu est soumis à plusieurs acides et agents chimiques[53]. L’acide cystéique est ensuite transformé en cystéine (E910 (L-cystéine), E920 (L-cystéine hydrochloride), E921 (L-cystéine hydrochloride monohydrate). La cystéine est par exemple utilisée en boulangerie comme correcteur de la force des pâtes à pain[54]. Si, historiquement, la cystéine a été extraite de plumes d’oiseaux et de cheveux, la législation européenne interdit maintenant l’usage de cystéine d’origine humaine.
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La farine ou poudre de plumes est une farine animale, elle est peu considérée du fait de son odeur. Elle est produite avant tout avec les plumes des volailles terrestres. Ces farines ont la composition des plumes c’est-à-dire que la kératine représente 85,9 % de la teneur en protéines et 70 % de la matière sèche totale.
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La poudre, pour améliorer sa digestibilité, est hydrolysée par traitement enzymatique ou physico-chimique. Si la digestibilité apparente atteint 65 % pour les volailles, et 85 % pour les ruminants, l’apport nutritif est faible car elle ne contient que 0,5 % de méthionine, 2,2 % de Lysine, 0,8 % de histidine et 0,7 % de tryptophane. Mais elle est riche en cystéine[55]. Elle a aussi un assez bon apport énergétique, comparable à la farine de sang[55], toutes deux pauvres en matières minérales[56].
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La production de farine animale représentait 531 000 tonnes en 1997 en France, la production de farine de plume représentait 34 370 tonnes[57], 31 000 tonnes en 1996 et 28 000 tonnes en 1994 pour 742 000 tonnes au total. La production de farine de plume est en constante augmentation, même sans débouché et alors que la production générale est en baisse.
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En principe, en France[51] :
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Mais en fait, en 2001, 10 % seulement a été incinéré du fait de la saturation des sites d’incinération. Moins de 5 % de la production est utilisé pour l’alimentation animale.
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Les déchèteries peuvent recycler certaines plumes. Cet usage est fort ancien, les selliers-garnisseur ou bourreliers récupéraient les vieux matelas, pour en produire des nouveaux. Bon nombre de plumes, comme celles des Gallus gallus domesticus qui n’ont pas de valeur commerciale suffisante sont considérées comme des déchets encombrants. Des chercheurs de l’Université Hébraïque de Jérusalem ont produit un OGM appelé « bare chicken » qui ne possède pas de plumes[58], ce qui a des implications religieuses[59].
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Les plumes de récupération représentent 10 000 tonnes par an dont 30 % à 50 % seraient re-traitées ce qui générerait 2 500 à 3 000 tonnes par an de coutil, 500 à 1 500 tonnes par an de déchets et 100 à 200 tonnes de poussières[51].
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Le terme de plume dérive du latin plūma, « duvet » puis « plume » et a éliminé penna (penne*) dans presque toutes les dialectes gallo-romains[68]. Il a désigné, par métonymie, une plume tout aussi bien que le plumage. La synecdoque plume-oiseau se retrouve dans l'expression « gibier à plume » pour désigner ce gibier. L'association plume/léger, se retrouve dans l'expression poids plume, une catégorie de boxe.
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Ce terme a donné de nombreuses expressions et sens dérivés. Plumer signifie enlever les plumes des oiseaux mais aussi dérober tous les biens d'un individu, tandis que plumard désigne un lit, sens en relation avec les matelas autrefois fait en plumes.
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On parle aussi de plume pour l'organe corné des calmars.
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La plume a un rôle symbolique, il désigne l'écriture, un écrivain, etc. Dans de nombreuses symboliques s'appuyant sur la théorie des Quatre éléments la plume est reliée à l'air, ou au souffle qui est à son tour symbole de vie. Les Égyptiens de l'antiquité appelaient la plume « le traceur de tout ». C'est le symbole de l'expression de la parole divine délivrée par l'écriture. Mais, comme la plume est l'attribut exclusif des oiseaux, elle symbolise aussi des vertus anthropomorphiques prêtées à certaines espèces d'oiseaux comme l'aigle, qui est symbole de sagesse et messager spirituel entre les dieux et l'homme pour les peuples nord-amérindiens[69]. La plume d'aigle apporte la sagesse à celui qui la porte.
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La plume blanche était, dans l'empire britannique, un symbole de lâcheté, attribué à ceux qui refusaient la guerre. Ce symbole a pour origine la croyance selon laquelle, dans un combat de coq, il apparaissait une plume blanche sur la queue des jeunes coqs combattant mal[71]. Cet usage au XIXe siècle est le point de départ du roman Les Quatre Plumes blanches. Pendant la Première Guerre mondiale, des distributions de plumes blanches étaient organisées pour couvrir de honte les hommes non engagés dans la guerre. Cette distribution apparaît dans la saison 2 de Downton Abbey.
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À l'opposé, dans le manga Negima!, l'équipe du héros a pour symbole une plume blanche (son nom est Ala Alba, traduit par aile blanche ou plume blanche), et se fait remarquer par son courage.
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Pluton, en latin Pluto, signifiant « le riche[1] », en Grec ancien (Dis en latin[2]), est un dieu de la religion romaine. Son nom est d'origine grecque : Πλούτων, litt. le dieu de la richesse[3] (πλούτος), nom attesté d'abord chez les Tragiques (Ve siècle av. J.-C.), mais ensuite il s'est surtout imposé chez les Romains. Le dieu grec correspondant est appelé le plus souvent Hadès (sans doute « celui qui est invisible » ou « qui rend invisible »). Il est le dieu des Enfers. Également nommé Tertius, le « Troisième » (fils de Saturne), il est vraisemblablement chez les Romains l'évolution d'un dieu plus ancien, Dis Pater.
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Pluton est souvent représenté avec ses attributs et son compagnon Cerbère. Il règne sur les Enfers avec son épouse Proserpine, nom latin de Perséphone.
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Il est ordinairement représenté avec une barbe épaisse. Souvent, il porte son casque, présent des Cyclopes (fils de Neptune), dont la propriété était de le rendre invisible ; parfois, il a le front ceint d'une couronne d'ébène, ou de capillaire voire de narcisse. Lorsqu'il est assis sur son trône d'ébène ou de soufre, il tient de la main droite soit un sceptre noir, soit une fourche ou une pique. Quelquefois, il tient des clés dans ses mains, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire. Il y a souvent son chien Cerbère à côté de lui. On le représente aussi dans un char traîné par ses quatre chevaux noirs .
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Son palais est établi au milieu des Champs Élysées. C'est de là qu'il veille, en souverain, à l'administration de ses États, et dicte ses lois.
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Les Romains lui rendaient des cérémonies particulières. Le prêtre faisait brûler de l'encens entre les cornes de la victime, la liait, et lui ouvrait le ventre avec un couteau dont le manche était rond et le pommeau d'ébène. Les cuisses de l'animal étaient tout particulièrement consacrées à ce dieu. On ne pouvait lui sacrifier que dans les ténèbres, et des victimes noires, dont les bandelettes étaient de la même couleur, et dont la tête devait être tournée vers la terre. Il était surtout honoré à Nysa, à Opunte, à Trézène, à Pylos, et chez les Éléens où il avait une sorte de sanctuaire qui n'était ouvert qu'un seul jour dans l'année ; encore n'était-il permis d'y pénétrer qu'aux sacrificateurs. Épiménide, dit Pausanias, avait fait placer sa statue dans les temples des Euménides, et, contre l'usage ordinaire, il y était représenté sous une forme et dans une attitude agréables[réf. nécessaire].
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Pluton est le fils de Saturne et Rhéa, époux de Proserpine, Il est le frère de Jupiter, Neptune, Junon, Cérès et Vesta.
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Il est souvent représenté avec un casque en peau de chien offert par les cyclopes qui le rend invisible, qu'il n'enlève jamais, du nom de « kunée ».
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Il est souvent représenté avec un sceptre, la corne d'abondance et son arme la lance à deux dents, le bident, reçu durant la Titanomachie. L'attribut qu'on voit le plus souvent auprès de lui, c'est le cyprès, dont le feuillage sombre exprime la tristesse et la douleur. Les prêtres de ce dieu s'en faisaient des couronnes et en parsemaient leurs vêtements dans les sacrifices.
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Il est maître également d'un chien à trois têtes (Cerbère, gardien de l'entrée des Enfers) et de quatre chevaux noirs nommés Æthon, Alastor, Nyctéus et Orphnéus[4][source insuffisante].
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Pluton vivait aux Champs Élysées dans les Enfers, le monde des morts souterrain. Il y jugeait les âmes : les bons et les justes étaient envoyés dans les Champs Élysées, lieu de délices et de paix, les mauvais dans les abîmes du Tartare où ils subissaient les supplices mérités.
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Il y avait à Rome des prêtres victimaires uniquement consacrés à Pluton[5]. On ne lui immolait, comme en Roumanie, des victimes de couleur sombre, et toujours en nombre pair, tandis que l'on ne sacrifiait aux autres dieux que des victimes en nombre impair. Elles étaient entièrement réduites en cendres, et le prêtre n'en réservait rien, ni pour le peuple ni pour lui. Avant de les immoler, on creusait une fosse pour recevoir le sang, et on y répandait le vin des libations. Durant ces sacrifices, les prêtres avaient la tête découverte, et le silence absolu était recommandé aux assistants, moins encore par respect que par crainte du dieu.[réf. nécessaire]
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En Sicile, les Syracusains lui sacrifiaient chaque année deux taureaux noirs près de la source du Cyané, où la tradition plaçait l'enlèvement de Proserpine. À Rome, le 20 juin ou le 21 juin, jour de sa fête, seul le temple de Pluton était ouvert. On lui sacrifiait des animaux au pelage sombre (brebis ou porcs), et on vouait à son courroux inflexible tous les condamnés à mort.
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Sur le mont Soracte, en Italie, Pluton partageait les honneurs d'un temple commun avec Apollon ; ainsi, les Falisques, habitants du pays, avaient cru devoir honorer à la fois et la chaleur souterraine et celle de l'astre du jour. Les peuples du Latium et des environs de Crotone avaient consacré au roi des Enfers le nombre deux comme un nombre malheureux. Pour la même raison, les Romains lui consacrèrent le second mois de l'année, et, dans ce mois, le second jour fut encore plus particulièrement désigné pour lui offrir des sacrifices.
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Il était redouté à cause de sa laideur et de la dureté de ses traits. Il fut plus tard considéré comme un dieu bienfaisant, dispensateur de richesses.[réf. souhaitée]
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Pluton, en latin Pluto, signifiant « le riche[1] », en Grec ancien (Dis en latin[2]), est un dieu de la religion romaine. Son nom est d'origine grecque : Πλούτων, litt. le dieu de la richesse[3] (πλούτος), nom attesté d'abord chez les Tragiques (Ve siècle av. J.-C.), mais ensuite il s'est surtout imposé chez les Romains. Le dieu grec correspondant est appelé le plus souvent Hadès (sans doute « celui qui est invisible » ou « qui rend invisible »). Il est le dieu des Enfers. Également nommé Tertius, le « Troisième » (fils de Saturne), il est vraisemblablement chez les Romains l'évolution d'un dieu plus ancien, Dis Pater.
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Pluton est souvent représenté avec ses attributs et son compagnon Cerbère. Il règne sur les Enfers avec son épouse Proserpine, nom latin de Perséphone.
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Il est ordinairement représenté avec une barbe épaisse. Souvent, il porte son casque, présent des Cyclopes (fils de Neptune), dont la propriété était de le rendre invisible ; parfois, il a le front ceint d'une couronne d'ébène, ou de capillaire voire de narcisse. Lorsqu'il est assis sur son trône d'ébène ou de soufre, il tient de la main droite soit un sceptre noir, soit une fourche ou une pique. Quelquefois, il tient des clés dans ses mains, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire. Il y a souvent son chien Cerbère à côté de lui. On le représente aussi dans un char traîné par ses quatre chevaux noirs .
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Son palais est établi au milieu des Champs Élysées. C'est de là qu'il veille, en souverain, à l'administration de ses États, et dicte ses lois.
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Les Romains lui rendaient des cérémonies particulières. Le prêtre faisait brûler de l'encens entre les cornes de la victime, la liait, et lui ouvrait le ventre avec un couteau dont le manche était rond et le pommeau d'ébène. Les cuisses de l'animal étaient tout particulièrement consacrées à ce dieu. On ne pouvait lui sacrifier que dans les ténèbres, et des victimes noires, dont les bandelettes étaient de la même couleur, et dont la tête devait être tournée vers la terre. Il était surtout honoré à Nysa, à Opunte, à Trézène, à Pylos, et chez les Éléens où il avait une sorte de sanctuaire qui n'était ouvert qu'un seul jour dans l'année ; encore n'était-il permis d'y pénétrer qu'aux sacrificateurs. Épiménide, dit Pausanias, avait fait placer sa statue dans les temples des Euménides, et, contre l'usage ordinaire, il y était représenté sous une forme et dans une attitude agréables[réf. nécessaire].
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Pluton est le fils de Saturne et Rhéa, époux de Proserpine, Il est le frère de Jupiter, Neptune, Junon, Cérès et Vesta.
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Il est souvent représenté avec un casque en peau de chien offert par les cyclopes qui le rend invisible, qu'il n'enlève jamais, du nom de « kunée ».
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Il est souvent représenté avec un sceptre, la corne d'abondance et son arme la lance à deux dents, le bident, reçu durant la Titanomachie. L'attribut qu'on voit le plus souvent auprès de lui, c'est le cyprès, dont le feuillage sombre exprime la tristesse et la douleur. Les prêtres de ce dieu s'en faisaient des couronnes et en parsemaient leurs vêtements dans les sacrifices.
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Il est maître également d'un chien à trois têtes (Cerbère, gardien de l'entrée des Enfers) et de quatre chevaux noirs nommés Æthon, Alastor, Nyctéus et Orphnéus[4][source insuffisante].
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Pluton vivait aux Champs Élysées dans les Enfers, le monde des morts souterrain. Il y jugeait les âmes : les bons et les justes étaient envoyés dans les Champs Élysées, lieu de délices et de paix, les mauvais dans les abîmes du Tartare où ils subissaient les supplices mérités.
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Il y avait à Rome des prêtres victimaires uniquement consacrés à Pluton[5]. On ne lui immolait, comme en Roumanie, des victimes de couleur sombre, et toujours en nombre pair, tandis que l'on ne sacrifiait aux autres dieux que des victimes en nombre impair. Elles étaient entièrement réduites en cendres, et le prêtre n'en réservait rien, ni pour le peuple ni pour lui. Avant de les immoler, on creusait une fosse pour recevoir le sang, et on y répandait le vin des libations. Durant ces sacrifices, les prêtres avaient la tête découverte, et le silence absolu était recommandé aux assistants, moins encore par respect que par crainte du dieu.[réf. nécessaire]
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En Sicile, les Syracusains lui sacrifiaient chaque année deux taureaux noirs près de la source du Cyané, où la tradition plaçait l'enlèvement de Proserpine. À Rome, le 20 juin ou le 21 juin, jour de sa fête, seul le temple de Pluton était ouvert. On lui sacrifiait des animaux au pelage sombre (brebis ou porcs), et on vouait à son courroux inflexible tous les condamnés à mort.
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Sur le mont Soracte, en Italie, Pluton partageait les honneurs d'un temple commun avec Apollon ; ainsi, les Falisques, habitants du pays, avaient cru devoir honorer à la fois et la chaleur souterraine et celle de l'astre du jour. Les peuples du Latium et des environs de Crotone avaient consacré au roi des Enfers le nombre deux comme un nombre malheureux. Pour la même raison, les Romains lui consacrèrent le second mois de l'année, et, dans ce mois, le second jour fut encore plus particulièrement désigné pour lui offrir des sacrifices.
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Il était redouté à cause de sa laideur et de la dureté de ses traits. Il fut plus tard considéré comme un dieu bienfaisant, dispensateur de richesses.[réf. souhaitée]
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L’autisme, ou plus généralement les troubles du spectre de l'autisme (TSA), est un trouble du neuro-développement humain caractérisé par des difficultés dans les interactions sociales et la communication, et des comportements et intérêts à caractère restreint, répétitif et stéréotypé. Il existe différents niveaux de sévérité des symptômes, d'où la notion de « spectre ». Le diagnostic est indépendant des niveaux langagier et intellectuel de la personne. Les troubles associés sont fréquents.
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La compréhension de l'autisme a grandement évolué, d'une pathologie jadis considérée comme rare et sévère, vers un regroupement de troubles aux symptômes communs, les troubles du spectre de l'autisme, précédemment nommés troubles envahissants du développement. Ces troubles pourraient avoir des causes diverses, provoquant les mêmes types de comportement clinique chez les personnes concernées[HAS 1]. Leurs origines comprennent une part génétique majoritaire et complexe, impliquant plusieurs gènes, et des influences environnementales mineures. La notion de spectre de l'autisme reflète la diversité des phénotypes observés. Cette diversité suggère que les troubles du spectre de l'autisme ne sont que l'extrémité pathologique d'un spectre de conditions normalement présentes parmi toute la population.
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L'autisme pourrait provenir d'un développement différent du cerveau, notamment lors de la formation des réseaux neuronaux et au niveau du fonctionnement des synapses. Les recherches se poursuivent dans différents domaines : la neurophysiologie[1], la psychologie cognitive[2], ou encore l'épigénétique[3]. Ces études visent à mieux cerner les différentes causes, permettre une meilleure classification, et concevoir des interventions adaptées, par progression vers une médecine personnalisée. Des centaines de mutations génétiques semblent modifier la neurologie du cerveau, le métabolisme, le système immunitaire, et la flore intestinale[4].
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Les garçons sont plus souvent diagnostiqués que les filles. Le ratio de l'autisme diagnostiqué est d'environ trois garçons pour une fille, ces différences liées au sexe étant en cours d'étude[5].
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L'histoire de l'autisme est complexe. L'évolution des critères de définition, notamment depuis 2013 avec la 5e édition du DSM, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[6], et celle prévue pour la CIM-11, Classification internationale des maladies, retiennent une notion dimensionnelle prenant en compte l'évolution des individus dans la société.
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Le 2 avril est la « journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme »[7]. L'autisme est reconnu par l'ONU comme étant un handicap, en vertu de la Convention relative aux droits des personnes handicapées[8].
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La communauté autiste préfère généralement reconnaître l'autisme comme une différence neurologique ou un handicap, plutôt qu'une maladie.
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La description de l'autisme est fournie par la Classification internationale des maladies (CIM), et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
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Le DSM 5 associe deux critères, l'un social et l'autre comportemental[6]. Ces deux critères se substituent à la notion de triade autistique qui fait néanmoins toujours office de définition de référence (dans la CIM 10)[9], sans contradiction car elle ne fait que distinguer communication et interaction dans le volet social.
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Cette triade mise en évidence cliniquement est la suivante[10] :
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« Ces anomalies qualitatives constituent une caractéristique envahissante du fonctionnement du sujet, en toutes situations[9],[HAS 2],[N 1]. »
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Les parents peuvent percevoir des premiers signes de l'autisme durant les deux premières années de leur enfant par l'absence ou la présence d'un certain nombre de comportements[11], par exemple : une impression d'indifférence au monde sonore (ne réagit pas à son prénom) et aux personnes ; l'absence de tentative de communication avec l'entourage par les gestes ou le babillage ; la difficulté à fixer le regard ou un regard périphérique. Le décalage avec les comportements des autres enfants apparaît de plus en plus important avec l'avancée en âge, néanmoins certains enfants se développent d'abord « normalement », puis « régressent » soudainement[12],[13].
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« Autisme » est une traduction du mot Autismus, créé par le psychiatre zurichois Eugen Bleuler[14],[15] à partir du grec ancien αὐτός, autós (« soi-même »)[16],[17]. Bleuler introduit ce mot en 1911, « dans son ouvrage majeur, Dementia praecox ou groupe des schizophrénies »[18].
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Des différences au niveau du cerveau ont été observées chez les personnes autistes, apportant une signature anatomique à la définition antérieure par des critères cliniques. Les études en neurosciences ont montré des différences dans l’organisation du cortex[27],[28], au niveau des dendrites (arborescences des neurones) et des synapses (connexion entre neurones), voire des modifications plus larges de structures cérébrales. Il est possible que les différences corticales apparaissent au cours d'un stade de développement anténatal[27].
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En corrélation avec les différences fonctionnelles observées au niveau comportemental, les études d'Eric Courchesne et de son équipe relèvent que les enfants autistes ont un nombre de neurones plus élevé de 67 % en moyenne dans le cortex préfrontal[29], et une croissance cérébrale plus importante que la moyenne au niveau des lobes frontaux, ce qui s'est traduit dans la littérature scientifique antérieure par des observations de périmètre crânien plus élevé[30].
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Cependant, le 14 octobre 2014, dans une étude basée sur des données par imagerie par résonance magnétique (IRM), des chercheurs de l'Université Ben-Gourion du Néguev et de l'Université Carnegie-Mellon (États-Unis) ont estimé que les différences anatomiques entre le cerveau de personnes autistes de plus de 6 ans et celui de personnes du même âge non autistes sont indiscernables[31],[32]. Pour arriver à ce résultat, ces chercheurs ont utilisé la base de données Autism Brain Imaging Data Exchange (ABIDE), qui a permis pour la première fois de procéder à des comparaisons de grande échelle de scanners IRM entre des groupes de personnes autistes et des groupes contrôle[33]. Cette base de données est une collection mondiale de scanners IRM de plus de 1 000 personnes, pour la moitié autistes, âgés de 6 à 35 ans[34].
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L'Institut de neurosciences de la Timone (Marseille, France) a identifié un marqueur anatomique spécifique de l'autisme, détectable par IRM et présent dès l'âge de deux ans. Ce marqueur consiste en un plissement spécifique du cortex cérébral. Il est appelé « racine du sillon »[35],[36],[37].
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À l'échelle des synapses, des études mettent en évidence des modifications dans le système des neurotransmetteurs, en particulier celui du transport de la sérotonine en association notamment avec des modifications de gènes impliqués. L'implication du système dopaminergique ou glutamatergique semble moins bien démontrée. Enfin, des études sont en cours sur le rôle du système cholinergique, de l'ocytocine ou encore de certains acides aminés impliqués dans la neurotransmission[38].
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Les différents troubles liés à l'autisme semblent le plus souvent d'origine « multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques[39] » et de nombreux facteurs de risques concomitants[38].
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La modification de gènes liée à la maturation synaptique semble principalement en cause et oriente ainsi les études neurobiologiques vers les modifications de la connectivité et des neurones induites par l'expression de ces gènes[38]. Leurs suppressions chez des rongeurs provoquent des symptômes pseudo-autistiques[40],[41].
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Des travaux sur l'héritabilité de l'autisme suggèrent que 90 % de la variabilité est attribuable à des facteurs génétiques[38]. Selon une étude parue en mai 2014[42], l'une des plus vastes réalisées, l'autisme n'est génétique qu'à hauteur de 50 %, à parts égales avec les facteurs environnementaux[43]. Il est cependant difficile de distinguer les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux, l'autisme étant un caractère phénotypique issu d’interactions complexes[44]. Selon une étude de 2015, 50 % des cas d'autisme s'expliqueraient par des mutations de novo[45].
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Les structures cérébrales caractéristiques de la maladie étant acquises durant la grossesse[46], il n'est pas possible d'isoler l'effet de l'environnement en étudiant les jumeaux monozygotes qui sont exposés aux mêmes conditions de développement prénatal. Les interactions des gènes liés à l'autisme entre eux et avec l'environnement sont complexes : un même profil génétique et le même environnement peut produire des individus autistes et normaux, les jumeaux monozygotes n'étant pas systématiquement autistes ou normaux. Dans les années 1990, l'autisme était considéré comme une maladie polygénique de 5 à 15 gènes à transmission non mendélienne. Or, depuis les années 2000, plusieurs centaines de gènes à transmission mendélienne impliqués dans l'autisme ont été mis en évidence[47]. L’autisme serait lié à 1 034 gènes différents, et les effets de mutations spontanées ne sont pas négligeables[48].
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Plusieurs corrélations statistiques (pouvant agir synergiquement) ont été mises en évidence :
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Environ la moitié des parents d'enfants présentant un trouble du spectre de l'autisme remarquent la présence de comportements inhabituels chez leur enfant avant l'âge de 18 mois, et environ les 4/5 avant l'âge de 24 mois[78]. La présence d'un ou plus des signes d'alerte suivant nécessite de consulter un médecin spécialiste[79] (voir les recommandations de la Haute Autorité de Santé[HAS 4]) :
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Le dépistage et le diagnostic précoce de l'autisme sont essentiels afin de mettre en place une prise en charge adaptée le plus tôt possible[79]. De nombreux outils de dépistages standardisés ont été développés dans ce but. Parmi ces outils, on peut noter le test M-CHAT (« Modified Checklist for Autism in Toddlers », une version francophone en ligne est disponible ici), le test ESAT (« Early Screening of Autistic Traits Questionnaire »), et le questionnaire FYI (« First Year Inventory »). Les données préliminaires récoltées concernant le test M-CHAT et son prédécesseur, le test CHAT (« Checklist for Autism in Toddlers »), chez de jeunes enfants de 18-30 mois suggèrent d'une part que ces tests sont d'autant plus utiles qu'ils sont administrés dans un contexte clinique, et d'autre part que la sensibilité de ces tests est basse (fort taux de faux-négatifs) mais que leur spécificité est élevée (peu de faux-positifs)[80]. L'efficacité de ces outils de dépistages précoces est augmentée lorsqu'ils sont précédés d'un dépistage plus large des troubles neuro-développementaux en général[81]. Enfin, il faut noter qu'un test de dépistage développé et validé au sein d'une culture particulière doit être adapté avant d'être généralisé à une culture différente : par exemple, regarder l'autre dans les yeux est un comportement normal et attendu dans certaines cultures mais pas dans d'autres[82].
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Les tests génétiques ne sont généralement pas indiqués dans le cadre d'un diagnostic d'autisme, sauf lorsque celui-ci s'accompagne d'autres symptômes tels que des troubles neurologiques ou une dysmorphie faciale[83].
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Il n'existe à ce jour pas d'examens complémentaires permettant de dépister l'autisme. Le diagnostic de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement (TED) est clinique[HAS 1] et se fonde sur une double approche :
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Le diagnostic doit être supervisé par un médecin spécialiste (psychiatre ou neuropédiatre) et comprend obligatoirement l'élimination de pathologies qui peuvent se manifester d'une manière proche de celle d'un autisme (voir les recommandations de la HAS[HAS 4]) :
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En complément :
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Le spécialiste (psychiatre ou neuropédiatre) effectue la synthèse de ces éléments et de ses propres observations cliniques pour délivrer le diagnostic, qui doit être posé selon la nomenclature de la CIM-10.
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En France, étant donné le déficit de professionnels formés à ce sujet, il est recommandé, en cas de soupçon de TED, d'effectuer le diagnostic dans un des Centres Ressource Autisme régionaux[84].
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Une étude menée par l'Université de Caroline du Nord (Chapel Hill) a montré qu'une IRM pratiquée à l'âge de un an sur un enfant ayant déjà un frère ou une sœur présentant un trouble du spectre de l'autisme permettait de prédire le développement d'un TSA à l'âge de deux ans avec une sensibilité de 81 % et une spécificité de 97 %[85],[86]. Toutefois, les résultats demandent à être confirmés et les applications cliniques potentielles sont limitées car la méthode n'est pas prédictive sur la population générale[85].
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Si le DSM 5 ne fait plus de distinction interne au spectre autistique autre que la quantification des troubles sociaux d'une part et comportementale d'autre part, la CIM-10 distingue principalement trois diagnostics :
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Kanner
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Le terme renvoie aux troubles autistiques du contact affectif définis en 1943 par Leo Kanner[20]. Il a officiellement été distingué sous ce nom d’autisme infantile pour la première fois dans le DSM III en 1980[21].
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Dans le même temps, la notion, appelée autisme par commodité, a évolué au point que ces critères premiers sont distingués comme autisme typique (ou autisme de Kanner, ou encore autisme infantile précoce), tandis que l'ensemble plus vaste est appelé trouble envahissant du développement (TED) dans le DSM-IV[21] et la CIM 10, et tend à devenir celui des troubles du spectre autistique dans les évolutions.
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74 |
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Appelé psychopathie autistique en 1943 par Hans Asperger[90], ce syndrome est formalisé cliniquement en 1981 par Lorna Wing[23]. Ses travaux suivants[22],[10] permettent d'inclure ce syndrome dans l'autisme et de définir une triade autistique qui dès lors sera la définition de référence de l'autisme en général[9].
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Ce syndrome, qui incarne donc la continuité d'un spectre autistique, rejoint dans un premier temps les critères diagnostiques dans le CIM-10 en 1993 et le DSM IV en 1994[21], puis la distinction spécifique tend à disparaître au profit d'une notion de continuité incarnée par les critères diagnostiques du DSM V en 2013[6].
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79 |
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C'est un critère diagnostique qui distingue un caractère autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du développement non spécifié, le caractère autistique est clairement indiqué (il pointe l’existence des trois critères de référence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intérêt).
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Certaines affections connues et identifiées sont parfois associées à un diagnostic d'autisme, et considérées comme une cause des troubles autistiques. Parmi elles :
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82 |
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83 |
+
Dans l'ensemble, le fait de parler d'autisme dans ces cas n'est pas consensuel. Ainsi, pour faire les comptes épidémiologiques le syndrome de Rett a été tantôt inclus, tantôt exclu des décomptes. « Il est à noter que leur appartenance au spectre des troubles autistiques est actuellement en cours de discussion[39]. »
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Les personnes atteintes d'autisme et d'autres TED en général sont fréquemment affectées par d'autres troubles et pathologies[HAS 6] :
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Le diagnostic différentiel des troubles du spectre autistique se fonde en partie sur une évaluation des trois critères centraux du spectre : socialisation, communication, comportement[N 2].
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88 |
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Il est à noter que le DSM-5, version la plus récente des classifications internationales, ne distingue plus le syndrome d'Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié du Trouble autistique mais les inclut dans le trouble du spectre de l'autisme. Le diagnostic de trouble du spectre de l'autisme ainsi défini ne s'accompagne pas nécessairement d'un retard de langage ou d'une déficience intellectuelle. Ces deux éléments viennent éventuellement préciser le diagnostic s'ils sont présents, mais leur présence n'est pas nécessaire pour poser un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme[94].
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Le DSM-5 inclut aussi le trouble pragmatique du langage dans le diagnotique différentiel, les symptômes décrits dans le TPL n'étant pas définis dans le DSM-4, de nombreuses personnes avec les symptômes du TPL peuvent avoir été diagnostiqué avec un Trouble envahissant du développement non spécifié, une personne présantant ces symptomes mais ne présentant pas les autres symptômes des Troubles du Spectre Autistique seraient diagnostique avec un trouble pragmatique du langage avec les nouveaux critères du DSM-5[95].
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Il existe différentes dimensions d'accompagnement des personnes autistes pour les aider à compenser leur handicap, selon plusieurs approches — éducatives, psychologiques ou médicales — et donc diverses méthodes plus ou moins en concurrence[96].
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En France, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) émet le 8 novembre 2007 dans son avis no 102 le constat suivant :
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« Il n’y a pas aujourd’hui de traitement curatif, mais une série de données indiquent depuis plus de quarante ans qu’un accompagnement et une prise en charge individualisés, précoces et adaptés, à la fois sur les plans éducatif, comportemental, et psychologique augmentent significativement les possibilités relationnelles et les capacités d’interaction sociale, le degré d’autonomie, et les possibilités d’acquisition de langage et de moyens de communication non verbale par les enfants atteints de ce handicap[97]. »
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L'autisme affecte parents et proches (anxiété, fatigue, dépression) du fait de l'insuffisance de structures adaptées à la prise en charge scolaire, éducative, sociale et thérapeutique de leurs enfants[98].
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Dans le cadre d’une recherche menée en Suisse, V. Zbinden Sapin, E. Thommen, A. Eckert et Ch. Liesen[99] analysent la situation des enfants, adolescents et les jeunes adultes, et identifient différents manques notamment au niveau des mesures prises pour le diagnostic : nombre insuffisant de centres diagnostiques compétents, méthode diagnostique standardisée souvent absente et déficit quant à la qualification de base des professionnels impliqués dans les processus de diagnostic. Dans cette étude, d’autres manques sont également identifiés en lien avec les interventions (notamment la nécessité d’avoir plus de mesures d’éducation précoce intensive), l’éducation et la formation, l’intégration professionnelle, le soutien aux familles et l’encouragement de l’autonomie ainsi que le conseil et la coordination. Une autre recherche menée auprès d’institutions spécialisées proposant des formations professionnelles en Suisse francophone a montré que les besoins spécifiques des jeunes présentant un TSA ne sont pas toujours pris en compte[100].
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À l'âge adulte, des modalités de prises en charge sont proposées par le rapport d'Autisme Europe de 2009 : « Le projet thérapeutique adulte doit mettre l’accent sur :
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Des travaux de recherche montrent que le stress associé à des troubles mentaux chez les personnes autistes, ainsi que le taux élevé de suicide chez cette population (voir Mortalité des personnes autistes), serait associé à la stigmatisation des minorités[102]. Ces données montrent que l'autisme et les problèmes de santé mentale ne sont pas intrinsèquement liés, et que ces derniers pourraient être limités par des mesures de lutte contre la discrimination[102].
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Selon de nombreuses études, mais également de nombreux témoignages de parents ainsi que de personnes autistes, les interventions cognitives et comportementales, notamment l'Analyse du Comportement Appliquée (ABA), dont est aussi dérivé le Modèle de Denver, le TEACCH, et le PECS (moyen de communication alternatif) permettent aux personnes, dès les premiers symptômes durant la petite enfance, et dans une moindre mesure à tous les âges de la vie, d'aider les personnes autistes à gagner en autonomie et à développer des habitudes de communication[103].
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L'entraînement aux habiletés parentales constitue une part importante des approches psycho-éducatives et contribue fortement aux progrès de l'enfant.
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Ces approches, basées sur les avancées de la science sont en évolution constante et continuent d'être développées.
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Les personnes militant pour la neurodiversité (qu'elles soient elles-mêmes autistes comme Michelle Dawson, ou parents), sont globalement opposées aux approches de type ABA, qu'elles jugent non-éthiques[104],[105]. Il est aussi suggéré qu'une exposition répétée aux approches de type ABA génère un trouble de stress post-traumatique chez la personne autiste[106].
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L'avis no 102 du CNCE précise qu'« il n'existe pas de traitement curatif »[97], et il n'existe pas non plus de traitement médicamenteux recommandé officiellement[107]. Néanmoins, certains déséquilibres souvent associés aux troubles autistiques, comme le taux d'ocytocine ou de mélatonine, peuvent trouver des réponses médicales.
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Par exemple, la prescription de mélatonine pourrait améliorer significativement le temps de sommeil total[108],[109],[N 3]. Un nombre important de personnes autistes étant épileptiques, elles reçoivent des médicaments anti-épileptiques afin de prévenir les crises.
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Le rapport de la psychanalyse avec la notion d'autisme est complexe et fortement relié aux travaux des précurseurs de la psychanalyse (Jung, Freud ou Bleuler, cf. l'Histoire de la notion d'autisme).
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Dans l'ensemble, l'approche psychanalytique reste source de vives controverses, qu'elle concerne les théories sur l'origine des troubles autistiques ou leur prise en charge[96]. En France, des recommandations spécifiques[97],[HAS 8] ont été élaborées en 2012 par la Haute Autorité de Santé. Celles-ci, après une consultation pluridisciplinaire sur l'état des connaissances[HAS 2], classent l'approche thérapeutique psychanalytique dans la catégorie des approches « non consensuelles ». Ces recommandations ont entraîné un vif débat qui reflète la grande influence des méthodes psychanalytiques en France, à l'opposé de nombreux pays anglo-saxons. Des associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[110] et certaines associations de psychanalystes ont protesté[111]. Faisant suite à la dénonciation répétée de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme[112], une proposition de résolution parlementaire visant à l'interdire a été formulée en 2016 par le député Daniel Fasquelle[113], soutenu publiquement par le porte-parole du collectif Autisme Florent Chapel[114].
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Cette controverse est notamment centrée sur l'importance des théories psychanalytiques culpabilisant le rôle de la mère dans le développement de l'autisme. Notamment les théories émises par Bruno Bettelheim, qui a proposé l'idée de « mère réfrigérateur » en s'inspirant des propos de Leo Kanner[N 4] pour désigner des mères comme cause de l'autisme de leur enfant[115]. Bien qu'il prône une prise en charge psychoéducative[116] et qu'il exclue de sa définition de l'autisme les causes innées[N 5] (là où Kanner fait le contraire[117]) il reste le symbole du refus d’entendre la part génétique, innée de ces troubles. Ses théories ont souvent été reprises en psychanalyse de l'autisme[118].
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Les faibles possibilités de prise en charge autre que celles d'inspiration psychanalytique ont été dénoncées par des associations de parents, accusant les théories psychanalytiques de guider un nombre important de pédopsychiatres français[96],[119],[120]. Ces théories culpabilisantes seraient progressivement abandonnées par les praticiens d'inspiration psychanalytique actuels, certains prenant acte des avancées scientifiques et mettent l'accent sur une position éthique de respect de la souffrance des patients et de leur famille[121],[122].
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En 2009, le psychiatre et psychanalyste Hochmann qui a retracé l'histoire de l'autisme écrit :
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« La psychanalyse bien comprise et les hypothèses qu’elle permet de faire sur la psychopathologie de l’autisme n’ont aucune prétention causale[N 6]. »
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Dans une tribune adressée au journal Le Monde, les scientifiques Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique et Éric Lemonnier, pédopsychiatre, ont souligné le manque de fondement scientifique de la psychanalyse et récusé sa prétention à guérir une maladie biologique comme l'autisme[123].
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D'après les résultats préliminaires d'une étude scientifique française, effectuée dans le cadre de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, l'approche psychothérapeutique de l'autisme, qu'elle soit d'inspiration psychanalytique ou d'inspiration cognitivo-comportementale, donne des améliorations significatives de l'état des enfants autistes[124],[125]. L'étude fait l'objet d'une bonne réception de la part de divers psychiatres, psychologues cliniciens et psychanalystes[126] mais également de critiques venant du cognitiviste Franck Ramus[127]. Cette étude n'est qu'un premier pas, et montre le besoin d'un plus grand nombre d'analyses scientifiques rigoureuses à grande échelle pour estimer les effets de la psychothérapie, qu'elle soit d'orientation psychanalytique ou autre, dans la prise en charge de l'autisme.
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L'autisme reste mal compris, ce qui peut entraîner une grande anxiété chez les familles, ainsi qu'un douloureux phénomène d'impuissance[128]. Cet état de fait a attiré de nombreux thérapeutes para-médicaux malintentionnés et autres escrocs, qui proposent des méthodes « alternatives » soi-disant miracles, facturées à des prix souvent très élevés[128],[129]. On assiste ainsi, comme pour le cancer ou la maladie d'Alzheimer, à la prolifération d'une pseudo-science autour de l'autisme, de ses causes hypothétiques et de son soi-disant traitement, impliquant un grand nombre de thérapies non conventionnelles, parfois sur la base de traitement oraux (« thérapies par chélation », « Miracle Mineral Solution », « Coconut kefir »[128]…), parfois sensorielles (snoezelen, balnéothérapie), ou sur la base de régimes[130], ou encore plus farfelues (bains de boue, oxygène sous pression[128]…). Si certaines méthodes considérées comme alternatives, comme le contact avec des chevaux entraînent des bénéfices chez certains enfants[131],[132],[133] (encore à confirmer[134]), la plupart n'ont pas démontré la moindre efficacité, et constituent de simples arnaques[128]. Les méthodes peu ou non-évaluées, telles que la méthode Son-Rise et la méthode des 3i, sont non-recommandées par la HAS en France[135].
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Comptant sur la fragilité émotionnelle des familles, des charlatans et certaines sectes[129] attribuent à l'autisme des causes farfelues (qu'ils se proposent de traiter à l'aide de recettes miracles), notamment les vaccins[136],[137] ou encore le gluten[138] et le mercure, ou évoquent d'autres théories du complot. Les études scientifiques nient tout lien entre ces éléments et l'autisme, dont les causes réelles sont sans doute beaucoup plus complexes[139].
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Grâce aux importants revenus générés par ces pseudo-thérapies, de puissants instituts se sont formés aux États-Unis pour promouvoir et centraliser ce genre de méthodes (comme l’Autism Society of America, l’Autism Research Institute et le Strategic Autism Initiative), appuyés par une communication et un lobbyisme actifs, impliquant jusqu'à Donald Trump[140]. Cette communication est généralement basée sur des témoignages isolés et invérifiables et une grande force de persuasion, parfois assortis de fausses études scientifiques[128]. En réponse, la FDA américaine a publié un guide intitulé « Beware of False or Misleading Claims for Treating Autism »[128], et des associations d'aide aux victimes se sont montées, comme la Autism Rights Watch, en lien en France avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires[129].
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Si l'autisme est officiellement reconnu comme un handicap dans de nombreux pays dont la France, la perspective d'une évolution hors de certains critères du handicap n'est pas exclue, notamment en ce qui concerne l'autonomie. Parmi des exemples notables de personnes devenues autonomes[142] peut être cité le cas emblématique de Donald Grey Triplett[143], qui n'est autre que le premier cas de la toute première étude de Leo Kanner qui a initié l’acceptation actuelle de la notion d'autisme[144].
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Bien qu'il n'existe aucun traitement connu faisant largement consensus[103], il est rapporté que certains enfants autistes peuvent « guérir »[145].
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Selon un rapport publié en 2016 par l'ONG anglaise Autistica, une personne atteinte de troubles du spectre autistique (TSA) meurt aujourd'hui 18 ans plus tôt que la moyenne (et 30 ans plus tôt que la moyenne si elle était porteuse d'une déficience intellectuelle)[146]. L'épilepsie et plusieurs autres troubles neurologiques sont plus fréquent chez des personnes atteintes à la fois de TSA et de troubles d'apprentissage ce qui fait évoquer des causes neurodéveloppementales précoces[146].
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Une étude épidémiologique publiée en 2015 a porté sur plus de 27 000 Suédois atteints de TSA, 6 500 d'entre eux présentaient aussi une déficience intellectuelle. Le risque de décès prématuré était chez eux environ 2,5 fois plus élevé que pour l'ensemble du groupe, souvent lié à un risque accru de diabète et de maladies respiratoires (pour lesquels le diagnostic pourrait souvent être retardé en raison de difficulté pour ces patients à exprimer leurs symptômes aux médecins ou à l'entourage (l'un des auteurs souligne à ce propos que les médecins généralistes devraient mieux explorer les symptômes et antécédents des patients autistes))[146]. Cette étude suédoise a aussi montré que les adultes autistes sans trouble d'apprentissage étaient neuf fois plus susceptibles que la population témoin de mourir par suicide, surtout chez les femmes, ce qui pourrait être une conséquence de l'isolement social de ces patient(e)s et/ou d'un risque accru de dépression[146].
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Les difficultés liées à l'autisme, et surtout l'exclusion sociale des personnes autistes, font que les personnes autistes sont peu intégrées dans la société : accès à l'école (en France seul 20 % des enfants autistes sont scolarisés), à un travail… Leur insertion dans le monde du travail est difficile, notamment lorsque le relationnel a beaucoup d'importance (aux États-Unis, par exemple, 10 % des autistes ne peuvent pas parler, 90 % n'ont pas d'emploi régulier et 80 % des adultes autistes sont dépendants de leurs parents).
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Pourtant, selon Laurent Mottron[N 7], seuls 10 % d'entre eux souffrent d'une maladie neurologique associée qui diminue l'intelligence (par exemple, le syndrome du X fragile)[147]. Selon Fabienne Cazalis, neuroscientifique[148], « 70 % des autistes ont une intelligence dans la norme, voire supérieure ».
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Une étude suisse a montré que les stress des familles des enfants atteints d’autisme sont nombreux et douloureux, et qu’ils concernent aussi la vie sociale et quotidienne ainsi que les relations aux professionnels[149].
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Les TSA sont souvent associés à des facultés particulières, y compris chez les personnes autistes ayant un retard de langage et/ou une déficience intellectuelle associée. Dès 1943, Hans Asperger affirmait que les personnes autistes avaient des facultés spécifiques potentiellement utiles à la société. Divers mouvements pour les droits des personnes autistes revendiquent l’épanouissement dans les singularités propres plutôt que de les contrarier systématiquement. Certaines équipes scientifiques travaillent sur cette dimension et la documentent, comme c'est le cas à l'Université de Montréal de Laurent Mottron et Michelle Dawson (elle-même autiste) qui développent « un regard différent sur l'autisme »[150].
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Certains autistes peuvent exceller dans certaines tâches, même non répétitives, grâce à une forte capacité de concentration qui en font parfois de réels « experts autodidactes »[151],[147],[152]. Certains autistes possèdent une excellente capacité de discrimination, par exemple en détectant plus facilement une forme dans un contexte distrayant, un motif musical au sein d'un morceau de musique ou de bruit par exemple[153]. Ils possèdent parfois des capacités particulières d'apprentissage ou des formes différentes d'analyse des problèmes (parfois plus efficace et jusqu'à 40 % plus rapidement dans le test des matrices progressives de Raven (test d'intelligence non verbale)[151], avec dans ce cas la mobilisation d'aires différentes du cerveau chez les autistes[151]). Enfin, ils ont peut-être toujours l'impression qu'il y a un problème à résoudre.
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Les différences d'activation de certaines régions du cerveau montrées par l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pourraient ne pas être seulement une preuve d'un trouble du fonctionnement du cerveau, mais aussi la preuve d'une organisation alternative du cerveau (observée comme efficace, par exemple lors de tests d'intelligence non verbale). Ainsi, les variations de volume du cortex cérébral sont considérées comme des facteurs de déficit quand elles sont associées à l'autisme, peut-être à tort quand il s'agit d'un épaississement[147]. Cette organisation différente permettrait parfois d'effectuer certaines tâches complexes avec plus de succès. Une autre communication (non verbale) existe chez beaucoup d'enfants autistes (par exemple quand ils prennent non pas leur main, mais la main d'une autre personne pour la diriger vers un frigidaire pour demander à manger, ou vers la poignée d'une porte pour signifier qu'ils aimeraient sortir)[147].
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Ainsi, Laurent Mottron, après avoir travaillé sept ans avec Michelle Dawson, une de ses collaboratrices, autiste, ancienne postière devenue scientifique, qui a depuis publié treize articles de recherche et coécrit plusieurs chapitres d'ouvrages scientifiques, estime ainsi qu'« une personne « autiste » douée d'une extrême intelligence et d'un intérêt pour la science, peut être une chance incroyable pour un laboratoire de recherche » et que « trop souvent, les employeurs ne réalisent pas ce que les autistes sont capables de faire, et leurs assignent des tâches répétitives et presque serviles »[147].
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La plupart des autistes repèrent plus vite un motif atypique dans une série ou un environnement, peuvent simultanément traiter de grandes quantités d'informations perceptives, dans des ensembles volumineux de données, et avoir une vision heuristique de type down-up, c'est-à-dire basée sur les données (très utile pour analyser des systèmes à grand nombre de données)[147], mieux que les non-autistes[154]. Ce pourrait être très utile dans le domaine scientifique ou pour certains métiers, dès lors qu'un employeur et une équipe y facilitent leur intégration ; idéalement avec accompagnement d'un médiateur expérimenté pouvant les aider face à des situations génératrices d'anxiété tels que déclenchent des événements non planifiés ou vécus comme hostiles (ex. : panne ou problème informatique, critique négative…). Mottron ajoute que la personne autiste, focalisant l'essentiel de son intérêt sur les faits concrets et les données réelles, est moins susceptible de biais (quand elle a accès à toutes les données nécessaires) et qu'elle est aussi moins soumise à des motifs carriéristes, qui peuvent consciemment ou inconsciemment induire des biais même chez les meilleurs scientifiques[147].
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De la même manière que la société a cherché à aider les déficients visuels et auditifs à s'insérer dans le monde du travail et les lieux publics, Mottron estime qu'il faudrait faire de même pour les personnes autistes, en encourageant la science à mieux étudier les particularités autistiques, sans vouloir toujours passer par le langage (qui met en avant le déficit, et n'invite pas à tenir aussi compte des capacités et atouts dont beaucoup de personnes atteintes d'autisme sont dotées), en comprenant comment les autistes apprennent et réussissent dans un environnement naturel[147]. En Belgique, à l’université libre de Bruxelles, le professeur Mikhail Kissine[155] a fondé en 2015 le groupe de recherche ACTE (Autisme en contexte : Théorie et Expérience) dont le but est de découvrir ce qui fait obstacle au développement du langage dans l‘autisme[156],[157].
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L'intelligence globale et d'autres capacités cognitives des autistes se développent souvent d'une manière peu harmonieuse et irrégulière par rapport à l'âge; par exemple, un jeune autiste de 7 ans lit des romans pour adultes, peut prendre soin de lui-même à un niveau normal pour son âge, mais présente la maturité émotionnelle et sociale d'un enfant de 3 ans. Cela a été également démontré que bien des personnes autistes non verbales — c'est-à-dire, qui ne parlent aucune langue oralement — peuvent avoir des connaissances profondes, comprendre adéquatement le sens des mots et avoir des conversations intéressantes s'ils ont un moyen alternatif de communiquer, bien que la société puisse croire que ces personnes n'ont qu'une compréhension verbale et intellectuelle très limitée en général[158].
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Les personnes autistes sont victimes de discrimination à l’embauche; l’accès au travail étant limité puisque les employeurs ont généralement peur du handicap et de ses conséquences. Ceux-ci se préoccupent de l’image de leur entreprise reflétée par ces personnes. Cependant, des initiatives associatives permettent à ces personnes de pouvoir intégrer les entreprises. Certaines, dans l'informatique notamment, ont compris la plus-value qu'elles pouvaient en retirer.
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Plusieurs publications font état d'une prévalence de plus de 60 enfants sur 10 000, touchés par une forme d'autisme, soit 1 enfant sur 166. Aux États-Unis en 2000[N 8] ;
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en Angleterre en 2001[166] ;
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en France en 2002[167].
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Ce chiffre serait en augmentation selon les dernières études épidémiologiques menées aux États-Unis depuis 2000 par les CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), sur des centaines de milliers d'enfants : la prévalence de l'autisme atteindrait désormais un enfant sur 150[168], un garçon sur 94 ; il est question en 2008 d'1 sur 88[169] pour les troubles du spectre autistique, en 2010, il s'agit d' 1 enfant sur 68 (1 garçon /42, 1 fille /189)[170] et en 2012 d'un chiffre en augmentation[171]. Au Royaume-Uni, une étude de 2009 arrivait à une estimation de 1 enfant sur 64[172]. Une étude en Corée en 2011 estime la prévalence de l'autisme à 1 sur 38 (prévalence 2,64 %, échantillon de 22 337 enfants) dans la population générale[173]. En Suède, la prévalence a été multipliée par 3,5 entre 2001 et 2011[174].
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S'est alors posée la question de la raison de cette évolution de la prévalence d'autistes diagnostiqués. Les réponses proposées sont une amélioration du diagnostic, une inclusion plus large d'enfants auparavant diagnostiqués d'une autre manière, une augmentation du nombre d'autistes ou, plus vraisemblablement, une combinaison de tous ces facteurs[175].
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L'augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistique diagnostiqués est constatée dans de nombreux pays. Cette croissance serait donc en partie due au changement des méthodes de diagnostic, qui font que plus de personnes sont détectées et incluses dans ce diagnostic. L'autre part pourrait être due à des facteurs tels que l'augmentation de l'exposition à des toxines environnementales (thème développé dans les théories sur le rapport entre autisme et intoxication).
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En janvier 2014, le Conseil Supérieur de la Santé a publié un avis scientifique très complet sur la qualité de vie des jeunes enfants autistes et de leur famille. Le Conseil a notamment réalisé un aperçu des politiques existantes et à mettre en œuvre en Belgique pour améliorer la qualité de vie des enfants autistes (de moins de 6 ans) et celle de leur famille. Un « Plan National Autisme » devrait d’ailleurs faire à la suite de ces recommandations et de celles du Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE). Pour la Belgique, le Conseil recommande notamment[176] :
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Une étude préliminaire sur la prévalence du syndrome autistique en Chine, menée de façon concertée, suggère qu'un pour cent de la population chinoise pourrait être concerné[177].
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L'Inserm évoque 100 000 personnes de moins de 20 ans ayant un TED en France, avec un ratio masculin/féminin de 4 pour 1[178].
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La Haute Autorité de santé, dans ses « Recommandations sur le dépistage et le diagnostic de l'autisme », précise que le diagnostic se fonde sur divers arguments cliniques avec la collaboration des proches de la personne, et émet des recommandations destinées aux professionnels et intervenants[179].
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La Fédération française de psychiatrie a émis depuis 2005 des recommandations pour le diagnostic de ces troubles[HAS 9]. Tout patient ou représentant légal du patient (par exemple, s'agissant d'enfants, les parents) est en droit de s'opposer à un diagnostic (y compris « en contre ») qui n'a pas été réalisé selon ces recommandations et à demander à un autre praticien de réaliser ce diagnostic selon les recommandations.
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Les associations Autisme France et Autistes sans Frontières proposent des indications sur les signes d'alerte pouvant indiquer un autisme durant la petite enfance[180],[181].
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Un dépistage précoce peut être effectué à partir de 18 mois de manière assez fiable (avec le test M-CHAT) par un pédiatre ou par les parents le cas échéant[182]. En cas de doute, à la suite de ce test il est recommandé d'effectuer dans les mois qui suivent un diagnostic plus précis en milieu spécialisé avec l'ADOS et l'ADI-R. La possibilité d'un dépistage précoce, avant 18 mois, est un enjeu important et fait l'objet d'intenses recherches. De nombreuses études sur le développement des personnes autistes démontrent par ailleurs qu'un dépistage précoce permet la mise en place d'une prise en charge adaptée au plus tôt, ce qui permet d'augmenter notablement les chances de progression ultérieure de l'enfant.
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Concernée par le diagnostic des adultes, la Haute Autorité de santé a également publié en juillet 2011 une recommandation de bonne pratique[HAS 10] visant à améliorer le repérage des troubles et le diagnostic des TED chez l'adulte, grâce à une meilleure sensibilisation des professionnels de la santé. En Suisse, les centres diagnostics compétents sont en augmentation et proposent de poser un diagnostic différencié et standardisé fondé sur des connaissances interdisciplinaires. Ces centres restent néanmoins peu présents dans certaines régions et une méthode de diagnostic standardisée est encore trop souvent absente[183].
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La Fondation FondaMental, fondation de coopération internationale de recherche en santé mentale, créée en juillet 2007 par le ministère de la Recherche et de la Santé, bien qu'acceptant la notion de trouble du spectre de l'autisme et de syndrome d'Asperger, considère que l'autisme est « assimilé aux maladies mentales »[184]. Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca considèrent l'autisme au titre de trouble psychiatrique aux côtés de la dépression, de la schizophrénie, des troubles bipolaires et des conduites suicidaires[185].
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La France est le seul pays dans lequel il existe un autre système de référence que la CIM et le DSM : la CFTMEA. Un ensemble de praticiens y reste très attaché, tandis qu'un ensemble de parents d'autistes y est très opposé[réf. souhaitée]. En 2003, un rapport du député Jean-François Chossy exposant la situation des personnes atteintes d'autisme est remis au Premier ministre[186]. Rendu en 2007, l'avis no 102 du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) – saisi par des associations de familles d'autistes en 2005 – indique que la France accuse un retard, en comparaison aux pays d'Europe du Nord ou anglo-saxons, en ce qui concerne le diagnostic et l'accès à un accompagnement éducatif adapté[97].
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Parmi les sujets de controverse, on trouve la notion de psychose, le rapport à la psychanalytique et l’éventuelle déduction théorique sur le rôle des parents. Ces derniers, regroupés en association, ont amené ces controverses en politique ; c'est pourquoi il y a eu dans les années 2000 de nombreuses interventions politiques qui ont abouti à des recommandations sur les bonnes pratiques par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) en 2005[97] et la Haute Autorité de santé (HAS) en 2012[HAS 8]. Qualifié d'interventionniste cette situation n'est pas du goût de tous les praticiens[96].
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Une circulaire interministérielle demande en mars 2005 une évaluation quantitative et qualitative de la politique concernant les personnes autistes ou atteintes de TED, afin d'établir un état des lieux et de définir les réponses à apporter, notamment en ce qui concerne les centres de ressources autisme[187].
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Les familles ou proches de personnes autistes disposent en France depuis 2005 de centres Ressources Autisme (CRA) dans leur région, structures dédiées résultant du Plan Autisme 2005-2007[188],[189] pour obtenir un diagnostic selon les critères internationaux. Des associations de parents et de professionnels ont été créées pour accompagner les 600 000 autistes français et leurs familles avec une prise en charge éducative des sujets autistes et un soutien aux familles[190].
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En 2012, des recommandations ont été émises par la Haute Autorité de Santé à l'attention des professionnels du pays[HAS 8], deux ans après le bilan sur l'état des connaissances sur le sujet[HAS 2]. À cette occasion, la HAS note que « l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques ou la psychothérapie institutionnelle »[HAS 11] et elle considère ces données comme étant « non consensuelles »[HAS 11]. Ces recommandations ont également entraîné un vif débat. Les associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[110], certaines associations de psychanalystes ont protesté[111].
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La revue médicale Prescrire a émis des réserves sur la méthodologie d'élaboration de ces recommandations, évoquant un « faux-consensus »[191]. Laurent Mottron, neuroscientifique spécialiste de l'autisme par ailleurs très hostile à l'utilisation de la psychanalyse dans le traitement de l'autisme, a critiqué la trop grande importance donnée à la méthode ABA tout en reconnaissant que « le rapport argumentaire de la HAS et ses recommandations sont dans leur quasi totalité un travail remarquable »[192].
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Les résultats des premières structures expérimentales de « Centres Experts sur ABA » du plan autisme 3 montrent que seulement 3 % des enfants autistes ont intégré l'école ordinaire et les résultats sont en deçà des études originelles des méthodes comportementales[193].
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Le nombre des personnes atteintes d'autisme ou de TED a été évalué à 69 000 en 2003, soit une personne sur 450[194]. Une étude de l'Hôpital de Montréal pour enfants sur l'année 2003-2004 indique une prévalence de 0,68 pour 1 000 ; une augmentation du taux chez les enfants scolarisés est évoquée dans plusieurs provinces par la Société canadienne d'autisme[194].
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Des initiatives ont vu le jour telle la Society For The Autistics In India (SAI), organisme créé en 1995 à Bangalore, ses objectifs sont l'intervention précoce et un programme de développement de la communication[195].
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La part de la population autiste au Maroc est estimée en 2000 de 4 000 à 26 000 personnes[196], dont la plus grande partie est prise en charge exclusivement par la famille. Il existait des centres d'accueil dans les grandes métropoles telles que Casablanca et Rabat, qui sont d’ailleurs fermés jusqu'à présent. La scolarisation des enfants autistes dépend essentiellement des initiatives privées. Le milieu associatif tente d'établir un partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale (MNE) afin de disposer de classes adaptées dans les écoles primaires publiques et d'auxiliaires de vie scolaire[197].
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En 1908, le professeur autrichien Théodore Heller décrit un trouble qu'il présente comme une « démence juvénile » et qui sera dénommé plus tard sous le nom générique de « trouble désintégratif de l'enfance ».
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La première formalisation clinique d'un trouble infantile distinct des schizophrénies a été faite en 1943 par Leo Kanner qui définit les « troubles autistiques du contact affectif » à travers onze cas correspondants[20].
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Il reprend le terme « autisme » créé en 1911 par le psychiatre Eugen Bleuler à partir de la racine grecque αὐτός qui signifie « soi-même »[198]. Il l'utilisait alors pour distinguer l'un des trois comportements typiques des schizophrénies (adulte)[19] pour faire face à une réalité oppressante. Ce premier comportement, nommé « autisme », consistait pour y faire face à l'ignorer ou à l'écarter ; un deuxième consistait à la reconstruire, c'est la psychose ; et un troisième consistait à la fuir par dé-socialisation, ce qu'il associait aussi à la plainte somatique (hypocondrie). Bleuler est alors marqué par les travaux de psychopathologie de Wilhelm Wundt et par les idées de Sigmund Freud qui lui furent transmises par Carl Jung, alors son assistant.
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Le besoin de distinguer et d'isoler un trouble propre au jeune enfant se retrouve avant 1943 chez Melanie Klein comme le rapporte Jacques Hochmann[199].
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Vers la fin des années 1970, Lorna Wing redécouvre le travail oublié de Hans Asperger qui, comme Leo Kanner la même année, avait isolé des cas cliniques d'un trouble spécifiquement infantile qualifié d'« autistique »[90]. Elle publie en 1981 sa propre étude sur ce qu'elle nomme syndrome d'Asperger[23]. En 1982, elle propose l'idée d'une continuité entre les distinctions faites par Kanner et celles faites par Asperger[22], ce qu'elle met en évidence l’année suivante (1983) en définissant trois critères de référence[10] :
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Cette « triade autistique » reste aujourd’hui une référence pour identifier et définir l'autisme et le trouble envahissant du développement. Cette catégorie (en abrégé : TED) est apparue en 1994 avec le passage du DSM III au DSM IV[21], mais la tendance en 2011 semble être à la préférence de la notion de spectre autistique et à la simplification de la triade en deux critères : l'un social, l'autre comportemental[200]. Cette description clinique a permis le développement, dans les années 1990, de la recherche en génétique et en neurophysiologie sur les causes et le traitement de l'autisme, puis du spectre autistique.
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De nombreux films — documentaires ou de fiction — et séries mettent en scène l'autisme :
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(134340) Pluton
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à Flagstaff (Arizona)[2]
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Pluton, officiellement désignée par (134340) Pluton (désignation internationale : (134340) Pluto), est une planète naine, la plus volumineuse connue dans le Système solaire (2 372 km de diamètre, contre 2 326 km pour Éris), et la deuxième en ce qui concerne sa masse (après Éris). Pluton est ainsi le neuvième plus gros objet connu orbitant directement autour du Soleil et le dixième par la masse. Premier objet transneptunien identifié, Pluton orbite autour du Soleil à une distance variant entre 30 et 49 unités astronomiques et appartient à la ceinture de Kuiper, ceinture dont il est (tant par la taille que par la masse) le plus grand membre connu.
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Après sa découverte par l'astronome américain Clyde Tombaugh en 1930, Pluton était considérée comme la neuvième planète du Système solaire. À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de plus en plus d'objets similaires furent découverts dans le Système solaire externe, en particulier Éris, alors estimé légèrement plus grand et plus massif que Pluton. Cette évolution amena l'Union astronomique internationale (UAI) à redéfinir la notion de planète, Cérès, Pluton et Éris étant depuis le 24 août 2006 classées comme des planètes naines. L'UAI a également décidé de faire de Pluton le prototype d'une nouvelle catégorie d'objet transneptunien. À la suite de cette modification de la nomenclature, Pluton a été ajoutée à la liste des objets mineurs du Système solaire et s'est vu attribuer le numéro 134340 dans le catalogue des objets mineurs.
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Pluton est principalement composée de roche et de glace de méthane, mais aussi de glace d'eau et d'azote gelé. Son diamètre est d'environ les deux tiers de celui de la Lune.
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Pluton est le corps principal du système plutonien. Le couple que forme Pluton avec son grand satellite, Charon (diamètre 1 207 km), est souvent considéré comme un système double, car la différence de masse entre les deux objets est l'une des plus faibles de tous les couples corps primaire/satellite du système solaire (rapport 8 pour 1) et le barycentre de leurs orbites ne se situe pas à l'intérieur d'un des deux corps (il est légèrement à l'extérieur de Pluton).
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Quatre autres satellites naturels, nettement plus petits et tous en orbite à peu près circulaires (excentricité < 0,006) à l'extérieur de l'orbite de Charon, complètent le système tel qu'actuellement connu (dans l'ordre en s'éloignant) : Styx, Nix, Kerbéros et Hydre. Tous quatre furent découverts avec l'aide du télescope spatial Hubble : les deux plus importants, Nix et Hydre (respectivement 54 × 41 × 36 km et 43 × 33 km), en 2005, Kerbéros (environ 12 × 4 km) en 2011 et Styx (environ 7 × 5 km) en 2012. Ces deux derniers ont reçu leur nom officiel en juillet 2013. Les dimensions mentionnées correspondent à des mesures effectuées ultérieurement à leur découverte, et non aux premières estimations qui purent être faites.
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La sonde spatiale New Horizons, lancée en janvier 2006 par la NASA, est la première sonde à explorer le système plutonien ; elle le traverse le 14 juillet 2015 à une distance minimale de 11 095 km de Pluton, après un voyage de 6,4 milliards de kilomètres. La sonde ne détecte aucun autre satellite de plus d'1,7 kilomètre de diamètre pour un albédo de 0,5.
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D'après Greg Buchwald, Michel DiMario et Walter Wild, Pluton a été photographié le 21 août et le 11 novembre 1909 à l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago[6]. Cependant, leurs coordonnées n'apparaissent pas dans la liste des quatorze autres pré-découvertes de Pluton qui sont recensées[6] dans les données du Minor Planet Center. La toute première officiellement identifiée est celle du 23 janvier 1914 à l'observatoire du Königstuhl de Heidelberg[6].
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Pluton fut découvert en 1930 lors de la recherche d'un corps céleste permettant d'expliquer les perturbations orbitales de Neptune, hypothèse proposée par Percival Lowell comme la planète X.
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Ayant fait fortune dans les affaires, Lowell se fait construire en 1894 un observatoire à plus de 2 000 mètres d'altitude dans l'Arizona et entreprend la recherche d'une neuvième planète au-delà de Neptune. Il pense suivre la même méthode que celle qui avait conduit à la découverte de cette dernière en étudiant son orbite, mais la précision des instruments de l'époque ne permettant pas de mesurer de façon précise les anomalies orbitales, il doit se rabattre sur celles d'Uranus. Sa planète (baptisée « X ») serait située à 47,5 ua, aurait une période de 327 ans et une masse de deux cinquièmes de celle de Neptune. En 1905, il lance une première campagne photographique de trois ans, mais celle-ci ne donne rien de concluant, notamment, comme il fut démontré par la suite, parce que ce programme était focalisé sur l'écliptique et que l'orbite fortement inclinée de Pluton la plaçait à cette époque en dehors du champ des photographies[7]. Lowell ne baisse pas les bras pour autant et décide de redoubler d'efforts, notamment lorsqu'il voit apparaître un concurrent : William Pickering. Celui-ci annonce en 1908 la présence d'une planète qu'il nomme « O » de deux masses terrestres, à une distance de 52 ua et d'une période de 373 ans. En 1911, Lowell fait l'acquisition d'un comparateur à clignotement, machine destinée à l'analyse photographique lui permettant de comparer les clichés beaucoup plus vite (deux séries de photos sont prises à quelques jours d'intervalle pour repérer le mouvement éventuel d'un astre) et entame une nouvelle série de photographies[8]. Un nouvel échec qui le mènera à se désintéresser de sa planète X.
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Percival Lowell meurt en 1916 mais laisse dans son testament de quoi poursuivre les recherches sans se soucier des problèmes d'argent, bien que des problèmes d'héritage avec sa femme finissent par réduire le budget de l'observatoire. Or dix ans plus tard, l'observatoire doit se doter d'un nouvel instrument. Abbott Lawrence Lowell, le frère de Percival Lowell, accepte de donner dix mille dollars pour la construction d'un télescope de 13 pouces que Clyde W. Tombaugh sera chargé de piloter pour cette lourde tâche qu'est la cartographie minutieuse du ciel, à la recherche de la planète X. Tombaugh réorganise son plan de travail et procède à trois prises au lieu de deux afin d'augmenter les chances de percevoir le mouvement de la planète. La troisième série de clichés prend fin le 29 janvier 1930 et commence alors l'analyse des plaques photographiques. Le 18 février 1930, il remarque un point bouger d'une plaque à l'autre sur deux photographies prises les 23 et 29 janvier[4]. L'équipe de l'observatoire Lowell, après avoir pris d'autres photographies permettant de confirmer la découverte, télégraphie la nouvelle au Harvard College Observatory le 13 mars 1930[9]. La découverte est annoncée le 14 mars 1930 par une circulaire de l'Union astronomique internationale[10].
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De nombreux observatoires se mettent alors à observer cette nouvelle planète, afin de déterminer son orbite le plus précisément possible. En reprenant des clichés antérieurs, Pluton est rétroactivement observée sur des plaques photographiques remontant jusqu'à 1909[12].
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La planète est nommée à la fois en référence au dieu romain des enfers et à Percival Lowell dont les initiales forment les deux premières lettres de Pluton. Ses initiales forment le symbole astronomique de Pluton : ♇[13],[14] (à ne pas confondre avec son symbole astrologique, ). Le nom fut suggéré par Venetia Burney, une jeune fille de onze ans d'Oxford, en Angleterre. Passionnée de mythologie et d'astronomie, Venetia Burney trouva approprié d'associer le nom du dieu du monde souterrain à ce monde obscur et glacé. Son grand-père qui travaillait à la bibliothèque universitaire d'Oxford en parla à l'astronome Herbert Hall Turner, qui transmit l'idée à ses confrères américains[15]. Le nom de Pluton fut officialisé le 24 mars 1930[16].
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À l'origine, la découverte de Pluton est liée à la recherche systématique d'une planète permettant d'expliquer les perturbations observées dans les orbites d'Uranus et Neptune, mais le doute est très vite jeté sur le fait que Pluton serait bien la planète X que Percival Lowell recherchait[17].
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À cette époque, Pluton est si lointaine que son diamètre ne peut pas être déterminé avec précision, mais sa faible luminosité et son absence de disque apparent laissent présager un corps plutôt petit, comparable en taille aux planètes telluriques déjà connues, probablement plus grand que Mercure mais pas plus que Mars, pense-t-on à l'époque[18]. Il devient donc rapidement clair que Pluton ne peut pas être la source des perturbations dans les orbites de Neptune et Uranus. Clyde Tombaugh et d'autres astronomes persévèrent dans la recherche de la planète X pendant 12 ans, mais ne découvrent que des astéroïdes et des comètes[17]. Les astronomes sont amenés à imaginer que de nombreux autres corps similaires à Pluton pourraient orbiter autour du Soleil au-delà de Neptune. On pense alors que le système solaire pourrait être constitué de plusieurs zones regroupant les corps célestes par familles, planète tellurique, planète géante, « objets ultra-neptuniens »[18]. Cette hypothèse sera formalisée plus tard au cours des années 1940 et 1950 par Kenneth Edgeworth puis Gerard Kuiper, et est désormais connue sous le nom de ceinture de Kuiper[19].
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Le premier satellite de Pluton fut découvert le 22 juin 1978 lorsque James W. Christy réalisa que l'image de Pluton apparaissant sur des plaques photographiques prises dans les deux mois précédents semblait présenter une protubérance tantôt d'un côté, tantôt de l'autre[20],[21]. La protubérance fut confirmée sur d'autres plaques, dont la plus ancienne remontait au 29 avril 1965. Des observations ultérieures de la protubérance montrèrent qu'elle était causée par un petit corps. La périodicité de la protubérance correspondait à la période de rotation de Pluton, laquelle était connue à partir de sa courbe de luminosité, indiquant une orbite synchrone et suggérant qu'il s'agissait d'un effet réel et non d'un artefact d'observation. Le nom de Charon fut donné au satellite.
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En 1993, les calculs de la trajectoire de survol de Neptune par la sonde Voyager 2 en août 1989[22] ont montré que Neptune avait une masse inférieure aux hypothèses précédentes, et en tenant compte de cette nouvelle mesure, le mathématicien Myles Standish montre que les divergences dans les mouvements des planètes Uranus et Neptune deviennent négligeables devant l'incertitude de la mesure liée à la précision des instruments. L'hypothèse d'une planète X perturbatrice ne tient donc plus, et c'est donc sur la base d'une prédiction de position fausse que Pluton fut découverte[23].
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Dans la dernière décennie du XXe siècle, la découverte de nombreux objets transneptuniens (plus d'un millier), dont certains ont une dimension estimée voisine de celle de Pluton (par exemple Éris), pousse à la remise en question de son statut de planète[24].
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Parmi ceux-ci, de très nombreux corps sont découverts qui possèdent une période de révolution égale à celle de Pluton, et sont comme lui en résonance 2:3 avec Neptune[24].
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Certains scientifiques proposent alors de reclasser Pluton en planète mineure ou en objet transneptunien. D'autres, comme Brian Marsden du Centre des planètes mineures, penchent pour lui attribuer les deux statuts, en raison de l'importance historique de sa découverte. Marsden annonce le 3 février 1999 que Pluton serait classée comme le 10 000e objet du catalogue recensant justement 10 000 planètes mineures. Le numéro rond de « 10 000 » serait attribué à Pluton en son honneur pour la « célébration » de ce compte atteint. L'Union astronomique internationale (UAI), l'organisme coordinateur de l'astronomie au niveau international, chargé de la dénomination des corps célestes ainsi que de leur statut, fit alors une mise au point, rappelant qu'elle seule était habilitée à déterminer le statut de Pluton[25].
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Historiquement, les quatre premiers astéroïdes découverts de 1801 à 1807 — (1) Cérès, (2) Pallas, (3) Junon et (4) Vesta — furent eux aussi considérés comme des planètes pendant plusieurs décennies (à l'époque, leurs dimensions n'étaient pas connues avec précision). Certains textes astronomiques du début du XIXe siècle font référence à onze planètes (incluant Uranus et les quatre premiers astéroïdes). Le cinquième astéroïde ((5) Astrée) fut découvert en 1845 peu de temps avant la découverte de Neptune, suivi de plusieurs autres dans les années suivantes. Dans les années 1850, on cessa de considérer ces objets de plus en plus nombreux comme des « planètes », pour les nommer « astéroïdes » ou « planètes mineures »[26].
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La découverte en 2005 de (136199) Éris[a], d'un diamètre comparable et d'une masse légèrement supérieure à ceux de Pluton, contribue à relancer le débat ; puisqu'il s'agit en effet de ne pas reproduire le même scénario que ce qui s'était passé pour Cérès, Pallas, Junon et enfin Vesta. Le diamètre d'Éris, qui avait initialement été estimé à 3 600 km (il semblait alors notablement plus grand que Pluton) était encore en 2006 du même ordre de grandeur que celui de Pluton, même après avoir été revu à la baisse (2 400 km ± 100 km). Selon une étude publiée dans Science du 14 juin 2007, sa masse serait supérieure à celle de Pluton d'environ 27 %[27]. De nombreux autres corps ont également été découverts à cette époque, tels que (136472) Makémaké, (90482) Orcus ou (90377) Sedna, régulièrement annoncés comme la dixième planète du Système solaire.
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La classification en neuf planètes devient difficilement tenable. Le dernier mot revient à l'UAI, qui, lors de son 26e congrès tenu le 24 août 2006 en République tchèque, a décidé au terme d'une semaine de débats de compléter la définition de planète, disant qu'une planète élimine de son voisinage tous les objets ayant une taille qui lui soit comparable[28]. Ce qui n'est pas le cas de Pluton, qui partage son espace avec d'autres objets transneptuniens et qui est reclassé en planète naine[25],[29],[30]. Le Centre des planètes mineures lui attribua le 7 septembre 2006 le numéro d'objet mineur « 134340 »[31]. (134340) Pluto devient la désignation officielle de l'Union astronomique internationale le 13 septembre 2006[32],[33].
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Néanmoins, à la suite du vote, une pétition[34] ayant réuni en cinq jours les signatures de plus de 300 planétologues et astronomes majoritairement américains (Pluton ayant été la première planète découverte par un Américain) a été lancée pour contester la validité scientifique de la nouvelle définition de planète qui déclassait Pluton ainsi que son mode d'adoption et inviter à la réflexion sur une autre définition plus appropriée[35]. Il faut dire que lors du 26e congrès de Prague qui s'est tenu du 14 au 25 août 2006, le vote sur la rétrogradation ou non de Pluton a eu lieu seulement le 24 août[36] et en présence de 400 membres environ sur 6 000[37], ce qui peut remettre en cause le bien-fondé de la décision. Néanmoins, Catherine Cesarsky, présidente de l'UAI, clôt le débat en décidant que l'assemblée de l'UAI d'août 2009 ne reviendrait pas sur la définition de planète[38]. Des planétologues continuent cependant à parler de Pluton comme d'une planète en 2018, tel Alan Stern[b].
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Le 18 septembre 2014, le Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics organise un débat réunissant trois experts présentant trois points de vue de la définition d'une planète : historique, la définition retenue par l'UAI et enfin le point de vue des chercheurs des exoplanètes ; ce dernier, présenté par Dimitar Sasselov, président de Harvard Origins of Life Initiative, recueille l'adhésion des experts, pour lesquels Pluton serait donc bien une planète[39],[40].
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Environ cent-cinquante objets orbitant comme Pluton avec une résonance 2:3 avec Neptune étaient recensés en février 2006, ce qui tend à montrer que Pluton est le plus grand représentant d'une vaste famille de corps plus ou moins massifs. Les astronomes David Jewitt et Jane Luu proposent de les nommer « plutinos »[24].
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Une nouvelle sous-catégorie, les plutoïdes, est créée par l'UAI pour les planètes naines qui passent la majeure partie de leur révolution orbitale à l'extérieur de l'orbite de Neptune, dont Pluton fait partie[41].
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Le télescope spatial Hubble a fourni les images les plus détaillées de la surface de Pluton avant l'arrivée de New Horizons[42].
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Image prise par Hubble en 1994[43].
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Surface de Pluton établie en 1994 en haut, à partir des observations de la caméra pour objets faibles (Faint Object Camera) et entre 2002 et 2003 par la caméra avancée pour les relevés (Advanced Camera for Surveys) en bas, toutes deux des instruments de Hubble.
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Carte reconstituée de Pluton en vraies couleurs générée par ordinateur à partir d'images d'Hubble[c] et parmi les plus hautes résolutions possibles avec la technologie de 2010. Autres photos de toute la surface ici.
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Pluton est un objectif difficile pour l'exploration spatiale, à cause de la grande distance la séparant de la Terre (environ 4,8 milliards de kilomètres[44]), de la forte inclinaison de son orbite (17°) sur l'écliptique et de sa très faible masse.
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À titre de comparaison, si la Terre était un ballon de football (70 cm de circonférence), Pluton aurait environ la taille d'une balle de golf. À cette échelle, une distance de 86 kilomètres séparerait les deux planètes, soit 20 tours du Circuit Gilles-Villeneuve ou la distance de Paris à Évreux.
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La sonde Voyager 1 aurait éventuellement pu l'atteindre, mais l'exploration de Titan (le plus grand satellite parmi les innombrables que comporte Saturne) et des anneaux de Saturne fut jugée plus importante, ce qui eut pour effet de rendre sa trajectoire incompatible avec un rendez-vous avec Pluton. Voyager 2 n'était pas en mesure de l'atteindre car la trajectoire théorique de la sonde pour réaliser ce rendez-vous aurait supposé de traverser la planète Neptune[45].
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La NASA étudia en 1991 un projet de sonde vers Pluton, qui fut révisé à la baisse en 1992 puis abandonné en 1994. Un nouveau projet américano-russe, la mission Pluto Kuiper Express, démarra en 1995. Il aurait eu pour but le survol vers 2012 du couple Pluton/Charon, et d'au moins un objet de la ceinture de Kuiper. La Nasa l'annula en 2000, pour des raisons budgétaires[46].
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Elle a finalement été remplacée par une mission similaire, New Horizons. La sonde New Horizons, lancée le 19 janvier 2006, est donc la première sonde spatiale à visiter Pluton, bénéficiant en février 2007 de l'assistance gravitationnelle de Jupiter[47] pour arriver au plus près de la planète naine le 14 juillet 2015, après un voyage de 6,4 milliards de kilomètres. Les observations débutent environ cinq mois avant le plus proche passage et devraient continuer environ un mois après. Le survol est toutefois si rapide que seul un hémisphère peut être photographié avec la résolution la plus élevée[48]. L'engin spatial emporte à son bord des instruments d'imagerie, de spectroscopie et d'autres appareils de mesure, afin de déterminer les caractéristiques géologiques et morphologiques de Pluton et de sa lune Charon, mais aussi cartographier les éléments composant leur surface et étudier l'atmosphère de Pluton (composition et taux d'évasion). La mission prévoit également un survol des objets de la ceinture de Kuiper jusqu'en 2025[49].
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L'orbite de Pluton autour du Soleil a été observée pendant plus d'un siècle (le cliché le plus ancien sur lequel on repère Pluton remonte à janvier 1914), durée de parcours d'un peu plus du tiers de sa trajectoire annuelle, mais suffisante pour mesurer avec précision ses caractéristiques orbitales[23].
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Le demi-grand axe de l'orbite de Pluton est de 39,88 ua[50], mais du fait de l'excentricité prononcée de cette orbite, la distance entre Pluton et le Soleil varie entre 29,7 ua au périhélie et 49,5 ua à l'aphélie, et l'année plutonienne dure 248,1 années terrestres[51].
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En comparaison des planètes classiques du système solaire, l'orbite de Pluton est fortement inclinée par rapport au plan de l'écliptique (17,14175°) et excentrique (0,24880766). Les orbites des planètes classiques sont quasi circulaires et coplanaires de l'écliptique (seule Mercure possède une orbite inclinée (7°) et excentrique (0,2) de manière significative).
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Le périhélie de Pluton est situé à plus de 8,0 ua au-dessus du plan de l'écliptique, soit 1,2 milliard de km, et c'est près de cette position de son orbite que la planète naine se trouve plus proche du Soleil que Neptune. Ce fut le cas pendant vingt ans entre le 7 février 1979 et le 11 février 1999. À l'opposé, Pluton s'éloigne de 13 ua au-dessous du plan de l'écliptique[52].
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L'orbite de Pluton étant très excentrique, elle croise celle de nombreux autres objets ; parmi les astéroïdes numérotés, ces hadéocroiseurs comptaient (en juillet 2004) 10 frôleurs intérieurs (dont (5145) Pholos), 24 frôleurs extérieurs (dont (19521) Chaos), 17 croiseurs (dont (38628) Huya) et 37 coorbitaux (dont (20000) Varuna, (28978) Ixion et (50000) Quaoar)[53].
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Bien que Pluton soit parfois plus proche du Soleil que Neptune, les orbites des deux objets ne se croisent jamais, en raison de la forte inclinaison (environ 17°) de l'orbite de Pluton par rapport au plan de l'écliptique. Les nœuds de l'orbite de Pluton (les points où l'orbite traverse le plan de l'écliptique) sont situés à l'extérieur de l'orbite de Neptune[52].
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Pluton est en résonance avec Neptune de rapport 3:2, c'est-à-dire que sur une durée de 496 ans, Pluton effectue deux révolutions autour du Soleil pendant que Neptune en réalise trois. Cette résonance est stable : une perturbation de l'orbite de Pluton serait corrigée par l'attraction de Neptune. À cause de ce phénomène, Pluton et Neptune ne sont jamais plus proches que 18,9 ua, tandis que Pluton peut s'approcher à 12 ua d'Uranus. Quand Neptune dépasse le point où les deux orbites sont les plus proches, la résonance maintient une séparation angulaire Neptune-Soleil-Pluton supérieure à 50° et Pluton reste près de 30 ua derrière Neptune, soit près de 4,5 milliards de kilomètres. Le vrai point de rapprochement se situe de l'autre côté de l'orbite. Neptune « dépasse » toujours Pluton quelque 30 ans après l'aphélie de ce dernier[54].
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D'autres objets transneptuniens qui gravitent sur une orbite dont le demi-grand axe est de 39,4 ua possèdent une telle résonance orbitale 3:2 avec Neptune et sont appelés des plutinos, par référence à Pluton[55],[56]. En 2009, on en compte plus de 200[57].
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Si la trajectoire de Pluton a pu être déterminée sans grande difficulté, ses caractéristiques physiques (diamètre, masse, et partant densité, pouvoir réflecteur, état de la surface) sont restées longtemps mal connues et controversées : son diamètre apparent est inférieur à ¼ de seconde d'arc, tandis que les turbulences de l'atmosphère terrestre rendent difficile l'observation de détails inférieurs à une seconde d'arc[58]. La finesse des observations s'est accrue à partir des années 1980, par l'usage de l'optique adaptative, de la spectrométrie, et du télescope spatial Hubble[59]. La découverte en 1978 d'un satellite de Pluton, Charon, offrit des moyens d'investigation supplémentaires[60]. Néanmoins en 2010, les valeurs publiées diffèrent encore quelque peu selon que l'on se réfère à la NASA[61] ou à des publications récentes[62],[63]. Le survol en 2015 par la mission New Horizons et les effets gravitationnels du couple Pluton-Charon sur la sonde permettront d'ajuster les valeurs de son champ de gravité, selon l'observation de l'effet Doppler sur les signaux de la sonde et la déduction qui en résulte des variations de sa vitesse et de son accélération induite par Pluton et Charon[64].
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En 1955, on observe que les variations de la luminosité de Pluton sont de l'ordre de 30 % et sont périodiques. On en déduit que Pluton tourne sur elle-même en 6,387 jours, soit 6 jours, 9 heures et 17 minutes[65]. Son axe de rotation est incliné de 57,5° par rapport à son plan orbital, ce qui est plutôt élevé et inhabituel dans le Système solaire (seule Uranus a une inclinaison comparable)[66]. Aux points de solstice de son orbite, Pluton expose donc un pôle au Soleil pendant de nombreuses décennies, et aux points d'équinoxe, soit tous les 124 ans, il tourne comme sur une broche face au Soleil, tandis que la Terre voit verticalement sa ligne d'équateur ainsi que l'orbite de Charon, qui passe alternativement devant et derrière Pluton[67].
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L'action des forces de marée a contraint la période de rotation de Pluton jusqu'à la synchroniser avec la période de révolution de son principal satellite, Charon : les deux périodes étant égales, Charon se trouve donc toujours à la verticale du même point de la surface de Pluton[d], et Charon paraît donc immobile dans le ciel plutonien[68].
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Pluton, avec sa masse d'un cinq-centième de celle de la Terre et un diamètre de 2 370 ± 20 km, est plus petite et moins massive que sept satellites naturels dans le Système solaire : la Lune (3 476 km de diamètre), les quatre satellites galiléens de Jupiter (Ganymède, 5 262 km ; Callisto, 4 880 km ; Io, 3 640 km ; Europe, 3 122 km), le plus gros satellite de Saturne (Titan, 5 150 km) et celui de Neptune (Triton, 2 706 km)[69].
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Avant son survol par la sonde New Horizons, le diamètre de Pluton était l'un des paramètres physiques les moins bien connus et les plus difficiles à mesurer, et la source principale d'incertitude sur les autres paramètres dérivés comme la masse volumique. Sa très grande distance combinée à sa petite taille font qu'il est impossible de résoudre avec précision le disque de Pluton, et empêche donc les mesures « directes » de ses dimensions, que ce soit avec le télescope spatial Hubble ou avec les instruments terrestres dotés d'une optique adaptative. Les mesures se fondant sur les occultations d'étoile par Pluton et les occultations de Pluton par Charon ne concordent pas exactement, et les explications permettant d'expliquer ces différences dépendent des modèles utilisés pour analyser les données, notamment concernant l'atmosphère de la planète naine. La valeur et la marge d'erreur généralement retenue de 2 306 ± 20 km de diamètre incluent en fait les différences de résultat des différentes méthodes de mesure[82]. Le 13 juillet 2015, la sonde New Horizons permet de réévaluer légèrement à la hausse le diamètre de Pluton à 2 370 ± 20 km (soit un rayon de 1 185 ± 10 km[3]), l'incertitude de cette valeur étant due à la présence d'une atmosphère planétaire[3]. En 2017, la ré-analyse des données de New Horizons permet d'affiner ce résultat : 2 376,6 ± 3,2 km (rayon : 1 188,3 ± 1,6 km)[81].
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La masse de Pluton, tout comme son diamètre, ont été largement surestimés durant les décennies suivant sa découverte. Percival Lowell espérait trouver une planète comparable à Neptune, de l'ordre de dix fois la masse terrestre. La magnitude observée étant plus faible que prévu, on abaissa l'évaluation à une masse terrestre[88]. Les estimations qui tablaient sur une taille comprise entre celles de Mercure et de Mars[18] ont continuellement été revues à la baisse avec l'amélioration des instruments d'observation. En 1976, l'analyse de la lumière de Pluton fit supputer une surface glacée, donc un éclat fourni par une surface plus petite, et une masse réduite à un centième de celle de la Terre[88]. La découverte de Charon en 1978 a permis, par application de la troisième loi de Kepler, de déterminer beaucoup plus précisément la masse totale du couple planétaire. La masse de Pluton est estimée en 2006 à 1,314×1022 kg[82], soit 5,6 fois moins que celle de la Lune ou le cinq centième de la masse terrestre[89]. En extrapolant cette baisse continuelle, deux astronomes facétieux sont allés jusqu'à annoncer la disparition complète de Pluton pour 1984[90].
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Pluton ne possède pas d'atmosphère significative. Mais d'après les lois de la physique, les glaces de sa surface doivent être en équilibre thermodynamique avec des phases gazeuses, elle serait donc entourée d'une mince enveloppe de gaz qui serait composée d'azote (N2) à 90%, car c'est l'élément le plus volatil parmi ceux détectés à la surface, et de monoxyde de carbone (CO) à 10 %, ainsi que des traces de méthane (CH4)[91]. En outre, les scientifiques de la mission New Horizons ont noté que cette atmosphère s'échappe à un rythme d'environ 500 tonnes par heure à cause de la faible attraction gravitationnelle de la planète naine[92].
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L'atmosphère de Pluton a été découverte lors d'une occultation stellaire en 1985[93], et confirmée par une autre occultation en 1988. Lorsqu'un objet dépourvu d'atmosphère passe devant une étoile, cette étoile d'arrière-plan disparaît de manière brutale ; dans le cas de Pluton, la luminosité de l'étoile masquée a graduellement diminué. De l'évolution de cette courbe de luminosité, une mince atmosphère de 0,15 Pa a été déterminée, soit environ 1/700 000e de celle de la Terre. Cette atmosphère pourrait n'exister que lorsque la planète est proche de son périhélie, et geler lorsqu'elle s'éloigne du Soleil. En effet, l'énergie du Soleil reçue par Pluton varie assez fortement entre le périhélie et l'aphélie[94], du fait de son excentricité orbitale marquée. La température change d'environ 10 K entre ces deux points. Lorsque Pluton s'écarte de son périhélie, une partie de son atmosphère gèle et retombe à la surface. Quand elle s'en rapproche, la température de la surface augmente et l'azote se sublime. À la manière de la sueur qui s'évapore sur la peau, cette sublimation tend à refroidir la surface, et des recherches ont montré que la température de Pluton est 10 K inférieure à ce qui était attendu[95] (température moyenne en surface : −228 °C) ; contrairement à Charon qui, sans atmosphère, a une température de surface conforme à son albédo.
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En 2002, une autre occultation stellaire par Pluton a été observée par plusieurs équipes dirigées par Bruno Sicardy[96], Jim Elliot[97] et Jay Pasachoff[98]. De manière surprenante, la pression atmosphérique a été estimée à 0,30 Pa, bien que Pluton soit plus éloignée du Soleil qu'en 1988, et donc plus froide. L'hypothèse privilégiée à l'heure actuelle est que le pôle Sud de Pluton serait sorti de l'ombre en 1987 pour la première fois depuis 120 ans, et qu'un surplus d'azote aurait alors sublimé une partie de la calotte polaire sud. Cet excès d'azote devrait mettre vraisemblablement des décennies avant de se condenser à l'autre pôle, selon un phénomène cyclique[99].
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Le survol de Pluton par New Horizons permet une mesure directe de la pression au sol : 11 µbar[100] (1,1 Pa), 100 000 fois moins que sur Terre mais trois fois plus que l'estimation précédente la plus élevée. Cette atmosphère s'échappe 500 à 1 000 fois moins vite qu'il n'était prévu, et elle a une présence significative jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres d'altitude, avec des dizaines de couches de brume mais pas de nuages. Le 8 octobre 2015, la NASA annonce que, vu depuis Pluton, le ciel paraît bleu du fait de la diffusion de la lumière par des particules (qui seraient pour leur part plutôt grises ou rouges), ressemblant à de la suie, appelées tholines[101].
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Les variations de luminosité de Pluton témoignent d'une inégale brillance entre les différentes régions à sa surface. Pluton réfléchit la lumière solaire avec un albédo de 58 % en moyenne, ce qui est une valeur élevée (elle est de 31 % pour la Terre, et monte à 72 % pour Vénus grâce à sa couche nuageuse). Le pôle Nord est particulièrement brillant, avec un albédo estimé à 80 %, le pôle Sud est un peu moins lumineux, tandis que l'équateur présente une bande sombre 5 fois moins réfléchissante, et les zones intermédiaires des contrastes marqués. Les zones d'albédo élevé sont interprétées comme des parties couvertes de neige ou de glace de formation récente, non encore obscurcie par des dépôts d'impuretés, tandis que les parties sombres pourraient être des composés carbonés. La cartographie de ces zones a été affinée par l'analyse des variations lumineuses lors des passages de Charon devant Pluton, et confirmée en 1994 par les observations directes de Hubble[103]. L'image d'ensemble, prise grâce à la caméra pour objets à luminosité réduite (Faint Object Camera), demeure toutefois très floue, car elle n'est constituée que d'une centaine de pixels, mesurant chacun 200 km de côté[104]. Un nouvel équipement de Hubble, l'Advanced Camera for Surveys, fournit en 2002-2003 des vues complètes de Pluton, encore floues mais montrant des modifications de coloration par rapport aux précédentes images[48].
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Les analyses par spectroscopie infrarouge ont identifié plusieurs types de glace à la surface de Pluton : glace de méthane en 1976, puis à partir de 1992, glace d'azote, la plus abondante avec une proportion de l'ordre de 98 %, glace de monoxyde de carbone, glace d'eau et glace d'éthane. La température moyenne au sol est évaluée à −223 °C, avec des variations selon les zones, −213 °C pour les zones sombres et entre −238 °C et −233 °C pour les parties les plus réfléchissantes[107].
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Sur sa surface, de la glace de méthane (CH4) et d'azote (N2) a été détectée aux pôles par une observation dans l'infrarouge[108], en calottes dont la taille varie selon l'éloignement de la planète par rapport au Soleil. À la date du 5 février 2010, certains spécialistes ont remarqué que la glace au pôle Nord est devenue plus brillante, alors que celle du pôle Sud s'est assombrie. Sous la croûte plutonienne se trouve vraisemblablement un manteau glacé[109].
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Au cours des dernières années, la couleur de Pluton a pris une teinte rouge de 20 à 30 % plus élevée qu'en 2000, alors qu'elle n'avait pas changé de toute la période allant de 1954 à 2000. Ce changement de teinte serait dû au méthane, composé présent sur la planète naine. L'hydrogène contenu dans le méthane, frappé par des vents solaires, libérerait le carbone constituant l'autre partie du méthane, produisant des teintes de rouge et de noir à la surface de Pluton[110].
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Les photographies du 26 et 27 juin 2015 prises par New Horizons montrent « une série de taches intrigantes au niveau de l'équateur, régulièrement espacées. Chacune de ces taches fait environ 480 kilomètres de diamètre »[111]. Le 8 octobre 2015, la NASA annonce la détection de glace d'eau à la surface de Pluton par New Horizons[101].
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Le survol de Pluton par la sonde New Horizons a révélé une géographie et une géologie bien plus diversifiées qu'on ne s'y attendait[100] : vastes glaciers d'azote (800 000 km2 pour Sputnik Planitia, le plus grand d'entre eux), terrains chaotiques et montagneux provenant du démantèlement d'anciens glaciers, blocs de méthane gelé et calottes de neige de méthane, un ensemble de tours de glace de méthane (de plus de 300 m de hauteur) long de centaines de kilomètres, et des systèmes de failles s'étendant également sur des centaines de kilomètres.
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Plusieurs grandes régions ou caractéristiques géologiques sont connues à ce jour :
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L'existence de cryovolcanisme sur Pluton est envisagée. Ainsi, deux structures géologiques à sa surface, le mont Piccard et le mont Wright, sont approximativement circulaires avec une dépression en leur centre[114] et pourraient être deux cryovolcans[115],[116].
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La composition interne de Pluton est pour l'instant inconnue. S'il y a eu différenciation planétaire, il pourrait y avoir un noyau rocheux. Si l'on accorde à Pluton une densité de 2, valeur approximative, la densité voisine de 1 des glaces détectées en surface doit être compensée par une masse rocheuse, de densité de l'ordre de 4 ou 5, en proportion égale aux glaces d'eau et d'éléments volatils (azote, méthane, oxyde de carbone). Ces roches pourraient affleurer à la surface sans être visibles car dépourvues de signatures spectrales caractéristiques, ou bien être recouvertes d'un manteau de glaces[117].
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Avec une teneur en glace d'eau de l'ordre de 50 % ou plus pour la masse de Pluton, la présence en profondeur d'eau liquide sous l'effet de la haute pression est envisageable dans les couches profondes, coexistant avec de la glace sous haute pression[118]. Des simulations basées sur les données de la sonde New Horizons concernant la plaine Spoutnik ont renforcé la présomption de l'existence d'un océan interne d'une profondeur d'une centaine de kilomètres[119]. Pour expliquer que Pluton puisse maintenir un océan sous-marin tout en possédant une couche externe de glace très froide, il a été avancé qu'il y a probablement une couche isolante de clathrates au dessus de l'océan interne, qui est supposé être constitué d'eau et de méthane [120].
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Les recherches d'un satellite de Pluton partaient du postulat qu'un éventuel satellite devait être beaucoup plus petit que sa planète, comme c'est le cas dans le reste du Système solaire, et donc moins lumineux que Pluton. Des clichés réalisés dans les années 1950 et 1960 très surexposés par des temps de pauses longs ne donnèrent aucun résultat. La théorie de Gerard Kuiper qui proposait de voir en Pluton un ancien satellite de Neptune éjecté de son orbite, impliquait que Pluton ne pouvait probablement pas avoir de lune, ce qui n'incitait pas à sa recherche. La découverte d'un satellite près de 50 ans après celle de Pluton fut donc fortuite[122].
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Pluton possède cinq satellites naturels connus, le plus grand étant Charon qui fut identifié dès 1978. Deux satellites plus petits ont été découverts en 2005 et nommés Hydre et Nix (connus jusqu'en juin 2006 par leurs désignations provisoires S/2005 P 1 et S/2005 P 2)[123]. Le cinquième membre du système, nommé provisoirement S/2011 (134340) 1 et informellement P4, fut découvert en 2011. La découverte d'un dernier satellite, provisoirement connu comme S/2012 (134340) 1 et informellement surnommé P5, est annoncée le 11 juillet 2012[124]. La sonde New Horizons ne détecte aucun autre satellite de plus d'1,7 kilomètre de diamètre pour un albédo de 0,5 lors de son passage dans le système plutonien[125].
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Le 11 février 2013, le SETI Institute lance la campagne Pluto Rocks! qui permet aux internautes de voter pour les noms qu'ils préféreraient voir attribués à P4 et P5. Le site permettait aussi de proposer des noms tant qu'ils respectent les règles de l'Union astronomique internationale[126]. La campagne se termine après avoir recueilli près de 450 000 votes. Le nom le plus populaire est Vulcain, proposé par l'ancien acteur de Star Trek, William Shatner, suivi de Cerberus. Cependant, d'autres objets portant déjà ces noms et pour éviter toute confusion, l'orthographe grecque Kerberos est préférée à sa version latine Cerberus, et Styx, troisième du classement, est préféré à Vulcain. Le 2 juillet 2013, l'Union astronomique internationale confirme les noms de Kerbéros pour P4 et Styx pour P5[127].
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Une particularité du système plutonien est que le barycentre du couple Pluton/Charon n'est pas situé à l'intérieur du premier mais dans le vide entre les deux corps[128].
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La distribution des satellites de Pluton est concentrée au centre du système. Potentiellement, un satellite pourrait orbiter autour de Pluton jusqu'à 53 % du rayon de sa sphère de Hill (soit environ 6×106 km) dans le sens direct et 69 % dans le sens rétrograde, mais le système plutonien est resserré dans les 3 % internes de cette zone. À titre de comparaison, Psamathée orbite Neptune à 40 % du rayon de sa sphère de Hill. Selon les termes des découvreurs de Nix et Hydre, le système plutonien est « hautement compact et largement vide »[129].
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Charon fut découvert en 1978[130], lors d'une campagne d'astrométrie destinée à affiner la mesure de position de Pluton. James Christy remarqua sur la tache lumineuse des clichés de Pluton une excroissance placée différemment selon les clichés, dont l'examen révéla une périodicité d'une semaine. Christy annonça sa découverte le 7 juillet 1978 et proposa de la nommer Charon[122].
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Comparativement à Pluton, Charon est un très gros satellite (son rayon de 600 km environ est la moitié de celui de Pluton, estimé à 1 170 km), et le barycentre des deux corps se trouve au-delà de la surface de Pluton (à un peu plus de deux rayons plutoniens). Il s'agit du plus grand système de ce genre dans le Système solaire (certains astéroïdes binaires possèdent également ce trait, comme (617) Patrocle ; le barycentre du Soleil et de Jupiter est également situé à l'extérieur du premier) et il y est parfois fait référence comme un système binaire d'astéroïdes[122].
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Sous l'effet de marée gravitationnelle, Pluton et Charon sont tous les deux en rotation synchrone, avec une période de 6,387 jours : Charon présente toujours la même face à Pluton et Pluton la même face à Charon, un fait inhabituel dans le Système solaire pour deux objets de cette taille (mais non exceptionnel, certains astéroïdes binaires possèdent cette propriété)[122].
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La découverte de Charon a permis en exploitant de 1985 à 1990 les occultations de Charon par Pluton et les transits de Charon devant Pluton de préciser la masse totale du système double et de déterminer que celle-ci était inférieure aux estimations précédentes. En fait, elle a amené les astronomes à revoir totalement leur estimation de la taille de Pluton. À l'origine, on pensait que Pluton était plus grande que Mercure (on lui donnait environ 6 800 km de diamètre) et plus petite que Mars, mais les calculs étaient fondés sur le fait qu'un seul objet était observé (on ne distinguait pas Charon de Pluton). Une fois le système double découvert, l'estimation de la taille de Pluton a été revue à la baisse. Il est possible aujourd'hui, avec des instruments modernes, de distinguer le disque de Pluton séparément de celui de Charon (voir l'image établie par Hubble en 2006)[122].
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En conséquence, l'albédo de Pluton a dû aussi être recalculé et revu à la hausse : la planète étant bien plus petite que les premières estimations, sa capacité à réfléchir la lumière devait être plus importante que ce que l'on pensait. Les estimations actuelles lui donnent une valeur moyenne de 58 %, tandis que Charon avec 36 % apparaît beaucoup plus sombre. Charon n'a pas retenu le méthane, seule de la glace d'eau et d'ammoniac y a été détectés[109].
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Les observations faites par la sonde New Horizons en juillet 2015 ont permis de découvrir une zone sombre au nord de ce satellite, surnommée « Mordor » par l'équipe de la NASA[131].
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Pluton possède deux autres satellites, qui furent photographiés le 15 mai 2005 lors d'une campagne d'observation du télescope spatial Hubble, temporairement nommés S/2005 P 1 et S/2005 P 2 puis dénommés Hydre (du nom du monstre l'Hydre) et Nix (de Nyx, mère de Charon)[132]. Ils ont été repérés par une équipe du Southwest Research Institute sur des clichés pris pour préparer la nouvelle mission d'exploration lointaine du Système solaire, New Horizons. Leur existence fut confirmée par l'examen de photographies prises par Hubble et datant du 14 juin 2002[123].
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D'après les premières observations, le demi-grand axe de l'orbite de Nix mesure 49 000 km avec une période de 24,9 jours et celui de l'orbite d'Hydre 65 000 km avec une période de 38,2 jours. Les deux satellites semblent orbiter dans le sens rétrograde dans le même plan que Charon et sont deux et trois fois plus éloignés que celui-ci, avec une résonance orbitale proche de (mais pas égale à) 4:1 et 6:1[123].
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Les observations se poursuivent pour déterminer les caractéristiques des deux astres. Hydre est parfois plus brillant que Nix, soit parce qu'il est plus grand, soit parce que la luminosité de sa surface varie suivant les zones. Le spectre des satellites est similaire à celui de Charon, ce qui suggère un albédo similaire d'environ 0,35 ; dans ce cas, le diamètre de Nix est estimé à 46 km et celui de Hydre à 61 km. Une limite supérieure peut être déterminée en supposant un albédo de 0,04 similaire aux objets les plus sombres de la ceinture de Kuiper : 137 ± 11 km pour Nix et 167 ± 10 km pour Hydre. Dans ce cas, la masse des satellites serait 0,3 % de celle de Charon (0,03 % de la masse de Pluton)[133].
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Pluton possède un quasi-satellite nommée (15810) Arawn.
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Les observations effectuées par le télescope spatial Hubble ont placé des limites quant à l'existence de satellites additionnels dans le système plutonien. Avec une probabilité de 90 %, aucune lune de plus de 12 km et d'un albédo similaire à celui de Charon (soit 0,38) n'existe dans une zone de 5" autour de Pluton. Pour un albédo plus sombre de 0,041, cette limite est portée à 37 km. Avec une probabilité de 50 %, cette limite descend à 8 km[134].
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Dans un article publié dans la revue Nature[129], une équipe de scientifiques américains conduite par S. A. Stern (du Southwest Research Institute) a annoncé que Nix et Hydre se sont très probablement formées lors du même impact géant qui a donné naissance à Charon. L'équipe a émis l'hypothèse que d'autres grands objets binaires de la ceinture de Kuiper pourraient également abriter de petites lunes et que celles qui gravitent autour de Pluton pourraient générer des anneaux de débris autour de la planète naine. À l'heure actuelle, les données provenant de la caméra de prospection avancée d'Hubble suggèrent qu'aucun anneau n'existe. Dans le cas contraire, il s'agit d'un anneau ténu comme ceux de Jupiter ou de moins de 1 000 km de large[135].
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Lors d'une nouvelle campagne d'observation réalisée à l'aide du télescope spatial Hubble, une nouvelle lune fut observée, le 28 juin 2011. Cette observation a été confirmée par d'autres le 3 et le 18 juillet. La petite lune nommée Kerberos (quelquefois francisé en Cerbère ; provisoirement S/2011 (134340) 1 ou P4) et dont la taille doit être comprise entre 13 et 34 kilomètres, a une orbite inscrite entre celles de Nix et d'Hydre[136].
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Une nouvelle lune appelée Styx (provisoirement S/2012 (134340) 1 ou P5), a été découverte entre le 26 juin et le 9 juillet 2012[137], elle fut baptisée par l'Union astronomique internationale, le 2 juillet 2013[138].
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Après une première inspection des environs de Pluton les 11 et 12 mai 2015, lors de laquelle l'instrument LORRI de la sonde New Horizons a pris 144 photos de 10 minutes chacune afin de repérer tout objet qui pourrait être dangereux pour la sonde lors de sa traversée du système plutonien, aucun nouveau satellite n'a été repéré. S'ils existent, les satellites supplémentaires de Pluton ont donc une taille maximale de 5-15 kilomètres (intervalle correspondant à différents albédos). De même, aucun anneau de matière n'a été repéré, ce qui signifie que, s'ils existent au-delà de l'orbite de Charon, ils sont soit extrêmement fins — moins de 1 000 kilomètres de large — soit extrêmement peu réflectifs (ils réfléchiraient moins d'un cinq-millionième de la lumière solaire incidente).
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Différentes théories ont été formulées pour expliquer l'origine du système plutonien, et notamment la petite taille de Pluton, comparable à celle de satellites de la géante voisine Neptune.
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(134340) Pluton
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à Flagstaff (Arizona)[2]
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Pluton, officiellement désignée par (134340) Pluton (désignation internationale : (134340) Pluto), est une planète naine, la plus volumineuse connue dans le Système solaire (2 372 km de diamètre, contre 2 326 km pour Éris), et la deuxième en ce qui concerne sa masse (après Éris). Pluton est ainsi le neuvième plus gros objet connu orbitant directement autour du Soleil et le dixième par la masse. Premier objet transneptunien identifié, Pluton orbite autour du Soleil à une distance variant entre 30 et 49 unités astronomiques et appartient à la ceinture de Kuiper, ceinture dont il est (tant par la taille que par la masse) le plus grand membre connu.
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Après sa découverte par l'astronome américain Clyde Tombaugh en 1930, Pluton était considérée comme la neuvième planète du Système solaire. À la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de plus en plus d'objets similaires furent découverts dans le Système solaire externe, en particulier Éris, alors estimé légèrement plus grand et plus massif que Pluton. Cette évolution amena l'Union astronomique internationale (UAI) à redéfinir la notion de planète, Cérès, Pluton et Éris étant depuis le 24 août 2006 classées comme des planètes naines. L'UAI a également décidé de faire de Pluton le prototype d'une nouvelle catégorie d'objet transneptunien. À la suite de cette modification de la nomenclature, Pluton a été ajoutée à la liste des objets mineurs du Système solaire et s'est vu attribuer le numéro 134340 dans le catalogue des objets mineurs.
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Pluton est principalement composée de roche et de glace de méthane, mais aussi de glace d'eau et d'azote gelé. Son diamètre est d'environ les deux tiers de celui de la Lune.
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Pluton est le corps principal du système plutonien. Le couple que forme Pluton avec son grand satellite, Charon (diamètre 1 207 km), est souvent considéré comme un système double, car la différence de masse entre les deux objets est l'une des plus faibles de tous les couples corps primaire/satellite du système solaire (rapport 8 pour 1) et le barycentre de leurs orbites ne se situe pas à l'intérieur d'un des deux corps (il est légèrement à l'extérieur de Pluton).
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Quatre autres satellites naturels, nettement plus petits et tous en orbite à peu près circulaires (excentricité < 0,006) à l'extérieur de l'orbite de Charon, complètent le système tel qu'actuellement connu (dans l'ordre en s'éloignant) : Styx, Nix, Kerbéros et Hydre. Tous quatre furent découverts avec l'aide du télescope spatial Hubble : les deux plus importants, Nix et Hydre (respectivement 54 × 41 × 36 km et 43 × 33 km), en 2005, Kerbéros (environ 12 × 4 km) en 2011 et Styx (environ 7 × 5 km) en 2012. Ces deux derniers ont reçu leur nom officiel en juillet 2013. Les dimensions mentionnées correspondent à des mesures effectuées ultérieurement à leur découverte, et non aux premières estimations qui purent être faites.
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La sonde spatiale New Horizons, lancée en janvier 2006 par la NASA, est la première sonde à explorer le système plutonien ; elle le traverse le 14 juillet 2015 à une distance minimale de 11 095 km de Pluton, après un voyage de 6,4 milliards de kilomètres. La sonde ne détecte aucun autre satellite de plus d'1,7 kilomètre de diamètre pour un albédo de 0,5.
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D'après Greg Buchwald, Michel DiMario et Walter Wild, Pluton a été photographié le 21 août et le 11 novembre 1909 à l'observatoire Yerkes de l'université de Chicago[6]. Cependant, leurs coordonnées n'apparaissent pas dans la liste des quatorze autres pré-découvertes de Pluton qui sont recensées[6] dans les données du Minor Planet Center. La toute première officiellement identifiée est celle du 23 janvier 1914 à l'observatoire du Königstuhl de Heidelberg[6].
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Pluton fut découvert en 1930 lors de la recherche d'un corps céleste permettant d'expliquer les perturbations orbitales de Neptune, hypothèse proposée par Percival Lowell comme la planète X.
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Ayant fait fortune dans les affaires, Lowell se fait construire en 1894 un observatoire à plus de 2 000 mètres d'altitude dans l'Arizona et entreprend la recherche d'une neuvième planète au-delà de Neptune. Il pense suivre la même méthode que celle qui avait conduit à la découverte de cette dernière en étudiant son orbite, mais la précision des instruments de l'époque ne permettant pas de mesurer de façon précise les anomalies orbitales, il doit se rabattre sur celles d'Uranus. Sa planète (baptisée « X ») serait située à 47,5 ua, aurait une période de 327 ans et une masse de deux cinquièmes de celle de Neptune. En 1905, il lance une première campagne photographique de trois ans, mais celle-ci ne donne rien de concluant, notamment, comme il fut démontré par la suite, parce que ce programme était focalisé sur l'écliptique et que l'orbite fortement inclinée de Pluton la plaçait à cette époque en dehors du champ des photographies[7]. Lowell ne baisse pas les bras pour autant et décide de redoubler d'efforts, notamment lorsqu'il voit apparaître un concurrent : William Pickering. Celui-ci annonce en 1908 la présence d'une planète qu'il nomme « O » de deux masses terrestres, à une distance de 52 ua et d'une période de 373 ans. En 1911, Lowell fait l'acquisition d'un comparateur à clignotement, machine destinée à l'analyse photographique lui permettant de comparer les clichés beaucoup plus vite (deux séries de photos sont prises à quelques jours d'intervalle pour repérer le mouvement éventuel d'un astre) et entame une nouvelle série de photographies[8]. Un nouvel échec qui le mènera à se désintéresser de sa planète X.
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Percival Lowell meurt en 1916 mais laisse dans son testament de quoi poursuivre les recherches sans se soucier des problèmes d'argent, bien que des problèmes d'héritage avec sa femme finissent par réduire le budget de l'observatoire. Or dix ans plus tard, l'observatoire doit se doter d'un nouvel instrument. Abbott Lawrence Lowell, le frère de Percival Lowell, accepte de donner dix mille dollars pour la construction d'un télescope de 13 pouces que Clyde W. Tombaugh sera chargé de piloter pour cette lourde tâche qu'est la cartographie minutieuse du ciel, à la recherche de la planète X. Tombaugh réorganise son plan de travail et procède à trois prises au lieu de deux afin d'augmenter les chances de percevoir le mouvement de la planète. La troisième série de clichés prend fin le 29 janvier 1930 et commence alors l'analyse des plaques photographiques. Le 18 février 1930, il remarque un point bouger d'une plaque à l'autre sur deux photographies prises les 23 et 29 janvier[4]. L'équipe de l'observatoire Lowell, après avoir pris d'autres photographies permettant de confirmer la découverte, télégraphie la nouvelle au Harvard College Observatory le 13 mars 1930[9]. La découverte est annoncée le 14 mars 1930 par une circulaire de l'Union astronomique internationale[10].
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De nombreux observatoires se mettent alors à observer cette nouvelle planète, afin de déterminer son orbite le plus précisément possible. En reprenant des clichés antérieurs, Pluton est rétroactivement observée sur des plaques photographiques remontant jusqu'à 1909[12].
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La planète est nommée à la fois en référence au dieu romain des enfers et à Percival Lowell dont les initiales forment les deux premières lettres de Pluton. Ses initiales forment le symbole astronomique de Pluton : ♇[13],[14] (à ne pas confondre avec son symbole astrologique, ). Le nom fut suggéré par Venetia Burney, une jeune fille de onze ans d'Oxford, en Angleterre. Passionnée de mythologie et d'astronomie, Venetia Burney trouva approprié d'associer le nom du dieu du monde souterrain à ce monde obscur et glacé. Son grand-père qui travaillait à la bibliothèque universitaire d'Oxford en parla à l'astronome Herbert Hall Turner, qui transmit l'idée à ses confrères américains[15]. Le nom de Pluton fut officialisé le 24 mars 1930[16].
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À l'origine, la découverte de Pluton est liée à la recherche systématique d'une planète permettant d'expliquer les perturbations observées dans les orbites d'Uranus et Neptune, mais le doute est très vite jeté sur le fait que Pluton serait bien la planète X que Percival Lowell recherchait[17].
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À cette époque, Pluton est si lointaine que son diamètre ne peut pas être déterminé avec précision, mais sa faible luminosité et son absence de disque apparent laissent présager un corps plutôt petit, comparable en taille aux planètes telluriques déjà connues, probablement plus grand que Mercure mais pas plus que Mars, pense-t-on à l'époque[18]. Il devient donc rapidement clair que Pluton ne peut pas être la source des perturbations dans les orbites de Neptune et Uranus. Clyde Tombaugh et d'autres astronomes persévèrent dans la recherche de la planète X pendant 12 ans, mais ne découvrent que des astéroïdes et des comètes[17]. Les astronomes sont amenés à imaginer que de nombreux autres corps similaires à Pluton pourraient orbiter autour du Soleil au-delà de Neptune. On pense alors que le système solaire pourrait être constitué de plusieurs zones regroupant les corps célestes par familles, planète tellurique, planète géante, « objets ultra-neptuniens »[18]. Cette hypothèse sera formalisée plus tard au cours des années 1940 et 1950 par Kenneth Edgeworth puis Gerard Kuiper, et est désormais connue sous le nom de ceinture de Kuiper[19].
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Le premier satellite de Pluton fut découvert le 22 juin 1978 lorsque James W. Christy réalisa que l'image de Pluton apparaissant sur des plaques photographiques prises dans les deux mois précédents semblait présenter une protubérance tantôt d'un côté, tantôt de l'autre[20],[21]. La protubérance fut confirmée sur d'autres plaques, dont la plus ancienne remontait au 29 avril 1965. Des observations ultérieures de la protubérance montrèrent qu'elle était causée par un petit corps. La périodicité de la protubérance correspondait à la période de rotation de Pluton, laquelle était connue à partir de sa courbe de luminosité, indiquant une orbite synchrone et suggérant qu'il s'agissait d'un effet réel et non d'un artefact d'observation. Le nom de Charon fut donné au satellite.
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En 1993, les calculs de la trajectoire de survol de Neptune par la sonde Voyager 2 en août 1989[22] ont montré que Neptune avait une masse inférieure aux hypothèses précédentes, et en tenant compte de cette nouvelle mesure, le mathématicien Myles Standish montre que les divergences dans les mouvements des planètes Uranus et Neptune deviennent négligeables devant l'incertitude de la mesure liée à la précision des instruments. L'hypothèse d'une planète X perturbatrice ne tient donc plus, et c'est donc sur la base d'une prédiction de position fausse que Pluton fut découverte[23].
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Dans la dernière décennie du XXe siècle, la découverte de nombreux objets transneptuniens (plus d'un millier), dont certains ont une dimension estimée voisine de celle de Pluton (par exemple Éris), pousse à la remise en question de son statut de planète[24].
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Parmi ceux-ci, de très nombreux corps sont découverts qui possèdent une période de révolution égale à celle de Pluton, et sont comme lui en résonance 2:3 avec Neptune[24].
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Certains scientifiques proposent alors de reclasser Pluton en planète mineure ou en objet transneptunien. D'autres, comme Brian Marsden du Centre des planètes mineures, penchent pour lui attribuer les deux statuts, en raison de l'importance historique de sa découverte. Marsden annonce le 3 février 1999 que Pluton serait classée comme le 10 000e objet du catalogue recensant justement 10 000 planètes mineures. Le numéro rond de « 10 000 » serait attribué à Pluton en son honneur pour la « célébration » de ce compte atteint. L'Union astronomique internationale (UAI), l'organisme coordinateur de l'astronomie au niveau international, chargé de la dénomination des corps célestes ainsi que de leur statut, fit alors une mise au point, rappelant qu'elle seule était habilitée à déterminer le statut de Pluton[25].
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Historiquement, les quatre premiers astéroïdes découverts de 1801 à 1807 — (1) Cérès, (2) Pallas, (3) Junon et (4) Vesta — furent eux aussi considérés comme des planètes pendant plusieurs décennies (à l'époque, leurs dimensions n'étaient pas connues avec précision). Certains textes astronomiques du début du XIXe siècle font référence à onze planètes (incluant Uranus et les quatre premiers astéroïdes). Le cinquième astéroïde ((5) Astrée) fut découvert en 1845 peu de temps avant la découverte de Neptune, suivi de plusieurs autres dans les années suivantes. Dans les années 1850, on cessa de considérer ces objets de plus en plus nombreux comme des « planètes », pour les nommer « astéroïdes » ou « planètes mineures »[26].
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La découverte en 2005 de (136199) Éris[a], d'un diamètre comparable et d'une masse légèrement supérieure à ceux de Pluton, contribue à relancer le débat ; puisqu'il s'agit en effet de ne pas reproduire le même scénario que ce qui s'était passé pour Cérès, Pallas, Junon et enfin Vesta. Le diamètre d'Éris, qui avait initialement été estimé à 3 600 km (il semblait alors notablement plus grand que Pluton) était encore en 2006 du même ordre de grandeur que celui de Pluton, même après avoir été revu à la baisse (2 400 km ± 100 km). Selon une étude publiée dans Science du 14 juin 2007, sa masse serait supérieure à celle de Pluton d'environ 27 %[27]. De nombreux autres corps ont également été découverts à cette époque, tels que (136472) Makémaké, (90482) Orcus ou (90377) Sedna, régulièrement annoncés comme la dixième planète du Système solaire.
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La classification en neuf planètes devient difficilement tenable. Le dernier mot revient à l'UAI, qui, lors de son 26e congrès tenu le 24 août 2006 en République tchèque, a décidé au terme d'une semaine de débats de compléter la définition de planète, disant qu'une planète élimine de son voisinage tous les objets ayant une taille qui lui soit comparable[28]. Ce qui n'est pas le cas de Pluton, qui partage son espace avec d'autres objets transneptuniens et qui est reclassé en planète naine[25],[29],[30]. Le Centre des planètes mineures lui attribua le 7 septembre 2006 le numéro d'objet mineur « 134340 »[31]. (134340) Pluto devient la désignation officielle de l'Union astronomique internationale le 13 septembre 2006[32],[33].
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Néanmoins, à la suite du vote, une pétition[34] ayant réuni en cinq jours les signatures de plus de 300 planétologues et astronomes majoritairement américains (Pluton ayant été la première planète découverte par un Américain) a été lancée pour contester la validité scientifique de la nouvelle définition de planète qui déclassait Pluton ainsi que son mode d'adoption et inviter à la réflexion sur une autre définition plus appropriée[35]. Il faut dire que lors du 26e congrès de Prague qui s'est tenu du 14 au 25 août 2006, le vote sur la rétrogradation ou non de Pluton a eu lieu seulement le 24 août[36] et en présence de 400 membres environ sur 6 000[37], ce qui peut remettre en cause le bien-fondé de la décision. Néanmoins, Catherine Cesarsky, présidente de l'UAI, clôt le débat en décidant que l'assemblée de l'UAI d'août 2009 ne reviendrait pas sur la définition de planète[38]. Des planétologues continuent cependant à parler de Pluton comme d'une planète en 2018, tel Alan Stern[b].
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Le 18 septembre 2014, le Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics organise un débat réunissant trois experts présentant trois points de vue de la définition d'une planète : historique, la définition retenue par l'UAI et enfin le point de vue des chercheurs des exoplanètes ; ce dernier, présenté par Dimitar Sasselov, président de Harvard Origins of Life Initiative, recueille l'adhésion des experts, pour lesquels Pluton serait donc bien une planète[39],[40].
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Environ cent-cinquante objets orbitant comme Pluton avec une résonance 2:3 avec Neptune étaient recensés en février 2006, ce qui tend à montrer que Pluton est le plus grand représentant d'une vaste famille de corps plus ou moins massifs. Les astronomes David Jewitt et Jane Luu proposent de les nommer « plutinos »[24].
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Une nouvelle sous-catégorie, les plutoïdes, est créée par l'UAI pour les planètes naines qui passent la majeure partie de leur révolution orbitale à l'extérieur de l'orbite de Neptune, dont Pluton fait partie[41].
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Le télescope spatial Hubble a fourni les images les plus détaillées de la surface de Pluton avant l'arrivée de New Horizons[42].
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Image prise par Hubble en 1994[43].
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Surface de Pluton établie en 1994 en haut, à partir des observations de la caméra pour objets faibles (Faint Object Camera) et entre 2002 et 2003 par la caméra avancée pour les relevés (Advanced Camera for Surveys) en bas, toutes deux des instruments de Hubble.
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Carte reconstituée de Pluton en vraies couleurs générée par ordinateur à partir d'images d'Hubble[c] et parmi les plus hautes résolutions possibles avec la technologie de 2010. Autres photos de toute la surface ici.
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Pluton est un objectif difficile pour l'exploration spatiale, à cause de la grande distance la séparant de la Terre (environ 4,8 milliards de kilomètres[44]), de la forte inclinaison de son orbite (17°) sur l'écliptique et de sa très faible masse.
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À titre de comparaison, si la Terre était un ballon de football (70 cm de circonférence), Pluton aurait environ la taille d'une balle de golf. À cette échelle, une distance de 86 kilomètres séparerait les deux planètes, soit 20 tours du Circuit Gilles-Villeneuve ou la distance de Paris à Évreux.
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La sonde Voyager 1 aurait éventuellement pu l'atteindre, mais l'exploration de Titan (le plus grand satellite parmi les innombrables que comporte Saturne) et des anneaux de Saturne fut jugée plus importante, ce qui eut pour effet de rendre sa trajectoire incompatible avec un rendez-vous avec Pluton. Voyager 2 n'était pas en mesure de l'atteindre car la trajectoire théorique de la sonde pour réaliser ce rendez-vous aurait supposé de traverser la planète Neptune[45].
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La NASA étudia en 1991 un projet de sonde vers Pluton, qui fut révisé à la baisse en 1992 puis abandonné en 1994. Un nouveau projet américano-russe, la mission Pluto Kuiper Express, démarra en 1995. Il aurait eu pour but le survol vers 2012 du couple Pluton/Charon, et d'au moins un objet de la ceinture de Kuiper. La Nasa l'annula en 2000, pour des raisons budgétaires[46].
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Elle a finalement été remplacée par une mission similaire, New Horizons. La sonde New Horizons, lancée le 19 janvier 2006, est donc la première sonde spatiale à visiter Pluton, bénéficiant en février 2007 de l'assistance gravitationnelle de Jupiter[47] pour arriver au plus près de la planète naine le 14 juillet 2015, après un voyage de 6,4 milliards de kilomètres. Les observations débutent environ cinq mois avant le plus proche passage et devraient continuer environ un mois après. Le survol est toutefois si rapide que seul un hémisphère peut être photographié avec la résolution la plus élevée[48]. L'engin spatial emporte à son bord des instruments d'imagerie, de spectroscopie et d'autres appareils de mesure, afin de déterminer les caractéristiques géologiques et morphologiques de Pluton et de sa lune Charon, mais aussi cartographier les éléments composant leur surface et étudier l'atmosphère de Pluton (composition et taux d'évasion). La mission prévoit également un survol des objets de la ceinture de Kuiper jusqu'en 2025[49].
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L'orbite de Pluton autour du Soleil a été observée pendant plus d'un siècle (le cliché le plus ancien sur lequel on repère Pluton remonte à janvier 1914), durée de parcours d'un peu plus du tiers de sa trajectoire annuelle, mais suffisante pour mesurer avec précision ses caractéristiques orbitales[23].
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Le demi-grand axe de l'orbite de Pluton est de 39,88 ua[50], mais du fait de l'excentricité prononcée de cette orbite, la distance entre Pluton et le Soleil varie entre 29,7 ua au périhélie et 49,5 ua à l'aphélie, et l'année plutonienne dure 248,1 années terrestres[51].
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En comparaison des planètes classiques du système solaire, l'orbite de Pluton est fortement inclinée par rapport au plan de l'écliptique (17,14175°) et excentrique (0,24880766). Les orbites des planètes classiques sont quasi circulaires et coplanaires de l'écliptique (seule Mercure possède une orbite inclinée (7°) et excentrique (0,2) de manière significative).
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Le périhélie de Pluton est situé à plus de 8,0 ua au-dessus du plan de l'écliptique, soit 1,2 milliard de km, et c'est près de cette position de son orbite que la planète naine se trouve plus proche du Soleil que Neptune. Ce fut le cas pendant vingt ans entre le 7 février 1979 et le 11 février 1999. À l'opposé, Pluton s'éloigne de 13 ua au-dessous du plan de l'écliptique[52].
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L'orbite de Pluton étant très excentrique, elle croise celle de nombreux autres objets ; parmi les astéroïdes numérotés, ces hadéocroiseurs comptaient (en juillet 2004) 10 frôleurs intérieurs (dont (5145) Pholos), 24 frôleurs extérieurs (dont (19521) Chaos), 17 croiseurs (dont (38628) Huya) et 37 coorbitaux (dont (20000) Varuna, (28978) Ixion et (50000) Quaoar)[53].
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Bien que Pluton soit parfois plus proche du Soleil que Neptune, les orbites des deux objets ne se croisent jamais, en raison de la forte inclinaison (environ 17°) de l'orbite de Pluton par rapport au plan de l'écliptique. Les nœuds de l'orbite de Pluton (les points où l'orbite traverse le plan de l'écliptique) sont situés à l'extérieur de l'orbite de Neptune[52].
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Pluton est en résonance avec Neptune de rapport 3:2, c'est-à-dire que sur une durée de 496 ans, Pluton effectue deux révolutions autour du Soleil pendant que Neptune en réalise trois. Cette résonance est stable : une perturbation de l'orbite de Pluton serait corrigée par l'attraction de Neptune. À cause de ce phénomène, Pluton et Neptune ne sont jamais plus proches que 18,9 ua, tandis que Pluton peut s'approcher à 12 ua d'Uranus. Quand Neptune dépasse le point où les deux orbites sont les plus proches, la résonance maintient une séparation angulaire Neptune-Soleil-Pluton supérieure à 50° et Pluton reste près de 30 ua derrière Neptune, soit près de 4,5 milliards de kilomètres. Le vrai point de rapprochement se situe de l'autre côté de l'orbite. Neptune « dépasse » toujours Pluton quelque 30 ans après l'aphélie de ce dernier[54].
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D'autres objets transneptuniens qui gravitent sur une orbite dont le demi-grand axe est de 39,4 ua possèdent une telle résonance orbitale 3:2 avec Neptune et sont appelés des plutinos, par référence à Pluton[55],[56]. En 2009, on en compte plus de 200[57].
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Si la trajectoire de Pluton a pu être déterminée sans grande difficulté, ses caractéristiques physiques (diamètre, masse, et partant densité, pouvoir réflecteur, état de la surface) sont restées longtemps mal connues et controversées : son diamètre apparent est inférieur à ¼ de seconde d'arc, tandis que les turbulences de l'atmosphère terrestre rendent difficile l'observation de détails inférieurs à une seconde d'arc[58]. La finesse des observations s'est accrue à partir des années 1980, par l'usage de l'optique adaptative, de la spectrométrie, et du télescope spatial Hubble[59]. La découverte en 1978 d'un satellite de Pluton, Charon, offrit des moyens d'investigation supplémentaires[60]. Néanmoins en 2010, les valeurs publiées diffèrent encore quelque peu selon que l'on se réfère à la NASA[61] ou à des publications récentes[62],[63]. Le survol en 2015 par la mission New Horizons et les effets gravitationnels du couple Pluton-Charon sur la sonde permettront d'ajuster les valeurs de son champ de gravité, selon l'observation de l'effet Doppler sur les signaux de la sonde et la déduction qui en résulte des variations de sa vitesse et de son accélération induite par Pluton et Charon[64].
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En 1955, on observe que les variations de la luminosité de Pluton sont de l'ordre de 30 % et sont périodiques. On en déduit que Pluton tourne sur elle-même en 6,387 jours, soit 6 jours, 9 heures et 17 minutes[65]. Son axe de rotation est incliné de 57,5° par rapport à son plan orbital, ce qui est plutôt élevé et inhabituel dans le Système solaire (seule Uranus a une inclinaison comparable)[66]. Aux points de solstice de son orbite, Pluton expose donc un pôle au Soleil pendant de nombreuses décennies, et aux points d'équinoxe, soit tous les 124 ans, il tourne comme sur une broche face au Soleil, tandis que la Terre voit verticalement sa ligne d'équateur ainsi que l'orbite de Charon, qui passe alternativement devant et derrière Pluton[67].
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L'action des forces de marée a contraint la période de rotation de Pluton jusqu'à la synchroniser avec la période de révolution de son principal satellite, Charon : les deux périodes étant égales, Charon se trouve donc toujours à la verticale du même point de la surface de Pluton[d], et Charon paraît donc immobile dans le ciel plutonien[68].
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Pluton, avec sa masse d'un cinq-centième de celle de la Terre et un diamètre de 2 370 ± 20 km, est plus petite et moins massive que sept satellites naturels dans le Système solaire : la Lune (3 476 km de diamètre), les quatre satellites galiléens de Jupiter (Ganymède, 5 262 km ; Callisto, 4 880 km ; Io, 3 640 km ; Europe, 3 122 km), le plus gros satellite de Saturne (Titan, 5 150 km) et celui de Neptune (Triton, 2 706 km)[69].
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Avant son survol par la sonde New Horizons, le diamètre de Pluton était l'un des paramètres physiques les moins bien connus et les plus difficiles à mesurer, et la source principale d'incertitude sur les autres paramètres dérivés comme la masse volumique. Sa très grande distance combinée à sa petite taille font qu'il est impossible de résoudre avec précision le disque de Pluton, et empêche donc les mesures « directes » de ses dimensions, que ce soit avec le télescope spatial Hubble ou avec les instruments terrestres dotés d'une optique adaptative. Les mesures se fondant sur les occultations d'étoile par Pluton et les occultations de Pluton par Charon ne concordent pas exactement, et les explications permettant d'expliquer ces différences dépendent des modèles utilisés pour analyser les données, notamment concernant l'atmosphère de la planète naine. La valeur et la marge d'erreur généralement retenue de 2 306 ± 20 km de diamètre incluent en fait les différences de résultat des différentes méthodes de mesure[82]. Le 13 juillet 2015, la sonde New Horizons permet de réévaluer légèrement à la hausse le diamètre de Pluton à 2 370 ± 20 km (soit un rayon de 1 185 ± 10 km[3]), l'incertitude de cette valeur étant due à la présence d'une atmosphère planétaire[3]. En 2017, la ré-analyse des données de New Horizons permet d'affiner ce résultat : 2 376,6 ± 3,2 km (rayon : 1 188,3 ± 1,6 km)[81].
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La masse de Pluton, tout comme son diamètre, ont été largement surestimés durant les décennies suivant sa découverte. Percival Lowell espérait trouver une planète comparable à Neptune, de l'ordre de dix fois la masse terrestre. La magnitude observée étant plus faible que prévu, on abaissa l'évaluation à une masse terrestre[88]. Les estimations qui tablaient sur une taille comprise entre celles de Mercure et de Mars[18] ont continuellement été revues à la baisse avec l'amélioration des instruments d'observation. En 1976, l'analyse de la lumière de Pluton fit supputer une surface glacée, donc un éclat fourni par une surface plus petite, et une masse réduite à un centième de celle de la Terre[88]. La découverte de Charon en 1978 a permis, par application de la troisième loi de Kepler, de déterminer beaucoup plus précisément la masse totale du couple planétaire. La masse de Pluton est estimée en 2006 à 1,314×1022 kg[82], soit 5,6 fois moins que celle de la Lune ou le cinq centième de la masse terrestre[89]. En extrapolant cette baisse continuelle, deux astronomes facétieux sont allés jusqu'à annoncer la disparition complète de Pluton pour 1984[90].
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Pluton ne possède pas d'atmosphère significative. Mais d'après les lois de la physique, les glaces de sa surface doivent être en équilibre thermodynamique avec des phases gazeuses, elle serait donc entourée d'une mince enveloppe de gaz qui serait composée d'azote (N2) à 90%, car c'est l'élément le plus volatil parmi ceux détectés à la surface, et de monoxyde de carbone (CO) à 10 %, ainsi que des traces de méthane (CH4)[91]. En outre, les scientifiques de la mission New Horizons ont noté que cette atmosphère s'échappe à un rythme d'environ 500 tonnes par heure à cause de la faible attraction gravitationnelle de la planète naine[92].
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L'atmosphère de Pluton a été découverte lors d'une occultation stellaire en 1985[93], et confirmée par une autre occultation en 1988. Lorsqu'un objet dépourvu d'atmosphère passe devant une étoile, cette étoile d'arrière-plan disparaît de manière brutale ; dans le cas de Pluton, la luminosité de l'étoile masquée a graduellement diminué. De l'évolution de cette courbe de luminosité, une mince atmosphère de 0,15 Pa a été déterminée, soit environ 1/700 000e de celle de la Terre. Cette atmosphère pourrait n'exister que lorsque la planète est proche de son périhélie, et geler lorsqu'elle s'éloigne du Soleil. En effet, l'énergie du Soleil reçue par Pluton varie assez fortement entre le périhélie et l'aphélie[94], du fait de son excentricité orbitale marquée. La température change d'environ 10 K entre ces deux points. Lorsque Pluton s'écarte de son périhélie, une partie de son atmosphère gèle et retombe à la surface. Quand elle s'en rapproche, la température de la surface augmente et l'azote se sublime. À la manière de la sueur qui s'évapore sur la peau, cette sublimation tend à refroidir la surface, et des recherches ont montré que la température de Pluton est 10 K inférieure à ce qui était attendu[95] (température moyenne en surface : −228 °C) ; contrairement à Charon qui, sans atmosphère, a une température de surface conforme à son albédo.
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En 2002, une autre occultation stellaire par Pluton a été observée par plusieurs équipes dirigées par Bruno Sicardy[96], Jim Elliot[97] et Jay Pasachoff[98]. De manière surprenante, la pression atmosphérique a été estimée à 0,30 Pa, bien que Pluton soit plus éloignée du Soleil qu'en 1988, et donc plus froide. L'hypothèse privilégiée à l'heure actuelle est que le pôle Sud de Pluton serait sorti de l'ombre en 1987 pour la première fois depuis 120 ans, et qu'un surplus d'azote aurait alors sublimé une partie de la calotte polaire sud. Cet excès d'azote devrait mettre vraisemblablement des décennies avant de se condenser à l'autre pôle, selon un phénomène cyclique[99].
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Le survol de Pluton par New Horizons permet une mesure directe de la pression au sol : 11 µbar[100] (1,1 Pa), 100 000 fois moins que sur Terre mais trois fois plus que l'estimation précédente la plus élevée. Cette atmosphère s'échappe 500 à 1 000 fois moins vite qu'il n'était prévu, et elle a une présence significative jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres d'altitude, avec des dizaines de couches de brume mais pas de nuages. Le 8 octobre 2015, la NASA annonce que, vu depuis Pluton, le ciel paraît bleu du fait de la diffusion de la lumière par des particules (qui seraient pour leur part plutôt grises ou rouges), ressemblant à de la suie, appelées tholines[101].
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Les variations de luminosité de Pluton témoignent d'une inégale brillance entre les différentes régions à sa surface. Pluton réfléchit la lumière solaire avec un albédo de 58 % en moyenne, ce qui est une valeur élevée (elle est de 31 % pour la Terre, et monte à 72 % pour Vénus grâce à sa couche nuageuse). Le pôle Nord est particulièrement brillant, avec un albédo estimé à 80 %, le pôle Sud est un peu moins lumineux, tandis que l'équateur présente une bande sombre 5 fois moins réfléchissante, et les zones intermédiaires des contrastes marqués. Les zones d'albédo élevé sont interprétées comme des parties couvertes de neige ou de glace de formation récente, non encore obscurcie par des dépôts d'impuretés, tandis que les parties sombres pourraient être des composés carbonés. La cartographie de ces zones a été affinée par l'analyse des variations lumineuses lors des passages de Charon devant Pluton, et confirmée en 1994 par les observations directes de Hubble[103]. L'image d'ensemble, prise grâce à la caméra pour objets à luminosité réduite (Faint Object Camera), demeure toutefois très floue, car elle n'est constituée que d'une centaine de pixels, mesurant chacun 200 km de côté[104]. Un nouvel équipement de Hubble, l'Advanced Camera for Surveys, fournit en 2002-2003 des vues complètes de Pluton, encore floues mais montrant des modifications de coloration par rapport aux précédentes images[48].
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Les analyses par spectroscopie infrarouge ont identifié plusieurs types de glace à la surface de Pluton : glace de méthane en 1976, puis à partir de 1992, glace d'azote, la plus abondante avec une proportion de l'ordre de 98 %, glace de monoxyde de carbone, glace d'eau et glace d'éthane. La température moyenne au sol est évaluée à −223 °C, avec des variations selon les zones, −213 °C pour les zones sombres et entre −238 °C et −233 °C pour les parties les plus réfléchissantes[107].
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Sur sa surface, de la glace de méthane (CH4) et d'azote (N2) a été détectée aux pôles par une observation dans l'infrarouge[108], en calottes dont la taille varie selon l'éloignement de la planète par rapport au Soleil. À la date du 5 février 2010, certains spécialistes ont remarqué que la glace au pôle Nord est devenue plus brillante, alors que celle du pôle Sud s'est assombrie. Sous la croûte plutonienne se trouve vraisemblablement un manteau glacé[109].
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Au cours des dernières années, la couleur de Pluton a pris une teinte rouge de 20 à 30 % plus élevée qu'en 2000, alors qu'elle n'avait pas changé de toute la période allant de 1954 à 2000. Ce changement de teinte serait dû au méthane, composé présent sur la planète naine. L'hydrogène contenu dans le méthane, frappé par des vents solaires, libérerait le carbone constituant l'autre partie du méthane, produisant des teintes de rouge et de noir à la surface de Pluton[110].
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Les photographies du 26 et 27 juin 2015 prises par New Horizons montrent « une série de taches intrigantes au niveau de l'équateur, régulièrement espacées. Chacune de ces taches fait environ 480 kilomètres de diamètre »[111]. Le 8 octobre 2015, la NASA annonce la détection de glace d'eau à la surface de Pluton par New Horizons[101].
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Le survol de Pluton par la sonde New Horizons a révélé une géographie et une géologie bien plus diversifiées qu'on ne s'y attendait[100] : vastes glaciers d'azote (800 000 km2 pour Sputnik Planitia, le plus grand d'entre eux), terrains chaotiques et montagneux provenant du démantèlement d'anciens glaciers, blocs de méthane gelé et calottes de neige de méthane, un ensemble de tours de glace de méthane (de plus de 300 m de hauteur) long de centaines de kilomètres, et des systèmes de failles s'étendant également sur des centaines de kilomètres.
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Plusieurs grandes régions ou caractéristiques géologiques sont connues à ce jour :
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L'existence de cryovolcanisme sur Pluton est envisagée. Ainsi, deux structures géologiques à sa surface, le mont Piccard et le mont Wright, sont approximativement circulaires avec une dépression en leur centre[114] et pourraient être deux cryovolcans[115],[116].
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La composition interne de Pluton est pour l'instant inconnue. S'il y a eu différenciation planétaire, il pourrait y avoir un noyau rocheux. Si l'on accorde à Pluton une densité de 2, valeur approximative, la densité voisine de 1 des glaces détectées en surface doit être compensée par une masse rocheuse, de densité de l'ordre de 4 ou 5, en proportion égale aux glaces d'eau et d'éléments volatils (azote, méthane, oxyde de carbone). Ces roches pourraient affleurer à la surface sans être visibles car dépourvues de signatures spectrales caractéristiques, ou bien être recouvertes d'un manteau de glaces[117].
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Avec une teneur en glace d'eau de l'ordre de 50 % ou plus pour la masse de Pluton, la présence en profondeur d'eau liquide sous l'effet de la haute pression est envisageable dans les couches profondes, coexistant avec de la glace sous haute pression[118]. Des simulations basées sur les données de la sonde New Horizons concernant la plaine Spoutnik ont renforcé la présomption de l'existence d'un océan interne d'une profondeur d'une centaine de kilomètres[119]. Pour expliquer que Pluton puisse maintenir un océan sous-marin tout en possédant une couche externe de glace très froide, il a été avancé qu'il y a probablement une couche isolante de clathrates au dessus de l'océan interne, qui est supposé être constitué d'eau et de méthane [120].
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Les recherches d'un satellite de Pluton partaient du postulat qu'un éventuel satellite devait être beaucoup plus petit que sa planète, comme c'est le cas dans le reste du Système solaire, et donc moins lumineux que Pluton. Des clichés réalisés dans les années 1950 et 1960 très surexposés par des temps de pauses longs ne donnèrent aucun résultat. La théorie de Gerard Kuiper qui proposait de voir en Pluton un ancien satellite de Neptune éjecté de son orbite, impliquait que Pluton ne pouvait probablement pas avoir de lune, ce qui n'incitait pas à sa recherche. La découverte d'un satellite près de 50 ans après celle de Pluton fut donc fortuite[122].
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Pluton possède cinq satellites naturels connus, le plus grand étant Charon qui fut identifié dès 1978. Deux satellites plus petits ont été découverts en 2005 et nommés Hydre et Nix (connus jusqu'en juin 2006 par leurs désignations provisoires S/2005 P 1 et S/2005 P 2)[123]. Le cinquième membre du système, nommé provisoirement S/2011 (134340) 1 et informellement P4, fut découvert en 2011. La découverte d'un dernier satellite, provisoirement connu comme S/2012 (134340) 1 et informellement surnommé P5, est annoncée le 11 juillet 2012[124]. La sonde New Horizons ne détecte aucun autre satellite de plus d'1,7 kilomètre de diamètre pour un albédo de 0,5 lors de son passage dans le système plutonien[125].
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Le 11 février 2013, le SETI Institute lance la campagne Pluto Rocks! qui permet aux internautes de voter pour les noms qu'ils préféreraient voir attribués à P4 et P5. Le site permettait aussi de proposer des noms tant qu'ils respectent les règles de l'Union astronomique internationale[126]. La campagne se termine après avoir recueilli près de 450 000 votes. Le nom le plus populaire est Vulcain, proposé par l'ancien acteur de Star Trek, William Shatner, suivi de Cerberus. Cependant, d'autres objets portant déjà ces noms et pour éviter toute confusion, l'orthographe grecque Kerberos est préférée à sa version latine Cerberus, et Styx, troisième du classement, est préféré à Vulcain. Le 2 juillet 2013, l'Union astronomique internationale confirme les noms de Kerbéros pour P4 et Styx pour P5[127].
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Une particularité du système plutonien est que le barycentre du couple Pluton/Charon n'est pas situé à l'intérieur du premier mais dans le vide entre les deux corps[128].
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La distribution des satellites de Pluton est concentrée au centre du système. Potentiellement, un satellite pourrait orbiter autour de Pluton jusqu'à 53 % du rayon de sa sphère de Hill (soit environ 6×106 km) dans le sens direct et 69 % dans le sens rétrograde, mais le système plutonien est resserré dans les 3 % internes de cette zone. À titre de comparaison, Psamathée orbite Neptune à 40 % du rayon de sa sphère de Hill. Selon les termes des découvreurs de Nix et Hydre, le système plutonien est « hautement compact et largement vide »[129].
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Charon fut découvert en 1978[130], lors d'une campagne d'astrométrie destinée à affiner la mesure de position de Pluton. James Christy remarqua sur la tache lumineuse des clichés de Pluton une excroissance placée différemment selon les clichés, dont l'examen révéla une périodicité d'une semaine. Christy annonça sa découverte le 7 juillet 1978 et proposa de la nommer Charon[122].
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Comparativement à Pluton, Charon est un très gros satellite (son rayon de 600 km environ est la moitié de celui de Pluton, estimé à 1 170 km), et le barycentre des deux corps se trouve au-delà de la surface de Pluton (à un peu plus de deux rayons plutoniens). Il s'agit du plus grand système de ce genre dans le Système solaire (certains astéroïdes binaires possèdent également ce trait, comme (617) Patrocle ; le barycentre du Soleil et de Jupiter est également situé à l'extérieur du premier) et il y est parfois fait référence comme un système binaire d'astéroïdes[122].
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Sous l'effet de marée gravitationnelle, Pluton et Charon sont tous les deux en rotation synchrone, avec une période de 6,387 jours : Charon présente toujours la même face à Pluton et Pluton la même face à Charon, un fait inhabituel dans le Système solaire pour deux objets de cette taille (mais non exceptionnel, certains astéroïdes binaires possèdent cette propriété)[122].
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La découverte de Charon a permis en exploitant de 1985 à 1990 les occultations de Charon par Pluton et les transits de Charon devant Pluton de préciser la masse totale du système double et de déterminer que celle-ci était inférieure aux estimations précédentes. En fait, elle a amené les astronomes à revoir totalement leur estimation de la taille de Pluton. À l'origine, on pensait que Pluton était plus grande que Mercure (on lui donnait environ 6 800 km de diamètre) et plus petite que Mars, mais les calculs étaient fondés sur le fait qu'un seul objet était observé (on ne distinguait pas Charon de Pluton). Une fois le système double découvert, l'estimation de la taille de Pluton a été revue à la baisse. Il est possible aujourd'hui, avec des instruments modernes, de distinguer le disque de Pluton séparément de celui de Charon (voir l'image établie par Hubble en 2006)[122].
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En conséquence, l'albédo de Pluton a dû aussi être recalculé et revu à la hausse : la planète étant bien plus petite que les premières estimations, sa capacité à réfléchir la lumière devait être plus importante que ce que l'on pensait. Les estimations actuelles lui donnent une valeur moyenne de 58 %, tandis que Charon avec 36 % apparaît beaucoup plus sombre. Charon n'a pas retenu le méthane, seule de la glace d'eau et d'ammoniac y a été détectés[109].
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Les observations faites par la sonde New Horizons en juillet 2015 ont permis de découvrir une zone sombre au nord de ce satellite, surnommée « Mordor » par l'équipe de la NASA[131].
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Pluton possède deux autres satellites, qui furent photographiés le 15 mai 2005 lors d'une campagne d'observation du télescope spatial Hubble, temporairement nommés S/2005 P 1 et S/2005 P 2 puis dénommés Hydre (du nom du monstre l'Hydre) et Nix (de Nyx, mère de Charon)[132]. Ils ont été repérés par une équipe du Southwest Research Institute sur des clichés pris pour préparer la nouvelle mission d'exploration lointaine du Système solaire, New Horizons. Leur existence fut confirmée par l'examen de photographies prises par Hubble et datant du 14 juin 2002[123].
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D'après les premières observations, le demi-grand axe de l'orbite de Nix mesure 49 000 km avec une période de 24,9 jours et celui de l'orbite d'Hydre 65 000 km avec une période de 38,2 jours. Les deux satellites semblent orbiter dans le sens rétrograde dans le même plan que Charon et sont deux et trois fois plus éloignés que celui-ci, avec une résonance orbitale proche de (mais pas égale à) 4:1 et 6:1[123].
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Les observations se poursuivent pour déterminer les caractéristiques des deux astres. Hydre est parfois plus brillant que Nix, soit parce qu'il est plus grand, soit parce que la luminosité de sa surface varie suivant les zones. Le spectre des satellites est similaire à celui de Charon, ce qui suggère un albédo similaire d'environ 0,35 ; dans ce cas, le diamètre de Nix est estimé à 46 km et celui de Hydre à 61 km. Une limite supérieure peut être déterminée en supposant un albédo de 0,04 similaire aux objets les plus sombres de la ceinture de Kuiper : 137 ± 11 km pour Nix et 167 ± 10 km pour Hydre. Dans ce cas, la masse des satellites serait 0,3 % de celle de Charon (0,03 % de la masse de Pluton)[133].
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Pluton possède un quasi-satellite nommée (15810) Arawn.
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Les observations effectuées par le télescope spatial Hubble ont placé des limites quant à l'existence de satellites additionnels dans le système plutonien. Avec une probabilité de 90 %, aucune lune de plus de 12 km et d'un albédo similaire à celui de Charon (soit 0,38) n'existe dans une zone de 5" autour de Pluton. Pour un albédo plus sombre de 0,041, cette limite est portée à 37 km. Avec une probabilité de 50 %, cette limite descend à 8 km[134].
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Dans un article publié dans la revue Nature[129], une équipe de scientifiques américains conduite par S. A. Stern (du Southwest Research Institute) a annoncé que Nix et Hydre se sont très probablement formées lors du même impact géant qui a donné naissance à Charon. L'équipe a émis l'hypothèse que d'autres grands objets binaires de la ceinture de Kuiper pourraient également abriter de petites lunes et que celles qui gravitent autour de Pluton pourraient générer des anneaux de débris autour de la planète naine. À l'heure actuelle, les données provenant de la caméra de prospection avancée d'Hubble suggèrent qu'aucun anneau n'existe. Dans le cas contraire, il s'agit d'un anneau ténu comme ceux de Jupiter ou de moins de 1 000 km de large[135].
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Lors d'une nouvelle campagne d'observation réalisée à l'aide du télescope spatial Hubble, une nouvelle lune fut observée, le 28 juin 2011. Cette observation a été confirmée par d'autres le 3 et le 18 juillet. La petite lune nommée Kerberos (quelquefois francisé en Cerbère ; provisoirement S/2011 (134340) 1 ou P4) et dont la taille doit être comprise entre 13 et 34 kilomètres, a une orbite inscrite entre celles de Nix et d'Hydre[136].
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Une nouvelle lune appelée Styx (provisoirement S/2012 (134340) 1 ou P5), a été découverte entre le 26 juin et le 9 juillet 2012[137], elle fut baptisée par l'Union astronomique internationale, le 2 juillet 2013[138].
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Après une première inspection des environs de Pluton les 11 et 12 mai 2015, lors de laquelle l'instrument LORRI de la sonde New Horizons a pris 144 photos de 10 minutes chacune afin de repérer tout objet qui pourrait être dangereux pour la sonde lors de sa traversée du système plutonien, aucun nouveau satellite n'a été repéré. S'ils existent, les satellites supplémentaires de Pluton ont donc une taille maximale de 5-15 kilomètres (intervalle correspondant à différents albédos). De même, aucun anneau de matière n'a été repéré, ce qui signifie que, s'ils existent au-delà de l'orbite de Charon, ils sont soit extrêmement fins — moins de 1 000 kilomètres de large — soit extrêmement peu réflectifs (ils réfléchiraient moins d'un cinq-millionième de la lumière solaire incidente).
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Différentes théories ont été formulées pour expliquer l'origine du système plutonien, et notamment la petite taille de Pluton, comparable à celle de satellites de la géante voisine Neptune.
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La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). Sa définition se révèle difficile et varie selon les époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à quoi s'ajoute l'approche propre à la personnalité de chaque poète.
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Poésie s'écrivait jusqu'en 1878 poësie (le tréma marquait une disjonction entre les voyelles o et e). Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις (poiesis), le verbe ποιεῖν (poiein) signifiant « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d'où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. Le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d'analogie, recherchées pour leur force suggestive.
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La poésie s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques, les civilisations et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle, le poète « lyrique » qui cultive le « chant de l'âme », le poète prophète, découvreur du monde et « voyant », ou le poète engagé, sans cependant réduire un créateur à une étiquette simplificatrice[1].
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Dans la mesure où il ne reste pas de traces d'une probable poésie orale préhistorique, il est nécessaire de faire débuter l'histoire de la poésie dans les différentes civilisations de l'Antiquité (grecque, égyptienne, indienne...). On notera toutefois que maintes traditions orales, par exemple celle des griots africains, relèvent de la poésie.
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Première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh, (IIIe millénaire av. J.‑C.) en Mésopotamie, les Vedas, le Rāmāyana ou le Mahabharata indien, la Poésie dans l'Égypte antique, la Bible des Hébreux ou l'Iliade et l'Odyssée des Grecs, l'Énéide des Latins.
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Dans l’Antiquité grecque toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique[2]. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose, chargée de l’expression commune que l’on qualifiera de prosaïque.
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Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.
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La poésie fut marquée par l’oralité et la musicalité dès ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l’utilisation des vers, et d’effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. Cette facture propre au texte poétique fait que celui-ci est d’abord destiné à être entendu plutôt qu’abordé par la lecture silencieuse.
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Placées sous l’égide d’Orphée et d’Apollon musagète, dieu de la beauté et des arts[3], et associées à la muse Érato, musique et poésie sont également étroitement liées par la recherche de l’harmonie et de la beauté, par le Charme, au sens fort de chant magique. Depuis l'essai La Naissance de la tragédie de Nietzsche, on considère que la création poétique hésitera cependant constamment entre l’ordre et l’apaisement apolliniens (qu’explicite Euripide dans Alceste : « Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise ») et la « fureur dionysiaque »[4] qui renvoie au dieu des extases, des mystères, des dérèglements et des rythmes des forces naturelles que l’on découvre par exemple dans le dithyrambe de l’Antiquité grecque[5].
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En linguistique, la poésie est décrite comme un énoncé centré sur la forme du message, donc où la fonction poétique est prédominante[6]. Dans la prose au sens général, l’important est le « signifié », elle a un but « extérieur » (la transmission d’informations) et se définit comme une marche en avant que peut symboliser une flèche et que révèle la racine latine du mot qui signifie « avancer ». En revanche, pour la poésie, l’importance est orientée vers la « forme », vers le signifiant, dans une démarche « réflexive », symbolisée par le « vers » qui montre une progression dans la reprise avec le principe du retour en arrière (le vers se « renverse ») que l’on peut représenter par une spirale.
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La poésie ne se définit donc pas par des thèmes particuliers mais par le soin majeur apporté au signifiant pour qu’il démultiplie le signifié : l’enrichissement du matériau linguistique prend en effet en compte autant le travail sur les aspects formels que le poids des mots, allant bien au-delà du sens courant du terme « poésie » qui renvoie simplement à la beauté harmonieuse associée à une certaine sentimentalité. L’expression poétique offre cependant au cours de l’Histoire des orientations variées selon la dominante retenue par le poète.
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Traditionnellement, la poésie revêt la forme d'un texte versifié obéissant à des règles particulières en termes de métrique, de scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans une forme fixe. Cependant, la poésie moderne s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer totalement.
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La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers[7] (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique (d’où leur dénominations) comme l’emploi des images et la recherche de sonorités ou de rythmes particuliers. Ces vers sont souvent regroupés en strophes et parfois organisés dans des poèmes à forme fixe comme le sonnet ou la ballade.
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La poésie métrée utilise des vers définis par le nombre de leurs syllabes comme l’alexandrin français, alors que la poésie scandée joue sur la longueur des pieds (et sur leur nombre) comme dans l’hexamètre dactylique grec et latin, ou sur la place des accents comme dans le pentamètre iambique anglais. Le haïku (ou haïkou) japonais, qui a acquis une diffusion internationale, fait traditionnellement appel à trois vers de cinq, sept et cinq syllabes.
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Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du XIXe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au XXe siècle.
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Des essais graphiques plus marginaux ont été tentés par exemple par Mallarmé (Un coup de dés jamais n'abolira le hasard), Apollinaire (Calligrammes) ou Pierre Reverdy, en cherchant à parler à l’œil et plus seulement à l’oreille, tirant ainsi le poème du côté du tableau.
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L'on ne saurait définir uniquement la poésie par l'utilisation de vers : la forme versifiée a été employée dans des ouvrages que l'on peut considérer comme des romans (tels ceux de Chrétien de Troyes), tandis qu'il existe, en revanche, une poésie en prose. Dès le XVIIIe siècle, apparurent des traductions en français de poèmes étrangers (et de « fausses traductions ») qui utilisèrent la prose plutôt que le vers[8]. Certains commentateurs parlaient de « poèmes en prose » pour désigner des romans tels que les Aventures de Télémaque de Fénelon ou La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette[9]. La naissance du genre du poème en prose en tant que tel est généralement associée à la publication par Aloysius Bertrand de Gaspard de la Nuit ; en effet, ce poète était, selon Yves Vadé, conscient de créer une forme nouvelle[10], même s'il n'utilisait pas le terme de « poèmes » ; c'est ensuite Charles Baudelaire, avec les Petits Poèmes en prose, qui « imposa le poème en prose comme une forme poétique reconnue »[11].
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Si la poésie présente souvent une forte densité stylistique, donc un travail particulier sur la langue, tant s'en faut qu'il revête toujours la même forme. On notera ainsi que les règles traditionnelles de versification peuvent varier d'une langue à l'autre, et qu'il est également possible de s'en affranchir. Aussi les éléments qui suivent (métrique, rime, échos phoniques, recherche lexicale, figures de style...) sont-ils des ressources disponibles pour le poète, plutôt que des éléments définitoires de la poésie, d'autant plus qu'ils peuvent également apparaître dans des textes non-poétiques.
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L’origine orale et chantée de la po��sie qu’évoquent la lyre d’Orphée ou la flûte d’Apollon marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs / vers impairs, « e muet »…) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes plates, croisées ou embrassées) et de richesse (rimes pauvres, suffisantes ou riches). Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : « Pour qui sont ces serpents… », Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).
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Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité : on parle parfois de « poésie-télégramme » où chaque mot « coûte » comme dans le sonnet et ses 14 vers ou dans la brièveté extrême du haïku japonais de trois vers, voire du monostiche d'un seul vers. Si le poète peut ainsi rechercher l'intensité de la concision, il peut aussi s'exprimer dans des poèmes longs.
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L’enrichissement passe aussi par la recherche (ou, au contraire, par l'évitement) de sens rares et de néologismes (par exemple « incanter » dans Les Sapins d’Apollinaire, qui, « graves magiciens //Incantent le ciel quand il tonne », ou « aube » associé aux Soleils couchants par Verlaine), par les connotations comme l’Inspiration derrière la figure féminine dans les Pas de Paul Valéry (« Personne pure, ombre divine, / Qu’ils sont doux, tes pas retenus ! ») ou par des réseaux lexicaux tissés dans le poème comme la religiosité dans Harmonie du soir de Baudelaire. Le poète dispose d’autres ressources encore comme la place dans le vers ou dans le poème (« trou de verdure » dans le premier vers du Dormeur du val de Rimbaud auquel répondent les « deux trous rouges au côté droit » du derniers vers) ou les correspondances avec le rythme et les sonorités (« L’attelage suait, soufflait, était rendu… », La Fontaine, Le Coche et la Mouche).
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Le poète joue également de la mise en valeur des mots par les figures de style comme les figures d’insistance comme l’accumulation, le parallélisme ou l’anaphore (exemple : « Puisque le juste est dans l’abîme, /Puisqu’on donne le sceptre au crime, / Puisque tous les droits sont trahis, / Puisque les plus fiers restent mornes, /Puisqu’on affiche au coin des bornes / Le déshonneur de mon pays… », Victor Hugo, les Châtiments, II, 5), les figures d’opposition comme le chiasme ou l’oxymore (« le soleil noir de la Mélancolie » Gérard de Nerval), les ruptures de construction comme l’ellipse ou l’anacoluthe (« Exilé sur le sol au milieu des huées, /Ses ailes de géant l’empêchent de marcher », Baudelaire l’Albatros) et bien sûr les figures de substitution comme la comparaison et la métaphore, (de Ronsard et Du Bellay à Jacques Prévert ou Eugène Guillevic en passant par Victor Hugo, Apollinaire, les surréalistes et bien d’autres). L’emploi de l’image est d’ailleurs repéré comme une des marques de l’expression poétique ; un seul exemple emblématique de métaphore filée en rendra compte : « (Ruth se demandait…) Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été / Avait, en s’en allant, négligemment jeté / Cette faucille d’or dans le champ des étoiles » (Victor Hugo, Booz endormi).
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La définition de genres poétiques a toujours été discutée en débattant de critères formels et/ou de critères de contenu (d’objet) et, par ailleurs, la poésie moderne en faisant éclater les genres traditionnels (poésie lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive…) et en devenant une expression totalisante et libre rend encore plus difficile la catégorisation[12].
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Cependant, sans s’enfermer trop dans la terminologie formaliste, on peut observer des « dominantes » clés dans l’expression poétique, Roman Jakobson définissant la dominante comme « l’élément focal d’une œuvre d’art » qui gouverne, détermine et transforme les autres éléments (voir Antoine Compagnon[13]). L’opposition la plus simple se fait entre une orientation vers la forme (orientation « esthétique ») et une orientation vers le contenu (orientation « sémantique »), évidemment sans exclusion de l’autre puisque d’une part il y a sens dès qu’il y a mots et que, d’autre part, il y a expressivité formelle sans cela il n’y aurait pas écriture poétique. Cette dernière orientation multiple et complexe est parfois dite aussi « ontologique » (comme par Olivier Salzar[14]), parce que renvoyant « au sens de l’être considéré simultanément en tant qu’être général, abstrait, essentiel et en tant qu’être singulier, concret, existentiel » (TLF). Son champ très vaste peut à son tour être subdivisé en trois dominantes (définies par le modèle du signe présenté par Karl Bühler : « Le signe fonctionne en tant que tel par ses relations avec l’émetteur, le récepteur et le référent »[15]. Ces trois dominantes, là encore non exclusives, sont la dominante « expressive » ou « émotive » ou lyrique au sens étroit, tournée vers le moi du poète, la dominante « conative », orientée vers le destinataire que le poète veut atteindre en touchant sa conscience et sa sensibilité comme dans la poésie morale et engagée, et la fonction « référentielle », tournée vers un « objet » extérieur, vers le chant du monde dans des perceptions sensibles, affectives ou culturelles comme dans la célébration ou la poésie épique où le poète rend sensible la démesure des mythes.
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Mais ce découpage n’est qu’un éclairage : la poésie, plus que tout autre genre littéraire, pâtit de ces approches des « doctes » alors qu’elle est d’abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. En témoigne par exemple une œuvre inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont.
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Plusieurs courants poétiques, au demeurant fort différents entre eux, et relevant de contextes historiques distincts, insistent sur le travail esthétique et la perfection formelle.
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Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux XVIe et XVIIe siècles (compte du « e muet », diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci », dira François de Malherbe), avant de réapparaître au XIXe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que « l'art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté », comme le dira au siècle suivant André Gide, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José-Maria de Heredia. Cette conception esthétique[16] ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire, etc.) que systématiseront au milieu du XXe siècle les jeux de l'Oulipo et de Raymond Queneau (Cent mille milliards de poèmes), Jacques Roubaud ou Georges Perec. On peut également, au-delà du paradoxe apparent, rattacher à ce courant poétique qui met l’accent sur la « forme », les démarches d'Henri Michaux dont Le Grand Combat (Qui je fus ?, 1927) est écrit dans une langue inventée faite de suggestion sonore, ou encore les expérimentations « lettristes » d’Isidore Isou.
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Les impasses de cette poésie coupée de l'âme et parfois très rhétorique seront régulièrement combattues au nom de la souplesse et de la force de la suggestion, par exemple par Paul Verlaine et les poètes symbolistes ou décadentistes de la fin du XIXe siècle, qui revendiqueront une approche moins corsetée de la poésie. Cette conception d’un art libéré des contraintes l’emportera largement au XXe siècle où la poésie deviendra une expression totalisante, au-delà des questions de forme.
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Des formes contraintes comme le haïku, bref poème japonais, relèvent de cette préoccupation formelle tout en lui associant une expression lyrique.
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Si le mot « poétique » a dans son acception quotidienne le sens d’harmonieux et de sentimental, c’est à l’importance de la poésie lyrique qu’il le doit. Celle-ci, orientée vers le « moi » du poète[17], doit son nom à la lyre qui a appartenu à Orphée et Apollon et qui, dans l’Antiquité, accompagnait les chants qu’on ne distinguait pas alors de la poésie mais ne doit pas se limiter à la petite musique personnelle du poète chantant un des thèmes traditionnels et a priori poétiques comme l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse existentielle, la nature ou la rêverie. En effet la poésie a su faire entrer la modernité dans le champ poétique y compris dans ses aspects les plus surprenants ou les plus prosaïques (« Une charogne » chez Baudelaire, la ville industrielle chez Verhaeren et le quotidien trivial chez Verlaine dans ces vers de Cythère, dans Les fêtes galantes, « l’Amour comblant tout, hormis / La faim, sorbets et confitures / Nous préservent des courbatures »…). En fait, la variété des voix est extrême, avec cependant des courants dominants selon les époques, comme le romantisme et le symbolisme au XIXe siècle ou le surréalisme au XXe siècle[18].
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Les formes évoluent elles aussi passant par exemple du long poème romantique (À Villequier de Victor Hugo ou les Nuits d’Alfred de Musset) au sonnet régulier de Baudelaire puis aux formes libres des symbolistes et à l’expression jaillissante de l’inconscient avec les Surréalistes avant la spontanéité de l’expression orale de Jacques Prévert dans Paroles par exemple.
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La poésie lyrique est pour le poète le canal d’expression privilégiée de sa sensibilité et de sa subjectivité que symbolise le Pélican (Nuit de mai) d’Alfred de Musset. Mais cette poésie va au-delà de la confidence pour exprimer l’humaine condition et Hugo proclame dans la Préface des Contemplations : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ! ». Ce « chant de l’âme », domaine privilégié du « je », auquel adhère cependant le destinataire, s’oppose donc à la poésie descriptive et objective voire rhétorique des Parnassiens ou à la poésie narrative des romans du Moyen Âge et au genre épique qui traite de thèmes héroïques et mythiques avec rythme et couleur ou encore à la poésie d’idées (Lucrèce, Ovide, Voltaire) pour laquelle la forme poétique n’est pas le souci premier.
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L’art de la poésie est aussi traditionnellement associé au « don de poésie », c’est-à-dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, à qui revient le rôle de décodeur de l’invisible[19]. C’est la conception de l’Antiquité représentée par Platon qui fait dire à Socrate (dans Ion) à propos des poètes : « Ils parlent en effet, non en vertu d’un art, mais d’une puissance divine ». Au XVIe siècle, la Pléiade reprendra cette perspective et Ronsard écrira ces vers dans son Hymne de l'Automne : « M’inspirant dedans l’âme un don de poësie, / Que Dieu n’a concédé qu’à l’esprit agité/ Des poignants aiguillons de sa Divinité./ Quand l’homme en est touché, il devient un prophète ») et c’est dans cette lignée que s’inscriront les poètes romantiques et après eux Baudelaire et les poètes symbolistes. Cette fonction particulière du poète trouvera un partisan exemplaire avec Arthur Rimbaud qui dans sa fameuse lettre à Paul Demeny demande au Poète de se faire « voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » et d’être « vraiment voleur de feu », et de trouver « du nouveau, - idées et formes », en évoquant ailleurs « l’alchimie du verbe » qui doit être l’instrument du poète-découvreur.
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Après la Première Guerre mondiale et après Apollinaire, défenseur lui aussi de « L’esprit nouveau », les surréalistes, héritiers de cet enthousiasme rimbaldien, confieront à l’image poétique le soin de dépasser le réel et d’ouvrir des « champs magnétiques » novateurs mettant au jour l’inconscient, ce que formulera Louis Aragon dans Le Paysan de Paris en parlant de « l’emploi déréglé et passionnel du stupéfiant image ».
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Dans les années 1950-1970, revenant sur cette systématisation de l’image, les poètes s’orienteront davantage vers une poésie-célébration, un chant du monde orphique ou vers une poésie lyrique, chant de l’âme qui fait entendre la voix personnelle des poètes comme celle de Jules Supervielle, René Char ou Yves Bonnefoy.
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Pour Saint-John Perse, la poésie est « initiatrice en toute science et devancière en toute métaphysique »[20].
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Cependant[21], certains Romantiques et particulièrement Victor Hugo feront entrer le poète dans la Cité en lui attribuant un rôle de guide pour le peuple. De prophète, il devient Messie comme l’expose le célèbre « Fonction du poète » (Les Rayons et les Ombres, 1840) où Victor Hugo définit le poète comme « le rêveur sacré », élu de Dieu « qui parle à son âme », devenu porteur de lumière et visionnaire, « des temps futurs perçant les ombres ». La poésie engagée des Châtiments, à la fois épique et satirique, sera l’étape suivante pour Victor Hugo qui se posera comme l’Opposant à « Napoléon le petit ». Jehan Rictus témoigne avec sa poésie singulière de la vie des pauvres à la fin du XIXe siècle, contrastant avec le naturalisme distancié de Zola.
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Les engagements religieux (de Charles Péguy par exemple) ou idéologiques retrouveront au XXe siècle comme un lointain héritage de Ronsard (Discours) ou d’Agrippa d'Aubigné avec Louis Aragon, chantre du communisme (Hourra l’Oural, 1934), Paul Claudel, pétainiste en 1941 (Paroles au Maréchal) ou Paul Éluard (Ode à Staline, 1950) ou encore Jacques Prévert et ses positions anarchisantes dans Paroles (1946-1949).
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Les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor notamment, représentent quant à eux une branche particulière de la poésie francophone du XXe siècle, dont l’engagement et les idées véhiculées, très forts, sont encore assez confidentiels en France. Édouard Glissant, poète du « Tout-Monde » et de la « Philosophie de la relation » en sera le digne fils spirituel au XXIe siècle. Aimé Césaire est le chantre des Antilles, ayant la volonté de « plonger dans la vérité de l’être »[22], hanté par la question du déracinement des descendants d’esclaves (Cahier d'un retour au pays natal). Léopold Sédar Senghor a créé une poésie à vocation universelle ayant l’espérance comme leitmotiv, l’utilisation de la langue française et les références positives à la culture françaises mêlent aux sujets historiques africains qu’il vivifie (Chaka). Il faut ajouter qu'avec et à la suite de ces deux grands poètes négro-africains, d'autres poètes noirs comme Léon-Gontran Damas, membre du mouvement de la Négritude, David Diop, Jacques Rabemananjara ont mis leur poésie au service de la libération de l'homme noir en général et de l'indépendance du continent africain en particulier. Dans l'après-guerre, René Depestre, poète engagé venu d'Haïti, est une voix qui parle de l'homme noir, mais aussi de l'homme universel. Sans oublier Tchicaya U Tam'si & Léopold Congo-Mbemba qui portent très haut l'exigence de la parole souveraine.
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Avec L'Honneur des poètes[23], certains poètes participent à la Résistance en publiant clandestinement des œuvres importantes. C’est le cas de Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa, 1942 ; La Diane Française, 1944), de Paul Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au rendez-vous allemand, 1944), de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1946) ou de René Guy Cadou (Pleine Poitrine, 1946). Les poètes ne seront d’ailleurs pas épargnés par l’extermination nazie : Robert Desnos mourra au camp de concentration de Theresienstadt et Max Jacob dans le camp de Drancy.
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Une autre forme d'engagement se fait jour au XXe siècle, une poésie contestataire, tant sur le plan politique que linguistique. Cet élan, synthétisé sous le nom d’avant-garde, est né avec les Futuristes italiens et russes et le mouvement Dada. Il s'est fondé sur la dénonciation de la liaison entre le pouvoir politique et le langage et s'est développé sous des formes diverses jusqu'à nos jours. Les avant-gardes ont fait évoluer la poésie vers un abandon progressif du vers rimé et mesuré et de la composition en strophes. Cela a commencé avec le « vers libre standard du surréalisme » (Jacques Roubaud) et s'est précipité dans les années 1960 avec une démolition complète, par exemple chez Denis Roche[24].
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De ce fait, la situation est plus complexe au XXIe siècle puisque le terme de « poésie » a en fait recouvert des aspects très différents, celle-ci s’étant dégagée d’une forme versifiée facilement identifiable et même du « poème ». On a cherché la poésie à la limite dans une « expression poétique » indépendante du travail des poètes. Néanmoins, la spécificité du texte poétique a demeuré à travers sa densité qui tentait d'exploiter à la fois toutes les possibilités offertes par les spécificités linguistiques. Il est d’ailleurs difficile de traduire un poème dans une autre langue, car la question se pose toujours de savoir s'il faut se préoccuper d’abord du sens ou s'il faut chercher à inventer des équivalences sonores et rythmiques.
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Le vers qui tend à s'imposer depuis la fin du XXe siècle est ce que Jacques Roubaud nomme le « vers international libre ». « Il n'est ni compté ni rimé et plus généralement ignore les caractéristiques d'une tradition poétique dans une langue donnée ; il « va à la ligne » en évitant les ruptures syntaxiques trop fortes »[25]. Ses exigences formelles sont faibles. Il est de ce fait plus facile de le traduire à l'heure de la mondialisation. La différence entre la poésie et la prose est ténue. La poésie se fait par « petites proses courtes » mais non narratives. L'absence de narration devenant alors le marqueur du genre poésie[24]. On parle également tout simplement de « texte » ou de « document poétique »[24]. On peut en trouver de nombreux exemples dans les innombrables revues de poésie qui continuent à fleurir, malgré une ambiance peu favorable à leur expression.
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La poésie, depuis plus de cinquante ans, n'est que très peu présente dans les journaux et la presse nationale. La diffusion en librairie est de plus en plus restreinte. Elle n'est pas présente non plus à la télévision et on ne choisit plus guère de poètes pour représenter la littérature en France. La poésie perd de son audience, car elle a peu d'importance sur le plan économique, puisque ne se publie que ce qui peut se vendre, d'où la responsabilité de certaines grandes maisons d'éditions.
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L'essentiel cependant est ailleurs. Si la poésie aujourd'hui est en effet peu et mal diffusée, si les médias la passent à peu près sous silence, elle est effectivement pratiquée par de très nombreux auteurs - comme en témoignent les publications abondantes et diversifiées des petites maisons d'édition - et lue par beaucoup de lecteurs passionnés. Les revues papier et en ligne jouent à cet égard un rôle décisif. Place de la Sorbonne, par exemple, s'efforce de faire découvrir la poésie vivante dans sa richesse et sa grande diversité, tout en proposant des outils et des éclairages pour mieux la lire. Les blogs ou les très nombreuses lectures ou festivals, comme le Printemps des poètes, le Marché de la poésie ou encore la Journée mondiale de la poésie, témoignent également d'une pratique vivante de la poésie.
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L'influence que la poésie exerce sur la production littéraire en général est discrète, voire indirecte, mais réelle. On peut tenir en effet la poésie pour le laboratoire principal où s'élaborent les formes les plus novatrices de l'expression et de la représentation, celles qui bousculent ce que Gustave Flaubert appelle « les formes convenues ». Elle travaille incessamment la langue pour que le désir s'y fraie une voix en s'affranchissant de tout ce qui l'aliène. En cela, le poète contemporain s'inscrit bien dans une démarche rimbaldienne : « Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l'humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue » (Arthur Rimbaud, lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871).
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Certaines tentatives, s’expriment avec le soutien de la musique. Le slam, de son côté, décline une certaine idée de la poésie. Il est démocratique au sens où il suppose que « tout le monde est virtuellement poète »[26]. Il s'agit néanmoins d'émouvoir l'auditoire par les mots. C'est un art d'improvisation poétique qui retrouverait donc la tradition médiévale perdue de la tenson des troubadours qui était néanmoins un genre de poésie savante. Le slam fait resurgir la rime mais dans un état minimal[27].
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De manière plus générale la poésie dialogue avec les autres arts donnant notamment lieu à des « happenings » où les poètes dialoguent avec les musiciens et les peintres. Des clubs de poésie organisent ainsi des rencontres d'artistes où c'est l'improvisation qui doit gouverner, chaque artiste doit répondre à l'improvisation de l'autre sur le moment. Ce type de représentations se fonde notamment sur l'idée d'une appartenance universelle de l'Art c'est-à-dire de 'idée de l'inspiration comme don. Ainsi l'œuvre réalisé dans ce type de happening est-elle collective dans un sens large puisque non seulement elle n'appartient pas à un artiste mais également parce qu'elle est autant l’œuvre des spectateurs que des artistes. Ce type de « happenings » est très développé notamment en Inde et, dans une moindre mesure, en France.
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Jacques Roubaud distingue enfin une dernière catégorie de poésie qu'il appelle « vroum-vroum » et consiste en des performances qui se donnent le nom de poésie, mais ne font pas nécessairement appel au langage. Le modèle invoqué est l'Ursonate de Kurt Schwitters qui relève en réalité plutôt de la musique. Or selon l'universitaire et performeur canadien Yan St-Onge, « L’événement contemporain de poésie peut se penser en trois grandes catégories : la lecture de poésie ou ce qu’on appelait traditionnellement un récital ; le spectacle de poésie au sens d’une mise en scène théâtrale avec des comédiens ; et la poésie-performance »[28]. De son côté Serge Martin, dans le sillage de la lecture performée ou lecture-performance, place Charles Pennequin en droite ligne de Ghérasim Luca[29].
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Dans la poésie, l’essentiel demeure néanmoins la prise de conscience de la créativité et de la beauté de la langue. Pour l’amateur de poésie, « au commencement est le Verbe » et sa puissance créatrice qui nourrit la mémoire et « transforme la nuit en lumière »[30].
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La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). Sa définition se révèle difficile et varie selon les époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à quoi s'ajoute l'approche propre à la personnalité de chaque poète.
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Poésie s'écrivait jusqu'en 1878 poësie (le tréma marquait une disjonction entre les voyelles o et e). Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις (poiesis), le verbe ποιεῖν (poiein) signifiant « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d'où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. Le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d'analogie, recherchées pour leur force suggestive.
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La poésie s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques, les civilisations et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle, le poète « lyrique » qui cultive le « chant de l'âme », le poète prophète, découvreur du monde et « voyant », ou le poète engagé, sans cependant réduire un créateur à une étiquette simplificatrice[1].
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Dans la mesure où il ne reste pas de traces d'une probable poésie orale préhistorique, il est nécessaire de faire débuter l'histoire de la poésie dans les différentes civilisations de l'Antiquité (grecque, égyptienne, indienne...). On notera toutefois que maintes traditions orales, par exemple celle des griots africains, relèvent de la poésie.
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Première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh, (IIIe millénaire av. J.‑C.) en Mésopotamie, les Vedas, le Rāmāyana ou le Mahabharata indien, la Poésie dans l'Égypte antique, la Bible des Hébreux ou l'Iliade et l'Odyssée des Grecs, l'Énéide des Latins.
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Dans l’Antiquité grecque toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique[2]. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose, chargée de l’expression commune que l’on qualifiera de prosaïque.
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Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.
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La poésie fut marquée par l’oralité et la musicalité dès ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l’utilisation des vers, et d’effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. Cette facture propre au texte poétique fait que celui-ci est d’abord destiné à être entendu plutôt qu’abordé par la lecture silencieuse.
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Placées sous l’égide d’Orphée et d’Apollon musagète, dieu de la beauté et des arts[3], et associées à la muse Érato, musique et poésie sont également étroitement liées par la recherche de l’harmonie et de la beauté, par le Charme, au sens fort de chant magique. Depuis l'essai La Naissance de la tragédie de Nietzsche, on considère que la création poétique hésitera cependant constamment entre l’ordre et l’apaisement apolliniens (qu’explicite Euripide dans Alceste : « Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise ») et la « fureur dionysiaque »[4] qui renvoie au dieu des extases, des mystères, des dérèglements et des rythmes des forces naturelles que l’on découvre par exemple dans le dithyrambe de l’Antiquité grecque[5].
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En linguistique, la poésie est décrite comme un énoncé centré sur la forme du message, donc où la fonction poétique est prédominante[6]. Dans la prose au sens général, l’important est le « signifié », elle a un but « extérieur » (la transmission d’informations) et se définit comme une marche en avant que peut symboliser une flèche et que révèle la racine latine du mot qui signifie « avancer ». En revanche, pour la poésie, l’importance est orientée vers la « forme », vers le signifiant, dans une démarche « réflexive », symbolisée par le « vers » qui montre une progression dans la reprise avec le principe du retour en arrière (le vers se « renverse ») que l’on peut représenter par une spirale.
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La poésie ne se définit donc pas par des thèmes particuliers mais par le soin majeur apporté au signifiant pour qu’il démultiplie le signifié : l’enrichissement du matériau linguistique prend en effet en compte autant le travail sur les aspects formels que le poids des mots, allant bien au-delà du sens courant du terme « poésie » qui renvoie simplement à la beauté harmonieuse associée à une certaine sentimentalité. L’expression poétique offre cependant au cours de l’Histoire des orientations variées selon la dominante retenue par le poète.
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Traditionnellement, la poésie revêt la forme d'un texte versifié obéissant à des règles particulières en termes de métrique, de scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans une forme fixe. Cependant, la poésie moderne s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer totalement.
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La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers[7] (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique (d’où leur dénominations) comme l’emploi des images et la recherche de sonorités ou de rythmes particuliers. Ces vers sont souvent regroupés en strophes et parfois organisés dans des poèmes à forme fixe comme le sonnet ou la ballade.
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La poésie métrée utilise des vers définis par le nombre de leurs syllabes comme l’alexandrin français, alors que la poésie scandée joue sur la longueur des pieds (et sur leur nombre) comme dans l’hexamètre dactylique grec et latin, ou sur la place des accents comme dans le pentamètre iambique anglais. Le haïku (ou haïkou) japonais, qui a acquis une diffusion internationale, fait traditionnellement appel à trois vers de cinq, sept et cinq syllabes.
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Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du XIXe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au XXe siècle.
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Des essais graphiques plus marginaux ont été tentés par exemple par Mallarmé (Un coup de dés jamais n'abolira le hasard), Apollinaire (Calligrammes) ou Pierre Reverdy, en cherchant à parler à l’œil et plus seulement à l’oreille, tirant ainsi le poème du côté du tableau.
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L'on ne saurait définir uniquement la poésie par l'utilisation de vers : la forme versifiée a été employée dans des ouvrages que l'on peut considérer comme des romans (tels ceux de Chrétien de Troyes), tandis qu'il existe, en revanche, une poésie en prose. Dès le XVIIIe siècle, apparurent des traductions en français de poèmes étrangers (et de « fausses traductions ») qui utilisèrent la prose plutôt que le vers[8]. Certains commentateurs parlaient de « poèmes en prose » pour désigner des romans tels que les Aventures de Télémaque de Fénelon ou La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette[9]. La naissance du genre du poème en prose en tant que tel est généralement associée à la publication par Aloysius Bertrand de Gaspard de la Nuit ; en effet, ce poète était, selon Yves Vadé, conscient de créer une forme nouvelle[10], même s'il n'utilisait pas le terme de « poèmes » ; c'est ensuite Charles Baudelaire, avec les Petits Poèmes en prose, qui « imposa le poème en prose comme une forme poétique reconnue »[11].
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Si la poésie présente souvent une forte densité stylistique, donc un travail particulier sur la langue, tant s'en faut qu'il revête toujours la même forme. On notera ainsi que les règles traditionnelles de versification peuvent varier d'une langue à l'autre, et qu'il est également possible de s'en affranchir. Aussi les éléments qui suivent (métrique, rime, échos phoniques, recherche lexicale, figures de style...) sont-ils des ressources disponibles pour le poète, plutôt que des éléments définitoires de la poésie, d'autant plus qu'ils peuvent également apparaître dans des textes non-poétiques.
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L’origine orale et chantée de la po��sie qu’évoquent la lyre d’Orphée ou la flûte d’Apollon marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs / vers impairs, « e muet »…) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes plates, croisées ou embrassées) et de richesse (rimes pauvres, suffisantes ou riches). Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : « Pour qui sont ces serpents… », Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).
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Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité : on parle parfois de « poésie-télégramme » où chaque mot « coûte » comme dans le sonnet et ses 14 vers ou dans la brièveté extrême du haïku japonais de trois vers, voire du monostiche d'un seul vers. Si le poète peut ainsi rechercher l'intensité de la concision, il peut aussi s'exprimer dans des poèmes longs.
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L’enrichissement passe aussi par la recherche (ou, au contraire, par l'évitement) de sens rares et de néologismes (par exemple « incanter » dans Les Sapins d’Apollinaire, qui, « graves magiciens //Incantent le ciel quand il tonne », ou « aube » associé aux Soleils couchants par Verlaine), par les connotations comme l’Inspiration derrière la figure féminine dans les Pas de Paul Valéry (« Personne pure, ombre divine, / Qu’ils sont doux, tes pas retenus ! ») ou par des réseaux lexicaux tissés dans le poème comme la religiosité dans Harmonie du soir de Baudelaire. Le poète dispose d’autres ressources encore comme la place dans le vers ou dans le poème (« trou de verdure » dans le premier vers du Dormeur du val de Rimbaud auquel répondent les « deux trous rouges au côté droit » du derniers vers) ou les correspondances avec le rythme et les sonorités (« L’attelage suait, soufflait, était rendu… », La Fontaine, Le Coche et la Mouche).
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Le poète joue également de la mise en valeur des mots par les figures de style comme les figures d’insistance comme l’accumulation, le parallélisme ou l’anaphore (exemple : « Puisque le juste est dans l’abîme, /Puisqu’on donne le sceptre au crime, / Puisque tous les droits sont trahis, / Puisque les plus fiers restent mornes, /Puisqu’on affiche au coin des bornes / Le déshonneur de mon pays… », Victor Hugo, les Châtiments, II, 5), les figures d’opposition comme le chiasme ou l’oxymore (« le soleil noir de la Mélancolie » Gérard de Nerval), les ruptures de construction comme l’ellipse ou l’anacoluthe (« Exilé sur le sol au milieu des huées, /Ses ailes de géant l’empêchent de marcher », Baudelaire l’Albatros) et bien sûr les figures de substitution comme la comparaison et la métaphore, (de Ronsard et Du Bellay à Jacques Prévert ou Eugène Guillevic en passant par Victor Hugo, Apollinaire, les surréalistes et bien d’autres). L’emploi de l’image est d’ailleurs repéré comme une des marques de l’expression poétique ; un seul exemple emblématique de métaphore filée en rendra compte : « (Ruth se demandait…) Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été / Avait, en s’en allant, négligemment jeté / Cette faucille d’or dans le champ des étoiles » (Victor Hugo, Booz endormi).
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La définition de genres poétiques a toujours été discutée en débattant de critères formels et/ou de critères de contenu (d’objet) et, par ailleurs, la poésie moderne en faisant éclater les genres traditionnels (poésie lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive…) et en devenant une expression totalisante et libre rend encore plus difficile la catégorisation[12].
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Cependant, sans s’enfermer trop dans la terminologie formaliste, on peut observer des « dominantes » clés dans l’expression poétique, Roman Jakobson définissant la dominante comme « l’élément focal d’une œuvre d’art » qui gouverne, détermine et transforme les autres éléments (voir Antoine Compagnon[13]). L’opposition la plus simple se fait entre une orientation vers la forme (orientation « esthétique ») et une orientation vers le contenu (orientation « sémantique »), évidemment sans exclusion de l’autre puisque d’une part il y a sens dès qu’il y a mots et que, d’autre part, il y a expressivité formelle sans cela il n’y aurait pas écriture poétique. Cette dernière orientation multiple et complexe est parfois dite aussi « ontologique » (comme par Olivier Salzar[14]), parce que renvoyant « au sens de l’être considéré simultanément en tant qu’être général, abstrait, essentiel et en tant qu’être singulier, concret, existentiel » (TLF). Son champ très vaste peut à son tour être subdivisé en trois dominantes (définies par le modèle du signe présenté par Karl Bühler : « Le signe fonctionne en tant que tel par ses relations avec l’émetteur, le récepteur et le référent »[15]. Ces trois dominantes, là encore non exclusives, sont la dominante « expressive » ou « émotive » ou lyrique au sens étroit, tournée vers le moi du poète, la dominante « conative », orientée vers le destinataire que le poète veut atteindre en touchant sa conscience et sa sensibilité comme dans la poésie morale et engagée, et la fonction « référentielle », tournée vers un « objet » extérieur, vers le chant du monde dans des perceptions sensibles, affectives ou culturelles comme dans la célébration ou la poésie épique où le poète rend sensible la démesure des mythes.
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Mais ce découpage n’est qu’un éclairage : la poésie, plus que tout autre genre littéraire, pâtit de ces approches des « doctes » alors qu’elle est d’abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. En témoigne par exemple une œuvre inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont.
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Plusieurs courants poétiques, au demeurant fort différents entre eux, et relevant de contextes historiques distincts, insistent sur le travail esthétique et la perfection formelle.
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Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux XVIe et XVIIe siècles (compte du « e muet », diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci », dira François de Malherbe), avant de réapparaître au XIXe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que « l'art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté », comme le dira au siècle suivant André Gide, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José-Maria de Heredia. Cette conception esthétique[16] ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire, etc.) que systématiseront au milieu du XXe siècle les jeux de l'Oulipo et de Raymond Queneau (Cent mille milliards de poèmes), Jacques Roubaud ou Georges Perec. On peut également, au-delà du paradoxe apparent, rattacher à ce courant poétique qui met l’accent sur la « forme », les démarches d'Henri Michaux dont Le Grand Combat (Qui je fus ?, 1927) est écrit dans une langue inventée faite de suggestion sonore, ou encore les expérimentations « lettristes » d’Isidore Isou.
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Les impasses de cette poésie coupée de l'âme et parfois très rhétorique seront régulièrement combattues au nom de la souplesse et de la force de la suggestion, par exemple par Paul Verlaine et les poètes symbolistes ou décadentistes de la fin du XIXe siècle, qui revendiqueront une approche moins corsetée de la poésie. Cette conception d’un art libéré des contraintes l’emportera largement au XXe siècle où la poésie deviendra une expression totalisante, au-delà des questions de forme.
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Des formes contraintes comme le haïku, bref poème japonais, relèvent de cette préoccupation formelle tout en lui associant une expression lyrique.
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Si le mot « poétique » a dans son acception quotidienne le sens d’harmonieux et de sentimental, c’est à l’importance de la poésie lyrique qu’il le doit. Celle-ci, orientée vers le « moi » du poète[17], doit son nom à la lyre qui a appartenu à Orphée et Apollon et qui, dans l’Antiquité, accompagnait les chants qu’on ne distinguait pas alors de la poésie mais ne doit pas se limiter à la petite musique personnelle du poète chantant un des thèmes traditionnels et a priori poétiques comme l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse existentielle, la nature ou la rêverie. En effet la poésie a su faire entrer la modernité dans le champ poétique y compris dans ses aspects les plus surprenants ou les plus prosaïques (« Une charogne » chez Baudelaire, la ville industrielle chez Verhaeren et le quotidien trivial chez Verlaine dans ces vers de Cythère, dans Les fêtes galantes, « l’Amour comblant tout, hormis / La faim, sorbets et confitures / Nous préservent des courbatures »…). En fait, la variété des voix est extrême, avec cependant des courants dominants selon les époques, comme le romantisme et le symbolisme au XIXe siècle ou le surréalisme au XXe siècle[18].
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Les formes évoluent elles aussi passant par exemple du long poème romantique (À Villequier de Victor Hugo ou les Nuits d’Alfred de Musset) au sonnet régulier de Baudelaire puis aux formes libres des symbolistes et à l’expression jaillissante de l’inconscient avec les Surréalistes avant la spontanéité de l’expression orale de Jacques Prévert dans Paroles par exemple.
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La poésie lyrique est pour le poète le canal d’expression privilégiée de sa sensibilité et de sa subjectivité que symbolise le Pélican (Nuit de mai) d’Alfred de Musset. Mais cette poésie va au-delà de la confidence pour exprimer l’humaine condition et Hugo proclame dans la Préface des Contemplations : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ! ». Ce « chant de l’âme », domaine privilégié du « je », auquel adhère cependant le destinataire, s’oppose donc à la poésie descriptive et objective voire rhétorique des Parnassiens ou à la poésie narrative des romans du Moyen Âge et au genre épique qui traite de thèmes héroïques et mythiques avec rythme et couleur ou encore à la poésie d’idées (Lucrèce, Ovide, Voltaire) pour laquelle la forme poétique n’est pas le souci premier.
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L’art de la poésie est aussi traditionnellement associé au « don de poésie », c’est-à-dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, à qui revient le rôle de décodeur de l’invisible[19]. C’est la conception de l’Antiquité représentée par Platon qui fait dire à Socrate (dans Ion) à propos des poètes : « Ils parlent en effet, non en vertu d’un art, mais d’une puissance divine ». Au XVIe siècle, la Pléiade reprendra cette perspective et Ronsard écrira ces vers dans son Hymne de l'Automne : « M’inspirant dedans l’âme un don de poësie, / Que Dieu n’a concédé qu’à l’esprit agité/ Des poignants aiguillons de sa Divinité./ Quand l’homme en est touché, il devient un prophète ») et c’est dans cette lignée que s’inscriront les poètes romantiques et après eux Baudelaire et les poètes symbolistes. Cette fonction particulière du poète trouvera un partisan exemplaire avec Arthur Rimbaud qui dans sa fameuse lettre à Paul Demeny demande au Poète de se faire « voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » et d’être « vraiment voleur de feu », et de trouver « du nouveau, - idées et formes », en évoquant ailleurs « l’alchimie du verbe » qui doit être l’instrument du poète-découvreur.
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Après la Première Guerre mondiale et après Apollinaire, défenseur lui aussi de « L’esprit nouveau », les surréalistes, héritiers de cet enthousiasme rimbaldien, confieront à l’image poétique le soin de dépasser le réel et d’ouvrir des « champs magnétiques » novateurs mettant au jour l’inconscient, ce que formulera Louis Aragon dans Le Paysan de Paris en parlant de « l’emploi déréglé et passionnel du stupéfiant image ».
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Dans les années 1950-1970, revenant sur cette systématisation de l’image, les poètes s’orienteront davantage vers une poésie-célébration, un chant du monde orphique ou vers une poésie lyrique, chant de l’âme qui fait entendre la voix personnelle des poètes comme celle de Jules Supervielle, René Char ou Yves Bonnefoy.
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Pour Saint-John Perse, la poésie est « initiatrice en toute science et devancière en toute métaphysique »[20].
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Cependant[21], certains Romantiques et particulièrement Victor Hugo feront entrer le poète dans la Cité en lui attribuant un rôle de guide pour le peuple. De prophète, il devient Messie comme l’expose le célèbre « Fonction du poète » (Les Rayons et les Ombres, 1840) où Victor Hugo définit le poète comme « le rêveur sacré », élu de Dieu « qui parle à son âme », devenu porteur de lumière et visionnaire, « des temps futurs perçant les ombres ». La poésie engagée des Châtiments, à la fois épique et satirique, sera l’étape suivante pour Victor Hugo qui se posera comme l’Opposant à « Napoléon le petit ». Jehan Rictus témoigne avec sa poésie singulière de la vie des pauvres à la fin du XIXe siècle, contrastant avec le naturalisme distancié de Zola.
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Les engagements religieux (de Charles Péguy par exemple) ou idéologiques retrouveront au XXe siècle comme un lointain héritage de Ronsard (Discours) ou d’Agrippa d'Aubigné avec Louis Aragon, chantre du communisme (Hourra l’Oural, 1934), Paul Claudel, pétainiste en 1941 (Paroles au Maréchal) ou Paul Éluard (Ode à Staline, 1950) ou encore Jacques Prévert et ses positions anarchisantes dans Paroles (1946-1949).
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Les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor notamment, représentent quant à eux une branche particulière de la poésie francophone du XXe siècle, dont l’engagement et les idées véhiculées, très forts, sont encore assez confidentiels en France. Édouard Glissant, poète du « Tout-Monde » et de la « Philosophie de la relation » en sera le digne fils spirituel au XXIe siècle. Aimé Césaire est le chantre des Antilles, ayant la volonté de « plonger dans la vérité de l’être »[22], hanté par la question du déracinement des descendants d’esclaves (Cahier d'un retour au pays natal). Léopold Sédar Senghor a créé une poésie à vocation universelle ayant l’espérance comme leitmotiv, l’utilisation de la langue française et les références positives à la culture françaises mêlent aux sujets historiques africains qu’il vivifie (Chaka). Il faut ajouter qu'avec et à la suite de ces deux grands poètes négro-africains, d'autres poètes noirs comme Léon-Gontran Damas, membre du mouvement de la Négritude, David Diop, Jacques Rabemananjara ont mis leur poésie au service de la libération de l'homme noir en général et de l'indépendance du continent africain en particulier. Dans l'après-guerre, René Depestre, poète engagé venu d'Haïti, est une voix qui parle de l'homme noir, mais aussi de l'homme universel. Sans oublier Tchicaya U Tam'si & Léopold Congo-Mbemba qui portent très haut l'exigence de la parole souveraine.
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Avec L'Honneur des poètes[23], certains poètes participent à la Résistance en publiant clandestinement des œuvres importantes. C’est le cas de Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa, 1942 ; La Diane Française, 1944), de Paul Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au rendez-vous allemand, 1944), de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1946) ou de René Guy Cadou (Pleine Poitrine, 1946). Les poètes ne seront d’ailleurs pas épargnés par l’extermination nazie : Robert Desnos mourra au camp de concentration de Theresienstadt et Max Jacob dans le camp de Drancy.
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Une autre forme d'engagement se fait jour au XXe siècle, une poésie contestataire, tant sur le plan politique que linguistique. Cet élan, synthétisé sous le nom d’avant-garde, est né avec les Futuristes italiens et russes et le mouvement Dada. Il s'est fondé sur la dénonciation de la liaison entre le pouvoir politique et le langage et s'est développé sous des formes diverses jusqu'à nos jours. Les avant-gardes ont fait évoluer la poésie vers un abandon progressif du vers rimé et mesuré et de la composition en strophes. Cela a commencé avec le « vers libre standard du surréalisme » (Jacques Roubaud) et s'est précipité dans les années 1960 avec une démolition complète, par exemple chez Denis Roche[24].
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De ce fait, la situation est plus complexe au XXIe siècle puisque le terme de « poésie » a en fait recouvert des aspects très différents, celle-ci s’étant dégagée d’une forme versifiée facilement identifiable et même du « poème ». On a cherché la poésie à la limite dans une « expression poétique » indépendante du travail des poètes. Néanmoins, la spécificité du texte poétique a demeuré à travers sa densité qui tentait d'exploiter à la fois toutes les possibilités offertes par les spécificités linguistiques. Il est d’ailleurs difficile de traduire un poème dans une autre langue, car la question se pose toujours de savoir s'il faut se préoccuper d’abord du sens ou s'il faut chercher à inventer des équivalences sonores et rythmiques.
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Le vers qui tend à s'imposer depuis la fin du XXe siècle est ce que Jacques Roubaud nomme le « vers international libre ». « Il n'est ni compté ni rimé et plus généralement ignore les caractéristiques d'une tradition poétique dans une langue donnée ; il « va à la ligne » en évitant les ruptures syntaxiques trop fortes »[25]. Ses exigences formelles sont faibles. Il est de ce fait plus facile de le traduire à l'heure de la mondialisation. La différence entre la poésie et la prose est ténue. La poésie se fait par « petites proses courtes » mais non narratives. L'absence de narration devenant alors le marqueur du genre poésie[24]. On parle également tout simplement de « texte » ou de « document poétique »[24]. On peut en trouver de nombreux exemples dans les innombrables revues de poésie qui continuent à fleurir, malgré une ambiance peu favorable à leur expression.
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La poésie, depuis plus de cinquante ans, n'est que très peu présente dans les journaux et la presse nationale. La diffusion en librairie est de plus en plus restreinte. Elle n'est pas présente non plus à la télévision et on ne choisit plus guère de poètes pour représenter la littérature en France. La poésie perd de son audience, car elle a peu d'importance sur le plan économique, puisque ne se publie que ce qui peut se vendre, d'où la responsabilité de certaines grandes maisons d'éditions.
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L'essentiel cependant est ailleurs. Si la poésie aujourd'hui est en effet peu et mal diffusée, si les médias la passent à peu près sous silence, elle est effectivement pratiquée par de très nombreux auteurs - comme en témoignent les publications abondantes et diversifiées des petites maisons d'édition - et lue par beaucoup de lecteurs passionnés. Les revues papier et en ligne jouent à cet égard un rôle décisif. Place de la Sorbonne, par exemple, s'efforce de faire découvrir la poésie vivante dans sa richesse et sa grande diversité, tout en proposant des outils et des éclairages pour mieux la lire. Les blogs ou les très nombreuses lectures ou festivals, comme le Printemps des poètes, le Marché de la poésie ou encore la Journée mondiale de la poésie, témoignent également d'une pratique vivante de la poésie.
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L'influence que la poésie exerce sur la production littéraire en général est discrète, voire indirecte, mais réelle. On peut tenir en effet la poésie pour le laboratoire principal où s'élaborent les formes les plus novatrices de l'expression et de la représentation, celles qui bousculent ce que Gustave Flaubert appelle « les formes convenues ». Elle travaille incessamment la langue pour que le désir s'y fraie une voix en s'affranchissant de tout ce qui l'aliène. En cela, le poète contemporain s'inscrit bien dans une démarche rimbaldienne : « Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l'humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue » (Arthur Rimbaud, lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871).
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Certaines tentatives, s’expriment avec le soutien de la musique. Le slam, de son côté, décline une certaine idée de la poésie. Il est démocratique au sens où il suppose que « tout le monde est virtuellement poète »[26]. Il s'agit néanmoins d'émouvoir l'auditoire par les mots. C'est un art d'improvisation poétique qui retrouverait donc la tradition médiévale perdue de la tenson des troubadours qui était néanmoins un genre de poésie savante. Le slam fait resurgir la rime mais dans un état minimal[27].
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De manière plus générale la poésie dialogue avec les autres arts donnant notamment lieu à des « happenings » où les poètes dialoguent avec les musiciens et les peintres. Des clubs de poésie organisent ainsi des rencontres d'artistes où c'est l'improvisation qui doit gouverner, chaque artiste doit répondre à l'improvisation de l'autre sur le moment. Ce type de représentations se fonde notamment sur l'idée d'une appartenance universelle de l'Art c'est-à-dire de 'idée de l'inspiration comme don. Ainsi l'œuvre réalisé dans ce type de happening est-elle collective dans un sens large puisque non seulement elle n'appartient pas à un artiste mais également parce qu'elle est autant l’œuvre des spectateurs que des artistes. Ce type de « happenings » est très développé notamment en Inde et, dans une moindre mesure, en France.
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Jacques Roubaud distingue enfin une dernière catégorie de poésie qu'il appelle « vroum-vroum » et consiste en des performances qui se donnent le nom de poésie, mais ne font pas nécessairement appel au langage. Le modèle invoqué est l'Ursonate de Kurt Schwitters qui relève en réalité plutôt de la musique. Or selon l'universitaire et performeur canadien Yan St-Onge, « L’événement contemporain de poésie peut se penser en trois grandes catégories : la lecture de poésie ou ce qu’on appelait traditionnellement un récital ; le spectacle de poésie au sens d’une mise en scène théâtrale avec des comédiens ; et la poésie-performance »[28]. De son côté Serge Martin, dans le sillage de la lecture performée ou lecture-performance, place Charles Pennequin en droite ligne de Ghérasim Luca[29].
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Dans la poésie, l’essentiel demeure néanmoins la prise de conscience de la créativité et de la beauté de la langue. Pour l’amateur de poésie, « au commencement est le Verbe » et sa puissance créatrice qui nourrit la mémoire et « transforme la nuit en lumière »[30].
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En géographie et en astronomie, un point cardinal est un point de l’horizon servant à se diriger, à s’orienter. Sur une boussole ou sur un plan, on trouve généralement quatre points cardinaux : nord, sud, est et ouest.
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En un lieu donné à la surface de la Terre, le méridien local définit la direction d'une droite qui peut être parcourue selon deux sens différents :
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De même, en un lieu donné, le parallèle local définit la direction d'une droite qui peut être parcourue selon deux sens différents :
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Les points cardinaux sont représentés sur les cartes géographiques par une rose des vents ; le nord est généralement mis en évidence, par exemple en allongeant ou en colorant différemment la pointe de la rose qui l'indique. Le plus couramment, le haut d'une carte indique le nord, le bas le sud, la droite l'est et la gauche l'ouest.
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En plus des quatre points cardinaux, il est possible de construire des points intermédiaires, appelés points collatéraux ou points intercardinaux :
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En astronomie et en géodésie, les points cardinaux servent à construire le système de coordonnées locales, le nord ou le sud pouvant être choisis comme origine de l'azimut.
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En astronomie, on associe conventionnellement le zénith et le nadir aux points cardinaux[1].
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Les huit principaux points cardinaux sont désignés par divers synonymes et les quatre majeurs possèdent des adjectifs :
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Nordiste et sudiste ne peuvent désigner que des personnes (et Nordiste et Sudiste avec majuscule, désignent respectivement un partisan des camps fédéré et confédéré lors de la guerre de Sécession américaine).
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Arctique et Antarctique, avec majuscule, désignent respectivement les deux régions polaires.
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L'Orient désigne, d'un point de vue européen, les contrées de la Méditerranée orientale et de l'Asie.
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L'Occident désigne l'ensemble des civilisations des pays d'Europe et d'Amérique, par opposition aux cultures des pays d'Afrique et d'Asie.
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Après la Seconde Guerre mondiale, le terme « Occident » avait désigné plus particulièrement les pays d'Europe de l'Ouest et d'Amérique du Nord considérés comme un ensemble défensif, politique et culturel, par opposition à l'Europe de l'Est communiste, à l'Afrique et à l'Asie.
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Dans les cultures traditionnelles chinoises, d'Extrême-Orient ou certaines cultures d'Asie centrale, le centre — ou le milieu — est considéré comme un cinquième point cardinal. À chaque direction est souvent associée une couleur et des toponymes peuvent faire référence à cette couleur plutôt qu'au nom de la direction correspondante[2],[3](le noir et l'eau pour le nord, le vert et le bois pour l'est, le rouge et le feu pour le sud, le blanc et le métal pour l'ouest et le jaune et la terre pour le centre).
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En Amérique, certaines cultures incluent également le centre parmi les points cardinaux ; d'autres en comptent jusqu'à sept : nord, sud, est, ouest, ciel (équivalent du zénith), terre (équivalent du nadir), et milieu. L'axe du monde (axis mundi) est le cinquième point cardinal d'après les cultures chamaniques, c'est le lien entre les deux mondes : la Terre et le Ciel, le monde des vivants et le monde des esprits. Il peut être représenté par un escalier, une suite de flèches, une échelle, un arbre, un serpent… Chez les Aztèques, Quetzalcoatl, le serpent à plumes représente bien le lien entre la Terre et le Ciel : le serpent rampant sur la terre, et l'oiseau volant dans les airs.
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D'autres cultures font usage d'autres points de références, comme vers la mer ou les montagnes (Hawaii, Bali), ou vers l'aval ou l'amont (Yurok, Karok).
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Si le nord, actuellement, est généralement indiqué par le haut d'une carte, il n'en a pas forcément été ainsi de façon systématique. Certaines cartes anciennes indiquent le nord vers le bas de la carte ; dans les pays chrétiens, le haut de la carte était orienté vers l'est, plus exactement vers Jérusalem, qui est la ville sainte du christianisme, d'où le mot « orientation ». Actuellement, des cartes inversées sont utilisés dans certains pays de l'hémisphère sud.
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De même, en Chine impériale, le haut de la carte était souvent (mais pas systématiquement) orienté vers le sud afin de refléter ce que voit quelqu’un se tournant « naturellement » dans cette direction afin d’avoir toute la course du soleil dans son champ de vision et le nord, symbole de froid et donc de mort, dans le dos. Cela se retrouve d’ailleurs dans le sinogramme de « dos » (背) qui indique qu’il s’agit de la partie du corps (月 en graphisme simplifié) tournée vers le nord (北).
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Dans la mythologie nordique, nord, sud, est et ouest (nordi, sudi, osten et westen) sont les quatre nains chargés de soutenir les coins du firmament. L'orientation marine de bâbord et tribord nous vient aussi des Vikings.
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Les boussoles traditionnelles indiquent les points cardinaux magnétiques, c'est-à-dire par rapport à la direction mesurée du pôle nord magnétique. Chaque point de la Terre a sa propre quantité de différence entre les points cardinaux magnétiques et les points cardinaux géographiques, et cette divergence varie légèrement avec les années. On appelle déclinaison magnétique l'angle de la rotation nécessaire à la conversion. Les cartes géographiques sont faites en fonction des pôles géographiques, basés sur la rotation de la Terre (et donc les mouvements apparents du soleil).
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Certaines villes utilisent des points cardinaux modifiés dans leurs appellation des rues. C'est notamment le cas d'une grande partie du Québec (et de l'Ontario), où l'aval du fleuve Saint-Laurent est souvent appelé est bien qu'en moyenne il soit orienté vers le nord-est. Par conséquent, l'amont de ce fleuve est désigné par le mot ouest et ainsi de suite. Ça peut aller jusqu'au point où il aurait été plus simple qu'une rue nord s'appelle ouest, puisqu'au-delà de -45° de déclinaison (urbaine), un autre des 4 points cardinaux géographiques simples est plus proche. Par exemple, à Montréal, de nombreuses portions de quartiers sont à -57° de déclinaison, et d'autres sont même à -67° (ce qui fait de Jarry Ouest une rue géographiquement sud-sud-ouest, à 0,5° près). Par contre, dans la Ville de Québec, les déclinaisons typiques des rues est-ouest sont moindres : -25°, -33° et -40°[4]. Mais loin du Saint-Laurent, les villes du Québec peuvent utiliser d'autres rivières comme référence, ou aucune. La plupart des rues de Sherbrooke (en Estrie) a 0° de déclinaison ou presque, et une partie du reste semble suivre l'orientation de la rivière Saint-François, une déclinaison de -22°. L'Abitibi utilise abondamment le 0°. La déclinaison en fonction des cours d'eau au Québec provient du Régime seigneurial de la Nouvelle-France (quoique le système de Cantons, d'origine anglaise, suivent souvent des diagonales eux aussi, bon nombre suivent des méridiens et parallèles).
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Les points cardinaux font l'objet de règles typographiques et de grammaire particulières. Ils prennent une minuscule s'ils désignent une direction (vers l'ouest) mais une majuscule lorsqu'ils forment un toponyme (l'Amérique du Sud) ou désignent une région (la cuisine du Sud-Ouest).
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Allium porrum
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Classification APG III (2009)
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Le poireau (Allium ampeloprasum var. porrum, anciennement Allium porrum) est une espèce de plante herbacée vivace largement cultivée comme plante potagère pour ses feuilles (pseudo-tiges) consommées comme légumes.
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Il appartient à la famille des Amaryllidacées (précédemment famille des Liliacées puis des Alliacées).
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Noms communs : poireau, porreau, poirée, poirette, asperge du pauvre.
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Le poireau a de longues feuilles engainantes, opposées, plates, vert sombre ou vert jaunâtre, plus ou moins larges. La base des feuilles emboîtées forme une pseudo-tige appelée « fût » dont la partie enterrée est blanche et la plus appréciée. Les fleurs, blanc verdâtre, apparaissent groupées en ombelle au sommet d'une tige florale dressée, la deuxième année.
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Cette espèce est originaire d'Europe[1]. Elle est largement cultivée dans toutes les zones tempérées.
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C'est un légume très anciennement connu. L'empereur romain Néron fut surnommé le « porrophage » car il en consommait de grandes quantités pour s'éclaircir la voix[2],[3],[4]. Cette plante figurait parmi les plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis au Moyen Âge.
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Cette plante préfère un sol frais, profond et riche en humus. Elle est très rustique et supporte bien le froid de l'hiver.
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La multiplication se fait en deux temps :
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La récolte intervient de 5 à 7 mois après la plantation. On pratique le buttage pour augmenter la longueur de la partie blanche. Les poireaux peuvent se conserver en terre, ou en jauge abritée pour pouvoir les récolter par grands froids. Chez les maraîchers spécialisés, la récolte est mécanisée.
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S'établit à partir de septembre.
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Près de 190 variétés sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés, 26 variétés sont inscrites au Catalogue officiel français en 2014. Parmi les principales variétés cultivées actuellement en France on trouve :
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Les parasites les plus courants sont :
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La principale maladie cryptogamiques est la rouille du poireau qui provoque l’apparition de petits points de rouille dus à plusieurs espèces du genre Puccinia. Elle se développe lorsque le feuillage est humide, le choix de variétés résistantes, la rotation des cultures sont les meilleures façons de s'en prémunir[10].
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Les poireaux, dont le goût est intermédiaire entre ceux de l'oignon et de l'asperge, se consomment cuits. On peut les manger froids en vinaigrette, mais ils entrent le plus souvent dans la préparation de plats chauds : tartes, quiches, gratins; potages, pot-au-feu, potées...
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Le poireau entre aussi sous forme déshydratée dans les potages industriels.
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La production mondiale de poireaux s'élevait à 2 236 771 tonnes en 2014, le premier producteur étant l'Indonésie avec près de 520 000 tonnes annuelles, suivie de la Turquie (223 000 t) et la Belgique (190 000 t)[11].
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En 2017 la production française est de 158 273 tonnes[12]. La surface cultivée est de 4 955 hectares, soit un rendement de 31,9 tonnes à l'hectare. Les principaux départements producteurs sont la Manche, la Loire-Atlantique, le Loir-et-Cher, le Nord, l'Ain Le commerce extérieur est déficitaire ː 16 325 tonnes produites sont exportées mais 24 271 tonnes sont importées.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/4686.html.txt
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@@ -0,0 +1,153 @@
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La poire est le fruit à pépins comestible au goût doux et sucré, produit par le poirier commun (Pyrus communis L.), arbre de la famille des Rosaceae.
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Le terme de « poire » désigne aussi par extension le fruit de tout arbre du genre Pyrus[n 1]. Parmi les 68 espèces de Pyrus (The Plant List[1], 2019), assez peu sont cultivées pour leurs fruits comestibles. En dehors du poirier commun européen, cinq espèces asiatiques de poiriers sauvages auraient donné des cultivars : les trois espèces principales habituellement citées sont Pyrus pyrifolia, Pyrus bretschneideri et Pyrus ussuriensis[2],[3], alors que les cultivars secondaires viendraient de Pyrus sinkiangensis Y.T. Yu, la poire du Xinjiang[n 2],[4], Pyrus x phaeocarpa et Pyrus pashia[5], poirier cultivé en Inde du Nord, Népal, Thailand, Vietnam, et Chine méridionale (Yunnan)[6].
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Nous adoptons la terminologie des chercheurs[7],[8] qui dénomment « poires européennes » les fruits issus des cultivars de Pyrus communis et « poires asiatiques » les fruits produits par des cultivars issus d'ancêtres sauvages asiatiques, notamment Pyrus pyrifolia, Pyrus bretschneideri et Pyrus ussuriensis.
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Il existe plusieurs milliers de variétés cultivées de poiriers[9]. Le premier pays producteur mondial est la Chine, qui a produit 16,5 millions de tonnes de poires asiatiques en 2017[n 3].
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L'Union européenne, avec 2,5 millions de tonnes de pommes européennes vient en seconde position. En France la poire commune est le sixième fruit le plus consommé[10]. De forme caractéristique oblongue et ventrue à sa base[n 4], la poire européenne est généralement de couleur verte, jaune, rousse ou rouge, la très ancienne poire de Worcester étant noire. Les poires asiatiques sont souvent jaune blanchâtre et de forme suglobuleuse.
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La poire européenne se consomme le plus souvent à maturité, crue, cuite ou séchée, son jus étant utilisé tel quel et sous la forme fermentée d'un cidre nommé poiré. En Asie orientale, notamment en Chine, Japon et Corée, les poires sont utilisées comme remède populaire traditionnel pour soulager l'alcoolisme, la constipation et la toux[8].
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Son nom est issu du bas latin pira, neutre pluriel, pris pour un féminin singulier (latin classique pĭrum)[11], de même sens. L'ancien français était peire, pere resté dans les dialectes de l'ouest de la France (cf. normand pei[re]). En occitan, son nom est pera (pero) de même origine, italien pera, espagnol pera qui remontent également au latin populaire. Les langues germaniques ont emprunté l'étymon du latin vulgaire : anglais pear (renforcé par le normand), néerlandais peer, allemand Birne, forme tardive et altérée du Sud de l'Allemagne. Le mot celtique est aussi un emprunt au latin : breton per(enn), gallois peren, irlandais piorra. Le terme latin est d'origine inconnue.
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En chinois le caractère 梨 lí désigne la « poire » (ou le « poirier»). Les premières occurrences se rencontrent durant la période des Royaumes combattants (-475; -221), dans les textes confuciens comme le Classique des rites Liji ou taoïstes (Zhuangzi), etc. Le premier dictionnaire de caractère Shuowen Jiezi, rédigé au IIe siècle, indique « nom de fruit, formé de la clé mu 木 « arbre » et de la partie phonétique li 𥝤[n 5]. Ce dictionnaire donne aussi l'écriture de style sigillaire (sur sceau) mais des formes plus anciennes d'écriture ossécaille (jiaguwen) ou d'écriture sur bronze ne sont pas connues[12].
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Les poires cultivées dans le monde sont traditionnellement divisées en deux grands types géographiques, les poires européennes à chair tendre (P. communis L.) et les poires asiatiques à chair croquante (un peu comme les pommes), avec une différenciation génétique de haut niveau entre elles[13].
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Le poirier européen Pyrus communis, est la seule espèce cultivée à grande échelle en Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique et Australie. La culture commerciale des cultivars des poiriers asiatiques se pratique en Chine, Japon et Corée.
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Le fruit est pomacé, c'est-à-dire qu'il comporte à la fois une partie vrai-fruit (dérivant de l'ovaire) et une partie faux-fruit (liée à une croissance du réceptacle ou conceptacle ou piridion)[14]. Le vrai-fruit constitue ce qu'on appelle le trognon, tandis que la partie comestible dérive du réceptacle.
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Selon les latitudes la récolte des poires se fait dans les 6 mois de raccourcissement du jour (juin à décembre dans l'hémisphère nord). Les poires tardives ont été sélectionnées pour se conserver et donner des fruits crus d'hiver.
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La poire est un fruit climactérique, autrement dit son mûrissement se poursuit après sa récolte ; il peut être lent en ambiance fraîche et sombre.
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Contrairement aux poires à cuire qui se récoltent toujours avant maturité, la récolte des poires de table de pleine saison se fait à maturité. Les poires d'hiver se récoltent aussi avant maturité[15].
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Jean-Baptiste de La Quintinie (16261688), créateur du Potager du roi à Versailles, expert en arboriculture, écrit : « en matière de fruits l'expérience nous apprend trois choses : pour les fruits d'été, ils doivent être cueillis à mesure qu'ils sont mûrs… Un poirier donne pendant dix ou douze jours et ne passe jamais guère cela ».
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On reconnaît une poire mûre si elle cède de l'arbre quand la main lui donne une rotation de 90° (« règle du quart d'heure »).
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Sur les qualités d'une bonne poire de table mûre, La Quintinie poursuit : « J'aime en premier lieu celles qui ont la chair beurrée, tout au moins tendre et délicate, avec une eau douce, sucrée et de bon goût, et surtout quand il s'y rencontre un peu de parfum… en second lieu, à défaut de ces premières, j'aime celle qui ont la chair cassante avec une eau douce et sucrée et quelquefois un peu de parfum… en troisième lieu je fais véritablement cas de celles qui ont un assez grand parfum, mais dont la chair n'est pas extrêmement dure, pierreuse, et pleine de marc… ».
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Les poiriers sont très hétérozygotes en raison de leur auto-incompatibilité et de leur compatibilité interspécifique. Il existe plus de deux mille variétés de poires européennes[16], partagées selon leur usage entre poires de bouche (à manger telles quelles, crues) et poires à cuire[17] ou à fermenter.
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Les poires de table sont regroupées sous des appellations génériques telles que Beurré (chair fondante), Bon-Chrétien ou poire bergamote. On les classe actuellement par période de maturation.
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En raison de la présence de plusieurs espèces sauvages cultivées de Pyrus depuis longtemps sur le territoire chinois et d'abondantes hybridations interspécifiques, les cultivars de poiriers asiatiques ont une grande diversité génétique. Le nombre total de cultivars et variétés locales a été estimé à 3000 en Chine[19]. Des tentatives de regroupement des cultivars en groupes issus chacun d'une espèce sauvage (P. pyrifolia, P. bretshneideri, P. ussuriensis) ont conduit à de nombreuses difficultés, certains cultivars n'étant pas attribués au même ancêtre sauvage suivant les chercheurs, d'autre comme Yali (鸭梨) ayant une origine indéterminée.
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Teng et Tanabe[20] ont proposé en 2004 de reconsidérer l'origine des poires asiatiques en commençant par regrouper les cultivars en cinq groupes :
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Les quatre premiers groupes sont situés principalement en Chine et le dernier groupe se distribue au Japon. Le classement se base sur les caractères morphologiques des feuilles et des fruits.
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Les poiriers de l'Oussouri (PO) ont pour ancêtre sauvage Pyrus ussuriensis Maxim. Ce sont des fruitiers rustiques pouvant résister à des températures de −40 °C à −50 °C qui sont principalement cultivés au nord-est de la Chine. Ils donnent de petits fruits globuleux à la chair tendre à maturité, fort différents de la texture croquante des poires chinoises blanches, des poires chinoises sableuses et des poires japonaises[20]. Ils ont besoin d'un processus de post-maturation pour devenir souples et comestibles comme la poire européenne[3]. Autres cultivars : xiangshuili 香水梨, anli 安梨, suanli 酸梨, shaguoli 沙果梨, jingbaili 京白梨, yaguangli 鸭广梨[21].
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Les poires chinoises sableuses (PCS) sont cultivées en Chine centrale et méridionale, couvrant la zone du Fleuve bleu[n 6] où poussait l'espèce sauvage Pyrus pyrifolia, aujourd'hui disparue. Le nom de « sableux » vient de la texture granuleuse, pierreuse, sableuse, de la chair autour du centre, constituant le vrai-fruit (ou trognon). Autres cultivars apparentés: xiaoxiangshanli 小香山梨, mali 麻梨, balixiang 八里香, huagai 花盖 etc.[22].
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Les poires chinoises blanches (PCB) sont les plus cultivées en Chine. Avec leur peau crème clair, presque blanche et leur chair croquante, juteuse et assez parfumée, elles sont les plus appréciées des Chinois. Dans la province du Hebei, on trouve la variété yali (鸭梨) « poire-canard » (le pédoncule allongé comme une tête de canard) ainsi que mili 蜜梨, xuehuali 雪花梨, xiangyali 象牙梨, qiubaili 秋白梨 ainsi que d'autres variétés dans les provinces du Shandong et du Shanxi[23]. Leur zone de culture se trouvent entre les poires de l'Oussouri au nord et les poires chinoises sableuses PCS. Les chercheurs japonais et chinois leur ont donné des origines différentes[n 7].
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Morphologiquement, les poires japonaises (PJ) sont semblables aux poires chinoises sableuses PCS. Cependant leur origine et leur relation avec les poires sableuses sont l'objet de controverses de longues dates.
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Enfin les poires du Xinjiang, sont produites par un petit arbre de 6−8 m de haut, portant des fruits de 2,5−5 cm de diamètre, jaune-vert. Originaire du Xinjiang. Cultivée au Gansu, Qinghai, Shaanxi, elles sont cependant moins importantes sur le plan commercial que les autres.
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Pour progresser dans l'élucidation de l'origine des cultivars asiatiques, les chercheurs ont recourt depuis le début des années 2000, à des analyses génétiques. En 2018, Yue et al.[13], ont utilisé des marqueurs microsatellites et des régions de l'ADN chloroplastique pour étudier la diversité des poires asiatiques en s'appuyant sur 441 accessions[n 8] de poires de régions géographiques différentes à travers la Chine et le Japon. Ils ont basé leur analyse sur les poiriers d'Asie ayant une importance commerciale à savoir les quatre cultivars de poires chinoises blanches (PCB), de poires chinoises sableuses (PCS), les poires de l'Oussouri (PO) et les poires japonaises (JP) (le groupe des cultivars des poiriers du Xinjiang ne sont pas pris en compte).
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Les analyses génétiques des populations géographiques ont révélé que les niveaux de diversité génétique dans les populations au sud du fleuve Yangtsé (cultivars PCS) étaient généralement plus élevées que celles des populations au nord du fleuve Yangtsé (PCB) et des poiriers japonais (PJ).
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Le groupe japonais PJ partage une certaine identité avec les cultivars de poiriers chinois des provinces côtières du Zhejiang et du Fujian. En effet, le groupe d'assignation génétique K-4.1 (pour les nSSR, microsatellites) contient presque tous les génotypes JP et trois cultivars du Zhejiang et un du Fujian. En raison des affinités génétiques des PJ avec les cultivars de poires de Zhejiang, basées sur de multiples marqueurs d'ADN, les chercheurs ont proposé que cette province chinoise soit à l'origine des cultivars des poires japonaises PJ[24].
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D'après leurs analyses phylogéographiques, les trois groupes de poires asiatiques principaux (PCS, PCB, PJ) dérivent d'un même progéniteur de Pyrus pyrifolia sauvage en Chine, arbre à gros fruits, ayant cinq carpelles et une peau rousse, jaune ou vert, lisse. Cependant, aucune population de P. pyrifolia sauvage n'existe encore en Chine ou au Japon, résultant probablement de la destruction de l'habitat et de la surexploitation des terres.
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Une voie de dissémination des P. pyrifolia cultivés a suggéré que ce cultivar de la vallée du milieu du Yangtsé a contribué aux principales ressources génétiques des cultivars, à l'exception de celles du sud-ouest de la Chine.
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L'ancienne attribution des poires blanches de Chine (PCB) à P. x bretschneideri Rehder[20] qui avait été rejetée par de nombreux chercheurs en raison des différences morphologiques[3] voit ce rejet confirmer par des considérations génétiques.
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En ce qui concerne les poires de l'Oussouri, PO, elles sont généralement considérées comme dérivées des P. ussuriensis sauvages du nord-est de la Chine. Mais les auteurs (Yue et al.) avancent l'hypothèse que PO auraient pour parent paternel les P. ussuriensis sauvages et parent maternel des cultivars de P. pyrifolia, croisés pour améliorer la qualité des fruits.
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Les domestications des poires asiatiques et européennes se sont déroulées de manière indépendante. La domestication du poirier suppose que la technique de greffage soit bien maîtrisée. Par expérience, les arboriculteurs ont en effet appris que la meilleure manière de multiplier un poirier intéressant, était d'en greffer un rameau, alors qu'en semant ses graines ont pouvait retourner à l'état sauvage ou produire des fruits de piètre qualité.
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La poire commune produite par Pyrus communis L., a été domestiquée dans une vaste région couvrant l'Europe tempérée et le Caucase, à partir d'espèces sauvages (P. pyraster en Europe et P. caucasica en Asie de l'Ouest). Les écrits grecs du VIIIe siècle avant notre ère, mentionnent des « poirier cultivé », ὄγχνη, ónkhnê : Homère dans l'Odyssée parle des jardins bien soignés d'Alcinos et Läerte où poiriers, oliviers, figuiers et vignes sont bien entretenus[25]. Le premier botaniste, Théophraste (-372; -288), dans Recherches sur les plantes[26], distinguait les poiriers cultivés (apios ou ónkhnê) des poiriers sauvages (akhras) et donnait les techniques de greffage en fente et en écusson pour multiplier les arbres fruitiers cultivés. La culture de la poire s'est par la suite largement diffusée sous l'Empire romain et a atteint la France à cette époque[9]. Les poiriers parviennent en Amérique du Nord dès le XVIe siècle, avec les premiers immigrants (les variétés les plus cultivées étant la Bartlett et l'Anjou)[27]. La poire est actuellement très largement cultivée en Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique, Australie et Nouvelle Zélande.
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La tradition rapporte que les souverains venant se faire sacrer dans la Cathédrale Notre-Dame de Reims, recevaient en cadeau une poire et une coupe de champagne. Charles X en dégusta également lors de son sacre en 1825 tandis que le maire de Reims lui disait : « Nous vous offrons ce que nous avons de meilleur : nos vins, nos poires et nos cœurs. »
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Des informations supplémentaires se trouvent dans Poirier#Ancêtres sauvages.
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D'après Richard Bell et Akihiro Itai[5], Zohary et al.[2], Simmonds et al.[8] et Wu et al.[4], les espèces cultivées chinoises sont issues des ancêtres sauvages suivants:
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Mais la grande vari��té génétique des poiriers chinois cultivés tient probablement aussi à son enrichissement par hybridation et introgressions, de beaucoup d'espèces de poiriers sauvages qui sont interfertiles et croissent dans la même zone.
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Le plus ancien texte chinois, le Classique des vers[29] (诗经, shijing), est une anthologie de poèmes composés entre le xie au ve siècle av. J.-C. provenant de la Plaine centrale. Plusieurs poèmes mentionnent de petits arbres fruitiers apparentés aux poiriers nommés par les caractères 檖 sui, 杜 du ou 棠 tang mais jamais par le caractère actuel 梨 li qui n’apparaîtra dans les textes que plus tard (à la période des Royaumes combattants). Pour Geng Xuan (1974)[30], le poirier sui[n 10] (檖[31] caractère de chinois classique disparu) serait un petit poirier sauvage que Geng Xuan identifie à Pyrus calleryana (portant une petite pomme sphérique très dure, de 1 cm de diamètre, astringente). Les poèmes 119 et 169 mentionnent 杜 dù qui pourrait être Pyrus pyrifolia, ou bien identique à 甘棠 gāntáng (d'après certains dictionnaires[32]) portant de fruits sphériques, mais le contexte ne permet pas de savoir si le poirier est sauvage ou cultivé[n 11]. Le dernier 棠 tang apparaît dans 甘棠 gāntáng (poème 16) qui pourrait être Pyrus betulifolia[33], donnant de petits fruits sphériques roux. Les gantang servent de porte-greffe aux poiriers cultivés.
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Tous ces termes chinois désignent de petits poiriers sauvages, aux fruits sphériques de petite taille, sans qu'on sache véritablement mettre un nom d'espèce dessus.
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Ces indications restent trop incertaines pour nous éclairer sur quel arbre fruitier a été domestiqué, quand et où.
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Le Qi Min Yao Shu, un ancien livre d'agronomie écrit par Jia Sixie en 533-544, mentionne 17 cultivars de poiriers, selon Teng et Tanabe[20].
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La technique de greffage est connue en Chine depuis l'Antiquité. La première description précise de cette technique provient de Fan Shengzhi 氾勝之, un eunuque au service de Cheng Di, l'empereur des Han occidentaux, qui régna de -32 à -7[30]. Elle concerne la fusion de tiges de gourde entre elles. La seconde attestation datant du IIe siècle est fournie par le Shuowen Jiezi, un dictionnaire de caractère qui à l'entrée jie 椄 indique « joindre des arbres » ce qui a été interprétée comme « greffer ». Jusqu'au VIe siècle, il y a relativement peu de référence au greffage (Métaillé[30]). Il y a une attestation intéressante d'un poème de Sou Xin 廋信 (502-557) intitulé feng li shi 奉梨诗, qui indique que les poiriers de la variété han xiao, après greffage 接枝 jiezhi, donnent des poires plus parfumées.
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Une variété anglaise de pommier commun d'Europe P. communis a été introduite en Chine en 1871 (à Yantai au Shandong) par un missionnaire américain. Elle a reçu le nom de bali 巴梨 ou xiyang li 西洋梨 (zh) «poire occidentale ». Elle est cultivée principalement dans les péninsules du Shandong et du Liaodong[34], autour du golfe de Bohai..
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Selon les statistiques de la FAO[35], les principaux pays producteurs de poires sont:
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Les catégories statistiques de la FAO agrègent toutes les espèces cultivées comestibles de Pyrus.
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L'Italie a été jusqu'en 1976, la première productrice mondiale de poires, année où la Chine l'a dépassé. Entre 1993 et 2014, la production chinoise a connu une progression fulgurante (en 22 années, la production a été multipliée par 20). Elle s'est par la suite un peu tassée, mais reste très loin au-dessus de tout le monde (avec 66 % de la production mondiale en 2017). La production chinoise commerciale s'appuie sur quatre classes de cultivars de poires asiatiques: les poires chinoises blanches les plus importantes, puis les poires chinoises sableuses et les poires de l'Oussouri. La production se situe principalement dans les quatre provinces suivantes: Anhui 安徽, Hebei 河北, Shandong 山东, Liaoning 辽宁[36]. La variété Dangshansuli (砀山酥梨) de P. bretschneideri est la poire asiatique la plus importante au monde sur le plan commercial. Cultivée depuis plus de 500 ans, sa production annuelle est de 4 millions de tonnes[37].
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Par la suite, l'Italie est restée en seconde position jusqu'en 1989, année à partir de laquelle les États-Unis l'ont rattrapé. Depuis les deux pays sont au coude à coude, alternant en tête suivant les récoltes.
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L'Argentine qui était en quatrième position, a dépassé les États-Unis et l'Italie en 2012.
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L'Union européenne en a produit 2,4 millions de tonnes en 2017, principalement en Italie suivie de l'Espagne puis de la Belgique. En 2017, la France en a produit 118 419 tonnes, essentiellement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Hautes-Alpes, Drôme, 50 % de la production française), en région Rhône-Alpes (17 %) et dans le Centre (Val-de-Loire (Loiret), 7 %)[38]. Elle est aussi cultivée dans le Sud-Ouest (Lot-et-Garonne) et dans le Nord (Aisne)[16].
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Les contraintes de la distribution moderne ont limité à une dizaine les variétés de grande culture. Dans ce cadre, les poires dont la chair est tendre à maturité, sont la plupart du temps transportées soit dans des plateaux de carton alvéolés, soit dans un conditionnement de type isomo car le carton tend à altérer le goût de ces fruits. Le standard commercial est un fruit pesant environ 120 grammes et dont la couleur varie du vert au jaune[17],[38].
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La poire est le sixième fruit le plus consommé en France, avec 5,0 kg par an et par ménage acheteur[10],[38]. L'ordre est pommes, bananes, oranges, clémentines, pêches, poires.
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On distingue les poires de bouche, les poires à cuire et les poires à cidre. Les poires de bouche sont les plus fréquentes sur les étals.
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Quand elle est mûre à point, elle peut être mangée en l'état, avec ou sans sa peau.
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Le dessert composé d'une poire au sirop, d'une boule de glace à la vanille, de chantilly et de chocolat chaud est appelé « Poire Belle Hélène ». On peut en faire des compotes, charlottes, mousses et bavarois[18].
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Le jus de poire fermenté donne une boisson légèrement alcoolisée appelée poiré.
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Les poires peuvent également être utilisées pour produire de l'eau-de-vie. La plus connue d'entre elles s'obtient à base de la poire Williams l'alcool produit est appelé communément Williamine ou familièrement poire. La bouteille de Williamine contient le plus souvent une poire en son centre. Pour ce faire, les producteurs introduisent les jeunes pousses de poires encore accrochées au poirier dans des bouteilles qu'ils suspendent aux branches. En grandissant, la poire devient impossible à ressortir. L'espace restant est rempli de Williamine.
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Elles peuvent être séchées pour être consommées en période de basse production ou pour des préparations culinaires particulières. Il faut 3 à 4 kg de poires fraîches, cueillies légèrement avant maturité, pelées (en gardant le pédoncule), soufrées, séchées et pressées, pour obtenir un kilo de poires séchées.
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En France le séchage des poires est peu fréquent ; le cas échéant les variétés Curé, Virgouleuse, Sarrazin et d'autres donnent de bons résultats. Voir aussi la poire tapée.
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Le séchage est beaucoup plus répandu en Suisse notamment pour les variétés Langbirne ou d'Etrangle.
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En Europe les poires séchées sont produites de façon industrielle au Tyrol, en Styrie, en Istrie, en Illyrie, en Bohême, en Moravie, dans le Wurtemberg... qui fournissent au-delà de la Baltique. On utilise de préférence des variétés à long pédoncule (Rousselet, Beurré d'Angleterre en Suisse ; Rousselet, Verte-longue, Spitzbirne, Glasbirne sur les bords du Rhin). Une poire de qualité moyenne, la Bougeotte, est produite sur les bords de la Saône et expédiée en Franche-Comté pour la sécher.
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Dans la région de Basse-Engadine en Suisse, les poires séchées sont un ingrédient essentiel du pain de Scuol, dit « pan grond »[39].
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La poire pelée a des propriétés antidiarrhétiques[18].
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Les poires et les feuilles de poirier ont des propriétés diurétiques. On fait infuser pendant 20 minutes, 100 g de jeunes feuilles pour un litre d'eau bouillante; on peut ajouter dans la préparation une poire finement divisée.
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La composition nutritionnelle de la poire européenne Pyrus communis est donnée dans le tableau ci-contre tiré de la base Ciqual[40].
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Avec 55 kcal pour 100 g[18], la poire est un fruit assez peu énergétique car il est comporte 83 % d'eau.
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Ses teneurs en glucide de 10,9 g/100g et en fibres de 2,9 g/100g sont proches des teneurs moyennes des fruits. La teneur en glucide peut varier de 10 à 14 g/100g car elle dépend des variétés, des conditions climatiques et du degré de maturité. Le fructose est le constituent principal des glucides (70 %) suivis par de plus petites quantités de glucose et saccharose[41]. La poire contient aussi un polyol avec un fort pouvoir sucrant, le sorbitol, au taux de 1,89 g/100g[40]. Si durant la dernière partie de la croissance, le poirier connait une pénurie d'eau, la teneur de ses fruits en fructose, glucose et sorbitol augmentera[42]. Comparées aux pommes, les poires ont des teneurs supérieures en fructose et sorbitol[41]. Et comparées aux poires asiatiques très riches en eau, les poires européennes apportent plus de sucres et donc de calories[8].
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Les fibres alimentaires de la poire sont constituées 71 % de fibres insolubles (celluloses, hémicelluloses, et lignine à l'état de traces) et de 29 % de fibres solubles (pectines)[41].
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Les acides organiques comme l'acide malique et l'acide citrique sont présents à raison de 0,3 g/100g et donnent à la poire sa légère saveur acidulée. La variété 'William Bon Chrétien' contient plus d'acide citrique que d'acide malique, alors que 'Concorde', 'Conférence' ne présentent pas de trace d'acide citrique[43].
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Elle est riche en vitamine C (surtout située dans la peau) et vitamine B9 (avec plus de 5 % des Valeurs nutritionnelles de référence).
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En ce qui concerne les minéraux, la poire est riche en cuivre et potassium.
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D'après les données de la base Phenol-Explorer[44], la poire contient les composés phénoliques suivants:
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Dans une étude de la composition phénolique de 19 cultivars de poire menée par Brahem etal.[45], il a été trouvé cinq classes de composés phénoliques: des flavan-3-ols, flavonols, acides phénoliques, anthocyanes et hydroquinones. La teneur totale en phénols varie entre 10 mg/100g de poids frais (FW) (pour le cultivar «Conférence») et 860 mg/100g de FW (pour le cultivar «Plant De Blanc») dans la chair et entre 160 mg/100g de FW (cultivar «William vert») et 4 040 mg/100g FW (cultivar «Arbi Chiheb») dans la peau. Les poires de bouches tunisiennes et les poires à poiré françaises sont les plus riches en procyanidines avec un très haut degré de polymérisation pour les poires tunisiennes.
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La mesure de l'activité antioxydante de la pulpe et de la peau de poires du cultivar S. Giovanni (Pyrus communis) sur cinq accessions a donné les valeurs moyennes suivantes[46]:
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On constate que l'activité antioxydante est plus de 5 fois supérieure dans la peau que dans la pulpe. En outre, il y a une relation directe entre la teneur totale en composés phénoliques et l'activité antioxydante totale dans les extraits phytochimiques de la peau et de la pulpe.
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L'analyse compositionnelle de la poire asiatique est proche de celle de la poire européenne. Nous prenons le cas de la poire japonaise d'après les données USDA[47].
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Il apparait en premier une teneur en eau plus élevée: 88,25 % contre 83,5 % pour la poire européenne.
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Par contre les teneurs en glucide (10,65 g/100g), en protéines (0,5 g/100g) et en lipides (0,23 g/100g) sont des mêmes ordres de grandeurs.
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Les micronutriments sont aussi à des teneurs proches.
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Chez la poire nashi, les principaux composés phénoliques sont les pectines (0,9 %) l'arbutine, et l'acide chlorogénique[48].
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La poire est le fruit à pépins comestible au goût doux et sucré, produit par le poirier commun (Pyrus communis L.), arbre de la famille des Rosaceae.
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Le terme de « poire » désigne aussi par extension le fruit de tout arbre du genre Pyrus[n 1]. Parmi les 68 espèces de Pyrus (The Plant List[1], 2019), assez peu sont cultivées pour leurs fruits comestibles. En dehors du poirier commun européen, cinq espèces asiatiques de poiriers sauvages auraient donné des cultivars : les trois espèces principales habituellement citées sont Pyrus pyrifolia, Pyrus bretschneideri et Pyrus ussuriensis[2],[3], alors que les cultivars secondaires viendraient de Pyrus sinkiangensis Y.T. Yu, la poire du Xinjiang[n 2],[4], Pyrus x phaeocarpa et Pyrus pashia[5], poirier cultivé en Inde du Nord, Népal, Thailand, Vietnam, et Chine méridionale (Yunnan)[6].
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Nous adoptons la terminologie des chercheurs[7],[8] qui dénomment « poires européennes » les fruits issus des cultivars de Pyrus communis et « poires asiatiques » les fruits produits par des cultivars issus d'ancêtres sauvages asiatiques, notamment Pyrus pyrifolia, Pyrus bretschneideri et Pyrus ussuriensis.
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Il existe plusieurs milliers de variétés cultivées de poiriers[9]. Le premier pays producteur mondial est la Chine, qui a produit 16,5 millions de tonnes de poires asiatiques en 2017[n 3].
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L'Union européenne, avec 2,5 millions de tonnes de pommes européennes vient en seconde position. En France la poire commune est le sixième fruit le plus consommé[10]. De forme caractéristique oblongue et ventrue à sa base[n 4], la poire européenne est généralement de couleur verte, jaune, rousse ou rouge, la très ancienne poire de Worcester étant noire. Les poires asiatiques sont souvent jaune blanchâtre et de forme suglobuleuse.
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La poire européenne se consomme le plus souvent à maturité, crue, cuite ou séchée, son jus étant utilisé tel quel et sous la forme fermentée d'un cidre nommé poiré. En Asie orientale, notamment en Chine, Japon et Corée, les poires sont utilisées comme remède populaire traditionnel pour soulager l'alcoolisme, la constipation et la toux[8].
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Son nom est issu du bas latin pira, neutre pluriel, pris pour un féminin singulier (latin classique pĭrum)[11], de même sens. L'ancien français était peire, pere resté dans les dialectes de l'ouest de la France (cf. normand pei[re]). En occitan, son nom est pera (pero) de même origine, italien pera, espagnol pera qui remontent également au latin populaire. Les langues germaniques ont emprunté l'étymon du latin vulgaire : anglais pear (renforcé par le normand), néerlandais peer, allemand Birne, forme tardive et altérée du Sud de l'Allemagne. Le mot celtique est aussi un emprunt au latin : breton per(enn), gallois peren, irlandais piorra. Le terme latin est d'origine inconnue.
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En chinois le caractère 梨 lí désigne la « poire » (ou le « poirier»). Les premières occurrences se rencontrent durant la période des Royaumes combattants (-475; -221), dans les textes confuciens comme le Classique des rites Liji ou taoïstes (Zhuangzi), etc. Le premier dictionnaire de caractère Shuowen Jiezi, rédigé au IIe siècle, indique « nom de fruit, formé de la clé mu 木 « arbre » et de la partie phonétique li 𥝤[n 5]. Ce dictionnaire donne aussi l'écriture de style sigillaire (sur sceau) mais des formes plus anciennes d'écriture ossécaille (jiaguwen) ou d'écriture sur bronze ne sont pas connues[12].
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Les poires cultivées dans le monde sont traditionnellement divisées en deux grands types géographiques, les poires européennes à chair tendre (P. communis L.) et les poires asiatiques à chair croquante (un peu comme les pommes), avec une différenciation génétique de haut niveau entre elles[13].
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Le poirier européen Pyrus communis, est la seule espèce cultivée à grande échelle en Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique et Australie. La culture commerciale des cultivars des poiriers asiatiques se pratique en Chine, Japon et Corée.
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Le fruit est pomacé, c'est-à-dire qu'il comporte à la fois une partie vrai-fruit (dérivant de l'ovaire) et une partie faux-fruit (liée à une croissance du réceptacle ou conceptacle ou piridion)[14]. Le vrai-fruit constitue ce qu'on appelle le trognon, tandis que la partie comestible dérive du réceptacle.
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Selon les latitudes la récolte des poires se fait dans les 6 mois de raccourcissement du jour (juin à décembre dans l'hémisphère nord). Les poires tardives ont été sélectionnées pour se conserver et donner des fruits crus d'hiver.
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La poire est un fruit climactérique, autrement dit son mûrissement se poursuit après sa récolte ; il peut être lent en ambiance fraîche et sombre.
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Contrairement aux poires à cuire qui se récoltent toujours avant maturité, la récolte des poires de table de pleine saison se fait à maturité. Les poires d'hiver se récoltent aussi avant maturité[15].
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Jean-Baptiste de La Quintinie (16261688), créateur du Potager du roi à Versailles, expert en arboriculture, écrit : « en matière de fruits l'expérience nous apprend trois choses : pour les fruits d'été, ils doivent être cueillis à mesure qu'ils sont mûrs… Un poirier donne pendant dix ou douze jours et ne passe jamais guère cela ».
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On reconnaît une poire mûre si elle cède de l'arbre quand la main lui donne une rotation de 90° (« règle du quart d'heure »).
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Sur les qualités d'une bonne poire de table mûre, La Quintinie poursuit : « J'aime en premier lieu celles qui ont la chair beurrée, tout au moins tendre et délicate, avec une eau douce, sucrée et de bon goût, et surtout quand il s'y rencontre un peu de parfum… en second lieu, à défaut de ces premières, j'aime celle qui ont la chair cassante avec une eau douce et sucrée et quelquefois un peu de parfum… en troisième lieu je fais véritablement cas de celles qui ont un assez grand parfum, mais dont la chair n'est pas extrêmement dure, pierreuse, et pleine de marc… ».
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Les poiriers sont très hétérozygotes en raison de leur auto-incompatibilité et de leur compatibilité interspécifique. Il existe plus de deux mille variétés de poires européennes[16], partagées selon leur usage entre poires de bouche (à manger telles quelles, crues) et poires à cuire[17] ou à fermenter.
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Les poires de table sont regroupées sous des appellations génériques telles que Beurré (chair fondante), Bon-Chrétien ou poire bergamote. On les classe actuellement par période de maturation.
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En raison de la présence de plusieurs espèces sauvages cultivées de Pyrus depuis longtemps sur le territoire chinois et d'abondantes hybridations interspécifiques, les cultivars de poiriers asiatiques ont une grande diversité génétique. Le nombre total de cultivars et variétés locales a été estimé à 3000 en Chine[19]. Des tentatives de regroupement des cultivars en groupes issus chacun d'une espèce sauvage (P. pyrifolia, P. bretshneideri, P. ussuriensis) ont conduit à de nombreuses difficultés, certains cultivars n'étant pas attribués au même ancêtre sauvage suivant les chercheurs, d'autre comme Yali (鸭梨) ayant une origine indéterminée.
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Teng et Tanabe[20] ont proposé en 2004 de reconsidérer l'origine des poires asiatiques en commençant par regrouper les cultivars en cinq groupes :
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Les quatre premiers groupes sont situés principalement en Chine et le dernier groupe se distribue au Japon. Le classement se base sur les caractères morphologiques des feuilles et des fruits.
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Les poiriers de l'Oussouri (PO) ont pour ancêtre sauvage Pyrus ussuriensis Maxim. Ce sont des fruitiers rustiques pouvant résister à des températures de −40 °C à −50 °C qui sont principalement cultivés au nord-est de la Chine. Ils donnent de petits fruits globuleux à la chair tendre à maturité, fort différents de la texture croquante des poires chinoises blanches, des poires chinoises sableuses et des poires japonaises[20]. Ils ont besoin d'un processus de post-maturation pour devenir souples et comestibles comme la poire européenne[3]. Autres cultivars : xiangshuili 香水梨, anli 安梨, suanli 酸梨, shaguoli 沙果梨, jingbaili 京白梨, yaguangli 鸭广梨[21].
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Les poires chinoises sableuses (PCS) sont cultivées en Chine centrale et méridionale, couvrant la zone du Fleuve bleu[n 6] où poussait l'espèce sauvage Pyrus pyrifolia, aujourd'hui disparue. Le nom de « sableux » vient de la texture granuleuse, pierreuse, sableuse, de la chair autour du centre, constituant le vrai-fruit (ou trognon). Autres cultivars apparentés: xiaoxiangshanli 小香山梨, mali 麻梨, balixiang 八里香, huagai 花盖 etc.[22].
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Les poires chinoises blanches (PCB) sont les plus cultivées en Chine. Avec leur peau crème clair, presque blanche et leur chair croquante, juteuse et assez parfumée, elles sont les plus appréciées des Chinois. Dans la province du Hebei, on trouve la variété yali (鸭梨) « poire-canard » (le pédoncule allongé comme une tête de canard) ainsi que mili 蜜梨, xuehuali 雪花梨, xiangyali 象牙梨, qiubaili 秋白梨 ainsi que d'autres variétés dans les provinces du Shandong et du Shanxi[23]. Leur zone de culture se trouvent entre les poires de l'Oussouri au nord et les poires chinoises sableuses PCS. Les chercheurs japonais et chinois leur ont donné des origines différentes[n 7].
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Morphologiquement, les poires japonaises (PJ) sont semblables aux poires chinoises sableuses PCS. Cependant leur origine et leur relation avec les poires sableuses sont l'objet de controverses de longues dates.
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Enfin les poires du Xinjiang, sont produites par un petit arbre de 6−8 m de haut, portant des fruits de 2,5−5 cm de diamètre, jaune-vert. Originaire du Xinjiang. Cultivée au Gansu, Qinghai, Shaanxi, elles sont cependant moins importantes sur le plan commercial que les autres.
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Pour progresser dans l'élucidation de l'origine des cultivars asiatiques, les chercheurs ont recourt depuis le début des années 2000, à des analyses génétiques. En 2018, Yue et al.[13], ont utilisé des marqueurs microsatellites et des régions de l'ADN chloroplastique pour étudier la diversité des poires asiatiques en s'appuyant sur 441 accessions[n 8] de poires de régions géographiques différentes à travers la Chine et le Japon. Ils ont basé leur analyse sur les poiriers d'Asie ayant une importance commerciale à savoir les quatre cultivars de poires chinoises blanches (PCB), de poires chinoises sableuses (PCS), les poires de l'Oussouri (PO) et les poires japonaises (JP) (le groupe des cultivars des poiriers du Xinjiang ne sont pas pris en compte).
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Les analyses génétiques des populations géographiques ont révélé que les niveaux de diversité génétique dans les populations au sud du fleuve Yangtsé (cultivars PCS) étaient généralement plus élevées que celles des populations au nord du fleuve Yangtsé (PCB) et des poiriers japonais (PJ).
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Le groupe japonais PJ partage une certaine identité avec les cultivars de poiriers chinois des provinces côtières du Zhejiang et du Fujian. En effet, le groupe d'assignation génétique K-4.1 (pour les nSSR, microsatellites) contient presque tous les génotypes JP et trois cultivars du Zhejiang et un du Fujian. En raison des affinités génétiques des PJ avec les cultivars de poires de Zhejiang, basées sur de multiples marqueurs d'ADN, les chercheurs ont proposé que cette province chinoise soit à l'origine des cultivars des poires japonaises PJ[24].
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D'après leurs analyses phylogéographiques, les trois groupes de poires asiatiques principaux (PCS, PCB, PJ) dérivent d'un même progéniteur de Pyrus pyrifolia sauvage en Chine, arbre à gros fruits, ayant cinq carpelles et une peau rousse, jaune ou vert, lisse. Cependant, aucune population de P. pyrifolia sauvage n'existe encore en Chine ou au Japon, résultant probablement de la destruction de l'habitat et de la surexploitation des terres.
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Une voie de dissémination des P. pyrifolia cultivés a suggéré que ce cultivar de la vallée du milieu du Yangtsé a contribué aux principales ressources génétiques des cultivars, à l'exception de celles du sud-ouest de la Chine.
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L'ancienne attribution des poires blanches de Chine (PCB) à P. x bretschneideri Rehder[20] qui avait été rejetée par de nombreux chercheurs en raison des différences morphologiques[3] voit ce rejet confirmer par des considérations génétiques.
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En ce qui concerne les poires de l'Oussouri, PO, elles sont généralement considérées comme dérivées des P. ussuriensis sauvages du nord-est de la Chine. Mais les auteurs (Yue et al.) avancent l'hypothèse que PO auraient pour parent paternel les P. ussuriensis sauvages et parent maternel des cultivars de P. pyrifolia, croisés pour améliorer la qualité des fruits.
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Les domestications des poires asiatiques et européennes se sont déroulées de manière indépendante. La domestication du poirier suppose que la technique de greffage soit bien maîtrisée. Par expérience, les arboriculteurs ont en effet appris que la meilleure manière de multiplier un poirier intéressant, était d'en greffer un rameau, alors qu'en semant ses graines ont pouvait retourner à l'état sauvage ou produire des fruits de piètre qualité.
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La poire commune produite par Pyrus communis L., a été domestiquée dans une vaste région couvrant l'Europe tempérée et le Caucase, à partir d'espèces sauvages (P. pyraster en Europe et P. caucasica en Asie de l'Ouest). Les écrits grecs du VIIIe siècle avant notre ère, mentionnent des « poirier cultivé », ὄγχνη, ónkhnê : Homère dans l'Odyssée parle des jardins bien soignés d'Alcinos et Läerte où poiriers, oliviers, figuiers et vignes sont bien entretenus[25]. Le premier botaniste, Théophraste (-372; -288), dans Recherches sur les plantes[26], distinguait les poiriers cultivés (apios ou ónkhnê) des poiriers sauvages (akhras) et donnait les techniques de greffage en fente et en écusson pour multiplier les arbres fruitiers cultivés. La culture de la poire s'est par la suite largement diffusée sous l'Empire romain et a atteint la France à cette époque[9]. Les poiriers parviennent en Amérique du Nord dès le XVIe siècle, avec les premiers immigrants (les variétés les plus cultivées étant la Bartlett et l'Anjou)[27]. La poire est actuellement très largement cultivée en Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique, Australie et Nouvelle Zélande.
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La tradition rapporte que les souverains venant se faire sacrer dans la Cathédrale Notre-Dame de Reims, recevaient en cadeau une poire et une coupe de champagne. Charles X en dégusta également lors de son sacre en 1825 tandis que le maire de Reims lui disait : « Nous vous offrons ce que nous avons de meilleur : nos vins, nos poires et nos cœurs. »
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Des informations supplémentaires se trouvent dans Poirier#Ancêtres sauvages.
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D'après Richard Bell et Akihiro Itai[5], Zohary et al.[2], Simmonds et al.[8] et Wu et al.[4], les espèces cultivées chinoises sont issues des ancêtres sauvages suivants:
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Mais la grande vari��té génétique des poiriers chinois cultivés tient probablement aussi à son enrichissement par hybridation et introgressions, de beaucoup d'espèces de poiriers sauvages qui sont interfertiles et croissent dans la même zone.
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Le plus ancien texte chinois, le Classique des vers[29] (诗经, shijing), est une anthologie de poèmes composés entre le xie au ve siècle av. J.-C. provenant de la Plaine centrale. Plusieurs poèmes mentionnent de petits arbres fruitiers apparentés aux poiriers nommés par les caractères 檖 sui, 杜 du ou 棠 tang mais jamais par le caractère actuel 梨 li qui n’apparaîtra dans les textes que plus tard (à la période des Royaumes combattants). Pour Geng Xuan (1974)[30], le poirier sui[n 10] (檖[31] caractère de chinois classique disparu) serait un petit poirier sauvage que Geng Xuan identifie à Pyrus calleryana (portant une petite pomme sphérique très dure, de 1 cm de diamètre, astringente). Les poèmes 119 et 169 mentionnent 杜 dù qui pourrait être Pyrus pyrifolia, ou bien identique à 甘棠 gāntáng (d'après certains dictionnaires[32]) portant de fruits sphériques, mais le contexte ne permet pas de savoir si le poirier est sauvage ou cultivé[n 11]. Le dernier 棠 tang apparaît dans 甘棠 gāntáng (poème 16) qui pourrait être Pyrus betulifolia[33], donnant de petits fruits sphériques roux. Les gantang servent de porte-greffe aux poiriers cultivés.
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Tous ces termes chinois désignent de petits poiriers sauvages, aux fruits sphériques de petite taille, sans qu'on sache véritablement mettre un nom d'espèce dessus.
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Ces indications restent trop incertaines pour nous éclairer sur quel arbre fruitier a été domestiqué, quand et où.
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Le Qi Min Yao Shu, un ancien livre d'agronomie écrit par Jia Sixie en 533-544, mentionne 17 cultivars de poiriers, selon Teng et Tanabe[20].
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La technique de greffage est connue en Chine depuis l'Antiquité. La première description précise de cette technique provient de Fan Shengzhi 氾勝之, un eunuque au service de Cheng Di, l'empereur des Han occidentaux, qui régna de -32 à -7[30]. Elle concerne la fusion de tiges de gourde entre elles. La seconde attestation datant du IIe siècle est fournie par le Shuowen Jiezi, un dictionnaire de caractère qui à l'entrée jie 椄 indique « joindre des arbres » ce qui a été interprétée comme « greffer ». Jusqu'au VIe siècle, il y a relativement peu de référence au greffage (Métaillé[30]). Il y a une attestation intéressante d'un poème de Sou Xin 廋信 (502-557) intitulé feng li shi 奉梨诗, qui indique que les poiriers de la variété han xiao, après greffage 接枝 jiezhi, donnent des poires plus parfumées.
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Une variété anglaise de pommier commun d'Europe P. communis a été introduite en Chine en 1871 (à Yantai au Shandong) par un missionnaire américain. Elle a reçu le nom de bali 巴梨 ou xiyang li 西洋梨 (zh) «poire occidentale ». Elle est cultivée principalement dans les péninsules du Shandong et du Liaodong[34], autour du golfe de Bohai..
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Selon les statistiques de la FAO[35], les principaux pays producteurs de poires sont:
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Les catégories statistiques de la FAO agrègent toutes les espèces cultivées comestibles de Pyrus.
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L'Italie a été jusqu'en 1976, la première productrice mondiale de poires, année où la Chine l'a dépassé. Entre 1993 et 2014, la production chinoise a connu une progression fulgurante (en 22 années, la production a été multipliée par 20). Elle s'est par la suite un peu tassée, mais reste très loin au-dessus de tout le monde (avec 66 % de la production mondiale en 2017). La production chinoise commerciale s'appuie sur quatre classes de cultivars de poires asiatiques: les poires chinoises blanches les plus importantes, puis les poires chinoises sableuses et les poires de l'Oussouri. La production se situe principalement dans les quatre provinces suivantes: Anhui 安徽, Hebei 河北, Shandong 山东, Liaoning 辽宁[36]. La variété Dangshansuli (砀山酥梨) de P. bretschneideri est la poire asiatique la plus importante au monde sur le plan commercial. Cultivée depuis plus de 500 ans, sa production annuelle est de 4 millions de tonnes[37].
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Par la suite, l'Italie est restée en seconde position jusqu'en 1989, année à partir de laquelle les États-Unis l'ont rattrapé. Depuis les deux pays sont au coude à coude, alternant en tête suivant les récoltes.
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L'Argentine qui était en quatrième position, a dépassé les États-Unis et l'Italie en 2012.
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L'Union européenne en a produit 2,4 millions de tonnes en 2017, principalement en Italie suivie de l'Espagne puis de la Belgique. En 2017, la France en a produit 118 419 tonnes, essentiellement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Hautes-Alpes, Drôme, 50 % de la production française), en région Rhône-Alpes (17 %) et dans le Centre (Val-de-Loire (Loiret), 7 %)[38]. Elle est aussi cultivée dans le Sud-Ouest (Lot-et-Garonne) et dans le Nord (Aisne)[16].
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Les contraintes de la distribution moderne ont limité à une dizaine les variétés de grande culture. Dans ce cadre, les poires dont la chair est tendre à maturité, sont la plupart du temps transportées soit dans des plateaux de carton alvéolés, soit dans un conditionnement de type isomo car le carton tend à altérer le goût de ces fruits. Le standard commercial est un fruit pesant environ 120 grammes et dont la couleur varie du vert au jaune[17],[38].
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La poire est le sixième fruit le plus consommé en France, avec 5,0 kg par an et par ménage acheteur[10],[38]. L'ordre est pommes, bananes, oranges, clémentines, pêches, poires.
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On distingue les poires de bouche, les poires à cuire et les poires à cidre. Les poires de bouche sont les plus fréquentes sur les étals.
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Quand elle est mûre à point, elle peut être mangée en l'état, avec ou sans sa peau.
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Le dessert composé d'une poire au sirop, d'une boule de glace à la vanille, de chantilly et de chocolat chaud est appelé « Poire Belle Hélène ». On peut en faire des compotes, charlottes, mousses et bavarois[18].
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Le jus de poire fermenté donne une boisson légèrement alcoolisée appelée poiré.
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Les poires peuvent également être utilisées pour produire de l'eau-de-vie. La plus connue d'entre elles s'obtient à base de la poire Williams l'alcool produit est appelé communément Williamine ou familièrement poire. La bouteille de Williamine contient le plus souvent une poire en son centre. Pour ce faire, les producteurs introduisent les jeunes pousses de poires encore accrochées au poirier dans des bouteilles qu'ils suspendent aux branches. En grandissant, la poire devient impossible à ressortir. L'espace restant est rempli de Williamine.
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Elles peuvent être séchées pour être consommées en période de basse production ou pour des préparations culinaires particulières. Il faut 3 à 4 kg de poires fraîches, cueillies légèrement avant maturité, pelées (en gardant le pédoncule), soufrées, séchées et pressées, pour obtenir un kilo de poires séchées.
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En France le séchage des poires est peu fréquent ; le cas échéant les variétés Curé, Virgouleuse, Sarrazin et d'autres donnent de bons résultats. Voir aussi la poire tapée.
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Le séchage est beaucoup plus répandu en Suisse notamment pour les variétés Langbirne ou d'Etrangle.
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En Europe les poires séchées sont produites de façon industrielle au Tyrol, en Styrie, en Istrie, en Illyrie, en Bohême, en Moravie, dans le Wurtemberg... qui fournissent au-delà de la Baltique. On utilise de préférence des variétés à long pédoncule (Rousselet, Beurré d'Angleterre en Suisse ; Rousselet, Verte-longue, Spitzbirne, Glasbirne sur les bords du Rhin). Une poire de qualité moyenne, la Bougeotte, est produite sur les bords de la Saône et expédiée en Franche-Comté pour la sécher.
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Dans la région de Basse-Engadine en Suisse, les poires séchées sont un ingrédient essentiel du pain de Scuol, dit « pan grond »[39].
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La poire pelée a des propriétés antidiarrhétiques[18].
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Les poires et les feuilles de poirier ont des propriétés diurétiques. On fait infuser pendant 20 minutes, 100 g de jeunes feuilles pour un litre d'eau bouillante; on peut ajouter dans la préparation une poire finement divisée.
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La composition nutritionnelle de la poire européenne Pyrus communis est donnée dans le tableau ci-contre tiré de la base Ciqual[40].
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Avec 55 kcal pour 100 g[18], la poire est un fruit assez peu énergétique car il est comporte 83 % d'eau.
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Ses teneurs en glucide de 10,9 g/100g et en fibres de 2,9 g/100g sont proches des teneurs moyennes des fruits. La teneur en glucide peut varier de 10 à 14 g/100g car elle dépend des variétés, des conditions climatiques et du degré de maturité. Le fructose est le constituent principal des glucides (70 %) suivis par de plus petites quantités de glucose et saccharose[41]. La poire contient aussi un polyol avec un fort pouvoir sucrant, le sorbitol, au taux de 1,89 g/100g[40]. Si durant la dernière partie de la croissance, le poirier connait une pénurie d'eau, la teneur de ses fruits en fructose, glucose et sorbitol augmentera[42]. Comparées aux pommes, les poires ont des teneurs supérieures en fructose et sorbitol[41]. Et comparées aux poires asiatiques très riches en eau, les poires européennes apportent plus de sucres et donc de calories[8].
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Les fibres alimentaires de la poire sont constituées 71 % de fibres insolubles (celluloses, hémicelluloses, et lignine à l'état de traces) et de 29 % de fibres solubles (pectines)[41].
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Les acides organiques comme l'acide malique et l'acide citrique sont présents à raison de 0,3 g/100g et donnent à la poire sa légère saveur acidulée. La variété 'William Bon Chrétien' contient plus d'acide citrique que d'acide malique, alors que 'Concorde', 'Conférence' ne présentent pas de trace d'acide citrique[43].
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Elle est riche en vitamine C (surtout située dans la peau) et vitamine B9 (avec plus de 5 % des Valeurs nutritionnelles de référence).
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En ce qui concerne les minéraux, la poire est riche en cuivre et potassium.
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D'après les données de la base Phenol-Explorer[44], la poire contient les composés phénoliques suivants:
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Dans une étude de la composition phénolique de 19 cultivars de poire menée par Brahem etal.[45], il a été trouvé cinq classes de composés phénoliques: des flavan-3-ols, flavonols, acides phénoliques, anthocyanes et hydroquinones. La teneur totale en phénols varie entre 10 mg/100g de poids frais (FW) (pour le cultivar «Conférence») et 860 mg/100g de FW (pour le cultivar «Plant De Blanc») dans la chair et entre 160 mg/100g de FW (cultivar «William vert») et 4 040 mg/100g FW (cultivar «Arbi Chiheb») dans la peau. Les poires de bouches tunisiennes et les poires à poiré françaises sont les plus riches en procyanidines avec un très haut degré de polymérisation pour les poires tunisiennes.
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La mesure de l'activité antioxydante de la pulpe et de la peau de poires du cultivar S. Giovanni (Pyrus communis) sur cinq accessions a donné les valeurs moyennes suivantes[46]:
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On constate que l'activité antioxydante est plus de 5 fois supérieure dans la peau que dans la pulpe. En outre, il y a une relation directe entre la teneur totale en composés phénoliques et l'activité antioxydante totale dans les extraits phytochimiques de la peau et de la pulpe.
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L'analyse compositionnelle de la poire asiatique est proche de celle de la poire européenne. Nous prenons le cas de la poire japonaise d'après les données USDA[47].
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Il apparait en premier une teneur en eau plus élevée: 88,25 % contre 83,5 % pour la poire européenne.
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Par contre les teneurs en glucide (10,65 g/100g), en protéines (0,5 g/100g) et en lipides (0,23 g/100g) sont des mêmes ordres de grandeurs.
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Les micronutriments sont aussi à des teneurs proches.
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Chez la poire nashi, les principaux composés phénoliques sont les pectines (0,9 %) l'arbutine, et l'acide chlorogénique[48].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/4688.html.txt
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@@ -0,0 +1,126 @@
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Les poissons-clowns, ou Amphiprioninae, sont une sous-famille de poissons appartenant à la famille des Pomacentridés. Elle contient trente espèces, une seule classée dans le genre Premnas, les autres faisant partie du genre Amphiprion. Ce sont des poissons d'une dizaine de centimètres dans les tons d'orange et de noir. Certaines espèces présentent des bandes ou des barres blanches. Ils fréquentent les lagons et les récifs coralliens de la zone Indo-Pacifique et de la mer Rouge où ils se nourrissent généralement de copépodes et de larves de tuniciers.
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Les poissons-clowns sont remarquables à plusieurs titres. Ils sont principalement connus pour la relation mutualiste qu'ils forment avec dix espèces d'anémones de mer — normalement mortelles pour les poissons. Ils se distinguent également des autres espèces de demoiselles par leur hermaphrodisme successif protandre quand les autres espèces sont généralement protogynes. Cette particularité définit une structure sociale particulière au sein d'une anémone. L'individu dominant est la femelle, plus imposante que le reste du groupe. Elle forme un couple stable avec un mâle sexuellement actif, un peu plus petit. Les autres individus du groupe sont des mâles immatures qui n'interviennent pas dans la reproduction.
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Sans être véritablement menacés, les poissons-clowns subissent une pression importante liée à la destruction de leur habitat par les activités humaines et les conséquences du réchauffement climatique. Même si beaucoup proviennent d'élevages, certains individus sont prélevés dans la nature pour le marché de l'aquariophilie marine. En 2003, le poisson-clown du Pacifique est choisi par le studio d'animation Pixar pour incarner Nemo, le petit poisson héros du film d'animation Le Monde de Nemo, ce qui les rendra très populaires.
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Les poissons-clowns sont de taille modeste ; adultes leur taille varie de 6 cm (Amphiprion pacificus) à 16 cm (Premnas biaculeatus).
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Les caractéristiques qui les distinguent des autres sous-familles sont leurs 50 à 78 rangs d’écailles[1], des opercules généralement dentelés[1], une nageoire dorsale composée de dix épines — neuf ou onze dans de rares cas — et généralement 14 à 20 rayons souples[1].
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Les motifs colorés sont le meilleur moyen d'identifier les différentes espèces dans leur environnement. D'autres caractères utiles comme la forme des dents, la disposition des écailles de la tête et les proportions ne sont accessibles qu'en laboratoire sur des spécimens naturalisés[2].
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Leur couleur, globalement dans les tons d'orange, varie du jaune-orangé à l'orange sombre voire au rose. Certaines espèces ont de zéro à trois bandes verticales blanches ou une bande dorsale. La couleur blanche des bandes est due à des cellules particulières qui réfléchissent la lumière, des iridophores[3].On observe des variations géographiques de la couleur pour les espèces à large aire de répartition. D'autres facteurs interviennent également sur la coloration des poissons-clowns comme le mélanisme[4] et la taille des individus. Le mélanisme est induit par l'anémone de mer hôte. Il intervient en quelques heures après la mise en contact des partenaires. La plus-value adaptative de ce changement est inconnue[5].
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Il n'y a pas de différence de couleur entre les stades mâles et femelles chez les poissons-clowns sauf quelque exceptions. Pour A. clarkii, elles existent mais ne sont pas systématiques. Les mâles de A. perideraion et A. akallopisos présentent souvent des bords orange sur les rayons souples et la caudale[6]. Les juvéniles ont par contre une livrée différente de celle des adultes. Ils se ressemblent beaucoup entre les différentes espèces ce qui rend très difficile leur identification. Il faut généralement observer les autres poissons du groupe dans l'anémone pour pouvoir connaître l'espèce exacte d'un juvénile[2].
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Le plancton représente la source principale de l'alimentation des poissons-clowns. L'étude du contenu stomacal de spécimens capturés révèle généralement des copépodes et des larves de tuniciers. A. perideraion consomme également une quantité importante d'algues broutées sur les récifs proches ou gobées en pleine eau[7].
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Parfois, en aquarium, un spécimen à qui l'on présente un aliment de grande taille qu'il ne peut pas consommer entièrement le rapporte pour le mettre en sécurité sur son territoire — c'est-à-dire l'anémone. Les anémones sont carnivores et c'est finalement l'hôte qui mange les aliments qu'elle était censée protéger. Le poisson ne nourrit pas intentionnellement l'anémone même si cela peut sembler être le cas pour un observateur. À l'état sauvage ce comportement est absent. Les aliments sont consommés directement à l'endroit où ils sont trouvés car les poissons-clowns ne rencontrent pas d'aliments de taille importante[7].
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La durée maximum de vie reste mal connue à l'état sauvage. Il existe des observations attestant des longévités de 6 à 10 ans[7]. Néanmoins, la protection des anémones de mer offre un avantage décisif sur la durée de vie que l'on estime pour les femelles A. percula une espérance de vie de 30 ans[8]. En 1992, le record de longévité en captivité pour des poissons-clowns était de 18 ans pour des individus A. frenatus et A. perideraion élevés au Muséum-aquarium de Nancy en France. Le spécimen A. perideraion était toujours vivant à cette date[7]. Il n'y a pas de lien entre la taille des individus et leur âge : les petits subadultes ne sont pas nécessairement jeunes, la structure sociale des poissons-clowns ayant un impact sur la taille des individus[7]. Par contre, la femelle est toujours la plus âgée du groupe[8].
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Les espèces d'Amphiprioninae sont assez similaires en termes de reproduction et de développement : œufs, larves, juvéniles[9].
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Amphiprion et Premnas sont les seuls parmi les demoiselles à former des couples qui peuvent durer des années[9]. Ce lien est à corréler avec la petite taille de leur territoire centré autour de l'anémone hôte et leur structure sociale qui favorisent ce comportement[9].
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La période de reproduction dépend de la localisation. Dans les zones tropicales, elle a lieu toute l'année avec des moments de pic ; Dans les zones subtropicales ou tempérées chaudes, la reproduction se limite au printemps et à l'été quand la température de l'eau est la plus haute[9]. Pour certaines populations, il semble également exister des liens entre la nidification et le cycle lunaire, la ponte intervenant à la pleine lune. Le clair de lune permettrait de maintenir alerte le mâle qui assure la majorité de la surveillance du nid. De plus, comme les larves sont attirées par la lumière, le disque lunaire les regrouperait vers la surface, facilitant ainsi leur dispersion grâce aux vagues et aux courants marins[9].
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La période des amours est généralement générique et ritualisée. Plusieurs jours avant la ponte, on observe une augmentation de l'activité sociale caractérisée par des courses poursuites, l'érection des nageoires et la préparation du nid[9]. Le mâle adopte un comportement de signal jumping, nage rapide de haut en bas pour attirer la femelle, que l'on retrouve chez d'autres Pomacentridés[9]. Il devient également plus agressif envers sa partenaire et s'exhibe immobile en face d'elle ou sur le côté, toutes nageoires déployées[9].
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Le mâle choisit un site pour le nid sur une roche nue proche de l'anémone[9]. Parfois, il mordille les tentacules de l'anémone pour qu'elles se rétractent et il libère ainsi un lieu de ponte sous le disque de l'anémone[10]. Les anémones des fonds sableux n'offrent pas de surface propice à la ponte. A. polymnus résout ce problème en ramenant une surface adéquate de son territoire tels que des tests d'échinodermes, des coquilles de mollusques bivalves, des bouts de feuille de palmier, voire des canettes. Ce support de ponte peut ainsi être déplacé de plusieurs mètres jusqu'à l'anémone[11].
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Le site choisi est alors débarrassé de tous les éléments indésirables comme les algues et les débris par le mâle qui les picore[10]. Il est finalement rejoint par sa partenaire[9] indiquant ainsi qu'elle est prête à pondre[10]. Le couple se secoue une fois le nettoyage terminé[10].
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La ponte intervient le matin et dure de 30 minutes à plus de 2 heures. L'ovipositeur conique de la femelle est alors proéminent et lui permet de coller les œufs à la roche. Elle nage lentement en zigzag en se frottant l’abdomen sur la roche, suivie de près par le mâle qui fertilise les œufs au fur et à mesure[9]. Le nid peut compter de 600 à 1 600 œufs. Le nombre des œufs dépend de la taille des individus et de l'expérience du couple. En général les couples plus expérimentées pondent plus d'œufs[9]. Le jour, le mâle surveille et ventile les œufs avec ses nageoires pectorales jusqu'à leur éclosion[10]. Il chasse les espèces mangeuses d'œufs comme les labres et maintient le nid sain en retirant à la bouche les débris et les œufs morts. La femelle s'occupe principalement de se nourrir mais peut occasionnellement l'assister[9].
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Les œufs sont elliptiques et mesurent environ 3 à 4 mm de long. Ils adhèrent à la roche par une touffe de petits filaments[9]. Ils incubent en une semaine[10]. Juste avant l'éclosion, l'embryon avec ses grandes pupilles miroitantes est visible à travers la membrane transparente. On distingue aussi le sac vitellin rouge-orangé qui donne la couleur générale de la ponte[9].
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L'éclosion a généralement lieu peu après la tombée de la nuit, six ou sept jours après la ponte[12]. La température de l'eau intervient dans la durée d'incubation. Une eau plus froide ralentit le développement des œufs sans les altérer[13]. Après éclosion, les larves se dispersent dans le plancton, vivant à la surface des océans passivement portés par les courants[12]. Les larves sont transparentes et mesurent environ 3 à 4 mm. La période larvaire dure de 8 à 12 jours et est l'une des plus courtes parmi les Pomacentridés, ce qui explique certainement la faible aire de répartition de certaines espèces[12].
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Le stade larvaire se termine lorsque la larve rejoint le fond. Cela amorce la métamorphose en juvénile qui acquiert ses nouvelles couleurs. Cette transformation intervient en environ un jour[12]. Il est alors vital pour le petit de trouver une anémone de mer pour s'associer faute de quoi il sera probablement dévoré par un prédateur. Certaines espèces localisent les cnidaires en suivant un marqueur chimique alors que d'autres les repèrent à vue ou par hasard[12]. En laboratoire, A. perideraion est attiré vers une source de mucus brut extrait de Heteractis crispa. Ce comportement peut être reproduit avec de l'amphikuemine, un ammonium quaternaire obtenu à partir de mucus purifié de H. crispa[14]. Néanmoins, A. clarkii, également symbiote de H. crispa, n'est pas attiré par la molécule[15]. A. ocellaris est attiré par Stichodactyla haddoni grâce à la tyramine, et la tryptamine induit la recherche de l'anémone[14].
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Le jeune poisson doit ensuite « s'acclimater » à son hôte pour être immunisé contre ses tentacules urticants et établir l'association. Comme il doit faire face à la compétition inter et intra-spécifique[16] et que le nombre d'anémones est très inférieur à celui des larves, le taux de mortalité à ce stade est très important[12].
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Les noms vernaculaires en anglais, anemonefish[17],[N 1], et en allemand Anemonenfisch[17] rappellent qu'ils vivent en interaction avec des anémones de mer[18]. Les anémones ou Actiniaria[19] forment un ordre de cnidaires pourvu de nombreux tentacules urticants. À de rares exceptions, les poissons-clowns à l'état sauvage sont toujours en association avec une anémone[20]. C'est un mutualisme obligatoire pour les poissons-clowns[21],[5]. Cette association est parfois aussi qualifiée de symbiose qui, dans certaines langues, a le même sens que mutualisme[5].
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Cette association biologique est décrite pour la première fois en 1868 par Cuthbert Collingwood au large des côtes de Bornéo[22],[23]. Depuis, deux problématiques ont fait l'objet de nombreuses études : le mécanisme qui empêche les poissons-clowns de se faire piquer par les nématocystes des anémones d'une part, et les avantages et inconvénients de cette association pour chacun des partenaires de l'autre.
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Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l’invulnérabilité des poissons-clowns face aux anémones. Plusieurs — comme l'absence de nématocystes sur les tentacules des hôtes ; le fait que le poisson ne touche pas les tentacules ; l'impénétrabilité de la peau des poissons-clowns pour les nématocystes ; l'absence de décharge de nématocyste en présence d'un poisson hôte — ont été invalidées[24]. La source de cette protection n'est pas systémique, elle provient d'un mucus en surface du poisson[25]. La méthode « d'acclimatation » à son hôte et le mécanisme exact de protection des poissons-clowns ne sont pas connus, mais l'accumulation d'observations sur le sujet indique qu'il existe probablement autant de variantes de symbiose entre les anémones et les poissons-clowns qu'il y a de combinaisons d'espèces[20]. Il n'est pas clairement établi si le mucus est produit par le poisson lui-même, par l'anémone ou par les deux. En 2000, une équipe de recherche israélienne met en évidence dans le mucus extracorporel de l'anémone un composé qui neutralise la contraction des cnidocytes[26]. Un clown récemment introduit dans une anémone, ira se frotter dans ses tentacules, peut-être pour se recouvrir de ce mucus. C'est en « ressentant » ce mucus que l'anémone ne se pique pas elle-même lorsque ses tentacules se touchent. Les poissons pourraient utiliser cette propriété à leur avantage. D'autre part, il y a aussi des preuves que le propre mucus des poissons-clowns les protège des anémones[27].
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Il est assez évident que le poisson-clown profite du caractère urticant de l'anémone, normalement mortel pour les poissons, pour se protéger de ses prédateurs[20] et augmenter sensiblement son espérance de vie par rapport aux autres Pomacentridés[8]. Il profite également des restes de nourriture et des déchets de l'anémone sans toutefois la parasiter[20]. Les bénéfices pour l'anémone sont moins clairs. Parmi les hypothèses, l'amélioration de la circulation de l'eau ou le déparasitage semblent peu probables, ou du moins, pas significatifs[28]. La défense contre certaines espèces de poisson papillon qui s'attaquent à ses tentacules a été démontrée[29]. En aquarium, le nourrissage de l'anémone par le poisson-clown est observé fréquemment, même si cela semble très rare dans la nature[30].
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Le troisième partenaire de cette association complexe sont les zooxanthelles. Ce sont des algues brunes unicellulaires et microscopiques du groupe des Dinoflagellés. Elles sont présentes dans l'endoderme des tentacules de l'anémone et du disque oral[31]. La présence des poissons-clowns profite aux algues par le rejet de nutriments — ammoniac et phosphates — qui favorisent leur croissance[32],[33]. La protection qu'il apporte contre les prédateurs permet indirectement une meilleure photosynthèse pour l'algue. L'anémone Entacmaea quadricolor par exemple, est capable de sentir la présence et le nombre de poissons-clowns dans ses tentacules et d'adapter leur contraction. Cela lui permet d'exposer plus de zooxanthelles endosymbiotiques à la lumière ou au contraire se contracter pour se protéger des prédateurs en l'absence de poisson hôte[32].
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Les poissons-clowns s'associent avec 10 espèces d'anémones de mer[34]. Ces espèces n'ont pas de lien taxinomique, elles se répartissent dans trois familles et cinq genres[N 2],[35]. Les espèces qui appartiennent à la famille des Stichodactylidés dans les genres Heteractis et Stichodactyla sont des partenaires fréquents des poissons-clowns[35].
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Les 10 espèces d'anémones de mer s'associant avec des poissons-clowns sont[36] :
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Les anémones des espèces Heteractis aurora et H. malu n'abritent que rarement des couples d'adultes ; on les qualifie d’« anémones nurserie ». Ces hôtes sont peut être inadaptés à la formation de grands groupes pour des raisons biochimiques ou n'offrent pas une protection suffisante pour les grands individus. Néanmoins, ces anémones permettent le développement d'immatures qui, une fois suffisamment grands, changent d'anémone pour une espèce plus favorable. Ils s'insèrent alors dans la hiérarchie sociale du groupe rejoint[37],[5].
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Sources : Fautin et Allen 1992, ch. 2, « Anemonefishes », sauf pour Amphiprion barberi Allen, Drew et Kaufman 2008 et Amphiprion pacificus Allen, Drew et Fenner 2010 ; présentation tirée de Fautin 1991, p. 25-27.
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Le tableau des associations possibles entre poissons-clowns et actiniaires montre que la relation n'est pas monolithique. De toutes les espèces de clowns, seul Amphiprion clarkii est présent à l'état naturel dans les dix anémones ; environ un quart ne vivent qu'avec une espèce d'actiniaires[38]. Inversement, presque un tiers des anémones accueillent au moins douze espèces de poissons-clowns et deux n'accueillent que A. clarkii[38]. Bien sûr, seuls les couples d'espèces qui partagent les mêmes zones de répartition et les mêmes habitats — sable ou récif, profondeur — peuvent potentiellement s'accorder mais toutes ne le font pas. En effet, le ratio de présence de poissons-clowns par espèces d'anémones hôtes n'est toujours corrélé à leur taux d’abondance relative[16]. D'autres critères interviennent dans l'établissement de la relation et le choix d'un hôte : une préférence innée ou acquise des poissons pour certaines anémones ; certaines formes d'anémones liées à leur croissance sont favorisées ; la compétition intra-spécifique[16], les premiers arrivés empêchant généralement d'autres espèces de s'installer ; le hasard, des poissons peu compétitifs ont parfois trouvés des anémones très recherchées[39]. Au moment de leur installation, les poissons-clowns font preuve d'une importante sélection dans le choix de leur habitat mais il n'est pas établi dans quelle proportion cela peut expliquer la distribution des adultes[16].
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Les poissons-clowns sont diurnes. La nuit, ils se réfugient dans les tentacules de leur anémone[40]. Les plus grandes espèces (A. clarkii, A. melanopus, A. chrysopterus, A. bicintus, A. frenatus, etc.) ne trouvent pas toujours un refuge suffisant dans leur anémone. Ils cherchent alors un abri dans les anfractuosités à proximité s'ils sont menacés. Les anémones du genre Stichodactyla notamment ont des tentacules trop courts pour offrir un abri aux adultes des grandes espèces qui, en cas de danger, se cachent sous le disque de l'anémone[41].
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Les seules autres demoiselles qui s'associent avec des anémones sont la demoiselle à trois points (Dascyllus trimaculatus) et le dascyllus de Hawaii (D. albisella) qui appartiennent à la famille des Chrominae.
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Les poissons-clowns habitent les anémones soit seuls, soit en couple, soit en groupe. Les groupes sont composés d'un couple d'adultes et d'un certain nombre de mâles et de juvéniles[40].
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Les poissons-clowns sont des hermaphrodites successifs comme cela existe dans plusieurs familles de poissons, labridés et poissons-perroquets par exemple.
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Cependant si le cas commun est la protogynie — femelle puis mâle —, les poissons-clowns sont quant à eux protandres, c'est-à-dire d'abord mâles puis femelles[6].
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Le plus gros poisson-clown et dominant socialement sur une anémone est généralement la femelle. Elle présente des ovaires fonctionnels et des tissus testiculaires dégénérés rémanents[6]. Le mâle est plus petit, jusqu'à deux fois plus petit pour les espèces A. frenatus et P. biaculeatus. Il a des testicules fonctionnels mais aussi des ovaires latents[6]. Le mâle dominant est le seul sexuellement actif, les autres sont des mâles subadultes inactifs dans la reproduction. En cas de disparition de la femelle, les gonades du mâle dominant s'arrêtent de fonctionner en tant que testicules et les ovaires s'activent. Son rôle de mâle reproducteur est assumé par le plus gros des mâles subadultes[6]. La nouvelle femelle peut commencer à pondre dès le 26e jour après son changement de sexe[42].
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Cette structure sociale rigide est la cause d'un dimorphisme entre les adultes reproducteurs et les autres. La hiérarchie limite la croissance des subadultes mâles. Ils dépensent beaucoup d'énergie et de temps à éviter les attaques du mâle dominant. Cette activité empiète sur le temps d'alimentation. De plus, il est plus risqué pour les petits individus de s'aventurer loin de l'anémone, limitant leur périmètre de ravitaillement[7]. Amphiprion polymnus diffère des autres espèces du genre sur ce point. Le mâle et la femelle A. polymnus sont presque égaux en taille. Les anémones des fonds sableux sont connues pour s'enfouir lorsqu'elles sont stressées. Ne pouvant pas se cacher dans le récif dans cette situation comme l'aurait fait une autre espèce, A. polymnus s'est adapté en ayant de grands mâles pour limiter la prédation[41].
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Un nouvel individu entre dans le groupe au bas de la hiérarchie. Il n'évolue qu'à la mort de ceux qui le précèdent dans l'ordre hiérarchique. Un individu atteint le sommet et ne devient femelle qu'après avoir parcouru l'ensemble de la « file » pour cette anémone[8]. Ce qui peut représenter plusieurs dizaines d'années[3].
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Les Pomacentridés sont connus pour produire une grande variété de sons. Chez les poissons-clowns, ce comportement est présent pour au moins dix espèces[44]. Amphiprion akallopisos, A. bicinctus, A. chysopterus, A. clarkii, A. frenatus, A. percula, A. polymnus sont des espèces vocales, alors que Amphiprion ephippium, A. biaculeatus et A. ocellaris ne le sont pas[45]. Les sons sont produits par le frottement des dents pharyngiennes, des os pharyngobranchiales et ceratobranchiales qui sont plus petits sur les espèces non-vocales[45]. Il a été montré que le ligament cérato-mandibulaire, une synapomorphie de la famille, intervient dans le mécanisme de production de son chez Amphiprion clarkii[46].
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Contrairement à d'autres espèces de Pomacentridés, les amphiprions n’émettent pas de sons pour attirer un partenaire durant la phase de séduction. Ils interviennent par contre dans l'accession et au maintien du statut d'individu sexuellement actif[43]. Globalement, les sons peuvent être classés en deux groupes : agressif ou de soumission[43]. Ils se distinguent de par le nombre d'impulsions, leur durée et la fréquence dominante. Les mâles produisent également des « grognements » composés de nombreuses impulsions irrégulières et espacées quand la femelle entre dans son nid. D'autres sons sont également produits lors d'interactions agonistiques intraspécifiques ou hétérospécifiques[44].
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Les poissons-clowns se rencontrent communément dans les eaux chaudes de la zone Indo-pacifique et en mer Rouge. Ils sont absents de l'Atlantique et des Caraïbes[40]. Bien que la plupart des espèces aient des aires de répartition limitées d'autres sont largement distribuées. Amphiprion clarkii a l'aire de répartition la plus importante : elle s'étend des îles de Micronésie et Mélanésie dans l'océan Pacifique occidental jusqu'au golfe Persique, et de l'Australie au Japon[47]. Ils sont obligatoirement associés à une anémone de mer ; leur abondance et leur aire de répartition sont donc limitées par celles de leurs hôtes[48]. La taille de l'aire de répartition de A. clarkii est à rapprocher du fait que cette espèce est celle qui accepte le plus grand nombre d'espèces d'anémones comme hôtes.
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Les poissons-clowns sont des espèces qui fréquentent les lagons et les récifs coralliens jusqu'à 40 m de profondeur[40]. Ils ne sont pas exclusivement présents dans les récifs et peuvent être situés dans les étendues de sable qui longent les récifs, habitat de certaines anémones hôtes (Stichodactyla spp. principalement)[31]. Leur habitat est peu profond car les anémones qui les abritent vivent également en symbiose avec des zooxanthelles, algues qui dépendent de la lumière pour assurer la photosynthèse[31].
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On trouve la plus grande diversité de poissons-clowns près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais la grande barrière de corail en Australie est aussi célèbre pour sa diversité d'espèces[49].
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Le nom de la sous-famille des Amphiprioninés est directement dérivé du nom du genre Amphiprion. Il est composé à partir des suffixes grecs amphi-, ἀμφίς en grec ancien, qui signifie « des deux côtés » et priön, « scie ». Ce genre regroupe donc des espèces dont le préopercule et le sous-opercule sont dentelés comme une scie[50],[51]. L'origine du nom premnas est quant à elle assez cocasse. À l'origine, Premnas, que l'on trouve aussi sous les formes premas et premnadia, était le nom grec d'un poisson indéterminé[52]. Georges Cuvier ignorait quelle espèce il désignait et a utilisé ce terme pour créer un nouveau genre de poisson-clown. Dans son Histoire naturelle des poissons il concède que ce choix ne fut pas très avisé. En effet, il a appris par la suite, dans des descriptions du poisson d'origine chez Athénée et Hésychios, qu'il ressemblait au thon[53]. Il francise le nom Premnas en Prémnades qui est tombé en désuétude.
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On trouve plusieurs explications sur l'origine du nom commun des poissons-clowns. Pour certains, il vient des livrées caractéristiques de ces poissons. Leur couleurs vives et les bandes ou lignes blanches qu'ils arborent évoquent le costume[17] ou le maquillage des clowns de cirque[54]. Pour d'autres, c'est leur façon de nager particulière qui ressemble au dandinement d'un canard et rappelle la démarche du clown[55]. Leur nom italien est celui d'un clown par excellence, Pagliaccio le bouffon de la Commedia dell'arte qu'on nomme Paillasse en français. Ils sont nommés payaso en espagnol en référence au même personnage[17].
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Au niveau de la classification scientifique des espèces, les poissons-clowns sont des poissons osseux de la classe des actinoptérygiens ou poissons à nageoires rayonnées. Ils regroupent deux genres de la famille des Pomacentridés dans l'ordre des Perciformes : Amphiprion Bloch & Schneider, 1801[56] et Premnas Cuvier, 1817[57]. Ces deux genres constituent les Amphiprioninae, une des quatre sous-familles des Pomacentridés[58].
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En 2001, K.L. Tang a confirmé que la sous-famille des Amphiprioninae est monophylétique. Le genre Premnas a été fusionné à Amphiprion, et est considéré comme un synonyme plus récent[59],[1] mais les bases taxinomiques ne reflètent pas encore cette évolution.
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Les ichthyologistes regroupent les espèces du genre Amphiprion en quatre sous-genres : Actinicola, Amphiprion, Paramphiprion et Phalerebus. Ces quatre sous-genres approximent les cinq complexes d'espèces définis sur la base de coloration similaire : Amphiprion (Actinicola) correspond au Percula Complex ; Amphiprion (Amphiprion) regroupe les Clarkii Complex et Tomato Complex ; Amphiprion (Paramphiprion) correspond au Saddleback Complex ; et Amphiprion (Phalerebus) au Skunk Complex[48],[60]
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Alors que certaines espèces n'ont été décrites que récemment — Amphiprion barberi en 2008[61] et Amphiprion pacificus en 2010[62] — d'autres sont remises en cause car elles sont soupçonnées d'être des hybrides naturels. Amphiprion leucokranos et Amphiprion thiellei semblent être des variantes de croisement entre Amphiprion chrysopterus et Amphiprion sandaracinos[21] et peuvent être recréées expérimentalement en captivité[63].
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L’espèce ancestrale du poisson-clown possédait 3 bandes avant qu’au cours de la diversification des espèces, plusieurs des pertes de bandes ne soient observées. Cette disparition suit un ordre bien précis : de la queue vers la tête, en passant par le tronc, soit l’ordre inverse du développement de l’individu[3].
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Selon FishBase (12 mars 2012)[64] :
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Les poissons-clowns sont parmi les rares poissons de mer qui peuvent être élevés en captivité dans des quantités commerciales rentables. Dans un aquarium, ils peuvent vivre sans anémone ; ces dernières sont d'ailleurs difficiles à maintenir. Les amphiprions sont de couleurs attrayantes et souvent vives notamment orange. Ils sont amicaux et faciles à nourrir. Une bonne maintenance peut aboutir à la reproduction, cependant l'élevage des alevins est complexe à cause de leur alimentation à base de zooplancton, d'abord des rotifères comme Brachionus plicatilis, puis des nauplius d’artémies principalement[65]. Les prélèvements abusifs liés à l'aquariophilie peuvent présenter localement une menace pour les poissons-clowns, mais la tendance à l'élevage en aquarium s'intensifie[66].
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Les poissons-clowns, déjà populaires avant le film d'animation de Pixar, sont devenus de véritables attractions après celui-ci, et font partie des poissons les plus facilement identifiés par les plongeurs sous-marins. Peu craintifs, les poisson-clowns font parfois mine d'attaquer[66] et n'hésitent pas à charger quand ils voient leur reflet dans le masque des plongeurs[67] ou quand ceux-ci s'approchent trop près des jeunes[68].
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Les poissons-clowns sont le sujet de dizaines de timbres postaux, principalement émis par les pays côtiers de leur aire de répartition. On peut citer notamment[N 3] :
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En 2003, le poisson-clown à trois bandes (Amphiprion ocellaris)[N 4] est choisi pour incarner Nemo, le petit poisson héros du film d'animation Le Monde de Nemo[54] et aussi son père Marin qui est l'un des principaux protagonistes. Le film a eu une notoriété telle qu'il est difficile de ne pas l'évoquer lorsque l'on traite des poissons-clowns[69].
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Les poissons-clowns sont affectés par les modifications que le réchauffement climatique fait peser sur leur habitat, les récifs coralliens. Conséquence de leur mutualisme, en plus des menaces directes, ils sont aussi touchés par les facteurs influant sur la baisse des populations des anémones avec lesquelles ils s'associent[49]. Malgré ces différentes pressions écologiques, en 2012, aucune espèce d'amphiprioninés n'est encore considérée comme menacée.
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L'acidification des océans entraîne un blanchissement des coraux qui cause également la disparition des anémones de mer[49]. Cette acidification perturbe aussi les signaux chimiques qui guident les larves pour trouver une anémone[49]. La hausse de la température de l'eau accélère le développement des juvéniles ce qui limite leur rayon de dispersion déjà très faible. La température intervient également dans le cycle de reproduction. Avec le réchauffement des océans, moins d'œufs sont viables et le comportement sexuel est perturbé[49].
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Les poissons-clowns et les anémones sont très recherchés par les aquariophiles marins. Sur la période allant de 1997 à 2002, Amphiprion ocellaris est la troisième espèce de poisson d'aquarium la plus vendue sur le marché d'import selon la Global Marine Aquarium Database (GMAD) du programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP) même si les poissons du commerce sont principalement issus d'élevages[70]. Néanmoins, Amphiprion sandaracinos est inscrit depuis 2010 sur la liste rouge de l'UICN dans la catégorie « Préoccupation mineure » (LC) notamment pour la pression que représente la pêche pour le commerce de l'aquariophilie[71]. Le phénomène de mode des poissons-clowns en aquariophilie a été accentué en 2003 lors la sortie du film Le Monde de Nemo[72],[73].
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Plus globalement, les activités humaines et ses conséquences dégradent ou détruisent l'habitat des poissons-clowns et constituent sa principale menace actuellement[49],[71]. Eutrophisation, pratiques de pêche destructives, pollution de l'eau, tourisme intensif et développement des zones côtières participent à l'altération de son habitat. Ces menaces sont majoritairement locales et ne touchent que certaines zones de leurs aires de répartition et ne représentent pas une menace significative sur les populations globales[71].
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Les poissons-clowns, ou Amphiprioninae, sont une sous-famille de poissons appartenant à la famille des Pomacentridés. Elle contient trente espèces, une seule classée dans le genre Premnas, les autres faisant partie du genre Amphiprion. Ce sont des poissons d'une dizaine de centimètres dans les tons d'orange et de noir. Certaines espèces présentent des bandes ou des barres blanches. Ils fréquentent les lagons et les récifs coralliens de la zone Indo-Pacifique et de la mer Rouge où ils se nourrissent généralement de copépodes et de larves de tuniciers.
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Les poissons-clowns sont remarquables à plusieurs titres. Ils sont principalement connus pour la relation mutualiste qu'ils forment avec dix espèces d'anémones de mer — normalement mortelles pour les poissons. Ils se distinguent également des autres espèces de demoiselles par leur hermaphrodisme successif protandre quand les autres espèces sont généralement protogynes. Cette particularité définit une structure sociale particulière au sein d'une anémone. L'individu dominant est la femelle, plus imposante que le reste du groupe. Elle forme un couple stable avec un mâle sexuellement actif, un peu plus petit. Les autres individus du groupe sont des mâles immatures qui n'interviennent pas dans la reproduction.
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Sans être véritablement menacés, les poissons-clowns subissent une pression importante liée à la destruction de leur habitat par les activités humaines et les conséquences du réchauffement climatique. Même si beaucoup proviennent d'élevages, certains individus sont prélevés dans la nature pour le marché de l'aquariophilie marine. En 2003, le poisson-clown du Pacifique est choisi par le studio d'animation Pixar pour incarner Nemo, le petit poisson héros du film d'animation Le Monde de Nemo, ce qui les rendra très populaires.
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Les poissons-clowns sont de taille modeste ; adultes leur taille varie de 6 cm (Amphiprion pacificus) à 16 cm (Premnas biaculeatus).
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Les caractéristiques qui les distinguent des autres sous-familles sont leurs 50 à 78 rangs d’écailles[1], des opercules généralement dentelés[1], une nageoire dorsale composée de dix épines — neuf ou onze dans de rares cas — et généralement 14 à 20 rayons souples[1].
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Les motifs colorés sont le meilleur moyen d'identifier les différentes espèces dans leur environnement. D'autres caractères utiles comme la forme des dents, la disposition des écailles de la tête et les proportions ne sont accessibles qu'en laboratoire sur des spécimens naturalisés[2].
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Leur couleur, globalement dans les tons d'orange, varie du jaune-orangé à l'orange sombre voire au rose. Certaines espèces ont de zéro à trois bandes verticales blanches ou une bande dorsale. La couleur blanche des bandes est due à des cellules particulières qui réfléchissent la lumière, des iridophores[3].On observe des variations géographiques de la couleur pour les espèces à large aire de répartition. D'autres facteurs interviennent également sur la coloration des poissons-clowns comme le mélanisme[4] et la taille des individus. Le mélanisme est induit par l'anémone de mer hôte. Il intervient en quelques heures après la mise en contact des partenaires. La plus-value adaptative de ce changement est inconnue[5].
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Il n'y a pas de différence de couleur entre les stades mâles et femelles chez les poissons-clowns sauf quelque exceptions. Pour A. clarkii, elles existent mais ne sont pas systématiques. Les mâles de A. perideraion et A. akallopisos présentent souvent des bords orange sur les rayons souples et la caudale[6]. Les juvéniles ont par contre une livrée différente de celle des adultes. Ils se ressemblent beaucoup entre les différentes espèces ce qui rend très difficile leur identification. Il faut généralement observer les autres poissons du groupe dans l'anémone pour pouvoir connaître l'espèce exacte d'un juvénile[2].
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Le plancton représente la source principale de l'alimentation des poissons-clowns. L'étude du contenu stomacal de spécimens capturés révèle généralement des copépodes et des larves de tuniciers. A. perideraion consomme également une quantité importante d'algues broutées sur les récifs proches ou gobées en pleine eau[7].
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Parfois, en aquarium, un spécimen à qui l'on présente un aliment de grande taille qu'il ne peut pas consommer entièrement le rapporte pour le mettre en sécurité sur son territoire — c'est-à-dire l'anémone. Les anémones sont carnivores et c'est finalement l'hôte qui mange les aliments qu'elle était censée protéger. Le poisson ne nourrit pas intentionnellement l'anémone même si cela peut sembler être le cas pour un observateur. À l'état sauvage ce comportement est absent. Les aliments sont consommés directement à l'endroit où ils sont trouvés car les poissons-clowns ne rencontrent pas d'aliments de taille importante[7].
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La durée maximum de vie reste mal connue à l'état sauvage. Il existe des observations attestant des longévités de 6 à 10 ans[7]. Néanmoins, la protection des anémones de mer offre un avantage décisif sur la durée de vie que l'on estime pour les femelles A. percula une espérance de vie de 30 ans[8]. En 1992, le record de longévité en captivité pour des poissons-clowns était de 18 ans pour des individus A. frenatus et A. perideraion élevés au Muséum-aquarium de Nancy en France. Le spécimen A. perideraion était toujours vivant à cette date[7]. Il n'y a pas de lien entre la taille des individus et leur âge : les petits subadultes ne sont pas nécessairement jeunes, la structure sociale des poissons-clowns ayant un impact sur la taille des individus[7]. Par contre, la femelle est toujours la plus âgée du groupe[8].
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Les espèces d'Amphiprioninae sont assez similaires en termes de reproduction et de développement : œufs, larves, juvéniles[9].
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Amphiprion et Premnas sont les seuls parmi les demoiselles à former des couples qui peuvent durer des années[9]. Ce lien est à corréler avec la petite taille de leur territoire centré autour de l'anémone hôte et leur structure sociale qui favorisent ce comportement[9].
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La période de reproduction dépend de la localisation. Dans les zones tropicales, elle a lieu toute l'année avec des moments de pic ; Dans les zones subtropicales ou tempérées chaudes, la reproduction se limite au printemps et à l'été quand la température de l'eau est la plus haute[9]. Pour certaines populations, il semble également exister des liens entre la nidification et le cycle lunaire, la ponte intervenant à la pleine lune. Le clair de lune permettrait de maintenir alerte le mâle qui assure la majorité de la surveillance du nid. De plus, comme les larves sont attirées par la lumière, le disque lunaire les regrouperait vers la surface, facilitant ainsi leur dispersion grâce aux vagues et aux courants marins[9].
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La période des amours est généralement générique et ritualisée. Plusieurs jours avant la ponte, on observe une augmentation de l'activité sociale caractérisée par des courses poursuites, l'érection des nageoires et la préparation du nid[9]. Le mâle adopte un comportement de signal jumping, nage rapide de haut en bas pour attirer la femelle, que l'on retrouve chez d'autres Pomacentridés[9]. Il devient également plus agressif envers sa partenaire et s'exhibe immobile en face d'elle ou sur le côté, toutes nageoires déployées[9].
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Le mâle choisit un site pour le nid sur une roche nue proche de l'anémone[9]. Parfois, il mordille les tentacules de l'anémone pour qu'elles se rétractent et il libère ainsi un lieu de ponte sous le disque de l'anémone[10]. Les anémones des fonds sableux n'offrent pas de surface propice à la ponte. A. polymnus résout ce problème en ramenant une surface adéquate de son territoire tels que des tests d'échinodermes, des coquilles de mollusques bivalves, des bouts de feuille de palmier, voire des canettes. Ce support de ponte peut ainsi être déplacé de plusieurs mètres jusqu'à l'anémone[11].
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Le site choisi est alors débarrassé de tous les éléments indésirables comme les algues et les débris par le mâle qui les picore[10]. Il est finalement rejoint par sa partenaire[9] indiquant ainsi qu'elle est prête à pondre[10]. Le couple se secoue une fois le nettoyage terminé[10].
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La ponte intervient le matin et dure de 30 minutes à plus de 2 heures. L'ovipositeur conique de la femelle est alors proéminent et lui permet de coller les œufs à la roche. Elle nage lentement en zigzag en se frottant l’abdomen sur la roche, suivie de près par le mâle qui fertilise les œufs au fur et à mesure[9]. Le nid peut compter de 600 à 1 600 œufs. Le nombre des œufs dépend de la taille des individus et de l'expérience du couple. En général les couples plus expérimentées pondent plus d'œufs[9]. Le jour, le mâle surveille et ventile les œufs avec ses nageoires pectorales jusqu'à leur éclosion[10]. Il chasse les espèces mangeuses d'œufs comme les labres et maintient le nid sain en retirant à la bouche les débris et les œufs morts. La femelle s'occupe principalement de se nourrir mais peut occasionnellement l'assister[9].
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Les œufs sont elliptiques et mesurent environ 3 à 4 mm de long. Ils adhèrent à la roche par une touffe de petits filaments[9]. Ils incubent en une semaine[10]. Juste avant l'éclosion, l'embryon avec ses grandes pupilles miroitantes est visible à travers la membrane transparente. On distingue aussi le sac vitellin rouge-orangé qui donne la couleur générale de la ponte[9].
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L'éclosion a généralement lieu peu après la tombée de la nuit, six ou sept jours après la ponte[12]. La température de l'eau intervient dans la durée d'incubation. Une eau plus froide ralentit le développement des œufs sans les altérer[13]. Après éclosion, les larves se dispersent dans le plancton, vivant à la surface des océans passivement portés par les courants[12]. Les larves sont transparentes et mesurent environ 3 à 4 mm. La période larvaire dure de 8 à 12 jours et est l'une des plus courtes parmi les Pomacentridés, ce qui explique certainement la faible aire de répartition de certaines espèces[12].
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Le stade larvaire se termine lorsque la larve rejoint le fond. Cela amorce la métamorphose en juvénile qui acquiert ses nouvelles couleurs. Cette transformation intervient en environ un jour[12]. Il est alors vital pour le petit de trouver une anémone de mer pour s'associer faute de quoi il sera probablement dévoré par un prédateur. Certaines espèces localisent les cnidaires en suivant un marqueur chimique alors que d'autres les repèrent à vue ou par hasard[12]. En laboratoire, A. perideraion est attiré vers une source de mucus brut extrait de Heteractis crispa. Ce comportement peut être reproduit avec de l'amphikuemine, un ammonium quaternaire obtenu à partir de mucus purifié de H. crispa[14]. Néanmoins, A. clarkii, également symbiote de H. crispa, n'est pas attiré par la molécule[15]. A. ocellaris est attiré par Stichodactyla haddoni grâce à la tyramine, et la tryptamine induit la recherche de l'anémone[14].
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Le jeune poisson doit ensuite « s'acclimater » à son hôte pour être immunisé contre ses tentacules urticants et établir l'association. Comme il doit faire face à la compétition inter et intra-spécifique[16] et que le nombre d'anémones est très inférieur à celui des larves, le taux de mortalité à ce stade est très important[12].
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Les noms vernaculaires en anglais, anemonefish[17],[N 1], et en allemand Anemonenfisch[17] rappellent qu'ils vivent en interaction avec des anémones de mer[18]. Les anémones ou Actiniaria[19] forment un ordre de cnidaires pourvu de nombreux tentacules urticants. À de rares exceptions, les poissons-clowns à l'état sauvage sont toujours en association avec une anémone[20]. C'est un mutualisme obligatoire pour les poissons-clowns[21],[5]. Cette association est parfois aussi qualifiée de symbiose qui, dans certaines langues, a le même sens que mutualisme[5].
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Cette association biologique est décrite pour la première fois en 1868 par Cuthbert Collingwood au large des côtes de Bornéo[22],[23]. Depuis, deux problématiques ont fait l'objet de nombreuses études : le mécanisme qui empêche les poissons-clowns de se faire piquer par les nématocystes des anémones d'une part, et les avantages et inconvénients de cette association pour chacun des partenaires de l'autre.
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Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l’invulnérabilité des poissons-clowns face aux anémones. Plusieurs — comme l'absence de nématocystes sur les tentacules des hôtes ; le fait que le poisson ne touche pas les tentacules ; l'impénétrabilité de la peau des poissons-clowns pour les nématocystes ; l'absence de décharge de nématocyste en présence d'un poisson hôte — ont été invalidées[24]. La source de cette protection n'est pas systémique, elle provient d'un mucus en surface du poisson[25]. La méthode « d'acclimatation » à son hôte et le mécanisme exact de protection des poissons-clowns ne sont pas connus, mais l'accumulation d'observations sur le sujet indique qu'il existe probablement autant de variantes de symbiose entre les anémones et les poissons-clowns qu'il y a de combinaisons d'espèces[20]. Il n'est pas clairement établi si le mucus est produit par le poisson lui-même, par l'anémone ou par les deux. En 2000, une équipe de recherche israélienne met en évidence dans le mucus extracorporel de l'anémone un composé qui neutralise la contraction des cnidocytes[26]. Un clown récemment introduit dans une anémone, ira se frotter dans ses tentacules, peut-être pour se recouvrir de ce mucus. C'est en « ressentant » ce mucus que l'anémone ne se pique pas elle-même lorsque ses tentacules se touchent. Les poissons pourraient utiliser cette propriété à leur avantage. D'autre part, il y a aussi des preuves que le propre mucus des poissons-clowns les protège des anémones[27].
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Il est assez évident que le poisson-clown profite du caractère urticant de l'anémone, normalement mortel pour les poissons, pour se protéger de ses prédateurs[20] et augmenter sensiblement son espérance de vie par rapport aux autres Pomacentridés[8]. Il profite également des restes de nourriture et des déchets de l'anémone sans toutefois la parasiter[20]. Les bénéfices pour l'anémone sont moins clairs. Parmi les hypothèses, l'amélioration de la circulation de l'eau ou le déparasitage semblent peu probables, ou du moins, pas significatifs[28]. La défense contre certaines espèces de poisson papillon qui s'attaquent à ses tentacules a été démontrée[29]. En aquarium, le nourrissage de l'anémone par le poisson-clown est observé fréquemment, même si cela semble très rare dans la nature[30].
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Le troisième partenaire de cette association complexe sont les zooxanthelles. Ce sont des algues brunes unicellulaires et microscopiques du groupe des Dinoflagellés. Elles sont présentes dans l'endoderme des tentacules de l'anémone et du disque oral[31]. La présence des poissons-clowns profite aux algues par le rejet de nutriments — ammoniac et phosphates — qui favorisent leur croissance[32],[33]. La protection qu'il apporte contre les prédateurs permet indirectement une meilleure photosynthèse pour l'algue. L'anémone Entacmaea quadricolor par exemple, est capable de sentir la présence et le nombre de poissons-clowns dans ses tentacules et d'adapter leur contraction. Cela lui permet d'exposer plus de zooxanthelles endosymbiotiques à la lumière ou au contraire se contracter pour se protéger des prédateurs en l'absence de poisson hôte[32].
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Les poissons-clowns s'associent avec 10 espèces d'anémones de mer[34]. Ces espèces n'ont pas de lien taxinomique, elles se répartissent dans trois familles et cinq genres[N 2],[35]. Les espèces qui appartiennent à la famille des Stichodactylidés dans les genres Heteractis et Stichodactyla sont des partenaires fréquents des poissons-clowns[35].
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Les 10 espèces d'anémones de mer s'associant avec des poissons-clowns sont[36] :
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Les anémones des espèces Heteractis aurora et H. malu n'abritent que rarement des couples d'adultes ; on les qualifie d’« anémones nurserie ». Ces hôtes sont peut être inadaptés à la formation de grands groupes pour des raisons biochimiques ou n'offrent pas une protection suffisante pour les grands individus. Néanmoins, ces anémones permettent le développement d'immatures qui, une fois suffisamment grands, changent d'anémone pour une espèce plus favorable. Ils s'insèrent alors dans la hiérarchie sociale du groupe rejoint[37],[5].
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Sources : Fautin et Allen 1992, ch. 2, « Anemonefishes », sauf pour Amphiprion barberi Allen, Drew et Kaufman 2008 et Amphiprion pacificus Allen, Drew et Fenner 2010 ; présentation tirée de Fautin 1991, p. 25-27.
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Le tableau des associations possibles entre poissons-clowns et actiniaires montre que la relation n'est pas monolithique. De toutes les espèces de clowns, seul Amphiprion clarkii est présent à l'état naturel dans les dix anémones ; environ un quart ne vivent qu'avec une espèce d'actiniaires[38]. Inversement, presque un tiers des anémones accueillent au moins douze espèces de poissons-clowns et deux n'accueillent que A. clarkii[38]. Bien sûr, seuls les couples d'espèces qui partagent les mêmes zones de répartition et les mêmes habitats — sable ou récif, profondeur — peuvent potentiellement s'accorder mais toutes ne le font pas. En effet, le ratio de présence de poissons-clowns par espèces d'anémones hôtes n'est toujours corrélé à leur taux d’abondance relative[16]. D'autres critères interviennent dans l'établissement de la relation et le choix d'un hôte : une préférence innée ou acquise des poissons pour certaines anémones ; certaines formes d'anémones liées à leur croissance sont favorisées ; la compétition intra-spécifique[16], les premiers arrivés empêchant généralement d'autres espèces de s'installer ; le hasard, des poissons peu compétitifs ont parfois trouvés des anémones très recherchées[39]. Au moment de leur installation, les poissons-clowns font preuve d'une importante sélection dans le choix de leur habitat mais il n'est pas établi dans quelle proportion cela peut expliquer la distribution des adultes[16].
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Les poissons-clowns sont diurnes. La nuit, ils se réfugient dans les tentacules de leur anémone[40]. Les plus grandes espèces (A. clarkii, A. melanopus, A. chrysopterus, A. bicintus, A. frenatus, etc.) ne trouvent pas toujours un refuge suffisant dans leur anémone. Ils cherchent alors un abri dans les anfractuosités à proximité s'ils sont menacés. Les anémones du genre Stichodactyla notamment ont des tentacules trop courts pour offrir un abri aux adultes des grandes espèces qui, en cas de danger, se cachent sous le disque de l'anémone[41].
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Les seules autres demoiselles qui s'associent avec des anémones sont la demoiselle à trois points (Dascyllus trimaculatus) et le dascyllus de Hawaii (D. albisella) qui appartiennent à la famille des Chrominae.
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Les poissons-clowns habitent les anémones soit seuls, soit en couple, soit en groupe. Les groupes sont composés d'un couple d'adultes et d'un certain nombre de mâles et de juvéniles[40].
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Les poissons-clowns sont des hermaphrodites successifs comme cela existe dans plusieurs familles de poissons, labridés et poissons-perroquets par exemple.
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Cependant si le cas commun est la protogynie — femelle puis mâle —, les poissons-clowns sont quant à eux protandres, c'est-à-dire d'abord mâles puis femelles[6].
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Le plus gros poisson-clown et dominant socialement sur une anémone est généralement la femelle. Elle présente des ovaires fonctionnels et des tissus testiculaires dégénérés rémanents[6]. Le mâle est plus petit, jusqu'à deux fois plus petit pour les espèces A. frenatus et P. biaculeatus. Il a des testicules fonctionnels mais aussi des ovaires latents[6]. Le mâle dominant est le seul sexuellement actif, les autres sont des mâles subadultes inactifs dans la reproduction. En cas de disparition de la femelle, les gonades du mâle dominant s'arrêtent de fonctionner en tant que testicules et les ovaires s'activent. Son rôle de mâle reproducteur est assumé par le plus gros des mâles subadultes[6]. La nouvelle femelle peut commencer à pondre dès le 26e jour après son changement de sexe[42].
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Cette structure sociale rigide est la cause d'un dimorphisme entre les adultes reproducteurs et les autres. La hiérarchie limite la croissance des subadultes mâles. Ils dépensent beaucoup d'énergie et de temps à éviter les attaques du mâle dominant. Cette activité empiète sur le temps d'alimentation. De plus, il est plus risqué pour les petits individus de s'aventurer loin de l'anémone, limitant leur périmètre de ravitaillement[7]. Amphiprion polymnus diffère des autres espèces du genre sur ce point. Le mâle et la femelle A. polymnus sont presque égaux en taille. Les anémones des fonds sableux sont connues pour s'enfouir lorsqu'elles sont stressées. Ne pouvant pas se cacher dans le récif dans cette situation comme l'aurait fait une autre espèce, A. polymnus s'est adapté en ayant de grands mâles pour limiter la prédation[41].
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Un nouvel individu entre dans le groupe au bas de la hiérarchie. Il n'évolue qu'à la mort de ceux qui le précèdent dans l'ordre hiérarchique. Un individu atteint le sommet et ne devient femelle qu'après avoir parcouru l'ensemble de la « file » pour cette anémone[8]. Ce qui peut représenter plusieurs dizaines d'années[3].
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Les Pomacentridés sont connus pour produire une grande variété de sons. Chez les poissons-clowns, ce comportement est présent pour au moins dix espèces[44]. Amphiprion akallopisos, A. bicinctus, A. chysopterus, A. clarkii, A. frenatus, A. percula, A. polymnus sont des espèces vocales, alors que Amphiprion ephippium, A. biaculeatus et A. ocellaris ne le sont pas[45]. Les sons sont produits par le frottement des dents pharyngiennes, des os pharyngobranchiales et ceratobranchiales qui sont plus petits sur les espèces non-vocales[45]. Il a été montré que le ligament cérato-mandibulaire, une synapomorphie de la famille, intervient dans le mécanisme de production de son chez Amphiprion clarkii[46].
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Contrairement à d'autres espèces de Pomacentridés, les amphiprions n’émettent pas de sons pour attirer un partenaire durant la phase de séduction. Ils interviennent par contre dans l'accession et au maintien du statut d'individu sexuellement actif[43]. Globalement, les sons peuvent être classés en deux groupes : agressif ou de soumission[43]. Ils se distinguent de par le nombre d'impulsions, leur durée et la fréquence dominante. Les mâles produisent également des « grognements » composés de nombreuses impulsions irrégulières et espacées quand la femelle entre dans son nid. D'autres sons sont également produits lors d'interactions agonistiques intraspécifiques ou hétérospécifiques[44].
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Les poissons-clowns se rencontrent communément dans les eaux chaudes de la zone Indo-pacifique et en mer Rouge. Ils sont absents de l'Atlantique et des Caraïbes[40]. Bien que la plupart des espèces aient des aires de répartition limitées d'autres sont largement distribuées. Amphiprion clarkii a l'aire de répartition la plus importante : elle s'étend des îles de Micronésie et Mélanésie dans l'océan Pacifique occidental jusqu'au golfe Persique, et de l'Australie au Japon[47]. Ils sont obligatoirement associés à une anémone de mer ; leur abondance et leur aire de répartition sont donc limitées par celles de leurs hôtes[48]. La taille de l'aire de répartition de A. clarkii est à rapprocher du fait que cette espèce est celle qui accepte le plus grand nombre d'espèces d'anémones comme hôtes.
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Les poissons-clowns sont des espèces qui fréquentent les lagons et les récifs coralliens jusqu'à 40 m de profondeur[40]. Ils ne sont pas exclusivement présents dans les récifs et peuvent être situés dans les étendues de sable qui longent les récifs, habitat de certaines anémones hôtes (Stichodactyla spp. principalement)[31]. Leur habitat est peu profond car les anémones qui les abritent vivent également en symbiose avec des zooxanthelles, algues qui dépendent de la lumière pour assurer la photosynthèse[31].
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On trouve la plus grande diversité de poissons-clowns près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais la grande barrière de corail en Australie est aussi célèbre pour sa diversité d'espèces[49].
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Le nom de la sous-famille des Amphiprioninés est directement dérivé du nom du genre Amphiprion. Il est composé à partir des suffixes grecs amphi-, ἀμφίς en grec ancien, qui signifie « des deux côtés » et priön, « scie ». Ce genre regroupe donc des espèces dont le préopercule et le sous-opercule sont dentelés comme une scie[50],[51]. L'origine du nom premnas est quant à elle assez cocasse. À l'origine, Premnas, que l'on trouve aussi sous les formes premas et premnadia, était le nom grec d'un poisson indéterminé[52]. Georges Cuvier ignorait quelle espèce il désignait et a utilisé ce terme pour créer un nouveau genre de poisson-clown. Dans son Histoire naturelle des poissons il concède que ce choix ne fut pas très avisé. En effet, il a appris par la suite, dans des descriptions du poisson d'origine chez Athénée et Hésychios, qu'il ressemblait au thon[53]. Il francise le nom Premnas en Prémnades qui est tombé en désuétude.
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On trouve plusieurs explications sur l'origine du nom commun des poissons-clowns. Pour certains, il vient des livrées caractéristiques de ces poissons. Leur couleurs vives et les bandes ou lignes blanches qu'ils arborent évoquent le costume[17] ou le maquillage des clowns de cirque[54]. Pour d'autres, c'est leur façon de nager particulière qui ressemble au dandinement d'un canard et rappelle la démarche du clown[55]. Leur nom italien est celui d'un clown par excellence, Pagliaccio le bouffon de la Commedia dell'arte qu'on nomme Paillasse en français. Ils sont nommés payaso en espagnol en référence au même personnage[17].
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Au niveau de la classification scientifique des espèces, les poissons-clowns sont des poissons osseux de la classe des actinoptérygiens ou poissons à nageoires rayonnées. Ils regroupent deux genres de la famille des Pomacentridés dans l'ordre des Perciformes : Amphiprion Bloch & Schneider, 1801[56] et Premnas Cuvier, 1817[57]. Ces deux genres constituent les Amphiprioninae, une des quatre sous-familles des Pomacentridés[58].
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En 2001, K.L. Tang a confirmé que la sous-famille des Amphiprioninae est monophylétique. Le genre Premnas a été fusionné à Amphiprion, et est considéré comme un synonyme plus récent[59],[1] mais les bases taxinomiques ne reflètent pas encore cette évolution.
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Les ichthyologistes regroupent les espèces du genre Amphiprion en quatre sous-genres : Actinicola, Amphiprion, Paramphiprion et Phalerebus. Ces quatre sous-genres approximent les cinq complexes d'espèces définis sur la base de coloration similaire : Amphiprion (Actinicola) correspond au Percula Complex ; Amphiprion (Amphiprion) regroupe les Clarkii Complex et Tomato Complex ; Amphiprion (Paramphiprion) correspond au Saddleback Complex ; et Amphiprion (Phalerebus) au Skunk Complex[48],[60]
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Alors que certaines espèces n'ont été décrites que récemment — Amphiprion barberi en 2008[61] et Amphiprion pacificus en 2010[62] — d'autres sont remises en cause car elles sont soupçonnées d'être des hybrides naturels. Amphiprion leucokranos et Amphiprion thiellei semblent être des variantes de croisement entre Amphiprion chrysopterus et Amphiprion sandaracinos[21] et peuvent être recréées expérimentalement en captivité[63].
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L’espèce ancestrale du poisson-clown possédait 3 bandes avant qu’au cours de la diversification des espèces, plusieurs des pertes de bandes ne soient observées. Cette disparition suit un ordre bien précis : de la queue vers la tête, en passant par le tronc, soit l’ordre inverse du développement de l’individu[3].
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Selon FishBase (12 mars 2012)[64] :
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Les poissons-clowns sont parmi les rares poissons de mer qui peuvent être élevés en captivité dans des quantités commerciales rentables. Dans un aquarium, ils peuvent vivre sans anémone ; ces dernières sont d'ailleurs difficiles à maintenir. Les amphiprions sont de couleurs attrayantes et souvent vives notamment orange. Ils sont amicaux et faciles à nourrir. Une bonne maintenance peut aboutir à la reproduction, cependant l'élevage des alevins est complexe à cause de leur alimentation à base de zooplancton, d'abord des rotifères comme Brachionus plicatilis, puis des nauplius d’artémies principalement[65]. Les prélèvements abusifs liés à l'aquariophilie peuvent présenter localement une menace pour les poissons-clowns, mais la tendance à l'élevage en aquarium s'intensifie[66].
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Les poissons-clowns, déjà populaires avant le film d'animation de Pixar, sont devenus de véritables attractions après celui-ci, et font partie des poissons les plus facilement identifiés par les plongeurs sous-marins. Peu craintifs, les poisson-clowns font parfois mine d'attaquer[66] et n'hésitent pas à charger quand ils voient leur reflet dans le masque des plongeurs[67] ou quand ceux-ci s'approchent trop près des jeunes[68].
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Les poissons-clowns sont le sujet de dizaines de timbres postaux, principalement émis par les pays côtiers de leur aire de répartition. On peut citer notamment[N 3] :
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En 2003, le poisson-clown à trois bandes (Amphiprion ocellaris)[N 4] est choisi pour incarner Nemo, le petit poisson héros du film d'animation Le Monde de Nemo[54] et aussi son père Marin qui est l'un des principaux protagonistes. Le film a eu une notoriété telle qu'il est difficile de ne pas l'évoquer lorsque l'on traite des poissons-clowns[69].
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Les poissons-clowns sont affectés par les modifications que le réchauffement climatique fait peser sur leur habitat, les récifs coralliens. Conséquence de leur mutualisme, en plus des menaces directes, ils sont aussi touchés par les facteurs influant sur la baisse des populations des anémones avec lesquelles ils s'associent[49]. Malgré ces différentes pressions écologiques, en 2012, aucune espèce d'amphiprioninés n'est encore considérée comme menacée.
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L'acidification des océans entraîne un blanchissement des coraux qui cause également la disparition des anémones de mer[49]. Cette acidification perturbe aussi les signaux chimiques qui guident les larves pour trouver une anémone[49]. La hausse de la température de l'eau accélère le développement des juvéniles ce qui limite leur rayon de dispersion déjà très faible. La température intervient également dans le cycle de reproduction. Avec le réchauffement des océans, moins d'œufs sont viables et le comportement sexuel est perturbé[49].
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Les poissons-clowns et les anémones sont très recherchés par les aquariophiles marins. Sur la période allant de 1997 à 2002, Amphiprion ocellaris est la troisième espèce de poisson d'aquarium la plus vendue sur le marché d'import selon la Global Marine Aquarium Database (GMAD) du programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP) même si les poissons du commerce sont principalement issus d'élevages[70]. Néanmoins, Amphiprion sandaracinos est inscrit depuis 2010 sur la liste rouge de l'UICN dans la catégorie « Préoccupation mineure » (LC) notamment pour la pression que représente la pêche pour le commerce de l'aquariophilie[71]. Le phénomène de mode des poissons-clowns en aquariophilie a été accentué en 2003 lors la sortie du film Le Monde de Nemo[72],[73].
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Plus globalement, les activités humaines et ses conséquences dégradent ou détruisent l'habitat des poissons-clowns et constituent sa principale menace actuellement[49],[71]. Eutrophisation, pratiques de pêche destructives, pollution de l'eau, tourisme intensif et développement des zones côtières participent à l'altération de son habitat. Ces menaces sont majoritairement locales et ne touchent que certaines zones de leurs aires de répartition et ne représentent pas une menace significative sur les populations globales[71].
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L’autisme, ou plus généralement les troubles du spectre de l'autisme (TSA), est un trouble du neuro-développement humain caractérisé par des difficultés dans les interactions sociales et la communication, et des comportements et intérêts à caractère restreint, répétitif et stéréotypé. Il existe différents niveaux de sévérité des symptômes, d'où la notion de « spectre ». Le diagnostic est indépendant des niveaux langagier et intellectuel de la personne. Les troubles associés sont fréquents.
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La compréhension de l'autisme a grandement évolué, d'une pathologie jadis considérée comme rare et sévère, vers un regroupement de troubles aux symptômes communs, les troubles du spectre de l'autisme, précédemment nommés troubles envahissants du développement. Ces troubles pourraient avoir des causes diverses, provoquant les mêmes types de comportement clinique chez les personnes concernées[HAS 1]. Leurs origines comprennent une part génétique majoritaire et complexe, impliquant plusieurs gènes, et des influences environnementales mineures. La notion de spectre de l'autisme reflète la diversité des phénotypes observés. Cette diversité suggère que les troubles du spectre de l'autisme ne sont que l'extrémité pathologique d'un spectre de conditions normalement présentes parmi toute la population.
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L'autisme pourrait provenir d'un développement différent du cerveau, notamment lors de la formation des réseaux neuronaux et au niveau du fonctionnement des synapses. Les recherches se poursuivent dans différents domaines : la neurophysiologie[1], la psychologie cognitive[2], ou encore l'épigénétique[3]. Ces études visent à mieux cerner les différentes causes, permettre une meilleure classification, et concevoir des interventions adaptées, par progression vers une médecine personnalisée. Des centaines de mutations génétiques semblent modifier la neurologie du cerveau, le métabolisme, le système immunitaire, et la flore intestinale[4].
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Les garçons sont plus souvent diagnostiqués que les filles. Le ratio de l'autisme diagnostiqué est d'environ trois garçons pour une fille, ces différences liées au sexe étant en cours d'étude[5].
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L'histoire de l'autisme est complexe. L'évolution des critères de définition, notamment depuis 2013 avec la 5e édition du DSM, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[6], et celle prévue pour la CIM-11, Classification internationale des maladies, retiennent une notion dimensionnelle prenant en compte l'évolution des individus dans la société.
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Le 2 avril est la « journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme »[7]. L'autisme est reconnu par l'ONU comme étant un handicap, en vertu de la Convention relative aux droits des personnes handicapées[8].
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La communauté autiste préfère généralement reconnaître l'autisme comme une différence neurologique ou un handicap, plutôt qu'une maladie.
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La description de l'autisme est fournie par la Classification internationale des maladies (CIM), et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
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Le DSM 5 associe deux critères, l'un social et l'autre comportemental[6]. Ces deux critères se substituent à la notion de triade autistique qui fait néanmoins toujours office de définition de référence (dans la CIM 10)[9], sans contradiction car elle ne fait que distinguer communication et interaction dans le volet social.
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Cette triade mise en évidence cliniquement est la suivante[10] :
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« Ces anomalies qualitatives constituent une caractéristique envahissante du fonctionnement du sujet, en toutes situations[9],[HAS 2],[N 1]. »
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Les parents peuvent percevoir des premiers signes de l'autisme durant les deux premières années de leur enfant par l'absence ou la présence d'un certain nombre de comportements[11], par exemple : une impression d'indifférence au monde sonore (ne réagit pas à son prénom) et aux personnes ; l'absence de tentative de communication avec l'entourage par les gestes ou le babillage ; la difficulté à fixer le regard ou un regard périphérique. Le décalage avec les comportements des autres enfants apparaît de plus en plus important avec l'avancée en âge, néanmoins certains enfants se développent d'abord « normalement », puis « régressent » soudainement[12],[13].
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« Autisme » est une traduction du mot Autismus, créé par le psychiatre zurichois Eugen Bleuler[14],[15] à partir du grec ancien αὐτός, autós (« soi-même »)[16],[17]. Bleuler introduit ce mot en 1911, « dans son ouvrage majeur, Dementia praecox ou groupe des schizophrénies »[18].
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Des différences au niveau du cerveau ont été observées chez les personnes autistes, apportant une signature anatomique à la définition antérieure par des critères cliniques. Les études en neurosciences ont montré des différences dans l’organisation du cortex[27],[28], au niveau des dendrites (arborescences des neurones) et des synapses (connexion entre neurones), voire des modifications plus larges de structures cérébrales. Il est possible que les différences corticales apparaissent au cours d'un stade de développement anténatal[27].
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En corrélation avec les différences fonctionnelles observées au niveau comportemental, les études d'Eric Courchesne et de son équipe relèvent que les enfants autistes ont un nombre de neurones plus élevé de 67 % en moyenne dans le cortex préfrontal[29], et une croissance cérébrale plus importante que la moyenne au niveau des lobes frontaux, ce qui s'est traduit dans la littérature scientifique antérieure par des observations de périmètre crânien plus élevé[30].
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Cependant, le 14 octobre 2014, dans une étude basée sur des données par imagerie par résonance magnétique (IRM), des chercheurs de l'Université Ben-Gourion du Néguev et de l'Université Carnegie-Mellon (États-Unis) ont estimé que les différences anatomiques entre le cerveau de personnes autistes de plus de 6 ans et celui de personnes du même âge non autistes sont indiscernables[31],[32]. Pour arriver à ce résultat, ces chercheurs ont utilisé la base de données Autism Brain Imaging Data Exchange (ABIDE), qui a permis pour la première fois de procéder à des comparaisons de grande échelle de scanners IRM entre des groupes de personnes autistes et des groupes contrôle[33]. Cette base de données est une collection mondiale de scanners IRM de plus de 1 000 personnes, pour la moitié autistes, âgés de 6 à 35 ans[34].
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L'Institut de neurosciences de la Timone (Marseille, France) a identifié un marqueur anatomique spécifique de l'autisme, détectable par IRM et présent dès l'âge de deux ans. Ce marqueur consiste en un plissement spécifique du cortex cérébral. Il est appelé « racine du sillon »[35],[36],[37].
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À l'échelle des synapses, des études mettent en évidence des modifications dans le système des neurotransmetteurs, en particulier celui du transport de la sérotonine en association notamment avec des modifications de gènes impliqués. L'implication du système dopaminergique ou glutamatergique semble moins bien démontrée. Enfin, des études sont en cours sur le rôle du système cholinergique, de l'ocytocine ou encore de certains acides aminés impliqués dans la neurotransmission[38].
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Les différents troubles liés à l'autisme semblent le plus souvent d'origine « multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques[39] » et de nombreux facteurs de risques concomitants[38].
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La modification de gènes liée à la maturation synaptique semble principalement en cause et oriente ainsi les études neurobiologiques vers les modifications de la connectivité et des neurones induites par l'expression de ces gènes[38]. Leurs suppressions chez des rongeurs provoquent des symptômes pseudo-autistiques[40],[41].
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Des travaux sur l'héritabilité de l'autisme suggèrent que 90 % de la variabilité est attribuable à des facteurs génétiques[38]. Selon une étude parue en mai 2014[42], l'une des plus vastes réalisées, l'autisme n'est génétique qu'à hauteur de 50 %, à parts égales avec les facteurs environnementaux[43]. Il est cependant difficile de distinguer les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux, l'autisme étant un caractère phénotypique issu d’interactions complexes[44]. Selon une étude de 2015, 50 % des cas d'autisme s'expliqueraient par des mutations de novo[45].
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Les structures cérébrales caractéristiques de la maladie étant acquises durant la grossesse[46], il n'est pas possible d'isoler l'effet de l'environnement en étudiant les jumeaux monozygotes qui sont exposés aux mêmes conditions de développement prénatal. Les interactions des gènes liés à l'autisme entre eux et avec l'environnement sont complexes : un même profil génétique et le même environnement peut produire des individus autistes et normaux, les jumeaux monozygotes n'étant pas systématiquement autistes ou normaux. Dans les années 1990, l'autisme était considéré comme une maladie polygénique de 5 à 15 gènes à transmission non mendélienne. Or, depuis les années 2000, plusieurs centaines de gènes à transmission mendélienne impliqués dans l'autisme ont été mis en évidence[47]. L’autisme serait lié à 1 034 gènes différents, et les effets de mutations spontanées ne sont pas négligeables[48].
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Plusieurs corrélations statistiques (pouvant agir synergiquement) ont été mises en évidence :
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Environ la moitié des parents d'enfants présentant un trouble du spectre de l'autisme remarquent la présence de comportements inhabituels chez leur enfant avant l'âge de 18 mois, et environ les 4/5 avant l'âge de 24 mois[78]. La présence d'un ou plus des signes d'alerte suivant nécessite de consulter un médecin spécialiste[79] (voir les recommandations de la Haute Autorité de Santé[HAS 4]) :
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Le dépistage et le diagnostic précoce de l'autisme sont essentiels afin de mettre en place une prise en charge adaptée le plus tôt possible[79]. De nombreux outils de dépistages standardisés ont été développés dans ce but. Parmi ces outils, on peut noter le test M-CHAT (« Modified Checklist for Autism in Toddlers », une version francophone en ligne est disponible ici), le test ESAT (« Early Screening of Autistic Traits Questionnaire »), et le questionnaire FYI (« First Year Inventory »). Les données préliminaires récoltées concernant le test M-CHAT et son prédécesseur, le test CHAT (« Checklist for Autism in Toddlers »), chez de jeunes enfants de 18-30 mois suggèrent d'une part que ces tests sont d'autant plus utiles qu'ils sont administrés dans un contexte clinique, et d'autre part que la sensibilité de ces tests est basse (fort taux de faux-négatifs) mais que leur spécificité est élevée (peu de faux-positifs)[80]. L'efficacité de ces outils de dépistages précoces est augmentée lorsqu'ils sont précédés d'un dépistage plus large des troubles neuro-développementaux en général[81]. Enfin, il faut noter qu'un test de dépistage développé et validé au sein d'une culture particulière doit être adapté avant d'être généralisé à une culture différente : par exemple, regarder l'autre dans les yeux est un comportement normal et attendu dans certaines cultures mais pas dans d'autres[82].
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Les tests génétiques ne sont généralement pas indiqués dans le cadre d'un diagnostic d'autisme, sauf lorsque celui-ci s'accompagne d'autres symptômes tels que des troubles neurologiques ou une dysmorphie faciale[83].
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Il n'existe à ce jour pas d'examens complémentaires permettant de dépister l'autisme. Le diagnostic de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement (TED) est clinique[HAS 1] et se fonde sur une double approche :
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Le diagnostic doit être supervisé par un médecin spécialiste (psychiatre ou neuropédiatre) et comprend obligatoirement l'élimination de pathologies qui peuvent se manifester d'une manière proche de celle d'un autisme (voir les recommandations de la HAS[HAS 4]) :
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En complément :
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Le spécialiste (psychiatre ou neuropédiatre) effectue la synthèse de ces éléments et de ses propres observations cliniques pour délivrer le diagnostic, qui doit être posé selon la nomenclature de la CIM-10.
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En France, étant donné le déficit de professionnels formés à ce sujet, il est recommandé, en cas de soupçon de TED, d'effectuer le diagnostic dans un des Centres Ressource Autisme régionaux[84].
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Une étude menée par l'Université de Caroline du Nord (Chapel Hill) a montré qu'une IRM pratiquée à l'âge de un an sur un enfant ayant déjà un frère ou une sœur présentant un trouble du spectre de l'autisme permettait de prédire le développement d'un TSA à l'âge de deux ans avec une sensibilité de 81 % et une spécificité de 97 %[85],[86]. Toutefois, les résultats demandent à être confirmés et les applications cliniques potentielles sont limitées car la méthode n'est pas prédictive sur la population générale[85].
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66 |
+
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67 |
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Si le DSM 5 ne fait plus de distinction interne au spectre autistique autre que la quantification des troubles sociaux d'une part et comportementale d'autre part, la CIM-10 distingue principalement trois diagnostics :
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Kanner
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Le terme renvoie aux troubles autistiques du contact affectif définis en 1943 par Leo Kanner[20]. Il a officiellement été distingué sous ce nom d’autisme infantile pour la première fois dans le DSM III en 1980[21].
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72 |
+
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73 |
+
Dans le même temps, la notion, appelée autisme par commodité, a évolué au point que ces critères premiers sont distingués comme autisme typique (ou autisme de Kanner, ou encore autisme infantile précoce), tandis que l'ensemble plus vaste est appelé trouble envahissant du développement (TED) dans le DSM-IV[21] et la CIM 10, et tend à devenir celui des troubles du spectre autistique dans les évolutions.
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74 |
+
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75 |
+
Appelé psychopathie autistique en 1943 par Hans Asperger[90], ce syndrome est formalisé cliniquement en 1981 par Lorna Wing[23]. Ses travaux suivants[22],[10] permettent d'inclure ce syndrome dans l'autisme et de définir une triade autistique qui dès lors sera la définition de référence de l'autisme en général[9].
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76 |
+
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77 |
+
Ce syndrome, qui incarne donc la continuité d'un spectre autistique, rejoint dans un premier temps les critères diagnostiques dans le CIM-10 en 1993 et le DSM IV en 1994[21], puis la distinction spécifique tend à disparaître au profit d'une notion de continuité incarnée par les critères diagnostiques du DSM V en 2013[6].
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78 |
+
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79 |
+
C'est un critère diagnostique qui distingue un caractère autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du développement non spécifié, le caractère autistique est clairement indiqué (il pointe l’existence des trois critères de référence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intérêt).
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80 |
+
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Certaines affections connues et identifiées sont parfois associées à un diagnostic d'autisme, et considérées comme une cause des troubles autistiques. Parmi elles :
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82 |
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+
Dans l'ensemble, le fait de parler d'autisme dans ces cas n'est pas consensuel. Ainsi, pour faire les comptes épidémiologiques le syndrome de Rett a été tantôt inclus, tantôt exclu des décomptes. « Il est à noter que leur appartenance au spectre des troubles autistiques est actuellement en cours de discussion[39]. »
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Les personnes atteintes d'autisme et d'autres TED en général sont fréquemment affectées par d'autres troubles et pathologies[HAS 6] :
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86 |
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Le diagnostic différentiel des troubles du spectre autistique se fonde en partie sur une évaluation des trois critères centraux du spectre : socialisation, communication, comportement[N 2].
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88 |
+
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Il est à noter que le DSM-5, version la plus récente des classifications internationales, ne distingue plus le syndrome d'Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié du Trouble autistique mais les inclut dans le trouble du spectre de l'autisme. Le diagnostic de trouble du spectre de l'autisme ainsi défini ne s'accompagne pas nécessairement d'un retard de langage ou d'une déficience intellectuelle. Ces deux éléments viennent éventuellement préciser le diagnostic s'ils sont présents, mais leur présence n'est pas nécessaire pour poser un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme[94].
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90 |
+
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91 |
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Le DSM-5 inclut aussi le trouble pragmatique du langage dans le diagnotique différentiel, les symptômes décrits dans le TPL n'étant pas définis dans le DSM-4, de nombreuses personnes avec les symptômes du TPL peuvent avoir été diagnostiqué avec un Trouble envahissant du développement non spécifié, une personne présantant ces symptomes mais ne présentant pas les autres symptômes des Troubles du Spectre Autistique seraient diagnostique avec un trouble pragmatique du langage avec les nouveaux critères du DSM-5[95].
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92 |
+
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93 |
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Il existe différentes dimensions d'accompagnement des personnes autistes pour les aider à compenser leur handicap, selon plusieurs approches — éducatives, psychologiques ou médicales — et donc diverses méthodes plus ou moins en concurrence[96].
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En France, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) émet le 8 novembre 2007 dans son avis no 102 le constat suivant :
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96 |
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« Il n’y a pas aujourd’hui de traitement curatif, mais une série de données indiquent depuis plus de quarante ans qu’un accompagnement et une prise en charge individualisés, précoces et adaptés, à la fois sur les plans éducatif, comportemental, et psychologique augmentent significativement les possibilités relationnelles et les capacités d’interaction sociale, le degré d’autonomie, et les possibilités d’acquisition de langage et de moyens de communication non verbale par les enfants atteints de ce handicap[97]. »
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L'autisme affecte parents et proches (anxiété, fatigue, dépression) du fait de l'insuffisance de structures adaptées à la prise en charge scolaire, éducative, sociale et thérapeutique de leurs enfants[98].
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Dans le cadre d’une recherche menée en Suisse, V. Zbinden Sapin, E. Thommen, A. Eckert et Ch. Liesen[99] analysent la situation des enfants, adolescents et les jeunes adultes, et identifient différents manques notamment au niveau des mesures prises pour le diagnostic : nombre insuffisant de centres diagnostiques compétents, méthode diagnostique standardisée souvent absente et déficit quant à la qualification de base des professionnels impliqués dans les processus de diagnostic. Dans cette étude, d’autres manques sont également identifiés en lien avec les interventions (notamment la nécessité d’avoir plus de mesures d’éducation précoce intensive), l’éducation et la formation, l’intégration professionnelle, le soutien aux familles et l’encouragement de l’autonomie ainsi que le conseil et la coordination. Une autre recherche menée auprès d’institutions spécialisées proposant des formations professionnelles en Suisse francophone a montré que les besoins spécifiques des jeunes présentant un TSA ne sont pas toujours pris en compte[100].
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À l'âge adulte, des modalités de prises en charge sont proposées par le rapport d'Autisme Europe de 2009 : « Le projet thérapeutique adulte doit mettre l’accent sur :
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Des travaux de recherche montrent que le stress associé à des troubles mentaux chez les personnes autistes, ainsi que le taux élevé de suicide chez cette population (voir Mortalité des personnes autistes), serait associé à la stigmatisation des minorités[102]. Ces données montrent que l'autisme et les problèmes de santé mentale ne sont pas intrinsèquement liés, et que ces derniers pourraient être limités par des mesures de lutte contre la discrimination[102].
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Selon de nombreuses études, mais également de nombreux témoignages de parents ainsi que de personnes autistes, les interventions cognitives et comportementales, notamment l'Analyse du Comportement Appliquée (ABA), dont est aussi dérivé le Modèle de Denver, le TEACCH, et le PECS (moyen de communication alternatif) permettent aux personnes, dès les premiers symptômes durant la petite enfance, et dans une moindre mesure à tous les âges de la vie, d'aider les personnes autistes à gagner en autonomie et à développer des habitudes de communication[103].
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L'entraînement aux habiletés parentales constitue une part importante des approches psycho-éducatives et contribue fortement aux progrès de l'enfant.
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Ces approches, basées sur les avancées de la science sont en évolution constante et continuent d'être développées.
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Les personnes militant pour la neurodiversité (qu'elles soient elles-mêmes autistes comme Michelle Dawson, ou parents), sont globalement opposées aux approches de type ABA, qu'elles jugent non-éthiques[104],[105]. Il est aussi suggéré qu'une exposition répétée aux approches de type ABA génère un trouble de stress post-traumatique chez la personne autiste[106].
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L'avis no 102 du CNCE précise qu'« il n'existe pas de traitement curatif »[97], et il n'existe pas non plus de traitement médicamenteux recommandé officiellement[107]. Néanmoins, certains déséquilibres souvent associés aux troubles autistiques, comme le taux d'ocytocine ou de mélatonine, peuvent trouver des réponses médicales.
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Par exemple, la prescription de mélatonine pourrait améliorer significativement le temps de sommeil total[108],[109],[N 3]. Un nombre important de personnes autistes étant épileptiques, elles reçoivent des médicaments anti-épileptiques afin de prévenir les crises.
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Le rapport de la psychanalyse avec la notion d'autisme est complexe et fortement relié aux travaux des précurseurs de la psychanalyse (Jung, Freud ou Bleuler, cf. l'Histoire de la notion d'autisme).
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Dans l'ensemble, l'approche psychanalytique reste source de vives controverses, qu'elle concerne les théories sur l'origine des troubles autistiques ou leur prise en charge[96]. En France, des recommandations spécifiques[97],[HAS 8] ont été élaborées en 2012 par la Haute Autorité de Santé. Celles-ci, après une consultation pluridisciplinaire sur l'état des connaissances[HAS 2], classent l'approche thérapeutique psychanalytique dans la catégorie des approches « non consensuelles ». Ces recommandations ont entraîné un vif débat qui reflète la grande influence des méthodes psychanalytiques en France, à l'opposé de nombreux pays anglo-saxons. Des associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[110] et certaines associations de psychanalystes ont protesté[111]. Faisant suite à la dénonciation répétée de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme[112], une proposition de résolution parlementaire visant à l'interdire a été formulée en 2016 par le député Daniel Fasquelle[113], soutenu publiquement par le porte-parole du collectif Autisme Florent Chapel[114].
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Cette controverse est notamment centrée sur l'importance des théories psychanalytiques culpabilisant le rôle de la mère dans le développement de l'autisme. Notamment les théories émises par Bruno Bettelheim, qui a proposé l'idée de « mère réfrigérateur » en s'inspirant des propos de Leo Kanner[N 4] pour désigner des mères comme cause de l'autisme de leur enfant[115]. Bien qu'il prône une prise en charge psychoéducative[116] et qu'il exclue de sa définition de l'autisme les causes innées[N 5] (là où Kanner fait le contraire[117]) il reste le symbole du refus d’entendre la part génétique, innée de ces troubles. Ses théories ont souvent été reprises en psychanalyse de l'autisme[118].
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Les faibles possibilités de prise en charge autre que celles d'inspiration psychanalytique ont été dénoncées par des associations de parents, accusant les théories psychanalytiques de guider un nombre important de pédopsychiatres français[96],[119],[120]. Ces théories culpabilisantes seraient progressivement abandonnées par les praticiens d'inspiration psychanalytique actuels, certains prenant acte des avancées scientifiques et mettent l'accent sur une position éthique de respect de la souffrance des patients et de leur famille[121],[122].
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En 2009, le psychiatre et psychanalyste Hochmann qui a retracé l'histoire de l'autisme écrit :
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« La psychanalyse bien comprise et les hypothèses qu’elle permet de faire sur la psychopathologie de l’autisme n’ont aucune prétention causale[N 6]. »
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Dans une tribune adressée au journal Le Monde, les scientifiques Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique et Éric Lemonnier, pédopsychiatre, ont souligné le manque de fondement scientifique de la psychanalyse et récusé sa prétention à guérir une maladie biologique comme l'autisme[123].
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D'après les résultats préliminaires d'une étude scientifique française, effectuée dans le cadre de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, l'approche psychothérapeutique de l'autisme, qu'elle soit d'inspiration psychanalytique ou d'inspiration cognitivo-comportementale, donne des améliorations significatives de l'état des enfants autistes[124],[125]. L'étude fait l'objet d'une bonne réception de la part de divers psychiatres, psychologues cliniciens et psychanalystes[126] mais également de critiques venant du cognitiviste Franck Ramus[127]. Cette étude n'est qu'un premier pas, et montre le besoin d'un plus grand nombre d'analyses scientifiques rigoureuses à grande échelle pour estimer les effets de la psychothérapie, qu'elle soit d'orientation psychanalytique ou autre, dans la prise en charge de l'autisme.
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L'autisme reste mal compris, ce qui peut entraîner une grande anxiété chez les familles, ainsi qu'un douloureux phénomène d'impuissance[128]. Cet état de fait a attiré de nombreux thérapeutes para-médicaux malintentionnés et autres escrocs, qui proposent des méthodes « alternatives » soi-disant miracles, facturées à des prix souvent très élevés[128],[129]. On assiste ainsi, comme pour le cancer ou la maladie d'Alzheimer, à la prolifération d'une pseudo-science autour de l'autisme, de ses causes hypothétiques et de son soi-disant traitement, impliquant un grand nombre de thérapies non conventionnelles, parfois sur la base de traitement oraux (« thérapies par chélation », « Miracle Mineral Solution », « Coconut kefir »[128]…), parfois sensorielles (snoezelen, balnéothérapie), ou sur la base de régimes[130], ou encore plus farfelues (bains de boue, oxygène sous pression[128]…). Si certaines méthodes considérées comme alternatives, comme le contact avec des chevaux entraînent des bénéfices chez certains enfants[131],[132],[133] (encore à confirmer[134]), la plupart n'ont pas démontré la moindre efficacité, et constituent de simples arnaques[128]. Les méthodes peu ou non-évaluées, telles que la méthode Son-Rise et la méthode des 3i, sont non-recommandées par la HAS en France[135].
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Comptant sur la fragilité émotionnelle des familles, des charlatans et certaines sectes[129] attribuent à l'autisme des causes farfelues (qu'ils se proposent de traiter à l'aide de recettes miracles), notamment les vaccins[136],[137] ou encore le gluten[138] et le mercure, ou évoquent d'autres théories du complot. Les études scientifiques nient tout lien entre ces éléments et l'autisme, dont les causes réelles sont sans doute beaucoup plus complexes[139].
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Grâce aux importants revenus générés par ces pseudo-thérapies, de puissants instituts se sont formés aux États-Unis pour promouvoir et centraliser ce genre de méthodes (comme l’Autism Society of America, l’Autism Research Institute et le Strategic Autism Initiative), appuyés par une communication et un lobbyisme actifs, impliquant jusqu'à Donald Trump[140]. Cette communication est généralement basée sur des témoignages isolés et invérifiables et une grande force de persuasion, parfois assortis de fausses études scientifiques[128]. En réponse, la FDA américaine a publié un guide intitulé « Beware of False or Misleading Claims for Treating Autism »[128], et des associations d'aide aux victimes se sont montées, comme la Autism Rights Watch, en lien en France avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires[129].
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Si l'autisme est officiellement reconnu comme un handicap dans de nombreux pays dont la France, la perspective d'une évolution hors de certains critères du handicap n'est pas exclue, notamment en ce qui concerne l'autonomie. Parmi des exemples notables de personnes devenues autonomes[142] peut être cité le cas emblématique de Donald Grey Triplett[143], qui n'est autre que le premier cas de la toute première étude de Leo Kanner qui a initié l’acceptation actuelle de la notion d'autisme[144].
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Bien qu'il n'existe aucun traitement connu faisant largement consensus[103], il est rapporté que certains enfants autistes peuvent « guérir »[145].
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Selon un rapport publié en 2016 par l'ONG anglaise Autistica, une personne atteinte de troubles du spectre autistique (TSA) meurt aujourd'hui 18 ans plus tôt que la moyenne (et 30 ans plus tôt que la moyenne si elle était porteuse d'une déficience intellectuelle)[146]. L'épilepsie et plusieurs autres troubles neurologiques sont plus fréquent chez des personnes atteintes à la fois de TSA et de troubles d'apprentissage ce qui fait évoquer des causes neurodéveloppementales précoces[146].
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Une étude épidémiologique publiée en 2015 a porté sur plus de 27 000 Suédois atteints de TSA, 6 500 d'entre eux présentaient aussi une déficience intellectuelle. Le risque de décès prématuré était chez eux environ 2,5 fois plus élevé que pour l'ensemble du groupe, souvent lié à un risque accru de diabète et de maladies respiratoires (pour lesquels le diagnostic pourrait souvent être retardé en raison de difficulté pour ces patients à exprimer leurs symptômes aux médecins ou à l'entourage (l'un des auteurs souligne à ce propos que les médecins généralistes devraient mieux explorer les symptômes et antécédents des patients autistes))[146]. Cette étude suédoise a aussi montré que les adultes autistes sans trouble d'apprentissage étaient neuf fois plus susceptibles que la population témoin de mourir par suicide, surtout chez les femmes, ce qui pourrait être une conséquence de l'isolement social de ces patient(e)s et/ou d'un risque accru de dépression[146].
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Les difficultés liées à l'autisme, et surtout l'exclusion sociale des personnes autistes, font que les personnes autistes sont peu intégrées dans la société : accès à l'école (en France seul 20 % des enfants autistes sont scolarisés), à un travail… Leur insertion dans le monde du travail est difficile, notamment lorsque le relationnel a beaucoup d'importance (aux États-Unis, par exemple, 10 % des autistes ne peuvent pas parler, 90 % n'ont pas d'emploi régulier et 80 % des adultes autistes sont dépendants de leurs parents).
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Pourtant, selon Laurent Mottron[N 7], seuls 10 % d'entre eux souffrent d'une maladie neurologique associée qui diminue l'intelligence (par exemple, le syndrome du X fragile)[147]. Selon Fabienne Cazalis, neuroscientifique[148], « 70 % des autistes ont une intelligence dans la norme, voire supérieure ».
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Une étude suisse a montré que les stress des familles des enfants atteints d’autisme sont nombreux et douloureux, et qu’ils concernent aussi la vie sociale et quotidienne ainsi que les relations aux professionnels[149].
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Les TSA sont souvent associés à des facultés particulières, y compris chez les personnes autistes ayant un retard de langage et/ou une déficience intellectuelle associée. Dès 1943, Hans Asperger affirmait que les personnes autistes avaient des facultés spécifiques potentiellement utiles à la société. Divers mouvements pour les droits des personnes autistes revendiquent l’épanouissement dans les singularités propres plutôt que de les contrarier systématiquement. Certaines équipes scientifiques travaillent sur cette dimension et la documentent, comme c'est le cas à l'Université de Montréal de Laurent Mottron et Michelle Dawson (elle-même autiste) qui développent « un regard différent sur l'autisme »[150].
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Certains autistes peuvent exceller dans certaines tâches, même non répétitives, grâce à une forte capacité de concentration qui en font parfois de réels « experts autodidactes »[151],[147],[152]. Certains autistes possèdent une excellente capacité de discrimination, par exemple en détectant plus facilement une forme dans un contexte distrayant, un motif musical au sein d'un morceau de musique ou de bruit par exemple[153]. Ils possèdent parfois des capacités particulières d'apprentissage ou des formes différentes d'analyse des problèmes (parfois plus efficace et jusqu'à 40 % plus rapidement dans le test des matrices progressives de Raven (test d'intelligence non verbale)[151], avec dans ce cas la mobilisation d'aires différentes du cerveau chez les autistes[151]). Enfin, ils ont peut-être toujours l'impression qu'il y a un problème à résoudre.
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Les différences d'activation de certaines régions du cerveau montrées par l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pourraient ne pas être seulement une preuve d'un trouble du fonctionnement du cerveau, mais aussi la preuve d'une organisation alternative du cerveau (observée comme efficace, par exemple lors de tests d'intelligence non verbale). Ainsi, les variations de volume du cortex cérébral sont considérées comme des facteurs de déficit quand elles sont associées à l'autisme, peut-être à tort quand il s'agit d'un épaississement[147]. Cette organisation différente permettrait parfois d'effectuer certaines tâches complexes avec plus de succès. Une autre communication (non verbale) existe chez beaucoup d'enfants autistes (par exemple quand ils prennent non pas leur main, mais la main d'une autre personne pour la diriger vers un frigidaire pour demander à manger, ou vers la poignée d'une porte pour signifier qu'ils aimeraient sortir)[147].
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Ainsi, Laurent Mottron, après avoir travaillé sept ans avec Michelle Dawson, une de ses collaboratrices, autiste, ancienne postière devenue scientifique, qui a depuis publié treize articles de recherche et coécrit plusieurs chapitres d'ouvrages scientifiques, estime ainsi qu'« une personne « autiste » douée d'une extrême intelligence et d'un intérêt pour la science, peut être une chance incroyable pour un laboratoire de recherche » et que « trop souvent, les employeurs ne réalisent pas ce que les autistes sont capables de faire, et leurs assignent des tâches répétitives et presque serviles »[147].
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La plupart des autistes repèrent plus vite un motif atypique dans une série ou un environnement, peuvent simultanément traiter de grandes quantités d'informations perceptives, dans des ensembles volumineux de données, et avoir une vision heuristique de type down-up, c'est-à-dire basée sur les données (très utile pour analyser des systèmes à grand nombre de données)[147], mieux que les non-autistes[154]. Ce pourrait être très utile dans le domaine scientifique ou pour certains métiers, dès lors qu'un employeur et une équipe y facilitent leur intégration ; idéalement avec accompagnement d'un médiateur expérimenté pouvant les aider face à des situations génératrices d'anxiété tels que déclenchent des événements non planifiés ou vécus comme hostiles (ex. : panne ou problème informatique, critique négative…). Mottron ajoute que la personne autiste, focalisant l'essentiel de son intérêt sur les faits concrets et les données réelles, est moins susceptible de biais (quand elle a accès à toutes les données nécessaires) et qu'elle est aussi moins soumise à des motifs carriéristes, qui peuvent consciemment ou inconsciemment induire des biais même chez les meilleurs scientifiques[147].
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De la même manière que la société a cherché à aider les déficients visuels et auditifs à s'insérer dans le monde du travail et les lieux publics, Mottron estime qu'il faudrait faire de même pour les personnes autistes, en encourageant la science à mieux étudier les particularités autistiques, sans vouloir toujours passer par le langage (qui met en avant le déficit, et n'invite pas à tenir aussi compte des capacités et atouts dont beaucoup de personnes atteintes d'autisme sont dotées), en comprenant comment les autistes apprennent et réussissent dans un environnement naturel[147]. En Belgique, à l’université libre de Bruxelles, le professeur Mikhail Kissine[155] a fondé en 2015 le groupe de recherche ACTE (Autisme en contexte : Théorie et Expérience) dont le but est de découvrir ce qui fait obstacle au développement du langage dans l‘autisme[156],[157].
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L'intelligence globale et d'autres capacités cognitives des autistes se développent souvent d'une manière peu harmonieuse et irrégulière par rapport à l'âge; par exemple, un jeune autiste de 7 ans lit des romans pour adultes, peut prendre soin de lui-même à un niveau normal pour son âge, mais présente la maturité émotionnelle et sociale d'un enfant de 3 ans. Cela a été également démontré que bien des personnes autistes non verbales — c'est-à-dire, qui ne parlent aucune langue oralement — peuvent avoir des connaissances profondes, comprendre adéquatement le sens des mots et avoir des conversations intéressantes s'ils ont un moyen alternatif de communiquer, bien que la société puisse croire que ces personnes n'ont qu'une compréhension verbale et intellectuelle très limitée en général[158].
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Les personnes autistes sont victimes de discrimination à l’embauche; l’accès au travail étant limité puisque les employeurs ont généralement peur du handicap et de ses conséquences. Ceux-ci se préoccupent de l’image de leur entreprise reflétée par ces personnes. Cependant, des initiatives associatives permettent à ces personnes de pouvoir intégrer les entreprises. Certaines, dans l'informatique notamment, ont compris la plus-value qu'elles pouvaient en retirer.
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Plusieurs publications font état d'une prévalence de plus de 60 enfants sur 10 000, touchés par une forme d'autisme, soit 1 enfant sur 166. Aux États-Unis en 2000[N 8] ;
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en Angleterre en 2001[166] ;
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en France en 2002[167].
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Ce chiffre serait en augmentation selon les dernières études épidémiologiques menées aux États-Unis depuis 2000 par les CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), sur des centaines de milliers d'enfants : la prévalence de l'autisme atteindrait désormais un enfant sur 150[168], un garçon sur 94 ; il est question en 2008 d'1 sur 88[169] pour les troubles du spectre autistique, en 2010, il s'agit d' 1 enfant sur 68 (1 garçon /42, 1 fille /189)[170] et en 2012 d'un chiffre en augmentation[171]. Au Royaume-Uni, une étude de 2009 arrivait à une estimation de 1 enfant sur 64[172]. Une étude en Corée en 2011 estime la prévalence de l'autisme à 1 sur 38 (prévalence 2,64 %, échantillon de 22 337 enfants) dans la population générale[173]. En Suède, la prévalence a été multipliée par 3,5 entre 2001 et 2011[174].
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S'est alors posée la question de la raison de cette évolution de la prévalence d'autistes diagnostiqués. Les réponses proposées sont une amélioration du diagnostic, une inclusion plus large d'enfants auparavant diagnostiqués d'une autre manière, une augmentation du nombre d'autistes ou, plus vraisemblablement, une combinaison de tous ces facteurs[175].
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L'augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistique diagnostiqués est constatée dans de nombreux pays. Cette croissance serait donc en partie due au changement des méthodes de diagnostic, qui font que plus de personnes sont détectées et incluses dans ce diagnostic. L'autre part pourrait être due à des facteurs tels que l'augmentation de l'exposition à des toxines environnementales (thème développé dans les théories sur le rapport entre autisme et intoxication).
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En janvier 2014, le Conseil Supérieur de la Santé a publié un avis scientifique très complet sur la qualité de vie des jeunes enfants autistes et de leur famille. Le Conseil a notamment réalisé un aperçu des politiques existantes et à mettre en œuvre en Belgique pour améliorer la qualité de vie des enfants autistes (de moins de 6 ans) et celle de leur famille. Un « Plan National Autisme » devrait d’ailleurs faire à la suite de ces recommandations et de celles du Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE). Pour la Belgique, le Conseil recommande notamment[176] :
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Une étude préliminaire sur la prévalence du syndrome autistique en Chine, menée de façon concertée, suggère qu'un pour cent de la population chinoise pourrait être concerné[177].
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L'Inserm évoque 100 000 personnes de moins de 20 ans ayant un TED en France, avec un ratio masculin/féminin de 4 pour 1[178].
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La Haute Autorité de santé, dans ses « Recommandations sur le dépistage et le diagnostic de l'autisme », précise que le diagnostic se fonde sur divers arguments cliniques avec la collaboration des proches de la personne, et émet des recommandations destinées aux professionnels et intervenants[179].
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La Fédération française de psychiatrie a émis depuis 2005 des recommandations pour le diagnostic de ces troubles[HAS 9]. Tout patient ou représentant légal du patient (par exemple, s'agissant d'enfants, les parents) est en droit de s'opposer à un diagnostic (y compris « en contre ») qui n'a pas été réalisé selon ces recommandations et à demander à un autre praticien de réaliser ce diagnostic selon les recommandations.
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Les associations Autisme France et Autistes sans Frontières proposent des indications sur les signes d'alerte pouvant indiquer un autisme durant la petite enfance[180],[181].
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Un dépistage précoce peut être effectué à partir de 18 mois de manière assez fiable (avec le test M-CHAT) par un pédiatre ou par les parents le cas échéant[182]. En cas de doute, à la suite de ce test il est recommandé d'effectuer dans les mois qui suivent un diagnostic plus précis en milieu spécialisé avec l'ADOS et l'ADI-R. La possibilité d'un dépistage précoce, avant 18 mois, est un enjeu important et fait l'objet d'intenses recherches. De nombreuses études sur le développement des personnes autistes démontrent par ailleurs qu'un dépistage précoce permet la mise en place d'une prise en charge adaptée au plus tôt, ce qui permet d'augmenter notablement les chances de progression ultérieure de l'enfant.
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Concernée par le diagnostic des adultes, la Haute Autorité de santé a également publié en juillet 2011 une recommandation de bonne pratique[HAS 10] visant à améliorer le repérage des troubles et le diagnostic des TED chez l'adulte, grâce à une meilleure sensibilisation des professionnels de la santé. En Suisse, les centres diagnostics compétents sont en augmentation et proposent de poser un diagnostic différencié et standardisé fondé sur des connaissances interdisciplinaires. Ces centres restent néanmoins peu présents dans certaines régions et une méthode de diagnostic standardisée est encore trop souvent absente[183].
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La Fondation FondaMental, fondation de coopération internationale de recherche en santé mentale, créée en juillet 2007 par le ministère de la Recherche et de la Santé, bien qu'acceptant la notion de trouble du spectre de l'autisme et de syndrome d'Asperger, considère que l'autisme est « assimilé aux maladies mentales »[184]. Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca considèrent l'autisme au titre de trouble psychiatrique aux côtés de la dépression, de la schizophrénie, des troubles bipolaires et des conduites suicidaires[185].
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La France est le seul pays dans lequel il existe un autre système de référence que la CIM et le DSM : la CFTMEA. Un ensemble de praticiens y reste très attaché, tandis qu'un ensemble de parents d'autistes y est très opposé[réf. souhaitée]. En 2003, un rapport du député Jean-François Chossy exposant la situation des personnes atteintes d'autisme est remis au Premier ministre[186]. Rendu en 2007, l'avis no 102 du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) – saisi par des associations de familles d'autistes en 2005 – indique que la France accuse un retard, en comparaison aux pays d'Europe du Nord ou anglo-saxons, en ce qui concerne le diagnostic et l'accès à un accompagnement éducatif adapté[97].
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Parmi les sujets de controverse, on trouve la notion de psychose, le rapport à la psychanalytique et l’éventuelle déduction théorique sur le rôle des parents. Ces derniers, regroupés en association, ont amené ces controverses en politique ; c'est pourquoi il y a eu dans les années 2000 de nombreuses interventions politiques qui ont abouti à des recommandations sur les bonnes pratiques par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) en 2005[97] et la Haute Autorité de santé (HAS) en 2012[HAS 8]. Qualifié d'interventionniste cette situation n'est pas du goût de tous les praticiens[96].
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Une circulaire interministérielle demande en mars 2005 une évaluation quantitative et qualitative de la politique concernant les personnes autistes ou atteintes de TED, afin d'établir un état des lieux et de définir les réponses à apporter, notamment en ce qui concerne les centres de ressources autisme[187].
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Les familles ou proches de personnes autistes disposent en France depuis 2005 de centres Ressources Autisme (CRA) dans leur région, structures dédiées résultant du Plan Autisme 2005-2007[188],[189] pour obtenir un diagnostic selon les critères internationaux. Des associations de parents et de professionnels ont été créées pour accompagner les 600 000 autistes français et leurs familles avec une prise en charge éducative des sujets autistes et un soutien aux familles[190].
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En 2012, des recommandations ont été émises par la Haute Autorité de Santé à l'attention des professionnels du pays[HAS 8], deux ans après le bilan sur l'état des connaissances sur le sujet[HAS 2]. À cette occasion, la HAS note que « l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques ou la psychothérapie institutionnelle »[HAS 11] et elle considère ces données comme étant « non consensuelles »[HAS 11]. Ces recommandations ont également entraîné un vif débat. Les associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[110], certaines associations de psychanalystes ont protesté[111].
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La revue médicale Prescrire a émis des réserves sur la méthodologie d'élaboration de ces recommandations, évoquant un « faux-consensus »[191]. Laurent Mottron, neuroscientifique spécialiste de l'autisme par ailleurs très hostile à l'utilisation de la psychanalyse dans le traitement de l'autisme, a critiqué la trop grande importance donnée à la méthode ABA tout en reconnaissant que « le rapport argumentaire de la HAS et ses recommandations sont dans leur quasi totalité un travail remarquable »[192].
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Les résultats des premières structures expérimentales de « Centres Experts sur ABA » du plan autisme 3 montrent que seulement 3 % des enfants autistes ont intégré l'école ordinaire et les résultats sont en deçà des études originelles des méthodes comportementales[193].
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Le nombre des personnes atteintes d'autisme ou de TED a été évalué à 69 000 en 2003, soit une personne sur 450[194]. Une étude de l'Hôpital de Montréal pour enfants sur l'année 2003-2004 indique une prévalence de 0,68 pour 1 000 ; une augmentation du taux chez les enfants scolarisés est évoquée dans plusieurs provinces par la Société canadienne d'autisme[194].
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Des initiatives ont vu le jour telle la Society For The Autistics In India (SAI), organisme créé en 1995 à Bangalore, ses objectifs sont l'intervention précoce et un programme de développement de la communication[195].
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La part de la population autiste au Maroc est estimée en 2000 de 4 000 à 26 000 personnes[196], dont la plus grande partie est prise en charge exclusivement par la famille. Il existait des centres d'accueil dans les grandes métropoles telles que Casablanca et Rabat, qui sont d’ailleurs fermés jusqu'à présent. La scolarisation des enfants autistes dépend essentiellement des initiatives privées. Le milieu associatif tente d'établir un partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale (MNE) afin de disposer de classes adaptées dans les écoles primaires publiques et d'auxiliaires de vie scolaire[197].
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En 1908, le professeur autrichien Théodore Heller décrit un trouble qu'il présente comme une « démence juvénile » et qui sera dénommé plus tard sous le nom générique de « trouble désintégratif de l'enfance ».
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La première formalisation clinique d'un trouble infantile distinct des schizophrénies a été faite en 1943 par Leo Kanner qui définit les « troubles autistiques du contact affectif » à travers onze cas correspondants[20].
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Il reprend le terme « autisme » créé en 1911 par le psychiatre Eugen Bleuler à partir de la racine grecque αὐτός qui signifie « soi-même »[198]. Il l'utilisait alors pour distinguer l'un des trois comportements typiques des schizophrénies (adulte)[19] pour faire face à une réalité oppressante. Ce premier comportement, nommé « autisme », consistait pour y faire face à l'ignorer ou à l'écarter ; un deuxième consistait à la reconstruire, c'est la psychose ; et un troisième consistait à la fuir par dé-socialisation, ce qu'il associait aussi à la plainte somatique (hypocondrie). Bleuler est alors marqué par les travaux de psychopathologie de Wilhelm Wundt et par les idées de Sigmund Freud qui lui furent transmises par Carl Jung, alors son assistant.
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Le besoin de distinguer et d'isoler un trouble propre au jeune enfant se retrouve avant 1943 chez Melanie Klein comme le rapporte Jacques Hochmann[199].
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Vers la fin des années 1970, Lorna Wing redécouvre le travail oublié de Hans Asperger qui, comme Leo Kanner la même année, avait isolé des cas cliniques d'un trouble spécifiquement infantile qualifié d'« autistique »[90]. Elle publie en 1981 sa propre étude sur ce qu'elle nomme syndrome d'Asperger[23]. En 1982, elle propose l'idée d'une continuité entre les distinctions faites par Kanner et celles faites par Asperger[22], ce qu'elle met en évidence l’année suivante (1983) en définissant trois critères de référence[10] :
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Cette « triade autistique » reste aujourd’hui une référence pour identifier et définir l'autisme et le trouble envahissant du développement. Cette catégorie (en abrégé : TED) est apparue en 1994 avec le passage du DSM III au DSM IV[21], mais la tendance en 2011 semble être à la préférence de la notion de spectre autistique et à la simplification de la triade en deux critères : l'un social, l'autre comportemental[200]. Cette description clinique a permis le développement, dans les années 1990, de la recherche en génétique et en neurophysiologie sur les causes et le traitement de l'autisme, puis du spectre autistique.
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De nombreux films — documentaires ou de fiction — et séries mettent en scène l'autisme :
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et de la super-classe
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Articles connexes
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L'étude des poissons
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Les poissons sont des animaux vertébrés aquatiques à branchies, pourvus de nageoires et dont le corps est le plus souvent couvert d'écailles. On les trouve abondamment aussi bien dans les eaux douces que dans les mers : on trouve des espèces depuis les sources de montagnes (omble de fontaine, goujon) jusqu'au plus profond des océans (grandgousier, poisson-ogre). Leur répartition est toutefois très inégale : 50 % des poissons vivraient dans 17 % de la surface des océans[1] (qui sont souvent aussi les plus surexploités).
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Ils ont un rôle fondamental pour les humains :
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Dans la classification phylogénétique[2], obtenue par application des méthodes cladistiques, les poissons forment un groupe paraphylétique de vertébrés, donc non reconnu, car il exclut les tétrapodes (vertébrés terrestres). La super-classe des Poissons (les Pisces) de la classification classique n'est reconnue que par certains systématiciens évolutionnistes[3]. Les espèces actuelles (non-éteintes) de poissons sont réparties dans les taxons Pétromyzontides (lamproies), Chondrichtyens (les raies et requins), Actinoptérygiens (les plus communs), Sarcoptérygiens (Dipneustes et Actinistiens). On y associe parfois les Myxinoïdes.
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Le premier inventaire ichtyologique de France semble être celui de Pierre Belon, en 1555, intitulé La nature et la diversité des poissons avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel[4].
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Le substantif masculin[5],[6],[7] « poisson » (prononcé : [pwasɔ̃] en français standard)[6] est issu, par l'intermédiaire de l'ancien français peis, pois, du latin piscis, de même sens[5],[6].
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Le terme « poisson » est plus précisément employé pour désigner les crâniates non tétrapodes, c'est-à-dire des animaux avec un crâne cartilagineux ou osseux qui protège la partie antérieure du système nerveux, possédant des branchies toute leur vie et qui peuvent posséder des nageoires, mais pas de « pattes »[8]. Les poissons ne forment pas un groupe phylogénétiquement homogène, à l'inverse des oiseaux ou des mammifères (voir plus bas).
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Un poisson typique est « à sang froid » ; il possède un corps allongé lui permettant de nager rapidement ; il extrait le dioxygène de l'eau en utilisant ses branchies ou un organe respiratoire annexe lui permettant de respirer le dioxygène atmosphérique ; il possède deux paires de nageoires, les nageoires pelviennes et latérales, habituellement une ou deux (plus rarement trois) nageoires dorsales, une nageoire anale et une nageoire caudale; il possède une double mâchoire pour les gnathostomes et simple pour les agnathes ; il possède une peau généralement recouverte d'écailles ; ovipare, il pond des œufs et la fécondation peut être interne ou externe.
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Chacune de ces caractéristiques comporte toutefois des exceptions. Les thons, les espadons et certaines espèces de requins sont entre sang chaud et sang froid, et peuvent élever leur température corporelle au-dessus de celle de l'eau ambiante[9]. Et de la même façon, la lampris-lune semble être un cas unique de poisson à sang chaud. La forme du corps et les performances natatoires varient considérablement, des nageurs très rapides capables de parcourir dix à vingt longueurs de leur corps par seconde (thons, saumons) aux poissons très lents mais mieux manœuvrants (comme les anguilles ou les raies) qui ne dépassent pas 0,5 longueur par seconde[10]. Plusieurs groupes de poissons d'eau douce extraient le dioxygène de l'air comme de l'eau en utilisant des organes variés. Les dipneustes possèdent deux poumons similaires à ceux des tétrapodes ; les gouramis ont un « organe labyrinthe » qui fonctionne de la même manière ; les Corydoras extraient le dioxygène par l'estomac ou l'intestin[11]. La forme du corps et la position des nageoires varient énormément, comme en témoigne la différence entre les hippocampes, les lophiiformes, les poissons globes ou les saccopharyngiformes. De même, la surface de la peau peut être nue (murènes) ou couverte d'écailles de différents types : placoïdes (requins et raies), cosmoïdes (cœlacanthes), ganoïdes, cycloïdes et cténoïdes[12]. Certains poissons passent même davantage de temps hors de l'eau que dedans, comme les périophthalmes qui se nourrissent et interagissent entre eux sur des terrains boueux et ne retournent dans l'eau que pour se cacher dans leur terrier[13]. Certaines espèces peuvent être ovovivipares ou vivipares.
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La taille d'un poisson varie du requin baleine de 16 m au Schindleria brevipinguis d'à peine 8 mm.
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Quelques espèces de poisson dulçaquicole disposent de poumons, si les Erythrinus de l'Amazone extraient 50 % du dioxygène dont ils ont besoin avec ceux-ci, les poumons sont l'unique moyen de respiration des Arapaima gigas ou des gymnotes.
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Plusieurs types d'animaux aquatiques sont communément appelés « poissons » mais n'en sont pas vis-à-vis de la définition précédente.
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Les termes relatifs aux poissons viennent de différentes racines :
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À l'opposé des groupes tels que les oiseaux ou les mammifères, les poissons ne forment pas un clade : le groupe est paraphylétique, c'est-à-dire qu'il ne comporte pas tous les descendants de leur ancêtre commun[14],[15],[16]. Pour cette raison, la « super-classe Pisces » n'est plus utilisée en classification phylogénétique, chaque clade devant comporter tous les descendants du même ancêtre, ce qui amènerait à y adjoindre les Tétrapodes. Elle est par contre conservée dans certaines classifications évolutionnistes modernes[3].
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Les poissons sont classés dans les groupes principaux suivants (en grisé et précédés de l'obèle « † », les taxons éteints) :
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Certains paléontologues considèrent que les conodontes sont des chordés et les considèrent comme des poissons primitifs ; voir l'article Vertébré.
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Les différents groupes de poissons pris tous ensemble comprennent plus de la moitié des vertébrés connus. Il y a près de 28 000 espèces de poissons existantes (sans compter les espèces disparues), dont près de 27 000 poissons osseux, le reste étant formé d'environ 970 requins, raies et chimères et environ 108 lamproies et myxines[17]. Un tiers de toutes ces espèces est renfermé dans les neuf plus grandes familles, qui sont (des plus grandes aux plus petites) : Cyprinidae, Gobiidae, Cichlidae, Characidae, Loricariidae, Balitoridae, Serranidae, Labridae, et Scorpaenidae. D'un autre côté, environ 64 familles sont monotypiques (ne contiennent qu'un seul genre, parfois monospécifique). On suppose que le nombre total d'espèces de poissons en existence serait de 32 500[17].
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Les poissons contemporains sont les vertébrés chez lesquels on observe les plus grands et les plus petits génomes (parmi les vertébrés), phénomène qui a une « signification évolutive » encore incomprise[18]. Le génome est plus petit chez les poissons à nageoires à rayons que chez les poissons cartilagineux, hormis chez les polyploïdes (qui explique en grande partie les variations de taille de génome au sein de ces deux groupes)[18]. Le génome des poissons d'eau douce (et eurybiontes) est plus grand que celui des espèces apparentées marines et sténobiontes[18]. Les différences de taille de génome ne semblent pas liées au taux métabolique propre à l'espèce mais elles sont positivement corrélées avec la taille des œufs, ce qui peut évoquer un lien avec l'évolution des soins parentaux[18].
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Dans un contexte évolutif, l'ensemble des taxons désignés par le terme poisson n'est plus considéré homogène, ces taxons ayant des histoires évolutives différentes et formant donc différents clades[2].
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Certains pensent que les poissons ont évolué à partir d'une créature du type ascidie (dont les larves ont des ressemblances avec les poissons primitifs) ; les premiers ancêtres des poissons auraient alors conservé leur forme larvaire à l'état adulte par néoténie, mais l'inverse est aussi possible. Les fossiles candidats au statut de « premier poisson » connus sont Haikouichthys, Myllokunmingia et Pikaia.
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Les tout premiers fossiles de poissons ne sont guère nombreux, ni de bonne qualité : peut-être les poissons primitifs étaient-ils rares ou mal fossilisables ou les conditions taphonomiques mauvaises. Cependant, le poisson devint une des formes de vie dominantes du milieu aquatique et a donné naissance aux branches évolutives menant aux vertébrés terrestres comme les amphibiens, les reptiles et les mammifères.
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L'apparition d'une mâchoire articulée semble être la raison majeure de la prolifération ultérieure des poissons, car le nombre d'espèces de poissons agnathes devint très faible. Les premières mâchoires ont été trouvées dans les fossiles de placodermes. On ignore si le fait de posséder une mâchoire articulée procure un avantage, par exemple pour la préhension ou la respiration.
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Les poissons ont aussi coévolué avec d'autres espèces (prédateurs, pathogènes et parasites notamment, mais aussi parfois des espèces symbiotes). Durant leurs migrations (longues et sur de longues distances pour les saumons et lamproies, et plus encore pour les anguilles), ils peuvent transporter (dispersion) un certain nombre de propagules d'autres organismes (ectoparasitisme, endozoochorie, œufs viables non digérés[19]….)
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Les agnathes regroupent des animaux à corde dorsale et à crâne, mais sans mâchoires. Leur vie en milieu aquatique les a fait longtemps classer parmi les poissons.
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La monophylie des agnathes actuels est débattue[20],[21],[3] :
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La plupart des études récentes basées sur les comparaisons de séquences d'ADN soutiennent que les myxines et les lamproies sont étroitement apparentées. On parlera alors du groupe des cyclostomes[20].
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Les myxines et lamproies partagent des caractères morphologiques ancestraux à tous les crâniates, qui sont perdus chez les gnathostomes. Leur bouche rudimentaire, qui se comporte comme une ventouse, ne possède pas de mâchoires, et ne peut donc pas modifier son ouverture. Leur squelette est cartilagineux et composé d'une capsule crânienne et d'une colonne vertébrale sans côtes.
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Si les agnathes actuels sont peu nombreux, de nombreux fossiles d'agnathes sont présents dans les sédiments du paléozoïque. Les agnathes furent les tout premiers crâniates à apparaître. Certains agnathes fossiles, comme les ostéostracés sont plus proches parents des vertébrés à mâchoire que des lamproies et myxines. Par exemple, ils possèdent des membres pairs (nageoires pectorales) à la différence de ces dernières[20].
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Chez les Chondrichthyens, aussi appelés « poissons cartilagineux », il n'y a globalement pas d'ossification endochondrale. Le squelette est donc très majoritairement composé de cartilage, et pas d'« os vrai »[2]. On peut y trouver les différentes espèces de requins, de raies et de chimères. Il faut ajouter que les « os vrais » peuvent tout de même être observés chez les Chondrichtyens, mais en petite quantité[22].
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La généralisation de l'os enchondral ne se trouvera que chez les ostéichtyens, étant par ailleurs leur synapomorphie principale.
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Les principales synapomorphies des chondrichthyens incluent une couche de cartilage calcifié prismatique et, chez les mâles, les nageoires pelviennes portent des claspers pelviens (organes servant à l'accouplement)[2].
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Comme leur nom l'indique, l'innovation la plus notable des poissons osseux est l'os. Le tissu osseux périchondral qui renforçait certains cartilages se généralise, et conduit à deux types d'os d'origines différentes :
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On observe aussi la présence de sacs aériens connectés au tube digestif qui donneront les poumons des vertébrés terrestres et les vessies natatoires des Actinoptérygiens. Ces sacs aériens sont soupçonnés chez certains Gnathostomes fossiles. Les tentatives d'émancipation du milieu aquatique seraient alors apparues dans ce clade.
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Les principales fonctionnalités évolutives explorées au niveau des poissons osseux sont l'articulation de la mâchoire, de plus en plus structurée, et la forme et la mobilité des nageoires.
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On peut par exemple compter comme poissons à nageoires charnues (sarcoptérygiens) les cœlacanthes, les dipneustes ou encore les tétrapodes. Plusieurs innovations se retrouvent dans ce groupe :
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Il apparait donc évident, vu les membres de ce groupe, que pour rendre holophylétique le groupe des poissons (c'est-à-dire pour qu'il contienne tous les descendants de son dernier ancêtre commun, et donc le considérer valide du point de vue cladiste), il faudrait y inclure tous les vertébrés terrestres dont les humains font évidemment partie. Certains évolutionnistes ont souligné que l'idée d'appeler l'homme un poisson était absurde et qu'il était donc préférable d'accepter comme valides les groupes paraphylétiques[23].
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Les cellules épidermiques sont toutes vivantes, éliminations sans modification elles tombent. Peu épais (5 -9 couches cellulaires), il y a des échanges osmotiques et ioniques.
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Certains poissons pélagiques développent sur leur épiderme une coloration à fort contraste dorso-ventral. L'interprétation la plus classique est qu'il s'agirait d'une coloration cryptique permettant une sorte de camouflage anti-prédateur baptisée ombre inversée : la coloration sombre dorsale leur permet de se confondre avec les fonds marins et les rend moins visibles d'un prédateur aviaire ; la coloration blanche du ventre aurait une valeur adaptative, en les rendant moins visibles d'un prédateur venant des profondeurs (requin, thon) qui est ébloui par la luminosité des rayons solaires (confusion avec la lumière ambiante à travers la fenêtre de Snell)[24].
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La plupart des poissons se déplacent en contractant alternativement les muscles insérés de chaque côté de la colonne vertébrale. Ces contractions font onduler le corps de la tête vers la queue. Lorsque chaque ondulation atteint la nageoire caudale, la force propulsive créée pousse le poisson vers l'avant.
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Les nageoires du poisson sont utilisées comme stabilisateurs. La nageoire caudale sert aussi à augmenter la surface de la queue, augmentant ainsi la poussée lors de la nage, et donc la vitesse. Le corps fuselé des poissons permet de diminuer les frictions lorsqu'ils nagent, et donc d'éviter qu'ils soient ralentis par la résistance de l'eau. De plus, leurs écailles sont enrobées d'un mucus qui diminue les frottements.
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Presque toutes les formes d'alimentation sont observées chez les poissons, mais les modes parasitaires semblent rares ou inexistantes (la lamproie n'est pas un poisson au sens taxonomique le plus restrictif du terme).
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Le régime alimentaire d'une espèce mal connue ou nouvellement découverte peut être étudié par des analyses du contenu stomacal et des analyses isotopiques.
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Des cailloux, microplastiques, et parfois du sédiment et des os ou écailles de poissons sont souvent trouvés dans les estomacs de poissons (une étude ayant porté sur 5 000 estomacs de poissons appartenant à plus de 70 espèces démersales différentes, échantillonnés à intervalles bathymétriques de 250 m au nord-est de l'océan Atlantique, à des profondeurs allant de 500 à 2 900 m[25]. Des cailloux ou graviers n'ont été trouvés que dans les estomacs de poissons pêchés à 500–1000 m de profondeur (taux : 4,6 % à 500 m de profondeur, 1,1 % à 750 m et 1,3 % à 1 000 m[25]. Des sédiments étaient présents dans 9 % des estomacs et des écailles chez 7 % des poisson, des estomacs avec des contenus. Sédiments et échelles co-produite dans l'estomac des poissons d'alimentation principalement benthopélagiques[25].
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De nombreuses espèces de poissons, tels les demoiselles (Pomacentridés), les poissons zèbres (Cyprinidés) ou les néons (Characidés), etc. ont un instinct grégaire et préfèrent vivre en bancs. D'autres, tels les requins, sont plutôt solitaires. Certains sont même si agressifs que la rencontre d'un congénère peut entraîner la mort de l'un d'eux après une rude bataille : c'est le cas du combattant du Siam (Anabantidés) chez les mâles. La plupart des poissons sont ovipares : la femelle dépose ses ovules et le mâle les féconde, de manière externe ; cependant certains poissons sont ovovivipares, comme de nombreux requins, et il y a alors une accouplement avec fécondation interne. Certains s'occupent de leurs œufs ou de leurs petits (protégés dans la bouche des parents chez certains espèces comme celles de la famille des Apogonidae, ou dans une poche ventrale du mâle chez les hippocampes) et d'autres (qui pondent beaucoup plus d’œufs) abandonnent leurs œufs à leur sort, dans l'eau ou sur un support.
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Dans les années 2010, des études scientifiques relèvent chez plusieurs espèces une sensibilité et des comportements sociaux plus complexes qu'imaginés jusqu'alors[26].
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Par exemple, des raies manta ont démontré des comportements associés avec la conscience de soi. Placés dans un test du miroir, les individus ont démontré un comportement inhabituel, apparemment destiné à vérifier si le comportement de leur reflet correspond toujours à leurs propres mouvements[27].
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Des labres nettoyeurs ont également passé le test du miroir dans une expérience indépendante, réalisée en 2018[28],[29].
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Des cas d'usages d'outils chez les poissons ont également été mentionnés, notamment chez des poissons de la famille des choerodons, ceux du genre Toxotes et chez la morue de l'Atlantique[30].
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En 2019, des chercheurs ont démontré que les Amatitlania siquia, une espèce de poisson monogame, développent une attitude pessimiste quand ils sont privés de la présence de leur partenaires[31],[32].
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La plupart des poissons ont un cycle nycthéméral (et dorment la nuit[33], en pleine eau ou posés sur un substrat, parfois couchés sur le flanc) et saisonnier. Certains ont une activité plutôt nocturne. De nuit, en aquarium comme dans la nature, certains poissons changent de couleur[33],[34]. Des changements électriques du cerveau passant en phase de sommeil ou d'éveil montrent ces changements (8–13 Hz dans le noir, 18–32 Hz à la lumière chez la morue) proches de ceux observées chez les mammifères[33].
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La migration est un phénomène instinctif[35] présent chez de nombreuses espèces de poissons. Peu de poissons sont absolument sédentaires, hors quelques espèces coralliennes ou vivant dans des eaux fermées. La plupart des espèces marine et de rivière, accomplissent (individuellement ou de manière grégaire) des déplacements saisonniers ou migratoires.
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Beaucoup de poissons migrent de manière cycliquement régulière (à l'échelle du jour ou de l'année), sur des distances de quelques mètres à des milliers de kilomètres, en relation avec les besoins de reproduction ou en nourriture, les conditions de température ; dans certains cas, le motif de la migration n'est pas connu.
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À partir du dioxyde de carbone dissous dans l'eau, les poissons marins produisent constamment dans leur intestin des carbonates peu solubles.
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Par exemple, le flet européen synthétise et rejette chaque heure et en moyenne 18 micromoles de carbone par kg de poisson (sous forme de calcite)[1]. Les poissons contribueraient ainsi de 3 %[36] à 15 %[37] du puits de carbone océanique (voire 45 % si l'on prenait les hypothèses les plus « optimistes »)[1]. De plus, les poissons ont une marge de tolérance à la température[38] et un climat chaud associé à la surpêche tendent à réduire le nombre de grands poissons ; or, une petite taille du poisson et une eau plus chaude favoriseraient cette formation de carbonates de calcium ou de magnésium (qui sont éliminés avec la nécromasse, les fèces ou des boulettes de mucus)[1].
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Hélas, ces carbonates plus riches en magnésium sont aussi plus solubles à grande profondeur. Ils peuvent alors relarguer une partie de leur carbone, mais en tamponnant le milieu, au point que cela pourrait expliquer jusqu'à un quart de l'augmentation de l'alcalinité titrable des eaux marines dans les 1 000 mètres sous la surface (cette anomalie de dureté de l'eau était jusqu'ici controversée car non expliquée par les océanographes)[1].
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Hélas encore, c'est aussi dans les zones les plus favorables à ce piégeage du carbone (plateaux continentaux où se concentre environ 80 % de la biomasse en poisson) que la surpêche est la plus intense et que les zones mortes ont fait disparaître le plus de poissons.
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Le poisson est un aliment consommé par de nombreuses espèces animales, dont l'Homme. Le mot poisson désigne donc aussi un terme de cuisine faisant référence à l'ensemble des aliments préparés à partir de poissons capturés par le biais de la pêche ou de l'élevage. Trois quarts de la planète Terre sont couverts d'eau et de nombreuses rivières sillonnent l'intérieur des terres, ce qui fait que le poisson a fini par constituer, depuis la nuit des temps, une partie importante du régime alimentaire des humains dans presque tous les pays du monde.
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Pour les poissons comestibles comme la morue et le thon, la menace principale est la surpêche[39],[40]. Lorsque la surpêche persiste, elle finit par causer une diminution de la population de poissons (le « stock ») car les individus ne peuvent pas se reproduire assez vite pour compenser la perte due à la pêche. Un exemple de surpêche catastrophique très étudié est celui de la sardine du Pacifique (Sadinops sagax caerulues), qui était pêchée près des côtes de Californie. Le maximum avait été atteint en 1937 avec 790 000 tonnes, puis la quantité pêchée a décru pour atteindre à peine 24 000 t en 1968, date à laquelle cette industrie s'arrêta faute d'être rentable. Une telle « extinction commerciale » ne veut pas dire que l'espèce elle-même est éteinte, mais seulement qu'elle n'est plus économiquement viable[41]. La pêche minotière a également localement conduit à la surpêche.
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La principale source de tension entre l'industrie de la pêche et la science halieutique est la recherche d'un équilibre entre la conservation des espèces pêchées, et la préservation du revenu des pêcheurs. Dans des zones comme l'Écosse, Terre-Neuve ou l'Alaska, où l'industrie des pêches est le principal employeur, le gouvernement est particulièrement impliqué dans cet équilibre[42], en maintenant à la fois un stock suffisant et des ressources suffisantes pour les pêcheurs. D'un autre côté, les scientifiques promeuvent une protection toujours accrue pour les stocks, en prévenant que de nombreux stocks pourraient disparaitre dans les cinquante prochaines années[43].
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Selon le WWF, « 80 % des stocks mondiaux de poissons utilisés à des fins commerciales sont déjà surpêchés ou menacés de l’être. Par ailleurs, 40 % de tous les animaux marins capturés finissent comme prises accessoires et sont rejetés morts ou moribonds par-dessus bord. Et comme le poisson d’élevage est le plus souvent nourri avec de l’huile de poisson et/ou de la farine de poisson, les élevages contribuent également au pillage des mers »[44].
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Les poissons sont notamment vulnérables à de nombreux polluants (plomb, mercure et autres métaux, insecticides... ) et à des problèmes de féminisation (imposex) induits par des perturbateurs endocriniens[45].
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Une des menaces sur les écosystèmes (marins et d'eau douce) est la dégradation physique, chimique et écologique des habitats ; celle-ci est causée par la pollution de l'eau, la construction de grands barrages, le réchauffement, l'eutrophisation, l'acidification et la baisse du niveau d'eau par les activités humaines, et doivent faire face à la concurrence et aux pathogènes d'espèces introduites[46].
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Un exemple de poisson en danger à cause d'un habitat modifié est l'Esturgeon blanc, vivant dans les cours d'eau en Amérique du Nord, ceux-ci ayant été modifiés de différentes manières[47].
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L'introduction d'espèces exotiques dont beaucoup sont devenues invasives s'est produite à de nombreux endroits et pour de nombreuses raisons, dont le ballastage des navires de commerce.
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Un exemple bien connu et étudié est l'introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria. À partir des années 1960, la perche du Nil introduite pour la pêche a progressivement exterminé les 500 espèces de cichlidés que l'on ne trouvait nulle part ailleurs que dans ce lac ; certaines espèces ne survivent que grâce à des programmes de reproduction en captivité, mais d'autres sont probablement éteintes[48]. Parmi les espèces de poissons invasives ayant causé des problèmes écologiques, on peut noter les carpes, les tête-de-serpent, les tilapias, la perche européenne, la truite fario, la truite arc-en-ciel ou la lamproie marine.
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En 2006, la liste rouge de l'UICN comprenait 1 173 espèces de poissons menacées d'extinction[49]. Cette liste incluait des espèces comme la morue de l'Atlantique, le Cyprinodon diabolis, les cœlacanthes ou le grand requin blanc. Comme les poissons vivent sous l'eau, ils sont plus compliqués à étudier que les animaux terrestres ou les plantes, et on manque toujours d'informations sur les populations de poissons. Les poissons d'eau douce semblent particulièrement menacés, car ils vivent souvent dans des zones restreintes.
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On cherche à établir des indicateurs ou indices de biodiversité en poissons, notamment pour les milieux d'eau douce, lacs[50] et mares y compris.
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De nombreuses études ont porté sur la douleur[51],[52],[53] la souffrance[54],[55], l’évitement de la douleur[56],[57], la peur[58],[59] telle que perçue par les poissons, sur la composante d’affectivité ou de personnalité qu’ils expriment[60], des états apparentés à des émotions[61], ou sur leur bien-être en pisciculture[62],[63] ou en aquarium, avec des conclusions parfois opposées. Ces questions ont des enjeux juridiques et éthiques car les pays développés tendent à introduire de l’éthique animale et environnementale dans leurs législations (par ex en Suisse depuis 2005 : « personne ne doit de façon injustifiée causer à des animaux des douleurs, des maux ou des dommages, les mettre dans un état d’anxiété ou porter atteinte à leur dignité d’une autre manière. Il est interdit de maltraiter les animaux, de les négliger ou de les surmener inutilement », tout comme sont interdites « les autres pratiques sur des animaux qui portent atteinte à leur dignité »[64]). Depuis les années 1980 les indices d’un stress et d’une perception de la douleur s’accumulent et les poissons, qui sont de moins en moins considérés comme des machines biologiques qui ne seraient animées que par des réflexes simples. Ils disposent comme nous de deux types d’axones (fibres A delta et fibres C) impliqués dans la nociception, et la douleur affecte leurs capacités mémorielles et d'apprentissage[65]. La morphine supprime la perception de la douleur chez le poisson (comme chez l'escargot)[66]. L’étude de leurs capacités cognitives[67], de mémorisation et d’apprentissage[68],[69] conduit à des conclusions similaires. On distingue généralement la nociception[70],[71] (inconsciente, qui désigne un stimulus douloureux remonté vers le cerveau) de la « perception douloureuse ». James Rose considère que les cerveaux d’animaux sans néocortex (cas du poisson) n’auraient pas de vraie perception (consciente) de la douleur et que le comportement du poisson ne serait que réflexe. « Posséder des nocicepteurs est une condition nécessaire mais pas forcément suffisante pour ressentir la douleur » rappelle Jean-Marc Neuhaus qui ajoute qu’on ignore à quel moment (ou quels moments) de l’évolution la sensibilité à la douleur et son importance évolutive ; il est possible que des poissons des espèces éloignées des mammifères perçoivent la douleur via des mécanismes internes différents de ceux des mammifères.
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En 2014 après une revue de la littérature scientifique puis des débats entre ses membres, tout en restant prudente et en reconnaissant l’absence de certitudes, la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH, sise en Suisse ; pays où l’art. 120 de la Constitution fédérale impose une prise en compte de la dignité de la créature) a conclu qu’il «est difficile de dénier toute sensibilité à la douleur au moins à certains poissons» ; il n y a «aucune bonne raison de conclure que les poissons seraient insensibles» à la douleur.. Un rapport rendu public à Berne par la commission invite les pêcheurs, éleveurs et chercheurs à «utiliser les poissons avec attention et respect», ces animaux devant «faire l’objet d’un respect moral indépendant de leur utilité pour l’être humain»[72].
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Mais ces résultats ont été tempérés par d'autres études dont celle de James Rose (Université du Wyoming) qui, en 2012 dans la revue Fish and Fisheries, estimait que les poissons ne peuvent pas ressentir quoi que ce soit car dépourvus des structures nerveuses adéquates. Les réactions observées par certaines études relèveraient non pas de la douleur, mais de la nociception, c’est-à-dire de seuls réflexes[72].
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La CENH recommande une utilisation plus « éthique » des poissons, en limitant la souffrances des poissons pêchés, qui souffrent de décompression, meurent par asphyxie et souvent après de multiples traumatismes[72]. Elle invite aussi les pisciculteurs à mieux tenir compte des besoins de chaque espèce, et elle souhaite que la pêche à la ligne soit soumise à une attestation de compétence[72]. Elle invite aussi à interdire - de manière générale - l’utilisation des poissons à des fins de bien-être (Fish pedicure)[72].
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Le paiche d'Amazonie, ou Arapaïma, est le plus gros poisson dulçaquicole : il peut atteindre 4,5 m et 200 kg. Le plus gros poisson connu est le requin baleine (16 m, 10 t).
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Selon les Proceedings of the Royal Society (janvier 2006), le plus petit poisson serait Paedocypris progenetica, un cyprinidé d'eau douce découvert par Maurice Kottelat et Tan Heok Hui, du Raffles Museum (Singapour). La femelle Paedocypris est mature à partir de 7,9 mm de long. Adultes, les femelles mesurent 10,3 mm et les mâles, 11,4 mm. Il détrône un gobie nain de l'océan Indien décrit en 1981, Trimmatom nanus, adulte à 8 mm. Un poisson du même genre, Paedocypris micromethes, légèrement plus grand (femelle adulte à partir de 8,8 mm), a été identifié à Sarawak. Ces poissons vivent dans les forêts marécageuses constituées d'arbres inondés poussant sur un sol de tourbe détrempée, mou et épais de plusieurs mètres. L'eau y est rouge sombre et très acide.
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Selon une équipe de l'université de Washington, Photocorynus spiniceps est le plus petit vertébré connu : le mâle de cette espèce de baudroie de la famille des Linophrynidae, découverte dans les abysses du large des Philippines, long de seulement 6,2 mm, vit en parasite sur le dos d'une femelle mesurant 46 mm. Celle-ci pourvoit aux besoins en nourriture d'un mâle ne se limitant pratiquement qu'à un appareil reproducteur (Pietsch et al., Ichtyological Research, 2005[73]).
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Si le mâle Photocorynus spiniceps est plus petit, notons que Paedocypris progenetica détient, en moyenne mâle-femelle, le record du plus petit poisson connu (même s'il n'est plus le plus petit vertébré depuis la description en 2012 de la grenouille Paedophryne amauensis[74]).
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Dunkleosteus terrelli, un poisson marin à plaques cuirassées qui vivait il y a 400 Ma, mesurait jusqu'à 11 m de long et pouvait peser jusqu'à quatre tonnes. Après en avoir reconstitué la musculature, des scientifiques américains ont découvert en 2006 que les mâchoires de ce poisson étaient capables d'exercer une pression de 5 500 kg/cm2, soit à peu près deux fois celle de l'actuel requin blanc et autant que la mâchoire d'un Tyrannosaurus. De surcroît, on estime que Dunkleosteus terrelli était capable d'ouvrir et de refermer sa gueule en un cinquantième de seconde (Philip Anderson et Mark Westneat, 2006).
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Carassius auratus, Carassius auratus auratus • Carassin doré
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Le carassin doré (Carassius auratus), dont la forme ornementale est familièrement appelée poisson rouge, est une espèce de poissons d'eau douce appartenant à la famille des cyprinidés. Sélectionné dans les élevages, on retrouve ce poisson d'eau froide dans les bassins du monde entier mais également dans les aquariums. Il est considéré de nos jours comme un animal domestique. Les formes ornementales telles que nous les connaissons au XXIe siècle sont issues de la forme sauvage de l'espèce, un carassin de couleur gris doré, proche du carassin commun, vivant dans les eaux douces, calmes et tempérées d'Europe et de Chine. L'élevage sélectif pratiqué depuis les premières dynasties chinoises a permis d'obtenir des variétés dont la morphologie n'a plus beaucoup de points communs avec le carassin doré sauvage, variétés qui font l'objet de concours.
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C'est un poisson résistant, dont l'espérance de vie est de trente ans. Il peut parfaitement être maintenu en captivité à condition de vivre au sein d'un groupe minimal de deux individus dans un bassin ou dans un très grand aquarium d'eau froide. Le traditionnel bocal contenant un animal solitaire est de plus en plus dénoncé, voire interdit dans certains pays[1] car il ne permet pas d'assurer le bien-être de ces poissons grégaires et peuvent atteindre une taille de plus de 45 cm à l'âge adulte. En aquarium, un important volume de nage est à prévoir, soit 100 litres par individu juvénile. Un bac avec des plantes aquatiques et une grosse filtration sont de mise afin de garder des individus en bonne santé. Le bassin reste le meilleur habitat, et les aquariums de type boule sont déconseillés.
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Le carassin doré sauvage est un poisson de couleur gris doré de forme simple, mais l'espèce a considérablement évolué au cours des siècles dans les élevages. Le corps est allongé, la queue et les nageoires petites par rapport au corps. En bocal, il mesure de 4 à 7 cm, 12 à 16 cm en aquarium et 25 à 40 cm dans une pièce d'eau (bassin). Le record attesté de taille d'un individu est de 47,4 cm, aux Pays-Bas[réf. souhaitée], mais il peut atteindre une taille de 60 cm[2].
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Le dimorphisme sexuel, c'est-à-dire la différence entre le mâle et la femelle, n'est généralement pas apparent. Il faut attendre la période de reproduction (le frai) pour que l'aspect plus arrondi du corps des femelles et de discrètes modifications au niveau de l'anus de celles-ci, quand elles s'apprêtent à pondre, permettent de les distinguer des mâles qui développent de leur côté des sortes de nodules (les boutons de noce) sur les ouïes et les nageoires postérieurs (nageoires pelviennes)[3].
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Spécimen sauvage, en Chine
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Poisson-rouge, planche de 1902
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Squelette de Carassius auratus conservé au MNHN à Paris
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Le poisson rouge ordinaire de bassin diffère peu de la forme sauvage, si ce n'est par ses couleurs plus vives. Chaque variété de poissons rouges sélectionnée par la suite a développé ses propres caractéristiques : le télescope, d'origine japonaise, a les yeux proéminents, ceux de la lorgnette de ciel sont retournés vers le haut, etc.
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Toutes sortes de variétés colorées sont apparues, de même que des mutations plus importantes au niveau de la forme du corps, très recherchées chez ces poissons ornementaux.
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Après plusieurs croisements et sélections, de nouvelles variétés ont été créées, comme l'oranda, le comète, le télescope, la tête de lion, l'uranoscope… Dans ces cas, les couleurs mais aussi la morphologie des poissons ont été considérablement modifiées par mutations progressives. Les poissons peuvent avoir un corps plus rond, une queue double voire triple, des excroissances sur la tête, une nageoire dorsale plus haute, voire absente…
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Il existe de nombreuses variétés dites de « poissons rouges »[4],, en voici quelques-unes :
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Ce poisson d'eau douce est une espèce sociable qui vit en bancs. Il est omnivore à forte tendance insectivore et détritivore. Dans une grande pièce d'eau il trouve en principe de la nourriture vivante et végétale en quantité suffisante et se reproduit librement.
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C'est une espèce très résistante, qui s'adapte facilement aux conditions environnementales. L'espérance de vie d'un poisson rouge est de trente ans, du moins tant qu'il est maintenu dans de bonnes conditions[5]. Des records de longévité de près de 50 ans ont même été enregistrés[6].
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Toutefois, les poissons rouges ont des prédateurs naturels comme les oiseaux pêcheurs (corvidés, hérons...), les serpents aquatiques (couleuvres) ou les gros batraciens, et jusque dans les aquariums où les chats domestiques plongent volontiers la patte.
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Héron cendré
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Couleuvre à collier
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Grosse grenouille (Ouaouaron ?)
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Chat
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Au printemps, quand l’eau atteint 14 à 16 °C, les poissons rouges s’apprêtent à se reproduire.
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Le mâle atteint sa maturité sexuelle à deux ans et la femelle à trois ans. Les femelles sont plus rondes et plus pleines que les mâles quand arrive la période de fécondation. On reconnaît qu’elles sont prêtes à pondre car le ventre devient mou et l'orifice génital paraît proéminent. À cette période les mâles libèrent facilement de la laitance lorsqu'ils sont manipulés. Ils portent des « boutons de noce » blancs et rugueux sur les opercules ainsi que sur le premier rayon des nageoires pectorales qui sont souvent plus développées que chez les femelles.
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La reproduction est appelée « le frai ». La femelle accompagnée de plusieurs mâles prend appui sur les supports (frayères) disponibles pour pondre. Les ovules et la laitance sont libérés en pleine eau et c'est à ce moment que doit avoir lieu la fécondation. Au contact de l'eau, les protéines qui couvrent l'œuf commencent à devenir adhésives, l'œuf s'hydrate et se gonfle, et le micropyle se referme. Les ovules qui n'ont pas été fécondés à ce stade sont perdus. Les œufs adhèrent alors aux végétaux et aux surfaces environnantes. L'incubation peut commencer. Les œufs qui sont trop agglomérés les uns aux autres, tombés au sol ou dans un réduit mal oxygéné risquent fort d'être perdus par manque d'oxygène ou contact pathogène.
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L'éclosion des œufs restant a lieu après moins d'une semaine. La durée de l'embryogénèse est proportionnelle à la température et peut demander de six à trois jours dans une eau respectivement de 16 à 24 °C. À l'éclosion, les extrémités de l'appareil digestif (bouche et anus) de la larve ne sont pas encore ouverts, mais celle-ci dispose d'une réserve vitelline qui lui apporte l'énergie et les nutriments nécessaires pour achever sa formation.
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Cependant, n'ayant pas encore de vessie natatoire, la larve coule et ne peut tenir en eau sans fournir un effort considérable. Elle cherche donc à s'accrocher aux supports qu'elle trouve. Cette période dite de résorption de la vésicule peut demander deux à quatre jours (toujours selon la température).
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Dès qu'elle en est capable, la larve vient à la surface capter une bulle d'air qui vient gonfler sa vessie natatoire et lui permet ainsi de nager normalement. À partir de ce moment, elle doit commencer à se nourrir (infusoires, rotifères, débris végétaux...).
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D'abord bruns, les alevins acquièrent leur coloration définitive durant les trois ou quatre premiers mois de leur vie[7], en fonction de la température de l'eau.
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Adultes en cours de frai
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Alevins, juste après l'éclosion et dans l'œuf
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Alevins de poissons rouges
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Jeune poisson rouge
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Le poisson rouge aurait la mémoire de la douleur pendant au moins 24 h et peut être entraîné à garder la mémoire d'un événement jusqu'à trois mois, d'après une étude réalisée par l'Université de Plymouth. Une étude réalisée ultérieurement à l'Université Queen's de Belfast a confirmé qu'il ressent la douleur et peut apprendre à l'éviter dans un aquarium où il reçoit des décharges électriques dans certains secteurs. Ils mémorisent également l'heure de distribution de la nourriture [8],[9] et les soi-disant 9 secondes seulement d'attention du poisson rouge ne sont pas plus prouvées[10].
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Des recherches sont en cours afin de déterminer si Carassius auratus a évolué pour donner des sous-espèces, et combien[11]. De plus, relâchés dans la nature, les poissons rouges s'hybrident facilement avec d'autres Cyprinidés.
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Ainsi il n'est pas certain que le poisson rouge d'élevage se distingue suffisamment de l'espèce souche pour justifier le statut de sous-espèce[11].
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L'existence de sous-espèces fait débat.
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Selon World Register of Marine Species (6 avr. 2011)[12] :
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Les poissons rouges sont originaires des rivières, lacs et étangs de Chine où leur domestication est déjà mentionnée en 970 av. J.-C[réf. souhaitée]. Avant le XVIe siècle, seuls les nobles les élevaient. Les poissons rouges étaient particulièrement vénérés sous la dynastie Song (960-1279). Ils ont tout d'abord été conservés dans de riches bocaux de porcelaine puis dans des sphères de cristal[13].
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Gros carassin doré sauvage pêché en Chine
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Gravure de Cyprinus auratius (un synonyme) en 1782
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Vasque japonaise, vers la fin du XVIIIe siècle.
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Vase à pied européen en verre, fin du XVIIIe siècle.
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Carassins dorés dessinés en 1879
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Bac d'aquarium anglais du XIXe siècle
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Par la suite, les éleveurs sont parvenus à présenter des variétés de poissons rouges toujours plus étonnantes, à la faveur des croisements et mutations génétiques. Des associations répertorient plus d'une vingtaine de variétés[14] et des concours sont organisés pour présenter les plus beaux spécimens, notamment dans la ville chinoise de Fuzhou, capitale asiatique du marché du poisson rouge[15].
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Du fait de leur taille adulte, au moins 15 cm de longueur pour les variétés sélectionnées, et jusqu'à 30 cm pour le poisson rouge classique, ces animaux ont énormément besoin d'espace de nage. Les poissons rouges classiques sont adaptés aux grandes pièces d'eau mais, avec des soins et un équipement appropriés, ils peuvent vivre en petit bassin, en viviers ou dans de grands aquariums.
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Les poissons rouges vivent dans l'eau froide, entre des températures de 1 °C à 28 °C (22 °C pour la reproduction). Pour les variétés dérivées, comme les queue-de-voile, les télescopes, les oranda, les tête-de-lion, les bubble-eyes... qui sont plus délicates, la température doit être comprise entre 22 °C et 28 °C l'idéal étant 26 °C[16].
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L'eau doit avoir un pH plutôt neutre à alcalin (basique) compris entre 7,0 à 8,0, et une dureté de 5 °d GH à 15 °d GH[16].
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En aquariophilie, les bacs de gros volume sont recommandés, avec un minimum de 50 L par poisson rouge et 100 L par poisson rouge commun. Comme ce sont des animaux grégaires, qui vivent en banc, ils doivent être maintenus au minimum par deux ou trois de la même variété. Il faut donc prévoir au moins 75 L au minimum pour des variétés sélectionnées (hormis les variétés comète et classique, pour laquelle la vie en aquarium est inadaptée (sauf en aquarium de 700 L minimum)[17], ce qui s’avérera minuscule quand les poissons seront adultes. L'aquarium doit aussi être équipé d'une filtration puissante (environ 10 à 15 fois le volume total par heure).
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Lors d'un nettoyage complet (remplacement de la totalité de l'eau) la faune bactérienne participant à la dénitrification du milieu est entièrement détruite. Or, celle-ci est essentielle pour maintenir certaines matières nocives à un niveau non préjudiciable à la santé des poissons[18]. Cette population bactérienne se reconstitue, selon le contexte, en 3 à 6 semaines. C'est pour cela que l'on conseille plutôt de faire des changements d'eau fréquents (tous les 15 jours voire plus si nécessaire) mais ne dépassant pas 1/5 du volume total de l'aquarium[19].
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La vie en bocal, boule ou petit bac, est donc incongrue. L'espérance de vie normale d'un poisson rouge est d'une trentaine d'années, et il grandit considérablement. Ceux conservés dans de petits volumes sont atteints de nanisme, de difformités et, très souvent, meurent prématurément[20].
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De plus, pour ce poisson grégaire, une vie solitaire dans un bocal ne peut être qu'une survie difficile à supporter[21].
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Certaines autorités considèrent maintenant le maintien de poissons rouges dans des bocaux ronds comme de la « maltraitance ». La ville de Rome a même interdit leur utilisation[22].
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Dans les étangs, les mares et les bassins mixtes (eau et plantes) pas trop peuplés, il trouve en principe de la nourriture vivante et végétale en quantité suffisante. En bassin surpeuplé, en vivier et en aquarium, on lui donnera, en complément ou en menu principal, de la nourriture du commerce adaptée.
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Le poisson rouge est dit « glouton » puisqu'il peut, lorsqu'il est nourri par l'homme, manger bien plus qu'il ne lui est nécessaire, au risque d'être malade. Pour savoir quelle quantité leur donner, il faut respecter la règle « ne donner que ce qui peut être mangé en 3 minutes ». On conseille généralement[23] de ne nourrir les poissons rouges que deux fois par jour maximum. On peut adapter ainsi la ration en fonction des poissons, de leur taille, leur nombre, leur appétit, la température, etc[réf. nécessaire].
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Choisir de préférence les granulés car ils ne coulent pas et ne polluent pas l'eau. Éviter les daphnies séchées, elles n'ont aucun intérêt nutritif, et le pain, qui gonfle dans leur intestin et peut leur provoquer de graves problèmes de digestion[23].
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Si leur espace n'est pas suffisamment planté, il est conseillé[23] de compléter le menu par de la verdure (salade pochée, épinard, courgette...) et, s'il n'est pas situé à l'extérieur, par de la nourriture vivante et/ou congelée (artémies, vers de vase rouges, larves de moustiques...).
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En bassin, les poissons rouges s'apprêtent à se reproduire au printemps, quand l’eau atteint 14 à 16 °C. En aquarium il est nécessaire de baisser la température durant l’hiver si on souhaite tenter une reproduction car le cycle de maturation doit passer par une phase de dormance.
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Poisson sociable qui vit en banc, mais peut manger ses petits.
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Le poisson rouge est un animal domestique très apprécié pour sa facilité d'adaptation à l'environnement et son élevage aisé.
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C'est un animal volontiers glouton en captivité, dont il faut surveiller l'alimentation. Les maladies et décès surviennent le plus souvent à cause d'un mauvais entretien (aquarium trop petit, mauvaise filtration, alimentation inadéquate, surpeuplement...).
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Dans des bocaux ou des aquariums d'un trop faible volume les poissons rouges développent une forme de nanisme qui entraîne des malformations des organes, et leur durée de vie est considérablement raccourcie[5].
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En France, depuis l’arrêté du 11 août 2006[24], fixant la liste des espèces, races ou variétés d’animaux domestiques, il est établi que le poisson rouge est considéré comme une espèce domestique, comme 4 autres poissons, ce qui le protège (théoriquement...) de la maltraitance tel que l'élevage dans des aquariums trop petits (< 100 litres) ou le maintien en solitaire.
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Le marronnage est fréquent. Les poissons rouges relâchés dans la nature se croisent facilement avec d'autres Cyprinidés.
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Une étude génétique a montré qu'en Angleterre la plupart des carassins communs (Carassius carassius) capturés s'étaient en fait hybridés avec le poisson rouge (Carassius carassius × Carassius auratus) ce qui pourrait poser des problèmes à long terme pour la survie de l'espèce. En Australie, ce poisson est considéré comme « l'une des pires espèces aquatiques invasives » et un programme destiné à arrêter leur prolifération a été mis en place[25].
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Le poisson rouge peut donc être considéré comme une espèce invasive lorsqu'il est relâché dans la nature[26].
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et de la super-classe
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Articles connexes
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L'étude des poissons
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Les poissons sont des animaux vertébrés aquatiques à branchies, pourvus de nageoires et dont le corps est le plus souvent couvert d'écailles. On les trouve abondamment aussi bien dans les eaux douces que dans les mers : on trouve des espèces depuis les sources de montagnes (omble de fontaine, goujon) jusqu'au plus profond des océans (grandgousier, poisson-ogre). Leur répartition est toutefois très inégale : 50 % des poissons vivraient dans 17 % de la surface des océans[1] (qui sont souvent aussi les plus surexploités).
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Ils ont un rôle fondamental pour les humains :
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Dans la classification phylogénétique[2], obtenue par application des méthodes cladistiques, les poissons forment un groupe paraphylétique de vertébrés, donc non reconnu, car il exclut les tétrapodes (vertébrés terrestres). La super-classe des Poissons (les Pisces) de la classification classique n'est reconnue que par certains systématiciens évolutionnistes[3]. Les espèces actuelles (non-éteintes) de poissons sont réparties dans les taxons Pétromyzontides (lamproies), Chondrichtyens (les raies et requins), Actinoptérygiens (les plus communs), Sarcoptérygiens (Dipneustes et Actinistiens). On y associe parfois les Myxinoïdes.
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Le premier inventaire ichtyologique de France semble être celui de Pierre Belon, en 1555, intitulé La nature et la diversité des poissons avec leurs pourtraicts représentés au plus près du naturel[4].
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Le substantif masculin[5],[6],[7] « poisson » (prononcé : [pwasɔ̃] en français standard)[6] est issu, par l'intermédiaire de l'ancien français peis, pois, du latin piscis, de même sens[5],[6].
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Le terme « poisson » est plus précisément employé pour désigner les crâniates non tétrapodes, c'est-à-dire des animaux avec un crâne cartilagineux ou osseux qui protège la partie antérieure du système nerveux, possédant des branchies toute leur vie et qui peuvent posséder des nageoires, mais pas de « pattes »[8]. Les poissons ne forment pas un groupe phylogénétiquement homogène, à l'inverse des oiseaux ou des mammifères (voir plus bas).
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Un poisson typique est « à sang froid » ; il possède un corps allongé lui permettant de nager rapidement ; il extrait le dioxygène de l'eau en utilisant ses branchies ou un organe respiratoire annexe lui permettant de respirer le dioxygène atmosphérique ; il possède deux paires de nageoires, les nageoires pelviennes et latérales, habituellement une ou deux (plus rarement trois) nageoires dorsales, une nageoire anale et une nageoire caudale; il possède une double mâchoire pour les gnathostomes et simple pour les agnathes ; il possède une peau généralement recouverte d'écailles ; ovipare, il pond des œufs et la fécondation peut être interne ou externe.
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Chacune de ces caractéristiques comporte toutefois des exceptions. Les thons, les espadons et certaines espèces de requins sont entre sang chaud et sang froid, et peuvent élever leur température corporelle au-dessus de celle de l'eau ambiante[9]. Et de la même façon, la lampris-lune semble être un cas unique de poisson à sang chaud. La forme du corps et les performances natatoires varient considérablement, des nageurs très rapides capables de parcourir dix à vingt longueurs de leur corps par seconde (thons, saumons) aux poissons très lents mais mieux manœuvrants (comme les anguilles ou les raies) qui ne dépassent pas 0,5 longueur par seconde[10]. Plusieurs groupes de poissons d'eau douce extraient le dioxygène de l'air comme de l'eau en utilisant des organes variés. Les dipneustes possèdent deux poumons similaires à ceux des tétrapodes ; les gouramis ont un « organe labyrinthe » qui fonctionne de la même manière ; les Corydoras extraient le dioxygène par l'estomac ou l'intestin[11]. La forme du corps et la position des nageoires varient énormément, comme en témoigne la différence entre les hippocampes, les lophiiformes, les poissons globes ou les saccopharyngiformes. De même, la surface de la peau peut être nue (murènes) ou couverte d'écailles de différents types : placoïdes (requins et raies), cosmoïdes (cœlacanthes), ganoïdes, cycloïdes et cténoïdes[12]. Certains poissons passent même davantage de temps hors de l'eau que dedans, comme les périophthalmes qui se nourrissent et interagissent entre eux sur des terrains boueux et ne retournent dans l'eau que pour se cacher dans leur terrier[13]. Certaines espèces peuvent être ovovivipares ou vivipares.
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La taille d'un poisson varie du requin baleine de 16 m au Schindleria brevipinguis d'à peine 8 mm.
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Quelques espèces de poisson dulçaquicole disposent de poumons, si les Erythrinus de l'Amazone extraient 50 % du dioxygène dont ils ont besoin avec ceux-ci, les poumons sont l'unique moyen de respiration des Arapaima gigas ou des gymnotes.
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Plusieurs types d'animaux aquatiques sont communément appelés « poissons » mais n'en sont pas vis-à-vis de la définition précédente.
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Les termes relatifs aux poissons viennent de différentes racines :
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À l'opposé des groupes tels que les oiseaux ou les mammifères, les poissons ne forment pas un clade : le groupe est paraphylétique, c'est-à-dire qu'il ne comporte pas tous les descendants de leur ancêtre commun[14],[15],[16]. Pour cette raison, la « super-classe Pisces » n'est plus utilisée en classification phylogénétique, chaque clade devant comporter tous les descendants du même ancêtre, ce qui amènerait à y adjoindre les Tétrapodes. Elle est par contre conservée dans certaines classifications évolutionnistes modernes[3].
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Les poissons sont classés dans les groupes principaux suivants (en grisé et précédés de l'obèle « † », les taxons éteints) :
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Certains paléontologues considèrent que les conodontes sont des chordés et les considèrent comme des poissons primitifs ; voir l'article Vertébré.
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Les différents groupes de poissons pris tous ensemble comprennent plus de la moitié des vertébrés connus. Il y a près de 28 000 espèces de poissons existantes (sans compter les espèces disparues), dont près de 27 000 poissons osseux, le reste étant formé d'environ 970 requins, raies et chimères et environ 108 lamproies et myxines[17]. Un tiers de toutes ces espèces est renfermé dans les neuf plus grandes familles, qui sont (des plus grandes aux plus petites) : Cyprinidae, Gobiidae, Cichlidae, Characidae, Loricariidae, Balitoridae, Serranidae, Labridae, et Scorpaenidae. D'un autre côté, environ 64 familles sont monotypiques (ne contiennent qu'un seul genre, parfois monospécifique). On suppose que le nombre total d'espèces de poissons en existence serait de 32 500[17].
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Les poissons contemporains sont les vertébrés chez lesquels on observe les plus grands et les plus petits génomes (parmi les vertébrés), phénomène qui a une « signification évolutive » encore incomprise[18]. Le génome est plus petit chez les poissons à nageoires à rayons que chez les poissons cartilagineux, hormis chez les polyploïdes (qui explique en grande partie les variations de taille de génome au sein de ces deux groupes)[18]. Le génome des poissons d'eau douce (et eurybiontes) est plus grand que celui des espèces apparentées marines et sténobiontes[18]. Les différences de taille de génome ne semblent pas liées au taux métabolique propre à l'espèce mais elles sont positivement corrélées avec la taille des œufs, ce qui peut évoquer un lien avec l'évolution des soins parentaux[18].
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Dans un contexte évolutif, l'ensemble des taxons désignés par le terme poisson n'est plus considéré homogène, ces taxons ayant des histoires évolutives différentes et formant donc différents clades[2].
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Certains pensent que les poissons ont évolué à partir d'une créature du type ascidie (dont les larves ont des ressemblances avec les poissons primitifs) ; les premiers ancêtres des poissons auraient alors conservé leur forme larvaire à l'état adulte par néoténie, mais l'inverse est aussi possible. Les fossiles candidats au statut de « premier poisson » connus sont Haikouichthys, Myllokunmingia et Pikaia.
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Les tout premiers fossiles de poissons ne sont guère nombreux, ni de bonne qualité : peut-être les poissons primitifs étaient-ils rares ou mal fossilisables ou les conditions taphonomiques mauvaises. Cependant, le poisson devint une des formes de vie dominantes du milieu aquatique et a donné naissance aux branches évolutives menant aux vertébrés terrestres comme les amphibiens, les reptiles et les mammifères.
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L'apparition d'une mâchoire articulée semble être la raison majeure de la prolifération ultérieure des poissons, car le nombre d'espèces de poissons agnathes devint très faible. Les premières mâchoires ont été trouvées dans les fossiles de placodermes. On ignore si le fait de posséder une mâchoire articulée procure un avantage, par exemple pour la préhension ou la respiration.
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Les poissons ont aussi coévolué avec d'autres espèces (prédateurs, pathogènes et parasites notamment, mais aussi parfois des espèces symbiotes). Durant leurs migrations (longues et sur de longues distances pour les saumons et lamproies, et plus encore pour les anguilles), ils peuvent transporter (dispersion) un certain nombre de propagules d'autres organismes (ectoparasitisme, endozoochorie, œufs viables non digérés[19]….)
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Les agnathes regroupent des animaux à corde dorsale et à crâne, mais sans mâchoires. Leur vie en milieu aquatique les a fait longtemps classer parmi les poissons.
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La monophylie des agnathes actuels est débattue[20],[21],[3] :
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La plupart des études récentes basées sur les comparaisons de séquences d'ADN soutiennent que les myxines et les lamproies sont étroitement apparentées. On parlera alors du groupe des cyclostomes[20].
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Les myxines et lamproies partagent des caractères morphologiques ancestraux à tous les crâniates, qui sont perdus chez les gnathostomes. Leur bouche rudimentaire, qui se comporte comme une ventouse, ne possède pas de mâchoires, et ne peut donc pas modifier son ouverture. Leur squelette est cartilagineux et composé d'une capsule crânienne et d'une colonne vertébrale sans côtes.
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Si les agnathes actuels sont peu nombreux, de nombreux fossiles d'agnathes sont présents dans les sédiments du paléozoïque. Les agnathes furent les tout premiers crâniates à apparaître. Certains agnathes fossiles, comme les ostéostracés sont plus proches parents des vertébrés à mâchoire que des lamproies et myxines. Par exemple, ils possèdent des membres pairs (nageoires pectorales) à la différence de ces dernières[20].
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Chez les Chondrichthyens, aussi appelés « poissons cartilagineux », il n'y a globalement pas d'ossification endochondrale. Le squelette est donc très majoritairement composé de cartilage, et pas d'« os vrai »[2]. On peut y trouver les différentes espèces de requins, de raies et de chimères. Il faut ajouter que les « os vrais » peuvent tout de même être observés chez les Chondrichtyens, mais en petite quantité[22].
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La généralisation de l'os enchondral ne se trouvera que chez les ostéichtyens, étant par ailleurs leur synapomorphie principale.
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Les principales synapomorphies des chondrichthyens incluent une couche de cartilage calcifié prismatique et, chez les mâles, les nageoires pelviennes portent des claspers pelviens (organes servant à l'accouplement)[2].
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Comme leur nom l'indique, l'innovation la plus notable des poissons osseux est l'os. Le tissu osseux périchondral qui renforçait certains cartilages se généralise, et conduit à deux types d'os d'origines différentes :
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On observe aussi la présence de sacs aériens connectés au tube digestif qui donneront les poumons des vertébrés terrestres et les vessies natatoires des Actinoptérygiens. Ces sacs aériens sont soupçonnés chez certains Gnathostomes fossiles. Les tentatives d'émancipation du milieu aquatique seraient alors apparues dans ce clade.
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Les principales fonctionnalités évolutives explorées au niveau des poissons osseux sont l'articulation de la mâchoire, de plus en plus structurée, et la forme et la mobilité des nageoires.
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On peut par exemple compter comme poissons à nageoires charnues (sarcoptérygiens) les cœlacanthes, les dipneustes ou encore les tétrapodes. Plusieurs innovations se retrouvent dans ce groupe :
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Il apparait donc évident, vu les membres de ce groupe, que pour rendre holophylétique le groupe des poissons (c'est-à-dire pour qu'il contienne tous les descendants de son dernier ancêtre commun, et donc le considérer valide du point de vue cladiste), il faudrait y inclure tous les vertébrés terrestres dont les humains font évidemment partie. Certains évolutionnistes ont souligné que l'idée d'appeler l'homme un poisson était absurde et qu'il était donc préférable d'accepter comme valides les groupes paraphylétiques[23].
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Les cellules épidermiques sont toutes vivantes, éliminations sans modification elles tombent. Peu épais (5 -9 couches cellulaires), il y a des échanges osmotiques et ioniques.
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Certains poissons pélagiques développent sur leur épiderme une coloration à fort contraste dorso-ventral. L'interprétation la plus classique est qu'il s'agirait d'une coloration cryptique permettant une sorte de camouflage anti-prédateur baptisée ombre inversée : la coloration sombre dorsale leur permet de se confondre avec les fonds marins et les rend moins visibles d'un prédateur aviaire ; la coloration blanche du ventre aurait une valeur adaptative, en les rendant moins visibles d'un prédateur venant des profondeurs (requin, thon) qui est ébloui par la luminosité des rayons solaires (confusion avec la lumière ambiante à travers la fenêtre de Snell)[24].
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La plupart des poissons se déplacent en contractant alternativement les muscles insérés de chaque côté de la colonne vertébrale. Ces contractions font onduler le corps de la tête vers la queue. Lorsque chaque ondulation atteint la nageoire caudale, la force propulsive créée pousse le poisson vers l'avant.
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Les nageoires du poisson sont utilisées comme stabilisateurs. La nageoire caudale sert aussi à augmenter la surface de la queue, augmentant ainsi la poussée lors de la nage, et donc la vitesse. Le corps fuselé des poissons permet de diminuer les frictions lorsqu'ils nagent, et donc d'éviter qu'ils soient ralentis par la résistance de l'eau. De plus, leurs écailles sont enrobées d'un mucus qui diminue les frottements.
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Presque toutes les formes d'alimentation sont observées chez les poissons, mais les modes parasitaires semblent rares ou inexistantes (la lamproie n'est pas un poisson au sens taxonomique le plus restrictif du terme).
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Le régime alimentaire d'une espèce mal connue ou nouvellement découverte peut être étudié par des analyses du contenu stomacal et des analyses isotopiques.
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Des cailloux, microplastiques, et parfois du sédiment et des os ou écailles de poissons sont souvent trouvés dans les estomacs de poissons (une étude ayant porté sur 5 000 estomacs de poissons appartenant à plus de 70 espèces démersales différentes, échantillonnés à intervalles bathymétriques de 250 m au nord-est de l'océan Atlantique, à des profondeurs allant de 500 à 2 900 m[25]. Des cailloux ou graviers n'ont été trouvés que dans les estomacs de poissons pêchés à 500–1000 m de profondeur (taux : 4,6 % à 500 m de profondeur, 1,1 % à 750 m et 1,3 % à 1 000 m[25]. Des sédiments étaient présents dans 9 % des estomacs et des écailles chez 7 % des poisson, des estomacs avec des contenus. Sédiments et échelles co-produite dans l'estomac des poissons d'alimentation principalement benthopélagiques[25].
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De nombreuses espèces de poissons, tels les demoiselles (Pomacentridés), les poissons zèbres (Cyprinidés) ou les néons (Characidés), etc. ont un instinct grégaire et préfèrent vivre en bancs. D'autres, tels les requins, sont plutôt solitaires. Certains sont même si agressifs que la rencontre d'un congénère peut entraîner la mort de l'un d'eux après une rude bataille : c'est le cas du combattant du Siam (Anabantidés) chez les mâles. La plupart des poissons sont ovipares : la femelle dépose ses ovules et le mâle les féconde, de manière externe ; cependant certains poissons sont ovovivipares, comme de nombreux requins, et il y a alors une accouplement avec fécondation interne. Certains s'occupent de leurs œufs ou de leurs petits (protégés dans la bouche des parents chez certains espèces comme celles de la famille des Apogonidae, ou dans une poche ventrale du mâle chez les hippocampes) et d'autres (qui pondent beaucoup plus d’œufs) abandonnent leurs œufs à leur sort, dans l'eau ou sur un support.
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Dans les années 2010, des études scientifiques relèvent chez plusieurs espèces une sensibilité et des comportements sociaux plus complexes qu'imaginés jusqu'alors[26].
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Par exemple, des raies manta ont démontré des comportements associés avec la conscience de soi. Placés dans un test du miroir, les individus ont démontré un comportement inhabituel, apparemment destiné à vérifier si le comportement de leur reflet correspond toujours à leurs propres mouvements[27].
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Des labres nettoyeurs ont également passé le test du miroir dans une expérience indépendante, réalisée en 2018[28],[29].
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Des cas d'usages d'outils chez les poissons ont également été mentionnés, notamment chez des poissons de la famille des choerodons, ceux du genre Toxotes et chez la morue de l'Atlantique[30].
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En 2019, des chercheurs ont démontré que les Amatitlania siquia, une espèce de poisson monogame, développent une attitude pessimiste quand ils sont privés de la présence de leur partenaires[31],[32].
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La plupart des poissons ont un cycle nycthéméral (et dorment la nuit[33], en pleine eau ou posés sur un substrat, parfois couchés sur le flanc) et saisonnier. Certains ont une activité plutôt nocturne. De nuit, en aquarium comme dans la nature, certains poissons changent de couleur[33],[34]. Des changements électriques du cerveau passant en phase de sommeil ou d'éveil montrent ces changements (8–13 Hz dans le noir, 18–32 Hz à la lumière chez la morue) proches de ceux observées chez les mammifères[33].
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La migration est un phénomène instinctif[35] présent chez de nombreuses espèces de poissons. Peu de poissons sont absolument sédentaires, hors quelques espèces coralliennes ou vivant dans des eaux fermées. La plupart des espèces marine et de rivière, accomplissent (individuellement ou de manière grégaire) des déplacements saisonniers ou migratoires.
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Beaucoup de poissons migrent de manière cycliquement régulière (à l'échelle du jour ou de l'année), sur des distances de quelques mètres à des milliers de kilomètres, en relation avec les besoins de reproduction ou en nourriture, les conditions de température ; dans certains cas, le motif de la migration n'est pas connu.
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À partir du dioxyde de carbone dissous dans l'eau, les poissons marins produisent constamment dans leur intestin des carbonates peu solubles.
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Par exemple, le flet européen synthétise et rejette chaque heure et en moyenne 18 micromoles de carbone par kg de poisson (sous forme de calcite)[1]. Les poissons contribueraient ainsi de 3 %[36] à 15 %[37] du puits de carbone océanique (voire 45 % si l'on prenait les hypothèses les plus « optimistes »)[1]. De plus, les poissons ont une marge de tolérance à la température[38] et un climat chaud associé à la surpêche tendent à réduire le nombre de grands poissons ; or, une petite taille du poisson et une eau plus chaude favoriseraient cette formation de carbonates de calcium ou de magnésium (qui sont éliminés avec la nécromasse, les fèces ou des boulettes de mucus)[1].
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Hélas, ces carbonates plus riches en magnésium sont aussi plus solubles à grande profondeur. Ils peuvent alors relarguer une partie de leur carbone, mais en tamponnant le milieu, au point que cela pourrait expliquer jusqu'à un quart de l'augmentation de l'alcalinité titrable des eaux marines dans les 1 000 mètres sous la surface (cette anomalie de dureté de l'eau était jusqu'ici controversée car non expliquée par les océanographes)[1].
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Hélas encore, c'est aussi dans les zones les plus favorables à ce piégeage du carbone (plateaux continentaux où se concentre environ 80 % de la biomasse en poisson) que la surpêche est la plus intense et que les zones mortes ont fait disparaître le plus de poissons.
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Le poisson est un aliment consommé par de nombreuses espèces animales, dont l'Homme. Le mot poisson désigne donc aussi un terme de cuisine faisant référence à l'ensemble des aliments préparés à partir de poissons capturés par le biais de la pêche ou de l'élevage. Trois quarts de la planète Terre sont couverts d'eau et de nombreuses rivières sillonnent l'intérieur des terres, ce qui fait que le poisson a fini par constituer, depuis la nuit des temps, une partie importante du régime alimentaire des humains dans presque tous les pays du monde.
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Pour les poissons comestibles comme la morue et le thon, la menace principale est la surpêche[39],[40]. Lorsque la surpêche persiste, elle finit par causer une diminution de la population de poissons (le « stock ») car les individus ne peuvent pas se reproduire assez vite pour compenser la perte due à la pêche. Un exemple de surpêche catastrophique très étudié est celui de la sardine du Pacifique (Sadinops sagax caerulues), qui était pêchée près des côtes de Californie. Le maximum avait été atteint en 1937 avec 790 000 tonnes, puis la quantité pêchée a décru pour atteindre à peine 24 000 t en 1968, date à laquelle cette industrie s'arrêta faute d'être rentable. Une telle « extinction commerciale » ne veut pas dire que l'espèce elle-même est éteinte, mais seulement qu'elle n'est plus économiquement viable[41]. La pêche minotière a également localement conduit à la surpêche.
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La principale source de tension entre l'industrie de la pêche et la science halieutique est la recherche d'un équilibre entre la conservation des espèces pêchées, et la préservation du revenu des pêcheurs. Dans des zones comme l'Écosse, Terre-Neuve ou l'Alaska, où l'industrie des pêches est le principal employeur, le gouvernement est particulièrement impliqué dans cet équilibre[42], en maintenant à la fois un stock suffisant et des ressources suffisantes pour les pêcheurs. D'un autre côté, les scientifiques promeuvent une protection toujours accrue pour les stocks, en prévenant que de nombreux stocks pourraient disparaitre dans les cinquante prochaines années[43].
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Selon le WWF, « 80 % des stocks mondiaux de poissons utilisés à des fins commerciales sont déjà surpêchés ou menacés de l’être. Par ailleurs, 40 % de tous les animaux marins capturés finissent comme prises accessoires et sont rejetés morts ou moribonds par-dessus bord. Et comme le poisson d’élevage est le plus souvent nourri avec de l’huile de poisson et/ou de la farine de poisson, les élevages contribuent également au pillage des mers »[44].
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Les poissons sont notamment vulnérables à de nombreux polluants (plomb, mercure et autres métaux, insecticides... ) et à des problèmes de féminisation (imposex) induits par des perturbateurs endocriniens[45].
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Une des menaces sur les écosystèmes (marins et d'eau douce) est la dégradation physique, chimique et écologique des habitats ; celle-ci est causée par la pollution de l'eau, la construction de grands barrages, le réchauffement, l'eutrophisation, l'acidification et la baisse du niveau d'eau par les activités humaines, et doivent faire face à la concurrence et aux pathogènes d'espèces introduites[46].
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Un exemple de poisson en danger à cause d'un habitat modifié est l'Esturgeon blanc, vivant dans les cours d'eau en Amérique du Nord, ceux-ci ayant été modifiés de différentes manières[47].
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L'introduction d'espèces exotiques dont beaucoup sont devenues invasives s'est produite à de nombreux endroits et pour de nombreuses raisons, dont le ballastage des navires de commerce.
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Un exemple bien connu et étudié est l'introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria. À partir des années 1960, la perche du Nil introduite pour la pêche a progressivement exterminé les 500 espèces de cichlidés que l'on ne trouvait nulle part ailleurs que dans ce lac ; certaines espèces ne survivent que grâce à des programmes de reproduction en captivité, mais d'autres sont probablement éteintes[48]. Parmi les espèces de poissons invasives ayant causé des problèmes écologiques, on peut noter les carpes, les tête-de-serpent, les tilapias, la perche européenne, la truite fario, la truite arc-en-ciel ou la lamproie marine.
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En 2006, la liste rouge de l'UICN comprenait 1 173 espèces de poissons menacées d'extinction[49]. Cette liste incluait des espèces comme la morue de l'Atlantique, le Cyprinodon diabolis, les cœlacanthes ou le grand requin blanc. Comme les poissons vivent sous l'eau, ils sont plus compliqués à étudier que les animaux terrestres ou les plantes, et on manque toujours d'informations sur les populations de poissons. Les poissons d'eau douce semblent particulièrement menacés, car ils vivent souvent dans des zones restreintes.
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On cherche à établir des indicateurs ou indices de biodiversité en poissons, notamment pour les milieux d'eau douce, lacs[50] et mares y compris.
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De nombreuses études ont porté sur la douleur[51],[52],[53] la souffrance[54],[55], l’évitement de la douleur[56],[57], la peur[58],[59] telle que perçue par les poissons, sur la composante d’affectivité ou de personnalité qu’ils expriment[60], des états apparentés à des émotions[61], ou sur leur bien-être en pisciculture[62],[63] ou en aquarium, avec des conclusions parfois opposées. Ces questions ont des enjeux juridiques et éthiques car les pays développés tendent à introduire de l’éthique animale et environnementale dans leurs législations (par ex en Suisse depuis 2005 : « personne ne doit de façon injustifiée causer à des animaux des douleurs, des maux ou des dommages, les mettre dans un état d’anxiété ou porter atteinte à leur dignité d’une autre manière. Il est interdit de maltraiter les animaux, de les négliger ou de les surmener inutilement », tout comme sont interdites « les autres pratiques sur des animaux qui portent atteinte à leur dignité »[64]). Depuis les années 1980 les indices d’un stress et d’une perception de la douleur s’accumulent et les poissons, qui sont de moins en moins considérés comme des machines biologiques qui ne seraient animées que par des réflexes simples. Ils disposent comme nous de deux types d’axones (fibres A delta et fibres C) impliqués dans la nociception, et la douleur affecte leurs capacités mémorielles et d'apprentissage[65]. La morphine supprime la perception de la douleur chez le poisson (comme chez l'escargot)[66]. L’étude de leurs capacités cognitives[67], de mémorisation et d’apprentissage[68],[69] conduit à des conclusions similaires. On distingue généralement la nociception[70],[71] (inconsciente, qui désigne un stimulus douloureux remonté vers le cerveau) de la « perception douloureuse ». James Rose considère que les cerveaux d’animaux sans néocortex (cas du poisson) n’auraient pas de vraie perception (consciente) de la douleur et que le comportement du poisson ne serait que réflexe. « Posséder des nocicepteurs est une condition nécessaire mais pas forcément suffisante pour ressentir la douleur » rappelle Jean-Marc Neuhaus qui ajoute qu’on ignore à quel moment (ou quels moments) de l’évolution la sensibilité à la douleur et son importance évolutive ; il est possible que des poissons des espèces éloignées des mammifères perçoivent la douleur via des mécanismes internes différents de ceux des mammifères.
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En 2014 après une revue de la littérature scientifique puis des débats entre ses membres, tout en restant prudente et en reconnaissant l’absence de certitudes, la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH, sise en Suisse ; pays où l’art. 120 de la Constitution fédérale impose une prise en compte de la dignité de la créature) a conclu qu’il «est difficile de dénier toute sensibilité à la douleur au moins à certains poissons» ; il n y a «aucune bonne raison de conclure que les poissons seraient insensibles» à la douleur.. Un rapport rendu public à Berne par la commission invite les pêcheurs, éleveurs et chercheurs à «utiliser les poissons avec attention et respect», ces animaux devant «faire l’objet d’un respect moral indépendant de leur utilité pour l’être humain»[72].
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Mais ces résultats ont été tempérés par d'autres études dont celle de James Rose (Université du Wyoming) qui, en 2012 dans la revue Fish and Fisheries, estimait que les poissons ne peuvent pas ressentir quoi que ce soit car dépourvus des structures nerveuses adéquates. Les réactions observées par certaines études relèveraient non pas de la douleur, mais de la nociception, c’est-à-dire de seuls réflexes[72].
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La CENH recommande une utilisation plus « éthique » des poissons, en limitant la souffrances des poissons pêchés, qui souffrent de décompression, meurent par asphyxie et souvent après de multiples traumatismes[72]. Elle invite aussi les pisciculteurs à mieux tenir compte des besoins de chaque espèce, et elle souhaite que la pêche à la ligne soit soumise à une attestation de compétence[72]. Elle invite aussi à interdire - de manière générale - l’utilisation des poissons à des fins de bien-être (Fish pedicure)[72].
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Le paiche d'Amazonie, ou Arapaïma, est le plus gros poisson dulçaquicole : il peut atteindre 4,5 m et 200 kg. Le plus gros poisson connu est le requin baleine (16 m, 10 t).
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Selon les Proceedings of the Royal Society (janvier 2006), le plus petit poisson serait Paedocypris progenetica, un cyprinidé d'eau douce découvert par Maurice Kottelat et Tan Heok Hui, du Raffles Museum (Singapour). La femelle Paedocypris est mature à partir de 7,9 mm de long. Adultes, les femelles mesurent 10,3 mm et les mâles, 11,4 mm. Il détrône un gobie nain de l'océan Indien décrit en 1981, Trimmatom nanus, adulte à 8 mm. Un poisson du même genre, Paedocypris micromethes, légèrement plus grand (femelle adulte à partir de 8,8 mm), a été identifié à Sarawak. Ces poissons vivent dans les forêts marécageuses constituées d'arbres inondés poussant sur un sol de tourbe détrempée, mou et épais de plusieurs mètres. L'eau y est rouge sombre et très acide.
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Selon une équipe de l'université de Washington, Photocorynus spiniceps est le plus petit vertébré connu : le mâle de cette espèce de baudroie de la famille des Linophrynidae, découverte dans les abysses du large des Philippines, long de seulement 6,2 mm, vit en parasite sur le dos d'une femelle mesurant 46 mm. Celle-ci pourvoit aux besoins en nourriture d'un mâle ne se limitant pratiquement qu'à un appareil reproducteur (Pietsch et al., Ichtyological Research, 2005[73]).
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Si le mâle Photocorynus spiniceps est plus petit, notons que Paedocypris progenetica détient, en moyenne mâle-femelle, le record du plus petit poisson connu (même s'il n'est plus le plus petit vertébré depuis la description en 2012 de la grenouille Paedophryne amauensis[74]).
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Dunkleosteus terrelli, un poisson marin à plaques cuirassées qui vivait il y a 400 Ma, mesurait jusqu'à 11 m de long et pouvait peser jusqu'à quatre tonnes. Après en avoir reconstitué la musculature, des scientifiques américains ont découvert en 2006 que les mâchoires de ce poisson étaient capables d'exercer une pression de 5 500 kg/cm2, soit à peu près deux fois celle de l'actuel requin blanc et autant que la mâchoire d'un Tyrannosaurus. De surcroît, on estime que Dunkleosteus terrelli était capable d'ouvrir et de refermer sa gueule en un cinquantième de seconde (Philip Anderson et Mark Westneat, 2006).
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Pokémon (prononcé [pɔ.ke.mɔn] ; en japonais ポケモン, Pokemon, prononcé [po̞kʲe̞mõ̞ɴ]) est une franchise créée par Satoshi Tajiri en 1996, présente en particulier en jeu vidéo, dans des séries éditées par Nintendo. Selon les statistiques de Nintendo en 2010, les jeux Pokémon se sont vendus à environ 250 millions d’unités. Le jeu vidéo Pokémon Rouge et Bleu s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires, ce qui en fait un record des ventes dans l’histoire du jeu vidéo.
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La franchise est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. Dans la série animée homonyme, le personnage principal, Sacha, voyage à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, un concept qu’on retrouve également dans les jeux vidéo de la franchise. Pokémon a eu un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, le Canada, la France et d'autres pays européens.
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Le nom Pokémon est issu de la contraction de Poketto Monsutā, romanisation du japonais ポケットモンスター[1] traduisant l'anglais Pocket Monsters. Le terme Pokémon, en plus de référer à la franchise Pokémon elle-même, réfère aussi collectivement aux 896 espèces fictionnelles réparties en huit générations Pokémon. Pokémon est identique au singulier et au pluriel, comme dans chaque nom d'une espèce ; il est grammaticalement correct de dire un Pokémon et de nombreux Pokémon, ainsi que un Pikachu et des Pikachu[2].
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Dans l'univers des Pokémon[N 1], les animaux du monde réel n'existent pas (ou très peu). Le monde est peuplé de Pokémon, des créatures qui vivent en harmonie avec les humains, mais possèdent des aptitudes quasiment impossibles pour des animaux du monde réel, telles que cracher du feu, comme Dracaufeu, ou encore générer de grandes quantités d'électricité, comme Magnéti[3]. Chaque sorte[N 2] de Pokémon possède un nom, qui peut à la fois être utilisé pour parler de Pokémon individuels ou de l'ensemble des Pokémon de la même sorte. Certains Pokémon dits « légendaires » sont les seuls représentants de leur sorte et dans les jeux récents sont des entités incarnant une puissance naturelle. Dans la série animée, les Pokémon ne peuvent prononcer en règle générale que leur nom[N 3], mais il existe quelques cas rares où des Pokémon ont appris un langage humain[N 4],[4],[5]. Des humains utilisent ces aptitudes dans leurs activités professionnelles : ainsi les Caninos de l'Agent Jenny l'aident à poursuivre les criminels.
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Certains dressent les Pokémon pour organiser des combats entre eux, transportant généralement les Pokémon dans des Poké Balls, des balles compactes où un Pokémon peut être contenu[3],[6],[7]. Ces dresseurs Pokémon voyagent à travers le monde dans le but d'attraper le plus grand nombre de Pokémon, puis éventuellement devenir Maître Pokémon, un titre donné au dresseur ayant battu le maître de la ligue. Certains dresseurs enregistrent les informations des Pokémon qu'ils ont capturés ou observés dans un Pokédex, un appareil électronique qui répertorie et affiche les informations sur les différents Pokémon[8]. À partir de l'âge de dix ans, il est possible de commencer son apprentissage de dresseur en recevant une licence de la Ligue Pokémon[9]. L'apprentissage consiste à partir capturer des Pokémon dans leurs habitats naturels, puis à les entrainer au combat.
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Les matchs Pokémon consistent en combats entre les Pokémon de deux dresseurs, et se terminent quand tous les Pokémon de l'un d'entre eux sont KO. La mort des Pokémon est donc évitée, et les Pokémon peuvent être soignés au Centre Pokémon, un bâtiment où les infirmières guérissent les Pokémon blessés[10],[7]. Pour participer à des compétitions, les dresseurs peuvent se déplacer aux différentes Arènes Pokémon où un badge leur est offert s'ils sortent victorieux d'un match contre le champion d'arène[9]. Après avoir gagné tous les badges de la région, un dresseur peut partir au siège de la Ligue Pokémon pour affronter quatre dresseurs d'élite, souvent appelés le « Conseil des 4 ». Ce n'est qu'après avoir battu ces quatre dresseurs que le dresseur peut affronter le Maître de la Ligue[11].
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Il existe dix-huit types (voir la liste ci-contre). Chaque Pokémon possède un ou deux types qui conditionnent la plupart de ses attaques et caractérisent ses forces et ses faiblesses vis-à-vis des autres types, organisées comme le pierre-papier-ciseaux pour équilibrer les combats[12]. De nombreux Pokémon se transforment en une nouvelle sorte (ce phénomène est appelé une « évolution[N 6] ») après avoir atteint un certain niveau d'expérience ou d'autres critères plus complexes (objets, échange, etc) ; cela leur donne souvent de meilleures statistiques de combat et parfois un nouveau type. En tout, un Pokémon de base peut évoluer au plus deux fois[N 7].
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Quelques Pokémon peuvent évoluer de plusieurs manières différentes (l'archétype de ces Pokémon est Évoli)[13].
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Les types Acier et Ténèbres[N 8] apparaissent dans la deuxième génération (Pokémon Or, Argent et Cristal), de même que le type Fée apparaît dans la sixième génération (Pokémon X et Y). Ils sont principalement attribués à des monstres propres à ces nouvelles générations, toutefois des Pokémon des générations antérieures se sont également vu attribuer ces types. Magnéti, créé dans la première génération en tant que type Électrique, est ainsi du double-type Électrique et Acier à partir de la deuxième génération.
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Depuis l'apparition de la sixième génération, il existe un nouveau système d'évolution nommé "méga-évolution", décliné de deux manières différentes : la Primo-Résurgence (réservée à Kyogre et Groudon) et la méga-évolution classique. Cette dernière se réalise par l’intermédiaire d'une pierre portée par le Pokémon, dont le nom se compose de celui du Pokémon et du suffixe-ite (exemple : Braségalite pour Braségali).
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Lors de la septième génération, c'est une autre forme d'évolution qui a fait son apparition, pouvant être assimilée au résultat d'une spéciation allopatrique. Ainsi, sur les îles d'Alola, on trouve des formes endémiques de certains Pokémon comme Noadkoko, appelées sobrement "formes d'Alola". Les "capacités Z" apparaissent également.
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Pokémon est issu de l'imagination du développeur japonais Satoshi Tajiri[14]. Celui-ci se serait inspiré de l'élevage de criquets qu'il faisait pendant son enfance[15],[16],[17]. Ces insectes, destinés à concourir dans des courses, lui auraient donné la certitude que les criquets les plus vieux étaient plus expérimentés, gagnaient donc plus de courses et voyaient donc leur valeur vénale augmenter lors d'un échange[18].
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Les premiers jeux vidéo Pokémon, Pocket Monsters Vert et Rouge sortent sur Game Boy en 1996, exclusivement au Japon, sous le nom de Pocket Monsters (ポケットモンスター, Poketto Monsutā?)[19].
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Ils deviennent rapidement très populaires au Japon, se vendant à plus de 10 millions d'exemplaires[20],[21].
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Une série animée et un jeu de cartes à collectionner sont alors créés[16]. C'est pendant cette période de succès local que la contraction Pokémon (venant de Poketto Monsutā) devient courante[10],[16].
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Deux ans plus tard, les jeux Pokémon Rouge et Bleu sortent aux États-Unis, aux côtés de la série animée, diffusée sur le programme télévisé Kids' WB du CW Television Network, et une version du jeu de cartes à collectionner en anglais[16].
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Les versions Rouge et Bleu se vendent très bien, battant tous les records de vente avec plus de 30 millions d'exemplaires[22].
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La série, quant à elle, aide la chaîne de télévision à grimper dans les classements, au point que Warner Bros. Pictures sort un long métrage animé au cinéma l'année suivante, en 1999[20].
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Avec 163 millions de dollars de recettes, Mewtwo Contre-Attaque est l'anime ayant eu le plus de succès au box-office[23].
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La sortie en 2000 de Pokémon Or et Argent marque le début de la deuxième génération. Ces deux nouvelles versions, sorties sur Game Boy Color, incorporent des nouveautés, comme une centaine de nouvelles variétés de Pokémon, une nouvelle carte, et un nouveau scénario[24].
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Leur parution est précédée de la sortie du film Le pouvoir est en toi, qui rapporte 133 millions de dollars[23]. En 2001, la série animée Pokémon reste la série télévisée préférée des enfants dans de nombreuses catégories, dont les enfants de 2 à 11 ans, et Kids' WB est le programme télévisé no 1 des enfants[16],[25]. Malgré le succès de l'anime et de la nouvelle génération de jeux, la franchise perd de la popularité, les films La voix de la forêt et Les Héros Pokémon ne rapportant qu'un million de dollars et 700 000 dollars, respectivement[23].
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La franchise freine donc sa production pendant les deux années suivantes, prenant le temps de développer de nouveaux jeux pour se réinventer. C'est en 2003 que sortent les versions Rubis et Saphir sur Game Boy Advance, avec de nouveaux concepts, comme celui des PokéBlocs, mais aussi une addition considérable de nouvelles espèces de Pokémon, la liste des espèces atteignant 386[26].
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Ces deux jeux se vendent bien, occupant la seconde et troisième place des jeux vidéo les plus vendus en 2003[27].
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Cette renaissance de la popularité de Pokémon ne se fait pas uniquement au niveau des jeux vidéo, mais également via le jeu de cartes à collectionner[26].
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En effet, une organisation du nom de Pokémon Organized Play se forme en 2003 et organise des tournois nationaux qui ravivent la popularité du jeu de cartes[28].
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La série animée se réinvente elle aussi, avec un nouveau cycle de saisons appelé Pokémon: Advanced, qui lui rend sa popularité perdue[26].
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Cette période marque le retour de Pokémon en matière de popularité mais aussi en matière de production[29].
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Cette troisième génération de jeux continue avec la sortie d'une dizaine de nouveaux jeux Pokémon sur Game Boy Advance comme sur GameCube[26].
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En 2004, les versions Rouge Feu et Vert Feuille sortent[30].
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Ces deux nouvelles versions ne marquent pas le début d'une nouvelle génération, étant des remakes des deux premières versions à être commercialisées partout dans le monde, Pokémon Rouge et Bleu[31].
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La quatrième génération devra attendre 2006, l'année de sortie des versions Diamant et Perle sur Nintendo DS au Japon. La sortie européenne se fait presque un an plus tard, en juillet 2007[32].
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Cette fois-ci, le nombre de sortes de Pokémon passe à 493, et les jeux bénéficient de la technologie de la Nintendo DS, qui dispose de deux écrans[29].
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Pendant ce temps, la série animée entre dans un nouveau cycle, Pokémon Diamant et Perle, qui jouit d'une popularité correcte aux États-Unis, étant diffusée sur Cartoon Network[29]. Pokémon Platine, qui est le troisième épisode de la génération Perle-Diamant sur Nintendo DS, sort le 13 septembre 2008 au Japon, le 22 mars 2009 aux États-Unis et le 22 mai 2009 en Europe[33],[34],[35],[36].
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Lors de la sortie des versions Diamant et Perle, le nombre de Pokémon différents est de 493. On peut leur ajouter quelques variantes (souvent le nombre 497 est aussi annoncé, à cause des différentes formes de l'un d'eux), et quelques Pokémon qui n'ont pas été placés volontairement dans le jeu, mais apparaissent à cause de bugs (ces Pokémon n'apparaissent jamais dans les autres médias que les jeux)[37]. En 2010, les versions Pokémon Or HeartGold et Argent SoulSilver sortent, cette fois en tant que remakes des versions Pokémon Or et Argent, mais avec toutes les nouveautés issues des nouvelles générations, notamment techniques, ou au niveau du système de jeu.
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En 2010, une cinquième génération de Pokémon arrive au Japon, puis l'année suivante en Amérique et en Europe avec la sortie des versions Noir et Blanc. Il existe désormais 649 Pokémon. Une fois de plus, les jeux sont un succès, et atteignent en Amérique un score de 1,4 million d'exemplaires vendus le premier jour de commercialisation[38]. Ces versions sont les premières de la licence à connaitre une suite, constituée de Pokémon version Noire 2 et Pokémon version Blanche 2. Jusque-là, les jeux n'avaient connu que des versions complémentaires, dont le scénario différait peu des premières versions de la génération. Ces suites sortent le 23 juin 2012 au Japon, le 7 octobre 2012 aux États-Unis et le 12 octobre en Europe. Au Japon, 1,6 million d'exemplaires sont écoulés en deux jours[39].
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Le 8 janvier 2013, Game Freak annonce l'arrivée d'une sixième génération avec les jeux Pokémon X et Y. Ces jeux sont les premiers à connaître la même date de sortie dans tous les pays du monde : le 12 octobre de la même année[40]. Ils amènent deux grandes nouveautés : l'ajout du type fée et celui des méga-évolutions, qui modifient radicalement le déroulement des combats Pokémon. Avec 72 nouvelles créatures ajoutées pour cette édition, le nombre total de Pokémon atteint 721. Le 7 mai 2014, Nintendo annonce la sortie de Pokémon Rubis Oméga et Saphir Alpha pour novembre 2014. Ces jeux sont des remakes des versions Rubis et Saphir sorties en 2003. Les premières images du jeu ont été révélées à l'occasion du Nintendo Digital Event donné lors de l'E3 2014, le jeu reprend le moteur graphique de Pokémon X et Y.
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La septième génération est annoncée le 26 février 2016, avec les jeux Pokémon Soleil et Pokémon Lune, qui sortent officiellement le 18 novembre 2016 dans le monde. Ils souffriront cependant d'un retard de cinq jours sur la date annoncée en Europe. L'histoire se passe à Alola, une région inspiré d'Hawaï. Dans cette saga, une nouvelle sorte de Pokémon fait son apparition : les formes d'Alola. D'anciens Pokémon de la première génération, comme Taupiqueur ou Tadmorv, obtiennent ainsi une nouvelle forme avec un type et des statistiques différents. 81 nouveaux Pokémon pour un total de 802. Le 6 juin 2017, Nintendo a annoncé les jeux Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune. Ces versions sont sorties le 17 novembre 2017. Elles apportent 5 nouveaux Pokémon dans le Pokédex de la région d'Alola, de nouvelles fonctionnalités, ainsi qu'un scénario différent et surtout plus enrichi, complété d'un scénario post game mettant en scène le retour de la Team Rocket accompagnée des grands méchants des précédentes générations.
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C'est également les deux dernières versions sur le support de la Nintendo 3DS.
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Depuis Pokémon Go, deux nouveaux Pokémon apparaissent, puis une nouvelle fois dans la série principale avec Let's Go, Pikachu et Let's Go, Évoli. Ils sont sortis mondialement le 16 novembre 2018 sur Nintendo Switch.
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La huitième génération est annoncée le 27 février 2019, avec les jeux Pokémon Épée et Pokémon Bouclier, qui sont sortis mondialement le 15 novembre 2019 sur Nintendo Switch[41].
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À l'origine, la franchise était uniquement constituée des deux jeux sortis au Japon. Elle s'est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner[10]. Quel que soit le support, le concept reste toujours le même[42],[43].
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La série de jeux vidéo Pokémon, commencée en 1996 au Japon avec Pocket Monsters, contient à ce jour près d'une soixantaine de jeux sortis sur Game Boy, Game Boy Color, Nintendo 64, Game Boy Advance, GameCube, Wii, Nintendo DS, Nintendo 3DS, Wii U et Nintendo Switch. Le premier duo de jeux, Pokémon Rouge et Pokémon Bleu, a été vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, ce qui en fait, à l'époque, la seconde meilleure vente[22],[44],[45]. Le dernier duo en date, Pokémon Epée et Pokémon Bouclier, est sorti sur Nintendo Switch le 15 novembre 2019[46].
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L'idée d'un jeu en ligne massivement multijoueur a été évoqué en 2009, néanmoins, Junichi Masuda rappelle que « L'échange est un concept central de Pokémon. Donc, quand vous faites un échange, vous rencontrez un ami et décidez de quel Pokémon vous allez vous échanger réciproquement. Il faut mettre l'accent sur la communication réelle entre les joueurs. Vous ne vous voyez pas quand vous êtes tous deux en ligne », ce qui est incompatible avec le MMO[47].
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En octobre 2010, selon les statistiques de Nintendo, la série de jeux vidéo s'est vendue à 215 millions d'exemplaires à travers le monde[48].
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En juillet 2016 sort le jeu Pokémon Go sur smartphones et tablettes tactiles. Il propose un gameplay adapté au mobile et basé sur une architecture massivement multijoueur. Le jeu demande aux joueurs de rechercher des Pokémon dans le monde réel à l'aide de la géolocalisation. Une fois trouvés, ceux-ci apparaissent sur l'écran en réalité augmentée. Le succès de ce jeu est phénoménal et planétaire : en quelques jours, le jeu devient l'une des applications les plus utilisées (dépassant par exemple le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de Twitter aux États-Unis[49]).
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Le développement de l'e-sport dans les années 2000 a aussi entraîné avec lui toute la vague Pokémon. Les premiers tournois ont débuté avec la série et nombreuses sont les communautés sur internet qui s'intéressent au métagame complexe des jeux vidéo Pokémon.
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Pokémon, la série a été créée au Japon à la suite de la popularité du premier jeu vidéo, et fut diffusée pour la première fois sur TV Tokyo le 1er avril 1997[16],[20],[50]. La série fut introduite à l'étranger à partir de 1998, et fut en grande partie responsable du programme télévisé Kids' WB, sur The CW Television Network[20]. La série continue le concept des jeux vidéo, suivant les aventures de Sacha et son ambition de devenir un jour maître Pokémon[51]. La série est maintenant diffusée sur Canal J, Gulli, M6, MCM et Cartoon Network. Elle connaît à la fin de 2018 sa vingt-deuxième saison[52] et son millième épisode fin 2017. Ces vingt-trois saisons sont séparées en sept cycles : Pocket Monsters (1997) (saisons 1 à 5), Advanced Generation (saisons 6 à 9), Diamant et Perle (saisons 10 à 13)[53], Noir et Blanc (saisons 14 à 16), XY (saisons 17 à 19), Soleil et Lune (saisons 20 à 22) et Pocket Monsters (2019) (saison 23).
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Une série diffusée en parallèle à la série principale, Pokémon Chronicles, est diffusée en tant que spin-off. La majeure partie de la série, diffusée uniquement en Occident, est tirée du Weekly Pokémon Broadcasting Station, qui diffusait ces épisodes spéciaux en même temps qu'était rediffusé l'anime original, depuis octobre 2002[54].
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Deux téléfilms ont également été diffusés. Ils incluent Le Retour de Mewtwo (Mewtwo Returns) en 2001 et Le Maître des mirages (The Mastermind of Mirage Pokémon) en 2006[55].
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De plus, vingt longs métrages dérivés de la franchise sont sortis, dont certains uniquement au Japon. Le premier, Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque est sorti en 1998 au Japon et en 2000 en France. Celui-ci fait 2 224 456 entrées au cinéma en France[56]. Tout comme la série animée, les films racontent les aventures du dresseur Sacha et de ses compagnons.
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Le 8 mai 2019 est sorti en France Pokémon : Détective Pikachu, premier film Pokémon en prise de vues réelles.
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Le jeu de cartes à collectionner Pokémon a été créé par Tsunekazu Ishihara, propriétaire de Creatures, à la suite du succès de Pocket Monsters en 1996[5],[16],[57]. Le jeu de cartes a été exporté avec les autres jeux et la série à l'étranger à partir de début 1999, et a été édité par Wizards of the Coast[21],[58]. Après la sortie de Pokémon Rubis et Saphir, Nintendo a récupéré la propriété des cartes et commencé à se charger de la distribution à travers sa société The Pokémon Company[57]. Le jeu de cartes Pokémon est pratiqué dans de nombreuses conventions et tournois au Japon, aux États-Unis et en Europe[28]. En 2007, un jeu de figurines à jouer et à collectionner a été lancé, et accueilli avec enthousiasme par les fans américains[57].
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Depuis ses débuts, la franchise Pokémon s'est déclinée en de nombreux mangas, qui adaptent de manière plus ou moins libre l'univers du jeu vidéo ou du dessin animé. Ils sont publiés au Japon par Shōgakukan et traduits en anglais par VIZ Media et Chuang Yi. Deux séries se distinguent par leur longévité puisque originellement parus à l'époque de Pokémon Rouge et Vert, elles continuaient à être publiées lors de la sortie de Pokémon Noir et Blanc.
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D'une part, Pocket Monsters (ポ ケットモンスター, Poketto Monsutā?), de Anakubo Kōsaku, est une série humoristique assez éloignée de l'intrigue classique de Pokémon, mettant en scène un dresseur du nom de Red et ses deux Pokémon, un Mélofée (Clefairy[N 9]) grossier et insupportable et un Pikachu. La série est extrêmement populaire au Japon, où les ventes atteignent 3 millions d'exemplaires ; les personnages du manga font même une apparition sous forme de dessin animé dans une courte séquence de l'épisode 362 de la série télévisée[59].
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D'autre part, Pocket Monsters Special (ポケットモンスタースペシ, Poketto Monsutā Supesharu?) scénarisé par Hidenori Kusaka et dessiné Satoshi Mato puis Yamamoto Satoshi, est une série d'aventures qui reprend au plus près l'intrigue des jeux vidéo : à chaque nouveau jeu correspond un nouvel arc narratif mettant en scène un nouveau héros qui porte le nom de la version (Red, Yellow, Gold, etc.)[60]. Chacun des chapitres de la série a pour titre le nom d'un Pokémon précédé de la mention « VS. »[61].
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Seules trois séries de manga ont été traduites en français et publiés par Glénat entre 1999 et 2002 : Pokémon : Attrapez-les tous ! de Miho Asada, Pikachu Adventures ! de Yumi Tsukirino et Pokémon La grande aventure !, traduction de Pocket Monsters Special[62]. En 2011, la maison d'édition Kurokawa a repris l'édition de la série Pocket Monsters Special avec l'arc Pokémon Noir et Blanc[63], avant de publier les arcs Rouge, Bleu et Vert, Jaune, ainsi que Rubis et Saphir en 2014[64],[65]. Mais également l'arc Or et Argent qui a été finalisé en octobre 2016 et l'arc X et Y dont le sixième et dernier tome est sorti en mai 2017.
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Pokémon eut un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, et plusieurs pays européens[66]. Les médias ont appelé cette frénésie envers les Pokémon, la Pokémania[67],[68]. Pokémon est un exemple-type de la mondialisation par les Japonais dans l'industrie vidéoludique[69],[70].
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Bien que Satoshi Tajiri soit considéré comme le créateur des premiers jeux, Tsunekazu Ishihara, des studios Creatures, est souvent vu comme l'homme derrière la stratégie marketing des médias Pokémon[5]. Pocket Monsters, sorti au Japon en 1996, avait d'abord reçu peu d'attention, mais a grandi en popularité grâce au bouche à oreille. Le jeu était vendu en deux versions, Rouge et Vert. Certaines sortes de Pokémon n'étant disponibles que dans une des versions, le joueur se voit obligé d'échanger avec un joueur ayant l'autre version, ce qui ne pouvait être fait qu'avec le câble link vendu séparément[5],[17].
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Les produits dérivés prennent rapidement une importance majeure pour la licence[71]. Pour promouvoir les jeux, Nintendo s'arrangea avec Shōgakukan pour que des mangas reprenant l'univers du jeu vidéo paraissent dans le magazine Koro-Koro, lu à l'époque par environ un enfant japonais sur quatre[5],[72]. Certaines de ces bandes dessinées furent traduites en anglais et vendues en Amérique du Nord. Shōgakukan créa également la série animée qui, grâce à sa popularité au Japon, augmenta les ventes des jeux[5]. Des longs métrages, des CD, des cassettes et autres produits dérivés furent vendus en parallèle à la série, et la franchise Pokémon se réserve tous les droits de sa marque de commerce[5]. La licence pour le jeu de cartes à jouer Pokémon Trading Card Game est concédé à Wizards of the Coast, leader mondial dans le domaine[71]. Ce jeu fait appel à la fois aux concepts de collection et de duel présents dans les jeux vidéo et incite le client à s'acheter de nouveaux paquets en incluant une carte puissante dans chaque paquet de dix cartes[5]. Lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en Europe, en octobre 1999, les produits dérivés représentaient un chiffre d'affaires mondial de 4,5 milliards de dollars, soit le triple de celui des jeux vidéo, alors que ces recettes ne représentent généralement que 50 % du chiffre d'affaires pour un autre jeu vidéo[71]. Entre 1999 et 2012, en France, la franchise Pokémon rapporte un chiffre d'affaires variant de 40 à 90 millions d'euros selon les années[73].
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À l'origine, Nintendo avait des craintes quant au succès de Pokémon aux États-Unis, notamment à cause de différences culturelles[74]. Étant donné que Pokémon n'était pas seulement une série de jeux vidéo mais un phénomène culturel, son implantation en Amérique du Nord fut planifiée minutieusement[5],[75]. Bien que les décisions majeures eurent lieu en 1997, les plans concrets d'adaptation culturelle et linguistique furent mis au point au début de 1998. Pikachu étant un personnage clé de l'image de la franchise, son nom original fut utilisé dans tous les marchés, tandis que la majorité des autres noms furent traduits[5]. C'est pendant cette arrivée aux États-Unis que la franchise commença à utiliser officiellement le terme Pokémon, ayant utilisé Pocket Monsters auparavant. L'utilisation d'un accent aigu sur le E, présent dans tous les pays utilisant l'alphabet latin[18], indiquait que la voyelle devait être prononcée, mais les anglophones eurent du mal à savoir quelle était sa prononciation exacte[5]. La série, quant à elle, a été traduite et éditée pour l'alléger de connotations japonaises[5]. Contrairement au Japon, la stratégie employée aux États-Unis consistait à sortir les jeux vidéo, la série et les autres produits dérivés simultanément et de promouvoir la franchise en général plutôt que des produits individuels. La série fut lancée aux États-Unis le 9 septembre 1998 suivie par les jeux vidéo le 28 septembre[5] ; le phénomène gagna rapidement l'Amérique avec le slogan « Gotta catch 'em all! », traduit en français par « Attrapez les tous[17],[76],[77]. » Une stratégie semblable fut employée un an plus tard lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en France, avec la mise en avant des produits dérivés lors d'une campagne de communication de grande ampleur qui coûta quelque 20 millions de francs (3 millions d'euros) à Nintendo[71].
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Pokémon eut un impact culturel très important dans de nombreux pays où il fut importé. Au Japon, Pokémon devint populaire, vendant plus d'un million d'exemplaires de Pocket Monsters en 1996, sans que Nintendo ait eu besoin de financer sa publicité[45]. Au Tokyo Game Show de 1997, les joueurs pouvaient obtenir le Pokémon Mew en le téléchargeant sur leur jeux. La file d'attente était de 4 kilomètres, et certains campèrent devant le salon[78],[45],[18]. En arrivant aux États-Unis, les versions Rouge et Bleu se vendirent à plus de 200 000 unités en quinze jours, puis continuèrent à se vendre à une moyenne de 800 000 unités par mois[45]. Ces deux versions devinrent les jeux les mieux vendus par Nintendo, puis les jeux les mieux vendus dans l'histoire du jeu vidéo, et Pokémon Pinball fut le jeu Game Boy s'étant vendu le plus rapidement, avec plus de 262 000 unités vendues en 20 jours[22],[44],[5],[79]. La série et les jouets distribués par Hasbro furent eux aussi des succès commerciaux, tant que la série fut l'émission pour enfants la plus demandée par les chaînes de télévision et que Hasbro dépassa son concurrent principal, Mattel, en 2000[80]. Les jeux furent tellement populaires que Hasbro était incapable d'assembler suffisamment de jouets pour satisfaire la demande[5]. Wizards of the Coast eut le même problème avec le jeu de cartes à collectionner, et a vendu plus de 50 millions de cartes entre janvier et mars 1999[5]. Une patrouille de trois Coccinelles personnalisées pour ressembler à Pikachu fut utilisée pour la promotion de la sortie du jeu de cartes les 9 et 10 janvier[21]. En juillet 1999, Pokémon avait généré plus de 5 milliards de dollars[74],[79] et 152 milliards de dollars en 2005[81].
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Le phénomène nommé Pokémania toucha aussi des pays européens, comme la France, où les versions Rouge et Bleu furent les jeux les plus vendus de 1999, et le million d'exemplaires vendus fut atteint en juin 2000, moins d'un an après son lancement en France[45]. La série animée fut l'émission pour enfants la plus regardée dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Australie, le Japon, et le Canada[45]. Après son arrivée en Europe et aux États-Unis, Pokémon s'affirma en tant que phénomène culturel majeur, apparaissant dans la version américaine et française de Qui veut gagner des millions ? ou encore dans South Park[74]. Divers produits dérivés furent vendus, dont des chewing-gums, des bonbons, des vêtements, des porte-clefs, et des stylos. All Nippon Airways exemplifia aussi l'importance du phénomène en peignant des Pokémon sur neuf Boeing 747[45].
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La rivalité de la franchise Digimon a été marquée avec celle des Pokémon durant sa sortie. Décrit comme « l'autre « mon » » par Juan Castro d'IGN, Digimon n'a pas eu le même succès international que celui des Pokémon, mais la franchise possède cependant un très grand nombre de fans à travers le monde[82]. Lucas M. Thomas d'IGN explique ce moindre succès par la complexité des plus nombreuses évolutions et rétro-évolutions possibles (la digivolution) par rapport aux évolutions des Pokémon sans régressions et rendues lisibles par le principe de constantes compétitions et comparaisons[83]. Certaines similitudes conceptuelles et stylistiques ont été notées entre les deux franchises par certains sites tels que GameZone[84]. Un débat parmi les fans des deux partis existe concernant des discussions éventuelles sur laquelle des deux franchises est apparue en premier[85]. Dans l'actualité, les deux premiers médias Pokémon, Pokémon Rouge et Bleu, sont initialement parus le 27 février 1996 au Japon[86] alors que le premier média de Digimon, le virtual pet n'est paru que le 26 juin 1997[87].
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Depuis son succès en 1996, la franchise Pokémon fut plusieurs fois critiquée. Certaines écoles aux États-Unis choisirent de bannir les jeux et cartes Pokémon car elles considéraient qu'ils provoquaient une attitude obsessionnelle et violente chez certains enfants[88].
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Nintendo s'est censuré pour éviter des controverses : la position des bras de Registeel est différente en Allemagne, car elle ressemblait à un salut nazi[89].
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Bien que les médias de la franchise envoient un message de tolérance et de non-violence, certains considèrent que Pokémon est responsable de nombreux comportements violents chez les enfants[79],[88]. Les médias ont ainsi rapporté des cas d'enfants âgés de neuf à quinze ans qui faisaient usage de la violence physique ou du vol à l'étalage pour se procurer des cartes Pokémon, et certaines cartes rares pouvaient même se négocier autour de 100 dollars[79],[90]. Dans un cas extrême, à Long Island en 1999, un enfant de 11 ans a même poignardé un de ses camarades qui essayait de lui voler ses cartes[18]. Les critiques du jeu de cartes avancent l'hypothèse que ce jeu est une forme de jeu de hasard pour enfants, et devrait donc être interdit par la loi[79]. Certains pointent du doigt la nature combative des matches Pokémon et son influence sur le comportement des enfants, bien que les Pokémon ne meurent pas pendant les combats et qu'aucun sang n'est montré[79]. Les jeux vidéo et la série animée n'ont pas été liés à des violences particulières, bien qu'un homme en Caroline du Nord ait agressé un employé de Burger King car il n'avait pas reçu de jouet Pokémon avec son repas[79],[90].
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Le 16 décembre 1997, un épisode de la série animée fut diffusé au Japon et provoqua des malaises et convulsions chez plus de 700 personnes, principalement des écoliers[91],[92],[93],[7]. Plus de 200 personnes restèrent hospitalisées pendant plus de 24 heures pour cause de symptômes épileptiques[91]. Les symptômes présents étaient ceux d'une crise d'épilepsie ainsi que ceux d'une hystérie collective[93]. Après investigation, il s'est révélé que ce qui avait déclenché ces symptômes était une scène de l'épisode où un éclair clignotant en rouge et en bleu apparaissait pendant cinq secondes lors d'un combat entre Pikachu et Porygon[91],[92]. L'épisode fut banni au Japon et dans le reste du monde, et marque la dernière apparition de Porygon dans la série animée[92]. Il n'a jamais été prévu de diffuser l'épisode en dehors du Japon[92]. Cependant le titre de l'épisode en question, Dennō Senshi Porigon (でんのうせんしポリゴン), a été traduit en français par « Le soldat virtuel Porygon ! ». À la suite de cela, Pokémon n'a pas été diffusé durant un an[94].
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Lors de la sortie de la franchise en Occident, la présence du manji sur une carte japonaise du Pokémon Trading Card Game[95],[96] a été à l'origine d'une controverse, notamment avec la communauté juive[7]. En effet, ce symbole évoque directement le svastika, surtout connu en Occident car les nazis l'utilisaient, à l'envers, comme symbole. Ce symbole avait été incorporé uniquement dans les cartes japonaises, ne possédant pas la même connotation en Asie, et c'est par le biais de la vente illégale que ces cartes se sont retrouvées aux États-Unis[95]. Nintendo a estimé qu'il s'agissait d'un problème culturel, le svastika étant utilisé en Asie comme symbole de bonne fortune par le bouddhisme[7],[95],[97], le svastika rouge étant utilisé par une association humanitaire chinoise depuis 1922.
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Pokémon a fait l'objet de condamnations des religieux fondamentalistes de diverses confessions, qui le considérait comme contraire à leur foi. Le fait que les Pokémon « évoluent » a notamment été visé par des religieux prônant une lecture littérale des textes religieux décrivant la création du monde (créationnisme) et refusant la théorie de l'évolution [98]. La manière dont les Pokémon se battent a aussi été corrélée avec le principe de survie du plus adapté[99]. L'évolution des Pokémon est en fait une métamorphose, au même titre que l'enfant devient adolescent et l'adolescent un adulte ; de plus l'évolution au sens de la biologie est bien plus lente que toutes les utilisations de cette idée en science-fiction[100]. Les critiques contre l'évolution des Pokémon sont même devenues un sujet de plaisanterie chez les adversaires des créationnistes[101].
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Certains groupes protestants ont vu dans Pokémon une inspiration satanique[98]. Certains parallèles sont faits entre Pokémon et le satanisme, le paganisme, ou encore l'occultisme[7],[102]. Des exemples sont l'utilisation de pierres « magiques » pour faire évoluer certains Pokémon, la récurrence de concepts issus de traditions asiatiques que certains groupes chrétiens considèrent comme des rites païens[88],[98]. Certains voient les Pokémon comme des démons invoqués par leur dresseur pour leur rendre des services[98].
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En Arabie saoudite, une fatwa du grand mufti Abdelaziz ben Abdallah Al ach-Cheikh a interdit l'ensemble des produits Pokémon dans le pays en 2001. Il les assimile notamment à des jeux d'argent, interdits par l'Islam, les accuse de « posséder les esprits » des enfants, de promouvoir le darwinisme et dénonce la présence sur les cartes de jeux d'« étoiles à six branches, symbole du sionisme international et de l'État d'Israël » et de « croix sous différentes formes »[103],[104]. À Oman, au Qatar, à Dubaï, en Jordanie et en Égypte, de nombreux guides musulmans ont déclaré que Pokémon était « religieusement inacceptable » et des rumeurs dans de nombreux pays arabes affirmaient que « Pokémon » signifiait « Je suis juif » en japonais ; plus généralement, beaucoup ont évoqué une conspiration juive[7],[105].
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Le Vatican a en revanche approuvé Pokémon, via Sat 2000 (it) (la chaîne de la Conférence épiscopale italienne[106]), comme un jeu qui stimule l'imagination des enfants et « sans effets secondaires indésirables sur leur moralité » tout en étant basé sur « des liens amicaux intenses »[107].
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En alphabet cyrillique, le mot Pokémon s'écrit Покемон, en arabe : بوكيمون
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Pokémon (prononcé [pɔ.ke.mɔn] ; en japonais ポケモン, Pokemon, prononcé [po̞kʲe̞mõ̞ɴ]) est une franchise créée par Satoshi Tajiri en 1996, présente en particulier en jeu vidéo, dans des séries éditées par Nintendo. Selon les statistiques de Nintendo en 2010, les jeux Pokémon se sont vendus à environ 250 millions d’unités. Le jeu vidéo Pokémon Rouge et Bleu s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires, ce qui en fait un record des ventes dans l’histoire du jeu vidéo.
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La franchise est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. Dans la série animée homonyme, le personnage principal, Sacha, voyage à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, un concept qu’on retrouve également dans les jeux vidéo de la franchise. Pokémon a eu un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, le Canada, la France et d'autres pays européens.
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Le nom Pokémon est issu de la contraction de Poketto Monsutā, romanisation du japonais ポケットモンスター[1] traduisant l'anglais Pocket Monsters. Le terme Pokémon, en plus de référer à la franchise Pokémon elle-même, réfère aussi collectivement aux 896 espèces fictionnelles réparties en huit générations Pokémon. Pokémon est identique au singulier et au pluriel, comme dans chaque nom d'une espèce ; il est grammaticalement correct de dire un Pokémon et de nombreux Pokémon, ainsi que un Pikachu et des Pikachu[2].
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Dans l'univers des Pokémon[N 1], les animaux du monde réel n'existent pas (ou très peu). Le monde est peuplé de Pokémon, des créatures qui vivent en harmonie avec les humains, mais possèdent des aptitudes quasiment impossibles pour des animaux du monde réel, telles que cracher du feu, comme Dracaufeu, ou encore générer de grandes quantités d'électricité, comme Magnéti[3]. Chaque sorte[N 2] de Pokémon possède un nom, qui peut à la fois être utilisé pour parler de Pokémon individuels ou de l'ensemble des Pokémon de la même sorte. Certains Pokémon dits « légendaires » sont les seuls représentants de leur sorte et dans les jeux récents sont des entités incarnant une puissance naturelle. Dans la série animée, les Pokémon ne peuvent prononcer en règle générale que leur nom[N 3], mais il existe quelques cas rares où des Pokémon ont appris un langage humain[N 4],[4],[5]. Des humains utilisent ces aptitudes dans leurs activités professionnelles : ainsi les Caninos de l'Agent Jenny l'aident à poursuivre les criminels.
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Certains dressent les Pokémon pour organiser des combats entre eux, transportant généralement les Pokémon dans des Poké Balls, des balles compactes où un Pokémon peut être contenu[3],[6],[7]. Ces dresseurs Pokémon voyagent à travers le monde dans le but d'attraper le plus grand nombre de Pokémon, puis éventuellement devenir Maître Pokémon, un titre donné au dresseur ayant battu le maître de la ligue. Certains dresseurs enregistrent les informations des Pokémon qu'ils ont capturés ou observés dans un Pokédex, un appareil électronique qui répertorie et affiche les informations sur les différents Pokémon[8]. À partir de l'âge de dix ans, il est possible de commencer son apprentissage de dresseur en recevant une licence de la Ligue Pokémon[9]. L'apprentissage consiste à partir capturer des Pokémon dans leurs habitats naturels, puis à les entrainer au combat.
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Les matchs Pokémon consistent en combats entre les Pokémon de deux dresseurs, et se terminent quand tous les Pokémon de l'un d'entre eux sont KO. La mort des Pokémon est donc évitée, et les Pokémon peuvent être soignés au Centre Pokémon, un bâtiment où les infirmières guérissent les Pokémon blessés[10],[7]. Pour participer à des compétitions, les dresseurs peuvent se déplacer aux différentes Arènes Pokémon où un badge leur est offert s'ils sortent victorieux d'un match contre le champion d'arène[9]. Après avoir gagné tous les badges de la région, un dresseur peut partir au siège de la Ligue Pokémon pour affronter quatre dresseurs d'élite, souvent appelés le « Conseil des 4 ». Ce n'est qu'après avoir battu ces quatre dresseurs que le dresseur peut affronter le Maître de la Ligue[11].
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Il existe dix-huit types (voir la liste ci-contre). Chaque Pokémon possède un ou deux types qui conditionnent la plupart de ses attaques et caractérisent ses forces et ses faiblesses vis-à-vis des autres types, organisées comme le pierre-papier-ciseaux pour équilibrer les combats[12]. De nombreux Pokémon se transforment en une nouvelle sorte (ce phénomène est appelé une « évolution[N 6] ») après avoir atteint un certain niveau d'expérience ou d'autres critères plus complexes (objets, échange, etc) ; cela leur donne souvent de meilleures statistiques de combat et parfois un nouveau type. En tout, un Pokémon de base peut évoluer au plus deux fois[N 7].
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Quelques Pokémon peuvent évoluer de plusieurs manières différentes (l'archétype de ces Pokémon est Évoli)[13].
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Les types Acier et Ténèbres[N 8] apparaissent dans la deuxième génération (Pokémon Or, Argent et Cristal), de même que le type Fée apparaît dans la sixième génération (Pokémon X et Y). Ils sont principalement attribués à des monstres propres à ces nouvelles générations, toutefois des Pokémon des générations antérieures se sont également vu attribuer ces types. Magnéti, créé dans la première génération en tant que type Électrique, est ainsi du double-type Électrique et Acier à partir de la deuxième génération.
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Depuis l'apparition de la sixième génération, il existe un nouveau système d'évolution nommé "méga-évolution", décliné de deux manières différentes : la Primo-Résurgence (réservée à Kyogre et Groudon) et la méga-évolution classique. Cette dernière se réalise par l’intermédiaire d'une pierre portée par le Pokémon, dont le nom se compose de celui du Pokémon et du suffixe-ite (exemple : Braségalite pour Braségali).
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Lors de la septième génération, c'est une autre forme d'évolution qui a fait son apparition, pouvant être assimilée au résultat d'une spéciation allopatrique. Ainsi, sur les îles d'Alola, on trouve des formes endémiques de certains Pokémon comme Noadkoko, appelées sobrement "formes d'Alola". Les "capacités Z" apparaissent également.
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Pokémon est issu de l'imagination du développeur japonais Satoshi Tajiri[14]. Celui-ci se serait inspiré de l'élevage de criquets qu'il faisait pendant son enfance[15],[16],[17]. Ces insectes, destinés à concourir dans des courses, lui auraient donné la certitude que les criquets les plus vieux étaient plus expérimentés, gagnaient donc plus de courses et voyaient donc leur valeur vénale augmenter lors d'un échange[18].
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Les premiers jeux vidéo Pokémon, Pocket Monsters Vert et Rouge sortent sur Game Boy en 1996, exclusivement au Japon, sous le nom de Pocket Monsters (ポケットモンスター, Poketto Monsutā?)[19].
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Ils deviennent rapidement très populaires au Japon, se vendant à plus de 10 millions d'exemplaires[20],[21].
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Une série animée et un jeu de cartes à collectionner sont alors créés[16]. C'est pendant cette période de succès local que la contraction Pokémon (venant de Poketto Monsutā) devient courante[10],[16].
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Deux ans plus tard, les jeux Pokémon Rouge et Bleu sortent aux États-Unis, aux côtés de la série animée, diffusée sur le programme télévisé Kids' WB du CW Television Network, et une version du jeu de cartes à collectionner en anglais[16].
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Les versions Rouge et Bleu se vendent très bien, battant tous les records de vente avec plus de 30 millions d'exemplaires[22].
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La série, quant à elle, aide la chaîne de télévision à grimper dans les classements, au point que Warner Bros. Pictures sort un long métrage animé au cinéma l'année suivante, en 1999[20].
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Avec 163 millions de dollars de recettes, Mewtwo Contre-Attaque est l'anime ayant eu le plus de succès au box-office[23].
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La sortie en 2000 de Pokémon Or et Argent marque le début de la deuxième génération. Ces deux nouvelles versions, sorties sur Game Boy Color, incorporent des nouveautés, comme une centaine de nouvelles variétés de Pokémon, une nouvelle carte, et un nouveau scénario[24].
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Leur parution est précédée de la sortie du film Le pouvoir est en toi, qui rapporte 133 millions de dollars[23]. En 2001, la série animée Pokémon reste la série télévisée préférée des enfants dans de nombreuses catégories, dont les enfants de 2 à 11 ans, et Kids' WB est le programme télévisé no 1 des enfants[16],[25]. Malgré le succès de l'anime et de la nouvelle génération de jeux, la franchise perd de la popularité, les films La voix de la forêt et Les Héros Pokémon ne rapportant qu'un million de dollars et 700 000 dollars, respectivement[23].
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La franchise freine donc sa production pendant les deux années suivantes, prenant le temps de développer de nouveaux jeux pour se réinventer. C'est en 2003 que sortent les versions Rubis et Saphir sur Game Boy Advance, avec de nouveaux concepts, comme celui des PokéBlocs, mais aussi une addition considérable de nouvelles espèces de Pokémon, la liste des espèces atteignant 386[26].
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Ces deux jeux se vendent bien, occupant la seconde et troisième place des jeux vidéo les plus vendus en 2003[27].
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Cette renaissance de la popularité de Pokémon ne se fait pas uniquement au niveau des jeux vidéo, mais également via le jeu de cartes à collectionner[26].
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En effet, une organisation du nom de Pokémon Organized Play se forme en 2003 et organise des tournois nationaux qui ravivent la popularité du jeu de cartes[28].
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La série animée se réinvente elle aussi, avec un nouveau cycle de saisons appelé Pokémon: Advanced, qui lui rend sa popularité perdue[26].
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Cette période marque le retour de Pokémon en matière de popularité mais aussi en matière de production[29].
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Cette troisième génération de jeux continue avec la sortie d'une dizaine de nouveaux jeux Pokémon sur Game Boy Advance comme sur GameCube[26].
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En 2004, les versions Rouge Feu et Vert Feuille sortent[30].
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Ces deux nouvelles versions ne marquent pas le début d'une nouvelle génération, étant des remakes des deux premières versions à être commercialisées partout dans le monde, Pokémon Rouge et Bleu[31].
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La quatrième génération devra attendre 2006, l'année de sortie des versions Diamant et Perle sur Nintendo DS au Japon. La sortie européenne se fait presque un an plus tard, en juillet 2007[32].
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Cette fois-ci, le nombre de sortes de Pokémon passe à 493, et les jeux bénéficient de la technologie de la Nintendo DS, qui dispose de deux écrans[29].
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Pendant ce temps, la série animée entre dans un nouveau cycle, Pokémon Diamant et Perle, qui jouit d'une popularité correcte aux États-Unis, étant diffusée sur Cartoon Network[29]. Pokémon Platine, qui est le troisième épisode de la génération Perle-Diamant sur Nintendo DS, sort le 13 septembre 2008 au Japon, le 22 mars 2009 aux États-Unis et le 22 mai 2009 en Europe[33],[34],[35],[36].
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Lors de la sortie des versions Diamant et Perle, le nombre de Pokémon différents est de 493. On peut leur ajouter quelques variantes (souvent le nombre 497 est aussi annoncé, à cause des différentes formes de l'un d'eux), et quelques Pokémon qui n'ont pas été placés volontairement dans le jeu, mais apparaissent à cause de bugs (ces Pokémon n'apparaissent jamais dans les autres médias que les jeux)[37]. En 2010, les versions Pokémon Or HeartGold et Argent SoulSilver sortent, cette fois en tant que remakes des versions Pokémon Or et Argent, mais avec toutes les nouveautés issues des nouvelles générations, notamment techniques, ou au niveau du système de jeu.
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En 2010, une cinquième génération de Pokémon arrive au Japon, puis l'année suivante en Amérique et en Europe avec la sortie des versions Noir et Blanc. Il existe désormais 649 Pokémon. Une fois de plus, les jeux sont un succès, et atteignent en Amérique un score de 1,4 million d'exemplaires vendus le premier jour de commercialisation[38]. Ces versions sont les premières de la licence à connaitre une suite, constituée de Pokémon version Noire 2 et Pokémon version Blanche 2. Jusque-là, les jeux n'avaient connu que des versions complémentaires, dont le scénario différait peu des premières versions de la génération. Ces suites sortent le 23 juin 2012 au Japon, le 7 octobre 2012 aux États-Unis et le 12 octobre en Europe. Au Japon, 1,6 million d'exemplaires sont écoulés en deux jours[39].
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Le 8 janvier 2013, Game Freak annonce l'arrivée d'une sixième génération avec les jeux Pokémon X et Y. Ces jeux sont les premiers à connaître la même date de sortie dans tous les pays du monde : le 12 octobre de la même année[40]. Ils amènent deux grandes nouveautés : l'ajout du type fée et celui des méga-évolutions, qui modifient radicalement le déroulement des combats Pokémon. Avec 72 nouvelles créatures ajoutées pour cette édition, le nombre total de Pokémon atteint 721. Le 7 mai 2014, Nintendo annonce la sortie de Pokémon Rubis Oméga et Saphir Alpha pour novembre 2014. Ces jeux sont des remakes des versions Rubis et Saphir sorties en 2003. Les premières images du jeu ont été révélées à l'occasion du Nintendo Digital Event donné lors de l'E3 2014, le jeu reprend le moteur graphique de Pokémon X et Y.
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La septième génération est annoncée le 26 février 2016, avec les jeux Pokémon Soleil et Pokémon Lune, qui sortent officiellement le 18 novembre 2016 dans le monde. Ils souffriront cependant d'un retard de cinq jours sur la date annoncée en Europe. L'histoire se passe à Alola, une région inspiré d'Hawaï. Dans cette saga, une nouvelle sorte de Pokémon fait son apparition : les formes d'Alola. D'anciens Pokémon de la première génération, comme Taupiqueur ou Tadmorv, obtiennent ainsi une nouvelle forme avec un type et des statistiques différents. 81 nouveaux Pokémon pour un total de 802. Le 6 juin 2017, Nintendo a annoncé les jeux Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune. Ces versions sont sorties le 17 novembre 2017. Elles apportent 5 nouveaux Pokémon dans le Pokédex de la région d'Alola, de nouvelles fonctionnalités, ainsi qu'un scénario différent et surtout plus enrichi, complété d'un scénario post game mettant en scène le retour de la Team Rocket accompagnée des grands méchants des précédentes générations.
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C'est également les deux dernières versions sur le support de la Nintendo 3DS.
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Depuis Pokémon Go, deux nouveaux Pokémon apparaissent, puis une nouvelle fois dans la série principale avec Let's Go, Pikachu et Let's Go, Évoli. Ils sont sortis mondialement le 16 novembre 2018 sur Nintendo Switch.
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La huitième génération est annoncée le 27 février 2019, avec les jeux Pokémon Épée et Pokémon Bouclier, qui sont sortis mondialement le 15 novembre 2019 sur Nintendo Switch[41].
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À l'origine, la franchise était uniquement constituée des deux jeux sortis au Japon. Elle s'est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner[10]. Quel que soit le support, le concept reste toujours le même[42],[43].
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La série de jeux vidéo Pokémon, commencée en 1996 au Japon avec Pocket Monsters, contient à ce jour près d'une soixantaine de jeux sortis sur Game Boy, Game Boy Color, Nintendo 64, Game Boy Advance, GameCube, Wii, Nintendo DS, Nintendo 3DS, Wii U et Nintendo Switch. Le premier duo de jeux, Pokémon Rouge et Pokémon Bleu, a été vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, ce qui en fait, à l'époque, la seconde meilleure vente[22],[44],[45]. Le dernier duo en date, Pokémon Epée et Pokémon Bouclier, est sorti sur Nintendo Switch le 15 novembre 2019[46].
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L'idée d'un jeu en ligne massivement multijoueur a été évoqué en 2009, néanmoins, Junichi Masuda rappelle que « L'échange est un concept central de Pokémon. Donc, quand vous faites un échange, vous rencontrez un ami et décidez de quel Pokémon vous allez vous échanger réciproquement. Il faut mettre l'accent sur la communication réelle entre les joueurs. Vous ne vous voyez pas quand vous êtes tous deux en ligne », ce qui est incompatible avec le MMO[47].
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En octobre 2010, selon les statistiques de Nintendo, la série de jeux vidéo s'est vendue à 215 millions d'exemplaires à travers le monde[48].
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En juillet 2016 sort le jeu Pokémon Go sur smartphones et tablettes tactiles. Il propose un gameplay adapté au mobile et basé sur une architecture massivement multijoueur. Le jeu demande aux joueurs de rechercher des Pokémon dans le monde réel à l'aide de la géolocalisation. Une fois trouvés, ceux-ci apparaissent sur l'écran en réalité augmentée. Le succès de ce jeu est phénoménal et planétaire : en quelques jours, le jeu devient l'une des applications les plus utilisées (dépassant par exemple le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de Twitter aux États-Unis[49]).
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Le développement de l'e-sport dans les années 2000 a aussi entraîné avec lui toute la vague Pokémon. Les premiers tournois ont débuté avec la série et nombreuses sont les communautés sur internet qui s'intéressent au métagame complexe des jeux vidéo Pokémon.
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Pokémon, la série a été créée au Japon à la suite de la popularité du premier jeu vidéo, et fut diffusée pour la première fois sur TV Tokyo le 1er avril 1997[16],[20],[50]. La série fut introduite à l'étranger à partir de 1998, et fut en grande partie responsable du programme télévisé Kids' WB, sur The CW Television Network[20]. La série continue le concept des jeux vidéo, suivant les aventures de Sacha et son ambition de devenir un jour maître Pokémon[51]. La série est maintenant diffusée sur Canal J, Gulli, M6, MCM et Cartoon Network. Elle connaît à la fin de 2018 sa vingt-deuxième saison[52] et son millième épisode fin 2017. Ces vingt-trois saisons sont séparées en sept cycles : Pocket Monsters (1997) (saisons 1 à 5), Advanced Generation (saisons 6 à 9), Diamant et Perle (saisons 10 à 13)[53], Noir et Blanc (saisons 14 à 16), XY (saisons 17 à 19), Soleil et Lune (saisons 20 à 22) et Pocket Monsters (2019) (saison 23).
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Une série diffusée en parallèle à la série principale, Pokémon Chronicles, est diffusée en tant que spin-off. La majeure partie de la série, diffusée uniquement en Occident, est tirée du Weekly Pokémon Broadcasting Station, qui diffusait ces épisodes spéciaux en même temps qu'était rediffusé l'anime original, depuis octobre 2002[54].
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Deux téléfilms ont également été diffusés. Ils incluent Le Retour de Mewtwo (Mewtwo Returns) en 2001 et Le Maître des mirages (The Mastermind of Mirage Pokémon) en 2006[55].
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De plus, vingt longs métrages dérivés de la franchise sont sortis, dont certains uniquement au Japon. Le premier, Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque est sorti en 1998 au Japon et en 2000 en France. Celui-ci fait 2 224 456 entrées au cinéma en France[56]. Tout comme la série animée, les films racontent les aventures du dresseur Sacha et de ses compagnons.
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Le 8 mai 2019 est sorti en France Pokémon : Détective Pikachu, premier film Pokémon en prise de vues réelles.
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Le jeu de cartes à collectionner Pokémon a été créé par Tsunekazu Ishihara, propriétaire de Creatures, à la suite du succès de Pocket Monsters en 1996[5],[16],[57]. Le jeu de cartes a été exporté avec les autres jeux et la série à l'étranger à partir de début 1999, et a été édité par Wizards of the Coast[21],[58]. Après la sortie de Pokémon Rubis et Saphir, Nintendo a récupéré la propriété des cartes et commencé à se charger de la distribution à travers sa société The Pokémon Company[57]. Le jeu de cartes Pokémon est pratiqué dans de nombreuses conventions et tournois au Japon, aux États-Unis et en Europe[28]. En 2007, un jeu de figurines à jouer et à collectionner a été lancé, et accueilli avec enthousiasme par les fans américains[57].
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Depuis ses débuts, la franchise Pokémon s'est déclinée en de nombreux mangas, qui adaptent de manière plus ou moins libre l'univers du jeu vidéo ou du dessin animé. Ils sont publiés au Japon par Shōgakukan et traduits en anglais par VIZ Media et Chuang Yi. Deux séries se distinguent par leur longévité puisque originellement parus à l'époque de Pokémon Rouge et Vert, elles continuaient à être publiées lors de la sortie de Pokémon Noir et Blanc.
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D'une part, Pocket Monsters (ポ ケットモンスター, Poketto Monsutā?), de Anakubo Kōsaku, est une série humoristique assez éloignée de l'intrigue classique de Pokémon, mettant en scène un dresseur du nom de Red et ses deux Pokémon, un Mélofée (Clefairy[N 9]) grossier et insupportable et un Pikachu. La série est extrêmement populaire au Japon, où les ventes atteignent 3 millions d'exemplaires ; les personnages du manga font même une apparition sous forme de dessin animé dans une courte séquence de l'épisode 362 de la série télévisée[59].
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D'autre part, Pocket Monsters Special (ポケットモンスタースペシ, Poketto Monsutā Supesharu?) scénarisé par Hidenori Kusaka et dessiné Satoshi Mato puis Yamamoto Satoshi, est une série d'aventures qui reprend au plus près l'intrigue des jeux vidéo : à chaque nouveau jeu correspond un nouvel arc narratif mettant en scène un nouveau héros qui porte le nom de la version (Red, Yellow, Gold, etc.)[60]. Chacun des chapitres de la série a pour titre le nom d'un Pokémon précédé de la mention « VS. »[61].
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Seules trois séries de manga ont été traduites en français et publiés par Glénat entre 1999 et 2002 : Pokémon : Attrapez-les tous ! de Miho Asada, Pikachu Adventures ! de Yumi Tsukirino et Pokémon La grande aventure !, traduction de Pocket Monsters Special[62]. En 2011, la maison d'édition Kurokawa a repris l'édition de la série Pocket Monsters Special avec l'arc Pokémon Noir et Blanc[63], avant de publier les arcs Rouge, Bleu et Vert, Jaune, ainsi que Rubis et Saphir en 2014[64],[65]. Mais également l'arc Or et Argent qui a été finalisé en octobre 2016 et l'arc X et Y dont le sixième et dernier tome est sorti en mai 2017.
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Pokémon eut un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, et plusieurs pays européens[66]. Les médias ont appelé cette frénésie envers les Pokémon, la Pokémania[67],[68]. Pokémon est un exemple-type de la mondialisation par les Japonais dans l'industrie vidéoludique[69],[70].
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Bien que Satoshi Tajiri soit considéré comme le créateur des premiers jeux, Tsunekazu Ishihara, des studios Creatures, est souvent vu comme l'homme derrière la stratégie marketing des médias Pokémon[5]. Pocket Monsters, sorti au Japon en 1996, avait d'abord reçu peu d'attention, mais a grandi en popularité grâce au bouche à oreille. Le jeu était vendu en deux versions, Rouge et Vert. Certaines sortes de Pokémon n'étant disponibles que dans une des versions, le joueur se voit obligé d'échanger avec un joueur ayant l'autre version, ce qui ne pouvait être fait qu'avec le câble link vendu séparément[5],[17].
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Les produits dérivés prennent rapidement une importance majeure pour la licence[71]. Pour promouvoir les jeux, Nintendo s'arrangea avec Shōgakukan pour que des mangas reprenant l'univers du jeu vidéo paraissent dans le magazine Koro-Koro, lu à l'époque par environ un enfant japonais sur quatre[5],[72]. Certaines de ces bandes dessinées furent traduites en anglais et vendues en Amérique du Nord. Shōgakukan créa également la série animée qui, grâce à sa popularité au Japon, augmenta les ventes des jeux[5]. Des longs métrages, des CD, des cassettes et autres produits dérivés furent vendus en parallèle à la série, et la franchise Pokémon se réserve tous les droits de sa marque de commerce[5]. La licence pour le jeu de cartes à jouer Pokémon Trading Card Game est concédé à Wizards of the Coast, leader mondial dans le domaine[71]. Ce jeu fait appel à la fois aux concepts de collection et de duel présents dans les jeux vidéo et incite le client à s'acheter de nouveaux paquets en incluant une carte puissante dans chaque paquet de dix cartes[5]. Lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en Europe, en octobre 1999, les produits dérivés représentaient un chiffre d'affaires mondial de 4,5 milliards de dollars, soit le triple de celui des jeux vidéo, alors que ces recettes ne représentent généralement que 50 % du chiffre d'affaires pour un autre jeu vidéo[71]. Entre 1999 et 2012, en France, la franchise Pokémon rapporte un chiffre d'affaires variant de 40 à 90 millions d'euros selon les années[73].
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À l'origine, Nintendo avait des craintes quant au succès de Pokémon aux États-Unis, notamment à cause de différences culturelles[74]. Étant donné que Pokémon n'était pas seulement une série de jeux vidéo mais un phénomène culturel, son implantation en Amérique du Nord fut planifiée minutieusement[5],[75]. Bien que les décisions majeures eurent lieu en 1997, les plans concrets d'adaptation culturelle et linguistique furent mis au point au début de 1998. Pikachu étant un personnage clé de l'image de la franchise, son nom original fut utilisé dans tous les marchés, tandis que la majorité des autres noms furent traduits[5]. C'est pendant cette arrivée aux États-Unis que la franchise commença à utiliser officiellement le terme Pokémon, ayant utilisé Pocket Monsters auparavant. L'utilisation d'un accent aigu sur le E, présent dans tous les pays utilisant l'alphabet latin[18], indiquait que la voyelle devait être prononcée, mais les anglophones eurent du mal à savoir quelle était sa prononciation exacte[5]. La série, quant à elle, a été traduite et éditée pour l'alléger de connotations japonaises[5]. Contrairement au Japon, la stratégie employée aux États-Unis consistait à sortir les jeux vidéo, la série et les autres produits dérivés simultanément et de promouvoir la franchise en général plutôt que des produits individuels. La série fut lancée aux États-Unis le 9 septembre 1998 suivie par les jeux vidéo le 28 septembre[5] ; le phénomène gagna rapidement l'Amérique avec le slogan « Gotta catch 'em all! », traduit en français par « Attrapez les tous[17],[76],[77]. » Une stratégie semblable fut employée un an plus tard lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en France, avec la mise en avant des produits dérivés lors d'une campagne de communication de grande ampleur qui coûta quelque 20 millions de francs (3 millions d'euros) à Nintendo[71].
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Pokémon eut un impact culturel très important dans de nombreux pays où il fut importé. Au Japon, Pokémon devint populaire, vendant plus d'un million d'exemplaires de Pocket Monsters en 1996, sans que Nintendo ait eu besoin de financer sa publicité[45]. Au Tokyo Game Show de 1997, les joueurs pouvaient obtenir le Pokémon Mew en le téléchargeant sur leur jeux. La file d'attente était de 4 kilomètres, et certains campèrent devant le salon[78],[45],[18]. En arrivant aux États-Unis, les versions Rouge et Bleu se vendirent à plus de 200 000 unités en quinze jours, puis continuèrent à se vendre à une moyenne de 800 000 unités par mois[45]. Ces deux versions devinrent les jeux les mieux vendus par Nintendo, puis les jeux les mieux vendus dans l'histoire du jeu vidéo, et Pokémon Pinball fut le jeu Game Boy s'étant vendu le plus rapidement, avec plus de 262 000 unités vendues en 20 jours[22],[44],[5],[79]. La série et les jouets distribués par Hasbro furent eux aussi des succès commerciaux, tant que la série fut l'émission pour enfants la plus demandée par les chaînes de télévision et que Hasbro dépassa son concurrent principal, Mattel, en 2000[80]. Les jeux furent tellement populaires que Hasbro était incapable d'assembler suffisamment de jouets pour satisfaire la demande[5]. Wizards of the Coast eut le même problème avec le jeu de cartes à collectionner, et a vendu plus de 50 millions de cartes entre janvier et mars 1999[5]. Une patrouille de trois Coccinelles personnalisées pour ressembler à Pikachu fut utilisée pour la promotion de la sortie du jeu de cartes les 9 et 10 janvier[21]. En juillet 1999, Pokémon avait généré plus de 5 milliards de dollars[74],[79] et 152 milliards de dollars en 2005[81].
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Le phénomène nommé Pokémania toucha aussi des pays européens, comme la France, où les versions Rouge et Bleu furent les jeux les plus vendus de 1999, et le million d'exemplaires vendus fut atteint en juin 2000, moins d'un an après son lancement en France[45]. La série animée fut l'émission pour enfants la plus regardée dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Australie, le Japon, et le Canada[45]. Après son arrivée en Europe et aux États-Unis, Pokémon s'affirma en tant que phénomène culturel majeur, apparaissant dans la version américaine et française de Qui veut gagner des millions ? ou encore dans South Park[74]. Divers produits dérivés furent vendus, dont des chewing-gums, des bonbons, des vêtements, des porte-clefs, et des stylos. All Nippon Airways exemplifia aussi l'importance du phénomène en peignant des Pokémon sur neuf Boeing 747[45].
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La rivalité de la franchise Digimon a été marquée avec celle des Pokémon durant sa sortie. Décrit comme « l'autre « mon » » par Juan Castro d'IGN, Digimon n'a pas eu le même succès international que celui des Pokémon, mais la franchise possède cependant un très grand nombre de fans à travers le monde[82]. Lucas M. Thomas d'IGN explique ce moindre succès par la complexité des plus nombreuses évolutions et rétro-évolutions possibles (la digivolution) par rapport aux évolutions des Pokémon sans régressions et rendues lisibles par le principe de constantes compétitions et comparaisons[83]. Certaines similitudes conceptuelles et stylistiques ont été notées entre les deux franchises par certains sites tels que GameZone[84]. Un débat parmi les fans des deux partis existe concernant des discussions éventuelles sur laquelle des deux franchises est apparue en premier[85]. Dans l'actualité, les deux premiers médias Pokémon, Pokémon Rouge et Bleu, sont initialement parus le 27 février 1996 au Japon[86] alors que le premier média de Digimon, le virtual pet n'est paru que le 26 juin 1997[87].
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Depuis son succès en 1996, la franchise Pokémon fut plusieurs fois critiquée. Certaines écoles aux États-Unis choisirent de bannir les jeux et cartes Pokémon car elles considéraient qu'ils provoquaient une attitude obsessionnelle et violente chez certains enfants[88].
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Nintendo s'est censuré pour éviter des controverses : la position des bras de Registeel est différente en Allemagne, car elle ressemblait à un salut nazi[89].
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Bien que les médias de la franchise envoient un message de tolérance et de non-violence, certains considèrent que Pokémon est responsable de nombreux comportements violents chez les enfants[79],[88]. Les médias ont ainsi rapporté des cas d'enfants âgés de neuf à quinze ans qui faisaient usage de la violence physique ou du vol à l'étalage pour se procurer des cartes Pokémon, et certaines cartes rares pouvaient même se négocier autour de 100 dollars[79],[90]. Dans un cas extrême, à Long Island en 1999, un enfant de 11 ans a même poignardé un de ses camarades qui essayait de lui voler ses cartes[18]. Les critiques du jeu de cartes avancent l'hypothèse que ce jeu est une forme de jeu de hasard pour enfants, et devrait donc être interdit par la loi[79]. Certains pointent du doigt la nature combative des matches Pokémon et son influence sur le comportement des enfants, bien que les Pokémon ne meurent pas pendant les combats et qu'aucun sang n'est montré[79]. Les jeux vidéo et la série animée n'ont pas été liés à des violences particulières, bien qu'un homme en Caroline du Nord ait agressé un employé de Burger King car il n'avait pas reçu de jouet Pokémon avec son repas[79],[90].
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Le 16 décembre 1997, un épisode de la série animée fut diffusé au Japon et provoqua des malaises et convulsions chez plus de 700 personnes, principalement des écoliers[91],[92],[93],[7]. Plus de 200 personnes restèrent hospitalisées pendant plus de 24 heures pour cause de symptômes épileptiques[91]. Les symptômes présents étaient ceux d'une crise d'épilepsie ainsi que ceux d'une hystérie collective[93]. Après investigation, il s'est révélé que ce qui avait déclenché ces symptômes était une scène de l'épisode où un éclair clignotant en rouge et en bleu apparaissait pendant cinq secondes lors d'un combat entre Pikachu et Porygon[91],[92]. L'épisode fut banni au Japon et dans le reste du monde, et marque la dernière apparition de Porygon dans la série animée[92]. Il n'a jamais été prévu de diffuser l'épisode en dehors du Japon[92]. Cependant le titre de l'épisode en question, Dennō Senshi Porigon (でんのうせんしポリゴン), a été traduit en français par « Le soldat virtuel Porygon ! ». À la suite de cela, Pokémon n'a pas été diffusé durant un an[94].
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Lors de la sortie de la franchise en Occident, la présence du manji sur une carte japonaise du Pokémon Trading Card Game[95],[96] a été à l'origine d'une controverse, notamment avec la communauté juive[7]. En effet, ce symbole évoque directement le svastika, surtout connu en Occident car les nazis l'utilisaient, à l'envers, comme symbole. Ce symbole avait été incorporé uniquement dans les cartes japonaises, ne possédant pas la même connotation en Asie, et c'est par le biais de la vente illégale que ces cartes se sont retrouvées aux États-Unis[95]. Nintendo a estimé qu'il s'agissait d'un problème culturel, le svastika étant utilisé en Asie comme symbole de bonne fortune par le bouddhisme[7],[95],[97], le svastika rouge étant utilisé par une association humanitaire chinoise depuis 1922.
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Pokémon a fait l'objet de condamnations des religieux fondamentalistes de diverses confessions, qui le considérait comme contraire à leur foi. Le fait que les Pokémon « évoluent » a notamment été visé par des religieux prônant une lecture littérale des textes religieux décrivant la création du monde (créationnisme) et refusant la théorie de l'évolution [98]. La manière dont les Pokémon se battent a aussi été corrélée avec le principe de survie du plus adapté[99]. L'évolution des Pokémon est en fait une métamorphose, au même titre que l'enfant devient adolescent et l'adolescent un adulte ; de plus l'évolution au sens de la biologie est bien plus lente que toutes les utilisations de cette idée en science-fiction[100]. Les critiques contre l'évolution des Pokémon sont même devenues un sujet de plaisanterie chez les adversaires des créationnistes[101].
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Certains groupes protestants ont vu dans Pokémon une inspiration satanique[98]. Certains parallèles sont faits entre Pokémon et le satanisme, le paganisme, ou encore l'occultisme[7],[102]. Des exemples sont l'utilisation de pierres « magiques » pour faire évoluer certains Pokémon, la récurrence de concepts issus de traditions asiatiques que certains groupes chrétiens considèrent comme des rites païens[88],[98]. Certains voient les Pokémon comme des démons invoqués par leur dresseur pour leur rendre des services[98].
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En Arabie saoudite, une fatwa du grand mufti Abdelaziz ben Abdallah Al ach-Cheikh a interdit l'ensemble des produits Pokémon dans le pays en 2001. Il les assimile notamment à des jeux d'argent, interdits par l'Islam, les accuse de « posséder les esprits » des enfants, de promouvoir le darwinisme et dénonce la présence sur les cartes de jeux d'« étoiles à six branches, symbole du sionisme international et de l'État d'Israël » et de « croix sous différentes formes »[103],[104]. À Oman, au Qatar, à Dubaï, en Jordanie et en Égypte, de nombreux guides musulmans ont déclaré que Pokémon était « religieusement inacceptable » et des rumeurs dans de nombreux pays arabes affirmaient que « Pokémon » signifiait « Je suis juif » en japonais ; plus généralement, beaucoup ont évoqué une conspiration juive[7],[105].
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Le Vatican a en revanche approuvé Pokémon, via Sat 2000 (it) (la chaîne de la Conférence épiscopale italienne[106]), comme un jeu qui stimule l'imagination des enfants et « sans effets secondaires indésirables sur leur moralité » tout en étant basé sur « des liens amicaux intenses »[107].
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En alphabet cyrillique, le mot Pokémon s'écrit Покемон, en arabe : بوكيمون
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Le poker est une famille de jeux de cartes comprenant de nombreuses formules et variantes. Il se pratique à plusieurs joueurs avec un jeu généralement de cinquante-deux cartes et des jetons représentant les sommes misées.
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Les séquences de jeu alternent distribution de cartes et tours d'enchères. Le but du jeu est de remporter les jetons des adversaires en constituant la meilleure combinaison de cinq cartes ou en leur faisant abandonner le coup.
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Le poker est un jeu dont la structure impose la plupart du temps et ce, dans toutes ses variantes, que le joueur débute avec une réserve de jetons de départ, la cave : le score d'un joueur est matérialisé par le nombre de jetons en réserve qu'on aura pris à ses adversaires.
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La cave représente le montant de jetons de départ de chaque joueur, sujet aux fluctuations des gains et des pertes. À ne pas confondre donc avec les blindes et les antes, dont la définition est donnée plus bas. La maîtrise du jeu suppose une connaissance au moins intuitive des probabilités de distribution des mains, des probabilités et mécanismes de leurs améliorations dans la variante jouée, et surtout, une maîtrise de la psychologie du jeu et de ses adversaires.
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Le tronc commun des variantes inclut le système d'enchères en plusieurs tours, le principe d'abattre son jeu s'il y a égalité des mises, les types de mains et leur hiérarchie. Les variantes de jeu se distinguent par la manière de distribuer les cartes et d'organiser les tours d'enchères, et le fait que certaines cartes peuvent être exposées, voire être communes à toutes les mains.
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L'origine historique du poker est sujette à débat, mais ce jeu remonte à deux ou trois siècles[1].
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Ce jeu rappelle le jeu iranien as nas, supposément introduit aux États-Unis par des marins français. Cependant la description de ce jeu persan date de 1890 et est donc postérieure aux premières sources historiques qui font remonter l'origine de ce jeu de relance aux États-Unis au XIXe siècle[2]. Il est généralement considéré comme apparenté au jeu français du brelan ou à la prime (jeu de cartes), qui connut un grand succès en Italie, en Espagne, en France et en Angleterre aux XVIe siècle et XVIIe siècle. La prime, ou plus exactement la primero, date de la Renaissance et elle est considérée comme la mère du poker. Il était à l’époque plus connu sous le nom de bambara ou golfo : il consistait à former la meilleure combinaison de cartes possible parmi 5 existantes, avec quatre cartes en main que l’on pouvait remplacer par une ou deux cartes. Il y a également un système de mise, la cagnotte peut être remportée soit par la meilleure combinaison soit par le nombre de points attribués à celle-ci pour départager les joueurs. Présente la notion de bluff qui apparaît également dans d'autres jeux de cette époque, tel le brag, un jeu anglais. Le jeu de l'ambigu[3], inventé en France sous Louis XIV, s'inspire fortement de la prime et, comme elle, propose une hiérarchie de combinaisons, ce qui est la caractéristique essentielle du poker. À la fin du XVIIIe siècle, le principe du blind, utilisé au poker, apparaît dans la bouillotte – jeu dérivé du brelan – sous l'appellation de carre. C'est au cours du milieu du XIXe siècle que se généralise l'emploi du jeu à 52 cartes, et que la couleur est admise comme main.
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Le nom du jeu viendrait lui-même de l'allemand pochen (frapper), un jeu de cartes pratiqué depuis le XVe siècle en Allemagne et qui paraît être une version ancienne du poker, tant par ses règles très proches du poker actuel que par ses tactiques de jeu. Au XVIIIe siècle, le poque est une adaptation française du jeu allemand qui présente d'intéressantes affinités avec le poker[4]. La parenté étymologique du jeu français au poker ne saurait masquer le manque de sources historiques : aucun document, autres que les manuels de jeu du XVIIIe siècle, n'atteste que ce jeu fût pratiqué. Le nom anglais du jeu paraît se rattacher au verbe to poke, « donner un petit coup », « tisonner » (d'où a poker, un tisonnier), de même étymologie que l'allemand pochen.
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C'est aux États-Unis que le jeu prend son essor dans sa version moderne. Un premier témoignage historique (le livre Thirty Years Among The Players In England And America) sur le poker aux États-Unis est celui d'un acteur anglais, Joseph Crowell, qui raconte une forme de ce jeu qu'il voit pratiquer en 1829 à la Nouvelle-Orléans, où quatre joueurs jouant avec un jeu de vingt cartes parient sur celui d'entre eux qui a la main la plus forte. Ce livre écrit par un acteur est rédigé de main de maître car il a le don de décrire les situations de manière remarquable. De plus, il est le 1er à décrire une partie de poker en 1829, ce qui est une 1re mondiale. En 1843, Jonathan H. Green (en) décrit dans son œuvre littéraire An exposure of the Arts and Miseries of Gambling l'expansion des jeux de cartes sur les bateaux à vapeur qui naviguaient sur le Mississippi. Les joueurs professionnels, parfois lynchés par des ligues puritaines dans certaines villes américaines où elles parviennent à faire interdire le jeu, trouvent refuge sur ces casinos flottants pour plumer de riches commerçants d'esclaves ou de coton[2]. De là, il se répand vers l'ouest à l'époque de la ruée vers l'or de 1848 et devient une partie intégrante du mythe lié à la conquête de l'Ouest. Le poker est le jeu que pratiquent les cow-boys et les aventuriers venus tenter leur chance dans l'Ouest américain. Les scènes de jeu sont fréquentes dans les films de western traitant de cette période : le personnage de Doc Holliday, qui a réellement existé, est l'archétype du joueur de saloon tandis que Maverick (un film de Richard Donner avec Mel Gibson) décrit bien l'ambiance qui règne à bord de certains bateaux qui descendent le Mississippi. Le whisky au Nord, au Sud et dans l'Ouest, le gin au Nord et dans le Sud, le rhum dans le Sud deviennent les boissons que boivent les joueurs aux États-Unis. L'essor du bourbon et du whiskey est lié à l'essor du saloon et des clubs, lui-même lié à l'essor de jeux d'argent comme le poker ou la roulette.
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De très nombreuses variantes émergent pendant la Guerre de Sécession américaine (1861-1865). C'est à cette époque que se stabilisent les formes de base du Poker fermé (Draw), et du Stud à cinq cartes. Les autres variantes émergent par la suite. Le jeu est réimporté en Europe sous sa forme moderne pendant la seconde moitié du XIXe siècle, dans sa variante du Poker fermé (qualifiée de « poker français » au début du XXe siècle)[5]. Il est largement répandu dans tous les pays du monde, parfois apporté dans les bagages des militaires américains ou canadiens.
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Lancés par Benny Binion (en) dans les années 1950, les World Series of Poker participent à démocratiser le poker. Des films comme Le Kid de Cincinnati (1965), L'Arnaque (1973), ou encore Casino Royale (2006), où le jeu fait partie de l'intrigue, ont également un rôle dans sa médiatisation[6].
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La popularité du poker (et principalement le Texas hold'em no-limit) atteint un pic sans précédent dans les années 2000. Ce « boum du poker » est attribué à plusieurs éléments : l'invention du poker en ligne, la diffusion télévisée de tournois (avec des caméras miniatures révélant les cartes), la présentation des sites de poker en ligne dans des publicités télévisées, et la victoire en 2003 de Chris Moneymaker au World Series of Poker.
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Non seulement le public peut aujourd'hui suivre les actions des tournois à la télévision, transformant ce jeu en spectacle sportif, mais il peut aussi jouer directement depuis son domicile. La diffusion de tournois tels le World Series of Poker, l'European Poker Tour et le World Poker Tour créèrent une forte audience auprès des fournisseurs de programmes télévisés par câble ou satellite. En raison de cette médiatisation, les joueurs professionnels sont devenus des célébrités, avec de nombreux fans à travers le monde participant à des tournois dans l'espoir d'être confronté à ces célébrités.
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Selon une étude universitaire sur le poker online[7], le nombre de joueurs jouant de l'argent (en cash game) en 2010 était estimé à 5,5 millions, dont 1,3 million de joueurs (21 %) provenant des USA, environ 450 000 d'Allemagne, 350 000 de France. Ces joueurs étaient minoritaires par rapport à ceux qui ne misent pas d'argent réel (playmoney). Par rapport à la population, ce sont les pays du nord de l'Europe qui comptent le plus de joueurs (d'argent), avec 1,3 % de la population au Danemark (suivi de Islande, Estonie, Pays-Bas, Norvège, Finlande). La majorité de ces joueurs ont entre 18-35 ans (44 % entre 21-25 ans). En moyenne chaque joueur perdrait 432$ chaque année[7]. Au niveau mondial, les sites de poker les plus représentatifs en 2010 étaient PokerStars (40 % du marché) et Full Tilt Poker (20 %)[8], et en 2011 pour les sites d'information PokerStrategy, 2+2 et PokerNews[9]. D'après certaines estimations, le marché du poker online en 2010 aurait représenté 2,5 milliards de dollars (650 millions pour les joueurs des USA, 179 millions pour les joueurs de France)[réf. nécessaire].
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Toutes les variantes de poker répondent à un certain nombre de principes généraux.
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Le poker est un jeu de combinaisons qui se joue avec des cartes et des jetons représentant éventuellement de l'argent. Les combinaisons se font avec cinq cartes quelle que soit la variante pratiquée. Le jeu alterne des étapes de distribution de cartes et des enchères.
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D'une manière générale, le but du jeu est de gagner les jetons des autres joueurs. Si l'on joue en tournoi, le but est de jouer le plus longtemps possible et de terminer la partie dans le haut du classement, à l'une des places dites payées. Le premier du classement est celui qui remporte la totalité des jetons des participants. Si l'on joue en cash game, chaque joueur s'assied à la table avec une quantité de jetons directement convertible en cash. Le but est évidemment le même qu'en mode tournoi : gagner des jetons. Il y a toutefois une différence notoire : lors d'un tournoi, il est impossible de convertir ses jetons en argent. Seule une place payée permet de gagner de l'argent, alors qu'en cash game, le joueur a la liberté de quitter la table et d'échanger ses jetons contre de l'argent.
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Dans le poker des Caraïbes ou caribbean stud poker, version moins répandue et similaire au black jack, le joueur affronte un croupier et essaye de gagner le maximum de jetons.
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Au préalable de chaque main, le jeu utilisé est systématiquement mélangé, soit par le croupier (lorsqu'il y en a un), soit par le joueur au cut off, qui se trouve être le dealer précédent.
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Pour ce faire, différentes techniques sont communément répandues. Il en existe de toutes les sortes, allant de la salade à des variantes des plus spectaculaires. En voici certaines:
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Deux à dix joueurs sont disposés autour d'une table. Un bouton désigne le donneur (en anglais : dealer), qui peut être virtuel si la table dispose d'un croupier. On joue dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du donneur.
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En position « tardive » se trouvent le « dealer », qui est le dernier à parler, et le cut off qui est l'avant-dernier à parler. Ce sont les deux positions où les relances pour voler le coup sont assez fréquentes car elles ont l'avantage de la position, c'est-à-dire de pouvoir parler en dernier.
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Une main de poker est toujours constituée de cinq cartes exactement. Suivant les variantes, la main la plus forte l'emporte (variantes jouées high) ou la main la plus faible (variantes jouées low) ou la main la plus forte et la main la plus faible sont prises en compte (variantes jouées high/low).
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Les combinaisons possibles, l'ordre et leur comparaison sont disponibles ici :
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Avant de recevoir leurs cartes, les joueurs doivent placer les mises forcées qui sont de trois sortes : les antes, les blindes et le bring-in.
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On peut utiliser les trois sortes dans un même tour et dans cet ordre.
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Dans les tournois, les mises forcées augmentent par paliers (ou niveaux) durant trois à vingt minutes, voire plus. L'augmentation des mises peut varier du quart au tiers de la valeur de la dernière mise. Un tableau annonce les différents niveaux avant le début de chaque tournoi.
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L'ante (du latin avant) est une mise forcée placée par chaque joueur de la table. Elle ne modifie pas l'ordre de parole. En général c'est une mise représentant 10 % à 20 % de la grosse blinde. L'arrivée des antes, après quelques niveaux de blindes, donne souvent une grande impulsion aux tentatives de « vol » des blindes lors des enchères.
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Les blindes (ou blinds — de l'anglais blind : aveugle) sont placées par les deux joueurs à gauche du donneur, le premier posant la petite blinde (de l'anglais small blind) et le deuxième posant la grosse blinde (de l'anglais big blind) valant le double de la petite blinde. Les blindes autorisent à parler en dernier au premier tour d'enchères.
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Si personne n'a relancé avant lui, le joueur à la grosse blinde a le droit de relancer.
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Le joueur placé à gauche de la grosse blinde est appelé « joueur UTG » (de l'anglais under the gun : sous le canon) car, devant parler en premier, il est dans une position peu favorable pour la suite du coup.
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Certaines variantes autorisent « l'option » qui consiste, pour le « joueur UTG », à miser le double de la grosse blinde avant d'avoir reçu ses cartes et à parler en dernier lors du premier tour d'enchères.
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La grosse blinde représente également la relance minimale que les joueurs peuvent poser lors des enchères qui suivent.
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Le bring-in (en français : apport) est une mise forcée utilisée dans les variantes de type studs qui doit être posée par un joueur suivant certaines conditions (généralement celui qui a la carte ouverte la plus faible).
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Les enchères déterminent la manière dont chaque joueur, à son tour, est autorisé à miser tout ou partie de ses jetons.
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Le principe de base est qu'un joueur doit « suivre » le même montant que le dernier relanceur pour rester dans le coup. S'il ne le fait pas, il « passe », perd ses mises antérieures et ses ambitions sur le pot en cours ; il restera passif jusqu'à la liquidation de ce dernier.
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Si aucun joueur n'a misé avant lui (au premier tour d'enchères, la grosse blinde doit être prise en compte), il peut faire « parole », c'est-à-dire attendre une éventuelle relance d'un autre joueur pour miser lui-même. Si tous les joueurs « parolent », le tour d'enchères se termine.
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Un joueur peut également « relancer », c'est-à-dire miser plus sur le coup. Une relance doit valoir au moins le montant de la grosse blinde et au moins le montant de la plus forte relance du tour d'enchères en cours le cas échéant. Un joueur qui a relancé ne peut pas relancer sa propre relance en l'absence d'une relance d'un autre joueur.
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Si un joueur n'a plus assez de jetons pour suivre, il peut tout de même rester dans le coup jusqu'au bout en misant son « tapis », c'est-à-dire tout ce qu'il lui reste. Ses éventuels gains sont alors limités en considérant (pour lui seul) que les autres joueurs n'ont pas misé plus que lui. L'excédent des autres joueurs constitue alors un pot secondaire (ou parallèle) que ces derniers peuvent continuer à se disputer dans les mêmes conditions.
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Le tour d'enchères se termine quand tous les joueurs qui pouvaient parler (c'est-à-dire ceux qui n'ont pas déjà passé ou qui n'ont pas déjà misé leur tapis) l'ont fait et misé le même montant.
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Il existe plusieurs grandes familles de poker. Elles contiennent toutes de nombreuses variantes et se pratiquent à différentes limites (structure des tours de mise). On y ajoute parfois des modes de jeux complémentaires. Le poker a également donné naissance à des jeux de casino et de société qui abandonnent sa structure d'enchères originale[10].
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Le poker se pratique sous forme de nombreuses variantes rassemblées en trois grandes familles.
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Elles se différencient d'abord par le mode de distribution des cartes. Les cartes peuvent être communes à tous les joueurs ou privatives. Elles peuvent aussi être fermées (visibles de son propriétaire seul) ou ouvertes (visibles de tous).
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On distingue aussi la hauteur de jeu joué. Les mains victorieuses peuvent être hautes (high), basses (low) ou les deux (high/low). Dans certaines variantes où l'on joue les mains hautes et basses, certaines conditions sont imposées sur les mains basses. Par exemple, la main d'un joueur ne peut contenir de carte au-dessus de huit (eight or better) ou les as ne peuvent compter qu'en carte haute (deuce to seven).
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Dans ces variantes, chaque joueur reçoit systématiquement cinq cartes. Elles sont toutes privées et fermées.
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Dans ces variantes, une partie des cartes est commune et donc ouverte (visible) et une autre est privée et fermée (cachée).
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Toutes les cartes sont privatives mais certaines sont ouvertes et d'autres fermées.
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Il existe trois manières de comparer les mains des joueurs. Ces modes doivent être activés et connus des joueurs avant que le jeu ne commence.
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Ces trois modes décrivent comment les mains des joueurs vont être comparées, on distingue :
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C'est une option de jeu parfois utilisée en cash-game.
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Quand un joueur gagne un pot sans partage (scoop), il reçoit le bouton Kill. Si ce même joueur au tour suivant refait un scoop il devient le killer.
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Un killer doit miser au moins deux fois la grosse blind (mise de départ) même s'il est de petite ou de grosse blind. Le jeu se poursuit alors comme si les blinds étaient doublées. Cette obligation tombe dès que le killer remporte le pot.
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Parfois on ajoute des conditions, par exemple un montant minimum du pot pour activer le mode kill. D'autre part, il arrive que le killer ait le droit de parler en dernier au premier tour d'enchères.
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On parle de Half-Kill quand on ne double pas la blind mais qu'on ne la multiple que de 1,5.
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Cette option est utilisée en Lowball. Chaque joueur peut activer ce mode après voir reçu et regardé ses deux premières cartes. Il reçoit alors le bouton kill.
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Une particularité : en cash-game, le joueur qui suit la grosse blind peut, avant d'avoir vu ses cartes, prendre l'« option » : il doit alors mettre le double de la grosse blind et sera le dernier à parler lors du premier tour d'enchères.
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Dans le monde, les plus connus sont Doyle Brunson, Johnny Chan, Daniel Negreanu, Phil Hellmuth, Phil Ivey, Tom "durrrr" Dwan, Mike Matusow, Chris Moneymaker, Chris Ferguson, Gus Hansen, Sam Farha, Erik Seidel, Joe Hachem Pour certains, le joueur le plus légendaire reste toutefois Stu Ungar surnommé 'The Kid' pour son visage d'enfant, qui remporta le Main Event des WSOP à 3 reprises en autant de participations.
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Le chanteur Patrick Bruel, Claude Cohen, Xavier Beraud Bedouin, David Benyamine, Vanessa Hellebuyck, Bertrand "ElkY" Grospellier, Fabrice Soulier, Élie Payan, Antonin Teisseire et Aubin Cazals sont les joueurs français à avoir remporté un titre lors des championnats du monde de poker WSOP.
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Bertrand "ElkY" Grospellier est le joueur français ayant le plus gros total de gains en tournois[12].
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Le Québécois Jonathan Duhamel a remporté le Main Event des World Series of Poker 2010.
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Les plus connus sont les World Series of Poker (WSOP), le World Poker Tour (WPT) et l'European Poker Tour (EPT).
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En France, les plus gros tournois en termes de gains sont le Partouche Poker Tour, l'EPT de Deauville et le Grand Prix de Paris (WPT).
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Plusieurs sociétés mettent à disposition des logiciels et application mobile de jouer au poker en ligne.
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En France, seules les sociétés ayant reçu l'autorisation de l'ARJEL (Autorité de régulation des jeux en ligne) peuvent proposer ce service
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Le poker est un jeu qui combine des éléments de chance et de stratégie. Selon les variantes, les types de partie et les joueurs, il existe une multitude de stratégies.
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Pour adopter une stratégie gagnante, il est nécessaire de sentir et de maîtriser l'interaction entre des aspects aussi variés que :
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Il faut savoir que la stratégie gagnante n'est pas la même si vous jouez entre amis ou en salle comme au casino ou en ligne. En effet, le prélèvement lors du poker en salle est aussi un facteur qui modifie vos probabilités de gain et donc votre stratégie de jeu.
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La stratégie du poker s'est tellement affinée depuis ces dernières années que des communautés de joueurs de poker professionnels ont vu le jour pour exposer leur analyse et développer les principaux aspects suivants intervenant dans la stratégie :
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Les stratégies du poker sont tellement vastes et évoluent tellement rapidement qu'il serait trop long et ennuyeux de les détailler toutes ici. De nombreux livres ont été écrits sur le sujet comme Easy Game, Raiser's Edge, le Poker Apprivoisé, Poker Edge, dont certains sont disponibles en eBook.
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Il vaut mieux commencer par s'intéresser à une variante du jeu qui vous amuse et en apprendre toutes ses subtilités.
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Ce qu'il faut retenir, c'est que le poker n'est pas qu'un jeu de chance, et qu'en toute logique, s'il existe des professionnels du poker, c'est la meilleure preuve qu'il y a un réel moyen d'apprendre à dompter les stratégies du jeu mais aussi d'apprendre de soi-même en dominant ses émotions.
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« Une main de poker, c’est une équation à 7 inconnues [...] dans un combat de boxe où tous les coups sont permis. » (David Borrat, Poker Edge)
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Le poker gagnant est un savant mélange de mathématique de base et de psychologie, beaucoup plus qu'un simple jeu de stratégie.
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Parmi ceux qui s'adonnent aux jeux de hasard et d'argent (gambling en anglais), certaines personnes développent une pathologie : le jeu devient une maladie ou une dépendance se traduisant par une impulsion incontrôlable à miser de l'argent.
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Il existe de nombreuses représentations de chiens de chasse jouant au poker. Les premières de ces représentations sont dues à Cassius Coolidge qui, en 1903, passe un contrat de publicité pour créer seize peintures représentant des chiens dans des poses humaines. Il en fait 9 représentant des chiens autour d'une table jouant au poker.
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De nombreux films comportent une ou plusieurs scènes décrivant des parties de poker.
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La médiatisation du poker en France a débuté vers 2005 avec de nombreuses émissions de télévision[13]. Selon le journal Libération en juin 2010, « Le nombre potentiel des joueurs de poker en ligne régulier [en France] pourrait s'élever à 1,5 million pour un chiffre d'affaires de 300 millions d'euros en 2010 et de 500 millions d'euros en 2011 »[14].
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D'après une étude universitaire, en 2010, les joueurs de poker en ligne de France (argent réel, tournois non compris) étaient estimés à 348 918 (soit 5,81 % des joueurs du monde)[7]. D'après pokerscout.com les salles les plus représentées (jeu d'argent) en mai 2010 étaient PokerStars (26 %) et Full Tilt Poker (14 %)[7], et au 11 juillet 2011 PokerStars (46 %), Winamax (34 %) et PartyPoker (17 %), avec 4,0 % de joueurs d'argent[15].
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Le poker est considéré par les autorités françaises comme un jeu de hasard. En tant que jeu d'argent, il est interdit aux mineurs. Il ne peut être joué en live que dans les casinos et cercles de jeu reconnus par l'État, depuis 2007. Les parties de poker sont interdites dans les lieux et établissements publics ou s'il existe une rémunération des organisateurs. Le poker en ligne était pratiqué par des centaines de milliers de joueurs français depuis plusieurs années, mais il n'est autorisé par les autorités que depuis 2010 et jusque fin 2016 pour deux variantes seulement : le Texas Hold'em (limit, pot-limit et no-limit) et l'Omaha (uniquement limit et pot-limit), sous forme de cash game, de sit-and-go (sans recave, ni add-on) ou de tournoi. Très récemment donc, et pour le plus grand bonheur des joueurs (et peut-être pour relancer un secteur en baisse depuis plusieurs années), d'autres variantes ont été autorisées : l'Omaha Hi-Low, l'Omaha à 5 cartes, le Stud et ses dérivés (y compris le Razz), et le 2-7 Triple Draw Lowball. Les activités du poker en ligne sont contrôlées par l'Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL) qui délivre depuis le mois de juin 2010 des agréments aux sites de poker du domaine « .fr »[14].
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La France est l'un des pays au monde où le poker est le plus médiatisé avec une présence prononcée sur les chaînes de télévision : L'European Poker Tour sur NRJ12 et Ma Chaine Sport, l'émission de téléréalité La Maison du Bluff sur NRJ12 présentée par Alexis Laipsker.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/4696.html.txt
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@@ -0,0 +1,50 @@
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Un polder (ou prise[1] ou poldre[2] [3]), est une étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau, le plus souvent dont le niveau est inférieur à celui de la mer, à partir de marais, estuaires, lacs ou des zones littorales.
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La surface à aménager est d'abord entourée de digues. L'eau emprisonnée dans ce périmètre est alors captée par un ensemble de pompes actionnées autrefois par des moulins à vent et, aujourd'hui, par des pompes électriques. Le drainage du terrain est facilité par un réseau d'étiers et de bassins. Même après l'assèchement du polder, les pompes continuent à éliminer l'eau qui s'infiltrerait en excès dans ce dernier.
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Les Pays-Bas et la Belgique sont souvent associés aux polders, puisqu'une partie de leur surface a été gagnée sur la mer au cours des siècles[4]. De telles zones existent aussi dans le Nord de la France dans la région des watergangs (Watergangen) ou Watringues (Wateringen), près de Dunkerque, et dans la région de Kamouraska, Québec. Là des centaines de milliers d'habitants vivent sous le niveau de la mer, exposés à un risque potentiel d'immersion.
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Il existe aussi des polders fluviaux, des étendues naturelles dans la zone d'inondation d'un fleuve, aménagées en polder par un système de drainage. L'objectif d'un polder était économique, territorial, démographique voire défensif[5].
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Le mot « polder » littéralement terre endiguée apparaît dans les toponymes Poldreham (Powderham, Devon, 1086), Sudhpolra (Nieuport (Belgique), 1138-1153) et Kercpolre (province de Zélande, 1177-87), et aussi dans une charte de Egmond entre 1130 et 1163.
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Avant que les polders soient directement gagnés sur une étendue d'eau, l'aventure commença dans les marais : à l'origine et durant la période de basses eaux, ces derniers étaient simplement drainés par des rivières pour les besoins de l'agriculture et la construction (tourbe). Les marais étaient ensuite abandonnés en période de crue. L'affaissement du sol à cause des activités humaines rendant les inondations plus fréquentes, on a commencé par construire des digues de protection isolant le marais de la rivière. Des bassins de drainage furent ajoutés pour, en période de crue, contenir les eaux de pluie et d'infiltration. En période de basses eaux, les bassins se vidaient alors simplement dans la rivière. Le sol continuant à s'affaisser, cette solution était cependant insuffisante.
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Les premiers moulins à vent permirent d'obtenir un niveau d'eau plus important dans les bassins de rétention que dans le polder. Le niveau des basses eaux n'étant plus suffisamment bas pour vider les bassins, ceux-ci sont devenus de simples canaux de drainage au moyen de moulins supplémentaires fonctionnant toute l'année.
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Dans certaines régions du monde, l'entretien de zones poldérisées face à la montée des océans, aux risques d'introduction de biseau salé dans la nappe et d'érosion côtière menaçant certaines digues et/ou cordons dunaires protecteurs, peut devenir très coûteux sur le moyen ou long terme, et il est parfois préféré de rendre à la mer des zones autrefois conquises sur elle (action dite de « dépoldérisation », localement entamée en Europe occidentale[6],[7], et de plus en plus considérée comme l'une des « composantes d'une gestion intégrée des espaces littoraux »[8], mais qui nécessite un important travail psychosocial et socioéconomique, car le retour de la mer ou de marais a des implications sociales importantes[9],[10],[11],[12]).
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La superficie totale des Pays-Bas est de 41 526 km2, dont quelque 7 150 km2 de polders soit 17 % du territoire. Au total (y compris la surface des lacs et cours d'eau), un quart du territoire néerlandais européen se situe sous le niveau de la mer et atteint même 6,76 mètres en négatif, un record en Europe[13].
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L'assèchement progressif était souvent effectué par des pompes actionnées par des moulins à vent, puis la plantation de roseaux ou autres plantes halophiles (c'est-à-dire « aimant le sel », comme la salicorne) permettait d'achever l'assèchement et la désalinisation.
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Le premier polder de ce type fut aménagé par Jan A. Leeghwater (1575-1650) à Beemster en Hollande-Septentrionale en 1612.
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Parmi les polders des Pays-Bas figurent par exemple Nieuwenhoorn et Watergraafsmeer.
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La technologie de construction sur mer développée par les Néerlandais est à la pointe mondiale. Ainsi, c'est un sous-traitant néerlandais qui réalise actuellement les Palm Islands à Dubaï dans le golfe Persique.
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Dans les bas-champs de l'arrière littoral, sur le littoral parfois ou autour des estuaires de l'Ouest de l'Europe, environ 15 000 km2 de bas-champs et marais résultent d'un processus de poldérisation entamé au XIe siècle. Après 1000 ans environ de poldérisation, ce mouvement s'est arrêté à la fin du XXe siècle alors que la montée du niveau marin semble devoir mettre en péril de nombreuses zones de polders, particulièrement vulnérables au phénomène de submersion marine en cas de surcote et/ou de rupture de digue[5].
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Les polders les plus importants, et très habités, sont situés aux Pays-Bas et en Allemagne (environ 6 000 km2 dans chacun de ces pays), devant la France (1 400 km2) et le Royaume-Uni (près de 1 000 km2) ; Des polders plus limités et épars existent ailleurs sur le littoral atlantique essentiellement[5].
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Le polder le plus bas du territoire français (−4 m) est situé sur une commune de l'arrondissement de Dunkerque nommée Les Moëres (du néerlandais moeren qui signifie des tourbières). Pour information, le point le plus bas du territoire français (environ -10 m) est l’étang du Lavalduc (Bouches du Rhône). Il est, avec quelques étangs environnants, bien que proche de la mer, formé de façon naturelle bien au-dessous du niveau de celle-ci).
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Des espaces importants ont été conquis le long de la côte picarde, par exemple dans la Baie d'Authie[14] qui représente plus de 111 ha[15].
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En Picardie, les polders sont appelés renclôtures.
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Les autres sites de polders en France se situent le long de la côte Atlantique, avec les nombreux polders de l'île de Ré, Oléron, Noirmoutier[15], le marais poitevin, et au nord-ouest de l'estuaire de la Gironde. Sans oublier ceux de la baie du Mont-Saint-Michel.
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Les terre-pleins littoraux du Japon, appelés umetate-chi, souvent affectés à des utilisations portuaires ou industrielles et que l'on trouve par exemple dans les baies de Tōkyō et d'Ōsaka au cœur de la mégalopole japonaise, ne peuvent pas être appelés polders, ceci pour deux raisons : d'une part ils sont situés au-dessus de la surface de la mer, et d'autre part ne sont pas le résultat d'assèchements mais au contraire de remblaiement avec des matériaux issus soit du dragage de fond des baies (creusement de chenaux de navigation pour navires à fort tirant d'eau) ou de la démolition de collines de l'arrière pays (île de Rokkō à Kobe).
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Les polders peuvent avoir outre des coûts financiers élevés, et un coût écologique. Ils modifient en effet considérablement l'environnement naturel.
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Ce coût est néanmoins parfois atténué par la présence de zones humides écologiquement intéressantes, et autrefois les réseaux de drainage de poldeers abritaient une riche faune de poissons (anguilles notamment) et d'amphibiens. En Europe de l'Ouest, les arbres têtards des polders ont favorisé les chouettes, hiboux et espèces du bois mort ; et les digues de polders offraient des habitats de substitution et sont parfois encore des habitats et petits corridors utilisées par de petits mammifères et des micromammifères autochtones rongeurs et insectivores)[16] pour se déplacer dans cet environnement souvent cultivé et eutrophe, mais dont les vocations ont localement parfois évolué vers le tourisme et l'habitat.
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Les canaux et fossés de drainage des peupleraies et zone de cultures des polders ont aussi beaucoup favorisé certaines espèces invasives (rat musqué, ragondin notamment)[16]. Autour de la Baie du Mont Saint-Michel, les zones poldérisées ont acquis une diversité de peuplement de petits mammifères équivalente à celle du bocage qui les jouxte, avec toutefois une diminution de la diversité au fur et à mesure que l'on s’éloigne du bocage, ce qui peut faire évoquer un schéma de type « source-puits » au profit de quelques espèces plus tolérantes aux effets de la fragmentation écopaysagère (ex : mulot sylvestre, musaraigne couronnée) et au détriment d'espèces plus dépendantes des continuums écologiques si le polder est utilisé pour la culture intensive (ex : Campagnol roussâtre, campagnol agreste)[16]. Une agriculture plus intensive, source de ruissellement d'engrais et de pesticide a pu ensuite dégrader ces milieux.
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Dans certaines régions face à la montée de la mer, une stratégie de retrait s'organise, avec alors une dépoldérisation[17]
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Une légère tendance à la « dépoldérisation » est apparue à partir du début des années 1990, qui ne concerne cependant qu'1% environ des polders[5]. Elle semble liée par une tendance au recul de l'entretien par les agriculteurs, et d'autre part au vieillissement des installations de drainage de nombreux petits marais, digues et réseaux de canaux/fossés créés au XIXe et XXe siècles (depuis les années 1950 en Bretagne, ou depuis les années 1960 sur la Ria Formosa (polders du sud-Portugal, jusqu'alors intensivement cultivés[18], phénomène exacerbé par la PAC). Il a aussi été question de restauration d'habitats intertidaux[19] pour les oiseaux littoraux[20] et de restauration de dynamique estuarienne[21] ou encore de gestion intégrée des zones côtières[22] protéger les dernières vasières et prés salés contre de nouvelles enclôtures et drainages. Enfin, le recul stratégique (« setback » pour les anglophones ou « Rückverlegung » en allemand) peut aussi être une solution jugée moins coûteuse face à la hausse du niveau marin et au risque de surcote, quand les polders ne sont pas densément habités ou inhabités. C'est sur le littoral du Royaume-Uni que le retour à la mer a été depuis 1980 le plus fréquent (autant que dans tout le reste de l'Europe) ; la destruction totale des digues reste rarissime et expérimentale, et ne concerne que de très petits polders inhabités avec par exemple l’aber de Crozon (au fond de la baie de Douarnenez)[23] et la digue d'un petit polder à Brandcaster en Angleterre[24]. Parfois il s'agit d'une mesure compensatoire, suite des constructions portuaires ou affectant la biodiversité et les paysages littoraux. Ailleurs, où les polders sont souvent habités, voire très habités (Flandre maritime, Pays-Bas), on opte plutôt pour une solution réversible (entrée d'eau marine régulée par clapets et/ou écluses à marée) ou plus souvent pour une renforcement des digues et parfois la création de grandes portes d'eau (aux Pays-Bas, sur la Tamise). Selon une recension, non exhaustive, des polders rendus à la mer en France, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grande-Bretagne publiée en 2007 [5], la dépoldérisation concernait environ une centaine d’hectares pour ces pays qui abritent le plus de polders. Selon cet auteur la dépoldérisation est une pratique sans fondement historique, et "une adaptation à l’évolution de la société et une forme plus rationnelle de gestion du territoire" [5]. Elle est source de paradoxe avec par exemple l'achat de terres par le conservatoire du littoral pour un jour plus ou moins les "rendre à la mer"[25].
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Le magnétisme représente un ensemble de phénomènes physiques dans lesquels les objets exercent des forces attractives ou répulsives sur d'autres matériaux. Les courants électriques et les moments magnétiques des particules élémentaires fondamentales sont à l’origine du champ magnétique qui engendre ces forces. Tous les matériaux sont influencés, de manière plus ou moins complexe, par la présence d'un champ magnétique, et l’état magnétique d'un matériau dépend de sa température (et d'autres variables telles que la pression et le champ magnétique extérieur) de sorte qu'un matériau peut présenter différentes formes de magnétisme selon sa température.
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Les aimants permanents possèdent des moments magnétiques permanents à l’origine du ferromagnétisme. Cependant, la plupart des matériaux ne possèdent pas de moments permanents. Parmi ces derniers, certains sont attirés par la présence d’un champ magnétique (paramagnétisme); d'autres sont au contraire repoussés par celui-ci (diamagnétisme) ; d'autres encore ont une relation beaucoup plus complexe avec un champ magnétique appliqué (antiferromagnétisme).
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Les substances qui sont affectées de façon négligeable par les champs magnétiques sont considérées comme étant des substances non-magnétiques, dites amagnétiques.
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Depuis la nuit des temps et au fil des âges, le magnétisme a toujours fasciné les esprits. Considéré comme un des grands miracles de la nature, il fut encore au XVIIe siècle appelé « le labyrinthe et abîme impénétrable des philosophes » par Athanasius Kircher dans son monumental traité sur l’aimant. Ce phénomène physique hors du commun est à l’origine de choses surprenantes comme l’attraction ou la répulsion d’objets, voire dans certains cas leur lévitation. Cependant, les conditions de la découverte du magnétisme restent encore à ce jour inconnues : impossible donc d'y associer une date précise.
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On attribue à Aristote ce qu'on pourrait appeler la première « discussion scientifique » sur le magnétisme avec Thalès de Milet, qui a vécu entre 625 et 545 av. J.-C. Vers la même époque, dans l'Inde ancienne, le chirurgien indien Sushruta, était le premier à faire usage de la pierre d'aimant à des fins chirurgicales . Mais le premier à qui l'on attribue véritablement la découverte de l’aimantation, c'est le philosophe grec Platon (427 av. J.-C.-347 av. J.-C.).
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Il est extrêmement compliqué de situer l'invention de la boussole, mais c'est pourtant le premier objet qui permit aux Hommes d'apprivoiser et d'utiliser le magnétisme pour leur faciliter la vie.
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Pour les européens, cette invention est située à la fin du XIIe siècle. Alexander Neckam (1157-1217) a écrit « De naturis rerum » dans lequel il mentionne la « boussole qui indique le nord et guide les marins ». Le trouvère Guiot de Provins (1150-1220) a composé un poème dans lequel il mentionne également la boussole. Jacques de Vitry (1170-1240) nous parle lui d’une aiguille qui, touchée par l’aimant, reste pointée vers l’étoile Polaire. On a longtemps attribué l'invention de la boussole à l'italien Flavio Gioia en 1302, mais les historiens ont démontré au XXe siècle que ces faits n'étaient pas véritablement fondés. Une autre hypothèse a alors été avancée : ce serait un Majorquin du nom de Raymond Llull (1232-1315) qui aurait pour la première fois découvert le pouvoir d’une aiguille d’acier touchée par l’aimant de se diriger vers le nord qui l'aurait utilisé pour la navigation.
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Pour les chinois, cette découverte remonte à une époque plus ancienne. L’ouvrage « Mengxi bitan » écrit en 1088 par le médecin Shen Gua (960-1127) décrivait déjà une aiguille indiquant le sud lorsqu’elle était frottée par la pierre d’aimant.
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Enfin, l’hypothèse selon laquelle les arabes auraient apporté la boussole de Chine en Europe par la navigation a été abandonnée. Le plus probable est en réalité que la boussole ait été inventée indépendamment en Europe et en Chine.
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Au XVIe siècle, les premières observations expérimentales sont menées par l’érudit napolitain Giambattista Della Porta. Il rend compte dans Magia naturalis (1589), de ses expériences de physique sur l'attraction du fer par la pierre d'aimant, sur les propriétés des deux pôles de l'aimant, sur le fonctionnement d'un aimant cassé. À peu près à la même époque, le savant anglais William Gilbert (1544-1603) travaillait sur le magnétisme d'une manière beaucoup plus systématique. Dans son ouvrage, De magnete, publié en 1600, il fit le bilan de près de vingt ans d'expériences[1]. Il préfigure, par la mise en pratique de la méthode expérimentale, le savant de type baconien.
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Puis au XVIIe siècle, le physicien René Descartes (1596-1650) marque une évolution dans l'histoire du magnétisme. Il fut le premier à établir une théorie physique sur le magnétisme dans son ouvrage « Les principes de la philosophie » (1644).
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La deuxième moitié du XVIIIe siècle voit naître un intérêt croissant pour les phénomènes électriques ainsi que le début d’une quête visant à découvrir le lien entre l’électricité et le magnétisme.
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Cela commence avec le physicien et médecin italien Luigi Galvani. Ce dernier étudie l’influence de l’électricité sur les membres inférieurs de grenouilles. Ses expériences l’amènent à publier ses résultats dans une étude : « De viribus electricitatis in motu musculari. Commentarius » en 1791. Dans cette étude, il formule l’hypothèse d’une « électricité animale » sécrétée par le cerveau et qui se déchargerait en reliant les nerfs et les muscles par du métal.
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Ces travaux inspirèrent le médecin viennois Franz Mesmer[2] qui exploitait le « magnétisme animal » pour prodiguer des soins à ses patients. Devant la popularité de cette méthode pourtant controversée, le roi Louis XVI ordonne, en 1784, à deux commissions composées de médecins et de scientifiques d’évaluer la rigueur scientifique de cette méthode. Ces commissions condamnèrent le magnétisme animal pour cause de moralité publique. C’est donc à cette période que le mot « magnétisme » prend deux sens différents : on distingue désormais le magnétisme animal du magnétisme physique.
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En 1820, pour la première fois, le lien entre l’électricité et le magnétisme est mis en évidence par le physicien danois Hans Christian Œrsted au cours d’une expérience. Le physicien place une boussole sous un fil dans lequel il fait passer un courant électrique. Il observe comme résultat que l’aiguille de la boussole se place perpendiculairement à la direction du fil traversé de courant.
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Une vidéo de vulgarisation réalisée par le CNRS permet de voir et comprendre cette expérience[3].
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Il publie ses résultats le 21 juillet 1820 dans un article « Expermienta circa effectum conflictus electrici in acum magneticam » qui sera traduit et diffusé dans toute l’Europe.
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La même année, les résultats d’Œrsted arrivent entre les mains des physiciens français François Arago et André-Marie Ampère, qui s’empressent de refaire l’expérience avec succès.
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Cette expérience marque le début de la « révolution électromagnétique » : les années qui vont suivre 1820 seront témoins de grands changements tant par la compréhension des phénomènes électromagnétiques que par la mise en application de ces phénomènes par de nouvelles inventions.
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Toujours en 1820, les français Jean-Baptiste Biot et Félix Savart parviennent à décrire mathématiquement le champ magnétique généré par une distribution de courants continus. La loi de Biot-Savart constitue le pilier de la magnéto-statique (étude des champs magnétiques indépendants du temps).
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En 1821, André-Marie Ampère théorise le magnétisme par l’existence dans les matériaux conducteurs d’innombrables particules minuscules chargées électriquement et en mouvement.
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La même année, Michael Faraday crée un premier moteur électrique primitif en « inversant » l’expérience d’Œrsted. Il place un aimant permanent dans un bain de mercure et place un fil parcouru par un courant électrique dans ce bain. Le fil se met à tourner de manière circulaire.
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En 1825, le physicien anglais William Sturgeon crée le premier électro-aimant pratique.
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Peu de temps après l’invention du moteur électrique, Michael Faraday découvre en 1831 l’induction électromagnétique, soit l’apparition d’une force électromotrice dans un conducteur électrique soumis à un champ magnétique variable. Ce phénomène constitue actuellement la base de notre technologie et trouve son application dans les transformateurs, les dynamos ou bien encore dans les alternateurs. Faraday décrit également en 1845 le paramagnétisme et le diamagnétisme.
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La deuxième partie du XIXe siècle sera marquée par la formulation des équations de Maxwell publiées en mars 1861 dans l’étude « On physical lines of forces ». Dans cette étude, le physicien écossais James Clerk Maxwell[4] rassemble les travaux sur le magnétisme et sur l’électricité réalisés par Michael Faraday et André-Marie Ampère en un ensemble de vingt équations qui, plus tard, seront réduites à quatre. Ces équations décrivent le comportement du champ électromagnétique et ses interactions avec la matière.
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En 1887, l’inventeur Nikola Tesla invente le premier moteur électrique à induction, utilisant les travaux de Michael Faraday sur le moteur électrique, l’induction électromagnétique et le courant alternatif.
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En 1890, le physicien et ingénieur écossais James Alfred Ewing étudie les propriétés magnétiques des métaux et découvre le phénomène d’hystérésis.
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Quelques années plus tard, le physicien français Pierre Curie étudie à son tour les propriétés magnétiques des matériaux et met en évidence que la susceptibilité magnétique d’un matériau est inversement proportionnelle à sa température. Il en tirera la loi de Curie en 1895.
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Enfin, en 1898, l’ingénieur danois Valdemar Poulsen invente l’enregistrement magnétique en créant un dispositif permettant de transformer les variations de champ magnétique d’une bande en un signal électrique.
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C'est à la fin du XIXe siècle et au début du XXe que l'étude théorique des matériaux magnétiques est abordée avec succès. Paul Langevin, s'inspirant notamment des travaux de Pierre Curie, utilise la physique statistique de Boltzmann pour établir la théorie statistique classique du paramagnétisme. Il précise également les notions de magnétisme induit et permanent.
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Ses théories de l'antiferromagnétisme (1936) et du ferrimagnétisme (1948) vaudront à Louis Néel le prix Nobel de physique en 1970. C'est un an après la publication de la première qu'est découvert le premier antiferromagnétique incontestable, MnO, par Henri Bizette et Belling Tsaï.
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L'avènement de la mécanique quantique, et particulièrement la découverte du spin de l'électron en 1925 par George Uhlenbeck et Samuel Goudsmit, eurent une importance fondamentale. En effet, cela permit d'expliquer l'origine des champs moléculaires gigantesques observés dans les substances fortement magnétiques, dont l'existence ne pouvait être démontrée par la seule interaction dipolaire magnétique[5] entre moments magnétiques atomiques. Werner Heisenberg montra ainsi en 1929 que ces champs étaient d'origine électrostatique et de nature quantique, et qu'ils pouvaient s'interpréter en termes de couplage entre deux spins voisins.
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Le phénomène de résonance magnétique nucléaire (RMN), basé sur le couplage entre le moment magnétique du noyau des atomes et le champ magnétique externe, est découvert par Felix Bloch et Edward Purcell en 1946, ce qui leur vaudra un prix Nobel en 1972. Dès les années 1960, des scientifiques comprennent que la RMN peut avoir des applications dans le domaine de la médecine, et c'est ainsi que la première image obtenue par résonance magnétique (IRM[6]) est réalisée par l'américain Paul Lauterbur en 1973.
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Une autre découverte importante du XXe siècle est celle des supraconducteurs, effectuée par Kamerlingh Onnes en 1911. Les supraconducteurs ouvrent des perspectives immenses car ils permettent d'utiliser une composante du magnétisme jusqu'alors sous-exploitée : la lévitation.En 1986, Johannes Georg Bednorz et Karl Müller, découvrent des supraconducteurs à haute température critique[7] (supérieure à 30K), contredisant les théories établies jusqu'alors. Cette famille de matériaux permet de transporter beaucoup plus d'électricité dans des câbles bien plus petits, et laisse donc envisager des progrès considérables dans les domaines des transports ou encore des nouvelles technologies. Des trains à sustentation magnétiques utilisant les supraconducteurs sont actuellement en fonctionnement et promettent une révolution de nos moyens de transport.
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Le champ magnétique est une grandeur ayant le caractère d'un champ vectoriel, c'est-à-dire caractérisée par la donnée d'une norme, d’une direction et d’un sens définis en tout point de l'espace, permettant de modéliser et de quantifier les effets magnétiques du courant électrique ou des matériaux magnétiques comme les aimants permanents.
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On peut le mettre en évidence à l'aide d'une aiguille aimantée, qui prend alors une direction déterminée. Le champ magnétique, au point de l'espace qu'occupe l'aiguille, est caractérisé par les propriétés suivantes :
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Il existe deux types de sources externes de champ magnétique :
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L’aimantation est une grandeur vectorielle qui caractérise à l'échelle macroscopique le comportement magnétique d'un échantillon de matière. C'est la somme des moments microscopiques orbitaux et des moments magnétiques de spin des électrons et des atomes. Elle se mesure en ampères par mètre, mais on donne parfois
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+
→
|
85 |
+
|
86 |
+
|
87 |
+
|
88 |
+
|
89 |
+
|
90 |
+
{\displaystyle \mu _{0}{\vec {M}}}
|
91 |
+
|
92 |
+
qui se mesure en teslas,
|
93 |
+
|
94 |
+
|
95 |
+
|
96 |
+
|
97 |
+
μ
|
98 |
+
|
99 |
+
0
|
100 |
+
|
101 |
+
|
102 |
+
|
103 |
+
|
104 |
+
{\displaystyle \mu _{0}}
|
105 |
+
|
106 |
+
étant la perméabilité du vide.
|
107 |
+
|
108 |
+
On pose :
|
109 |
+
|
110 |
+
|
111 |
+
|
112 |
+
|
113 |
+
|
114 |
+
|
115 |
+
H
|
116 |
+
→
|
117 |
+
|
118 |
+
|
119 |
+
|
120 |
+
=
|
121 |
+
|
122 |
+
|
123 |
+
|
124 |
+
|
125 |
+
B
|
126 |
+
→
|
127 |
+
|
128 |
+
|
129 |
+
|
130 |
+
μ
|
131 |
+
|
132 |
+
0
|
133 |
+
|
134 |
+
|
135 |
+
|
136 |
+
|
137 |
+
−
|
138 |
+
|
139 |
+
|
140 |
+
|
141 |
+
M
|
142 |
+
→
|
143 |
+
|
144 |
+
|
145 |
+
|
146 |
+
|
147 |
+
|
148 |
+
{\displaystyle {\vec {H}}={\frac {\vec {B}}{\mu _{0}}}-{\vec {M}}}
|
149 |
+
|
150 |
+
H
|
151 |
+
→
|
152 |
+
|
153 |
+
|
154 |
+
|
155 |
+
|
156 |
+
|
157 |
+
{\displaystyle {\vec {H}}}
|
158 |
+
|
159 |
+
est qualitativement le champ magnétique duquel on a retiré la contribution de la matière. Comme
|
160 |
+
|
161 |
+
|
162 |
+
|
163 |
+
|
164 |
+
|
165 |
+
|
166 |
+
M
|
167 |
+
→
|
168 |
+
|
169 |
+
|
170 |
+
|
171 |
+
|
172 |
+
|
173 |
+
{\displaystyle {\vec {M}}}
|
174 |
+
|
175 |
+
, il s'exprime en ampères par mètre.
|
176 |
+
|
177 |
+
H
|
178 |
+
→
|
179 |
+
|
180 |
+
|
181 |
+
|
182 |
+
|
183 |
+
|
184 |
+
{\displaystyle {\vec {H}}}
|
185 |
+
|
186 |
+
et
|
187 |
+
|
188 |
+
|
189 |
+
|
190 |
+
|
191 |
+
|
192 |
+
|
193 |
+
B
|
194 |
+
→
|
195 |
+
|
196 |
+
|
197 |
+
|
198 |
+
|
199 |
+
|
200 |
+
{\displaystyle {\vec {B}}}
|
201 |
+
|
202 |
+
sont deux champs vectoriels apparentés dont les dénominations sont mal définies. Les conventions officielles donnent à
|
203 |
+
|
204 |
+
|
205 |
+
|
206 |
+
|
207 |
+
|
208 |
+
|
209 |
+
H
|
210 |
+
→
|
211 |
+
|
212 |
+
|
213 |
+
|
214 |
+
|
215 |
+
|
216 |
+
{\displaystyle {\vec {H}}}
|
217 |
+
|
218 |
+
le nom de champ magnétique et à
|
219 |
+
|
220 |
+
|
221 |
+
|
222 |
+
|
223 |
+
|
224 |
+
|
225 |
+
B
|
226 |
+
→
|
227 |
+
|
228 |
+
|
229 |
+
|
230 |
+
|
231 |
+
|
232 |
+
{\displaystyle {\vec {B}}}
|
233 |
+
|
234 |
+
celui d' induction magnétique. Dans cet article, nous utiliserons les dénominations d'usage :
|
235 |
+
|
236 |
+
|
237 |
+
|
238 |
+
|
239 |
+
|
240 |
+
|
241 |
+
B
|
242 |
+
→
|
243 |
+
|
244 |
+
|
245 |
+
|
246 |
+
|
247 |
+
|
248 |
+
{\displaystyle {\vec {B}}}
|
249 |
+
|
250 |
+
sera appelé champ magnétique et
|
251 |
+
|
252 |
+
|
253 |
+
|
254 |
+
|
255 |
+
|
256 |
+
|
257 |
+
H
|
258 |
+
→
|
259 |
+
|
260 |
+
|
261 |
+
|
262 |
+
|
263 |
+
|
264 |
+
{\displaystyle {\vec {H}}}
|
265 |
+
|
266 |
+
excitation magnétique.
|
267 |
+
|
268 |
+
La présence du champ magnétique se manifeste par l'apparition d'une force agissant sur les charges électriques en mouvement (dite force de Lorentz) ainsi que par divers effets affectant certains matériaux et qui seront détaillés dans cet article (paramagnétisme, diamagnétisme ou ferromagnétisme selon les cas). La grandeur qui détermine l'interaction entre un matériau et un champ magnétique est la susceptibilité magnétique, définie par le coefficient de proportionnalité, noté
|
269 |
+
|
270 |
+
|
271 |
+
|
272 |
+
|
273 |
+
χ
|
274 |
+
|
275 |
+
m
|
276 |
+
|
277 |
+
|
278 |
+
|
279 |
+
|
280 |
+
{\displaystyle \chi _{m}}
|
281 |
+
|
282 |
+
, donnant la relation
|
283 |
+
|
284 |
+
|
285 |
+
|
286 |
+
|
287 |
+
|
288 |
+
|
289 |
+
M
|
290 |
+
→
|
291 |
+
|
292 |
+
|
293 |
+
|
294 |
+
=
|
295 |
+
|
296 |
+
χ
|
297 |
+
|
298 |
+
m
|
299 |
+
|
300 |
+
|
301 |
+
⋅
|
302 |
+
|
303 |
+
|
304 |
+
|
305 |
+
H
|
306 |
+
→
|
307 |
+
|
308 |
+
|
309 |
+
|
310 |
+
|
311 |
+
|
312 |
+
{\displaystyle {\vec {M}}=\chi _{m}\cdot {\vec {H}}}
|
313 |
+
|
314 |
+
.
|
315 |
+
|
316 |
+
La présence du matériau modifie le champ magnétique. On pose :
|
317 |
+
|
318 |
+
On définit par
|
319 |
+
|
320 |
+
|
321 |
+
|
322 |
+
|
323 |
+
|
324 |
+
|
325 |
+
M
|
326 |
+
→
|
327 |
+
|
328 |
+
|
329 |
+
|
330 |
+
|
331 |
+
|
332 |
+
{\displaystyle {\vec {M}}}
|
333 |
+
|
334 |
+
le vecteur aimantation acquise par la matière
|
335 |
+
|
336 |
+
On pose aussi :
|
337 |
+
|
338 |
+
Lorsqu'on a magnétisé un échantillon de matériau jusqu'à la saturation et que l'on fait décroître l'excitation H, on constate que B décroît également, mais en suivant une courbe différente qui se situe au-dessus de la courbe de première aimantation. Ceci est le fait d'un retard à la désaimantation. On dit qu'il y a hystérésis.
|
339 |
+
|
340 |
+
Lorsque H est ramené à 0, il subsiste un champ magnétique Br appelé champ rémanent (du latin remanere, rester).
|
341 |
+
Pour annuler ce champ rémanent, il est nécessaire d'inverser le courant dans le solénoïde, c’est-à-dire d'imposer à H une valeur négative. Le champ magnétique s'annule alors pour une valeur de l'excitation Hc appelée champ coercitif.
|
342 |
+
|
343 |
+
Faraday a montré que toute substance est aimantable mais le plus souvent l'effet n'est appréciable que dans un champ magnétique intense ; en plaçant dans un champ magnétique non uniforme des barreaux de substances différentes :
|
344 |
+
|
345 |
+
Les substances qui subissent des actions de même nature que le fer mais beaucoup moins intenses sont dites paramagnétiques.
|
346 |
+
|
347 |
+
Un solénoïde (enroulement cylindrique) parcouru par un courant d'intensité
|
348 |
+
|
349 |
+
|
350 |
+
|
351 |
+
I
|
352 |
+
|
353 |
+
|
354 |
+
{\displaystyle I}
|
355 |
+
|
356 |
+
crée un champ magnétique noté
|
357 |
+
|
358 |
+
|
359 |
+
|
360 |
+
|
361 |
+
|
362 |
+
|
363 |
+
|
364 |
+
B
|
365 |
+
→
|
366 |
+
|
367 |
+
|
368 |
+
|
369 |
+
|
370 |
+
0
|
371 |
+
|
372 |
+
|
373 |
+
|
374 |
+
|
375 |
+
|
376 |
+
{\displaystyle {\vec {B}}_{0}\,}
|
377 |
+
|
378 |
+
. Si, à l'intérieur de ce solénoïde on place un matériau, on constate une modification du module du vecteur champ magnétique que l'on notera maintenant
|
379 |
+
|
380 |
+
|
381 |
+
|
382 |
+
|
383 |
+
|
384 |
+
|
385 |
+
B
|
386 |
+
→
|
387 |
+
|
388 |
+
|
389 |
+
|
390 |
+
|
391 |
+
|
392 |
+
{\displaystyle {\vec {B}}}
|
393 |
+
|
394 |
+
.
|
395 |
+
|
396 |
+
Remarque : dans certains ouvrages anciens ou certains livres techniques
|
397 |
+
|
398 |
+
|
399 |
+
|
400 |
+
|
401 |
+
|
402 |
+
|
403 |
+
B
|
404 |
+
→
|
405 |
+
|
406 |
+
|
407 |
+
|
408 |
+
|
409 |
+
|
410 |
+
{\displaystyle {\vec {B}}}
|
411 |
+
|
412 |
+
est appelé vecteur induction magnétique
|
413 |
+
|
414 |
+
Le diamagnétisme est un comportement des matériaux qui les conduit, lorsqu'ils sont soumis à un champ magnétique, à générer un autre champ magnétique opposé, créé par une très faible aimantation. Lorsque le champ n’est plus appliqué, l’aimantation disparaît. Le diamagnétisme est un phénomène qui apparaît dans toute la matière atomique, mais il est masqué par les effets du paramagnétisme ou du ferromagnétisme lorsque ceux-ci coexistent avec lui dans le matériau.
|
415 |
+
|
416 |
+
Quand on applique un champ magnétique, le flux magnétique passant à travers la surface décrite par la trajectoire fermée de l'électron est modifié. L'électron réagit selon le phénomène classique d'induction, ce qui induit un moment magnétique opposé et proportionnel au champ appliqué. C'est l'origine du diamagnétisme qui est un phénomène présent dans tous les matériaux mais qui peut être masqué par les autres phénomènes (en particulier paramagnétiques) dont l'effet est plus important.
|
417 |
+
|
418 |
+
Cette description a ses limites. En effet, on a dû supposer que le rayon de l'orbite de l'électron était constant ; autrement le calcul donnerait une réponse magnétique nulle.
|
419 |
+
|
420 |
+
Ainsi, il n'est pas possible d'ignorer l'aspect quantique de ce phénomène : en 1919, dans sa thèse de doctorat, J. H. van Leeuwen prouva qu'il était impossible d'expliquer le magnétisme uniquement à l'aide de l'électrodynamique de Maxwell et de la mécanique statistique classique. C'est l'essence du théorème de Bohr-van Leeuwen.
|
421 |
+
|
422 |
+
Remarque : on emploie le terme de diamagnétisme parfait pour désigner le comportement des supraconducteurs qui créent en leur sein des courants induits surfaciques qui s'opposent à toute variation de champ magnétique et maintiennent un champ magnétique interne nul pour les supraconducteurs de type I. Cette propriété est utilisée pour produire la lévitation magnétique avec des supraconducteurs (de type II).
|
423 |
+
|
424 |
+
Le paramagnétisme désigne en magnétisme le comportement d'un milieu matériel qui ne possède pas d'aimantation spontanée mais qui, sous l'effet d'un champ magnétique extérieur, acquiert une aimantation dirigée dans le même sens que ce champ d'excitation. Un matériau paramagnétique possède donc une susceptibilité magnétique de valeur positive (contrairement aux matériaux diamagnétiques), en général assez faible. Cette aimantation disparaît lorsque le champ d'excitation est coupé, il n'y a donc pas de phénomène d'hystérésis comme pour le ferromagnétisme.
|
425 |
+
|
426 |
+
Le paramagnétisme ne désigne pas une propriété intrinsèque d'un matériau mais un comportement en réponse à un champ magnétique, comportement qui peut changer selon les conditions considérées. Ainsi, un matériau ferromagnétique devient paramagnétique quand sa température dépasse sa température de Curie.
|
427 |
+
|
428 |
+
À l'échelle microscopique, on peut décrire un matériau paramagnétique comme un ensemble de dipôles magnétiques indépendants. La réponse du système à un champ magnétique appliqué est alors déterminée par le rapport de forces entre l'énergie magnétique d'une part qui tend à ordonner les dipôles en les alignant selon le champ appliqué, et l'énergie d'agitation thermique d'autre part qui favorise le désordre. Le traitement de ce problème par la physique statistique permet de démontrer la loi de Curie qui affirme que la susceptibilité magnétique d'un matériau paramagnétique est inversement proportionnelle à la température.
|
429 |
+
|
430 |
+
Lorsque les atomes possèdent leur propre moment magnétique permanent, le diamagnétisme (toujours présent) est masqué par le paramagnétisme. Sous l'effet d'un champ magnétique extérieur, ces atomes, petits aimants permanents, s'orientent selon le champ appliqué et l'amplifient. Ce phénomène est limité par l'agitation thermique et dépend fortement de la température : (loi de Curie :
|
431 |
+
|
432 |
+
|
433 |
+
|
434 |
+
|
435 |
+
M
|
436 |
+
|
437 |
+
=
|
438 |
+
C
|
439 |
+
⋅
|
440 |
+
|
441 |
+
|
442 |
+
|
443 |
+
B
|
444 |
+
|
445 |
+
T
|
446 |
+
|
447 |
+
|
448 |
+
|
449 |
+
|
450 |
+
{\displaystyle \mathbf {M} =C\cdot {\frac {\mathbf {B} }{T}}}
|
451 |
+
|
452 |
+
)
|
453 |
+
|
454 |
+
On a supposé que les moments magnétiques avaient une norme constante
|
455 |
+
|
456 |
+
|
457 |
+
|
458 |
+
μ
|
459 |
+
|
460 |
+
|
461 |
+
{\displaystyle \mu }
|
462 |
+
|
463 |
+
alors que la mécanique classique autorise tous les moments, car encore une fois on aurait trouvé une réponse magnétique inexistante. Le raisonnement précédent est donc semi-classique, et doit être complété par un raisonnement quantique.
|
464 |
+
|
465 |
+
Les matériaux ferromagnétiques sont des corps qui ont la capacité de s'aimanter sous l'effet d'un champ magnétique extérieur et de garder cette aimantation. Ils se distinguent des paramagnétiques qui ne conservent pas leur aimantation à champ nul. Il en existe deux sous catégories, à savoir les ferromagnétiques durs (qui sont utilisés pour fabriquer des aimants permanents) et les ferromagnétiques doux. Ces matériaux sont communément utilisés dans le monde de l'industrie, ainsi que dans la vie quotidienne. L'usage le plus commun est le « magnet » qui est un aimant permanent (un ferromagnétique dur) que l'on collectionne sur son réfrigérateur.
|
466 |
+
L'aimantation rémanente est due à un ordre à l'échelle microscopique (défini par l'interaction d'échange d'Heisenberg) et par un ordre à l'échelle du matériau (paroi de Bloch, domaine de Weiss).
|
467 |
+
|
468 |
+
En effet, lorsqu'un matériau est ferromagnétique ou ferrimagnétique, il est divisé en domaines, appelés domaines de Weiss, à l'intérieur desquels l'orientation magnétique est identique. Chaque domaine se comporte alors comme un aimant. Ces domaines sont séparés par des parois dites parois de Bloch.
|
469 |
+
|
470 |
+
Les anisotropies magnétiques expliquent les axes d'aimantation faciles.
|
471 |
+
|
472 |
+
Pour l'usage industriel, le fer, le cobalt et le nickel sont les matériaux ferromagnétiques les plus utilisés. De plus, certaines terres rares (les Lanthanides dans la classification périodique) sont également ferromagnétiques à basse température et utilisées dans l'industrie.
|
473 |
+
|
474 |
+
En ce qui concerne les alliages, la situation est très complexe : certains alliages de fer et de nickel ne sont pas ferromagnétiques (ex: acier inoxydable austénitique), alors que l'alliage d'Heusler, constitué uniquement de métaux non ferromagnétiques (61 % Cu, 24 % Mn, 15 % Al), est ferromagnétique.
|
475 |
+
|
476 |
+
Enfin, il faut ajouter les ferrites, dont la composition est de la forme (MO ; Fe2O3) où M est un métal divalent et dont le représentant le plus ancien est la magnétite Fe3O4 (FeO ; Fe2O3).
|
477 |
+
|
478 |
+
Partons d’une aimantation nulle à champ nul. En augmentant faiblement le champ extérieur, des moments magnétiques dans certains domaines vont se retourner. Si un domaine est déjà aligné dans le sens du champ appliqué, les domaines voisins vont petit-à-petit s’aligner. Cela revient à dire que l’on a déplacé la paroi de Bloch. Ce mécanisme est réversible pour de faible champ. Il devient irréversible pour des champs extérieurs moyens. Enfin, pour de fortes excitations magnétiques, se produit une rotation des aimantations des domaines dans la direction du champ extérieur. Macroscopiquement, Msat est atteinte.
|
479 |
+
|
480 |
+
L'aimantation de la matière absorbe de l'énergie qui n'est que partiellement restituée au cours de la désaimantation. Cette énergie est dissipée sous forme calorifique : le matériau s'échauffe. On démontre que les pertes par hystérésis sont proportionnelles à l'aire du cycle d'hystérésis.
|
481 |
+
|
482 |
+
Dans le cas où une substance ferromagnétique doit décrire un grand nombre de cycles d'hystérésis (machines tournantes, transformateurs…), il faut choisir des matériaux tels que l'aire du cycle soit aussi petite que possible. Ces matériaux sont dits magnétiquement « doux. »
|
483 |
+
|
484 |
+
À l'opposé, c'est grâce à une hystérésis importante que l'on peut réaliser des aimants permanents. On utilise pour leur fabrication des matériaux magnétiquement durs : certains aciers à l'aluminium, au nickel ou au cobalt conviennent parfaitement. On réalise aussi des aimants avec de la poudre de fer agglomérée dans un isolant.
|
485 |
+
|
486 |
+
Les matériaux ferromagnétiques doux forment un sous-groupe des matériaux ferromagnétiques, ce qui signifie qu’ils sont capables de s'aimanter lorsqu'ils sont soumis à un champ magnétique extérieur. La particularité des matériaux ferromagnétiques doux est que l'action de créer ou d’annuler l’aimantation dans le matériau nécessite moins d'énergie que pour les matériaux ferromagnétiques durs. Les ferromagnétiques doux sont utilisés dans les transformateurs, les électro-aimants ou dans toute application dans laquelle le matériau travaille à haute fréquence. Ils possèdent un champ coercitif très faible avec une très forte susceptibilité. C'est cette forte susceptibilité qui permet d'obtenir une forte induction à partir d'un faible champ extérieur et ainsi être utile dans les électro-aimants ou à la canalisation des lignes de champs. Un faible champ coercitif et une forte susceptibilité entrainent l'étroitesse du cycle d'hystérésis. L'aire de ce cycle représente l'énergie dissipée sous forme de chaleur lors d'un parcours complet du cycle, appelée « pertes magnétiques ».
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Les matériaux magnétiques doux sont utilisés pour réaliser des électroaimants (leur aimantation doit pouvoir facilement être annulée) ou des circuits magnétiques fonctionnant en régime alternatif (machines électriques, transformateurs).
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Les matériaux ferromagnétiques durs forment un sous groupe des matériaux ferromagnétiques. Ils possèdent une aimantation naturelle présente en absence de champ magnétique extérieur, ainsi qu'un champ coercitif et une rémanence élevés. Comme pour les autres matériaux ferromagnétiques, les ferromagnétiques durs ont la particularité de s’aimanter fortement en présence d’un champ magnétique extérieur. On distingue les ferromagnétiques durs des ferromagnétiques doux par leurs propriétés magnétiques, telles que la forme de leur cycle d’hystérésis. Le cycle d'hystérésis des ferromagnétiques doux est fin et allongé vers le haut, alors que celui des ferromagnétiques durs est aplati et allongé sur l'axe des abscisses. Les matériaux ferromagnétiques durs sont à la base des aimants permanents, et notamment des aimants à forte puissance.
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Contrairement aux précédents, les cycles sont extrêmement larges : plusieurs centaines de kA m−1. Il est impossible de les dessiner dans un même repère que les précédents.
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Certains de ces matériaux à base de terres rares (alliages samarium-cobalt ou néodyme-fer-bore) ne se désaimantent pas, même lorsqu'on annule le champ magnétique interne (l'excitation vaut alors HcB). Pour annuler (en fait inverser) l'aimantation, il est nécessaire de fournir une excitation magnétique que l'on appelle HcM : excitation de désaimantation irréversible.
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L'application de ces matériaux est la réalisation d'aimants permanents de très forte puissance. Les ferrofluides sont des suspensions de particules aimantées de taille nanométrique dans un liquide. Ces liquides réagissent à un champ magnétique extérieur (par exemple, leur surface se hérisse de pointes).
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Pour obtenir un matériau avec un champ coercitif important, il faut limiter la nucléation et/ou la propagation des parois, à l’origine du renversement de l’aimantation.
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Plus l'aimantation se renverse facilement, plus le champ coercitif du matériau est faible, et plus il existe de domaines magnétiques. Les défauts structuraux agissent comme sites de nucléation. Afin d’éviter ce phénomène, le matériau peut être divisé en plusieurs parties isolées magnétiquement. De ce fait, le renversement de l’aimantation provoqué par un défaut reste localisé, et ne provoque pas d'effet de cascade de renversement dans le matériau. La technique la plus utilisée pour obtenir une telle microstructure est la métallurgie des poudres.
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Lorsqu'un matériau est ferromagnétique ou ferrimagnétique, il est divisé en domaines, appelés domaines de Weiss, à l'intérieur duquel l'orientation magnétique est identique. Ce domaine se comporte alors comme un aimant. Ces domaines sont séparés par des parois dites parois de Bloch.
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Ci-dessous un récapitulatif des principales familles de matériaux magnétiques évoquées dans cet article, classées selon leur susceptibilité magnétique
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χ
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En électrotechnique, seuls les matériaux ferromagnétiques et ferrimagnétiques sont importants car ce sont les seuls à produire des augmentations du champ magnétique qui sont significatives (voir la partie sur les applications ci-dessous).
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On dénombre de nombreuses applications du magnétisme dans la vie de tous les jours et dans le monde de l'industrie, deux d'entre elles sont présentées dans cette partie.
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L’intérêt d’utiliser le magnétisme comme support de l’information s’est posé lorsque l’on cherchait à minimiser l’énergie nécessaire au stockage. En effet, le principe repose sur les propriétés ferromagnétiques qui permettent de garder en mémoire l’orientation d’un champ externe appliqué. Ce sont sur des petits objets magnétiques que sont inscrites les données sauvegardées sur un disque dur par exemple. Ce type de stockage d'information ne nécessite pas un courant électrique et permet donc de conserver l'information dans les disques durs sans nécessiter de batterie ou de pile.
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La technologie actuellement permet de stocker de plus en plus de données sur un espace réduit grâce à la miniaturisation de ces objets et à la précision de plus en plus élevée des moyens de lecture de ces informations.
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Comme nous l’avons vu précédemment, lorsqu’un courant passe dans un conducteur, cela provoque la création d’un champ magnétique autour de ce conducteur. Cette propriété est utilisée pour mesurer des courants, avec les capteurs à effet Hall.
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Le principe de l’effet Hall est simple, le courant que l’on veut mesurer va générer un champ magnétique autour du fil, et c’est ce champ magnétique que l’on va pouvoir quantifier avec le capteur, et remonter ensuite à la valeur du courant qui parcourt le fil.
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Pour des composants électroniques, les capteurs à effet Hall sont relativement peu coûteux. On peut les retrouver dans les smartphones ou lesordinateurs portables. Ce sont eux qui permettent de mettre en veille votre appareil quand l'écran d'un ordinateur portable est replié.
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Le terme « police » désigne de manière générale l'activité consistant à assurer la sécurité des personnes, des biens et maintenir l'ordre public en faisant appliquer la loi. Il faut entendre par le terme « loi », les règles et normes formelles d'un code établi dans un pays. Les forces de police (communément appelées « la police ») sont les agents (militaires ou civils) qui exercent cette fonction.
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Le mot français police provient du mot latin politia, romanisation du mot grec πολιτεία (politeia), qui signifie « régime politique, citoyenneté, administration, partie civile » et du mot πόλις (polis), qui signifie « cité »[1].
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La police est une invention moderne. En effet, si Rome disposait d'irénarques chargés de la surveillance des mœurs, de la discipline publique et de l'arrestation des brigands[2], la « police » au sens moderne du terme ne naît qu'avec l'avènement de l'État moderne.
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En Europe, au bas comme au haut Moyen Âge, le pouvoir de police n'étant pas distinct du pouvoir de justice, le même seigneur pouvait à loisir désigner un coupable, le faire arrêter, et le châtier.
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À la fin du XIIIe siècle, la langue allemande invente le terme de « Polizeiwissenschaft » (littéralement, « science de la police »)[3]. L'équivalent de la « police » au sens classique, d'administration de l'ordre public de la cité, allant au-delà des tâches proprement sécuritaires, se retrouve dans la conceptualisation, dans les États germaniques, de la Polizeiwissenschaft ainsi que des sciences camérales.
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On cite souvent la Marine Police Force de Londres et la City of Glasgow Police en Écosse ainsi que la préfecture de Paris, toutes créées vers 1800, comme les ancêtres de l'organisation moderne de la police[4],[5],[6]. À celles-ci s'ajoute la Metropolitan Police Service, créée en 1829 et qui est la première qui ajoute la prévention policière à son rôle de répression du crime[7].
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On peut aussi citer la création d'une police municipale en 1805 dans la ville de la Nouvelle Orléans aux États-Unis. Police dont la fonction première était de surveiller et de capturer les esclaves fugitifs. « Le but premier de la maréchaussée est de renforcer le contrôle des autorités sur les esclaves »[8].
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Les policiers sont connus sous plusieurs noms dont : constables, gendarmes, officiers de paix, agents de police, détectives, shérifs, marshalls, miliciens. L'organisation des forces de police varie grandement selon le pays : de locales à nationales, de civiles à militaires.
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Les historiens français, comme Jean-Marc Berlière et Christian Chevandier, ont écrit une histoire très informée de la police[9].
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Il existe un organisme de coopération policière internationale, Interpol, qui diffuse aux pays membres les mandats d'arrêt d'internationaux délivrés par les autorités judiciaires nationales.
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Dans l'Union européenne, chaque pays possède sa ou ses polices nationales et Europol est l'organisme de coopération des différentes instances policières de l'Union.
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Le réseau international Francopol regroupe pour sa part des organisations et des écoles de formation policières francophones en vue de la coopération technique et de l'amélioration des pratiques policières.
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La police allemande (en allemand : die Polizei) se divise en plusieurs niveaux :
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La réforme des polices instituée par l'arrêté royal du 7 décembre 1998 a remplacé les différents services de police belge (gendarmerie nationale, police communale, police judiciaire et police des chemins de fer) par la police intégrée à 2 niveaux (fédéral et local).
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La Gendarmerie royale du Canada (GRC), la police fédérale, s'occupe des champs de compétence du gouvernement fédéral au Canada.
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Deux provinces, le Québec et l'Ontario, possèdent un corps de police provinciale chargé du champ de compétence provinciale sur leur territoire. Il s'agit de la Sûreté du Québec (SQ) et de la Police provinciale de l'Ontario (PPO). Les autres provinces canadiennes louent les services des patrouilleurs de la GRC qui occupent alors à la fois les champs de compétences, tant provincial que fédéral.
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Chaque ville, village ou municipalité a également compétence pour créer son propre corps de police municipale afin d'y maintenir l'ordre et d'y appliquer le code criminel canadien et les lois pénales provinciales. Si un tel corps n'est pas créé par la municipalité, c'est la police fédérale ou provinciale (selon le cas) qui y a juridiction. Les services policiers fournis par la SQ ou la PPO sont facturés à la municipalité desservie.
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Cependant, au Québec, une municipalité doit avoir au moins 50 000 habitants pour qu'elle puisse avoir son propre corps de police[12]. Ainsi à Montréal, c'est le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qui dessert le territoire de l'île de Montréal.
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En cas de bavure policière, on confie généralement l'enquête à un autre corps de police pour éviter les conflits d'intérêt. Par exemple, la SQ va enquêter sur le décès d'un individu tué lors d'une fusillade avec les agents du SPVM. Pour des enquêtes délicates qui nécessitent des services particuliers, comme ceux de la police scientifique, ou une coordination à large échelle, les corps policiers de différents niveaux vont collaborer.
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Le Federal Bureau of Investigation (FBI), le US Secret Service, le US Marshals Service, le United States Park Police (USPP), le US Capitol Police, le US Pentagon Police et certains autres services s'occupent des crimes de juridictions fédérales. Le FBI possède une juridiction assez large, dont une section de contre-espionnage, alors que les autres ont des juridictions particulières.
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Chaque État a son propre corps policier qui s'occupe de la gendarmerie sur les routes principales et des lois criminelles qui relèvent des États. Chaque comté a son service de police ou de shérif qui a juridiction sur le territoire du comté, généralement hors des villes d'importance. Les shérifs sont élus pour des mandats d'une durée de 2 à 6 ans. Quarante-huit États sur cinquante ont un service de shérif, l'Alaska et le Connecticut étant les deux États qui n'en possèdent pas. Chaque ville d'importance a son service de police dont la juridiction s'étend au territoire de la ville.
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Comme au Canada, les différents niveaux de services de police collaborent. Contrairement à la plupart des pays, les chefs de polices municipales, de comté et les shérifs sont élus par la population et non nommés par des autorités supérieures.
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La définition actuelle a été établie par les acteurs de la Révolution française. Ainsi, l'article 12 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dispose : « La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux à qui elle est confiée ». La magistrate Magali Lafourcade a recommandé de s'appuyer sur cet article pour consacrer, organiser et contrôler un "droit à la police", avec la mise sur pied d'une police "au service de l'exercice paisible des libertés"[13].
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En droit français, il est possible de distinguer deux types de police :
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Néanmoins, cette distinction entre police administrative, qui serait préventive, et police judiciaire, qui serait répressive, n'est pas absolue. Elle varie en effet en fonction de l'autorité de référence : le Préfet en matière administrative et la magistrature en matière judiciaire.
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En pratique, trois forces de sécurité effectuent les missions de sécurité intérieure :
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Jusqu'en 2000, les services de l'ordre étaient divisés entre police et gendarmerie. Une loi votée par le Parlement et signée par le grand-duc les a réunis en un seul corps.
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La police du grand-duché du Luxembourg est appelée police grand-ducale. Elle est soumise à la charte des valeurs de la police grand-ducale. Cette charte précise notamment : « La police grand-ducale concourt, sur l'ensemble du territoire, à la garantie des libertés et à la défense des institutions du grand-duché, au maintien de la paix et de l’ordre public et à la protection des personnes et des biens. Proche de la population, elle lui fournit aide et assistance. Elle procède aux devoirs lui étant confiés légalement par les autorités judiciaires et administratives ». Il y a dans le pays 6 centres d'intervention principaux : Luxembourg-Ville, Esch-sur-Alzette, Diekirch, Mersch, Grevenmacher et Capellen. La police grand-ducale est administrée par une direction générale.
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Une loi de 1973 règle l'usage des armes et autres moyens de contrainte par les membres de la force publique dans la lutte contre la criminalité. Les policiers ont un grand nombre de clubs de sport qui leur sont propres.
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Les policiers néerlandais sont sous la tutelle du ministère de la Justice et non du ministère de l'Intérieur. Les deux corps formant l'institution sont les polices nationale et municipale, l'une sous commandement du ministre, l'autre sous direction des maires. En cas de crise, la police travaille avec les pompiers et les ambulances pour faciliter l'évacuation des civils. Dans les rues, elle est armée et sont équipement quotidien contient entre autres un talkie-walkie en relation avec les autres unités et la base, des menottes et un gilet pare-balles. La gendarmerie (maréchaussée royale) assure un apport de sécurité dans les lieux fortement fréquentés en coopération avec la police, mais a un statut militaire.
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En Suisse, les services de polices peuvent être divisée en trois grands groupes : la police fédérale, et militaire, les différents corps de police cantonaux et enfin les polices municipales.
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La police fédérale, créée en 1848, est plus un service administratif et de coordination intercantonal qu'une réelle force de police, alors que les polices cantonales forment l'essentiel des forces de polices du pays et s'occupent de la majeure partie des activités de police ; selon les cantons elles sont suppléées par des polices municipales gérées par les communes. En 2000, on comptait 14 500 policiers assermentés sur l'ensemble du territoire suisse, ce qui en proportion donne moins de 200 fonctionnaires de police pour 100 000 habitants, soit un des taux les plus bas d'Europe[14].
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Fondé en 1845, la police turque est la plus ancienne du Moyen-Orient.
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La police turque ou la Direction Générale de la Sûreté (en turc : Polis ou Emniyet Genel Müdürlüğü) est le nom officiel des services de police en Turquie.
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La police turque est dans une guerre constante avec le PKK qui est une organisation terroriste séparatiste kurde. Le PKK n' hésite pas à prendre pour cibles les forces de police et les civils, comme dans l'attentat de mars 2016 à Ankara où le père du footballeur international turc Umut Bulut a perdu la vie avec d'autres civils ou bien encore l'attentat d'Istanbul de décembre 2016 qui a visé les forces de police à la sortie d'un match de football de Süper Lig entre le Beşiktaş et Bursaspor[15],[16].
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L'étude scientifique de la réalité sociologique des institutions policières est d'apparition relativement récente : au milieu du XXe siècle, aux États-Unis et au Canada, puis en Grande-Bretagne et dans les pays anglo-saxons ; en Europe continentale, à partir des années 1970, en Allemagne et aux Pays-Bas notamment. La France a commencé à être concernée par ce mouvement à la même époque, avec les initiatives de juristes comme Jean-Jacques Gleizal à Grenoble ou Bernard Asso à Nice, de criminologues comme Jean Susini, de politologues comme Jean-Louis Loubet del Bayle qui crée à l'Institut d'études politiques de Toulouse, le Centre d'études et de recherches sur la police (CERP). D'autres chercheurs en sciences sociales, comme les sociologues français Dominique Monjardet ou Frédéric Ocqueteau, s'intéressent à l'étude des organisations policières et à leur performance managériale. Sebastian Roché (CNRS, Institut d'études politiques de Grenoble) s'est spécialisé dans l'analyse des politiques de sécurité et des politiques policières.
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Il y a des approches qui proposent tout une autre conception de la police : ainsi, le marxisme, qui considère que la police fait partie de l'appareil répressif de l'État[17], lequel fonctionne à la violence (physique ou non)[18] et constitue un instrument de la bourgeoisie par lequel elle s'assure son pouvoir et sa position dominante[19] ; ou le discours foucaldien, qui assure que la police est une institution de pouvoir dont le but n'est pas de supprimer le crime mais de le contrôler suivant certaines limites et de l'utiliser selon ses propres intérêts[20].
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Parmi les nombreux films et séries dits policiers, quelques-unes des œuvres françaises les plus connues :
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Un policier Écouter ou agent de police Écouter est un membre de la police, qu'il porte ou non l'uniforme et dont la fonction est de faire respecter la loi, de maintenir l'ordre et d'assurer la sécurité publique.
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Dans la plupart des États, les policiers peuvent porter une arme pendant leur service. Ils sont représentants de l'autorité publique ; à ce titre, la loi peut alourdir les peines de certains délits tel l'outrage à agent lorsqu'il visent un policier.
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En Belgique, depuis la réforme des polices belges, deux échelons ont été créés, la police fédérale et les polices locales. Les corps de police locale sont organisés en zones de police regroupant généralement plusieurs communes, alors que précédemment chaque commune était dotée de son propre corps. La police fédérale regroupe les anciens corps de la gendarmerie et de la police judiciaire près les parquets.
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La circulation des personnels entre les différents corps de polices locales et fédérale a été rendue possible grâce à l'uniformisation des grades, les anciens grades de la gendarmerie, hérités de son passé militaire (maréchal des logis, etc.), ont été supprimés.
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Les principaux grades au sein de la police belge sont :
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Au Canada, une fois engagé (embauché) comme membre régulier au grade de gendarme à un salaire annuel de 46 003 $.
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Congés annuels :
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Au Québec, pour être policier dans la province[1], il faut généralement avoir obtenu d'un diplôme d'études collégiales (DEC) en techniques policières[2] (3 ans d'études) ou faire un AEC en technique policière qui dure 30 semaines puis réussir une formation de 15 semaines à l'École nationale de police du Québec (ENPQ)[3].
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Un baccalauréat en sécurité publique[4] (3 ans d'études universitaires) existe également pour parfaire la formation des policiers en exercice.
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En France, il existe plusieurs types de polices différents :
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Peuvent coexister au sein d'une même commune des policiers municipaux et nationaux ou des policiers municipaux et des gendarmes, la répartition des zones de compétences entre police et gendarmerie nationales étant du ressort du ministère de l'Intérieur.
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Par ailleurs il existe aussi des unités spécialisées à compétence nationale ou régionale :
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En France, on donne le surnom de poulet aux policiers, cela du fait qu'en 1871, Jules Ferry mit à la disposition de la préfecture de Paris la caserne de la Cité à Paris qui était bâtie sur l'ancien marché aux volailles.[réf. nécessaire]
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La police nationale fait respecter la loi et les règlements, assure une surveillance de la voie publique, recherche et interpelle les auteurs d'infractions. Le policier peut constater les infractions par procès-verbal. Si, en matière de contravention au Code de la route ses constatations font foi jusqu'à preuve du contraire, en toute autre matière où il n'est pas assermenté, elles ne sont que de simples renseignements pour la justice.
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Sa qualification judiciaire (agent ou officier de police judiciaire) lui confère des pouvoirs différents en matière d'enquête. Il peut cependant arrêter tout auteur d'infraction, contrôler l'identité d'une personne conformément au code de procédure pénale, laquelle personne doit alors prouver son identité par tout moyen sans quoi elle pourra être retenue jusqu'à quatre heures pour des vérifications d'identité.
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Pour accéder à ce métier il faut réussir le concours accessible aux titulaires d'un baccalauréat (catégorie B type à statut spécial), puis faire une formation théorique qui dure un an, entrecoupée de dix semaines de stage pratique en commissariat.
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Le salaire d'élève gardien de la paix net moyen est d'environ 1 450 € net par mois. Sortie d'école 1 835 € en région parisienne. Il peut espérer atteindre, en fin de carrière avec le grade de major de police, un salaire mensuel d'environ 3 000 € net.
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Un policier peut travailler :
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Le policier municipal, sa qualification judiciaire et des textes spéciaux lui confère de nombreux pouvoirs notamment en matière de code de la route. Il s'occupe essentiellement de la tranquillité publique avec des missions préventives, et de plus en plus, de sécurisation.
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S'il est souvent à l'extérieur, le gardien de police municipale doit aussi rédiger et transmettre de nombreux documents : rapports d'activité, comptes rendus des missions d'îlotage et de prévention, tenue des registres du suivi des affaires, enregistrement et transmission des procès-verbaux et amendes... Lors de permanences, il accueille le public et l'oriente vers les services compétents.
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Les objets de service réglementaire sont, selon les services :
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L'adolescence (du latin adolescere : « grandir ») est une phase du développement humain physique et mental qui se produit pendant la période de la vie humaine s'étendant de la puberté jusqu'à l'âge adulte. Les critères de définition de l'adolescence ont varié au fil de l'histoire. L'entrée dans l'adolescence est généralement marquée par les changements biologiques déclenchés par des changements hormonaux de la puberté, et sa durée sur le plan social est liée au degré de dépendance financière envers les parents. L'adolescence se termine habituellement par l'atteinte de la majorité civile, variable selon les pays.
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Sur le plan biologique, l'organisation mondiale de la santé définit les adolescents comme étant les jeunes de 10 à 19 ans mais selon d'autres scientifiques la période transitoire entre l'enfance et l'âge adulte pourrait aller jusqu'à 25 ans. Durant la période allant de la majorité à l'âge de 25 ans, on parle toutefois très rarement d'adolescents mais plutôt de « jeunes adultes »[1],[2].
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L'adolescence est un des âges de la vie décrits dans des écrits très anciens. Les âges de la vie sont souvent présents dans la littérature médiévale mais ils varient beaucoup, de trois à 12 étapes, le nombre de sept est le plus souvent utilisé au Moyen Âge tardif. Les premiers âges de la vie distinguent alors[3] :
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Au Moyen Âge, en Occident, les jeunes à 14 ans quittent leur foyer pour aller en apprentissage ou pour aller servir dans d'autres maisons. Or au XIXe siècle, avec l'industrialisation, des proportions de plus en plus grandes d'adolescents restent au domicile familial et vont travailler pour soutenir financièrement leur famille, jusqu'à l'âge de leur mariage. Au XXe siècle, les progrès dans la protection des enfants et des jeunes, la mise en place de scolarité obligatoire et l'augmentation de la durée de scolarisation ont consolidé ce phénomène : les jeunes restent désormais au domicile familial de longues années après la fin de leur enfance. Sur le plan social et psychologique, ce phénomène place les adolescents dans une situation nouvelle, celle de dépendance financière envers leurs parents (rendue possible par la baisse de la natalité et la hausse de la qualité de la vie avec des logements plus spacieux en particulier). Toute la dynamique familiale en est modifiée[4]. L'adolescence pose alors de nouveaux problèmes et en particulier de nouveaux types de conflits ou de relations avec les parents et avec les frères et sœurs plus jeunes[5].
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Au début du XXIe siècle, la dépendance parentale typique de l'adolescence continue de se prolonger, l'entrée dans les responsabilités adultes est plus tardive, tandis que le début de la puberté est plus précoce, sous l'effet d'une amélioration de la nutrition et des progrès médicaux. Ainsi, la durée de l'adolescence se prolonge et l'âge de la fin de l'adolescence est sujet à débat[6].
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À quel âge commence l'adolescence et à quel âge se termine-t-elle ? Les limites d'âge correspondant à l'adolescence sont en partie arbitraires. C'est également le cas pour la question de la définition des âges de l'enfance ou de l'âge adulte. Ces limites sont fixées par des facteurs biologiques et sociaux. La définition de l'adolescence a ainsi varié selon les époques et les changements sociaux et physiques observés chez les enfants et jeunes adultes[6],[7].
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Au début du XXe siècle, G. Stanley Hall définit l'adolescence comme la période de développement allant de 14 à 24 ans dans son traité sur l'adolescence[8]. Une cinquantaine d'années après, l'organisation mondiale de la santé définit l'adolescence comme la tranche d'âge des 10 à 19 ans inclus[9],[10]. La Convention des droits de l'enfant des Nations Unies définit l'enfance comme la période allant de la naissance à 18 ans et l'adolescence comme la période allant de 10 à 19 ans[7]. En parallèle, les Nations unies parlent aussi de la catégorie jeunesse, à partir de 1985, sans définir cependant les âges auxquels correspond cette période de vie[11],[7]. Ainsi, un jeune de 16 ans peut-il être un enfant, un adolescent et un jeune, car ces périodes se recouvrent en partie[7].
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Le début de l'adolescence est plus clairement défini que sa fin. Le début de l'adolescence est marqué par le début de la puberté, processus biologique enclenché par des hormones provoquant l'adrénarche (entre 6 et 9 ans), la poussée de croissance et la gonadarche. Ce calendrier varie cependant beaucoup d'une personne à une autre, selon les régions du monde et selon les sexes[6]. Le processus pubertaire commence plus tôt chez la fille que chez le garçon.
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Chez les filles, le début de la puberté (développement mammaire) s'observe généralement entre 8,5 et 13,3 ans[12]. La pilosité pubienne apparait dans les mois qui suivent, suivie par la pilosité axillaire. Les premières règles surviennent en moyenne 2 à 2,5 ans après le début de la puberté, soit vers 12,5 à 13 ans (extrêmes 10 et 15 ans)[12].
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Chez les garçons, le début (développement des testicules) s'observe entre 10 et 15 ans, la pilosité pubienne apparait quelques mois plus tard et l'axillaire un an après la pubienne[12].
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En dehors de ces limites, on parle de puberté précoce (avant 8 ans chez la fille, et avant 10 ans chez le garçon) et de puberté tardive ou retardée (absence de début de sein après 13 ans chez la fille, et de développement de testicule après 15 ans chez le garçon)[12],[13].
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La puberté démarre plus tôt dans les sociétés ou régions où la nutrition et les services de santé sont adéquats, comparées aux régions les plus pauvres[14],[15].
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En Europe, de 1850 à 2000, l'âge d'apparition des règles chez les filles a été réduit de 4 ans dans la plupart des pays industrialisés. En Chine, une réduction de 4,5 ans est observée ces 25 dernières années (données de 2018)[6]. Le début de la puberté peut donc être considéré comme arrivant vers l'âge de 10 ans en moyenne, bien que les jeunes à cet âge soient encore considérés comme des enfants[6].
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L'adolescence n'est pas seulement un changement dans la maturation sexuelle. De nombreux autres changements prennent place, suite aux changements hormonaux : physiologiques, psychologiques, sociaux[16]. Ces aspects sont également pris en considération dans les définitions de l'adolescence et dans les débats sur l'âge correspondant à l'adolescence. Sur un plan social, la dépendance financière envers les parents s'est prolongée dans la seconde moitié du XXe siècle. De même, le mariage et la parentalité, autrefois marqueurs de l'entrée dans la vie adulte ont été également repoussés de plusieurs années à la fin du XXe siècle et la cohabitation, y compris homosexuelle, est devenue de mieux en mieux acceptée socialement. La fin de l'adolescence est donc plus difficile à définir et fait l'objet de débats[6].
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Ainsi les lois vis-à -vis des enfants ont pour objectif de les protéger (par exemple, interdire la consommation d'alcool avant un certain âge) et d'accorder des privilèges à partir d'un certain âge (comme le droit de voter). Dans de nombreux pays, la majorité, l'âge auquel sont autorisées certaines activités considérées comme le privilège des adultes, peuvent alors différer en fonction des activités en question, à savoir, si ces activités protègent l'enfant contre des dangers ou lui accordent de nouveaux privilèges pour lui permettre de gagner en indépendance. Au Japon, par exemple, l'âge de vote a été réduit passant de 20 ans à 18 ans en 2016, cependant l'âge légal autorisé pour acheter de l'alcool est resté inchangé (20 ans)[6].
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Selon d'autres définitions, l'adolescence s'étendrait de 10 à 24 ans[17],[18],[19]. Celles-ci s'appuient sur des arguments sociaux et médicaux, dont le fait que les connaissances médicales ont mis en évidence que le corps continue de maturer jusqu'à l'âge d'environ 25 ans et en particulier les zones préfrontales du cerveau impliquées dans le contrôle des émotions et la planification des comportements[20],[21]. Ce changement permettrait aux jeunes adultes de 18-24 ans, souvent encore dépendants à cet âge, de bénéficier de meilleures conditions de protections médicales et sociales[6].
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En 2016, la population mondiale des adolescents (10 à 24 ans inclus) est évaluée à 1,8 milliard, la plus large population adolescente que le monde ait jamais connu[22]. En 2015, utilisant des critères d'âge différents (10 à 19 ans), l'Organisation Mondiale de la Santé évalue le nombre d'adolescents à 1,2 milliard, soit une personne sur six[23].
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La puberté est un phénomène enclenché par le système endocrinien et procède en deux étapes : l'adrénarche (maturation des glandes surrénales) et la gonadarche quelques années plus tard (la maturation des glandes sexuelles)[24].
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Une étape majeure de la puberté pour les hommes est la sémenarche: la première éjaculation, qui se produit, en moyenne, vers 13 ans[25],[24]. Pour les femmes, c'est la ménarche : l'apparition de la menstruation, qui se produit, en moyenne, entre 12 et 13 ans[26],[27],[28],[29]. Cependant, les changements physiques et hormonaux commencent avant cet événement, vers l'âge de 8 ans lorsque les glandes surrénales produisent des taux d'hormones androgènes de plus en plus élevés et le développement se poursuit alors progressivement[29],[30].
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Ainsi, les seins de la jeune fille sont au stade 3 de l'échelle de Tanner lorsque les premières règles sont observées[29]. L'échelle de Tanner décrit les modifications physiques des caractères sexuels secondaires qui ont lieu pendant la puberté et décrites par les cinq stades de Tanner nommés d'après le pédiatre britannique James Tanner qui a mis au point le système de catégorisation.
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Les caractéristiques sexuelles primaires sont celles qui sont directement liées aux organes du système reproducteur[24].
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Les changements dans les caractéristiques sexuelles secondaires comprennent tous les changements qui ne sont pas directement liés à la reproduction sexuelle. Chez les garçons, ces changements impliquent l'apparition de poils pubiens, de pilosité sur le visage et le corps, la mue de la voix, la rugosité de la peau autour de la partie supérieure des bras et des cuisses, et un développement accru des glandes sudoripares. Chez les femmes, les changements sexuels secondaires sont le développement des seins, l'élargissement des hanches, le développement de pilosité du pubis et des aisselles[24].
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Le garçon et la fille peuvent connaître l'acné, qui correspond à la sécrétion de sébum par le corps, suite aux processus hormonaux.
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Les changements hormonaux peuvent aussi expliquer en partie l'émotivité accrue et les changements d'humeur des adolescents, comme la détresse, l'hostilité, ou des symptômes de dépression qui augmentent au fur et à mesure que la puberté progresse[24].
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La poussée de croissance est une augmentation rapide de la hauteur et de poids au cours de la puberté, résultant de la diffusion simultanée d'hormones de croissance, des hormones thyroïdiennes, et les androgènes.
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La poussée de croissance commence chez les filles entre 9 ans et demi et 14 ans et demi (vers 10 ans en moyenne) et dure deux années. Elle commence plus tard pour les garçons, vers 10 et 16 ans (avec une moyenne de 12 ou 13 ans). Pour cette raison, les filles ont tendance à être plus grandes et plus fortes que les garçons entre 11 et 13 ans[31].
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Au cours du pic de vitesse de croissance (le moment où la croissance est la plus rapide), les adolescents grandissent à un taux de croissance à peu près identique à celle d'un très jeune enfant : environ 10.3 cm pour les jeunes hommes et 9 cm pour les jeunes filles sur un an[32].
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Les filles ont généralement atteint leur développement physique vers les âges de 15–17 ans, alors que les garçons terminent leur puberté vers 16–17 ans[33]. Toute augmentation de la taille au-delà de la période post-pubertaire est rare.
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L'accélération de la croissance dans les différentes parties du corps se produit à des moments différents, mais pour tous les adolescents, l'ordre de la séquence est assez régulier. En premier lieu se développent les extrémités (la tête, les mains et les pieds), suivies des bras et des jambes, puis le torse et les épaules[34]. Cette croissance non uniforme est une des raisons pour lesquelles un corps d'adolescent peut sembler mal proportionné.
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À la fin de la puberté, les extrémités des os longs se ferment au cours du processus appelé épiphyse. Il peut y avoir des différences ethniques dans ces changements squelettiques, ce qui peut expliquer des risques différents de développer de l'ostéoporose ou de souffrir de fractures osseuses au cours du vieillissement[35].
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Une autre série d'importants changements physiques au cours de la puberté concerne la distribution de la graisse corporelle et la masse musculaire. Les adolescents font également l'expérience d'une augmentation significative du poids[36]. Le gain de poids pendant l'adolescence constitue près de la moitié de son poids corporel adulte. Les jeunes, adolescents ou jeunes adultes, peuvent continuer à gagner en croissance musculaire naturelle, même après la puberté.
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Ce processus est différent pour les femmes et les hommes. Avant la puberté, il n'y a presque pas de différence entre les sexes concernant la répartition de la graisse et des muscles. Au cours de la puberté, les garçons prennent de la masse musculaire beaucoup plus vite que les filles, bien que les deux sexes fassent l'expérience d'un rapide développement musculaire. Si les deux sexes voient leur graisse corporelle augmenter, l'augmentation est beaucoup plus importante pour les filles. L'augmentation de la masse graisseuse pour les filles débute dans les années qui précèdent la puberté. Le rapport entre les muscles et la graisse chez les garçons post-pubères est d'environ trois sur un, alors que pour les filles, il est d'environ cinq sur quatre. Cette différence pourrait expliquer en partie les différences entre les sexes en performance sportive[37].
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Le développement pubertaire affecte également les systèmes circulatoire et respiratoire : le cœur et les poumons de l'adolescent augmentent en taille et en capacité. Ces changements conduisent à une augmentation de la force et de la tolérance à l'exercice physique. Les différences sexuelles sont apparentes car les hommes ont tendance à développer de « plus grands cœur et poumons, une plus haute pression artérielle systolique, une fréquence cardiaque au repos plus basse, une plus grande capacité de transport de l'oxygène dans le sang, un plus grand pouvoir de neutralisation des produits chimiques issus de l'exercice musculaire, des taux plus élevés d'hémoglobine et plus de globules rouges »[38].
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Des facteurs culturels ou environnementaux peuvent influencer certaines de ces différences observées. Par exemple, il a été observé que des filles réduisent leur activité physique d'environ 50 % pendant la pré adolescence[39],[40]. Elles sont plus à risque que les garçons de recevoir une nutrition inadéquate qui, souvent, le manque de micronutriments importants, tels que le fer[41].
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Globalement, dans tous les pays, riches comme pauvres, la première cause de mortalité des adolescents n'est pas infectieuse mais a des origines sociales, évitables et accidentelles[42],[43],[23]. Une revue de question des études de 1985 à 2004 incluant les adolescents et jeunes adultes de 10 à 25 ans indique qu'à l'échelle mondiale, les premières causes de mortalité sont les blessures involontaires, suivies des homicides, guerres et violences interpersonnelles[42]. En 2015, la première cause de décès des adolescents sur le plan mondial est l'accident de la circulation[23].
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En 2009, une étude considérant les données mondiales sur le sujet indique que les blessures volontaires et involontaires sont responsables de deux morts sur cinq chez les jeunes. La mortalité est beaucoup plus élevée dans les pays pauvres : en 2004, sur un total de 2,6 millions de décès chez des adolescents et jeunes adultes (10 à 24 ans), 97 % des décès touchent l'Afrique Subsaharienne et l'Asie du Sud-Est[44]. Cette étude indique que, sur le plan mondial, chez les filles, la maternité est responsable d'une large part des décès (15 %) du fait des complications de grossesse, avortements ou accouchements. Le SIDA et la tuberculose sont responsables de 11 % des décès globalement. Chez les jeunes hommes, les accidents de la route expliquent 15 % des décès (6 % chez les femmes), la violence 12 %. Le suicide est responsable de 6 % des décès[44].
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Au Québec, les accidents de la route représentent la première cause de mortalité des personnes de 15 à 24 ans[43]. Le suicide est la seconde cause de mortalité des 15-19 ans au Québec (213 morts en 2005 par exemple)[43]. Le suicide des jeunes touche trois fois plus les garçons que les filles, il touche cinq à sept fois plus les jeunes issus de nations « Premières Nations » en particulier les Inuits, et il touche beaucoup plus les régions peu peuplées que les régions urbaines[43].
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Selon une enquête de l'Organisation Mondiale de la Santé menée en 2000, une large majorité des adolescents se considèrent en bonne santé dans les pays occidentaux[45],[46]. Cependant, bon nombre d'entre eux souffrent de maux de tête, de dos, d'estomac, de nervosité, de fatigue, et se sentent seuls ou déprimés[45].
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Les problèmes de santé à l'adolescence diffèrent grandement de ceux de la petite enfance. Il s'agit moins de combattre les maladies infectieuses que de soigner ou prévenir les blessures et les comportements à risque[47].
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Le manque de sommeil est un problème très répandu chez les adolescents : la durée du sommeil et la qualité du sommeil sont affectées[48],[49]. Ce phénomène peut entraîner des troubles d'insomnie dans la vie adulte. Chez l'adolescent, le manque de sommeil augmente les troubles scolaires en diminuant la motivation, l'attention et en augmentant l'irritabilité. La somnolence est à l'origine de nombreux accidents de la route chez les 16–29 ans[50].
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Les troubles du sommeil de l'adolescent sont dus aux activités du soir, mais aussi à des rythmes biologiques qui changent pendant l'adolescence : la mélatonine est sécrétée plus tard dans la nuit après la puberté[50].
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L'obésité et l'embonpoint sont des principaux risques de malnutrition touchant l'adolescent. L'épidémie d'obésité progresse et est associée à de nombreuses maladies, et en particulier l'augmentation du diabète de type II à des âges de plus en plus jeunes[51]. Les déficits en micronutriments, appelés parfois la « faim cachée » ou « faim invisible », affectent également beaucoup de jeunes. Elle a pour origine une nutrition trop pauvre en fruits et légumes et trop riches en produits gras et glucides, ou parfois peut résulter d'habitudes alimentaires excluant certains groupes d'aliments (comme le végétalisme).
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Des troubles du comportement alimentaire liés aux préoccupations avec l'image corporelle et l'insatisfaction de son image corporelle peuvent s'installer durant l'adolescence et peuvent mener à l'anorexie mentale ou de la boulimie[52].
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Les comportements à risque (la conduite sur la route, la consommation d'alcool et de drogues, la violence, les rapports sexuels non protégés, etc.) sont les premières causes de mortalité des adolescents dans le monde. Le sentiment de solitude et la dépression constituent également un facteur de risque important, les suicides constituant également une cause élevée de décès[23].
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Le début de l'adolescence est marqué par la puberté sous l'effet des hormones, mais la fin de l'adolescence n'est pas clairement définie (variable selon les sociétés et les cultures, et selon les individus). L'adolescence connaît de grands changements dont les conséquences sont d'ordre affectif et cognitif, sous l'effet d'une triple maturation (physique ou hormonale, psychologique et sociale). Ces maturations peuvent être décalées : un adolescent mûr physiquement peut garder un comportement d'enfant, des petites filles sous pression familiale ou sociale se comportent comme des adultes, un jeune physiquement et psychologiquement mature peut ne pas parvenir à son autonomie pour des raisons socio-économiques[53].
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La pensée de l'adolescent se transforme : il devient capable de raisonner de manière plus abstraite et plus complexe ce qui permet à son jugement moral de progresser énormément. L'adolescent possède ainsi des outils mentaux qui lui permettent de faire des choix et un sens critique qui l'amène parfois à remettre en cause les lois ou règles adultes. Les pulsions sexuelles deviennent de plus en plus fréquentes et intenses. Les relations avec ses pairs prennent une grande importance. Cependant, l'adolescence est aussi marquée par un sentiment d'invulnérabilité qui augmente les conduites à risque et peut exposer l'adolescent à de nouveaux dangers[54].
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Ces changements sont le plus souvent paradoxaux, ressentis comme positifs et négatifs à la fois. L'autonomie implique la menace de se perdre, la nécessité de faire des choix implique des renoncements. De même la mise à distance des parents demande en même temps la nécessité de leur affection. La recherche de proximité avec d'autres adolescents peut s'accompagner d'un sentiment de solitude en leur compagnie[53].
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Cf. Psychologie de l'adolescent, relations amoureuses ou l'article en anglais sur la Sexualité à l'adolescence (en).
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Certaines caractéristiques du développement de l'adolescent sont plus ancrées dans la culture que dans la biologie humaine ou dans les structures cognitives. La culture est définie comme « l'héritage symbolique et comportemental reçu du passé qui fournit un cadre communautaire à ce qui est valorisé »[55]. La culture est apprise et socialement partagée et touche tous les aspects de la vie d'une personne[56]. Les responsabilités sociales, l'expression sexuelle, ou encore les croyances, sont des exemples de ce qui peut varier en fonction de la culture.
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En outre, les caractéristiques distinctives de la jeunesse, comme l'habillement, la musique, l'utilisation des médias, l'emploi, l'art, la nourriture et les boissons, les loisirs et la langue parlée et écrite, tout cela constitue une culture jeune.
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La culture n'est pas seulement liée à la nation ou l'ethnie. De nombreuses cultures, ou sous-cultures, sont présentes à l'intérieur d'un pays et d'un groupe ethnique. Pour éviter l'ethnocentrisme, les chercheurs doivent veiller à ne pas définir le rôle de la culture dans l'adolescence en fonction de leurs propres biais culturels[57].
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Le mode de vie d'un adolescent dans une culture donnée est profondément influencé par les rôles et les responsabilités qu'il est supposé doit assumer, en particulier ses responsabilités familiales. Par exemple, on attend des adolescents qu'ils contribuent de manière significative aux tâches ménagères et responsabilités familiales dans certaines cultures[58]. Les tâches ménagères peuvent être décrites selon qu'elles concernent l'individu lui-même ou la famille. Ces tâches diffèrent non seulement selon les cultures, mais selon les âges de l'adolescent, et selon les familles[59]. Des recherches montrent que la participation de l'adolescent aux tâches et routines familiales a une influence positive sur le développement de l'adolescent, le sentiment d'estime de soi, et les soins et le souci des autres[58].
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Certaines cultures attendent aussi des adolescents la participation aux responsabilités financières. Selon des spécialistes de l'économie familiale et de l'éducation financière, les adolescents développent de bonnes habiletés à gérer leurs argent par la pratique de l'épargne de la dépense et par la planification de futurs objectifs économiques[60]. Les différences entre les familles dans la répartition des responsabilités financières ou de l'octroi d'argent de poche peut être le reflet de différences dans les conditions sociales, les processus intrafamiliaux, qui eux-mêmes sont influencés par les normes et les valeurs culturelles, ainsi que par le secteur commercial et l'économie de marché d'une société donnée[61]. Par exemple, dans de nombreux pays en développement, il est commun, pour des raisons économiques, que l'adolescent doive quitter l'école et commencer à travailler[62].
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L'adolescence marque le début de l'entrée dans la vie active pour de nombreux jeunes ; toutefois, le nombre d'adolescents dans la population active baisse avec l'augmentation de l'accessibilité et de la perception de l'importance de l'enseignement supérieur. Par exemple, en Chine, 50 % des jeunes de 16 ans étaient employés en 1980, mais cette proportion a baissé pour atteindre 25 % en 1990[63].
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La quantité de temps que les adolescents passent sur le travail et les activités de loisirs varie grandement d'une culture à une autre en fonction des normes et attentes culturelles, ainsi que de divers facteurs socio-économiques. Les adolescents américains passent moins de temps à l'école ou au travail et plus de temps dans des activités de loisirs (sports, rencontres, prendre soin de leur apparence, etc.) que ne le font les adolescents dans de nombreux autres pays[64].
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Sur les questions juridiques, un statut adapté à l'adolescence, peu débattu en France mais existant dans de nombreux pays, est la Pré-majorité.
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En raison de nouvelles technologies apparues au cours des années 2000 et 2010, les adolescents ont accès à des médias de plus en plus nombreux avec l'utilisation des ordinateurs, des téléphones portables, des jeux vidéo, en plus de médias nés au XXe siècle (baladeur, télévision). Il s'agit de médias basés sur écran et certains auteurs parlent de « culture de l'écran »[65],[66].
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En France, une enquête menée en 1997 indique que tous les enfants et adolescents regardent fréquemment la télévision quel que soit leur âge, bien que les adolescents de 15/17 ans la regardent plus longuement (en soirée). À partir de 12 ans, les jeunes écoutent beaucoup plus de musique (cassettes, CD, radio, etc) ; l'intérêt pour la musique et le temps passé à écouter de la musique augmentent encore à 15/17 ans : 72 % des 15/17 ans écoutent des CD ou cassettes quotidiennement et la musique vient en tête des sujets qui les intéressent le plus et dont ils discutent le plus avec leurs amis. Les jeux vidéo voient une utilisation maximale durant les jeunes années adolescentes (21 % d'utilisation quotidienne chez les 9/11 ans, 22 % chez les 12/14 ans) et semblent décliner ensuite (12 % chez les 15/17 ans). Les 15/17 ans diffèrent des plus jeunes adolescents quant à l'importance de leur communication avec leurs pairs : les rencontres, les sorties, les appels téléphoniques, les messages, prennent beaucoup d'importance. À cet âge, la lecture de livres diminue au profit de la lecture de magazines[66].
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Le résultat le plus consensuel dans la recherche est que l'utilisation d'Internet encourage la sédentarité ce qui a un effet négatif sur l'activité physique des adolescents[67],[68]. La sédentarité est liée au temps passé sur internet ; or la sédentarité de l'adolescent est associée au surpoids ainsi qu'à des problèmes mentaux, en particulier la dépression[69].
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Les adolescents sont exposés à des taux croissants d'images de marketing, par de multiples médias (journaux, télévision, internet). Or les campagnes de marketing ainsi que les industries du loisir exposent surtout des représentations idéalisées (et souvent irréalistes) de la beauté. Cette surexposition est à l'origine d'une forte montée de l'insatisfaction avec sa propre image, son apparence : l'insatisfaction corporelle. Chez les adolescents, l'insatisfaction corporelle est souvent associée au poids, à une faible estime de soi, et des régimes alimentaires ou choix alimentaires atypiques. Bien que la pression sociale et médiatique soit plus forte concernant l'apparence des filles, les garçons sont également touchés négativement par ces images de corps idéalisés[70],[71].
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L'effet des médias sur l'insatisfaction corporelle chez les adolescents est très étudiée par les scientifiques. Une méta-analyse de 77 études indique que les effets négatifs de l'exposition aux médias sur l'image de soi chez la femme sont significatifs et de tailles faible à modérée[72].
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De manière générale les adolescents sont de plus en plus connectés à Internet et ont accès à de nombreuses sources d’information différentes. Mais ils n’ont pas toujours une utilisation experte des moteurs de recherche et des réseaux sociaux : certains d'entre eux ont tendance à consulter en priorité l’information qui a été mise en avant par les algorithmes des moteurs de recherche ou qui a été la plus vue, la plus partagée sur les réseaux sociaux[73]. Face à la prolifération de la désinformation sur le web, il devient essentiel de développer leurs compétences en matière de recherche et de vérification de l’information et de les sensibiliser à l'esprit critique.
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Dans les années 2000, les sites de réseau social ont proliféré. Une grande proportion des adolescents les utilisent régulièrement. En 2012 aux États-Unis, une enquête sur 251 lycées rapporte que 73 % des 12-17 ans déclarent avoir au moins un profil sur un réseau social[74]. 68 % des adolescents envoient des messages tous les jours ; 51 % visitent un site de réseau social quotidiennement et 11 % envoient ou reçoivent un tweet au moins une fois tous les jours. De nombreux adolescents ont une activité lourde : 23 % utilisent au moins deux différents types de médias sociaux chaque jour[75].
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L'utilisation des technologies de réseau et de communication électronique affecte les adolescents dans leur développement social. Une revue de question conclut en 2015 que « les adolescents manquent de stratégies pour faire face à la cyberintimidation, qui est toujours associée à un risque accru de dépression »[76].
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Certaines recherches suggèrent qu'il existe aussi des aspects positifs à la communication sur Internet : elle rapproche les amis et est bénéfique aux adolescents socialement anxieux pour qui l'interaction en ligne est plus facile que l'interaction face-à-face[77].
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Une étude sur six pays européens suggère que ce sont surtout les plus jeunes adolescents qui sont à risque de développer des problèmes mentaux par un usage trop intensif des réseaux sociaux, tandis que les adolescents plus âgés sont plus susceptibles de profiter des bénéfices de ces réseaux sur leur socialisation[78].
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Une définition large de l'adolescence est le passage de l'enfance à l'âge adulte (en). Selon Hogan & Pierre (1986), cette transition peut inclure des marqueurs tels que la sortie de l'école, le démarrage d'un travail à temps plein, de départ du domicile familial, l'accès à une sexualité plus épanouie, à une vie de couple (avec ou sans mariage), le fait de devenir parent. La durée de cette transition varie selon la culture et la classe sociale : de quelques années dans les pays pauvres à une décennie voire plus dans les classes moyennes et supérieures des pays riches. Mais ailleurs, la transition est plus courte.
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Les religions et leurs coutumes marquent souvent l'entrée dans l'âge de la maturité par des cérémonies et rites de passage. Dans certaines sociétés, les cérémonies d'initiation sont accompagnées par des marques physiques, changement de vêtements, tatouages ou scarifications. Souvent, les rites sont uniquement symboliques et les cérémonies sont l'occasion de célébrations dans la famille élargie et dans la communauté religieuse.
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Guan Li (en) (Confucianisme, Chine).
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Ji Li (en) (Confucianisme, Chine).
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Seijin shiki (Shintoïsme, Japon).
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Okuyi (en) en Afrique centrale.
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Confirmation (Catholique).
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Cette transition peut être marquée par des traditions locales autour de l'âge de quinze ou seize ans : la Quinceañeras ou « Fête des quinze ans » dans des pays d'Amérique Latine et dans les Caraïbes), les Sweet Sixteen (fête des seize ans en Amérique du nord), les bals des débutantes, etc. Les régions du nord de l'Europe ont développé des cérémonies non religieuses de passage à l'âge adulte (en), comme la Jungendweihe en Allemagne (à treize ans), ou des camps de jeunesse.
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Les bals de promotion, les anniversaires (à l'âge de la majorité ou à vingt ans) revêtent aussi une importance spéciale et font souvent l'objet de célébrations.
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Quinceañera (Amérique Latine).
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Jugendweihe (en) (Allemagne de l'est).
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Arbre de mai (France).
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L'ONU reconnait aux adolescents (moins de 18 ans) des vulnérabilités particulières et le besoin d'accès à différents services de santé et d’éducation et de différents services sociaux,adaptés à leur âge et à leurs problèmes.
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Ce droit est explicitement inclus dans les droits de l'Homme [79],[80]et selon l'OMS qui a publié plusieurs guides et recommandations à ce sujet[81],[82], en 2019 que « en réalité, ni les dispensateurs de ces services ni les systèmes dans lesquels ils travaillent ne sont généralement organisés pour pourvoir aux besoins et faire appliquer les droits des adolescents ». Les efforts pour renforcer « les compétences et l’empathie des enseignants, des agents de santé, des travailleurs sociaux et d’autres personnes » dans ce domaine sont à intensifier. Les normes et traditions communautaires ont des effets importants sur la santé des adolescentes qui nécessite souvent de « promouvoir des mesures progressives et socialement favorables », or, souvent note l'OMS « notamment pour ce qui est de la santé sexuelle et reproductive des adolescents, les normes et les traditions sont un obstacle, et non une aide ». Ainsi des rôles inégaux aux deux sexes, des normes sociales encourageant des « pratiques traditionnelles préjudiciables comme les mutilations sexuelles féminines, les normes qui admettent la violence à l'encontre des femmes et des filles, les normes qui éludent le sujet de la sexualité et de la reproduction, et les normes qui sont hostiles à la prestation des services d’éducation à la sexualité et de santé sexuelle et reproductive ». Pour venir à bout de ces freins, l'OMS a publié en 2019 des recommandations mise à jour, relatives aux « à la santé et aux droits des adolescents en matière de sexualité et de reproduction »[83].
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L'OMS a demandé en 2017 une accélération des mesures prises en faveur des adolescents[84] et rappelle en 2019 que tout être humain, à l'âge de l'adolescence en particulier a droit - outre à une réponse aux besoins vitaux et à l'éducation générale - à :
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Selon l'OMS, dans la plupart des pays, la loi impose désormais des actions sanitaires et sociales accessibles à tous les adolescents, et le droit international et national oblige théoriquement les autorités à s’en acquitter, avec une obligation de moyens et/ou de résultats ; c'est-à-dire que ces autorités doivent fournir les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la formulation, à l'application et à l'évaluation des stratégies permettant le respect des droits des enfants et adolescents, incluant le droit à l'éducation, et parfois - uniquement dans certains pays - le droit à une éducation complète à la sexualité et à la santé sexuelle). Ce droit reste en 2019 selon l'OMS « l’exception et non la règle », en raison d'obstacles encore fréquents tels que le manque de moyens dédiés dans les pays en guerre, en crise ou en situation de grande pauvreté. Parfois un manque de législation est en cause, ou l'existence de lois contradictoires (ex : souvent le ministère chargé de la santé a obligation d'informer et de fournir les services nécessaire en matière de contraception à toute personnes en âge de procréer, mais une autre loi impose un consentement parental pour la fourniture de services de santé aux mineurs. Le consentement parental entrave l'accès des adolescents à l'information et aux services de prévention, de dépistage de MST, vaccination, et de contraception auxquels ils ont droit, en les exposant aux maladies sexuellement transmissible (VIH notamment), aux grossesses non-désirées, à des violences sexuelles. La stigmatisation sociale reste aussi un frein puissant à l'accès à des formes d'aide efficaces, à la justice et même aux soins suite aux viols, incestes, violence entre partenaires intimes et en cas d'IST. Même quand la loi donne des droits aux adolescents, des préjugés chez des agents chargés de la police, de la justice, de la santé santé conduisent encore parfois à un refus de protéger, ou de dispenser des soins ou des services tels que la contraception ou l’avortement médicalisé, ou simplement des actions d’information sur la contraception (notamment à des adolescentes non-mariées). Des préjugés raciaux ou socio-religieux conduisent parfois à ce que des agents de santé soient menacés s'ils mettent en œuvre les droits des enfants et adolescents. Même quand l'éducation sexuelle fait officiellement partie du programme scolaire, les enseignants eux-mêmes manquent souvent d’une formation adaptée aux « stratégies d’animation participative » et aux « méthodes positives dénuées de jugements de valeur », ainsi qu'à un matériel pédagogique de qualité pour l’éducation complète à la sexualité, et de nombreux adolescent(e)s non scolarisé(es), lisant mal, handicapés[105] ou n'ayant pas accès à l'école et/ou à l'information, or ce sont souvent ceux qui risquent le plus.
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Il existe en outre parfois des tabous, des exceptions ou des refus d'appliquer les lois (par exemple pour l’âge du mariage, ou permettant l’avortement médicalisé par exemple). Des préjugés existent aussi chez les parents ; en particulier ils pensent très souvent qu'une éducation complète à la sexualité encouragera les adolescents à avoir des rapports sexuels plus précoces ou plus à risque (et pour cette raison les programmes d'éducation sexuelle sont souvent édulcoré ou limité par rapport aux recommandations internationales) ; or toutes les enquêtes et études scientifiques montrent que l'information sexuelle complète accroît nullement ni lactivité sexuelle, ni les comportements sexuels à risque pas plus que le taux d’infection par le VIH ou d'autres maladies sexuellement transmissibles[85],[106],[107]
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. L'OMS encourage la diffusion de cette information afin que les adolescents aient accès aux informations dont ils ont besoin et à une éducation à la sexualité « complètes, exactes et adaptées à leur âge »[85],[108],[109].
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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L’autobiographie Écouter est un genre littéraire et artistique. Son étymologie grecque définit le fait d’écrire (graphè, graphie) sur sa propre vie (auto, soi ; et bios, vie). Au sens large l’autobiographie se caractérise donc au moins par l’identité de l’auteur, du narrateur et du personnage. Le mot est assez récent, il n’est fabriqué qu’au début du XIXe siècle (1815 en anglais, 1832 pour l’adjectif et 1842 pour le substantif en français). L’approche actuelle parle dans ce cas plutôt de « genre autobiographique », réservant à « autobiographie » un sens plus étroit qu’a établi Philippe Lejeune dans les années 1970.
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Le mot « autobiographie » est venu trop tard pour s'imposer d'emblée et absorber d'autres dénominations qui existaient avant lui et ont continué leur chemin après sa naissance. Une certaine confusion a présidé à son apparition, qui s'est faite par étapes successives, avec des refus, des réticences, des hésitations[1].
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Il semble qu'il ait d'abord été employé en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle[2]. Selbst-biographie, avec un trait-d'union, s'est trouvé ensuite repris par des critiques anglais en 1797 sous la même forme : Self-biography. Cependant, l'allure compliquée du mot composé ne plaisait pas à tout le monde, l'association d'une racine saxonne à une composition d'origine grecque paraissant pédante[3].
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Pourtant, en 1809, l'un des grands poètes romantiques anglais, Robert Southey, l'utilise dans un article publié par le The Quarterly Review[4], toujours avec le trait-d'union. Puis, après une éclipse de vingt années, il réapparaît dans l'une des plus célèbres revues littéraires de Londres, le Blackwood's Magazine, cette fois sous la forme qu'on lui connaît aujourd'hui, avec ses trois composantes sémantiquement grecques : auto/bio/graphy[5]. À de nombreuses reprises cependant, le trait-d'union revient sous la plume des spécialistes, jusque dans les années 60 du XIXe siècle[4], témoignant des balbutiements de la typologie : H. G. Wells, en 1934, hésite encore ; le titre de son ouvrage est autobiography, mais l'adjectif reste auto-biographical. Il faut attendre le XXe siècle pour que s'impose « autobiographie », encore que certains auteurs ne font guère de différence entre les termes : en 1928, André Maurois consacre un chapitre sur l'autobiographie, mais à l'intérieur d'un livre intitulé Aspects de la biographie. Sans doute a-t-on longtemps pensé que l'autobiographie constituait un sous-genre de la biographie : on sait aujourd'hui qu'il s'agit de deux genres différents[4].
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En France, le mot autobiographie apparait en 1842 (dictionnaire Le Petit Robert).
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L'analyse littéraire moderne s'accorde à définir avec lui l'autobiographie comme « un récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité[6]. »
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Cependant, il convient de faire quelques réserves sur l'exigence de la prose, sur laquelle Philippe Lejeune est lui-même revenu. Nombre de véritables autobiographies, en effet, ont été rédigées en vers. L'une des plus célèbres et des plus réussies est The Prelude (« Le Prélude ») de William Wordsworth.
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On établit ainsi une distinction avec les Mémoires qui mettent l'accent sur le contexte historique de la vie de l'auteur, en donnant souvent en exemple les Mémoires du cardinal de Retz ou ceux de Saint-Simon. Furetière, dès le XVIIe siècle définissait les Mémoires comme « des Livres d’historiens, écrits par ceux qui ont eu part aux affaires ou qui en ont été témoins oculaires, ou qui contiennent leur vie ou leurs principales actions » (Dictionnaire universel, 1684). Dans les Mémoires les écrivains racontent leur vie publique, dans leur autobiographie, ils racontent leur vie individuelle, « l’histoire de [leur] personnalité » (Lejeune, Le Pacte autobiographique), leur intimité.
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Philippe Lejeune précise sa définition en incluant la caractéristique de « récit rétrospectif » — essentiellement en prose et à la première personne mais sans exclure l’usage du vers et de la 3e personne (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux), voire de la 2e (Charles Juliet, Lambeaux) —, ce qui distingue l’autobiographie du journal/journal intime (Catherine Pozzi, Journal 1913-1934) ou de la correspondance (Correspondance 1918-1951, Jean Paulhan ; André Gide) dont l’écriture est concomitante des faits vécus. L’autobiographie où l’auteur est à la fois dans la confidence, parfois la justification, et dans la recherche de soi, constitue toujours une reconstruction rétrospective ce qui la différencie des textes parcellaires à contenu autobiographique comme les recueils de poèmes lyriques.
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Un autre point déterminant est la sincérité du propos : implicitement, l'auteur conclut un « pacte » avec le lecteur en utilisant la catégorie « autobiographie », il peut aussi préciser son intention dans une préface comme Jean-Jacques Rousseau pour Les Confessions. La frontière est parfois floue avec le genre du roman comme pour le roman autobiographique (Benjamin Constant, Adolphe, 1816) ou l'autofiction moderne (Annie Ernaux, Passion simple, 1991) et ses précurseurs de l'autofiction (Colette, Louis-Ferdinand Céline, Jean Genet…) qui se réclament de la fiction par des intitulés comme récit, roman ou simplement par l'absence du mot « autobiographie », qui rejettent le pacte autobiographique. Ce pacte autobiographique n'est d'ailleurs pas accepté par tous, la prétendue sincérité paraissant impossible : que l'auteur se mente à lui-même, voire qu'il essaie de tromper son lecteur est, pour qui sait lire un texte, tout aussi révélateur d'un être qu'une relation affichée comme de simple bonne foi.
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Quoi qu'il en soit, l'autobiographie ainsi définie constitue donc une forme particulière de « l'écriture de soi » et des « récits de vie », un genre littéraire de l'époque moderne que l'on s'accorde à faire naître avec Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau dans la deuxième partie du XVIIIe siècle et qui s'épanouit avec l'époque romantique (Chateaubriand, George Sand, Musset) jusqu'à nos jours, en particulier avec les récits d'enfance grand public (Marcel Pagnol, Robert Sabatier) et les souvenirs réécrits (Philippe Noiret, Mémoire cavalière). Cependant les œuvres les plus intéressantes sont celles qui ont été renouvelées par l'apport de la psychanalyse (Michel Leiris, L’Âge d’homme ; Sartre, Les Mots), par les recherches formelles (Colette, Sido ; Jean Giono, Jean le Bleu), et par le questionnement du genre (l’œuvre de Colette dans son ensemble ; Nathalie Sarraute, Enfance ; Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance ; André Malraux, Antimémoires).
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L'autobiographie au sens précis du terme a mis beaucoup de temps à s’imposer, même si l’on peut trouver de nombreuses œuvres anciennes qui s’y apparentent.
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Le Proche-Orient ancien fournit ainsi quelques exemples de textes qui relèvent du genre autobiographique : il s’agit notamment de l’Apologie de Hattusili III, qui présente le roi hittite éponyme racontant, à la première personne, son parcours de la naissance à l’accession au trône, ou encore de l’Édit de Télépinu, où le roi hittite Télépinu se décrit comme un souverain restaurateur. Ces textes ont néanmoins une portée politique et propagandiste évidente qui les éloigne de l’autobiographie au sens moderne du terme : ils n’ont pas pour visée d’offrir au lecteur un aperçu sur la vie intime du roi, mais seulement de lui imposer une interprétation unilatérale de faits publics, connus de tous. Dans le cas de l’Apologie de Hattusili III, le récit autobiographique sert à justifier l’usurpation du trône par Hattusili.
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L’Antiquité gréco-latine offre de nombreux textes autobiographiques qui relèvent davantage du genre des Mémoires que de l’autobiographie intime : on peut citer par exemple l’Anabase de Xénophon, dans laquelle celui-ci raconte l’expédition des Dix Mille à laquelle il a participé et où il parle de lui-même à la troisième personne ; procédé imité par Jules César dans les récits des guerres qu’il a menées, en particulier dans La Guerre des Gaules, ou encore Flavius Josèphe ou Libanios dont certaines textes ont été très tardivement intitulés « Autobiographie ».
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La littérature des premiers siècles chrétiens animée par la pratique religieuse de l’aveu des fautes et le désir de proposer des modèles de vies sauvées, produit au IVe siècle les Confessions de saint Augustin. Cependant l’œuvre ne correspond pas exactement aux critères de l’autobiographie : en effet, bien qu’elle soit l’une des premières œuvres d’introspection, les Confessions d’Augustin n’ont pas pour but de mettre l’accent sur la singularité individuelle de l’auteur, mais au contraire de présenter sa vie comme un cheminement intellectuel et spirituel caractéristique de la condition humaine en général ; elles s’inscrivent de plus dans une démarche religieuse visant à convaincre le lecteur de l’importance de la rédemption.
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Le genre autobiographique naît avec la littérature moderne au Bas Moyen Âge comme un acte de critique sociale et d'affirmation de la liberté du sujet avec le De vita sua sive monodiae ou Ma vie ou les chants à une voix de Guibert de Nogent en 1115 suivi en 1132 par l’Historia calamitatum ou Récit de mes malheurs d'Abélard, deux auteurs inspirés par l'augustinisme qui préfigurent la révolution humaniste, mais la réforme grégorienne a tôt fait de reléguer les récits à la langue vulgaire et au registre de cour. Il faut attendre Dante et Pétrarque pour lire de nouveau une littérature qui, sans être autobiographique, ose du moins mettre en avant une expérience personnelle et s'exprimer à la première personne.
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À la Renaissance, la littérature britannique, quant à elle, présente, à partir du XVe et tout particulièrement au XVIIe siècle, nombre de récits personnels, le plus souvent d’inspiration religieuse, catholiques mais surtout protestants, dont les principaux ont été répertoriés et analysés[7]. Une œuvre originale est l’autobiographie vestimentaire du banquier Matthäus Schwarz[8].
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Au XVIe siècle, avec l’humanisme, le genre s’affirme grâce à l’intérêt centré sur l’individu. On le voit avec Montaigne et ses Essais, bien que l’absence de chronologie nous défende d’y apposer le nom d’autobiographie au sens strict. Les XVIe et XVIIe siècles resteront cependant comme les siècles des grands mémorialistes français (Blaise de Montluc, cardinal de Retz, duc de Saint-Simon), la période classique appliquant davantage la conception de Blaise Pascal pour qui « Le moi est haïssable ».
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C’est plus tard, dans la seconde partie du XVIIIe siècle — publication posthume 1782-1789 —, que Rousseau écrit avec Les Confessions, la première véritable autobiographie au sens moderne du terme, c’est-à-dire un genre qui se définit, certes, par l’identité revendiquée du narrateur et de l’auteur représenté par un « je » unique, mais aussi par une reconstruction du passé qui la différencie du journal intime, genre auquel les Essais de Montaigne se rattachent davantage.
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À la suite de Rousseau, le XIXe siècle porté par l’esthétique romantique met au premier plan le « moi » individuel et les « récits de vie » connaissent un véritable engouement, et nombre d’auteurs vont écrire leur autobiographie, tels Chateaubriand (Mémoires d’outre-tombe) et Stendhal (Vie de Henri Brulard).
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Au XXe siècle, l’autobiographie change de nature avec le développement des sciences humaines : psychanalyse, sociologie et ethnologie y marquent un tournant, notamment avec l’apparition de la notion d’inconscient. L’autobiographie s’intériorise et la justification sociale s’estompe au profit d’une difficile quête de soi.
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Selon Philippe Lejeune, on trouve derrière l’autobiographie un « pacte » conclu entre le lecteur et l’auteur : l’autobiographe prend un engagement de sincérité et, en retour, attend du lecteur qu’il le croie sur parole. C’est le « pacte autobiographique ». L’auteur doit raconter la vérité, se montrant tel qu’il est, quitte à se ridiculiser ou à exposer publiquement ses défauts. Seul le problème de la mémoire peut aller à l’encontre de ce pacte.
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Le projet autobiographique se caractérise donc par la présence de trois « je ». Celui de l’auteur, du narrateur, et du personnage principal. Dans le cas de l’autobiographie, les trois « je » se confondent, tout en étant séparés par le temps. L’alliance de ces trois « je » fait partie du pacte autobiographique.
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Pour le reste, le projet autobiographique de chaque écrivain lui est particulier. Il est souvent défini en préface : celle des Confessions de Jean-Jacques Rousseau est considérée comme fondatrice.
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L’autobiographie conjugue deux mouvements complémentaires. L’introspection, d'une part, qui consiste en une observation méthodique de l’auteur sur sa vie intérieure et la rétrospection, d'autre part, où l'auteur porte un regard en arrière sur les faits passés.
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C’est aujourd’hui un genre diversifié et en pleine expansion, à travers les genres parallèles que sont l’autofiction et le journal intime.
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L’auteur d’une autobiographie se confronte à de nombreuses difficultés pour ce qui est du respect du pacte autobiographique, parmi lesquelles :
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Différents facteurs entraînent un auteur à rédiger son autobiographie, comme la volonté de laisser un témoignage, de lutter contre l’oubli (exemple : Primo Levi, Si c'est un homme) et celle d’accéder à la postérité par l’écrit. On remarque également une nécessité de se soulager, de se libérer d’un poids, voire de se confesser (saint Augustin, Les Confessions) ; ainsi que l’envie de s’analyser pour mieux se connaître, de dresser une image de soi, un bilan de sa vie, de se remettre en question (Sartre, Les Mots). On peut également penser que chaque être humain ressent l’obligation de se justifier (Rousseau, Les Confessions), de plus nous avons la possibilité de l’utiliser pour défendre une thèse, un point de vue, ou transmettre un message, parfois au détriment de l’impartialité et de la justesse des faits (Sartre, Les Mots; Rousseau, Les Confessions, livre I : Le Vol des pommes). Ainsi que, la possibilité de se créer une image, une apparence voulue et de la présenter au lecteur, est un moyen de faire changer le regard des autres sur sa personne, une sorte d’influence (mais le pacte de la sincérité est brisé), et enfin la possibilité de se remémorer des éléments qu’il a oubliés (W ou le Souvenir d’enfance de Georges Perec).
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Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
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(Exemples pris majoritairement dans la littérature française.)
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Un policier Écouter ou agent de police Écouter est un membre de la police, qu'il porte ou non l'uniforme et dont la fonction est de faire respecter la loi, de maintenir l'ordre et d'assurer la sécurité publique.
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Dans la plupart des États, les policiers peuvent porter une arme pendant leur service. Ils sont représentants de l'autorité publique ; à ce titre, la loi peut alourdir les peines de certains délits tel l'outrage à agent lorsqu'il visent un policier.
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En Belgique, depuis la réforme des polices belges, deux échelons ont été créés, la police fédérale et les polices locales. Les corps de police locale sont organisés en zones de police regroupant généralement plusieurs communes, alors que précédemment chaque commune était dotée de son propre corps. La police fédérale regroupe les anciens corps de la gendarmerie et de la police judiciaire près les parquets.
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La circulation des personnels entre les différents corps de polices locales et fédérale a été rendue possible grâce à l'uniformisation des grades, les anciens grades de la gendarmerie, hérités de son passé militaire (maréchal des logis, etc.), ont été supprimés.
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Les principaux grades au sein de la police belge sont :
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Au Canada, une fois engagé (embauché) comme membre régulier au grade de gendarme à un salaire annuel de 46 003 $.
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Au Québec, pour être policier dans la province[1], il faut généralement avoir obtenu d'un diplôme d'études collégiales (DEC) en techniques policières[2] (3 ans d'études) ou faire un AEC en technique policière qui dure 30 semaines puis réussir une formation de 15 semaines à l'École nationale de police du Québec (ENPQ)[3].
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Un baccalauréat en sécurité publique[4] (3 ans d'études universitaires) existe également pour parfaire la formation des policiers en exercice.
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En France, il existe plusieurs types de polices différents :
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Peuvent coexister au sein d'une même commune des policiers municipaux et nationaux ou des policiers municipaux et des gendarmes, la répartition des zones de compétences entre police et gendarmerie nationales étant du ressort du ministère de l'Intérieur.
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Par ailleurs il existe aussi des unités spécialisées à compétence nationale ou régionale :
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En France, on donne le surnom de poulet aux policiers, cela du fait qu'en 1871, Jules Ferry mit à la disposition de la préfecture de Paris la caserne de la Cité à Paris qui était bâtie sur l'ancien marché aux volailles.[réf. nécessaire]
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La police nationale fait respecter la loi et les règlements, assure une surveillance de la voie publique, recherche et interpelle les auteurs d'infractions. Le policier peut constater les infractions par procès-verbal. Si, en matière de contravention au Code de la route ses constatations font foi jusqu'à preuve du contraire, en toute autre matière où il n'est pas assermenté, elles ne sont que de simples renseignements pour la justice.
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Sa qualification judiciaire (agent ou officier de police judiciaire) lui confère des pouvoirs différents en matière d'enquête. Il peut cependant arrêter tout auteur d'infraction, contrôler l'identité d'une personne conformément au code de procédure pénale, laquelle personne doit alors prouver son identité par tout moyen sans quoi elle pourra être retenue jusqu'à quatre heures pour des vérifications d'identité.
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Pour accéder à ce métier il faut réussir le concours accessible aux titulaires d'un baccalauréat (catégorie B type à statut spécial), puis faire une formation théorique qui dure un an, entrecoupée de dix semaines de stage pratique en commissariat.
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Le salaire d'élève gardien de la paix net moyen est d'environ 1 450 € net par mois. Sortie d'école 1 835 € en région parisienne. Il peut espérer atteindre, en fin de carrière avec le grade de major de police, un salaire mensuel d'environ 3 000 € net.
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Un policier peut travailler :
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Le policier municipal, sa qualification judiciaire et des textes spéciaux lui confère de nombreux pouvoirs notamment en matière de code de la route. Il s'occupe essentiellement de la tranquillité publique avec des missions préventives, et de plus en plus, de sécurisation.
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S'il est souvent à l'extérieur, le gardien de police municipale doit aussi rédiger et transmettre de nombreux documents : rapports d'activité, comptes rendus des missions d'îlotage et de prévention, tenue des registres du suivi des affaires, enregistrement et transmission des procès-verbaux et amendes... Lors de permanences, il accueille le public et l'oriente vers les services compétents.
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Les objets de service réglementaire sont, selon les services :
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Une personnalité politique est une personne impliquée dans la vie politique. Plusieurs synonymes sont également employés, tels que femme politique, homme politique ou, familièrement, politique. Les mots politicien et politicienne sont également couramment utilisés, en particulier au Canada et en Suisse, mais peuvent présenter une connotation péjorative dans d'autres pays de la francophonie[1]. En effet, il s'emploie parfois pour parler de quelqu'un qui ne vit que de ses fonctions politiques et fait preuve d'une grande habileté dans les intrigues de la vie politique.
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L'expression « femme politique » est plus récente, car la majeure partie des fonctions politiques ont longtemps été exercées par des hommes, de façon exclusive ou non[citation nécessaire]. Des mesures telles que la parité ont pour objectif de faire évoluer cet état de fait. Lorsqu'une personnalité politique exerce les plus hautes fonctions exécutives, elle est connue en tant qu'homme ou femme d'État.
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En démocratie, les personnalités politiques sont généralement élues au suffrage universel[citation nécessaire], direct ou indirect, et occupent des postes comme :
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En Belgique :
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En France :
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En Suisse :
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Notion polysémique, la politique recouvre :
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Selon Georges Balandier, l'anthropologie politique « tend à fonder une science du politique, envisageant l'homme sous la forme de l'homo politicus et recherchant les propriétés communes à toutes les organisations politiques reconnues dans leur diversité historique et géographique »[2].
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Les anthropologues ont distingué quatre systèmes politiques primitifs, qui se situeraient en dehors de toute logique étatique[3] ou institutionnelle.
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L'existence de sociétés sans États reste néanmoins sujette à caution.
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Durant la période d'Obeïd en Mésopotamie, (6500 à 3750 av. J.-C.) vont apparaître et se combiner deux faits majeurs :
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Le phénomène de structuration économique initié au début de l'ère Néolithique atteint un niveau critique, qui entraîne l'émergence d'une nouvelle cellule sociologique, la ville, ainsi que l'avènement d'inégalités sociales[4]. L'invention de l'écriture permet l'administration rationnelle d'un espace donné : « les écrits, en effet, permettent de porter au loin des messages, de noter des comptes, de conserver des archives, toutes ressources susceptibles d'aider au plus haut degré l'administration de l'État »[5]. L'avènement conjoint de ce modèle sociologique et de cette technologie intellectuelle contribue à l'émergence d'une structure humaine nouvelle, l'État, et de son corollaire, la politique.
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À partir de l'an 3000 av. J.-C., Les Cités-États qui apparaissent en Mésopotamie semblent privilégier des régimes politiques assez proches de la monarchie constitutionnelle, voire de la république. Un poème sumérien étudié en particulier par Samuel Noah Kramer fait ainsi état de la présence de deux assemblées à Uruk, l'une, l'assemblée des anciens, s'apparentant à une sorte de sénat, l'autre à une assemblée du peuple. La légitimité du roi d'Uruk semble dépendre étroitement de ces deux assemblées : il ne déclare en effet la guerre à la cité de Kish qu'après avoir reçu au moins le soutien de l'assemblée du peuple[6]. Qui plus est, l'attribution du pouvoir royal n'est que rarement héréditaire. Le terme sumérien pour désigner le roi, Lugal, consiste en effet en l'association de la racine Lu, homme et gal, grand. Ce qui importe ici avant tout ce sont les qualités morales et nullement l'appartenance héréditaire : Sargon d'Akkad n'obtient ainsi le trône que grâce à ses vertus royales[7].
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Progressivement le pouvoir monarchique se renforce, tout à la fois en puissance (les premières cérémonies de sacre, qui impliquent une légitimité de droit divin apparaissent au début du IIe millénaire av. J.-C.[7]) et en étendue (les cités-États sont absorbées par de grands royaumes). Les institutions démocratiques et républicaines, notées par Kramer, tombent de fait en désuétude. Le renforcement de l'autorité monarchique va favoriser, au cours du premier quart du IIe millénaire av. J.-C., la mise en place d'une administration et d'une jurisprudence normalisées, évolution illustrées par les codes d'Ur-Nammu (vers -2100), de Lipit-Ishtar (vers -1930) et d'Hammurabi (vers -1750), ainsi que les Lois d'Eshnunna (vers -1760)[8]. Certes ces premiers corpus juridiques n'ont aucune visée exhaustive et s'apparentent plutôt par leur style à des recueils de prescriptions morales[8]. Toutefois le fait qu'ils entendent corriger les traditions orales dans une optique rationnelle représente une rupture importante : « la situation dans une société proche-orientale est donc très différente de celle des sociétés sans histoires, où les coutumes sont absolument fixes et où le changement est subi et non organisé »[9].
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L'affermissement de grands États centralisés et rationalisés induit l'organisation de relations internationales. De la fin du IIe millénaire av. J.-C. à -1100, un espace allant de l'Égypte à Élam, et de l'Arabie au royaume Hittite est régi par un système diplomatique élaboré : le système d'Amarna[10]. Fondé sur un relatif équilibre géopolitique entre quatre ou cinq grandes puissances, ce système dispose de sa lingua franca, l'akkadien, et de ses protocoles propres. Ainsi, les « différents rois entretenant des relations diplomatiques sont réputés appartenir à une seule et même grande famille ou grande maison (…) les rois de statut identique se traitent de frères, ceux de moindre envergure sont les fils ou les serviteurs des premiers »[10]. Les invasions successives des peuples de la mer mettent fin à cette construction politique élaborée.
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Il semble ainsi que les États proche-orientaux ont forgé la quasi-totalité des formes et structures politiques. Pour autant si le politique est certes un objet bien établi, il ne s'agit en aucun cas d'une pensée ni d'une théorie politique. : « jamais le mythe, la loi, la coutume dans leur ensemble ne deviendront objet de débat explicite, parce qu'elles continuent à relever du sacré, et du sacré seul »[11]. Les hommes d'États proche-orientaux se préoccupent avant tout des politiques, de la gestion des affaires administratives, et fort peu de la Politique, de l'ordre étatique dans son ensemble — car l'ordre est partie prenante de l'ordre divin dans son ensemble, et ne saurait être contesté, discuté ou simplement considéré[11].
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En dépit des précédents proche-orientaux, l'origine de la politique se confond généralement avec celle de la pensée politique et donc de fait, avec la Cité grecque. Ainsi l'helléniste anglais Moses Finley, a-t-il pu affirmer que la politique « est une des activités les moins répandues dans le monde pré-moderne ». Il s'agit en effet, « d'une invention grecque, ou, pour être plus précis, une invention que firent séparément les Grecs, les Étrusques et/ou les Romains »[12].
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Tout au long du IIe millénaire av. J.‑C., la Grèce apparaît comme une simple continuité périphérique du système d'Amarna. Comme le note en effet Jean-Pierre Vernant : « la Méditerranée ne marque pas encore de part et d'autre de ses rives, une coupure entre l'Orient et l'Occident. Le monde égéen et la péninsule grecque se rattachent sans discontinuité (…) d'une part au plateau anatolien (…) de l'autre (…) à la Mésopotamie et à l'Iran »[13]. De la sorte, le premier État grec connu, le royaume mycénien, s'apparente par de nombreux traits aux monarchies proche-orientales contemporaines. Il s'agit en effet d'une royauté bureaucratique, caractérisée par une régulation quasi-maniaque de la vie sociale[14]. De plus, le roi ou anax possède une autorité essentiellement militaire et religieuse[15]. Aussi, la politique à l'ère mycénienne prend ainsi la forme d'une activité essentiellement administrative, inscrite dans un cadre cosmogonique plus large.
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Effectif à partir du XIIe siècle av. J.-C. le déclin du monde mycénien va entraîner un redéploiement complet des structures politiques initiales : l'anax disparaît et les potentats locaux, dits basileus ne conservent le plus souvent que des prérogatives religieuses[16]. Le reflux de la souveraineté monarchique va favoriser deux forces sociales jusqu'ici quasiment exclues du jeu politique : « d'une part les communautés villageoises, et de l'autre une aristocratie guerrière »[17]. Les dissensions fréquentes entre ces deux forces vont rendre nécessaire la mise en place du débat politique ou agôn, sur une place publique. Le pouvoir cesse dès lors de dépendre d'un centre unique, pour être le produit d'une délibération constante : « l'archè ne saurait plus être la propriété exclusive de qui que ce soit ; l'État est précisément ce qui a dépouillé tout caractère privé, particulier, ce qui, échappant au ressort des genè, apparaît déjà comme l'affaire de tous »[18].
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Progressivement s'instaure une entité politique d'un genre nouveau : la polis ou cité. Elle se caractérise par trois traits principaux : l'usage du discours rationnel, la publicisation des actes politiques, et la croyance en l'égalité des citoyens devant la loi (ou isonomie)[19]. Cette instauration invalide de fait les vieilles coutumes orales, qui régulaient jusqu'alors le jeu politique et social. Plusieurs législateurs, regroupés sous l'appellation générique de sept sages vont promouvoir en conséquence une nouvelle éthique citoyenne, qui témoigne d'une volonté de rationaliser la justice : le criminel n'est ainsi plus jugé coupable vis-à-vis de sa victime, mais de la cité entière[20].
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Pendant moral de cette éthique, la « sôphrosunè » ou modération, fait converger l'ensemble des structures sociales vers un « juste milieu »[21]. Solon impose ainsi une égalité géométrique, ou homoneia, des corps de citoyens, en accord avec les rapports de types musicaux (2/1, 3/2, 4/3) : la première classe de citoyen reçoit ainsi cinq cents mesures de blé, quand la dernière classe n'en reçoit que deux cents[22]. Par la suite les démocrates comme Clisthène généralisent le principe de l'égalité absolue, fondée sur le rapport 1/1 : chaque citoyen devient dès lors l'entité indivisible d'un corps unique : la cité[23]. Afin de garantir ce principe, Clisthènes procède à une réforme profonde de l'espace civique athénien, en regroupant les quatre tribus traditionnelles en dix tribus : purement conventionnelle, cette division administrative achève de rationaliser la cité[24].
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Au Moyen Âge, le régime politique le plus répandu est celui de la monarchie. Le roi est alors le suzerain de ses vassaux. À partir de la Renaissance, le roi devient souverain. Dans certains États, le régime prend la forme de la monarchie absolue de droit divin, dont l'archétype est, en France, le roi Louis XIV.
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À partir de la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, pendant les Lumières, les injustices qui découlent des inégalités entre les trois ordres, notamment les privilèges accordés à la noblesse, entraînent des modifications profondes des régimes politiques en Europe.
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L'Angleterre est la première à passer à un régime de monarchie constitutionnelle lors de la Glorieuse Révolution (1688). La France lui emboîte le pas près d'un siècle plus tard : la Révolution française éclate en 1789. Elle se concrétise dans un premier temps par une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; le pouvoir n'émane plus du monarque par l'intermédiaire de droits divins, mais du peuple, et trouve sa légitimité dans les « droits naturels, inaliénables et sacrés »[25], que possède tout homme (et toute femme) dès la naissance[26]. Le régime passe à la monarchie constitutionnelle (1791), puis à la République (1792), puis passe par des états transitoires : empire (1804), monarchie constitutionnelle (à la Restauration en 1815), République (1848), empire (1851), avant de se stabiliser en République (1871).
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Ces deux types de régimes (monarchie constitutionnelle et République) vont se répandre progressivement dans la quasi-totalité des États du monde jusqu'à aujourd'hui.
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Après la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux droits sont proclamés. En France, la Constitution de 1946 définit dans son préambule des droits à caractère essentiellement social (droit à obtenir un emploi, droit de grève, droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence). Ces droits sont conservés dans la Constitution de 1958.
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L'apparition et l'intensification des problèmes écologiques à partir des années 1970 soulèvent la question des droits et devoirs des citoyens en rapport à leur environnement. Les politiques des États commencent à prendre en compte des objectifs de développement durable, croisant les aspects économiques, sociaux, et environnementaux, selon la description donnée au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. L'Union européenne met en place une politique de développement durable. En France, les droits et devoirs liés à l'environnement sont proclamés dans la Charte de l'environnement de 2004, faisant de ce pays le premier État au monde à leur attribuer une valeur constitutionnelle.
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La pensée politique chinoise émerge, comme en Grèce archaïque dans un contexte de crise. La décomposition des structures politiques traditionnelles suscite en effet dans les deux cas une prise de conscience philosophique et politique. Effectif à partir du VIIIe siècle av. J.-C., le déclin de l'empire des Zhou, permet aux divers fiefs et seigneuries de s'émanciper et de constituer de multiples royaumes indépendants.
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Dans une société chinoise divisée par le féodalisme, Confucius cherchait à restaurer l'ordre et la paix grâce au respect des traditions, à la légitimité du pouvoir et à la hiérarchie sociale. Au-delà de ses principes directeurs, son expérience l'amène à la conclusion théorique suivante : pour que le pouvoir politique puisse vivre et être pérenne, le Prince est tenu de se comporter comme un homme de qualité, un sage en montrant sans cesse l'exemple. « Si un homme sait se gouverner lui-même, quelle difficulté aura-t-il à gouverner son État ? ».
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La pensée politique de Socrate se résume à deux apports fondamentaux[27]. Premièrement, le développement d'une méthode critique d'évaluation de la connaissance politique. À la différence de Protagoras, Socrate affirme que la vérité existe. Toutefois, cette vérité n'est pas dogmatique : on ne peut l'atteindre que par l'exercice constant d'un esprit critique. Rétif aux concepts, Socrate s'efforce d'instiller le doute quant à la moralité et l'efficacité des systèmes politiques : « en mettant ses interlocuteurs en contradiction avec eux-mêmes, il montre que l'opinion est (…) incapable de servir de base à la délibération et à la décision politique, ce qui ruine le postulat athénien (…) de l'universelle compétence des citoyens »[28]. Deuxièmement, la conceptualisation de la morale comme un objet de science. Il y a, selon Socrate, des lois morales universelles, que l'on ne saurait découvrir que par une éducation véritablement philosophique. Rarement innée, la science du gouvernement s'apprend ; si bien que pour Socrate, la Politique apparaît comme un véritable métier.
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Initialement dérivée des théories socratiques, la philosophie politique de Platon repose sur la question du bien et des facultés de l'âme, question qui touche tant aux conduites humaines individuelles qu'à l'éducation : il n'y a pas, pour Platon, de vertu que l'on pourrait acquérir de manière individuelle, et la philosophie elle-même est une activité de la pensée qui suppose toujours une éducation et des conditions politiques qu'il reste à définir. Pour Platon, la philosophie politique est alors inséparable de la philosophie morale (comme c'est le cas pour toute la philosophie grecque ancienne), si bien que la politique, par le moyen de l'éducation, a pour but de prendre soin de l'âme des citoyens. Pour ces raisons, la politique est la science du bien en général, et elle est donc supérieure à toutes les autres sciences et techniques, c'est pourquoi Platon la désigne comme technique royale.
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Par opposition à Socrate qui part du monde des idées, duquel nos âmes viendraient, pour en déduire des applications concrètes, Aristote tendrait à vouloir s'appuyer sur l'observation du réel pour en déduire des principes théoriques. Cette approche aristotélicienne est aussi vraie en politique. Pour Aristote, l'homme est fait pour vivre en communauté politique. Pour lui, la Cité est voulue par la nature et est donc inhérente à tout groupe humain, selon le principe que l'homme est par nature un être destiné à vivre en cité (ἄνθρωπος φύσει πολιτικὸν ζῷον / anthropos phusei politikon zoon).
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Dans son œuvre La Politique, Aristote analyse l'origine et le fonctionnement des différents régimes politiques de son époque, le IVe siècle av. J.-C., pour définir le meilleur d'entre eux, qui doit donner naissance à la Cité idéale. La Philosophie hellénistique va marquer un net retrait par rapport à ces préoccupations politiques.
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Machiavel incarne une rupture absolue par rapport à la tradition politique chrétienne et, à ce titre, apparaît comme le premier penseur politique moderne. Selon lui, en effet, « un prince nouveau, dans une cité, ou une province conquise doit faire toute chose nouvelle »[29][réf. non conforme]. Pour Machiavel, trois principes doivent diriger le Politique : la force, le respect des lois, la ruse[30]. Pour Machiavel, le prince n'a pas besoin de faire profession d'homme de bien. Ces conceptions politiques se doublent d'une interprétation théologique également renouvelée. En effet, selon Léo Strauss : « Puisqu'il caractérise comme tyrannique une façon d'agir que le Nouveau Testament attribue à Dieu, il nous conduit à la conclusion, non, il dit en effet que Dieu est un tyran »[31].
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Aussi, pour Machiavel, le prince se doit d'être efficient, autrement dit le prince se doit d'être utile. Ce qui est une révolution pour l'époque car il sous-entend que le prince n'est pas nécessairement utile, que le prince n'est pas une finalité en soi mais que sa place et sa fonction se doivent d'être méritées[réf. nécessaire].
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La question de l'État de nature et du contrat social s'inscrit dans un contexte particulier de la pensée occidentale. À partir du XVIIe siècle, s'amorce en effet une contestation des thèses politiques aristotéliciennes, à partir d'un contre-argumentaire humaniste. Pour Aristote en effet : « L'État est un fait de nature », et « Naturellement, l'homme est un être sociable », par le simple fait qu'il maîtrise le langage rationnel, et est ainsi apte, plus qu'aucun autre animal à se regrouper en société : « l'homme est infiniment plus sociable que tous les autres animaux qui vivent en groupe ». Il s'ensuit que « La Nature pousse donc instinctivement tous les hommes à l'association politique » et que « ἄνθρωπος φύσει πολιτικὸν ζῷον » — « l'homme est un animal politique »[32].
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A contrario, « pour l'âge moderne, l'humanité de l'homme ne dépend pas essentiellement de son rapport à autrui dans la construction d'un ordre juste »[33]. Dans l'esprit de l'humanisme, la relation entre l'homme et la morale ou la nature n'est en effet pas d'ordre collectif, mais individuel. Dans la mesure où l'homme précède l'État, celui-ci ne saurait être un fait de nature, et n'a pu être instauré qu'à un moment précis de l'histoire humaine, pour répondre à des besoins non moins précis.
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Une telle position conventionnaliste existait déjà au temps d'Aristote. Outre un certain nombre de sophistes cités par ce dernier et dont l'œuvre n'a pas traversé les temps, tels que Lycophon, Épicure partageait ces conceptions. Pour ce dernier, l'État fut instauré par convention (Sunkhétai), afin de permettre aux philosophes de s'adonner à la science, sans redouter l'insécurité des rapports humains : « Épicure voit le fondement de la cité, et plus généralement des liens de droit, dans des contrats ou des conventions liant des sujets autonomes [...] les hommes s'associent parce qu'ils ont éprouvé la douleur de subir des dommages [...] l'homme n'est pas un animal naturellement politique »[34]. Le hasard de la transmission des textes a contribué à occulter cette position conventionnaliste, alors relativement fréquente.
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Réhabilité par Hugo Grotius, qui établit l'existence, dans son Traité du droit de la guerre et de la paix, d'un droit naturel préexistant aux divers droits politiques, l'État de nature est exposé clairement par Samuel Pufendorf dans le premier livre du Droit de la nature et des gens. Pour celui-ci, l'État ne fait que confirmer positivement un système de droit et de devoir préexistant en l'homme : il existe des lois naturelles, telles que la loi de sociabilité, qui régissent les rapports humains. Toutefois, pour que ces lois naturelles puissent réellement être appliquées, l'intervention d'une autorité politique est nécessaire : « Le but des législateurs de cette terre est de régler les actions extérieures de chacun, le mieux qu'il est possible »[35].
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La première mention du terme idéologie remonte à 1801, lors de la publication des Éléments d'idéologie par Antoine Destutt de Tracy. Toutefois, le sens que Tracy appliquait à ce néologisme n'avait rien de politique : il s'agissait d'une science des idées et des sensations : « je veux dans cet écrit, non pas vous enseigner, mais vous faire remarquer tout ce qui se passe en vous quand vous pensez, parlez, et raisonnez »[36]. Elle ne recouvre en fait son sens actuel qu'à partir de l'Idéologie Allemande de Karl Marx, écrit en 1846, mais publié beaucoup plus tard.
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Le libéralisme est un courant de pensée de philosophie politique, né d'une opposition à l'absolutisme et au droit divin dans l’Europe des Lumières (XVIIIe siècle), qui affirme la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle [réf. nécessaire] sur le pouvoir du souverain. Il repose sur l’idée que chaque être humain possède des droits fondamentaux qu'aucun pouvoir ne peut violer. En conséquence, les libéraux veulent limiter les obligations sociales imposées par le pouvoir et plus généralement le système social au profit du libre choix de chaque individu.
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Le libéralisme repose sur un précepte moral qui s'oppose à l'assujettissement de l'individu, d'où découlent une philosophie et une organisation de la vie en société permettant à chaque individu de jouir d'un maximum de liberté, notamment en matière économique. Pour la plupart des libéraux, la dichotomie entre « libéralisme économique » et « libéralisme politique » n'existe donc pas, puisqu'il s'agit de l'application d’une même doctrine dans des domaines différents.
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Au sens large, le libéralisme prône une société fondée sur la liberté d'expression des individus dans le respect du droit du pluralisme et du libre échange des idées. Elle doit joindre d'une part dans le domaine économique, l'initiative privée, la libre concurrence et son corollaire l'économie de marché, d'autre part, des pouvoirs politique et économique bien encadrés par la loi et les contre-pouvoirs. Elle valorise donc le mérite comme fondement de la hiérarchie. Cela suppose idéalement un état de droit où sont respectées les minorités jusqu'à la plus petite, l'individu, l'État n'étant que le garant de ce respect et devant rendre des comptes de son action.
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Cependant en fonction de la situation (et de ce que chacun peut en penser soi-même) le libéralisme pourra se manifester de façon fort diverse, voire opposée. Le libéral pourra ainsi être, selon le lieu, voire en fonction des moments, celui qui exige de l'État qu'il brise un traditionalisme religieux ou social oppresseur pour l'individu (caste, statuts, discriminations et privilèges, ...) ou qu'il intervienne pour donner à chacun une véritable capacité d'action économique (bridée par un monopole, la pauvreté, le manque d'éducation de crédit ou autre), ou inversement celui qui s'oppose à l'intervention du pouvoir.
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Les limites à fixer à l'action de l'État, ainsi que les modalités de l'action publique (notamment aux rôles respectifs de l'action administrative et de la loi), seront spécialement sujet à débat au sein même. La plupart des libéraux considèrent que l'action de l'État est nécessaire à la protection des libertés individuelles, dans le cadre de ses fonctions régaliennes, et nombre d'entre eux (comme Adam Smith, Raymond Aron, Karl Popper ou Benedetto Croce) acceptent et même recommandent certaines interventions de l'État dans l'économie, notamment en matière de contrôle et de régulation. À l'opposé, les libertariens (ou anarcho-capitalistes) refusent à l'État toute légitimité dans quelque domaine que ce soit.
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Le socialisme est un type d'organisation sociale fondé sur la propriété collective (ou propriété sociale) des moyens de production[37],[38],[39], par opposition au capitalisme.
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Il est l'objectif de divers courants apparus et développés depuis le XIXe siècle, et ayant abouti aujourd'hui aux différents courants marxistes et anarchistes, ainsi qu'aux sociaux-démocrates. La répartition des biens et services peut se faire en fonction de la production de chaque individu (collectivisme, travail aux pièces) ou en fonction des besoins de chaque individu (communisme, prise au tas). Les États marxistes ont une économie collectiviste, alors que le communisme est préconisé par les anarchistes[40]. Le mouvement socialiste recherche une justice sociale[41], condamne les inégalités sociales et l’exploitation de l’homme par l’homme[42], défend le progrès social[43], et prône l'avènement d'une société égalitaire, sans classes sociales[39].
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Pour leur part, les universitaires Georges Bourgin et Pierre Rimbert définissent le socialisme comme « une forme de société dont les bases fondamentales sont les suivantes :
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À l'origine, le fascisme (en italien fascismo) désigne un mouvement politique italien apparu à la fin de la Première Guerre mondiale. Le 23 mars 1919, Benito Mussolini réunit un certain nombre de dissidents du PSI, et entreprend de former un « Faisceau de combat » (fascio di combattimento). Par « Faisceau », Mussolini entendait alors un mouvement spontanéiste, dans la lignée du syndicalisme révolutionnaire italien. Le terme appartenait de fait à un vocabulaire d'extrême-gauche[45]. En concurrence directe avec d'autres organisations révolutionnaires (dont le parti communiste naissant), les Fascii essaient de récupérer une clientèle de droite[46]. Ces tentatives de récupération rassurent la bourgeoisie italienne, qui, à l'issue de la répression des mouvements ouvriers, considère ce mouvement comme un moindre mal[47].
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L'idéologie de ce mouvement est délicate à définir : on peut y voir schématiquement une synthèse du nationalisme et du syndicalisme révolutionnaire[48], mais de multiples contextes et mouvements idéologiques ont en fait préludé à sa création : le renouveau de l'irrationnel[49], le futurisme[50], l'antisémitisme[51]… Du fait de sa nature composite, le fascisme a peiné à constituer une doctrine originale et nouvelle : « au début, le fascisme se distingue difficilement d'autres mouvements ultra-minoritaires »[52]. Les contemporains eux-mêmes étaient sceptiques vis-à-vis d'un programme « attrape-tout », qui capte aussi bien des thématiques marxistes, nationalistes et réactionnaires[53].
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Comme le note l'historien Pierre Milza, cette diversité idéologique nous oblige à penser le fascisme comme une pluralité : « Il n'y a pas un mais des fascismes »[54]. Cette pluralité est d'abord spatiale : « Sur un fond commun (…) il y a éclosion de mouvements politiques d'un type nouveau, proches parents les uns des autres, mais en même temps dotés d'une spécificité qui tient au passé, aux traditions, aux structures des pays dans lesquels ils se développent »[54]. Elle est aussi, et surtout, temporelle. Milza identifie ainsi quatre étapes de développement du fascisme :
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Considéré sous l'angle de ces deux pluralités, le Fascisme devient un concept politique générique, qui, au-delà du régime de Mussolini caractérise le Nazisme de Hitler, la Ligue de Cuza de Codreanu, la Heimwehr autrichienne, le BUF d'Oswald Mosley, le PPF de Jacques Doriot… Il semblerait même que l'on puisse parler, après 1929, d'une internationale fasciste. En 1932, Mussolini affirme ainsi dans un discours tenu à Milan : « Dans dix ans, l'Europe sera fasciste ou fascisée »[59]. Un peu plus tôt, l'un des caciques du régime, Asvero Gravelli, allait jusqu'à déclarer dans sa revue Antieuropa : « le fascisme est le fossoyeur de la vieille Europe. Voici que surgissent les forces de l'Internationale fasciste »[60]. C'est dans cet esprit que Mussolini créa les CAUR (Comitati d'Azione per l'Universalità di Roma) en 1933, afin de fédérer les mouvements qui se réclament du fascisme italien[61]. Cette initiative resta lettre morte : foncièrement nationalistes, les fascismes ne sauraient cohabiter[62]. Ce n'est que par l'expansionnisme de quelques États fascistes, que le fascisme put s'imposer internationalement.
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À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les mouvements fascistes cessent de constituer une alternative politique viable. Aussi bien leur compromission dans des crimes contre l'humanité que « l'avènement d'un système capitaliste infiniment plus internationalisé que par le passé »[63] hypothèque définitivement leur avenir idéologique. Bien que « l'époque du fascisme » soit close, ces mouvements continuent, marginalement, d'exister.
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Pour s'exercer sans rencontrer d'opposition, le pouvoir politique s'est toujours attaché à justifier de sa légitimité. Celle-ci peut reposer sur :
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Historiquement, il semble que dans un certain nombre de premières civilisations, le pouvoir politique n'apparaît pas distinct du pouvoir religieux (voir par exemple la Politique dans l'Égypte antique). La confusion du pouvoir politique et religieux, ou la soumission du pouvoir politique au religieux, ou la très grande proximité des deux, s'appelle théocratie.
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La politique consiste d'abord en l'organisation du pouvoir dans la société. On distingue entre plusieurs Systèmes de prise de décision.
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On distingue traditionnellement entre monarchies et républiques, une distinction institutionnelle finalement jugée peu pertinente de nos jours compte tenu du fait de la diversité des types de monarchie (de la monarchie parlementaire scandinave ou britannique à la théocratie saoudienne) et de types de républiques.
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Les distinctions actuelles reposent plus sur le degré de démocratie, la démocraticité, caractérisant le régime. On distingue ainsi les régimes démocratiques, autoritaires, ou totalitaires.
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Le pouvoir politique est constitué d'au moins deux fonctions distinctes :
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À cela s'ajoutent des pouvoirs non directement « politiques » mais qui participent au système politique :
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Dans la pensée politique démocratique occidentale (née en Grande-Bretagne puis formalisée par le philosophe français Montesquieu), qui sert actuellement, au moins sur le papier, de modèle au niveau international, les pouvoirs doivent être séparés. Dans les démocraties on distingue ainsi entre :
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Les modes d'organisation territoriale constituent un autre aspect de l'organisation du pouvoir. À cet égard, on distingue :
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Classiquement, les États comprennent deux grands types de subdivisions territoriales :
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Entre les deux, existent parfois des échelons politique et/ou administratifs tels, en France, le département et les cantons.
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Au-dessus du cadre national, existent des structures politiques plus ou moins souples « régionales » (telle l'Union européenne) et mondiales (telle l'Organisation des Nations unies).
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Les modalités d'accession au pouvoir sont, comme l'organisation du pouvoir, déterminées par les institutions et sont une part du régime politique. Cependant, elles dépassent également la question de l'organisation du pouvoir pour les raisons suivantes :
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La politique politicienne désigne la part du politique qui n'est pas conforme aux principes établis. Ce terme est employé par exemple lorsqu'un politique (individu ou parti) s'occupe de ses affaires, de celles de ses confrères et de celles son parti, plutôt que de celles de la cité[64].
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Les différents modes d'accession au pouvoir dépendent de la légitimité du régime en place (lire supra) ainsi que du type de régime (supra). Sur le papier, le système de l'élection, fondé sur le présupposé théorique de la démocratie, s'est imposé au XXe siècle comme le système standard international de désignation des dirigeants. Il existe des exceptions avec en particulier des monarchies (Arabie saoudite, sultanat de Brunei, etc.).
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Au sein du système démocratique, on distingue notamment entre :
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Dans les régimes démocratiques, le mode normal d'accession au pouvoir est la participation aux élections.
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D'autres modes d'expression non violents existent également (manifestations, grèves, Non-violence, Désobéissance civile, Conflit non-violent, boycott, campagnes de presse, cybermouvements, etc.).
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Le domaine de la politique recouvre cependant également des modes d'actions politique violents : coup d'État, révoltes, Révolution. Certains actes violents sont considérés comme du Terrorisme par ceux contre lesquels ils sont destinés et des actes de Résistance par ceux qui le pratiquent.
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Des factions politiques opposées ont toujours existé au sein de tous les régimes, souvent plus fondés sur le soutien à une personnalité du régime (souvent un prince ou un grand seigneur au sein des monarchies). À partir de la Révolution française au moins (mais bien plus tôt en Angleterre avec les tories et whigs), s'est mis en place un modèle fondé sur des partis politiques ou mouvements politiques théoriquement plus soudés par des idées politiques plus que par le soutien à une personnalité.
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Les systèmes politiques multipartistes se sont répandus à travers le monde, introduisant des notions politiques nouvelles :
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Les mouvements politiques peuvent être associés dans leur action avec des mouvements sociaux, des associations, etc. L'article 4 de la Constitution de 1958 régit l'organisation des partis politiques en France.
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Les médias ont toujours joué un rôle important dans la vie politique, constituant un relais de la vie politique envers le public. L'influence des médias a conduit à appeler la presse le « quatrième pouvoir ». Le pouvoir politique a suivi les évolutions technologiques, utilisant la presse, la radio (les « causeries au coin du feu » de Franklin Delano Roosevelt), le cinéma (les films de propagande des régimes totalitaires), la télévision puis Internet et le marketing direct.
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En France, l'utilisation de médias touchant directement le grand public, hormis la presse, était considérée au début du XXe siècle avec suspicion par les milieux républicains pour qui le lien direct de la tête de l'exécutif avec le peuple relevait de la tradition bonapartiste. L'utilisation de la radio tout d'abord (l'appel du 18 juin du Général de Gaulle) puis de la télévision par le général de Gaulle a brisé ces tabous.
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Le développement des médias a conduit à une modification des comportements des hommes politiques, une tendance appelée peoplelisation au début des années 2000. Il s'agit de montrer une autre image (non institutionnelle et plus intime) de l'Homme politique et de mettre en scène sa vie privée afin de créer une image favorable et un lien de proximité avec l'électeur potentiel. En France, on peut tracer ses prémices dans les années 1970 lorsque Valéry Giscard d'Estaing mit sa femme en scène et se fit filmer en train de jouer de l'accordéon.
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La politique menée par un gouvernement recouvre l'ensemble de ses décisions prises à l'échelon politique ou à l'échelon administratif. Cette politique « générale » se subdivise en politiques sectorielles dont les principales sont la politique sociale, la politique économique, la politique étrangère, etc. Un concept qui peut être affiné (politique du logement, politique culturelle, politique agricole). L'action politique s'exerce concrètement à travers l'émission de règles (de niveau politique ou administratif) appliquées ou contrôlées par une administration.
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La présence des femmes en politique a augmenté lentement mais sûrement entre 2000 et 2009. D'après un rapport des Nations unies[réf. nécessaire], la proportion de sièges qu'elles occupent dans les parlements nationaux est passée de 17 à 23 % pour les régions développées et de 11 à 17 % pour celles en développement.
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Le pollen (du grec πάλη (palè) : farine ou poussière) constitue, chez les plantes à graines, l'élément mobile mâle produit par la fleur : ce sont des grains minuscules (20 à 55 μm de diamètre en général), de forme plus ou moins ovoïde, initialement contenus dans l'anthère à l'extrémité des étamines.
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Le grain de pollen est le gamétophyte mâle, il produit et contient les gamètes mâles, et permet leur déplacement. On le considère parfois à tort comme un gamète. Le grain de pollen est homologue des gamétophytes chez d'autres groupes d'Embryophytes (par exemple du prothalle des fougères) et chez certaines algues. Il fait partie de la phase haploïde du cycle de vie des plantes à graines. Il constitue une génération gamétophytique au sens botanique du terme.
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Chez certaines plantes à fleurs, la germination du grain de pollen commence souvent avant même qu'il ne quitte le microsporangium, avec la cellule générative formant les deux cellules « spermatiques ».
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En zoologie, un animal est dit pollinivore lorsqu'il se nourrit de pollen.
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Le pollen et son rôle fertilisateur est connu dès l'Antiquité comme en témoignent les gravures sur pierre du palais assyrien d'Assurbanipal représentant des personnages qui secouent des spathes mâles de dattiers pour recueillir le pollen et féconder artificiellement les spathes femelles[1]. Hérodote mentionne également cette pratique dans l'Égypte antique où la fécondation du dattier est assurée en introduisant des rameaux chargés d'étamines dans les spathes des fleurs femelles. Pline l'Ancien évoque dans son Histoire naturelle[2] le pollen comme un agent fertilisateur[3].
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En 1665, Robert Hooke perfectionne le microscope optique et publie son traité Micrographia dans lequel il décrit différents organismes et structures biologiques microscopiques. Marcello Malpighi et Nehemiah Grew observent des grains de pollen avec ce microscope mais ne parviennent pas à déterminer leur rôle dans la reproduction sexuée des plantes. Joseph Gottlieb Kölreuter est le premier à réaliser de véritables expérimentations sur la pollinisation par des insectes qu'il publie entre 1761 et 1766, si bien que Linné impose en 1762 le terme de pollen dans son acception scientifique de « matière fécondante des végétaux » alors qu'il désignait jusque-là une poudre blanche très fine, une farine[4]. Les progrès en microscopie permettent à Christian Konrad Sprengel d'être le premier à décrire les pores et les sillons des grains de pollen dans son ouvrage Das endeckte Geheimnis im Bau und in der Befruchtung der Blumen (1793). Le botaniste Franz Andreas Bauer décrit les formes essentielles de pollen qui accompagnent l'illustration d'espèces botaniques. En 1833, Carl Julius Fritzsche invente les termes d'intine, exine et pollenine dans son ouvrage Dissertatio de plantarum polline. Hugo von Mohl réalise en 1834 le premier traité sur les pollens, avec une classification basée sur ces pores et sillons, classification encore utilisable[5]. Les paléontologues allemands Johann Heinrich Robert Göppert (1837) et Christian Gottfried Ehrenberg (1838) sont les premiers à décrire des grains de pollen fossiles[6]. Le XXe siècle voit l'essor de la palynologie avec les ouvrages majeurs de Roger Philip Wodehouse, Pollen grains[7] et de Gunnar Erdtman (en), Handbook of palynolgy[8], dont la science connaît un nouveau développement grâce à la mise au point du microscope électronique.
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Le grain de pollen est le gamétophyte mâle. Il apparaît chez les préspermaphytes, qui ne libèrent donc pas de spores puisqu'elles restent sur le sporophyte.
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Le pollen sert de nourriture aux butineurs, notamment les abeilles, dont il est la principale source de protéines, en particulier pour leurs larves. Il permet l'identification de l'origine du miel.
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Concernant la taille, on considère que les pollens les plus petits sont ceux du myosotis (7 µm) et les plus gros, ceux de la courge (150 µm). Les pollens de moins de 10 µm sont réputés plus souvent allergènes : bouleau, aulne, charme, noisetier, châtaignier, chêne, cyprès, frêne, olivier, peuplier, platane, etc.
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L'apiculture fait appel à la mélissopalynologie qui est la science du miel et du pollen.
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Selon l’origine florale, les conditions climatiques, les caractéristiques du sol où poussent les plantes et la saison, la composition du pollen peut varier. Il comporte :
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Du pollen est toujours présent, en petite quantité, dans le miel, ce qui permet d'identifier ses origines botaniques.
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Toutes les plantes ont un microbiote (microbiote des plantes), généralement en partie endophytique. On pense maintenant que le pollen (riche en substance nutritive) est aussi un vecteur utilisé par la plante pour transporter une partie de son microbiote, via les pollinisateurs et/ou le vent[12].
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On a récemment (2016) montré que le type de pollinisation (de même que la pollution, qui peut ainsi rendre le pollen plus allergène) module le degré de diversité biologique du microbiote retrouvé sur le pollen, diversité susceptible de jouer un rôle dans l'évolution adaptative de l'endosphère[12].
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Le recul des pollinisateurs et la pollution seraient donc deux enjeux encore mal évalués de ce point de vue. Il apparait que les espèces pollinisées par les insectes ont un microbiote moins diversifié que celles qui sont anémophiles (« ce qui suggère un effet de nivellement par les insectes vecteurs[12] ; La microscopie électronique à balayage ainsi que l'hybridation fluorescente in situ couplée à la microscopie confocale à balayage laser (FISH ‐ CLSM) ont indiqué que la surface du tectum constituait la niche préférée de la colonisation bactérienne »[12].
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Avant l'anthèse, la majorité des grains de pollen sont viables, c'est-à-dire qu'ils conservent leur aptitude à germer. La déhiscence des anthères induit une perte qui peut atteindre plus de 25 % de la viabilité qui est affectée par les stress environnementaux (sécheresse, température…). Après cette déhiscence, les grains de pollen restent viables en moyenne de 2 à 5 jours en fonction des espèces et des conditions environnementales (soit un peu près la même période au cours de laquelle le stigmate reste réceptif)[13].
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Pour germer, le grain de pollen doit atterrir sur le pistil d'une fleur (femelle) de la même espèce.
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Les plantes dont le pollen est disséminé par le vent en produisent de plus grandes quantités. Les plantes polinisées par des animaux en produisent moins, mais le pollen a plus de chance de se retrouver sur le pistil d'une autre fleur de la même espèce. Pour que la fécondation soit possible, il faut en outre que les étamines soient mûres, ainsi que le pistil.
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Le grain de pollen est hydraté par de l'humidité provenant du pistil. Ensuite il forme un tube pollinique : pour cela au niveau des pores du pollen l’endexine s'amincit et lors de la turgescence, le pore du grain de pollen sera percé. La cellule du tube pollinique passe alors entre les deux cellules du stigmate et du style qui présentent des particularités (cellules plutôt lâches, parois cellulosiques non lignifiées, lamelle moyenne plutôt hydratée avec pectine liquéfiée, apparition d’espaces pour le passage du tube pollinique).
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La germination peut être inhibée par des mécanismes d’auto-incompatibilité. Il existe différents types d’incompatibilités polliniques : interspécifique, hétéromorphe, homomorphe (gamétophytique ou sporophytique). Certains polluants chimiques peuvent aussi perturber ou inhiber la germination.
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La fécondation se fait dans le cas contraire, le tube arrivant jusqu’à l’oosphère. Sur les deux gamètes mâles :
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C'est ce que l'on appelle la « double fécondation ».
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Pollen de tournesol.
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Une certaine présence de grains de pollens dans l'atmosphère que nous respirons est normale (puisqu'une partie importante de la fécondation des plantes se fait grâce au vent (anémogamie). Elle est naturellement plus importante au printemps et en été en zone tempérée, et toute l'année en zone tropicale. Plusieurs dizaines d'épidémies d’asthme de tempêtes ont été décrites dans le monde en 20 ans, encore mal compris, et donc à ce jour impossible à prévoir car toutes les tempêtes n'ont pas cet effet[14].
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Chez un nombre croissant de personnes sensibilisées certains pollens déclenchent des allergies (dites pollinoses prenant la forme de rhinites, d'asthmes et/ou de conjonctivites) avec d'éventuelles allergies croisées[15]. Ce phénomène semble récent ; il est décrit en Angleterre par Bostock (1819) au début de l'ère industrielle peu avant que les premières descriptions de rhinites allergiques soient faites (en 1830 dans la Ruhr puis en Nouvelle-Angleterre, alors qu'en France, aucun cas de rhume des foins n'a été décrit par la littérature médicale ou scientifique avant 1860[15]. Depuis les années 1990 on constate que ces rhinites, qui se sont répandues dans le monde entier, apparaissent concomitamment (dans l'espace et dans le temps[16]) à l'apparition de la pollution chimique et particulaire massive de l'atmosphère, principalement liée au charbon puis au pétrole et à la chimie industrielle, laissant penser qu'il existe un lien entre pollution de l'air et caractère allergène du pollen[17],[18] ; soit qu'on y soit plus sensible, soit qu'il soit plus allergène (comme pour le pollen de cyprès[19]), soit les deux à la fois.
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Prévalence : En France vers 2005-2010, la prévalence de la rhinite allergique sans identification d'allergène responsable, était de 31 % (26 % dans le Sud-Ouest et jusqu'à 37 % en zone Méditerranéenne et dans le Nord). Les 18-25 ans sont les plus touchés (39 %) et seuls 22 % des plus de 65 ans sont concernés[20]. Les femmes y sont plus vulnérables (36 % contre 25 %chez les hommes)[20] Cette prévalence a triplé en 25 ans[21],[22].
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Depuis la fin du XIXe siècle les pollinoses semblent progresser au même rythme que la pollution globale de l'air et là où cette pollution apparaît ou augmente, notamment en ville ; Ceci fait évoquer d'autres facteurs que la seule présence du pollen, dont la pollution de l'air[23].
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De plus, depuis les années 1970 on observe une raréfaction (ou quasi-disparition, localement) des pollinisateurs (abeilles et apidés sauvages et papillons en particulier) et avec le réchauffement les pollens peuvent être produit plus tôt et plus tard dans l'année. Et d'autres pollens, exotiques et parfois allergènes sont présents dans l'air.
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Éléments d'explication : dans un contexte artificiel les pollens sont moins rapidement fixés au sol, moins emportés par le ruissellement ou moins absorbés par les mousses ou lichens que dans la nature. Ils se dégradent sous l'action de la pollution acido-particulaire, de l'ozone troposphérique (superoxydant) et d'autres polluants, ou pour des raisons mécaniques (dépôts sur les chaussées et trottoirs)[24]. Des fragments plus petits (<2,5 μm, dans la gamme des particules fines dites PM 2.5 qui pénètrent plus profondément les poumons et réputées plus allergènes) sont alors formés et disponibles pour l'inhalation[24] (dont fragments de cuticules de pollen, molécules internes du pollen[25]) plus allergènes et pouvant le devenir plus encore en se combinant avec des polluants automobiles[26] ; et « les polluants atmosphériques peuvent augmenter la quantité d’allergènes présents dans les grains de pollen et leur capacité à se libérer dans l’air, ainsi que l’ont montré différentes expériences, et par suite majorer leur allergénicité »[27]. On trouve par exemple dans l'air des grains d'amidon, allergènes connu et associés à des épidémies d'« asthme d'orage » lors de la saison pollinique de diverses herbacées[15],[28].
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« Les polluants atmosphériques agissent sur le pollen »[27] et certains polluants atmosphériques « favorisent la réaction allergique »[27] ; Des études ont montré in vitro que des allergènes intrapolliniques (ex « Lol p I », allergène majeur issu du pollen de nombreuses herbacées) se combinent (dans notre environnement peut-être dans les microgouttelettes d'eau de la brume, dans la pluie et dans les aérosols) à d'autres particules fines allergènes, également massivement présentes lors d'épisodes de pollution de l'air urbain, en particulier les particules fines de carbone émises par les moteurs Diesel sous forme de nanosphères de carbone de 30 à 60 nanomètres (nm) de diamètre se groupant spontanément en agrégats fractaux d'environ 1 à 2 micromètres (µm) de diamètre[24]. C'est un des mécanismes possibles de concentration d'allergènes en suspension dans l'air, pouvant déclencher des crises d'asthme[24]. Les « particules diesel » stimulent la synthèse des IgE et des cytokines impliquées dans l'allergie et le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone, et surtout l'ozone et le dioxyde d'azote, cette fois directement en tant qu'irritant respiratoires pourraient aussi fragiliser les muqueuses et préparer ou renforcer l'inflammation allergique[15]. La hausse du taux de CO2 de l'air (par rapport au taux pré-industriel) semble en outre doper la production de pollen (ex : + 130 % chez l'ambroisie (particulièrement allergène en France)[29]. A noter que certains polluants ont un effet inverse, semblant diminuer l'effet d'allergènes potentiels, dont le pollen.
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En 2010 des chercheurs ont comparé le protéome du pollen de deux groupes de bouleaux (ruraux et urbains), toute en évaluant leur allergénicité (par mesure de leur puissance chimiotactique, testée sur des neutrophiles humains, et leurs teneurs en protéines et en allergènes. Vingt-six différences protéiques ont été relevées entre le pollen urbain et rural du bouleau. L'une des protéines qui différaient est "la protéine 14-3-3" qui ressemble à un facteur induit par le stress chez d'autres espèces végétales. Les extraits de pollen urbain avaient une activité chimiotactique plus élevée sur les neutrophiles humains que les extraits de pollens provenant de sites ruraux, confirmant un impact de la pollution de l'air sur le protéome porteur d'allergènes et sur la libération de substances chimiotactiques. L'augmentation des substances pro-inflammatoires telles que les médiateurs lipidiques associés au pollen pourrait contribuer au gradient urbain-rural décrit de la prévalence des allergies. De plus, notre étude suggère que l'allergénicité est déterminée par plus que la seule teneur en allergène[30].
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En 2016, des chercheurs ont comparé les types de population microbiennes colonisant le pollen allergénique de zones plus ou moins polluées. Ils ont montré que le microbiome associé au pollen est corrélé aux paramètres de pollution et à l'allergénicité du pollen[31] (des protéines allergéniques et des composés non allergènes du pollen participent à la défense des plantes contre les stress environnementaux et microbiens. L'ADN des communautés de bactéries et micro-champignons colonisant le pollen de la fléole des prés (Phleum pratense) et de bouleaux (Betula pendula) a été analysé, montrant que la biodiversité[32] microbienne de ces pollens était en partie significativement corrélée aux paramètres d'allergénicité du pollen [33]. De plus pour le bouleau, la diversité microbienne des échantillons de pollen était corrélée à la pollution de l'air mesurée in situ pour le dioxyde d'azote (NO2) et moindrement pour l'ammoniac (NH3) et l'ozone troposphérique (O3) ;
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altération de l'allergénicité du pollen due au stress environnemental et microbien.
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Le mode de vie intervient aussi : si l'atopie est indéniablement plus importante en milieu urbain (ou pollué[34]), on a montré en Allemagne que le rhume des foins et l'asthme étaient deux fois plus fréquent en ex-Allemagne de l'Ouest que chez les anciens habitants de l'ex-RDA, peut-être plus exposés à la stimulation microbienne dans la petite enfance[35] (ou moins exposé à la circulation automobile ?).
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Une taille drastique pendant ou après floraison peut aussi facilite la dispersion des pollens et l'exposition des citadins[36], de même que l'utilisation par temps sec de « canons à air » portables pour le nettoyage des trottoirs.
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En France, en 2014 sur la base des conclusions du Groupe de travail « Pollens » du Comité d'experts spécialisé « Evaluation des risques liés aux milieux aériens » l'Anses a recommandé de mieux évaluer l'importance globale du phénomène des pollens rendus plus allergènes par la pollution (en conditions réelles)[37] ; Janvier 2014 et recommandant d'améliorer la connaissance sur :
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L'institut Pasteur cultive des fleurs aux pollens allergéniques, pour désensibiliser les personnes allergiques et en 2013, le nouveau programme de l'ANSES inclut un programme sur la santé des abeilles, les médicaments vétérinaires, les « risques cumulés des mélanges de pesticides » et les interactions possibles entre pollens et polluants de l'air[38].
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Les palynologues et les réseaux d'alertes et de mesure de la pollution de l'air ou les organismes mesurant les taux de pollens dans l'air bénéficient des mesures permises par des capteurs de pollens, dont les échantillons sont périodiquement analysés. Un indice pollinique peut être produit et mis à jour et utilisé pour la veille et la prévention concernant le risque d'allergie aux pollens.
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Capteur pollinique de Lille
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La palynologie est l'étude scientifique des pollens.
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Il est possible d'identifier une espèce végétale par l'observation de son pollen. Les caractères observés sont la taille (de 2,5 à 200 micromètres), la forme générale et l'aspect de l'exine : la stratification, les sculptures et granulations de la surface, le nombre, la forme et la disposition des apertures.
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Les applications de la palynologie sont nombreuses :
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La plupart des grandes classes de prédateurs et d'arthropodes parasites contiennent des espèces qui se nourrissent de pollen, en dépit de la perception commune que les abeilles sont le principal groupe d'arthropodes consommant du pollen. Beaucoup d'autres hyménoptères adultes autres que les abeilles consomment du pollen, mais seulement une petite partie se nourrit de pollen à l'état de larves.
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Les araignées sont normalement considérées comme des carnivores mais le pollen est une importante source de nourriture pour plusieurs espèces, en particulier pour les jeunes araignées, qui attrapent le pollen sur leurs toiles.
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Certains acariens prédateurs se nourrissent aussi de pollen, certaines espèces étant en mesure de subsister uniquement avec du pollen, comme Euseius tularensis, qui se nourrit du pollen de dizaines d'espèces de plantes.
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Les membres de certaines familles de coléoptères tels que Mordellidae et Melyridae se nourrissent presque exclusivement de pollen, tandis que certaines espèces au sein des familles plus grandes telles que les Curculionidae, Chrysomelidae, Cerambycidae et Scarabaeidae sont des spécialistes de pollen, même si la plupart des membres de leurs familles ne le sont pas (par exemple, seulement 36 de 40 000 espèces de carabes, qui sont généralement prédateurs, mangent du pollen, mais il pourrait s'agir d'une sous-estimation importante car les habitudes alimentaires ne sont connues que pour 1000 espèces).
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De même, les coccinelles se nourrissent principalement d'insectes, mais de nombreuses espèces mangent aussi des pollens, soit pour partie soit pour la totalité de leur régime alimentaire.
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Les Hemiptera sont essentiellement herbivores ou omnivores, mais on sait que certaines espèces se nourrissent de pollen (cela a seulement été bien étudié chez les Anthocoridae).
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Beaucoup de mouches adultes, en particulier les Syrphidae, se nourrissent de pollen, et trois espèces britanniques de syrphes se nourrissent exclusivement du pollen (les syrphes, comme toutes les mouches, ne peuvent pas manger le pollen directement en raison de la structure de leurs pièces buccales, mais peuvent consommer le contenu de pollen dissous dans un fluide).
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Certaines espèces de champignons, telles que l'amadouvier, sont capables de briser les grains de pollen en tant que source d'alimentation secondaire particulièrement riche en azote.
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Certaines espèces de papillons Heliconius adultes consomment du pollen, ce qui semble être une source de précieux éléments nutritifs, et ces espèces sont plus désagréables pour les prédateurs que celles ne consommant pas de pollen.
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Bien que les chauves-souris, les papillons et les colibris ne consomment pas de pollen en soi, leur consommation de nectar dans les fleurs est un aspect important du processus de pollinisation.
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Certains producteurs ont commencé à vendre du pollen récolté par les abeilles pour la consommation humaine, souvent commercialisé comme nourriture (plutôt qu'en complément alimentaire).
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Les constituants les plus importants sont des hydrates de carbone et des protéines en fonction de l'espèce végétale recueillie par les abeilles. Le miel produit par les abeilles à partir de sources naturelles contient de l'acide paracoumarique, un dérivé antioxydant du pollen.
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La Food and Drug Administration américaine (FDA) n'a pas révélé d'effets nocifs de la consommation de pollen d'abeille, à l'exception des allergies habituelles. Toutefois, la FDA ne permet pas de faire des allégations de santé sur ces produits car aucune base scientifique n'a jamais été prouvée. En outre, il y a des dangers possibles non seulement de réactions allergiques mais aussi de contaminations par des pesticides, des champignons ou des bactéries si les procédures de stockage ne sont pas correctes.
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La pollinisation est, chez les plantes à fleur (angiospermes et gymnospermes), le transport du pollen des organes de reproduction mâle (étamines) vers le (ou les) organes de reproduction femelle (pistil) qui va permettre la reproduction sexuée. La pollinisation est une étape préalable à la fécondation dans le cycle de vie de ces plantes.
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Ce transport a lieu soit à l'intérieur des fleurs (autopollinisation), soit par pollinisation croisée (le pollen d'une fleur se dépose sur les stigmates d'une autre fleur de la même espèce). dans ce dernier cas, les vecteurs de pollinisation peuvent être biotiques (zoogamie assurée par les oiseaux, insectes…) ou abiotiques (les agents de transport du pollen sont le vent — mode appelé anémogamie —, l'eau — mode de l'hydrogamie — …).
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Les plantes contribuent à l'alimentation des pollinisateurs en leur fournissant le pollen en excès ou nectar. Cette relation est un mutualisme. Il existe une relation plus ou moins étroite entre la plante et l'animal capable de la polliniser : le pollinisateur qui visite un grand nombre d'espèces ou de genre defleurs est dit polytrope, celui qui se concentre sur un nombre limité de types floraux est dit oligotrope et celui qui visite une espèce ou un très petit nombre d'espèces voisines est dit monotrope. Plus précisément, un insecte qui récolte une seule espèce de pollen est dit monolectique, quelques espèces ou davantage oligolectique ou polylectique[4].
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Dans la plupart des espèces de plantes à fleurs, la pollinisation suivie d'une fécondation est indispensable à la formation des graines et des fruits. Si la pollinisation n'a pas lieu, par exemple en raison d'insuffisance de pollinisateurs spécialisés, la production de fruits et de graines est gravement affectée. Cela peut poser d'importants problèmes en agriculture. La vanille est un exemple de plantes qui doit être pollinisé manuellement dans les cultures.
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La pollinisation est un des services écosystémiques rendus par la biodiversité. L'anthropocène caractérisé par un appauvrissement de la biodiversité voit un déclin des pollinisateurs spécialistes en raison notamment de la fragmentation des habitats et de l'homogénéisation des écosystèmes[5], ce qui amène certains chercheurs à parler de « crise de la pollinisation »[6].
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La biologie de la reproduction chez les fleurs a depuis toujours fasciné les naturalistes[7] : le premier à étudier scientifiquement les phénomènes de la pollinisation est le naturaliste Joseph Gottlieb Kölreuter qui observe la visite des fleurs du concombre et du glaïeul par les insectes. Publiant ses découvertes en 1761, il met en évidence le rôle des insectes pollinisateurs[8]. Le botaniste Christian Konrad Sprengel est quant à lui le premier à en donner l'explication scientifique. Dans son ouvrage Das endeckte Geheimnis im Bau und in der Befruchtung der Blumen[9] (1793), il démontre les adaptations florales (couleurs, parfums, guide à nectar) qui attirent les insectes intervenant dans la fécondation croisée des fleurs (notion de syndrome de pollinisation). Ces résultats sont repris par Charles Darwin qui publie en 1862 On the Various Contrivances by which British and Foreign Orchids are Fertilized[10],The effects of cross and self fertilisation in the vegetable kingdom[11] en 1876 et The Different Forms of Flowers on Plants of the Same Species[12] en 1877. Les travaux de Darwin sur la biologie de la reproduction ont été un point de départ crucial pour de nombreuses études sur les interactions plantes-pollinisateurs ainsi que sur les systèmes de reproduction (biologie), et restent encore au XXIe siècle une référence capitale[13].
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Les plantes ont la capacité de coloniser l'espace à grande distance par reproduction sexuée mais aussi à courte distance par reproduction asexuée ou clonale. En raison de leur relative immobilité[14], leur reproduction sexuée est dépendante d’un vecteur de pollen biotique ou d'un facteur abiotique transportant les gamètes mâles entre les individus. La reproduction de plus de 90 % des espèces mondiales de plantes à fleurs dépend des animaux pollinisateurs (zoogamie) et de près de 80 % par des insectes (entomogamie)[6]. Chez ces dernières, le degré de dépendance vis-à-vis des insectes mutualistes pour leur reproduction sexuée peut être très variable entre espèces ou entre populations d’une même espèce, allant du mutualisme obligatoire au mutualisme facultatif[15]. 70 % des Angiospermes sont hermaphrodites, ce qui devrait, en principe, conduire à l'autofécondation et donc entraîner l'homozygotie qui aboutit à une forte dépression endogamique. Toutefois, elles ont mis en place au cours de leur évolution différents systèmes responsables de l'auto-incompatibilité ou encore des mécanismes favorisant l'allogamie et permettant de n'utiliser l'autofécondation qu'en cas d'échec de la fécondation croisée. L'augmentation du succès reproducteur est ainsi assurée par cette reproduction mixte qui existe chez 42 % des espèces (20 % à 80 % des graines issues d'autofécondation)[16].
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Lors de la pollinisation, le pollen est transporté de l'anthère au stigmate de la même fleur ou d'une autre fleur de la même espèce. Une fois sur le stigmate, le grain de pollen émet un tube pollinique qui traverse le style. Ce tube pollinique achemine les gamètes mâles jusqu'à l'ovule afin de le féconder. Il existe plusieurs stratégies utilisées par les fleurs pour attirer les pollinisateurs : la pollinisation mutualiste par récompense (nectar, pollen, fluide stigmatique, parties florales, thermogenèse permettant aux insectes de se nourrir, de se reproduire et de se réfugier la nuit dans des conditions de coût énergétique nettement moindre qu’à l’extérieur[17]), la pollinisation mutualiste par imbrication des cycles de reproduction (recherche d'un milieu de ponte ou d'un partenaire sexuel chez les insectes)[18], et la pollinisation par duperie (inflorescences imitant olfactivement et visuellement le site d’oviposition des insectes qui se font capturer dans un piège floral pour assurer le cycle de pollinisation)[19].
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Le succès reproducteur des plantes est limité par un dépôt de pollen en trop faible quantité ou qualité. Les deux principales causes de cette limitation sont un manque de pollinisateurs et un manque de partenaires conspécifiques pour la reproduction[20].
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90 % des plantes à fleurs sont pollinisées par des animaux, principalement des insectes[6], les espèces végétales ayant développé des organes floraux parfois extrêmement complexes afin d'attirer les pollinisateurs. Si de nombreuses plantes présentent des mécanismes de reproduction végétative, ceux-ci ne sont généralement pas suffisants pour assurer la pérennité de l’espèce dans le long terme[6]. Il apparaît dès lors que le maintien des interactions existantes entre les plantes et leurs animaux pollinisateurs, soit crucial pour la conservation de nombreuses Angiospermes.
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Pollinisation d'un pissenlit par une abeille : on peut voir le pollen de la fleur s'accrocher aux poils de l'insecte
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Certains oiseaux nectarivores sont dits « voleurs de nectar » car ne contribuant pas à la pollinisation, mais d'autres comme les colibris (ou certaines chauve-souris nectarivores) sont de vrais pollinisateurs[21]
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Une abeille sur un prunus padus, en Estonie. Mai 2018.
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Caractéristique d'une plante qui se fait polliniser par l'intermédiaire d'un insecte. 90 % des espèces d'Angiospermes utilisent ce type de pollinisation entomophile[22].
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En explorant les fleurs à la recherche de nectar, les insectes (entre autres les abeilles, les papillons, les diptères ou certains coléoptères) se frottent aux étamines, récoltant involontairement des grains de pollen (jusqu'à 100 000) qu’ils abandonneront par la suite dans une autre fleur. Chaque insecte est souvent spécialisé pour récolter le pollen d’une ou de quelques espèces en particulier, ainsi le pollen bénéficie souvent d’un transport ciblé jusqu'à une autre fleur de la même espèce.
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Les fleurs entomophiles ont souvent des couleurs vives pour se faire mieux repérer des insectes pollinisateurs.
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En fait, les insectes tels que les abeilles ont une vision trichromatique[23] et sont sensibles au jaune, au bleu et à l'ultraviolet (mais pas au rouge, le coquelicot rouge leur paraissant noir). La vision dans l'ultraviolet leur permet de repérer des lignes qui convergent des pétales vers le cœur de la fleur et ainsi de mieux localiser les zones riches en nectar.
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Caractéristique d'une pollinisation par l'intermédiaire d'oiseaux.
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Les oiseaux au long bec pointu tels les oiseaux-mouches ou les souïmangas sont aussi d’importants visiteurs des fleurs. Lorsque leur long bec effilé plonge au fond de la corolle afin d’y puiser le nectar, leur tête se frotte aux étamines et, immanquablement, le pollen adhère à leurs plumes. Les fleurs ornithophiles sont souvent roses ou rouges, les couleurs que les oiseaux perçoivent le mieux. Les oiseaux visitent les plantes à fleurs au moins depuis 47 millions d'années. Du pollen fossile a été retrouvé dans l'estomac d'oiseaux provenant du site fossilifère de Messel[24].
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Caractéristique d'une pollinisation par l'intermédiaire de chauves-souris.
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L’importance de la pollinisation par les chauves-souris (écrite chiroptérogamie, cheiroptérogamie, chiroptérophilie ou cheiroptérophilie) est beaucoup plus importante qu’elle n’y parait. Leur grande diversité, les niches écologiques variées et leur abondance en sont la principale cause. Dans les régions tropicales de l’Amérique, les chauves-souris du genre Carollia vivant sous la canopée contribuent à la dispersion des graines épiphytes, alors que les déjections des chauves-souris du genre Artibeus survolant la cime des arbres se dispersent au sol[25]. Ainsi, les chauves-souris assurent la dispersion des graines et du pollen et la conservation de la diversité végétale[26]. Par exemple, 60 % des espèces visitées par les glossophaginées sont butinées exclusivement par ce groupe de chauve-souris[27].
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Les différentes espèces de chauves-souris suivent des régimes très diversifiés. On retrouve sur la planète des chauves-souris insectivores, nectarivores, frugivores, nécrophages, hématophages ou omnivores. Par ailleurs, seuls les microchiroptères retrouvés en Amérique interagissent avec les plantes alors qu’ailleurs, les interactions plantes-chauves-souris ne sont observées que chez les mégachiroptères. De plus, aucune espèce de chauves-souris interagissant avec les plantes n’hiberne, ce qui limite leur distribution aux régions chaudes[28].
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Les interactions entre les plantes et les chauves-souris ont mené au fil du temps à des modifications physiologique et chimique chez les deux acteurs. On nomme ces adaptations syndrome de chiroptérophilie. Elles ont pour but d’optimiser le fitness des individus des deux parties en modifiant, par exemple, leur physiologie respective afin d’optimiser les bénéfices tirés de la relation mutualiste. Il en résulte une spécialisation graduelle d’une espèce de plante pour une espèce de chauve-souris et vice-versa. L’espèce n’est donc plus généraliste mais spécialiste. Seule l’espèce de chauve-souris pour laquelle elle s’est spécialisée la visitera et permettra la dispersion de ses graines ou de son pollen pour la reproduction. Il existe de nombreux avantages à la chiroptérophilie. Elle permet d’éviter le gaspillage d’énergie dans la production de pollen puisqu’il y a beaucoup plus de chances qu’il soit distribué entre les plantes de la même espèce. Il contribue à la diversité génétique, car les chauves-souris se déplacent sur de grandes distances : une chauve-souris peut parcourir 60 km en une nuit. Il s’agit d’un grand avantage en région aride, où les individus sont très éloignés l’un de l’autre. Les chauves-souris constituent ainsi le meilleur espoir de reproduction pour certaines plantes désertiques comme les cactus[27]. Par contre, si les pollinisateurs sont peu abondants, les plantes généralistes sont avantagées.
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Les symptômes développés par les plantes pour la chiroptérophilie sont nombreux et variés. Des fleurs plutôt blanches ou qui ne s’ouvrent que la nuit sont caractéristiques, puisque les chiroptères ont un mode de vie nocturne et que leurs capacités visuelles sont moins développée que celles d’autres pollinisateurs. La couleur blanche contraste dans la noirceur de la nuit[29]. On observe des corolles plus volumineuses pour la visibilité et pour offrir un support pour les chauves-souris plus grosses. Ces fleurs ne durent souvent qu’une journée : d’une part cela limite les dégâts causés par les prédateurs (qui s’intéressent aux fleurs plus grosses et donc plus avantageuses énergétiquement), et d'autre part il est inutile de les garder plus longtemps, puisque les griffes des chauves-souris qui s’y accrochent les auront abimées. Des fleurs plus en forme de cloche que tubulaires, profondes ou dont les étamines produisent une grande quantité de pollen pour obliger les nectarivores à s’y enfoncer et à en ressortir la fourrure pleine de pollen. La production de plus gros fruit ou d’une plus grande quantité de nectar pour les chiroptères plus massifs. Des fleurs dégagées et loin du feuillage pour laisser de la place pour le vol en mode stationnaire[28]. Une odeur caractéristique de composés sulfuriques qui ont tendance à attirer les chauves-souris. Des saisons de reproductions éloignées de plusieurs mois qui succèdent aux autres espèces pour limiter la compétition interspécifique entre plantes, tout en assurant l’alimentation constante des chauves-souris tout au long de l’année[30],[27].
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Les plantes développent également des traits pour décourager l’accès aux récompenses pour les autres pollinisateurs, comme un nectar peu sucré ou visqueux pour les oiseaux, une surface cireuse pour les insectes[27].
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D'autres mammifères, comme de petits marsupiaux, certains primates, des rongeurs ou des musaraignes participent aussi à la pollinisation de plusieurs espèces[31].
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Pour les fleurs sous-marines, de petits invertébrés comme les amphipodes et les polychètes participent à la pollinisation[32].
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La méthode la plus simple, mais la moins efficace, consiste à produire des quantités massives de pollen afin que le vent les transporte à bon port. La plante dépense ainsi beaucoup d’énergie à produire du pollen ; en revanche, elle n’a pas besoin de façonner des structures complexes pour attirer des pollinisateurs comme des fleurs colorées, du nectar ou des parfums odorants. Environ 10 % des espèces s’en remettent au vent pour assurer leur pollinisation, parmi lesquelles figurent les graminées (l’un des principaux responsables du rhume des foins) et la plupart des gymnospermes. Dans ce type de pollinisation, le pollen peut aussi être plus léger ou avoir des ballonnets d'air. Aussi les stigmates tels celui du chêne, du saule, du pin réceptionnent facilement le pollen par un stigmate long et plumeux.
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Cette reproduction à l'inverse de l'entomophile (pollinisation par les insectes) peut avoir un effet allergisant. En effet, dans le cadre d'une pollinisation effectuée par le vent, le pollen transporté dans l'air peut irriter les yeux ou encore le nez des individus[33].
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Quelques rares espèces de plantes aquatiques dispersent leur pollen dans l’eau.
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Leur pollen est de forme très allongée, ce qui permet aux courants de le transporter d'une plante à l'autre.
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La zostère marine (Zostera marina), présente en France et le long de la côte est du Canada (et qui constitue l’un des aliments de prédilection des bernaches).
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La vallisnérie américaine (Vallisneria americana) se sert aussi de l’eau pour transporter son pollen, mais de façon indirecte. La plante forme au fond de l’eau ses fleurs mâles et femelles sur des individus différents (diécie). Elle libère ensuite ses fleurs mâles qui montent jusqu’à la surface où elles s’ouvrent. Les fleurs femelles, quant à elles, poussent jusqu’à la surface où elles s’ouvrent à leur tour, parmi les fleurs mâles qui flottent autour. Après la fécondation, qui s’opère dans l’air, la fleur femelle se referme et retourne au fond de l’eau pour mûrir son fruit.
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La pollinisation peut être de type allogame (l'ovule est fécondé par du pollen en provenance d'une autre plante) ou autogame (le pollen féconde les organes femelles d'une même fleur ou d'autres fleurs d'une même plante).
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La plupart des plantes à fleurs étant hermaphrodites, on pourrait penser que l'autogamie est pour elles la solution de reproduction la plus simple. Pourtant, dans bien des cas, elles font tout pour échapper à ce type de pollinisation, qui assure certes la continuation et la stabilité de l'espèce, mais au prix d'un appauvrissement comparable à l'endogamie chez les humains. On pense en particulier que les plantes autogames seraient incapables de s'adapter à des conditions nouvelles, créées notamment par des modifications climatiques. La stratégie allogame peut prendre des formes très variées. On notera cependant que de nombreuses fleurs, pour des raisons de sécurité, pratiquent à la fois l'allogamie et l'autogamie, tandis que d'autres, apparemment de plus en plus nombreuses, sont exclusivement autogames.
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Comment faire pour qu'un ovule ne soit pas fécondé par son propre pollen ? Les plantes utilisent pour cela des moyens très divers, parfois complémentaires (on ne citera pas ici les plantes dioïques, pour lesquelles le problème est forcément résolu puisque les fleurs mâles et femelles ne sont pas sur le même individu) :
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Dans l'hétérostylie, les fleurs, toutes hermaphrodites, présentent des formes diverses imposant le croisement. C'est notamment le cas de la primevère commune (Primula vulgaris), dont certaines fleurs ont un long style et de courtes étamines, tandis que d'autres ont au contraire un style court et de longues étamines.
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Plus de 70 % des cultures (dont presque tous les fruitiers, légumes, oléagineux et protéagineux, épices, café et cacao, soit 35 % du tonnage de ce que nous mangeons) dépendent fortement ou totalement d'une pollinisation animale. 25 % des cultures pourraient s'en passer, mais il s'agit essentiellement de blé, maïs et riz. Pour 5 % des plantes cultivées, les scientifiques ne savent pas encore si elles dépendent ou non de pollinisateurs[34]. Selon une étude[35] publiée en 2015, les grands champs agricoles sont à 80 % pollinisés par seulement 2 % des espèces d’abeilles sauvages.
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9 cultures ont été étudiées sur 4 continents ; l'étude a conclu que l’intensification de l’agriculture menaçait les communautés d’abeilles sauvages et leur action stabilisatrice sur le service de pollinisation y compris d'espèces non cultivées[34].
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Plusieurs études visent à quantifier la valeur économique des pollinisateurs pour l'agriculture[36], calcul qui n'a pas de sens pour la biodiversité sauvage.
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Des publications scientifiques ont fait état d’une valeur de l’ordre de 50 milliards d’euros à l'échelle mondiale.
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En France, peu d'études ont tenté ce calcul, mais certains experts avancent une valeur proche de 10 % de la valeur de la production agricole, avec d'importantes variations selon les cultures considérées, et sachant que le coût de la diminution de la biodiversité n’est pas pris en compte par ce type de calcul[37].
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Pour les semenciers, la qualité de la pollinisation et les risques de pollution sont particulièrement préoccupants. Pour produire des semences de qualité des distances d'isolement entre les parcelles doivent être rigoureusement respectées et pour les espèces entomophiles les agriculteurs multiplicateurs installent des ruches dans leurs champs de multiplication. Une plateforme de mise en relation, créée à l'initiative du GNIS et de l'ITSAP, entre producteurs de semences et apiculteurs permet de résoudre cette problématique[38].
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Le pollen interagit avec la pollution de l'air, l'environnement et la santé, en tant qu'allergène et en étant modifié par la pollution[39]. Ces interactions sont complexes ; leur analyse s’appuie sur au moins trois facteurs qui se croisent :
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Les pollinisateurs sont globalement en régression sur toute la planète, et tout particulièrement dans les régions industrialisées et d'agriculture intensive de l'hémisphère nord, notamment dans leurs milieux ruraux. Au tout début du XXIe siècle, c'est au nord de la Flandre Belge que la situation semblait la pire en Europe (Près d'un tiers des 64 espèces de papillons indigènes de Flandre belge était éteint en un siècle, et la moitié de ceux qui restaient étaient déjà "en voie de disparition"[47]... or :
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Au-delà de la valeur purement économique de la pollinisation animale, les végétaux nécessitant cette pollinisation sont aussi ceux permettant la diversification alimentaire et favorisant l'apport de micronutriments tels que la vitamine A, le fer ou les folates. La dépendance globale à cette pollinisation animale varie fortement selon les zones géographiques, essentiellement en fonction des aliments consommés : elle est par exemple de 50 % pour la vitamine A en Thaïlande, et de moins de 20 % pour la France. À quelques exceptions près, les pays les plus riches sont donc économiquement dépendants de cette pollinisation, tandis que les pays plus pauvres présentent une dépendance en matière de santé publique[59].
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En Europe, un projet STEP (Status and Trends of European Pollinators[60]) a démarré le 1er février 2010 pour identifier l’ampleur du déclin des pollinisateurs et des espèces végétales dépendantes, ainsi que l'importance relative des causes potentielles : perte d'habitat, engrais chimiques, pesticides et autres pollutions. Le projet vise aussi à établir des outils et supports de communication avec le public. Un autre projet triennal, BEE DOC (Bees in Europe and the Decline Of honeybee Colonies, « Abeilles d’Europe et déclin des colonies mellifères »[61]), a également démarré en mars 2010. Il concerne onze partenaires européens, dont l’INRA d’Avignon, des experts en pathologies des abeilles mellifères, en toxicologie, génétique et développement apicole.
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TED ; Présentation avec film illustrant les principales facettes de la Pollinisation
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La pollution est la dégradation d'un écosystème ou de la biosphère par l'introduction, généralement humaine, d'entités (physiques, chimiques ou biologiques), ou de radiations altérant le fonctionnement de cet écosystème[1].
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La pollution a des effets importants sur la santé et la biosphère, comme en témoigne l'exposition aux polluants et le réchauffement climatique qui transforme le climat de la Terre et son écosystème, en entraînant l'apparition de maladies inconnues jusqu'alors dans certaines zones géographiques, des migrations de certaines espèces, voire leur extinction si elles ne peuvent s'adapter à leur nouvel environnement biophysique.
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La Seconde Guerre mondiale est suivie d'une prise de conscience des répercussions des activités humaines sur l'environnement et la santé, parallèlement à l'approfondissement de l'écologisme et de l'écologie théorisée dès 1886 par Ernest Haeckel[2]. Les préoccupations de santé environnementale conduisent les gouvernements à prendre des mesures pour limiter l'empreinte écologique des populations humaines et pour contrer des activités humaines contaminantes.
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En 2012 selon l'OMS, plus de 7 millions de personnes sont mortes prématurément à cause de la pollution de l'air (extérieur et domestique) ; l'Asie et le Pacifique étant les régions les plus touchées[3].
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En 2017, le journal The Lancet a estimé qu'au moins 9 millions de personnes sont prématurément mortes en 2015 à cause de la pollution (soit une mort « prématurée », c'est-à-dire avant 65 ans, sur six)[4].
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Pollution vient du latin polluere (luo, « baigner », avec le préfixe por-) qui signifie « souiller en mouillant », « salir » et surtout « profaner »[5].
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Historiquement, la pollution est la profanation ou la souillure d'un objet ou d'une demeure sacrée par des substances impures[6]. Le mot a donc une origine clairement cultuelle[7]. Selon les universitaires François Jarrige et Thomas Le Roux, c'est en Grande-Bretagne que « le mot pollution apparaît dans le sens contemporain que nous lui connaissons : dans la sphère juridique, il est employé, semble-t-il pour la première fois en 1804, dans une cour de justice écossaise pour condamner des tanneurs ayant altéré une rivière par leurs rejets, par les expressions pollution of the stream et pollution of water »[8].
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La pollution est d'origine humaine (on parlera de pollution anthropique) ou non-humaine (ex. rejet de méthane des ruminants). Par extension, le mot englobe parfois les conséquences de phénomènes géologiques comme une éruption volcanique[9].
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Le Dictionnaire de l'environnement. Les termes normalisés[10] de l'AFNOR définit le polluant comme un altéragène biologique, physique ou chimique, qui au-delà d'un certain seuil, et parfois dans certaines conditions (potentialisation), développe des impacts négatifs sur tout ou partie d'un écosystème ou de l'environnement en général.
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Il est question de « pollution diffuse » lorsque les sources polluantes sont multiples (pots d'échappement, épandage de pesticides...), et de « pollution chronique » lors d'émissions répétées ou constantes de polluant, et parfois lorsqu'un polluant est très rémanent.
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La notion de pollution appelle donc celle de contamination d'un ou plusieurs composants des écosystèmes (air, eau, sol), d'un organisme (qui peut être l'être humain) ou d'un groupe d'organismes, ou ayant une incidence sur l'écosystème, au-delà d'un seuil ou norme. La contamination peut notamment s'étendre ou se modifier via le réseau trophique (chaîne alimentaire) (bioconcentration, bioturbation).
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La pollution est maintenant considérée par l'ONU comme la neuvième limite lanétaire, « d’une part, en raison de ses effets néfastes sur le développement physiologique de l’homme et sur le fonctionnement des écosystèmes ; d’autre part, car elle agit comme une variable lente qui affecte d’autres limites planétaires. En effet, la pollution chimique peut avoir des répercussions sur la limite « érosion de la biodiversité » en réduisant l’abondance des espèces et en augmentant potentiellement la vulnérabilité des organismes à d’autres menaces (changement climatique). Elle interagit également avec la limite « changement climatique » par les rejets de mercure dans l’environnement (via la combustion du charbon) et par les émissions de CO ₂ due s aux produits chimiques industriels (dérivés du pétrole) ». D'abord définie en 2009 comme « pollution chimique » (Rockström et al. ), induite par les éléments radioactifs, les métaux lourds et de nombreux composés organiques d’origine humaine présents dans l’environnement. Ce modèle conceptuel a été renommé : « introduction d’entités nouvelles dans la biosphère », et redéfini en 2015[11],[12], couvrant toutes les nouvelles substances et formes de substances nouvelles ou existantes ainsi que les formes de vie modifiées susceptibles d'avoir des effets indésirables sur les ��cosystèmes, les organismes vivants et la santé. Selon le CGDD (2019) « L'introduction anthropique de ces entités dans l’ environnement est d’autant plus préoccupante à l’échelle mondiale qu’elles sont persistantes, se déplacent et s’étendent sur de grandes échelles géographiques ». Les nanomatériaux et divers polymères posent des questions encore sans réponses en matière de santé environnementale. Certains polluants (chlorofluorocarbones, CO2) bien que faiblement présents dans l'air ont des effets majeurs sur la couche d'ozone stratosphérique et le climat.
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La science qui étudie les pollutions est la molysmologie.
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Une certaine pollution de l'air a toujours accompagné les progrès de la civilisation.
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La pollution commence dès la préhistoire, avec la maîtrise du feu : « la suie trouvée sur le plafond des grottes préhistoriques est une preuve évidente de ce que les foyers entraînaient un niveau élevé de pollution du fait d'une ventilation insuffisante »[13].
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La métallurgie de l'âge du bronze, puis de l'âge du fer, a marqué un tournant dans la pollution de l'environnement extérieur. Les carottages des glaciers du Groenland ont révélé un accroissement de la pollution associée à la métallurgie des Grecs, des Romains et des Chinois[14]. Mais à cette époque, la pollution était comparativement faible, et n'avait pas d'impact environnemental significatif.
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Les concentrations urbaines ont constitué la source majeure de pollution tout au long de notre histoire. Les villes concentraient la présence et les déjections de nombreux hommes et de chevaux, conduisant à des pollutions de l'air et de l'eau. La nécessité de les évacuer (dans l'eau courante du fleuve) a conduit aux premiers systèmes d'égouts comme le Cloaca Maxima. C'est à cause de la puanteur qu'elles dégagent que les tanneries ont de tout temps été excentrées et placées en aval des villes. La combustion massive de bois et de charbon conduit également à des pollutions de l'air. Ainsi, en Angleterre, Édouard Ier édicta en 1272 une proclamation interdisant l'usage de la houille bitumineuse à Londres, alors d'usage très courant, après que la fumée que produisait son usage massif soit devenu insupportable[15],[16].
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Le développement des métropoles aggrava le problème. Londres connu ainsi l'un des pires cas de pollution de l'eau avec la Grande Puanteur de 1858, qui entraîna la construction d'égouts à grande échelle et une nouvelle politique appelée « révolution sanitaire », et le mouvement hygiéniste[17]. Berlin était dans une situation similaire en 1870, comme en témoigne August Bebel :
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C'est la révolution industrielle qui a conduit la pollution aux niveaux connus de nos jours. La combustion massive de charbon amena la pollution de l'air à des niveaux sans précédents, les industries déchargèrent leurs effluents chimiques et leurs déchets sans traitements particuliers, polluant les cours d'eau, les nappes phréatiques et les sources d'eau potable.
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En Amérique, Chicago et Cincinnati furent les deux premières villes à passer des réglementations pour lutter contre la pollution de l'air. Vers le milieu du XXe siècle, le smog provoqué par les échappements automobiles était devenu un problème majeur dans des villes comme Los Angeles[19], ou Donora[20]. Londres connut son pire épisode de pollution atmosphérique avec le Grand Smog de 1952, dont on estime qu'il a pu faire 12 000 morts.
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D'autres catastrophes environnementales dues à de la pollution chimique massive conduisirent à une sensibilisation croissante de l'opinion : scandale de Love Canal, intoxications massives au mercure de Minamata au Japon, etc.
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C'est à la suite de tels événements que la préoccupation environnementaliste se développa, et que des lois et conventions internationales furent développées pour lutter contre la pollution.
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Les pollutions d'origine humaine, dites aussi anthropiques, ont de nombreuses formes en pouvant être locales, culturelles, ponctuelles, accidentelles, diffuses, chroniques, génétiques, volontaires, involontaires, etc.
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Cette pollution est une diffusion directe ou indirecte dans l'environnement de polluants. Ce sont souvent des sous-produits involontaires d'une activité humaine, comme les émissions des pots d'échappement ou des installations de combustion. Les déchets de produits de consommation courante (emballages, batteries usagées) jetés sans précautions dans l'environnement biophysique et dans l'environnement humain, constituent également une source de pollution très fréquente. Il peut aussi s'agir de phénomènes physiques (comme la chaleur, la lumière, la radioactivité, l'électromagnétisme, etc.).
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Le caractère impur ou malsain est généralement relatif car dépendant de la dose, de la durée d'exposition, d'éventuelles synergies, etc. Il est relatif :
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Des pollutions d'origine environnementale peuvent être dues :
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Parmi tous les polluants existants, il faut annoter que certains d'entre eux sont beaucoup plus nocifs que les autres, soit :
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Parmi ces substances nocives, on y retrouve généralement des composés tels que les POP (polluants organiques persistants), les PCB (polychlorobiphényls) et les métaux lourds.
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La pollution de l'air, provoquée par des polluants dits atmosphériques est souvent diffuse et donc plus délicate à réglementer efficacement dans un cadre local ou national que beaucoup d'autres formes de pollutions (de même pour les pollutions marines). Des conventions mondiales visent les polluants destructeurs de la couche d'ozone ou les gaz à effet de serre (tous capables de modifier le fonctionnement planétaire du monde vivant). Elle intègre la pollution biologique induite par des taux anormaux ou anormalement allergènes de microbes, virus, pollens ou de spores fongiques. Les effets allergènes (rhinite, conjonctivite, asthme) de ces particules biologiques sont en augmentation, et ils semblent souvent exacerbés par les polluants urbains, routiers et de l'industrie[21].
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Une mauvaise qualité de l'air peut tuer de nombreux d'organismes polluo-sensibles et causer des morts prématurées, via notamment des complications respiratoires, des maladies cardiovasculaires. Elle cause aussi une inflammation de la trachée, des douleurs abdominales et une congestion. Les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des problèmes pulmonaires ou cardiovasculaires y sont beaucoup plus vulnérables. Ainsi les enfants exposés aux pollutions automobiles développeraient plus facilement asthme, infections ORL, allergies respiratoires et cancers, les enfants en poussette étant particulièrement exposés à ce type de pollution[22].
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Des études estiment à 50 000 le nombre de victimes de la pollution de l'air aux États-Unis[23]. En Europe, la pollution de l'air est à l'origine de plus de 500 000 morts par an[24].
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En mars 2014, une grande partie de la France (30 départements) est en état d'alerte maximale[25], et Paris est plongé dans un épaisse brume de pollution, au point que la Tour Eiffel n'est presque plus visible[26]. En 2017, l’AEE (Agence européenne pour l’environnement) concluait que 500 000 européens mourraient chaque année prématurément (avant 65 ans) à cause de la pollution de l’air et une autre étude[27], de la revue médicale The Lancet a porté cette estimation à 6,5 millions de morts pour la planète en 2015[4], ce bilan étant selon les auteurs sous-estimé en raison du fait que beaucoup de produits potentiellement toxiques mis sur le marché n'ont jamais subi de tests de toxicité/écotoxicité et d’évaluation en matière de santé environnementale.
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La pollution de l'eau peut avoir diverses origines parmi lesquelles :
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La pollution des eaux cause 14 000 décès par jour, pollution principalement la conséquence de mauvais traitements des eaux usées dans les pays en voie de développement. Il est estimé que 700 millions d'indiens n'ont aucun accès à l'hygiène et qu'un millier d'enfants meurt chaque jour de diarrhée infectieuse[28]. Près de 500 millions de Chinois n'ont aucun accès à de l'eau potable[29].
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En 2009, l'Association Santé Environnement France et le WWF ont mené une étude sur l'imprégnation aux PCB des riverains du Rhône. Les conclusions du rapport ont mis en évidence un lien entre la consommation de poissons ainsi que le lieu de vie et le niveau d’imprégnation aux PCB[30].
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La pollution du sol peut être diffuse ou locale, d'origine industrielle, agricole (utilisation excessive d'engrais, de pesticides, etc. qui s'infiltrent dans les sols). Ces pollutions agricoles peuvent avoir plusieurs impacts sur la santé humaine en contaminant par bioaccumulation ou diffusion par ruissellement.
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La pollution chimique est provoquée par la présence dans l'environnement de substances chimiques qui, normalement, sont absentes ou s'y trouvent en très faible quantité. L'intoxication au mercure est, par exemple, lié à des déficits développementaux chez les enfants et à des symptômes neurologiques[31].
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La pollution électromagnétique correspond à l'exposition excessive, ou chronique, d'êtres vivants, ou d'appareils, à des champs électromagnétiques soupçonnés d'affecter leur santé, leur reproduction ou leur fonctionnement. Le risque dépend essentiellement de la puissance des champs électromagnétiques, des fréquences émises et de la durée d'exposition.
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La pollution sonore est souvent négligée, c’est la forme de pollution qui peut être aussi nuisible pour notre environnement. La pollution sonore en provenance de voitures et de l’industrie peuvent avoir un impact négatif sur l’écosystème, elle est subit par des animaux, effrayés ils changent leurs habitats préférés.
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La pollution sonore n’est pas seulement sur terre, mais aussi dans nos océans, principalement en raison des forages en mer excessifs. Les espèces de la mer, tels que les dauphins et les baleines, sont parmi les espèces les plus touchées, car elles s’appuient largement sur leur sens, la pollution sonore peut donc modifier leurs activités quotidiennes telles que la chasse d’une et la navigation, ce qui peut conduire à réduire les espèces.
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La pollution sonore cause une perte d'audition, de l'hypertension, du stress et des troubles du sommeil.
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Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé, 12,6 millions de personnes sont décédées en 2012 du fait d’avoir vécu ou travaillé dans un environnement insalubre, soit près d’un quart des décès dans le monde. Les facteurs de risque environnementaux, tels que la pollution de l’air (8,1 millions de décès), de l’eau et des sols, l’exposition aux substances chimiques, le changement climatique ou le rayonnement ultraviolet, contribuent à la survenue de plus de 100 maladies ou traumatismes. Les accidents vasculaires cérébraux (2,5 millions de décès par an), les cardiopathies (2,3 millions), les cancers (1,7 million) et les affections respiratoires chroniques (1,4 million) représentent aujourd’hui près des deux tiers des décès liés à des causes environnementales. On constate une baisse du nombre de décès entraînés par des maladies infectieuses, telles que les maladies diarrhéiques et le paludisme, souvent liées au manque d’eau, au défaut d’assainissement et à la mauvaise gestion des déchets. Cette baisse s’explique principalement par une amélioration de l’accès à l’eau potable et aux moyens d’assainissement. Ces décès sont surtout concentrés dans les régions de l'Asie du Sud-Est (3,8 millions), du Pacifique occidental (3,5 millions) et de l'Afrique (2,2 millions)[32].
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Un rapport publié en octobre 2017 dans la revue The Lancet évalue le bilan des maladies dues à la pollution à 9 millions de morts prématurées, soit 16 % de l'ensemble des décès survenus dans le monde en 2015, soit 15 fois plus que les décès dus aux conflits qui ont sévi sur la planète cette année-là. La pollution de l'air est responsable de 6,5 millions de décès (maladies cardiaques, AVC, cancers du poumon et broncho-pneumopathies chroniques) ; la pollution de l'eau causerait pour sa part la mort de 1,8 million de personnes par maladies gastro-intestinales et infections parasitaires, et la pollution sur le lieu de travail abrégerait la vie d'environ 800 000 personnes, du fait de leur exposition à des substances toxiques ou cancérigènes, chiffre probablement en dessous de la réalité, selon le rapport. À elles seules, l'Inde et la Chine représentent près de la moitié du total mondial des morts par pollution, avec respectivement 2,5 millions et 1,8 million de décès[33].
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Globalement, plus de 7 millions de morts étaient attribuables en 2012 aux effets des pollutions de l'air extérieur et domestique, et les régions de l'Asie et du Pacifique sont les plus touchées[34]. Au moins 656 000 individus meurent prématurément chaque année en Chine à cause de la pollution de l'air. En Inde, elle causerait 527 700 décès par an[35].
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Il est estimé que 700 millions d'Indiens n'ont aucun accès à l'hygiène et qu'un millier d'enfants meurent chaque jour de diarrhée infectieuse[28].
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Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (produits de la combustion des hydrocarbures) seraient responsables d'un ralentissement de l'activité cérébrale (réduction de la substance blanche dans le cerveau des enfants)[36].
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En 2017, une équipe de chercheurs chinois et taïwanais met en évidence un lien entre l'exposition aux particules fines présentes dans l'air et la qualité des spermatozoïdes humains. L'étude est selon les chercheurs qui l'on menée peu fiable, car comportant de nombreux biais environnementaux[37].
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Le philosophe australien Glenn Albrecht a montré que les changements environnementaux, d'une manière générale, ont un impact psychologique, qu'il appelle par le néologisme solastalgie, ou écoanxiété.
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Les animaux, ou la faune, ne sont pas immunisés contre l’effet de la pollution atmosphérique. Les polluants préoccupants comprennent les pluies acides, les métaux lourds, les polluants organiques persistants(POP) et d’autres substances toxiques.
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Pour mieux comprendre cet effet, il est important de se rappeler que les animaux comprennent une grande variété d’espèces, comme les insectes, les vers, les mollusques, les poissons, les oiseaux et les mammifères, dont chacune interagit différemment avec son milieu. Par conséquent, l’exposition et la vulnérabilité de chaque animal aux effets de la pollution atmosphérique peuvent aussi être différentes.
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La pollution atmosphérique peut être préjudiciable à la faune de deux principales façons :
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Plusieurs conventions internationales portent sur les pollutions marines, animées par les commissions OSPAR et HELCOM notamment.
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La Commission européenne a présenté le 9 février 2007 un projet de directive visant à condamner de manière uniforme au sein de l'Union européenne les crimes environnementaux[38]. Actuellement (février 2007), la définition varie fortement d'un État membre à l'autre, avec des sanctions jugées souvent « insuffisantes » par la Commission. Franco Frattini, le Commissaire chargé de la Justice, à la liberté et à la sécurité a déclaré que 73 % des « crimes verts » sont causés par les entreprises, il fallait donc les pénaliser plus fortement. C'est ainsi que des amendes allant de 750 000 euros à 1,5 million d'euros peuvent être infligées, ainsi que pour les personnes, des peines de prison allant de 5 à 10 ans[39].
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Les crimes pris en compte par ce projet sont notamment : émissions illicites de substances dangereuses, transport illicite de déchets et commerce illicite d'espèces menacées.
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D'un point de vue législatif, dans la plupart des pays, le mot « pollution » qualifie la contamination d'un milieu par un agent polluant au-delà d'une norme, seuil, loi, ou hypothèse ; il peut s'agir de la présence d'un élément, de chaleur ou rayonnement dans un milieu ou dans un contexte où il est normalement absent à l'état naturel. Généralement, néanmoins, ce n'est pas simplement la présence mais plutôt la surabondance de l'élément dans un milieu où il est naturellement en équilibre (par exemple un métal lourd fixé dans les complexes argilohumiques et peu biodisponible) ou présent en plus faible quantité qui crée la pollution.
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Selon l'article 1 de la Convention internationale OSPAR : « on entend par "pollution" : l'introduction par l'homme, directement ou indirectement, de substances ou d'énergie dans la zone maritime, créant ou susceptibles de créer des risques pour la santé de l'homme, des dommages aux ressources biologiques et aux écosystèmes marins, des atteintes aux valeurs d'agrément ou des entraves aux autres utilisations légitimes de la mer. »
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La législation européenne définit la pollution comme « l'introduction directe ou indirecte, par suite de l'activité humaine, de substances ou de chaleur dans l'air, l'eau ou le sol, susceptibles de porter atteinte à la santé humaine ou à la qualité des écosystèmes aquatiques ou des écosystèmes terrestres dépendant directement des écosystèmes aquatiques, qui entraînent des détériorations aux biens matériels, une détérioration ou une entrave à l'agrément de l'environnement ou à d'autres utilisations légitimes de ce dernier » et un polluant comme « toute substance pouvant entraîner une pollution, en particulier celles figurant sur la liste de l'annexe VIII »[40]. Ces définitions abordent le problème de l'eau et évitent celui des sols qui sera traité par le biais de la directive sol[41].
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De ce point de vue, en l'absence d'impact sur la santé ou sur le fonctionnement des écosystèmes marins, il n'y a pas de pollution au sens légal du terme (mais l'environnement peut être plus ou moins « marqué », de manière détectable, par des substances dont on sait par ailleurs qu'elles sont potentiellement polluantes à forte dose).
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En France, dans le domaine juridique, pour les produits soumis à des normes ou seuils, on ne devrait donc théoriquement parler de pollution que dans le cas de dépassement des seuils ou normes, ces seuils étant eux-mêmes fixés en fonction de l'impact biologique que les substances considérées peuvent avoir. Ceux-ci sont listés dans un rapport de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS)[42] qui rapporte des valeurs dans un même milieu avec des unités identiques, ce qui n'est pas toujours le cas dans les textes réglementaires. Les valeurs, en vigueur au 1er mars 2006, y sont données pour information. Il convient donc après cette date de vérifier qu'elles n'ont pas été modifiées ou abrogées, et de systématiquement se référer aux textes originaux.
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Inversement, en France, en l'absence de loi ou de normes spécifiques aux pollutions anciennes liées aux séquelles de guerre, des territoires que l'on sait très fortement contaminés (les forêts de la Zone rouge de Verdun par exemple) ne sont pas officiellement reconnues comme polluées[réf. nécessaire]. Aucune recommandation concernant les produits alimentaires issus de ces sols ne semble jamais avoir été émise par les autorités[réf. nécessaire] préfectorales ou ministérielles. Ceci vaut pour les champignons qui peuvent fortement accumuler les métaux lourds, mais aussi pour les sangliers.
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Depuis très longtemps, la justice ou les autorités cherchent en cas de pollution grave ou chronique à identifier les causes et les responsables.
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Au XXe siècle, les méthodes d'Investigation environnementale, parallèlement à l'évaluation environnementale se sont développées (en France, souvent sous l'égide des DRIREs (devenues DREALs) et des Agences de l'Eau depuis que ces entités existent.
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Alors que le droit de l'environnement se développe, et sur le modèle anglophone du mot forensic, on parle maintenant de « forensie environnementale » pour décrire les enquêtes et méthodes mobilisées par les experts appelés à chercher des preuves et des faits scientifiques utilisables devant un tribunal[43].
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Selon le type de pollution, il existe différentes associations qui agissent au quotidien : soit par des études scientifiques, soit par des mesures quotidiennes, soit par des actions locales, ou soit par de la prévention.
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On peut citer le projet CERPA, de l'AASQA qui mesure la qualité de l'air, et qui publie régulièrement des études scientifiques sur le sujet[44]. Ou encore, l'Association française de protection des plantes qui délivre des conseils recommandant l'utilisation de certains herbicides face à ceux composés de glyphosate.
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Il arrive que des associations dont le but premier n'est pas l'environnement ou la pollution effectue ce genre de taches, comme l'Association Française des Capitaines de Navires, qui effectue des mesures de la pollution liée aux Marée Noire, et aux déchets d'hydrocarbures lors de transports maritimes[45].
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Au niveau des actions locales, des nettoyages citoyens sont régulièrement organisés par des associations plus ou moins grandes, tels que Surfrider Foundation Europe et Let's do it! World.
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L'Association santé environnement France (ASEF) donne des conseils pour lutter contre la pollution interieure et protéger sa santé avec son petit guide vert du bio-air intérieur[46].
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Des atlas ou cadastres des pollutions se mettent peu à peu en place aux échelles communales à mondiales pour certains polluants, concernant les émissions et/ou les pollutions de stock.
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L'Europe dispose ainsi d'un registre européen des émissions polluantes (Eper) couvrant cinquante polluants (eau et air uniquement), émis par les principales (grandes et moyennes) installations industrielles. Il a permis de conclure[47][source insuffisante] mi 2007 à un « bilan mitigé ». Si on observe une diminution de deux tiers des cinquante polluants industriels suivis, notamment azotés dans l'eau (-14,5 % dans l'eau), phosphore (-12 % dans l'eau) et dioxines et furanes (-22,5 % dans l'air) ; ces améliorations sont contrebalancées par une hausse des émissions de certains polluants dont le CO2 que la commission espérait réduire grâce à l'introduction du système communautaire d'échange de quotas d'émission.
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L'Eper sera en 2009 remplacé par un Registre européen des rejets et des transferts de polluants (PRTR européen) construit à partir des données de 2007, cette fois pour plus de 91 substances d'industries dans 65 domaines d'activité. Et les émissions diffuses du trafic autoroutier, chauffage domestique et l'agriculture y seront ajoutées[48].
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En France, il existe un régime de déclaration annuelle obligatoire de certaines émissions polluantes et des déchets (par exemple pour les installations classées pour la protection de l'environnement et les exploitants de station d'épuration d'eaux urbaines[49].
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Au niveau local, des Samu de l'environnement se créent en France, dont l'objectif principal est de fournir des laboratoires mobiles capables de mesurer rapidement et sur site pollué plusieurs centaines de paramètres physico-chimiques et biologiques.
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la pollution biotique est encore mal mesurée[50]
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L'étude de l'impact d'un polluant relève du domaine de l'écotoxicologie. Il est cependant difficile de mesurer l'impact de polluants multiples agissant en synergies, comme cela est le cas par exemple pour le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles. L'application de l'écotaxe ou du principe pollueur-payeur a nécessité que l'on crée des indices de pollution et bioindicateurs[51]. L'une des unités retenues en France est le métox, mais uniquement pour huit polluants de type métaux et métalloïdes (arsenic, cadmium, chrome, cuivre, mercure, nickel, plomb et zinc[52]).
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La Croix verte internationale, en collaboration avec le Blacksmith Institute, a rendu un rapport[53] en 2013, concernant les 10 sites les plus pollués au monde, se trouvant dans 8 pays. Ces lieux pollués menacent gravement la santé de centaines de milliers de personnes par inhalation directe, ingestion d'aliments ou contact cutané. Parmi ces sites, figurent :
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Selon L'Atlas de la France toxique (2016), les villes françaises les plus polluées sont Marseille, Paris et Lyon. « Marseille est la ville la plus polluée en ce qui concerne les particules fines », « Lyon prend la tête du classement des sites sensibles et contaminés, avec 68 sites représentant un danger sérieux pour la population », « Paris est la ville la plus radioactive avec 36 sites de stockage des déchets nucléaires[54]. Lyon et Marseille se partagent la deuxième place de ce classement, avec 14 sites de stockage des déchets nucléaires »[55].
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Les villes les moins polluées se situent généralement dans l'ouest de la France : Vannes, Limoges, Brest[56].
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Les zones rurales ne sont pas épargnées du fait notamment de leur utilisation intensive de pesticides.
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Une commission d’enquête du Sénat indique que la pollution de l'air représente un coût annuel de 101,3 milliards d’euros[57].
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La pollution de l'air a deux origines, l'une interne, l'autre externe :
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Les émissions de particules fines en France proviennent du chauffage domestique (34 %), de l'industrie (31 %), de l'agriculture (21 %), et des transports (14 %). Une partie des particules provient aussi de rejet de zones industriels et de centrales à charbon de l'étranger.
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En 2000, les particules fines provoquaient 42 000 décès prématurés chaque année dans la population de plus de 30 ans[58].
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En 2016, les décès provoqués par cette pollution liée aux activités humaines (transports ; industrie ; chauffage avec des énergies fossiles comme le fioul ; agriculture, etc.) correspondent à 9 % de la mortalité en France continentale (hors Corse et outre-mer, soit près de 62 millions d'habitants), d'après une étude de Santé publique en France.
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« Le fardeau (le poids sanitaire) de la pollution de l'air (48 000 morts par an) se situe au troisième rang, derrière celui du tabac (78 000 morts par an) et de l'alcool (49 000 morts) », souligne le professeur François Bourdillon, directeur général de cet organisme public, selon lequel il s'agit d'une « espèce de mortalité invisible ».
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Cette pollution représente « une perte d'espérance de vie pour une personne âgée de 30 ans pouvant dépasser deux ans », souligne l'étude. La perte d'espérance de vie est, en moyenne, plus élevée dans les grandes villes (15 mois et plus), mais elle n'épargne pas les zones rurales (neuf mois)[59].
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Le docteur Gilles Dixsaut met en garde contre la pratique du jogging en milieu urbain, en raison de l'hyperventilation pendant l'effort : « La pollution fait diminuer l’espérance de vie des Parisiens de six mois en moyenne, et il est probable que la pratique du sport en milieu pollué augmente les risques de pathologies respiratoires comme les cancers du poumon », estime le médecin, membre du comité stratégique de la Fondation du Souffle contre les maladies respiratoires. « [...] À Paris la place Victor-et-Hélène-Basch (dans le 14e), le boulevard Haussmann (dans le 9e) et les Champs-Élysées (dans le 8e) sont les artères les plus empoisonnées de la capitale »[60].
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Cependant, une étude de 2016[61] permet de déterminer le seuil en deçà duquel les bienfaits de l'exercice physique restent supérieurs aux méfaits de la pollution de l'air. Ainsi, à Paris, il faudrait pédaler pendant plus de 8 h pour dépasser ce seuil.
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Depuis le 1er janvier 2012, les bâtiments accueillant du public doivent contrôler régulièrement les moyens de ventilation et la qualité de l'air intérieur[62]. De nombreuses avancées ont vu le jour notamment dans les habitations grâce à la ventilation mécanique par insufflation qui permettent de réduire considérablement la pollution de l'air intérieur[63].
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La Base de données du ministère de l'Écologie et du Développement durable sur les sites pollués[64] permet d'établir une carte des sols pollués en France.
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La loi no 92-3 sur l'eau du 3 janvier 1992 vise une gestion globale de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Elle s'appuie sur des principes de partage de cette ressource entre les usagers et de protection des écosystèmes. Elle soumet à un régime de déclaration et d'autorisation (selon le même principe que la réglementation sur les I.C.P.E) certaines installations, ouvrages et travaux entraînants un prélèvement sur les eaux superficielles ou souterraines, une modification du niveau ou du mode d'écoulement des eaux ou un rejet. La mission inter-service de l'eau (MISE), regroupement départemental des services de l'État (DDASS, DDAF, DDE, DRIRE, DIREN…) est chargée d'assurer la police de l'eau.
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Afin de permettre une gestion équilibrée de l'eau, la France a été découpée en six bassins versants hydro-géographiques principaux. Sur chacun de ces bassins les modalités de cette gestion sont définies dans un Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Ce document se développe en trois points : un état des lieux des milieux aquatiques, et des ressources ; les objectifs de gestion, de qualité et de quantités à atteindre ; et les mesures à prendre pour satisfaire ces objectifs.
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Afin de permettre une gestion plus proche des exigences locales, un outil à l'échelle de plus petites unités hydro-géographiques (sous-bassins) a été mis en place : le Schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE).
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Dans de nombreux pays, une réglementation sur certaines installations classées vise les installations susceptibles de présenter un danger pour l'environnement, le voisinage ou la personne. Ces installations appelées en France ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement), répertoriées dans une nomenclature, sont tenues avant leur mise en activité ou avant un changement ou une diversification de leur activité de présenter au préfet un dossier répertoriant toutes les nuisances qu'elles sont susceptibles de provoquer et les moyens qu'elles comptent mettre en œuvre pour les prévenir et les réparer le cas échéant. Ces activités répertoriées soit simplement déclarées (dépôt du dossier avec récépissé attestant que le dossier est complet et conforme à la législation, soit soumises à autorisation (pour les installations présentant les risques les plus importants).
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Des taxes et redevances sont dues pour certaines pollutions, en vertu du principe du pollueur-payeur, qui fait assumer la charge financière de la prévention, de la réduction et de la lutte contre la pollution au pollueur.
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Dans cette optique, les équipements et produits polluants sont plus taxés (par des écotaxes) que des produits dits écologiques.
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Une redevance pour pollutions diffuses est par exemple due par les distributeurs de pesticides et de semences pré-enrobées. Son assiette est basée sur une liste de substances (actualisée annuellement en fonction des évolutions de la connaissance ou de la réglementation)[68].
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Les nouvelles listes sont mises en consultation publique par le ministère de l'Environnement, avec le projet d'arrêté d'actualisation. Par exemple en 2016, de nouveaux pesticides (Métobromuron, l'Éthoprophos et le Fenpyrazamine) entrent dans la liste alors que le Phosphure d'hydrogène en sort et que d'autres évoluent dans le classement (ex : le Fluopyram classé CMR passe dans la liste des substances classées en raison de leur danger pour l'environnement alors que L'Imazalil (enilconazole) et le Valifenalate subissent le chemin inverse, selon le projet qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2017[69].
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Des incitations financières, comme des réductions d'impôts encouragent le développement des énergies renouvelables. Et lors d'une catastrophe écologique (comme une marée noire), le pollueur est censé assumer le nettoyage des zones contaminées.
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En Chine, la qualité de l’air ne respecte pas les normes de l’Organisation mondiale de la santé dans 495 des 500 plus grandes villes du pays ; un cinquième des terres cultivables sont polluées, selon un chiffre officiel longtemps caché par l’État, et très probablement sous-évalué ; la qualité de l’eau est aussi très mauvaise : près d’un tiers des rivières sondées par le ministère de l’Environnement contient des eaux considérées comme dangereuses pour le simple contact avec la peau. Une nouvelle loi de protection de l’environnement a été créée en 2015, avec des amendes quotidiennes, et nettement plus dissuasives qu’auparavant, pour les pollueurs, ainsi que des inspections pour vérifier les émissions de polluants des usines ; 180 sociétés, souvent de grands groupes d’État, se sont vu intimer l’ordre de publier quotidiennement leurs niveaux d’émission de polluants[70].
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Le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople s’est exprimé à plusieurs reprises pour inviter les êtres humains à reconnaître les péchés contre la création : « Que les hommes dégradent l’intégrité de la terre en provoquant le changement climatique, en dépouillant la terre de ses forêts naturelles ou en détruisant ses zones humides ; que les hommes portent préjudice à leurs semblables par des maladies en contaminant les eaux, le sol, l’air et l’environnement par des substances polluantes, tout cela, ce sont des péchés »[71].
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La pollution de l'environnement a été évoquée comme une forme moderne du péché par Mgr Gianfranco Girotti, régent de la Pénitencerie apostolique, le 9 mars 2008. Ces nouvelles formes modernes de péché qu'il a citées ne sont néanmoins pas de nouveaux péchés capitaux, Mgr Gianfranco Girotti a notamment insisté sur la définition collective du péché, alors que l'accent est traditionnellement mis sur la dimension individuelle : « Alors que le péché concernait jusqu’à présent plutôt l’individu, aujourd’hui, il a une résonance sociale, en raison de la mondialisation »[72],[73],[74].
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Pour Mgr Paul Ruzoka, évêque de Cigoma en Tanzanie, le « péché contre la terre », est un péché social ou structurel[75].
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République de Pologne
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52° 13′ 56″ N, 21° 00′ 30″ E
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La Pologne, en forme longue république de Pologne[a] (en polonais : Polska ; [forme longue] Rzeczpospolita Polska[b]), est un État d'Europe centrale, frontalier avec l'Allemagne à l'ouest, la Tchéquie au sud-ouest, la Slovaquie au sud, l'Ukraine à l'est-sud-est et la Biélorussie à l'est-nord-est, enfin la Lituanie et l'enclave russe de Kaliningrad au nord-est. Avec une population de 38 millions d'habitants, la Pologne est le trente-quatrième pays le plus peuplé au monde. Elle est divisée en voïvodies, districts (powiat) et communes (gmina). C'est une république parlementaire qui a pour monnaie nationale le złoty. Elle est membre de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004, du Conseil de l'Europe, du groupe de Visegrád, de l'Organisation mondiale du commerce et de l'Organisation des Nations unies.
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De nombreux historiens situent la formation de la Pologne en 966, avec Mieszko Ier. Le royaume de Pologne est fondé en 1025. En 1569, une association politique liant ce royaume au grand-duché de Lituanie, par l'union de Lublin, donne naissance à la République des Deux Nations, une monarchie élective. Celle-ci est dissoute entre 1772 et 1795 lorsque le territoire de la Pologne est partagé entre la Prusse, l'Empire russe et l'Autriche. C'est en 1918, après la Première Guerre mondiale, que la Pologne retrouve son indépendance et qu'elle devient une république.
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Le 1er septembre 1939, à la suite de la signature du Pacte germano-soviétique, son invasion par le Troisième Reich est l'événement déclencheur de la Seconde Guerre mondiale. Deux semaines plus tard, l’allié soviétique de l'Allemagne passe également à l’attaque, prenant ainsi l'armée polonaise en tenaille : la défaite est rapide, avec des pertes importantes, de part et d’autre, en dépit de la brièveté de l’affrontement. Le pays est immédiatement partagé entre les deux assaillants. En 1941, l'Allemagne repousse son ancien allié soviétique jusqu'à Moscou, et occupe seule jusqu'en 1944 l'ensemble du territoire polonais qui est asservi et devient notamment, avec l'Ouest de l'Union soviétique, le lieu de meurtres de masse commis par les nazis, dont l'essentiel de la Shoah. En 1944, un gouvernement provisoire est formé sous le contrôle de l'Union soviétique, qui fait de la Pologne d'après-guerre l'un de ses États satellites ; en 1952, la république de Pologne est rebaptisée « république populaire de Pologne ». En 1989, le gouvernement communiste est tenu en échec lors des premières élections semi-libres ; il doit céder la place : une république parlementaire est restaurée. Dans la décennie et demie qui suit, la Pologne rejoint l'Alliance atlantique puis l'Union européenne.
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La culture polonaise est riche : dix-sept sites sont classés dans le patrimoine mondial de l'UNESCO et cinquante-quatre sites historiques nationaux sont répertoriés.
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L'histoire de la Pologne commence véritablement au Xe siècle, sous le règne de Mieszko Ier, duc des Polanes (de la dynastie Piast), qui convertit la Pologne naissante au christianisme en 966, puis, par le couronnement de son fils Boleslas Ier le Vaillant, le premier roi de Pologne, sacré en 1025. La Pologne devient rapidement au Moyen Âge une puissance régionale, tout en essayant régulièrement de sortir de l'influence du Saint-Empire romain germanique, et de repousser le « Drang nach Osten ». C'est ainsi qu'à partir du XIIe siècle, le royaume de Pologne doit lutter contre les chevaliers Teutoniques qui ont colonisé la Prusse et une partie de la Poméranie.
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Le pays atteint son apogée aux XVe et XVIe siècles sous la dynastie des Jagellon, après l'union du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie, donnant naissance à la république des Deux Nations, l'un des plus grands pays d'Europe. Cependant, durant le XVIIe siècle et surtout le XVIIIe siècle, la République est engagée dans de nombreux conflits militaires qui lui font perdre une grande partie de sa superficie, notamment sous le coup de l'expansion de l'Empire russe. À la fin du XVIIIe siècle, après trois partages, le territoire de la république des Deux Nations est divisé entre la Prusse, l'Autriche et l'Empire russe.
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La Pologne ne recouvre que brièvement son indépendance, de 1918 à 1939, puis est à nouveau envahie par l'Allemagne nazie et l'URSS qui se partagent le pays, précipitant l'Europe dans la Seconde Guerre mondiale et provoquant la mort de près de six millions de Polonais. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS conserve la partie orientale de la Pologne, qui en contrepartie acquiert les territoires de la Poméranie, de la Prusse-Orientale et de la Silésie, régions allemandes depuis plusieurs centaines d'années. Joseph Staline impose la mainmise des Soviétiques sur le pays : la république populaire de Pologne est instituée en 1952, le régime communiste tient jusqu'en 1989. Après avoir retrouvé toute son indépendance, le pays devient membre de l'OTAN en 1999, de l'Union européenne en 2004 et tourne progressivement la page de l'économie planifiée au cours des décennies 1990 et 2000.
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Dans les années 2010, l'économie polonaise est l'une des plus dynamiques d'Europe[7]. C'est le seul État européen à ne pas avoir connu la récession[8] lors de la crise économique qui frappe les pays développés en 2008.
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Fondée au Xe siècle par les Polanes, la Pologne devient au Moyen Âge une puissance incontournable en Europe centrale. Son premier souverain est Mieszko Ier, fondateur de la dynastie Piast qui règne sur la Pologne de 966 à 1370. La capitale est alors Gniezno, au nord de la Posnanie.
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Poste avancé de l'Occident catholique romain et cible du Drang nach Osten, la poussée germanique vers l'est, elle fait face aux mondes orthodoxe (en Russie, Biélorussie et Ukraine), païen (les Baltes sont tardivement christianisés), et musulman avec la poussée turco-mongole. Située au carrefour de plusieurs mondes, et dépourvue de frontières naturelles, la Pologne est extrêmement exposée aux invasions. L'invasion de la Horde d'or mongole de 1248 à 1275 ruine le pays. Casimir III le Grand, dernier roi de la dynastie des Piast, unifie la Pologne.
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En 1386, la reine de Pologne, Hedwige d'Anjou et le grand-duc de Lituanie, Ladislas II Jagellon signent l’accord de l’union de Krewo qui marque le commencement de l'union de Pologne-Lituanie, sous la dynastie lituanienne des Jagellon. La dynastie Jagellon réunit pour une petite période les couronnes de Bohême (1471-1526) et de Hongrie (1490-1526) à celle de Pologne.
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La république des Deux Nations (Rzeczpospolita Obojga Narodów), extension de l'Union de Pologne-Lituanie, en existence depuis 1386, est concrétisée par la signature, en 1569, du traité de l'Union de Lublin qui unit le royaume de Pologne et le Grand-duché de Lituanie en un seul État. Le royaume couvre alors un territoire qui va de la mer Baltique à la mer Noire et jusqu'aux portes de Moscou. La capitale est alors Cracovie, en Petite-Pologne.
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La Rzeczpospolita est un système politique inédit depuis la Rome antique, où l'aristocratie exerce une sorte de démocratie parlementaire. Le roi est en effet élu par ses pairs. C'est le principe de la monarchie élective. Cette « république » donne le droit de vote à la seule szlachta, mais cette noblesse polonaise représente toutefois presque 15 % de la population et plus encore autour de Varsovie, devenue capitale en 1596. Les nobles obligent le roi à céder de ses prérogatives, notamment en ce qui concerne les impôts, l'armée et la justice. Ainsi, le monarque polonais, à l'époque où les monarchies européennes « s'absolutisent », est au contraire affaibli.
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La tolérance religieuse est une autre caractéristique majeure de la Rzeczpospolita. Si la majeure partie des paysans est restée catholique (dans les années 1980, 9 Polonais sur 10 sont baptisés), de nombreux nobles se sont convertis au protestantisme, luthéranisme, mais surtout calvinisme. La Pologne a donné abri, en particulier dans la ville de Leszno, aux Frères tchèques qui veulent échapper à la re-catholicisation de la Bohême entreprise par les Habsbourg.
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Enfin, la Rzeczpospolita compte alors une très importante population juive (5 à 10 % de la population totale), en particulier dans les villes et surtout dans la partie orientale du pays.
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Mais, cette tolérance religieuse se réduit progressivement au XVIe siècle, en particulier après 1655, quand la Suède protestante envahit la Pologne et est arrêtée à Częstochowa, devant le sanctuaire marial de Jasna Góra, dont le prieur, Augustyn Kordecki, est à la tête de troupes numériquement très inférieures. Le règne de Jean III Sobieski (1674-1696) est marqué par la construction, à partir de 1677, du palais de Wilanów à Varsovie, et par la victoire de ses troupes en 1683, appelées en renfort par les puissances européennes et le Pape pour faire face à une offensive turque de grande ampleur sous les murs de Vienne. Cette victoire militaire a une conséquence politique importante, car les Habsbourg, traditionnels rivaux des Polonais, sont sauvés et partagent plus tard le pays avec la Russie et la Prusse. Cette victoire est aussi à l'origine des croissants, les premières viennoiseries[9], dont la forme rappelle le symbole du drapeau ottoman.
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La Rzeczpospolita est peu à peu victime d'un long déclin, du fait de son système politique anarchique, et des nombreuses invasions (suédoises, russes, turques, prussiennes). À la fin du XVIIIe siècle, la Pologne perd son indépendance, les partages de la Pologne se succèdent entre 1772, 1793 et 1795.
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La première partition de la Pologne, en 1772, conduit à un sursaut civique. Ce sursaut mène en 1791 à la proclamation de la Constitution polonaise du 3 mai 1791, nettement moins « révolutionnaire » que celle de la France, mais, néanmoins perçue comme trop dangereuse pour ses voisins, d'où le deuxième partage, qui provoque une révolte menée par un héros de la guerre d'indépendance américaine, Tadeusz Kościuszko. Cette révolte sert de prétexte au troisième partage, quand le royaume de Pologne est rayé de la carte.
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Tout au long du XIXe siècle, exception faite de la fin de la période napoléonienne avec le duché de Varsovie, la Pologne est niée comme entité nationale, écartelée, partagée entre la Russie, la Prusse (puis l'Allemagne), et l'Autriche (puis l'Autriche-Hongrie).
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Cette période est marquée par une succession de révoltes et d'insurrections nationales, notamment :
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Dans les années 1890 des dizaines de milliers de travailleurs polonais émigrent en Allemagne vers la Ruhr pour s'embaucher dans les mines de charbon. À la fin de la Première Guerre mondiale, certains reviennent en Pologne mais la plus grande partie est embauchée par les industriels français souhaitant relancer leur économie, en raison de leur savoir-faire. Environ 50 000 d'entre eux arrivent ainsi en France au début des années 1920, dont près des deux tiers dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais[10].
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La Pologne ne recouvre son indépendance qu'en novembre 1918 et fonde alors une Deuxième République, dont l'indépendance est reconnue par le petit traité de Versailles en juin 1919. Dès son indépendance, la guerre soviéto-polonaise de 1919-1921 l'oppose à la Russie bolchévique.
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Comme dans la plupart des pays d'Europe du Centre-Est, à l'exception de la Tchécoslovaquie, les idéaux démocratiques des premiers temps durent peu. Le régime évolue vers une forme semi-autoritaire, notamment sous l'influence du maréchal Józef Piłsudski, qui prend le pouvoir en 1926, tout en conservant des élections libres.
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La Pologne est envahie par les forces allemandes et slovaques le 1er septembre 1939 (campagne de Pologne), déclenchant la Seconde Guerre mondiale. La Wehrmacht atteint les faubourgs de Varsovie en sept jours grâce à sa stratégie du « Blitzkrieg » et à sa supériorité technologique (la ville ne capitule cependant que le 28 septembre 1939). Conformément aux accords secrets du Pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939, soit une semaine avant le début de l'invasion allemande, l'URSS envahit à son tour la Pologne, à partir du 17 septembre.
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Au début de la guerre, le président de la République Ignacy Mościcki et le gouvernement polonais pensent obtenir droit de passage en Roumanie, le 17 septembre 1939, après l'invasion soviétique de la Pologne, mais sont internés par les autorités roumaines sous la pression allemande. En vertu de la Constitution polonaise d'avril 1935 qui le prévoit explicitement, le président de la République transmet alors sa charge, le 29 septembre 1939, à un successeur désigné, Władysław Raczkiewicz qui nomme comme Premier ministre le général Władysław Sikorski.
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Le Gouvernement polonais en exil est constitué et accueilli en France, à Paris, puis Angers. Le président de la République et les divers ministères polonais s'installent au château de Pignerolle (au sud-est d'Angers) ainsi qu'à Angers même, ce dès novembre 1939, qui devient de fait la capitale politique de la Pologne, à titre temporaire. Le gouvernement officiel polonais en exil officie jusqu'à l'invasion de la France par les troupes allemandes en juin 1940. Refusant l'armistice que l'allié français cherche à imposer aux troupes polonaises reconstituées sur le sol français, les autorités polonaises en exil se réfugient alors à Londres pour continuer le combat.
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La Pologne en tant qu'État (388 390 km2 en 1939) disparaît donc pour la quatrième fois de son histoire, partagée cette fois-ci entre l'Allemagne nazie (216 219 km2) et l'Union soviétique (172 171 km2). Le régime nazi annexe une partie du territoire qu’il contrôle et instaure dans le reste (un quart du territoire de 1939) une administration subordonnée, le « Gouvernement général ». La partie envahie par l'URSS est annexée puis répartie entre ses deux républiques soviétiques : la Biélorussie et l’Ukraine. Dans cette partie orientale, l'armée soviétique est diversement accueillie par les populations locales majoritairement biélorusses, juives et ukrainiennes (devenues polonaises en 1920 à la suite de la paix de Riga)[11] qui craignent les réquisitions et le NKVD, lequel les dresse les unes contre les autres en encourageant la délation[12].
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Des deux côtés, les nazis et le NKVD procèdent à l'éradication de l'élite polonaise : côté est, intellectuels, officiers, fonctionnaires, religieux, propriétaires terriens sont déportés en URSS, voire assassinés comme à Katyń ; côté ouest, les nazis entendent ouvertement transformer les Polonais, considérés comme des « sous-hommes », en un « peuple d'esclaves » et plongent le pays dans une terreur totale et meurtrière, responsable de la disparition en six ans de près de 20 % de la population totale. Dès les premiers jours, les élites polonaises sont systématiquement exterminées par les Einsatzgruppen et le SD, entraînant la mort de plus de 50 000 membres du clergé, de l'aristocratie, du corps enseignant et universitaire. Les théâtres, les séminaires, les journaux, l'enseignement secondaire et supérieur sont fermés. Deux millions de civils sont raflés et envoyés au travail forcé dans le Reich, où ils subissent mauvais traitements et discriminations systématiques. Tortures, pendaisons de masse et massacres de villages entiers deviennent quotidiens.
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À partir de l'été 1941, date du déclenchement de l'invasion de l'Union soviétique par laquelle l'Allemagne rompt avec son allié de 1939, la Pologne devient aussi le terrain principal de la mise en œuvre du génocide des Juifs d'Europe occupée par l'Allemagne nazie. Spoliée, terrorisée et réduite à une grande misère dans des ghettos surpeuplés et affamés (dont le ghetto de Varsovie, rasé après son insurrection du 19 avril 1943, ou celui de Cracovie), la communauté juive de Pologne, jusque-là la première du monde par l'effectif, est anéantie à 97 %. Les moyens de cette extermination sont les fusillades, les camions à gaz et les chambres à gaz des camps d'extermination de Belzec, Sobibor, Treblinka, Maidanek, Chełmno et surtout Auschwitz-Birkenau, où périrent au total un million de Juifs déportés de toute l'Europe, ainsi que 30 000 Roms et des résistants, notamment polonais catholiques.
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Durant la guerre et, en particulier, à partir de 1942, les autorités polonaises en exil, alimentées en informations de première main par la Résistance intérieure, fournissent aux gouvernements alliés et aux opinions publiques du monde libre les rapports les plus précoces et les plus précis sur l'extermination en cours des populations juives — et appellent en vain à des actions spécifiques pour mettre fin à l'extermination[13].
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En 1943, l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) massacre entre 40 000 et 60 000 civils polonais en copiant les méthodes des nazis sur la purification ethnique[14],[15].
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En tout, la terreur nazie fait périr trois millions de Polonais catholiques et autant de Polonais juifs. Une puissante résistance, autour de l'Armia Krajowa (AK), parvient à mettre sur pied un véritable État clandestin, disposant de ses ministres, de sa justice, de son administration et de son réseau d'enseignement secret. Du 1er août au 2 octobre 1944, l'insurrection de Varsovie est réduite par les nazis au prix de la mort de 200 000 personnes et de la destruction à 85 % de la capitale polonaise[16], à laquelle l'Armée rouge, arrêtée aux portes de la ville, n'apporte volontairement aucune aide, favorisant ainsi l’élimination rapide de l'élite non communiste.
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Comme au XIXe siècle, les armées polonaises luttent sur de nombreux fronts, en France en 1940, dans le ciel de Londres pendant le Blitz, ou de l'Afrique du Nord à l'Italie en passant par la Normandie. À partir de 1941, elles constituent par leurs effectifs la 4e armée alliée lors du conflit aux côtés des soldats soviétiques, américains, britanniques et français, et même la 2e armée alliée (après la Grande-Bretagne) après la défaite française de 1940 et avant le changement de camp de l’Union soviétique en juin 1941. Des exilés participent aussi à la Résistance intérieure française, notamment dans l’Organisation polonaise de lutte pour l'indépendance (la POWN)[17] particulièrement active dans le Nord de la France ou au sein du réseau F2, intégralement polonais lors de sa création.
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À la fin du second conflit mondial, la Pologne, pourtant pays allié, perd 75 711 km2 par rapport à son étendue de 1939 et est déplacée de 300 km en moyenne vers l'ouest, laissant ses territoires orientaux (notamment la Polésie et la Galicie orientale) à l'URSS, mais recevant en échange le sud de la Prusse-Orientale, la Poméranie orientale et la Silésie prises au Troisième Reich, et en grande partie vidées de leurs habitants allemands, installés là depuis près de huit siècles. Dans cette nouvelle Pologne qui retrouve grosso-modo ses frontières du XIIIe siècle, les Soviétiques imposent le PKWN pro-communiste au pouvoir : le pays devient une république dite « populaire » (mais en fait une dictature à parti unique) membre du Pacte de Varsovie.
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En juin 1956, un soulèvement ouvrier à Poznań annonce les manifestations massives d'octobre 1956, qui obligent les Soviétiques à accepter l'arrivée au pouvoir de Władysław Gomułka, un communiste réputé réformateur (en partie à tort). Celui-ci est évincé en 1970 au profit de Edward Gierek lors de grèves ouvrières importantes contre la hausse des prix alimentaires. En 1968, après la guerre des Six Jours, le régime tente de faire diversion par une campagne antisémite responsable du départ de la plupart des derniers Juifs de Pologne.
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En août de la même année, l'armée polonaise est obligée de participer, avec quatre autres pays du « bloc de l'Est » à l'occupation soviétique de la Tchécoslovaquie. Elle s'en retire rapidement, mais l'intervention laisse des traces[Lesquelles ?]. Pour protester contre cette occupation, le Polonais Ryszard Siwiec s'immole à Varsovie le 8 septembre 1968. Son suicide reste très longtemps méconnu car le régime parvient à étouffer toute information le concernant. Ce n'est qu'en 1991 que le cinéaste Maciej Drygas peut tourner une très belle reconstitution documentaire sur Siwiec, « Uslysczie moj kryk » (« Entendez mon cri ») diffusée en 2007 par Arte[18].
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Dans les années 1970 et 1980, de violentes révoltes éclatent à nouveau dans le pays. Dans ce climat, l'élection sur le trône de Saint-Pierre de l'archevêque de Cracovie, Karol Wojtyła (Jean-Paul II), en octobre 1978, est vécue par les autorités communistes comme une provocation.
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En 1980 naît le syndicat indépendant Solidarność (« Solidarité »), dirigé par Lech Wałęsa, d'abord interdit, puis reconnu à contre-cœur par les autorités. Celui-ci regroupe vite plusieurs millions d'ouvriers soutenus par les intellectuels réformateurs. Le général Wojciech Jaruzelski déclare la loi martiale dans la nuit du 12 au 13 décembre 1981[19] : la plupart des meneurs du syndicat sont internés pendant plusieurs mois. La mort de Léonid Brejnev en novembre 1982 à Moscou anticipe leur libération (Lech Wałęsa est d’ailleurs libéré le jour des funérailles de l’ancien maître du Kremlin). Malgré l’instauration de l’état de siège, le pouvoir communiste ne parvient pas à étouffer la fronde syndicale et les revendications populaires, les grèves et les manifestations ne faisant que s'amplifier d'année en année.
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En 1989, le général Wojciech Jaruzelski cumule les fonctions de chef de l'État (président du Conseil d’État de la république populaire de Pologne) et de Premier secrétaire du Parti ouvrier unifié polonais (le POUP) dans un climat de révolte généralisée. Incapable de réinstaurer une « normalité socialiste », le pouvoir est contraint de tenir des « Tables rondes », réunions entre le gouvernement et le syndicat Solidarność (de fait reconnu comme un interlocuteur incontournable), qui permettent la tenue d’élections législatives partiellement libres ; celles-ci ont lieu en juin 1989 et consacrent une large victoire aux membres de Solidarność et à leurs alliés. Les termes de l’accord conclu à l’issue des « Tables rondes » prévoyant une candidature unique à la fonction nouvellement créée de président de la République, Wojciech Jaruzelski est le premier à occuper ce poste, mais sa légitimité est quasi nulle : il nomme un tout dernier gouvernement communiste qui tient à peine deux mois avant de se résoudre à appeler Tadeusz Mazowiecki pour former le premier gouvernement non communiste depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (le 24 août 1989), événement qui provoque, d'abord un exode d'Allemands de l'Est vers la Pologne, et moins de trois mois plus tard la chute du mur de Berlin.
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Le 1er janvier 1990, la IIIe République est proclamée ; des élections présidentielles ont lieu au cours de cette même année, celles-ci sont largement remportées par Lech Wałęsa, mais l’instabilité politique demeure : Mazowiecki démissionne en janvier 1991, remplacé par l’économiste libéral Jan Krzysztof Bielecki, qui démissionne à son tour en décembre de la même année, puis par Jan Olszewski (jusqu’en juin 1992). C'est à cette époque qu'est institué entre l'Allemagne, la France et la Pologne le « triangle de Weimar », cadre de rencontres régulières visant alors à permettre de soutenir activement le rapprochement de la Pologne au système de sécurité transatlantique de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (l'OTAN) et de préparer au mieux sa future adhésion à l'Union européenne (l’UE). Ces deux objectifs sont couronnés de succès : la Pologne intègre l'OTAN en 1999 et adhèrera à l'UE le 1er mai 2004.
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En 1992 Waldemar Pawlak, le leader du Parti paysan, tente de former un gouvernement. Au terme de 33 jours de négociations infructueuses, c’est finalement Hanna Suchocka qui prend la tête d'un gouvernement de coalition de centre-droit, devenant la première femme à occuper le poste de chef du gouvernement en Pologne. En 1993, alors que les troupes russes quittent la Pologne, Solidarność subit une défaite aux élections législatives qui contraint Wałesa à nommer à nouveau Waldemar Pawlak au poste de président du Conseil des ministres.
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En 1995, Lech Wałesa se présente à sa propre succession ; il est battu par Aleksander Kwaśniewski, jeune leader du parti social-démocrate refondé sur les ruines de l’ancien parti communiste. Le premier gouvernement du président Kwaśniewski est dirigé par Józef Oleksy, l’ancien ministre des Relations avec les syndicats qui avait participé aux négociations de la « Table ronde ». Soupçonné d’intelligence avec les Soviétiques par le passé, ce dernier démissionne en janvier 1996 et laisse la place à Włodzimierz Cimoszewicz.
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En 1997, à la suite d'élections législatives remportées par la droite, s'ouvre une période de cohabitation : Jerzy Buzek (président du Parlement européen de 2009 à 2012) devient président du Conseil des ministres. Cette année-là voit l'adoption de la Constitution définitive instituant la Troisième République.
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Kwaśniewski est réélu président de la République en 2000 et cette victoire de la gauche est confirmée aux législatives de l'année suivante ; Leszek Miller est nommé à la tête du gouvernement. En 2003, la Pologne prend part à la guerre d'Irak et les États-Unis lui attribuent le commandement d'une zone d'occupation (l'Armée polonaise reste engagée en Irak jusqu'au 4 octobre 2008). Le 1er mai 2004, elle intègre l'Union européenne. Miller remet la démission de son gouvernement à la suite de scandales de corruption à répétition qui le rendent très impopulaire ; Marek Belka lui succède mais ne parvient pas à enrayer le déclin de la gauche dans l'opinion.
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Le 23 octobre 2005, le maire de Varsovie et candidat du parti conservateur Droit et justice (PiS) à l'élection présidentielle, Lech Kaczyński, est élu président de la République avec 54,0 % contre 46,0 % pour le candidat du parti libéral pro-européen Plate-forme civique (PO), Donald Tusk. La victoire du maire de la capitale, arrivé loin derrière son adversaire au premier tour, est une surprise de taille, tous les sondages donnant Donald Tusk largement vainqueur. Le président élu affirme peu après son élection qu'il va mettre en place son programme, fortement inspiré par l’aile la plus conservatrice de l’Église catholique ; celui-ci est critiqué par de nombreux médias pour sa radicalité, son manque d’ouverture sur les questions de société (farouche opposition à toute avancée en matière de droits LGBT, de droit à l’avortement ou à l’euthanasie, par exemple), son étatisme et son euroscepticisme prononcé[citation nécessaire]. Kazimierz Marcinkiewicz est nommé Premier ministre et forme un gouvernement.
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Le 5 mai 2006, le gouvernement polonais voit l'entrée en fonction de plusieurs ministres ultra-conservateurs, tels Roman Giertych, dirigeant de la Ligue des familles polonaises (LPR - Liga Polskich Rodzin), nommé à l'Éducation nationale avec le projet d'insister dans les programmes scolaires sur « les valeurs chrétiennes de la Pologne éternelle » [citation nécessaire]. Quant à Andrzej Lepper, le chef du parti nationaliste Autodéfense de la république de Pologne, il obtient le poste de vice-président du Conseil des ministres chargé de l'Agriculture. Les ministères du Travail et de la Construction reviennent également à des membres de Samoobrona. Ce cabinet de coalition, négocié par Jarosław Kaczyński, le frère jumeau du président de la République, par ailleurs président du PiS, provoque des manifestations organisées par l'opposition. Le 15 juillet 2006, Jarosław Kaczyński prête serment avec son gouvernement au palais présidentiel de Varsovie, devant son frère.
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Le 21 octobre 2007, lors d'élections législatives anticipées, le parti libéral Plate-forme civique (PO) de Donald Tusk, parti d'opposition à Lech et Jarosław Kaczyński, remporte 41 % des voix et distance le parti conservateur Droit et justice (PiS) au pouvoir depuis deux ans, qui arrive à la seconde position avec 33 % des suffrages exprimés. Donald Tusk est officiellement désigné Premier ministre (président du Conseil des ministres) le 9 novembre suivant, puis forme un gouvernement de coalition (avec 209 députés sur 460, la PO ne dispose pas de la majorité absolue) en s'alliant avec le parti paysan centriste PSL de Waldemar Pawlak.
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Lech Kaczyński meurt dans l'exercice de ses fonctions le 10 avril 2010 dans un accident d'avion près de Smolensk, en Russie, alors qu'il se rendait à la commémoration du massacre de Katyń, commis par les Soviétiques en 1940. Avec lui périssent les membres les plus éminents du gouvernement polonais et de l'opposition, des dignitaires civils et religieux. Le paysage politique du pays est profondément bouleversé à la suite de cette catastrophe et l'élection présidentielle anticipée se déroule dans une atmosphère politique tendue, les 20 juin et 4 juillet 2010. Bronisław Komorowski, le candidat libéral, l'emporte avec 53,01 % des voix face au frère jumeau du président défunt, le conservateur Jarosław Kaczyński. Il est investi à la présidence de la République le 6 août suivant et reconduit Tusk à la tête du gouvernement.
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Les élections législatives de 2011 confortent la coalition PO (39,2 %) - PSL (8,4 %) au pouvoir, le PiS n'obtenant que 29,9 % des voix, suivi par le tout nouveau « Mouvement Palikot » (parti anti-clérical, social-libéral) avec 10 % et l'Alliance de la gauche démocratique (SLD) avec 8,2 % des voix. La même année, la Pologne prend de juillet à décembre 2011 la présidence du Conseil de l'Union européenne. En novembre 2012, la Pologne rejoint l'Agence spatiale européenne et organise avec l'Ukraine le Championnat d'Europe de football 2012.
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Le pays compte toujours devenir un important acteur régional, notamment compte tenu de son importante démographie.
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L'élection d'Andrzej Duda à la présidence de la République en août 2015 et la victoire de son parti Droit et justice aux élections législatives d'octobre 2015 marquent le retour des conservateurs en Pologne et le triomphe de l'euroscepticisme. En réaction est créé le comité de défense de la démocratie au mois de novembre 2015.
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La Pologne est une république semi-présidentielle régie par une constitution adoptée en 1997. Le président de la République (Prezydent Rzeczypospolitej Polskiej), élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, est le chef de l'État. Il nomme le président du Conseil, les ministres et les autres membres du gouvernement ; en outre, il dispose d'un droit de veto qui ne peut être levé par la chambre basse qu'à la majorité qualifiée des trois cinquièmes. S'il est le garant des institutions, le président de la République détient des pouvoirs limités, s'en tenant à faire figure d'autorité politique et morale. Il est toutefois le chef des Forces armées et peut détenir une certaine influence dans la conduite de la politique étrangère de la Pologne.
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Le président du Conseil des ministres (Prezes Rady Ministrów), généralement désigné par le titre de Premier ministre, est le chef du gouvernement du pays. Nommé par le président de la République, tout comme les autres membres du gouvernement, il préside le Conseil des ministres et est le responsable du travail mené par son cabinet devant le Parlement. Chef de l'administration, il peut décider des actes réglementaires et exercer un contrôle régulier et légal des collectivités territoriales. Enfin, il représente le pays à l'étranger, notamment au sein du Conseil européen.
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Le Parlement de la République de Pologne est composé de deux chambres : la Diète (Sejm), composée de 460 sièges, et le Sénat (Senat) qui compte 100 sièges. Leurs membres sont simultanément élus dans le cadre des élections générales, dont la date est fixée par le président de la République. Chargés de discuter et de sanctionner les lois, les parlementaires doivent également voter le budget, mais les députés sont les seuls à disposer du droit de voter la confiance au gouvernement ou de renverser celui-ci, le Sénat ayant un rôle bien plus limité dans la pratique.
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Enfin, la Constitution de 1997, posant les bases de la IIIe République, conforte le rôle du Tribunal constitutionnel (créé dès 1986) chargé de contrôler la constitutionnalité des lois ; d'autre part, elle institue un Défenseur des droits, une fonction fondée sur le modèle de l’Ombudsman suédois. Elle consacre l'indépendance du pouvoir judiciaire avec la création d'un Conseil national de la Magistrature.
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L'organisation territoriale de la Pologne repose, depuis 1999, sur trois niveaux géographiques. Le territoire polonais est divisé en voïvodies, lesquelles sont divisées en districts (powiaty), et ces derniers sont à leur tour subdivisés en communes (gminy). Les villes majeures ont, pour la plupart, à la fois le statut de gmina et de powiat. La Pologne est divisée en 16 voïvodies, 379 districts (dont 65 villes au statut de district) et 2 478 communes.
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La Pologne est subdivisée depuis 1999 en 16 régions (à la fois divisions administratives et collectivités territoriales) appelées voïvodies ou voïévodies (województwa au pluriel, województwo au singulier), qui sont :
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Ces voïvodies étaient au nombre de 49 entre 1975 et 1999.
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Les relations de la Pologne avec l'Union européenne sont caractérisées par les échéances suivantes :
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Le territoire polonais est dominé par la plaine d'Europe du Nord. Les massifs des Carpates et des Sudètes au sud forment une frontière naturelle avec la Tchéquie et la Slovaquie, alors que la mer Baltique constitue une frontière naturelle au nord. À l'ouest, la frontière avec l'Allemagne est fixée sur les fleuves Oder et Nysa.
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La Pologne possède 70 sommets de plus de 1 000 mètres d'altitude.
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Les Tatras forment le massif le plus élevé de Pologne et de toutes les Carpates. C'est là que se situe le plus haut sommet de Pologne, le Rysy (2 499,6 mètres). Au pied de cette montage se trouve le lac Morskie Oko (« Œil de la mer »), considéré comme l'un des plus beaux lacs du monde[réf. nécessaire].
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D'autres chaines de montagnes en Pologne sont :
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Le point le plus bas en Pologne, à deux mètres au-dessous du niveau de la mer, est Raczki Elbląskie[24], dans le delta de la Vistule, près d'Elbląg.
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La côte baltique polonaise est longue de 528 kilomètres et s'étend de Świnoujście, sur les îles d'Usedom et de Wolin dans l'ouest, à Krynica Morska, sur la presqu'île de la Vistule dans l'est.
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Dans l'ensemble, la Pologne a un littoral régulier, formé par le mouvement continuel du sable par des courants et des vents d'ouest en est. Ces érosions et dépôts continuels ont sculpté des falaises, dunes et presqu'îles, dont beaucoup se sont déplacées vers les terres pour former des lagunes, telles que le lac de Łebsko dans le parc national Słowiński.
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Les plus grandes presqu'îles sont celles de Hel et de la Vistule. La plus grande île baltique polonaise est Wolin. Les plus grandes villes portuaires sont Gdynia, Gdańsk, Szczecin et Świnoujście. Les principales stations balnéaires sont Sopot, Międzyzdroje, Kołobrzeg, Łeba, Władysławowo et Hel.
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La Pologne est parcourue par deux fleuves majeurs qui se jettent dans la mer Baltique. La Vistule, longue de 1 047 km, traverse plusieurs grandes villes polonaises dont Varsovie, la capitale. L'Oder, longue de 854 km, délimite quant à elle une partie de la frontière entre l'Allemagne et la Pologne. Le pays compte aussi des rivières de première importance telles que la Warta, un affluent de l'Oder long de 808 km, le Bug, un affluent de la Vistule long de 772 km.
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La majorité des cours d'eau de Poméranie et des régions avoisinantes terminent leur course dans la mer Baltique. Des ruisseaux qui prennent source dans les Beskides se déversent dans la mer Noire, soit par l'intermédiaire du Dniestr, soit par l'intermédiaire de l'Orava, puis du Váh, et enfin du Danube.
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Les cours d'eau polonais sont depuis longtemps utilisés pour la navigation. Au Moyen Âge et au début de l'ère moderne, lorsque la Pologne était le grenier de l'Europe, l'acheminement de céréales et d'autres produits agricoles le long de la Vistule vers Gdańsk puis l'Europe de l'Ouest était alors particulièrement important.
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Avec près de dix mille lacs de plus d'un hectare, la Pologne est l'un des pays au monde qui en compte le plus (en Europe, seule la Finlande possède une plus grande densité de lacs). Les plus grands d'entre eux, couvrant plus de 100 km2, sont le lac Śniardwy et le lac Mamry en Mazurie, ainsi que le lac Łebsko et le lac Drawsko en Poméranie. Le lac le plus profond (plus de 100 mètres) est le lac Hancza, situé dans la région des lacs de Wigry, au nord-est du pays, en Podlachie.
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Les ancêtres des Polonais d'aujourd'hui, les Polanes, construisirent leurs premières forteresses sur des îles entourées par ces lacs : citons les maisons sur pilotis de Biskupin, encore occupées par plus de mille résidents, construites à l'origine par les Lusaciens avant le VIIe siècle av. J.-C. De même, le prince légendaire Popiel est censé s'être installé à Kruszwica, sur le lac Gopło, et le premier souverain de la Pologne qui soit documenté, le duc Mieszko Ier de Pologne, avait son palais situé sur une île du fleuve Warta, aujourd'hui intégrée à la ville de Poznań.
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Outre la région des lacs qui couvre tout le nord du pays (Mazurie, Poméranie, Cachoubie, Lubuskie, et Grande-Pologne), on trouve également un grand nombre de lacs de montagne au sud, dans les Tatras (tel le lac Morskie Oko, le plus grand lac de montagne de Pologne).
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La structure géologique de la Pologne résulte de la collision des continents européens et africains durant les soixante derniers millions d'années d'une part, et de l'effet du Quaternaire au nord de l'Europe d'autre part, ces deux phénomènes ayant conduit à la formation des Sudètes et des Carpates.
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Les plaines du Nord de la Pologne sont des moraines, (ce qui permet aux scientifiques de dire qu'il y avait avant des glaciers dans cette zone du globe, notamment lors de la glaciation de Würm), qui comportent des sols essentiellement composés de sable ou de loam, tandis qu'au Sud, les vallées creusées pendant l'ère glaciaire contiennent souvent du lœss.
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Les plateaux de la région Cracovie-Częstochowa, qui forment d'ailleurs l'un des plus anciens massifs de la planète, les Piénines, et les Tatras occidentales sont constitués de calcaire, tandis que les Hautes Tatras, les Beskides, et les Monts des Géants sont principalement composés de granite et de basalte.
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Le désert de Błędów est situé en Pologne méridionale, dans la voïvodie de Silésie, et s'étend au-dessus de la région de Zagłębie Dąbrowskie. Il a une surface totale de 32 km2. C'est le seul désert polonais et l'un des cinq seuls déserts naturels en Europe. C'est le désert le plus chaud qui apparaisse à cette latitude. Il fut créé par la fonte d'un glacier, il y a 12 000 ans, à la fin de la glaciation würmienne.
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La structure géologique spécifique a été de grande importance dans sa formation, l'épaisseur de la couche de sable étant d'environ 40 mètres en moyenne et atteignant 70 mètres, ce qui a rendu l'assèchement rapide et profond. Ces dernières années, le désert a commencé à se rétrécir. Le phénomène des mirages y est fréquent.
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Les forêts couvrent 28 % du territoire polonais. Plus de la moitié des terres sont consacrées à l'agriculture. Tandis que la surface totale sous culture diminue, les champs restants sont cultivés plus intensivement.
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Plus de 1 % du territoire de la Pologne, (3 145 km2), est protégé par 23 parcs nationaux. À cet égard, la Pologne est au premier rang en Europe. Trois parcs nationaux de plus sont projetés pour la Mazurie, la montagne de Cracovie-Częstochowa et les Beskides orientales. La plupart des parcs nationaux polonais sont situés dans la partie méridionale du pays. En outre, les marécages le long des lacs et des fleuves du centre de la Pologne sont protégés légalement, de même que les secteurs côtiers dans le Nord. On compte également beaucoup de secteurs protégés pour leurs paysages et de nombreuses réserves naturelles.
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La Pologne compte 23 parcs nationaux (Parki narodowe), qui couvrent une superficie totale de 3 145 km2.
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La Pologne orientale comporte des régions boisées, comme la forêt vierge de Białowieża, qui n'ont jamais été défrichées par les hommes. De grands secteurs sont également couverts de forêts dans les régions montagneuses, en Mazurie, en Poméranie et en Basse-Silésie.
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Beaucoup d'animaux qui se sont depuis éteints dans d'autres parties de l'Europe survivent toujours en Pologne, tel le bison d'Europe dans la forêt de Białowieża et en Podlasie. D'autres espèces incluent l'ours brun, dans la forêt de Białowieża, dans les Tatras et dans les Beskides au sud de la voïvodie des Basses-Carpates, le loup gris et le lynx d'Eurasie dans diverses forêts, les élans dans le Nord de la Pologne et le castor en Mazurie, en Poméranie et en Podlasie[25]. Dans les forêts, on rencontre également des gibiers, tels que des cerfs élaphe, des chevreuils et des sangliers.
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La Pologne est l'endroit de couvée le plus important pour les oiseaux migrateurs européens. Parmi tous les oiseaux migrateurs qui viennent en Europe pour l'été, un quart se reproduisent en Pologne, en particulier dans la région des lacs et dans les zones marécageuses le long de la Biebrza, du Narew et de la Warta, qui font partie de réserves naturelles ou de parcs nationaux. En Mazurie, certains villages recensent davantage de cigognes que d'habitants[25].
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Le climat est de type océanique, au nord et à l'ouest, et devient graduellement plus continental vers le sud et l'est. Les étés sont tièdes, avec des températures moyennes variant entre 20 °C et 27 °C.
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Les hivers sont froids, avec des températures moyennes tournant autour de 3 °C au nord-ouest et −8 °C au nord-est. Bien que les précipitations restent régulières tout au long de l'année, l'hiver est plus sec que l'été, surtout à l'est.
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La Pologne est au deuxième rang européen et au neuvième rang mondial pour la production de charbon et de lignite en 2012 (1,8 % de la production mondiale)[réf. nécessaire]. Afin de remplir ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Pologne a engagé une politique de développement des énergies renouvelables, en particulier la biomasse et l'énergie éolienne.
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Une pollution de l'air excessive se produit dans 20 % du pays[réf. nécessaire]. Les facteurs en sont :
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Les régions les plus polluées sont la Haute-Silésie et les grandes villes, particulièrement Cracovie.
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La transition de l'économie planifiée vers l'économie de marché fut initiée par le vice-président du Conseil et ministre des Finances Leszek Balcerowicz, considéré comme le père des réformes économiques et le principal architecte de la profonde mutation de la Pologne du début des années 1990. Ce plan, de type thérapie de choc, a permis de maitriser l'hyperinflation qui ruinait l'économie polonaise et d'accélérer le processus de transformation. Après une première phase difficile se caractérisant par un recul du PIB, une forte inflation, une dévaluation de la monnaie, des fermetures d'entreprises et une forte hausse du chômage, cette politique a permis le développement et la modernisation de l'économie polonaise. Elle a abouti au retour de la croissance dès 1993, à une amélioration sensible du niveau de vie de la population, permettant une augmentation de la consommation, une baisse de l'inflation, une stabilisation du złoty, une augmentation des échanges commerciaux et d'importants flux d'investissements directs étrangers.
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S'étant alignée sur les recommandations du FMI dès 1989, la Pologne bénéficie en 1990 de l’effacement de la moitié de sa dette extérieure par le Club de Paris, qui regroupe les principaux créanciers publics occidentaux. Elle obtient ensuite, en 1994, une réduction similaire de sa dette auprès du Club de Londres, regroupant les créanciers privés[26].
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L'embellie de l'économie polonaise due à la « thérapie de choc » s'est poursuivie jusqu'en 1997, avec cette année-là un taux de chômage enregistré passant sous la barre des 10 %. Il est brutalement remonté dans les années 2000, dépassant le seuil des 20 % en 2004, puis diminue continûment depuis 2013[27] pour atteindre 7 % en 2017[28]. L’industrie polonaise a perdu plus de 1,5 million d’emplois, soit 23 % des emplois du secteur, entre 1991 et 2003. Les emblématiques chantiers navals de Gdańsk, qui employaient 18 000 salariés à la chute du régime communiste, n’en comptent plus que 200 en 2020[26].
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L'économie polonaise est dans les années 2010 l'une des plus dynamiques d'Europe. C'est le seul État européen, avec la Biélorussie, à ne pas avoir connu de récession[8] lors de la crise économique de 2008.
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Le pays a bénéficié de nombreuses aides de l'UE depuis son entrée en 2004. Sur la période 2004-2014, ce sont près de 85,2 milliards d'euros qui lui ont été alloués[29] et 86 milliards d’euros entre 2014 et 2020. De nombreuses infrastructures ont pu être financées, comme l'autoroute reliant désormais Varsovie à Berlin[30]. La Pologne rattrape ainsi rapidement son retard sur ses voisins européens concernant le maillage du territoire et attire plus facilement les capitaux étrangers.
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Attirer les investisseurs étrangers est un axe majeur de la politique des gouvernements de Pologne et d'Europe centrale et orientale depuis les années 1990. Pour ce faire, ils offrent des taux d’intérêt élevés et maintiennent des coûts salariaux faibles. Une concurrence s’est développée entre pays et territoires d'Europe centrale pour attirer les capitaux occidentaux. Les politistes Andreas Nölke et Arjan Vliegenthart qualifient les économies d’Europe centrale et orientale d’« économies de marché dépendantes » en raison de l’importance prise par les multinationales étrangères : « l’ouverture économique mène à la dépendance lorsque les décisions des groupes sont rarement déléguées aux filiales régionales, les transferts de technologies sont mineurs, le niveau de formation du personnel demeure modeste et l’essentiel des activités à forte valeur ajoutée est maintenu au plus près des sièges occidentaux[26]. »
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Les inégalités de développement entre la partie ouest et la partie est du pays se creusent à partir des années 1990. Le PIB moyen des trois régions de l’Est (Podlaskie, Lubelskie et Podkarpackie) est en 2008 inférieur de 30 % à la moyenne nationale[31].
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En 2015, la Pologne est la huitième économie de l'Union européenne et la vingt-cinquième économie du monde en PIB[réf. nécessaire]. Le taux de chômage s’élève à 9,8 % en décembre 2015 et la croissance économique atteint 3,6 % cette même année. Le salaire médian brut est de 686 euros et près de 1,5 million de salariés sont en « contrats flexibles », dits « contrats-poubelle » puisque les poussant dans la précarité[32].
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Le secteur énergétique polonais se caractérise par la prépondérance massive du charbon, qui en 2015 assurait 51 % de la consommation intérieure totale d'énergie primaire et 81 % de la production d'électricité.
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Les efforts réalisés depuis la fin de l'ère communiste[33] ont permis de réduire les émissions de dioxyde de carbone par habitant de 19 % entre 1990 et 2015. Elles restent encore élevées, avec 6,28 tonnes de CO2 par habitant en 2015 (contre 4,37 t/hab en France, 8,93 t/hab en Allemagne et une moyenne de 6,28 t/hab en Union européenne).
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La Pologne est dépendante à 30,4 % de sources extérieures en 2015, toutes énergies confondues. Le pays a été jusqu’à la fin 2013 autosuffisant, voire exportateur, avec une consommation de l’ordre de 158 TWh et une production de 160 TWh. Du fait de sa croissance économique importante, la situation a commencé à s’inverser début 2014.
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Selon les calculs de l'Institut du Tourisme[réf. nécessaire], en 2012 le nombre d'arrivées a totalisé 67,4 millions, dont 14,8 millions de touristes étrangers. La grande majorité des touristes proviennent d'Allemagne, plus grand pays limitrophe de la Pologne, avec 4 520 000 arrivées en 2010. Les pays de l'Europe et de l'Union européenne figurent donc logiquement aux premières places. Le tourisme contribue à l'économie du pays. Les villes les plus populaires sont Varsovie, Cracovie, Wrocław, Poznań, Szczecin, Świnoujście, Gdańsk, Sopot, Gdynia, Bydgoszcz, Toruń, Lublin, Zamość, Częstochowa, Zakopane, Wieliczka et Oświęcim (camp de concentration d'Auschwitz). La Pologne est le 16e pays le plus visité dans le monde par les touristes étrangers, selon le classement de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) en 2014[34].
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La population polonaise compte 37 972 964 habitants début 2017[35].
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Au moins deux millions de Polonais ont émigré entre 2004, date de l'entrée du pays dans l'Union européenne, et 2016[réf. nécessaire]. La diaspora polonaise (voir infra) compte environ vingt millions d'individus.
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La Pologne ignore le multiculturalisme. Quelques minorités sont présentes dans le pays (germanophones, Ukrainiens, Juifs, Tatars musulmans), mais peu d’immigrés extra-européens : des commerçants vietnamiens arrivés dans les années 1970 et quelques milliers de ressortissants africains. La xénophobie est parfois attisée par une partie de la classe politique[36].
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Le classement est établi sur la base de la population des villes, il diffère si l'on prend en compte les agglomérations.
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Les plus grandes agglomérations du pays sont l'agglomération industrielle de Haute-Silésie autour de Katowice (3,4 millions d'habitants), Varsovie (2,7 millions), Łódź (1,4 million), Cracovie (1,2 million) et la « Tricité » formée par Gdańsk, Sopot et Gdynia (1 million). Les aires métropolitaines de Wrocław, Posnanie, Szczecin, Bydgoszcz–Toruń et Lublin sont également importantes, avec respectivement 900 000, 850 000, 760 000, 750 000 et 650 000 habitants.
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Il y a environ 400 000 ressortissants[Information douteuse] étrangers en Pologne[Quand ?], majoritairement originaires d'autres pays d'Europe orientale (Ukraine, Biélorussie, Lituanie…) et occidentale (Allemagne, France...), mais aussi d'Extrême-Orient (Viêt Nam, avec environ 60 000 Vietnamiens[37], soit la 3e concentration en Europe après la France et l'Allemagne). Depuis 2000, plus de 71 711 Allemands se sont installés en Pologne[38].
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La diaspora polonaise (Polonia) compte 20 millions de personnes nées en Pologne ou d'ascendance polonaise[réf. nécessaire].
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Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, plusieurs religions étaient fortement représentées en Pologne : les minorités substantielles juive, protestante et chrétienne orthodoxe ont coexisté durant plusieurs siècles avec la majorité catholique. En raison de la Shoah, de l'annexion des territoires polonaise de l'Est par l'Union soviétique et de la politique communiste d’expulsion des populations allemandes et ukrainiennes après la Seconde Guerre mondiale, la Pologne est devenue primordialement catholique, bien que la religion fusse mal tolérée par le pouvoir. En 2011, 87,0 % de la population se déclarait catholique, cohabitant avec 1,3 % d'orthodoxes, 0,4 % de protestants et 0,3 % de Témoins de Jéhovah[39]. Le taux d'observance religieuse, de 40 %[40], fait de la Pologne l'un des pays les plus religieux en Europe.
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L'islam est très peu présent en Pologne, les statistiques officielles font état de seulement 20 000 croyants, essentiellement les Tatars baltiques vivant en Podlachie.
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Le polonais est la langue officielle du pays et est parlé nativement par 97 % de la population, ce qui fait de la Pologne l'un des pays linguistiquement les plus homogènes d'Europe.
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Les langues étrangères les plus apprises par les jeunes sont, par ordre décroissant, l'anglais (66 % en 2013), l'allemand (27 %), le russe (4 %) et le français (2 %)[41].
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L'OIF aurait recensé un million de personnes parlant le français dans le pays[42].
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À partir du XVIIIe siècle, une importante production dramaturgique donne ses lettres de noblesse au théâtre polonais, qui continue à s'enrichir aujourd'hui des apports d'une création toujours très active.
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Ludwik Solski (1855-1954).
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Leon Schiller (1887-1954).
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Tadeusz Kantor (1915-1990).
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Jerzy Grotowski (1933-1999).
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Krzysztof Warlikowski (1962-).
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Les premières compositions polonaises remontent au XIIIe siècle. Il s'agit alors essentiellement de musique sacrée (avec notamment l'hymne religieux Bogurodzica). Au XIXe siècle, la musique polonaise acquiert une renommée internationale grâce à Frédéric Chopin, puis Karol Szymanowski, Krzysztof Penderecki, Witold Lutosławski et Henryk Górecki au XXe siècle.
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La musique pop s'est développée en Pologne sous l'influence des scènes occidentales, malgré le régime communiste. Après 1989, l'activité musicale polonaise n'a cessé de prendre de l'importance avec l'émergence de nombreux festivals et de groupes de tous styles, notamment de rock et de hip hop.
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La scène metal polonaise, connue en Europe depuis ses débuts, compte de grands noms, tels que Behemoth, Vader ou Graveland.
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Souvent réduit à tort aux simples prestations des ballets Śląsk et Mazowsze, le folklore polonais reste cependant pratiqué assidûment par un grand nombre de Polonais de tous âges et de toutes classes sociales.
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Ceci est en partie dû à la volonté et au travail exceptionnel d'Oskar Kolberg, qui parcourut la Pologne au XIXe siècle afin de répertorier le maximum de mélodies, de poèmes et de danses, région par région ; ce travail de recherche a donné lieu à son chef-d’œuvre de plus de 33 tomes de son vivant, Lud (le peuple).
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Ainsi, de nombreux groupes se sont créés et revendiquent encore aujourd’hui leurs régions d’origine, teintées de mélodies typiques et de pas de danse très caractéristiques de ces régions. Il existe cinq danses nationales, popularisées pour la plupart par Chopin : le krakowiak (danse de Cracovie), l’oberek, la polonaise, le mazur et le kujawiak.
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L’exemple le plus frappant de cette préservation des traditions folkloriques reste la région de Podhale, près de Zakopane. Cette région montagneuse conserve ses traditions dans la vie quotidienne, dans ses coutumes, mais surtout dans sa musique, grâce au développement touristique et aux karczma (pl) (tavernes où l’on peut écouter de la musique montagnarde).
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Enfin, dans le cadre de la Polonia (diaspora polonaise), de nombreux groupes étrangers de folklore polonais perpétuent les traditions.
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Pavillon polonais à l'exposition de Paris en 1925. Architecture Art déco inspirée du style Zakopane.
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Un Góral de la Petite-Pologne.
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La formation des traits particuliers de la cuisine polonaise a été influencée par les changements historiques. À travers les siècles et au gré des migrations, la cuisine polonaise fut soumise à des influences et changements régionaux. Grâce à cela, on dénombre d'importantes influences orientales (mongoles, puis tatares et turques), russes, allemandes, françaises, italiennes et juives.
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Les plats les plus populaires en Pologne (qui le sont également dans les pays voisins) sont entre autres : les pierogi, le chou farci, le bigos, les kluski, les soupes (au chou, bortsch, żurek, bouillon, etc.), les plats de choux et de pommes de terre, le pain, les gâteaux, les légumes, les fruits (pommes, poires, différentes baies et groseilles, cerises et merisier), le fromage blanc et différents types de viandes (principalement porc, volaille et bœuf), ainsi que, dans une moindre mesure, les poissons d'eau douce ou de mer. Parmi les desserts figurent la babka, le pain d'épices, le sernik ou le makowiec. Les beignets ou les faworki sont des desserts de la fin de carnaval.
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Un bagel est un pain assez dense en forme d'anneau, originaire de Pologne.
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Pierogi.
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Le bigos est un ragoût aux choux.
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Parmi les boissons alcoolisées, l'hydromel, très populaire à une certaine époque, a été remplacée par la vodka, souvent préparée à base de céréales, plus rarement de pommes de terre. La bière à base de houblon est une boisson traditionnelle courante, alors que le vin l'est moins. Le thé noir est également populaire. Jusqu'à une époque récente, il était bu dans des verres, souvent avec une tranche de citron et du sucre. Le thé est arrivé en Pologne depuis l'Angleterre, peu après son apparition en Europe occidentale, grâce aux marchands néerlandais. Cependant, sa propagation est attribuée aux occupants russes au XIXe siècle. C'est à ce moment-là que les samovars sont arrivés depuis la Russie où le thé est apparu à la cour du tsar comme cadeau de la Chine, environ 50 ans avant son apparition en Hollande. Le café est également populaire et est bu couramment depuis le XVIIIe siècle, également par les classes inférieures de la société comme les artisans ou les riches paysans.
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La cuisine traditionnelle urbaine est notamment présente à Cracovie et Szczecin. Les obwarzanki, petits pains en forme d'anneaux, sont un symbole de Cracovie. À Szczecin, le pasztecik szczeciński est fait de pâte frite farci de viande, de champignons ou de chou, tandis que le paprykarz szczeciński est une pâte de poisson haché, de riz, d'oignon, de tomate et d'épices.
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L’histoire du cinéma polonais est presque aussi longue que celle de la cinématographie. Le cinéma polonais a acquis une renommée mondiale, même si les films polonais sont considérés comme étant moins commerciaux que les films en provenance d'autres nations européennes.
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Le cinéma polonais a traversé les frontières au cours de la Première Guerre mondiale. Des films réalisés à Varsovie ou à Wilno étaient souvent diffusés dans les salles de projection de Berlin. C'est ainsi que la jeune actrice Pola Negri (née Barbara Apolonia Chałupiec), s'est fait connaître en Allemagne et est devenue une grande star du cinéma muet.
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À partir de 1955, les travaux de l’École polonaise du film ont eu une forte influence sur des mouvements cinématographiques tels que la Nouvelle Vague, le néoréalisme et même le cinéma classique hollywoodien. De plus, des réalisateurs polonais comme Roman Polanski, Krzysztof Kieślowski, Agnieszka Holland, Andrzej Wajda, Andrzej Żuławski ont eu un impact fort sur le développement de la cinématographie.
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Les films d'Andrzej Wajda, notamment L'Homme de marbre (1977) et L'Homme de fer (1981)[43], offrent des analyses perspicaces des éléments universels de l'histoire de la Pologne. Ses films ont inspiré plusieurs générations polonaises. Un Oscar d'honneur lui fut attribué pour l'ensemble de sa carrière.
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Un grand nombre de réalisateurs polonais, comme Agnieszka Holland, Janusz Kamiński, ont travaillé pour des studios américains. Des directeurs de la photographie et compositeurs de musique de film polonais apparaissent également souvent au générique de productions américaines.
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Les films animés polonais — par exemple ceux de Jan Lenica et de Zbigniew Rybczyński — ont une longue tradition et tirent leur inspiration des arts graphiques de la Pologne.
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Le sport en Pologne est développé mais peine à être performant et surtout régulier comme en Russie et en Occident. Mais les Polonais récoltent quand même plusieurs résultats probants. L'âge d'or du sport polonais ayant eu lieu pendant la période communiste. Le football n'a jamais eu de titre en Ligue des champions, en Coupe des Vainqueurs de Coupe ou en Coupe de l'UEFA, mais réalisa plusieurs performances qui firent frémir les favoris dans les années 1970 et années 1980|1980. La sélection nationale remporta plus de succès en gagnant un titre olympique et deux médailles d'argent. En Coupe du Monde, la Pologne finit successivement 3e, 5e, 3e entre 1974 et 1982, avant de faire le chant du cygne en huitièmes de finale en 1986. Du 8 juin au 1er juillet 2012, la Pologne a accueilli le Championnat d'Europe de football, coorganisé avec l'Ukraine.
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Le volley-ball possède un excellent palmarès puisque la sélection nationale a glané plusieurs podiums et des titres, surtout chez les hommes. L'athlétisme est une valeur sure et les Polonais remportent régulièrement des titres et médailles (une soixantaine en tout dont 24 en or). Robert Korzeniowski est l'athlète le plus titré. Le handball masculin semble commencer à s'affirmer depuis la fin des années 2000 avant deux troisièmes places. Le hockey sur glace est un sport populaire mais dont les résultats déclinent depuis plus de vingt ans.
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Toutefois, il est intéressant de voir des sports jusqu'à présent délaissés et qui connaissent aujourd'hui un gain de résultats intéressants. Ainsi du sport automobile, où Robert Kubica a participé à une poignée de saisons de Formule 1 avec un Grand prix gagné au Canada et douze podiums. Le tennis, où jusque là seule une poignée de joueurs et de joueuses ont réussi des résultats éphémères et épars, voit apparaître les sœurs Radwanska qui brillent dans les années 2010 parmi l'élite mondiale féminine ; Agnieszka qui finit 4e en 2012 et Urszula qui finit 31e en 2012 ; Janowicz et Kubot font des résultats relativement honorables chez les hommes dans les années 2010.
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Mikołaj Kopernik (en français : Nicolas Copernic).
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Jan Heweliusz (en latin : Johannes Hevelius).
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Tadeusz Kościuszko.
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Adam Mickiewicz.
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Fryderyk Chopin.
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Marie Curie, née Skłodowska.
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Wisława Szymborska.
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Jean-Paul II.
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Andrzej Wajda.
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Roman Polański.
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Lech Wałęsa.
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Robert Lewandowski.
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