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+ République de l'Inde
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+ (hi) भारत गणराज्य Écouter
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+ (en) Republic of India
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+
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+ 28° 34′ N, 77° 07′ E
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+ modifier
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+ L'Inde (en hindi : भारत / Bhārat), officiellement la République de l'Inde[4] (en hindi : भारत गणराज्य / Bhārat Gaṇarājya), est un pays d'Asie du Sud qui occupe la majeure partie du sous-continent indien. Sa capitale est New Delhi. L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde. Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan au nord-ouest, la Chine au nord et à l'est-nord-est, le Népal au nord-est, le Bhoutan , le Bangladesh et la Birmanie à l'est-nord-est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-sud-ouest, du Sri Lanka au sud et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1974 après avoir fait des essais officiels.
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+ L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av. J.-C. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire. L'hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. L'Inde est aujourd'hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
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+ Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente du Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
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+ En 2017, l'économie indienne est la septième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considéré comme un nouveau pays industrialisé. Cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 55 % des revenus nationaux[5]. L'Inde est passé de la 140e à la 177e place entre 2016 et 2018 sur l'Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L'étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l'air[6].
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+ Le nom du pays « Inde » est dérivé de la version en vieux persan, « hindu », du mot sanskrit « Sindhu », l'appellation du fleuve Indus en sanskrit[7].
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+ La constitution du pays utilise également le mot « Bharat » (mot hindi dérivé du nom sanskrit d'un roi aryen antique dont l'histoire peut être trouvée dans le Mahabharata)[7].
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+ Un troisième nom, « Hindustan » ou « Hindoustan » écouter le mot est employé depuis la période de l'Empire moghol et est encore utilisé aujourd'hui par les Indiens dans le langage courant.
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+ En français, le pluriel « les Indes » était couramment utilisé pour désigner tant la région géographique que l'État au moment de la domination britannique (« Empire des Indes ») ; cette tournure est tombée en désuétude depuis l'indépendance du pays.
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+ L'Inde a un climat de mousson, tropical semi-aride et chaud[8]. Il y a quatre saisons en Inde[9] :
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+ Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat relève que la mousson indienne s'est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l'océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l'Inde est particulièrement vulnérable à la montée du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des décennies à venir[11].
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+ Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans[12]. Autour de 7000 av. J.-C., la première installation néolithique apparaît sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan[13]. Ceux-ci se développent pour former la Civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud[12] qui existe entre 2500 et 1900 av. J.-C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde[13]. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistance, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle[12].
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+ De 2000 à 500 av. J.-C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent du Chalcolithique à l'âge du fer[12]. Les Veda, les plus vieux textes de l'hindouisme[12], sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange[12]. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest[12]. Le système des castes, créant une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais en excluant les indigènes en déclarant leurs occupations impures, aurait émergé à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique basée sur les chefferies[12]. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat[12].
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+ À la fin de la période védique, vers le Ve siècle av. J.-C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas[12]. L'émergence de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, basé sur les enseignements de Gautama Bouddha attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahāvīra[12]. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal[12] et toutes deux établissent des monastères[12]. Politiquement, au cours du IIIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour émerger comme l'Empire maurya[12]. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique[12].
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+ La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commercent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie[12]. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille[12]. Au cours des IVe et Ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants[12]. Sous les Gupta, un renouveau de l'hindouisme, basé sur la dévotion plutôt que les rituels, commence à émerger. Ce renouveau s'exprime dans la sculpture et l'architecture[12]. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées[12].
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+ La première partie du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kânnauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.
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+ Aux VIe et VIIe siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des VIIIe et IXe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.
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+ Après le Xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions[14],[15]. En repoussant les raids mongols au XIIIe siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord[14]. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara[14]. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire[15] et influence fortement la culture du sud de l'Inde[14].
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+ Au début du XVIe siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives[14] et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive[15], amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé[14]. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.
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+ Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture persanifiée, à un empereur au statut quasiment divin[15]. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture[14] et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants[14]. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le XVIIe siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde[14] et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture[14]. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs[15]. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde[15].
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+ Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires[14].
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+ Au début du XVIIIe siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie britannique des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes[14],[15]. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes[14],[15].
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+ En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux[16], de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford[17].
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+ Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde[15]. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique[14]. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture[14].
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+ La nomination en 1848 de James Broun-Ramsay comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe[15]. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 923[18], mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.
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+ Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie[15]. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions[15]. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien[15]. Un peu plus tard, la terrible Famine en Inde de 1866 décime près d'un million de personnes.
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+ Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du XIXe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. De plus, alors que les activités industrielles permettent l'enrichissement d'une bourgeoisie indienne, la masse populaire continue d'utiliser des techniques agricoles stationnaires. Les féodaux tels les zamindar négligent les travaux productifs comme l'irrigation. Ainsi, l'Inde reste le pays des famines parce que certaines années les pluies font défaut. En 1877, dans la grande famine du Dekkan, cinq millions d'individus trouvent la mort[19].
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+ Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne[15]. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines[15], réduit les coûts des transports de biens[15] et aide à la naissance d'une industrie indienne[15].
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+ Entre les années 1870 et 1890, près de trente millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour le journaliste Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup - pour empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[20]. L'historien et activiste politique Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[20].
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+ Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole[15]. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent[15]. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.
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+ Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le 15 août 1947. Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan[15]. La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6 % en 1700 à 3,8 % en 1952[21].
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72
+ Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique[15]. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante[15]. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale[15]. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale[15], par des conflits et violences religieuses ou de caste[15], par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire[15]. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la Guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 1971[15].
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+ Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs[22], l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde[23] ».
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+ De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.
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+ Promulgué le 26 janvier 1950, la Constitution crée la « république d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.
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+ Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.
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+ L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
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+ La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l'homme. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.
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+ Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 29.
87
+
88
+ Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.
89
+
90
+ Les gouverneurs sont nommés pour 5 ans par le Président à la tête des 29 États composant le pays. À l'opposé du Président de l'Inde qui doit concilier son pouvoir avec le Vidhan Sabha, les gouverneurs ont un pouvoir constitutionnel beaucoup plus indépendant. En fait on pourrait dire que les gouverneurs sont les Présidents constitutionnels des États de l'Inde en marge des véritables dirigeants indiens[24].
91
+
92
+ Les territoires de l'Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, trois d'entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
93
+
94
+ Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C'est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional[25]. La cohésion d'un pays d'une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique et présentant de par la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d'un système démocratique laissant suffisamment d'autonomie aux États de l'Union, plus homogènes[26].
95
+
96
+ Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.
97
+
98
+ En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.
99
+
100
+ Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).
101
+
102
+ Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.
103
+
104
+ Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019 qui voit le BJP accroitre sa majorité.
105
+
106
+ Depuis 2017, le président de l'Inde, poste aux fonctions essentiellement protocolaires, est Ram Nath Kovind, issu du BJP.
107
+
108
+ Aujourd'hui, l'Inde est reconnue comme une puissance émergente. Après avoir lancé le Mouvement des non-alignés sous l'impulsion de Jawaharlal Nehru, elle tisse désormais des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances : les États-Unis dans le cadre du programme Next Steps in Strategic Partnership (NSSP)[27], la Chine avec laquelle elle progresse sur la voie d'un règlement du contentieux frontalier qui oppose les deux pays. L'Inde, depuis son ouverture au commerce mondial dans les années 1990, a aussi cherché à nouer des liens plus forts avec les pays membres de l'ASEAN, au travers de la politique du Look East. Le pays a également avancé sa candidature auprès du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) afin d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
109
+
110
+ Cependant, les relations extérieures de l'Inde sont marquées par le conflit persistant avec le Pakistan voisin au sujet du Cachemire. Tout comme le Pakistan, l'Inde n'a pas signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et s'est dotée de l'arme atomique. Elle a procédé à une explosion « pacifique » en 1974 et à des essais en mai 1998.
111
+
112
+ L'Inde a l'une des plus grandes armées du monde : les forces armées indiennes disposaient en 2018 d'un effectif de 1 362 500 militaires[28] et 2 844 750 réservistes[29].
113
+
114
+ Le budget pour la défense s'élève à 66,5 milliards de dollars (2018), soit 2,42 % du produit national brut (PNB)[30].
115
+
116
+ Elles disposent 4 426 tanks, 3 147 autres véhicules blindés, 590 avions de combat (ainsi que des forces aéronavales), 16 sous-marins, 1 porte-aéronef (l'INS Vikramaditya) et 11 destroyers[31]. L'Inde vient de commencer le remplacement de 126 MiG-21[32].
117
+
118
+ L'Inde dispose d'armes nucléaires depuis 1974, date de l'explosion d'une bombe atomique au plutonium dans le désert du Rajasthan[33]. Ces armes sont réparties dans l'aviation ou dans des missiles IRBM.
119
+
120
+ Le 9 décembre 2009, l'Inde prévoit de sécuriser ses ports militaires avec des clôtures électriques contre les menaces clandestines maritimes[34].
121
+
122
+ Le 19 avril 2012, elle teste avec succès son premier Missile balistique intercontinental, l' Agni V, d'une portée de 5 000 km[35], puis la génération suivante d'une portée de 12 000 km, l'Agni-VI (en)[36].
123
+
124
+ La corruption constitue encore un défi majeur pour les institutions du pays. Parmi les parlementaires élus en 2019, 43 % ont des dossiers judiciaires en cours[37].
125
+
126
+ Les partis politiques se tournent de plus en plus vers les grandes fortunes et les entreprises pour se financer. Sur l'année fiscale 2017-2018, les entreprises et les personnes fortunées avaient contribué 12 fois plus au financement du BJP qu'à celui de six autres partis nationaux, y compris le Congrès[38].
127
+
128
+ Alors que les milieux d'affaires sont mis en cause dans de nombreux dossiers spectaculaires, des hommes d’affaires compromis ont dû fuir le pays et les liens entre milieu politique et financements obscurs nourrissent l’« empire des milliardaires », selon la formule du journaliste James Crabtree. Les médias sont également secoués par des affaires de trafics d'influence, certains d'entre eux couvrant les activités de personnalités politiques en échange de paiements[37].
129
+
130
+ L’Inde est le pays de la région Asie-Pacifique où dessous-de-table et pots-de-vin sont le plus pratiqués. Les plus pauvres en sont fortement victimes : 73 % d'entre eux sont contraints d'y recourir au moins une fois par an, contre 55 % des plus favorisés, selon Transparency International. Cette corruption facilite l’accès à des services qui devraient être publics : documents administratifs, affaires de police, raccordement à l’électricité, voire soins hospitaliers[37].
131
+
132
+ L’Inde occupe la majeure partie du sous-continent indien, qui est placé entre la plaque tectonique de l’Inde et la partie nord-ouest de la plaque indo-australienne. Une partie du territoire des États du nord et du nord-est de l’Inde est située dans le massif de l’Himalaya. Le reste de l’Inde septentrionale, centrale, et orientale est occupé par la zone fertile de la plaine indo-gangétique. Dans la partie occidentale, bordée par le Pakistan du sud-est, se trouve le désert du Thar. L’Inde méridionale se compose presque entièrement du plateau péninsulaire du Deccan, flanqué de deux massifs côtiers au relief accidenté, les Ghats occidentaux et les Ghats orientaux.
133
+
134
+ De grands fleuves et rivières, tels le Gange, le Brahmapoutre, la Yamuna, la Godavari, la Narmada, la Kaveri traversent le pays. L’Inde possède par ailleurs trois archipels : les îles Laquedives, qui se trouvent au large de la côte du sud-ouest ; la chaîne volcanique des îles d’Andaman et de Nicobar au sud-est, et les Sundarbans dans le delta du Gange au Bengale occidental. Le climat de l'Inde varie, de tropical dans le sud à plus tempéré dans le nord de l’Himalaya et où les régions montagneuses reçoivent les chutes de neige continues en hiver.
135
+
136
+ Le climat de l’Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. L’Himalaya et les montagnes de l’Hindou Kouch au Pakistan, font obstacle aux vents catabatiques venus d’Asie centrale et les empêchent ainsi de pénétrer dans le continent, ce qui préserve la chaleur dans la majeure partie de ce dernier, contrairement à la plupart des régions situées à la même latitude. Le désert du Thar, quant à lui, attire les vents humides de la mousson d’été qui, entre juin et septembre, est responsable de la plus grande partie des précipitations de l’Inde.
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+ La superficie de l’Inde est de 3 287 263 km2.
139
+
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+ Délimitées par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, les frontières indiennes sont longues de 15 168 km.
141
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+ L'Inde est une zone en déficit hydrique[Note 3]. 230 milliards de mètres cubes d'eau sont prélevés chaque année en Inde[39].
143
+
144
+ La plaine du Pendjab, à cheval entre l'Inde et le Pakistan, présente un déficit en eau qui concerne l'ensemble de l'Inde, car on y cultive du blé en hiver et du riz en été, avec un surplus qui s'exporte dans les autres États de l'Inde. Dans cette région d'agriculture irriguée, les paysans puisent de l'eau dans la nappe phréatique, dont le niveau baisse de 0,6 mètre par an[40]. Selon la Banque mondiale, 60 % des nappes phréatiques de l'Inde seront dans une situation « critique » d'ici 2034[41].
145
+
146
+ Au niveau national, les activités agricoles sont les principales consommatrices d'eau souterraine, représentant 85 % de l'eau extraite du sous-sol. La politique d'électricité gratuite ou à bas prix mise en place par les gouvernements des États indiens incite en effet les agriculteurs à privilégier l'extraction des eaux souterraines grâce à un système de pompage pour irriguer leurs cultures[41].
147
+
148
+ L'eau souterraine, source de 40 % des besoins en eau de l'Inde, s'épuise rapidement selon un rapport publié en 2018 par un organisme gouvernemental. Vingt et une villes indiennes - dont Delhi, Bangalore, Chennai et Hyderabad - devraient manquer d'eau souterraine dès 2021, et 40 % de la population indienne n'aura pas un accès suffisant à l'eau potable en 2030[42].
149
+
150
+ Située dans l'écozone indomalaise, l'Inde abrite une grande biodiversité : 7,6 % des mammifères, 12,6 % des oiseaux, 6,2 % des reptiles, et des 6,0 % des plantes à fleurs vivant sur la Terre s'y trouvent[réf. nécessaire]. Elle possède beaucoup d'écorégions, comme les forêts de Shola, qui présentent des taux extrêmement élevés d'endémisme : au total, 33 % des espèces de plantes indiennes sont des espèces endémiques. La couverture de la forêt indienne s'étend de la forêt tropicale des îles Andaman, des Ghats occidentaux, et de l'Inde du nord-est jusqu'aux forêts de conifères tempérées de l'Himalaya. Entre ces extrémités se situent la forêt tropicale humide de l'Inde orientale, dominée par le sal ; la forêt tropophile de l'Inde centrale et méridionale, dominée par le teck ; ainsi que la forêt épineuse du Deccan central et de la plaine du Gange occidentale, dominée par l'acacia mimosa. On compte parmi les arbres importants le neem aux propriétés médicinales, largement utilisé pour des remèdes en phytothérapie rurale. Le figuier des pagodes, visible sur les sceaux de Mohenjo-daro, a ombragé le Gautama Bouddha pendant qu'il atteignait le Nirvana.
151
+
152
+ Beaucoup d'espèces indiennes descendent directement des taxons provenant du supercontinent Gondwana, duquel l'Inde est originaire. Le supercontinent Laurasia a permis un large échange d'espèces lors de son mouvement en direction de la plaque indienne, et de leur collision. Cependant, le volcanisme et les changements climatiques survenus il y a 20 millions d'années ont causé l'extinction de beaucoup de formes endémiques en Inde. Peu après, les mammifères entrèrent en Inde depuis l'Asie au cours de deux passages zoogéographiques de chaque côté de l'Himalaya naissant. En conséquence de cela, on compte parmi les espèces indiennes seulement 12,6 % de mammifères et 4,5 % d'oiseaux qui sont des espèces endémiques, contrastant avec les 45,8 % de reptiles et 55,8 % d'amphibiens. Les endémiques notables sont le singe semnopithèque du Nilgiri et le crapaud brun ou carmin de l'espèce bufo beddomii des Ghats occidentaux[43]. L'Inde contient 172 soit 2,9 % d'espèces menacées selon l'UICN, parmi lesquelles on retrouve le lion asiatique, le tigre du Bengale, et le vautour chaugoun indien, qui fut très proche de l'extinction à cause d'ingestion de charognes de bétail traités au diclofénac.
153
+
154
+ Depuis les dernières décennies, la faune de l'Inde a été sérieusement menacée par la forte augmentation démographique humaine. Pour contrer cela, le gouvernement a considérablement étendu sa liste des secteurs protégés et des parcs nationaux (liste initialement établie en 1935). En 1972, l'Inde a mis en place un plan de sauvegarde de la faune, et un projet spécialement consacré à la préservation du tigre et de son habitat naturel. Ce plan de sauvegarde fut étendu par d'autres protections fédérales promulguées dans les années 1980. En plus des 500 zones de sauvegarde de la faune, l'Inde accueille maintenant 14 réserves de biosphère, dont 4 font partie du réseau mondial des réserves de biosphère. 25 zones humides sont protégées par la convention de Ramsar.
155
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+ Dès la fin du XIXe siècle, voyant les ressources naturelles diminuer, les Britanniques ont mis en place des lois et des organismes afin de gérer l'immense territoire que représentent les Indes. Le Indian Forest Service est créé en 1866, la Indian Forest Act est édicté en 1878. Les Britanniques cherchaient alors avant tout à préserver le couvert forestier sur ces zones de façon à assurer une pérennité pour l'exploitation du bois d'œuvre, le principal levier étant le prélèvement des taxes de douane. Accessoirement, ces dispositions permettaient de préserver également le gros gibier qui peu à peu disparaissait. C'est ainsi que plusieurs aires protégées ont vu le jour comme le Parc national de Kaziranga en 1905. Les mesures de protection se sont renforcées avec l'Indian Forest Act de 1927.
157
+
158
+ Devant la dégradation continue des zones protégées, le gouvernement indien a fait promulguer le Wildlife Protection Act (en) en 1972 sur la protection de la faune et de la flore sauvages[44]. La loi relative à la conservation des forêts, le Forest Protection Act de 1980, dispose qu'aucune superficie boisée ne peut être soumise à des utilisations non forestières sans l'approbation préalable du gouvernement indien. Cette loi, adoptée rapidement avec peu de concertation, a servi de façon très efficace à interdire la conversion des zones forestières. Cependant, elle pose localement des difficultés aux petites communautés rurales. Dans la foulée, le Forest survey of india, un organisme destiné à évaluer les résultats de la protection du couvert forestier, a été créé en 1981.
159
+
160
+ La loi relative à la protection de l'environnement, l'Environment Protection Act, 1986 (en), a joué un rôle crucial dans la conservation et la gestion des écosystèmes notamment dans le traitement des eaux et des déchets[45]. La loi de 2006 sur les tribus répertoriées et autres habitants traditionnels des forêts (reconnaissance des droits forestiers) est un texte clé de la législation forestière adoptée en Inde le 18 décembre 2006 (The Scheduled Tribes and Other Traditional Forest Dwellers (Recognition of Forest Rights) Act, 2006). En 2008, le Forest Rights Act fait craindre à certains protecteurs de l'environnement une perte d'autorité de l'État sur les zones protégées[46].
161
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162
+ Il existe plusieurs niveaux de protection, le plus élevé étant les parcs nationaux et le plus petit les Village forests. En outre, certaines zones protégées peuvent l'être par des personnes privées. 4 % de la surface du pays doit, d'après une décision gouvernementale, être protégée. À ces aires protégées, se superposent des zones où des moyens complémentaires sont offerts pour protéger une espèce particulièrement ou un biome important. C'est le cas par exemple des Tiger Reserves et des Elephant reserves, qui peuvent le cas échéant se superposer. Ces réserves sont pilotées dans le cadre de plans comme le Project Tiger, le Project Elephant, l'Asiatic Lion Reintroduction Project. Le Yamuna Action Plan a pour objectif à réhabiliter la rivière Yamuna.
163
+
164
+ La protection de l'environnement est aujourd'hui pilotée par le ministère de l'Environnement et des Forêts qui dirige de nombreuses agences gouvernementales comme l'Indian Forest Service, des centres de formations et d'autres institutions.
165
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166
+ Face à la forte pollution présente dans le pays, le gouvernement indien a lancé en 2016 l'objectif d'électrifier à 100 % le parc automobile d'ici 2030[47].
167
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168
+ Ces dernières années, les événements météorologiques extrêmes, avec des sécheresses, des canicules et des cyclones récurrents, sont un facteur majeur de la chute de revenus des fermiers. Selon le Centre for Science and Environment, la plus grande ONG environnementale de l'Inde : « On fait face à une crise agricole, avec une vague de suicides de fermiers et des manifestations paysannes qui se sont multipliées par trois […] Les partis n’ont pas l’intelligence ni la vision à long terme pour prendre les mesures nécessaires. À la place, ils répondent à chaque sécheresse, à chaque inondation, par de la gestion de crise. Il n’y a aucun plan d’ensemble pour agir à l’échelle nationale pour la prévention et l’adaptation[48].
169
+
170
+ La pollution de l'air provoque la mort de 100 000 enfants de moins de cinq ans chaque année selon le Centre pour la science et l'environnement de New Delhi. Elle est responsable de 12,5 % des morts en Inde[49].
171
+
172
+ L'Inde génère actuellement, en 2019, 62 millions de tonnes de poubelles par an, mais cette production pourrait s'élever d'ici 2030 à 165 millions de tonnes annuellement selon les estimations du gouvernement[50].
173
+
174
+ La tectonique des plaques montre qu'au Permo-Trias (250-200 Ma), Madagascar, l’Inde (le craton indien était alors une grande île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique et dont la côte sud-ouest actuelle était reliée à Madagascar, la côte sud-est à l'Australie[51]), l’Afrique, l’Australie, l’Antarctique et l’Amérique du Sud étaient réunis en un supercontinent appelé Gondwana et qui commençait à se démanteler. Il y a 250 millions d’années, le Gondwana s'est disloqué pour former les cinq continents : à une première phase de rifting qui a commencé au Permo-Trias, suit une phase d’ouverture océanique du Jurassique moyen au Crétacé supérieur (180-70 Ma) avec la formation des bassins de Somalie au nord et de Mozambique au sud, relié par la ride de Davie entraînant la plaque Indo-Malgache vers le sud[52]. L’extension de la dorsale centrale indienne il y a 150 Ma sépare l’Inde de Madagascar avec un épisode de compression le long de la ride de Davie alors exhumée. Au cours de cette océanisation, se forment un épaulement de rift (l'actuelle chaîne de montagne occidentale indienne, les Ghats occidentaux) et l'Inde opère une remontée du sud au nord vers l'Asie, il y a entre 150 et 50 millions d'années, à une vitesse estimée d'environ 15 cm/an. Au cours de cette migration, la plaque indienne dérive sur le point chaud de La Réunion, une zone à forte activité volcanique. Les terres de l'Inde actuelle subissent alors d'intenses éruptions volcaniques il y a environ 65 millions d'années qui forment les trapps du Deccan, constitués d'un empilement successifs de laves basaltiques. Aujourd'hui, cette zone couvre une bonne partie du centre-ouest de l'Inde. La dérive vers le nord aboutit à une collision avec l'ancienne plaque eurasienne (l'ancien Tibet), provoquant la surrection de l'Himalaya et l'expulsion du bloc indochinois vers le sud-est[53].
175
+
176
+ Carte des terres émergées au Trias, montrant deux supercontinents, la Laurasia et le Gondwana.
177
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178
+ Mouvements continentaux dans le cadre de la tectonique des plaques.
179
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+ Collision de la plaque indienne et de la plaque eurasiatique.
181
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+ Carte terrestre illustrant les principales plaques tectoniques actuelles.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
185
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+ L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et compte plus de 1,3 milliard d'habitants, dont 215 millions dans l'Uttar Pradesh (Kanpur, Agra) et 120 millions dans le Maharashtra (Bombay, Pune).
187
+
188
+ C'est un pays jeune avec 560 millions de personnes de moins de 25 ans[54]. En 2004, un Indien sur deux avait moins de 25 ans et 70 % de la population habitait à la campagne.
189
+
190
+ On prévoit que l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025[55].
191
+
192
+ Cinq ans à peine après l'Indépendance, en 1947, l'Inde fut le premier pays à mettre en place une politique de contrôle de la population. Depuis, le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux aussi régulièrement qu'il les a manqués. L'Inde, du fait de la nature démocratique de son régime politique, axe sa politique sur la responsabilisation individuelle, avec par exemple des centres d'information sur la contraception. Cette politique non contraignante diffère de celle de l'enfant unique de la Chine. Adoptée en 2000, une politique nationale appelait le pays à atteindre avant 2010 le seuil de renouvellement de 2,1. Il n'y parviendra sans doute pas avant une décennie au moins. Les facteurs qui semblent avoir eu le plus d'impact sur la natalité semblent être l'amélioration générale du niveau de vie ainsi que l'alphabétisation des femmes dans certains États (par exemple, au Kérala).
193
+
194
+ Ainsi, l'Inde connaît une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'individus par an (conséquence d'une fécondité de 2,4 enfants par femme en moyenne — contre 1,5 pour la Chine). L'espérance de vie est passée de 38 ans en 1952 à 64 ans en 2011.
195
+
196
+ Néanmoins, l'Inde est aujourd'hui confrontée à un phénomène problématique : la baisse du nombre de femmes par rapport au nombre d'hommes, en raison de l'élimination prénatale des fœtus féminins. Le ratio dans la population est de l'ordre de 9 femmes pour 10 hommes. Dans certaines parties de l'Inde, il n'y a plus que 8 femmes pour 10 hommes.
197
+
198
+ En conséquence, de nombreux hommes vivent aujourd'hui un célibat forcé, en même temps que se développent de vastes trafics de filles à marier étrangères, que l'on fait venir des Philippines, de Birmanie ou d'Indonésie.
199
+
200
+ La cause souvent avancée pour expliquer l'élimination des fœtus féminins est d'ordre socioculturel : le destin d'une fille en Inde est de quitter sa famille à son mariage pour vivre dans celle de son époux et contribuer ainsi à enrichir le foyer de ses beaux-parents.
201
+
202
+ En outre, la famille de la fiancée doit s'acquitter d'une dot envers la belle-famille, pratique autrefois circonscrite aux familles de caste brahmane[réf. nécessaire] mais qui tend à s'étendre à l'ensemble de la population malgré une loi l'interdisant, et qui donne parfois lieu à des abus. Son versement peut ainsi entraîner de graves difficultés financières, voire la ruine, pour la famille de la mariée. Les cas de meurtres de jeunes mariées perpétrés par leur belle-famille sont souvent dénoncés dans la presse indienne et sont présentés comme la conséquence d'un défaut de paiement de la dot par leur famille d'origine.
203
+
204
+ En 2006, on estimait ainsi officiellement qu'un cas de dowry death était rapporté à la police toutes les 77 minutes[57], soit près de 6 800 jeunes mariées, insuffisamment dotées, assassinées par an.
205
+
206
+ L'Inde a réalisé d'énormes progrès économiques depuis l'indépendance. En 2015, l'Inde était la 9e puissance économique mondiale avec un PIB de 2 074 milliards de dollars[60].
207
+
208
+ L'Inde s'efforce d'approfondir ses relations avec l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe.
209
+
210
+ La classe moyenne indienne compte plus de 120 millions de personnes et est en constante évolution[61]. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, l'informatique, le BTP, les services, dont le tourisme et les industries manufacturières.
211
+
212
+ Les travaux publics emploient à eux seuls plus de 30 millions d'Indiens et représentent environ 10 % du PIB avec de gigantesques projets d'élargissement de routes, d'aéroports et de barrages pour les années 2016-2025[62].
213
+
214
+ La question de l'accès à l'emploi devient cependant un problème majeur. Le nombre d'emplois dans le pays a diminué de 9 millions entre 2012 et 2019, alors que plus d'un million de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. En conséquence, le nombre de chômeurs chez les moins de 29 ans a bondi de 9 millions en 2012 à 25 millions en 2018. D'autre part, 90 % des emplois en Inde relèvent encore du secteur informel, caractérisé par l’absence de contrat de travail, d’assurance et de cotisation retraite[63].
215
+
216
+ La situation des paysans est également préoccupante. Chaque jour, des agriculteurs se suicident, criblés de dettes ; d’autres sont obligés de mettre fin à leur activité et de quitter leur lopin de terre pour rejoindre les bidonvilles.
217
+
218
+ Chaque année, des millions d’Indiens, parmi les plus défavorisés, quittent leur village pour travailler dans les mégalopoles.Le nombre de ces « travailleurs migrants » se situerait entre 50 millions et 100 millions. Cette main-d’œuvre non qualifiée et mal payée est essentielle dans l’économie indienne. Elle est le plus souvent utilisée dans des emplois précaires et parfois dangereux, sans contrat de travail ni sécurité sociale, dans le secteur informel, sur les chantiers de construction, dans les usines, dans les hôtels et restaurants. Le reste forme le bataillon des vendeurs de rues ou de conducteurs de rickshaws[64].
219
+
220
+ Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l’Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin. Aujourd'hui, avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. L'Inde compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois et a dépassé début 2016 plus d'un milliard d'abonnements de lignes mobiles.
221
+
222
+ Des jeunes du monde entier, dont un nombre croissant d'Européens, viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. Un autre indice du développement économique est l’équipement des foyers en téléviseurs. Le nombre de foyers équipés était de 88 millions en 2000 contre 105 millions en 2007 (50 % des foyers).
223
+
224
+ L'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars.
225
+
226
+ Le journal indien Economic Times[65] annonce ainsi une croissance de 7,6 % pour l'Inde du 1er avril 2015 au 31 mars 2016 contre 6,5 % affichés par la Chine.
227
+
228
+ De son côté, la Chambre de commerce indienne est le principal organe de commerce et d'industrie de l'Est et du Nord-Est de l'Inde. Fondé en 1925, la Chambre est composées de plusieurs des plus grands groupes d'entreprises du pays. La Chambre a été créée par un groupe d'industriels pionniers dirigé par G. D. Birla (en). Enfin, historiquement la Chambre indienne était étroitement associée à la liberté indienne[66],[67].
229
+
230
+ Le mode de calcul du PIB a été modifié en 2014, permettant de gonfler artificiellement les chiffres de la croissance. Le taux de chômage est si considérable que le ministère du travail ne communique plus de statistiques depuis 2016. Les secteurs bancaire et ferroviaire ont commencé à être privatisés. Ces dernières années les budgets de la santé et de l'éducation, déjà très faibles (respectivement 1,2 % et 0,6 % du PIB), ont été réduits, de mème que d'autres dépenses sociales : aides à l'emploi, allocations aux cantines scolaires, plans pour l'accès à l'eau potable. Sur la question du droit du travail, des amendements votés en 2018 restreignent davantage les activités syndicales et tendraient à faciliter les licenciements et à allonger la durée de travail hebdomadaire des salariés[68],[69].
231
+
232
+ La religion la plus pratiquée en Inde est l'hindouisme (79,8 %) d'après le recensement de 2011[70]. Viennent ensuite l'islam (14,2 %), le christianisme (2,3 %), le sikhisme (1,7 %), le bouddhisme (0,7 %), le jaïnisme (0,4 %), le judaïsme et le zoroastrisme 0,009 % (parsis). Parmi ces religions, l'hindouisme, le jaïnisme le bouddhisme, le sikhisme sont nés en Inde. Par ailleurs, des religions classées comme animistes sont encore très vivantes parmi les groupes tribaux du centre et du nord-est du pays.
233
+
234
+ La communauté chrétienne d'Inde du Sud est issue de deux périodes d'évangélisation, soit très ancienne, dès le Ier siècle (chrétiens de saint Thomas au Kerala et au Tamil Nadu), soit consécutive à l'arrivée des Européens à partir du XVIe siècle : Portugais, Français, Anglais, Danois et Italiens. Les chrétiens de l'Inde du Nord-Est sont quant à eux issus de l'évangélisation de masse effectuée par les missionnaires américains et britanniques durant la colonisation britannique.
235
+
236
+ Le jaïnisme est une religion de l'Inde qui rassemble à peu près 4,4 millions de fidèles (environ 0,4 %) de la population et dont la majorité des pratiquants habitent au Maharashtra, au Karnataka et au Gujarat. Il existe toutefois actuellement des communautés jaïnes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Népal, au Japon, en Belgique (Anvers), en Malaisie, au Kenya, etc. Le jaïnisme se caractérise par un respect absolu de toute forme de vie.
237
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+ Alors que le bouddhisme est originaire d'Inde, il est pratiqué à l'heure actuelle par une minorité de la population, notamment par les habitants du Ladakh, du Lahaul-et-Spiti, de l'Arunachal Pradesh et du Sikkim. Il y a également les Tibétains réfugiés depuis l'intervention au Tibet par la Chine, et les communautés d'ex-intouchables du Maharashtra (5 % de la population) qui se sont convertis en suivant l'exemple de Bhimrao Ramji Ambedkar, un grand leader intouchable de l'indépendance. Mais depuis quelques années, l'élite urbaine et la classe moyenne indiennes commencent doucement à s'intéresser de plus en plus au bouddhisme avec l'arrivée des écoles bouddhistes du Japon.
239
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240
+ La population zoroastrienne, qui forme la deuxième population de cette religion derrière l'Iran décroît rapidement à cause du taux de fécondité extrêmement bas (environ 116 569 individus). Les zoroastriens indiens se divisent en deux communautés issues de deux périodes d'arrivées différentes : les Parsis (établis en Inde vers l'an 717 à la suite des invasions musulmanes en Perse) et les Iranis (venus d'Iran durant le règne de la dynastie Kadjar au XIXe siècle). Le gouvernement indien organise des campagnes de sensibilisation auprès de ces groupes au sujet de la contraception et du planning familial, incitant les couples à avoir de nombreux enfants afin de sauver leurs ethnies de la disparition.
241
+
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+ Les tensions interreligieuses peuvent être vives en Inde. Après l'indépendance en 1947, les déplacements forcés de populations entre l'Inde et le Pakistan avaient provoqué des émeutes extrêmement violentes entre les communautés hindoues et musulmanes, qui firent, selon certaines estimations, un million de morts[71]. En 1984, après l'assassinat d'Indira Gandhi, les pogroms touchent la communauté sikh (5 000 à 50 000 morts dont beaucoup de brûlés vivants[réf. nécessaire]) . En 1992, la destruction de la mosquée historique d'Ayodhya[Note 4] par des hindous avait entraîné des violences entre musulmans et hindouistes, notamment à Mumbai, faisant plus de 2 000 morts dans le pays.
243
+
244
+ En octobre 2001, un attentat suicide frappe le Parlement du Jammu-et-Cachemire à Srinagar (38 morts)[72]. Le 13 décembre 2001, le Parlement fédéral subit une attaque suicide qui provoque la mort de 14 personnes[72].
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246
+ En 2002, des affrontements entre hindous et musulmans font plus de 250 morts en trois jours à Ahmedabad, et plus de 2 000 au Gujarat[73]. Les émeutes font suite à l’incendie, le 27 février, d’un train ramenant des pèlerins hindous, dans un climat de tensions liées à la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992.
247
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248
+ En octobre 2005, trois explosions attribuées aux islamistes provoquent la mort de 66 personnes à Delhi[74].
249
+
250
+ Le 7 mars 2006, la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar[72]. Le 8 septembre 2006, l’explosion de trois bombes près de la mosquée de Malegaon, dans le Maharashtra, fait 37 morts[72].
251
+
252
+ Le 25 août 2007, deux attentats à la bombe frappent la ville d'Hyderabad, tuant au moins 43 personnes[75]. Le 23 novembre 2007, les villes de Bénarès, Lucknow et Faizabad, sont touchées par des attentats contre des tribunaux, faisant au moins treize morts et une cinquantaine de blessés[76]. Ces attentats arrivent au moment où les avocats de l'Uttar Pradesh annoncent ne pas assurer la défense des militants islamistes dans leur région. Le 13 mai 2008, plusieurs attentats dans la ville de Jaipur font au moins 80 morts et 200 blessés[77]. Une bombe a explosé dans un temple hindou. Les 25 et 26 juillet 2008, les attentats revendiqués par des islamistes à Bangalore et Ahmedabad provoquent la mort de 51 personnes[74].
253
+
254
+ À la fin du mois d'août 2008, des hindous s'en prennent aux chrétiens dans l'état d'Odisha, à l'est du pays : les violences font au moins une dizaine de morts et 25 églises ont été incendiées[78]. Le 13 septembre 2008, plusieurs explosions touchent Delhi[74]. Ces derniers attentats sont revendiqués par les Moudjahidines indiens, un groupe islamiste. Le 26 novembre 2008, c'est Mumbai (Bombay) qui est touchée par une série d'attaques faisant au moins 100 morts, et environ 300 blessés[79]. Ces attentats sont revendiqués par l'organisation islamiste des Moudjahidines du Deccan.
255
+
256
+ Plus récent encore, les tensions inter-communautaires de l'ouest de l'Assam durant l'été 2012, a opposé les populations indigènes hindous bodos et les bengalis musulmans. Ces tensions ont provoqué un regain de violence dans l'ensemble du pays. Les grandes villes, dont Bangalore, étaient très exposées aux risques d'attentats terroristes de la part des extrémistes hindous et musulmans.
257
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258
+ Le gouvernement nationaliste de Narendra Modi entreprend à partir de 2018 de déchoir de la nationalité indienne les personnes qui ne peuvent prouver que leurs ancêtres étaient présents en Inde avant le 24 mars 1971. Dans l’État de l'Assam, quatre millions de personnes sont subitement devenues apatrides en 2018, et deux millions d'autres en 2019[80]. La forte proportion d'hindous (environ les deux tiers) parmi les personnes déchues de leur nationalité a été une surprise pour le gouvernement indien. Ce dernier, qui conduit une politique antimusulmane et nationaliste hindou, a réagi en adoptant la loi sur la nationalité visant à permettre aux hindous de retrouver leur nationalité indienne. La construction de plus d'une dizaine de camps de détentions est en projet pour rassembler les personnes devenues apatrides. Le Bangladesh voisin, d'où les personnes ayant perdu leur nationalité sont censées être originaires, a indiqué qu'il n'accepterait de recevoir ces « migrants » que si la preuve de leur nationalité bangladaise était apportée. En attendant, les exclus — hommes, femmes et enfants — seront placés en détention provisoire. Pourtant, cette preuve semble dans la plupart des cas impossible à fournir, et les détentions pourraient donc être définitives[81].
259
+
260
+ Les valeurs indiennes traditionnelles de la famille sont encore aujourd'hui respectées, bien que dans certains milieux, le modèle de la famille change pour diverses raisons : migration, mondialisation, changement de mœurs, etc.
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+ Aujourd'hui encore la plupart[Combien ?] des mariages sont arrangés. La coutume est que la femme quitte le foyer de ses parents pour celui de son mari, qui reste vivre auprès de ses parents.
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+ L’Inde est le pays le plus touché par le travail des enfants[82]. Les estimations varient entre 44 et 110 millions d’enfants actifs, mais l’évaluation la plus couramment citée est de 60 millions tandis qu’officiellement, ce chiffre est de 20 millions. Selon l’Unicef, 11,8 % des enfants travaillent en Inde (chiffres 2002-2012)[83]. Environ 20 % de ces enfants travaillent dans la rue en tant que chiffonniers, mendiant, conducteurs de vélos taxis et cireurs de chaussures. Ils sont aussi exploités par les exploitations agricoles telles que les rizières et les plantations de jasmin, thé, noix de cajou, etc. Un travailleur agricole sur dix est un enfant. L'industrie est elle aussi touchée par ce travail infantile, particulièrement dans les mines, les usines de textiles, les verreries, les usines de feux d'artifice, de cigarettes, et encore d'autres. Plus de 400 000 enfants seraient exploités sexuellement par la prostitution et la pornographie.
265
+
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+ Les conditions de travail des enfants sont des plus déplorables[84]. Ils peuvent passer entre 12 et 20 heures par jour dans des lieux malsains et dangereux pour leur santé. Dans les usines de textile, les enfants sont parfois enchaînés à leur machine à coudre et sont forcés de dormir sur place. L'hygiène de base n'est que très rarement respectée et les soins de santé sont inexistants. Les enfants sont souvent soumis à l'exposition de produits toxiques et, dans bien des cas, doivent les manipuler. En plus de ces mauvaises conditions, les enfants sont sous salariés puisqu'ils ne connaissent pas la valeur de l'argent. De plus, les trois premières années, sous prétexte d'apprentissage, ils ne sont pas rémunérés[85].
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+
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+ Actuellement, on compte plus de 10 millions d'enfants qui sont en position de servitude[86]. La plupart du temps, ils ont été échangés contre du bétail ou pour effacer les dettes des parents envers les compagnies[87].
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+ Le 1er avril 2010, l'instruction scolaire du premier degré est devenue obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans[88]. Les frais sont pris en charge par l'État pour les familles démunies[89].
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+ Depuis le 1er avril, l'éducation est devenue un « droit fondamental » pour des millions de petits Indiens. La nouvelle loi qui vient d'être adoptée par le Parlement de New Delhi ne sera pas facile à mettre en œuvre. Pour autant, elle est historique. Elle vise à garantir un enseignement gratuit et obligatoire à tous les enfants âgés de 6 à 14 ans, dans un pays où au moins 10 millions d'entre eux n'ont jamais vu une salle de classe. La nouvelle loi a été portée sur les fonts baptismaux par le premier ministre, Manmohan Singh, lui-même issu d'un milieu très modeste[90].
273
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274
+ L'espérance de vie indienne est de 66,80 ans (2011). À noter, encore en 2011, le taux de natalité est de 20,97 ‰, alors que le taux de mortalité est de 7,48 ‰, créant ainsi une augmentation importante de la population chaque année[92].
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276
+ Une nouvelle estimation nationale du nombre de personnes vivant avec le virus VIH en Inde, réalisée avec le soutien du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), révèle que la prévalence du virus chez les adultes s'établit à 0,36 % de la population du pays, ce qui correspond à un chiffre compris entre 2 et 3,1 millions d'individus[93].
277
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278
+ Les accidents de la route constituent la première cause de mortalité, tuant en moyenne dix-huit personnes chaque heure, soit plus de 160 000 victimes en 2011. Or 80 % des blessés ne reçoivent aucun soin au cours de la première heure, cruciale dans bien des cas. Comme il n'existe pas de service d'aide médicale urgente, ce sont les policiers qui sont les premiers sur les lieux, mais ils ne sont pas préparés au secours d'urgence.
279
+
280
+ Alors que les foyers pauvres consacrent 60 % de leurs revenus à l’alimentation, 38 % des enfants souffrent toujours de malnutrition[94].
281
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282
+ L’Inde ne compte que 0,5 lit d’hôpitaux pour 1 000 habitants (contre 4,3 lits pour 1 000 habitants en Chine)[95].
283
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284
+ La culture indienne est le résultat de traditions qui ont combiné des éléments hétérogènes de civilisations présentes sur le territoire à la suite d'invasions, de mouvements migratoires et de colonisation qui ont marqué le pays à un moment ou à un autre de son histoire.
285
+
286
+ L'Inde est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante : le recensement de 2001 a comptabilisé 234 langues maternelles, dont 122 langues importantes ainsi que plusieurs milliers de dialectes[96]. 77 % des Indiens parlent une langue indo-aryenne (dont la plus parlée du pays, l'hindi, est la langue maternelle de 422 millions d'Indiens, soit 41 % de la population[97]), 20 % une langue dravidienne[98]. Les autres familles représentées sont les langues austroasiatiques, sino-tibétaines et tai-kadai ainsi que quelques isolats[99].
287
+
288
+ La langue officielle du gouvernement central est l'hindi. Depuis plusieurs années, le gouvernement central tente de renforcer l'usage d'un hindi standardisé à travers tout le pays. Cependant, une certaine partie de la population juge cet hindi comme trop complexe, perçu même comme « nouveau symbole de l’oppression et du pouvoir d’État » envers les intérêts locaux[100].
289
+
290
+ L'anglais, langue de l'ancien colonisateur britannique, a le statut de seconde langue officielle. L'anglais n'est cependant utilisé que par une faible partie de la population, notamment par l'élite indienne dans les affaires, le tourisme, l'administration, le milieu universitaire ou encore diplomatique. Si de nombreux intellectuels depuis Gandhi voient dans l’anglais une langue de l'aliénation, créant de surcroît un schisme entre l'élite indienne et le peuple, l'anglais a néanmoins le mérite de transcender en certaines occasions les particularismes linguistiques régionaux, très présents et parfois opposés, comme le prouve notamment le conflit en Inde entre États dravidophones et États hindiphones.
291
+
292
+ En outre, une vingtaine de langues sont officielles dans les différents États et territoires, dont le français (bien que peu parlé) dans le territoire de Pondichéry, en raison de l'histoire coloniale de ce territoire.
293
+
294
+ La musique indienne est très diversifiée[101]'[102]. La musique classique compte principalement les traditions hindoustanies du Nord et carnatiques du Sud.
295
+
296
+ La musique populaire est généralement régionale. Elle inclut de très nombreuses musiques de film (dont A. R. Rahman auteur et compositeur) et de la musique folklorique comme le Bhangra.
297
+
298
+ Les danses sont également variées, selon les régions et les communautés[103]. Parmi les danses classiques les plus connues : le bharata natyam, le kathakali, le kathak (qui partage ses racines avec le flamenco d'Espagne), le kuchipudi, le manipuri, l'odissi et le yakshagana. Ces danses sont habituellement imprégnées par des éléments religieux et de dévotion.
299
+
300
+ La tradition littéraire la plus ancienne, le Veda, fut composée et transmise oralement. La littérature religieuse hindoue écrite en sanskrit, tels que le Ramayana, le Mahabharata ou les Purana, tient une grande place dans la culture indienne, et donne lieu à des réminiscences et des adaptations jusque dans les œuvres contemporaines de fiction, de théâtre ou de cinéma. Une autre littérature importante de la période est la « Littérature du Sangam » de langue tamoule produite dans le Tamil Nadu, également très ancienne. Le sanskrit comme le tamoul classique sont des langues savantes qui ne sont accessibles qu'à un groupe très restreint d'individus cultivés. Les littératures en langue vernaculaire (telle que l'hindi, bengali ou ourdou par exemple) se développent quant à elles à partir du Xe siècle. Les textes sont en vers ou en prose, d'essence religieuse et bien souvent inspirés de légendes anciennes ou d'épopées.
301
+ Sous l'influence de la colonisation britannique, les auteurs indiens de l'ère moderne, dont le bengali Rabindranath Tagore, écrivent en anglais comme dans leur langue maternelle.
302
+
303
+ À partir du XXe siècle et à l'époque contemporaine, beaucoup d'écrivains, dont certains jouissent d'une audience internationale (Salman Rushdie, Anita Desai, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Arundhati Roy, Vijay Singh, Tarun Tejpal, Rohinton Mistry, etc.) ont contribué au développement d'une fiction indienne de langue anglaise en rupture avec la narration classique caractérisant leurs prédécesseurs (et notamment R. K. Narayan, considéré comme l'un des pères du roman indien écrit en anglais). Leurs œuvres portent l'empreinte du courant postcolonialiste, où les thèmes de l'identité nationale, de l'histoire, de la réflexion sur l'oppression coloniale s'allient à une interrogation sur ce qui fonde l'identité de l'individu, sur la difficulté à vivre la rupture entre la tradition et la modernité, sur le conflit des cultures et des influences qui se joue dans la conscience de l'homme de l'Inde indépendante. Cette recherche d'identité passe par le recours à la langue anglaise, langue du colonisateur réinventée et réappropriée, qui témoigne par ailleurs de la volonté de créer un langage et une esthétique propre, et par là même de s'exprimer en dépassant la difficulté de se dire avec des mots « venus d'ailleurs », suivant l'expression de R. K. Narayan[104]. Auteur de fiction, de poèmes et d'essais littéraires, dont plusieurs ont obtenu des prix internationaux, Amit Chaudhuri[105] occupe également un rang notable dans la toute jeune génération de la littérature anglo-indienne. Dans un registre intimiste, il s'attache à la description des mutations de la famille et à une réflexion sur la conjugalité dans les foyers de la classe moyenne émergente. De même, Hari Kunzru[106] a récemment publié une épopée comique sur le thème de la recherche de l'identité, illustrant le surgissement de tendances individualistes qui semble à l'œuvre dans cette même classe moyenne résidant dans les métropoles indiennes. On peut enfin citer Kiran Desai qui a remporté le Man Booker Price en 2006 avec un récit illustrant la tension vécue par la génération actuelle, entre héritage familial et aspirations individuelles[107].
304
+
305
+ Le postcolonialisme, mouvement littéraire de grande ampleur qui a touché à la fois les pays du sud et l'Occident, en amorçant un détachement des formes élitistes, a également favorisé en Inde l'expression littéraire de groupes minoritaires qui traditionnellement se voyaient dénier la capacité de produire des œuvres culturelles. Ainsi des écrivains, dramaturges et poètes dalits (ou « hommes brisés » en marathi, nom que se sont donné les individus originaires des castes intouchables pour contester leur statut social issu de leur position hiérarchique dans la société hindoue) ont également ébranlé les formes littéraires classiques, par l'usage d'un langage inhabituellement concret, voire cru, pour décrire leur condition d'opprimés, contribuant ainsi au renouvellement des thèmes et des formes de la littérature nationale.
306
+
307
+ L'industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du monde. Son fleuron est constitué par la production de Bollywood (mot valise dérivée de Bombay, l'ancien nom de Mumbai, et Hollywood), dont les studios sont situés dans la capitale du Maharashtra, et qui réalisent principalement des films commerciaux en hindi. L'industrie est également importante dans la région de Calcutta, de Chennai, et au Kerala. Il existe ainsi une production non négligeable de films en telugu (Tollywood), kannada, malayalam (Mollywood), tamoul (Kollywood), penjabi, bengali ou marathi. Le cinéma est un art et une distraction particulièrement populaire en Inde. Les acteurs les plus connus jouissent ainsi d'un grand prestige et les liens entre l'industrie du film et la politique sont parfois très étroits. Ainsi, certains acteurs ont occupé des postes gouvernementaux importants, comme M. G. Ramachandran et Amma, acteurs tamouls populaires devenus ministre en chef du Tamil Nadu[108].
308
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309
+ En marge de cette production de masse, il existe également un cinéma d'auteur, dont le représentant le plus connu hors des frontières de l'Inde est le bengali Satyajit Ray. On peut également citer parmi les réalisateurs classiques Guru Dutt, Raj Kapoor (également acteur), Adoor Gopalakrishnan et Yash Chopra pour ses grands succès.
310
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311
+ Parmi les réalisateurs indiens contemporains ayant connu le succès, Mira Nair, figure de proue du cinéma indien indépendant, a récemment obtenu plusieurs récompenses internationales, dont un Lion d'or à Venise en 2001 ; ses films sont travaillés par les thèmes de l'exil et de la fracture entre les générations, ou aussi par ceux de la sexualité féminine et de sa censure. Citons également Shyam Benegal, Deepa Mehta, Sudhir Mishra (en) ou encore Vijay Singh, cinéaste indien vivant à Paris, dont les films touchent à la fois à l'Inde et à la France. Sur un mode plus léger, Karan Johar, issu d'une famille de réalisateurs de Bollywood, possède sa propre société de production et tente de renouveler les codes du genre en introduisant des thèmes de réflexion sur les mœurs familiales en mutation dans ses intrigues par ailleurs très représentatives du cinéma commercial produit à Mumbai.
312
+
313
+ La cuisine indienne est extrêmement diversifiée selon les régions, les communautés, les religions ou les familles, et inclut de nombreuses épices souvent moulues et mélangées dans des assortiments appelés masalas (ou curry en anglais ou en français, curry à l'origine signifiant « sauce » en hindi) : tandoori masala de la cuisine islamique moghole, rasam masala de la cuisine du sud de l'Inde, garam masala de la cuisine du nord de l'Inde, etc. Les épices et les méthodes changent de région en région. Le riz, les lentilles et le blé sont la base alimentaire de la nation indienne. On consomme en Inde également 2,6 millions de tonnes par an de bœuf, 1,4 million de tonnes de porc et 600 000 tonnes de mouton[109]. Le pays est connu pour sa grande variété de cuisines végétariennes et non-végétariennes. La nourriture et les bonbons épicés sont populaires. Il existe également une grande variété de plats sucrés et de boissons qui varient de région en région.
314
+
315
+ Si le sport national est le hockey sur gazon, c'est le cricket qui, en Inde, est élevé au rang de véritable passion nationale. L'équipe indienne joue au plus haut niveau international, et certains joueurs, tel Sachin Tendulkar, sont extrêmement populaires dans tout le pays et au-delà. Certains matches sont suivis avec ferveur par tout le pays, notamment les rencontres entre l'Inde et son voisin le Pakistan, ou les confrontations de la sélection nationale avec l'Angleterre.
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+ Dans quelques États, en particulier dans le nord-est et les États côtiers du Bengale-Occidental, de Goa et du Kérala, le football — dont le berceau en Inde est la ville de Calcutta — est largement répandu. Le Championnat d'Inde de football existe depuis 1996. Récemment, le tennis a gagné en popularité, en particulier grâce à la joueuse professionnelle Sania Mirza. L'Inde est par ailleurs présente dans le monde de la course automobile avec les pilotes de F1 comme Karun Chandhok ou Narain Karthikeyan au volant de l'ex Jordan qui aujourd'hui se nomme « Force India », constructeur détenu par le milliardaire indien Vijay Mallya. On peut enfin citer le catcheur The Great Khali.
318
+
319
+ Le jeu d'échecs, réputé originaire de l'Inde, progresse également du fait de l'augmentation du nombre de grands maîtres indiens, à commencer par Viswanathan Anand, régulièrement classé numéro un mondial et sacré champion du monde le 29 septembre 2007 à Mexico, qui conservera son titre en 2008, 2010 et 2012, avant de s'incliner devant Magnus Carlsen en 2013. Les autres sports traditionnels comprennent le Kabaddi, le Kho-Kho, et le Gilli-Danda, qui sont joués dans tout le pays. L'Inde est la source de la discipline historique et religieuse du yoga, et également de l'art martial antique, le Kalarippayatt.
320
+
321
+ Les fêtes indiennes sont nombreuses et variées[110]. En plus des trois jours fériés nationaux, la plupart des fêtes sont d'origine religieuse. Certaines sont fêtées partout dans le pays, comme Divali à l'automne ou Holi au printemps, d'autres sont plus régionales, comme Pongal au Tamil Nadu ou Onam au Kérala[111],[112].
322
+
323
+ Joueurs et public d'un jeu de rue à Pushkar (Rajasthan).
324
+
325
+ Atoll de l'archipel des Laquedives.
326
+
327
+ Façade est du Palais des vents à Jaipur.
328
+
329
+ Plage sur la côte de Malabar au Kerala.
330
+
331
+ Forêt tropicale de la chaîne montagneuse des Ghats occidentaux.
332
+
333
+ Mausolée du Tombeau d'Humâyûn, New Delhi.
334
+
335
+ Monastère de Thiksey, Ladakh.
336
+
337
+ Mumbai (Bombay), la capitale économique
338
+
339
+ Le Taj Mahal à Agra.
340
+
341
+ Shikara (gondoles cachemiri) sur le lac Dal à Srinagar, Cachemire.
342
+
343
+ Backwaters du Kerala.
344
+
345
+ Parc national de Bandhavgarh, Madhya Pradesh.
346
+
347
+ Célébration de Bihu par des femmes Mishing dans la Vallée de l'Assam.
348
+
349
+ Vallée de Pahalgam, Cachemire.
350
+
351
+ Ghats à Varanasi.
352
+
353
+ Puits à degrés du Rani ki Vav à Patan au Gujarat.
354
+
355
+ Le Kuchipudi d'Andhra Pradesh.
356
+
357
+ Femmes de Jodhpur.
358
+
359
+ Le Kangchenjunga (Himalaya), est le plus haut sommet d'Inde culminant à 8 586 m.
360
+
361
+ Tigre du Bengale.
362
+
363
+ Chutes de Jog, Karnataka.
364
+
365
+ Centrale thermique au Gujarat.
366
+
367
+ Célébration de Holi dans la ville sainte de Barsana, non loin de Vrindavan (Uttar Pradesh).
368
+
369
+ Temple de Baijnath, Himachal Pradesh. L'hindouisme est la religion majoritaire (près de 80 %) en Inde.
370
+
371
+ Danseuse de Sattriya, une danse classique d'Assam.
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+
373
+ Bharatanatyam danse traditionnel du Tamil Nadu.
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+
375
+ L'Inde a pour codes :
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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384
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388
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390
+
391
+ Asie du Sud-Est
392
+
393
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
394
+
395
+ Asie du Sud
396
+
397
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
398
+
399
+ Asie du Nord
400
+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ République de l'Inde
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+ (hi) भारत गणराज्य Écouter
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+ (en) Republic of India
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+ 28° 34′ N, 77° 07′ E
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+ L'Inde (en hindi : भारत / Bhārat), officiellement la République de l'Inde[4] (en hindi : भारत गणराज्य / Bhārat Gaṇarājya), est un pays d'Asie du Sud qui occupe la majeure partie du sous-continent indien. Sa capitale est New Delhi. L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus grand du monde. Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan au nord-ouest, la Chine au nord et à l'est-nord-est, le Népal au nord-est, le Bhoutan , le Bangladesh et la Birmanie à l'est-nord-est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-sud-ouest, du Sri Lanka au sud et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1974 après avoir fait des essais officiels.
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+ L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av. J.-C. Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire. L'hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. L'Inde est aujourd'hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
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+ Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente du Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
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+ En 2017, l'économie indienne est la septième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considéré comme un nouveau pays industrialisé. Cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 55 % des revenus nationaux[5]. L'Inde est passé de la 140e à la 177e place entre 2016 et 2018 sur l'Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L'étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l'air[6].
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+ Le nom du pays « Inde » est dérivé de la version en vieux persan, « hindu », du mot sanskrit « Sindhu », l'appellation du fleuve Indus en sanskrit[7].
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+ La constitution du pays utilise également le mot « Bharat » (mot hindi dérivé du nom sanskrit d'un roi aryen antique dont l'histoire peut être trouvée dans le Mahabharata)[7].
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+ Un troisième nom, « Hindustan » ou « Hindoustan » écouter le mot est employé depuis la période de l'Empire moghol et est encore utilisé aujourd'hui par les Indiens dans le langage courant.
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+ En français, le pluriel « les Indes » était couramment utilisé pour désigner tant la région géographique que l'État au moment de la domination britannique (« Empire des Indes ») ; cette tournure est tombée en désuétude depuis l'indépendance du pays.
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+ L'Inde a un climat de mousson, tropical semi-aride et chaud[8]. Il y a quatre saisons en Inde[9] :
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+ Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat relève que la mousson indienne s'est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l'océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l'Inde est particulièrement vulnérable à la montée du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des décennies à venir[11].
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+ Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans[12]. Autour de 7000 av. J.-C., la première installation néolithique apparaît sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan[13]. Ceux-ci se développent pour former la Civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud[12] qui existe entre 2500 et 1900 av. J.-C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde[13]. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistance, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle[12].
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+ De 2000 à 500 av. J.-C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent du Chalcolithique à l'âge du fer[12]. Les Veda, les plus vieux textes de l'hindouisme[12], sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange[12]. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest[12]. Le système des castes, créant une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais en excluant les indigènes en déclarant leurs occupations impures, aurait émergé à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique basée sur les chefferies[12]. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat[12].
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+ À la fin de la période védique, vers le Ve siècle av. J.-C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas[12]. L'émergence de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, basé sur les enseignements de Gautama Bouddha attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahāvīra[12]. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal[12] et toutes deux établissent des monastères[12]. Politiquement, au cours du IIIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour émerger comme l'Empire maurya[12]. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique[12].
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+ La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commercent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie[12]. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille[12]. Au cours des IVe et Ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants[12]. Sous les Gupta, un renouveau de l'hindouisme, basé sur la dévotion plutôt que les rituels, commence à émerger. Ce renouveau s'exprime dans la sculpture et l'architecture[12]. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées[12].
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+ La première partie du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kânnauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.
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+ Aux VIe et VIIe siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des VIIIe et IXe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.
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+ Après le Xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions[14],[15]. En repoussant les raids mongols au XIIIe siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord[14]. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara[14]. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire[15] et influence fortement la culture du sud de l'Inde[14].
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+ Au début du XVIe siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives[14] et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive[15], amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé[14]. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.
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+ Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture persanifiée, à un empereur au statut quasiment divin[15]. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture[14] et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants[14]. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le XVIIe siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde[14] et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture[14]. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs[15]. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde[15].
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+ Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires[14].
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+ Au début du XVIIIe siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie britannique des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes[14],[15]. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes[14],[15].
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+ En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux[16], de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford[17].
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+ Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde[15]. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique[14]. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture[14].
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+ La nomination en 1848 de James Broun-Ramsay comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe[15]. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 923[18], mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.
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+ Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie[15]. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions[15]. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien[15]. Un peu plus tard, la terrible Famine en Inde de 1866 décime près d'un million de personnes.
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+ Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du XIXe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. De plus, alors que les activités industrielles permettent l'enrichissement d'une bourgeoisie indienne, la masse populaire continue d'utiliser des techniques agricoles stationnaires. Les féodaux tels les zamindar négligent les travaux productifs comme l'irrigation. Ainsi, l'Inde reste le pays des famines parce que certaines années les pluies font défaut. En 1877, dans la grande famine du Dekkan, cinq millions d'individus trouvent la mort[19].
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+ Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne[15]. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines[15], réduit les coûts des transports de biens[15] et aide à la naissance d'une industrie indienne[15].
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+ Entre les années 1870 et 1890, près de trente millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour le journaliste Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup - pour empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[20]. L'historien et activiste politique Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[20].
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+ Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole[15]. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent[15]. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.
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+ Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le 15 août 1947. Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan[15]. La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6 % en 1700 à 3,8 % en 1952[21].
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+ Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique[15]. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante[15]. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale[15]. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale[15], par des conflits et violences religieuses ou de caste[15], par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire[15]. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la Guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 1971[15].
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+ Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs[22], l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde[23] ».
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+ De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.
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+ Promulgué le 26 janvier 1950, la Constitution crée la « république d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.
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+ Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.
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+ L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
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+ La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l'homme. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.
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+ Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 29.
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+
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+ Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.
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+ Les gouverneurs sont nommés pour 5 ans par le Président à la tête des 29 États composant le pays. À l'opposé du Président de l'Inde qui doit concilier son pouvoir avec le Vidhan Sabha, les gouverneurs ont un pouvoir constitutionnel beaucoup plus indépendant. En fait on pourrait dire que les gouverneurs sont les Présidents constitutionnels des États de l'Inde en marge des véritables dirigeants indiens[24].
91
+
92
+ Les territoires de l'Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, trois d'entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
93
+
94
+ Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C'est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional[25]. La cohésion d'un pays d'une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique et présentant de par la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d'un système démocratique laissant suffisamment d'autonomie aux États de l'Union, plus homogènes[26].
95
+
96
+ Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.
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+ En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.
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+ Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).
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+ Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.
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104
+ Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019 qui voit le BJP accroitre sa majorité.
105
+
106
+ Depuis 2017, le président de l'Inde, poste aux fonctions essentiellement protocolaires, est Ram Nath Kovind, issu du BJP.
107
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108
+ Aujourd'hui, l'Inde est reconnue comme une puissance émergente. Après avoir lancé le Mouvement des non-alignés sous l'impulsion de Jawaharlal Nehru, elle tisse désormais des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances : les États-Unis dans le cadre du programme Next Steps in Strategic Partnership (NSSP)[27], la Chine avec laquelle elle progresse sur la voie d'un règlement du contentieux frontalier qui oppose les deux pays. L'Inde, depuis son ouverture au commerce mondial dans les années 1990, a aussi cherché à nouer des liens plus forts avec les pays membres de l'ASEAN, au travers de la politique du Look East. Le pays a également avancé sa candidature auprès du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon) afin d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
109
+
110
+ Cependant, les relations extérieures de l'Inde sont marquées par le conflit persistant avec le Pakistan voisin au sujet du Cachemire. Tout comme le Pakistan, l'Inde n'a pas signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et s'est dotée de l'arme atomique. Elle a procédé à une explosion « pacifique » en 1974 et à des essais en mai 1998.
111
+
112
+ L'Inde a l'une des plus grandes armées du monde : les forces armées indiennes disposaient en 2018 d'un effectif de 1 362 500 militaires[28] et 2 844 750 réservistes[29].
113
+
114
+ Le budget pour la défense s'élève à 66,5 milliards de dollars (2018), soit 2,42 % du produit national brut (PNB)[30].
115
+
116
+ Elles disposent 4 426 tanks, 3 147 autres véhicules blindés, 590 avions de combat (ainsi que des forces aéronavales), 16 sous-marins, 1 porte-aéronef (l'INS Vikramaditya) et 11 destroyers[31]. L'Inde vient de commencer le remplacement de 126 MiG-21[32].
117
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118
+ L'Inde dispose d'armes nucléaires depuis 1974, date de l'explosion d'une bombe atomique au plutonium dans le désert du Rajasthan[33]. Ces armes sont réparties dans l'aviation ou dans des missiles IRBM.
119
+
120
+ Le 9 décembre 2009, l'Inde prévoit de sécuriser ses ports militaires avec des clôtures électriques contre les menaces clandestines maritimes[34].
121
+
122
+ Le 19 avril 2012, elle teste avec succès son premier Missile balistique intercontinental, l' Agni V, d'une portée de 5 000 km[35], puis la génération suivante d'une portée de 12 000 km, l'Agni-VI (en)[36].
123
+
124
+ La corruption constitue encore un défi majeur pour les institutions du pays. Parmi les parlementaires élus en 2019, 43 % ont des dossiers judiciaires en cours[37].
125
+
126
+ Les partis politiques se tournent de plus en plus vers les grandes fortunes et les entreprises pour se financer. Sur l'année fiscale 2017-2018, les entreprises et les personnes fortunées avaient contribué 12 fois plus au financement du BJP qu'à celui de six autres partis nationaux, y compris le Congrès[38].
127
+
128
+ Alors que les milieux d'affaires sont mis en cause dans de nombreux dossiers spectaculaires, des hommes d’affaires compromis ont dû fuir le pays et les liens entre milieu politique et financements obscurs nourrissent l’« empire des milliardaires », selon la formule du journaliste James Crabtree. Les médias sont également secoués par des affaires de trafics d'influence, certains d'entre eux couvrant les activités de personnalités politiques en échange de paiements[37].
129
+
130
+ L’Inde est le pays de la région Asie-Pacifique où dessous-de-table et pots-de-vin sont le plus pratiqués. Les plus pauvres en sont fortement victimes : 73 % d'entre eux sont contraints d'y recourir au moins une fois par an, contre 55 % des plus favorisés, selon Transparency International. Cette corruption facilite l’accès à des services qui devraient être publics : documents administratifs, affaires de police, raccordement à l’électricité, voire soins hospitaliers[37].
131
+
132
+ L’Inde occupe la majeure partie du sous-continent indien, qui est placé entre la plaque tectonique de l’Inde et la partie nord-ouest de la plaque indo-australienne. Une partie du territoire des États du nord et du nord-est de l’Inde est située dans le massif de l’Himalaya. Le reste de l’Inde septentrionale, centrale, et orientale est occupé par la zone fertile de la plaine indo-gangétique. Dans la partie occidentale, bordée par le Pakistan du sud-est, se trouve le désert du Thar. L’Inde méridionale se compose presque entièrement du plateau péninsulaire du Deccan, flanqué de deux massifs côtiers au relief accidenté, les Ghats occidentaux et les Ghats orientaux.
133
+
134
+ De grands fleuves et rivières, tels le Gange, le Brahmapoutre, la Yamuna, la Godavari, la Narmada, la Kaveri traversent le pays. L’Inde possède par ailleurs trois archipels : les îles Laquedives, qui se trouvent au large de la côte du sud-ouest ; la chaîne volcanique des îles d’Andaman et de Nicobar au sud-est, et les Sundarbans dans le delta du Gange au Bengale occidental. Le climat de l'Inde varie, de tropical dans le sud à plus tempéré dans le nord de l’Himalaya et où les régions montagneuses reçoivent les chutes de neige continues en hiver.
135
+
136
+ Le climat de l’Inde est fortement influencé par l’Himalaya et le désert du Thar. L’Himalaya et les montagnes de l’Hindou Kouch au Pakistan, font obstacle aux vents catabatiques venus d’Asie centrale et les empêchent ainsi de pénétrer dans le continent, ce qui préserve la chaleur dans la majeure partie de ce dernier, contrairement à la plupart des régions situées à la même latitude. Le désert du Thar, quant à lui, attire les vents humides de la mousson d’été qui, entre juin et septembre, est responsable de la plus grande partie des précipitations de l’Inde.
137
+
138
+ La superficie de l’Inde est de 3 287 263 km2.
139
+
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+ Délimitées par le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, la Birmanie, les frontières indiennes sont longues de 15 168 km.
141
+
142
+ L'Inde est une zone en déficit hydrique[Note 3]. 230 milliards de mètres cubes d'eau sont prélevés chaque année en Inde[39].
143
+
144
+ La plaine du Pendjab, à cheval entre l'Inde et le Pakistan, présente un déficit en eau qui concerne l'ensemble de l'Inde, car on y cultive du blé en hiver et du riz en été, avec un surplus qui s'exporte dans les autres États de l'Inde. Dans cette région d'agriculture irriguée, les paysans puisent de l'eau dans la nappe phréatique, dont le niveau baisse de 0,6 mètre par an[40]. Selon la Banque mondiale, 60 % des nappes phréatiques de l'Inde seront dans une situation « critique » d'ici 2034[41].
145
+
146
+ Au niveau national, les activités agricoles sont les principales consommatrices d'eau souterraine, représentant 85 % de l'eau extraite du sous-sol. La politique d'électricité gratuite ou à bas prix mise en place par les gouvernements des États indiens incite en effet les agriculteurs à privilégier l'extraction des eaux souterraines grâce à un système de pompage pour irriguer leurs cultures[41].
147
+
148
+ L'eau souterraine, source de 40 % des besoins en eau de l'Inde, s'épuise rapidement selon un rapport publié en 2018 par un organisme gouvernemental. Vingt et une villes indiennes - dont Delhi, Bangalore, Chennai et Hyderabad - devraient manquer d'eau souterraine dès 2021, et 40 % de la population indienne n'aura pas un accès suffisant à l'eau potable en 2030[42].
149
+
150
+ Située dans l'écozone indomalaise, l'Inde abrite une grande biodiversité : 7,6 % des mammifères, 12,6 % des oiseaux, 6,2 % des reptiles, et des 6,0 % des plantes à fleurs vivant sur la Terre s'y trouvent[réf. nécessaire]. Elle possède beaucoup d'écorégions, comme les forêts de Shola, qui présentent des taux extrêmement élevés d'endémisme : au total, 33 % des espèces de plantes indiennes sont des espèces endémiques. La couverture de la forêt indienne s'étend de la forêt tropicale des îles Andaman, des Ghats occidentaux, et de l'Inde du nord-est jusqu'aux forêts de conifères tempérées de l'Himalaya. Entre ces extrémités se situent la forêt tropicale humide de l'Inde orientale, dominée par le sal ; la forêt tropophile de l'Inde centrale et méridionale, dominée par le teck ; ainsi que la forêt épineuse du Deccan central et de la plaine du Gange occidentale, dominée par l'acacia mimosa. On compte parmi les arbres importants le neem aux propriétés médicinales, largement utilisé pour des remèdes en phytothérapie rurale. Le figuier des pagodes, visible sur les sceaux de Mohenjo-daro, a ombragé le Gautama Bouddha pendant qu'il atteignait le Nirvana.
151
+
152
+ Beaucoup d'espèces indiennes descendent directement des taxons provenant du supercontinent Gondwana, duquel l'Inde est originaire. Le supercontinent Laurasia a permis un large échange d'espèces lors de son mouvement en direction de la plaque indienne, et de leur collision. Cependant, le volcanisme et les changements climatiques survenus il y a 20 millions d'années ont causé l'extinction de beaucoup de formes endémiques en Inde. Peu après, les mammifères entrèrent en Inde depuis l'Asie au cours de deux passages zoogéographiques de chaque côté de l'Himalaya naissant. En conséquence de cela, on compte parmi les espèces indiennes seulement 12,6 % de mammifères et 4,5 % d'oiseaux qui sont des espèces endémiques, contrastant avec les 45,8 % de reptiles et 55,8 % d'amphibiens. Les endémiques notables sont le singe semnopithèque du Nilgiri et le crapaud brun ou carmin de l'espèce bufo beddomii des Ghats occidentaux[43]. L'Inde contient 172 soit 2,9 % d'espèces menacées selon l'UICN, parmi lesquelles on retrouve le lion asiatique, le tigre du Bengale, et le vautour chaugoun indien, qui fut très proche de l'extinction à cause d'ingestion de charognes de bétail traités au diclofénac.
153
+
154
+ Depuis les dernières décennies, la faune de l'Inde a été sérieusement menacée par la forte augmentation démographique humaine. Pour contrer cela, le gouvernement a considérablement étendu sa liste des secteurs protégés et des parcs nationaux (liste initialement établie en 1935). En 1972, l'Inde a mis en place un plan de sauvegarde de la faune, et un projet spécialement consacré à la préservation du tigre et de son habitat naturel. Ce plan de sauvegarde fut étendu par d'autres protections fédérales promulguées dans les années 1980. En plus des 500 zones de sauvegarde de la faune, l'Inde accueille maintenant 14 réserves de biosphère, dont 4 font partie du réseau mondial des réserves de biosphère. 25 zones humides sont protégées par la convention de Ramsar.
155
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156
+ Dès la fin du XIXe siècle, voyant les ressources naturelles diminuer, les Britanniques ont mis en place des lois et des organismes afin de gérer l'immense territoire que représentent les Indes. Le Indian Forest Service est créé en 1866, la Indian Forest Act est édicté en 1878. Les Britanniques cherchaient alors avant tout à préserver le couvert forestier sur ces zones de façon à assurer une pérennité pour l'exploitation du bois d'œuvre, le principal levier étant le prélèvement des taxes de douane. Accessoirement, ces dispositions permettaient de préserver également le gros gibier qui peu à peu disparaissait. C'est ainsi que plusieurs aires protégées ont vu le jour comme le Parc national de Kaziranga en 1905. Les mesures de protection se sont renforcées avec l'Indian Forest Act de 1927.
157
+
158
+ Devant la dégradation continue des zones protégées, le gouvernement indien a fait promulguer le Wildlife Protection Act (en) en 1972 sur la protection de la faune et de la flore sauvages[44]. La loi relative à la conservation des forêts, le Forest Protection Act de 1980, dispose qu'aucune superficie boisée ne peut être soumise à des utilisations non forestières sans l'approbation préalable du gouvernement indien. Cette loi, adoptée rapidement avec peu de concertation, a servi de façon très efficace à interdire la conversion des zones forestières. Cependant, elle pose localement des difficultés aux petites communautés rurales. Dans la foulée, le Forest survey of india, un organisme destiné à évaluer les résultats de la protection du couvert forestier, a été créé en 1981.
159
+
160
+ La loi relative à la protection de l'environnement, l'Environment Protection Act, 1986 (en), a joué un rôle crucial dans la conservation et la gestion des écosystèmes notamment dans le traitement des eaux et des déchets[45]. La loi de 2006 sur les tribus répertoriées et autres habitants traditionnels des forêts (reconnaissance des droits forestiers) est un texte clé de la législation forestière adoptée en Inde le 18 décembre 2006 (The Scheduled Tribes and Other Traditional Forest Dwellers (Recognition of Forest Rights) Act, 2006). En 2008, le Forest Rights Act fait craindre à certains protecteurs de l'environnement une perte d'autorité de l'État sur les zones protégées[46].
161
+
162
+ Il existe plusieurs niveaux de protection, le plus élevé étant les parcs nationaux et le plus petit les Village forests. En outre, certaines zones protégées peuvent l'être par des personnes privées. 4 % de la surface du pays doit, d'après une décision gouvernementale, être protégée. À ces aires protégées, se superposent des zones où des moyens complémentaires sont offerts pour protéger une espèce particulièrement ou un biome important. C'est le cas par exemple des Tiger Reserves et des Elephant reserves, qui peuvent le cas échéant se superposer. Ces réserves sont pilotées dans le cadre de plans comme le Project Tiger, le Project Elephant, l'Asiatic Lion Reintroduction Project. Le Yamuna Action Plan a pour objectif à réhabiliter la rivière Yamuna.
163
+
164
+ La protection de l'environnement est aujourd'hui pilotée par le ministère de l'Environnement et des Forêts qui dirige de nombreuses agences gouvernementales comme l'Indian Forest Service, des centres de formations et d'autres institutions.
165
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166
+ Face à la forte pollution présente dans le pays, le gouvernement indien a lancé en 2016 l'objectif d'électrifier à 100 % le parc automobile d'ici 2030[47].
167
+
168
+ Ces dernières années, les événements météorologiques extrêmes, avec des sécheresses, des canicules et des cyclones récurrents, sont un facteur majeur de la chute de revenus des fermiers. Selon le Centre for Science and Environment, la plus grande ONG environnementale de l'Inde : « On fait face à une crise agricole, avec une vague de suicides de fermiers et des manifestations paysannes qui se sont multipliées par trois […] Les partis n’ont pas l’intelligence ni la vision à long terme pour prendre les mesures nécessaires. À la place, ils répondent à chaque sécheresse, à chaque inondation, par de la gestion de crise. Il n’y a aucun plan d’ensemble pour agir à l’échelle nationale pour la prévention et l’adaptation[48].
169
+
170
+ La pollution de l'air provoque la mort de 100 000 enfants de moins de cinq ans chaque année selon le Centre pour la science et l'environnement de New Delhi. Elle est responsable de 12,5 % des morts en Inde[49].
171
+
172
+ L'Inde génère actuellement, en 2019, 62 millions de tonnes de poubelles par an, mais cette production pourrait s'élever d'ici 2030 à 165 millions de tonnes annuellement selon les estimations du gouvernement[50].
173
+
174
+ La tectonique des plaques montre qu'au Permo-Trias (250-200 Ma), Madagascar, l’Inde (le craton indien était alors une grande île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique et dont la côte sud-ouest actuelle était reliée à Madagascar, la côte sud-est à l'Australie[51]), l’Afrique, l’Australie, l’Antarctique et l’Amérique du Sud étaient réunis en un supercontinent appelé Gondwana et qui commençait à se démanteler. Il y a 250 millions d’années, le Gondwana s'est disloqué pour former les cinq continents : à une première phase de rifting qui a commencé au Permo-Trias, suit une phase d’ouverture océanique du Jurassique moyen au Crétacé supérieur (180-70 Ma) avec la formation des bassins de Somalie au nord et de Mozambique au sud, relié par la ride de Davie entraînant la plaque Indo-Malgache vers le sud[52]. L’extension de la dorsale centrale indienne il y a 150 Ma sépare l’Inde de Madagascar avec un épisode de compression le long de la ride de Davie alors exhumée. Au cours de cette océanisation, se forment un épaulement de rift (l'actuelle chaîne de montagne occidentale indienne, les Ghats occidentaux) et l'Inde opère une remontée du sud au nord vers l'Asie, il y a entre 150 et 50 millions d'années, à une vitesse estimée d'environ 15 cm/an. Au cours de cette migration, la plaque indienne dérive sur le point chaud de La Réunion, une zone à forte activité volcanique. Les terres de l'Inde actuelle subissent alors d'intenses éruptions volcaniques il y a environ 65 millions d'années qui forment les trapps du Deccan, constitués d'un empilement successifs de laves basaltiques. Aujourd'hui, cette zone couvre une bonne partie du centre-ouest de l'Inde. La dérive vers le nord aboutit à une collision avec l'ancienne plaque eurasienne (l'ancien Tibet), provoquant la surrection de l'Himalaya et l'expulsion du bloc indochinois vers le sud-est[53].
175
+
176
+ Carte des terres émergées au Trias, montrant deux supercontinents, la Laurasia et le Gondwana.
177
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178
+ Mouvements continentaux dans le cadre de la tectonique des plaques.
179
+
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+ Collision de la plaque indienne et de la plaque eurasiatique.
181
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182
+ Carte terrestre illustrant les principales plaques tectoniques actuelles.
183
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
185
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+ L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et compte plus de 1,3 milliard d'habitants, dont 215 millions dans l'Uttar Pradesh (Kanpur, Agra) et 120 millions dans le Maharashtra (Bombay, Pune).
187
+
188
+ C'est un pays jeune avec 560 millions de personnes de moins de 25 ans[54]. En 2004, un Indien sur deux avait moins de 25 ans et 70 % de la population habitait à la campagne.
189
+
190
+ On prévoit que l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde aux alentours de 2025[55].
191
+
192
+ Cinq ans à peine après l'Indépendance, en 1947, l'Inde fut le premier pays à mettre en place une politique de contrôle de la population. Depuis, le gouvernement s'est fixé des objectifs ambitieux aussi régulièrement qu'il les a manqués. L'Inde, du fait de la nature démocratique de son régime politique, axe sa politique sur la responsabilisation individuelle, avec par exemple des centres d'information sur la contraception. Cette politique non contraignante diffère de celle de l'enfant unique de la Chine. Adoptée en 2000, une politique nationale appelait le pays à atteindre avant 2010 le seuil de renouvellement de 2,1. Il n'y parviendra sans doute pas avant une décennie au moins. Les facteurs qui semblent avoir eu le plus d'impact sur la natalité semblent être l'amélioration générale du niveau de vie ainsi que l'alphabétisation des femmes dans certains États (par exemple, au Kérala).
193
+
194
+ Ainsi, l'Inde connaît une augmentation rapide de sa population. La population indienne augmente d'environ 19 millions d'individus par an (conséquence d'une fécondité de 2,4 enfants par femme en moyenne — contre 1,5 pour la Chine). L'espérance de vie est passée de 38 ans en 1952 à 64 ans en 2011.
195
+
196
+ Néanmoins, l'Inde est aujourd'hui confrontée à un phénomène problématique : la baisse du nombre de femmes par rapport au nombre d'hommes, en raison de l'élimination prénatale des fœtus féminins. Le ratio dans la population est de l'ordre de 9 femmes pour 10 hommes. Dans certaines parties de l'Inde, il n'y a plus que 8 femmes pour 10 hommes.
197
+
198
+ En conséquence, de nombreux hommes vivent aujourd'hui un célibat forcé, en même temps que se développent de vastes trafics de filles à marier étrangères, que l'on fait venir des Philippines, de Birmanie ou d'Indonésie.
199
+
200
+ La cause souvent avancée pour expliquer l'élimination des fœtus féminins est d'ordre socioculturel : le destin d'une fille en Inde est de quitter sa famille à son mariage pour vivre dans celle de son époux et contribuer ainsi à enrichir le foyer de ses beaux-parents.
201
+
202
+ En outre, la famille de la fiancée doit s'acquitter d'une dot envers la belle-famille, pratique autrefois circonscrite aux familles de caste brahmane[réf. nécessaire] mais qui tend à s'étendre à l'ensemble de la population malgré une loi l'interdisant, et qui donne parfois lieu à des abus. Son versement peut ainsi entraîner de graves difficultés financières, voire la ruine, pour la famille de la mariée. Les cas de meurtres de jeunes mariées perpétrés par leur belle-famille sont souvent dénoncés dans la presse indienne et sont présentés comme la conséquence d'un défaut de paiement de la dot par leur famille d'origine.
203
+
204
+ En 2006, on estimait ainsi officiellement qu'un cas de dowry death était rapporté à la police toutes les 77 minutes[57], soit près de 6 800 jeunes mariées, insuffisamment dotées, assassinées par an.
205
+
206
+ L'Inde a réalisé d'énormes progrès économiques depuis l'indépendance. En 2015, l'Inde était la 9e puissance économique mondiale avec un PIB de 2 074 milliards de dollars[60].
207
+
208
+ L'Inde s'efforce d'approfondir ses relations avec l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe.
209
+
210
+ La classe moyenne indienne compte plus de 120 millions de personnes et est en constante évolution[61]. Les secteurs qui tirent profit de la conjoncture sont, avant tout, l'informatique, le BTP, les services, dont le tourisme et les industries manufacturières.
211
+
212
+ Les travaux publics emploient à eux seuls plus de 30 millions d'Indiens et représentent environ 10 % du PIB avec de gigantesques projets d'élargissement de routes, d'aéroports et de barrages pour les années 2016-2025[62].
213
+
214
+ La question de l'accès à l'emploi devient cependant un problème majeur. Le nombre d'emplois dans le pays a diminué de 9 millions entre 2012 et 2019, alors que plus d'un million de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. En conséquence, le nombre de chômeurs chez les moins de 29 ans a bondi de 9 millions en 2012 à 25 millions en 2018. D'autre part, 90 % des emplois en Inde relèvent encore du secteur informel, caractérisé par l’absence de contrat de travail, d’assurance et de cotisation retraite[63].
215
+
216
+ La situation des paysans est également préoccupante. Chaque jour, des agriculteurs se suicident, criblés de dettes ; d’autres sont obligés de mettre fin à leur activité et de quitter leur lopin de terre pour rejoindre les bidonvilles.
217
+
218
+ Chaque année, des millions d’Indiens, parmi les plus défavorisés, quittent leur village pour travailler dans les mégalopoles.Le nombre de ces « travailleurs migrants » se situerait entre 50 millions et 100 millions. Cette main-d’œuvre non qualifiée et mal payée est essentielle dans l’économie indienne. Elle est le plus souvent utilisée dans des emplois précaires et parfois dangereux, sans contrat de travail ni sécurité sociale, dans le secteur informel, sur les chantiers de construction, dans les usines, dans les hôtels et restaurants. Le reste forme le bataillon des vendeurs de rues ou de conducteurs de rickshaws[64].
219
+
220
+ Dans le domaine spatial, le pays a réussi à lancer en janvier 2007, une fusée transportant une capsule qui a ensuite été récupérée sur Terre, dans le cadre de la préparation d’un vol spatial habité. La fusée indienne PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) a placé sur orbite quatre satellites, une première pour l’Inde, dont deux satellites indiens, un indonésien et un argentin. Aujourd'hui, avec neuf satellites géostationnaires opérationnels, le pays a mis à profit son succès technologique spatial pour créer la télé-éducation ainsi que des réseaux de télé-médecine au service de la population. L'Inde compte plus de 3 millions de nouveaux abonnés au téléphone mobile chaque mois et a dépassé début 2016 plus d'un milliard d'abonnements de lignes mobiles.
221
+
222
+ Des jeunes du monde entier, dont un nombre croissant d'Européens, viennent étudier en Inde et effectuer des stages dans le pays. Un autre indice du développement économique est l’équipement des foyers en téléviseurs. Le nombre de foyers équipés était de 88 millions en 2000 contre 105 millions en 2007 (50 % des foyers).
223
+
224
+ L'Inde est aussi le premier producteur et exportateur de médicaments génériques du monde. La capitale de l’industrie pharmaceutique est Hyderabad. La première entreprise du secteur est Ranbaxy, avec plus de 10 000 salariés et 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires. Les exportations indiennes se chiffrent à plus de 2 milliards de dollars.
225
+
226
+ Le journal indien Economic Times[65] annonce ainsi une croissance de 7,6 % pour l'Inde du 1er avril 2015 au 31 mars 2016 contre 6,5 % affichés par la Chine.
227
+
228
+ De son côté, la Chambre de commerce indienne est le principal organe de commerce et d'industrie de l'Est et du Nord-Est de l'Inde. Fondé en 1925, la Chambre est composées de plusieurs des plus grands groupes d'entreprises du pays. La Chambre a été créée par un groupe d'industriels pionniers dirigé par G. D. Birla (en). Enfin, historiquement la Chambre indienne était étroitement associée à la liberté indienne[66],[67].
229
+
230
+ Le mode de calcul du PIB a été modifié en 2014, permettant de gonfler artificiellement les chiffres de la croissance. Le taux de chômage est si considérable que le ministère du travail ne communique plus de statistiques depuis 2016. Les secteurs bancaire et ferroviaire ont commencé à être privatisés. Ces dernières années les budgets de la santé et de l'éducation, déjà très faibles (respectivement 1,2 % et 0,6 % du PIB), ont été réduits, de mème que d'autres dépenses sociales : aides à l'emploi, allocations aux cantines scolaires, plans pour l'accès à l'eau potable. Sur la question du droit du travail, des amendements votés en 2018 restreignent davantage les activités syndicales et tendraient à faciliter les licenciements et à allonger la durée de travail hebdomadaire des salariés[68],[69].
231
+
232
+ La religion la plus pratiquée en Inde est l'hindouisme (79,8 %) d'après le recensement de 2011[70]. Viennent ensuite l'islam (14,2 %), le christianisme (2,3 %), le sikhisme (1,7 %), le bouddhisme (0,7 %), le jaïnisme (0,4 %), le judaïsme et le zoroastrisme 0,009 % (parsis). Parmi ces religions, l'hindouisme, le jaïnisme le bouddhisme, le sikhisme sont nés en Inde. Par ailleurs, des religions classées comme animistes sont encore très vivantes parmi les groupes tribaux du centre et du nord-est du pays.
233
+
234
+ La communauté chrétienne d'Inde du Sud est issue de deux périodes d'évangélisation, soit très ancienne, dès le Ier siècle (chrétiens de saint Thomas au Kerala et au Tamil Nadu), soit consécutive à l'arrivée des Européens à partir du XVIe siècle : Portugais, Français, Anglais, Danois et Italiens. Les chrétiens de l'Inde du Nord-Est sont quant à eux issus de l'évangélisation de masse effectuée par les missionnaires américains et britanniques durant la colonisation britannique.
235
+
236
+ Le jaïnisme est une religion de l'Inde qui rassemble à peu près 4,4 millions de fidèles (environ 0,4 %) de la population et dont la majorité des pratiquants habitent au Maharashtra, au Karnataka et au Gujarat. Il existe toutefois actuellement des communautés jaïnes aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Thaïlande, au Népal, au Japon, en Belgique (Anvers), en Malaisie, au Kenya, etc. Le jaïnisme se caractérise par un respect absolu de toute forme de vie.
237
+
238
+ Alors que le bouddhisme est originaire d'Inde, il est pratiqué à l'heure actuelle par une minorité de la population, notamment par les habitants du Ladakh, du Lahaul-et-Spiti, de l'Arunachal Pradesh et du Sikkim. Il y a également les Tibétains réfugiés depuis l'intervention au Tibet par la Chine, et les communautés d'ex-intouchables du Maharashtra (5 % de la population) qui se sont convertis en suivant l'exemple de Bhimrao Ramji Ambedkar, un grand leader intouchable de l'indépendance. Mais depuis quelques années, l'élite urbaine et la classe moyenne indiennes commencent doucement à s'intéresser de plus en plus au bouddhisme avec l'arrivée des écoles bouddhistes du Japon.
239
+
240
+ La population zoroastrienne, qui forme la deuxième population de cette religion derrière l'Iran décroît rapidement à cause du taux de fécondité extrêmement bas (environ 116 569 individus). Les zoroastriens indiens se divisent en deux communautés issues de deux périodes d'arrivées différentes : les Parsis (établis en Inde vers l'an 717 à la suite des invasions musulmanes en Perse) et les Iranis (venus d'Iran durant le règne de la dynastie Kadjar au XIXe siècle). Le gouvernement indien organise des campagnes de sensibilisation auprès de ces groupes au sujet de la contraception et du planning familial, incitant les couples à avoir de nombreux enfants afin de sauver leurs ethnies de la disparition.
241
+
242
+ Les tensions interreligieuses peuvent être vives en Inde. Après l'indépendance en 1947, les déplacements forcés de populations entre l'Inde et le Pakistan avaient provoqué des émeutes extrêmement violentes entre les communautés hindoues et musulmanes, qui firent, selon certaines estimations, un million de morts[71]. En 1984, après l'assassinat d'Indira Gandhi, les pogroms touchent la communauté sikh (5 000 à 50 000 morts dont beaucoup de brûlés vivants[réf. nécessaire]) . En 1992, la destruction de la mosquée historique d'Ayodhya[Note 4] par des hindous avait entraîné des violences entre musulmans et hindouistes, notamment à Mumbai, faisant plus de 2 000 morts dans le pays.
243
+
244
+ En octobre 2001, un attentat suicide frappe le Parlement du Jammu-et-Cachemire à Srinagar (38 morts)[72]. Le 13 décembre 2001, le Parlement fédéral subit une attaque suicide qui provoque la mort de 14 personnes[72].
245
+
246
+ En 2002, des affrontements entre hindous et musulmans font plus de 250 morts en trois jours à Ahmedabad, et plus de 2 000 au Gujarat[73]. Les émeutes font suite à l’incendie, le 27 février, d’un train ramenant des pèlerins hindous, dans un climat de tensions liées à la destruction de la mosquée d'Ayodhya en 1992.
247
+
248
+ En octobre 2005, trois explosions attribuées aux islamistes provoquent la mort de 66 personnes à Delhi[74].
249
+
250
+ Le 7 mars 2006, la ville de Varanasi connaît un triple attentat, revendiqué par le Lashkar-e-Qadar[72]. Le 8 septembre 2006, l’explosion de trois bombes près de la mosquée de Malegaon, dans le Maharashtra, fait 37 morts[72].
251
+
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+ Le 25 août 2007, deux attentats à la bombe frappent la ville d'Hyderabad, tuant au moins 43 personnes[75]. Le 23 novembre 2007, les villes de Bénarès, Lucknow et Faizabad, sont touchées par des attentats contre des tribunaux, faisant au moins treize morts et une cinquantaine de blessés[76]. Ces attentats arrivent au moment où les avocats de l'Uttar Pradesh annoncent ne pas assurer la défense des militants islamistes dans leur région. Le 13 mai 2008, plusieurs attentats dans la ville de Jaipur font au moins 80 morts et 200 blessés[77]. Une bombe a explosé dans un temple hindou. Les 25 et 26 juillet 2008, les attentats revendiqués par des islamistes à Bangalore et Ahmedabad provoquent la mort de 51 personnes[74].
253
+
254
+ À la fin du mois d'août 2008, des hindous s'en prennent aux chrétiens dans l'état d'Odisha, à l'est du pays : les violences font au moins une dizaine de morts et 25 églises ont été incendiées[78]. Le 13 septembre 2008, plusieurs explosions touchent Delhi[74]. Ces derniers attentats sont revendiqués par les Moudjahidines indiens, un groupe islamiste. Le 26 novembre 2008, c'est Mumbai (Bombay) qui est touchée par une série d'attaques faisant au moins 100 morts, et environ 300 blessés[79]. Ces attentats sont revendiqués par l'organisation islamiste des Moudjahidines du Deccan.
255
+
256
+ Plus récent encore, les tensions inter-communautaires de l'ouest de l'Assam durant l'été 2012, a opposé les populations indigènes hindous bodos et les bengalis musulmans. Ces tensions ont provoqué un regain de violence dans l'ensemble du pays. Les grandes villes, dont Bangalore, étaient très exposées aux risques d'attentats terroristes de la part des extrémistes hindous et musulmans.
257
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258
+ Le gouvernement nationaliste de Narendra Modi entreprend à partir de 2018 de déchoir de la nationalité indienne les personnes qui ne peuvent prouver que leurs ancêtres étaient présents en Inde avant le 24 mars 1971. Dans l’État de l'Assam, quatre millions de personnes sont subitement devenues apatrides en 2018, et deux millions d'autres en 2019[80]. La forte proportion d'hindous (environ les deux tiers) parmi les personnes déchues de leur nationalité a été une surprise pour le gouvernement indien. Ce dernier, qui conduit une politique antimusulmane et nationaliste hindou, a réagi en adoptant la loi sur la nationalité visant à permettre aux hindous de retrouver leur nationalité indienne. La construction de plus d'une dizaine de camps de détentions est en projet pour rassembler les personnes devenues apatrides. Le Bangladesh voisin, d'où les personnes ayant perdu leur nationalité sont censées être originaires, a indiqué qu'il n'accepterait de recevoir ces « migrants » que si la preuve de leur nationalité bangladaise était apportée. En attendant, les exclus — hommes, femmes et enfants — seront placés en détention provisoire. Pourtant, cette preuve semble dans la plupart des cas impossible à fournir, et les détentions pourraient donc être définitives[81].
259
+
260
+ Les valeurs indiennes traditionnelles de la famille sont encore aujourd'hui respectées, bien que dans certains milieux, le modèle de la famille change pour diverses raisons : migration, mondialisation, changement de mœurs, etc.
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+ Aujourd'hui encore la plupart[Combien ?] des mariages sont arrangés. La coutume est que la femme quitte le foyer de ses parents pour celui de son mari, qui reste vivre auprès de ses parents.
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+ L’Inde est le pays le plus touché par le travail des enfants[82]. Les estimations varient entre 44 et 110 millions d’enfants actifs, mais l’évaluation la plus couramment citée est de 60 millions tandis qu’officiellement, ce chiffre est de 20 millions. Selon l’Unicef, 11,8 % des enfants travaillent en Inde (chiffres 2002-2012)[83]. Environ 20 % de ces enfants travaillent dans la rue en tant que chiffonniers, mendiant, conducteurs de vélos taxis et cireurs de chaussures. Ils sont aussi exploités par les exploitations agricoles telles que les rizières et les plantations de jasmin, thé, noix de cajou, etc. Un travailleur agricole sur dix est un enfant. L'industrie est elle aussi touchée par ce travail infantile, particulièrement dans les mines, les usines de textiles, les verreries, les usines de feux d'artifice, de cigarettes, et encore d'autres. Plus de 400 000 enfants seraient exploités sexuellement par la prostitution et la pornographie.
265
+
266
+ Les conditions de travail des enfants sont des plus déplorables[84]. Ils peuvent passer entre 12 et 20 heures par jour dans des lieux malsains et dangereux pour leur santé. Dans les usines de textile, les enfants sont parfois enchaînés à leur machine à coudre et sont forcés de dormir sur place. L'hygiène de base n'est que très rarement respectée et les soins de santé sont inexistants. Les enfants sont souvent soumis à l'exposition de produits toxiques et, dans bien des cas, doivent les manipuler. En plus de ces mauvaises conditions, les enfants sont sous salariés puisqu'ils ne connaissent pas la valeur de l'argent. De plus, les trois premières années, sous prétexte d'apprentissage, ils ne sont pas rémunérés[85].
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+
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+ Actuellement, on compte plus de 10 millions d'enfants qui sont en position de servitude[86]. La plupart du temps, ils ont été échangés contre du bétail ou pour effacer les dettes des parents envers les compagnies[87].
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+
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+ Le 1er avril 2010, l'instruction scolaire du premier degré est devenue obligatoire pour les enfants de 6 à 14 ans[88]. Les frais sont pris en charge par l'État pour les familles démunies[89].
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+ Depuis le 1er avril, l'éducation est devenue un « droit fondamental » pour des millions de petits Indiens. La nouvelle loi qui vient d'être adoptée par le Parlement de New Delhi ne sera pas facile à mettre en œuvre. Pour autant, elle est historique. Elle vise à garantir un enseignement gratuit et obligatoire à tous les enfants âgés de 6 à 14 ans, dans un pays où au moins 10 millions d'entre eux n'ont jamais vu une salle de classe. La nouvelle loi a été portée sur les fonts baptismaux par le premier ministre, Manmohan Singh, lui-même issu d'un milieu très modeste[90].
273
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274
+ L'espérance de vie indienne est de 66,80 ans (2011). À noter, encore en 2011, le taux de natalité est de 20,97 ‰, alors que le taux de mortalité est de 7,48 ‰, créant ainsi une augmentation importante de la population chaque année[92].
275
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276
+ Une nouvelle estimation nationale du nombre de personnes vivant avec le virus VIH en Inde, réalisée avec le soutien du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), révèle que la prévalence du virus chez les adultes s'établit à 0,36 % de la population du pays, ce qui correspond à un chiffre compris entre 2 et 3,1 millions d'individus[93].
277
+
278
+ Les accidents de la route constituent la première cause de mortalité, tuant en moyenne dix-huit personnes chaque heure, soit plus de 160 000 victimes en 2011. Or 80 % des blessés ne reçoivent aucun soin au cours de la première heure, cruciale dans bien des cas. Comme il n'existe pas de service d'aide médicale urgente, ce sont les policiers qui sont les premiers sur les lieux, mais ils ne sont pas préparés au secours d'urgence.
279
+
280
+ Alors que les foyers pauvres consacrent 60 % de leurs revenus à l’alimentation, 38 % des enfants souffrent toujours de malnutrition[94].
281
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282
+ L’Inde ne compte que 0,5 lit d’hôpitaux pour 1 000 habitants (contre 4,3 lits pour 1 000 habitants en Chine)[95].
283
+
284
+ La culture indienne est le résultat de traditions qui ont combiné des éléments hétérogènes de civilisations présentes sur le territoire à la suite d'invasions, de mouvements migratoires et de colonisation qui ont marqué le pays à un moment ou à un autre de son histoire.
285
+
286
+ L'Inde est un des pays au monde où la diversité linguistique est la plus importante : le recensement de 2001 a comptabilisé 234 langues maternelles, dont 122 langues importantes ainsi que plusieurs milliers de dialectes[96]. 77 % des Indiens parlent une langue indo-aryenne (dont la plus parlée du pays, l'hindi, est la langue maternelle de 422 millions d'Indiens, soit 41 % de la population[97]), 20 % une langue dravidienne[98]. Les autres familles représentées sont les langues austroasiatiques, sino-tibétaines et tai-kadai ainsi que quelques isolats[99].
287
+
288
+ La langue officielle du gouvernement central est l'hindi. Depuis plusieurs années, le gouvernement central tente de renforcer l'usage d'un hindi standardisé à travers tout le pays. Cependant, une certaine partie de la population juge cet hindi comme trop complexe, perçu même comme « nouveau symbole de l’oppression et du pouvoir d’État » envers les intérêts locaux[100].
289
+
290
+ L'anglais, langue de l'ancien colonisateur britannique, a le statut de seconde langue officielle. L'anglais n'est cependant utilisé que par une faible partie de la population, notamment par l'élite indienne dans les affaires, le tourisme, l'administration, le milieu universitaire ou encore diplomatique. Si de nombreux intellectuels depuis Gandhi voient dans l’anglais une langue de l'aliénation, créant de surcroît un schisme entre l'élite indienne et le peuple, l'anglais a néanmoins le mérite de transcender en certaines occasions les particularismes linguistiques régionaux, très présents et parfois opposés, comme le prouve notamment le conflit en Inde entre États dravidophones et États hindiphones.
291
+
292
+ En outre, une vingtaine de langues sont officielles dans les différents États et territoires, dont le français (bien que peu parlé) dans le territoire de Pondichéry, en raison de l'histoire coloniale de ce territoire.
293
+
294
+ La musique indienne est très diversifiée[101]'[102]. La musique classique compte principalement les traditions hindoustanies du Nord et carnatiques du Sud.
295
+
296
+ La musique populaire est généralement régionale. Elle inclut de très nombreuses musiques de film (dont A. R. Rahman auteur et compositeur) et de la musique folklorique comme le Bhangra.
297
+
298
+ Les danses sont également variées, selon les régions et les communautés[103]. Parmi les danses classiques les plus connues : le bharata natyam, le kathakali, le kathak (qui partage ses racines avec le flamenco d'Espagne), le kuchipudi, le manipuri, l'odissi et le yakshagana. Ces danses sont habituellement imprégnées par des éléments religieux et de dévotion.
299
+
300
+ La tradition littéraire la plus ancienne, le Veda, fut composée et transmise oralement. La littérature religieuse hindoue écrite en sanskrit, tels que le Ramayana, le Mahabharata ou les Purana, tient une grande place dans la culture indienne, et donne lieu à des réminiscences et des adaptations jusque dans les œuvres contemporaines de fiction, de théâtre ou de cinéma. Une autre littérature importante de la période est la « Littérature du Sangam » de langue tamoule produite dans le Tamil Nadu, également très ancienne. Le sanskrit comme le tamoul classique sont des langues savantes qui ne sont accessibles qu'à un groupe très restreint d'individus cultivés. Les littératures en langue vernaculaire (telle que l'hindi, bengali ou ourdou par exemple) se développent quant à elles à partir du Xe siècle. Les textes sont en vers ou en prose, d'essence religieuse et bien souvent inspirés de légendes anciennes ou d'épopées.
301
+ Sous l'influence de la colonisation britannique, les auteurs indiens de l'ère moderne, dont le bengali Rabindranath Tagore, écrivent en anglais comme dans leur langue maternelle.
302
+
303
+ À partir du XXe siècle et à l'époque contemporaine, beaucoup d'écrivains, dont certains jouissent d'une audience internationale (Salman Rushdie, Anita Desai, Amitav Ghosh, Vikram Seth, Arundhati Roy, Vijay Singh, Tarun Tejpal, Rohinton Mistry, etc.) ont contribué au développement d'une fiction indienne de langue anglaise en rupture avec la narration classique caractérisant leurs prédécesseurs (et notamment R. K. Narayan, considéré comme l'un des pères du roman indien écrit en anglais). Leurs œuvres portent l'empreinte du courant postcolonialiste, où les thèmes de l'identité nationale, de l'histoire, de la réflexion sur l'oppression coloniale s'allient à une interrogation sur ce qui fonde l'identité de l'individu, sur la difficulté à vivre la rupture entre la tradition et la modernité, sur le conflit des cultures et des influences qui se joue dans la conscience de l'homme de l'Inde indépendante. Cette recherche d'identité passe par le recours à la langue anglaise, langue du colonisateur réinventée et réappropriée, qui témoigne par ailleurs de la volonté de créer un langage et une esthétique propre, et par là même de s'exprimer en dépassant la difficulté de se dire avec des mots « venus d'ailleurs », suivant l'expression de R. K. Narayan[104]. Auteur de fiction, de poèmes et d'essais littéraires, dont plusieurs ont obtenu des prix internationaux, Amit Chaudhuri[105] occupe également un rang notable dans la toute jeune génération de la littérature anglo-indienne. Dans un registre intimiste, il s'attache à la description des mutations de la famille et à une réflexion sur la conjugalité dans les foyers de la classe moyenne émergente. De même, Hari Kunzru[106] a récemment publié une épopée comique sur le thème de la recherche de l'identité, illustrant le surgissement de tendances individualistes qui semble à l'œuvre dans cette même classe moyenne résidant dans les métropoles indiennes. On peut enfin citer Kiran Desai qui a remporté le Man Booker Price en 2006 avec un récit illustrant la tension vécue par la génération actuelle, entre héritage familial et aspirations individuelles[107].
304
+
305
+ Le postcolonialisme, mouvement littéraire de grande ampleur qui a touché à la fois les pays du sud et l'Occident, en amorçant un détachement des formes élitistes, a également favorisé en Inde l'expression littéraire de groupes minoritaires qui traditionnellement se voyaient dénier la capacité de produire des œuvres culturelles. Ainsi des écrivains, dramaturges et poètes dalits (ou « hommes brisés » en marathi, nom que se sont donné les individus originaires des castes intouchables pour contester leur statut social issu de leur position hiérarchique dans la société hindoue) ont également ébranlé les formes littéraires classiques, par l'usage d'un langage inhabituellement concret, voire cru, pour décrire leur condition d'opprimés, contribuant ainsi au renouvellement des thèmes et des formes de la littérature nationale.
306
+
307
+ L'industrie cinématographique indienne est la plus prolifique du monde. Son fleuron est constitué par la production de Bollywood (mot valise dérivée de Bombay, l'ancien nom de Mumbai, et Hollywood), dont les studios sont situés dans la capitale du Maharashtra, et qui réalisent principalement des films commerciaux en hindi. L'industrie est également importante dans la région de Calcutta, de Chennai, et au Kerala. Il existe ainsi une production non négligeable de films en telugu (Tollywood), kannada, malayalam (Mollywood), tamoul (Kollywood), penjabi, bengali ou marathi. Le cinéma est un art et une distraction particulièrement populaire en Inde. Les acteurs les plus connus jouissent ainsi d'un grand prestige et les liens entre l'industrie du film et la politique sont parfois très étroits. Ainsi, certains acteurs ont occupé des postes gouvernementaux importants, comme M. G. Ramachandran et Amma, acteurs tamouls populaires devenus ministre en chef du Tamil Nadu[108].
308
+
309
+ En marge de cette production de masse, il existe également un cinéma d'auteur, dont le représentant le plus connu hors des frontières de l'Inde est le bengali Satyajit Ray. On peut également citer parmi les réalisateurs classiques Guru Dutt, Raj Kapoor (également acteur), Adoor Gopalakrishnan et Yash Chopra pour ses grands succès.
310
+
311
+ Parmi les réalisateurs indiens contemporains ayant connu le succès, Mira Nair, figure de proue du cinéma indien indépendant, a récemment obtenu plusieurs récompenses internationales, dont un Lion d'or à Venise en 2001 ; ses films sont travaillés par les thèmes de l'exil et de la fracture entre les générations, ou aussi par ceux de la sexualité féminine et de sa censure. Citons également Shyam Benegal, Deepa Mehta, Sudhir Mishra (en) ou encore Vijay Singh, cinéaste indien vivant à Paris, dont les films touchent à la fois à l'Inde et à la France. Sur un mode plus léger, Karan Johar, issu d'une famille de réalisateurs de Bollywood, possède sa propre société de production et tente de renouveler les codes du genre en introduisant des thèmes de réflexion sur les mœurs familiales en mutation dans ses intrigues par ailleurs très représentatives du cinéma commercial produit à Mumbai.
312
+
313
+ La cuisine indienne est extrêmement diversifiée selon les régions, les communautés, les religions ou les familles, et inclut de nombreuses épices souvent moulues et mélangées dans des assortiments appelés masalas (ou curry en anglais ou en français, curry à l'origine signifiant « sauce » en hindi) : tandoori masala de la cuisine islamique moghole, rasam masala de la cuisine du sud de l'Inde, garam masala de la cuisine du nord de l'Inde, etc. Les épices et les méthodes changent de région en région. Le riz, les lentilles et le blé sont la base alimentaire de la nation indienne. On consomme en Inde également 2,6 millions de tonnes par an de bœuf, 1,4 million de tonnes de porc et 600 000 tonnes de mouton[109]. Le pays est connu pour sa grande variété de cuisines végétariennes et non-végétariennes. La nourriture et les bonbons épicés sont populaires. Il existe également une grande variété de plats sucrés et de boissons qui varient de région en région.
314
+
315
+ Si le sport national est le hockey sur gazon, c'est le cricket qui, en Inde, est élevé au rang de véritable passion nationale. L'équipe indienne joue au plus haut niveau international, et certains joueurs, tel Sachin Tendulkar, sont extrêmement populaires dans tout le pays et au-delà. Certains matches sont suivis avec ferveur par tout le pays, notamment les rencontres entre l'Inde et son voisin le Pakistan, ou les confrontations de la sélection nationale avec l'Angleterre.
316
+
317
+ Dans quelques États, en particulier dans le nord-est et les États côtiers du Bengale-Occidental, de Goa et du Kérala, le football — dont le berceau en Inde est la ville de Calcutta — est largement répandu. Le Championnat d'Inde de football existe depuis 1996. Récemment, le tennis a gagné en popularité, en particulier grâce à la joueuse professionnelle Sania Mirza. L'Inde est par ailleurs présente dans le monde de la course automobile avec les pilotes de F1 comme Karun Chandhok ou Narain Karthikeyan au volant de l'ex Jordan qui aujourd'hui se nomme « Force India », constructeur détenu par le milliardaire indien Vijay Mallya. On peut enfin citer le catcheur The Great Khali.
318
+
319
+ Le jeu d'échecs, réputé originaire de l'Inde, progresse également du fait de l'augmentation du nombre de grands maîtres indiens, à commencer par Viswanathan Anand, régulièrement classé numéro un mondial et sacré champion du monde le 29 septembre 2007 à Mexico, qui conservera son titre en 2008, 2010 et 2012, avant de s'incliner devant Magnus Carlsen en 2013. Les autres sports traditionnels comprennent le Kabaddi, le Kho-Kho, et le Gilli-Danda, qui sont joués dans tout le pays. L'Inde est la source de la discipline historique et religieuse du yoga, et également de l'art martial antique, le Kalarippayatt.
320
+
321
+ Les fêtes indiennes sont nombreuses et variées[110]. En plus des trois jours fériés nationaux, la plupart des fêtes sont d'origine religieuse. Certaines sont fêtées partout dans le pays, comme Divali à l'automne ou Holi au printemps, d'autres sont plus régionales, comme Pongal au Tamil Nadu ou Onam au Kérala[111],[112].
322
+
323
+ Joueurs et public d'un jeu de rue à Pushkar (Rajasthan).
324
+
325
+ Atoll de l'archipel des Laquedives.
326
+
327
+ Façade est du Palais des vents à Jaipur.
328
+
329
+ Plage sur la côte de Malabar au Kerala.
330
+
331
+ Forêt tropicale de la chaîne montagneuse des Ghats occidentaux.
332
+
333
+ Mausolée du Tombeau d'Humâyûn, New Delhi.
334
+
335
+ Monastère de Thiksey, Ladakh.
336
+
337
+ Mumbai (Bombay), la capitale économique
338
+
339
+ Le Taj Mahal à Agra.
340
+
341
+ Shikara (gondoles cachemiri) sur le lac Dal à Srinagar, Cachemire.
342
+
343
+ Backwaters du Kerala.
344
+
345
+ Parc national de Bandhavgarh, Madhya Pradesh.
346
+
347
+ Célébration de Bihu par des femmes Mishing dans la Vallée de l'Assam.
348
+
349
+ Vallée de Pahalgam, Cachemire.
350
+
351
+ Ghats à Varanasi.
352
+
353
+ Puits à degrés du Rani ki Vav à Patan au Gujarat.
354
+
355
+ Le Kuchipudi d'Andhra Pradesh.
356
+
357
+ Femmes de Jodhpur.
358
+
359
+ Le Kangchenjunga (Himalaya), est le plus haut sommet d'Inde culminant à 8 586 m.
360
+
361
+ Tigre du Bengale.
362
+
363
+ Chutes de Jog, Karnataka.
364
+
365
+ Centrale thermique au Gujarat.
366
+
367
+ Célébration de Holi dans la ville sainte de Barsana, non loin de Vrindavan (Uttar Pradesh).
368
+
369
+ Temple de Baijnath, Himachal Pradesh. L'hindouisme est la religion majoritaire (près de 80 %) en Inde.
370
+
371
+ Danseuse de Sattriya, une danse classique d'Assam.
372
+
373
+ Bharatanatyam danse traditionnel du Tamil Nadu.
374
+
375
+ L'Inde a pour codes :
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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390
+
391
+ Asie du Sud-Est
392
+
393
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
394
+
395
+ Asie du Sud
396
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Le grec ancien est l’étape historique de la langue grecque qui s'étend du IXe siècle av. J.-C. au VIe siècle. Principale langue parlée et écrite en Grèce antique, elle devient le vecteur de la littérature grecque antique qui produit de nombreuses œuvres littéraires et scientifiques à l'influence durable, dont l’Iliade et l’Odyssée attribuées dans l'Antiquité au poète légendaire Homère. On distingue en grec ancien plusieurs dialectes bien distincts, le plus employé étant l'attique.
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+ D'abord notée à l'aide du linéaire B, un syllabaire, la langue grecque antique recourt plus durablement à l'alphabet grec, influencé par l'alphabet phénicien. En tant que langue flexionnelle, le grec ancien possède trois grandes déclinaisons structurées selon cinq cas, trois genres (masculin, féminin et neutre) et trois nombres (singulier, duel, pluriel). Les verbes grecs anciens ont trois voix (active, moyenne et passive) et sont classés en deux grands systèmes de conjugaison selon qu'ils sont thématiques ou athématiques. La syntaxe est très souple.
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+ Le grec ancien a exercé une influence durable sur de nombreuses langues pendant et après l'Antiquité, et cela jusqu'à nos jours. De nombreux mots ont été empruntés au grec ancien (parfois par l'intermédiaire du latin). Cette langue continue d'être utilisée pour forger certains néologismes, notamment dans le domaine des sciences.
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+ À l’origine, il existait une grande variété de dialectes, regroupés en quatre groupes : arcadochypriote, dorien, éolien et ionien-attique[1]. Parler du grec ancien n’a pas grand sens lorsqu'on veut se référer à un des idiomes antiques : dans les faits, cependant, le grec ancien désigne l’attique (dialecte du groupe ionien-attique), langue de l’Athènes antique. C'est en effet la langue dans laquelle est écrite la majeure partie de la littérature grecque classique[1]. Pendant la période hellénistique et le brassage des populations hellénophones en résultant, la koinè, langue commune (c’est le sens de l'adjectif κοινός, koinós) issue de plusieurs dialectes du groupe ionien-attique, s'est progressivement imposée au détriment des dialectes, devenant ainsi la lingua franca de l’Antiquité, en concurrence avec le latin[1].
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+ La koinè est ensuite devenue langue officielle de l’Empire romain d'Orient avant de continuer d’évoluer pour donner naissance au grec moderne d’aujourd’hui[1].
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+ La première forme d'écriture attestée pour noter un dialecte grec est le linéaire B, un syllabaire sans rapport avec l'alphabet grec, servant à transcrire le mycénien, forme archaïque d'un dialecte arcadochypriote utilisée en Grèce continentale et en Crète entre environ 1550 et 1200 av. J.-C. Entre 800 et 200 av. J.-C., une écriture proche, le syllabaire chypriote, a été utilisée à Chypre pour transcrire le grec et l'étéochypriote (une langue non indo-européenne partiellement déchiffrée, peut-être apparentée au lemnien et à l'étrusque).
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+ Des écritures plus anciennes ont existé en Grèce, mais n'ont vraisemblablement pas servi à noter du grec :
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+ Toutes ces écritures étaient vraisemblablement de nature syllabique.
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+ C'est ensuite l'alphabet grec, hérité des Phéniciens et de leur alphabet, qui a été utilisé sous différentes versions (dites épichoriques) à partir du IXe siècle av. J.-C. ou du VIIIe siècle av. J.-C. puis a été normalisé et imposé au reste du monde hellénophone par Athènes en 403 av. J.-C[2]. En ajoutant des voyelles à cet abjad sémitique, les Grecs sont les inventeurs des alphabets occidentaux. En effet, emprunté par les Étrusques (cf. Alphabet étrusque), qui l'ont transmis aux Romains, il a donné naissance à l'alphabet latin mais aussi, sans passer par les Étrusques, à l'alphabet gotique, à l'alphabet cyrillique, à l'alphabet copte, etc.
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+ L'histoire de l'alphabet grec constitue un article séparé.
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+ Le grec ancien est une langue à accent de hauteur possédant deux intonations : aiguë et circonflexe[3]. Il se caractérise aussi par un système de consonnes aspirées et par un jeu d'oppositions de quantités vocaliques. Il existe plusieurs règles de sandhi, tant internes qu'externes.
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+ En passant de l'indo-européen commun au grec ancien, la langue a subi de nombreuses modifications phonétiques dont les plus flagrantes sont décrites par la loi de Grassmann, la loi d'Osthoff et la loi de Rix. On note d'autre part qu'il permet de restituer dans de nombreux cas la coloration des laryngales indo-européennes. Enfin, c'est une langue centum.
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+ Comme d'autres langues indo-européennes anciennes, le grec est hautement flexionnel. Outre l'utilisation de désinences, le grec se caractérise par des procédés hérités de l'indo-européen commun comme l'alternance vocalique et l'utilisation du redoublement.
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+ Les noms possèdent cinq cas (nominatif, vocatif, accusatif, génitif et datif)[4], trois genres (masculin, féminin et neutre)[5] et trois nombres (singulier, duel, pluriel)[6]. Le grec moderne n'utilise plus le datif, excepté dans quelques expressions comme en taxei, mais les autres cas sont généralement conservés.
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+ On compte trois grands types de déclinaisons, tant pour les noms que les adjectifs (type en -α / -η, type thématique en -ος et type athématique), lesquels possèdent plusieurs sous-types. Les pronoms suivent un système qui leur est propre et qui, ayant influencé les types nominaux, n'en sont pas très éloignés.
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+ Les verbes ont trois voix (active, moyenne et passive), trois personnes et trois nombres[7]. Ils se conjuguent selon six modes : quatre personnels (indicatif, impératif, subjonctif et optatif) et deux impersonnels (infinitif et participe)[7]. Il existe sept temps (présent, imparfait, aoriste, futur simple, parfait, plus-que-parfait, et futur antérieur, ces deux derniers étant rarement usés), qui n'existent toutefois pas à tous les modes.
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+ Outre le temps, le verbe exprime surtout trois aspects (imperfectif, perfectif et statique)[7] et, comme toutes les langues, plusieurs modes de procès (inchoatif, itératif, fréquentatif, etc.). Seul l'indicatif marque toujours le temps ; aux autres modes, c'est l'aspect qui est généralement indiqué.
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+ Il existe deux grandes catégories de conjugaisons : les thématiques (ou verbes en -ω) et les athématiques (dits verbes en -μι)[8] : les verbes thématiques se caractérisent par la présence d'une voyelle avant la désinence, absente dans les verbes athématiques. Ces catégories se divisent en un grand nombre de sous-catégories. Le système verbal est très complexe car la flexion met en œuvre de nombreux procédés comme l'alternance vocalique, la suffixation par le jeu de désinences, l'utilisation d'une voyelle thématique, celle de l'augment et du redoublement. À tous ces procédés s'ajoutent des modifications phonétiques importantes au sein d'un même paradigme.
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+ En sorte, il n'est pas exagéré de dire qu'il existe plus de verbes irréguliers que de verbes réguliers, si du moins on s'en tient à la définition de verbe irrégulier ayant cours dans la grammaire française.
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+ Tout ceci est donné à titre indicatif, car comme de nombreuses langues flexionnelles, le grec ancien s'accorde une grande liberté dans la place des groupes.
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+ Pour les verbes, le grec met souvent le verbe en fin de proposition, qu'elle soit principale ou subordonnée, mais bien moins systématiquement que le latin. Il existe une exception pour les impératifs et les verbes à tournure impersonnelle (comme le verbe « être » : ἐστί, « il/elle est », traduisible par « il y a ») qui sont généralement en tête de proposition.
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+ Règle du génitif enclavé : le génitif se place sous l’article, soit entre l’article et le mot désignant le possesseur, soit après répétition de l’article[9]. Dans le groupe nominal « le fils du citoyen » on écrira en grec : Ὁ τοῦ πολίτου υἱός, littéralement « le du citoyen fils » ; mais il est également possible de positionner le génitif après répétition de l'article, par exemple : Ὁ υἱός ὁ τοῦ πολίτου, « le fils le du citoyen ». L’adjectif quant à lui, se place généralement soit entre l'article et le nom (τὸ μικρὸν ἄνθος : la petite fleur), ou bien après le nom avec une répétition de l’article (τὸ ἄνθος τὸ μικρόν, littéralement « la fleur la petite »).
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+ Pour les particularités de la négation en grec ancien : voir Négation (linguistique).
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+ Le grec ancien se caractérise également par le maintien d’une règle de l’indo-européen commun, qui stipule qu’un verbe dont le sujet est un nom neutre pluriel ne se conjugue pas au pluriel mais au singulier[10]. Voir l’article consacré à la règle dite « Τὰ ζῷα τρέχει ».
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+ Un grand nombre de mots en latin, français et anglais, pour ne citer que ceux-là, sont d'origine grecque, et la majorité des néologismes savants utilisés de par le monde est bâtie sur des radicaux grecs (souvent mêlés de radicaux latins). Seules quelques langues européennes, comme l'islandais, de manière systématique, et, dans une moindre mesure, l'allemand, le turc, le tchèque et le croate, n'utilisent pas ces radicaux mais traduisent par calque les termes savants grecs au moyen de radicaux qui leur sont propres.
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+ Des mots comme « boutique », « caractère » ou « beurre » viendraient aussi du grec ancien. Passés par le latin et hérités comme tel dans la langue française (via d’autres langues, comme l’occitan), ils ont subi les mêmes modifications phonétiques que les autres mots hérités et sont maintenant très éloignés de leur étymon grec puisqu'il faut reconnaître derrière chacun d’entre eux : ἀποθήκη, apothếkê ; χαρακτήρ, kharaktếr et βούτυρον, boúturon.
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+ Voici, pour illustrer la prégnance du grec dans les langues occidentales, la traduction en français d'un texte anglais de Xenophón Zolótas (Ξενοφών Ζολώτας) dans lequel chaque mot (hormis les mots-outils) est d’origine grecque [11] :
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+ « Kyrié, sans apostropher ma rhétorique dans l’emphase et la pléthore, j’analyserai elliptiquement, sans nul gallicisme, le dédale synchrone du cosmos politique caractérisé par des syndromes de crise paralysant l’organisation systématique de notre économie. Nous sommes périodiquement sceptiques et neurasthéniques devant ces paroxysmes périphrastiques, cette boulimie des démagogues, ces hyperboles, ces paradoxes hypocrites et cyniques qui symbolisent une démocratie anachronique et chaotique. Les phénomènes fantastiques qu’on nous prophétise pour l’époque astronomique détrôneront les programmes rachitiques, hybrides et sporadiques de notre cycle atomique. Seule une panacée authentique et draconienne métamorphosera cette agonie prodrome de l’apocalypse et une genèse homologue du Phénix. Les économistes technocrates seront les stratèges d’un théâtre polémique et dynamique et non les prosélytes du marasme. Autochtones helléniques, dans une apologie cathartique, psalmodions les théorèmes de la démocratie thésaurisante et héroïque, soyons allergiques aux parasites allogènes dont les sophismes trop hyalins n’ont qu’une pseudodialectique. En épilogue à ces agapes, mon amphore à l’apogée, je prophétise toute euphorie et apothéose à Monsieur Giscard d’Estaing, prototype enthousiasmant de la néo-orthodoxie économique et symbole de la palingénésie de son ethnie gallique. »
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+ En Belgique, la section latin-grec est l'une des branches possibles dans l'enseignement secondaire général : le grec s'y enseigne à partir de la 3e année (dans la numérotation "moderne" 1-2-3-4-5-6). Le grec ancien s'enseigne bien sûr aussi à l'université, en philologie classique.
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+ En France, l'enseignement du grec ancien est proposé dans quelques collèges et lycées. Les élèves peuvent le débuter dès la troisième ou la seconde et le passer en option pour le baccalauréat. Il s'apprend aussi dans l'enseignement supérieur pour que les universitaires puissent avoir accès aux textes originaux et en établir des éditions scientifiques.
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+ Le grec ancien est une option spécifique dans les établissements d'enseignements secondaires préparant à la maturité gymnasiale, et peut être choisi comme sujet d'examen pour ce diplôme.
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+ Au Québec, le grec ancien est toujours enseigné à l'Université Laval, l'Université de Montréal, l'Université Concordia et l'Université McGill au sein des premier et second cycles selon les universités. Il s'agissait d'une matière obligatoire du cours classique aux côtés du latin, mais son enseignement fut abandonné dans les années 1960 après la création des cégeps.
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+ L'archéologie Écouter est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier l'Homme depuis la Préhistoire jusqu’à l'époque contemporaine à travers sa technique grâce à l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté et qu’il est parfois nécessaire de mettre au jour par la fouille (outils, ossements, poteries, armes, pièces de monnaie, bijoux, vêtements, empreintes, traces, peintures, bâtiments, infrastructures, etc.). L'ensemble des artéfacts et des écofacts relevant d'une période, d'une civilisation, d'une région, ou d'un peuplement donné, s'appelle culture archéologique. Cette culture matérielle est avant tout un concept basé sur l'assemblage de vestiges retrouvés dans des espaces et dans des chronologies contingentes, sur un même site, ou dans une même région, par exemple. On peut alors parler, pour désigner un ensemble cohérent, de culture archéologique (comme la culture de Hallstatt, ou la culture Jomon, par exemple).
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+ L’archéologue, dans une approche diachronique, acquiert donc l’essentiel de sa documentation à travers des travaux de terrain[N 1], par « opposition » à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Mais l'archéologue utilise aussi des documents écrits lorsque ceux-ci sont matériellement disponibles[N 2] tout comme il peut faire appel aux sciences de la vie et de la terre[N 3] ou aux autres sciences humaines (voir ci-dessous), regroupées méthodologiquement dans ce qu'on appelle les « archéosciences » (comme l'archéométrie, l'archéologie environnementale, etc.). L'existence ou non de sources textuelles anciennes a permis d'établir une division chronologique des spécialités archéologiques en trois grandes périodes : l'archéologie de la Préhistoire (absence de sources textuelles), l'Archéologie de la Protohistoire (peuples n'ayant pas de sources textuelles mais étant cités dans ceux de peuples contemporains) et l'archéologie des Périodes historiques (existence de sources textuelles). Il existe aussi des spécialisations archéologiques faites suivant le type d’artefacts étudiés (céramiques, bâti, etc.), ou à partir de la matière première des artefacts étudiés (pierre, terre crue, verre, os, cuir, etc.).
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+ Le mot « archéologie » vient du grec ancien archaiología[N 4] et est formé à partir des éléments archaíos « ancien », lui-même issu de arkhê et lógos « mot, parole, discours, science ». Toutefois, c'est avant tout à l'étude de l'objet fabriqué par l'homme, donc à la technicité, que l'archéologue consacre son travail.
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+ Dans l’« Ancien Monde », l’archéologie a eu tendance à se concentrer sur l’étude des restes physiques, les méthodes employées pour les mettre au jour et les fondements théoriques et philosophiques sous-tendant ces objectifs.
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+ La première attestation d’un récit ou d’une interprétation à proprement parler archéologiques remonte à la période grecque classique, et nous est racontée par Thucydide. En effet, lors de travaux à Délos, il mentionne la découverte de tombes anciennes. L’auteur décrivant la scène indique que les défunts étaient probablement des pirates cariens (provenant de Carie du fait des vêtements qu’il était possible de reconnaître dans leur tombe).
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+ « Les habitants des îles, Cariens et Phéniciens, s’adonnaient tout autant à la piraterie ; car c’étaient eux qui avaient occupé la plupart des îles. En voici une preuve : dans la présente guerre, quand les Athéniens purifièrent Délos et qu'on enleva toutes les tombes de l’île, on constata que plus de la moitié appartenait à des Cariens, ainsi que l’attestèrent les armes enfouies avec les morts et le mode de sépulture, encore en usage chez les Kariens d’aujourd’hui. »
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+ — Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, I, VIII.
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+ Il s’agit de la première réflexion associant directement un contexte funéraire archéologique à une identité culturelle ou ethnique.
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+ La discipline prend sa source dans le monde des antiquaires et dans l'étude du latin et du grec ancien, qui l'inscrivent naturellement dans le champ d'étude de l'histoire. Avec la restructuration des réseaux commerciaux de la Méditerranée à la fin du Moyen Âge, les voyages vers diverses destinations redeviennent plus aisés, et se développent des circuits faisant souvent étape dans des régions ou des sites archéologiques étaient connus des populations locales. Cyriaque d'Ancône ou Ciriaco de’ Pizzicolli (Ancône, vers 1391 - Crémone, vers 1455) est un humaniste italien, un voyageur et un épigraphiste grâce auquel sont parvenues des copies de nombreuses inscriptions grecques et latines perdues depuis son époque. Il a été appelé le père de l'archéologie : il est le premier « savant » à redécouvrir des sites grecs antiques prestigieux tels que Delphes ou Nicopolis d'Épire. Cyriaque d'Ancône se croyait investi d'une mission : sauver les antiquités, condamnées à disparaître. Après lui se succèdent d'autres voyageurs, notamment dans le cadre des grands tours pratiqués par les jeunes aristocraties européennes. Ce grand tour incluait souvent un voyage en Italie, en Grèce, et en Turquie, afin de visiter les hauts-lieux de la culture antique, d'en ramener des vestiges éventuels, et de les documenter par des illustrations et des récits. Les fouilleurs recherchent en premier lieu les trésors ou des objets précieux destinés à alimenter les collections privées ou les collections royales[1]. Se développent par ailleurs des musées, héritiers des cabinets de curiosité dont l'objet était d'accumuler des trouvailles rares, précieuses, anciennes, atypiques. Les musées furent le cadre des premières réflexions sur les cultures matérielles. Les grands noms de cette transition entre antiquaires et archéologues sont par exemple Anne Claude de Caylus, ou Jacques Boucher de Perthes. Progressivement se constituent donc non seulement une culture de l'antique, mais aussi une approche de plus en plus scientifique, avec l'invention des trois grands principes de l'archéologie scientifique : chronologie, typologie, stratigraphie.
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+ La découverte du site de Pompéi marque un tournant dans l’archéologie. A l’époque moderne, la ville est une première fois découverte entre 1592 et 1600 lors de la construction du canal du Sarno. Toutefois, les fouilles commencent en 1748 sous le règne de Charles de Bourbon. Et en 1763, une inscription est découverte ce qui permet l’identification avec certitude de Pompéi. La topographie de la ville est établie progressivement. Cette découverte contribue « à promouvoir une certaine image romantique de l'archéologie, propre à stimuler l'imaginaire et à donner aux objets découverts une nouvelle réalité[1] ».
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+ Entre 1860 et 1875, un changement important s’opère avec Giuseppe Fiorelli qui est des premiers interprètes de la science archéologique[2]. Il met au point de nouvelles méthodes de fouilles ainsi que de présentation du site. Avec lui, les fouilles se font par décapages horizontaux successifs. Cette nouvelle méthode permet à Giuseppe Fiorelli de développer les moulages au plâtre. Par ailleurs, il divise le site en neuf régions, chacune subdivisée en îlots, et numérote les propriétés[3].
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+ Lors de la Renaissance nordique, les hommes commencent de plus en plus à regarder ce que la terre peut cacher. Ils y découvrent des mégalithes, tumuli et inscriptions runiques. Le xvie siècle est un moment où les érudits ont une vraie volonté de rassembler et découvrir des objets et vestiges dans un but didactique. Ils cherchent à expliquer le monde. En 1555, Olaus Magnus publie à Rome l’une des premières descriptions historique, géographique ainsi qu’ethnographique. Les éléments collectés sont mis en relation avec les traditions classiques mais ne sont pas réellement interprétés.
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+ C’est à la fin du xvie siècle que l’on collecte des antiquités nordiques et que l’on associe la connaissance des sources avec la pérégrination (trajet complexe d’un lieu à un autre). Johan Bure, fils de pasteur, s’intéresse au déchiffrement des runes dans le climat nationaliste de la cour de Suède. Il les collecte et les analyse systématiquement. Il fait un alphabet précis, propose des règles de transcriptions ainsi qu’un système de datation et enfin, entreprend le relevé systématique des inscriptions en Suède. Johan Bure apporte un soin particulier aux dessins et a une attention envers le matériel épigraphique. Collecter est le but principal de ses excursions, durant lesquelles il découvre un quart des inscriptions connues à ce jour. D’autre part, le travail qu’il a mené a permis une transformation de la traditionnelle pérégrination en un relevé méthodique. Ainsi, cela en fait la première entreprise archéologique professionnelle. Le Royaume de Suède est le premier État à avoir un service archéologique. En Scandinavie, l’archéologie est perçue comme une part décisive de l’histoire. Cela explique alors pourquoi l’archéologie scandinave est aussi importante et aussi, pourquoi elle évolue rapidement.
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+ Par ailleurs, Ole Worm a aussi joué un rôle important dans cette archéologie. Il met au point une nouvelle science des antiquités grâce à l’association du relevé avec la collection et, l’interprétation avec la pérégrination. En 1643, il publie à Copenhague Danicorum Monumentorum Libri sex, un manuel pratique d’archéologie. Pour lui, afin de classer les objets, il est important de prendre en compte le matériau, la terre, la pierre et aussi d’envisager son utilité. Il définit les objets par fonction : autel, sanctuaire, sépulcres, épigraphes, places publiques. Ole Worm ne se contente pas de classer et d’interpréter, il tente aussi de comprendre les vestiges qu’il trouve et de les relier avec le paysage qu’il observe. De plus, il essaie d’ordonner les connaissances en un système intelligible. Le genre antiquaire que Ole Worm met en place, est complètement révolutionnaire pour l’époque. C’est un progrès fondamental dans la pratique archéologique. Ce progrès est alors considéré comme le modèle de la pérégrination archéologique moderne[4].
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+ L'archéologie en tant que science apparaît dans les années 1880, auparavant les restes physiques étaient le plus souvent considérés comme des champs de ruines dans lesquels les gens se servaient sans vergogne pour les revendre aux antiquaires, cette attitude atteignant son apogée au début du XIXe siècle dans l'Europe en pleine vogue d'antiquarianisme[5]. Le XIXe siècle est une époque déterminante pour la naissance du sentiment de nationalité, et dans cette optique, l'archéologie se développe à l'échelon national pour justifier les origines historiques et ethniques d'une nation. La France développe ainsi une archéologie gallo-romaine, mérovingienne, dont le but est de justifier la cohérence de la nation française dans son passé révélé par l'archéologie. Une des figures de ce développement est Napoléon III, ayant lui-même lancé les fouilles sur le site d'Alésia, en Côte-d'Or. L'Allemagne observe le même mouvement de nationalisation et de rationalisation de la discipline archéologique. Le XIXe siècle est aussi le siècle des grands instituts archéologiques à l'étranger : l'Europe occidentale ayant pris activement part à la guerre entre la Grèce et la Turquie, cette première remercie notamment l'Allemagne et la France en autorisant la fondation des Écoles d'Archéologie (École française d'Athènes, par exemple), et en cédant des concessions aux européens, afin qu'ils fouillent des grands sites. Delphes revient aux français, Olympie à l'Allemagne, par exemple. En Italie, la fondation de l'Institut de correspondance archéologique (Istituto di corrispondenza archeologica) à Rome en 1829, par Eduard Gerhard, fut une étape importante. De même, la naissance de l'École française de Rome fut un moment décisif de développement d'un réseau d'instituts archéologiques internationaux, intimement liés à la diplomatie et aux affaires étrangères de chaque pays concernés.
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+ Au XIXe siècle se développe aussi l'archéologie orientale, marquée par la redécouverte des grands sites mésopotamiens, tels que Ninive, Babylone, Khorsabad, Ur. La découverte des origines de l'écriture et des grandes civilisations palatiales de l'Orient ancien enclenche un mouvement sans précédent de transfert patrimonial entre orient et Europe occidentale. La découverte des langues les plus anciennes de l'humanité par les archéologues et linguistes introduit par ailleurs la question des origines indo-européennes des peuplements de l'Europe. Ces origines ont souvent été un thème politisé, notamment sous le IIIe Reich, dans le but de légitimer une culture de supériorité raciale, linguistique, et culturelle. La question notamment du peuple aryen des origines, fut un thème persistant dans la recherche archéologique allemande, dominée par Gustaf Kossinna pendant plusieurs décennies.
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+ La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par l'émergence du scientisme, du positivisme et du constructivisme, modèles épistémologiques et théoriques rayonnants sur tous les champs de la recherche. Le darwinisme, ainsi que certains travaux[N 5] ayant prouvé l'antédiluvianité de l'homme repoussent les théories créationnistes et permettent à l'archéologie préhistorique de poser durablement les bases d'une réflexion sur l'évolution humaine depuis les origines du genre Homo. Cette période charnière voit notamment naître l'archéologie protohistorique.
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+ La deuxième moitié du XXe siècle est marquée par un grand renouveau théorique : l'archéologie processuelle jette les bases d'une réflexion anthropologique purement archéologique, déconnectée du postulat historique, et régie par la démarche hypothético-déductive. L'archéologie post-processuelle se construit en réaction à ce premier mouvement, et réintroduit le traitement de la donnée archéologique comme une composante nécessairement historique. L'archéologie des soixante dernières années s'est vue dotée de nombreux moyens techniques et conceptuels nouveaux pour étudier les sociétés du passé. Les progrès en physique nucléaire l'ont doté de nombreux outils de datation (radiocarbone, rubidium - strontium, argon - potassium), et ont doté les archéologues de méthodes archéométriques ; le développement des techniques spectrophotométriques permettent par ailleurs l'acquisition d'informations quantitatives et qualitatives particulièrement pertinentes pour étudier les objets. On peut par exemple déterminer la provenance d'une céramique ou d'un minerai utilisé. Les sciences environnementales et paléoenvironnementales sont aussi intégrées aux recherches archéologiques, donnant naissance à l'archéologie du paysage, l'archéologie environnementale, la géomorphologie archéologique, etc. En archéologie préhistorique, des méthodes spécifiques d'enregistrement ou de fouille ont été développ��es notamment par Georges Laplace[6],[7] ou André Leroi-Gourhan[8]. Ces chercheurs ont contribué au raffinement progressif de l'archéologie, qui par la fouille, détruit son objet d'étude en même temps qu'elle constitue une donnée archéologique. La nature destructrice d'une opération de fouille archéologique est donc à l'origine du développement de toutes les méthodes de terrain visant à acquérir sans détruire, certaines informations (stratigraphiques, chronologiques, typologiques, architecturales, etc.).
36
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+ Le développement de l'archéologie urbaine puis de l'archéologie préventive[9], à partir des années 1970 et 1980, a joué un rôle important, tout comme celui de l'archéométrie, dans la nécessité de professionnaliser l'archéologie, afin d'acquérir les données du terrain avec le plus de méthode et de rigueur possible. Certains milieux comme les lacs, ou les forêts se prêtent à des formes particulières d'archéologie (archéologie lacustre ou forestière en l’occurrence[10]). Enfin, les années 1990 ont été marquées par un développement important de l'histoire de l'archéologie, analysant le développement historique de l'archéologie scientifique.
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+
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+ Aux États-Unis et dans un nombre croissant d'autres régions du monde, l'archéologie est généralement dévolue à l'étude des sociétés humaines et est considérée comme l'une des quatre branches de l'anthropologie. Les autres branches de l'anthropologie complètent les résultats de l'archéologie d'une façon holistique. Ces branches sont :
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+ D'autres disciplines complètent également l'archéologie, comme la paléontologie, la paléozoologie, la paléo-ethnobotanique, la paléobotanique, l'archéozoologie et l'archéobotanique[11], la géographie, la géologie, l'histoire de l'art et la philologie.
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+
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+ L'archéologie a été décrite comme un art qui s'assure le concours des sciences pour éclairer les sciences humaines. L'archéologue américain Walter Taylor a affirmé que « l'archéologie n'est ni l’histoire ni l’anthropologie. Comme discipline autonome, elle consiste en une méthode et un ensemble de techniques spécialisées destinées à rassembler, ou à « produire » de l'information culturelle »[12].
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+ L'archéologie cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels, quelle que soit la période concernée, en tant que production, relevant à la fois d'une technologie, d'une pratique, d'une logique économique de subsistance ou d'abondance, et d'une cognition. En Angleterre, les archéologues ont ainsi mis au jour les emplacements oubliés depuis longtemps des villages médiévaux abandonnés après les crises du XIVe siècle ainsi que ceux des jardins du XVIIe siècle évincés par un changement de mode. Au cœur de New York, des archéologues ont exhumé les restes d’un cimetière renfermant les dépouilles de 400 Africains et datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis maintenant une trentaine d'années, on assiste au développement d'une archéologie des époques modernes et contemporaines, révélant parfois des faits nouveaux, que ni les textes ni les informations ethnologiques et sociologiques contemporaines n'avaient attestés.
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+ L'archéologie traditionnelle est considérée comme l'étude des cultures préhistoriques, cultures qui existaient avant l’apparition de l'écriture. L'archéologie historique est l'étude des cultures qui ont développé des formes d'écriture.
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+ Quand l'étude concerne des cultures relativement récentes, observées et étudiées par des chercheurs occidentaux, l'archéologie est alors intimement liée à l'ethnographie. C'est le cas dans une grande partie de l'Amérique du Nord, de l'Océanie, de la Sibérie et de toutes les régions où l'archéologie se confond avec l'étude de traditions vivantes des cultures en questions. L'homme de Kennewick fournit ainsi l'exemple d'un sujet d'étude archéologique en interaction avec la culture moderne et des préoccupations actuelles. Lors de l'étude de groupes qui maîtrisaient l'écriture ou qui avaient des voisins qui la maîtrisaient, histoire et archéologie se complètent pour permettre une compréhension plus large du contexte culturel global et l'étude du mur d'Hadrien nous en fournit un exemple. Les études archéologiques fondant leur analogie sur l'observation de cultures encore existantes relèvent de l'ethnoarchéologie. Les travaux en France des époux Pétrequin en sont un bon exemple.
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+ En France la loi de 2003 relative à l'archéologie préventive ouvre ce marché aux entreprises privées dont l'agrément est limité aux opérations de fouilles[13]. Face à l’Inrap et ses 2 000 archéologues qui appartiennent essentiellement à la fonction publique territoriale, il en existe en 2015 une vingtaine de structures privées qui regroupent environ 700 archéologues et qui détiennent désormais 50 % du marché[14].
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+ La méthode de l'archéologie s'inscrit dans une démarche scientifique, au même titre que les autres sciences palétiologiques. Afin d'appréhender les faits et les comprendre, elle doit passer par l'étape d'induction, puis de déduction et enfin, revenir à l'induction. On fait donc se croiser un processus empirico-inductif avec un processus hypothético-déductif, fondés sur la convergence des sources et une herméneutique.
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+ En découvrant de nouveaux témoins du passé, l'archéologue se doit de pratiquer l'induction. En effet, il faut passer des faits aux idées, des observations aux propositions qui peuvent les justifier, des indices aux présomptions qui les expliquent. En formulant une hypothèse ou en supposant un fait, l’archéologue ne fait donc qu'appliquer une méthodologie scientifique usuelle. Il doit simplement vérifier que le problème nouveau relève de sa compétence, c’est-à-dire avant tout qu’il dispose – ce qui n’est pas toujours le cas – des documents nécessaires, et aussi qu’il présente un intérêt suffisant, c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop banal ni trop limité ; ce souci d'efficacité, qui n’a rien, lui non plus, de particulier à l’archéologie, y revêt cependant une grande importance, puisque les documents archéologiques sont chargés de plusieurs limitations.
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+ Le problème retenu et l’hypothèse émise, il reste à vérifier cette dernière. Cette démarche, prônée déjà par Francis Bacon (Novum Organum Scientiarum, 1620) et exposée avec une grande clarté par Claude Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, première partie, 1865), consiste d’abord à revenir des idées aux faits, par un mouvement déductif ou une phase hypothético-déductive. Puisqu’on ne peut pas opérer de démonstration directe, ce qui est le privilège des mathématiques, on cherche à vérifier l’hypothèse a posteriori, par son efficacité logique ou sa valeur heuristique. Puis on revient aux idées par une nouvelle induction et, si l’hypothèse se trouve vérifiée, elle devient alors ce que la plupart des sciences appellent une loi, mais que l’histoire et l’archéologie ne peuvent appeler, dans le sens le plus général du terme, qu’un fait historique.
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+
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+ Toutefois, la recherche de la vérification suppose en premier lieu que l’hypothèse soit formulée le plus exactement possible. Comme par définition le chercheur à ce stade ne dispose pas encore de toutes les données nécessaires, il est conduit à s’avancer un peu au-delà de ce qu’il a observé. Cette anticipation de l’expérience consiste en règle générale à décrire les conséquences de l’hypothèse et à prévoir quelle sera leur traduction dans les vestiges archéologiques : car seule cette traduction sera susceptible d’être vérifiée.
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+
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+ Mais l’importance du raisonnement est encore plus capitale à l’étape suivante. Il s’agit en effet de vérifier si, dans les données observables, on retrouve bien la traduction des conséquences que l’on a prévues. Il faut pour cela revenir à la fouille ou, tout au moins, aux documents archéologiques et aux relations qui les unissent. Mais il faut y revenir avec une méthode : organiser tout un ensemble d’opérations qui permette le contrôle souhaité et donne des résultats clairs. Il ne peut donc pas s’agir de recourir à des recettes préétablies. C’est même très précisément le contraire : il faut imaginer, dans chaque cas, la démarche qui sera à la fois la mieux adaptée au but poursuivi et la plus pragmatique en fonction de l’importance du problème posé. Autrement dit, les techniques particulières qui seront mises en œuvre dans cette démarche n’auront pas d’intérêt par elles-mêmes, mais devront être jugées, comme partout, sur leur efficacité. Celles qui permettront d’obtenir des réponses pertinentes et claires, pour une somme d’efforts proportionnée à l’intérêt de l’entreprise, seront par définition les meilleures.
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+ Au terme du processus, deux possibilités apparaissent :
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+ L'archéologie représente souvent le seul moyen de connaître le mode de vie et les comportements des groupes du passé. Des milliers de cultures et de sociétés, des millions de personnes se sont succédé au cours des millénaires, pour lesquels il n'existe aucun témoignage écrit, aucune histoire, ou presque. Dans certains cas, les textes peuvent être incomplets ou peuvent déformer la réalité.
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+ L'écriture telle qu'on la connaît aujourd'hui est apparue il y a seulement 5 000 ans environ et elle n'était utilisée que par quelques civilisations technologiquement avancées[16]. Ce n'est bien sûr pas par hasard que ces civilisations sont relativement bien connues : elles ont fait l'objet de recherches de la part des historiens depuis des siècles, tandis que les cultures préhistoriques ne sont étudiées que depuis le XIXe siècle. Mais même dans le cas d'une civilisation utilisant l'écriture, de nombreuses pratiques humaines importantes ne sont pas enregistrées. Tout ce qui concerne les éléments fondateurs de la civilisation - le développement de l'agriculture, des pratiques culturelles, des premières cités - ne pourra être connu que par l'archéologie.
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+ Même quand des témoignages écrits existent, ils sont systématiquement incomplets ou plus ou moins biaisés. Dans de nombreuses sociétés, n'étaient alphabétisés que les membres d'une élite sociale, comme le clergé. Les documents écrits de l'aristocratie se limitent souvent à des textes bureaucratiques concernant la cour ou les temples, voire à des actes notariés ou des contrats. Les intérêts et la vision du monde de l'élite sont souvent relativement éloignés de la vie et des préoccupations du reste de la population. Les écrits produits par des personnes plus représentatives de l'ensemble de la population avaient peu de chance d'aboutir dans les bibliothèques et d'y être préservés pour la postérité. Les témoignages écrits ont donc tendance à refléter les partis pris, les idées, les valeurs et éventuellement les tromperies d'un petit nombre d'individus, correspondant généralement à une fraction infime de la population. Il est impossible de se fier aux écrits comme seule source d'information. Les vestiges matériels sont plus proches d'une représentation fiable de la société, même s'ils posent d'autres problèmes de représentativité tels que les biais d'échantillonnage ou la conservation différentielle.
70
+
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+ Au-delà de leur importance scientifique, les vestiges archéologiques peuvent avoir une signification politique pour les descendants des groupes qui les ont produits, une valeur matérielle pour les collectionneurs ou simplement une forte charge esthétique. Aux yeux du grand public, qui bien souvent méconnaît le cadre juridique de la matière (droit de l'archéologie, code du patrimoine), l'archéologie est souvent associée à une recherche de trésors esthétiques, religieux, politiques ou économiques plutôt qu'à une reconstitution des modes de vie des sociétés passées. Ce point de vue est fréquemment conforté dans les œuvres de fiction telles que Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue, La Momie ou Les Mines du roi Salomon, fort heureusement très éloignées des préoccupations effectives de l'archéologie moderne.
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+ Biface acheuléen.
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+ Vénus de Willendorf
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+ Les remparts de Troie.
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+ La Porte des Lions à Mycènes.
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+ Le masque d'or découvert dans la tombe de Toutânkhamon.
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+ Le dépôt de vaisselle de bronze d'Évans (Jura).
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+ Le cratère découvert dans la tombe de Vix.
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+
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+ L'armée de terre cuite du mausolée de l'empereur Qin près de Xi'an en Chine.
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+
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+ La statue de Ptolémée II érigée à la porte du phare d'Alexandrie.
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+ Pompéi
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+ Photographie aérienne du site protohistorique de Grézac.
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+ Les géoglyphes de Nazca au Pérou.
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+ La cité inca de Machu Picchu au Pérou.
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+ Ces termes importants se rapportant à l'archéologie sont souvent mal utilisés.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Brochures du ministère de la Culture et de la Communication (à télécharger)
fr/3450.html.txt ADDED
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+ Une langue est un système évolutif de signes linguistiques, vocaux, graphiques ou gestuels, qui permet la communication entre les individus.
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+ Selon le linguiste André Martinet, « une langue est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les monèmes ; cette expression s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, et dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d'une langue à l'autre ».
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+ Il n'existe pas de critère strictement linguistique permettant de distinguer une langue d'un dialecte.
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+ Dans une perspective sociolinguistique (étude des langues dans leur rapport aux sociétés), le terme « langue » définit tout idiome remplissant deux fonctions sociales fondamentales : la « communication » (c'est au moyen de la langue que les acteurs sociaux échangent et mettent en commun leurs idées, sentiments, pensées, etc.) et l'« identification » (par son double aspect individuel et collectif, la langue sert de marqueur identitaire quant aux caractéristiques de l'individu et de ses appartenances sociales). Par conséquent, les « langues » sont des objets vivants, soumis à multiples phénomènes de variations et les frontières entre les langues sont considérées comme non hermétiques, car elles relèvent d'abord des pratiques sociales.
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+ On appelle langue naturelle une langue qui s'est formée au cours du temps par la pratique de ses locuteurs, à partir d'états de langues antérieurs et/ou d'emprunts à d'autres langues. C'est le cas d'une grande majorité des langues parlées dans le monde.
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+
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+ Au contraire, on appelle langue construite, parfois improprement langue artificielle, une langue qui résulte d'une création normative consciente d'un ou de plusieurs individus. C'est notamment le cas de l'espéranto, seule langue construite comptant un nombre significatif de locuteurs dans 120 pays du monde, mais aussi de son dérivé ido, du volapük qu’elle a supplanté, de l'interlingua, du lojban, du pandunia, du toki pona, ou des langues imaginaires utilisées dans les œuvres de fiction : klingon (Star Trek), na'vi (Avatar), elfique (Seigneur des Anneaux), etc.
12
+
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+ Certaines langues ont également été créées historiquement pour permettre l'intercompréhension entre des locuteurs à l'occasion d'échanges commerciaux, comme le kiswahili, mélange de grammaire bantoue et de vocabulaire arabe, développé après la Renaissance par les marchands sur la côte est-africaine.
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+
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+ On appelle langue vivante une langue qui est utilisée oralement par des personnes dont elle est la langue maternelle (ou par une communauté suffisamment nombreuse) de façon suffisamment intensive pour permettre une évolution spontanée de la langue (grammaticale, phonétique, etc.).
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+ On appelle langue morte ou éteinte une langue qui n'est plus pratiquée oralement comme langue maternelle mais qui peut être encore utilisée dans certains domaines (tels que la religion, comme le latin ou le copte). C'est pourquoi certains préfèrent parler de langue ancienne. La connaissance des langues mortes, en permettant l'étude des textes anciens, est utile notamment à la linguistique historique ainsi qu'à l'histoire et à ses disciplines annexes. Les deux langues mortes les plus importantes de la culture occidentale sont le latin et le grec ancien. Celle des cultures indiennes ou influencées par l'Inde est le sanskrit.
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+ Il est possible de « ressusciter » et de reconstruire des langues mortes, comme le montre l'exemple de l'hébreu moderne.
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+ Une langue vivante est rarement un système uniforme et rigide, elle varie généralement selon le lieu géographique (dialectes), le milieu social (sociolectes) et les individus (idiolectes) et, bien sûr, selon le temps (diachroniquement), ce qui fait que, considérée à un moment donné, une langue est toujours en évolution et contient plusieurs états. Par exemple, le système phonologique des langues évolue, ce qu'étudie la phonétique historique. Une langue vivante est définie dans une géographie linguistique internationalement reconnue et se définit par sa frontière linguistique. Si cette aire linguistique est traversée par une frontière, c'est une langue transfrontalière, par exemple le basque.
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+ On appelle langue maternelle ou langue parentale d'une personne, une langue que cette personne a apprise dans son enfance au cours de son apprentissage du langage.
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+ Une même langue définie par la linguistique, par la sociolinguistique et par la typologie sociolinguistique des langues, dont les locuteurs se comprennent spontanément, complètement et sans avoir besoin de traducteur ni de dictionnaire, peut avoir plusieurs dénominations et s'écrire avec plusieurs alphabets pour des raisons historiques, politiques, religieuses et identitaires : c'est par exemple le cas du hindi/ourdou[1], du moldave/roumain[2] ou encore du serbo-croate appelé désormais BCMS pour Bosnien-Croate-Monténégrin-Serbe[3].
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27
+ Le commencement énigmatique du langage et les origines des langues actuelles suscitent des hypothèses parfois contradictoires. Diverses recherches des anthropologues, des archéologues, des généticiens et des linguistes suggèrent l'hypothèse d'une langue commune[4] ; d'autres recherches, tout aussi nombreuses, la réfutent et généralement retiennent l'hypothèse de familles de langues. La Bible, entre autres, suggère que la langue a depuis toujours été utilisée par les humains, et que c'est à cause de l'événement de la Tour de Babel que les différents groupes de langues sont apparus. Mais tous admettent que les langues humaines, constituées de paroles, c'est-à-dire de « conventions arbitraires partagées par tel ou tel groupe d'individus », constituent une forme de langage différente de celles des autres espèces animales, une forme dont la particularité est une très grande plasticité et diversité[5], tandis que, chez les autres espèces, le langage sonore, gestuel, chromatique ou chimique de chacune est unique, et comporte tout au plus quelques « dialectes » (voir l'article Communication animale).
28
+
29
+ Il est impossible de déterminer avec précision le nombre de langues parlées dans le monde, en raison de la difficulté qu'il y a à tracer des frontières précises entre les langues, notamment à différencier les langues des dialectes. Selon les estimations, il existerait aujourd'hui entre 3 000 et 7 000 langues vivantes[6],[7]. L'ONU reconnaît 141 langues officielles.
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+ Quelques grandes familles de langues sont les plus importantes.
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+ Les langues flexionnelles de la famille indo-européenne sont parlées en première langue par un peu plus de 40 % de l'humanité : Asie du Sud, Europe, Amériques, Océanie. L'anglais, le français et le portugais sont souvent aussi langues officielles en Afrique subsaharienne, donc pour plus de 10% de la population mondiale.. Depuis le début du vingtième siècle, et surtout après 1945, l'anglais est devenu la principale langue de communication internationale.
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+ Les langues isolantes et à tons de la famille sino-tibétaine sont parlées par plus de 20 % de la population mondiale, la plus importante étant le mandarin.
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+ Quelques autres groupes de langues sont parlés par environ 5% de la population mondiale avec une parenté souvent plus difficile à établir : langues ouralo-altaïques majoritairement agglutinantes (japonais, coréen, turc...), langues austronésiennes (dont l'indonésien-malais) ; langues dravidiennes (dont le tamoul) ; langues afro-asiatiques (dont l'arabe) ; langues nigéro-congolaises.
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+ Les autres groupes de langues repérés sont beaucoup moins importants démographiquement.
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+ L'estimation du nombre de locuteurs d'une langue (en première et en seconde langue) peut donner d'importantes divergences pour certaines langues. C'est notamment le cas du français ; Ethnologue.com[8] estime le nombre de locuteurs du français à 128 millions en 1999, dont seulement 77 millions en première langue, alors que dans le même temps pour d'autres, la francophonie représenterait un ensemble de 600 millions de personnes vers 2050.
44
+
45
+ Treize langues sont parlées par plus de 100 millions de personnes en tant que langue maternelle et langue seconde. En tête l'anglais (1,5 milliard), puis le mandarin (1 milliard), l'espagnol (567 millions), l'arabe (568 millions), l'hindi (381 millions), le français (274 millions), le russe (268 millions), le bengali (267 millions), le portugais (240 millions), le malais et l'indonésien (198 millions) l'ourdou (162 millions), l'allemand (143 millions) et le japonais (130 millions)[9].
46
+
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+ Les noms de chaque langue sont multiples et ne doivent pas être confondus avec ceux des peuples, eux-mêmes variables, évolutifs et multiples. D'une part, il existe des différences entre endonymes et exonymes, par exemple pour la langue appelée inuit par ses locuteurs, mais eskimo par les Amérindiens. D'autre part, il existe des langues très proches et en grande partie intercompréhensibles, mais néanmoins différentes et désignées par des noms différents, comme dans les cas du tchèque et du slovaque d'un côté, du macédonien et du bulgare de l'autre. Par ailleurs, pour une même langue totalement intercompréhensible, il peut exister des alphabets, une histoire et des noms différents, comme dans les cas du croate et du serbe, ou encore de l'hindi et de l'ourdou. Enfin, une même langue parfaitement compréhensible par tous ses locuteurs, usant du même alphabet et ayant la même histoire, peut néanmoins changer de nom selon les pays où elle est parlée, comme c'est le cas pour le moldave-roumain.
48
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+ C'est pourquoi les linguistes préfèrent utiliser des dénominations scientifiques marquées par le suffixe phone, comme lorsque l'on parle d’anglophones ou de francophones nonobstant leurs nationalité, origine ou histoire.
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+ La linguiste Colette Grinevald estime qu'environ 50 % des langues disparaîtront d'ici 2100. Dans certaines régions où les langues sont diverses mais les locuteurs de chacune peu nombreux, cela pourrait être de l'ordre de 90 % (comme en Australie et en Amérique)[10]. Début 2008, l'ONG Survival International estimait qu'une langue indigène disparaît « toutes les deux semaines »[11]. Cette estimation est confirmée par un rapport de l'UNESCO qui classe 2 464 langues comme « menacées » de disparition : en moyenne, soit une langue disparaissant tous les quinze jours[12].
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+ Colette Grinevald estime qu'en 2100 les langues majoritaires seront[10] :
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55
+ Le français est utilisé comme langue de la diplomatie internationale, des « pays non alignés », des organisations internationales, des Jeux olympiques. La francophonie devrait donc bien se porter, notamment à travers son développement au sein de la communauté des pays francophones, son expansion en Afrique et au Maghreb et le concours du dynamisme linguistique des francophones canadiens, belges et suisses. Ainsi, selon le démographe et sociologue Richard Marcoux, le français pourrait en 2050 compter 600 millions de locuteurs[13].
56
+
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+ Une langue est considérée comme menacée si elle risque de ne plus avoir de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. Une langue qui paraît solide, car utilisée par plusieurs millions de personnes, peut être en danger. C'est notamment le cas des langues quechua en Amérique du Sud, car très peu de jeunes les apprennent.
58
+
59
+ Depuis que la majorité de l'humanité vit dans des milieux urbains, cette disparition s'accélère. Une des causes est l'exode rural, qui conduit à l'absence de transmission des traditions et des langues associées. Souvent, la pression sociale fait que les locuteurs de langues minoritaires (comme les Amérindiens mais aussi de nombre de langues dites régionales, comme en France avec les Bretons durant les années 1950 ou la langue corse, déclarée « en danger » par l'Unesco en 2009) considèrent que parler une langue traditionnelle est un handicap pour l'intégration dans la société et pour trouver du travail. La pression exercée par certains États, qui considèrent que la langue est un des ciments de la société, est également un facteur de disparition de la diversité linguistique.
60
+
61
+ La disparition de ces langues entraîne avec elle la disparition de pans entiers de la culture traditionnelle de certains groupes. La disparition d'une langue traditionnelle et le mauvais apprentissage de la langue dominante occasionnent un malaise chez certaines personnes, par manque d'intégration, celles-ci ne pouvant se reconnaître dans aucune culture.
62
+
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+ Internet joue un rôle ambivalent. C’est d'un côté un accélérateur de la disparition des langues, par l'uniformisation des moyens de communications, mais c’est aussi un moyen de préserver ces langues, par l'établissement de communautés parlant des langues traditionnelles.
64
+
65
+ L'ONG Terralingua estime que 20 % des langues se sont éteintes entre 1970 et 2005 et prévoit que seuls 10 % des idiomes aujourd'hui menacés passeront le cap du XXIIe siècle.
66
+
67
+ Certaines langues disparaissent, mais il arrive aussi que des langues soient créées. En général, cela se produit suivant trois axes :
68
+
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+ Il existe également un cas plus marginal, avec ce que l'on appelle les langues imaginaires ou de fiction (schtroumpf, novlangue, kobaien, quenya, sindarin ou encore klingon, Na'vi). Cette dernière catégorie tient plus du plaisir ludique et littéraire que de la véritable fonctionnalité linguistique (bien que les langues créées dans cette catégorie puissent être fonctionnelles).
70
+
71
+ Certaines langues construites sont devenues langue d'État, par exemple le chinois mandarin qui fut créé en 1956 par le gouvernement communiste chinois afin de créer une langue commune pour la Chine.
72
+
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+ L'existence des Indo-Européens est établie sur la base d'une comparaison entre les langues. Aucun vestige historique (monuments funéraires, œuvres d'art, artisanat, etc.) ne l'atteste par ailleurs de façon sûre. L'existence des Indo-Européens n'est pas une donnée de l'histoire, mais une hypothèse formulée à partir de la comparaison entre des milliers de mots. Par exemple, le mot mère se dit mater en latin, mothar en gothique, mathir en vieil irlandais, matar en sanskrit, etc. Le terme indo-européen a été introduit en 1816 par l'Allemand Franz Bopp pour désigner un ensemble de langues d'Europe et d'Asie dont la parenté structurale s'est révélée remarquable. Le sanskrit, le grec, le latin, le hittite, le vieil irlandais, le gothique, le vieux bulgare, le vieux prussien, etc., présentent des liens communs.
74
+
75
+ Les langues se valent-elles dans leur capacité à former des pensées, à communiquer des informations ou à fédérer les hommes dans leurs actions ?
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+ Une étude menée en 2012 par des chercheurs du laboratoire Dynamique du langage, à l'Institut des sciences de l'homme, a mesuré la densité d'information transmise par syllabe dans sept langues (japonais, espagnol, italien, français, allemand, anglais et mandarin). Les auteurs observent que le débit d'information varie entre les langues (par exemple, le débit d'un hispanophone est supérieur de 26 % à celui d'un anglophone). Cependant, un autre facteur est à prendre en compte : la quantité d'information transmise par chaque syllabe. La densité d'information transmise par syllabe est inversement proportionnelle au débit. Par conséquent, les chercheurs concluent qu'en moyenne, les sept langues transmettent l'information à vitesse égale[14].
78
+
79
+ Certaines langues du monde sont souvent préférées et considérées plus "belles" que d’autres. L'allemand, par exemple, est souvent perçu comme étant une langue abrupte et désagréable, tandis que le français est, quant à lui, considéré comme sophistiqué et mélodieux[15].
80
+
81
+ Il existe 3 dimensions d’évaluation esthétique d’une langue[16] :
82
+
83
+ 1. La structure : la dimension de la structure représente entre autres le caractère plus ou moins logique de la langue.
84
+
85
+ 2. La sonorité : la sonorité touche aux caractéristiques sonores d’une langue telles que sa fluidité ou sa mélodie à l’oral.
86
+
87
+ 3. La valeur : la dimension de la valeur est quant à elle reliée à des facteurs socio-culturels, ainsi qu’à la sonorité et à la structure. Les préférences individuelles basées sur des aspects tels que la beauté ou la plaisance d'une langue relèvent de la valeur qu’un individu attribue à une langue.
88
+
89
+ L’origine de telles préférences esthétiques fait débat entre les linguistes et deux hypothèses à caractères opposés ont été suggérées[17].
90
+
91
+ La première, axée sur les aspects sonores du langage, est appelée hypothèse de la valeur inhérente (en anglais, inherent value hypothesis). Elle prétend que certaines langues, variétés, dialectes ou encore accents sont intrinsèquement plus attrayants que d’autres[15],[18]. Elle affirme que l’être humain peut être biologiquement attiré par certains sons ou manières de parler propres à une langue. Dire qu’une langue est plus belle qu’une autre insinue une notion de prestige et de supériorité.
92
+
93
+ Par exemple, les locuteurs d’une langue dite moins belle peuvent se sentir gênés de parler librement dans leur langue. La beauté perçue d’une langue peut aussi avoir des impacts sociaux importants. Ainsi certains locuteurs d’une langue auront plus de chance ou non dans la vie professionnelle (par exemple entretiens d’embauche) ou seront plus pris au sérieux dans certains contextes institutionnels (audience au tribunal, accès à des soins dans les hôpitaux, recherche de logement)[15].
94
+
95
+ La deuxième hypothèse, centrée sur des aspects socio-culturels, est appelée hypothèse de la norme imposée (en anglais, imposed-norm hypothesis). Contrairement à la première, celle-ci défend que la préférence pour une langue, variété, dialecte ou accent dépend des connotations sociales qui leur sont attachées, telles que le statut social ou le prestige de ses locuteurs[17].
96
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+ Diverses études ont été menées afin de prouver ou de réfuter ces hypothèses. Dans une étude de 2016[19], il est mentionné que la langue suédoise serait plus belle que le danois. Pour confirmer ou contester cette idée, des locuteurs allemands et chinois n’ayant aucune connaissance des deux langues scandinaves devaient les juger. Même sans idée préconçue sur la langue et la culture, le suédois est préféré par les participants allemands et chinois. Cette étude argumente ainsi en faveur de l'hypothèse de la valeur inhérente.
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+ Plusieurs autres études semblent soutenir la validité de l'hypothèse de la norme imposée[20].
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+ Les résultats d’une recherche de 2015[21] sur les dialectes suisse allemands Bernois et Thurgovien suggèrent que les anglophones et les francophones qui ne sont pas familiers avec les différents dialectes et connotations sociales qui leur sont attachées ne préfèrent pas un dialecte à l’autre. Cependant, les Zurichois ont montré une préférence nettement plus grande pour le dialecte Bernois. L’étude a démontré ainsi que la prédilection par ce dialecte dépend uniquement de facteurs extralinguistiques qui se basent sur des connotations et stéréotypes sociales déjà ancrés dans la société.
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+ De façon générale, les linguistes penchent en faveur de l'hypothèse de la norme imposée[20]. En d’autres termes, il n’existe pas réellement de langues plus belles que d’autres, mais l’individu est faussé dans son jugement par les connotations sociales auxquelles les langues sont rattachées. Néanmoins, quelques études démontrent la pertinence de l'hypothèse de la valeur inhérente, selon laquelle les individus seraient plus attirés par certains sons. La difficulté à prouver ou à réfuter ces hypothèses provient du manque d'études "neutres", c’est-à-dire, des études où les participants ne sont en aucun cas capables d’identifier la langue en question. Dans ce cas-là, l’individu serait dépourvu de toute connotation sociale liée à cette langue, et pourrait ainsi avoir un avis plus objectif fondé uniquement sur la sonorité.
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+ Les langues peuvent avoir différents statuts dans les organisations internationales, particulièrement, la langue officielle et la langue de travail.
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+ Sur la Toile, la langue est gérée dans les langages de balisage qui manipulent du texte en langage naturel dans des documents[22].
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+ Il existe de nombreux besoins, de nombreuses dispositions juridiques, de nombreuses pratiques qui demandent de gérer la langue d'une certaine manière :
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+ Il existe deux usages de la langue dans les langages HTML et XML :
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+ Voir aussi : langue (métadonnée)
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+ L'arrivée des nouvelles technologies comme l'informatique, Internet et les téléphones cellulaires avec messages textos ont mené à la création d'une nouvelle façon d'écrire les langues, comme le langage SMS ou l'alphabet de tchat arabe[23].
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+ Toutes les langues ne sont pas égales sur internet : certaines bénéficient d'une présence beaucoup plus importantes (comme l'anglais) tandis que d'autres, bien qu'ayant de nombreux locuteurs, sont quasiment absentes du net[24]. Sur les plus de 6000 langues dans le monde, environ 280 sont présentes sur Wikipedia et seulement 500 ont une présence numérique[25]
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+ Une langue est un système évolutif de signes linguistiques, vocaux, graphiques ou gestuels, qui permet la communication entre les individus.
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+ Selon le linguiste André Martinet, « une langue est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les monèmes ; cette expression s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, et dont la nature et les rapports mutuels diffèrent eux aussi d'une langue à l'autre ».
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+ Il n'existe pas de critère strictement linguistique permettant de distinguer une langue d'un dialecte.
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+ Dans une perspective sociolinguistique (étude des langues dans leur rapport aux sociétés), le terme « langue » définit tout idiome remplissant deux fonctions sociales fondamentales : la « communication » (c'est au moyen de la langue que les acteurs sociaux échangent et mettent en commun leurs idées, sentiments, pensées, etc.) et l'« identification » (par son double aspect individuel et collectif, la langue sert de marqueur identitaire quant aux caractéristiques de l'individu et de ses appartenances sociales). Par conséquent, les « langues » sont des objets vivants, soumis à multiples phénomènes de variations et les frontières entre les langues sont considérées comme non hermétiques, car elles relèvent d'abord des pratiques sociales.
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+
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+ On appelle langue naturelle une langue qui s'est formée au cours du temps par la pratique de ses locuteurs, à partir d'états de langues antérieurs et/ou d'emprunts à d'autres langues. C'est le cas d'une grande majorité des langues parlées dans le monde.
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+
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+ Au contraire, on appelle langue construite, parfois improprement langue artificielle, une langue qui résulte d'une création normative consciente d'un ou de plusieurs individus. C'est notamment le cas de l'espéranto, seule langue construite comptant un nombre significatif de locuteurs dans 120 pays du monde, mais aussi de son dérivé ido, du volapük qu’elle a supplanté, de l'interlingua, du lojban, du pandunia, du toki pona, ou des langues imaginaires utilisées dans les œuvres de fiction : klingon (Star Trek), na'vi (Avatar), elfique (Seigneur des Anneaux), etc.
12
+
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+ Certaines langues ont également été créées historiquement pour permettre l'intercompréhension entre des locuteurs à l'occasion d'échanges commerciaux, comme le kiswahili, mélange de grammaire bantoue et de vocabulaire arabe, développé après la Renaissance par les marchands sur la côte est-africaine.
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+
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+ On appelle langue vivante une langue qui est utilisée oralement par des personnes dont elle est la langue maternelle (ou par une communauté suffisamment nombreuse) de façon suffisamment intensive pour permettre une évolution spontanée de la langue (grammaticale, phonétique, etc.).
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+ On appelle langue morte ou éteinte une langue qui n'est plus pratiquée oralement comme langue maternelle mais qui peut être encore utilisée dans certains domaines (tels que la religion, comme le latin ou le copte). C'est pourquoi certains préfèrent parler de langue ancienne. La connaissance des langues mortes, en permettant l'étude des textes anciens, est utile notamment à la linguistique historique ainsi qu'à l'histoire et à ses disciplines annexes. Les deux langues mortes les plus importantes de la culture occidentale sont le latin et le grec ancien. Celle des cultures indiennes ou influencées par l'Inde est le sanskrit.
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+ Il est possible de « ressusciter » et de reconstruire des langues mortes, comme le montre l'exemple de l'hébreu moderne.
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+ Une langue vivante est rarement un système uniforme et rigide, elle varie généralement selon le lieu géographique (dialectes), le milieu social (sociolectes) et les individus (idiolectes) et, bien sûr, selon le temps (diachroniquement), ce qui fait que, considérée à un moment donné, une langue est toujours en évolution et contient plusieurs états. Par exemple, le système phonologique des langues évolue, ce qu'étudie la phonétique historique. Une langue vivante est définie dans une géographie linguistique internationalement reconnue et se définit par sa frontière linguistique. Si cette aire linguistique est traversée par une frontière, c'est une langue transfrontalière, par exemple le basque.
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+ On appelle langue maternelle ou langue parentale d'une personne, une langue que cette personne a apprise dans son enfance au cours de son apprentissage du langage.
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+ Une même langue définie par la linguistique, par la sociolinguistique et par la typologie sociolinguistique des langues, dont les locuteurs se comprennent spontanément, complètement et sans avoir besoin de traducteur ni de dictionnaire, peut avoir plusieurs dénominations et s'écrire avec plusieurs alphabets pour des raisons historiques, politiques, religieuses et identitaires : c'est par exemple le cas du hindi/ourdou[1], du moldave/roumain[2] ou encore du serbo-croate appelé désormais BCMS pour Bosnien-Croate-Monténégrin-Serbe[3].
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+ Le commencement énigmatique du langage et les origines des langues actuelles suscitent des hypothèses parfois contradictoires. Diverses recherches des anthropologues, des archéologues, des généticiens et des linguistes suggèrent l'hypothèse d'une langue commune[4] ; d'autres recherches, tout aussi nombreuses, la réfutent et généralement retiennent l'hypothèse de familles de langues. La Bible, entre autres, suggère que la langue a depuis toujours été utilisée par les humains, et que c'est à cause de l'événement de la Tour de Babel que les différents groupes de langues sont apparus. Mais tous admettent que les langues humaines, constituées de paroles, c'est-à-dire de « conventions arbitraires partagées par tel ou tel groupe d'individus », constituent une forme de langage différente de celles des autres espèces animales, une forme dont la particularité est une très grande plasticité et diversité[5], tandis que, chez les autres espèces, le langage sonore, gestuel, chromatique ou chimique de chacune est unique, et comporte tout au plus quelques « dialectes » (voir l'article Communication animale).
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+
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+ Il est impossible de déterminer avec précision le nombre de langues parlées dans le monde, en raison de la difficulté qu'il y a à tracer des frontières précises entre les langues, notamment à différencier les langues des dialectes. Selon les estimations, il existerait aujourd'hui entre 3 000 et 7 000 langues vivantes[6],[7]. L'ONU reconnaît 141 langues officielles.
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+ Quelques grandes familles de langues sont les plus importantes.
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+ Les langues flexionnelles de la famille indo-européenne sont parlées en première langue par un peu plus de 40 % de l'humanité : Asie du Sud, Europe, Amériques, Océanie. L'anglais, le français et le portugais sont souvent aussi langues officielles en Afrique subsaharienne, donc pour plus de 10% de la population mondiale.. Depuis le début du vingtième siècle, et surtout après 1945, l'anglais est devenu la principale langue de communication internationale.
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+ Les langues isolantes et à tons de la famille sino-tibétaine sont parlées par plus de 20 % de la population mondiale, la plus importante étant le mandarin.
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+ Quelques autres groupes de langues sont parlés par environ 5% de la population mondiale avec une parenté souvent plus difficile à établir : langues ouralo-altaïques majoritairement agglutinantes (japonais, coréen, turc...), langues austronésiennes (dont l'indonésien-malais) ; langues dravidiennes (dont le tamoul) ; langues afro-asiatiques (dont l'arabe) ; langues nigéro-congolaises.
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+ Les autres groupes de langues repérés sont beaucoup moins importants démographiquement.
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+ L'estimation du nombre de locuteurs d'une langue (en première et en seconde langue) peut donner d'importantes divergences pour certaines langues. C'est notamment le cas du français ; Ethnologue.com[8] estime le nombre de locuteurs du français à 128 millions en 1999, dont seulement 77 millions en première langue, alors que dans le même temps pour d'autres, la francophonie représenterait un ensemble de 600 millions de personnes vers 2050.
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+
45
+ Treize langues sont parlées par plus de 100 millions de personnes en tant que langue maternelle et langue seconde. En tête l'anglais (1,5 milliard), puis le mandarin (1 milliard), l'espagnol (567 millions), l'arabe (568 millions), l'hindi (381 millions), le français (274 millions), le russe (268 millions), le bengali (267 millions), le portugais (240 millions), le malais et l'indonésien (198 millions) l'ourdou (162 millions), l'allemand (143 millions) et le japonais (130 millions)[9].
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+
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+ Les noms de chaque langue sont multiples et ne doivent pas être confondus avec ceux des peuples, eux-mêmes variables, évolutifs et multiples. D'une part, il existe des différences entre endonymes et exonymes, par exemple pour la langue appelée inuit par ses locuteurs, mais eskimo par les Amérindiens. D'autre part, il existe des langues très proches et en grande partie intercompréhensibles, mais néanmoins différentes et désignées par des noms différents, comme dans les cas du tchèque et du slovaque d'un côté, du macédonien et du bulgare de l'autre. Par ailleurs, pour une même langue totalement intercompréhensible, il peut exister des alphabets, une histoire et des noms différents, comme dans les cas du croate et du serbe, ou encore de l'hindi et de l'ourdou. Enfin, une même langue parfaitement compréhensible par tous ses locuteurs, usant du même alphabet et ayant la même histoire, peut néanmoins changer de nom selon les pays où elle est parlée, comme c'est le cas pour le moldave-roumain.
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+ C'est pourquoi les linguistes préfèrent utiliser des dénominations scientifiques marquées par le suffixe phone, comme lorsque l'on parle d’anglophones ou de francophones nonobstant leurs nationalité, origine ou histoire.
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+ La linguiste Colette Grinevald estime qu'environ 50 % des langues disparaîtront d'ici 2100. Dans certaines régions où les langues sont diverses mais les locuteurs de chacune peu nombreux, cela pourrait être de l'ordre de 90 % (comme en Australie et en Amérique)[10]. Début 2008, l'ONG Survival International estimait qu'une langue indigène disparaît « toutes les deux semaines »[11]. Cette estimation est confirmée par un rapport de l'UNESCO qui classe 2 464 langues comme « menacées » de disparition : en moyenne, soit une langue disparaissant tous les quinze jours[12].
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+ Colette Grinevald estime qu'en 2100 les langues majoritaires seront[10] :
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+ Le français est utilisé comme langue de la diplomatie internationale, des « pays non alignés », des organisations internationales, des Jeux olympiques. La francophonie devrait donc bien se porter, notamment à travers son développement au sein de la communauté des pays francophones, son expansion en Afrique et au Maghreb et le concours du dynamisme linguistique des francophones canadiens, belges et suisses. Ainsi, selon le démographe et sociologue Richard Marcoux, le français pourrait en 2050 compter 600 millions de locuteurs[13].
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+ Une langue est considérée comme menacée si elle risque de ne plus avoir de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. Une langue qui paraît solide, car utilisée par plusieurs millions de personnes, peut être en danger. C'est notamment le cas des langues quechua en Amérique du Sud, car très peu de jeunes les apprennent.
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+ Depuis que la majorité de l'humanité vit dans des milieux urbains, cette disparition s'accélère. Une des causes est l'exode rural, qui conduit à l'absence de transmission des traditions et des langues associées. Souvent, la pression sociale fait que les locuteurs de langues minoritaires (comme les Amérindiens mais aussi de nombre de langues dites régionales, comme en France avec les Bretons durant les années 1950 ou la langue corse, déclarée « en danger » par l'Unesco en 2009) considèrent que parler une langue traditionnelle est un handicap pour l'intégration dans la société et pour trouver du travail. La pression exercée par certains États, qui considèrent que la langue est un des ciments de la société, est également un facteur de disparition de la diversité linguistique.
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+ La disparition de ces langues entraîne avec elle la disparition de pans entiers de la culture traditionnelle de certains groupes. La disparition d'une langue traditionnelle et le mauvais apprentissage de la langue dominante occasionnent un malaise chez certaines personnes, par manque d'intégration, celles-ci ne pouvant se reconnaître dans aucune culture.
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+ Internet joue un rôle ambivalent. C’est d'un côté un accélérateur de la disparition des langues, par l'uniformisation des moyens de communications, mais c’est aussi un moyen de préserver ces langues, par l'établissement de communautés parlant des langues traditionnelles.
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+ L'ONG Terralingua estime que 20 % des langues se sont éteintes entre 1970 et 2005 et prévoit que seuls 10 % des idiomes aujourd'hui menacés passeront le cap du XXIIe siècle.
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+ Certaines langues disparaissent, mais il arrive aussi que des langues soient créées. En général, cela se produit suivant trois axes :
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+ Il existe également un cas plus marginal, avec ce que l'on appelle les langues imaginaires ou de fiction (schtroumpf, novlangue, kobaien, quenya, sindarin ou encore klingon, Na'vi). Cette dernière catégorie tient plus du plaisir ludique et littéraire que de la véritable fonctionnalité linguistique (bien que les langues créées dans cette catégorie puissent être fonctionnelles).
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+ Certaines langues construites sont devenues langue d'État, par exemple le chinois mandarin qui fut créé en 1956 par le gouvernement communiste chinois afin de créer une langue commune pour la Chine.
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+ L'existence des Indo-Européens est établie sur la base d'une comparaison entre les langues. Aucun vestige historique (monuments funéraires, œuvres d'art, artisanat, etc.) ne l'atteste par ailleurs de façon sûre. L'existence des Indo-Européens n'est pas une donnée de l'histoire, mais une hypothèse formulée à partir de la comparaison entre des milliers de mots. Par exemple, le mot mère se dit mater en latin, mothar en gothique, mathir en vieil irlandais, matar en sanskrit, etc. Le terme indo-européen a été introduit en 1816 par l'Allemand Franz Bopp pour désigner un ensemble de langues d'Europe et d'Asie dont la parenté structurale s'est révélée remarquable. Le sanskrit, le grec, le latin, le hittite, le vieil irlandais, le gothique, le vieux bulgare, le vieux prussien, etc., présentent des liens communs.
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+ Les langues se valent-elles dans leur capacité à former des pensées, à communiquer des informations ou à fédérer les hommes dans leurs actions ?
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+ Une étude menée en 2012 par des chercheurs du laboratoire Dynamique du langage, à l'Institut des sciences de l'homme, a mesuré la densité d'information transmise par syllabe dans sept langues (japonais, espagnol, italien, français, allemand, anglais et mandarin). Les auteurs observent que le débit d'information varie entre les langues (par exemple, le débit d'un hispanophone est supérieur de 26 % à celui d'un anglophone). Cependant, un autre facteur est à prendre en compte : la quantité d'information transmise par chaque syllabe. La densité d'information transmise par syllabe est inversement proportionnelle au débit. Par conséquent, les chercheurs concluent qu'en moyenne, les sept langues transmettent l'information à vitesse égale[14].
78
+
79
+ Certaines langues du monde sont souvent préférées et considérées plus "belles" que d’autres. L'allemand, par exemple, est souvent perçu comme étant une langue abrupte et désagréable, tandis que le français est, quant à lui, considéré comme sophistiqué et mélodieux[15].
80
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81
+ Il existe 3 dimensions d’évaluation esthétique d’une langue[16] :
82
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83
+ 1. La structure : la dimension de la structure représente entre autres le caractère plus ou moins logique de la langue.
84
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+ 2. La sonorité : la sonorité touche aux caractéristiques sonores d’une langue telles que sa fluidité ou sa mélodie à l’oral.
86
+
87
+ 3. La valeur : la dimension de la valeur est quant à elle reliée à des facteurs socio-culturels, ainsi qu’à la sonorité et à la structure. Les préférences individuelles basées sur des aspects tels que la beauté ou la plaisance d'une langue relèvent de la valeur qu’un individu attribue à une langue.
88
+
89
+ L’origine de telles préférences esthétiques fait débat entre les linguistes et deux hypothèses à caractères opposés ont été suggérées[17].
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91
+ La première, axée sur les aspects sonores du langage, est appelée hypothèse de la valeur inhérente (en anglais, inherent value hypothesis). Elle prétend que certaines langues, variétés, dialectes ou encore accents sont intrinsèquement plus attrayants que d’autres[15],[18]. Elle affirme que l’être humain peut être biologiquement attiré par certains sons ou manières de parler propres à une langue. Dire qu’une langue est plus belle qu’une autre insinue une notion de prestige et de supériorité.
92
+
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+ Par exemple, les locuteurs d’une langue dite moins belle peuvent se sentir gênés de parler librement dans leur langue. La beauté perçue d’une langue peut aussi avoir des impacts sociaux importants. Ainsi certains locuteurs d’une langue auront plus de chance ou non dans la vie professionnelle (par exemple entretiens d’embauche) ou seront plus pris au sérieux dans certains contextes institutionnels (audience au tribunal, accès à des soins dans les hôpitaux, recherche de logement)[15].
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+ La deuxième hypothèse, centrée sur des aspects socio-culturels, est appelée hypothèse de la norme imposée (en anglais, imposed-norm hypothesis). Contrairement à la première, celle-ci défend que la préférence pour une langue, variété, dialecte ou accent dépend des connotations sociales qui leur sont attachées, telles que le statut social ou le prestige de ses locuteurs[17].
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+ Diverses études ont été menées afin de prouver ou de réfuter ces hypothèses. Dans une étude de 2016[19], il est mentionné que la langue suédoise serait plus belle que le danois. Pour confirmer ou contester cette idée, des locuteurs allemands et chinois n’ayant aucune connaissance des deux langues scandinaves devaient les juger. Même sans idée préconçue sur la langue et la culture, le suédois est préféré par les participants allemands et chinois. Cette étude argumente ainsi en faveur de l'hypothèse de la valeur inhérente.
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+ Plusieurs autres études semblent soutenir la validité de l'hypothèse de la norme imposée[20].
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+ Les résultats d’une recherche de 2015[21] sur les dialectes suisse allemands Bernois et Thurgovien suggèrent que les anglophones et les francophones qui ne sont pas familiers avec les différents dialectes et connotations sociales qui leur sont attachées ne préfèrent pas un dialecte à l’autre. Cependant, les Zurichois ont montré une préférence nettement plus grande pour le dialecte Bernois. L’étude a démontré ainsi que la prédilection par ce dialecte dépend uniquement de facteurs extralinguistiques qui se basent sur des connotations et stéréotypes sociales déjà ancrés dans la société.
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+ De façon générale, les linguistes penchent en faveur de l'hypothèse de la norme imposée[20]. En d’autres termes, il n’existe pas réellement de langues plus belles que d’autres, mais l’individu est faussé dans son jugement par les connotations sociales auxquelles les langues sont rattachées. Néanmoins, quelques études démontrent la pertinence de l'hypothèse de la valeur inhérente, selon laquelle les individus seraient plus attirés par certains sons. La difficulté à prouver ou à réfuter ces hypothèses provient du manque d'études "neutres", c’est-à-dire, des études où les participants ne sont en aucun cas capables d’identifier la langue en question. Dans ce cas-là, l’individu serait dépourvu de toute connotation sociale liée à cette langue, et pourrait ainsi avoir un avis plus objectif fondé uniquement sur la sonorité.
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+ Les langues peuvent avoir différents statuts dans les organisations internationales, particulièrement, la langue officielle et la langue de travail.
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+ Sur la Toile, la langue est gérée dans les langages de balisage qui manipulent du texte en langage naturel dans des documents[22].
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+ Il existe de nombreux besoins, de nombreuses dispositions juridiques, de nombreuses pratiques qui demandent de gérer la langue d'une certaine manière :
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+ Il existe deux usages de la langue dans les langages HTML et XML :
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+ Voir aussi : langue (métadonnée)
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+ L'arrivée des nouvelles technologies comme l'informatique, Internet et les téléphones cellulaires avec messages textos ont mené à la création d'une nouvelle façon d'écrire les langues, comme le langage SMS ou l'alphabet de tchat arabe[23].
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+ Toutes les langues ne sont pas égales sur internet : certaines bénéficient d'une présence beaucoup plus importantes (comme l'anglais) tandis que d'autres, bien qu'ayant de nombreux locuteurs, sont quasiment absentes du net[24]. Sur les plus de 6000 langues dans le monde, environ 280 sont présentes sur Wikipedia et seulement 500 ont une présence numérique[25]
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Linum usitatissimum
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+
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+ Espèce
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+
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+ Classification phylogénétique
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+
7
+ Le lin cultivé (Linum usitatissimum) est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Linaceae, originaire d'Eurasie.
8
+ C'est une plante herbacée annuelle, largement cultivée pour ses fibres textiles et ses graines oléagineuses[1].
9
+
10
+ Le lin a commencé à être cultivé dans le Croissant fertile. Les restes de graines de lin trouvés dans les villages agricoles du Néolithique sont d'abord de petites tailles, comme celles du lin sauvage, Linum bienne, puis les graines remontant à 10 500 ans sont plus grosses, jusqu'à devenir aussi grosses que celles du lin cultivé actuel, à partir de 8 600 ans BP. De plus, des données morphologiques, génétiques et moléculaires suggèrent aussi que L. bienne, le lin bisannuel, est l'ancêtre sauvage de L. usitatissimum[2]. La culture du lin suivra les voies de diffusion de l'agriculture néolithique depuis le noyau du Croissant fertile vers l'Europe et la vallée du Nil[3].
11
+
12
+ Le lin fut, historiquement, une des premières espèces cultivées en Asie du Sud-Ouest, avec l'amidonnier, l'orge, la lentille et le pois.
13
+
14
+ Ce lin cultivé (Linum usitatissimum L.), très différent de ses ancêtres, est une espèce annuelle, avec des capsules indéhiscentes pour permettre la récolte des graines, des graines plus grosses et plus riches en matières grasses ou bien de longues tiges à proportion élevée de longues fibres. Suivant les critères de sélection, elle comprend des variétés dont la production principale est la fibre et d'autres la graine[4].
15
+
16
+ Le nom de genre Linum vient du latin linum (et du grec λινον linon), désignant les plantes herbacées à tiges fibreuses nommées « lin » en français et par métonymie le fil et le tissu qu'on en fait.
17
+ L'épithète spécifique usitatissimus est la forme superlative du latin usitatus « usité, accoutumé » soit « très usité, très utile »[5].
18
+
19
+ Linum usitatissimum L. se présente généralement sous l’aspect d’une tige unique (ou légèrement ramifiée à la base) pouvant atteindre une hauteur voisine de 1 mètre[6] pour un diamètre au collet de l'ordre de 2 mm.
20
+
21
+ Sur cette tige se répartissent 80 à 100 feuilles simples, lancéolées, sessiles, possédant trois nervures. La disposition de celles-ci est spiralée ; elle forme 3 hélices à partir de la troisième feuille, les deux premières ayant une disposition opposée alterne par rapport aux cotylédons. Pour trouver deux feuilles successives sur une même génératrice, il convient de faire trois tours de tige et de compter 8 insertions foliaires. L’intervalle qui les sépare correspond à la distance interfoliaire. Elle détermine la longueur maximale des fibres élémentaires.
22
+
23
+ Le lin possède une racine pivotante pouvant descendre à plus de 1 mètre de profondeur dans les terres profondes et émettant de nombreuses radicelles.
24
+
25
+ L'inflorescence en forme de cyme porte de nombreuses fleurs dont la couleur varie d'un bleu pur jusqu'à un blanc plus ou moins rosé, selon les variétés. La floraison étagée peut durer jusqu'à 15 jours. Les fleurs comptent 5 pétales obovés, de 5−10 mm et ont une durée de vie brève (une journée). Le pollen demeure viable pendant 5 à 7 heures seulement, depuis la déhiscence des anthères jusqu'à celles des pétales. La reproduction se fait principalement par autopollinisation, quoique les fleurs peuvent occasionnellement être visitées par des insectes, assurant ainsi une pollinisation croisée[7].
26
+
27
+ Chaque fleur donne un fruit : une capsule, ovoïde, de 6-10 sur 5−10 mm, à cinq loges contenant chacune deux graines et séparées par une fausse cloison plus ou moins ciliée. Ces capsules présentent une légère pointe au sommet. À maturité, les capsules sont plus ou moins déhiscentes selon les variétés[6].
28
+
29
+ Les graines sont lisses, plates, oblongues, petites et légères (entre 4 et 7 grammes les mille grains) et de couleur brune à maturité. Elles se terminent par un bec légèrement recourbé.
30
+
31
+ La graine de lin est riche en huile ; celle-ci représente 35 à 50 % de sa masse sèche. L'acide linolénique (oméga 3) peut représenter 55 à 75 % des acides gras qui composent cette huile.
32
+
33
+ La distinction variétale se fait essentiellement par les caractères des fleurs et des capsules (couleur des pétales, des étamines et des styles, moucheture des sépales, ciliation des cloisons des capsules, etc.).
34
+
35
+ Linum usitatissimum L. possède 15 paires de petits chromosomes (2n = 30). Le génome du lin a été décrypté et publié en 2012[8].
36
+
37
+ Le lin cultivé, L. usitatissimum, est étroitement apparenté au lin sauvage, Linum bienne Mill. (=syn. L. angustifolium Huds.) avec lequel il est totalement interfertile[3]. Des données morphologiques, génétiques et moléculaires suggèrent que Linum bienne, le lin bisannuel, est l'ancêtre sauvage de L. usitatissimum[2]. Les principaux changements sous l'effet de la domestication sont l'apparition de capsules indéhiscentes, de graines plus grosses et plus riches en huile, ou bien de longues tiges à proportion élevée de longues fibres. On distingue ainsi deux morphotypes de lin cultivé, désignés comme le type à huile et le type à fibre.
38
+
39
+ Les études archéologiques n'ont pas permis de déterminer les motivations initiales de la culture du lin, l'huile de ses graines ou les fibres de ses tiges. Par contre, les études génétiques suggèrent que le lin cultivé a une origine monophylétique. Autrement dit, le lin cultivé a probablement évolué après un simple événement de domestication. Les données génétiques établissent que celui-ci s'est fait en vue d'obtenir des graines plus grosses et plus riches en lipides, caractéristiques de la variété oléagineuse plutôt que de la variété textile[2]. C'est pourquoi les chercheurs se sont intéressés au locus sad2 qui est associé à la composition lipidique des graines de lin cultivé et de lin sauvage. L'analyse phylogénétique de ce locus sur 43 accessions de lin bisannuel sauvage et de 70 de lin cultivé a permis d'établir une histoire plus complexe de la domestication[9]. L'accroissement du contenu huileux de la première domestication (sans indéhiscence des capsules) a été suivie de la sélection d'autres caractères de la domestication comme la perte de la dispersion des semences et la production de fibres.
40
+
41
+ Le lin est historiquement l’une des premières espèces cultivées. Toutefois, les plus anciennes fibres au monde sont des fibres de lin torsadées et teintées, trouvées dans la grotte de Dzudzuana en Géorgie remontant à 36 000 ans[10], soit bien avant le début de l'agriculture au Néolithique. Les populations Mésolithiques de cette époque ont réalisé l'importance du lin sauvage, probablement le Linum bienne Mill., pour obtenir des fibres textiles.
42
+
43
+ Les plus anciens restes de graines de lin trouvés dans les sites archéologiques en Asie du Sud-Ouest viennent de Mureybet (sur la rive gauche de l'Euphrate, en Syrie), remontant à 11 800−11 300 ans[11]. Des graines de lin ont été aussi trouvées dans de nombreux villages agricoles du Néolithique acéramique B qui sont apparus dans le Croissant fertile, il y a 10 500 ans[3]. Les graines sont encore petites (comme celles du L. bienne) mais elles sont presque toujours associées avec les blés et orge cultivés.
44
+ Une indication de domestication ancienne du lin vient des restes de graines retrouvés à Tell Ramad (au sud-ouest de Damas, en Syrie). La taille de ces graines, compte tenu de la réduction due à la carbonisation, les situe dans la taille de L. usitatissimum. On a donc une indication de domestication dans des conditions pluviales remontant 8 600 ans. Un peu plus tard, dans le bassin mésopotamien, la taille des graines de lin de Tell Sabz (Iran, il y a 8 350−7 750 ans) ou à Arpachiya (Mossoul, Irak, il y a 7 750−7 250 ans) est encore supérieure[3]. Ces grosses graines indiquent une domestication avancée, et établissent que le lin faisait partie du système irrigué d'agriculture à graines qui s'est développé dans cette région.
45
+
46
+ Selon Zohary et al. (2012), la culture du lin suivra les voies de diffusion de l'agriculture néolithique depuis le noyau du Croissant fertile vers l'Europe et la vallée du Nil.
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48
+ En Égypte, le lin a été retrouvé dans les sites agricoles néolithiques les plus anciens de la vallée du Nil, datant au VIIIe millénaire BP, au Fayoum[12] et à Mérindé. Au Fayoum, des silos à grains enterrés contenaient en tout 3,4 kg de grains de l'époque Néolithique dont des graines de lin[13].
49
+
50
+ À partir du début de l'époque dynastique, le lin apparaît comme une des principales plantes à graines fondatrices de l'Égypte (avec le blé-amidonnier, l'orge, les lentilles, et les pois). L’usage du lin a commencé à se développer : sa production, attestée il y a plus de 6 000 ans, servait à confectionner vêtements, tissus funéraires, voiles de bateaux, cordages ou filets. Les graines étaient consommées pour leurs qualités nutritives[14]. Le rouissage, le filage et le tissage du lin sont splendidement illustrés dans les peintures tombales de Beni Hassan (XIIe dynastie).
51
+
52
+ La culture du lin a ensuite essaimé de proche en proche au cours de l’époque néolithique, jusqu’à l’Europe. Des graines de lin ont été découvertes dans plusieurs sites de la première moitié du Néolithique ancien (VIIIe millénaire BP) dans le Bassin méditerranéen et le Sud de l'Europe: Knossos (Crète), quelques sites en Thessalie (Grèce), La Marmotta (Italie) et jusqu'à Mohelnice (Moravie).
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+ Les graines et le textile de lin les plus anciens trouvés en France remontent au VIe millénaire BP, dans la Station III de Clairvaux. Puis à l'Âge du Bronze récent (2 905−2 869 BP), des graines et des capsules ont été trouvées à Grésine. Les Gaulois auraient cultivé le lin dans la vallée de la Lys bien avant la conquête des Gaules par Jules César[15]. Au Ier siècle, l'encyclopédiste Pline indique que « les Gaules dans leur ensemble tissent des voiles, même nos ennemis au-delà du Rhin le font déjà, et leurs femmes ne connaissent pas de plus belle étoffe » (HN[16], XIX, 8). Il cite des lieux de production de toile de lin réputé pour leur blancheur ou leur finesse, dans la vallée du Pô en Italie, en Hispanie ou en Germanie. Ou bien certaines régions réputées pour leurs filets de pêche ou de chasse, en lin. Il décrit les techniques de rouissage, filage et tissage. L'usage médicinal des graines de lin était aussi connu (HN[16], XX, 249, p. 1011-2).
55
+
56
+ La culture du lin a été encouragée par Charlemagne - il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle) - et c’est à partir du XIe siècle que son utilisation s’est généralisée. Au XIe siècle, la Tapisserie de Bayeux, une broderie sur toile de lin de 68 m de long, est l’exemple le plus célèbre de la présence du lin à cette époque.
57
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58
+ En ce temps là, le lin était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche. Au XIIIe siècle, l'école de médecine de Salerne indique que « rôties, les graines de lin sont diurétiques et apéritives »[17].
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+
60
+ Au XIIIe siècle, sa culture s'est développée dans les Flandres, la Bretagne et l’Anjou[18]. Entre le XVIe siècle et le début du XXe siècle, se met en place un commerce de semences de lin entre la Livonie (territoire des États baltes actuels) et la Bretagne[19]. Le commerce intense de ces graines était soumis à de sévères contrôles de qualité chez les producteurs et les utilisateurs.
61
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62
+ C’est au XVIIe siècle que l'utilisation du lin a atteint son apogée. Il entrait alors dans la fabrication des toiles fines de Cambrai, des toiles dites « Bretagne superfine », des dentelles comme celles du point d’Alençon, des blouses, des chemises, des mouchoirs. Les surfaces cultivées ont atteint 300 000 ha, avec un rendement de 600 kg de fibres par hectare. Louis XIV, par l'abolition de l'édit de Nantes, entraîne l'exil de nombreux huguenots qui ont emporté avec eux leur savoir-faire de la liniculture en Irlande (avec son berceau Lisburn), en Suisse ou aux Pays-Bas. L'importation de grands volumes de coton a vu cette fibre remplacer progressivement le lin au cours du XVIIe siècle (à la fin de ce siècle, 18 % des fibres textiles étaient en lin, 78 % en laine)[18].
63
+
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+ Au début du XIXe siècle, c'est Philippe de Girard qui, avec son invention de la machine à filer le lin, a permis au nord de la France de devenir l'un des premiers centres de filatures industrielles d'Europe, comme avec la batiste originaire de Cambrai.
65
+
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+ Au XIXe siècle, la filature et le tissage sont entrés dans l’ère de l’industrialisation. En France, les petits lots produits dans les fermes ne convenaient plus aux industriels et les surfaces de lin ont chuté à 100 000 hectares. Ce déclin a été accentué par l’utilisation intensive du coton. La production française n'était plus que de 20 000 ha avant 1945.
67
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, l’arrivée en France d’agriculteurs belges a relancé la culture du lin et les surfaces cultivées ont atteint 50 000 ha. Les décennies suivantes ont vu l’apparition de la mécanisation agricole et de la création variétale ainsi que le perfectionnement du teillage.
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+
70
+ Aujourd’hui, en France, la culture représente entre 55 000 et 75 000 ha selon les années.
71
+
72
+ La sélection du lin se caractérise par un effort permanent d'amélioration du rendement en fibres et en graines, de la résistance à la verse et de la tolérance à plusieurs maladies (fusariose, brûlure, moisissure blanche (oïdium), verticilliose, etc). À ces critères de base s’ajoutent la recherche de variétés plus résistantes aux amplitudes thermiques et dont les fibres ou les graines pourront être valorisées sur de nouveaux marchés.
73
+
74
+ Neuf à onze années sont nécessaires à la sélection et à la multiplication d’une nouvelle variété car le lin ─ autogame ─ oblige à la production de lignées pures, génétiquement fixées, et il présente un faible taux de multiplication.
75
+
76
+ Le schéma de sélection commence par le croisement de 2 variétés[20]: l’une que l’on souhaite améliorer, l’autre qui apporte une qualité identifiée. Le parent choisi comme femelle est castré manuellement puis il est fécondé par le pollen du géniteur choisi comme mâle. Les graines issues du croisement de départ représentent la famille F1. Ces graines semées produisent la F2 qui révèle la variabilité introduite par le croisement des parents. L’importance numérique de la F2 dans laquelle le sélectionneur choisit 1 à 10 % des meilleures plantes qui donnent la F3 est essentielle car plus ce nombre est élevé, plus il y a de chance que se trouve réalisées les combinaisons génétiques recherchées.
77
+
78
+ La F3 est cultivée en plein champ. De la F3 à la F5, les familles sélectionnées sont semées en lignes et les caractéristiques de précocité, de hauteur et de résistance à la verse et aux maladies sont observées. À partir de la F6, les semis sont réalisés en micro-parcelles d’environ 4 m2 et la richesse en fibres est évaluée. La F8 marque généralement la fixation d’une lignée. On parle d’une sélection généalogique.
79
+
80
+ Il faut attendre la F10 pour que le sélectionneur formule auprès du CTPS une demande d’inscription de la variété au catalogue officiel français des espèces et variétés et commence la multiplication des semences de pré-base et la sélection conservatrice.
81
+
82
+ En 2016, une quarantaine de variétés de lin textile et presque autant de lin oléagineux sont inscrites au catalogue officiel[21]. Par leur réponse aux conditions de sol et au climat, par leur résistance aux maladies, par leur tenue de tige, les qualités de leurs fibres et, bien sûr, par leur productivité, elles constituent un élément clé de la rentabilité de la culture.
83
+
84
+ Compte tenu du faible taux de multiplication du lin (x 6), les nouvelles variétés[21] sont généralement disponibles 3 à 4 ans après leur inscription. Cela donne aux professionnels le temps de mieux connaitre leurs comportements respectifs dans des contextes variés pendant la phase de leur développement.
85
+
86
+ 98 % des surfaces de lin fibre et 50 % des surfaces de lin graine sont emblavées avec des variétés de printemps. Dans cette version, le lin représente une tête de rotation très complémentaire des céréales d’hiver. Le lin montre cependant quelques exigences : il affectionne les terres à tendance légèrement acide (pH d'environ 6,5), profondes et surtout très bien structurées.
87
+
88
+ Ces éléments sont à prendre en considération avant même l’implantation de la culture, en lui donnant priorité quant au choix des parcelles[22] y compris par rapport au précédent cultural, en effet le potentiel du lin s'exprime d'autant mieux que sa racine pivotante ne rencontre pas d'obstacle, que le couvert végétal est homogène et que la croissance des plantes est régulière. Il faut une implantation soignée et homogène sur un sol régulier. Le meilleur précédent du lin est une céréale à paille.
89
+
90
+ Dans l’assolement, le lin peut avoir des effets bénéfiques sur les autres cultures en structurant les terres et en réduisant certaines pressions exercées par les bio-agresseurs. Son introduction dans les rotations permet :
91
+
92
+ L’effet bénéfique du lin fibre sur la structure du sol se traduit le plus souvent par une hausse moyenne de rendement de 5 % de la culture suivante.
93
+
94
+ Comme tête de rotation, le lin ne doit pas revenir trop souvent pour ne pas favoriser la multiplication de champignons telluriques responsables de maladies graves, tels Fusarium oxysporum f.sp. lini, agent de la fusariose vasculaire ou Verticillium dalhiae, agent de la verticilliose. Une fréquence de retour de 6-7 ans constitue un rythme raisonnable, même si la plupart des champignons pathogènes ont une durée de conservation bien supérieure.
95
+
96
+
97
+
98
+ La croissance du lin fibre est rapide. De la levée à la maturité, il s'écoule environ 120 jours au cours desquels les tiges atteignent leur hauteur maximale et mûrissent. Les étapes de son développement sont nettes. On peut en distinguer six :
99
+
100
+ 99 % des variétés cultivées en 2013 sont de type 'printemps'. En fonction des conditions climatiques, les semis ont lieu entre le 1er mars et le 30 avril.Un peuplement de 1 500 à 1 600 plantes viables par mètre carré est optimal. Cette densité assure le meilleur rapport entre le rendement, la résistance à la verse et les qualités de fibres.
101
+
102
+ Grâce à son système racinaire pivotant, le lin fibre montre une grande capacité à prélever les éléments minéraux du sol pour assurer sa croissance, son développement, et pour produire des fibres et des graines. De ce fait, les apports d’azote, de phosphore et de potassium peuvent être modérés. L’apport de zinc est quant à lui indispensable.
103
+
104
+ La réussite du désherbage est un des points clé de l’itinéraire cultural car la plupart des adventices représentent une concurrence importante pour le lin à tous les stades. Les exigences qualitatives des filateurs et des tisseurs incitent à diversifier les moyens de lutte.
105
+
106
+ Les altises et les thrips sont les ravageurs[23]
107
+ les plus fréquents et les plus nuisibles. Nématodes, tipules, noctuelles, tordeuses se manifestent épisodiquement, sous certaines conditions. Plus rarement encore, quelques espèces d’oiseaux, de rongeurs et de gibier peuvent être dommageables au lin.
108
+
109
+ Comme beaucoup d’espèces, le lin est sujet aux attaques de champignons pathogènes[23] qui peuvent provoquer une fonte des semis ou le dessèchement des plantes, entrainant ainsi des pertes de rendement en paille, en fibres et/ou en graines, et une dépréciation des qualités des produits récoltés. Les maladies du lin sont souvent liées à un état dépressif des plantes. Les bonnes pratiques culturales (respect d’un intervalle d’au moins 6 ans entre deux lins, nettoyage des matériels, semis de variétés résistantes) représentent les moyens les plus efficaces de s'en prémunir.
110
+
111
+ L’arrachage correspond à la première étape de la récolte. Il intervient quand les lins sont matures. Ce terme est employé pour signifier que les plantes ne sont pas fauchées pour que l’opération puisse se faire rapidement et afin de ne pas perdre les fibres présentes dans la partie basse des tiges.
112
+
113
+ Dans la pratique, l’opération consiste à :
114
+
115
+ L’arrachage mobilise des machines spécifiques, automotrices, appelées arracheuses. Celles-ci pincent les tiges de lin à mi-hauteur entre poulies et courroies et les arrachent par l’effet d’avancement. La multitude des points de pincement sur la largeur de travail d’une arracheuse contraint la machine à regrouper l’ensemble des prises pour former deux andains de tiges et à les faire passer de la position debout à la position couchée à l'aide de courroies quart de tour.
116
+
117
+ Après leur arrachage, les pailles de lin disposées au champ, en andains, subissent le rouissage. Cette étape détermine en grande partie la qualité du lin. Elle correspond à l’action des microorganismes du sol (champignons, bactéries) sur les tiges. À la faveur d’une bonne humidité (rosées, pluies) et de températures douces (>10 °C), ceux-ci sécrètent des enzymes qui fragilisent les tissus qui entourent les faisceaux de fibres. En créant une perte de la cohésion tissulaire, le rouissage facilite l’extraction mécanique des fibres. Son défaut : il est une étape empirique qui dépend énormément du climat. Il faut en effet que l’attaque microbiologique des pailles soit suffisante pour les fragiliser, mais que cette action reste limitée pour que les microorganismes n’aient pas le temps d’endommager les fibres.
118
+
119
+ Le rouissage se traduit par un changement de couleur des pailles qui prennent une couleur brune à grisée. Il est jugé optimal quand les tiges présentent une couleur homogène et quand on peut sans effort extraire les fibres qu’elles contiennent. On dit alors que le lin est ‘teillable’.
120
+
121
+ Autrefois, le rouissage s'effectuait à l'eau, dans les rivières ou dans des cuves. Cette technique a été abandonnée pour des raisons environnementales et économiques. Pour l'anecdote, dans l'Oise, on rouissait le lin dans des bassins creusés dans le sol que l'on appelait, en patois, Pocs à Lin (Poches à lin). Ce nom est à l'origine de celui de Poclain, célèbre constructeur, aujourd'hui disparu, de pelleteuses hydrauliques au Plessis-Belleville.
122
+
123
+ Le vent est à la fois un ennemi et un allié du lin lors du rouissage. Quand il souffle très fort, les pailles de lin peuvent être emportées sur plusieurs centaines de mètres mais il est nécessaire au séchage, et c'est l'alternance de périodes sèches et humides qui favorise un bon rouissage. Toutes ces difficultés font que la production de lin est limitée à certaines régions, et est très hétérogène d'une parcelle à l'autre (un orage localisé suffit à altérer la qualité). Comme pour le vin, on parle souvent de crus pour le lin.
124
+
125
+ Il est généralement nécessaire de retourner le lin pour obtenir un rouissage homogène.
126
+
127
+ Quand les lins sont rouis, les pailles sont enlevées du champ par enroulage. L’opération consiste à enrouler les andains pour former des balles rondes tout en :
128
+
129
+ L’enroulage mobilise une machine spécifique appelée enrouleuse. Celle-ci soulève les pailles et les entraine vers une cellule dont la dimension s’ajuste au diamètre des balles. L’originalité de l’enroulage du lin repose sur l’insertion de 2 ficelles sur l’andain de pailles afin de permettre le déroulage des balles et l’extraction des fibres qui composent les tiges.
130
+
131
+ Les pailles de lin récoltées bien sèches et stockées dans de bonnes conditions se conservent de nombreuses années. Elles peuvent alors subir le teillage.
132
+
133
+ Le teillage est l’opération mécanique qui s’exerce sur les tiges de lin rouies, pour en extraire les fibres. Il est une étape clé de la production linière correspondant à la première transformation des pailles récoltées. Sa réalisation met en œuvre des machines spécifiques.
134
+
135
+ Lors du teillage, les graines de lin sont récupérées, puis la tige est battue pour enlever le bois. Les morceaux de bois récupérés sont appelés les « anas ». Les fibres ainsi récupérées sont séparées en fibres longues et en fibres courtes (les « étoupes »).
136
+
137
+ Schématiquement, teiller le lin consiste à broyer et à battre les pailles pour éliminer :
138
+
139
+ L’opération étant mécanique, elle génère (par arrachement) des fibres courtes faiblement résistantes, également appelées étoupes de teillage.
140
+
141
+ Les fibres extraites sont dites « longues » ; elles constituent le lin teillé, autrement appelé long brin ou filasse, et correspondent au produit noble extrait des pailles, celui dont l’agriculteur attend le meilleur rendement, les meilleures qualités et la meilleure valorisation.
142
+
143
+ Les étoupes, les anas, les graines et les poussières représentant des coproduits. Leurs valorisations respectives complètent avantageusement celle des fibres longues.
144
+
145
+ Arrivées à l’usine après stockage chez l'agriculteur, les balles de pailles sont déroulées de manière à obtenir une nappe régulière, dont la masse linéique oscille entre 2,5 et 3 kg par mètre. Les tiges passent ensuite dans un diviseur qui a pour action de réduire l’épaisseur de la nappe en multipliant par quatre la vitesse de transport des matières (80 m/min contre 20 m/min).
146
+
147
+ Les pailles sont ensuite broyées par des cylindres cannelés dont les axes sont orientés parallèlement aux pailles de lin. Cette opération se fait alternativement sur la partie basse des tiges, et sur leur partie haute. Le bois des tiges est fragmenté sous formes d’anas, récupérés par aspiration sous la teilleuse.
148
+
149
+ Les tiges subissent ensuite l’écangage, opération qui consiste à les battre de manière à extraire et à nettoyer véritablement les fibres qu’elles contiennent. Les fibres sont nettoyées par des tambours, munis de lames de faible épaisseur tournant à une vitesse proche de 250 tours par minute. Cette vitesse est adaptée en fonction des caractéristiques de chaque lot de paille. Les étoupes, moins résistantes, sont récupérées par aspiration sous la teilleuse. Les anas sont décollés en même temps.
150
+
151
+ Au bout de la chaine, des opérateurs effectuent un tri des matières pour obtenir des lots de fibres homogènes. Le lin teillé est alors conditionné en balles rondes d’environ 100 kg. Ces fibres longues représentent 20 à 25 % de la masse des pailles. Un hectare de lin produit en moyenne entre 1 200 et 1 700 kg de lin teillé.
152
+
153
+ Pour des usages textiles, les fibres de lin issues du teillage doivent être converties en fils. Cette étape correspond à la filature.
154
+ Première des opérations de filature, le peignage consiste à paralléliser les fibres et à les présenter sous forme de rubans doux et lustrés prêts à être filés.
155
+
156
+ Le peu d’élasticité des fibres de lin, leur faible longueur moyenne et la très grande dispersion de leurs longueurs et de leurs diamètres ne sont pas des facteurs favorables à la filature conventionnelle de type ‘coton’. C’est pourquoi la ‘filature lin’ s’est orientée vers des voies spécifiques de formation du fil, au mouillé, au sec, ou selon le circuit des mélanges.
157
+
158
+ Les matières utilisées se présentent sous deux formes : le lin teillé et les étoupes. Ceux-ci suivent des circuits de préparation différents pour aboutir à l'un des trois modes classiques de ‘filature lin’ :
159
+
160
+ La filature au mouillé
161
+
162
+ Elle emploie davantage le long brin que les étoupes. Les rubans obtenus en sortie de peignage sont laminés et rendus le plus homogènes possible en densité linéaire et dans leur composition en fibres. Cette opération est conduite plusieurs fois et le ruban final subit une légère torsion. La mèche ainsi obtenue est étirée puis elle subit à son tour une torsion pour que le fil résiste au tissage. La spécificité de ce type de filature provient du fait que la mèche est immergée dans une eau à 60 °C avant étirage pour « ramollir » les ciments pectiques qui lient les fibres élémentaires entre elles, permettant ainsi une meilleure dissociation et un certain glissement. Ainsi, les fils sont fins, lisses, lustrés, solides et réguliers; ils sont destinés à la fabrication de tissus de grande qualité.
163
+
164
+ La filature au mouillé utilise des fibres collées, plus ou moins pré-dissociées. Le traitement de division de la matière se fait progressivement, grâce à l’eau au traitement de la mèche, mécaniquement à l’étirage final.
165
+
166
+ Comme tous les fils, un fil de lin se caractérise par son numéro métrique (Nm). Celui-ci correspond au nombre de mètres que mesure un fil de 1 gramme ou au nombre de kilomètres que mesure un fil de 1 kg. Plus cette valeur est élevée, plus le fil est fin. Le numéro métrique du lin peut atteindre 80 (= 80 m de fil pèsent 1 g).
167
+
168
+ La filature au sec
169
+
170
+ C’est un procédé de fabrication qui ressemble à la filature de la laine dont elle reprend certains matériels après adaptations spécifiques. Elle est utilisée pour les étoupes, mais aussi pour le lin teillé craqué (étiré brutalement).
171
+
172
+ En filature au sec, la matière (le ruban) est étirée et filée sans passer dans l'eau. De fait, elle ne permet pas d'aller jusqu’à la division ultime des faisceaux techniques en fibres élémentaires. Les fils produits sont plus gros et moins lisses que ceux obtenus au mouillé; ils sont employés dans la fabrication de tissus techniques.
173
+
174
+ La filature au sec utilise des fibres techniques incomplètement dissociées.
175
+
176
+ Le circuit des mélanges
177
+
178
+ Certains circuits visent à réaliser des fils faits de lin et d'autres fibres naturelles (coton, laine, soie, etc), artificielles (viscoses) ou synthétiques (polyester, polyamide, acrylique, etc). Dans ce cas, le procédé utilisé est celui de la filature ‘coton’ ou ‘fibres courtes’. Il s'agit, à partir d'un ruban de fibres de 80 cm de long (lin teillé) ou de 20 cm de long (étoupes), d'obtenir par clivage et par coupage des fibres de longueur aussi constante que possible, proche de celle des fibres de coton (25 à 35 mm). C'est l'opération d'affinage qui permet également le mélange avec d'autres fibres. Les fibres en bourre sont alors parallélisées par cardage dont on obtient un ruban. Finalement, ce dernier est filé après doublages et étirages successifs. Les fils obtenus confèrent aux tissus une apparence, un toucher, un drapé particulier.
179
+
180
+ Le circuit des mélanges correspond à une filature à partir de fibres fortement dissociées.
181
+
182
+ Fibreux et oléagineux, le lin fibre offre une palette de produits (fibres longues, étoupes, anas, graines, poussières) qui se prêtent à une large gamme de valorisations. Ses propriétés uniques, sa renouvelabilité et sa naturalité concourent à son intérêt et à son image positive dans toutes ses applications.
183
+
184
+ Même si les fibres de lin ne représentent que 0,3 % des fibres textiles produites dans le monde, ce secteur reste de loin leur principal débouché en absorbant 95 % des fibres longues et 60 % des étoupes.
185
+
186
+ Les États-Unis représentent le premier pays consommateur de lin (37 %). Ils sont suivis par l’Union Européenne (32 %), où l’Italie représente la moitié de la consommation. Pays à climat humide et tiède, le Japon se classe immédiatement derrière (7 %). Mais l’avenir se joue de plus en plus auprès des classes aisées et moyennes des pays émergents, Russie, Inde, Chine et Brésil.
187
+
188
+ L'habillement représente environ 60 % des débouchés textiles des fibres de lin. L’univers de la maison compte à hauteur de 30 %, répartis à égalité entre linge de lit et de table et les tissus d’ameublement. Les textiles techniques (toiles à peindre, tuyaux souples, etc.) et matériaux à usages industriels (bâches, etc) réalisent le solde de 10 %.
189
+
190
+ Doté d’une grande résistance et d’un pouvoir d’absorption de l’humidité sans équivalent, le lin procure une sensation de bien-être à ceux qui le portent. Associé au cachemire ou à la laine, il se fait doux et chaud pour l’hiver. Mélangé à la soie, il devient précieux et portable le soir. Marié à la viscose ou au polyamide, il perd de sa froissabilité et peut se porter en toute circonstance. Autre atout : la solidité du lin. Après 50 lavages, une chemise en coton souffre et perd de sa tenue ; il en faut plus du double pour le lin. Sans parler du rendu incomparable des couleurs à l’origine de son succès dans le vestimentaire et dans l’univers de la décoration où il affiche son image qualitative et noble.
191
+
192
+ Après plusieurs années d’investissements en R&D, les filateurs européens ont réussi à améliorer le titrage des fils et à faciliter le tricotage pour donner naissance à une nouvelle génération de fils extra fins, réguliers et lisses, permettant de réaliser des mailles de lin, souples et élastiques. Le lin infroissable est né et offre de nouvelles perspectives de développement.
193
+
194
+ Ils représentent un débouché d’environ 15 %, en volume, pour les étoupes de lin.
195
+
196
+ Les produits se présentent sous la forme d'un voile ou d'une nappe de fibres, orientées directionnellement ou au hasard, liées par aiguilletage, cohésion ou couturage, associées ou non à des résines. Ces produits sont utilisés dans le bâtiment (feutres isolants thermiquement et/ou phoniquement), l’automobile (intérieur de portières, planches de bord, garnitures latérales de coffres, etc.), mais aussi pour fabriquer du papier à cigarettes.
197
+
198
+ Les contraintes d’allègement de poids dans de nombreux domaines industriels ainsi que les nouvelles réglementations limitant la consommation d’énergies et encourageant le recyclage conduisent de nombreux industriels à se tourner vers des matériaux innovants, composites, éco-conçus et/ou bio-sourcés.
199
+
200
+ Dans ce contexte, la faible densité des fibres de lin, leur rigidité spécifique en traction comme en déflexion, leur résistance à la rupture, à la torsion et à la compression ainsi que leur capacité à absorber les vibrations sont les propriétés les plus à même de les positionner aux côtés du carbone et du verre.
201
+
202
+ L’utilisation de matériaux composites renforcés de fibres de lin est aujourd’hui active dans de nombreux secteurs industriels, notamment ceux des sports et loisirs (vélos, raquettes de tennis, skis, etc.) avec des matrices thermoplastiques et thermodur. Également utilisables au quotidien, les composites lin renforcent leur positionnement dans les domaines de l’aménagement de la maison et du design. L’émergence de ces nouvelles valorisations résulte pour l’essentiel d’une dynamique d’innovation de PME. Elle représente un fort potentiel pour des secteurs industriels particulièrement exigeants sur les propriétés des matériaux tels le nautisme, l’aéronautique et le secteur ferroviaire.
203
+
204
+ Les papiers fabriqués à base de fibres de lin sont légers, résistants et haut-de-gamme. Leurs usages sont variés (papiers d’édition, papiers à usage graphique).
205
+
206
+ En raison de leur faible masse volumique liée à leur structure alvéolaire (120 kg/m3 non tassés), les anas de lin sont utilisés dans la fabrication de panneaux de particules de bois agglomérées.
207
+
208
+ Dans cette application, les anas apportent aux matériaux :
209
+
210
+ Grâce à leur structure alvéolaire, les anas de lin présentent une grande capacité à absorber l’eau et à la retenir durablement. Cette propriété en fait un matériau de choix pour composer :
211
+
212
+ Certains anas sont utilisés à des fins énergétiques. Leur pouvoir calorifique est comparable à celui du bois (4 kWh/kg) ─ pour un coût d'accès inférieur ─ et leur taux d’humidité est faible (10 à 12 %). En comparaison, 2,5 kg d'anas équivalent à 1 litre de fioul.
213
+
214
+ Connue pour sa siccativité et ses capacités de polymérisation, l'huile de lin est employée seule ou mélangée à d'autres huiles, résines et solvants. Classiquement, elle est utilisée en tant que :
215
+
216
+ Le lin peut être consommé sous formes de graines, d'huiles de lin ou d'extraits. Son utilisation dérive de sa richesse en acides gras polyinsaturés, en particulier en acides linolénique et linoléique, qui lui doivent leur nom. Il est également riche en fibres
217
+
218
+ Les fibres sont des cellules situées dans la tige entre l’écorce et le « bois ». Les fibres forment des massifs, ou faisceaux, disposés en un arrangement circulaire autour du bois. Dans la direction longitudinale, les fibres sont collées les unes aux autres, très fortement soudées par un ciment interstitiel, de telle sorte que les faisceaux fibreux présentent une longueur sensiblement égale à celle de la tige. Dans la section complète de la tige, on compte 20 à 40 faisceaux composés chacun de 20 à 40 fibres. La longueur des fibres varie entre 10 et 100 mm, et leur diamètre varie de 20 à 40 microns. À maturité des plantes, les fibres représentent environ 25 % de la masse sèche des tiges.
219
+
220
+ Les fibres ont une structure tubulaire à faible élasticité (allongement à la rupture de 1 à 2 %) et à forte ténacité (l’une des fibres naturelles les plus solides), qui assure la protection de la plante contre les intempéries, les micro-organismes, ainsi que les insectes et les herbivores.
221
+
222
+ À maturité, les cellules fibreuses sont complètement entourées des différentes couches formant les parois. De l’extérieur vers l’intérieur on distingue la paroi primaire PI, puis les trois couches S1 à S3 de parois secondaires.
223
+
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+ Les parois secondaires qui assurent l’essentiel des propriétés mécaniques des fibres sont composées de microfibrilles de cellulose unidirectionnelles, entourées de polysaccharides matriciels, tels que les pectines ou les hémicelluloses.
225
+
226
+ La cellulose est un homopolysaccharide composé d’unités β-D-glucose liées entre elles par une liaison (1,4). Les différentes chaînes de cellulose sont reliées par des liaisons Hydrogène reproduites de façon très régulière entre les groupements OH des différentes chaînes. Les pectines sont les polysaccharides les plus importants avec la présence de galactanes et de rhamnogalacturonanes de type I. Les hémicelluloses sont essentiellement des β-1-4 glucanes, mais également des glucomannanes, galactomannanes…
227
+
228
+ Le rôle des pectines est, d’une part, d’assurer la cohésion entre les faisceaux de fibres en formant un complexe avec les ions calcium et, d’autre part, dans la paroi secondaire, de constituer une matrice enrobant les microfibrilles de cellulose.
229
+ Les fibres comportent également d’autres polymères chargés négativement, et des protéines (notamment riche en glycine). La composition des fibres varie selon l’origine et la variété de la plante.
230
+
231
+ Au début des années 2000 le lin représente moins de 1 % des fibres produites dans le monde[25].
232
+
233
+ En 2014 80 % du lin européen, principalement cultivé en France, Belgique et aux Pays-Bas (sur environ 81 300 hectares en 2014), a été exporté hors d'Europe, surtout vers la Chine, l'Inde le Brésil et le Mexique. L'Europe est le premier producteur de fibres longues ( 130 000 tonnes produites en 2014)[25].
234
+ Avec 50 000 à 75 000 hectares selon les années, la France produit 75 % du lin mondial[25]. Cette position de leader tient à la disponibilité de terroirs très favorables à sa culture et aux savoir-faire techniques des liniculteurs et des teilleurs*. Ces avantages s’accompagnent de l’image très positive qu'a le lin dont la biomasse est entièrement valorisée et dont les fibres sont symboles de produit naturel et noble, et souvent associé à l'élégance.
235
+
236
+ Le lin fibre requiert des sols profonds où les limons prédominent, et des températures n’excédant pas 25 °C durant toute sa croissance. La Haute-Normandie, la Basse-Normandie, la Picardie, le Nord-Pas-de-Calais et l’est de l’Île-de-France réunissent ces conditions et concentrent 99 % des parcelles. Réintroduit dans la région normande au XXe siècle par des agriculteurs des Flandres, le lin est surtout cultivé, en Seine-Maritime (Pays de Caux), dans l’Eure (Campagne de Saint-André et Campagne du Neubourg, Pays d'Ouche) et en Campagne de Caen. La Normandie représente 64 % des surfaces françaises cultivées en lin textile (dont 85 % en Haute-Normandie). Une vingtaine de coopératives et d’entreprises de teillage collectent les pailles pour en extraire les fibres. Selon leur dimension, leur capacité respective de teillage varie entre 300 et 12 000 ha/an.
237
+
238
+ Entre respect des traditions et innovation, la culture du lin nécessite une attention constante et une grande réactivité, depuis sa mise en place jusqu’à l’enlèvement des matières du champ. La réussite du semis, l’observation et la maîtrise des bio-agresseurs, le respect des matières au cours des opérations de récolte et au teillage font appel aux savoir-faire des liniculteurs et des teilleurs. Cet assemblage de compétences donne à la France la meilleure productivité linière mondiale.
239
+
240
+ Le lin fibre contribue à maintenir un tissu économique et social en zones rurales.
241
+ Sa culture et sa première transformation mobilisent une main d’œuvre importante et non délocalisable. La filière génère environ 1 500 emplois directs.
242
+
243
+ Dans le monde, le lin est aussi cultivé pour sa graine qui contient environ 41 % d'huile[26], riche en omega-3, en particulier de l'acide gras nommé acide alpha-linolénique. L'huile de lin en contient 57 % en moyenne, ainsi que 16 % d'acide linoléique[27].
244
+
245
+ Du point de vue de la production mondiale, le Canada est le principal producteur et exportateur de graines de lin. La production est assez variable (entre 720 000 et 930 000 tonnes ces dernières années), et exportée pour l'essentiel[28].
246
+
247
+ Production en tonnes de graines de lin. Chiffres 2010 Données de FAOSTAT (FAO)
248
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249
+
250
+
251
+ La graine de lin se conserve très bien tandis que l'huile, contenant beaucoup de polyinsaturés et quasiment pas de vitamine E (anti-oxydant naturel des huiles végétales), se dégrade rapidement. Elle contient en particulier deux acides gras dont les noms sont proches (et dont la racine est le mot « lin »), l'acide α-linolénique (un oméga 3) et l'acide linoléique. L'huile doit être utilisée rapidement après trituration, et préservée de la lumière et de l'oxygène. Les usages techniques classiques de l'huile de lin sont les peintures, le traitement du bois et la production de revêtements de sols comme le linoleum.
252
+
253
+ La graine est utilisée en alimentation animale, en particulier pour les poules pondeuses dont on souhaite augmenter la teneur en oméga 3 des œufs[30].
254
+
255
+ En France, l'huile de lin a longtemps été réservée à un usage technique, elle était même interdite à la consommation humaine, tandis qu'elle était autorisée au même moment en Allemagne. Interdite depuis 1908, car on la considérait comme potentiellement dangereuse du fait de son rancissement rapide, elle est autorisée à la vente au détail depuis le 12 juillet 2010, en contenant opaque de moins de 25 cl. Les graines entières sont aussi utilisées en boulangerie, grillées ou non, en couverture de pains spéciaux.
256
+
257
+ En consommation humaine, on peut considérer que les graines entières sont très peu digestes dans le sens où elles sont retrouvées intactes dans les selles donc non assimilées. On conseille donc de les écraser voire de les moudre juste avant consommation pour que ses composants soient assimilables. Les graines entières ont un effet laxatif, moins important si les graines sont moulues[31].
258
+
259
+ Les graines de lin, comme bien d'autres graines, contiennent des petites quantités d'un glycoside cyanogène - la linamarine - qui sont détruites par cuisson à 230 °C pendant 15–18 minutes ou par ébullition[32]. Ce traitement est conseillé dans la préparation des tourteaux dans l'alimentation animale [33],[34]. Les graines peuvent aussi être thermo-extrudées[35],[36]. Toutefois, la présence de glycosides cyanogènes ne pose aucun risque dans l'alimentation humaine, les teneurs étant bien inférieures à celles des amandes amères ou des noyaux d'abricot [37].
260
+
261
+ La graine possède selon certaines sources d'autres vertus, liées à sa teneur en lignane spécifique, le diglucoside de sécoisolaricirésinol (SDG) (voir Secoisolariciresinol diglucoside).
262
+
263
+ L'ingestion de graines de lin moulues a un effet sur le cholestérol, et des études sont en cours sur les maladies cardiovasculaires[38],[27], grâce aux oméga-3, et aussi du cancer, en relation avec la teneur en oméga-3 (quoique les nombreuses études conduites donnent des résultats mitigés et parfois contradictoires sur ce point), en SDG[39] et en fibres[27].
264
+
265
+ D'après plusieurs études, la consommation quotidienne de graines de lin moulues (30 g / jour) diminue le risque de cancer de la prostate[40],[41].
266
+
267
+ Le SDG est un phyto-estrogène avec une activité prouvée sur les femmes[42].
268
+
269
+ Dans le calendrier républicain français, le 17e jour du mois de Thermidor est dénommé jour du Lin[43].
270
+
271
+ Le motif du champ de lin en fleur confondu avec la mer, en raison de sa couleur, par des personnages pas très malins qui s'y baignent, y nagent ou y pêchent, apparaît dans le conte allemand des Sept Souabes (rapporté notamment par les frères Grimm et Ludwig Bechstein) aussi bien que dans des « contes de Jaguens » (habitants de Saint-Jacut-de-la-Mer, en Haute-Bretagne), rapportés par Paul Sébillot. Le motif a été codifié J1821 par Stith Thompson[44]. Dans un autre conte collecté par Sébillot, Norouâs, le vent de noroît, disperse une récolte de lin.
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+ En tant que matière textile, le lin intervient dans divers contes traditionnels, par exemple dans Soleil, Lune et Thalie (Giambattista Basile ; il s'agit d'une écharde de lin) ou dans les Contes de Grimm : Les Trois Fileuses (KHM 14), Les Chutes de lin (KHM 156), etc. Dans la zone culturelle germanique, la déesse Perchta, ou Holda (voir Dame Holle), était également associée au lin.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Carl Linnæus, puis Carl von Linné après son anoblissement, né le 23 mai 1707 à Råshult et mort le 10 janvier 1778 à Uppsala, est un naturaliste suédois qui a posé les bases du système moderne de la nomenclature binominale. Considérant que la connaissance scientifique nécessite de nommer les choses, il a répertorié, nommé et classé de manière systématique l'essentiel des espèces vivantes connues à son époque en s'appuyant sur ses observations comme sur celles de son réseau de correspondants. La hiérarchie des classifications qu'il met de l'avant s'impose au XIXe siècle comme la nomenclature standard.
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+ Père du concept de biodiversité par son identification de près de 6 000 espèces végétales et 4 400 animales[1], sa classification s'inscrit dans un contexte historique plurimillénaire où la notion d'évolution des espèces n'existe pas encore, depuis la classification du philosophe grec Aristote, d'une part, et la doctrine biblique créationniste, d'autre part. Elle est donc fixiste et constitue le modèle dominant du rapport de proximité anatomique entre les espèces jusqu'au XIXe siècle. La classification intègrera le concept d'évolution à la suite de Jean-Baptiste de Lamarck, fondateur du transformisme[2].
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+ Le grand nomenclateur que fut Linné, qui consacra sa vie à nommer la plupart des objets et êtres vivants, puis à les ordonner selon leur rang, eut lui-même maille à partir avec sa propre identité, son nom et même son prénom ayant été remaniés tant de fois au cours de sa vie qu’on ne dénombre pas moins de neuf binômes (on voulait dire bi-noms, en deux noms) et autant de synonymes.
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+ Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des Suédois ne portent pas encore de noms de famille. Aussi le grand-père de Linné, conformément à la tradition scandinave, s’appelait Ingemar Bengtsson (signifiant « Ingemar, fils de Bengt ») et son propre fils, le père de Linné, fut d’abord connu sous le nom de « Nils Ingemarsson » (signifiant « Nils, fils d’Ingemar »).
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+ Mais Nils, pour répondre aux exigences administratives lors de son inscription à l’université de Lund, doit choisir un patronyme. Sur les terres familiales pousse un grand tilleul. La propriété en porte déjà le nom : Linnagård (ou Linnegård), toponyme formé de linn (variante aujourd’hui obsolète de lind, « tilleul » en suédois) et de gård, « ferme »). Plusieurs membres de la famille s’en sont déjà inspirés pour former des patronymes comme Lindelius (à partir de lind) ou Tiliander (à partir de Tilia, « tilleul » en latin). Il est par ailleurs de bon ton, dans les milieux instruits de pratiquer le latin. Nils choisit donc une forme latinisée et devient « Nils Ingemarsson Linnæus ».
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+ Honorant ensuite le très populaire souverain de Suède de l’époque Charles XII, (en suédois Karl XII, 1682-1718), Nils donne le prénom du roi à son fils, qui débute donc son existence en s’appelant « Carl Nilsson » (signifiant « Carl, fils de Nils »), puis Karl Linnæus, le plus souvent orthographié « Carl Linnæus ».
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+ Lorsque Carl Linnæus s’inscrit à l’université de Lund à l’âge de vingt ans, son prénom est enregistré sous la forme latinisée de Carolus. Et c’est sous ce nom de Carolus Linnæus, qu’il publie ses premiers travaux en latin.
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+ Parvenu à une immense notoriété et en qualité de médecin de la famille royale de Suède, il est anobli en 1761 et prend en 1762 le nom de « Carl von Linné », Linné étant un diminutif (« à la française », selon la mode de l’époque dans nombre de pays de langue germanique) de Linnæus et von étant la particule nobiliaire (allemande). Dans le monde francophone comme en Suède, il est aujourd’hui communément connu sous le nom de « Linné ».
24
+
25
+ En botanique, où les citations d’auteurs sont souvent abrégées, on emploie l’abréviation standardisée « L. »[3]. Il est ainsi le seul botaniste dont le nom est abrégé en une seule lettre.
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27
+ En zoologie, où il est d’usage de citer le nom patronymique complet de l’auteur du taxon, on emploie « Linnæus » (ou sa graphie sans ligature latine « Linnaeus », adoptée en anglais et plus pratique pour les utilisateurs de claviers dits internationaux) à la suite des taxons qu’il a décrits, et plus rarement « Linné », car c’est sous son nom universitaire « Linnæus » que ses principaux travaux de taxinomie zoologique jusqu’à 1761 ont été publiés (sauf les 1 500 noms d’espèces d’animaux nouveaux établis en 1766/1767 dans la 12e édition de Systema naturae, pour lesquelles on utilise habituellement en français le nom d’auteur « Linné »). De plus, à la différence de son prénom (Carolus), « Linnæus » n’est pas une transcription latine a posteriori, mais son véritable patronyme.
28
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29
+ Quant à ses œuvres, elles furent publiées jusqu’en 1762 sous les noms de « Caroli Linnæi » (qui est la forme génitive, signifiant « de Carolus Linnæus »), ou encore « Carl Linnæus » ou seulement « Linnæus ». En 1762, sur la page de couverture de la seconde édition de Species plantarum, le nom est encore imprimé de cette manière. Mais ensuite, il n’apparaît plus imprimé que dans sa forme nobiliaire « Carl von Linné » ou « Carolus a Linné » (le a ou ab étant la traduction latine de von). Dans quelques bibliothèques, il est généralement entré comme « Linnaeus, Carolus (Carl von Linné) », d'autres utilisent « Carl von Linné ».
30
+
31
+ En français, on trouve aussi parfois le nom sous la forme entièrement francisée « Charles Linné », notamment dans les ouvrages du XVIIIe siècle et encore aujourd’hui dans des noms de rue, mais aussi dans quelques ouvrages récents[4].
32
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33
+ Carl Linnæus naît le 23 mai 1707 à Råshult, dans la paroisse de Stenbrohult du comté de Kronoberg, dépendant à cette époque de la province suédoise méridionale du Småland. La région est riche en forêts et en lacs, l’environnement y est particulièrement propice à la contemplation et à l’observation de la nature.
34
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35
+ Le père de Carl, Nils Ingemarsson Linnaeus (1674-1748) est alors un vicaire de l’église luthérienne et sa mère, Kristina Brodersonia (1688-1733) est la fille du pasteur de Stenbrohult, Samuel Brodersonius. Nils exerce cette charge d’assistant pastoral depuis son arrivée à Råshult en 1705, mais en 1709, à la mort de son beau-père, il devient lui-même le pasteur de la paroisse et la famille déménage de quelques centaines de mètres jusqu’au presbytère de Stenbrohult, au bord du lac de Möckeln.
36
+
37
+ Nils est un amoureux des plantes qui transmet sa passion à son jeune fils, permettant à celui-ci d’entretenir son propre jardin dès l’âge de 5 ans. Mais avec un père et un grand-père pasteurs, la destinée de Carl est de suivre leurs traces et de devenir aussi pasteur.
38
+
39
+ Carl quitte le foyer familial à 9 ans, le 10 mai 1716, pour entrer à l’école de Växjö à une quarantaine de kilomètres de Stenbrohult. Il poursuit ensuite ses études au lycée de la même ville, qu’il intègre le 11 juillet 1723 et qu’il quitte le 6 mai 1727[5].
40
+
41
+ Mais il ne montre guère d’enthousiasme pour les études et la vocation religieuse. Il préfère s’intéresser aux choses de la nature et y passer son temps. Ses camarades le surnomment déjà « le petit botaniste ». Les professeurs, notamment celui d’histoire naturelle, le Dr Johan Stensson Rothman (1684-1763), convainquent finalement les parents de Carl de ne pas lui imposer une carrière religieuse et de lui permettre de poursuivre des études de médecine.
42
+
43
+ C’est finalement son jeune frère, Samuel, qui succédant à son père et à son grand-père, deviendra pasteur de Stenbrohult.
44
+
45
+ Inscrit sous le nom de « Carolus Linnæus », il commence ses études à l’université de Lund en 1727. Il y reçoit notamment l’enseignement de Kilian Stobæus (1690-1742), le futur professeur et recteur de l’université, alors encore seulement docteur en médecine, qui lui offre son amitié et ses encouragements et lui ouvre ses collections et sa bibliothèque.
46
+
47
+ Cependant, sur les conseils de son ancien professeur de Växjö, le Dr Johan Stensson Rothman, il s’inscrit à la prestigieuse université d'Uppsala qu’il rejoint en septembre 1728, où il peut effectivement trouver la richesse générale de connaissance qui lui convient.
48
+
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+ Fort peu développées à cette époque, les études de médecine n’étaient suivies que par une dizaine d’étudiants sur les cinq cents environ que comptait l’université et il n’était pas prévu que l’on puisse soutenir sa thèse de doctorat en Suède. Mais l’enseignement médical incluait une part importante de botanique, notamment l’apprentissage des caractères des plantes, de leurs vertus médicinales et de la manière de les préparer en pharmacie. Ces études furent sans doute le moyen, voire le prétexte, pour Carolus Linnæus de s’adonner à sa passion pour la botanique.
50
+
51
+ Arrivé à Uppsala sans un sou vaillant, il lui faut aussi subvenir à sa propre existence. Alors qu’à peine arrivé en ville, il visite le jardin botanique fondé par Olof Rudbeck (1630-1702), il est remarqué et pris en charge par Olof Celsius (1670-1756), le doyen de la cathédrale et oncle du savant Anders Celsius (1701-1744). Olof Celsius présente Linné à Olof Rudbeck le Jeune (1660-1740), lui-même médecin naturaliste, qui engage le jeune étudiant comme tuteur de ses fils et lui permet d’accéder à sa bibliothèque. Linné remplace un temps l’assistant de Rudbeck, Nils Rozén (1706-1773), alors en voyage à l’étranger.
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53
+ Linné a justement comme professeur Olof Rudbeck le Jeune, ainsi que Lars Roberg (1664-1742).
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+ C’est à Uppsala, dès l’âge de 24 ans, qu’il conçoit sa classification des plantes d’après les organes sexuels et commence à l’exposer dans son Hortus uplandicus[6].
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+ C’est aussi à Uppsala, que Linné se lie d’amitié avec Peter Artedi (1705-1735), son aîné de deux ans, qui également issu d’un milieu d’église, destiné à devenir pasteur et venu étudier la théologie, s’intéresse finalement plus à l’histoire naturelle, particulièrement aux poissons.
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+ Il conduit des missions scientifiques en Laponie et en Dalécarlie, à l'époque régions inconnues[7]. Il en rapporte une très riche collection de spécimens végétaux, animaux et minéraux et publie sa première étude qui utilise le système sexuel des plantes, Florula Lapponica qu'il améliora par la suite sous le nom de Flora Lapponica (1737). Bien qu’il donne des conférences de botanique et qu’il soit considéré à Uppsala comme un génie, il n’a pas encore de diplôme de médecine.
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+ En 1735, il part aux Pays-Bas, avec l'intention d'y obtenir son diplôme de médecine et de publier ses écrits. Il met en forme ses notes et rencontre le botaniste Jan Frederik Gronovius (1686-1762) à qui il montre son manuscrit Systema Naturae. Celui-ci est si impressionné qu’il décide de financer son édition à Leyde[7]. En 1736, il fait un voyage à Londres où il rencontre les personnes en vue de l'université d'Oxford tel le physicien Hans Sloane, le botaniste Philip Miller et le professeur de botanique J.J. Dillenius. Il rentre à Amsterdam pour continuer l'impression de son travail Genera Plantarum, point de départ de sa taxinomie. Au cours de son séjour en Hollande, il rencontre également le droguiste Albertus Seba (1665-1736) et Herman Boerhaave (1668-1738) botaniste qui le met en relation avec l’influent George Clifford (1685-1760), président de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et botaniste distingué. Il étudie et travaille au cours de l'année 1737 dans le jardin du riche banquier. Clifford est en relation avec les marchands hollandais et les plantes collectées dans le monde entier sont ramenées à Linné qui s'efforce de les intégrer dans son Systema naturae[8]. Son jardin à Hartekamp était fameux à l'époque, puisqu'il y avait plus de mille espèces différentes. Linné y écrit en collaboration avec Georg Dionysius Ehret, illustrateur botanique, une description de jardin anglais, l’Hortus Cliffortianus, publié en 1737.
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+ Il obtient enfin son titre de docteur en médecine, après un court séjour à l’université de Harderwijk, puis il part pour l’université de Leyde, plus prestigieuse, où il reste une année au cours de laquelle son ouvrage Classes Plantarum est imprimé. Avant de rentrer en Suède, il va à Paris où il fait la rencontre de Bernard de Jussieu et de Claude Richard à Trianon.
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+ Il retourne alors en Suède, où, ne recevant pas de proposition qui le satisfasse, il exerce la médecine à Stockholm en se spécialisant dans le traitement de la syphilis.
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+ Il se marie le 26 juin 1739 avec Sara Elisabeth Moræa (1716-1806), originaire de Falun. Ensemble ils auront sept enfants, deux garçons et cinq filles : Carl (1741-1783), Elisabeth Christina (1743-1782), Sara Magdalena (1744, morte à l’âge de quinze jours), Lovisa (1749-1839), Sara Christina (1751-1835), Johan (1754-1757) et Sofia (1757-1830).
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+ Finalement, en 1741, il obtient la chaire de médecine à l’université d’Uppsala puis celle de botanique, fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort. Dans le jardin botanique de l'Université, il arrange les plantes selon sa classification. Il effectue trois expéditions en Suède et inspire une génération d'étudiants. Les comptes rendus de voyages sont publiés en suédois afin d'être accessible à tous. Outre la pertinence des observations de la vie de tous les jours, ces œuvres sont aussi appréciées pour leur qualité littéraire.
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+ Linné continue de réviser son ouvrage, Systema Naturae, qui ne cesse de grossir au fil des ans et à mesure qu'il reçoit du monde entier des spécimens de végétaux et d'animaux qu'on lui expédie et qu'il doit classer. De la brochure de dix pages du début (deux pages pour les minéraux, trois pour les plantes, deux pour les animaux), son œuvre devient un ouvrage de plusieurs volumes. Quand il n'est pas en voyage, il travaille sur l'extension du domaine minéral et animal. Il est si fier de son travail qu'il se voit tel un nouvel Adam nommant la nature, au point qu'il avait coutume de dire immodestement « Deus creavit, Linnaeus disposuit », ce qui traduit du latin signifie « Dieu a créé, Linné a organisé »[9].
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+ Il plante en 1745 la première horloge florale dans le Jardin botanique d'Uppsala.
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+ En 1747, il devient médecin de la famille royale de Suède et obtient un titre de noblesse en 1761.
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+ À la fin de sa vie il est si célèbre que Catherine II de Russie lui envoie des graines de son pays. Il entre aussi en correspondance avec Joannes A. Scopoli, surnommé le « Linné de l'Empire autrichien », qui était docteur et botaniste à Idrija, duché de Carniole en actuelle Slovénie. Scopoli lui a transmis toutes ses recherches et ses observations pendant des années, sans qu'ils pussent se rencontrer à cause de la distance. Pour lui rendre hommage, Linné a nommé Scopolia une espèce de la famille des Solanaceae.
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+ Les dernières années sont marquées par une santé déclinante. Il souffre de la goutte et de maux de dents. Une attaque en 1774 le laisse très faible et une seconde, deux ans plus tard lui paralyse la partie droite. Il meurt le 10 janvier 1778, à Uppsala, au cours d'une cérémonie dans la cathédrale, où il est par ailleurs enterré.
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+ Six années plus tard, suivant ses instructions posthumes, sa veuve vendit sa bibliothèque, ses manuscrits et la plus grande partie de ses collections (plus de 14 000 plantes et 3 000 insectes[10]) à un acquéreur qui en prendrait grand soin. Ce dernier, un jeune Anglais nommé James Edward Smith, fonda une société scientifique chargée de recevoir ces trésors et l'appela la Linnean Society of London, où les collections sont conservées, protégées dans un sous-sol, mais disponibles aux chercheurs.
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+ Carl von Linné était membre de l'Académie royale des sciences de Suède et de l'Académie royale danoise des sciences et des lettres.
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+ L’ouvrage le plus important de Linné est son Systema Naturæ (système de la Nature) qui connaît de nombreuses éditions successives, la première datant de 1735. Chacune d’elles améliore son système et l’élargit. C’est avec la dixième édition, de 1758, que Linné généralise le système de nomenclature binominale.
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+ Mais sa classification est parfois totalement artificielle. Ainsi dans la sixième édition de Systema Naturæ (1748), il classe les oiseaux dans six grands ensembles pour répondre, harmonieusement, aux six ensembles qu’il utilise pour classer les mammifères.
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+ Il définit clairement certains groupes comme la classe des amphibiens. Pour cela, il utilise les animaux décrits ailleurs (comme dans les œuvres de Seba, Aldrovandi, Catesby, Jonston ou d’autres auteurs). Mais, la plupart du temps, il décrit les espèces d’après des spécimens qu’il peut lui-même étudier.
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+ Précurseur du racisme scientifique, il divise les Homo diurnus en cinq « variétés » en 1735, et c’est dans la dixième édition, celle de 1758, qu'Homo diurnus devient synonyme d'Homo sapiens, divisé en cinq « variétés » ou « espèces », classées dans cet ordre : américaine, européenne, asiatique, africaine et enfin monstrueuse (voir Linné, Systema Naturae, 10e éd., 1758 (t. I, p. 20 sqq.)).
92
+
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+ C’est en 1753 que Linné fait publier Species plantarum (les espèces des plantes) où il décrit environ 8 000 végétaux différents pour lesquels il met en application de manière systématique la nomenclature binominale dont il est le promoteur.
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+ Mises en vente par la veuve de Linné en 1783 pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de ses filles, les très nombreuses lettres à Linné des plus grandes figures de l’époque du monde des sciences et des idées révèlent toute la richesse intellectuelle du personnage et mettent en lumière les controverses qui agitaient alors la pensée européenne.
96
+
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+ Lors de son voyage en Laponie en 1732, Linné visite une pêcherie de perles au lac de Purkijaure. Il faut ouvrir des milliers de coquillages pour trouver les si rares perles : cela l’intrigue. De retour à Uppsala, il tente une expérience, introduit une petite dose de plâtre fin dans des moules perlières et replace celles-ci dans la rivière de la ville, la Fyris. Six ans plus tard, il récolte plusieurs perles de la taille d’un pois[11].
98
+
99
+ Il perfectionne la technique utilisant alors un fil d’argent pour tenir le granule générateur éloigné de la paroi de la coquille. La nacre peut ainsi se déposer régulièrement pour former une perle sphérique. Il vend son brevet en 1762, mais l’acquéreur néglige d’en tirer profit[12].
100
+
101
+ Ce n’est qu’en 1900 que l’invention de Linné est redécouverte lors de la lecture de ses manuscrits conservés à Londres. Au XXe siècle, les Japonais développent alors la culture perlière et en améliorent les techniques.
102
+
103
+ Linné met au point son système de nomenclature binominale, qui permet de désigner avec précision toutes les espèces animales et végétales (et, plus tard, les minéraux) grâce à une combinaison de deux noms latins. Ce binom (c'est-à-dire nom double) ou binôme[13] (suivant un usage flottant) comprend :
104
+
105
+ Il faudrait dire correctement « binom », comme le Code de Nomenclature zoologique (4e édition, 1999) le précise en français. Les deux sont étymologiquement corrects, mais « binom » est sémantiquement plus précis que « binôme », qui est un terme plus général[13]. Les Anglais utilisent directement le mot latin binomen sans chercher à l'angliciser. Le Code de Botanique admet explicitement l'expression de nomenclature binomiale (qui est l'adjectif correspondant à binôme et non à binom).
106
+
107
+ Le nom de l’espèce est constitué par l’ensemble du binom. Ces noms sont « réputés latins », quelle que soit leur origine véritable (grecque, chinoise ou autre), et écrits en alphabet latin (lettres de a à z et ligatures æ et œ, comme en français, mais sans diacritiques ni accents).
108
+
109
+ Ce système binominal permet d’éviter de recourir aux noms vernaculaires, qui varient d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre. Par exemple, le renard roux est appelé en japonais aka-kitsune, mais un naturaliste japonais comprendra le nom latin, international, de Vulpes vulpes.
110
+
111
+ Toutefois, avec la multiplication des recombinaisons, des synonymes et des interprétations divergentes d’auteurs, les « noms scientifiques » actuels sont parfois instables et difficiles à manier, comme d'ailleurs les noms vernaculaires.
112
+
113
+ Linné est un naturaliste « fixiste ». Pour lui, les espèces vivantes ont été créées par Dieu lors de la Genèse et n’ont pas varié depuis. Le but premier de son système est de démontrer la grandeur de la création divine. Linné écrit : « Nous comptons autant d'espèces qu'il y a eu au commencement de formes diverses créées »[14]. L’ordre hiérarchique des taxons y est fondé sur des critères de ressemblance « morphologiques » et d’affinités supposées, sans établir de relation génétique ou phylogénétique entre les espèces.
114
+
115
+ C'est seulement par la suite et grâce à l’avancée des connaissances, notamment à partir des travaux de Lamarck et de Darwin, la systématique a commencé à intégrer l'idée d'évolution aux principes classificatoires sous diverses formes (par exemple phénétique, évolutionniste, phylogénétique)[14].
116
+
117
+ Linné, comme d’autres scientifiques de son temps, éprouve des difficultés pour concilier le contenu de la Bible avec ses connaissances. Il explique ainsi que le jardin d'Éden était comme une île tropicale qui devait comporter une haute montagne. Celle-ci, dont le climat change avec l’altitude, offre des habitats pour les autres formes de vie habituées aux régions tempérées et arctiques[15].
118
+
119
+ Linné a appliqué le concept de « race » à l'homme (ainsi qu'aux créatures mythologiques). La catégorie Homo sapiens fut subdivisée en cinq catégories de rang inférieur, à savoir Africanus, Americanus, Asiaticus, Europeanus et Monstrosus. Elles étaient basées au départ sur le lieu d'origine selon des critères géographiques, puis plus tard, sur la couleur de peau. Chaque « race » possédait certaines caractéristiques que Linné considérait comme endémiques pour les individus qui la représentaient. Les Indiens d'Amérique seraient colériques, rouges de peau, francs, enthousiastes et combatifs; les Africains flegmatiques, noirs de peau, lents, détendus et négligents ; les Asiatiques mélancoliques, jaunes de peau, inflexibles, sévères et avaricieux ; les Européens seraient quant à eux sanguins et pâles, musclés, rapides, astucieux et inventifs[16]. On trouverait enfin dans la catégorie des hommes « monstrueux » les nains des Alpes, les géants de Patagonie et les Hottentots monorchides[17].
120
+ Par la suite, dans Amoenitates academicae (1763), il définit l'Homo anthropomorpha comme un terme fourre-tout pour une variété de créatures mythologiques et proches de l'homme, tels le troglodyte, le satyre, l'hydre, le phœnix. Il prétendit que ces créatures n'existèrent pas vraiment mais qu'elles étaient des descriptions inexactes de créatures ressemblant aux grands singes.
121
+
122
+ Dans son Systema Naturae il définit aussi l'Homo ferus comme « chevelu, muet et à quatre pattes ». Il y inclut aussi le Juvenis lupinus hessensis ou garçons-loups qui furent élevés par des animaux, pensait-il ; dans le même esprit on y trouve le Juvenis hannoveranus (Pierre de Hanovre) et la Puella campanica où Linné évoque la fille sauvage de Songy[18].
123
+
124
+ Linné a eu une immense influence sur les naturalistes de son époque. Nombreux sont ceux qui viennent assister à son cours, apprendre sa méthode pour l’appliquer dans leur pays. Nombreux sont ceux qui s’embarquent pour des contrées lointaines pour y reconnaître la flore, Linné les nomme ses apôtres. Tous ces naturalistes trouvent avec la systématique et la nomenclature linnéenne un moyen de faire progresser les connaissances.[réf. nécessaire]
125
+
126
+ C’est avec sa collaboration que Philibert Commerson put écrire son traité d’ichtyologie. Il eut aussi quelques autres correspondants tels que Frédéric-Louis Allamand.[réf. nécessaire]
127
+
128
+ Parmi ses nombreux élèves, citons : Anders Dahl, Johan Christian Fabricius, Charles de Géer, Christen Friis Rottbøll, Daniel Solander ou Martin Vahl.[réf. nécessaire]
129
+
130
+ Le naturaliste suédois Peter Artedi (1705-1735) rencontre Linné à l’université d'Uppsala. Les deux se lient d’amitié puis se séparent, Linné partant pour la Laponie et Artedi pour la Grande-Bretagne. Avant leur départ, ils se lèguent mutuellement leurs manuscrits en cas de décès[19]. Mais Artedi se noie à Amsterdam où il venait réaliser le catalogue des collections d’ichtyologie d’Albertus Seba (1665-1736). Suivant leur accord, Linné hérite des manuscrits d’Artedi. Il les fait paraître sous le titre de Bibliotheca Ichthyologica et de Philosophia Ichthyologica, accompagné d’une biographie de leur auteur, à Leyde en 1738[20].
131
+
132
+ Son influence s’exerce à travers tous les continents : Pehr Kalm en Amérique du Nord, Fredric Hasselquist en Égypte et en Palestine, Andreas Berlin en Afrique, Pehr Forsskål au Moyen-Orient, Pehr Löfling au Venezuela, Pehr Osbeck et Olof Torén en Chine et en Asie du Sud-Est, Carl Peter Thunberg au Japon, Johann Peter Falck en Sibérie…[réf. nécessaire]
133
+
134
+ Son caractère égocentrique, conjugué à une extrême ambition, le conduit, comme Buffon, à persécuter ceux qui n’optent pas pour son système. Mais il est le premier, suivant en cela John Ray, à utiliser un concept clair d’espèce qui n’est en rien diminué par sa conviction de l’immuabilité des espèces.[réf. nécessaire]
135
+
136
+ Contrairement à la plupart des naturalistes européens qui reconnaissent la révolution linnéenne, des naturalistes et des philosophes français comme Julien Offray de La Mettrie, Denis Diderot, Buffon ou Maupertuis critiquent la systématique linnéenne. Ce qui lui est reproché est son caractère artificiel. L’entreprise de Linné ne fait que partiellement appel à la raison, et peu d’incitation à l’expérimentation. Ils lui reprochent aussi une démarche empreinte de religiosité car Linné se voit en nouvel Adam décrivant et nommant la création. Pour toutes ces raisons les philosophes des Lumières en France ne peuvent le reconnaître comme l’un des leurs. Finalement, des idées de Linné, seule la nomenclature binominale survivra.[réf. nécessaire]
137
+
138
+ La liste ci-dessous est limitées aux principales publications (la date indique la première édition)
139
+
140
+ Le portrait de Carl von Linné figurait sur l'ancien billet de banque suédois de 100 couronnes.
141
+
142
+ Plusieurs voies de circulation en France et une en Belgique ont été nommées Rue Linné.
143
+
144
+ L'astéroïde (7412) Linné a été nommé en honneur de Carl von Linné.
145
+
146
+ Courant en Suède, le prénom « Linnea » dérive d’une fleur des bois, nommée Linnaea borealis, en hommage à Carl von Linné, par son professeur Jan Frederik Gronovius.
147
+
148
+ Dans son roman d'anticipation Vingt Mille Lieues sous les mers, Jules Verne met en scène le personnage de Conseil, domestique du professeur Aronnax, qui classe systématiquement toutes les espèces rencontrées durant le voyage selon le système linnéen.[réf. nécessaire]
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
152
+ L. est l’abréviation botanique standard de Carl von Linné.
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+ Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI
155
+
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+ Linnaeus est l’abréviation habituelle de Carl von Linné en zoologie.Consulter la liste des abréviations d'auteur en zoologie
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@@ -0,0 +1,25 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ L'intestin grêle est la partie de l'appareil digestif humain située entre l'estomac et le gros intestin (côlon). Il comprend un segment fixe, le duodénum, suivi de deux segments mobiles intrapéritonéaux, le jéjunum puis l'iléon.
2
+
3
+ L'intestin grêle présente trois segments successifs :
4
+
5
+ L'intestin grêle est formé de sorte à amplifier les processus d'absorption :
6
+
7
+ L'intestin grêle est vascularisé par l'artère mésentérique supérieure, issue de l'aorte abdominale à 3 cm du tronc cœliaque.
8
+
9
+ L'intestin grêle est composé de trois couches superposées :
10
+
11
+ Le jéjunum et l'iléon naissent de l'intestin primitif moyen.
12
+
13
+ C'est dans l'intestin grêle que se déroule l'absorption intestinale :
14
+
15
+ L'intestin grêle est un organe complexe à explorer, du fait de sa longueur.
16
+
17
+ Voir la Catégorie:Maladie de l'intestin grêle
18
+
19
+ Une occlusion intestinale est un arrêt complet des matières et des gaz. Elle peut avoir une cause mécanique (obstruction, strangulation), fonctionnelle ou mixte.
20
+
21
+ La maladie de Crohn est une maladie évoluant par poussées, alternant avec des phases dites de rémission, pouvant atteindre une ou plusieurs parties du tube digestif (préférentiellement le côlon, une partie du grêle ou l'anus).
22
+
23
+ Les tumeurs de l'intestin grêle ne sont pas fréquentes, plus rares que les tumeurs du côlon. Citons néanmoins la tumeur carcinoïde du grêle à titre d'exemple.
24
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Linux est, au sens restreint, le noyau de système d'exploitation Linux, et au sens large, tout système d'exploitation fondé sur le noyau Linux. Cet article couvre le sens large.
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+ À l'origine, le noyau Linux a été développé pour les ordinateurs personnels compatibles PC, et devait être accompagné des logiciels GNU pour constituer un système d'exploitation. Des partisans du projet GNU promeuvent depuis le nom combiné GNU/Linux. Depuis les années 2000, le noyau Linux est utilisé sur du matériel informatique allant des téléphones portables aux super-ordinateurs, et n'est pas toujours accompagné de logiciels GNU. C'est notamment le cas d'Android, qui équipe plus de 80 % des smartphones.
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7
+ Le noyau Linux a été créé en 1991 par Linus Torvalds. C'est un logiciel libre. Les distributions Linux ont été, et restent, un important vecteur de popularisation du mouvement open source.
8
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9
+ Le terme GNU/Linux a été initié par le projet Debian créé par Ian Murdock et est défendu notamment par Richard Stallman, fondateur du projet GNU. Selon ses défenseurs, il est nécessaire pour créditer à la fois les développeurs de GNU et de Linux, afin d'éviter la confusion avec d'autres systèmes comme Android fondés sur Linux mais pas sur GNU.
10
+
11
+ L'usage du seul nom Linux, le plus répandu parmi le grand public, est défendu notamment par Linus Torvalds, créateur du noyau Linux. Le principal argument des promoteurs de cette appellation est l'argument de simplicité : « Linux » est plus court à écrire et prononcer que « GNU/Linux ».
12
+
13
+ Le 27 septembre 1983, Richard Stallman annonce sur Usenet son projet de développer un système d'exploitation compatible UNIX appelé GNU[2], en invitant la communauté hacker à le rejoindre et participer à son développement.
14
+
15
+ Dès 1985, certaines pièces maîtresses sont déjà opérationnelles : le compilateur GCC finalisé dès juin 1984[3], une version emacs compatible UNIX, etc. Au début des années 1990, le projet GNU possède ou a accès à une version utilisable de tous les éléments nécessaires à la construction d’un système d’exploitation à l’exception du plus central : le noyau.
16
+
17
+ Le projet GNU initie alors en 1990 le projet de production d'un noyau nommé Hurd. Cependant, Hurd ne dépassera jamais réellement le stade de curiosité de laboratoire de recherche, et en 1991, GNU n'est toujours pas complètement opérationnel à cause de ce manque.
18
+
19
+ En 1991, l’étudiant finlandais Linus Torvalds, indisposé par la faible disponibilité du serveur informatique UNIX de l’université d'Helsinki, entreprend le développement d’un noyau de système d'exploitation, qui prendra le nom de « noyau Linux ».
20
+
21
+ Le 25 août 1991, il annonce sur le forum Usenet news:comp.os.minix le développement du noyau Linux[4].
22
+
23
+ Linus Torvalds choisit rapidement de publier son noyau sous licence GNU GPL. Cette décision rend compatibles juridiquement les systèmes GNU et Linux. Dès lors, pour combler le vide causé par le développement inachevé de Hurd, GNU et le noyau Linux sont associés pour former un nouveau système d'exploitation (parfois considéré comme variante de GNU) : GNU/Linux ou Linux.
24
+
25
+ À l'origine, l'installation d'un système opérationnel GNU/Linux nécessitait des connaissances solides en informatique et obligeait à trouver et installer les logiciels un à un.
26
+
27
+ Rapidement, des ensembles de logiciels formant un système complet prêt à l'usage ont été disponibles : ce sont les premières distributions GNU/Linux. On peut citer par ordre chronologique[5] :
28
+
29
+ Dans la prise en compte progressive de l’intérêt commercial de GNU/Linux, on peut citer quelques manifestations :
30
+
31
+ C’est dans le monde des serveurs informatiques que GNU/Linux a eu le plus d’impact, notamment avec le très populaire LAMP. Sur les serveurs, GNU/Linux a souvent été utilisé pour remplacer d’autres systèmes de type Unix ou éviter l'achat de licences Windows NT et se retrouve être un des acteurs majeurs. Dès 2003, Microsoft semble faire appel lui-même en partie à GNU/Linux[8].
32
+
33
+ Dans son ouvrage intitulé The Daemon, the Gnu, and the Penguin, Peter Salus explique que ce système est né de la rencontre du mode opératoire « hacker » avec les principes du mouvement du logiciel libre, les philosophies hacker et du logiciel libre y sont décrites comme deux facettes du même objet.
34
+
35
+ La différence essentielle des distributions GNU/Linux certifiées par la Free software foundation par rapport à d’autres systèmes d’exploitation concurrents — comme Mac OS, Microsoft Windows et Solaris — est d’être des systèmes d’exploitation libres, apportant quatre libertés aux utilisateurs, définies par la licence Licence publique générale GNU (GPL), les rendant indépendants de tout éditeur et encourageant l’entraide et le partage.
36
+
37
+ Un logiciel libre n’est pas nécessairement gratuit, et inversement un logiciel gratuit n’est pas forcément libre[9]. Ce ne sont pas non plus des logiciels libres de droits : c’est en vertu de leurs droits d’auteurs que les contributeurs d’un logiciel libre accordent les quatre libertés, qui sont d’« utiliser le logiciel sans restriction », d’« étudier le logiciel », de le « modifier pour l’adapter à ses besoins » et de le « redistribuer sous certaines conditions précises », leur non-respect pouvant conduire à des condamnations[10].
38
+
39
+ Certaines licences sont fondées sur le principe du copyleft, c’est-à-dire sur le principe de réciprocité : une œuvre dérivée d’un logiciel sous copyleft doit à son tour être libre. C’est le cas de la licence libre la plus utilisée, notamment par le noyau Linux lui-même à l’exception de certains micro-blobs propriétaires : la licence GNU GPL écrite par Richard Stallman.
40
+
41
+ L’ouverture du code source, l’un des quatre critères correspondant à la notion de logiciel libre, a des avantages théorisés entre autres par Eric Raymond, comme la correction rapide des bogues, et notamment la correction des failles de sécurité. C’est le refus du principe de sécurité par l’obscurité.
42
+
43
+ Linux n’aurait pu se développer sans la présence de protocoles standardisés utilisés sur Internet. Un bon nombre de logiciels libres sont d’ailleurs des implémentations de référence, comme Apache.
44
+
45
+ Les partisans des logiciels libres sont donc des partisans constants de l’interopérabilité. Ils mettent en avant les formats ouverts, des formats de données dont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d’accès ni de mise en œuvre, afin de ne pas dépendre d’un seul logiciel.
46
+
47
+ Citons dans cette optique Mozilla Firefox, qui tente de respecter scrupuleusement les recommandations émises par le World Wide Web Consortium, Jabber, qui a donné naissance au standard XMPP reconnu par l’Internet Engineering Task Force dans le domaine de la messagerie instantanée ou encore les suites LibreOffice et Calligra, qui ont lancé le standard OpenDocument dans le domaine de la bureautique.
48
+
49
+ Dans d’autres domaines, il n’existe pas d’organisme ou d’accord de standardisation reconnus. Le marché est alors morcelé entre divers vendeurs qui ont chacun leur technologie ou sous la domination d’un acteur économique prédominant qui ferme ses formats ou protocoles.
50
+
51
+ Le premier cas de figure prévaut dans la guerre des messageries instantanées et est en partie résolu par des logiciels multiprotocoles comme Pidgin ou Kopete. Les formats des suites Microsoft Office successives et le protocole Server Message Block qui permet de partager des fichiers et des imprimantes entre différents ordinateurs d’un réseau Microsoft Windows tombent dans la deuxième catégorie (ceci n'est plus vrai depuis que la suite Office utilise des fichiers XML). Ces formats et protocoles ne sont souvent pas ou mal documentés. L’interopérabilité passe alors nécessairement par la rétro-ingénierie.
52
+
53
+ Cela peut nécessiter un travail important, travail par ailleurs illégal aux États-Unis mais légal en Europe (tant qu’on reste dans le cadre de l’interopérabilité) ; aujourd’hui, OpenOffice.org (Libre Office depuis Septembre 2010) permet de lire la très grande majorité des fichiers aux différents formats DOC, et le logiciel Samba permet d'utiliser les partages réseaux Windows du protocole SMB.
54
+
55
+ Plus problématique du point de vue des logiciels libres sont les formats et protocoles nécessaires à l’interopérabilité, mais verrouillés techniquement ou légalement : gestion des droits numériques, brevets logiciels, Directive EUCD, Digital Millennium Copyright Act, etc.
56
+
57
+ Sur le site Debian, il est expliqué que « les normes de POSIX ne sont pas gratuites et la certification POSIX.1 (et FIPS 151-2) est très chère »[11].
58
+
59
+ De nombreuses associations, connues sous le nom de Groupe d'utilisateurs Linux (Linux Users Group en anglais), cherchent à promouvoir GNU/Linux et, par extension, les logiciels libres, par le biais de rencontres où des démonstrations de GNU/Linux sont faites, des formations, et pour ceux qui le souhaitent des installations sur leur ordinateur.
60
+
61
+ De nombreuses communautés existent sur Internet afin d’aider les débutants comme les professionnels. Citons le site Léa-Linux, le site d’informations collaboratif Linuxfr.org, qui aide les utilisateurs dans leur apprentissage des bases de GNU/Linux grâce à un réseau IRC très actif, ou encore le site Le Journal du Hacker[12]. Et les projets Proselux[13], Groupe de parrains Linux[14] ou encore Parrain-Linux[15] permettent aux « linuxiens » de se rencontrer pour s’entraider. De même, il existe de nombreux sites regroupant des tutoriels ainsi que des howto.
62
+
63
+ Les logiciels libres sont développés de manière collaborative, souvent indépendamment les uns des autres, et peuvent être librement redistribués. Il s’ensuit une particularité du monde GNU/Linux : la séparation fréquente entre ceux qui développent les logiciels et ceux qui les distribuent.
64
+
65
+ On appelle distribution GNU/Linux (ou distribution Linux) une solution prête à être installée par l’utilisateur final comprenant le système d’exploitation GNU, le noyau Linux, des programmes d’installation et d’administration de l’ordinateur, un mécanisme facilitant l’installation et la mise à jour des logiciels comme RPM ou APT ainsi qu’une sélection de logiciels produits par d’autres développeurs.
66
+
67
+ Une distribution peut par exemple choisir de se spécialiser sur l'environnement de bureau GNOME ou KDE. Elle est également responsable de la configuration par défaut du système (graphisme, simplicité…), du suivi de sécurité (installations de mise à jour) et plus généralement de l’intégration de l’ensemble.
68
+
69
+ La diversité des distributions permet de répondre à des besoins divers, qu’elles soient à but commercial ou non ; orientée serveur, bureautique ou embarqué ; orientée grand public ou public averti ; généraliste ou spécialisée pour un usage spécifique (pare-feu, routeur réseau, grappe de calcul, etc.) ; certifiées sur un matériel donné ; ou tout simplement entièrement libres, c’est-à-dire dépourvues de tout code propriétaire.
70
+
71
+ La plupart des distributions sont dérivées d'une autre distribution. Ainsi, comme illustré dans la ligne temporelle des distributions GNU/Linux, trois distributions sont à l'origine de la plupart des autres :
72
+
73
+ De nombreuses autres distributions plus ou moins spécialisées existent, étant pour la plupart dérivées des projets précités. Par exemple voici quelques distributions spécialisées « environnement de bureau » : Ubuntu, éditée par Canonical Ltd. qui est dérivée de Debian ; MEPIS, également fondée sur Debian ; Zenwalk, dérivée de Slackware ; OpenMandriva Lx et Mageia éditées par des associations à but non lucratif, dérivées de feu Mandriva Linux elle-même dérivée de Red Hat. Il existe également pour beaucoup de distributions des éditions dites Live CD, l’une des plus célèbres est Knoppix[16], elles offrent la possibilité de démarrer un système d’exploitation GNU/Linux complet et d’accéder à de nombreux logiciels à partir du support (CD, DVD ou clé USB) sans installation préalable sur le disque dur, et sans altérer son contenu. Cette souplesse d’utilisation les rend très populaires pour les démonstrations d’utilisation de GNU/Linux, et sont même utilisées comme outils de maintenance système. Parmi les distributions GNU/Linux entièrement libres recommandées par la Free Software Foundation, on peut citer Trisquel et gNewSense.
74
+
75
+ Enfin, Linux From Scratch est un livre qui, à partir du code source des logiciels, propose au lecteur de construire sa propre distribution GNU/Linux.
76
+
77
+ En reprenant les distributions parentes de nombreuses autres distributions dans l'illustration des lignes temporelles :
78
+
79
+ Avril 2020
80
+
81
+ Juin 2020
82
+
83
+ Un des enjeux qui se posent pour les distributions GNU/Linux est de nouer des partenariats avec des fabricants d’ordinateurs afin qu’il devienne plus facile de trouver un ordinateur vendu avec un système fondé sur GNU/Linux pré-installé. Car même si certaines distributions affirment avoir rendu l’installation d’un système fondé sur GNU/Linux aussi simple que celle des systèmes d’exploitation concurrents, le simple fait d’avoir à être au courant que d’autres systèmes existent, d’être prêt à accepter des changements dans ses habitudes et d’avoir à installer soi-même le système constitue un désavantage indéniable par rapport à la situation privilégiée dont jouissent les distributeurs de Microsoft Windows et de Mac OS X. Le système de Microsoft est en effet omniprésent et Apple est en même temps le fabricant des Macintosh.
84
+
85
+ À défaut, les utilisateurs de GNU/Linux peuvent réclamer le remboursement de la part correspondante au prix du système d’exploitation et des logiciels qu’ils n’ont pas l’intention d’utiliser, lors de l’achat d’un ordinateur neuf, comme la loi de certains pays le permet[32]. Si la société Apple s’est montrée plusieurs fois coopérative face à de telles demandes, le remboursement de Microsoft Windows est en général long et difficile bien qu’actuellement une série de décisions de justice ait permis à certains consommateurs de se faire rembourser par les fabricants. Devant la difficulté d’obtenir ce remboursement fondé sur le CLUF, dès 1998, les associations Linuxfrench et AFUL ainsi que Roberto Di Cosmo ont lancé en réaction une action pour la détaxe Windows[33].
86
+
87
+ Cette situation existe en Europe et en Amérique du Nord, mais pas dans certains pays d’Amérique du Sud, où les distributions GNU/Linux ont plus de part de marché que Windows[34].
88
+
89
+ Cette situation de quasi-monopole explique en partie la faible diffusion en Europe et en Amérique du Nord de GNU/Linux chez les particuliers.
90
+ Un autre frein à l’adoption de GNU/Linux est l’incompatibilité avec les programmes binaires Windows (le développement de Wine permet de remédier partiellement à cette incompatibilité). La faible ressemblance entre GNU/Linux et Windows rend de plus nécessaire une certaine adaptation.
91
+ Les distributions Ubuntu (2004) et MandrakeLinux (1998) devenue Mandriva Linux sont parmi les premières à s'être orientées vers une utilisation bureautique destinée au grand public[35],[36].
92
+
93
+ Depuis juillet 2009, Microsoft contribue au noyau Linux. En effet, Microsoft a publié plusieurs pilotes pour Linux, sous licence GPLv2, destinés à améliorer le support de son système de virtualisation propriétaire Hyper-V[37],[38].
94
+
95
+ Le concept de part de marché est un peu particulier dans le cas du noyau Linux. En effet comme les systèmes d'exploitation qui l'utilisent sont rarement « vendus », la mesure financière n'a aucun sens.
96
+
97
+ Seul le nombre de machines l'utilisant régulièrement peut être compté. Si cela est aisé pour les superordinateurs (peu nombreux), cela devient plus difficile pour les postes clients (statistiques fondées sur le user-agent HTTP), et encore plus incertain pour les systèmes embarqués, à l'exception des baladeurs, téléphones, et tablettes numériques.
98
+
99
+ Le noyau Linux équipe la plupart des systèmes embarqués, civils ou militaires (box, robots, aérospatial, drones…).
100
+
101
+ Android/Linux a réalisé une croissance très élevée de 72 % dans les téléphones portables en 2010[39].
102
+
103
+ Les Linux y sont très largement majoritaires[40].
104
+
105
+ En 2010, GNU/Linux totalise 16,8 % des parts de marché pour les serveurs, toute utilisation confondue[45], selon une étude de l'International Data Corporation (IDC), en s'appuyant sur les revenus générés.
106
+
107
+ Les systèmes d'exploitation de type Unix (donc en comptant aussi les * BSD) sont largement majoritaires, à 63,7 % le 27 avril 2012[46] :
108
+
109
+ En effet, les serveurs de type UNIX (et en l’occurrence, GNU/Linux) sont très facilement sécurisables, et gratuits en ce qui concerne les libres, comme GNU/Linux. Cependant, s'agissant de part de marché, il est difficile de comptabiliser l'utilisation d'un logiciel gratuit.
110
+
111
+ En mai 2014, une étude de XiTi réalisée régulièrement sur les systèmes utilisés par les visiteurs de 17 000 sites web professionnels européens donne 91,9 % de part de marché à Windows (39,2 % à Windows XP, 21,0 % à Windows Vista, 18,3 % à Windows 7, 16,3 % à Windows 8 et 4,2 % à Windows 10), 5,3 % à Mac OS X et 0,9 % à GNU/Linux.
112
+
113
+ Statistiques publiées par le site StatCounter et netmarketshare sur la part de GNU/Linux dans le monde :
114
+
115
+ La vente liée au grand public de nombreux ordinateurs pré-installés avec Windows explique en partie la faible part de marché de GNU/Linux sur les postes clients bien que celle-ci tende à augmenter.
116
+
117
+ De par la filiation avec UNIX, la ligne de commande (ou shell Unix) est toujours disponible dans GNU/Linux, quelle que soit la distribution.
118
+
119
+ Elle est restée longtemps incontournable, mais ce n’est plus vrai avec les distributions récentes et simples d'utilisation destinées à l’usage personnel, telles que Ubuntu ou Kubuntu. Néanmoins, les aides en ligne mentionnent souvent la marche à suivre en ligne de commande, même lorsqu’une configuration graphique est possible : cette méthode est plus universelle dans le monde GNU/Linux, et souvent plus facile à expliquer pour la personne qui aide, et son interlocuteur n’a qu’à copier-coller l’indication.
120
+
121
+ Une interface graphique bien conçue permet de nos jours d’accomplir la grande majorité des tâches bien plus agréablement, mais ce n’est pas toujours le cas, particulièrement lorsque la tâche a un aspect répétitif ou non prévu. La ligne de commande, qui tire sa puissance de sa possibilité de combiner à l’infini des sous-tâches automatiques, et qui permet presque naturellement d’automatiser la tâche ainsi accomplie, peut alors se révéler plus efficace que l’interface graphique. Scientifiques, ingénieurs et développeurs comptent parmi ses plus fréquents utilisateurs.
122
+
123
+ Interface graphique et ligne de commande peuvent aussi se compléter l’une et l’autre : KDE et GNOME sont livrés avec un terminal pour piloter, et donc, automatiser toutes les applications graphiques depuis la ligne de commande.
124
+
125
+ Apple, très réputé pour ses interfaces graphiques — MacOS étant le premier système commercialisé avec la gestion des fenêtres et de la souris — a également intégré un terminal en ligne de commandes compatible UNIX sur Mac OS X.
126
+
127
+ Certaines distributions, notamment celles spécialisées dans les serveurs ou certaines tâches d’administration, utilisent uniquement la ligne de commande, en particulier pour sa faible consommation de ressources, due à l’absence d’interface graphique, mais surtout pour sa puissance d’action, liée à l’interopérabilité des commandes et la possibilité de générer des scripts.
128
+
129
+ Les distributions simples d'utilisation destinées au grand public telles qu'Ubuntu et ses dérivées utilisant les paquets deb, Mageia utilisant les paquets rpm, etc. bénéficient de nombreux programmes gratuits, libres, ergonomiques et en mode graphique. Ils permettent d'effectuer la grande majorité des tâches effectuées au quotidien : bureautique, visualisation de photos, traitement d'images, lecture de musiques, visualisation et édition de vidéos, navigateurs Web, messagerie et voix sur IP (skype, XMPP, etc.). Certains programmes permettent également un usage professionnel : programmation, comptabilité, dessin 3D, CAO, FTP, etc.
130
+
131
+ De nombreux programmes peuvent s'utiliser depuis un terminal seul. On peut citer les éditeurs Vim, Emacs et sed, ou les gestionnaires de paquets apt et rpm. Certains de ces programmes peuvent aussi s’utiliser par l’intermédiaire d’une interface graphique.
132
+
133
+ De multiples raisons expliquent la foule de programmes fonctionnant en mode console :
134
+
135
+ L’utilisation de ces programmes peut s’avérer difficile pour une personne n’étant pas habituée à travailler en mode texte. Ils sont cependant très prisés par les administrateurs et développeurs expérimentés, et deviennent incontournables lors de hautes exigences dans ces domaines.
136
+
137
+ L’emploi du terme générique GNU/Linux est trompeur s’agissant de l’utilisation d’un ordinateur personnel. En effet, il existe plusieurs interfaces (ou gestionnaire de fenêtres) aux caractéristiques différentes, comme KDE, GNOME ou Xfce.
138
+
139
+ Cependant, comme toutes ces interfaces sont fondées sur X Window, leurs applications peuvent cohabiter et elles offrent des points communs dont l’affichage de fenêtres à distance (y compris via des protocoles compressés et chiffrés comme ssh et nox) et le copier-coller simplifié : un texte sélectionné par la souris est automatiquement copié, un clic milieu (ou un clic molette, ou sur les deux boutons en même temps) suffit alors pour coller le texte à l’endroit désiré. Il n’y a donc jamais besoin du clavier pour effectuer un copier-coller sous X.
140
+
141
+ Traditionnellement, l’interface d’un système d’exploitation fondé sur le noyau Linux était une interface sobre voire spartiate, centrée autour d’un gestionnaire de fenêtres (il en existe beaucoup, comme Window Maker ou IceWM) et d’une suite assez hétéroclite d’applications.
142
+
143
+ L’inconvénient de ce système traditionnel est le temps nécessaire à personnaliser un tel environnement, et surtout la non standardisation des applications ainsi utilisées. Les applications que l’on peut voir sur la copie d’écran de droite (XMMS, RealPlayer, Mozilla Firefox, xterm, Gaim, Konqueror) suivent chacune leurs propres conventions : aspect, comportements, raccourcis clavier différents ; les copier-coller et glisser-déposer sont disparates…
144
+
145
+ Si individuellement des applications comme Vim ou Emacs peuvent effectivement avoir des aspects brillants, l’ensemble disparate de toutes ces applications en fait un système difficile à appréhender pour des utilisateurs débutants. Le temps consacré à apprendre une application et les réflexes ainsi acquis ne peuvent être appliqués aux autres applications, un avantage qu’apporte la standardisation de comportement des interfaces comme l’avait montré le Macintosh, avec par exemple le raccourci clavier utilisé pour quitter une application : Ctrl + Q ou Ctrl + X - Ctrl + C ou Ctrl + C ou juste q ou Esc ou encore :qa!, bye, quit ou exit, etc.
146
+
147
+ L'utilisation de ce type d'environnement peut paraître déroutante aux utilisateurs habitués à d'autres solutions (telles KDE ou Gnome). Il présente en revanche l'avantage de la simplicité et de la souplesse de configuration et de personnalisation en fonction des besoins de chacun.
148
+
149
+ L’état des lieux du précédent chapitre est décrit dans un manifeste[60] datant de 1996 ayant poussé Matthias Ettrich à fonder en réaction le projet KDE, puis Miguel de Icaza à fonder le projet GNOME l’année suivante, qui s’inspirent de Mac OS et de Windows sur le plan de l’ergonomie logicielle et de la standardisation des comportements.
150
+
151
+ Ces deux projets sont devenus les fédérateurs de GNU/Linux sur le poste de travail.
152
+
153
+ Chacun offre en effet :
154
+
155
+ Ces deux environnements de bureau ont atteint récemment une maturité certaine, citons l’année 2003 pour KDE[65], un peu plus tard pour GNOME. Très actifs, ces deux projets ont néanmoins l’intention de s’améliorer nettement pour leurs prochaines versions majeures ; les efforts dans ce sens sont concentrés au sein des projets Appeal pour KDE, et ToPaZ[66] pour GNOME.
156
+
157
+ Techniquement, ils reposent tous deux sur de nombreuses technologies communes, au premier rang desquelles le système de fenêtrage X11. Pour éviter de dupliquer certains efforts, une zone informelle de collaboration entre ces projets du nom de Freedesktop.org a été mise en place.
158
+
159
+ C’est dans l’approche de l’ergonomie (celle-ci étant relative au type d’utilisateur) et dans la conception du rôle d’un environnement de bureau qu’ils diffèrent : l’environnement KDE pousse loin la volonté d’intégration entre les applications, possède de très nombreuses fonctionnalités avancées et joue la carte de la configuration tout en veillant à avoir des bons choix par défaut ; GNOME se veut plus épuré et se consacre sur les tâches essentielles (reprenant la philosophie making things just work). Chacun plaît, par conséquent, à un public différent.
160
+
161
+ On peut noter également la montée en puissance[réf. souhaitée]d’un troisième environnement de bureau appelé Xfce, qui vise à fournir un environnement complet fondé sur GTK+ comme GNOME, tout en restant plus léger que ce dernier ou KDE.
162
+
163
+ La communauté du logiciel libre a produit un grand nombre de logiciels utilisables dans de nombreux domaines. Voici des exemples de logiciels donnés à titre indicatif :
164
+
165
+ La plupart des distributions GNU/Linux proposent un programme (comme Synaptic) permettant de naviguer dans une liste de logiciels testés et préconfigurés spécialement pour une distribution. Ces programmes sont alors téléchargés et installés en quelques clics, avec un système de signature électronique permettant de vérifier l'authenticité et l'intégrité des logiciels proposés. Ces programmes sont ensuite mis à jour automatiquement.
166
+
167
+ Certains logiciels propriétaires importants ont également une version GNU/Linux. C’est le cas de Opera, Adobe Flash Player, Adobe Acrobat Reader, NeroLinux ou Skype par exemple.
168
+
169
+ La notion de portabilité désigne la capacité d’un programme à être utilisé sous différents systèmes d’exploitation ou architectures.
170
+
171
+ Enfin, il est possible d’utiliser des logiciels faits pour Microsoft Windows sur un poste GNU/Linux grâce à une implémentation de l’API Windows sous GNU/Linux comme Wine. Des offres commerciales fondées sur Wine comme CrossOver permettent d’utiliser presque sans problèmes des logiciels tels Microsoft Office et Photoshop issus du monde Windows.
172
+
173
+ Il existe de nombreux[67] jeux disponibles sous GNU/Linux, gratuits ou payants, libres ou propriétaires. L’offre comporte aussi bien des petits jeux de bureautique (cartes, démineur, échecs, golf) que des jeux commerciaux récents (Enemy Territory: Quake Wars).
174
+
175
+ Certains jeux sont conçus pour tourner nativement sous GNU/Linux (Quake III Arena ou 0 A.D. par exemple), et d’autres peuvent être lancés à l’aide de programmes implémentant l’API Windows sous GNU/Linux. Il en existe plusieurs implémentations, dont certaines spécialement pour les jeux, permettant ainsi de faire fonctionner de nombreux jeux conçus pour Windows, dans des environnements comme Cedega et Wine (par exemple World of Warcraft) mais les grands éditeurs de jeux vidéo ne distribuent aucun de leurs jeux vidéo en version 100 % compatible et supportant GNU/Linux. Le dernier recours des joueurs utilisant GNU/Linux consiste tout simplement à utiliser parallèlement Windows sur le même ordinateur grâce au multiboot ou à la virtualisation.
176
+
177
+ Le fabricant de cartes graphiques ATI a pendant un temps développé ses propres pilotes pour GNU/Linux. À la suite de son rachat par AMD, ATI a ouvert les spécifications de ses cartes début 2008 afin que les développeurs de Mesa 3D puissent mieux intégrer la gestion de ses cartes.
178
+
179
+ En 2013, la plate-forme Steam de Valve est déclinée sur GNU/Linux, celle-ci permet à la ludothèque de s'étoffer de nombreux titres parmi lesquels Team Fortress 2, Half-Life, etc. soit l'ensemble de la bibliothèque Valve, de même Amnesia: The Dark Descent ou bien FTL: Faster Than Light[68]. En parallèle, Gabe Newell annonce la Steam Machine, une console de salon qui sera proposée de base avec SteamOS, un système d'exploitation fondé sur la distribution GNU/Linux Debian[69].
180
+
181
+ Les logiciels qui utilisent une bibliothèque libre peuvent fonctionner sur GNU/Linux et sur toutes les plates-formes où la bibliothèque est implantée. Ces bibliothèques peuvent ajouter une surcouche graphique sur des applications textuelles déjà existantes comme c’est le cas de Vim, mais elles servent surtout à développer des logiciels accessibles aux novices et disposant des fonctionnalités autorisées par les interfaces graphiques, comme le glisser-déposer, les manipulations à la souris, etc.
182
+
183
+ D’autres applications comme Blender ou Google Earth sont un cas à part car ils utilisent la bibliothèque OpenGL destinée à la base à l’implémentation ainsi qu’à la gestion de programmes utilisant la 3D comme la 2D.
184
+
185
+ Plusieurs logiciels d’émulation existent permettant de simuler le fonctionnement de systèmes d’exploitation concurrents ou des environnements de jeu.
186
+
187
+ Les programmes Steem et ARAnyM émulent une bonne partie des applications écrites pour les machines Atari, notamment les Atari ST et Atari TT. UAE (Unix Amiga Emulator) permet d’émuler le Commodore Amiga, Basilik les anciens Mac 68000 d’Apple. Tous ces émulateurs émulent les microprocesseurs de la famille 68000 de Motorola qui équipaient ces ordinateurs, ainsi que les coprocesseurs spécialisés de l’Amiga.
188
+
189
+ MESS (souvent associé a MAME) permet d’émuler de la même façon un grand nombre d’ordinateurs personnels 8 bits. Il existe également des émulateurs spécialisés pour chacun de ces ordinateurs : Euphoric pour les Oric, FMSX pour les MSX, mais aussi des émulateurs de ZX Spectrum, Commodore 64, etc.
190
+
191
+ Des applications développées pour Windows peuvent tourner sur un système GNU/Linux via l'application Wine (ou ses dérivés commerciaux CrossOver et Cedega) qui réimplémente[70] le fonctionnement des principales API de Microsoft Windows. Le microprocesseur n’est pas émulé, seules les fonctions des APS sont remappées à la volée sur les API utilisées nativement dans GNU/Linux. Par exemple : DirectX utilise OpenGL, la gestion de l’impression est relayée à CUPS ou LPR, des périphériques USB à libusb (en), les tablettes graphiques à XInput, etc. Cela permet dans de nombreux cas des performances proches de l’exécution native, tout en évitant les problèmes de certains pilotes de périphériques inhérents à Windows. Dans certains cas spécifiques, les performances de certaines applications peuvent se trouver dégradées. De nombreux utilitaires, applications de tous domaines et jeux s’exécutent parfaitement, mais pas tous. Le site de Wine référence les applications fonctionnant et celles posant problème.
192
+
193
+ En outre, GNU/Linux ouvre également la possibilité d’obtenir une parfaite séparation entre plusieurs environnements virtuels tournant sur un seul ordinateur physique, en prenant en compte les modules de virtualisation présents dans les processeurs récents comme AMD-V sur AMD et Intel-VT (ou IVT) sur Intel. Ces environnements de virtualisation permettent d’exécuter des environnements différents ou plusieurs environnements similaires sur une même machine, tout en assurant une certaine sécurité dans la séparation des accès. Ce système est utilisé depuis longtemps par les mainframes d’IBM. IBM a d’ailleurs porté GNU/Linux sur celles-ci afin de permettre à ses clients de continuer à les utiliser avec un système plus moderne.
194
+
195
+ KVM est, depuis la version 2.6.20 du noyau Linux, le système de virtualisation par hyperviseur officiel de ce dernier. Couplé aux outils de QEMU, il permet de créer des ordinateurs virtuels tournant directement sur un noyau Linux non modifié et est capable d’accueillir un grand nombre de systèmes d’exploitation tels que Windows, Solaris, BSD, etc. KVM est au cœur de la stratégie de virtualisation de Red Hat.
196
+
197
+ Grâce à son ouverture, le noyau Linux permet aussi, moyennant des modifications plus ou moins importantes, l’utilisation d’autres produits de virtualisation tels que :
198
+
199
+ Les distributions grand public prennent en charge la grande majorité du matériel intégré aux ordinateurs personnels et des accessoires destinés aux particuliers (disques dur, webcams, souris, imprimantes, vidéoprojecteurs, lecteurs DVD, cartes graphiques et audios, bluetooth, etc.).
200
+
201
+ La prise en charge de l’équipement matériel est l’une des critiques principales faites à GNU/Linux. En effet, certains équipements spéciaux ne sont pas pris en charge directement par GNU/Linux et il n'existe pas toujours de pilote développé par le constructeur et compatible avec GNU/Linux. Certains fabricants fournissent systématiquement des pilotes pour Microsoft Windows et Mac OS X, alors que pour GNU/Linux, c'est souvent la communauté qui les développe elle-même par rétro-ingénierie. Parfois, la communauté préfère développer des pilotes libres stables bien que des pilotes propriétaires développés par les constructeurs existent (c’est le cas pour les cartes graphiques ATI ou Nvidia). Dans cette optique, les pilotes nécessaires pour faire fonctionner pleinement un ordinateur sont intégrés à la plupart des distributions GNU/Linux.
202
+
203
+ Certains périphériques risquent de ne pas avoir de pilotes disponibles. Cependant, les utilisateurs de Windows ou Mac OS sont parfois également confrontés à des problèmes de pilotes lorsqu’ils installent une nouvelle version de leur système et l’absence de code source empêche une recompilation des pilotes propriétaires. Enfin, il arrive qu’il n’y ait des pilotes que pour GNU/Linux, et pas pour Windows ou Mac (supercalculateurs, serveurs Internet haut de gamme, consoles de jeu PlayStation, anciens périphériques dont le support a été arrêté par les constructeurs, etc.). Le matériel ancien peut être généralement recyclé sous GNU/Linux, car la pérennité des pilotes libres est également l’un des points forts de GNU/Linux.
204
+
205
+ La première raison de cette situation est le faible impact de GNU/Linux chez les particuliers, ce qui n’incite pas les fabricants à investir dans le développement de pilotes pour cet environnement. La seconde raison est le refus de certaines distributions (Fedora ou Debian[réf. nécessaire][71], par exemple) d’embarquer des pilotes sous licences propriétaires, même quand ceux-ci existent, ce qui oblige l’utilisateur à les trouver et à les installer manuellement. Enfin, l’absence d’une API fixe dans le noyau Linux oblige les fabricants à délivrer des binaires des pilotes adaptés à chaque version du noyau[réf. nécessaire].
206
+
207
+ Les utilisateurs qui travaillent sur plusieurs plates-formes et qui ont besoin de ces pilotes peuvent trouver des versions développées par de tierces parties, mais de tels pilotes ne supportent généralement qu’un ensemble rudimentaire de fonctions, et n’apparaissent qu’après la sortie du matériel, avec un certain temps de latence. Il existe cependant des mécanismes pour faire fonctionner certains pilotes développés pour d’autres systèmes d’exploitation (comme NdisWrapper).
208
+
209
+ Les webcams sont, par exemple, particulièrement concernées par cette absence de pilotes, mais le protocole USB video device class ou UVC permet de répondre à ce problème avec de nombreuses webcams supportant ce protocole[72].
210
+
211
+ Avec la démocratisation de GNU/Linux, certains grands constructeurs font des efforts pour développer ou fournir les informations nécessaires au développement de pilotes libres pour GNU/Linux, comme Creative Labs pour ses webcams ou cartes sons, Intel (processeurs, chipsets 3D, cartes réseau, etc.). Mais de nombreux autres composants nécessitent de vérifier la disponibilité de pilotes avant l’achat, s’ils sont destinés à une utilisation sous GNU/Linux. D'autre part, des assembleurs, tels que Dell[73], Asus — poussé par Intel et son projet Moblin[74] — Lineo (en) ou Everex, vendent des ordinateurs avec GNU/Linux préinstallé.
212
+
213
+ Linux permet une stricte séparation des privilèges. Une des conséquences est que, sauf faille de sécurité permettant une élévation des privilèges[75], un ver ou un virus informatique ne peut accéder qu’à une partie des ressources et fonctionnalités d’un système Linux, mais ni aux données importantes du système, ni aux données d’éventuels autres utilisateurs[76].
214
+
215
+ Dans le domaine des serveurs, le degré de sécurité dépend, par comparaison, avant tout du degré d’expérience qu’a l’administrateur systèmes. Là, Linux marque des points grâce à sa liberté d’utilisation, qui permet sans risque et sans surcoût de tester abondamment divers scénarios sur d’autres ordinateurs, et d’y acquérir ainsi une expérience utile.
216
+
217
+ Il existe une série de distributions spécifiquement axées sur la sécurité, et des initiatives telles que SELinux de la National Security Agency. Mais il existe également une série de distributions axée sur l’anti-sécurité, comme Damn Vulnerable Linux, BackTrack ou plus récemment Kali Linux pour sensibiliser les experts aux problématiques de sécurité sur ce système d’exploitation.
218
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219
+ Linux supporte une grande variété de plates-formes matérielles, ainsi que de solutions logicielles. Une faille de sécurité touchant le plus populaire client de messagerie ne touchera qu’une fraction des utilisateurs de logiciels libres ; en revanche, une faille touchant Outlook Express pouvait toucher d’un coup une proportion énorme des utilisateurs de Windows. Cette thèse est développée dans un rapport écrit par des sommités du domaine comme Bruce Schneier pour le compte de la CIA et reprise par la société Gartner dans un document[77]. Ce rapport énonce que puisque la plupart des ordinateurs tournent sous un système d'exploitation de Microsoft, la plupart des ordinateurs du monde sont vulnérables aux mêmes virus et aux mêmes vers au même moment. Il propose pour éviter cela d’éviter la monoculture logicielle dans le domaine des systèmes d’exploitation.
220
+
221
+ Enfin, le fait que Linux et nombre de logiciels tournant sous Linux soient des logiciels libres permet que son code source soit étudié d’un œil critique par quiconque désirant le faire, que ce soit pour effectuer des adaptations, dans un cadre éducatif, pour répondre aux intérêts privés d’une entreprise ou une institution ou par simple intérêt personnel (pour en rechercher les vulnérabilités par exemple, la plupart du temps dévoilée et corrigée extrêmement vite). En relation avec cela, on entend souvent l’argument que les failles de sécurité sont corrigées plus rapidement, affirmation approuvée et réfutée par diverses études, en fonction généralement de leur source de financement. Enfin, la liberté des logiciels rend inutile le recours au piratage des logiciels, aux cracks ou autres sites de warez très populaires parmi les adeptes des autres systèmes d’exploitation, et qui constituent un vecteur d’infection des ordinateurs.
222
+
223
+ Reste que Linux n’est pas totalement insensible aux problèmes de sécurité, comme l’a montré le ver Slapper en septembre 2002, premier du genre à toucher un nombre notable d’ordinateurs sous Linux, avant tout des serveurs web tournant sous Apache (six mille à l’apogée du ver[78]). La faille Shellshock sur l’interpréteur de commande Bash, par défaut sur de nombreuses distributions Linux est une autre faille (touchant au passage Mac OS) qui vient d'être découverte. Elle était déjà ancienne : elle daterait d'une vingtaine d'années. Elle n'aurait pas été découverte antérieurement.
224
+
225
+ De plus, Linux reste un système d’exploitation vulnérable[79][source insuffisante], ainsi, près de quatre mille neuf cents vulnérabilités ont été recensées entre 2003 et 2008, celles-ci sont réparties sur les différentes distributions disponibles. Celles-ci ont été, pour la plupart, corrigées assez rapidement.
226
+
227
+ En revanche, le nombre de failles découvertes durant une période précise n’est pas une mesure fiable pour déterminer la sécurité d’un système d’exploitation, il faut déterminer :
228
+
229
+ Cependant, un article publié notamment sur Génération NT le 26 juin 2013 indiquait qu'Android concentrait 92 % de toutes les menaces dues aux malwares sur mobiles contredisant dans la pratique l'optimisme qui a longtemps prévalu dans la communauté des Linuxiens[réf. nécessaire][81],[82]. Cette appréciation est modérée par le fait que Linux n'étant que le cœur d'Android, rien ne garantit la sécurité des applications Android d'origines diverses.
230
+
231
+ La gestion des droits numériques (Digital Rights Management - DRM en anglais - les DRM sont très souvent appelés « Gestion des restrictions numérique », de l'anglais Digital Restrictions Management par la Free Software Foundation et les activistes du logiciel libre[83]) concerne le domaine du multimédia, et notamment la musique et les vidéos qui peuvent être achetées sur Internet. Certaines œuvres sont protégées par des verrous numériques, visant à contrôler l’utilisation de l’œuvre, par exemple en limitant le nombre d’écoutes ou de copies possibles. Ces DRM nécessitent l’emploi d’une technologie particulière, qui est la propriété exclusive du fabricant et vendeur desdits DRM, ce qui explique que la lecture d’une œuvre protégée se trouve liée à l’utilisation d’un programme spécifique. Les deux plus grands fabricants de systèmes de gestion des droits numériques, Microsoft et Apple, conditionnent l’usage des œuvres protégées par leurs systèmes à l’utilisation respective du lecteur Windows Media, et de iTunes. Ces sociétés vendant leur propre système d’exploitation, elles ne souhaitent pas proposer de version de leurs programmes pour GNU/Linux. Ainsi, il n’est souvent pas possible pour les utilisateurs de GNU/Linux d’acheter en ligne de la musique sur un site de téléchargement payant, ou d’écouter de la musique déjà achetée et téléchargée.
232
+
233
+ Il existe aussi des DRM sur les CD audio, mais ceux-ci sont beaucoup moins standardisés et moins courants. La plupart sont conçus pour fonctionner avec les systèmes d’exploitation de Microsoft et sont donc susceptibles d’être inopérants pour un utilisateur de GNU/Linux.
234
+
235
+ Il ne s’agit pas de limitations techniques, puisque des systèmes de gestion libres existent[84]. Voir aussi Linus Torvalds, selon lequel GNU/Linux et la gestion des droits ne sont pas incompatibles[85].
236
+
237
+ En raison de la relation de GNU/Linux avec Unix, GNU/Linux s’est très rapidement imposé sur le marché des serveurs informatiques. Un point crucial a été la possibilité d’utiliser un système d’exploitation de type Unix sur du matériel compatible PC, beaucoup moins cher que les solutions à base d’Unix propriétaire et de matériel spécifique. De nombreux logiciels serveurs très demandés et très utilisés (serveur HTTP, base de données, groupware, serveur de messagerie électronique, etc.) étant disponibles gratuitement, en général sans aucune limitation, et fiables, la part de marché de GNU/Linux dans ce domaine a en conséquence crû rapidement.
238
+
239
+ GNU/Linux ayant une réputation de stabilité et d’efficacité dans la maintenance[réf. souhaitée], il remplit les exigences posées à tout système d’exploitation pour serveurs. De plus, la modularité d’un système fondé sur le noyau Linux permet l’exploitation de serveurs destinés à une tâche particulière. Le portage du noyau Linux sur de nombreux composants matériels fait que GNU/Linux est aujourd’hui utilisable sur toutes les architectures utilisées dans ce domaine. Le matériel utilisable est en conséquence considérable. Les derniers IBM eServer p5 et IBM eServer i5 sont par exemple supportés par IBM avec un système d’exploitation GNU/Linux et permettent d’y exécuter plusieurs systèmes GNU/Linux en parallèle.
240
+
241
+ Les serveurs GNU/Linux sont exploités dans à peu près tous les domaines. Un des exemples les plus connus est résumé par l’acronyme LAMP, où GNU/Linux propulse un serveur web Apache associé à la base de données MySQL et au langage de programmation PHP (alternativement : Perl ou Python). GNU/Linux est également souvent utilisé comme serveur de fichiers, le plus souvent dans les réseaux Windows grâce au serveur Samba, moins souvent sous NFS ou AppleShare.
242
+
243
+ Linux, qui jouit d’une bonne réputation en matière de sécurité et de performance (passage à l’échelle) est très utilisé dans le domaine des réseaux informatiques, par exemple comme passerelle, comme routeur, proxy ou comme pare-feu.
244
+
245
+ L'aspect libre du code source, et la possibilité qui en découle d’adapter le système à une tâche précise, a permis à GNU/Linux de faire son entrée dans les centres de calculs. Sur ce marché des ordinateurs centraux, gros ordinateurs très fiables optimisés pour le traitement massif de données, omniprésents dans les banques, les sociétés d’assurances et les grandes entreprises, GNU/Linux fait de plus en plus concurrence aux systèmes UNIX propriétaires qui étaient autrefois la norme.
246
+
247
+ GNU/Linux a été très tôt utilisé dans le domaine des grappes de serveurs (en anglais : clusters), par exemple par le moteur de recherche Google à la fin des années 1990[86]. Dans cette configuration, associée à la notion de grille informatique, de simples ordinateurs tournant sous une distribution spécialisée de GNU/Linux travaillent indépendamment au sein d’un grand réseau d’ordinateurs.
248
+
249
+ Les superordinateurs sont conçus pour atteindre les plus hautes performances possibles avec les technologies connues, en particulier en termes de vitesse de calcul. En novembre 2006, selon TOP500, GNU/Linux fait tourner 74 % des cinq cents plus puissants ordinateurs du monde[87] (contre 20 % pour UNIX) dont les plus puissants, les deux serveurs Blue Gene d’IBM (40 960 et 131 072 processeurs). En novembre 2007, dans ce même TOP500, plus de 85 % des superordinateurs utilisent GNU/Linux, contre 6 % pour UNIX et 1,20 % pour Windows. En novembre 2008, 87,8 % des superordinateurs tournent sous GNU/Linux contre 4,60 % sous UNIX. En novembre 2009, 446 superordinateurs (89,20 %) utilisent GNU/Linux et 5 seulement sont sous Windows (1 %)[88]. En novembre 2017, 100 % des TOP500[44] utilisent GNU/Linux pour système d'exploitation.
250
+
251
+ Le Titan, fabriqué par Cray Inc., est le plus puissant supercalculateur à ce jour (novembre 2012) ; il fonctionne avec une version de GNU/Linux appelée Cray Linux Environment[89]. Le Roadrunner d’IBM, qui fut le premier à avoir officiellement dépassé la puissance symbolique de 1 pétaFLOPS, fonctionne sous la distribution Linux Fedora[90].
252
+
253
+ Linux se trouve aussi au cœur de nombreux appareils informatiques ou électroniques grand public, et parfois sans que l’usager le sache. Il s’agit notamment d’équipement réseau et de petits appareils numériques destinés à la consommation de masse, équipés en général d’un processeur spécialisé économe en énergie et d’une mémoire flash.
254
+
255
+ Le succès de Linux dans ce domaine tient, ici comme ailleurs, à ce que les fabricants apprécient de pouvoir d’une part adapter le logiciel à leurs besoins (consommation, interface, fonctions annexes, etc.) et d’autre part de bénéficier de l’expérience et du travail d’une communauté active. Linux est aussi apprécié dans ce domaine pour sa fiabilité, sa résistance aux attaques des pirates informatiques sur les réseaux et bien sûr sa gratuité. En embarqué, Linux est fréquemment utilisé avec les outils uClibc et BusyBox qui ont été développés pour le matériel particulièrement limité en capacité mémoire.
256
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257
+ Des forums de coopération spécialisés aident les fabricants de ces produits en mettant à disposition instructions, programmes et exemples de codes, et en s’efforçant de standardiser les interfaces de programmations de Linux dans l’embarqué. L’OSDL a lancé le 17 octobre 2005 la Mobile Linux Initiative pour accélérer la progression de Linux dans ce domaine.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3456.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,236 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Panthera leo
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+
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+ Espèce
4
+
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+ Synonymes
6
+
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+ Répartition géographique
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+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ VU A2abcd : Vulnérable
12
+
13
+ Statut CITES
14
+
15
+ Le lion (Panthera leo) est une espèce de mammifères carnivores de la famille des félidés. La femelle du lion est la lionne, son petit est le lionceau. Le mâle adulte, aisément reconnaissable à son importante crinière, accuse une masse moyenne qui peut être variable selon les zones géographiques où il se trouve, allant de 180 kg pour les lions de Kruger à 230 kg pour les lions de Transvaal. Certains spécimens très rares peuvent dépasser exceptionnellement 250 kg. Un mâle adulte se nourrit de 7 kg de viande chaque jour contre 5 kg chez la femelle. Le lion est un animal grégaire, c'est-à-dire qu'il vit en larges groupes familiaux, contrairement aux autres félins. Son espérance de vie, à l'état sauvage, est comprise entre 7 et 12 ans pour le mâle et 14 à 20 ans pour la femelle, mais il dépasse fréquemment les 30 ans en captivité.
16
+
17
+ Le lion mâle ne chasse qu'occasionnellement, il est chargé de combattre les intrusions sur le territoire et les menaces contre la troupe. Le lion rugit. Il n'existe plus à l'état sauvage que 16 500 à 30 000 individus dans la savane africaine, répartis en une dizaine de sous-espèces et environ 300 au parc national de Gir Forest dans le nord-ouest de l'Inde. Il est surnommé « le roi des animaux » car sa crinière lui donne un aspect semblable au Soleil, qui apparaît comme « le roi des astres ». Entre 1993 et 2017, leur population a baissé de 43 %[1].
18
+
19
+ Le lion est le deuxième plus grand félidé, après le tigre, et ainsi le plus grand carnivore d'Afrique. Un mâle mesure de 172 à 250 centimètres de long[2] du bout du museau à la base de la queue et possède une queue d’en moyenne 90 centimètres[3]. Les mâles atteignent une masse comprise entre 145 et 225 kilogrammes à l'âge adulte[3]. Les femelles adultes mesurent de 158 à 192 centimètres[2] sans la queue et possède une queue mesurant environ 85 cm. Elles pèsent entre 83 et 168 kg[3] et ont une corpulence en moyenne 20 à 50 % moins importante que celle d'un mâle[4].
20
+
21
+ La taille au garrot peut varier de 100–128 cm[2] (en moyenne, 123 cm pour les mâles et 107 cm pour les femelles[3]). Les plus grands mâles pouvant exceptionnellement atteindre une taille à l'épaule de 1,50 m[5].[réf. nécessaire] Ils peuvent ainsi avoir une taille à l'épaule de 30 cm plus importante que celle des tigres mais sont moins longs que ces derniers. Si une taille de 189–300 cm[6] du bout du museau à la base de la queue a souvent été évoqué pour le tigre, il est admis que le tigre est au maximum de 30 cm plus long que le lion soit une longueur de 2,80 m[7] du bout du museau à la base de la queue. Les plus grands lions vivent dans le sud de l’Afrique, les plus petits en Asie. Le record du monde dans la vie sauvage est détenu par un lion du Transvaal de 313 kg[8]. Les lions en captivité ont tendance à être plus gros que les lions vivant dans la nature, dans certains cas, les lions ont atteint en captivité un poids de 375 kg, notamment le célèbre lion à crinière noire « Simba » du zoo de Colchester en Angleterre dont la masse a été reconnue par le Livre Guinness des records[9],[10].
22
+
23
+ Avec une longueur de crâne de 26,7 à 42 cm[11] en moyenne, il est généralement admis que c'est le lion qui possède la plus grande longueur de crâne parmi les grands félins[11] devançant ainsi dans ce domaine le tigre de Sibérie qui est la sous espèce de tigre ayant le crâne le plus imposant avec une longueur en moyenne de 25,3 à 38 cm[11] environ.
24
+
25
+ Les lions ont des yeux ambre voire jaunes et une truffe noire. Leurs oreilles, couleur sable, sont arrondies. Ils possèdent des griffes rétractiles qui sont protégées par des fourreaux de chair. Leurs canines peuvent atteindre six centimètres de long[4]. Leur langue est recouverte de papilles cornées recourbées leur permettant de saisir la nourriture, mais aussi de se débarrasser des parasites.
26
+
27
+ Les mâles possèdent une longue crinière, le plus souvent brun foncé, mais également dans certains cas, noire, brun clair ou fauve. Les lions du parc national du Tsavo, sont quant à eux dépourvus de crinières. La crinière apparaît vers l'âge de trois ans et s'étend des joues jusqu'au-dessus des épaules, quelquefois aussi sur le ventre et sur la poitrine. La forme et la couleur des mâles peuvent varier non seulement entre les individus, mais également chez un même individu au cours de sa vie en fonction de sa constitution physique.
28
+
29
+ Une crinière longue et foncée est un indicateur d'une bonne constitution et d'une grande force de combat, car le statut hormonal et la nutrition ont des conséquences sur l'épaisseur ainsi que sur la longueur de la crinière[12]. Des examens expérimentaux avec des crinières empaillées ont montré que les femelles réagissent positivement aux modèles avec une crinière longue et sombre, et que les mâles évitent les modèles aux crinières prononcées. L'explication en est qu'une crinière foncée et épaisse constitue un handicap, car elle capte et conserve la chaleur. Les mâles ainsi handicapés, mais néanmoins « survivants », se révèlent donc être les porteurs de meilleurs gènes. Cela est avéré par le fait qu'un animal affaibli d'une manière ou d'une autre présente une crinière plus claire et moins importante (des changements d'aspect de la crinière ont été observés chez un même individu au cours du temps)[13].
30
+
31
+ En pratique, la crinière pourrait être une protection contre les coups de griffes lors de combats contre des mâles rivaux.
32
+
33
+ Par ailleurs, les dernières recherches ont également prouvé que la température a aussi un effet important sur la longueur de la crinière, et les mâles de régions plus froides, même indépendamment de leur sous-espèce, forment une crinière plus importante que ceux vivant dans des régions très chaudes. Ainsi, les individus mâles des zoos de régions au climat plus continental forment le plus souvent une crinière bien plus importante que celle de leurs congénères restés dans des pays plus chauds[13],[14].
34
+
35
+ Chez les lions d'Asie, ainsi que certains spécimens d'Afrique de l'Ouest (au parc de la Pendjari au Bénin, par exemple), la crinière est clairement moins prononcée que chez leurs cousins d'Afrique, les poils ont la particularité d'être également plus fins.
36
+
37
+ Tout comme les autres félins, le lion a de nombreuses moustaches épaisses, également connues sous le nom de vibrisses. Ces longs poils sensibles aux vibrations aident le lion à se diriger dans l'obscurité, ou quand son champ visuel est obstrué. La majeure partie de sa chasse se déroulant la nuit, ils l'aident presque à « sentir » son chemin dans l'obscurité, le nez vers le ciel. Les plus longues moustaches sont sur sa lèvre supérieure ; ce sont les vibrisses mystaciales. Les moustaches au-dessus des yeux sont appelées les vibrisses superciliaires. Il y a également des vibrisses sur l'une ou l'autre joue, appelées les vibrisses géniales. Les vibrisses peuvent se développer non seulement sur le visage, mais aussi bien sur le dos des pattes : ces dernières sont appelées poils de carpelle et sont utilisées pour ressentir des vibrations terrestres[15].
38
+
39
+ Il est possible d'identifier les lions en dénombrant les points noirs qui mouchettent leur peau au-dessus de leurs babines, à la base des poils de leurs moustaches.
40
+
41
+ Les lions ont une musculature imposante et très développée. Leur corps est allongé et trapu sur d'épaisses pattes musclées. Celles-ci permettent de mettre à terre des proies pouvant faire plusieurs fois leur propre taille. Leur mâchoire est puissante pour être capable de déchirer l'épaisse peau des proies (telles que les gnous), et pour rester accrochée sur une proie qui chercherait à faire tomber le prédateur de son dos. Les muscles des pattes sont également capables d'infliger de sérieux dommages. Un grand coup de patte d'un lion est assez puissant pour provoquer la rupture des organes internes et même pour casser des os[15].
42
+
43
+ Leur pelage court est de couleur sable, jaune-or ou ocre foncé. La face intérieure des pattes est toujours plus claire, tout comme le ventre, chamoisé chez le mâle, presque blanc chez la femelle. Les jeunes lionceaux ont des taches sombres sur l'ensemble du corps, mais qui disparaissent déjà au cours de la première année. Dans des cas très rares, ces taches restent encore visibles à l'âge adulte, mais demeurent insignifiantes, n'étant visibles que de près[4].
44
+
45
+ Comme chez les tigres, il existe chez les lions des cas occasionnels de leucistisme ; moins d'une centaine de spécimens[16] dans le monde possèdent cette particularité génétique due à un gène récessif, qui donne une couleur blonde, crème voire blanche au pelage. Le leucistisme est différent de l’albinisme, et ne pose aucun problème direct sur la physiologie de l'animal[Note 1]. Les yeux conservent leurs pigments et restent le plus souvent de couleur normale (noisette ou or), mais peuvent également être bleu-gris ou vert-gris. Les lèvres et les coussinets restent également normalement pigmentés.
46
+
47
+ Chez le mâle leucistique, la crinière ainsi que l'extrémité de la queue, normalement sombres voire noires, sont très pâles. Les spécimens les plus connus sont sans doute les lions blancs de Timbavati en Afrique du Sud, où deux lions blancs sont nés d'une lionne et d'un lion de couleur fauve dans une réserve naturelle privée[17]. Chris McBride a été le premier à les observer en octobre 1975 et a écrit deux livres sur le sujet[18],[19]. En 2005, deux lionceaux au pelage blanc et aux yeux bleus sont nés dans un parc zoologique à proximité d'Agen[16] et quatre au parc zoologique de Jurques, près de Caen, le 20 mai 2007, de deux parents blancs également[20]. Le zoo de Beauval en Loir-et-Cher fut le premier parc français à présenter un couple de lions blancs au public[21].
48
+
49
+ Il n'existe aucune preuve tangible de l’existence de lions mélaniques (noir)[22].
50
+
51
+ Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable contre les mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par Didyme d'Alexandrie. Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d'un éperon et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en parla jusqu'à Johann Friedrich Blumenbach, qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
52
+
53
+ Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à 11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un follicule unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne, devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ; droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies au milieu de la touffe terminale de la queue. Gérard Paul Deshayes, en 1829, décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa base à la peau seulement, et non à la dernière vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à 6 mm. Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à la peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe[23].
54
+
55
+ Il est communément admis que les lionnes sont plus rapides que les mâles et peuvent atteindre des vitesses maximales proches de 60 km/h[24],[25], mais cette vitesse ne peut être maintenue que sur de faibles distances. Très musclés et longs, ils peuvent faire des sauts remarquables, de l'ordre de 3,70 m en hauteur et 11 m de longueur[26].
56
+
57
+ Le lion, tout comme le léopard, le tigre, le jaguar et l'once ou panthère des neiges, fait partie du genre Panthera de la famille des Felidae.
58
+
59
+ La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Le plus ancien fossile de lion a été découvert à Laetoli en Tanzanie ; d'après les datations, il aurait probablement 3,5 Ma.
60
+
61
+ Panthera leo est identifié pour la première fois en Europe, sur le site italien d'Isernia, par le fossile d'un lion des cavernes primitif (Panthera leo fossilis) âgé de plus de 700 000 ans. Une mâchoire inférieure de lion des gorges d'Olduvai en Tanzanie, plus vieille de 1,75 Ma, montre des ressemblances frappantes avec le lion des cavernes primitif. Ceux-ci sont considérés comme les plus grands lions d'Europe et ont chassé pendant l'interglaciaire cromérien, il y a plus de 500 000 ans, près de Wiesbaden en Hesse et près de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg. Quelques spécimens étaient presque aussi longs que les plus grands lions de l'histoire de la Terre, les lions américains (Panthera leo atrox) de Californie qui ont atteint un record de longueur : jusqu'à 3,60 mètres de long avec la queue (longueur hors queue, environ 2,40 mètres). La plupart des découvertes de lions en Europe sont des lions des cavernes (Panthera leo spelaea) ; apparus lors de la période glaciaire de Mindel, ils correspondent à une évolution des lions des cavernes primitifs. Bien qu'il ne soit spécialement apparenté avec aucune des sous-espèces, les études sur l'ADN ont confirmé que le lion des cavernes était un lion authentique[27],[28]. Une autre sous-espèce a vécu, quant à elle, en Asie nord-orientale, en Béringie - au niveau de l'actuel détroit de Béring - appelée lion de Sibérie orientale et de Béringie (Panthera leo vereshchagini). En Europe centrale, Asie du Nord et en Amérique, les lions étaient, jusqu'à la fin du Pléistocène, une espèce fréquente de la faune locale qui disparut à la fin de la dernière période de glaciation.
62
+
63
+ Douze sous-espèces étaient traditionnellement reconnues, la plus grande étant le lion de l'Atlas disparu de la nature au cours du XXe siècle mais qui existe encore en captivité. Les différences majeures entre ces différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille de la crinière et du corps : la plupart de ces formes anciennement décrites sont à présent considérées comme invalides car ne prenant pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. De plus, certaines descriptions de sous-espèces étaient basées sur des spécimens détenus par des zoos, dont l'origine n'était pas toujours certaine[29]. En 2004, seules huit sous-espèces sont reconnues[30],[31],[32],[Note 2] ; parmi les sept sous-espèces africaines proposées, le lion du Cap (Panthera leo melanochaita) est probablement non valide[30].
64
+
65
+ Toutefois, de récentes analyses génétiques menées sur différentes sous-espèces de lion ont conduit à réduire le nombre de sous-espèces à deux : en 2008, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne reconnaît ainsi que le Lion d'Afrique (Panthera leo leo) et le lion d'Asie (Panthera leo persica)[33].
66
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67
+ Les lions des cavernes sont aujourd'hui tous éteints. Ils vivaient en Eurasie et en Amérique. On peut supposer qu’ils possédaient une touffe de poils noirs au bout de leur queue, tout comme les lions modernes. On pense que, contrairement aux lions actuels, ils chassaient seuls ou en couple. Cela a été prouvé par les lions de Rancho La Brea, en Californie, où les jeunes avaient des dents plus usées que les jeunes lions modernes. Ils ont pu habiter des grottes ou dans des failles pendant l’hiver.
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+ La cryptozoologie s'est longtemps intéressé aux Marozis[36], prétendus lions tachetés, à courte crinière qui vivaient dans les hauts plateaux du Kenya. La peau d'un lion de ce genre est gardée encore aujourd'hui au muséum d'histoire naturelle de Londres. Depuis la fin des années 1930, il n'y a plus eu d'apparitions. Aujourd'hui, certains supposent qu'il s'agissait d'hybrides, produits d'un croisement entre un lion et un autre félin.
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+ Les noms des hybrides sont composés de la première syllabe du père, suivie d'une syllabe de la mère :
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+ Les mâles sont le plus souvent stériles, à cause de la fragilité des spermatozoïdes, mais les femelles peuvent être fertiles (règle d'Hardane (en))[37].
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+ Autrefois, le lion devait posséder la répartition géographique la plus étalée de tous les mammifères terrestres. Le lion d'Amérique (Panthera leo atrox) était présent du Pérou à l'Alaska pendant tout le pléistocène supérieur, tandis que des cousins (Panthera leo spelaea, le lion des carvernes) occupaient la Sibérie et l'Europe centrale, et d'autres encore étaient répartis entre l'Inde et l'Afrique du Sud. L'étendue de la répartition perd toutefois de son importance à la fin de la dernière glaciation.
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+ La répartition du lion durant l'Holocène (l'époque géologique et climatique actuelle) jusqu'aux temps historiques est plus restreinte mais a cependant été importante. Elle couvrait presque toute l'Afrique, mais aussi l'Europe de l'Est et du Sud, ainsi que le Moyen-Orient et l'Inde. Les rares ossements retrouvés montrent qu'en Europe il était présent au moins dans la péninsule Ibérique (nord de l'Espagne) au début de l'Holocène, tandis que dans la seconde moitié de l'Holocène (Néolithique et âge du bronze) des lions vivaient en Europe de l'Est (Hongrie, Ukraine, sud de la Russie), dans les Balkans et en Europe du Sud[38]. Le lion a perduré en Europe jusqu'à l'Antiquité. Il a été un symbole fort dans la culture européenne, abondamment représenté dans l'art mycénien puis dans l'art grec classique et l'art scythe entre autres. De nombreux auteurs qui leur étaient contemporains ont rapporté leur présence en Europe : Hérodote considérait le lion comme étant abondant en Thrace dans le nord de la Grèce en son temps au Ve siècle av. J.-C., mais Aristote le considère déjà comme rare au IVe siècle av. J.-C., et au Ier siècle de notre ère il semble avoir entièrement disparu. Sa disparition en Europe est probablement due à la concurrence avec l'homme (expansion de l'élevage pastoral), à la chasse de prestige dont il a longtemps fait l'objet (les scènes de chasses et de combats avec des lions sont omniprésentes dans l'art antique), ainsi que par leur capture intensive pour les arènes romaines. Il est cependant encore signalé au Daghestan au Moyen Âge[39]. Il était également autrefois bien présent en Anatolie, en Transcaucasie et au Proche-Orient, et il est ainsi mentionné dans la Bible[40]. Mais il a disparu du Levant au Moyen Âge, puis au XIXe siècle d'Anatolie et de l'est de la Syrie (Haute Mésopotamie), puis du sud de l'Irak en 1918, et enfin les derniers spécimens d'Iran sont mentionnés dans les années 1940.
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+ De la même manière, les populations de lions d'Asie (Panthera leo persica) ont en quasi-intégralité disparu au XXe siècle. Un dernier groupe de survivants s'est toutefois réfugié dans le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat, en Inde.
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+ Les derniers spécimens sauvages de lions de l'Atlas (Panthera leo leo) ont disparu au milieu du XXe siècle. Le dernier à être abattu l'a été au Maroc en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka, Haut Atlas), et les autres ont dû dispara��tre lors de la destruction des forêts de Kabylie, au nord de Sétif, en 1958, durant la guerre d’indépendance algérienne.
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+ Aujourd'hui, sa diffusion est largement limitée à l'Afrique subsaharienne. Néanmoins, l'extrême sud de l'Afrique ne compte plus de lions depuis les années 1860, époque de l'extinction du lion du Cap (Panthera leo melanochaita). En Afrique du Nord, le lion de l'Atlas (Panthera leo leo) s'est éteint dans les années 1920. Les populations significatives de lions africains sont localisées dans les parcs nationaux du Kenya, de Tanzanie et d'Afrique du Sud et se font rares en dehors des zones protégées. Classé comme « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion est exposé à un risque d'extinction.
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+ En Inde le lion d'Asie ne vit plus que dans un ultime refuge : le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat. Après être passé assez près de l'extinction au XXe siècle, des mesures efficaces de protection ont permis à la population de lions d'augmenter à nouveau ces dernières décennies dans cette réserve, pour atteindre en 2017 environ 650 spécimens (contre 523 en 2015 et 411 en 2010)[41]. La réserve étant désormais trop petite pour supporter une telle population de lions en croissance rapide, des projets de réintroduction dans d'autres régions d'Inde et en Iran sont régulièrement discutés.
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+ Bien qu'étant aujourd'hui confiné presque uniquement à la savane africaine, la répartition passée du lion montre qu'il a une grande capacité d'adaptation et peut vivre dans de nombreux habitats et sous des climats très différents (tempérés à tropicaux). Le lion est cependant inféodé aux milieux ouverts ou semi-ouverts plutôt secs. En Afrique l'habitat naturel du lion est donc principalement la savane, mais aussi les forêts décidues semi-ouvertes (forêt tropicale sèche) et les semi-déserts. L'espèce manque ainsi naturellement dans les forêts tropicales humides denses d'Afrique centrale, dans les marais à végétation trop haute, et dans les déserts les plus arides de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Inde le lion d'Asie pouvait vivre autrefois dans les mêmes régions que le tigre, car ils n'occupaient pas les mêmes habitats et ne chassaient pas les mêmes proies, le tigre vivant plutôt dans les forêts denses et autres végétations très fournies comme les marais. Il n'y avait donc que peu de concurrence entre ces deux espèces, leur niche écologique était bien différenciée.
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+ Contrairement aux autres fauves, plutôt solitaires, les lions vivent dans des troupes, qui sont des unités sociales permanentes, composées de femelles apparentées entre elles, de mâles non apparentés aux femelles et de leur progéniture. La dimension du territoire et le nombre de proies déterminent la dimension du groupe qui varie de 3 à 30 individus. Il y a habituellement dans le groupe un à sept mâles adultes et d'une à dix-huit femelles. Le territoire d'une troupe couvre 20 à 500 km2. Dans le parc national du Serengeti en Tanzanie, la densité des lions peut atteindre un individu par kilomètre carré. Dans l'ancien cratère du Ngorongoro, le nombre maximum d'individus est 1,6 à 2,4 au km². Les frontières de leur territoire sont délimitées par leurs selles et leur urine, qui indiquent qu'il y a défense de pénétrer dans la zone. Ils grattent également la terre avec leurs pattes avant et arrière, déposant une substance sécrétée par des glandes situées dans leurs coussinets[42].
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+ Les jeunes mâles restent environ deux à trois ans dans le groupe, jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité sexuelle. Ils sont ensuite chassés par le lion dominant. Les femelles par contre passent généralement toute leur vie dans le groupe de naissance et s'y reproduisent. Ceci permet d'éviter la consanguinité.
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+ Quand les jeunes mâles ont été chassés du groupe par leurs pères, ils deviennent nomades et forment ensemble une « coalition », parfois rejoints par d'autres jeunes mâles. Le lien entre les mâles est très fort. Les jeunes mâles parcourent ensemble des distances très importantes, ne respectent pas les frontières des territoires, mais ne fondent pas leur propre territoire. Puisque les mâles ont très peu de succès à la chasse, comparativement aux femelles, les jeunes nomades se nourrissent surtout de charognes[réf. nécessaire].
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+ De telles coalitions de jeunes mâles vont essayer de prendre la tête d'une troupe en évinçant les mâles résidents. Toutefois, cela n'est pas toujours une réussite. De telles luttes sont généralement sanglantes, et il n'est pas rare qu'elles s'achèvent mortellement. Si les vieux mâles du groupe perdent la lutte, ils sont chassés et mènent ensuite une vie de solitaires. Souvent, ils meurent des conséquences de leurs blessures. Si les nouveaux venus gagnent, ils en viennent fréquemment à l'infanticide, c'est-à-dire qu'ils tuent les petits de leurs prédécesseurs. Ce comportement permet aux femelles de retrouver rapidement un œstrus et donc d'être à nouveau aptes à la reproduction. Les mâles peuvent ainsi s'accoupler plus tôt et assurer leur propre descendance. Ce comportement est adaptatif : en effet, la compétition est rude entre les coalitions de mâles et de jeunes mâles viendront bientôt essayer de les détrôner pour prendre à leur tour la tête du groupe. Les mâles n'ont donc pas de temps à perdre et ils doivent tenir à la tête du groupe jusqu'à ce que les lionceaux soient assez grands pour être épargnés. Les mâles restent rarement plus de trois ou quatre ans à la tête du groupe, et n'ont donc pas le temps d'attendre que les portées des prédécesseurs soient devenues adultes pour se reproduire. Il arrive fréquemment que les femelles attaquent le mâle assassin[43].
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+ En général, les lions ne pratiquent pas de toilettes mutuelles complètes, seul le dos du nez est nettoyé ; mais, lors de salissures grossières, par exemple par le sang des proies, il peut arriver qu'un membre effectue des soins de fourrure.
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+ Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du célèbre rugissement. Leur os hyoïde n'est que partiellement ossifié, c'est cette disposition qui leur permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner à proprement parler ; mais ils le font, comme d'autres fauves, par expiration. On l'entend quand deux lions agissent l'un sur l'autre sur une base amicale. Le ronronnement ne retentit pas comme celui d'un petit chat, mais plutôt comme un grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans un bas grondement commençant par quelques bas grognements et gémissements, qui indiquent à d'autres lions qu'un groupe vit dans le secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il peut être entendu jusqu'à cinq kilomètres de distance[44]. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits.
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+ Le langage corporel est d'égale importance. Les lions ont un cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent doucement l'un et l'autre, balancent la tête latéralement et gardent la queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l'autre lion. Comme certains autres félins, les lions se cognent la tête en se saluant. Le lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe d'affection. Les lions, tout comme d'autres félins sauvages, ont les oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands cercles blancs permettent d'indiquer l'humeur : quand ils sont fâchés, les lions et d'autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance, mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à distance que ce dernier est furieux et qu'il vaut mieux ne pas s'en approcher. Cela permet d'éviter beaucoup de combats[15].
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+ Les lions atteignent leur maturité sexuelle et sociale à l'âge de trois ou quatre ans[45], leur maturité physiologique à 30 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles[46]. Il n'y a pas de saison de reproduction définie. Pour vérifier la fécondité d'une femelle, le mâle utilise l'organe de Jacobson, se situant sur le palais, sous la surface intérieure du nez. Pour ce faire, le lion relève la lèvre supérieure et ouvre la gueule. Ce processus est qualifié de flehmen.
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+ Même si un mâle arrive au sommet de la hiérarchie, il ne peut se reproduire avec une femelle qu'avec son consentement. C'est en tournant autour de lui, en se roulant à ses pieds, en frottant sa tête contre son cou, que la femelle provoque le mâle dominant. Elle se met à plat ventre et relève la croupe ; cette position, appelée lordose, permet au mâle une meilleure pénétration. Pendant l'accouplement, le lion garde la nuque de la femelle dans sa gueule et la mord au cou. Cela la garde instinctivement calme ; le pénis du mâle est garni de protubérances épineuses et lorsqu'il se retire, on suppose que la lionne ressent de la douleur. C'est ainsi qu'elle proteste en rugissant et se retourne fréquemment contre lui dans une posture agressive. C'est la pénétration qui déclenche la ponte des ovules qui seront fécondés par les spermatozoïdes[15].,[47] Si une lionne accepte de se reproduire, ils s'accoupleront toutes les quinze minutes et ce, jusqu'à cinquante fois par jour, auquel cas chaque rapport dure environ trente secondes, jusqu'à ce que l'œstrus de la femelle, qui ne dure que quatre jours[46], soit terminé[48].
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+ Après une gestation d'environ quatre mois[49], la lionne, cachée loin du groupe, met au monde un à quatre[46] lionceaux, aveugles, de 1,1 à 1,37 kg[46]. Durant leurs six premières semaines de vie environ[50], ils ne seront qu'allaités par la mère dans la cache par ses quatre glandes mammaires. Si cette dernière est assez éloignée du groupe, la mère ira seule à la chasse. Il peut arriver que les petits restent jusqu'à 48 heures seuls dans la cache ce qui peut s'avérer dangereux, particulièrement à cause des hyènes et de bien d'autres prédateurs. Après trois à quatre semaines[46], la lionne amène ses petits dans le groupe et ils se mêlent à d'autres lionceaux. Les problèmes d'acceptation sont rares.
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+ À partir de ce moment, les jeunes lions tètent non seulement leur mère, mais également les autres lionnes, de sorte que l'éducation incombe à toutes les femelles du groupe. Vers l'âge de six mois[51], les lionceaux sont sevrés ; ils restent encore environ deux ans auprès de leur mère[46].
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+ La durée de vie d'un lion s'élève de douze à quatorze ans à l'état sauvage, rarement plus de vingt ans[46]. Toutefois, seules les femelles atteignent un tel âge. Les mâles sont généralement tués par un plus jeune concurrent ou, après une longue errance, ne trouvent plus de groupe et meurent de faim. Quelques lions ont toutefois vécu en parc zoologique jusqu'à l'âge de 29 ans[46].
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+ Certains observateurs ont rapporté que deux lions ou lionnes pouvaient également interagir entre eux et montrer des signes d'homosexualité. Dans la nature, environ 8 % des rapports sexuels se font entre lions, tandis que les activités homosexuelles entre lionnes ne sont toutefois observables qu'en captivité[52],[53].
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+ Seuls les mâles au sommet de la hiérarchie peuvent se reproduire, car le dominant a pleine autorité sur le harem. Mais cette période ne dure en moyenne que deux à quatre ans[48]. Or, chaque femelle n'élevant qu'une seule portée à la fois, un mâle dominant nouvellement arrivé au sommet de la hiérarchie ne peut pas se permettre d'attendre jusqu'à deux ans avant de pouvoir s'accoupler. Pour rendre des femelles fécondables, il n'hésite donc pas à tuer des petits[51].
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+ Le lion ne chasse généralement que dans l'obscurité ou aux heures fraîches du matin ; l'obscurité et les températures plus clémentes constituent un avantage important. De plus, le lion est inactif de 20 à 21 heures par jour, dont 10 à 15 heures de sieste[54]. Il consomme en moyenne 7 kg de viande par jour[48]. Toutefois, si la chasse a été bonne et si elle a manqué quelques repas, la lionne peut avaler jusqu'à 30 kg de viande en une seule fois, tandis que le mâle peut en avaler jusqu'à 40 kg[55]. Les lions ne chassent que lorsque leur réserve de nourriture est épuisée.
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+ Les proies principales sont les bovidés de grande, moyenne et petite taille :
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+ Il chasse aussi des buffles, jeunes éléphants, phacochères, zèbres, girafes, lapins, oiseaux et quelquefois poissons. Dans certaines régions, des lions se spécialisent même pour un type de proie précis. Ainsi des groupes importants de lions, d'environ 30 individus, attaquent régulièrement des éléphants adultes. Dans les zones humides du Savuti et du Linyanti, il arrive même qu'ils s'attaquent à des hippopotames. Mais généralement la plupart des hippopotames, rhinocéros, éléphants sont trop imposants de par leurs statures, en effet les lions fuient généralement les éléphants et rhinocéros en colère.
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+ Les antilopes très rapides, telles que les gazelles, les topis, les springboks et les impalas sont généralement exclues de leurs proies, les lions sont contraints à chasser des animaux moins rapides et plus gros.
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+ Vers l'âge de deux ans, les lionceaux apprennent l'art de la chasse et partent à trois ans avec leur mère chasser une première fois.
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+ Dans la savane, milieu ouvert, les lions sont facilement repérables par leurs proies. De plus, un animal vigoureux peut venir à bout d'un chasseur solitaire. Un jeune buffle du Cap a été observé luttant avec une lionne pendant 90 minutes pour ne perdre finalement que sa queue. La chasse à deux ou à plusieurs offre donc de meilleures chances de succès et permet des prises imposantes. Les lionnes assurent de 80 à 90 % des prises lors de la chasse. Les mâles, plus lourds, moins rapides et plus facilement repérables par leur corpulence et leur crinière, sont moins efficaces.
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+ Les lionnes et les lions utilisent des techniques différentes selon le terrain, leurs préférences et les méthodes de défense des proies. La lionne chasse en général à l'aube ou au crépuscule, ou encore à la faveur de la nuit. À l'affût, tapie derrière les hautes herbes, elle attend qu'un animal ait baissé la tête pour brouter, manifeste des signes d'inattention ou se trouve en position isolée. Elle risque alors une approche discrète jusqu'à 30 m environ, puis elle charge et projette violemment sa proie à terre. Pesant de tout son poids sur elle, elle la saisit à la gorge. Trachée et œsophage sectionnés, la victime meurt en quelques minutes. Les lionnes maintiennent souvent leur proie par le museau jusqu'à ce que celle-ci étouffe.
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+ Lorsqu'elles chassent en groupe, les lionnes encerclent la proie, voire le troupeau, et s'en approchent ensemble ; elles rampent à plat ventre souvent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à leur proie, auquel cas l'environnement est utilisé le plus intelligemment possible pour se camoufler. Lorsqu'une distance d'environ 30 m est atteinte, alors la proie est chargée. Chaque bond fait environ 6 m de long et peut atteindre le double en longueur et quatre mètres en hauteur[56]. La proie est alors tuée par une forte morsure à la nuque ou au cou de façon à atteindre la veine jugulaire ou la carotide.
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+ Comme les lionnes chassent dans des espaces ouverts, la chasse commune augmente la chance de frapper avec succès une proie. Elles se renvoient aussi la proie entre elles. En outre, la proie dans le groupe peut être défendue plus facilement contre des voleurs comme les lycaons et les hyènes tachetées.
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+ Le pourcentage de tentatives réussies varie également selon l'espèce pourchassée : environ 14 % s'il s'agit d'antilopes (damalisques, cobes, koudous, élands, bubales, oryx), 38 % pour les zèbres et les gnous et 47 % pour les phacochères. La chasse nocturne se solde par 33 % de succès, contre 21 % pour la chasse diurne, et les attaques dans les buissons (41 %) ont 3,5 fois plus de chances de réussir que les attaques en terrain découvert (12 %) - d'après des études[24]. En période de sècheresse, les lions mangent même des animaux morts de maladie ou des restes d'autres prédateurs. Dans le parc du Serengeti en Tanzanie, lorsque la plupart des ongulés ont migré à la recherche d'herbes tendres et d'eau, les lions s'attaquent aux animaux sédentaires : girafes, phacochères, petits mammifères (antilopes naines, lapins), oiseaux, serpents ou jeunes crocodiles. Les nuits de saisons sèches, les lionnes chassent parfois les impalas à la nuit tombée ; antilopes africaines très communes vivant dans les milieux semi-forestiers, sédentaires, très rapides, agiles et vigilantes la journée, mais elles sont plus vulnérables dans l'obscurité à cause de leur vue nettement inférieure à celle des fauves.
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+ Les mâles du groupe ne participent qu'exceptionnellement à la chasse, par exemple si des proies très grandes sont attaquées comme des buffles, des girafes ou des éléphants préadultes ; leur principal rôle est de protéger la troupe des autres lions. Après un succès, la hiérarchie du groupe entre en application : le mâle peut manger en premier ; suivent ensuite les femelles haut placées et enfin les petits. Il y a rarement, auprès du cadavre, des luttes de rang où les membres du groupe s'infligent d'importantes blessures.
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+ Souvent, les lions sont amenés à manger des charognes. Les lions mâles qui ont été chassés d'un clan sont contraints de se nourrir exclusivement de ce type d'alimentation. Cela les amène à protéger leur butin d'autres animaux charognards comme les léopards ou les hyènes tachetées.
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+ Les relations entre lions et hyènes tachetées dans les zones où ils coexistent sont uniques dans leurs complexités et leurs intensités. Les lions et les hyènes sont au sommet de la chaîne alimentaire, se nourrissant des mêmes proies, et sont donc en concurrence directe. À ce titre, ils luttent souvent pour se voler et à l'occasion se tuer. Bien que les hyènes aient la réputation d'être des charognards opportunistes profitant de la chasse du lion, le cas inverse est très fréquent. Au cratère du Ngorongoro, la population des hyènes dépasse de beaucoup celle des lions résidents, aussi ces derniers obtiennent une grande partie de leur nourriture en volant les proies des hyènes. La querelle entre les deux espèces ne dépasse cependant pas une simple bataille pour l'alimentation, c'est en fait la limite des territoires respectifs qui fixe les limites de ces conflits car contrairement aux autres espèces, les territoires ne se chevauchent pas, comme si les groupes de hyènes et de lions appartenaient à la même espèce. Cependant, les mâles sont très agressifs envers les hyènes, ils les tuent quand ils le peuvent, quelquefois sans les manger. Dereck et Beverly Joubert ont observé plusieurs cas de lions mâles s'attaquant systématiquement aux hyènes, même lorsque celles-ci étaient en avantage numérique. Le plus célèbre lion tueur de hyènes avait pour nom « Ntchwaidumela », ses assauts meurtriers contre les hyènes, sans raison apparente, ont donné lieu à des documentaires, comme Lions et Hyènes, face à face mortel[57]. Inversement, les hyènes sont les principales prédatrices des lionceaux (avec les léopards), harcelant les lionnes[58].
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+ Les lions dominent les félins plus petits qu'eux comme les guépards. Ils volent leurs proies et tuent leurs petits, parfois l'adulte. Un guépard a 50 % de chances de perdre sa proie vis-à-vis d'autres prédateurs[59] et les lions sont les principaux prédateurs de ses petits ; on estime même à neuf petits sur dix tués par un lion dans leurs premières semaines de vie. Pouvant survivre avec de petites proies et grimper dans les arbres, les léopards souffrent moins de cette prédation[60].
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+ Les lions sont également en concurrence avec les crocodiles du Nil, et il arrive, en fonction des tailles respectives, que l'un mange l'autre. Des lions ont été vus tuant des crocodiles[61] et des morceaux de lion ont été trouvés dans des estomacs de crocodile[62].
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+ « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur. »
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+ — Proverbe africain
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+ Depuis l'Antiquité l'homme chasse le lion. C'est d'ailleurs, lorsque l'animal est adulte, son seul prédateur (les lionceaux laissés seuls peuvent être la proie des léopards, des hyènes ou même de lions étrangers au groupe). L'homme chasse le lion pour assurer la sécurité de ses troupeaux, pour se protéger, mais aussi comme preuve d'un signe extérieur de vaillance[63] ou même pour les spectacles que constituaient les jeux romains. Dès lors, les chasses et les battues ont fait disparaître bon nombre de sous-espèces. L'invention de l'arme à feu et de la « chasse sportive » va accélérer le processus, au rythme de la disparition des autres gros mammifères les Big 5.
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+ En Afrique de l'Est, dès les années 1900, des mesures de protection, qui consistèrent en la création de réserve de chasse comme le Parc national de Kilimandjaro et à une interdiction de chasser dans ces zones, ont été prises. Le droit de tuer s'achetant, le coût limitant les prises par une sorte d'enchère calculée sur les demandes passées. Les chasses rituelles continuent également et il n'est pas rare de voir des lions mutilés. Les chasses rituelles pratiquées se terminent par la vente des trophées, liant cette pratique à des intérêts économiques. Le Kenya Wildlife Service rapporte qu'entre 1999 et 2003, 49 lions ont été tués par les Masaï. Les populations de lion ont continué à chuter si bien que dans les années 2000, cette méthode de gestion de la faune a été remise en cause. En effet, la population totale des lions africains passe de 50 000 spécimens à 15 000 (au pire) au cours des années 1990[64]. La chasse, le braconnage et la diminution des aires sauvages rendent l'espèce vulnérable si bien qu'il a fallu prendre de nouvelles mesures de protection. Les lions de cirques, ceux destinés au domptage et aux zoos ne sont plus prélevés dans la nature. La chasse traditionnelle et le braconnage sont combattus. La chasse sportive au Botswana est interdite en février 2001 par le service de gestion de la faune locale bien que, avec 53 trophées comptabilisés en 2000, la chasse ait rapporté cinq millions de dollars à l’industrie de la chasse et 100 000 dollars aux caisses de l’État[64], la « taxe d'abattage » se situant autour de 80 000 euros contre 3 000 pour un guépard[65]. L'office de la gestion de la faune zambienne a lui-même pris une mesure d'interdiction la même année[64]. En Afrique du Sud, près de 300 éleveurs élèvent environ 5 000 lions pour la chasse ; 480 lions, dont 444 élevés en captivité, ont été chassés dans le pays, pour un prix variant de 6 000 à 8 000 USD la femelle et de 20 000 à 30 000 USD le mâle[66]. Une loi viserait à interdire cette pratique.
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+ En Asie, le lion a pratiquement disparu depuis le milieu du XIXe siècle à l'état sauvage, autant par la chasse que par la réduction de son habitat.
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+ Les maladies représentent un autre problème, surtout dans le Parc national Kruger en Afrique du Sud. Depuis qu'en 1995, un premier cas mortel de tuberculose est apparu chez les lions, des études approfondies ont été menées dans le parc. D'après le bilan, le taux de contamination des animaux du secteur sud du parc par les bactéries mortelles s'élevait à plus de 90 %. L'infection venait des buffles chassés par les lions qui, par contact avec des bovins domestiques, ont introduit la maladie dans le parc et contaminé les lions. Environ 70 % des bovins souffrent d'une tuberculose pulmonaire (phtisie), tandis que chez les lions, la maladie se manifeste surtout dans le système digestif. Les animaux deviennent plus faibles, maigrissent énormément et meurent en quelques années. À côté de la tuberculose, il existe une seconde maladie très fréquente. Environ 60 à 70 % des lions du parc Kruger sont contaminés par le virus de l'immunodéficience féline, qui « paralyse » le système immunitaire de l'animal et ouvre ainsi la voie à la tuberculose. Contre les deux virus exterminateurs, il n'existe aucune vaccination.
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+ En 1994, un tiers des lions du parc national du Serengeti sont morts à la suite de la contraction de la maladie de Carré[67],[68] face à laquelle ils sont très vulnérables.
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+ Les populations de lions sont tr��s concentrées car contenues dans des parcs ou des réserves, les autres zones devenant impropres à leur survie en devenant des terres agricoles. La perte de diversité génétique entraîne l'apparition de maladies comme on a pu l'observer dans la réserve du Hluhluwe-Umfolozi en Afrique du Sud, où les 120 lions présents dans les années 2000 descendent de 3 lions des années 1960[69]. Or certains biologistes estiment à 500 à 1000 individus adultes la diversité génétique nécessaire pour qu'une de leur population soit considérée comme viable, c’est-à-dire disposant du minimum de diversité génétique nécessaire à la survie[70],[71],[72]. Peu de ces populations correspondent à ce critère. En 2007, ces populations de lions ne sont pourtant pas considérées comme des populations à risque bien qu'aucune étude sur ce problème ne soit réalisée. Contrairement à d'autres espèces, aucun transfert préventif à grande échelle n'est effectué afin de diminuer le risque de perte du patrimoine génétique. Cependant, pour résoudre des problèmes ponctuels de la réserve du Hluhluwe-Umfolozi, des tentatives d'insémination artificielle ont été effectuées avec difficulté pour éviter les problèmes d'intégration sociale liés aux introductions[69].
161
+
162
+ En temps normal, les lions n'attaquent pas les humains. Il arrive de nos jours que quelques lions attaquent les humains en Afrique ; invariablement, les populations mènent des représailles. Les causes de la prédation d'humains sont systématiquement examinées par des scientifiques. Entre 1990 et 2005, 563 villageois ont été attaqués par des lions en Tanzanie, ce qui correspond à une augmentation considérable[73]. Il semble qu'ils n'attaquent que parce que leurs proies deviennent rares. En Tanzanie, ces attaques ont eu lieu dans la réserve du Selous, le district de Rufiji et la région de Lindi où l'homme étend son implantation et où la population des lions augmente grâce aux mesures de protection[73]. Certains lions peuvent être contraints d'attaquer des humains à cause d'un problème physique, ne pouvant pas attaquer d'autres proies. En 2006, un lion soupçonné d'avoir tué 35 personnes[74] avait un défaut de dents.
163
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+ Il a existé quelques lions qui semblaient chercher des proies humaines. Les histoires des traques et des morts de ces rares spécimens appelés mangeurs d'hommes ont été écrites par leurs chasseurs. John Henry Patterson en 1907 a écrit The Man-eaters of Tsavo dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la proie en 1996. Le spécimen de Mfuwe est aussi connu.
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+ Approximativement 16 500 à 30 000 lions vivent encore en liberté[32]. L'UICN est partie en 2004 du principe que le nombre de lions a diminué dans le monde entier au cours des vingt dernières années de 30 à 50 %. Les raisons de ce recul ne sont pas complètement connues. On suppose que la réduction du gibier chassé par le lion, les conflits entre l'homme et le lion et la dégradation de son habitat sont les principales raisons de la diminution des populations de lions. À travers l'Afrique, le lion a disparu sur plus de 80 % de son ancien territoire. Le lion africain est considéré comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, en raison de la baisse constante de l'effectif de cette espèce. En Afrique de l'Ouest, le nombre des lions est inférieur à 1 500. Cette espèce répond au critère de « menacée au niveau régional ». Il n'y a plus que 200 à 300 individus en Asie, gravement menacés par la perte de leur patrimoine génétique.
167
+
168
+ Les nouvelles stratégies de protection du lion visent à renforcer les chances d'une coexistence pacifique à l'avenir entre les lions et les hommes : une exploitation des terres intégrée avec la faune, une réduction des conflits entre l'homme et le lion et la prévention du commerce illégal du lion et de ses produits dérivés. L'avenir de ces « gros chats » semble déjà sur une meilleure voie dans quelques grandes réserves de l'Afrique du Sud et de l'Est tandis que très précaire en Asie ; afin de pallier ce dernier point, le gouvernement indien a mis en place dans les années 2000 un projet de réintroduction du lion dans le Kuno Wildlife Sanctuary : l'Asiatic Lion Reintroduction Project[75].
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+ Les lions vivent en captivité depuis l'Antiquité, sur des périodes ponctuelles. Les Romains les utilisaient dans leurs Jeux par exemple. Il y a des lions en permanence en occident depuis la création des ménageries, ancêtres des parcs zoologiques, au XVIIIe siècle. En Amérique, le premier lion fut d'ailleurs exhibé à Boston en 1716. En outre, les activités de divertissement, comme le domptage dans les cirques ou même les combats de lion, nécessitent la mise en place d'élevages. Les lions se reproduisent très bien en captivité et peuvent y vivre une vingtaine d'années, le record étant détenu par une lionne du zoo d'Honolulu née en 1986[76].
171
+
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+ Les monarques assyriens en élevaient au IXe siècle av. J.-C.[77] et Alexandre le Grand, selon la légende, vivait avec des lions apprivoisés par les Malhi du nord-ouest de l'Inde[78]. Plus tard, les Romains organisateurs des jeux en conservaient. Ainsi des Romains célèbres comme Sylla, Pompée, Jules César, ont ordonné la capture de centaines de lions à la fois[79]. Marco Polo rapporte que les princes indiens continuaient à en apprivoiser et que Kublai Khan gardait même des lions à l'intérieur de ses habitations[80].
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+ William de Malmesbury rapporte lui que des lions ont été conservés en Angleterre, à Woodstock par la volonté d'Henri Ier[81], le lion étant présent sur les héraldiques anglaises.
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+ Comme les tigres ou les requins, le lion attire le public[82], ils sont donc très présents dans les parcs zoologiques. Aussi les 2002 zoos existants détiennent environ 1000 lions africains et 100 lions asiatiques dans les années 2000. Ils permettent de sensibiliser le public à l'environnement et à la conservation de ces espèces[82].
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+ Des programmes d'échange existent depuis longtemps pour diversifier le patrimoine génétique des lions en captivité, cependant ils ne tenaient pas compte des sous-espèces, créant une pollution génétique au sein des populations de diverses origines. Les programmes actuels commencent à en tenir compte[83] et essaient de ne plus reproduire ensemble des lions de sous-espèces différentes. Le Species Survival Plan est une coordination des efforts en ce sens par l'Association américaine des Zoos et des Aquariums. En 1982, des procédures ont été mises en place en Amérique du Nord pour préserver le patrimoine génétique du lion asiatique. Le volet pour les lions africains a débuté lui en 1993, plus particulièrement pour la sous-espèce sud-africaine. La plupart des individus détenus sont cependant d'origine incertaine, ce qui rend leur réintroduction impossible ou presque[29].
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+ La sous-espèce du lion de l'Atlas n'est existante qu'à travers d'animaux détenus par des zoos. On peut en apercevoir douze au zoo de Port Lympne dans le Kent, au Royaume-Uni. Ceux-ci descendent tous d'animaux ayant appartenu au roi du Maroc. Onze spécimens, considérés comme des lions de l'Atlas, sont également détenus par le zoo d'Addis-Abeba, un spécimen est identifié au Neuwied Zoo[84], quelques spécimens au zoo d'Amnéville[85]. La WildLink International, en collaboration avec l'Université d'Oxford, ont lancé un programme international ambitieux d'élevage conservatoire appelé Barbary Lion Project et qui vise à identifier et à reproduire ces lions afin de les réintroduire dans un parc national du Maroc[84],[85].
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+ Les combats d'animaux générant des paris étaient courants au XVIIIe siècle. Des combats entre lions et chiens en général ont été organisés à Vienne en Autriche à partir de 1800 et en Angleterre à partir de 1825[86],[87].
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+ Les pionniers du domptage sont Henri Martin[88],[89],[90], un Français, et Isaac Van Amburgh, un américain. Ils ont commencé au milieu du XIXe siècle et leurs techniques ont été très rapidement copiées[91]. Martin créera lors du troisième Cirque Olympique à Paris en 1831, une pantomime à grand spectacle, abrité derrière un grillage, appelée « les Lions de Mysore » avec ses lions Néron et Cobourg, son tigre Atyr. Isaac Van Amburgh fit une tournée en Angleterre, devant la reine Victoria. Il copia rapidement le spectacle du Français. Plus que le traditionnel domptage de chevaux, le domptage de fauve voulait marquer la supériorité humaine sur les forces brutes naturelles[91]. Jean-Baptiste Pezon est un autre dompteur de lions célèbre. Clyde Beatty est probablement le premier dompteur à avoir utilisé le support surélevé sur lequel les fauves viennent s'asseoir[92].
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+ Cette tradition est toujours vivace ; certains dompteurs actuels, comme le duo de magiciens Siegfried & Roy et leurs lions blancs, sont toujours célèbres.
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+ Certains individus ou entreprises privées élèvent des lions, leur détention est soumise pour de nombreux pays à des autorisations spécifiques. Bien souvent ces animaux sont détenus dans des conditions ne permettant pas leur bien-être du fait entre autres du manque d'espace[93]. En France, régulièrement, des actions de saisie ont été menées par l'administration[94] même si certaines associations les trouvent peu virulentes[95]. L'Inde interdit même la possession de lion depuis 1998[94]. En outre, de nombreux animaux s'évadent, donnant lieu à des battues qui se soldent souvent par l'abattage de l'animal[96].
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+
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+ En Afrique, le couple George et Joy Adamson est célèbre pour avoir élevé et apprivoisé la lionne Elsa. Son histoire a été à l'origine de plusieurs livres, de documentaires, d'une adaptation cinématographique ainsi qu'une série télé.
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+ Si la détention de ce genre d'animaux est interdite pour les particuliers (Animaux dangereux/Code de l'environnement)[97], le trafic de félin connaît une triste mode et s'est accentué ces dernières années avec les réseaux sociaux[98]. D'après l'association One Voice, les cirques procureraient les animaux illégalement en cachant les naissances[99].
193
+
194
+ En octobre 2018, un lionceau a été saisi en banlieue parisienne à Valenton chez un particulier et une petite lionne de quelques semaines fût découverte le même jour dans un garage à Marseille. La santé de cette dernière était très préoccupante. Ils ont été pris en charge par l'équipe de l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine, dans les locaux de l'association Tonga Terre d'Accueil, refuge pour animaux sauvages saisis ou abandonnés, afin d'y être soigné[100]. Quelques semaines plus tard, en novembre 2018, un troisième lionceau est découvert par des policiers. Celui-ci fût trouvé à Paris sur les Champs-Elysées dans une Lamborghini[101]. Fin novembre, les trois lionceaux seront réunis pour qu'ils puissent grandir ensemble[102]. En Février 2020, une nouvelle lionne de 2 mois est abandonnée par un particulier devant le zoo d'Amnéville, le félin sera également placé à l'association Tonga Terre d'Accueil à l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine et y rejoindra les trois autres lionceaux[103].
195
+
196
+ En octobre 2019, un an après l'arrivée des premiers lionceaux, l'association Tonga Terre d'Accueil annonce le départ des quatre lionceaux dans un sanctuaire d'Afrique du Sud[104]. Ils quitteront Saint Martin la Plaine le 10 octobre 2019.
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199
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200
+ Dans de nombreuses cultures antiques, le lion jouait un rôle symbolique important. En Égypte, les pharaons furent représentés par des sphinx, lions à la tête humaine[105]. La plus célèbre de ces représentations est le Grand Sphinx de Gizeh. Sekhmet fut vénérée en tant que déesse au corps humain et à tête de lionne, envoyée par Rê contre les Égyptiens qui complotaient contre lui[4]. Des divinités mineures, comme le génie Nebneryou qui accueille les défunts au royaume des morts[106] ou Mihos, le fils de Bastet à tête de lion[107], ont existé, comme de nombreuses divinités hybrides possédant une partie du corps du lion : Pachet, Aker, Dédoun ou Tefnout par exemple[108].
201
+
202
+ Dans la mythologie grecque, les lions apparaissent dans diverses fonctions : le lion de Némée, représenté comme une bête mangeuse d'hommes à la peau impénétrable, fut tué par Héraklès, durant ses douze travaux[4]. Dans l'histoire d'Androclès, une des fables d'Ésope, le héros, un esclave échappé, retire une épine de la patte d'un lion ; quand, plus tard, pour le punir de son évasion, il fut jeté par son maître au lion pour être dévoré, l'animal le reconnut et refusa de tuer l'homme.
203
+
204
+ Dans les religions judéo-chrétiennes, le lion est un animal polysémique, surtout dépeint à travers les images positives de saint Jérôme et son lion, du tétramorphe (lion de saint Marc) et de Daniel épargné par les lions[109] ; cependant, une connotation négative lui est associée par un passage de Pierre faisant référence à Satan qui déambule « tel un lion cherchant une proie à dévorer »[110]. Ainsi, le lion revient très souvent dans les églises catholiques car il représente la force du croyant combattant le péché, et dans les objets : bracelets en patte de lion, siège épiscopal sculpté à l'effigie du lion, sur le socle des chandeliers, les portails d'église[106]… À l'époque romaine, pendant les persécutions, les chrétiens étaient jetés aux lions ; d'où l'expression « être jeté aux lions ».
205
+
206
+ Les chasseurs du Paléolithique supérieur (Aurignacien) représentaient déjà le lion il y a plus de 30 000 ans. Le lion des cavernes peut être facilement identifié en raison de la présence d'un toupet de poil au bout de la queue dans les représentations du Paléolithique[111]. Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art préhistorique africain en raison de légendes qui lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard[109]. L'homme lion, sculpture d'ivoire de mammouth de près de 30 centimètres de haut, représentant le corps d'un homme surmonté d'une tête de lion des cavernes, compte parmi les œuvres d'art les plus impressionnantes de cette époque, mais également parmi les plus anciennes de toute l'histoire de l'humanité. Elle incarnait peut-être une divinité[112].
207
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208
+ Le lion est aussi souvent représenté dans les arts figuratifs. Le lion prend l'image de la royauté et du Soleil et se développe dans tout le Proche-Orient. À Babylone par exemple, la voie processionnelle est décorée de bas-reliefs en carreaux de céramique en forme de lion du temps de Nabuchodonosor II[106]. L’art assyrien, qui a influencé l'art des steppes puis l'art des nombreuses peuplades conquises par les nomades guerriers, dépeint également de nombreuses chasses aux lions, très réalistes. Ce type de représentations visait à glorifier le roi, maître des bêtes, et également représenter la défaite de l'ennemi. Le thème d'un dangereux animal sauvage, souvent un félin ou un ours, se jetant sur sa proie est très fréquent. L'art assyrien a apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est ensuite transmis dans toute l'Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques[109].
209
+
210
+ Chez les Grecs et les Romains, le lion fait figure de gardien ; ainsi, la porte des lionnes protège le palais d'Agamemnon contre les ennemis et les démons[109]. Dans l'art grec, le motif des scènes de chasse du lion de Némée dont la peau est l'attribut de Héraklès est très présent. Chez les Romains, il est également très représenté comme animal du cirque, combattant contre des gladiateurs[106]. Dans l'art chrétien, le lion accompagne parfois saint Jérôme, ou la force, c'est le symbole de Marc l'Évangéliste, de la royauté. Roi des animaux dans le bestiaire médiéval, il est très présent dans l'art monumental.
211
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212
+ À partir de la Renaissance, les représentations animales deviennent de plus en plus anatomiquement précises : les artistes s'exercent à la représentation de sujets réels détenus dans les zoos[109]. Le Douanier Rousseau est célèbre pour ses peintures de la jungle, et notamment pour La bohémienne endormie où un lion solitaire s'approche d'une bohémienne endormie dans le désert. Au XIXe siècle, de nombreuses illustrations zoologiques faites par les naturalistes montrent précisément le lion[106]. En sculpture, le Lion de Lucerne a été sculpté pour commémorer les 760 morts et 350 survivants mercenaires suisses lors de la prise d'assaut du Palais des Tuileries à Paris par les révolutionnaires.
213
+
214
+ Le lion n'est présent en Asie que dans la péninsule indienne, il est pourtant très présent dans l'art statuaire de l'ensemble des pays asiatiques. Des lions, représentés avec une crinière bouclée, montent la garde devant les pagodes, comme celle de Kuthodaw ou dans les temples bouddhistes[4]. Originaire d'Inde[113], la danse du lion est une danse traditionnelle effectuée au nouvel an chinois pour faire fuir les démons et apporter la chance[4].
215
+
216
+ La fascination des hommes pour cet animal est visible dans la multiplicité d'écussons sur lesquels il est illustré, au point qu'un proverbe affirme : « Qui n'a point d'armes porte un lion »[114],[Note 3]. Ainsi, on le retrouve, entre autres, sur les blasons de l'Écosse[115], de la Norvège[116], de la Belgique[106] ou de villes comme Lyon[117]. Le lion est représenté le plus souvent rampant, c'est-à-dire dressé sur ses pattes arrière, mais de très nombreuses formes existent : léopardé, lampassé, ramassé, morné, etc. Le lion en héraldique est appelé lion avec la tête de profil et léopard avec la tête en face ; ainsi les lions du blason anglais sont des léopards. Une symbolique basée sur la figure du lion a pu être créée ; par exemple, un lion d'argent sur champ de sinople symboliserait la tempérance[118] et, selon Marcel Brion, les divers lions héraldiques sont issus de lointaines croyances préhistoriques[109]. Bien qu'il soit considéré comme le « roi des animaux », le lion est sans autorité sur les oiseaux. C'est cet antagonisme entre l'aigle, seigneur des cieux et symbole du pouvoir impérial, et le lion qui va motiver le choix de faire figurer l'animal sur des armoiries. La connaissance du lion par les Européens remonte au temps où le lion s'étendait autour de la Méditerranée.
217
+
218
+ Le lion est le symbole national de l'Inde, et figure sur ses armoiries sous la forme des lions de l'empereur indien Ashoka[4].
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+ La figure du lion est utilisée par de nombreuses marques, non seulement pour le symbole considéré comme positif, mais aussi par récupération. Par exemple, la marque automobile Peugeot utilise comme symbole les armoiries de Sochaux depuis 1847. Ce lion héraldique est déposé en tant que logo depuis 1858. Plusieurs banques utilisent la symbolique positive liée au lion. Le Crédit lyonnais a un lion pour mascotte. Le groupe bancaire ING utilise un logo qui contient un lion orange. Plusieurs lions ont été utilisés pour créer le célèbre logo de Metro-Goldwyn-Mayer, société de production cinématographique américaine.
221
+
222
+ Le Roman de Renart et Yvain ou le Chevalier au lion sont de grands ouvrages du Moyen Âge dépeignant le lion[119]. L'œuvre littéraire antique ayant le plus influencé le Moyen Âge occidental reste le Physiologus, bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Cette base antique a donné au lion son image de roi des animaux et son assimilation au Christ ; c'est également du Physiologus que sont issues les caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge[120] : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu'il dort[Note 4] et il réanime ses lionceaux mort-nés au bout de trois jours. Ces thèmes sont bien illustrés dans les enluminures des bestiaires médiévaux[106].
223
+
224
+ Jean de La Fontaine, imitant Ésope dans plusieurs de ses fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient). Joseph Kessel, en 1958, en a fait un roman : Le Lion, racontant l'histoire de la fille d'un directeur de parc naturel en Afrique qui est liée d'amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier masaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King[4]. C. S. Lewis dans sa saga du Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers Aslan[Note 5], dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie Harry Potter de J. K. Rowling, Gryffondor, l’une des maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont censés avoir les élèves appartenant à cette maison[121].
225
+
226
+ Au cinéma avec, entre autres, le film d'animation à succès de Walt Disney Pictures Le Roi lion. Le lion est un personnage récurrent de nombreux films, de Tarzan au Magicien d'Oz, et de séries télévisées avec par exemple Daktari[4]. Le lion est aussi décrit comme une menace pour l'homme comme dans The Man-eaters of Tsavo de John Henry Patterson en 1907 et dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la Proie en 1996.
227
+
228
+ Le lion est à l’origine des prénoms Léon et Lionel, un diminutif[122]. En hébreu, on trouve les prénoms Arié (’aryeh, lion en hébreu et Ariel : « lion de Dieu »[123] et dans Lavi (לביא)[Quoi ?].
229
+
230
+ En arabe, près de trois cents noms désignent le lion. Une consultation partielle du grand dictionnaire arabe - français de Kazimirski confirme ce nombre. Parmi eux figurent Assad (’asad, le nom zoologique[Note 6]), Abbas (`abbâs : « sévère, renfrogné ») et Hamza[124]. Le turc connaît les formes Aslan (nom zoologique) et Arslan, cette dernière étant aussi la forme mongole. Ce prénom a donné en russe Rouslan[125]. Le persan shir est connu par le général Shirkuh (« lion des montagnes »), oncle de Saladin, par la médersa Shir-Dor (ou Cher-Dor) (« porte des lions ») à Samarcande et, avec un élargissement de sens au tigre en hindî[126], par Shere Khan, le tigre du Livre de la jungle.
231
+
232
+ Que le lion ait l'image d'un animal fort et courageux[127] s'explique par le fait que, jusqu'il y a peu, des hommes de guerre étaient surnommés par son nom. Parmi les plus récents, le seigneur de guerre afghan Ahmed Chah Massoud était appelé par ses partisans le « lion du Panshir », l'empereur éthiopien Hailé Sélassié se fit appeler le « lion conquérant de la tribu de Juda ». Si le futur roi de France Louis VIII fut surnommé « le lion » pour son courage lorsqu'il vainquit les Anglais à la bataille de la Roche-aux-Moines, a contrario, pour Richard Ier d'Angleterre ce ne sont ni sa force ni son courage, mais ses sautes d'humeur qui lui valurent, en France, d'être surnommé « Cœur de Lion », en référence à l'imprévisibilité de l'animal.
233
+
234
+ Le qualificatif de lion est aujourd'hui élogieux, le joueur de football camerounais de l'équipe des Lions indomptables Roger Milla était appelé « le vieux lion » par ses compatriotes parce qu'il fut le plus vieux joueur de champ et le plus vieux buteur de l'histoire de la Coupe du monde de football.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Panthera leo leo
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+ Sous-espèce
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+ Statut de conservation UICN
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+ EW : Éteint à l'état sauvage
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+ Répartition géographique
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+ Le Lion de l'Atlas (Panthera leo leo), également appelé Lion de Barbarie, est une sous-espèce de lion, aujourd'hui éteinte à l'état sauvage[1]. On le trouvait autrefois sur toute l'Afrique du Nord. Les derniers spécimens sauvages ont disparu vers le milieu du XXe siècle. Moins d'une centaine de lions de l'Atlas subsistent en captivité.
16
+
17
+ L'ours de l'Atlas et le léopard de Barbarie, les deux autres principaux prédateurs d'Afrique du Nord, sont désormais, respectivement, disparus et près de l'extinction.
18
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+ Il est caractérisé par une crinière beaucoup plus volumineuse que celle de ses cousins africains, très sombre voire noire et allant jusqu'au milieu du ventre. Cette crinière serait due à son environnement plus tempéré de vie, et n'est donc pas un moyen d'identification fiable de la sous-espèce[2].
20
+ Le lion de l'Atlas adulte a une longueur de 2,35 à 2,80 m [3](de longueur totale avec la queue), une hauteur de garrot de 1,20 m et pèse entre 190 et 240 kg. Les femelles mesurent jusqu'à 2,50 m (longueur totale de la tête à la queue), pour un poids de 115 à 180 kg.
21
+
22
+ Dans les récits historiques, le poids des mâles sauvages aurait été de 270 à 300 kg. Cependant, l'exactitude de ces données est discutable; la taille de population des lions d'Atlas en captivité était trop petite pour pouvoir déterminer s'il s'agissait de la sous-espèce de lion la plus imposante.[4]
23
+
24
+ Son crâne mesure entre 30,85 cm et 37,23 cm de long. [5]
25
+
26
+ La durée de gestation des lionnes serait de 100 à 116 jours, avec 2 à 4 petits par portée. Les lions de l'Atlas auraient une longévité de 30 ans[6].
27
+
28
+ Le nom scientifique Panthera leo leo désigne à présent le Lion d'Afrique.
29
+
30
+ Le lion de l'Atlas est par ailleurs l’emblème du royaume du Maroc, il est sur les armoiries de ce pays et l'équipe du Maroc est surnommée ainsi bien qu'il ne subsiste plus de lion à l'état sauvage dans ce pays.
31
+
32
+ Les Romains utilisaient des lions de Barbarie dans leurs amphithéâtres pour les combats de gladiateurs[8]. Au Moyen Âge, les lions conservés dans la ménagerie de la Tour de Londres étaient des lions de Barbarie, preuve apportée par des tests ADN sur les deux crânes bien conservés dans la tour en 1937[9]. Les crânes ont été datés par le radiocarbone de 1280 à 1385 AD et AD 1420-1480. Dr Nobuyuki Yamaguchi de la Wildlife Conservation Unit (Unité de conservation de la faune) à l'Université d'Oxford, a indiqué que la croissance des civilisations le long du Nil et dans la péninsule du Sinaï au début du IIe millénaire av. J.-C., avait ainsi isolé les populations de lions. Jusqu’à il y a environ 100 ans, le lion a survécu à l'état sauvage au nord-ouest de l'Afrique, zone correspondant aux pays de l'Algérie, la Tunisie, et du Maroc[9]. Le dernier spécimen sauvage fut vraisemblablement abattu en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka)[10] ou aurait disparu lors de la destruction des forêts au Nord de Sétif en 1958[7].
33
+
34
+ Cette sous-espèce est considérée comme éteinte à l'état sauvage. Quelques spécimens, environ 90 (principalement descendants des lions de la ménagerie royale de Rabat au Maroc), sont encore conservés dans certains parcs zoologiques, comme ceux de Rabat, du Port Lympne Wild Animal Park au Royaume-Uni, de Madrid, du Parc zoologique des Sables-d'Olonne, du Parc Zoologique de Paris...
35
+ Tous ces derniers lions de l'Atlas pourraient être des « hybrides » comptant peut-être des lions d'Afrique (sub-saharienne) parmi leurs ascendants[11].
36
+ Le jardin zoologique de Rabat préserve une population d’environ 22 lions depuis plusieurs années[12]. Ces lions voient leur effectif augmenter (3 naissances en décembre 2011)[13].
37
+
38
+ Le gouvernement marocain avait pour projet de réintroduire les derniers spécimens en captivité dans la nature mais ce projet difficilement réalisable sans une volonté politique forte fut abandonné[14].
39
+ Les principaux obstacles à cette réintroduction sont l'occupation humaine et la dégradation de leurs milieux d'origine, des difficultés auxquelles font face de nombreux parcs naturels sub-sahariens.
40
+
41
+ Toutefois, diverses pétitions, notamment en ligne sur Internet, sont mises en place afin de tenter de faire revivre ce projet[15],[10],[16].
42
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+ Puma concolor
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+ Espèce
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+ Répartition géographique
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+ Statut de conservation UICN
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+ LC  : Préoccupation mineure
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+ Statut CITES
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+ Le puma (Puma concolor), également appelé lion de montagne, ou cougar, est un mammifère carnivore qui appartient à la famille des félidés. C'est un animal solitaire qui vit en Amérique du Nord et du Sud. Difficile à observer, il ressemble à un léopard sans taches, ce qui explique que, par abus de langage, on le désigne parfois également sous le terme de « panthère ». En France, sa présence à l'état sauvage se limite à la Guyane.
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+
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+ Le pelage du puma est uniforme (concolor signifie « d'une seule couleur »), même si l'on devine parfois des rayures sur ses membres antérieurs[1]. La couleur reste dans les tons fauves et varie du brun roux dans les régions tropicales au gris jaune dans les régions arides. Le dessous du corps est plus clair, allant de la couleur crème au blanc[2]. La longueur des poils dépend du milieu naturel dans lequel l'animal vit : ils sont rudes et courts dans les régions chaudes et longs en régions froides. Les cas d'albinisme sont rares mais les cas de mélanisme sont fréquents[3]. Un unique cas de leucisme (« Puma blanc ») est observé dans les années 2010 à l'état sauvage dans le parc national de Serra dos Órgãos[4].
16
+
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+ Le puma possède une petite tête de forme arrondie munie d'oreilles courtes, rondes et écartées. Le revers de l'oreille est noir. La fourrure du menton est blanchâtre comme celle du museau. La truffe est rose. La couleur des yeux varie du vert au jaune ambré et son champ de vision est très large[5].
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+
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+ En moyenne, le mâle mesure entre 1 mètre et 2,30 mètres de longueur, le record étant de 2,90 mètres, queue comprise[1]. Celle-ci représente un tiers de la taille de l'animal[6]. La masse du puma est comprise en moyenne entre 53 et 72 kg pour les mâles ; le plus gros individu connu faisait 120 kg[3]. Sa taille varie de 60 à 76 cm au garrot[6],[3]. La femelle est moins grosse (environ 35 à 48 kg[3]) ; le mâle est de 40 à 60 % plus lourd que la femelle[7]. En outre, il existe une variation géographique de la taille : les plus grands spécimens vivent dans les montagnes Rocheuses et en Patagonie tandis que les plus petits évoluent dans les régions proches de l'équateur. Ainsi, les pumas vivant en région tropicale pèsent deux fois moins que les individus du sud du Chili ou du Canada[7].
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+
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+ La silhouette du puma est fine et musclée et son postérieur est plus haut que sa tête ce qui lui permet de sauter facilement. Sa longue queue (entre 53 et 81 cm[8],[9]), plus foncée à son extrémité, est l'une des caractéristiques du puma. Enfin, il possède quatre doigts munis de griffes longues, pointues et rétractiles. Ses pieds sont larges, ce qui permet d'avancer aisément dans la neige[3]. Les pattes postérieures plus longues que les antérieures - ces premières étant, proportionnellement à la taille, les plus longues de toutes les espèces de félins[7] - sont une adaptation au bond[10].
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+
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+ Le puma peut courir jusqu'à 72 km/h[11],[12], mais seulement sur de courtes distances. En outre, il peut franchir jusqu'à 12 mètres[13] en longueur, d'un bond à partir d'une position fixe. Enfin, il est capable de faire des bonds atteignant 4 à 5 mètres de haut, sans élan[13]. C'est un animal qui nage bien mais il ne le fait qu'en cas de menace. Pour les besoins de la chasse ou en cas de menace, il est capable de grimper aux arbres et de faire preuve d'une grande agilité.
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+
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+ Le puma est un animal solitaire. Les mâles et les femelles ne se rencontrent qu'en période d'accouplement (environ deux semaines[14]). L'oestrus dure huit à quatorze jours[15]. Les pumas peuvent se reproduire toute l'année, toutefois, on observe souvent un pic de naissances durant la saison chaude (d'avril à septembre en Amérique du Nord)[15]. Le taux de recrutement est de 1,0 à 1,3 petits par femelle en âge de procréer[15]. La maturité sexuelle est atteinte pour les deux sexes dès l'âge de deux ans, parfois dès vingt mois[15]. Cependant, la première reproduction se produit plus probablement lorsque la femelle a pu s'établir sur un territoire[15].
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+
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+ Après une gestation d’environ trois mois[16] (entre 88 et 96 jours[8]) la femelle met au monde jusqu'à six petits, généralement deux ou trois[14]. La femelle met bas dans une tanière qui peut être des fourrés, une cavité rocheuse ou encore un arbre creux[17]. Les petits restent avec leur mère jusqu'à leur deuxième année[18],[15]. L'intervalle entre deux naissances est de dix-huit à trente mois[15]. À la naissance, les jeunes pèsent de 600 à 800 grammes[8],[17],[9] et ont un pelage brun jaunâtre avec des points noirs ou marron qui disparaissent vers l'âge de 16 mois. Les chatons ouvrent les yeux à dix jours et mangent de la viande à six semaines[17], mais l'allaitement dure plus de trois mois[16].
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+ Dans son environnement naturel, un puma vit environ huit à dix ans[8],[17] ; en captivité, sa longévité peut dépasser 25 ans[réf. nécessaire]. Le sex-ratio adulte est généralement de deux femelles pour un mâle. La mortalité naturelle des adultes est inférieure à 5 %[15]. La mortalité causée par la chasse sportive peut être particulièrement élevée pour les mâles adultes et subadultes[15]. La mortalité est probablement plus élevée dans les zones de forts conflits intraspécifiques, comme les populations soumises à la chasse (conflits pour acquérir un territoire plus fréquents du fait de la disparition des individus prélevés) et dans les zones à faibles ressources alimentaires[15].
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+
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+ Les cris du puma diffèrent selon les circonstances : très aigus ou ressembler à un sifflement en période de rut[19] ; ils peuvent faire aussi penser à un fort ronronnement. Pendant la saison de l'accouplement, les pumas émettent des sortes de miaulements (ou feulements) puissants[14],[6]. Le puma ne rugit pas en raison de l'ossification totale de son appareil hyoïde[16]. Il émet un gémissement aigu pour menacer les intrus osant s'aventurer sur son territoire.
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+
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+ Les pumas sont carnivores, ils attaquent en général les grands mammifères comme les cerfs ou les élans mais aussi des animaux plus petits si nécessaire, jusqu'à pêcher ou se nourrir d'insectes[17] ou de lézards[9]. En moyenne, un puma d'Amérique du Nord consomme un cerf tous les sept à dix jours, parfois plus pour une femelle avec des petits[5]. Enfin, le puma peut tuer des animaux d'élevage (chevaux, moutons, vaches, chèvres, etc.)[17].
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+ Les pumas chassent seuls, à l'aube ou au crépuscule, le jour en montagne[9]. Ils traquent leur proie et l'approchent par derrière. Ils tuent leur proie en mordant la base du crâne, brisant le cou de leur victime. Ils peuvent ainsi s'attaquer à des animaux beaucoup plus gros qu'eux. Ils enterrent ensuite la carcasse ou la recouvrent partiellement afin de la protéger quelques jours des charognards avant de revenir pour s'en nourrir. Comme tous les prédateurs, ils changent de proies selon l'abondance de ces dernières. Ainsi sur une zone où l'on avait réintroduit une espèce de mouflon dit mouflon canadien (Ovis canadensis), on a constaté que les pumas ont augmenté leur prédation sur cette espèce alors que les populations de cervidés (leur nourriture préférée) avait diminué[21].
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+ Les mâles adultes occupent un territoire moyen de 250 km2 environ (de 100 à 1 000 km2)[14], qui est marqué par leur urine, leurs déjections ou des traces de leurs griffes sur les troncs, accompagnées d'un marquage odorant ; comme les autres félins, le puma possède des glandes sudoripares au niveau des pelotes digitales et plantaires. Le territoire des femelles est plus restreint (moins de 100 km2 en général), ce qui implique que le territoire d'un mâle recouvre plusieurs territoires de femelles.
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+ Des suivis de jeunes couguars par radiotracking dans un habitat relativement fragmenté, en Californie, ont montré qu'ils trouvent assez facilement les corridors biologiques qui leur conviennent et les écoducs leur permettant de traverser une autoroute[22]. La dispersion se fait au moment de l'abandon des petits par la mère en bordure de son domaine vital. Le jeune reste dans un rayon de 300 m à proximité durant 13 à 19 jours et explore ensuite son nouvel environnement dans la direction opposée à celle prise par la mère. L'âge moyen à la dispersion était de 18 mois (extrêmes : 13-21 mois)[22]. Les animaux fréquentent facilement les lisières ville-forêt et les corridors biologiques et écoducs, et semblent apprécier l'absence d'éclairage artificiel direct ou indirect[22], si ce n'est l'absence de pollution lumineuse.
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+ Le jaguar (Panthera onca) partage son aire de répartition Nord avec l'aire Sud du puma. Les cas de coexistence ne sont pas rares. Les deux espèces ont souvent été étudiées conjointement. Dans les zones tropicales, le puma est plus petit que dans les zones tempérées de son aire de répartition et chasse un plus grand nombre d'espèces, qui sont également de plus petite taille[23]. Le puma subit la concurrence du jaguar qui ne lui laisse que des proies de taille moyenne[17]. La compétition interspécifique avec le jaguar dans les zones tropicales est un facteur probable de ces différences[23],[Note 1]. Dans le parc national Santa Rosa au Costa Rica, il a été observé que les carcasses de proies fraichement tuées par un jaguar (des tortues de mer) sont par la suite visitées par un ou des pumas et jaguars[Note 2],[24]. Le puma est plus fréquemment observé durant la journée, tandis que le jaguar est plus nocturne[24]. Cette observation montre que le jaguar est relativement tolérant envers les autres prédateurs qui visitent les charognes qu'il a tuées[24]. Le jaguar peut s'attaquer aux jeunes pumas[25].
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+ Le Puma a peu de prédateurs mais en Amérique centrale et Amérique du Sud, il peut être attaqué par le Jaguar et l'Anaconda. En Amérique du Nord, il peut se trouver confronté à un Grizzly ou à une meute de loups.
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+ Le puma occupe une grande vari��té d'habitat[26]. Il se rencontre dans divers écosystèmes tels que les déserts arides, les zones de broussailles semi-arides, les forêts de conifères, les prairies et savanes inondées et les forêts tropicales humides[26]. Il n'est pas présent dans les régions côtières fortement anthropisées et dans les hautes Andes. Le puma se rencontre jusqu'à 5 800 mètres d'altitude[26].
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+ Avant la colonisation et l'explosion démographique du territoire, le puma occupait tout le continent américain : de la Colombie-Britannique au Sud de l'Argentine. Le puma est l'animal terrestre qui occupe l'aire la plus étendue du Nouveau Monde, couvrant près de 110 degrés de latitude. Le puma est également le félin le plus répandu après le chat domestique sur le continent américain.
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+ Le puma est absent des îles (Caraïbes, Antilles), de l'Uruguay ainsi que du Centre et de l'Est de l'Amérique du Nord. Il était autrefois présent dans les forêts du Grand Nord mais il a disparu à la suite de l'extinction des grands ongulés dans cette région[3]. Il a été beaucoup chassé aux XIXe et XXe siècles : on recensait en moyenne 350 pumas tués par an en Colombie-Britannique entre 1910 et 1957[17]. Le puma peut occuper une grande variété d'habitats mais l'extension humaine les a repoussés en montagne, dans une forêt morcelée et considérablement réduite depuis la colonisation européenne, dans les prairies, les déserts et les étendues sauvages du continent américain. On le trouve jusqu'à 5 900 mètres dans la cordillère des Andes[20].
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+ Le puma est classé en annexe II de la CITES, c'est-à-dire en espèce vulnérable. Les pumas de Floride et d'Amérique centrale appartiennent à l'annexe I et sont menacés d'extinction[27],[14],[3]. La chasse du puma est en général interdite ou réglementée, sauf au Guyana, en Équateur et au Salvador[17]. Les réserves et les parcs naturels tentent de préserver leur habitat (Yosemite, Yellowstone, Río Plátano, Iguazú, etc.). Cependant, certains éleveurs, dont les troupeaux sont menacés, les abattent ou les empoisonnent.
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+
53
+ L'espèce se trouvait autrefois dans presque toute l'Amérique du Nord, sur le territoire des cerfs, sa source de nourriture principale. Il a cependant été victime de la chasse pendant près de deux siècles, sa fourrure étant prisée et sa présence n'étant pas la bienvenue près du bétail. La sous-espèce de l'Est, Puma concolor couguar, qui occuperait actuellement le Sud-Est du Canada (Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), avait apparemment disparu dès la seconde moitié du XIXe siècle mais une faible population semble encore subsister dans une partie de son aire de répartition historique[28].
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55
+ Au Québec, sa population n'a probablement jamais été abondante[29]. Seules quelques centaines d'observations ont été rapportées depuis 1955 : la majorité d'entre elles sont postérieures à 1991, période durant laquelle les mentions de cougar étaient systématiquement recueillies[29]. Les mentions proviennent de la partie méridionale de la province au sud du 50e parallèle, essentiellement dans les régions de l'Abitibi-Témiscamingue, de l'Estrie et du Bas-Saint-Laurent[29]. Cependant, un seul signalement a été confirmé en 1992 lorsqu'un individu a été abattu en Abitibi-Témiscamingue, une analyse génétique a démontré que l'individu provenait d'une sous-espèce présente en Amérique du Sud et il est probable que cet animal se soit échappé d'un parc zoologique ou gardé en captivité[29]. Les principaux facteurs limitatifs de la présence du cougar au Québec seraient sans doute liés aux diverses activités humaines et au morcellement des populations, qui rendrait difficile les rencontres lors de la période d'accouplement[29].
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+
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+ La présence du cougar fait l'objet d'un suivi au Québec. Un système de collecte des observations (rapports d'observation) et d'analyse de leur qualité est en place dans chaque région par les bureaux de Protection de la Faune du Québec[29]. La présence d'environ huit individus répartis à travers la province est confirmée par les scientifiques[30]. En 2005, le ministère de la faune et des parcs du Québec a officiellement confirmé la présence du puma dans trois régions du Québec : la Capitale-Nationale (Québec), la Gaspésie et le Saguenay–Lac-Saint-Jean. D'autres observations auraient été faites dans le Centre-du-Québec et l'Estrie. Un puma a d'ailleurs été filmé dans un champ de Fortierville en mai 2007, alors qu'un autre a été aperçu et clairement identifié le 1er octobre 2007 à la forêt Montmorency située à environ 70 km au nord de la ville de Québec, près du parc national de la Jacques-Cartier. Un autre a également été observé au printemps 2007 dans le Parc de la Gatineau, dans l'Outaouais[30].
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+ Un biologiste du Parc national de Forillon en Gaspésie a confirmé que six échantillons de poils de cougar ont été recueillis dans le parc entre 2003 et 2010, dont le dernier en août 2009. Le projet d'observation a ensuite été arrêté puisqu'il ne visait qu'à confirmer la présence. Les tests génétiques ont permis de conclure qu'il s'agissait d'un cougar de l'Est[31]. Cependant, il existe un débat chez les biologistes concernant les dispositifs de prélèvement des échantillons et l'existence même de cougars vivant à l’état sauvage au Québec[32],[33].
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+
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+ D'abord chassé jusqu'à sa quasi-extinction aux États-Unis, le puma fait un grand retour, avec une population estimée entre 10 000[8] et 30 000 individus dans l'Ouest du pays, principalement dans les montagnes Rocheuses. L'animal est présent dans quatorze États de l'Ouest et en Floride[34]. On estime entre 4 000 et 6 000 le nombre de lions des montagnes en Californie où il est protégé par la loi, entre 4 500 et 5 000 au Colorado ; les couguars de Floride sont estimés à une cinquantaine et constituent la sous-espèce la plus menacée du continent américain. Dans les autres États, sa chasse est légalisée mais soumise à l'autorisation de l'United States Fish and Wildlife Service[34]. Le Texas est le seul État où le puma peut être chassé librement.
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+ La Panthère de Floride est une population de puma qui était une sous-espèce selon l'ancienne classification (Puma concolor coryi). Autrefois présente dans tout le Sud-Est des États-Unis, elle survit dans le Sud de la Floride. Il ne subsisterait qu’une cinquantaine d'individus[35]. Elle est menacée d'extinction malgré les efforts du groupe de sauvegarde de la Panthère de Floride (The Florida Panther Recovery Team), fondé en 1976. Il y a actuellement un grand effort de la part de l’État de Floride pour sauver ces panthères locales, leur nombre étant en effet en inquiétante diminution : élevage en captivité, préservation du gibier, reproduction artificielle, etc. Néanmoins, la nouvelle classification permet d’envisager une reproduction de préservation par croisement avec d’autres anciennes sous-espèces moins menacées de couguars d’Amérique du Nord, qui sont dans la même lignée phylogénétique, et de parvenir, par sélection, à retrouver les caractères de la Panthère de Floride, avec l’aide d’élevages ou parcs naturels d’autres États.
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+ Les pumas tentent de reconquérir l'Est du pays, suivant les criques et les cours d'eau, ils ont à présent atteint les États du Missouri et du Michigan. Cette évolution pourrait permettre d'en trouver sur la quasi-totalité du territoire des États-Unis mais, la réintroduction du loup dans les montagnes Rocheuses est une menace pour le puma qui était jusque-là le seul grand prédateur carnivore avec l'ours dans ce territoire. Il y a par exemple environ 25 pumas dans le parc du Yellowstone[36] contre 118 loups[37].
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+ À cause de l'urbanisation, les pumas se retrouvent de plus en plus fréquemment en contact avec les humains, surtout dans les zones riches en cerfs, leur proie naturelle. Beaucoup de ces félins meurent percutés par des automobiles ou des camions (voir roadkill). Si on a compté des attaques d'animaux domestiques (chats, chiens), ils ne se tournent que très rarement vers le domaine des humains comme source de nourriture. Le 2 mars 2011, le puma de l'est américain est officiellement annoncé par l'USFWS comme étant éteint aux États-Unis[28], mais peut-être était-ce déjà le cas depuis les années 1930. En fait, le statut de cette population en tant que sous-espèce est incertain, et des migrations d'individus de l'ouest de la répartition sont possibles[38],[39].
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+ Après y avoir été exterminé par la chasse et la destruction de vastes superficies d'habitats naturels, le couguar a été confiné aux États de l'ouest des États-Unis depuis presque un siècle[40]. Il semble lentement recoloniser des zones situées plus à l'Est du pays[40]. Une modélisation écologique publiée en novembre 2015, basée sur plus de 40 années de statistiques populationnelles croisées à des informations sur l'éthologie et l'habitat de l'espèce laisse attendre une réapparition de populations de cougars dans les États du Midwest entre 2015 et 2040[40], à condition qu'il soit suffisamment accepté, ce qui implique selon les chercheurs une approche intégrée de la présence potentielle d'un grand carnivore dans la région.
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+
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+ Le 2 mars 2011, le puma de l'est américain a été officiellement déclaré espèce éteinte au États-Unis. Ce cougar était sur la liste des espèces menacées depuis 1973 mais sa disparition était suspectée depuis les années 1930[41].
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+
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+ L'homme impacte la population de puma en raison de la fragmentation ou de la disparition de ses habitats, de la pression de la chasse et du dérangement que subit l'espèce. Les pumas sont très discrets, n'attaquent que très rarement l'homme et dépensent beaucoup d'énergie pour le fuir[42]. Ceci peut arriver quand celui-ci s'aventure dans des zones sauvages ou que l'animal se sent menacé. De 1890 à janvier 2004, on a recensé environ 100 attaques de pumas sur des humains en Amérique du Nord (dont 16 mortelles). Sans doute en raison d'une pression plus forte sur leurs territoires, le phénomène semble s'intensifier avec 53 attaques dans les années 1980 dont neuf mortelles en Amérique du Nord[8].
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+ Le puma peut être apprivoisé. Inscrit à l'annexe ll de la Convention sur le commerce international des espèces de faunes sauvages, il peut donc être commercialisé avec un permis. Des fermiers en adoptent en Argentine et les laissent en liberté sur l'exploitation, où l'animal se révèle joueur et convivial.
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+ Les efforts que le cougar fait pour ne pas être aperçu par l'homme ont un coût important en termes d’énergie dépensée, et secondairement aussi en termes de chances de survie[42] ; c'est la conclusion d'une étude récente (2015) basée sur le suivi à distance (grâce à des balises GPS) de 30 couguars dans les montagnes de Californie (de 2008 à 2013). Un logiciel spécial a identifié 208 sites vers lesquels ces couguars retournaient plusieurs fois de suite durant plusieurs jours (ce qui est un indice fort qu'ils avaient attaqué une proie dans ce secteur)[42]. L'étude a montré que dans les zones de ce territoire un peu plus urbanisées (2 à 9 maisons par hectare), les femelles couguars ont tué 36 % de chevreuils de plus par rapport à celles qui vivaient dans des zones pas ou peu habitées, et qu'elles passaient moins de temps à se nourrir sur chaque carcasse, alors qu'une telle différence n'a pas été constatée chez les mâles)[42]. Les auteurs supposent que les femelles doivent dépenser beaucoup plus d'énergie pour à la fois rester discrètes et chasser pour leur progéniture quand elles vivent à proximité de l'homme, et que ceci se paye en termes de « chance de reproduction » (Ainsi, l'une des femelles suivies a perdu trois de ses portées en trois ans, et c'est celle qui vivait dans l'habitat le plus anthropisé[42]).
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+
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+ Le puma fait partie des félins pouvant attaquer l'être humain. Entre 1890 et 1990, 53 attaques de pumas, dont 10 morts ont été répertoriées aux États-Unis et au Canada. Les deux tiers des attaques portaient sur des enfants jusqu'à neuf ans et tous les décès sont survenus sur des jeunes de moins de treize ans. Plus du tiers des incidents ont eu lieu sur l'île de Vancouver, ce qui est peut-être un cas d'apprentissage de prédation. 40 % des attaques ont lieu en été, ce qui est probablement dû aux sorties en nature plus fréquentes de l'homme en cette période. La majorité des attaques avaient lieu dans le dos de la victime. Bien qu'en forte augmentation sur la période étudiée, les tentatives de prédation reçoivent une couverture médiatique importante en comparaison d'autres prédateurs statistiquement plus dangereux pour l'homme, comme les chiens[43].
80
+
81
+ Des lignes directrices ont été proposées pour sa protection et gestion[44], mais dans la nature, comme la plupart des grands carnivores, cet animal est souvent victime de collision avec des véhicules, empoisonnement, ou est mal accepté par les propriétaires de terrain, de gibier ou d'animaux d'élevage[45],[46].
82
+
83
+ La phylogenèse est l'étude des fossiles d'un animal afin d'en préciser son apparition et son évolution. Cependant, il existe assez peu de fossiles de félins, et la phylogénie moderne s'appuie essentiellement sur les analyses génétiques (Cf. ADN). Le premier félin daterait d'il y a 11 millions d'années[47]. L’ancêtre commun des lignées Leopardus, Lynx, Puma, Prionailurus et Felis aurait traversé la Béringie et colonisé l’Amérique du Nord il y a environ 8 à 8,5 millions d’années. Des analyses génétiques effectuées en 2006 ont montré que ces lignées ont divergé dans l’ordre de leur citation : le genre Puma est donc la troisième lignée à se différencier[47],[48]. La lignée du Puma a probablement divergé il y a plus de huit millions d'années selon l'horloge moléculaire[48]. Les félins nord-américains ont ensuite envahi l’Amérique du Sud par l’isthme de Panama il y a 3 millions d’années durant le grand échange interaméricain.
84
+
85
+ Le puma n'est pas doté d'un os hyoïde élastique et de larges cordes vocales, ce qui ne lui permet pas de rugir[7]. La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces en félins « rugissants » de la sous-famille des panthérinés et les « non-rugissants » de la sous-famille des félinés[49]. Ainsi, le puma est le plus grand des félins de la sous-famille des Felinae et possède des caractéristiques similaires aux grands félins de la sous-famille des Pantherinae[50]. Le Puma fut d’abord considéré comme un membre du genre Felis (Felis concolor). Dès 1834, Jardine propose de classer le puma dans un genre à part[51] : Puma. Le puma a alternativement fait partie du genre Felis puis Puma[52]. Les différentes références taxinomiques s’accordent à présent pour le rattacher au genre Puma, qui a contenu une seule autre espèce : le Jaguarondi (Puma yagouaroundi). Des études ont montré que le puma et le Jaguarondi sont étroitement proches du gu��pard[47],[53]. Anatomiquement, la colonne vertébrale du puma est longue, comme celle du guépard, et lui permet une flexion lombaire étendue par rapport aux autres félins[7]. La nature de cette relation est cependant mal définie : une première hypothèse serait que les lignées du Guépard et du Puma aient divergé en Amérique (Guépard américain) puis que le guépard soit retourné vers l’Ancien Monde[47],[53] ; une autre suggère que le guépard a évolué indépendamment sur l'Afro-Eurasie[54].
86
+
87
+ Le Puma d’Amérique du Nord présente un haut niveau de similarité génétique, ce qui suggère que l’espèce actuelle descend d’un petit groupe d’individus. Culver et al. pense que les populations nord-américaines de Puma concolor ont été extirpées durant les extinctions du Pléistocène il y a environ 10 000 ans (Holocène) puis que les populations sud-américaines ont par la suite repeuplé le Nord de l’Amérique[53].
88
+
89
+ Jusqu’à la fin des années 1990, de 30[3],[Note 3] à 32[53],[7] sous-espèces différentes ont été validées. Certains auteurs ont même avancé jusqu’à 35 sous-espèces différentes[55]. Les différences majeures entre ses différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille du corps : la plupart de ces formes ne prenaient pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. Une étude génétique effectué en 2000 sur l’ADN mitochondrial a diminué drastiquement le nombre de sous-espèces, passant d’une trentaine à six[53],[52],[56] :
90
+
91
+ De nouvelles études menées sur le génome mitochondrial ont réduit le nombre de sous-espèces à deux : Puma concolor concolor (Linné, 1771) présent en Amérique du Sud et Puma concolor cougar (Kerr, 1792) réparti en Amérique du Nord et Centrale[7],[48], et peut-être au nord-ouest des Andes. Les populations nord-américaines se seraient étendues au reste de l'Amérique vers 8 000 avant le présent[48].
92
+
93
+ Le mot « puma » [pyma] est dérivé d’un mot quechua introduit en français par l'intermédiaire de l'espagnol. Il est attesté en espagnol depuis 1602[61]. Les Incas les tuaient lorsqu'ils s'attaquaient aux guanacos et aux vigognes[17]. Le terme « couguar » [kuga:ʀ] est orthographié de diverses manières (« couguard » et parfois « cougouar », qui se prononce [kugua:ʀ][62]) au cours du XVIIIe siècle. Au Brésil, les Amérindiens Tupi appelaient l'animal susuarana, déformé ensuite par les Portugais en suçuarana puis cuguacuarana et qui devint au XVIIIe siècle le « couguar » du naturaliste français Buffon. Le mot se serait peu à peu altéré : la cédille est perdue, puis les sons [s] et [c] sont confondus[35],[63],[64].
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+ Les différents noms et expressions utilisés pour désigner le Puma reflètent la diversité des langues et des cultures du continent américain. Il est inscrit au livre Guinness des records en tant qu’animal ayant le plus grand nombre de dénominations, plus de quarante noms différents juste pour l’anglais, probablement grâce à sa large distribution en Amériques[65]. En français, il existe également de nombreux termes synonymes tels que « tigre rouge », « tigre poltron », « lion d'Amérique », « lion du Chili », « lion des Péruviens »[64]. Au Québec, l'Office québécois de la langue française recommande l'utilisation du terme « cougar »[62] ; les mots « cougouar », « puma », « lion des montagnes » et « lion de montagne » sont moins fréquemment utilisés dans la province canadienne[62].
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+ Les peuples amérindiens le baptisèrent de façons diverses : il était par exemple « cabcoh » pour les Mayas. Les peuples qui occupaient les rives des Grands Lacs pensaient que sa queue attisait les tempêtes[20] et l'appelaient Erielhonan, ce qui signifie « longue queue ». Le nom du lac Érié dérive de cette appellation[63]. Le félin est discret, il ne chasse qu'à la tombée de la nuit ou au lever du jour : c'est pourquoi il a été aussi surnommé le « chat fantôme » (ghost cat en anglais). Lorsque Christophe Colomb découvrit le puma, il crut que c'était un lion : les Américains l'appellent encore mountain lion, « lion des montagnes ». En anglais, le Puma est également appelé « catamount », « panther », « mountain screamer » et « painter ». Le président américain Theodore Roosevelt le surnommait le « seigneur du meurtre fugitif[66]. »
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+ Les civilisations précolombiennes vénéraient le puma comme un dieu ou un être surnaturel, à l'instar du jaguar. Dans les Andes, le dieu Viracocha est représenté par le motif du puma sur la porte du Soleil de Tiahuanaco. Pour les Incas, lors des éclipses de Soleil, Inti, dieu du soleil, était dévoré par un monstre céleste assimilé à un puma[67]. Les pumas étaient vus comme les représentants des dieux de la montagne. Lorsque ce phénomène céleste se produisait, les paysans des Andes faisaient là encore un maximum de bruit mais cette fois, pour effrayer le félin. Le nom du lac Titicaca signifie le « lac des pumas de pierre ». Les plans de la ville de Cuzco au Pérou auraient été conçus en reprenant la silhouette du félin[20],[67].
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+ Les Anasazis lui vouaient un culte. Au Nouveau-Mexique, les Cochites (en) ont sculpté deux pumas en pierre grandeur nature pour un autel et les Zuñis emportaient avec eux des amulettes en pierre représentant le félin[67]. D'autres peuples le chassaient pour s'en nourrir ou pour sa peau. Dans les croyances animistes des peuples d'Amérique du Nord, l'esprit du puma est celui du chef qui s'impose sans utiliser la violence ou la contrainte[63]. Il est un modèle de persévérance et de détermination, car il attend patiemment le passage d'une proie du haut d'un arbre ou d'un rocher. Le puma est un animal très vénéré de la mythologie andine. Il y occupe une place similaire à celle du lion dans le bestiaire occidental.
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+ L'archéologie Écouter est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier l'Homme depuis la Préhistoire jusqu’à l'époque contemporaine à travers sa technique grâce à l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté et qu’il est parfois nécessaire de mettre au jour par la fouille (outils, ossements, poteries, armes, pièces de monnaie, bijoux, vêtements, empreintes, traces, peintures, bâtiments, infrastructures, etc.). L'ensemble des artéfacts et des écofacts relevant d'une période, d'une civilisation, d'une région, ou d'un peuplement donné, s'appelle culture archéologique. Cette culture matérielle est avant tout un concept basé sur l'assemblage de vestiges retrouvés dans des espaces et dans des chronologies contingentes, sur un même site, ou dans une même région, par exemple. On peut alors parler, pour désigner un ensemble cohérent, de culture archéologique (comme la culture de Hallstatt, ou la culture Jomon, par exemple).
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+ L’archéologue, dans une approche diachronique, acquiert donc l’essentiel de sa documentation à travers des travaux de terrain[N 1], par « opposition » à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Mais l'archéologue utilise aussi des documents écrits lorsque ceux-ci sont matériellement disponibles[N 2] tout comme il peut faire appel aux sciences de la vie et de la terre[N 3] ou aux autres sciences humaines (voir ci-dessous), regroupées méthodologiquement dans ce qu'on appelle les « archéosciences » (comme l'archéométrie, l'archéologie environnementale, etc.). L'existence ou non de sources textuelles anciennes a permis d'établir une division chronologique des spécialités archéologiques en trois grandes périodes : l'archéologie de la Préhistoire (absence de sources textuelles), l'Archéologie de la Protohistoire (peuples n'ayant pas de sources textuelles mais étant cités dans ceux de peuples contemporains) et l'archéologie des Périodes historiques (existence de sources textuelles). Il existe aussi des spécialisations archéologiques faites suivant le type d’artefacts étudiés (céramiques, bâti, etc.), ou à partir de la matière première des artefacts étudiés (pierre, terre crue, verre, os, cuir, etc.).
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+ Le mot « archéologie » vient du grec ancien archaiología[N 4] et est formé à partir des éléments archaíos « ancien », lui-même issu de arkhê et lógos « mot, parole, discours, science ». Toutefois, c'est avant tout à l'étude de l'objet fabriqué par l'homme, donc à la technicité, que l'archéologue consacre son travail.
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+ Dans l’« Ancien Monde », l’archéologie a eu tendance à se concentrer sur l’étude des restes physiques, les méthodes employées pour les mettre au jour et les fondements théoriques et philosophiques sous-tendant ces objectifs.
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+ La première attestation d’un récit ou d’une interprétation à proprement parler archéologiques remonte à la période grecque classique, et nous est racontée par Thucydide. En effet, lors de travaux à Délos, il mentionne la découverte de tombes anciennes. L’auteur décrivant la scène indique que les défunts étaient probablement des pirates cariens (provenant de Carie du fait des vêtements qu’il était possible de reconnaître dans leur tombe).
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+ « Les habitants des îles, Cariens et Phéniciens, s’adonnaient tout autant à la piraterie ; car c’étaient eux qui avaient occupé la plupart des îles. En voici une preuve : dans la présente guerre, quand les Athéniens purifièrent Délos et qu'on enleva toutes les tombes de l’île, on constata que plus de la moitié appartenait à des Cariens, ainsi que l’attestèrent les armes enfouies avec les morts et le mode de sépulture, encore en usage chez les Kariens d’aujourd’hui. »
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+ — Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, I, VIII.
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+ Il s’agit de la première réflexion associant directement un contexte funéraire archéologique à une identité culturelle ou ethnique.
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+ La discipline prend sa source dans le monde des antiquaires et dans l'étude du latin et du grec ancien, qui l'inscrivent naturellement dans le champ d'étude de l'histoire. Avec la restructuration des réseaux commerciaux de la Méditerranée à la fin du Moyen Âge, les voyages vers diverses destinations redeviennent plus aisés, et se développent des circuits faisant souvent étape dans des régions ou des sites archéologiques étaient connus des populations locales. Cyriaque d'Ancône ou Ciriaco de’ Pizzicolli (Ancône, vers 1391 - Crémone, vers 1455) est un humaniste italien, un voyageur et un épigraphiste grâce auquel sont parvenues des copies de nombreuses inscriptions grecques et latines perdues depuis son époque. Il a été appelé le père de l'archéologie : il est le premier « savant » à redécouvrir des sites grecs antiques prestigieux tels que Delphes ou Nicopolis d'Épire. Cyriaque d'Ancône se croyait investi d'une mission : sauver les antiquités, condamnées à disparaître. Après lui se succèdent d'autres voyageurs, notamment dans le cadre des grands tours pratiqués par les jeunes aristocraties européennes. Ce grand tour incluait souvent un voyage en Italie, en Grèce, et en Turquie, afin de visiter les hauts-lieux de la culture antique, d'en ramener des vestiges éventuels, et de les documenter par des illustrations et des récits. Les fouilleurs recherchent en premier lieu les trésors ou des objets précieux destinés à alimenter les collections privées ou les collections royales[1]. Se développent par ailleurs des musées, héritiers des cabinets de curiosité dont l'objet était d'accumuler des trouvailles rares, précieuses, anciennes, atypiques. Les musées furent le cadre des premières réflexions sur les cultures matérielles. Les grands noms de cette transition entre antiquaires et archéologues sont par exemple Anne Claude de Caylus, ou Jacques Boucher de Perthes. Progressivement se constituent donc non seulement une culture de l'antique, mais aussi une approche de plus en plus scientifique, avec l'invention des trois grands principes de l'archéologie scientifique : chronologie, typologie, stratigraphie.
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+ La découverte du site de Pompéi marque un tournant dans l’archéologie. A l’époque moderne, la ville est une première fois découverte entre 1592 et 1600 lors de la construction du canal du Sarno. Toutefois, les fouilles commencent en 1748 sous le règne de Charles de Bourbon. Et en 1763, une inscription est découverte ce qui permet l’identification avec certitude de Pompéi. La topographie de la ville est établie progressivement. Cette découverte contribue « à promouvoir une certaine image romantique de l'archéologie, propre à stimuler l'imaginaire et à donner aux objets découverts une nouvelle réalité[1] ».
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+ Entre 1860 et 1875, un changement important s’opère avec Giuseppe Fiorelli qui est des premiers interprètes de la science archéologique[2]. Il met au point de nouvelles méthodes de fouilles ainsi que de présentation du site. Avec lui, les fouilles se font par décapages horizontaux successifs. Cette nouvelle méthode permet à Giuseppe Fiorelli de développer les moulages au plâtre. Par ailleurs, il divise le site en neuf régions, chacune subdivisée en îlots, et numérote les propriétés[3].
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+ Lors de la Renaissance nordique, les hommes commencent de plus en plus à regarder ce que la terre peut cacher. Ils y découvrent des mégalithes, tumuli et inscriptions runiques. Le xvie siècle est un moment où les érudits ont une vraie volonté de rassembler et découvrir des objets et vestiges dans un but didactique. Ils cherchent à expliquer le monde. En 1555, Olaus Magnus publie à Rome l’une des premières descriptions historique, géographique ainsi qu’ethnographique. Les éléments collectés sont mis en relation avec les traditions classiques mais ne sont pas réellement interprétés.
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+ C’est à la fin du xvie siècle que l’on collecte des antiquités nordiques et que l’on associe la connaissance des sources avec la pérégrination (trajet complexe d’un lieu à un autre). Johan Bure, fils de pasteur, s’intéresse au déchiffrement des runes dans le climat nationaliste de la cour de Suède. Il les collecte et les analyse systématiquement. Il fait un alphabet précis, propose des règles de transcriptions ainsi qu’un système de datation et enfin, entreprend le relevé systématique des inscriptions en Suède. Johan Bure apporte un soin particulier aux dessins et a une attention envers le matériel épigraphique. Collecter est le but principal de ses excursions, durant lesquelles il découvre un quart des inscriptions connues à ce jour. D’autre part, le travail qu’il a mené a permis une transformation de la traditionnelle pérégrination en un relevé méthodique. Ainsi, cela en fait la première entreprise archéologique professionnelle. Le Royaume de Suède est le premier État à avoir un service archéologique. En Scandinavie, l’archéologie est perçue comme une part décisive de l’histoire. Cela explique alors pourquoi l’archéologie scandinave est aussi importante et aussi, pourquoi elle évolue rapidement.
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+ Par ailleurs, Ole Worm a aussi joué un rôle important dans cette archéologie. Il met au point une nouvelle science des antiquités grâce à l’association du relevé avec la collection et, l’interprétation avec la pérégrination. En 1643, il publie à Copenhague Danicorum Monumentorum Libri sex, un manuel pratique d’archéologie. Pour lui, afin de classer les objets, il est important de prendre en compte le matériau, la terre, la pierre et aussi d’envisager son utilité. Il définit les objets par fonction : autel, sanctuaire, sépulcres, épigraphes, places publiques. Ole Worm ne se contente pas de classer et d’interpréter, il tente aussi de comprendre les vestiges qu’il trouve et de les relier avec le paysage qu’il observe. De plus, il essaie d’ordonner les connaissances en un système intelligible. Le genre antiquaire que Ole Worm met en place, est complètement révolutionnaire pour l’époque. C’est un progrès fondamental dans la pratique archéologique. Ce progrès est alors considéré comme le modèle de la pérégrination archéologique moderne[4].
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+ L'archéologie en tant que science apparaît dans les années 1880, auparavant les restes physiques étaient le plus souvent considérés comme des champs de ruines dans lesquels les gens se servaient sans vergogne pour les revendre aux antiquaires, cette attitude atteignant son apogée au début du XIXe siècle dans l'Europe en pleine vogue d'antiquarianisme[5]. Le XIXe siècle est une époque déterminante pour la naissance du sentiment de nationalité, et dans cette optique, l'archéologie se développe à l'échelon national pour justifier les origines historiques et ethniques d'une nation. La France développe ainsi une archéologie gallo-romaine, mérovingienne, dont le but est de justifier la cohérence de la nation française dans son passé révélé par l'archéologie. Une des figures de ce développement est Napoléon III, ayant lui-même lancé les fouilles sur le site d'Alésia, en Côte-d'Or. L'Allemagne observe le même mouvement de nationalisation et de rationalisation de la discipline archéologique. Le XIXe siècle est aussi le siècle des grands instituts archéologiques à l'étranger : l'Europe occidentale ayant pris activement part à la guerre entre la Grèce et la Turquie, cette première remercie notamment l'Allemagne et la France en autorisant la fondation des Écoles d'Archéologie (École française d'Athènes, par exemple), et en cédant des concessions aux européens, afin qu'ils fouillent des grands sites. Delphes revient aux français, Olympie à l'Allemagne, par exemple. En Italie, la fondation de l'Institut de correspondance archéologique (Istituto di corrispondenza archeologica) à Rome en 1829, par Eduard Gerhard, fut une étape importante. De même, la naissance de l'École française de Rome fut un moment décisif de développement d'un réseau d'instituts archéologiques internationaux, intimement liés à la diplomatie et aux affaires étrangères de chaque pays concernés.
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+ Au XIXe siècle se développe aussi l'archéologie orientale, marquée par la redécouverte des grands sites mésopotamiens, tels que Ninive, Babylone, Khorsabad, Ur. La découverte des origines de l'écriture et des grandes civilisations palatiales de l'Orient ancien enclenche un mouvement sans précédent de transfert patrimonial entre orient et Europe occidentale. La découverte des langues les plus anciennes de l'humanité par les archéologues et linguistes introduit par ailleurs la question des origines indo-européennes des peuplements de l'Europe. Ces origines ont souvent été un thème politisé, notamment sous le IIIe Reich, dans le but de légitimer une culture de supériorité raciale, linguistique, et culturelle. La question notamment du peuple aryen des origines, fut un thème persistant dans la recherche archéologique allemande, dominée par Gustaf Kossinna pendant plusieurs décennies.
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+ La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par l'émergence du scientisme, du positivisme et du constructivisme, modèles épistémologiques et théoriques rayonnants sur tous les champs de la recherche. Le darwinisme, ainsi que certains travaux[N 5] ayant prouvé l'antédiluvianité de l'homme repoussent les théories créationnistes et permettent à l'archéologie préhistorique de poser durablement les bases d'une réflexion sur l'évolution humaine depuis les origines du genre Homo. Cette période charnière voit notamment naître l'archéologie protohistorique.
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+ La deuxième moitié du XXe siècle est marquée par un grand renouveau théorique : l'archéologie processuelle jette les bases d'une réflexion anthropologique purement archéologique, déconnectée du postulat historique, et régie par la démarche hypothético-déductive. L'archéologie post-processuelle se construit en réaction à ce premier mouvement, et réintroduit le traitement de la donnée archéologique comme une composante nécessairement historique. L'archéologie des soixante dernières années s'est vue dotée de nombreux moyens techniques et conceptuels nouveaux pour étudier les sociétés du passé. Les progrès en physique nucléaire l'ont doté de nombreux outils de datation (radiocarbone, rubidium - strontium, argon - potassium), et ont doté les archéologues de méthodes archéométriques ; le développement des techniques spectrophotométriques permettent par ailleurs l'acquisition d'informations quantitatives et qualitatives particulièrement pertinentes pour étudier les objets. On peut par exemple déterminer la provenance d'une céramique ou d'un minerai utilisé. Les sciences environnementales et paléoenvironnementales sont aussi intégrées aux recherches archéologiques, donnant naissance à l'archéologie du paysage, l'archéologie environnementale, la géomorphologie archéologique, etc. En archéologie préhistorique, des méthodes spécifiques d'enregistrement ou de fouille ont été développ��es notamment par Georges Laplace[6],[7] ou André Leroi-Gourhan[8]. Ces chercheurs ont contribué au raffinement progressif de l'archéologie, qui par la fouille, détruit son objet d'étude en même temps qu'elle constitue une donnée archéologique. La nature destructrice d'une opération de fouille archéologique est donc à l'origine du développement de toutes les méthodes de terrain visant à acquérir sans détruire, certaines informations (stratigraphiques, chronologiques, typologiques, architecturales, etc.).
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+ Le développement de l'archéologie urbaine puis de l'archéologie préventive[9], à partir des années 1970 et 1980, a joué un rôle important, tout comme celui de l'archéométrie, dans la nécessité de professionnaliser l'archéologie, afin d'acquérir les données du terrain avec le plus de méthode et de rigueur possible. Certains milieux comme les lacs, ou les forêts se prêtent à des formes particulières d'archéologie (archéologie lacustre ou forestière en l’occurrence[10]). Enfin, les années 1990 ont été marquées par un développement important de l'histoire de l'archéologie, analysant le développement historique de l'archéologie scientifique.
38
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+ Aux États-Unis et dans un nombre croissant d'autres régions du monde, l'archéologie est généralement dévolue à l'étude des sociétés humaines et est considérée comme l'une des quatre branches de l'anthropologie. Les autres branches de l'anthropologie complètent les résultats de l'archéologie d'une façon holistique. Ces branches sont :
40
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+ D'autres disciplines complètent également l'archéologie, comme la paléontologie, la paléozoologie, la paléo-ethnobotanique, la paléobotanique, l'archéozoologie et l'archéobotanique[11], la géographie, la géologie, l'histoire de l'art et la philologie.
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+
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+ L'archéologie a été décrite comme un art qui s'assure le concours des sciences pour éclairer les sciences humaines. L'archéologue américain Walter Taylor a affirmé que « l'archéologie n'est ni l’histoire ni l’anthropologie. Comme discipline autonome, elle consiste en une méthode et un ensemble de techniques spécialisées destinées à rassembler, ou à « produire » de l'information culturelle »[12].
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+ L'archéologie cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels, quelle que soit la période concernée, en tant que production, relevant à la fois d'une technologie, d'une pratique, d'une logique économique de subsistance ou d'abondance, et d'une cognition. En Angleterre, les archéologues ont ainsi mis au jour les emplacements oubliés depuis longtemps des villages médiévaux abandonnés après les crises du XIVe siècle ainsi que ceux des jardins du XVIIe siècle évincés par un changement de mode. Au cœur de New York, des archéologues ont exhumé les restes d’un cimetière renfermant les dépouilles de 400 Africains et datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis maintenant une trentaine d'années, on assiste au développement d'une archéologie des époques modernes et contemporaines, révélant parfois des faits nouveaux, que ni les textes ni les informations ethnologiques et sociologiques contemporaines n'avaient attestés.
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+ L'archéologie traditionnelle est considérée comme l'étude des cultures préhistoriques, cultures qui existaient avant l’apparition de l'écriture. L'archéologie historique est l'étude des cultures qui ont développé des formes d'écriture.
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+ Quand l'étude concerne des cultures relativement récentes, observées et étudiées par des chercheurs occidentaux, l'archéologie est alors intimement liée à l'ethnographie. C'est le cas dans une grande partie de l'Amérique du Nord, de l'Océanie, de la Sibérie et de toutes les régions où l'archéologie se confond avec l'étude de traditions vivantes des cultures en questions. L'homme de Kennewick fournit ainsi l'exemple d'un sujet d'étude archéologique en interaction avec la culture moderne et des préoccupations actuelles. Lors de l'étude de groupes qui maîtrisaient l'écriture ou qui avaient des voisins qui la maîtrisaient, histoire et archéologie se complètent pour permettre une compréhension plus large du contexte culturel global et l'étude du mur d'Hadrien nous en fournit un exemple. Les études archéologiques fondant leur analogie sur l'observation de cultures encore existantes relèvent de l'ethnoarchéologie. Les travaux en France des époux Pétrequin en sont un bon exemple.
50
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+ En France la loi de 2003 relative à l'archéologie préventive ouvre ce marché aux entreprises privées dont l'agrément est limité aux opérations de fouilles[13]. Face à l’Inrap et ses 2 000 archéologues qui appartiennent essentiellement à la fonction publique territoriale, il en existe en 2015 une vingtaine de structures privées qui regroupent environ 700 archéologues et qui détiennent désormais 50 % du marché[14].
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+ La méthode de l'archéologie s'inscrit dans une démarche scientifique, au même titre que les autres sciences palétiologiques. Afin d'appréhender les faits et les comprendre, elle doit passer par l'étape d'induction, puis de déduction et enfin, revenir à l'induction. On fait donc se croiser un processus empirico-inductif avec un processus hypothético-déductif, fondés sur la convergence des sources et une herméneutique.
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+ En découvrant de nouveaux témoins du passé, l'archéologue se doit de pratiquer l'induction. En effet, il faut passer des faits aux idées, des observations aux propositions qui peuvent les justifier, des indices aux présomptions qui les expliquent. En formulant une hypothèse ou en supposant un fait, l’archéologue ne fait donc qu'appliquer une méthodologie scientifique usuelle. Il doit simplement vérifier que le problème nouveau relève de sa compétence, c’est-à-dire avant tout qu’il dispose – ce qui n’est pas toujours le cas – des documents nécessaires, et aussi qu’il présente un intérêt suffisant, c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop banal ni trop limité ; ce souci d'efficacité, qui n’a rien, lui non plus, de particulier à l’archéologie, y revêt cependant une grande importance, puisque les documents archéologiques sont chargés de plusieurs limitations.
56
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+ Le problème retenu et l’hypothèse émise, il reste à vérifier cette dernière. Cette démarche, prônée déjà par Francis Bacon (Novum Organum Scientiarum, 1620) et exposée avec une grande clarté par Claude Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, première partie, 1865), consiste d’abord à revenir des idées aux faits, par un mouvement déductif ou une phase hypothético-déductive. Puisqu’on ne peut pas opérer de démonstration directe, ce qui est le privilège des mathématiques, on cherche à vérifier l’hypothèse a posteriori, par son efficacité logique ou sa valeur heuristique. Puis on revient aux idées par une nouvelle induction et, si l’hypothèse se trouve vérifiée, elle devient alors ce que la plupart des sciences appellent une loi, mais que l’histoire et l’archéologie ne peuvent appeler, dans le sens le plus général du terme, qu’un fait historique.
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+
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+ Toutefois, la recherche de la vérification suppose en premier lieu que l’hypothèse soit formulée le plus exactement possible. Comme par définition le chercheur à ce stade ne dispose pas encore de toutes les données nécessaires, il est conduit à s’avancer un peu au-delà de ce qu’il a observé. Cette anticipation de l’expérience consiste en règle générale à décrire les conséquences de l’hypothèse et à prévoir quelle sera leur traduction dans les vestiges archéologiques : car seule cette traduction sera susceptible d’être vérifiée.
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+ Mais l’importance du raisonnement est encore plus capitale à l’étape suivante. Il s’agit en effet de vérifier si, dans les données observables, on retrouve bien la traduction des conséquences que l’on a prévues. Il faut pour cela revenir à la fouille ou, tout au moins, aux documents archéologiques et aux relations qui les unissent. Mais il faut y revenir avec une méthode : organiser tout un ensemble d’opérations qui permette le contrôle souhaité et donne des résultats clairs. Il ne peut donc pas s’agir de recourir à des recettes préétablies. C’est même très précisément le contraire : il faut imaginer, dans chaque cas, la démarche qui sera à la fois la mieux adaptée au but poursuivi et la plus pragmatique en fonction de l’importance du problème posé. Autrement dit, les techniques particulières qui seront mises en œuvre dans cette démarche n’auront pas d’intérêt par elles-mêmes, mais devront être jugées, comme partout, sur leur efficacité. Celles qui permettront d’obtenir des réponses pertinentes et claires, pour une somme d’efforts proportionnée à l’intérêt de l’entreprise, seront par définition les meilleures.
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+
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+ Au terme du processus, deux possibilités apparaissent :
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+ L'archéologie représente souvent le seul moyen de connaître le mode de vie et les comportements des groupes du passé. Des milliers de cultures et de sociétés, des millions de personnes se sont succédé au cours des millénaires, pour lesquels il n'existe aucun témoignage écrit, aucune histoire, ou presque. Dans certains cas, les textes peuvent être incomplets ou peuvent déformer la réalité.
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+ L'écriture telle qu'on la connaît aujourd'hui est apparue il y a seulement 5 000 ans environ et elle n'était utilisée que par quelques civilisations technologiquement avancées[16]. Ce n'est bien sûr pas par hasard que ces civilisations sont relativement bien connues : elles ont fait l'objet de recherches de la part des historiens depuis des siècles, tandis que les cultures préhistoriques ne sont étudiées que depuis le XIXe siècle. Mais même dans le cas d'une civilisation utilisant l'écriture, de nombreuses pratiques humaines importantes ne sont pas enregistrées. Tout ce qui concerne les éléments fondateurs de la civilisation - le développement de l'agriculture, des pratiques culturelles, des premières cités - ne pourra être connu que par l'archéologie.
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+
69
+ Même quand des témoignages écrits existent, ils sont systématiquement incomplets ou plus ou moins biaisés. Dans de nombreuses sociétés, n'étaient alphabétisés que les membres d'une élite sociale, comme le clergé. Les documents écrits de l'aristocratie se limitent souvent à des textes bureaucratiques concernant la cour ou les temples, voire à des actes notariés ou des contrats. Les intérêts et la vision du monde de l'élite sont souvent relativement éloignés de la vie et des préoccupations du reste de la population. Les écrits produits par des personnes plus représentatives de l'ensemble de la population avaient peu de chance d'aboutir dans les bibliothèques et d'y être préservés pour la postérité. Les témoignages écrits ont donc tendance à refléter les partis pris, les idées, les valeurs et éventuellement les tromperies d'un petit nombre d'individus, correspondant généralement à une fraction infime de la population. Il est impossible de se fier aux écrits comme seule source d'information. Les vestiges matériels sont plus proches d'une représentation fiable de la société, même s'ils posent d'autres problèmes de représentativité tels que les biais d'échantillonnage ou la conservation différentielle.
70
+
71
+ Au-delà de leur importance scientifique, les vestiges archéologiques peuvent avoir une signification politique pour les descendants des groupes qui les ont produits, une valeur matérielle pour les collectionneurs ou simplement une forte charge esthétique. Aux yeux du grand public, qui bien souvent méconnaît le cadre juridique de la matière (droit de l'archéologie, code du patrimoine), l'archéologie est souvent associée à une recherche de trésors esthétiques, religieux, politiques ou économiques plutôt qu'à une reconstitution des modes de vie des sociétés passées. Ce point de vue est fréquemment conforté dans les œuvres de fiction telles que Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue, La Momie ou Les Mines du roi Salomon, fort heureusement très éloignées des préoccupations effectives de l'archéologie moderne.
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+ Biface acheuléen.
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+ Vénus de Willendorf
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+ Les remparts de Troie.
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+ La Porte des Lions à Mycènes.
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81
+ Le masque d'or découvert dans la tombe de Toutânkhamon.
82
+
83
+ Le dépôt de vaisselle de bronze d'Évans (Jura).
84
+
85
+ Le cratère découvert dans la tombe de Vix.
86
+
87
+ L'armée de terre cuite du mausolée de l'empereur Qin près de Xi'an en Chine.
88
+
89
+ La statue de Ptolémée II érigée à la porte du phare d'Alexandrie.
90
+
91
+ Pompéi
92
+
93
+ Photographie aérienne du site protohistorique de Grézac.
94
+
95
+ Les géoglyphes de Nazca au Pérou.
96
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+ La cité inca de Machu Picchu au Pérou.
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+ Ces termes importants se rapportant à l'archéologie sont souvent mal utilisés.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Brochures du ministère de la Culture et de la Communication (à télécharger)
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+ Panthera leo
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+ Espèce
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+ Synonymes
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+ Répartition géographique
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+ Statut de conservation UICN
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+ VU A2abcd : Vulnérable
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+ Statut CITES
14
+
15
+ Le lion (Panthera leo) est une espèce de mammifères carnivores de la famille des félidés. La femelle du lion est la lionne, son petit est le lionceau. Le mâle adulte, aisément reconnaissable à son importante crinière, accuse une masse moyenne qui peut être variable selon les zones géographiques où il se trouve, allant de 180 kg pour les lions de Kruger à 230 kg pour les lions de Transvaal. Certains spécimens très rares peuvent dépasser exceptionnellement 250 kg. Un mâle adulte se nourrit de 7 kg de viande chaque jour contre 5 kg chez la femelle. Le lion est un animal grégaire, c'est-à-dire qu'il vit en larges groupes familiaux, contrairement aux autres félins. Son espérance de vie, à l'état sauvage, est comprise entre 7 et 12 ans pour le mâle et 14 à 20 ans pour la femelle, mais il dépasse fréquemment les 30 ans en captivité.
16
+
17
+ Le lion mâle ne chasse qu'occasionnellement, il est chargé de combattre les intrusions sur le territoire et les menaces contre la troupe. Le lion rugit. Il n'existe plus à l'état sauvage que 16 500 à 30 000 individus dans la savane africaine, répartis en une dizaine de sous-espèces et environ 300 au parc national de Gir Forest dans le nord-ouest de l'Inde. Il est surnommé « le roi des animaux » car sa crinière lui donne un aspect semblable au Soleil, qui apparaît comme « le roi des astres ». Entre 1993 et 2017, leur population a baissé de 43 %[1].
18
+
19
+ Le lion est le deuxième plus grand félidé, après le tigre, et ainsi le plus grand carnivore d'Afrique. Un mâle mesure de 172 à 250 centimètres de long[2] du bout du museau à la base de la queue et possède une queue d’en moyenne 90 centimètres[3]. Les mâles atteignent une masse comprise entre 145 et 225 kilogrammes à l'âge adulte[3]. Les femelles adultes mesurent de 158 à 192 centimètres[2] sans la queue et possède une queue mesurant environ 85 cm. Elles pèsent entre 83 et 168 kg[3] et ont une corpulence en moyenne 20 à 50 % moins importante que celle d'un mâle[4].
20
+
21
+ La taille au garrot peut varier de 100–128 cm[2] (en moyenne, 123 cm pour les mâles et 107 cm pour les femelles[3]). Les plus grands mâles pouvant exceptionnellement atteindre une taille à l'épaule de 1,50 m[5].[réf. nécessaire] Ils peuvent ainsi avoir une taille à l'épaule de 30 cm plus importante que celle des tigres mais sont moins longs que ces derniers. Si une taille de 189–300 cm[6] du bout du museau à la base de la queue a souvent été évoqué pour le tigre, il est admis que le tigre est au maximum de 30 cm plus long que le lion soit une longueur de 2,80 m[7] du bout du museau à la base de la queue. Les plus grands lions vivent dans le sud de l’Afrique, les plus petits en Asie. Le record du monde dans la vie sauvage est détenu par un lion du Transvaal de 313 kg[8]. Les lions en captivité ont tendance à être plus gros que les lions vivant dans la nature, dans certains cas, les lions ont atteint en captivité un poids de 375 kg, notamment le célèbre lion à crinière noire « Simba » du zoo de Colchester en Angleterre dont la masse a été reconnue par le Livre Guinness des records[9],[10].
22
+
23
+ Avec une longueur de crâne de 26,7 à 42 cm[11] en moyenne, il est généralement admis que c'est le lion qui possède la plus grande longueur de crâne parmi les grands félins[11] devançant ainsi dans ce domaine le tigre de Sibérie qui est la sous espèce de tigre ayant le crâne le plus imposant avec une longueur en moyenne de 25,3 à 38 cm[11] environ.
24
+
25
+ Les lions ont des yeux ambre voire jaunes et une truffe noire. Leurs oreilles, couleur sable, sont arrondies. Ils possèdent des griffes rétractiles qui sont protégées par des fourreaux de chair. Leurs canines peuvent atteindre six centimètres de long[4]. Leur langue est recouverte de papilles cornées recourbées leur permettant de saisir la nourriture, mais aussi de se débarrasser des parasites.
26
+
27
+ Les mâles possèdent une longue crinière, le plus souvent brun foncé, mais également dans certains cas, noire, brun clair ou fauve. Les lions du parc national du Tsavo, sont quant à eux dépourvus de crinières. La crinière apparaît vers l'âge de trois ans et s'étend des joues jusqu'au-dessus des épaules, quelquefois aussi sur le ventre et sur la poitrine. La forme et la couleur des mâles peuvent varier non seulement entre les individus, mais également chez un même individu au cours de sa vie en fonction de sa constitution physique.
28
+
29
+ Une crinière longue et foncée est un indicateur d'une bonne constitution et d'une grande force de combat, car le statut hormonal et la nutrition ont des conséquences sur l'épaisseur ainsi que sur la longueur de la crinière[12]. Des examens expérimentaux avec des crinières empaillées ont montré que les femelles réagissent positivement aux modèles avec une crinière longue et sombre, et que les mâles évitent les modèles aux crinières prononcées. L'explication en est qu'une crinière foncée et épaisse constitue un handicap, car elle capte et conserve la chaleur. Les mâles ainsi handicapés, mais néanmoins « survivants », se révèlent donc être les porteurs de meilleurs gènes. Cela est avéré par le fait qu'un animal affaibli d'une manière ou d'une autre présente une crinière plus claire et moins importante (des changements d'aspect de la crinière ont été observés chez un même individu au cours du temps)[13].
30
+
31
+ En pratique, la crinière pourrait être une protection contre les coups de griffes lors de combats contre des mâles rivaux.
32
+
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+ Par ailleurs, les dernières recherches ont également prouvé que la température a aussi un effet important sur la longueur de la crinière, et les mâles de régions plus froides, même indépendamment de leur sous-espèce, forment une crinière plus importante que ceux vivant dans des régions très chaudes. Ainsi, les individus mâles des zoos de régions au climat plus continental forment le plus souvent une crinière bien plus importante que celle de leurs congénères restés dans des pays plus chauds[13],[14].
34
+
35
+ Chez les lions d'Asie, ainsi que certains spécimens d'Afrique de l'Ouest (au parc de la Pendjari au Bénin, par exemple), la crinière est clairement moins prononcée que chez leurs cousins d'Afrique, les poils ont la particularité d'être également plus fins.
36
+
37
+ Tout comme les autres félins, le lion a de nombreuses moustaches épaisses, également connues sous le nom de vibrisses. Ces longs poils sensibles aux vibrations aident le lion à se diriger dans l'obscurité, ou quand son champ visuel est obstrué. La majeure partie de sa chasse se déroulant la nuit, ils l'aident presque à « sentir » son chemin dans l'obscurité, le nez vers le ciel. Les plus longues moustaches sont sur sa lèvre supérieure ; ce sont les vibrisses mystaciales. Les moustaches au-dessus des yeux sont appelées les vibrisses superciliaires. Il y a également des vibrisses sur l'une ou l'autre joue, appelées les vibrisses géniales. Les vibrisses peuvent se développer non seulement sur le visage, mais aussi bien sur le dos des pattes : ces dernières sont appelées poils de carpelle et sont utilisées pour ressentir des vibrations terrestres[15].
38
+
39
+ Il est possible d'identifier les lions en dénombrant les points noirs qui mouchettent leur peau au-dessus de leurs babines, à la base des poils de leurs moustaches.
40
+
41
+ Les lions ont une musculature imposante et très développée. Leur corps est allongé et trapu sur d'épaisses pattes musclées. Celles-ci permettent de mettre à terre des proies pouvant faire plusieurs fois leur propre taille. Leur mâchoire est puissante pour être capable de déchirer l'épaisse peau des proies (telles que les gnous), et pour rester accrochée sur une proie qui chercherait à faire tomber le prédateur de son dos. Les muscles des pattes sont également capables d'infliger de sérieux dommages. Un grand coup de patte d'un lion est assez puissant pour provoquer la rupture des organes internes et même pour casser des os[15].
42
+
43
+ Leur pelage court est de couleur sable, jaune-or ou ocre foncé. La face intérieure des pattes est toujours plus claire, tout comme le ventre, chamoisé chez le mâle, presque blanc chez la femelle. Les jeunes lionceaux ont des taches sombres sur l'ensemble du corps, mais qui disparaissent déjà au cours de la première année. Dans des cas très rares, ces taches restent encore visibles à l'âge adulte, mais demeurent insignifiantes, n'étant visibles que de près[4].
44
+
45
+ Comme chez les tigres, il existe chez les lions des cas occasionnels de leucistisme ; moins d'une centaine de spécimens[16] dans le monde possèdent cette particularité génétique due à un gène récessif, qui donne une couleur blonde, crème voire blanche au pelage. Le leucistisme est différent de l’albinisme, et ne pose aucun problème direct sur la physiologie de l'animal[Note 1]. Les yeux conservent leurs pigments et restent le plus souvent de couleur normale (noisette ou or), mais peuvent également être bleu-gris ou vert-gris. Les lèvres et les coussinets restent également normalement pigmentés.
46
+
47
+ Chez le mâle leucistique, la crinière ainsi que l'extrémité de la queue, normalement sombres voire noires, sont très pâles. Les spécimens les plus connus sont sans doute les lions blancs de Timbavati en Afrique du Sud, où deux lions blancs sont nés d'une lionne et d'un lion de couleur fauve dans une réserve naturelle privée[17]. Chris McBride a été le premier à les observer en octobre 1975 et a écrit deux livres sur le sujet[18],[19]. En 2005, deux lionceaux au pelage blanc et aux yeux bleus sont nés dans un parc zoologique à proximité d'Agen[16] et quatre au parc zoologique de Jurques, près de Caen, le 20 mai 2007, de deux parents blancs également[20]. Le zoo de Beauval en Loir-et-Cher fut le premier parc français à présenter un couple de lions blancs au public[21].
48
+
49
+ Il n'existe aucune preuve tangible de l’existence de lions mélaniques (noir)[22].
50
+
51
+ Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable contre les mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par Didyme d'Alexandrie. Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d'un éperon et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en parla jusqu'à Johann Friedrich Blumenbach, qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
52
+
53
+ Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à 11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un follicule unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne, devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ; droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies au milieu de la touffe terminale de la queue. Gérard Paul Deshayes, en 1829, décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa base à la peau seulement, et non à la dernière vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à 6 mm. Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à la peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe[23].
54
+
55
+ Il est communément admis que les lionnes sont plus rapides que les mâles et peuvent atteindre des vitesses maximales proches de 60 km/h[24],[25], mais cette vitesse ne peut être maintenue que sur de faibles distances. Très musclés et longs, ils peuvent faire des sauts remarquables, de l'ordre de 3,70 m en hauteur et 11 m de longueur[26].
56
+
57
+ Le lion, tout comme le léopard, le tigre, le jaguar et l'once ou panthère des neiges, fait partie du genre Panthera de la famille des Felidae.
58
+
59
+ La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Le plus ancien fossile de lion a été découvert à Laetoli en Tanzanie ; d'après les datations, il aurait probablement 3,5 Ma.
60
+
61
+ Panthera leo est identifié pour la première fois en Europe, sur le site italien d'Isernia, par le fossile d'un lion des cavernes primitif (Panthera leo fossilis) âgé de plus de 700 000 ans. Une mâchoire inférieure de lion des gorges d'Olduvai en Tanzanie, plus vieille de 1,75 Ma, montre des ressemblances frappantes avec le lion des cavernes primitif. Ceux-ci sont considérés comme les plus grands lions d'Europe et ont chassé pendant l'interglaciaire cromérien, il y a plus de 500 000 ans, près de Wiesbaden en Hesse et près de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg. Quelques spécimens étaient presque aussi longs que les plus grands lions de l'histoire de la Terre, les lions américains (Panthera leo atrox) de Californie qui ont atteint un record de longueur : jusqu'à 3,60 mètres de long avec la queue (longueur hors queue, environ 2,40 mètres). La plupart des découvertes de lions en Europe sont des lions des cavernes (Panthera leo spelaea) ; apparus lors de la période glaciaire de Mindel, ils correspondent à une évolution des lions des cavernes primitifs. Bien qu'il ne soit spécialement apparenté avec aucune des sous-espèces, les études sur l'ADN ont confirmé que le lion des cavernes était un lion authentique[27],[28]. Une autre sous-espèce a vécu, quant à elle, en Asie nord-orientale, en Béringie - au niveau de l'actuel détroit de Béring - appelée lion de Sibérie orientale et de Béringie (Panthera leo vereshchagini). En Europe centrale, Asie du Nord et en Amérique, les lions étaient, jusqu'à la fin du Pléistocène, une espèce fréquente de la faune locale qui disparut à la fin de la dernière période de glaciation.
62
+
63
+ Douze sous-espèces étaient traditionnellement reconnues, la plus grande étant le lion de l'Atlas disparu de la nature au cours du XXe siècle mais qui existe encore en captivité. Les différences majeures entre ces différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille de la crinière et du corps : la plupart de ces formes anciennement décrites sont à présent considérées comme invalides car ne prenant pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. De plus, certaines descriptions de sous-espèces étaient basées sur des spécimens détenus par des zoos, dont l'origine n'était pas toujours certaine[29]. En 2004, seules huit sous-espèces sont reconnues[30],[31],[32],[Note 2] ; parmi les sept sous-espèces africaines proposées, le lion du Cap (Panthera leo melanochaita) est probablement non valide[30].
64
+
65
+ Toutefois, de récentes analyses génétiques menées sur différentes sous-espèces de lion ont conduit à réduire le nombre de sous-espèces à deux : en 2008, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne reconnaît ainsi que le Lion d'Afrique (Panthera leo leo) et le lion d'Asie (Panthera leo persica)[33].
66
+
67
+ Les lions des cavernes sont aujourd'hui tous éteints. Ils vivaient en Eurasie et en Amérique. On peut supposer qu’ils possédaient une touffe de poils noirs au bout de leur queue, tout comme les lions modernes. On pense que, contrairement aux lions actuels, ils chassaient seuls ou en couple. Cela a été prouvé par les lions de Rancho La Brea, en Californie, où les jeunes avaient des dents plus usées que les jeunes lions modernes. Ils ont pu habiter des grottes ou dans des failles pendant l’hiver.
68
+
69
+ La cryptozoologie s'est longtemps intéressé aux Marozis[36], prétendus lions tachetés, à courte crinière qui vivaient dans les hauts plateaux du Kenya. La peau d'un lion de ce genre est gardée encore aujourd'hui au muséum d'histoire naturelle de Londres. Depuis la fin des années 1930, il n'y a plus eu d'apparitions. Aujourd'hui, certains supposent qu'il s'agissait d'hybrides, produits d'un croisement entre un lion et un autre félin.
70
+
71
+ Les noms des hybrides sont composés de la première syllabe du père, suivie d'une syllabe de la mère :
72
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73
+ Les mâles sont le plus souvent stériles, à cause de la fragilité des spermatozoïdes, mais les femelles peuvent être fertiles (règle d'Hardane (en))[37].
74
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+ Autrefois, le lion devait posséder la répartition géographique la plus étalée de tous les mammifères terrestres. Le lion d'Amérique (Panthera leo atrox) était présent du Pérou à l'Alaska pendant tout le pléistocène supérieur, tandis que des cousins (Panthera leo spelaea, le lion des carvernes) occupaient la Sibérie et l'Europe centrale, et d'autres encore étaient répartis entre l'Inde et l'Afrique du Sud. L'étendue de la répartition perd toutefois de son importance à la fin de la dernière glaciation.
76
+
77
+ La répartition du lion durant l'Holocène (l'époque géologique et climatique actuelle) jusqu'aux temps historiques est plus restreinte mais a cependant été importante. Elle couvrait presque toute l'Afrique, mais aussi l'Europe de l'Est et du Sud, ainsi que le Moyen-Orient et l'Inde. Les rares ossements retrouvés montrent qu'en Europe il était présent au moins dans la péninsule Ibérique (nord de l'Espagne) au début de l'Holocène, tandis que dans la seconde moitié de l'Holocène (Néolithique et âge du bronze) des lions vivaient en Europe de l'Est (Hongrie, Ukraine, sud de la Russie), dans les Balkans et en Europe du Sud[38]. Le lion a perduré en Europe jusqu'à l'Antiquité. Il a été un symbole fort dans la culture européenne, abondamment représenté dans l'art mycénien puis dans l'art grec classique et l'art scythe entre autres. De nombreux auteurs qui leur étaient contemporains ont rapporté leur présence en Europe : Hérodote considérait le lion comme étant abondant en Thrace dans le nord de la Grèce en son temps au Ve siècle av. J.-C., mais Aristote le considère déjà comme rare au IVe siècle av. J.-C., et au Ier siècle de notre ère il semble avoir entièrement disparu. Sa disparition en Europe est probablement due à la concurrence avec l'homme (expansion de l'élevage pastoral), à la chasse de prestige dont il a longtemps fait l'objet (les scènes de chasses et de combats avec des lions sont omniprésentes dans l'art antique), ainsi que par leur capture intensive pour les arènes romaines. Il est cependant encore signalé au Daghestan au Moyen Âge[39]. Il était également autrefois bien présent en Anatolie, en Transcaucasie et au Proche-Orient, et il est ainsi mentionné dans la Bible[40]. Mais il a disparu du Levant au Moyen Âge, puis au XIXe siècle d'Anatolie et de l'est de la Syrie (Haute Mésopotamie), puis du sud de l'Irak en 1918, et enfin les derniers spécimens d'Iran sont mentionnés dans les années 1940.
78
+
79
+ De la même manière, les populations de lions d'Asie (Panthera leo persica) ont en quasi-intégralité disparu au XXe siècle. Un dernier groupe de survivants s'est toutefois réfugié dans le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat, en Inde.
80
+
81
+ Les derniers spécimens sauvages de lions de l'Atlas (Panthera leo leo) ont disparu au milieu du XXe siècle. Le dernier à être abattu l'a été au Maroc en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka, Haut Atlas), et les autres ont dû dispara��tre lors de la destruction des forêts de Kabylie, au nord de Sétif, en 1958, durant la guerre d’indépendance algérienne.
82
+
83
+ Aujourd'hui, sa diffusion est largement limitée à l'Afrique subsaharienne. Néanmoins, l'extrême sud de l'Afrique ne compte plus de lions depuis les années 1860, époque de l'extinction du lion du Cap (Panthera leo melanochaita). En Afrique du Nord, le lion de l'Atlas (Panthera leo leo) s'est éteint dans les années 1920. Les populations significatives de lions africains sont localisées dans les parcs nationaux du Kenya, de Tanzanie et d'Afrique du Sud et se font rares en dehors des zones protégées. Classé comme « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion est exposé à un risque d'extinction.
84
+
85
+ En Inde le lion d'Asie ne vit plus que dans un ultime refuge : le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat. Après être passé assez près de l'extinction au XXe siècle, des mesures efficaces de protection ont permis à la population de lions d'augmenter à nouveau ces dernières décennies dans cette réserve, pour atteindre en 2017 environ 650 spécimens (contre 523 en 2015 et 411 en 2010)[41]. La réserve étant désormais trop petite pour supporter une telle population de lions en croissance rapide, des projets de réintroduction dans d'autres régions d'Inde et en Iran sont régulièrement discutés.
86
+
87
+ Bien qu'étant aujourd'hui confiné presque uniquement à la savane africaine, la répartition passée du lion montre qu'il a une grande capacité d'adaptation et peut vivre dans de nombreux habitats et sous des climats très différents (tempérés à tropicaux). Le lion est cependant inféodé aux milieux ouverts ou semi-ouverts plutôt secs. En Afrique l'habitat naturel du lion est donc principalement la savane, mais aussi les forêts décidues semi-ouvertes (forêt tropicale sèche) et les semi-déserts. L'espèce manque ainsi naturellement dans les forêts tropicales humides denses d'Afrique centrale, dans les marais à végétation trop haute, et dans les déserts les plus arides de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Inde le lion d'Asie pouvait vivre autrefois dans les mêmes régions que le tigre, car ils n'occupaient pas les mêmes habitats et ne chassaient pas les mêmes proies, le tigre vivant plutôt dans les forêts denses et autres végétations très fournies comme les marais. Il n'y avait donc que peu de concurrence entre ces deux espèces, leur niche écologique était bien différenciée.
88
+
89
+ Contrairement aux autres fauves, plutôt solitaires, les lions vivent dans des troupes, qui sont des unités sociales permanentes, composées de femelles apparentées entre elles, de mâles non apparentés aux femelles et de leur progéniture. La dimension du territoire et le nombre de proies déterminent la dimension du groupe qui varie de 3 à 30 individus. Il y a habituellement dans le groupe un à sept mâles adultes et d'une à dix-huit femelles. Le territoire d'une troupe couvre 20 à 500 km2. Dans le parc national du Serengeti en Tanzanie, la densité des lions peut atteindre un individu par kilomètre carré. Dans l'ancien cratère du Ngorongoro, le nombre maximum d'individus est 1,6 à 2,4 au km². Les frontières de leur territoire sont délimitées par leurs selles et leur urine, qui indiquent qu'il y a défense de pénétrer dans la zone. Ils grattent également la terre avec leurs pattes avant et arrière, déposant une substance sécrétée par des glandes situées dans leurs coussinets[42].
90
+
91
+ Les jeunes mâles restent environ deux à trois ans dans le groupe, jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité sexuelle. Ils sont ensuite chassés par le lion dominant. Les femelles par contre passent généralement toute leur vie dans le groupe de naissance et s'y reproduisent. Ceci permet d'éviter la consanguinité.
92
+
93
+ Quand les jeunes mâles ont été chassés du groupe par leurs pères, ils deviennent nomades et forment ensemble une « coalition », parfois rejoints par d'autres jeunes mâles. Le lien entre les mâles est très fort. Les jeunes mâles parcourent ensemble des distances très importantes, ne respectent pas les frontières des territoires, mais ne fondent pas leur propre territoire. Puisque les mâles ont très peu de succès à la chasse, comparativement aux femelles, les jeunes nomades se nourrissent surtout de charognes[réf. nécessaire].
94
+
95
+ De telles coalitions de jeunes mâles vont essayer de prendre la tête d'une troupe en évinçant les mâles résidents. Toutefois, cela n'est pas toujours une réussite. De telles luttes sont généralement sanglantes, et il n'est pas rare qu'elles s'achèvent mortellement. Si les vieux mâles du groupe perdent la lutte, ils sont chassés et mènent ensuite une vie de solitaires. Souvent, ils meurent des conséquences de leurs blessures. Si les nouveaux venus gagnent, ils en viennent fréquemment à l'infanticide, c'est-à-dire qu'ils tuent les petits de leurs prédécesseurs. Ce comportement permet aux femelles de retrouver rapidement un œstrus et donc d'être à nouveau aptes à la reproduction. Les mâles peuvent ainsi s'accoupler plus tôt et assurer leur propre descendance. Ce comportement est adaptatif : en effet, la compétition est rude entre les coalitions de mâles et de jeunes mâles viendront bientôt essayer de les détrôner pour prendre à leur tour la tête du groupe. Les mâles n'ont donc pas de temps à perdre et ils doivent tenir à la tête du groupe jusqu'à ce que les lionceaux soient assez grands pour être épargnés. Les mâles restent rarement plus de trois ou quatre ans à la tête du groupe, et n'ont donc pas le temps d'attendre que les portées des prédécesseurs soient devenues adultes pour se reproduire. Il arrive fréquemment que les femelles attaquent le mâle assassin[43].
96
+
97
+ En général, les lions ne pratiquent pas de toilettes mutuelles complètes, seul le dos du nez est nettoyé ; mais, lors de salissures grossières, par exemple par le sang des proies, il peut arriver qu'un membre effectue des soins de fourrure.
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+ Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du célèbre rugissement. Leur os hyoïde n'est que partiellement ossifié, c'est cette disposition qui leur permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner à proprement parler ; mais ils le font, comme d'autres fauves, par expiration. On l'entend quand deux lions agissent l'un sur l'autre sur une base amicale. Le ronronnement ne retentit pas comme celui d'un petit chat, mais plutôt comme un grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans un bas grondement commençant par quelques bas grognements et gémissements, qui indiquent à d'autres lions qu'un groupe vit dans le secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il peut être entendu jusqu'à cinq kilomètres de distance[44]. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits.
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+ Le langage corporel est d'égale importance. Les lions ont un cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent doucement l'un et l'autre, balancent la tête latéralement et gardent la queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l'autre lion. Comme certains autres félins, les lions se cognent la tête en se saluant. Le lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe d'affection. Les lions, tout comme d'autres félins sauvages, ont les oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands cercles blancs permettent d'indiquer l'humeur : quand ils sont fâchés, les lions et d'autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance, mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à distance que ce dernier est furieux et qu'il vaut mieux ne pas s'en approcher. Cela permet d'éviter beaucoup de combats[15].
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+ Les lions atteignent leur maturité sexuelle et sociale à l'âge de trois ou quatre ans[45], leur maturité physiologique à 30 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles[46]. Il n'y a pas de saison de reproduction définie. Pour vérifier la fécondité d'une femelle, le mâle utilise l'organe de Jacobson, se situant sur le palais, sous la surface intérieure du nez. Pour ce faire, le lion relève la lèvre supérieure et ouvre la gueule. Ce processus est qualifié de flehmen.
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+ Même si un mâle arrive au sommet de la hiérarchie, il ne peut se reproduire avec une femelle qu'avec son consentement. C'est en tournant autour de lui, en se roulant à ses pieds, en frottant sa tête contre son cou, que la femelle provoque le mâle dominant. Elle se met à plat ventre et relève la croupe ; cette position, appelée lordose, permet au mâle une meilleure pénétration. Pendant l'accouplement, le lion garde la nuque de la femelle dans sa gueule et la mord au cou. Cela la garde instinctivement calme ; le pénis du mâle est garni de protubérances épineuses et lorsqu'il se retire, on suppose que la lionne ressent de la douleur. C'est ainsi qu'elle proteste en rugissant et se retourne fréquemment contre lui dans une posture agressive. C'est la pénétration qui déclenche la ponte des ovules qui seront fécondés par les spermatozoïdes[15].,[47] Si une lionne accepte de se reproduire, ils s'accoupleront toutes les quinze minutes et ce, jusqu'à cinquante fois par jour, auquel cas chaque rapport dure environ trente secondes, jusqu'à ce que l'œstrus de la femelle, qui ne dure que quatre jours[46], soit terminé[48].
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+ Après une gestation d'environ quatre mois[49], la lionne, cachée loin du groupe, met au monde un à quatre[46] lionceaux, aveugles, de 1,1 à 1,37 kg[46]. Durant leurs six premières semaines de vie environ[50], ils ne seront qu'allaités par la mère dans la cache par ses quatre glandes mammaires. Si cette dernière est assez éloignée du groupe, la mère ira seule à la chasse. Il peut arriver que les petits restent jusqu'à 48 heures seuls dans la cache ce qui peut s'avérer dangereux, particulièrement à cause des hyènes et de bien d'autres prédateurs. Après trois à quatre semaines[46], la lionne amène ses petits dans le groupe et ils se mêlent à d'autres lionceaux. Les problèmes d'acceptation sont rares.
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+ À partir de ce moment, les jeunes lions tètent non seulement leur mère, mais également les autres lionnes, de sorte que l'éducation incombe à toutes les femelles du groupe. Vers l'âge de six mois[51], les lionceaux sont sevrés ; ils restent encore environ deux ans auprès de leur mère[46].
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+ La durée de vie d'un lion s'élève de douze à quatorze ans à l'état sauvage, rarement plus de vingt ans[46]. Toutefois, seules les femelles atteignent un tel âge. Les mâles sont généralement tués par un plus jeune concurrent ou, après une longue errance, ne trouvent plus de groupe et meurent de faim. Quelques lions ont toutefois vécu en parc zoologique jusqu'à l'âge de 29 ans[46].
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+ Certains observateurs ont rapporté que deux lions ou lionnes pouvaient également interagir entre eux et montrer des signes d'homosexualité. Dans la nature, environ 8 % des rapports sexuels se font entre lions, tandis que les activités homosexuelles entre lionnes ne sont toutefois observables qu'en captivité[52],[53].
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+ Seuls les mâles au sommet de la hiérarchie peuvent se reproduire, car le dominant a pleine autorité sur le harem. Mais cette période ne dure en moyenne que deux à quatre ans[48]. Or, chaque femelle n'élevant qu'une seule portée à la fois, un mâle dominant nouvellement arrivé au sommet de la hiérarchie ne peut pas se permettre d'attendre jusqu'à deux ans avant de pouvoir s'accoupler. Pour rendre des femelles fécondables, il n'hésite donc pas à tuer des petits[51].
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+ Le lion ne chasse généralement que dans l'obscurité ou aux heures fraîches du matin ; l'obscurité et les températures plus clémentes constituent un avantage important. De plus, le lion est inactif de 20 à 21 heures par jour, dont 10 à 15 heures de sieste[54]. Il consomme en moyenne 7 kg de viande par jour[48]. Toutefois, si la chasse a été bonne et si elle a manqué quelques repas, la lionne peut avaler jusqu'à 30 kg de viande en une seule fois, tandis que le mâle peut en avaler jusqu'à 40 kg[55]. Les lions ne chassent que lorsque leur réserve de nourriture est épuisée.
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+ Les proies principales sont les bovidés de grande, moyenne et petite taille :
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+ Il chasse aussi des buffles, jeunes éléphants, phacochères, zèbres, girafes, lapins, oiseaux et quelquefois poissons. Dans certaines régions, des lions se spécialisent même pour un type de proie précis. Ainsi des groupes importants de lions, d'environ 30 individus, attaquent régulièrement des éléphants adultes. Dans les zones humides du Savuti et du Linyanti, il arrive même qu'ils s'attaquent à des hippopotames. Mais généralement la plupart des hippopotames, rhinocéros, éléphants sont trop imposants de par leurs statures, en effet les lions fuient généralement les éléphants et rhinocéros en colère.
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+ Les antilopes très rapides, telles que les gazelles, les topis, les springboks et les impalas sont généralement exclues de leurs proies, les lions sont contraints à chasser des animaux moins rapides et plus gros.
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+ Vers l'âge de deux ans, les lionceaux apprennent l'art de la chasse et partent à trois ans avec leur mère chasser une première fois.
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+ Dans la savane, milieu ouvert, les lions sont facilement repérables par leurs proies. De plus, un animal vigoureux peut venir à bout d'un chasseur solitaire. Un jeune buffle du Cap a été observé luttant avec une lionne pendant 90 minutes pour ne perdre finalement que sa queue. La chasse à deux ou à plusieurs offre donc de meilleures chances de succès et permet des prises imposantes. Les lionnes assurent de 80 à 90 % des prises lors de la chasse. Les mâles, plus lourds, moins rapides et plus facilement repérables par leur corpulence et leur crinière, sont moins efficaces.
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+ Les lionnes et les lions utilisent des techniques différentes selon le terrain, leurs préférences et les méthodes de défense des proies. La lionne chasse en général à l'aube ou au crépuscule, ou encore à la faveur de la nuit. À l'affût, tapie derrière les hautes herbes, elle attend qu'un animal ait baissé la tête pour brouter, manifeste des signes d'inattention ou se trouve en position isolée. Elle risque alors une approche discrète jusqu'à 30 m environ, puis elle charge et projette violemment sa proie à terre. Pesant de tout son poids sur elle, elle la saisit à la gorge. Trachée et œsophage sectionnés, la victime meurt en quelques minutes. Les lionnes maintiennent souvent leur proie par le museau jusqu'à ce que celle-ci étouffe.
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+ Lorsqu'elles chassent en groupe, les lionnes encerclent la proie, voire le troupeau, et s'en approchent ensemble ; elles rampent à plat ventre souvent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à leur proie, auquel cas l'environnement est utilisé le plus intelligemment possible pour se camoufler. Lorsqu'une distance d'environ 30 m est atteinte, alors la proie est chargée. Chaque bond fait environ 6 m de long et peut atteindre le double en longueur et quatre mètres en hauteur[56]. La proie est alors tuée par une forte morsure à la nuque ou au cou de façon à atteindre la veine jugulaire ou la carotide.
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+ Comme les lionnes chassent dans des espaces ouverts, la chasse commune augmente la chance de frapper avec succès une proie. Elles se renvoient aussi la proie entre elles. En outre, la proie dans le groupe peut être défendue plus facilement contre des voleurs comme les lycaons et les hyènes tachetées.
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+ Le pourcentage de tentatives réussies varie également selon l'espèce pourchassée : environ 14 % s'il s'agit d'antilopes (damalisques, cobes, koudous, élands, bubales, oryx), 38 % pour les zèbres et les gnous et 47 % pour les phacochères. La chasse nocturne se solde par 33 % de succès, contre 21 % pour la chasse diurne, et les attaques dans les buissons (41 %) ont 3,5 fois plus de chances de réussir que les attaques en terrain découvert (12 %) - d'après des études[24]. En période de sècheresse, les lions mangent même des animaux morts de maladie ou des restes d'autres prédateurs. Dans le parc du Serengeti en Tanzanie, lorsque la plupart des ongulés ont migré à la recherche d'herbes tendres et d'eau, les lions s'attaquent aux animaux sédentaires : girafes, phacochères, petits mammifères (antilopes naines, lapins), oiseaux, serpents ou jeunes crocodiles. Les nuits de saisons sèches, les lionnes chassent parfois les impalas à la nuit tombée ; antilopes africaines très communes vivant dans les milieux semi-forestiers, sédentaires, très rapides, agiles et vigilantes la journée, mais elles sont plus vulnérables dans l'obscurité à cause de leur vue nettement inférieure à celle des fauves.
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+ Les mâles du groupe ne participent qu'exceptionnellement à la chasse, par exemple si des proies très grandes sont attaquées comme des buffles, des girafes ou des éléphants préadultes ; leur principal rôle est de protéger la troupe des autres lions. Après un succès, la hiérarchie du groupe entre en application : le mâle peut manger en premier ; suivent ensuite les femelles haut placées et enfin les petits. Il y a rarement, auprès du cadavre, des luttes de rang où les membres du groupe s'infligent d'importantes blessures.
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+ Souvent, les lions sont amenés à manger des charognes. Les lions mâles qui ont été chassés d'un clan sont contraints de se nourrir exclusivement de ce type d'alimentation. Cela les amène à protéger leur butin d'autres animaux charognards comme les léopards ou les hyènes tachetées.
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+ Les relations entre lions et hyènes tachetées dans les zones où ils coexistent sont uniques dans leurs complexités et leurs intensités. Les lions et les hyènes sont au sommet de la chaîne alimentaire, se nourrissant des mêmes proies, et sont donc en concurrence directe. À ce titre, ils luttent souvent pour se voler et à l'occasion se tuer. Bien que les hyènes aient la réputation d'être des charognards opportunistes profitant de la chasse du lion, le cas inverse est très fréquent. Au cratère du Ngorongoro, la population des hyènes dépasse de beaucoup celle des lions résidents, aussi ces derniers obtiennent une grande partie de leur nourriture en volant les proies des hyènes. La querelle entre les deux espèces ne dépasse cependant pas une simple bataille pour l'alimentation, c'est en fait la limite des territoires respectifs qui fixe les limites de ces conflits car contrairement aux autres espèces, les territoires ne se chevauchent pas, comme si les groupes de hyènes et de lions appartenaient à la même espèce. Cependant, les mâles sont très agressifs envers les hyènes, ils les tuent quand ils le peuvent, quelquefois sans les manger. Dereck et Beverly Joubert ont observé plusieurs cas de lions mâles s'attaquant systématiquement aux hyènes, même lorsque celles-ci étaient en avantage numérique. Le plus célèbre lion tueur de hyènes avait pour nom « Ntchwaidumela », ses assauts meurtriers contre les hyènes, sans raison apparente, ont donné lieu à des documentaires, comme Lions et Hyènes, face à face mortel[57]. Inversement, les hyènes sont les principales prédatrices des lionceaux (avec les léopards), harcelant les lionnes[58].
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+ Les lions dominent les félins plus petits qu'eux comme les guépards. Ils volent leurs proies et tuent leurs petits, parfois l'adulte. Un guépard a 50 % de chances de perdre sa proie vis-à-vis d'autres prédateurs[59] et les lions sont les principaux prédateurs de ses petits ; on estime même à neuf petits sur dix tués par un lion dans leurs premières semaines de vie. Pouvant survivre avec de petites proies et grimper dans les arbres, les léopards souffrent moins de cette prédation[60].
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+ Les lions sont également en concurrence avec les crocodiles du Nil, et il arrive, en fonction des tailles respectives, que l'un mange l'autre. Des lions ont été vus tuant des crocodiles[61] et des morceaux de lion ont été trouvés dans des estomacs de crocodile[62].
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+ « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur. »
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+ — Proverbe africain
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+ Depuis l'Antiquité l'homme chasse le lion. C'est d'ailleurs, lorsque l'animal est adulte, son seul prédateur (les lionceaux laissés seuls peuvent être la proie des léopards, des hyènes ou même de lions étrangers au groupe). L'homme chasse le lion pour assurer la sécurité de ses troupeaux, pour se protéger, mais aussi comme preuve d'un signe extérieur de vaillance[63] ou même pour les spectacles que constituaient les jeux romains. Dès lors, les chasses et les battues ont fait disparaître bon nombre de sous-espèces. L'invention de l'arme à feu et de la « chasse sportive » va accélérer le processus, au rythme de la disparition des autres gros mammifères les Big 5.
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+ En Afrique de l'Est, dès les années 1900, des mesures de protection, qui consistèrent en la création de réserve de chasse comme le Parc national de Kilimandjaro et à une interdiction de chasser dans ces zones, ont été prises. Le droit de tuer s'achetant, le coût limitant les prises par une sorte d'enchère calculée sur les demandes passées. Les chasses rituelles continuent également et il n'est pas rare de voir des lions mutilés. Les chasses rituelles pratiquées se terminent par la vente des trophées, liant cette pratique à des intérêts économiques. Le Kenya Wildlife Service rapporte qu'entre 1999 et 2003, 49 lions ont été tués par les Masaï. Les populations de lion ont continué à chuter si bien que dans les années 2000, cette méthode de gestion de la faune a été remise en cause. En effet, la population totale des lions africains passe de 50 000 spécimens à 15 000 (au pire) au cours des années 1990[64]. La chasse, le braconnage et la diminution des aires sauvages rendent l'espèce vulnérable si bien qu'il a fallu prendre de nouvelles mesures de protection. Les lions de cirques, ceux destinés au domptage et aux zoos ne sont plus prélevés dans la nature. La chasse traditionnelle et le braconnage sont combattus. La chasse sportive au Botswana est interdite en février 2001 par le service de gestion de la faune locale bien que, avec 53 trophées comptabilisés en 2000, la chasse ait rapporté cinq millions de dollars à l’industrie de la chasse et 100 000 dollars aux caisses de l’État[64], la « taxe d'abattage » se situant autour de 80 000 euros contre 3 000 pour un guépard[65]. L'office de la gestion de la faune zambienne a lui-même pris une mesure d'interdiction la même année[64]. En Afrique du Sud, près de 300 éleveurs élèvent environ 5 000 lions pour la chasse ; 480 lions, dont 444 élevés en captivité, ont été chassés dans le pays, pour un prix variant de 6 000 à 8 000 USD la femelle et de 20 000 à 30 000 USD le mâle[66]. Une loi viserait à interdire cette pratique.
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+ En Asie, le lion a pratiquement disparu depuis le milieu du XIXe siècle à l'état sauvage, autant par la chasse que par la réduction de son habitat.
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+ Les maladies représentent un autre problème, surtout dans le Parc national Kruger en Afrique du Sud. Depuis qu'en 1995, un premier cas mortel de tuberculose est apparu chez les lions, des études approfondies ont été menées dans le parc. D'après le bilan, le taux de contamination des animaux du secteur sud du parc par les bactéries mortelles s'élevait à plus de 90 %. L'infection venait des buffles chassés par les lions qui, par contact avec des bovins domestiques, ont introduit la maladie dans le parc et contaminé les lions. Environ 70 % des bovins souffrent d'une tuberculose pulmonaire (phtisie), tandis que chez les lions, la maladie se manifeste surtout dans le système digestif. Les animaux deviennent plus faibles, maigrissent énormément et meurent en quelques années. À côté de la tuberculose, il existe une seconde maladie très fréquente. Environ 60 à 70 % des lions du parc Kruger sont contaminés par le virus de l'immunodéficience féline, qui « paralyse » le système immunitaire de l'animal et ouvre ainsi la voie à la tuberculose. Contre les deux virus exterminateurs, il n'existe aucune vaccination.
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+ En 1994, un tiers des lions du parc national du Serengeti sont morts à la suite de la contraction de la maladie de Carré[67],[68] face à laquelle ils sont très vulnérables.
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+ Les populations de lions sont tr��s concentrées car contenues dans des parcs ou des réserves, les autres zones devenant impropres à leur survie en devenant des terres agricoles. La perte de diversité génétique entraîne l'apparition de maladies comme on a pu l'observer dans la réserve du Hluhluwe-Umfolozi en Afrique du Sud, où les 120 lions présents dans les années 2000 descendent de 3 lions des années 1960[69]. Or certains biologistes estiment à 500 à 1000 individus adultes la diversité génétique nécessaire pour qu'une de leur population soit considérée comme viable, c’est-à-dire disposant du minimum de diversité génétique nécessaire à la survie[70],[71],[72]. Peu de ces populations correspondent à ce critère. En 2007, ces populations de lions ne sont pourtant pas considérées comme des populations à risque bien qu'aucune étude sur ce problème ne soit réalisée. Contrairement à d'autres espèces, aucun transfert préventif à grande échelle n'est effectué afin de diminuer le risque de perte du patrimoine génétique. Cependant, pour résoudre des problèmes ponctuels de la réserve du Hluhluwe-Umfolozi, des tentatives d'insémination artificielle ont été effectuées avec difficulté pour éviter les problèmes d'intégration sociale liés aux introductions[69].
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+ En temps normal, les lions n'attaquent pas les humains. Il arrive de nos jours que quelques lions attaquent les humains en Afrique ; invariablement, les populations mènent des représailles. Les causes de la prédation d'humains sont systématiquement examinées par des scientifiques. Entre 1990 et 2005, 563 villageois ont été attaqués par des lions en Tanzanie, ce qui correspond à une augmentation considérable[73]. Il semble qu'ils n'attaquent que parce que leurs proies deviennent rares. En Tanzanie, ces attaques ont eu lieu dans la réserve du Selous, le district de Rufiji et la région de Lindi où l'homme étend son implantation et où la population des lions augmente grâce aux mesures de protection[73]. Certains lions peuvent être contraints d'attaquer des humains à cause d'un problème physique, ne pouvant pas attaquer d'autres proies. En 2006, un lion soupçonné d'avoir tué 35 personnes[74] avait un défaut de dents.
163
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164
+ Il a existé quelques lions qui semblaient chercher des proies humaines. Les histoires des traques et des morts de ces rares spécimens appelés mangeurs d'hommes ont été écrites par leurs chasseurs. John Henry Patterson en 1907 a écrit The Man-eaters of Tsavo dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la proie en 1996. Le spécimen de Mfuwe est aussi connu.
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+ Approximativement 16 500 à 30 000 lions vivent encore en liberté[32]. L'UICN est partie en 2004 du principe que le nombre de lions a diminué dans le monde entier au cours des vingt dernières années de 30 à 50 %. Les raisons de ce recul ne sont pas complètement connues. On suppose que la réduction du gibier chassé par le lion, les conflits entre l'homme et le lion et la dégradation de son habitat sont les principales raisons de la diminution des populations de lions. À travers l'Afrique, le lion a disparu sur plus de 80 % de son ancien territoire. Le lion africain est considéré comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, en raison de la baisse constante de l'effectif de cette espèce. En Afrique de l'Ouest, le nombre des lions est inférieur à 1 500. Cette espèce répond au critère de « menacée au niveau régional ». Il n'y a plus que 200 à 300 individus en Asie, gravement menacés par la perte de leur patrimoine génétique.
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+ Les nouvelles stratégies de protection du lion visent à renforcer les chances d'une coexistence pacifique à l'avenir entre les lions et les hommes : une exploitation des terres intégrée avec la faune, une réduction des conflits entre l'homme et le lion et la prévention du commerce illégal du lion et de ses produits dérivés. L'avenir de ces « gros chats » semble déjà sur une meilleure voie dans quelques grandes réserves de l'Afrique du Sud et de l'Est tandis que très précaire en Asie ; afin de pallier ce dernier point, le gouvernement indien a mis en place dans les années 2000 un projet de réintroduction du lion dans le Kuno Wildlife Sanctuary : l'Asiatic Lion Reintroduction Project[75].
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+ Les lions vivent en captivité depuis l'Antiquité, sur des périodes ponctuelles. Les Romains les utilisaient dans leurs Jeux par exemple. Il y a des lions en permanence en occident depuis la création des ménageries, ancêtres des parcs zoologiques, au XVIIIe siècle. En Amérique, le premier lion fut d'ailleurs exhibé à Boston en 1716. En outre, les activités de divertissement, comme le domptage dans les cirques ou même les combats de lion, nécessitent la mise en place d'élevages. Les lions se reproduisent très bien en captivité et peuvent y vivre une vingtaine d'années, le record étant détenu par une lionne du zoo d'Honolulu née en 1986[76].
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+
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+ Les monarques assyriens en élevaient au IXe siècle av. J.-C.[77] et Alexandre le Grand, selon la légende, vivait avec des lions apprivoisés par les Malhi du nord-ouest de l'Inde[78]. Plus tard, les Romains organisateurs des jeux en conservaient. Ainsi des Romains célèbres comme Sylla, Pompée, Jules César, ont ordonné la capture de centaines de lions à la fois[79]. Marco Polo rapporte que les princes indiens continuaient à en apprivoiser et que Kublai Khan gardait même des lions à l'intérieur de ses habitations[80].
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+ William de Malmesbury rapporte lui que des lions ont été conservés en Angleterre, à Woodstock par la volonté d'Henri Ier[81], le lion étant présent sur les héraldiques anglaises.
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+ Comme les tigres ou les requins, le lion attire le public[82], ils sont donc très présents dans les parcs zoologiques. Aussi les 2002 zoos existants détiennent environ 1000 lions africains et 100 lions asiatiques dans les années 2000. Ils permettent de sensibiliser le public à l'environnement et à la conservation de ces espèces[82].
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+ Des programmes d'échange existent depuis longtemps pour diversifier le patrimoine génétique des lions en captivité, cependant ils ne tenaient pas compte des sous-espèces, créant une pollution génétique au sein des populations de diverses origines. Les programmes actuels commencent à en tenir compte[83] et essaient de ne plus reproduire ensemble des lions de sous-espèces différentes. Le Species Survival Plan est une coordination des efforts en ce sens par l'Association américaine des Zoos et des Aquariums. En 1982, des procédures ont été mises en place en Amérique du Nord pour préserver le patrimoine génétique du lion asiatique. Le volet pour les lions africains a débuté lui en 1993, plus particulièrement pour la sous-espèce sud-africaine. La plupart des individus détenus sont cependant d'origine incertaine, ce qui rend leur réintroduction impossible ou presque[29].
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+ La sous-espèce du lion de l'Atlas n'est existante qu'à travers d'animaux détenus par des zoos. On peut en apercevoir douze au zoo de Port Lympne dans le Kent, au Royaume-Uni. Ceux-ci descendent tous d'animaux ayant appartenu au roi du Maroc. Onze spécimens, considérés comme des lions de l'Atlas, sont également détenus par le zoo d'Addis-Abeba, un spécimen est identifié au Neuwied Zoo[84], quelques spécimens au zoo d'Amnéville[85]. La WildLink International, en collaboration avec l'Université d'Oxford, ont lancé un programme international ambitieux d'élevage conservatoire appelé Barbary Lion Project et qui vise à identifier et à reproduire ces lions afin de les réintroduire dans un parc national du Maroc[84],[85].
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+ Les combats d'animaux générant des paris étaient courants au XVIIIe siècle. Des combats entre lions et chiens en général ont été organisés à Vienne en Autriche à partir de 1800 et en Angleterre à partir de 1825[86],[87].
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+ Les pionniers du domptage sont Henri Martin[88],[89],[90], un Français, et Isaac Van Amburgh, un américain. Ils ont commencé au milieu du XIXe siècle et leurs techniques ont été très rapidement copiées[91]. Martin créera lors du troisième Cirque Olympique à Paris en 1831, une pantomime à grand spectacle, abrité derrière un grillage, appelée « les Lions de Mysore » avec ses lions Néron et Cobourg, son tigre Atyr. Isaac Van Amburgh fit une tournée en Angleterre, devant la reine Victoria. Il copia rapidement le spectacle du Français. Plus que le traditionnel domptage de chevaux, le domptage de fauve voulait marquer la supériorité humaine sur les forces brutes naturelles[91]. Jean-Baptiste Pezon est un autre dompteur de lions célèbre. Clyde Beatty est probablement le premier dompteur à avoir utilisé le support surélevé sur lequel les fauves viennent s'asseoir[92].
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+ Cette tradition est toujours vivace ; certains dompteurs actuels, comme le duo de magiciens Siegfried & Roy et leurs lions blancs, sont toujours célèbres.
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+ Certains individus ou entreprises privées élèvent des lions, leur détention est soumise pour de nombreux pays à des autorisations spécifiques. Bien souvent ces animaux sont détenus dans des conditions ne permettant pas leur bien-être du fait entre autres du manque d'espace[93]. En France, régulièrement, des actions de saisie ont été menées par l'administration[94] même si certaines associations les trouvent peu virulentes[95]. L'Inde interdit même la possession de lion depuis 1998[94]. En outre, de nombreux animaux s'évadent, donnant lieu à des battues qui se soldent souvent par l'abattage de l'animal[96].
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+ En Afrique, le couple George et Joy Adamson est célèbre pour avoir élevé et apprivoisé la lionne Elsa. Son histoire a été à l'origine de plusieurs livres, de documentaires, d'une adaptation cinématographique ainsi qu'une série télé.
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+ Si la détention de ce genre d'animaux est interdite pour les particuliers (Animaux dangereux/Code de l'environnement)[97], le trafic de félin connaît une triste mode et s'est accentué ces dernières années avec les réseaux sociaux[98]. D'après l'association One Voice, les cirques procureraient les animaux illégalement en cachant les naissances[99].
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+ En octobre 2018, un lionceau a été saisi en banlieue parisienne à Valenton chez un particulier et une petite lionne de quelques semaines fût découverte le même jour dans un garage à Marseille. La santé de cette dernière était très préoccupante. Ils ont été pris en charge par l'équipe de l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine, dans les locaux de l'association Tonga Terre d'Accueil, refuge pour animaux sauvages saisis ou abandonnés, afin d'y être soigné[100]. Quelques semaines plus tard, en novembre 2018, un troisième lionceau est découvert par des policiers. Celui-ci fût trouvé à Paris sur les Champs-Elysées dans une Lamborghini[101]. Fin novembre, les trois lionceaux seront réunis pour qu'ils puissent grandir ensemble[102]. En Février 2020, une nouvelle lionne de 2 mois est abandonnée par un particulier devant le zoo d'Amnéville, le félin sera également placé à l'association Tonga Terre d'Accueil à l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine et y rejoindra les trois autres lionceaux[103].
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+ En octobre 2019, un an après l'arrivée des premiers lionceaux, l'association Tonga Terre d'Accueil annonce le départ des quatre lionceaux dans un sanctuaire d'Afrique du Sud[104]. Ils quitteront Saint Martin la Plaine le 10 octobre 2019.
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+ Dans de nombreuses cultures antiques, le lion jouait un rôle symbolique important. En Égypte, les pharaons furent représentés par des sphinx, lions à la tête humaine[105]. La plus célèbre de ces représentations est le Grand Sphinx de Gizeh. Sekhmet fut vénérée en tant que déesse au corps humain et à tête de lionne, envoyée par Rê contre les Égyptiens qui complotaient contre lui[4]. Des divinités mineures, comme le génie Nebneryou qui accueille les défunts au royaume des morts[106] ou Mihos, le fils de Bastet à tête de lion[107], ont existé, comme de nombreuses divinités hybrides possédant une partie du corps du lion : Pachet, Aker, Dédoun ou Tefnout par exemple[108].
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+ Dans la mythologie grecque, les lions apparaissent dans diverses fonctions : le lion de Némée, représenté comme une bête mangeuse d'hommes à la peau impénétrable, fut tué par Héraklès, durant ses douze travaux[4]. Dans l'histoire d'Androclès, une des fables d'Ésope, le héros, un esclave échappé, retire une épine de la patte d'un lion ; quand, plus tard, pour le punir de son évasion, il fut jeté par son maître au lion pour être dévoré, l'animal le reconnut et refusa de tuer l'homme.
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+ Dans les religions judéo-chrétiennes, le lion est un animal polysémique, surtout dépeint à travers les images positives de saint Jérôme et son lion, du tétramorphe (lion de saint Marc) et de Daniel épargné par les lions[109] ; cependant, une connotation négative lui est associée par un passage de Pierre faisant référence à Satan qui déambule « tel un lion cherchant une proie à dévorer »[110]. Ainsi, le lion revient très souvent dans les églises catholiques car il représente la force du croyant combattant le péché, et dans les objets : bracelets en patte de lion, siège épiscopal sculpté à l'effigie du lion, sur le socle des chandeliers, les portails d'église[106]… À l'époque romaine, pendant les persécutions, les chrétiens étaient jetés aux lions ; d'où l'expression « être jeté aux lions ».
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+ Les chasseurs du Paléolithique supérieur (Aurignacien) représentaient déjà le lion il y a plus de 30 000 ans. Le lion des cavernes peut être facilement identifié en raison de la présence d'un toupet de poil au bout de la queue dans les représentations du Paléolithique[111]. Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art préhistorique africain en raison de légendes qui lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard[109]. L'homme lion, sculpture d'ivoire de mammouth de près de 30 centimètres de haut, représentant le corps d'un homme surmonté d'une tête de lion des cavernes, compte parmi les œuvres d'art les plus impressionnantes de cette époque, mais également parmi les plus anciennes de toute l'histoire de l'humanité. Elle incarnait peut-être une divinité[112].
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+ Le lion est aussi souvent représenté dans les arts figuratifs. Le lion prend l'image de la royauté et du Soleil et se développe dans tout le Proche-Orient. À Babylone par exemple, la voie processionnelle est décorée de bas-reliefs en carreaux de céramique en forme de lion du temps de Nabuchodonosor II[106]. L’art assyrien, qui a influencé l'art des steppes puis l'art des nombreuses peuplades conquises par les nomades guerriers, dépeint également de nombreuses chasses aux lions, très réalistes. Ce type de représentations visait à glorifier le roi, maître des bêtes, et également représenter la défaite de l'ennemi. Le thème d'un dangereux animal sauvage, souvent un félin ou un ours, se jetant sur sa proie est très fréquent. L'art assyrien a apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est ensuite transmis dans toute l'Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques[109].
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+ Chez les Grecs et les Romains, le lion fait figure de gardien ; ainsi, la porte des lionnes protège le palais d'Agamemnon contre les ennemis et les démons[109]. Dans l'art grec, le motif des scènes de chasse du lion de Némée dont la peau est l'attribut de Héraklès est très présent. Chez les Romains, il est également très représenté comme animal du cirque, combattant contre des gladiateurs[106]. Dans l'art chrétien, le lion accompagne parfois saint Jérôme, ou la force, c'est le symbole de Marc l'Évangéliste, de la royauté. Roi des animaux dans le bestiaire médiéval, il est très présent dans l'art monumental.
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+ À partir de la Renaissance, les représentations animales deviennent de plus en plus anatomiquement précises : les artistes s'exercent à la représentation de sujets réels détenus dans les zoos[109]. Le Douanier Rousseau est célèbre pour ses peintures de la jungle, et notamment pour La bohémienne endormie où un lion solitaire s'approche d'une bohémienne endormie dans le désert. Au XIXe siècle, de nombreuses illustrations zoologiques faites par les naturalistes montrent précisément le lion[106]. En sculpture, le Lion de Lucerne a été sculpté pour commémorer les 760 morts et 350 survivants mercenaires suisses lors de la prise d'assaut du Palais des Tuileries à Paris par les révolutionnaires.
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+ Le lion n'est présent en Asie que dans la péninsule indienne, il est pourtant très présent dans l'art statuaire de l'ensemble des pays asiatiques. Des lions, représentés avec une crinière bouclée, montent la garde devant les pagodes, comme celle de Kuthodaw ou dans les temples bouddhistes[4]. Originaire d'Inde[113], la danse du lion est une danse traditionnelle effectuée au nouvel an chinois pour faire fuir les démons et apporter la chance[4].
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216
+ La fascination des hommes pour cet animal est visible dans la multiplicité d'écussons sur lesquels il est illustré, au point qu'un proverbe affirme : « Qui n'a point d'armes porte un lion »[114],[Note 3]. Ainsi, on le retrouve, entre autres, sur les blasons de l'Écosse[115], de la Norvège[116], de la Belgique[106] ou de villes comme Lyon[117]. Le lion est représenté le plus souvent rampant, c'est-à-dire dressé sur ses pattes arrière, mais de très nombreuses formes existent : léopardé, lampassé, ramassé, morné, etc. Le lion en héraldique est appelé lion avec la tête de profil et léopard avec la tête en face ; ainsi les lions du blason anglais sont des léopards. Une symbolique basée sur la figure du lion a pu être créée ; par exemple, un lion d'argent sur champ de sinople symboliserait la tempérance[118] et, selon Marcel Brion, les divers lions héraldiques sont issus de lointaines croyances préhistoriques[109]. Bien qu'il soit considéré comme le « roi des animaux », le lion est sans autorité sur les oiseaux. C'est cet antagonisme entre l'aigle, seigneur des cieux et symbole du pouvoir impérial, et le lion qui va motiver le choix de faire figurer l'animal sur des armoiries. La connaissance du lion par les Européens remonte au temps où le lion s'étendait autour de la Méditerranée.
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+ Le lion est le symbole national de l'Inde, et figure sur ses armoiries sous la forme des lions de l'empereur indien Ashoka[4].
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+ La figure du lion est utilisée par de nombreuses marques, non seulement pour le symbole considéré comme positif, mais aussi par récupération. Par exemple, la marque automobile Peugeot utilise comme symbole les armoiries de Sochaux depuis 1847. Ce lion héraldique est déposé en tant que logo depuis 1858. Plusieurs banques utilisent la symbolique positive liée au lion. Le Crédit lyonnais a un lion pour mascotte. Le groupe bancaire ING utilise un logo qui contient un lion orange. Plusieurs lions ont été utilisés pour créer le célèbre logo de Metro-Goldwyn-Mayer, société de production cinématographique américaine.
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+ Le Roman de Renart et Yvain ou le Chevalier au lion sont de grands ouvrages du Moyen Âge dépeignant le lion[119]. L'œuvre littéraire antique ayant le plus influencé le Moyen Âge occidental reste le Physiologus, bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Cette base antique a donné au lion son image de roi des animaux et son assimilation au Christ ; c'est également du Physiologus que sont issues les caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge[120] : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu'il dort[Note 4] et il réanime ses lionceaux mort-nés au bout de trois jours. Ces thèmes sont bien illustrés dans les enluminures des bestiaires médiévaux[106].
223
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224
+ Jean de La Fontaine, imitant Ésope dans plusieurs de ses fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient). Joseph Kessel, en 1958, en a fait un roman : Le Lion, racontant l'histoire de la fille d'un directeur de parc naturel en Afrique qui est liée d'amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier masaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King[4]. C. S. Lewis dans sa saga du Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers Aslan[Note 5], dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie Harry Potter de J. K. Rowling, Gryffondor, l’une des maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont censés avoir les élèves appartenant à cette maison[121].
225
+
226
+ Au cinéma avec, entre autres, le film d'animation à succès de Walt Disney Pictures Le Roi lion. Le lion est un personnage récurrent de nombreux films, de Tarzan au Magicien d'Oz, et de séries télévisées avec par exemple Daktari[4]. Le lion est aussi décrit comme une menace pour l'homme comme dans The Man-eaters of Tsavo de John Henry Patterson en 1907 et dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la Proie en 1996.
227
+
228
+ Le lion est à l’origine des prénoms Léon et Lionel, un diminutif[122]. En hébreu, on trouve les prénoms Arié (’aryeh, lion en hébreu et Ariel : « lion de Dieu »[123] et dans Lavi (לביא)[Quoi ?].
229
+
230
+ En arabe, près de trois cents noms désignent le lion. Une consultation partielle du grand dictionnaire arabe - français de Kazimirski confirme ce nombre. Parmi eux figurent Assad (’asad, le nom zoologique[Note 6]), Abbas (`abbâs : « sévère, renfrogné ») et Hamza[124]. Le turc connaît les formes Aslan (nom zoologique) et Arslan, cette dernière étant aussi la forme mongole. Ce prénom a donné en russe Rouslan[125]. Le persan shir est connu par le général Shirkuh (« lion des montagnes »), oncle de Saladin, par la médersa Shir-Dor (ou Cher-Dor) (« porte des lions ») à Samarcande et, avec un élargissement de sens au tigre en hindî[126], par Shere Khan, le tigre du Livre de la jungle.
231
+
232
+ Que le lion ait l'image d'un animal fort et courageux[127] s'explique par le fait que, jusqu'il y a peu, des hommes de guerre étaient surnommés par son nom. Parmi les plus récents, le seigneur de guerre afghan Ahmed Chah Massoud était appelé par ses partisans le « lion du Panshir », l'empereur éthiopien Hailé Sélassié se fit appeler le « lion conquérant de la tribu de Juda ». Si le futur roi de France Louis VIII fut surnommé « le lion » pour son courage lorsqu'il vainquit les Anglais à la bataille de la Roche-aux-Moines, a contrario, pour Richard Ier d'Angleterre ce ne sont ni sa force ni son courage, mais ses sautes d'humeur qui lui valurent, en France, d'être surnommé « Cœur de Lion », en référence à l'imprévisibilité de l'animal.
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+ Le qualificatif de lion est aujourd'hui élogieux, le joueur de football camerounais de l'équipe des Lions indomptables Roger Milla était appelé « le vieux lion » par ses compatriotes parce qu'il fut le plus vieux joueur de champ et le plus vieux buteur de l'histoire de la Coupe du monde de football.
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+ Panthera leo
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+ Espèce
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+
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+ Synonymes
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+
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+ Répartition géographique
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+
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+ Statut de conservation UICN
10
+
11
+ VU A2abcd : Vulnérable
12
+
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+ Statut CITES
14
+
15
+ Le lion (Panthera leo) est une espèce de mammifères carnivores de la famille des félidés. La femelle du lion est la lionne, son petit est le lionceau. Le mâle adulte, aisément reconnaissable à son importante crinière, accuse une masse moyenne qui peut être variable selon les zones géographiques où il se trouve, allant de 180 kg pour les lions de Kruger à 230 kg pour les lions de Transvaal. Certains spécimens très rares peuvent dépasser exceptionnellement 250 kg. Un mâle adulte se nourrit de 7 kg de viande chaque jour contre 5 kg chez la femelle. Le lion est un animal grégaire, c'est-à-dire qu'il vit en larges groupes familiaux, contrairement aux autres félins. Son espérance de vie, à l'état sauvage, est comprise entre 7 et 12 ans pour le mâle et 14 à 20 ans pour la femelle, mais il dépasse fréquemment les 30 ans en captivité.
16
+
17
+ Le lion mâle ne chasse qu'occasionnellement, il est chargé de combattre les intrusions sur le territoire et les menaces contre la troupe. Le lion rugit. Il n'existe plus à l'état sauvage que 16 500 à 30 000 individus dans la savane africaine, répartis en une dizaine de sous-espèces et environ 300 au parc national de Gir Forest dans le nord-ouest de l'Inde. Il est surnommé « le roi des animaux » car sa crinière lui donne un aspect semblable au Soleil, qui apparaît comme « le roi des astres ». Entre 1993 et 2017, leur population a baissé de 43 %[1].
18
+
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+ Le lion est le deuxième plus grand félidé, après le tigre, et ainsi le plus grand carnivore d'Afrique. Un mâle mesure de 172 à 250 centimètres de long[2] du bout du museau à la base de la queue et possède une queue d’en moyenne 90 centimètres[3]. Les mâles atteignent une masse comprise entre 145 et 225 kilogrammes à l'âge adulte[3]. Les femelles adultes mesurent de 158 à 192 centimètres[2] sans la queue et possède une queue mesurant environ 85 cm. Elles pèsent entre 83 et 168 kg[3] et ont une corpulence en moyenne 20 à 50 % moins importante que celle d'un mâle[4].
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+
21
+ La taille au garrot peut varier de 100–128 cm[2] (en moyenne, 123 cm pour les mâles et 107 cm pour les femelles[3]). Les plus grands mâles pouvant exceptionnellement atteindre une taille à l'épaule de 1,50 m[5].[réf. nécessaire] Ils peuvent ainsi avoir une taille à l'épaule de 30 cm plus importante que celle des tigres mais sont moins longs que ces derniers. Si une taille de 189–300 cm[6] du bout du museau à la base de la queue a souvent été évoqué pour le tigre, il est admis que le tigre est au maximum de 30 cm plus long que le lion soit une longueur de 2,80 m[7] du bout du museau à la base de la queue. Les plus grands lions vivent dans le sud de l’Afrique, les plus petits en Asie. Le record du monde dans la vie sauvage est détenu par un lion du Transvaal de 313 kg[8]. Les lions en captivité ont tendance à être plus gros que les lions vivant dans la nature, dans certains cas, les lions ont atteint en captivité un poids de 375 kg, notamment le célèbre lion à crinière noire « Simba » du zoo de Colchester en Angleterre dont la masse a été reconnue par le Livre Guinness des records[9],[10].
22
+
23
+ Avec une longueur de crâne de 26,7 à 42 cm[11] en moyenne, il est généralement admis que c'est le lion qui possède la plus grande longueur de crâne parmi les grands félins[11] devançant ainsi dans ce domaine le tigre de Sibérie qui est la sous espèce de tigre ayant le crâne le plus imposant avec une longueur en moyenne de 25,3 à 38 cm[11] environ.
24
+
25
+ Les lions ont des yeux ambre voire jaunes et une truffe noire. Leurs oreilles, couleur sable, sont arrondies. Ils possèdent des griffes rétractiles qui sont protégées par des fourreaux de chair. Leurs canines peuvent atteindre six centimètres de long[4]. Leur langue est recouverte de papilles cornées recourbées leur permettant de saisir la nourriture, mais aussi de se débarrasser des parasites.
26
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27
+ Les mâles possèdent une longue crinière, le plus souvent brun foncé, mais également dans certains cas, noire, brun clair ou fauve. Les lions du parc national du Tsavo, sont quant à eux dépourvus de crinières. La crinière apparaît vers l'âge de trois ans et s'étend des joues jusqu'au-dessus des épaules, quelquefois aussi sur le ventre et sur la poitrine. La forme et la couleur des mâles peuvent varier non seulement entre les individus, mais également chez un même individu au cours de sa vie en fonction de sa constitution physique.
28
+
29
+ Une crinière longue et foncée est un indicateur d'une bonne constitution et d'une grande force de combat, car le statut hormonal et la nutrition ont des conséquences sur l'épaisseur ainsi que sur la longueur de la crinière[12]. Des examens expérimentaux avec des crinières empaillées ont montré que les femelles réagissent positivement aux modèles avec une crinière longue et sombre, et que les mâles évitent les modèles aux crinières prononcées. L'explication en est qu'une crinière foncée et épaisse constitue un handicap, car elle capte et conserve la chaleur. Les mâles ainsi handicapés, mais néanmoins « survivants », se révèlent donc être les porteurs de meilleurs gènes. Cela est avéré par le fait qu'un animal affaibli d'une manière ou d'une autre présente une crinière plus claire et moins importante (des changements d'aspect de la crinière ont été observés chez un même individu au cours du temps)[13].
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+
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+ En pratique, la crinière pourrait être une protection contre les coups de griffes lors de combats contre des mâles rivaux.
32
+
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+ Par ailleurs, les dernières recherches ont également prouvé que la température a aussi un effet important sur la longueur de la crinière, et les mâles de régions plus froides, même indépendamment de leur sous-espèce, forment une crinière plus importante que ceux vivant dans des régions très chaudes. Ainsi, les individus mâles des zoos de régions au climat plus continental forment le plus souvent une crinière bien plus importante que celle de leurs congénères restés dans des pays plus chauds[13],[14].
34
+
35
+ Chez les lions d'Asie, ainsi que certains spécimens d'Afrique de l'Ouest (au parc de la Pendjari au Bénin, par exemple), la crinière est clairement moins prononcée que chez leurs cousins d'Afrique, les poils ont la particularité d'être également plus fins.
36
+
37
+ Tout comme les autres félins, le lion a de nombreuses moustaches épaisses, également connues sous le nom de vibrisses. Ces longs poils sensibles aux vibrations aident le lion à se diriger dans l'obscurité, ou quand son champ visuel est obstrué. La majeure partie de sa chasse se déroulant la nuit, ils l'aident presque à « sentir » son chemin dans l'obscurité, le nez vers le ciel. Les plus longues moustaches sont sur sa lèvre supérieure ; ce sont les vibrisses mystaciales. Les moustaches au-dessus des yeux sont appelées les vibrisses superciliaires. Il y a également des vibrisses sur l'une ou l'autre joue, appelées les vibrisses géniales. Les vibrisses peuvent se développer non seulement sur le visage, mais aussi bien sur le dos des pattes : ces dernières sont appelées poils de carpelle et sont utilisées pour ressentir des vibrations terrestres[15].
38
+
39
+ Il est possible d'identifier les lions en dénombrant les points noirs qui mouchettent leur peau au-dessus de leurs babines, à la base des poils de leurs moustaches.
40
+
41
+ Les lions ont une musculature imposante et très développée. Leur corps est allongé et trapu sur d'épaisses pattes musclées. Celles-ci permettent de mettre à terre des proies pouvant faire plusieurs fois leur propre taille. Leur mâchoire est puissante pour être capable de déchirer l'épaisse peau des proies (telles que les gnous), et pour rester accrochée sur une proie qui chercherait à faire tomber le prédateur de son dos. Les muscles des pattes sont également capables d'infliger de sérieux dommages. Un grand coup de patte d'un lion est assez puissant pour provoquer la rupture des organes internes et même pour casser des os[15].
42
+
43
+ Leur pelage court est de couleur sable, jaune-or ou ocre foncé. La face intérieure des pattes est toujours plus claire, tout comme le ventre, chamoisé chez le mâle, presque blanc chez la femelle. Les jeunes lionceaux ont des taches sombres sur l'ensemble du corps, mais qui disparaissent déjà au cours de la première année. Dans des cas très rares, ces taches restent encore visibles à l'âge adulte, mais demeurent insignifiantes, n'étant visibles que de près[4].
44
+
45
+ Comme chez les tigres, il existe chez les lions des cas occasionnels de leucistisme ; moins d'une centaine de spécimens[16] dans le monde possèdent cette particularité génétique due à un gène récessif, qui donne une couleur blonde, crème voire blanche au pelage. Le leucistisme est différent de l’albinisme, et ne pose aucun problème direct sur la physiologie de l'animal[Note 1]. Les yeux conservent leurs pigments et restent le plus souvent de couleur normale (noisette ou or), mais peuvent également être bleu-gris ou vert-gris. Les lèvres et les coussinets restent également normalement pigmentés.
46
+
47
+ Chez le mâle leucistique, la crinière ainsi que l'extrémité de la queue, normalement sombres voire noires, sont très pâles. Les spécimens les plus connus sont sans doute les lions blancs de Timbavati en Afrique du Sud, où deux lions blancs sont nés d'une lionne et d'un lion de couleur fauve dans une réserve naturelle privée[17]. Chris McBride a été le premier à les observer en octobre 1975 et a écrit deux livres sur le sujet[18],[19]. En 2005, deux lionceaux au pelage blanc et aux yeux bleus sont nés dans un parc zoologique à proximité d'Agen[16] et quatre au parc zoologique de Jurques, près de Caen, le 20 mai 2007, de deux parents blancs également[20]. Le zoo de Beauval en Loir-et-Cher fut le premier parc français à présenter un couple de lions blancs au public[21].
48
+
49
+ Il n'existe aucune preuve tangible de l’existence de lions mélaniques (noir)[22].
50
+
51
+ Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable contre les mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par Didyme d'Alexandrie. Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d'un éperon et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en parla jusqu'à Johann Friedrich Blumenbach, qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
52
+
53
+ Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à 11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un follicule unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne, devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ; droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies au milieu de la touffe terminale de la queue. Gérard Paul Deshayes, en 1829, décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa base à la peau seulement, et non à la dernière vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à 6 mm. Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à la peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe[23].
54
+
55
+ Il est communément admis que les lionnes sont plus rapides que les mâles et peuvent atteindre des vitesses maximales proches de 60 km/h[24],[25], mais cette vitesse ne peut être maintenue que sur de faibles distances. Très musclés et longs, ils peuvent faire des sauts remarquables, de l'ordre de 3,70 m en hauteur et 11 m de longueur[26].
56
+
57
+ Le lion, tout comme le léopard, le tigre, le jaguar et l'once ou panthère des neiges, fait partie du genre Panthera de la famille des Felidae.
58
+
59
+ La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Le plus ancien fossile de lion a été découvert à Laetoli en Tanzanie ; d'après les datations, il aurait probablement 3,5 Ma.
60
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+ Panthera leo est identifié pour la première fois en Europe, sur le site italien d'Isernia, par le fossile d'un lion des cavernes primitif (Panthera leo fossilis) âgé de plus de 700 000 ans. Une mâchoire inférieure de lion des gorges d'Olduvai en Tanzanie, plus vieille de 1,75 Ma, montre des ressemblances frappantes avec le lion des cavernes primitif. Ceux-ci sont considérés comme les plus grands lions d'Europe et ont chassé pendant l'interglaciaire cromérien, il y a plus de 500 000 ans, près de Wiesbaden en Hesse et près de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg. Quelques spécimens étaient presque aussi longs que les plus grands lions de l'histoire de la Terre, les lions américains (Panthera leo atrox) de Californie qui ont atteint un record de longueur : jusqu'à 3,60 mètres de long avec la queue (longueur hors queue, environ 2,40 mètres). La plupart des découvertes de lions en Europe sont des lions des cavernes (Panthera leo spelaea) ; apparus lors de la période glaciaire de Mindel, ils correspondent à une évolution des lions des cavernes primitifs. Bien qu'il ne soit spécialement apparenté avec aucune des sous-espèces, les études sur l'ADN ont confirmé que le lion des cavernes était un lion authentique[27],[28]. Une autre sous-espèce a vécu, quant à elle, en Asie nord-orientale, en Béringie - au niveau de l'actuel détroit de Béring - appelée lion de Sibérie orientale et de Béringie (Panthera leo vereshchagini). En Europe centrale, Asie du Nord et en Amérique, les lions étaient, jusqu'à la fin du Pléistocène, une espèce fréquente de la faune locale qui disparut à la fin de la dernière période de glaciation.
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+ Douze sous-espèces étaient traditionnellement reconnues, la plus grande étant le lion de l'Atlas disparu de la nature au cours du XXe siècle mais qui existe encore en captivité. Les différences majeures entre ces différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille de la crinière et du corps : la plupart de ces formes anciennement décrites sont à présent considérées comme invalides car ne prenant pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. De plus, certaines descriptions de sous-espèces étaient basées sur des spécimens détenus par des zoos, dont l'origine n'était pas toujours certaine[29]. En 2004, seules huit sous-espèces sont reconnues[30],[31],[32],[Note 2] ; parmi les sept sous-espèces africaines proposées, le lion du Cap (Panthera leo melanochaita) est probablement non valide[30].
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+ Toutefois, de récentes analyses génétiques menées sur différentes sous-espèces de lion ont conduit à réduire le nombre de sous-espèces à deux : en 2008, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne reconnaît ainsi que le Lion d'Afrique (Panthera leo leo) et le lion d'Asie (Panthera leo persica)[33].
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+ Les lions des cavernes sont aujourd'hui tous éteints. Ils vivaient en Eurasie et en Amérique. On peut supposer qu’ils possédaient une touffe de poils noirs au bout de leur queue, tout comme les lions modernes. On pense que, contrairement aux lions actuels, ils chassaient seuls ou en couple. Cela a été prouvé par les lions de Rancho La Brea, en Californie, où les jeunes avaient des dents plus usées que les jeunes lions modernes. Ils ont pu habiter des grottes ou dans des failles pendant l’hiver.
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+ La cryptozoologie s'est longtemps intéressé aux Marozis[36], prétendus lions tachetés, à courte crinière qui vivaient dans les hauts plateaux du Kenya. La peau d'un lion de ce genre est gardée encore aujourd'hui au muséum d'histoire naturelle de Londres. Depuis la fin des années 1930, il n'y a plus eu d'apparitions. Aujourd'hui, certains supposent qu'il s'agissait d'hybrides, produits d'un croisement entre un lion et un autre félin.
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+ Les noms des hybrides sont composés de la première syllabe du père, suivie d'une syllabe de la mère :
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+ Les mâles sont le plus souvent stériles, à cause de la fragilité des spermatozoïdes, mais les femelles peuvent être fertiles (règle d'Hardane (en))[37].
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+ Autrefois, le lion devait posséder la répartition géographique la plus étalée de tous les mammifères terrestres. Le lion d'Amérique (Panthera leo atrox) était présent du Pérou à l'Alaska pendant tout le pléistocène supérieur, tandis que des cousins (Panthera leo spelaea, le lion des carvernes) occupaient la Sibérie et l'Europe centrale, et d'autres encore étaient répartis entre l'Inde et l'Afrique du Sud. L'étendue de la répartition perd toutefois de son importance à la fin de la dernière glaciation.
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+ La répartition du lion durant l'Holocène (l'époque géologique et climatique actuelle) jusqu'aux temps historiques est plus restreinte mais a cependant été importante. Elle couvrait presque toute l'Afrique, mais aussi l'Europe de l'Est et du Sud, ainsi que le Moyen-Orient et l'Inde. Les rares ossements retrouvés montrent qu'en Europe il était présent au moins dans la péninsule Ibérique (nord de l'Espagne) au début de l'Holocène, tandis que dans la seconde moitié de l'Holocène (Néolithique et âge du bronze) des lions vivaient en Europe de l'Est (Hongrie, Ukraine, sud de la Russie), dans les Balkans et en Europe du Sud[38]. Le lion a perduré en Europe jusqu'à l'Antiquité. Il a été un symbole fort dans la culture européenne, abondamment représenté dans l'art mycénien puis dans l'art grec classique et l'art scythe entre autres. De nombreux auteurs qui leur étaient contemporains ont rapporté leur présence en Europe : Hérodote considérait le lion comme étant abondant en Thrace dans le nord de la Grèce en son temps au Ve siècle av. J.-C., mais Aristote le considère déjà comme rare au IVe siècle av. J.-C., et au Ier siècle de notre ère il semble avoir entièrement disparu. Sa disparition en Europe est probablement due à la concurrence avec l'homme (expansion de l'élevage pastoral), à la chasse de prestige dont il a longtemps fait l'objet (les scènes de chasses et de combats avec des lions sont omniprésentes dans l'art antique), ainsi que par leur capture intensive pour les arènes romaines. Il est cependant encore signalé au Daghestan au Moyen Âge[39]. Il était également autrefois bien présent en Anatolie, en Transcaucasie et au Proche-Orient, et il est ainsi mentionné dans la Bible[40]. Mais il a disparu du Levant au Moyen Âge, puis au XIXe siècle d'Anatolie et de l'est de la Syrie (Haute Mésopotamie), puis du sud de l'Irak en 1918, et enfin les derniers spécimens d'Iran sont mentionnés dans les années 1940.
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+ De la même manière, les populations de lions d'Asie (Panthera leo persica) ont en quasi-intégralité disparu au XXe siècle. Un dernier groupe de survivants s'est toutefois réfugié dans le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat, en Inde.
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+ Les derniers spécimens sauvages de lions de l'Atlas (Panthera leo leo) ont disparu au milieu du XXe siècle. Le dernier à être abattu l'a été au Maroc en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka, Haut Atlas), et les autres ont dû dispara��tre lors de la destruction des forêts de Kabylie, au nord de Sétif, en 1958, durant la guerre d’indépendance algérienne.
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+ Aujourd'hui, sa diffusion est largement limitée à l'Afrique subsaharienne. Néanmoins, l'extrême sud de l'Afrique ne compte plus de lions depuis les années 1860, époque de l'extinction du lion du Cap (Panthera leo melanochaita). En Afrique du Nord, le lion de l'Atlas (Panthera leo leo) s'est éteint dans les années 1920. Les populations significatives de lions africains sont localisées dans les parcs nationaux du Kenya, de Tanzanie et d'Afrique du Sud et se font rares en dehors des zones protégées. Classé comme « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion est exposé à un risque d'extinction.
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+ En Inde le lion d'Asie ne vit plus que dans un ultime refuge : le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat. Après être passé assez près de l'extinction au XXe siècle, des mesures efficaces de protection ont permis à la population de lions d'augmenter à nouveau ces dernières décennies dans cette réserve, pour atteindre en 2017 environ 650 spécimens (contre 523 en 2015 et 411 en 2010)[41]. La réserve étant désormais trop petite pour supporter une telle population de lions en croissance rapide, des projets de réintroduction dans d'autres régions d'Inde et en Iran sont régulièrement discutés.
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+ Bien qu'étant aujourd'hui confiné presque uniquement à la savane africaine, la répartition passée du lion montre qu'il a une grande capacité d'adaptation et peut vivre dans de nombreux habitats et sous des climats très différents (tempérés à tropicaux). Le lion est cependant inféodé aux milieux ouverts ou semi-ouverts plutôt secs. En Afrique l'habitat naturel du lion est donc principalement la savane, mais aussi les forêts décidues semi-ouvertes (forêt tropicale sèche) et les semi-déserts. L'espèce manque ainsi naturellement dans les forêts tropicales humides denses d'Afrique centrale, dans les marais à végétation trop haute, et dans les déserts les plus arides de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Inde le lion d'Asie pouvait vivre autrefois dans les mêmes régions que le tigre, car ils n'occupaient pas les mêmes habitats et ne chassaient pas les mêmes proies, le tigre vivant plutôt dans les forêts denses et autres végétations très fournies comme les marais. Il n'y avait donc que peu de concurrence entre ces deux espèces, leur niche écologique était bien différenciée.
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+ Contrairement aux autres fauves, plutôt solitaires, les lions vivent dans des troupes, qui sont des unités sociales permanentes, composées de femelles apparentées entre elles, de mâles non apparentés aux femelles et de leur progéniture. La dimension du territoire et le nombre de proies déterminent la dimension du groupe qui varie de 3 à 30 individus. Il y a habituellement dans le groupe un à sept mâles adultes et d'une à dix-huit femelles. Le territoire d'une troupe couvre 20 à 500 km2. Dans le parc national du Serengeti en Tanzanie, la densité des lions peut atteindre un individu par kilomètre carré. Dans l'ancien cratère du Ngorongoro, le nombre maximum d'individus est 1,6 à 2,4 au km². Les frontières de leur territoire sont délimitées par leurs selles et leur urine, qui indiquent qu'il y a défense de pénétrer dans la zone. Ils grattent également la terre avec leurs pattes avant et arrière, déposant une substance sécrétée par des glandes situées dans leurs coussinets[42].
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+ Les jeunes mâles restent environ deux à trois ans dans le groupe, jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité sexuelle. Ils sont ensuite chassés par le lion dominant. Les femelles par contre passent généralement toute leur vie dans le groupe de naissance et s'y reproduisent. Ceci permet d'éviter la consanguinité.
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+ Quand les jeunes mâles ont été chassés du groupe par leurs pères, ils deviennent nomades et forment ensemble une « coalition », parfois rejoints par d'autres jeunes mâles. Le lien entre les mâles est très fort. Les jeunes mâles parcourent ensemble des distances très importantes, ne respectent pas les frontières des territoires, mais ne fondent pas leur propre territoire. Puisque les mâles ont très peu de succès à la chasse, comparativement aux femelles, les jeunes nomades se nourrissent surtout de charognes[réf. nécessaire].
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+ De telles coalitions de jeunes mâles vont essayer de prendre la tête d'une troupe en évinçant les mâles résidents. Toutefois, cela n'est pas toujours une réussite. De telles luttes sont généralement sanglantes, et il n'est pas rare qu'elles s'achèvent mortellement. Si les vieux mâles du groupe perdent la lutte, ils sont chassés et mènent ensuite une vie de solitaires. Souvent, ils meurent des conséquences de leurs blessures. Si les nouveaux venus gagnent, ils en viennent fréquemment à l'infanticide, c'est-à-dire qu'ils tuent les petits de leurs prédécesseurs. Ce comportement permet aux femelles de retrouver rapidement un œstrus et donc d'être à nouveau aptes à la reproduction. Les mâles peuvent ainsi s'accoupler plus tôt et assurer leur propre descendance. Ce comportement est adaptatif : en effet, la compétition est rude entre les coalitions de mâles et de jeunes mâles viendront bientôt essayer de les détrôner pour prendre à leur tour la tête du groupe. Les mâles n'ont donc pas de temps à perdre et ils doivent tenir à la tête du groupe jusqu'à ce que les lionceaux soient assez grands pour être épargnés. Les mâles restent rarement plus de trois ou quatre ans à la tête du groupe, et n'ont donc pas le temps d'attendre que les portées des prédécesseurs soient devenues adultes pour se reproduire. Il arrive fréquemment que les femelles attaquent le mâle assassin[43].
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+ En général, les lions ne pratiquent pas de toilettes mutuelles complètes, seul le dos du nez est nettoyé ; mais, lors de salissures grossières, par exemple par le sang des proies, il peut arriver qu'un membre effectue des soins de fourrure.
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+ Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du célèbre rugissement. Leur os hyoïde n'est que partiellement ossifié, c'est cette disposition qui leur permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner à proprement parler ; mais ils le font, comme d'autres fauves, par expiration. On l'entend quand deux lions agissent l'un sur l'autre sur une base amicale. Le ronronnement ne retentit pas comme celui d'un petit chat, mais plutôt comme un grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans un bas grondement commençant par quelques bas grognements et gémissements, qui indiquent à d'autres lions qu'un groupe vit dans le secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il peut être entendu jusqu'à cinq kilomètres de distance[44]. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits.
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+ Le langage corporel est d'égale importance. Les lions ont un cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent doucement l'un et l'autre, balancent la tête latéralement et gardent la queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l'autre lion. Comme certains autres félins, les lions se cognent la tête en se saluant. Le lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe d'affection. Les lions, tout comme d'autres félins sauvages, ont les oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands cercles blancs permettent d'indiquer l'humeur : quand ils sont fâchés, les lions et d'autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance, mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à distance que ce dernier est furieux et qu'il vaut mieux ne pas s'en approcher. Cela permet d'éviter beaucoup de combats[15].
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+ Les lions atteignent leur maturité sexuelle et sociale à l'âge de trois ou quatre ans[45], leur maturité physiologique à 30 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles[46]. Il n'y a pas de saison de reproduction définie. Pour vérifier la fécondité d'une femelle, le mâle utilise l'organe de Jacobson, se situant sur le palais, sous la surface intérieure du nez. Pour ce faire, le lion relève la lèvre supérieure et ouvre la gueule. Ce processus est qualifié de flehmen.
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+ Même si un mâle arrive au sommet de la hiérarchie, il ne peut se reproduire avec une femelle qu'avec son consentement. C'est en tournant autour de lui, en se roulant à ses pieds, en frottant sa tête contre son cou, que la femelle provoque le mâle dominant. Elle se met à plat ventre et relève la croupe ; cette position, appelée lordose, permet au mâle une meilleure pénétration. Pendant l'accouplement, le lion garde la nuque de la femelle dans sa gueule et la mord au cou. Cela la garde instinctivement calme ; le pénis du mâle est garni de protubérances épineuses et lorsqu'il se retire, on suppose que la lionne ressent de la douleur. C'est ainsi qu'elle proteste en rugissant et se retourne fréquemment contre lui dans une posture agressive. C'est la pénétration qui déclenche la ponte des ovules qui seront fécondés par les spermatozoïdes[15].,[47] Si une lionne accepte de se reproduire, ils s'accoupleront toutes les quinze minutes et ce, jusqu'à cinquante fois par jour, auquel cas chaque rapport dure environ trente secondes, jusqu'à ce que l'œstrus de la femelle, qui ne dure que quatre jours[46], soit terminé[48].
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+ Après une gestation d'environ quatre mois[49], la lionne, cachée loin du groupe, met au monde un à quatre[46] lionceaux, aveugles, de 1,1 à 1,37 kg[46]. Durant leurs six premières semaines de vie environ[50], ils ne seront qu'allaités par la mère dans la cache par ses quatre glandes mammaires. Si cette dernière est assez éloignée du groupe, la mère ira seule à la chasse. Il peut arriver que les petits restent jusqu'à 48 heures seuls dans la cache ce qui peut s'avérer dangereux, particulièrement à cause des hyènes et de bien d'autres prédateurs. Après trois à quatre semaines[46], la lionne amène ses petits dans le groupe et ils se mêlent à d'autres lionceaux. Les problèmes d'acceptation sont rares.
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+ À partir de ce moment, les jeunes lions tètent non seulement leur mère, mais également les autres lionnes, de sorte que l'éducation incombe à toutes les femelles du groupe. Vers l'âge de six mois[51], les lionceaux sont sevrés ; ils restent encore environ deux ans auprès de leur mère[46].
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+ La durée de vie d'un lion s'élève de douze à quatorze ans à l'état sauvage, rarement plus de vingt ans[46]. Toutefois, seules les femelles atteignent un tel âge. Les mâles sont généralement tués par un plus jeune concurrent ou, après une longue errance, ne trouvent plus de groupe et meurent de faim. Quelques lions ont toutefois vécu en parc zoologique jusqu'à l'âge de 29 ans[46].
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+ Certains observateurs ont rapporté que deux lions ou lionnes pouvaient également interagir entre eux et montrer des signes d'homosexualité. Dans la nature, environ 8 % des rapports sexuels se font entre lions, tandis que les activités homosexuelles entre lionnes ne sont toutefois observables qu'en captivité[52],[53].
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+ Seuls les mâles au sommet de la hiérarchie peuvent se reproduire, car le dominant a pleine autorité sur le harem. Mais cette période ne dure en moyenne que deux à quatre ans[48]. Or, chaque femelle n'élevant qu'une seule portée à la fois, un mâle dominant nouvellement arrivé au sommet de la hiérarchie ne peut pas se permettre d'attendre jusqu'à deux ans avant de pouvoir s'accoupler. Pour rendre des femelles fécondables, il n'hésite donc pas à tuer des petits[51].
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+ Le lion ne chasse généralement que dans l'obscurité ou aux heures fraîches du matin ; l'obscurité et les températures plus clémentes constituent un avantage important. De plus, le lion est inactif de 20 à 21 heures par jour, dont 10 à 15 heures de sieste[54]. Il consomme en moyenne 7 kg de viande par jour[48]. Toutefois, si la chasse a été bonne et si elle a manqué quelques repas, la lionne peut avaler jusqu'à 30 kg de viande en une seule fois, tandis que le mâle peut en avaler jusqu'à 40 kg[55]. Les lions ne chassent que lorsque leur réserve de nourriture est épuisée.
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+ Les proies principales sont les bovidés de grande, moyenne et petite taille :
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+ Il chasse aussi des buffles, jeunes éléphants, phacochères, zèbres, girafes, lapins, oiseaux et quelquefois poissons. Dans certaines régions, des lions se spécialisent même pour un type de proie précis. Ainsi des groupes importants de lions, d'environ 30 individus, attaquent régulièrement des éléphants adultes. Dans les zones humides du Savuti et du Linyanti, il arrive même qu'ils s'attaquent à des hippopotames. Mais généralement la plupart des hippopotames, rhinocéros, éléphants sont trop imposants de par leurs statures, en effet les lions fuient généralement les éléphants et rhinocéros en colère.
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+ Les antilopes très rapides, telles que les gazelles, les topis, les springboks et les impalas sont généralement exclues de leurs proies, les lions sont contraints à chasser des animaux moins rapides et plus gros.
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+ Vers l'âge de deux ans, les lionceaux apprennent l'art de la chasse et partent à trois ans avec leur mère chasser une première fois.
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+ Dans la savane, milieu ouvert, les lions sont facilement repérables par leurs proies. De plus, un animal vigoureux peut venir à bout d'un chasseur solitaire. Un jeune buffle du Cap a été observé luttant avec une lionne pendant 90 minutes pour ne perdre finalement que sa queue. La chasse à deux ou à plusieurs offre donc de meilleures chances de succès et permet des prises imposantes. Les lionnes assurent de 80 à 90 % des prises lors de la chasse. Les mâles, plus lourds, moins rapides et plus facilement repérables par leur corpulence et leur crinière, sont moins efficaces.
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+ Les lionnes et les lions utilisent des techniques différentes selon le terrain, leurs préférences et les méthodes de défense des proies. La lionne chasse en général à l'aube ou au crépuscule, ou encore à la faveur de la nuit. À l'affût, tapie derrière les hautes herbes, elle attend qu'un animal ait baissé la tête pour brouter, manifeste des signes d'inattention ou se trouve en position isolée. Elle risque alors une approche discrète jusqu'à 30 m environ, puis elle charge et projette violemment sa proie à terre. Pesant de tout son poids sur elle, elle la saisit à la gorge. Trachée et œsophage sectionnés, la victime meurt en quelques minutes. Les lionnes maintiennent souvent leur proie par le museau jusqu'à ce que celle-ci étouffe.
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+ Lorsqu'elles chassent en groupe, les lionnes encerclent la proie, voire le troupeau, et s'en approchent ensemble ; elles rampent à plat ventre souvent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à leur proie, auquel cas l'environnement est utilisé le plus intelligemment possible pour se camoufler. Lorsqu'une distance d'environ 30 m est atteinte, alors la proie est chargée. Chaque bond fait environ 6 m de long et peut atteindre le double en longueur et quatre mètres en hauteur[56]. La proie est alors tuée par une forte morsure à la nuque ou au cou de façon à atteindre la veine jugulaire ou la carotide.
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+ Comme les lionnes chassent dans des espaces ouverts, la chasse commune augmente la chance de frapper avec succès une proie. Elles se renvoient aussi la proie entre elles. En outre, la proie dans le groupe peut être défendue plus facilement contre des voleurs comme les lycaons et les hyènes tachetées.
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+ Le pourcentage de tentatives réussies varie également selon l'espèce pourchassée : environ 14 % s'il s'agit d'antilopes (damalisques, cobes, koudous, élands, bubales, oryx), 38 % pour les zèbres et les gnous et 47 % pour les phacochères. La chasse nocturne se solde par 33 % de succès, contre 21 % pour la chasse diurne, et les attaques dans les buissons (41 %) ont 3,5 fois plus de chances de réussir que les attaques en terrain découvert (12 %) - d'après des études[24]. En période de sècheresse, les lions mangent même des animaux morts de maladie ou des restes d'autres prédateurs. Dans le parc du Serengeti en Tanzanie, lorsque la plupart des ongulés ont migré à la recherche d'herbes tendres et d'eau, les lions s'attaquent aux animaux sédentaires : girafes, phacochères, petits mammifères (antilopes naines, lapins), oiseaux, serpents ou jeunes crocodiles. Les nuits de saisons sèches, les lionnes chassent parfois les impalas à la nuit tombée ; antilopes africaines très communes vivant dans les milieux semi-forestiers, sédentaires, très rapides, agiles et vigilantes la journée, mais elles sont plus vulnérables dans l'obscurité à cause de leur vue nettement inférieure à celle des fauves.
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+ Les mâles du groupe ne participent qu'exceptionnellement à la chasse, par exemple si des proies très grandes sont attaquées comme des buffles, des girafes ou des éléphants préadultes ; leur principal rôle est de protéger la troupe des autres lions. Après un succès, la hiérarchie du groupe entre en application : le mâle peut manger en premier ; suivent ensuite les femelles haut placées et enfin les petits. Il y a rarement, auprès du cadavre, des luttes de rang où les membres du groupe s'infligent d'importantes blessures.
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+ Souvent, les lions sont amenés à manger des charognes. Les lions mâles qui ont été chassés d'un clan sont contraints de se nourrir exclusivement de ce type d'alimentation. Cela les amène à protéger leur butin d'autres animaux charognards comme les léopards ou les hyènes tachetées.
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+ Les relations entre lions et hyènes tachetées dans les zones où ils coexistent sont uniques dans leurs complexités et leurs intensités. Les lions et les hyènes sont au sommet de la chaîne alimentaire, se nourrissant des mêmes proies, et sont donc en concurrence directe. À ce titre, ils luttent souvent pour se voler et à l'occasion se tuer. Bien que les hyènes aient la réputation d'être des charognards opportunistes profitant de la chasse du lion, le cas inverse est très fréquent. Au cratère du Ngorongoro, la population des hyènes dépasse de beaucoup celle des lions résidents, aussi ces derniers obtiennent une grande partie de leur nourriture en volant les proies des hyènes. La querelle entre les deux espèces ne dépasse cependant pas une simple bataille pour l'alimentation, c'est en fait la limite des territoires respectifs qui fixe les limites de ces conflits car contrairement aux autres espèces, les territoires ne se chevauchent pas, comme si les groupes de hyènes et de lions appartenaient à la même espèce. Cependant, les mâles sont très agressifs envers les hyènes, ils les tuent quand ils le peuvent, quelquefois sans les manger. Dereck et Beverly Joubert ont observé plusieurs cas de lions mâles s'attaquant systématiquement aux hyènes, même lorsque celles-ci étaient en avantage numérique. Le plus célèbre lion tueur de hyènes avait pour nom « Ntchwaidumela », ses assauts meurtriers contre les hyènes, sans raison apparente, ont donné lieu à des documentaires, comme Lions et Hyènes, face à face mortel[57]. Inversement, les hyènes sont les principales prédatrices des lionceaux (avec les léopards), harcelant les lionnes[58].
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142
+ Les lions dominent les félins plus petits qu'eux comme les guépards. Ils volent leurs proies et tuent leurs petits, parfois l'adulte. Un guépard a 50 % de chances de perdre sa proie vis-à-vis d'autres prédateurs[59] et les lions sont les principaux prédateurs de ses petits ; on estime même à neuf petits sur dix tués par un lion dans leurs premières semaines de vie. Pouvant survivre avec de petites proies et grimper dans les arbres, les léopards souffrent moins de cette prédation[60].
143
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144
+ Les lions sont également en concurrence avec les crocodiles du Nil, et il arrive, en fonction des tailles respectives, que l'un mange l'autre. Des lions ont été vus tuant des crocodiles[61] et des morceaux de lion ont été trouvés dans des estomacs de crocodile[62].
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146
+ « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur. »
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+ — Proverbe africain
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+ Depuis l'Antiquité l'homme chasse le lion. C'est d'ailleurs, lorsque l'animal est adulte, son seul prédateur (les lionceaux laissés seuls peuvent être la proie des léopards, des hyènes ou même de lions étrangers au groupe). L'homme chasse le lion pour assurer la sécurité de ses troupeaux, pour se protéger, mais aussi comme preuve d'un signe extérieur de vaillance[63] ou même pour les spectacles que constituaient les jeux romains. Dès lors, les chasses et les battues ont fait disparaître bon nombre de sous-espèces. L'invention de l'arme à feu et de la « chasse sportive » va accélérer le processus, au rythme de la disparition des autres gros mammifères les Big 5.
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+ En Afrique de l'Est, dès les années 1900, des mesures de protection, qui consistèrent en la création de réserve de chasse comme le Parc national de Kilimandjaro et à une interdiction de chasser dans ces zones, ont été prises. Le droit de tuer s'achetant, le coût limitant les prises par une sorte d'enchère calculée sur les demandes passées. Les chasses rituelles continuent également et il n'est pas rare de voir des lions mutilés. Les chasses rituelles pratiquées se terminent par la vente des trophées, liant cette pratique à des intérêts économiques. Le Kenya Wildlife Service rapporte qu'entre 1999 et 2003, 49 lions ont été tués par les Masaï. Les populations de lion ont continué à chuter si bien que dans les années 2000, cette méthode de gestion de la faune a été remise en cause. En effet, la population totale des lions africains passe de 50 000 spécimens à 15 000 (au pire) au cours des années 1990[64]. La chasse, le braconnage et la diminution des aires sauvages rendent l'espèce vulnérable si bien qu'il a fallu prendre de nouvelles mesures de protection. Les lions de cirques, ceux destinés au domptage et aux zoos ne sont plus prélevés dans la nature. La chasse traditionnelle et le braconnage sont combattus. La chasse sportive au Botswana est interdite en février 2001 par le service de gestion de la faune locale bien que, avec 53 trophées comptabilisés en 2000, la chasse ait rapporté cinq millions de dollars à l’industrie de la chasse et 100 000 dollars aux caisses de l’État[64], la « taxe d'abattage » se situant autour de 80 000 euros contre 3 000 pour un guépard[65]. L'office de la gestion de la faune zambienne a lui-même pris une mesure d'interdiction la même année[64]. En Afrique du Sud, près de 300 éleveurs élèvent environ 5 000 lions pour la chasse ; 480 lions, dont 444 élevés en captivité, ont été chassés dans le pays, pour un prix variant de 6 000 à 8 000 USD la femelle et de 20 000 à 30 000 USD le mâle[66]. Une loi viserait à interdire cette pratique.
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+ En Asie, le lion a pratiquement disparu depuis le milieu du XIXe siècle à l'état sauvage, autant par la chasse que par la réduction de son habitat.
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+ Les maladies représentent un autre problème, surtout dans le Parc national Kruger en Afrique du Sud. Depuis qu'en 1995, un premier cas mortel de tuberculose est apparu chez les lions, des études approfondies ont été menées dans le parc. D'après le bilan, le taux de contamination des animaux du secteur sud du parc par les bactéries mortelles s'élevait à plus de 90 %. L'infection venait des buffles chassés par les lions qui, par contact avec des bovins domestiques, ont introduit la maladie dans le parc et contaminé les lions. Environ 70 % des bovins souffrent d'une tuberculose pulmonaire (phtisie), tandis que chez les lions, la maladie se manifeste surtout dans le système digestif. Les animaux deviennent plus faibles, maigrissent énormément et meurent en quelques années. À côté de la tuberculose, il existe une seconde maladie très fréquente. Environ 60 à 70 % des lions du parc Kruger sont contaminés par le virus de l'immunodéficience féline, qui « paralyse » le système immunitaire de l'animal et ouvre ainsi la voie à la tuberculose. Contre les deux virus exterminateurs, il n'existe aucune vaccination.
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+ En 1994, un tiers des lions du parc national du Serengeti sont morts à la suite de la contraction de la maladie de Carré[67],[68] face à laquelle ils sont très vulnérables.
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+ Les populations de lions sont tr��s concentrées car contenues dans des parcs ou des réserves, les autres zones devenant impropres à leur survie en devenant des terres agricoles. La perte de diversité génétique entraîne l'apparition de maladies comme on a pu l'observer dans la réserve du Hluhluwe-Umfolozi en Afrique du Sud, où les 120 lions présents dans les années 2000 descendent de 3 lions des années 1960[69]. Or certains biologistes estiment à 500 à 1000 individus adultes la diversité génétique nécessaire pour qu'une de leur population soit considérée comme viable, c’est-à-dire disposant du minimum de diversité génétique nécessaire à la survie[70],[71],[72]. Peu de ces populations correspondent à ce critère. En 2007, ces populations de lions ne sont pourtant pas considérées comme des populations à risque bien qu'aucune étude sur ce problème ne soit réalisée. Contrairement à d'autres espèces, aucun transfert préventif à grande échelle n'est effectué afin de diminuer le risque de perte du patrimoine génétique. Cependant, pour résoudre des problèmes ponctuels de la réserve du Hluhluwe-Umfolozi, des tentatives d'insémination artificielle ont été effectuées avec difficulté pour éviter les problèmes d'intégration sociale liés aux introductions[69].
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+ En temps normal, les lions n'attaquent pas les humains. Il arrive de nos jours que quelques lions attaquent les humains en Afrique ; invariablement, les populations mènent des représailles. Les causes de la prédation d'humains sont systématiquement examinées par des scientifiques. Entre 1990 et 2005, 563 villageois ont été attaqués par des lions en Tanzanie, ce qui correspond à une augmentation considérable[73]. Il semble qu'ils n'attaquent que parce que leurs proies deviennent rares. En Tanzanie, ces attaques ont eu lieu dans la réserve du Selous, le district de Rufiji et la région de Lindi où l'homme étend son implantation et où la population des lions augmente grâce aux mesures de protection[73]. Certains lions peuvent être contraints d'attaquer des humains à cause d'un problème physique, ne pouvant pas attaquer d'autres proies. En 2006, un lion soupçonné d'avoir tué 35 personnes[74] avait un défaut de dents.
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+ Il a existé quelques lions qui semblaient chercher des proies humaines. Les histoires des traques et des morts de ces rares spécimens appelés mangeurs d'hommes ont été écrites par leurs chasseurs. John Henry Patterson en 1907 a écrit The Man-eaters of Tsavo dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la proie en 1996. Le spécimen de Mfuwe est aussi connu.
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+ Approximativement 16 500 à 30 000 lions vivent encore en liberté[32]. L'UICN est partie en 2004 du principe que le nombre de lions a diminué dans le monde entier au cours des vingt dernières années de 30 à 50 %. Les raisons de ce recul ne sont pas complètement connues. On suppose que la réduction du gibier chassé par le lion, les conflits entre l'homme et le lion et la dégradation de son habitat sont les principales raisons de la diminution des populations de lions. À travers l'Afrique, le lion a disparu sur plus de 80 % de son ancien territoire. Le lion africain est considéré comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, en raison de la baisse constante de l'effectif de cette espèce. En Afrique de l'Ouest, le nombre des lions est inférieur à 1 500. Cette espèce répond au critère de « menacée au niveau régional ». Il n'y a plus que 200 à 300 individus en Asie, gravement menacés par la perte de leur patrimoine génétique.
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+ Les nouvelles stratégies de protection du lion visent à renforcer les chances d'une coexistence pacifique à l'avenir entre les lions et les hommes : une exploitation des terres intégrée avec la faune, une réduction des conflits entre l'homme et le lion et la prévention du commerce illégal du lion et de ses produits dérivés. L'avenir de ces « gros chats » semble déjà sur une meilleure voie dans quelques grandes réserves de l'Afrique du Sud et de l'Est tandis que très précaire en Asie ; afin de pallier ce dernier point, le gouvernement indien a mis en place dans les années 2000 un projet de réintroduction du lion dans le Kuno Wildlife Sanctuary : l'Asiatic Lion Reintroduction Project[75].
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+ Les lions vivent en captivité depuis l'Antiquité, sur des périodes ponctuelles. Les Romains les utilisaient dans leurs Jeux par exemple. Il y a des lions en permanence en occident depuis la création des ménageries, ancêtres des parcs zoologiques, au XVIIIe siècle. En Amérique, le premier lion fut d'ailleurs exhibé à Boston en 1716. En outre, les activités de divertissement, comme le domptage dans les cirques ou même les combats de lion, nécessitent la mise en place d'élevages. Les lions se reproduisent très bien en captivité et peuvent y vivre une vingtaine d'années, le record étant détenu par une lionne du zoo d'Honolulu née en 1986[76].
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+
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+ Les monarques assyriens en élevaient au IXe siècle av. J.-C.[77] et Alexandre le Grand, selon la légende, vivait avec des lions apprivoisés par les Malhi du nord-ouest de l'Inde[78]. Plus tard, les Romains organisateurs des jeux en conservaient. Ainsi des Romains célèbres comme Sylla, Pompée, Jules César, ont ordonné la capture de centaines de lions à la fois[79]. Marco Polo rapporte que les princes indiens continuaient à en apprivoiser et que Kublai Khan gardait même des lions à l'intérieur de ses habitations[80].
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+ William de Malmesbury rapporte lui que des lions ont été conservés en Angleterre, à Woodstock par la volonté d'Henri Ier[81], le lion étant présent sur les héraldiques anglaises.
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+ Comme les tigres ou les requins, le lion attire le public[82], ils sont donc très présents dans les parcs zoologiques. Aussi les 2002 zoos existants détiennent environ 1000 lions africains et 100 lions asiatiques dans les années 2000. Ils permettent de sensibiliser le public à l'environnement et à la conservation de ces espèces[82].
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+ Des programmes d'échange existent depuis longtemps pour diversifier le patrimoine génétique des lions en captivité, cependant ils ne tenaient pas compte des sous-espèces, créant une pollution génétique au sein des populations de diverses origines. Les programmes actuels commencent à en tenir compte[83] et essaient de ne plus reproduire ensemble des lions de sous-espèces différentes. Le Species Survival Plan est une coordination des efforts en ce sens par l'Association américaine des Zoos et des Aquariums. En 1982, des procédures ont été mises en place en Amérique du Nord pour préserver le patrimoine génétique du lion asiatique. Le volet pour les lions africains a débuté lui en 1993, plus particulièrement pour la sous-espèce sud-africaine. La plupart des individus détenus sont cependant d'origine incertaine, ce qui rend leur réintroduction impossible ou presque[29].
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+ La sous-espèce du lion de l'Atlas n'est existante qu'à travers d'animaux détenus par des zoos. On peut en apercevoir douze au zoo de Port Lympne dans le Kent, au Royaume-Uni. Ceux-ci descendent tous d'animaux ayant appartenu au roi du Maroc. Onze spécimens, considérés comme des lions de l'Atlas, sont également détenus par le zoo d'Addis-Abeba, un spécimen est identifié au Neuwied Zoo[84], quelques spécimens au zoo d'Amnéville[85]. La WildLink International, en collaboration avec l'Université d'Oxford, ont lancé un programme international ambitieux d'élevage conservatoire appelé Barbary Lion Project et qui vise à identifier et à reproduire ces lions afin de les réintroduire dans un parc national du Maroc[84],[85].
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+ Les combats d'animaux générant des paris étaient courants au XVIIIe siècle. Des combats entre lions et chiens en général ont été organisés à Vienne en Autriche à partir de 1800 et en Angleterre à partir de 1825[86],[87].
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+ Les pionniers du domptage sont Henri Martin[88],[89],[90], un Français, et Isaac Van Amburgh, un américain. Ils ont commencé au milieu du XIXe siècle et leurs techniques ont été très rapidement copiées[91]. Martin créera lors du troisième Cirque Olympique à Paris en 1831, une pantomime à grand spectacle, abrité derrière un grillage, appelée « les Lions de Mysore » avec ses lions Néron et Cobourg, son tigre Atyr. Isaac Van Amburgh fit une tournée en Angleterre, devant la reine Victoria. Il copia rapidement le spectacle du Français. Plus que le traditionnel domptage de chevaux, le domptage de fauve voulait marquer la supériorité humaine sur les forces brutes naturelles[91]. Jean-Baptiste Pezon est un autre dompteur de lions célèbre. Clyde Beatty est probablement le premier dompteur à avoir utilisé le support surélevé sur lequel les fauves viennent s'asseoir[92].
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+ Cette tradition est toujours vivace ; certains dompteurs actuels, comme le duo de magiciens Siegfried & Roy et leurs lions blancs, sont toujours célèbres.
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188
+ Certains individus ou entreprises privées élèvent des lions, leur détention est soumise pour de nombreux pays à des autorisations spécifiques. Bien souvent ces animaux sont détenus dans des conditions ne permettant pas leur bien-être du fait entre autres du manque d'espace[93]. En France, régulièrement, des actions de saisie ont été menées par l'administration[94] même si certaines associations les trouvent peu virulentes[95]. L'Inde interdit même la possession de lion depuis 1998[94]. En outre, de nombreux animaux s'évadent, donnant lieu à des battues qui se soldent souvent par l'abattage de l'animal[96].
189
+
190
+ En Afrique, le couple George et Joy Adamson est célèbre pour avoir élevé et apprivoisé la lionne Elsa. Son histoire a été à l'origine de plusieurs livres, de documentaires, d'une adaptation cinématographique ainsi qu'une série télé.
191
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192
+ Si la détention de ce genre d'animaux est interdite pour les particuliers (Animaux dangereux/Code de l'environnement)[97], le trafic de félin connaît une triste mode et s'est accentué ces dernières années avec les réseaux sociaux[98]. D'après l'association One Voice, les cirques procureraient les animaux illégalement en cachant les naissances[99].
193
+
194
+ En octobre 2018, un lionceau a été saisi en banlieue parisienne à Valenton chez un particulier et une petite lionne de quelques semaines fût découverte le même jour dans un garage à Marseille. La santé de cette dernière était très préoccupante. Ils ont été pris en charge par l'équipe de l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine, dans les locaux de l'association Tonga Terre d'Accueil, refuge pour animaux sauvages saisis ou abandonnés, afin d'y être soigné[100]. Quelques semaines plus tard, en novembre 2018, un troisième lionceau est découvert par des policiers. Celui-ci fût trouvé à Paris sur les Champs-Elysées dans une Lamborghini[101]. Fin novembre, les trois lionceaux seront réunis pour qu'ils puissent grandir ensemble[102]. En Février 2020, une nouvelle lionne de 2 mois est abandonnée par un particulier devant le zoo d'Amnéville, le félin sera également placé à l'association Tonga Terre d'Accueil à l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine et y rejoindra les trois autres lionceaux[103].
195
+
196
+ En octobre 2019, un an après l'arrivée des premiers lionceaux, l'association Tonga Terre d'Accueil annonce le départ des quatre lionceaux dans un sanctuaire d'Afrique du Sud[104]. Ils quitteront Saint Martin la Plaine le 10 octobre 2019.
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+
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199
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200
+ Dans de nombreuses cultures antiques, le lion jouait un rôle symbolique important. En Égypte, les pharaons furent représentés par des sphinx, lions à la tête humaine[105]. La plus célèbre de ces représentations est le Grand Sphinx de Gizeh. Sekhmet fut vénérée en tant que déesse au corps humain et à tête de lionne, envoyée par Rê contre les Égyptiens qui complotaient contre lui[4]. Des divinités mineures, comme le génie Nebneryou qui accueille les défunts au royaume des morts[106] ou Mihos, le fils de Bastet à tête de lion[107], ont existé, comme de nombreuses divinités hybrides possédant une partie du corps du lion : Pachet, Aker, Dédoun ou Tefnout par exemple[108].
201
+
202
+ Dans la mythologie grecque, les lions apparaissent dans diverses fonctions : le lion de Némée, représenté comme une bête mangeuse d'hommes à la peau impénétrable, fut tué par Héraklès, durant ses douze travaux[4]. Dans l'histoire d'Androclès, une des fables d'Ésope, le héros, un esclave échappé, retire une épine de la patte d'un lion ; quand, plus tard, pour le punir de son évasion, il fut jeté par son maître au lion pour être dévoré, l'animal le reconnut et refusa de tuer l'homme.
203
+
204
+ Dans les religions judéo-chrétiennes, le lion est un animal polysémique, surtout dépeint à travers les images positives de saint Jérôme et son lion, du tétramorphe (lion de saint Marc) et de Daniel épargné par les lions[109] ; cependant, une connotation négative lui est associée par un passage de Pierre faisant référence à Satan qui déambule « tel un lion cherchant une proie à dévorer »[110]. Ainsi, le lion revient très souvent dans les églises catholiques car il représente la force du croyant combattant le péché, et dans les objets : bracelets en patte de lion, siège épiscopal sculpté à l'effigie du lion, sur le socle des chandeliers, les portails d'église[106]… À l'époque romaine, pendant les persécutions, les chrétiens étaient jetés aux lions ; d'où l'expression « être jeté aux lions ».
205
+
206
+ Les chasseurs du Paléolithique supérieur (Aurignacien) représentaient déjà le lion il y a plus de 30 000 ans. Le lion des cavernes peut être facilement identifié en raison de la présence d'un toupet de poil au bout de la queue dans les représentations du Paléolithique[111]. Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art préhistorique africain en raison de légendes qui lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard[109]. L'homme lion, sculpture d'ivoire de mammouth de près de 30 centimètres de haut, représentant le corps d'un homme surmonté d'une tête de lion des cavernes, compte parmi les œuvres d'art les plus impressionnantes de cette époque, mais également parmi les plus anciennes de toute l'histoire de l'humanité. Elle incarnait peut-être une divinité[112].
207
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208
+ Le lion est aussi souvent représenté dans les arts figuratifs. Le lion prend l'image de la royauté et du Soleil et se développe dans tout le Proche-Orient. À Babylone par exemple, la voie processionnelle est décorée de bas-reliefs en carreaux de céramique en forme de lion du temps de Nabuchodonosor II[106]. L’art assyrien, qui a influencé l'art des steppes puis l'art des nombreuses peuplades conquises par les nomades guerriers, dépeint également de nombreuses chasses aux lions, très réalistes. Ce type de représentations visait à glorifier le roi, maître des bêtes, et également représenter la défaite de l'ennemi. Le thème d'un dangereux animal sauvage, souvent un félin ou un ours, se jetant sur sa proie est très fréquent. L'art assyrien a apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est ensuite transmis dans toute l'Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques[109].
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210
+ Chez les Grecs et les Romains, le lion fait figure de gardien ; ainsi, la porte des lionnes protège le palais d'Agamemnon contre les ennemis et les démons[109]. Dans l'art grec, le motif des scènes de chasse du lion de Némée dont la peau est l'attribut de Héraklès est très présent. Chez les Romains, il est également très représenté comme animal du cirque, combattant contre des gladiateurs[106]. Dans l'art chrétien, le lion accompagne parfois saint Jérôme, ou la force, c'est le symbole de Marc l'Évangéliste, de la royauté. Roi des animaux dans le bestiaire médiéval, il est très présent dans l'art monumental.
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+ À partir de la Renaissance, les représentations animales deviennent de plus en plus anatomiquement précises : les artistes s'exercent à la représentation de sujets réels détenus dans les zoos[109]. Le Douanier Rousseau est célèbre pour ses peintures de la jungle, et notamment pour La bohémienne endormie où un lion solitaire s'approche d'une bohémienne endormie dans le désert. Au XIXe siècle, de nombreuses illustrations zoologiques faites par les naturalistes montrent précisément le lion[106]. En sculpture, le Lion de Lucerne a été sculpté pour commémorer les 760 morts et 350 survivants mercenaires suisses lors de la prise d'assaut du Palais des Tuileries à Paris par les révolutionnaires.
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214
+ Le lion n'est présent en Asie que dans la péninsule indienne, il est pourtant très présent dans l'art statuaire de l'ensemble des pays asiatiques. Des lions, représentés avec une crinière bouclée, montent la garde devant les pagodes, comme celle de Kuthodaw ou dans les temples bouddhistes[4]. Originaire d'Inde[113], la danse du lion est une danse traditionnelle effectuée au nouvel an chinois pour faire fuir les démons et apporter la chance[4].
215
+
216
+ La fascination des hommes pour cet animal est visible dans la multiplicité d'écussons sur lesquels il est illustré, au point qu'un proverbe affirme : « Qui n'a point d'armes porte un lion »[114],[Note 3]. Ainsi, on le retrouve, entre autres, sur les blasons de l'Écosse[115], de la Norvège[116], de la Belgique[106] ou de villes comme Lyon[117]. Le lion est représenté le plus souvent rampant, c'est-à-dire dressé sur ses pattes arrière, mais de très nombreuses formes existent : léopardé, lampassé, ramassé, morné, etc. Le lion en héraldique est appelé lion avec la tête de profil et léopard avec la tête en face ; ainsi les lions du blason anglais sont des léopards. Une symbolique basée sur la figure du lion a pu être créée ; par exemple, un lion d'argent sur champ de sinople symboliserait la tempérance[118] et, selon Marcel Brion, les divers lions héraldiques sont issus de lointaines croyances préhistoriques[109]. Bien qu'il soit considéré comme le « roi des animaux », le lion est sans autorité sur les oiseaux. C'est cet antagonisme entre l'aigle, seigneur des cieux et symbole du pouvoir impérial, et le lion qui va motiver le choix de faire figurer l'animal sur des armoiries. La connaissance du lion par les Européens remonte au temps où le lion s'étendait autour de la Méditerranée.
217
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218
+ Le lion est le symbole national de l'Inde, et figure sur ses armoiries sous la forme des lions de l'empereur indien Ashoka[4].
219
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220
+ La figure du lion est utilisée par de nombreuses marques, non seulement pour le symbole considéré comme positif, mais aussi par récupération. Par exemple, la marque automobile Peugeot utilise comme symbole les armoiries de Sochaux depuis 1847. Ce lion héraldique est déposé en tant que logo depuis 1858. Plusieurs banques utilisent la symbolique positive liée au lion. Le Crédit lyonnais a un lion pour mascotte. Le groupe bancaire ING utilise un logo qui contient un lion orange. Plusieurs lions ont été utilisés pour créer le célèbre logo de Metro-Goldwyn-Mayer, société de production cinématographique américaine.
221
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222
+ Le Roman de Renart et Yvain ou le Chevalier au lion sont de grands ouvrages du Moyen Âge dépeignant le lion[119]. L'œuvre littéraire antique ayant le plus influencé le Moyen Âge occidental reste le Physiologus, bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Cette base antique a donné au lion son image de roi des animaux et son assimilation au Christ ; c'est également du Physiologus que sont issues les caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge[120] : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu'il dort[Note 4] et il réanime ses lionceaux mort-nés au bout de trois jours. Ces thèmes sont bien illustrés dans les enluminures des bestiaires médiévaux[106].
223
+
224
+ Jean de La Fontaine, imitant Ésope dans plusieurs de ses fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient). Joseph Kessel, en 1958, en a fait un roman : Le Lion, racontant l'histoire de la fille d'un directeur de parc naturel en Afrique qui est liée d'amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier masaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King[4]. C. S. Lewis dans sa saga du Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers Aslan[Note 5], dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie Harry Potter de J. K. Rowling, Gryffondor, l’une des maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont censés avoir les élèves appartenant à cette maison[121].
225
+
226
+ Au cinéma avec, entre autres, le film d'animation à succès de Walt Disney Pictures Le Roi lion. Le lion est un personnage récurrent de nombreux films, de Tarzan au Magicien d'Oz, et de séries télévisées avec par exemple Daktari[4]. Le lion est aussi décrit comme une menace pour l'homme comme dans The Man-eaters of Tsavo de John Henry Patterson en 1907 et dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la Proie en 1996.
227
+
228
+ Le lion est à l’origine des prénoms Léon et Lionel, un diminutif[122]. En hébreu, on trouve les prénoms Arié (’aryeh, lion en hébreu et Ariel : « lion de Dieu »[123] et dans Lavi (לביא)[Quoi ?].
229
+
230
+ En arabe, près de trois cents noms désignent le lion. Une consultation partielle du grand dictionnaire arabe - français de Kazimirski confirme ce nombre. Parmi eux figurent Assad (’asad, le nom zoologique[Note 6]), Abbas (`abbâs : « sévère, renfrogné ») et Hamza[124]. Le turc connaît les formes Aslan (nom zoologique) et Arslan, cette dernière étant aussi la forme mongole. Ce prénom a donné en russe Rouslan[125]. Le persan shir est connu par le général Shirkuh (« lion des montagnes »), oncle de Saladin, par la médersa Shir-Dor (ou Cher-Dor) (« porte des lions ») à Samarcande et, avec un élargissement de sens au tigre en hindî[126], par Shere Khan, le tigre du Livre de la jungle.
231
+
232
+ Que le lion ait l'image d'un animal fort et courageux[127] s'explique par le fait que, jusqu'il y a peu, des hommes de guerre étaient surnommés par son nom. Parmi les plus récents, le seigneur de guerre afghan Ahmed Chah Massoud était appelé par ses partisans le « lion du Panshir », l'empereur éthiopien Hailé Sélassié se fit appeler le « lion conquérant de la tribu de Juda ». Si le futur roi de France Louis VIII fut surnommé « le lion » pour son courage lorsqu'il vainquit les Anglais à la bataille de la Roche-aux-Moines, a contrario, pour Richard Ier d'Angleterre ce ne sont ni sa force ni son courage, mais ses sautes d'humeur qui lui valurent, en France, d'être surnommé « Cœur de Lion », en référence à l'imprévisibilité de l'animal.
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+ Le qualificatif de lion est aujourd'hui élogieux, le joueur de football camerounais de l'équipe des Lions indomptables Roger Milla était appelé « le vieux lion » par ses compatriotes parce qu'il fut le plus vieux joueur de champ et le plus vieux buteur de l'histoire de la Coupe du monde de football.
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+ Panthera leo
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+ Espèce
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+
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+ Synonymes
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+
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+ Répartition géographique
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+
9
+ Statut de conservation UICN
10
+
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+ VU A2abcd : Vulnérable
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+ Statut CITES
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+ Le lion (Panthera leo) est une espèce de mammifères carnivores de la famille des félidés. La femelle du lion est la lionne, son petit est le lionceau. Le mâle adulte, aisément reconnaissable à son importante crinière, accuse une masse moyenne qui peut être variable selon les zones géographiques où il se trouve, allant de 180 kg pour les lions de Kruger à 230 kg pour les lions de Transvaal. Certains spécimens très rares peuvent dépasser exceptionnellement 250 kg. Un mâle adulte se nourrit de 7 kg de viande chaque jour contre 5 kg chez la femelle. Le lion est un animal grégaire, c'est-à-dire qu'il vit en larges groupes familiaux, contrairement aux autres félins. Son espérance de vie, à l'état sauvage, est comprise entre 7 et 12 ans pour le mâle et 14 à 20 ans pour la femelle, mais il dépasse fréquemment les 30 ans en captivité.
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+ Le lion mâle ne chasse qu'occasionnellement, il est chargé de combattre les intrusions sur le territoire et les menaces contre la troupe. Le lion rugit. Il n'existe plus à l'état sauvage que 16 500 à 30 000 individus dans la savane africaine, répartis en une dizaine de sous-espèces et environ 300 au parc national de Gir Forest dans le nord-ouest de l'Inde. Il est surnommé « le roi des animaux » car sa crinière lui donne un aspect semblable au Soleil, qui apparaît comme « le roi des astres ». Entre 1993 et 2017, leur population a baissé de 43 %[1].
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+ Le lion est le deuxième plus grand félidé, après le tigre, et ainsi le plus grand carnivore d'Afrique. Un mâle mesure de 172 à 250 centimètres de long[2] du bout du museau à la base de la queue et possède une queue d’en moyenne 90 centimètres[3]. Les mâles atteignent une masse comprise entre 145 et 225 kilogrammes à l'âge adulte[3]. Les femelles adultes mesurent de 158 à 192 centimètres[2] sans la queue et possède une queue mesurant environ 85 cm. Elles pèsent entre 83 et 168 kg[3] et ont une corpulence en moyenne 20 à 50 % moins importante que celle d'un mâle[4].
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+ La taille au garrot peut varier de 100–128 cm[2] (en moyenne, 123 cm pour les mâles et 107 cm pour les femelles[3]). Les plus grands mâles pouvant exceptionnellement atteindre une taille à l'épaule de 1,50 m[5].[réf. nécessaire] Ils peuvent ainsi avoir une taille à l'épaule de 30 cm plus importante que celle des tigres mais sont moins longs que ces derniers. Si une taille de 189–300 cm[6] du bout du museau à la base de la queue a souvent été évoqué pour le tigre, il est admis que le tigre est au maximum de 30 cm plus long que le lion soit une longueur de 2,80 m[7] du bout du museau à la base de la queue. Les plus grands lions vivent dans le sud de l’Afrique, les plus petits en Asie. Le record du monde dans la vie sauvage est détenu par un lion du Transvaal de 313 kg[8]. Les lions en captivité ont tendance à être plus gros que les lions vivant dans la nature, dans certains cas, les lions ont atteint en captivité un poids de 375 kg, notamment le célèbre lion à crinière noire « Simba » du zoo de Colchester en Angleterre dont la masse a été reconnue par le Livre Guinness des records[9],[10].
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+ Avec une longueur de crâne de 26,7 à 42 cm[11] en moyenne, il est généralement admis que c'est le lion qui possède la plus grande longueur de crâne parmi les grands félins[11] devançant ainsi dans ce domaine le tigre de Sibérie qui est la sous espèce de tigre ayant le crâne le plus imposant avec une longueur en moyenne de 25,3 à 38 cm[11] environ.
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+ Les lions ont des yeux ambre voire jaunes et une truffe noire. Leurs oreilles, couleur sable, sont arrondies. Ils possèdent des griffes rétractiles qui sont protégées par des fourreaux de chair. Leurs canines peuvent atteindre six centimètres de long[4]. Leur langue est recouverte de papilles cornées recourbées leur permettant de saisir la nourriture, mais aussi de se débarrasser des parasites.
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+ Les mâles possèdent une longue crinière, le plus souvent brun foncé, mais également dans certains cas, noire, brun clair ou fauve. Les lions du parc national du Tsavo, sont quant à eux dépourvus de crinières. La crinière apparaît vers l'âge de trois ans et s'étend des joues jusqu'au-dessus des épaules, quelquefois aussi sur le ventre et sur la poitrine. La forme et la couleur des mâles peuvent varier non seulement entre les individus, mais également chez un même individu au cours de sa vie en fonction de sa constitution physique.
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+ Une crinière longue et foncée est un indicateur d'une bonne constitution et d'une grande force de combat, car le statut hormonal et la nutrition ont des conséquences sur l'épaisseur ainsi que sur la longueur de la crinière[12]. Des examens expérimentaux avec des crinières empaillées ont montré que les femelles réagissent positivement aux modèles avec une crinière longue et sombre, et que les mâles évitent les modèles aux crinières prononcées. L'explication en est qu'une crinière foncée et épaisse constitue un handicap, car elle capte et conserve la chaleur. Les mâles ainsi handicapés, mais néanmoins « survivants », se révèlent donc être les porteurs de meilleurs gènes. Cela est avéré par le fait qu'un animal affaibli d'une manière ou d'une autre présente une crinière plus claire et moins importante (des changements d'aspect de la crinière ont été observés chez un même individu au cours du temps)[13].
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+ En pratique, la crinière pourrait être une protection contre les coups de griffes lors de combats contre des mâles rivaux.
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+ Par ailleurs, les dernières recherches ont également prouvé que la température a aussi un effet important sur la longueur de la crinière, et les mâles de régions plus froides, même indépendamment de leur sous-espèce, forment une crinière plus importante que ceux vivant dans des régions très chaudes. Ainsi, les individus mâles des zoos de régions au climat plus continental forment le plus souvent une crinière bien plus importante que celle de leurs congénères restés dans des pays plus chauds[13],[14].
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+
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+ Chez les lions d'Asie, ainsi que certains spécimens d'Afrique de l'Ouest (au parc de la Pendjari au Bénin, par exemple), la crinière est clairement moins prononcée que chez leurs cousins d'Afrique, les poils ont la particularité d'être également plus fins.
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+
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+ Tout comme les autres félins, le lion a de nombreuses moustaches épaisses, également connues sous le nom de vibrisses. Ces longs poils sensibles aux vibrations aident le lion à se diriger dans l'obscurité, ou quand son champ visuel est obstrué. La majeure partie de sa chasse se déroulant la nuit, ils l'aident presque à « sentir » son chemin dans l'obscurité, le nez vers le ciel. Les plus longues moustaches sont sur sa lèvre supérieure ; ce sont les vibrisses mystaciales. Les moustaches au-dessus des yeux sont appelées les vibrisses superciliaires. Il y a également des vibrisses sur l'une ou l'autre joue, appelées les vibrisses géniales. Les vibrisses peuvent se développer non seulement sur le visage, mais aussi bien sur le dos des pattes : ces dernières sont appelées poils de carpelle et sont utilisées pour ressentir des vibrations terrestres[15].
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+
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+ Il est possible d'identifier les lions en dénombrant les points noirs qui mouchettent leur peau au-dessus de leurs babines, à la base des poils de leurs moustaches.
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+
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+ Les lions ont une musculature imposante et très développée. Leur corps est allongé et trapu sur d'épaisses pattes musclées. Celles-ci permettent de mettre à terre des proies pouvant faire plusieurs fois leur propre taille. Leur mâchoire est puissante pour être capable de déchirer l'épaisse peau des proies (telles que les gnous), et pour rester accrochée sur une proie qui chercherait à faire tomber le prédateur de son dos. Les muscles des pattes sont également capables d'infliger de sérieux dommages. Un grand coup de patte d'un lion est assez puissant pour provoquer la rupture des organes internes et même pour casser des os[15].
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+ Leur pelage court est de couleur sable, jaune-or ou ocre foncé. La face intérieure des pattes est toujours plus claire, tout comme le ventre, chamoisé chez le mâle, presque blanc chez la femelle. Les jeunes lionceaux ont des taches sombres sur l'ensemble du corps, mais qui disparaissent déjà au cours de la première année. Dans des cas très rares, ces taches restent encore visibles à l'âge adulte, mais demeurent insignifiantes, n'étant visibles que de près[4].
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+ Comme chez les tigres, il existe chez les lions des cas occasionnels de leucistisme ; moins d'une centaine de spécimens[16] dans le monde possèdent cette particularité génétique due à un gène récessif, qui donne une couleur blonde, crème voire blanche au pelage. Le leucistisme est différent de l’albinisme, et ne pose aucun problème direct sur la physiologie de l'animal[Note 1]. Les yeux conservent leurs pigments et restent le plus souvent de couleur normale (noisette ou or), mais peuvent également être bleu-gris ou vert-gris. Les lèvres et les coussinets restent également normalement pigmentés.
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+ Chez le mâle leucistique, la crinière ainsi que l'extrémité de la queue, normalement sombres voire noires, sont très pâles. Les spécimens les plus connus sont sans doute les lions blancs de Timbavati en Afrique du Sud, où deux lions blancs sont nés d'une lionne et d'un lion de couleur fauve dans une réserve naturelle privée[17]. Chris McBride a été le premier à les observer en octobre 1975 et a écrit deux livres sur le sujet[18],[19]. En 2005, deux lionceaux au pelage blanc et aux yeux bleus sont nés dans un parc zoologique à proximité d'Agen[16] et quatre au parc zoologique de Jurques, près de Caen, le 20 mai 2007, de deux parents blancs également[20]. Le zoo de Beauval en Loir-et-Cher fut le premier parc français à présenter un couple de lions blancs au public[21].
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+ Il n'existe aucune preuve tangible de l’existence de lions mélaniques (noir)[22].
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+ Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable contre les mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par Didyme d'Alexandrie. Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils, un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui, lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui piquait les flancs à la manière d'un éperon et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en parla jusqu'à Johann Friedrich Blumenbach, qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
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+
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+ Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à 11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un follicule unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne, devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ; droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies au milieu de la touffe terminale de la queue. Gérard Paul Deshayes, en 1829, décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa base à la peau seulement, et non à la dernière vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à 6 mm. Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à la peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe[23].
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+ Il est communément admis que les lionnes sont plus rapides que les mâles et peuvent atteindre des vitesses maximales proches de 60 km/h[24],[25], mais cette vitesse ne peut être maintenue que sur de faibles distances. Très musclés et longs, ils peuvent faire des sauts remarquables, de l'ordre de 3,70 m en hauteur et 11 m de longueur[26].
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+ Le lion, tout comme le léopard, le tigre, le jaguar et l'once ou panthère des neiges, fait partie du genre Panthera de la famille des Felidae.
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+ La phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Le plus ancien fossile de lion a été découvert à Laetoli en Tanzanie ; d'après les datations, il aurait probablement 3,5 Ma.
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+ Panthera leo est identifié pour la première fois en Europe, sur le site italien d'Isernia, par le fossile d'un lion des cavernes primitif (Panthera leo fossilis) âgé de plus de 700 000 ans. Une mâchoire inférieure de lion des gorges d'Olduvai en Tanzanie, plus vieille de 1,75 Ma, montre des ressemblances frappantes avec le lion des cavernes primitif. Ceux-ci sont considérés comme les plus grands lions d'Europe et ont chassé pendant l'interglaciaire cromérien, il y a plus de 500 000 ans, près de Wiesbaden en Hesse et près de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg. Quelques spécimens étaient presque aussi longs que les plus grands lions de l'histoire de la Terre, les lions américains (Panthera leo atrox) de Californie qui ont atteint un record de longueur : jusqu'à 3,60 mètres de long avec la queue (longueur hors queue, environ 2,40 mètres). La plupart des découvertes de lions en Europe sont des lions des cavernes (Panthera leo spelaea) ; apparus lors de la période glaciaire de Mindel, ils correspondent à une évolution des lions des cavernes primitifs. Bien qu'il ne soit spécialement apparenté avec aucune des sous-espèces, les études sur l'ADN ont confirmé que le lion des cavernes était un lion authentique[27],[28]. Une autre sous-espèce a vécu, quant à elle, en Asie nord-orientale, en Béringie - au niveau de l'actuel détroit de Béring - appelée lion de Sibérie orientale et de Béringie (Panthera leo vereshchagini). En Europe centrale, Asie du Nord et en Amérique, les lions étaient, jusqu'à la fin du Pléistocène, une espèce fréquente de la faune locale qui disparut à la fin de la dernière période de glaciation.
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+ Douze sous-espèces étaient traditionnellement reconnues, la plus grande étant le lion de l'Atlas disparu de la nature au cours du XXe siècle mais qui existe encore en captivité. Les différences majeures entre ces différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la taille de la crinière et du corps : la plupart de ces formes anciennement décrites sont à présent considérées comme invalides car ne prenant pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. De plus, certaines descriptions de sous-espèces étaient basées sur des spécimens détenus par des zoos, dont l'origine n'était pas toujours certaine[29]. En 2004, seules huit sous-espèces sont reconnues[30],[31],[32],[Note 2] ; parmi les sept sous-espèces africaines proposées, le lion du Cap (Panthera leo melanochaita) est probablement non valide[30].
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+ Toutefois, de récentes analyses génétiques menées sur différentes sous-espèces de lion ont conduit à réduire le nombre de sous-espèces à deux : en 2008, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ne reconnaît ainsi que le Lion d'Afrique (Panthera leo leo) et le lion d'Asie (Panthera leo persica)[33].
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+ Les lions des cavernes sont aujourd'hui tous éteints. Ils vivaient en Eurasie et en Amérique. On peut supposer qu’ils possédaient une touffe de poils noirs au bout de leur queue, tout comme les lions modernes. On pense que, contrairement aux lions actuels, ils chassaient seuls ou en couple. Cela a été prouvé par les lions de Rancho La Brea, en Californie, où les jeunes avaient des dents plus usées que les jeunes lions modernes. Ils ont pu habiter des grottes ou dans des failles pendant l’hiver.
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+ La cryptozoologie s'est longtemps intéressé aux Marozis[36], prétendus lions tachetés, à courte crinière qui vivaient dans les hauts plateaux du Kenya. La peau d'un lion de ce genre est gardée encore aujourd'hui au muséum d'histoire naturelle de Londres. Depuis la fin des années 1930, il n'y a plus eu d'apparitions. Aujourd'hui, certains supposent qu'il s'agissait d'hybrides, produits d'un croisement entre un lion et un autre félin.
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+ Les noms des hybrides sont composés de la première syllabe du père, suivie d'une syllabe de la mère :
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+ Les mâles sont le plus souvent stériles, à cause de la fragilité des spermatozoïdes, mais les femelles peuvent être fertiles (règle d'Hardane (en))[37].
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+ Autrefois, le lion devait posséder la répartition géographique la plus étalée de tous les mammifères terrestres. Le lion d'Amérique (Panthera leo atrox) était présent du Pérou à l'Alaska pendant tout le pléistocène supérieur, tandis que des cousins (Panthera leo spelaea, le lion des carvernes) occupaient la Sibérie et l'Europe centrale, et d'autres encore étaient répartis entre l'Inde et l'Afrique du Sud. L'étendue de la répartition perd toutefois de son importance à la fin de la dernière glaciation.
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+ La répartition du lion durant l'Holocène (l'époque géologique et climatique actuelle) jusqu'aux temps historiques est plus restreinte mais a cependant été importante. Elle couvrait presque toute l'Afrique, mais aussi l'Europe de l'Est et du Sud, ainsi que le Moyen-Orient et l'Inde. Les rares ossements retrouvés montrent qu'en Europe il était présent au moins dans la péninsule Ibérique (nord de l'Espagne) au début de l'Holocène, tandis que dans la seconde moitié de l'Holocène (Néolithique et âge du bronze) des lions vivaient en Europe de l'Est (Hongrie, Ukraine, sud de la Russie), dans les Balkans et en Europe du Sud[38]. Le lion a perduré en Europe jusqu'à l'Antiquité. Il a été un symbole fort dans la culture européenne, abondamment représenté dans l'art mycénien puis dans l'art grec classique et l'art scythe entre autres. De nombreux auteurs qui leur étaient contemporains ont rapporté leur présence en Europe : Hérodote considérait le lion comme étant abondant en Thrace dans le nord de la Grèce en son temps au Ve siècle av. J.-C., mais Aristote le considère déjà comme rare au IVe siècle av. J.-C., et au Ier siècle de notre ère il semble avoir entièrement disparu. Sa disparition en Europe est probablement due à la concurrence avec l'homme (expansion de l'élevage pastoral), à la chasse de prestige dont il a longtemps fait l'objet (les scènes de chasses et de combats avec des lions sont omniprésentes dans l'art antique), ainsi que par leur capture intensive pour les arènes romaines. Il est cependant encore signalé au Daghestan au Moyen Âge[39]. Il était également autrefois bien présent en Anatolie, en Transcaucasie et au Proche-Orient, et il est ainsi mentionné dans la Bible[40]. Mais il a disparu du Levant au Moyen Âge, puis au XIXe siècle d'Anatolie et de l'est de la Syrie (Haute Mésopotamie), puis du sud de l'Irak en 1918, et enfin les derniers spécimens d'Iran sont mentionnés dans les années 1940.
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+ De la même manière, les populations de lions d'Asie (Panthera leo persica) ont en quasi-intégralité disparu au XXe siècle. Un dernier groupe de survivants s'est toutefois réfugié dans le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat, en Inde.
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+ Les derniers spécimens sauvages de lions de l'Atlas (Panthera leo leo) ont disparu au milieu du XXe siècle. Le dernier à être abattu l'a été au Maroc en 1942 à Taddert (versant nord du Tizi n'Tichka, Haut Atlas), et les autres ont dû dispara��tre lors de la destruction des forêts de Kabylie, au nord de Sétif, en 1958, durant la guerre d’indépendance algérienne.
82
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+ Aujourd'hui, sa diffusion est largement limitée à l'Afrique subsaharienne. Néanmoins, l'extrême sud de l'Afrique ne compte plus de lions depuis les années 1860, époque de l'extinction du lion du Cap (Panthera leo melanochaita). En Afrique du Nord, le lion de l'Atlas (Panthera leo leo) s'est éteint dans les années 1920. Les populations significatives de lions africains sont localisées dans les parcs nationaux du Kenya, de Tanzanie et d'Afrique du Sud et se font rares en dehors des zones protégées. Classé comme « vulnérable » par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion est exposé à un risque d'extinction.
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+ En Inde le lion d'Asie ne vit plus que dans un ultime refuge : le parc national de la forêt de Gir dans l'État de Gujarat. Après être passé assez près de l'extinction au XXe siècle, des mesures efficaces de protection ont permis à la population de lions d'augmenter à nouveau ces dernières décennies dans cette réserve, pour atteindre en 2017 environ 650 spécimens (contre 523 en 2015 et 411 en 2010)[41]. La réserve étant désormais trop petite pour supporter une telle population de lions en croissance rapide, des projets de réintroduction dans d'autres régions d'Inde et en Iran sont régulièrement discutés.
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+ Bien qu'étant aujourd'hui confiné presque uniquement à la savane africaine, la répartition passée du lion montre qu'il a une grande capacité d'adaptation et peut vivre dans de nombreux habitats et sous des climats très différents (tempérés à tropicaux). Le lion est cependant inféodé aux milieux ouverts ou semi-ouverts plutôt secs. En Afrique l'habitat naturel du lion est donc principalement la savane, mais aussi les forêts décidues semi-ouvertes (forêt tropicale sèche) et les semi-déserts. L'espèce manque ainsi naturellement dans les forêts tropicales humides denses d'Afrique centrale, dans les marais à végétation trop haute, et dans les déserts les plus arides de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Inde le lion d'Asie pouvait vivre autrefois dans les mêmes régions que le tigre, car ils n'occupaient pas les mêmes habitats et ne chassaient pas les mêmes proies, le tigre vivant plutôt dans les forêts denses et autres végétations très fournies comme les marais. Il n'y avait donc que peu de concurrence entre ces deux espèces, leur niche écologique était bien différenciée.
88
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+ Contrairement aux autres fauves, plutôt solitaires, les lions vivent dans des troupes, qui sont des unités sociales permanentes, composées de femelles apparentées entre elles, de mâles non apparentés aux femelles et de leur progéniture. La dimension du territoire et le nombre de proies déterminent la dimension du groupe qui varie de 3 à 30 individus. Il y a habituellement dans le groupe un à sept mâles adultes et d'une à dix-huit femelles. Le territoire d'une troupe couvre 20 à 500 km2. Dans le parc national du Serengeti en Tanzanie, la densité des lions peut atteindre un individu par kilomètre carré. Dans l'ancien cratère du Ngorongoro, le nombre maximum d'individus est 1,6 à 2,4 au km². Les frontières de leur territoire sont délimitées par leurs selles et leur urine, qui indiquent qu'il y a défense de pénétrer dans la zone. Ils grattent également la terre avec leurs pattes avant et arrière, déposant une substance sécrétée par des glandes situées dans leurs coussinets[42].
90
+
91
+ Les jeunes mâles restent environ deux à trois ans dans le groupe, jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité sexuelle. Ils sont ensuite chassés par le lion dominant. Les femelles par contre passent généralement toute leur vie dans le groupe de naissance et s'y reproduisent. Ceci permet d'éviter la consanguinité.
92
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93
+ Quand les jeunes mâles ont été chassés du groupe par leurs pères, ils deviennent nomades et forment ensemble une « coalition », parfois rejoints par d'autres jeunes mâles. Le lien entre les mâles est très fort. Les jeunes mâles parcourent ensemble des distances très importantes, ne respectent pas les frontières des territoires, mais ne fondent pas leur propre territoire. Puisque les mâles ont très peu de succès à la chasse, comparativement aux femelles, les jeunes nomades se nourrissent surtout de charognes[réf. nécessaire].
94
+
95
+ De telles coalitions de jeunes mâles vont essayer de prendre la tête d'une troupe en évinçant les mâles résidents. Toutefois, cela n'est pas toujours une réussite. De telles luttes sont généralement sanglantes, et il n'est pas rare qu'elles s'achèvent mortellement. Si les vieux mâles du groupe perdent la lutte, ils sont chassés et mènent ensuite une vie de solitaires. Souvent, ils meurent des conséquences de leurs blessures. Si les nouveaux venus gagnent, ils en viennent fréquemment à l'infanticide, c'est-à-dire qu'ils tuent les petits de leurs prédécesseurs. Ce comportement permet aux femelles de retrouver rapidement un œstrus et donc d'être à nouveau aptes à la reproduction. Les mâles peuvent ainsi s'accoupler plus tôt et assurer leur propre descendance. Ce comportement est adaptatif : en effet, la compétition est rude entre les coalitions de mâles et de jeunes mâles viendront bientôt essayer de les détrôner pour prendre à leur tour la tête du groupe. Les mâles n'ont donc pas de temps à perdre et ils doivent tenir à la tête du groupe jusqu'à ce que les lionceaux soient assez grands pour être épargnés. Les mâles restent rarement plus de trois ou quatre ans à la tête du groupe, et n'ont donc pas le temps d'attendre que les portées des prédécesseurs soient devenues adultes pour se reproduire. Il arrive fréquemment que les femelles attaquent le mâle assassin[43].
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+
97
+ En général, les lions ne pratiquent pas de toilettes mutuelles complètes, seul le dos du nez est nettoyé ; mais, lors de salissures grossières, par exemple par le sang des proies, il peut arriver qu'un membre effectue des soins de fourrure.
98
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99
+ Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du célèbre rugissement. Leur os hyoïde n'est que partiellement ossifié, c'est cette disposition qui leur permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner à proprement parler ; mais ils le font, comme d'autres fauves, par expiration. On l'entend quand deux lions agissent l'un sur l'autre sur une base amicale. Le ronronnement ne retentit pas comme celui d'un petit chat, mais plutôt comme un grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans un bas grondement commençant par quelques bas grognements et gémissements, qui indiquent à d'autres lions qu'un groupe vit dans le secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il peut être entendu jusqu'à cinq kilomètres de distance[44]. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits.
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+
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+ Le langage corporel est d'égale importance. Les lions ont un cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent doucement l'un et l'autre, balancent la tête latéralement et gardent la queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l'autre lion. Comme certains autres félins, les lions se cognent la tête en se saluant. Le lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe d'affection. Les lions, tout comme d'autres félins sauvages, ont les oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands cercles blancs permettent d'indiquer l'humeur : quand ils sont fâchés, les lions et d'autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance, mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à distance que ce dernier est furieux et qu'il vaut mieux ne pas s'en approcher. Cela permet d'éviter beaucoup de combats[15].
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+
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+ Les lions atteignent leur maturité sexuelle et sociale à l'âge de trois ou quatre ans[45], leur maturité physiologique à 30 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles[46]. Il n'y a pas de saison de reproduction définie. Pour vérifier la fécondité d'une femelle, le mâle utilise l'organe de Jacobson, se situant sur le palais, sous la surface intérieure du nez. Pour ce faire, le lion relève la lèvre supérieure et ouvre la gueule. Ce processus est qualifié de flehmen.
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+ Même si un mâle arrive au sommet de la hiérarchie, il ne peut se reproduire avec une femelle qu'avec son consentement. C'est en tournant autour de lui, en se roulant à ses pieds, en frottant sa tête contre son cou, que la femelle provoque le mâle dominant. Elle se met à plat ventre et relève la croupe ; cette position, appelée lordose, permet au mâle une meilleure pénétration. Pendant l'accouplement, le lion garde la nuque de la femelle dans sa gueule et la mord au cou. Cela la garde instinctivement calme ; le pénis du mâle est garni de protubérances épineuses et lorsqu'il se retire, on suppose que la lionne ressent de la douleur. C'est ainsi qu'elle proteste en rugissant et se retourne fréquemment contre lui dans une posture agressive. C'est la pénétration qui déclenche la ponte des ovules qui seront fécondés par les spermatozoïdes[15].,[47] Si une lionne accepte de se reproduire, ils s'accoupleront toutes les quinze minutes et ce, jusqu'à cinquante fois par jour, auquel cas chaque rapport dure environ trente secondes, jusqu'à ce que l'œstrus de la femelle, qui ne dure que quatre jours[46], soit terminé[48].
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+ Après une gestation d'environ quatre mois[49], la lionne, cachée loin du groupe, met au monde un à quatre[46] lionceaux, aveugles, de 1,1 à 1,37 kg[46]. Durant leurs six premières semaines de vie environ[50], ils ne seront qu'allaités par la mère dans la cache par ses quatre glandes mammaires. Si cette dernière est assez éloignée du groupe, la mère ira seule à la chasse. Il peut arriver que les petits restent jusqu'à 48 heures seuls dans la cache ce qui peut s'avérer dangereux, particulièrement à cause des hyènes et de bien d'autres prédateurs. Après trois à quatre semaines[46], la lionne amène ses petits dans le groupe et ils se mêlent à d'autres lionceaux. Les problèmes d'acceptation sont rares.
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+ À partir de ce moment, les jeunes lions tètent non seulement leur mère, mais également les autres lionnes, de sorte que l'éducation incombe à toutes les femelles du groupe. Vers l'âge de six mois[51], les lionceaux sont sevrés ; ils restent encore environ deux ans auprès de leur mère[46].
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+ La durée de vie d'un lion s'élève de douze à quatorze ans à l'état sauvage, rarement plus de vingt ans[46]. Toutefois, seules les femelles atteignent un tel âge. Les mâles sont généralement tués par un plus jeune concurrent ou, après une longue errance, ne trouvent plus de groupe et meurent de faim. Quelques lions ont toutefois vécu en parc zoologique jusqu'à l'âge de 29 ans[46].
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+ Certains observateurs ont rapporté que deux lions ou lionnes pouvaient également interagir entre eux et montrer des signes d'homosexualité. Dans la nature, environ 8 % des rapports sexuels se font entre lions, tandis que les activités homosexuelles entre lionnes ne sont toutefois observables qu'en captivité[52],[53].
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+ Seuls les mâles au sommet de la hiérarchie peuvent se reproduire, car le dominant a pleine autorité sur le harem. Mais cette période ne dure en moyenne que deux à quatre ans[48]. Or, chaque femelle n'élevant qu'une seule portée à la fois, un mâle dominant nouvellement arrivé au sommet de la hiérarchie ne peut pas se permettre d'attendre jusqu'à deux ans avant de pouvoir s'accoupler. Pour rendre des femelles fécondables, il n'hésite donc pas à tuer des petits[51].
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+ Le lion ne chasse généralement que dans l'obscurité ou aux heures fraîches du matin ; l'obscurité et les températures plus clémentes constituent un avantage important. De plus, le lion est inactif de 20 à 21 heures par jour, dont 10 à 15 heures de sieste[54]. Il consomme en moyenne 7 kg de viande par jour[48]. Toutefois, si la chasse a été bonne et si elle a manqué quelques repas, la lionne peut avaler jusqu'à 30 kg de viande en une seule fois, tandis que le mâle peut en avaler jusqu'à 40 kg[55]. Les lions ne chassent que lorsque leur réserve de nourriture est épuisée.
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+ Les proies principales sont les bovidés de grande, moyenne et petite taille :
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+ Il chasse aussi des buffles, jeunes éléphants, phacochères, zèbres, girafes, lapins, oiseaux et quelquefois poissons. Dans certaines régions, des lions se spécialisent même pour un type de proie précis. Ainsi des groupes importants de lions, d'environ 30 individus, attaquent régulièrement des éléphants adultes. Dans les zones humides du Savuti et du Linyanti, il arrive même qu'ils s'attaquent à des hippopotames. Mais généralement la plupart des hippopotames, rhinocéros, éléphants sont trop imposants de par leurs statures, en effet les lions fuient généralement les éléphants et rhinocéros en colère.
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+ Les antilopes très rapides, telles que les gazelles, les topis, les springboks et les impalas sont généralement exclues de leurs proies, les lions sont contraints à chasser des animaux moins rapides et plus gros.
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+ Vers l'âge de deux ans, les lionceaux apprennent l'art de la chasse et partent à trois ans avec leur mère chasser une première fois.
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+ Dans la savane, milieu ouvert, les lions sont facilement repérables par leurs proies. De plus, un animal vigoureux peut venir à bout d'un chasseur solitaire. Un jeune buffle du Cap a été observé luttant avec une lionne pendant 90 minutes pour ne perdre finalement que sa queue. La chasse à deux ou à plusieurs offre donc de meilleures chances de succès et permet des prises imposantes. Les lionnes assurent de 80 à 90 % des prises lors de la chasse. Les mâles, plus lourds, moins rapides et plus facilement repérables par leur corpulence et leur crinière, sont moins efficaces.
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+ Les lionnes et les lions utilisent des techniques différentes selon le terrain, leurs préférences et les méthodes de défense des proies. La lionne chasse en général à l'aube ou au crépuscule, ou encore à la faveur de la nuit. À l'affût, tapie derrière les hautes herbes, elle attend qu'un animal ait baissé la tête pour brouter, manifeste des signes d'inattention ou se trouve en position isolée. Elle risque alors une approche discrète jusqu'à 30 m environ, puis elle charge et projette violemment sa proie à terre. Pesant de tout son poids sur elle, elle la saisit à la gorge. Trachée et œsophage sectionnés, la victime meurt en quelques minutes. Les lionnes maintiennent souvent leur proie par le museau jusqu'à ce que celle-ci étouffe.
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+ Lorsqu'elles chassent en groupe, les lionnes encerclent la proie, voire le troupeau, et s'en approchent ensemble ; elles rampent à plat ventre souvent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à leur proie, auquel cas l'environnement est utilisé le plus intelligemment possible pour se camoufler. Lorsqu'une distance d'environ 30 m est atteinte, alors la proie est chargée. Chaque bond fait environ 6 m de long et peut atteindre le double en longueur et quatre mètres en hauteur[56]. La proie est alors tuée par une forte morsure à la nuque ou au cou de façon à atteindre la veine jugulaire ou la carotide.
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+ Comme les lionnes chassent dans des espaces ouverts, la chasse commune augmente la chance de frapper avec succès une proie. Elles se renvoient aussi la proie entre elles. En outre, la proie dans le groupe peut être défendue plus facilement contre des voleurs comme les lycaons et les hyènes tachetées.
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+ Le pourcentage de tentatives réussies varie également selon l'espèce pourchassée : environ 14 % s'il s'agit d'antilopes (damalisques, cobes, koudous, élands, bubales, oryx), 38 % pour les zèbres et les gnous et 47 % pour les phacochères. La chasse nocturne se solde par 33 % de succès, contre 21 % pour la chasse diurne, et les attaques dans les buissons (41 %) ont 3,5 fois plus de chances de réussir que les attaques en terrain découvert (12 %) - d'après des études[24]. En période de sècheresse, les lions mangent même des animaux morts de maladie ou des restes d'autres prédateurs. Dans le parc du Serengeti en Tanzanie, lorsque la plupart des ongulés ont migré à la recherche d'herbes tendres et d'eau, les lions s'attaquent aux animaux sédentaires : girafes, phacochères, petits mammifères (antilopes naines, lapins), oiseaux, serpents ou jeunes crocodiles. Les nuits de saisons sèches, les lionnes chassent parfois les impalas à la nuit tombée ; antilopes africaines très communes vivant dans les milieux semi-forestiers, sédentaires, très rapides, agiles et vigilantes la journée, mais elles sont plus vulnérables dans l'obscurité à cause de leur vue nettement inférieure à celle des fauves.
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+ Les mâles du groupe ne participent qu'exceptionnellement à la chasse, par exemple si des proies très grandes sont attaquées comme des buffles, des girafes ou des éléphants préadultes ; leur principal rôle est de protéger la troupe des autres lions. Après un succès, la hiérarchie du groupe entre en application : le mâle peut manger en premier ; suivent ensuite les femelles haut placées et enfin les petits. Il y a rarement, auprès du cadavre, des luttes de rang où les membres du groupe s'infligent d'importantes blessures.
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+ Souvent, les lions sont amenés à manger des charognes. Les lions mâles qui ont été chassés d'un clan sont contraints de se nourrir exclusivement de ce type d'alimentation. Cela les amène à protéger leur butin d'autres animaux charognards comme les léopards ou les hyènes tachetées.
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+ Les relations entre lions et hyènes tachetées dans les zones où ils coexistent sont uniques dans leurs complexités et leurs intensités. Les lions et les hyènes sont au sommet de la chaîne alimentaire, se nourrissant des mêmes proies, et sont donc en concurrence directe. À ce titre, ils luttent souvent pour se voler et à l'occasion se tuer. Bien que les hyènes aient la réputation d'être des charognards opportunistes profitant de la chasse du lion, le cas inverse est très fréquent. Au cratère du Ngorongoro, la population des hyènes dépasse de beaucoup celle des lions résidents, aussi ces derniers obtiennent une grande partie de leur nourriture en volant les proies des hyènes. La querelle entre les deux espèces ne dépasse cependant pas une simple bataille pour l'alimentation, c'est en fait la limite des territoires respectifs qui fixe les limites de ces conflits car contrairement aux autres espèces, les territoires ne se chevauchent pas, comme si les groupes de hyènes et de lions appartenaient à la même espèce. Cependant, les mâles sont très agressifs envers les hyènes, ils les tuent quand ils le peuvent, quelquefois sans les manger. Dereck et Beverly Joubert ont observé plusieurs cas de lions mâles s'attaquant systématiquement aux hyènes, même lorsque celles-ci étaient en avantage numérique. Le plus célèbre lion tueur de hyènes avait pour nom « Ntchwaidumela », ses assauts meurtriers contre les hyènes, sans raison apparente, ont donné lieu à des documentaires, comme Lions et Hyènes, face à face mortel[57]. Inversement, les hyènes sont les principales prédatrices des lionceaux (avec les léopards), harcelant les lionnes[58].
141
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142
+ Les lions dominent les félins plus petits qu'eux comme les guépards. Ils volent leurs proies et tuent leurs petits, parfois l'adulte. Un guépard a 50 % de chances de perdre sa proie vis-à-vis d'autres prédateurs[59] et les lions sont les principaux prédateurs de ses petits ; on estime même à neuf petits sur dix tués par un lion dans leurs premières semaines de vie. Pouvant survivre avec de petites proies et grimper dans les arbres, les léopards souffrent moins de cette prédation[60].
143
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144
+ Les lions sont également en concurrence avec les crocodiles du Nil, et il arrive, en fonction des tailles respectives, que l'un mange l'autre. Des lions ont été vus tuant des crocodiles[61] et des morceaux de lion ont été trouvés dans des estomacs de crocodile[62].
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+ « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur. »
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+ — Proverbe africain
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+ Depuis l'Antiquité l'homme chasse le lion. C'est d'ailleurs, lorsque l'animal est adulte, son seul prédateur (les lionceaux laissés seuls peuvent être la proie des léopards, des hyènes ou même de lions étrangers au groupe). L'homme chasse le lion pour assurer la sécurité de ses troupeaux, pour se protéger, mais aussi comme preuve d'un signe extérieur de vaillance[63] ou même pour les spectacles que constituaient les jeux romains. Dès lors, les chasses et les battues ont fait disparaître bon nombre de sous-espèces. L'invention de l'arme à feu et de la « chasse sportive » va accélérer le processus, au rythme de la disparition des autres gros mammifères les Big 5.
151
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152
+ En Afrique de l'Est, dès les années 1900, des mesures de protection, qui consistèrent en la création de réserve de chasse comme le Parc national de Kilimandjaro et à une interdiction de chasser dans ces zones, ont été prises. Le droit de tuer s'achetant, le coût limitant les prises par une sorte d'enchère calculée sur les demandes passées. Les chasses rituelles continuent également et il n'est pas rare de voir des lions mutilés. Les chasses rituelles pratiquées se terminent par la vente des trophées, liant cette pratique à des intérêts économiques. Le Kenya Wildlife Service rapporte qu'entre 1999 et 2003, 49 lions ont été tués par les Masaï. Les populations de lion ont continué à chuter si bien que dans les années 2000, cette méthode de gestion de la faune a été remise en cause. En effet, la population totale des lions africains passe de 50 000 spécimens à 15 000 (au pire) au cours des années 1990[64]. La chasse, le braconnage et la diminution des aires sauvages rendent l'espèce vulnérable si bien qu'il a fallu prendre de nouvelles mesures de protection. Les lions de cirques, ceux destinés au domptage et aux zoos ne sont plus prélevés dans la nature. La chasse traditionnelle et le braconnage sont combattus. La chasse sportive au Botswana est interdite en février 2001 par le service de gestion de la faune locale bien que, avec 53 trophées comptabilisés en 2000, la chasse ait rapporté cinq millions de dollars à l’industrie de la chasse et 100 000 dollars aux caisses de l’État[64], la « taxe d'abattage » se situant autour de 80 000 euros contre 3 000 pour un guépard[65]. L'office de la gestion de la faune zambienne a lui-même pris une mesure d'interdiction la même année[64]. En Afrique du Sud, près de 300 éleveurs élèvent environ 5 000 lions pour la chasse ; 480 lions, dont 444 élevés en captivité, ont été chassés dans le pays, pour un prix variant de 6 000 à 8 000 USD la femelle et de 20 000 à 30 000 USD le mâle[66]. Une loi viserait à interdire cette pratique.
153
+
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+ En Asie, le lion a pratiquement disparu depuis le milieu du XIXe siècle à l'état sauvage, autant par la chasse que par la réduction de son habitat.
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156
+ Les maladies représentent un autre problème, surtout dans le Parc national Kruger en Afrique du Sud. Depuis qu'en 1995, un premier cas mortel de tuberculose est apparu chez les lions, des études approfondies ont été menées dans le parc. D'après le bilan, le taux de contamination des animaux du secteur sud du parc par les bactéries mortelles s'élevait à plus de 90 %. L'infection venait des buffles chassés par les lions qui, par contact avec des bovins domestiques, ont introduit la maladie dans le parc et contaminé les lions. Environ 70 % des bovins souffrent d'une tuberculose pulmonaire (phtisie), tandis que chez les lions, la maladie se manifeste surtout dans le système digestif. Les animaux deviennent plus faibles, maigrissent énormément et meurent en quelques années. À côté de la tuberculose, il existe une seconde maladie très fréquente. Environ 60 à 70 % des lions du parc Kruger sont contaminés par le virus de l'immunodéficience féline, qui « paralyse » le système immunitaire de l'animal et ouvre ainsi la voie à la tuberculose. Contre les deux virus exterminateurs, il n'existe aucune vaccination.
157
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158
+ En 1994, un tiers des lions du parc national du Serengeti sont morts à la suite de la contraction de la maladie de Carré[67],[68] face à laquelle ils sont très vulnérables.
159
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160
+ Les populations de lions sont tr��s concentrées car contenues dans des parcs ou des réserves, les autres zones devenant impropres à leur survie en devenant des terres agricoles. La perte de diversité génétique entraîne l'apparition de maladies comme on a pu l'observer dans la réserve du Hluhluwe-Umfolozi en Afrique du Sud, où les 120 lions présents dans les années 2000 descendent de 3 lions des années 1960[69]. Or certains biologistes estiment à 500 à 1000 individus adultes la diversité génétique nécessaire pour qu'une de leur population soit considérée comme viable, c’est-à-dire disposant du minimum de diversité génétique nécessaire à la survie[70],[71],[72]. Peu de ces populations correspondent à ce critère. En 2007, ces populations de lions ne sont pourtant pas considérées comme des populations à risque bien qu'aucune étude sur ce problème ne soit réalisée. Contrairement à d'autres espèces, aucun transfert préventif à grande échelle n'est effectué afin de diminuer le risque de perte du patrimoine génétique. Cependant, pour résoudre des problèmes ponctuels de la réserve du Hluhluwe-Umfolozi, des tentatives d'insémination artificielle ont été effectuées avec difficulté pour éviter les problèmes d'intégration sociale liés aux introductions[69].
161
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162
+ En temps normal, les lions n'attaquent pas les humains. Il arrive de nos jours que quelques lions attaquent les humains en Afrique ; invariablement, les populations mènent des représailles. Les causes de la prédation d'humains sont systématiquement examinées par des scientifiques. Entre 1990 et 2005, 563 villageois ont été attaqués par des lions en Tanzanie, ce qui correspond à une augmentation considérable[73]. Il semble qu'ils n'attaquent que parce que leurs proies deviennent rares. En Tanzanie, ces attaques ont eu lieu dans la réserve du Selous, le district de Rufiji et la région de Lindi où l'homme étend son implantation et où la population des lions augmente grâce aux mesures de protection[73]. Certains lions peuvent être contraints d'attaquer des humains à cause d'un problème physique, ne pouvant pas attaquer d'autres proies. En 2006, un lion soupçonné d'avoir tué 35 personnes[74] avait un défaut de dents.
163
+
164
+ Il a existé quelques lions qui semblaient chercher des proies humaines. Les histoires des traques et des morts de ces rares spécimens appelés mangeurs d'hommes ont été écrites par leurs chasseurs. John Henry Patterson en 1907 a écrit The Man-eaters of Tsavo dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la proie en 1996. Le spécimen de Mfuwe est aussi connu.
165
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166
+ Approximativement 16 500 à 30 000 lions vivent encore en liberté[32]. L'UICN est partie en 2004 du principe que le nombre de lions a diminué dans le monde entier au cours des vingt dernières années de 30 à 50 %. Les raisons de ce recul ne sont pas complètement connues. On suppose que la réduction du gibier chassé par le lion, les conflits entre l'homme et le lion et la dégradation de son habitat sont les principales raisons de la diminution des populations de lions. À travers l'Afrique, le lion a disparu sur plus de 80 % de son ancien territoire. Le lion africain est considéré comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, en raison de la baisse constante de l'effectif de cette espèce. En Afrique de l'Ouest, le nombre des lions est inférieur à 1 500. Cette espèce répond au critère de « menacée au niveau régional ». Il n'y a plus que 200 à 300 individus en Asie, gravement menacés par la perte de leur patrimoine génétique.
167
+
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+ Les nouvelles stratégies de protection du lion visent à renforcer les chances d'une coexistence pacifique à l'avenir entre les lions et les hommes : une exploitation des terres intégrée avec la faune, une réduction des conflits entre l'homme et le lion et la prévention du commerce illégal du lion et de ses produits dérivés. L'avenir de ces « gros chats » semble déjà sur une meilleure voie dans quelques grandes réserves de l'Afrique du Sud et de l'Est tandis que très précaire en Asie ; afin de pallier ce dernier point, le gouvernement indien a mis en place dans les années 2000 un projet de réintroduction du lion dans le Kuno Wildlife Sanctuary : l'Asiatic Lion Reintroduction Project[75].
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+ Les lions vivent en captivité depuis l'Antiquité, sur des périodes ponctuelles. Les Romains les utilisaient dans leurs Jeux par exemple. Il y a des lions en permanence en occident depuis la création des ménageries, ancêtres des parcs zoologiques, au XVIIIe siècle. En Amérique, le premier lion fut d'ailleurs exhibé à Boston en 1716. En outre, les activités de divertissement, comme le domptage dans les cirques ou même les combats de lion, nécessitent la mise en place d'élevages. Les lions se reproduisent très bien en captivité et peuvent y vivre une vingtaine d'années, le record étant détenu par une lionne du zoo d'Honolulu née en 1986[76].
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+ Les monarques assyriens en élevaient au IXe siècle av. J.-C.[77] et Alexandre le Grand, selon la légende, vivait avec des lions apprivoisés par les Malhi du nord-ouest de l'Inde[78]. Plus tard, les Romains organisateurs des jeux en conservaient. Ainsi des Romains célèbres comme Sylla, Pompée, Jules César, ont ordonné la capture de centaines de lions à la fois[79]. Marco Polo rapporte que les princes indiens continuaient à en apprivoiser et que Kublai Khan gardait même des lions à l'intérieur de ses habitations[80].
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+ William de Malmesbury rapporte lui que des lions ont été conservés en Angleterre, à Woodstock par la volonté d'Henri Ier[81], le lion étant présent sur les héraldiques anglaises.
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+ Comme les tigres ou les requins, le lion attire le public[82], ils sont donc très présents dans les parcs zoologiques. Aussi les 2002 zoos existants détiennent environ 1000 lions africains et 100 lions asiatiques dans les années 2000. Ils permettent de sensibiliser le public à l'environnement et à la conservation de ces espèces[82].
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+ Des programmes d'échange existent depuis longtemps pour diversifier le patrimoine génétique des lions en captivité, cependant ils ne tenaient pas compte des sous-espèces, créant une pollution génétique au sein des populations de diverses origines. Les programmes actuels commencent à en tenir compte[83] et essaient de ne plus reproduire ensemble des lions de sous-espèces différentes. Le Species Survival Plan est une coordination des efforts en ce sens par l'Association américaine des Zoos et des Aquariums. En 1982, des procédures ont été mises en place en Amérique du Nord pour préserver le patrimoine génétique du lion asiatique. Le volet pour les lions africains a débuté lui en 1993, plus particulièrement pour la sous-espèce sud-africaine. La plupart des individus détenus sont cependant d'origine incertaine, ce qui rend leur réintroduction impossible ou presque[29].
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+ La sous-espèce du lion de l'Atlas n'est existante qu'à travers d'animaux détenus par des zoos. On peut en apercevoir douze au zoo de Port Lympne dans le Kent, au Royaume-Uni. Ceux-ci descendent tous d'animaux ayant appartenu au roi du Maroc. Onze spécimens, considérés comme des lions de l'Atlas, sont également détenus par le zoo d'Addis-Abeba, un spécimen est identifié au Neuwied Zoo[84], quelques spécimens au zoo d'Amnéville[85]. La WildLink International, en collaboration avec l'Université d'Oxford, ont lancé un programme international ambitieux d'élevage conservatoire appelé Barbary Lion Project et qui vise à identifier et à reproduire ces lions afin de les réintroduire dans un parc national du Maroc[84],[85].
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+ Les combats d'animaux générant des paris étaient courants au XVIIIe siècle. Des combats entre lions et chiens en général ont été organisés à Vienne en Autriche à partir de 1800 et en Angleterre à partir de 1825[86],[87].
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+ Les pionniers du domptage sont Henri Martin[88],[89],[90], un Français, et Isaac Van Amburgh, un américain. Ils ont commencé au milieu du XIXe siècle et leurs techniques ont été très rapidement copiées[91]. Martin créera lors du troisième Cirque Olympique à Paris en 1831, une pantomime à grand spectacle, abrité derrière un grillage, appelée « les Lions de Mysore » avec ses lions Néron et Cobourg, son tigre Atyr. Isaac Van Amburgh fit une tournée en Angleterre, devant la reine Victoria. Il copia rapidement le spectacle du Français. Plus que le traditionnel domptage de chevaux, le domptage de fauve voulait marquer la supériorité humaine sur les forces brutes naturelles[91]. Jean-Baptiste Pezon est un autre dompteur de lions célèbre. Clyde Beatty est probablement le premier dompteur à avoir utilisé le support surélevé sur lequel les fauves viennent s'asseoir[92].
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+ Cette tradition est toujours vivace ; certains dompteurs actuels, comme le duo de magiciens Siegfried & Roy et leurs lions blancs, sont toujours célèbres.
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+ Certains individus ou entreprises privées élèvent des lions, leur détention est soumise pour de nombreux pays à des autorisations spécifiques. Bien souvent ces animaux sont détenus dans des conditions ne permettant pas leur bien-être du fait entre autres du manque d'espace[93]. En France, régulièrement, des actions de saisie ont été menées par l'administration[94] même si certaines associations les trouvent peu virulentes[95]. L'Inde interdit même la possession de lion depuis 1998[94]. En outre, de nombreux animaux s'évadent, donnant lieu à des battues qui se soldent souvent par l'abattage de l'animal[96].
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+ En Afrique, le couple George et Joy Adamson est célèbre pour avoir élevé et apprivoisé la lionne Elsa. Son histoire a été à l'origine de plusieurs livres, de documentaires, d'une adaptation cinématographique ainsi qu'une série télé.
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+ Si la détention de ce genre d'animaux est interdite pour les particuliers (Animaux dangereux/Code de l'environnement)[97], le trafic de félin connaît une triste mode et s'est accentué ces dernières années avec les réseaux sociaux[98]. D'après l'association One Voice, les cirques procureraient les animaux illégalement en cachant les naissances[99].
193
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194
+ En octobre 2018, un lionceau a été saisi en banlieue parisienne à Valenton chez un particulier et une petite lionne de quelques semaines fût découverte le même jour dans un garage à Marseille. La santé de cette dernière était très préoccupante. Ils ont été pris en charge par l'équipe de l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine, dans les locaux de l'association Tonga Terre d'Accueil, refuge pour animaux sauvages saisis ou abandonnés, afin d'y être soigné[100]. Quelques semaines plus tard, en novembre 2018, un troisième lionceau est découvert par des policiers. Celui-ci fût trouvé à Paris sur les Champs-Elysées dans une Lamborghini[101]. Fin novembre, les trois lionceaux seront réunis pour qu'ils puissent grandir ensemble[102]. En Février 2020, une nouvelle lionne de 2 mois est abandonnée par un particulier devant le zoo d'Amnéville, le félin sera également placé à l'association Tonga Terre d'Accueil à l'Espace Zoologique de Saint Martin la Plaine et y rejoindra les trois autres lionceaux[103].
195
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+ En octobre 2019, un an après l'arrivée des premiers lionceaux, l'association Tonga Terre d'Accueil annonce le départ des quatre lionceaux dans un sanctuaire d'Afrique du Sud[104]. Ils quitteront Saint Martin la Plaine le 10 octobre 2019.
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199
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200
+ Dans de nombreuses cultures antiques, le lion jouait un rôle symbolique important. En Égypte, les pharaons furent représentés par des sphinx, lions à la tête humaine[105]. La plus célèbre de ces représentations est le Grand Sphinx de Gizeh. Sekhmet fut vénérée en tant que déesse au corps humain et à tête de lionne, envoyée par Rê contre les Égyptiens qui complotaient contre lui[4]. Des divinités mineures, comme le génie Nebneryou qui accueille les défunts au royaume des morts[106] ou Mihos, le fils de Bastet à tête de lion[107], ont existé, comme de nombreuses divinités hybrides possédant une partie du corps du lion : Pachet, Aker, Dédoun ou Tefnout par exemple[108].
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+ Dans la mythologie grecque, les lions apparaissent dans diverses fonctions : le lion de Némée, représenté comme une bête mangeuse d'hommes à la peau impénétrable, fut tué par Héraklès, durant ses douze travaux[4]. Dans l'histoire d'Androclès, une des fables d'Ésope, le héros, un esclave échappé, retire une épine de la patte d'un lion ; quand, plus tard, pour le punir de son évasion, il fut jeté par son maître au lion pour être dévoré, l'animal le reconnut et refusa de tuer l'homme.
203
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+ Dans les religions judéo-chrétiennes, le lion est un animal polysémique, surtout dépeint à travers les images positives de saint Jérôme et son lion, du tétramorphe (lion de saint Marc) et de Daniel épargné par les lions[109] ; cependant, une connotation négative lui est associée par un passage de Pierre faisant référence à Satan qui déambule « tel un lion cherchant une proie à dévorer »[110]. Ainsi, le lion revient très souvent dans les églises catholiques car il représente la force du croyant combattant le péché, et dans les objets : bracelets en patte de lion, siège épiscopal sculpté à l'effigie du lion, sur le socle des chandeliers, les portails d'église[106]… À l'époque romaine, pendant les persécutions, les chrétiens étaient jetés aux lions ; d'où l'expression « être jeté aux lions ».
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+ Les chasseurs du Paléolithique supérieur (Aurignacien) représentaient déjà le lion il y a plus de 30 000 ans. Le lion des cavernes peut être facilement identifié en raison de la présence d'un toupet de poil au bout de la queue dans les représentations du Paléolithique[111]. Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art préhistorique africain en raison de légendes qui lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard[109]. L'homme lion, sculpture d'ivoire de mammouth de près de 30 centimètres de haut, représentant le corps d'un homme surmonté d'une tête de lion des cavernes, compte parmi les œuvres d'art les plus impressionnantes de cette époque, mais également parmi les plus anciennes de toute l'histoire de l'humanité. Elle incarnait peut-être une divinité[112].
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+ Le lion est aussi souvent représenté dans les arts figuratifs. Le lion prend l'image de la royauté et du Soleil et se développe dans tout le Proche-Orient. À Babylone par exemple, la voie processionnelle est décorée de bas-reliefs en carreaux de céramique en forme de lion du temps de Nabuchodonosor II[106]. L’art assyrien, qui a influencé l'art des steppes puis l'art des nombreuses peuplades conquises par les nomades guerriers, dépeint également de nombreuses chasses aux lions, très réalistes. Ce type de représentations visait à glorifier le roi, maître des bêtes, et également représenter la défaite de l'ennemi. Le thème d'un dangereux animal sauvage, souvent un félin ou un ours, se jetant sur sa proie est très fréquent. L'art assyrien a apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est ensuite transmis dans toute l'Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques[109].
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+ Chez les Grecs et les Romains, le lion fait figure de gardien ; ainsi, la porte des lionnes protège le palais d'Agamemnon contre les ennemis et les démons[109]. Dans l'art grec, le motif des scènes de chasse du lion de Némée dont la peau est l'attribut de Héraklès est très présent. Chez les Romains, il est également très représenté comme animal du cirque, combattant contre des gladiateurs[106]. Dans l'art chrétien, le lion accompagne parfois saint Jérôme, ou la force, c'est le symbole de Marc l'Évangéliste, de la royauté. Roi des animaux dans le bestiaire médiéval, il est très présent dans l'art monumental.
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+ À partir de la Renaissance, les représentations animales deviennent de plus en plus anatomiquement précises : les artistes s'exercent à la représentation de sujets réels détenus dans les zoos[109]. Le Douanier Rousseau est célèbre pour ses peintures de la jungle, et notamment pour La bohémienne endormie où un lion solitaire s'approche d'une bohémienne endormie dans le désert. Au XIXe siècle, de nombreuses illustrations zoologiques faites par les naturalistes montrent précisément le lion[106]. En sculpture, le Lion de Lucerne a été sculpté pour commémorer les 760 morts et 350 survivants mercenaires suisses lors de la prise d'assaut du Palais des Tuileries à Paris par les révolutionnaires.
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+ Le lion n'est présent en Asie que dans la péninsule indienne, il est pourtant très présent dans l'art statuaire de l'ensemble des pays asiatiques. Des lions, représentés avec une crinière bouclée, montent la garde devant les pagodes, comme celle de Kuthodaw ou dans les temples bouddhistes[4]. Originaire d'Inde[113], la danse du lion est une danse traditionnelle effectuée au nouvel an chinois pour faire fuir les démons et apporter la chance[4].
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+ La fascination des hommes pour cet animal est visible dans la multiplicité d'écussons sur lesquels il est illustré, au point qu'un proverbe affirme : « Qui n'a point d'armes porte un lion »[114],[Note 3]. Ainsi, on le retrouve, entre autres, sur les blasons de l'Écosse[115], de la Norvège[116], de la Belgique[106] ou de villes comme Lyon[117]. Le lion est représenté le plus souvent rampant, c'est-à-dire dressé sur ses pattes arrière, mais de très nombreuses formes existent : léopardé, lampassé, ramassé, morné, etc. Le lion en héraldique est appelé lion avec la tête de profil et léopard avec la tête en face ; ainsi les lions du blason anglais sont des léopards. Une symbolique basée sur la figure du lion a pu être créée ; par exemple, un lion d'argent sur champ de sinople symboliserait la tempérance[118] et, selon Marcel Brion, les divers lions héraldiques sont issus de lointaines croyances préhistoriques[109]. Bien qu'il soit considéré comme le « roi des animaux », le lion est sans autorité sur les oiseaux. C'est cet antagonisme entre l'aigle, seigneur des cieux et symbole du pouvoir impérial, et le lion qui va motiver le choix de faire figurer l'animal sur des armoiries. La connaissance du lion par les Européens remonte au temps où le lion s'étendait autour de la Méditerranée.
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+ Le lion est le symbole national de l'Inde, et figure sur ses armoiries sous la forme des lions de l'empereur indien Ashoka[4].
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+ La figure du lion est utilisée par de nombreuses marques, non seulement pour le symbole considéré comme positif, mais aussi par récupération. Par exemple, la marque automobile Peugeot utilise comme symbole les armoiries de Sochaux depuis 1847. Ce lion héraldique est déposé en tant que logo depuis 1858. Plusieurs banques utilisent la symbolique positive liée au lion. Le Crédit lyonnais a un lion pour mascotte. Le groupe bancaire ING utilise un logo qui contient un lion orange. Plusieurs lions ont été utilisés pour créer le célèbre logo de Metro-Goldwyn-Mayer, société de production cinématographique américaine.
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+ Le Roman de Renart et Yvain ou le Chevalier au lion sont de grands ouvrages du Moyen Âge dépeignant le lion[119]. L'œuvre littéraire antique ayant le plus influencé le Moyen Âge occidental reste le Physiologus, bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Cette base antique a donné au lion son image de roi des animaux et son assimilation au Christ ; c'est également du Physiologus que sont issues les caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge[120] : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu'il dort[Note 4] et il réanime ses lionceaux mort-nés au bout de trois jours. Ces thèmes sont bien illustrés dans les enluminures des bestiaires médiévaux[106].
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+ Jean de La Fontaine, imitant Ésope dans plusieurs de ses fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient). Joseph Kessel, en 1958, en a fait un roman : Le Lion, racontant l'histoire de la fille d'un directeur de parc naturel en Afrique qui est liée d'amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier masaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King[4]. C. S. Lewis dans sa saga du Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers Aslan[Note 5], dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie Harry Potter de J. K. Rowling, Gryffondor, l’une des maisons de l’école de sorcellerie Poudlard, est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont censés avoir les élèves appartenant à cette maison[121].
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+ Au cinéma avec, entre autres, le film d'animation à succès de Walt Disney Pictures Le Roi lion. Le lion est un personnage récurrent de nombreux films, de Tarzan au Magicien d'Oz, et de séries télévisées avec par exemple Daktari[4]. Le lion est aussi décrit comme une menace pour l'homme comme dans The Man-eaters of Tsavo de John Henry Patterson en 1907 et dont on a tiré plusieurs films comme Bwana le diable en 1952 et L'Ombre et la Proie en 1996.
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+ Le lion est à l’origine des prénoms Léon et Lionel, un diminutif[122]. En hébreu, on trouve les prénoms Arié (’aryeh, lion en hébreu et Ariel : « lion de Dieu »[123] et dans Lavi (לביא)[Quoi ?].
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+ En arabe, près de trois cents noms désignent le lion. Une consultation partielle du grand dictionnaire arabe - français de Kazimirski confirme ce nombre. Parmi eux figurent Assad (’asad, le nom zoologique[Note 6]), Abbas (`abbâs : « sévère, renfrogné ») et Hamza[124]. Le turc connaît les formes Aslan (nom zoologique) et Arslan, cette dernière étant aussi la forme mongole. Ce prénom a donné en russe Rouslan[125]. Le persan shir est connu par le général Shirkuh (« lion des montagnes »), oncle de Saladin, par la médersa Shir-Dor (ou Cher-Dor) (« porte des lions ») à Samarcande et, avec un élargissement de sens au tigre en hindî[126], par Shere Khan, le tigre du Livre de la jungle.
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+ Que le lion ait l'image d'un animal fort et courageux[127] s'explique par le fait que, jusqu'il y a peu, des hommes de guerre étaient surnommés par son nom. Parmi les plus récents, le seigneur de guerre afghan Ahmed Chah Massoud était appelé par ses partisans le « lion du Panshir », l'empereur éthiopien Hailé Sélassié se fit appeler le « lion conquérant de la tribu de Juda ». Si le futur roi de France Louis VIII fut surnommé « le lion » pour son courage lorsqu'il vainquit les Anglais à la bataille de la Roche-aux-Moines, a contrario, pour Richard Ier d'Angleterre ce ne sont ni sa force ni son courage, mais ses sautes d'humeur qui lui valurent, en France, d'être surnommé « Cœur de Lion », en référence à l'imprévisibilité de l'animal.
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+ Le qualificatif de lion est aujourd'hui élogieux, le joueur de football camerounais de l'équipe des Lions indomptables Roger Milla était appelé « le vieux lion » par ses compatriotes parce qu'il fut le plus vieux joueur de champ et le plus vieux buteur de l'histoire de la Coupe du monde de football.
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+ Les lipides constituent la matière grasse des êtres vivants. Ce sont des molécules hydrophobes ou amphiphiles — molécules hydrophobes possédant un domaine hydrophile — très diversifiées, comprenant entre autres les graisses, les cires, les stérols, les vitamines liposolubles, les mono-, di- et triglycérides, ou encore les phospholipides.
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+ Les lipides peuvent se présenter à l'état solide, comme les cires, ou bien liquide, comme les huiles. Leur nature amphiphile conduit les molécules de certains lipides à s'organiser en vésicules, liposomes et micelles lorsqu'elles se trouvent en milieu aqueux. Cette propriété est à la base des mécanismes du vivant, permettant la formation de structures biologiques — cellules, organites — délimitées par des membranes constituées principalement de lipides. Les lipides assurent par ailleurs diverses autres fonctions biologiques[1],[2], notamment de signalisation cellulaire (signalisation lipidique) et de stockage de l'énergie métabolique par lipogenèse, énergie ensuite libérée notamment par β-oxydation.
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+ Les lipides biologiques dérivent essentiellement de deux types de composés jouant le rôle de briques élémentaires, les groupes cétoacyle d'une part et les unités isoprène d'autre part. De ce point de vue, ils peuvent être classés en huit catégories différentes : les acides gras, les acylglycérols, les phosphoglycérides, les sphingolipides, les glycolipides et les polycétides, qui résultent de la condensation de groupes cétoacyle, auxquels s'ajoutent les stérols et les prénols, qui sont produits à partir d'unités isoprène[1].
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+ Bien que le terme lipide soit souvent utilisé comme synonyme de graisse, ces deux termes ne sont pas équivalents car tous les lipides ne sont pas des graisses, lesquelles correspondent stricto sensu aux seuls triglycérides. Les lipides englobent à la fois les acides gras et leurs dérivés — y compris les mono-, di- et triglycérides ainsi que les phospholipides — mais aussi les métabolites comprenant des stérols, comme le cholestérol.
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+
9
+ La classification des lipides est un sujet complexe qui se heurte à la difficulté de définir des critères objectifs permettant de distinguer les lipides des autres classes de molécules organiques. L'IUPAC, par exemple, a publié en 1994[3] une classification des lipides excluant le cholestérol, classé comme terpénoïde[4], bien que le cholestérol soit indiscutablement de nature lipidique pour une très large majorité de biochimistes[5]. La classification des lipides actuellement généralement acceptée[1] établit huit classes, fondées en partie sur les définitions de l'IUPAC.
10
+
11
+ Les acides gras sont des acides carboxyliques à chaîne aliphatique. Les acides gras naturels possèdent une chaîne carbonée de 4 à 36 atomes de carbone (rarement au-delà de 28) et typiquement en nombre pair. C'est cette chaîne carbonée qui confère aux acides gras leur caractère hydrophobe. Cette classe de molécules biologiques est présente en abondance chez les eucaryotes et les bactéries mais pas chez les archées, ce qui distingue ces dernières des bactéries parmi les procaryotes. La biosynthèse des acides gras est catalysée essentiellement par l'acide gras synthase et repose sur des condensations de Claisen successives d'unités malonyl-CoA ou méthylmalonyl-CoA sur une amorce d'acétyl-CoA.
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+
13
+ Divers groupes fonctionnels contenant de l'oxygène, de l'azote, des halogènes ou du soufre peuvent être ajoutés à la chaîne hydrocarbonée des acides gras, qui peut être saturée ou insaturée et présenter dans ce cas une isomérie cis/trans affectant sensiblement la conformation générale des molécules. Les acides gras insaturés naturels adoptent généralement une configuration cis qui tend à courber la chaîne hydrocarbonée et ainsi à fluidifier les bicouches lipidiques en abaissant leur température de fusion ; il existe cependant des acides gras trans naturels, bien qu'ils résultent souvent d'un processus d'hydrogénation industrielle[6].
14
+
15
+ Certains acides gras ne peuvent être synthétisés en quantité suffisante par l'organisme et doivent alors être apportés entièrement ou partiellement par le régime alimentaire. C'est le cas notamment des acides gras dits « oméga-3 » et « oméga-6 », qui sont dits « essentiels ». Plus précisément, les mammifères sont incapables de synthétiser l'acide α-linolénique (ω-3) et l'acide linoléique (ω-6), mais peuvent en revanche convertir par exemple l'acide α-linolénique en acide docosahexaénoïque (DHA), un ω-3. Ces acides gras agissent de manière complexe dans l'organisme : les métabolites issus des oméga-6 sont pro-inflammatoires, prothrombotiques et hypertenseurs tandis que ceux issus des oméga-3 ont globalement un effet inverse.
16
+
17
+ Les eicosanoïdes sont un autre exemple d'acides gras qui jouent un rôle physiologique important, cette fois comme vecteurs de signalisation cellulaire (on parle dans ce cas de signalisation lipidique). Issus principalement de l'acide arachidonique et de l'acide eicosapentaénoïque, ils regroupent les prostaglandines, les leucotriènes, la prostacycline et les thromboxanes.
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+ Acide palmitique, saturé
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+
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+ Acide oléique, insaturé
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+ Acide arachidonique, un des précurseurs d'eicosanoïdes
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+ Prostaglandine E2, eicosanoïde
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+
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+ Les glycérides sont constitués d'un résidu de glycérol estérifié par un, deux ou trois acides gras, ce qu'on appelle respectivement monoglycérides, diglycérides et triglycérides[7]. Les acides gras d'une même molécule de glycéride sont généralement différents les uns des autres. Ces lipides servent avant tout à stocker de l'énergie métabolique et constituent l'essentiel de la graisse animale. L'hydrolyse des liaisons ester pour libérer le glycérol et les acides gras constitue la première étape de la lipolyse, poursuivie notamment par la β-oxydation.
28
+
29
+ Certains glycolipides, organisés autour d'un résidu de glycérol lié par une liaison osidique à un ou plusieurs oses, sont considérés comme des glycérides, notamment les digalactosyldiacylglycérols membranaires des plantes[8], qu'on trouve également dans les séminolipides des spermatozoïdes chez les mammifères[9].
30
+
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+ Les phosphoglycérides représentent, avec les sphingolipides, les principaux phospholipides, qui sont les principaux constituants des membranes biologiques — hormis chez les archées — et participent au métabolisme et à la signalisation cellulaire[10]. Les tissus nerveux et le cerveau en contiennent de grandes quantités, et des changements dans leur composition ont été impliqués dans divers troubles neurologiques[11].
32
+
33
+ Les phosphoglycérides bactériens diffèrent des phosphoglycérides d'eucaryotes par la position stéréochimique du groupe polaire sur le résidu de glycérol, les premiers étant sn-1 tandis que les seconds sont sn-3[12].
34
+
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+ Parmi les phosphoglycérides des membranes biologiques se trouvent les phosphatidylcholines (lécithine), les phosphatidyléthanolamines et les phosphatidylsérines. Chez les eucaryotes, les phosphatidylinositols et les acides phosphatidiques jouent un rôle de messager secondaire (ou peuvent être précurseurs de messagers secondaires) en plus de leur rôle structurel dans les membranes. Des étherlipides dérivant structurellement de ces phosphoglycérides jouent également un rôle en signalisation cellulaire chez les eucaryotes, tels que les plasmalogènes, et sont les constituants essentiels des membranes plasmiques chez les archées[13].
36
+
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+ Les sphingolipides forment un ensemble complexe de composés[14] constitués d'un alcool aliphatique aminé, produit de novo à partir de la sérine et d'une acyl-CoA à longue chaîne, et convertie en céramides, phosphosphingolipides, glycosphingolipides et d'autres composés. Le principal alcool aminé des mammifères est la sphingosine. Les céramides — N-acylsphingoïdes — forment un sous-ensemble important des dérivés sphingoïdes, avec un acide gras lié par une liaison amide. Ces acides gras sont généralement saturés ou mono-insaturés avec une chaîne hydrocarbonée de 16 à 26 atomes de carbone.
38
+
39
+ Les sphingolipides les plus importants sont les sphingomyélines, des phosphosphingolipides constitués d'un céramide lié à un phosphocholine chez les mammifères[15] ou à une phosphoéthanolamine chez les insectes[16], tandis que les mycètes ont des phytocéramides liés à des groupes inositol phosphate et contenant du mannose[17]. Les glycosphingolipides forment une famille de molécules diversifiée constituées d'un ou plusieurs résidus osidiques liés à la base sphingoïde par une liaison osidique, comme les cérébrosides et les gangliosides.
40
+
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+ Les glycolipides résultent de l'estérification d'oses ou de l'amidification d'osamines par des acides gras, formant des structures moléculaires compatibles avec les bicouches lipidiques des membranes biologiques. Dans ces composés, un ose joue le rôle du glycérol pour les glycérides et les phosphoglycérides. Les glycolipides les plus courants sont les acyles de glucosamine précurseurs du lipide A du lipopolysaccharide des bactéries à Gram négatif. Les molécules de lipide A sont généralement des disaccharides de glucosamine, qui peuvent porter jusqu'à sept résidus d'acides gras. Le lipopolysaccharide minimal requis pour le développement d'E. coli est le Kdo2-lipide A, un disaccharide hexa-acétylé de glucosamine glycosylé avec deux molécules d'acide céto-3-désoxy-D-manno-octulosonique (KDO)[18].
42
+
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+ Les polycétides sont une famille de molécules naturelles très diversifiées et pourvues de diverses activités biologiques et propriétés pharmacologiques produites par les animaux, les plantes, les bactéries, et les mycètes[19],[20]. Ils comprennent des macrolides, des ansamycines, des polyènes, des polyéthers, des tétracyclines, des acétogénines, ainsi que divers composés tels que l'acide usnique, le discodermolide ou le radicicol. On distingue les polycétides :
44
+
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+ Ils sont généralement produits par condensation de Claisen d'acétyl-CoA, de propionyl-CoA et d'unités moléculaires dérivées de la malonyl-CoA, selon un processus semblable à celui de la biosynthèse des acides gras[21]. De nombreux polycétides sont des molécules cycliques dont la structure est modifiée par glycosylation, méthylation, hydroxylation, oxydation, voire d'autres réactions. De nombreux composés couramment utilisés comme antimicrobiens, antiparasitaires et anticancéreux sont des polycétides ou leurs dérivés, tels que l'érythromycine, les tétracyclines, les avermectines et les épothilones[22].
46
+
47
+ Les stérols, comme le cholestérol et ses dérivés, sont des constituants importants des membranes biologiques[23], à côté des phosphoglycérides et des sphingomyélines. Les stéroïdes, qui partagent tous le même noyau stérane à quatre cycles fusionnés, sont susceptibles d'agir biologiquement comme hormones et comme vecteurs de signalisation cellulaire (signalisation lipidique). Les stéroïdes à 18 atomes de carbone (C18) comprennent les œstrogènes tandis que les stéroïdes en C19 comprennent les androgènes tels que la testostérone et l'androstérone. Les stéroïdes en C21 comprennent les progestatifs ainsi que les glucocorticoïdes et les minéralocorticoïdes. Les sécostéroïdes, qui comprennent diverses formes de vitamine D (ergocalciférol et cholécalciférol notamment), sont caractérisés par le clivage du cycle B du noyau cyclopentanophénanthrène (stérane)[24]. Les acides biliaires et leurs conjugués sont d'autres exemples de stérols[25] ; chez les mammifères, ce sont des dérivés oxydés du cholestérol produits dans le foie. Chez les plantes, on trouve des phytostérols tels que le β-sitostérol, le stigmastérol, le brassicastérol, ce dernier étant également utilisé comme biomarqueur pour la croissance des algues[26]. L'ergostérol est le principal stérol membranaire chez les mycètes.
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+
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+ Nomenclature du stérane
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+
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+ Cholestérol
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+
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+ Les prénols sont synthétisés à partir de précurseurs à cinq atomes de carbones, l'isopentényl-pyrophosphate (IPP) et le diméthylallyl-pyrophosphate (DMAPP), issus de la voie du mévalonate[27] chez tous les eucaryotes supérieurs et la plupart des bactéries ; chez les plantes, certains protozoaires et la plupart des bactéries (dans ce cas, parallèlement à la voie du mévalonate), ces précurseurs sont issus de la voie du méthylérythritol phosphate.
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+
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+ Les isoprénoïdes simples sont formés par l'addition successive d'unités en C5 et sont classés selon le nombre de ces unités terpène. Les composés contenant plus de 40 atomes de carbone sont appelés polyterpènes.
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+
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+ Les caroténoïdes sont des isoprénoïdes simples importants qui agissent comme des antioxydants et comme précurseurs de la vitamine A[28].
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+
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+ Les quinones et les hydroquinones sont une autre classe de molécules, qui contiennent une chaîne latérale isoprénique attachée à un noyau quinonoïde d'origine non isoprénique[29]. La vitamine E et les vitamines K, ainsi que les ubiquinones, sont des exemples de cette classe.
60
+
61
+ Les bactéries produisent des polyprénols appelés bactoprénols dans lesquels l'unité isoprénique terminale liée à l'hydroxyle reste insaturée, tandis que les animaux produisent des dolichols dans lequel l'unité isoprénique terminale est réduite[30].
62
+
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+ Les cellules d'eucaryotes sont compartimentées en organites délimités par des membranes et qui réalisent différentes fonctions biologiques. Les principaux constituants de ces membranes sont les phosphoglycérides : c'est le cas par exemple dans les membranes plasmiques et le système endomembranaire. Ce sont des molécules amphiphiles, c'est-à-dire qu'elles possèdent à la fois une région hydrophile — un résidu de glycérol-3-phosphate souvent appelé « tête hydrophile » — et une région hydrophobe souvent appelée « queue hydrophobe » constituée d'acides gras. Les membranes contiennent également des lipides autres que les phosphoglycérides, notamment des sphingomyélines et des stérols, ces derniers étant surtout représentés chez les animaux par le cholestérol.
64
+
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+ Les membranes biologiques s'organisent autour d'une bicouche lipidique, constituée de deux feuillets parallèles dans lesquels les phosphoglycérides s'orientent pour présenter leur tête hydrophile au contact de l'eau et leurs queues hydrophobes au contact de l'autre feuillet. La formation d'une telle bicouche est thermodynamiquement favorable lorsque des phosphoglycérides se trouvent en milieu aqueux : c'est l'effet hydrophobe[31] ; l'orientation et la distribution spatiale des molécules d'eau autour d'une telle bicouche est étroitement conditionnée par la configuration des molécules amphiphiles qui la composent, de sorte que ces molécules d'eau forment comme des « clathrates » autour des lipides solvatés[32]. De telles bicouches tendent également à se refermer sur elles-mêmes, formant des vésicules. Selon la concentration en lipides, leur interaction biophysique peut conduire à la formation de micelles, de liposomes ou de surfaces membranaires. D'autres modes d'agrégation sont également observés et relèvent du polymorphisme des molécules amphiphiles. Le comportement des phases lipidiques est un domaine d'étude en biophysique et fait l'objet de recherches académiques[33],[34]. Selon certaines théories, la formation de protocellules (en) délimitées par une membrane lipidique aurait été une étape de l'abiogenèse[35].
66
+
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+ Chez les plantes, les membranes de thylakoïdes sont particulièrement riches en monogalactosyl diglycérides (MGDG), qui ne forment pas spontanément de bicouche lipidique mais entrent néanmoins dans de telles structures lorsqu'ils interagissent avec les caroténoïdes et les chlorophylles des membranes de thylakoïdes[36], de sorte que les membranes des thylakoïdes s'organisent en bicouche lipidique dynamique[37] ; elles contiennent en revanche peu de phospholipides.
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+ Les triglycérides stockés dans le tissu adipeux est la principale forme de stockage de l'énergie chez les animaux et les plantes. Les adipocytes sont les cellules chargées de la synthèse et de la dégradation des triglycérides chez les animaux ; chez ces derniers, la dégradation des triglycérides est essentiellement contrôlée par la lipase hormonosensible[38]. L'oxydation complète des acides gras, essentiellement par β-oxydation, fournit davantage d'énergie — sous forme d'ATP — que celle des glucides et des protéines : environ 37 kJ·g-1 contre 17 kJ·g-1 respectivement[39]. Les triglycérides sont par exemple le carburant utilisé par les oiseaux migrateurs pour assurer leurs vols à longue distance.
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+ Ce n'est qu'assez récemment qu'a été établi le rôle déterminant de la signalisation lipidique comme composante de la signalisation cellulaire[40],[41]. La signalisation lipidique peut faire intervenir des récepteurs couplés aux protéines G ou des récepteurs nucléaires, et différents types de lipides ont été identifiés comme molécules de signalisation cellulaire et comme messagers secondaires[42]. On compte parmi eux la sphingosine-1-phosphate, un sphingolipide issu d'un céramide et agissant comme un puissant messager intervenant dans la régulation de la mobilisation du calcium[43], dans la croissance des cellules et dans l'apoptose[44] ; les diglycérides et les phosphatidylinositol phosphates (PIP), qui interviennent dans l'activation de la protéine kinase C[45] ; les prostaglandines, qui sont des eicosanoïdes impliqués dans les processus inflammatoires et immunitaires[46] ; les hormones stéroïdiennes telles que l'œstrogène, la testostérone et le cortisol, qui régulent les diverses fonctions du métabolisme, la reproduction et la pression artérielle ; les oxystérols tels que le 25-hydroxycholestérol, qui sont des agonistes des récepteurs nucléaires des oxystérols[47].
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+ Les lipides de type phosphatidylsérine sont connus pour intervenir dans la signalisation de la phagocytose des cellules apoptotiques. Ils assurent cette fonction en se retrouvant dans le feuillet externe de la membrane plasmique après inactivation des flippases, qui les placent exclusivement dans le feuillet cytosolique, et activation des scramblases, qui les font passer d'un feuillet à l'autre : la présence de phosphatidylsérines dans le feuillet externe de la membrane plasmique est reconnue par certaines cellules, qui les phagocytent, de même qu'elles phagocytent d'éventuels fragment cellulaires exposant le feuillet interne de la membrane plasmique[48].
74
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+ Les vitamines liposolubles — vitamine A, vitamines D, vitamine E et vitamines K — sont des terpénoïdes emmagasinés dans le foie et les tissus adipeux. Ce sont des substances essentielles assurant diverses fonctions biologiques. Les acylcarnitines interviennent dans le métabolisme des acides gras et leur transport dans et hors des mitochondries, à l'intérieur desquelles ils sont dégradés par β-oxydation[49]. Les polyprénols et leurs dérivés phosphorylés jouent quant à eux un rôle important dans le transport des oligosaccharides à travers les membranes. Les dérivés osidiques à polyprénol phosphate et polyprénol diphosphate interviennent dans les réactions de glycosylation extra-cytoplasmiques, dans la biosynthèse extracellulaire de polysaccharides (par exemple dans la polymérisation du peptidoglycane chez les bactéries) et dans la N-glycosylation des protéines chez les eucaryotes[50],[51]. Les cardiolipines sont une sous-classe de phosphoglycérides contenant quatre résidus acyle et trois résidus de glycérol ; elles sont particulièrement abondantes dans la membrane mitochondriale interne[52],[53]. On pense qu'elles activent les enzymes qui interviennent dans la phosphorylation oxydative[54].
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+
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+ Les triglycérides, les stérols et les phospholipides membranaires des plantes et des animaux constituent l'essentiel des lipides de l'alimentation humaine et de celle des autres animaux. Le métabolisme lipidique est l'ensemble des processus par lesquels chaque tissu synthétise et dégrade ses lipides structurels et fonctionnels.
78
+
79
+ La digestion de certains lipides commence au niveau de la bouche avec l'action de la lipase linguale, une enzyme qui clive certains triglycérides à chaînes courtes en diglycérides et acides gras, tandis que les mucines de la salive des mammifères contribuent, par leur viscosité et leur action mécanique, à dissocier le bol alimentaire et à libérer les lipides.
80
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81
+ Cependant, les lipides sont digérés essentiellement dans l'intestin grêle. La présence de graisses à ce niveau favorise la sécrétion d'hormones qui stimulent la libération, par le pancréas de la lipase pancréatique, enzyme active à pH acide, et de bile, cette dernière conduisant à une émulsion permettant l'absorption des lipides. La digestion complète des triglycérides conduit à un mélange d'acides gras, de monoglycérides, de diglycérides et de triglycérides non digérés, mais pas de glycérol libre.
82
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83
+ Les triglycérides ne peuvent être absorbés par l'intestin grêle. En revanche, les entérocytes de la paroi intestinale absorbent le contenu des micelles en suspension dans la bile et reforment des triglycérides conditionnés avec des lipoprotéines dans de grandes micelles appelées chylomicrons. Ces derniers sont sécrétés dans les chylifères du système lymphatique, qui les déverse ensuite dans le sang depuis le conduit thoracique. Ainsi, contrairement aux autres nutriments, les triglycérides absorbés par l'alimentation passent dans le sang en court-circuitant le foie.
84
+
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+ Chez les animaux, des lipides peuvent être produits en réponse à l'absorption d'un excès de glucides (sucres). Ceci fait intervenir la biosynthèse des acides gras à partir d'acétyl-CoA, puis l'estérification d'une molécule de glycérol par les acides gras produits pour former une molécule de triglycéride. Ce processus est appelé lipogenèse.
86
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+ Les acides gras sont produits par l'acide gras synthase, une enzyme qui polymérise les monomères acétyl-CoA, puis réduit le polymère résultant. La chaîne acyle de l'acide gras est allongée de manière itérative par un cycle de réactions qui ajoutent un groupe acétyle, le réduit en alcool, le déshydrate en alcène, et enfin le réduit à nouveau pour former un groupe alcane.
88
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+ Les enzymes de la biosynthèse des acides gras sont classées en deux groupes distincts : chez les animaux et les champignons, toutes ces réactions sont réalisées par une protéine unique se comportant comme une enzyme multifonctionnelle[55], tandis que, chez les plastes des plantes et les bactéries, ces réactions sont réalisées chacune par une protéine dédiée, chacune se comportant comme une enzyme monofonctionnelle réalisant une étape particulière de cette voie métabolique[56],[57]. Ces acides gras peuvent être par la suite convertis en triglycérides qui sont conditionnés dans des lipoprotéines sécrétées par le foie.
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+ La biosynthèse des acides gras insaturés fait intervenir des réactions de désaturation par lesquelles un double liaison est introduite dans la chaîne de l'acide gras. Ainsi, chez l'homme, la désaturation de l'acide stéarique par la stéaryl-CoA 9-désaturase conduit à l'acide oléique. L'acide linoléique, doublement insaturé, ainsi que l'acide α-linolénique, triplement insaturé, ne peuvent pas être produits par les tissus des mammifères, de sorte qu'ils doivent nécessairement être apportés par l'alimentation : ce sont des acides gras essentiels.
92
+
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+ La biosynthèse des triglycérides intervient dans le réticulum endoplasmique à travers des voies métaboliques qui transfèrent les résidus acyle d'unités acyl-CoA aux groupes hydroxyle d'un résidu de glycérol.
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+ Les terpènes et terpénoïdes, dont font partie les caroténoïdes, sont formés par assemblage et modification d'unités isoprène fournis par l'isopentényl-pyrophosphate et le diméthylallyl-pyrophosphate[27]. Ces précurseurs peuvent être obtenus de différentes manières. Chez les animaux et chez les archées, la voie du mévalonate produit ces molécules à partir de l'acétyl-CoA[58], tandis que les plantes et les bactéries les produisent à partir de pyruvate et de glycéraldéhyde-3-phosphate à travers la voie du méthylérythritol phosphate[27],[59]. La biosynthèse des stéroïdes est l'une des utilisations de tels isoprénoïdes activés les plus importantes, par l'intermédiaire du squalène et du lanostérol. Ce dernier peut ensuite être converti en cholestérol et en ergostérol[59],[60].
96
+
97
+ La β-oxydation est la voie métabolique par laquelle les acides gras sont dégradés en acétyl-CoA dans les mitochondries et/ou dans les peroxysomes. L'oxydation des acides gras est, pour une large part, semblable, en sens inverse, à la biosynthèse des acides gras : des unités de deux atomes de carbone sont retirées séquentiellement à partir de l'extrémité de la chaîne hydrocarbonée de l'acide gras à l'issue de réactions de déshydrogénation, d'hydratation et d'oxydation pour former un β-cétoacide, clivé par thiolyse. L'acétyl-CoA est enfin converti en ATP, CO2 et H2O à travers le cycle de Krebs et la chaîne respiratoire. L'oxydation complète d'une molécule de palmitate produit ainsi 108 molécules d'ATP. La dégradation des acides gras insaturés ou à nombre impair d'atomes de carbone nécessitent des enzymes supplémentaires.
98
+
99
+ L'essentiel des lipides absorbés par l'alimentation est présent sous forme de triglycérides, de cholestérol et de phospholipides. Ils facilitent l'absorption des vitamines liposolubles — vitamine A, vitamine D, vitamine E et vitamine K — et des caroténoïdes. Chez les mammifères, certains acides gras, appelés acides gras essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car ils ne peuvent être produits par l'organisme à partir d'autres précurseurs. C'est par exemple le cas de l'acide linoléique, un acide gras oméga-6, et de l'acide α-linolénique, un acide gras oméga-3. Ces deux acides gras essentiels sont des acides gras polyinsaturés à 18 atomes de carbone qui ne diffèrent que par le nombre et la position des doubles liaisons. La plupart des huiles végétales sont riches en acide linoléique, comme l'huile de carthame, l'huile de tournesol et l'huile de maïs. L'acide α-linolénique est présent dans les feuilles vertes et dans un ensemble de graines, de fruits à écale et de gousses, notamment l'huile de lin, l'huile de colza, l'huile de noix et l'huile de soja[61]. Les huiles de poisson sont particulièrement riches en acides gras ω-3 à longue chaîne tels que l'acide eicosapentaénoïque (EPA) et l'acide docosahexaénoïque (DHA). De nombreuses études ont démontré les effets bénéfiques pour la santé d'un régime alimentaire riche en acides gras ω-3 du point de vue du développement des enfants, de la prévention de cancers, de maladies cardiovasculaires et de divers troubles psychiques tels que la dépression, le trouble du déficit de l'attention et la démence[62],[63]. A contrario, il est établi que la consommation d'acides gras trans tels que ceux présents dans les huiles végétales hydrogénées sont des facteurs de risque accru pour les maladies cardiovasculaires[64],[65],[66].
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+ Si la nature des lipides absorbés par l'alimentation est déterminante pour la santé, leur quantité totale importe finalement assez peu. Quelques études ont lié la quantité totale de lipides absorbés à un risque accru d'obésité[67],[68] et de diabète[69], mais de nombreuses études, dont certaines réalisées sur un grand nombre de personnes pendant plusieurs années[70], n'ont pas établi de tels liens[71],[72]. Ces études ne permettent pas non plus d'établir un lien entre le pourcentage de calories apportées par les lipides et un risque accru de cancer, de maladie cardiovasculaire ou d'obésité ; ainsi, contrairement aux idées véhiculées au siècle dernier, les régimes à faible apport en graisses ne sont pas nécessairement bénéfiques pour la santé[73], car les plats dits allégés issus de l'industrie agroalimentaire sont souvent enrichis en sucres cachés[74],[75],[76].
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+ Les lipides constituent la matière grasse des êtres vivants. Ce sont des molécules hydrophobes ou amphiphiles — molécules hydrophobes possédant un domaine hydrophile — très diversifiées, comprenant entre autres les graisses, les cires, les stérols, les vitamines liposolubles, les mono-, di- et triglycérides, ou encore les phospholipides.
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+ Les lipides peuvent se présenter à l'état solide, comme les cires, ou bien liquide, comme les huiles. Leur nature amphiphile conduit les molécules de certains lipides à s'organiser en vésicules, liposomes et micelles lorsqu'elles se trouvent en milieu aqueux. Cette propriété est à la base des mécanismes du vivant, permettant la formation de structures biologiques — cellules, organites — délimitées par des membranes constituées principalement de lipides. Les lipides assurent par ailleurs diverses autres fonctions biologiques[1],[2], notamment de signalisation cellulaire (signalisation lipidique) et de stockage de l'énergie métabolique par lipogenèse, énergie ensuite libérée notamment par β-oxydation.
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+ Les lipides biologiques dérivent essentiellement de deux types de composés jouant le rôle de briques élémentaires, les groupes cétoacyle d'une part et les unités isoprène d'autre part. De ce point de vue, ils peuvent être classés en huit catégories différentes : les acides gras, les acylglycérols, les phosphoglycérides, les sphingolipides, les glycolipides et les polycétides, qui résultent de la condensation de groupes cétoacyle, auxquels s'ajoutent les stérols et les prénols, qui sont produits à partir d'unités isoprène[1].
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+ Bien que le terme lipide soit souvent utilisé comme synonyme de graisse, ces deux termes ne sont pas équivalents car tous les lipides ne sont pas des graisses, lesquelles correspondent stricto sensu aux seuls triglycérides. Les lipides englobent à la fois les acides gras et leurs dérivés — y compris les mono-, di- et triglycérides ainsi que les phospholipides — mais aussi les métabolites comprenant des stérols, comme le cholestérol.
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9
+ La classification des lipides est un sujet complexe qui se heurte à la difficulté de définir des critères objectifs permettant de distinguer les lipides des autres classes de molécules organiques. L'IUPAC, par exemple, a publié en 1994[3] une classification des lipides excluant le cholestérol, classé comme terpénoïde[4], bien que le cholestérol soit indiscutablement de nature lipidique pour une très large majorité de biochimistes[5]. La classification des lipides actuellement généralement acceptée[1] établit huit classes, fondées en partie sur les définitions de l'IUPAC.
10
+
11
+ Les acides gras sont des acides carboxyliques à chaîne aliphatique. Les acides gras naturels possèdent une chaîne carbonée de 4 à 36 atomes de carbone (rarement au-delà de 28) et typiquement en nombre pair. C'est cette chaîne carbonée qui confère aux acides gras leur caractère hydrophobe. Cette classe de molécules biologiques est présente en abondance chez les eucaryotes et les bactéries mais pas chez les archées, ce qui distingue ces dernières des bactéries parmi les procaryotes. La biosynthèse des acides gras est catalysée essentiellement par l'acide gras synthase et repose sur des condensations de Claisen successives d'unités malonyl-CoA ou méthylmalonyl-CoA sur une amorce d'acétyl-CoA.
12
+
13
+ Divers groupes fonctionnels contenant de l'oxygène, de l'azote, des halogènes ou du soufre peuvent être ajoutés à la chaîne hydrocarbonée des acides gras, qui peut être saturée ou insaturée et présenter dans ce cas une isomérie cis/trans affectant sensiblement la conformation générale des molécules. Les acides gras insaturés naturels adoptent généralement une configuration cis qui tend à courber la chaîne hydrocarbonée et ainsi à fluidifier les bicouches lipidiques en abaissant leur température de fusion ; il existe cependant des acides gras trans naturels, bien qu'ils résultent souvent d'un processus d'hydrogénation industrielle[6].
14
+
15
+ Certains acides gras ne peuvent être synthétisés en quantité suffisante par l'organisme et doivent alors être apportés entièrement ou partiellement par le régime alimentaire. C'est le cas notamment des acides gras dits « oméga-3 » et « oméga-6 », qui sont dits « essentiels ». Plus précisément, les mammifères sont incapables de synthétiser l'acide α-linolénique (ω-3) et l'acide linoléique (ω-6), mais peuvent en revanche convertir par exemple l'acide α-linolénique en acide docosahexaénoïque (DHA), un ω-3. Ces acides gras agissent de manière complexe dans l'organisme : les métabolites issus des oméga-6 sont pro-inflammatoires, prothrombotiques et hypertenseurs tandis que ceux issus des oméga-3 ont globalement un effet inverse.
16
+
17
+ Les eicosanoïdes sont un autre exemple d'acides gras qui jouent un rôle physiologique important, cette fois comme vecteurs de signalisation cellulaire (on parle dans ce cas de signalisation lipidique). Issus principalement de l'acide arachidonique et de l'acide eicosapentaénoïque, ils regroupent les prostaglandines, les leucotriènes, la prostacycline et les thromboxanes.
18
+
19
+ Acide palmitique, saturé
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+
21
+ Acide oléique, insaturé
22
+
23
+ Acide arachidonique, un des précurseurs d'eicosanoïdes
24
+
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+ Prostaglandine E2, eicosanoïde
26
+
27
+ Les glycérides sont constitués d'un résidu de glycérol estérifié par un, deux ou trois acides gras, ce qu'on appelle respectivement monoglycérides, diglycérides et triglycérides[7]. Les acides gras d'une même molécule de glycéride sont généralement différents les uns des autres. Ces lipides servent avant tout à stocker de l'énergie métabolique et constituent l'essentiel de la graisse animale. L'hydrolyse des liaisons ester pour libérer le glycérol et les acides gras constitue la première étape de la lipolyse, poursuivie notamment par la β-oxydation.
28
+
29
+ Certains glycolipides, organisés autour d'un résidu de glycérol lié par une liaison osidique à un ou plusieurs oses, sont considérés comme des glycérides, notamment les digalactosyldiacylglycérols membranaires des plantes[8], qu'on trouve également dans les séminolipides des spermatozoïdes chez les mammifères[9].
30
+
31
+ Les phosphoglycérides représentent, avec les sphingolipides, les principaux phospholipides, qui sont les principaux constituants des membranes biologiques — hormis chez les archées — et participent au métabolisme et à la signalisation cellulaire[10]. Les tissus nerveux et le cerveau en contiennent de grandes quantités, et des changements dans leur composition ont été impliqués dans divers troubles neurologiques[11].
32
+
33
+ Les phosphoglycérides bactériens diffèrent des phosphoglycérides d'eucaryotes par la position stéréochimique du groupe polaire sur le résidu de glycérol, les premiers étant sn-1 tandis que les seconds sont sn-3[12].
34
+
35
+ Parmi les phosphoglycérides des membranes biologiques se trouvent les phosphatidylcholines (lécithine), les phosphatidyléthanolamines et les phosphatidylsérines. Chez les eucaryotes, les phosphatidylinositols et les acides phosphatidiques jouent un rôle de messager secondaire (ou peuvent être précurseurs de messagers secondaires) en plus de leur rôle structurel dans les membranes. Des étherlipides dérivant structurellement de ces phosphoglycérides jouent également un rôle en signalisation cellulaire chez les eucaryotes, tels que les plasmalogènes, et sont les constituants essentiels des membranes plasmiques chez les archées[13].
36
+
37
+ Les sphingolipides forment un ensemble complexe de composés[14] constitués d'un alcool aliphatique aminé, produit de novo à partir de la sérine et d'une acyl-CoA à longue chaîne, et convertie en céramides, phosphosphingolipides, glycosphingolipides et d'autres composés. Le principal alcool aminé des mammifères est la sphingosine. Les céramides — N-acylsphingoïdes — forment un sous-ensemble important des dérivés sphingoïdes, avec un acide gras lié par une liaison amide. Ces acides gras sont généralement saturés ou mono-insaturés avec une chaîne hydrocarbonée de 16 à 26 atomes de carbone.
38
+
39
+ Les sphingolipides les plus importants sont les sphingomyélines, des phosphosphingolipides constitués d'un céramide lié à un phosphocholine chez les mammifères[15] ou à une phosphoéthanolamine chez les insectes[16], tandis que les mycètes ont des phytocéramides liés à des groupes inositol phosphate et contenant du mannose[17]. Les glycosphingolipides forment une famille de molécules diversifiée constituées d'un ou plusieurs résidus osidiques liés à la base sphingoïde par une liaison osidique, comme les cérébrosides et les gangliosides.
40
+
41
+ Les glycolipides résultent de l'estérification d'oses ou de l'amidification d'osamines par des acides gras, formant des structures moléculaires compatibles avec les bicouches lipidiques des membranes biologiques. Dans ces composés, un ose joue le rôle du glycérol pour les glycérides et les phosphoglycérides. Les glycolipides les plus courants sont les acyles de glucosamine précurseurs du lipide A du lipopolysaccharide des bactéries à Gram négatif. Les molécules de lipide A sont généralement des disaccharides de glucosamine, qui peuvent porter jusqu'à sept résidus d'acides gras. Le lipopolysaccharide minimal requis pour le développement d'E. coli est le Kdo2-lipide A, un disaccharide hexa-acétylé de glucosamine glycosylé avec deux molécules d'acide céto-3-désoxy-D-manno-octulosonique (KDO)[18].
42
+
43
+ Les polycétides sont une famille de molécules naturelles très diversifiées et pourvues de diverses activités biologiques et propriétés pharmacologiques produites par les animaux, les plantes, les bactéries, et les mycètes[19],[20]. Ils comprennent des macrolides, des ansamycines, des polyènes, des polyéthers, des tétracyclines, des acétogénines, ainsi que divers composés tels que l'acide usnique, le discodermolide ou le radicicol. On distingue les polycétides :
44
+
45
+ Ils sont généralement produits par condensation de Claisen d'acétyl-CoA, de propionyl-CoA et d'unités moléculaires dérivées de la malonyl-CoA, selon un processus semblable à celui de la biosynthèse des acides gras[21]. De nombreux polycétides sont des molécules cycliques dont la structure est modifiée par glycosylation, méthylation, hydroxylation, oxydation, voire d'autres réactions. De nombreux composés couramment utilisés comme antimicrobiens, antiparasitaires et anticancéreux sont des polycétides ou leurs dérivés, tels que l'érythromycine, les tétracyclines, les avermectines et les épothilones[22].
46
+
47
+ Les stérols, comme le cholestérol et ses dérivés, sont des constituants importants des membranes biologiques[23], à côté des phosphoglycérides et des sphingomyélines. Les stéroïdes, qui partagent tous le même noyau stérane à quatre cycles fusionnés, sont susceptibles d'agir biologiquement comme hormones et comme vecteurs de signalisation cellulaire (signalisation lipidique). Les stéroïdes à 18 atomes de carbone (C18) comprennent les œstrogènes tandis que les stéroïdes en C19 comprennent les androgènes tels que la testostérone et l'androstérone. Les stéroïdes en C21 comprennent les progestatifs ainsi que les glucocorticoïdes et les minéralocorticoïdes. Les sécostéroïdes, qui comprennent diverses formes de vitamine D (ergocalciférol et cholécalciférol notamment), sont caractérisés par le clivage du cycle B du noyau cyclopentanophénanthrène (stérane)[24]. Les acides biliaires et leurs conjugués sont d'autres exemples de stérols[25] ; chez les mammifères, ce sont des dérivés oxydés du cholestérol produits dans le foie. Chez les plantes, on trouve des phytostérols tels que le β-sitostérol, le stigmastérol, le brassicastérol, ce dernier étant également utilisé comme biomarqueur pour la croissance des algues[26]. L'ergostérol est le principal stérol membranaire chez les mycètes.
48
+
49
+ Nomenclature du stérane
50
+
51
+ Cholestérol
52
+
53
+ Les prénols sont synthétisés à partir de précurseurs à cinq atomes de carbones, l'isopentényl-pyrophosphate (IPP) et le diméthylallyl-pyrophosphate (DMAPP), issus de la voie du mévalonate[27] chez tous les eucaryotes supérieurs et la plupart des bactéries ; chez les plantes, certains protozoaires et la plupart des bactéries (dans ce cas, parallèlement à la voie du mévalonate), ces précurseurs sont issus de la voie du méthylérythritol phosphate.
54
+
55
+ Les isoprénoïdes simples sont formés par l'addition successive d'unités en C5 et sont classés selon le nombre de ces unités terpène. Les composés contenant plus de 40 atomes de carbone sont appelés polyterpènes.
56
+
57
+ Les caroténoïdes sont des isoprénoïdes simples importants qui agissent comme des antioxydants et comme précurseurs de la vitamine A[28].
58
+
59
+ Les quinones et les hydroquinones sont une autre classe de molécules, qui contiennent une chaîne latérale isoprénique attachée à un noyau quinonoïde d'origine non isoprénique[29]. La vitamine E et les vitamines K, ainsi que les ubiquinones, sont des exemples de cette classe.
60
+
61
+ Les bactéries produisent des polyprénols appelés bactoprénols dans lesquels l'unité isoprénique terminale liée à l'hydroxyle reste insaturée, tandis que les animaux produisent des dolichols dans lequel l'unité isoprénique terminale est réduite[30].
62
+
63
+ Les cellules d'eucaryotes sont compartimentées en organites délimités par des membranes et qui réalisent différentes fonctions biologiques. Les principaux constituants de ces membranes sont les phosphoglycérides : c'est le cas par exemple dans les membranes plasmiques et le système endomembranaire. Ce sont des molécules amphiphiles, c'est-à-dire qu'elles possèdent à la fois une région hydrophile — un résidu de glycérol-3-phosphate souvent appelé « tête hydrophile » — et une région hydrophobe souvent appelée « queue hydrophobe » constituée d'acides gras. Les membranes contiennent également des lipides autres que les phosphoglycérides, notamment des sphingomyélines et des stérols, ces derniers étant surtout représentés chez les animaux par le cholestérol.
64
+
65
+ Les membranes biologiques s'organisent autour d'une bicouche lipidique, constituée de deux feuillets parallèles dans lesquels les phosphoglycérides s'orientent pour présenter leur tête hydrophile au contact de l'eau et leurs queues hydrophobes au contact de l'autre feuillet. La formation d'une telle bicouche est thermodynamiquement favorable lorsque des phosphoglycérides se trouvent en milieu aqueux : c'est l'effet hydrophobe[31] ; l'orientation et la distribution spatiale des molécules d'eau autour d'une telle bicouche est étroitement conditionnée par la configuration des molécules amphiphiles qui la composent, de sorte que ces molécules d'eau forment comme des « clathrates » autour des lipides solvatés[32]. De telles bicouches tendent également à se refermer sur elles-mêmes, formant des vésicules. Selon la concentration en lipides, leur interaction biophysique peut conduire à la formation de micelles, de liposomes ou de surfaces membranaires. D'autres modes d'agrégation sont également observés et relèvent du polymorphisme des molécules amphiphiles. Le comportement des phases lipidiques est un domaine d'étude en biophysique et fait l'objet de recherches académiques[33],[34]. Selon certaines théories, la formation de protocellules (en) délimitées par une membrane lipidique aurait été une étape de l'abiogenèse[35].
66
+
67
+ Chez les plantes, les membranes de thylakoïdes sont particulièrement riches en monogalactosyl diglycérides (MGDG), qui ne forment pas spontanément de bicouche lipidique mais entrent néanmoins dans de telles structures lorsqu'ils interagissent avec les caroténoïdes et les chlorophylles des membranes de thylakoïdes[36], de sorte que les membranes des thylakoïdes s'organisent en bicouche lipidique dynamique[37] ; elles contiennent en revanche peu de phospholipides.
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69
+ Les triglycérides stockés dans le tissu adipeux est la principale forme de stockage de l'énergie chez les animaux et les plantes. Les adipocytes sont les cellules chargées de la synthèse et de la dégradation des triglycérides chez les animaux ; chez ces derniers, la dégradation des triglycérides est essentiellement contrôlée par la lipase hormonosensible[38]. L'oxydation complète des acides gras, essentiellement par β-oxydation, fournit davantage d'énergie — sous forme d'ATP — que celle des glucides et des protéines : environ 37 kJ·g-1 contre 17 kJ·g-1 respectivement[39]. Les triglycérides sont par exemple le carburant utilisé par les oiseaux migrateurs pour assurer leurs vols à longue distance.
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+ Ce n'est qu'assez récemment qu'a été établi le rôle déterminant de la signalisation lipidique comme composante de la signalisation cellulaire[40],[41]. La signalisation lipidique peut faire intervenir des récepteurs couplés aux protéines G ou des récepteurs nucléaires, et différents types de lipides ont été identifiés comme molécules de signalisation cellulaire et comme messagers secondaires[42]. On compte parmi eux la sphingosine-1-phosphate, un sphingolipide issu d'un céramide et agissant comme un puissant messager intervenant dans la régulation de la mobilisation du calcium[43], dans la croissance des cellules et dans l'apoptose[44] ; les diglycérides et les phosphatidylinositol phosphates (PIP), qui interviennent dans l'activation de la protéine kinase C[45] ; les prostaglandines, qui sont des eicosanoïdes impliqués dans les processus inflammatoires et immunitaires[46] ; les hormones stéroïdiennes telles que l'œstrogène, la testostérone et le cortisol, qui régulent les diverses fonctions du métabolisme, la reproduction et la pression artérielle ; les oxystérols tels que le 25-hydroxycholestérol, qui sont des agonistes des récepteurs nucléaires des oxystérols[47].
72
+
73
+ Les lipides de type phosphatidylsérine sont connus pour intervenir dans la signalisation de la phagocytose des cellules apoptotiques. Ils assurent cette fonction en se retrouvant dans le feuillet externe de la membrane plasmique après inactivation des flippases, qui les placent exclusivement dans le feuillet cytosolique, et activation des scramblases, qui les font passer d'un feuillet à l'autre : la présence de phosphatidylsérines dans le feuillet externe de la membrane plasmique est reconnue par certaines cellules, qui les phagocytent, de même qu'elles phagocytent d'éventuels fragment cellulaires exposant le feuillet interne de la membrane plasmique[48].
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75
+ Les vitamines liposolubles — vitamine A, vitamines D, vitamine E et vitamines K — sont des terpénoïdes emmagasinés dans le foie et les tissus adipeux. Ce sont des substances essentielles assurant diverses fonctions biologiques. Les acylcarnitines interviennent dans le métabolisme des acides gras et leur transport dans et hors des mitochondries, à l'intérieur desquelles ils sont dégradés par β-oxydation[49]. Les polyprénols et leurs dérivés phosphorylés jouent quant à eux un rôle important dans le transport des oligosaccharides à travers les membranes. Les dérivés osidiques à polyprénol phosphate et polyprénol diphosphate interviennent dans les réactions de glycosylation extra-cytoplasmiques, dans la biosynthèse extracellulaire de polysaccharides (par exemple dans la polymérisation du peptidoglycane chez les bactéries) et dans la N-glycosylation des protéines chez les eucaryotes[50],[51]. Les cardiolipines sont une sous-classe de phosphoglycérides contenant quatre résidus acyle et trois résidus de glycérol ; elles sont particulièrement abondantes dans la membrane mitochondriale interne[52],[53]. On pense qu'elles activent les enzymes qui interviennent dans la phosphorylation oxydative[54].
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+ Les triglycérides, les stérols et les phospholipides membranaires des plantes et des animaux constituent l'essentiel des lipides de l'alimentation humaine et de celle des autres animaux. Le métabolisme lipidique est l'ensemble des processus par lesquels chaque tissu synthétise et dégrade ses lipides structurels et fonctionnels.
78
+
79
+ La digestion de certains lipides commence au niveau de la bouche avec l'action de la lipase linguale, une enzyme qui clive certains triglycérides à chaînes courtes en diglycérides et acides gras, tandis que les mucines de la salive des mammifères contribuent, par leur viscosité et leur action mécanique, à dissocier le bol alimentaire et à libérer les lipides.
80
+
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+ Cependant, les lipides sont digérés essentiellement dans l'intestin grêle. La présence de graisses à ce niveau favorise la sécrétion d'hormones qui stimulent la libération, par le pancréas de la lipase pancréatique, enzyme active à pH acide, et de bile, cette dernière conduisant à une émulsion permettant l'absorption des lipides. La digestion complète des triglycérides conduit à un mélange d'acides gras, de monoglycérides, de diglycérides et de triglycérides non digérés, mais pas de glycérol libre.
82
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83
+ Les triglycérides ne peuvent être absorbés par l'intestin grêle. En revanche, les entérocytes de la paroi intestinale absorbent le contenu des micelles en suspension dans la bile et reforment des triglycérides conditionnés avec des lipoprotéines dans de grandes micelles appelées chylomicrons. Ces derniers sont sécrétés dans les chylifères du système lymphatique, qui les déverse ensuite dans le sang depuis le conduit thoracique. Ainsi, contrairement aux autres nutriments, les triglycérides absorbés par l'alimentation passent dans le sang en court-circuitant le foie.
84
+
85
+ Chez les animaux, des lipides peuvent être produits en réponse à l'absorption d'un excès de glucides (sucres). Ceci fait intervenir la biosynthèse des acides gras à partir d'acétyl-CoA, puis l'estérification d'une molécule de glycérol par les acides gras produits pour former une molécule de triglycéride. Ce processus est appelé lipogenèse.
86
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87
+ Les acides gras sont produits par l'acide gras synthase, une enzyme qui polymérise les monomères acétyl-CoA, puis réduit le polymère résultant. La chaîne acyle de l'acide gras est allongée de manière itérative par un cycle de réactions qui ajoutent un groupe acétyle, le réduit en alcool, le déshydrate en alcène, et enfin le réduit à nouveau pour former un groupe alcane.
88
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89
+ Les enzymes de la biosynthèse des acides gras sont classées en deux groupes distincts : chez les animaux et les champignons, toutes ces réactions sont réalisées par une protéine unique se comportant comme une enzyme multifonctionnelle[55], tandis que, chez les plastes des plantes et les bactéries, ces réactions sont réalisées chacune par une protéine dédiée, chacune se comportant comme une enzyme monofonctionnelle réalisant une étape particulière de cette voie métabolique[56],[57]. Ces acides gras peuvent être par la suite convertis en triglycérides qui sont conditionnés dans des lipoprotéines sécrétées par le foie.
90
+
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+ La biosynthèse des acides gras insaturés fait intervenir des réactions de désaturation par lesquelles un double liaison est introduite dans la chaîne de l'acide gras. Ainsi, chez l'homme, la désaturation de l'acide stéarique par la stéaryl-CoA 9-désaturase conduit à l'acide oléique. L'acide linoléique, doublement insaturé, ainsi que l'acide α-linolénique, triplement insaturé, ne peuvent pas être produits par les tissus des mammifères, de sorte qu'ils doivent nécessairement être apportés par l'alimentation : ce sont des acides gras essentiels.
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+
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+ La biosynthèse des triglycérides intervient dans le réticulum endoplasmique à travers des voies métaboliques qui transfèrent les résidus acyle d'unités acyl-CoA aux groupes hydroxyle d'un résidu de glycérol.
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+ Les terpènes et terpénoïdes, dont font partie les caroténoïdes, sont formés par assemblage et modification d'unités isoprène fournis par l'isopentényl-pyrophosphate et le diméthylallyl-pyrophosphate[27]. Ces précurseurs peuvent être obtenus de différentes manières. Chez les animaux et chez les archées, la voie du mévalonate produit ces molécules à partir de l'acétyl-CoA[58], tandis que les plantes et les bactéries les produisent à partir de pyruvate et de glycéraldéhyde-3-phosphate à travers la voie du méthylérythritol phosphate[27],[59]. La biosynthèse des stéroïdes est l'une des utilisations de tels isoprénoïdes activés les plus importantes, par l'intermédiaire du squalène et du lanostérol. Ce dernier peut ensuite être converti en cholestérol et en ergostérol[59],[60].
96
+
97
+ La β-oxydation est la voie métabolique par laquelle les acides gras sont dégradés en acétyl-CoA dans les mitochondries et/ou dans les peroxysomes. L'oxydation des acides gras est, pour une large part, semblable, en sens inverse, à la biosynthèse des acides gras : des unités de deux atomes de carbone sont retirées séquentiellement à partir de l'extrémité de la chaîne hydrocarbonée de l'acide gras à l'issue de réactions de déshydrogénation, d'hydratation et d'oxydation pour former un β-cétoacide, clivé par thiolyse. L'acétyl-CoA est enfin converti en ATP, CO2 et H2O à travers le cycle de Krebs et la chaîne respiratoire. L'oxydation complète d'une molécule de palmitate produit ainsi 108 molécules d'ATP. La dégradation des acides gras insaturés ou à nombre impair d'atomes de carbone nécessitent des enzymes supplémentaires.
98
+
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+ L'essentiel des lipides absorbés par l'alimentation est présent sous forme de triglycérides, de cholestérol et de phospholipides. Ils facilitent l'absorption des vitamines liposolubles — vitamine A, vitamine D, vitamine E et vitamine K — et des caroténoïdes. Chez les mammifères, certains acides gras, appelés acides gras essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car ils ne peuvent être produits par l'organisme à partir d'autres précurseurs. C'est par exemple le cas de l'acide linoléique, un acide gras oméga-6, et de l'acide α-linolénique, un acide gras oméga-3. Ces deux acides gras essentiels sont des acides gras polyinsaturés à 18 atomes de carbone qui ne diffèrent que par le nombre et la position des doubles liaisons. La plupart des huiles végétales sont riches en acide linoléique, comme l'huile de carthame, l'huile de tournesol et l'huile de maïs. L'acide α-linolénique est présent dans les feuilles vertes et dans un ensemble de graines, de fruits à écale et de gousses, notamment l'huile de lin, l'huile de colza, l'huile de noix et l'huile de soja[61]. Les huiles de poisson sont particulièrement riches en acides gras ω-3 à longue chaîne tels que l'acide eicosapentaénoïque (EPA) et l'acide docosahexaénoïque (DHA). De nombreuses études ont démontré les effets bénéfiques pour la santé d'un régime alimentaire riche en acides gras ω-3 du point de vue du développement des enfants, de la prévention de cancers, de maladies cardiovasculaires et de divers troubles psychiques tels que la dépression, le trouble du déficit de l'attention et la démence[62],[63]. A contrario, il est établi que la consommation d'acides gras trans tels que ceux présents dans les huiles végétales hydrogénées sont des facteurs de risque accru pour les maladies cardiovasculaires[64],[65],[66].
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+ Si la nature des lipides absorbés par l'alimentation est déterminante pour la santé, leur quantité totale importe finalement assez peu. Quelques études ont lié la quantité totale de lipides absorbés à un risque accru d'obésité[67],[68] et de diabète[69], mais de nombreuses études, dont certaines réalisées sur un grand nombre de personnes pendant plusieurs années[70], n'ont pas établi de tels liens[71],[72]. Ces études ne permettent pas non plus d'établir un lien entre le pourcentage de calories apportées par les lipides et un risque accru de cancer, de maladie cardiovasculaire ou d'obésité ; ainsi, contrairement aux idées véhiculées au siècle dernier, les régimes à faible apport en graisses ne sont pas nécessairement bénéfiques pour la santé[73], car les plats dits allégés issus de l'industrie agroalimentaire sont souvent enrichis en sucres cachés[74],[75],[76].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La phase liquide est un état de la matière ainsi qu'une forme de fluide :
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+ Les liquides peuvent être miscibles ou non, en fonction des forces moléculaires grâce auxquelles un corps pur liquide possède une cohérence. Il est notamment possible dans un liquide d'avoir sept phases distinctes non miscibles[1].
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+ Les corps, selon les conditions de température et de pression, peuvent être sous forme de liquide, de gaz ou de solide (voir diagramme de phase). La forme liquide correspond à une forme de moindre énergie que le gaz (l'énergie cinétique des molécules d'un liquide est insuffisante pour rompre les forces qui se matérialisent par la tension superficielle) mais d'énergie supérieure à la forme solide (contrairement au solide, l'énergie cinétique des molécules suffit à les faire se déplacer spontanément les unes par rapport aux autres).
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11
+ Une caractéristique des liquides est leur viscosité, qui mesure l'attachement des molécules les unes aux autres, donc la résistance à un corps qui traverserait le liquide. Plus la viscosité est élevée, plus le liquide est difficile à traverser. Il y a donc toute une gamme d'états intermédiaires (pâte), qui rend la distinction difficile entre le liquide et le solide. En fait le meilleur test est celui de la rupture : un solide se brise et se fêle, et le reste ; un liquide se fend et se ressoude après la disparition de la cause de rupture, sans laisser d'autre trace qu'une onde.
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+ L'hélium II (« superfluide ») ne possède pas de viscosité.
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15
+ Les liquides possèdent souvent aussi une tension superficielle, qui caractérise entre autres leur tendance à former des ménisques sur leurs bords, ainsi que les différents effets de la capillarité. Elle est en partie due :
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17
+ À l'état macroscopique, l'état liquide est caractérisé par les critères suivants :
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+ Dans des conditions normales de température et de pression, certaines substances chimiques sont liquides. En voici quelques exemples : l'eau, l'éthanol, l'acide sulfurique, le mercure, le dibrome, l'octane.
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21
+ Le verre est-il à considérer comme un solide, ou seulement un fluide très visqueux ? Les très vieilles vitres sont plus épaisses en bas qu'en haut ce qui pourrait suggérer que le verre s'écoule lentement vers le bas. Il n'en est rien ; le profil en forme de poire des vitraux anciens n'est pas dû à l'écoulement du verre durant plusieurs siècles, mais au procédé de fabrication. Le verrier fabriquait la plaque de verre à partir d'une boule de verre visqueux qu'il mettait en rotation, pour obtenir progressivement un disque de verre grâce à la force centrifuge. Le bord du disque était alors plus épais que le centre. Le verrier posait ensuite les plaques avec le bord épais en bas pour des raisons de stabilité. Dans le cas des vitraux, la disposition des plaques répondait plus à des impératifs esthétiques, et on constate que le bord épais du verre peut être aussi bien en bas qu'en haut à gauche ou à droite. Ce qui est vrai, c'est que le verre n'est pas cristallin (solide organisé régulièrement), mais un solide « amorphe » (littéralement « sans forme »), dans lequel la position des molécules est fixe mais aléatoire, comme dans un fluide observé à un moment donné.[réf. nécessaire]
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+ La nature de solide du verre est attestée par le fait qu'il propage les ondes S et les ondes P, alors qu'un liquide ne propage que les ondes P.
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+ Un liquide emprisonné par une matrice solide s'appelle un gel. Un liquide emprisonnant une grande quantité de bulles de gaz et dans un état de viscosité importante s'appelle une mousse.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Les liquides peuvent être miscibles ou non, en fonction des forces moléculaires grâce auxquelles un corps pur liquide possède une cohérence. Il est notamment possible dans un liquide d'avoir sept phases distinctes non miscibles[1].
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+ Les corps, selon les conditions de température et de pression, peuvent être sous forme de liquide, de gaz ou de solide (voir diagramme de phase). La forme liquide correspond à une forme de moindre énergie que le gaz (l'énergie cinétique des molécules d'un liquide est insuffisante pour rompre les forces qui se matérialisent par la tension superficielle) mais d'énergie supérieure à la forme solide (contrairement au solide, l'énergie cinétique des molécules suffit à les faire se déplacer spontanément les unes par rapport aux autres).
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+ Une caractéristique des liquides est leur viscosité, qui mesure l'attachement des molécules les unes aux autres, donc la résistance à un corps qui traverserait le liquide. Plus la viscosité est élevée, plus le liquide est difficile à traverser. Il y a donc toute une gamme d'états intermédiaires (pâte), qui rend la distinction difficile entre le liquide et le solide. En fait le meilleur test est celui de la rupture : un solide se brise et se fêle, et le reste ; un liquide se fend et se ressoude après la disparition de la cause de rupture, sans laisser d'autre trace qu'une onde.
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+ L'hélium II (« superfluide ») ne possède pas de viscosité.
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+ Les liquides possèdent souvent aussi une tension superficielle, qui caractérise entre autres leur tendance à former des ménisques sur leurs bords, ainsi que les différents effets de la capillarité. Elle est en partie due :
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+ À l'état macroscopique, l'état liquide est caractérisé par les critères suivants :
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+ Dans des conditions normales de température et de pression, certaines substances chimiques sont liquides. En voici quelques exemples : l'eau, l'éthanol, l'acide sulfurique, le mercure, le dibrome, l'octane.
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+ Le verre est-il à considérer comme un solide, ou seulement un fluide très visqueux ? Les très vieilles vitres sont plus épaisses en bas qu'en haut ce qui pourrait suggérer que le verre s'écoule lentement vers le bas. Il n'en est rien ; le profil en forme de poire des vitraux anciens n'est pas dû à l'écoulement du verre durant plusieurs siècles, mais au procédé de fabrication. Le verrier fabriquait la plaque de verre à partir d'une boule de verre visqueux qu'il mettait en rotation, pour obtenir progressivement un disque de verre grâce à la force centrifuge. Le bord du disque était alors plus épais que le centre. Le verrier posait ensuite les plaques avec le bord épais en bas pour des raisons de stabilité. Dans le cas des vitraux, la disposition des plaques répondait plus à des impératifs esthétiques, et on constate que le bord épais du verre peut être aussi bien en bas qu'en haut à gauche ou à droite. Ce qui est vrai, c'est que le verre n'est pas cristallin (solide organisé régulièrement), mais un solide « amorphe » (littéralement « sans forme »), dans lequel la position des molécules est fixe mais aléatoire, comme dans un fluide observé à un moment donné.[réf. nécessaire]
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+ La lecture peut être définie comme une activité psychosensorielle qui vise à donner un sens à des signes graphiques recueillis par la vision et qui implique à la fois des traitements perceptifs et cognitifs[1].
2
+
3
+ L'histoire de la lecture remonte à l'invention de l'écriture au cours du IVe millénaire avant notre ère. Bien que la lecture de textes imprimés soit aujourd'hui un moyen important d'accès à l'information pour la population en général, cela n'a pas toujours été le cas. À quelques exceptions près, seul un faible pourcentage de la population de nombreux pays était considéré comme alphabétisé avant la révolution industrielle. Parmi les sociétés prémodernes ayant un taux d'alphabétisation généralement élevé, on trouve l'Athènes classique et le califat islamique[2].
4
+
5
+ Les érudits supposent que la lecture à haute voix (clare legere en latin) était la pratique la plus courante dans l'Antiquité, et que la lecture en silence (legere tacite ou legere sibi en latin) était inhabituelle[3]. Dans Les Confessions qu'il rédige au IVe siècle avant notre ère, Augustin d'Hippone remarque l'habitude inhabituelle d'Ambroise de Milan de lire en silence[3],[4].
6
+
7
+ Au siècle des Lumières, les élites ont encouragé la lecture passive plutôt que l'interprétation créative. La lecture n'a pas de lois concrètes, mais elle permet aux lecteurs de s'évader pour produire leurs propres produits de manière introspective, en favorisant une exploration profonde des textes pendant l'interprétation. Certains penseurs de cette époque croyaient que la construction (c'est-à-dire la création de l'écriture et la production d'un produit) était un signe d'initiative et de participation active à la société; ils considéraient, en contrepartie, la consommation (c'est-à-dire la lecture) comme une simple absorption de ce que les constructeurs fabriquaient[5]. On considérait les lecteurs de cette époque comme des citoyens passifs, parce qu'ils ne fabriquaient pas de produit. L'historien français Michel de Certeau a fait valoir que les élites du siècle des Lumières étaient responsables de cette croyance générale. Pour Michel de Certeau, la lecture exigeait de s'aventurer dans le pays de l'auteur, mais de lui enlever ce que le lecteur voulait précisément. Cette opinion soutenait que l'écriture était un art supérieur à la lecture dans les contraintes hiérarchiques de l'époque[5].
8
+
9
+ Dans l'Europe du XVIIIe siècle, la pratique alors nouvelle de la lecture seule au lit a été, pendant un temps, considérée comme dangereuse et immorale. La lecture devenant moins une pratique orale commune et plus une pratique privée et silencieuse, et le sommeil se déplaçant de plus en plus des zones communes vers les chambres individuelles, certains se sont inquiétés du fait que la lecture au lit présentait divers dangers, tels que les incendies provoqués par les bougies de chevet. Certains critiques modernes, cependant, spéculent sur le fait que ces préoccupations étaient fondées sur la crainte que les lecteurs —et en particulier les femmes— puissent échapper à leurs obligations familiales et communautaires et transgresser les limites morales à travers les mondes fantastiques privés des livres[6].
10
+
11
+ En lecture d'énonciation : Un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, c’est-à-dire lorsque l’identification d’un mot écrit entraîne immédiatement la récupération de sa prononciation et de sa signification avec des efforts de décodage très réduit[7].
12
+
13
+ En lecture personnelle silencieuse : Un lecteur devient « expert » lorsque ces trois processus de lecture sont automatisés, identifiant la signification sans que l'esprit se soucie de la phonétisation qui le ralentirait (libéré de la prononciation). Petit à petit le lecteur perfectionne sa vitesse de lecture (Lecture rapide) si la simple image des mots donne en directe l'accès au sens.
14
+
15
+ L’efficacité de la lecture dépend de deux voies de traitement de l'information, qui coexistent et se complètent mutuellement : l’identification des signes ou mots écrits et l’accès au son de ces éléments. Si l’un des deux mécanismes est déficient, un trouble de la lecture s’ensuivra : « certains patients atteints d’une lésion cérébrale nommée dyslexie profonde ou dyslexie phonologique ont leur voie de conversion des lettres en sons sévèrement détériorée et ne parviennent plus à prononcer les mots rares, les néologismes et les mots inventés. D’autres patients atteints d’une dyslexie de surface doivent prononcer les mots pour les comprendre[9]. » D'autres troubles sont possibles : alexie, hyperlexie, troubles de la compréhension, etc.
16
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17
+ La lecture pose un paradoxe sur le plan de la neurobiologie. Alors que l’écriture n’existe que depuis quelques milliers d’années, un délai trop court pour permettre une évolution significative des aires cérébrales qui existent depuis des millions d’années, le cerveau humain semble malgré tout être remarquablement bien adapté à la tâche de reconnaissance de mots, l’humain étant notamment capable de reconnaître un mot peu importe la police de caractères et la casse (MAJUSCULE ou minuscule). La question est alors : comment expliquer notre capacité à lire si aucune aire cérébrale n’a de toute évidence eu le temps d’évoluer pour se dédier entièrement à cette tâche[10] ?
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+ La théorie du recyclage neuronal permet d’expliquer ce phénomène :
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+ « Chez tous les individus, dans toutes les cultures du monde, les mêmes régions cérébrales interviennent dans la lecture, et les mêmes contraintes caractérisent les systèmes d’écriture. Selon l’hypothèse du recyclage neuronal, les inventions culturelles telles que la lecture reposent sur des mécanismes cérébraux anciens, qui ont évolué pour un autre usage, mais qui disposent d’une marge suffisante de plasticité pour parvenir à se recycler ou se reconvertir à ce nouvel usage[11]. »
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+ Cette théorie suppose qu’un réseau de neurones à la base impliqué dans la reconnaissance visuelle générale serait sollicité durant la lecture et se spécialiserait graduellement dans la reconnaissance des lettres au cours de l’apprentissage. Ce réseau de neurones situé au niveau de la voie ventrale occipito-temporale gauche, également surnommé aire de la forme visuelle des mots, s’active par défaut lors de la reconnaissance de visages, d’objets et de formes géométriques. Or, avec l’apprentissage de la lecture, l’activation de l’aire de la forme visuelle des mots dans ce genre de tâches tend à diminuer, alors même qu’elle tend à augmenter durant la lecture. En d’autres mots, mieux on sait lire, mieux l’aire de la forme visuelle des mots répond durant la lecture, mais moins elle répond durant les autres tâches, ce qui témoigne d’une compétition entre la fonction préprogrammée de cette portion du cortex (la reconnaissance visuelle en général) et la nouvelle fonction qu’on tente de lui inculquer; c’est-à-dire la lecture[12]. Cette aire, au départ sensible aux combinaisons élémentaires de traits visuels présentés à la fovéa, apprendrait ainsi peu à peu à extraire une représentation visuelle stable des mots, laquelle serait responsable de notre capacité à reconnaître les mots malgré les variations de forme[10]. L’aire de la forme visuelle des mots stockerait également toutes les informations concernant l’importance de l’ordre des lettres dans un mot, les combinaisons de lettres possibles et impossibles dans notre langue ainsi que leur fréquence. Une atteinte à cette région à la suite d'une lésion rend d’ailleurs la lecture totalement impossible. On parle alors d’alexie pure[12]. Il est cependant à noter que l’aire de la forme visuelle des mots n’est pas la seule à s’activer préférentiellement lors de la présentation de mots : certaines régions du cortex visuel primaire (V1, V2, V3 et V4) s’activent davantage lors de la présentation de mots que lors de la présentation d’objets dessinés avec une graphie comparable aux mots[13].
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+ La lecture d’un mot exige plusieurs étapes de traitement : l’extraction visuelle des traits des lettres composant le mot ainsi que le codage orthographique, phonologique, morphologique et sémantique. Plusieurs modèles d’organisation du système de lecture ont été proposés pour déterminer la façon et l’ordre dans lequel ces différentes informations sont traitées[10].
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+ Une conception théorique qui a longtemps été soutenue mais qui ne l’est plus aujourd’hui est le modèle « sériel » qui considère que toutes les étapes de traitement s’enchaînent les unes à la suite des autres de sorte que chaque niveau de représentation linguistique est entièrement dérivé du niveau inférieur. Selon ce modèle, le processus de lecture débuterait par l’extraction des traits (lignes) des lettres composant le mot, serait suivi par le codage orthographique, lequel serait à son tour suivi par le codage phonologique et morphologique pour se terminer avec le codage sémantique, l’objectif ultime étant la compréhension du texte. De nos jours, ce modèle est toutefois rejeté à la suite de l'observation de données temporelles que l’on possède maintenant sur la lecture. Un tel processus serait en effet beaucoup plus long que le temps réel pris pour reconnaître un mot[10].
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29
+ Un autre modèle de traitement de la lecture est le modèle « interactif » qui suggère que les étapes de traitement de l’information sont en interaction les unes avec les autres au cours du processus de lecture, ce qui élimine la notion de niveau de traitement[14].
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+
31
+ Un modèle « en cascade » a également été formulé. Dans ce modèle, la hiérarchie et l’autonomie des étapes de traitement nécessaire à la lecture sont préservées, c’est-à-dire qu’elles ne se présentent pas en interaction. Les différentes étapes sont plutôt exécutées en parallèle, de sorte qu’un module X peut poursuivre le traitement d’un type donné d’information tout en transférant à un module suivant (Y) l’information déjà analysée pour qu’il puisse s’en servir pour exécuter ses propres analyses. Ce modèle suppose que les premières lettres d’un long mot (par exemple <coccinelle>) sont utilisées inconsciemment par le lecteur pour émettre des hypothèses sur l’identité du mot, le tout en attendant de disposer du reste de l’information visuelle pour pouvoir confirmer de quel mot il s’agit[15].
32
+
33
+ Le modèle de traitement de la lecture le plus accepté de nos jours demeure toutefois une fusion des deux modèles précédents, soit le modèle « interactif en cascades ». Dans ce modèle, le traitement de l’information de haut niveau (c’est-à-dire de l’information morphologique et sémantique) débute presque en même temps que le traitement de l’information de bas niveau (visuel, orthographique et phonologique), les niveaux supérieurs donnent une rétroaction aux niveaux inférieurs et il existerait des connexions bidirectionnelles entre certains niveaux[10].
34
+
35
+ Un effet de supériorité du mot a été trouvé par Reicher (1969). Selon cet effet, les personnes reconnaîtraient plus facilement une lettre lorsque celle-ci est présentée à l’intérieur un mot que lorsqu'elle est présentée seule ou dans un non-mot[16]. Dans la même veine, un mot serait plus facilement reconnu lorsqu'il est présenté dans une phrase que lorsqu'il est présenté seul et ce, tant à l'oral qu'à l'écrit[17].
36
+
37
+ Le contexte aide à la reconnaissance du mot dans la phrase. Par exemple, dans le cas d’un texte écrit à la main, le contexte aide beaucoup à reconnaître un mot lorsque l’écriture est difficile à déchiffrer. Le type de contexte influence également la vitesse de reconnaissance. Dans un cas où le contexte est assez général et laisse place à plusieurs interprétations, c’est-à-dire dans le cas d’une phrase dite à faible contrainte, la reconnaissance du mot serait facilitée par le fait que plusieurs mots différents pourraient la compléter. Une phrase comme « Tous les jours, je... » serait ainsi considérée comme étant de faible contrainte, car plusieurs mots (mange, dors, lis, etc.) peuvent la compléter. À l’inverse, dans le cas d’une phrase à forte contrainte; c’est-à-dire d’une phrase où le contexte induit une attente bien précise quant au mot qui la complétera, si le mot écrit s’éloigne du mot attendu, la reconnaissance se fera plus lentement. Ainsi une phrase comme « La cuisinière jette les restants de nourriture dans la... » serait considérée comme étant de forte contrainte, car les possibilités pour compléter la phrase (poubelle, *maison, *toilette) sont plus restreintes, ce qui fait que le lecteur aura des attentes beaucoup plus précises quant au mot qui devrait compléter la phrase[17].
38
+
39
+ En lecture, le contexte aide généralement à interpréter le sens de ce qu’on lit et plus particulièrement face à une ambiguïté. Dans les faits, il existe deux grands types d’ambiguïtés : les ambiguïtés lexicales et les ambiguïtés structurales. L'ambiguïté lexicale est liée au sens d'un mot polysémique ou homonymique tandis que l'ambiguïté structurale est associée à l'attachement d'un groupe de mot (aussi appelé syntagme) dans une phrase[17].
40
+
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+ Une phrase comme « Pierre sent la rose » contient une ambiguïté lexicale polysémique car, dans ce contexte, le mot « sent » admet deux sens, si bien que la phrase pourrait soit vouloir dire que Pierre hume une rose ou qu’il dégage lui-même l’odeur d’une rose. Une phrase comme « Cet ours a mangé un avocat » contient, quant à elle, un exemple d’ambiguïté lexicale homonymique, la forme « avocat » correspondant à deux mots distincts, l’un désignant un fruit et l’autre désignant un métier. Une phrase comme « Sylvain a vu un homme avec un télescope », quant à elle, contient une ambiguïté structurale, c’est-à-dire qu’il est possible de lui attribuer deux structures syntaxiques distinctes. Lorsque le mot « télescope » est rattaché à « Sylvain », la phrase nous suggère que c’est au moyen d’un télescope que Sylvain a vu un homme tandis que lorsque « télescope » est plutôt rattaché à « homme», la phrase signifie alors que Sylvain a vu un homme qui avait un télescope[18].
42
+
43
+ Une étude menée par MacKay a évalué le temps de réponse nécessaire pour compléter des phrases ambiguës selon le type d'ambiguïté. Les résultats suggèrent que même si les sujets ne sont pas conscients de la présence d'une ambiguïté dans une phrase, ils prennent plus de temps pour y répondre et leur temps de réponse varie selon le type d'ambiguïté. Les ambiguïtés lexicales seraient traitées plus rapidement que les ambiguïtés structurales[19].
44
+
45
+ La lecture est automatique et irrépressible, de sorte que, même si on demande explicitement à un lecteur d’ignorer un mot, celui-ci ne peut pas s’empêcher de récup��rer son sens en mémoire[10]. Une illustration claire de ce phénomène est fournie par « l’effet Stroop » qui peut être observé dans une tâche portant le même nom[20]. Dans cette tâche qui possède plusieurs variantes, le lecteur doit le plus souvent identifier à voix haute la couleur de l’encre avec laquelle est écrit le nom d’une autre couleur tout en ignorant le sens du mot comme tel. Par exemple, si le mot « rouge » est écrit en vert, le lecteur doit dire « vert ». Cette tâche est ardue car le lecteur ne peut s’empêcher de lire le mot et de récupérer le sens qui lui est rattaché. Cette lecture involontaire active effectivement un code de couleur en mémoire qui interfère avec la réponse à donner et engendre un délai supplémentaire dans l’émission de la réponse. Ce délai d’environ 100 millisecondes s’observe spécifiquement en condition « incongruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est écrit en vert), mais non en condition « congruente » (par exemple, lorsque le mot « rouge » est écrit en rouge) ou « neutre » (par exemple, lorsque le mot « tasse » écrit en rouge)[10]. Il est à noter qu’un léger effet de facilitation (entre 20 et 50 millisecondes plus rapide) est obtenu dans la condition congruente par rapport à la condition neutre, mais cet effet demeure beaucoup plus petit que l’effet d’interférence (effet Stroop)[10]. Depuis l’article de Stroop en 1935, de nombreuses études ont répliqué l’effet Stroop dans des conditions de présentation variées[21].
46
+
47
+ Pour reconnaître un mot, on utilise plusieurs types d’informations qui le caractérisent notamment sa fréquence, le fait qu’il soit proche orthographiquement ou sémantiquement d’un autre mot, etc. Dépendamment de ses caractéristiques et du contexte dans lequel il est présenté, un mot peut donc être plus ou moins facile à identifier.
48
+
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+ La proximité sémantique d’un mot avec un autre est une première caractéristique qui affecte la performance en lecture par l’entremise de l’effet d’amorçage. Cet effet se manifeste par un temps de décision plus rapide face à un mot précédé d’un autre mot qui lui est associé sémantiquement. Par exemple, dans une tâche de décision lexicale, il faut moins de temps pour décider que « docteur » est un mot véritable lorsqu’il est précédé d’un mot sémantiquement lié comme « infirmière » que lorsqu’il est précédé d’un mot non-sémantiquement lié comme « beurre », d’un non-mot ou encore d’aucun mot. En situation d’amorçage, le premier mot présenté (ici « infirmière ») s’appelle une amorce et le deuxième mot (ici « docteur »), une cible. Dans un cas comme celui-ci, on dit que l’amorce a un effet facilitateur sur la cible parce qu’il accélère son traitement, mais l’amorce peut toutefois avoir l’effet inverse dans d’autres contextes. Il existe au moins trois types d’amorçage : l’amorçage sémantique, l’amorçage associatif et l’amorçage de répétition. L’amorçage sémantique s’observe dans un cas comme « docteur » et « infirmière »; un cas où deux mots sont liés par leur signification. L’amorçage associatif, lui, unit deux mots qui n’ont pas nécessairement de signification en commun, mais qui sont fréquemment employés ensemble comme les mots « attente » et « docteur ». L’amorçage de répétition, lui, s’observe finalement dans un contexte où la présentation d’un mot facilite son traitement. Par exemple, la présentation du mot « docteur » une première fois dans une phrase ou un texte fera en sorte qu’il sera plus rapidement reconnu lorsqu’il sera présenté une deuxième fois[22].
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+ Les effets de voisinage orthographique, lesquels réfèrent à la proximité orthographique d’un mot avec un autre, affectent également la performance en lecture. La notion de voisinage orthographique correspond à l’ensemble des mots de même longueur qui partagent la même orthographe à une lettre près. Par exemple, le mot PAGE a de nombreux voisins orthographiques comme MAGE, NAGE, RAGE, SAGE, CAGE, PIGE, PAIE, PALE, PAPE, tandis que le mot OGRE n’a qu’un seul voisin orthographique (OCRE) et que le mot DRAP n’en possède aucun. Deux effets liés à cette notion ont pu être distingués au cours des études : un effet d’inhibition de la fréquence du voisinage et un effet de facilitation de la taille du voisinage[10]. L’effet d’inhibition de la fréquence du voisinage se traduit par un temps de reconnaissance plus long lorsque le mot cible possède des voisins orthographiques plus fréquents que lui dans la langue. Par exemple, parce qu’il a le mot FOIE comme voisin orthographique plus fréquent que lui, le mot FOIN est reconnu plus lentement[22]. L’effet de facilitation de la taille du voisinage, lui, se manifesterait par une diminution du temps de reconnaissance d’un mot, plus il possède de voisins orthographiques. Cela suggère que les mots possédant de nombreux voisins orthographiques comme PAGE seraient reconnus plus rapidement que les mots qui n’en possèdent peu ou pas comme OGRE ou DRAP[10].
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+ La fréquence d’un mot affecte elle aussi la performance en lecture par l’intermédiaire de l’effet de fréquence. L’effet de fréquence se manifeste par une reconnaissance plus rapide et plus souvent correcte des mots fréquents comparativement aux mots peu fréquents dans les tâches de : décision lexicale, d’identification perceptive, de prononciation, d’enregistrement des mouvements des yeux et de catégorisation sémantique. La fréquence d’occurrence d’un mot est formellement définie comme le nombre de fois qu’un lecteur a rencontré un mot particulier au cours de sa vie. Pour le français, cette estimation est faite à partir d’un corpus de millions de textes nommé LEXIQUE[10]. Bien que la plupart des modèles actuels de la lecture reposent sur l’explication de l’effet fréquence[10], ce dernier a toutefois fait l’objet de critiques, certains suggérant qu’il s’agirait simplement d’un biais lié à la tâche[23],[24], d’autres soutenant la présence de liens confondants avec des facteurs comme l’âge d’acquisition[25] ou la diversité contextuelle[26], et d’autres encore argumentant que cette mesure ne prend pas en compte la fréquence d’occurrence parlée[10].
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+ L’effet de familiarité influencerait également notre capacité à reconnaître les mots. Cet effet se manifeste par un temps de reconnaissance plus court pour les mots qui nous sont familiers comparativement aux mots qui nous le sont moins. Parce qu’elle varie énormément d’une personne à l’autre, surtout en ce qui concerne les mots de basse fréquence, la familiarité d’un mot est calculée en demandant aux sujets d’attribuer une note de 1 à 7 à ce mot en fonction du nombre de fois qu’ils estiment l’avoir lu, entendu, produit ou écrit dans leur vie[27].
56
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+ L’âge d’acquisition d’un mot affecterait également notre capacité à reconnaître ce mot, un phénomène appelé effet de l’âge d’acquisition. Cet effet se manifeste par une lecture significativement plus rapide des mots acquis tôt dans le développement linguistique que des mots acquis plus tard. Pour estimer l’âge d’acquisition d’un mot, les méthodes les plus couramment utilisées sont de demander à des adultes d’estimer l’âge auquel ils ont acquis ce mot ou encore de le vérifier directement auprès d’enfants en leur faisant passer des tâches de dénomination d’objets[10].
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+ La compréhension ainsi que le rappel d'un texte dépendent de trois facteurs : le lecteur, l'organisation du texte et le type de texte lu[28].
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+ Les connaissances antérieures du lecteur, c’est-à-dire son niveau de familiarité avec le sujet, auront un impact significatif dans sa compréhension d'un texte. Ainsi, en présence de matériel abstrait, le lecteur à qui le contexte de sa lecture a préalablement été fourni, est capable de faire des liens entre ses connaissances et ce qu’il lit, ce qui améliore à la fois sa compréhension et sa rétention du texte. Même si elles peuvent lui venir en aide, les connaissances antérieures du lecteur peuvent toutefois parfois lui nuire, notamment lorsque vient le temps de se rappeler la provenance de certaines informations. Les nouvelles informations acquises sur un sujet seraient effectivement greffées aux connaissances antérieures du lecteur, ce qui rendrait difficile la tâche de distinguer les provenances des différentes sources à plus ou moins long terme[28].
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+
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+ On retrouve trois tendances chez chaque lecteur:
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+ Pour être bien organisé, un texte doit posséder une cohérence globale ainsi qu’une cohérence locale. Alors que la cohérence globale réfère à l'intégration des idées majeures dans le texte, notamment grâce à l’emploi des marqueurs de relations, la cohérence locale, elle, réfère à l'intégration des idées plus subtiles du texte en lien avec le contexte immédiat. En d’autres mots, un texte bien organisé aura non seulement une bonne structure du texte et des relations causales présentes dans la cohérence globale, mais également une bonne intégration des détails que l'on retrouve dans la cohérence locale[29].
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+
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+ Par rapport à la cohérence globale, la structure du texte a un impact sur la facilité du lecteur à le comprendre. Ainsi, dans une étude faite par Thorndyke, il a été démontré que le rappel d'une histoire est meilleur lorsque le thème est présenté au début, plutôt qu'à la fin. Par ailleurs, le fait de pouvoir établir des relations causales a un impact sur la vitesse de récupération des informations par le lecteur. Plus le lecteur peut tisser des liens entre les éléments, meilleure est l’intégration des informations et donc plus la vitesse de récupération sera élevée et le rappel fluide. Du côté de la cohérence locale, une étude a démontré que les idées qui ont été présentées précédemment dans le texte seront plus facilement intégrées que celles qui sont nouvelles. De même, une information du texte qui est toujours présente en mémoire à court terme sera plus facilement rappelée et intégrée qu'une information en mémoire à long terme. Pour finir, si le texte implique que le lecteur fasse des inférences, sa compréhension sera ralentie. Autrement dit, le besoin de procéder à une inférence aura pour effet d'augmenter la difficulté de compréhension du texte en augmentant du même coup le temps nécessaire à la compréhension[29].
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+
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+ Instinctivement, plusieurs personnes supposent l’existence d’un lien entre le type de texte présenté au lecteur et sa facilité à le comprendre. Par exemple, plusieurs présument qu’une personne avec des compétences normales en lecture jugera qu’une histoire pour enfant est plus simple à lire et à comprendre qu’un article scientifique. Or, très peu d’études ont véritablement cherché à comparer l’impact des différents types de textes sur la compréhension du lecteur, ce qui fait qu’il est difficile de pouvoir confirmer le bien- fondé de cette supposition[30]. Une étude rigoureuse menée par Haberlandt et Graesser est toutefois arrivée à la conclusion que les textes descriptifs sont généralement plus difficiles à interpréter que les textes narratifs car ils recrutent davantage de ressources cognitives[31].
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+ Diverses questions intéressent les chercheurs qui étudient dans le domaine de la lecture. Ceux-ci cherchent notamment à déterminer quelles sont les différentes étapes impliquées dans l’apprentissage de la lecture, s’il existe une aire cérébrale dédiée à la reconnaissance des mots, comment est organisé le système de traitement de la lecture, comment se déroulent et par quels facteurs sont influencées la reconnaissance des mots et la compréhension de texte, quelles sont les causes des troubles de la lecture. Comme les mécanismes mentaux impliqués dans la lecture ne sont pas observables directement, des méthodes comportementales et cérébrales ont été développées pour mesurer les performances du lecteur et ainsi répondre aux nombreuses questions qui se posent concernant le processus de lecture.
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+
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+ La méthode de recherche en lecture la plus utilisée est la chronométrie mentale[10]. Cette technique consiste à mesurer les processus mentaux impliqués dans la lecture au moyen des temps de réaction et des taux d’erreurs durant une tâche de lecture[10]. Cinq techniques chronométriques différentes sont employées pour étudier la lecture :
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+ « La lecture commence dans la rétine, dont la structure impose des contraintes sévères à la reconnaissance visuelle des mots. Seule sa partie centrale, la fovéa, dispose d’une résolution suffisante pour l’identification visuelle des petites lettres. C’est pourquoi notre regard se déplace sans cesse au cours de la lecture. » Les études montrent que la fovéa peut saisir « 3-4 lettres à gauche et 7-8 lettres à droite » du point de fixation du regard[32].
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+ Ces données ont été confirmés depuis longtemps[33] par l'étude des mouvements oculaires, qui permet de suivre activement et en temps réel la performance en lecture. Les mouvements oculaires sont caractérisés par des pauses ou fixations et des saccades, car l'œil ne se déplace de façon linéaire et continue, mais va d’un lieu de fixation à un autre. Les études d'oculométrie observent des sujets en situation de lecture et cherchent à mesurer les types de saccades produites par le lecteur ainsi que la durée des fixations. Environ 15 % des saccades sont de type régressif. La durée de fixation est influencée par le statut grammatical des mots : les déterminants et les prépositions, qui sont des mots courts fréquemment employés dans la langue, sont fixés peu ;longtemps, vu le contenu informationnel plus limité qu’ils véhiculent. À l’inverse, les verbes et les noms — des mots qui contiennent des informations essentielles pour comprendre le sens d’une phrase — sont fixés plus longtemps, les premiers l’étant encore davantage que les seconds. Il en va de même des mots polysémiques ou dont la présence est imprévisible dans le contexte ainsi que des anaphores (ensemble de vers ou de phrases qui commencent par le même mot ou par le même syntagme). Par exemple, la lecture d'un passage comme « Rome, l'unique objet de mon ressentiment ! Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant ! Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore ! Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore ! »[34] entraîne des durées de fixation plus longues, car nécessitant une prise de décision lexicale[35].
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+
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+ Dans une tâche de décision lexicale, le lecteur doit décider le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, si la suite de lettres qui lui est présentée est un mot de sa langue ou non; les temps de réponses et les pourcentages d’erreurs sont calculés. Cette technique très utilisée présente l’avantage de permettre à l’expérimentateur de manipuler les caractéristiques physiques et linguistiques du stimulus (sa longueur, sa fréquence, sa complexité morphologique ou sémantique, etc.) et de mesurer l’impact de ces manipulations sur la performance en lecture[10].
80
+
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+ Dans une tâche de lecture à voix haute demandant une prononciation immédiate, un lecteur est appelé à prononcer le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, un mot présenté sur un écran d’ordinateur. Durant cette tâche, les latences de prononciation (temps écoulé entre la présentation du mot et le début de la réponse verbale) et les pourcentages d’erreurs sont calculés. Cette technique de chronométrie mentale est la seule à faire appel à la fois à des processus perceptifs (lecture) et à des processus de production (prononciation). Pour distinguer la contribution des deux processus, une tâche de prononciation différée est souvent effectuée en complémentarité avec la tâche de prononciation immédiate. Dans la tâche de prononciation différée, le lecteur doit retenir le mot qui lui est présenté jusqu’à ce qu’un signal visuel apparaisse (de 500 millisecondes à 1,5 seconde après la présentation du stimulus), lui indiquant le moment où il doit donner sa réponse verbale. Les résultats obtenus dans la tâche de prononciation différée sont ensuite comparés avec les résultats obtenus dans la tâche de prononciation immédiate et certaines conclusions peuvent être tirées : si une différence entre deux types de mots (par exemple entre les mots de haute et de basse fréquence) est observée uniquement dans la tâche de prononciation immédiate, mais pas dans la tâche de prononciation différée, celle-ci sera attribuée aux processus de perception et d’identification; à l’inverse, si la différence est présente dans les deux tâches, elle sera attribuée aux processus de prononciation et d’articulation[10].
82
+
83
+ La tâche d’identification perceptive consiste à présenter très brièvement au lecteur un mot dégradé visuellement et à lui demander de l’identifier. Les variables mesurées dans cette tâche sont le pourcentage d’identifications correctes ainsi que le temps d’identification. Les études employant cette tâche aident à mieux comprendre le processus de codage et d’identification visuelle des mots[10].
84
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85
+ Dans une tâche de catégorisation sémantique, le lecteur doit déterminer si un mot appartient ou non à une catégorie sémantique prédéterminée. La tâche se déroule de sorte que le nom d’une catégorie sémantique comme « FLEUR » est présentée au sujet suivie d’un mot tel que « rose »; le sujet doit alors déterminer le plus rapidement possible et en faisant le moins d’erreurs, si le second mot appartient ou non à la catégorie sémantique présentée précédemment. Comme cette tâche met l’accent sur l’information sémantique, elle est fréquemment utilisée pour étudier l'encodage en mémoire des informations lues. Il est toutefois à noter que cette tâche comporte plusieurs désavantages comme celui de confondre les processus de perception et d’identification avec les processus de jugement sémantique, de créer des effets d’amorçage qui ne sont pas pris en compte dans les données et de mesurer autre chose que le simple accès à la signification du mot. Cette technique doit donc être employée en toute connaissance de cause et en prenant les précautions nécessaires pour minimiser les inconvénients qui y sont liés (voir Forster et Shen pour plus de détails)[10],[36].
86
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+ La technique de la neuropsychologie cognitive appliquée à la lecture consiste à tenter de lier les problèmes de lecture observés chez les patients cérébrolésés à leurs atteintes anatomiques. Un concept souvent utilisé pour y parvenir est le concept de la double dissociation. De façon générale, ce concept employé dans plusieurs domaines d’études dit que si une manipulation expérimentale A affecte une variable X, mais non une variable Y et qu’une manipulation expérimentale B affecte la variable Y, mais non la variable X, il est possible de conclure que les variable X et Y sont indépendantes l’une de l’autre. Dans l’étude des lésions cérébrales, la double dissociation prend le plus souvent la forme d’une démonstration que la lésion d’une structure A du cerveau est associée au déficit d’une fonction X (ex. la lecture des non-mots), mais non au déficit d’une fonction Y (ex. la lecture des mots irréguliers), tandis que la lésion d’une structure B du cerveau est associée à un déficit de la fonction Y, mais non de la fonction X, ce qui nous permet de conclure à la fois que la fonction X et Y sont distinctes et qu’elles sont localisées dans des portions différentes du cerveau. Cette technique est très utilisée pour identifier les régions cérébrales impliquées dans le processus de lecture et pour tester et raffiner les modèles théoriques de la lecture, la neuropsychologie cognitive ayant notamment servi à appuyer l’existence du modèle de la lecture à deux voies de Coltheart[10].
88
+
89
+ L'utilisation de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) a permis de déterminer le rôle des aires cérébrales impliquées dans le découpage phonologique et dans le stockage de l'information sonore en mémoire, ce qui a mené à l’établissement de liens entre les structures anatomiques et la performance en lecture. L'imagerie cérébrale a notamment permis de découvrir qu'un problème de connexion entre les régions cérébrales affecte la capacité à discriminer les sons, ce qui se traduit par une modification anatomique plus ou moins visible, mais largement suffisante pour engendrer des difficultés lors de l'apprentissage de la lecture[35].
90
+
91
+ L’approche computationnelle permet de tester les modèles théoriques de la lecture en simulant des résultats expérimentaux sur ordinateur. Cette approche comporte de nombreux avantages : elle force le chercheur à expliciter ses hypothèses, elle permet de tester la cohérence interne d’un modèle théorique, elle peut prédire des effets cachés ou trop complexes pour être détectés par l’humain et elle permet finalement de tester rigoureusement plusieurs modèles en compétition. Il faut toutefois noter que l’approche computationnelle ne devrait jamais remplacer une collecte de données empirique sur des êtres humains, mais devrait plutôt la complémenter[10].
92
+
93
+ L’objectif principal de ces méthodes est de tester le contenu des représentations mentales construites par le lecteur durant sa lecture[37].
94
+
95
+ Dans cette méthode, le lecteur est appelé à identifier parmi les mots ou les phrases qu’on lui présente, ceux qu’il a préalablement lus lors de la phase préparatoire de l’exercice. On calcule ensuite le pourcentage de bonnes réponses[37].
96
+
97
+ Dans la méthode de rappel, le lecteur doit écrire ou mentionner ce dont il se souvient par rapport à tel ou tel autre aspect d’une histoire qu’on lui a préalablement demandé de lire. Une difficulté rencontrée avec cette méthode est de déterminer des critères de correction à la fois rigoureux et inclusifs, étant donné la diversité de réponses possibles[37].
98
+
99
+ Cette méthode consiste à demander au lecteur de compléter une phrase par le mot le plus approprié, que ce soit un mot de son cru ou un mot parmi une liste de suggestions[37].
100
+
101
+ Dans cette méthode, le lecteur doit résumer dans ses propres mots un texte qu’il a lu. Cette technique a aujourd’hui été abandonnée vu les énormes difficultés de correction liées à la variabilité des réponses données par les lecteurs[37].
102
+
103
+ Cette méthode consiste à poser au lecteur différentes questions sur un texte qu’il vient de lire. Le plus souvent, le temps de latence, c'est-à-dire le temps nécessaire pour répondre à la question, est mesuré, ce qui permet de déterminer le degré de maîtrise du texte par le lecteur. On observe également que lorsque les questions sont posées pendant la lecture du texte, le lecteur comprend mieux le texte et s’en souvient mieux par la suite. Devoir répondre à des questions durant sa lecture permettrait également au lecteur d’orienter le traitement du texte qu’il est train de lire. Cette méthode est l’une des plus simples à utiliser et elle a l’avantage de pouvoir porter sur différents aspects du texte[37].
104
+
105
+ Cette tâche vise à tester les représentations spatiales que le lecteur a élaborées au cours de sa lecture. Durant cette tâche, le lecteur doit soit situer sur un plan les objets et le personnage principal de l’histoire, soit décrire les déplacements effectués par le personnage durant l’histoire ou encore dessiner les lieux et/ou les déplacements décrits dans le texte. Le temps de latence est mesuré pour chaque réponse et le degré de précision des réponses est évalué[37].
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+
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+ Cette méthode consiste à demander au lecteur de réaliser les actions motrices décrites dans un texte. Par exemple, le lecteur pourrait devoir suivre le mode d'emploi pour réparer quelque chose. La rapidité de réalisation de la tâche, le respect de l'ordre des différentes étapes, le genre de manipulations effectuées et le nombre d'erreurs sont les variables qui sont considérées dans cette méthode[37].
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+ Lisa Marie Simpson dite « Lisa » est un personnage fictif de la série télévisée d'animation Les Simpson, enfant de la famille Simpson. Elle est doublée par Yeardley Smith dans la version originale, Aurélia Bruno dans la version française et Lisette Dufour dans la version québécoise. Lisa est apparue pour la première fois à la télévision ainsi que les autres membres de la famille dans le court métrage Good Night, le 19 avril 1987. Elle a été créée par le dessinateur Matt Groening, à qui il avait été fait appel pour lancer une série de courts métrages basée sur Life in Hell, mais celui-ci a décidé de créer un nouvel ensemble de personnages. Il a nommé Lisa Simpson d'après sa petite sœur, Lisa Groening. Après avoir fait l'objet de courts métrages durant trois ans, la famille Simpson a eu droit à sa propre série sur le réseau Fox dès le 17 décembre 1989.
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+ Âgée de huit ans, Lisa est l'enfant cadet de la famille Simpson, fille aînée de Marge et Homer, petite sœur de Bart et grande sœur de Maggie. Elle est extrêmement intelligente, joue du saxophone, est végétarienne depuis la saison sept, bouddhiste depuis la saison treize et soutient de nombreuses causes.
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+ En raison de sa coupe de cheveux pointue inhabituelle, plusieurs animateurs considèrent Lisa comme le personnage le plus difficile à dessiner. Dans les courts métrages du Tracey Ullman Show, Lisa était plus une version « fille » de Bart et était tout aussi espiègle, mais elle est finalement devenue plus émotive et raisonneuse.
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+ Le personnage de Lisa a reçu de nombreuses récompenses. Le TV Guide a classé Lisa et Bart onzièmes dans leur classement des 50 plus grands personnages de dessin animé. Yeardley Smith a remporté un Primetime Emmy Award pour son interprétation de Lisa en 1992. L'environnementalisme de Lisa a été bien accueilli ; plusieurs épisodes la mettant en avant ont décroché des récompenses. En 2000, Lisa et le reste de la famille Simpson ont reçu une étoile sur le Hollywood Walk of Fame.
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+ La série d'animation Les Simpson se place dans une chronologie dont on admet qu'elle se déroule durant l'année actuelle mais où les personnages ne vieillissent pas physiquement. Dans plusieurs épisodes, les événements sont liés à des périodes spécifiques mais la chronologie s'est ensuite parfois contredite[1]. L'année de naissance de Lisa est spécifiée dans Le Premier Mot de Lisa (saison 4, 1992) comme étant 1984, durant les Jeux olympiques d'été[2]. L'épisode Les Années 90 (saison 19, 2008) est entré en contradiction avec la plupart de l'histoire déjà établie ; par exemple, il a été révélé qu'Homer et Marge étaient un couple sans enfants dans le début des années 1990[3]. Lisa est âgée de plus ou moins huit ans[4].
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+ Lisa est passionnée de musique, comme en témoigne sa maîtrise du saxophone et sa relation avec le musicien fictif Gencives Sanglantes, qu'elle voit à la fois comme un ami et une idole. Il a été le seul capable de tirer Lisa de la dépression dans Ste Lisa Blues (saison 1, 1990)[5] et Lisa fut profondément attristée par sa mort dans Salut l'artiste (saison 6, 1995)[6]. Lisa a eu des relations avec plusieurs garçons, dont Nelson Muntz dans Le Gros Petit Ami de Lisa (saison 8, 1996)[7] et Colin dans Les Simpson, le film (2007)[8]. Milhouse Van Houten est aussi amoureux d'elle et s'est déclaré à plusieurs reprises, mais il n'a pas réussi à développer de relation avec elle[7], comme Ralph Wiggum durant un temps, dans J'aime Lisa (saison 4, 1993)[9].Dans quelques épisodes on peut voir que Lisa et Nelson ont encore des sentiments l'un pour l'autre.
14
+
15
+ Lisa est une passionnée de mathématiques ; dans Un jouet qui tue, elle est même forcée à écrire au tableau : « Je ne ferai pas de maths en classe »[10]. Dans Échec et math pour les filles, elle abandonne l'univers feutré de l'école de filles nouvellement créée et se déguise en garçon pour pouvoir continuer à faire des mathématiques à la rude école des garçons[11].
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17
+ Lisa est la plus intellectuelle des membres de la famille Simpson, et de nombreux épisodes de la série portent sur son combat pour des causes diverses. D'après l'ancien scénariste David S. Cohen, Lisa est généralement le personnage principal des épisodes qui ont « un réel but moral ou philosophique »[12].
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19
+ Matt Groening a conçu Lisa et le reste de la famille Simpson en 1986 dans l'entrée du bureau du producteur James L. Brooks. On avait fait appel à Groening pour lancer une série de courts métrages d'animation pour The Tracey Ullman Show, qui serait adaptée de son comic strip Life in Hell. Lorsqu'il a réalisé que l'animation de Life in Hell demanderait qu'il renonce à ses droits de publication, Groening a décidé d'aller dans une direction différente[13] et a rapidement esquissé une famille dysfonctionnelle, nommant les personnages d'après les membres de sa famille. Lisa a ainsi été nommée d'après la petite sœur de Matt Groening, Lisa Groening[14].
20
+
21
+ Lisa a fait ses débuts avec le reste de la famille Simpson le 19 avril 1987 dans Good Night, un court métrage du Tracey Ullman Show[15]. En 1989, les courts métrages ont été adaptés pour devenir Les Simpson, dont les épisodes, durant un peu moins d'une demi-heure, sont diffusés sur le réseau Fox Broadcasting Company. Lisa et les autres membres de la famille Simpson sont restés les personnages principaux de cette nouvelle série[16].
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23
+ Lisa, comme de nombreux personnages des Simpson, est jaune de peau. L'ensemble de la famille Simpson a été conçu de façon que chacun des personnages soit reconnaissable uniquement grâce à sa silhouette[17]. La famille a d'abord été dessinée grossièrement, car Groening avait envoyé des croquis basiques aux animateurs, supposant qu'ils les affineraient ; mais ils ont simplement retracé les croquis[13]. Les traits physiques de Lisa ne se retrouvent généralement pas chez les autres personnages ; par exemple, aucun autre personnage des épisodes récents n'a une chevelure semblable à celle de Lisa, à part Maggie[18]. Tandis qu'il créait Lisa, Groening « n'envisagea même pas de se prendre la tête à penser aux coupes de cheveux des filles »[19]. À l'époque, Groening dessinait en noir et blanc et quand il conçut Lisa et Maggie, il « leur donna simplement ce type de coiffure en étoile de mer, sans penser que les personnages pourraient finalement être en couleur »[20]. Pour dessiner la tête de Lisa et ses cheveux, la plupart des animateurs utilisent ce qu'ils appellent l'arrangement « trois - trois - deux » (three-three-two arrangement). Ils tracent une sphère avec des courbes dessus, une horizontale et une verticale, qui se coupent au milieu, à l'emplacement des yeux. Ils continuent la ligne verticale au-dessus de la tête pour dessiner une pointe de cheveux, puis deux autres pointes de manière qu'elles arrivent au niveau de la courbe horizontale. Ensuite, ils ajoutent trois pointes à l'avant de la tête (dans la direction où Lisa est tournée), puis deux à l'arrière[21]. Plusieurs animateurs qui ont travaillé sur la série, dont Pete Michels et David Silverman, considèrent Lisa comme le personnage le plus difficile à dessiner[22]. Silverman explique que c'est parce que « sa tête est très abstraite » en raison de sa coupe de cheveux[19].
24
+
25
+ La voix originale de Lisa est enregistrée par Yeardley Smith. Alors que les acteurs de Homer et Marge ont été retenus car ils faisaient déjà partie du Tracey Ullman Show[23], les producteurs ont décidé de tenir un casting pour les rôles de Bart et Lisa. Nancy Cartwright avait initialement auditionné pour le rôle de Lisa. Mais après être arrivée à l'audition, elle a trouvé que Lisa était trop décrite comme la « cadette » et qu'elle n'avait, à l'époque, que peu de personnalité[24]. Cartwright a donc préféré auditionner pour le personnage de Bart, dont elle pensait qu'il lui était plus adapté[25]. Elle a évoqué l'audition en disant « Lisa Simpson est le genre d'enfant que nous ne voulons pas seulement que nos enfants soient, mais aussi le genre d'enfant que nous voulons que tous les enfants soient. Mais, à l'époque du Tracey Ullman Show, elle était juste un personnage d'animation de huit ans qui n'avait pas de personnalité. »[24].
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27
+ Yeardley Smith avait initialement demandé le rôle de Bart, mais la directrice de casting Bonita Pietila trouvait sa voix trop aiguë. Smith a dit plus tard : « J'ai toujours énormément parlé comme une fille. J'ai lu deux lignes du rôle de Bart et ils ont dit « Merci d'être venue ! » » (I always sounded too much like a girl. I read two lines as Bart and they said, 'Thanks for coming!')[26],[27]. Smith a finalement reçu le rôle de Lisa, bien qu'elle ait failli le refuser[28]. Afin de pouvoir interpréter Lisa, Smith a rendu sa voix un peu plus aiguë[27]. Lisa est le seul personnage récurrent interprété par Smith, bien que dans certains des premiers épisodes, elle ait enregistré quelques bruits de Maggie et des voix occasionnelles[29]. Smith a interprété des personnages autres que Lisa à de très rares occasions, ces personnages étant souvent dérivés de Lisa, comme Lisa Bella dans Tais-toi et danse ! (saison 11, 2000) et Lisa Jr dans Missionnaire impossible (saison 11, 2000)[30].
28
+
29
+ Malgré la célébrité de Lisa, Smith est rarement reconnue en public. Smith a reçu un Primetime Emmy Award en 1992 mais a déclaré avoir l'impression de ne pas le mériter et a dit « c'est une partie de moi qui sent que ce n'est pas un vrai Emmy », car cet Emmy pour sa performance en voix-off était en fait un Creative Arts Emmy Award ; il n'a pas été décerné durant la retransmission télévisuelle et n'a pas été attribué par les votants réguliers des Emmys[28]. Smith a cependant dit « si j'ai à être associée avec un personnage de fiction, je serais très heureuse que ce soit Lisa Simpson »[28].
30
+
31
+ Jusqu'en 1998, Smith était payée 30 000 $US par épisode. Durant un conflit de paye en 1998, le réseau Fox a menacé de remplacer les six acteurs principaux par de nouveaux, allant même jusqu'à préparer un casting pour les nouvelles voix[31]. Cependant, le différend a été réglé et Smith a reçu 125 000 $US par épisode jusqu'en 2004 après quoi les acteurs ont demandé à être payés 360 000 $US par épisode[31]. Le problème a été résolu un mois plus tard[32] et Smith gagnait 250 000 $US par épisode[33]. Depuis les nouvelles négociations de salaires en 2008, les acteurs des voix originales reçoivent approximativement 400 000 $US par épisode[34].
32
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33
+ La voix française de Lisa est celle d'Aurélia Bruno, sœur de Béatrice Bruno, Fabrice Bruno et Christophe Bruno. Toutefois, Chantal Macé a pris le rôle durant quelques épisodes de la saison 7 en remplacement. L'actrice québécoise qui double Lisa est Lisette Dufour.
34
+
35
+ Dans les courts métrages du Tracey Ullman Show, Lisa était plus une version « féminine » de Bart et était aussi espiègle[35]. Au fur et à mesure de la progression de la série, Lisa a été développée comme un personnage plus intelligent et plus émotionnel. L'épisode Un clown à l'ombre (saison 1, 1990) est un des premiers épisodes à mettre en avant sa véritable intelligence[36]. Plusieurs épisodes où Lisa tient un rôle majeur ont un côté émotionnel, le premier étant Ste Lisa Blues (saison 1, 1990). L'idée de l'épisode avait été lancée par James L. Brooks, qui souhaitait un épisode émotionnel où Lisa était triste car il pensait que la série avait beaucoup d'épisodes qui possédaient un caractère comique très important[37].
36
+
37
+ L'épisode Lisa la végétarienne (saison 7, 1995) a vu Lisa devenir une végétarienne permanente, faisant d'elle l'un des premiers personnages de télévision à le devenir[38]. L'épisode a été écrit par David S. Cohen, qui a eu cette idée alors qu'il était en train de déjeuner. Le producteur délégué David Mirkin, qui était récemment devenu végétarien, a rapidement approuvé l'idée. Plusieurs ressentis de Lisa dans l'épisode sont basés sur ce que Mirkin a connu quand il est devenu végétarien. Paul McCartney, végétarien et militant pour les droits des animaux, fait une apparition en tant que guest star dans l'épisode. McCartney avait posé pour condition de son apparition que Lisa reste végétarienne pour le reste de la série et qu'elle ne change pas de point de vue la semaine d'après. Ce trait de caractère est donc resté et est l'un des seuls changements effectués sur un personnage important durant l'histoire de la série[39].
38
+
39
+ Lisa est très intelligente et se voit elle-même comme une marginale au sein de la famille Simpson en raison de son intelligence et de ses convictions libérales. Les connaissances de Lisa couvrent un large éventail de sujets, allant de l'astronomie à la médecine, et Lisa est nettement plus préoccupée par les affaires internationales que par la vie à Springfield[41]. Bien que son opposition aux normes sociales soit habituellement décrite comme constructive et héroïque, Lisa peut aussi être décrite comme excessive. Dans Lisa la végétarienne, son végétarisme l'amène à saboter le barbecue préparé par Homer, un acte qu'elle finit par regretter[42]. Dans Fou de foot, (saison 9, 1997), elle déclare triomphalement qu'elle, une fille, désire se joindre à l'équipe de football. Quand il est révélé qu'il existe déjà des filles dans l'équipe, elle exprime sa répugnance pour un sport qui utilise des balles en peau de porc, mais elle est informée que les ballons de football sont synthétiques et que les recettes sont données à Amnesty International. Ne trouvant plus ses mots, Lisa s'enfuit, en larmes[43].
40
+
41
+ Elle est souvent gênée et en opposition avec sa famille ; elle regrette les faibles capacités parentales et la bouffonnerie de son père, l'image stéréotypée et l'incapacité à reconnaître les problèmes sociaux de sa mère et la nature délinquante et peu raisonnée de son frère. Lisa est également préoccupée par le fait que Maggie pourrait grandir en devenant comme le reste de la famille et essaye parfois de lui enseigner des idées complexes. En fin de compte, elle est cependant très fidèle à sa famille, comme le montre clairement le flashforward présent dans l'épisode Le Mariage de Lisa, dans lequel elle renonce à sa relation amoureuse pour ne pas couper les liens avec sa famille[44]. Dans l'épisode La Mère d'Homer (saison 7, 1995), elle rencontre sa grand-mère paternelle Mona Simpson pour la première fois[45]. Mona sait également bien lire et s'exprimer clairement, les scénaristes ayant utilisé le personnage comme un moyen d'expliquer quelques-unes des énigmes de l'émission, comme l'origine de l'intelligence de Lisa[46].
42
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43
+ Dans L'Ennemi d'Homer (saison 8, 1997), il est mentionné que Lisa a un QI de 156[47] et dans Les Gros Q.I. (saison 10, 1999), elle devient membre de l'association Mensa[48]. Lorsqu'elle est incapable d'aller à l'école en raison d'une grève des enseignants dans Il faut Bart le fer tant qu'il est chaud (saison 6, 1995), elle est terriblement attristée, allant même jusqu'à demander désespérément à Marge de lui donner une note[49]. Lisa s'inquiète parfois que les habitudes ennuyeuses de sa famille déteignent sur elle, et dans La Malédiction des Simpson elle croit que le « gène Simpson » va commencer à la faire devenir moins intelligente. Il est plus tard révélé que le gène est situé sur le chromosome Y et que donc seuls les hommes sont touchés[50]. Lisa a aussi une haute intégrité, comme elle l'a montré quand elle a triché à un contrôle sur le roman Le Vent dans les saules pour atteindre sa plus haute note, A+++, mais en avouant finalement avoir triché au principal Skinner et se mettant elle-même un F[51]. En dépit de sa haute intelligence, Lisa a des problèmes d'enfance typiques, qui nécessitent parfois l'intervention des adultes. Par exemple, dans Le Bus fatal, elle demande à Homer de pouvoir prendre le bus toute seule, mais finit par se perdre[52].
44
+
45
+ Les convictions politiques de Lisa tendent généralement vers le social-libéralisme. Elle est végétarienne, féministe, environnementaliste et soutient le mouvement d'indépendance tibétain[53]. Bien qu'elle soit toujours en faveur de l'église chrétienne, dans laquelle elle a été élevée, Lisa est devenue une bouddhiste pratiquante après sa décision de suivre le Noble sentier octuple[54]. Lisa a déjà utilisé des méthodes extrêmes pour exposer son point de vue, comme en jetant de la peinture sur Krusty le clown car il portait un manteau de fourrure[55]. Son film préféré est La Petite Sirène[56].
46
+
47
+ L'environnementalisme de Lisa a été bien accueilli. Lisa a reçu une récompense spéciale du conseil d'administration pour son « engagement continu » aux Environmental Media Awards[57]. L'épisode Lisa la végétarienne a remporté un Environmental Media Award pour le « meilleur épisode de comédie à la télévision »[58] et un Genesis Award pour la « meilleure série de comédie à la télévision avec un engagement continu »[59]. Plusieurs autres épisodes où Lisa prend position pour les droits des animaux ont gagné des Genesis Awards, dont Le Jour de la raclée en 1994[60],[61], Mon pote l'éléphant en 1995[62],[63],[64] et Million Dollar Papy en 2007[65]. En 2004, PETA, une association militant pour les droits des animaux, a inclus Lisa sur sa liste des « personnages de télévision les plus favorables aux animaux de tous les temps »[38].
48
+
49
+ Lisa s'est aussi classée onzième, avec Bart, dans le classement du TV Guide des 50 plus grands personnages de dessin animé[66]. Yeardley Smith a remporté plusieurs récompenses pour son doublage de Lisa, dont un Primetime Emmy Award pour son excellente performance de voix-off en 1992 dans l'épisode L'Enfer du jeu[67]. Divers épisodes où Lisa joue un rôle majeur ont décroché des Emmy Awards dans la catégorie « meilleur programme animé », dont Tu ne déroberas point en 1991, Le Mariage de Lisa en 1995 et Le Cerveau en 2001[67]. En 2000, Lisa et le reste de la famille Simpson ont reçu une étoile sur le Walk of Fame d'Hollywood[68].
50
+
51
+ Au Japon, pour pallier l'apparente impopularité de la série, Lisa est devenue un personnage souvent mis en avant dans les publicités pour la série. Les causes que défend Lisa de manière bien intentionnée mais en échouant la plupart du temps ont frappé une corde sensible chez les Japonais[69].
52
+
53
+ Lisa est représentée sur de nombreuses publications, jouets et autres produits dérivés des Simpson. The Lisa Book, un livre portant sur la personnalité de Lisa, est sorti en 2006[70]. On peut citer comme autres produits dérivés des poupées, des posters, des figurines, des mugs et des vêtements comme des chaussons, des caleçons, des casquettes de baseball et des tee-shirts[71]. Lisa est également apparue sur des publicités pour des marques telles que Burger King, Butterfinger, Ramada Inn ou C.C. Lemon.
54
+
55
+ Lisa est apparue sur d'autres médias en relation avec Les Simpson. Elle fait partie de chacun des jeux vidéo des Simpson, dont Les Simpson, le jeu[72]. Parallèlement à la série télévisée, Lisa apparaît régulièrement dans les numéros des Simpsons Comics, qui ont été publiés pour la première fois le 29 novembre 1993 et qui sont encore publiés mensuellement[73],[74]. Lisa est aussi présente dans The Simpsons Ride, lancé en 2008 à Universal Studios Florida et Universal Studios Hollywood[75].
56
+
57
+ Le 9 avril 2009, le United States Postal Service a révélé une série de cinq timbres de 44 cents mettant en vedette Lisa et les quatre autres membres de la famille pour célébrer le vingtième anniversaire de la série. Ils sont les premiers personnages de télévision à recevoir cet honneur alors que la série est encore en production[76]. Les timbres, dessinés par Matt Groening, ont été rendus disponibles à l'achat le 7 mai 2009[77],[78].
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Lisbonne (en portugais : Lisboa /liʒˈboɐ/[2] Écouter) est la capitale et la plus grande ville du Portugal. Considérée comme une « ville mondiale » selon le classement 2010 du Réseau d’étude sur la mondialisation et les villes mondiales (GaWC)[3] comme Taipei, Miami, Varsovie ou Munich, Lisbonne est également le chef-lieu du district de Lisbonne, du Grand Lisbonne et de la zone métropolitaine de Lisbonne. Ses habitants sont habituellement appelés Lisboètes (du portugais lisboeta), mais on rencontre aussi les termes Lisbonnin et Lisbonnais.
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+ D'après le recensement de 2020, la municipalité compterait une population de 837 890 habitants[4], répartie sur une surface de 83,7 km2. L'agglomération de Lisbonne (Grand Lisbonne) compte une population légèrement supérieure à 2,190 millions d'habitants (NUTS III), ce qui en fait la 15e agglomération européenne en importance. Son aire urbaine (Région de Lisbonne) compte quant à elle 2 987 876 habitants (NUTS II), représentant 30,7 % de la population portugaise. C'est la ville la plus riche du Portugal, avec un PIB par habitant supérieur au PIB moyen de l'Union européenne.
6
+
7
+ Située à l'embouchure du Tage (Tejo en portugais) la municipalité est divisée en 24 freguesias (paroisses civiles ou arrondissements). Elle est limitée par les communes de Odivelas et Loures au nord, Oeiras à l'ouest, Amadora au nord-ouest et l'estuaire du Tage (la mer de Paille) au sud-est, au travers duquel, la ville est au contact des municipalités de la rive sud : Almada, Seixal, Barreiro, Moita, Montijo et Alcochete.
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9
+ Deux agences européennes ont leur siège à Lisbonne : l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et l'Agence européenne pour la sécurité maritime, toutes les deux situées au bord du fleuve. L'organisation de la Communauté des pays de langue portugaise a également ses bureaux dans la capitale portugaise.
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11
+ D'après Samuel Bochart, le nom antique de Lisbonne (Olisipo en latin, Ολισσιπόνα / Olissipona en grec) est une désignation pré-romaine qui remonterait aux Phéniciens[5] et dériverait du phénicien Allis Ubbo (« baie agréable »[6] ou « port sûr »[5]), une allusion à son magnifique port dans l'estuaire du Tage[7]. Cependant, il n’existe aucune source corroborant cette théorie. Olisipo est attesté par Ptolémée sous la forme grecque Όλιος Ίππων, c'est-à-dire « qui fait périr les chevaux », car selon la tradition grecque, il s'agit de l'endroit d'extrême occident où chaque soir les chevaux du soleil s'abîmaient dans l'océan[6].
12
+
13
+ Une autre théorie fait d’Olisipo un nom d'origine tartessienne, le suffixe ipo étant fréquemment utilisé dans la région d'influence de cette langue[8]. Le préfixe Oli(s) a été également utilisé dans le nom d’une autre ville de Lusitanie, de localisation inconnue, que Pomponius Mela mentionnait comme Olitingi[9].
14
+
15
+ La ville était nommée Ulishbona par les Wisigoths ; les Maures, qui ont conquis la ville lors de l’invasion de la péninsule Ibérique en 719, l'ont nommée, en arabe, اليكسبونا (al-Lixbûnâ) ou لشبونة (al-Ushbuna)[5].
16
+
17
+ Lisbonne est la capitale la plus occidentale d'Europe continentale[10]. Elle est située entre l'océan Atlantique à l'ouest et la mer de Paille à l'est (communiquant entre eux par un détroit) dans laquelle se jette le Tage[10]. La ville occupe un territoire de 84,7 km2. Elle est située à 177 km au sud-sud-ouest de Coimbra, à 189 km au nord-nord-ouest de Faro, à 274 km au sud de Porto et à 502 km à l'ouest-sud-ouest de Madrid, la capitale espagnole.
18
+
19
+ Les limites de la commune, contrairement à ce qui se produit généralement dans les grandes villes, correspondent au périmètre de la ville ancienne. Ceci a entraîné la création de plusieurs communes autour de Lisbonne, comme Loures, Odivelas, Amadora et Oeiras, qui font partie de son agglomération.
20
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21
+ Le centre historique de la ville est composé de sept collines (São Jorge, Estrela, Santa Catarina, São Pedro de Alcantra, Graça, Senhora do Monte et Penha de França) dont certaines sont dotées de rues trop pentues pour permettre la circulation automobile. En conséquence de ce relief accidenté, la ville compte un célèbre ascenseur, inauguré en 1902[11], ainsi que trois funiculaires.
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+
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+ La partie occidentale de la ville est occupée par le parc forestier de Monsanto, un des parcs urbains les plus grands d’Europe avec une surface approchant les 10 km2.
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25
+ Lisbonne est située sur la rive droite de l'estuaire du Tage. Deux ponts relient la ville à la rive sud : le pont du 25 avril (anciennement pont Salazar) et le pont Vasco-de-Gama.
26
+
27
+ Au cours des siècles, l’estuaire s'est rétréci progressivement, libérant des terrains qui ont été urbanisés.
28
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29
+ La municipalité de Lisbonne est divisée en 53 freguesias (arrondissements disposant d'un conseil élu), qui composent quatre quartiers fiscaux. Chaque freguesia est gouvernée par une Junta de freguesia, un exécutif élu par les membres de l'Assemblée de la freguesia, elle-même élue directement par les citoyens recensés sur son territoire[réf. souhaitée].
30
+
31
+ Une 54e freguesia, nommée Freguesia do Oriente, devrait être créée à l'emplacement du Parque das Nações[12]. Au-delà des divisions administratives, Lisbonne est également divisée en quartiers historiques aux limites imprécises tels que Amoreiras, Bairro Alto, Bica, Alfama, Mouraria, Avenidas Novas, Intendente, Chelas ou Lapa, noms qui sont cependant couramment employés par les Lisboètes ainsi que dans le tourisme.
32
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33
+ En fin d'année 2010, la municipalité de Lisbonne propose de fusionner plusieurs freguesias de Lisbonne pour réduire le nombre à 27 arrondissements, avec la réorganisation des centres historiques[13],[14].
34
+
35
+ La ville de Lisbonne bénéficie d'un climat méditerranéen. Les étés sont chauds sans chaleur excessive grâce à l'influence océanique de l'océan Atlantique. Les précipitations atteignent en moyenne 6,1 mm en juillet et 6,8 mm en août[15] ; l’ensoleillement à cette période est très fort. Les hivers sont doux et humides, la température moyenne en cette saison est de 16,7 °C, et passe rarement en dessous des 5 °C. L'ensoleillement dure de 2 900 à 3 300 heures en moyenne par an[16].
36
+
37
+ Si les précipitations annuelles atteignent environ 800 mm par an, on ne compte qu'une centaine de jours de pluie par an, pour la plupart entre octobre et avril[16]. Proche de l'océan Atlantique, il était dit que le climat de Lisbonne était le meilleur et le plus tempéré de toute la péninsule Ibérique, avec peu de jours d'intense chaleur et peu de jours de gel[17].
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39
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41
+ La ville de Lisbonne regroupe plusieurs espaces verts, de taille variée. Elle a vu naître le premier jardin botanique portugais : le jardin botanique d'Ajuda. La ville possède aussi le grand parc forestier de Monsanto, d'une superficie de 900 hectares[19] sur sept freguesias (Benfica, São Domingos de Benfica, Campolide, Santa Maria de Belém, São Francisco Xavier, Ajuda et Alcântara).
42
+
43
+ Certains des jardins de la ville sont en cours de restauration. Quant à la qualité de l'air, la ville présente un niveau moyen de pollution atmosphérique, mais avec des niveaux d'exposition élevés aux particules en suspension (PM10) dans les grands axes routiers, réduisant l’espérance de vie des Lisboètes d’environ six mois[20]. La pollution atmosphérique est plus élevée près des principales voies routières.
44
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45
+ Vue partielle du jardin botanique d'Ajuda.
46
+
47
+ Parque Eduardo VII.
48
+
49
+ Parc forestier du Monsanto.
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+
51
+ Le jardin Vasco de Gama, à Belém.
52
+
53
+ Jusqu'aux années 1960, la première préoccupation sanitaire de la ville était la pollution industrielle, avec des niveaux élevés de soufre et de particules. En janvier 1993, la ville a atteint un niveau de pollution atmosphérique très élevé aggravé par les conditions atmosphériques. Depuis quelques années, la qualité de l'air à Lisbonne s'est améliorée[21].
54
+
55
+ La ville est aussi menacée par la montée des eaux. Les plages de Lisbonne disparaissent, le sable est enlevé par les vagues, il est prévu une augmentation du niveau de la mer d'un mètre et dix centimètres[22].
56
+
57
+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
58
+
59
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
60
+
61
+ Durant le Néolithique, la région est habitée par une branche de la population indo-européenne appelée pré-ibère. Comme ailleurs en Europe atlantique, cette population construit des monuments religieux tels que des mégalithes, des dolmens et des menhirs, encore visibles aujourd'hui aux alentours de la ville. Certains peuples celtes entrent en contact avec les pré-ibères et s’établissent dans la région plus de mille ans avant notre ère, aboutissant ainsi à l'apparition de tribus de langue celte comme les Conii et les Cempsi.
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63
+ Pendant les Guerres puniques, après la mort d'Hannibal Barca (dont les troupes comprennent des Conii), les Romains décidèrent de priver Carthage de sa possession la plus précieuse : l'Hispanie, nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Après la défaite carthaginoise face à Scipion l’Africain en Hispanie orientale, la pacification de l'ouest est menée à bien par le consul Decimus Junius Brutus Callaicus.
64
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65
+ Il signa un accord avec Olissipo, ancien nom de Lisbonne, pour que celle-ci envoie ses habitants combattre avec les légions romaines contre les tribus celtibères du nord-ouest. En retour, Olissipo est intégrée à l'Empire sous le nom de Felicitas Julia, devenant un municipe de droit romain. L'autonomie politique lui est accordée sur un territoire de 50 km autour de la cité ; les habitants sont exemptés d'impôt et obtiennent la citoyenneté romaine. La ville fait alors partie de la province de Lusitanie dont la capitale est Emerita Augusta (aujourd'hui Mérida). Les attaques des Lusitaniens contre la ville pendant les fréquentes rébellions rendent nécessaire l’érection d'une muraille.
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+ Sous le règne de l'empereur Auguste, les Romains y construisent plusieurs édifices : un grand théâtre, des thermes, situés dans l'actuelle rua da Prata, les temples de Jupiter, de Cybèle et de Téthys, des temples en l'honneur de l'empereur, une grande nécropole sous l'actuelle place de Figueira, un forum et d'autres bâtiments comme les insulae, une zone de logements située entre l'actuelle colline du château et le centre de la ville. Beaucoup de ces ruines sont mises au jour vers le milieu du XVIIIe siècle, avec la mode de l’archéologie née de la découverte de Pompéi.
68
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69
+ Olissipo était connue pour son garum, exporté dans des amphores jusqu'à Rome. Le vin, le sel et ses chevaux réputés sont les principaux produits d'exportation de la ville. Elle prospère avec la disparition de la piraterie et les progrès techniques qui permettent l’expansion du commerce avec les nouvelles provinces romaines de Bretagne et de la région du Rhin, ainsi qu’avec les populations de la vallée du Tage. La cité est régie par une oligarchie dominée par deux familles, les Julii et les Cassii.
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+ Le plus célèbre Romain ayant résidé à Lisbonne est Sertorius, ancien partisan de Marius et en lutte contre le dictateur Sylla. La majorité des habitants parle le latin, avec des minorités de commerçants grecs et d'esclaves. La ville est reliée par la route à deux autres villes, Bracara Augusta (aujourd'hui Braga) et Emerita Augusta, (aujourd'hui Mérida).
72
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73
+ Lisbonne est prise par les Maures vers 719[23] et est rebaptisée al-ʾIšbūnah, الأشبونة en arabe, sous le gouvernement desquels la ville prospère. Les Maures, qui étaient des musulmans du nord de l'Afrique et du Proche-Orient, construisent plusieurs mosquées, des habitations et les murailles de la ville, actuellement appelées Cerca Moura[24]. La ville abrite une population mélangée de chrétiens, de berbères, d’arabes, de juifs et de saqālibas.
74
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75
+ L'arabe est imposé comme langue officielle. Le mozarabe reste parlé par la population chrétienne. L'islam est la religion officielle, pratiquée par les Maures et les muladís, alors que chrétiens et juifs peuvent pratiquer leur religion, en qualité de dhimmis, à condition d’acquitter la djizîa, impôt auquel la population musulmane n'est pas soumise.
76
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77
+ Le nom de l'Alfama, le quartier le plus ancien de Lisbonne, dérive de l'arabe al-hamma.
78
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79
+ En 844, Lisbonne est assiégée par les Vikings. La ville, bien protégée, aurait résisté aux assaillants, mais en 858, de nouveau attaquée par les pirates scandinaves, elle est prise et pillée par le chef viking Hasting[25]. En 966, vingt-huit navires vikings attaqueront une nouvelle fois Lisbonne, sans succès[26].
80
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81
+ Pendant la période dite des taïfas, Lisbonne appartient à la taïfa de Badajoz, et est dirigée par Sabur al-Saqlabi.
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83
+ En 1147, pendant la Reconquista, un groupe de chevaliers français, anglais, allemands, et portugais, conduits par Alphonse Ier, assiègent et prennent Lisbonne. La reconquête du Portugal et le rétablissement du christianisme forment un des événements les plus significatifs de l'histoire lisboète.
84
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85
+ L'arabe ayant perdu son statut de langue officielle cesse peu à peu d'être utilisé dans la vie quotidienne. La population musulmane est expulsée, tandis que les mosquées sont transformées en églises. Seul le quartier de la Mouraria, qui tire son nom des Maures, conserve une population musulmane jusqu’au XVIe siècle[27].
86
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+ Lisbonne reçoit son premier for, statut juridique de protection royale (en portugais aforamento) en 1179. Elle devient la capitale du Portugal en 1255, remplaçant Coimbra grâce à sa situation centrale sur le territoire portugais. Pendant les derniers siècles du Moyen Âge, la ville connaît un fort développement et devient un centre économique important.
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+ En 1290, Denis Ier fonde une école universitaire appelée Estudo Geral (Étude Générale), devenue l’université de Coimbra, transférée à plusieurs reprises dans cette dernière ville pour s'y fixer de manière définitive au XVIe siècle.
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91
+ Les expéditions maritimes portugaises des Grandes Découvertes partirent pour la plupart de Lisbonne entre le XVe et le XVIIe siècle, y compris l'expédition de Vasco de Gama vers les Indes, en 1497. Le XVIe siècle est l’âge d'or de Lisbonne. La ville s'impose comme centre du commerce européen avec l'Extrême-Orient, tout en recevant l’or du Brésil. Les Portugais se révèlent maîtres dans l'art de la navigation et de la cartographie, activité importante de Lisbonne (six ateliers employant dix-huit personnes en 1552)[28].
92
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93
+ Après l'intégration du Portugal à la Couronne de Philippe II d'Espagne en 1580, il est envisagé d'installer la cour royale à Lisbonne, mais c'est finalement à Madrid que se fixe la capitale. Les principaux troubles de la restauration de 1640, qui aboutissent à l'indépendance du Portugal, sont observés à Lisbonne. Le 26 janvier 1531, la ville subit un violent séisme qui fait des milliers de victimes. Au début du XVIIIe siècle, pendant le règne de Jean V, la ville se dote d'une infrastructure remarquable pour l'époque, l'aqueduc des Eaux libres.
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+ Le 1er novembre 1755, Lisbonne est détruite par un tremblement de terre, suivi d'un raz-de-marée et d'incendies, qui tuent entre 60 000 et 90 000 habitants et détruisent 85 % de la ville. Voltaire écrit le Poème sur le désastre de Lisbonne après cette catastrophe et mentionne le séisme dans son roman Candide, en 1759[29] ; sa critique de l'optimisme pourrait avoir été inspirée par cet événement[réf. souhaitée].
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+ Après le séisme de 1755, la ville est reconstruite selon les plans du marquis de Pombal, d'où le nom de Baixa Pombalina donné au centre de la ville. Au lieu de reconstruire la cité médiévale, le marquis de Pombal décide de détruire ce qui a résisté au séisme et de rebâtir la ville selon les principes de l'urbanisme de l'époque. Le quadrillage adopté sur les plans de reconstruction permit de concevoir les places de Rossio et de Terreiro do Paço, cette dernière avec une très belle arcade ouverte sur le Tage.
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+ Au début du XIXe siècle, le Portugal est envahi par les troupes françaises de Napoléon Ier, obligeant le roi Jean VI à s'enfuir dans la colonie du Brésil[30]. Lisbonne souffre particulièrement de cette invasion au cours de laquelle de nombreuses propriétés sont pillées par les Français. Durant la guerre civile portugaise, de 1828 à 1834, la ville vit intensément les luttes libérales et l’ouverture des premiers cafés et théâtres. En 1879 est créée l’Avenida da Liberdade qui permet à la métropole portugaise de s’étendre au-delà de la Baixa.
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+ Le 1er février 1908, la Praça do Comércio est la scène d'un régicide: deux membres de la famille royale sont tués, le roi Charles Ier et son fils et héritier Louis-Philippe de Bragance, auxquels s'ajoute un blessé, Manuel de Bragance qui devient par la suite roi de Portugal[31]. En 1909, les ouvriers de Lisbonne organisent de grandes grèves. En 1910, les Lisbonnais se soulèvent contre la monarchie, la population forme des barricades dans les rues et distribue des armes. Le reste du pays suit la révolte, bien que le pays reste profondément agricole, catholique et conservateur. Le 5 octobre est proclamée la première République Portugaise[32].
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lisbonne est un des rares ports neutres de l'Europe atlantique et la ville devient une porte de sortie pour les réfugiés vers les États-Unis ainsi qu'un nid d'espions. En 1940, la ville est choisie par l'Estado Novo pour recevoir l'Exposition du Monde Portugais, du 23 mai au 2 juin 1940[33].
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+ C'est à Lisbonne qu’est déclenchée, en 1974, la Révolution des œillets qui met fin au régime dictatorial de Salazar, instauré en 1928. En 1985 est signé le Traité d'Adhésion à la Communauté économique européenne, dans le monastère dos Jeronimos. Le 25 août 1988, un violent incendie ravage le centre historique de Lisbonne, plus exactement le quartier du Chiado, fait 72 blessés et bouleverse la vie quotidienne et économique dans ce secteur pendant dix années[34]. Lisbonne est Capitale européenne de la culture en 1994[35].
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+ L'Expo '98 coïncide avec la célébration du 500e anniversaire du voyage sur la Route des Indes de Vasco de Gama. Cet événement est l’occasion d'une restructuration profonde de la ville, avec la suppression d'une friche industrielle pour laisser la place à l'exposition internationale.
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+ Du 28 décembre 2004 au 1er janvier 2005, Lisbonne accueille la 27e rencontre annuelle de la communauté de Taizé, un événement qui a rassemblé 40 000 jeunes[36].
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+ La stratégie de Lisbonne est un accord de l'Union européenne sur des mesures de revitalisation de l'économie de l'Union, signée à Lisbonne en mars 2000. En octobre 2007, la capitale accueille, dans le monastère des Hiéronymites, le sommet 2007 de l'Union européenne, où est conclu un accord concernant un nouveau modèle de gouvernement de l'union. Le traité de Lisbonne est signé le 13 décembre 2007 et entre en vigueur le 1er décembre 2009[37].
112
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113
+ Le 3 novembre 2005, Lisbonne accueille, dans le Pavilhão Atlântico, les récompenses européennes de musique de MTV[38]. La ville est deux fois, en 2006 et 2007, le point de départ du rallye Dakar et l'épreuve de 2008 doit avoir pour départ Lisbonne une fois de plus, mais à la suite de l'annulation du rallye, aucune compétition n'a lieu. Le festival Rock in Rio choisit la capitale portugaise pour accueillir les éditions 2004, 2006, 2008 et 2010, d'autres éditions étant prévues à Lisbonne bien que l'édition de 2011 ait lieu à Rio de Janeiro.
114
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+ Le 7 juillet 2007, la capitale est le lieu du dévoilement des Sept nouvelles merveilles du monde[39], dans le Estádio da Luz ; l'événement est diffusé dans le monde entier avec des millions de téléspectateurs. Au même moment, sont dévoilées les Sept merveilles du Portugal[40].
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+ Selon l’INE, la population de la ville de Lisbonne était en 2011 de 545 245 habitants pour une superficie de 8 470 hectares, soit une densité de 5 723 habitants par km². En 2011, le Grand Lisbonne défini par l'INE ne comprenait que 9 communes et totalisait 2 244 984 habitants. L'évolution de la population de la capitale est caractérisée par diverses variations au cours de son histoire. Aujourd'hui l'agglomération compte 2,8 millions d'habitants et Lisbonne se rapproche de plus en plus du millions grâce aux prix de l'immobilier qui a fortement baissé et a attiré de nombreux étrangers à vivre dans la capitale. Ces étrangers sont pour la plupart français, anglais et américains.
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+ De 900 jusqu'en 1981, la population de la ville a progressivement augmenté et atteint son apogée avec 807 937 habitants. Depuis 1981, la population de la capitale est en baisse constante, et a été quasiment divisée par deux, pour arriver à une population de 484 723 habitants en 2009. En 2011 cependant, la courbe s'inverse pour atteindre une population de 547 733 habitants. Depuis 2011 la population de Lisbonne augmente fortement, en 2011 la population de l'agglomération était de 2 millions d'habitants, en 2013 elle est devenue supérieure à 2,8 millions d'habitants. La ville de Lisbonne devrait donc atteindre le millions d'habitants début 2014.
120
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121
+ Le taux de natalité de la municipalité était de 12,8 % en 2009[41], alors que le taux de mortalité était plus élevé durant la même année (15,1 %). Le taux de nuptialité, en 2009, était de 6,2 % et avec un taux de divorce, en 2008, de 2,6 %. Le taux de fécondité de la municipalité était de 58,9 % en 2009[42]. Toujours en 2009, selon l'INE, 35,6 % des mariages réalisés à Lisbonne sont de confession catholique[43].
122
+
123
+ La spéculation immobilière a détruit, durant les dernières années, des milliers de bâtiments de style ancien, mais non classés dans la liste de l'Institut portugais du Patrimoine Architectural, pour satisfaire la recherche croissante d'habitations modernes. Exemple de ce phénomène, la maison d'Almeida Garrett fut démolie en août 2006[44].
124
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125
+ La municipalité de Lisbonne se caractérise par une forte concentration de population âgée ainsi que la présence nettement supérieure d’habitants de vingt-cinq à soixante-quatre ans. Il est remarqué le même phénomène dans le Grand Lisbonne, un déficit de résidents de moins de vingt-quatre ans. La population de Lisbonne reflète le vieillissement de la population portugaise.
126
+
127
+ En trente ans, la capitale a perdu près de 300 000 habitants. Le centre de Lisbonne compte plus de 4 000 immeubles désaffectés. Dans la plupart des cas est en cause l'impossibilité pour les propriétaires de rénover les bâtiments en raison de la réforme de Salazar datant des années 1950, qui maintient les loyers très bas[46]. Entre le moment de l'annonce de sa revitalisation au début de 2009 et le 11 octobre de la même année, le quartier de la Baixa, qui avait été reconstruit après le tremblement de terre de 1755, n'avait connu que soixante-dix permis de rénovations[47].
128
+
129
+ Selon une estimation de la municipalité, 700 millions d'euros sont nécessaires d'ici 2020 pour rénover et redonner vie au quartier de la Baixa qui est particulièrement dégradé. En 1988, la ville est touchée par un grand incendie qui détruit une partie du quartier historique du Chiado, dont la reconstruction est actuellement terminée, permettant la réhabilitation du quartier. Grâce au titre de capitale européenne de la culture en 1994, les quartiers de l'Alfama et de Mouraria ont connu l'assainissement de plusieurs logements insalubres et ainsi que la rénovation de nombreux palais et musées[48]
130
+
131
+ Ruelle du centre-ville lisboète.
132
+
133
+ L'Alfama
134
+
135
+ Ruelle du quartier de la Mouraria
136
+
137
+ Vue sur Lisbonne
138
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139
+ Vue du Miradouro de São Pedro de Alcântara
140
+
141
+ Jusqu'au milieu des années 1970, le Portugal comptait peu d'étrangers[49]. La croissance de la population étrangère est régulière à partir de 1975 ; elle se concentre essentiellement dans la région de Lisbonne[50].
142
+
143
+ Durant la période 1940-1973, le Portugal n'est une terre d'immigration qu'en 1943, du fait de sa neutralité pendant la Seconde Guerre mondiale. Le solde migratoire redevient ensuite négatif jusqu'à la révolution de 1974, ce qui entraîne une baisse de la population entre 1964 et 1973[51]. Le pays est devenu attractif à l'entrée dans la Communauté européenne en 1986, et se situe au 3e rang des pays européens, avec 2,2 % d'immigrés[50]. Il y a une importante population originaire d'Europe de l'Est, employée dans le secteur du bâtiment[52]. Les Ukrainiens constituent la principale communauté étrangère[50]. Ils sont arrivés en deux vagues : la première avant l’exposition universelle de 1998, la deuxième avant l’Euro 2004 de football. Leur présence a poussé une banque ukrainienne, la PrivatBank, à s'implanter à Lisbonne[53],[54].
144
+
145
+ Lisbonne est aussi l'une des villes européennes les plus africaines[55]. Lisbonne et sa banlieue possèdent de nombreux immigrants africains. La communauté brésilienne est plus concentrée dans la capitale.
146
+
147
+ Camâra Municipal
148
+
149
+ Assemblée de la République
150
+
151
+ Lisbonne est la capitale du Portugal depuis 1255[57]. Avant que Lisbonne soit la capitale du Royaume de Portugal, c'est la ville de Coimbra qui porte pour la première fois le titre de capitale du royaume[58]. Pendant la période de l'Union ibérique, Philippe II d'Espagne et son fils Philippe III proposent même de déplacer la capitale royale espagnole, Madrid, pour nommer Lisbonne capitale du Royaume d'Espagne[59], mais Valladolid est nommée capitale.
152
+
153
+ En 1755, lors du tremblement de terre de Lisbonne, alors que la famille royale a quitté Lisbonne, le secrétaire d'État portugais décide de faire ramener l'ordre, assainir la ville, conserver les habitants sur place et raser une grande partie de Lisbonne. Il entreprend la reconstruction du quartier de la Baixa avec les normes parasismiques. Il entreprend également la construction de façades en Azulejos pour protéger les immeubles des incendies.
154
+
155
+ En 1807, en raison de l'invasion du Portugal par les troupes de Napoléon, la famille royale portugaise (composée de la reine Marie I, du prince Jean et leur fils Pierre) et la plupart des nobles de Lisbonne fuient au Brésil et s'installent à Rio de Janeiro.
156
+
157
+ La capitale du royaume portugais est donc transférée de Lisbonne à Rio de Janeiro, qui devient ainsi, dans toute l'histoire, l'unique capitale européenne située à l'extérieur du continent. Rio de Janeiro est capitale du Portugal de 1808 jusqu'en 1821, année où Lisbonne redevient capitale[60].
158
+
159
+ C'est à Lisbonne que se localisent les principaux points politiques du pays (l'Assemblée de la République, les ministères, les tribunaux et autres)[61]. Mais la capitale portugaise est aussi le siège de deux agences européennes, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies[62] et l'Agence européenne pour la sécurité maritime[63].
160
+
161
+ La municipalité de Lisbonne est administrée par une Câmara Municipal composée de 17 conseillers municipaux. Il existe une assemblée municipale qui est l'organe législatif de la municipalité, constituée par 107 députés.
162
+
163
+ Le maire de Lisbonne est le socialiste Fernando Medina, depuis le 6 avril 2015.
164
+
165
+ La capitale portugaise a mis en place des jumelages, des pactes de coopération et d'amitié avec plusieurs villes dans le monde[64].
166
+
167
+ Lisbonne est la ville la plus riche du Portugal avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne européenne[69]. Le Port de Lisbonne est le port le plus actif de la côte atlantique européenne[69]. Il est équipé de trois quais pour les bateaux de croisière : Alcântara, Rocha Comte Obidos et Santa Apolónia. D'autre part, la ville a plusieurs ports secondaires, comme à Belém, Santo Amaro, Bom Sucesso, Alcântara et Olivais[69].
168
+
169
+ De plus, la capitale portugaise comporte la 35e rue commerçante la plus chère au niveau mondial[70] : il s'agit de l'Avenida da Liberdade, la principale artère de Lisbonne. Lisbonne, par son statut de capitale du Portugal, a une économie fondée sur les services. La majorité des sièges des multinationales représentées dans le pays sont situés à Lisbonne[69].
170
+
171
+ Le secteur métropolitain de Lisbonne est hautement industrialisé, spécialement dans les secteurs du raffinage de pétrole, l'industrie textile, les chantiers navals, la sidérurgie et la pêche[71].
172
+
173
+ Lisbonne et son aire métropolitaine accueille 30 % des hébergements touristiques du pays, dont 72 % venant de l'étranger. La région accueille 27,6 % des touristes allemands au Portugal, 50,6 % des touristes brésiliens, 29,1 % des touristes espagnols, 54 % des touristes américains, 36,9 % des touristes français, 16,4 % des touristes britanniques (qui lui préfèrent l'Algarve)[72].
174
+
175
+ Pour la décennie de 2010, Lisbonne prépare de nombreux investissements, y compris la construction d'un nouvel aéroport[73], un nouveau pont sur le Tage, la construction d'un hôpital central, la restauration de la partie principale de la ville (entre Marquês de Pombal et le Terreiro de Paço), la création de nouvelles pistes cyclables et d'autres. Après l'abandon de la ligne de LGV entre Madrid et Lisbonne[74], on privilégie désormais deux lignes de fret ferroviaire à partir des ports de Sines (sud) et Aveiro (centre) vers l'Espagne et le réseau trans-européen pour favoriser les exportations portugaises[75].
176
+
177
+ Aire commerciale de Oriente
178
+
179
+ Centre commercial du parc des nations
180
+
181
+ Vue de Lisbonne depuis le Parc des nations
182
+
183
+ Depuis fin 2018, Lisbonne est la ville européenne qui compte le plus de résidences Airbnb par habitant. Cette libéralisation du marché locatif a cependant conduit à une augmentation du nombre d'expulsions. Des bâtiments historiques, tels que le palais Santa Helena, ont été vendus à des groupes privés afin d'être transformés en appartements de luxe[76].
184
+
185
+ La politique de la municipalité social-démocrate en matière d'urbanisme a été contestée par d'autres partis de gauche, comme le Parti communiste portugais selon lequel celle-ci a conduit « une stratégie d'aménagement urbain néolibérale dont le seul objectif est de faire de Lisbonne un terreau favorable pour les investissements financiers »[76].
186
+
187
+ La ville comporte plusieurs écoles secondaires privées et publiques, écoles primaires aussi bien que maternelles. Dans le Grand Lisbonne, composée de six municipalités, il y a également des écoles internationales.
188
+
189
+ La ville possède plusieurs hôpitaux publics et privés, cliniques, centres de santé et autres. Actuellement, il y a un projet de construction d'un grand centre hospitalier, dans le parc de Bela Vista. L'hôpital devrait porter le nom d'un ancien hôpital de Lisbonne qui fut détruit lors du tremblement de terre en 1755, l'Hospital de Todos os Santos. Cet hôpital va englober quelques hôpitaux du centre de la capitale comme l'Hospital de Dona Estefânia, l'Hospital de Santa Marta et autres[77]. L'inauguration de l'hôpital est prévu pour l'année 2011-2012.
190
+
191
+ Les hôpitaux public de la capitale portugaise sont regroupés en centres, il y a le Centro Hospitalar Lisboa Norte, le Centro Hospitalar Lisboa Central, le Centro Hospitalar Lisboa Ocidental, les Centros Especializados et les Centres militaires.
192
+
193
+ D'autres hôpitaux sont situés dans Lisbonne, voici d'autres hôpitaux lisboètes : l'Hospital Curry Cabral, Hospital de São José, l'Hospital de Santa Maria, l'Hospital Militar Principal ou encore le British Hospital.
194
+
195
+ Les clubs sportifs du Sporting Clube de Portugal et du Benfica Lisbonne tiennent un rôle important dans les championnats portugais et européens. Les Belenenses est un autre club sportif important de la capitale, avec une grande tradition dans le sport portugais. Le football est le sport le plus populaire à Lisbonne.
196
+
197
+ Les clubs de football les plus importants de Lisbonne sont le Benfica Lisbonne, le Sporting Portugal et les Belenenses.
198
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+ Le Sport Lisboa e Benfica siège dans l'Estádio da Luz, avec cinq étoiles de l'UEFA, qui possède plus de 65 000 places[78]. Le Benfica a gagné deux fois la Ligue des champions de l'UEFA, le titre de football le plus prestigieux en Europe, et est allé en finale à plusieurs reprises. Les couleurs de l'équipe sont le rouge et le blanc. Ses joueurs les plus célèbres sont Eusebio, Rui Costa, Nuno Gomes et autres.
200
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+ Le Sporting Clube de Portugal siège dans l'Estádio José Alvalade XXI, aussi un stade cinq étoiles, qui possède plus de 50 000 places[79]. Le Sporting a gagné la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe de football une fois et a été finaliste de la Ligue Europa, finale perdue en 2005 alors qu'elle se déroulait dans son propre stade. Les couleurs de l'équipe sont le vert et le blanc. De nombreux joueurs ont porté le maillot du club, dont Luís Figo, Cristiano Ronaldo, Nani ou Ricardo Quaresma.
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+ Les Clube de Futebol Os Belenenses siège dans l'Estádio do Restelo, qui possède 25 000 places[80]. Le stade est situé dans la freguesia de Santa Maria de Belém. La ville possède d'autres équipes de football ; deux en deuxième division, l'Atlético Clube de Portugal et le Clube Oriental de Lisbonne, et d'autres à des niveaux moins élevés qui sont le Casa Pia AC, le Clube Futebol Benfica (à ne pas confondre avec le Sport Lisboa e Benfica) et le CD Olivais e Moscavide.
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205
+ Le football en salle est le second sport le plus populaire à Lisbonne, qui a quatre équipes en première ligue. Les trois grandes équipes sportives, le CF Belenenses, Benfica Lisbonne et le Sporting Portugal mais aussi l'Atlético Clube de Portugal sont des équipes professionnelles, tandis que le SL Olivais est une équipe amateur.
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207
+ Le handball gagne en popularité au Portugal ainsi que dans la capitale. La ville a été le siège du Championnat du monde de handball masculin 2003[81], lequel fut disputé dans le Pavilhão Atlântico. Les Belenenses, Benfica et Sporting ont des équipes professionnelles, qui jouent en première division. Le basket-ball professionnel a des partisans à Lisbonne, avec le Benfica et le Belenenses comme équipes représentant la ville.
208
+
209
+ Le rink hockey, très populaire grâce aux 15 titres mondiaux de la sélection nationale, voit s'illustrer particulièrement l'équipe du Benfica. On pratique également à Lisbonne le nautisme, le golf, le cyclisme, et bien d'autres sports.
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211
+ Lisbonne a, au début des années 2000, envisagé une candidature à l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2016 puis de 2020, mais n'a finalement pas concrétisé ces candidatures[82].
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+
213
+ Dans la banlieue de Lisbonne, il existe le plus grand centre commercial de la péninsule Ibérique, le Dolce Vita Tejo. Situé dans la municipalité d'Amadora, il fut inauguré le 7 mai 2009[84]. À l'intérieur de la ville, on trouve d'autres grands centres commerciaux de taille européenne tels que le centre commercial Colombo[85], l'Amoreiras Shopping Center, le centre commercial Vasco de Gama, Le Dolce Vita Monumental, Atrium Saldanha, Saldanha Residence, entre autres.
214
+
215
+ Les centres historiques de Lisbonne possèdent eux aussi de grandes avenues commerçantes, comme l'Avenida da Liberdade (boutiques de luxe), Rua Castilho et les principales rues du Bairro Alto, Baixa et du Chiado.
216
+
217
+ Dans la périphérie de la capitale, il existe plusieurs centres commerciaux : l'Almada Forum (Almada), Oeiras Shopping (Oeiras), Rio Sul Shopping (Seixal), le Freeport Alcochete (Alcochete) et encore d'autres centres commerciaux dans le Montijo, à Cascais, à Loures ou encore à Odivelas.
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219
+ Galerie marchande du centre commercial Colombo.
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+
221
+ Centre commercial Vasco de Gama
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+
223
+ Centre commercial Colombo, comprenant un parc d'attraction
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225
+ Amoreiras Shopping Center
226
+
227
+ Construction du Centr commercial Dolce Vita Tejo
228
+
229
+ Lisbonne est reliée à l'autre rive de la mer de Paille par deux franchissements :
230
+
231
+ Pont du 25 avril
232
+
233
+ Pont Vasco da Gama
234
+
235
+ Un réseau de transport fluvial, le Transtejo, unit les deux rives du Tage avec les gares de Cais do Sodré, Belém, Terreiro do Paço et Parque das Nações sur la rive nord, et Cacilhas, Barreiro, Montijo, Trafaria, Porto Brandão et Seixal sur la rive sud.
236
+
237
+ Le port de Lisbonne est l'un des principaux ports européens de passagers, notamment pour les paquebots de croisière.
238
+
239
+ L'aéroport Humberto Delgado de Lisbonne est le plus grand du Portugal. Il est situé à sept kilomètres du centre dans la zone nord-est de la ville[86]. Il est relié au centre-ville par la ligne rouge du métro. Cet aéroport a atteint plus de 22,4 millions de passagers en 2016[87].
240
+
241
+ Il est prévu de construire une deuxième infrastructure aéroportuaire sur l'actuelle base aérienne de Montijo, sur l'autre rive du Tage. Le début des travaux pourrait intervenir en 2019, avec un objectif de mise en service du nouvel aéroport en 2022[88].
242
+
243
+ Aéroport de Lisbonne.
244
+
245
+ Quai d'embarquement.
246
+
247
+ Aéroport vu du ciel.
248
+
249
+ Lisbonne possède trois gares ferroviaires de grandes lignes : Entrecampos, Oriente et Santa Apolónia, toutes desservies par le métro.
250
+
251
+ La gare d'Entrecampos est desservie par la ligne jaune et sert de halte aux trains de banlieue et aux Alfa Pendular faisant la liaison entre le nord et le sud du Pays.
252
+
253
+ La gare d'Oriente est la plus récente gare de Lisbonne. Construite pour l'exposition internationale de 1998 par l'architecte Santiago Calatrava[89], elle sert également de halte et même de terminus à certaines lignes de banlieue, ainsi que de haltes aux Alfa Pendular venant du nord (à destination de Lisbonne ou du sud). Elle est desservie par la ligne rouge.
254
+
255
+ La gare de Santa Apolónia, desservie par la ligne bleue, est la plus ancienne gare de Lisbonne. Inaugurée en 1865, elle sert de terminus aux trains en direction du nord (banlieue, intercités et Alfa Pendular). Elle est également la tête de ligne du Sud-Express reliant le Portugal à la France par Hendaye, ainsi que du Lusitania-Express vers Madrid.
256
+
257
+ gare du Rossio.
258
+
259
+ Gare de Lisbonne-Oriente.
260
+
261
+ La gare de Santa-Apolónia.
262
+
263
+ La ville dispose d'un réseau ferroviaire urbain et suburbain avec huit lignes (quatre pour le métropolitain[90] et quatre pour le train suburbain[91]) et 118 gares (48 pour le métropolitain et 70 pour le train suburbain). Les gares d'Oriente, de Cais do Sodré, de Santa Apolónia et de Rossio sont les principales gares de Lisbonne desservies par les trains de banlieue.
264
+
265
+ Le métro de Lisbonne est un des plus intéressants et des plus beaux d'Europe (avec ceux de Paris, de Moscou et de Stockholm) par la décoration et l'exposition d'art contemporain de ses gares[92].
266
+
267
+ Son exploitation a démarré en 1959 avec une ligne et aujourd'hui il comporte quatre lignes, 46 stations et 39,6 kilomètres de voies[93]. Le métro de Lisbonne se caractérise par la décoration soignée de ses stations les plus récentes. Il a transporté 165,8 millions de passagers en 2008.
268
+
269
+ La privatisation du réseau, décidée en septembre 2015 par le gouvernement de Pedro Passos Coelho[94], est suspendue en décembre par le gouvernement d'António Costa[95].
270
+
271
+ Sortie de la station Terreiro do Paço
272
+
273
+ Station Aeroporto
274
+
275
+ Station Roma
276
+
277
+ Station Santa Apolónia
278
+
279
+ L'exploitation des autobus et des trams est gérée par l'entreprise Carris. La capitale portugaise maintient cinq lignes d'elétrico, témoignage d'un réseau qui fut beaucoup plus étendu, L'elétrico reste le moyen de transport le plus traditionnel du centre de la ville[96]. Trois d'entre elles fonctionnent encore avec d'anciens véhicules modernisés, dites remodelados. Les trams jaunes assurent le service public, les trams rouges le service touristique. La ligne 15, qui relie la Praça da Figueira à Algés (pt), utilise des trams modernes composés de plusieurs voitures avec des planchers bas[97].
280
+
281
+ Selon les données de la municipalité de Lisbonne, datant de 2000, existent ou sont en projet 84 kilomètres de pistes de bicyclettes, 50 kilomètres de voies cyclables, 73 kilomètres de bandes cyclables et 74 kilomètres de coexistence entre les cyclistes avec les véhicules.
282
+
283
+ En 2008, la mairie a pour projet d'investir 5 millions d'euros, le projet, présenté pendant la journée européenne sans voiture, est d'agrandir le réseau cyclable de 40 kilomètres de plus et de rénover les pistes déjà existantes. Ce projet comporte aussi l'implantation de 2 500 bicyclettes, 250 bornes pour les bicyclettes et 65 emplacements de stationnement d'ici 2012[98].
284
+
285
+ Le 5 juin 2009, la piste Pista Ribeirinha fut inaugurée au bord du Tage, ce nouveau tronçon de sept kilomètres permet de circuler à vélo et à pied sur une piste cyclable et piétonne, entre la Tour de Belém (freguesia de Santa Maria de Belém) et la station Cais do Sodré (freguesia de Campolide), cette piste est composée de poèmes et de phrases, de Alberto Caeiro et Fernando Pessoa, à même le sol[99],[100]. En septembre de la même année, le tronçon entre Telheiras et le Parque das Nações était en cours de réalisation[101].
286
+
287
+ Épicentre des découvertes, et capitale d'un vaste empire depuis le XVe siècle, la ville a depuis longtemps été le point de rencontre de diverses cultures. En maintenant des relations étroites avec les anciennes colonies portugaises désormais indépendantes, Lisbonne est une ville cosmopolite.
288
+
289
+ Depuis qu'elle a été capitale européenne de la culture en 1994, Lisbonne a accueilli une série d'événements internationaux, comme l'Expo 1998 ou encore l'Euro 2004, qui ont eu un fort impact dans le développement des activités culturelles et de leurs infrastructures. Plusieurs grandes manifestations comme la Gymnaestrada, le MTV Europe Music Awards et le Rally Dakar, ou le 50e anniversaire de la Tall Ships' Races sont passées par Lisbonne.
290
+
291
+ Ainsi, le passage au XXIe siècle a vu les salles de théâtre et de cinéma se multiplier tout comme les constructions de pavillons d'exposition, de musées, d'équipements sportifs, et autres. Le développement de l'économie lisboète a entraîné conséquemment une explosion de marketing et de mécénat. Les grandes salles de spectacle, les musées et d'autres institutions exhibent aujourd'hui les logos des plus grandes entreprises du pays et de multinationales.
292
+
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+ Tous les deux ans, en alternance avec Rio de Janeiro, Lisbonne accueille le plus grand festival du monde Rock in Rio. L’événement se tient au Parque da Bela Vista, avec la présence de 70 artistes sur quatre scènes au cours des cinq jours du festival, qui réunissent 385 000 spectateurs. Lors de l'édition 2014 célébrant les 10 ans du festival, de grands artistes se sont produits sur la grande scène lisboète tels que The Rolling Stones, Justin Timberlake, Robbie Williams, Linkin Park, Ed Sheeran, Jessie J, Lorde.
294
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+ Depuis sa mise en place en 2004, de nombreuses personnalités ont participé à ce grand festival, notamment Paul McCartney, Peter Gabriel, Gilberto Gil, Evanescence, Kings of Leon, Metallica, Slipknot, The Black Eyed Peas, Britney Spears, Sting, Alicia Keys, Ivete Sangalo, Shakira, Jamiroquai, Carlos Santana, Red Hot Chili Peppers, Anastacia, Lenny Kravitz, Amy Winehouse, Bon Jovi, John Mayer, Mariza, Elton John Leona Lewis, Miley Cyrus, Amy Macdonald, Maroon 5 et Stevie Wonder.
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+
297
+ À Lisbonne, les saisons sont marquées par différents événements culturels. Le carnaval a lieu dans les écoles et pour les enfants en bas âge, dans les centres de loisirs et dans le Bairro Alto. En mars, des athlètes de tous les pays et des dizaines de milliers de participants traversent le pont du 25 Avril lors du semi-marathon de Lisbonne.
298
+
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+ Durant le mois de juin, se déroulent les festivités populaires des vieux quartiers de Lisbonne tels que l'Alfama, Madragoa, Mouraria, Castelo et autres, qui sont décorés avec des arches de fleurs. Sur chaque place, dans chaque rue, des groupes de voisins et des associations récréatives improvisent des stands dans lesquels ils vendent des sardines grillées, des sucreries traditionnelles, du vin et d'autres spécialités. Toutes les nuits, pendant les fêtes, on entend de la musique populaire mais aussi de la musique Pimba qui incarne le personnage traditionnel qui symbolise le Portugais par excellence, avec ses défauts et aspirations.
300
+
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+ La nuit de « Santo António », le soir du 12 juin, est l'apogée des festivités. Des centaines de milliers de personnes se pressent dans les rues et font de ce jour la plus grande fête du Portugal, surpassant les fêtes de réveillon de fin d'année. En début de soirée, des groupes traditionnels défilent dans l'Avenida da Liberdade où chaque quartier rivalise pour gagner le prix de la meilleure chorégraphie. Après cela, la foule se dirige vers les vieux quartiers pour manger, boire et danser au son de musiques populaires et modernes jusqu'au lever du jour.
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+ L'été venu, il y a des festivals pour tous les goûts et de toutes dimensions. Il existe tous les deux ans, le Rock in Rio Lisboa et l'Optimus Alive. En septembre ont lieu le semi–marathon de Lisbonne, au cours duquel des dizaines de milliers de personnes traversent le pont Vasco de Gama. En automne a lieu le festival DocLisboa et le Festival de Cinéma gay et lesbien de Lisbonne. En 2006, 2007 et 2008, l'année a commencé avec le départ du rallye Dakar depuis Belém.
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+
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+ En 2018, la ville de Lisbonne a accueilli le congrès mondial d'espéranto, ainsi que la 63e édition du Concours Eurovision de la chanson.
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+
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+ Le centre culturel de Belém, ouvert en 1992, est un important lieu de création et de représentation des arts de la scène (théâtre, danse, musique).
308
+
309
+ La gastronomie de Lisbonne est influencée par sa proximité avec l'océan. Les spécialités typiques sont les pataniscas de bacalhau et les peixinhos da horta. Dans le sud, on peut déguster des sardines grillées au barbecue. Le dessert le plus renommé de Lisbonne est le pastel de nata dont l'usine la plus ancienne se trouve dans le quartier de Belém, près du monastère des Hiéronymites.
310
+
311
+ Le plus important marché aux puces de Lisbonne, la Feira da Ladra, se tient le mardi et le samedi dans les rues du Campo de Santa Clara, à l'est de l'Alfama.
312
+
313
+ La Baixa pombalina est le cœur de la ville. Elle occupe la partie de l'ancienne ville qui a été détruite par le tremblement de terre de 1755. Sa planification urbaine, un quadrillage de rues et des bâtiments semblables dans un style pombalin, est due au marquis de Pombal. Le quartier est en pleine réhabilitation urbaine[103], c'est aussi le plus grand quartier commercial de Lisbonne. L'un des monuments les plus visités de la Baixa est l'Ascenseur de Santa Justa[104].
314
+
315
+ On y trouve les plus belles places de la ville comme la Praça dos Restauradores, la Praça Dom Pedro IV avec le théâtre national Dona Maria II, la Praça da Figueira et, la plus célèbre, la Praça do Comércio.
316
+
317
+ Le Chiado est le quartier chic du vieux Lisbonne[105], il est situé entre la Baixa pombalina et le Bairro Alto. Un grand incendie l'a partiellement ravagé le 25 août 1988[106], Alvaro Siza fut architecte pour la reconstruction[107].
318
+
319
+ Dans ce deuxième quartier, se situent le célèbre café A Brasileira, fréquenté jadis par Fernando Pessoa dont la statue en bronze décore la terrasse, la salle d'opéra Teatro Nacional de São Carlos ainsi que le couvent des Carmes, l'église la plus grande de Lisbonne avant le tremblement de terre de 1755[106].
320
+
321
+ L'Alfama est un quartier aux rues étroites, qui a survécu au séisme de Lisbonne. C'est le berceau d'un style musical portugais : le fado. Dans l'Alfama se trouvent la majorité des cafés-concerts de fado, où l'on peut écouter les chansons autour d'un verre ou d'un dîner. Comparé au Bairro Alto, l'Alfama est un quartier beaucoup plus tranquille. On y trouve aussi la cathédrale ainsi que le château Saint-Georges. Ce quartier est considéré comme l'âme de la ville.
322
+
323
+ Le Bairro Alto est l'un des quartiers du centre de Lisbonne, à proximité des quartiers du Carmo et du Chiado. Il était autrefois appelé Vila Nova dos Andrades[108]. C'est un secteur commercial, de divertissement et résidentiel.
324
+
325
+ Construit à la fin du XVIe siècle suivant un plan plus ou moins octogonal, le Bairro Alto est un des quartiers les plus pittoresques de la ville. Actuellement, le Bairro Alto est le lieu de réunion des jeunes de la ville et l'une des principales zones de loisirs nocturnes[109].
326
+
327
+ Dans ce quartier se concentrent généralement les groupes de tribus urbaines, qui possèdent des établissements et des lieux de réunion propres. Le fado y survit encore. Les gens qui fréquentent le Bairro Alto de nuit sont un mélange de locaux et de touristes.
328
+
329
+ On y trouve également une partie de la population gay, qui se partage entre bars gays et bars traditionnels[110].
330
+
331
+ Quartier ouest de Lisbonne, Belém est connu pour ses nombreux monuments anciens, dont la tour de Belém, le Padrão dos Descobrimentos (« Monument aux Découvertes ») et le monastère des Hiéronymites. Situé au bout de l'estuaire du Tage, de ses quais partaient les navigateurs-explorateurs du XVe au XVIIe siècle. Environ 10 000 personnes habitent ce quartier.
332
+
333
+ La quartier de Beato se distingue par la nouvelle dynamique culturelle qu'il connaît depuis 2018. Les zones de production et les installations industrielles se transforment en galeries d'art contemporain, lieux de vie nocturne, marchés, restaurants. Dans ce quartier se trouve notamment le Musée national de l'Azulejo et le Palacio do Grilo[111],[112],[113].
334
+
335
+ Lisbonne, à 610 km de Saint-Jacques-de-Compostelle, est située sur le Camino portugués, un des chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle au Portugal. En 2018, 2518 personnes ont commencé leur pèlerinage ici (0,77% de tous les pèlerins en cette année, selon le Bureau d'Accueil des Pèlerins de la Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle)[114].
336
+
337
+ Le blason de Lisbonne se blasonne ainsi : « Écu d'or, avec un bateau extérieurement noir amélioré d'argent et intérieurement d'argent amélioré de noir, mastreado e encordoado de negro, com uma vela ferrada de cinco bolsas de prata. A popa e a proa rematadas por dois corvos de negro, afrontados. Leme de negro realçado de prata. Le bateau est posé sur une mer composée de 7 bandes de vagues, quatre vertes et trois d'argent. Une couronne murale d'or de cinq tours. Colar da Ordem Torre e Espada.
338
+
339
+ Listel blanc, avec les inscriptions MUI NOBRE E SEMPRE LEAL CIDADE DE LISBOA, en noir. »[115]
340
+
341
+ Devise : « Lisboa cidade da tolerância », ce qui signifie « Lisbonne ville de la tolérance ». La devise de Lisbonne fut donnée en avril 2008 par le maire de Lisbonne, António Costa, à la suite de l'inauguration d'un monument à la mémoire du massacre des juifs à Lisbonne en 1506[116].
342
+
343
+ Le saint patron de la ville est saint Vincent[115], dont les restes se trouveraient dans la Sé de Lisbonne. Le logotype reprend le bateau du blason, l'inscription lisboa et au-dessus le L de Lisbonne et les cinq points de couleurs représentent les lettres de isboa. Les cinq points sont en forme de " X " car l'abréviation de Lisbonne au Portugal est LX.
344
+
345
+ Classés par date de naissance.
346
+
347
+ Films :
348
+
349
+ Livres :
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/347.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,103 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ L'archéologie Écouter est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier l'Homme depuis la Préhistoire jusqu’à l'époque contemporaine à travers sa technique grâce à l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté et qu’il est parfois nécessaire de mettre au jour par la fouille (outils, ossements, poteries, armes, pièces de monnaie, bijoux, vêtements, empreintes, traces, peintures, bâtiments, infrastructures, etc.). L'ensemble des artéfacts et des écofacts relevant d'une période, d'une civilisation, d'une région, ou d'un peuplement donné, s'appelle culture archéologique. Cette culture matérielle est avant tout un concept basé sur l'assemblage de vestiges retrouvés dans des espaces et dans des chronologies contingentes, sur un même site, ou dans une même région, par exemple. On peut alors parler, pour désigner un ensemble cohérent, de culture archéologique (comme la culture de Hallstatt, ou la culture Jomon, par exemple).
2
+
3
+ L’archéologue, dans une approche diachronique, acquiert donc l’essentiel de sa documentation à travers des travaux de terrain[N 1], par « opposition » à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Mais l'archéologue utilise aussi des documents écrits lorsque ceux-ci sont matériellement disponibles[N 2] tout comme il peut faire appel aux sciences de la vie et de la terre[N 3] ou aux autres sciences humaines (voir ci-dessous), regroupées méthodologiquement dans ce qu'on appelle les « archéosciences » (comme l'archéométrie, l'archéologie environnementale, etc.). L'existence ou non de sources textuelles anciennes a permis d'établir une division chronologique des spécialités archéologiques en trois grandes périodes : l'archéologie de la Préhistoire (absence de sources textuelles), l'Archéologie de la Protohistoire (peuples n'ayant pas de sources textuelles mais étant cités dans ceux de peuples contemporains) et l'archéologie des Périodes historiques (existence de sources textuelles). Il existe aussi des spécialisations archéologiques faites suivant le type d’artefacts étudiés (céramiques, bâti, etc.), ou à partir de la matière première des artefacts étudiés (pierre, terre crue, verre, os, cuir, etc.).
4
+
5
+ Le mot « archéologie » vient du grec ancien archaiología[N 4] et est formé à partir des éléments archaíos « ancien », lui-même issu de arkhê et lógos « mot, parole, discours, science ». Toutefois, c'est avant tout à l'étude de l'objet fabriqué par l'homme, donc à la technicité, que l'archéologue consacre son travail.
6
+
7
+ Dans l’« Ancien Monde », l’archéologie a eu tendance à se concentrer sur l’étude des restes physiques, les méthodes employées pour les mettre au jour et les fondements théoriques et philosophiques sous-tendant ces objectifs.
8
+
9
+ La première attestation d’un récit ou d’une interprétation à proprement parler archéologiques remonte à la période grecque classique, et nous est racontée par Thucydide. En effet, lors de travaux à Délos, il mentionne la découverte de tombes anciennes. L’auteur décrivant la scène indique que les défunts étaient probablement des pirates cariens (provenant de Carie du fait des vêtements qu’il était possible de reconnaître dans leur tombe).
10
+
11
+ « Les habitants des îles, Cariens et Phéniciens, s’adonnaient tout autant à la piraterie ; car c’étaient eux qui avaient occupé la plupart des îles. En voici une preuve : dans la présente guerre, quand les Athéniens purifièrent Délos et qu'on enleva toutes les tombes de l’île, on constata que plus de la moitié appartenait à des Cariens, ainsi que l’attestèrent les armes enfouies avec les morts et le mode de sépulture, encore en usage chez les Kariens d’aujourd’hui. »
12
+
13
+ — Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, I, VIII.
14
+
15
+ Il s’agit de la première réflexion associant directement un contexte funéraire archéologique à une identité culturelle ou ethnique.
16
+
17
+ La discipline prend sa source dans le monde des antiquaires et dans l'étude du latin et du grec ancien, qui l'inscrivent naturellement dans le champ d'étude de l'histoire. Avec la restructuration des réseaux commerciaux de la Méditerranée à la fin du Moyen Âge, les voyages vers diverses destinations redeviennent plus aisés, et se développent des circuits faisant souvent étape dans des régions ou des sites archéologiques étaient connus des populations locales. Cyriaque d'Ancône ou Ciriaco de’ Pizzicolli (Ancône, vers 1391 - Crémone, vers 1455) est un humaniste italien, un voyageur et un épigraphiste grâce auquel sont parvenues des copies de nombreuses inscriptions grecques et latines perdues depuis son époque. Il a été appelé le père de l'archéologie : il est le premier « savant » à redécouvrir des sites grecs antiques prestigieux tels que Delphes ou Nicopolis d'Épire. Cyriaque d'Ancône se croyait investi d'une mission : sauver les antiquités, condamnées à disparaître. Après lui se succèdent d'autres voyageurs, notamment dans le cadre des grands tours pratiqués par les jeunes aristocraties européennes. Ce grand tour incluait souvent un voyage en Italie, en Grèce, et en Turquie, afin de visiter les hauts-lieux de la culture antique, d'en ramener des vestiges éventuels, et de les documenter par des illustrations et des récits. Les fouilleurs recherchent en premier lieu les trésors ou des objets précieux destinés à alimenter les collections privées ou les collections royales[1]. Se développent par ailleurs des musées, héritiers des cabinets de curiosité dont l'objet était d'accumuler des trouvailles rares, précieuses, anciennes, atypiques. Les musées furent le cadre des premières réflexions sur les cultures matérielles. Les grands noms de cette transition entre antiquaires et archéologues sont par exemple Anne Claude de Caylus, ou Jacques Boucher de Perthes. Progressivement se constituent donc non seulement une culture de l'antique, mais aussi une approche de plus en plus scientifique, avec l'invention des trois grands principes de l'archéologie scientifique : chronologie, typologie, stratigraphie.
18
+
19
+ La découverte du site de Pompéi marque un tournant dans l’archéologie. A l’époque moderne, la ville est une première fois découverte entre 1592 et 1600 lors de la construction du canal du Sarno. Toutefois, les fouilles commencent en 1748 sous le règne de Charles de Bourbon. Et en 1763, une inscription est découverte ce qui permet l’identification avec certitude de Pompéi. La topographie de la ville est établie progressivement. Cette découverte contribue « à promouvoir une certaine image romantique de l'archéologie, propre à stimuler l'imaginaire et à donner aux objets découverts une nouvelle réalité[1] ».
20
+
21
+ Entre 1860 et 1875, un changement important s’opère avec Giuseppe Fiorelli qui est des premiers interprètes de la science archéologique[2]. Il met au point de nouvelles méthodes de fouilles ainsi que de présentation du site. Avec lui, les fouilles se font par décapages horizontaux successifs. Cette nouvelle méthode permet à Giuseppe Fiorelli de développer les moulages au plâtre. Par ailleurs, il divise le site en neuf régions, chacune subdivisée en îlots, et numérote les propriétés[3].
22
+
23
+ Lors de la Renaissance nordique, les hommes commencent de plus en plus à regarder ce que la terre peut cacher. Ils y découvrent des mégalithes, tumuli et inscriptions runiques. Le xvie siècle est un moment où les érudits ont une vraie volonté de rassembler et découvrir des objets et vestiges dans un but didactique. Ils cherchent à expliquer le monde. En 1555, Olaus Magnus publie à Rome l’une des premières descriptions historique, géographique ainsi qu’ethnographique. Les éléments collectés sont mis en relation avec les traditions classiques mais ne sont pas réellement interprétés.
24
+
25
+ C’est à la fin du xvie siècle que l’on collecte des antiquités nordiques et que l’on associe la connaissance des sources avec la pérégrination (trajet complexe d’un lieu à un autre). Johan Bure, fils de pasteur, s’intéresse au déchiffrement des runes dans le climat nationaliste de la cour de Suède. Il les collecte et les analyse systématiquement. Il fait un alphabet précis, propose des règles de transcriptions ainsi qu’un système de datation et enfin, entreprend le relevé systématique des inscriptions en Suède. Johan Bure apporte un soin particulier aux dessins et a une attention envers le matériel épigraphique. Collecter est le but principal de ses excursions, durant lesquelles il découvre un quart des inscriptions connues à ce jour. D’autre part, le travail qu’il a mené a permis une transformation de la traditionnelle pérégrination en un relevé méthodique. Ainsi, cela en fait la première entreprise archéologique professionnelle. Le Royaume de Suède est le premier État à avoir un service archéologique. En Scandinavie, l’archéologie est perçue comme une part décisive de l’histoire. Cela explique alors pourquoi l’archéologie scandinave est aussi importante et aussi, pourquoi elle évolue rapidement.
26
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27
+ Par ailleurs, Ole Worm a aussi joué un rôle important dans cette archéologie. Il met au point une nouvelle science des antiquités grâce à l’association du relevé avec la collection et, l’interprétation avec la pérégrination. En 1643, il publie à Copenhague Danicorum Monumentorum Libri sex, un manuel pratique d’archéologie. Pour lui, afin de classer les objets, il est important de prendre en compte le matériau, la terre, la pierre et aussi d’envisager son utilité. Il définit les objets par fonction : autel, sanctuaire, sépulcres, épigraphes, places publiques. Ole Worm ne se contente pas de classer et d’interpréter, il tente aussi de comprendre les vestiges qu’il trouve et de les relier avec le paysage qu’il observe. De plus, il essaie d’ordonner les connaissances en un système intelligible. Le genre antiquaire que Ole Worm met en place, est complètement révolutionnaire pour l’époque. C’est un progrès fondamental dans la pratique archéologique. Ce progrès est alors considéré comme le modèle de la pérégrination archéologique moderne[4].
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+ L'archéologie en tant que science apparaît dans les années 1880, auparavant les restes physiques étaient le plus souvent considérés comme des champs de ruines dans lesquels les gens se servaient sans vergogne pour les revendre aux antiquaires, cette attitude atteignant son apogée au début du XIXe siècle dans l'Europe en pleine vogue d'antiquarianisme[5]. Le XIXe siècle est une époque déterminante pour la naissance du sentiment de nationalité, et dans cette optique, l'archéologie se développe à l'échelon national pour justifier les origines historiques et ethniques d'une nation. La France développe ainsi une archéologie gallo-romaine, mérovingienne, dont le but est de justifier la cohérence de la nation française dans son passé révélé par l'archéologie. Une des figures de ce développement est Napoléon III, ayant lui-même lancé les fouilles sur le site d'Alésia, en Côte-d'Or. L'Allemagne observe le même mouvement de nationalisation et de rationalisation de la discipline archéologique. Le XIXe siècle est aussi le siècle des grands instituts archéologiques à l'étranger : l'Europe occidentale ayant pris activement part à la guerre entre la Grèce et la Turquie, cette première remercie notamment l'Allemagne et la France en autorisant la fondation des Écoles d'Archéologie (École française d'Athènes, par exemple), et en cédant des concessions aux européens, afin qu'ils fouillent des grands sites. Delphes revient aux français, Olympie à l'Allemagne, par exemple. En Italie, la fondation de l'Institut de correspondance archéologique (Istituto di corrispondenza archeologica) à Rome en 1829, par Eduard Gerhard, fut une étape importante. De même, la naissance de l'École française de Rome fut un moment décisif de développement d'un réseau d'instituts archéologiques internationaux, intimement liés à la diplomatie et aux affaires étrangères de chaque pays concernés.
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+ Au XIXe siècle se développe aussi l'archéologie orientale, marquée par la redécouverte des grands sites mésopotamiens, tels que Ninive, Babylone, Khorsabad, Ur. La découverte des origines de l'écriture et des grandes civilisations palatiales de l'Orient ancien enclenche un mouvement sans précédent de transfert patrimonial entre orient et Europe occidentale. La découverte des langues les plus anciennes de l'humanité par les archéologues et linguistes introduit par ailleurs la question des origines indo-européennes des peuplements de l'Europe. Ces origines ont souvent été un thème politisé, notamment sous le IIIe Reich, dans le but de légitimer une culture de supériorité raciale, linguistique, et culturelle. La question notamment du peuple aryen des origines, fut un thème persistant dans la recherche archéologique allemande, dominée par Gustaf Kossinna pendant plusieurs décennies.
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+ La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par l'émergence du scientisme, du positivisme et du constructivisme, modèles épistémologiques et théoriques rayonnants sur tous les champs de la recherche. Le darwinisme, ainsi que certains travaux[N 5] ayant prouvé l'antédiluvianité de l'homme repoussent les théories créationnistes et permettent à l'archéologie préhistorique de poser durablement les bases d'une réflexion sur l'évolution humaine depuis les origines du genre Homo. Cette période charnière voit notamment naître l'archéologie protohistorique.
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+ La deuxième moitié du XXe siècle est marquée par un grand renouveau théorique : l'archéologie processuelle jette les bases d'une réflexion anthropologique purement archéologique, déconnectée du postulat historique, et régie par la démarche hypothético-déductive. L'archéologie post-processuelle se construit en réaction à ce premier mouvement, et réintroduit le traitement de la donnée archéologique comme une composante nécessairement historique. L'archéologie des soixante dernières années s'est vue dotée de nombreux moyens techniques et conceptuels nouveaux pour étudier les sociétés du passé. Les progrès en physique nucléaire l'ont doté de nombreux outils de datation (radiocarbone, rubidium - strontium, argon - potassium), et ont doté les archéologues de méthodes archéométriques ; le développement des techniques spectrophotométriques permettent par ailleurs l'acquisition d'informations quantitatives et qualitatives particulièrement pertinentes pour étudier les objets. On peut par exemple déterminer la provenance d'une céramique ou d'un minerai utilisé. Les sciences environnementales et paléoenvironnementales sont aussi intégrées aux recherches archéologiques, donnant naissance à l'archéologie du paysage, l'archéologie environnementale, la géomorphologie archéologique, etc. En archéologie préhistorique, des méthodes spécifiques d'enregistrement ou de fouille ont été développ��es notamment par Georges Laplace[6],[7] ou André Leroi-Gourhan[8]. Ces chercheurs ont contribué au raffinement progressif de l'archéologie, qui par la fouille, détruit son objet d'étude en même temps qu'elle constitue une donnée archéologique. La nature destructrice d'une opération de fouille archéologique est donc à l'origine du développement de toutes les méthodes de terrain visant à acquérir sans détruire, certaines informations (stratigraphiques, chronologiques, typologiques, architecturales, etc.).
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+ Le développement de l'archéologie urbaine puis de l'archéologie préventive[9], à partir des années 1970 et 1980, a joué un rôle important, tout comme celui de l'archéométrie, dans la nécessité de professionnaliser l'archéologie, afin d'acquérir les données du terrain avec le plus de méthode et de rigueur possible. Certains milieux comme les lacs, ou les forêts se prêtent à des formes particulières d'archéologie (archéologie lacustre ou forestière en l’occurrence[10]). Enfin, les années 1990 ont été marquées par un développement important de l'histoire de l'archéologie, analysant le développement historique de l'archéologie scientifique.
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+ Aux États-Unis et dans un nombre croissant d'autres régions du monde, l'archéologie est généralement dévolue à l'étude des sociétés humaines et est considérée comme l'une des quatre branches de l'anthropologie. Les autres branches de l'anthropologie complètent les résultats de l'archéologie d'une façon holistique. Ces branches sont :
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+ D'autres disciplines complètent également l'archéologie, comme la paléontologie, la paléozoologie, la paléo-ethnobotanique, la paléobotanique, l'archéozoologie et l'archéobotanique[11], la géographie, la géologie, l'histoire de l'art et la philologie.
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+ L'archéologie a été décrite comme un art qui s'assure le concours des sciences pour éclairer les sciences humaines. L'archéologue américain Walter Taylor a affirmé que « l'archéologie n'est ni l’histoire ni l’anthropologie. Comme discipline autonome, elle consiste en une méthode et un ensemble de techniques spécialisées destinées à rassembler, ou à « produire » de l'information culturelle »[12].
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+ L'archéologie cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels, quelle que soit la période concernée, en tant que production, relevant à la fois d'une technologie, d'une pratique, d'une logique économique de subsistance ou d'abondance, et d'une cognition. En Angleterre, les archéologues ont ainsi mis au jour les emplacements oubliés depuis longtemps des villages médiévaux abandonnés après les crises du XIVe siècle ainsi que ceux des jardins du XVIIe siècle évincés par un changement de mode. Au cœur de New York, des archéologues ont exhumé les restes d’un cimetière renfermant les dépouilles de 400 Africains et datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis maintenant une trentaine d'années, on assiste au développement d'une archéologie des époques modernes et contemporaines, révélant parfois des faits nouveaux, que ni les textes ni les informations ethnologiques et sociologiques contemporaines n'avaient attestés.
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+ L'archéologie traditionnelle est considérée comme l'étude des cultures préhistoriques, cultures qui existaient avant l’apparition de l'écriture. L'archéologie historique est l'étude des cultures qui ont développé des formes d'écriture.
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+ Quand l'étude concerne des cultures relativement récentes, observées et étudiées par des chercheurs occidentaux, l'archéologie est alors intimement liée à l'ethnographie. C'est le cas dans une grande partie de l'Amérique du Nord, de l'Océanie, de la Sibérie et de toutes les régions où l'archéologie se confond avec l'étude de traditions vivantes des cultures en questions. L'homme de Kennewick fournit ainsi l'exemple d'un sujet d'étude archéologique en interaction avec la culture moderne et des préoccupations actuelles. Lors de l'étude de groupes qui maîtrisaient l'écriture ou qui avaient des voisins qui la maîtrisaient, histoire et archéologie se complètent pour permettre une compréhension plus large du contexte culturel global et l'étude du mur d'Hadrien nous en fournit un exemple. Les études archéologiques fondant leur analogie sur l'observation de cultures encore existantes relèvent de l'ethnoarchéologie. Les travaux en France des époux Pétrequin en sont un bon exemple.
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+ En France la loi de 2003 relative à l'archéologie préventive ouvre ce marché aux entreprises privées dont l'agrément est limité aux opérations de fouilles[13]. Face à l’Inrap et ses 2 000 archéologues qui appartiennent essentiellement à la fonction publique territoriale, il en existe en 2015 une vingtaine de structures privées qui regroupent environ 700 archéologues et qui détiennent désormais 50 % du marché[14].
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+ La méthode de l'archéologie s'inscrit dans une démarche scientifique, au même titre que les autres sciences palétiologiques. Afin d'appréhender les faits et les comprendre, elle doit passer par l'étape d'induction, puis de déduction et enfin, revenir à l'induction. On fait donc se croiser un processus empirico-inductif avec un processus hypothético-déductif, fondés sur la convergence des sources et une herméneutique.
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+ En découvrant de nouveaux témoins du passé, l'archéologue se doit de pratiquer l'induction. En effet, il faut passer des faits aux idées, des observations aux propositions qui peuvent les justifier, des indices aux présomptions qui les expliquent. En formulant une hypothèse ou en supposant un fait, l’archéologue ne fait donc qu'appliquer une méthodologie scientifique usuelle. Il doit simplement vérifier que le problème nouveau relève de sa compétence, c’est-à-dire avant tout qu’il dispose – ce qui n’est pas toujours le cas – des documents nécessaires, et aussi qu’il présente un intérêt suffisant, c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop banal ni trop limité ; ce souci d'efficacité, qui n’a rien, lui non plus, de particulier à l’archéologie, y revêt cependant une grande importance, puisque les documents archéologiques sont chargés de plusieurs limitations.
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+ Le problème retenu et l’hypothèse émise, il reste à vérifier cette dernière. Cette démarche, prônée déjà par Francis Bacon (Novum Organum Scientiarum, 1620) et exposée avec une grande clarté par Claude Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, première partie, 1865), consiste d’abord à revenir des idées aux faits, par un mouvement déductif ou une phase hypothético-déductive. Puisqu’on ne peut pas opérer de démonstration directe, ce qui est le privilège des mathématiques, on cherche à vérifier l’hypothèse a posteriori, par son efficacité logique ou sa valeur heuristique. Puis on revient aux idées par une nouvelle induction et, si l’hypothèse se trouve vérifiée, elle devient alors ce que la plupart des sciences appellent une loi, mais que l’histoire et l’archéologie ne peuvent appeler, dans le sens le plus général du terme, qu’un fait historique.
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+ Toutefois, la recherche de la vérification suppose en premier lieu que l’hypothèse soit formulée le plus exactement possible. Comme par définition le chercheur à ce stade ne dispose pas encore de toutes les données nécessaires, il est conduit à s’avancer un peu au-delà de ce qu’il a observé. Cette anticipation de l’expérience consiste en règle générale à décrire les conséquences de l’hypothèse et à prévoir quelle sera leur traduction dans les vestiges archéologiques : car seule cette traduction sera susceptible d’être vérifiée.
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+ Mais l’importance du raisonnement est encore plus capitale à l’étape suivante. Il s’agit en effet de vérifier si, dans les données observables, on retrouve bien la traduction des conséquences que l’on a prévues. Il faut pour cela revenir à la fouille ou, tout au moins, aux documents archéologiques et aux relations qui les unissent. Mais il faut y revenir avec une méthode : organiser tout un ensemble d’opérations qui permette le contrôle souhaité et donne des résultats clairs. Il ne peut donc pas s’agir de recourir à des recettes préétablies. C’est même très précisément le contraire : il faut imaginer, dans chaque cas, la démarche qui sera à la fois la mieux adaptée au but poursuivi et la plus pragmatique en fonction de l’importance du problème posé. Autrement dit, les techniques particulières qui seront mises en œuvre dans cette démarche n’auront pas d’intérêt par elles-mêmes, mais devront être jugées, comme partout, sur leur efficacité. Celles qui permettront d’obtenir des réponses pertinentes et claires, pour une somme d’efforts proportionnée à l’intérêt de l’entreprise, seront par définition les meilleures.
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+ Au terme du processus, deux possibilités apparaissent :
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+ L'archéologie représente souvent le seul moyen de connaître le mode de vie et les comportements des groupes du passé. Des milliers de cultures et de sociétés, des millions de personnes se sont succédé au cours des millénaires, pour lesquels il n'existe aucun témoignage écrit, aucune histoire, ou presque. Dans certains cas, les textes peuvent être incomplets ou peuvent déformer la réalité.
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+ L'écriture telle qu'on la connaît aujourd'hui est apparue il y a seulement 5 000 ans environ et elle n'était utilisée que par quelques civilisations technologiquement avancées[16]. Ce n'est bien sûr pas par hasard que ces civilisations sont relativement bien connues : elles ont fait l'objet de recherches de la part des historiens depuis des siècles, tandis que les cultures préhistoriques ne sont étudiées que depuis le XIXe siècle. Mais même dans le cas d'une civilisation utilisant l'écriture, de nombreuses pratiques humaines importantes ne sont pas enregistrées. Tout ce qui concerne les éléments fondateurs de la civilisation - le développement de l'agriculture, des pratiques culturelles, des premières cités - ne pourra être connu que par l'archéologie.
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+ Même quand des témoignages écrits existent, ils sont systématiquement incomplets ou plus ou moins biaisés. Dans de nombreuses sociétés, n'étaient alphabétisés que les membres d'une élite sociale, comme le clergé. Les documents écrits de l'aristocratie se limitent souvent à des textes bureaucratiques concernant la cour ou les temples, voire à des actes notariés ou des contrats. Les intérêts et la vision du monde de l'élite sont souvent relativement éloignés de la vie et des préoccupations du reste de la population. Les écrits produits par des personnes plus représentatives de l'ensemble de la population avaient peu de chance d'aboutir dans les bibliothèques et d'y être préservés pour la postérité. Les témoignages écrits ont donc tendance à refléter les partis pris, les idées, les valeurs et éventuellement les tromperies d'un petit nombre d'individus, correspondant généralement à une fraction infime de la population. Il est impossible de se fier aux écrits comme seule source d'information. Les vestiges matériels sont plus proches d'une représentation fiable de la société, même s'ils posent d'autres problèmes de représentativité tels que les biais d'échantillonnage ou la conservation différentielle.
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+
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+ Au-delà de leur importance scientifique, les vestiges archéologiques peuvent avoir une signification politique pour les descendants des groupes qui les ont produits, une valeur matérielle pour les collectionneurs ou simplement une forte charge esthétique. Aux yeux du grand public, qui bien souvent méconnaît le cadre juridique de la matière (droit de l'archéologie, code du patrimoine), l'archéologie est souvent associée à une recherche de trésors esthétiques, religieux, politiques ou économiques plutôt qu'à une reconstitution des modes de vie des sociétés passées. Ce point de vue est fréquemment conforté dans les œuvres de fiction telles que Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue, La Momie ou Les Mines du roi Salomon, fort heureusement très éloignées des préoccupations effectives de l'archéologie moderne.
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+ Biface acheuléen.
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+ Vénus de Willendorf
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+ Les remparts de Troie.
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+ La Porte des Lions à Mycènes.
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+ Le masque d'or découvert dans la tombe de Toutânkhamon.
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+ Le dépôt de vaisselle de bronze d'Évans (Jura).
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+ Le cratère découvert dans la tombe de Vix.
86
+
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+ L'armée de terre cuite du mausolée de l'empereur Qin près de Xi'an en Chine.
88
+
89
+ La statue de Ptolémée II érigée à la porte du phare d'Alexandrie.
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+
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+ Pompéi
92
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+ Photographie aérienne du site protohistorique de Grézac.
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+ Les géoglyphes de Nazca au Pérou.
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+ La cité inca de Machu Picchu au Pérou.
98
+
99
+ Ces termes importants se rapportant à l'archéologie sont souvent mal utilisés.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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103
+ Brochures du ministère de la Culture et de la Communication (à télécharger)
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+ La sociologie est une discipline des sciences sociales qui a pour objectif de rechercher des explications et des compréhensions typiquement sociales, et non pas mentales ou biophysiques, à des phénomènes observables, afin d'en montrer la « nature » sociologique. La sociologie étudie les interactions sociales, qui produisent par exemple, selon les approches : des acteurs sociaux, des actions sociales, des faits sociaux, des identités sociales, des institutions sociales, des organisations, des réseaux, des cultures, des classes sociales, des normes sociales ainsi que de toutes ces entités qui n'ont pas d'explications purement biophysiques ou mentales et qui sont produites par l'interaction sociale. Une explication sociologique est vue comme le produit d'une démarche scientifique et/ou intellectuelle, afin de rendre compte, expliquer ou comprendre un phénomène social. Le savoir sociologique se distingue du sens commun, qui lui aussi permet d'appréhender la vie sociale, par sa méthodologie.
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+ La sociologie se distribue en deux grandes orientations principales : l'une est la recherche fondamentale et l'autre la recherche appliquée. La recherche fondamentale vise à approfondir les connaissances théoriques des processus sociaux, tandis que la recherche appliquée vise à influencer les politiques publiques. Ces deux orientations peuvent s'enchevêtrer. Il existe deux types de méthodes en sociologie : les méthodes qualitatives et les méthodes quantitatives ; elles peuvent être complémentaires. La sociologie offre trois niveaux d'analyse : la microsociologie, la macrosociologie et le niveau des organisations, des réseaux et de l'agentivité (mésosociologie).
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+ La recherche sociologique informe les politiciens et les autorités publiques, les éducateurs, les travailleurs sociaux, les législateurs, et de nombreux autres organismes et décideurs ainsi que tous ceux intéressés par la résolution de problèmes sociaux. De nombreux sociologues sont aujourd'hui employés par des institutions publiques, des collectivités territoriales ou des entreprises privées à fin d'expertise ou de consultance.
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+ Le terme de sociologie est forgé dans les années 1780 par Emmanuel-Joseph Sieyès[1],[2] à partir du préfixe « socio » du mot latin socius signifiant « compagnon, associé » et du suffixe « logie » du terme grec ancien λόγος logos, signifiant « discours, parole »[3]. Il s'agit donc étymologiquement d'une science des relations.
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+ Le terme est popularisé par Auguste Comte dans le sens d'une « physique sociale » à partir de 1839[4]. L'emploi du mot sociologie serait né d'une petite querelle : Auguste Comte, secrétaire de Saint-Simon de 1817 à 1823, veut reprendre l'idée de création d'une science de la société. Il la nomme d'abord « physique sociale » ; mais ce terme est déjà utilisé par d'autre, notamment par le Belge Adolphe Quetelet. Ce dernier l'utilise pour désigner des travaux statistiques portant sur les phénomènes sociaux. Quetelet sera plus tard considéré comme un précurseur de la démographie, discipline restant proche de la sociologie.
12
+
13
+ S'il est possible de dater avec une relative précision l'invention du mot sociologie, la production du premier cours de sociologie ou encore la constitution du premier département universitaire de sociologie, il est également toujours possible de reconnaître chez des auteurs antérieurs des formes de réflexion ou d'imagination sociologique[5].
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+ Dès l'Antiquité, le raisonnement sociologique se retrouve chez certains auteurs, comme Confucius ou Cicéron[6]. Les Sophistes inaugurent dans le domaine social l'essentiel de la méthode scientifique, c'est-à-dire l'observation, la comparaison et la critique[7]. Encore aujourd'hui, des ouvrages comme le Ménon de Platon ou Éthique à Nicomaque d'Aristote constituent des sources dans lesquelles puise la sociologie[8].
16
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+ Les origines de l'enquête statistique remontent au XIe siècle, lorsque Guillaume le Conquérant ordonne en 1086 l'organisation d'un recensement sur son territoire, publié sous le nom de Domesday Book[9],[10]. Au XIIIe siècle, Ma Duanlin, un historien chinois, souligne l'existence de dynamiques sociales sous-jacentes à l'évolution historique dans son encyclopédie, Wenxian Tongkao[11].
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+ Selon Lilia Ben Salem, en rupture avec ses prédécesseurs, Ibn Khaldoun marque au XIVe siècle un tournant en sociologie[12]. Sa façon d'analyser les changements sociaux et politiques qu'il a observés dans le Maghreb et l'Espagne de son époque a conduit à le considérer comme un précurseur de la sociologie et démographie moderne malgré qu'il fut inconnu des principaux fondateurs de ces disciplines[13],[14],[15],[16]. Son ouvrage majeur, la Muqaddima, où il expose sa vision de la façon dont naissent et meurent les empires, est peut-être le premier à avoir un raisonnement scientifique et sociologique sur la cohésion sociale et le conflit social, effectivement les romains pensaient ces concepts en terme politique, même si la distinction est ténue[17],[18],[19],[20],[13]. Il conçoit une théorie dynamique de l'histoire et développe les concepts de changements et conflits sociaux. Il élabore également une dichotomie entre vie nomade et vie sédentaire. La Muqaddimah peut être considérée comme un ouvrage de sociologie générale, où y sont développés des thèmes aussi variés que la vie urbaine, la politique, l'économie et la connaissance. Son travail se base sur un concept central, celui de 'asabiyyah, traduit en français par « cohésion sociale », « solidarité de groupe » ou « tribalisme ». Cette cohésion sociale survient spontanément dans des communautés et peut-être intensifiée par la religion. Il analyse la manière dont ce qui fait la cohésion politique, économique, psychologique, sociologique du groupe est aussi à l'origine de sa ruine, et sera alors remplacé par un autre groupe lié de manière plus étroite.
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+
21
+ C'est à partir du XVIe siècle que se constitue le terreau fertile d'un mode d'interrogation de la société, qui donnera par la suite lieu à la sociologie. Les bouleversements scientifiques qui s'opèrent grâce aux découvertes de Kepler, Galilée et Copernic, entre autres, conduisent, aux côtés du mouvement humaniste qui place l'Homme au centre des débats, à renverser l'ordre établi et à enclencher une « révolution qui modifia les fondements et les cadres mêmes de notre pensée et dont la science moderne est à la fois la racine et le fruit[21] ». La remise en cause de l'ordre divin va donc, au XVIIIe siècle, ouvrir le champ à de nombreuses théories tâchant de comprendre les fondements des sociétés[22].
22
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23
+ C'est le cas de tous les théoriciens du contrat social, que ce soit John Locke, Jean-Jacques Rousseau ou Thomas Hobbes. Ils pensent alors l'origine de la société et de l'État comme un contrat originaire entre les hommes, par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant la perpétuation du corps social. Les premières tentatives d'étudier la société — et sa diversité — comme un objet d'analyse à part entière, se retrouvent chez Montesquieu dans De l'esprit des lois et chez Giambattista Vico dans La Science nouvelle[23],[24]. Ces auteurs posent les bases théoriques et problématiques de la science de la société humaine, et de la relation entre l'action individuelle, les structures sociales et le contexte historique[25]. Peu à peu se développe une démarche qui vise à expliquer les phénomènes sociaux en se détachant d'une vision fataliste, qui décrète l'accomplissement inéluctable d'une destinée[26]. Le siècle des Lumières voit l'émergence de théories qui cherchent à expliquer et comprendre les actions individuelles et leurs conséquences, comme dans le Traité de la nature humaine de David Hume ou les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith[27].
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+ C'est en 1780 que le terme sociologie naît[28],[29], sous la plume de l'essayiste français Emmanuel-Joseph Sieyès. Dérivé du latin socius (compagnon, associé), accompagné du suffixe -ology (l'étude de), provenant du grec λόγος, lógos (savoir, connaissance)[30],[31]. En 1838, Auguste Comte donnera au terme le sens qu'on lui attribue aujourd'hui[31].
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+ En 1903, Henri Hauser affirmait que « les sciences sociales sont terriblement à la mode. C'est la tarte à la crème de toutes les réunions mondaines, de tous les discours, de tous les journaux, et nul n'a d'esprit s'il n'est sociologue[32]. » En effet, en quelques années seulement, la sociologie a su se faire une place dans le champ intellectuel français, avec des figures comme Émile Durkheim, René Worms ou Gabriel Tarde. Pour Charles-Henry Cuin et François Gresle, l'institutionnalisation de la sociologie en France tient de plusieurs facteurs : d'un côté, la refonte de l'enseignement supérieur dans les années 1880 ouvre la voie aux sciences sociales ; de l'autre, les initiatives d'acteurs privés[33]. Dans les années 1880 et jusqu'au début des années 1890, il n'existe encore aucun organe de diffusion strictement destinée aux théories sociologiques[34].
28
+
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+ C'est René Worms, normalien réputé, tenant de la théorie organiciste, qui constituera les premières institutions de la sociologie : il crée en 1893 la Revue internationale de sociologie, en 1894, l'Institut international de sociologie et la collection d'ouvrages « Bibliothèque sociologique internationale » chez l'éditeur Giard & Brière, et en 1895, la Société de sociologie de Paris[35]. Malgré cela, René Worms ne contribuera que très peu à l'ancrage de la sociologie : en s'assurant le concours d'universitaires confirmés — provenant donc d'horizons variés —, il ne tient pas compte des récentes avancées dans le domaine, et ses sociétés s'en retrouvent peu pertinentes, d'autant plus que se constituent au même moment dans les universités des équipes nationales de recherche aux perspectives théoriques plus abouties que les siennes[36]. En France, c'est Émile Durkheim, notamment via la revue L'Année sociologique, qui devient la figure de proue de la discipline.
30
+
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+ Incontestablement, Émile Durkheim s'est imposé comme le chef de file de la sociologie en France[37],[38],[39],[40], si bien que l'école de Durkheim[41] domine jusqu'à la Première guerre mondiale la sociologie française[N 1],[42]. Il propose en effet une théorie englobante de la sociologie : un objet, les faits sociaux, et une méthode, qu'il expose dans Les Règles de la méthode sociologique[39],[43],[40]. Tenant d'une conception holiste de l'étude des phénomènes sociaux, il considère que le social existe indépendamment de la conscience que nous en avons[44]. Le fait social est donc un fait extérieur à la volonté des individus, et irréductible à une étude individuelle[45].
32
+
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+ Après des études de philosophie à l'école normale supérieure, il obtient une bourse d'agrégé et suit les cours de Wilhelm Wundt à l'université de Leipzig. De retour en France, il enseigne à l'université de Bordeaux la pédagogie et la science sociale, et y introduit pour la première fois dans une université française la sociologie[46],[47]. Dès son premier ouvrage, De la division du travail social (1893), Durkheim propose une méthode d'approche systématique des faits sociaux[48]. Après Les Règles de la méthode sociologique (1895), Durkheim donne dans Le Suicide (1897) une démonstration éclatante de l'intérêt et de la portée du rationalisme expérimental en sociologie[49]. En 1896, il fonde avec Célestin Bouglé la revue L'Année sociologique, autour de laquelle va se constituer l'école durkheimienne[37] et qui devient l'organe principal de publication des productions en sciences sociales à cette époque[50]. Les deux fondateurs, via cette revue, se posent alors pour objectifs d'asseoir la discipline sur des bases scientifiques et d'y réunir les tenants de la sociologie française[51]. Autour de la revue de Durkheim et Bouglé se greffent progressivement d'autres universitaires : Marcel Mauss, François Simiand, Maurice Halbwachs, Georges et Hubert Bourgin ou encore Paul Fauconnet[51]. Ensemble, ils participeront à la construction de la discipline en France.
34
+
35
+ La sociologie allemande connaît une destinée différente et indépendante de l'école française. Inspirés par une tradition philosophique riche[N 2], une grande partie des sociologues allemands s'oppose aux sociologues français par leur approche compréhensive de la sociologie, rejetant le déterminisme à la française[52],[53]. Pour eux, l'explication, c'est-à-dire l'objectivation des phénomènes sociaux par la recherche de leurs causes, n'est pas aussi décisive que la compréhension de ces phénomènes, du point de vue de l'acteur[54]. Cette distinction est fondamentale en sociologie puisqu'elle est à l'origine de l'opposition entre holisme méthodologique, théorisée par Émile Durkheim, et individualisme méthodologique, portée par Max Weber.
36
+
37
+ À l'inverse de la sociologie française, la sociologie allemande est moins marquée par une personnalité dominante[52], même si Max Weber est aujourd'hui considéré comme son principal fondateur. D'autres figures comme Ferdinand Tönnies et Georg Simmel étaient également reconnues à leur époque[52]. La sociologie se structure plus tardivement en Allemagne qu'en France, notamment parce qu'elle reste longtemps associé à la science politique[55] : le terme sociologie n'apparaît qu'à partir des années 1880[56] et il faut attendre le début du siècle pour que s'institutionnalise la discipline[57].
38
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39
+ Malgré cela, la sociologie est loin d'être inexistante dans l'Allemagne de Bismarck. En 1877, la revue Vierteljahrsschrift für wissenschaftliche Philosophie und Soziologie (de) publie déjà des articles d'Herbert Spencer, d'Auguste Comte ou de John Stuart Mill[56]. En 1887, Ferdinand Tönnies publie Communauté et Société, considéré comme le premier ouvrage de sociologie en Allemagne[52],[58]. Il y décrit le passage des sociétés occidentales des communautés (Gemeinschaft) aux sociétés (Gesellschaft)[59],[58]. Mais ce n'est réellement qu'au début du XXe siècle que la sociologie prend forme en tant que discipline en Allemagne. En 1904, la revue Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, créée par Edgar Jaffé, Werner Sombart et Max Weber, est la première revue de sciences sociales et politiques d'Allemagne[57],[58]. En 1909, Weber, Tönnies et Simmel créent la Société allemande de sociologie[57],[52].
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+ « Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons par “activité”, un comportement humain quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et, par activité “sociale”, l’activité qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui par rapport auquel s’oriente son déroulement. »
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+ — Économie et société, 1922, Plon, Paris
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+ À l'instar de Durkheim en France, Max Weber a réussi à construire un programme scientifique de constitution de la sociologie, en établissant des fondements épistémologiques et pratiques à la discipline[60],[61],[62],[63]. Dans Économie et société, il s'attache à définir les « concepts fondamentaux de la sociologie »[60]. Il définit, tout comme Durkheim, un objet et une méthode propres à la sociologie : d'une part l'activité sociale, et de l'autre, la méthode compréhensive, indispensable pour saisir le sens que les individus donnent à leurs actions[64],[62]. Son œuvre donne naissance à l'individualisme méthodologique[65], qui vise à expliquer les phénomènes collectifs à partir des propriétés et des actions des individus et de leurs interactions mutuelles. Au fondement de cette méthode, la rationalité des actions constitue un concept central qu'il s'efforce de développer dans ses ouvrages[66],[67]. Cette approche est mise en pratique dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, ouvrage dans lequel il soutient que la Réforme protestante est à l’origine de l’éthique du travail du capitalisme[68]. La contribution de Max Weber à la sociologie est considérable : on lui doit notamment les concepts de neutralité axiologique et d'idéal-type en épistémologie des sciences sociales. Parmi ses nombreux sujets d'étude, on peut citer la bureaucratie, l'État (notamment le monopole de la violence), la sécularisation et la rationalisation des sociétés occidentales, les classes sociales, les religions et la musique[69].
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47
+ Les sociologues n'utilisent pas tous les mêmes théories et méthodologies, et parfois ils ne précisent pas explicitement ce qu'ils retiennent et ce qu'ils rejettent des plans méthodologiques.
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+ Les sociologues ne s'entendent pas entre eux, en ce qui concerne la scientificité de la sociologie. Comme les courants en sociologie ne recherchent pas tous la scientificité et la réfutabilité, le terme de discipline est plus approprié que celui de science, selon Jacques Coenen-Huther[70]. Cependant, plusieurs sociologues se revendiquent d'une démarche scientifique.
50
+
51
+ Quelques courants contemporains, ayant émergé au cours des années 1990, font usage de formalismes mathématiques, tels que l'analyse des réseaux sociaux[71].
52
+
53
+ La sociologie, ayant pour objet des éléments historiques qui se déroulent dans le temps, la reproductibilité n'est pas possible. Mais la reproductibilité n'est pas le seul critère de scientificité[72]. La notion de preuve est indéterminée en sociologie, cette science ne peut faire état de démonstrations déductives. Même un ouvrage aussi réputé que L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme souffre de grandes faiblesses dans les démonstrations avancées par Max Weber, son auteur. La notion de preuve a été mise en place lors de la fondation de la discipline par Émile Durkheim en corrélation avec le modèle des sciences exactes. Bien que depuis il est établi que le monde social ne se comporte pas comme le monde physique, cette recherche n'a pratiquement pas évolué[72].
54
+
55
+ La sociologie est une discipline aux multiples paradigmes[73]. Les paradigmes, courants, approches, écoles, ou mouvements sociologiques forment autant de pratiques différentes et d'opinions divergentes sur la nature de la sociologie ou de certains de ses aspects.
56
+
57
+ L'explication des phénomènes sociaux peut se faire de nombreuses manières en apportant des explications équivalentes et complémentaires. S'il y a aujourd'hui plusieurs traditions sociologiques, aucune ne peut prétendre résumer l'activité sociologique à elle seule, puisque chaque cadre théorique ne permet de voir qu'une simple partie de la complexité de la réalité, et donc il est impossible de décrire l'activité sociologique de façon consensuelle. En ce sens, tous les paradigmes explicatifs se valent. En effet, à l'inverse des sciences « dures » où les paradigmes se succèdent plus ou moins les uns après les autres à la suite d'une « révolution scientifique »[74], les révolutions sociologiques multiplient le nombre de courants théoriques, sans discréditer l'ensemble des autres, bien qu'un cumule et une sélection s'opère par le tri que font les sociologues en reprenant ou non un courant[75]. En ce sens, Alain Caillé écrit : « il est déconcertant, et quelque peu décourageant, de constater que, plus que tout autre type de savoir institué, la discipline sociologique apparaît chaque jour davantage éclatée, tiraillée entre de multiples écoles et courants de pensée irréductibles. [...] La tentation est donc de plus en plus forte, pour un nombre croissant de sociologues, de renoncer à tout espoir de synthèse, ou, plus modestement, de repérage des traits généraux de la discipline[76]. »
58
+
59
+ De nombreux sociologues se sont adonnés à la tâche d'établir une typologie des paradigmes en sociologie. Pour Randal Collins[77],[78], dont la distinction est présente dans de nombreux manuels de sociologie et sites de vulgarisation de la pensée sociologique américains[79],[80],[81],[82],[83],[84],[85], celle-ci se compose principalement de trois paradigmes : le fonctionnalisme, la théorie du conflit et l'interactionnisme symbolique. George Ritzer propose une autre classification en trois paradigmes[73] : celui des faits sociaux, celui de la définition sociale et celui du comportement social. La proposition de Ritzer se rapproche de la dichotomie classique entre le holisme qui met la focale sur le groupe et l'individualisme qui la place sur l'individu. Entre les deux, l'interactionnisme accentue la relation entre l'individu et le groupe. Claude Dubar établit une autre typologie en quatre grands types de courants[86] : les sociologies de la détermination sociale, les sociologies de l'action, les sociologies de la construction sociale et les sociologies de l'identité.
60
+
61
+ Une première manière de présenter les courants sociologiques peut se faire à partir des paradigmes macrosociologique et microsociologique. Marquée par la confrontation entre les sociologies d'Émile Durkheim et de Max Weber[86],[87],[88] aux fondements de la discipline, cette distinction repose principalement sur la relation entre individu et société et peut se comprendre comme l'opposition entre l'autonomie de l'agent libre et les contraintes des structures sociales dans l'explication des comportements sociaux.
62
+
63
+ Il faut toutefois bien comprendre que ces paradigmes ne représentent pas l'ensemble des courants sociologiques, dont certains se sont justement construits en creux de cette opposition[86],[89],[90]. En outre, la floraison de multiples courants théoriques rend très compliquée leur classification[91],[92],[13],[N 3].
64
+
65
+ La plupart des « grandes » théories sociologiques sont développées à partir de paradigmes sociologiques particuliers (et deviennent une large école de pensée en sociologie). Voici les principales théories sociologiques :
66
+
67
+ Pour emprunter à Luc Boltanski, la « sociologie d'expertise » se caractériserait par son obéissance à des critères unidimensionnels d'exploration des objets qu'elle se donne, quand la « sociologie critique » viserait à assumer leur multidimensionnalité[93].
68
+
69
+ Selon Michel Grossetti, la sociologie offre trois niveaux d'analyse : la microsociologie, la macrosociologie et la mésosociologie (niveau des organisations, des réseaux et de l'agentivité)[94].
70
+
71
+ L'étude des phénomènes sociaux se fait par le biais d'un certain nombre d'outils qui permettent au sociologue d'appréhender des phénomènes dont l'échelle dépasse ses possibilités de perception individuelle, mais aussi de limiter les inductions qu'il fait au cours de son travail. Parmi ces outils peuvent être trouvé : le questionnaire, le sondage, l'observation in situ (participante ou non), l'entretien, le récit de vie, l'analyse de contenu, l'herméneutique, l'analyse statistique, l'analyse des réseaux sociaux, la recherche-action.
72
+
73
+ Les chercheurs peuvent utiliser plus d'une méthode d'analyse.
74
+
75
+ Les études quantitatives permettent l'étude des ensembles, la comparaison des unités vis-à-vis de tendances générales. La précaution à prendre au préalable est de définir des unités comparables et les indicateurs, ainsi que de savoir précisément ce que le chercheur veut comparer. Les limites des études quantitatives sont atteintes lorsque le chercheur s'interroge sur un phénomène unique ou sur des trajectoires biographiques. Les statistiques et les sondages sont les outils principaux de l'étude quantitative.
76
+
77
+ Observation détaillée, description de situation, c'est-à-dire une analyse de discours, un outil de codage qui permettent de faire ressortir les typologies, des tendances générales, etc. Ainsi, parmi les méthodes utilisées dans l'enquête sociologique, on retrouvera notamment l'entretien et l'observation.
78
+
79
+ Voici 10 des ouvrages ayant le plus marqué la sociologie selon un sondage de l'Association internationale de sociologie auprès de ses membres[95] :
80
+
81
+ « ...considéré par certains occidentaux comme le vrai père de l'historiographie et de la sociologie. »
82
+
83
+ « Ibn Khaldoun a été proclamé le précurseur d'un grand nombre de penseurs européens, principalement des sociologues, des historiens et des philosophes. »
84
+
85
+ « Le père fondateur de la sociologie orientale. »
86
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+ « Ce grand projet pour trouver une nouvelle science de la société fait de lui le précurseur de nombreux constructeurs de systèmes des XVIIIe siècle et XIXe siècle tels que Vico, Comte et Marx. "Comme l'un des premiers fondateurs des sciences sociales". »
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+ Les États des États-Unis sont les subdivisions politiques et historiques les plus importantes des États-Unis d'Amérique. Ce pays est une république fédérale composée de cinquante États fédérés auxquels s'ajoutent le district de Columbia — comprenant la capitale Washington — et plusieurs territoires. La souveraineté est exercée à la fois par le gouvernement fédéral et par chacun des cinquante gouvernements d'État. Un Américain est à la fois citoyen des États-Unis et citoyen de l'État où il est domicilié[1]. En revanche, la citoyenneté d'État est une chose assez flexible et aucune procédure légale n'est nécessaire, sauf rares exceptions, pour changer son domicile d'un État à un autre. Les Américains ont conscience d'appartenir à une même nation, malgré la diversité des régions.
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+ La Constitution des États-Unis attribue les pouvoirs respectifs des deux niveaux de gouvernement en utilisant des termes généraux. L'idée générale est qu'en ratifiant la Constitution (ou en adhérant à l'Union), chacun des États accepte :
6
+
7
+ Selon le dixième amendement, tous les pouvoirs non spécifiquement transférés à l'échelon fédéral restent aux mains des États ou à celles du peuple. Historiquement, les pouvoirs relatifs à la santé, l'éducation, les transports, l'urbanisme et la gestion des infrastructures relèvent généralement des États, même si tous ont une part importante de financement et de réglementation fédérale. Les pouvoirs transférés, partagés ou maintenus localement sont les mêmes pour tous les États membres de l'Union.
8
+
9
+ Au cours de l'histoire des États-Unis, le pouvoir fédéral a eu tendance à se renforcer au détriment des États et la question du droit des États demeure en débat aux États-Unis. Les États fédérés américains disposent de leurs propres ressources fiscales ainsi que de pouvoirs législatifs et exécutifs étendus. Les lois en vigueur sont par conséquent très variables d'un État à l'autre. De grandes différences de taille et de poids démographique rendent souvent difficile la comparaison entre les États : la Californie est soixante-dix fois plus peuplée que le Wyoming, l'Alaska est cinq cent cinquante fois plus grand que Rhode Island.
10
+
11
+ Les États sont représentés de manière égale au Sénat des États-Unis, chacun élisant deux sénateurs quel que soit son poids démographique. Ainsi les quatre États les plus faiblement peuplés que sont le Wyoming, le Vermont, le Dakota du Nord et l'Alaska (moins de 800 000 habitants chacun) y ont le même poids que les quatre plus peuplés, la Californie, le Texas, l'État de New York et la Floride (respectivement 40, 28, 20 et 21 millions d'habitants). Par contre, à la Chambre des représentants des États-Unis, le nombre de représentants est proportionnel à la population de l'État (avec un minimum d'un représentant par État). Quatre États portent le nom officiel de Commonwealth : le Kentucky, le Massachusetts, la Pennsylvanie et la Virginie. Cette particularité n'implique aucune différence constitutionnelle avec les autres États.
12
+
13
+ Le tableau triable ci-après liste les cinquante États des États-Unis avec :
14
+
15
+ Pour trier, cliquez sur le petit triangle après le titre de la colonne
16
+
17
+ Après l'adoption des articles de la Confédération et de l'Union perpétuelle en 1777, les États devinrent une confédération. En partie en raison de manquements de la Confédération, les treize États formèrent à la place une fédération au travers du processus de ratification de la constitution des États-Unis qui prit effet en 1789, soit une entité souveraine et unique pour ce qui concerne le droit international, avec le pouvoir de mener la guerre et de conduire des relations internationales, constituée d'États fédérés.
18
+
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+ Selon l'article IV de la Constitution, qui souligne les relations entre les États américains, ceux-ci doivent donner « Pleine foi et crédit » (Full Faith and Credit) aux lois et décisions des législatures et des tribunaux des autres États ce qui inclut en général la reconnaissance des contrats légaux, des mariages, des jugements criminels, et jusqu'au 13 janvier 1865, du statut d'esclave. Les États ne peuvent faire de discrimination à l'encontre des citoyens d'autres États et doivent respecter leurs droits fondamentaux, selon la clause « Privilèges et Immunités » (Privileges and Immunities Clause). Le gouvernement fédéral garantit aux États une défense militaire et civile, ce qui exige aussi que le gouvernement de chaque État reste celui d'une république.
20
+
21
+ La Cour suprême des États-Unis a interprété la constitution américaine, comme la clause de Commerce (une clause de l'article premier de la Constitution qui donne au Congrès des États-Unis le pouvoir de réguler le commerce avec les autres pays, entre les États américains et avec les tribus indiennes), permettant un large périmètre d'action au pouvoir fédéral. Par exemple, le Congrès peut réguler le trafic ferroviaire sur les voies ferrées inter-États mais aussi le réguler sur les voies à l'intérieur d'un seul État en se basant sur la théorie qu'un trafic même uniquement à l'intérieur d'un État peut avoir un impact sur le commerce inter-États.
22
+
23
+ Une autre source de pouvoir du Congrès est le « pouvoir de dépenser » — la capacité du Congrès d'allouer des fonds, par exemple, à l'Interstate Highway System. Le système est mandaté et financé en partie par le gouvernement fédéral, mais sert également les intérêts des États. En menaçant de retirer des fonds fédéraux dédiés aux voies rapides, le Congrès a été en mesure de persuader les législatures des États d'adopter une variété de lois. Bien que cela puisse se traduire sur le terrain comme une atteinte aux droits des États, la Cour suprême a confirmé cette pratique comme une utilisation autorisée de la clause constitutionnelle de dépense.
24
+
25
+ Depuis la création des États-Unis, le nombre d'États est passé de 13 à 50. La Constitution américaine est assez laconique sur la manière dont des nouveaux États peuvent adhérer. Notant que « de nouveaux États peuvent être admis par le Congrès dans l'Union » et interdisant qu'un nouvel État soit créé à partir du territoire d'un État existant ou par la fusion de deux ou plusieurs États en un seul sans le consentement à la fois du Congrès des États-Unis et de toutes les législatures des États impliqués.
26
+
27
+ En pratique, presque tous les États admis dans l'Union après les 13 d'origine ont été formés à partir de territoire des États-Unis (c'est-à-dire des territoires sous l'autorité du gouvernement fédéral mais ne faisant partie d'aucun État et qui étaient organisés avec une part d'autonomie règlementaire accordée par le Congrès). En général, le gouvernement d'un territoire organisé fait connaître le souhait de sa population pour sa constitution en État. Le Congrès demande alors au gouvernement territorial d'organiser une convention constitutionnelle. Après acceptation de cette Constitution, le Congrès peut alors reconnaître ce territoire comme un État. Les grandes lignes de ce processus ont été établies par l'Ordonnance du Nord-Ouest, qui est en fait antérieure à la ratification de la Constitution américaine.
28
+
29
+ Cependant, le Congrès est l'autorité ultime pour accepter de nouveaux États et n'est pas obligé de suivre cette procédure. Quelques États américains, en dehors des treize d'origine, ont été admis sans avoir été des territoires organisés du gouvernement fédéral :
30
+
31
+ Le Congrès n'a aucune obligation d'accorder le statut d'État à des territoires dont la population le demande. Par exemple, la République du Texas demanda son rattachement en tant qu'État aux États-Unis en 1836, mais les craintes d'un conflit avec le Mexique retardèrent cette adhésion de neuf ans. Le Territoire de l'Utah se vit refuser son adhésion à l'Union en tant qu'État pendant des décennies, la domination du territoire par les Mormons et particulièrement la pratique de la polygamie par ses élites étant mal vue de Washington. Une fois établies, les frontières des États sont très stables, les seules exceptions majeures étant la cession par le Maryland et la Virginie de territoire pour créer le district de Columbia (la partie cédée par la Virginie lui sera rendue par la suite), une cession par la Géorgie, une expansion du Missouri et du Nevada et le Kentucky, le Maine et le Tennessee respectivement issus d'une scission du Massachusetts et de la Caroline du Nord.
32
+
33
+ Les derniers États à avoir adhéré à l'Union sont l'Alaska en janvier 1959 et Hawaï en août 1959, respectivement 49e et 50e État de l'Union.
34
+
35
+ Le nombre d'étoiles sur le coin supérieur du drapeau américain correspond au nombre d'États dans l'Union (les treize bandes correspondant elles aux treize États d'origine). Cette disposition date de 1818, le rajout sur le drapeau intervenant le 4 juillet, jour de la fête nationale, suivant l'entrée dans l'Union du nouvel État.
36
+
37
+ Chaque État dispose de sa propre constitution (celles de Géorgie, de Californie ou d'Alabama sont réputées pour être parmi les plus longues au monde). Cette constitution définit l'exercice et la répartition des pouvoirs au sein de l'État. Tous les États américains ont repris une forme de régime politique similaire à celui existant au niveau fédéral avec une branche exécutive, une branche législative et une branche judiciaire. Cela n'était pas une obligation, la Constitution des États-Unis exigeant juste des États qu'ils soient une république avec donc un gouvernement démocratique. Il pourrait ainsi y avoir un État avec un régime parlementaire.
38
+
39
+ Dans chaque État, le pouvoir exécutif est exercé par un gouverneur élu, qui est souvent à la tête d'un cabinet et par quelques autres responsables qui suivant les États peuvent être élus ou nommés. Ainsi 42 des 50 États élisent un lieutenant-gouverneur qui remplace le gouverneur en cas de vacance du poste. Suivant les États, il est élu en ticket, comme colistier lors de l'élection du gouverneur, ou lors d'une élection distincte. Les fonctions de secrétaire d'État, de trésorier de l'État ou d'auditeur de l'État peuvent être des fonctions élues ou nommées par le gouverneur suivant les États.
40
+
41
+ Le pouvoir législatif est exercé par la législature de l'État composé de deux chambres : un Sénat et une assemblée de l'État ou chambre des représentants (à l'exception du Nebraska qui n'a qu'une seule chambre). Il existe également une branche judiciaire avec à son sommet une Cour suprême de l'État. Celle-ci est l'autorité suprême de toute décision judiciaire concernant une loi de l'État, la Cour suprême des États-Unis n'intervenant que si elle considère le sujet touchant à la Constitution des États-Unis ou relevant d'une loi fédérale.
42
+
43
+ Aujourd'hui, très peu de territoires pourraient prétendre à devenir un nouvel État de l'Union. Porto Rico est sans doute le candidat le plus sérieux. Le statut du district de Columbia est aussi en débat. Pour les autres territoires (îles Mariannes du Nord, îles Vierges, Guam, Samoa américaines...), peu peuplés et dispersés, la question ne se pose pas vraiment.
44
+
45
+ Les Portoricains sont citoyens des États-Unis depuis 1917. Cette île des Antilles, territoire américain depuis 1898 (comme Hawaï) et la victoire des États-Unis sur l'Espagne, est peuplée de plus de 3,2 millions d'habitants (plus que les vingt-un États américains les moins peuplés). Le territoire non incorporé de Porto Rico — son titre exact est Commonwealth de Porto Rico, mais sans rapport avec les Commonwealths des quatre États américains cités précédemment — ne dispose actuellement que d'une très faible représentation au Congrès : un délégué à la Chambre des représentants des États-Unis, le Resident commissioner, sans droit de vote, et aucun sénateur. Le président George H. W. Bush publia un mémorandum le 30 novembre 1992 à destination des responsables des départements et des agences de l'exécutif américain pour établir les relations entre le gouvernement fédéral et le Commonwealth de Porto Rico. Le mémorandum demandait à tous les départements et agences fédérales de traiter administrativement Porto Rico comme s'il était un État américain dans la mesure où cela ne perturberait pas les programmes ou opérations fédérales. Le gouvernement de Porto Rico, qui a à sa tête un gouverneur élu, a organisé plusieurs référendums sur la question du statut de l'île lors des dernières décennies, même si le Congrès ne se sentait pas engagé par ses consultations. Tous les résultats montraient une victoire étroite des partisans du statu quo sur ceux partisans d'un État, un petit nombre souhaitant l'indépendance. Le 20 décembre 2000, le président Bill Clinton a signé l'ordre exécutif 13183[14], pour créer un groupe de travail présidentiel sur le statut de Porto Rico et ses règles d'appartenance à l'Union, ordre exécutif que le président George W. Bush compléta. En décembre 2005, le groupe de travail proposa une série de nouveaux référendums pour résoudre ce problème. Si le Congrès vote les recommandations du groupe de travail, cela peut ouvrir la voie au premier vote mandaté par le Congrès sur le statut de l'île et potentiellement déboucher sur la création d'État américain vers 2010.
46
+
47
+ Un nouveau référendum, en 2012, a finalement tranché en faveur d'une évolution vers le statut d'État américain à part entière.
48
+
49
+ En effet, le 6 novembre 2012, à l'occasion en même temps de l'élection présidentielle américaine, un quatrième référendum a été présenté aux électeurs sous la forme de deux questions distinctes[15].
50
+
51
+ Tout d'abord, à la question « Êtes-vous d'accord sur le fait que Porto Rico devrait conserver son statut territorial actuel ? » :
52
+
53
+ Deuxième question : « Laquelle des options suivantes préférez-vous ? »
54
+
55
+ Pour la première fois, l'option « État américain » est celle qui a reçu la majorité des voix, ce qui relance le débat sur la question du statut actuel de l'île et du potentiel 51e État.
56
+
57
+ Le 11 décembre 2012, l'assemblée législative de Porto Rico a adopté une résolution demandant « au Président et au Congrès des
58
+ États-Unis de répondre avec diligence à la demande du peuple de Porto Rico, et de commencer le processus pour admettre Porto Rico dans l'Union en tant qu'État »[16]. Cette question n'a toujours pas été abordée par le Congrès américain.
59
+
60
+ Le 11 juin 2017, un référendum consultatif à Porto Rico est organisé afin de savoir si Porto Rico devient un État, gagne son indépendance ou reste avec le même statut. L'admission dans l'Union est votée à 97,16 % des suffrages exprimés et 22,7 % de participation, résultat d'un large boycott[17].
61
+
62
+ En mai 2020, alors que statut territorial actuel de Porto Rico est critiqué par certains citoyens, la gouverneure Wanda Vázquez annonce un nouveau référendum pour novembre 2020 pour décider si Porto Rico doit devenir un État américain. Le référendum est non contraignant[18],[19].
63
+
64
+ Les intentions des Pères fondateurs étaient que la capitale des États-Unis soit située sur un site neutre, ne favorisant aucun des États existants. Le district de Columbia fut donc créé en 1800 pour servir de siège aux autorités fédérales. Comme Porto Rico, les habitants du district n'ont qu'un délégué sans droit de vote à la Chambre des représentants et aucun sénateur (le droit d'élire de grands électeurs pour l'élection présidentielle ne leur fut accordé qu'en 1961 par le 23e amendement).
65
+
66
+ Certains résidents du district soutiennent la création d'un État ou d'une juridiction en reprenant ses compétences pour l'ensemble du district ou pour sa partie habitée, le reste (les lieux abritant les autorités fédérales regroupés au centre de la ville) restant sous la juridiction fédérale. Si un État est toujours une question politique réelle dans le district, il y a peu de perspectives d'un mouvement concret dans ce sens dans un avenir proche. L'accent est plutôt mis sur la poursuite de la Home Rule dans le district lui donnant une représentation pleine et entière au Congrès.
67
+
68
+ Pour le restant des territoires des États-Unis habités n'ayant pas le statut d'État — les Îles Mariannes du Nord (qui ont, comme Porto Rico, le statut de Commonwealth), les îles Vierges des États-Unis, Guam, et les Samoa américaines — les perspectives d'une accession à un statut d'État sont très éloignées. Tous sont relativement peu peuplés — Guam, le plus peuplé de ces territoires, a une population équivalente au tiers du Wyoming, le moins peuplé des États américains — et ces territoires sont fortement tributaires des financements fédéraux. Si ces territoires songeaient à demander un statut d'État, ils devraient probablement s'associer pour augmenter leur population et leur superficie.
69
+
70
+ Constitutionnellement un État ne peut être divisé en plusieurs États qu'avec l'approbation du Congrès américain et de la législature de l'État concerné, comme cela fut le cas du Maine, issu d'une scission du Massachusetts, ou de la Virginie-Occidentale et du Kentucky issus de la Virginie. Quand le Texas fut admis dans l'Union en 1845, il était beaucoup plus grand que tout autre État existant et il lui fut spécialement accordé le droit de se diviser au plus en cinq États distincts même si aucune tentative sérieuse dans ce sens n'a jamais été faite.
71
+
72
+ Par le passé, plusieurs tentatives de reconnaissance ou de création d'États, soit sur de nouveaux territoires soit par scission ou fragmentation d'États existants, n'ont pas abouti.
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74
+ Une sécession, qui n'aboutit pas, sur des territoires disputés entre la Virginie et la Pennsylvanie juste après la guerre d'Indépendance américaine.
75
+
76
+ Cet État exista pendant quatre ans, peu de temps après la fin de la guerre d'Indépendance américaine, mais ne fut jamais reconnu par l'Union, qui, finalement, reconnut la demande de souveraineté de la Caroline du Nord sur cette zone. Une majorité des États américains étaient disposés à reconnaître l'État de Franklin mais il manqua de peu la majorité des deux tiers des États requise pour admettre un nouvel État dans l'Union selon les Articles de la Confédération. Le territoire comprenant le comté de Franklin allait devenir plus tard la partie orientale de l'État du Tennessee.
77
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+ En 1849, les Pionniers mormons, récemment installés à Salt Lake City, proposèrent par la voix de Brigham Young, président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, un statut officiel pour le territoire sur lequel ils étaient installés englobant Grand Bassin et le bassin versant du fleuve Colorado ainsi qu'en partie ou en totalité les territoires de neuf États américains actuels. Cependant, la Californie et le Nouveau-Mexique faisant une demande pour devenir des États à part entière, Young changea de stratégie et se décida à demander la création d'un État qui exista de facto pendant deux ans. Finalement le Territoire de l'Utah sera créé en 1851, sur la partie septentrionale du Deseret, et donnera naissance après plusieurs mutations aux États de l'Utah et du Nevada.
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+ Une tentative de création d'un État de Muskogee, concernant les amérindiens Creek, en Floride avait échoué en 1800.
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+ Sequoyah fut une tentative avortée de création d'un État par les Amérindiens en 1905. Il se serait situé dans l'est de l'actuel Oklahoma et aurait eu une population à majorité amérindienne.
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+ La création de l'État du Supérieur, issu de la scission de la Péninsule supérieure du Michigan dans le nord l'État homonyme, fut proposée dès 1858. Les velléités sécessionnistes restèrent relativement actives jusqu'au milieu des années 1970, avant de péricliter pour devenir aujourd'hui très marginales.
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+ La question de la séparation de la ville de New York de l'État de New York est régulièrement posée dans la métropole américaine mais sans réel projet et souvent brandie pour des raisons fiscales, la ville estimant payer trop d'impôts à l'État[réf. souhaitée].
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+ La Constitution américaine est muette sur le cas d'un État souhaitant quitter l'Union, sachant que pour des raisons historiques, jurisprudentielles, sociales (sentiment des habitants d'appartenir à une même nation) et le poids actuel du gouvernement fédéral, une sécession d'un État paraît quasi impossible. L'exemple le plus célèbre est la sécession de 11 États en 1861 pour former les États confédérés d'Amérique, qui conduisit à la guerre de Sécession et au retour par la force des États sécessionnistes dans l'Union. Parmi les mouvements sécessionnistes existants, nombreux tiennent du folklore, mais certains mouvements ont acquis une influence dans l'État concerné, voire une certaine notoriété nationale, on peut ainsi citer l'Alaskan Independence Party ou le Mouvement hawaïen pour la souveraineté. Le Parti libertarien, comme différents autres mouvements américains idéologiquement proches, prône lui plutôt un État fédéral réduit à sa plus simple expression (voir Free state project).
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+ Les cinquante États des États-Unis tirent leur nom d'une grande variété de langues. La moitié des États, 25, ont un nom dérivé de langues amérindiennes : huit de l'algonquin, sept des langues siouanes (dont l'un via l'illinois, une langue algonquine), trois des langues iroquoises, un des langues uto-aztèques et cinq d'autres langues amérindiennes. Le nom Hawaï viendrait de l'hawaïen. Les autres noms dérivent des langues européennes : sept viennent du latin (principalement la forme latine de noms propres anglais), six viennent de l'anglais, cinq viennent de l'espagnol (plus un d'une langue autochtone via l'espagnol) et trois viennent ou pourraient venir du français (dont l'un via l'anglais) : Louisiane, Vermont et peut-être Maine.
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+ Onze États sont nommés d'après une personne : Caroline du Nord, Caroline du Sud, Delaware, Géorgie, Louisiane, Maryland, New York, Pennsylvanie, Virginie, Virginie-Occidentale, Washington.
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+ Mais pour six États, leur nom reste d'origine incertaine et il existe plusieurs étymologies possibles : Arizona, Utah, Idaho, Maine, Oregon et Rhode Island.
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+ L’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest par l’océan Atlantique et la mer de Norvège, et au nord par l’océan Arctique. Sa limite méridionale est marquée par le détroit de Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que les détroits respectivement du Bosphore et des Dardanelles marquent sa frontière avec l'Asie du Sud-Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au fleuve Oural et au Caucase est la limite traditionnellement retenue, mais reste, faute de séparation claire et précise, l'objet de controverses selon lesquelles un certain nombre de pays sont ou ne sont pas à inclure dans le continent européen. Géographiquement, ce peut être considéré aussi comme une partie des supercontinents de l'Eurasie et de l'Afro-Eurasie.
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+ Dans son acception la plus commune, le continent européen couvre une superficie d’environ 10 millions de km2 et a une population d’environ 743 millions d’habitants. Ses habitants sont les Européens.
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+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord. L'Europe comprend une diversité de climats : un climat tempéré sur la majorité de sa surface, du fait de l'influence de l'océan Atlantique Nord-Est et de la mer Méditerranée et un climat de type continental à l'est de la Pologne orientale. Elle connaît aussi un climat océanique froid, voire polaire, dans ses régions les plus septentrionales, et un climat subtropical humide dans les Balkans autour de la Mer noire. Arrosé par de nombreux fleuves et rivières, le continent n'est pas en stress hydrique.
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+ L'Europe recouvre une grande biodiversité et a été pionnière dans les questions environnementales.
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+ Le peuplement s'est effectué de manière continue depuis 1,8 ou 2 millions d'années, des cycles glaciaires et interglaciaires créant des périodes d'isolement géographique à l'origine d'une différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent à partir d'une espèce commune apparue en Afrique. Arrive ensuite Sapiens, également né en Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités » à partir de 70 000 ans avant l'ère commune.
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+ La population européenne se sédentarise entre 7 500 et 8 000 ans avant J.-C., par l'effet de diffusion de populations et de techniques apparues sur le plateau d'Anatolie vers 11 000 ans avant J.-C. et pratique l'agriculture à partir de 5 000 ans avant J.-C. Des hypothèses linguistiques et archéologiques ainsi que des études génétiques récentes accréditent la thèse d'un peuplement de l'ensemble du continent par des populations de l'est de l'Europe qui seraient les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes.
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+ Les peuples germains apparaissent 2 000 ans avant J.-C. au nord de l'Europe, les peuples celtes s'étendant quant à eux à partir de 1 200 ans avant J.-C. sur la majeure partie du territoire, du bassin des Carpates à l’est de la France.
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+ Mais c'est la Grèce, avec sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), qui doit être considérée  comme le berceau culturel de l'Europe. Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. Le continent est alors divisé entre le monde romain et celui des barbares (Pictes celtes et Germains). L'influence romaine s'inscrit dans la culture, via la langue latine, ainsi que dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation, sur un vaste territoire borné au nord par le mur d'Hadrien et à l'Est par le Rhin et la Vistule, et qui s'étend par ailleurs en Afrique et en Asie.
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+ L'Europe est ainsi le berceau de la civilisation gréco-romaine, qui a donné le jour à la civilisation occidentale. Le christianisme s'y diffuse à partir du Ier siècle.
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+ En 395 apr. J.-C., l'Empire romain est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient seul perdurant (jusqu'au milieu du XVe siècle) tandis que l'Empire romain d'Occident se délite dès le Ve siècle sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares
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+ Plusieurs tentatives furent faites pour reconstituer l'Empire romain d'Occident :celles de Charlemagne, des souverains du Saint-Empire romain germanique, d’Otton Ier en 962 à Charles Quint au XVIe siècle, voire de Napoléon Ier
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+ Le morcellement féodal prévalut au Moyen Âge, avec toutefois l'élaboration d'une civilisation commune aux Européens autour de la foi chrétienne.
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+ Des États-nations se constituèrent ensuite progressivement, et leur rivalité entraîna des guerres importantes au fil des siècles, de la guerre de Cent ans aux guerres du XXe siècle.
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+ L'unité religieuse fut également perdue, un premier schisme séparant en 1054 les chrétiens d'Occident (catholiques) des chrétiens de l'Est de l'Europe (orthodoxes). La Réforme protestante entraîna un deuxième schisme à partir du XVe siècle et de nombreuses guerres de religion, notamment en France, entre Catholiques et Protestants.
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+ L'Europe est toutefois, à partir de la Renaissance, à l'origine de plusieurs bouleversements historiques majeurs. La période moderne voit l'invention de l'imprimerie, la première alphabétisation de masse à la suite de la Réforme protestante, les grandes découvertes. Elle voit éclore le siècle des Lumières, est à l'origine de la diffusion du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Elle invente des formes politiques nouvelles nées des révolutions anglaise et française.
32
+
33
+ Du XVIe au XXe siècles, elle colonise par peuplement l'ensemble du continent américain. Elle établit par ailleurs, au travers de plusieurs de ses nations, des empires coloniaux dans la quasi-totalité de l'Afrique, l'Océanie et de grandes parties de l'Asie jusque dans les années 1950-1960. C'est en Europe également que prennent naissance les deux guerres mondiales et que se produit la Shoah.
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+ La Seconde Guerre mondiale, qui l'a laissée exsangue, fait perdre à l'Europe son hégémonie mondiale et enclenche un mouvement de décolonisation. Pendant la Guerre froide, le continent est divisé en deux blocs séparés par un rideau de fer, celui de l'Ouest et celui de l'Est, idéologiquement opposés. Le bloc occidental, zone d'influence américaine, connaît un essor économique rapide et met en place les premières étapes d'une union européenne, économique puis politique, qui ira croissant dans le nombre des États membres, en intégrant en particulier un certain nombre d'ex-pays de l'Est après l'effondrement du bloc soviétique. De nombreuses critiques se sont élevées depuis une quinzaine d'années à son encontre dans les populations des États membres, notamment à la suite du non-respect des votes référendaires ou de la crise de l'Euro. Elles se sont exprimées à travers le vote du Brexit qui a entraîné le départ du Royaume-Uni en 2020.
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+ Deux origines concurrentes du mot « Europe » ont été proposées[1].
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+ La première fait provenir ce nom de l'usage par les marins phéniciens des deux mots Ereb, le couchant, et Assou, le levant pour désigner les deux rives opposées de la mer Égée : d'une part la Grèce actuelle et d'autre part l'Anatolie (Ἀνατολή signifie pareillement, en grec, le levant). La première mention connue de ces mots sémitiques se trouve sur une stèle assyrienne qui distingue Ereb, la nuit, le [pays du soleil] couchant, et Assou, le [pays du soleil] levant. Selon Michael Barry, les deux mots sont probablement à l'origine des deux noms grecs Eurôpè et Asia dans leur acception géographique antique[2][source insuffisante]. En grec, dans un hymne à Apollon datant d’environ 700 avant notre ère, Eurôpè représente encore, comme Ereb, le simple littoral occidental de l’Égée[2]. C'est également le nom de la princesse de Tyr enlevée par Zeus. Néanmoins, cette étymologie sémitique est à peine encore défendue[3] et cette proposition est généralement considérée comme improbable ou indéfendable[Note 2],[Note 3].
40
+
41
+ La seconde est grecque. Dans la mythologie grecque, plusieurs « Europe » sont connues, Europe, fille du géant Tityos ; la mère de Niobé ; la fille de Nil, une épouse de Danaé ; selon Hésiode, Europe l'Océanide est l'une des trois mille nymphes d'Océan et de Téthys ; dans l’Iliade, Europe est la fille de Phœnix, ascendant du peuple phénicien. Europè (εὐρώπη) provient de deux mots grecs : eurýs et ṓps. Le premier, εὐρύς, signifie soit large, qui s'étend en largeur, soit vaste, qui s'étend au loin[Note 4] ; le second, en grec ancien ὤψ, signifie soit regarder en face, regard, soit œil[Note 5]. Le terme signifie « [celle qui a] de grands yeux » et devient un prénom féminin, donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse princesse Europe enlevée par Zeus déguisé en taureau. Hérodote fait remarquer que la jeune princesse ne pose jamais le pied sur le continent du côté grec désigné par le terme géographique Eurôpè puisque Zeus la dépose en Crète[6]. À Gortyne, à l’endroit où ils s'unissent, près d'une fontaine a poussé un platane qui ne perd jamais son feuillage[7].
42
+
43
+ En 1961, une troisième origine est avancée par des archéologues spécialistes de l'Empire hittite, qui émettent l'hypothèse que les noms des deux continents Europe et Asie viendraient de deux royaumes voisins de l'Empire hittite situés de part et d'autre du Bosphore : Avrupa, correspondant approximativement à la Thrace, aurait donné le nom « Europe » tandis qu'Assuwa, correspondant au quart nord-ouest de l'actuelle Turquie anatolienne, aurait donné le nom « Asie »[8]. La langue turque actuelle utilise toujours le vocable Avrupa pour désigner l'Europe.
44
+
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+ De nos jours, les institutions de l'Union européenne retiennent et propagent l'affirmation selon laquelle le nom du continent viendrait de la mythique Europe enlevée par Zeus[9],[10],[Note 6],[12].
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+
47
+ Selon Jean Haudry, Europē est initialement une désignation de la Grèce continentale par opposition au Péloponnèse, aux îles et à la Thrace. Ce serait seulement à partir des guerres médiques, que le terme s'oppose à l'Asie (qui ne désigne que l'Asie Mineure) et à la Libye (l'Afrique) pour s'appliquer au continent européen, dont les limites demeurent inconnues[13].
48
+
49
+ L'usage fait de l'Europe un continent[Note 7] mais il s'agit, si l'on considère la plaque eurasiatique, de la partie occidentale (une péninsule[15]) d'un super-continent[16]. Cela entraîne que les limites terrestres de l'Europe ont donc toujours été imprécises à l'est car il n'existe pas de relief ou de mer venant clairement scinder l'Eurasie. Les frontières géographiques de l'Europe sont donc plus politiques que physiques[17].
50
+
51
+ Pour les Grecs, l'Europe ne s'étendait pas « au-delà du Bosphore et des rives occidentales de la mer Noire »[18]. Jusqu'au règne du tsar Pierre le Grand (1682-1725), la limite orientale de l'Europe est fixée au fleuve Tanaïs (actuel Don)[19]. Pierre le Grand mène une politique de réorientation de l'Empire russe vers l'Europe, en fondant Saint-Pétersbourg capitale ouverte sur la mer Baltique et en chargeant Vassili Tatichtchev de déplacer vers l'est la frontière de l'Europe. Ce dernier choisit le massif de l'Oural et le fleuve Oural[20]. Au sud-est, la mer Caspienne, le massif du Caucase, la mer Noire et le détroit du Bosphore séparent l'Europe du Proche-Orient. Au sud et au sud-ouest, la Méditerranée et le détroit de Gibraltar séparent l'Europe de l'Afrique. Le continent est bordé à l'ouest par l'océan Atlantique et au nord par l'Arctique. Sont considérées comme européennes l'Islande (située géologiquement sur la séparation Eurasie-Amérique[21]) et les principales îles de la Méditerranée ; le cas de Chypre est toutefois particulièrement sujet à débat, à la fois sur les plans géographique, culturel, politique et historique[22].
52
+
53
+ Les cas de la Russie, de la Géorgie et de la Turquie sont emblématiques du hiatus politico-géographique. Ces nations ayant la plus grande partie de leur territoire en Asie (Russie) et au Moyen-Orient (Turquie), le plan politique ne recoupe pas le « plan » géographique premier. Ainsi, si la Russie est occidentale par sa culture, son histoire et une part de son territoire, son centre de gravité fait d'elle un quasi-continent, s'étendant du Pacifique jusque dans l'Europe. Ensuite la Géorgie conserve un territoire de part et d'autre du Caucase qui atteint la mer Noire. Le cas est plus complexe pour la Turquie, celle-ci possédant la majeure partie de son territoire au Moyen-Orient, et possédant par l'histoire une culture mixte entre la culture occidentale et moyen-orientale.
54
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55
+ Le Groenland, qui appartient au Danemark est rattaché à l'Europe.
56
+
57
+ Certains territoires, les régions ultrapériphériques, font partie de l'Union européenne quoique étant situés en dehors du continent (la communauté autonome espagnole des îles Canaries, les cinq départements et régions d'outre-mer français, la collectivité d'outre-mer française de Saint-Martin et les deux régions autonomes portugaises de Madère et des Açores)[23].
58
+
59
+ L'Europe a une superficie d'un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés (10 392 855 km2[réf. nécessaire]). Cela représente un tiers de l'Afrique, un quart de l'Asie et de l'Amérique.
60
+
61
+ On peut distinguer cinq grandes régions géographiques : l'Europe de l'Ouest, l'Europe centrale, l'Europe du Sud, l'Europe de l'Est et l'Europe du Nord.
62
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63
+ L'organisation de l'espace montre un cœur économique, la « banane bleue » ou mégalopole européenne, qui comprend notamment l'Europe rhénane ainsi que les périphéries européennes[24].
64
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65
+ Les frontières orientales de l'Europe sont avant tout politiques : la limite de l'Oural est due aux cartographes du tsar Pierre Ier le Grand au XVIIIe siècle. De même, la frontière fut déplacée des hautes crêtes du Caucase vers la mer Caspienne au début du XIXe siècle pour justifier l'annexion de la Géorgie et de l'Arménie dans l'Empire russe. D'un point de vue géologique, si l'on se réfère à la tectonique des plaques, l'Europe et la partie continentale de l'Asie ne sont qu'un seul et même continent, dénommé Eurasie. Aussi, quelques géographes éminents, tels qu'Alexander von Humboldt, considéraient-ils l'Europe comme une simple péninsule de l'Asie.
66
+
67
+ Le climat européen est conditionné notamment par son étalement en latitude du 36e au 71e parallèle nord, soit plus de 4 000 kilomètres entre les espaces scandinave et méditerranéen. De ce fait, le contraste de température est considérable entre l'extrême nord, moyenne annuelle −5 °C environ comme dans l'archipel de Nouvelle-Zemble, et l'extrême sud, moyenne annuelle 18,7 °C environ pour la Crète.
68
+
69
+ L'Europe dispose d'une vaste zone côtière, et l'influence océanique atlantique et méditerranéenne contribuent à modérer les températures sur une bonne partie de l'Europe. Elle est située à l'est et au sud de l'Atlantique nord-est dont la température est notablement attiédie par la dérive nord-atlantique. Du fait de sa latitude, la majeure partie du continent est soumise au flux d'ouest dont la température a été auparavant adoucie par son passage sur cette partie de l'océan. Ce flux d'ouest n'est pas contrarié dans sa progression vers l'est en raison des grandes plaines largement ouvertes vers l'ouest dans la partie moyenne de l'Europe.
70
+
71
+ En toutes saisons, ce flux est tempéré et porteur de perturbations assurant des pluies régulières. Au fur et à mesure de sa progression à l'intérieur des terres, ce flux subit les influences continentales : il devient moins tempéré et s'assèche progressivement, les précipitations devenant moins régulières. Vers l'est, les hautes pressions hivernales prennent de l'importance, font barrage au flux océanique et sont la source d'épisodes très froids et secs. Au nord, les montagnes scandinaves font obstacle aux vents d'ouest et entraînent un climat continental froid sur la partie orientale de la Scandinavie. Le flux océanique voit également son importance climatique diminuer au sud de l'Europe, à cause de la latitude, des hautes pressions estivales, et des barrières montagneuses conséquentes qui s'interposent la plupart du temps en direction de la Méditerranée.
72
+
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+ Tous ces facteurs expliquent la répartition des climats européens[25].
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+ La bordure de l'océan Arctique connaît un climat polaire sans véritable été (température de juillet inférieure à 10 °C, ET dans la classification de Köppen) avec des précipitations faibles. L'hiver est froid ou très froid avec une température moyenne de janvier qui s'abaisse à −20 °C vers l'est, il est assez perturbé du fait du voisinage de la mer.
76
+
77
+ Les littoraux du Nord-Ouest, la bordure côtière de la Norvège, les îles au nord de l'archipel britannique, l'Islande connaissent un climat océanique frais avec une température moyenne dépassant 10 °C pendant moins de quatre mois (Cfc dans la classification de Köppen[précision nécessaire]). Les précipitations sont abondantes, généralement plus de 1 000 mm par an et souvent beaucoup plus dès qu'il y a des reliefs un peu importants. Les pluies sont réparties en toutes saisons avec un maximum d'automne ou d'hiver. Les tempêtes d'automne et d'hiver sont très fréquentes. Bien qu'agité, l'hiver reste « tempéré » par rapport à la latitude, entre −3 °C et 4 °C pour le mois le plus froid. L'été est frais et la température moyenne de juillet est comprise entre 10 °C et 14 °C.
78
+
79
+ Sur le domaine littoral plus bas en latitude, depuis les Îles britanniques jusqu'au nord-ouest de l'Espagne, en passant par la bordure côtière des Pays-Bas, de la Belgique, de la France s'étend un climat océanique bien caractérisé, avec une faible amplitude entre l'hiver et l'été et une température moyenne qui augmente du nord vers le sud mais assez homogène par rapport à l'étalement en latitude. Dans cette zone, le flux océanique modère les températures, les pluies sont fréquentes et régulières en toutes saisons avec cependant un maximum d'automne au nord et d'hiver au sud. Le total des précipitations annuelles, plus modéré que dans le type précédent, est compris entre 700 mm et 1 000 mm sauf sur les massifs côtiers - Écosse, Pays de Galles, Cordillère Cantabrique - où ce total peut largement dépasser 2 000 mm. Les tempêtes automnales et hivernales sont fréquentes mais un peu moins que dans la zone précédente. En hiver, par rapport à la latitude, le gel et la neige sont relativement rares ainsi que les fortes chaleurs en été. Les étés sont tempérés avec une température moyenne qui dépasse 10 °C pendant plus de quatre mois[27]. Pour le mois le plus chaud la température est comprise entre 15 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 2 °C à 10 °C du nord-est au sud-ouest.[réf. non conforme]
80
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81
+ À l'est de cette zone, le climat, encore modéré par l'influence de l'océan, connaît une altération de ses caractéristiques quand on s'éloigne du littoral. La limite avec le domaine précédent est assez floue, cependant on peut considérer qu'à partir de quelques dizaines de kilomètres du littoral, dans la vaste zone de plaines ou de moyennes montagnes qui va du Bassin parisien au sud de la Scandinavie, à l'ouest de la Pologne et limitée par les contreforts des Alpes suisses et autrichiennes au sud, le climat est assez homogène sur une grande étendue. Il se continentalise peu à peu tout en conservant des caractéristiques modérées par rapport à la latitude (comme précédemment Cfb selon Köppen), les pluies deviennent un peu moins régulières, leur volume diminue progressivement, entre 500 et 700 mm en plaine, 800 à 1 500 mm sur les reliefs. Les pluies sont réparties très uniformément tout au long de l'année avec un maximum pluviométrique qui tend à devenir plutôt estival. Les tempêtes automnales et hivernales voient leur importance diminuer au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'océan, mais ne sont pas exclues. L'amplitude entre l'hiver et l'été ainsi que la fréquence des épisodes de température extrêmes augmentent progressivement mais les moyennes restent modérées par rapport à la latitude. La température du mois le plus chaud est comprise entre 17 °C et 20 °C du nord au sud, celle du mois le plus froid de 5 °C à −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « parisien », « semi-océanique d'abri ».
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+ Un peu plus au sud, du Bassin aquitain jusqu'à une partie des Balkans hormis la plaine du Pô, le climat est encore océanique ou semi-océanique (Cfb dans la classification de Köppen), mais se distingue par ses températures d'été plus élevées (moyenne de juillet de 19 °C à 23 °C) et par une multiplication des climats locaux du fait du relief beaucoup plus compartimenté. Les précipitations peuvent être importantes à proximité des reliefs exposés aux flux humides ou bien réduites dans les bassins abrités. Les étés sont plus orageux que dans le type précédent avec des précipitations plus irrégulières. Mais la chaleur moyenne de juillet reste en dessous de 23 °C et l'été connaît encore des périodes de rafraîchissement épisodiques, ce qui est un trait des climats océaniques. Les hivers restent doux à proximité de l'océan mais nettement plus froids vers l'Europe centrale. La température du mois le plus froid (janvier le plus souvent) est comprise entre 6 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. En France, cette zone correspond aux appellations traditionnelles de climat « aquitain », « semi-océanique d'abri ».
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+ À l'est des deux domaines précédents, à partir de la Pologne orientale, la façade orientale de la chaîne scandinave et les confins de l'océan Arctique au nord jusqu'à l'Oural vers l'est, jusqu'à la mer Noire, le Caucase et la Caspienne au sud apparaît le climat continental. L'hiver est froid avec blocage fréquent du flux océanique par l'anticyclone continental générateur d'épisodes très froids et secs. La moyenne de janvier va de −3 °C de l'ouest à −20 °C vers le nord-est. L'été, l'anticyclone continental disparaît et le flux atlantique pénètre plus librement à l'intérieur du continent, l'été est encore frais au nord mais il est de plus en plus chaud vers le sud, 10 °C en juillet à la frontière du domaine polaire, jusqu'à 25 °C près de la mer Caspienne (au nord, où les étés sont frais, nous sommes dans le domaine Dfc de Köppen, Dfb plus au sud, là où la moyenne dépasse 10 °C durant au moins quatre mois). Les saisons intermédiaires sont courtes. Les pluies sont plus irrégulières avec un maximum de printemps ou d'été. Au nord du domaine, les étés sont assez pluvieux et restent frais avec une évaporation modérée, la sécheresse d'été est modérée. Vers le sud, la chaleur augmente ainsi que l'irrégularité des pluies, la sécheresse relative d'été s'intensifie et les abords de la Caspienne connaissent un climat steppique (BSk selon Köppen).
86
+
87
+ Les montagnes (Alpes, Pyrénées, Carpates, chaînes balkaniques, Caucase, Alpes scandinaves) connaissent le climat montagnard qui correspondent à peu près à celui des plaines environnantes mais modifiés par l'altitude. Celle-ci provoque un abaissement de la température, en toutes saisons mais davantage en été qu'en hiver et une augmentation des pluies pour les versants exposés aux vents pluvieux. Les reliefs multiplient les climats locaux du fait des différences d'expositions au soleil et du fait de la modification du régime des vents qu'ils induisent.
88
+
89
+ Dans la plaine du Pô et dans les Balkans bordant la mer Noire, les chaînes de montagnes font barrage au flux océanique, la chaleur estivale s'accentue avec une température moyenne de juillet supérieure à 22 °C, les précipitations deviennent plus importantes en été. Selon la classification de Köppen, ce climat est appelé tempéré à étés chauds (Cfa). Les hivers sont assez variables, de assez doux comme sur les côtes occidentales de l'Adriatique, à assez froid (Bulgarie, Roumanie), mais toujours avec une température moyenne de janvier supérieure à −3 °C. La température du mois le plus froid est comprise entre 3 °C et −3 °C de l'ouest vers l'est. Les influences océaniques concernent peu cette zone. Le cumul annuel des précipitations s'assèche progressivement vers l'est. Les pluies, encore réparties sur toute l'année, prennent cependant une importance estivale marquée, notamment sous forme d'orages.
90
+
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+ Les régions bordant la Méditerranée (majeure partie de l'Espagne, Sud-Est de la France, Italie excepté les Alpes et la plaine du Pô, la Croatie, la Slovénie, l'Albanie, la Grèce et les îles méditerranéennes) connaissent un climat méditerranéen, Csa et Csb d'après Köppen. À l'écart du flux océanique humide du fait des montagnes et de la latitude, ce climat est caractérisé par une sécheresse estivale et un ensoleillement nettement plus important que dans les domaines précédents. Les pluies ne sont pas souvent apportées par le flux atlantique mais la plupart du temps par des perturbations qui se développent sur place, alimentées par l'air méditerranéen, ces perturbations sont moins nombreuses que les perturbations océaniques mais les pluies qu'elles apportent sont copieuses et parfois excessives. Le total pluviométrique annuel des régions méditerranéennes est à peu près le même que pour les domaines précédents mais la répartition des précipitations est beaucoup plus irrégulière. L'été est à peu près sec surtout près des côtes et dans le sud, les pluies de printemps et d'automne sont prédominantes au nord du domaine méditerranéen et celles d'hiver au sud. Suivant les effets d'abris ou au contraire suivant les effets de couloir induits par les reliefs environnants, ce domaine est calme ou au contraire très venté (mistral, tramontane, bora, etc.). Les températures hivernales sont douces sauf en moyenne montagne, 5 à 11 °C en janvier, de l'intérieur vers la côte et du nord vers le sud. L'été est chaud 22 °C à 27 °C en juillet du nord vers le sud. Ce type de climat est généralement limité par les versants sud ou est des massifs montagneux : chaîne Cantabrique, Pyrénées, Alpes et Balkans. Sur le littoral atlantique, la limite se trouve à peu près au nord du Portugal. C'est à partir de cette zone que l'on observe des caractéristiques méditerranéennes marquées (chaleur et sécheresse d'été entraînant des feux de forêt réguliers, un ensoleillement élevé comparé aux régions océaniques, etc.).
92
+
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+ L'Europe est assez bien arrosée par des fleuves et rivières, et pratiquement aucune zone n'est en stress hydrique.
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+ Trois fleuves d'Europe, le Rhin, le Rhône, et le Pô, prennent leur source dans les Alpes, quelquefois appelées pour cette raison le « château d'eau de l'Europe » (au moins de sa partie occidentale). Le Rhin se jette dans la mer du Nord, le Rhône dans la mer Méditerranée et le Pô dans la mer Adriatique. Le Danube prend sa source dans la Forêt-Noire et se jette dans la mer Noire. L'Elbe se jette dans la mer du Nord. La Vistule et l'Oder se jettent dans la mer Baltique. Le Dniepr, fleuve de plaine, se jette dans la mer Noire. La Volga et l'Oural se jettent dans la mer Caspienne.
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+ L'Europe regroupe plusieurs zones biogéographiques et une grande variété d'écosystèmes terrestres et marins, qui ont souvent été intensivement exploités, fragmentés et pollués.
98
+
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+ L'Europe a été motrice pour de nombreux états-membres en matière de Droit de l'environnement avec notamment les directives Habitats et Oiseaux, bien que certains états membres (dont la France) les aient tardivement et incomplètement appliquées. Une directive-cadre sur l'eau est en cours d'application, des directives sur le sol et la mer sont en projet, et le 1er janvier 2005 est entrée en vigueur la nouvelle norme européenne pour limiter la pollution atmosphérique : les agglomérations de plus de 250 000 habitants de l'Union européenne ne doivent pas dépasser certaines valeurs limites : 50 microgrammes (0,05 mg) de particules par mètre cube d'air ambiant doit être le seuil maximum pour 35 jours par an, et la valeur moyenne annuelle ne doit pas aller au-delà de 40 microgrammes. Cependant, les normes anti-pollution déjà en vigueur n'étaient déjà pas respectées : en 2002, 11 pays sur 15 ont dépassé la marge autorisée.
100
+
101
+ Depuis 1996, le conseil de l'Europe invite les états à construire ensemble un Réseau écologique paneuropéen et ils doivent appliquer, comme toutes les collectivités la directive 2003/4 concernant l'accès du public à l'information en matière d'environnement, la directive INSPIRE (Infrastructure d’information spatiale en Europe). Un futur Réseau européen de données d'observation et de surveillance (EMODNET / European Monitoring Observation. Data Network) est en construction.
102
+
103
+ Pour mesurer l'état de l'environnement, les pressions et les réponses, l'UE s'est dotée d'une Agence européenne pour l’Environnement (AEE) qui applique maintenant la méthodologie LEAC (Land and Ecosystem Accounting - Comptabilité des écosystèmes et du territoire). Le système Corine Landcover et d'autres permettent d'harmoniser les cartes européennes de données environnementales.
104
+
105
+ Bilan : malgré des efforts importants, comme dans la plupart des autres régions du monde, la biodiversité qui y fait l'objet d'évaluations[33] périodiques, est globalement en recul (sauf pour certaines les espèces plutôt généralistes et banales). Les espèces invasives continuent à gagner du terrain. À ce titre, la commission européenne a publié le 13 juillet 2016, une liste des trente-sept espèces à combattre pour éviter qu'elles ne portent préjudice aux espèces indigènes. Cette liste prévoit d’interdire l’importation, la vente, la reproduction, la culture ou l’élevage de ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité[34],[35].
106
+
107
+ Les objectifs européens en matière de lutte contre le changement climatique, et limitation des émissions de gaz à effet de serre, dont celui de -25 % pour 2020 semble difficile à tenir (pour les transports et l'agriculture notamment[36]), la Pologne s'y opposant même[36] avant que le 21 juin 2011, les ministres de l'environnement européens (en Conseil environnement) examinent un nouveau projet de feuille de route pour 2050 (économie européenne bas carbone) présentée par la Commission européenne le 8 mars 2011, confirmant l'objectif du Conseil d'octobre 2009 de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95 % en 2050 (par rapport à 1990), avec un calendrier de -40 % par rapport à 1990 en 2030, -60 % en 2040 et -80 % en 2050 (un pays s'est encore opposé à ces objectifs)[37].
108
+
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+ En 2019, on compte 20 % d'oiseaux en moins en Europe qu'en 2000[38]
110
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111
+ Plus de 40 % des espèces d’arbres présents en Europe sont menacées d’extinction selon un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature. L'organisation appelle l’Union européenne à agir, indiquant que « Les arbres sont essentiels à la vie sur terre et les arbres européens dans toute leur diversité sont une source de nourriture et d’abri pour d’innombrables espèces animales telles que les oiseaux et les écureuils »[39]. En outre, la moitié des espèces d’arbustes présents en Europe sont menacées de disparition, ainsi qu’un cinquième des espèces de mollusques terrestres, tels que les escargots, et certaines espèces de bryophytes (plantes non vascularisées), comme des mousses[39].
112
+
113
+ Le peuplement de l'Europe est conditionné par les cycles glaciaires et interglaciaires qui se succèdent, notamment au Pléistocène moyen (0,781 à 0,126 Ma), et qui affectent la démographie des populations, créant notamment des périodes d'isolement géographique qui sont une des raisons de la différenciation des formes anciennes du genre Homo sur le continent. Homo naît et évolue en Afrique, où il s'affranchit d'abord du milieu forestier, puis connaît une expansion constante vers les latitudes moyennes d'Eurasie, puis les hautes latitudes. Cela est rendu possible par sa capacité à s'adapter aux changements d'environnement et par ses caractéristiques de prédateur, lesquelles culminent chez Néandertal l'Européen, devenu principalement un chasseur carnivore occupant le haut de la chaîne alimentaire, un superprédateur chasseur de gros gibier. Arrive ensuite Sapiens, venu d'Afrique, qui remplace l'espèce d'origine européenne qu'est Néandertal, et « toutes les autres humanités »[40],[41],[42],[43],[44].
114
+
115
+ Le genre Homo apparaît en Afrique, probablement vers 2,7 millions d'années (Ma) dans la basse vallée de l’Omo, en Éthiopie, et il est attesté de manière certaine vers 2,4 à 2,3 Ma[45]. Les premiers Homo erectus quittent l'Afrique et atteignent l'Eurasie il y a sans doute 1,8 ou 2 millions d'années[46], mais les dates et les chemins empruntés[47],[48] ainsi que certaines différenciations en espèces (H. erectus, H. ergaster, H. antecessor, H. heidelbergensis) sont encore discutées[Note 8],[50].
116
+
117
+ Homo georgicus, parfois considéré comme un Homo ergaster européen[51],[45], dont les restes ont été découverts en 2002 à Dmanissi, en Géorgie (Caucase), est le premier représentant du genre Homo attesté en Europe (et aussi l'un des plus anciens hors d'Afrique) ; il est daté d'environ 1,8 Ma[52],[53]. D'autres lui succèdent ; on a trouvé, à Kozarnika (Bulgarie), une industrie lithique, datant de 1,4 Ma et, en actuelle Espagne, des restes humains à Sima del Elefante (appartenant au site d'Atapuerca), datant de 1,4 Ma et à Orce, les restes de l'Homme d'Orce et de l'Enfant d'Orce, datant de 1,2 Ma[54],[55]. Le site d'Atapuerca a livré aussi des restes d'industrie lithique d'environ 1,4 Ma, et des restes humains ayant abouti à la description d'Homo antecessor, daté d'env. 820 000 BP, possible ancêtre de H. neanderthalensis, attestant d'un peuplement continu de l'Europe occidentale depuis 1,8 Ma ainsi que de l'existence possible d'une migration à partir de l'Europe centrale, depuis Dmanissi (où a été découvert H. georgicus), et non pas via le détroit de Gibraltar[56],[57],[58],[49]. Jusqu'à H. antecessor, l'industrie lithique associée à ces peuplements est l'Oldowayen, technique des galets aménagés. Vient ensuite Homo heidelbergensis (l'Homo erectus européen[51], 650 000-300 000 BP, espèce à laquelle appartient, par exemple, l'homme de Tautavel), décrit à partir de plusieurs fossiles, retrouvés en Allemagne actuelle, à Heidelberg, d'où provient son holotype et en Espagne, sur le site d'Atapuerca ; H. heidelbergensis pourrait être l'ancêtre d'H. neanderthalensis[59],[60],[61]. L'industrie lithique associée aux heidelbergiens est l'Acheuléen, caractérisé par la technique des bifaces, attesté il y a 650 000 ans en Europe mais né en Afrique il y a 1,7 Ma[62]. À la même époque, vers 450 000 à 500 000 ans BP, les Européens commencent à maîtriser le feu, étape importante de l'évolution, qui permet la cuisson des aliments et donc facilite l'assimilation des nutriments, et qui permet aussi de se chauffer, dans un environnement climatique globalement plus froid qu'actuellement, ce qui concourt à un processus de socialisation[63],[64],[65].
118
+
119
+ Homo neanderthalensis, l'« Homme de Néandertal », naît il y a environ 400 000 ans en Europe occidentale, issu sans doute d'une forme de spéciation (« spéciation par distance »)[66],[67],[68] d'H. erectus/heidelbergensis, ou d'une dérive génétique (modèle d'accrétion)[69], dans un contexte où l'Europe est isolée par les glaces du reste de l'ancien monde[70],[71]. Neandertal est très adaptable, il s'accommode des périodes glaciaires et inter-glaciaires et des environnements correspondants et s'étend massivement en Europe[72] et au-delà, vers l'Asie Centrale et le Proche-Orient entre 120 000 et 110 000 ans BP[73],[74]. Physiquement robuste et adapté au froid, Néandertal possède des capacités cognitives proches de celles de l'« Homme moderne » (Homo sapiens)[75], il pratique des rituels, il enterre ses morts, le premier en Europe à le faire, et il pratique une forme d'art[76],[77],[78],[79],[80]. Il est associé au Moustérien[81]. Le nombre de néandertaliens (métapopulation) est compris dans une fourchette allant de quelques milliers à 200 000 individus, donnant en tout état de cause une très faible densité de population[82],[83],[84].
120
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+ Homo sapiens, quant à lui, naît en Afrique, il y a environ 300 000 ans[85]. Sa présence hors d'Afrique, sous une forme archaïque, est attestée par des fossiles âgés de 180 000 ans environ, en Israël (Grotte de Misliya)[86],[87],[88]. L'expansion de Sapiens se fait en plusieurs vagues, lesquelles empruntent probablement un chemin passant par Bab-el-Mandeb, détroit entre la péninsule arabique et l'Afrique, outre celui par le Nil et le Proche-Orient[89],[90],[91],[92], mais les premières n'atteignent pas l'Europe. Les vagues de Sapiens évolués qui atteignent l'Europe partent d'Afrique vers 70 000 ans et leurs plus anciennes traces en Europe datent de 45 000 ans (Grotta del Cavallo)[93],[94],[95]. À partir de 45 000 ans, H. sapiens commence sa colonisation de l'Europe, dans un mouvement d'est en ouest[90]. À ce moment, il a déjà eu l'occasion de se métisser avec Néandertal, leurs chemins s'étant croisés au Proche-Orient et à l'est de l'Eurasie[96],[97],[98],[94]. Ce métissage entre Néandertal et Sapiens est sans doute favorable à ce dernier ; venu beaucoup plus récemment d'Afrique, il est plus adapté aux basses latitudes et il acquiert par ce métissage des avantages évolutifs, notamment de résistance au froid[99],[100]. Sapiens progresse en Europe et, concomitamment, les néandertaliens régressent, se retrouvant confinés dans des zones refuges avant de disparaître vers 40 000 ans BP avec des populations relictuelles perdurant jusqu'à 28 000 ans BP[74],[101], non sans laisser leurs traces génétiques dans l'actuelle population humaine[102]. Les causes de la régression puis de la disparition de Néandertal sont plurifactorielles et toujours discutées[103],[104]. La peau de ces Homo sapiens était sombre, adaptée à leur origine africaine et aux régions très ensoleillées. Ce n'est que récemment, il y a 10 000 ans, que les chasseurs-cueilleurs européens ont disposé des gènes responsables de la peau pâle[Note 9],[106],[107],[108].
122
+
123
+ Avec l'arrivée de Sapiens, des industries diverses (Uluzzien, Bohunicien, Châtelperronien, attribué à Néandertal, Lincombien-Ranisien-Jerzmanowicien, etc.) se développent ; deux d'entre elles, l'Aurignacien (env. 40−29 ka BP) puis le Gravettien (env. 29−22 ka BP) se répandent largement en Europe[109],[110]. Ces expansions sont concomitantes à des mouvements de populations, retracés par la génétique[111], eux-mêmes corrélés aux fluctuations climatiques de l'époque[44]. L'Aurignacien est caractérisé notamment par le développement du travail des matières osseuses (bois de rennes et os de mammouths), rare jusqu'alors, à des techniques de débitage de lamelles ainsi qu'à des objets de parure et au développement de l'art[112] ; la grotte Chauvet, occupée à l'Aurignacien (37 ka BP) et au Gravettien (30 ka BP), en est un exemple[113]. Dès 30 ka BP, à une période particulièrement froide, on trouve des traces de sédentarisation partielle dans l'est de l'Europe, sous la forme de campements bénéficiant d'infrastructures d'habitation (à la différence des abris de plein-air), autour desquels ont été retrouvés des sépultures et des statuettes d'argile. Mais Sapiens reste néanmoins, fondamentalement, un chasseur-cueilleur mobile nomadisant sur des distances de quelques centaines de kilomètres[114].
124
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+ Entre 21 000 et 18 000 ans[115] se produit un intense refroidissement, le « maximum glaciaire »[Note 10] qui donne à l'Europe une configuration nettement différente de l'actuelle[Note 11]. Les études génétiques montrent que certains groupes, d'abord représentés en Europe du Nord-Ouest, sont repoussés dans le sud de l'Europe[118],[44]. C'est le moment où apparaît l'industrie lithique solutréenne, caractérisée par des pointes en pierre très fines et acérées, appelées « feuilles de laurier », servant sans doute de couteaux et armant l'extrémité des flèches et des sagaies[119]. Émergent l'usage du propulseur et (probablement) de l'arc pour la chasse mais ces deux outils, cependant, ne se généraliseront qu'au Magdalénien qui lui succède[120],[121]. On a longtemps pensé que le Solutréen était aussi l'époque de l'invention de l'aiguille à chas[122],[123],[124] jusqu'à la découverte, en 2016 en Sibérie, d'un tel artefact, daté de 45 ka BP, attribué à l'Homme de Denisova[125],[126],[127]. Le Magdalénien est caractérisé par un art pariétal particulièrement riche, comme en témoignent les grottes de Lascaux et d'Altamira[128], et par le travail des matières osseuses[129].
126
+
127
+ La dernière période glaciaire s'achève de manière brutale. Un premier réchauffement rapide se produit vers 14 700 BP, la température du Groenland augmente de plus de 10 °C, c'est ce qu'on nomme le Bölling, qui libère des glaces une grande partie de l'Europe du Nord et de la Scandinavie, permettant leur peuplement depuis le sud. Avec ce retrait des glaces, de nouveaux apports de populations à partir du Proche-Orient font sentir leurs effets[118]. Plus tard, vers 12 900 BP, un retour à des conditions glaciaires se traduit par des températures extrêmement froides avant un réchauffement final, vers 11 700 BP, qui marque la fin de la dernière glaciation[130] et l'entrée dans l'Holocène avec l'instauration du climat actuel[131] ; cela coïncide avec les débuts de l'extinction de la mégafaune européenne (mammouth laineux, rhinocéros laineux, cerf géant, ours des cavernes, etc.), sans doute pour des raisons climatiques probablement aggravées par la prédation humaine[132]. Le paysage et sa faune se recomposent[Note 12], la forêt tempérée progresse en Europe à partir de 10 000 BP, la chasse à l'arc se généralise[134],[135] et l'alimentation des hommes du Mésolithique devient extrêmement diversifiée[136] (les escargots par exemple, sont consommés en très grande quantité dans certaines niches écologiques[137]).
128
+
129
+ Galet aménagé du gisement de Dmanissi, de type Oldowayen (env. 1.8 Ma, Homo georgicus).
130
+
131
+ Biface Acheuléens (650 000 (en Europe) - 100 000 BP, Homo heidelbergensis).
132
+
133
+ Nucléus et éclat Levallois en silex du Moustérien (300 000−38 000 BP, Homme de Néandertal).
134
+
135
+ Grattoir double sur lame, Aurignacien (40 000−29 000 BP, correspond à l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, première occupation de la grotte Chauvet).
136
+
137
+ Pointe de flèche en silex, Gravettien (29 000−22 000 BP, Homme de Cro-Magnon, deuxième occupation de la grotte Chauvet).
138
+
139
+ Outil en « feuille de laurier », Solutréen (22 000−17 000 BP).
140
+
141
+ Aiguille en os du Magdalénien (période à laquelle correspond l'art de la grotte de Lascaux et d'Altamira), (17 000−12 000 BP).
142
+
143
+ Harpon Azilien en os (12 500−9 500 BP).
144
+
145
+ La néolithisation de l'Europe commence vers 7,5 ou 8 Ka BP (milliers d'années avant le présent) par diffusion de populations et de techniques apparues vers 11 Ka BP dans le croissant fertile, elle s'accompagne d'une forte croissance démographique[138],[139]. Elle est probablement autant due à un changement culturel qu'aux conditions climatiques[140]. Les indicateurs de la néolithisation sont la domestication des plantes et des animaux (celle du chien étant cependant largement antérieure[141]), la tendance à la sédentarisation (la sédentarisation précède cependant l'agriculture[142],[140]) avec le regroupement en villages et l'émergence de la poterie pour des contenants destinés au stockage de produits agricoles[143]. Ce sont les débuts des sociétés agropastorales[140] et la naissance du mégalithisme[144].
146
+
147
+ Cette néolithisation, venue du croissant fertile via l'Anatolie, emprunte deux chemins ; d'abord un courant méditerranéen par lequel se diffuse la culture de la céramique imprimée suivie de la culture de la céramique cardiale (8 Ka BP) ; ensuite un courant danubien, par lequel se diffuse la culture rubanée (vers 7,5 Ka BP). Les études génétiques[145],[146] montrent que, outre une diffusion culturelle, l'Europe connaît l'arrivée de populations d'agriculteurs[Note 13], venues d'un foyer anatolien, qui ont suivi ces chemins danubien et méditerranéen[118],[147]. Les îles britanniques, en configuration insulaire depuis 8 Ka BP, connaissent ce processus plus tardivement, près d'un millénaire après celui de l'Europe continentale[143],[148],[149],[150]. La néolithisation est largement effective en Europe vers 5 Ka BP[151].
148
+
149
+ Des hypothèses linguistiques et archéologiques de la deuxième moitié du XXe siècle (l'hypothèse kourgane étant la plus largement reconnue[Note 14],[Note 15]) et des études génétiques du début du XXIe siècle[Note 16] accréditent la thèse que des populations, ayant domestiqué le cheval et maîtrisant l'équitation ainsi que le transport en chariot, seraient venues de l'est de l'Europe, la steppe pontique, et se seraient répandues sur le continent à partir de 5 000 BP[154], le dominant largement ; elles contribuent pour 75 % à l'ADN des peuples de la céramique cordée, héritière de la culture de la céramique rubanée, largement présente en Europe à ce moment[155]. Leur foyer d'origine est la culture Yamna (notamment les hommes yamnayas avec les femmes locales)[156]’[157]’[158] donnant raison à l'intuition de la théorie de l'invasion aryenne sans accréditer son utilisation politique (il n'y a aucun lien de cause à effet) aussi descendue en Inde (comme le supposaient ès humanités René Guénon ou Georges Dumézil)[159]. Elle se caractérise par sa pratique de l'inhumation dans des tumuli nommés « kourganes ». Ils seraient aussi les locuteurs du proto-indo-européen, langue-mère de la quasi-totalité des langues européennes[118],[160],[161],[162],[163]. Georges Dumézil, au début du XXe siècle, postule que les sociétés d'origine indo-européenne partagent jusqu'à nos jours un mode de pensée, l'idéologie tripartite[164].
150
+
151
+ L'agriculture européenne commence sur les bords de la mer Égée, aux environs de 6500 av. J.-C. Elle s'installe progressivement sur le continent, dans la zone danubienne et l'actuelle Hongrie (5500 av. J.-C.), sur les côtes méditerranéennes et le territoire de la France actuelle vers 5000 av. J.-C., en Germanie et sur le territoire des actuels Pays-Bas vers 4500 av. J.-C. ; elle atteint les îles britanniques vers 4000 av. J.-C.[166],[167].
152
+
153
+ Vers 3000 av. J.-C. apparaît le travail du cuivre, qui conjugué à celui de la pierre, caractérise le Chalcolithique ; des outils agricoles métalliques plus efficaces apparaissent, l'araire se développe à la place de la houe[168]. La civilisation minoenne, inspiratrice de la culture grecque[169], apparaît vers 2700 av. J.-C. avec sa langue écrite en linéaire A, une des plus anciennes formes d'écriture en Europe avec les hiéroglyphes crétois. À son apogée, elle sera la première civilisation avancée de l'âge du bronze[170]. L'âge du bronze date de la fin de la culture campaniforme, laquelle, entre 2600 av. J.-C. et 2200 av. J.-C., couvre une notable partie de l'Europe de l'Ouest[171],[172].
154
+
155
+ Le commencement des Germains se situe vers le iie millénaire av. J.-C. en Suède méridionale, au Danemark et en Allemagne du Nord entre la Weser et l’Oder. Ils s'établissent dans la grande plaine européenne, du Rhin à la Vistule et de la Baltique au Danube, entre le Ve siècle av. J.-C. et le début de l'ère chrétienne. Leur expansion vers le sud est arrêtée par l'« écran du peuplement celtique[173] » (IIIe siècle av. J.-C.) puis par les Romains (IIe siècle av. J.-C.)[174].
156
+
157
+ On distingue trois groupes linguistiques : le nordique, celui des Scandinaves ; l’Ostique ou Germains orientaux, celui des Goths, des Vandales, des Burgondes, etc. ; enfin les Westiques (Germains occidentaux), en Allemagne, au Jutland et aux Pays-Bas[173].
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+ Les Celtes s'installent entre l’âge du bronze moyen (env. 1200 av. J.-C.) et le début de l’âge du fer (env. 800 av. J.-C.) dans une grande partie de l’Europe, du bassin des Carpates à l’est de la France[175]. Leur origine est le centre de l'Europe, où étaient apparues les cultures caractérisées par leurs coutumes funéraires de l'enterrement sous tumulus (XVIe siècle av. J.-C. - XIIe siècle av. J.-C.) puis par la technique consistant à incinérer les cadavres et à conserver leurs cendres dans des urnes (civilisation des champs d'urnes, XIVe siècle av. J.-C. - IXe siècle av. J.-C.)[176].
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161
+ Le noyau celte se situe à Hallstatt, en actuelle Autriche. Aux débuts de l'âge du fer, leur société, relativement égalitaire, se stratifie avec, à son sommet, des chefs militaires. Cela est probablement en lien avec la métallurgie du fer et, notamment, la conception d'armes, telles les épées droites caractéristiques[177], et la confection de pièces de harnachement plus efficaces qui donnent de l'importance aux cavaliers armés[178]. Les Celtes excellent en effet dans le travail du fer, fabriquant, outre des armes, des outils tels que haches et ciseaux[178]. Ils confectionnent aussi des poteries, ils inventent la tonnellerie[179], et ils exploitent le sel gemme, dont le commerce est source de richesse[180],[181]. On leur doit aussi, avec un apogée aux IIe et Ier siècles av. J.-C., les habitats structurés autour d'un oppidum, centre fortifié à vocation militaire, économique et cultuelle[182]. La période laténienne ou deuxième âge du fer, commençant au Ve siècle av. J.-C., est celle où les Celtes passent de la protohistoire à l'histoire, lorsqu'ils apparaissent dans les textes des auteurs grecs[183].
162
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163
+ L'Europe antique est, pour notable partie, une Europe celtique, celle des peuples héritiers de la culture des tumulus[184],[Note 17], et en partie germanique, aux côtés de la Grèce antique[186] et de sa brillante civilisation de l'Époque classique (Ve – IVe siècles av. J.-C.), considérée comme le berceau culturel de la civilisation occidentale[187],[188],[189],[190],[191],[192],[193].
164
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165
+ Pour ce qui concerne le terme et le concept, le mot « Europe » désigne d'abord, dans son acception géographique, la Grèce continentale. Le terme est mentionné pour la première fois vers 590 av. J.-C., par Hésiode, dans sa Théogonie[194]. Anaximandre et Hécatée de Milet produisent, entre 600 et 500 av. J.-C., des cartes représentant un territoire appelé Europe[195]. Le mot prend aussi un sens politique lorsque les Grecs sont confrontés aux invasions venant d'Asie, principalement lors des guerres avec l'empire perse. Selon Jacqueline de Romilly, « la victoire de Salamine [en 480 av. J.-C.] a bel et bien empêché la Grèce de basculer sous la coupe de l'Asie […] les Grecs ont eu alors pour la première fois le sentiment de défendre une civilisation contre une autre »[196]. L'Europe en tant qu'entité géographique se retrouve chez Ératosthène au iiie siècle av. J.-C., lequel présente une tripartition du monde connu par une carte où elle figure[197]. Mais la distinction fondamentale durant l'antiquité est celle entre les Barbares[Note 18], qui habitent ce qu'en latin on nomme barbaricum (« pays des Barbares[199] »), et ceux qui appartiennent à l'aire culturelle grecque[Note 19], puis gréco-romaine[201]. Le royaume de Macédoine désigne l'Europe comme une entité politique : lorsque Philippe II part en Orient, en 335 av. J.-C., il laisse en Macédoine un régent, Antipatros, qui porte le titre de « stratège d'Europe »[202],[203].
166
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167
+ Après l'époque hellénistique, l'Europe voit Rome commencer son expansion au IVe siècle av. J.-C. et atteindre son apogée au IIe siècle. L'Europe est reconfigurée, son histoire devient celle de l'Empire romain pour la zone concernée[Note 20].
168
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+ La Grèce et le royaume de Macédoine sont supplantés au iie siècle av. J.-C. Les Celtes, qui se sont largement répandus en Europe[205], allant jusqu'à menacer Rome en 390 av. J.-C.[206], pris en tenaille par les attaques des tribus germaniques venues du nord[207],[208], sont repoussés ou assimilés[209]. À l'aube de l'ère chrétienne, les Romains, lorsque leur zone d'expansion dépasse la « ceinture celtique »[Note 21], se retrouvent entourés par les Germains qui deviennent « les nouveaux peuples voisins du monde romain en Europe centrale et occidentale »[211]. Les frontières orientales de l'Imperium, limites avec les peuples germaniques[Note 22], sont le Rhin et le Danube, tandis que sa frontière septentrionale est le mur d'Hadrien, qui le sépare des Pictes celtes.
170
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171
+ À cette époque, entre 20 av. J.-C. et 23 apr. J.-C., Strabon rédige une géographie qui mentionne l'Europe[213] et, déjà, des descriptions non seulement géographiques, mais aussi économiques et culturelles des territoires qu'il étudie[214]. Au Ier siècle, Varron[215] évoque une bipartition du monde au niveau du Bosphore, les parties situées au nord-ouest du détroit constituant l’Europe, celles situées au sud-est, l’Asie[216]. Toujours au Ier siècle, Pline l'Ancien divise le monde en trois parties, l'Europe, l'Asie et l'Afrique[Note 23].
172
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+ Les Celtes présentent une certaine unité linguistique et culturelle, mais pas d'intégration politique[218] ; ils bénéficient d'une organisation tribale, au plus en ligues de tribus[219], à l'instar des Germains[173],[220]. C'est donc l'Empire romain qui contribue à créer les prémices d'une unité européenne. Si la Grèce est le berceau culturel de l'Europe, Rome peut être considérée comme le berceau de sa civilisation[221],[222],[223],[224],[225]. L'influence romaine s'inscrit dans la culture, formant ce qu'on nomme la culture gréco-romaine[226] via la langue latine, ainsi que dans les territoires et dans l'usage de l'espace via les voies romaines et l'urbanisation[227] et esquisse même une Europe religieuse en diffusant le christianisme à partir du Ier siècle[228]. Les Ier et IIe siècles sont ceux de la Pax Romana, période de calme relatif, notamment politique, malgré des batailles toujours existantes sur les marches de l'Empire, notamment avec les peuples germaniques pour ce qui concerne la zone européenne[229]. L'Empire est l'entité politique unificatrice définissant le mode de gestion politique[230] ainsi que les limites (et les frontières, qui sont une forme particulière de limites[231]), qui séparent le monde romain de celui des barbares[232],[233],[234].
174
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+ Le IIIe siècle est une période de crise interne pour l'Empire romain[Note 24] qui subit aussi une pression croissante des peuples germaniques, invasions difficilement repoussées. L'empire intègre nombre de ces envahisseurs par des traités, faisant d'eux des fédérés qui fournissent des troupes à l'armée[220]. Une Tétrarchie est mise en place en 293 apr. J.-C. pour lutter contre les Barbares[236] et, au IVe siècle, « Europe » désigne l’une des six provinces du diocèse de Thrace dont le territoire correspond à « la partie européenne de la Turquie actuelle »[237].
176
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+ Le christianisme, dont les adeptes sont par périodes persécutés, notamment au IIIe siècle par Dioclétien[238],[239], s'était répandu dans l'Empire, comme en témoigne l'épisode symbolique de la conversion de l'Empereur Constantin et l'édit de tolérance religieuse de Milan en 313 apr. J.-C.[240] En 392 apr. J.-C., il est déclaré religion officielle de l'Empire par Théodose et les autres cultes sont interdits[241]. Même si, à ce moment, les chrétiens sont nettement minoritaires dans la population[242],[243], cette christianisation officialisée aura une importance, donnant, au moment des royaumes barbares, une légitimité religieuse à un pouvoir royal qui en était, à l'origine, dépourvu[244].
178
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+ En 395 apr. J.-C., l'Empire est définitivement scindé en deux, l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident. Le premier perdure : « l'empire d'Orient [...], à bien des égards héritier de l'Empire romain, devait durer jusqu'au milieu du XVe siècle[204]. » Inversement, dès le Ve siècle, l'Empire d'Occident se délite sous l'effet des attaques des peuples germains, appelées les invasions barbares : « La fin de l'empire d'occident est amenée par les invasions barbares des Germains qui entrent dans l'empire par vagues, poussés sur leurs arrières par les Huns, et attirés à la fois par le désir de pillage et l'espoir d'y trouver des conditions de vie meilleures[245] ».
180
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181
+ En Europe occidentale, la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 apr. J.-C. marque conventionnellement le passage de l'Antiquité au Moyen Âge[246].
182
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183
+ En Europe occidentale, la lente déliquescence de l’Empire romain d'Occident qui aboutit à la désunion et à l’émergence de nations parfois éphémères, au gré des invasions et conquêtes, ne fera jamais oublier l’héritage romain qui reste un modèle d’unité et de droit pour l’Europe, de l’Empire carolingien jusqu’à l’Empire napoléonien en passant par le Saint-Empire romain germanique. Les liens entre places commerciales européennes émergent.
184
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185
+ Poursuivant la politique de conquête de ses prédécesseurs francs, Charlemagne étend son royaume. Sa politique d’expansion rejoint le désir de la papauté romaine d'asseoir la prépondérance de l’évêque de Rome par rapport aux patriarches orthodoxes et coptes. Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III, à Rome, en la basilique Saint-Pierre. Cette union entre pouvoir temporel et religieux vise à réunir l’Europe en un empire chrétien d’Occident. De son vivant, Charlemagne se fait appeler Pater Europae (« père de l'Europe »), et parfois Europa vel regnum Caroli (l’Europe, ou le royaume de Charles).
186
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+ L’Europe occidentale de Charlemagne est franco-germanique et chrétienne de rite latin, alors que l’Europe orientale sous l’influence de Constantinople est à dominante slave et de rite grec, mais les deux tendent à christianiser l’Europe du Nord, britannique, scandinave et russe. Alors qu’à Constantinople se concentrent les deux pouvoirs religieux et politique, en Occident le rôle de Rome y est essentiellement religieux, la capitale de Charlemagne se trouvant à Aix-la-Chapelle. Charlemagne tente une réunification avec l’Empire romain d'Orient vers l’an 800 mais il échoue, et son empire se désagrège rapidement après sa mort. En 962, Otton Ier crée le Saint-Empire romain germanique, mais celui-ci ne peut s’étendre, contrecarré par la permanence de royaumes anciennement constitués, la France et l’Angleterre surtout, par ses luttes avec la papauté, puis par le développement de l’Empire ottoman lors de l’époque moderne.
188
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+ L’Empire romain d'Orient (dit, depuis le XVIe siècle, « byzantin ») est chrétien et de culture essentiellement grecque : il connaît d’importantes fluctuations de sa force et par conséquent de son territoire, qui s’étend à son apogée sur une grande partie du rivage méditerranéen, d’abord sous Justinien, puis sous les empereurs macédoniens, du IXe au XIe siècle. Au cours des siècles, ses relations avec l’Occident se distendent puis se détériorent, alors que les musulmans montent en puissance à l’Est et s’emparent de la moitié de l’Anatolie au XIe siècle. Le schisme religieux de 1054 et l’agression militaire venue de l’Ouest en 1202 affaiblissent l’Empire d’Orient qui finit dépecé morceau par morceau par l’Empire ottoman avant de disparaître lors de la chute de Constantinople en 1453.
190
+
191
+ Durant plusieurs siècles c’est le terme de chrétienté qui unit culturellement les monarchies et les populations européennes, tandis que le mot « Europe » disparaît des propos et des esprits[réf. nécessaire].
192
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+ L'axe européen Bruges/Venise est déplacé à la fin du Moyen Âge. À l'époque où l'Empire d'Orient s'effondre, la Reconquista espagnole touche à sa fin. L'année 1492 est celle de l'Espagne, avec la reconquête du dernier royaume maure (Grenade) en péninsule ibérique et le premier voyage de Christophe Colomb, sous l'égide des Rois catholiques qui va ouvrir la voie à l'établissement des hégémonies européennes.
194
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195
+ Le rêve d'un grand empire européen renaît au XVIe siècle lors de l'affrontement entre François Ier et Charles Quint, qui tous deux se disputent le trône du Saint-Empire. Grâce à l'appui des banquiers Fugger, Charles Quint l'emporte, se retrouvant à la tête d'un domaine très vaste, mais aussi très morcelé. Les diverses guerres menées contre la France ne donnent aucun résultat : durant deux siècles, le découpage de l'Europe va évoluer au gré des alliances matrimoniales et des guerres entre États. C'est face à la montée en puissance de l'Empire ottoman qu'une union des États chrétiens d'Europe apparaît : « Nous tenons de Gadès à l’Isler, une zone qui s’étend entre les deux mers et qui est la très courageuse et la très puissante Europe. Là, si nous nous unissions, nous ne serions pas seulement égaux à la Turquie, mais supérieurs à toute l’Asie » (Jean Louis Vivès).
196
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197
+ Mais ce ciment du christianisme catholique, qui donnait un semblant d'union à cette Europe occidentale, éclate en morceaux avec la Réforme (ou plutôt les Réformes), dont l'impact politique est considérable, permettant néanmoins la formation des Provinces-Unies et de la Confédération suisse. Les guerres de religion, la guerre de Trente Ans, les guerres de Louis XIV rythment les XVIe et XVIIe siècles. Les traités de Westphalie (1648) et celui du traité des Pyrénées en 1659, redessinent durablement la carte politique de l'Europe et l'équilibre des forces en présence.
198
+
199
+ L'Époque moderne est marquée par un renforcement des nationalismes en tous genres. C'est aussi l'époque où l'Europe s'étend très loin de ses frontières par la constitution des premiers empires coloniaux sur le continent américain, puis en Inde.
200
+
201
+ La Révolution française inaugure un bouleversement politique très important : les idées démocratiques apparaissent sur le devant de la scène et les campagnes de Napoléon Ier puis le Congrès de Vienne vont remodeler profondément la carte de l'Europe et les mentalités. Honoré de Balzac a cette déclaration optimiste dans Le Bal de Sceaux, (1830) : « Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté politique[247]. »
202
+
203
+ À la fin d'un long processus, le XIXe siècle voit se réaliser l'unité de l'Italie (de 1861 à 1870) et de l'Allemagne (en 1871), ainsi que la constitution de plusieurs nouveaux pays dans les Balkans, issus du démembrement de l'Empire ottoman, appelé alors « l'homme malade de l'Europe ».
204
+
205
+ C'est aussi l'apparition de nouveaux mouvements politiques prônant plus d'égalité (socialismes), voire le démantèlement du pouvoir des États (anarchismes). Ces idées se diffuseront par la suite, et avec plus ou moins de retard, largement hors des frontières de l'Europe.
206
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207
+ La domination politique et économique de l'Europe sur le reste du monde s'est affirmée après qu'elle a bouleversé son économie lors des révolutions industrielles, développant sa productivité et amorçant une forte explosion démographique. Leur avance technologique, et notamment militaire, permit aux pays européens, en concurrence les uns contre les autres, d'étendre leur emprise sur les autres continents. Cette colonisation connut son apogée au début du XXe siècle (cet apogée s'achève en 1914), avant que les deux guerres mondiales ne bouleversent l'ordre établi.
208
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209
+ La Première Guerre mondiale et ses conséquences favorisent l'émergence de plusieurs régimes totalitaires dont ceux, génocidaires, d'Adolf Hitler et de Joseph Staline. L'instabilité politique et économique débouche sur la Seconde Guerre mondiale et la domination nazie qui laissent l'Europe exsangue. Alors que la suprématie des pays européens occidentaux disparaît au profit de deux nouvelles superpuissances (les États-Unis et l'Union soviétique), des mouvements de libération se développent dans les colonies, aboutissant à l'indépendance de nombreux pays, notamment au cours du troisième quart du XXe siècle. Au cours de la Guerre Froide, l'Europe est scindée en deux blocs idéologiquement opposés, et séparées par un rideau de fer, le bloc de l'Ouest, zone d'influence des États-Unis, et le "bloc de l'Est où se mettent en place des dictatures communistes patronnées par l'U.R.S.S. La séparation perdurera jusqu'à l'effondrement du bloc communiste, en 1989-1991.
210
+
211
+ Parallèlement, alors que l'excédent démographique de l'Europe était tel qu'elle constituait un réservoir d'émigration massive tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les pays du continent furent confrontés à une stabilisation à partir de la Première Guerre mondiale, et parfois à une régression démographique ensuite (les guerres, génocides et famines y contribuant). Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe occidentale connaît un « baby boom » et un développement continu de l'économie, dont principalement l'industrie de production et de transformation, qui provoqua un appel de main d'œuvre transformant cette moitié de l'Europe en une terre d'immigration, notamment au cours des Trente Glorieuses. Au même moment, la construction de l'Union européenne crée un marché commun entre États européens.
212
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213
+ L’Europe est au début du XXIe siècle, quand on considère sa densité de population, le troisième foyer de peuplement derrière la Chine et l'Inde, avec des densités de populations parmi les plus élevées au monde dans certaines zones des Pays-Bas, de la Belgique, du Royaume-Uni, de l’Allemagne ou de l'Italie, d’autant que l’exode rural s’est renforcé ainsi que l’attractivité des littoraux avec des populations de plus en plus urbaines. En termes absolus, l'Europe et, a fortiori, l'Union européenne, est cependant un « nain démographique »[248],[249],[250]. Le continent (env. 740 millions d'habitants ; UE env. 511 millions d'habitants) se situe derrière l'Asie (env. 4,3 milliards d'habitants dont env. 1,4 milliard d'habitants pour la Chine et env. 1,3 milliard d'habitants pour l'Inde), l'Afrique (env. 1,2 milliard d'habitants) et l'Amérique (env. 1 milliard d'habitants) ; l'Eurasie, quant à elle, concentre environ 4,6 milliards d'habitants.
214
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215
+ En 2005, le Conseil de l'Europe soulignait que depuis quelques décennies l’UE devait sa croissance démographique à l'immigration qui, dans les années 2000, est devenue le premier, puis le seul facteur d’augmentation de la population totale de l’UE. Ainsi deux millions de personnes sont venues s'installer en Europe en 2004 alors que l'accroissement naturel était négatif de 63 000 personnes. L'Allemagne est le pays le plus peuplé de l'UE. En 2007, 70 millions de personnes, soit 16 % de la population de l'UE, résidaient dans des communes côtières[251].
216
+
217
+ Malgré les dizaines de millions de morts des deux guerres mondiales, l’Europe a connu une période d’explosion démographique aux XIXe et XXe siècles, qui s’est accompagnée d’une forte pression sur l’environnement et les ressources non renouvelables (cf. empreinte écologique, empreinte énergétique, pression urbanistique, pollutions, etc.). Depuis quelques décennies, la population européenne tend à se stabiliser, à la suite d'une forte diminution de la natalité, qui reste toutefois encore largement compensée par la natalité de certains pays, par le recul de l’âge auquel les femmes font leurs premiers enfants, et surtout par une immigration régulière.
218
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219
+ L'immigration est le premier moteur de la croissance dans une Union européenne à la population vieillissante. Le boom économique des années 1950-1960 avait poussé l'Europe à faire appel à une immigration massive, souvent issue de ses ex-colonies. Les Chinois, Indiens et Africains constituent l'un des principaux flux d'immigrants non originaires de l'UE. Après les Turcs, les Marocains forment le plus gros contingent[252].
220
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221
+ Les études prospectives pour 2050 varient d’une population diminuant de 3 % (dans l'hypothèse d'un ISF remontant à 2,34), à -22 % voire -50 %. Les experts parlent alors de retournement démographique[253] ou d'hiver démographique. Que la diminution soit due à la natalité est un phénomène inédit jusqu'à nos jours dans le monde. Ces chiffres ci-dessus doivent tous être utilisés avec prudence, la prospective démographique ayant toujours été prise en défaut et pouvant elle-même influer en retour sur les comportements individuels et collectifs et sur les politiques de soutien à la natalité ou à l’immigration. Pour d'autres, la population de l'Union européenne (UE) serait de 470 millions de personnes en 2050 selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et 506 millions en 2060 selon Eurostat. La population de l'UE dépasserait ainsi celle des États-Unis (468 millions de personnes en 2060 selon le Centre américain d'études sur l'immigration)[254].
222
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223
+ Toutefois, la situation démographique diffère pour chaque pays européen. Les pays de l'Europe de l'Est se sont inquiétés des évolutions démographiques dès les années 1960 et ont mis en place des politiques d'encouragement à la natalité. Cependant, les moyens utilisés, comme l'interdiction de l'avortement, n'auraient pu être acceptés au même moment en Europe de l'Ouest. Ces mesures n'ont d'ailleurs généralement pas produit d’effet satisfaisant ; et si la Pologne a maintenu sa population au cours de la période communiste, l'influence de l'Église catholique, qui imprègne la société polonaise, a sans doute été plus efficace que la politique nataliste.
224
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225
+ Pour les pays d'Europe de l'Ouest, personne ne se risque, entre autres en Allemagne, à mettre sur la place publique l'évolution de la population sur la longue durée. Pour les responsables, tout passe par la politique d'immigration. Ils ne veulent pas toucher au tabou de la politique familiale en faveur de la fécondité, compte tenu du poids de la mauvaise conscience des années hitlériennes. La situation démographique empire en Europe pourtant : un rapport annuel sur la situation démographique des pays membres demandé autrefois par les autorités communautaires a été abandonné depuis 2000, désormais remplacé par un « Rapport social », où l'on communique à propos de chômage et de pauvreté sans jamais plus effleurer la dimension démographique. Autrement dit, l'UE s'interdit de voir la situation démographique de ses pays membres[255].
226
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227
+ La croissance démographique s’est globalement poursuivie pour les 28 États membres de l'Union européenne, mais la population décroît dans certains pays, notamment en Europe de l'Est. Ce déclin démographique semble plus important et plus rapide dans les ex-pays de l’Est, dans quelques pays où la pauvreté et le renforcement des inégalités ont suivi l’effondrement du communisme, et aussi dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (la Biélorussie qui a reçu 70 % environ des retombées d'iode et de césium radioactifs et connaît depuis 20 ans le plus fort taux d’avortement et le taux d’abandon d’enfants y est élevé).
228
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229
+ Avec plus de 740 millions d'habitants et sur une surface réduite pour une moyenne d'une langue pour 4,3 millions d'habitants, l'Europe bénéficie d’une grande richesse ethnoculturelle et une pluralité de langues. Les cultures germaniques, slaves, latines et finno-ougrienne sont traduites par la diversité des langues parlées : 128 langues et dialectes ont des racines indo-européennes ; latines et grecques au sud, germaniques au nord et au nord-ouest ; slaves à l'est et en Europe centrale, seul le groupe des langues finno-ougriennes (regroupant le finnois, estonien et le hongrois) et la langue basque ne font pas partie des langues indo-européennes.
230
+
231
+ Administrativement, l’allemand, l’anglais, le russe, le français, l'espagnol et l’italien dominent mais l’Europe est linguistiquement beaucoup plus riche puisque les 50 États européens (tous souverains, hormis Gibraltar) de la grande Europe géographique regroupent 35 langues officielles, enrichies de 225 langues secondaires non officielles. À tel point qu'Umberto Eco dit : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». Andreas Kaplan décrit l'Europe comme « offrant un maximum de diversité culturelle en un minimum de distance géographique »[256]. Ces précédents chiffres peuvent paraître élevés, mais ils ne représentent que 3 % du total des langues vivantes encore parlées sur la planète.
232
+
233
+ En Europe de l’Ouest (France, Espagne, Royaume-Uni, Italie, etc.) les langues vernaculaires sont souvent régionales et minoritaires, parfois au bord de l’extinction, mais certaines (breton, alsacien, basque, corse, catalan, occitan, flamand, le dernier étant un dialecte du néerlandais), sont plus reconnues[C'est-à-dire ?], et enseignées en France, plutôt à l’université, mais parfois dès l’enfance : école Diwan en Bretagne. En Espagne, c’est le cas du basque, du catalan et du galicien. Pour le Royaume-Uni, c’est le gallois, le gaélique écossais, le scots et l’irlandais. Le français est reconnu en Italie dans le Val d’Aoste, ainsi que le sarde en Sardaigne, le frioulan, l'allemand et le slovène dans le Frioul-Vénétie julienne, le ladin et l'allemand dans le Trentin-Haut-Adige, comme le sont le féroïen aux îles Féroé, ou le frison occidental aux Pays-Bas, etc.
234
+
235
+ Une langue unique n’est officiellement parlée que dans quatre petits États[réf. nécessaire] : l’Islande (où l’on parle islandais), Malte (où la seule langue officielle est le maltais), le Liechtenstein (où l'on parle allemand), et la République de Saint-Marin (où l'on parle italien). L'État de la Cité du Vatican (plus petit État européen) est un cas à part : l’italien y est la langue véhiculaire, le latin (réputé langue morte) y est la langue juridique, le français y est la langue diplomatique (le Vatican se fait enregistrer comme État francophone auprès des organisations internationales), et l'allemand est la langue en usage dans l'armée (la Garde suisse). - Les autres États comptent tous plusieurs langues vernaculaires, tant dialectes que langues à part (plus ou moins reconnues et souvent non enseignées) et jusqu’à plus de 10 pour l'Allemagne (21 langues), l'Azerbaïdjan (13), la Bulgarie (11), l'Espagne (14), la France (25), l'Italie (33), la Roumanie (14), le Royaume-Uni (12). La vaste Russie regroupe à elle seule 43 langues à statut officiel sur son territoire. La Suisse possède quatre langues officielles : l'allemand, le français, l'italien et le romanche (cousine du ladin et du frioulan).
236
+
237
+ Certaines langues régionales, sans statut officiel (quoique doublant parfois les noms de communes ou de rues) persistent et sont parfois protégées et enseignées, souvent avec le soutien de collectivités locales ou régionales (breton, corse, occitan en France, sarde, ladin, frioulan en Italie, lapon en Scandinavie).
238
+
239
+ Les systèmes d'écriture en Europe reposent sur l'alphabet latin (sous diverses variantes), l'alphabet grec, l'alphabet cyrillique (sous diverses variantes).
240
+
241
+ Aux langues originaires des pays d’accueil s’ajoutent les langues maternelles des populations circulantes (Roms), migrantes ou réfugiées, et tout particulièrement l'arabe, le berbère, le turc, l'hindi, etc.
242
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243
+ L'Europe a été confrontée au cours de son histoire aux besoins de langues véhiculaires. Ainsi la lingua franca, langue composite (mélange d'arabe, de français, portugais, espagnol, italien ou occitan, le tout variant dans le temps et l'espace), a été utilisée du Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle par les marins et dans les ports de la Méditerranée. De nombreux projets de langues construites sont apparus en Europe, avec notamment la création de l'espéranto en 1887, seule langue construite devenue langue vivante.
244
+
245
+ Sur une population totale d'environ 730 millions d'habitants en 2010, l'Europe compte environ 255 millions de catholiques (35 %)[257], 197 millions d'orthodoxes (27 %)[257], 102 millions de protestants (14 %)[257] et 44 millions de musulmans (6 %)[258]. Les personnes n'ayant pas de religion ou pratiquant une autre religion sont environ 132 millions (18 %). Selon l'historien Geert Mak il existe au moins quatre communautés de culture et de traditions en Europe : la protestante du Nord, la catholique latine, la grecque orthodoxe et l'ottomane musulmane[259].
246
+
247
+ Le christianisme est la religion dominante en Europe et y est divisée en trois grandes confessions, (protestantisme, orthodoxie et catholicisme), réparties géographiquement de la façon suivante :
248
+
249
+ Les catholiques sont majoritaires dans vingt-trois pays[257], les orthodoxes dans treize pays[257], les protestants dans neuf pays[257], les musulmans dans cinq pays (Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Kosovo et Turquie[258], les « sans religion » dans deux pays (Tchéquie et Pays-Bas). À la fin du XXe siècle, la papauté a proclamé six saints patrons de l'Europe.
250
+
251
+ Il existe des minorités religieuses à l'intérieur de ces grands ensembles dont la plus importante est l'islam avec 44 millions de musulmans soit près de 6 % de la population européenne totale[258] :
252
+
253
+ Selon Emmanuel Todd, les systèmes familiaux en Europe sont d'une grande diversité[263].
254
+
255
+ Les pays qui ont tout ou partie de leur territoire sur le continent européen ou sont culturellement rattachés à l'Europe (selon les limites géographiques définies plus haut) sont au nombre de 51 :
256
+
257
+ Le nombre d'États souverains en Europe, qui s'élevait à plus de trois cents en 1789, était encore d'une soixantaine en 1815, au lendemain du congrès de Vienne. Après l'unification de l’Italie et de l’Allemagne, ce nombre était tombé à 19 en 1871 (20 avec la Turquie, qui contrôlait encore la majeure partie de la péninsule des Balkans). Il passa à 22 en 1878, lorsque le congrès de Berlin reconnut l'indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro. S'y ajoutèrent ensuite la Norvège (1905), la Bulgarie (1908) et l’Albanie (1912).
258
+
259
+ En 1914, l'Europe comptait donc 25 États généralement reconnus comme indépendants, non compris le Saint-Siège, l'ordre souverain de Malte et le territoire neutre de Moresnet : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche-Hongrie, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie, Suède, Suisse. La forme de gouvernement la plus répandue était la monarchie, puisque qu'on ne dénombrait alors que quatre républiques (la France, le Portugal, la Suisse et Saint-Marin) — huit en tenant compte des villes libres de Brême, Hambourg et Lübeck, inféodées à l'Empire allemand, et de la république monastique du mont Athos, placée sous le protectorat politique de la Grèce.
260
+
261
+ À la fin de l'année 1945, le nombre d'États était passé à 31 : Albanie, Allemagne, Andorre, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Irlande, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Monaco, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Saint-Marin, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, URSS, Vatican, Yougoslavie. Plus de la moitié d'entre eux (19 sur 31) étaient encore des monarchies, y compris l'Albanie, la Bulgarie, l'Espagne, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie et la Roumanie qui vivaient alors sous un régime transitoire. Depuis 1975, le nombre de monarchies s'est maintenu à douze, à savoir sept royaumes, un grand-duché, trois principautés et un État pontifical.
262
+
263
+ Parmi les nombreux États qui connurent une existence éphémère au lendemain des deux guerres mondiales, on peut citer les républiques autonomes de Rhénanie et du Palatinat (1923/1924), les villes libres de Dantzig (1920/1939), de Fiume (1920/1924), de Memel (1920/1923) et de Trieste (1947/1954), ainsi que le territoire de la Sarre, qui disposa d'un statut particulier de 1920 à 1935 et de 1947 à 1957.
264
+
265
+ Le nombre d'États européens parut se stabiliser à 34 avec l'accession à l'indépendance de Chypre (1960) et de Malte (1964). Il devait se maintenir à ce niveau jusqu'à la chute du mur de Berlin, en 1989. Après la réunification de l'Allemagne et l'éclatement des anciennes fédérations communistes (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), puis avec la séparation de la Serbie et du Monténégro, le nombre d'États européens officiellement reconnus comme indépendants s'élevait à 45 en 2006 (50 avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et tout ou partie de la Turquie et du Kazakhstan). Encore ce chiffre ne prend-il pas en compte les nombreux pays ou territoires dont le statut est contesté (Abkhazie, Chypre du Nord, Haut-Karabagh, Kosovo, Ossétie du Sud-Alanie, Principauté de Sealand, Tchétchénie, Transnistrie), etc.
266
+
267
+ Par ailleurs, Israël fait partie de nombreuses associations européennes culturelles ou sportives (UEFA par exemple). L'Algérie, l'Égypte, Israël, le Liban, la Libye, le Maroc, la Syrie et la Tunisie font partie de l'Union européenne de radio-télévision. Le Maroc a participé au Concours Eurovision de la chanson en 1980 et Israël y participe depuis 1973. Ainsi, pour Pierre Beckouche, l’Europe est d’ores et déjà partie prenante d’un vaste ensemble macro-régional, appelé « Euroméditerranée », qui va de la Russie au Maroc en passant par le Moyen-Orient et qui est traversé de flux économiques, culturels et migratoires plus intenses qu'imaginés[264].
268
+
269
+ De nombreuses visions d'une Europe unie se sont affrontées au cours de l'histoire du continent, jusqu'à l'Union Européenne actuelle.
270
+
271
+ L'Europe n'a jamais connu d'unité politique parfaite. Certaines périodes d'une durée variable ont certes été marquées par la domination d'une vaste partie du continent par un pouvoir unique, qui s'est en général imposé par la force - ce fut ainsi le cas de l'Empire romain, de l'empire carolingien, de l'empire napoléonien et du IIIe Reich. Certaines familles royales ont également, par le biais de relations dynastiques, gouverné un grand nombre de pays européens, au premier rang desquelles la famille des Habsbourg[265]. Mais on voit, tant hétéroclite est cette liste de candidats à l'hégémonie, que des projets d'unification européenne concurrents et divergents se sont affrontés sans qu'aucun ne parvienne vraiment à s'imposer.
272
+
273
+ L'Empire Romain est longtemps demeuré dans la mémoire des Européens comme symbole d'une unité perdue. Après sa chute en Occident en 476, Théodoric, Justinien, Charlemagne poursuivirent le rêve de la résurrection de l'Empire. Au Moyen Âge, la Papauté parvint enfin à s'imposer aux yeux d'une majorité de l'Europe comme l'héritière légitime de Rome, et à imposer au continent une forme d'unité, sous la forme de la Chrétienté médiévale : certes, les Papes ne possédaient qu'un pouvoir temporel limité sur les princes et les rois, mais jouissaient d'une autorité morale, religieuse et même juridique puissante. Surtout, la Chrétienté se conçoit elle-même comme une communauté, matérialisée positivement par l'union dans les croisades et négativement par la procédure de l’excommunication, avec des droits et des devoirs partagés (par exemple le respect des trêves et jours saints), et étendue au gros du continent (à l'exception des terres orthodoxes)[266].
274
+
275
+ La crise de la Chrétienté, l'affirmation des États proto-nationaux, l'affaiblissement de la Papauté, et surtout la Réforme qui brise l'unité de la Chrétienté font naître la nécessité de repenser ce qui fait l'unité de l'Europe. C'est donc de la Renaissance que l'on peut dater la naissance de l'idée européenne moderne[267].
276
+
277
+ Au XVe siècle, déjà, des projets sont agités pour offrir paix et unité à l'Europe ravagée par des guerres intestines (Guerre de cent ans guerre hussite, guerres civiles de l'Espagne), dépeuplée par la grande peste, désunie spirituellement par le Grand Schisme d'Occident et les hérésies (Wyclifisme, hussisme, pour ne nommer que les principales), menacée par l'expansion de l'empire du Grand Turc avec la prise de Constantinople. C'est le cas, par exemple, du projet d'union chrétienne de George de Podiebrad[268].
278
+
279
+ Les Humanistes multiplieront les initiatives, aux XVe et XVIe siècles, pour créer une Europe pacifiée et harmonieuse. Tandis que les évangélistes rêvent d'une Chrétienté rénovée, affranchie de la tutelle de Rome, des irénistes cherchent à réaliser la concorde entre les princes, sous l'égide d'une Raison médiatrice et partagée[269]. Stefan Zweig loue en Érasme l'éblouissante incarnation de l'idéal européen des humanistes, lui qui institua un latin rénové comme langue de culture paneuropéenne, correspondant dans cette langue avec des intellectuels de tout le continent, et rêva d'une Europe réalisant par le pouvoir d'attraction de sa culture la concorde de l'humanité. Surtout, pour Zweig, Érasme fut celui qui prophétisa que l'union de l'Europe ne se ferait pas par la guerre, mais par des moyens pacifiques[270]. On peut citer, parmi d'autres illustres précurseurs, Andrés Laguna de Segovia, qui en 1543 se lamentait sur la pauvre Europe déchirée et exsangue.
280
+
281
+ C'est peu de dire, toutefois, que le rêve humaniste ne devait pas immédiatement se réaliser. Certes, il exerça une influence certaine, même sur les élites politiques, devenant un idéal volontiers invoqué par les princes ; ainsi lors de la signature en 1518 du traité de Londres, instaurant une « Paix Perpétuelle »[269]. Mais la paix de 1518 fut rompue dès l'année suivante, et, dans le sillage de la Réforme, l'Europe s'enfonça dans la spirale sanglante des guerres de religion, en France et surtout en Allemagne, culminant dans le paroxysme de la Guerre de Trente Ans, qui embrasa le continent[267].
282
+
283
+ La Paix de Westphalie qui mit fin à cette guerre ne fonda pas une Union de l'Europe, mais au contraire officialisa une organisation de celle-ci fondée sur l'équilibre de puissances souveraines et régulièrement en guerre. Ce système qui régulait mais approfondissait la division européenne devait persister, perfectionné au XVIIIe siècle par l'instauration de congrès réguliers[271], et renouvelé en 1815, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
284
+
285
+ Toutefois, cela n'empêcha pas que fleurissent, portés par des visionnaires, des projets d'union de l'Europe. Pour ne citer que des Français, Sully et Rousseau y ont rêvé ; en 1712, l'abbé Castel de Saint-Pierre rend public son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, et reçoit le soutien du philosophe Leibniz.
286
+
287
+ Le rêve européen reprend de la vigueur au XIXe siècle, après la boucherie des guerres de la Révolution et de l'Empire. Dans une Europe dominée par la Sainte-Alliance, où triomphent tout ce que le Vieux Continent compte de réactionnaires, il est doté d'un nouveau contenu, social et humanitaire. Avant le Printemps des peuples en 1848, les républicains, démocrates et socialistes de toute l'Europe espèrent qu'une révolution ouvrirait la voie, conjointement, à une union pacifique du continent et à une réforme de ses sociétés dans un sens démocratique et égalitaire[272]. Victor Hugo a rêvé qu'un jour existeraient les « États-Unis d'Europe »}, pendants des États-Unis d'Amérique, utopie humanitaire et prélude à l'unité de toute l'humanité. Son discours prononcé le 21 août 1849, à l'occasion de l'ouverture du Congrès de la Paix à Paris, est resté célèbre. Il y évoque une Europe enfin pacifiée, unie sous un même gouvernement. La suite de l'Histoire prouva qu'il s'agissait d'une vision prophétique en avance sur son temps, avec la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales.
288
+
289
+ Mais surtout, la « mystique européenne »[273] fut vivement réactivée après la Première Guerre mondiale qui se chargea de démontrer, si besoin était, à un grand nombre d'intellectuels à quel point la guerre était absurde. Seule une Europe unie pouvait éviter le retour de l'horreur. Conscient du déclin de celle-ci face à l'Amérique (Albert Demangeon - 1920), ils cherchent la voie la plus sûre pour unifier le continent.
290
+
291
+ L'héritage culturel grec, le droit romain et l'unité chrétienne sont conçues par Paul Valéry[274] comme les trois piliers de l'Europe, lors d'une conférence donnée à l'université de Zurich le 15 novembre 1922. En 1923, le comte Richard Coudenhove-Kalergi publie Paneuropa, ouvrage dans lequel il développe sa vision d'une Europe forte de 300 millions d'individus, dont il exclut la Russie et la Grande-Bretagne, l'une considérée comme « asiatique » et l'autre plus préoccupée de toute manière par son Empire planétaire (vision partagée alors par les Britanniques eux-mêmes). C'est une vision qui s'appuie sur une analyse géopolitique d'un monde divisé en grands blocs antagonistes. Il rencontre un tel écho dans le monde intellectuel qu'il peut réunir à Vienne en 1926 un congrès avec plus de 2 000 délégués venus de 24 nations différentes (l'un des premiers adhérents à son mouvement est le jeune maire de Cologne, Konrad Adenauer). Il trouve aussi le soutien de Louis Loucheur et Aristide Briand (qui sera d'ailleurs nommé président d'honneur du mouvement), mais dans l'ensemble les politiques ne le suivent pas et on le soupçonne parfois de travailler pour l'Allemagne. Quoi qu'il en soit le mouvement Pan-Europe est fondé et survit jusqu'à nos jours (un membre de la famille des Habsbourg en est le président). Le même Aristide Briand, alors président du Conseil, pourra s'appuyer sur ce mouvement pour appeler à la création d'une « sorte de lien fédéral » devant l'assemblée de la Société des Nations (SDN) en 1929.[réf. nécessaire]
292
+
293
+ Le 1er mai 1930, en accord avec les instances dirigeantes de la SDN, il remet aux autres gouvernements européens un mémorandum sur « l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne ». Il essuie un refus poli : c'est un échec[275].
294
+
295
+ La crise et la montée en puissance des totalitarismes étouffent progressivement tout espoir de construction européenne. L'Allemagne nazie conçoit l'Europe selon une vision pangermaniste, raciste et centrée autour d'une grande Allemagne. L'Europe n'est plus qu'un réservoir de matières premières et de main-d'œuvre, destinée à nourrir la machine de guerre nazie.
296
+
297
+ Mais la résistance pense aussi l'Europe, et tandis qu'elle mène le combat intérieur partout en Europe contre le fascisme et le nazisme, ses membres les plus éminents se réunissent afin de dessiner les contours d'une Europe post-Seconde Guerre mondiale[276].
298
+
299
+ Après la guerre Churchill appelle à son tour de ses vœux à l'unité européenne et crée un mouvement qui fusionne très peu de temps après avec celui de Richard Coudenhove-Kalergi. Devant ce qui est perçu comme le danger soviétique, les États-Unis lancent un vaste programme de reconstruction de l'Europe avec le plan Marshall. Celui-ci conditionne la formation d'une Europe financière appuyée sur des politiques monétaires concertées (création de l'OECE - Organisation Européenne de Coopération Économique). Il faut désormais attendre la déclaration Schuman du 9 mai 1950 pour assister à la relance du vieux projet d'union européenne, cette fois lancée par étape, en commençant par l'un des secteurs économiques phares pour les Français comme pour les Allemands, l'industrie de la houille et de la sidérurgie. En plaçant ces productions sous la houlette d'une Haute Autorité, c'est le consentement prudent mais définitif d'un abandon de souveraineté qui transparaît. La CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) née le 1er avril 1951 par la signature du Traité de Paris, elle réunit six États européens : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, la RFA et la France. L'Europe est en marche[277].
300
+
301
+ Ainsi, depuis la seconde moitié du XXe siècle, un mouvement d'union politique est en construction, avec pour particularité une mise en place pacifique et démocratique (même si on l'accuse souvent de s'être faite à l'insu des peuples). La forme actuelle de ce nouveau pouvoir qu'est l'Union européenne n'est cependant pas encore entièrement arrêtée. Il est encore laissé une grande liberté politique aux pays membres, de plus en plus nombreux. L'Union européenne comprend maintenant 27 États membres, dont 19 faisant partie de la zone euro, zone de souveraineté monétaire commune. Avec l'Asie, l’Europe est le continent comptant le plus de monarchies (une monarchie pour trois républiques) ; les monarchies européennes sont toutes de type parlementaire, les souverains n'ayant le plus souvent qu'un rôle symbolique ou un rôle politique non déterminant : ce sont les premiers ministres ou chefs de gouvernement, issus d'une majorité parlementaire, qui sont investis du véritable pouvoir politique[réf. nécessaire].
302
+
303
+ → Pays membres de la zone euro (19 membres) :
304
+
305
+ → Pays non-membres de la zone euro (8 membres) :
306
+
307
+ → 4 pays non-membres de l'Union européenne, mais ayant signé des accords spécifiques avec celle-ci au sein de l'Union douanière de l'Union européenne :
308
+
309
+ La Biélorussie et le Vatican sont les deux seuls États européens souverains et indépendants à n'être membres d'aucune organisation supranationale européenne. Cependant, le Vatican dispose d'un statut d'observateur au Comité des ministres du Conseil de l'Europe et fait également partie de la zone euro, tandis que la Biélorussie est candidate à l'adhésion au Conseil de l'Europe depuis 1993.
310
+
311
+ L'Europe, ou plus précisément l'Union européenne, est l'un des pôles de la triade (États-Unis, Union européenne et Japon). Ces pôles centralisent 70 % de la richesse pour 14 % de la population[Quand ?]. Si l’Europe est la région la plus riche et développée du monde[278],[279], elle n'est pas un espace économiquement homogène[280],[281]: tous les pays européens ne sont pas des pays développés : l'Ukraine et la Moldavie font exception et sont classés comme pays à développement moyen avec un IDH inférieur à 0,8. L’Europe de l'Ouest et l'Europe du Nord très prospères contrastent avec certaines régions moins riches d'Europe centrale, d'Europe de l'Est (Moldavie, Ukraine, certaines régions de Roumanie, Russie) et d'Europe du Sud (Albanie, Serbie, Macédoine du Nord, certaines régions de Bulgarie, Italie du Sud, certaines régions d'Espagne, de Grèce et du Portugal).
312
+
313
+ La mégalopole européenne constitue le cœur économique de l'Europe. On peut ainsi distinguer principalement les pays de l'ancien bloc de l'Ouest, développés et avec une croissance faible et les pays de l'ancien bloc de l'est moins développés mais à plus forte croissance.
314
+
315
+ L’Union européenne, principal ensemble de la région, est en 2015 la deuxième puissance économique du monde[282]. Tous ses pays membres commercent entre eux librement grâce au marché commun, et dix-huit de ses pays ont accentué leur collaboration au sein de la zone euro. Des accords de libre-échange ont également été passés avec des pays partenaires, comme la Suisse[283].
316
+
317
+ L'Europe est un producteur important de céréales, de fruits et légumes, et de sucre, grâce aux cultures de betteraves, très développées en Ukraine et dans le nord de la France. Sur les six premières années de la décennie 2010, le continent a confirmé sa troisième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[284], malgré un léger déclin, derrière les deux géants, le Brésil et l'Inde. Parmi les points forts de son agriculture, l'Europe était aussi troisième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis.
318
+
319
+ Parler de culture de l'Europe est difficile, car de nombreuses cultures s'y sont succédé (et ont souvent assimilé des apports extra-européens) depuis plusieurs millénaires. Une définition de la culture de l'Europe doit nécessairement aussi tenir compte des limites géographiques du continent.
320
+
321
+ Le tourisme culturel tient une place singulière en Europe, elle est une des clés de l'avenir permettant d'assurer une puissante force d'attraction pour l'Europe. Elle touche essentiellement l'audience des musées, des monuments et des évènements culturels. Et donne lieu à des déplacements vacanciers. Par conséquent, elle est une mine de recette considérable pour les pays européens. L'activité touristique s'est notablement enrichie depuis une vingtaine d'années, et les modes de visite des touristes ont beaucoup évolué. Le tourisme étranger en France en est une vivante illustration.
322
+
323
+ Agence spatiale européenne (Ariane 5).
324
+
325
+ L'orchestre symphonique.
326
+
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+ Académie européenne du cinéma.
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+ Prix Nobel.
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+ Ligue des champions de l'UEFA.
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+ Œuvres principales
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5
+ Franz Liszt (Liszt Ferenc en hongrois) est un compositeur, transcripteur et pianiste virtuose hongrois né le 22 octobre 1811 à Doborján[1], en Hongrie (empire d'Autriche) et mort le 31 juillet 1886 à Bayreuth, en Bavière (Empire allemand).
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+ Liszt est le père de la technique pianistique moderne et du récital. Avec lui naissent l'impressionnisme au piano, le piano orchestral — Mazeppa, la quatrième Étude d'exécution transcendante — et le piano littéraire — les Années de pèlerinage. Innovateur et promoteur de l'« œuvre d'art de l'avenir » (la « musique de l'avenir » étant une invention des journalistes de l'époque), Liszt influença et soutint plusieurs figures majeures du XIXe siècle musical : Hector Berlioz, Richard Wagner, César Franck, Camille Saint-Saëns, Bedřich Smetana, Edvard Grieg et Alexandre Borodine. Aussi féconde que diverse, son œuvre a inspiré plusieurs courants majeurs de la musique moderne, qu'il s'agisse de l'impressionnisme, de la renaissance du folklore, de la musique de film ou du dodécaphonisme sériel.
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+ Franz Liszt grandit dans un milieu familial plutôt mélomane. De 1804 à 1809, son père, Adam Liszt sert comme deuxième violoncelle dans l'orchestre Esterházy. Chargé à partir de 1809 de l'administration du cheptel ovin de Raiding, Adam Liszt organise des soirées musicales avec quelques interprètes locaux.
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+ De santé fragile, Franz Liszt manque à plusieurs reprises de succomber à des fièvres. À six ans, il chante de mémoire le thème du Concerto en ut dièse mineur de Ries que son père a joué quelques heures plus tôt. Adam Liszt décide de lui enseigner le piano. En moins de deux ans, Liszt aborde l'essentiel de l'œuvre de Johann Sebastian Bach, Wolfgang Amadeus Mozart et Ludwig van Beethoven. Conscient de ces progrès, Adam Liszt souhaite faire de son fils un enfant prodige, sur le modèle du jeune Mozart. Grâce au soutien financier de quelques nobles hongrois, la famille Liszt s'installe à Vienne en 1822. Franz Liszt suit les cours de piano de Carl Czerny et les cours de composition d'Antonio Salieri. Ainsi préparé, il donne son premier concert public à la Landständischer Saal le 1er décembre 1822. Organisé quelques mois plus tard, le concert de la Redoutensaal a inspiré une légende biographique populaire : Beethoven serait venu l'embrasser sur scène. En réalité, Beethoven n'a pas assisté à ce concert. Il semblerait néanmoins qu'il ait écouté Liszt chez Czerny et l'ait chaleureusement félicité pour la qualité de son jeu.
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+ Devenu un pianiste reconnu, Liszt entreprend une tournée européenne en 1823. Elle est interrompue par un long séjour à Paris. Échouant à intégrer l'École royale de musique et de déclamation du fait de son statut d'étranger, Liszt multiplie les concerts privés et publics. Le 7 mars 1824, il joue au Théâtre-Italien. Son interprétation séduit la presse parisienne. Il est désormais couramment connu sous le sobriquet de petit Litz. Liszt étudie parallèlement la composition avec Anton Reicha et Ferdinando Paër. Il écrit un opéra, Don Sanche ou le Château de l'amour qui ne connaît qu'un succès mitigé. Il conçoit également une série de douze études, première esquisse des futures Études d'exécution transcendantes.
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+ De 1824 à 1827, Liszt effectue de nombreuses tournées en Angleterre et en France. Celles-ci rapportent à Adam Liszt un revenu important : il dispose vers 1827 d'un capital de 60 000 francs qu'il investit chez les Esterházy. Au cours de l'été 1827, Liszt tombe malade et séjourne dans une ville d'eau, Boulogne-sur-Mer. Il se rétablit, mais son père meurt. En l'absence de l'autorité paternelle, Franz Liszt met fin à sa carrière d'enfant prodige.
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17
+ À Paris, il rencontre Hector Berlioz, George Sand, Alfred de Musset, Frédéric Chopin, Honoré de Balzac, devient l'ami d'Eugène Delacroix et fait la connaissance de Niccolò Paganini, qui aura une grande influence sur le développement de son art.
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19
+ En 1833 commence sa liaison avec la comtesse Marie d'Agoult (connue sous son nom de plume Daniel Stern, dans son roman Nélida notamment) qui lui donne trois enfants :
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+ En 1836, Liszt entreprend une tournée à travers l'Europe (Suisse, Italie, Russie, etc.) et donne des concerts dans toutes les grandes villes. Outre ses propres œuvres — ses Rhapsodies datent de cette époque — il joue des œuvres de Chopin et de la musique allemande. Il est adulé : on lui demande la permission de baiser ses doigts à la fin de ses concerts, on récolte le fond de ses tasses dans des fioles.
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23
+ Comme en témoignent notamment ses correspondances, Liszt est un grand séducteur et connaît de nombreuses et célèbres femmes avant d'embrasser la carrière religieuse.
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25
+ Après s'être séparé de Marie d'Agoult en 1844, il rencontre à Kiev en 1847 la princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein qui lui conseille d'interrompre ses tournées de concert pour se consacrer à la composition. C'est en 1848 qu'il s'installe à Weimar en tant que maître de chapelle où le grand-duc Charles-Alexandre l'avait nommé en 1842. Débute alors une nouvelle période pendant laquelle il compose ses poèmes symphoniques, avec l'aide de son secrétaire particulier Joseph Joachim Raff et d'un matériel unique : le piano-melodium. Il se consacre également à la direction des œuvres de ses contemporains. Autour de lui se rassemblent de nombreux élèves — parmi lesquels Hans von Bülow, qui deviendra son gendre — auxquels il fait découvrir Berlioz, Wagner, Saint-Saëns. Toutefois, son talent et ses idées novatrices n'étant pas du goût de tout le monde, les conservateurs ne manquent pas de lui mener la vie dure, ce qui le conduit à démissionner de son poste le 18 décembre 1858[5]. Jusqu'à cette date, Weimar est grâce à lui un centre exceptionnel de création et d'innovation.
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+ Après avoir tenté sans succès d'obtenir auprès du pape son divorce, Carolyne se sépare de Liszt, qui reçoit les ordres mineurs en 1865. Il profite de son séjour à Rome pour découvrir la musique religieuse de la Renaissance.
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+ Liszt se retire à Rome en 1861 et après avoir déjà rejoint le tiers-ordre franciscain[6] en juin 1857, il recevra en 1865 la tonsure et les quatre ordres mineurs de l'Église catholique, lui donnant en France le qualificatif d'abbé. Il retourne à Pest où il doit diriger la création de son premier oratorio, Die Legende von der heiligen Elisabeth. Il se fait confectionner au couvent de Pest un habit franciscain dont il souhaite être revêtu au tombeau[7]. Sa mère, Anna, meurt le 6 février 1866.
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+ À partir de 1869 et jusqu'à sa mort, l'abbé Liszt partage son temps entre trois capitales : Budapest, Rome et Weimar qui correspondaient à trois tendances : sa sentimentalité hongroise, son mysticisme religieux et sa musique d'influence allemande. À Budapest, pendant trois mois en hiver (source : Musée et Académie Ferenc Liszt, Budapest), il continue à recevoir des élèves gratuitement, y compris Alexander Siloti. Il met alors de côté son activité de virtuose pour se consacrer essentiellement à la composition et à l'enseignement, notamment à l'Académie royale de musique de Budapest dont il est l'un des fondateurs en 1875 (et qui sera d'ailleurs rebaptisée plus tard « Académie de musique Franz-Liszt »).
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+ Le dimanche 25 juillet 1886, Liszt à bout de forces assiste à la représentation d'un opéra de son gendre Richard Wagner : Tristan und Isolde. Le lendemain, il est au plus mal et se voit privé par les médecins de son cognac quotidien. Le vendredi, les tremblements et le délire le frappent : il a pour ce jour la superstition des Italiens, or l'année 1886 commence un vendredi et son anniversaire tombe cette année-là un vendredi. Le samedi, vers deux heures du matin, après un sommeil anormalement agité, le compositeur hongrois se lève en hurlant, renverse son domestique accourant pour le recoucher, puis s'effondre[8]. Malgré les soins apportés par les docteurs Fleischer et Landgraf, qui restent à son chevet jusqu'au soir, Liszt passe la journée du 31 dans une quasi-inconscience et s'éteint à 23 h des suites d'une pneumonie[9].
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+ Il est enterré le 3 août 1886 à Bayreuth. Par de nombreuses tractations, Cosima Wagner parvient à s'assurer que la dépouille de son père, avant tout considéré comme le beau-père de Wagner, soit inhumée à Bayreuth dans l'ombre de ce dernier[10]. Le choix de ce lieu d'inhumation donna lieu à de nombreuses contestations et demandes de rapatriement, notamment à Weimar et Budapest[11].
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+ L'amour forme la troisième composante de l'âme du compositeur hongrois, et il n'aura de cesse de vouloir l'unir avec les deux autres : en l'occurrence l'art et la religion. Son père avait eu avant de mourir l'intuition du poids que celui-ci allait tenir dans sa vie : « Il craignait que les femmes troubleraient mon existence et me domineraient[12] ». Le premier émoi amoureux de Liszt remonte en fait à un concert donné à Vienne le 1er décembre 1822 où se produisait également une cantatrice hongroise de sept ans son aînée Caroline Unger, qui fit sur lui, alors âgé de onze ans, une forte impression[13]. Jusqu'à la mort de son père, Franz Liszt effectue une sorte de « refoulement » de ses penchants amoureux en se réfugiant dans la religion. Or, la disparition d'Adam Liszt va l'amener à organiser des cours de piano afin d'assurer son confort matériel. L'une de ses élèves n'étant autre qu'une certaine Caroline de Saint-Cricq, fille du ministre du commerce et de l'industrie. Avec le consentement de la mère de celle-ci, un lien se développe entre eux, les amenant à prolonger la leçon de piano jusqu'à dix heures du soir. Les biographies de Liszt parlent d'un amour platonique. Quoi qu'il en soit, la mort de Mme de Saint-Cricq, qui a pourtant déclaré avant d'expirer qu'elle souhaitait leur mariage, va mettre fin à cette idylle, car M. de Saint-Cricq refuse catégoriquement que sa fille épouse un artiste, et renvoie celui-ci en mettant fin aux leçons. Caroline se mariera avec le comte d'Artigaux, magistrat, et Franz Liszt, désespéré, sombrera dans une nouvelle crise mystique. Il rencontrera pour la dernière fois son premier amour lors de deux concerts à Pau le 8 et le 11 octobre 1844, alors qu'il se rendait en Espagne pour y effectuer une tournée[14],[15].
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+ Remis sur pied par la révolution de 1830, Franz Liszt connaît des aventures éphémères avec la comtesse Platen, muse de Frédéric Chopin, et la comtesse Adèle de La Prunarède. Puis, il rencontre en 1832 Marie d'Agoult née de Flavigny dans le salon de la marquise de La Mothe Le Vayer. Il laisse tout de suite à celle-ci, pourtant froide d'apparence, une vive impression : « Madame de La Mothe Le Vayer parlait encore que la porte s'ouvrait et qu'une apparition étrange s'offrait à mes yeux. Je dis apparition, faute d'un autre mot pour rendre la sensation extraordinaire que me causa, tout d'abord, la personne la plus extraordinaire que j'eusse jamais vue[16]. » Leurs relations au cours de l'année qui va suivre seront difficiles, et faites de ruptures et de réconciliations. La mort de la fille de Marie et du comte d'Agoult, Louise, va mettre fin à ces tergiversations. En effet, lorsque Liszt de retour de la Chênaie vient la réconforter, Marie lui demande : « Qu'aviez-vous à me dire et qu'allez vous m'apprendre ? Vous partez ? », et Liszt de répondre « Nous partons[16]. » Le couple s'enfuit alors en Suisse, où tous deux connaîtront deux mois de bonheur : « Personne ne savait notre nom. […] Presque partout à nous voir si semblables. […] On nous prenait pour frère et sœur ; nous en étions tout ravis. Une telle erreur ne témoignait-elle pas, mieux que tout le reste, des affinités secrètes qui nous avaient si fortement attirés l'un à l'autre[16] ? » Mais Liszt commet ensuite une double erreur : faire venir son jeune protégé Hermann Cohen, qui viole leur intimité, puis accepter, à la suite de l'insistance de son ami Pierre Wolloff, un concert à Genève, d'autant que la société genevoise est plutôt médisante à l'égard de Marie. En témoigne le journal de Valérie Boissier : « C'est une femme de 30 ans au moins, une blonde fade[17] ! » Entre-temps, une fille, Blandine, est née, mais Liszt rêve d'aller à Paris pour en découdre avec la nouvelle étoile montante, Sigismond Thalberg. Il y part pour trois jours, mais rentrera deux mois plus tard, le 6 juin 1836. À son retour, l'atmosphère genevoise commençant à devenir pesante, Marie et lui décident d'aller rejoindre George Sand à Chamonix. L'année suivante, Liszt retourne à Paris pour le duel final avec Thalberg tandis que Marie s'installe chez George Sand à Nohant. Désireux de relancer leur couple, Liszt et Marie font une nouvelle échappée amoureuse en Italie. Le souvenir qu'ils en garderont l'un et l'autre sera assez différent. Pour Liszt : « Lorsque vous écrirez l'histoire de deux amants heureux, placez-les sur les bords du lac de Côme[18] » ; alors que Marie est plus circonspecte : « Je m'étonne quelquefois de le voir si constamment gai, si heureux dans la solitude absolue où nous vivons[16]. »
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+ Lentement, la situation se dégrade[19], et Liszt saisit l'occasion des inondations de Pest de 1838 pour faire une série de concerts bénéfices dans l'empire autrichien. Alerté par un de ses amis sur la santé de Marie qui s'est dégradée, il abrège son séjour et rentre à Venise. Finalement la séparation de facto a lieu en octobre 1839 : Liszt partant pour Vienne, tandis que Marie regagne Paris. Leur troisième enfant, Daniel, est encore tout jeune. Désormais leur union n'aura plus qu'un caractère formel : Marie le rejoint lors de sa tournée à Londres, et tous deux, pendant trois ans, passent leurs vacances à Nonnenwerth. La parution en 1846 de Nélida, roman à clé où Marie peint, sous le pseudonyme de Daniel Stern, un bilan négatif de son union avec Liszt, est prétexte pour celui-ci à la rupture définitive. Le roman d'amour entre Liszt et Marie d'Agoult suscitera des jugements contrastés. Des lisztiens comme Zsolt Harsányi feront porter tous les torts sur Marie d'Agoult, qui, il est vrai, prêtait le flanc à la critique en écrivant dans Nélida : « Il [Liszt] sentit la supériorité morale que Nélida [Marie] prenait sur lui en cette circonstance. Cette supériorité devint chaque jour plus évidente, et aussi plus insupportable »[20].
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+ Selon Sabine Cantacuzène, le couple aurait eu un quatrième enfant, Charles d'Avila (qui n'a jamais ni confirmé, ni nié ce fait)[21], mais selon Georges Brătescu[22] on ne voit pas pourquoi Liszt n'aurait pas reconnu son dernier fils, même si son couple battait de l'aile; il est plus probable que d'Avila, si sa mère est bien Marie d'Agoult, est né de la liaison que celle-ci a eue avec Louis Tribert, riche propriétaire de Champdeniers[23].
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+ Au début de l'année 1847, Liszt part pour Kiev où il organise un concert caritatif au bénéfice des salles d'asiles. Le prix des places est fixé à cinq roubles. Or une mystérieuse bienfaitrice en offrit cent roubles. Intrigué, Liszt apprend qu'il s'agit de la princesse de Sayn-Wittgenstein, qui, vivant seule en Podolie, est venue à Kiev régler diverses affaires, et lui rend visite à Woronice (aujourd'hui Voronivtsi (uk)) en octobre après une série de concerts en Russie. Des liens forts, platoniques et artistiques, se mettent en place entre eux au cours de ce séjour : Liszt compose Les Glanes de Woronice qu'il dédie à sa nouvelle muse, tandis que Carolyne aurait pressenti, selon une légende non entièrement accréditée, que celui-ci serait le plus grand compositeur de son temps, en écoutant son Pater noster. Carolyne vivant séparée de son mari, pense pouvoir obtenir aisément le divorce pour l'épouser. Ayant accepté les fonctions de maître de chapelle à Weimar, Liszt se rend début janvier dans la principauté où Carolyne doit le rejoindre, tandis que les révolutions font rage en Europe. Afin d'éviter les troubles en Pologne, le tsar décrète la fermeture de la frontière : Carolyne et sa fille, Marie, passent in extremis. Par souci des convenances, Liszt s'installe à l'hôtel Erbprinz, et Carolyne au palais de l'Altenberg.
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+ En 1849, tous deux se rendent à Bad Eilsen où ils rédigent les principaux ouvrages de Liszt sur Chopin et la musique tzigane. Puis Liszt, las d'attendre un divorce qui ne vient pas, en dépit de l'influence de la grande-duchesse de Weimar sur le tsar, décide de s'installer avec Carolyne à l'Altenburg. Les conséquences ne s'en font pas attendre : la société conservatrice de Weimar puis la cour grande-ducale, ferment leurs portes à la princesse. De la sorte, leur existence devient très précaire : « Nous étions réduits aux dix doigts de Liszt »[réf. nécessaire]. En 1854, Carolyne est bannie de Russie, et tous ses biens sont saisis. Dès lors, elle va accompagner le quotidien de Liszt pendant la décennie qui va suivre, exception faite de séjours de la princesse et de sa fille à Paris en août 1855 pendant que Liszt reçoit ses trois enfants, et à Zurich, chez Wagner, en octobre 1856. Tandis que Liszt quitte Weimar dès 1858, date à laquelle il démissionne de ses fonctions de maître de chapelle, voyageant les deux années suivantes à travers les empires habsbourgeois et français, la princesse ne part du grand-duché pour Rome, afin de plaider pour son divorce, qu'en 1860. À la suite d'avancées encourageantes, Liszt la rejoint là-bas le 21 octobre 1861. Dans la nuit du 21 au 22, un émissaire papal vient les avertir qu'à cause d'un revirement de dernière minute, leur union ne pourrait avoir lieu.
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+ Prenant acte de cet échec, et quoique le décès du prince de Sayn-Wittgenstein en 1864 rende maintenant l'union possible, Liszt décide de se vouer à la prêtrise (il reçoit la tonsure et les ordres mineurs en 1865, mais ne sera jamais prêtre), tandis que Carolyne se consacre à sa grande œuvre théologique en vingt-cinq volumes, Les Causes intérieures de la faiblesse extérieure de l'Église, bientôt mis à l'Index pour son manque d'orthodoxie. Tous deux conservent cependant des liens d'amitié forts. Dès 1863, Liszt fait pourtant la connaissance de la baronne Olga von Meyendorff, mais leur liaison sera surtout platonique. En 1869, Liszt croise la route d'une dénommée Olga Janina, jeune comtesse, prétendument cosaque, qui s'était mise en tête de devenir sa maîtresse. Elle y parvient en s'introduisant (contre la consigne) dans la villa d'Este à Tivoli déguisée en homme, les bras chargés de fleurs pour retrouver son professeur adoré, qui avait fui la tentation provoquée par la brûlante élève. Mais Liszt, las de ses excentricités, met un terme à leur relation. De retour d'un voyage en Amérique, elle pénètre dans la maison de l'abbé Liszt munie d'un revolver et de plusieurs flacons de poison : voulait-elle l'assassiner par dépit ? Ou bien, trop marquée par Tristan et Isolde, croyait-elle à la transfiguration de l'amour par la mort ? Toujours est-il qu'elle n'y parvient point. De rage, elle aurait publié un pamphlet anti-Liszt, Les souvenirs d'une cosaque sous le pseudonyme de Robert Franz, suivi bientôt de quatre autres[24]. Liszt revient alors à une vie sentimentale plus calme, notamment auprès de la baronne Olga von Meyendorff qui sera sa compagne quasiment jusqu'à la fin. Quasiment, car en 1879 Liszt fait la connaissance de Lina Schmalhausen, jeune femme qui éprouve une forte passion pour le septuagénaire. Cependant l'entourage de Liszt et en particulier Cosima cherchent à éviter que tous deux se voient trop, afin de ne pas trop le fatiguer. À la mort de Liszt, Lina héritera, de la main de Cosima, du livre de prière de ce dernier.
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+ La question de la nationalité de Liszt demeure ouverte car elle fait appel à de multiples interprétations, parfois fantaisistes. D'aucuns ont ainsi voulu en faire un Français[25], un Italien, voire un Slovaque[26]. En premier lieu, son origine germanique est à peu près hors de doute : du côté paternel, son grand-père, Georg, était un Autrichien du nom de List, qui avait magyarisé son patronyme en Liszt ; et du côté maternel, Anna Liszt était une Allemande de Bohême (elle est née Maria Anna Lager le 9 mai 1788 à Krems an der Donau en Autriche). Sachant que Liszt n'a jamais pu parler correctement hongrois (ainsi, lors de son concert à Budapest, il déclare « je suis hongrois » en français) et connaissant l'impact qu'a eu sur lui la culture germanique (notamment Faust), il semble aisé d'en faire un Allemand. Cependant, il n'a cessé de réaffirmer son attachement de cœur à la Hongrie, qui demeure de toute évidence son pays natal (Raiding appartenant alors au comitat de Sopron en Hongrie) : « Il n'y a rien qui puisse m'empêcher, en dépit de ma lamentable ignorance quant au langage hongrois, à m'affirmer depuis toujours magyar par le cœur et l'esprit »[27].
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+ Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer que Liszt se réclame d'une nation dont il ne possède ni la langue ni le sang. La première, c'est qu'au XIXe siècle les entités nationales sont encore floues (comme le montre Marcel Mauss dans son essai La Nation), et que se maintient au sein de l'élite un idéal cosmopolite et européen hérité du XVIIIe siècle. D'où les nombreuses influences « nationales » (on serait tenté de dire « traditionnelles ») sur la musique lisztienne (allemandes, tziganes, italiennes, françaises), le fait qu'il se sente partout chez lui (en Suisse, à Paris, à Rome, à Weimar, à Budapest, à Vienne…), ainsi qu'une double descendance française (via Blandine, qui a épousé le premier ministre républicain de Napoléon III, Émile Ollivier) et allemande (via Cosima Wagner). La deuxième explication, avancée par Coby Lubliner, impliquerait qu'Adam Liszt se serait inventé une nationalité hongroise afin que des aristocrates hongrois (Esterhàzy) lancent, par fierté nationale, la carrière de son fils ; invention que Liszt aurait fini par croire : « Adam Liszt avait également une seconde raison pour réclamer une identité hongroise pour son fils et lui-même : c'était une manière de reconnaître sa dette à l'égard des nobles hongrois, qui avaient patronné la carrière de Franz depuis son premier concert à Pressburg »[28]. De fait, selon celui-ci, la nationalité réelle de Liszt ne serait ni hongroise, ni allemande, ni française, mais autrichienne, voire austro-hongroise avant la lettre.
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+ L'engagement de Liszt prend naissance avec la révolution de juillet, un peu sous la forme d'un remède à la crise mystique qui couvait depuis 1828. Sous le coup de l'événement, le pianiste hongrois conçoit une Symphonie révolutionnaire qui deviendra plus tard l'Héroïde funèbre. Liszt s'attache d'autre part à Émile Barrault, professeur de rhétorique qui va lui ouvrir les cercles saint-simoniens. Il va ainsi notamment faire la connaissance de Lamartine, de Lamennais et de La Fayette. Plus que Saint-Simon, c'est Lamennais qui laisse sur lui une trace durable : Liszt le connaît personnellement et devient son disciple jusqu'à la fin de ses jours. Toutes ces influences théoriques vont se traduire à la fois en écrits (De la situation des artistes et de leur condition dans la société, dans la Gazette musicale de Paris du 3 et du 17 mai 1835) en musique (transcription de La Marseillaise, pièce Lyon sur la révolte des Canuts intégrée à l'Album d'un voyageur) et en actes (concerts caritatifs). Avec le temps et des femmes, et sous le double impact de son travail de compositeur et d'interprète, cet engagement va progressivement disparaître. Ainsi, en 1848, loin de devenir le chef de la Hongrie révoltée comme le prêtait la rumeur, Liszt s'installe à Weimar tout en soutenant de loin ses compatriotes (composition de Funérailles). Si le Liszt de la maturité n'a plus la fougue de la jeunesse, celui de la vieillesse va abandonner tout engagement social pour se consacrer aux affaires religieuses.
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+ La première crise mystique qui affecte Liszt date de 1827, et est le résultat de deux causes : la rupture de la liaison amoureuse avec son élève, Caroline de Saint-Cricq, provoqué par le père de celle-ci ; d'autre part l'exigence et l'autorité paternelles, par trop écrasantes. Le jeune Franz voudrait entrer dans les ordres, mais son père s'y oppose. La mort de ce dernier rendrait possible l'entreprise, mais l'intervention de sa mère y met fin, comme le montre une lettre datant de 1879 à Carolyne de Sayn-Wittgenstein : « Je suivais seulement en simplicité et droiture de cœur, l'ancien penchant catholique de ma jeunesse. S'il n'avait été contrarié dans sa première ferveur par ma très bonne mère et mon confesseur, l'abbé Bardin, il m'eût conduit au séminaire en 1830 et plus tard à la prêtrise […] et l'abbé Bardin, assez amateur de musique, tint peut-être trop compte de ma petite célébrité précoce, en me conseillant de servir Dieu et l'Église dans ma profession d'artiste[réf. nécessaire]. » Suivant à la lettre le conseil de l'abbé Bardin, le jeune Liszt va tenter d'unir sa profession musicale et son mysticisme : « Nous crions sans relâche qu'une grande œuvre, qu'une grande mission religieuse et sociale est imposée aux artistes[29]. » L'adultère commis avec Marie d'Agoult met fin à cette tentative.
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+ Marie d'Agoult, sa carrière de virtuose et son travail d'administrateur à Weimar font qu'il ne retrouve le zèle religieux de sa jeunesse qu'à partir de 1860. Il écrit à Carolyne Sayn-Wittgenstein en 1877 : « Après m'être douloureusement privé pendant trente années, de 1830 à 1860, du sacrement de pénitence, c'est avec une pleine conviction qu'en y recourant de nouveau j'ai pu dire à mon confesseur, notre curé Hohmann de Weimar : « Ma vie n'a été qu'un long égarement du sentiment de l'amour ». J'ajoute : singulièrement mené par la musique — l'art divin et satanique à la fois — plus que tous les autres il nous induit en tentation. » Dès lors, Liszt comprenant, ou croyant comprendre qu'il avait fait fausse route jusque-là, se réfugie à Rome où il se fera membre du Tiers-Ordre franciscain. Il se met au service de la hiérarchie catholique en composant des œuvres très mal perçues : La Messe de Gran, Sainte Élisabeth, Christus. Lizst tente à l'époque, sans succès, de révolutionner la musique religieuse. À la fin de sa vie il poursuit encore cet idéal tout en recourant à des audaces techniques de plus en plus marquées tel que dans Via Crucis. Néanmoins il prend un peu plus de distance vis-à-vis de l'Église en composant les dernières Méphisto-valses et En rêve — nocturne. Il est d'ailleurs avéré que Liszt a été, au moins dans sa jeunesse, franc-maçon[30].
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+ Toutes les sources s'accordent pour faire de Liszt un des plus grands pianistes de son temps[31]. Malheureusement, il n'existe aucun enregistrement pour pouvoir en juger[32].
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+ Néanmoins, plusieurs indications nous permettent de nous faire une idée de ses capacités de virtuose. D'abord sur le plan purement technique, Liszt possède une main d'une taille peu commune qui lui permet d'atteindre la douzième. Son professeur, Czerny, était, et demeure, le maître incontesté pour ce qui est de la vélocité et de l'agilité pianistique. C'est sur le plan intellectuel que la supériorité de Liszt est la plus visible. Il exécute ainsi quantité de prouesses telles que l'interprétation d'œuvres non encore déchiffrées (une sonate de Moscheles à dix ans, le concerto pour piano de Grieg à soixante), ou l'improvisation sur des thèmes donnés par le public (concert de 1847 à Kiev). Ensuite, il est à remarquer que nombre de ses œuvres requièrent de grandes facultés intellectuelles pour pouvoir être jouées correctement. En témoigne ce commentaire sur les transcriptions de Schubert : « Dans ces lieder la difficulté n'est pas seulement digitale. Elle est aussi intellectuelle. Le chant, situé dans la partie médiane […] passe constamment d'une main à l'autre, et contraint le pianiste à une gymnastique mentale assez éprouvante, et dont sont incapables, plus simplement, la grande majorité des interprètes actuels[33]. »
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+ Liszt a commencé la transmission de son art du piano dès la fin de sa dix-septième année dans le courant du mois de septembre 1827. Il occupait alors un appartement modeste de Paris au no 7 bis de la rue de Montholon. Cette période est celle qui a vu naître la première passion amoureuse de Liszt, pour une de ses élèves Caroline de Saint-Cricq. Si l'activité de professeur du musicien bat son plein pendant cette période de bonheur, la séparation des deux amants plonge Franz dans un désespoir profond qui affecte son professorat. Après un arrêt total des leçons et une reprise douloureuse pour s'arracher à la pauvreté, le jeune homme enseignera le piano sans enthousiasme ; les lectures exprimant sa triste instruction coupent pendant des heures les périodes d'enseignement du piano. La guérison de ce mal lors de la révolution de 1830 relance le musicien dans toutes les activités relevant de son art.
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+ Après avoir assisté au concert de Paganini le 9 mars 1832, Liszt exprime l'idée ferme qu'il se forme, à ce stade de sa vie, concernant la musique : « Un moi monstrueux ne saurait être qu'un dieu solitaire et triste ». Liszt cherche alors inlassablement à faire parler son âme au piano et c'est ce qu'il enseigne à ses élèves.
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+ Liszt écrit à cette époque à l'un de ses premiers élèves, Pierre Wolf :
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+ « Mon esprit et mes doigts travaillent comme deux damnés ; Homère, la Bible, Platon, Locke, Byron, Hugo, Lamartine, Chateaubriand, Beethoven, Bach, Hummel, Mozart, Weber, sont tous à l'entour de moi. Je les étudie, les médite, les dévore avec fureur ; de plus, je travaille quatre à cinq heures d'exercices (tierces, sixtes, octaves, trémolos, notes répétées, cadences, etc.). Ah ! pourvu que je ne devienne pas fou, tu retrouveras un artiste en moi. Oui, un artiste tel que tu les demandes, tel qu'il en faut aujourd'hui. « Et moi aussi je suis peintre », s'écria Michel Ange la première fois qu'il vit un chef-d'œuvre… Quoique petit et pauvre, ton ami ne cesse de répéter les paroles du grand homme depuis le dernier concert de Paganini[34]. »
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+ Liszt faisait étudier les fugues de Bach à ses élèves, notamment à Valérie Boissier, qui venait accompagnée de sa mère Caroline. Celle-ci, grâce aux notes prises pendant les leçons, fournit un témoignage précieux sur les cours de piano que donnait Franz Liszt au début des années 1830. L'ensemble de ces écrits révèle, par l'attitude du professeur ainsi décrite, de nouveaux aspects de la personnalité du musicien. Tout d'abord, comme pour lui-même, il s'attache à l'expression de l'âme dans le jeu de ses élèves. Ainsi, les notes de Mme Boissier mère décrivent par exemple Liszt lisant l'ode de Hugo à son élève avant de lui faire jouer une étude de Moscheles : il voulait lui faire comprendre par ce moyen l'esprit du morceau pour lequel il trouvait de l'analogie avec la poésie.
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+ Ensuite, par respect profond pour les grands Weber et Beethoven, il se refuse à jouer leurs œuvres en public (ne se trouvant pas encore digne d'elles) et les faire travailler à tout va à ses élèves. Selon Mme Boissier, « il s'humilie profondément devant Weber et Beethoven […] cependant, il les joue en brûlant son piano[35] ».
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+ À l'éloignement de Paris avec Marie d'Agoult pour Genève est associé un déclin de l'intérêt de Franz pour l'enseignement du piano. Ses journées se succèdent de la façon suivante : deux pour le piano et une pour les travaux littéraires ; et le grand intérêt qu'il porte aux controverses, idées et autres soirées sur les thèmes de la philosophie et de la religion ont éloigné le musicien du rôle de professeur.
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+ À partir de 1836, un double changement se produit dans la vie de professeur du jeune Liszt. D'une part, fort de sa générosité et de son implication dans l'accès et la reconnaissance de la musique, Liszt offre spontanément au tout jeune conservatoire de Genève, un cours de piano gratuit. D'autre part, car il faut bien vivre, le musicien reprend le vieux système des leçons particulières.
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+ Un livre de classe tenu par Franz Liszt montre qu'il avait un sens de l'humour certain :
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+ La période de retraite chez George Sand et celle des tournées dans toute l'Europe qui suivit ne fut pas propice au professorat de Liszt. À son apogée, sa carrière de virtuose nécessitait de jouer ce rôle à plein temps et l'éloignait de tout souci d'argent. Pendant la première période « weimarienne » (1848-1860), le Maître de chapelle en service extraordinaire n'a pas non plus nécessité de donner des cours de piano. Ses journées sont malgré tout encore tournées vers le don de sa personne : la composition et la préparation des concerts.
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+ Liszt n'assure pas lui-même l'enseignement pianistique des filles qu'il a eues avec Marie d'Agoult. Lorsque le compositeur se rapproche de ses filles à Paris il les trouve « plus avancées qu'il n'en pensait, bien qu'un peu rêvassières ». Il confie à son disciple et ami Hans von Bülow de poursuivre leur enseignement du piano selon les idées qu'il prône. La correspondance laissée entre les deux hommes montre d'une part l'intérêt du père pour l'instruction de ses filles (il réclame des nouvelles des demoiselles Liszt dans ses courriers) et d'autre part l'utilisation par le professeur de la méthode de Liszt. En effet, les jeunes filles travaillent surtout les grands maîtres (Jean-Sébastien Bach et Beethoven essentiellement) mais aussi des arrangements à quatre mains (vraisemblablement de Liszt) d'œuvres instrumentales. Comme le remarquait Bülow dans sa correspondance avec Liszt à propos des œuvres instrumentales jouées à quatre mains : « Je leur en fais l'analyse et je mets plutôt trop de pédantisme que trop peu dans la surveillance de leurs études ».
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+ Pendant toute cette période et surtout à sa fin (en décembre 1858), le cercle des élèves (et amis) du musicien comprend nombre d'interprètes qui deviendront marquants. Ainsi, ce cercle est surtout formé de Rubinstein, Klindworth, Cornélius, Bronsart et Tausig.
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+ Les années suivantes puis celles à Monte Mario ne furent pas propices à l'enseignement. Ses différentes retraites et son rapprochement de plus en plus poussé vers l'Église dans la deuxième moitié des années 1860 montrent que le musicien s'occupe de moins en moins de sa célébrité.
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+ À partir de 1869, Liszt, dépouillé de toutes les futilités de la vie, vit dans une petite maison de maître-jardinier où il donne de nombreux cours de piano. Moins concentré sur sa carrière que sur la piété de son existence, le musicien consacre tous ses après-midi à l'enseignement du piano, en général à plusieurs élèves rassemblés, quelquefois à tous en même temps (il eut dès la première saison plus d'une vingtaine d'élèves), s'amusant des maladresses des uns et luttant contre la propreté « conservatoire » des autres ; l'homme est aussi craint qu'admiré.
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+ L'abbé Liszt donne toutes ses leçons gratuitement et s'intéresse à la progression de tous ses élèves (de nombreuses correspondances en témoignent). Comme il est toujours adoré des femmes, cette attention égalitaire entre les élèves a parfois déclenché les jalousies. Le sexagénaire rend encore ses élèves amoureuses comme en témoigne l'histoire de la comtesse Janina qui s'est éprise follement de lui.
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+ La vieillesse de Liszt à la villa d'Este, Budapest puis Weimar, dans sa pauvreté joyeuse, est marquée par le vol d'élèves indignes profitant de l'âge et de l'insouciance du musicien. Sa méthode musicale d'alors est décrite par une lettre de Borodine : « Liszt ne donne jamais de morceaux à étudier, il laisse à ses élèves la liberté du choix. Cependant ils lui demandent généralement conseil, pour éviter d'être arrêtés aux premières notes par une observation […] Il donne peu d'attention à la technique, au doigté, mais il s'occupe surtout du rendu, de l'expression[37] ». Il arrêtera très tard son activité de professeur (lorsque son état de santé ne la permettra plus dans les derniers mois de sa vie), comme il n'arrêtera jamais de vivre pour la musique.
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+ «  Ma seule ambition de musicien était et serait de lancer mon javelot dans les espaces indéfinis de l'avenir… (Liszt) »
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+ C'est en pleine tourmente révolutionnaire, alors que courent de nombreuses rumeurs, dont se fait écho la Revue et gazette musicale de Paris, que Liszt accepte le poste de maître de chapelle à Weimar. Il est rejoint quelques mois après (en juin 1848) par Carolyne qui tente alors d'obtenir le divorce. Dès son installation, son activité commence par la création le 11 novembre de l'ouverture du Tannhäuser de Richard Wagner puis celle de l'opéra entier le 16 janvier 1849. En août, il organise une célébration en l'honneur du centenaire de Gœthe où il crée des pièces composées pour l'occasion (Le Prométhée) ainsi que le Lohengrin de Wagner. Peu à peu sa vie s'organise avec l'engagement de Joachim Raff comme secrétaire musical, puis l'installation à l'Altenburg, entrecoupée de séjours à Bad Eilsen (fin 1849, Liszt y écrit, en collaboration avec Carolyne, Des bohémiens et de leur musique en Hongrie) la participation à de nombreux organismes musicaux (la Neu Weimar Verein dont il est président), et enfin l'organisation de nombreux festivals musicaux à Karlsruhe, et à Ballenstedt). De nombreux disciples le rejoignent : Hans von Bülow, Cornelius, Carl Tausig.
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+ Rapidement, Liszt devient l'introducteur privilégié de la « musique de l'avenir ». Outre Richard Wagner, il fait beaucoup pour Berlioz avec deux « semaines Berlioz » (en 1852 et en 1854, où le compositeur français dirige ses propres œuvres en alternance avec Liszt) ainsi que pour ses élèves (création en 1851 du Roi Alfred de Joachim Raff, et en 1857 du Barbier de Bagdad de Cornelius). Par ailleurs il aide à la redécouverte de chefs-d'œuvre oubliés (création de l'opéra de Schubert Alphonse et Estrella), et crée ses propres œuvres (la Sonate en si mineur par Hans von Bülow en 1857 et la plupart des poèmes symphoniques). Cependant cette activité ne rencontre pas les succès espérés. Tout d'abord parce que Liszt manque de moyens et doit sans cesse demander au grand-duc des crédits supplémentaires. Or en 1857 le grand-duc Charles-Alexandre engage un nouvel intendant, Franz Dingelstedt pour qui les priorités financières vont au théâtre, et qui lui voue par ailleurs une profonde jalousie. Ensuite, du fait des réticences de plus en plus marquées envers la « musique de l'avenir ».
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+ Déjà en 1849, la grande-duchesse avait dû acheter des billets et les distribuer à quelques-uns de ses amis afin d'éviter que Lohengrin ne fût créé au sein d'une salle quasiment vide. Puis les contestations demeurent constantes, et connaissent une expression décisive en 1858 lors d'une cabale lancée à l'encontre du Barbier de Bagdad du protégé de Liszt Cornelius. En conséquence, Liszt renonce définitivement à ses fonctions de chef d'orchestre. Il y revient encore de manière intermittente à Weimar, mais le manifeste des tenants de la « Tradition » (Brahms, Joachim), publié en 1860 achève de le décourager.
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+ Liszt et Berlioz
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+ Une étude reste à faire sur l'aide considérable que Berlioz a reçu de Liszt et la correspondance de Berlioz reste insuffisante pour le biographe, elle souffre d'un déséquilibre après que Berlioz ait brulé nombre de lettres reçues, à la suite du décès de son fils en 1867. Outre les transcriptions des oeuvres de Berlioz, Liszt est également interprète dans des concerts dirigés par Berlioz qu'il qualifie « Homme de génie, homme populaire qui cependant restera toujours supérieur à sa popularité ; Berlioz l'artiste nouveau par excellence, le musicien du canon de juillet et de la France ». L'amitié des deux compositeurs est célèbre, elle fut longue, tous les écrits de Liszt et de Berlioz l'attestent, jusqu'à la découverte des opéras de Wagner que Liszt va diriger. Il écrit alors : « Son prénom Hector, ne lui a pas porté bonheur — L'Achille Wagner étant survenu en dominateur du drame musical contemporain ».
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+ Liszt et Wagner : l'amitié artistique
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+ La première rencontre a lieu en 1840, alors que Wagner, jeune compositeur inconnu et misérable demande de l'aide à Liszt, qui connaît déjà un succès considérable. Après quelques années d'une relation peu soutenue, la correspondance épistolaire se fait de plus en plus intense. Dans ces lettres, Wagner réaffirme sans cesse son besoin pressant d'argent. Liszt tente de satisfaire comme il peut les désirs de son protégé, dont il commence à apprécier les œuvres : en 1849, il monte Tannhäuser, qui est un succès phénoménal. En 1853, Liszt passe à Paris et en profite pour revoir ses enfants et les présenter à Wagner. La fille cadette, Cosima, se mariera plus tard avec le compositeur allemand. Il organise par ailleurs à Weimar une semaine Wagner à cette même date.
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+ Revenu à Weimar, Liszt continue de diriger les œuvres de Wagner toujours avec le même succès, ce dont Wagner le remercie en ces termes : « Merci, ô mon Christ aimé. Je te considère comme le sauveur lui-même[38] ». La correspondance continue, s'amplifie même au cours des années, jusqu'en 1859 : alors que Wagner ne cesse de demander de l'argent à Liszt, ce dernier ne peut accéder à ses requêtes, car lui-même est en période de vaches maigres. Wagner s'en agace. La même année, surgit un autre sujet de friction : l'influence musicale de Liszt sur Wagner, influence que ce dernier a toujours refusé de reconnaître publiquement. En juin et août, peu après les premières auditions du prélude de Tristan et Iseult, le musicologue Richard Pohl a fait paraître un panégyrique dans lequel il attribue directement à Liszt la substance harmonique de l'œuvre. Le 7 octobre, Wagner écrit à Bülow : « Il y a nombre de sujets sur lesquels nous sommes tout à fait francs entre nous ; par exemple que je traite l'harmonie de manière tout à fait différente depuis que je me suis familiarisé avec les compositions de Liszt. Mais quand l'ami Pohl le révèle au monde entier, qui plus est en tête d'une notice sur mon prélude, c'est pour moi une indiscrétion ; ou dois-je penser que c'est une indiscrétion autorisée[39] ? » Ces tensions amènent une rupture éphémère puisque dans la même année Wagner et Liszt renouent le contact.
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+ Les deux compositeurs se brouillent de nouveau quelques années plus tard au sujet de Cosima, la fille de Liszt, alors que Wagner s'intéresse à elle depuis quelques années. Or, la jeune fille est déjà mariée avec Hans von Bülow, ancien élève de Liszt, et a vingt-cinq ans de moins que Wagner ; celui-ci et Cosima s'avouent néanmoins leur amour. En 1870, Liszt décide alors de couper les ponts avec le couple.
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+ Wagner tente de regagner, sous un flot d'éloges épistolaires, l'estime de « son Christ ». À la suite de quoi la correspondance reprend. Liszt pardonne aussi à sa fille. L'inauguration du Palais des festivals de Bayreuth par Wagner est l'occasion de démonstrations réciproques d'amitié. Liszt assiste en 1882 à la première représentation de Parsifal, qui suscite chez lui un enthousiasme des plus puissants : « Mon point de vue reste fixe : l'admiration absolue, excessive si l'on veut », répond-il à la princesse de Sayn-Wittgenstein, sa compagne en titre. Mais en 1883, Liszt apprend la mort de Wagner. Sa seule réaction est « Pourquoi pas ? », puis, quelques minutes après, « Lui aujourd'hui, moi demain[40] ». Liszt meurt trois ans plus tard.
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+ Comme souvent dans la vie de Liszt, il s'agit là d'une relation à sens unique. Il rencontre l'art de Verdi assez tôt et entreprend une première transcription de Ernani dès 1847, alors que le compositeur italien n'avait pas encore produit de chefs-d'œuvre impérissables. Puis Liszt, très engagé à Weimar, n'a pas le temps d'approfondir cette relation. Une commande de 1859 pour une transcription de Rigoletto et du Trovatore va lui en donner l'occasion. S'ensuit une transcription de Don Carlos (1867), puis une d'Aïda (1877) (en multipliant les dissonances dans cette dernière œuvre, il tente d'intégrer Verdi à l'avant-garde musicale, ce qui n'était plus vraiment le cas). Enfin, fortement impressionné par la représentation de la seconde version de Simon Boccanegra, il en donne une de ses ultimes transcriptions, très épurée en 1881.
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+ En revanche, Verdi ne montre guère d'intérêt envers Liszt, ne voyant en lui que le wagnérien partisan de la « musique de l'avenir ».
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+ Ces deux compositeurs, assez semblables par leur parcours de musiciens originaires d'Europe centrale et émigrés en France, nourrissent des relations ambiguës, un temps conflictuelles. Franz Liszt se lie avec Frédéric Chopin dans le contexte du milieu artistique et bohème du début des années 1830. Leur admiration réciproque de musiciens atteint très rapidement les plus hauts degrés. À titre d'exemple, on peut citer l'amour de Liszt pour les Études du Polonais, lui-même admiratif de la façon de les rendre de Liszt (il déclarait vouloir lui voler sa manière de les rendre), et décidant de les lui dédier. Ou encore ce détail : la présence dans l'appartement parisien de Chopin, peu meublé, d'une petite table près du piano sur laquelle est seul posé le portrait de Franz Liszt.
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+ Dans le cercle assez restreint des fréquentations de Chopin, la génération romantique parisienne de 1830 concernant tous les arts se retrouve. Henri Heine, Hiller, George Sand, Eugène Delacroix, Giacomo Meyerbeer ou le poète Adam Mickiewicz sont les amis communs des deux musiciens. Franz est de ceux qui se seront permis d'appeler « Chopino » ou encore « Chopinissimo » le plus grand pianiste polonais du XIXe siècle.
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+ Cependant, ils se brouilleront bien vite pour des raisons d'ordre privé (Liszt utilise l'appartement de Chopin en l'absence de celui-ci pour ses rencontres amoureuses) et artistiques, la critique et le public voyant en eux les représentants de deux écoles antagonistes : Liszt celle de la virtuosité transcendantale, et Chopin, celle de « la plus exquise sensibilité[41] ». Par la suite, à cette double rivalité se greffe celle de George Sand et de Marie d'Agoult.
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+ La maladie puis la mort de Chopin effacent toutes ces rancœurs : Liszt le prouve en publiant un ouvrage sur lui et en transcrivant ses lieder polonais. Outre ses publications à la Gazette musicale, c'est dans un manifeste intitulé De la situation des artistes que le musicien plaide sa conception des programmes musicaux en remplaçant par Mozart, Beethoven et Weber mais aussi ses amis, Berlioz et Chopin, la plate musique jouée dans les concerts en Europe.
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+ Le décès de Chopin est avec celui de Lichnowsky (à la fin de l'année 1848) l'origine établie de L'Héroide funèbre de Liszt.
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+ La dette de Liszt vis-à-vis de Chopin est très claire. Dès 1830, ce dernier a en effet publié sa première série de douze études, adoptant tout de suite le style qui sera le sien jusqu'à la fin de ses jours. La formation de Liszt est beaucoup plus lente : il ne se trouvera vraiment lui-même qu'à la fin des années 1840, en écrivant des ouvrages chopinien : les deux ballades, les polonaises, la bénédiction de Dieu dans la solitude.
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+ La rencontre entre les deux compositeurs a lieu à Weimar dans la petite maison de Liszt du parc grand-ducal en 1877. La discussion des deux musiciens qui tourne autour de l'œuvre d'Alexandre Borodine exprime à merveille le tempérament de Liszt sur la musique de son temps. Alors que Franz félicite le compositeur russe pour l'andante de sa symphonie, se met au piano et accable Borodine de questions, Alexandre s'accuse d'inexpérience (son activité de compositeur ayant été précédée d'une profession de médecin) et s'autocritique à propos de ses modulations qu'il juge excessives. La réaction du vieillard ne se fait pas attendre ; Franz garde sévèrement le russe de toucher à sa symphonie et admettant qu'il est en effet allé très loin, il l'assure que c'est précisément cela son mérite. Finalement, outre le conseil de ne jamais craindre d'être original, il le gronde de ne pas avoir fait éditer ses partitions et le félicite de n'avoir jamais fréquenté de conservatoire.
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+ Le lendemain de leur discussion, lors d'une répétition d'un concert que Liszt doit donner le soir-même dans la cathédrale, Borodine appréhende enfin le jeu de Franz dont le témoignage est resté dans une lettre écrite à sa femme à cette époque.
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+ « Quand ce fut le tour de Liszt, il gagna le fond du chœur et bientôt sa tête grise apparut derrière l'instrument. Les sons puissants et nourris du piano roulaient comme des ondes sous les voûtes gothiques du vieux temple. C'était divin. Quelle sonorité, quelle puissance, quelle plénitude ! Quel pianissimo et quel morendo. Nous étions transportés. Quand arriva la marche funèbre de Chopin, il parut évident que le morceau n'était pas arrangé. Liszt improvisait au piano, tandis que l'orgue et le violoncelle jouaient les parties écrites. Chaque fois que le thème revenait, c'était autre chose, mais il est difficile de concevoir ce qu'il sut en faire. L'orgue traînait pianissimo les accords en tierce de basse. Le piano, avec la pédale, donnait pianissimo les accords pleins. Le violoncelle chantait le thème. C'était comme le bruit lointain des glas funèbres qui sonnent encore, alors que la vibration précédente n'est pas éteinte. Nulle part je n'ai rien entendu de semblable. […] Nous étions au septième ciel[42]. »
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+ Lorsque Borodine revint à Weimar, un rapport identique se noue avec Liszt. Alors que les deux pianistes jouent à quatre mains les récentes compositions du Russe, Borodine supprime certains éléments de son œuvre : « Pourquoi, s'écriait Liszt, ne faites-vous pas cela ? c'est si beau[43] ». Insistant sur le fait que les modulations de Borodine étaient complètement nouvelles (elles ne se trouvaient ni chez Bach ni chez Beethoven), il soutient toutefois qu'elles n'étaient pas exemptes de tout reproche.
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+ « Vous avez peu le goût de l'orgue — le « pape des instruments », cependant si vous entendiez Saint-Saëns sur un orgue digne de sa virtuosité extraordinaire je suis persuadé que vous seriez émue et émerveillée. Nul orchestre ne peut produire semblable impression : C'est l'individu en communion avec les sonorités de la terre au ciel » (9 décembre 1877). Grand admirateur et ami du compositeur, Liszt va exhorter Saint-Saëns à composer et terminer son opéra Samson et Dalila (9 années furent nécessaires) qu'il créera à Weimar en allemand le 2 décembre 1877. Cette aide s'est faite sans avoir écouté une seule note de l'oeuvre, tel était Liszt.
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+ Liszt parle en ces termes de son instrument de prédilection, le piano, dans la troisième Lettre d'un bachelier ès musique :
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+ « Dans l'espace de sept octaves, il embrasse l'étendue d'un orchestre ; et les dix doigts d'un seul homme suffisent à rendre les harmonies produites par le concours de cent instruments concertants. »
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+ Cela permet de comprendre comment Liszt a tenté toute sa vie de développer au maximum les capacités expressives du piano, instrument avec lequel il a entretenu un rapport très intime, ce dont témoigne cette phrase célèbre du maître :
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+ « Mon piano, c'est pour moi ce qu'est au marin sa frégate, c'est ce qu'est à l'Arabe son coursier […], c'est ma parole, c'est ma vie[44]. »
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+ Cette conception d'une musique centrée sur le piano sera très critiquée à partir des années cinquante, et de la redécouverte de modes d'expressions musicales jusqu'alors tombés en désuétude. Liszt lui-même en doutera par la suite, comme le démontre l'extension de son champ d'horizon à l'orgue (Messe de Gran) et à l'orchestre (les Treize Poèmes symphoniques). Aussi n'y a-t-il pas vraiment de « lisztéisme », comme on parlerait de wagnérisme : son œuvre très diverse ne peut se réduire à un simple concept, serait-ce celui de « musique à programme ». Aussi Liszt est-il avant tout un compositeur qui a élargi, par le biais d'innovations diverses, sa palette sonore.
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+ Jusqu'en 1830, Liszt n'a pas vraiment de style. L'élève de Czerny se consacre entièrement à l'aspect purement technique de la musique, seul prompt (étant donné son jeune âge) à impressionner le public. Les quelques rares œuvres qu'il a laissées de cette époque — l'esquisse de ce qui sera les Douze études transcendantes et son unique opéra — sont, à cet égard, révélatrices : elles n'ont d'intérêt qu'en égard au jeune âge du compositeur.
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+ Un double changement va se produire à partir de 1830. Sur la forme, il commence à se tourner vers les techniques nouvelles élaborées par des compositeurs de sa génération, notamment celles de Thalberg. La plus connue est celle qui consiste à jouer la mélodie avec les pouces de chaque main tandis que les huit doigts restants font de l'accompagnement sous forme d'arpège (il va l'utiliser dans Un Sospiro). Sur le fond, ses œuvres cessent d'être de simples exercices de vélocité et acquièrent, progressivement, une dimension poétique (visible dans les premières esquisses des Années de pèlerinage, les Apparitions…). Or, en s'affirmant aussi bien virtuose que poète, Liszt va être la cible des critiques d'une part des partisans de Thalberg, et des puristes (Chopin) et dans les deux cas du professeur Fétis qui fait preuve d'une profonde erreur de jugement :
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+ « Vous êtes l'homme transcendant de l'école qui finit et qui n'a plus rien à faire, mais vous n'êtes pas celui d'une école nouvelle. Thalberg est cet homme : voilà toute la différence entre vous deux[45]. »
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+ La fuite en Suisse puis en Italie va être pour lui l'occasion d'approfondir son art et de développer de nouvelles potentialités. Ainsi, tandis que Thalberg en est resté à sa technique de mélodie aux pouces et d'accompagnement avec les huit doigts restants, Liszt élargit profondément son champ d'horizon et intègre nombre d'innovations : trémolos, notes répétées, accords de quinzième arpégés… Aussi est-il mûr pour la confrontation avec Thalberg. Celle-ci ne va pourtant pas lui donner dans l'instant de victoire franche — on en tirera l'ambiguë conclusion que « Thalberg est le premier des pianistes, mais Liszt est le seul[46] » —, mais sa supériorité sera de plus en plus reconnue par la suite, la pièce maîtresse de ce répertoire virtuose étant la transcription du Robert le Diable de Meyerbeer qui lui attire les élans passionnés du public. Il possède alors une telle maîtrise de son art, qu'il va jusqu'à inscrire, dans un programme d'une représentation à Kiev, que le morceau final du concert sera une improvisation sur des thèmes choisis par le public. Sur le versant poétique, en jouant son Au bord d'une source à Vienne, il démontre qu'il n'est pas que virtuose. Pour autant, il ne peut encore se comparer à Chopin.
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+ L'année 1848 voit l'avènement de la maturité de son style. La poussée révolutionnaire en Europe, la liaison avec la princesse Carolyne de Sayn-Wittgenstein et l'installation à Weimar vont l'amener à cesser son activité de virtuose pour se consacrer à la composition. La période qui suit constitue le floruit lisztien (c'est-à-dire l'apogée de son œuvre). Au cours de celle-ci les ouvrages les plus notables se caractérisent par des structures savantes, parfois au mépris du détail (c'est notamment le cas dans la Fugue sur le nom de BACH). La virtuosité cesse d'exister par elle-même et se soumet à la cohérence d'ensemble (d'où le fait que certaines pièces de l'après 1848 soient techniquement plus faciles). Par ailleurs Liszt poursuit ses innovations et investigations avec l'usage systématique d'un leitmotiv qui ne porte pas encore son nom dans la Sonate en si mineur et la Faust-Symphonie. Sur le plan plus purement musical, Liszt expérimente la gamme pentatonique dans le Sposalozio (intégré dans les Années de pèlerinage) et le Sospiro (troisième des études de concerts). D'une manière générale, Liszt achève à Weimar ce qu'il a ébauché auparavant : les Douze études transcendantes, les Années de pèlerinage…
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+ Le départ de Weimar, en 1858, à la suite d'une cabale, puis l'installation à Rome et l'intégration à l'ordre des franciscains (1862) mènent Liszt vers d'autres voies. L'usage d'une technique virtuose faite de plus en plus rare (les quatre Méphisto-valses), et, peu à peu, Liszt va mettre la sonorité au centre de ses préoccupations. D'où de nombreuses expérimentations, de plus en plus poussées qui confinent à l'impressionnisme musical d'un Claude Debussy (Nuages gris) voire à l'atonalité d'un Arnold Schoenberg (Bagatelle sans tonalité). Ainsi Vincent d'Indy, encore marqué par l'élan révolutionnaire du Hongrois, a-t-il noté : « À Weimar en 1873, il nous fit cette étrange déclaration qu'il aspirait à la Suppression de la tonalité[47] ». D'une manière générale, les œuvres que Liszt compose au cours de cette période sont rares et exigeantes (notamment son oratorio Christus qu'il tenait pour sa meilleure pièce).
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+ L'influence de Liszt sur les formes musicales est plus grande qu'on a coutume de le croire[48] bien que certains manuels tendent à vouloir réduire son rôle[49]. Elle a été considérable dans le poème symphonique, la sonate, la transcription et la rhapsodie.
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+ Bien qu'on en attribue souvent la création à Berlioz avec la Symphonie fantastique voire à Beethoven avec l'ouverture d'Egmont, c'est Liszt qui l'a théorisé et en a fait une forme musicale quasi indépendante. La principale caractéristique du poème symphonique, particulièrement apparente dans l'œuvre de Liszt est qu'il est conçu comme une « musique à programme », ancêtre de la musique de film cinématographique, c'est-à-dire qu'il cherche à suggérer musicalement quelque chose. Il peut s'agir d'un tableau (La Bataille des Huns), d'une pièce de théâtre (Hamlet, Tasso), d'un poème (Ce qu'on entend sur la montagne, Mazeppa, Héroïde funèbre, Les Idéaux), d'une figure mythologique (Orphée, Prométhée) d'une ambiance de la vie courante (Bruits de fêtes), voire d'une vie (Du berceau à la tombe). Il ne s'agit cependant là que d'une suggestion : on restitue l'esprit et non la lettre, comme dans un Lied ou dans les symphonies de Berlioz, de la chose décrite ce qui laisse une grande liberté de ton au compositeur. Cette liberté, Liszt en use plus ou moins selon le thème qu'il s'est choisi, comme le montre la typologie de Claude Rostand[50] : dans La Bataille des Huns, et Mazeppa, qui suit les inflexions du poème de Hugo dont il est tiré, nous sommes au plus près du descriptif, Prométhée et Hamlet dérivent déjà vers l'analyse psychologique, quand Les Préludes, Les Idéaux et bruits de fêtes sont des œuvres symboliques et contemplatives. Par là, en tout cas, Liszt se maintient à mi-chemin entre la musique à programme stricto sensu de type Berlioz dans la Symphonie fantastique et la musique pure de type Beethoven[51]. Le poème symphonique est relativement court — une vingtaine de minutes — et renoue avec les dimensions des symphonies de Mozart, par opposition aux Faust-Symphonie et Dante Symphonie, qui durent environ une heure. Enfin, le poème symphonique, tout en possédant une structure interne solide, ne présente pas de coupure et est joué d'un trait, ce qui le rapproche de l'esthétique des opéras de Wagner : un véritable cri en trois actes.
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+ Liszt n'a écrit qu'une sonate mais elle suffit à faire de lui un des plus grands représentants de cette forme musicale. La Sonate en si mineur S.178 se caractérise surtout par sa structure éclatée : elle combine de manière libre la forme sonate (exposition/développement/ré-exposition) — en conservant la dialectique des thèmes A et B — et le genre sonate (premier mouvement / mouvement lent / scherzo / final). Dans la littérature spécialisée, on retrouve les termes double function form et two-dimensional sonata form pour désigner ce type de construction[52]. Pour renforcer l'unité de sa composition, Liszt utilise la technique de transformation thématique. Son organisation n'est donc pas anarchique, comme l'affirment certains critiques qui n'y voient qu'une fantaisie déguisée[53], mais inscrite en profondeur. Comme dans le poème symphonique, c'est l'esprit qui prévaut et non la lettre. Le débat existe toujours quant à savoir si la Sonate en si mineur ne serait pas une Faust-Symphonie pour piano, mais il est douteux que Liszt se soit simplement contenté de reproduire pianistiquement le schéma du poème symphonique[54]. Par la suite, Liszt voulut la transcrire pour deux pianos mais n'en aura jamais le temps. C'est Camille Saint-Saëns qui réalisera ce vœu en 1914.
169
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+ Sur les 700 numéros d'opus de Liszt, 350 sont des transcriptions, et certaines d'entre elles sont généralement tenues pour les meilleures jamais écrites[55]. Pour autant, elles n'ont été redécouvertes que récemment tant elles ont souffert du discrédit dans lequel on jetait le genre.
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+ Les transcriptions de Liszt sont de deux types : les premières visent à une restitution intégrale des œuvres transcrites et font appel à tous les moyens pianistiques possibles :
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+ D'autres, au contraire, laissent le transcripteur libre de varier, de transformer, voire de s'approprier le thème du compositeur de manière à leur donner un éclairage différent : transcriptions d'opéras italiens, français ou de Mozart. Les transcriptions du premier type ont surtout un intérêt technique ; celles du deuxième type sont considérées comme les plus intéressantes car on y retrouve directement la marque de Liszt. De nombreuses transcriptions se situent entre le premier et le second type, comme de nombreuses transcriptions d'opéras de Verdi, où la ligne mélodique est respectée mais l'accompagnement diffère.
175
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+ Liszt a composé dix-neuf rhapsodies, et toutes pour la même raison : faire connaître la musique tzigane de Hongrie. Il explique dans son ouvrage publié en 1859, Des Bohémiens et de leur musique en Hongrie, qu'il a voulu désigner par ce mot, faisant référence à la récitation d'épopées chez les Grecs anciens, « l'élément fantastiquement épique » de cette musique qui « peint parfaitement l'âme et les sentiments intimes » du peuple tzigane. La caractéristique fondamentale de la rhapsodie en tant que genre est l'impression qu'elle laisse d'une improvisation. S'y ajoutent des éléments constitutifs de la transcription, visant à restituer les instruments de la musique tzigane (violon, accordéon…). Selon Haraszti, Liszt n'aurait fait qu'assimiler les techniques tziganes dans ces œuvres, qui ne seraient alors en rien une transcription du folklore bohémien[56].
177
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178
+ Ne sont mentionnées en détail ci-dessous que les œuvres les plus notables de Franz Liszt. Pour avoir une liste exhaustive de ses œuvres l'on doit se référer aux deux articles suivants :
179
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+ Étant un des pianistes les plus réputés de son temps (avec notamment Chopin), Liszt fut aussi un grand compositeur pour le piano. Son succès remarquable pour l'époque[57] a retardé la reconnaissance de son œuvre de composition. Liszt a aussi écrit beaucoup de transcriptions. Son œuvre pour le piano est considérable et aura un impact sur les générations suivantes de compositeurs[58] (en 1914 son ami Saint-Saëns transcrit, selon le voeux de son auteur, mais jamais réalisé de son vivant la célèbre Sonate en si mineur S.178 pour deux pianos). Ses pièces couvrent toute l'étendue et la potentialité des huit octaves du clavier et figurent toujours, au XXIe siècle, parmi les sommets du répertoire pianistique mondial.
181
+
182
+ C'est à l'âge de 15 ans que Liszt compose et publie son Étude en douze exercices, op.6. Liszt réécrira plus tard ces pièces et, en 1838, paraissent les Douze grandes études. Liszt y développe de nouvelles possibilités d'expression pour le piano et des difficultés d'exécution extrêmes, injouable selon certains pianistes de l'époque. En 1851, la version définitive (et simplifiée) de ces études est publiée sous le nom d'Études d'exécution transcendante. Encore aujourd'hui, elles sont considérées par tout pianiste comme ce qu'il y a de plus exigeant en termes d'aisance, souplesse, technique de mouvements à la fois rapides et complexes (sauts, doubles sons, traits rapides, écarts…).
183
+ Certaines sont particulièrement difficiles et redoutées jusque dans les concours internationaux.
184
+ Mazeppa, la quatrième étude, est une œuvre orchestrale écrite en partie sur trois portées. C'est un drame littéraire qui se joue : une chevauchée grandiose et magnifique jusqu'à ce que… « Il tombe enfin ! et se relève Roi[59] ! » (Victor Hugo). La pièce commence par une cadence annonciatrice. Écrit sur trois portées, le thème est annoncé avec de grands accords dans les aigus et les graves soutenus alternativement par des tierces rapides réparties entre les deux mains. La cinquième étude, Feux-follets, est redoutable. C'est une pièce d'impressionnisme très rapide (10 pages jouées en trois à quatre minutes) en doubles sons avec des sauts grands et rapides. L'écriture développée dans cette pièce sera en partie reprise par Ravel dans Ondine et Scarbo (Gaspard de la Nuit), pièces françaises d'une grande littérature. L'ensemble des études représente quelque 60 à 70 minutes, selon que l'interprète, nécessairement virtuose, privilégie la rapidité, tel Evgueni Kissin, ou la poésie, tel Jorge Bolet.
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+ Les Six Études d'après Paganini constituent le second bloc d'études, composées par Liszt en 1838, et révisées en 1851. Elles répondent à des préoccupations différentes de celles des Études d'exécution transcendante : il s'agit ici de transposer pour le piano les difficultés dont Paganini a émaillé ses œuvres pour violon, et plus particulièrement ses 24 Caprices. Hormis la troisième, chaque étude reprend l'un des Caprices pour le transformer en un exercice virtuose des plus compliqués. Parmi les six études que Liszt a composées dans ce recueil, seule la troisième n'est pas fondée sur un Caprice, mais sur le Deuxième Concerto du compositeur italien. Il s'agit de la Campanella, œuvre parmi les plus célèbres du compositeur hongrois, dont le motif original a également inspiré nombre d'autres compositeurs, dont Brahms.
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+ Cette grande sonate est écrite d'un bloc d'environ une demi-heure. Ce sera la seule de Liszt. Elle est dédiée à Robert Schumann. La sonate développe ses thèmes par la transformation thématique. C'est une pièce maîtresse. Cette nouvelle forme de sonate est reprise plus tard. Si les difficultés techniques sont moins éclatantes que dans les études, les difficultés d'intégration mentale et psychologique pour l'interprétation de la pièce par le pianiste sont immenses. C'est une œuvre de la maturité, qui a été pressentie par la fantasia quasi-sonata, après une lecture du Dante, une des pièces des Années de pèlerinage. Son premier enregistrement notable est l'interprétation de Cortot (1929). Celles d'Argerich, Zimerman, Pogorelich, Simon Barere (1947), la première d'Horowitz (1932) et la première d'Arrau (1970) font également référence.
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194
+ Ce cycle, durant quelque trois heures, se compose de trois années : la première en Suisse, les deux autres en Italie. Toutes sont particulièrement profondes et littéraires. Les premiers jeux d'eau pour piano y sont ; Ravel et Debussy suivront.
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+ Les Jeux d'eaux à la Villa d'Este sont un chef-d'œuvre littéraire, d'impressionnisme, et pianistique. Les difficultés sonores pour le pianiste sont plus fortes que celles — plus apparentes — des doubles sons : tierces staccato en arpèges et gammes, sauts, traits parallèles rapides, trémolos et trilles à deux mains. Les Jeux d'eau de Ravel en descendent directement[60]. Parmi les interprétations les plus notables on peut citer celles de Cziffra et Lazar Berman. Nombre de ces pièces sont souvent jouées séparément, en dehors du cycle, comme des pièces indépendantes. C'est le cas notable des Jeux d'eau à la villa d'Este, des trois Sonnets de Pétrarque, de la Chapelle de Guillaume Tell, de la Vallée d'Obermann et de la sonate Après une lecture du Dante dont Claudio Arrau fut un grand interprète.
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+ L'Album d'un voyageur (S.156) est un recueil de dix-neuf pièces que Liszt composa entre 1837 et 1838, dont la durée d'exécution est d'environ 115 minutes[61].
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+ Il est composé de trois livres à la manière des trois Années de Pèlerinage qui en reprend d'ailleurs plusieurs pièces.
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+ Liszt a composé une vingtaine de Rhapsodies, pièces folkloriques et courtes, de trois à quatorze minutes. Les plus célèbres sont les dix-neuf Rhapsodies hongroises, écrites sur des airs traditionnels tziganes, dont les plus remarquables sont la mélodieuse cinquième (Héroïde-Élégiaque), la virulente sixième, la neuvième (Le Carnaval de Pest). La deuxième et la quinzième (dite Marche de Rákóczy) sont sans doute les deux plus célèbres.
204
+ On connaît également une Rhapsodie espagnole et une Rhapsodie roumaine (qui est en fait une version antérieure de la douzième Rhapsodie Hongroise, parue dans les Magyar Rapszodiak, 1846).
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+ Liszt a également composé une dizaine de Magyar Dallok, courtes pièces apparentées, durant entre deux et dix minutes, et inspirées du folklore hongrois.
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+ L'ensemble de ces pièces a été édité en 1986 dans un coffret de trois CD Le Chant du monde, sous l'interprétation de Setrak.
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212
+ Liszt fut un très grand transcripteur. À une époque où l'accès à la musique se faisait souvent dans les salons, Liszt a su accroître la diffusion des œuvres orchestrales, notamment les symphonies de Beethoven, à travers des transcriptions pour un ou deux pianos. Il a également transcrit beaucoup d'airs d'opéras et même des lieder de Schubert.
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+ Liszt ayant été ordonné, il s'est naturellement penché sur la composition d'œuvres religieuses. La plus connue est la septième pièce du recueil Harmonies poétiques et religieuses, intitulée Funérailles (1849).
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+ Parmi les pièces de moindre proportion, citons Nuages Gris (1881), La Lugubre Gondole (1882), Csardas Macabre (1884), La Notte et Les Morts. Les plus célèbres de ces œuvres sont sans doute la Valse-impromptu, la Mephisto-Valse et les Liebesträume, plus connus sous le titre de Rêves d'amour, qui sont en fait une transcription pour piano de lieder sur Freilingrath.
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+ Ils sont nombreux, quoique[non neutre] de qualité inférieure au reste des compositions lisztiennes. Leur intérêt est surtout de mettre en évidence un certain nombre d'influences que Liszt a reçues (le bel canto italien, Paganini). La plupart ne peuvent être trouvées que dans l'édition intégrale de Liszt effectuée par Leslie Howard. Il y a deux classements en opus :
221
+
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+ Parmi le catalogue des pièces pour orgue composées par Franz Liszt, d'une grande importance, on retiendra surtout la monumentale Fantasie et Fugue sur le choral « Ad nos, ad salutarem undam » composée en 1849. Il s'agit d'un véritable poème symphonique pour orgue, d'une durée approximative de trente minutes, illustrant admirablement le style du compositeur et dévoilant des sonorités de l'orgue jusqu'alors insoupçonnées, devenant aussi expressif que dans les compositions orchestrales ou pianistiques de Liszt, voire au-delà de ce qu'elles peuvent exprimer. Cette fantaisie est basée sur l'adaptation d'un cantique hollandais du XVIIe siècle utilisé par Giacomo Meyerbeer dans son Prophète.
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+ Les concertos pour piano et la Fantaisie hongroise (adaptée de la quatorzième rhapsodie) sont des œuvres parmi les plus expressives de Liszt. Elles sont également parmi les plus originales, puisqu'elle ne respectent pas les conventions associées à la composition de concertos : normalement en trois mouvements rapide-lent-rapide, ils se constituent chez Liszt d'un seul mouvement, séparés en quatre tempos différents pour le Premier en mi bémol, et en six pour le Second en la majeur. Chaque concerto dure environ 20 minutes[63].
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+ La Totentanz pour piano et orchestre, série de variations sur le thème grégorien du Dies iræ, est une pièce tour à tour rêveuse et explosive, d'une grande virtuosité.
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+ Liszt a écrit 13 poèmes symphoniques, genre dont il est le créateur et repris notamment par Richard Strauss et Saint-Saëns. Parmi ces poèmes, sont notables : Ce qu'on entend sur la montagne, Mazeppa (dont il existe une version pour piano dans les Études d'exécution transcendantes), Du Berceau jusqu'au tombeau, Prométhée et Les Préludes. L'ensemble dure environ quatre heures et comprend :
231
+
232
+ Il a composé deux symphonies : la Dante Symphonie et la Faust Symphonie. Il a par ailleurs adapté pour orchestre de nombreuses œuvres pour piano de sa composition (Méphisto-Valse no 1 (d'après Lenau) ; six Rhapsodies hongroises, correspondant respectivement aux Rhapsodies pour piano nos 14, 2, 6, 12, 5 et 9).
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+
234
+ Quoiqu'il s'agisse là d'une part assez méconnue de son œuvre[64], Liszt a composé un nombre assez considérable de chants et lieder pour voix et piano : quatre-vingt-deux. Au sein de cet ensemble règne une totale diversité linguistique : aux 57 lieder allemands s'ajoutent 15 mélodies françaises, 5 italiennes, 3 hongroises et 1 russe[65]. Les lieder les plus notables étant Die Lorelei, « chef-d'œuvre mélodique »[66] issu d'un poème d'Henri Heine et les Trois sonnets de Pétrarque dont la version pour piano seul sera intégrée à la seconde partie des Années de pèlerinage, ainsi que le célèbre « O Lieb » sur un texte de Freiligstrath dont a été tiré plus tard un nocturne pour piano (Liebestraum no 3). Il a aussi composé deux groupes de lieder : le premier, qui en comprend six, sur des poèmes de Gœthe, et le second, qui en comprend huit, sur des poèmes de Hugo. Les ouvrages portant sur cette production sont peu nombreux et on ne peut guère que citer Edouard Reuss[67].
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+ Dans son ouvrage, L'Impressionnisme et la Musique, Michel Fleury note que « Liszt fut […] l'un des grands précurseurs de l'impressionnisme en musique[68] », et ceci à plusieurs points de vue. Tout d'abord sur le plan des sonorités, Liszt constitue, avec Frédéric Chopin, l'un des créateurs du timbre pianistique moderne, c'est-à-dire d'une écriture qui exploite totalement les capacités sonores du piano. Et ce en utilisant les différences d'intensité et de toucher pour mettre en évidence une multiplicité de voix, comme c'est le cas dans l'Étude no 1 op. 25 de Chopin, et dans la transcription du Liebestod de Tristan et Isolde chez Liszt. Ensuite, avant même Baudelaire, Liszt pressent dans un ouvrage sur le Lohengrin de Wagner[69] l'existence de correspondances entre couleurs et musique : « éclat éblouissant de coloris », « transparente valeur de nuées[70] ».
237
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238
+ Cela explique que vers la fin de sa vie, le style de Liszt se tourne nettement vers l'impressionnisme. D'abord avec les Jeux d'eaux à la Villa d'Este, ancêtre de tous les jeux d'eaux, de Claude Debussy à Maurice Ravel. Puis, surtout avec les Nuages Gris, pièce totalement impressionniste en ce que l'impératif de la beauté harmonique prime ici sur celui de tout ordonnancement thématique.
239
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240
+ Dans ses critiques signées sous le pseudonyme de « M. Croche », Claude Debussy témoignera d'une certaine bienveillance envers Liszt. Ainsi, à la suite d'une représentation de Mazeppa, poème symphonique souvent critiqué pour ses insuffisances, il écrira : « On peut prendre des airs dégoûtés à la sortie parce que ça fait du bien… Pure hypocrisie, croyez-le bien. La beauté indéniable de l'œuvre de Liszt tient, je crois, à ce qu'il aimait la musique à l'exclusion de tout autre sentiment […] La fièvre et le débraillé atteignant souvent au génie de Liszt, c'est préférable à la perfection, même en gants blancs[71] ». Il y a peut-être quelque chose d'intéressé à une telle bienveillance, en ce qu'elle est souvent un moyen d'attaquer Wagner : « Sans parler de Liszt, qu'il pilla consciencieusement, à quoi ce dernier n'opposa jamais que l'acquiesçante bonté d'un sourire[72]. »
241
+
242
+ Quoique né en 1864, Richard Strauss ne rencontrera jamais Liszt. Et ce à cause de son père, le plus grand corniste allemand de l'époque, qui était partisan de la musique pure, contre la musique « moderne », représentée par Liszt et Wagner. De telle sorte qu'il ne découvrira les œuvres du compositeur hongrois, qu'une fois sa carrière de chef d'orchestre amorcée en 1883, lorsqu'il est appelé à diriger l'orchestre de Meiningen, au sein duquel il se lie d'amitié avec le premier violon Alexander Ritter, un familier des cercles lisztiens.
243
+
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+ Liszt va avoir sur la musique russe une influence décisive. Le chef du groupe des Cinq, Mili Balakirev, voyait en lui le dernier des grands compositeurs, et toute son œuvre va se ressentir de cette influence. Ainsi le fameux Islamey ne va pas sans rappeler les œuvres virtuoses du Liszt des années 1840, tel que le Grand galop chromatique. Sur le plan formel, le poème symphonique, conçu par Liszt, va s'avérer l'une des formes d'expression orchestrale privilégiée des compositeurs russes (Une nuit sur le mont Chauve de Moussorgski).
245
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246
+ En 1950, le compositeur britannique Humphrey Searle s'entoure de personnalités connues comme William Walton, Constant Lambert et Sacheverell Sitwell, pour former la Liszt Society, qui a permis la publication de plusieurs pièces inédites et est la plus ancienne société Liszt toujours active[73],[74].
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+ En 1964 a lieu la fondation de l'American Liszt Society par David Kushner, Fernando Laires et Charles Lee ; elle organise un festival Liszt chaque année[75].
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+ Le lithium est l'élément chimique de numéro atomique 3, de symbole Li. C'est un métal alcalin, situé dans le premier groupe du tableau périodique des éléments.
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+ Les noyaux des deux isotopes stables du lithium (6Li et 7Li) comptent parmi les noyaux atomiques ayant l'énergie de liaison par nucléon la plus faible de tous les isotopes stables, ce qui signifie que ces noyaux sont en fait assez peu stables comparés à ceux des autres éléments légers. C'est pourquoi ils peuvent être utilisés dans des réactions de fission nucléaire comme de fusion nucléaire. C'est également la raison pour laquelle le lithium est moins abondant dans le système solaire que 25 des 32 éléments chimiques les plus légers[11]. Sa surabondance relative dans la nature par rapport aux prédictions des seules nucléosynthèses primordiale et stellaire s'explique en fait par sa nucléosynthèse interstellaire (phénomène de spallation cosmique) par bombardement d'éléments plus lourds par des rayons cosmiques.
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+ Le lithium joue un rôle important en physique nucléaire. Le lithium sert à la production de tritium par la réaction : 6Li + n → 4He + 3H. Par ailleurs, le deutérure de lithium de formule 6Li2H sert de combustible à la bombe H.
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+ Le lithium pur est un métal mou, de couleur gris argenté, qui se ternit et s'oxyde très rapidement au contact de l'air et de l'eau, prenant une teinte gris foncé virant rapidement à l'anthracite et au noir. C'est l'élément solide le plus léger. Comme les autres métaux alcalins, le lithium métallique réagit facilement avec l'air et avec l'eau. Il est pour cette raison conservé dans de l'huile minérale pour le préserver de l'air.
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13
+ Le lithium est utilisé pour produire des piles et batteries rechargeables ou à haute tension (65 %), par l'industrie du verre et des céramiques (18 %), des lubrifiants spéciaux, le traitement de l'air vicié par le CO2, par la métallurgie et l'industrie du caoutchouc et des thermoplastiques, la chimie fine, la production d'alliages.
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+ Très réactif, le lithium n'existe pas à l'état natif dans le milieu naturel, mais uniquement sous la forme de composés ioniques. On l'extrait de roches de type pegmatite, ainsi que d'argiles et de saumures. L'élément chimique est utilisé le plus souvent directement à partir des concentrés miniers. Pour l'obtenir industriellement à l'état métallique, on utilise la technique de l'électrolyse en sel fondu (55 % LiCl et 45 % KCl, à 400 °C).
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+ Les réserves mondiales de lithium étaient estimées par l'USGS à 13 millions de tonnes à la fin de 2010, dont 58 % en Bolivie et 27 % en Chine. En février 2020, cette estimation de l'USGS était passée à 17 millions de tonnes, et l'ensemble des ressources identifiées à 80 millions de tonnes, dont 26 % en Bolivie, 21 % en Argentine, 11 % au Chili, 8 % en Australie et 6 % en Chine. La production mondiale, quant à elle, s'est élevée à 77 000 tonnes en 2019, hors États-Unis (dont les données ne sont pas rendues publiques par l'USGS), assurée essentiellement par l'Australie (55 %), le Chili (23 %), la Chine (10 %) et l'Argentine (8 %).
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19
+ Le lithium est présent à l'état de traces dans les océans et chez tous les êtres vivants. Il ne semble pas avoir de rôle biologique notable car les animaux et les végétaux peuvent vivre en bonne santé dans un milieu dépourvu de lithium. Les éventuelles fonctions non vitales du lithium n'ont pas non plus été élucidées, cependant l'administration d'ions Li+ sous forme de sels de lithium s'est révélée efficace comme thymorégulateur, notamment en cas de trouble bipolaire[12].
20
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21
+ Le lithium (du grec λίθος (lithos) signifiant « pierre »[13]) a été découvert par le chimiste suédois Johan August Arfwedson en 1817 en analysant de la pétalite (LiAlSi4O10)[14],[15]. En 1800 lors d'un voyage en Europe, José Bonifácio de Andrada e Silva découvrit un nouveau minéral sur l'île de Utö dans la commune de Haninge en Suède qu'il nomma pétalite[16]. C'est en analysant cette roche qu'Arfwedson, qui travaillait dans le laboratoire de Berzelius, identifia un nouvel élément jusque-là inconnu. Plus tard, il détecta le même élément dans des minéraux de spodumène (LiAlSi2O6) et de lépidolite (K(Li,Al)3(Si,Al)4O10(F,OH)2) eux aussi en provenance de l'île de Utö[17]. C'est pour souligner son origine minérale, contrairement aux deux autres alcalins connus à l'époque le potassium et le sodium qui avaient été découverts dans le règne végétal, que Berzelius suggéra de le nommer lithion[15],[18],[19].
22
+
23
+ En 1818, Christian Gmelin (1792 - 1860) fut le premier à observer que ces sels (de lithium) donnaient une flamme rouge et brillante[20].
24
+
25
+ Toutefois, les deux hommes cherchèrent à isoler l'élément de son sel mais n'y parvinrent pas.
26
+ L'élément fut isolé par électrolyse d'un oxyde de lithium par William Thomas Brande et Sir Humphry Davy.
27
+
28
+ La production commerciale de lithium commença en 1923 par la firme allemande Metallgesellschaft AG qui utilisa l'électrolyse d'un mélange de chlorure de lithium et de chlorure de potassium fondu[21].
29
+
30
+ Les différentes nations impliquées dans le développement de la bombe thermonucléaire à la fin des années 1940 et au début des 1950 produisent du deutérure de lithium enrichi en lithium 6. Le lithium appauvri est introduit sur le marché des réactifs, augmentant significativement l'incertitude sur la masse atomique du lithium. En conséquence, la masse atomique d'échantillons de lithium (naturels et commerciaux) peut varier entre 6,938 7 et 6,995 9 u[1].
31
+
32
+ Les deux isotopes stables du lithium présents dans la nature sont 6Li et 7Li, ce dernier étant le plus abondant (92,5 %)[22],[23].
33
+
34
+ En 2012, les radioisotopes 3Li, 4Li, 5Li, 8Li, 9Li, 10Li, 11Li, 12Li et 13Li ont par ailleurs déjà été observés[24]. 12Li et 13Li sont ceux qui ont été découverts le plus récemment, en 2008[25]. Parmi ces isotopes radioactifs les plus stables sont le 8Li avec une demi-vie de 838 ms et le 9Li avec une demi-vie de 178 ms[26].
35
+
36
+ Selon la théorie moderne de la cosmologie, le lithium est l'un des trois éléments synthétisés au cours du Big Bang, sous forme de lithium 7[28]. La quantité de lithium générée dépend du nombre de photons par baryon, mais l'abondance du lithium peut être calculée pour les valeurs couramment admises pour ce nombre. Il existe cependant une contradiction cosmologique concernant le lithium, les étoiles les plus anciennes semblant contenir moins de lithium qu'elles ne devraient alors que les plus jeunes en possèdent plus[29]. Une hypothèse est qu'au sein des étoiles les plus anciennes, le lithium est mélangé et détruit, alors qu'il est produit dans les étoiles les plus jeunes. Bien que le lithium se transmute en deux atomes d'hélium après collision avec un proton à des températures supérieures à 2,4 millions de degrés Celsius, l'abondance du lithium dans les étoiles les plus jeunes est plus importante que les modèles numériques ne le prévoient[30]. En 2017, douze étoiles de la Voie Lactée contenant jusqu'à 2 800 fois plus de lithium que le Soleil ont été observées ; ces étoiles n'ayant pas atteint la phase de géante rouge, le lithium qu'elles contiennent est supposé dater de la formation de celles-ci, mais sa présence demeure largement inexpliquée[31].
37
+
38
+ Bien qu'il soit l'un des trois éléments synthétisés à l'origine de l'univers, le lithium, tout comme le béryllium et le bore, est nettement moins abondant que d'autres éléments. Cela s'explique par les faibles températures nécessaires à sa destruction et au manque de processus pour le produire[32].
39
+
40
+ Le lithium est bien moins abondant que les alcalins et alcalino-terreux usuels (Na, K, Mg, Ca) même s'il est largement distribué dans la nature. Dans la croûte terrestre, les estimations indiquent une concentration variant entre 20 et 70 parties par million (ppm) en poids (c'est-à-dire entre 20 et 70 mg/kg)[33]. À 20 mg par kg de croûte terrestre[34], cela fait du lithium le 33e élément le plus abondant sur Terre[35]. Bien qu'il soit présent dans toutes les régions du monde, on ne le trouve pas à l'état de métal pur du fait de sa réactivité importante avec l'eau et l'air[35]. Le lithium est présent en faible quantité dans les roches magmatiques, sa concentration la plus importante étant au sein des granites. Les pegmatites granitiques sont les minéraux présentant la plus forte abondance en lithium, le spodumène et la pétalite étant les sources les plus viables pour une exploitation commerciale[33]. La lépidolite contient elle aussi du lithium en quantité non négligeable[36]. Une autre source de lithium sont les argiles d'hectorite, exploitées notamment par la Western Lithium Corporation aux États-Unis[37].
41
+
42
+ Le contenu en lithium total des eaux marines est estimé à 230 milliards de tonnes, avec une concentration relativement constante comprise entre 0,14 et 0,25 ppm[38],[39] ou 25 micromole[40]. On observe cependant des concentrations plus importantes, proches de 7 ppm, à proximité des monts hydrothermaux[39].
43
+
44
+ Le lithium est trouvé à l'état de traces dans le plancton, dans de nombreuses plantes et invertébrés à des concentrations variant de 69 à 5 760 parties par milliard (ppb). Dans les tissus et fluides vitaux des vertébrés, la concentration varie de 21 à 763 ppb[41]. Les organismes marins accumulent davantage de lithium dans leurs tissus que leurs homologues terrestres[42].
45
+
46
+ Le rôle du lithium dans le vivant est encore assez obscur[41] mais des études nutritionnelles chez les mammifères l'impliquent comme facteur de bonne santé et suggèrent qu'il doit être considéré comme un élément-trace essentiel avec une DJA de l'ordre de 1 mg/jour[43].
47
+
48
+ En 2011 une étude épidémiologique observationnelle semble indiquer un lien entre le taux de lithium dans l'eau de boisson et la longévité[43].
49
+
50
+ Les réserves mondiales de lithium étaient estimées en février 2020 par l'United States Geological Survey (USGS) à 17 Mt (millions de tonnes) et les ressources ultimes à 80 Mt, dont 26 % en Bolivie, 21 % en Argentine, 11 % au Chili, 8 % en Australie et 6 % en Chine[44] :
51
+
52
+ Les ressources d'autres pays non mentionnés dans ce tableau sont : Pérou 130 000 tonnes, Autriche 50 000 tonnes, Finlande 50 000 tonnes, Kazakhstan 50 000 tonnes, Namibie 9 000 tonnes[44].
53
+
54
+ Les estimations de réserves de l'USGS étaient en février 2019 de 14 Mt (millions de tonnes) et celles de ressources ultimes de 62 Mt, dont 24 % en Argentine, 15 % en Bolivie, 14 % au Chili, 12 % en Australie et 7 % en Chine[46].
55
+
56
+ En 2019, la production mondiale s'est élevée à 77 000 tonnes (2018 : 95 000 tonnes), dont 55 % en Australie, 23 % au Chili, 10 % en Chine et 8 % en Argentine[44]. Elle se situait à 28 100 tonnes en 2010, hors États-Unis (dont les données ne sont pas rendues publiques par l'USGS), assurée essentiellement par le Chili (35 %), l'Australie (34 %), la Chine (18 %) et l'Argentine (11,5 %)[47]. Les principaux producteurs étaient en 2008 le Chili, avec le Salar d'Atacama (39,3 % de la production mondiale), la Chine (13,3 %) et l'Argentine (9,8 %), selon les statistiques du Meridian International Research[48].
57
+
58
+ BP donne des estimations de production nettement inférieures avec un total de 61 800 tonnes en 2018, l'écart portant pour l'essentiel sur l'Australie dont la production est de 27 200 tonnes selon l'entreprise. Pour les réserves, BP reprend les estimations de l'USGS. Les réserves assureraient ainsi 227 ans de production au rythme actuel[49].
59
+
60
+ Le lithium n'existe, en concentration permettant une exploitation économique rentable, qu'en très peu d'endroits sur Terre. C'est principalement une impureté des sels d'autres métaux alcalins, sous forme principalement de :
61
+
62
+ Le plus grand gisement mondial est le salar d'Uyuni, dans le département de Potosí, dans le sud-ouest de la Bolivie. Avec un tiers de la ressource mondiale, il intéresse notamment le groupe Bolloré[51]. En mars 2008, la Bolivie a autorisé l'exploitation du lithium sur le désert de sel fossile d'Uyuni et la création d'une usine d'extraction[51].
63
+
64
+ Le second plus grand gisement est le salar d'Atacama, au Chili qui est depuis 1997 le premier exportateur mondial, avec la compagnie allemande Chemetall comme opérateur principal[51].
65
+
66
+ L'Argentine possède également un gisement de lithium, avec le salar del Hombre Muerto, à une centaine de kilomètres au nord d'Antofagasta de la Sierra, dans le nord-ouest du pays, difficile d'accès (seules des pistes en terre naturelle y mènent) mais exploité par FMC depuis 1995[52].
67
+
68
+ En Australie Occidentale, dans la pegmatite des mines de Greenbushes, Talison Lithium Ltd extrayait vers 2010-2011 plus de 300 000 t/an de concentré de spodumène contenant 8 000 à 9 000 t de Li (plus de 25 % de la production mondiale de lithium (réserves prouvées et probables : 31,4 millions de tonnes de minerai renfermant 1,43 % de Li))[52]. Dans la même région Galaxy Ressources a entamé en 2010 l'exploitation à ciel ouvert d'un gîte de pegmatite Mine de Mount Cattlin, proche de Ravensthorpe visant une production de 137 000 t/an de concentré de spodumène à 6 % de Li2O avec coproduction d'oxyde de tantale. En 2012, 54 047 t de concentré de spodumène ont été produites. Les réserves prouvées et probables sont de 10,7 Mt de minerai contenant 1,04 % de Li2O et 146 ppm de Ta2O5 « principalement expédié en Chine et transformé en carbonate de lithium »[53]).
69
+
70
+ D'autres gisements sont exploités, notamment des lacs asséchés (en) au Tibet[54], en Russie et aux États-Unis (Silver Peak, Nevada, exploité par Rockwood Lithium) ou au Zimbabwe (mine de Bikita, à ciel ouvert, avec 30 000 t/an de minerai à 4,45 % de Li2O).
71
+
72
+ Les eaux géothermales de Salton Sea (Californie) sont aussi riches en lithium que les lacs salés boliviens et chiliens. Leur extraction avait été envisagée[55], mais la société chargée du projet a fermé ses portes en 2015[56].
73
+
74
+ Au Canada, un gisement a été découvert en 2010 aux environs de la Baie James, exploité par plusieurs entreprises, jusqu'à sa fermeture en 2014[57]. Un projet de mine est à l'étude dans l'Abitibi[58].
75
+
76
+ En Afghanistan de très importantes réserves ont été mentionnées en juin 2010 dans la presse[59].
77
+
78
+ En France, selon le BRGM, un petit gisement (« gîte de gros tonnage à faible teneur en Sn, Ta-Nb, Li, Be », encore inexploité) existe à Tréguennec (Tregeneg) dans le Finistère[60],[61] et quelques gisements ont déjà été ponctuellement exploités dans de la lépidolite dans le nord-ouest du Massif Central surtout et moindrement dans de la pétalite et amblygonite (à Échassières, Montrebas, Monts d'Ambazac). En 2015, seuls le site d’Echassières en fournit (par le groupe Imerys), comme sous-produit de l'exploitation de kaolin, sables et granulats. Dans ce cas le gîte est lié à un apex leucogranitique différencié (albitite) Son potentiel a été estimé par le BRGM à 280 000 t Li2O à 0,7 %, sous forme de lépidolite disséminée (mica lithinifère), accompagné de 20 000 t Sn + 5 000 t WO3 + 5 000 t Ta-Nb. Le minerai est assez difficile à exploiter en raison de sa richesse en fer et en fluor[62].
79
+
80
+ Des indices ponctuels d'une faible présence de minéraux à lithium ont aussi été trouvés en Guyane par le BRGM[réf. nécessaire].
81
+
82
+ Le BRGM a publié en 2019 un rapport de synthèse sur les ressources en lithium de la France, qui conclut que « les productions de carbonates ou d’hydroxyde de lithium à partir de roche dure actuellement sont tirées exclusivement de pegmatites LCT sous-type spodumène ; à l’exception de très rares indices, ce type d’objet n’existe pas en France métropolitaine. Une production de lithium à partir de roche dure ne pourrait donc être réalisée qu’avec le développement de procédés d’extraction du lithium d’échelle industrielle à partir de minéraux comme la série de la lépidolite, de la zinnwaldite et de la série amblygonite-montebrasite ». Il évalue les ressources en Li2O à 23 564 t de « ressources mesurées » (gisement de Beauvoir, en exploitation) plus 65 895 t de « ressources indiquées » (gisement de Tréguennec) et 443 200 t de « ressources supposées »[63].
83
+
84
+ Les sociétés ES Géothermie et Fonroche Géothermie, qui exploitent le sous-sol alsacien pour la production de chaleur et d'électricité par géothermie, annoncent en novembre 2019 que les eaux chaudes qui remontent du sous-sol alsacien contiennent 180 à 200 mg de lithium par litre. Elles estiment donc la possibilité de fourniture par site à l'équivalent de 1 500 tonnes de carbonate de lithium (LCE) par an. Les réserves de LCE du fossé rhénan sont estimées entre 10 et 40 millions de tonnes. Les besoins de l'industrie française, notamment automobile, s'élèvent à 15 000 tonnes de LCE par an[64].
85
+
86
+ L'USGS estime la production mondiale en 2019 à 77 000 tonnes (2018 : 85 000 tonnes, 2017 : 69 000 tonnes, 2016 : 38 000 tonnes, 2015 : 31 500 tonnes), dont 42 000 tonnes en Australie, 18 000 tonnes au Chili, 7 500 tonnes en Chine et 6 400 tonnes en Argentine[44].
87
+
88
+ En 2017, 136 petites compagnies ont investi 157 millions de dollars dans la recherche du lithium, un doublement par rapport à 2016[66].
89
+
90
+ Entre 2005 et 2015, la production a augmenté de 20 % par an, passant de 16 600 à 31 500 tonnes par an. Portée par la demande, cette hausse a eu pour conséquence une augmentation du prix du lithium[67], qui à son tour a suscité la réouverture de mines fermées antérieurement, comme la mine à ciel ouvert de Mt Cattlin en Australie, ainsi que la relance de la recherche géologique : de nouveaux gisements ont été découverts, dans le Nevada, au nord du Mexique et en Serbie. De nombreux projets de nouvelles mines sont en développement : une étude de Citigroup en a recensé seize, notamment au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Argentine. La structure d'oligopole formée par quatre entreprises qui ont produit la majorité du métal consommé en 2014 va disparaître ; ces quatre grands sont les américains Albemarle (avec ses filiales Rockwood Lithium, Talison Lithium, etc.) et FMC, le chilien (Sociedad Química y Minera de Chile (SQM) et le chinois Tianqi[68].
91
+
92
+ Le « triangle du lithium », réparti entre le Chili, l'Argentine et la Bolivie, recèlerait 85 % des réserves mondiales. En Argentine, les investissements d'exploration ont explosé : +928 % depuis 2015. Plus d'une vingtaine d'entreprises étrangères mènent des projets ; deux mines sont en activité et une est en construction en 2019. Au Chili, l'exploitation du lithium est supervisée par l'État et l'organisme gouvernemental Corfo attribue des quotas de production aux entreprises, principalement la chilienne SQM, la chinoise Tianqi, qui a racheté 24 % des parts de SQM en 2018, et l'américaine Albemarle. En Bolivie, le gouvernement d'Evo Morales contrôle l'exploitation du métal, même si sa production est bien inférieure à celle de ses voisins ; la firme nationale YLB a signé des accords de partenariats avec l'entreprise allemande ACI Systems et le chinois Xinjiang Tbea. Des projets de construction d'usines de batteries sont envisagés au Chili et en Bolivie[69].
93
+
94
+ Des scientifiques de l’Institut de technologie de Karlsruhe ont déposé en 2020 un brevet pour un processus d'extraction du lithium contenu dans les eaux profondes du fossé rhénan supérieur lors de leur passage dans les centrales géothermiques. Une installation d’essai est en cours de construction dans une de ces centrales. La concentration en lithium dans ces eaux irait jusqu’à 200 milligrammes par litre. En traitant les 2 milliards de litres d’eau du Rhin qui transitent chaque année par les centrales géothermiques, des centaines de tonnes de lithium pourraient être extraites de façon rentable et sans effets négatifs sur l’environnement[70].
95
+
96
+ Le lithium est le métal ayant la plus faible masse molaire et la plus faible densité, avec une masse volumique inférieure de moitié à celle de l'eau. Conformément à la loi de Dulong et Petit, c'est le solide ayant la plus grande chaleur massique.
97
+
98
+ Comme les autres métaux alcalins, le lithium réagit facilement au contact de l'eau ou de l'air (cependant moins que le sodium) ; il n'existe pas à l'état natif.
99
+
100
+ Lorsqu'il est placé au-dessus d'une flamme, celle-ci prend une couleur cramoisie mais lorsqu'il commence à brûler, la flamme devient d'un blanc très brillant. En solution, il forme des ions Li+.
101
+
102
+ Le lithium a une masse volumique très faible de 0,534 g/cm3, du même ordre de grandeur que le bois de sapin. C'est le moins dense de tous les éléments solides à température ambiante, le suivant étant le potassium avec une densité 60 % plus élevée (0,862 g/cm3). De plus, hormis l'hydrogène et l'hélium, il est moins dense que tous les autres éléments à l'état liquide. Sa densité est de 2/3 celle de l'azote liquide (0,808 g/cm3)[71]. Le lithium peut flotter sur les huiles d'hydrocarbure les plus légères et est, avec le sodium et le potassium, l'un des rares métaux pouvant flotter sur l'eau.
103
+
104
+ Estimation des usages du lithium à l'échelle mondiale en 2019[44].
105
+
106
+ En 2019, le lithium est utilisé pour réaliser des piles et des batteries au lithium (65 % de la production de lithium), des verres et des céramiques (18 %), pour les graisses lubrifiantes (5 %), et à des taux moindres pour les matériaux comme la métallurgie (coulée continue : 3 %), la production de polymères (3 %), ainsi que pour le traitement de l'air (recyclage de l'air dans des espaces confinés : 1 %)[44],[72].
107
+
108
+ Estimation de l'évolution des usages du lithium à l'échelle mondiale (2006-2019)[44].
109
+
110
+ Le lithium est souvent utilisé dans les électrodes[73] de batterie du fait de son grand potentiel électrochimique. Les batteries lithium sont très utilisées dans le domaine des systèmes embarqués du fait de leur grande densité énergétique aussi bien massique que volumique. En 2019, c'est le premier usage du lithium à l'échelle mondiale : 65 %[44].
111
+
112
+ Le lithium est parfois utilisé dans les verres et les céramiques à faible expansion thermique, comme pour le miroir de 200 pouces du télescope Hale du Mont Palomar[74] ; par ailleurs, il a une faible interaction avec les rayons X, les verres au lithium (méta- et tétraborate de lithium) sont donc utilisés pour dissoudre des oxydes (méthode de la perle fondue) en spectrométrie de fluorescence des rayons X.
113
+
114
+ La troisième utilisation la plus courante du lithium est celle des graisses lubrifiantes. L'hydroxyde de lithium est une base qui, lorsqu'elle est chauffé avec une graisse, produit un savon composé de stéarate de lithium. Le savon au lithium a la capacité d'épaissir les huiles et il est utilisé pour fabriquer des graisses lubrifiantes à haute température[75],[76],[77].
115
+
116
+ Les organolithiens sont utilisés dans la synthèse et la polymérisation des élastomères[réf. nécessaire].
117
+
118
+ Le lithium (par exemple sous forme de carbonate de lithium) est utilisé comme additif dans les laitiers de coulée continue où il augmente la fluidité[78], une utilisation qui représente 3 % de l'utilisation mondiale de lithium en 2019[44]. Les composés du lithium sont également utilisés comme additifs dans le sable de fonderie pour la fonte afin de réduire le veinage[79].
119
+
120
+ Lorsqu'il est utilisé comme flux de brasage pour le soudage ou le brasage, le lithium métallique favorise la fusion des métaux durant le processus[80] et élimine la formation d'oxydes en absorbant les impuretés[81]. Les alliages métallique du lithium avec l'aluminium, le cadmium, le cuivre et le manganèse sont utilisés pour fabriquer des pièces d'aéronefs à haute performance (les alliages lithium-aluminium sont utilisés en France sur le Rafale)[82].
121
+
122
+ Le chlorure de lithium et le bromure de lithium sont extrêmement hygroscopiques et sont utilisés comme dessiccants[75].
123
+
124
+ L'hydroxyde de lithium et le peroxyde de lithium (Li2O2) sont les sels les plus utilisés dans les endroits confinés, comme à bord des engins spatiaux et des sous-marins, pour éliminer le dioxyde de carbone et purifier l'air. L'hydroxyde de lithium absorbe le dioxyde de carbone de l'air en formant du carbonate de lithium et est préféré aux autres hydroxydes alcalins à cause de son faible poids.
125
+
126
+ En présence d'humidité le peroxyde de lithium réagit avec le dioxyde de carbone pour former du carbonate de lithium, mais libère également de l'oxygène[83],[84]. La réaction chimique est la suivante :
127
+
128
+ 2 Li2O2 + 2 CO2 → 2 Li2CO3 + O2
129
+
130
+ Pour ces raisons, certains des composés mentionnés, ainsi que le perchlorate de lithium, sont utilisés dans les générateurs d'oxygène (en) qui alimentent les sous-marins en oxygène[85].
131
+
132
+ Selon Bernard Bigot, physicien et directeur du projet ITER, 1 g de lithium et 50 litres d'eau suffisent pour extraire les isotopes de l'hydrogène nécessaires à la production de la consommation électrique d'une vie terrestre occidentale, énergie électrique alors produite sans déchet par fusion thermonucléaire[86],[87].
133
+
134
+ Le lithium est utilisé depuis longtemps dans le traitement des troubles bipolaires. Il reste le traitement de référence avec lequel les autres thymorégulateurs sont comparés. Le principe actif des sels de lithium est l'ion Li+, bien que les mécanismes d'actions précis soient encore débattus.
135
+
136
+ Les sels de lithium, comme le carbonate de lithium, le citrate de lithium ou l'orotate de lithium, sont utilisés comme régulateurs de l'humeur pour le traitement des troubles bipolaires (anciennement psychose maniaco-dépressive)[88],[89]. Toutefois, ce métal possède une néphrotoxicité non négligeable, et il est nécessaire de réaliser un bilan rénal en début de traitement et de doser le lithium sanguin mensuellement.
137
+
138
+ Le lithium est aussi utilisé avec certains antidépresseurs tel la fluoxétine pour traiter les troubles obsessionnels compulsifs.
139
+
140
+ Le gluconate de lithium est utilisé en dermatologie comme anti-allergénique et dans le traitement de la dermite séborrhéique du visage chez l'adulte.
141
+
142
+ Le lithium est utilisé dans les troubles du sommeil et l'irritabilité en oligothérapie (malgré l'absence d'activité spécifiquement démontrée).
143
+
144
+ Le lithium pourrait ralentir la progression de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), selon les résultats d'une étude pilote publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
145
+
146
+ Le lithium 6 est une matière nucléaire dont la détention est réglementée (Article R1333-1 du Code de la défense).
147
+
148
+ La demande ayant explosé, notamment pour la production de batteries lithium-ion pour le marché de l'informatique et de la téléphonie, le prix du lithium est passé d'environ 310 à 2 000 €/t (350 à près de 3 000 $/t) entre 2003 et 2008[51], et dépasse 9 000 $/t en 2017[90].
149
+
150
+ Un rapport de la Banque mondiale publié en juillet 2017[91] prévoit que le développement des accumulateurs électriques utilisés pour stocker l'électricité produite par les sources éoliennes et solaires pourrait entraîner un bond de 1000 % de la demande de lithium, si le monde prend les mesures requises pour contenir l'élévation de la température nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
151
+
152
+ Les analystes de la banque Morgan Stanley prévoient toutefois, en avril 2018[92] une chute de 45 % du prix du lithium d'ici à 2021 grâce aux nombreux projets en développement au Chili, qui pourraient augmenter l'offre mondiale de 500 000 t/an. Les experts de Wood Mackenzie prévoient également que dès 2019, la hausse de l'offre commencera à dépasser celle de la demande et que le niveau des prix déclinera en conséquence.
153
+
154
+ Selon un rapport gouvernemental chinois cité en mai 2019 par un média hongkongais, la Chine serait désormais capable de diviser par huit le coût d’extraction du lithium : de 17 000 $ la tonne actuellement facturés en moyenne sur les contrats à longs terme, il passerait à moins de 2 200 $. Avec une telle opportunité et la présence de la deuxième plus grande réserve de lithium au monde dans ses sols, la Chine deviendrait un acteur incontournable dans la production de batteries[93].
155
+
156
+ Le lithium est nécessaire à la fabrication des batteries lithium-ion de voitures électriques et hybrides actuelles. Le risque de pénurie, en l'état actuel des technologies, est important[94]. Le cabinet Meridian International Research estimait en 2007 que les réserves ne suffiront pas même au remplacement initial du parc mondial de voitures[95]. Cette pénurie annoncée devancerait donc le problème du recyclage du lithium.
157
+
158
+ En 2015, une explosion de la demande pour les voitures électriques a entraîné une tension sur le marché du lithium ; les prix du carbonate de lithium ont commencé à grimper en Asie, jusqu'à atteindre des records en octobre 2017. Depuis, avec l'afflux de production, ils ont chuté de 40 %, puis se sont stabilisés autour de 12 000 $ la tonne en 2019. D'après les analystes de Roskill, la demande dépassera 1 million de tonnes d'équivalent carbonate de lithium (LCE) d'ici à 2026, contre un peu plus de 320 000 tonnes en 2018. Goldman Sachs estime, de son côté, qu'il faudra quadrupler la production dans les dix ans à venir[96].
159
+
160
+ Des alternatives aux batteries au lithium sont recherchées : des batteries sodium-ion, en développement depuis les années 2010, pourraient être moins chères et contourner le problème de réserves, mais elles sont encore peu performantes ; de même pour les accumulateurs lithium fer phosphate.
161
+
162
+ Le lithium métallique réagit avec l'azote, l'oxygène et la vapeur d'eau dans l'air. Par conséquent, la surface de lithium devient un mélange d'hydroxyde de lithium (LiOH) corrosif du fait de son pH fortement basique, de carbonate de lithium (Li2CO3) et de nitrure de lithium (Li3N). Une attention particulière devrait être portée aux organismes aquatiques, exposés[réf. souhaitée] à la toxicité des sels de lithium[97].
163
+
164
+ L’extraction du lithium a un impact environnemental important. En effet, le procédé d'extraction consiste à :
165
+
166
+ Pour pomper la saumure, on a besoin de carburant ; puis, l'évaporation nécessite de larges espaces de salins ; enfin, la calcination du carbonate de lithium libère du CO2[98],[99].
167
+
168
+ Les populations locales, aux abords des sites d'extraction, sont affectées par la contamination de leurs sols. Sur le plateau tibétain, autour des lacs asséchés, les cancers se multiplient, du fait des solvants utilisés pour la production, et le lithium présent dans les sources d'eau provoque des intoxications[100].
169
+
170
+ Enfin, la croissance de la demande stimule la recherche et l'exploration de nouveaux gisements, ce qui conduit, selon l'association Les Amis de la Terre, à bafouer les droits collectifs à la terre des peuples indigènes, pourtant prévus par la convention 169 de l'OIT[101].
171
+
172
+ Le lithium des piles et batteries est longtemps resté peu recyclé en raison du faible taux de collecte, des prix bas et volatils du lithium sur les marchés, et de couts réputés élevés du recyclage, comparés à ceux de la production primaire[52].
173
+
174
+ La première usine de recyclage de lithium métal et de batteries lithium-ion fonctionne depuis 1992 en Colombie britannique, au Canada. Aux États-Unis, une usine de recyclage de batteries lithium-ion de véhicules électriques fonctionne depuis 2015 à Lancaster (Ohio)[44].
175
+
176
+ En 2009, le groupe japonais Nippon Mining & Metals annonce qu'il va, avec l'aide du METI et à la suite d'un appel à projets de ce dernier, mettre en fonction dès 2011 une unité industrielle de recyclage des cathodes de batteries lithium-ion, afin de récupérer le cobalt, le nickel, le lithium et le manganèse[102].
177
+
178
+ Le recyclage se développe également en Europe, notamment en Belgique, par Umicore à Hoboken, par voie pyrométallurgique, et en France, par Récupyl à Domène, par voie hydrométallurgique[52]. La liquidation judiciaire de Récupyl est prononcée le 7 août 2018[103].
179
+
180
+ La Société nouvelle d'affinage des métaux (Snam) à Viviez (Aveyron), filiale du holding belge Floridienne, retraite 6 000 tonnes d'accumulateurs par an, dont 8 % de batteries d'automobiles en 2017 ; elle fabriquera à partir de 2018 des batteries avec les composants recyclés. SNAM ouvrira d'abord au printemps 2018 un atelier pilote de batteries lithium-ion recyclées. Pour la fabrication en série, l'entreprise cherche un nouveau site dans l'Aveyron pour ouvrir en 2019 une usine d'une capacité de 20 MWh par an. Elle améliorera ensuite les procédés pour passer à 4 000 MWh par an vers 2025. Les constructeurs automobiles ne voulant pas de batteries recyclées, la société vise le marché en croissance du stockage de l'électricité dans l'industrie, le bâtiment et les énergies renouvelables[104].
181
+
182
+ Des études portent sur de nouveaux moyens[Lesquels ?] de recycler le lithium des batteries[105]. Le lithium contenu dans les verres et céramiques reste toutefois trop diffus pour être récupéré.
183
+
184
+ La France était importatrice nette de lithium en 2014, d'après les douanes françaises. Le prix moyen à la tonne à l'import était de 7 900 €[106].
185
+
186
+ Before recycling can be considered, a certain amount of Lithium will have to be extracted to equip the world vehicle fleet with batteries. That quantity is an unrealistically high percentage of the world's Ultimately Recoverable Reserves of Lithium.
187
+
188
+ « Avant même que le recyclage puisse être considéré, une certaine quantité de lithium devra être extraite pour équiper le parc mondial de véhicules en batteries. Cette quantité représente un pourcentage déraisonnablement élevé des réserves ultimes mondiales de lithium. »
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1
+ La lithosphère (littéralement, la « boule de pierre ») est l'enveloppe rigide de la surface de la Terre. Elle comprend la croûte terrestre et une partie du manteau supérieur.
2
+
3
+ Elle est divisée en un certain nombre de plaques tectoniques, également appelées plaques lithosphériques.
4
+
5
+ La lithosphère, relativement rigide sur des échelles de temps de l'ordre de 1 à 10 Ma, repose sur l'asthénosphère, solide mais ductile, plus facilement déformable car constituée de roches dans des conditions physico-mécaniques (pression, température, donc vitesse de déformation accrue), menant à une viscosité relativement faible.
6
+
7
+ Porteuse des deux types de croûtes, la continentale et l'océanique, la lithosphère existe sous deux types correspondant : la lithosphère continentale, épaisse de 60 km jusqu'à parfois 200 km, âgée en termes de milliards d'années, et segmentée selon l'histoire des provinces continentales, et la lithosphère océanique, organisée continûment (sinon latéralement au niveau des failles transformantes) selon l'âge de la croûte océanique qu'elle porte, et donc en fonction de la distance à la dorsale, de moindre épaisseur, de quasiment 0 km au niveau de l'axe magmatique des dorsales, de l'ordre d'environ 10 km dès que sorti de la zone tecto-magmatique des dorsales jusqu'à un maximum de 60 à 80 km au niveau des zones de subduction pour un âge maximal de l'ordre de 100 à 175 Ma.
8
+
9
+ À l'intérieur de la lithosphère, la croûte terrestre est séparée du manteau supérieur par la discontinuité de Mohorovicic (plus communément appelée « Moho »), discontinuité marquée par une modification de la vitesse de propagation des ondes sismiques, correspondant à un changement drastique du matériau composant ces unités, à savoir : des roches ultramafiques pour le manteau lithosphérique, des roches de type basaltiques pour la croûte océanique, des roches de type granulitiques pour la croûte continentale inférieure, la croûte continentale supérieure étant elle de nature granitoïde.
10
+
11
+ La limite lithosphère-asthénosphère correspond à une limite rhéologique située à l'intérieur du manteau supérieur : de part et d'autre, ce sont les mêmes roches, de même composition chimique, mais du fait des variations de conditions physico-mécaniques, les comportements mécanique et thermique sont différents, passant, en remontant, d'une rhéologie de type fluide et un transport thermique advectif jusqu'au sommet de l'asthénosphère, à une rhéologie rigide et un transport thermique conductif à partir de la base de la lithosphère.
12
+
13
+ Pour les besoins des modélisations, la limite entre lithosphère et asthénosphère est généralement définie par l'isotherme à 1 300 °C.
14
+
15
+ Le passage croûte-manteau, lui, est plus superficiel (il se situe au cœur de la lithosphère), et correspond à un changement de composition chimique et de minéralogie des roches.
16
+
17
+ Le transfert de chaleur dans la lithosphère se fait par conduction thermique à l'opposé du transfert de chaleur par convection dans l'asthénosphère. Le gradient de température est plus élevé dans la lithosphère (entre 10 et 30 °C/km) que dans l'asthénosphère (0,3 °C/km)[1].
18
+
19
+ La transformation d'un manteau rigide dans la lithosphère, en un manteau plus déformable (ductile) dans l'asthénosphère, est responsable d'une diminution de la vitesse et d'une atténuation marquée des ondes sismiques P et S au niveau de la « low velocity zone ».
20
+
21
+ Les plaques composant la lithosphère sont animées de mouvements relatifs de divergence, de convergence ou décrochants (de coulissage).
22
+
23
+ Les mouvements de divergence traduisent un éloignement de deux plaques l'une par rapport à l'autre au niveau d'une dorsale ; la convergence, un rapprochement des deux plaques. La convergence peut être une subduction, une plaque passe au-dessous d'une autre. Il existe deux cas de subduction, une convergence d'une plaque continentale et océanique, avec formation d'une cordillère ou d'un arc insulaire. Dans le second cas la convergence se fait entre deux plaques océaniques avec création d'un arc insulaire ou d'un arc insulaire double et d'une mer marginale formé par le remplissage d'un bassin arrière-arc. Dans le cas de deux plaques continentales, les deux plaques entrent en collision avec un blocage local de la convergence ce qui donne naissance à une chaîne de collision.
24
+
25
+ La quantité de lithosphère à la surface de la Terre est toujours la même, les mouvements de convergence et de divergence se compensent.
26
+
27
+ Croûte (continentale ou océanique)
28
+
29
+ Manteau
30
+
31
+ Noyau externeNoyau interneCentre de la Terre
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+
33
+ Manteau supérieur
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1
+
2
+
3
+ Le litre (dérivé de litron[1], ancienne mesure de capacité) est une unité de mesure de volume égale à un décimètre cube. Cette définition du Bureau international des poids et mesures (BIPM) date de 1964. Bien qu’en dehors du Système international d'unités, l'usage du litre est accepté par le BIPM. Les symboles reconnus par ce dernier sont les caractères l (lettre l minuscule) et L (lettre l majuscule, ou capitale)[2].
4
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5
+ Le litre est défini comme étant un nom spécial pour le décimètre cube[3]. Cette définition est la seule acceptée par le Bureau international des poids et mesures[4]. En première approximation, un litre peut également être défini comme le volume occupé par une masse d'un kilogramme d'eau pure à la pression atmosphérique normale (760 mmHg)[1]. Cependant, cette deuxième définition est moins précise de 28 millionièmes[5].
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7
+ Le litre n'appartient pas au Système international d'unités, contrairement au mètre cube qui dérive directement du mètre (à la puissance trois) et ne nécessite donc pas de conversion. Ce n'est pas le cas du litre qui correspond à un millième de mètre cube. Le Bureau international des poids et mesures accepte toutefois l'usage du litre car il est couramment utilisé au niveau mondial[2].
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9
+ En 1790 l'Assemblée constituante se prononce, face aux diverses unités de mesures alors en cours en France, en faveur d'un système d'unités unifié[6]. La loi du 18 germinal an III (7 avril 1795)[7] définit le mètre comme « la mesure de longueur égale à la 10 millionième partie de l'arc du méridien terrestre compris entre le pôle boréal et l'équateur » et le litre comme « la mesure de capacité, tant pour les liquides que pour les matières sèches, dont la contenance sera celle du cube de la dixième partie du mètre ». Autrement dit, dès 1795 le litre est défini comme étant égal au décimètre cube.
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+ Avant d'être définitivement dénommée litre, l'unité de mesure du volume a été provisoirement appelée pinte, puis cadil[8],[9],[10]. Un étalon de cadil est visible au musée des arts et métiers à Paris[11].
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+ En 1901, le Bureau international des poids et mesures définit le litre comme « le volume occupé par la masse de 1 kilogramme d'eau pure, à son maximum de densité et sous la pression atmosphérique normale »[12]. Cette définition fut abrogée en 1964[13] à la suite de la constatation en 1960 d'une différence avec le décimètre cube de 28 millionièmes[5]. Le litre est désormais défini comme un nom spécial du décimètre cube.
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+ Les symboles l (minuscule) et L (capitale) sont les deux symboles acceptés par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) pour représenter le litre[2].
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+ D'une façon générale, l'usage veut qu'une capitale ne soit utilisée qu'avec le symbole d'une unité issue d'un nom propre[14] (par exemple Pa pour le pascal en l'honneur de Blaise Pascal, ou K pour le kelvin en l'honneur de Lord Kelvin), ce qui n'est pas le cas du litre[15]. Le litre et son symbole l (en minuscule) furent adoptés par le Comité international des poids et mesures (CIPM) en 1879[2].
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+ Néanmoins, le chiffre 1 (un) et la lettre l minuscule peuvent être confondus dans certaines polices d'écriture, et plusieurs pays ont pris l'habitude d'utiliser la capitale L pour éviter toute confusion[16]. En 1979, exceptionnellement et face à l'habitude rencontrée, le symbole L (en capitale) fut également adopté par la 16e Conférence générale des poids et mesures (CGPM) « comme alternative pour éviter le risque de confusion entre la lettre l et le chiffre un, 1[17] », mais considère « que dans l'avenir un seul des deux symboles devrait être retenu ». Et précise en note : « Le Comité international a estimé encore prématuré, en 1990, de choisir un symbole unique du litre[18] ».
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21
+ L'approbation par le BIPM du symbole L pour le litre, en parallèle du symbole l, constitue donc une exception à la règle sur les capitales[14]. Le Code de rédaction interinstitutionnel de l'Office des publications de l'Union européenne rend le seul symbole l[19] obligatoire dans l'ensemble des publications émanant des institutions, organes et organismes de l'Union européenne[20]. En France, le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale indique les deux casses et précise : « symbole L si confusion possible entre l et 1[21] ». L'Office québécois de la langue française au Canada indique de même : « le symbole L est toléré uniquement lorsqu'il y a risque de confusion entre le symbole l et le chiffre 1[3] ».
22
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23
+ La typographie ℓ, en cursif, est un symbole du litre non mentionné par les recommandations du Bureau international des poids et mesures[22],[23]. Ce ℓ est utilisé dans certains pays[24]. Il permet d'éviter la confusion avec le chiffre 1, tout comme la lettre L[25].
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+ Les sous-multiples couramment utilisés sont le décilitre (dl), le centilitre (cl) et le millilitre (ml), plus rarement le microlitre (µl). Les multiples sont rarement utilisés au profit du mètre cube (m3, unité faisant partie du Système international d'unités (SI)), à l'exception de l'hectolitre (hl) utilisé dans le secteur agroalimentaire.
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+ Le tableau suivant donne les conversions entre les multiples et sous-multiples du litre et ceux du mètre-cube. Les noms en gras désignent les multiples et sous-multiples couramment utilisés.
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+ Pour les coffres d'automobile, le volume est quelquefois exprimé en litres selon la norme VDA (Verband der Automobilindustrie ; « union de l'industrie automobile », un organisme allemand). Cette unité se base sur des pavés normalisés de dimensions 50 mm × 200 mm × 100 mm, soit 1 litre de volume. Le volume utilisable ainsi obtenu est inférieur au volume total réel du coffre mais plus réaliste dans le contexte d'une utilisation normale.
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33
+ Autrefois, le vin était parfois quantifié au poids, ce qui se fait encore de nos jours pour la vente au détail. D'où l'expression familière kil, signifiant un kilogramme de vin, pour désigner un litre[26],[27].
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+ La littérature est un ensemble d'œuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une valeur esthétique. C'est un art exprimant un idéal de beauté grâce aux productions littéraires, elle permet de manifester des émotions et de révéler aux lecteurs ou aux auditeurs ce qu'une personne a dans le cœur. La littérature vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire. La littérature constitue un héritage patrimonial et peut concourir à la préservation du patrimoine d'un pays, lorsqu'elle en souligne les valeurs, la culture et la civilisation.
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+ Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant de prendre aux XVIIe et XVIIIe siècles son sens principal actuel, à savoir l'ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature », André Gide) ou l'activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).
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+ La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu'il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l'emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d'informations même complexes. Aujourd'hui, la littérature est associée à la civilisation des livres par lesquels nous parlent à distance les auteurs, mais elle concerne aussi les formes diverses de l'expression orale comme le conte (en plein renouveau depuis une trentaine d'années dans les pays occidentaux), la poésie traditionnelle des peuples sans écriture — dont nos chansons sont les lointaines cousines — ou le théâtre, destiné à être reçu à travers la voix et le corps des comédiens. La technologie numérique est cependant peut-être en train de transformer le support traditionnel de la littérature et sa nature.
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+ Le concept de littérature a été régulièrement remis en question par les écrivains comme par les critiques et les théoriciens : c'est particulièrement vrai depuis la fin du XIXe siècle où l'on a cherché à redéfinir — comme pour l'art — les fonctions de la littérature (par exemple avec la notion d'engagement pour Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?) et sa nature (réflexion sur l'écriture et la lecture de Roland Barthes ou études des linguistes comme Roman Jakobson) et à renouveler les critères esthétiques (du « Il faut être absolument moderne » de Rimbaud au nouveau roman en passant par le surréalisme, par exemple).
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+ Il reste que, riche de sa diversité formelle sans limite autant que de ses sujets sans cesse revivifiés qui disent l'humaine condition, la littérature est d'abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. La littérature apparaît donc comme une profération nécessaire, une mise en mots où se perçoit l'exigence profonde de l'auteur qui le conduit à dire et se dire[1].
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+ Le mot français « littérature » provient d'un mot latin litteratura dérivé de littera, « lettre », au sens de signe graphique servant à transcrire une langue.
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+ Le dictionnaire latin-français Gaffiot[2] expose l'évolution du sens du mot latin : celui-ci désigne d'abord (exemple de Cicéron, Ier siècle av. J.-C.) un ensemble de lettres constituant le fait d'écrire ou un ensemble de lettres constituées en alphabet (Tacite) ; le sens s'élargit ensuite au Ier siècle ap. J.-C. (ex. de Quintilien et Sénèque) à celui de grammaire, de philologie, c'est-à-dire à l'étude technique et érudite des textes écrits, pour aboutir avec Tertullien au début du IIIe siècle au sens de savoir, d'érudition dans le domaine des textes écrits.
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+ Selon le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) [3], le mot « littérature » est attesté au début du XIIe siècle (en 1121) avec le sens premier latin de « ce qui est écrit »[4]. Le mot ne retrouve le sens du latin tardif « érudition, connaissance (acquise dans l'étude des livres) » qu'à la fin du XVe siècle : le TLFi cite en exemples J. de Vignay et Philippe de Commynes.
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+ Selon Philippe Caron[5], le mot « littérature » garde l'acception générale de « connaissance obtenue par les livres » jusqu'au XVIIe siècle : on dit alors « avoir de la littérature » comme on dit aujourd'hui « avoir de la culture », le terme recouvrant tous les domaines du savoir général ; ainsi, en 1699, Fontenelle présente les mathématiques comme « un genre de littérature ».
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+ Mais dans la seconde moitié du siècle, parallèlement à l'acception généraliste, le mot s'applique de plus en plus à une catégorie de savoir spécifique, celle des « belles-lettres » liées au beau langage. Ce glissement s'explique par l'évolution sociale des élites sous Louis XIV où s'instaure la notion de l'honnête homme, apte à une vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées comme la connaissance des œuvres littéraires, particulièrement celles de l'Antiquité qui nourrissent le théâtre classique, tandis que les poètes exploitent les genres définis par Aristote comme la poésie épique.
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+ Au XVIIIe siècle, le mot « littérature » est devenu un parfait synonyme de « belles-lettres », c'est-à-dire d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies ; ainsi, pour Voltaire, « [l]a littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ». Un autre exemple montre que le mot « littérature », avec le sens commun qu'il possède aujourd'hui, est désormais bien installé au milieu du siècle des Lumières : en 1753, Charles Batteux intitule son ouvrage Cours de belles-lettres, ou Principes de la littérature et en 1764, il le réédite en gardant pour seul titre Principes de la littérature. La même année paraît L'école de littérature de l'abbé Laporte dont le sous-titre de la 2e partie « Des règles particulières de chaque genre de Littérature en Prose et en Vers », est sans ambiguïté[5].
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+ La signification du mot évolue encore lentement à partir de 1750 vers le sens plus large de « création langagière écrite », laissant une place grandissante au jugement subjectif libéré de critères esthétiques contraignants : telle sera plus tard la conception romantique du poète créateur libre même s'il doit être un poète maudit, conception que préfigurait déjà Jean Le Rond d'Alembert dans son Discours préliminaire de l'Encyclopédie lorsqu'il affirmait que les œuvres d'art relèvent principalement « de l'invention qui ne prend guère ses Lois que du génie ». Paul-Louis Courier[6] définit de la même façon, dans les années 1820, une œuvre littéraire comme « produite par l'instinct et le sentiment du beau » donc par le sentiment de l'auteur et pas nécessairement celui de l'ordre établi.
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+ Vers 1800, le sens moderne est devenu le sens commun : le mot « littérature » s'applique à des textes auxquels « on » accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter, qu'il s'agisse du jugement d'une institution de doctes exprimant le goût commun mais aussi de l'auteur ou du lecteur individuel : c'est l'emploi qu'en fait Madame de Staël dans son ouvrage emblématique De la littérature en 1799.
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+ Au milieu du XIXe siècle, le grammairien Bernard Jullien distingue encore « littérature » et « grammaire » : pour lui, la pointe ultime de la « haute grammaire » dépasse depuis l'Antiquité[7] la description des mécanismes de la langue pour aborder les critères du beau dans l'aspect formel et stylistique des textes. La littérature qui « classe et étudie les ouvrages (présentant un intérêt de style) »[8] va au-delà : elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres, par exemple les thèmes abordés et les points de vue choisis par les auteurs, ce qui n'exclut évidemment jamais les interférences avec la morale comme le démontrent les procès faits à la même époque, en 1857, à Baudelaire et Flaubert pour atteinte aux bonnes mœurs. Bientôt la « grammaire » se limitera à la description de la langue, devenant un outil pour la littérature qui s'occupera de l'observation et à l'appréciation des aspects formels comme des contenus des œuvres. On peut noter que des « sciences » nouvelles comme la stylistique ou la linguistique reprendront dans la seconde moitié du XXe siècle le rôle qui était dévolu à la haute grammaire dans l'étude des textes.
28
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29
+ Finalement, le champ de la « littérature » s'élargit au XXe siècle à toutes les productions écrites, non sans débats sur les canons littéraires : on discute aussi bien les contenus (sentimentalisme des romans de gare, pornographie et érotisme) que la forme (roman sans ponctuation, vers libre, écriture automatique). On utilise donc de plus en plus des catégories affinées comme roman historique, littérature de science-fiction ou paralittérature, sans que disparaissent les désaccords sur la qualification littéraire de certains types d'œuvres comme le roman de gare, le roman-photo ou la bande dessinée. On remet également en cause les notions de « genre littéraire » et de « types de texte » ainsi que leur hiérarchisation comme on réévalue les œuvres du passé (voir, à titre d'exemple récent, Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005). Inversement, l'historien et écrivain Ivan Jablonka propose de replacer certains textes de sciences humaines et sociales dans la littérature, définie selon six critères (forme, imagination, polysémie, voix singulière, institutionnalisation, recherche du vrai)[9].
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+
31
+ Parmi les mots de la même famille, on distingue :
32
+
33
+ Les débats esthétiques et moraux ne seront jamais clos d'autant que les ambitions des auteurs ne correspondent pas nécessairement aux attentes des lecteurs, ce qui pose ainsi la question des avant-gardes qui apparaissent à chaque génération ou presque depuis 1830 et que reflètent les mouvements littéraires qui se sont succédé comme le romantisme, le naturalisme, le décadentisme, le dadaïsme... Le découpage en périodes historiques ou en aires linguistiques fait aussi débat et se conjugue avec d'autres éclairages : distinction des auteurs selon le sexe (littérature féminine), l'orientation sexuelle (littérature « gay »), des approches politiques (littérature communiste), etc.
34
+
35
+ La littérature s'interroge aussi sur sa nature et sur son rôle depuis la fin du XIXe siècle dans la pratique (ex. Lautréamont, Mallarmé, Camus) comme dans la théorisation (ex. Paul Valéry, Sartre). D'abord surtout centrée sur la poésie par les « modernes » (Surréalistes, Lettristes, Oulipo), la réflexion s'est portée sur le roman avec le Nouveau Roman dans les années 1950-1970 et L'Ère du soupçon qui remet en cause la notion de personnage, sur la chronologie (ex. Claude Simon, Jean Ricardou) ou sur des genres nouveaux comme l'autofiction aujourd'hui, et également sur le théâtre (Antonin Artaud - théâtre éclaté de Beckett ou Ionesco). Des débats se sont ainsi ouverts, portés par les créateurs comme par les universitaires et les critiques, par exemple à propos du lien entre l'œuvre et l'auteur récusé par Proust contre Sainte-Beuve, ou de la « mort de l'auteur » que proclame Roland Barthes pour qui la place majeure revient au lecteur qui réécrit le texte pour lui-même.
36
+
37
+ En fait, la « littérarité d'un texte », c'est-à-dire ce qui en fait un texte littéraire, ce qui fait qu'il appartient à la littérature, est toujours la question centrale : des approches comme le structuralisme avec Roland Barthes, la narratologie de Gérard Genette, la stylistique, définie comme une « linguistique des effets de l'énoncé » par Michael Riffaterre[12] ou l'analyse du schéma de la communication et des fonctions du langage de Roman Jakobson cherchent à bâtir une approche technique et plus objective des textes qui se heurte néanmoins à des oppositions fortes, par exemple celle d'Henri Meschonnic[13].
38
+
39
+ Les premières œuvres littéraires connues composées en grec ancien sont des épopées mythologiques (Iliade et Odyssée d’Homère, Théogonie d’Hésiode, etc.). On doit aussi aux Grecs la tragédie (représentée par Eschyle, Sophocle et Euripide), la comédie (dont seules les pièces d'Aristophane nous sont parvenues) et le récit historique, qui naît avec Hérodote puis se poursuit avec Thucydide et Xénophon. La fiction romanesque n’y occupe qu’une part minime. La philosophie et la littérature didactique (études, traités) tiennent aussi une place prépondérante, notamment par les écrits de Platon et d'Aristote.
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+
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+ On distingue traditionnellement trois grands domaines littéraires :
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+ On notera qu'aucun de ces grands domaines ne peut se définir simplement par la présence ou l'absence de vers : par exemple, les romans de Chrétien de Troyes étaient écrits en vers, ce qui ne les empêche pas d'appartenir à la littérature narrative, et non à la poésie. Le théâtre peut s'écrire en vers comme en prose. Et la modernité a démontré que la poésie n'est pas nécessairement définie par la présence de vers, comme l'ont montré des poètes tels que Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud ou encore Saint-John Perse.
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+ Ces grands domaines se déclinent en sous-domaines et en genres littéraires. Leurs frontières ne sont pas absolument étanches, en particulier si l'on s'intéresse à des œuvres contemporaines qui remettent en question les catégorisations traditionnelles.
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+ L'un des trois grands domaines de la littérature est celui du roman et plus largement de l'ensemble des genres narratifs qui s'y apparentent. Le point commun de ces différents genres est la place prédominante qu'y occupe le récit. Les œuvres littéraires concernées sont pour la plupart écrites en prose, mais il existe aussi des romans en vers.
48
+
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+ Le roman est défini par Michel Raimond comme un « genre sans loi », qui a « grandi un peu au hasard »[14]. En effet, il n'a pas été d'emblée théorisé ni accompagné de règles, ce qui lui a valu, au départ, un certain « discrédit »[14]. Cela ne l'a pas empêché de connaître un grand succès : le roman « a assuré son hégémonie sur les autres genres »[14]. De fait, le roman s'est arrogé « tous les procédés qui lui convenaient »[15] et peut adopter de multiples formes.
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+ La diversité du genre romanesque est perceptible grâce au grand nombre de sous-genres en lesquels il se subdivise, parmi lesquels on peut citer, de façon non exhaustive :
52
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+ L'autobiographie est un récit dans lequel l'auteur raconte sa propre existence. On peut parler de « genres autobiographiques » au pluriel, dans la mesure où plusieurs genres s'apparentent à l'autobiographie tout en présentant des traits distincts, tels le roman autobiographique ou l'autofiction. Le genre autobiographique a notamment été théorisé par Philippe Lejeune.
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+
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+ La poésie est un vaste ensemble d’œuvres littéraires, orales ou écrites, ayant ou non recours au vers. Elle ne peut guère se définir par l'emploi de formes ou le traitement de thèmes particuliers. Si elle se caractérise souvent par l'importance accordée par l'écrivain au langage lui-même, le souci de perfection formelle n'est pas nécessairement premier.
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+ Les œuvres théâtrales sont des œuvres littéraires destinées à être représentées sur la scène d'un théâtre. Le texte théâtral trouve donc son aboutissement dans une représentation. Ainsi, comme l'écrit Martine David, le théâtre « appartient à la littérature par ses œuvres dramatiques, au spectacle par ses techniques du jeu et de la scène, à l'histoire par ses rites et ses traditions »[16].
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+
59
+ Il existe de nombreux genres théâtraux, parmi lesquels on peut citer la tragédie, la comédie, la tragi-comédie, le drame et le vaudeville.
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+ Un genre littéraire est une notion permettant de définir un ensemble d’œuvres littéraires comme présentant des caractéristiques communes, qui les distinguent d'autres œuvres littéraires. Par exemple, la comédie, la tragédie, l'ode, l'élégie, le roman historique, le roman policier sont des genres littéraires. Il existe des genres littéraires, de la même façon qu'il existe des genres picturaux (la nature morte, la marine, le portrait...), des genres musicaux (l'opéra, le concerto...), des genres cinématographiques, etc. Toutefois, certaines œuvres littéraires peuvent remettre en question la typologie des genres littéraires.
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+ Si le mot « littérature » désigne avant tout l'ensemble des œuvres littéraires, il s'applique aussi au champ du savoir constitué par l'étude de ces œuvres littéraires. En ce sens, la littérature est une discipline d'enseignement et de recherche, qui se subdivise elle-même en plusieurs champs disciplinaires.
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+ L'histoire littéraire est la discipline qui s'intéresse à l'évolution historique de la littérature et des œuvres littéraires, en relation avec le contexte donné d'une époque, avec l'histoire des idées, des courants et des mouvements littéraires. Par exemple, un ouvrage tel que Le roman jusqu'à la Révolution de Henri Coulet[17] peut être considéré comme un ouvrage d'histoire littéraire, puisqu'il étudie l'évolution d'un genre (le roman) sur une période donnée (du Moyen Âge à la Révolution) et dans un espace donné (la France).
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+ La littérature comparée est la discipline qui s'intéresse à la comparaison d'œuvres différentes, issues ou non de milieux culturels ou d'époques différents.
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+ Depuis 2006, le Collège de France possède une chaire « Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie »[18].
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+ Le statut de la littérature peut être interrogé face à la concurrence du cinéma et de la télévision et face à l'usage récent des technologies de l'information et de la communication et de l'informatique dans la production et la diffusion des textes, ces éléments posant la question plus générale de la place de l'écrit dans le monde post-moderne. Cependant, nul doute concernant l'avenir de la littérature : celle-ci dérive de l'Écriture, et on ne peut effacer le rôle de l'Écriture, elle remplace ce qui est dit, parlé, de voie orale[19].
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+ Enfin, les littérateurs (mis à part les dramaturges ou les auteurs de chansons qui affrontent le monde de la scène et de la diffusion musicale) n'existent traditionnellement qu'à travers l'édition de leurs textes en ouvrage ou dans les journaux. Les rapports avec le monde de l'édition sont donc cruciaux pour la littérature et pour les écrivains qui ont eu à imposer la notion d'auteur garant de l'œuvre et l'existence de droits d'auteur (droits patrimoniaux et moraux) à la suite de Beaumarchais, à l’initiative de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, en 1777, et d'Honoré de Balzac avec sa « Lettre aux écrivains du XIXe siècle » parue dans la Revue de Paris en 1834[20] qui a abouti en 1838 à la création de la Société des gens de lettres. Cependant, seul un nombre très limité de créateurs de littérature peut vivre de sa plume, ce qui continue à poser la question du statut de l'écrivain.
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+ La littérature est un ensemble d'œuvres écrites ou orales auxquelles on reconnaît une valeur esthétique. C'est un art exprimant un idéal de beauté grâce aux productions littéraires, elle permet de manifester des émotions et de révéler aux lecteurs ou aux auditeurs ce qu'une personne a dans le cœur. La littérature vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire. La littérature constitue un héritage patrimonial et peut concourir à la préservation du patrimoine d'un pays, lorsqu'elle en souligne les valeurs, la culture et la civilisation.
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+ Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant de prendre aux XVIIe et XVIIIe siècles son sens principal actuel, à savoir l'ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature », André Gide) ou l'activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).
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+ La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu'il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l'emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d'informations même complexes. Aujourd'hui, la littérature est associée à la civilisation des livres par lesquels nous parlent à distance les auteurs, mais elle concerne aussi les formes diverses de l'expression orale comme le conte (en plein renouveau depuis une trentaine d'années dans les pays occidentaux), la poésie traditionnelle des peuples sans écriture — dont nos chansons sont les lointaines cousines — ou le théâtre, destiné à être reçu à travers la voix et le corps des comédiens. La technologie numérique est cependant peut-être en train de transformer le support traditionnel de la littérature et sa nature.
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+ Le concept de littérature a été régulièrement remis en question par les écrivains comme par les critiques et les théoriciens : c'est particulièrement vrai depuis la fin du XIXe siècle où l'on a cherché à redéfinir — comme pour l'art — les fonctions de la littérature (par exemple avec la notion d'engagement pour Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?) et sa nature (réflexion sur l'écriture et la lecture de Roland Barthes ou études des linguistes comme Roman Jakobson) et à renouveler les critères esthétiques (du « Il faut être absolument moderne » de Rimbaud au nouveau roman en passant par le surréalisme, par exemple).
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+ Il reste que, riche de sa diversité formelle sans limite autant que de ses sujets sans cesse revivifiés qui disent l'humaine condition, la littérature est d'abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. La littérature apparaît donc comme une profération nécessaire, une mise en mots où se perçoit l'exigence profonde de l'auteur qui le conduit à dire et se dire[1].
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+ Le mot français « littérature » provient d'un mot latin litteratura dérivé de littera, « lettre », au sens de signe graphique servant à transcrire une langue.
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+ Le dictionnaire latin-français Gaffiot[2] expose l'évolution du sens du mot latin : celui-ci désigne d'abord (exemple de Cicéron, Ier siècle av. J.-C.) un ensemble de lettres constituant le fait d'écrire ou un ensemble de lettres constituées en alphabet (Tacite) ; le sens s'élargit ensuite au Ier siècle ap. J.-C. (ex. de Quintilien et Sénèque) à celui de grammaire, de philologie, c'est-à-dire à l'étude technique et érudite des textes écrits, pour aboutir avec Tertullien au début du IIIe siècle au sens de savoir, d'érudition dans le domaine des textes écrits.
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+ Selon le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) [3], le mot « littérature » est attesté au début du XIIe siècle (en 1121) avec le sens premier latin de « ce qui est écrit »[4]. Le mot ne retrouve le sens du latin tardif « érudition, connaissance (acquise dans l'étude des livres) » qu'à la fin du XVe siècle : le TLFi cite en exemples J. de Vignay et Philippe de Commynes.
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+ Selon Philippe Caron[5], le mot « littérature » garde l'acception générale de « connaissance obtenue par les livres » jusqu'au XVIIe siècle : on dit alors « avoir de la littérature » comme on dit aujourd'hui « avoir de la culture », le terme recouvrant tous les domaines du savoir général ; ainsi, en 1699, Fontenelle présente les mathématiques comme « un genre de littérature ».
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+ Mais dans la seconde moitié du siècle, parallèlement à l'acception généraliste, le mot s'applique de plus en plus à une catégorie de savoir spécifique, celle des « belles-lettres » liées au beau langage. Ce glissement s'explique par l'évolution sociale des élites sous Louis XIV où s'instaure la notion de l'honnête homme, apte à une vie sociale raffinée faite de pratiques culturelles valorisées comme la connaissance des œuvres littéraires, particulièrement celles de l'Antiquité qui nourrissent le théâtre classique, tandis que les poètes exploitent les genres définis par Aristote comme la poésie épique.
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+ Au XVIIIe siècle, le mot « littérature » est devenu un parfait synonyme de « belles-lettres », c'est-à-dire d'œuvres reconnues par les gens de goût et constituant la culture mondaine de l'époque formée par une meilleure éducation et par le monde des salons littéraires et des académies ; ainsi, pour Voltaire, « [l]a littérature désigne dans toute l'Europe une connaissance des ouvrages de goût ». Un autre exemple montre que le mot « littérature », avec le sens commun qu'il possède aujourd'hui, est désormais bien installé au milieu du siècle des Lumières : en 1753, Charles Batteux intitule son ouvrage Cours de belles-lettres, ou Principes de la littérature et en 1764, il le réédite en gardant pour seul titre Principes de la littérature. La même année paraît L'école de littérature de l'abbé Laporte dont le sous-titre de la 2e partie « Des règles particulières de chaque genre de Littérature en Prose et en Vers », est sans ambiguïté[5].
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+ La signification du mot évolue encore lentement à partir de 1750 vers le sens plus large de « création langagière écrite », laissant une place grandissante au jugement subjectif libéré de critères esthétiques contraignants : telle sera plus tard la conception romantique du poète créateur libre même s'il doit être un poète maudit, conception que préfigurait déjà Jean Le Rond d'Alembert dans son Discours préliminaire de l'Encyclopédie lorsqu'il affirmait que les œuvres d'art relèvent principalement « de l'invention qui ne prend guère ses Lois que du génie ». Paul-Louis Courier[6] définit de la même façon, dans les années 1820, une œuvre littéraire comme « produite par l'instinct et le sentiment du beau » donc par le sentiment de l'auteur et pas nécessairement celui de l'ordre établi.
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+ Vers 1800, le sens moderne est devenu le sens commun : le mot « littérature » s'applique à des textes auxquels « on » accorde une qualité esthétique que l'on peut discuter, qu'il s'agisse du jugement d'une institution de doctes exprimant le goût commun mais aussi de l'auteur ou du lecteur individuel : c'est l'emploi qu'en fait Madame de Staël dans son ouvrage emblématique De la littérature en 1799.
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+ Au milieu du XIXe siècle, le grammairien Bernard Jullien distingue encore « littérature » et « grammaire » : pour lui, la pointe ultime de la « haute grammaire » dépasse depuis l'Antiquité[7] la description des mécanismes de la langue pour aborder les critères du beau dans l'aspect formel et stylistique des textes. La littérature qui « classe et étudie les ouvrages (présentant un intérêt de style) »[8] va au-delà : elle prend en charge l'étude et le questionnement sur le fond, sur le contenu des œuvres, par exemple les thèmes abordés et les points de vue choisis par les auteurs, ce qui n'exclut évidemment jamais les interférences avec la morale comme le démontrent les procès faits à la même époque, en 1857, à Baudelaire et Flaubert pour atteinte aux bonnes mœurs. Bientôt la « grammaire » se limitera à la description de la langue, devenant un outil pour la littérature qui s'occupera de l'observation et à l'appréciation des aspects formels comme des contenus des œuvres. On peut noter que des « sciences » nouvelles comme la stylistique ou la linguistique reprendront dans la seconde moitié du XXe siècle le rôle qui était dévolu à la haute grammaire dans l'étude des textes.
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+ Finalement, le champ de la « littérature » s'élargit au XXe siècle à toutes les productions écrites, non sans débats sur les canons littéraires : on discute aussi bien les contenus (sentimentalisme des romans de gare, pornographie et érotisme) que la forme (roman sans ponctuation, vers libre, écriture automatique). On utilise donc de plus en plus des catégories affinées comme roman historique, littérature de science-fiction ou paralittérature, sans que disparaissent les désaccords sur la qualification littéraire de certains types d'œuvres comme le roman de gare, le roman-photo ou la bande dessinée. On remet également en cause les notions de « genre littéraire » et de « types de texte » ainsi que leur hiérarchisation comme on réévalue les œuvres du passé (voir, à titre d'exemple récent, Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005). Inversement, l'historien et écrivain Ivan Jablonka propose de replacer certains textes de sciences humaines et sociales dans la littérature, définie selon six critères (forme, imagination, polysémie, voix singulière, institutionnalisation, recherche du vrai)[9].
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+ Parmi les mots de la même famille, on distingue :
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+ Les débats esthétiques et moraux ne seront jamais clos d'autant que les ambitions des auteurs ne correspondent pas nécessairement aux attentes des lecteurs, ce qui pose ainsi la question des avant-gardes qui apparaissent à chaque génération ou presque depuis 1830 et que reflètent les mouvements littéraires qui se sont succédé comme le romantisme, le naturalisme, le décadentisme, le dadaïsme... Le découpage en périodes historiques ou en aires linguistiques fait aussi débat et se conjugue avec d'autres éclairages : distinction des auteurs selon le sexe (littérature féminine), l'orientation sexuelle (littérature « gay »), des approches politiques (littérature communiste), etc.
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+ La littérature s'interroge aussi sur sa nature et sur son rôle depuis la fin du XIXe siècle dans la pratique (ex. Lautréamont, Mallarmé, Camus) comme dans la théorisation (ex. Paul Valéry, Sartre). D'abord surtout centrée sur la poésie par les « modernes » (Surréalistes, Lettristes, Oulipo), la réflexion s'est portée sur le roman avec le Nouveau Roman dans les années 1950-1970 et L'Ère du soupçon qui remet en cause la notion de personnage, sur la chronologie (ex. Claude Simon, Jean Ricardou) ou sur des genres nouveaux comme l'autofiction aujourd'hui, et également sur le théâtre (Antonin Artaud - théâtre éclaté de Beckett ou Ionesco). Des débats se sont ainsi ouverts, portés par les créateurs comme par les universitaires et les critiques, par exemple à propos du lien entre l'œuvre et l'auteur récusé par Proust contre Sainte-Beuve, ou de la « mort de l'auteur » que proclame Roland Barthes pour qui la place majeure revient au lecteur qui réécrit le texte pour lui-même.
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+ En fait, la « littérarité d'un texte », c'est-à-dire ce qui en fait un texte littéraire, ce qui fait qu'il appartient à la littérature, est toujours la question centrale : des approches comme le structuralisme avec Roland Barthes, la narratologie de Gérard Genette, la stylistique, définie comme une « linguistique des effets de l'énoncé » par Michael Riffaterre[12] ou l'analyse du schéma de la communication et des fonctions du langage de Roman Jakobson cherchent à bâtir une approche technique et plus objective des textes qui se heurte néanmoins à des oppositions fortes, par exemple celle d'Henri Meschonnic[13].
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+ Les premières œuvres littéraires connues composées en grec ancien sont des épopées mythologiques (Iliade et Odyssée d’Homère, Théogonie d’Hésiode, etc.). On doit aussi aux Grecs la tragédie (représentée par Eschyle, Sophocle et Euripide), la comédie (dont seules les pièces d'Aristophane nous sont parvenues) et le récit historique, qui naît avec Hérodote puis se poursuit avec Thucydide et Xénophon. La fiction romanesque n’y occupe qu’une part minime. La philosophie et la littérature didactique (études, traités) tiennent aussi une place prépondérante, notamment par les écrits de Platon et d'Aristote.
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+
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+ On distingue traditionnellement trois grands domaines littéraires :
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+ On notera qu'aucun de ces grands domaines ne peut se définir simplement par la présence ou l'absence de vers : par exemple, les romans de Chrétien de Troyes étaient écrits en vers, ce qui ne les empêche pas d'appartenir à la littérature narrative, et non à la poésie. Le théâtre peut s'écrire en vers comme en prose. Et la modernité a démontré que la poésie n'est pas nécessairement définie par la présence de vers, comme l'ont montré des poètes tels que Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud ou encore Saint-John Perse.
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+ Ces grands domaines se déclinent en sous-domaines et en genres littéraires. Leurs frontières ne sont pas absolument étanches, en particulier si l'on s'intéresse à des œuvres contemporaines qui remettent en question les catégorisations traditionnelles.
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+ L'un des trois grands domaines de la littérature est celui du roman et plus largement de l'ensemble des genres narratifs qui s'y apparentent. Le point commun de ces différents genres est la place prédominante qu'y occupe le récit. Les œuvres littéraires concernées sont pour la plupart écrites en prose, mais il existe aussi des romans en vers.
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+ Le roman est défini par Michel Raimond comme un « genre sans loi », qui a « grandi un peu au hasard »[14]. En effet, il n'a pas été d'emblée théorisé ni accompagné de règles, ce qui lui a valu, au départ, un certain « discrédit »[14]. Cela ne l'a pas empêché de connaître un grand succès : le roman « a assuré son hégémonie sur les autres genres »[14]. De fait, le roman s'est arrogé « tous les procédés qui lui convenaient »[15] et peut adopter de multiples formes.
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+ La diversité du genre romanesque est perceptible grâce au grand nombre de sous-genres en lesquels il se subdivise, parmi lesquels on peut citer, de façon non exhaustive :
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+ L'autobiographie est un récit dans lequel l'auteur raconte sa propre existence. On peut parler de « genres autobiographiques » au pluriel, dans la mesure où plusieurs genres s'apparentent à l'autobiographie tout en présentant des traits distincts, tels le roman autobiographique ou l'autofiction. Le genre autobiographique a notamment été théorisé par Philippe Lejeune.
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+ La poésie est un vaste ensemble d’œuvres littéraires, orales ou écrites, ayant ou non recours au vers. Elle ne peut guère se définir par l'emploi de formes ou le traitement de thèmes particuliers. Si elle se caractérise souvent par l'importance accordée par l'écrivain au langage lui-même, le souci de perfection formelle n'est pas nécessairement premier.
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+ Les œuvres théâtrales sont des œuvres littéraires destinées à être représentées sur la scène d'un théâtre. Le texte théâtral trouve donc son aboutissement dans une représentation. Ainsi, comme l'écrit Martine David, le théâtre « appartient à la littérature par ses œuvres dramatiques, au spectacle par ses techniques du jeu et de la scène, à l'histoire par ses rites et ses traditions »[16].
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+
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+ Il existe de nombreux genres théâtraux, parmi lesquels on peut citer la tragédie, la comédie, la tragi-comédie, le drame et le vaudeville.
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+ Un genre littéraire est une notion permettant de définir un ensemble d’œuvres littéraires comme présentant des caractéristiques communes, qui les distinguent d'autres œuvres littéraires. Par exemple, la comédie, la tragédie, l'ode, l'élégie, le roman historique, le roman policier sont des genres littéraires. Il existe des genres littéraires, de la même façon qu'il existe des genres picturaux (la nature morte, la marine, le portrait...), des genres musicaux (l'opéra, le concerto...), des genres cinématographiques, etc. Toutefois, certaines œuvres littéraires peuvent remettre en question la typologie des genres littéraires.
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+
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+ Si le mot « littérature » désigne avant tout l'ensemble des œuvres littéraires, il s'applique aussi au champ du savoir constitué par l'étude de ces œuvres littéraires. En ce sens, la littérature est une discipline d'enseignement et de recherche, qui se subdivise elle-même en plusieurs champs disciplinaires.
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+ L'histoire littéraire est la discipline qui s'intéresse à l'évolution historique de la littérature et des œuvres littéraires, en relation avec le contexte donné d'une époque, avec l'histoire des idées, des courants et des mouvements littéraires. Par exemple, un ouvrage tel que Le roman jusqu'à la Révolution de Henri Coulet[17] peut être considéré comme un ouvrage d'histoire littéraire, puisqu'il étudie l'évolution d'un genre (le roman) sur une période donnée (du Moyen Âge à la Révolution) et dans un espace donné (la France).
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+ La littérature comparée est la discipline qui s'intéresse à la comparaison d'œuvres différentes, issues ou non de milieux culturels ou d'époques différents.
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+ Depuis 2006, le Collège de France possède une chaire « Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie »[18].
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+ Le statut de la littérature peut être interrogé face à la concurrence du cinéma et de la télévision et face à l'usage récent des technologies de l'information et de la communication et de l'informatique dans la production et la diffusion des textes, ces éléments posant la question plus générale de la place de l'écrit dans le monde post-moderne. Cependant, nul doute concernant l'avenir de la littérature : celle-ci dérive de l'Écriture, et on ne peut effacer le rôle de l'Écriture, elle remplace ce qui est dit, parlé, de voie orale[19].
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+ Enfin, les littérateurs (mis à part les dramaturges ou les auteurs de chansons qui affrontent le monde de la scène et de la diffusion musicale) n'existent traditionnellement qu'à travers l'édition de leurs textes en ouvrage ou dans les journaux. Les rapports avec le monde de l'édition sont donc cruciaux pour la littérature et pour les écrivains qui ont eu à imposer la notion d'auteur garant de l'œuvre et l'existence de droits d'auteur (droits patrimoniaux et moraux) à la suite de Beaumarchais, à l’initiative de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, en 1777, et d'Honoré de Balzac avec sa « Lettre aux écrivains du XIXe siècle » parue dans la Revue de Paris en 1834[20] qui a abouti en 1838 à la création de la Société des gens de lettres. Cependant, seul un nombre très limité de créateurs de littérature peut vivre de sa plume, ce qui continue à poser la question du statut de l'écrivain.
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+ L'archéologie Écouter est une discipline scientifique dont l'objectif est d'étudier l'Homme depuis la Préhistoire jusqu’à l'époque contemporaine à travers sa technique grâce à l'ensemble des vestiges matériels ayant subsisté et qu’il est parfois nécessaire de mettre au jour par la fouille (outils, ossements, poteries, armes, pièces de monnaie, bijoux, vêtements, empreintes, traces, peintures, bâtiments, infrastructures, etc.). L'ensemble des artéfacts et des écofacts relevant d'une période, d'une civilisation, d'une région, ou d'un peuplement donné, s'appelle culture archéologique. Cette culture matérielle est avant tout un concept basé sur l'assemblage de vestiges retrouvés dans des espaces et dans des chronologies contingentes, sur un même site, ou dans une même région, par exemple. On peut alors parler, pour désigner un ensemble cohérent, de culture archéologique (comme la culture de Hallstatt, ou la culture Jomon, par exemple).
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+ L’archéologue, dans une approche diachronique, acquiert donc l’essentiel de sa documentation à travers des travaux de terrain[N 1], par « opposition » à l’historien, dont les principales sources sont des textes. Mais l'archéologue utilise aussi des documents écrits lorsque ceux-ci sont matériellement disponibles[N 2] tout comme il peut faire appel aux sciences de la vie et de la terre[N 3] ou aux autres sciences humaines (voir ci-dessous), regroupées méthodologiquement dans ce qu'on appelle les « archéosciences » (comme l'archéométrie, l'archéologie environnementale, etc.). L'existence ou non de sources textuelles anciennes a permis d'établir une division chronologique des spécialités archéologiques en trois grandes périodes : l'archéologie de la Préhistoire (absence de sources textuelles), l'Archéologie de la Protohistoire (peuples n'ayant pas de sources textuelles mais étant cités dans ceux de peuples contemporains) et l'archéologie des Périodes historiques (existence de sources textuelles). Il existe aussi des spécialisations archéologiques faites suivant le type d’artefacts étudiés (céramiques, bâti, etc.), ou à partir de la matière première des artefacts étudiés (pierre, terre crue, verre, os, cuir, etc.).
4
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+ Le mot « archéologie » vient du grec ancien archaiología[N 4] et est formé à partir des éléments archaíos « ancien », lui-même issu de arkhê et lógos « mot, parole, discours, science ». Toutefois, c'est avant tout à l'étude de l'objet fabriqué par l'homme, donc à la technicité, que l'archéologue consacre son travail.
6
+
7
+ Dans l’« Ancien Monde », l’archéologie a eu tendance à se concentrer sur l’étude des restes physiques, les méthodes employées pour les mettre au jour et les fondements théoriques et philosophiques sous-tendant ces objectifs.
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9
+ La première attestation d’un récit ou d’une interprétation à proprement parler archéologiques remonte à la période grecque classique, et nous est racontée par Thucydide. En effet, lors de travaux à Délos, il mentionne la découverte de tombes anciennes. L’auteur décrivant la scène indique que les défunts étaient probablement des pirates cariens (provenant de Carie du fait des vêtements qu’il était possible de reconnaître dans leur tombe).
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+
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+ « Les habitants des îles, Cariens et Phéniciens, s’adonnaient tout autant à la piraterie ; car c’étaient eux qui avaient occupé la plupart des îles. En voici une preuve : dans la présente guerre, quand les Athéniens purifièrent Délos et qu'on enleva toutes les tombes de l’île, on constata que plus de la moitié appartenait à des Cariens, ainsi que l’attestèrent les armes enfouies avec les morts et le mode de sépulture, encore en usage chez les Kariens d’aujourd’hui. »
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+ — Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, I, VIII.
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+ Il s’agit de la première réflexion associant directement un contexte funéraire archéologique à une identité culturelle ou ethnique.
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+ La discipline prend sa source dans le monde des antiquaires et dans l'étude du latin et du grec ancien, qui l'inscrivent naturellement dans le champ d'étude de l'histoire. Avec la restructuration des réseaux commerciaux de la Méditerranée à la fin du Moyen Âge, les voyages vers diverses destinations redeviennent plus aisés, et se développent des circuits faisant souvent étape dans des régions ou des sites archéologiques étaient connus des populations locales. Cyriaque d'Ancône ou Ciriaco de’ Pizzicolli (Ancône, vers 1391 - Crémone, vers 1455) est un humaniste italien, un voyageur et un épigraphiste grâce auquel sont parvenues des copies de nombreuses inscriptions grecques et latines perdues depuis son époque. Il a été appelé le père de l'archéologie : il est le premier « savant » à redécouvrir des sites grecs antiques prestigieux tels que Delphes ou Nicopolis d'Épire. Cyriaque d'Ancône se croyait investi d'une mission : sauver les antiquités, condamnées à disparaître. Après lui se succèdent d'autres voyageurs, notamment dans le cadre des grands tours pratiqués par les jeunes aristocraties européennes. Ce grand tour incluait souvent un voyage en Italie, en Grèce, et en Turquie, afin de visiter les hauts-lieux de la culture antique, d'en ramener des vestiges éventuels, et de les documenter par des illustrations et des récits. Les fouilleurs recherchent en premier lieu les trésors ou des objets précieux destinés à alimenter les collections privées ou les collections royales[1]. Se développent par ailleurs des musées, héritiers des cabinets de curiosité dont l'objet était d'accumuler des trouvailles rares, précieuses, anciennes, atypiques. Les musées furent le cadre des premières réflexions sur les cultures matérielles. Les grands noms de cette transition entre antiquaires et archéologues sont par exemple Anne Claude de Caylus, ou Jacques Boucher de Perthes. Progressivement se constituent donc non seulement une culture de l'antique, mais aussi une approche de plus en plus scientifique, avec l'invention des trois grands principes de l'archéologie scientifique : chronologie, typologie, stratigraphie.
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+ La découverte du site de Pompéi marque un tournant dans l’archéologie. A l’époque moderne, la ville est une première fois découverte entre 1592 et 1600 lors de la construction du canal du Sarno. Toutefois, les fouilles commencent en 1748 sous le règne de Charles de Bourbon. Et en 1763, une inscription est découverte ce qui permet l’identification avec certitude de Pompéi. La topographie de la ville est établie progressivement. Cette découverte contribue « à promouvoir une certaine image romantique de l'archéologie, propre à stimuler l'imaginaire et à donner aux objets découverts une nouvelle réalité[1] ».
20
+
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+ Entre 1860 et 1875, un changement important s’opère avec Giuseppe Fiorelli qui est des premiers interprètes de la science archéologique[2]. Il met au point de nouvelles méthodes de fouilles ainsi que de présentation du site. Avec lui, les fouilles se font par décapages horizontaux successifs. Cette nouvelle méthode permet à Giuseppe Fiorelli de développer les moulages au plâtre. Par ailleurs, il divise le site en neuf régions, chacune subdivisée en îlots, et numérote les propriétés[3].
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+
23
+ Lors de la Renaissance nordique, les hommes commencent de plus en plus à regarder ce que la terre peut cacher. Ils y découvrent des mégalithes, tumuli et inscriptions runiques. Le xvie siècle est un moment où les érudits ont une vraie volonté de rassembler et découvrir des objets et vestiges dans un but didactique. Ils cherchent à expliquer le monde. En 1555, Olaus Magnus publie à Rome l’une des premières descriptions historique, géographique ainsi qu’ethnographique. Les éléments collectés sont mis en relation avec les traditions classiques mais ne sont pas réellement interprétés.
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+ C’est à la fin du xvie siècle que l’on collecte des antiquités nordiques et que l’on associe la connaissance des sources avec la pérégrination (trajet complexe d’un lieu à un autre). Johan Bure, fils de pasteur, s’intéresse au déchiffrement des runes dans le climat nationaliste de la cour de Suède. Il les collecte et les analyse systématiquement. Il fait un alphabet précis, propose des règles de transcriptions ainsi qu’un système de datation et enfin, entreprend le relevé systématique des inscriptions en Suède. Johan Bure apporte un soin particulier aux dessins et a une attention envers le matériel épigraphique. Collecter est le but principal de ses excursions, durant lesquelles il découvre un quart des inscriptions connues à ce jour. D’autre part, le travail qu’il a mené a permis une transformation de la traditionnelle pérégrination en un relevé méthodique. Ainsi, cela en fait la première entreprise archéologique professionnelle. Le Royaume de Suède est le premier État à avoir un service archéologique. En Scandinavie, l’archéologie est perçue comme une part décisive de l’histoire. Cela explique alors pourquoi l’archéologie scandinave est aussi importante et aussi, pourquoi elle évolue rapidement.
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27
+ Par ailleurs, Ole Worm a aussi joué un rôle important dans cette archéologie. Il met au point une nouvelle science des antiquités grâce à l’association du relevé avec la collection et, l’interprétation avec la pérégrination. En 1643, il publie à Copenhague Danicorum Monumentorum Libri sex, un manuel pratique d’archéologie. Pour lui, afin de classer les objets, il est important de prendre en compte le matériau, la terre, la pierre et aussi d’envisager son utilité. Il définit les objets par fonction : autel, sanctuaire, sépulcres, épigraphes, places publiques. Ole Worm ne se contente pas de classer et d’interpréter, il tente aussi de comprendre les vestiges qu’il trouve et de les relier avec le paysage qu’il observe. De plus, il essaie d’ordonner les connaissances en un système intelligible. Le genre antiquaire que Ole Worm met en place, est complètement révolutionnaire pour l’époque. C’est un progrès fondamental dans la pratique archéologique. Ce progrès est alors considéré comme le modèle de la pérégrination archéologique moderne[4].
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+ L'archéologie en tant que science apparaît dans les années 1880, auparavant les restes physiques étaient le plus souvent considérés comme des champs de ruines dans lesquels les gens se servaient sans vergogne pour les revendre aux antiquaires, cette attitude atteignant son apogée au début du XIXe siècle dans l'Europe en pleine vogue d'antiquarianisme[5]. Le XIXe siècle est une époque déterminante pour la naissance du sentiment de nationalité, et dans cette optique, l'archéologie se développe à l'échelon national pour justifier les origines historiques et ethniques d'une nation. La France développe ainsi une archéologie gallo-romaine, mérovingienne, dont le but est de justifier la cohérence de la nation française dans son passé révélé par l'archéologie. Une des figures de ce développement est Napoléon III, ayant lui-même lancé les fouilles sur le site d'Alésia, en Côte-d'Or. L'Allemagne observe le même mouvement de nationalisation et de rationalisation de la discipline archéologique. Le XIXe siècle est aussi le siècle des grands instituts archéologiques à l'étranger : l'Europe occidentale ayant pris activement part à la guerre entre la Grèce et la Turquie, cette première remercie notamment l'Allemagne et la France en autorisant la fondation des Écoles d'Archéologie (École française d'Athènes, par exemple), et en cédant des concessions aux européens, afin qu'ils fouillent des grands sites. Delphes revient aux français, Olympie à l'Allemagne, par exemple. En Italie, la fondation de l'Institut de correspondance archéologique (Istituto di corrispondenza archeologica) à Rome en 1829, par Eduard Gerhard, fut une étape importante. De même, la naissance de l'École française de Rome fut un moment décisif de développement d'un réseau d'instituts archéologiques internationaux, intimement liés à la diplomatie et aux affaires étrangères de chaque pays concernés.
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+ Au XIXe siècle se développe aussi l'archéologie orientale, marquée par la redécouverte des grands sites mésopotamiens, tels que Ninive, Babylone, Khorsabad, Ur. La découverte des origines de l'écriture et des grandes civilisations palatiales de l'Orient ancien enclenche un mouvement sans précédent de transfert patrimonial entre orient et Europe occidentale. La découverte des langues les plus anciennes de l'humanité par les archéologues et linguistes introduit par ailleurs la question des origines indo-européennes des peuplements de l'Europe. Ces origines ont souvent été un thème politisé, notamment sous le IIIe Reich, dans le but de légitimer une culture de supériorité raciale, linguistique, et culturelle. La question notamment du peuple aryen des origines, fut un thème persistant dans la recherche archéologique allemande, dominée par Gustaf Kossinna pendant plusieurs décennies.
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+ La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle sont marqués par l'émergence du scientisme, du positivisme et du constructivisme, modèles épistémologiques et théoriques rayonnants sur tous les champs de la recherche. Le darwinisme, ainsi que certains travaux[N 5] ayant prouvé l'antédiluvianité de l'homme repoussent les théories créationnistes et permettent à l'archéologie préhistorique de poser durablement les bases d'une réflexion sur l'évolution humaine depuis les origines du genre Homo. Cette période charnière voit notamment naître l'archéologie protohistorique.
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+ La deuxième moitié du XXe siècle est marquée par un grand renouveau théorique : l'archéologie processuelle jette les bases d'une réflexion anthropologique purement archéologique, déconnectée du postulat historique, et régie par la démarche hypothético-déductive. L'archéologie post-processuelle se construit en réaction à ce premier mouvement, et réintroduit le traitement de la donnée archéologique comme une composante nécessairement historique. L'archéologie des soixante dernières années s'est vue dotée de nombreux moyens techniques et conceptuels nouveaux pour étudier les sociétés du passé. Les progrès en physique nucléaire l'ont doté de nombreux outils de datation (radiocarbone, rubidium - strontium, argon - potassium), et ont doté les archéologues de méthodes archéométriques ; le développement des techniques spectrophotométriques permettent par ailleurs l'acquisition d'informations quantitatives et qualitatives particulièrement pertinentes pour étudier les objets. On peut par exemple déterminer la provenance d'une céramique ou d'un minerai utilisé. Les sciences environnementales et paléoenvironnementales sont aussi intégrées aux recherches archéologiques, donnant naissance à l'archéologie du paysage, l'archéologie environnementale, la géomorphologie archéologique, etc. En archéologie préhistorique, des méthodes spécifiques d'enregistrement ou de fouille ont été développ��es notamment par Georges Laplace[6],[7] ou André Leroi-Gourhan[8]. Ces chercheurs ont contribué au raffinement progressif de l'archéologie, qui par la fouille, détruit son objet d'étude en même temps qu'elle constitue une donnée archéologique. La nature destructrice d'une opération de fouille archéologique est donc à l'origine du développement de toutes les méthodes de terrain visant à acquérir sans détruire, certaines informations (stratigraphiques, chronologiques, typologiques, architecturales, etc.).
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+ Le développement de l'archéologie urbaine puis de l'archéologie préventive[9], à partir des années 1970 et 1980, a joué un rôle important, tout comme celui de l'archéométrie, dans la nécessité de professionnaliser l'archéologie, afin d'acquérir les données du terrain avec le plus de méthode et de rigueur possible. Certains milieux comme les lacs, ou les forêts se prêtent à des formes particulières d'archéologie (archéologie lacustre ou forestière en l’occurrence[10]). Enfin, les années 1990 ont été marquées par un développement important de l'histoire de l'archéologie, analysant le développement historique de l'archéologie scientifique.
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+ Aux États-Unis et dans un nombre croissant d'autres régions du monde, l'archéologie est généralement dévolue à l'étude des sociétés humaines et est considérée comme l'une des quatre branches de l'anthropologie. Les autres branches de l'anthropologie complètent les résultats de l'archéologie d'une façon holistique. Ces branches sont :
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+ D'autres disciplines complètent également l'archéologie, comme la paléontologie, la paléozoologie, la paléo-ethnobotanique, la paléobotanique, l'archéozoologie et l'archéobotanique[11], la géographie, la géologie, l'histoire de l'art et la philologie.
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+ L'archéologie a été décrite comme un art qui s'assure le concours des sciences pour éclairer les sciences humaines. L'archéologue américain Walter Taylor a affirmé que « l'archéologie n'est ni l’histoire ni l’anthropologie. Comme discipline autonome, elle consiste en une méthode et un ensemble de techniques spécialisées destinées à rassembler, ou à « produire » de l'information culturelle »[12].
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+ L'archéologie cherche à comprendre la culture humaine à travers ses vestiges matériels, quelle que soit la période concernée, en tant que production, relevant à la fois d'une technologie, d'une pratique, d'une logique économique de subsistance ou d'abondance, et d'une cognition. En Angleterre, les archéologues ont ainsi mis au jour les emplacements oubliés depuis longtemps des villages médiévaux abandonnés après les crises du XIVe siècle ainsi que ceux des jardins du XVIIe siècle évincés par un changement de mode. Au cœur de New York, des archéologues ont exhumé les restes d’un cimetière renfermant les dépouilles de 400 Africains et datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Depuis maintenant une trentaine d'années, on assiste au développement d'une archéologie des époques modernes et contemporaines, révélant parfois des faits nouveaux, que ni les textes ni les informations ethnologiques et sociologiques contemporaines n'avaient attestés.
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+ L'archéologie traditionnelle est considérée comme l'étude des cultures préhistoriques, cultures qui existaient avant l’apparition de l'écriture. L'archéologie historique est l'étude des cultures qui ont développé des formes d'écriture.
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+ Quand l'étude concerne des cultures relativement récentes, observées et étudiées par des chercheurs occidentaux, l'archéologie est alors intimement liée à l'ethnographie. C'est le cas dans une grande partie de l'Amérique du Nord, de l'Océanie, de la Sibérie et de toutes les régions où l'archéologie se confond avec l'étude de traditions vivantes des cultures en questions. L'homme de Kennewick fournit ainsi l'exemple d'un sujet d'étude archéologique en interaction avec la culture moderne et des préoccupations actuelles. Lors de l'étude de groupes qui maîtrisaient l'écriture ou qui avaient des voisins qui la maîtrisaient, histoire et archéologie se complètent pour permettre une compréhension plus large du contexte culturel global et l'étude du mur d'Hadrien nous en fournit un exemple. Les études archéologiques fondant leur analogie sur l'observation de cultures encore existantes relèvent de l'ethnoarchéologie. Les travaux en France des époux Pétrequin en sont un bon exemple.
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+ En France la loi de 2003 relative à l'archéologie préventive ouvre ce marché aux entreprises privées dont l'agrément est limité aux opérations de fouilles[13]. Face à l’Inrap et ses 2 000 archéologues qui appartiennent essentiellement à la fonction publique territoriale, il en existe en 2015 une vingtaine de structures privées qui regroupent environ 700 archéologues et qui détiennent désormais 50 % du marché[14].
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+ La méthode de l'archéologie s'inscrit dans une démarche scientifique, au même titre que les autres sciences palétiologiques. Afin d'appréhender les faits et les comprendre, elle doit passer par l'étape d'induction, puis de déduction et enfin, revenir à l'induction. On fait donc se croiser un processus empirico-inductif avec un processus hypothético-déductif, fondés sur la convergence des sources et une herméneutique.
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+ En découvrant de nouveaux témoins du passé, l'archéologue se doit de pratiquer l'induction. En effet, il faut passer des faits aux idées, des observations aux propositions qui peuvent les justifier, des indices aux présomptions qui les expliquent. En formulant une hypothèse ou en supposant un fait, l’archéologue ne fait donc qu'appliquer une méthodologie scientifique usuelle. Il doit simplement vérifier que le problème nouveau relève de sa compétence, c’est-à-dire avant tout qu’il dispose – ce qui n’est pas toujours le cas – des documents nécessaires, et aussi qu’il présente un intérêt suffisant, c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop banal ni trop limité ; ce souci d'efficacité, qui n’a rien, lui non plus, de particulier à l’archéologie, y revêt cependant une grande importance, puisque les documents archéologiques sont chargés de plusieurs limitations.
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+ Le problème retenu et l’hypothèse émise, il reste à vérifier cette dernière. Cette démarche, prônée déjà par Francis Bacon (Novum Organum Scientiarum, 1620) et exposée avec une grande clarté par Claude Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, première partie, 1865), consiste d’abord à revenir des idées aux faits, par un mouvement déductif ou une phase hypothético-déductive. Puisqu’on ne peut pas opérer de démonstration directe, ce qui est le privilège des mathématiques, on cherche à vérifier l’hypothèse a posteriori, par son efficacité logique ou sa valeur heuristique. Puis on revient aux idées par une nouvelle induction et, si l’hypothèse se trouve vérifiée, elle devient alors ce que la plupart des sciences appellent une loi, mais que l’histoire et l’archéologie ne peuvent appeler, dans le sens le plus général du terme, qu’un fait historique.
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+ Toutefois, la recherche de la vérification suppose en premier lieu que l’hypothèse soit formulée le plus exactement possible. Comme par définition le chercheur à ce stade ne dispose pas encore de toutes les données nécessaires, il est conduit à s’avancer un peu au-delà de ce qu’il a observé. Cette anticipation de l’expérience consiste en règle générale à décrire les conséquences de l’hypothèse et à prévoir quelle sera leur traduction dans les vestiges archéologiques : car seule cette traduction sera susceptible d’être vérifiée.
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+ Mais l’importance du raisonnement est encore plus capitale à l’étape suivante. Il s’agit en effet de vérifier si, dans les données observables, on retrouve bien la traduction des conséquences que l’on a prévues. Il faut pour cela revenir à la fouille ou, tout au moins, aux documents archéologiques et aux relations qui les unissent. Mais il faut y revenir avec une méthode : organiser tout un ensemble d’opérations qui permette le contrôle souhaité et donne des résultats clairs. Il ne peut donc pas s’agir de recourir à des recettes préétablies. C’est même très précisément le contraire : il faut imaginer, dans chaque cas, la démarche qui sera à la fois la mieux adaptée au but poursuivi et la plus pragmatique en fonction de l’importance du problème posé. Autrement dit, les techniques particulières qui seront mises en œuvre dans cette démarche n’auront pas d’intérêt par elles-mêmes, mais devront être jugées, comme partout, sur leur efficacité. Celles qui permettront d’obtenir des réponses pertinentes et claires, pour une somme d’efforts proportionnée à l’intérêt de l’entreprise, seront par définition les meilleures.
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+ Au terme du processus, deux possibilités apparaissent :
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+ L'archéologie représente souvent le seul moyen de connaître le mode de vie et les comportements des groupes du passé. Des milliers de cultures et de sociétés, des millions de personnes se sont succédé au cours des millénaires, pour lesquels il n'existe aucun témoignage écrit, aucune histoire, ou presque. Dans certains cas, les textes peuvent être incomplets ou peuvent déformer la réalité.
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+ L'écriture telle qu'on la connaît aujourd'hui est apparue il y a seulement 5 000 ans environ et elle n'était utilisée que par quelques civilisations technologiquement avancées[16]. Ce n'est bien sûr pas par hasard que ces civilisations sont relativement bien connues : elles ont fait l'objet de recherches de la part des historiens depuis des siècles, tandis que les cultures préhistoriques ne sont étudiées que depuis le XIXe siècle. Mais même dans le cas d'une civilisation utilisant l'écriture, de nombreuses pratiques humaines importantes ne sont pas enregistrées. Tout ce qui concerne les éléments fondateurs de la civilisation - le développement de l'agriculture, des pratiques culturelles, des premières cités - ne pourra être connu que par l'archéologie.
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+ Même quand des témoignages écrits existent, ils sont systématiquement incomplets ou plus ou moins biaisés. Dans de nombreuses sociétés, n'étaient alphabétisés que les membres d'une élite sociale, comme le clergé. Les documents écrits de l'aristocratie se limitent souvent à des textes bureaucratiques concernant la cour ou les temples, voire à des actes notariés ou des contrats. Les intérêts et la vision du monde de l'élite sont souvent relativement éloignés de la vie et des préoccupations du reste de la population. Les écrits produits par des personnes plus représentatives de l'ensemble de la population avaient peu de chance d'aboutir dans les bibliothèques et d'y être préservés pour la postérité. Les témoignages écrits ont donc tendance à refléter les partis pris, les idées, les valeurs et éventuellement les tromperies d'un petit nombre d'individus, correspondant généralement à une fraction infime de la population. Il est impossible de se fier aux écrits comme seule source d'information. Les vestiges matériels sont plus proches d'une représentation fiable de la société, même s'ils posent d'autres problèmes de représentativité tels que les biais d'échantillonnage ou la conservation différentielle.
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+
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+ Au-delà de leur importance scientifique, les vestiges archéologiques peuvent avoir une signification politique pour les descendants des groupes qui les ont produits, une valeur matérielle pour les collectionneurs ou simplement une forte charge esthétique. Aux yeux du grand public, qui bien souvent méconnaît le cadre juridique de la matière (droit de l'archéologie, code du patrimoine), l'archéologie est souvent associée à une recherche de trésors esthétiques, religieux, politiques ou économiques plutôt qu'à une reconstitution des modes de vie des sociétés passées. Ce point de vue est fréquemment conforté dans les œuvres de fiction telles que Indiana Jones et les Aventuriers de l'arche perdue, La Momie ou Les Mines du roi Salomon, fort heureusement très éloignées des préoccupations effectives de l'archéologie moderne.
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+ Biface acheuléen.
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+ Vénus de Willendorf
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+ Les remparts de Troie.
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+ La Porte des Lions à Mycènes.
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+ Le masque d'or découvert dans la tombe de Toutânkhamon.
82
+
83
+ Le dépôt de vaisselle de bronze d'Évans (Jura).
84
+
85
+ Le cratère découvert dans la tombe de Vix.
86
+
87
+ L'armée de terre cuite du mausolée de l'empereur Qin près de Xi'an en Chine.
88
+
89
+ La statue de Ptolémée II érigée à la porte du phare d'Alexandrie.
90
+
91
+ Pompéi
92
+
93
+ Photographie aérienne du site protohistorique de Grézac.
94
+
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+ Les géoglyphes de Nazca au Pérou.
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+ La cité inca de Machu Picchu au Pérou.
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+ Ces termes importants se rapportant à l'archéologie sont souvent mal utilisés.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Brochures du ministère de la Culture et de la Communication (à télécharger)
fr/3480.html.txt ADDED
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+ République de Lituanie
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+ Lietuvos Respublika
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+ 54° 41′ N, 25° 16′ E
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+ modifier
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+ La Lituanie, en forme longue la république de Lituanie (en lituanien : Lietuvos Respublika) est un pays d’Europe du Nord situé sur la rive orientale de la mer Baltique, au nord-est de la Pologne, au nord-ouest de la Biélorussie, au sud de la Lettonie et à l'est de l'oblast russe de Kaliningrad. Sa capitale est Vilnius. C'est le plus méridional des Pays baltes ainsi que le plus peuplé et le plus grand en superficie.
10
+
11
+ Héritière du grand-duché de Lituanie, indépendante de 1918 à 1940 et de nouveau depuis 1991, sa situation et son histoire mouvementée ont longtemps placé la Lituanie sous dominations étrangères, russe en particulier.
12
+ La Lituanie a été envahie puis incorporée à l'Union soviétique de juin 1940 à juin 1941, puis à partir de 1944 en dépit d'une résistance qui s'est prolongée jusqu'en 1953. Le pays a recouvré sa souveraineté en 1990. Depuis, comme ses voisins baltes septentrionaux, la Lituanie a intégré l'OTAN le 17 mars 2004, l'Union européenne le 1er mai 2004 et l’Espace Schengen le 21 décembre 2007. La Lituanie a également intégré la zone euro le 1er janvier 2015 et est pays membre de l'OCDE depuis 2018.
13
+
14
+ La Lituanie compte aujourd'hui environ 3 millions d'habitants. À ce titre, le pays est le plus peuplé et le plus visité des trois États baltes.
15
+
16
+ Le lituanien est une langue balte.
17
+
18
+ La graphie ancienne Lithuanie (avec un « h ») est abandonnée dans l'orthographe française[5].
19
+
20
+ Les premiers hommes sont arrivés en Lituanie approximativement au XIIe millénaire av. J.-C.. En 3000-2500 av. J.-C., des Indo-Européens-Baltes s’y sont installés. Entre le Ve et le VIIIe siècle, des unions de tribus se sont constituées sur les terres occidentales : les Prussiens, les Yotvingiens (en), les Curoniens, les Sémigaliens, les Lituaniens, les Latgaliens. Au Xe siècle, les missions de l’Europe catholique ont commencé à s’intéresser aux Baltes païens. En 1009, le nom de la Lituanie est mentionné pour la première fois dans une description de la mission de St Bruno dans les Annales de Quedlinbourg[6].
21
+
22
+ L'histoire du royaume de Lituanie commence par l'unification des tribus lituaniennes par Mindaugas, au milieu du XIIIe siècle, en vue de lutter avec succès contre les chevaliers Teutoniques et les chevaliers Porte-Glaive. À l'exception de l'épisode de royaume catholique de Mindaugas et Morta, le pays est resté païen et est par la suite marqué par les règnes de Vytenis (en) à partir de 1290 et de Gediminas de 1316 à 1341. Après le déclin de la Rus' de Kiev, le grand-duché de Lituanie dispute aux Mongols l'hégémonie sur les pays russes et étend fortement ses frontières vers l'est et le sud, dans tout le bassin du Dniepr, jusqu'à la mer Noire atteinte en 1412. Son influence contribue à générer les particularités des Biélorusses et des Ukrainiens par rapport aux « Grands-Russes ».
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+
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+ En 1386, le grand-duc de Lituanie, Jogaila, se marie avec la souveraine de Pologne Hedwige, ce qui crée l'union de Pologne-Lituanie qui aboutira en 1569 à la création de la République des Deux Nations. Cette union conduit à une forte acculturation des élites politiques lituanienne, biélorusse et ukrainienne qui adhèrent à la culture et à la langue polonaise, ainsi qu'à la foi catholique. Le grand-duché de Lituanie perd alors peu à peu de son autonomie[réf. nécessaire] dans la fédération jusqu'à être complètement intégré à la Pologne par la Constitution polonaise du 3 mai 1791. Au terme des trois partages de la Pologne de la fin du XVIIIe siècle, le pays cesse d'exister politiquement en 1795. L'actuel territoire de la Lituanie est alors intégré à l'Empire russe jusqu'à la Première Guerre mondiale. L'Empire allemand l'occupe en 1915.
25
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26
+ La république de Lituanie déclare son indépendance le 16 février 1918, mais ne participe pas aux négociations de Brest-Litovsk. L'Allemagne reconnaît la république de Lituanie le 23 mars 1918, la Russie soviétique le 12 juillet 1920, le Royaume-Uni le 24 septembre 1919 de facto et le 20 décembre 1922 de jure, les États-Unis le 28 juillet 1922, la France le 11 mai 1920 de facto et le 20 décembre 1922 de jure[7]. L'ambassadeur de la république de Lituanie en France était le Délégué du Gouvernement Oskaras W. De L. Milosz-Milašius, puis à partir de 1925, Petras Klimas ; en Angleterre, Vincas Čepinskis, en Russie, Simonaitis-Vanagas (1920-1921) puis Jurgis Baltrušaitis (1921-1939)[8], le père de l'historien de l'art Jurgis Baltrušaitis.
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28
+ La Lituanie acquiert Memel alias Klaipėda en 1923, après avoir perdu Vilnius en 1920. Vilnius comportait une forte population polonaise, et le maréchal polonais Józef Piłsudski, héros de l'indépendance polonaise de 1918, était né dans son ressort. À cause du désaccord sur Vilnius, la Lituanie et la Pologne n'entretinrent pas de relations diplomatiques entre 1920 et 1938. C'est donc Kaunas qui fut la capitale de la Lituanie de 1918 à 1940. Fin 1939, les Soviétiques rétrocèderont Vilnius à la Lituanie.
29
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30
+ Le 14 juin 1940, le jour-même où les troupes allemandes entrent dans Paris, Staline donne l'ordre d'occuper les trois États baltes : l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie[9],[10]. Un an plus tard, en juin, les Soviétiques ont déporté quelque 43 000 citoyens baltes[11].
31
+
32
+ De l'opération Barbarossa en juin 1941 et jusqu'en juillet 1944, les nazis occupent à leur tour le pays et la Lituanie perd entre 83 % et 85 % de ses Juifs[12],[13],[14] (entre 130 000 et 140 000 personnes), selon les données de Yad Vashem et United States Holocaust Memorial Museum. Une partie de la population non juive a coopéré, mais également une grande partie ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs. Selon les données de Yad Vashem, la Lituanie a le plus grand nombre de Justes parmi les nations, c'est-à-dire de gens qui ont sauvé les Juifs avec succès, par habitant en Europe centrale[15] et le deuxième plus grand nombre dans le monde entier, après les Pays-Bas[15].
33
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34
+ Après l'opération Bagration, la Lituanie est à nouveau annexée par l'Union soviétique de 1944 à 1990. Les Soviétiques ont mis en place dans les Pays baltes un système de répression brutale des opposants politiques et de déportations massives, dont des femmes et des enfants, dans des camps de travail forcé en Sibérie[11]. Les jeunes organisent la "Mission Sibérie" depuis 2006 pour s'occuper des tombes lituaniennes là-bas[16],[17],[18],[19]. La résistance contre l'occupation a duré jusqu'en 1953. Les États-Unis[20] et la plupart des pays non-communistes membres de l'ONU, ainsi que, par la suite, le Parlement européen[21],[22],[23], la CEDH et le Conseil des droits de l'homme de l'ONU[24] n'ont pas reconnu l'incorporation de la Lituanie parmi les 15 Républiques socialistes soviétiques et ont continué à la reconnaître de jure comme État souverain[25],[26],[27].
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+
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+ La Lituanie était la première république soviétique à déclarer son indépendance le 11 mars 1990[28], deux années avant la disparition de l'URSS.
37
+
38
+ Du fait de la non-reconnaissance internationale de son annexion par l'URSS, la Lituanie et ses voisins baltes ont pu, contrairement aux douze autres républiques ex-soviétiques, quitter la sphère d'influence russe, opter pour une politique euro-atlantique et finalement adhérer à l'OTAN en avril 2004, puis à l'Union européenne le 1er mai 2004.
39
+
40
+ La Lituanie est entourée au nord par la Lettonie, au sud-est et à l'est par la Biélorussie et au sud-ouest par la Pologne et l'enclave russe de Kaliningrad. Le pays est bordé par la mer Baltique sur son flanc occidental.
41
+
42
+ La Lituanie, comme ses deux voisins baltes, est doté d'un climat continental dans les terres et les influences maritimes de la Baltique sur la côte. L'hiver commence dès le mois de novembre et les températures peuvent descendre jusqu'à −30 °C. Le printemps est relativement court et débute mi-avril par la fonte des neiges, engendrant des campagnes boueuses. L'été est plutôt chaud, avec un mercure variant de 17 à 30 °C dans la capitale. Néanmoins, l'ouest de la Lituanie est marqué par des précipitations importantes.
43
+
44
+ La Lituanie est un pays plutôt plat et la majeure partie du territoire, située sur le bassin du Niémen, ne dépasse pas 250 mètres d'altitude. Le pays est composé de 45 % de terre agricole[28] et de 35 % de forêt[29],[28], avec de nombreux petits lacs[28].
45
+
46
+ La Lituanie est une république parlementaire. Ratifiée en octobre 1992, la Constitution prévoit que le président de la République assure la charge exécutive. Celui-ci est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et nomme le Premier ministre. Le choix doit être approuvé par le Parlement.
47
+
48
+ Le Parlement lituanien est le Seimas et est monocaméral. Il se compose de 141 députés élus pour un mandat de quatre ans. Les électeurs disposent de deux bulletins de vote : le premier sert à élire, dans 71 circonscriptions, des députés élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours (le second tour éventuel se déroulant deux semaines après le premier), tandis que le second bulletin de vote sert à exprimer la préférence partisane de l’électeur, qui doit choisir entre plusieurs listes bloquées de 70 noms pour une circonscription nationale unique. Les 70 sièges de ce second contingent sont répartis, à la proportionnelle, entre tous les partis qui atteignent ou dépassent 5 % des suffrages exprimés (le décompte total étant fait à la fois sur les votes personnels exprimés dans les 71 circonscriptions et sur le vote partisan exprimé dans la circonscription unique), le décompte étant par ailleurs compliqué par le fait qu’un électeur a la faculté d’exprimer, au sein de la liste pour laquelle il se prononce, une préférence pour au plus cinq personnes parmi celles figurant sur cette liste.
49
+
50
+ La Cour constitutionnelle vérifie la conformité des lois à la Constitution, peut être saisie pour avis sur la ratification éventuelle d'un traité, est juge des élections présidentielles et législatives. Enfin elle peut être saisie par tout tribunal dans le cadre d'une question préjudicielle de constitutionnalité (article 110 de la Constitution).
51
+
52
+ Le pouvoir judiciaire est exercé par des tribunaux indépendants ayant à leur tête la Cour suprême. Depuis 2000, des tribunaux administratifs et une Cour administrative ont été institués.
53
+
54
+ La Lituanie est aussi un État observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
55
+
56
+ Les présidents de la Lituanie et de la France se rencontrent régulièrement[30],[31],[32],[33],[34],[35],[36],[37],[38].
57
+
58
+ Considérée comme « un maillon indispensable entre l'Europe et le monde slave », la Lituanie manifeste depuis son indépendance en 1990, selon les termes du groupe France-Pays Baltes du Sénat français, « une volonté réelle d'ancrage à l'Europe »[39].
59
+
60
+ Le pays dépose officiellement sa demande d'adhésion à l'Union européenne le 8 décembre 1995. Elle s'efforce dès lors de satisfaire aux critères politiques et économiques qui conditionnent l'adhésion de tout nouvel État à l'Union européenne[40]. La fermeture exigée par Bruxelles de la centrale nucléaire d'Ignalina, de type Tchernobyl, est l'un des points sensibles de la négociation. Elle reste d'ailleurs un sujet épineux entre l'Europe et la Lituanie[41]. Les 12-13 décembre 1997, le Conseil européen de Luxembourg lance le processus d'adhésion de onze États, dont la Lituanie, et décide que la préparation des négociations avec la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie et la Slovaquie sera accélérée. Les 10-11 décembre 1999, le Conseil européen d'Helsinki décide d'ouvrir à partir de février 2000 les négociations d'adhésion avec six pays, dont la Lituanie, et les négociations d'adhésion entre l'UE et la Lituanie commencent le 15 février 2000. Les 12-13 décembre 2002, lors du Conseil européen de Copenhague, l'Union européenne et dix pays candidats à l'adhésion scellent leur union par un accord sur les conditions économiques et financières de l'élargissement. Il est décidé que Chypre, Malte, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et les trois États baltes, Estonie, Lituanie et Lettonie rejoindront l'Union le 1er mai 2004.
61
+
62
+ Le 10 mai 2003, un référendum concernant l'adhésion à l'Union européenne a lieu et aboutit à la victoire du « oui » par 89,92 % des voix, contre 8,85 % d'opinions négatives (et 1,23 % de bulletins invalidés) ; le traité d'adhésion est signé le 16 avril 2003 à Athènes.
63
+
64
+ La Lituanie adhère officiellement à l'Union européenne le 1er mai 2004.
65
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+ Le 6 mai 2006, la Commission propose que la Slovénie adopte l'euro au 1er janvier 2007, mais elle rejette la demande similaire de la Lituanie, constatant que les conditions économiques ne sont pas encore pleinement remplies par ce pays[42]. Le taux d'inflation en Lituanie dépasse alors de 0,1 point le maximum autorisé par les critères de convergence[43].
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68
+ En 2009, la Lituanie est vivement critiquée par l'Union européenne lors de l'adoption au Seimas, le parlement lituanien, d'un amendement à la loi sur la « protection des mineurs » pour interdire dans le pays tout propos favorable à l'homosexualité. Cet amendement considère en effet que toute information publique évoquant favorablement l'homosexualité a des conséquences néfastes sur le développement physique, intellectuel et moral des mineurs[44]. De nombreux députés européens protestent contre cette loi qui, selon les eurodéputés Sophia in't Veld et Ulrike Lunacek, « menace les valeurs européennes, le droit européen et la liberté d'êtres humains »[45]. Le parlement européen vote alors une résolution dans laquelle il demande à la Lituanie de « réexaminer les modifications récentes de sa législation sur la protection des enfants afin d'éviter toute possibilité de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle »[46].
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+ Le 1er juillet 2013, elle prend la présidence de l'UE après l'Irlande et passe le relais à la Grèce le 1er janvier 2014.
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+ Le 4 juin 2014, le feu vert pour son passage à l'euro au 1er janvier 2015 lui est donné par la Commission européenne et La Banque centrale européenne[47],[48] : elle devient le 19e pays membre et abandonne de ce fait sa monnaie locale le litas. Cette adhésion entraîne une modification de la gouvernance de la BCE[49].
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+ La Lituanie fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie en tant qu'État observateur[50].
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+ Les infrastructures francophones présentes en Lituanie comptent : l’Institut français de Lituanie[51], de l'École française de Vilnius[51] et de la Chambre de commerce franco-lituanienne[51].
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+ Jusqu’en 2015, la monnaie nationale était le litas (LTL : 3,45 litas pour 1 euro, taux de change fixe). L'inflation a atteint un pic de 12,3 % en mai 2008[52].
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+ Première république soviétique à avoir cherché à s’affranchir des liens avec l’URSS, la Lituanie a particulièrement souffert des bouleversements économiques consécutifs à la proclamation de son indépendance et à l’effondrement du bloc de l’Est.
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+
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+ Depuis 2004 et son adhésion à l'Union européenne (sans nécessairement de lien de cause à effet), l'économie du pays a connu une forte croissance pendant les années 2000 (près de 10 % par an) : le chômage a chuté grâce au boom de la construction, les prix de l'immobilier ont grimpé en flèche. Mais de nombreux jeunes ont quitté le pays pour la Grande-Bretagne et l'Irlande. Le secteur du textile s'est bien développé ces dernières années pour des marques européennes haut de gamme. L’entrée du pays dans la zone euro a été recherchée notamment afin de stabiliser les institutions financières.
83
+
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+ Avant le déclenchement de la crise économique de 2008, la croissance était de 8 % en 2007[53]. En 2008, la crise frappe durement les pays baltes, dont la Lituanie, et les difficultés rencontrées par la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie vont jusqu'à faire craindre la faillite des trois États[54]. La prévision de récession atteint 10 % en avril 2009. Toutefois, grâce à la crise, l'inflation s'est fortement ralentie, et les autorités espèrent ainsi intégrer la zone euro plus rapidement. La crise balte est attribuée partiellement au comportement des banques suédoises[55].
85
+
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+ Le mercredi 4 juin 2014, la Commission européenne, ainsi que la Banque centrale européenne ont donné leur feu vert pour l'entrée de la Lituanie dans la zone euro. Le 1er janvier 2015, l’État balte est devenu le 19e membre de la zone euro[56].
87
+
88
+ Aujourd'hui, le PIB par habitant est environ 22 % plus grand que celui de la Pologne[57], 5 % plus grand que celui de la Lettonie[58] et deux fois plus grand que celui de la Russie[59].
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+
90
+ Tableau récapitulatif de la population selon l'ethnicité[60] :
91
+
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+ La religion prédominante est le catholicisme à 79 %, mais l'orthodoxie (4,07 %), le protestantisme, le judaïsme et l'islam (Tatars baltiques) existent aussi, en tant que religions minoritaires. On trouve également à Trakai les derniers karaïtes d'Europe. Le néo-paganisme est renaissant.[réf. nécessaire]
93
+
94
+ Il est à noter qu'en 2005, la Lituanie était le pays présentant le plus haut taux de suicides au monde, avec 68,1/100 000 hommes par an et 12,9/100 000 femmes par an[61],[62].
95
+
96
+ La Pologne accuse les autorités lituaniennes de discrimination envers les Polonais de Lituanie[63].
97
+
98
+ Environ 1,3 million de Lituaniens habitent en terre étrangère[64],[65].
99
+
100
+ La langue officielle de la Lituanie est le lituanien, qui est la langue maternelle de 85 % de la population.
101
+
102
+ Le russe est langue maternelle de 7 % de la population.
103
+
104
+ Le sport numéro 1 en Lituanie est le basket-ball. Depuis son indépendance en 1990, la Lituanie est devenu une équipe de premier plan mondial. L'équipe nationale a terminé trois fois à la troisième place des Jeux olympiques en 1992 à Barcelone, en 1996 à Atlanta et en 2000 à Sydney. C'est une des meilleures nations européennes (avec notamment un titre de championne d'Europe en 2003) avec l'Espagne, la France, la Serbie, la Russie et la Grèce. Parmi les meilleurs joueurs, Saulius Štombergas, Ramūnas Šiškauskas, Artūras Karnišovas, Kšyštof et Darjuš Lavrinovič, Šarūnas Jasikevičius qui fut porte-drapeau de la délégation lituanienne à Pékin et qui a longtemps évolué en NBA.
105
+
106
+ En football, l'équipe nationale lituanienne est une équipe très rugueuse et physique dont les points forts sont son bloc défensif ainsi que son jeu aérien. Elle peut poser des problèmes à nombre de bonnes équipes ; lors des qualifications pour l'Euro 2008, elle a notamment réussi un match nul en Italie et lors de ses deux confrontations avec l'équipe de France, cette dernière a dû attendre à chaque fois la fin du match pour réussir à l'emporter. Ses meilleurs joueurs sont Tomas Danilevičius (Bologne FC 1909) qui est le meilleur buteur en sélection de l'histoire avec 13 buts, Edgaras Jankauskas (CF Belenenses) qui est passé aussi par le FC Porto, le FC Bruges et l'OGC Nice, et Andrius Velička (Rangers Football Club).
107
+
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+ En cyclisme, la Lituanie possédait deux coureurs de bon niveau au début des années 2000 avec le grimpeur Marius Sabaliauskas (passé par chez Lampre notamment), et surtout avec Raimondas Rumšas qui termina troisième du Tour de France 2002, mais déchu pour dopage quelques jours après l'arrivée de ce Tour, et qui a depuis totalement disparu de la circulation. La relève fut assurée par le très bon Tomas Vaitkus qui est un bon sprinteur, un bon rouleur ainsi qu'un bon spécialiste des classiques flandriennes, il a notamment remporté une étape du Tour d'Italie en 2006 et terminé sixième du prestigieux Tour des Flandres en 2007. Ramūnas Navardauskas porta le maillot rose de leader sur le Tour d'Italie 2012 et remporta la 19e étape du tour de France 2014, ce qui fait de lui le premier Lituanien à remporter une étape du Tour de France.
109
+
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+ En hockey sur glace, l'équipe nationale lituanienne est classée 25e au classement IIFH et évolue en deuxième division mondiale. Elle a cependant un joueur de très haut niveau avec Dainius Zubrus qui a évolué dans la LNH de 1996 à 2016 chez les Flyers de Philadelphie, les Canadiens de Montréal, les Capitals de Washington, les Sabres de Buffalo, les Devils du New Jersey et les Sharks de San José.
111
+
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+ En athlétisme, la Lituanie est présente essentiellement à travers le lancer du disque, discipline très populaire. La Lituanie connut de grands lanceurs, comme Romas Ubartas (champion olympique en 1992 à Barcelone) et surtout Virgilijus Alekna qui est sûrement le meilleur lanceur de disque de la dernière décennie avec à son palmarès deux titres de champion olympique en 2000 et 2004 et 2 titres de champions du monde en 2003 et 2005. Cependant Virgilijus Alekna qui a dominé sa discipline de main de fer entre 2000 et 2006 est depuis deux ans un peu plus en retrait, notamment par rapport à l’Estonien Gerd Kanter, malgré une médaille de bronze aux JO de Pékin.
113
+
114
+ Si le tennis lituanien est absent du haut-niveau mondial, la donne pourrait peut-être changer dans les années à venir avec Ričardas Berankis qui termina l'année 2007 à la place de numéro 1 mondial junior.
115
+
116
+ Enfin, la Lituanie est aussi présente dans les compétitions de natation par l'intermédiaire de la nageuse Rūta Meilutytė, qui remporta l'or olympique à Londres en 2012 et qui améliora les records d'Europe des 100 m brasse en grand et en petit bassin ainsi que celui du 50 m brasse en petit bassin en 2012 alors qu'elle n'avait que 15 ans. Elle est toujours détentrice de ces trois records en mai 2013.
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+ Tomas Vaitkus lors du Tour d'Espagne 2008.
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+ Dainius Zubrus.
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+ Ričardas Berankis.
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+ La bande dessinée Haïkus de Sibérie raconte l'histoire des déportations d'enfants par les Soviétiques[66].
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+ La Lituanie a pour codes :
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+ Le Livre de la Genèse (en hébreu ספר בראשית Sefer Bereshit, en grec Βιϐλίον της Γενέσεως / Biblíon tês Généseôs, en latin Liber Genesis) est le premier livre de la Bible. Ce texte est fondamental pour le judaïsme et le christianisme.
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+ Récit des origines, il commence par la création du monde, œuvre de Dieu, suivie d'une narration relatant la création du premier couple humain. Adam et Ève, forment ce premier couple mais désobéissent et sont exclus du jardin d'Éden. Dieu détruit alors l'humanité par le Déluge, dont seuls Noé et sa famille sont sauvés. Enfin, Dieu différencie les langues et disperse l'humanité sur la surface de la Terre, lors de l'épisode de la tour de Babel. L'essentiel de la Genèse est ensuite consacré aux cycles d'Abraham, de Jacob et de Joseph.
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+ La Genèse est anonyme, tout comme les autres livres de la Torah (Pentateuque). Les traditions juives et chrétiennes l’attribuent à Moïse, mais les recherches exégétiques, archéologiques et historiques tendent, au vu des nombreux anachronismes, redondances et variations du texte, à remettre en cause l’unicité de son auteur. Ainsi, la Genèse représente, pour l'exégèse historico-critique du XXIe siècle, la compilation d’un ensemble de textes écrits entre les VIIIe et IIe siècles av. J.-C.. Pour cette raison, entre autres, l'historicité de son contenu est aussi mise en question.
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+ La Genèse est largement commentée par les rabbins et par les théologiens chrétiens. Avec l'avènement de l'islam, ses personnages font l'objet de multiples interprétations dans le Coran et ses commentaires.
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+ De nos jours, certains fondamentalistes, surtout protestants, défendent l'idée que le créationnisme, théorie qui s'appuie sur une lecture littérale de la Genèse, est historiquement et scientifiquement valable. Cependant, cette position est rejetée par l'ensemble des scientifiques.
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+
13
+ Le nom du livre vient de son thème d'ouverture : le « commencement », l'« origine ». Cette notion se traduit en grec, au nominatif, par Γένεσις, genesis. La Septante grecque l'intitule donc « Livre du Commencement » : βιβλίον της Γενέσεως, Biblion tès Geneseôs (au génitif), ou plus simplement Genesis[1]. En latin, le nom est Liber Genesis[2].
14
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+ En hébreu, sa langue d'origine, le livre s'intitule ספר בראשית, Sefer Bereshit[1], ce qui signifie « Livre "au commencement" », en reprenant le premier mot du premier verset : Bereshit, בראשית, « Au Commencement ». La tradition du judaïsme est en effet de désigner les livres de la Torah par leur premier mot[N 2],[3].
16
+
17
+ Entièrement centré sur la question des origines, le Livre de la Genèse présente d'abord celles de l'humanité en général (Gn 1–11)[4], avant de relater celles du peuple d'Israël en particulier, à travers l'histoire de ses ancêtres (Gn 12–50)[5]. Il peut être divisé en quatre parties : l'histoire des origines (Gn 1,1–11,9)[6], l'histoire d'Abraham et de ses deux fils (Gn 11,10–25,18)[7], la geste de Jacob (Gn 25,19–36,43)[8] et enfin l'histoire de Joseph (Gn 37,1–50,26)[9].
18
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+ Le chapitre 1 et le début du chapitre 2 décrivent la création en six jours de l'univers et de ce qui s'y trouve. L'humanité (hommes et femmes) est créée le sixième jour, et la création se termine par un repos sabbatique le septième jour.
20
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21
+ À partir de Gn 2,4b, le récit offre un autre regard sur la création des êtres vivants, notamment de l'homme, puis de la femme. Au chapitre 2, Dieu place l'homme (Adam) dans le jardin d'Éden « pour le cultiver et pour le garder » (Gn 2,15)[10]. Il l'autorise à manger de tous les arbres du jardin, à l'exception de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,16–17). Puis il crée la femme (Ève). Au chapitre 3, le serpent tente la femme, qui mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, et en donne ensuite à l'homme. À cause de leur désobéissance, l'homme et la femme sont chassés du jardin d'Éden[11].
22
+
23
+ Au chapitre 4, l'homme commence à se montrer violent, et c'est alors que survient le meurtre d'Abel par son frère Caïn. Les descendants de Caïn se montrent eux aussi particulièrement violents. Le chapitre 5 présente une lignée d'humains plus pieux, allant d'Hénoch à Noé, qui tente de contrebalancer cette violence. Dans les chapitres 6 à 8, à cause de la corruption des hommes, Dieu provoque le Déluge, auquel seuls la famille de Noé et les animaux survivent. Au chapitre 9, Dieu établit alors une alliance avec les humains survivants, promettant de ne plus amener de Déluge sur la Terre[11]. À la fin du chapitre, Noé plante une vigne, puis s'enivre de son vin et se dénude. Son fils Cham le voit nu et au lieu de le couvrir, court prévenir ses frères. Cela vaut à son fils d'être maudit[12].
24
+
25
+ Le chapitre 10 évoque les familles qui sont à l'origine de l'Humanité, présentant ce que l'on appelle la Table des nations. Le chapitre 11 narre l'épisode de la Tour de Babel, où apparaissent les langues et se dispersent les nations. Il donne aussi la généalogie qui va de Sem (un des fils de Noé) à Abraham[13].
26
+
27
+ Les chapitres 12 et 13 commencent par l'appel d'Abraham et son arrivée en Canaan, où Dieu lui promet de posséder un jour cette terre. Lui et sa femme Sarah se rendent ensuite en Égypte, puis à Béthel. Au chapitre 14, Abraham sauve Loth des mains des rois de Sodome, de Gomorrhe, et d'autres contrées. Puis il rencontre Melchisédech, roi de Salem[7].
28
+
29
+ La promesse faite à Abraham d'avoir un jour non seulement un fils, mais aussi une descendance innombrable et une terre, est confirmée au chapitre 15. Agar, servante égyptienne de Sarah, tombe alors enceinte des œuvres d'Abram, puis donne naissance à Ismaël (chapitre 16). Au chapitre suivant, le nom d'Abram est changé en Abraham et une alliance est conclue avec Abraham et sa future descendance par Sarah. Ismaël et sa descendance sont aussi bénis. Toute la maisonnée d'Abraham est alors circoncise. Dieu envoie encore trois hommes qui apparaissent à Abraham près du chêne de Mambré. Ils prédisent la naissance d'Isaac, ce qui fait rire Sarah (Gn 18,1–18,16)[7].
30
+
31
+ À la fin du chapitre 18, Abraham intercède auprès de Dieu en faveur des habitants de Sodome et de Gomorrhe, et Dieu promet de les épargner s'il y a au moins dix justes dans ces villes. Le chapitre 19 décrit ensuite la destruction de Sodome et de Gomorrhe et le sauvetage de Loth. Sa femme, qui se retourne lors de la fuite, est changée en colonne de sel[7].
32
+
33
+ Au chapitre 20, Abraham et Sarah se rendent chez Abimelech, roi de la ville de Guérar, qui craint Dieu. Le chapitre 21 voit la naissance d'Isaac, rapidement suivie du renvoi d'Agar et de son fils Ismaël, puis d'un traité de non-agression entre Abraham et Abimelech. Abraham est alors mis à l'épreuve lorsque Dieu lui demande de sacrifier son propre fils, ce qu'Abraham consent à faire. Sa main est arrêtée par Dieu au dernier moment (chapitre 22). Au chapitre 23, Sarah meurt et Abraham fait alors l'acquisition d'une sépulture familiale près de Mambré[7].
34
+
35
+ Puis le temps arrive où il faut choisir une femme pour son fils Isaac. Abraham, alors âgé, envoie son serviteur en Mésopotamie dans ce but. Ce dernier y choisit Rébecca (chapitre 24). Au chapitre 25, Abraham prend une nouvelle femme : Ketourah, qui lui donne une descendance nombreuse. Sa mort est ensuite décrite, et il est enseveli par ses fils dans la sépulture qu'il avait choisie pour Sarah. Le chapitre continue par la descendance d'Ismaël (Gn 25,12–18)[7].
36
+
37
+ La fin du chapitre 25 décrit la naissance des enfants d'Isaac, les jumeaux rivaux Jacob et Ésaü (Édom), puis la vente du droit d'aînesse de ce dernier à Jacob. Le chapitre 26 fait une parenthèse sur l'histoire d'Isaac, qui fait passer sa femme pour sa sœur aux yeux d'Abimelech. Le chapitre suivant revient sur la rivalité entre les deux frères : Jacob vole par la ruse la bénédiction qui revient à Esaü, puis fuit lorsque ce dernier menace de se venger. Le chapitre 28 propose une autre motivation pour le départ de Jacob, et décrit un songe divin où il voit une échelle parcourue par des anges avec YHWH à son sommet. Il nomme le lieu de ce songe Béthel[8].
38
+
39
+ Au chapitre 29, Jacob arrive chez Laban, où il travaille une première fois sept années pour pouvoir se marier avec Rachel, mais reçoit en échange sa sœur Léa comme femme. Il travaille donc une nouvelle fois sept années pour pouvoir s'unir avec Rachel. De ses deux femmes, Jacob devient père de plusieurs fils. Grâce à un stratagème, Jacob prospère et s'enrichit bien plus que Laban (chapitre 30). Cela mène à un conflit avec Laban, qui devient jaloux de cette réussite. Après d'âpres discussions, un traité est conclu, et chacun définit les frontières de ses terres (chapitre 31)[14].
40
+
41
+ L'affrontement avec Esaü semble imminent. Juste avant qu'il ait lieu, Jacob rencontre Dieu à Penuel, au cours d'un combat couramment désigné comme la lutte de Jacob avec l'ange, et reçoit alors le nom d'Israël (chapitre 32). Au chapitre suivant, Jacob rencontre Esaü, mais au lieu de s'affronter, les deux frères se réconcilient. Jacob construit alors un autel à « El, Dieu d'Israël »[14].
42
+
43
+ L'histoire du viol de Dinah et le massacre des Sichémites sont racontés au chapitre 34. Puis Jacob et son clan reviennent à Béthel, où naît Benjamin et où meurt Rachel (chapitre 35). Le chapitre 36 se concentre sur Esaü et sa descendance[14].
44
+
45
+ Joseph, qui est le fils de Jacob, est privilégié parmi ses frères. Il fait deux rêves dans lesquels il se voit, sous diverses formes oniriques, élevé au-dessus d'eux. Cela les rend tellement jaloux qu'ils le vendent pour servir comme esclave en Égypte, et le font passer pour mort aux yeux de leur père Jacob (chapitre 37). Le chapitre suivant relate l'histoire de Juda et de Tamar. Cette dernière est tout d'abord donnée pour femme aux fils aînés de Juda, qui meurent tous deux. Se faisant passer pour une prostituée aux yeux de leur père, elle tombe enceinte de lui, puis met au monde deux jumeaux.
46
+
47
+ En Égypte, Joseph est au service de Potiphar, mais la femme de ce dernier le désire et comme Joseph refuse de trahir son maître avec elle, elle s'arrange pour le faire mettre en prison (chapitre 39). Là, il interprète d'abord les rêves du panetier et de l'échanson de Pharaon (chapitre 40). Il réitère cela au palais après que Pharaon lui-même a fait un rêve étrange qui annonce une famine sur l’Égypte. Pour le remercier, Pharaon le nomme alors vice-roi du pays (chapitre 41)[9].
48
+
49
+ La famine pousse les frères de Joseph à faire un premier voyage en Égypte. Seul Benjamin n'est pas du voyage. En Égypte, ils ne reconnaissent pas Joseph. Ce dernier s'arrange pour retenir Siméon en prison, puis laisse partir ses frères en leur faisant promettre qu'ils reviendraient avec Benjamin (chapitre 42). Après avoir convaincu Jacob de laisser partir Benjamin, ils effectuent alors un second voyage avec lui, et c'est alors que Joseph se fait reconnaître et leur pardonne. Leur père Jacob est alors invité à venir en Égypte (chapitres 43-45). Jacob et sa famille s'installent alors en Égypte (chapitre 46). Lorsqu'une famine frappe le pays, Joseph, en tant que vice-roi, en profite pour enrichir Pharaon et établir des lois qui lui assurent des revenus réguliers (chapitre 47)[9].
50
+
51
+ À la fin du chapitre 47, Jacob est mourant. Il bénit alors un à un ses douze fils et leurs descendances, qui forment les douze tribus d'Israël, et demande à être enterré dans la tombe ancestrale (chapitres 48 et 49). Le chapitre 50 décrit l'enterrement de Jacob, et s'achève sur la mort de Joseph[9].
52
+
53
+ La Genèse est le premier livre de la Bible, tous canons confondus. Dans la Bible hébraïque, c'est le premier livre de la Torah (« la Loi »). Dans la Septante grecque, c'est le premier livre du Pentateuque (« cinq livres de Moïse »)[15]. Le texte ne contient que de très minimes différences entre les deux versions, les plus importantes se trouvant dans les chapitres traitant de chronologie (chapitres 5, 8 et 11)[16].
54
+
55
+ Dans le Pentateuque, la Genèse occupe une place particulière. Elle contient des parallèles avec le Deutéronome, puisque dans ces deux livres, l'avant-dernier chapitre contient une bénédiction des douze fils/tribus d'Israël. Ces bénédictions sont toutes deux prononcées juste avant leur mort par des figures emblématiques d'Israël : Jacob (Genèse chap. 49) et Moïse (Deutéronome chap. 33). De plus, le dernier discours de YHWH à Moïse (Deutéronome 34, 4) est une citation littérale de la promesse divine faite à Abraham en Gn 12,7[17].
56
+
57
+ La Genèse est une sorte de prélude à l'histoire du peuple d'Israël conduit par Moïse. Elle est particulière en ce sens que contrairement aux autres livres du Pentateuque, elle ne constitue pas une partie de la biographie de Moïse[18]. Elle est aussi très majoritairement composée de récits, alors que les autres livres du Pentateuque alternent les narrations et les lois[19]. Son style narratif peut être très élaboré[20]. Comme pour d'autres livres du Pentateuque, la Genèse contient certains textes poétiques, notamment Gn 27,27, Gn 29,39–40, et Genèse chapitre 49[21].
58
+
59
+ Il est fait référence aux idées développées dans la Genèse dans d'autres parties de la Bible. Par exemple, la création est souvent citée dans Isaïe, mais aussi dans les Psaumes, où l'Humain est présenté à l'image de Dieu[N 3]. Il y est fait aussi référence dans les Proverbes et dans Job. Dans le Nouveau Testament, Jean commence son évangile en faisant directement référence au récit de la création du monde. Les Épîtres aux Corinthiens font référence à l'homme créé à l'image de Dieu[N 4], et celle aux Romains à la misère provoquée par la réalité du péché[N 5],[22].
60
+
61
+ La formule « et voici les générations » (hébreu אֵלֶּה תּוֹלְדֹת, Éleh toledot) ou une variante « voici le livre des générations » revient dix fois dans la Genèse. De nombreux exégètes proposent donc un découpage de la Genèse selon les dix sections introduites par ces formules appelées toledot[23]. Ce découpage est composé de deux parties principales, chacune étant divisée en cinq sous-sections[24],[25] :
62
+
63
+ Le livre de la Genèse ne mentionne aucune assignation à un auteur. Selon les traditions juives et chrétiennes[N 6], il fut dicté dans son intégralité — comme le reste de la Torah — par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï. Cette idée vient sans doute du fait que nombre de lois contenues dans la Torah sont attribuées à Moïse, ce qui incite les premiers commentateurs bibliques à penser qu'il est l'auteur le plus probable du texte dans son intégralité[26].
64
+
65
+ Cependant, l'étude sémantique et linguistique des termes utilisés et les contradictions entre les différentes légendes qui s'y entremêlent amènent, avec par exemple Spinoza au XVIIe siècle, à remettre en question son historicité et l'unicité de son auteur[27]. En 1753, Jean Astruc défend ce point de vue en identifiant des sources diverses, qui se croisent et s’enchevêtrent, dans l'histoire des origines des onze premiers chapitres du livre[28]. À la fin du XIXe siècle, Julius Wellhausen propose un découpage du Pentateuque, et donc de la Genèse, en plusieurs documents, selon la théorie de l'hypothèse documentaire. Ce système est repris et développé après lui, et domine l'exégèse historico-critique jusque dans les années 1970[29]. Dès lors, le modèle traditionnel de Wellhausen est fortement remis en cause, mais les bases qu'il a jetées, c'est-à-dire le fait que le Pentateuque serait issu de plusieurs sources, restent d'actualité[30],[31].
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+
67
+ Il existe aujourd'hui plusieurs théories concurrentes, dont l'hypothèse documentaire, la théorie des fragments et la théorie des compléments. Toutefois, la distinction entre les textes sacerdotaux (P) et non sacerdotaux (non-P) demeure un acquis fondamental. Les problèmes qui restent posés tournent donc autour des détails de mise en œuvre de ces textes[32]. De plus, quel que soit le modèle proposé, les chercheurs s'accordent pour affirmer que c'est à l'époque perse que la Torah (Pentateuque) est rassemblée en un texte unique (ère exilique et postexilique durant laquelle les exilés judéens fondent la province de Yehoud Medinata)[33].
68
+
69
+ La recherche actuelle s'interroge notamment sur la place de la Genèse dans l'ensemble du Pentateuque. En effet, ce livre se distingue du reste du Pentateuque par son style et les idées défendues. Certains chercheurs envisagent donc qu'il n'y a été inclus que tardivement[34]. Ainsi, la « théorie des fragments », qui implique une compilation tardive de traditions distinctes, refait surface. Cette théorie explique notamment pourquoi l'histoire de Joseph n'est pratiquement jamais mentionnée dans les parties historiques de la Bible. La raison de cette absence serait que ce « fragment », en tant qu'histoire indépendante, aurait été ajouté tardivement au reste. Il en est de même de l'histoire des origines (Genèse 1-11) qui semble totalement séparée du reste, sauf pour un raccord tardif en Genèse 12,1-3[35]. Dans cette optique, ce serait l'école sacerdotale qui aurait rassemblé ces fragments et ajouté des raccords pour en faire un ensemble cohérent[36].
70
+
71
+ Les autres livres de la Bible fournissent un nombre d'années qui se sont écoulées depuis les événements de la Genèse. Cette chronologie situe le récit des patriarches plus de 1 500 ans av. J.-C.[N 7], soit durant l'âge du bronze. Cependant, beaucoup d'historiens et spécialistes contemporains estiment que le texte n'a pu être composé que plus tard, à cause des anachronismes qu'ils identifient dans le récit[37]. Pour cette même raison, ils estiment qu'il ne peut être utilisé comme source historique concernant cette période[38].
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+
73
+ Un des exemples souvent cités est la caravane de chameaux transportant des marchandises décrite dans l'histoire de Joseph (37,25)[39]. Cette description correspondrait à un commerce exercé au VIIIe ou au VIIe siècle av. J.-C. sous la surveillance de l'Empire assyrien[40]. Il n'existe en effet aucune mention de chameaux dans le Levant durant le IIe millénaire av. J.-C., et les fouilles n'ont mis au jour qu'un petit nombre d'ossements de cet animal pour cette période. Leur domestication s'opère progressivement pour atteindre un stade avancé durant le dernier tiers du IIe millénaire av. J.-C., et ils ne sont massivement utilisés que vers le VIIe siècle av. J.-C.[41].
74
+
75
+ La mention des Philistins, présentés comme installés dans la cité de Guérar sous la domination d'un roi (26,1)[42], est aussi considérée comme anachronique[43]. En effet, l'archéologie n'a trouvé que des traces d'établissement philistin en Canaan postérieures à 1200 av. J.-C.[44],[45], leurs villes prospérant lentement durant les siècles qui suivent. La cité de Guérar devient un centre important vers la fin du VIIIe ou au VIIe siècle av. J.-C., ce qui donne un indice supplémentaire laissant penser que le texte qui en parle est rédigé à cette époque[46]. La référence à la cité d'« Ur des Chaldéens » est aussi considérée comme anachronique, puisque les Chaldéens n'apparaissent en Mésopotamie que longtemps après l'époque patriarcale, soit vers le IXe siècle av. J.-C.[47],[48]. La ville n'est d'ailleurs nommée ainsi qu'à partir de la période néo-babylonienne[49]. De même, les rois édomites mentionnés en Genèse (chapitre 36) ne concordent pas avec les traces d'installation de ce peuple trouvées en Transjordanie, installation qui ne se produit qu'après le XIIIe siècle av. J.-C.[50],[51].
76
+
77
+ Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman concluent ainsi : « Ces anachronismes, et bien d'autres, indiquent que les VIIIe et VIIe siècles av. J.-C. ont été une période particulièrement active de composition du récit des patriarches »[52].
78
+
79
+ Comme souvent dans la Bible, le livre de la Genèse contient certains passages en double, voire en triple. Par exemple, il existe deux récits de création : le premier (Genèse 1,1-2,3) emploie exclusivement Elohim pour désigner Dieu, tandis que le second (Genèse 2,4-3,24) utilise exclusivement « YHWH Elohim »[53],[54]. On trouve de même deux chronologies et descriptions différentes du Déluge, l'une où Noé sauve un couple de chaque animal (Genèse 6,19–20) ; l'autre où il n'en sauve que sept des espèces pures (Genèse 7,2-3)[55],[56]. L'épisode où Abraham fait passer Sarah pour sa sœur au lieu de son épouse se retrouve lui aussi en plusieurs exemplaires : au chapitre 12, où Dieu est nommé YHWH, et au chapitre 20, où il est nommé Elohim[54],[57],[58]. L'histoire de l'expulsion d'Agar, la mère d'Ismaël, se retrouve de même en deux exemplaires, en Genèse 16,1-16 et 21,9-21[59]. Les noms des femmes d'Esaü donnés en Genèse 26,34 et 28,9 ne correspondent pas à ceux donnés en Genèse 36,2-3[56].
80
+
81
+ Le texte est aussi l'objet de ruptures littéraires. Par exemple, le récit de la vente de Joseph à Potiphar est interrompu à la fin du chapitre 37, pour reprendre au chapitre 39. Le chapitre 38, qui parle de Juda, coupe ce récit. Cela se reproduit avec le chapitre 49, qui interrompt en plein milieu l'histoire de Joseph et de son père mourant[60].
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83
+ Ces duplications et ruptures littéraires confirment que la rédaction finale du Livre de la Genèse est comme le Pentateuque la compilation de différents écrits provenant de plusieurs sources ou l'ultime couche rédactionnelle venue réinterpréter ou réadapter un livre déjà constitué[61].
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85
+ Albert de Pury et Christoph Uehlinger, dans l’Introduction à l'Ancien Testament, distinguent plusieurs couches rédactionnelles dans la Genèse :
86
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+ Selon Ronald Hendel, certains passages comme Genèse chapitre 14 ou Genèse 49,2-27 sont indépendants, et proviennent donc vraisemblablement d'une source distincte de J, E ou P. En outre, certains spécialistes[N 8] ont noté que plusieurs promesses divines semblent appartenir à une strate séparée. Ces promesses ont donc vraisemblablement été ajoutées au texte combiné JE avant la rédaction sacerdotale (P)[68].
88
+
89
+ Pour Robert Alter, mis à part quelques rares exceptions, la rédaction finale du texte de la Genèse est d'une grande cohérence narrative, et les contradictions et répétitions du texte sont voulues. Le rédacteur final n'a donc selon lui pas assemblé de manière purement mécanique les traditions anciennes, mais a usé de techniques littéraires subtiles afin d'atteindre un but précis. Alter compare la rédaction de la Genèse à l'élévation d'une cathédrale de l'Europe médiévale, qui évolue au fil des siècles, mais dont l'état final est le résultat de la volonté délibérée des derniers bâtisseurs[69].
90
+
91
+ La recherche historico-critique s'accorde aujourd'hui sur le fait que les 11 premiers chapitres de la Genèse ne constituent pas un récit historique et factuel des origines du monde, même si l'on a encore du mal à identifier à quels genres littéraires ce livre appartient. Il n'en fut pas ainsi de tout temps. Après Spinoza, Alfred Loisy, entre autres, a affirmé la non-historicité de ces chapitres dans la leçon de clôture de son cours d'exégèse biblique de l'année 1891-1892, et fut à l'origine ce que l'on a appelé la « crise moderniste »[70].
92
+
93
+ Il est aujourd'hui largement accepté que l'histoire des patriarches provient d'une tradition orale plus ancienne. Cependant, même si cette tradition orale semble avoir préservé certains détails historiques, les évènements et les thèmes abordés reflètent en fait des préoccupations contemporaines de leur mise par écrit, qui est largement postérieure[71].
94
+
95
+ Par exemple, l'histoire de Joseph qui est élevé au-dessus de ses frères reflète vraisemblablement un temps où les tribus de Joseph (Ephraïm et Manassé) dominaient. Il est aussi possible que cette histoire s'inspire de celle des Hyksôs, qui portaient des noms ouest-sémitiques, et dominaient l’Égypte entre 1670 et 1570 av. J.-C. De même, la prépondérance de Jacob sur Ésaü dans le cycle de Jacob pourrait correspondre à la période durant laquelle Édom était un vassal d'Israël, entre le Xe et le milieu du IXe siècle av. J.-C.[71].
96
+
97
+ Ainsi, il faut voir les récits des patriarches non comme des comptes-rendus historiques, mais plutôt comme la personnification d'entités plus importantes comme des tribus ou des peuples. Ces récits reflètent en effet les relations qui existent entre les premières tribus d'Israël, ou durant l'établissement de la monarchie. C'est alors que se forme l'identité de la nation d'Israël, et par là même ses traditions communes[72]. Selon Albert de Pury, les histoires des patriarches contenues dans la Genèse semblent avoir été écrites par les hommes du Sud (Juda) pour revendiquer des droits sur le territoire du Nord (Israël)[73].
98
+
99
+ Selon Alan Ralph Millard, cette logique ne doit pas être appliquée aveuglément, car il semblerait plausible de voir en la tradition d'Abraham certains éléments biographiques d'un personnage ayant réellement existé au début du IIe millénaire av. J.‑C., même s'il n'existe aucun élément du récit biblique interdisant que cette histoire ne se déroule des siècles plus tard[74]. Cela dit, la majorité des spécialistes estime qu'il ne reste dans la Genèse que peu ou pas du tout de mémoire d’événements datant de la période pré-israélite[75],[76],[77]. Ainsi, les spécialistes considèrent les récits sur Abraham comme en bonne partie légendaires et théologiques. Ils sont d'ailleurs écrits de nombreux siècles après l'époque supposée du personnage[78].
100
+
101
+ En 1901, Hermann Gunkel publie Die Sagen der Genesis (Les Légendes de la Genèse), un commentaire sur la Genèse qui la met en perspective par rapport aux récits des cultures parallèles, dont celles de l'Assyrie et de Babylone. Dans ce commentaire, Gunkel répète en leitmotiv que « la Genèse est une collection de légendes », ce qui suscite la polémique à l'époque[79],[80],[81].
102
+
103
+ La polémique est nettement moins forte un siècle plus tard, un quasi-consensus s'étant dégagé sur cette question. L'étude des mythologies de l’Égypte (notamment la cosmogonie héliopolitaine), du Proche-Orient et de l'Asie Mineure montre en effet une très grande proximité entre la Genèse et d'autres récits mythologiques qui étaient vraisemblablement connus des rédacteurs bibliques, comme ceux de l'Enuma Elish (Genèse chap. 1)[82], d'Atrahasis (Genèse chap. 2)[83] ou de Gilgamesh (Genèse chap. 7)[84],[85]. L'histoire de la tour de Babel (Genèse chap. 11) semble aussi avoir des origines babyloniennes[86]. De plus, l'épisode où la femme de Potiphar tente de séduire Joseph est aussi très similaire à un récit égyptien datant du XIIIe siècle av. J.-C., le Conte des deux frères[87].
104
+
105
+ La vision du cosmos présente dans la Genèse est similaire à celle du Proche-Orient ancien. On y retrouve notamment les « eaux qui sont au-dessous du firmament »[N 9] ; les « écluses du ciel » et les « sources de l'abîme » qui s'ouvrent et jaillissent lors du Déluge[N 10] ; le Soleil, la Lune et les étoiles qui sont placés dans le firmament[N 11] ; et les « eaux » qui sont sous la Terre[N 12],[88].
106
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107
+ Selon Mario Liverani, la description du jardin d’Éden ressemble fortement au paradis perse, et il situe donc le récit de Genèse chapitre 2 après l'Exil[89]. Il situe aussi l'écriture de la table des peuples (Genèse chap. 10) au VIe siècle av. J.-C., période qui voit fleurir ce genre de généalogies[90].
108
+
109
+ La Genèse, qui se comprend mieux si l'on considère l'intégralité du Pentateuque, aborde diverses questions dont : la création du monde par Dieu ; la place de l'Humanité ; l'origine du mal ; les lois morales ; l'unité de la famille humaine ; la sélection divine de certains humains ; les alliances et les promesses faites par Dieu aux hommes ; et l'idée d'une intervention divine dans le cours de l'histoire humaine[91]. James McKeown identifie, quant à lui, comme thèmes principaux de la Genèse, la postérité, la bénédiction et la terre[92].
110
+
111
+ Plusieurs propositions ont été avancées concernant le thème central du cycle primitif (Genèse 1-11) : l'augmentation des péchés humains et la faveur divine ; la variété des péchés humains ; la diminution de l'« existence » (Dasein) des humains ; l'insolvable dualité entre l'humain et le divin ; et les limites propres à la très humaine « course pour la vie ». Le cycle d'Abraham s'organise, quant à lui, autour de deux thèmes principaux : son besoin d'un enfant et sa relation avec YHWH. Ces thèmes se retrouvent, dans une moindre mesure, dans le cycle de Jacob[93].
112
+
113
+ Le thème de la création dans la Genèse est similaire à celui des cosmologies du Proche-Orient ancien. Il présuppose, comme chez les Égyptiens, un seul Dieu créateur, la différence principale étant que chez les Égyptiens, ce Dieu crée ensuite d’autres dieux qui sont aussi l’objet de vénération[91]. Le Dieu créateur de la Bible existe dès le début du récit. Il n'a pas d'histoire[94].
114
+
115
+ Pour les autres mythologies comme pour la Bible, la création est vue comme la victoire divine contre les forces du chaos. Le processus de création est divisé en deux groupes de trois jours. Les trois premiers jours sont consacrés à la préparation ou la création des éléments. Les trois suivants, ces éléments sont complétés ou peuplés de ceux qui les utilisent. Le septième jour est un jour consacré à Dieu seul[91]. Il ne s'agit pas d'une creatio ex nihilo, car préexiste le Tohu-ve-bohu (« vide et vague »), les ténèbres et un abîme (tehôm ou océan primordial, mot relié à la divinité babylonienne Tiamat). Il faut attendre le IIe siècle av. J.-C. pour voir écrire l'idée que Dieu aurait créé le monde ex nihilo (deuxième livre des Maccabées, 7, 28[N 13])[95].
116
+
117
+ La différence primordiale entre la cosmogonie de la Genèse et celle des autres civilisations comme l'ancienne Babylonie, semble résider dans le strict monothéisme du récit biblique, ainsi que dans sa relative simplicité. S'il est tentant de voir dans cette optique une polémique contre le polythéisme babylonien (il est possible de déduire que le « soleil » et la « lune » sont inclus dans la création des luminaires et ainsi non mentionnés dans le récit de la genèse, comme pour éviter qu'ils soient associés aux cultes païens de ces divinités), une pièce liturgique de Enuma Elish (tablettes VI 122 et VII 144) suggère que tous les dieux ne sont que des manifestations de Marduk, ce qui donnerait une orientation monothéiste au système de croyance babylonien[96]. De plus, le premier verset Berechit bara Elohim, littéralement « dans le commencement le(s) dieu(x) créa (créèrent) », rappelle que la forme Elohim se termine par la marque du pluriel -îm, ce qui peut désigner un pluriel de majesté, la cour céleste, mais aussi une survivance polythéiste chez les Hébreux[97]. Enfin le verset 27 « Dieu créa l'homme à son image ; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois »[N 14], est une construction littéraire répétitive qui peut être interprétée également comme une survivance polythéiste du couple divin, le dieu créateur avec sa parèdre (YHWH et Ashera) : Adam et Ève, dans une stratégie de substitution, remplacent les statues (« à son image » est issu de l'hébreu « selem » qui désigne aussi une statue) du couple divin et correspondent à une démocratisation de l'idéologie royale de la part de l'auteur biblique qui rédige ce passage à une époque où le royaume d'Israël n'existe plus[98].
118
+
119
+ Ce récit présente vraisemblablement les idées qui avaient cours en Judée sur la pré-histoire du peuple d'Israël, selon les connaissances de l'époque. Il peut aussi provenir de prêtres exilés à Babylone et qui ont eu connaissance des cosmogonies babyloniennes. À ce titre, excepté les interprétations concordistes, il n'est généralement plus question de l'associer à la science moderne[99].
120
+
121
+ Contrairement au mythe d’Atrahasis, qui voit les humains comme les serviteurs de dieux mineurs, les humains sont présentés par la Genèse comme l’aboutissement de la création, créés à l’image de Dieu. Ils sont considérés comme responsables de la nature et peuvent l’exploiter à leur guise. De plus, l'humanité est considérée comme dérivant d'un seul couple, Adam et Ève, puis de la seule famille de Noé, faisant donc de chaque humain le membre d'une grande famille[91].
122
+
123
+ Avant toute visée scientifique, le but du récit est surtout d'ancrer l'histoire de la nation d'Israël dans celle de l'humanité primitive, montrant par là même que cette nation est spécialement choisie par Dieu pour réaliser ses desseins[99].
124
+
125
+ Le Dieu de la Genèse est un Dieu de bénédictions et de promesses, deux thèmes majeurs de la théologie du livre. Dès le début de la création, le premier couple humain reçoit une bénédiction, qui s'étend ensuite à leurs descendants[100]. L'idée d'une lignée de personnes approuvées par Dieu, tels Noé, Abraham, Isaac et Jacob, est ensuite développée tout au long du livre. Elle trouve son apogée dans le fait que la nation d'Israël tout entière est finalement l'objet des promesses divines[91].
126
+
127
+ Tout au long du livre, des promesses sont faites pour divers sujets : avoir des descendants (19 fois), avoir des relations (10 fois) ou posséder de la terre (13 fois)[101]. Dieu établit des alliances avec ceux qu'il approuve. Il promet notamment à Abraham non seulement une postérité nombreuse, mais aussi une terre sur laquelle elle vivra : le pays de Canaan. À l'inverse, Dieu punit ceux qu'il considère comme coupables. Les épisodes du jardin d’Éden, du Déluge[99] et de Sodome et Gomorrhe en sont de parfaites illustrations[91].
128
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129
+ Parmi les livres de l'Ancien Testament, la Genèse est l'un des livres qui sont les plus commentés[102].
130
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131
+ Au Ier siècle, Philon d'Alexandrie écrit une série de commentaires sur la Genèse. S'y trouvent un traité sous forme de questions et de réponses, ainsi qu'un commentaire allégorique[103]. Il écrit aussi des traités sur Abraham et Joseph, et sans doute sur d'autres personnages de la Genèse, qui ont été perdus depuis[104].
132
+
133
+ Initialement, la Genèse n'est pas tant commentée que racontée d'une manière différente. C'est le cas notamment dans le livre des Jubilés, un texte apocryphe datant du IIe siècle av. J.-C., qui raconte les récits de la Genèse et de l'Exode en y ajoutant des détails inédits[105]. D'autres récits antiques s'inspirent librement de la Genèse, tels le livre d'Hénoch (1 Hénoch) composé vraisemblablement entre le IIIe et le Ier siècle av. J.-C.[106]. Parmi les manuscrits de la mer Morte, l'Apocryphe de la Genèse reprend les récits sur les patriarches, le plus souvent en réécrivant le texte à la première personne du singulier. Contrairement au livre des Jubilés, il s'intéresse peu aux prescriptions légales de la loi juive. Il a une préoccupation marquée pour les détails géographiques des récits et insiste sur les émotions et la sensibilité des personnages. Comme le livre d'Hénoch et les Jubilés, il montre une fascination évidente pour les personnages de Noé et d'Hénoch[107].
134
+
135
+ À la fin du Ier siècle, Flavius Josèphe écrit une histoire primitive basée grandement sur la Genèse dans les Antiquités judaïques. Il semble utiliser les différentes versions du livre disponibles à l'époque, c'est-à-dire le texte massorétique et la Septante, mais aussi des traditions qu'on retrouve dans les targoumim[N 15] et d'autres sources, écrites ou orales[108]. Josèphe réécrit librement le livre, amplifiant, omettant ou réarrangeant certains passages. Il tente ainsi de le rendre plus accessible et attrayant pour le monde grec de l'époque[109].
136
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137
+ Parmi les plus anciens commentaires rabbiniques figure le midrash Bereshit Rabba (parfois appelé Genèse Rabba). Il s'agit d'une compilation tardive basée sur une œuvre palestinienne du Ve siècle, qui reprend elle-même des matériaux plus anciens[102]. Ce texte affirme notamment que la Torah est écrite avant même la création du monde par Dieu[110],[111].
138
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139
+ En Europe, le plus ancien commentateur juif connu est Moshe hadarshan de Narbonne (début du XIe siècle). Dans son ouvrage sur la Genèse intitulé Bereshit Rabbati, il rassemble un grand nombre de midrashim tirés de l'ensemble de la littérature rabbinique ainsi que de la littérature pseudépigraphique (Hénoch, Jubilés, Testaments des douze patriarches)[112]. Dans la deuxième partie du XIe siècle, Rachi de Troyes produit un commentaire sur la Genèse, et plus largement sur tout le Pentateuque. Dans ce commentaire, il suit le texte pas à pas et cherche à expliquer le sens dit « littéral », en sélectionnant des passages de la littérature talmudique et midrashique. Il s'attache à résoudre les difficultés du texte, aussi bien celles de grammaire que celles de logique, de cohérence, de morale ou de théologie. Ce commentaire sera suivi de ceux de son petit-fils, le Rashbam, et de Joseph Bekhor Shor (XIIe siècle)[113]. En 1153, le Sefer HaYashar d'Abraham ibn Ezra traite aussi du Pentateuque dans son ensemble[114]. Contrairement à Rachi, Ibn Ezra n'utilise pas de midrash dans son explication, mais se concentre sur les aspects grammaticaux et littéraires du texte. Même s'il ne le fait pas explicitement, son commentaire implique une remise en cause du fait que la Torah soit l’œuvre de Moïse seul, suggérant que le texte a été écrit au fil du temps par plusieurs mains[115]. Au XIIe siècle, Moïse Maïmonide commente aussi largement la Genèse, y dégageant un sens allégorique[116].
140
+
141
+ Les rabbins, qui sont les garants de la loi juive, considèrent la Genèse comme une « anomalie » par le peu de loi qui s'y trouve, ce qui explique que ce n'est pas avant le Ve siècle qu'apparaît le Bereshit Rabba, première collection de commentaires rabbiniques sur ce livre. Si l'essentiel du livre est consacré à de la narration, c'est néanmoins dans la trame de ce récit que des lois essentielles apparaissent telles que le commandement de croître et se multiplier[117] ainsi que celui de pratiquer la circoncision[118] ; les rabbins, suivant l'avis du tanna Ben Bag-Bag — un élève de Hillel selon lequel en triturant le texte, on « pouvait tout y trouver » —, ont, à l'apogée de l'ère rabbinique, usé de la Genèse à la recherche d'inspiration voire de révélations[119].
142
+
143
+ Leurs interprétations peuvent être très variables, suivant le but recherché et l’audience ciblée. Ils essayent parfois de capturer ce qu'ils pensent être la plus simple interprétation de la Genèse. Parfois, ils l'utilisent comme un moyen pour se confronter à d'autres idéologies que la leur. Quel que soit le but recherché, ils n'hésitent pas à utiliser les méthodes herméneutiques en vogue dans les autres cultures[120].
144
+
145
+ Pour les rabbins, Dieu est comme un architecte, et se sert de la Torah comme d'un plan pour créer le monde[121]. Dieu ne crée pas ex nihilo jour après jour, mais crée tout ce qui existe dès le premier jour, puis ne fait que mettre ces choses à leur place les jours suivants. Contre l'avis des gnostiques, les rabbins réfutent aussi l'idée d'un démiurge ou d'anges ayant aidé Dieu dans sa tâche[122].
146
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147
+ Le récit originel de la Création pose quelques problèmes aux rabbins, notamment le fait que la lumière soit créée avant le Soleil, ou que l'Homme soit créé à l'image de Dieu mâle et femelle (chap. 1), puis d'abord mâle, et ensuite femelle (chap. 2). Diverses interprétations ésotériques sont proposées pour régler ces questions. Le Genèse Rabba explique par exemple que l'Homme est d'abord créé androgyne, puis séparé en deux créatures distinctes[123].
148
+
149
+ Avec l'avènement de l'Islam, les interprétations rabbiniques sur la Genèse deviennent plus complexes. La vision coranique des premiers prophètes, tels que Noé, Abraham, Ismaël ou Joseph, est différente de celle du judaïsme traditionnel, et les rabbins doivent désormais y répondre, en plus des points de vue chrétiens et gnostiques. Au IXe siècle, les Pirke de Rabbi Eliezer relatent l'histoire d'Abraham dans ce que l'auteur imagine comme son contexte historique, relisant la Genèse à travers le prisme des traditions islamiques[124]. Par exemple, lors du sacrifice d'Isaac, ce dernier se laisse faire. Il meurt puis est ressuscité, montrant ainsi, selon l'auteur, que la résurrection est bien présente dans la Torah[125].
150
+
151
+ La relation de Joseph avec son père Jacob est aussi abordée par les rabbins. Ils soulignent le fait que Joseph, bien que loin de son père, est très aimé par lui. Ils notent aussi que le nouveau nom de Jacob, Israël, est un nom théophore. Enfin, selon eux l'histoire de ces deux personnages est l'assurance pour tous les parents juifs que les enfants vont suivre leurs enseignements et rester dans le judaïsme[126].
152
+
153
+ De nos jours, la lecture littérale de la Torah et l'idée qu'elle soit d'inspiration divine sont majoritairement rejetées par les juifs, du moins aux États-Unis[127].
154
+
155
+ Au IIe siècle, Théophile d'Antioche écrit une apologie nommée À Autolycus, dont le principal sujet est la Genèse. Dans cette œuvre, il défend l'idée que Dieu est transcendant, et qu'il crée l'Univers à partir de rien. Il insiste sur les qualités de cœur et d'esprit qu'il faut avoir selon lui pour comprendre ces choses, et affirme que Dieu, en tant que créateur de l'Univers, est aussi capable de ramener les morts à la vie[128].
156
+
157
+ Au IVe siècle, le récit de la création en six jours (Hexaméron) fait l'objet des commentaires des pères de l'Église que sont Basile, Grégoire de Nysse et Ambroise[102]. Au début du Ve siècle, Augustin d'Hippone écrit lui aussi un traité de la Genèse : De Genesi ad litteram. Ce traité montre une grande prudence quant à l'interprétation à donner au livre, qui doit selon Augustin ne jamais être hasardeuse ou contredire la science, sous peine d'être ridiculisée par les non-croyants[129].
158
+
159
+ L'idée centrale que défendent les pères grecs de l'Église est que l'homme a été créé à l'image de Dieu, image qui est représentée selon eux par le Christ. En accord avec la philosophie de leur époque, les pères grecs de l'Église établissent que la destinée de l'homme est de s'assimiler à Dieu, dans un processus de déification. La chute d'Adam et Ève, dans leurs œuvres, explique la condition humaine. Le péché se perpétue continuellement en chacun, et seul le Christ peut mettre fin à ses conséquences en délivrant les hommes de la mort[130].
160
+
161
+ Pour Ambroise, qui s'inspire grandement de Philon, les récits des patriarches sont autant de modèles éthiques que tout chrétien devrait suivre. Mais les pères de l'Église y voient aussi le développement d'idées typiquement chrétiennes, comme la Trinité lorsque Abraham accueille trois invités au chêne de Mambré[N 16], le sacrifice de Christ préfiguré par celui d'Isaac[N 17], ou encore le calvaire et la trahison de Christ annoncés dans l'histoire de Joseph[131].
162
+
163
+ Même si, pour les Pères de l'Église, le texte est inspiré par Dieu, ils n'en ont pas une lecture fondamentaliste. Ils acceptent l'idée que la Genèse n'est pas un traité de cosmologie ou de science. Toutefois, ils voient en l'étude de ce livre une activité inspirée, qui permet à l'esprit du texte de parvenir jusqu'au lecteur[132].
164
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+ Le dogme chrétien se propose d'expliquer simplement pourquoi l'Humanité et ce qui l'entoure existe : Dieu l'a voulu et a tout créé à partir de rien[MA 1]. Ce dogme est la base de la doctrine créationniste. Jusque vers le milieu du XIXe siècle, la majorité de la littérature scientifique défend ainsi l'idée que chaque espèce est créée par Dieu et qu'elle ne change pas depuis sa création. Ce n'est qu'à partir de Georges Cuvier que cette notion commence à être remise en cause, et elle l'est de plus en plus fortement après les écrits de Charles Darwin[MA 2].
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167
+ Au début du XXe siècle, la science transforme de plus en plus la compréhension du monde et de son origine, et le créationnisme, qui s'affirme alors contre l'évolutionnisme, perd du terrain. Une partie des chrétiens résiste cependant au nouveau consensus scientifique qui s'installe. Parmi eux se trouvent, entre autres, des fondamentalistes protestants. Défendant le principe de l'inerrance biblique, ils continuent d'affirmer que le récit de la Genèse, y compris la Création et le Déluge, présente des vérités historiques et scientifiques[MA 3].
168
+
169
+ Jusqu'au milieu du XXe siècle, les fondamentalistes protestants ont des difficultés à défendre leur point de vue face à la science, car très peu de scientifiques soutiennent leur cause. Cela change avec la publication en 1961 de The Genesis Flood (Le Déluge de la Genèse), de John C. Whitcomb et Henry M. Morris, livre qui défend l'idée d'un Déluge universel en avançant des arguments qui apparaissent comme scientifiques. Ce livre ouvre une nouvelle voie pour les fondamentalistes, qui utilisent de plus en plus la science ou la pseudo-science pour défendre leur point de vue[MA 4].
170
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171
+ Avec la fondation en 1963 de la « Creation Research Society (en) », les fondamentalistes protestants se mettent d'accord sur ce qu'ils considèrent comme les points essentiels : la Genèse est un récit historique, les espèces ne se transforment pas, et le Déluge est universel[MA 5]. Ils considèrent leurs positions comme scientifiques, et se battent devant la justice américaine pour que leur point de vue soit enseigné dans les écoles, au même titre que l'évolution. Cependant, les a priori religieux de ces théories incitent généralement les pouvoirs publics à rejeter cette option[MA 6].
172
+
173
+ Pour les fondamentalistes, le texte de la Genèse signifie que l'humain est unique, qu'il détient le droit de peupler et de soumettre la Terre, que sa désobéissance constitue l'origine du mal, et qu'il a l'obligation de travailler dur en punition de ses péchés[MA 7]. Ce récit oriente également leurs points de vue sur le mariage et la famille, la sexualité, la soumission des femmes, l'observance du Sabbat, la justice et la peine capitale, tout cela s’inscrivant dans une structuration morale de la société. Ainsi, c'est toute leur vision du monde qui dépend de la question de l'historicité du récit[MA 7].
174
+
175
+ Pour l'Église catholique contemporaine, à la différence des lectures créationnistes ou fondamentalistes, la théorie de l'évolution de Charles Darwin et la théorie du Big Bang, modélisée par le prêtre catholique Georges Lemaître[133], sont à considérer comme des questions de science et non de théologie[134] ; ainsi, à la suite de différents papes contemporains depuis Pie XII, le pape François explique en 2014 que si le Big Bang est bien à l'origine du monde, il « n'annule pas l'intervention d'un créateur divin » et que le monde n'est pas né du chaos mais de la volonté divine[133].
176
+
177
+ Parmi les premiers commentateurs coraniques les plus importants figurent Muqatil Ibn Sulayman (VIIIe siècle) et al-Tabari (Xe siècle)[135].
178
+
179
+ Au XIe siècle, le commentateur coranique al-Tha'labi écrit La vie des prophètes, dans lequel il explique dès l'introduction que leurs histoires servent de modèle au prophète Mahomet, et qu'elles offrent des instructions morales, assurant ceux qui suivent l'enseignement de Mahomet qu'ils seront récompensés s'ils se montrent droits et justes[135].
180
+
181
+ Au XIVe siècle, l'imam Isma‘îl Ibn Kathir écrit Les Histoires des Prophètes, un commentaire sur le Coran dont la première moitié est consacrée à des personnages de la Genèse, notamment Adam et Ève et leurs fils, Hénoch, Noé et ses fils, Abraham et ses fils, Loth, Jacob et Joseph[136].
182
+
183
+ Contrairement aux juifs et aux chrétiens, la tradition islamique n'accepte pas le statut canonique de la Genèse. Elle affirme qu'elle a été falsifiée et que le message divin qu'elle a pu contenir a été déformé ou altéré. Dans cette optique, seul le Coran est la véritable parole de Dieu. Les sources islamiques ne sont donc pas des interprétations sur la Genèse, mais puisent plutôt leurs racines dans les histoires et légendes qui parcourent l'Arabie de leur temps[137]. Ainsi, l'on retrouve dans les histoires islamiques des patriarches les thèmes qui sont développés dans le Coran, comme la dépendance de l'Humanité face à un Dieu omniscient et magnanime, les machinations de Satan pour asservir les humains et les pousser au péché, ou encore les récompenses et punitions qui attendent l'Humanité au jour du jugement dernier[138].
184
+
185
+ L'histoire d'Adam (Âdam) et d'Ève (Hawwâ’) présentée dans le Coran diffère de celle de la Genèse. Adam y est présenté comme un messager, auquel Allah révèle certaines choses[139]. Contrairement au récit biblique où Adam rejette la faute sur Ève qui blâme ensuite le serpent, le Coran présente le péché comme une faute collective, et le premier couple demande pardon à Dieu d'une seule et même voix[140]. Les conséquences du péché ne sont pas aussi catastrophiques que dans la Genèse, où le premier couple est condamné à de multiples maux et chassé du jardin d’Éden. Dans le Coran, la condition humaine est similaire avant et après la faute du premier couple humain, et l'accent est mis sur l'importance de suivre les commandements divins et sur le pardon que Dieu offre à ceux qui font œuvre de repentance[141].
186
+
187
+ Le Coran présente Noé (Nūḥ) comme un prophète qui prêche sans relâche, mais qui n'est pas écouté et qui subit de nombreux outrages. Selon certains commentaires coraniques, il est même battu et laissé pour mort dans sa propre maison. Contrairement au récit biblique, tous ses fils ne sont pas sauvés mais seuls ceux qui sont croyants et justes. Noé a beau implorer Dieu de sauver l'un de ses fils, le jugement divin est sans appel : celui-ci est coupable et ne fait donc plus partie de sa famille[142].
188
+
189
+ Abraham (Ibrahim) est un personnage biblique très important pour l'islam. En effet, il est présenté par la tradition coranique comme le premier à vouloir imposer un monothéisme strict, ce qui lui vaut d'être jeté dans une fournaise, où Dieu le sauve. L'islam voit Abraham comme celui qui instaure le pèlerinage de la Kaaba, à la Mecque. En cela, il est considéré comme le précurseur de Mahomet. Dans le Coran, c'est Ismaël et non Isaac qui est presque sacrifié par Abraham[143].
190
+
191
+ Joseph (Yūsuf) est aussi considéré comme un personnage de première importance dans le Coran, qui lui consacre une sourate entière[N 18],[144]. Il est présenté comme un modèle de vertu, qui reste ferme face à l'adversité, qui résiste aux tentations féminines, qui dit toujours la vérité, et qui endure la souffrance que ses frères lui font subir sans montrer ensuite aucune rancune. Son histoire, qui est très similaire à celle de la Genèse, est présentée par l'islam comme un modèle à suivre. Cependant, il est aussi rappelé que c'est Dieu qui lui fournit à tout instant sa sagesse et sa connaissance, et qui interprète les rêves[145].
192
+
193
+ Sur la base des généalogies (toledot) et de l'âge des personnages dans le livre de la Genèse et des parties ultérieures de la Bible, les érudits religieux juifs et chrétiens ont estimé la datation de la Création du monde, nommée anno mundi, en employant une interprétation au sens littéral[146],[6]. Cette approche donne des résultats différents, suivant le texte choisi et le point de repère utilisé. Les textes diffèrent selon le tableau suivant[147] :
194
+
195
+ Selon Christoph Uehlinger, c'est en 164 av. J.-C. qu'apparaît le système de chronologie qui permet de dater la création en l'an 2666 avant l'Exode, 3146 avant la dédicace du Temple par Salomon et 4000 avant la dédicace de l'autel purifié par Judas Maccabée[6]. Ce comput diffère du calendrier juif actuel, qui remonte à la réforme de 344 mise en œuvre par Hillel II[6].
196
+
197
+ Un autre point de désaccord est la détermination de la durée de chacun des six jours de création. Selon une lecture littérale du texte, il est logique de penser qu'il s'agit de jours de 24 heures. Le terme yôm utilisé dans le récit fait naturellement référence à un jour de la semaine[148]. Cette idée est défendue par les « créationnistes Jeune-Terre ». D'un autre côté, les créationnistes Vieille-Terre pensent que les jours ont une durée beaucoup plus longue[146]. Dans une optique concordiste, ils défendent l'idée que le récit de la Genèse est compatible avec la datation géologique de la Terre[149].
198
+
199
+ L'âge de la Terre est, selon les connaissances scientifiques actuelles, de 4,54 milliards d'années. Les créationnistes Jeune-Terre, majoritairement des évangéliques, soutiennent que le ciel et la Terre ont été créés il y a environ 6 000 ans, quitte à affirmer que Dieu lui-même aurait créé ces « preuves » de toutes pièces. Certains créationnistes Vieille-Terre[N 19] ont tenté d'influencer la position évangélique sur cette question, mais leurs tentatives se sont révélées vaines[MA 8]. Dans l'optique évangélique, la Bible est véridique et prend la priorité sur toute interprétation de la nature, et ce dogme doit rester valable quoi qu'il en coûte, quitte à réécrire l'histoire et reconsidérer la science[MA 9].
200
+
201
+ La tradition juive propose une lecture régulière et structurée de la Torah. En Terre d'Israël, elle est divisée en 155 portions et sa lecture prend trois années. En Babylonie, la Torah est divisée en 54 sections hebdomadaires et sa lecture complète prend un an[150],[151]. Au XIIe siècle, les 54 sections déterminées en Babylonie sont précisément fixées par Moïse Maïmonide, qui se fonde sur le Codex d'Alep[152].
202
+
203
+ La Genèse forme les douze premières parashiyot hebdomadaires, lues chaque année dans les synagogues à partir de la fête de Sim'hat Torah[153] : Bereishit (1,1-6,8), Noa'h (6,9-11,32), Lekh Lekha (12,1-17,27), Vayera (18,1-22,24), Hayye Sarah (23,1-25,18), Toledot (25,19-28,9), Vayetze (28,10-32,3), Vayishla'h (32,4-36,43), Vayeshev (37,1-40,23), Miketz (41,1-44,17), Vayigash (44,18-47,27), Vaye'hi (47,28-50,26)[154]. Ce cycle annuel de lecture est celui en usage aujourd'hui[155].
204
+
205
+ La Genèse propose des thèmes fondamentaux pour de nombreuses œuvres littéraires. Dès le XIIe siècle, son action est reprise par un auteur anonyme pour écrire Le Jeu d'Adam[156]. En 1578, le poète gascon Du Bartas écrit La Sepmaine, un poème encyclopédique sur la création du monde. Dans le poème Le Paradis perdu (1667) John Milton se sert rigoureusement des paroles de la Genèse[157]. Victor Hugo s'inspire librement de la Genèse dans le poème La Conscience, de La Légende des siècles (1859-1883)[158].
206
+
207
+ Après le Déluge, le premier poème des Illuminations d'Arthur Rimbaud (1872-1875) reprend lui aussi l'inspiration du mythe biblique. Écrite en 1927 par Paul Claudel, la pièce de théâtre Le Livre de Christophe Colomb fait également de nombreuses références au livre de la Genèse[159], de même que La Genèse et Adam et Ève (1997) de Jean Grosjean[réf. nécessaire].
208
+
209
+ La bande dessinée s'empare aussi du livre de la Genèse, comme en 2009 lorsque Robert Crumb publie La Genèse qui est en tête des ventes de comics durant plusieurs semaines[160].
210
+
211
+ Adam et Ève, ainsi que le jardin d'Éden, sont des thèmes récurrents en peinture. L'une des plus fameuses peintures de ces thèmes est La Création d'Adam, peinte par Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine[161]. Les œuvres de Lucas Cranach l'Ancien en sont aussi un exemple. Marc Chagall peint notamment Adam et Eve (1912) et Dieu crée l'homme (1930).
212
+
213
+ La tour de Babel, le Déluge et le sacrifice d'Isaac sont aussi souvent illustrés. La Tour de Babel est notamment peinte par Pieter Brueghel l'Ancien. Le Déluge est représenté, entre autres, par Gustave Doré, Léon Comerre et Francis Danby. Le Caravage peint Le Sacrifice d'Isaac.
214
+
215
+ Johann Friedrich Overbeck peint aussi des scènes de la Genèse, comme Abraham et les trois anges et Le songe de Joseph[162]. Au XVe siècle, la scène d'Abraham et des trois anges est peinte aussi par Andreï Roublev. Ce tableau est nommé l’Icône de la Trinité. En 1863, Eugène Delacroix illustre en peinture La lutte de Jacob et de l'Ange[163].
216
+
217
+ De nombreuses cathédrales représentent aussi diverses scènes tirées de la Genèse. En France, le portail nord de la cathédrale de Chartres présente des sculptures inspirées de la Genèse ; la cathédrale Saint-Étienne d'Auxerre contient une verrière représentant la Création et le péché originel (baie 21) ; la cathédrale de Cahors, quant à elle, représente la Genèse sur sa frise du massif occidental, de même que la cathédrale de Nantes.
218
+
219
+ La Genèse a inspiré de nombreuses œuvres musicales.
220
+
221
+ Le Chaos a été mis en musique par un compositeur français du baroque, Jean-Féry Rebel qui ouvre ses Élémens (1737). L'œuvre commence par une sorte de cluster dissonant. La Création est un oratorio de Joseph Haydn écrit entre 1796 et 1798, qui présente la création de l'univers tel que décrit dans la Genèse. L'ouverture est célèbre pour sa description de l'univers chaotique.
222
+
223
+ En 1744, Georg Friedrich Haendel écrit l'oratorio Joseph et ses frères[164]. L'épisode est ensuite repris par Méhul en 1807 pour son opéra Joseph, dont plusieurs airs sont restés célèbres et Richard Strauss pour un ballet, La légende de Joseph (Josephslegende) en 1914.
224
+
225
+ Le Déluge, op. 45 de Camille Saint-Saëns, est aussi un oratorio composé en 1876[165]. Le prélude est assez souvent joué indépendamment au concert.
226
+
227
+ Théodore Dubois publie l'oratorio Le Paradis perdu en 1878 ou 1879[166].
228
+
229
+ Entre 1917 et 1922, Arnold Schönberg écrit L'Échelle de Jacob[164], un oratorio pour solistes, chœur et orchestre, qui restera inachevé. Entre 1933 et 1934, Igor Markevitch écrit Le Paradis Perdu, un oratorio sur le thème de la chute d'Adam et Ève. Igor Stravinsky écrit en 1944 une cantate du nom de Babel[164].
230
+
231
+ Genesis Suite (en), une œuvre collective de 1945 pour orchestre et voix, est créée par sept compositeurs, dont Arnold Schönberg et Darius Milhaud[167]. Noye's Fludde (Le Déluge de Noé) est un opéra de Benjamin Britten créé le 18 juin 1958.
232
+
233
+ Le nom du groupe de métal Avenged Sevenfold fait référence à la Genèse (plus précisément au meurtre d'Abel).
234
+
235
+ La Bible fournit très tôt une source d'inspiration pour le cinéma. Si les premiers films bibliques s'intéressent davantage à Jésus-Christ puis à Moïse, des épisodes de la Genèse sont portés à l'écran dès 1912. Cette année-là sort un film racontant l'histoire d'Adam et Ève. En 1929, c'est Noé qui apparaît dans un film à succès. Lorsque le cinéma devient parlant, se tourne en 1936 Les Verts Pâturages, film qui retrace plusieurs épisodes de l'Ancien Testament et qui est l'un des rares à être joué uniquement par des noirs[168].
236
+
237
+ Après un déclin dans les années 1930 et 1940, le film biblique revient sur les écrans à partir des années 1950. En 1962 sort au cinéma Sodome et Gomorrhe, de Robert Aldrich. Le film s'inspire librement des chapitres 18 et 19 de la Genèse[169]. En 1966, John Huston réalise La Bible, qui raconte les vingt-deux premiers chapitres de la Genèse. Dino De Laurentiis prévoit même d'en faire le premier d'une longue série de films bibliques, mais les autres films, trop coûteux, ne seront finalement jamais réalisés. À l'époque, c'est la première fois qu'un film américain à gros budget présente des acteurs nus[170].
238
+
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+ La télévision n'est pas en reste et entre 1994 et 1995, la chaîne américaine TNT réalise plusieurs téléfilms sur la Genèse, dont Genesis: The Creation and the Flood (La Genèse : la création et le Déluge), Abraham, Jacob et Joseph. En 2000, le téléfilm américain en deux parties Au commencement..., de Kevin Connor, a pour ambition de retracer le début de la Genèse et de l'Exode[171]. Le film biblique à grand spectacle revient au cinéma en 2014, avec Noé, qui est librement inspiré du Déluge biblique.
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+ Il existe deux mots homonymes livre. L'un est masculin et vient du latin līber, lībris (« livre, écrit »), l'autre est féminin et vient du latin lībra, lībrae (« poids d’une livre »).
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+ Ljubljana ([ljuˈbljàːna][1] Écouter ; en allemand : Laibach [ˈlɑɪbaχ][2], en italien : Lubiana [luˈbjaːna][3]) est la capitale de la Slovénie. Plus grande ville du pays, comptant environ 280 000 habitants[4], elle est influencée tout au long de son histoire par différentes cultures du fait de sa position géographique charnière entre les cultures germanique, latine et slave. Depuis 1991, la ville est le centre économique et culturel principal de la Slovénie devenue indépendante de la Yougoslavie.
4
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5
+ Les historiens ne se sont toujours pas mis d’accord concernant l’origine du nom de la cité. Certains pensent que le nom provient d’une ancienne cité slave nommée Laburus[5]. D’autres pensent que le mot dérive du mot latin Aluviana à la suite d'une inondation dans la ville. Il dérive peut-être également du nom Laubach qui signifie « marais ». Finalement, certains pensent que le nom dérive du mot slave Luba qui signifie « Aimée »[5].
6
+
7
+ Ljubljana est le nom slovène de la ville. Elle est traditionnellement connue en allemand sous le nom de Laibach (anciennement Laybach ou Laubach[6],[7]), en italien sous le nom de Lubiana et en latin sous le nom de Labacum[8]. Les dénominations Lioubiana[9],[10],[11], Lioubliana[12],[13],[14] ou Loubiana[15],[16] sont également parfois rencontrées en français.
8
+
9
+ Selon la célèbre légende grecque, le héros Jason et ses Argonautes, qui auraient trouvé la célèbre Toison d'or en Colchide, se seraient alors dirigés au nord en remontant le fleuve Danube plutôt que de retourner vers la mer Égée[17]. En remontant le Danube, ils se seraient dirigés vers son affluent la Save puis jusqu'à la source de la rivière Ljubljanica. Ils démontèrent alors le bateau pour le transporter jusqu'à la mer Adriatique située plus à l’ouest pour retourner chez eux[17]. Entre les municipalités actuelles de Vrhnika et de Ljubljana, les argonautes trouvèrent un grand lac entouré d’un marais. C’est là que Jason terrassa un monstre. Ce monstre était le dragon de Ljubljana qui est aujourd’hui présent sur le blason et le drapeau de la ville[17]. Plusieurs dragons ailés ornent le pont des Dragons (Zmajski Most) ; construit entre 1900 et 1901, ce pont est l’œuvre de J. Zaninovic. Le dragon (ou le lindworm, créature mi-serpent mi-dragon) est aussi un symbole pour la ville autrichienne proche de Klagenfurt qui fut pendant des siècles le grand centre spirituel slovène[18]. Du fait de cette proximité, la légende du dragon de Ljubljana et celle du lindwurm de Klagenfurt furent souvent comparées ou reliées[19] ; et les légendes ont été traitées de façons similaires dans les deux cités du point de vue de l'héraldique : les blasons représentent tous deux des dragons de couleur verte, placés sur un fond rouge et associés à un bâtiment.
10
+
11
+ La ville, d’une superficie de 275 km2, est située au centre de la Slovénie. Sa position centrale entre l’Autriche, la Hongrie, la région vénitienne en Italie et la Croatie a fortement influencé l’histoire de la ville actuelle. La ville se situe à 140 km à l'ouest de Zagreb, à 250 km au nord-est de Venise, à 350 km au sud-ouest de Vienne et à 400 km au sud-ouest de Budapest (distances approximatives par routes calculées grâce à Google Earth).
12
+
13
+ La ville se positionne à 298 m d’altitude dans la vallée de la rivière Ljubljanica[20] entre la région du Karst et la région alpine[21]. Le château, placé au sommet d'une colline au sud du centre-ville, se situe à 366 m d’altitude alors que le point culminant de la ville, nommé Janški Hrib, est perché à 794 m[22].
14
+
15
+ La ville s’est érigée à proximité de la confluence des rivières Ljubljanica et Save au pied de la colline. Les eaux de la Save se jettent bien plus loin dans le fleuve Danube à Belgrade avant de terminer leur course dans la mer Noire[21].
16
+
17
+ La ville s'étend sur une plaine alluvionnaire datant de l'ère Quaternaire. Les régions montagneuses proches et plus anciennes datent en revanche de l'ère Tertiaire ou Secondaire[23].
18
+
19
+ Ljubljana a plusieurs fois été dévastée par des tremblements de terre comme en 1511 et en 1895[24]. La Slovénie est en effet sur une zone sismique assez active en raison de sa position au sud de la plaque tectonique eurasienne[25]. Le pays est ainsi à la jonction de trois zones tectoniques importantes que sont les Alpes au nord, les Alpes dinariques au sud et la plaine de Pannonie à l'est[25]. Les scientifiques ont pu identifier 60 tremblements de terre destructeurs dans le passé. Un réseau de surveillance sismique est par ailleurs installé à travers tout le pays[25].
20
+
21
+ Le climat de la ville et de l'est de la Slovénie est de type continental[20]. Le mois de juillet est en général le mois le plus chaud alors que les mois de janvier et février sont les plus froids[26]. La température la plus froide jamais relevée est de −28 °C alors que la température la plus élevée est de 39 °C[26]. Des gelées sont possibles du mois d'octobre au mois de mai. Les mois les plus secs sont les mois de janvier à avril avec moins de 100 mm de précipitations[26]. Les mois les plus pluvieux sont les mois de septembre et d'octobre[26].
22
+
23
+ Vers - 2000 av. J.-C., les marais de Ljubljana sont colonisés par des populations habitant dans des constructions en bois sur pilotis. Ces hommes vivent de la chasse, de la pêche mais aussi d’une agriculture primitive. Des embarcations faites avec des troncs d’arbres permettent à ceux-ci de se déplacer dans les marais. Par la suite, la zone reste un point de passage pour de nombreuses populations[27]. Le territoire est ensuite colonisé par les Vénètes qui sont suivis par la tribu illyrienne nommée Yapodi et finalement par la tribu celte des Taurisci au IIIe siècle av. J.-C.[27].
24
+
25
+ Les Romains construisent durant le Ier siècle av. J.-C. le castrum d’Emona[28]. Ce fort retranché est occupé par la Legio XV Apollinaris[29]. La ville fit d'abord partie de la province de Pannonie supérieure, mais fut plus tard incorporée à l'Italie. Le berceau de la ville est détruit en 452 par les Huns sous les ordres d'Attila[28],[30], puis par les Ostrogoths et les Lombards[18]. Emona abrite environ 5 000 habitants et joue un rôle important lors de nombreuses batailles. Les maisons de briques plâtrées et colorées sont déjà connectées à un réseau d'égouts[28]. Au VIe siècle, le peuple des Slovènes s’y installe[28]. Au IXe siècle, les Slovènes tombent sous la domination du peuple des Francs tout en connaissant de nombreuses attaques hongroises[28].
26
+
27
+ Le nom de la cité, Luvigana, apparaît pour la première fois dans un document de 1144[18]. Au XIIIe siècle, la ville est composée de trois zones : le Stari trg (« vieille ville »), le Mestni trg (« place de la ville ») et le Novi trg (« nouvelle ville »)[28]. En 1220, la cité obtient le statut de ville et peut dès lors frapper sa propre monnaie[28].
28
+
29
+ En 1270, la Carniole et en particulier la ville entre dans les possessions d’Ottokar II de Bohême[28]. Son vainqueur, Rodolph Ier de Habsbourg[18], remporte la ville en 1278[28]. La ville, rebaptisée Laibach, appartient à la maison d’Autriche et ce jusqu'en 1797[18]. Le diocèse de la ville est fondé en 1491 et l’église de Saint-Nicolas devient une cathédrale[28]. À partir du XVe siècle, la ville acquiert une renommée dans les arts. Après un tremblement de terre en 1511, Ljubljana se reconstruit dans un style architectural renaissance et une nouvelle enceinte est bâtie autour de la ville[31]. Au XVIe siècle, sa population est composée de 5 000 habitants dont 70 % de langue slovène[31]. En 1550, les deux premiers livres écrits en slovène y sont imprimés avec notamment une traduction de la Bible. Au même moment, la première école secondaire apparaît dans la ville tout comme une bibliothèque[31]. En 1597, des jésuites s’y installent et construisent une nouvelle école secondaire qui deviendra plus tard un collège. La ville adopte les années suivantes une architecture baroque[31].
30
+
31
+ L’intermède napoléonien lui vaut de devenir, de 1809 à 1813, la capitale des provinces illyriennes[18],[32]. En 1815, la ville redevient autrichienne et de 1816 à 1849, la ville fait partie du Royaume autrichien d'Illyrie. En 1821 la ville accueille le congrès de Laybach qui fixera la géographie européenne des années suivantes[24]. Le premier train en provenance de Vienne arrive dans la ville en 1849 et en 1857 la ligne est prolongée jusqu'à Trieste[32]. L’éclairage public électrique apparaît quant à lui en 1898[32]. En 1895, la ville, qui abrite 31 000 habitants, est victime d'un important tremblement de terre de magnitude 6,1 sur l'échelle de Richter. Composée d'environ 1 400 bâtiments, la ville voit 10 % de ceux-ci détruits alors que le nombre de victimes est faible. La reconstruction qui suit voit plusieurs quartiers de la ville se reconstruire en style architectural Art nouveau.
32
+
33
+ En 1918, la région rejoint le royaume des Serbes, Croates et Slovènes[18],[33]. En 1929, elle devient la capitale de la province yougoslave de la Banovine de la Drave (Dravska banovina)[34]. Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est occupée par les Italiens, qui en font le chef-lieu de leur province de Lubiana ; en 1943, après la capitulation italienne, elle est occupée par les Allemands[33]. La ville est alors entourée de plus de 30 km de barbelés et les collaborateurs slovènes (Slovensko Domobranstvo) affrontent les partisans communistes (Partizani). Depuis 1985, un sentier commémoratif entoure la ville là où se trouvait le rideau de fer[35]. Après la Seconde Guerre mondiale, la ville devient la capitale de la République socialiste de Slovénie en intégrant la Yougoslavie et ce jusqu’à l’indépendance du pays en 1991[33]. Depuis, elle est la capitale de la Slovénie qui a intégré l’Union européenne depuis 2004[33].
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+
35
+ Malgré l’apparition de grands immeubles surtout en périphérie de la ville, Ljubljana garde intact son centre historique où se mélangent les styles architecturaux baroque et Art nouveau. La ville est fortement influencée à la mode autrichienne dans le style des villes de Graz et de Salzbourg. La vieille ville se compose de deux quartiers. Celui de l'hôtel de ville qui accueille les principales œuvres architecturales et le quartier des Chevaliers de la Croix où se situent l’église des Ursulines, l’édifice de la société philharmonique (1702) et la maison de Cankar. Après le tremblement de terre de 1511, Ljubljana est reconstruite sur le modèle d'une ville de la Renaissance (style baroque) et après celui de 1895, qui a sévèrement endommagé la ville, elle est une nouvelle fois reconstruite dans le style Art nouveau[24],[32]. L'architecture de la ville est ainsi un mélange de styles. Les grands secteurs de la ville ayant été construits après la Seconde Guerre mondiale comportent souvent une touche personnelle de l'architecte slovène Jože Plečnik.
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+
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+ Le château de Ljubljana domine la colline surplombant la rivière Ljubljanica. Construit au XIIe siècle, le château est la résidence des Margraves, puis des ducs de Carinthie. Mis à part le château, les œuvres architecturales principales de la ville sont la cathédrale Saint-Nicolas, l'église Saint-Pierre, l'église Franciscaine de l'Annonciation ainsi que le Triple Pont et le pont des Dragons. Dans le style baroque, on retrouve près de l'hôtel de ville la fontaine de Robba sur la place Mestni Trg. Celle-ci ressemble à la fontaine de la Piazza Navona de Rome. Elle est ornée d’un obélisque au pied duquel des figures en marbre blanc symbolisent les trois principales rivières de la Carniole. Elle est l'œuvre du sculpteur italien Francesco Robba qui est à l’origine de nombreuses autres statues baroques présentes dans la ville. Les églises de la ville sont également imprégnées de ce style qui remonte à l'après tremblement de terre de 1511[36].
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+ L'Art nouveau est de son côté mis en avant sur la place Prešeren et sur le pont des Dragons[37]. Dans les influences importantes de la ville, on peut citer l'influence de l'architecte slovène Jože Plečnik qui est à l'origine de plusieurs ponts dont le Triple Pont mais aussi de la bibliothèque nationale[38].
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+ Le château de Ljubljana (Ljubljanski grad) est un château médiéval situé au sommet de la colline qui domine le centre-ville. La zone du château actuel reste continuellement habitée depuis 1 200 ans av. J.-C.[39]. Le sommet de la colline devient probablement un camp retranché de l'armée romaine après avoir connu une période celte et illyrienne[39]. Le château est mentionné pour la première fois en 1144 en tant que siège du duché de Carinthie. La forteresse est détruite lorsque le duché entre dans l'Empire austro-hongrois des Habsbourg en 1335[40]. Entre 1485 et 1495, le château actuel est construit et garni de tours. Il a pour vocation de défendre l'empire de l'invasion ottomane mais aussi de révoltes paysannes[40]. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le château devient un arsenal et un hôpital militaire. Il est endommagé durant la période napoléonienne et, une fois de retour dans l'empire d'Autriche devient une prison jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale[40]. La tour principale du château date de 1848. Elle est alors habitée par un garde qui doit tirer un coup de canon pour avertir la ville en cas de danger[39].
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+ En 1905, le château est acheté par la ville de Ljubljana et une rénovation débute dans les années 1960. Aujourd'hui, le château est devenu une attraction touristique et un lieu où se déroulent des évènements culturels[41]. Depuis 2007, un funiculaire relie le centre-ville au château situé en haut de la colline[40].
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+
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+ Saint-Nicolas de Ljubljana (Stolnica svetega Nikolaja) est l'église cathédrale de Ljubljana. Facilement identifiable dans la ville grâce à son dôme vert et ses deux tours jumelles, elle est située sur la place Vodnik à proximité du Tromostovje (Triple Pont)[42]. Le site fut occupé à l’origine par une église paroissiale d’architecture romane dont les premières mentions remontent à 1262[42]. En 1361, un incendie cause sa destruction et elle est reconstruite dans le style gothique. En 1461, elle devient le siège de l’évêché de Ljubljana, nouvellement créé pour restaurer l'antique siège d'Aemona (détruit au VIe ou VIIe siècle) et relevant directement du Saint-Siège. En 1469, un nouvel incendie attribué aux Ottomans ravage l'édifice[42].
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+ Entre 1701 et 1706, l’architecte jésuite Andrea Pozzo dessine une nouvelle église de style baroque possédant deux chapelles sur ses côtés pour figurer une croix latine[42]. Le dôme est construit au centre en 1841[42]. L’intérieur est orné de fresques baroques peintes par Giulio Quaglio durant les périodes 1703-1706 et 1721-1723[42]. L'évêché de Ljubljana a été érigé en archevêché en 1961.
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+ Le pont des Dragons (Zmajski most) est construit entre 1901 et 1902 lorsque la ville appartient encore à l'Empire austro-hongrois. Dessiné par l'architecte Joze Plečnik ayant étudié chez Ottolo Wagneris à Vienne et construit par un ingénieur autrichien, le pont est considéré comme une des plus belles œuvres du style architectural Sécession viennoise (Art nouveau)[43],[44]. Dans la région, certaines personnes donnent au pont le surnom de « Belle-mère » en référence aux effrayants dragons disposés à ses quatre coins[45].
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+ Il présente des œuvres du Moyen Âge au XXe siècle. Son bâtiment de la galerie a été créé en 1896. Une galerie en verre y a été ajoutée en 2001.
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+ Fondée en 1935, il est logé dans le Palais Auersperg dans le centre de Ljubljana. Le musée propose diverses activités pédagogiques pour les enfants et les étudiants entre les âges de 5 et 18 ans. Il offre aussi des "musées itinérants" pour les écoles des hôpitaux, les écoles pour les élèves ayant des besoins particuliers et pour les classes pour des élèves plus jeunes des écoles éloignées de Ljubljana2.
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+ L'hôtel de ville.
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+ La place de Mestni Trg dont la fontaine du sculpteur italien Francesco Robba est inspirée de celle de la Piazza Navona de Rome et la cathédrale Saint-Nicolas en arrière-plan.
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+ Le Tromostovje surplombant la rivière Ljubljanica.
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+ Fontaine de la Nouvelle Place.
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+ Église de la Visitation de Marie.
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+ La ville compte 22 593 habitants[32] en 1869, 80 000 au milieu des années 1930[33]. La croissance démographique reste assez stable entre 1999 et 2007 avec une population avoisinant les 270 000 habitants[46]. Avant 1996, la population de la ville dépassait les 320 000 habitants : cette diminution de population s'explique simplement par une réorganisation territoriale qui a vu certains quartiers périphériques rattachés aux municipalités voisines[22].
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+
67
+ Selon Eurostat la zone urbaine élargie de Ljubljana compte 495 101 habitants[47].
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+
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+ Évolution démographique[46]
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+
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+ La ville de Ljlubljana est dirigée par un conseil de ville (Mestna občina Ljubljana ou MOL en slovène) composé de 45 membres, élu au suffrage universel tous les quatre ans. Le conseil élabore entre autres le budget municipal et se fait également aider par différentes commissions actives dans les domaines de la santé, des sports, des finances, de l'éducation, de la protection de l'environnement et du tourisme[48]. La zone électorale de Ljubljana est composée également de 17 districts qui disposent d'autorités locales travaillant avec le conseil municipal en vue de transmettre les demandes de leurs habitants[49].
72
+
73
+ Lors des élections municipales du 22 octobre 2006, Zoran Janković, un homme d'affaires important en Slovénie, devient maire de Ljubljana après avoir recueilli 62,99 % des voix[23]. La majorité au conseil municipal dispose alors de 23 sièges sur 45[23]. La municipalité est reconduite lors des élections d'octobre 2010.
74
+
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+ Ljubljana est composée de 17 districts :
76
+
77
+ La juridiction de la police (Policija) de Ljubljana couvre une superficie de 3 807 km2 ce qui représente 18,8 % du pays[50]. On y trouve 17 postes de police qui emploient au total 1 380 employés dont 1 191 policiers et 189 civils[50]. Avec environ 45 000 faits criminels en 2007, la zone de police de Ljubljana accueille à elle seule plus de 50 % des faits criminels du pays[51]. La Slovénie et en particulier la ville de Ljubljana sont réputées calmes et sécurisées[52].
78
+
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+ La région statistique de Ljubljana (Osrednjeslovenska) produit environ 25 % des biens domestiques fabriqués dans le pays tout en profitant également du tourisme[20]. En 2003, le niveau de la population active est de 62 %. 64 % des travailleurs se situent dans le secteur privé et 36 % dans le secteur public[20]. En septembre 2008, la ville connaît un taux de chômage de 4,9 % (5,7 % un an plus tôt) à comparer avec la moyenne nationale de 6,3 %[53]. Le PIB par habitant de la région statistique de Ljubljana était en 2006 de 22 282 € alors que la moyenne nationale était de 15 446 €[54].
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+ L'industrie reste l'employeur le plus important de la ville notamment dans les domaines pharmaceutiques, pétrochimiques et de l'agroalimentaire[20]. Les autres domaines sont les banques, les finances, le transport, la construction, le commerce et le tourisme. Le service public fournit de l'emploi dans l'éducation, la culture, les soins de santé et l'administration[20]. En ce qui concerne le tourisme en 2008, les touristes ont réalisé 740 602 nuitées dans la ville pour un total de 8 411 688 nuitées pour toute la Slovénie[55]. Cela représente 375 666 touristes utilisant des infrastructures touristiques dans la ville en 2008 alors que le total slovène se monte à 2 766 194 touristes[55].
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+ La bourse de Ljubljana (Ljubljanska borza), rachetée en 2008 par la bourse de Vienne[56], accueille de grandes entreprises slovènes. Une partie de celles-ci ont leurs sièges sociaux situés dans la région de la capitale. Citons ainsi la société de grandes distributions Mercator, la société pétrolière Petrol d.d., la société de télécommunications Telekom Slovenije[57]. Il existe plus de 15 000 entreprises dans la ville en majorité dans le secteur tertiaire[58].
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+
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+ Un septième de la population de la ville est composée d'étudiants ce qui en fait une ville jeune[59]. L’université de Ljubljana, la plus importante du pays, fut fondée en 1919[33]. En 2008, l’université de Ljubljana est composée de 22 facultés, de trois académies et d'un collège. Celles-ci proposent des cours en slovène dans de nombreuses matières comme la médecine, les sciences appliquées, les arts, le droit et l'administration[60]. La population étudiante de l'université est proche de 64 000 étudiants et le corps enseignant est fort d'environ 4 000 membres.
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+
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+ En 2004, la bibliothèque nationale et la bibliothèque de l’université disposent ensemble de 1 169 090 livres[22]. En 2006, les 55 écoles primaires accueillent 20 802 élèves et les 32 écoles secondaires 25 797 étudiants[22].
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+
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+ La ville propose de nombreuses galeries artistiques et de nombreux musées. En 2004, elle accueille ainsi 15 musées, 41 galeries d’arts, 11 théâtres et quatre orchestres professionnels[22]. On y trouve par exemple un musée d’architecture, un musée du chemin de fer, un musée du sport, le musée national d’art contemporain, un musée de la brasserie, le musée d’histoire naturelle de Slovénie ainsi que le musée national ethnographique de Slovénie[61]. On y trouve également un zoo qui s’étend sur environ 20 hectares et qui abrite 152 espèces d’animaux. Un marché d’antiquaire a lieu tous les dimanches dans la vieille ville[61]. En 2006, les musées accueillent 264 470 visiteurs, les galeries 403 890 et les théâtres 396 440[22].
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+ Chaque année, plus de 10 000 évènements culturels prennent place dans la ville parmi dix festivals internationaux dans les domaines du théâtre, de la musique et de l'art en général[24]. De nombreux festivals de musique sont organisés dans la ville, principalement de la musique classique européenne et du jazz, à l'exemple du Festival d'été (Ljubljanski poletni festival). Au centre des différentes régions viticoles slovènes, la ville est reconnue pour être une cité du vin. Des vignes avaient déjà été plantées au temps des romains sur les pentes de la colline voisine qui accueille le château de la ville[24]. La ville accueille en 1701 la première académie philharmonique du pays, ce qui permet de développer la production musicale dans la région[24]. L’académie accueille plus tard des membres honoraires célèbres comme Joseph Haydn, Ludwig van Beethoven et Johannes Brahms mais aussi le violoniste Niccolò Paganini[24].
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+
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+ La Galerie nationale (Narodna galerija), fondée en 1918[33], et le Musée d'art moderne (Moderna galerija) tous deux situés à Ljubljana, exposent les plus célèbres artistes slovènes (dont Franz Caucig, 1755-1828). Il existe également un centre consacré à la culture alternative dans la rue Metelkova, installé dans un ancien complexe militaire austro-hongrois composés de baraquements aujourd'hui rénovés[62]. Cette rue animée accueille de nombreux clubs et salles de concerts qui proposent différents types de musique[63]. Dans les années 1980, Ljubljana devient le centre du mouvement des Neue Slowenische Kunst, qui inclut entre autres le groupe musical Laibach et les peintres du collectif IRWIN, et avec lequel est associé le philosophe Slavoj Žižek.
94
+
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+ Le mouvement sportif Orel (catholique) fait construire par Jože Plečnik un important stade d'athlétisme, le stade Bežigrad dans les années 25-38, appelé également Stade central, qui sera surtout utilisé pour le football.
96
+ Le HD HS Olimpija, le ŠD Alfa, le HK Slavija et le HDD ZM Olimpija sont les clubs de hockey sur glace de Ljubljana. Ils évoluent tous dans le championnat de Slovénie et certains d'entre eux également dans le championnat d'Autriche[64]. En basket-ball, les équipes se nomment Slovan Ljubljana, ŽKD Ježica Ljubljana et Union Olimpija. Cette dernière, dont la mascotte est un dragon vert, dispute ses matchs dans la salle Dvorana Tivoli qui dispose de 6 000 places[65]. Cette salle accueille également les match de l'équipe de hockey HDD ZM Olimpija. Les clubs de football de la ville, qui jouent en première ligue slovène, se nomment Interblock Ljubljana[66] et NK Olimpija Ljubljana.
97
+ En handball, le principal clubs de la ville est le RD Slovan Ljubljana évoluant en Championnat de Slovénie, il fut un des meilleurs clubs de son temps puisqu'il atteignit la Coupe des clubs champions en 1980-1981.
98
+
99
+ En ski alpin, la sportive Urška Hrovat a remporté différentes épreuves comptant pour la coupe du monde de ski alpin. Depuis 2010, Tina Maze réussit une brillante carrière de skieuse, s'imposant aussi bien en descente, super-combiné et slalom géant, et remportant le gros globe de cristal dans la coupe du Monde 2012-2013, après 2 médailles d'argent aux JO de Vancouver en 2010. Les plus proches pistes de ski alpin se situent à 30 km au nord-ouest près de Kamnik. La station de Krvavec (1 450 - 1 971 m) possède entre autres dix remontées mécaniques pour 35 km de pistes[67],[68]. La sprinteuse des disciplines des 100 et 200 m Merlene Ottey, anciennement jamaïquaine et naturalisée slovène depuis 2002, réside désormais à Ljubljana et court pour son nouveau pays dans les épreuves internationales. Le village de Tacen, en périphérie de la ville, accueille le départ de la course de Šmarna Gora depuis 1979[69].
100
+
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+ La ville est au centre du réseau autoroutier slovène qui relie la ville aux quatre coins du pays. Jusqu’en juillet 2008, un système de postes de péage était d’application mais a été remplacé depuis par un système de vignettes autoroutières valables à l’année ou durant une semaine minimum. La ville, placée au centre de la Slovénie, est reliée vers le sud-ouest par l’autoroute A1-E70 aux villes italiennes de Trieste et de Venise[70]. Au nord, l’autoroute A1-E57 permet de rejoindre les villes de Maribor, de Graz et de Vienne. À l’est, l’autoroute A2-E70 relie la ville à la capitale croate Zagreb ce qui permet de rejoindre la Hongrie et les villes importantes de l’ex-Yougoslavie comme Belgrade[70]. Au nord-ouest, l’autoroute A2-E61 relie la ville autrichienne de Klagenfurt et de Salzbourg ce qui en fait une porte d’entrée importante des touristes venus des pays européens du nord[70]. Le réseau de bus est dense et reste le principal moyen de transport en commun. Les bus y sont familièrement appelés trole (trolé), du temps où Ljubljana avait un service de trolleybus (trole ne s'utilise que pour les bus de Ljubljana, pas pour ceux des autres villes de Slovénie). En centre-ville, la ville a mis en place un réseau de vélo en libre service ce qui permet de visiter plus facilement[71]. En 2012, le maire Zoran Jankovic, donne la priorité aux piétons et aux cyclistes. La rue Slovenska devient piétonne, seuls les bus et les taxis pouvant y circuler[72].
102
+
103
+ La gare ferroviaire de Ljubljana propose une ligne de chemin de fer qui relie l'Allemagne et la Croatie grâce à la ligne Munich-Salzbourg-Ljubljana-Zagreb. La deuxième est la ligne Vienne-Graz-Maribor-Ljubljana qui relie l'Autriche à la Slovénie. La troisième est la ligne Gênes-Venise-Ljubljana qui relie la capitale à l'Italie. Une ligne relie également la capitale slovène à Budapest en Hongrie[21]. L'aéroport de Ljubljana (code AITA: LJU), situé à 26 km au nord de la ville, propose de nombreuses destinations vers l'Europe. Il accueille entre autres les compagnies Adria Airways, Air France, Brussels Airlines, EasyJet et Finnair[73]. Les destinations proposées sont ainsi par exemple Amsterdam, Belgrade, Bruxelles, Helsinki, Munich, Londres, Paris, Prague et Vienne[73].
104
+
105
+ En juin 2016, Ljubljana reçoit le prix de Capitale verte de l'Europe 2016 pour « les avancées en matière de prise de conscience environnementale parmi ses habitants, la mise en œuvre d'une stratégie intégrée de développement durable, intitulée Vision 2025, l'implémentation de nombreuses mesures vertes urbaines au cours des dix dernières années, et la mise en place d'un impressionnant réseau de transport public »[74],[72].
106
+
107
+ Avec 542 m2 d’espaces verts par habitant, trois quarts de la surface de la ville est consacrée aux parcs et jardins et les avenues piétonnisées comme la rue Slovenska sont plantées de nouveaux arbres[72]. Le principal parc de la ville est le parc Tivoli qui s'étend sur 500 hectares jusqu'au cœur de la vieille ville.
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+
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+ La ville de Ljubljana est jumelée avec[75] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3485.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,146 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Une locomotive est un véhicule ferroviaire qui fournit l'énergie motrice d'un train. L'adjectif substantivé est originaire du latin loco - « venant d'un lieu », ablatif de « locus », lieu - et du latin médiéval motivus, « qui provoque le mouvement ». Les machines à vapeur loco-motrices ont remplacé les machines à vapeur stationnaires chargées de faire remonter les trains de wagons de marchandises ou de voitures de voyageurs sur les plans inclinés des premières voies ferrées. Celles-ci complétaient la traction hippomobile sur les parties des voies sans déclivité, d'abord dans puis hors des mines, tandis que certains trains avançaient par gravité par exemple pour descendre le charbon des sorties des mines vers les canaux.
2
+
3
+ Une locomotive n'a pas de charge utile en elle-même, sa principale fonction étant de tracter un train et éventuellement d'en assurer le chauffage ou l'alimentation électrique. À l'inverse, d'autres trains sont autopropulsés, on les appelle alors automoteurs ou voitures automotrices. Ces engins ne sont toutefois pas considérés comme des locomotives ; on parle d'autorail ou d'automotrices. L'usage de ces véhicules automoteurs est de plus en plus commun pour les trains de passagers, mais très rares pour le fret (voir CargoSprinter). Les véhicules qui permettent de tracter un train tout en ayant un espace à utilisation commerciale (fourgon, places passagers, etc) sont des cas à part, nommés au cas par cas. On parle en général d'automotrice (en Anglais : power car).
4
+
5
+ Traditionnellement, les locomotives tractent les trains : elles sont donc situées à l'avant des convois. Toutefois, de plus en plus de trains de voyageurs sont réversibles : la locomotive tracte le train à l'aller et le pousse au retour. Dans ce cas, le conducteur contrôle la locomotive depuis une voiture pilote, à l'avant du train.
6
+
7
+ La première locomotive à avoir fonctionné a été construite par un anglais, Richard Trevithick. En 1804 sa locomotive à vapeur tracta un train sur les rails de l'aciérie de Pen-y-Darren près de Merthyr Tydfil au Pays de Galles. En fait, la locomotive qui tira un train de 10 tonnes de fer et 70 passagers installés dans cinq wagons sur les quinze kilomètres du trajet était trop lourde pour les voies de l'époque constituées de plaques en fonte épaulées. La locomotive ne fit que trois voyages avant d'être abandonnée. Trevithick construisit une série d'autres locomotives après l'expérience de Pen-y-Darren, dont une qui circula dans une mine de charbon et qui fut remarquée par le jeune George Stephenson[1].
8
+
9
+ La première locomotive à vapeur à effectuer un service commercial fut la Salamanca (image ci-dessous), de Matthew Murray, prévue pour les lignes à crémaillère du Middleton Railway, en 1812. Elle a été suivie en 1813 par Puffing Billy construite par Christopher Blackett et William Hedley pour le chemin de fer de la mine Wylam, qui utilise la seule adhérence. Cette machine, la plus ancienne à subsister, est aujourd'hui présentée au Science Museum de Londres[2].
10
+
11
+ 1804 locomotive de Pen-y-Darren, par Richard Trevithick. Première traction mécanique d'un train.
12
+
13
+ 1812 Locomotive Salamanca. Premier service commercial.
14
+
15
+ 1814 Prototype Blücher adhérence sur rails saillants.
16
+
17
+ 1829 Fusée de Stephensonvitesse et 1re ligne pour passagers.
18
+
19
+ En 1814, George Stephenson, inspiré par les locomotives antérieures de Trevithick et Hedley persuada le directeur des mines de charbon de Killingworth où il travaillait de l'autoriser à construire une machine à vapeur. Il construisit la locomotive Blücher, dont les roues étaient dotées de boudins. Stephenson joua un rôle majeur dans le développement et la diffusion des locomotives à vapeur. Les éléments qu'il conçut améliorèrent le travail des pionniers. En 1825 il construit la Locomotion n°1 pour le chemin de fer de Stockton et Darlington qui devint le premier chemin de fer ouvert au public. En 1829, il construit the Rocket, qui remporta le concours de Rainhill. Ce succès mena Stephenson à fonder l'une des premières entreprises constructrices de locomotives, qui recevra des commandes de toute l'Europe et des États-Unis[3].
20
+
21
+ Il y a de nombreuses raisons qui expliquent que la fonction de traction des trains ait été, traditionnellement, isolée dans la locomotive, plutôt que répartie dans un véhicule autopropulsé[4]. Ces raisons comprennent :
22
+
23
+ L'utilisation des automotrices a aussi ses avantages, qui doivent être comparés à ceux des locomotives :
24
+
25
+ Les locomotives peuvent tirer leur puissance de combustibles (bois, charbon, pétrole, gaz naturel), ou elles peuvent la tirer d'une source électrique. Il est fréquent de classer les locomotives par source d'énergie. Les plus fréquemment rencontrées sont citées ci-dessous.
26
+
27
+ Au XIXe siècle, les premières locomotives était mues par de la vapeur, souvent produite en brûlant du charbon. Puisque les locomotives à vapeur utilisent un (ou plusieurs) moteurs à vapeur, on y fait parfois référence sous le nom de machine à vapeur. Les locomotives à vapeur resteront jusqu'après la Seconde Guerre mondiale le type le plus courant de locomotive[5].
28
+
29
+ La première locomotive à vapeur a été construite par Richard Trevithick ; elle circula pour la première fois le 21 février 1804. Cependant il fallut attendre plusieurs années pour que ces engins deviennent réellement utilisables[1]. Le premier usage commercial d'une locomotive a été celui de la Salamandre sur les chemins de fer à voie étroite du Middleton Railway, près de Leeds en 1812. La locomotive Fairy Queen, construite en 1855 et qui circula entre New Delhi et Alwar en Inde est la plus vieille locomotive en service (touristique) régulier ainsi que la plus vieille encore autorisée à circuler sur ligne principale[6],[7].
30
+
31
+ Le record de vitesse d'un train à vapeur est détenu par la locomotive du LNER Pacific Mallard, qui, tractant six voitures et une voiture-dynamomètre, atteignit la vitesse de 203 km/h sur une voie en légère pente descendante le 3 juillet 1938[8]. Des locomotives carénées allemandes s'approchèrent de ce record[9], et on le donne généralement comme très proche des limites réelles des machines à vapeur.
32
+
33
+ Avant le milieu du XXe siècle, les locomotives électriques et Diesel-électriques commencèrent à remplacer celles à vapeur. Ces dernières avaient un rendement moindre et exigeaient plus d'entretien et de personnel pour les exploiter[10]. Des chiffres de British Rail montrent que le coût de conduite et d'alimentation d'une locomotive à vapeur est de deux fois et demi supérieur à celui d'une locomotive Diesel, alors que le kilométrage journalier moyen est bien inférieur. Le coût du travail augmentant, surtout après la Seconde Guerre mondiale, les systèmes sans vapeur devinrent plus rentables. En France, le vote de la loi des huit heures de travail par jour contribua aussi à cet abandon de la vapeur, ne permettant plus aux entreprises possédant seulement quelques engins le temps de chauffer et d'utiliser assez longtemps les machines pour que cela compense les frais de fonctionnement. À la fin des années 1960-1970, la plupart des pays occidentaux avaient complètement supprimé la vapeur des services passagers. Pour le fret, la transition s'est effectuée un peu plus tard. Quelques autres solutions ont été essayées afin de prolonger la vie des machines à vapeur, par exemple en utilisant des turbines à gaz, mais finalement elles ont été très peu utilisées.
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+
35
+ À la fin du XXe siècle, la plupart des locomotives à vapeur que l'on peut voir en service en Amérique et en Europe le sont sur des chemins de fer touristiques, où elles sont appréciées par les touristes et amateurs de chemin de fer. Il existe aussi en Allemagne un ensemble de lignes à voie étroite toujours exploité par des machines à vapeur de façon régulière. Les machines à vapeur ont été utilisées commercialement au Mexique jusqu'à la fin des années 1970 et le sont toujours en 2007 en Chine, où le charbon est plus abondant et moins coûteux que le pétrole utilisé par les moteurs Diesel. L'Inde convertit la traction à vapeur à l'électrique depuis les années 1980, à l'exception de certaines lignes considérées comme touristiques. Dans certaines régions montagneuses, la vapeur reste également utilisée parce que, à l'inverse du moteur Diesel dont la puissance diminue quand l'altitude augmente car le débit masse d'air aspiré diminue, la puissance de la locomotive à vapeur augmente lorsque l'altitude augmente du fait de la moindre pression atmosphérique à l'échappement.
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+
37
+ Ainsi, en 2006, DLM AG (Suisse) continue de fabriquer des locomotives à vapeur neuves, utilisant des techniques de pointe pour les rendre encore plus efficaces[11].
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+
39
+ Dans certaines industries sensibles, il a existé des locomotives à vapeur sans foyer ou à air comprimé, afin d'éviter les étincelles pouvant provoquer des explosions. Ces machines (locomotives système Franck, par exemple) devaient être rechargées en vapeur à poste fixe et disposaient d'une autonomie pouvant atteindre 1 h 30 en manœuvres légères.
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+ Locomotive à air comprimé de la mine de Homestake.
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+ Locomotive de tramway bicabine Blanc-Misseron.
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+ Locomotive à crémaillère (Suisse).
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+ Réplique de la locomotive Adler (Allemagne).
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+ Locomotive d'intérêt local (USA).
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51
+ Locomotive articulée Big Boy (USA).
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+ Train spécial tracté par une locomotive à vapeur Southern Pacific.
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+ Locomotive 241 P 17 de la SNCF (France).
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57
+ À partir de 1940 environ, les locomotives à moteur Diesel firent leur apparition. Les locomotives à vapeur qui fonctionnaient au fioul et non au charbon étaient surnommées, en France ,"les goudronneuses",elles commencèrent à remplacer la vapeur sur les réseaux nord-américains. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le diesel fit son apparition sur les rails de nombreux pays. Vers 1960, peu de grands réseaux continuaient à miser sur la vapeur.
58
+
59
+ Comme pour tout véhicule mû par un moteur à combustion interne, les locomotives Diesel ont un système permettant de transmettre l'énergie produite aux roues. Aux débuts de la « diésélisation », des transmissions électriques, hydrostatiques ou encore mécaniques ont été essayées avec des degrés de succès variables. Des trois, l'électrique s'avéra la plus adaptée et la plus pratique à l'usage. Ainsi, pratiquement toutes les locomotives diesel actuelles en France sont en fait des Diesel-électriques, alors que la transmission hydraulique a été adoptée en Allemagne.
60
+
61
+ Une locomotive Diesel a besoin de moins de maintenance qu'une vapeur, ce qui entraîna une réduction en proportion du personnel nécessaire pour maintenir les flottes en service. Les meilleures locomotives à vapeur avaient besoin de trois à cinq jours par mois en atelier pour la maintenance courante, et bien plus pour des opérations lourdes. Une locomotive Diesel classique n'a pas besoin de plus de 8 ou 10 heures de maintenance par mois. Les opérations lourdes sont également plus espacées.
62
+
63
+ La pollution que l'on reproche aux Diesel a tendance à s'amenuiser, les engins modernes produisant de moins en moins de particules. On considère ainsi qu'une locomotive Diesel européenne pollue autant que quatre camions, alors qu'elle tracte plus de charges que vingt d'entre eux.
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+
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+ Locomotive Diesel Burlington Zephyr.
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67
+ Aérotrain (GM) inspiré d'un avion de chasse.
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+ Locomotive C'C'SNCF CC 72000.
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+
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+ Locomotive (A1A)(A1A) EMD E9 Union Pacific.
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+
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+ Locomotive Co'Co'SNCF CC 65000.
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+ Locomotive Do'Do'EMD DDA40X (USA)
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+
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+ Une locomotive à turbine à gaz est une locomotive qui utilise une (ou plusieurs) turbines pour faire fonctionner un alternateur. L'électricité produite est utilisée pour alimenter les moteurs de traction. Les premières locomotives de ce type ont été produites dans les années 1920, le premier engin commercial ayant été produit par Brown-Boveri en 1942 pour les CFF. Un certain nombre d'engin et même de rames automotrices (qui seront nommées turbotrains) utilisant ce mode de propulsion furent produites dans les années 1950/60, jusqu'au premier choc pétrolier.
78
+
79
+ Les locomotives à turbine sont semblables sur bien des points à des locomotives Diesel-électriques, par exemple sur les engins General Electric, beaucoup de pièces de la chaine de transmission étaient les mêmes que celles des Diesel de la marque.
80
+
81
+ Une turbine offre certains avantages par rapport à un moteur à explosion. Tout d'abord, le nombre de pièces en mouvement est plus faible et le rapport puissance/masse bien plus élevé. Ainsi, à puissance égale un turbomoteur est plus compact qu'un Diesel, ce qui permet d'augmenter la puissance des engins. Cependant, la puissance développée par une turbine diminue énormément quand sa vitesse de rotation chute, à l'inverse des Diesel qui ont une courbe de puissance en fonction de la vitesse bien plus plate. Ces engins à turbine, s'ils sont très puissants sont aussi très bruyants.
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+
83
+ L'Union Pacific a exploité la plus grande flotte de locomotives à turbine, seul à les avoir utilisées pour la traction de trains de fret. La plupart des autres machines ont été construites pour la traction des trains de voyageurs légers avec un succès mitigé. Après le premier choc pétrolier et une forte augmentation des coûts de carburant, étant donné leur grosse consommation de kérosène, les locomotives à turbine ne se révélèrent plus rentables et mises hors service. Les dernières rames à turbine à gaz françaises ont été arrêtées en 2004, quelques éléments seront vendus à l'Iran.
84
+
85
+ L'utilisation de l'électricité en traction ferroviaire date de 1837, mais ce n'est que vers 1900 que des engins réellement utilisables sont apparus. La première ligne française électrifiée a été celle des Invalides à Versailles rive gauche en 1900, appartenant à l'époque à la compagnie de l'Ouest. Cette ligne de proche banlieue comporte un long tunnel dans lequel les fumées incommodaient les voyageurs. Quatre fourgons à prise de courant par troisième rail tractaient les trains.
86
+
87
+ À partir de 1912, le réseau du Midi électrifia une partie de ses lignes en 12 kV 16 ⅔ Hz par caténaire. La difficulté à trouver des isolants et à mettre au point des appareillages à si haute tension fit que le réseau adopta ensuite le 1500 V continu. Cette tension d'alimentation resta la référence jusqu'au début des années 1950.
88
+
89
+ Sous l'impulsion de Louis Armand, le courant industriel alternatif (c'est-à-dire directement produit par les centrales électriques et envoyé dans la caténaire sans adaptation coûteuse, telle qu'une conversion en continu) a été utilisé à partir de cette époque pour toutes les nouvelles grandes électrifications. Ce sera dans les locomotives que la conversion et l'adaptation de la tension se fera afin d'être utilisée par les moteurs. Cette technique, élevant la tension en ligne et, par incidence, diminuant les courants appelés, permet également de diminuer les pertes dans le conducteur. On peut ainsi diminuer le nombre de sous-stations.
90
+
91
+ Une locomotive électrique est la plupart du temps alimentée de l'extérieur, que ce soit par un caténaire ou un troisième rail. Le coût d'électrification d'une ligne est élevé, mais les performances de la traction électrique sont supérieures dans bien des cas à celles de la traction Diesel, notamment au point de vue des puissances développées.
92
+
93
+ Certaines locomotives électriques peuvent aussi fonctionner sur batteries, ce qui leur permet de courts trajets sur des lignes non électrifiées. Cela est aussi utile pour les manœuvres. Les locomotives à batterie sont utilisées dans les mines ou les chemins de fer souterrains où les Diesel ne peuvent être utilisés. Cependant, le coût et la masse des batteries empêche ce genre de locomotive d'effectuer de longs parcours, les recharges devant s'effectuer fréquemment.
94
+
95
+ Voir aussi : Système d'électrification ferroviaire
96
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+ Locomotive Bo'Bo' E-1 « Le Drac ».
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+
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+ Locomotive Crocodile Ce 6/8 II & III (Suisse)
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+ Locomotive Bo'Bo'Bo' FS E.626 (Italie)
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+
103
+ Locomotive 2'D2' SNCF 2D2 5500, à la machinerie interne exposée au public.
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+
105
+ Locomotive Co'Co'ÖBB 1020
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+
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+ Locomotive (2'Co)(Co2')GG1 Pennsylvania
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+
109
+ Locomotive C'C'SNCF CC 40100 TEE
110
+
111
+ La technique la plus récente de traction ferroviaire est la lévitation magnétique. Ces trains, alimentés par de l'énergie électrique, ont un principe de fonctionnement basé sur celui du moteur linéaire. La carcasse ouverte de ce moteur entoure le rail sans le toucher, ce qui supprime les phénomènes de friction directe. Très peu de systèmes de ce genre sont en service. Le Maglev expérimental japonais a atteint la vitesse de 603 km/h. Le Transrapid allemand est le seul train à sustentation magnétique qui ait eu un débouché commercial. Toutefois, la technologie utilisée n'autorisant pas d'interconnexion avec le réseau ferré actuel, les charges transportées étant relativement faibles et le coût de l'infrastructure étant élevé, le gain de ce type de traction n'est pas suffisant pour justifier sa survie.
112
+
113
+ Le Transrapid relie l'aéroport de Shanghai à la ville.
114
+
115
+ Le premier Maglev a circulé dans les années 1980 à Birmingham, au Royaume-Uni, en un service à faible vitesse entre l'aéroport et la gare de cette ville. Malgré l'intérêt du système, il a été arrêté à cause du manque de pièces détachées et remplacé par un système à traction par câbles.
116
+
117
+ Il existe des locomotives et des autorails bi-mode qui permettent d'utiliser la traction électrique sur les voies électrifiées ou un moteur diesel sur le reste du réseau. Citons par exemple l'automotrice B 82500 de la SNCF et la série 1900 de FEVE.
118
+
119
+ Il existe aussi quelques prototypes japonais[12], tchèque, allemand et français de locomotives hybrides fonctionnant en partie sur diesel et en partie sur batteries, rechargées pendant les freinages ou, pour le prototype japonais par une pile à combustible. En zone de montagne, le système de freinage par récupération permettrait une économie de 20 % de carburant. Une série de locotracteurs hybrides a été commandée en 2004 par l'Union Pacific et le Canadien National[13]. Une économie de 90 % d'émission de particules a pu être observée depuis la mise en service de ces engins par rapport à un diesel classique.
120
+
121
+ En France, le lundi 17 septembre 2018, un communiqué de la SNCF fait état du développement d’un TER hybride basé sur une rame Régiolis de la région Occitanie réalisé avec Alstom et les régions Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Il est doté de trois énergies: diesel, caténaires, et batteries lithium-ion de grande capacité[14].
122
+
123
+ Il y a quelques autres modes de propulsion en expérimentation.
124
+
125
+ En 2006, la société Parry People Movers a réalisé un véhicule léger sur rail mû par l'énergie stockée dans un volant d'inertie[15] à la manière des petites voitures « à friction ». Le volant est mis en rotation par un moteur électrique alimenté par des batteries, ou, sur un autre prototype, par un moteur à essence. La rotation est également entretenue lors des freinages. Il a également été proposé de lancer et d'entretenir la rotation dans des stations, ce qui augmenterait les coûts d'installation, mais réduirait ceux d'exploitation et, en allégeant les véhicules, augmenterait leur autonomie.
126
+
127
+ Le système de volant d'inertie a été testé sur plusieurs lignes, dont les réseaux à voie de 60 du Ffestiniog Railway, le Welsh Highland Railway ainsi que le Welshpool and Llanfair Light Railway. Le premier service sur ligne régulière a été lancé en février 2006 afin d'assurer le dimanche la desserte d'une petite ligne entre la gare de Stourbridge junction et Stourbridge Town au Royaume-Uni.
128
+ Ce système semble plus développé dans le domaine des transports urbains[16]
129
+
130
+ Les trois principales catégories de locomotives sont souvent sous-divisées selon leur rôle. Ainsi, il y a des locomotives pour trains de passagers, d'autres spécialisées pour les trains de marchandises et enfin les locomotives de manœuvre. Ces catégories résultent de deux caractéristiques des machines : l'effort au démarrage (et donc la charge tractée) et la vitesse maximale. Par exemple, une locomotive conçue pour les trains de marchandises a un effort au démarrage permettant de décoller 1500 t en palier, mais sa vitesse de pointe est de 90 km/h. À l'inverse, une locomotive pour trains de passagers ne pourra pas décoller de train très lourd (500 t par exemple, ce qui représente 11 voitures Corail), mais pourra atteindre la vitesse de 160 km/h. Le cas des locomotives de manœuvre est particulier, puisqu'il s'agit d'engins prévus pour développer un effort continu à très basse vitesse, par exemple dans les triages. Leur puissance est intermédiaire, bien souvent inférieure à celle des engins prévus pour du fret. Ces locomotives ont souvent une cabine dépassant les capots afin de fournir une meilleure visibilité.
131
+
132
+ Il existe des locomotives capables de remplir plusieurs rôles à la fois, grâce à un changement de rapport d'engrenages ou via de l'électronique de puissance. Beaucoup de locomotives européennes sont de ce type, à l'inverse des engins américains restant fortement orientés vers les marchandises, et dont seule une très petite partie sera amenée à circuler au-delà de 140 km/h. La charge des trains en Europe et la possibilité de mettre les engins en unités multiples facilite la diffusion de telles locomotives.
133
+
134
+ Pour les locomotives à vapeur, un moyen simple de reconnaître leur type est de regarder la taille des roues. En effet, les pistons (donc l'effort) y étant directement reliés, on se rend compte que pour un coup de piston, une locomotive dotée de grandes roues parcourra une distance supérieure à une autre dotée de petites roues, mais qu'à énergie fournie au piston égale, celle ayant de plus petites roues fournira le couple le plus élevé. C'est pourquoi les locomotives spécialisées au service des marchandises ont souvent plusieurs petites roues reliées, alors que les locomotives passagers disposent de moins d'essieux accouplés mais très grands, jusqu'à 2 m pour les 241 P, par exemple.
135
+
136
+ Quelques locomotives sont spécialement conçues pour les chemins de fer de montagne, ajoutant au mécanismes habituels des systèmes de freinage et parfois des crémaillères. Les locomotives à vapeur conçues pour un tel service ont souvent une chaudière inclinée, afin de garantir que le foyer soit toujours entouré d'eau à chauffer, sans quoi il pourrait être très gravement détérioré.
137
+
138
+ La locomotive est souvent utilisée comme symbole ferroviaire, pour la signalisation, notamment les panneaux routiers, et dans l'art, voir ci-dessous la toile de Claude Monet.
139
+
140
+ Panneau australien (routier)
141
+
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+ Panneau allemand
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+ Peinture de Claude Monet (1877)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3486.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,146 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Une locomotive est un véhicule ferroviaire qui fournit l'énergie motrice d'un train. L'adjectif substantivé est originaire du latin loco - « venant d'un lieu », ablatif de « locus », lieu - et du latin médiéval motivus, « qui provoque le mouvement ». Les machines à vapeur loco-motrices ont remplacé les machines à vapeur stationnaires chargées de faire remonter les trains de wagons de marchandises ou de voitures de voyageurs sur les plans inclinés des premières voies ferrées. Celles-ci complétaient la traction hippomobile sur les parties des voies sans déclivité, d'abord dans puis hors des mines, tandis que certains trains avançaient par gravité par exemple pour descendre le charbon des sorties des mines vers les canaux.
2
+
3
+ Une locomotive n'a pas de charge utile en elle-même, sa principale fonction étant de tracter un train et éventuellement d'en assurer le chauffage ou l'alimentation électrique. À l'inverse, d'autres trains sont autopropulsés, on les appelle alors automoteurs ou voitures automotrices. Ces engins ne sont toutefois pas considérés comme des locomotives ; on parle d'autorail ou d'automotrices. L'usage de ces véhicules automoteurs est de plus en plus commun pour les trains de passagers, mais très rares pour le fret (voir CargoSprinter). Les véhicules qui permettent de tracter un train tout en ayant un espace à utilisation commerciale (fourgon, places passagers, etc) sont des cas à part, nommés au cas par cas. On parle en général d'automotrice (en Anglais : power car).
4
+
5
+ Traditionnellement, les locomotives tractent les trains : elles sont donc situées à l'avant des convois. Toutefois, de plus en plus de trains de voyageurs sont réversibles : la locomotive tracte le train à l'aller et le pousse au retour. Dans ce cas, le conducteur contrôle la locomotive depuis une voiture pilote, à l'avant du train.
6
+
7
+ La première locomotive à avoir fonctionné a été construite par un anglais, Richard Trevithick. En 1804 sa locomotive à vapeur tracta un train sur les rails de l'aciérie de Pen-y-Darren près de Merthyr Tydfil au Pays de Galles. En fait, la locomotive qui tira un train de 10 tonnes de fer et 70 passagers installés dans cinq wagons sur les quinze kilomètres du trajet était trop lourde pour les voies de l'époque constituées de plaques en fonte épaulées. La locomotive ne fit que trois voyages avant d'être abandonnée. Trevithick construisit une série d'autres locomotives après l'expérience de Pen-y-Darren, dont une qui circula dans une mine de charbon et qui fut remarquée par le jeune George Stephenson[1].
8
+
9
+ La première locomotive à vapeur à effectuer un service commercial fut la Salamanca (image ci-dessous), de Matthew Murray, prévue pour les lignes à crémaillère du Middleton Railway, en 1812. Elle a été suivie en 1813 par Puffing Billy construite par Christopher Blackett et William Hedley pour le chemin de fer de la mine Wylam, qui utilise la seule adhérence. Cette machine, la plus ancienne à subsister, est aujourd'hui présentée au Science Museum de Londres[2].
10
+
11
+ 1804 locomotive de Pen-y-Darren, par Richard Trevithick. Première traction mécanique d'un train.
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13
+ 1812 Locomotive Salamanca. Premier service commercial.
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+
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+ 1814 Prototype Blücher adhérence sur rails saillants.
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+ 1829 Fusée de Stephensonvitesse et 1re ligne pour passagers.
18
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19
+ En 1814, George Stephenson, inspiré par les locomotives antérieures de Trevithick et Hedley persuada le directeur des mines de charbon de Killingworth où il travaillait de l'autoriser à construire une machine à vapeur. Il construisit la locomotive Blücher, dont les roues étaient dotées de boudins. Stephenson joua un rôle majeur dans le développement et la diffusion des locomotives à vapeur. Les éléments qu'il conçut améliorèrent le travail des pionniers. En 1825 il construit la Locomotion n°1 pour le chemin de fer de Stockton et Darlington qui devint le premier chemin de fer ouvert au public. En 1829, il construit the Rocket, qui remporta le concours de Rainhill. Ce succès mena Stephenson à fonder l'une des premières entreprises constructrices de locomotives, qui recevra des commandes de toute l'Europe et des États-Unis[3].
20
+
21
+ Il y a de nombreuses raisons qui expliquent que la fonction de traction des trains ait été, traditionnellement, isolée dans la locomotive, plutôt que répartie dans un véhicule autopropulsé[4]. Ces raisons comprennent :
22
+
23
+ L'utilisation des automotrices a aussi ses avantages, qui doivent être comparés à ceux des locomotives :
24
+
25
+ Les locomotives peuvent tirer leur puissance de combustibles (bois, charbon, pétrole, gaz naturel), ou elles peuvent la tirer d'une source électrique. Il est fréquent de classer les locomotives par source d'énergie. Les plus fréquemment rencontrées sont citées ci-dessous.
26
+
27
+ Au XIXe siècle, les premières locomotives était mues par de la vapeur, souvent produite en brûlant du charbon. Puisque les locomotives à vapeur utilisent un (ou plusieurs) moteurs à vapeur, on y fait parfois référence sous le nom de machine à vapeur. Les locomotives à vapeur resteront jusqu'après la Seconde Guerre mondiale le type le plus courant de locomotive[5].
28
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29
+ La première locomotive à vapeur a été construite par Richard Trevithick ; elle circula pour la première fois le 21 février 1804. Cependant il fallut attendre plusieurs années pour que ces engins deviennent réellement utilisables[1]. Le premier usage commercial d'une locomotive a été celui de la Salamandre sur les chemins de fer à voie étroite du Middleton Railway, près de Leeds en 1812. La locomotive Fairy Queen, construite en 1855 et qui circula entre New Delhi et Alwar en Inde est la plus vieille locomotive en service (touristique) régulier ainsi que la plus vieille encore autorisée à circuler sur ligne principale[6],[7].
30
+
31
+ Le record de vitesse d'un train à vapeur est détenu par la locomotive du LNER Pacific Mallard, qui, tractant six voitures et une voiture-dynamomètre, atteignit la vitesse de 203 km/h sur une voie en légère pente descendante le 3 juillet 1938[8]. Des locomotives carénées allemandes s'approchèrent de ce record[9], et on le donne généralement comme très proche des limites réelles des machines à vapeur.
32
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33
+ Avant le milieu du XXe siècle, les locomotives électriques et Diesel-électriques commencèrent à remplacer celles à vapeur. Ces dernières avaient un rendement moindre et exigeaient plus d'entretien et de personnel pour les exploiter[10]. Des chiffres de British Rail montrent que le coût de conduite et d'alimentation d'une locomotive à vapeur est de deux fois et demi supérieur à celui d'une locomotive Diesel, alors que le kilométrage journalier moyen est bien inférieur. Le coût du travail augmentant, surtout après la Seconde Guerre mondiale, les systèmes sans vapeur devinrent plus rentables. En France, le vote de la loi des huit heures de travail par jour contribua aussi à cet abandon de la vapeur, ne permettant plus aux entreprises possédant seulement quelques engins le temps de chauffer et d'utiliser assez longtemps les machines pour que cela compense les frais de fonctionnement. À la fin des années 1960-1970, la plupart des pays occidentaux avaient complètement supprimé la vapeur des services passagers. Pour le fret, la transition s'est effectuée un peu plus tard. Quelques autres solutions ont été essayées afin de prolonger la vie des machines à vapeur, par exemple en utilisant des turbines à gaz, mais finalement elles ont été très peu utilisées.
34
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35
+ À la fin du XXe siècle, la plupart des locomotives à vapeur que l'on peut voir en service en Amérique et en Europe le sont sur des chemins de fer touristiques, où elles sont appréciées par les touristes et amateurs de chemin de fer. Il existe aussi en Allemagne un ensemble de lignes à voie étroite toujours exploité par des machines à vapeur de façon régulière. Les machines à vapeur ont été utilisées commercialement au Mexique jusqu'à la fin des années 1970 et le sont toujours en 2007 en Chine, où le charbon est plus abondant et moins coûteux que le pétrole utilisé par les moteurs Diesel. L'Inde convertit la traction à vapeur à l'électrique depuis les années 1980, à l'exception de certaines lignes considérées comme touristiques. Dans certaines régions montagneuses, la vapeur reste également utilisée parce que, à l'inverse du moteur Diesel dont la puissance diminue quand l'altitude augmente car le débit masse d'air aspiré diminue, la puissance de la locomotive à vapeur augmente lorsque l'altitude augmente du fait de la moindre pression atmosphérique à l'échappement.
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37
+ Ainsi, en 2006, DLM AG (Suisse) continue de fabriquer des locomotives à vapeur neuves, utilisant des techniques de pointe pour les rendre encore plus efficaces[11].
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+ Dans certaines industries sensibles, il a existé des locomotives à vapeur sans foyer ou à air comprimé, afin d'éviter les étincelles pouvant provoquer des explosions. Ces machines (locomotives système Franck, par exemple) devaient être rechargées en vapeur à poste fixe et disposaient d'une autonomie pouvant atteindre 1 h 30 en manœuvres légères.
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41
+ Locomotive à air comprimé de la mine de Homestake.
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43
+ Locomotive de tramway bicabine Blanc-Misseron.
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45
+ Locomotive à crémaillère (Suisse).
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+ Réplique de la locomotive Adler (Allemagne).
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+ Locomotive d'intérêt local (USA).
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51
+ Locomotive articulée Big Boy (USA).
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53
+ Train spécial tracté par une locomotive à vapeur Southern Pacific.
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+ Locomotive 241 P 17 de la SNCF (France).
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57
+ À partir de 1940 environ, les locomotives à moteur Diesel firent leur apparition. Les locomotives à vapeur qui fonctionnaient au fioul et non au charbon étaient surnommées, en France ,"les goudronneuses",elles commencèrent à remplacer la vapeur sur les réseaux nord-américains. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le diesel fit son apparition sur les rails de nombreux pays. Vers 1960, peu de grands réseaux continuaient à miser sur la vapeur.
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59
+ Comme pour tout véhicule mû par un moteur à combustion interne, les locomotives Diesel ont un système permettant de transmettre l'énergie produite aux roues. Aux débuts de la « diésélisation », des transmissions électriques, hydrostatiques ou encore mécaniques ont été essayées avec des degrés de succès variables. Des trois, l'électrique s'avéra la plus adaptée et la plus pratique à l'usage. Ainsi, pratiquement toutes les locomotives diesel actuelles en France sont en fait des Diesel-électriques, alors que la transmission hydraulique a été adoptée en Allemagne.
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61
+ Une locomotive Diesel a besoin de moins de maintenance qu'une vapeur, ce qui entraîna une réduction en proportion du personnel nécessaire pour maintenir les flottes en service. Les meilleures locomotives à vapeur avaient besoin de trois à cinq jours par mois en atelier pour la maintenance courante, et bien plus pour des opérations lourdes. Une locomotive Diesel classique n'a pas besoin de plus de 8 ou 10 heures de maintenance par mois. Les opérations lourdes sont également plus espacées.
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63
+ La pollution que l'on reproche aux Diesel a tendance à s'amenuiser, les engins modernes produisant de moins en moins de particules. On considère ainsi qu'une locomotive Diesel européenne pollue autant que quatre camions, alors qu'elle tracte plus de charges que vingt d'entre eux.
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+ Locomotive Diesel Burlington Zephyr.
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+ Aérotrain (GM) inspiré d'un avion de chasse.
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+ Locomotive C'C'SNCF CC 72000.
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+ Locomotive (A1A)(A1A) EMD E9 Union Pacific.
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+ Locomotive Co'Co'SNCF CC 65000.
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+ Locomotive Do'Do'EMD DDA40X (USA)
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+ Une locomotive à turbine à gaz est une locomotive qui utilise une (ou plusieurs) turbines pour faire fonctionner un alternateur. L'électricité produite est utilisée pour alimenter les moteurs de traction. Les premières locomotives de ce type ont été produites dans les années 1920, le premier engin commercial ayant été produit par Brown-Boveri en 1942 pour les CFF. Un certain nombre d'engin et même de rames automotrices (qui seront nommées turbotrains) utilisant ce mode de propulsion furent produites dans les années 1950/60, jusqu'au premier choc pétrolier.
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79
+ Les locomotives à turbine sont semblables sur bien des points à des locomotives Diesel-électriques, par exemple sur les engins General Electric, beaucoup de pièces de la chaine de transmission étaient les mêmes que celles des Diesel de la marque.
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+ Une turbine offre certains avantages par rapport à un moteur à explosion. Tout d'abord, le nombre de pièces en mouvement est plus faible et le rapport puissance/masse bien plus élevé. Ainsi, à puissance égale un turbomoteur est plus compact qu'un Diesel, ce qui permet d'augmenter la puissance des engins. Cependant, la puissance développée par une turbine diminue énormément quand sa vitesse de rotation chute, à l'inverse des Diesel qui ont une courbe de puissance en fonction de la vitesse bien plus plate. Ces engins à turbine, s'ils sont très puissants sont aussi très bruyants.
82
+
83
+ L'Union Pacific a exploité la plus grande flotte de locomotives à turbine, seul à les avoir utilisées pour la traction de trains de fret. La plupart des autres machines ont été construites pour la traction des trains de voyageurs légers avec un succès mitigé. Après le premier choc pétrolier et une forte augmentation des coûts de carburant, étant donné leur grosse consommation de kérosène, les locomotives à turbine ne se révélèrent plus rentables et mises hors service. Les dernières rames à turbine à gaz françaises ont été arrêtées en 2004, quelques éléments seront vendus à l'Iran.
84
+
85
+ L'utilisation de l'électricité en traction ferroviaire date de 1837, mais ce n'est que vers 1900 que des engins réellement utilisables sont apparus. La première ligne française électrifiée a été celle des Invalides à Versailles rive gauche en 1900, appartenant à l'époque à la compagnie de l'Ouest. Cette ligne de proche banlieue comporte un long tunnel dans lequel les fumées incommodaient les voyageurs. Quatre fourgons à prise de courant par troisième rail tractaient les trains.
86
+
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+ À partir de 1912, le réseau du Midi électrifia une partie de ses lignes en 12 kV 16 ⅔ Hz par caténaire. La difficulté à trouver des isolants et à mettre au point des appareillages à si haute tension fit que le réseau adopta ensuite le 1500 V continu. Cette tension d'alimentation resta la référence jusqu'au début des années 1950.
88
+
89
+ Sous l'impulsion de Louis Armand, le courant industriel alternatif (c'est-à-dire directement produit par les centrales électriques et envoyé dans la caténaire sans adaptation coûteuse, telle qu'une conversion en continu) a été utilisé à partir de cette époque pour toutes les nouvelles grandes électrifications. Ce sera dans les locomotives que la conversion et l'adaptation de la tension se fera afin d'être utilisée par les moteurs. Cette technique, élevant la tension en ligne et, par incidence, diminuant les courants appelés, permet également de diminuer les pertes dans le conducteur. On peut ainsi diminuer le nombre de sous-stations.
90
+
91
+ Une locomotive électrique est la plupart du temps alimentée de l'extérieur, que ce soit par un caténaire ou un troisième rail. Le coût d'électrification d'une ligne est élevé, mais les performances de la traction électrique sont supérieures dans bien des cas à celles de la traction Diesel, notamment au point de vue des puissances développées.
92
+
93
+ Certaines locomotives électriques peuvent aussi fonctionner sur batteries, ce qui leur permet de courts trajets sur des lignes non électrifiées. Cela est aussi utile pour les manœuvres. Les locomotives à batterie sont utilisées dans les mines ou les chemins de fer souterrains où les Diesel ne peuvent être utilisés. Cependant, le coût et la masse des batteries empêche ce genre de locomotive d'effectuer de longs parcours, les recharges devant s'effectuer fréquemment.
94
+
95
+ Voir aussi : Système d'électrification ferroviaire
96
+
97
+ Locomotive Bo'Bo' E-1 « Le Drac ».
98
+
99
+ Locomotive Crocodile Ce 6/8 II & III (Suisse)
100
+
101
+ Locomotive Bo'Bo'Bo' FS E.626 (Italie)
102
+
103
+ Locomotive 2'D2' SNCF 2D2 5500, à la machinerie interne exposée au public.
104
+
105
+ Locomotive Co'Co'ÖBB 1020
106
+
107
+ Locomotive (2'Co)(Co2')GG1 Pennsylvania
108
+
109
+ Locomotive C'C'SNCF CC 40100 TEE
110
+
111
+ La technique la plus récente de traction ferroviaire est la lévitation magnétique. Ces trains, alimentés par de l'énergie électrique, ont un principe de fonctionnement basé sur celui du moteur linéaire. La carcasse ouverte de ce moteur entoure le rail sans le toucher, ce qui supprime les phénomènes de friction directe. Très peu de systèmes de ce genre sont en service. Le Maglev expérimental japonais a atteint la vitesse de 603 km/h. Le Transrapid allemand est le seul train à sustentation magnétique qui ait eu un débouché commercial. Toutefois, la technologie utilisée n'autorisant pas d'interconnexion avec le réseau ferré actuel, les charges transportées étant relativement faibles et le coût de l'infrastructure étant élevé, le gain de ce type de traction n'est pas suffisant pour justifier sa survie.
112
+
113
+ Le Transrapid relie l'aéroport de Shanghai à la ville.
114
+
115
+ Le premier Maglev a circulé dans les années 1980 à Birmingham, au Royaume-Uni, en un service à faible vitesse entre l'aéroport et la gare de cette ville. Malgré l'intérêt du système, il a été arrêté à cause du manque de pièces détachées et remplacé par un système à traction par câbles.
116
+
117
+ Il existe des locomotives et des autorails bi-mode qui permettent d'utiliser la traction électrique sur les voies électrifiées ou un moteur diesel sur le reste du réseau. Citons par exemple l'automotrice B 82500 de la SNCF et la série 1900 de FEVE.
118
+
119
+ Il existe aussi quelques prototypes japonais[12], tchèque, allemand et français de locomotives hybrides fonctionnant en partie sur diesel et en partie sur batteries, rechargées pendant les freinages ou, pour le prototype japonais par une pile à combustible. En zone de montagne, le système de freinage par récupération permettrait une économie de 20 % de carburant. Une série de locotracteurs hybrides a été commandée en 2004 par l'Union Pacific et le Canadien National[13]. Une économie de 90 % d'émission de particules a pu être observée depuis la mise en service de ces engins par rapport à un diesel classique.
120
+
121
+ En France, le lundi 17 septembre 2018, un communiqué de la SNCF fait état du développement d’un TER hybride basé sur une rame Régiolis de la région Occitanie réalisé avec Alstom et les régions Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Il est doté de trois énergies: diesel, caténaires, et batteries lithium-ion de grande capacité[14].
122
+
123
+ Il y a quelques autres modes de propulsion en expérimentation.
124
+
125
+ En 2006, la société Parry People Movers a réalisé un véhicule léger sur rail mû par l'énergie stockée dans un volant d'inertie[15] à la manière des petites voitures « à friction ». Le volant est mis en rotation par un moteur électrique alimenté par des batteries, ou, sur un autre prototype, par un moteur à essence. La rotation est également entretenue lors des freinages. Il a également été proposé de lancer et d'entretenir la rotation dans des stations, ce qui augmenterait les coûts d'installation, mais réduirait ceux d'exploitation et, en allégeant les véhicules, augmenterait leur autonomie.
126
+
127
+ Le système de volant d'inertie a été testé sur plusieurs lignes, dont les réseaux à voie de 60 du Ffestiniog Railway, le Welsh Highland Railway ainsi que le Welshpool and Llanfair Light Railway. Le premier service sur ligne régulière a été lancé en février 2006 afin d'assurer le dimanche la desserte d'une petite ligne entre la gare de Stourbridge junction et Stourbridge Town au Royaume-Uni.
128
+ Ce système semble plus développé dans le domaine des transports urbains[16]
129
+
130
+ Les trois principales catégories de locomotives sont souvent sous-divisées selon leur rôle. Ainsi, il y a des locomotives pour trains de passagers, d'autres spécialisées pour les trains de marchandises et enfin les locomotives de manœuvre. Ces catégories résultent de deux caractéristiques des machines : l'effort au démarrage (et donc la charge tractée) et la vitesse maximale. Par exemple, une locomotive conçue pour les trains de marchandises a un effort au démarrage permettant de décoller 1500 t en palier, mais sa vitesse de pointe est de 90 km/h. À l'inverse, une locomotive pour trains de passagers ne pourra pas décoller de train très lourd (500 t par exemple, ce qui représente 11 voitures Corail), mais pourra atteindre la vitesse de 160 km/h. Le cas des locomotives de manœuvre est particulier, puisqu'il s'agit d'engins prévus pour développer un effort continu à très basse vitesse, par exemple dans les triages. Leur puissance est intermédiaire, bien souvent inférieure à celle des engins prévus pour du fret. Ces locomotives ont souvent une cabine dépassant les capots afin de fournir une meilleure visibilité.
131
+
132
+ Il existe des locomotives capables de remplir plusieurs rôles à la fois, grâce à un changement de rapport d'engrenages ou via de l'électronique de puissance. Beaucoup de locomotives européennes sont de ce type, à l'inverse des engins américains restant fortement orientés vers les marchandises, et dont seule une très petite partie sera amenée à circuler au-delà de 140 km/h. La charge des trains en Europe et la possibilité de mettre les engins en unités multiples facilite la diffusion de telles locomotives.
133
+
134
+ Pour les locomotives à vapeur, un moyen simple de reconnaître leur type est de regarder la taille des roues. En effet, les pistons (donc l'effort) y étant directement reliés, on se rend compte que pour un coup de piston, une locomotive dotée de grandes roues parcourra une distance supérieure à une autre dotée de petites roues, mais qu'à énergie fournie au piston égale, celle ayant de plus petites roues fournira le couple le plus élevé. C'est pourquoi les locomotives spécialisées au service des marchandises ont souvent plusieurs petites roues reliées, alors que les locomotives passagers disposent de moins d'essieux accouplés mais très grands, jusqu'à 2 m pour les 241 P, par exemple.
135
+
136
+ Quelques locomotives sont spécialement conçues pour les chemins de fer de montagne, ajoutant au mécanismes habituels des systèmes de freinage et parfois des crémaillères. Les locomotives à vapeur conçues pour un tel service ont souvent une chaudière inclinée, afin de garantir que le foyer soit toujours entouré d'eau à chauffer, sans quoi il pourrait être très gravement détérioré.
137
+
138
+ La locomotive est souvent utilisée comme symbole ferroviaire, pour la signalisation, notamment les panneaux routiers, et dans l'art, voir ci-dessous la toile de Claude Monet.
139
+
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+ Panneau australien (routier)
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+ Panneau allemand
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+ Peinture de Claude Monet (1877)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En informatique, un logiciel est un ensemble de séquences d’instructions interprétables par une machine et d’un jeu de données nécessaires à ces opérations. Le logiciel détermine donc les tâches qui peuvent être effectuées par la machine, ordonne son fonctionnement et lui procure ainsi son utilité fonctionnelle. Les séquences d’instructions appelées programmes ainsi que les données du logiciel sont ordinairement structurées en fichiers. La mise en œuvre des instructions du logiciel est appelée exécution, et la machine est appelée ordinateur ou calculateur.
2
+
3
+ Un logiciel peut être classé comme système, applicatif, standard, spécifique, ou libre, selon la manière dont il interagit avec le matériel, selon la stratégie commerciale et les droits sur le code source des programmes. Le terme logiciel propriétaire est aussi employé.
4
+
5
+ Les logiciels sont créés et livrés à la demande d'un client, ou alors ils sont créés sur l'initiative du producteur, et mis sur le marché, parfois gratuitement. En 1980, 60 % de la production et 52 % de la consommation mondiale de logiciels est aux États-Unis. Les logiciels sont également distribués illégalement et la valeur marchande des produits ainsi distribués est parfois supérieure au chiffre d'affaires des producteurs. Les logiciels libres sont créés et distribués comme des commodités produites par coopération entre les utilisateurs et les auteurs.
6
+
7
+ Créer un logiciel est un travail intellectuel qui prend du temps. La création de logiciels est souvent le fait d'une équipe, qui suit une démarche logique et planifiée en vue d'obtenir un produit de bonne qualité dans les meilleurs délais. Le code source et le code objet des logiciels sont protégés par la convention de Berne concernant les œuvres littéraires.
8
+
9
+ Le terme anglais « (en) software » a été utilisé dès 1953 pour distinguer la partie modifiable de l'ordinateur, par opposition au « (en) hardware » qui est la partie matérielle permanente. Il apparut dans la littérature pendant les années 1960[1].
10
+
11
+ En français, le mot logiciel est formé en 1969 à partir des mots logique et matériel comme traduction par la Délégation à l’informatique chargée du Plan Calcul[2]. Ce terme a été adopté par l'Académie française en 1972[3]. Cette traduction est officialisée par un arrêté publié au Journal officiel le 12 janvier 1974[4] et confirmé par l'arrêté du 17 janvier 1982[5].
12
+
13
+ Un ordinateur est composé de matériel et de logiciels. Le matériel est constitué des musiciens et des instruments, tandis que le logiciel est la partition[6]. Sans logiciel l'ordinateur ne fait rien parce qu'il n'a pas reçu les instructions lui indiquant ce qu'il doit faire[6]. Les logiciels sont composés de programmes informatiques, qui indiquent à l'ordinateur comment effectuer les tâches[7]. Le logiciel détermine les tâches qu'un appareil informatique peut effectuer[7].
14
+
15
+ Alors qu'à la vente d'un appareil informatique, l'accent est souvent mis sur le matériel informatique, c'est avant tout le logiciel qui donne à l'ordinateur sa valeur ajoutée[6]. Le mot anglais software (en français : logiciel) était à l'origine utilisé pour désigner tout ce qui est immatériel dans un ordinateur : des programmes, des données, des documents, des photos[7]…
16
+
17
+ Logiciel n'est pas synonyme de programme informatique. Un logiciel est un ensemble typiquement composé de plusieurs programmes, ainsi que tout le nécessaire pour les rendre opérationnels : fichiers de configuration, images bitmaps, procédures automatiques[8]. Les programmes sont sous forme de code binaire ainsi que parfois sous forme de code source[9].
18
+
19
+ Les deux principales catégories de logiciels sont les logiciels applicatifs et les logiciels de système. Le logiciel applicatif est destiné à aider les usagers à effectuer une certaine tâche, et le logiciel de système est destiné à effectuer des opérations en rapport avec l'appareil informatique[7].
20
+
21
+ La plus importante pièce de logiciel est le système d'exploitation. Il sert à manipuler le matériel informatique, diriger le logiciel, organiser les fichiers, et faire l'interface avec l'utilisateur[6]. Les logiciels disponibles dans le commerce sont toujours destinés à être utilisés avec un ou plusieurs systèmes d'exploitation donnés[6].
22
+
23
+ Les logiciels sont couramment classifiés en fonction de[10] :
24
+
25
+ Les deux principales catégories de logiciels sont le logiciel applicatif et le logiciel de système :
26
+
27
+ Les autres types de logiciels sont les applications, les utilitaires, les programmes et les pilotes (anglais driver) :
28
+
29
+ Il n'y a pas de distinction claire entre un logiciel standard et un logiciel spécifique, et il existe un continuum entre ces deux extrêmes[10] :
30
+
31
+ Selon les droits accordés par le contrat de licence, on parle de :
32
+
33
+ Les principaux procédés de commercialisation des logiciels sont la production sur mesure de logiciels spécifiques pour les entreprises, la vente de logiciels standard destinés aux entreprises et la vente de ces derniers aux particuliers[10].
34
+
35
+ En 1990 les plus grands éditeurs de logiciels aux États-Unis sont IBM, Microsoft, Computer Associates, Digital et Oracle. Les États-Unis sont à la fois le premier consommateur et le premier producteur mondial de logiciels, concurrencé principalement par l'Europe et le Japon (SAP, Dassault Systèmes et Sony) : dans les années 1980 la production / consommation des États-Unis représente 60 % de la production mondiale de logiciels, et 52 % de la consommation[12]. 50 % des logiciels standards mis sur le marché sont des logiciels applicatifs[13].
36
+
37
+ Les activités des entreprises du secteur du logiciel sont, outre de créer des logiciels, d'assurer l'installation du logiciel chez le client ainsi que son exploitation. Pour une entreprise comme SAP (numéro un du logiciel en Europe) l'installation de leurs logiciels et la formation des utilisateurs est une part non négligeable de leur activité[10].
38
+
39
+ Les logiciels libres sont distribués comme des commodités produites en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Les entreprises qui les distribuent vendent parfois des contrats d'assistance dans l'utilisation et la modification de ces logiciels[14].
40
+
41
+ Dans les années 1950 les logiciels étaient souvent créés par les fabricants de matériel informatique et vendus avec le matériel, parfois des sociétés d'ingénierie créaient sur demande des logiciels applicatifs selon les besoins de l'utilisateur, cependant les systèmes d'exploitation étaient exclusivement le fait de fabricants de matériel. Les éditeurs de logiciels - sociétés spécialisées dans le logiciel - sont devenus courants dès les années 1960. Trente ans plus tard il existe plusieurs milliers d'éditeurs de logiciels aux États-Unis[12].
42
+
43
+ Pour les produits numériques tels que les logiciels, la création de la première copie coûte très cher, tandis que les copies subséquentes coûtent très peu. Pour un logiciel, la création du code source demande un investissement important, sans aucune garantie de succès[10]. Une fois créé, un logiciel peut être copié sans perte de qualité, la copie étant strictement identique à l'original. Des outils de partage de fichiers en pair à pair sont utilisés pour copier, parfois illégalement, des logiciels, comme ça se fait dans le marché de la musique. Les logiciels couramment copiés illégalement sont ceux qui peuvent être utilisés tels quels par les particuliers - logiciels de bureautique ou jeux vidéo. Les éditeurs de ces logiciels disent que ces copies illégales entraînent des manques à gagner et ceux-ci incluent dans leurs produits des mécanismes de protection[10].
44
+
45
+ Les lois du droit d’auteur et du secret industriel permettent de protéger les intérêts des producteurs de logiciel, et les motiver à investir le temps et l'argent nécessaire pour produire et distribuer de nouveaux produits. La distribution de copies illégales de logiciels a pour effet direct de diminuer la rentabilité de la production de logiciel par une baisse des ventes, et comme effet indirect de diminuer la motivation des producteurs.[non neutre][réf. nécessaire] La valeur marchande des copies vendues illégalement est souvent supérieure au chiffre d'affaires des ventes des producteurs et cette vente illégale est une des principales préoccupations de tous les éditeurs de logiciel[12].
46
+
47
+ Les situations de monopole sont caractéristiques du secteur du logiciel : il arrive souvent qu'une seule technologie ou un seul vendeur contrôle un pan du marché[10]. Le marché du logiciel est sujet à l'effet réseau : la popularité élevée d'un logiciel le rend d'autant plus intéressant pour l'acheteur. Ce phénomène renforce les fortes et grandes entreprises et fragilise les fragiles petites entreprises. Ce qui explique que les petites entreprises peu populaires doivent se battre pour survivre, et explique les situations de monopole[10]. L'adhésion des logiciels aux standards technologiques permet aux producteurs de profiter de l'effet réseau : le fait que plusieurs produits adhèrent au même standard facilite les échanges d'informations ce qui les rend plus intéressants pour l'utilisateur[10].
48
+
49
+ Le logiciel libre est un mouvement social basée sur la philosophie formulée par Richard Stallman dans les années 1980.
50
+
51
+ Richard Stallman, à l'origine de cette mouvance, se décrit lui-même comme étant « le dernier survivant de la culture Hacker ». Selon le livre de Steven Levy, les hackers sont une communauté et une culture née en 1960 à l'institut de recherche en intelligence artificielle du MIT et presque disparue dans les années 1980[14]. Dans cet institut de jeunes hobbyistes passent leur temps à étudier les ordinateurs et explorer les possibilités qu'offre la programmation de ces machines. Dans ce milieu les programmes informatiques sont traités de la même manière que n'importe quelle information scientifique : mis à la disposition de tout un chacun pour étude, exploitation et amélioration[14]. Il y règne un fort esprit de coopération et de partage, le code source des programmes est utilisé comme moyen de communication, et le fait de restreindre l'accès au code source limite les interactions de la communauté[14].
52
+
53
+ En 1984 Richard Stallman, selon sa philosophie libre - héritée du milieu hacker, lance la création d'un système d'exploitation (GNU) et fait appel à un conseiller juridique de la Free Software Foundation pour créer une nouvelle licence de distribution, la GNU General Public License (abr. GPL), qui garantit que le code source d'un logiciel, initialement publié par son auteur, ne sera jamais mis sous secret industriel en application des lois de copyright par quiconque le récupère et le redistribue[14].
54
+
55
+ Dans son ouvrage GNU Manifesto, Richard Stallman suggère aux producteurs de logiciels de changer leur manière de travailler, et, au lieu d'acheter et vendre du logiciel, de le considérer comme une commodité produite en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Il suggère que même si le logiciel est libre, les utilisateurs auront besoin d'assistance dans l'utilisation et la modification du logiciel, services que les entreprises peuvent vendre[14].
56
+
57
+ La GPL est la licence la plus fréquemment appliquée aux logiciels libres. En 2002 plus de 50 % des projets de SourceForge.net sont sous licence GPL, et c'est également la licence appliquée à la plupart des distributions GNU/Linux[14].
58
+
59
+ Certains comme Eric S. Raymond considèrent que la supériorité des logiciels libres est avant tout technique. Pour promouvoir cet aspect du logiciel libre ils ont créé l'Open Source Initiative en 1998.
60
+
61
+ En Europe de l'Ouest les logiciels sont protégés par la loi en tant qu’œuvres littéraires auxquelles s'applique la convention de Berne. Convention qui prévoit qu'un accord explicite de l'auteur est obligatoire avant de retoucher, de modifier, de publier le logiciel, ou de s'en servir comme base pour réaliser un autre logiciel[12].
62
+
63
+ Un contrat de licence fixe les droits et les obligations du fournisseur et de l'utilisateur du logiciel. Ce contrat formalise également les biens et les services qui devront être offerts par le fournisseur. Lorsque les logiciels ont commencé à être vendus en grande distribution, ce contrat - auparavant signé par l'acheteur - a été remplacé par une licence sous emballage (anglais shrink wrap), qui lie automatiquement et tacitement le fournisseur avec l'utilisateur du moment que ce dernier ouvre l'emballage du logiciel[12].
64
+
65
+ Les logiciels sont également protégés par les lois du secret industriel, destinées à empêcher la concurrence de se servir des caractéristiques techniques du logiciel dans ses produits. Pour les logiciels vendus en grande distribution sous licence sous emballage, cette protection est assurée en gardant secret le code source du logiciel et en commercialisant uniquement le code objet : la découverte des caractéristiques techniques à partir du code objet nécessite des outils spécialisés et un gros effort de réflexion[12].
66
+
67
+ La licence GNU General Public License (abr. GPL) a été créée en 1984 comme outil de soutien de la philosophie libre. Cette licence garantit à quiconque recevant une copie du logiciel d’obtenir les mêmes droits, c’est-à-dire le droit d’exécuter le logiciel dans n’importe quel but, de le copier, de l’étudier, de le modifier et d’en distribuer des copies exactes ainsi que des copies modifiées[14].
68
+
69
+ Les logiciels peuvent être distribués dans le commerce de détail, téléchargés en libre-service, incorporés dans un appareil informatique, ou mis en ligne sur un ordinateur du fournisseur. La distribution peut être gratuite, peut faire l'objet de commerce et peut être complétée par des contrats de service concernant par exemple de la maintenance ou de l'assistance technique. En plus de la distribution publique, des techniques permettent la distribution automatisée de logiciels aux employés d'une entreprise. La majorité des logiciels continuent d'appartenir à leur producteur après avoir été distribués.
70
+
71
+ Les logiciels sont « emballés » sous une forme qui facilite le transport avant d'être distribués aux utilisateurs. Pour un logiciel vendu en grande distribution, le colis (anglais package) est conçu pour permettre l'utilisation immédiate du logiciel sans l'intervention d'un informaticien. Il contient généralement le code objet des programmes, le nécessaire pour les installer et la documentation. Le colis est rarement vendu, et généralement mis à disposition assorti d'une licence d'utilisation. Le fournisseur peut y ajouter des services de formation, de maintenance, de mise à jour et de garantie, souvent sur paiement additionnel[15].
72
+
73
+ Le déploiement est effectué en plusieurs étapes qui visent à placer le logiciel dans son environnement cible de manière qu'il soit prêt à être utilisé. La première étape consiste à emballer (anglais package) un logiciel en vue de faciliter son envoi vers l'environnement cible. Puis une étape dite d´installation consiste à effectuer les opérations nécessaires pour placer le logiciel dans son environnement cible, ceci peut nécessiter une modification de la configuration des logiciels déjà en place. L'opération de désinstallation consiste à effectuer les opérations inverses de l'installation, en vue de retirer le logiciel[16].
74
+
75
+ La procédure d'installation est typiquement automatisée par des logiciels - qui sont essentiellement des outils de décompression[16]. Un logiciel évolue durant toute sa vie, et est typiquement distribué plusieurs fois, à plusieurs stades de son évolution, appelés versions ou release[9].
76
+
77
+ Le secteur public a été l’un des secteurs d’activité le plus moteur dans la diffusion et appropriation de l’open source et des logiciels libres. À titre d’exemple, en 2011, près de 19 % du budget informatique de l’administration française est affecté à des projets à composantes open source ou incluant des logiciels libres, générant ainsi un marché de plus de 1,2 milliard d’euros en 2011 (logiciels et services)[17].
78
+
79
+ Il faut aussi tenir compte des évolutions en cours dans les modèles de distribution des logiciels avec la montée en puissance de l’informatique en nuage, et notamment du mode SaaS (Software as a Service). Celui-ci change les modes de rémunérations associés et la facturation en regard. Même si en 2011, la part du mode SaaS dans l’ensemble du marché des logiciels est encore marginale[18], sa progression est rapide et devrait devenir un mode à ne pas négliger parmi les différentes formes couramment acceptées. Plusieurs indicateurs confortent l’évolution progressive vers des services applicatifs à la demande via le réseau[19].
80
+
81
+ Créer un logiciel est une activité intellectuelle et prend du temps[20]. La construction d'un logiciel comporte généralement différentes activités telles que l'étude de faisabilité, l'analyse des besoins, la conception, la programmation, les tests, le déploiement et la maintenance[20]. La construction d'un logiciel modérément complexe dans un délai raisonnable n'est généralement pas réalisable par une personne seule[20]. La construction nécessite alors d'être découpée en tâches qui seront réparties entre plusieurs personnes d'une entreprise ou d'une équipe[20].
82
+
83
+ L'étude de faisabilité permet de déterminer si le logiciel peut être réalisé : s'il est possible d'apporter une solution technique au problème posé, en tenant compte du système informatique à disposition. L'analyse des besoins permet de produire la spécification fonctionnelle qui servira de référence pour la conception et la programmation. La conception consiste à choisir les technologies et les outils qui devront être utilisés, tandis que la programmation consiste à créer des programmes exécutables en se servant des langages de programmation. Les tests consistent à simuler des scénarios d'utilisation en vue de vérifier le fonctionnement correct du programme. La maintenance est des travaux de modification effectués a posteriori, après la distribution du logiciel[20].
84
+
85
+ La construction doit suivre une démarche logique et réfléchie en vue d'éviter des produits de piètre qualité, qui donnent des résultats incorrects et tombent en panne. L'utilisation systématique d'une démarche réfléchie fait du travail de programmation une discipline d'ingénierie[20]. Si créer un logiciel simple, répondant à un problème simple, peut être effectué de manière informelle par une personne seule, plus le logiciel est complexe plus sa construction est complexe, coûteuse en temps et vouée à l'échec[20]. Les principales causes d'échec sont : la construction prend plus de temps que prévu, ce qui peut augmenter considérablement le coût de construction. Le logiciel ne donne pas les résultats attendus ou est abandonné par l'utilisateur parce qu'il tombe trop souvent en panne[20].
86
+
87
+ L'évolution du matériel informatique, les nouveaux domaines d'utilisation des ordinateurs tels que la science, l'image et le son, l'industrie ou la communication ont augmenté l'importance du logiciel et la complexité moyenne de celui-ci[20]. Les logiciels simples ne sont alors plus que des exercices ou des résolutions théoriques de problèmes, tandis que la résolution de problèmes concrets nécessite des logiciels complexes où le travail discipliné de construction est une nécessité[20].
88
+
89
+ Un logiciel en version bêta (ou bêta-test) est un logiciel non finalisé, pour lequel on effectue une série de tests jusqu'à ce qu'une stabilité relative soit atteinte. Les personnes qui cherchent les dernières erreurs de ces versions de logiciels sont appelés des bêta-testeurs.
90
+
91
+ Un logiciel qui est opérationnel sera maintenu. La maintenance du logiciel désigne les modifications apportées à un logiciel, après sa mise en œuvre, pour en corriger les fautes, en améliorer l'efficacité ou autres caractéristiques, ou encore adapter celui-ci à un environnement modifié (ISO/IEC 14764).
92
+
93
+ Eric S. Raymond, dans son livre La Cathédrale et le Bazar, compare la démarche de construction utilisée pour les logiciels open source Linux et fetchmail — le bazar — avec la démarche traditionnelle des éditeurs de logiciels — la construction de cathédrales[21] :
94
+
95
+ Dans la démarche open source, les usagers sont co-développeurs du logiciel et ont un intérêt personnel pour le produit. Le code source est public et accessible à tout le monde. On considère que plus il y a d'yeux et plus les bugs sont aisés à repérer. Une nouvelle version du logiciel est publiée chaque jour, voire plus, ce qui permet aux utilisateurs de constater une évolution constante[21].
96
+
97
+ Dans la démarche classique des éditeurs de logiciels, les développeurs sont des employés qui, la plupart du temps, ne vont jamais utiliser le logiciel qu'ils ont construit. C'est une petite équipe très spécialisée qui s'occupe également de trouver et corriger des bogues éventuels, ce qui peut exiger des mois de travail. Les périodes entre chaque version de logiciel sont relativement longues. D'où de fréquentes déceptions quant aux imperfections du produit publié[21].
98
+
99
+ Dans la démarche dite open source, les développeurs ne sont pas choisis, mais sont le résultat d'une sélection naturelle : pour que le développeur participe il faut qu'il soit intéressé au produit, qu'il ait pris le temps de l'étudier, qu'il ait réussi à en comprendre suffisamment pour arriver à y apporter des modifications au code source. Un individu qui a réussi à aller si loin a forcément le profil adéquat pour devenir co-développeur du logiciel[21].
100
+
101
+ L'évaluation de la qualité d'un logiciel tient compte de :
102
+
103
+ Un logiciel est un produit qui ne se détériore pas. Les facteurs de qualité peuvent être directement observables par l'utilisateur, ou alors constatable par les ingénieurs lors des revues de code ou des travaux de maintenance[22].
104
+
105
+ Un consortium s'est créé le 6 octobre 2009 aux États-Unis pour établir un standard mondial de la qualité des logiciels. Ce consortium s'appelle le Consortium for IT Software Quality (CISQ).
106
+
107
+ Les bogues, ou bugs, sont des erreurs de conception ou de programmation dans les logiciels, qui peuvent causer des comportements incorrects. La gravité du dysfonctionnement peut aller de très mineure (apparence légèrement incorrecte d'un élément d'interface graphique), à des événements catastrophiques (explosion de la fusée Ariane lors du vol 501, irradiation incorrecte de patients par une machine de traitement…) en passant par des pertes plus ou moins grandes de données, et, rarement, par une détérioration du matériel.
108
+
109
+ Il est difficile, pour des raisons fondamentales, de produire des logiciels sans bogue. Cependant, il existe des mécanismes par lesquels on peut limiter la quantité de bogues, voire les supprimer. Citons d'une part des préceptes d'organisation des équipes de programmation et leur méthodologie, d'autre part les techniques de recherche de bogues dans les logiciels. La recherche en informatique a développé un domaine d'étude, la vérification formelle, dont l'objectif est de certifier la qualité des logiciels et de garantir leur fiabilité. Dans l'ensemble, l'obtention de logiciels complexes peu bogués est coûteuse en temps et en main d'œuvre. Plus les anomalies sont détectées tôt au long du développement du logiciel, moins leur correction est difficile.
110
+
111
+ Pour la sécurité globale des systèmes d'information d'une entité, il peut être nécessaire de définir des profils d'application, afin d'identifier les logiciels critiques sur lesquels il est nécessaire de porter une attention particulière du point de vue de la sécurité.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3488.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,164 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un logiciel libre est un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication par autrui en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement[1], ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l'utilisateur et la possibilité de partage entre individus[2].
2
+
3
+ Ces droits peuvent être simplement disponibles — cas du domaine public — ou bien établis par une licence, dite « libre », basée sur le droit d'auteur. Les « licences copyleft » garantissent le maintien de ces droits aux utilisateurs même pour les travaux dérivés.
4
+
5
+ Les logiciels libres constituent une alternative à ceux qui ne le sont pas, qualifiés de « propriétaires » ou de « privateurs »[Note 1]. Ces derniers sont alors considérés par une partie de la communauté du logiciel libre comme étant l'instrument d'un pouvoir injuste, en permettant au développeur de contrôler l'utilisateur[3].
6
+
7
+ Le logiciel libre est souvent confondu à tort[Note 2] avec :
8
+
9
+ La notion de logiciel libre est décrite pour la première fois dans la première moitié des années 1980 par Richard Stallman[Note 3] qui l'a ensuite — avec d'autres[Note 4] — formalisée et popularisée avec le projet GNU (GNU signifiant « Gnu is Not Unix ») et la Free Software Foundation (FSF).
10
+
11
+ Une première ébauche de définition du logiciel libre est ainsi proposée en 1986 par la FSF ; un logiciel est alors dit libre s'il confère à son utilisateur les libertés suivantes :
12
+
13
+ « Premièrement, la liberté de copier un programme et de le redistribuer à vos voisins, qu'ils puissent ainsi l'utiliser aussi bien que vous. Deuxièmement, la liberté de modifier un programme, que vous puissiez le contrôler plutôt qu'il vous contrôle ; pour cela, le code doit vous être accessible[6]. »
14
+
15
+ Aujourd'hui, un logiciel est considéré comme libre, au sens de la Free Software Foundation, s'il confère à son utilisateur quatre libertés (numérotées de 0 à 3)[7] :
16
+
17
+ L'accès au code source est une condition d'exercice des libertés 1 et 3.
18
+
19
+ La FSF précise quelques points. D'abord ces libertés doivent être irrévocables. Chacun doit avoir la possibilité d'en jouir sans devoir prévenir un tiers. La redistribution du programme doit pouvoir se faire sous toute forme, notamment compilée, éventuellement à la condition de rendre disponible le code source correspondant. L'utilisateur doit pouvoir fusionner des logiciels libres dont il n'est pas lui-même l'auteur. La FSF accepte toutefois des restrictions mineures quant à la façon dont un logiciel modifié doit être présenté lorsqu'il est redistribué.
20
+
21
+ Le projet Debian, commencé en 1993 avec le soutien de la Free Software Foundation, a développé Les principes du logiciel libre selon Debian[8] également connus sous l'acronyme DFSG (pour Debian Free Software Guidelines). Proposé en 1997 par Bruce Perens[9], le côté pratique y est mis en évidence en 10 points, en précisant par exemple : la non-discrimination des utilisateurs et des usages ; les restrictions acceptables en matière de préservation du code source de l'auteur original ; ou encore l'acceptation explicite du changement du nom d'un logiciel dont on redistribue une évolution. On peut noter à ce propos que les noms de plusieurs logiciels libres (et de leurs éditeurs) ont des marques déposées : par exemple Linux[10], Mozilla[11] ou Apache[12].
22
+
23
+ Cette définition établie pour Debian a été reprise dans le cadre de l'Open Source Initiative (OSI) pour établir l'Open Source Definition[13], en 1998. La terminologie FLOSS (Free/Libre Open Source Software) est ensuite apparue pour tenter de réunir les notions de logiciel libre et logiciel open source.
24
+
25
+ Littéralement, open source signifie « code source ouvert ». Toutefois, on utilise généralement open source en référence à l’Open Source Definition introduite par l’Open Source Initiative (OSI) en 1998, qui souhaitait une autre terminologie pour les logiciels libres, qui se voulait en anglais moins ambigüe et plus adaptée au monde des affaires que free software.
26
+
27
+ Le mouvement pour le logiciel libre a défini des règles sur des principes éthiques, celui pour l'open source (qui en découle) a proposé une traduction fonctionnelle. Cela a déclenché des différends relatifs au respect de ces principes. Les défenseurs du logiciel libre considèrent que le logiciel libre est une affaire de philosophie, tandis que les partisans de l'open source rejettent toute philosophie[14].
28
+
29
+ Cette initiative a causé une controverse avec Richard Stallman et la Free Software Foundation[15] qui regrettaient la mise en avant des principes techniques aux dépens de l'éthique. Richard Stallman explique aussi pourquoi le logiciel libre est meilleur que l'open source[16] et pourquoi l'« open source » passe à côté du problème que soulève le logiciel libre[17].
30
+
31
+ S'il persiste des désaccords entre ces mouvements, il reste qu'un travail conjoint d'harmonisation fait que les définitions officielles du logiciel libre par la Free Software Foundation et de l'open source par l’Open Source Initiative renvoient dans la pratique à des licences ayant certains points communs dont voici un exemple :
32
+
33
+ « La FSF considère maintenant l'APSL comme une licence de logiciel libre avec deux problèmes pratiques majeurs, qui rappellent la NPL : Ce n'est pas un vrai copyleft, parce qu'elle autorise des liens avec d'autres fichiers qui peuvent être entièrement privateurs (propriétaires). Elle est incompatible avec la GPL. Pour cette raison, nous vous recommandons de ne pas utiliser cette licence pour publier de nouveaux logiciels ; mais il n'y a pas de problème à utiliser ou améliorer des logiciels publiés par d'autres personnes sous cette licence. » (versions 1.x de l’Apple Public Source License par exemple[18]).
34
+
35
+ À l'époque des premiers ordinateurs, c'était le matériel informatique qui était censé constituer la source de revenus, le logiciel n'étant qu'un moyen d'en faciliter la vente. L'accès au code source était normal, car nul n'achetait un ordinateur sans disposer d'une équipe de programmeurs. Bien avant même la création d'Unix, les milieux professionnels et universitaires s'échangeaient volontiers logiciels et codes sources, et les constructeurs cédaient le leur pour rien jusqu'à ce que les lois antitrust ne le leur interdisent afin de permettre l'exercice d'une concurrence dans ce domaine[19],[20]. En outre, jusqu'aux années 1970, il n'était pas encore tout à fait clair que le droit d'auteur s'applique aux logiciels[contexte nécessaire].
36
+
37
+ Par décisions de justice[contexte nécessaire], les constructeurs sont contraints de facturer séparément leurs logiciels au début des années 1970 ; en quinze ans, l'avènement de la micro-informatique va généraliser ce modèle et donner un essor aux éditeurs de logiciels qui s'orientent vers la vente de licences d'utilisation. Un exemple souvent cité pour illustrer ce tournant est une lettre ouverte de Bill Gates aux hobbyistes, leur enjoignant de cesser de copier illicitement les logiciels.
38
+
39
+ Les constructeurs ont parallèlement restreint l'accès au code source des programmes, comme en atteste la stratégie OCO, object-code only d'IBM à partir du début des années 1980. Il devient impossible, et dans certains cas interdit, d'étudier, de corriger ou d'améliorer les logiciels acquis. Non seulement l'utilisateur ne peut plus adapter le logiciel à ses souhaits, mais en cas de bug, il se retrouve dépendant du bon vouloir de l'éditeur du logiciel. Enfin, la copie, une opération naturelle pour un ordinateur, devient en règle générale interdite (par défaut, le droit d'auteur interdit la copie non explicitement autorisée). Les logiciels disponibles uniquement sous ces conditions restrictives deviennent alors la règle, et les logiciels jusqu'alors librement échangés se retrouvent souvent intégrés dans des produits commerciaux figés et non partageables.
40
+
41
+ Richard Stallman, alors chercheur au laboratoire d'intelligence artificielle du Massachusetts Institute of Technology, ressent profondément ce changement lorsque les collègues, avec qui il travaillait et échangeait des logiciels jusqu'ici, sont engagés à leur tour pour utiliser et produire des logiciels qu'ils ne pourront plus étudier et partager. Stallman commença à constater ces restrictions en présence de programmes sur lesquels il ne pouvait intervenir, un pilote d'imprimante notamment[21]. Robert Sproull aurait refusé de lui fournir le code source en raison d'un contrat de non divulgation que Xerox avait passé avec lui, pratique encore peu courante à l'époque[22].
42
+
43
+ En 1984 il crée donc le projet GNU, qui a pour objectif de construire un système d'exploitation compatible avec Unix, et dont la totalité des logiciels est libre. Parallèlement aux travaux de développement engagés, Richard Stallman fonde la Free Software Foundation. Afin de donner une assise solide à son projet, Richard Stallman définit précisément la notion de logiciel libre et il rédige la licence publique générale GNU (GPL) qui utilise le droit d'auteur pour garantir la pérennité des libertés accordées aux utilisateurs (et donc interdire la possibilité qu'une évolution ne soit plus libre). Il publie également le manifeste GNU afin de marquer le début du projet GNU, puis les bulletins GNU périodiquement. Le projet débute par le développement de GNU emacs un éditeur de texte.
44
+
45
+ Au début des années 1990 la majorité du système GNU était fonctionnelle, seul le noyau manquait. Le Noyau est la partie d'un système d'exploitation qui communique avec le matériel et alloue les ressources aux autres programmes. Le projet GNU Hurd dont les spécifications avaient été définies par Stallman lui-même avait pour but de développer un noyau libre. Cependant le projet prenait du retard, et la conception choisie pour celui-ci paraissait difficile à mettre en œuvre. En 1991, Linus Torvalds, un étudiant finlandais, écrit son propre noyau, puis le publie un peu plus tard sous licence GPL. Son noyau, nommé Linux, associé aux logiciels GNU précédemment développés, permettait alors de former un système d'exploitation complètement libre et pleinement utilisable[23].
46
+
47
+ Les années suivantes ont vu un nombre considérable de projets de logiciel libre se lancer. La fsf référence actuellement plus de 30 000 paquets de logiciel libre. Depuis la fin des années 1990, le succès des logiciels libres, notamment de GNU/Linux, suscite un vif intérêt dans l'industrie informatique et les médias[Note 5].
48
+
49
+ Les libertés d'étudier et modifier un logiciel supposent un accès au code source du logiciel. L'accès au code source est important car les logiciels sont généralement distribués sous une forme compilée en langage machine, prêts à être exécutés par un ordinateur. Mais le langage machine est très peu lisible par l'homme et rend l'étude du logiciel extrêmement pénible, voire impossible. L'accès au code source est donc une condition nécessaire pour permettre à l'utilisateur de savoir ce que le programme fait réellement[24].
50
+
51
+ Un des objectifs principaux du logiciel libre est de permettre à l’utilisateur d'avoir le contrôle de son ordinateur et des logiciels qu'il utilise[25],[26]. Ce contrôle est donné individuellement : chacun peut étudier en détail ce que fait le logiciel, et le modifier s'il le souhaite. Mais les utilisateurs ont aussi le contrôle de manière collective sur leur ordinateur[27] : on ne peut étudier personnellement l'ensemble des logiciels que l'on utilise, mais la relecture collective du code source par la communauté des développeurs, rend peu probable la possibilité qu'une fonctionnalité cachée ou malveillante puisse rester secrète longtemps. Si une telle fonctionnalité est découverte une version modifiée l'évinçant du logiciel peut rapidement être réalisée, discréditant ainsi la version originale. Ceci a pour effet de dissuader, la plupart du temps, les développeurs d'ajouter de telles fonctionnalités dans les logiciels libres[28]. Cependant, cette idée est très largement contestée par les créateurs de logiciels non libres[29].
52
+
53
+ Richard Stallman pense qu'en utilisant des logiciels propriétaires, les utilisateurs perdent la possibilité de contrôler une partie de leur propre vie[30]. Les propriétaires de logiciels propriétaires (les développeurs, ou l'entreprise pour laquelle ils travaillent) ont selon lui le pouvoir d'espionner ou de restreindre les utilisateurs[31].
54
+
55
+ La définition du logiciel libre par la FSF précise[1] :
56
+
57
+ « Quand les utilisateurs ne contrôlent pas le programme, c'est le programme qui contrôle les utilisateurs. Le développeur contrôle le programme, et par ce biais, contrôle les utilisateurs. Ce programme non libre, ou « privateur », devient donc l'instrument d'un pouvoir injuste. »
58
+
59
+ Le 25 octobre 2013, dans l'émission Ce soir (ou jamais !), cette notion de contrôle fait débat entre Jacques Attali et Jérémie Zimmermann. Jacques Attali affirme « Le mot libre est très mal adapté car les logiciels dit libres sont souvent attachés à une seule entreprise ». Selon Jérémie Zimmermann, « la liberté pour les logiciels c'est un vrai concept […] ce que ça veut dire c'est contrôler la machine plutôt que de se laisser contrôler par elle », ce à quoi Attali répond que « Si vous laissez chacun avoir la possibilité de contrôler sa confidentialité alors vous rendez impossible l'État de droit »[32].
60
+
61
+ La qualité du logiciel est souvent proportionnelle au nombre de développeurs. Plus la communauté de développement s'étend, plus elle devient un gage de qualité et de réactivité. De la même manière, la communauté des utilisateurs, ayant comme rôle principal de faire remonter des dysfonctionnements et des suggestions, a une influence proportionnelle à sa taille.
62
+
63
+ Les développeurs et utilisateurs de logiciels libres sont généralement indépendants, sans tendance politique particulière, et leurs motivations sont diverses. Ils réalisent ou utilisent des outils fondés sur un mode de production reposant sur la collaboration, l'entraide, le partage, la mutualisation. À ce titre, Bill Gates a comparé les communautés du libre à des « communistes d'un nouveau genre »[33], bien que Richard Stallman démente être ou avoir été communiste[34].
64
+
65
+ En France, les communautés Ubuntu et Mozilla comptent parmi les plus actives. Il existe également des associations de défense et promotion du logiciel libre telles que l'April, l'AFUL ou le réseau Framasoft.
66
+
67
+ Les logiciels libres ont, dans leur grande majorité, tendance à respecter les formats standards ouverts, ce qui favorise l'interopérabilité. Par exemple, le développement du navigateur web Mozilla Firefox s'applique à respecter autant que possible les recommandations émises par le World Wide Web Consortium. De même, LibreOffice et Apache OpenOffice utilisent le format OpenDocument, aux spécifications publiques définies à l'origine par le comité technique d'OASIS et certifié comme norme ISO[35], incarnant ainsi une valeur pérenne pour les applications bureautiques. L'utilisation de formats ouverts dont l'ensemble des spécifications techniques sont connues, garantit l'accès aux documents numériques archivés.
68
+
69
+ Toutefois, la préférence pour les formats ouverts, si elle est effectivement constatée, n'est pas un élément de la définition du logiciel libre.
70
+
71
+ L'adhésion à une politique de formats ouverts touche à présent largement le monde de l'industrie informatique. À titre d'exemple, les spécifications du langage C#, une création de Microsoft fortement inspirée par le langage Java de Sun Microsystems, ont été publiées et rendues exploitables par d'autres acteurs de l'informatique avant même celles de Java.
72
+
73
+ La commercialisation des logiciels libres est possible mais la liberté no 2 en interdit l'exclusivité. Cette caractéristique rend délicat le retour sur investissement financier pour les développeurs du logiciel par la vente du logiciel. Autrement dit : les logiciels libres ne permettent pas de rétribution directe des auteurs. Ceux-ci doivent se limiter à la vente de services associés à l'utilisation du logiciel (voir l'article consacré aux sociétés de services en logiciels libres et l'article Modèles d'affaires des logiciels open source).
74
+
75
+ Les licences libres les plus « contraignantes » imposent que tout projet qui réutilise le code source du logiciel libre devienne lui-même un logiciel libre. Les éditeurs traditionnels s'y refusant catégoriquement, cette disposition les enferme dans le monde du « non-libre » (l'univers des logiciels propriétaires). Il se crée alors un fossé entre les deux mondes, qui est dommageable du point de vue de l'interopérabilité et de l'harmonie entre des systèmes libres et propriétaires qui sont amenés à « cohabiter ».
76
+
77
+ Il existe aussi une forme de distribution mixte : il s'agit d'un système de double licence selon lequel l'éditeur propose d'une part une distribution libre (et généralement gratuite) et, en parallèle, une distribution fermée et payante, assortie des conditions commerciales classiques des logiciels non-libres (et parfois de fonctionnalités supplémentaires).
78
+
79
+ Certains partisans du logiciel libre voient une incohérence dans la politique de certaines entreprises ayant affiché une adhésion aux principes de l’open source mais étant favorables à l'extension du logiciel au champ du brevetable. Pour eux, le logiciel libre (via la Free Software Foundation) lutte ouvertement contre la brevetabilité des logiciels et, conséquemment, contre l’exclusivité d’exploitation d’une idée par une seule personne ou entreprise. Ils craignent qu'à terme, certains membres de l’open source détiennent des portefeuilles de brevets sur des idées, leur permettant de réclamer des redevances sur chaque portion de code source[réf. nécessaire].
80
+
81
+ IBM, par exemple, déposa en Europe et aux États-Unis certains algorithmes cruciaux dans le fonctionnement général du noyau ou du système d’exploitation GNU/Linux et porta devant des tribunaux des affaires afin que les brevets logiciels soient institués et reconnus en Europe. Pourtant, cette même entreprise autorise l'usage de 500 de ces brevets[36] aux développeurs de logiciels libres et open source[réf. nécessaire].
82
+
83
+ Dans la pratique, tout procès en propriété intellectuelle coûte en temps et en argent. Il est donc difficile pour la communauté open source de faire valoir ses droits face aux multinationales. Certains de ses détracteurs l'accusent de recevoir parfois d'une multinationale des coups de pouce l'aidant à lutter contre l'influence d'une autre (ce fut un moment le cas entre Sun et Microsoft dans l'affaire OpenOffice)[réf. nécessaire]. IBM finance également la communauté des logiciels libres contre les actions de Microsoft, etc.[réf. nécessaire]. Le système no win, no fee autorisé aux États-Unis (et qui fut utilisé pour défendre les victimes pauvres de Bhopal) peut éventuellement permettre à la communauté du libre de défendre ses droits, bien que les dossiers soient par nature plus complexes, demandant parfois d'examiner des centaines de milliers de lignes de code.
84
+
85
+ La sécurité relative des logiciels libres et propriétaires est sujette à débat.
86
+
87
+ L'effet du logiciel libre sur l'innovation est sujet à débat.
88
+
89
+ Les partisans du logiciel libre considèrent qu'il permet de garantir une activité innovante. Parce qu'un large panel de contributeurs peuvent y apporter de nouvelles fonctionnalités. Ce dynamisme accélérerait les échanges et favoriserait l'innovation alors que le principe de « verrouillage » nuirait à ce dynamisme. Enfin l'accès à l'intégralité du code source ne permet pas de garder longtemps un avantage concurrentiel ce qui pousserait à l'innovation[réf. souhaitée].
90
+
91
+ Certains innovateurs comme Pranav Mistry du Media lab (MIT, États-Unis) proposent[37] de mettre à la fois les innovations matérielles et les innovations logicielles en licence libre pour tous.
92
+
93
+ De l'autre côté certains acteurs du monde du logiciel propriétaire considèrent au contraire que le logiciel libre peut avoir un effet négatif sur l'innovation en décourageant l'investissement d'acteurs privés[38].
94
+
95
+ Il existe une grande disparité à l'intérieur des logiciels sous « licence libre » en ce qui concerne leur financement. D'une part une grande majorité de petits logiciels non financés (bénévolat), et d'autre part des logiciels majeurs du marché, financés principalement par les grands acteurs de l'industrie informatique, ainsi Linux est financé entre autres par Red Hat, IBM et Intel, Firefox par Google.
96
+
97
+ En France, les entreprises consacrent « 16 % de part de budget informatique alloués aux logiciels libres »[39].
98
+
99
+ Les logiciels libres sont soumis, comme tout logiciel publié hors du domaine public, au droit d'auteur. Dans ce cadre, le droit d'auteur est exercé par le biais d'une licence libre qui énumère les droits que l'auteur choisit d'octroyer à l'utilisateur.
100
+
101
+ Eben Moglen, contributeur à la conception de la licence GNU GPL (notamment la version 3), insiste sur la distinction entre licence et contrat qui existe en droit américain : une licence est une autorisation unilatérale, tandis qu'un contrat suppose des obligations réciproques[40]. Les logiciels libres sont distribués avec de simples licences. Généralement, ils sont également distribués sans la moindre garantie.
102
+
103
+ Certaines licences, dont la plus connue et utilisée pour les logiciels libres, la licence publique générale GNU, sont relativement complexes. Ainsi, la GPL ne donne le droit de redistribuer un logiciel que si l'ensemble du logiciel, y compris toutes les éventuelles modifications, sont redistribuées selon les termes exacts de la GPL. Cette licence a un caractère héréditaire car la fusion d'un logiciel sous GPL avec un logiciel non GPL, n'autorise la redistribution du logiciel fusionné que sous GPL.
104
+
105
+ Les licences des logiciels libres sont souvent réparties en trois catégories, selon le degré de liberté qu'elles accordent en matière de redistribution.
106
+
107
+ La Fondation pour le logiciel libre ou Free Software Foundation, catégorise les licences d'après quelques questions clés[41] :
108
+
109
+ En langage courant : « Le logiciel appartient à tout le monde ». C'est une caractéristique juridique qui n'a pas besoin de licence du fait que le logiciel n'a aucun ayant droit. Les droits patrimoniaux concernant ce logiciel disparaissant, il peut alors être utilisé encore plus librement, sous réserve que soient respectés les droits extra-patrimoniaux de ses auteurs. Théoriquement, tout logiciel tombe dans le domaine public une fois les droits d'auteur échus. Toutefois, la durée de protection des droits d'auteur est bien plus longue que le plus ancien des logiciels, par exemple 70 ans après la mort de l'auteur dans tous les pays de l'Union européenne. On ne trouve donc dans le domaine public que des logiciels qui y ont été placés à la suite d'une renonciation aux droits.
110
+
111
+ Il s'agit d'un type de licence imposant peu de contraintes ; cependant, ce type de licence ne protège pas contre les restrictions. En général, seule la citation des auteurs originaux est demandée. En particulier, ces licences permettent de redistribuer un logiciel libre sous une forme non libre. Ces licences permettent donc à tout acteur de changer la licence sous laquelle le logiciel est distribué. Un cas de changement de licence courant est l'intégration de logiciel sous licence BSD dans un logiciel sous copyleft (licence GPL). Un autre cas courant est l'intégration de logiciel sous licence BSD dans les logiciels propriétaires.
112
+
113
+ Ces licences sont notamment utilisées par la Berkeley software distribution (licence BSD), X Window (licence MIT) et Apache Software Foundation (licence Apache).
114
+
115
+ « GPL » est l'acronyme de « General Public License » (Licence Publique Générale). La plus répandue des licences de ce type est la Licence Publique Générale GNU (GNU General Public License), ou GNU GPL pour faire court. On peut réduire encore plus en « GPL », s'il est entendu qu'il s'agit de la GNU GPL[43]. La Free Software Foundation ou FSF se réfère à la catégorie de licence « copyleft ».
116
+
117
+ La GPL contient des « contraintes contre les contraintes ». Par exemple, l'article deux de la GPL permet d'apporter des modifications et de la distribution d'une œuvre sous licence GPL si le licencié fait tout le travail soit concédé comme un tout, sans frais à toute tierce partie suivant les termes de la GPL. Autrement dit, cette licence interdit la redistribution hors des principes du copyleft, car « Si un programme est un logiciel libre au moment où il quitte les mains de son auteur, cela ne signifie pas nécessairement qu'il sera un logiciel libre pour quiconque en possèdera une copie »[44]. Les licences du projet GNU sont les plus célèbres. Une telle licence permet d'intégrer du logiciel sous licence BSD et de le redistribuer sous licence GPL. L'inverse est impossible. La licence GPL est critiquée puisqu'elle empêche les fournisseurs de logiciels propriétaires de censurer le code.
118
+
119
+ La contrainte en aval contre les restrictions est intentionnelle. Les auteurs de la GPL soutiennent également que tous les logiciels doivent être sous licence libre parce qu'il est moralement inacceptable de faire autrement[45].
120
+
121
+ La GPL entretient l'effort de rendre le plus de logiciel libre possible et ce unidirectionnellement. Il s'agit d'une licence qui protège inconditionnellement les développements logiciels appartenant au domaine public.
122
+
123
+ D'importants programmes libres sous licence comme le compilateur GNU C++, le noyau Linux et la suite de bureautique LibreOffice n'existeraient pas sans cela[46].
124
+
125
+ En somme, la licence GPL est conçue pour protéger les libertés des utilisateurs tout en facilitant la coopération avec la communauté du logiciel libre[47].
126
+
127
+ Un logiciel non libre est appelé logiciel propriétaire ou logiciel privateur. Cette première appellation peut apparaître trompeuse, car à l'exception de logiciels du domaine public, les logiciels libres n'ont pas moins de propriétaires que les autres, encore que le terme auteurs soit plus approprié. Les auteurs de logiciels libres conservent certains droits dépendants du type de licence libre employée.
128
+
129
+ Quelques exemples de types de logiciels non libres :
130
+
131
+ Des logiciels libres sont aujourd'hui disponibles pour des besoins aussi variés que la gestion de projets, de temps, gestion d'établissements scolaires ou universitaires, incluant des modules de comptabilité, finances, ressources humaines, cursus et scolarité, documentation, communication, formation, pédagogie, travail collaboratif, gestion de données et de contenu, gestion de contenu web, gestion de l'apprentissage, gestion des droits numériques, créativité (arbres heuristiques…). Portails et plates-formes numériques de travail ou d'enseignement (TICE dont formation en ligne), services numériques divers, etc.
132
+
133
+ Leur maintenance et développement peuvent être externalisés ou coopératifs.
134
+
135
+ Parmi les logiciels libres les plus connus du grand public figurent :
136
+
137
+ Les logiciels libres ont aussi un rôle important dans le fonctionnement d'Internet :
138
+
139
+ Le réseau Framasoft, dont le slogan est « la route est longue mais la voie est libre », référence dans son annuaire plus de mille six cents logiciels libres.
140
+
141
+ Le logiciel libre s'impose de plus en plus comme une solution de remplacement moins coûteuse que les logiciels propriétaires. Il devient également un produit de plus en plus mis en avant par des revendeurs, soit pour sa fiabilité (cas de fournisseurs de serveurs), soit pour son coût de licence nul, permettant au client d’investir la différence dans des services associés. Ses spécificités ont également abouti à ce que les acteurs de l'écosystème inventent des modèles d'affaires spécifiques afin de se financer.
142
+
143
+ Le tableau suivant reprend les données disponibles pour la France :
144
+
145
+ Du côté des administrations, on peut citer les gouvernements brésilien, sud-africain, d'Andalousie et d'Estrémadure en Espagne, qui ont officiellement affiché leur orientation vers le logiciel libre.
146
+ En France, on peut noter, après la gendarmerie nationale, le passage de secteurs l'administration centrale à LibreOffice via MIMO.
147
+
148
+ En France, le chiffre d'affaires du logiciel libre en 2007 est de 730 millions d'euros. Rapportés aux 30 milliards du marché du logiciel, cela représente 2,4 % de part de marché (contre 1,5 % en 2006)[60].
149
+
150
+ En outre, l'AFUL a édité un dossier et l'April un livre blanc sur les modèles économiques liés au logiciel libre.
151
+
152
+ La position officielle de la France pour « l'usage du logiciel libre dans l'administration » est précisée en septembre 2012 dans un document du même nom appelé aussi circulaire Ayrault sur le logiciel libre car adressé par ce dernier à l'ensemble de ses ministres[61]. Ainsi, chaque année, le Socle interministériel de logiciels libres présente près de 200 logiciels libres mis en avant pour leur efficacité dans différentes administrations de l’État français.
153
+
154
+ Le cabinet Pierre Audoin prévoit une part de marché du logiciel libre de 20 % dans les logiciels et services en 2020[62].
155
+
156
+ Des conférences et ateliers sont organisés régulièrement pour promouvoir le logiciel libre avec découvertes, démonstrations et évolutions des logiciels entrant dans la définition du libre. Ce sont des événements organisés à des niveaux scolaires comme le Capitole du Libre[63], régionaux[64], nationaux[65] et internationaux comme le FOSDEM[66].
157
+
158
+
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+
160
+ « Why I Must Write GNU : I consider that the golden rule requires that if I like a program I must share it with other people who like it. I cannot in good conscience sign a nondisclosure agreement or a software license agreement. So that I can continue to use computers without violating my principles, I have decided to put together a sufficient body of free software so that I will be able to get along without any software that is not free. »
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ En informatique, un logiciel est un ensemble de séquences d’instructions interprétables par une machine et d’un jeu de données nécessaires à ces opérations. Le logiciel détermine donc les tâches qui peuvent être effectuées par la machine, ordonne son fonctionnement et lui procure ainsi son utilité fonctionnelle. Les séquences d’instructions appelées programmes ainsi que les données du logiciel sont ordinairement structurées en fichiers. La mise en œuvre des instructions du logiciel est appelée exécution, et la machine est appelée ordinateur ou calculateur.
2
+
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+ Un logiciel peut être classé comme système, applicatif, standard, spécifique, ou libre, selon la manière dont il interagit avec le matériel, selon la stratégie commerciale et les droits sur le code source des programmes. Le terme logiciel propriétaire est aussi employé.
4
+
5
+ Les logiciels sont créés et livrés à la demande d'un client, ou alors ils sont créés sur l'initiative du producteur, et mis sur le marché, parfois gratuitement. En 1980, 60 % de la production et 52 % de la consommation mondiale de logiciels est aux États-Unis. Les logiciels sont également distribués illégalement et la valeur marchande des produits ainsi distribués est parfois supérieure au chiffre d'affaires des producteurs. Les logiciels libres sont créés et distribués comme des commodités produites par coopération entre les utilisateurs et les auteurs.
6
+
7
+ Créer un logiciel est un travail intellectuel qui prend du temps. La création de logiciels est souvent le fait d'une équipe, qui suit une démarche logique et planifiée en vue d'obtenir un produit de bonne qualité dans les meilleurs délais. Le code source et le code objet des logiciels sont protégés par la convention de Berne concernant les œuvres littéraires.
8
+
9
+ Le terme anglais « (en) software » a été utilisé dès 1953 pour distinguer la partie modifiable de l'ordinateur, par opposition au « (en) hardware » qui est la partie matérielle permanente. Il apparut dans la littérature pendant les années 1960[1].
10
+
11
+ En français, le mot logiciel est formé en 1969 à partir des mots logique et matériel comme traduction par la Délégation à l’informatique chargée du Plan Calcul[2]. Ce terme a été adopté par l'Académie française en 1972[3]. Cette traduction est officialisée par un arrêté publié au Journal officiel le 12 janvier 1974[4] et confirmé par l'arrêté du 17 janvier 1982[5].
12
+
13
+ Un ordinateur est composé de matériel et de logiciels. Le matériel est constitué des musiciens et des instruments, tandis que le logiciel est la partition[6]. Sans logiciel l'ordinateur ne fait rien parce qu'il n'a pas reçu les instructions lui indiquant ce qu'il doit faire[6]. Les logiciels sont composés de programmes informatiques, qui indiquent à l'ordinateur comment effectuer les tâches[7]. Le logiciel détermine les tâches qu'un appareil informatique peut effectuer[7].
14
+
15
+ Alors qu'à la vente d'un appareil informatique, l'accent est souvent mis sur le matériel informatique, c'est avant tout le logiciel qui donne à l'ordinateur sa valeur ajoutée[6]. Le mot anglais software (en français : logiciel) était à l'origine utilisé pour désigner tout ce qui est immatériel dans un ordinateur : des programmes, des données, des documents, des photos[7]…
16
+
17
+ Logiciel n'est pas synonyme de programme informatique. Un logiciel est un ensemble typiquement composé de plusieurs programmes, ainsi que tout le nécessaire pour les rendre opérationnels : fichiers de configuration, images bitmaps, procédures automatiques[8]. Les programmes sont sous forme de code binaire ainsi que parfois sous forme de code source[9].
18
+
19
+ Les deux principales catégories de logiciels sont les logiciels applicatifs et les logiciels de système. Le logiciel applicatif est destiné à aider les usagers à effectuer une certaine tâche, et le logiciel de système est destiné à effectuer des opérations en rapport avec l'appareil informatique[7].
20
+
21
+ La plus importante pièce de logiciel est le système d'exploitation. Il sert à manipuler le matériel informatique, diriger le logiciel, organiser les fichiers, et faire l'interface avec l'utilisateur[6]. Les logiciels disponibles dans le commerce sont toujours destinés à être utilisés avec un ou plusieurs systèmes d'exploitation donnés[6].
22
+
23
+ Les logiciels sont couramment classifiés en fonction de[10] :
24
+
25
+ Les deux principales catégories de logiciels sont le logiciel applicatif et le logiciel de système :
26
+
27
+ Les autres types de logiciels sont les applications, les utilitaires, les programmes et les pilotes (anglais driver) :
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+
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+ Il n'y a pas de distinction claire entre un logiciel standard et un logiciel spécifique, et il existe un continuum entre ces deux extrêmes[10] :
30
+
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+ Selon les droits accordés par le contrat de licence, on parle de :
32
+
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+ Les principaux procédés de commercialisation des logiciels sont la production sur mesure de logiciels spécifiques pour les entreprises, la vente de logiciels standard destinés aux entreprises et la vente de ces derniers aux particuliers[10].
34
+
35
+ En 1990 les plus grands éditeurs de logiciels aux États-Unis sont IBM, Microsoft, Computer Associates, Digital et Oracle. Les États-Unis sont à la fois le premier consommateur et le premier producteur mondial de logiciels, concurrencé principalement par l'Europe et le Japon (SAP, Dassault Systèmes et Sony) : dans les années 1980 la production / consommation des États-Unis représente 60 % de la production mondiale de logiciels, et 52 % de la consommation[12]. 50 % des logiciels standards mis sur le marché sont des logiciels applicatifs[13].
36
+
37
+ Les activités des entreprises du secteur du logiciel sont, outre de créer des logiciels, d'assurer l'installation du logiciel chez le client ainsi que son exploitation. Pour une entreprise comme SAP (numéro un du logiciel en Europe) l'installation de leurs logiciels et la formation des utilisateurs est une part non négligeable de leur activité[10].
38
+
39
+ Les logiciels libres sont distribués comme des commodités produites en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Les entreprises qui les distribuent vendent parfois des contrats d'assistance dans l'utilisation et la modification de ces logiciels[14].
40
+
41
+ Dans les années 1950 les logiciels étaient souvent créés par les fabricants de matériel informatique et vendus avec le matériel, parfois des sociétés d'ingénierie créaient sur demande des logiciels applicatifs selon les besoins de l'utilisateur, cependant les systèmes d'exploitation étaient exclusivement le fait de fabricants de matériel. Les éditeurs de logiciels - sociétés spécialisées dans le logiciel - sont devenus courants dès les années 1960. Trente ans plus tard il existe plusieurs milliers d'éditeurs de logiciels aux États-Unis[12].
42
+
43
+ Pour les produits numériques tels que les logiciels, la création de la première copie coûte très cher, tandis que les copies subséquentes coûtent très peu. Pour un logiciel, la création du code source demande un investissement important, sans aucune garantie de succès[10]. Une fois créé, un logiciel peut être copié sans perte de qualité, la copie étant strictement identique à l'original. Des outils de partage de fichiers en pair à pair sont utilisés pour copier, parfois illégalement, des logiciels, comme ça se fait dans le marché de la musique. Les logiciels couramment copiés illégalement sont ceux qui peuvent être utilisés tels quels par les particuliers - logiciels de bureautique ou jeux vidéo. Les éditeurs de ces logiciels disent que ces copies illégales entraînent des manques à gagner et ceux-ci incluent dans leurs produits des mécanismes de protection[10].
44
+
45
+ Les lois du droit d’auteur et du secret industriel permettent de protéger les intérêts des producteurs de logiciel, et les motiver à investir le temps et l'argent nécessaire pour produire et distribuer de nouveaux produits. La distribution de copies illégales de logiciels a pour effet direct de diminuer la rentabilité de la production de logiciel par une baisse des ventes, et comme effet indirect de diminuer la motivation des producteurs.[non neutre][réf. nécessaire] La valeur marchande des copies vendues illégalement est souvent supérieure au chiffre d'affaires des ventes des producteurs et cette vente illégale est une des principales préoccupations de tous les éditeurs de logiciel[12].
46
+
47
+ Les situations de monopole sont caractéristiques du secteur du logiciel : il arrive souvent qu'une seule technologie ou un seul vendeur contrôle un pan du marché[10]. Le marché du logiciel est sujet à l'effet réseau : la popularité élevée d'un logiciel le rend d'autant plus intéressant pour l'acheteur. Ce phénomène renforce les fortes et grandes entreprises et fragilise les fragiles petites entreprises. Ce qui explique que les petites entreprises peu populaires doivent se battre pour survivre, et explique les situations de monopole[10]. L'adhésion des logiciels aux standards technologiques permet aux producteurs de profiter de l'effet réseau : le fait que plusieurs produits adhèrent au même standard facilite les échanges d'informations ce qui les rend plus intéressants pour l'utilisateur[10].
48
+
49
+ Le logiciel libre est un mouvement social basée sur la philosophie formulée par Richard Stallman dans les années 1980.
50
+
51
+ Richard Stallman, à l'origine de cette mouvance, se décrit lui-même comme étant « le dernier survivant de la culture Hacker ». Selon le livre de Steven Levy, les hackers sont une communauté et une culture née en 1960 à l'institut de recherche en intelligence artificielle du MIT et presque disparue dans les années 1980[14]. Dans cet institut de jeunes hobbyistes passent leur temps à étudier les ordinateurs et explorer les possibilités qu'offre la programmation de ces machines. Dans ce milieu les programmes informatiques sont traités de la même manière que n'importe quelle information scientifique : mis à la disposition de tout un chacun pour étude, exploitation et amélioration[14]. Il y règne un fort esprit de coopération et de partage, le code source des programmes est utilisé comme moyen de communication, et le fait de restreindre l'accès au code source limite les interactions de la communauté[14].
52
+
53
+ En 1984 Richard Stallman, selon sa philosophie libre - héritée du milieu hacker, lance la création d'un système d'exploitation (GNU) et fait appel à un conseiller juridique de la Free Software Foundation pour créer une nouvelle licence de distribution, la GNU General Public License (abr. GPL), qui garantit que le code source d'un logiciel, initialement publié par son auteur, ne sera jamais mis sous secret industriel en application des lois de copyright par quiconque le récupère et le redistribue[14].
54
+
55
+ Dans son ouvrage GNU Manifesto, Richard Stallman suggère aux producteurs de logiciels de changer leur manière de travailler, et, au lieu d'acheter et vendre du logiciel, de le considérer comme une commodité produite en coopération entre les utilisateurs et les entreprises du secteur. Il suggère que même si le logiciel est libre, les utilisateurs auront besoin d'assistance dans l'utilisation et la modification du logiciel, services que les entreprises peuvent vendre[14].
56
+
57
+ La GPL est la licence la plus fréquemment appliquée aux logiciels libres. En 2002 plus de 50 % des projets de SourceForge.net sont sous licence GPL, et c'est également la licence appliquée à la plupart des distributions GNU/Linux[14].
58
+
59
+ Certains comme Eric S. Raymond considèrent que la supériorité des logiciels libres est avant tout technique. Pour promouvoir cet aspect du logiciel libre ils ont créé l'Open Source Initiative en 1998.
60
+
61
+ En Europe de l'Ouest les logiciels sont protégés par la loi en tant qu’œuvres littéraires auxquelles s'applique la convention de Berne. Convention qui prévoit qu'un accord explicite de l'auteur est obligatoire avant de retoucher, de modifier, de publier le logiciel, ou de s'en servir comme base pour réaliser un autre logiciel[12].
62
+
63
+ Un contrat de licence fixe les droits et les obligations du fournisseur et de l'utilisateur du logiciel. Ce contrat formalise également les biens et les services qui devront être offerts par le fournisseur. Lorsque les logiciels ont commencé à être vendus en grande distribution, ce contrat - auparavant signé par l'acheteur - a été remplacé par une licence sous emballage (anglais shrink wrap), qui lie automatiquement et tacitement le fournisseur avec l'utilisateur du moment que ce dernier ouvre l'emballage du logiciel[12].
64
+
65
+ Les logiciels sont également protégés par les lois du secret industriel, destinées à empêcher la concurrence de se servir des caractéristiques techniques du logiciel dans ses produits. Pour les logiciels vendus en grande distribution sous licence sous emballage, cette protection est assurée en gardant secret le code source du logiciel et en commercialisant uniquement le code objet : la découverte des caractéristiques techniques à partir du code objet nécessite des outils spécialisés et un gros effort de réflexion[12].
66
+
67
+ La licence GNU General Public License (abr. GPL) a été créée en 1984 comme outil de soutien de la philosophie libre. Cette licence garantit à quiconque recevant une copie du logiciel d’obtenir les mêmes droits, c’est-à-dire le droit d’exécuter le logiciel dans n’importe quel but, de le copier, de l’étudier, de le modifier et d’en distribuer des copies exactes ainsi que des copies modifiées[14].
68
+
69
+ Les logiciels peuvent être distribués dans le commerce de détail, téléchargés en libre-service, incorporés dans un appareil informatique, ou mis en ligne sur un ordinateur du fournisseur. La distribution peut être gratuite, peut faire l'objet de commerce et peut être complétée par des contrats de service concernant par exemple de la maintenance ou de l'assistance technique. En plus de la distribution publique, des techniques permettent la distribution automatisée de logiciels aux employés d'une entreprise. La majorité des logiciels continuent d'appartenir à leur producteur après avoir été distribués.
70
+
71
+ Les logiciels sont « emballés » sous une forme qui facilite le transport avant d'être distribués aux utilisateurs. Pour un logiciel vendu en grande distribution, le colis (anglais package) est conçu pour permettre l'utilisation immédiate du logiciel sans l'intervention d'un informaticien. Il contient généralement le code objet des programmes, le nécessaire pour les installer et la documentation. Le colis est rarement vendu, et généralement mis à disposition assorti d'une licence d'utilisation. Le fournisseur peut y ajouter des services de formation, de maintenance, de mise à jour et de garantie, souvent sur paiement additionnel[15].
72
+
73
+ Le déploiement est effectué en plusieurs étapes qui visent à placer le logiciel dans son environnement cible de manière qu'il soit prêt à être utilisé. La première étape consiste à emballer (anglais package) un logiciel en vue de faciliter son envoi vers l'environnement cible. Puis une étape dite d´installation consiste à effectuer les opérations nécessaires pour placer le logiciel dans son environnement cible, ceci peut nécessiter une modification de la configuration des logiciels déjà en place. L'opération de désinstallation consiste à effectuer les opérations inverses de l'installation, en vue de retirer le logiciel[16].
74
+
75
+ La procédure d'installation est typiquement automatisée par des logiciels - qui sont essentiellement des outils de décompression[16]. Un logiciel évolue durant toute sa vie, et est typiquement distribué plusieurs fois, à plusieurs stades de son évolution, appelés versions ou release[9].
76
+
77
+ Le secteur public a été l’un des secteurs d’activité le plus moteur dans la diffusion et appropriation de l’open source et des logiciels libres. À titre d’exemple, en 2011, près de 19 % du budget informatique de l’administration française est affecté à des projets à composantes open source ou incluant des logiciels libres, générant ainsi un marché de plus de 1,2 milliard d’euros en 2011 (logiciels et services)[17].
78
+
79
+ Il faut aussi tenir compte des évolutions en cours dans les modèles de distribution des logiciels avec la montée en puissance de l’informatique en nuage, et notamment du mode SaaS (Software as a Service). Celui-ci change les modes de rémunérations associés et la facturation en regard. Même si en 2011, la part du mode SaaS dans l’ensemble du marché des logiciels est encore marginale[18], sa progression est rapide et devrait devenir un mode à ne pas négliger parmi les différentes formes couramment acceptées. Plusieurs indicateurs confortent l’évolution progressive vers des services applicatifs à la demande via le réseau[19].
80
+
81
+ Créer un logiciel est une activité intellectuelle et prend du temps[20]. La construction d'un logiciel comporte généralement différentes activités telles que l'étude de faisabilité, l'analyse des besoins, la conception, la programmation, les tests, le déploiement et la maintenance[20]. La construction d'un logiciel modérément complexe dans un délai raisonnable n'est généralement pas réalisable par une personne seule[20]. La construction nécessite alors d'être découpée en tâches qui seront réparties entre plusieurs personnes d'une entreprise ou d'une équipe[20].
82
+
83
+ L'étude de faisabilité permet de déterminer si le logiciel peut être réalisé : s'il est possible d'apporter une solution technique au problème posé, en tenant compte du système informatique à disposition. L'analyse des besoins permet de produire la spécification fonctionnelle qui servira de référence pour la conception et la programmation. La conception consiste à choisir les technologies et les outils qui devront être utilisés, tandis que la programmation consiste à créer des programmes exécutables en se servant des langages de programmation. Les tests consistent à simuler des scénarios d'utilisation en vue de vérifier le fonctionnement correct du programme. La maintenance est des travaux de modification effectués a posteriori, après la distribution du logiciel[20].
84
+
85
+ La construction doit suivre une démarche logique et réfléchie en vue d'éviter des produits de piètre qualité, qui donnent des résultats incorrects et tombent en panne. L'utilisation systématique d'une démarche réfléchie fait du travail de programmation une discipline d'ingénierie[20]. Si créer un logiciel simple, répondant à un problème simple, peut être effectué de manière informelle par une personne seule, plus le logiciel est complexe plus sa construction est complexe, coûteuse en temps et vouée à l'échec[20]. Les principales causes d'échec sont : la construction prend plus de temps que prévu, ce qui peut augmenter considérablement le coût de construction. Le logiciel ne donne pas les résultats attendus ou est abandonné par l'utilisateur parce qu'il tombe trop souvent en panne[20].
86
+
87
+ L'évolution du matériel informatique, les nouveaux domaines d'utilisation des ordinateurs tels que la science, l'image et le son, l'industrie ou la communication ont augmenté l'importance du logiciel et la complexité moyenne de celui-ci[20]. Les logiciels simples ne sont alors plus que des exercices ou des résolutions théoriques de problèmes, tandis que la résolution de problèmes concrets nécessite des logiciels complexes où le travail discipliné de construction est une nécessité[20].
88
+
89
+ Un logiciel en version bêta (ou bêta-test) est un logiciel non finalisé, pour lequel on effectue une série de tests jusqu'à ce qu'une stabilité relative soit atteinte. Les personnes qui cherchent les dernières erreurs de ces versions de logiciels sont appelés des bêta-testeurs.
90
+
91
+ Un logiciel qui est opérationnel sera maintenu. La maintenance du logiciel désigne les modifications apportées à un logiciel, après sa mise en œuvre, pour en corriger les fautes, en améliorer l'efficacité ou autres caractéristiques, ou encore adapter celui-ci à un environnement modifié (ISO/IEC 14764).
92
+
93
+ Eric S. Raymond, dans son livre La Cathédrale et le Bazar, compare la démarche de construction utilisée pour les logiciels open source Linux et fetchmail — le bazar — avec la démarche traditionnelle des éditeurs de logiciels — la construction de cathédrales[21] :
94
+
95
+ Dans la démarche open source, les usagers sont co-développeurs du logiciel et ont un intérêt personnel pour le produit. Le code source est public et accessible à tout le monde. On considère que plus il y a d'yeux et plus les bugs sont aisés à repérer. Une nouvelle version du logiciel est publiée chaque jour, voire plus, ce qui permet aux utilisateurs de constater une évolution constante[21].
96
+
97
+ Dans la démarche classique des éditeurs de logiciels, les développeurs sont des employés qui, la plupart du temps, ne vont jamais utiliser le logiciel qu'ils ont construit. C'est une petite équipe très spécialisée qui s'occupe également de trouver et corriger des bogues éventuels, ce qui peut exiger des mois de travail. Les périodes entre chaque version de logiciel sont relativement longues. D'où de fréquentes déceptions quant aux imperfections du produit publié[21].
98
+
99
+ Dans la démarche dite open source, les développeurs ne sont pas choisis, mais sont le résultat d'une sélection naturelle : pour que le développeur participe il faut qu'il soit intéressé au produit, qu'il ait pris le temps de l'étudier, qu'il ait réussi à en comprendre suffisamment pour arriver à y apporter des modifications au code source. Un individu qui a réussi à aller si loin a forcément le profil adéquat pour devenir co-développeur du logiciel[21].
100
+
101
+ L'évaluation de la qualité d'un logiciel tient compte de :
102
+
103
+ Un logiciel est un produit qui ne se détériore pas. Les facteurs de qualité peuvent être directement observables par l'utilisateur, ou alors constatable par les ingénieurs lors des revues de code ou des travaux de maintenance[22].
104
+
105
+ Un consortium s'est créé le 6 octobre 2009 aux États-Unis pour établir un standard mondial de la qualité des logiciels. Ce consortium s'appelle le Consortium for IT Software Quality (CISQ).
106
+
107
+ Les bogues, ou bugs, sont des erreurs de conception ou de programmation dans les logiciels, qui peuvent causer des comportements incorrects. La gravité du dysfonctionnement peut aller de très mineure (apparence légèrement incorrecte d'un élément d'interface graphique), à des événements catastrophiques (explosion de la fusée Ariane lors du vol 501, irradiation incorrecte de patients par une machine de traitement…) en passant par des pertes plus ou moins grandes de données, et, rarement, par une détérioration du matériel.
108
+
109
+ Il est difficile, pour des raisons fondamentales, de produire des logiciels sans bogue. Cependant, il existe des mécanismes par lesquels on peut limiter la quantité de bogues, voire les supprimer. Citons d'une part des préceptes d'organisation des équipes de programmation et leur méthodologie, d'autre part les techniques de recherche de bogues dans les logiciels. La recherche en informatique a développé un domaine d'étude, la vérification formelle, dont l'objectif est de certifier la qualité des logiciels et de garantir leur fiabilité. Dans l'ensemble, l'obtention de logiciels complexes peu bogués est coûteuse en temps et en main d'œuvre. Plus les anomalies sont détectées tôt au long du développement du logiciel, moins leur correction est difficile.
110
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111
+ Pour la sécurité globale des systèmes d'information d'une entité, il peut être nécessaire de définir des profils d'application, afin d'identifier les logiciels critiques sur lesquels il est nécessaire de porter une attention particulière du point de vue de la sécurité.
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+ Un évêque Écouter est celui qui a autorité sur une Église chrétienne particulière ou un diocèse. Sous des formes et des modalités très différentes, la fonction épiscopale existe, à l'origine, depuis les débuts de l'Église catholique, ainsi que dans l'Église orthodoxe (y compris les Églises orthodoxes orientales). Elle existe aussi dans la communion anglicane et dans certaines Églises protestantes.
2
+
3
+ Aujourd'hui dans le catholicisme, chaque évêque est consacré par un ou plusieurs évêques issus d'une chaîne d'ordonnateurs qui, théoriquement, remonte dans le temps jusqu'à l'un des apôtres du Christ. C'est ce qu'on appelle la succession apostolique. Dans le langage juridique du droit canonique catholique, l'évêque est appelé ordinaire local[1].
4
+
5
+ Dans le protestantisme et le christianisme évangélique, le ministère d'évêque est présent dans toutes les dénominations, souvent avec d'autres noms comme président du conseil ou surveillant général. Certains dénominations utilisent spécifiquement ce titre.
6
+
7
+ Le mot « évêque » provient du mot gallo-roman *EPISCU[2], forme raccourcie du mot latin episcopus, lui-même issu du grec Eπίσκοπος / episkopos qui veut dire littéralement « surveillant » ou « superviseur », c'est-à-dire modérateur, tuteur, responsable d'une organisation ou d'une communauté. Le mot est plusieurs fois utilisé dans les Épîtres de Paul (dans les textes grecs des Evangiles, les textes les plus anciens).
8
+
9
+ Avant le christianisme, le terme était utilisé pour désigner toutes sortes d'administrateurs (ce mot est la meilleure traduction) dans les domaines civil, financier, militaire, judiciaire.
10
+
11
+ La fonction de surveillance dans l’Église pour le ministère d’évêque est mentionnée dans Actes des Apôtres chapitre 20 verset 28[4]. Les caractéristiques et qualités pour ce ministère sont expliquées dans le première épître à Timothée, chapitre 3[5].
12
+
13
+ Aux alentours de 95, la Première lettre aux Corinthiens
14
+ de Clément Ier a attesté de la structure hiérarchique de l'église chrétienne [6]. La plus ancienne organisation de l'Église de Jérusalem ressemble à celle des synagogues juives, mais elle a un conseil ou un collège de pasteur, le presbytérium.
15
+
16
+ Ce qu'on appelle la succession apostolique consiste en la consécration d'un nouvel évêque par un, ou plusieurs évêques, eux-mêmes validement consacrés. Le concile de Nicée a précisé qu'il fallait la présence d'au moins trois évêques. Mais en cas de nécessité, la présence d'un seul suffit. Cette règle est appliquée par les catholiques, les orthodoxes et d'une façon générale, par l'Église anglicane quoique les deux précédents dénient à cette dernière la validité de ladite succession (tout comme aux nestoriens apparus au Ve siècle).
17
+
18
+ Chez les protestants, la succession apostolique n'est pas considérée comme devant être historique (alors même qu'elle est parfois un fait historique, comme dans les églises luthériennes scandinaves), mais comme spirituelle.
19
+
20
+ Le ministère épiscopal change dans le courant du IIe siècle qui voit progressivement la figure de l'évêque présider ce presbytérium : les premiers episkopoi sont élus par les membres de l'Eκκλησία / ekklêsia, l'assemblée des fidèles (clergé et peuple de la ville, avec en plus les évêques suburbicaires pour l'élection de l'évêque de Rome), à la manière dont une association élit aujourd'hui ses dirigeants[7]. Le dimanche qui suit, le nouvel évêque élu à vie est consacré comme évêque par l'ensemble des évêques de la province, au moyen de l'imposition des mains, au sein de la synaxe eucharistique. À partir du Ve siècle, le corps électoral se restreint aux grands laïcs et au clergé local. Dans les premiers temps, la zone de juridiction d'un évêque peut souvent, notamment en Afrique du Nord, se restreindre à une ville ou à une bourgade, sans être un "diocèse" complet au sens où on le connaîtra plus tard. L'autorité d'un évêque ne découle pas de la Bible, mais de sa connexion aux apôtres en ligne de succession ; les sièges apostoliques ayant été directement fondés ou visités par un Apôtre peuvent se réclamer plus facilement de sa tradition, dont on garde jalousement le récit, l'évêque étant le gardien de cette tradition dans la communion plus large de l'Eglise.
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+ L'évêque est le premier des prêtres d'une église locale et, avec le reste de ses frères évêques, le successeur des apôtres[8]. Très rapidement, une hiérarchie entre les évêques finit cependant par apparaître, les évêques de villes politiquement plus importantes, pouvant aussi souvent se réclamer d'une origine apostolique plus directe, président aux affaires des évêques d'une région donnée. Ceux-là seront, plus tard, désignés par le terme d'archevêque.
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+ Dans la théologie de l'épiscopat on peut distinguer trois éléments constitutifs, de droit divin, de la fonction épiscopale, et tous les trois également d'origine apostolique :
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+ Ces trois éléments, normalement unis et coordonnés l'un à l'autre, peuvent être accidentellement disjoints. La titulature et la juridiction peuvent varier, en cas de démission, ou de mutation de siège, par exemple. Le pouvoir d'ordre est donné pour toujours : sacerdos in aeternum.
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+ La titulature et la juridiction sont distinctes pour chaque évêque ; ce sont elles qui constituent la hiérarchie ecclésiastique. Le pouvoir d'ordre, quant à lui, est unique et identique pour tous les évêques. Il fonde ce qu'on appelle la collégialité épiscopale. Tous trois, titulature, pouvoir d'ordre et juridiction, sont une participation au sacerdoce du Christ, unique vrai prêtre et pasteur.
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+ L'évêque dans l'Eglise catholique se reconnait à différents attributs :
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+ Dans l'Église catholique, les évêques sont nommés par le pape, à partir de listes transmises à Rome par le nonce apostolique, établies par les évêques d'une même province ou même région ecclésiastique. Chaque évêque a le droit de faire des propositions.
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+
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+ Dans le passé, la désignation des évêques a souvent donné lieu à des luttes entre les pouvoirs politiques et l'Église romaine, par exemple la fameuse querelle des Investitures, au XIe siècle, entre les papes et les empereurs romains germaniques.
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+
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+ De nos jours, les évêques sont nommés par le Saint-Siège, cette règle connaissant des exceptions, comme en France pour l'évêque aux armées qui est fonctionnaire, et pour l'archevêque de Strasbourg et l'évêque de Metz, qui sont nommés formellement par le Président de la République française (cf. Concordat en Alsace-Moselle pour plus de détails) mais sur proposition de Rome, et quelques diocèses de Suisse.
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+ D'autre part, dans les Églises orientales catholiques, les évêques des Églises patriarcales et archiépiscopales majeures sont désignés par le synode ou par le patriarche.
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+
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+ L'évêque occupe le degré suprême de la hiérarchie ecclésiastique. Il est le successeur des apôtres qui préside à l'eucharistie. Il est l'icône du Christ et le pasteur d'une église particulière dont il porte le nom dans sa titulature. Il est le surveillant et le responsable de la doctrine et de l'enseignement de ses ouailles. Il veille à la communion à l'intérieur de son église et à la communion de son église avec les autres églises orthodoxes.
41
+
42
+ Seuls les hiéromoines (moines prêtres) accèdent à l'épiscopat. Il en découle que les évêques orthodoxes sont astreints non seulement au célibat mais aussi au monachisme, contrairement aux prêtres orthodoxes qui peuvent être mariés s'ils l'étaient déjà avant leur ordination diaconale.
43
+
44
+ L'évêque orthodoxe n'est pas « responsable d'une portion du peuple de Dieu » selon la formule du catholicisme. Il est, par la grâce de son épiscopat et par la sainte eucharistie qu'il préside ou qui est célébrée en son nom, celui qui a le pouvoir sacramentel de transformer en Église le troupeau de fidèles qui se rassemble autour de lui.
45
+
46
+ Les vêtements de l'évêque célébrant à l'autel :
47
+
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+ La tenue solennelle de l'évêque présidant au chœur est la mandia, traîne violette ornée de bandes rouges et blanches.
49
+
50
+ Les vêtements de l'évêque en tenue de ville sont :
51
+
52
+ Les Églises anglicanes (certaines sont appelées épiscopaliennes) ont conservé l'épiscopat, qui fait partie de leur héritage d'avant la décision de rupture d'Henri VIII[7]. L'ordination sacramentale à vie par trois évêques, la conservation de la succession apostolique (souvent dite historique) et les devoirs et responsabilités de l'évêque suivent les grandes lignes de l'épiscopat catholique et orthodoxe .
53
+
54
+ Les évêques sont soit nommés, soit élus, suivant les us et coutumes de chacune des trente-huit provinces (églises nationales) de la Communion anglicane.
55
+
56
+ Les femmes sont admises à l'épiscopat dans majorité des provinces anglicanes y compris l'Angleterre[12],[13]. La première femme à devenir évêque anglican, Barbara Harris (en), a été élue évêque suffragante dans le diocèse épiscopalien du Massachusetts en 1988 et consacrée le 11 février 1989.
57
+
58
+ De façon courante à la ville, ils portent souvent une chemise violette, ce qui n'est jamais le cas des évêques catholiques.
59
+
60
+ Les vêtements à l'autel sont semblables à ceux des évêques catholiques. Au chœur, pourtant, les évêques anglicans portent des vêtements très particuliers :
61
+
62
+ À part le récent développement du ministère féminin considéré comme une pierre d'achoppement, l'Anglican-Roman Catholic International Consultation ou Commission internationale anglicane-catholique romaine a conclu que la théologie et la pratique de l'épiscopat des deux Églises sont identiques, dans un document rédigé conjointement en 2007[14].
63
+
64
+ Le pape Léon XIII a explicitement déclaré dans sa bulle Apostolicae Curae de 1896, que l'Église catholique considère les ordinations anglicanes comme invalides. Cette position théologique est confirmée par le Cardinal Ratzinger, futur pape Beno��t XVI, dans sa note doctrinale qui accompagne le motu proprio Ad Tuendam Fidem du 18 mai 1998, où il écrit (§ 11, vers la fin) que cette vérité fait partie des vérités « du second alinéa » (cf. canon 750 §2), tranchées de façon définitive et devant être tenues par tous. À la suite de la bulle de 1896, des évêques anglicans se sont fait réordonner par des évêques ordonnés de façon certainement valide mais qui n'étaient pas en communion avec Rome (orthodoxes, etc.).
65
+
66
+ Enfin, la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus de 2009 prévoit des dispositions pour les anglicans qui voudraient revenir à l'Église catholique. Les prêtres et évêques anglicans pourront être ordonnés ; si un ancien évêque anglican est marié, il pourra être ordonné prêtre catholique, mais il pourra bénéficier de certains privilèges : port des insignes épiscopaux, participation à la Conférence épiscopale avec le rang d'« évêque émérite ».
67
+
68
+ Dans le protestantisme (au sens strict, Irvingiens exceptés), seules certaines Églises luthériennes, méthodistes et quelques rares Églises réformées connaissent un ministère épiscopal personnel, qui est une fonction de l'Église et non un ordre sacramentel[15]. Les luthériens français désignent cette fonction par le terme d'inspecteur ecclésiastique. À noter que dans les pays scandinaves et dans une partie de l'Allemagne, la succession apostolique historique a été conservée puisque les diocèses catholiques sont devenus luthériens en bloc lors de la Réforme. Dans l'Église luthérienne, on garde le souvenir de cette étymologie en nommant les évêques des inspecteurs ecclésiastiques.
69
+
70
+ Ces fonctions sont électives, c'est-à-dire démocratiques ; le suffrage des fidèles s'exerçant soit directement au premier degré, soit au second degré. Dans la plupart des confessions protestantes acceptant le ministère épiscopal, la continuité apostolique est généralement entendue comme signifiant la fidélité à l'enseignement apostolique - une succession spirituelle donc, et non historique.
71
+
72
+ Dans les autres Églises protestantes, au niveau de l'Église locale, le ministère épiscopal est celui des pasteurs (traditionnellement élus), et collégialement des anciens. Le consistoire, ou conseil presbytéral est élu par l'assemblée générale qui élit aussi, dans le système presbytéro-synodal, un certain nombre de délégués au synode. Au niveau d'une union nationale, le ministère d'unité est assuré par les synodes et conseils élus par eux, avec parfois une forte concentration sur la personne de leur président. À défaut, il l'est par la collégialité des pasteurs.
73
+
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+ Les églises protestantes connaissent un épiscopat féminin, comme elles connaissent les ministères pastoraux féminins.
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+ En 1918, Alma Bridwell White fut consacrée évêque méthodiste par William Baxter Godbey, et fut donc la première femme évêque aux États-Unis.
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+ Dans le christianisme évangélique, le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques [16].
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+ Dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l'évêque est un homme devant détenir la prêtrise de Melchisédek et avoir été ordonné et mis à part en tant que Grand Prêtre. Il est choisi parmi les membres de la paroisse (instance locale). Il est appelé à cet office par la présidence de Pieu (instance régionale). La durée de cet appel est d'environ 5 ans, jusqu'au moment de sa relève par la présidence de Pieu.
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+ Un évêque « saint des derniers jours » est marié et mari d'une seule femme (Bible 1 Timothée 3:1-7[17]). Il administre à titre bénévole, en parallèle de ses activités professionnelles et familiales, les affaires temporelles et spirituelles de la paroisse. Il ne porte aucune tenue spécifique à sa charge.
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+ Un logiciel libre est un logiciel dont l'utilisation, l'étude, la modification et la duplication par autrui en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement[1], ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l'utilisateur et la possibilité de partage entre individus[2].
2
+
3
+ Ces droits peuvent être simplement disponibles — cas du domaine public — ou bien établis par une licence, dite « libre », basée sur le droit d'auteur. Les « licences copyleft » garantissent le maintien de ces droits aux utilisateurs même pour les travaux dérivés.
4
+
5
+ Les logiciels libres constituent une alternative à ceux qui ne le sont pas, qualifiés de « propriétaires » ou de « privateurs »[Note 1]. Ces derniers sont alors considérés par une partie de la communauté du logiciel libre comme étant l'instrument d'un pouvoir injuste, en permettant au développeur de contrôler l'utilisateur[3].
6
+
7
+ Le logiciel libre est souvent confondu à tort[Note 2] avec :
8
+
9
+ La notion de logiciel libre est décrite pour la première fois dans la première moitié des années 1980 par Richard Stallman[Note 3] qui l'a ensuite — avec d'autres[Note 4] — formalisée et popularisée avec le projet GNU (GNU signifiant « Gnu is Not Unix ») et la Free Software Foundation (FSF).
10
+
11
+ Une première ébauche de définition du logiciel libre est ainsi proposée en 1986 par la FSF ; un logiciel est alors dit libre s'il confère à son utilisateur les libertés suivantes :
12
+
13
+ « Premièrement, la liberté de copier un programme et de le redistribuer à vos voisins, qu'ils puissent ainsi l'utiliser aussi bien que vous. Deuxièmement, la liberté de modifier un programme, que vous puissiez le contrôler plutôt qu'il vous contrôle ; pour cela, le code doit vous être accessible[6]. »
14
+
15
+ Aujourd'hui, un logiciel est considéré comme libre, au sens de la Free Software Foundation, s'il confère à son utilisateur quatre libertés (numérotées de 0 à 3)[7] :
16
+
17
+ L'accès au code source est une condition d'exercice des libertés 1 et 3.
18
+
19
+ La FSF précise quelques points. D'abord ces libertés doivent être irrévocables. Chacun doit avoir la possibilité d'en jouir sans devoir prévenir un tiers. La redistribution du programme doit pouvoir se faire sous toute forme, notamment compilée, éventuellement à la condition de rendre disponible le code source correspondant. L'utilisateur doit pouvoir fusionner des logiciels libres dont il n'est pas lui-même l'auteur. La FSF accepte toutefois des restrictions mineures quant à la façon dont un logiciel modifié doit être présenté lorsqu'il est redistribué.
20
+
21
+ Le projet Debian, commencé en 1993 avec le soutien de la Free Software Foundation, a développé Les principes du logiciel libre selon Debian[8] également connus sous l'acronyme DFSG (pour Debian Free Software Guidelines). Proposé en 1997 par Bruce Perens[9], le côté pratique y est mis en évidence en 10 points, en précisant par exemple : la non-discrimination des utilisateurs et des usages ; les restrictions acceptables en matière de préservation du code source de l'auteur original ; ou encore l'acceptation explicite du changement du nom d'un logiciel dont on redistribue une évolution. On peut noter à ce propos que les noms de plusieurs logiciels libres (et de leurs éditeurs) ont des marques déposées : par exemple Linux[10], Mozilla[11] ou Apache[12].
22
+
23
+ Cette définition établie pour Debian a été reprise dans le cadre de l'Open Source Initiative (OSI) pour établir l'Open Source Definition[13], en 1998. La terminologie FLOSS (Free/Libre Open Source Software) est ensuite apparue pour tenter de réunir les notions de logiciel libre et logiciel open source.
24
+
25
+ Littéralement, open source signifie « code source ouvert ». Toutefois, on utilise généralement open source en référence à l’Open Source Definition introduite par l’Open Source Initiative (OSI) en 1998, qui souhaitait une autre terminologie pour les logiciels libres, qui se voulait en anglais moins ambigüe et plus adaptée au monde des affaires que free software.
26
+
27
+ Le mouvement pour le logiciel libre a défini des règles sur des principes éthiques, celui pour l'open source (qui en découle) a proposé une traduction fonctionnelle. Cela a déclenché des différends relatifs au respect de ces principes. Les défenseurs du logiciel libre considèrent que le logiciel libre est une affaire de philosophie, tandis que les partisans de l'open source rejettent toute philosophie[14].
28
+
29
+ Cette initiative a causé une controverse avec Richard Stallman et la Free Software Foundation[15] qui regrettaient la mise en avant des principes techniques aux dépens de l'éthique. Richard Stallman explique aussi pourquoi le logiciel libre est meilleur que l'open source[16] et pourquoi l'« open source » passe à côté du problème que soulève le logiciel libre[17].
30
+
31
+ S'il persiste des désaccords entre ces mouvements, il reste qu'un travail conjoint d'harmonisation fait que les définitions officielles du logiciel libre par la Free Software Foundation et de l'open source par l’Open Source Initiative renvoient dans la pratique à des licences ayant certains points communs dont voici un exemple :
32
+
33
+ « La FSF considère maintenant l'APSL comme une licence de logiciel libre avec deux problèmes pratiques majeurs, qui rappellent la NPL : Ce n'est pas un vrai copyleft, parce qu'elle autorise des liens avec d'autres fichiers qui peuvent être entièrement privateurs (propriétaires). Elle est incompatible avec la GPL. Pour cette raison, nous vous recommandons de ne pas utiliser cette licence pour publier de nouveaux logiciels ; mais il n'y a pas de problème à utiliser ou améliorer des logiciels publiés par d'autres personnes sous cette licence. » (versions 1.x de l’Apple Public Source License par exemple[18]).
34
+
35
+ À l'époque des premiers ordinateurs, c'était le matériel informatique qui était censé constituer la source de revenus, le logiciel n'étant qu'un moyen d'en faciliter la vente. L'accès au code source était normal, car nul n'achetait un ordinateur sans disposer d'une équipe de programmeurs. Bien avant même la création d'Unix, les milieux professionnels et universitaires s'échangeaient volontiers logiciels et codes sources, et les constructeurs cédaient le leur pour rien jusqu'à ce que les lois antitrust ne le leur interdisent afin de permettre l'exercice d'une concurrence dans ce domaine[19],[20]. En outre, jusqu'aux années 1970, il n'était pas encore tout à fait clair que le droit d'auteur s'applique aux logiciels[contexte nécessaire].
36
+
37
+ Par décisions de justice[contexte nécessaire], les constructeurs sont contraints de facturer séparément leurs logiciels au début des années 1970 ; en quinze ans, l'avènement de la micro-informatique va généraliser ce modèle et donner un essor aux éditeurs de logiciels qui s'orientent vers la vente de licences d'utilisation. Un exemple souvent cité pour illustrer ce tournant est une lettre ouverte de Bill Gates aux hobbyistes, leur enjoignant de cesser de copier illicitement les logiciels.
38
+
39
+ Les constructeurs ont parallèlement restreint l'accès au code source des programmes, comme en atteste la stratégie OCO, object-code only d'IBM à partir du début des années 1980. Il devient impossible, et dans certains cas interdit, d'étudier, de corriger ou d'améliorer les logiciels acquis. Non seulement l'utilisateur ne peut plus adapter le logiciel à ses souhaits, mais en cas de bug, il se retrouve dépendant du bon vouloir de l'éditeur du logiciel. Enfin, la copie, une opération naturelle pour un ordinateur, devient en règle générale interdite (par défaut, le droit d'auteur interdit la copie non explicitement autorisée). Les logiciels disponibles uniquement sous ces conditions restrictives deviennent alors la règle, et les logiciels jusqu'alors librement échangés se retrouvent souvent intégrés dans des produits commerciaux figés et non partageables.
40
+
41
+ Richard Stallman, alors chercheur au laboratoire d'intelligence artificielle du Massachusetts Institute of Technology, ressent profondément ce changement lorsque les collègues, avec qui il travaillait et échangeait des logiciels jusqu'ici, sont engagés à leur tour pour utiliser et produire des logiciels qu'ils ne pourront plus étudier et partager. Stallman commença à constater ces restrictions en présence de programmes sur lesquels il ne pouvait intervenir, un pilote d'imprimante notamment[21]. Robert Sproull aurait refusé de lui fournir le code source en raison d'un contrat de non divulgation que Xerox avait passé avec lui, pratique encore peu courante à l'époque[22].
42
+
43
+ En 1984 il crée donc le projet GNU, qui a pour objectif de construire un système d'exploitation compatible avec Unix, et dont la totalité des logiciels est libre. Parallèlement aux travaux de développement engagés, Richard Stallman fonde la Free Software Foundation. Afin de donner une assise solide à son projet, Richard Stallman définit précisément la notion de logiciel libre et il rédige la licence publique générale GNU (GPL) qui utilise le droit d'auteur pour garantir la pérennité des libertés accordées aux utilisateurs (et donc interdire la possibilité qu'une évolution ne soit plus libre). Il publie également le manifeste GNU afin de marquer le début du projet GNU, puis les bulletins GNU périodiquement. Le projet débute par le développement de GNU emacs un éditeur de texte.
44
+
45
+ Au début des années 1990 la majorité du système GNU était fonctionnelle, seul le noyau manquait. Le Noyau est la partie d'un système d'exploitation qui communique avec le matériel et alloue les ressources aux autres programmes. Le projet GNU Hurd dont les spécifications avaient été définies par Stallman lui-même avait pour but de développer un noyau libre. Cependant le projet prenait du retard, et la conception choisie pour celui-ci paraissait difficile à mettre en œuvre. En 1991, Linus Torvalds, un étudiant finlandais, écrit son propre noyau, puis le publie un peu plus tard sous licence GPL. Son noyau, nommé Linux, associé aux logiciels GNU précédemment développés, permettait alors de former un système d'exploitation complètement libre et pleinement utilisable[23].
46
+
47
+ Les années suivantes ont vu un nombre considérable de projets de logiciel libre se lancer. La fsf référence actuellement plus de 30 000 paquets de logiciel libre. Depuis la fin des années 1990, le succès des logiciels libres, notamment de GNU/Linux, suscite un vif intérêt dans l'industrie informatique et les médias[Note 5].
48
+
49
+ Les libertés d'étudier et modifier un logiciel supposent un accès au code source du logiciel. L'accès au code source est important car les logiciels sont généralement distribués sous une forme compilée en langage machine, prêts à être exécutés par un ordinateur. Mais le langage machine est très peu lisible par l'homme et rend l'étude du logiciel extrêmement pénible, voire impossible. L'accès au code source est donc une condition nécessaire pour permettre à l'utilisateur de savoir ce que le programme fait réellement[24].
50
+
51
+ Un des objectifs principaux du logiciel libre est de permettre à l’utilisateur d'avoir le contrôle de son ordinateur et des logiciels qu'il utilise[25],[26]. Ce contrôle est donné individuellement : chacun peut étudier en détail ce que fait le logiciel, et le modifier s'il le souhaite. Mais les utilisateurs ont aussi le contrôle de manière collective sur leur ordinateur[27] : on ne peut étudier personnellement l'ensemble des logiciels que l'on utilise, mais la relecture collective du code source par la communauté des développeurs, rend peu probable la possibilité qu'une fonctionnalité cachée ou malveillante puisse rester secrète longtemps. Si une telle fonctionnalité est découverte une version modifiée l'évinçant du logiciel peut rapidement être réalisée, discréditant ainsi la version originale. Ceci a pour effet de dissuader, la plupart du temps, les développeurs d'ajouter de telles fonctionnalités dans les logiciels libres[28]. Cependant, cette idée est très largement contestée par les créateurs de logiciels non libres[29].
52
+
53
+ Richard Stallman pense qu'en utilisant des logiciels propriétaires, les utilisateurs perdent la possibilité de contrôler une partie de leur propre vie[30]. Les propriétaires de logiciels propriétaires (les développeurs, ou l'entreprise pour laquelle ils travaillent) ont selon lui le pouvoir d'espionner ou de restreindre les utilisateurs[31].
54
+
55
+ La définition du logiciel libre par la FSF précise[1] :
56
+
57
+ « Quand les utilisateurs ne contrôlent pas le programme, c'est le programme qui contrôle les utilisateurs. Le développeur contrôle le programme, et par ce biais, contrôle les utilisateurs. Ce programme non libre, ou « privateur », devient donc l'instrument d'un pouvoir injuste. »
58
+
59
+ Le 25 octobre 2013, dans l'émission Ce soir (ou jamais !), cette notion de contrôle fait débat entre Jacques Attali et Jérémie Zimmermann. Jacques Attali affirme « Le mot libre est très mal adapté car les logiciels dit libres sont souvent attachés à une seule entreprise ». Selon Jérémie Zimmermann, « la liberté pour les logiciels c'est un vrai concept […] ce que ça veut dire c'est contrôler la machine plutôt que de se laisser contrôler par elle », ce à quoi Attali répond que « Si vous laissez chacun avoir la possibilité de contrôler sa confidentialité alors vous rendez impossible l'État de droit »[32].
60
+
61
+ La qualité du logiciel est souvent proportionnelle au nombre de développeurs. Plus la communauté de développement s'étend, plus elle devient un gage de qualité et de réactivité. De la même manière, la communauté des utilisateurs, ayant comme rôle principal de faire remonter des dysfonctionnements et des suggestions, a une influence proportionnelle à sa taille.
62
+
63
+ Les développeurs et utilisateurs de logiciels libres sont généralement indépendants, sans tendance politique particulière, et leurs motivations sont diverses. Ils réalisent ou utilisent des outils fondés sur un mode de production reposant sur la collaboration, l'entraide, le partage, la mutualisation. À ce titre, Bill Gates a comparé les communautés du libre à des « communistes d'un nouveau genre »[33], bien que Richard Stallman démente être ou avoir été communiste[34].
64
+
65
+ En France, les communautés Ubuntu et Mozilla comptent parmi les plus actives. Il existe également des associations de défense et promotion du logiciel libre telles que l'April, l'AFUL ou le réseau Framasoft.
66
+
67
+ Les logiciels libres ont, dans leur grande majorité, tendance à respecter les formats standards ouverts, ce qui favorise l'interopérabilité. Par exemple, le développement du navigateur web Mozilla Firefox s'applique à respecter autant que possible les recommandations émises par le World Wide Web Consortium. De même, LibreOffice et Apache OpenOffice utilisent le format OpenDocument, aux spécifications publiques définies à l'origine par le comité technique d'OASIS et certifié comme norme ISO[35], incarnant ainsi une valeur pérenne pour les applications bureautiques. L'utilisation de formats ouverts dont l'ensemble des spécifications techniques sont connues, garantit l'accès aux documents numériques archivés.
68
+
69
+ Toutefois, la préférence pour les formats ouverts, si elle est effectivement constatée, n'est pas un élément de la définition du logiciel libre.
70
+
71
+ L'adhésion à une politique de formats ouverts touche à présent largement le monde de l'industrie informatique. À titre d'exemple, les spécifications du langage C#, une création de Microsoft fortement inspirée par le langage Java de Sun Microsystems, ont été publiées et rendues exploitables par d'autres acteurs de l'informatique avant même celles de Java.
72
+
73
+ La commercialisation des logiciels libres est possible mais la liberté no 2 en interdit l'exclusivité. Cette caractéristique rend délicat le retour sur investissement financier pour les développeurs du logiciel par la vente du logiciel. Autrement dit : les logiciels libres ne permettent pas de rétribution directe des auteurs. Ceux-ci doivent se limiter à la vente de services associés à l'utilisation du logiciel (voir l'article consacré aux sociétés de services en logiciels libres et l'article Modèles d'affaires des logiciels open source).
74
+
75
+ Les licences libres les plus « contraignantes » imposent que tout projet qui réutilise le code source du logiciel libre devienne lui-même un logiciel libre. Les éditeurs traditionnels s'y refusant catégoriquement, cette disposition les enferme dans le monde du « non-libre » (l'univers des logiciels propriétaires). Il se crée alors un fossé entre les deux mondes, qui est dommageable du point de vue de l'interopérabilité et de l'harmonie entre des systèmes libres et propriétaires qui sont amenés à « cohabiter ».
76
+
77
+ Il existe aussi une forme de distribution mixte : il s'agit d'un système de double licence selon lequel l'éditeur propose d'une part une distribution libre (et généralement gratuite) et, en parallèle, une distribution fermée et payante, assortie des conditions commerciales classiques des logiciels non-libres (et parfois de fonctionnalités supplémentaires).
78
+
79
+ Certains partisans du logiciel libre voient une incohérence dans la politique de certaines entreprises ayant affiché une adhésion aux principes de l’open source mais étant favorables à l'extension du logiciel au champ du brevetable. Pour eux, le logiciel libre (via la Free Software Foundation) lutte ouvertement contre la brevetabilité des logiciels et, conséquemment, contre l’exclusivité d’exploitation d’une idée par une seule personne ou entreprise. Ils craignent qu'à terme, certains membres de l’open source détiennent des portefeuilles de brevets sur des idées, leur permettant de réclamer des redevances sur chaque portion de code source[réf. nécessaire].
80
+
81
+ IBM, par exemple, déposa en Europe et aux États-Unis certains algorithmes cruciaux dans le fonctionnement général du noyau ou du système d’exploitation GNU/Linux et porta devant des tribunaux des affaires afin que les brevets logiciels soient institués et reconnus en Europe. Pourtant, cette même entreprise autorise l'usage de 500 de ces brevets[36] aux développeurs de logiciels libres et open source[réf. nécessaire].
82
+
83
+ Dans la pratique, tout procès en propriété intellectuelle coûte en temps et en argent. Il est donc difficile pour la communauté open source de faire valoir ses droits face aux multinationales. Certains de ses détracteurs l'accusent de recevoir parfois d'une multinationale des coups de pouce l'aidant à lutter contre l'influence d'une autre (ce fut un moment le cas entre Sun et Microsoft dans l'affaire OpenOffice)[réf. nécessaire]. IBM finance également la communauté des logiciels libres contre les actions de Microsoft, etc.[réf. nécessaire]. Le système no win, no fee autorisé aux États-Unis (et qui fut utilisé pour défendre les victimes pauvres de Bhopal) peut éventuellement permettre à la communauté du libre de défendre ses droits, bien que les dossiers soient par nature plus complexes, demandant parfois d'examiner des centaines de milliers de lignes de code.
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+ La sécurité relative des logiciels libres et propriétaires est sujette à débat.
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+ L'effet du logiciel libre sur l'innovation est sujet à débat.
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+ Les partisans du logiciel libre considèrent qu'il permet de garantir une activité innovante. Parce qu'un large panel de contributeurs peuvent y apporter de nouvelles fonctionnalités. Ce dynamisme accélérerait les échanges et favoriserait l'innovation alors que le principe de « verrouillage » nuirait à ce dynamisme. Enfin l'accès à l'intégralité du code source ne permet pas de garder longtemps un avantage concurrentiel ce qui pousserait à l'innovation[réf. souhaitée].
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+ Certains innovateurs comme Pranav Mistry du Media lab (MIT, États-Unis) proposent[37] de mettre à la fois les innovations matérielles et les innovations logicielles en licence libre pour tous.
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+ De l'autre côté certains acteurs du monde du logiciel propriétaire considèrent au contraire que le logiciel libre peut avoir un effet négatif sur l'innovation en décourageant l'investissement d'acteurs privés[38].
94
+
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+ Il existe une grande disparité à l'intérieur des logiciels sous « licence libre » en ce qui concerne leur financement. D'une part une grande majorité de petits logiciels non financés (bénévolat), et d'autre part des logiciels majeurs du marché, financés principalement par les grands acteurs de l'industrie informatique, ainsi Linux est financé entre autres par Red Hat, IBM et Intel, Firefox par Google.
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+
97
+ En France, les entreprises consacrent « 16 % de part de budget informatique alloués aux logiciels libres »[39].
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+
99
+ Les logiciels libres sont soumis, comme tout logiciel publié hors du domaine public, au droit d'auteur. Dans ce cadre, le droit d'auteur est exercé par le biais d'une licence libre qui énumère les droits que l'auteur choisit d'octroyer à l'utilisateur.
100
+
101
+ Eben Moglen, contributeur à la conception de la licence GNU GPL (notamment la version 3), insiste sur la distinction entre licence et contrat qui existe en droit américain : une licence est une autorisation unilatérale, tandis qu'un contrat suppose des obligations réciproques[40]. Les logiciels libres sont distribués avec de simples licences. Généralement, ils sont également distribués sans la moindre garantie.
102
+
103
+ Certaines licences, dont la plus connue et utilisée pour les logiciels libres, la licence publique générale GNU, sont relativement complexes. Ainsi, la GPL ne donne le droit de redistribuer un logiciel que si l'ensemble du logiciel, y compris toutes les éventuelles modifications, sont redistribuées selon les termes exacts de la GPL. Cette licence a un caractère héréditaire car la fusion d'un logiciel sous GPL avec un logiciel non GPL, n'autorise la redistribution du logiciel fusionné que sous GPL.
104
+
105
+ Les licences des logiciels libres sont souvent réparties en trois catégories, selon le degré de liberté qu'elles accordent en matière de redistribution.
106
+
107
+ La Fondation pour le logiciel libre ou Free Software Foundation, catégorise les licences d'après quelques questions clés[41] :
108
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109
+ En langage courant : « Le logiciel appartient à tout le monde ». C'est une caractéristique juridique qui n'a pas besoin de licence du fait que le logiciel n'a aucun ayant droit. Les droits patrimoniaux concernant ce logiciel disparaissant, il peut alors être utilisé encore plus librement, sous réserve que soient respectés les droits extra-patrimoniaux de ses auteurs. Théoriquement, tout logiciel tombe dans le domaine public une fois les droits d'auteur échus. Toutefois, la durée de protection des droits d'auteur est bien plus longue que le plus ancien des logiciels, par exemple 70 ans après la mort de l'auteur dans tous les pays de l'Union européenne. On ne trouve donc dans le domaine public que des logiciels qui y ont été placés à la suite d'une renonciation aux droits.
110
+
111
+ Il s'agit d'un type de licence imposant peu de contraintes ; cependant, ce type de licence ne protège pas contre les restrictions. En général, seule la citation des auteurs originaux est demandée. En particulier, ces licences permettent de redistribuer un logiciel libre sous une forme non libre. Ces licences permettent donc à tout acteur de changer la licence sous laquelle le logiciel est distribué. Un cas de changement de licence courant est l'intégration de logiciel sous licence BSD dans un logiciel sous copyleft (licence GPL). Un autre cas courant est l'intégration de logiciel sous licence BSD dans les logiciels propriétaires.
112
+
113
+ Ces licences sont notamment utilisées par la Berkeley software distribution (licence BSD), X Window (licence MIT) et Apache Software Foundation (licence Apache).
114
+
115
+ « GPL » est l'acronyme de « General Public License » (Licence Publique Générale). La plus répandue des licences de ce type est la Licence Publique Générale GNU (GNU General Public License), ou GNU GPL pour faire court. On peut réduire encore plus en « GPL », s'il est entendu qu'il s'agit de la GNU GPL[43]. La Free Software Foundation ou FSF se réfère à la catégorie de licence « copyleft ».
116
+
117
+ La GPL contient des « contraintes contre les contraintes ». Par exemple, l'article deux de la GPL permet d'apporter des modifications et de la distribution d'une œuvre sous licence GPL si le licencié fait tout le travail soit concédé comme un tout, sans frais à toute tierce partie suivant les termes de la GPL. Autrement dit, cette licence interdit la redistribution hors des principes du copyleft, car « Si un programme est un logiciel libre au moment où il quitte les mains de son auteur, cela ne signifie pas nécessairement qu'il sera un logiciel libre pour quiconque en possèdera une copie »[44]. Les licences du projet GNU sont les plus célèbres. Une telle licence permet d'intégrer du logiciel sous licence BSD et de le redistribuer sous licence GPL. L'inverse est impossible. La licence GPL est critiquée puisqu'elle empêche les fournisseurs de logiciels propriétaires de censurer le code.
118
+
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+ La contrainte en aval contre les restrictions est intentionnelle. Les auteurs de la GPL soutiennent également que tous les logiciels doivent être sous licence libre parce qu'il est moralement inacceptable de faire autrement[45].
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+
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+ La GPL entretient l'effort de rendre le plus de logiciel libre possible et ce unidirectionnellement. Il s'agit d'une licence qui protège inconditionnellement les développements logiciels appartenant au domaine public.
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+
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+ D'importants programmes libres sous licence comme le compilateur GNU C++, le noyau Linux et la suite de bureautique LibreOffice n'existeraient pas sans cela[46].
124
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+ En somme, la licence GPL est conçue pour protéger les libertés des utilisateurs tout en facilitant la coopération avec la communauté du logiciel libre[47].
126
+
127
+ Un logiciel non libre est appelé logiciel propriétaire ou logiciel privateur. Cette première appellation peut apparaître trompeuse, car à l'exception de logiciels du domaine public, les logiciels libres n'ont pas moins de propriétaires que les autres, encore que le terme auteurs soit plus approprié. Les auteurs de logiciels libres conservent certains droits dépendants du type de licence libre employée.
128
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+ Quelques exemples de types de logiciels non libres :
130
+
131
+ Des logiciels libres sont aujourd'hui disponibles pour des besoins aussi variés que la gestion de projets, de temps, gestion d'établissements scolaires ou universitaires, incluant des modules de comptabilité, finances, ressources humaines, cursus et scolarité, documentation, communication, formation, pédagogie, travail collaboratif, gestion de données et de contenu, gestion de contenu web, gestion de l'apprentissage, gestion des droits numériques, créativité (arbres heuristiques…). Portails et plates-formes numériques de travail ou d'enseignement (TICE dont formation en ligne), services numériques divers, etc.
132
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+ Leur maintenance et développement peuvent être externalisés ou coopératifs.
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+ Parmi les logiciels libres les plus connus du grand public figurent :
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+ Les logiciels libres ont aussi un rôle important dans le fonctionnement d'Internet :
138
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139
+ Le réseau Framasoft, dont le slogan est « la route est longue mais la voie est libre », référence dans son annuaire plus de mille six cents logiciels libres.
140
+
141
+ Le logiciel libre s'impose de plus en plus comme une solution de remplacement moins coûteuse que les logiciels propriétaires. Il devient également un produit de plus en plus mis en avant par des revendeurs, soit pour sa fiabilité (cas de fournisseurs de serveurs), soit pour son coût de licence nul, permettant au client d’investir la différence dans des services associés. Ses spécificités ont également abouti à ce que les acteurs de l'écosystème inventent des modèles d'affaires spécifiques afin de se financer.
142
+
143
+ Le tableau suivant reprend les données disponibles pour la France :
144
+
145
+ Du côté des administrations, on peut citer les gouvernements brésilien, sud-africain, d'Andalousie et d'Estrémadure en Espagne, qui ont officiellement affiché leur orientation vers le logiciel libre.
146
+ En France, on peut noter, après la gendarmerie nationale, le passage de secteurs l'administration centrale à LibreOffice via MIMO.
147
+
148
+ En France, le chiffre d'affaires du logiciel libre en 2007 est de 730 millions d'euros. Rapportés aux 30 milliards du marché du logiciel, cela représente 2,4 % de part de marché (contre 1,5 % en 2006)[60].
149
+
150
+ En outre, l'AFUL a édité un dossier et l'April un livre blanc sur les modèles économiques liés au logiciel libre.
151
+
152
+ La position officielle de la France pour « l'usage du logiciel libre dans l'administration » est précisée en septembre 2012 dans un document du même nom appelé aussi circulaire Ayrault sur le logiciel libre car adressé par ce dernier à l'ensemble de ses ministres[61]. Ainsi, chaque année, le Socle interministériel de logiciels libres présente près de 200 logiciels libres mis en avant pour leur efficacité dans différentes administrations de l’État français.
153
+
154
+ Le cabinet Pierre Audoin prévoit une part de marché du logiciel libre de 20 % dans les logiciels et services en 2020[62].
155
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+ Des conférences et ateliers sont organisés régulièrement pour promouvoir le logiciel libre avec découvertes, démonstrations et évolutions des logiciels entrant dans la définition du libre. Ce sont des événements organisés à des niveaux scolaires comme le Capitole du Libre[63], régionaux[64], nationaux[65] et internationaux comme le FOSDEM[66].
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160
+ « Why I Must Write GNU : I consider that the golden rule requires that if I like a program I must share it with other people who like it. I cannot in good conscience sign a nondisclosure agreement or a software license agreement. So that I can continue to use computers without violating my principles, I have decided to put together a sufficient body of free software so that I will be able to get along without any software that is not free. »
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Un logotype ou logo[note 1] est une composition figurée servant à identifier visuellement, de façon immédiate une entreprise, une marque, une association, une institution, un produit, un service, un événement ou toute autre sorte d'organisations dans le but de se faire connaître et reconnaître des publics et marchés auquel il s'adresse et de se différencier des autres entités d'un même secteur. Les logos sont des modèles déposés dont la reproduction sans autorisation est punissable comme contrefaçon.
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+ Concernant les institutions et administrations publiques, on parle également de symboles, d'armes ou d'emblèmes officiels qui figurent sur des écus, des sceaux ou des drapeaux. Ils sont protégés par un privilège de la puissance publique sans avoir besoin d'être déposés comme une marque ou un modèle commercial.
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+ Un logotype était à l'origine, en typographique, une marque écrite à l'aide d'une fonte de caractères spéciale, et disposée d'une manière particulière, mais lisible. Dans l'industrie automobile on dit plutôt monogramme, dans le cas du nom de marque placé à l'arrière des véhicules.
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+ Il convient de ne pas confondre logo et pictogramme. Ce dernier est un signe ayant pour fonction de désigner l’action ou l’objet qu’il représente afin de donner accès plutôt à une chose, alors que le logo sert à désigner plutôt une personne.
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+ L'usage fait que l'on appelle aussi abusivement « logo », un graphisme déposé.
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+ Un logo peut être sonore, on parle alors d'identité sonore ou de logo sonore.
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+ Les marques d’imprimeurs sont sans doute les premiers logos modernes. Les imprimeurs étant souvent à la fois éditeurs et libraires, l’enseigne de la boutique devient l’image qui figure sur la page de titre. Au début du XIXe siècle, les logotypes sont des caractères d’imprimerie regroupant en un seul plusieurs caractères formant des syllabes courantes : tentatives pour faciliter la composition manuelle, qui n’aura pas de suite du fait de la complication du système.
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+ L'essor du logo coïncide avec l'industrialisation, le développement de l'économie de marché et l'environnement concurrentiel du XIXe siècle. La publicité se développe et les entreprises ont besoin de créer des identités pour se démarquer et communiquer sur le marché. De plus en plus de fabricants commencèrent donc à inclure un symbole, signe ou emblème sur leurs produits et emballages, pour que tous les acheteurs puissent aisément reconnaître le produit qu'ils voulaient. Les fabricants ajoutent ensuite le nom de la compagnie ou du produit sur leur signe. Le nom prend une forme spécifique chez chaque manufacturier.
16
+
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+ Depuis de nombreuses années, quand un nouveau logo est dessiné, des entreprises font appel à des publicitaires et des designers graphiques pour créer un signe ou un emblème qui apparaîtra comme un logotype, accompagné du nom de la compagnie, du produit ou du service. C'est également à cette époque que les sociétés commencent à associer leur nom ou celui de leur produit à leur signe. Le nom prend alors une forme spécifique chez chaque manufacturier. On parle de logos combinés, c'est la première fois que le signe et le nom étaient associés.
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+ Le logo a une place importante dans l'économie et la publicité. Certaines sociétés ont une identité visuelle suffisante pour que le nom de la marque n'ait pas besoin de figurer sur le visuel publicitaire.
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+ L'insigne existe dès que l’homme ressent le besoin et la nécessité de marquer son bien ou sa production, à des fins de reconnaissance pour se faire payer, par exemple : les tailleurs de pierre ont chacun leur marque distinctive (la tâche) , les propriétaires de bétail marquent leurs bêtes, etc. Le logotype s’institutionnalise avec l’invention de l’imprimerie puisque par définition, on dispose d’un type, un dessin en relief réutilisable à l’infini pour distinguer sa production.
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+ La réelle définition d'un logo est non pas l'aspect graphique adjoint à un nom, qui en fait un « insigne » — que Renault appelle son monogramme —, mais bel et bien le nom dans un graphisme typographique spécial. Exemple : le losange Renault n'est pas le logo, mais l'insigne de Renault. Le véritable logo de Renault est le nom « RENAULT » écrit avec une typographie spécifique ou bien avec une police de caractère spécialement réalisée pour la circonstance, particulière, ou encore le nom écrit avec un certain style pour en rendre l'aspect original. Aujourd'hui sous l'appellation « logo », on regroupe ces deux idées en une seule, mais il s'agit d'une extension de sens abusive.
24
+
25
+ Quand dans les années 1970, ont commencé à fleurir des ventes de tee-shirt par correspondance où étaient sérigraphiés des groupes musicaux, les choses étaient bel et bien spécifiées pour différencier une commande. Ainsi par exemple, pour le groupe Scorpions, si on ne voulait que le tee-shirt avec le nom et pas autre chose, il fallait commander le tee-shirt option « logo ». Et effectivement, dans ce cas précis, c'est bel et bien le nom du groupe avec ce graphisme propre, qui est le logo du groupe.
26
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27
+ Pour prendre un dernier exemple, dans le cadre de la propriété industrielle, le nom « Alain Afflelou ». Si une personne porte le même nom et veut ouvrir un magasin dans le même secteur d'activité, il le peut, mais pas avec le même graphisme.
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29
+ Cette différence, souvent oubliée, rappelle que logo désigne le nom, et l'insigne ou le signe désigne un graphisme associé.
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+ Quand la marque est suffisamment forte, il arrive que le nom de la marque disparaisse, laissant ainsi place à l'insigne seul sans être associé au nom comme les marques internationales Apple, Mercedes-Benz, McDonald's ou Nike.
32
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33
+ Des municipalités, des États, plus généralement des administrations ou des institutions publiques utilisent des logotypes en complément de leur emblème tel que les blasons, afin de moderniser leur image.
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+ C'est ainsi le cas de la France, le gouvernement ayant adopté en 1999, pour sa communication, une charte graphique comprenant un logotype utilisé par les ministères, les services déconcentrés de l'État, les ambassades, etc. Ce logotype reprend et combine trois des emblèmes ou symboles français : le drapeau tricolore, Marianne et la devise de la France Liberté, Égalité, Fraternité.
36
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+ La création d'un logotype peut être considérée comme une création de graphisme. De nombreux éléments sont à prendre en compte afin de transmettre le message souhaité, tant au niveau des formes que des couleurs.
38
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+ Ainsi, un logotype structuré sur une forme ronde, par sa référence à la Terre, à la nature en général véhicule une image de sécurité, de bien-être et d'apaisement. À l'inverse, le choix de formes triangulaires assure l'idée d'innovation, de progression et de techniques de pointe. Les formes carrées quant à elles font référence à la stabilité et la robustesse. Ces quelques formes de base se retrouvent dans de nombreux logos, et véhiculent ainsi des notions qu'un simple nom ne pourrait parfois suffire à transmettre.
40
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41
+ La croix rouge (croissant rouge dans les pays musulmans) est un exemple d'un emblème si connu, qu'il n'a pas besoin d'être accompagné d'un texte pour être compris. Il protège le personnel médical en temps de guerre ainsi que les victimes des conflits armés et ceux qui tentent de les aider. Les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et leur Fédération, ainsi que le Comité international de la Croix-Rouge incluent ces symboles dans leurs logos.
42
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43
+ Dans cette optique le logo se conforme aux codes admis dans un champ d'activité donné afin d'être immédiatement reconnu comme se situant dans ce champ d'activité. Mais dans ce champ, le logo doit aussi se distinguer le plus possible afin d'être identifié parmi ses pairs. Un travers commun est de se conformer aux modèles préexistants au point de diluer le message et l'identité de l'objet dans un environnement diffus. Les collectivités territoriales ont par exemple multiplié les poncifs dans les années 1970 et 1980 en basant leur logo sur : leur initiale / un code couleur associant le bleu (pour l'eau, mer ou rivière) et le vert (pour la campagne) / des hachures façon Renault « pour faire moderne ».
44
+
45
+ Le choix du recours au logo par rapport à d'autres modes d'identification est aussi à mettre en balance, notamment pour une collectivité territoriale qui dispose d'autres signes.
46
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47
+ Quelques éléments qui peuvent faire un bon logo[1],[2] :
48
+
49
+ Les logos du début des années 2000 gagnaient en stylisation et en simplification (parfois à l'extrême, comme le logo de la région des Pays de la Loire). Les formes géométriques et très figuratives disparaissent laissant place à des formes plus rondes, tout comme les typographies qui vont laisser de côté les capitales.
50
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51
+ Les valeurs à faire passer sont désormais celles de la proximité, et du caractère humain des institutions qu'ils représentent. Des couleurs plus vives et chaudes (jaune, orange, rouge) sont plus largement utilisées donnant ainsi place au dynamisme, à la modernité, comme les logos de EDF, GDF (version 2002), SNCF, etc. ainsi que beaucoup de collectivités (municipalités, etc.), notamment au changement de majorité.
52
+
53
+ De nombreux logos créés à la fin des années 2000 s'appuient sur les spécificités dites du « web 2.0 », c'est-à-dire avec des effets de transparence et de reflets. On peut remarquer deux grandes stratégies : soit les marques font le choix de conserver leur logo et d'appliquer ces effets pour lifter leur logo, c'est le cas de TF1, La Poste, le Loto, France Télévisions (et l'ensemble des logos des chaînes du groupe), Elf (en France) ou encore LG, NRJ, etc. ou bien, c'est lors du changement de logo que ces effets sont appliqués, c'est le cas de RFF par exemple, la simplification est toujours présente.
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55
+ Dans les années 2010, on constate que de nombreuses marques reviennent à plus de simplicité en éliminant les effets de reliefs, de reflets, d'ombrage au profit d'un logo en aplat, dit en flat design.
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