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La cécité est une déficience visuelle totale. Le terme cécité vient du latin classique caecitas « perte de la vue »[1]. La cécité est un handicap qui touche un grand nombre d'êtres humains dans le monde. On qualifie une personne atteinte de cécité de personne aveugle.
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Cette absence de la vue peut avoir de multiples causes et conséquences. Par exemple, la vie sociale est compliquée par le handicap ; la santé et le sommeil sont affectés par une perturbation de la production de la mélatonine (hormone du sommeil et du cycle nycthéméral)[2].
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Au cours de l'Histoire, l'aveugle a suscité tantôt l'effroi et la perplexité et tantôt l'admiration (comme Béla II de Hongrie, Enrico Dandolo, Jean l'Aveugle ou Jan Žižka).
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La prévalence de la cécité au Moyen Âge est probablement proche de celle des pays du tiers-monde actuel soit 1 %, avec, comme principales causes la maladie, l'accident, la mutilation ou le châtiment pénal de l'aveuglement[3].
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Le théâtre ou les fabliaux tournent parfois l'aveugle en dérision. Les aveugles restent vivre dans leurs familles, deviennent mendiants, vivent d’expédients, partent en pèlerinage en quête de guérison ou sont parfois pris en charge par les institutions charitables : maison-Dieu, aumôneries, aveugleries (fondations spécialisées), hospice des Quinze-Vingts fondé vers 1260 par Saint Louis qui manifeste une compassion et une fraternité envers les aveugles.
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Au XVIIe siècle, l'image de l'aveugle est toujours confondue avec celle du pauvre et de tous les autres exclus dont on se défie et qui sont menacés de « grand renfermement ». Au XVIIIe siècle, une nouvelle technique d'opération de la cataracte (extraction et non plus enfoncement du cristallin par Charles Saint-Yves ou Jacques Daviel) améliore la condition des aveugles atteints de cette maladie de l'œil[4]. C’est la publication par Diderot, le 9 juin 1749, de sa « Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient », ouvrage évoquant notamment le mathématicien aveugle Nicholas Saunderson, qui va changer l’image des aveugles dans la société. La musicienne autrichienne aveugle Maria Theresia von Paradis[réf. nécessaire], lors d'une tournée à Paris, aide Valentin Haüy (« le père et apôtre des aveugles »[réf. nécessaire]) à fonder la première école pour aveugles qui ouvre en 1786, l’institution des Enfants Aveugles qui vise à éduquer les aveugles de toute condition sociale. Louis Braille, élève à l'Institution royale des jeunes aveugles, s'inspirant de la sonographie inventée par Barbier de La Serre, met au point en 1825 le système d’écriture tactile à points saillants (nommé ensuite le braille en hommage à son inventeur) qui permet l'accès total à la lecture et l'écriture et ainsi à la citoyenneté[5].
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L'aveugle est celui qui est privé de ses yeux (ab oculis) ou celui qui est privé de la vue. À ce sens strict de privation totale on fait correspondre une privation partielle.
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Ainsi, dans le sens réglementaire français, la cécité commence dès que l'acuité est inférieure à 1/20.
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Il peut donc s'agir de sujets aveugles au sens strict (sujets n'ayant aucune perception visuelle) que de sujets ne pouvant être considérés ni comme des aveugles, car ils ont une acuité chiffrable et un certain potentiel visuel, ni comme des malvoyants, car cette acuité est inférieure à 1/20.
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De même, une personne est considérée comme malvoyante si elle a en dessous de 3/10 d'acuité visuelle du meilleur œil après correction. Ce seuil varie selon les pays et les provinces. Au Québec par exemple, on considère qu'une personne ayant une acuité visuelle inférieure à 6/21 est atteinte d'une déficience visuelle.
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Certains utilisent parfois l’expression « non voyant » en lieu et place du mot aveugle. Cet usage est contesté, notamment par les principales associations de déficients visuels (qui ont pour la plupart le mot « aveugle » dans leur dénomination) ; elles considèrent en effet que cela relève de l’hypocrisie ou du « politiquement correct ».
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Le terme de cécité est aussi employé pour désigner la condition neurologique qui résulte d'une destruction partielle ou totale des aires visuelles du cerveau. Suivant le site de la lésion, le patient peut perdre certaines facultés visuelles.
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La cécité corticale totale résulte d'une destruction du cortex visuel bilatéral. Les personnes atteintes de cette forme de cécité sont parfois sujettes au phénomène de vision aveugle (blindsight), qui se traduit par une incapacité totale pour le patient à percevoir les informations visuelles qui lui parviennent alors que tout le système visuel périphérique est en parfait état de fonctionnement. Une exploration fonctionnelle plus fine montre alors que certaines facultés de vision peuvent être préservées sans que le patient lui-même en ait conscience. Par exemple, le patient peut ajuster sa main pour attraper un objet alors même qu'il rapporte lui-même ne rien percevoir.
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Une cécité partielle peut être le résultat d'une destruction plus restreinte des territoires visuels. Le patient souffre alors d'un scotome, il est incapable de percevoir les informations visuelles en provenance de cette région de l'espace car la zone qui traitait cette région a été détruite.
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On utilise aussi le terme cécité dans l'expression cécité verbale qui est un déficit sélectif dans la lecture des mots résultant le plus souvent d'une atteinte des régions occipito-temporales gauches. Bien que sa vision soit parfaite par ailleurs, le patient est incapable de lire. Dans le cas d'une cécité verbale dite pure, le patient reste capable de lire les lettres mais plus les mots tout en restant capable d'écrire. On parle alors aussi d'agnosie d'alexie verbale ou d'alexie sans agraphie.
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Dans les pays en développement où la nourriture manque et où les conditions d'hygiène sont déplorables, la cécité est la conséquence de certaines maladies infectieuses comme le trachome, la cécité des rivières ou onchocercose. Par contre, dans les pays industrialisés, les deux plus grandes causes de cécité sont la cataracte et le glaucome. La cataracte est une maladie de la vieillesse caractérisée par une modification du cristallin (celui-ci s'opacifie et blanchit). Presque la moitié des cécités seraient dues à une cataracte non soignée. Le glaucome est une dégénérescence du nerf optique consécutive à une augmentation de pression intérieure de l'œil. Mais il existe des glaucomes à tension normale et même à basse pression intraoculaire.
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Des anomalies telles que le rétinoblastome ou cancer de la rétine affectent les jeunes enfants avant l'âge de trois ans et ont une composante héréditaire. C'est le cas également de la microphtalmie postérieure, responsable de glaucome.
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Le rythme circadien peut être profondément modifié en raison de la non-perception par l’œil (et par la glande pinéale qui lui est liée) du cycle jour-nuit, ce qui conduit un allongement du rythme de veille/sommeil (qui devient d'un peu plus de 24 heures) avec alors des troubles du sommeil (insomnies, somnolence diurne...), qui peuvent être régulés par la prise de mélatonine une heure avant le coucher[2],[6].
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La plupart des personnes atteintes de la cécité développent, de manière compensatoire, leurs autres sens comme celui du toucher par exemple. Le toucher va alors servir pour l'apprentissage et la maîtrise de l'alphabet Braille. Cet alphabet permet à ces personnes de déchiffrer les lettres, les chiffres… grâce à l'assemblage de points en relief. L'écholocalisation est aussi utilisée par des aveugles grâce au « clic palatal », claquement de la langue contre le palais qui produit des sons dont l'écho peut être localisé à 3° près[7]. Il existe aussi d'autres sortes d'aide mises en place pour les personnes aveugles. La plus souvent utilisée est la canne blanche.
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Le fait de ne pas voir, comme par cécité, est une métaphore d'une attitude d'indifférence, voire de négation, d'éléments pourtant manifestes ou répandus, dans le domaine personnel comme en matière collective. La cécité permet ainsi de caricaturer ou dramatiser des opinions, souvent d'ordre politique.
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Céline Dion, née le 30 mars 1968 à Charlemagne, au Québec, est une chanteuse canadienne.
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Dernière d'une famille de quatorze enfants, elle connaît un succès presque immédiat dans sa province d'origine, le Québec, dès 1981 avec la chanson Ce n'était qu'un rêve. Une série d'albums francophones, dans les années 1980, consolide sa popularité au Québec, tandis que le titre D'amour ou d'amitié (1983) lui vaut sa première exposition en France. Elle acquiert sa première renommée internationale en gagnant le Concours Eurovision de la chanson 1988 durant lequel elle représente la Suisse avec la chanson Ne partez pas sans moi. Elle apprend ensuite l'anglais, change de style vestimentaire et signe un contrat chez Epic Records aux États-Unis. Son premier album anglophone, Unison, sort en 1990 et l'établit comme une artiste pop importante sur les marchés nord-américains et anglo-saxons.
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Dans les années 1990, elle atteint une célébrité planétaire, produisant notamment deux albums qui figurent parmi les plus vendus de l'histoire de l'industrie musicale, Falling into You (1996) et Let's Talk About Love (1997), écoulés chacun à plus de 30 millions d'exemplaires à travers le monde. Elle enregistre plusieurs grands succès internationaux qui culminent avec My Heart Will Go On, chanson du film Titanic (1997). Elle continue parallèlement à produire des albums en français destinés aux marchés francophones et marqués par une fructueuse collaboration avec Jean-Jacques Goldman, qui conduit notamment à D'eux (1995), album francophone le plus vendu en France et dans le monde, et S'il suffisait d'aimer (1998). Dans les années 2000, elle acquiert une solide réputation de femme de scène, notamment avec le spectacle A New Day… donné à Las Vegas de 2003 à 2007, qui constitue le spectacle en résidence le plus rentable de l'histoire, ou encore avec le Taking Chances World Tour, qui s'étend de 2008 à 2009 et devient l'une des tournées les plus rentables de tous les temps. Dans les années 2010, elle reprend sa résidence à Las Vegas de 2011 à 2019 et donne plusieurs tournées régionales dans le monde. En 2016, le décès de son mari et manager René Angélil, qui a largement contribué à presque chaque étape de son succès, représente un tournant dans sa carrière.
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La musique de Céline Dion s'inspire de diverses influences, du R&B au gospel en passant par le classique et la pop. Enregistrant principalement en français et en anglais, mais aussi occasionnellement en espagnol, italien, allemand, latin, japonais et mandarin, elle est largement considérée et reconnue comme une des voix les plus influentes de la musique pop. Elle a reçu cinq Grammy Awards, y compris ceux de l'album de l'année et de la chanson de l'année, et deux Oscars de la meilleure chanson originale ont été décernés à des chansons qu'elle a interprétées. En 2003, la Fédération internationale de l'industrie phonographique l'honore pour la vente de plus de 50 millions d'albums en Europe. Lors des World Music Awards de 2007, elle reçoit le Legend Award en reconnaissance de son « succès mondial et pour sa contribution exceptionnelle à l'industrie de la musique »[3]. D'une manière similaire, elle reçoit le Billboard Icon Award lors des Billboard Music Awards en 2016[4] afin de récompenser l'ensemble de sa carrière[5].
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Artiste canadienne ayant obtenu le plus grand succès de l'histoire, elle est l'une des artistes ayant vendu le plus de disques, avec plus de 200 millions d'exemplaires écoulés à travers le monde[6],[7],[8].
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Céline Dion a des origines françaises et descend de la diaspora française au Canada. Elle n'a cependant pas la nationalité[9],[10]. Plus précisément, elle est de lointaine ascendance bretonne par ses deux parents. Ces origines remontent, des deux côtés, au XVIIe siècle[11],[12],[13].
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Céline Marie Claudette Dion naît le 30 mars 1968 à l'hôpital Pierre-Le-Gardeur de Repentigny (Québec)[14],[1],[2], près de Charlemagne, où réside alors sa famille[14]. Ses parents, Thérèse Tanguay (1927-2020) et Adhémar Dion (1923-2003), un couple de Canadiens français[9], ont eu quatorze enfants[15] (Céline étant la dernière). Sa mère choisit son prénom en entendant la chanson Céline d'Hugues Aufray, ses autres prénoms (Marie et Claudette) lui venant de sa sœur et marraine, Claudette Dion, ainsi que de la tradition catholique québécoise qui veut que chaque fille porte le prénom Marie. Son enfance est bercée par la musique, chacun des membres de sa famille jouant d'un instrument. Elle reçoit sa première clarinette à l'âge de quatre ans mais c'est pour le chant qu'elle semble avoir plus de facilité.[réf. nécessaire] Le 18 août 1973, à l'âge de cinq ans, elle chante pour la première fois devant un public pour le mariage de son frère Michel, où elle interprète Du fil, des aiguilles et du coton, de Christine Charbonneau. Plus tard, elle se donne en spectacle avec ses frères et sœurs en chantant dans le restaurant de ses parents, Le Vieux Baril. À l'école, elle est souvent absente et cumule les mauvaises notes.
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En 1980, alors âgée de douze ans, elle collabore avec sa mère et son frère, Jacques, pour composer, écrire et enregistrer sa première chanson, Ce n'était qu'un rêve[16]. Un autre de ses frères, Michel, envoie l'enregistrement à l'impresario René Angélil (dont il a découvert le nom sur le dos d'une pochette d'album de Ginette Reno)[17]. Ce dernier, qui vient d'être remercié par Ginette Reno, se retrouve sans travail et pense aller étudier le droit.
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En février 1981, après insistance de la part de la famille Dion, il écoute l'enregistrement envoyé quelques semaines auparavant. Impressionné par la voix de la jeune fille, il décide de la convoquer[18]. Pour s'assurer de ses capacités, il lui demande de chanter Ce n'était qu'un rêve, dans le bureau où se déroule l'entretien. Convaincu et croyant à son potentiel vocal, il décide alors d'hypothéquer sa maison, afin de financer les premiers albums de la chanteuse[15]. Le 19 juin 1981, elle fait sa première apparition à la télévision au Québec, chez Michel Jasmin. À l'automne, les deux premiers albums de Céline Dion sortent simultanément : le premier, La Voix du Bon Dieu, comporte quatre titres écrits par le parolier français Eddy Marnay (qui deviendra son parolier principal dans les années 1980) ; le deuxième, Céline Dion chante Noël, est un recueil de chants de Noël.
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En 1982, le single Ce n'était qu'un rêve (sorti au Québec l'année précédente) est commercialisé en France. Céline Dion apparaît pour la première fois à la télévision française dans l'émission pour la jeunesse Croque-vacances le 20 août 1982 sur TF1[19]. Elle y interprète la chanson L'amour viendra, quelques mois avant son passage chez Michel Drucker dans l'émission Champs Élysées (même si Michel Drucker a souvent indiqué que Céline Dion avait fait sa première apparition à la télé française dans son émission, ce qui est faux). Son troisième album, Tellement j'ai d'amour…, sort en septembre au Québec. En octobre, elle gagne la médaille d'or du Best Song Award au Festival mondial de la chanson de Tokyo, où elle représente la France[15],[20]. Le même mois, Céline abandonne l'école (qu'elle a toujours détesté) pour se consacrer à sa carrière.
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Le 29 janvier 1983, elle chante en France au Midem et participe à l'émission de variétés Champs Élysées diffusée en direct en première partie de soirée sur Antenne 2 et présentée par Michel Drucker où elle interprète D'amour ou d'amitié. Elle devient la première Canadienne à obtenir un disque d'or en France. Tandis qu'un quatrième album, Les Chemins de ma maison, paraît au Québec, elle sort son premier album en France, Du soleil au cœur (une compilation de titres issus de ses albums québécois). En fin d'année, Céline Dion lance un second album de Noël, Chants et contes de Noël.
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En 1984, elle est choisie pour représenter la jeunesse de son pays pour la venue du pape Jean-Paul II au Stade olympique de Montréal le 11 septembre, où elle chante Une colombe devant 65 000 personnes[21]. À la suite de cet évènement, cette chanson devient alors un succès au Québec[22]. Céline Dion sort 3 albums cette année-là : Mélanie (un album studio), Les Plus Grands Succès de Céline Dion (une compilation) et Les Oiseaux du bonheur (son second album à sortir en France, là encore une compilation de titres parus sur ses précédents albums), dont est extrait le single Mon rêve de toujours. En août, elle participe à la célébration du 450e anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier, en chantant devant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Fin 1984, elle assure la première partie de Patrick Sébastien en France durant deux mois, en province puis à l'Olympia de Paris[14].
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En 1985, elle participe à la chanson caritative québécoise Les Yeux de la faim, pour venir en aide aux enfants de l'Éthiopie[23]. Elle sort un huitième album au Québec, C'est pour toi, et y effectue sa première vraie tournée (de laquelle sortira son premier album live Céline Dion en concert, contenant plusieurs reprises de chansons en anglais)[14]. La même année, elle participe à la bande originale Opération beurre de pinotte, dont sont issus les singles Dans la main d'un magicien et Listen to the Magic Man (son 1er titre enregistré en anglais, et également son premier vidéoclip).
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En 1986, elle sort en France un single inédit, Billy, avant de faire une pause : en prévision d'une carrière internationale, elle travaille son image (notamment en faisant refaire sa dentition et en changeant de look) et prend des cours d'anglais intensifs chez Berlitz. Après avoir vu une performance télévisée de Michael Jackson, elle souhaite pouvoir intégrer la même maison de disques que lui, et René Angélil entame alors des démarches auprès de CBS Records[18]. Pendant ce temps, un best-of sort (Les Chansons en or), contenant l'inédit Fais ce que tu voudras.
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En 1987, elle signe au sein de CBS (qui deviendra Sony Music) et publie l'album Incognito. En plus d'un look totalement renouvelé, Céline Dion modernise son style musical en passant à un son plus commercial, ce qui permet à quatre singles de finir en tête des palmarès québécois. En France, deux inédits sortent mais ne rencontrent pas le succès (Je ne veux pas et La Religieuse, signé Didier Barbelivien). Fin 1987, à la suite du succès d'Incognito au Québec, elle est invitée aux Junos (cérémonie se déroulant au Canada anglais et diffusée dans tout le pays). Afin de pousser sa carrière internationale, René Angélil lui fait interpréter une version anglophone de Partout je te vois (présente sur l'album Incognito), Have a heart. Sa prestation est très appréciée par le public et la critique[24].
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Céline Dion fait partie des neuf artistes candidats de la sélection suisse pour le Concours Eurovision de la chanson 1988 avec la chanson Ne partez pas sans moi, écrite par Nella Martinetti, sur une musique d'Attila Sereftug[25]. Les chansons ont été choisies par divers jurys et experts. Le 6 février, au terme de l'émission se déroulant au théâtre de Beausobre à Morges et présentée par Serge Moisson, elle remporte grâce aux votes des téléspectateurs, la sélection pour être la représentante de la Suisse au Concours Eurovision de la chanson[26], alors que sa tournée Incognito au Québec a juste démarré en janvier 1988[27]. Le 30 avril 1988, elle représente donc la Suisse au 33e Concours Eurovision de la chanson se déroulant au Simmonscourt Pavilion à Dublin en Irlande. Elle passe en 9e position sur les 21 pays participants avec la chanson Ne partez pas sans moi sous la direction d'Attila Sereftug, qui est également le compositeur de la chanson. Après le vote final des pays, elle remporte le concours, devançant seulement d'un point le représentant du Royaume-Uni Scott Fitzgerald, deuxième du classement avec la chanson Go[28],[29]. Elle donne la deuxième victoire à la Suisse au Concours Eurovision 32 ans après Lys Assia. Elle reçoit, avec les auteurs-compositeur de la chanson, le trophée des mains de Johnny Logan (vainqueur de l'Eurovision 1987 et 1980). Céline Dion se fait ainsi mieux connaître en Europe et publie une cinquième compilation The Best of Celine Dion. En parallèle, elle continue la tournée Incognito au Québec jusqu'en décembre 1988.[réf. nécessaire].
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Le 6 mai 1989, elle est invitée au 34e Concours Eurovision de la chanson se tenant au palais de Beaulieu de Lausanne en Suisse. Elle se produit en ouverture du spectacle. Elle chante tout d'abord une partie de Ne partez pas sans moi, la chanson gagnante de l'année précédente. Les présentateurs de la soirée Jacques Deschenaux et Lolita Morena la rejoignent quelques instants puis elle interprète en exclusivité mondiale un titre entièrement en anglais : Where Does My Heart Beat Now. À la fin du concours, elle remet le trophée au groupe yougoslave Riva, vainqueur avec la chanson Rock Me.
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Bien que la chanson Ne partez pas sans moi n'ait eu qu'un succès commercial modéré, le concours Eurovision est un tremplin pour Céline Dion sur la scène internationale. En 1989, elle s'engage dans une carrière internationale. Alors qu'initialement, seules des versions anglaises de Incognito étaient prévues, sa maison de disques lui propose d'enregistrer trois duos (dont Can't Live With You, Can't Live Without You avec Billy Newton-Davis), avant que David Foster n'accepte de la produire, permettant ainsi de présenter des titres inédits[18],[30].
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Son premier album anglophone, Unison, sort finalement en 1990, largement influencé par le style soft rock des années 1980. Les critiques sont plutôt bonnes, qualifiant l'album de « début américain raffiné, sophistiqué »[31], interprété « avec goût, sans fioritures »[32]. Si les singles (If there was) Any other way, Unison et The last to know ne rencontrent qu'un succès d'estime, le titre Where Does My Heart Beat Now décolle aux États-Unis et atteint la 4e place du Billboard Hot 100[33] en mars 1991.
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Alors qu'elle entame sa carrière aux États-Unis, une polémique voit le jour au Québec à propos de son engagement dans une carrière anglophone[34],[35]. Au gala des Prix Félix 1990, elle refuse le trophée « artiste anglophone de l'année », s'affirmant en tant qu'artiste québécoise et francophone, et propose de renommer la catégorie[1],[36]. En octobre 1990, tout juste après avoir entamé la tournée Unison Tour au Québec, elle perd sa voix et on lui diagnostique des nodules[1]. Elle consulte le docteur William Gould (ORL de Luciano Pavarotti, Frank Sinatra et John Kennedy), qui la met devant un ultimatum : se faire opérer ou garder un silence absolu durant trois semaines. Une opération des cordes vocales risquant de rendre sa voix plus rauque et grave, la chanteuse préfère garder le silence. Elle suit ensuite une formation vocale de cinq ans avec le docteur William Riley[37].
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En 1991, aux côtés de personnalités telles que Little Richard, Will Smith, Wayne Gretzky, Kevin Costner, Michelle Pfeiffer et sous la direction de David Foster et Peter Cetera, Céline Dion enregistre une chanson et un clip pour l'opération Voices that care, qui soutient les soldats américains engagés dans la Guerre du Golfe. René Angélil espère ainsi la faire mieux connaître, surtout au Canada anglais où elle a alors peu de notoriété. La guerre ayant été de courte durée, le clip et la chanson sont peu diffusés[38]. Elle enregistre ensuite Dreams to dream, la chanson-thème du dessin animé de Steven Spielberg, Fievel au Far West, composée par James Horner. La chanson est d'abord proposée à Linda Ronstadt (l'interprète de la chanson du premier volet), qui décline alors l'offre avant de revenir sur sa décision et d'être engagée à la place de Céline Dion. Le film et sa chanson sont finalement des échecs commerciaux[39].
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Toujours en 1991, elle poursuit la tournée Unison et chante alors pour la première fois dans des amphithéâtres au Canada anglais. Menant toujours de front une carrière en français et en anglais, elle sort l'album Dion chante Plamondon en novembre (rebaptisé pour la France Des mots qui sonnent), où elle reprend notamment des titres de la comédie musicale Starmania. Pour cet album, Luc Plamondon lui écrit également quatre inédits (Des mots qui sonnent, Je danse dans ma tête, Quelqu'un que j'aime, quelqu'un qui m'aime et L'amour existe encore).[réf. nécessaire]
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En 1992, sort son deuxième album anglophone, Celine Dion, combinant un style soft rock à des éléments soul et classiques. Cet album contient Beauty and the Beast (chanson-thème de La Belle et la Bête de Walt Disney), un duo avec Peabo Bryson qui atteint la 9e place du Billboard Hot 100[33] et remporte l'Oscar de la meilleure chanson originale la veille de la sortie du disque de la chanteuse. Céline Dion chante alors pour la première fois lors de la cérémonie des Oscars, à Los Angeles[1]. La chanson réalise une importante percée internationale, atteignant en autres la 9e position au Royaume-Uni[40]. Figurent également sur cet album les singles Nothing Broken but My Heart (29e du Billboard Hot 100), Water from the Moon, If You Asked Me To (4e du Billboard Hot 100) et Love Can Move Mountains (36e du Billboard Hot 100), ainsi que With this tear composée par Prince[41]. Le 13 juillet, à Los Angeles, elle entame sa première tournée aux États-Unis, en première partie de Michael Bolton pour vingt-cinq dates.
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En 1993, elle chante à la cérémonie d'investiture du nouveau président des États-Unis, Bill Clinton[18], puis poursuit une tournée au Canada. Au cours de l'automne 1993 et dix ans après D'amour ou d'amitié, elle obtient un nouveau succès en France, avec Un garçon pas comme les autres (Ziggy). Le titre se classe no 2 des singles les mieux vendus et reste 36 semaines au total dans ce classement[42]. Le 9 novembre, sort son troisième album anglophone, The Colour of My Love, incluant notamment les singles The Power of Love et Think Twice. Il est écrit sur la pochette de The Colour of My Love selon le désir de la chanteuse « René, you're the colour of my love. L.V. »[43]. Lors de la soirée de lancement de l'album, Céline Dion rend publique à la télévision sa relation amoureuse avec René Angélil lors d'une émission de Sonia Benezra[44] ; leur mariage a lieu le 17 décembre 1994 à la basilique Notre-Dame de Montréal[45].
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Entre 1990 et fin 1993, Céline Dion réussit à se faire une place de choix sur le marché anglophone nord-américain[46] mais ailleurs sa popularité reste inégale[14]. Ce n'est qu'à partir de 1994, et surtout de 1995, qu'elle devient mondialement connue, grâce à des singles au succès différent selon les pays. Dès lors, ses activités artistiques et médiatiques s'intensifient jusqu'en 2000[36].
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Le 12 février 1994, The Power of Love, reprise de la chanson de Jennifer Rush, devient son premier single classé en tête du Billboard Hot 100, où il restera 4 semaines[33]. Ce single fut également son premier no 1 au Canada et en Australie et no 4 au Royaume-Uni. Le 22 février, elle est invitée par Michael Jackson pour The Jackson Family Honors sur NBC[18],[1]. Elle donne alors des concerts aux États-Unis et au Canada, puis en Europe et au Japon[47]. En fin d'année, juste après la sortie de l'album À l'Olympia, la cérémonie de son mariage est diffusée à la télévision québécoise. 1994 marque également sa 1re participation au spectacle des Enfoirés au Grand Rex, où elle interprète notamment Là-bas, avec Jean-Jacques Goldman.
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En janvier 1995, elle est invitée à l'émission anglaise Top of the Pops pour interpréter Think Twice. Totalement méconnus en Amérique du Nord et dans les pays latins, ce single et l'album The Colour of My Love (lancé plus d'un an auparavant) deviennent no 1 des charts britanniques pendant 5 semaines consécutives, ce qui n'était pas arrivé depuis 1965[48],[49],[18],[50]. Think Twice devient également no 1 dans plusieurs pays d'Europe du Nord et no 2 en Australie. Au Japon, c'est la chanson To love you more (thème de la mini-série Koibito Yo), qui prend la tête du classement[18],[1].
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Toujours en 1995, la sortie de l'album D'eux rend la chanteuse incontournable en Europe francophone. Écrit par Jean-Jacques Goldman, il devient l'album francophone le plus vendu de l'histoire (notamment sous le titre The French Album)[51]. En France, l'album reste 44 semaines no 1. Le single Pour que tu m'aimes encore atteint la 1re place du Top 50, tout comme le suivant, Je sais pas. Pour cet album, Goldman fait adopter à Céline Dion une façon plus sobre de chanter, en faisant moins de mélismes et de fioritures, et en modernisant sa diction[52]. La chanteuse dira que Goldman l'a fait « déchanter ». Les critiques sont positives, soulignant des textes « plutôt bons » et « de très bonnes chansons », estimant que « l'artiste s'impose enfin au détriment de l'athlète »[53] en « contrôlant sa tendance maladive aux puissants accès de voix », mais reprochant toutefois à l'album « d'aller dans toutes les directions »[54].
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En 1996, elle participe à nouveau au spectacle des Enfoirés, chantant avec Maurane (Quand on n'a que l'amour). L'album Falling into You sort en mars 1996, et devient l'un des albums les plus vendus de l'histoire, no 1 dans de nombreux pays[55],[56]. 4e album anglophone de Céline Dion, il démontre une progression dans sa musique[57], mêlant divers styles musicaux, de nombreux éléments (des sons d'orchestre complexes, des chants africains) et des instruments comme le violon, la guitare espagnole, le trombone, le saxophone et le cavaquinho, créant un son nouveau[58]. La chanson-titre et River deep, Mountain high (une reprise de Tina Turner) font appel à une utilisation importante d'instruments à percussion, It's all coming back to me now (une reprise de Jim Steinman) et All by Myself (une reprise d'Eric Carmen) conservent leur atmosphère soft rock originale, mais sont combinés avec le son classique du piano. Avec Because you loved me (thème du film Personnel et confidentiel), ils deviennent des succès mondiaux. La critique est mitigée, jugeant l'album « stéréotypé, et manquant d'émotion[59],[60] » ou « impérieux, passionné, élégant, et remarquablement bien conçu[58],[61] ». Malgré tout, Falling into You reste le plus grand succès commercial de Céline Dion. Il remportera 2 Grammy Awards en tant que Meilleur album pop et Album de l'année[62].
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Le statut de Céline Dion sur la scène internationale est renforcé lorsqu'elle chante à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'Atlanta de 1996, avec la chanson The Power of the Dream[63], dans un stade de 83 000 spectateurs et devant 3,5 milliards de téléspectateurs. En mars 1996, une nouvelle tournée mondiale démarre, Falling into You Tour, qui durera jusqu'en juin 1997. Toujours en 1996, sort l'album Live à Paris, enregistré en France pendant sa tournée européenne de 1995. Dans un même temps, elle interprète en espagnol Mejor Decir Adios (It's Hard to Say Goodbye), sur l'opus Amigos de Paul Anka[64].
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En 1997, elle interprète deux chansons pendant la cérémonie des Oscars[1]. Peu après, la chanson My Heart Will Go On est choisie pour la B.O du film Titanic. Écrite par James Horner et Will Jennings, cette chanson reste le plus grand succès de Céline Dion, et fait partie de l'album Let's Talk About Love, sorti en novembre. Dans cet album, elle collabore avec des artistes renommés, notamment les Bee Gees (Immortality), Barbra Streisand (Tell him) et Luciano Pavarotti (I hate you then I love you). L'album connaît le même succès que Falling Into You, se vendant à plus de 31 millions d'exemplaires et atteignant rapidement la tête des palmarès dans le monde entier[65],[55],[66].
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En 1998, après avoir interprété My Heart Will Go On aux Oscars[1], elle repart en tournée mondiale pour le Let's Talk About Love Tour. La même année, elle apparaît aux côtés d'Aretha Franklin, Mariah Carey, Gloria Estefan, Shania Twain ainsi que Carole King, lors du concert caritatif Divas Live 1998[67]. Elle reçoit également deux des plus hautes distinctions de son pays : Officier de l'Ordre du Canada (pour « Contribution exceptionnelle à la musique contemporaine ») et officier de l'Ordre national du Québec. Dans un même temps, elle interprète It's Hard To Say Goodbye, sur l'opus Body of Work de Paul Anka[68]. Il sera également gravé sur Duets, album concept de Paul Anka[69]. La collaboration Dion/Goldman donne naissance à un nouvel album, S'il suffisait d'aimer, porté par les extraits Zora sourit, S'il suffisait d'aimer, On ne change pas et En attendant ses pas. L'album est un très grand succès, devenant un des albums francophones les plus vendus, après D'eux[70]. Fin 1998, elle sort un album de Noël anglophone, These Are Special Times, dont est extrait I'm your angel, en duo avec R. Kelly, qui restera 6 semaines no 1 au Billboard Hot 100. L'album devient l'un des albums de Noël les plus vendus[71],[72].
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En 1999, elle chante pour la troisième année consécutive lors de la cérémonie des Oscars. La tournée mondiale Let's Talk About Love Tour se poursuit par l'Asie, les États-Unis, puis les stades d'Europe, dont le Stade de France 2 soirs consécutifs. L'album live Au cœur du Stade est enregistré lors de ces concerts. En fin d'année, sort la compilation All The Way... A Decade of Song, qui contient ses meilleurs titres anglophones et 7 inédits, dont That's the way it is, ainsi qu'un duo virtuel avec Frank Sinatra. C'est encore un grand succès mondial, avec plus de 17 millions de copies vendues[73].
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En 1999, Céline Dion annonce son intention de faire une pause dans sa carrière après l'an 2000[36]. Cette décision, d'abord motivée par le désir d'avoir un enfant, sera confirmée après le diagnostic d'un cancer à son mari[74] (dont il mourra le 14 janvier 2016). Ils se marient une 2e fois au Cæsars Palace de Las Vegas le 5 janvier 2000, et annoncent quelques mois plus tard qu'elle est enceinte. Le 25 janvier 2001, elle donne naissance à René-Charles dans un hôpital de Palm Beach en Floride[75].
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Pendant cette absence sort une nouvelle compilation en 2000, The Collector's Series, Volume One. En 2001, C. Dion participe au 1er album de Garou (devenu le protégé de René Angélil), avec le duo Sous le vent (no 1 en France et disque de diamant)[76]. Elle rend également hommage aux victimes des attentats du 11 septembre en chantant God Bless America lors d'un téléthon à la télévision américaine[77] et en participant au projet de Michael Jackson sur le single What more can I give ? (Sony refusera de sortir le single, qui ne sera disponible qu'en téléchargement).
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En 2002, Céline Dion revient sur le devant de la scène avec un nouvel album en anglais, A New Day Has Come, incluant I'm Alive, la B.O. du film Stuart Little 2. L'album apparaît comme très personnel, plus mature (notamment avec la chanson-titre et Goodbye's the saddest word), et témoigne de son nouveau statut de mère[78],[79]. no 1 dans 22 pays et 5e meilleure vente de l'année (12 millions d'exemplaires)[80], l'album est accueilli de façon sévère par la critique (« une collection longue de tartines pop mielleuses et gluantes »)[81], qualifié tour à tour d'« oubliable », avec des paroles « sans vie »[82], « banal » et « médiocre »[83],[84].
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En 2003, sort l'album One Heart, le même jour que le lancement du spectacle A new day… à Las Vegas. I drove all night, une reprise de Cyndi Lauper, en sera le 1er extrait. Cet album, qui diffère des précédents en incorporant majoritairement des sonorités dance, est jugé comme « banal » et « prévisible » par les critiques les plus indulgentes[85],[86]. Les ventes restent correctes mais largement moins importantes que les records des années 1990. En octobre, sort également un album francophone, Une fille et quatre types, réalisé avec Jean-Jacques Goldman, Gildas Arzel, Erick Benzi et Jacques Veneruso. Tout l'or des hommes sera le 1er single, suivi de Et je t'aime encore.
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A New Day… est la concrétisation d'un contrat de 3 ans entre le Cæsars Palace à Las Vegas et Céline Dion. Afin d'accueillir le spectacle, 95 millions de dollars sont investis dans la construction d'un amphithéâtre baptisé le Colosseum[87],[88]. Le spectacle, mêlant chant, théâtre et danse sur un fond virtuel, est dirigé par le créateur belge Franco Dragone et débute le 25 mars 2003[89]. Le succès est tel qu'elle signera pour 2 années de plus, jusqu'au 15 décembre 2007. La salle de 4 296 sièges est pleine tous les soirs[90]. Finalement, 723 représentations à guichets fermés auront été données, et seuls 18 concerts annulés[91],[47]. Le spectacle engendrera plus de 400 millions de dollars de recettes[92].
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Le 6 janvier 2004, Céline Dion reçoit son étoile sur le Hollywood Walk of Fame à Los Angeles. Lors de la cérémonie des World Music Awards, elle reçoit le Chopard Diamond Award et est alors présentée par l'acteur Michael Douglas comme « l'artiste féminine ayant vendu le plus de disques de tous les temps[3],[93],[94],[95] ». Le 14 juin, paraît l'album de son spectacle A New Day: Live in Las Vegas. Le 12 octobre, sort un album-concept liant photos et chants de berceuses, Miracle, en collaboration avec la photographe d'enfants Anne Geddes. Une fois encore, les critiques sont mitigées : « sans surprises[96] », « interprétation excessivement sentimentale[97] », ne voyant dans le thème de la maternité « que de l'opportunisme[98] »… Toutefois, Billboard qualifiera le single Beautiful Boy de « joyau inattendu », et Céline Dion d'artiste « hors du temps, extrêmement polyvalente »[99].
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En 2005, paraît une compilation francophone, On ne change pas, incluant plusieurs inédits dont le single Je ne vous oublie pas et le duo avec le groupe Il Divo, I believe in you. Cette même année, elle est nommée chevalier de la Légion d'honneur[100] (mais ne la recevra que le 22 mai 2008). À l'occasion de la Fête de la musique, Céline Dion apporte son soutien à la candidature de Paris aux Jeux olympiques d'été de 2012 en enregistrant la chanson À Paris, le succès de Francis Lemarque. En 2006, elle compose et chante en duo avec Marc Dupré Tout près du bonheur[101],[102],[103], participe à la B.O d'Astérix et les Vikings avec le titre Tous les secrets, interprète If I Ruled The World sur l'opus Duets : An American Classic du crooner Tony Bennett[104] et donne un concert de charité avec Elton John[105].
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En 2007, après avoir chanté aux Oscars en hommage à Ennio Morricone
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[106], elle sort 2 albums, l'un francophone et l'autre anglophone. D'elles, dont tous les textes sont signés par des femmes. Ce double album est de nouveau supervisé par Jean-Jacques Goldman, bien qu'il ne participe ni à la composition, ni à l'écriture. Les singles Et s'il n'en restait qu'une (no 1 en France), Immensité et À cause en seront extraits. Bien accueilli au Canada, il ne connaîtra qu'un succès d'estime en France, où il se vend à un peu moins de 300 000 exemplaires[107].
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Taking Chances, son album anglophone, sort en novembre 2007. Bien que l'album ne fonctionne pas en France (130 000 exemplaires vendus)[107], il s'écoule à plus de 3,5 millions d'exemplaires dans le monde. Le 1er single est Taking Chances (une reprise de Platinum Weird), suivi par Alone et Eyes on me. Au Japon, la chanson A world to believe in sort également en single, en duo avec la chanteuse Yuna Itō. Le 15 décembre, elle donne la 723e et dernière représentation de son spectacle A new day… à Las Vegas, dont un DVD vient d'être commercialisé. Au Canada, il devient le 1er DVD à obtenir une certification triple disque de diamant[108]. Dans un même temps, elle interprète le titre When I Fall in Love sur l'opus Duets : Friends & Legends d'Anne Murray[109].
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En 2008, elle participe une 3e fois au spectacle des Enfoirés. En février, elle entame une tournée mondiale de 132 dates à travers 25 pays, le Taking Chances World Tour[47]. La tournée génèrera 279,2 millions de dollars de recettes, devenant ainsi l'une des tournées les plus rentables de l'histoire[110],[111],[112].
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En août 2008, à l'occasion du 400e anniversaire de Québec, elle donne un spectacle, Céline sur les plaines, devant 250 000 personnes[113], juste après avoir reçu le titre de Docteure d'université honoris causa de l'Université Laval à Québec[114],[115]. En fin d'année, elle sort une compilation de ses plus grands succès anglophones, My Love: Essential Collection, incluant des inédits comme There comes a time et la version live de My love (qui sortira en single). Après un duo avec Charles Aznavour sur l'album de duos de celui-ci, elle accède le 30 décembre au rang de compagnon de l'Ordre du Canada, le grade le plus élevé de la principale distinction civile canadienne[116].
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En février 2009, elle termine sa tournée et se retire pour plusieurs mois. Elle sort momentanément de sa retraite, en participant au projet We Are the World 25 for Haiti[117], et en chantant en hommage à Michael Jackson aux Grammy Awards[118]. Le film Celine : through the eyes of the world sort pour une durée limitée dans quelques salles aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie. Sortent ensuite le DVD du film, ainsi que l'album/DVD live Taking chances world Tour : the concert. En mai 2010, un sondage la désigne Chanteuse préférée des Américains[119],[120]. Elle compose pour Marc Dupré le titre Entre deux mondes et l'accompagne en duo sur Y'a pas de mots. Ces deux chansons sont gravées en octobre sur le troisième album studio du chanteur, Entre deux mondes[101]. Après une fausse couche en novembre 2009[121],[122], la chanteuse annonce être enceinte de jumeaux[123] : Nelson (en souvenir de sa rencontre avec Nelson Mandela) et Eddy (en hommage à Eddy Marnay) naîtront le 23 octobre 2010 au centre médical St Mary's de West Palm Beach, Floride.
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En 2010, elle apparaît en duo sur l'album de Michel Sardou Être une femme 2010, pour le titre Voler.
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En 2011, Céline Dion remonte sur scène lors de la 83e cérémonie des Oscars pour interpréter la chanson Smile de Charlie Chaplin, en hommage aux célébrités du cinéma disparues en 2010 et 2011. Elle effectue son retour sur scène au Colosseum du Cæsars Palace à Las Vegas le 15 mars 2011, avec un nouveau spectacle, Celine, pour lequel elle sera à l'affiche pour au moins 3 années, à raison d'environ 70 spectacles par an. En 2011, ce spectacle aurait généré 40,1 millions de dollars pour 57 représentations ayant accueilli plus de 250 000 personnes.
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L'album en français Sans attendre paraît le 5 novembre 2012, avec notamment les collaborations de Luc Plamondon, Maxime Le Forestier et Jean-Pierre Ferland, ainsi que des duos avec Henri Salvador et Johnny Hallyday. Porté par le single Parler à mon père[124], écrit par Jacques Veneruso, l'album est souvent jugé comme « inégal »[125] et « banal »[126] par la critique. Cependant, il rencontre un franc succès dès sa sortie, s'écoulant en une semaine à 92 000 exemplaires au Canada et à 95 000 exemplaires en France, où il reçoit un disque de diamant[127]. Il devient ainsi le plus grand succès francophone de la chanteuse depuis S'il suffisait d'aimer en 1998[128]. Il est l'album français le plus vendu en 2012.
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En février 2013, elle interprète My Heart Will Go On ainsi que Molihua avec Song Zuying au Gala de Nouvel An de CCTV[129]. L’interprète québécoise est la première vedette internationale à se produire lors de cet évènement[130].
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Elle coproduit avec René Angélil le spectacle donné sur la scène du Bally's Hotel and Casino par Véronic DiCaire. Prévu pour un semestre, la première a lieu le 20 juin 2013[131],[132].
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L'album anglais Loved Me Back to Life, sorti en novembre 2013, est composé de chansons inédites et de deux reprises figurant au spectacle Celine[133]. Il propose des collaborations avec Francis Eg White, Stevie Wonder, Ne-Yo, Babyface, Diane Warren et Fraser T. Smith[134],[135].
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Le jour du 10e anniversaire de la première de A New Day, le public apprend que le spectacle Celine est annoncé jusqu’en 2019. René Angélil affirme que le contrat a été signé pour huit ans en 2011[136]. La chanteuse se produit lors d'un concert unique sur les plaines d'Abraham à Québec le 27 juillet 2013[137], Céline Dion… une seule fois, ainsi qu'en France et en Belgique lors de neuf représentations entre le 21 novembre et le 5 décembre 2013[138].
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La veille de ce retour au Québec après cinq ans, soit le 26 juillet 2013, le couple Angélil-Dion est honoré à la Citadelle de Québec par le Gouverneur général du Canada David Johnston : alors que René Angélil est fait membre de l'Ordre du Canada, Céline Dion, qui en est membre depuis 1998, est élevée au rang de compagne de l'Ordre du Canada[139]. Ces distinctions soulignent la contribution exceptionnelle du couple Angélil-Dion au rayonnement mondial du Québec et du Canada[140].
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Le 21 mars 2014, le film Muppets Most Wanted sort au cinéma, aux États-Unis[141]. Dans ce récit cinématographique, il y apparait plusieurs personnalités dont Celine Dion, qui interprète également un titre Something So Right en compagnie de Miss Piggy, Kermit et Les Muppets[142].
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Céline Dion annonce le 12 août 2014 qu'elle suspend « toutes ses activités professionnelles pour raisons familiales et de santé », annulant notamment sa tournée en Asie et ses concerts à Las Vegas[143]. En effet, elle est atteinte d'une inflammation et René Angélil a été opéré d'une tumeur cancéreuse. Le 20 mars 2015, elle déclare au magazine américain People que son retour à Las Vegas aura lieu en août de la même année[144]. Sa porte-parole confirme la nouvelle au réseau de télévision TVA[145].
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Le 14 janvier 2016, René Angélil meurt des suites d'un cancer de la gorge, à son domicile familial, à Las Vegas. Deux jours plus tard, le 16 janvier 2016, le frère de Céline Dion, Daniel, meurt lui aussi d'un cancer[146] à l'âge de 59 ans. Le décès de son mari René Angélil apporte un tournant important dans sa vie personnelle et dans sa carrière. Elle remonte sur scène à Las Vegas quelques semaines après les obsèques[147].
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Le 24 mai 2016, est publiée la chanson Encore un soir, écrite par Jean-Jacques Goldman en hommage à son mari[148]. En seulement trois jours, le titre se classe no 1 en France et signe le meilleur démarrage de l'année[149]. Après une tournée estivale en France à Bercy, en Belgique à Anvers, et au Canada à Montréal, à Québec et à Trois-Rivières[150], est publié l'album Encore un soir, qui présente des titres signés Zaho, Grand Corps Malade, Francis Cabrel ou encore Vianney (Goldman ne signant que le single éponyme)[151]. Dès la première semaine de sa sortie, l'album se retrouve au sommet des ventes au Canada, en France, en Belgique et en Suisse[152]. Céline Dion présente cet album à l'automne 2016 à l'occasion de plusieurs émissions de variétés, notamment En direct de l'univers au Québec et Le Grand Show en France.
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Le 22 mai 2016, Céline Dion fait une reprise du tube The Show Must Go On lors de la cérémonie des Billboard Music Awards 2016 qui se tient à Las Vegas.
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Le 9 septembre 2016 est dévoilée la chanson Recovering, signée Pink, officialisant ainsi le projet du 37e album de Céline Dion, dont la sortie est prévue pour 2018[153].
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Elle monte sur la scène du Colosseum au Caesars Palace le 8 octobre 2016, pour une 1000e prestation depuis 2003[154].
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Le 9 mars 2017 est publiée sur Youtube la chanson How Does A Moment Last Forever. Celle-ci fait partie de la bande originale du film La Belle et La Bête, qui sort en 2017. Le 3 mai 2018, Dion sort un nouveau single, Ashes, figurant sur la bande originale du film Deadpool 2[155].
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Elle commence le 15 juin 2017 une nouvelle tournée estivale en Europe, le Celine Dion Live Tour 2017, un programme de 16 concerts. Elle passera notamment par la Suède, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse, l'Allemagne et la France. La tournée est un succès et toutes les dates sont complètes.
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Elle interprète Flying on my own lors de ses derniers show a Vegas et quelques semaines plus tard, la chanson sortira en version studio.
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Le 18 septembre, Céline Dion publie trois nouvelles chansons issues de Courage : le titre éponyme, Imperfections et Lying Down signé Sia et David Guetta.
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Le même jour, commence le Courage World Tour au Québec. La première partie de la tournée s'étendra jusqu'au 27 avril 2020 et traversera toute l'Amérique du Nord. Elle y interprétera quelques chansons de son nouvel album mai la principale partie du spectacle sera concentrée sur ses tubes bien connus du public ainsi que quelques reprises ou medley.
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Depuis les années 1990, Céline Dion apparait comme une des voix les plus influentes de la pop[36],[157],[158],[159]. Lors d'une interview au cours de laquelle Denise Bombardier lui demande si elle aime sa voix, la chanteuse reste muette pendant 15 secondes. Quand elle reprend la parole, elle ne donne pas de réponse positive ou négative, mais dit : « Je pense qu'avec cet instrument qu'est ma voix, je réussis à faire des choses que, normalement, je ne devrais pas arriver à faire »[160].
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Lors d'une audition privée pour le chef d'orchestre Kent Nagano, dans la perspective d'incarner le rôle de Maria Callas au cinéma, Céline Dion se présenta au chef comme mezzo-soprano et chanta deux airs de l'opéra Carmen. Kent Nagano répondit : « Je ne pense pas. Tout ce que vous venez de chanter, c'est soprano[161]. » Classer les voix autres que lyriques en employant des termes classiques est un usage controversé car cette catégorisation est basée sur l'amplification naturelle, utilisant uniquement les résonateurs du corps et non un microphone[162].
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Selon Jean-Jacques Goldman, la chanteuse n'a « pas de problème de justesse, de tempo, elle se chauffe toute seule[163] ».
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Pour le New York Times, sa voix est « haute, mince, légèrement nasale, presque sans vibrato, mais dotée d'un arsenal impressionnant de capacités techniques. Elle peut produire des mélismes compliqués, des attaques expressives et soutenir de longues notes sans détonner ne serait-ce qu'un peu[164] ». Time souligne qu'elle « glisse sans effort de profonds murmures à des aigus parfaitement justes[165] ». Libération estime son registre inférieur « rauque » et ses aigus « comme des clochettes de verre[166] ».
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Interrogée à propos de la perte de son accent lorsqu'elle chante, Céline Dion répond que ce n'est pas volontaire, mais naturel[167]. D'après Paolo Zedda, cela est dû à plusieurs facteurs physiologiques, dont « une bonne ouverture glottique et une bonne coordination entre le souffle et une bonne fermeture (accolement) des cordes vocales […] Le mécanisme physiologique relié au terme de “respiration profonde”, fondamental pour assurer toute bonne émission, trouve ensuite un accueil plus ou moins favorable dans la gymnastique articulatoire qui va moduler le son émis dans ces conditions idéales[167] ».
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Sa diction francophone est parfois jugée imprécise. Les critiques Christiane Laforge et Sylvain Cormier notent « trop de syllabes escamotées, des articles muets, surtout quand ils commencent par “l”[168] » et estiment que la chanteuse ferme beaucoup les voyelles[169].
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D'après Jean-Pierre Brossman et Kent Nagano, « elle est vraiment une musicienne qui a l'oreille juste ainsi qu'un raffinement et un degré de perfection qui font l'envie »[161]. Goldman souligne lui aussi sa musicalité : « Quand on lui donne une ligne mélodique, elle en improvise deux, quatre, toutes crédibles[163] ».
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Selon Luc Plamondon, il y a trois chanteuses en Céline Dion : la québécoise, la française et l'américaine. Céline Dion semble charger sa ligne de chant de plus de nuances et de modulations dans son répertoire francophone[170]. Plusieurs critiques fustigent les tendances de la chanteuse à sur-jouer les émotions, ainsi qu'à multiplier les prouesses techniques au détriment de l'interprétation des textes. Dans un article de 1999, le Toronto Star résume ainsi : « son émotivité excessive, le sentimentalisme suave de ses paroles et ses arrangements pompeux, ne l'ont jamais fait aimer des critiques musicaux[36] ». Le magazine Rolling Stone parle de « sentimentalisme grandiloquent » et souligne un manque d'authenticité, en résumant ainsi : «Plus c'est gros, mieux c'est, trop n'est jamais assez»[171]. De même, Le Devoir écrit : « Si Céline Dion chante juste, elle interprète faux […]. Tout est trop appuyé […]. On a l'impression que toutes ces années passées à se frapper la poitrine soir après soir à Las Vegas ont amplifié chez Céline les tics, les maniérismes, allant jusqu'à ériger en “style” cette façon d'en faire tout le temps trop »[169].
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Kent Nagano déclare : « Dans le genre de musique que Céline Dion a choisi, [il] estime qu'elle est au sommet de son art. Elle se lance constamment des défis personnels pour évoluer comme artiste, elle n'a jamais perdu cette curiosité qui la motive à faire de plus en plus de découvertes. Sinon, impossible d'avoir une longue carrière, on devient rapidement dépassé, surtout en musique pop. Jusqu'à maintenant, l'évolution de Céline Dion est incroyable et rien ne lui semble impossible »[161]. Beaucoup de critiques ont cependant déclaré que la participation de Céline Dion à la production de sa musique faisait fondamentalement défaut, entraînant comme résultat une musique surproduite[172] et impersonnelle[158].
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Cependant, issue d'une famille dans laquelle tous ses frères et sœurs étaient musiciens, elle a appris à jouer des instruments comme le piano et la guitare, et a joué avec une Fender Stratocaster lors de l'enregistrement de l'album Falling into you[173]. En outre, elle a aidé à l'écriture et à la composition de quelques chansons (Grand-maman, Ce n'était qu'un rêve, Treat Her Like a Lady, Don't Save It All for Christmas Day) et a toujours essayé de se mêler à la production et à l'enregistrement de ses albums. Sur son 1er album anglophone, Unison (qu'elle enregistre avant d'avoir une solide maîtrise de la langue anglaise), elle a exprimé une certaine désapprobation, qui aurait pu être évitée, si elle avait pris part plus intensément au processus créatif[158]. Au moment où elle sort son 2e album anglophone, elle prend un plus grand contrôle de la production et de l'enregistrement, dans l'espoir de dissiper les critiques précédentes. Elle déclare : « Sur le 2e album j'ai dit : « Eh bien, j'ai le choix d'avoir peur une fois de plus et de ne pas être satisfaite à 100 %, ou ne pas avoir peur et faire partie de cet album. Ceci est mon album » »[158]. Elle continuera ainsi à se mêler de la production des albums ultérieurs. La chanteuse coécrit avec Frédérick Baron le titre interprété par Marc Dupré Entre deux mondes[174]. Celui-ci figure parmi les 10 chansons québécoises les plus populaires de 2011. Les deux coauteurs ont donc reçu un prix lors du 23e gala de la SOCAN le 21 novembre 2012 à Montréal[175].
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Céline Dion est souvent l'objet de moqueries des médias et de parodies sur des émissions comme Le Petit Journal, MADtv, Saturday Night Live, South Park, The Royal Canadian Air Farce et This Hour Has 22 Minutes, pour son fort accent et ses maniérismes scéniques[176]. Cependant, la chanteuse a déclaré ne pas être affectée par les commentaires, et se sentir flattée que les gens prennent le temps de l'imiter. Elle a même invité Ana Gasteyer, qui la parodia sur Saturday Night Live, à se produire sur scène lors d'un de ses concerts.
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Même si elle ne parle jamais de politique, le 1er juillet 1992, lors d'une conférence de presse à Séville, elle se prononce contre l'indépendance du Québec. Cette prise de position déclenche un tollé au Québec[18]. Depuis, Céline Dion a toujours évité les sujets politiques. Deux ans auparavant, elle avait refusé le trophée d'artiste anglophone de l'année au gala de l'ADISQ, se revendiquant comme une artiste québécoise. En 2005, après la catastrophe de l'ouragan Katrina, Céline Dion est apparue en larmes dans l'émission Larry King Live, critiquant la lenteur du gouvernement américain dans l'aide aux victimes de l'ouragan : « Il y a encore des gens attendant d'être sauvés. Pour moi ce n'est pas acceptable. Comment peut-il être si facile d'envoyer des avions dans un autre pays pour tuer tout le monde en une seconde et détruire des vies. Nous avons besoin de servir notre pays ». Après son entrevue, elle a déclaré : « Quand je fais des entrevues avec Larry King ou les émissions de ce genre, ils vous mettent sur la sellette, ce qui est très difficile. J'ai une opinion, mais je suis une chanteuse. Je ne suis pas une politicienne »[14].
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Elle est favorable au mariage homosexuel[177] et s'est exprimée sur la Charte des valeurs québécoises avec beaucoup de nuances: elle affirme ne pas être contre le port du voile, mais ajoute : « Si vous allez dans un hôpital du Québec, vous devez vous adapter à nos règles ; vous vivez au Québec, qui vous a ouvert les portes pour que vous viviez dans un monde meilleur. » Céline Dion poursuit : « Lorsqu'on va chez le médecin, si ce professionnel est un homme ou une femme, on vient voir un médecin. Personne ne peut invoquer le fait que sa religion ne permet pas de voir un homme ou une femme médecin. » Céline Dion affirme aussi que « si le médecin est gay, [elle n'aurait] aucun problème avec cette situation »[178].
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Au début des années 1990, Céline Dion se lance dans la restauration avec la création de la chaîne de restaurants Nickels, dont elle assure également la promotion[18]. En 1997, elle se sépare des actions de l'entreprise. De 1987 à 1988, elle est l'égérie de la marque automobile Chrysler au Québec[18]. Entre 2003 et 2004, elle tourne également plusieurs spots publicitaires pour DaimlerChrysler aux États-Unis[179] (le groupe est un des commanditaires de son spectacle à Las Vegas)[14]. Les autres entreprises pour lesquelles Céline Dion tourne des publicités incluent les magasins Simpsons, Coca-Cola, The Bay, Callaway Golf, ÆON au Japon et la marque de cosmétiques Avon (un des commanditaires du Let's Talk About Love Tour)[18].
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En octobre 2004, elle est également engagée par Air Canada, dont les communicants composent le thème de la campagne (You and I, traduit en français avec Mes ailes à moi). Le titre est ultérieurement choisi comme chanson de la campagne d'Hillary Clinton[180]. En 2003, Céline Dion signe un engagement avec les Parfums Coty pour la création d'une ligne de produits cosmétiques[181]. Les parfums Celine Dion Parfums ont généré depuis un chiffre d'affaires d'environ 850 millions de dollars, et de nouvelles fragrances sortent régulièrement[182],[183].
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En février 2017, Céline Dion annonce le lancement de la collection de sacs à main et accessoires Celine Dion Collection[184]. En novembre 2018, elle lance une marque de vêtements pour enfants baptisée Celinununu, collection qui a pour particularité d'être unisexe[185].
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Depuis sa création en 1999, Céline Dion est la seule chanteuse à avoir figuré 7 fois[186],[187],[188],[189],[190],[191],[192] dans le classement annuel Forbes Celebrity 100 (liste des personnalités les mieux rémunérées) : depuis 1999, Forbes y révèle ainsi des revenus cumulés de 380 millions de dollars (dont 100 millions entre juin 2008 et juin 2009, en raison du Taking Chances World Tour)[193]. Un classement du New York Daily News situerait Céline Dion à la quatrième position des chanteuses les plus riches de la planète, avec un patrimoine estimé à 590 millions de dollars en 2010[194]. En juin 2019, Forbes la classe troisième chanteuse la plus riche du monde avec un patrimoine estimé à 450 millions de dollars, derrière Madonna (570 millions) et Rihanna (600 millions), mais devant Beyoncé (400 millions)[195],[196].
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Céline Dion soutient de nombreuses associations caritatives. La Fondation Céline Dion a été créée en ce sens[197]. Depuis 1982, elle est notamment très liée à la lutte contre la mucoviscidose. Elle est marraine nationale de la Fondation canadienne de la fibrose kystique[197]. En 1993, sa nièce Karine en meurt dans ses bras, à l'âge de 16 ans (la chanson Vole, de l'album D'eux, lui est dédiée). Céline Dion et son mari sont marraine et parrain à vie de la fondation CHU Sainte-Justine[198].
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En reversant des recettes de concert, elle distribue plusieurs fois la somme d'un million de dollars, à destination d'organisations caritatives (en 2004 pour Opportunity Village, en 2005 pour Unicef dans l'aide aux victimes du séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien, ainsi que pour la Croix-Rouge américaine dans l'aide aux victimes de l'ouragan Katrina, et en 2006, lors de la 500e représentation de son spectacle, pour de bonnes œuvres locales)[93].
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En 2010, elle fait don d'un demi-million de dollars pour Haïti[199] et participe à la nouvelle version de We are the world[200]. Cette même année, elle est nommée Ambassadrice de bonne volonté à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture[201].
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Depuis 2004, elle était impliquée avec feu son époux et gérant René Angelil aux côtés de la communauté gay québécoise en soutenant la publication de matériel de santé et prévention VIH/SIDA du magazine Gay Globe, appartenant au chef d'orchestre Roger-Luc Chayer[202],[203].
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L'expression « artiste féminine ayant vendu le plus de disques » est parfois avancée dans les médias pour des raisons promotionnelles[93],[95],[204]. Avec des estimations allant de 200[205],[206] à 230 millions de disques livrés à ce jour (singles et albums confondus), Céline Dion apparaîtrait comme l'artiste féminine ayant vendu le plus de disques au sein de CBS/Sony. Selon les estimations de sa maison de disques, Céline Dion aurait vendu 175 millions d'albums dans le monde (de 1987 à 2004)[207],[208]. Sur la décennie 2000, Céline Dion se classe en 20e position des artistes ayant vendu le plus de disques aux États-Unis et en 2e position pour les chanteuses (avec 17,57 millions de disques)[209]. Elle est ainsi l'une des 4 artistes à figurer dans le top 20 tant dans les années 1990 que dans les années 2000. Forbes Magazine révèle des revenus estimés à 100 millions de dollars entre juin 2008 et juin 2009[193]. En janvier 2010, Los Angeles Times révèle que Céline Dion est en tête du classement des artistes ayant généré le plus de recettes sur la décennie, avec 747,9 millions de dollars tirés principalement des ventes de billets pour ses concerts (522,2 millions)[210].
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Peu d'informations sont disponibles sur les ventes de Céline Dion de 1981 à 1986. Ses albums étaient distribués presque exclusivement au Québec. Les estimations sont à 1 050 000 disques vendus durant cette période[18]. Les chiffres concernant les multiples compilations de ses premières chansons sont également peu connus (The Best of / Vivre en 1988, Les Premières Années en 1993 et 1995, Gold Vol. 1 et Gold Vol. 2 en 1995, C'est pour vivre et The Collection 1982-1988 en 1997, etc.). En 1987, lorsqu'elle signe avec CBS Records, sa carrière prend une tournure internationale. Ses albums en français sortent alors dans les principaux pays francophones, dont la France. D'eux marquera le point d'orgue de sa carrière francophone, réussissant une carrière dans des pays non francophones. Il sera ainsi le premier album francophone certifié disque d'or au Royaume-Uni. S'il suffisait d'aimer sera également un très grand succès commercial. Dans les années 2000, ses albums studio en français connaissent un succès moindre en France. En 2012, son album Sans attendre, certifié disque de diamant en France devient son plus grand succès francophone depuis 1998.
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Céline Dion pourrait avoir vendu environ 47 millions de singles dans le monde (dont 19,5 millions en certifications argent, or, platine et diamant, ainsi que 4,6 millions en ventes digitales), ses plus grosses ventes provenant des titres My Heart Will Go On (15 millions), Because You Loved Me (2,8 millions), I'm Your Angel (2,2 millions), It's All Coming Back to Me Now (2,1 millions), Think Twice (2 millions), The Power of Love (1,8 million), To Love You More (1,7 million), Pour que tu m'aimes encore (1,5 million), Immortality (1,5 million), Tell Him (1,3 million), All By Myself (1,2 million), Beauty and the Beast (1 million), That's the Way It Is (1 million), D'amour ou d'amitié (0,9 million), Sous le vent (0,9 million)[réf. nécessaire],[239].
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36 concerts[14] durant le premier semestre 1985, uniquement au Québec.
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Il s'agit de sa première « vraie » tournée. Elle effectue son premier tour de chant complet dans 25 villes au Québec. Elle y interprète pour la première fois des titres en anglais (Up where we belong, Over the rainbow, What a feeling…) bien qu'elle n'en comprenne pas les paroles[14]. Le concert du 31 mai donné à la place des Arts de Montréal fut enregistré pour son premier album live Céline Dion en concert[18].
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Elle est critiquée pour la façon peu naturelle qu'elle a de parler au public (en récitant des textes appris par cœur entre les chansons), probablement due à sa timidité d'alors[14].
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175 concerts du 11 janvier à décembre 1988, uniquement au Québec[1].
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Première tournée d'envergure (par le nombre de dates et l'affluence)[241], cette deuxième tournée lui permet d'être reconnue comme une artiste de scène et lui apprend à interagir avec le public[1]. Elle débute le 11 janvier à Rouyn puis dans l'Abitibi. Du 10 février au 22 mars, elle s'installe au théâtre Saint-Denis de Montréal pour 42 représentations[18].
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Les critiques sont très divisées. Certaines sont dithyrambiques (elle est comparée à Streisand, Garland et Ginette Reno), alors que d'autres sont sévères : Le Devoir estime qu'« elle n'a rien à dire » tandis que La Presse la désigne comme « une plate imitatrice[1] ».
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75 concerts d'octobre 1990 à août 1991, uniquement au Canada (première tournée au Canada anglophone).
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La programmation du spectacle laisse une place importante aux chansons de l'album Unison. Elle reprend également le titre Calling You, bande originale du film Bagdad Café. Le public retrouve des extraits du concert filmé au Winter Garden Theatre de Toronto sur la VHS Unison.
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74 concerts du 11 juillet 1992 à 1993, au Canada et aux États-Unis.
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98 concerts de 1993 à 1995 en Amérique du Nord, Japon et Europe.
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50 concerts du 25 septembre 1995 au 3 février 1996 dans 11 pays[1] (première tournée importante en Europe).
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Après cinq concerts au Capitole de Québec (fin septembre 1995)[47], elle chante dans 21 villes européennes. Elle chante dans des salles de 6 000 à 16 000 places[1] (une vingtaine de fois en France dont 5 fois au Zénith de Paris et 4 à Bercy). Elle termine par 2 concerts à Bruxelles (les 2 et 3 février 1996)[47]. Le CD et la VHS Live à Paris seront captés lors de cette tournée.
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146 concerts du 18 mars 1996 au 26 juin 1997 (coupure d'un mois en janvier 1997) ; première tournée mondiale importante, 4 continents, 18 pays[47]
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Elle chante désormais dans des arènes de 10 000 à 20 000 personnes, type Paris Bercy et des stades[47].
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94 concerts du 21 août 1998 à 31 décembre 1999, tournée mondiale (3 continents, 10 pays)[47].
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La plupart des chansons sont tirées des albums Let's Talk About Love et S'il suffisait d'aimer. Au niveau technique, la tournée se caractérise par sa scène centrale en forme de cœur. Selon le Rolling Stone Magazine, cette scène a coûté 10 millions de dollars, et coûte environ 100 000 dollars en frais de montage et démontage à chaque arrêt. 80 personnes sont affectées à la construction de la scène.
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723 concerts du 25 mars 2003 au 15 décembre 2007 aux États-Unis[170].
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Il s'agit d'un spectacle en résidence de mars 2003 à décembre 2007 au Colosseum du Cæsars Palace de Las Vegas. Il est donné 4 à 5 soirs par semaine pendant presque 5 ans (coupé par des pauses d'une vingtaine de jours chacune). Il générera un chiffre d'affaires estimé à 400 millions de dollars. La chanteuse attirera chaque soir plus de 4 200 spectateurs, malgré des prix pour les billets réputés élevés.
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132 concerts du 14 février 2008 au 26 février 2009 (5 continents, 25 pays)[47].
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Après sa résidence à Las Vegas, Céline Dion souhaite enchainer sur une tournée mondiale. Dirigée par Jamie King, elle traverse les 5 continents et génère la 2e plus grosse recette de l'histoire pour une tournée d'artiste solo[110],[111],[112]. Malade, elle reporte de quelques jours plusieurs concerts australiens[242] et nord-américains[243],[244]. En mai 2010, un film documentaire intitulé Céline autour du monde relate la tournée[112].
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La liste des territoires traversés est la suivante : Afrique du Sud, Émirats arabes unis, Japon, Chine, Corée du Sud, Australie, Malaisie, Royaume-Uni, Belgique, France, Irlande, Italie, Pays-Bas, Suisse, Allemagne, République tchèque, Pologne, Autriche, Monaco, Danemark, Suède, Finlande, Mexique, Canada, États-Unis, Porto Rico[47].
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Spectacle unique le 22 août 2008 à Québec.
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Céline Dion présente un spectacle en plein-air gratuit à grand déploiement, unique et exclusivement francophone. Il se déroule sur les plaines d'Abraham à Québec dans le cadre des festivités du 400e anniversaire de Québec[245]. De nombreux invités spéciaux seront présents sur scène, avec dans l'ordre : Garou, Marc Dupré, Nanette Workman, Dan Bigras, Mes Aïeux, la famille Dion, Zachary Richard, Éric Lapointe, Claude Dubois, Jean-Pierre Ferland et Ginette Reno[245]. Environ 250 000 personnes étaient sur place[246]. Le spectacle est également diffusé à la télévision le 21 septembre 2008 sur TVA[247].
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210 concerts à partir du 15 mars 2011 (pause entre août 2014 et août 2015) aux États-Unis.
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Ce nouveau spectacle au Colosseum du Cæsars Palace à Las Vegas débute le 15 mars 2011, à raison de 70 représentations par année durant 3 ans. Le spectacle mêle les tubes de la chanteuse aux reprises de standards (Open arms de Journey, (If you can't sing it) You'll have to swing it (M. Paganini) d'Ella Fitzgerald, etc.), avec également un medley des grandes chansons-thèmes des films James Bond ainsi qu'un hommage à Michael Jackson. La seule chanson en français du spectacle est Ne me quitte pas de Jacques Brel
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[248]. Le retour de la chanteuse à Las Vegas serait censé stimuler l'économie locale, après plusieurs mois de crise
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[249],[250],[251],[252],[253]. Des discussions font passer le contrat de 3 à 5 ans[254], puis à 8 ans. En août 2015, après une pause d'un an, de nombreuses modifications sont apportées au spectacle : nouveau directeur musical, nouvelle setlist, nouvelles tenues.
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Le 8 octobre 2016, elle réalise sa 1000e performance sur la scène du Colosseum du Caesars Palace à Las Vegas ; ainsi, au cours des 13 dernières années, plus de 4 millions de spectateurs ont assisté aux concerts de Céline Dion à Las Vegas.
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Neuf concerts promotionnels de juillet à décembre 2013 au Québec et en Europe.
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Céline Dion donne quelques concerts exclusifs en dehors de Las Vegas en 2013. Le premier, intitulé Céline... une seule fois : Live 2013, a eu lieu le 27 juillet 2013 à Québec sur les Plaines d'Abraham devant 42 495 spectateurs. En novembre 2013, Céline Dion se produit sur scène après plus de cinq ans d'absence en Europe, à Anvers (Belgique) les 21 et 22 novembre et à Paris-Bercy pour 7 concerts complets, les 25, 26, 29, 30 novembre, 1er, 4 et 5 décembre[255],[256].
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Céline Dion s'est produite au cours de l'été 2016 pour une série de 28 concerts complets, au Canada (à Montréal, Québec et Trois-Rivières), en Belgique (à Anvers) et en France (à l'AccorHotels Arena de Paris), à l'occasion de la sortie de son album Encore un soir.
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Céline Dion a chanté pour une série exclusive de 25 concerts à travers l'Europe dans des stades et des Arenas.
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Elle est passée notamment par l'Angleterre, l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la France. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, Céline a chanté dans les stades de plusieurs villes de province en France : Marseille, Lille, Lyon, Nice et Bordeaux[257].
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Du 26 juin au 14 août 2018, elle réalise 22 concerts en Asie et Australie. Il s'agit de ses premières prestations sur ces continents depuis la tournée mondiale Taking Chances, en 2008.
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Céline Dion annonce[Quand ?] le Courage World Tour, un programme de 122 concerts en Amérique du Nord, en Europe et au Moyen Orient. La tournée s'étend sur un an durant lequel Céline Dion présente son l'album homonyme.
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Céline Dion fait ses débuts de comédienne le 9 mars 1990, dans la mini-série de 4 épisodes Des fleurs sur la neige, présentée sur la télévision de Radio-Canada. Elle joue le rôle d'Élisa Trudel, l'héroïne de cette mini-série, et interprète Prenez-moi, la chanson du générique.
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Le 21 mai 1997, Céline Dion apparaît dans son propre rôle dans le 100e épisode de la série Une nounou d'enfer, et chante It's All Coming Back to Me Now et un extrait de Ce n'était qu'un rêve.
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Le 15 novembre 1998 sur CBS, elle joue à nouveau son propre rôle dans le 100e épisode de la série Les Anges du bonheur. Son cachet pour cet épisode spécial a été versé à la Fondation contre la fibrose kystique. Pendant l'épisode, elle chante Love Can Move Mountains.
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Elle fait également une apparition dans l'épisode spécial Noël chez les Paré en 2002 de La Petite Vie.
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En novembre 2007, Céline Dion apparaît dans son propre rôle dans la série La Force du destin, et chante Taking Chances.
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Dans la comédie franco-belge de 2012 Sur la piste du Marsupilami, l’interprète témoigne dans le générique de fin à propos de la séquence pendant laquelle Lambert Wilson danse et chante en parodiant la chanteuse[258],[259].
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Le 21 mars 2014, le film Muppets Most Wanted sort au cinéma, aux États-Unis[141]. Dans ce récit cinématographique, il y apparaît plusieurs personnalités dont Céline Dion, qui interprète également un titre Something So Right en compagnie de Miss Piggy, Kermit et Les Muppets[142].
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Durant sa carrière, Céline Dion a été régulièrement honorée par ses pairs. Parmi les récompenses les plus prestigieuses, on peut citer[260] :
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La cellule — du latin cellula « cellule de moine »[1] — est l'unité biologique structurelle et fonctionnelle fondamentale de tous les êtres vivants connus. C'est la plus petite unité vivante capable de se reproduire de façon autonome. La science qui étudie les cellules est appelée biologie cellulaire.
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Une cellule est constituée d'une membrane plasmique contenant un cytoplasme, lequel est formé d'une solution aqueuse (Cytosol) dans laquelle se trouvent de nombreuses biomolécules telles que des protéines et des acides nucléiques, organisées ou non dans le cadre d'organites. De nombreux êtres vivants ne sont constitués que d'une seule cellule : ce sont les organismes unicellulaires, comme les bactéries, les archées et la plupart des protistes. D'autres sont constitués de plusieurs cellules : ce sont les organismes multicellulaires, comme les plantes et les animaux. Ces derniers contiennent un nombre de cellules très variable d'une espèce à l'autre ; le corps humain en compte ainsi de l'ordre de cent mille milliards (1014), mais est colonisé par un nombre de un[3] à dix[4] fois plus grand de bactéries, qui font partie de son microbiote et sont bien plus petites que les cellules humaines. La plupart des cellules des plantes et des animaux ne sont visibles qu'au microscope, avec un diamètre compris entre 10 et 100 µm.
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L'existence des cellules a été découverte en 1665 par le naturaliste anglais Robert Hooke, qui leur a donné le nom latin cellula en référence aux petites chambres occupées par les moines dans les monastères. La théorie cellulaire a été formulée pour la première fois en 1839 par le botaniste allemand Matthias Jakob Schleiden et l'histologiste allemand Theodor Schwann : elle expose que tous les êtres vivants sont constitués d'une ou plusieurs cellules, que les cellules sont les unités fondamentales de toutes les structures biologiques, qu'elles dérivent toujours d'autres cellules préexistantes, et qu'elles contiennent l'information génétique nécessaire à leur fonctionnement ainsi qu'à la transmission de l'hérédité aux générations de cellules suivantes. Les premières cellules sont apparues sur Terre il y a au moins 3,7 milliards d'années[5], et peut-être dès 4 Ga[6].
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On considère généralement deux types fondamentaux de cellules selon qu'elles possèdent ou non un noyau enveloppé d'une membrane nucléaire :
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Les procaryotes sont la première forme de vie apparue sur Terre, définie comme étant autosuffisante et pourvue de tous les processus biologiques vitaux, y compris les mécanismes de signalisation cellulaire. Plus petites et plus simples que les cellules d'eucaryotes, les cellules de procaryotes sont dépourvues de système endomembranaire et des organites qui le constituent, à commencer par le noyau. Les bactéries et les archées sont les deux domaines du vivant regroupant les procaryotes. L'ADN d'un procaryote forme un unique chromosome en contact direct avec le cytoplasme. La région nucléaire du cytoplasme est appelée nucléoïde et n'est pas nettement séparée du reste de la cellule. La plupart des procaryotes sont les plus petits des êtres vivants connus, avec un diamètre compris entre 0,5 et 2 µm.
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Structure d'un procaryote typique, montrant les éléments suivants :
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Une cellule de procaryote contient trois régions distinctes :
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Cellule animale :
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Structure schématique d'une cellule végétale. On y observe notamment les éléments suivants :
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Les plantes, les animaux, les mycètes, les protozoaires et les algues sont des eucaryotes. Ces cellules sont en moyenne 15 fois plus grandes qu'un procaryote typique, et peuvent être jusqu'à mille fois plus volumineuses. La principale caractéristique qui distingue les eucaryotes des procaryotes est leur compartimentation en organites spécialisés au sein desquels se déroulent des processus métaboliques spécifiques. Parmi ces organites se trouve le noyau, qui héberge l'ADN de la cellule. C'est la présence de ce noyau qui donne son nom à ce type de cellules, eucaryote étant forgé à partir de racines grecques signifiant « à vrai noyau ». Par ailleurs :
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Toutes les cellules, qu'il s'agisse de procaryotes ou d'eucaryotes, possèdent une membrane plasmique qui les enveloppe, régule les flux de matière entrants et sortants (transport membranaire) et maintient un potentiel électrochimique de membrane. Contenu dans cette membrane se trouve le cytoplasme, qui est une solution aqueuse riche en sels dissous occupant l'essentiel du volume de la cellule. Toutes les cellules possèdent un matériel génétique constitué d'ADN, ainsi que de l'ARN qui intervient essentiellement dans la biosynthèse des protéines et des enzymes, ces dernières étant responsables du métabolisme de la cellule ; les érythrocytes (globules rouges du sang) font exception, car leur cytoplasme est dépourvu de presque tous les organites constituant normalement une cellule d'eucaryote, ce qui leur permet d'accroître la quantité d'hémoglobine qu'ils peuvent contenir, et ne possèdent donc pas de noyau, dans lequel se trouverait l'ADN. Il existe une très grande variété de biomolécules dans les cellules.
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La membrane plasmique, ou membrane cellulaire, est une membrane biologique qui entoure et délimite le cytoplasme d'une cellule. Chez les animaux, la membrane matérialise la surface de la cellule, tandis que, chez les plantes et les procaryotes, elle est généralement recouverte d'une paroi cellulaire. Ainsi, chez les plantes, les algues et les mycètes, la cellule est incluse dans une paroi pectocellulosique, qui fournit un squelette à l'organisme[8]. Des dépôts de composés tels que la subérine ou la lignine modulent les propriétés physico-chimiques de la paroi, la rendant plus rigide ou plus imperméable, par exemple.
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La membrane a pour fonction de séparer le milieu intracellulaire de l'environnement de la cellule en le protégeant de ce dernier. Elle est constituée d'une bicouche lipidique chez les eucaryotes, les bactéries et la plupart des archées, ou d'une monocouche d'étherlipides chez certaines archées. Chez les eucaryotes, il s'agit essentiellement de phospholipides, qui ont la propriété d'être amphiphiles, c'est-à-dire de posséder une tête polaire hydrophile et des queues aliphatiques hydrophobes. Une très grande variété de protéines, dites protéines membranaires, sont incluses dans la membrane plasmique, où elles jouent le rôle de canaux et de pompes assurant le transport membranaire entrant et sortant de la cellule. On dit que la membrane plasmique est semiperméable car sa perméabilité est très variable en fonction de l'espèce chimique considérée : certaines peuvent la traverser librement, d'autres ne peuvent la traverser que de façon limitée ou dans un seul sens, d'autres enfin ne peuvent pas la traverser du tout. La surface cellulaire contient également des récepteurs membranaires qui assurent la transduction de signal dans le cadre de mécanismes de signalisation cellulaire, ce qui permet à la cellule de réagir par exemple à la présence d'hormones.
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Le cytosquelette intervient pour définir et maintenir la forme de la cellule (tenségrité), positionner les organites dans le cytoplasme, réaliser l'endocytose d'éléments extracellulaires, assurer la cytokinèse lors de la division cellulaire, et déplacer certaines régions du cytoplasme lors de la croissance et de la mobilité cellulaires (transport intracellulaire). Le cytosquelette des eucaryotes est composé de microfilaments, de filaments intermédiaires et de microtubules. Un grand nombre de protéines sont associées à ces structures, chacune d'entre elles contrôlant la structure de la cellule en orientant, liant et alignant les filaments. Le cytosquelette des procaryotes est moins connu mais intervient pour maintenir la forme et la polarité ainsi que pour assurer la cytokinèse de ces cellules[9]. La protéine constitutive des microfilaments est une petite protéine monomérique appelée actine, tandis que celle constitutive des microtubules est une protéine dimérique appelée tubuline. Les filaments intermédiaires sont des hétéropolymères dont les monomères varient en fonction du type de cellule et du tissu ; ce sont notamment la vimentine, la desmine, les lamines A, B et C, les kératines et les protéines des neurofilaments (NF-L et NF-M).
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Le matériel génétique des cellules peut se trouver sous la forme d'ADN ou d'ARN (cellule sans noyau). C'est la séquence nucléotidique de l'ADN qui porte toute l'information génétique (génotype) d'une cellule. Cet ADN est transcrit en ARN, un autre type d'acide nucléique, qui assure diverses fonctions : transport de l'information génétique de l'ADN vers les ribosomes sous forme d'ARN messager, et traduction de l'ARN messager en protéines sous forme à la fois d'ARN de transfert et d'ARN ribosomique, ce dernier agissant comme un ribozyme.
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Le matériel génétique des procaryotes est généralement constitué d'une molécule d'ADN circulaire unique formant un chromosome dans une région diffuse du cytoplasme appelée nucléoïde. Celui des eucaryotes est réparti sur plusieurs molécules d'ADN linéaires formant des chromosomes contenus dans un noyau cellulaire différencié. Les cellules d'eucaryotes contiennent également de l'ADN dans certains organites tels que les mitochondries et, chez les plantes, les chloroplastes.
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Une cellule humaine contient de ce fait de l'ADN dans son noyau et dans ses mitochondries. On parle respectivement de génome nucléaire et de génome mitochondrial. Le génome nucléaire humain est réparti sur 46 molécules d'ADN linéaires formant autant de chromosomes. Ceux-ci sont organisés par paires, en l'occurrence 22 paires de chromosomes homologues et une paire de chromosomes sexuels. Le génome mitochondrial humain est contenu sur un chromosome circulaire et possède 38 gènes : 14 gènes encodent des sous-unités constituant cinq protéines (NADH déshydrogénase, cytochrome b, cytochrome c oxydase, ATP synthase et humanine), deux gènes encodent des ARN ribosomiques mitochondriaux (ARNr 12S et ARNr 16S), et 22 gènes encodent vingt ARN de transfert mitochondriaux.
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Du matériel génétique exogène peut également être introduit dans une cellule par transfection. Ceci peut être permanent si l'ADN exogène est inséré de façon stable dans le génome de la cellule, ou transitoire dans le cas contraire. Certains virus insèrent également leur matériel génétique dans le génome de leur cellule hôte : c'est la transduction.
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Les organites sont des compartiments cellulaires réalisant des fonctions biologiques spécialisées, de façon analogue aux organes du corps humain. Les cellules d'eucaryotes et de procaryotes possèdent des organites, mais ceux des procaryotes sont plus simples et ne sont généralement pas matérialisés par une membrane.
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Il existe différents types d'organites dans une cellule. Certains sont généralement uniques, comme l'appareil de Golgi, tandis que d'autres sont présents en de très nombreux exemplaires — des centaines, voire des milliers — comme les mitochondries, les chloroplastes, les peroxysomes et les lysosomes. Le cytosol est le fluide gélatineux qui entoure les organites dans le cytoplasme.
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Éléments du système endomembranaire :
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De nombreuses cellules possèdent également des structures entièrement ou partiellement situées à l'extérieur de la membrane plasmique. Ces structures ne sont donc pas protégées de l'environnement de la cellule par une membrane semiperméable. L'assemblage de ces structures implique que leurs constituants soient transportés hors de la cellule par des processus spécifiques.
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De nombreux types de cellules de procaryotes et d'eucaryotes possèdent une paroi cellulaire. Celle-ci protège la cellule des actions chimiques et mécaniques de son environnement et ajoute une couche protectrice supplémentaire par-dessus la membrane plasmique. Les différents types de cellules tendent à produire des parois de nature chimique différente : la paroi pectocellulosique des plantes est constituée essentiellement de cellulose, la paroi des mycètes est constituée essentiellement de chitine, et la paroi bactérienne est constituée essentiellement de peptidoglycane.
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Entre deux divisions successives du cycle cellulaire, les cellules se développent grâce à leur métabolisme. Le métabolisme cellulaire est le processus par lequel chaque cellule exploite les nutriments qu'elle absorbe afin de se maintenir en vie et de se reproduire. Le métabolisme se divise en deux grandes parties : d'une part le catabolisme, par lequel les cellules dégradent les molécules complexes en espèces chimiques plus simples afin de produire de l'énergie métabolique sous forme par exemple d'ATP et du pouvoir réducteur sous forme par exemple de NADH et de FADH2 ; d'autre part l'anabolisme qui utilise l'énergie et le pouvoir réducteur produits par le catabolisme afin de synthétiser des biomolécules et de réaliser d'autres fonctions biologiques.
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Le cycle cellulaire est l'ensemble des processus biologiques conduisant à la division d'une cellule mère en deux cellules filles. Chez les procaryotes, qui ne possèdent pas de noyau, la réplication des cellules se fait par scissiparité, c'est-à-dire par division simple. Chez les eucaryotes, en revanche, le cycle cellulaire est divisé en trois grandes phases : l'interphase, la mitose et la cytokinèse. Au cours de l'interphase, les cellules grossissent en accumulant les substances nécessaires à la préparation de la division cellulaire et à la réplication de l'ADN. Puis le noyau se scinde en deux au cours de la mitose, et enfin le cytoplasme achève de se scinder à son tour en deux, avec un noyau dans chacune des deux parties, au cours de la cytokinèse. Des mécanismes appelés points de contrôle (en) assurent que la division se déroule de façon conforme[12].
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La division cellulaire est le processus par lequel une cellule unique, dite cellule mère, donne naissance à deux cellules, dites cellules filles. Ceci permet la croissance des organismes multicellulaires et la multiplication des organismes unicellulaires. Les cellules de procaryotes se divisent par scissiparité (division simple) tandis que les cellules d'eucaryotes se divisent d'abord au niveau de leur noyau — phase de mitose — puis au niveau de l'ensemble du cytoplasme — phase de cytokinèse. Une cellule diploïde peut également donner des cellules haploïdes, généralement au nombre de quatre, à travers le processus de méiose ; les cellules haploïdes interviennent comme gamètes chez les organismes multicellulaires en fusionnant avec d'autres gamètes pour redonner des cellules diploïdes.
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La réplication de l'ADN, qui est la base moléculaire de la réplication du génome d'une cellule, intervient toujours lorsqu'une cellule se divise par mitose ou par scissiparité ; elle a lieu à la phase S du cycle cellulaire. Au cours de la méiose, l'ADN n'est répliqué qu'une seule fois alors que la cellule se divise deux fois : la réplication de l'ADN intervient lors de la première division de la méiose, mais pas lors de la division subséquente. La réplication, comme tous les autres processus cellulaires, requiert des protéines et des enzymes spécialisées pour être menée à bien.
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Dans le cas des organismes unicellulaires, il est généralement accepté que les cellules prolifèrent spontanément, sans avoir besoin de stimulation. Dans le cas des organismes multicellulaires, cette question fait l'objet d'un débat[14]. De nombreux auteurs défendent l'idée que ces cellules requièrent une stimulation pour proliférer, d'autres au contraire considèrent que la quiescence est le résultat de contraintes agissant sur les cellules quiescentes[15],[16]. Pour la modélisation du comportent des cellules, les deux points de vue sont couramment utilisés[17].
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L'une des activités biochimiques principales des cellules est de produire de nouvelles protéines. Ces dernières sont essentielles à la régulation et à la maintenance de l'activité cellulaire. La synthèse des protéines se décompose en plusieurs étapes : transcription de l'ADN en ARN messager, modifications post-transcriptionnelles de l'ARN messager, traduction de l'ARN messager en protéines, modifications post-traductionnelles des protéines nouvellement synthétisées, et enfin repliement des protéines dans leur conformation fonctionnelle, appelée état natif.
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Lors de la transcription, des ARN polymérases produisent un brin d'ARN complémentaire au brin d'ADN codant. L'information génétique est portée par la séquence nucléotidique de l'ADN, reproduite sur l'ARN messager lors de la transcription. Cette séquence est ensuite lue par des ribosomes afin de polymériser les acides aminés dans l'ordre spécifié par la succession de groupes de trois nucléotides sur l'ARN messager, chacun de ces triplets, appelés codons, correspondant à un acide aminé donné ; c'est cette correspondance entre codons et acides aminés qu'on appelle code génétique.
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Les unicellulaires peuvent se déplacer afin de trouver de la nourriture ou d'échapper à leurs prédateurs. Flagelles et cils sont les principaux moyens de motilité cellulaire.
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Chez les organismes multicellulaires, les cellules peuvent se déplacer par exemple lors de la cicatrisation des plaies, lors de la réponse immunitaire, ou encore lors de la formation de métastases tumorales. Ainsi, les leucocytes (globules blancs) se déplacent jusqu'à la plaie afin d'y tuer les micro-organismes susceptibles d'y provoquer des infections. La motilité cellulaire fait intervenir de nombreux récepteurs, des mécanismes de réticulation, d'assemblage, de liaison ou encore d'adhérence de protéines, ainsi que des protéines motrices, parmi d'autres types de protéines[18]. Le processus se déroule en trois temps : saillie de la pointe avant de la cellule, adhérence de l'avant de la cellule et « désadhérence » du reste de la surface cellulaire, et contraction du cytosquelette pour tirer la cellule vers l'avant. Chacune de ces étapes est gérée par des forces produites par des segments particuliers du cytosquelette[18]. Comme pour la prolifération, la question de savoir si la motilité des cellules d'un multicellulaire est spontanée, comme pour les unicellulaires, ou doit faire l'objet de stimulations fait l'objet d'un débat[15].
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Un organisme multicellulaire est constitué de plusieurs cellules, par opposition à un organisme unicellulaire.
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Au sein des organismes multicellulaires, les cellules se spécialisent en différents types cellulaires (en) adaptés chacun à des fonctions physiologiques particulières. Chez les mammifères par exemple, on trouve par exemple des cellules de la peau, des myocytes (cellules musculaires), des neurones (cellules nerveuses), des cellules sanguines, des fibroblastes (cellules des tissus conjonctifs), ou encore des cellules souches. Des cellules de types différents d'un même organisme ont une fonction physiologique et une apparence propres, mais partagent le même génome. Des cellules ayant le même génotype peuvent présenter des phénotypes différents en raison d'une expression génétique différenciée : les gènes qu'elles contiennent ne sont pas exprimés de la même façon les uns par rapport aux autres, certains le sont davantage dans un type cellulaire que dans un autre.
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Tous les types cellulaires d'un organisme donné dérivent d'une cellule unique dite totipotente, c'est-à-dire capable de se différencier en n'importe quel type cellulaire lors du développement de l'organisme. La différenciation cellulaire est influencée par divers facteurs environnementaux (par exemple les interactions cellule-cellule (en)) et des différences intrinsèques (par exemple la distribution non uniforme des molécules lors de la division).
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La multicellularité a émergé à partir d'organismes unicellulaires un grand nombre de fois au cours de l'évolution et ne s'observe pas uniquement chez les eucaryotes : certains procaryotes tels que des cyanobactéries, des myxobactéries, actinomycètes, Magnetoglobus multicellularis ou encore des archées du genre Methanosarcina, présentent des organisations multicellulaires. Cependant, ce sont bien chez les eucaryotes que des organismes multicellulaires sont apparus, et ce parmi six groupes : les animaux, les mycètes, les algues brunes, les algues rouges, les algues vertes et les plantes. La multicellularité peut être apparue à partir de colonies d'organismes interdépendants, voire à partir d'organismes en symbiose.
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Les plus anciennes traces de multicellularité ont été identifiées chez des organismes apparentés aux cyanobactéries qui vivaient il y a entre 3 et 3,5 milliards d'années. Parmi d'autres fossiles d'organismes multicellulaires, on compte également Grypania spiralis[19],[20], dont la nature biologique exacte demeure cependant débattue, ainsi que les fossiles des schistes paléoprotérozoïques du groupe fossile de Franceville[21], au Gabon.
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L'évolution d'organismes multicellulaires à partir d'ancêtres unicellulaires a été reproduite au laboratoire à travers des expériences d'évolution expérimentale utilisant la prédation comme vecteur de pression de sélection.
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L'origine des cellules est intimement liée à l'origine de la vie, aux origines de l'histoire évolutive du vivant.
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Il existe plusieurs théories expliquant l'origine des petites molécules ayant conduit à l'apparition de la vie sur Terre. Elles auraient pu être apportées depuis l'espace par des météorites (météorite de Murchison), être formées dans les monts hydrothermaux sous les océans ou sous l'effet de la foudre dans une atmosphère réductrice (expérience de Miller-Urey). On dispose de peu de données expérimentales permettant de savoir ce qu'étaient les premières substances capables de se reproduire à l'identique. On pense que l'ARN a été la première molécule capable d'auto-réplication, car elle est capable à la fois de stocker l'information génétique et de catalyser des réactions chimiques (ribozymes), ce qui a été formulé dans le cadre de l'hypothèse du monde à ARN ; il existe cependant d'autres substances capables d'auto-réplication qui auraient pu précéder l'ARN dans cette fonction, par exemple des argiles comme la montmorillonite, qui sont capables de catalyser la polymérisation de l'ARN et la formation de membranes lipidiques[23],[24], ou encore les acides nucléiques peptidiques[25].
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Les premières cellules sont apparues il y a au moins 3,5 milliards d'années[26],[27]. On considère actuellement que ces premières cellules étaient hétérotrophes. Les premières membranes cellulaires étaient probablement plus simples et plus perméables que les membranes actuelles. Les lipides forment spontanément des bicouches lipidiques dans l'eau, donnant des micelles et des vésicules ; ils auraient pu précéder l'ARN mais les premières membranes cellulaires auraient également pu être produites par des ribozymes ou même requérir des protéines structurelles pour se former[28].
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On pense que les cellules d'eucaryotes dériveraient d'une communauté symbiotiques de procaryotes. Les organites comprenant de l'ADN tels que les mitochondries et les chloroplastes proviendraient respectivement de protéobactéries aérobies et de cyanobactéries devenues endosymbiotes d'un procaryote hôte.
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La microscopie optique ou photonique (résolution de +/- 0,25µm en lumière visible) permet l'observation de la structure des cellules eucaryotes. En effet, les microscopes photoniques peuvent grossir environ 1000 fois la taille du spécimen. Mais ce type de microscope n'est pas assez puissant pour l'étude des organites de la cellule.
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La microscopie électronique (résolution de quelques Angströms) révèle l'ultrastructure de celles-ci et permet une observation plus poussée de la structure des cellules procaryotes comme eucaryotes. Dans la pratique, les microscopes électroniques modernes peuvent atteindre une résolution de 2 nm, ce qui représente une résolution 100 fois plus grande que celle des microscopes photoniques. Les microscopes électroniques ont permis de découvrir un grand nombre d'organites et une quantité d'autres structures subcellulaires invisibles au microscope optique. Toutefois, des percées techniques majeures ont donné un second souffle au microscope photonique : comme l'utilisation de marqueur fluorescent, de la microscopie confocale et avec déconvultion, qui permettent de donner des images 3D de la cellule avec une bonne netteté[29].
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Pour étudier l'organisation subcellulaire des cellules au microscope, les tissus peuvent, en fonction de la méthode choisie, être vivants, ce qui permet une observation dynamique, ou fixés et préparés en coupes histologiques, ce qui permet en général une observation plus précise, mais figée et ponctuelle.
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Localisation subcellulaire par l'utilisation de gènes rapporteurs tels que la GFP (green fluorescing protein) et la luciférase, par immunocytochimie, ou grâce à des molécules radioactives.
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Différentes colorations, vitales ou non, permettent l'observation des structures au microscope optique : rouge neutre pour les vacuoles, violet dahlia ou cristal pour le noyau...
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Isolement de structures : par choc osmotique, ou grâce à des détergents puis par centrifugation.
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Purification des protéines : par électrophorèse, centrifugation, chromatographie, dialyse, etc.
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Il est fréquent de devoir compter le nombre de cellules vivantes dans une boîte de culture et de le comparer au nombre de cellules total, par exemple pour déterminer la toxicité d'un produit. L'une de ces méthodes de numération est réalisée grâce au test MTT.
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Le nombre de cellules propres à un organisme humain adulte est estimé entre 1012 et 1016. Les études les plus récentes[30] estiment ce nombre à 3,72 × 1013. Les bactéries présentes dans ce même organisme, constituant le microbiote (principalement dans le tube digestif), seraient, selon une étude[4], dix fois plus nombreuses (1015).
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La plus grande cellule du monde vivant est en poids le jaune d'œuf d'autruche dont la masse est comprise entre 1,2 et 1,9 kg, et en longueur le neurone de calmar géant ou du calmar colossal dont l'axone peut atteindre 12 m[31].
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La taille des cellules à paroi (plantes, bactéries, champignons, algues et certaines archées) varie de moins d'un micromètre (certaines bactéries) à plus d'un centimètre (algues géantes). Une étude de 2019 montre que cette taille est directement liée à la rigidité de la paroi, définie comme le produit de son épaisseur par son module d'incompressibilité[32],[33].
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La cellule — du latin cellula « cellule de moine »[1] — est l'unité biologique structurelle et fonctionnelle fondamentale de tous les êtres vivants connus. C'est la plus petite unité vivante capable de se reproduire de façon autonome. La science qui étudie les cellules est appelée biologie cellulaire.
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Une cellule est constituée d'une membrane plasmique contenant un cytoplasme, lequel est formé d'une solution aqueuse (Cytosol) dans laquelle se trouvent de nombreuses biomolécules telles que des protéines et des acides nucléiques, organisées ou non dans le cadre d'organites. De nombreux êtres vivants ne sont constitués que d'une seule cellule : ce sont les organismes unicellulaires, comme les bactéries, les archées et la plupart des protistes. D'autres sont constitués de plusieurs cellules : ce sont les organismes multicellulaires, comme les plantes et les animaux. Ces derniers contiennent un nombre de cellules très variable d'une espèce à l'autre ; le corps humain en compte ainsi de l'ordre de cent mille milliards (1014), mais est colonisé par un nombre de un[3] à dix[4] fois plus grand de bactéries, qui font partie de son microbiote et sont bien plus petites que les cellules humaines. La plupart des cellules des plantes et des animaux ne sont visibles qu'au microscope, avec un diamètre compris entre 10 et 100 µm.
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L'existence des cellules a été découverte en 1665 par le naturaliste anglais Robert Hooke, qui leur a donné le nom latin cellula en référence aux petites chambres occupées par les moines dans les monastères. La théorie cellulaire a été formulée pour la première fois en 1839 par le botaniste allemand Matthias Jakob Schleiden et l'histologiste allemand Theodor Schwann : elle expose que tous les êtres vivants sont constitués d'une ou plusieurs cellules, que les cellules sont les unités fondamentales de toutes les structures biologiques, qu'elles dérivent toujours d'autres cellules préexistantes, et qu'elles contiennent l'information génétique nécessaire à leur fonctionnement ainsi qu'à la transmission de l'hérédité aux générations de cellules suivantes. Les premières cellules sont apparues sur Terre il y a au moins 3,7 milliards d'années[5], et peut-être dès 4 Ga[6].
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On considère généralement deux types fondamentaux de cellules selon qu'elles possèdent ou non un noyau enveloppé d'une membrane nucléaire :
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Les procaryotes sont la première forme de vie apparue sur Terre, définie comme étant autosuffisante et pourvue de tous les processus biologiques vitaux, y compris les mécanismes de signalisation cellulaire. Plus petites et plus simples que les cellules d'eucaryotes, les cellules de procaryotes sont dépourvues de système endomembranaire et des organites qui le constituent, à commencer par le noyau. Les bactéries et les archées sont les deux domaines du vivant regroupant les procaryotes. L'ADN d'un procaryote forme un unique chromosome en contact direct avec le cytoplasme. La région nucléaire du cytoplasme est appelée nucléoïde et n'est pas nettement séparée du reste de la cellule. La plupart des procaryotes sont les plus petits des êtres vivants connus, avec un diamètre compris entre 0,5 et 2 µm.
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Structure d'un procaryote typique, montrant les éléments suivants :
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Une cellule de procaryote contient trois régions distinctes :
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Cellule animale :
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Les plantes, les animaux, les mycètes, les protozoaires et les algues sont des eucaryotes. Ces cellules sont en moyenne 15 fois plus grandes qu'un procaryote typique, et peuvent être jusqu'à mille fois plus volumineuses. La principale caractéristique qui distingue les eucaryotes des procaryotes est leur compartimentation en organites spécialisés au sein desquels se déroulent des processus métaboliques spécifiques. Parmi ces organites se trouve le noyau, qui héberge l'ADN de la cellule. C'est la présence de ce noyau qui donne son nom à ce type de cellules, eucaryote étant forgé à partir de racines grecques signifiant « à vrai noyau ». Par ailleurs :
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Toutes les cellules, qu'il s'agisse de procaryotes ou d'eucaryotes, possèdent une membrane plasmique qui les enveloppe, régule les flux de matière entrants et sortants (transport membranaire) et maintient un potentiel électrochimique de membrane. Contenu dans cette membrane se trouve le cytoplasme, qui est une solution aqueuse riche en sels dissous occupant l'essentiel du volume de la cellule. Toutes les cellules possèdent un matériel génétique constitué d'ADN, ainsi que de l'ARN qui intervient essentiellement dans la biosynthèse des protéines et des enzymes, ces dernières étant responsables du métabolisme de la cellule ; les érythrocytes (globules rouges du sang) font exception, car leur cytoplasme est dépourvu de presque tous les organites constituant normalement une cellule d'eucaryote, ce qui leur permet d'accroître la quantité d'hémoglobine qu'ils peuvent contenir, et ne possèdent donc pas de noyau, dans lequel se trouverait l'ADN. Il existe une très grande variété de biomolécules dans les cellules.
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La membrane plasmique, ou membrane cellulaire, est une membrane biologique qui entoure et délimite le cytoplasme d'une cellule. Chez les animaux, la membrane matérialise la surface de la cellule, tandis que, chez les plantes et les procaryotes, elle est généralement recouverte d'une paroi cellulaire. Ainsi, chez les plantes, les algues et les mycètes, la cellule est incluse dans une paroi pectocellulosique, qui fournit un squelette à l'organisme[8]. Des dépôts de composés tels que la subérine ou la lignine modulent les propriétés physico-chimiques de la paroi, la rendant plus rigide ou plus imperméable, par exemple.
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La membrane a pour fonction de séparer le milieu intracellulaire de l'environnement de la cellule en le protégeant de ce dernier. Elle est constituée d'une bicouche lipidique chez les eucaryotes, les bactéries et la plupart des archées, ou d'une monocouche d'étherlipides chez certaines archées. Chez les eucaryotes, il s'agit essentiellement de phospholipides, qui ont la propriété d'être amphiphiles, c'est-à-dire de posséder une tête polaire hydrophile et des queues aliphatiques hydrophobes. Une très grande variété de protéines, dites protéines membranaires, sont incluses dans la membrane plasmique, où elles jouent le rôle de canaux et de pompes assurant le transport membranaire entrant et sortant de la cellule. On dit que la membrane plasmique est semiperméable car sa perméabilité est très variable en fonction de l'espèce chimique considérée : certaines peuvent la traverser librement, d'autres ne peuvent la traverser que de façon limitée ou dans un seul sens, d'autres enfin ne peuvent pas la traverser du tout. La surface cellulaire contient également des récepteurs membranaires qui assurent la transduction de signal dans le cadre de mécanismes de signalisation cellulaire, ce qui permet à la cellule de réagir par exemple à la présence d'hormones.
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Le cytosquelette intervient pour définir et maintenir la forme de la cellule (tenségrité), positionner les organites dans le cytoplasme, réaliser l'endocytose d'éléments extracellulaires, assurer la cytokinèse lors de la division cellulaire, et déplacer certaines régions du cytoplasme lors de la croissance et de la mobilité cellulaires (transport intracellulaire). Le cytosquelette des eucaryotes est composé de microfilaments, de filaments intermédiaires et de microtubules. Un grand nombre de protéines sont associées à ces structures, chacune d'entre elles contrôlant la structure de la cellule en orientant, liant et alignant les filaments. Le cytosquelette des procaryotes est moins connu mais intervient pour maintenir la forme et la polarité ainsi que pour assurer la cytokinèse de ces cellules[9]. La protéine constitutive des microfilaments est une petite protéine monomérique appelée actine, tandis que celle constitutive des microtubules est une protéine dimérique appelée tubuline. Les filaments intermédiaires sont des hétéropolymères dont les monomères varient en fonction du type de cellule et du tissu ; ce sont notamment la vimentine, la desmine, les lamines A, B et C, les kératines et les protéines des neurofilaments (NF-L et NF-M).
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Le matériel génétique des cellules peut se trouver sous la forme d'ADN ou d'ARN (cellule sans noyau). C'est la séquence nucléotidique de l'ADN qui porte toute l'information génétique (génotype) d'une cellule. Cet ADN est transcrit en ARN, un autre type d'acide nucléique, qui assure diverses fonctions : transport de l'information génétique de l'ADN vers les ribosomes sous forme d'ARN messager, et traduction de l'ARN messager en protéines sous forme à la fois d'ARN de transfert et d'ARN ribosomique, ce dernier agissant comme un ribozyme.
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Le matériel génétique des procaryotes est généralement constitué d'une molécule d'ADN circulaire unique formant un chromosome dans une région diffuse du cytoplasme appelée nucléoïde. Celui des eucaryotes est réparti sur plusieurs molécules d'ADN linéaires formant des chromosomes contenus dans un noyau cellulaire différencié. Les cellules d'eucaryotes contiennent également de l'ADN dans certains organites tels que les mitochondries et, chez les plantes, les chloroplastes.
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Une cellule humaine contient de ce fait de l'ADN dans son noyau et dans ses mitochondries. On parle respectivement de génome nucléaire et de génome mitochondrial. Le génome nucléaire humain est réparti sur 46 molécules d'ADN linéaires formant autant de chromosomes. Ceux-ci sont organisés par paires, en l'occurrence 22 paires de chromosomes homologues et une paire de chromosomes sexuels. Le génome mitochondrial humain est contenu sur un chromosome circulaire et possède 38 gènes : 14 gènes encodent des sous-unités constituant cinq protéines (NADH déshydrogénase, cytochrome b, cytochrome c oxydase, ATP synthase et humanine), deux gènes encodent des ARN ribosomiques mitochondriaux (ARNr 12S et ARNr 16S), et 22 gènes encodent vingt ARN de transfert mitochondriaux.
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Du matériel génétique exogène peut également être introduit dans une cellule par transfection. Ceci peut être permanent si l'ADN exogène est inséré de façon stable dans le génome de la cellule, ou transitoire dans le cas contraire. Certains virus insèrent également leur matériel génétique dans le génome de leur cellule hôte : c'est la transduction.
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Les organites sont des compartiments cellulaires réalisant des fonctions biologiques spécialisées, de façon analogue aux organes du corps humain. Les cellules d'eucaryotes et de procaryotes possèdent des organites, mais ceux des procaryotes sont plus simples et ne sont généralement pas matérialisés par une membrane.
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Il existe différents types d'organites dans une cellule. Certains sont généralement uniques, comme l'appareil de Golgi, tandis que d'autres sont présents en de très nombreux exemplaires — des centaines, voire des milliers — comme les mitochondries, les chloroplastes, les peroxysomes et les lysosomes. Le cytosol est le fluide gélatineux qui entoure les organites dans le cytoplasme.
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Éléments du système endomembranaire :
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De nombreuses cellules possèdent également des structures entièrement ou partiellement situées à l'extérieur de la membrane plasmique. Ces structures ne sont donc pas protégées de l'environnement de la cellule par une membrane semiperméable. L'assemblage de ces structures implique que leurs constituants soient transportés hors de la cellule par des processus spécifiques.
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De nombreux types de cellules de procaryotes et d'eucaryotes possèdent une paroi cellulaire. Celle-ci protège la cellule des actions chimiques et mécaniques de son environnement et ajoute une couche protectrice supplémentaire par-dessus la membrane plasmique. Les différents types de cellules tendent à produire des parois de nature chimique différente : la paroi pectocellulosique des plantes est constituée essentiellement de cellulose, la paroi des mycètes est constituée essentiellement de chitine, et la paroi bactérienne est constituée essentiellement de peptidoglycane.
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Entre deux divisions successives du cycle cellulaire, les cellules se développent grâce à leur métabolisme. Le métabolisme cellulaire est le processus par lequel chaque cellule exploite les nutriments qu'elle absorbe afin de se maintenir en vie et de se reproduire. Le métabolisme se divise en deux grandes parties : d'une part le catabolisme, par lequel les cellules dégradent les molécules complexes en espèces chimiques plus simples afin de produire de l'énergie métabolique sous forme par exemple d'ATP et du pouvoir réducteur sous forme par exemple de NADH et de FADH2 ; d'autre part l'anabolisme qui utilise l'énergie et le pouvoir réducteur produits par le catabolisme afin de synthétiser des biomolécules et de réaliser d'autres fonctions biologiques.
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Le cycle cellulaire est l'ensemble des processus biologiques conduisant à la division d'une cellule mère en deux cellules filles. Chez les procaryotes, qui ne possèdent pas de noyau, la réplication des cellules se fait par scissiparité, c'est-à-dire par division simple. Chez les eucaryotes, en revanche, le cycle cellulaire est divisé en trois grandes phases : l'interphase, la mitose et la cytokinèse. Au cours de l'interphase, les cellules grossissent en accumulant les substances nécessaires à la préparation de la division cellulaire et à la réplication de l'ADN. Puis le noyau se scinde en deux au cours de la mitose, et enfin le cytoplasme achève de se scinder à son tour en deux, avec un noyau dans chacune des deux parties, au cours de la cytokinèse. Des mécanismes appelés points de contrôle (en) assurent que la division se déroule de façon conforme[12].
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La division cellulaire est le processus par lequel une cellule unique, dite cellule mère, donne naissance à deux cellules, dites cellules filles. Ceci permet la croissance des organismes multicellulaires et la multiplication des organismes unicellulaires. Les cellules de procaryotes se divisent par scissiparité (division simple) tandis que les cellules d'eucaryotes se divisent d'abord au niveau de leur noyau — phase de mitose — puis au niveau de l'ensemble du cytoplasme — phase de cytokinèse. Une cellule diploïde peut également donner des cellules haploïdes, généralement au nombre de quatre, à travers le processus de méiose ; les cellules haploïdes interviennent comme gamètes chez les organismes multicellulaires en fusionnant avec d'autres gamètes pour redonner des cellules diploïdes.
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La réplication de l'ADN, qui est la base moléculaire de la réplication du génome d'une cellule, intervient toujours lorsqu'une cellule se divise par mitose ou par scissiparité ; elle a lieu à la phase S du cycle cellulaire. Au cours de la méiose, l'ADN n'est répliqué qu'une seule fois alors que la cellule se divise deux fois : la réplication de l'ADN intervient lors de la première division de la méiose, mais pas lors de la division subséquente. La réplication, comme tous les autres processus cellulaires, requiert des protéines et des enzymes spécialisées pour être menée à bien.
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Dans le cas des organismes unicellulaires, il est généralement accepté que les cellules prolifèrent spontanément, sans avoir besoin de stimulation. Dans le cas des organismes multicellulaires, cette question fait l'objet d'un débat[14]. De nombreux auteurs défendent l'idée que ces cellules requièrent une stimulation pour proliférer, d'autres au contraire considèrent que la quiescence est le résultat de contraintes agissant sur les cellules quiescentes[15],[16]. Pour la modélisation du comportent des cellules, les deux points de vue sont couramment utilisés[17].
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L'une des activités biochimiques principales des cellules est de produire de nouvelles protéines. Ces dernières sont essentielles à la régulation et à la maintenance de l'activité cellulaire. La synthèse des protéines se décompose en plusieurs étapes : transcription de l'ADN en ARN messager, modifications post-transcriptionnelles de l'ARN messager, traduction de l'ARN messager en protéines, modifications post-traductionnelles des protéines nouvellement synthétisées, et enfin repliement des protéines dans leur conformation fonctionnelle, appelée état natif.
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Lors de la transcription, des ARN polymérases produisent un brin d'ARN complémentaire au brin d'ADN codant. L'information génétique est portée par la séquence nucléotidique de l'ADN, reproduite sur l'ARN messager lors de la transcription. Cette séquence est ensuite lue par des ribosomes afin de polymériser les acides aminés dans l'ordre spécifié par la succession de groupes de trois nucléotides sur l'ARN messager, chacun de ces triplets, appelés codons, correspondant à un acide aminé donné ; c'est cette correspondance entre codons et acides aminés qu'on appelle code génétique.
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Les unicellulaires peuvent se déplacer afin de trouver de la nourriture ou d'échapper à leurs prédateurs. Flagelles et cils sont les principaux moyens de motilité cellulaire.
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Chez les organismes multicellulaires, les cellules peuvent se déplacer par exemple lors de la cicatrisation des plaies, lors de la réponse immunitaire, ou encore lors de la formation de métastases tumorales. Ainsi, les leucocytes (globules blancs) se déplacent jusqu'à la plaie afin d'y tuer les micro-organismes susceptibles d'y provoquer des infections. La motilité cellulaire fait intervenir de nombreux récepteurs, des mécanismes de réticulation, d'assemblage, de liaison ou encore d'adhérence de protéines, ainsi que des protéines motrices, parmi d'autres types de protéines[18]. Le processus se déroule en trois temps : saillie de la pointe avant de la cellule, adhérence de l'avant de la cellule et « désadhérence » du reste de la surface cellulaire, et contraction du cytosquelette pour tirer la cellule vers l'avant. Chacune de ces étapes est gérée par des forces produites par des segments particuliers du cytosquelette[18]. Comme pour la prolifération, la question de savoir si la motilité des cellules d'un multicellulaire est spontanée, comme pour les unicellulaires, ou doit faire l'objet de stimulations fait l'objet d'un débat[15].
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Un organisme multicellulaire est constitué de plusieurs cellules, par opposition à un organisme unicellulaire.
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Au sein des organismes multicellulaires, les cellules se spécialisent en différents types cellulaires (en) adaptés chacun à des fonctions physiologiques particulières. Chez les mammifères par exemple, on trouve par exemple des cellules de la peau, des myocytes (cellules musculaires), des neurones (cellules nerveuses), des cellules sanguines, des fibroblastes (cellules des tissus conjonctifs), ou encore des cellules souches. Des cellules de types différents d'un même organisme ont une fonction physiologique et une apparence propres, mais partagent le même génome. Des cellules ayant le même génotype peuvent présenter des phénotypes différents en raison d'une expression génétique différenciée : les gènes qu'elles contiennent ne sont pas exprimés de la même façon les uns par rapport aux autres, certains le sont davantage dans un type cellulaire que dans un autre.
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Tous les types cellulaires d'un organisme donné dérivent d'une cellule unique dite totipotente, c'est-à-dire capable de se différencier en n'importe quel type cellulaire lors du développement de l'organisme. La différenciation cellulaire est influencée par divers facteurs environnementaux (par exemple les interactions cellule-cellule (en)) et des différences intrinsèques (par exemple la distribution non uniforme des molécules lors de la division).
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La multicellularité a émergé à partir d'organismes unicellulaires un grand nombre de fois au cours de l'évolution et ne s'observe pas uniquement chez les eucaryotes : certains procaryotes tels que des cyanobactéries, des myxobactéries, actinomycètes, Magnetoglobus multicellularis ou encore des archées du genre Methanosarcina, présentent des organisations multicellulaires. Cependant, ce sont bien chez les eucaryotes que des organismes multicellulaires sont apparus, et ce parmi six groupes : les animaux, les mycètes, les algues brunes, les algues rouges, les algues vertes et les plantes. La multicellularité peut être apparue à partir de colonies d'organismes interdépendants, voire à partir d'organismes en symbiose.
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Les plus anciennes traces de multicellularité ont été identifiées chez des organismes apparentés aux cyanobactéries qui vivaient il y a entre 3 et 3,5 milliards d'années. Parmi d'autres fossiles d'organismes multicellulaires, on compte également Grypania spiralis[19],[20], dont la nature biologique exacte demeure cependant débattue, ainsi que les fossiles des schistes paléoprotérozoïques du groupe fossile de Franceville[21], au Gabon.
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L'évolution d'organismes multicellulaires à partir d'ancêtres unicellulaires a été reproduite au laboratoire à travers des expériences d'évolution expérimentale utilisant la prédation comme vecteur de pression de sélection.
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L'origine des cellules est intimement liée à l'origine de la vie, aux origines de l'histoire évolutive du vivant.
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Il existe plusieurs théories expliquant l'origine des petites molécules ayant conduit à l'apparition de la vie sur Terre. Elles auraient pu être apportées depuis l'espace par des météorites (météorite de Murchison), être formées dans les monts hydrothermaux sous les océans ou sous l'effet de la foudre dans une atmosphère réductrice (expérience de Miller-Urey). On dispose de peu de données expérimentales permettant de savoir ce qu'étaient les premières substances capables de se reproduire à l'identique. On pense que l'ARN a été la première molécule capable d'auto-réplication, car elle est capable à la fois de stocker l'information génétique et de catalyser des réactions chimiques (ribozymes), ce qui a été formulé dans le cadre de l'hypothèse du monde à ARN ; il existe cependant d'autres substances capables d'auto-réplication qui auraient pu précéder l'ARN dans cette fonction, par exemple des argiles comme la montmorillonite, qui sont capables de catalyser la polymérisation de l'ARN et la formation de membranes lipidiques[23],[24], ou encore les acides nucléiques peptidiques[25].
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Les premières cellules sont apparues il y a au moins 3,5 milliards d'années[26],[27]. On considère actuellement que ces premières cellules étaient hétérotrophes. Les premières membranes cellulaires étaient probablement plus simples et plus perméables que les membranes actuelles. Les lipides forment spontanément des bicouches lipidiques dans l'eau, donnant des micelles et des vésicules ; ils auraient pu précéder l'ARN mais les premières membranes cellulaires auraient également pu être produites par des ribozymes ou même requérir des protéines structurelles pour se former[28].
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On pense que les cellules d'eucaryotes dériveraient d'une communauté symbiotiques de procaryotes. Les organites comprenant de l'ADN tels que les mitochondries et les chloroplastes proviendraient respectivement de protéobactéries aérobies et de cyanobactéries devenues endosymbiotes d'un procaryote hôte.
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La microscopie optique ou photonique (résolution de +/- 0,25µm en lumière visible) permet l'observation de la structure des cellules eucaryotes. En effet, les microscopes photoniques peuvent grossir environ 1000 fois la taille du spécimen. Mais ce type de microscope n'est pas assez puissant pour l'étude des organites de la cellule.
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La microscopie électronique (résolution de quelques Angströms) révèle l'ultrastructure de celles-ci et permet une observation plus poussée de la structure des cellules procaryotes comme eucaryotes. Dans la pratique, les microscopes électroniques modernes peuvent atteindre une résolution de 2 nm, ce qui représente une résolution 100 fois plus grande que celle des microscopes photoniques. Les microscopes électroniques ont permis de découvrir un grand nombre d'organites et une quantité d'autres structures subcellulaires invisibles au microscope optique. Toutefois, des percées techniques majeures ont donné un second souffle au microscope photonique : comme l'utilisation de marqueur fluorescent, de la microscopie confocale et avec déconvultion, qui permettent de donner des images 3D de la cellule avec une bonne netteté[29].
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Pour étudier l'organisation subcellulaire des cellules au microscope, les tissus peuvent, en fonction de la méthode choisie, être vivants, ce qui permet une observation dynamique, ou fixés et préparés en coupes histologiques, ce qui permet en général une observation plus précise, mais figée et ponctuelle.
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Localisation subcellulaire par l'utilisation de gènes rapporteurs tels que la GFP (green fluorescing protein) et la luciférase, par immunocytochimie, ou grâce à des molécules radioactives.
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Différentes colorations, vitales ou non, permettent l'observation des structures au microscope optique : rouge neutre pour les vacuoles, violet dahlia ou cristal pour le noyau...
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Isolement de structures : par choc osmotique, ou grâce à des détergents puis par centrifugation.
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Purification des protéines : par électrophorèse, centrifugation, chromatographie, dialyse, etc.
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Il est fréquent de devoir compter le nombre de cellules vivantes dans une boîte de culture et de le comparer au nombre de cellules total, par exemple pour déterminer la toxicité d'un produit. L'une de ces méthodes de numération est réalisée grâce au test MTT.
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Le nombre de cellules propres à un organisme humain adulte est estimé entre 1012 et 1016. Les études les plus récentes[30] estiment ce nombre à 3,72 × 1013. Les bactéries présentes dans ce même organisme, constituant le microbiote (principalement dans le tube digestif), seraient, selon une étude[4], dix fois plus nombreuses (1015).
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La plus grande cellule du monde vivant est en poids le jaune d'œuf d'autruche dont la masse est comprise entre 1,2 et 1,9 kg, et en longueur le neurone de calmar géant ou du calmar colossal dont l'axone peut atteindre 12 m[31].
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La taille des cellules à paroi (plantes, bactéries, champignons, algues et certaines archées) varie de moins d'un micromètre (certaines bactéries) à plus d'un centimètre (algues géantes). Une étude de 2019 montre que cette taille est directement liée à la rigidité de la paroi, définie comme le produit de son épaisseur par son module d'incompressibilité[32],[33].
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Dans la reproduction sexuée, la cellule œuf ou zygote (du grec ancien ζυγωτός / zugōtós « joint, attelé » et ayant la même étymologie que « joug ») est le premier stade de la vie d'un individu. Il s'agit d'une cellule diploïde non encore divisée, issue de la fécondation de gamètes haploïdes, c'est-à-dire de la fusion d'un ovocyte (gamète femelle chez les animaux) ou de l'oosphère (gamète femelle chez les végétaux), avec un gamète mâle : spermatozoïde pour les animaux (créant ainsi un embryon), anthérozoïde chez les algues et tube pollinique et spermatozoïde chez les végétaux, créant ainsi un embryon qui sera inclus dans une graine. Par définition, un zygote est une cellule totipotente. Le cytoplasme du zygote (et notamment les mitochondries) est hérité du cytoplasme de l'ovocyte.
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Dans la reproduction sexuée, la cellule œuf ou zygote (du grec ancien ζυγωτός / zugōtós « joint, attelé » et ayant la même étymologie que « joug ») est le premier stade de la vie d'un individu. Il s'agit d'une cellule diploïde non encore divisée, issue de la fécondation de gamètes haploïdes, c'est-à-dire de la fusion d'un ovocyte (gamète femelle chez les animaux) ou de l'oosphère (gamète femelle chez les végétaux), avec un gamète mâle : spermatozoïde pour les animaux (créant ainsi un embryon), anthérozoïde chez les algues et tube pollinique et spermatozoïde chez les végétaux, créant ainsi un embryon qui sera inclus dans une graine. Par définition, un zygote est une cellule totipotente. Le cytoplasme du zygote (et notamment les mitochondries) est hérité du cytoplasme de l'ovocyte.
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Petit panda, Panda éclatant, Panda roux
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ENC1[1] : En danger
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Répartition géographique
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Le Petit panda, Panda roux ou Panda éclatant (Ailurus fulgens) est un mammifère de la famille des Ailuridés. Il a un régime alimentaire omnivore, essentiellement végétarien, bien qu'appartenant à l'ordre des carnivores. Le panda roux est originaire de l'Himalaya et du Sud-Ouest de la Chine. C'est une espèce protégée car elle est en danger de disparition.
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Ailurus fulgens est le seul représentant du genre Ailurus.
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Son nom occidental provient probablement d'une langue de l'Himalaya, peut-être le népalais, mais sa signification reste incertaine. Selon une théorie, le mot « panda » serait une anglicisation de poonya qui signifie le « mangeur de bambou ». Son nom chinois 小熊猫 (xiǎoxióngmāo) s'analyse morphologiquement comme « petit ours-chat»[note 1].
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Ce petit animal est parfois appelé firefox en anglais, une traduction de son surnom chinois moins utilisé hǔo hú (火狐), littéralement « renard de feu » également par référence à sa couleur[réf. nécessaire].
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Le nom scientifique Ailurus est une latinisation du grec ancien ailuros, désignant le chat et signifiant littéralement « balance-queue » (aiol + ouros). Quant à fulgens, il signifie éclatant, brillant (comme un éclair)[réf. nécessaire].
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L'espèce est désignée en français par divers noms vulgaires et noms vernaculaires : petit panda[9], panda éclatant[11],[9],[3], panda fuligineux[11],[9], panda rouge[12],[11], panda roux[9], etc.
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En anglais : lesser panda[3], red panda[3], cat-bear[3], small panda[11], firefox.
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Les sous-espèces sont nommées :
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Le panda roux fait de 50 à 64 cm de long pour la tête et le corps tandis que sa queue fait de 28 à 59 cm. Les mâles pèsent de 3,7 à 6,2 kg et les femelles de 3 à 6,0 kg[15],[16],[17].
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L'espèce a une fourrure longue, douce, brun rougeâtre sur les parties supérieures, une fourrure noirâtre sur les parties inférieures, et un visage clair avec des marquages faciaux en forme de larmes ainsi que des caractéristiques dentaires cranio-dentaires robustes (en). Le visage clair a des insignes blancs semblables à ceux d'un raton laveur, mais chaque individu peut avoir des marques distinctives. La tête arrondie a des oreilles droites de taille moyenne, un nez noir et des yeux noirâtres. Sa longue queue touffue avec six anneaux ocre transversaux alternés[18] et une pointe noire[réf. nécessaire] fournit un équilibre et un excellent camouflage pour leur habitat d'arbres recouverts de mousse et de lichen. Les jambes sont noires et courtes avec une fourrure épaisse sur la plante des pattes. Cette fourrure sert d'isolation thermique sur les surfaces enneigées ou glacées et dissimule les glandes olfactives qui sont également présentes sur l'anus[18].
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Le panda roux est spécialisé dans l'alimentation au bambou avec des griffes fortes, courbes et semi-rétractiles[15] pour saisir les branches d'arbres étroites, les feuilles et les fruits. Comme le panda géant, il a un « faux pouce » qui est une extension de l'os du poignet. Quand il descend un arbre tête la première, le panda roux tourne sa cheville pour contrôler sa descente, ce qui en fait une des rares espèces grimpantes à en être capable[19].
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Les petits pandas sont principalement nocturnes[20]. Ils ne font pas beaucoup plus que manger et dormir en raison de leur régime alimentaire hypocalorique[21],[22].
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Les pandas roux sont d'excellents grimpeurs et se nourrissent surtout dans les arbres. Ils mangent surtout du bambou et peuvent se nourrir de petits mammifères, d'oiseaux, d'œufs, de fleurs et de baies. En captivité, ils ont été observés en train de manger des oiseaux, des fleurs, des feuilles d'érable et de mûrier, de l'écorce et des fruits de l'érable, du hêtre et du mûrier[15].
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La reproduction du Panda roux est encore mal comprise des biologistes. Il reste ainsi des questions non résolues, telles si la femelle peut avoir une ovulation induite (en), entre en chaleurs une ou plusieurs fois pendant la saison des amours, et si oui ou non l'implantation de l'embryon dans l'utérus est différée (en). Déchiffrer les particularités de la reproduction de l'espèce permettrait de recréer des environnements fidèles au milieu naturel, pour réduire la mortalité à la naissance des individus captifs puis réintroduire des pandas roux à l'état sauvage[23].
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Dans la nature, le Panda roux vit probablement en solitaire la plupart du temps et ne se trouve en petits groupes que pendant la saison de reproduction[24]. Elle correspond à la période typique d'activité des gonades dans l'espèce. Selon les individus élevés en captivité, la période d'œstrus de la femelle s'étale sur la fin de l'hiver, soit de janvier à mars dans l’hémisphère nord et de juin à août dans l'hémisphère sud[25],[24]. Cela permet aux petits de naître au printemps, lorsque la disponibilité de la nourriture, des matériaux de nidification et la sécurité des autres prédateurs à la mise bas sont favorables à leur survie[24].
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La gestation dure en moyenne 135 jours et la femelle met en général deux petits au monde mais il peut y en avoir trois ou quatre. À la naissance, les petits ont déjà une fourrure (grise qui devient rousse en grandissant), ne mesurent que 6 cm et ne pèsent que 100 grammes. Ils sont d'abord aveugles et n'ouvrent les yeux qu'au bout de 18 jours. Dépendants, ils ne sortent de la tanière qu'après 90 jours et vivent avec leur mère jusqu'à la période de reproduction suivante. Ils sont sevrés après 5 mois. Ils atteignent leur maturité sexuelle entre 18 et 20 mois[réf. nécessaire].
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Les pandas roux peuvent se reproduire vers l'âge de 18 mois et atteignent leur pleine maturité à l'âge de deux ou trois ans. Les adultes interagissent rarement dans la nature, sauf pour s'accoupler. Les deux sexes peuvent s'accoupler avec plus d'un partenaire pendant la saison des amours, de la mi-janvier au début mars. Quelques jours avant la naissance, les femelles commencent à rassembler des matériaux, comme des broussailles, de l'herbe et des feuilles, pour construire un nid, qui se trouve normalement dans un arbre creux ou une fissure rocheuse. Après une période de gestation de 112 à 158 jours, la femelle donne naissance, de la mi-juin à la fin juillet, de un à quatre (habituellement 1 à 2) petits aveugles et sourds pesant de 110 à 130 g chacun[15].
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Après la naissance, la mère nettoie les petits et peut reconnaître chacun d'eux par son odeur. Au début, elle passe de 60 % à 90 % de son temps avec les petits. Après la première semaine, la mère commence à passer plus de temps à l'extérieur du nid, revenant toutes les quelques heures pour allaiter et toiletter les petits. Elle déplace fréquemment les jeunes parmi plusieurs nids, qu'elle garde propres. Les petits commencent à ouvrir les yeux vers l'âge de 18 jours. À environ 90 jours, ils ont atteint la pleine fourrure d'adulte et la coloration, et commencent à s'aventurer hors du nid. Ils commencent aussi à manger des aliments solides à ce moment-là, en se sevrant vers l'âge de six à huit mois. Les petits restent avec leur mère jusqu'à ce que la prochaine portée naisse l'été suivant. Les mâles aident rarement à élever les jeunes, et seulement s'ils vivent en paires ou en petits groupes[15].
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À l'état sauvage, la durée de vie typique d'un panda roux se situe entre huit et dix ans, mais peut aller jusqu'à 14 ans[26]. En captivité, l'espérance de vie est d'en moyenne 13,4 ans[26], et un individu a réussi à atteindre l'âge de 19 ans[27].
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En fonction de son état émotionnel, le panda aboie, couine ou émet d'autres sons.
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Comme le panda géant, le petit panda ne peut pas digérer la cellulose et doit donc consommer un grand volume de bambou pour survivre. Leur régime alimentaire se compose d'environ deux tiers de bambou, de préférence les feuilles et jeunes pousses, mais ils mangent aussi des champignons, des racines, des glands, des lichens et des graminées. À l'occasion, ils complètent leur alimentation avec des poissons, des insectes[21],[22], des oiseaux[15] ou de petits mammifères[28].
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Les pousses de bambou sont plus faciles à digérer que les feuilles, présentant la digestibilité la plus élevée en été et en automne, intermédiaire au printemps et la plus faible en hiver. Ces variations sont liées à la teneur en nutriments du bambou. Les pandas roux transforment mal le bambou, en particulier la cellulose et les composants de la paroi cellulaire. Cela sous-entend que la digestion microbienne ne joue qu'un rôle mineur dans leur stratégie digestive. Pour survivre avec ce régime alimentaire de mauvaise qualité, ils doivent manger les sections de haute qualité de la plante de bambou, comme les feuilles et les pousses tendres, en grande quantité, soit plus de 1,5 kg de feuilles fraîches et 4 kg de pousses fraîches par jour. Cet aliment traverse le tube digestif assez vite (environ 2 à 4 heures) afin de maximiser l'apport quotidien en nutriments[29]. Les petits pandas peuvent détecter le goût d'édulcorants artificiels comme l'aspartame, et sont les seuls non-primates connus à pouvoir le faire[30].
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Au Japon, ont été rapportés un cas de petit panda souffrant de schistosomiase japonaise, un cas de douve pulmonaire ayant causé la mort du sujet par pneumonie et des cas d'infections à Dirofilaria immitis[31],[32],[33].
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Le petit panda vit entre 2 200 et 4 800 m d'altitude et habite des zones aux températures modérées entre 10 et 25 °C avec peu de variations annuelles. Il préfère les forêts montagneuses mixtes de feuillus et de conifères, surtout celles avec de vieux arbres et des sous-bois denses de bambou[15],[34].
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Le panda roux est endémique des forêts tempérées de l'Himalaya, et des chaînes de piedmont du Népal à l'Ouest et de la Chine à l'Est[34]. Sa limite la plus à l'Est est la chaîne des Monts Qinling de la province du Shaanxi en Chine. Sa répartition inclut le Tibet méridional, le Sikkim et Assam en Inde, le Bhoutan, les montagnes septentrionales de Birmanie, et le Sud-Ouest de la Chine, dans les Monts Hengduan de la province du Sichuan, ainsi que les monts Gongshan de la province du Yunnan. Il peut également vivre au Sud-Ouest du Tibet et au Nord de l'Arunachal Pradesh, mais cela n'a pas été documenté. Les lieux comportant la plus grande densité de pandas roux incluent une aire de l'Himalaya supposée avoir été le refuge d'un ensemble d'espèces endémiques durant le Pléistocène. L'aire de répartition du panda roux doit être considérée comme constituée d'aires séparées plutôt que comme un ensemble continu[15]. Une population relique distincte pourrait habiter les forêts sous-tropicales du plateau du Meghalaya, au Nord-Est de l'Inde[35], mais des investigations plus poussées sont nécessaires pour confirmer sa présence[36].
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Lors d'une étude durant les années 1970, des signes de présence de pandas roux ont été trouvés dans la réserve de chasse de Dhorpatan, au Népal[37]. Leur présence a été confirmée au printemps 2007 lorsque quatre individus ont été observés à des altitudes allant de 3 220 à 3 610 m[38]. La limite orientale de l'espèce se trouve dans le parc national de Rara, situé à l'ouest de la réserve de chasse de Dhorpatan[39] Leur présence a été confirmée en 2008[40].
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Les populations de panda roux dans la province du Sichuan sont plus importantes et plus stables que celle du Yunnan, laissant penser à une expansion vers le Sud, depuis le Sichuan vers Yunnan durant l'Holocène[41].
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Le panda roux a été extirpé des provinces chinoises du Guizhou, Gansu, Shaanxi, et Qinghai[42].
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La première trace écrite connue sur le Petit panda se trouve dans un rouleau chinois du XIIIe siècle qui représente une scène de chasse entre des chasseurs et le Panda roux[43],[44].
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La présentation en 1821 par le major-général Thomas Hardwicke d'un article intitulé « Description d'un nouveau genre de mammifères de la classe Mammalia, de la chaîne des collines de l'Himalaya entre le Népal et les montagnes enneigées »[note 2] à la Société linnéenne de Londres est souvent considérée comme le moment où le Panda roux est devenu une espèce authentique dans la science occidentale. Hardwicke a proposé le nom « wha » et expliqué : « Il est fréquemment découvert par son cri ou son appel, ressemblant au mot « Wha », répétant souvent le même : c'est pourquoi il est dérivé d'un des noms locaux par lesquels il est connu. Il est aussi appelé Chitwa. »[note 3] Le document d'Hardwicke n'a pas été publié avant 1827, où Frédéric Cuvier avait alors publié sa description et une figure. Le nom taxonomique proposé à l'origine par Hardwicke a été retiré de la publication de son article en 1827 avec sa permission, et le nom est maintenant attribué à Cuvier[45].
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Frédéric Cuvier avait reçu le spécimen qu'il a décrit du beau-fils de son frère, Alfred Duvaucel, qui l'avait envoyé « des montagnes du nord de l'Inde ». Il a été le premier à utiliser le nom binomial Ailurus fulgens et le nom vernaculaire panda dans sa description de l'espèce publiée en 1825 dans l'Histoire naturelle des mammifères[46],[47]. Ailurus est adopté du mot grec ancien αἴλουρος (ailouros), qui signifie « chat »[48]. L'épithète spécifique fulgens signifie « brillant » en latin[49]. Panda (en) est une déesse romaine de la paix et des voyageurs qui était appelée avant de commencer un voyage difficile[50]. On ignore s'il s'agit de l'origine du nom vernaculaire français panda[réf. nécessaire]. Des publications ultérieures affirment que le nom a été adopté à partir d'une langue himalayenne[réf. nécessaire].
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En 1847, Hodgson a décrit un panda roux sous le nom d'Ailurus ochraceus. Pocock a conclu qu'il représente le même type qu'Ailurus fulgens car la description des deux est très proche. Il a subordonné les deux types à la sous-espèce de panda roux de l'Himalaya Ailurus fulgens fulgens[18].
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La classification taxonomique du panda roux fait l'objet de controverses dès sa découverte. Le zoologiste français Frédéric Cuvier a d'abord décrit le panda roux en 1825 et l'a classé comme un proche parent du raton laveur (Procyonidae), bien qu'il lui ait donné le nom de genre Ailurus, (du grec ancien αἴλουρος, « chat ») en se basant sur des similitudes superficielles avec les chats domestiques. L'épithète spécifique est l'adjectif latin fulgens (« brillant »)[51].
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L'espèce a été placée à différents moments dans les Procyonidae, dans les Ursidae avec Ailuropoda (panda géant) chez les Ailuropodinae (jusqu'à ce que cette famille soit déplacée dans les Ursidae), puis dans sa propre famille, les Ailuridae. Cette incertitude vient de la difficulté à déterminer si certaines caractéristiques d'Ailurus sont phylogénétiquement conservatrices ou si elles sont dérivées et convergentes avec des espèces aux habitudes écologiques similaires[15].
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Les preuves basées sur les fossiles, la sérologie, la caryologie, le comportement, l'anatomie et la reproduction reflètent des affinités plus étroites avec les Procyonidae qu'avec les Ursidae. Cependant, des spécialisations écologiques et de fourrageage, ainsi qu'une distribution géographique distincte par rapport aux Procyonidés modernes soutiennent la classification dans la famille distincte des Ailuridés[52],[15],[53].
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Des recherches ADN systématiques moléculaires récentes placent également le panda roux dans sa propre famille, les Ailuridae, une partie de la grande super-famille Musteloidea qui comprend également la mouffette, le raton laveur et la belette[53],[54],[55]. Il serait la seule espèce encore vivante de la famille.
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It is not a bear, nor closely related to the giant panda, nor a raccoon, nor a lineage of uncertain affinities. Rather it is a basal lineage of musteloid, with a long history of independence from its closest relatives (skunks, raccoons, and otters/weasels/badgers).
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— Flynn et al., Whence the Red Panda[55] p. 197
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« Ce n'est ni un ours, ni un proche parent du panda géant, ni un raton laveur, ni une lignée d'affinités incertaines. Il s'agit plutôt d'une lignée basale de mustéloïdes, avec une longue histoire d'indépendance par rapport à ses parents les plus proches (mouffettes, ratons laveurs, loutres, belettes et blaireaux). »
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— Whence the Red Panda[55] p. 197
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Le panda roux est considéré comme un fossile vivant et seulement très vaguement apparenté au panda géant (Ailuropoda melanoleuca), car il est naturellement plus proche des autres membres de la super-famille Musteloidea à laquelle il appartient. L'ancêtre commun des deux pandas était aussi un ancêtre pour tous les ours vivants, les pinnipèdes comme les phoques et les morses, et les membres de la famille Musteloidea comme les belettes et les loutres. Il peut être retracé jusqu'à la période du Tertiaire Inférieur il y a des dizaines de millions d'années, avec une répartition importante à travers l'Eurasie.
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Des fossiles du panda roux éteint Parailurus anglicus ont été déterrés de la Chine à l'Est jusqu'à la Grande-Bretagne à l'ouest[56]. En 1977, une dent seule de Parailurus a été découverte dans la Formation pliocène de Ringold, au Washington. Ce premier signalement nord-américain est presque identique aux spécimens européens et révèle l'immigration de cette espèce en provenance d'Asie[57]. En 2004, la dent d'une espèce de panda roux jamais vue auparavant en Amérique du Nord a été découverte sur le site de fossiles de Gray (en), dans le Tennessee. La dent date d'il y a 4,5 à 7 millions d'années. Cette espèce, décrite sous le nom Pristinailurus bristoli (en), indique qu'une deuxième lignée ailurine plus primitive habitait l'Amérique du Nord pendant le Miocène. L'analyse cladiste suggère que Parailurus et Ailurus sont des taxons frères[56],[58]. D'autres fossiles de Pristinailurus bristoli ont depuis été découverts sur le site de fossiles de Gray en 2010[59] et en 2012[60]. La fréquence à laquelle on trouve des fossiles de panda sur le site de fossiles de Gray suggère que l'espèce a joué un rôle important dans l'écosystème global de la région[réf. nécessaire].
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La découverte en Espagne des restes post-crâniens (en) de Simocyon batalleri, un parent du panda roux vivant au Miocène, soutient l'hypothèse d'une relation de groupes frères entre pandas roux et ours. Cette découverte suggère que le « faux pouce » du panda roux est une adaptation à la locomotion arboricole, indépendante de l'adaptation du panda géant pour manipuler le bambou. Il s'agit en zoologie d'un des cas les plus remarquables de convergence évolutive chez les vertébrés[61].
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La classification du panda roux en deux espèces ou deux sous-espèces est débattue dans la communauté scientifique. Dans l'ouvrage de référence de 2011 Red Panda, Colin Groves affirme à partir de comparaisons crâniennes, d'analyses des éléments extérieurs et de génétique moléculaire faites sur différents spécimens qu'il existe deux espèces distinctes. Ainsi, le panda roux peut être divisé en Panda roux himalayen (Ailurus fulgens ou A. f. fulgens ) et en Panda roux de Styan (Ailurus styani ou A. f. styani). Il fait aussi remarquer l'absence de données sur de grandes parties de l'aire de répartition d'Ailurus. Cela laisse ouvert la possibilité qu'il existe d'autres espèces ou sous-espèces de panda roux[62],[63].
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Cependant, le nom Ailurus fulgens refulgens est parfois utilisé à tort pour A. f. styani. Il s'agit d'un lapsus réalisé par Henri Milne-Edwards dans son article de 1874 « Recherches pour servir à l'histoire naturelle des mammifères comprenant des considérations sur la classification de ces animaux »[64], faisant de A. f. refulgens un nomen nudum[18],[65]. L'édition la plus récente de Mammal Species of the World (littéralement en français « Espèces de mammifères du monde ») montre toujours la sous-espèce A. f. refulgens[52]. Cela a été corrigé dans des ouvrages plus récents, notamment dans A guide to the Mammals of China et le Handbook of the Mammals of the World, Volume 1 : Carnivores[66].
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Selon Yibo Hu, de l’Académie chinoise des sciences de Pékin, il n'y a pas une mais deux espèces de panda roux différentes, Ailurus fulgens et Ailurus styani. L'étude[67] réalisée montre une différence génétique entre ces deux pandas.
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Les principales menaces qui pèsent sur les pandas roux sont la capture directe dans la nature, vivants ou morts, la compétition avec le bétail domestique entraînant la dégradation de l'habitat et la déforestation conduisant à la perte ou la fragmentation de l'habitat. L'importance relative de ces facteurs varie d'une région à l'autre et n'est pas bien comprise[34].
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Par exemple, en Inde, la plus grande menace semble être la perte d'habitat suivie du braconnage, alors qu'en Chine, les plus grandes menaces semblent être la chasse et le braconnage[4]. Une diminution de 40 % des populations de panda roux a été signalée en Chine au cours des 50 dernières années, et les populations des régions occidentales de l'Himalaya sont considérées comme étant plus réduites[42].
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La déforestation entrave la propagation des pandas roux et aggrave le morcellement naturel de la population par la topographie et l'écologie, ce qui provoque une grave fragmentation de la population sauvage restante. Moins de 40 animaux de quatre groupes distincts partagent les ressources avec les humains dans le Parc national de Langtang au Népal, où seulement 6 % de ses 1 710 km2 est l'habitat préféré du panda roux. Même si la concurrence directe pour la nourriture avec le bétail domestique n'est pas significative, ce bétail peut ralentir la croissance du bambou en le piétinant[68].
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Les petits groupes d'animaux ayant peu de possibilités d'échange entre eux sont confrontés au risque de consanguinité, de diminution de la diversité génétique et même d'extinction. En plus, la coupe rase pour le bois de chauffage ou l'agriculture, y compris le terrassement à flanc de colline, enlève les vieux arbres qui fournissent des tanières aux mères et diminue la capacité de certaines espèces de bambou à se régénérer[34].
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Dans le sud-ouest de la Chine, les pandas roux sont chassés pour leur fourrure, surtout pour leurs queues touffues très appréciées pour produire des toques. Dans ces régions, la fourrure est souvent utilisée pour les cérémonies culturelles locales. Dans les mariages, le marié porte traditionnellement la peau. Les chapeaux « porte-bonheurs » à queue de panda roux sont également utilisés par les jeunes mariés locaux[42]. Cette pratique est probablement assez ancienne car le panda roux semble être représenté dans un parchemin chinois du XIIIe siècle à l'encre de Chine montrant une scène de chasse. Il n'existe peu ou pas de mention du panda roux dans la culture et le folklore népalais[43].
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Dans le passé, les pandas roux étaient capturés et vendus aux zoos. Angela Glatston, conservatrice au zoo de Rotterdam, a indiqué qu'elle avait personnellement géré 350 pandas roux en 17 ans[69].
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En raison de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, ces captures pour les zoos ont considérablement diminué ces dernières années, mais le braconnage se poursuit et les pandas roux sont souvent vendus à des collectionneurs privés à des prix exorbitants. Dans certaines parties du Népal et de l'Inde, les pandas roux sont gardés comme animaux de compagnie[70].
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Le panda roux a un taux de natalité naturellement bas (généralement une naissance simple ou jumelée par an), et un taux de mortalité élevé dans la nature[réf. nécessaire].
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Le Petit panda est inscrit à l'Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction[71]. L'espèce est classée en danger dans la Liste rouge de l'UICN depuis 2008 parce que la population mondiale est estimée à environ 10 000 individus, avec une tendance à la baisse de la population, et parce qu'il n'y a qu'environ la moitié de la superficie totale de l'habitat potentiel de 142 000 km2 qui est effectivement utilisée par l'espèce. En raison de leur nature timide et secrète, et de leurs habitudes largement nocturnes, l'observation des pandas roux est difficile. Par conséquent, les chiffres de population à l'état sauvage sont déterminés par des estimations de la densité de population et non par des comptages directs[4].
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Les estimations de la population mondiale varient de moins de 2 500[72] pour l'estimation basse à entre 16 000 et 20 000 individus[35] pour l'estimation haute. En 1999, la population totale en Chine était estimée entre 3 000 et 7 000 pandas roux[42]. En 2001, la population sauvage en l'Inde était estimée entre 5 000 et 6 000 individus[35]. Les estimations pour le Népal n'indiquent que quelques centaines d'individus[73]. Il n'existe aucun chiffre pour le Bhoutan ou la Birmanie.
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Il est difficile de trouver des chiffres de population fiables, en partie parce que d'autres animaux ont été confondus avec le panda roux. Par exemple, un rapport de Birmanie indique que les pandas roux sont encore assez fréquents dans certaines régions ; cependant, la preuve photographique du « panda roux » qui l'accompagne est en fait une espèce de civette[74].
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Le panda roux est protégé dans tous les pays de son aire de répartition et sa chasse est illégale[4]. Au-delà, les efforts de protection sont très variables d'un pays à l'autre :
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Une forêt gérée par la communauté dans le district d'Ilam, dans l'est du Népal, abrite 15 pandas roux qui génèrent des revenus pour les ménages locaux grâce à des activités touristiques, y compris des séjours à domicile. Les villageois des zones de haute altitude de l'Arunachal Pradesh ont formé l'Alliance pour la conservation du panda roux de Pangchen (« Pangchen Red Panda Conservation Alliance »), qui comprend cinq villages avec une zone forestière communautaire de 200 km2 à une altitude entre 2 500 et plus de 4 000 m[76].
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Le petit roux s'adapte bien à la vie en captivité et est commun dans les zoos du monde entier. En 1992, plus de 300 naissances avaient eu lieu en captivité et plus de 300 individus vivaient dans 85 institutions à travers le monde[77]
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. En 2001, 182 individus se trouvaient dans les seuls zoos nord-américains[78]. En 2006, le stud-book international répertoriait plus de 800 individus dans les zoos et les parcs du monde entier. Dans ce nombre, 511 individus de la sous-espèce A. f. fulgens étaient gardés dans 173 institutions[79] et 306 individus de la sous-espèce A. f. styani étaient gardés dans 81 institutions[80].
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Le stud-book international est actuellement géré au zoo de Rotterdam aux Pays-Bas. En coopération avec l'International Red Panda Management Group, ils coordonnent le programme américain pour les espèces menacées en Amérique du Nord, le Programme européen pour les espèces menacées et d'autres programmes d'élevage en captivité en Australie, en Inde, au Japon et en Chine[80],[81]. En 2009, Sarah Glass, conservatrice des pandas roux et des expositions spéciales au zoo de Knoxville (en), à Knoxville au Tennessee, a été nommée coordonnatrice du North American Red Panda Species Survival Plan. Le zoo de Knoxville compte le plus grand nombre de naissances de panda roux en captivité dans l'hémisphère occidental (101 en août 2011). Seul le zoo de Rotterdam a eu plus de naissances en captivité dans le monde entier[79],[80].
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Le parc zoologique himalayen de Padmaja Naidu (en) à Darjeeling, en Inde, a relâché avec succès quatre pandas roux élevés en captivité dans la nature en août et novembre 2003[81].
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Un exemple notable de pandas roux gardé comme animaux de compagnie est le cas de l'ancienne Première ministre indienne Indira Gandhi. Les pandas ont été présentés à sa famille en tant que cadeau, avant d'être ensuite hébergés dans « une maison spéciale dans un arbre »[82].
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Le panda roux est considéré comme l'animal symbole du Sikkim depuis le début des années 1990[83] et a été la mascotte du Darjeeling Tea Festival[43].
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En 2005, Babu, un panda roux mâle du Birmingham Nature Centre à Birmingham, au Royaume-Uni, s'est échappé et est devenu brièvement une célébrité médiatique[84],[85] avant d'être recapturé. Il a ensuite été élu « Brummie (en) de l'année », devenant ainsi le premier animal à recevoir cet honneur[84],[85]. Rusty, un panda roux mâle au zoo national de Washington DC, a également attiré l'attention des médias lorsqu'il s'est brièvement échappé en 2013[86],[87].
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En fiction, Bambou, personnage principal dans la série d'animation Bambou et Compagnie, est un panda roux[réf. nécessaire]. L'animal-totem de Li Xiong Mao[88], dans Freaks' Squeele, une série de bande dessinée entamée en 2008 de Florent Maudoux ; Maître Shifu est un panda roux anthropomorphe professeur de kung fu, dans le film Kung Fu Panda de 2008 ainsi que dans les autres histoires se déroulant dans le même univers[89]. Le panda roux Futa a inspiré le personnage de Pabu, le « furet de feu » accompagnant le groupe de héros (principalement de Bolin) dans la série télévisée animée américaine La Légende de Korra[90].
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Le petit panda donne son nom au navigateur web Firefox, dérivé de la suite logicielle libre Mozilla. En effet, le mot « firefox » est en anglais un surnom du panda roux[91],[92]. Cependant, l'animal montré dans le logo est un renard stylisé[93]. La Fondation Mozilla a adopté, en décembre 2010, deux bébés panda roux pendant quelques mois[94].
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Le mot anglais Firefox (renard de feu) est souvent annoncé comme étant une traduction littérale du mot Chinois pour Red Panda[95],[96],[97],[98],[99]. Cependant le mot chinois 火狐 dont il est question concerne[100],[101],[102] le logiciel Mozilla Firefox et non l'animal qui se dit 小熊貓[103] et 红熊猫[104].
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Améliorez-le ou discutez des points à vérifier.
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Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
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Dans la reproduction sexuée, la cellule œuf ou zygote (du grec ancien ζυγωτός / zugōtós « joint, attelé » et ayant la même étymologie que « joug ») est le premier stade de la vie d'un individu. Il s'agit d'une cellule diploïde non encore divisée, issue de la fécondation de gamètes haploïdes, c'est-à-dire de la fusion d'un ovocyte (gamète femelle chez les animaux) ou de l'oosphère (gamète femelle chez les végétaux), avec un gamète mâle : spermatozoïde pour les animaux (créant ainsi un embryon), anthérozoïde chez les algues et tube pollinique et spermatozoïde chez les végétaux, créant ainsi un embryon qui sera inclus dans une graine. Par définition, un zygote est une cellule totipotente. Le cytoplasme du zygote (et notamment les mitochondries) est hérité du cytoplasme de l'ovocyte.
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On distingue plusieurs types d'œufs en fonction de leur structure :
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Chez les batraciens, certains plathelminthes, la plupart des annélides et la plupart des mollusques
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Chez les amniotes, les œufs des oiseaux, monotrèmes, reptiles, céphalopodes et la plupart des poissons :
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La division par mitose dépend du type du zygote :
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Chez les végétaux, le mot zygote remplace toujours le mot œuf qui n'est pas utilisé, peut-être en raison de la double fécondation des Angiospermes donnant un zygote-plantule et un zygote-albumen.
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fr/921.html.txt
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La cellule — du latin cellula « cellule de moine »[1] — est l'unité biologique structurelle et fonctionnelle fondamentale de tous les êtres vivants connus. C'est la plus petite unité vivante capable de se reproduire de façon autonome. La science qui étudie les cellules est appelée biologie cellulaire.
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Une cellule est constituée d'une membrane plasmique contenant un cytoplasme, lequel est formé d'une solution aqueuse (Cytosol) dans laquelle se trouvent de nombreuses biomolécules telles que des protéines et des acides nucléiques, organisées ou non dans le cadre d'organites. De nombreux êtres vivants ne sont constitués que d'une seule cellule : ce sont les organismes unicellulaires, comme les bactéries, les archées et la plupart des protistes. D'autres sont constitués de plusieurs cellules : ce sont les organismes multicellulaires, comme les plantes et les animaux. Ces derniers contiennent un nombre de cellules très variable d'une espèce à l'autre ; le corps humain en compte ainsi de l'ordre de cent mille milliards (1014), mais est colonisé par un nombre de un[3] à dix[4] fois plus grand de bactéries, qui font partie de son microbiote et sont bien plus petites que les cellules humaines. La plupart des cellules des plantes et des animaux ne sont visibles qu'au microscope, avec un diamètre compris entre 10 et 100 µm.
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L'existence des cellules a été découverte en 1665 par le naturaliste anglais Robert Hooke, qui leur a donné le nom latin cellula en référence aux petites chambres occupées par les moines dans les monastères. La théorie cellulaire a été formulée pour la première fois en 1839 par le botaniste allemand Matthias Jakob Schleiden et l'histologiste allemand Theodor Schwann : elle expose que tous les êtres vivants sont constitués d'une ou plusieurs cellules, que les cellules sont les unités fondamentales de toutes les structures biologiques, qu'elles dérivent toujours d'autres cellules préexistantes, et qu'elles contiennent l'information génétique nécessaire à leur fonctionnement ainsi qu'à la transmission de l'hérédité aux générations de cellules suivantes. Les premières cellules sont apparues sur Terre il y a au moins 3,7 milliards d'années[5], et peut-être dès 4 Ga[6].
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On considère généralement deux types fondamentaux de cellules selon qu'elles possèdent ou non un noyau enveloppé d'une membrane nucléaire :
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Les procaryotes sont la première forme de vie apparue sur Terre, définie comme étant autosuffisante et pourvue de tous les processus biologiques vitaux, y compris les mécanismes de signalisation cellulaire. Plus petites et plus simples que les cellules d'eucaryotes, les cellules de procaryotes sont dépourvues de système endomembranaire et des organites qui le constituent, à commencer par le noyau. Les bactéries et les archées sont les deux domaines du vivant regroupant les procaryotes. L'ADN d'un procaryote forme un unique chromosome en contact direct avec le cytoplasme. La région nucléaire du cytoplasme est appelée nucléoïde et n'est pas nettement séparée du reste de la cellule. La plupart des procaryotes sont les plus petits des êtres vivants connus, avec un diamètre compris entre 0,5 et 2 µm.
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Structure d'un procaryote typique, montrant les éléments suivants :
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Une cellule de procaryote contient trois régions distinctes :
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Structure schématique d'une cellule végétale. On y observe notamment les éléments suivants :
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Les plantes, les animaux, les mycètes, les protozoaires et les algues sont des eucaryotes. Ces cellules sont en moyenne 15 fois plus grandes qu'un procaryote typique, et peuvent être jusqu'à mille fois plus volumineuses. La principale caractéristique qui distingue les eucaryotes des procaryotes est leur compartimentation en organites spécialisés au sein desquels se déroulent des processus métaboliques spécifiques. Parmi ces organites se trouve le noyau, qui héberge l'ADN de la cellule. C'est la présence de ce noyau qui donne son nom à ce type de cellules, eucaryote étant forgé à partir de racines grecques signifiant « à vrai noyau ». Par ailleurs :
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Toutes les cellules, qu'il s'agisse de procaryotes ou d'eucaryotes, possèdent une membrane plasmique qui les enveloppe, régule les flux de matière entrants et sortants (transport membranaire) et maintient un potentiel électrochimique de membrane. Contenu dans cette membrane se trouve le cytoplasme, qui est une solution aqueuse riche en sels dissous occupant l'essentiel du volume de la cellule. Toutes les cellules possèdent un matériel génétique constitué d'ADN, ainsi que de l'ARN qui intervient essentiellement dans la biosynthèse des protéines et des enzymes, ces dernières étant responsables du métabolisme de la cellule ; les érythrocytes (globules rouges du sang) font exception, car leur cytoplasme est dépourvu de presque tous les organites constituant normalement une cellule d'eucaryote, ce qui leur permet d'accroître la quantité d'hémoglobine qu'ils peuvent contenir, et ne possèdent donc pas de noyau, dans lequel se trouverait l'ADN. Il existe une très grande variété de biomolécules dans les cellules.
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La membrane plasmique, ou membrane cellulaire, est une membrane biologique qui entoure et délimite le cytoplasme d'une cellule. Chez les animaux, la membrane matérialise la surface de la cellule, tandis que, chez les plantes et les procaryotes, elle est généralement recouverte d'une paroi cellulaire. Ainsi, chez les plantes, les algues et les mycètes, la cellule est incluse dans une paroi pectocellulosique, qui fournit un squelette à l'organisme[8]. Des dépôts de composés tels que la subérine ou la lignine modulent les propriétés physico-chimiques de la paroi, la rendant plus rigide ou plus imperméable, par exemple.
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La membrane a pour fonction de séparer le milieu intracellulaire de l'environnement de la cellule en le protégeant de ce dernier. Elle est constituée d'une bicouche lipidique chez les eucaryotes, les bactéries et la plupart des archées, ou d'une monocouche d'étherlipides chez certaines archées. Chez les eucaryotes, il s'agit essentiellement de phospholipides, qui ont la propriété d'être amphiphiles, c'est-à-dire de posséder une tête polaire hydrophile et des queues aliphatiques hydrophobes. Une très grande variété de protéines, dites protéines membranaires, sont incluses dans la membrane plasmique, où elles jouent le rôle de canaux et de pompes assurant le transport membranaire entrant et sortant de la cellule. On dit que la membrane plasmique est semiperméable car sa perméabilité est très variable en fonction de l'espèce chimique considérée : certaines peuvent la traverser librement, d'autres ne peuvent la traverser que de façon limitée ou dans un seul sens, d'autres enfin ne peuvent pas la traverser du tout. La surface cellulaire contient également des récepteurs membranaires qui assurent la transduction de signal dans le cadre de mécanismes de signalisation cellulaire, ce qui permet à la cellule de réagir par exemple à la présence d'hormones.
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Le cytosquelette intervient pour définir et maintenir la forme de la cellule (tenségrité), positionner les organites dans le cytoplasme, réaliser l'endocytose d'éléments extracellulaires, assurer la cytokinèse lors de la division cellulaire, et déplacer certaines régions du cytoplasme lors de la croissance et de la mobilité cellulaires (transport intracellulaire). Le cytosquelette des eucaryotes est composé de microfilaments, de filaments intermédiaires et de microtubules. Un grand nombre de protéines sont associées à ces structures, chacune d'entre elles contrôlant la structure de la cellule en orientant, liant et alignant les filaments. Le cytosquelette des procaryotes est moins connu mais intervient pour maintenir la forme et la polarité ainsi que pour assurer la cytokinèse de ces cellules[9]. La protéine constitutive des microfilaments est une petite protéine monomérique appelée actine, tandis que celle constitutive des microtubules est une protéine dimérique appelée tubuline. Les filaments intermédiaires sont des hétéropolymères dont les monomères varient en fonction du type de cellule et du tissu ; ce sont notamment la vimentine, la desmine, les lamines A, B et C, les kératines et les protéines des neurofilaments (NF-L et NF-M).
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Le matériel génétique des cellules peut se trouver sous la forme d'ADN ou d'ARN (cellule sans noyau). C'est la séquence nucléotidique de l'ADN qui porte toute l'information génétique (génotype) d'une cellule. Cet ADN est transcrit en ARN, un autre type d'acide nucléique, qui assure diverses fonctions : transport de l'information génétique de l'ADN vers les ribosomes sous forme d'ARN messager, et traduction de l'ARN messager en protéines sous forme à la fois d'ARN de transfert et d'ARN ribosomique, ce dernier agissant comme un ribozyme.
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Le matériel génétique des procaryotes est généralement constitué d'une molécule d'ADN circulaire unique formant un chromosome dans une région diffuse du cytoplasme appelée nucléoïde. Celui des eucaryotes est réparti sur plusieurs molécules d'ADN linéaires formant des chromosomes contenus dans un noyau cellulaire différencié. Les cellules d'eucaryotes contiennent également de l'ADN dans certains organites tels que les mitochondries et, chez les plantes, les chloroplastes.
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Une cellule humaine contient de ce fait de l'ADN dans son noyau et dans ses mitochondries. On parle respectivement de génome nucléaire et de génome mitochondrial. Le génome nucléaire humain est réparti sur 46 molécules d'ADN linéaires formant autant de chromosomes. Ceux-ci sont organisés par paires, en l'occurrence 22 paires de chromosomes homologues et une paire de chromosomes sexuels. Le génome mitochondrial humain est contenu sur un chromosome circulaire et possède 38 gènes : 14 gènes encodent des sous-unités constituant cinq protéines (NADH déshydrogénase, cytochrome b, cytochrome c oxydase, ATP synthase et humanine), deux gènes encodent des ARN ribosomiques mitochondriaux (ARNr 12S et ARNr 16S), et 22 gènes encodent vingt ARN de transfert mitochondriaux.
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Du matériel génétique exogène peut également être introduit dans une cellule par transfection. Ceci peut être permanent si l'ADN exogène est inséré de façon stable dans le génome de la cellule, ou transitoire dans le cas contraire. Certains virus insèrent également leur matériel génétique dans le génome de leur cellule hôte : c'est la transduction.
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Les organites sont des compartiments cellulaires réalisant des fonctions biologiques spécialisées, de façon analogue aux organes du corps humain. Les cellules d'eucaryotes et de procaryotes possèdent des organites, mais ceux des procaryotes sont plus simples et ne sont généralement pas matérialisés par une membrane.
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Il existe différents types d'organites dans une cellule. Certains sont généralement uniques, comme l'appareil de Golgi, tandis que d'autres sont présents en de très nombreux exemplaires — des centaines, voire des milliers — comme les mitochondries, les chloroplastes, les peroxysomes et les lysosomes. Le cytosol est le fluide gélatineux qui entoure les organites dans le cytoplasme.
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Éléments du système endomembranaire :
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De nombreuses cellules possèdent également des structures entièrement ou partiellement situées à l'extérieur de la membrane plasmique. Ces structures ne sont donc pas protégées de l'environnement de la cellule par une membrane semiperméable. L'assemblage de ces structures implique que leurs constituants soient transportés hors de la cellule par des processus spécifiques.
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De nombreux types de cellules de procaryotes et d'eucaryotes possèdent une paroi cellulaire. Celle-ci protège la cellule des actions chimiques et mécaniques de son environnement et ajoute une couche protectrice supplémentaire par-dessus la membrane plasmique. Les différents types de cellules tendent à produire des parois de nature chimique différente : la paroi pectocellulosique des plantes est constituée essentiellement de cellulose, la paroi des mycètes est constituée essentiellement de chitine, et la paroi bactérienne est constituée essentiellement de peptidoglycane.
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Entre deux divisions successives du cycle cellulaire, les cellules se développent grâce à leur métabolisme. Le métabolisme cellulaire est le processus par lequel chaque cellule exploite les nutriments qu'elle absorbe afin de se maintenir en vie et de se reproduire. Le métabolisme se divise en deux grandes parties : d'une part le catabolisme, par lequel les cellules dégradent les molécules complexes en espèces chimiques plus simples afin de produire de l'énergie métabolique sous forme par exemple d'ATP et du pouvoir réducteur sous forme par exemple de NADH et de FADH2 ; d'autre part l'anabolisme qui utilise l'énergie et le pouvoir réducteur produits par le catabolisme afin de synthétiser des biomolécules et de réaliser d'autres fonctions biologiques.
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Le cycle cellulaire est l'ensemble des processus biologiques conduisant à la division d'une cellule mère en deux cellules filles. Chez les procaryotes, qui ne possèdent pas de noyau, la réplication des cellules se fait par scissiparité, c'est-à-dire par division simple. Chez les eucaryotes, en revanche, le cycle cellulaire est divisé en trois grandes phases : l'interphase, la mitose et la cytokinèse. Au cours de l'interphase, les cellules grossissent en accumulant les substances nécessaires à la préparation de la division cellulaire et à la réplication de l'ADN. Puis le noyau se scinde en deux au cours de la mitose, et enfin le cytoplasme achève de se scinder à son tour en deux, avec un noyau dans chacune des deux parties, au cours de la cytokinèse. Des mécanismes appelés points de contrôle (en) assurent que la division se déroule de façon conforme[12].
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La division cellulaire est le processus par lequel une cellule unique, dite cellule mère, donne naissance à deux cellules, dites cellules filles. Ceci permet la croissance des organismes multicellulaires et la multiplication des organismes unicellulaires. Les cellules de procaryotes se divisent par scissiparité (division simple) tandis que les cellules d'eucaryotes se divisent d'abord au niveau de leur noyau — phase de mitose — puis au niveau de l'ensemble du cytoplasme — phase de cytokinèse. Une cellule diploïde peut également donner des cellules haploïdes, généralement au nombre de quatre, à travers le processus de méiose ; les cellules haploïdes interviennent comme gamètes chez les organismes multicellulaires en fusionnant avec d'autres gamètes pour redonner des cellules diploïdes.
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La réplication de l'ADN, qui est la base moléculaire de la réplication du génome d'une cellule, intervient toujours lorsqu'une cellule se divise par mitose ou par scissiparité ; elle a lieu à la phase S du cycle cellulaire. Au cours de la méiose, l'ADN n'est répliqué qu'une seule fois alors que la cellule se divise deux fois : la réplication de l'ADN intervient lors de la première division de la méiose, mais pas lors de la division subséquente. La réplication, comme tous les autres processus cellulaires, requiert des protéines et des enzymes spécialisées pour être menée à bien.
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Dans le cas des organismes unicellulaires, il est généralement accepté que les cellules prolifèrent spontanément, sans avoir besoin de stimulation. Dans le cas des organismes multicellulaires, cette question fait l'objet d'un débat[14]. De nombreux auteurs défendent l'idée que ces cellules requièrent une stimulation pour proliférer, d'autres au contraire considèrent que la quiescence est le résultat de contraintes agissant sur les cellules quiescentes[15],[16]. Pour la modélisation du comportent des cellules, les deux points de vue sont couramment utilisés[17].
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L'une des activités biochimiques principales des cellules est de produire de nouvelles protéines. Ces dernières sont essentielles à la régulation et à la maintenance de l'activité cellulaire. La synthèse des protéines se décompose en plusieurs étapes : transcription de l'ADN en ARN messager, modifications post-transcriptionnelles de l'ARN messager, traduction de l'ARN messager en protéines, modifications post-traductionnelles des protéines nouvellement synthétisées, et enfin repliement des protéines dans leur conformation fonctionnelle, appelée état natif.
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Lors de la transcription, des ARN polymérases produisent un brin d'ARN complémentaire au brin d'ADN codant. L'information génétique est portée par la séquence nucléotidique de l'ADN, reproduite sur l'ARN messager lors de la transcription. Cette séquence est ensuite lue par des ribosomes afin de polymériser les acides aminés dans l'ordre spécifié par la succession de groupes de trois nucléotides sur l'ARN messager, chacun de ces triplets, appelés codons, correspondant à un acide aminé donné ; c'est cette correspondance entre codons et acides aminés qu'on appelle code génétique.
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Les unicellulaires peuvent se déplacer afin de trouver de la nourriture ou d'échapper à leurs prédateurs. Flagelles et cils sont les principaux moyens de motilité cellulaire.
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Chez les organismes multicellulaires, les cellules peuvent se déplacer par exemple lors de la cicatrisation des plaies, lors de la réponse immunitaire, ou encore lors de la formation de métastases tumorales. Ainsi, les leucocytes (globules blancs) se déplacent jusqu'à la plaie afin d'y tuer les micro-organismes susceptibles d'y provoquer des infections. La motilité cellulaire fait intervenir de nombreux récepteurs, des mécanismes de réticulation, d'assemblage, de liaison ou encore d'adhérence de protéines, ainsi que des protéines motrices, parmi d'autres types de protéines[18]. Le processus se déroule en trois temps : saillie de la pointe avant de la cellule, adhérence de l'avant de la cellule et « désadhérence » du reste de la surface cellulaire, et contraction du cytosquelette pour tirer la cellule vers l'avant. Chacune de ces étapes est gérée par des forces produites par des segments particuliers du cytosquelette[18]. Comme pour la prolifération, la question de savoir si la motilité des cellules d'un multicellulaire est spontanée, comme pour les unicellulaires, ou doit faire l'objet de stimulations fait l'objet d'un débat[15].
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Un organisme multicellulaire est constitué de plusieurs cellules, par opposition à un organisme unicellulaire.
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Au sein des organismes multicellulaires, les cellules se spécialisent en différents types cellulaires (en) adaptés chacun à des fonctions physiologiques particulières. Chez les mammifères par exemple, on trouve par exemple des cellules de la peau, des myocytes (cellules musculaires), des neurones (cellules nerveuses), des cellules sanguines, des fibroblastes (cellules des tissus conjonctifs), ou encore des cellules souches. Des cellules de types différents d'un même organisme ont une fonction physiologique et une apparence propres, mais partagent le même génome. Des cellules ayant le même génotype peuvent présenter des phénotypes différents en raison d'une expression génétique différenciée : les gènes qu'elles contiennent ne sont pas exprimés de la même façon les uns par rapport aux autres, certains le sont davantage dans un type cellulaire que dans un autre.
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Tous les types cellulaires d'un organisme donné dérivent d'une cellule unique dite totipotente, c'est-à-dire capable de se différencier en n'importe quel type cellulaire lors du développement de l'organisme. La différenciation cellulaire est influencée par divers facteurs environnementaux (par exemple les interactions cellule-cellule (en)) et des différences intrinsèques (par exemple la distribution non uniforme des molécules lors de la division).
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La multicellularité a émergé à partir d'organismes unicellulaires un grand nombre de fois au cours de l'évolution et ne s'observe pas uniquement chez les eucaryotes : certains procaryotes tels que des cyanobactéries, des myxobactéries, actinomycètes, Magnetoglobus multicellularis ou encore des archées du genre Methanosarcina, présentent des organisations multicellulaires. Cependant, ce sont bien chez les eucaryotes que des organismes multicellulaires sont apparus, et ce parmi six groupes : les animaux, les mycètes, les algues brunes, les algues rouges, les algues vertes et les plantes. La multicellularité peut être apparue à partir de colonies d'organismes interdépendants, voire à partir d'organismes en symbiose.
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Les plus anciennes traces de multicellularité ont été identifiées chez des organismes apparentés aux cyanobactéries qui vivaient il y a entre 3 et 3,5 milliards d'années. Parmi d'autres fossiles d'organismes multicellulaires, on compte également Grypania spiralis[19],[20], dont la nature biologique exacte demeure cependant débattue, ainsi que les fossiles des schistes paléoprotérozoïques du groupe fossile de Franceville[21], au Gabon.
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L'évolution d'organismes multicellulaires à partir d'ancêtres unicellulaires a été reproduite au laboratoire à travers des expériences d'évolution expérimentale utilisant la prédation comme vecteur de pression de sélection.
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L'origine des cellules est intimement liée à l'origine de la vie, aux origines de l'histoire évolutive du vivant.
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Il existe plusieurs théories expliquant l'origine des petites molécules ayant conduit à l'apparition de la vie sur Terre. Elles auraient pu être apportées depuis l'espace par des météorites (météorite de Murchison), être formées dans les monts hydrothermaux sous les océans ou sous l'effet de la foudre dans une atmosphère réductrice (expérience de Miller-Urey). On dispose de peu de données expérimentales permettant de savoir ce qu'étaient les premières substances capables de se reproduire à l'identique. On pense que l'ARN a été la première molécule capable d'auto-réplication, car elle est capable à la fois de stocker l'information génétique et de catalyser des réactions chimiques (ribozymes), ce qui a été formulé dans le cadre de l'hypothèse du monde à ARN ; il existe cependant d'autres substances capables d'auto-réplication qui auraient pu précéder l'ARN dans cette fonction, par exemple des argiles comme la montmorillonite, qui sont capables de catalyser la polymérisation de l'ARN et la formation de membranes lipidiques[23],[24], ou encore les acides nucléiques peptidiques[25].
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Les premières cellules sont apparues il y a au moins 3,5 milliards d'années[26],[27]. On considère actuellement que ces premières cellules étaient hétérotrophes. Les premières membranes cellulaires étaient probablement plus simples et plus perméables que les membranes actuelles. Les lipides forment spontanément des bicouches lipidiques dans l'eau, donnant des micelles et des vésicules ; ils auraient pu précéder l'ARN mais les premières membranes cellulaires auraient également pu être produites par des ribozymes ou même requérir des protéines structurelles pour se former[28].
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On pense que les cellules d'eucaryotes dériveraient d'une communauté symbiotiques de procaryotes. Les organites comprenant de l'ADN tels que les mitochondries et les chloroplastes proviendraient respectivement de protéobactéries aérobies et de cyanobactéries devenues endosymbiotes d'un procaryote hôte.
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La microscopie optique ou photonique (résolution de +/- 0,25µm en lumière visible) permet l'observation de la structure des cellules eucaryotes. En effet, les microscopes photoniques peuvent grossir environ 1000 fois la taille du spécimen. Mais ce type de microscope n'est pas assez puissant pour l'étude des organites de la cellule.
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La microscopie électronique (résolution de quelques Angströms) révèle l'ultrastructure de celles-ci et permet une observation plus poussée de la structure des cellules procaryotes comme eucaryotes. Dans la pratique, les microscopes électroniques modernes peuvent atteindre une résolution de 2 nm, ce qui représente une résolution 100 fois plus grande que celle des microscopes photoniques. Les microscopes électroniques ont permis de découvrir un grand nombre d'organites et une quantité d'autres structures subcellulaires invisibles au microscope optique. Toutefois, des percées techniques majeures ont donné un second souffle au microscope photonique : comme l'utilisation de marqueur fluorescent, de la microscopie confocale et avec déconvultion, qui permettent de donner des images 3D de la cellule avec une bonne netteté[29].
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Pour étudier l'organisation subcellulaire des cellules au microscope, les tissus peuvent, en fonction de la méthode choisie, être vivants, ce qui permet une observation dynamique, ou fixés et préparés en coupes histologiques, ce qui permet en général une observation plus précise, mais figée et ponctuelle.
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Localisation subcellulaire par l'utilisation de gènes rapporteurs tels que la GFP (green fluorescing protein) et la luciférase, par immunocytochimie, ou grâce à des molécules radioactives.
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Différentes colorations, vitales ou non, permettent l'observation des structures au microscope optique : rouge neutre pour les vacuoles, violet dahlia ou cristal pour le noyau...
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Isolement de structures : par choc osmotique, ou grâce à des détergents puis par centrifugation.
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Purification des protéines : par électrophorèse, centrifugation, chromatographie, dialyse, etc.
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Il est fréquent de devoir compter le nombre de cellules vivantes dans une boîte de culture et de le comparer au nombre de cellules total, par exemple pour déterminer la toxicité d'un produit. L'une de ces méthodes de numération est réalisée grâce au test MTT.
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Le nombre de cellules propres à un organisme humain adulte est estimé entre 1012 et 1016. Les études les plus récentes[30] estiment ce nombre à 3,72 × 1013. Les bactéries présentes dans ce même organisme, constituant le microbiote (principalement dans le tube digestif), seraient, selon une étude[4], dix fois plus nombreuses (1015).
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La plus grande cellule du monde vivant est en poids le jaune d'œuf d'autruche dont la masse est comprise entre 1,2 et 1,9 kg, et en longueur le neurone de calmar géant ou du calmar colossal dont l'axone peut atteindre 12 m[31].
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La taille des cellules à paroi (plantes, bactéries, champignons, algues et certaines archées) varie de moins d'un micromètre (certaines bactéries) à plus d'un centimètre (algues géantes). Une étude de 2019 montre que cette taille est directement liée à la rigidité de la paroi, définie comme le produit de son épaisseur par son module d'incompressibilité[32],[33].
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Un volcan est une structure géologique qui résulte de la montée d'un magma puis de l'éruption de matériaux (gaz et lave) issus de ce magma, à la surface de la croûte terrestre ou d'un autre astre. Il peut être aérien ou sous-marin.
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La Smithsonian Institution compte 1432 volcans actifs dans le monde[1], dont une soixantaine en éruption chaque année[2]. Mais cela ne tient pas compte de la plupart des volcans sous-marins qui ne sont pas accessibles à l'observation, qui sont plus nombreux. Un grand nombre a été mis en évidence ailleurs dans le système solaire.
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500 à 600 millions de personnes vivent sous la menace d'une éruption. Environ dix pour cent des humains sont menacés par les activités volcaniques[3]. Pour prévenir ce risque naturel, il faut comprendre la formation des volcans et le mécanisme des éruptions. C'est le sujet de la volcanologie. On peut dire vulcanologie.
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Le magma provient de la fusion partielle du manteau et exceptionnellement de la croûte terrestre. L'éruption peut se manifester, de manière plus ou moins combinée, par des émissions de lave, par des émanations ou des explosions de gaz, par des projections de tephras, par des phénomènes hydromagmatiques, etc. Les laves refroidies et les retombées de tephras constituent des roches éruptives qui peuvent s'accumuler et atteindre des milliers de mètres d'épaisseur formant ainsi des montagnes ou des îles. Selon la nature des matériaux, le type d'éruption, la fréquence d'éruption et l'orogenèse, les volcans prennent des formes variées, la plus typique étant celle d'une montagne conique couronnée par un cratère ou une caldeira. La définition de ce qu'est un volcan a évolué au cours des derniers siècles en fonction de la connaissance que les géologues en avaient et de la représentation qu'ils pouvaient en donner[4].
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Les volcans sont souvent des édifices complexes qui ont été construits par une succession d'éruptions et qui, dans la même période, ont été partiellement démolis par des phénomènes d'explosion, d'érosion ou d'effondrement. Il est ainsi fréquent d'observer diverses structures superposées ou emboîtées.
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Au cours de l'histoire d'un volcan, les types d'éruptions peuvent varier, entre deux types opposés :
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Les bases de données scientifiques classifient le plus souvent les volcans par leur morphologie et/ou leur structure. La classification par type d'éruption reste difficile même si elle peut apparaître chez quelques auteurs français.
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Le substantif masculin « volcan » est un emprunt à l'espagnol volcán, substantif masculin de même sens[5], issu, par l'intermédiaire de l'arabe burkān, du latin Vulcanus, nom de Vulcain, le dieu romain du feu, et de Vulcano, une des îles Éoliennes, archipel volcanique au large de la Sicile[6].
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Un volcan est formé de différentes structures que l'on retrouve en général chez chacun d'eux :
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Tous les volcans en activité émettent des gaz, mais pas toujours des matériaux solides (laves, tephra). C'est le cas du Dallol qui n'émet que des gaz chauds.
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Les gaz volcaniques sont principalement composés de[8] :
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Puis viennent d'autres éléments volatils comme le monoxyde de carbone, le chlorure d'hydrogène, le dihydrogène, le sulfure d'hydrogène, etc. Le dégazage du magma en profondeur peut se traduire à la surface par la présence de fumerolles autour desquelles des cristaux, le plus souvent de soufre, peuvent se former.
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Ces émissions proviennent d'un magma qui contient ces gaz dissous. Le dégazage des magmas qui progresse sous la surface du sol est un phénomène déterminant dans le déclenchement d'une éruption et dans le type éruptif. Le dégazage fait monter le magma le long de la cheminée volcanique ce qui peut donner le caractère explosif et violent d'une éruption en présence d'un magma visqueux.
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Selon que le magma provient de la fusion du manteau ou d'une partie de la lithosphère, il n'aura ni la même composition minérale, ni la même teneur en eau ou en gaz volcaniques, ni la même température. De plus, selon le type de terrain qu'il traverse pour remonter à la surface et la durée de son séjour dans la chambre magmatique, il va soit se charger soit se décharger en minéraux, en eau et/ou en gaz et va plus ou moins se refroidir. Pour toutes ces raisons, les tephras et les laves ne sont jamais exactement les mêmes d'un volcan à un autre, ni même parfois d'une éruption à une autre sur le même volcan, ni au cours d'une éruption, qui voit généralement la lave la plus transformée et donc la plus légère émise au début.
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Les matériaux émis par les volcans sont généralement des roches composées de microlites noyés dans un verre volcanique. Dans le basalte, les minéraux les plus abondants sont la silice, les pyroxènes et les feldspaths alors que l'andésite est plus riche en silice et en feldspaths. La structure de la roche varie également : si les cristaux sont fréquemment petits et peu nombreux dans les basaltes, ils sont en revanche gén��ralement plus grands et plus nombreux dans les andésites, signe que le magma est resté plus longtemps dans la chambre magmatique[9]. 95 % des matériaux émis par les volcans sont des basaltes ou des andésites.
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Le matériau le plus connu émis par les volcans est la lave sous forme de coulées. De type basaltique provenant de la fusion du manteau dans le cas d'un volcanisme de point chaud, de dorsale ou de rift[10] ou andésitique provenant de la fusion de la lithosphère dans le cas d'un volcanisme de subduction[11], plus rarement de type carbonatique[12], elles sont formées de laves fluides qui s'écoulent le long des flancs du volcan. La température de la lave est comprise entre 700 et 1 200 °C[13] et les coulées peuvent atteindre des dizaines de kilomètres de longueur, une vitesse de cinquante kilomètres par heure et progresser dans des tunnels de lave. Elles peuvent avoir un aspect lisse et satiné, appelée alors « lave pāhoehoe » ou « lave cordée », ou un aspect rugueux et coupant, appelée alors « lave ʻaʻā ». Les coulées de ces laves, faisant parfois plusieurs mètres d'épaisseur, peuvent mettre des dizaines d'années à se refroidir totalement[14]. Dans certains cas exceptionnels, de la lave en fusion peut remplir le cratère principal ou un cratère secondaire et former un lac de lave. La survie des lacs de lave résulte d'un équilibre entre apport de lave venant de la chambre magmatique et débordement à l'extérieur du cratère associé à un brassage permanent par des remontées de gaz volcaniques afin de limiter le durcissement de la lave. Ces lacs de lave ne naissent que lors d'éruptions hawaïennes, la grande fluidité de la lave permettant la formation et le maintien de ces phénomènes. Le Kīlauea à Hawaï et le Piton de la Fournaise à La Réunion sont deux volcans qui possèdent des lacs de lave lors de certaines de leurs éruptions. L'Erta Ale en Éthiopie et le mont Erebus en Antarctique sont parmi les seuls volcans au monde à posséder un lac de lave de manière quasi permanente. Lors de certaines éruptions de l'Erta Ale, son lac de lave se vide ou au contraire son niveau remonte jusqu'à déborder et former des coulées sur les pentes du volcan[15].
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Le plus souvent, les matériaux volcaniques sont composés de tephras ; ce sont les cendres volcaniques, les lapilli, les scories, les pierres ponces, les bombes volcaniques, les blocs rocheux ou basaltiques, les obsidiennes, etc. Il s'agit de magma et de morceaux de roche arrachés du volcan qui sont pulvérisés et projetés parfois jusqu'à des dizaines de kilomètres de hauteur dans l'atmosphère. Les plus petits étant les cendres, il leur arrive de faire le tour de la Terre, portées par les vents dominants. Les bombes volcaniques, les éjectas les plus gros, peuvent avoir la taille d'une maison et retombent en général à proximité du volcan. Lorsque les bombes volcaniques sont éjectées alors qu'elles sont encore en fusion, elles peuvent prendre une forme en fuseau lors de leur trajet dans l'atmosphère, en bouse de vache lors de leur impact au sol ou en croûte de pain en présence d'eau[16]. Les lapilli, qui ressemblent à de petits cailloux, peuvent s'accumuler en épaisses couches et former ainsi la pouzzolane. Les pierres ponces, véritable mousse de lave, sont si légères et contiennent tellement d'air qu'elles peuvent flotter sur l'eau. Enfin quand de fines gouttes de laves sont éjectées et portées par les vents, elles peuvent s'étirer en de longs filaments appelés « cheveux de Pélé ».
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Les matériaux émis proviennent d'un magma. Le magma est de la roche fondue située dans le sous-sol et contenant des gaz dissous qui seront libérés lors de la progression du liquide et à cause de la baisse de pression qui en découle. Lorsque le magma arrive en surface et perd ses gaz, on parle de lave.
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Le magma a une consistance fluide à visqueuse. Il s'est formé à partir de la fusion partielle du manteau ou plus rarement de la croûte. L'origine peut être :
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Généralement, ce magma remonte vers la surface en raison de sa densité plus faible et se stocke dans la lithosphère en formant une chambre magmatique. Dans cette chambre, il peut subir une cristallisation totale ou partielle et/ou un dégazage qui commence à le transformer en lave. Si la pression et la cohésion des terrains qui le recouvrent deviennent insuffisantes pour le contenir, il remonte le long d'une cheminée volcanique (où la baisse de pression due à la remontée produit un dégazage qui diminue encore la densité de l'émulsion résultante) pour être émis sous forme de lave, c'est-à-dire totalement ou partiellement dégazé[17].
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La présence d'eau dans le magma modifie significativement, voire complètement, le dynamisme volcanique et les propriétés rhéologiques des magmas. Elle abaisse notamment le seuil de mélange de près de 200 °C entre des magmas saturés en eau et son exsolution (formation de bulles lorsqu'il remonte vers la surface) entraîne une réduction significative des viscosités. Les magmas terrestres peuvent contenir jusqu'à 10 % de leur poids en eau (principalement dans leurs minéraux sous forme hydroxylée supercritique, du type amphibole) et il y a, selon les modèles, l'équivalent d'un à sept océans terrestres dans le manteau, si bien que les volcanologues parlent de plus en plus d'hydrovolcanisme et d'hydrovolcanologie[18].
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Il existe plusieurs manières de classer les volcans mais leur diversité est tellement grande qu'il y a toujours des exceptions ou des intermédiaires entre plusieurs catégories[19]. Les classifications les plus courantes distinguent des types de volcans suivant la morphologie[20], la structure[8] et parfois le type d'éruption :
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Comme toute classification de phénomènes naturels, beaucoup de cas sont intermédiaires entre les types purs : l'Etna ressemble à un stratovolcan posé sur un volcan bouclier, Hekla est à la fois un stratovolcan et un volcan fissural. Dans Volcanoes of the World, Tom Simkin and Lee Siebert listent 26 types morphologiques[19].
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Si on considère des zones plus larges comportant souvent plusieurs volcans, on peut distinguer :
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Cette classification simpliste à 2 ou 3 catégories, absente de la littérature scientifique, peut être utilisée pour une première approche pédagogique scolaire. Selon l'université de l'Oregon[26], une classification à 3 catégories est « mauvaise ». Il faudrait 6 catégories pour englober plus de 90% des volcans. Les volcans peuvent être classés selon le type d'éruptions les plus récentes ou les plus fréquentes, alors que l'histoire d'un volcan s'étend souvent sur plusieurs milliers d'années, avec des éruptions de types différents.
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Cela donne deux types différents:
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Dans le cadre de la vulgarisation[27], quelques auteurs français simplifient parfois, en expliquant qu'il existe deux types de volcans. Cette classification est contestée[28],[29] :
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La « naissance » d'un volcan correspond à sa première éruption volcanique qui le fait sortir de la lithosphère. La naissance d'un nouveau volcan est un phénomène qui se produit plusieurs fois par siècle. Il a pu être observé en 1943 avec le Paricutín : une fracture laissant s'échapper des gaz volcaniques et de la lave dans un champ a donné naissance à un volcan de 460 mètres de haut en neuf mois. En 1963, le volcan sous-marin de Surtsey émergea au sud de l'Islande formant ainsi une nouvelle île et un nouveau volcan terrestre.
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Il n'y a pas de consensus chez les volcanologues quant à la définition de l'activité d'un volcan[30].
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Un volcan est qualifié d'éteint lorsque sa dernière éruption remonte à plus de 10 000 ans, d'endormi lorsqu'il a connu sa dernière éruption entre 10 000 ans et il y a quelques centaines d’années et d'actif lorsque sa dernière éruption remonte à quelques décennies au maximum[31].
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De manière générale, les volcans subissent plusieurs éruptions au cours de leur vie. Mais leur fréquence est très variable selon le volcan : certains ne connaissent qu'une éruption en plusieurs centaines de milliers d'années comme le supervolcan de Yellowstone, tandis que d'autres sont en éruption permanente comme le Stromboli en Italie ou le Merapi en Indonésie.
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Il arrive que des volcans ne se forment qu'en une seule éruption. Il s'agit de volcans monogéniques. Les volcans de la Chaîne des Puys dans le Massif central se sont formés entre 11500 av. J.-C. et 5000 av. J.-C. au cours d'une seule éruption pour chaque édifice volcanique et n'ont plus jamais montré de signe d'activité.
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La fréquence des éruptions permet d'évaluer l'aléa, c'est-à-dire la probabilité qu'une zone puisse subir une des manifestations d'une éruption. Cet aléa, combiné avec le type de manifestation volcanique et la présence de populations et sa vulnérabilité, permet d'évaluer le risque volcanique.
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D'après le modèle de la tectonique des plaques, le volcanisme est intimement lié aux mouvements des plaques tectoniques. En effet, c'est en général à la frontière entre deux plaques que les conditions sont réunies pour la formation de volcans.
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Dans le rift des dorsales, l'écartement de deux plaques tectoniques amincit la lithosphère, entraînant une remontée de roches du manteau. Celles-ci, déjà très chaudes à environ 1 200 °C, se mettent à fondre partiellement en raison de la décompression. Cela donne du magma qui s'infiltre par des failles normales. Entre les deux bords du rift, des traces d'activités volcaniques telle que des pillow lava ou « laves en coussin » se forment par une émission de lave fluide dans une eau froide. Ces roches volcaniques constituent ainsi une partie de la croûte océanique.
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Dans les rifts continentaux, il se produit le même processus, à ceci près que la lave ne s'écoule pas sous l'eau et ne donne pas de laves en coussins. C'est le cas du volcanisme de la dépression de l'Afar.
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Lorsque deux plaques tectoniques se chevauchent, la lithosphère océanique, glissant sous l'autre lithosphère océanique ou continentale, plonge dans le manteau et subit des transformations minéralogiques. L'eau contenue dans la lithosphère plongeante s'en échappe alors et vient hydrater le manteau, provoquant sa fusion partielle en abaissant son point de fusion. Ce magma remonte et traverse la lithosphère chevauchante, créant des volcans. Si la lithosphère chevauchante est océanique, un arc volcanique insulaire se formera, les volcans donnant naissance à des îles. C'est le cas des Aléoutiennes, du Japon ou des Antilles. Si la lithosphère chevauchante est continentale, les volcans se situeront sur le continent, en général dans une cordillère. C'est le cas des volcans des Andes ou de la chaîne des Cascades. Ces volcans sont en général des volcans gris, explosifs et dangereux. Cela est dû à leur lave visqueuse car riche en silice, qui a du mal à s'écouler ; de plus les magmas qui remontent sont riches en gaz dissous (eau et dioxyde de carbone), dont la libération soudaine peuvent former des nuées ardentes. La « ceinture de feu du Pacifique » est formée en quasi majorité de ce type de volcan.
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Il arrive parfois que des volcans naissent loin de toute limite de plaque lithosphérique (il pourrait y avoir plus de 100 000 montagnes sous-marines de plus de 1 000 mètres[32]). Ils sont en général interprétés comme des volcans de point chaud. Les points chauds sont des panaches de magma venant des profondeurs du manteau et perçant les plaques lithosphériques. Les points chauds étant fixes, alors que la plaque lithosphérique se déplace sur le manteau, des volcans se créent successivement et s'alignent alors, le plus récent étant le plus actif car à l'aplomb du point chaud. Lorsque le point chaud débouche sous un océan, il va donner naissance à un chapelet d'îles alignées comme c'est le cas pour l'archipel d'Hawaï ou des Mascareignes. Si le point chaud débouche sous un continent, il va alors donner naissance à une série de volcans alignés. C'est le cas du mont Cameroun et de ses voisins. Cas exceptionnel, il arrive qu'un point chaud débouche sous une limite de plaque lithosphérique. Dans le cas de l'Islande, l'effet d'un point chaud se combine à celui de la dorsale médio-atlantique, donnant ainsi naissance à un immense empilement de lave permettant l'émersion de la dorsale. Les Açores ou les Galápagos sont d'autres exemples de points chauds débouchant sous une limite de plaque lithosphérique, en l'occurrence des dorsales[33].
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Néanmoins de nombreux volcans intra-plaque ne se présentent pas sur des alignements permettant d'identifier des points chauds profonds et permanents[34].
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Une éruption volcanique survient lorsque la chambre magmatique sous le volcan est mise sous pression avec l'arrivée de magma venant du manteau. Elle peut alors éjecter plus ou moins de gaz volcaniques qu'elle contenait selon son remplissage en magma. La mise sous pression est accompagnée d'un gonflement du volcan et de séismes très superficiels localisés sous le volcan, signes que la chambre magmatique se déforme. Le magma remonte généralement par la cheminée principale et subit en même temps un dégazage ce qui provoque un trémor, c'est-à-dire une vibration constante et très légère du sol. Ceci est dû à des petits séismes dont les foyers sont concentrés le long de la cheminée.
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Au moment où la lave atteint l'air libre, selon le type de magma, elle s'écoule sur les flancs du volcan ou s'accumule au lieu d'émission, formant un bouchon de lave qui peut donner des nuées ardentes et/ou des panaches volcaniques lorsque celui-ci explose. Selon la puissance de l'éruption, la morphologie du terrain, la proximité de la mer, etc il peut survenir d'autres phénomènes accompagnant l'éruption : séismes importants, glissements de terrain, tsunamis, etc.
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La présence éventuelle d'eau sous forme solide comme une calotte glaciaire, un glacier, de la neige ou liquide comme un lac de cratère, une nappe phréatique, un cours d'eau, une mer ou un océan va provoquer au contact des matériaux ignés tels que le magma, la lave ou les tephras leur explosion ou augmenter leur pouvoir explosif. En fragmentant les matériaux et en augmentant brutalement de volume en se transformant en vapeur, l'eau agit comme un multiplicateur du pouvoir explosif d'une éruption volcanique qui sera alors qualifiée de phréatique ou de phréato-magmatique. La fonte de glace ou de neige par la chaleur du magma peut également provoquer des lahars lorsque l'eau entraîne des tephras[35] ou des jökulhlaups comme ce fut le cas pour le Grímsvötn en 1996.
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L'éruption se termine lorsque la lave n'est plus émise. Les coulées de lave, cessant d'être alimentées, s'immobilisent et commencent à se refroidir et les cendres, refroidies dans l'atmosphère, retombent à la surface du sol. Mais les changements dans la nature des terrains par le recouvrement des sols par la lave et les tephras parfois sur des dizaines de mètres d'épaisseur peuvent créer des phénomènes destructeurs et meurtriers. Ainsi les cendres tombées sur des cultures les détruisent et stérilisent la terre pour quelques mois à quelques années, une coulée de lave bloquant une vallée peut créer un lac qui noiera des régions habitées ou cultivées, des pluies tombant sur les cendres peuvent les emporter dans les rivières et créer des lahars, etc.
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Une éruption volcanique peut durer de quelques heures à plusieurs années et éjecter des volumes de magma de plusieurs centaines de kilomètres cubes. La durée moyenne d'une éruption est d'un mois et demi mais de nombreuses ne durent qu'une journée. Le record absolu est celui du Stromboli qui est quasiment en éruption depuis environ 2 400 ans[36].
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Lors des débuts de la volcanologie, l'observation de quelques volcans a été à l'origine de la création de catégories basées sur l'aspect des éruptions et le type de lave émise. Chaque type est nommé selon le volcan référent. Le grand défaut de cette classification est d'être assez subjectif et de mal tenir compte des changements de type d'éruption d'un volcan.
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Le terme de « cataclysmique » peut être ajouté lorsque la puissance de l'éruption entraîne de lourds dégâts environnementaux et/ou humains comme ce fut le cas pour le Santorin vers 1600 av. J.-C. qui aurait contribué à la chute de la civilisation minoenne, le Vésuve en 79 qui détruisit Pompéi, le Krakatoa en 1883 qui engendra un tsunami de quarante mètres de hauteur, le mont Saint Helens en 1980 qui rasa des hectares de forêt, etc.
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Afin d'introduire une notion de comparaison entre les différentes éruptions volcaniques, l'indice d'explosivité volcanique, aussi appelée échelle VEI, fut mis au point par deux volcanologues de l'Université d'Hawaï en 1982[37]. L'échelle, ouverte et partant de zéro, est définie selon le volume des matériaux éjectés, la hauteur du panache volcanique et des observations qualitatives[38].
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Il existe deux grands types d'éruptions volcaniques dépendant du type de magma émis : effusives associées aux « volcans rouges » et explosives associées aux « volcans gris »[39]. Les éruptions effusives sont les éruptions hawaïenne et strombolienne tandis que les explosives sont les vulcanienne, péléenne et plinienne. Ces éruptions peuvent se dérouler en présence d'eau et prennent alors les caractéristiques d'éruptions phréatique, phréato-magmatique, surtseyenne, sous-glaciaire, sous-marine et limnique.
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Outre le volcan en lui-même, différentes formations géologiques sont directement ou indirectement liées à l'activité volcanique.
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Certains reliefs ou paysages résultent du produit direct des éruptions. Il s'agit des cônes volcaniques en eux-mêmes formant des montagnes ou des îles, des dômes et des coulées de lave solidifiée, des tunnels de lave, des « pillow lavas » et les guyots des volcans sous-marins, des trapps formant des plateaux, des accumulations de tephras en tufs, des cratères et des maars laissés par la sortie de la lave, etc.
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D'autres reliefs résultent d'une érosion ou d'une évolution des produits des éruptions. C'est le cas des dykes, necks, sills, roches intrusives, mesas et planèzes dégagés par l'érosion, des caldeiras et cirques résultant de l'effondrement d'une partie du volcan, des lacs de cratère ou formés en amont d'un barrage constitué des produits de l'éruption, des atolls coralliens entourant les vestiges d'un volcan sous-marin effondré, etc.
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Certaines activités géothermiques peuvent précéder, accompagner ou suivre une éruption volcanique. Ces activités sont en général présentes lorsqu'une chaleur résiduelle provenant d'une chambre magmatique réchauffe de l'eau phréatique parfois jusqu'à l'ébullition. En surface se produisent alors geysers, fumerolles, mares de boues, mofettes, solfatares ou encore dépôts de minéraux[40]. Ces phénomènes peuvent être regroupés dans des « champs volcaniques ». Ces champs volcaniques se forment lorsque l'eau des nappes phréatiques est réchauffée par des réservoirs de magma situés à faible profondeur. C'est le cas des supervolcans comme Yellowstone aux États-Unis et des Champs Phlégréens en Italie ou des champs géothermiques comme à Haukadalur en Islande.
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Au niveau des dorsales océaniques, l'eau de mer s'infiltre dans les anfractuosités du plancher océanique, se réchauffe, se charge en minéraux et ressort au fond des océans sous la forme de fumeurs noirs ou de fumeurs blancs.
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Dans un cratère possédant une activité de dégazage et de fumerolles, un lac acide peut se former par recueil des eaux de pluies. L'eau du lac est très acide avec un pH de 4 à 1, parfois très chaude avec une température de 20 à 85 °C et seules des cyanobactéries sont capables de vivre dans ces eaux alors teintées en bleu-vert. Ce type de lac est courant au niveau des grandes chaînes de volcans comme la ceinture de feu du Pacifique et dans la vallée du grand rift.
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Le volcanisme est né en même temps que la Terre, lors de la phase d'accrétion de sa formation il y a 4,6 milliards d'années. À partir d'une certaine masse, les matériaux au centre de la Terre subissent d'importantes pressions, créant ainsi de la chaleur. Cette chaleur, accentuée par la dégradation des éléments radioactifs, provoque la fusion de la Terre qui dissipe vingt fois plus de chaleur qu'aujourd'hui. Après quelques millions d'années, une pellicule solide se forme à la surface de la Terre. Elle est déchirée en de nombreux endroits par des flots de lave et par de grandes masses granitoïdes qui donneront les futurs continents. Par la suite, les plaques lithosphériques nouvellement créées se déchireront préférentiellement à des endroits précis où se formeront les volcans. Pendant cent millions d'années, les volcans rejetteront dans la maigre atmosphère de l'époque de grandes quantités de gaz : diazote, dioxyde de carbone, vapeur d'eau, oxyde de soufre, acide chlorhydrique, acide fluorhydrique, etc. Il y a 4,2 milliards d'années, malgré les 375 °C et la pression 260 fois supérieure à celle d'aujourd'hui, la vapeur d'eau se condense et donne naissance aux océans.
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Le rôle de la formation des premières molécules organiques et de l'apparition de la vie sur Terre peut être imputé aux volcans. En effet, les sources chaudes sous-marines ou les solfatares et autres geysers offrent des conditions propices à l'apparition de la vie : de l'eau qui a lessivé des molécules carbonées, des minéraux, de la chaleur et de l'énergie. Une fois la vie répandue et diversifiée à la surface de la Terre, les volcans auraient pu provoquer à l'inverse de grandes extinctions : l'âge des grandes extinctions du vivant coïncide avec l'âge des trapps. Ces trapps auraient pu être provoqués par la chute de météorites ou l'éruption exceptionnelle de points chauds. Les effets combinés des gaz volcaniques et particules dispersés dans l'atmosphère auraient provoqué la disparition de nombreuses espèces par un hiver volcanique suivi d'une hausse de l'effet de serre par les changements dans la composition gazeuse de l'atmosphère.
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Une des théories les plus acceptées pour l'apparition de l'homme serait l'ouverture du rift africain : uniformément humide au niveau de l'équateur, le climat africain se serait asséché à l'est du rift qui arrête les nuages venant de l'Ouest. Les hominidés, s'adaptant à leur nouveau milieu formé d'une savane, auraient développé la bipédie pour échapper à leurs prédateurs.
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Encore de nos jours, les volcans participent à l'évacuation de la chaleur interne de la Terre et au cycle biogéochimique mondial en libérant les gaz, la vapeur d'eau et les minéraux engloutis dans le manteau au niveau des fosses de subduction.
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Depuis l'apparition de l'agriculture et la sédentarisation des sociétés, les hommes ont toujours côtoyé les volcans. Les louant pour les terres fertiles qu'ils offrent, ils les craignent aussi pour leurs éruptions et les morts qu'ils provoquent. Rapidement, par méconnaissance d'un phénomène naturel, les volcans sont craints, déifiés, considérés comme l'entrée du royaume des morts, des enfers et des mondes souterrains peuplés d'esprits malfaisants et sont l'objet de légendes et de mythes suivant les différentes cultures.
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Dans les tribus d'Asie, d'Océanie et d'Amérique vivant à proximité de la ceinture de feu du Pacifique, les éruptions volcaniques sont considérées comme étant les manifestations de forces surnaturelles ou divines. Dans la mythologie māori, les volcans Taranaki et Ruapehu tombèrent tous deux amoureux du volcan Tongariro et une violente dispute éclata entre les deux. C'est la raison pour laquelle aucun Māori ne vit entre les deux volcans colériques, de peur de se retrouver pris au milieu de la dispute.
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Parmi d'autres mythes et légendes, on peut signaler celui du Devils Tower qui se serait dressé pour sauver sept jeunes filles amérindiennes d'ours qui auraient griffé les parois rocheuses ou encore l'histoire de la déesse Pélé qui, chassée de Tahiti par sa sœur Namakaokahai, trouva refuge dans le Kīlauea et depuis, de rage, déverse des flots de lave d'un simple coup de talon.
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Chez les Incas, les caprices du Misti lui ont valu d'avoir son cratère obstrué par un bouchon de glace, punition infligée par le Soleil. Les Chagas de Tanzanie raconte que le Kilimandjaro, excédé par son voisin le volcan Mawensi, le frappa à grand coup de pilon, ce qui lui valut son sommet découpé. Chez les amérindiens de l'Oregon, le mont Mazama était la demeure du dieu maléfique du feu et le mont Shasta celle du dieu bénéfique de la neige. Un jour les deux divinités sont entrées en conflit et le dieu du feu fut vaincu et décapité, créant ainsi le Crater Lake en signe de défaite.
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Les volcans furent même le lieu de sacrifices humains : enfants jetés dans le cratère du Bromo en Indonésie, chrétiens sacrifiés pour le mont Unzen au Japon, vierges précipitées dans le lac de lave du Masaya au Nicaragua, enfants jetés dans un lac de cratère pour calmer le volcan sous-lacustre d'Ilopango au Salvador, etc.
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Chez les Grecs et les Romains, les volcans sont le lieu de vie de Vulcain / Héphaïstos. Les éruptions sont expliquées comme étant une manifestation divine (colère des Dieux, présages, forges de Vulcain / Héphaïstos en activité, etc). Aucune explication scientifique ou ne faisant pas intervenir les Dieux n'était retenue. Pour les Romains, les forges de Vulcain se trouvaient sous Vulcano tandis que pour les Grecs, celles d'Héphaïstos étaient situées sous l'Etna. Les cyclopes grecs pourraient être une allégorie des volcans avec leur cratère sommital tandis que le nom d'Héraclès dérive de hiera ou etna, le mot grec servant à désigner les volcans.
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Parmi les mythes grecs mettant en scène des volcans, le plus célèbre est celui narré par Platon dans le Timée et le Critias. Ces récits relatent la disparition de l'Atlantide, engloutie par les flots dans un gigantesque tremblement de terre suivi d'un tsunami. Ne mettant pas directement en jeu un volcan, ce mythe semble avoir trouvé son origine dans l'éruption du Santorin vers 1600 av. J.-C. qui détruisit presque entièrement l'île et qui pourrait avoir provoqué ou participé à la chute de la civilisation minoenne. Cependant aucune observation de l'éruption du Santorin ne fut consignée et ce n'est qu'au début du XXe siècle que l'on se rendit compte de l'importance de l'éruption[43].
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Le poète romain Virgile, s'inspirant des mythes grecs, rapporta que lors de la gigantomachie, Encelade, en fuite, fut enseveli sous l'Etna par Athéna en guise de punition pour sa désobéissance aux Dieux. Les grondements de l'Etna constituant ainsi les pleurs d'Encelade, les flammes sa respiration et le trémor ses tentatives de se libérer. Mimas, un autre géant, fut quant à lui englouti sous le Vésuve par Héphaïstos et le sang des autres géants vaincus jailli des Champs Phlégréens à proximité.
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Dans le Christianisme populaire, malgré quelques tentatives d'explications pré-scientifiques, les volcans étaient souvent considérés comme l'œuvre de Satan et les éruptions comme des signes de la colère de Dieu. Un certain nombre de miracles attribués à certains Saints sont associés dans la tradition catholique à des éruptions : Ainsi en 253, la ville de Catane fut épargnée lorsque les flots de lave de l'Etna se scindèrent en deux devant la procession transportant les reliques de sainte Agathe. Mais en 1669, la procession avec les mêmes reliques ne put éviter la destruction de la grande majorité de la ville.
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En 1660, l'éruption du Vésuve fit pleuvoir aux alentours des cristaux de pyroxène noirs. La population les prit pour des crucifix et attribua ce signe à saint Janvier qui devint saint patron et protecteur de Naples. Depuis à chaque éruption, une procession défile dans Naples pour implorer la protection du Saint. De plus, trois fois par an a lieu le phénomène de la liquéfaction du sang de saint Janvier qui, selon la tradition, s'il se produit, protège la ville de toute éruption du Vésuve.
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Encore aujourd'hui des processions religieuses sont associées aux volcans et à leur activité. À chaque éruption du Vésuve, des processions catholiques prient saint Janvier, à Hawaï les habitants vénèrent encore Pélé et le mont Fuji est la montagne sacrée du Shintoïsme de même que le Bromo pour les hindouistes indonésiens.
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Les objectifs de la volcanologie sont de comprendre l'origine et le fonctionnement des volcans et des phénomènes assimilés afin d'établir un diagnostic sur les risques et les dangers encourus par les populations et les activités humaines. Les prévisions volcanologiques nécessitent la mise en œuvre d'instruments (la naissance de la volcanologie instrumentale date de 1980 lors de l'éruption du mont Saint Helens ; le volcan fut entièrement instrumenté à cette époque[44]) et le savoir de plusieurs disciplines scientifiques. Les connaissances actuelles ne permettent aujourd'hui que de prédire le type des éruptions, sans avoir en revanche, à plus de que quelques heures à l'avance, quand elles auront lieu, combien de temps elles dureront et surtout leurs importances (volume de lave, intensité des dégagements, etc).
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De plus en plus, la tendance est à la surveillance en continu les volcans actifs réputés dangereux à l'aide d'appareils télécommandés alimentés par piles solaires. À cet égard, l'équipement du Piton de la Fournaise, à La Réunion, pourtant réputé non dangereux, est exemplaire. Les mesures sont transmises par télémétrie à l'observatoire et toutes les dilatations, les tremblements et les variations de température sont enregistrés.
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Les sécurités civiles des pays touchés tentent alors de trouver les justes compromis entre les risques et les précautions inutiles. Dans bon nombre de cas, les autorités se sont montrées peu attentives[45]. Il y eut cependant certains succès comme en 1991 pour l'éruption du Pinatubo où les experts ont convaincu le gouvernement philippin d'organiser l'évacuation de 300 000 personnes. Malgré 500 victimes, 15 000 vies ont ainsi pu être épargnées.
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Depuis 1600, les volcans ont fait 300 000 morts dans le monde, ce qui représente en 2011[44] :
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Contrairement à la croyance populaire, les coulées de lave font en général plus de dégâts matériels que de victimes (cf. les 0,3 % ci-dessus) car même si elles peuvent être très rapides avec plusieurs dizaines de kilomètres par heure, leur comportement est généralement prévisible, laissant le temps aux populations d'évacuer. En 2002, le lac de lave du cratère du Nyiragongo se vide à la faveur de failles qui se sont ouvertes dans le volcan : deux coulées atteignent la ville de Goma au Congo démocratique, font 147 morts et détruisent 18 % de la ville. Ces fleuves de matière en fusion laissent peu de chance à la végétation et aux constructions se trouvant sur leur passage, les consumant et les ensevelissant dans une gangue de roche.
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Appelées aussi coulées pyroclastiques, les nuées ardentes sont des nuages gris qui dévalent les pentes des volcans à plusieurs centaines de kilomètres par heure, atteignent les 600 °C et parcourent des kilomètres avant de s'arrêter. Nés de l'effondrement d'un dôme ou d'une aiguille de lave, ces nuages composés de gaz volcaniques et de tephras glissent sur le sol, franchissent des crêtes et consument tout sur leur passage. Les empilements des matériaux transportés par les nuées ardentes peuvent s'accumuler sur des dizaines de mètres d'épaisseur et sont à l'origine des étendues d'ignimbrites. Les plus meurtrières sont celles du Krakatoa en 1883 qui ont fait 36 000 morts. Une de ces coulées pyroclastiques née de la montagne Pelée en Martinique a rasé la ville de Saint-Pierre en 1902 et tué ses 29 000 habitants. Plus récemment, le réveil de la Soufrière de Montserrat a provoqué la destruction de Plymouth, la capitale de l'île, et classé inhabitable la grande majorité de l'île à cause des passages répétés de nuées ardentes.
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Expulsées par des panaches volcaniques, les cendres volcaniques peuvent retomber et recouvrir des régions entières sous une épaisseur de plusieurs mètres, provoquant la destruction des cultures et l'apparition de famines comme ce fut le cas après l'éruption du Laki de 1783 en Islande, l'effondrement des toits des habitations sur leurs occupants, la formation de lahars en cas de pluies, etc.
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Les séismes peuvent être provoqués à la suite de la vidange de la chambre magmatique lorsque le volcan s'effondre sur lui-même et forme une caldeira. Les multiples glissements des parois du volcan génèrent alors des séismes qui provoquent l'effondrement des bâtiments parfois fragilisés par des chutes de cendre volcanique.
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Les tsunamis peuvent être générés de multiples manières lors d'une éruption volcanique comme avec l'explosion d'un volcan sous-marin ou à fleur d'eau, la chute de parois ou de nuées ardentes dans la mer, l'effondrement du volcan sur lui-même mettant en contact direct l'eau avec le magma de la chambre magmatique, des mouvements de terrains liés à la vidange de la chambre magmatique, etc. En 1883, l'explosion du Krakatoa généra un tsunami qui, associé aux nuées ardentes, fit 36 000 victimes, en 1792 celle du mont Unzen en fit 15 000.
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À la manière des nuées ardentes, les glissements de terrain peuvent provoquer des avalanches meurtrières. Dans de rares cas, c'est une grande partie ou la majorité du volcan qui se désagrège sous la pression de la lave. En 1980, le mont Saint Helens a surpris les volcanologues du monde entier lorsque la moitié du volcan s'est disloquée. Certains scientifiques, se croyant à l'abri sur des collines environnantes, se sont fait piéger et ont péri dans la gigantesque nuée ardente qui a suivi.
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Les gaz volcaniques sont le danger le plus sournois des volcans. Ils sont parfois émis sans aucun autre signe d'activité volcanique lors d'une éruption limnique. En 1986, au Cameroun, une nappe de dioxyde de carbone est sortie du lac Nyos. Étant plus lourd que l'air, ce gaz a dévalé les pentes du volcan et a tué 1 800 villageois et plusieurs milliers de têtes de bétail dans leur sommeil par asphyxie.
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Les lahars sont des coulées boueuses formées d'eau, de tephras en majorité de cendres volcaniques froides ou brûlantes, très denses et lourdes et charriant quantité de débris tels des blocs rocheux, des troncs d'arbres, des restes de bâtiments, etc. Les lahars se forment lorsque des pluies importantes survenant lors de cyclones ou des pluies prolongées s'abattent sur des cendres volcaniques. Ils peuvent survenir des années après une éruption volcanique tant que des cendres peuvent être entraînées. En 1985, 24 000 habitants de la ville colombienne d'Armero furent engloutis sous un lahar né sur les pentes du Nevado del Ruiz.
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Le jökulhlaup est un type de crue particulièrement puissant et brutal. Il se forme lorsqu'une éruption volcanique survient sous un glacier ou une calotte glaciaire et que la chaleur du magma ou de la lave parvient à faire fondre de grandes quantités de glace. Si l'eau de fonte ne peut s'évacuer, elle forme un lac qui peut se vider lorsque la barrière qui le retient formée par une paroi rocheuse ou un glacier se rompt. Un flot mêlant lave, tephras, boue, glace et blocs rocheux s'échappe alors du glacier, emportant tout sur son passage. Les jökulhlaup les plus fréquents se déroulent en Islande, autour du Vatnajökull.
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L'acidification des lacs est une autre conséquence possible de la présence d'un volcan. L'acidification a pour effet d'éliminer toute forme de vie des eaux et de leurs abords et peut même constituer un danger pour les populations riveraines. Ce phénomène survient lorsque des émanations de gaz volcaniques débouchent au fond d'un lac, celui-ci va alors les piéger par dissolution ce qui acidifie les eaux.
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Les cendres, gaz volcaniques et gouttelettes d'acide sulfurique et d'acide fluorhydrique expulsées dans l'atmosphère par des panaches volcaniques peuvent provoquer des pluies acides et des « Hivers volcaniques » qui abaissent les températures et peuvent provoquer des famines, des hivers rigoureux ou des étés froids à l'échelle mondiale comme ce fut le cas pour les éruptions du Samalas en 1257, du Tambora en 1815 et du Krakatoa en 1883.
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Des recherches récentes montrent que les éruptions volcaniques ont un impact significatif sur le climat mondial et doivent être considérées comme des phénomènes catalytiques essentiels pour expliquer les changements écologiques et les bouleversements historiques[47].
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Par certains aspects, l'homme peut tirer profit de la présence des volcans avec :
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Un volcan contribue aussi au tourisme en proposant un panorama, des destinations de randonnée, du thermalisme ou même un lieu de pèlerinage aux visiteurs.
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Même dans le domaine artistique, leur influence se fait sentir : certaines éruptions fortement émettrices de cendres volcaniques comme celle du Tambora en 1815 ont généré des couchers de soleil spectaculaires durant plusieurs années. Certains peintres comme Turner ont su capter cette lumière à travers des œuvres originales qui annoncent l'Impressionnisme.
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La volcanologie ou (beaucoup plus rarement) vulcanologie est la science qui étudie les phénomènes volcaniques, leurs produits et leurs mises en place : volcans, geysers, fumerolles, éruptions volcaniques, magmas, laves, tephras, etc. Un volcanologue ou vulcanologue est le scientifique spécialiste de cette discipline liée à la géophysique, à la sismologie et à la géologie dont elle est une spécialité.
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Les objectifs de cette science sont de comprendre l'origine et le fonctionnement des volcans et des phénomènes assimilés afin d'établir un diagnostic, pour une période déterminée, des risques et des dangers encourus par les populations et les activités humaines. Les études et les recherches se déroulent dans un premier temps sur le terrain afin de procéder à des collectes d'informations sous la forme d'observations, de mesures et d'échantillonnages et dans un second temps en laboratoire afin d'analyser et d'interpréter les données et les échantillons. En effet, la gestion des effets même d'une éruption une fois qu'elle se produit est impossible. Seules quelques opérations de détournement de coulée de lave ont réussi sur l'Etna en Italie et à Heimaey en Islande.
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Seule la prévention permet de limiter ou d'éviter les effets d'une éruption volcanique. Cette prévention passe par une observation du volcan et des signes avant-coureurs d'une éruption : émissions de gaz volcaniques, gonflement et dégonflement du volcan, séismes mineurs, anomalies thermiques, etc. L'évacuation de manière temporaire et dans l'urgence des zones en danger est le moyen de prévention le plus employé. Néanmoins, il existe des moyens de prévention à long terme comme l'évacuation totale des zones les plus exposées aux risques volcaniques, l'élaboration de plans de prévention, d'évacuation, de secours et de sensibilisation des populations, etc.
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Les volcans sous-marins sont les plus nombreux sur Terre. On estime que 75 % des volcans et des matériaux ignés émis par les volcans le sont au niveau des dorsales océaniques[49]. Les volcans faille se trouvent en grande majorité le long des dorsales océaniques où ils émettent des laves fluides. Ces laves, soumises aux eaux froides comprises entre un et deux degré Celsius et à la forte pression, prennent la forme de boules : ce sont les « pillow lavas ».
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Les autres volcans situés le long des fosses de subduction et ceux formés par un point chaud donnent naissance à une montagne sous-marine à sommet plat et à pente très raide : un guyot. Lorsqu'un volcan sous-marin parvient à atteindre la surface, il émerge dans une éruption de type surtseyenne. Deux volcans sous-marins sont célèbres et surveillés : le Lōʻihi qui sera le prochain volcan d'Hawaï à émerger de l'océan Pacifique et le Kick-'em-Jenny au nord de l'île de la Grenade dans les Antilles et qui est très proche de la surface et a une activité explosive.
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Le massif Tamu est un volcan bouclier sous-marin considéré comme le plus vaste volcan de la Terre et l'un des plus grands du système solaire[50].
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La Terre n'est pas la seule planète du Système solaire à connaître une activité volcanique.
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Vénus connaît un intense volcanisme avec 500 000 édifices volcaniques, Mars comporte l'Olympus Mons, un volcan considéré comme éteint et haut de 22,5 kilomètres faisant de lui le plus haut sommet du Système solaire, la Lune est couverte par les « maria lunaires », d'immenses champs de basalte.
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Des volcans existent aussi sur des satellites de Jupiter et de Neptune, notamment Io et Triton. La sonde Voyager 1 a permis de photographier en mars 1979 une éruption sur Io, tandis que Voyager 2 a fait découvrir sur Triton en août 1989 des traces de cryovolcanisme et des geysers. Encelade, satellite de Saturne, est le siège de cryovolcans (voir l'article Encelade, section Cryovolcanisme). La composition chimique variant considérablement entre les planètes et les satellites, le type d'éjecta est très différent de ceux émis sur Terre tel du soufre, de la glace d'azote, etc.
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L'éruption d'un volcan à proximité d'une zone peuplée est très souvent vécue comme un événement majeur dans la vie d'un pays car, outre le caractère spectaculaire et inattendu d'une éruption, celle-ci nécessite une surveillance et, parfois, l'évacuation et la prise en charge des personnes en danger.
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Les volcans sont parfois les acteurs principaux de certains films catastrophes comme Le Pic de Dante et Volcano ou le docu-fiction Supervolcan de la BBC et de Discovery Channel qui met en scène le réveil du supervolcan de Yellowstone dans une éruption d'indice d'explosivité volcanique de 8. Le film Stromboli raconte l'histoire d'une femme étrangère qui ne parvient pas à s'intégrer sur l'île volcanique Stromboli, en raison de différences de mentalité avec ses habitants, y compris son mari qu'elle a épousé dans la précipitation dans un camp de prisonnier.
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Plus couramment, les volcans font l'objet de nombreux documentaires télévisés scientifiques, informatifs ou de vulgarisation.
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Dans la mythologie grecque, un centaure (en grec ancien Κένταυροι / Kéntauroi) est une créature mi-homme, mi-cheval (homme-cheval), que l'on disait issue soit d'Ixion et de Néphélé, soit de Centauros et des juments de Magnésie.
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Une étymologie ancienne fait dériver leur nom de deux mots grecs : κεντεῖν / kenteîn, « piquer », et ταῦρος / taûros, « taureau ». Dans l’Iliade cependant, Homère utilise le mot φήρ / phếr, « bête » (I, 268 et II, 743) pour désigner les adversaires de Pirithoos, décrits comme de sauvages habitants des montagnes de la Thessalie. Le terme de « centaure » est réservé à Chiron, « le plus juste des centaures » et aussi le plus connu (XI, 832).
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Le comparatiste Georges Dumézil, puis d'autres spécialistes, ont rapproché le mot grec de celui des êtres célestes que sont les Gandharvas cités dans les Védas indiens[1].
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Les centaures sont décrits comme ayant la partie inférieure équine. Ils vivaient à l'origine sur le mont Pélion, en Thessalie. Parmi les plus connus : Chiron (centaure connu pour sa sagesse, qui sert de précepteur à de nombreux héros grecs dont Achille et Jason), Pholos (un centaure calme, ami d'Héraclès) et Nessos, un centaure sauvage qui tente d'enlever Déjanire (épouse d'Héraclès), avant d'être tué par lui. La mythologie grecque compte plusieurs autres centaures : Eurytion, Homade, Hyléos et Rhoécos, Crotos, Thérée.
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Atalante croise un jour la route de deux centaures, Hyléos et Rhoécos : ceux-ci veulent abuser de la jeune vierge, mais sont transpercés par ses flèches.
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Les centaures du Mont Pélion avaient pour voisins les Lapithes, dont ils descendaient. Ils sont invités à l'occasion du mariage du roi Pirithoos avec Hippodamie (tout comme Thésée), mais le banquet tourne mal : plusieurs centaures ivres, notamment Eurytion, tentent de violer Hippodamie et d'autres femmes lapithes qui étaient aussi des dieux. Un combat s'engage, au cours duquel de nombreux centaures sont tués. Les autres, chassés du mont Pélion, se réfugient pour la plupart autour de Pholos sur le mont Pholoé.
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Le poète latin Ovide imagine, dans ce contexte, l'histoire de Cyllare, centaure d'une grande beauté tué par les Lapithes. Son épouse, la centauresse Hylonomé, affligée par sa mort, se suicide[3].
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Tandis qu'il traquait le sanglier d'Érymanthe, Héraclès est un temps l'hôte de Pholos. Il exprime un jour le souhait de boire du vin : Pholos le prévient qu'il n'ose ouvrir la jarre à vin, commune à tous les centaures. Mais sur l'insistance du héros, il s'y résout : les autres centaures, sentant l'odeur du vin, deviennent alors furieux et se jettent sur Héraclès, qui en tue plusieurs et pourchasse les autres.
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Après avoir été chassé du mont Pélion, Chiron s'installe au cap Malée. Or, les autres centaures, toujours traqués par Héraclès, parviennent jusqu'à lui ; là, le héros utilise ses flèches empoisonnées et en décoche une par mégarde sur Chiron, son tuteur. Celui-ci, rongé de douleurs, mais ne pouvant mourir parce qu'il est immortel, obtient finalement de Zeus de mourir à la place de Prométhée.
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Les rares survivants sont par la suite dispersés dans le Péloponnèse ou près d'Éleusis, avec l'aide de Poséidon qui en cache certains.
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Durant l'époque classique grecque, les métopes du Parthénon, qui décorent le Parthénon, grand temple d'Athéna à Athènes, arborent plusieurs bas-reliefs dont l'un représente le combat entre les Centaures et les Lapithes. Ce combat figurait également sur le fronton ouest du temple de Zeus à Olympie.
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Les Centaures de Furietti sont une paire de sculptures datant de l'époque hellénistique et représentant deux centaures, l'un jeune et l'autre vieux.
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L'art romain antique, influencé par la mythologie grecque, représente lui aussi fréquemment des centaures. Les Thermes de Trajan d'Acholla, construits par l'empereur romain Trajan à Acholla (dans l'actuelle Tunisie) au IIe siècle, arborent de nombreuses mosaïques, dont un plafond montrant un combat entre des centaures et des fauves.
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Si l'on excepte Pholos et Chiron, tous deux « avisés » (leur parenté est d'ailleurs différente des autres), les centaures symbolisaient pour les Grecs les appétits animaux (concupiscence et ivresse en sont les traits caractéristiques). Ainsi le combat contre les Lapithes peut se lire comme une parabole de l'affrontement des états civilisé et sauvage.[réf. nécessaire]
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L'origine de leur représentation est généralement expliquée ainsi : le cheval a été introduit en Grèce dès le XVIe siècle av. J.-C., mais n'était alors utilisé que comme bête d'attelage ; les centaures représenteraient, dans les légendes de l'Âge héroïque, les premiers cavaliers.
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Il existe quatre types de centaures : le bucentaure, dont le corps est celui d'un taureau, assimilé au Minotaure ; l'onocentaure, avec un corps d'âne ; l'ichtyocentaure, aussi appelé centaure-triton ou centaure marin, avec un corps de poisson et des pattes avant de cheval (cheval marin qui tire le char de Poséidon) ; et le centaure commun, aussi appelé hippocentaure, avec un corps de cheval et un buste d'homme.
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Les centaures de l'Antiquité sont en principe de sexe mâle. Mais, par la suite, on trouve des représentations de centaures femelles, appelées centauresses.
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Le centaure est une figure héraldique imaginaire correspondant à sa figuration mythologique. Il est par défaut armé d'une massue. Sa variante principale est le centaure-sagittaire, qui tire à l'arc.
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Les mythes mettant en scène les centaures sont régulièrement évoqués par les écrivains. Le poète romantique français Maurice de Guérin compose un poème en prose intitulé Le Centaure en 1840[4]. Le poète parnassien français Leconte de Lisle inclut dans son recueil Poèmes antiques en 1852 un poème intitulé « La Robe du centaure » où il relate la mort d'Héraclès tué par le poison du centaure Nessos. Autre parnassien, José-Maria de Heredia consacre plusieurs poèmes aux centaures et à leur disparition dans son recueil Les Trophées (1893) : « Nessus », « La Centauresse », « Centaures et Lapithes » et « Fuite de Centaures ».
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Le roman en prose poétique d'André Lichtenberger, Les Centaures (1924), un des précurseurs du genre de la fantasy en France, se déroule dans un monde imaginaire fortement inspiré de la mythologie gréco-romaine et où les centaures forment l'un des principaux peuples.
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À partir du XXe siècle, les centaures apparaissent régulièrement dans les univers de fantasy qui s'inspirent fréquemment de la mythologie grecque et des bestiaires médiévaux. Ils sont notamment présents dans les suites romanesques Narnia de C.S. Lewis et Harry Potter de J.K. Rowling. On peut aussi les trouver, entre autres fantastiques créatures hybrides, dans le monde de Xanth, de la série de Light Fantasy éponyme de Piers Anthony. Le réalisme magique met lui aussi en scène la figure du centaure, avec le roman Les Grottes de Haydrahodahus de l'écrivain syrien Salim Barakat (2008) et sa suite ẖawāfir muhashshimat fī Haydrahōdahūs (2010).
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Les Centaures apparaissent très souvent dans les illustrations et les peintures à sujets mythologiques, du Moyen Âge à nos jours.
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Les centaures apparaissent collectivement dans des scènes de genre qui les dépeignent comme des êtres pacifiques coulant des jours paisibles dans une campagne idéalisée. Pierre Paul Rubens peint ainsi Les Amours des Centaures en 1635. Eugène Fromentin peint des Centaures et centauresses s'entraînant au tir à l'arc. Vers 1887, John LaFarge peint une Centauresse. Edoardo Ettore Forti peint une Fête des centaures entre 1880 et 1920. Le peintre symboliste allemand Max Frey peint une Centaurine en 1928. Wilhelm Trübner, autre peintre allemand, peint plusieurs tableaux représentant les amours de centaures et de centauresses.
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À l'inverse, d'autres peintres conservent une représentation des centaures comme des êtres sauvages. Au XIXe siècle, c'est le cas d'Arnold Böcklin qui peint un Combat de centaures et un Paysage rocheux avec centaures à la chasse.
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Vers 1492, le jeune Michel-Ange sculpte la Bataille des Centaures, un bas-relief représentant des centaures engagés dans un combat contre des humains. Le bas-relief a fait l'objet d'interprétations variées.
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En 1985, le sculpteur français César achève une sculpture intitulée Le Centaure, qui décore la Place Michel-Debré, dans le 6e arrondissement de Paris, en France.
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Outre leurs apparitions fréquentes dans les bandes dessinées adaptées de mythes gréco-romains, les centaures font parfois l'objet d'inventions originales ou de créations plus librement dérivées de ces mythes. La série de bandes dessinées belges Les Centaures, scénarisée et dessinée par Pierre Seron et parue à partir de 1977, a pour personnages principaux deux centaures, Aurore et Ulysse, qui quittent l'Olympe où ils sont nés pour explorer le monde à diverses époques.
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Les centaures apparaissent dans plusieurs films, mythologiques ou fantastiques, parmi lesquels :
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Les centaures apparaissent logiquement dans les jeux vidéo inspirés de la mythologie grecque et romaine. Dans le jeu de stratégie Age of Mythology, où l'on développe une armée formée de héros et de créatures mythologiques, le centaure figure parmi les unités mythologiques grecques.
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Une apparition dans les jeux God of War, qui est une série de jeux où l'on incarne un héros qui s est fait trahir par le dieu Arès et voulant se venger des dieux en les tuant tous un par un.[À développer]
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Dans l'univers des jeux vidéo Warcraft, plusieurs tribus rivales de centaures se disputent les terres de Kalimdor, en particulier dans la région de Désolace, dans le MMORPG World of Warcraft qui montre des centaures fils et filles d'un ancêtre nommé Cénarius. Ce sont des centaures pacifiques, protecteurs et gardiens de la nature, à corps de cheval ou de biche.
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Dans la mythologie grecque, un centaure (en grec ancien Κένταυροι / Kéntauroi) est une créature mi-homme, mi-cheval (homme-cheval), que l'on disait issue soit d'Ixion et de Néphélé, soit de Centauros et des juments de Magnésie.
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Une étymologie ancienne fait dériver leur nom de deux mots grecs : κεντεῖν / kenteîn, « piquer », et ταῦρος / taûros, « taureau ». Dans l’Iliade cependant, Homère utilise le mot φήρ / phếr, « bête » (I, 268 et II, 743) pour désigner les adversaires de Pirithoos, décrits comme de sauvages habitants des montagnes de la Thessalie. Le terme de « centaure » est réservé à Chiron, « le plus juste des centaures » et aussi le plus connu (XI, 832).
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Le comparatiste Georges Dumézil, puis d'autres spécialistes, ont rapproché le mot grec de celui des êtres célestes que sont les Gandharvas cités dans les Védas indiens[1].
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Les centaures sont décrits comme ayant la partie inférieure équine. Ils vivaient à l'origine sur le mont Pélion, en Thessalie. Parmi les plus connus : Chiron (centaure connu pour sa sagesse, qui sert de précepteur à de nombreux héros grecs dont Achille et Jason), Pholos (un centaure calme, ami d'Héraclès) et Nessos, un centaure sauvage qui tente d'enlever Déjanire (épouse d'Héraclès), avant d'être tué par lui. La mythologie grecque compte plusieurs autres centaures : Eurytion, Homade, Hyléos et Rhoécos, Crotos, Thérée.
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Atalante croise un jour la route de deux centaures, Hyléos et Rhoécos : ceux-ci veulent abuser de la jeune vierge, mais sont transpercés par ses flèches.
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Les centaures du Mont Pélion avaient pour voisins les Lapithes, dont ils descendaient. Ils sont invités à l'occasion du mariage du roi Pirithoos avec Hippodamie (tout comme Thésée), mais le banquet tourne mal : plusieurs centaures ivres, notamment Eurytion, tentent de violer Hippodamie et d'autres femmes lapithes qui étaient aussi des dieux. Un combat s'engage, au cours duquel de nombreux centaures sont tués. Les autres, chassés du mont Pélion, se réfugient pour la plupart autour de Pholos sur le mont Pholoé.
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Le poète latin Ovide imagine, dans ce contexte, l'histoire de Cyllare, centaure d'une grande beauté tué par les Lapithes. Son épouse, la centauresse Hylonomé, affligée par sa mort, se suicide[3].
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Tandis qu'il traquait le sanglier d'Érymanthe, Héraclès est un temps l'hôte de Pholos. Il exprime un jour le souhait de boire du vin : Pholos le prévient qu'il n'ose ouvrir la jarre à vin, commune à tous les centaures. Mais sur l'insistance du héros, il s'y résout : les autres centaures, sentant l'odeur du vin, deviennent alors furieux et se jettent sur Héraclès, qui en tue plusieurs et pourchasse les autres.
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Après avoir été chassé du mont Pélion, Chiron s'installe au cap Malée. Or, les autres centaures, toujours traqués par Héraclès, parviennent jusqu'à lui ; là, le héros utilise ses flèches empoisonnées et en décoche une par mégarde sur Chiron, son tuteur. Celui-ci, rongé de douleurs, mais ne pouvant mourir parce qu'il est immortel, obtient finalement de Zeus de mourir à la place de Prométhée.
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Les rares survivants sont par la suite dispersés dans le Péloponnèse ou près d'Éleusis, avec l'aide de Poséidon qui en cache certains.
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Durant l'époque classique grecque, les métopes du Parthénon, qui décorent le Parthénon, grand temple d'Athéna à Athènes, arborent plusieurs bas-reliefs dont l'un représente le combat entre les Centaures et les Lapithes. Ce combat figurait également sur le fronton ouest du temple de Zeus à Olympie.
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Les Centaures de Furietti sont une paire de sculptures datant de l'époque hellénistique et représentant deux centaures, l'un jeune et l'autre vieux.
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L'art romain antique, influencé par la mythologie grecque, représente lui aussi fréquemment des centaures. Les Thermes de Trajan d'Acholla, construits par l'empereur romain Trajan à Acholla (dans l'actuelle Tunisie) au IIe siècle, arborent de nombreuses mosaïques, dont un plafond montrant un combat entre des centaures et des fauves.
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Si l'on excepte Pholos et Chiron, tous deux « avisés » (leur parenté est d'ailleurs différente des autres), les centaures symbolisaient pour les Grecs les appétits animaux (concupiscence et ivresse en sont les traits caractéristiques). Ainsi le combat contre les Lapithes peut se lire comme une parabole de l'affrontement des états civilisé et sauvage.[réf. nécessaire]
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L'origine de leur représentation est généralement expliquée ainsi : le cheval a été introduit en Grèce dès le XVIe siècle av. J.-C., mais n'était alors utilisé que comme bête d'attelage ; les centaures représenteraient, dans les légendes de l'Âge héroïque, les premiers cavaliers.
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Il existe quatre types de centaures : le bucentaure, dont le corps est celui d'un taureau, assimilé au Minotaure ; l'onocentaure, avec un corps d'âne ; l'ichtyocentaure, aussi appelé centaure-triton ou centaure marin, avec un corps de poisson et des pattes avant de cheval (cheval marin qui tire le char de Poséidon) ; et le centaure commun, aussi appelé hippocentaure, avec un corps de cheval et un buste d'homme.
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Les centaures de l'Antiquité sont en principe de sexe mâle. Mais, par la suite, on trouve des représentations de centaures femelles, appelées centauresses.
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Le centaure est une figure héraldique imaginaire correspondant à sa figuration mythologique. Il est par défaut armé d'une massue. Sa variante principale est le centaure-sagittaire, qui tire à l'arc.
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Les mythes mettant en scène les centaures sont régulièrement évoqués par les écrivains. Le poète romantique français Maurice de Guérin compose un poème en prose intitulé Le Centaure en 1840[4]. Le poète parnassien français Leconte de Lisle inclut dans son recueil Poèmes antiques en 1852 un poème intitulé « La Robe du centaure » où il relate la mort d'Héraclès tué par le poison du centaure Nessos. Autre parnassien, José-Maria de Heredia consacre plusieurs poèmes aux centaures et à leur disparition dans son recueil Les Trophées (1893) : « Nessus », « La Centauresse », « Centaures et Lapithes » et « Fuite de Centaures ».
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Le roman en prose poétique d'André Lichtenberger, Les Centaures (1924), un des précurseurs du genre de la fantasy en France, se déroule dans un monde imaginaire fortement inspiré de la mythologie gréco-romaine et où les centaures forment l'un des principaux peuples.
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À partir du XXe siècle, les centaures apparaissent régulièrement dans les univers de fantasy qui s'inspirent fréquemment de la mythologie grecque et des bestiaires médiévaux. Ils sont notamment présents dans les suites romanesques Narnia de C.S. Lewis et Harry Potter de J.K. Rowling. On peut aussi les trouver, entre autres fantastiques créatures hybrides, dans le monde de Xanth, de la série de Light Fantasy éponyme de Piers Anthony. Le réalisme magique met lui aussi en scène la figure du centaure, avec le roman Les Grottes de Haydrahodahus de l'écrivain syrien Salim Barakat (2008) et sa suite ẖawāfir muhashshimat fī Haydrahōdahūs (2010).
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Les Centaures apparaissent très souvent dans les illustrations et les peintures à sujets mythologiques, du Moyen Âge à nos jours.
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Les centaures apparaissent collectivement dans des scènes de genre qui les dépeignent comme des êtres pacifiques coulant des jours paisibles dans une campagne idéalisée. Pierre Paul Rubens peint ainsi Les Amours des Centaures en 1635. Eugène Fromentin peint des Centaures et centauresses s'entraînant au tir à l'arc. Vers 1887, John LaFarge peint une Centauresse. Edoardo Ettore Forti peint une Fête des centaures entre 1880 et 1920. Le peintre symboliste allemand Max Frey peint une Centaurine en 1928. Wilhelm Trübner, autre peintre allemand, peint plusieurs tableaux représentant les amours de centaures et de centauresses.
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À l'inverse, d'autres peintres conservent une représentation des centaures comme des êtres sauvages. Au XIXe siècle, c'est le cas d'Arnold Böcklin qui peint un Combat de centaures et un Paysage rocheux avec centaures à la chasse.
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Vers 1492, le jeune Michel-Ange sculpte la Bataille des Centaures, un bas-relief représentant des centaures engagés dans un combat contre des humains. Le bas-relief a fait l'objet d'interprétations variées.
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En 1985, le sculpteur français César achève une sculpture intitulée Le Centaure, qui décore la Place Michel-Debré, dans le 6e arrondissement de Paris, en France.
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Outre leurs apparitions fréquentes dans les bandes dessinées adaptées de mythes gréco-romains, les centaures font parfois l'objet d'inventions originales ou de créations plus librement dérivées de ces mythes. La série de bandes dessinées belges Les Centaures, scénarisée et dessinée par Pierre Seron et parue à partir de 1977, a pour personnages principaux deux centaures, Aurore et Ulysse, qui quittent l'Olympe où ils sont nés pour explorer le monde à diverses époques.
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Les centaures apparaissent dans plusieurs films, mythologiques ou fantastiques, parmi lesquels :
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Les centaures apparaissent logiquement dans les jeux vidéo inspirés de la mythologie grecque et romaine. Dans le jeu de stratégie Age of Mythology, où l'on développe une armée formée de héros et de créatures mythologiques, le centaure figure parmi les unités mythologiques grecques.
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Une apparition dans les jeux God of War, qui est une série de jeux où l'on incarne un héros qui s est fait trahir par le dieu Arès et voulant se venger des dieux en les tuant tous un par un.[À développer]
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Dans l'univers des jeux vidéo Warcraft, plusieurs tribus rivales de centaures se disputent les terres de Kalimdor, en particulier dans la région de Désolace, dans le MMORPG World of Warcraft qui montre des centaures fils et filles d'un ancêtre nommé Cénarius. Ce sont des centaures pacifiques, protecteurs et gardiens de la nature, à corps de cheval ou de biche.
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Dans la mythologie grecque, un centaure (en grec ancien Κένταυροι / Kéntauroi) est une créature mi-homme, mi-cheval (homme-cheval), que l'on disait issue soit d'Ixion et de Néphélé, soit de Centauros et des juments de Magnésie.
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Une étymologie ancienne fait dériver leur nom de deux mots grecs : κεντεῖν / kenteîn, « piquer », et ταῦρος / taûros, « taureau ». Dans l’Iliade cependant, Homère utilise le mot φήρ / phếr, « bête » (I, 268 et II, 743) pour désigner les adversaires de Pirithoos, décrits comme de sauvages habitants des montagnes de la Thessalie. Le terme de « centaure » est réservé à Chiron, « le plus juste des centaures » et aussi le plus connu (XI, 832).
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Le comparatiste Georges Dumézil, puis d'autres spécialistes, ont rapproché le mot grec de celui des êtres célestes que sont les Gandharvas cités dans les Védas indiens[1].
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Les centaures sont décrits comme ayant la partie inférieure équine. Ils vivaient à l'origine sur le mont Pélion, en Thessalie. Parmi les plus connus : Chiron (centaure connu pour sa sagesse, qui sert de précepteur à de nombreux héros grecs dont Achille et Jason), Pholos (un centaure calme, ami d'Héraclès) et Nessos, un centaure sauvage qui tente d'enlever Déjanire (épouse d'Héraclès), avant d'être tué par lui. La mythologie grecque compte plusieurs autres centaures : Eurytion, Homade, Hyléos et Rhoécos, Crotos, Thérée.
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Atalante croise un jour la route de deux centaures, Hyléos et Rhoécos : ceux-ci veulent abuser de la jeune vierge, mais sont transpercés par ses flèches.
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Les centaures du Mont Pélion avaient pour voisins les Lapithes, dont ils descendaient. Ils sont invités à l'occasion du mariage du roi Pirithoos avec Hippodamie (tout comme Thésée), mais le banquet tourne mal : plusieurs centaures ivres, notamment Eurytion, tentent de violer Hippodamie et d'autres femmes lapithes qui étaient aussi des dieux. Un combat s'engage, au cours duquel de nombreux centaures sont tués. Les autres, chassés du mont Pélion, se réfugient pour la plupart autour de Pholos sur le mont Pholoé.
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Le poète latin Ovide imagine, dans ce contexte, l'histoire de Cyllare, centaure d'une grande beauté tué par les Lapithes. Son épouse, la centauresse Hylonomé, affligée par sa mort, se suicide[3].
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Tandis qu'il traquait le sanglier d'Érymanthe, Héraclès est un temps l'hôte de Pholos. Il exprime un jour le souhait de boire du vin : Pholos le prévient qu'il n'ose ouvrir la jarre à vin, commune à tous les centaures. Mais sur l'insistance du héros, il s'y résout : les autres centaures, sentant l'odeur du vin, deviennent alors furieux et se jettent sur Héraclès, qui en tue plusieurs et pourchasse les autres.
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Après avoir été chassé du mont Pélion, Chiron s'installe au cap Malée. Or, les autres centaures, toujours traqués par Héraclès, parviennent jusqu'à lui ; là, le héros utilise ses flèches empoisonnées et en décoche une par mégarde sur Chiron, son tuteur. Celui-ci, rongé de douleurs, mais ne pouvant mourir parce qu'il est immortel, obtient finalement de Zeus de mourir à la place de Prométhée.
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Les rares survivants sont par la suite dispersés dans le Péloponnèse ou près d'Éleusis, avec l'aide de Poséidon qui en cache certains.
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Durant l'époque classique grecque, les métopes du Parthénon, qui décorent le Parthénon, grand temple d'Athéna à Athènes, arborent plusieurs bas-reliefs dont l'un représente le combat entre les Centaures et les Lapithes. Ce combat figurait également sur le fronton ouest du temple de Zeus à Olympie.
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Les Centaures de Furietti sont une paire de sculptures datant de l'époque hellénistique et représentant deux centaures, l'un jeune et l'autre vieux.
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L'art romain antique, influencé par la mythologie grecque, représente lui aussi fréquemment des centaures. Les Thermes de Trajan d'Acholla, construits par l'empereur romain Trajan à Acholla (dans l'actuelle Tunisie) au IIe siècle, arborent de nombreuses mosaïques, dont un plafond montrant un combat entre des centaures et des fauves.
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Si l'on excepte Pholos et Chiron, tous deux « avisés » (leur parenté est d'ailleurs différente des autres), les centaures symbolisaient pour les Grecs les appétits animaux (concupiscence et ivresse en sont les traits caractéristiques). Ainsi le combat contre les Lapithes peut se lire comme une parabole de l'affrontement des états civilisé et sauvage.[réf. nécessaire]
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L'origine de leur représentation est généralement expliquée ainsi : le cheval a été introduit en Grèce dès le XVIe siècle av. J.-C., mais n'était alors utilisé que comme bête d'attelage ; les centaures représenteraient, dans les légendes de l'Âge héroïque, les premiers cavaliers.
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Il existe quatre types de centaures : le bucentaure, dont le corps est celui d'un taureau, assimilé au Minotaure ; l'onocentaure, avec un corps d'âne ; l'ichtyocentaure, aussi appelé centaure-triton ou centaure marin, avec un corps de poisson et des pattes avant de cheval (cheval marin qui tire le char de Poséidon) ; et le centaure commun, aussi appelé hippocentaure, avec un corps de cheval et un buste d'homme.
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Les centaures de l'Antiquité sont en principe de sexe mâle. Mais, par la suite, on trouve des représentations de centaures femelles, appelées centauresses.
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Le centaure est une figure héraldique imaginaire correspondant à sa figuration mythologique. Il est par défaut armé d'une massue. Sa variante principale est le centaure-sagittaire, qui tire à l'arc.
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Les mythes mettant en scène les centaures sont régulièrement évoqués par les écrivains. Le poète romantique français Maurice de Guérin compose un poème en prose intitulé Le Centaure en 1840[4]. Le poète parnassien français Leconte de Lisle inclut dans son recueil Poèmes antiques en 1852 un poème intitulé « La Robe du centaure » où il relate la mort d'Héraclès tué par le poison du centaure Nessos. Autre parnassien, José-Maria de Heredia consacre plusieurs poèmes aux centaures et à leur disparition dans son recueil Les Trophées (1893) : « Nessus », « La Centauresse », « Centaures et Lapithes » et « Fuite de Centaures ».
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Le roman en prose poétique d'André Lichtenberger, Les Centaures (1924), un des précurseurs du genre de la fantasy en France, se déroule dans un monde imaginaire fortement inspiré de la mythologie gréco-romaine et où les centaures forment l'un des principaux peuples.
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À partir du XXe siècle, les centaures apparaissent régulièrement dans les univers de fantasy qui s'inspirent fréquemment de la mythologie grecque et des bestiaires médiévaux. Ils sont notamment présents dans les suites romanesques Narnia de C.S. Lewis et Harry Potter de J.K. Rowling. On peut aussi les trouver, entre autres fantastiques créatures hybrides, dans le monde de Xanth, de la série de Light Fantasy éponyme de Piers Anthony. Le réalisme magique met lui aussi en scène la figure du centaure, avec le roman Les Grottes de Haydrahodahus de l'écrivain syrien Salim Barakat (2008) et sa suite ẖawāfir muhashshimat fī Haydrahōdahūs (2010).
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Les Centaures apparaissent très souvent dans les illustrations et les peintures à sujets mythologiques, du Moyen Âge à nos jours.
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Les centaures apparaissent collectivement dans des scènes de genre qui les dépeignent comme des êtres pacifiques coulant des jours paisibles dans une campagne idéalisée. Pierre Paul Rubens peint ainsi Les Amours des Centaures en 1635. Eugène Fromentin peint des Centaures et centauresses s'entraînant au tir à l'arc. Vers 1887, John LaFarge peint une Centauresse. Edoardo Ettore Forti peint une Fête des centaures entre 1880 et 1920. Le peintre symboliste allemand Max Frey peint une Centaurine en 1928. Wilhelm Trübner, autre peintre allemand, peint plusieurs tableaux représentant les amours de centaures et de centauresses.
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À l'inverse, d'autres peintres conservent une représentation des centaures comme des êtres sauvages. Au XIXe siècle, c'est le cas d'Arnold Böcklin qui peint un Combat de centaures et un Paysage rocheux avec centaures à la chasse.
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Vers 1492, le jeune Michel-Ange sculpte la Bataille des Centaures, un bas-relief représentant des centaures engagés dans un combat contre des humains. Le bas-relief a fait l'objet d'interprétations variées.
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En 1985, le sculpteur français César achève une sculpture intitulée Le Centaure, qui décore la Place Michel-Debré, dans le 6e arrondissement de Paris, en France.
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Outre leurs apparitions fréquentes dans les bandes dessinées adaptées de mythes gréco-romains, les centaures font parfois l'objet d'inventions originales ou de créations plus librement dérivées de ces mythes. La série de bandes dessinées belges Les Centaures, scénarisée et dessinée par Pierre Seron et parue à partir de 1977, a pour personnages principaux deux centaures, Aurore et Ulysse, qui quittent l'Olympe où ils sont nés pour explorer le monde à diverses époques.
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Les centaures apparaissent dans plusieurs films, mythologiques ou fantastiques, parmi lesquels :
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Les centaures apparaissent logiquement dans les jeux vidéo inspirés de la mythologie grecque et romaine. Dans le jeu de stratégie Age of Mythology, où l'on développe une armée formée de héros et de créatures mythologiques, le centaure figure parmi les unités mythologiques grecques.
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Une apparition dans les jeux God of War, qui est une série de jeux où l'on incarne un héros qui s est fait trahir par le dieu Arès et voulant se venger des dieux en les tuant tous un par un.[À développer]
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Dans l'univers des jeux vidéo Warcraft, plusieurs tribus rivales de centaures se disputent les terres de Kalimdor, en particulier dans la région de Désolace, dans le MMORPG World of Warcraft qui montre des centaures fils et filles d'un ancêtre nommé Cénarius. Ce sont des centaures pacifiques, protecteurs et gardiens de la nature, à corps de cheval ou de biche.
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Le litre (dérivé de litron[1], ancienne mesure de capacité) est une unité de mesure de volume égale à un décimètre cube. Cette définition du Bureau international des poids et mesures (BIPM) date de 1964. Bien qu’en dehors du Système international d'unités, l'usage du litre est accepté par le BIPM. Les symboles reconnus par ce dernier sont les caractères l (lettre l minuscule) et L (lettre l majuscule, ou capitale)[2].
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Le litre est défini comme étant un nom spécial pour le décimètre cube[3]. Cette définition est la seule acceptée par le Bureau international des poids et mesures[4]. En première approximation, un litre peut également être défini comme le volume occupé par une masse d'un kilogramme d'eau pure à la pression atmosphérique normale (760 mmHg)[1]. Cependant, cette deuxième définition est moins précise de 28 millionièmes[5].
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Le litre n'appartient pas au Système international d'unités, contrairement au mètre cube qui dérive directement du mètre (à la puissance trois) et ne nécessite donc pas de conversion. Ce n'est pas le cas du litre qui correspond à un millième de mètre cube. Le Bureau international des poids et mesures accepte toutefois l'usage du litre car il est couramment utilisé au niveau mondial[2].
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En 1790 l'Assemblée constituante se prononce, face aux diverses unités de mesures alors en cours en France, en faveur d'un système d'unités unifié[6]. La loi du 18 germinal an III (7 avril 1795)[7] définit le mètre comme « la mesure de longueur égale à la 10 millionième partie de l'arc du méridien terrestre compris entre le pôle boréal et l'équateur » et le litre comme « la mesure de capacité, tant pour les liquides que pour les matières sèches, dont la contenance sera celle du cube de la dixième partie du mètre ». Autrement dit, dès 1795 le litre est défini comme étant égal au décimètre cube.
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Avant d'être définitivement dénommée litre, l'unité de mesure du volume a été provisoirement appelée pinte, puis cadil[8],[9],[10]. Un étalon de cadil est visible au musée des arts et métiers à Paris[11].
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En 1901, le Bureau international des poids et mesures définit le litre comme « le volume occupé par la masse de 1 kilogramme d'eau pure, à son maximum de densité et sous la pression atmosphérique normale »[12]. Cette définition fut abrogée en 1964[13] à la suite de la constatation en 1960 d'une différence avec le décimètre cube de 28 millionièmes[5]. Le litre est désormais défini comme un nom spécial du décimètre cube.
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Les symboles l (minuscule) et L (capitale) sont les deux symboles acceptés par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) pour représenter le litre[2].
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D'une façon générale, l'usage veut qu'une capitale ne soit utilisée qu'avec le symbole d'une unité issue d'un nom propre[14] (par exemple Pa pour le pascal en l'honneur de Blaise Pascal, ou K pour le kelvin en l'honneur de Lord Kelvin), ce qui n'est pas le cas du litre[15]. Le litre et son symbole l (en minuscule) furent adoptés par le Comité international des poids et mesures (CIPM) en 1879[2].
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Néanmoins, le chiffre 1 (un) et la lettre l minuscule peuvent être confondus dans certaines polices d'écriture, et plusieurs pays ont pris l'habitude d'utiliser la capitale L pour éviter toute confusion[16]. En 1979, exceptionnellement et face à l'habitude rencontrée, le symbole L (en capitale) fut également adopté par la 16e Conférence générale des poids et mesures (CGPM) « comme alternative pour éviter le risque de confusion entre la lettre l et le chiffre un, 1[17] », mais considère « que dans l'avenir un seul des deux symboles devrait être retenu ». Et précise en note : « Le Comité international a estimé encore prématuré, en 1990, de choisir un symbole unique du litre[18] ».
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L'approbation par le BIPM du symbole L pour le litre, en parallèle du symbole l, constitue donc une exception à la règle sur les capitales[14]. Le Code de rédaction interinstitutionnel de l'Office des publications de l'Union européenne rend le seul symbole l[19] obligatoire dans l'ensemble des publications émanant des institutions, organes et organismes de l'Union européenne[20]. En France, le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale indique les deux casses et précise : « symbole L si confusion possible entre l et 1[21] ». L'Office québécois de la langue française au Canada indique de même : « le symbole L est toléré uniquement lorsqu'il y a risque de confusion entre le symbole l et le chiffre 1[3] ».
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La typographie ℓ, en cursif, est un symbole du litre non mentionné par les recommandations du Bureau international des poids et mesures[22],[23]. Ce ℓ est utilisé dans certains pays[24]. Il permet d'éviter la confusion avec le chiffre 1, tout comme la lettre L[25].
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Les sous-multiples couramment utilisés sont le décilitre (dl), le centilitre (cl) et le millilitre (ml), plus rarement le microlitre (µl). Les multiples sont rarement utilisés au profit du mètre cube (m3, unité faisant partie du Système international d'unités (SI)), à l'exception de l'hectolitre (hl) utilisé dans le secteur agroalimentaire.
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Le tableau suivant donne les conversions entre les multiples et sous-multiples du litre et ceux du mètre-cube. Les noms en gras désignent les multiples et sous-multiples couramment utilisés.
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Pour les coffres d'automobile, le volume est quelquefois exprimé en litres selon la norme VDA (Verband der Automobilindustrie ; « union de l'industrie automobile », un organisme allemand). Cette unité se base sur des pavés normalisés de dimensions 50 mm × 200 mm × 100 mm, soit 1 litre de volume. Le volume utilisable ainsi obtenu est inférieur au volume total réel du coffre mais plus réaliste dans le contexte d'une utilisation normale.
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Autrefois, le vin était parfois quantifié au poids, ce qui se fait encore de nos jours pour la vente au détail. D'où l'expression familière kil, signifiant un kilogramme de vin, pour désigner un litre[26],[27].
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Le mètre, de symbole m, est l'unité de longueur du Système international (SI). C'est l'une de ses sept unités de base, à partir desquelles sont construites les unités dérivées (les unités SI de toutes les autres grandeurs physiques).
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Première unité de mesure du système métrique initial, le mètre (du grec μέτρον / métron, « mesure »[1]) a d'abord été défini comme la 10 000 000e partie d'une moitié de méridien terrestre[a], puis comme la longueur d'un mètre étalon international, puis comme un multiple d'une certaine longueur d'onde et enfin, depuis 1983, comme « la longueur du trajet parcouru par la lumière dans le vide pendant une durée d'un 299 792 458e de seconde »[2].
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« Nous fixons l'unité de mesure à la dix-millionième partie du quart du méridien et nous la nommons mètre ».
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Le 11 juillet 1792, dans leur rapport à l'Académie des Sciences sur la nomenclature des mesures linéaires et superficielles[3], Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace, définissent pour la première fois ce qui deviendra près d'un siècle plus tard l'unité de mesure internationale de référence des longueurs.
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Le mot « mètre » était déjà utilisé dans la langue française depuis plus d'un siècle dans des mots composés comme thermomètre (1624, Leurechon[4]) ou baromètre (1666)[5].
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Le 26 mars 1791, l'Assemblée Nationale, sur la demande de Talleyrand et au vu du rapport de l'Académie des sciences[6], avait voté l'exécution de la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone pour donner une base objective à la nouvelle unité de mesure.
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Les opérations de mesure du méridien entamées en 1792 par Delambre et Méchain n'étant pas encore achevées, en 1793, un premier mètre provisoire doit être adopté. Fondé sur les calculs du méridien par Nicolas-Louis de Lacaille en 1758 et d'une longueur de 3 pieds 11 lignes 44 centièmes, soit 443,44 lignes de la Toise de Paris[7], ce mètre provisoire est proposé en janvier 1793 par Borda, Lagrange, Condorcet et Laplace[8] et adopté par décret le 1er août 1793 par la Convention[9].
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Avec le décret du 18 Germinal an III (7 avril 1795)[10], la Convention institue le système métrique décimal et poursuit les mesures du méridien terrestre qui avaient été interrompues fin 1793 par le Comité de Salut public.
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Le 4 messidor an 7 (22 juin 1799), un mètre-étalon en platine[11] conforme aux nouveaux calculs du méridien est déposé aux Archives de l'Empire et un autre à l'Observatoire Impérial.
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La loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799)[12] édictée au début du Consulat, institue le mètre définitif.
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Le mètre provisoire fixé dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III est révoqué. Il est remplacé par le mètre définitif, dont la longueur fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain est de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes[13].
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La République helvétique adopte le système métrique en 1803, peu avant son effondrement. Le 2 avril 1807, Ferdinand Rudolph Hassler soumet sa candidature à la réalisation du relevé côtier des États-Unis, où il avait amené une copie du mètre des Archives en 1805[14],[15],[16],[17].
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Les Pays-Bas adoptent le mètre à partir de 1816, premier pays à établir durablement le système métrique, suivi par la Grèce en 1836[14].
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En 1832, Carl Friedrich Gauss qui effectue des travaux sur le champ magnétique terrestre propose d'ajouter la seconde aux unités fondamentales que sont le mètre et le kilogramme sous la forme du système CGS (centimètre, gramme, seconde)[18],[19].
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La loi du 4 juillet 1837[20] interdit en France à partir de 1840 tous poids et mesures autres que ceux établis par les lois du 18 germinal an III (7 avril 1795) et du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799) constitutives du système métrique décimal.
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Le 28 juillet 1866, le Congrès des États-Unis autorise l'utilisation du système métrique sur tout le territoire des États-Unis[21],[22].
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En 1889, la première Conférence générale des poids et mesures (CGPM) redéfinit le mètre comme étant la distance entre deux points sur une barre d'un alliage de 90% de platine et 10% d'iridium. Le mètre étalon est une barre en "X" de 20 x 20 mm de côté et 102 cm de long. Les graduations donnent la longueur du mètre avec une précision de 10 puissance -7, soit un degré de précision trois fois plus grand que celui du mètre des archives de 1799[23].
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Cette barre étalon est conservée au BIPM à Saint-Cloud en France. Trente copies numérotées sont fabriquées et envoyées aux différents pays membres. Cela implique la mise au point d'un appareillage spécial permettant la comparaison des nouveaux étalons entre eux et avec le Mètre des Archives et la définition d'une échelle de température reproductible. Ces travaux donneront lieu à l'invention de l'invar qui vaudra à Charles-Édouard Guillaume, directeur du Bureau international des poids et mesures le prix Nobel de physique en 1920[24].
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En 1960, la 11e Conférence générale des poids et mesures (CGPM)[25] abroge la définition du mètre en vigueur depuis 1889, fondée sur le prototype international en platine iridié. Elle définit le mètre, unité de longueur du Système international (SI), comme égal à 1 650 763,73 longueurs d'onde dans le vide de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2p10 et 5d5 de l'atome de krypton 86.
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En 1983, la définition du mètre fondée sur l'atome de krypton 86 en vigueur depuis 1960 est abrogée. Le mètre, unité de longueur du SI, est défini par la 17e CGPM[26] comme étant la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 de seconde.
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A compter du 20 mai 2019, la définition du mètre adoptée à la 26e réunion de la CGPM[27] de novembre 2018 est :
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« Le mètre, symbole m, est l'unité de longueur du SI. Il est défini en prenant la valeur numérique fixée de la vitesse de la lumière dans le vide, c, égale à 299 792 458 lorsqu'elle est exprimée en m s–1, la seconde étant définie en fonction de ΔνCs ».
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Dans cette définition, ΔνCs est la fréquence de la transition hyperfine de l’état fondamental de l’atome de césium 133 non perturbé égale à 9 192 631 770 Hz .
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Le 8 mai 1790, l'Assemblée nationale constituante se prononce pour la création d'un système de mesure stable, uniforme et simple. Le 19 mai 1790, Condorcet met sur pied une commission, comprenant, outre lui-même, Jean-Charles de Borda, Coulomb, Joseph Louis de Lagrange, Laplace, Lavoisier et Tillet. La commission étudie trois possibilités de mesure :
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Elle rend son rapport en octobre 1790. La mesure au pendule est abandonnée d'une part à cause des variations de la gravitation terrestre, d'autre part à cause de l'interférence du facteur temps dans la détermination de l’unité de longueur avec le pendule.
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Le 16 février 1791, sur la proposition de Borda - l'inventeur du pendule et du « cercle répétiteur » qui portent son nom - une commission chargée de fixer la base de l'unité des mesures est constituée. La commission est composée de Borda, Condorcet, Laplace, Lagrange et Monge. Des appareils de mesure géodésique précis et fiables sont nécessaires comme la règle pour les longueurs et le cercle répétiteur pour les angles, avec une précision d'une seconde d'arc, dont Borda est l'inventeur avec Etienne Lenoir.
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La mesure du cercle équatorial n'est pas retenue. C'est la grandeur du quart du méridien terrestre qui servira de base au nouveau système de mesure. Le rapport final sur le choix d’une unité de mesure présenté le 19 mars 1791 par Condorcet à l’Académie propose que l’unité de longueur, baptisée « mètre », soit égale à la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. Il propose que l’on ne mesure pas le quart de méridien tout entier, mais seulement, sur le 45° parallèle et au niveau de la mer, l'arc de neuf degrés et demi qui sépare Dunkerque de Barcelone.
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Alors que Galilée affirmait l'isochronisme des pendules, Huygens[28] trouve que la période du pendule dépend de l’amplitude de son mouvement pour les grandes oscillations. S'inspirant des recherches de Christopher Wren sur le cycloïde, il munit ses pendules d'arc cycloïdaux qui garantissent l'isochronisme des vibrations en rendant la période indépendante de l’amplitude[29]. Huygens détermine la longueur du pendule qui bat la seconde à 3 pieds, 3 pouces et 3/10 d’un pouce d’Angleterre.
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+
En 1659, Huygens introduit un paramètre supplémentaire dans le calcul de la période d'un pendule, la pesanteur, dont le pendule devient aussi un instrument de mesure[30].
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En 1668, le philosophe anglais John Wilkins propose une mesure universelle à unités décimales fondée sur une corrélation entre la longitude et une mesure du temps d'une seconde au pendule. Sa longueur fondamentale était de 38 pouces de Prusse soit de 993,7 mm (1 pouce de Prusse étant égal à 26,15 mm)[31].
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En 1670 Gabriel Mouton propose un système de mesure décimal utilisant comme unité de mesure une fraction de la circonférence terrestre plutôt que la longueur d'un pendule ou les mesures du corps humain. Sa « virgula geometrica » avait comme longueur la six-cent-millième partie d'un degré d'un arc de méridien (environ 0,18m). Son multiple, la « virga » avait environ la taille de la toise (1,80m)[32].
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En 1670, Jean Picard fait des mesures identiques de 440 lignes 1/2 d'un pendule battant la seconde à l’île de Heune, Lyon, Bayonne et Sète. En 1671, dans son livre Mesure de la terre, il propose d'abandonner les étalons de mesure matériels comme la toise pour se référer à un original invariable et universel issu de la nature et prouvé par calcul. Il préconise une unité de longueur universelle, le « Rayon astronomique », à savoir la longueur d'un pendule à secondes[33].
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Mais en 1672, Jean Richer observe à Cayenne, soit à 4 à 5 degrés de l'équateur, qu'un pendule qui bat les secondes y est plus court qu'à Paris d'une ligne et un quart. L'observation est reprise pas Huygens pour qui, si la pesanteur varie en fonction de la latitude, l'étalon de longueur défini par Picard ne peut pas être universel.
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En 1675, le savant italien Tito Livio Burattini publie Misura Universale, ouvrage dans lequel il renomme la mesure universelle de Wilkins en mètre universel « metro cattolico » et la redéfinit comme étant la longueur d'un pendule qui oscille avec une demi-période d'une seconde, soit environ 993,9 mm actuels.
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En 1735 M. de Mairan trouve à 1/90 près, la même mesure que Picard, soit 440 lignes 17/30[34].
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En 1747, La Condamine présente à l'Académie des Sciences un Nouveau projet d'une mesure invariable propre à servir de mesure commune à toutes les nations. Constatant que la longueur de la demi-toise est presque la même, à sept lignes près, que celle du pendule qui bat la seconde à l'équateur, il propose d'adopter la longueur du pendule comme demi-toise, le changement étant à peine sensible dans l'usage ordinaire selon lui [35].
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En 1780, le mathématicien Alexis-Jean-Pierre Paucton publie une Métrologie ou Traité des mesures, poids et monnaies. Au sein d'un système décimal, il détermine une unité de mesure comme 400 000 ème partie d'un degré de méridien et la baptise « métrétes linéaire » en adaptant à la mesure des longueurs le nom d'une unité de mesure grecque et romaine des volumes de liquides[36].
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L'étude de la Terre précède la physique et contribuera à l'élaboration de ses méthodes. Celle-ci n'est alors qu'une philosophie naturelle dont l'objet est l'observation de phénomènes comme le champ magnétique terrestre, la foudre et la pesanteur[37]. De plus, la détermination de la figure de la Terre constitue à son origine un problème de la plus haute importance en astronomie, dans la mesure où le diamètre de la Terre est l'unité à laquelle toutes les distances célestes doivent être référées[38].
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En 1667 sous Louis XIV, l’Académie des Sciences conçoit l’idée d’un méridien de départ des longitudes qui passerait au centre des bâtiments du futur observatoire. L'Observatoire royal est situé en dehors de Paris pour faciliter les observations astronomiques. Les académiciens fixent son orientation nord–sud et établissent son axe de symétrie par observation du passage du Soleil pour devenir le méridien de référence pour la France.
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Pour mesurer une partie du méridien, la méthode utilisée depuis la Renaissance, est celle de la triangulation. Au lieu de mesurer des milliers de kilomètres, on mesure les angles d’une suite de triangles adjacents. La longueur d’un seul côté d’un seul triangle, que les arpenteurs appellent "base", permet de connaître toutes les longueurs de tous les triangles. Des opérations géométriques permettent ensuite de déterminer la longueur du méridien[39].
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En 1669, Jean Picard mesure le premier le rayon terrestre par triangulation. L’arc de méridien de 1°, 11’ et 57”, choisi entre Sourdon et Malvoisine, mesure 68,430 toises de Paris soit 135Km. Rapportée à un degré, cette mesure permet d’établir la longueur d’un méridien par l’abbé Picard pour qui «cette mesure, prise 360 fois donnerait la circonférence entière d’un méridien terrestre».
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Dans son mémoire du 8 février 1681 à Colbert sur la cartographie de la France, Picard propose une mesure sur toute la France de la méridienne de l'Observatoire. Cette mesure devait servir à la fois à mesurer plus exactement la circonférence de la terre qu'à établir une plus juste de la France[40]. Au lieu de cartographier les provinces et assembler ensuite les différentes cartes, Picard propose un châssis général de triangulation de la France qu'on remplirait ensuite avec des cartes plus détaillées. Pour construire ce châssis, Picard propose de reprendre la voie du méridien qu'il avait commencé à mesurer et de mesurer l'axe Dunkerque-Perpignan passant par Paris.
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Picard meurt l'année suivante, fin 1682.
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Jean-Dominique Cassini reprend le projet en 1683 et se lance dans les mesures de la méridienne entre Dunkerque et Collioure. Mais Colbert meurt en septembre 1683 et Louvois, qui lui succède, arrête les travaux de mesure de Cassini. Il meurt à son tour en 1691. Cassini reprend ses travaux en 1700-1701 sans pouvoir les achever.
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Son fils Jacques Cassini (Cassini II), effectuera cette mesure entre 1713 et 1718. La mesure de l'arc porte sur une distance cinq fois plus longue que celle effectuée par l’abbé Picard, elle est plus précise et sera provisoirement retenue en 1795 par la Convention pour la définition du mètre, la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.
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Dans ses Principia de 1687, Newton affirme que la Terre est aplatie aux pôles de 1/230. En 1690, à cause de sa conception différente de la gravité, Huygens trouve un aplatissement de 1/578 seulement, plus faible que celui de Newton[41].
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Pour vérifier ces théories, l'Académie des Sciences de Paris envoie, sur ordre du roi, deux expéditions géodésiques, l'une au Pérou en 1735-1744 avec La Condamine, Bouguer, Godin et Jussieu[42], et l'autre en Laponie en 1736-1737 avec Maupertuis, Celsius, et Clairaut. La mesure de longueurs d'arcs de méridien à des latitudes différentes doit permettre de déterminer la forme de la Terre. Les mesures de Maupertuis donnent un aplatissement de 1/178, proche de la valeur donnée par Newton et validant, un demi-siècle après la loi de la gravitation, le système newtonien de l'attraction universelle[43].
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En 1739, César-François Cassini de Thury (Cassini III) effectue une nouvelle mesure du méridien de Paris[44] permettant la mise à jour des cartes de France et d'Europe. En 1784, il établit par triangulation, une carte précise de la France[45].
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Dans son célèbre ouvrage Théorie de la Figure de la Terre, Tirée des Principes de l'Hydrostatique publié en 1743, Alexis Claude Clairaut (1713–1765) fait une synthèse des rapports existant entre la pesanteur et la forme de la Terre. Clairaut y expose son théorème qui établit une relation entre la pesanteur mesurée à différentes latitudes et l'aplatissement de la Terre considérée comme un sphéroïde composé de couches concentriques de densités variables[46],[47]. Vers la fin du XVIIIe siècle, les géodésiens cherchent à concilier les valeurs de l'aplatissement tirées des mesures d'arcs méridiens avec celui que donne le sphéroïde de Clairaut tiré de la mesure de la pesanteur[48]. En 1789, Pierre-Simon de Laplace obtient par un calcul prenant en compte les mesures d'arcs méridiens connues à l'époque un aplatissement de 1/279. La gravimétrie lui donne un aplatissement de 1/359. Adrien-Marie Legendre quant à lui trouve à la même époque un aplatissement de 1/305. La Commission des Poids et Mesures adoptera en 1799 un aplatissement de 1/334 en combinant l'arc du Pérou et les données de la méridienne de Delambre et Méchain[48].
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Le 26 mars 1791, un projet de décret inspiré par Lagrange, Borda, Laplace, Monge et Gondorcet est proposé par Talleyrand. Celui-ci prévoit la mesure d'un arc de méridien de Dunkerque à Barcelone. Six commissaires doivent être nommés à l'Académie des Science pour mener à bien le projet. L'Assemblée adopte ce principe de la grandeur du quart du méridien terrestre comme base du nouveau système de mesures qui sera décimal. Elle mandate la mesure d'un arc de méridien depuis Dunkerque jusqu'à Barcelone.
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En mai 1792 commence la fabrication des cercles répétiteurs de Borda et Lenoir. À la fin du mois de juin 1792, les deux commissaires Jean-Baptiste Joseph Delambre et Pierre Méchain et leurs opérateurs commencent la mesure du méridien. Elle est divisée en deux zones avec une jonction à Rodez : la partie Nord, de Dunkerque à Rodez était mesurée par Delambre et la partie sud, en remontant de Barcelone à Rodez, par Méchain. Pour les mesures de longueurs des bases des triangles, Delambre et Méchain utilisent les règles de Borda mises au point par Etienne Lenoir. En laiton et en platine, elles sont ajustées sur une toise et mesurent 12 pieds (environ 4m). Pour mesurer les angles, c'est le cercle répétiteur mis au point par Borda et Étienne Lenoir en 1784 qui est utilisé. On mesure la longueur d’un côté du triangle reposant sur un terrain plat, puis on établit par visées les mesures des angles du triangle pour obtenir par des calculs trigonométriques la longueur de tous les côtés du triangle et par projection la distance réelle. La détermination des positions (longitude et latitude) des extrémités du segment de méridien est faite par une mesure astronomique[49].
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Le 25 novembre 1792, un rapport de l'Académie des sciences à la Convention Nationale donne l'état des travaux en cours[50].
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À cause des conditions politiques, le travail de mesure du méridien sera retardé et exécuté en deux temps de 1792 à 1793 et de 1795 à 1798. En août 1793, le Comité de Salut Public souhaitant en effet « donner le plus tôt possible l'usage des nouvelles mesures à tous les citoyens en profitant de l'impulsion révolutionnaire », la Convention nationale avait émis un décret instaurant un mètre fondé sur les anciens résultats des mesures de La Condamine en 1735 au Pérou, Maupertuis en 1736 en Laponie et Cassini en 1740 de Dunkerque à Perpignan.
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Les opérations de mesure du méridien de Delambre et Méchain sont suspendues fin 1793 par le Comité de Salut public. Celui-ci ne voulant donner de fonctions qu'à des hommes « dignes de confiance par leurs vertus républicaines et leur haine du roi », le 23 décembre 1793 (3 nivose an 2), Borda, Lavoisier, Laplace et Delambre sont exclus de la Commission des poids et mesures[51].
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Condorcet, secrétaire de l'Académie Royale des sciences et instigateur du nouveau système de mesure, est arrêté et meurt en prison le 29 mars 1794. Lavoisier est guillotiné le 8 mai 1794.
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Mais, à la faveur de la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) portée par Prieur de la Côte d'Or, Delambre et Méchain seront à nouveau nommés commissaires chargés des mesures de la méridienne et les travaux pourront reprendre et s'achèveront en 1798[52].
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Le résultat des mesures de Delambre et Méchain est précis : 551 584,7 toises, avec une erreur remarquable de seulement 8 millionièmes. La longueur du quart de méridien calculée est alors égal à 5 130 740 toises et le mètre égal à 443,295936 lignes.
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La commission spéciale pour le quart du méridien et la longueur du mètre rédige son rapport le 6 floréal an 7 (25 avril 1799)[53].
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Le 4 messidor, l'Institut présente au corps législatif les étalons du mètre et du kilogramme en platine qui sont déposés aux Archives en exécution de l'article II de la loi du 18 germinal an 3 (7 avril 1795).
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Avec la loi du 19 frimaire an 8 (10 décembre 1799) édictée sous le Consulat, la longueur du mètre provisoire ordonnée dans les lois du 1er août 1793 et du 18 germinal an III (3 pieds 11 lignes 44 centièmes) est remplacée par la longueur définitive fixée par les mesures du méridien par Delambre et Méchain. Elle est désormais de 3 pieds 11 lignes 296 millièmes.
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Le mètre en platine déposé le 4 Messidor précédent au Corps législatif par l’Institut national des Sciences et des Arts est confirmé et devient l'étalon de mesure définitif des mesures de longueur dans toute la République.
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Le début du XIXe siècle est marqué par l'internationalisation de la géodésie[48]. L'unité de longueur dans laquelle sont mesurées toutes les distances du relevé côtier des États-Unis est le mètre français, dont une copie authentique est conservée dans les archives du Coast Survey Office. Il est la propriété de la Société philosophique américaine, à qui il a été offert par Ferdinand Rudolph Hassler, qui l'avait reçu de Johann Georg Tralles, délégué de la République helvétique au comité international chargé d'établir l'étalon du mètre par comparaison avec la toise, l'unité de longueur utilisée pour la mesure des arcs méridiens en France et au Pérou. Il possède toute l'authenticité de tout mètre d'origine existant, portant non seulement le cachet du Comité mais aussi la marque originale par laquelle il se démarquait des autres étalons lors de l'opération de normalisation. Il est désigné comme le Mètre des Archives[54],[55],[15].
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Entre 1853 et 1855, le Gouvernement espagnol fait réaliser à Paris par Jean Brunner, un fabricant d'instruments de précision d'origine suisse, une règle géodésique calibrée sur le mètre pour la carte d'Espagne. La traçabilité métrologique entre la toise et le mètre est assurée par la comparaison de la règle géodésique espagnole avec la règle numéro 1 de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques (voir plus haut la section : les mesures de Delambre et Méchain)[56],[57],[58],[18]. Des copies de la règle espagnole sont effectuées pour la France et l'Allemagne. Ces étalons géodésiques seront employés pour les opérations les plus importantes de la géodésie européenne[59]. En effet, Louis Puissant avait déclaré le 2 mai 1836 devant l'Académie des sciences que Delambre et Méchain avaient commis une erreur dans la mesure de la méridienne de France[60]. C'est pourquoi de 1861 à 1866, Antoine Yvon Villarceau vérifie les opérations géodésiques en huit points de la méridienne. Quelques-unes des erreurs dont étaient entachées les opérations de Delambre et Méchain sont alors corrigées. Entre 1870 et 1894, François Perrier, puis Jean-Antonin-Léon Bassot procèdent à la mesure de la nouvelle méridienne de France[61].
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Friedrich Wilhelm Bessel est à l'origine des investigations effectuées au XIXe siècle sur la figure de la Terre au moyen de la détermination de l'intensité de la pesanteur par le pendule et de l'utilisation du théorème de Clairaut. Les études qu'il conduit de 1825 à 1828 et sa détermination de la longueur du pendule simple battant la seconde à Berlin sept ans plus tard marquent le début d'une nouvelle ère de la géodésie[62]. En effet, le pendule réversible tel qu'il est utilisé par les géodésiens à la fin du XIXe siècle est en grande partie dû aux travaux de Bessel, car ni Johann Gottlieb Friedrich von Bohnenberger, son inventeur, ni Kater qui l'utilise dès 1818 ne lui apportent les perfectionnements qui résulteront des précieuses indications de Bessel, et qui le convertiront en l'un des plus admirables instruments qu'il sera donné aux scientifiques du XIXe siècle d'employer[62]. De plus, la coordination de l'observation des phénomènes géophysiques dans différents points du globe revêt une importance primordiale et est à l'origine de la création des premières associations scientifiques internationales. Carl Friedrich Gauss, Alexander von Humbolt et Wilhelm Eduard Weber créent le Magnetischer Verein en 1836. La création de cette association est suivie par la fondation de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe centrale en 1863 à l'initiative du général Johann Jacob Baeyer[37]. Le pendule réversible construit par les frères Repsold est utilisé en Suisse dès 1865 par Émile Plantamour pour la mesure de la pesanteur dans six stations du réseau géodésique helvétique. Suivant l'exemple donné par ce pays et sous le patronage de l'Association géodésique internationale, l'Autriche, la Bavière, la Prusse, la Russie et la Saxe entreprennent des déterminations de la pesanteur sur leurs territoires respectifs[62].
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Le Prototype international du mètre constituera la base du nouveau système international d'unités, mais il n'aura plus aucune relation avec les dimensions de la Terre que les géodésiens s'efforcent de déterminer au XIXe siècle. Il ne sera plus que la représentation matérielle de l'unité du système. Si la métrologie de précision a profité des progrès de la géodésie, celle-ci ne peut continuer à prospérer sans le concours de la métrologie. En effet, toutes les mesures d'arcs terrestres et toutes les déterminations de la pesanteur par le pendule doivent impérativement être exprimées dans une unité commune. La métrologie se doit donc de créer une unité adoptée et respectée par toutes les nations de façon à pouvoir comparer avec la plus grande précision toutes les règles ainsi que tous les battants des pendules employés par les géodésiens. Ceci de manière à pouvoir combiner les travaux effectués dans les différentes nations afin de mesurer la Terre[62].
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Au XIXe siècle, les unités de longueurs sont définies par des étalons métalliques. En conséquence la question de l'expansion du volume d'un corps sous l'effet de son réchauffement est fondamentale. En effet, les erreurs de température sont proportionnelles à la dilatation thermique de l'étalon. Ainsi, les efforts constamment renouvelés des métrologues pour protéger leurs instruments de mesure contre l'influence perturbatrice de la température révèlent clairement l'importance qu'ils attachent aux erreurs induites par les changements de température. Ce problème a constamment dominé toutes les idées concernant la mesure des bases géodésiques. Les géodésiens sont occupés par la préoccupation constante de déterminer avec précision la température des étalons de longueur utilisés sur le terrain. La détermination de cette variable, dont dépend la longueur des instruments de mesure, a de tout temps été considérée comme si complexe et si importante qu'on pourrait presque dire que l'histoire des étalons géodésiques correspond à celle des précautions prises pour éviter les erreurs de température[63],[59].
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En 1866, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero offre à la Commission permanente de l'Association géodésique réunie à Neuchâtel deux de ses ouvrages traduits en français par Aimé Laussedat. Il s'agit des rapports des comparaisons de deux règles géodésiques construites pour l'Espagne et l'Egypte, calibrées sur le mètre, entre elles et avec la règle N° 1 de la double-toise de Borda qui sert de module de comparaison avec les autres étalons géodésiques et est alors la référence pour la mesure de toutes les bases géodésiques en France. À la suite de l'adhésion de l'Espagne et du Portugal, l'Association géodésique deviendra l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe. Le général Johann Jacob Baeyer, Adolphe Hirsch et Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero étant tombés d'accord, ils décident, pour rendre comparables toutes les unités, de proposer à l'Association de choisir le mètre pour unité géodésique, de créer un Mètre prototype international différant aussi peu que possible du Mètre des Archives, de doter tous les pays d'étalons identiques et de déterminer de la manière la plus exacte les équations de tous les étalons employés en géodésie, par rapport à ce prototype ; enfin, pour réaliser ces résolutions de principe, de prier les gouvernements de réunir à Paris une Commission internationale du Mètre[64],[58],[65],[18],[66],[67],[68],[69].
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L'année suivante la seconde Conférence générale de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe réunie à Berlin recommande de construire un nouveau mètre prototype européen et de créer une commission internationale. Napoléon III crée par décret en 1869 une Commission internationale du mètre qui deviendra la Conférence générale des poids et mesure (CGPM) et lance des invitations aux pays étrangers. Vingt-six pays répondent favorablement. Cette Commission sera en effet convoquée en 1870 ; mais, forcée par la guerre franco-allemande de suspendre ses séances, elle ne pourra les reprendre utilement qu'en 1872[70],[71],[18],[69].
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Lors de la séance du 12 octobre 1872, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero est élu président du Comité permanent de la Commission internationale du mètre qui deviendra le Comité international des poids et mesures (CIPM)[72],[18]. La présidence du géodésien espagnol sera confirmée lors de la première séance du Comité international des poids et mesures, le 19 avril 1875[73]. Trois autres membres du Comité, Wilhelm Foerster, Heinrich von Wild et Adolphe Hirsch comptent également au nombre des principaux architectes de la Convention du Mètre[18],[69],[74],[75],[76],[77].
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Le 20 mai 1875, dix-sept états signent à Paris la Convention du Mètre[78] dans le but d'établir une autorité mondiale dans le domaine de la métrologie.
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Dans ce but, trois structures sont créées. La Convention délègue ainsi à la Conférence générale des poids et mesures (CGPM), au Comité international des poids et mesures (CIPM) et au Bureau international des poids et mesures (BIPM) l'autorité pour agir dans le domaine de la métrologie, en assurant une harmonisation des définitions des différentes unités des grandeurs physiques. Ces travaux mènent à la création en 1960 du Système international d’unités (SI)[19].
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La Convention est modifiée en 1921. En 2016, elle regroupait 58 États membres et 41 États associés à la conférence générale, comprenant la majorité des pays industrialisés.
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Le Comité international des poids et mesures (CIPM) est composé de dix-huit personnes, chacune issue d'un État membre différent de la Convention. Sa fonction est de promouvoir l'usage d'unités de mesures uniformes et de soumettre des projets de résolution allant en ce sens à la CGPM. Pour ce faire, elle s'appuie sur les travaux de comités consultatifs.
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La Conférence générale des poids et mesures (CGPM) est formée de délégués des États membres de la convention et se réunit tous les quatre ans en moyenne pour réviser les définitions des unités de base du Système international d’unités (SI) dont le mètre[79].
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Le Bureau international des poids et mesures (BIPM), basé à Sèvres non loin de Paris, a pour charge, sous la surveillance du CIPM, la conservation des prototypes internationaux des étalons de mesure, ainsi que la comparaison et l'étalonnage de ceux-ci avec les prototypes nationaux. En effet, lors de la création du BIPM, la comparaison des étalons de platine iridié entre eux et avec le Mètre des Archives implique le développement d'instruments de mesure spéciaux et la définition d'une échelle de température reproductible. Confronté aux conflits provoqués par les difficultés liées à la fabrication des étalons, le président du CIPM, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero intervient auprès de l'Académie des sciences pour éviter qu'elles n'empêchent la création en France d'un organisme international doté des moyens scientifiques nécessaires pour redéfinir les unités du système métrique en fonction du progrès des sciences[80],[81].
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Il existe une relation entre l'unité de mesure (mètre), l'unité de masse (kilogramme), les unités de surface (mètre carré) et les unités de volume (mètre cube et litre, souvent utilisés pour désigner des volumes ou des quantités de liquides) :
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Dans certains métiers (archives, terrassement, de construction, etc.), on parle de « mètre linéaire (noté : « ml »). Il s'agit d'un pléonasme, puisque le mètre désigne précisément une longueur de ligne et que la norme NF X 02-003[82] précise qu'on ne doit pas affecter les noms d'unités de qualificatifs qui devraient se rapporter à la grandeur correspondante. Par ailleurs, le symbole mℓ ou mL correspond dans le SI à millilitre, ce qui n'a rien à voir avec une longueur et est une source de confusion. Toutefois, dans ces métiers, l'adjectif « linéaire » est ajouté pour signifier « en ligne droite » ou « horizontalement ».
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On emploie usuellement pour les gaz le normo mètre cube, anciennement noté « mètre cube normal », qui correspond au volume mesuré en mètres cubes dans des conditions normales de température et de pression. Cette unité n'est pas reconnue par le BIPM. Sa définition varie selon les pays et selon les professions qui l'utilisent.
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En fait, et de façon générale, « le symbole de l’unité ne doit pas être utilisé pour fournir des informations spécifiques sur la grandeur en question et il ne doit jamais être la seule source d’information sur la grandeur. Les unités ne doivent jamais servir à fournir des informations complémentaires sur la nature de la grandeur ; ce type d’information doit être attaché au symbole de la grandeur et non à celui de l’unité[83]. » (ici le volume). On doit donc dire « volume mesuré en mètres cubes dans les conditions normales de température et de pression », abrégé en « volume normal en mètres cubes ». Tout comme : Ueff = 500 V et non U = 500 Veff (« tension efficace exprimée en volts » et non « volts efficaces »).
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Le mètre correspond à :
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De fait, au-delà du milliard de kilomètres on utilise rarement l'unité standard : on lui préfère l'unité astronomique (ua), d'où est déduite l'unité dérivée, le parsec : ceci était nécessaire pour ne pas dénaturer les mesures précises de distance de parallaxe par une réévaluation de l'ua, liée à la valeur de la constante gravitationnelle (G). Cette situation peu œcuménique a été levée par les mesures directes par écho radar sur les planètes.
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(sg) Ködörösêse tî Bêafrîka
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La République centrafricaine, couramment appelée la Centrafrique[a], en Sango : Ködörösêse tî Bêafrîka, est un État d'Afrique centrale en voie de développement, dont la population est estimée à 4 500 000 habitants en 2020[3], pour une superficie d'environ 623 000 km2. Il est entouré par le Cameroun à l'ouest, le Tchad au Nord-Ouest, le Soudan au Nord-Est, le Soudan du Sud à l'Est, la République démocratique du Congo au Sud-Est et la République du Congo au Sud-Ouest. Le pays est membre de l'Union africaine, de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, de la Communauté des États sahélo-sahariens et de l'Organisation de la coopération islamique.
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Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au sud), et connaît pour l'essentiel un climat tropical. La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or, les diamants et le pétrole.
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Le territoire de la République centrafricaine correspond à celui de la colonie française d'Oubangui-Chari, qui fait partie de l'Afrique-Équatoriale française de 1910 à 1960. Après l'indépendance, le pays a eu à sa tête différents régimes autoritaires, notamment celui de Jean-Bedel Bokassa, président, puis empereur autoproclamé. L'ancienne puissance coloniale continue d'y jouer un rôle important. Les premières élections libres avec multipartisme ont lieu en 1993. Elles portent au pouvoir Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 par François Bozizé. Celui-ci, réélu en 2005 et 2010, est à son tour renversé en 2013 par la Seleka, une alliance de milices dirigée par Michel Am-Nondokro Djotodia, pendant la deuxième guerre civile centrafricaine. En 2016, Faustin-Archange Touadéra est élu Président de la République.
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Ce pays est ainsi désigné pour sa position géographique au centre du continent[4].
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La Centrafrique (RCA) est un pays enclavé sans accès à la mer. L'essentiel de la frontière sud du pays suit le cours du fleuve Oubangui et de son affluent le Mbomou. La partie nord du pays constitue le haut bassin du fleuve Chari. Le mont Ngaoui avec ses 1 420 m est le point culminant.
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Le pays est partagé entre savanes et forêt équatoriale (au Sud).
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La République centrafricaine dispose par ailleurs de nombreuses ressources naturelles, notamment l'uranium, l'or et les diamants. Le pétrole et l'énergie hydroélectrique sont d'autres ressources potentiellement importantes mais inexploitées à ce jour.
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Le pays souffre d'inondations en raison du manque d'entretien des fleuves et des débits impressionnants qu'engendre la saison des pluies en Afrique centrale. La déforestation est quant à elle constatée dans les zones de brousse (où les paysans utilisent le bois pour leur nourriture et les constructions), mais semble endiguée dans les zones forestières (voir aussi : Forêt du bassin du Congo). Les sources du ministère des forêts et du développement rural semblent prouver que depuis 30 ans, la forêt gagne sur la savane. De gros efforts d'aménagement et de protection des forêts sont en effet engagés durablement, avec pour objectif d'éviter l'érosion, de protéger la faune et de préserver cette richesse rare qu'est la grande forêt centrafricaine.
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Le climat tropical domine l'essentiel du pays avec une saison humide de mai à octobre et une saison sèche de novembre à avril. Au Sud, la frontière des deux Congos, le climat est de type équatorial, intertropical de Carnot à Berbérati à l'ouest, subsahélien vers Birao au Nord avec une saison sèche pouvant aller de 8 à 9 mois, et intertropical mais frais et orageux sur les reliefs.
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La République centrafricaine comporte deux grands bassins séparés. L'un s'écoule vers le nord (bassin du Tchad) avec des cours d'eau comme le Logone, l'Ouham, le Chari. L'autre bassin est formé des affluents de l'Oubangui qui coulent vers le bassin du Congo, au sud. Les bordures occidentale et orientale du plateau comportent les reliefs les plus importants. Le plateau est entouré au nord-ouest avec des gradins du massif granitique de Yadé s'étageant de 1 000 m à 1 400 m (à l'exception du mont Ngaoui : 1 410 m) ; au nord-ouest, trois petites chaînes quartziques, les ensembles Délembé-Sergobo, Ouanda Djallé-Mont Koumou et Kotto-Bahr formant les massifs du Dar Challa et des Bongo, culminent au mont Toussoro avec 1 330 mètres.
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La moyenne annuelle des températures avoisine 26 °C. À Bangui, les maxima sont de l'ordre de 38 °C et les minima de 15 °C. Le pluviomètre indique en moyenne : pour la saison pluvieuse (juillet), et pour la saison sèche 5 mm (décembre).
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La RCA est véritablement au cœur de l'Afrique entourée de cinq pays, riche de ressources naturelles mais aussi avec tout ce qu'une telle position implique quant à l'équilibre politique et social précaire de la région environnante; la République centrafricaine est entourée de pays dont les tensions se répercutent sur son territoire. La période ~ 1990-2010 a vu de nombreux conflits périphériques pénétrer le pays puis 2010-2016 s'est vu installer un conflit dont la forme visible est la déchirure chrétienne-musulmane au point où les musulmans sont majoritairement réfugiés au nord du pays[5]. Il y a aussi un mouvement dit « armée de résistance du Seigneur (LRA) » originaire d'Ouganda que l'on dit toujours être présent dans le sud-est du pays, proche du Soudan du Sud[5]. Enfin, le pays servirait parfois de base arrière à des « groupes de trafiquants et de braconniers »[5].
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Des pierres taillées datant au moins du IXe millénaire avant notre ère ont été retrouvées au cours de fouilles effectuées en République centrafricaine. Toutefois, l’absence de restes humains associés empêche l’attribution de ces outils à une population précise (pygmées ou autre peuple autochtone). Par la suite, la transition du paléolithique vers le néolithique dans la région fut un processus graduel sans rupture culturelle brutale.
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À partir du IIIe millénaire avant notre ère, l’établissement et l’expansion vigoureuse sur le sol centrafricain des populations parlant les langues du groupe Adamaoua-Oubangui s’opposent à l’expansion Bantou qui trouve alors un exutoire vers le Sud et l’Est du continent[6],[7]. Le noyau géographique originel des populations de langues Adamaoua-Oubangui serait tout proche car situé dans le massif de l’Adamaoua aux confins des actuels Cameroun, Nigeria, Tchad et République centrafricaine. De l’autre côté des contreforts occidentaux de l'Adamaoua (qui culmine à 3 400 m au Tchabal Mbabo dans les monts Gotel) était situé, sur la rivière Cross, le noyau originel des populations bantoues. Les deux groupes de populations vont connaître, au IIIe millénaire, une expansion simultanée à la suite de la domestication de l’igname et du palmier à huile[8].
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L’implantation solide des populations de langues adamaoua-oubangiennes sur le territoire tiendrait à leur maîtrise des cultures agricoles aussi bien en zone de forêt sèche (apprises auprès des agriculteurs parlant les langues du groupe Soudan-Central) qu’en zone de forêt humide, une double compétence que n’avaient pas les Bantous à cette époque[7]. La présence d’une agriculture en République centrafricaine est avérée à partir du milieu du IIe millénaire avant notre ère. Les populations de langues adamaoua-oubanguiennes achèvent leur implantation sur l’ensemble de l’actuelle République centrafricaine vers le début du Ier millénaire avant notre ère tandis que l’extension géographique maximale de ces populations est atteinte vers le début de l’ère chrétienne. Les habitants qui les avaient précédé (pygmées et soudanais centraux) sur le territoire de la Centrafrique actuelle sont alors soit assimilés soit marginalisés [7].
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Une civilisation mégalithique qui perdure jusqu’au Ier siècle apr. J.-C. se développe dans la région de Bouar (Ouest). C’est l’apparition de la métallurgie du fer qui semble avoir mis fin à la civilisation des mégalithes (Tazunu en gbaya) [6]. La métallurgie du fer se répand d’ouest en est et s’accompagne d’une expansion de la population dont on considère qu’elle atteignit 6 millions d’habitants sur l’ensemble du territoire centrafricain au XVIIIe siècle[6]. Les populations auraient alors vécu en relative autarcie car à l’écart des grandes voies commerciales africaines.
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Entre les débuts archéologiques et la période qui précède immédiatement la colonisation, soit environ 1 700 ans, les données concernant l’histoire du territoire occupé par la République centrafricaine sont rares ou peu accessibles au grand public[7]. Il est probable qu’à l’instar de beaucoup de peuples établis dans la zone équatoriale, les populations de la région n’ont pas éprouvé le besoin de s’organiser autour de structures étatiques mais ont plutôt conservé un système de chefferies locales[9]. Rétrospectivement, et étant donné l’expansion démographique supposée de la population (six millions d’habitants), on peut se demander si ce système n’était peut-être pas plus performant que bien d’autres. Le défaut majeur de cette organisation politique très superficielle est toutefois de ne pas avoir pu protéger les populations de langues adamaoua-oubanguiennes des épreuves qui allaient survenir au cours de la période contemporaine.
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Le phénomène historique le plus spectaculaire qu’ait connu la région durant cette période concerne les Zandé[10]. Aux alentours du XVe siècle, des clans issus du Darfour ou du Kordofan émigrent vers l’Uélé et l’Oubangui.
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Cette aristocratie de seigneurs va peu à peu s’imposer aux populations locales tout en adoptant sa culture. Une douzaine de royaumes Zandé[11] se forment ainsi. L’organisation du pouvoir mis en place par les souverains Zandé fait une certaine impression sur les premiers voyageurs Européens.
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Sur l’ensemble du territoire centrafricain actuel, on considère que les habitants vivaient en petits villages dispersés et cultivant au nord le sorgho et au sud la banane plantain. Le niveau d’organisation politique était faible et les sociétés locales souvent troublées par des querelles. Le fait que ces sociétés soient très similaires à celles rencontrées dans le Cameroun central suggère qu’un certain niveau de communication a perduré entre les deux régions au cours des millénaires[7].
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La fin du XVIIIe siècle marque le début d’une importante régression démographique due en premier lieu à la traite des esclaves qui s’installe dans la région. L’impact de la traite frappe donc le territoire de la République centrafricaine actuelle plus tardivement que beaucoup d’autres régions du continent. À cette époque, les États musulmans situés plus au nord (Kanem-Bornou, Ouaddaï, Baguirmi, Darfour), utilisant parfois comme main d’œuvre les nomades Peuls, commencent à ravager les territoires occupés par les populations animistes gbaya et banda [7]. Ndélé, ville située en République centrafricaine actuelle, est un important centre esclavagiste dépendant du sultan du Baguirmi. Un peu plus tard, plus au sud, les riverains de l’Oubangui deviennent piroguiers et intermédiaires pour les trafiquants d’esclaves alors qu’à l’est, entre Mbomou et Uélé, des petits États aristocratiques de langue Zandé (ou Nzakara au nord de l’Oubangui) combattent les trafiquants mais alimentent également pour leur propre compte les trafics d’esclaves à destination des occidentaux ou des pays arabes par le Bahr el Ghazal. Ce dernier trafic, spécialement important dans la seconde moitié du XIXe siècle est d’autant plus dévastateur que les trafiquants jallaba financés depuis Khartoum étaient équipés d’armes à feu.
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D’autre part, au nord-ouest de la République centrafricaine, une alliance esclavagiste entre les Peuls et la confédération Mbum contribue aussi à la dépopulation du pays. Globalement, il semble que ce soit les razzias d’esclaves à destination des pays arabes qui soient la cause du plus grand prélèvement de populations sur le territoire appelé à devenir la République centrafricaine. Un des moyens d’échapper à l’esclavage étant la conversion à la religion musulmane, on considère parfois qu’il est probable que si la colonisation européenne n’était pas intervenue, toutes les populations vivant au nord de la grande forêt pluviale auraient été converties à l’islam[7],[12],[13].
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Simultanément aux razzias des esclavagistes, les populations « centrafricaines », autrefois autarciques et donc dotées d’un faible niveau de protection contre les grandes épidémies sont exposées à des microorganismes mortels comme les virus de la variole ou de la rougeole. En parallèle, syphilis et gonococcies provoquent l’apparition fréquente de stérilité chez les individus infectés. Il résulte du système esclavagiste et des changements épidémiologiques drastiques un dépeuplement massif du tiers voire de la moitié orientale du territoire centrafricain actuel auquel s’ajoutent des migrations intérieures de sauvegarde qui contribuent à semer un peu plus le chaos[7].
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Au XVIIIe siècle, et à l’image de leurs voisins Zandé du Mbomou, les populations riveraines de l’Oubangui se seraient fédérées autour d’un chef, Kola Ngbandi, et adoptent le nom de ce dernier pour se désigner. Les Ngbandi développent par la suite une activité de piroguiers sur l’Oubangui, une forme simplifiée de leur langue devient le sango, langue vernaculaire centrafricaine développée essentiellement pour et grâce au commerce.
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Le dernier évènement notable de la période précoloniale est l’installation sous l’impulsion d’un soudanais, Rabah, d’un État esclavagiste à cheval sur la République centrafricaine et le Tchad. Il a pour capitale la ville de Dar el-Kouti (près de Ndélé) et est dirigé par un vassal de Rabah (1842c-1900), Mohamed es-Senoussi (?-1911). L’influence néfaste du sultanat de Bilad el-Kouti[14] s’étend bien après les débuts de la colonisation française[7],[12],[13](République de Logone (en) (ou de Dar el Kuti, 2015)).
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Les premiers colons européens apparaissent en 1884. Les Français installent des postes le long des cours d’eau, les Belges le long du M’Bomou près des zeriba de Bangassou, Rafaï et Sémio. En 1889 Bangui est construit, en 1894, Victor Liotard, gouverneur de l'Oubangui dépendant du gouverneur du Congo Savorgnan de Brazza, récupère les postes belges sur la rive droite du M’Bomou. Les Français organisent le Haut-Oubangui en régions civiles et militaires, ainsi que le Chari après la première expédition d’Émile Gentil en 1896—97 jusqu’au lac Tchad ; puis après la mort de Rabah, vaincu à Kousseri en 1898 par les Français, les territoires colonisés sont partagés en circonscriptions administratives, le Chari étant joint à l’Oubangui, base de la future Centrafrique. Le territoire devient une colonie française en 1905 sous le nom d'Oubangui-Chari. Le territoire devient partie intégrante de l’Afrique-Équatoriale française (AEF) en 1910[15],[16],[17].
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Les colons Français combattent l’anthropophagie[18] et l’esclavage, les missions religieuses prônent le mariage monogamique et l’État encourage l’arrivée des colons pour la mise en valeur du pays. Mais des hommes, ayant des relations au gouvernement, obtiennent d’immenses territoires concessionnaires. Des entreprises commencent à exploiter les ressources du pays en ayant recours de façon importante au travail forcé, la fuite en brousse de la population constitue alors une des formes de résistance, la plus marquante étant la guerre du Kongo-Wara et fait l’objet de répressions[15]. La colonisation française en Oubangui-Chari est considérée par RFI comme la plus brutale de l'Empire colonial français[19].
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Durant la Seconde Guerre mondiale, la colonie se joint aux Forces alliées.
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Le pays devient la République centrafricaine le 1er décembre 1958 et proclame son indépendance le 13 août 1960[20],[21].
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Depuis, le pays a conservé le français comme langue officielle, utilisée dans les documents administratifs, alors que le sango, langue véhiculaire, agit comme unificateur du pays, permettant à chacun de se comprendre, même sans éducation scolaire avancée[réf. nécessaire].
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Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda, est considéré comme le père de la nation centrafricaine. Parlementaire à Paris, il fut l'auteur de brûlots réguliers et de demandes de maintien de tous les droits français au peuple d'Afrique équatoriale française. Parlementaire français véhément, il prônait depuis longtemps l'indépendance des colonies et avait proposé la création d'un État d'Afrique centrale unique, groupant Gabon, Congo, Cameroun et République centrafricaine. Il y voyait la seule solution permettant d'éviter l'éclatement de la région en territoires trop petits, non viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale. Il meurt le 29 mars 1959, peu après son élection, dans un accident d'avion dont les causes n'ont jamais été élucidées[22].
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En 1965, lors du « coup d'État de la Saint-Sylvestre », Jean-Bedel Bokassa renverse son cousin David Dacko et prend le pouvoir. Le 4 décembre 1976, il s'auto-proclame empereur Bokassa Ier. Il met alors en place une politique très répressive dans tout le pays.
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En septembre 1979, « l'opération Barracuda », organisée par la France, renverse Bokassa et remet au pouvoir David Dacko[22]. En effet, depuis quelque temps Bokassa se rapproche de plus en plus de Mouammar Kadhafi dont la politique au Tchad est en contradiction complète avec les intérêts français.
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David Dacko lui succède encore brièvement. Il sera chassé du pouvoir par un coup d'État le 1er septembre 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire.
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André Kolingba restera au pouvoir jusqu'en 1993, année où, suivant le courant de démocratisation lancé par le sommet de La Baule, les premières élections multipartites ont lieu et Ange-Félix Patassé est élu président de la République.
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À la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, investies dans plus de 8 000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet[23], multiplient les contrats avec des pays africains parmi lesquels la République centrafricaine, où elles ont cependant du mal à se faire une place, la Colombe Mines, possédant les principaux sites diamantifères[24].
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En 2001, une tentative de coup d'État provoque de violents affrontements dans la capitale, Bangui.
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Après une nouvelle série de troubles et malgré l'intervention de la communauté internationale (MINURCA), le 15 mars 2003, le général François Bozizé réussit, avec l'aide de militaires français (deux avions de chasse de l'armée française survolaient Bangui pour filmer les positions des loyalistes pour le compte de Bozizé)[réf. nécessaire] et de miliciens tchadiens (dont une bonne partie va rester avec lui après son installation au pouvoir), un nouveau coup d'État et renverse le président Patassé. Le général Bozizé chasse alors les rebelles congolais, auteurs de méfaits et crimes innombrables, notamment dans et autour de Bangui.[réf. nécessaire]
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Une élection présidentielle a lieu, après plusieurs reports, le 13 mars 2005, sous la direction d'une Commission Électorale Mixte Indépendante (CIME), présidée par Jean Willybiro-Sako. On peut relever comme candidatures, celles de François Bozizé (déjà chef de l'État), l'ancien président André Kolingba, et l'ancien vice-président Abel Goumba. Les candidatures de plusieurs autres candidats, dont celles de Charles Massi du FODEM, de l'ancien premier ministre Martin Ziguélé, de l'ancien ministre et ancien maire de Bangui Olivier Gabirault et de Jean-Jacques Démafouth, sont refusées par la commission électorale avant la médiation gabonaise et les accords de Libreville. À la suite de ces accords, seule la candidature de l'ancien président Ange-Félix Patassé est définitivement rejetée par la commission élue. [réf. souhaitée]
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L'accession à la présidence de Bozizé est violemment contestée et une première guerre civile centrafricaine ravage le pays entre 2004 et 2007, jusqu'à la signature d'un accord de paix.
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Cependant, les rebelles dénoncent la non-tenue des accords par le président Bozizé, et reprennent les armes fin 2012, lançant une série d'attaques démarrant la deuxième guerre civile centrafricaine. Le 24 mars 2013, les rebelles de la coalition Seleka s'emparent de Bangui et Bozizé s'enfuit. Michel Djotodia s'auto-proclame président de la République centrafricaine. Mais les nombreuses exactions commises par les miliciens de la Seleka, majoritairement musulmans, amènent l'insécurité dans le pays, et des milices d'auto-défense, les anti-balaka se forment. Le conflit débouche sur une situation « pré-génocidaire » selon la France et les États-Unis. Le 5 décembre 2013, une résolution de l'ONU permet à la France d'envoyer des troupes armées en République centrafricaine (opération Sangaris) aux fins annoncées de désamorcer le conflit et de protéger les civils.
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Le 10 janvier 2014, le président de la transition centrafricaine Michel Djotodia et son premier ministre Nicolas Tiangaye annoncent leur démission lors d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC)[25],[26]. Le 20 janvier 2014, le Conseil national de transition de la République centrafricaine élit Catherine Samba-Panza comme chef de l'État de transition de la République centrafricaine[27] Au printemps 2014, trois journalistes sont tués, dont la française Camille Lepage, sur fond de sanctions de l'ONU.
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Le 23 juillet 2014, les belligérants signent un accord de cessation des hostilités à Brazzaville. En dépit de cet accord, le pays est divisé en régions contrôlées par des milices, « sur lesquelles ni l’État ni la mission de l’ONU n’ont prise »[28].
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Une élection présidentielle est organisée en décembre 2015 et janvier 2016. Faustin-Archange Touadéra arrive deuxième du premier tour avec 19 % des voix, derrière son opposant, Anicet-Georges Dologuélé qui arrive en tête avec 23,7 %. Il est finalement élu président de la République à l'issue du deuxième tour, avec 62,7 % des suffrages contre 37,3 % à Anicet-Georges Dologuélé[29]. Ce nouveau président de la République lance un processus de réconciliation nationale afin de rendre justice aux victimes des guerres civiles, la plupart déplacées à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Pour ce faire, il charge par décret son ministre conseiller, Regina Konzi Mongot, d'élaborer le Programme national de réconciliation nationale et de paix, proposé en décembre 2016, adopté en séance tenante à l'unanimité par les organismes internationaux. Pour autant, en juin 2017, les affrontements à Bria, dans le centre-est du pays, font une centaine de morts[30]. Par ailleurs, un comité est également mis en place afin de juger les principaux acteurs et dédommager les victimes. Le 6 février 2019, l'État centrafricain signe avec les 14 principaux groupes armés du pays un nouvel accord de paix négocié en janvier à Khartoum[31].
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Malgré cet accord, 80% du territoire reste contrôlé par des groupes armés et les massacres de populations civiles continuent[32].
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La République centrafricaine est une république présidentielle où le président est à la fois chef d'État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et le parlement.
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Du 24 mars 2013, date de sa prise de pouvoir par les armes, au 10 janvier 2014, date de sa démission, Michel Djotodia remplit la fonction de président de la République et Nicolas Tiangaye exerce la fonction de Premier ministre. Après leur démission, l'intérim est assuré par Alexandre-Ferdinand N'Guendet, président du Conseil national de transition qui élit ensuite Catherine Samba-Panza comme Chef de l'État de transition de la République centrafricaine. Elle prête serment le 23 janvier 2014 et le 25, elle nomme Premier ministre, André Nzapayeké[33].
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À la suite des pourparlers de Brazzaville, un accord de cessez-le-feu est signé le 23 juillet 2014[34] assorti de la condition de la formation d'un gouvernement d'union nationale[réf. nécessaire]. Le 10 août 2014, Mahamat Kamoun est nommé Premier ministre du gouvernement d'union nationale à la tête d'un gouvernement de 30 membres où les femmes sont très représentées.
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Faustin-Archange Touadéra devient président le 30 mars 2016 et son chef de gouvernement est Simplice Sarandji.
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La République centrafricaine est composée de 14 préfectures, deux préfectures économiques, et une Commune autonome. Les 14 préfectures sont : Bamingui-Bangoran, Basse-Kotto, Haute-Kotto, Haut-Mbomou, Kémo, Lobaye, Mambéré-Kadéï, Mbomou, Nana-Mambéré, Ombella-M'Poko, Ouaka, Ouham, Ouham-Pendé, Vakaga. Les deux préfectures économiques sont : Nana-Grébizi et Sangha-Mbaéré. Bangui a le statut spécifique de commune.
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Ces 14 préfectures sont elles-mêmes sous-divisées en 71 sous-préfectures.
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L’organisation administrative de la RCA, s’articule donc autour de sept régions, seize préfectures, 71 sous-préfectures et deux postes de contrôle administratif et 175 communes, dont six communes d’élevages, et environ 10 000 villages, quartiers de villes.
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La ville de Bangui, est la septième région et est structurée en commune urbaine avec huit arrondissements.
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Un projet sur la décentralisation et la déconcentration permettra à l’horizon 2015 d’asseoir une administration territoriale performante et efficace, avec des instances locales élues.
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Le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) effectué en 2003 a donné un nombre de 5 391 539 habitants :
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Les précédents recensements de 1975 et 1988 avaient quantifié la population respectivement à 2 056 000 habitants et 2 688 426 habitants.
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Depuis le début de 2007, de nombreuses organisations humanitaires non gouvernementales, de toutes obédiences et de tous pays, sont de retour en République centrafricaine, dans la foulée des historiques actions du réseau Caritas Internationalis ou de Médecins sans frontières. Les projets sont actuellement priorisés sur l'éducation, le développement agricole et rural, le soutien aux populations déplacées ou migrantes, l'accès aux soins de santé primaire, et un peu de microfinance pour soutenir les initiatives locales créatrices de revenus.
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En République centrafricaine, les Mbororos représentent sans doute plus de la moitié de la population musulmane du pays et vivent pour une majorité d'entre eux de l’élevage dans le monde rural[36]. Une partie de cette communauté est originaire du Cameroun et est arrivée dans les années 1920, d’autres sont venus du Tchad (sans doute originellement du Niger, voire du Nigeria) avant les migrations plus contemporaines à partir des années 1990[36].
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Les deux langues officielles de la République centrafricaine sont le français et le sango. Le pays compte plus de quatre-vingts ethnies parlant chacune des dialectes différents. Le sango, la langue véhiculaire, représente une vraie langue de communication, largement partagée dans le pays pour commercer et échanger. Il n'est cependant pas parlé par les populations du Nord, région à dominante musulmane[37].
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La République centrafricaine est membre de l'Organisation internationale de la francophonie de même que de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
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De plus, les villes de Bangui et de M`Baiki sont membres de l'Association internationale des maires francophones [38] [source insuffisante].
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D'après le recensement de 2003, les principales religions en République centrafricaine sont les suivantes[39] : christianisme (80,3 %, dont protestantisme 51,4 % et catholicisme 28,9 %), islam (10,1 %), animisme (9,6 %). La République centrafricaine est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
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L’Église évangélique baptiste en République centrafricaine est fondée en 1925 [40]. En 2016, elle compte 250 églises et 65,000 de membres [41].
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L’Église catholique est officiellement fondée en RCA en 1909[réf. nécessaire]. L'archidiocèse de Bangui est l'unique archidiocèse catholique en République centrafricaine. Son siège est à la cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Bangui. En 2012 les Catholiques comptent 487.000 fidèles[réf. nécessaire].
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Pour beaucoup de Centrafricains, le terme « musulman » renvoie essentiellement à son synonyme « tchadien », même si les Peuls Mbororos représentent sans doute plus de la moitié de la communauté musulmane[36].
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Spécialisés dans le commerce et arrivés en plusieurs vagues de migration depuis l'époque coloniale, leurs enfants n’ont jamais été considérés comme Centrafricains même après plusieurs générations. La haine sociale de la population la plus modeste contre ces commerçants « profiteurs » et leur proximité avec le régime de Bozizé ont contribué à leur mise à l'écart[36].
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Le système éducatif en République centrafricaine est calqué sur le modèle de la France. Il y a des disparités en ce qui concerne l'accès à l'éducation selon des critères sociaux et régionaux. On assiste de ce fait à un faible pourcentage de femmes dans le système scolaire. [réf. souhaitée] L’université de Bangui construite pendant le régime de Bokassa reste la seule qui fournisse un enseignement supérieur public. L'école est obligatoire depuis 2008. [réf. souhaitée]
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En septembre 2013, à cause de la situation sécuritaire, 60 % des écoles du pays étaient fermées[42].
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Les principaux problèmes de santé du pays sont: la mortalité maternelle et infantile élevées, une prévalence élevée des maladies transmissibles (dont le VIH SIDA), la faible performance du système de santé et un financement du secteur fortement dépendant de l'aide extérieure[43].
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En septembre 2013, on comptait sept chirurgiens pour l'ensemble du pays. À cause de la situation sécuritaire, la plupart des centres de santé sont fermés[42].
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La capitale Bangui possède plusieurs hôpitaux dont l'hôpital de l'Amitié, construit avec l'aide de fonds chinois[44], et l’hôpital communautaire.
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En République centrafricaine, le revenu par habitant est de 446 dollars en 2012[45]. L'agriculture représente 50 % du PIB, et l'élevage à lui seul 12,7 %[46].
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Le pays compte des gisements d'aluminium, de cuivre, d’or, de diamant, d’uranium et des puits de pétrole[47],[48].
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Les principales cultures sont le manioc (cassave), les bananes, le maïs, le café, le coton et le tabac[49],[50].
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Le potentiel des sols est estimé à 15 millions d'hectares[51],[49] (150 000 km2).
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Le nord-ouest et le centre du pays représentent un bassin agricole important pour les cultures de coton et de canne à sucre. Toutefois, la faiblesse des infrastructures et du soutien à la production, qui reste majoritairement extensive, limite très fortement les rendements, très inférieurs à ceux des pays voisins. L'enclavement du pays demeure un handicap important.
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En 2009, l’élevage s’appuie sur un cheptel d'environ 15 millions de têtes[52].
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L'exploitation forestière contribue largement au PIB, avec d'importantes ressources en bois tropicaux. La forêt centrafricaine couvre une superficie de 3,8 millions d'hectares[53],[54] (38 000 km2). Dès le début de la colonisation, on a exploité l'hévéa pour son latex, aujourd'hui les essences sont plus diversifiées. Les moins nobles sont transformées localement par une petite industrie de contreplaqués, tandis que les plus précieuses sont exportées sans transformation sous forme de grumes.
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Les premiers forages pétroliers sont réalisés au début des années 1980 par une compagnie pétrolière américaine dénommée ESSO. Le président Patassé avait attribué un permis d'exploitation à la compagnie américaine Grynberg en 2000 mais celui-ci a expiré en 2004[55]. Le gouvernement américain suit de près la situation sur place[56].
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Le pétrole de Gordil, à la frontière tchadienne est concédé par le régime de François Bozizé en 2012 aux Chinois de la China National Petroleum Corporation[57],[58]. Celui-ci prétendra par la suite qu'il a « été renversé à cause du pétrole » car il avait « donné le pétrole aux Chinois et c’est devenu un problème»[59].
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Un milliard de barils de pétrole seraient présents dans le pays, principalement au nord, près de la frontière avec le Tchad, certains experts parlant de jusqu’à 5 milliards de barils[60].
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Quatre sites pétroliers prometteurs sont identifiés : Bagara, Doseo, Salamat et Doba/Bango[60].
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Dans les années 1960, un gisement de phosphates uranifères avait été découvert à Bakouma par le commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives[48]. La Centrafrique posséderait environ 20 000 tonnes de réserves d'uranium[61].
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Le groupe nucléaire Areva a signé en août 2008 avec le pouvoir de François Bozizé, un contrat de 18 milliards de Francs CFA (27 millions d’euros) sur 5 ans portant sur un projet du gisement d’uranium à Bakouma à 900 km au nord-est de Bangui[62].
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Areva a cependant renoncé à l'exploiter en raison de l’insécurité et de la baisse mondiale du cours de l’uranium dû à l’accident nucléaire de Fukushima[63],[64].
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La production de diamants alluvionnaires de très bonne qualité (diamants de joaillerie) s'établit à environ 500 000 carats bruts par an[61].
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La Centrafrique figure en quatrième ou cinquième place mondiale pour leur qualité[65].
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La production réelle est difficile à estimer, au double environ ; il existe une contrebande importante dans ce secteur[66]. La production, le commerce, ainsi que la taille des diamants, sont des activités qui font régulièrement l'objet de plans visant à les nationaliser, ou au contraire à les libéraliser. Les chefs d’État centrafricains ont toujours profité du diamant[67], l'empereur Bokassa les a utilisé à des fins diplomatiques comme lors de l'affaire des diamants. L’exploitation des diamants alimente les différents groupes armés et la violence dans le pays[68].
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En 2013, la Centrafrique est suspendue du Processus de Kimberley visant à lutter contre les diamants du sang[69],[70].
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Le tissu industriel, qui n'a jamais été très développé par rapport aux pays voisins comme le Cameroun par exemple, a souffert des troubles militaires et politiques successifs, et est aujourd'hui quasiment inexistant. Quelques industries développées dans les années 1970 (manufactures de tissus, de chaussures...) ont disparu. Il subsiste une production locale de bière et de transformation d'aluminium. Le secteur privé emploie environ 11 000 salariés.
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Les services publics (eau, électricité, téléphone filaire...), monopoles d'État, sont dans des situations financières difficiles, et les équipements, faute de maintenance et d'investissement, sont pour la plupart vétustes, entraînant des ruptures de service très fréquentes. Le poids important de la dette dans le budget national, et la faiblesse du niveau des ressources propres, rendent la gestion de l'État difficile (non-paiement de salaires des fonctionnaires, grèves et mouvements sociaux) et contribuent à la fragilité des institutions politiques.
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Un cadre législatif anachronique voire inexistant, l'absence d'infrastructures de transport et forte corruption, caractérisent l'économie de la République centrafricaine, qui fait également partie d'institutions visant à l'intégration sous-régionale ou régionale comme la CEMAC.
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La Centrafrique reste un des endroits de la planète où l'on trouve encore une flore et une faune très diversifiées, en particulier une population d'éléphants d'Afrique de forêt. Cette situation reste très fragile du fait du braconnage pour l'ivoire et de la consommation de viande de brousse, mais représente un potentiel cynégétique et d'écotourisme important. Le tourisme reste anecdotique, autant du fait de la faiblesse des infrastructures d'accueil et de transport que de la forte insécurité qui règne dans le pays.
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Plusieurs multinationales sont présentes sur place dont Total, Bolloré, Castel, Areva, Orange[71],[72],[73] ou Toyota[74].
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La circulation routière dans les provinces en République centrafricaine reste très difficile et très dangereuse car l'état des routes est trop dégradé et reste archaïque sans mesure de sécurité routière adéquate pour les usagers. Il y a souvent l’image de cette grappe humaine, d’hommes, femmes, et enfants et nourrissons agrippés en équilibre précaire au sommet des véhicules de transport de marchandises, victimes de nombreux accidents aux conséquences dramatiques. Un carnet de route avec photos apporte quelques informations[75].
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Des difficultés de transport urbain et interurbain existent aussi dans le pays. La RCA disposait il y a quarante ans d’une société de transport centrafricain appelée SOTRECA. Compte tenu de l’étroitesse de sa flotte, elle n’a pas pu satisfaire les besoins de la population en matière de transport. Dix ans plus tard, la Compagnie Nationale de TRansport (CNTR) a succédé à la SOTRECA, mais avec une durée de vie éphémère.
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Pendant trente années, la RCA ne dispose pas d’une entreprise de transport urbain de personnes digne de ce nom. Pour combler ce vide et face à la situation qui devenait de plus en plus alarmante, l'État a créé en 2010 la SONATU ; une société d’État avec un capital social de 480 millions de francs CFA, une flotte de cent autobus qui assure un transport urbain (en commençant par Bangui et ses environs) et interurbain. C’est la société indienne Jaguar qui a doté la SONATU de ces autobus de fabrication indienne « A. Mazda »[76] d'après les affirmations du consul de l'Inde à Bangui, Sakajit Jakati.
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Le principal aéroport du pays est celui de la capitale, l'aéroport Bangui M’poko.
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La culture centrafricaine est diversifiée entre les peuples et ethnies.
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La plupart des Centrafricains (80 %) parlent des langues du groupe Adamaoua-Oubanguien de la famille nigéro-congolaise.
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Au nord du pays vivent des populations parlant des langues nilo-sahariennes (les Sara par exemple). Dans les régions de savane de la RCA sont dispersées différentes communautés de Peuls nomades les Mbororo. L'immense majorité des Centrafricains n'est donc pas de culture « Bantou »[77].
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Certaines ethnies minoritaires, vivant au sud-ouest du pays, sont cependant des Bantous, peuples communs au Congo et au Cameroun.
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La population centrafricaine est subdivisée en une myriade de populations. Ainsi, chaque « grande » ville a son peuple, sa langue et une histoire récente liée aux personnalités politiques et hommes de pouvoir qui en sont issus.
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Les Pygmées sont un peuple visiblement différent, de par leur gabarit, et leur culture de peuple de la forêt. Longtemps et massivement considérés comme des humains de seconde zone, ils ont préservé leurs habitudes, et se maintiennent dans leur environnement, sans accès aux « progrès sociaux » minimaux qu'a vus le pays.
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Enfin, avec des frontières arbitraires et poreuses, on retrouve tous les groupes des pays voisins. Ainsi, une part grandissante de la population, en particulier sur l'axe nord-sud courant du Tchad à la capitale, se rattache à la culture musulmane.
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Les mégalithes de Bouar[79] soumis en 2006 pour être classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
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La cathédrale Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception de Bangui a été construite dans les années 1930.
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Le Palais de Berengo fut le centre du pouvoir centrafricain de 1976 à 1979
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Les spécialités centrafricaines sont diverses manioc, feuilles de manioc et koko, qui comptent parmi les aliments préférés des Centrafricains. La population locale prise le ngoudja accompagné de gozo (manioc) ou mangbere (bâtons de manioc), beignets de bananes, kanda, de capitaine braisé au feu de bois, ngou ti kassa, koko à la viande, chouia (viande de bœuf, de poulet ou de chèvre braisé). Les kindagozo (criquets) et les makongo (chenilles fraîches ou séchées) font également partie des spécialités locales.
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Le groupe musical Zokela a eu du succès dans les années 1980. Depuis les années 2000, Losseba est un des musiciens les plus écoutés par les Centrafricains pour ses sons et paroles en faveur d'un retour de la paix[réf. nécessaire]. L’artiste musicien Ozaguin contribuera lui aussi à la réconciliation des peuples centrafricains à travers ses nombreux concerts dans les différentes villes du pays[80]. En plus de ces deux musiciens reconnus, plusieurs chanteurs contribuent à la valorisation de la culture centrafricaine à travers la musique centrafricaine.
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La Centrafrique compte plusieurs artistes peintres, dont la plupart sont inconnus du grand public du fait du désintéressement d'une grande partie de la population et de la quasi-inexistence de musées et galeries d'art ; les plus chanceux exhibent dans les centres artisanaux ou à l'Alliance française située près du musée Barthélémy Boganda, en rénovation depuis les événements de 2013.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/929.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,194 @@
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La catastrophe nucléaire de Tchernobyl [ t͡ʃɛʁnɔbil][1] est un accident nucléaire majeur survenu le 26 avril 1986 dans la centrale nucléaire V.I. Lénine, située à l'époque en république socialiste soviétique d'Ukraine, en URSS. Il s'agit de la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle, classée au niveau 7 (le plus élevé) de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), surpassant, d'après l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), par ses impacts environnementaux immédiats l’accident nucléaire de Fukushima de 2011, classé au même niveau. L’IRSN mentionne pour ces accidents des effets sanitaires potentiels, une contamination durable de territoires et d’importantes conséquences économiques et sociales.
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L'accident est provoqué par l'augmentation incontrôlée de la puissance du réacteur no 4, conduisant à la fusion du cœur. Cela entraîne le craquage de l'eau des circuits de refroidissement, puis l'explosion et la libération d'importantes quantités d’éléments radioactifs dans l’atmosphère, provoquant une très large contamination de l'environnement, ainsi que de nombreux décès et maladies survenus immédiatement ou à long terme du fait des irradiations ou contaminations.
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Les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, controversées, sont importantes aussi bien sur le plan sanitaire, écologique, économique que politique. Plus de 200 000 personnes sont définitivement évacuées. Le nombre de morts directement liés à la catastrophe, objet de controverses, varie selon les sources de 200 (décès d'origine radiologique avérés, officiellement constatés par les Nations unies)[2] à un peu moins d'un million. En 2016, l’Ukraine reconnaît formellement 35 000 décès directement liés à la catastrophe de Tchernobyl. D'autres estimations font état de 150 000 « liquidateurs » morts sur les 350 000 d’Ukraine[3],[4][réf. non conforme].
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Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique au moment de la catastrophe, affirme en 2011 : « Nous n'avons pas encore pris toute la mesure de cette tragédie »[5].
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La centrale nucléaire est située sur un affluent du Dniepr à environ 15 kilomètres de Tchernobyl (Ukraine), et à 110 kilomètres de la capitale Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie. Sa construction date du début des années 1970 en même temps que la création de la ville de Prypiat dans le but de loger les employés de la future centrale. Le premier réacteur est mis en service en 1977, le deuxième l'année suivante, suivi des troisième et quatrième réacteurs mis en service respectivement en 1981 et 1983[6]. C'est ce dernier qui sera détruit par l'explosion. Deux autres réacteurs RBMK étaient en construction lors de l’accident.
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La catastrophe de Tchernobyl est la conséquence de dysfonctionnements importants et multiples :
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En outre, la construction de la centrale a été réalisée sans respecter les normes en vigueur. Un rapport confidentiel de 1979, signé par le directeur du KGB Iouri Andropov et cité par Nicolas Werth[10], souligne que « divers chantiers de construction réalisant le bloc no 2 de la centrale atomique de Tchernobyl mènent leurs travaux sans aucun respect des normes, des technologies de montage et de construction définies dans le cahier des charges »[11].
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En 1983, l'« acte de mise en exploitation expérimentale » du réacteur no 4 de la centrale de Tchernobyl est signé alors que « toutes les vérifications n'avaient pas été achevées »[10].
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Le réacteur de la tranche no 4 est de type RBMK 1000 qui est un réacteur de conception et de construction soviétiques, à tubes de force, utilisant un combustible au dioxyde d’uranium faiblement enrichi (2 % de U235)[12].
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En 2002, l'OCDE a fait une description technique du réacteur expliquant ses faiblesses :
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« Le modérateur, qui a pour fonction de ralentir les neutrons afin qu’ils produisent plus efficacement une réaction de fission dans le combustible, est constitué par du graphite. On fait circuler un mélange d’azote et d’hélium entre les blocs de graphite, en grande partie pour empêcher l’oxydation du graphite mais aussi pour améliorer la transmission de la chaleur dégagée par les interactions des neutrons dans le graphite, à partir du modérateur jusqu’au canal de combustible[12]. Le cœur lui-même a environ 7 m de hauteur et 14 m de diamètre[7]. Il y a quatre pompes principales de circulation du réfrigérant, dont l’une est toujours en réserve. On contrôle la réactivité ou la puissance du réacteur en élevant ou en abaissant 211 barres de commande qui, lorsqu’elles sont abaissées, absorbent les neutrons et réduisent le taux de fission[12]. »
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« Les réacteurs RBMK ont pour principale caractéristique de posséder un « coefficient de vide positif ». Cela signifie que, si la puissance augmente ou que le débit d’eau diminue, la production de vapeur s’accroît dans les canaux de combustible, de sorte que les neutrons qui auraient été absorbés par l’eau, plus dense, augmenteront alors le taux de fission dans le combustible. Cependant, lorsque la puissance augmente, il en va de même de la température du combustible, ce qui a pour effet de réduire le flux de neutrons (coefficient de température négatif du combustible). L’effet net de ces deux caractéristiques antagonistes varie en fonction du niveau de puissance. Au niveau de puissance élevé atteint dans des conditions de fonctionnement normales, l’effet de la température l’emporte, de sorte que les excursions de puissance entraînant un excès d’échauffement du combustible ne se produisent pas. Cependant, lorsque la puissance produite est inférieure à 20 % de la puissance maximale, c’est l’effet du coefficient de vide positif qui l’emporte, le réacteur devenant alors instable et sujet à de brusques à-coups de puissance. Ce facteur a joué un rôle important dans le déroulement de l’accident[12]. »
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L'accident s'est produit à la suite d'une série d'erreurs commises par les techniciens de la centrale en supprimant plusieurs sécurités sous les ordres de leur supérieur et sans en analyser les risques : « faute de préparation suffisante des conditions nécessaires à l’essai prévu, et par manque de temps lors de sa réalisation, les opérateurs n’ont pas respecté toutes les règles de conduite. Ils ont par ailleurs commis des violations de règles en inhibant de très importants systèmes de sûreté. »
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En particulier, les opérateurs n’ont pas respecté les procédures garantissant le contrôle et la sécurité du réacteur, et ont amené, par ignorance, le réacteur dans une zone de fonctionnement particulièrement instable ; en effet, le RBMK présente notamment « une instabilité importante du réacteur à certains niveaux de puissance [et] un temps de réaction trop long du système d’arrêt d’urgence » (défauts connus des concepteurs avant l’accident)[13],[14],[15],[16].
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Un essai d'îlotage était prévu sur le réacteur no 4, pour tester l'alimentation électrique de secours qui permet au réacteur de fonctionner en toute sécurité pendant une panne de courant. La puissance thermique[Note 2] du réacteur avait été réduite de 1 000 à 200 MW alors que les autorités soviétiques avaient stipulé dans un rapport[Lequel ?] que la puissance devait obligatoirement se trouver dans une fourchette de 700 à 1 000 MW pour que le test puisse avoir lieu dans de bonnes conditions de sécurité. L'expérience était initialement prévue dans la journée du 25 avril, mais une autre centrale électrique tomba en panne et le centre de régulation de Kiev demanda de retarder l'expérience car son énergie était nécessaire pour satisfaire la consommation électrique de la soirée. À 23h04min, le centre de régulation de Kiev donna l'autorisation de reprendre l'expérience.
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Le test prévoyait que la puissance du réacteur fût située entre 700 et 1 000 MW[17]. La puissance de 700 MW est atteinte le 26 avril 1986 à 0 h 5 mais continue à baisser. Lorsqu'elle atteint environ 500 MW, le responsable du régime du réacteur, Leonid Toptunov, commet une erreur en insérant les barres de commande trop loin. Ceci conduit à la chute de la puissance de sortie qui tombe à 30 MW[17], provoquant un empoisonnement du réacteur au xénon[18]. Les opérateurs essaient alors de rétablir la puissance, mais le xénon 135 accumulé absorbe les neutrons et limite la puissance à 200 MW. Pour débloquer la situation, les opérateurs retirent les barres de carbure de bore au-delà des limites de sécurité autorisées (ces barres de commande servent à piloter la puissance du réacteur par absorption des neutrons).
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Plus de cent versions alternatives de l'accident ont été proposées par des sources diverses. Aucune de ces versions n'a jamais été reprise dans un rapport national ou international, ni dans une revue publiée sous évaluation par les pairs.
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L'une d'elles attribue la cause de l'accident à un tremblement de terre qui aurait eu lieu quelques secondes avant dans la zone de Tchernobyl[24],[25],[26]. Des enregistrements sismiques effectués par trois stations militaires auraient mis en évidence un séisme de magnitude 2,6 sur l'échelle de Richter à 1 h 23 min 39 s (moment du pic des courbes), tandis que selon plusieurs rapports l'explosion aurait eu lieu entre 1 h 23 min 49 s et 1 h 23 min 59 s. Cet enchaînement des événements est contesté, et la secousse enregistrée pourrait simplement correspondre à l'onde de choc provoquée par l'explosion du bloc no 4. Plusieurs scientifiques qui se sont penchés sur l'hypothèse du tremblement de terre ont ainsi refait les calculs de temps en prenant en compte différentes incertitudes et ont montré qu'il était possible de faire coïncider le moment de l'explosion avec celui de la secousse, ce qui les a cependant amenés à modifier la chronologie « officielle » des événements telle qu'elle a été décrite dans la section précédente[27],[28].
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Le documentaire Le Pic-vert russe, réalisé en 2015 par Chad Gracia à l'initiative de l'artiste ukrainien Fiodor Alexandrovitch (lui-même évacué de la zone interdite dans son enfance), développe l'hypothèse selon laquelle cette catastrophe aurait été commanditée par le ministre russe des communications Vassily Chamchine. L'objectif aurait été de cacher aux yeux du pouvoir soviétique le fait que l'antenne radar trans-horizon DUGA-3 surnommée « le Pic-vert russe » et située à 15 km de la centrale nucléaire (dont il a été le donneur d'ordre et qui a coûté des milliards de roubles) ne fonctionnait pas. En provoquant cette explosion, il masquait l'échec technologique du système Duga (en faisant passer la catastrophe nucléaire comme cause de cet échec) et échappait à une accusation de « détournement de fonds publics » qui était à l'époque punie de la peine de mort[29],[30].
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Durant cette nuit, avec l'aide des électriciens du quart d'Akimov, Davletbaiev essaie de remplacer l'hydrogène du générateur par de l'azote pour éviter l'explosion[31]. Ils vident l'huile des bacs de la turbine dans les réservoirs de secours situés à l'extérieur de la tranche. Les bacs d'huile sont noyés d'eau[31]. Cette intervention évitera notamment la progression des flammes jusqu'à la salle des machines, l'effondrement du toit du réacteur et la propagation de l'incendie aux autres réacteurs qui eux-mêmes auraient pu exploser[32].
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Afin d'éteindre l'incendie, Brioukhanov appelle simplement les pompiers. Ceux-ci, venus de Prypiat, située à 3 km de la centrale, interviennent sur les lieux sans équipement particulier. Cependant, les matières nucléaires ne peuvent être éteintes avec de l'eau. Les pompiers, gravement irradiés, sont évacués et mourront pour la plupart. Les témoignages sur leur souffrance et les conditions de leur mort ont été recueillis par la journaliste biélorusse Svetlana Aleksievitch, prix Nobel de la littérature, et publiés dans son livre Supplication : le monde après l'apocalypse.
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Le principal danger de l'incendie est que les dégâts qu'il occasionne à la structure risquent de provoquer l'effondrement de la matière en fusion (corium) dans les parties souterraines qui sont noyées. Un contact entre l'eau et le réacteur en fusion provoquerait une explosion qui disperserait d'immenses quantités de matière radioactive. Ainsi, au cours des jours suivants, des plongeurs sont envoyés afin de fermer les vannes et installer un système de pompage pour vider les salles noyées. L'incendie finira par être éteint par projection dans le brasier de sacs de sable et de bore depuis des hélicoptères.
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Les photos des pompiers de Tchernobyl sont exposées au musée de Tchernobyl de Kiev. On y découvre des héros de l'Union soviétique tels que Vladimir Pravik, Victor Kibenok, Vassili Ignatenko, Micolas Titenok, Micolas Vachtchouk et Tichtchoura[33].
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L'incendie éteint, les techniciens de la centrale prennent conscience de l'étendue des dégâts provoqués par la retombée du toit sur le réacteur, qui est désormais fissuré. Le graphite toujours en combustion, mélangé au magma de combustible qui continue de réagir, dégage un nuage de fumée saturé de particules radioactives.
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Il faut donc au plus vite maîtriser le feu de graphite et faire face à la présence de débris hautement radioactifs projetés aux environs par l'explosion. Ce n'est qu'ensuite que le réacteur pourra être isolé par un sarcophage.
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La première opération, menée par plus de mille pilotes, est réalisée grâce à un ballet d'hélicoptères militaires de transport Mil Mi-8[34]. Il s'agit de larguer dans le trou béant 5 000 tonnes de sable, d'argile, de plomb, de bore, de borax et de dolomite[35], un mélange qui permettra de stopper la réaction nucléaire et d'étouffer l'incendie du graphite afin de limiter les rejets radioactifs[36]. La mission est difficile, car elle consiste à larguer les sacs à une hauteur de plus de 200 m dans un trou de 10 m de diamètre environ, et ceci le plus vite possible, car malgré l'altitude les opérateurs reçoivent 15 röntgens, soit 150 mSv, en huit secondes, avec un débit dose de plus de 100 Sv/h. Une telle dose augmente significativement la probabilité de développer un cancer. Dans la seule journée du 30 avril, 30 tonnes de sable et d'argile sont ainsi déversées sur le réacteur.
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D'autre part, sur le toit et aux alentours immédiats de la centrale, une cinquantaine d'opérateurs sont chargés dans les premiers jours suivant la catastrophe de collecter les débris très radioactifs. Chaque opérateur ne dispose que de 90 secondes pour effectuer sa tâche. Il est exposé à cette occasion à des niveaux de radiations extrêmement élevés dont ne le protègent guère des équipements de protection dérisoires, principalement destinés à l’empêcher d’inhaler des poussières radioactives. Un grand nombre de ces travailleurs en première ligne ont développé par la suite des cancers et sont morts dans les années qui ont suivi. Ces travailleurs ont été surnommés les liquidateurs. Il a aussi été fait appel à des robots télécommandés français, suisses et allemands mais ceux-ci sont tous tombés en panne à cause des niveaux de radiation exceptionnellement élevés[37],[38].
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Cependant, le réacteur est toujours actif et la dalle de béton qui le soutient menace de se fissurer. Plus grave, l'eau déversée par les pompiers pour éteindre l'incendie[39] a noyé les sous-structures, menaçant ainsi l'intégrité et le pilotage des trois autres réacteurs de la centrale. Le professeur Vassili Nesterenko diagnostique que si le cœur en fusion atteint la nappe d'eau accumulée par l'intervention des pompiers, une explosion de vapeur est susceptible de se produire et de disséminer des éléments radioactifs à une très grande distance[39]. En effet, la fusion du combustible et des structures métalliques a formé un corium sur le plancher situé sous le réacteur. L'eau pouvait être drainée en ouvrant des vannes d'évacuation. Cependant, les soupapes qui la contrôlaient étaient sous l'eau, situées dans un couloir inondé dans le sous-sol. Ainsi, des volontaires en combinaison de plongée, avec des respirateurs (pour la protection contre les aérosols radioactifs) et équipés de dosimètres, plongent dans l'eau radioactive pour ouvrir les vannes[40],[41]. Ces hommes sont les ingénieurs Alexei Ananenko et Valeri Bezpalov (qui savaient où se trouvaient les vannes), accompagnés du superviseur de quart Boris Baranov[42]. Les trois hommes savaient que c'était une mission suicide, ils ont subi une forte irradiation et seraient morts peu de temps après, selon de nombreux articles en langue anglaise, des livres et le docufiction de la BBC Surviving Disaster - Chernobyl Nuclear. Certaines sources ont également affirmé à tort qu'ils étaient morts dans l'usine[43]. Cependant les recherches d'Andrew Leatherbarrow, auteur du livre Tchernobyl 01:23:40, ont déterminé que l'histoire fréquemment racontée était une exagération grossière : Alexei Ananenko continue de travailler dans l'industrie de l'énergie nucléaire et pense qu'il y a beaucoup de « folklore » autour de Tchernobyl dans les média[44]. Bien que Valeri Bezpalov ait été retrouvé encore vivant par Leatherbarrow, Baranov âgé de 65 ans, a vécu jusqu'en 2005 et est mort d'une insuffisance cardiaque, selon une source en langue russe[45].
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Sous le cœur du réacteur en fusion, la dalle de béton menace de fondre. Au cours de la seconde quinzaine de mai, environ 400 mineurs des mines des environs de Moscou et du bassin houiller du Donbass sont appelés pour creuser un tunnel de 167 mètres de long menant sous le réacteur[46] afin d'y construire une salle. Un serpentin de refroidissement à l'azote doit y être installé pour refroidir la dalle de béton du réacteur[36]. Les mineurs se relaient 24 heures sur 24 dans des conditions très difficiles dues à des températures élevées (plus de 50 °C) et en étant dans l'impossibilité d'utiliser des ventilateurs à cause du niveau très important de poussières radioactives. Le débit de dose à la sortie du tunnel est d’environ 200 röntgens par heure[36]. La radioactivité dans le tunnel lui-même est élevée quoique non fatale à court terme, mais la chaleur rend le travail difficile[23]. Le circuit de refroidissement ne fut jamais installé et finalement remplacé par du béton pour ralentir et arrêter la descente du cœur fondu.
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Grâce à ces travaux, le niveau de radiation baissera momentanément avant de s'élever à nouveau. Ce n'est que le 6 mai que la radiation absorbée en huit secondes chute enfin à 1,5 röntgen par heure. Après cette date, ce sont encore 80 tonnes de mélanges qui seront déversées.
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Deux ans après la catastrophe, Valeri Legassov, scientifique (directeur de l'Institut Kourchatov de physique nucléaire) et haut fonctionnaire soviétique chargé des questions nucléaires, et qui a co-écrit et présenté le rapport de la première commission gouvernementale chargée de la gestion de Tchernobyl se pend après avoir dénoncé les défauts des centrales nucléaires russes, qui étaient mal conçues à cause des problèmes monétaires de l'Union soviétique, et publie à titre posthume un article dans la Pravda[47],[48].
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Le 6 mai, l'émission du réacteur tombe en moins de vingt minutes à 1/50 de sa valeur précédente, puis à quelques curies par jour. L'explication n'en sera connue qu'en 1988, à la suite des forages horizontaux faits à cette date à travers le bloc 4 par l'Institut Kourtchatov : le fond du réacteur avait cédé d’un coup, et le cœur fondu en lave liquide s’était écoulé puis définitivement solidifié 20 m plus bas dans les infrastructures, dans la piscine de suppression de pression qui avait heureusement été vidée[49]. Le cœur du réacteur fondu est ce qu'on appelle un corium, ou aussi, du fait de sa forme, le pied d'��léphant[50]. Ce cœur est toujours actif mais son activité radioactive n'a cessé de décroître depuis les événements.
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Dans les mois qui ont suivi, plusieurs centaines de milliers d'ouvriers (600 000 environ[51]), les « liquidateurs » venus d'Ukraine, de Biélorussie, de Lettonie, de Lituanie et de Russie arrivent sur le site pour procéder à des nettoyages du terrain environnant[52]. Leur protection individuelle contre les rayonnements était très faible, voire nulle. La décontamination était illusoire dans la mesure où personne ne savait où transférer les gravats déblayés. Beaucoup de villages en Ukraine mais surtout en Biélorussie ont été évacués, détruits et enterrés en raison d'une radioactivité trop élevée.
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Dans la zone interdite, les liquidateurs étaient chargés de tuer les animaux car la poussière radioactive présente dans leur pelage risquait de contaminer les autres liquidateurs. D'autres unités de liquidateurs procédaient à la décontamination des villages et des camions revenant de la centrale à l'aide de simples jets d'eau, la poussière radioactive recouvrant presque tout.
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En août 1986, la décontamination de la centrale et l'isolation du réacteur commençaient. C'est dans ce périmètre que les niveaux de radioactivité étaient les plus élevés. Les véhicules étaient recouverts de plaques de plomb pour protéger leur équipage. Les liquidateurs travaillaient dans une radioactivité si élevée qu'ils ne pouvaient rester sur place que quelques minutes voire secondes. De plus, des morceaux de graphite qui entouraient les barres de combustible du réacteur en avaient été expulsés lors de l'explosion et étaient éparpillés sur le toit de la centrale et dans ses environs. Ces gravats hautement radioactifs ne pouvaient être récupérés par des êtres humains sans sacrifier leur santé. Dans de telles conditions, des robots téléguidés ont été choisis pour procéder au nettoyage, mais la radioactivité était si élevée qu'ils tombaient en panne après quelques missions. La dernière solution était donc d'envoyer des hommes pour effectuer ce travail. Ces liquidateurs, par la suite appelés « bio-robots » ou « « robots verts » (à cause de la couleur de leur uniforme) », se relayaient à peu près toutes les 30 secondes[38]. Leur mission était de jeter les gravats radioactifs dans des bennes ou dans le réacteur détruit à l'aide de pelles ou, quand il n'y en avait plus, à la main[38]. Une fois cette lourde tâche effectuée, les travaux d'isolement du réacteur pouvaient commencer. On estime qu'il y avait sur le toit de 10 000 à 12 000 röntgen par heure ; sachant que la dose mortelle est d'à peu près 400 röntgens en une année, ces hommes ont enduré différents problèmes de santé une fois rentrés chez eux[39].
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La solution retenue pour isoler le réacteur détruit est une imposante structure d'acier recouvrant les ruines du bâtiment du réacteur. Du fait de la radioactivité, les liquidateurs chargés de sa construction ne pouvaient pas rester longtemps sur place. La construction de ce premier sarcophage de Tchernobyl s'est déroulée de mai à octobre 1986[53]. Pour en célébrer la fin, un drapeau rouge a été hissé au-dessus de la tour de refroidissement. Les noms des liquidateurs sont mentionnés sur la dernière pièce métallique fixée au sarcophage. Une seule personne y repose : Valeri Kodemtchouk, un employé de la centrale mort à son poste dans la salle de pompage et dont le corps n'a jamais été retrouvé.
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Un hélicoptère Mil Mi-8 s'est écrasé pendant l'édification du sarcophage, entraînant la mort de son équipage. Les pales ont percuté le câble d'une grue. La scène a été filmée par le cinéaste Vladimir Chevtchenko.
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Selon Viatcheslav Grichine, membre de l'Union Tchernobyl, principale organisation des liquidateurs, sur 600 000 liquidateurs, « 25 000 sont morts et 70 000 restés handicapés en Russie, en Ukraine les chiffres sont proches et en Biélorussie 10 000 sont morts et 25 000 handicapés »[54].
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Le 26 avril 1986, la population locale n’est pas prévenue de l'accident et poursuit ses activités habituelles sans prendre de précautions particulières, les autorités soviétiques considérant que la panique est bien plus dangereuse que la radioactivité[55]. Les habitants de Prypiat, petite ville située à 3 km de Tchernobyl, ne sont pas immédiatement informés sur la gravité de la situation. Ils vivront une journée comme les autres, envoyant leurs enfants à l'école, les emmenant jouer au square. Ils ne seront évacués que 30 heures après l'accident[56]. À Prypiat toujours, 900 élèves âgés de 10 à 17 ans participent à un « marathon de la paix » qui fait le tour de la centrale.
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L'évacuation débute le 27 avril à 14 h et les 49 360 habitants[57] de Prypiat sont les premiers concernés. Ils n'ont été informés que quelques heures auparavant par la radio locale, qui leur demandait de n'emporter que le strict minimum et leur promettait qu'ils seraient de retour sous 2 ou 3 jours. Emmenés par l'armée, ils sont hébergés dans des conditions précaires dans la région de Polesskoïe, elle-même gravement touchée par les radiations.
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Au début du mois de mai, les 115 000 personnes habitant dans un rayon de 30 km autour du site sont évacuées, opération qui se poursuit jusqu'à la fin du mois d'août. Chaque évacué reçoit une indemnité de 4 000 roubles par adulte[Note 3] et 1 500 roubles par enfant. Les évacuations touchent au total environ 250 000 personnes de Biélorussie, de Russie et d’Ukraine. Slavoutytch, une ville comptant plus de 30 000 habitants à la fin de l'année 1987, est créée ex nihilo.
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Quatre « zones de contamination radioactive » décroissantes sont définies. Deux d'entre elles ne sont pas évacuées, mais les habitants disposent d'un suivi médical et de primes de risque.
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Dans les premières heures qui suivent la catastrophe, l'opacité créée par les différents échelons administratifs est totale. Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, n'est informé officiellement que le 27 avril. Avec l'accord du Politburo, il est forcé de faire appel au KGB pour obtenir des informations fiables[58][réf. non conforme]. Le rapport qui lui est transmis parle d'une explosion, de la mort de deux hommes, de l'arrêt des tranches 1, 2 et 3. Les rapports faits au dirigeant soviétique sont entourés d'« un luxe de précautions oratoires »[59].
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Le 28 avril au matin, un niveau de radioactivité anormal est constaté dans la centrale nucléaire de Forsmark en Suède, qui entraîne l'évacuation immédiate de l'ensemble du site par crainte d'une fuite radioactive interne. Mais les premières analyses montrent que l'origine de la contamination est extérieure à la centrale et vient de l'est. L'après-midi du même jour, l'Agence France-Presse rapporte l'incident[60].
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À partir de ce moment, toutes les hypothèses sont formulées par les médias occidentaux. Les informations arrivent au compte-goutte (entretien à Kiev de personnes évacuées de la zone, etc.). L'agence de presse TASS parle le 29 avril d'un accident « de gravité moyenne survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl », le « premier de cette nature », citant le Conseil des ministres de l'URSS. Alexandre Liachko, le premier ministre ukrainien, affirmera finalement que « les autorités de Moscou n'ont été mises au courant de la pleine gravité de la catastrophe que quarante-huit heures après les faits »[60]. En même temps, les photos satellites du site de la centrale fournissent les premières images de la catastrophe.
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Pour Gorbatchev, la catastrophe constitue la première mise en œuvre de la politique de glasnost (« transparence ») présentée au cours du XXVIIe congrès du PCUS (25 février – 6 mars 1986), et qui a rencontré de fortes oppositions. Dans son esprit, l'accident constitue « un nouvel argument fort en faveur de réformes profondes ».
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Le 14 mai, Gorbatchev prononce une allocution télévisée dans laquelle il reconnaît l'ampleur de la catastrophe et admet que des dysfonctionnements profonds ont eu pour conséquence que « ni les politiques ni même les scientifiques n'étaient préparés à saisir la portée de cet événement. » Cette volonté de transparence ne va pas sans une très importante propagande autour des travaux réalisés, destinée à mettre en valeur la « bataille contre l'atome ». Une banderole apposée sur le réacteur éventré proclame que « le peuple soviétique est plus fort que l'atome » tandis qu'un drapeau rouge est fixé au sommet de la tour d'aération de la centrale à l'issue des travaux de déblaiement.
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Pendant 15 ans, seuls les 56 premiers décès seront reconnus par les autorités[61].
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Une grande quantité de déchets radioactifs a été produite à la suite de l'accident. Une partie de ces déchets a été conservée sous le sarcophage ; une autre a été stockée en surface, ou enfouie dans de nombreux dépôts et tranchées (au nombre de 1 000 rien qu'en Ukraine où le volume de déchets a été évalué à environ « un million de mètres cubes et une radioactivité de 14 pétabecquerels »[62]. Avec l'aide de la France et de l'Allemagne, une base de données a été créée (de 1999 à mi-2000[62]) pour décrire et localiser ces déchets et permettre leur suivi, pour les trois États principalement concernés[62] à partir des informations qu'ils ont pu ou voulu fournir ; avant d'être complétée au fur et à mesure des données nouvelles (via 426 enregistrements[62], la base contenait (en 2000) l'équivalent de 45 % environ des dépôts estimés dans les zones contaminées[62]). Des incohérences de données ont été détectées entre les versions russes et anglaises, et « des lacunes importantes dans les données sur les émetteurs alpha et bêta rendent délicate la classification de certains déchets » précisent les gestionnaires de la base[62].
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Lioubov Kovalevskaia est une journaliste Russe qui avait tenté d’alerter l’opinion publique sur le risque d’accident nucléaire avant la catastrophe de Tchernobyl [63].
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Elle a travaillé comme rédactrice en chef du journal "La tribune de l’énergéticien" de la centrale de Tchernobyl à partir de 1980.
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A partir de 1983, ayant observé et enquêté sur « une fuite de vapeur radioactive [ayant] contaminé le site et atteint Pripiat », elle a cherché à travers plusieurs articles censurés et édulcorés, à alerter les lecteurs du manque de sureté nucléaire de la centrale. C’était un risque dont elle était témoin, et dont elle a été tragiquement victime finalement. Dans ses articles, la censure ne l’a jamais laissé que faire allusion aux dynfonctionnements qu’elle constatait.
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Après quelques années, elle a démissionné de son poste. Dans la foulée, en début d’année 1986, elle a osé publier un article dans l’Ukrainien litteraire (de Kiev) affirmant plus clairement cette fois-ci que la centrale « n’était pas sûre ». L’administration communiste ouvre alors une enquète qui vise à l’exclure du Parti, même si cette publication, improbable dans une revue littéraire, ne pouvait pas avoir d’impact important sur l’opinion publique d’URSS.
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Elle a ensuite écrit deux ouvrages : « Tchernobyl secret » et « le journal de Tchernobyl » et donné une interview [64]. Ainsi a posteriori a-t-elle été surnommée la « Cassandre de Tchernobyl » et Mikhaïl Gorbatchev l’a félicitée pour son « courage civique ».
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Internationalement, une crise de crédibilité affectant globalement l'énergie nucléaire est déclenchée par l'accident de Tchernobyl.
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En France, Pierre Pellerin, directeur du Service de protection contre la radioactivité, déclare qu'il n'y a pas de risques pour la santé publique en France des suites de Tchernobyl malgré l’augmentation de la radioactivité mesurée dans l'air. Cette déclaration est transformée en « le nuage s’est arrêté aux frontières » dans les médias[65],[66].
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Selon Kate Brown, professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), les conséquences réelles du désastre restent largement méconnues et sous-estimées : « Il s’agit surtout d’occulter les effets des radiations chroniques à faibles doses, afin de détourner l’attention de l’impact possible des essais nucléaires sur les populations. […] Se contenter de ne voir dans Tchernobyl qu’un accident avec un début et une fin, c’est l’utiliser comme un balai pour écarter le vrai sujet : au nom de la paix, nos dirigeants ont fait exploser 2 000 bombes dans l’atmosphère pendant la guerre froide, qui ont émis 500 fois plus de radioactivité que Tchernobyl. Nous y avons tous été exposés, surtout dans l’hémisphère nord. Depuis 1950, on constate partout une envolée des taux de cancers, surtout chez les enfants, des malformations congénitales, une chute de moitié de la qualité du sperme… Voulons-nous savoir pourquoi ? Ou acceptons-nous un humain en moins bonne santé comme étant le nouveau standard ? À cause du nucléaire, des produits chimiques ? Non, nous devons demander à en savoir plus, et nous armer de données pour résister à ceux qui essaient de nous endormir avec des demi-vérités »[67],[68].
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Le rapport de 2007 de l'IRSN rapporte que dans la semaine qui a suivi l’accident, les autorités soviétiques ont procédé à l’évacuation des habitants des localités des environs, soit plus de 135 000 personnes, qui ont dû être relogées ultérieurement[69]. Comme le note Philippe Coumarianos : « entre le 27 avril et le 7 mai, deux villes et soixante-dix localités, situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, furent vidées de leurs habitants. Cette zone d'exclusion couvre une superficie de près de 300 000 hectares, à cheval sur les territoires ukrainien et biélorusse. (…) Au total, environ 250 000 personnes quittèrent leurs foyers »[70].
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Le déplacement des populations vivant dans les zones d’exclusion a également engendré un coût, et encore de nombreuses personnes vivent en territoire contaminé (en Biélorussie, le pays le plus touché, 1,6 million de personnes) et connaissent donc des difficultés. Il a également fallu créer de nouveaux établissements de santé et prendre des mesures sanitaires[71].
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Passant outre les ordres d'évacuation de la zone d'exclusion nucléaire, environ un millier de samossioly (« colons individuels ») sont revenus y habiter, vivant en autarcie de leur lopin de terre[10] ; en 2007, ils seraient environ 300, dont la moitié à Tchernobyl.
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L'IRSN a publié en 2007 un rapport sur « Les accidents dus aux rayonnements ionisants » qui consacre cinq pages à une synthèse des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. « Des surfaces importantes de trois territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie (correspondant à plus de sept millions d’habitants) ont présenté des dépôts de césium 137 supérieurs à 37 kBq/m2 (1 Ci/km2) :
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L'IRSN rapporte que « deux radionucléides ont soulevé des problèmes sanitaires, tant à cause de leurs effets que des quantités rejetées : le césium 137 avec 85 PBq (2,3 106 Ci) rejetés et l’iode 131 avec 1 760 PBq (47,5 106 Ci) rejetés »[69].
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Les plus fortes doses de radiation ont été reçues par le millier de personnes qui sont intervenues sur le site les premiers jours, et ont été exposées à des doses allant de 2 à 20 gray. Selon l'IAEA et l'IRSN, 134 présentèrent un syndrome d'irradiation aiguë et 28 décédèrent[72],[73]. L'effet stochastique de la contamination radioactive sur les populations exposées moins fortement n'apparaît que statistiquement, et est plus difficile à mettre en évidence, d'où son caractère très polémique. La distribution dans les premières heures (6-30) de l'accident de tablettes d'iode à la population de Prypiat (la plus grande ville à proximité de la centrale, dont la population a été évacuée moins de 48 heures après l'accident) a permis en moyenne de diminuer la dose sur la thyroïde d'un facteur six[72]. Selon d'autres experts, allant du Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants à la Commission européenne en passant par le professeur Aurengo, la distribution de d'iode a été trop partielle et/ou tardive[74],[75],[76]. Finalement, une très nette épidémie de 4 000 cancers de la thyroïde (au lieu des 50 statistiquement attendus) a été constatée chez les jeunes enfants de la région, directement attribuable à une contamination à l'Iode-131, et conduisant à neuf décès. Cela correspond à une multiplication du taux naturel de ce cancer, très rare chez l’enfant[77],[78], par un facteur entre 10 et 100[79]. Cet excès de cancers de la thyroïde chez les enfants aurait été évité si toute la population avait bénéficié en temps voulu d’une distribution prophylactique d’iode stable[80].
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Selon l'IAEA[72], les quelque 600 000 « liquidateurs » qui étaient intervenus sur le site reçurent en moyenne une dose de l'ordre de 100 mSv (de 10 à 500 mSv) ; et le taux de mortalité de ce groupe semble avoir augmenté de quelque 5 %, conduisant à une estimation de quatre mille morts supplémentaires. Cependant, si la mortalité a été anormalement élevée, le risque de cancer à proprement parler semble avoir diminué dans ce groupe selon une étude pratiquée sur 8 600 de ces liquidateurs ayant reçu une moyenne de 50 mSv, qui montre une sous-incidence significative de 12 % de l’ensemble des cancers par rapport à la population générale russe, et n’a pas permis de mettre en évidence de relation dose-effet significative[81]. L’analyse chez ces liquidateurs a montré une augmentation (doublement voire triplement) de l’incidence des leucémies mais sans relation dose effet significative, ce qui pouvait indiquer que cette augmentation apparente n'est qu'un biais de dépistage[81],[82],[83]. L'IRSN indique que « indépendamment des incertitudes sur les doses reçues par les « liquidateurs », souvent surévaluées en raison des avantages sociaux et des compensations liées au statut de « liquidateur », les données issues du suivi de ces travailleurs sont d’interprétation difficile, notamment à cause de l’éclatement de l’URSS, qui a rendu nombre de « liquidateurs » à leurs pays d’origine »[84]. En reconstruisant les doses des sujets plutôt que d'utiliser les chiffres officiels donnés par les registres, une étude récente a cependant observé une augmentation significative du nombre de leucémies chez des liquidateurs ukrainiens, ce résultat étant conforté par l'existence d'une relation dose-effet linéaire[85],[75].
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L'IAEA estime qu'il n'y a pas d'effet statistiquement observable sur le taux de leucémie ou de cancer (autre que de la thyroïde) des populations les plus exposées : 116 000 personnes évacuées des zones hautement contaminées (exposition moyenne estimée à 33 mSv, avec des expositions maximales de l'ordre de quelques centaines de mSv), 270 000 personnes habitant les zones strictement contrôlées (exposition cumulée de l'ordre de 50 mSv entre 1986 et 2005), et les 5 millions d'habitants des zones faiblement contaminées (de 10 à 20 mSv)[72]. Ces zones contaminées (à plus de 37 kBq/m2 en Cs-137, soit un curie/km2) représentent un total de 200 000 km2. Une contamination de 15 Ci par km² occasionne une dose externe d’environ 4 mSv/an, auxquels il faut ajouter la part de contamination interne provenant des produits utilisés dans la chaîne alimentaire, doublant en moyenne cette valeur[86].
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Pour l'OMS, la principale cause des décès dus à la catastrophe de Tchernobyl est le stress, pas les radiations[87]. Cependant, il faut rappeler que l'OMS, organisation de l'ONU, est liée depuis 1959 par ses statuts à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de la promotion du nucléaire, qui lui interdit d’« entreprendre un programme ou une activité » dans le domaine nucléaire sans consulter cette dernière « en vue de régler la question d’un commun accord » (point 2 de l’article 1). »[88].
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Les personnes évacuées ont ainsi été confrontées à des facteurs de stress aigu, d’où peuvent découler le stress psychologique à long terme, le syndrome de stress post-traumatique et une diminution du bien-être[89].
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Kate Brown indique : « Officiellement, selon l’ONU, la catastrophe n’aurait fait que 33 à 55 morts, et provoqué 600 cancers infantiles. Le pire accident nucléaire de l’histoire n’aurait pas eu de conséquences si graves que cela. Beaucoup de gens soupçonnaient que c’était largement sous-évalué. En 2014, j’ai commencé à éplucher les très nombreux rapports des médecins locaux, uniquement transmis aux responsables médicaux du KGB et restés secrets. J’ai trouvé une énorme collection, en ukrainien et en russe, sur les « conséquences médicales du désastre de Tchernobyl ». J’ai été choquée par l’ampleur des dégâts sanitaires, par leur visibilité aux yeux de tous. L’été 1986, les registres notent une forte hausse des complications à la naissance, des bébés nés avec des malformations, ou qui meurent dans le mois. Les gens se plaignent de maux de gorge, de problèmes respiratoires et gastro-intestinaux, à force de respirer des poussières radioactives et d’avaler des aliments contaminés. Avant l’accident, 80 % à 90 % des enfants étaient répertoriés comme étant « en bonne santé » ; après, en 1987 et 1988, seuls 10 à 20 % le sont. Le nombre de cancers explose environ 18 mois après l’accident, des leucémies, des cancers de la thyroïde chez les enfants.[68] ».
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En dehors de ces zones, dans le reste de l'Europe, le passage des « nuages radioactifs » multiples [90] a conduit à une hausse détectable de la radioactivité[91], mais la population a été exposée à moins de 10 mSv (c'est-à-dire deux à quatre fois la dose moyenne annuelle reçue par la radioactivité naturelle). En France, la radioactivité maximale enregistrée a été de l'ordre de 6 kBq/m2, cinq à six fois plus faible que la limite des « zones faiblement contaminées » (zones où les populations n'ont pas été évacuées). « L'explosion est restée très concentrée près de l'installation, et les retombées ont été dispersées par de grands panaches de fumée, qui sont montés très haut dans l'atmosphère et ont traversé l'Europe, diluant leur concentration… Ça aurait pu être bien pire »[92].
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L'IRSN précise que « les conséquences radiologiques de l’accident de Tchernobyl sur la santé des populations doivent être dissociées des effets qui ont été causés ou amplifiés par les changements radicaux […] qui ont eu lieu en Union Soviétique au même moment. La période post-accidentelle a coïncidé avec la période de restructuration de la Perestroïka, qui a entraîné une chute brutale de tous les indices économiques, comparable à celle constatée dans des pays en guerre. […] L’effondrement économique a eu un impact significatif sur les taux de mortalité et de morbidité. En Russie, le taux brut de mortalité est passé de 488 pour 100 000 en 1990 à 741 pour 100 000 en 1993, soit une augmentation de 52 %. En 1993, l’espérance de vie des hommes est tombée à cinquante-neuf ans, soit six ans de moins qu’en 1987. […] Si l’on néglige cette augmentation globale de la morbidité et de la mortalité, l’examen isolé des statistiques sur les populations exposées du fait de l’accident peut aboutir à la fausse conclusion que ces effets sont en rapport direct avec l’accident.[93] »
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Des incendies de forêts et de tourbières tels que ceux qui ont accompagné la canicule européenne de 2010 en Russie sont susceptibles de réinjecter brutalement dans l'atmosphère et les eaux superficielles et souterraines des radionucléides ou du plomb qui étaient restés piégés jusque-là dans la biomasse et la nécromasse fongique, lichénique, animale et végétale.
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Après l’accident, de nombreux obstétriciens ont jugé plus prudent de mettre un terme à une grossesse, ou ont été incapables de résister à la demande de la future mère, alors que les doses de radiation étaient bien en dessous de celles susceptibles de produire un quelconque effet in utero mais en quelques semaines les idées fausses ont été largement dissipées au sein de la profession médicale[94]. Néanmoins, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique entre 100 000 et 200 000 avortements en Europe de l'Ouest ont été provoqués à la suite de cette catastrophe[94],[95].
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En 2000, la plus grande partie des zones contaminées ne présente plus de danger particulier d'irradiation. La dose causée par les retombées radioactives de l'accident ne dépasse encore 1 millisievert par an que dans les zones qui avaient été fortement contaminées (zones de contrôle permanent), ce qui concerne 100 000 personnes[72]. C'est l'ordre de grandeur du niveau d'exposition dû à la radioactivité naturelle (2,5 mSv/an en moyenne, jusqu'à dix fois plus dans certaines régions, sans effets détectables sur les populations). Le 5 septembre 2005, un rapport de 600 pages a été produit à l'occasion du Forum Tchernobyl organisé à Vienne réunissant une centaine d'experts sous l'égide notamment de l'AIEA, de l'OMS et du PNUD : « Jusqu'à 4 000 personnes pourraient, à terme, décéder des suites d'une radio-exposition consécutive à l’accident ». Cette étude fut très critiquée voire même qualifiée de mensongère[96]. Élisabeth Cardis, chef du groupe rayonnement et cancer au Circ de Lyon, estime que, si l'on prend en compte toutes les personnes touchées par les retombées radioactives, soit 570 millions de personnes, « nous prévoyons [...] 41 000 cas de cancers, thyroïde et autres, tous confondus, liés à l'accident de Tchernobyl dont 16 000 décès »[97]. Les cancers devraient cependant toucher disproportionnellement les habitants de la Biélorussie, de l'Ukraine et des territoires les plus contaminés de la Russie, avec près des deux tiers des cas de cancer de la thyroïde et au moins la moitié des autres cancers[98]. Le rapport TORCH (The Other Report on Chernobyl), quant à lui, estime que le chiffre pour le monde entier se situera entre 30 000 et 60 000; Greenpeace, d’autre part, évalue à 93 000 le nombre de morts en ex-URSS[96].
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Au cours des années 2000, le réacteur détruit sous le sarcophage reste une menace permanente. Ce premier sarcophage se détériore de jour en jour et n'est plus étanche. Il laisse filtrer les eaux de pluie qui risquent par écoulement et infiltration naturelle de contaminer la nappe phréatique qui se situe à l’aplomb[99]. Un nouveau sarcophage est mis en place en 2016.
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Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) établi en 2005 recense près de 30 morts par syndrome d'irradiation aiguë directement attribuables à l'accident et estime que 5 % des décès de liquidateurs serait lié à la catastrophe. Dans les populations locales, 4 000 cancers de la thyroïde ont été officiellement diagnostiqués entre la catastrophe et 2002, dont la grande majorité est attribuée à la catastrophe. Cependant, ce rapport estime que le nombre de morts supplémentaires par cancer dans ces populations (estimé à 4 000 morts d'après les modèles de radioprotection) est trop faible par rapport à la mortalité naturelle (100 000 morts, soit 4 % d'accroissement) pour être détectable par les outils épidémiologiques disponibles[72].
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Le nombre de décès directement imputables à la radioactivité varie entre 9 000, selon le rapport élaboré en 2006 par plusieurs agences de l'ONU sous la houlette de l’AIEA, et près d'un million selon le le rapport russe A. Yablokov (Center for Russian Environmental Policy de Moscou), V.B. Nesterenko et A.V. Nesterenko (Institute of Radiation Safety de Minsk) de 2007[100],[101].
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Selon Kate Brown, les conséquences réelles du désastre sont largement méconnues et sous-estimées : il y aurait, par exemple, jusqu'à 150 000 morts en Ukraine selon certains scientifiques de ce pays[102].
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En 2011, Helen Caldicott, militante anti-nucléaire, docteur en médecine de nationalité australienne, s’appuie sur les chiffres du rapport de Yablokov, Nesterenko et Nesterenko (publié en anglais en 2009) qui estime qu’un million de personnes sont déjà décédées des suites de l’accident[103].
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Selon Michael Shellenberger, les chiffres des morts liées à la catastrophe de Tchernobyl sont surestimés : les radiations ne seraient pas aussi nocives et auraient tué au maximum 200 personnes[2],[104].
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L'article de vérification des faits de Libération par Olivier Monod, qui ne prétend pas trancher entre les différentes conclusions, avance « une fourchette, ou plutôt un râteau, allant de 4 000 à 200 000 » morts[105].
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Selon le gouvernement allemand, il existe des chiffres très différents sur les décès. Une cinquantaine de morts sont directement dus à l’accident. Les Nations Unies estiment un nombre de 4 000 décès en 2006. Par ailleurs, selon Greenpeace[106],[107], la catastrophe causera de l'ordre de 270 000 cancers (93 000 mortels) sur 70 ans, selon l'IPPNW plus de 112 000 liquidateurs seraient décédés et cette association prévoit près de 240 000 nouveaux cas de cancer en Europe d’ici 2056. Le gouvernement allemand montre donc qu'il y a d'énormes divergences d'appréciation, affirme qu'il n'existe pas de danger pour la population allemande, mais que les conséquences de la catastrophe l'ont conduit à sortir progressivement du nucléaire[108].
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Après l'accident de Tchernobyl, un projet de construction d'une centrale nucléaire en Crimée fut abandonné[109].
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La catastrophe a accéléré la recherche sur les réacteurs RBMK et leur modernisation. Elle a également mis en évidence la nécessité d'une enceinte de confinement autour des installations, dont l'efficacité avait été pleinement démontrée lors de l'accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island. Le 15 décembre 2000 la dernière tranche encore active de la centrale de Tchernobyl a été arrêtée définitivement, sous la pression de l'Union européenne et en échange d'aides financières[110],[111].
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Depuis sa construction, l'eau et la neige s'infiltrent dans le premier « sarcophage » : le béton a souffert de la radioactivité, et la structure a été bâtie sur des fondations préexistantes ou sur des structures instables dont l'état n'est plus connu avec précision et est aujourd'hui invérifiable car non accessible à cause de la radioactivité et des débris. En 1997, la communauté internationale jugeait qu'une intervention sur le site de Tchernobyl était nécessaire. Il s'agissait de stabiliser le premier sarcophage, préparer le site à l’édification du nouveau sarcophage et procéder à sa construction.
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En 1999, une première série de travaux de consolidation du toit a été réalisée par les Ukrainiens, en attendant la décision de réalisation du nouveau sarcophage. Au début des études SIP (shelter implementation plan), en 1998[112], la priorité a été donnée au renforcement du toit qui menaçait de tomber et risquait ainsi de recontaminer le site.
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Entre 2003 et 2006, des travaux de construction d'un bâtiment de vestiaire, d'un hôpital, d'un centre d'entraînement, d'une base de construction, des réseaux d'alimentation en eau et énergies ainsi que d'un bâtiment administratif ont été réalisés. En 2006, à la suite d'un appel d'offres, une entreprise russe a procédé à la stabilisation des parties instables du premier sarcophage. En 2001, le concept « arche de Tchernobyl » fut choisi. Entre 2002 et 2003, un avant-projet a été réalisé. Un appel d'offres international a été lancé le 11 mars 2004 pour la conception, la construction et la mise en service du nouveau confinement. Le consortium Novarka mené par les groupes français Vinci et Bouygues est chargé des travaux. Les travaux de terrassement ont débuté en 2006 et la construction de l'arche a commencé en avril 2012. La désormais emblématique tour de refroidissement (qui se trouve être aussi le logo de Novarka) a été démontée lors des travaux car sa base se trouvait sous le futur sarcophage. De plus, cette tour qui n'est plus entretenue depuis la catastrophe, menaçait de s'écrouler sur le toit du sarcophage et de le faire s'effondrer. En février 2013, le toit d'un bâtiment proche du sarcophage s'est effondré sous le poids de la neige[113].
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En novembre 2016, l'opération de mise en place du sarcophage, « un bâtiment mesurant 162 mètres de long pour 108 mètres de haut et un poids total de 36 000 tonnes équipé », est réalisée[114]. Le coût total de ce projet atteint les 1,426 milliard d'euros, bien au-delà des 432 millions d'euros initialement estimés, payés en majeure partie par les pays du G7 et l'Ukraine. Son financement a été géré par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
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Ce nouveau sarcophage, en forme d’arche, doit abriter des ateliers destinés à décontaminer, traiter et conditionner les matériaux radioactifs en vue d'un futur stockage[115]. Selon un spécialiste de l'IRSN, le démantèlement nécessitera plusieurs décennies et aucune stratégie n'est encore [en 2017] arrêtée[116].
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L’accident nucléaire a eu un énorme impact économique dans les trois pays. La plus grande conséquence économique est due aux pertes de terrains agricoles et de forêts (784 000 ha de terrains agricoles et 694 000 ha de forêts ont dû être abandonnés) et d’établissements ruraux. La situation économique problématique consécutive à la chute de l’URSS a également été aggravée par la perte des sources de revenus secondaires qu’étaient la chasse, la pêche…[71]
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Selon Gorbatchev, l'ensemble de la liquidation a coûté 18 milliards de roubles [39], soit 25 milliards de dollars.
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Le nouveau sarcophage, construit avec l'aide d'un financement européen, a coûté 1,426 milliard d'euros. Il devrait tenir un siècle. Depuis fin 2016, sa structure métallique recouvre le premier sarcophage de béton et de plomb construit à la hâte par les Soviétiques, destiné lui à durer 30 ans.
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Sur 30 ans, plusieurs rapports cités par l'IAEA estiment le coût de la catastrophe de Tchernobyl à plusieurs centaines de milliards de dollars[117]. Pour sa part, le directeur de Greenpeace France, Pascal Husting, chiffre le coût total de Tchernobyl à 1 000 milliards[Note 4].
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Des divergences subsistent sur l'évaluation à long terme des conséquences sur le milieu naturel : la contamination de longue durée de plantes forestières et de gibier, une forte mortalité d'animaux invertébrés ou mammifères, ainsi qu'un impact sur la durée de vie des conifères ont été évoqués[118]. Certains médias évoquent une nouvelle biodiversité consécutive à l'abandon par l'homme des environs de la centrale[119]. En effet, moins de quinze ans après l'accident, on constate que la nature a repris petit à petit ses droits dans les zones contaminées. Presque toutes les espèces animales se multiplient librement. Cigognes, grues grises et toutes sortes de poissons et oiseaux refont leur apparition. Selon Robert Baker, de l'université Tech au Texas, « le départ des hommes a contrebalancé beaucoup des effets négatifs liés aux rayons ionisants. L'industrialisation, l'élevage, l'agriculture et la chasse sont des activités plus dévastatrices pour la biodiversité que le pire accident nucléaire »[120]. Cependant, ce point de vue est sujet à débat[121]. Selon Kate Brown, « dans les zones les plus radioactives, ils ne peuvent même pas capturer de souris, car il n’y en a pas. Il y a aussi très peu de pollinisateurs, donc très peu de fruits et d’animaux frugivores comme les oiseaux. La population d’oiseaux a chuté de 66 % dans ces zones, et ceux qui y vivent souffrent souvent de malformations. Les feuilles et arbres morts ne se décomposent pas, car il n’y a pas assez d’insectes et de microbes pour s’en charger. »[102].
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Alors que l'URSS sous la direction de Mikhaïl Gorbatchev a amorcé un certain nombre de transformations, l'accident nucléaire de Tchernobyl montre au grand jour les faiblesses scientifiques, techniques et de sécurité du pays. Il éclaire d'une lumière crue l'incurie du système en place. Ainsi pour Valeri Legassov, l'accident de Tchernobyl fut « le point extrême de tout ce qui n'allait pas dans la gestion de l'économie du pays »[122].
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Alors que, vingt ans après, la vie dans les régions touchées reste marquée par la catastrophe[123], le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a lancé en 2003 un programme spécifique pour le développement des régions touchées par l'accident intitulé : « Chernobyl Recovery and Development Programme » (Programme pour le développement et le renouveau de Tchernobyl).
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Tirant les leçons des effets catastrophiques de l'absence de transparence et de communication les jours qui ont suivi l'explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl (fin avril 1986), l'AIEA a organisé la rédaction et l'adoption rapide d'une Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire ainsi qu'une Convention sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique (dont l'adoption sera plus lente)[124].
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: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Plusieurs jeux vidéo évoquent la catastrophe de Tchernobyl :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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L'amour désigne un sentiment intense d'affection et d'attachement envers un être vivant ou une chose qui pousse ceux qui le ressentent à rechercher une proximité physique, intellectuelle ou même imaginaire avec l'objet de cet amour. Dans le cas d'une autre personne, l'amour peut conduire à adopter un comportement particulier et aboutir à une relation amoureuse si cet amour est partagé.
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En tant que concept général, l'amour renvoie la plupart du temps à un profond sentiment de tendresse et d'empathie envers une personne. Toutefois, même cette conception spécifique de l'amour comprend un large éventail de sentiments différents, allant de la passion amoureuse et de l'amour romantique, à la tendre proximité sans sexualité de l'amour familial ou de l'amour platonique et à la dévotion spirituelle de l'amour religieux.
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L'amour sous ses diverses formes agit comme un facteur majeur dans les relations sociales et occupe une place centrale dans la psychologie humaine, ce qui en fait également l'un des thèmes les plus courants dans l'art.
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Le verbe français « aimer » peut renvoyer à une grande variété de sentiments, d'états et de comportements, allant d'un plaisir général lié à un objet ou à une activité (« j'aime le chocolat », « j'aime danser ») à une attirance profonde ou intense pour une personne (« Roméo aime Juliette ») ou plusieurs personnes (« Il aime ses enfants »). Cette diversité d'emplois et de significations du mot le rend difficile à définir de façon unie et universelle, même en le comparant à d'autres états émotionnels.
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Le mot français « amour », comme le verbe « aimer » qui lui est relatif, recouvre une large variété de significations distinctes quoique liées. Ainsi, le français utilise le même verbe pour exprimer ce que d'autres langues expriment par des verbes différents : « j’aime ma femme » et « j’aime les sucreries » par exemple (alors qu'en anglais, on dira respectivement « to love » et « to like » et, en espagnol, « querer » ou « amar » et « gustar »). On constate aussi une telle variété pour le mot « amour », par exemple dans la pluralité des mots grecs désignant l’« amour ». Les différences culturelles dans la conception de l'amour redoublent donc la difficulté d'en donner une définition universelle.
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Le substantif « amour » a néanmoins une extension moins large que le verbe « aimer » : on parlera rarement, par exemple, d'« amour » des sucreries, même si l'on dit les « aimer ». Le sens du verbe « aimer », qui peut aussi exprimer l'amitié, ou plus simplement une affection pour quelque chose qui est source de plaisir, est donc plus large que celui du mot « amour ».
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Bien que la nature ou l’essence de l'amour soit un sujet de débats, on peut éclaircir plusieurs aspects de cette notion en s'appuyant sur ce que l'amour n'est pas. En tant qu'il exprime un sentiment fort et positif, on l'oppose communément à la haine, voire à l'indifférence, la neutralité ou l'apathie. En tant que sentiment, plus spirituel que physique, on l'oppose souvent au sexe ou au désir sexuel. En tant que relation privilégiée et de nature romantique avec une personne, on le distingue souvent de l'amitié, bien que l'amitié puisse être définie comme une forme d'amour, et que certaines définitions de l'amour s'appliquent à une proche amitié[1].
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L'amour désigne un fort attachement affectif à quelqu'un ou à quelque chose. S'il renvoie souvent, dans l'usage courant, aux relations humaines, et plus précisément à ce qu'une personne ressent pour une autre, l'amour peut néanmoins aussi être « impersonnel » : il est en effet possible de dire qu'une personne éprouve de l'amour pour un pays (par exemple son propre pays : voir Patriotisme), pour la nature, ou encore pour un principe ou un idéal, si elle lui accorde une grande valeur et qu'elle s'y sent très attachée. De même, on peut ressentir de l’amour pour un objet matériel, un animal ou une activité, si l'on entretient des liens affectifs forts ou étroits avec ces objets (ou qu'on s'identifie à eux). Lorsque l'amour d'un objet devient exclusif, voire excessif ou pervers, on parle de fétichisme ou d'idolâtrie.
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L'amour entre les personnes, quant à lui, est un sentiment généralement plus intense qu'un simple sentiment amical ou affectueux. Il peut cependant se présenter sous différentes formes et à des degrés d'intensité divers, de la simple tendresse (quand on dit « aimer » les enfants, par exemple) au désir le plus ardent (chez les amants passionnés par exemple). Ainsi, l'amour entre les membres d'une même famille n'est pas le même qu'entre des amis ou au sein d'un couple d'amoureux. Quand il est ressenti avec une grande intensité et qu'il exerce un fort pouvoir érotique (ou une attirance sexuelle), on parle d'amour « passionnel » ou de « passion amoureuse », utilisant souvent l'image de la flamme ou de la brûlure pour décrire l'effet qu'il exerce sur les sens et l'esprit. Quand cette passion provoque une identification si étroite avec une personne qu'elle tend à unifier les deux amants, on parle d'amour « fusionnel ».
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L'apparition plus ou moins subite de l'amour passionnel est décrite dans la langue courante comme un dessaisissement (« tomber amoureux », « coup de foudre »), provoquant chez celui qui l'éprouve des comportements destinés à séduire l'être aimé et visant à obtenir la réciprocité de cet amour, qui s'exprimera le cas échéant par des actions et des gestes amoureux – parmi lesquels les caresses, les baisers et les rapports sexuels, ces derniers étant désignés dans plusieurs langues par l'expression « faire l'amour ». Ces pratiques et ces gestes sont en partie culturels et peuvent faire l'objet – tout comme l'étude des interdits liés à l'amour – d'une approche anthropologique ou sociologique.
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Outre les différences culturelles dans les pratiques liées à l'amour, les idées et les représentations sur l'amour ont également beaucoup changé selon les époques. L'amour platonique, l'amour courtois et l'amour romantique sont ainsi des conceptions distinctes et apparues à des époques précises de l'Histoire. Il existe aussi un certain nombre de désordres psychiques liés à l'amour, et étudiés par la psychologie, comme l'érotomanie ou le narcissisme. Certaines formes d'amour sont par ailleurs perçues comme des perversions ou des déviances (voir paraphilie), telles que la pédophilie (attirance sexuelle pour les enfants) et la zoophilie (attirance sexuelle pour les animaux). De telles amours peuvent être étudiées aussi bien par la psychologie que par les sciences humaines et sociales.
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À cause de la nature complexe et difficile à saisir de l'amour, les discours sur l'amour se réduisent souvent à des clichés, que l'on retrouve dans un certain nombre de dictons sur l'amour, depuis la phrase du poète Virgile : « L'amour triomphe de tout (omnia vincit amor) », jusqu'au célèbre : « L'amour rend aveugle ». Le philosophe Leibniz en donnait, lui, cette définition : « Aimer, c'est trouver plaisir au bonheur d'autrui »[2].
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Dans l'Histoire, la philosophie et la religion (ainsi que la théologie qui lui est liée) ont beaucoup médité sur le phénomène amoureux, source constante d'inspiration pour les arts plastiques, littéraires et musicaux. La psychologie, au siècle dernier, a renouvelé les réflexions sur le sujet. Ces dernières années, des sciences telles que la biologie, la neurologie et les neurosciences, mais aussi la zoologie[réf. souhaitée] et l'anthropologie[réf. souhaitée], ont amélioré notre compréhension de la nature et de la fonction de l'amour.
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Le terme est employé au XIIIe siècle en langue française sous la forme amor venant de l'ancien occitan et se prononçant "amour"[3]. On le note dès les Serments de Strasbourg (842) dans une forme romane dans la locution Pro deo amur (pour l'amour de dieu)[4].
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Le terme amour recouvre quatre sentiments distincts de la Grèce antique : l'éros, la philia, l'agapè et la storgê.
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La storgê est l’amour entre parent et enfant, particulièrement l'amour mère-enfant.
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La philia se rapproche de l'amitié telle qu'on l'entend aujourd'hui, c'est une forte estime réciproque entre deux personnes de statuts sociaux proches, qui mène aussi à l'entraide. Elle ne pouvait exister à l'époque qu'entre deux personnes du même sexe, du fait de l'inégalité entre les sexes.
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L’agapè est l'amour du prochain proche de l'altruisme aujourd'hui, le don désintéressé. Il se caractérise par sa spontanéité, ce n'est pas un acte réfléchi ou une forme de politesse mais une réelle empathie pour les autres qu'ils soient inconnus ou intimes. Dans la tradition chrétienne des pères de l'Église, ce mot est assimilé au concept de charité, bien que celui-ci soit plus proche d'une relation matérielle établie avec des personnes en souffrance. L’agapè originel ne revêt pas cette connotation morale de responsabilité devant une autorité divine.
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L’éros, lui, est l'amour au sens d’être amoureux, l'amour des poètes pour ainsi dire. Cet amour est parfois romantique ou passionné, et s'accompagne presque toujours de désir sexuel. Dans la pensée platonicienne, il est parfois vu comme l'une des passions néfastes que produit l’épithumia (ou « appétit »), mais aussi comme une « divine folie » qui est « la cause des plus grands biens pour les hommes »[5]. Cependant il pouvait se mêler à la philia à travers la pédérastie[6], qui liait un amant d'âge mûr (« éraste ») à un jeune aimé (« éromène »).
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D'après la revue Planète, les relations amoureuses aux États-Unis, selon leur type, s'exprimaient dans les années 1960 par trois mots : « love », le sentiment amoureux ; « sex », les rapports sexuels sans préjuger des sentiments, présents ou non ; et « fun », le simple échange de relations intersexe allant du simple flirt à des relations plus poussées, mais sans intention d'engagement ni d'une part ni de l'autre.
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Les réflexions philosophiques se développent sur des vécus différents. Citons l'amour reçu des parents, l'amitié, la passion amoureuse. L'amour reçu des parents est idéalement vécu d'abord comme un donné inconditionnel, mais fusionnel ; puis de plus en plus comme responsabilisant (l'enfant reconnu dans son altérité doit fonder son propre foyer) ; pour se poursuivre, à travers des conflits plus ou moins aigus dans une nécessaire distance où l'enfant s'assume dans une relation dont il se sent responsable, qu'il peut vivre avec d'autres comme amitié. La passion amoureuse se vit d'abord comme une aliénation, elle nait de l'émotion, vise la possession. Elle peut se prolonger dans un engagement de volonté, comme don de soi dans la fidélité.
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Certains philosophes ont développé le concept d'amour comme fusion. Empédocle imaginait l'amour et la haine comme les deux forces originaires de l'être. L'amour, pour lui, est le contraire de la haine qui sépare. L'idée d'unité, voire de fusion, sous-tend sa notion d'amour. Dans la même veine, Aristophane, dans le Banquet de Platon, imagine l'amour comme une aspiration à l'unité originelle. Étendu à sa dimension cosmique, l'amour ne semble plus qu'un leurre pour nous faire participer à la dynamique cosmique. Arthur Schopenhauer, inspiré par le bouddhisme, en arrive ainsi à un pessimisme métaphysique : puisque l'amour nous fait entrer dans un cycle cosmique sans cesse répété, dans un cycle de souffrances menant à une unité impersonnelle, ne vaut-il pas mieux renoncer au désir, à l'amour ? Schopenhauer avance que l'amour n'est qu'une illusion du Vouloir-Vivre (l'essence de toute chose selon lui) qui est défini comme le désir inconditionnel d'une espèce de subsister et de se perpétuer elle-même à travers la reproduction.
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Socrate va au-delà du concept d'amour-fusion. Il comprend l'amour comme étant l'enfant de Pénia, le dénuement, et Poros, la ressource. Aimer, c'est désirer ce qu'on n'a pas. L'amour, à la différence du besoin, est une insatisfaction radicale : enfant de dénuement. L'amour cherche la contemplation de la beauté, et ultimement de la beauté absolue. Cet amour est aussi riche en ressources - enfant de Poros -, donc fécond, non dans la possession, mais dans la créativité, car né de la différence entre le même et l'autre, il est source d'imprévisible nouveauté.
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Aristote conceptualise la différence entre eros et philia, mettant en valeur cette dernière. La philia idéale est celle où on s'unit non par intérêt ou plaisir, mais comme recherche du bien de l'autre sans rien attendre en retour. La joie de ces 'amis' vient de l'amitié elle-même. Aristote introduit dans l'idée d'amour l'idée d'opposition entre amour de soi et amour de l'autre. Cependant il résout l'opposition dans l'idée que l'amour de soi bien pensé demande de s'attacher à la « partie supérieure de l'âme », à rechercher le Bien supérieur, à vivre harmonieusement en commun, et cette harmonie qui est le bien vivre, qui est le cœur de l'être, ne peut se vivre qu'en vivant l'amour de l'autre qui fait sentir la joie de l'être à travers l'existence de l'autre. L'autre est nommé par lui « alter ego » : j'ai besoin de l'autre pour me comprendre.
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Pour répondre à cette question : « l'homme est-il à la source de l'amour qu'il vit ou l'amour est-il un concept naturel qui s'impose à l'homme ? », le philosophe Baruch Spinoza, qui s'est sérieusement penché sur la question, notamment dans son Éthique, définit ainsi que : « L'amour n'est autre chose que la joie, accompagnée de l'idée d'une cause extérieure ; (...) Nous voyons également que celui qui aime s'efforce nécessairement de se rendre présent et de conserver la chose qu'il aime[7]. » Il semble que c'est par le biais de la littérature que le thème de l'amour a été traité par les philosophes à partir de la Renaissance. Pensons à Rousseau, Goethe, Voltaire, etc. Sur le déplacement de l'interrogation sur l'agapé grec vers la littérature, nous renvoyons à Derrida.
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Emmanuel Levinas a développé le thème de l'altérité notamment dans : Le Temps et l'autre, Totalité et Infini. Il porta l'éthique au rang de philosophie première, réel bouleversement dans le rationalisme occidental.
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Le XXe siècle ressuscite aussi une conception hédoniste de l'amour, notamment à travers le mouvement hippie :
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« Vivre d'amour et d'eau fraîche ». Ni guerre ni labeur ; uniquement l'amour. « Peace and Love » (« Paix et amour »). Plaisir de la séduction, de l'érotisme et des divertissements sexuels mêlé de pacifisme.
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Sur le plan psychique, la psychanalyse considère que les premières relations parents-enfants sont déterminantes dans l'esprit d'une personne et de sa perception de l'amour. Les relations mère-fils ou père-fille, notamment, sont particulièrement marquantes. Les relations parents-enfants sont généralement déséquilibrées : le parent répond aux besoins de l'enfant. Il est dit dans ce cas que l'amour de l'enfant est captatif et celui des parents oblatif.
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En grandissant l'enfant apprend à rééquilibrer ces relations. Cet apprentissage peut échouer à tel ou tel moment, et l'adulte en garder un manque de maturité (s'il n'en prend pas conscience) et une perception de l'amour plus ou moins blessée. Les relations de ses parents entre eux seraient aussi importantes dans la construction de cette idée de l'amour.
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L'amour peut être perçu essentiellement comme la quête d'un manque, lorsque la notion oblative ne s'est pas développée. L'amour apporté à un individu ou un objet naîtrait par ce qu'il apporte à un individu ou qu'il serait susceptible de lui apporter. « Aimer » ne serait autre qu'une façon inconsciente d'avouer sa propre impuissance à l'autonomie pour un besoin particulier à un moment donné. Besoin d’aimer ou besoin de se sentir aimé ne serait autre qu'un besoin égoïste, qu'une attente de la personne qui pourrait combler les ‘manques’ immatériels ou matériels qu'elle ne serait pas capable de satisfaire par elle-même. Par exemple, en Occident, le besoin d'un enfant entraînerait le besoin d’une compagne ou d’un compagnon à nos côtés, besoin qui nourrit un sentiment d’amour ou de besoin d’amour pour la personne attendue pour concevoir cet enfant.
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La réalité psychique du besoin d’enfant résiderait plus dans un besoin de sécurité motivé apparemment par le bien de l'enfant : le nourrir et l'accompagner vers l’âge adulte. Mais cette attitude, apparemment généreuse, sous-tendrait en fait un désir caché chez certains parents d'être accompagné vers la vieillesse. Dans ce type de situation, « aimer » ou dire « je suis amoureux(se) », serait une façon inconsciente de dire : « j’espère que la personne pour laquelle j’éprouve des sentiments amoureux m’apportera les choses que j’attends d’elle ». Tant qu'il est senti chez la personne aimée la présence des choses attendues de sa part, le sentiment perdure, mais si la personne aimée perd ou ne dispose pas d'une partie de ce que l'autre attend, le sentiment d’amour s’estompe ou s’éteint. Lorsque ce sentiment s'estompe, il n'est pas rare d’entendre : « Nos deux chemins se sont séparés » car « mes besoins ont changé », « nous n'avons pas suivi la même route », etc. À ce moment, la personne qui se sent « en danger » peut être sujette à des crises d'anxiété. La personne quittée peut y être plus ou moins indifférente ; si tel n’est pas le cas celui qui est « abandonné » aura probablement un sentiment de tristesse, de jalousie, de colère ou même de haine…
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Selon l'universitaire Nicolas Favez, l'amour a longtemps été absent en psychologie du couple, à la fois pour des raisons morales et en raison de la difficulté à aborder l’objet[8].
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Isaac « Zick » Rubin (1970) est considéré comme le précurseur des recherches empiriques et psychométriques en la matière ; ses travaux s'appuient sur une théorie de l’amour compris comme « une attitude qui prédispose l’individu à penser, ressentir et agir d’une façon particulière envers un objet d’amour », vision semblable à l’attachement romantique.
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Plusieurs typologies ont été proposées comme celle du sociologue John Alan Lee (en) dans Les couleurs de l’amour en 1970 (déclinée en plusieurs « styles » de « Eros » à « Agape ») ou encore la théorie dite « triangulaire » (1977) du psychologue Robert Sternberg (où l’amour est constitué de trois composants : la passion, l’intimité et l’engagement, dimensions susceptibles de varier en intensité, représenté sous forme d’un triangle, et qui donne sept styles de l’« affection » à l’« amour accompli »[8]).
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Si conceptualiser l’amour au niveau psychologique est déjà difficile, le mesurer est plus compliqué encore, et la plupart des chercheurs ont renoncé devant la difficulté à trouver des critères le rendant quantifiable (Rubin, 1988). Quelques tentatives ont cependant eu lieu : en 1986, Elaine Hatfield et Susan Sprecher, respectivement psychologue et sociologue américaines, élaborent la Passionate Love Scale (PLS) (« échelle d'amour passionnel »), un test visant à mesurer le degré d'intensité de l'amour porté par un individu pour un autre ; celui-ci intègre des composants cognitifs, émotionnels et comportementaux[9],[10]. Le protocole est ensuite réutilisé par de nombreux chercheurs dans les décennies suivantes[10],[11]. D'autres échelles sont ensuite élaborées : la Love Attitudes Scale (« échelle d’attitudes amoureuses ») (C. Hendrick & S. Hendrick, 1990; C. Hendrick, S. Hendrick & Dicke, 1998) et la Triangular Love Scale (« échelle d'amour triangulaire ») (Sternberg, 1997)[8].
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En 1999, les universitaires Roy F. Baumeister et Ellen Bratslavsky exposent une théorie selon laquelle l'amour est la dérivée première de l'intimité mesurée dans le temps, ce qui signifie que si le sentiment amoureux est peu intense lorsque l'intimité est stable (qu'elle soit forte ou faible), il va en se renforçant dès que l'intimité va croissant[12],[13]. En 2003, les chercheurs Anne Falconi et Étienne Mullet déterminent la « structure algébrique exacte » de l'amour tout au long d'une vie adulte en attribuant un facteur multiplicateur à chacune des trois grandes composantes de l'amour : 0,51 pour la passion, 0,29 pour l'intimité et 0,20 pour l'engagement[14],[13].
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Selon Nicolas Favez, la principale critique concernant l'appréhension générale de l'amour en psychologie « est l’indétermination de leur objet : il n’est jamais très clair si l’on parle, avec ces styles d’amour, de la personnalité des individus – leur inclinaison à aimer d’une certaine façon, ce qui en ferait donc un trait de personnalité, ou si l’on parle de relations – le style serait une qualité émergente de la rencontre entre deux personnes. [...] Or, la question est de savoir dans quelle mesure nous avons deux systèmes séparés, l’un d’amour et l’autre qui évalue l’importance de la relation et pilote le premier, ou si l’importance que nous attribuons à une relation ne dépend pas justement de l’amour ressenti »[8].
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Zoologiquement, la vie et le comportement sexuels des êtres humains présentent de nombreux points communs avec ceux des primates, et plus généralement avec l'ensemble des mammifères. L'observation de l'espèce la plus proche de l'Homo sapiens, le chimpanzé nain du Congo ou bonobo (Pan paniscus), ainsi que celle des autres grands singes, suggère que l'amour chez l'homme ne serait qu'une forme culturellement complexifiée d'un phénomène existant déjà chez ces animaux.
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Physiologiquement, le coït tel qu'il est observé chez l'Homo sapiens ne diffère guère de l'accouplement chez les grands singes. En revanche, la séquence amoureuse, des premières approches, de la séduction jusqu'à l'accouplement, semble avoir évolué parallèlement à l'hypertrophie du cortex cérébral dont a été dotée notre espèce au cours de son évolution récente. Les aptitudes à l'idéation, l'imagination, l'anticipation et à la stratégie qui en résultent ont complexifié le processus à l'extrême.
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L'attachement durable, la formation de couples relativement stables s'observe également chez ces animaux, mais sans atteindre la diversité des comportements individuels, la durée et le rôle fondamental de l'imaginaire constatés dans la vie amoureuse humaine. Un autre facteur qui distingue l'humain des singes, avec d'énormes conséquences, est la disponibilité quasi constante de la femelle humaine à l'accouplement, ce qui n'existe pas chez les autres mammifères.
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Les zoologues se sont en outre intéressés à l'avantage concurrentiel, du point de vue de l'espèce, que donne l'amour tel qu'il se manifeste chez les êtres humains. Il apparaîtrait comme nécessaire à la sécurisation du couple durant la période d'extrême vulnérabilité des jeunes, elle-même suivie de la phase de développement de l'intelligence d'un adulte, moments qui, rapportés à leurs équivalents chez les espèces proches, sont extrêmement longs.
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En outre, les comportements sexuels se manifestent de manière extrêmement variable chez les animaux[15]. D'un point de vue évolutif, la grande variété des comportements amoureux influencerait la diversité des espèces.
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Les études animales de l’attachement ont montré que les différents types d’attachement (filial, romantique, fraternel, amical, pour un animal, un habitat, un milieu ou pour un objet) ont des bases neurobiologiques en partie communes. Chez l’humain, l’attachement « romantique » met en jeu globalement les mêmes régions cérébrales, ainsi que certaines structures impliquées dans les récompenses[16]. L’attachement « romantique » dépendrait, au moins en partie, du contexte socioculturel. En effet, il est observé que dans les sociétés où l’activité érotique se déroule simplement et quotidiennement, l’attachement romantique est moins marqué et plus « apaisé » que dans les passions et les extases sentimentales de l’amoureux occidental, « qui soupire comme une fournaise » pour un impossible idéal romantique[17]. Plusieurs auteurs ont souligné la ressemblance entre certains aspects de la passion amoureuse (altération de l’état mental, exaltation de l’humeur, pensées intrusives de l’objet aimé…) et certains troubles psychiques (observés par exemple dans les troubles bipolaires et obsessionnels-compulsifs)[18]. En schématisant, il semblerait que la mise en jeu du système des récompenses, facteur primordial de la sexualité humaine[19],[20], induise une « dépendance » à l’objet « aimé » qui conduirait à des états de « manque » lorsque cet objet est inaccessible[21]. Ces états psychiques intenses provoqués par les passions amoureuses sont à l'origine, non seulement d'accomplissements remarquables dans les arts, la poésie et la litt��rature, mais également de bouleversements individuels (tentatives de suicide, crimes passionnels…) ou sociaux (selon la légende, la guerre de Troie fut provoqué par l'enlèvement d'Hélène par le prince Pâris, subjugué par sa beauté extraordinaire).
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L’anthropologue Helen Fisher assimile la puissance de ce sentiment à une addiction proche de la cocaïno-dépendance[22].
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Quant à l'amour maternel, chez les animaux, une intervention dans un processus naturel comme l'accouchement perturbe l'attachement de la femelle envers son petit. Ainsi, « des brebis parturientes ayant subi une anesthésie péridurale ne manifestent pas de comportement maternel »[23].
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Dans son dernier ouvrage, Le Premier Amour (Plon, 1999), les enfants sont de grands passionnés et savent très tôt ce qu'aimer veut dire, on aime à trois ans comme on aimera toute sa vie, explique le psychosociologue Francesco Alberoni[24].
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Le lien originel serait la première histoire d’amour selon les chercheurs, une continuation de quête à toutes les histoires amoureuses convoitées. L’attachement sexuel présenterait dès la naissance une activité neurophysiologique qui se maintiendrait dans l'enfance pour déborder physiquement sur l’âge adulte avec l’afflux d’hormones provoquant des réponses physiologiques à l'adolescence. Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France, indique que les histoires d'amour sont des éléments émotionnels dans le processus cérébral qui sont un prolongement du lien maternel. « Dès la naissance, un rapport à la mère fondé sur la recherche de plaisirs sensoriels se crée, explique-t-il. Avec ce premier rapport hédoniste, l'enfant au cours de son développement se bâtit ce que l'on peut appeler un « bassin attracteur » : il intègre petit à petit ses satisfactions premières et va passer sa vie à rechercher chez les autres des stimuli analogues. »[25]
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La famille est un lieu riche en relations amoureuses : amour conjugal, amour maternel, et de manière plus générale, parental, amour filial, fratrie.
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L'importance de l'affection des membres d'une même famille entre eux est illustrée par l'émotion vécue dans les grands évènements tels qu'une naissance, un mariage, un succès, une épreuve, un accident, un décès.
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L'amour ne diffère pas fondamentalement dans les diverses cultures humaines, les parades de séduction restant à la base les mêmes en Afrique, en Orient, en Europe ou en Amérique du Nord[réf. nécessaire]. C'est plutôt l'attitude à l'égard du désir féminin, dont la répression est fréquente dans beaucoup de sociétés (voir aussi Comportement et langage), qui change de forme extérieure. Il semble qu'un abandon de soi permet la délivrance ou l'expression d'un aboutissement à autrui.
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Le comportement sexuel varie fort peu suivant les diverses sociétés humaines. Les modes de séduction, de contacts, les parades et les expressions faciales ne présentent que des différences mineures et très extérieures.[réf. nécessaire] L'Europe n'a plus le monopole de la représentation massifiée du comportement amoureux ; pourtant, les deux grandes industries cinématographiques du monde, occidentale et indienne[réf. nécessaire], montrent de manière saisissante le caractère uniforme des représentations collectives de la sexualité dans des cultures différentes, a fortiori sachant que ces deux cinémas ont chacun une aire d'influence qui va bien au-delà de leurs sphères géographiques propres. Les films indiens sont depuis longtemps projetés dans tous les cinémas du Moyen-Orient et du monde arabe, tandis que le cinéma occidental a depuis longtemps fait la conquête du Japon et de la zone d'influence chinoise.[réf. nécessaire]
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Néanmoins, certains détails comportementaux sont culturellement acquis. Le baiser avec la langue, par exemple, qui semble naturel en Occident, en Chine, dans le monde arabe, en Inde, était probablement inconnu en Afrique subsaharienne avant l'arrivée des Européens[réf. nécessaire]. Dans Ma vie secrète, un anonyme licencieux de l'époque victorienne rapporte qu'il a dû enseigner cette pratique, qui n'allait pas de soi. Il s'agirait donc d'un trait culturel, mineur, mais réel.
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L'éthnolinguistique, l'anthropologie linguistique et les études en traduction mettent en question la démarche anthropologique qui consiste à analyser le rapport entre les êtres humains et l'amour dans diverses langues-cultures. L'éthnolinguistique de Underhill (2012) montre par exemple que l'amour est représenté en termes métaphoriques, et que les cadres et les configurations métaphoriques diffèrent en anglais, français et tchèque. Mais si on va au-delà de la langue et on entre dans le discours, on ne peut maintenir le modèle d'un individu qui incarne sa culture et sa langue. On constate que les individus adoptent, adaptent et résistent les cadres culturels qu'ils trouvent dans la langue. L'anthropologie qui focalise sur les études multilingues montre que la langue n'est que le modèle qui est entretenu par les discours et par les « stratégies discursives ». L'amour se négocie en langage. Et souvent les locuteurs résistent ou rejettent les métaphores conceptuelles selon lesquelles l'amour serait « fusion », le « centre » ou le « but » de la vie. L'humour ne cesse d'innover à partir de paradigmes traditionnels. La vulgarité aussi (voir Underhill 2012).
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L'homosexualité est un comportement attesté depuis la plus haute Antiquité et fort bien documenté. D'un point de vue psychologique, l'amour entre homosexuels ne diffère pas significativement de l'amour hétérosexuel.
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Internet a modifié quelque peu les relations amoureuses dans le monde en facilitant les contacts à distance. De nombreux couples issus de continents différents se sont formés grâce à ce nouveau média.[réf. nécessaire]
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Paradoxalement, l'acte le plus naturel du monde (la reproduction) tout comme certaines fonctions corporelles (la défécation) sont accompagnés chez les êtres humains d'interdits sociaux visibles au niveau du langage et du comportement.
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Il existe dans toutes les sociétés humaines des tabous relatifs à ces fonctions. Par exemple l'homme est la seule créature[réf. nécessaire] qui se réunit en groupe pour manger mais, dans certaines cultures, s'isole pour déféquer. De même, l'acte sexuel se fait de préférence dans l'isolement (l'amour en groupe est considéré comme déviant). Le langage est lui-même empreint de ces valeurs morales qui distinguent ce qui est « propre » de ce qui est « sale ». La plupart des religions ont considéré comme nuisible pour la vie de l'individu le fait de vouloir satisfaire toutes les pulsions sans critères de limite (voir libertinage, célibat, abstinence) ou au contraire pour en faire le centre de leur philosophie dans certaines sectes (le gourou s'adjuge toutes les femmes du groupe). Le langage distingue ainsi dans toutes les langues du monde plusieurs niveaux pour désigner la copulation : poétique (union), vulgaire (baiser et une infinité d'autres termes), médical-scientifique (coït), etc. Quelques exemples d'euphémismes évitent d'être trop explicite comme faire l'amour ou coucher avec quelqu'un.
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Le choix du partenaire résulte en fin de compte d'un équilibre subtil entre l'attirance consciente ou culturelle (goûts ou passions communs, niveau de langage, richesse, comportement social, etc.) et l'attirance inconsciente ou naturelle (physique, odeur, sentiment de sécurité, etc.) Il est naturel d'exprimer métaphysiquement ses envies, désirs et besoins.
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De toute époque, l'amour, comme « désir », a inspiré les artistes de toutes les disciplines artistiques. C'est un thème récurrent et majeur avec le temps ; conséquences de la naissance, de la vie et la mort.
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L'amour a toujours été un thème de prédilection dans l'histoire de la peinture et de la sculpture, par la représentation de situations amoureuses ou par la symbolique ou l'allégorie, faisant intervenir des personnages mythologiques.
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Certains thèmes ou personnages mythologiques ou historiques reviennent :
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Par ailleurs, nombre de scènes amoureuses de la vie quotidienne des hommes ont été représentées, depuis la cour faite à l'être aimé au drame amoureux, en passant par le baiser langoureux ou le libertinage. Un exemple est le tableau de Jean-Honoré Fragonard nommé le Verrou.
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L'art poétique et le roman sont, avec la chanson, quelques-uns des moyens de prédilection de l'expression verbale de l'amour. À travers les âges, la littérature a reflété des tendances de l'amour, des divinités mythologiques à l'amour réaliste de notre époque.
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Le français présente une curiosité grammaticale : le mot amour est ordinairement au masculin au singulier, mais souvent au féminin au pluriel (« Un amour mort » / « Des amours mortes »)[26], mais il peut également être au féminin au singulier (« La belle amour, la vraie amour »).
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Une des principales lois du judaïsme dicte d'aimer l’Éternel « de tout son cœur, de toute son âme et de toutes ses forces »[27]. Elle est régulièrement citée par les pratiquants lors du Chema Israël (« écoute Israël »), prière quotidienne.
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Un autre commandement concernant l'amour est « tu aimeras ton prochain comme toi-même »[28]. Le judaïsme distingue trois types d'amour[29] : physique, charitable et spirituel. L'amour physique est manifesté dans le récit de la Création où Eve naît à partir d'une côte d'Adam.
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Selon la conférencière Gila Manolson[30], l'amour dans le judaïsme est avant tout spirituel (le partage des valeurs et la bonté à déceler chez les autres est ce qui importe le plus). C'est également un amour qui se démontre par des actes, ainsi que l'écrit Jill Murray[31] : « L'amour est un comportement. » Ce comportement implique la Tsedaka, charité pratiquée par les juifs. D'après l'essai sur la Bonté du Rav Eliashou Dessler[réf. non conforme], « donner nous conduit à aimer. » La Tsedaka est donc une cause de l'amour, et non pas une conséquence. Ainsi, se comporter de manière juste (notamment en respectant les mitzvot et les lois) permet de manifester son amour envers Dieu et son prochain.
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Le christianisme « se définit comme religion du Verbe incarné et de l'amour révélé »[32].
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La révélation chrétienne tient en ceci : « Dieu est Amour » et rien d'autre[33] (1Jn4, 8.16). Cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour ; en cela consiste l'idée chrétienne[34] »
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Selon Laurent Gagnebin, « dans les religions en général, [Dieu] commence avant tout par être compris comme un Dieu terrifiant, redoutable, très éloigné du Dieu d'amour révélé par Jésus-Christ et qui caractérise aujourd'hui encore tout le christianisme[35]. »
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L'amour du prochain est la réponse à cet amour reçu :
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« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres. »
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— Jn 13, 34-35
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Lorsqu'un Juif demande à Jésus : qui est mon prochain ? Jésus, par la parabole du bon Samaritain, signifie que le prochain est aussi l'étranger, l'ennemi, sans considération de religion. (Cfr Luc 10, 29-37). Ailleurs Jésus appelle à l'amour des ennemis : « Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent. Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. » (Luc 6, 27-28).
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Le christianisme se différencie d'autres religions par l'abandon des lois et règles : seul le commandement de l'amour est sacré, est volonté de Dieu[36]. Tout le reste est rendu relatif à ce seul commandement. L'évangile selon Matthieu, notamment, l'exprime nettement lorsqu'un docteur de la Loi s'adresse au Christ :
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« Et l'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour l'embarrasser :
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« Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? »
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Il lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.
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C'est là le plus grand et le premier commandement.
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Un second lui est égal : tu aimeras ton proche comme toi-même.
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En ces deux commandements tient toute la Loi, et les Prophètes. » »
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— Mt 22, 35, 40
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La recherche de l'amour du prochain, inextricablement liée à l'amour de Dieu, est le fondement de la relation humaine dans la Bible. Le rôle de l'Église et des Écritures est d'ouvrir le cœur des êtres humains (leur conscience) pour qu'il puisse vivre cet amour toujours plus profondément.
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Pour certains[Qui ?], l'amour du prochain se définit comme une force intérieure qui pousse un être humain à rechercher la paix et à la partager avec les autres. Le désir d'amour se traduit par celui d'être avec l'autre ou les autres, celui d'accepter de recevoir et de donner, celui de dialoguer, de vivre avec, de comprendre, d'accompagner, etc.
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Selon saint Paul : « Si je n’ai pas d’amour je ne suis rien. L'amour est patient, il est plein de bonté ; l'amour n'est point envieux, il ne se vante point, il ne s'enfle pas d'orgueil. Il ne fait rien de malhonnête. Il ne cherche point son intérêt, il ne s'irrite point, il ne soupçonne point le mal. Il ne se réjouit point de l'injustice, mais il se réjouit de la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L'amour ne meurt jamais[37]. »
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L'amour dont parle le christianisme se nomme parfois charité (du latin caritas), terme qui le distingue de l'amour érotique ou de l'amitié, et qui comporte, dans son sens religieux initial, une dimension transcendante. Il ne dépend pas du sentiment, mais de la volonté[38] en lien avec l'intelligence. Benoît XVI proclame : « Ce n'est que dans la vérité que l'amour resplendit et qu'il peut être vécu avec authenticité. (...) Dépourvu de vérité, l'amour bascule dans le sentimentalisme. (...) Il est alors la proie des émotions et de l'opinion contingente des êtres humains ; il devient un terme galvaudé et déformé jusqu'à signifier son contraire. La vérité libère l'amour des étroitesses de l'émotivité qui le prive de contenus relationnels et sociaux, et d'un fidéisme qui le prive d'un souffle humain et universel[39]. » (La charité a parfois pris le sens d'une sorte de pitié paternaliste : ce sens est très loin du sens de l’Évangile).
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Lanza del Vasto précise : « La Charité est un amour conscient partant de la connaissance de soi et de la reconnaissance de soi en autrui. (...) C'est un amour « théologal », c'est-à-dire « découlant de la connaissance de Dieu ». C'est la découverte dans l'âme de tout homme de "l'image et ressemblance de Dieu"(cfr Genèse 1, 26) déposées en elle comme en nous-mêmes[40] ». « Apprends à aimer non parce que ton cœur incontinent déborde, mais pour répondre au commandement de Dieu. Apprends la charité virile qui possède des paroles sévères pour ceux qui t'aiment, sereines pour ceux qui te combattent, chaudes pour ceux qui faiblissent, fortes pour ceux qui souffrent, claires pour les aveugles, écrasantes pour les orgueilleux, un seau d'eau et un bâton pour ceux qui dorment. L'amour qui demande et qui pleure, tue-le ; l'amour qui étreint et qui force, tue-le. Apprends l'amour qui n'attend rien du monde mais rayonne de par sa vertu propre, l'amour qui insuffle force à la personne aimée, et l'amène à la délivrance[41]. »
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Le pape François a rappelé ce commandement en conclusion de son message pour la Journée mondiale de la paix 2014, en soulignant que l'amour se traduit par la fraternité, qui est « fondement et route pour la paix »[42], qui est avec la liberté et l'égalité, l'une des trois vertus républicaines fondatrices de la conception contemporaine des droits de l'homme, comme l'a souligné Jean-Paul II dans une homélie lors de son premier voyage en France en 1980[43].
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L'étude de l’Évangile selon Marc amène Benoît et Ariane Thiran à préciser ce qu'est l'amour vécu-enseigné par Jésus-Christ[44]. L'amour, ils le définissent à partir du regard (intérieur) posé sur l'autre et soi-même, regard qui cesse d'être binaire et en opposition, par exemple lorsque je me pose comme le bon, le pur, le méritant face à « l'autre » qui ne l'est pas[45]. L'amour exige d'exister, de s'affirmer, mais sans écraser, d'interpeller l'autre mais en partant du respect le plus grand pour l'autre et en étant prêt à souffrir à l'instar du Maître[46].
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L'amour est un sujet qui, principalement, "apparaît dans la pensée musulmane que sous l’impulsion des soufis qui lui connaissent diverses formes et en recherchent les germes coraniques"[47].
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Le texte coranique associe plusieurs termes du champ lexical de l'amour à Dieu. « Dieu se qualifie dans le Coran de « Miséricordieux par essence » (Rahmân en arabe) et de « Miséricordieux d'une façon existentielle et efficiente » (Rahîm en arabe) : 329 occurrences ; Il est « le plus Miséricordieux des miséricordieux » ; [Les mots] Rahmân et Rahîm dérivent de la racine RHM qui renvoie à la matrice de la mère : rahim. Dieu est la matrice de l'univers, et aime Ses créatures d'un amour matriciel »[48]. La traduction du premier sens, aujourd'hui traduit par "miséricordieux" n'est pourtant pas assurée à l'époque de la rédaction du Coran. En effet, le terme Rahmân n'acquiert la signification de clément, de celui qui fait pitié, absente du champ sémantique de Rahman dans le Coran[49], qu'à partir de l’époque islamique[50].
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« L'islam est la religion de la « rah mah », [un mot arabe] qu'on rendrait par charité, amour, clémence, bienveillance et générosité dans tous les sens de ce dernier mot ; c'est cette « rah mah » qui fonde l'éthique islamique »[51]. Cet amour, cité dans le Coran, concerne principalement Allah, sauf trois fois où le terme est utilisé pour des humains :« les fils envers leurs père et mère (XVII, 24), les époux entre eux (XXX, 21), les Chrétiens entre eux (LVII, 27). »[52]. Dans sa définition, l'amour divin coranique pour les hommes n'est pas "inconditionné" mais est lié à la conduite morale de ceux-ci. Il aime "ceux qui agissent pour le mieux", "ceux qui accomplissent de belles actions"[53].
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L'amour pour les hommes, dans le Coran, est teinté d'une connotation négative, celui-ci pouvant être source de conflits, s'il n'est pas enraciné dans "l'amour véritable que l'on doit porter à Dieu". Pour l'islam, l'amour entre les hommes n'a aucune valeur s'il n'est pas lié à la foi. Ainsi le Coran déclare que le croyant doit aimer ses proches mais aussi que le non-croyant ne peut avoir d'amis sincères[53]. L'amour entre époux est, quant à lui, une injonction divine[53].
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Dans les bouddhismes Mahayana et Vajrayana (bouddhismes vietnamiens, chan, zen, lamaïsme), l'Amour est l'une des quatre qualités d'être que le pratiquant doit développer, l'un des « Quatre Infinis » ou « Quatre Incommensurables » : l'amour, la compassion, la joie et l'équanimité. Les tibétains définissent l'amour comme un souhait du bonheur de l'autre ; la compassion, comme un souhait de cessation de la souffrance de l'autre ; la joie, comme une participation à son bonheur ; l'équanimité comme le fait d'être attentif de façon semblable à tout être et toute chose sans établir un attachement privilégié. Tout pratiquant du bouddhisme Mahayana doit souhaiter la « bodhicitta » - « l'esprit d'éveil » - : souhaiter obtenir l'éveil ou les qualités spirituelles pour le bien des êtres, et ultimement, libérer définitivement les souffrances humaines. Karuna (sansk.), est traduit par « compassion » en français et « loving-kindness » en anglais, une activité d'attention aimante envers l'autre. Au Tibet, la compassion est décrite comme l'attitude de la mère attentive face à ses enfants.
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Dans le bouddhisme Mahayana, d'une façon générale, la compassion, ou « amour-tendresse » est à développer conjointement à la sagesse (compréhension de la nature réelle, objective des phénomènes, philosophie du non-soi, etc.). La sagesse permet de s'affranchir de l'idée du soi, donc de toute tendance égotique ou narcissique. En cela, elle participe à l'émergence d'une « compassion infinie ». De même, la sagesse exige une grande compassion pour être actualisée : l'extinction de l'illusion du soi, pour les bouddhistes, exige une infinie dévotion, une immense abnégation. Aussi, pour les bouddhistes du Tibet, sagesse et compassion (ou « amour-tendresse ») se développent l'un l'autre jusqu'à conduire le pratiquant dans une « Terre pure » de bodhisattva - c'est-à-dire jusqu'à l'actualisation du potentiel humain d'amour, de joie, de compassion et d'équanimité.
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Dans le bouddhisme ancien, selon l'enseignement du Bouddha, cette vision de l'amour n'apparaît pas. Le Bouddha insiste surtout sur le détachement qui conduit à la suppression du « désir » (Taṇhā), et donc au bonheur durable (cessation de la souffrance, nirvana). Ce n'est qu'entre les Ier et IVe siècles apr. J.-C. qu’émergera le bouddhisme Mahayana pour lequel l’action de compassion et d’amour envers l’autre prime sur l’ascèse et la méditation.
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Pour les bouddhismes issus des développements du Mahayana et du Vajrayana, amour, joie et compassion ne sont pas des émotions mais de véritables qualités d'êtres. Les émotions telles la colère, la jalousie, la peur, l'avidité, l'orgueil, passion, ne sauraient durer, elles sont passagères et proviennent de l'attachement et du désir. Au contraire, l'amour, la joie et la compassion peuvent se développer infiniment et sans être nécessairement dépendantes d'un objet ou de la présence d'un être. Le pratiquant peut les porter en lui, les développer infiniment et au-delà de tout attachement.
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Selon Vivekananda, maître spirituel de l'hindouisme, l'amour de Dieu (bhakti en sanskrit) est le véritable amour, non égoïste : « Nous ne pourrons concevoir une jouissance plus haute que l’amour, mais ce mot amour a différentes significations. Il ne signifie pas l’amour égoïste qui est courant dans le monde ; (...) l’amour qui est parfaitement sans égoïsme est le seul amour, et c’est celui de Dieu. Il est très difficile à atteindre. Nous passons à travers toutes ces amours différentes, amour des enfants, du père, de la mère, etc. Nous développons lentement notre faculté d’amour, mais dans la majorité des cas, nous n’apprenons rien, nous nous enchaînons à un stade, à une personne. »[54]
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Une centrale nucléaire est un site industriel destiné à la production d'électricité et dont la chaudière est constituée d'un ou plusieurs réacteurs nucléaires ayant pour source d'énergie un combustible nucléaire. La puissance électrique d'une centrale varie de quelques mégawatts à plusieurs milliers de mégawatts en fonction du nombre et du type de réacteur en service sur le site.
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L'énergie d'une centrale nucléaire provient de la fission de noyaux d'atomes lourds. Celle-ci dégage de la chaleur, qui sert dans un premier temps à vaporiser de l'eau, comme dans toute centrale thermique conventionnelle, puis la vapeur d'eau produite entraîne en rotation une turbine accouplée à un alternateur qui produit à son tour de l'électricité. C'est la principale application de l'énergie nucléaire dans le domaine civil.
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On compte dans le monde environ 250 centrales nucléaires qui ont produit 10,3 % de l'électricité mondiale en 2017. Ces centrales comptent en juillet 2020 un total de 441 réacteurs opérationnels (y compris 33 réacteurs japonais dont les deux tiers sont en attente d'autorisation de redémarrage), dont la puissance atteint 390 GW (885 MWe en moyenne par réacteur) et 54 réacteurs en cours de construction.
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La première centrale nucléaire du monde, à avoir produit de l'électricité (puissance de quelques centaines de watts), est l’Experimental Breeder Reactor I (EBR-I), construite au laboratoire national de l'Idaho aux États-Unis. Elle entre en service le 20 décembre 1951[1].
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Le 27 juin 1954, une centrale nucléaire civile est connectée au réseau électrique à Obninsk en Union soviétique, avec une puissance de production d'électricité de cinq mégawatts.
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Les centrales nucléaires suivantes furent celles de Marcoule dans la vallée du Rhône le 7 janvier 1956, de Sellafield au Royaume-Uni, connectée au réseau en 1956, et le réacteur nucléaire de Shippingport aux États-Unis, connecté en 1957. Cette même année, les travaux de construction du premier réacteur à usage civil en France (EDF1) démarrèrent à la centrale nucléaire de Chinon.
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La puissance nucléaire mondiale a augmenté rapidement, s'élevant de plus de 1 gigawatt (GW) en 1960 jusqu'à 100 GW à la fin des années 1970, et 300 GW à la fin des années 1980.
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Pendant l'année 1970, la construction de 37 nouveaux réacteurs était en cours et six étaient mis en service opérationnel. Entre 1970 et 1990 étaient construits plus de 5 GW par an, avec un pic de 33 GW en 1984.
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Plus des deux tiers des centrales nucléaires commandées après janvier 1970 ont été annulées notamment comme conséquence de l'accident nucléaire de Three Mile Island.
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En 1986, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl a conduit à plusieurs moratoires ; la baisse des prix du pétrole durant les années 1990 a renforcé cette tendance, conduisant à construire moins de nouveaux réacteurs dans le monde. Parallèlement, les centrales vieillissent : en 2006, la majorité des réacteurs avaient de 15 à 36 ans, sept ayant même de 37 à 40 ans[2].
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Les coûts économiques croissants, dus aux durées de construction de plus en plus longues, et le faible coût des combustibles fossiles, ont rendu le nucléaire moins compétitif dans les années 1980 et 1990. Par ailleurs, dans certains pays, l'opinion publique, inquiète des risques d'accidents nucléaires et du problème des déchets radioactifs, a conduit à renoncer à l'énergie nucléaire.
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Le nombre de réacteurs nucléaires en construction dans le monde a commencé à diminuer en 1986, date de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
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Il s'est ensuite stabilisé vers 1994, année à partir de laquelle le taux de mise en construction de nouveaux réacteurs a stagné entre 2 et 3 par an[2].
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En 1993, la part de la production d'électricité nucléaire dans la production électrique mondiale a atteint son plus haut point historique, à hauteur de 17 %[3]. Cette part n'est plus que de 10,2 % en 2017[4], contre 77 % en France[5].
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À partir du milieu de la décennie 2000, la croissance des besoins en énergie, associée à la remontée des prix des énergies (hausse du prix du pétrole et du gaz, taxe carbone…) a conduit certains experts à annoncer une renaissance du nucléaire en Europe, Asie et Amérique[6]. Par exemple, la Finlande s'est engagée dans la construction d’un réacteur pressurisé européen (EPR) à Olkiluoto depuis 2003, la construction d’un EPR à Flamanville (France) est en cours depuis 2007 et 27 réacteurs sont aussi en construction en Chine[7].
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En 2005, seuls 3 nouveaux réacteurs étaient mis en construction dans le monde et 4 réacteurs achevés étaient connectés au réseau. La capacité mondiale a augmenté beaucoup plus lentement, atteignant 366 GW en 2005, en raison du programme nucléaire chinois.
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En 2006, mais surtout 2007, la demande repart poussée par les besoins énormes de la Chine en énergie et la hausse généralisée du prix des énergies fossiles.
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La crise économique de 2008 et l'accident nucléaire de Fukushima ont provoqué une baisse de la production d'électricité d'origine nucléaire, de 4,3 % en 2011 par rapport à 2010. Des pays comme l'Allemagne, la Belgique, la Suisse et Taïwan ont annoncé leur sortie du nucléaire. L'Égypte, l'Italie, la Jordanie, le Koweït et la Thaïlande ont décidé ne pas s'engager ou se réengager dans le nucléaire. Les chantiers de dix-huit réacteurs en construction affichent plusieurs années de retard, dont neuf en construction depuis plus de vingt ans[8].
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À la suite de l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, certains pays ont revu leur politique de développement de l'énergie nucléaire.
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En juillet 2018, 57 réacteurs nucléaires sont en construction (pour 57,9 GW) dont 15 en Chine (pour 15,2 GW)[23].
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En 2016, dix réacteurs ont été mis en service (cinq en Chine, un en Corée du Sud, un en Inde, un au Pakistan, un en Russie et un aux États-Unis) et trois ont été arrêtés. Le rythme de démarrage des nouveaux réacteurs est resté ralenti ces dernières années par les retards enregistrés sur de nombreux chantiers, notamment des réacteurs de troisième génération, qui répondent à des normes de sûreté plus strictes. La Russie a connecté son premier VVER-1200 à Novovoronezh en 2016 avec quatre ans de retard ; la Corée du Sud a subi le même retard avec son premier APR-1400. Les huit AP1000 de Westinghouse, filiale américaine de Toshiba, accusent tous des retards de plusieurs années sur leur planning initial (deux à trois ans pour les quatre réacteurs en construction aux États-Unis, environ quatre ans pour le premier des quatre exemplaires prévus en Chine). Tout comme les quatre EPR français en chantier (six ans pour Flamanville en France, neuf ans pour Olkiluoto en Finlande et trois ans pour Taishan en Chine). Sur les 55 réacteurs en chantier recensés par le World Nuclear Industry Status Report (60 selon WNA, 61 selon l'AIEA), au moins 35 sont en retard[24].
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La Chine vise 58 GW en 2020 et le dirigeant de CGN, He Yu, prévoit 150 à 200 GW installés pour 2030[25]. La Russie construit 9 réacteurs sur son sol et truste une bonne partie des commandes internationales : l'agence fédérale Rosatom, qui revendique 100 milliards de dollars de contrats pour 23 projets de réacteurs à l'étranger, semble mener la course en tête, en s'appuyant sur les nouveaux entrants du nucléaire civil : le Viêt Nam comme le Bangladesh, qui n'ont aucune expérience dans le domaine, apprécient son offre « clés en main », assortie de financements fournis par l'État russe[26].
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En France, l'industrie nucléaire a conçu un réacteur de nouvelle génération EPR. EDF en a lancé la construction d'un démonstrateur ou prototype tête de série[27] sur le site de Flamanville, dans la Manche, d'une puissance prévue de 1 600 MW. (Investissement d'un coût estimé à 3 milliards d'euros en 2003, revu à 5 milliards d'euros en 2010, revu à 6 milliards d'euros en juillet 2011 puis à 8,5 milliards en décembre 2012[28],[29]).
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Selon le scénario central des prévisions 2014 de l’Agence internationale de l'énergie (AIE), la part du nucléaire dans la production d’électricité s’accroîtra d’un point d'ici 2040, à 12 %, la puissance installée nucléaire s'accroissant de près de 60 %, à 624 GW, contre 392 GW en 2013 ; la géographie du nucléaire devrait se modifier profondément, avec un basculement vers l'Est : les capacités installées devraient ainsi presque décupler en Chine, à 149 GW, soit presque un quart de la puissance installée mondiale prévue pour 2040 ; les États-Unis enregistreraient une faible croissance et l’Union européenne serait la seule zone (avec le Japon) où l’atome enregistrerait une décroissance (– 14 %), la part du nucléaire dans la production d’électricité en Europe passant ainsi de 27 à 21 %. Si la plupart des pays prolongent la durée de vie de leurs centrales mises en service dans les années 1970 et 1980, 200 des 434 réacteurs aujourd’hui exploités dans le monde seront en cours de démantèlement à l’horizon 2040. Le nombre de pays exploitant du nucléaire devrait passer de 31 (en 2013) à 36 (en 2040), y compris en tenant compte de ceux ayant annoncé leur sortie de l’atome (Allemagne, Suisse et Belgique)[30].
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Le rapport « The World Nuclear Industry », publié le 15 juillet 2015 par les consultants Mycle Schneider et Antony Froggatt, montre que le nombre de réacteurs nucléaires en exploitation est toujours très inférieur à son niveau de 2010, et qu'il y a de moins en moins de mises en chantier de nouveaux réacteurs : en 2014, on n'a compté que trois mises en chantier, en Argentine, en Biélorussie et aux Émirats arabes unis, et seulement deux sur les six premiers mois de 2015, en Chine, à comparer aux 15 démarrages de construction observés en 2010, et aux 10 de 2013. Au total, le nombre de réacteurs en construction sur la planète est tombé à 62 unités dans 14 pays (contre 67 il y a un an), dont 24 en Chine (40 %), 8 en Russie et 6 en Inde. Le rapport souligne que les trois quarts de ces chantiers subissent des retards avérés. Cinq d'entre eux (aux États-Unis, en Russie et en Slovaquie) sont même « en construction » depuis plus de trente ans ! Les réacteurs de troisième génération, en particulier, subissent de lourds retards, compris entre deux et neuf ans. C'est vrai pour les EPR d'Areva en France et en Finlande, mais aussi pour les huit AP1000 de Westinghouse, ou les six AES-2006 de Rosatom. En revanche, la construction des deux EPR de Taishan, en Chine, se déroule, a priori, comme prévu[31].
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En avril 2019, la compagnie d'état russe Rosatom affiche un carnet de commandes de 133 milliards de dollars pour six contrats de réacteurs décrochés en Russie et 33 contrats à l'étranger, en particulier en Asie : Inde, Pakistan, Bangladesh. Mais le financement de ces projets s'avère difficile. Rosatom est donc amenée à renforcer ses coopérations avec des fournisseurs occidentaux, car pour vendre à l'étranger, il a besoin de leurs technologies pour rassurer les clients, convaincre les autorités internationales de sûreté et trouver des financements[32]. Dans les faits, la construction officielle (coulage du béton du bâtiment réacteur) a débuté pour six réacteurs en Russie et sept à l’étranger (Biélorussie, Inde, Bangladesh et Turquie)[33].
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Le rapport 2017 sur l'état de l'industrie nucléaire World Nuclear Industry Status Report (WNISR)[34] recensait 403 réacteurs en fonctionnement dans le monde (environ 450 en incluant ceux à l'arrêt, dont 33 au Japon), représentant une capacité de 351 GW, en baisse par rapport aux records constatés en 2002 pour les 438 réacteurs ou en 2010 pour la capacité installée (367 GW).
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En juillet 2020, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dénombre 441 réacteurs de puissance opérationnels dans le monde (y compris 33 réacteurs au Japon, dont les deux tiers sont encore à l’arrêt[35]) et 54 en construction, dont 11 en Chine, 7 en Inde, 4 en Russie, 4 en Corée du sud, 4 aux Émirats arabes unis, 2 dans chacun des pays suivants : Bangladesh, Biélorussie, Japon, Pakistan, Slovaquie, Ukraine, Royaume-Uni et États-Unis, et 1 dans chacun des pays suivants : Argentine, Brésil, Finlande, France, Iran, Turquie[36].
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La part du nucléaire dans la production mondiale d'électricité était de 10,3 % en 2017 contre 3,3 % en 1973. Les principaux pays producteurs d'électricité nucléaire sont les États-Unis (31,8 % du total mondial), la France (15,1 %), la Chine (9,4 %), la Russie (7,7 %) et la Corée du sud (5,6 %)[37].
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En 2018, selon l’Agence pour l'énergie nucléaire (AEN), les 348 réacteurs nucléaires commerciaux raccordés aux réseaux des pays membres de l'AEN, avec une puissance installée nette de 324,4 GW, ont requis 47 758 tonnes d'uranium pour une production d'électricité de 2 096 TWh[38].
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Les prévisions de puissance nucléaire varient considérablement d'une région à l'autre. La région d’Asie de l’Est devrait connaître la plus forte augmentation, ce qui, d’ici à 2035, pourrait donner lieu à l’installation de nouvelles capacités entre 48 GW et 166 GW dans les cas bas et haut respectivement, ce qui représente des augmentations de plus de 54 % et 188 % par rapport à 2014. La puissance nucléaire des pays non membres de l'UE sur le continent européen devrait également augmenter de manière significative, avec des ajouts compris entre 21 et 45 GW d'ici 2035 (des augmentations respectives d'environ 49 et 105 %). Le Moyen-Orient, l’Asie centrale et méridionale et l’Asie du Sud-Est devraient connaître une croissance significative de leur puissance nucléaire, et une croissance plus modeste est prévue en Afrique et dans les régions d’Amérique centrale et du Sud. Pour l'Amérique du Nord, les prévisions les plus basses montrent que la puissance installée nucléaire reste à peu près la même en 2035 et augmente de 11 % dans les cas les plus élevés, en grande partie en fonction de la demande future en électricité, de la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants et des politiques gouvernementales en matière d'émissions de gaz à effet de serre. Dans l'Union européenne, la puissance nucléaire en 2035 devrait soit diminuer de 48 % dans le scénario bas, soit augmenter de 2 % dans le scénario haut. Ces projections de 2015 sont soumises à une incertitude encore plus grande que d'habitude après l'accident de Fukushima[39].
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Sur la base des besoins en uranium de l'année de 2015 (56 600 tonnes d'uranium), les ressources identifiées, y compris les ressources raisonnablement assurées et les ressources présumées, sont suffisantes pour plus de 135 ans[39],[40]. Dans la perspective favorable au nucléaire telle qu'évoquée précédemment, les ressources ne seraient alors plus que de 73 ans, qui amènent à 2088[réf. nécessaire]. Différées mais pas effacées, la plupart des questions posées par les choix énergétiques de la planète auront pris une tournure particulière dans la mesure où, en 2019, les technologies susceptibles de remplacer l'uranium 235 (thorium et réacteurs à neutrons rapides) sont encore peu développées et où le pic uranium (en) approche[41],[42],[43]. Dans l'hypothèse où le nucléaire se serait imposé sur tout autre moyen de production d'électricité, partout en 2100, les réacteurs nucléaires actuels se seront depuis longtemps arrêtés faute de combustible, des bonds technologiques auront permis de développer des surgénérateurs ou d'autres réacteurs innovants utilisant l'uranium 238 ou le thorium 232, rentabilisant la fusion contrôlée deutérium-tritium (conditionnées par les stocks limités de [[|lithium 6]]) ou la fusion contrôlée de deutérium, ce qui n'est pas acquis. Une partie du dilemme nucléaire tient au coût de développement, aux déchets qui accompagnent la plupart de ces technologies et à l'acceptation des citoyens face à elles[44].
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Le plus vieux réacteur nucléaire du monde encore en exploitation est, en avril 2020, le réacteur no 1 de la centrale nucléaire de Beznau, en Suisse. Ce réacteur à eau pressurisée est en service depuis juillet 1969[45]. Les six réacteurs en fonctionnement les plus anciens, d'une puissance moyenne de 412 MW, ont été mis en service en 1969[46]. Parmi eux figurent les réacteurs américains de Nine Mile Point 1[47] et Oyster Creek[48] et les deux réacteurs de la centrale indienne de Tarapur[49].
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Une centrale nucléaire regroupe l'ensemble des installations permettant la production d'électricité sur un site donné. Elle comprend fréquemment plusieurs réacteurs (appelés « tranches »), identiques ou non ; chaque tranche correspond à un groupe d'installations conçues pour fournir une puissance électrique donnée (par exemple en France : 900 MWe, 1 300 MWe ou 1 450 MWe).
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Il existe différentes technologies de réacteurs nucléaires civils, regroupés en « filières » :
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Les réacteurs nucléaires ont été classés en plusieurs générations en fonction de l'âge de leur conception :
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En France, toutes les centrales en fonctionnement sont des réacteurs à eau pressurisée (REP). Un REP comprend les éléments suivants :
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Le reste des installations est commun à toutes les centrales thermiques :
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Les autres installations de la centrale électrique comprennent :
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Selon des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology et des universités du Wisconsin et de Chicago, cherchant à tirer les leçons de la catastrophe de Fukushima Daiichi, la réalisation d’une centrale nucléaire flottante permettrait d’éviter les risques liés aux tsunamis et autres phénomènes naturels imprévisibles. Plus sûre pour des coûts de production plus faibles, elle serait arrimée au fond marin à une dizaine de kilomètres de la côte ; elles pourraient reposer sur des structures tout-acier bien moins coûteuses et plus rapides à mettre en place que le béton des centrales terrestres ; le cœur de ces centrales serait situé sous la surface de l’eau et un système de sécurité permettrait de refroidir l’ensemble automatiquement en cas de besoin[53].
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La société russe Rusatom Overseas, membre du groupe nucléaire public Rosatom, et la société chinoise CNNC New Energy ont signé le 29 juillet 2014 un mémorandum d’intention sur la construction des centrales nucléaires flottantes, technologie nucléaire annoncée comme plus sûre et moins coûteuse et vers laquelle la Russie s’est orientée depuis 2007. Autre avantage en cas d’arrêt du dispositif, la centrale pourra être remorquée vers le chantier spécialisé d’origine afin de procéder au démantèlement, protégeant ainsi le site hôte de toute contamination sur le long terme[54].
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La Russie a lancé dès 2006, via le consortium russe Rosenergoatom, le premier projet de centrale nucléaire flottante (CNF), pour assurer l'approvisionnement électrique des villes et sites miniers de sa zone arctique. Le navire/centrale Akademic Lomonosov, mis à l'eau en 2010, devrait être livré en octobre 2016. Équipé de deux réacteurs KLT-40 de propulsion navale, il pourra fournir jusqu'à 70 MW d'électricité et 300 MW de chaleur, puissance qui permet l'alimentation d'une ville de 200 000 habitants. Il peut aussi être utilisé comme usine de dessalement. La durée de vie du navire devrait être de quarante ans. La Russie n'exclut pas l'exportation de ces bâtiments. Actuellement une vingtaine de pays seraient intéressés : Chine, Indonésie, Malaisie... Toutefois, la Russie ne commercialiserait pas officiellement les CNF, mais seulement l'électricité produite afin de respecter le traité de non prolifération. La Russie envisagerait en effet de conférer aux CNF un statut d'extraterritorialité[55].
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Il est prévu que la construction de l’Akademik Lomonosov se termine en 2018 à Saint-Pétersbourg et que l’installation soit ensuite remorquée jusqu’à Mourmansk. Le combustible nucl��aire y sera chargé dans les réacteurs qui seront testés avant d’être remorqués en 2019 vers la petite ville de Pewek où ils entreront en service. Pewek est une commune peuplée de 5 000 habitants dans le nord-est de la Sibérie[56].
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En France, la DCNS étudie depuis 2008 un projet similaire, Flexblue, dont le réacteur ancré au fond sous-marin serait déplacé verticalement selon les besoins, produisant 50 à 250 MWe.
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La Chine a également des projets du même type : le 4 novembre 2016, China General Nuclear Power Corporation a annoncé le lancement de la construction de l’ACPR 50S, un réacteur de faible puissance avec 200 MW contre plus de 1 000 MW pour la plupart des centrales électrogènes dans le monde, conçu pour être installé sur un bateau ou une plateforme en mer. Le premier prototype doit être terminé en 2020. Son concurrent, China National Nuclear Corporation, prévoit son premier bateau-centrale dès 2019, doté d'une version adaptée d’un réacteur ACP 100 tout juste terminé, d’une puissance de 100 à 150 MW. Les deux entreprises travaillent avec la société de construction navale CSIC pour élaborer des projets de navires et de plateformes qui accueilleront les réacteurs. Le projet a été approuvé en avril 2016 par la commission au Plan chinoise. En juillet 2016, la presse d’État avait érigé les centrales en symbole de la puissance du pays, peu après la décision, le 12 juillet, de la cour de justice de La Haye, qui, saisie par les Philippines, avait remis en cause les revendications territoriales de Pékin sur la mer de Chine du Sud. La presse chinoise spécialisée a alors évoqué une vingtaine de plateformes nucléaires prévues en mer[57]. Selon China National Nuclear Corporation, la construction de la plate-forme nucléaire flottante devrait être terminée d’ici 2018 et opérationnelle en 2019[58].
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Une tranche thermique nucléaire a le même fonctionnement qu'une tranche thermique classique: un combustible (en l'occurrence nucléaire) produit de la chaleur ; cette chaleur permet soit directement soit au travers d'un échangeur (le « générateur de vapeur » ou GV) de transformer de l'eau en vapeur ; cette vapeur entraîne une turbine qui est couplée à un alternateur qui produit l'électricité.
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La différence essentielle entre une centrale nucléaire et une centrale thermique classique est matérialisée, en ce qui concerne la production de chaleur, par le remplacement de la chaudière consommant des combustibles fossiles par un réacteur nucléaire.
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Pour récupérer de l'énergie mécanique à partir de chaleur, il est nécessaire de disposer d'un circuit thermodynamique :
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Ainsi, une tranche nucléaire de type REP (Réacteur à eau pressurisée) comporte trois circuits d'eau importants indépendants, détaillés ci-après.
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Le circuit primaire se situe dans une enceinte de confinement. Il est constitué d'un réacteur intégrant des grappes de contrôle et le combustible, et, suivant le type de tranche, de 2 à 4 GV associés respectivement à une pompe primaire centrifuge (une par GV ; masse de 90 t environ), un pressuriseur (comprenant des gaines chauffantes) assurant le maintien de la pression du circuit à 155 bar. Il véhicule, en circuit fermé, de l'eau liquide[59] sous pression qui extrait les calories du combustible pour les transporter aux GV (rôle de fluide caloporteur). L'eau du circuit primaire a aussi comme utilité la modération des neutrons (rôle de modérateur) issus de la fission nucléaire. La thermalisation des neutrons les ralentit pour leur permettre d'interagir avec les atomes d'uranium 235 et déclencher la fission de leur noyau. Par ailleurs, l'eau procure un effet stabilisateur au réacteur : si la réaction s'emballait, la température du combustible et de l'eau augmenterait. Cela provoquerait d'une part, une absorption des neutrons par le combustible (effet combustible) et d'autre part une modération moindre de l'eau (effet modérateur). Le cumul de ces deux effets est dit « effet puissance » : l'augmentation de ce terme provoquerait l'étouffement de la réaction d'elle-même, c'est un effet auto-stabilisant.
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Le circuit d'eau secondaire se décompose en deux parties :
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La sortie du dernier étage de la turbine donne directement sur le condenseur, un échangeur de chaleur dont la pression est maintenue à environ 50 mbar absolu (vide) par la température de l'eau du circuit de refroidissement (selon la courbe de saturation eau/vapeur). Des pompes à vide extraient les gaz incondensables en phase gaz du mélange (principalement l'oxygène moléculaire et le diazote). L'eau condensée dans cet appareil est réutilisée pour réalimenter les GV.
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L'énergie thermique non transformée en énergie mécanique, soit une puissance thermique d'environ 1 800 MWth par réacteur de 900 MWe fonctionnant à 100 % de sa puissance nominale, doit être constamment évacuée par une « source froide » ; il en va de même de la puissance résiduelle du réacteur nucléaire à l’arrêt (1,59 % de la puissance thermique une heure après l’arrêt, 0,67 % une journée après l’arrêt).
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En puissance, un circuit assure le refroidissement du condenseur. L'eau de refroidissement est échangée directement avec la mer, un fleuve ou une rivière, par l'intermédiaire de pompes de circulation. Pour ces deux derniers cas, l'eau peut être refroidie via le circuit tertiaire par un flux continu d'air à température ambiante dans une tour aéroréfrigérante d'où une petite partie de l'eau, environ 0,75 m3/s soit 1,7 litre/kWh produit[60]), s'évapore puis se condense sous forme d'un panache blanc, mélange de gouttelettes d'eau, visibles, et de vapeur d'eau invisible. L'eau (douce ou salée) du circuit tertiaire et ouvert de refroidissement apporte constamment des propagules d'organismes (moules, huîtres) susceptibles de s'accrocher (fouling) sur les parois des conduites et de les dégrader ou limiter les capacités de refroidissement. L'eau peut aussi apporter des détritus, des algues et des groseilles de mer (petites méduses) susceptibles de boucher des crépines ou conduites. L'opérateur limite le risque en utilisant des filtres (qu'il faut régulièrement décolmater) et/ou en tuant les organismes vivants, avec des produits chimiques antifouling, un puissant biocide (ex. chlore, qui peut être fabriqué dans la centrale à partir de l'ion chlore du sel NaCl abondant dans l'eau de mer) et/ou des boules abrasives[61],[note 1] utilisées pour décaper les parois des conduites de refroidissement des restes d'animaux et de biofilm bactérien éventuellement devenus résistants aux biocides.
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La source froide est l'une des vulnérabilités d'une centrale[62]. À titre d'exemples, cités par l'IRSN, en 2009, des végétaux ont bloqué la prise d'eau des réacteurs no 3 et 4 de la centrale nucléaire de Cruas, « conduisant à la perte totale du refroidissement de systèmes importants pour la sûreté du réacteur no 4 »[63] et, cette même année, « d'autres événements ont affecté la « source froide » des réacteurs », dont une nuit où la température est descendue à −15 °C, le frasil obstruant les canalisations de la centrale de Chooz B[63]. Une digue flottante et un système de préfiltration (grilles fixes) stoppent les objets volumineux (branches...), puis un système de filtration mécanique à tambours filtrants, ou à filtres à chaînes, munis d’un système de lavage ôte les algues, plantes et objets de petite taille[63].
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L'énergie mécanique produite par la turbine sert à entraîner l'alternateur, rotor d'une masse d'environ 150 t) qui la convertit en énergie électrique, laquelle est ensuite véhiculée par le réseau électrique. Lorsque l'alternateur fournit de la puissance électrique au réseau, on dit que la tranche est « couplée » au réseau.
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Une perte du réseau, par exemple à la suite d'un incident, entraîne la déconnexion de l'alternateur du réseau, une réduction immédiate de l'alimentation en vapeur de la turbine par fermeture des organes d'admission turbine et une réduction de la puissance du réacteur. Celle-ci est alors évacuée par l'ouverture de vannes de contournement vers le condenseur disposées sur le barillet vapeur. Le groupe turboalternateur (turbine + alternateur) reste en rotation prêt au recouplage immédiat sur le réseau. On dit que la tranche est « ilotée » : elle alimente elle-même ses auxiliaires[64].
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Le rendement théorique des centrales nucléaires françaises actuelles est d'environ 33 %[65]. Les centrales électriques alimentées au fioul ou au charbon possèdent un rendement un peu supérieur (environ 40 %) car elles fonctionnent avec une température de vapeur plus élevée (moins de contraintes de sécurité).
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Avec de nouveaux générateurs de vapeur, la pression secondaire des nouveaux réacteurs EPR atteint quasiment 80 bars, ce qui, d'après ses promoteurs, représente la valeur conduisant au maximum de rendement pour un cycle à eau vapeur saturée soit sensiblement 36 % (voir Réacteur pressurisé européen#Améliorations des performances).
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Contrairement à certains autres pays, en France les réacteurs nucléaires électrogènes ne sont pas utilisés pour faire de la cogénération[66],[67].
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Sur un plan technique, les centrales nucléaires ont été conçues et construites pour fonctionner de 25 à 40 ans. Mais avec la progression des techniques et des connaissances, elles ont été améliorées au fil des années pour continuer à fonctionner avec le plus haut niveau de sûreté possible et dépasser ces durées.
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En matière de règlementation, les durées d'exploitation des centrales varient selon les pays.
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Chaque centrale reçoit une autorisation de fonctionnement pour dix ans. À l'issue de cette période, une visite décennale est organisée pour effectuer des contrôles et confirmer le niveau de sûreté de l'installation. Si tous sont satisfaisants, une nouvelle autorisation de fonctionnement est donnée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour une période de dix ans[68],[69]. Néanmoins la fin de la durée de vie peut aussi être anticipée par décision politique, par exemple pour les centrales nucléaires Creys-Malville et Fessenheim.
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La durée prévue d'exploitation de chaque centrale nucléaire a été fixée dès l'origine à 40 ans. La plupart ont vu leur autorisation de fonctionnement prolongée à 60 ans par l’autorité de sûreté nucléaire américaine (NRC) (81 réacteurs sur les 99 en service dans le pays). Celle-ci a publié fin 2015 un projet de lignes directrices, soumis à consultation publique jusqu’en février 2016, pour « décrire les méthodes et techniques acceptables par les équipes de la NRC pour le renouvellement de licence » jusqu’à 80 ans d’exploitation. Les exploitants devront démontrer que les composants les plus sensibles, notamment la cuve qui ne peut être changée, pourront être exploités de manière sûre sur une telle durée[70].
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En décembre 2019, la NRC octroie la première prolongation à 80 ans, soit jusqu'en 2052 et 2053, pour les deux réacteurs REP de la centrale nucléaire de Turkey Point. C'est une première mondiale.
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Des décisions sont attendues pour mars 2020 pour les deux réacteurs de Peach Bottom (Pennsylvanie), et pour juin 2020 pour les deux réacteurs de Surry (Virginie)[71]. Dominion, le propriétaire de la centrale de Surry, prévoit de déposer d'ici à fin 2020 la même demande pour les deux réacteurs de sa centrale de North Anna, également en Virginie[72],[71]. L’opérateur américain Exelon avait fait, en juillet 2018, une demande de prolongation, pour ses réacteurs 2 & 3 à eau bouillante de la centrale de Peach Bottom (Pennsylvanie), soit jusqu’à 2033 pour l’unité 2 et 2034 pour l’unité 3[73],[74].
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À la sortie de la centrale, le combustible usé étant, en majorité soit à près de 95 %[75], constitué d'uranium appauvri ainsi que de plutonium (1 %), peut servir après retraitement à retourner en centrale sous forme d'uranium de retraitement enrichi ou de MOX, selon le cycle du combustible du pays concerné.
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Donc les déchets radioactifs, qui proviennent de différentes étapes du cycle du combustible nucléaire ne font qu'une fraction du volume des combustibles usés, soit moins de 5 % après retraitement. Environ 10 % de ces déchets sont des éléments de forte activité radiologique ou de longue période radioactive[76]. La gestion de ces déchets est un processus complexe, en général confiée à une organisation spécifique.
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En fonctionnement normal, une centrale nucléaire émet en continu des rejets contrôlés radioactifs et chimiques d’effluents liquides[77] et gazeux[78], il s’agit de rejets effectués dans le cadre des autorisations réglementaires de rejet[79]. Lors d'incident ou d'accident une centrale peut être amenée à effectuer des rejets dépassant ceux autorisés en fonctionnement normal.
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En France, l'ASN est chargée de vérifier le respect des autorisations réglementaires de rejet par les centrales nucléaires, et est également chargée d'informer le public des rejets dans l'environnement et des risques induits pour la santé des personnes et pour l'environnement[80].
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Les centrales nucléaires émettent beaucoup moins de CO2 que les centrales à énergie fossile, même en comptabilisant les émissions dans les mines d’uranium. Ces émissions dépendant fortement de l'énergie utilisée lors des processus de purification de combustible[83], elles se situent dans une fourchette de 5 à 17 gCO2/kWh avec une valeur moyenne de 10 gCO2/kWh[85].
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Le remplacement des centrales thermiques fossiles (charbon, pétrole, gaz) par des centrales nucléaires permettrait de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre : une étude publiée fin 2016 par une équipe internationale de scientifiques dans la revue International Journal of Global Energy Issues[86] montre qu'un programme massif de développement du nucléaire dans les pays développés et émergents pourrait amener à l'élimination complète des combustibles fossiles d'ici 2100, où l'électricité serait produite à 60 % par les centrales nucléaires et 40 % par les énergies renouvelables. Ce scénario éviterait d'avoir à compter sur des solutions de capture et stockage massif de CO2 dont la faisabilité technique et économique est loin d'être acquise[87].
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Selon l'Agence internationale de l'énergie « la fermeture prématurée de centrales nucléaires opérationnelles reste une menace majeure pour la réalisation des objectifs 2DS (limitation à 2 °C du réchauffement climatique) » ; elle évoque en particulier en 2017 le cas des États-Unis où de nombreuses centrales nucléaires sont menacées de fermeture à cause de la concurrence du gaz à bas prix, alors que le nucléaire est largement exclus des incitations financières accordées aux autres technologies bas-carbone[88]. En 2019, dans son premier rapport sur le nucléaire en près de vingt ans, elle s'inquiète de l'avenir incertain des centrales nucléaires dans les pays développés, qui pourraient perdre 25 % de leur capacité nucléaire d'ici à 2025 et plus des deux tiers d'ici à 2040, notamment en Europe et aux États-Unis ; cette perte pourrait se traduire par le rejet de quatre milliards de tonnes de CO2 additionnelles dans l'atmosphère et freiner la transition écologique[89].
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Selon CDC climat, l'arrêt des centrales nucléaires allemandes décidé au lendemain de l'accident nucléaire de Fukushima, aurait dû entraîner une augmentation de près de 13 % des émissions de CO2 en Allemagne dans l'immédiat[90]. Cependant, l'Allemagne n'a pas eu recours au charbon pour compenser l'arrêt de 8 de ses 17 réacteurs en 2011, année plutôt douce[91]. Exportatrice d'électricité en 2009, à hauteur de 21 % de la capacité polonaise, 27 % de la néerlandaise, 40 % de la belge ou de la tchèque, elle est devenue importatrice de courant, à destination de ses régions méridionales à partir des pays limitrophes. L'effacement en Allemagne de près de 7 GW de puissance installée a donc un impact important sur l'immédiat et sur l'avenir de la politique énergétique européenne[92].
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Certains partisans des énergies renouvelables pensent qu'elles émettent globalement de moins grandes quantités de gaz à effet de serre que les centrales nucléaires, en particulier l'éolien et l'hydraulique mais cela dépend beaucoup du site d'implantation et les avis divergent fortement[93]. La production est peu émettrice mais la fabrication, l'installation et la connexion au réseau provoquent des émissions de gaz à effet de serre qui dépendent fortement de l'électricité d'appoint. Afin de pallier sa variabilité, l'éolien européen est souvent adossé à des centrales à gaz[81]. Pour la biomasse, une bonne gestion des forêts exploitées peut aboutir à un stockage du CO2, en raison de l'augmentation de la matière organique, production de bois énergie à partir de rémanent forestier de la production de bois d'œuvre.
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Les centrales nucléaires, comme toutes les centrales thermiques, rejettent d'importantes quantités de vapeur d'eau du fait de leur mode de refroidissement à travers des tours de refroidissement à effet Venturi. Même si la vapeur d'eau est un des principaux gaz à effet de serre[94], les émissions de vapeur d’eau d'origine humaine jouent un rôle très négligeable dans l’augmentation de l’effet de serre[95]. En effet, seule une partie très infime de la vapeur d’eau atmosphérique est due aux activités humaines, et la vapeur d’eau reste très peu de temps dans l’atmosphère, à peine quelques jours, tandis qu’un gaz comme le dioxyde de carbone y demeure un siècle environ.
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Comme toute centrale thermique, environ seulement 30 à 40 % de l'énergie produite est transformée en électricité[96],[97], le surplus d'énergie produit est dissipé sous forme de chaleur, conduisant à un réchauffement de l'air et de l'eau (source froide nécessaire au fonctionnement de toute centrale thermique). Le panache blanc, mélange de fines gouttelettes d'eau visibles et de vapeur d'eau, issu des tours de refroidissement, est l'aspect le plus visible de cette pollution. Dans le cas d'une centrale nucléaire, où la source chaude ne peut pas atteindre les températures des centrales thermiques classiques, le rendement de Carnot est plus faible du fait de cette température maximale plus faible de la source chaude.
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Ce réchauffement ou « rejet thermique » constitue une pollution thermique permanente inhérente au fonctionnement des centrales thermiques (nucléaire, fioul, charbon, gaz, certaines huiles minérales, déchets industriels ou agricoles, déchets ménagers). Une centrale nucléaire est donc source de pollution thermique par ses rejets de la même manière que toute centrale thermique classique. Par exemple, les 45 GWe d'énergie nucléaire française produisent globalement une pollution thermique équivalente à l'énergie déposée par le Soleil sur 0,05 % de la superficie de la France[97].
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En France, il existe réglementairement des limites à ne pas dépasser pour éviter un réchauffement local trop important de la source froide (fleuve, rivière, mer) car l'eau prélevée est restituée à une température légèrement supérieure à sa température de prélèvement. En conséquence, la production doit être diminuée ou suspendue si l'eau restituée est trop chaude par rapport au débit du fleuve (effet de dilution), ou en absence de dérogations à la réglementation (délivrées par l'ASN pour les centrales nucléaires, par exemple lors de la sécheresse de 2003[98],[99],[100]).
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Une façon de résoudre le problème des rejets thermiques serait de récupérer l'énergie thermique produite par les centrales nucléaires dans des réseaux de chaleur pour le chauffage urbain, comme on le fait pour des centrales au gaz naturel par exemple. Cette solution, appelée cogénération nucléaire, commençait à être étudiée par le CEA en 2015.
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De la même manière que pour les centrales thermiques classiques (à flamme), lors de la production d'électricité, les prélèvements d'eau pour le refroidissement sont très variables selon que le système de refroidissement est en circuit ouvert ou en circuit fermé.
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L’eau du circuit de refroidissement, directement prélevée dans la mer ou dans un fleuve à grand débit, se réchauffe en traversant le condenseur. Celui-ci est composé d'un millier de tubes au contact desquels la vapeur du circuit secondaire se condense puis l’eau condensée est renvoyée vers le générateur de vapeur. L’eau du circuit de refroidissement qui circule dans les tubes est réchauffée lors de la condensation de la vapeur, puis est renvoyée dans la rivière ou la mer (par un chenal ou des conduites) ; dans ce cas de figure, les prélèvements sont d'environ 50 m3/s pour les réacteurs nucléaires de 900 à 1 300 MWe, et l'eau est intégralement restituée à la source.
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L’eau du circuit de refroidissement – prélevée d'un fleuve à débit plus faible ou d'une rivière – et qui s’est réchauffée dans le condenseur, est refroidie par un courant d’air dans une tour de refroidissement, appelée tour aéroréfrigérante ; une partie de l’eau s’évapore dans l’atmosphère (panache de vapeur d’eau) ; l’autre partie retourne au condenseur, un appoint d’eau d’environ 2 m3/s pour une tranche nucléaire de 1 300 MWe, est réalisé pour compenser l’eau évaporée et le débit de purge (1,25 m3/s)[60].
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D'un point de vue environnemental, L'eau prélevée est restituée à une température légèrement supérieure (voire égale en cas d'utilisation de réfrigérants de purge), et, pour les circuits fermés, à une qualité inférieure puisque contenant des additifs de traitement contre le tartre destinés à éviter que les eaux de refroidissement mènent à l'encrassement du condenseur[60].
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En revanche, une des particularités fondamentales des centrales nucléaires par rapport aux centrales thermiques classiques est la nécessité de devoir maintenir le refroidissement après l'arrêt car une quantité considérable de chaleur, la puissance résiduelle, continue d'être dégagée par le combustible nucléaire usé[60],[102],[101]. Du point de vue de la sûreté nucléaire, le refroidissement est donc crucial même après l'arrêt du réacteur, pour éviter la fusion du combustible nucléaire.
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Dans le cas d'un refroidissement en circuit ouvert, la centrale nucléaire nécessite de 70 à 100 fois moins d'eau à l'arrêt qu'en fonctionnement normal. Dans le cas d'un refroidissement en circuit fermé, le besoin en eau à l'arrêt est divisé par 3 à 4 par rapport au fonctionnement normal[101].
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Le prélèvement d'eau pour refroidissement est estimé par EDF à 160 l/kWh en cas de refroidissement par eau et à 6 l/kWh si la centrale utilise une tour aéroréfrigérante[103].
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Sa consommation d'eau douce faisait d'EDF le premier utilisateur d'eau de France : 57 % de toute l'eau consommée en 2002, à comparer à l'eau potable (18 % du total), à l'industrie (11 %) et à l'irrigation (14 %)[104].
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En 2013, 51 % du volume total prélevé d'eau douce a servi au refroidissement des centrales, soit 17 milliards de mètres cubes dont plus de 90 % est restitué après utilisation, la consommation nette est donc faible[105].
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La localisation géographique des plus gros prélèvements d’eau douce s’explique par la présence de réacteurs nucléaires dotés de circuits de refroidissement ouverts : par ordre décroissant, Tricastin (Isère, Drôme), Saint-Alban (Rhône moyen), Bugey (Haut Rhône), toutes trois situées sur le Rhône, suivies de Fessenheim (Rhin supérieur), respectivement 4 895 millions, 3 668 millions, 2 363 millions, 1 752 millions de mètres cubes prélevés annuellement[106],[107]. Ces réacteurs constituent 70 % des prélèvements d’eau douce des centrales électriques en France. Près de 90 % de l’eau prélevée est toutefois restituée au milieu naturel à proximité du lieu de prélèvement[105].
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Plusieurs accidents avec fusion partielle ou totale du cœur se sont produits dans le monde (voir Liste d'accidents nucléaires) :
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Les accidents de Fukushima et Tchernobyl ont été classés au niveau 7 (« accident majeur »), niveau maximal de l'échelle de classification INES.
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L'accident majeur redouté en cas de perte du confinement, donc de dispersion de matériaux radioactifs dans l’environnement, est la fusion du cœur d'un réacteur nucléaire.
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Pour les centrales nucléaires françaises de première génération, l'objectif était d'avoir une probabilité de fusion du cœur inférieure à 5⁄100000 (5 × 10−5) par réacteur et par an[108]. Cette sûreté a été améliorée dans la deuxième génération et la probabilité d’accident de fusion du cœur d'un réacteur à eau pressurisée a été estimée à 10−5 par année réacteur 1 300 MWe[109]. Les chiffres pour les centrales allemandes sont comparables[réf. nécessaire]. Ce niveau de sûreté était un peu supérieur à celui constaté dans le reste du monde. Début 2019, l'industrie de production d’électricité nucléaire civile avait accumulé une expérience totale de 17 000 années réacteur de fonctionnement avec trois accidents majeurs[110].
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Les EPR, de génération III+, doivent démontrer un niveau garanti de sûreté encore dix fois plus élevé, d'un accident majeur pour dix millions d'années de fonctionnement[111]. Pour ce niveau de sûreté, avec un parc mondial vingt fois plus important qu'actuellement (de l'ordre de 500 réacteurs), le niveau de risque serait inférieur à un accident par millénaire. De plus, selon les concepteurs des centrales modernes, un accident de fusion du cœur, s'il survenait, devrait rester confiné dans la centrale elle-même et ne pas conduire à une contamination de la population[112].
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La conception des centrales nucléaires de quatrième génération fait l'objet d'une coordination internationale, dont les études de sûreté reposent sur des conceptions intrinsèquement sûres[113].
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Les études de sûreté nucléaire sont contrôlées en France par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), assistée d'un organisme technique, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). L'ASN met à disposition les informations relatives aux incidents se produisant dans les centrales nucléaires françaises[114],[115].
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Par ailleurs, Greenpeace alerte depuis plusieurs années sur les risques liés à la sécurité nucléaire dans les centrales françaises[116]. Le 10 octobre 2017, un rapport de sept personnes mandatées par l'ONG, qui les présente comme des « experts indépendants », met en cause la sécurité des installations nucléaires françaises et belges et a été remis aux autorités. Il affirme que les centrales seraient vulnérables face aux risques d'attaques extérieures, en particulier de certaines installations telles que les piscines d'entreposage des combustibles nucléaires usés[117]. Le directeur général de l’IRSN relativise la portée du rapport de Greenpeace France, qui selon lui n’apporte rien de nouveau à la réflexion sur le renforcement de la sécurité des installations nucléaires et ne voit pas dans « la bunkérisation des piscines promue par Greenpeace » une solution efficace[118].
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Plusieurs militants de l’association écologiste Greenpeace ont également réussi à pénétrer à l'intérieur de l’enceinte de la centrale nucléaire de Cattenom, en Lorraine[119]. Sur place, ils ont allumé un feu d’artifice pour dénoncer le manque de sécurité. Les militants ont été interceptés par les gendarmes avant d'avoir pu atteindre la zone nucléaire[120].
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En décembre 2007, les résultats de l'étude du Registre des cancers des enfants allemands ont été rendus publics par sa directrice Maria Blettner : l'étude indique que l'on observe en Allemagne une relation entre la proximité d'une habitation par rapport à la centrale nucléaire la plus proche et le risque pour les enfants d'être atteints, avant l'âge de cinq ans, d'un cancer ou d'une leucémie. Pour autant, le rayonnement ionisant n'a pas été formellement identifié comme une cause, l'exposition à de faibles doses d'irradiation n'ayant été ni mesurée ni modélisée[121].
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En France, le projet Geocap de l'équipe Inserm U1018-Eq. 6 constatait sur la période 2002-2007 un excès significatif d'incidence des leucémies - un quasi-doublement à 14 cas - aiguës chez les enfants demeurant à moins de 5 km[122],[123], un résultat qui n'est cependant pas retrouvé sur les intervalles de temps 1990-2001 ni 1990-2007. L’hypothèse d’un mécanisme impliquant les radiations transmises par le panache de fumée des centrales a été écartée, d’autres hypothèses restent à tester[124],[122]. Une étude basée sur une géolocalisation plus précise des cas, publiée dans le British journal of cancer en 2013 a conclu que cet « effet leucémie » était plutôt dû à la proximité des lignes à haute tension (cet effet n'est statistiquement net et observable que chez des enfants vivant à moins de 50 m de l'une de ces lignes)[125]. Une association a aussi été trouvée avec une exposition à la pollution routière — pour certaines formes de leucémies et quand les enfants habitent près d'une route fréquentée[126].
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Selon certaines études, les risques réels pour la santé de l'énergie nucléaire n'ont pas de rapport avec les préjugés pour cette technologie. Une étude parue dans la revue médicale The Lancet, reposant sur les résumés des données de communauté médicale mondiale par l'UNSCEAR et l'OMS, suggère que l'énergie nucléaire a provoqué moins de décès et de blessés que chacune des autres énergies majeures, qu'elles soient fossiles comme le charbon, pétrole ou gaz, ou dite « renouvelable » comme l'hydroélectricité[127], logique confirmée par des calculs étendus par Forbes aux autres renouvelables[128]. Ainsi, selon une autre étude du NASA Goddard Institute par le climatologue et lanceur d'alerte James E. Hansen, l'utilisation de cette énergie a permis d'éviter 1,84 million de décès prématurés sans compter les risques liées à l'émission de 64 milliards de tonnes d'équivalent-CO2, comme un changement climatique brutal[129].
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Les risques climatiques sont l'une des préoccupation de la gestion des risques. En France, le programme de recherche AGORAS, soutenu par l'ANR, porte sur les « régimes de régulation »[130] de trois grands types de risques climatiques pouvant affecter les centrales nucléaires : inondation/tempête, grands froids et grands chauds, et sur leur dynamique d’évolution, via l’analyse des guides, référentiels, etc. qui contribuent à la caractérisation et à la gestion des risques. Cette étude cite l'épisode des 27 et 28 décembre 1999, où de nuit une surcote exceptionnelle a remonté la Gironde en inondant la centrale nucléaire du Blayais, causant la perte de plusieurs sources d'alimentation électrique, de systèmes de sauvegarde et l'inaccessibilité du site.
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Le réchauffement climatique (resenti notamment, en France, par les canicules de 2003 et 2006) a révélé la dépendance des centrales thermiques à la disponibilité en eau de refroidissement en quantité suffisante. Presque toutes les centrales ont dû demander en urgence une dérogation pour rejeter des eaux plus chaudes que ce qu'autorise la réglementation (à savoir 28 °C (voir la section Rejets thermiques). Certains réacteurs ont dû être mis à l'arrêt ou diminuer leur puissance[131],[132] à un moment où la demande en électricité pour la climatisation et la réfrigération était élevée.
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Parfois, EDF doit puiser dans le lac de Vassivière pour alimenter la Vienne. Par ailleurs, la France est en conflit avec le canton de Genève (Suisse), qui lui reproche de tirer trop d'eau du lac Léman, afin que le Rhône, qui s’est réchauffé de 2 °C de 1920 à 2010[133],[134], puisse refroidir les 14 réacteurs implantés sur ses berges[135], dont ceux de la centrale nucléaire du Bugey[136]. Ainsi, en 2011, à la suite de la sécheresse, Genève a diminué le débit de sortie du lac Léman pour maintenir son niveau, ce qui a contraint la centrale du Bugey à réduire sa production d’électricité[137].
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Le plan national d'adaptation au changement climatique émet des recommandations dans ce domaine[138] et EDF prépare ses centrales nucléaires aux canicules[131]. Le problème de la température des cours d'eau concerne aussi les centrales à gaz. Qu'elles soient nucléaires ou pas, il faudra réfléchir à la façon d'adapter les centrales pour le XXIe siècle. Les centrales en bord de mer seront moins exposées aux risques liés aux vagues de chaleur et de sécheresse, mais elles seront davantage menacées par la montée des eaux et la submersion ; de plus, si on les plaçait toutes en bord de mer, on aurait un problème de réseau car les centrales en bord de mer sont toutes situées au nord[139]. Lors des canicules, l'éolien contribue rarement résoudre le problème car on est en situation anticyclonique : ainsi, lors de la canicule de juillet 2019, l'éolien est pratiquement à l'arrêt, faute de vent ; à l'inverse, le photovoltaïque assure 10 % de la production d'électricité selon RTE, cinq fois plus que d'habitude[140].
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Les canicules affectent aussi la fonction des tours aéroréfrigérantes. Le réchauffement climatique devrait encore induire un recul de 10 à 40 % des débits des cours d'eau français à horizon 2050-2070 comparé à 2019, alerte le ministre chargé de la Transition énergétique[141]. L'IRSN a constaté en 2003 et 2006 que la climatisation de locaux abritant des matériels importants pour la sûreté n'a pas pu les maintenir aux températures prévues par le règlement. EDF s'est doté d'une cellule de « veille climatique » (sur les prévisions de température de l'air, mais aussi des cours d'eau utilisés pour le refroidissement) et a lancé à partir de 2008, en complément d'un plan « Grand froid », un plan « Grand Chaud » (environ 500 millions d'euros et 200 millions d'euros d'études d'impact sur l'environnement local entre 2008 et 2020), procède à un nettoyage des tours aéroréfrigérantes et des canalisations pompant et rejetant l'eau, et change ou renforce les ventilateurs pour les adapter à des températures de l'air de 43 °C. L'IRSN a autorisé le test de groupes Diesel lors de prochaines canicules, afin de s’assurer de la puissance fournie par ceux-ci lors des grandes chaleurs. Le plan prévoit cinq niveaux d'alerte (« veille », « vigilance », « pré-alerte », « alerte » puis « crise nationale »)[131]. Des moyens mobiles de réfrigération sont prévus, de même que des procédures de dérogation aux autorisations de rejets. L'IRSN, notant que ce plan pourrait ne pas suffire si le scénario pessimiste du GIEC se réalise (+ 5 °C en 2100, c’est-à-dire au-delà de la durée de vie prévue en 2019 pour les centrales nucléaires en service), a demandé à EDF de revoir à la hausse ses scénarios de températures extérieures[131]. Néanmoins, en juillet 2019, l’IRSN « considère que les modifications engagées par EDF sont suffisantes pour gérer la situation, même si les épisodes caniculaires se reproduisent (…) Sous réserve des essais sur les Diesels[142] ».
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L'utilisation du nucléaire pour la production d'électricité est le sujet qui anime les conflits d'opinion les plus intenses[143], eu égard aux risques et déchets qu'elle engendre.
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Après l'arrêt définitif de l'exploitation, une centrale nucléaire est en principe entièrement démantelée, y compris les réacteurs nucléaires.
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Début 2017, en France, sur les 17 réacteurs de puissance arrêtés définitivement depuis 1968, et plus d'une trentaine de réacteurs de recherche, aucun n'a été complètement démantelé. Le stockage des déchets issus du démantèlement pose des problèmes de gestion des déchets radioactifs en France, comme pour les déchets de graphites issus de la filière uranium naturel graphite gaz aujourd'hui démantelée. Enfin, le coût du démantèlement en France est sous-estimé par l'exploitant EDF selon un rapport parlementaire datant de 2017[144].
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En juin 2019, l’AIEA dénombre 176 réacteurs nucléaires électrogènes arrêtés définitivement, dont 36 aux États-Unis, 30 au Royaume-Uni, 29 en Allemagne, 23 au Japon, 12 en France, 8 en Russie et 6 au Canada[145], ainsi que 449 réacteurs en fonctionnement ou en arrêt provisoire et 54 réacteurs en construction dans le monde[23].
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Le prix du kilowatt-heure nucléaire est une notion complexe, car il s'agit d'un investissement lourd et à longue échéance. Le prix varie selon les sources, donnant pour certaines le nucléaire comme moins coûteux[146],[147] ; le donnant selon d'autre comme plus coûteux[148]. Le Rocky Mountain Institute, un organisme indépendant de recherche et de conseils en énergie, a conclu en 2005 que, en tenant compte des frais de démantèlement des réacteurs et de gestion des déchets, le nucléaire est plus coûteux et hasardeux que tout autre moyen de production d'électricité[note 2],[note 3],[149]. Selon un ouvrage rédigé en 2005 (avant la libéralisation du marché de l'électricité en Europe), dans les pays dotés d'un marché compétitif de l'énergie, peu de compagnies investissaient dans le nucléaire, plutôt développé dans des pays à monopole énergétique[149] ; au début du XXIe siècle, des sociétés comme British Petroleum et Shell Oil, voyant venir la fin du pétrole, n'investissaient pas dans le nucléaire mais dans les énergies renouvelables[149], projets à plus court terme et plus avantageux car subventionnés.
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Le poids prépondérant de la puissance publique n'est pas limité au nucléaire, il s'étend à l'ensemble du secteur énergétique : selon l'Agence internationale de l'énergie, « sur les 2 000 milliards de dollars d’investissement dans l’approvisionnement énergétique nécessaires chaque année, plus de 70 % proviennent d’entités contrôlées par les États ou dont les revenus sont garantis totalement, ou partiellement, par la loi. Les cadres institués par les pouvoirs publics déterminent également le rythme des progrès de l'efficacité énergétique et de l'innovation technologique. Les politiques et les choix adoptés par les gouvernements aujourd’hui jouent un rôle fondamental pour déterminer le futur des systèmes énergétiques[150]. »
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En France, EDF est son propre assureur, les compagnies d'assurance ne couvrant pas les centrales nucléaires : « couvrir le coût d'un accident grave via un fonds d'indemnisation renchérirait celui du Mwh de plusieurs euros »[151],[149].
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En 2007, en Lituanie, les coûts de construction d'un site d'une capacité de 800 à 1 600 MW ont été estimés entre 2,4 et 4 milliards d'euros[152].
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Le Forum international Génération IV organise la coopération internationale sur les recherches visant à développer de nouveaux concepts de réacteur dits de quatrième génération.
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Plus récemment, un grand nombre de projets ont été lancés, dans la plupart des pays déjà dotés d'une industrie nucléaire, pour développer des concepts de petits réacteurs modulaires, dont la taille réduite, la conception modulaire et les méthodes de fabrication à la chaîne en usine pourraient faciliter le financement et abaisser le coût.
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Parmi les six concepts retenus par le Forum international Génération IV pour la phase de recherche et développement, les plus étudiés sont les suivants.
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En France, le surgénérateur Phénix fonctionnait en 2006 pour une puissance de 233 MWe[153][réf. non conforme]. Compte tenu d'une forte opposition politique, la filière surgénération a subi un moratoire (le réacteur Superphénix français a été fermé prématurément). Cependant, grâce à l'utilisation d'une plus grande proportion d'uranium naturel par ce type de réacteur et pour économiser cette ressource, cette filière est celle qui sera le plus probablement mise en œuvre en premier en France comme réacteur de quatrième génération (projet ASTRID)[154].
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Un r��acteur à très haute température (RTHT) est un réacteur qui permet de produire de la chaleur à très haute température (environ 1 000 °C), laquelle peut ensuite être utilisée telle quelle ou pour fabriquer de l'électricité ou de l'hydrogène, voire combiner ces usages en cogénération[155].
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Les réacteurs à haute température (HTR) ou très haute température (VHTR) offrent un concept original développé dans les années 1960 à 1980. Plusieurs réacteurs HTR ont été construits à cette période et ont fonctionné, dont deux réacteurs de puissance en Allemagne et aux États-Unis à 300 et 330 MWe. Leur concept modulaire permet, en cas d'accident, d'évacuer la chaleur uniquement par rayonnement thermique, sans qu'il soit nécessaire d'adjoindre au réacteur des systèmes de refroidissement de secours, particulièrement coûteux. Un atout majeur des HTR et des futurs VHTR est leur combustible exceptionnellement robuste, constitué de particules de un millimètre de diamètre composées d'un noyau fissile et de plusieurs couches d'enrobage qui retiennent les produits de fission jusqu'à au moins 1 600 °C. Par ailleurs, la conception des HTR, avec un modérateur (graphite) indépendant du réfrigérant (hélium), leur permet de brûler de façon très souple toute espèce de noyaux fissiles. Ce type de réacteur est en particulier un excellent brûleur de plutonium, détruisant environ 70 % de la quantité introduite dans le cœur et plus de 90 % de ses isotopes fissiles[156].
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En Chine, l’Université Tsinghua a lancé en 2012 la construction d'une centrale nucléaire dotée d’un réacteur nucléaire de démonstration à très haute température refroidi à l’hélium (RTHT) d'une puissance de 200 MW. Située à Rongcheng, dans la province du Shangdong à l’est de la Chine, la centrale nucléaire devait être mise en service à la fin de 2017. Conçu pour que le cœur n'entre pas en fusion, son réacteur serait l'un des plus sûrs du monde. La centrale nucléaire contenant le RTHT devrait accueillir six réacteurs connectés à une seule turbine à vapeur, avec un rendement énergétique de 43,7 %[157].
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Le projet le plus avancé est le réacteur intégral à sels fondus développé par la société canadienne Terrestrial Energy[158],[159]. D'autres projets sont en développement en Chine[160], aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon[161], etc.
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« Le littoral proche du site d’exploitation de la centrale nucléaire de Gravelines a été envahi fin novembre par de très nombreuses petites boules abrasives qui sont normalement injectées dans les tuyaux du système de refroidissement du centre de production pour les nettoyer. Mis à part l’impact visuel, aucune conséquence environnementale majeure n’a été constatée. »
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« Le changement climatique devrait aggraver la durée et l’intensité des canicules. Or, les fortes températures peuvent perturber le fonctionnement des centrales nucléaires. Ce qui a amené EDF à anticiper ces événements climatiques. »
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« Les normes de température de rejet des eaux de refroidissement avaient obligé à un arrêt (Fessenheim) ou une baisse de puissance de certaines centrales électriques. »
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fr/931.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,154 @@
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En géométrie euclidienne, un cercle est une courbe plane fermée constituée des points situés à égale distance d'un point nommé centre. La valeur de cette distance est appelée rayon du cercle.
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Dans le plan euclidien, il s'agit du « rond » qui est associé en français au terme de cercle. Dans un plan non euclidien ou dans le cas de la définition d'une distance non euclidienne, la forme peut être plus complexe. Dans un espace de dimension quelconque, l'ensemble des points placés à une distance constante d'un centre est appelé sphère.
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D'autres formes peuvent être qualifiées de « rondes » : les surfaces et solides dont certaines sections planes sont des cercles (cylindres, cônes, tore, anneau, etc.)[1].
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+
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Le cercle est un objet mathématique abstrait, qui peut servir à modéliser de nombreux phénomènes. Un certain nombre d'objets manufacturés ont une section circulaire : cylindres (rouleaux, roues, silos), sphères (ballon, balles, billes), cônes (rouleaux, entonnoirs). Les propriétés du cercles permettent donc de déduire des propriétés des objets, comme leur volume qui permet de déduire la masse de l'objet (connaissant sa masse volumique) ou sa contenance. Les objets de section circulaire sont intéressants pour principalement plusieurs raisons :
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Certains objets répondent à plusieurs de ces éléments. Par exemple, le fait qu'un canon soit cylindrique :
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Si un objet a une surface courbe, elle peut être localement approchée par un cercle. Ainsi, si l'on connaît les propriétés du cercle, on connaît les propriétés locales de l'objet. C'est ce qui a donné les notions de cercle osculateur, de rayon de courbure et d'harmonique sphérique.
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Si l'on dispose des objets ou des personnes en cercle, on sait que l'on peut les atteindre avec le même effort depuis le centre, mais aussi que l'on peut les voir de la même manière, ce qui peut faciliter la surveillance. On peut aussi les désigner en faisant appel à un seul paramètre, la direction ; c'est par exemple l'intérêt des cadrans à aiguille. Cela donne aussi les notions de coordonnées cylindriques et sphériques.
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+
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+
De par sa définition, le cercle euclidien est très simple à tracer : il suffit d'avoir un objet dont les deux extrémités ont une distance constante, une corde tendue par exemple ou une branche (même tordue), ou de manière plus courante un compas. Il est donc simple de tracer un cercle « parfait », ce qui en fait un outil d'étude privilégié pour la géométrie.
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+
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Pour des problèmes et des formes plus complexes, on peut faire appel à la notion d'ellipse.
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Le cercle peut servir à représenter de manière symbolique des objets « plus ou moins ronds » :
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Du point de vue purement symbolique, il représente :
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Pendant longtemps, le langage courant a employé le mot « cercle » autant pour nommer la courbe (circonférence) que la surface qu'elle délimite[5]. De nos jours, en mathématiques, le cercle désigne exclusivement la ligne courbe, la surface étant, quant à elle, appelée disque.
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Le rapport de la circonférence du cercle à son diamètre définit le nombre pi.
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D'autres termes méritent d’être définis :
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Dans un plan muni d'un repère orthonormé, l’équation cartésienne du cercle de centre C (a,b) et de rayon r est :
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Cette équation est en fait une application du théorème de Pythagore pour le triangle rectangle formé par le point du cercle et sa projection sur les deux rayons parallèles aux axes.
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+
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En mettant y en évidence, on obtient la double équation cartésienne du cercle (en fait une équation pour chaque demi-cercle délimité par le diamètre horizontal) :
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+
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Des équations paramétriques possibles du cercle (en fonction du paramètre θ qui exprime ici un angle orienté du vecteur joignant le centre du cercle à un de ces points par rapport au vecteur horizontal unité du repère) sont données par :
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+
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soit, pour un cercle centré sur l'origine (0 ; 0) :
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+
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et pour le cercle unité :
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+
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Grâce au théorème de l'angle inscrit dans un demi-cercle et à sa réciproque, on peut également déterminer une équation pour le cercle C de diamètre [AB] :
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+
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La géométrie analytique permet de déterminer l'intersection d'un cercle et d'une droite. Sans perte de généralité, l'origine du repère est le centre du cercle et l'axe des abscisses est parallèle à la droite. Il s'agit alors de résoudre un système de la forme :
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+
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donc de chercher les solutions x de
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+
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Trois cas se présentent, selon que la distance entre le centre du cercle et la droite est plus grande que le rayon, égale, ou plus petite :
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+
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Le cercle est une ellipse dont les foyers sont confondus au centre du cercle ; la longueur du grand axe est égale à la longueur du petit axe. C'est une conique dont l'excentricité e vaut 0. Elle peut être obtenue par l'intersection d'un plan avec un cône de révolution lorsque le plan est perpendiculaire à l'axe de révolution du cône (on parle parfois de « section droite » du cône).
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50 |
+
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+
En dessin industriel, un cercle est le plus souvent représenté avec son axe horizontal et son axe vertical (en traits d'axe : trait fin composé de tirets longs et courts), ou bien simplement avec son centre matérialisé par une croix droite « + » en traits fins. Une forme de révolution, pleine ou creuse (cylindre, cône, sphère) et vue selon l'axe de révolution est représentée par un cercle.
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52 |
+
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+
La longueur d'un arc de rayon r sous-tendu par un angle au centre α, exprimé en radians, est égale à αr. Ainsi, pour un angle de 2π (un tour complet), la longueur du cercle vaut 2πr.
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+
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+
L'aire du disque délimité par un cercle de rayon r vaut πr2 ; si l'on prend une corde de longueur l donnée et que l'on s'en sert pour délimiter une surface fermée, la surface ayant la plus grande aire est délimitée par un cercle.
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56 |
+
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+
Selon la légende de la fondation de Carthage, le souverain avait permis aux Phéniciens de fonder une ville dont le pourtour serait délimité par une peau de vache ; Didon en fit une grande lanière et choisit une forme circulaire pour avoir la plus grande surface.
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58 |
+
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+
La longueur d'une corde sous-tendue par un angle α est égale à 2r sin(α/2).
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+
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+
On peut exprimer le rayon r d'un cercle, la corde c et la flèche f d'un quelconque de ses arcs, selon deux d'entre eux, en appliquant le théorème de Pythagore au triangle rectangle formé par r – f, c/2 et r qui est l'hypoténuse :
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62 |
+
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+
La sinuosité de deux arcs de cercle semblables opposés joints dans le même plan en continûment dérivable est indépendante du rayon du cercle.
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+
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+
La tangente en un point du cercle est la perpendiculaire au rayon en ce point.
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+
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+
Cette propriété a des applications en optique géométrique : un rayon lumineux passant par le centre d'un miroir sphérique repart en sens inverse selon la même direction (on a une réflexion perpendiculaire au miroir). Si l'on met une ampoule au centre d'un miroir sphérique, la lumière est renvoyée de l'autre côté, ce qui permet par exemple de « rabattre » la lumière vers un miroir parabolique (principe du contre-miroir).
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68 |
+
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69 |
+
Considérons un cercle de centre O et un point A extérieur à ce cercle. On cherche une tangente à ce cercle passant par A ; le point de tangence est appelé T.
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70 |
+
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71 |
+
On utilise le fait que le triangle AOT est rectangle en T. Ce triangle rectangle est donc inscrit dans un cercle dont le centre est le milieu de [AO], ou encore, ce qui est équivalent, que l'hypoténuse a une longueur double de la médiane issue de l'angle droit.
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72 |
+
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+
On détermine donc le milieu I de [AO], puis on trace un arc de cercle de centre I et de rayon IO. Cet arc de cercle coupe le cercle aux points de tangence.
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+
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+
La médiatrice d'une corde passe par le centre du cercle.
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76 |
+
Ceci permet de trouver le centre d'un cercle : il suffit de tracer deux cordes non parallèles et de rechercher l'intersection de leurs médiatrices.
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77 |
+
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78 |
+
On peut aussi montrer que les trois médiatrices d'un triangle sont concourantes et que le point de concours est le centre du cercle passant par les trois sommets, appelé cercle circonscrit au triangle.
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79 |
+
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80 |
+
Prenons sur un cercle trois points A, B et C, dont deux — A et C — sont diamétralement opposés (c'est-à-dire que [AC] est un diamètre). Alors, le triangle ABC est rectangle en B.
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81 |
+
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82 |
+
Ceci découle du fait que la médiane issue de l'angle droit vaut la moitié de l'hypoténuse (on a un rayon et un diamètre) ; ceci est une propriété du triangle appelée le théorème de l'angle inscrit dans un demi-cercle, ou théorème de Thalès (en Allemagne et certains pays anglophones).
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83 |
+
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84 |
+
Réciproquement, soit A et C deux points diamétralement opposés d'un cercle. Soit B un point du plan tel que ABC soit rectangle en B. Alors B appartient au cercle[6].
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85 |
+
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+
Prenons deux points distincts A et B du cercle. O est le centre du cercle et C est un autre point du cercle. Alors, on a
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87 |
+
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88 |
+
Pour l'angle au centre
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89 |
+
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90 |
+
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91 |
+
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92 |
+
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93 |
+
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94 |
+
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95 |
+
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96 |
+
A
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97 |
+
O
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98 |
+
B
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99 |
+
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100 |
+
^
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101 |
+
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102 |
+
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103 |
+
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104 |
+
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105 |
+
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106 |
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{\displaystyle {\widehat {AOB}}}
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107 |
+
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+
, il faut considérer le secteur angulaire qui intercepte l'arc opposé à l'arc contenant C.
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109 |
+
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110 |
+
Cette propriété est utilisée dans les appareils d'analyse spectrale par dispersion de longueur d'onde, c'est la notion de cercle de focalisation ou cercle de Rowland.
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111 |
+
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112 |
+
Si M est un point et Γ est un cercle de centre O et de rayon R, alors, pour toute droite passant par M et rencontrant le cercle en A et B, on a
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113 |
+
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114 |
+
Cette valeur ne dépend pas de la droite choisie, mais seulement de la position de M par rapport au cercle.
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115 |
+
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116 |
+
On peut remarquer que
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117 |
+
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118 |
+
On appelle alors puissance du point M par rapport au cercle Γ le produit des mesures algébriques MA et MB. Ce produit est indépendant de la droite choisie et vaut toujours
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119 |
+
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120 |
+
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121 |
+
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122 |
+
O
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123 |
+
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124 |
+
M
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125 |
+
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126 |
+
2
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127 |
+
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128 |
+
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129 |
+
−
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130 |
+
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131 |
+
R
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132 |
+
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133 |
+
2
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134 |
+
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135 |
+
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136 |
+
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137 |
+
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138 |
+
{\displaystyle OM^{2}-R^{2}}
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139 |
+
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140 |
+
.
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141 |
+
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142 |
+
Lorsque le point M est à l'extérieur du cercle, il est possible de mener des tangentes au cercle. En appelant T le point de contact d'une de ces tangentes, d'après le théorème de Pythagore dans le triangle OMT, la puissance de M est MT2.
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143 |
+
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144 |
+
L'égalité :
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145 |
+
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146 |
+
est suffisante pour affirmer que la droite (MT) est tangente au cercle.
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La puissance d'un point permet de vérifier que quatre points sont cocycliques : en effet, si
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alors les quatre points sont cocycliques.
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Une céréale est une plante cultivée principalement pour ses graines, utilisés en alimentation humaine et animale, souvent moulus sous forme de farine raffinée ou plus ou moins complète[1], mais aussi en grains entiers (ces plantes sont aussi parfois consommées par les animaux herbivores sous forme de fourrage). Le terme « céréale » désigne aussi spécifiquement les grains de ces plantes. Les principales céréales sont le maïs, le blé, le riz, les mils (y compris le sorgo), l'orge, et l'avoine (par ordre de tonnage produit mondialement).
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Au début du XXIe siècle, les céréales fournissent la majeure partie (45 %) des calories alimentaires de l'humanité[2].
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En agronomie et dans le domaine de l'alimentation, le terme céréales regroupe principalement des plantes de la famille des Poacées (ou Graminées), comme le seigle, l’épeautre et l’engrain, mais aussi d'autres familles botaniques appartenant aux dicotylédones, comme le sarrasin (Polygonacées), le quinoa et l'amarante (Amaranthacées) et parfois le sésame (Pédaliacées) et le chia (Lamiacées) bien que ces deux dernières soient très huileuses.
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On appelle aussi céréales à paille les céréales susceptibles de fournir en plus du grain une tige desséchée utilisable pour ses qualités propres : la paille. Ce sont principalement le blé, l'orge, le seigle, l'avoine et le riz.
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Au milieu du XVIIIe siècle, le mot céréale, relatif à Cérès, déesse romaine des moissons, fut adopté pour remplacer le mot blés qui, au pluriel, avait désigné l’ensemble des graines comestibles qu’on peut réduire en farine, mais avait commencé à se spécialiser en devenant ambigu ou imprécis. Une différence entre les deux mots étant que le mot blés avait inclus les légumineuses, alors que celui de céréales s’appliquait aux seules graines de digestion facile, non flatulente - un emploi du mot qui peut se résumer dans la définition suivante :
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Sont des semences céréales les graines non « émulsives » (huileuses), de digestion aisée pour l’homme, donc non légumineuses[3].
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Cet emploi du mot, appartenant exclusivement au domaine alimentaire, était indépendant des classifications botaniques, alors non stabilisées, et il s’est toujours appliqué au sarrasin. Mais des botanistes identifièrent « céréales » avec « graminées, dans des classifications - antérieures à celle de Linné - où les « graminées » incluaient des dicotylédones ! D’où, plus tard, l’invention de l’expression « pseudo-céréale », appliquée à des plantes qui ne ressemblent pas à une céréale, mais en ont toutes les qualités et usages, ce qui est une aberration sémantique car, si l’on se réfère au sens du préfixe pseudo, « de pseudos, mensonge, le plus souvent délibéré, parfois dû à l’erreur, (…) feinte, ruse (de guerre), puis fraude, falsification »[4], l’expression devrait désigner exactement le contraire : une plante qui ressemble à une céréale sans en avoir les qualités et usages. C’est donc un contre-emploi absolu de ce préfixe ! Le terme céréales, et à fortiori celui de pseudo-céréale, n'a aucune valeur taxinomique.
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On considère que la culture des céréales a permis l'essor des grandes civilisations, car elle a constitué l'une des premières activités agricoles. En effet, en fournissant une alimentation régulière et abondante aux populations, les céréales ont permis l'organisation de sociétés plus denses et plus complexes. Ceci tient au fait que les rendements sont élevés, que la conservation des graines est aisée (un an et plus), ce qui permet la constitution de réserves[5] et surtout que la composition des céréales complètes en glucides, lipides, protéines, fibres est relativement équilibrée, par exemple par rapport aux fruits secs qui contiennent très peu de protéines et de fibres. Enfin les graines de céréales ne contiennent généralement pas de facteurs antinutritionels ou toxiques, contrairement aux légumineuses, bien que ceux-ci aient été amoindris par la sélection et soient éliminés par des cuissons prolongées. Elles peuvent constituer la base de l'alimentation car un complément restreint en produits animaux ou graines de légumineuses et aliments frais suffit pour en faire une ration complète équilibrée.
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C'est ainsi que les civilisations moyen-orientales puis européennes se sont construites autour du blé, celles d'Extrême-Orient autour du millet en Chine[6], puis du riz (au sud) et du blé (au nord), celles d'Afrique sub-équatoriale autour du mil (qui regroupe en fait des genres différents) et celles des peuples amérindiens autour du maïs.
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Ces céréales sont issues de plantes sauvages (graminées essentiellement) par domestication, c'est-à-dire par sélection et croisement (taxonomie du blé). À l'engrain a succédé l'amidonnier, puis l'épeautre et le blé. De même, le maïs a été obtenu par domestication de la téosinte[7].
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En alimentation humaine, ce sont surtout le blé, le riz et secondairement le maïs, le seigle et le mil qui sont utilisés aujourd'hui. L'orge est utilisée pour la fabrication du malt, ingrédient de base de la brasserie.
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Certaines céréales secondaires comme l'épeautre, le seigle ou l'avoine sont remises au goût du jour avec l'agriculture biologique et les agricultures de conservation. Le marché des pseudo-céréales comme le quinoa, qui est cultivé traditionnellement en Amérique du Sud, est en expansion, notamment du fait de l'absence de gluten dans leur composition.
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Une grande partie de la production mondiale est destinée à l'alimentation des animaux d'élevage : pour les pays développés, 56 % de la consommation de céréales sont destinés à nourrir le bétail, 23 % dans les pays en voie de développement[8]. Mondialement, 37 % de la production de céréales est destinée à nourrir les animaux d'élevages[9].
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En alimentation animale, pratiquement toutes les céréales sont utilisées, même le blé traditionnellement réservé à l'homme, sous diverses formes :
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En plus des graines et du fourrage, certaines céréales, les céréales à paille, fournissent de la paille : blé, seigle, orge, riz, avoine, mil, triticale, épeautre, engrain. Il existe des filières de valorisation de la paille, assistées au niveau de la recherche comme les autres filières céréales en France par l'institut Arvalis et l'INRA[10].
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Dans l'industrie dite « Industrie du grain » au Québec[11] ou plutôt « industrie céréalière » en France, on retrouve principalement trois usages des céréales :
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Les graines de céréales, qui sont la famille d'aliments à la base de l'alimentation humaine, contiennent généralement :
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La graine est entourée d'une cuticule essentiellement constituée de cellulose, le son.
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Les céréales sont surtout intéressantes pour leur apport énergétique, sous forme de sucres lents. Elles sont aussi une source de vitamines et de fibres alimentaires. Leurs protéines manquent de certains acides aminés essentiels, comme la lysine ou le tryptophane. Certaines céréales contiennent une protéine particulière, le gluten, qui permet d'en faire du pain. On les appelle céréales panifiables : ce sont, les différentes variétés de blé comme le froment et l'épeautre, et le seigle.
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La consommation de riz décortiqué (riz blanc) peut provoquer une carence en vitamine B1 ou thiamine, cause, en l'absence de complément alimentaire, du béribéri. La consommation excessive de maïs, qui n'a pas subi le processus de nixtamalisation, peut conduire à une carence en vitamine PP, cause de la pellagre. Chez certaines personnes prédisposées, le gluten peut provoquer la maladie cœliaque, qui entraîne une atrophie de la muqueuse intestinale.
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En ce qui concerne la sécurité sanitaire, la pulpe, le germe ou la cuticule externe des céréales peuvent parfois être contaminées par des microbes, des champignons capables de sécréter des toxines (mycotoxines en particulier) ou par des produits chimiques (dont résidus de pesticides[12]) qui font, de manière plus ou moins fréquente et approfondie selon les pays, l'objet de contrôles.
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En 2016/2017, 706 millions d’hectares de céréales sont cultivés dans le monde, soit 50% des terres arables, 14,4% de la surface agricole mondiale et 5,4% des terres émergées du monde, et 2,6 milliards de tonnes de céréales ont été produites[13].
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La récolte mondiale de céréales s'élève à 2,07 milliards de tonnes (année 2003). Cela représente une moyenne brute de 345 kg par habitant et par an (pour 6 milliards d'habitants au total), moyenne qui s'établit à 155 kg pour les céréales destinées à l'alimentation humaine.
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Le chiffres du marché mondial des céréales en 2016-2017 sont produits par la F.A.O[14]. La production s'est élevée en 2016 à 2 607,5 millions de tonnes. Les stocks disponibles en début de période s'élevaient à 664,8 millions de tonnes, la disponibilité totale est donc de 32 723 millions de tonnes. Les exportations, au cours de la campagne commerciale, allant de juillet 2016 à juin 2017, dans le cas du blé et des céréales secondaires, et de la campagne commerciale allant de janvier à décembre pour le riz, se sont élevées à 402,8 millions de tonnes. Le stock de clôture est de 720,5 millions de tonnes (soit 27 % de l'utilisation annuelle).
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En France, les cultures de céréales représentent 11 millions d’hectares, soit la moitié du sol labourable français. Elles sont cultivées par 50% des exploitations agricoles, soit un total de 270.000[15].
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40,000 entreprises collectent, stockent ou transforment les céréales. La France est le deuxième exportateur mondial de céréales. Les céréales contribuent à la balance commerciale à hauteur de 9 milliards d’euros en moyenne chaque année[16].
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Les cinq céréales les plus cultivées dans le monde sont dans l'ordre le maïs, le blé, le riz, l’orge et le sorgho.
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On cultive beaucoup les céréales suivantes :
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Les céréales ont pu cependant être utilisées dans l'alimentation avant d'être cultivées.
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Les débuts de l'agriculture dateraient seulement d'il y a 11 000 ans lorsque le Néolithique révolutionne l'alimentation de l'humanité.
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Avec l'essor agricole du début du XIe siècle, la surface des terres céréalières s'accroît en Europe occidentale : ce phénomène progressif s'appelle la « céréalisation ». Par contre-coup, les superficies utilisées pour l'élevage tendent à diminuer en valeur relative. Il existe plusieurs sortes de céréales, cultivées sur un même terroir. Les documents médiévaux évoquent les « blés » (bleds) : ce terme générique recouvre en réalité un éventail de diverses céréales : il peut désigner le froment, mais aussi l'épeautre, l'orge, l'avoine ou le millet[17]. Ces « blés » sont de qualité inégale : le blé dur s'oppose au blé tendre (froment) ; le blé blanc désigne le froment, le blé noir, le sarrasin. On cultive aussi du méteil, mélange de céréales (froment et seigle) car les techniques de séparation sont rudimentaires. Les céréales que nous consommons aujourd'hui sont devenues très différentes[18]. La préparation des céréales nécessite l'existence de meules installées dans les maisons paysannes. Au Moyen Âge classique, l'usage du moulin seigneurial généralement obligatoire est un monopole économique. Il donne lieu au versement d'une taxe au seigneur banal.
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Le quinoa, l’amarante (plante) et le maïs, de leur côté, tirent leur origine d’Amérique Centrale et/ou du Sud.
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Une grande partie des céréales cultivées mondialement proviennent de l’Asie. En effet, le blé, l’avoine, l’orge, le riz et le seigle font partie des céréales qui sont originaires de ce continent.
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Parmi les céréales africaines, le fonio, Digitaria exilis, est considérée comme la plus ancienne graminée cultivée du Sénégal au Tchad. Ses particularités méritent d'être signalées : elle est de petite taille (80 cm) ; sa graine également petite mais riche en méthionine et cystine, elle est plus riche en calcium et en éléments insulino-sécréteurs. Malgré de faibles rendements (600 à 700 kg/ha), le fonio est une culture de bonne garantie de récolte, du fait de son peu d’exigence et son adaptation aux conditions difficiles. C’est la sécurité alimentaire de bon nombre d’Africains, première récoltée avec les variétés à cycle court et dernière dans le grenier grâce à sa graine résistante à toutes les agressions.
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On distingue trois types de céréales selon le moment du semis :
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Ces modes de développement correspondent donc à des besoins climatiques particuliers, à l'égard de la température et de la photopériode.
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Les céréales d'hiver ont en général un potentiel de production plus élevé que les céréales de printemps.
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Les plantes « adventices » qui accompagnent les céréales à paille sont dites messicoles.
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La culture des céréales nécessite de très grandes quantités d'eau douce. En moyenne, l'ordre de grandeur est de 1 000 tonnes d'eau pour une tonne de céréales soit 1 tonne d'eau pour 1 kg de céréales[21]. Ce chiffre est néanmoins très variable selon les céréales. Par exemple, le riz et le maïs nécessitent plus d'eau que le blé.
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Les besoins en eau sont à relativiser pour les céréales d'hiver en climat tempéré, elles reçoivent la plupart du temps suffisamment d'eau pendant leur période de végétation. Les pluies hivernales abondantes peuvent provoquer l'asphixie des racines dans les cultures placées sur sous-sol imperméable.
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La culture des céréales a modifié et créé de vastes paysages dans le monde. Depuis quelques décennies, ses impacts sur la biodiversité et la santé se sont accrus à cause de surfaces croissantes, mais aussi d'un usage important d'engrais, de pesticides (insecticides, fongicides, désherbants…) et de l'arrosage et de l'irrigation ou du labour.
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L'agriculture bio, la lutte intégrée, un néobocage et diverses méthodes alternatives cherchent à diminuer ces impacts. Des essences végétales pourraient par exemple remplacer certains pesticides de synthèse[22].
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Les céréales, et le grain plus largement, est certainement l'un des premiers cargos à avoir été transporté par voie maritime.
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Le transport de ce type de cargo (cargaison), en mer Méditerranée, à l'époque de la Rome impériale, est bien documenté et montre qu'il existait déjà une véritable industrie du transport maritime de grain avec ses ports et ses navires spécialisés[23].
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Aujourd’hui le transport maritime de grains est globalisé et essentiellement assuré par des vraquiers. Plus anecdotiquement, il est aussi possible de transporter le grain en container. Le transport en sac a, en revanche, quasiment disparu.
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Les vraquiers utilisés dans le transport de grains sont généralement de type Handy size et Panamax, c'est-à-dire des navires de tailles modestes mais qui ont l'avantage de pouvoir se rendre dans la majorité des ports du monde[24].
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L'utilisation de cette taille de navire s'explique par la parcel size. Dans le transport du grain, celle-ci est la plupart du temps comprise entre 25 000 et 60 000 tonnes[25]. Le chargement s'effectue à l'aide de grues ou de chutes directement dans les cales.
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Les principaux dangers associés à ce type de cargo, pour le navire et son équipage, sont de deux ordres :
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Premièrement, il y a les dangers relatifs au comportement physique du grain qui, sous bien des aspects se rapproche de celui d'un liquide et ensuite il y a des dangers dus au fait que le grain est un cargo « vivant ».
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Le grain, s'il est libre de se mouvoir avec les mouvements du navire, va se comporter comme un liquide. C'est-à-dire qu'il va créer un effet de carènes liquides.
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Cela va fortement réduire la stabilité du navire. Elle pourra, dans des cas extrêmes, devenir négative et causer le chavirement de ce dernier.
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Comme pour les liquides, ce phénomène n'existe pas si la cale est très peu remplie ou entièrement remplie. Aussi cherchera-t-on toujours à charger les cales au maximum et on veillera à ce que le niveau de grain ne descende pas trop avec le tassement de celui-ci.
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On veillera également à tasser le cargo afin de maximiser l'angle de gite sous lequel le cargo bougera. Si le grain est correctement égalisé, cet angle sera l'angle de repos.
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Ce danger est si important qu’il a, en partie, justifié l’adoption du International Code for the Safe Carriage of Grain in Bulk par l’OMI
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Le grain est un cargo vivant qui connaît une respiration cellulaire, c'est-à-dire que de l'oxygène va être absorbé et, en retour, du CO2, de l'humidité et de l'énergie (chaleur) seront produits. Ce phénomène sera exacerbé par le développement de moisissures, qui respirent également, ou par l'infestation du cargo.
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La combinaison du manque d'oxygène et de la présence de CO2 dans des espaces clos (cales) accroissent le risque de suffocation pour toute personne qui pénétrerait dans cet espace.
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De plus, le phénomène de respiration cellulaire mais aussi le phénomène d'oxydation sont des réactions exothermiques. Dans certains cas, il peut arriver qu'on dépasse les 100 °C et qu'on en arrive au point de combustion spontanée avec développement d'un feu couvant. Si on en arrive là, il faudra généralement inonder la cale et le cargo sera perdu. Le phénomène est aggravé si le milieu est humide et chaud, une attention particulière est donc requise pour les cales à proximité des citernes de fioul qui seront chauffées. La qualité du grain est aussi un élément important . Un grain moissonné avant maturité sera plus humide, de même qu'un grain arrivé mais moissonné après des précipitations sans avoir suffisamment séché. Les deux peuvent faire fermenter le grain et le faire "chauffer".
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Le risque de combustion spontanée est surtout présent avec les graines oléagineuses car l'huile contenue a un potentiel calorifique plus important.
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Il existe également d'autres risques plus marginaux.
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Lors du transfert, la production de poussière à une granulométrie particulière et dans les quantités stœchiométrique peuvent faire de cette atmosphère un explosif puissant comme dans le cas des coups de poussiers dans les mines. Les transferts sont donc particulièrement surveillés (concentration des poussières) et la mise à la terre impérative pour éviter tout risque d'étincelles.
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À titre plus anecdotique, il faut faire attention lors de la fumigation. On a déjà vu des feux démarrer dans un cargo de grain à la suite d'une fumigation.
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On observe aussi des dilatations de cargo : par suite d'une humidité trop importante, le cargo se dilate et cause d'importants dégâts à la structure du navire.
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Dans l'économie maritime, le grain fait partie du secteur des vracs principaux (major bulks), aux côtés, entre autres, du charbon et du minerai de fer. Ce secteur représentait, en 2014, près 3 112 millions de tonnes transportées soit près de 30 % de l'ensemble du commerce maritime. Le grain ne représente cependant qu'un faible pourcentage, de ce montant[26] et les quantités transportées ont la particularité de rester stable d'année en année, entre 250 et 300 millions de tonnes[27].
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Il n'est pas aisé d'établir une carte des échanges maritimes de grains car les centres d'importations et d'exportations sont, à l'exception de l'Afrique, relativement distribués dans le monde. On peut cependant dire que les exportateurs principaux sont l'Europe (UE, Ukraine, Russie), le Canada et les États-Unis tandis que les principaux importateurs sont le Japon, la Chine, le Mexique, l'Iran et le Maghreb[28].
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Une céréale est une plante cultivée principalement pour ses graines, utilisés en alimentation humaine et animale, souvent moulus sous forme de farine raffinée ou plus ou moins complète[1], mais aussi en grains entiers (ces plantes sont aussi parfois consommées par les animaux herbivores sous forme de fourrage). Le terme « céréale » désigne aussi spécifiquement les grains de ces plantes. Les principales céréales sont le maïs, le blé, le riz, les mils (y compris le sorgo), l'orge, et l'avoine (par ordre de tonnage produit mondialement).
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Au début du XXIe siècle, les céréales fournissent la majeure partie (45 %) des calories alimentaires de l'humanité[2].
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En agronomie et dans le domaine de l'alimentation, le terme céréales regroupe principalement des plantes de la famille des Poacées (ou Graminées), comme le seigle, l’épeautre et l’engrain, mais aussi d'autres familles botaniques appartenant aux dicotylédones, comme le sarrasin (Polygonacées), le quinoa et l'amarante (Amaranthacées) et parfois le sésame (Pédaliacées) et le chia (Lamiacées) bien que ces deux dernières soient très huileuses.
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On appelle aussi céréales à paille les céréales susceptibles de fournir en plus du grain une tige desséchée utilisable pour ses qualités propres : la paille. Ce sont principalement le blé, l'orge, le seigle, l'avoine et le riz.
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Au milieu du XVIIIe siècle, le mot céréale, relatif à Cérès, déesse romaine des moissons, fut adopté pour remplacer le mot blés qui, au pluriel, avait désigné l’ensemble des graines comestibles qu’on peut réduire en farine, mais avait commencé à se spécialiser en devenant ambigu ou imprécis. Une différence entre les deux mots étant que le mot blés avait inclus les légumineuses, alors que celui de céréales s’appliquait aux seules graines de digestion facile, non flatulente - un emploi du mot qui peut se résumer dans la définition suivante :
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Sont des semences céréales les graines non « émulsives » (huileuses), de digestion aisée pour l’homme, donc non légumineuses[3].
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Cet emploi du mot, appartenant exclusivement au domaine alimentaire, était indépendant des classifications botaniques, alors non stabilisées, et il s’est toujours appliqué au sarrasin. Mais des botanistes identifièrent « céréales » avec « graminées, dans des classifications - antérieures à celle de Linné - où les « graminées » incluaient des dicotylédones ! D’où, plus tard, l’invention de l’expression « pseudo-céréale », appliquée à des plantes qui ne ressemblent pas à une céréale, mais en ont toutes les qualités et usages, ce qui est une aberration sémantique car, si l’on se réfère au sens du préfixe pseudo, « de pseudos, mensonge, le plus souvent délibéré, parfois dû à l’erreur, (…) feinte, ruse (de guerre), puis fraude, falsification »[4], l’expression devrait désigner exactement le contraire : une plante qui ressemble à une céréale sans en avoir les qualités et usages. C’est donc un contre-emploi absolu de ce préfixe ! Le terme céréales, et à fortiori celui de pseudo-céréale, n'a aucune valeur taxinomique.
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On considère que la culture des céréales a permis l'essor des grandes civilisations, car elle a constitué l'une des premières activités agricoles. En effet, en fournissant une alimentation régulière et abondante aux populations, les céréales ont permis l'organisation de sociétés plus denses et plus complexes. Ceci tient au fait que les rendements sont élevés, que la conservation des graines est aisée (un an et plus), ce qui permet la constitution de réserves[5] et surtout que la composition des céréales complètes en glucides, lipides, protéines, fibres est relativement équilibrée, par exemple par rapport aux fruits secs qui contiennent très peu de protéines et de fibres. Enfin les graines de céréales ne contiennent généralement pas de facteurs antinutritionels ou toxiques, contrairement aux légumineuses, bien que ceux-ci aient été amoindris par la sélection et soient éliminés par des cuissons prolongées. Elles peuvent constituer la base de l'alimentation car un complément restreint en produits animaux ou graines de légumineuses et aliments frais suffit pour en faire une ration complète équilibrée.
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C'est ainsi que les civilisations moyen-orientales puis européennes se sont construites autour du blé, celles d'Extrême-Orient autour du millet en Chine[6], puis du riz (au sud) et du blé (au nord), celles d'Afrique sub-équatoriale autour du mil (qui regroupe en fait des genres différents) et celles des peuples amérindiens autour du maïs.
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Ces céréales sont issues de plantes sauvages (graminées essentiellement) par domestication, c'est-à-dire par sélection et croisement (taxonomie du blé). À l'engrain a succédé l'amidonnier, puis l'épeautre et le blé. De même, le maïs a été obtenu par domestication de la téosinte[7].
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En alimentation humaine, ce sont surtout le blé, le riz et secondairement le maïs, le seigle et le mil qui sont utilisés aujourd'hui. L'orge est utilisée pour la fabrication du malt, ingrédient de base de la brasserie.
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Certaines céréales secondaires comme l'épeautre, le seigle ou l'avoine sont remises au goût du jour avec l'agriculture biologique et les agricultures de conservation. Le marché des pseudo-céréales comme le quinoa, qui est cultivé traditionnellement en Amérique du Sud, est en expansion, notamment du fait de l'absence de gluten dans leur composition.
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Une grande partie de la production mondiale est destinée à l'alimentation des animaux d'élevage : pour les pays développés, 56 % de la consommation de céréales sont destinés à nourrir le bétail, 23 % dans les pays en voie de développement[8]. Mondialement, 37 % de la production de céréales est destinée à nourrir les animaux d'élevages[9].
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En alimentation animale, pratiquement toutes les céréales sont utilisées, même le blé traditionnellement réservé à l'homme, sous diverses formes :
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En plus des graines et du fourrage, certaines céréales, les céréales à paille, fournissent de la paille : blé, seigle, orge, riz, avoine, mil, triticale, épeautre, engrain. Il existe des filières de valorisation de la paille, assistées au niveau de la recherche comme les autres filières céréales en France par l'institut Arvalis et l'INRA[10].
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Dans l'industrie dite « Industrie du grain » au Québec[11] ou plutôt « industrie céréalière » en France, on retrouve principalement trois usages des céréales :
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Les graines de céréales, qui sont la famille d'aliments à la base de l'alimentation humaine, contiennent généralement :
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La graine est entourée d'une cuticule essentiellement constituée de cellulose, le son.
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Les céréales sont surtout intéressantes pour leur apport énergétique, sous forme de sucres lents. Elles sont aussi une source de vitamines et de fibres alimentaires. Leurs protéines manquent de certains acides aminés essentiels, comme la lysine ou le tryptophane. Certaines céréales contiennent une protéine particulière, le gluten, qui permet d'en faire du pain. On les appelle céréales panifiables : ce sont, les différentes variétés de blé comme le froment et l'épeautre, et le seigle.
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La consommation de riz décortiqué (riz blanc) peut provoquer une carence en vitamine B1 ou thiamine, cause, en l'absence de complément alimentaire, du béribéri. La consommation excessive de maïs, qui n'a pas subi le processus de nixtamalisation, peut conduire à une carence en vitamine PP, cause de la pellagre. Chez certaines personnes prédisposées, le gluten peut provoquer la maladie cœliaque, qui entraîne une atrophie de la muqueuse intestinale.
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En ce qui concerne la sécurité sanitaire, la pulpe, le germe ou la cuticule externe des céréales peuvent parfois être contaminées par des microbes, des champignons capables de sécréter des toxines (mycotoxines en particulier) ou par des produits chimiques (dont résidus de pesticides[12]) qui font, de manière plus ou moins fréquente et approfondie selon les pays, l'objet de contrôles.
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En 2016/2017, 706 millions d’hectares de céréales sont cultivés dans le monde, soit 50% des terres arables, 14,4% de la surface agricole mondiale et 5,4% des terres émergées du monde, et 2,6 milliards de tonnes de céréales ont été produites[13].
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La récolte mondiale de céréales s'élève à 2,07 milliards de tonnes (année 2003). Cela représente une moyenne brute de 345 kg par habitant et par an (pour 6 milliards d'habitants au total), moyenne qui s'établit à 155 kg pour les céréales destinées à l'alimentation humaine.
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Le chiffres du marché mondial des céréales en 2016-2017 sont produits par la F.A.O[14]. La production s'est élevée en 2016 à 2 607,5 millions de tonnes. Les stocks disponibles en début de période s'élevaient à 664,8 millions de tonnes, la disponibilité totale est donc de 32 723 millions de tonnes. Les exportations, au cours de la campagne commerciale, allant de juillet 2016 à juin 2017, dans le cas du blé et des céréales secondaires, et de la campagne commerciale allant de janvier à décembre pour le riz, se sont élevées à 402,8 millions de tonnes. Le stock de clôture est de 720,5 millions de tonnes (soit 27 % de l'utilisation annuelle).
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En France, les cultures de céréales représentent 11 millions d’hectares, soit la moitié du sol labourable français. Elles sont cultivées par 50% des exploitations agricoles, soit un total de 270.000[15].
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40,000 entreprises collectent, stockent ou transforment les céréales. La France est le deuxième exportateur mondial de céréales. Les céréales contribuent à la balance commerciale à hauteur de 9 milliards d’euros en moyenne chaque année[16].
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Les cinq céréales les plus cultivées dans le monde sont dans l'ordre le maïs, le blé, le riz, l’orge et le sorgho.
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On cultive beaucoup les céréales suivantes :
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Les céréales ont pu cependant être utilisées dans l'alimentation avant d'être cultivées.
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Les débuts de l'agriculture dateraient seulement d'il y a 11 000 ans lorsque le Néolithique révolutionne l'alimentation de l'humanité.
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Avec l'essor agricole du début du XIe siècle, la surface des terres céréalières s'accroît en Europe occidentale : ce phénomène progressif s'appelle la « céréalisation ». Par contre-coup, les superficies utilisées pour l'élevage tendent à diminuer en valeur relative. Il existe plusieurs sortes de céréales, cultivées sur un même terroir. Les documents médiévaux évoquent les « blés » (bleds) : ce terme générique recouvre en réalité un éventail de diverses céréales : il peut désigner le froment, mais aussi l'épeautre, l'orge, l'avoine ou le millet[17]. Ces « blés » sont de qualité inégale : le blé dur s'oppose au blé tendre (froment) ; le blé blanc désigne le froment, le blé noir, le sarrasin. On cultive aussi du méteil, mélange de céréales (froment et seigle) car les techniques de séparation sont rudimentaires. Les céréales que nous consommons aujourd'hui sont devenues très différentes[18]. La préparation des céréales nécessite l'existence de meules installées dans les maisons paysannes. Au Moyen Âge classique, l'usage du moulin seigneurial généralement obligatoire est un monopole économique. Il donne lieu au versement d'une taxe au seigneur banal.
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Le quinoa, l’amarante (plante) et le maïs, de leur côté, tirent leur origine d’Amérique Centrale et/ou du Sud.
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Une grande partie des céréales cultivées mondialement proviennent de l’Asie. En effet, le blé, l’avoine, l’orge, le riz et le seigle font partie des céréales qui sont originaires de ce continent.
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Parmi les céréales africaines, le fonio, Digitaria exilis, est considérée comme la plus ancienne graminée cultivée du Sénégal au Tchad. Ses particularités méritent d'être signalées : elle est de petite taille (80 cm) ; sa graine également petite mais riche en méthionine et cystine, elle est plus riche en calcium et en éléments insulino-sécréteurs. Malgré de faibles rendements (600 à 700 kg/ha), le fonio est une culture de bonne garantie de récolte, du fait de son peu d’exigence et son adaptation aux conditions difficiles. C’est la sécurité alimentaire de bon nombre d’Africains, première récoltée avec les variétés à cycle court et dernière dans le grenier grâce à sa graine résistante à toutes les agressions.
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On distingue trois types de céréales selon le moment du semis :
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Ces modes de développement correspondent donc à des besoins climatiques particuliers, à l'égard de la température et de la photopériode.
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Les céréales d'hiver ont en général un potentiel de production plus élevé que les céréales de printemps.
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Les plantes « adventices » qui accompagnent les céréales à paille sont dites messicoles.
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La culture des céréales nécessite de très grandes quantités d'eau douce. En moyenne, l'ordre de grandeur est de 1 000 tonnes d'eau pour une tonne de céréales soit 1 tonne d'eau pour 1 kg de céréales[21]. Ce chiffre est néanmoins très variable selon les céréales. Par exemple, le riz et le maïs nécessitent plus d'eau que le blé.
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Les besoins en eau sont à relativiser pour les céréales d'hiver en climat tempéré, elles reçoivent la plupart du temps suffisamment d'eau pendant leur période de végétation. Les pluies hivernales abondantes peuvent provoquer l'asphixie des racines dans les cultures placées sur sous-sol imperméable.
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La culture des céréales a modifié et créé de vastes paysages dans le monde. Depuis quelques décennies, ses impacts sur la biodiversité et la santé se sont accrus à cause de surfaces croissantes, mais aussi d'un usage important d'engrais, de pesticides (insecticides, fongicides, désherbants…) et de l'arrosage et de l'irrigation ou du labour.
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L'agriculture bio, la lutte intégrée, un néobocage et diverses méthodes alternatives cherchent à diminuer ces impacts. Des essences végétales pourraient par exemple remplacer certains pesticides de synthèse[22].
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Les céréales, et le grain plus largement, est certainement l'un des premiers cargos à avoir été transporté par voie maritime.
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Le transport de ce type de cargo (cargaison), en mer Méditerranée, à l'époque de la Rome impériale, est bien documenté et montre qu'il existait déjà une véritable industrie du transport maritime de grain avec ses ports et ses navires spécialisés[23].
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Aujourd’hui le transport maritime de grains est globalisé et essentiellement assuré par des vraquiers. Plus anecdotiquement, il est aussi possible de transporter le grain en container. Le transport en sac a, en revanche, quasiment disparu.
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Les vraquiers utilisés dans le transport de grains sont généralement de type Handy size et Panamax, c'est-à-dire des navires de tailles modestes mais qui ont l'avantage de pouvoir se rendre dans la majorité des ports du monde[24].
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L'utilisation de cette taille de navire s'explique par la parcel size. Dans le transport du grain, celle-ci est la plupart du temps comprise entre 25 000 et 60 000 tonnes[25]. Le chargement s'effectue à l'aide de grues ou de chutes directement dans les cales.
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Les principaux dangers associés à ce type de cargo, pour le navire et son équipage, sont de deux ordres :
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Premièrement, il y a les dangers relatifs au comportement physique du grain qui, sous bien des aspects se rapproche de celui d'un liquide et ensuite il y a des dangers dus au fait que le grain est un cargo « vivant ».
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Le grain, s'il est libre de se mouvoir avec les mouvements du navire, va se comporter comme un liquide. C'est-à-dire qu'il va créer un effet de carènes liquides.
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Cela va fortement réduire la stabilité du navire. Elle pourra, dans des cas extrêmes, devenir négative et causer le chavirement de ce dernier.
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Comme pour les liquides, ce phénomène n'existe pas si la cale est très peu remplie ou entièrement remplie. Aussi cherchera-t-on toujours à charger les cales au maximum et on veillera à ce que le niveau de grain ne descende pas trop avec le tassement de celui-ci.
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On veillera également à tasser le cargo afin de maximiser l'angle de gite sous lequel le cargo bougera. Si le grain est correctement égalisé, cet angle sera l'angle de repos.
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Ce danger est si important qu’il a, en partie, justifié l’adoption du International Code for the Safe Carriage of Grain in Bulk par l’OMI
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Le grain est un cargo vivant qui connaît une respiration cellulaire, c'est-à-dire que de l'oxygène va être absorbé et, en retour, du CO2, de l'humidité et de l'énergie (chaleur) seront produits. Ce phénomène sera exacerbé par le développement de moisissures, qui respirent également, ou par l'infestation du cargo.
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La combinaison du manque d'oxygène et de la présence de CO2 dans des espaces clos (cales) accroissent le risque de suffocation pour toute personne qui pénétrerait dans cet espace.
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De plus, le phénomène de respiration cellulaire mais aussi le phénomène d'oxydation sont des réactions exothermiques. Dans certains cas, il peut arriver qu'on dépasse les 100 °C et qu'on en arrive au point de combustion spontanée avec développement d'un feu couvant. Si on en arrive là, il faudra généralement inonder la cale et le cargo sera perdu. Le phénomène est aggravé si le milieu est humide et chaud, une attention particulière est donc requise pour les cales à proximité des citernes de fioul qui seront chauffées. La qualité du grain est aussi un élément important . Un grain moissonné avant maturité sera plus humide, de même qu'un grain arrivé mais moissonné après des précipitations sans avoir suffisamment séché. Les deux peuvent faire fermenter le grain et le faire "chauffer".
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Le risque de combustion spontanée est surtout présent avec les graines oléagineuses car l'huile contenue a un potentiel calorifique plus important.
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Il existe également d'autres risques plus marginaux.
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Lors du transfert, la production de poussière à une granulométrie particulière et dans les quantités stœchiométrique peuvent faire de cette atmosphère un explosif puissant comme dans le cas des coups de poussiers dans les mines. Les transferts sont donc particulièrement surveillés (concentration des poussières) et la mise à la terre impérative pour éviter tout risque d'étincelles.
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À titre plus anecdotique, il faut faire attention lors de la fumigation. On a déjà vu des feux démarrer dans un cargo de grain à la suite d'une fumigation.
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On observe aussi des dilatations de cargo : par suite d'une humidité trop importante, le cargo se dilate et cause d'importants dégâts à la structure du navire.
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Dans l'économie maritime, le grain fait partie du secteur des vracs principaux (major bulks), aux côtés, entre autres, du charbon et du minerai de fer. Ce secteur représentait, en 2014, près 3 112 millions de tonnes transportées soit près de 30 % de l'ensemble du commerce maritime. Le grain ne représente cependant qu'un faible pourcentage, de ce montant[26] et les quantités transportées ont la particularité de rester stable d'année en année, entre 250 et 300 millions de tonnes[27].
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Il n'est pas aisé d'établir une carte des échanges maritimes de grains car les centres d'importations et d'exportations sont, à l'exception de l'Afrique, relativement distribués dans le monde. On peut cependant dire que les exportateurs principaux sont l'Europe (UE, Ukraine, Russie), le Canada et les États-Unis tandis que les principaux importateurs sont le Japon, la Chine, le Mexique, l'Iran et le Maghreb[28].
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fr/934.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,93 @@
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Les Oscars du cinéma (Academy Awards) sont des récompenses cinématographiques américaines décernées chaque année depuis 1929 à Los Angeles[1] et destinées à saluer l'excellence des productions américaines et internationales du cinéma. L'attribution de ces distinctions dans les domaines choisis pour représenter les métiers de la création cinématographique (réalisation, interprétation, scénario, technique) est organisée, gérée et dirigée par l'association professionnelle Academy of Motion Picture Arts and Sciences[2].
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Les récompenses sont décernées aux films et aux personnes qui interviennent et contribuent, aux yeux de l'Académie, les meilleures réalisations, ouvrages et travaux artistiques de l'année écoulée. Si cette compétition est ouverte aux films du monde entier à partir du moment où ceux-ci sont distribués dans le comté de Los Angeles l'année précédant la cérémonie[réf. nécessaire], elle se veut avant tout une célébration de l'industrie hollywoodienne. En conséquence, elle met presque systématiquement à l'honneur des films américains. De plus, il n'existe un Oscar du meilleur film en langue étrangère que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avant 2020, on recense deux longs métrages, récompensés par l'Oscar du meilleur film, dont le financement n'est pas essentiellement américain : le film du réalisateur italien Bernardo Bertolucci Le Dernier Empereur en 1988[3],[4] ; et le long métrage français réalisé par Michel Hazanavicius The Artist en 2012[5],[6]. En 2020, Parasite de Bong Joon-ho devient le premier long métrage non-anglophone (tourné en coréen) et totalement produit en dehors de tout lien avec les États-Unis à recevoir l'Oscar du meilleur film et le premier à remporter à la fois le trophée du meilleur film et celui du meilleur film international.
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Officieusement, les Oscars ont aussi permis de définir des fourchettes salariales pour chaque corps de métier. Certaines revendications de la profession ont ainsi pu être contenues[7].
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Les Academy Awards sont les plus anciennes récompenses dans le domaine des médias et du spectacle. Elles sont considérées comme les plus importantes de l'industrie du cinéma mondial. Leurs équivalents américains dans les domaines de la musique (Grammy Awards), de la télévision (Emmy Awards) et du théâtre (Tony Awards) ont été édifiés sur le même modèle.
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L'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), association dédiée à la promotion et la préservation mondiale du cinéma, a initialement été créée le 11 mai 1927 par Louis B. Mayer, alors patron de Metro-Goldwyn-Mayer, dans le but de promouvoir les productions des studios, établir une feuille de route dans le financement et la distribution de longs métrages sur le sol américain et aider à la médiation dans les conflits sociaux. En 2012, l'Académie des arts et sciences du cinéma compte plus de 6 000 membres et représentants possédant le droit de vote[8]. Parmi l'ensemble des membres liés à l'industrie du cinéma, les acteurs représentent près d'un quart des votants. Les collèges professionnels de votants sont au nombre de 17.
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Il existe un 18e collège élargi à des personnalités n'étant concernées par aucune des 17 branches professionnelles, ce qui est par exemple le cas des cascadeurs ou des représentants des industries techniques[10]. Chaque branche de métier désigne trois gouverneurs qui changent régulièrement mais participent à l'administration de l'Académie. Ces gouverneurs représentent les intérêts de leurs collèges grâce à un comité de direction spécial[11]. Le recrutement se fait par cooptation[12] : les nouveaux membres sont invités à le devenir et doivent, pour cela, recevoir le parrainage d'au moins deux adhérents de leur branche de métier et l'aval du conseil des gouverneurs de l'Académie[13],[13],[14]. Les invitations sont lancées après évaluation d'une contribution majeure au monde du cinéma[13]. Les personnes ayant été sélectionnées pour ou récompensées par un Oscar sont généralement admises de manière automatique[14].
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Même si l'association est ouverte aux personnalités mondiales, l'essentiel de ses membres reste originaire des États-Unis. De 2013 à 2017, la directrice marketing Cheryl Boone Isaacs (en) est la troisième femme après Bette Davis et Fay Kanin et la première personnalité afro-américaine à présider l'Académie[15].
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Selon les règles 2 et 3 du règlement actuel, un film peut être nommé aux Oscars s'il est sorti en salle dans le comté de Los Angeles en Californie entre le 1er janvier et le 31 décembre de l'année précédant la cérémonie[16]. Le film doit durer au moins 40 minutes (à l'exception des Oscars récompensant les courts-métrages) et être au format 35 mm ou 70 mm. Depuis les années 2000, le format numérique en 24 ou 48 images par seconde, avec une définition minimum de 1280 x 720, est éligible. L'élection des gagnants s'organise, par correspondance, sur deux tours de scrutin[14].
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Le premier tour sert à élaborer les nominations, fixées autour des cinq noms ou titres les plus proposés pour chaque catégorie (en nombre illimité à l'origine, elles ont finalement été limitées par la suite à cinq dans la plupart des disciplines). Les membres de l'Académie choisissent les candidats uniquement dans la catégorie des Oscars liée à leur branche professionnelle : les comédiens votent pour les meilleurs acteurs et actrices dans un premier ou un second rôle, les réalisateurs pour la meilleure réalisation, les décorateurs pour les meilleurs décors, les ingénieurs du son pour les disciplines sonores (meilleur montage de son et meilleur mixage) etc. En revanche, tous proposent cinq titres pour l'Oscar du meilleur film (dix depuis 2010). Les sélections pour l'Oscar du meilleur film étranger, du meilleur documentaire, du meilleur film d'animation et celles du court métrage (fiction, animation, documentaire) font l'objet d'une exception : elles sont statuées par un comité spécial de l'AMPAS, composé de membres issus de tous les collèges de votants[17],[14]. Les formulaires sont envoyés aux votants fin décembre et doivent être renvoyés à la mi-janvier[18].
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Lorsque les nominations sont établies, les lauréats sont désignés, dans toutes les catégories, par un second tour de vote au scrutin uninominal auquel participe la totalité des membres, sans distinction professionnelle. Le vote se clôt généralement le week-end qui précède la cérémonie[18]. Pour faciliter le processus de votes, l'Académie organise des séances spéciales, exonère ses membres du tarif de projections commerciales et leur poste un coffret de DVD contenant les films éligibles, nommé Screeners[17]. Une plateforme de streaming fut mise en place et l'Académie arrêtera les DVD en 2021[19]. Le dépouillement des bulletins se fait, depuis 1935, au sein de la firme d'audit PricewaterhouseCoopers dont deux représentants apportent les enveloppes contenant les résultats à la dernière minute lors de la soirée[20],[21].
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Depuis 2013, les votes sont comptabilisés de deux manières : par courrier avec un bulletin de papier traditionnel et par voie électronique, sur le site Internet de l'Académie[22],[23].
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Chaque année, la période précédant le scrutin est l'objet d'une campagne intense de la part des studios pour promouvoir leurs productions et leurs stars auprès des votants. D'importants enjeux financiers sont en effet en cause, l'attribution d'un Oscar permettant généralement à son récipiendaire de revoir très nettement son cachet à la hausse, aux films d'attirer plus de public et aux majors de multiplier les ventes sur support vidéo[24],[25]. Plusieurs plans de communication, de marketing et de lobbying sont mis en place pour attirer l'attention des membres de l'Académie et rassembler le plus de voix : présentation des longs métrages dans les festivals de fin d'année, cocktails, déjeuners, rencontres, publicité dans différents médias, sollicitation d'interviews pour les célébrités dans les émissions de variété, projections privées, parrains prestigieux, consultants influents[26]… En général, une bonne campagne en vue des sélections est évaluée à 5 millions de dollars[14]. Harvey Weinstein, ex-président, avec son frère Robert, de Miramax et fondateur de la Weinstein Company est généralement considéré comme le champion des campagnes pré-Oscars : en 2012, les films qu'il a produits ou distribués totalisent 300 nominations et 86 statuettes remportées[27]. À noter qu'à la suite du témoignage de nombreuses personnalités féminines accusant Weinstein d'agression sexuelle, de harcèlement ou parfois de viol, l'Académie décide, le 14 octobre 2017, de l'exclure à titre conservatoire après avoir publié un communiqué dans lequel elle « juge la conduite décrite dans les accusations portées contre Harvey Weinstein répugnante, odieuse et contraire à l'éthique des hauts standards de l'Académie »[28],[29],[30]. Après Carmine Caridi en 2004[31], il devient la deuxième personne à être exclue de l'Académie depuis sa création.
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Pour limiter les excès de ces campagnes et empêcher les conflits d'intérêts ou trafics d'influence, l'Académie a pris certaines mesures, comme la restriction des réceptions privées et l'interdiction d'envois de messages électroniques publicitaires en faveur d'un candidat dénigrant de manière agressive la concurrence[17]. Récemment, la direction de l'AMPAS a appliqué des sanctions contre certaines personnalités. Ainsi, Nicolas Chartier, producteur français du film Démineurs de Kathryn Bigelow a été interdit de présence à la 82e cérémonie en 2010 à la suite de l'envoi d'un courriel appelant à choisir Démineurs, une production indépendante et non un « long métrage à 500 millions de dollars », visant Avatar de James Cameron, le principal adversaire[32]. En 2014, la nomination à l'Oscar de la meilleure chanson d'Alone Yet not alone est annulée à la suite de la découverte de nombreux messages envoyés par Bruce Broughton, ancien gouverneur de l'Académie et membre du comité de direction de la branche des compositeurs, aux adhérents de son collège afin de les informer que sa chanson était éligible pour le premier tour de vote qui fixe les nominations[33].
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Le trophée représente un chevalier sur un socle, debout sur une bobine de film et tenant une épée dans ses mains gantées[26]. Il est constitué de britannium (alliage d'étain, d'antimoine et de cuivre), plaqué d'or. Il a été dessiné par Cedric Gibbons, cofondateur de l'AMPAS, et responsable artistique de la MGM entre 1924 et 1956[34]. D'une hauteur de 34 centimètres (13½ pouces) pour un poids de 3 kg (8½ livres), il a été sculpté par George Stanley et est réalisé par la société R. S. Owens & Company à Chicago qui a l'exclusivité de sa réalisation[26]. La fine couche d'or recouvrant la statuette est de 24 carats. Son prix est d'environ 850 dollars (687 euros) [26]. Dix heures de travail sont nécessaires pour obtenir une sculpture parfaite[26].
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La forme de la récompense a peu évolué au cours de son histoire mais son poids et sa fabrication ont subi des modifications : les premières statuettes sont en bronze plaqué d'or. Durant la Seconde Guerre mondiale, en raison de la réquisition des métaux pour l'effort de guerre, les prix distribués sont des moulages en plâtre peints[26]. Mais l'Académie les remplace plus tard par des originaux auprès des lauréats[26].
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Désigné officiellement sous le terme d’Academy Award[35], il est surnommé « Oscar » depuis 1934. Une anecdote rapporte qu’un membre de l’Académie, Margaret Herrick, trouva qu’il ressemblait à son oncle ayant pour prénom Oscar[36]. Une autre version attribue la paternité de ce surnom à Bette Davis dont le premier mari, Harmon Oscar Nelson, ressemblait à la statuette[37]. Le surnom ne fut officiellement adopté par l'Académie qu'en 1939.
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Afin d'éviter le marché noir et le troc pour les collections privées, chaque récipiendaire du trophée est obligé de signer le « Winner's agreement » (l'accord du gagnant) qui l'engage à ne pas revendre son prix sans l'avoir préalablement proposé contre un dollar symbolique à l'AMPAS[26].
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Le trophée a été déposé comme marque verbale (Oscar) et comme marque figurative (dessin de la statuette) dans la plupart des pays du monde et notamment en France[38],[39].
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En gras sont indiquées les catégories actuellement décernées.
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Les Oscars spéciaux (Academy Special Awards) récompensent des personnalités du cinéma pour leur carrière ou pour une occasion particulière. Depuis 2009, ces Oscars sont remis dans une cérémonie séparée (au mois de novembre), les Governors Awards.
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Les Oscars scientifiques et techniques (Academy Scientific and Technical Awards ou Sci/Tech Awards) sont décernés de façon irrégulière depuis 1931. Leur remise, depuis 1977, fait l'objet d'une cérémonie séparée, non télévisée, précédant généralement la cérémonie principale. On distingue trois classes :
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Deux autres récompenses viennent compléter cette catégorie :
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Initialement organisée sous forme de banquet, la première cérémonie, présidée par Douglas Fairbanks, a lieu le 16 mai 1929 à l'Hollywood Roosevelt Hotel et réunit 270 personnes[40]. La cérémonie n'est au départ pas faite pour durer : la première soirée se clôt en dix minutes et la place coûte quelques dollars[26]. Le film muet Les Ailes (Wings) de William A. Wellman, mélodrame aérien sur fond de premier conflit mondial, remporte le tout premier trophée du meilleur film[26]. Avant 1934, la statuette n'a pas de nom, elle n'est qu'une récompense professionnelle intitulée l’Academy Award of Merit[41]. À l'époque, on la surnomme le « Trophée d'or », l'« Homme d'acier » ou encore la « Statue du mérite »[26].
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Le système de banquet perdure pendant quelques années. Mais cet évènement réunissant toujours plus d'invités, la formule est abandonnée en 1944 au profit d'une remise de prix plus traditionnelle au Grauman's Chinese Theatre d'Hollywood, sous une forme qui a perduré, à quelques détails près, jusqu'à nos jours.
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La cérémonie est retransmise pour la première fois à la télévision en 1953 sur NBC, avant de passer chez ABC en 1960. Elle revient sur NBC en 1971, avant qu'ABC ne s'approprie à nouveau les droits en 1976 et ce jusqu'à aujourd'hui. Succédant à plusieurs lieux d'accueil, le Théâtre Kodak, renommé Dolby Theatre en 2012 à la suite de la faillite du précédent sponsor, accueille officiellement depuis mars 2002, la cérémonie télédiffusée en direct ou en léger différé dans le monde entier.
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Depuis 1934, la cérémonie est organisée en début d'année, plus d'un mois après l'annonce des nominations par le président de l'Académie. Pour chaque catégorie, une personnalité est choisie pour annoncer les nommés, ouvrir l'enveloppe avec le nom du lauréat et remettre le trophée. Une tradition appliquée depuis 1980 concernent les catégories de l'interprétation : les vainqueurs remettent l'Oscar de la catégorie équivalente de l'autre sexe l'année suivante. Les vainqueurs ont le droit de s'exprimer seulement 45 secondes sur scène, en cas de discours trop long, on lance l'orchestre et le micro se coupe[14]. La cérémonie est généralement présentée par un acteur ou une actrice comique en vogue (Billy Cristal, Steve Martin, Whoopi Goldberg, etc.). Cet événement majeur dans la vie culturelle américaine fait figure de grand-messe mondaine pour l'industrie hollywoodienne : les stars s'y montrent vêtues de créations des grands couturiers.
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En 2007, la chaîne ABC évalue le coût de la cérémonie à 30 millions de dollars. Ce montant comprend l'organisation de la soirée mais également l'acheminement et le dépouillement des bulletins de votes, l'envoi de DVD des films cités aux votants, les soirées données en amont du grand soir, le bal des gouverneurs de l'Académie et le déjeuner des nommés[14].
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L'audience record remonte à 1998 : plus de 55 millions d'Américains regardent la cérémonie[14].
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La cérémonie récompensant les films sortis au cours de l'année civile précédente, elle est désignée plutôt par son numéro que par son année[42].
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Les prix honorifiques attribués par le conseil des gouverneurs sont l'Oscar d'honneur, le Jean Hersholt Humanitarian Award et l'Irving G. Thalberg Memorial Award. Ils sont remis dans une cérémonie distincte depuis 2009, au mois de novembre précédant la soirée des Oscars. Toutes les soirées des Governors Awards ont lieu dans des salles de réception du Hollywood and Highland Center, où est également présent le théâtre Dolby.
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Les liens des éditions renvoient aux cérémonies des Oscars qui s'y rattachent.
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Depuis 1978, les prix consacrant les innovations techniques cinématographiques sont remis lors d'une soirée spéciale, deux semaines avant la cérémonie des Oscars.
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Source : Supplément de Studio Magazine no 243 de février 2008.
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Plusieurs incidents et débordements ont marqué l'histoire des cérémonies, participant à sa notoriété. En 1973 notamment, Marlon Brando envoie une jeune Amérindienne, Sacheen Littlefeather (en), qui se présente à sa place pour refuser la récompense et dénoncer le rôle réservé aux Autochtones d'Amérique du Nord dans les films américains. En 1978, le discours de remerciement de Vanessa Redgrave, connue pour ses sympathies vis-à-vis de la cause palestinienne, provoque également plusieurs remous dont une manifestation improvisée devant le bâtiment où se déroule la soirée puisqu'elle s'en prend violemment au sionisme et aux associations pro-israéliennes qui avaient appelé à boycotter la cérémonie. Elia Kazan, réalisateur controversé à cause de ses positions pendant l'époque du maccarthysme, doit essuyer la désapprobation d'une partie du public lorsqu'il reçoit en 1999 un Oscar pour l'ensemble de sa carrière.
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L'un des reproches récurrent des Oscars est le lobbying, très présent, notamment chez Harvey Weinstein, par ses sociétés Miramax et The Weinstein Company, très persuasif au point d'être surnommé « L'Homme aux 80 statuettes »[57],[58],[59]. La première grande polémique vient des neuf nominations de L'Extravagant Docteur Dolittle en 1968. Le studio 20th Century Fox fit une campagne marketing monstre, avec des cérémonies et projections privées pour les membres votants, pour aboutir à ce résultat, malgré le fait que le film est un échec commercial et critique[60],[61]. L'Academy en a conscience et depuis la 34e cérémonie des Oscars (la cérémonie précédente était marquée par le lobbying d'Alamo chapeautée par le super-publicitaire d'Hollywood Russell Birdwell), envoie une note à part dans le règlement annuel du vote, au derrière de la couverture, faisant part de sa déception à cause d'une « sollicitation irrégulière, excessive et vulgaire des suffrages »[62].
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L'existence même des Oscars suscite un certain nombre de critiques. Quelques voix, comme celle du réalisateur William Friedkin, s'élèvent contre le fait que les récompenses soient essentiellement décernées entre personnalités de l'industrie hollywoodienne, s'autocongratulant ainsi sans réelle objectivité. Il qualifie la cérémonie de « plus gros plan de promotion que l'industrie ait pu concevoir pour elle-même »[63] et ajoute que l'on ne peut pas élire un « meilleur » parmi des rôles et des travaux artistiques aussi différents les uns des autres. La majorité des films récompensés provient des grandes firmes américaines qui, selon certains journaux, se servent de la cérémonie pour « célébrer la victoire d'un marketing conquérant, laissant à la trappe les productions les moins médiatisées et reléguant le 7e art à un rôle de figurant »[64]. En conséquence, plusieurs médias dénoncent le fait que seules les majors puissent assurer une onéreuse campagne médiatique pour toucher le plus grand nombre de votants[65] et que, nonobstant la qualité de leur catalogue de films, les producteurs et distributeurs modestes ou indépendants restent en dehors de la course, faute de moyens et de sphères d'influence[66].
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Naomi Watts évoque, quant à elle, le plaisir d'être « reconnue par ses pairs » mais estime que « le travail d'une personne ne devrait pas être jugé par rapport à un autre. »[67].
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L'AMPAS a souvent été fustigée dans la presse pour son manque de diversité : en 2012, le Los Angeles Times publie une étude sur une liste de 5 765 votants gardée secrète, révélant que 94 % d'entre eux sont blancs (contre 2 % de Noirs et autant d'Hispaniques), 77 % sont des hommes et 54 % ont plus de 60 ans[68],[69].
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( Les pourcentages de chaque catégorie citée , dans la population de laquelle sont choisis les votants , ne sont pas donnés . La conclusion à tirer n'est pas absolue )
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En 2016, l'Académie fait l'objet d'une vive controverse lors de l'annonce des nominations pour la 88e cérémonie : la presse note que, pour la seconde année consécutive, les 20 acteurs cités dans les quatre catégories d'interprétation sont blancs[70]. Plusieurs personnalités à l'instar de Spike Lee et Jada Pinkett Smith annoncent leur mécontentent sur les réseaux sociaux et leur intention de boycotter la soirée[71]. Face à l'ampleur de la campagne médiatique « Oscar so white » (« des Oscars si blancs ») dirigée contre elle, l'Académie décide d'amender ses conditions d'adhésion et promet de doubler en son sein d'ici 2020 le nombre de femmes et de personnes non-blanches[71], quand bien même certains soulignent que le problème n'est pas seulement celui des Oscars mais de tout Hollywood[72]. Elle promet également d'accroître l'adhésion de votants non-américains ou issus de la jeune génération[73]. Le droit de vote à vie pour chaque membre est aussi modifiée : désormais, seuls peuvent y prétendre, parmi les plus âgés, les nommés, lauréats ou professionnels ayant travaillé sans discontinuer dans l'industrie cinématographique lors de la dernière décennie. Si cette condition n'est pas remplie, le votant reste membre de l'AMPAS mais devient adhérent émérite, sans plus de possibilité de prendre part à la désignation des candidats et des lauréats[74].
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Une autre critique récurrente contre les Oscars porte sur la propension des votants à récompenser un même film présent dans plusieurs catégories au détriment d'un palmarès équilibré. À l'inverse, certains films n'ont obtenu aucun Oscar malgré un grand nombre de sélections : Le Tournant de la vie (11), La Couleur pourpre (11), Gangs of New York (10), True Grit (10), American Bluff (10), The Irishman (10), La Vipère (9), Les Plaisirs de l'enfer (9), Quo Vadis (8), Au risque de se perdre (8), La Canonnière du Yang-Tse (8), Elephant Man (8), Ragtime (8), Les Vestiges du jour (8), etc. Le Parrain 3 n'a obtenu aucun Oscar sur ses 7 nominations alors que Le Parrain a remporté 3 Oscars pour 10 nominations et Le Parrain 2, 6 pour 11 mentions.
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Par ailleurs, plusieurs grands cinéastes (Charles Chaplin, Orson Welles, Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, etc.) n'ont jamais obtenu l'Oscar du meilleur réalisateur et l'Académie est passée à côté d'œuvres fondatrices du cinéma à l'instar de Citizen Kane, récompensé en 1942 uniquement pour son scénario original ou de 2001 : L'Odyssée de l'espace (1968) qui ne fut distingué que pour ses effets spéciaux avant-gardistes. De même, plusieurs acteurs de légende ne furent jamais nommés (comme Marilyn Monroe), n'obtinrent pas la statuette (Kirk Douglas, Cary Grant, Montgomery Clift, Greta Garbo) ou ne furent célébrés par l'Académie que pour leur carrière (Buster Keaton, Groucho Marx)[66]. Richard Burton, nommé 7 fois pour un Oscar pendant sa carrière, n'a jamais décroché la statuette (nomination en tant que meilleur acteur dans un second rôle puis six fois comme meilleur acteur).
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Le comédien Matt Damon, qui a activement participé à la campagne des votes pour que Martin Scorsese obtienne enfin l'Oscar du meilleur réalisateur en 2007 après 5 tentatives infructueuses[75], estime que « le meilleur moyen de juger un film est de le faire 10 ans après sa sortie. [...] Les Oscars se trompent plus souvent qu'ils n'ont raison »[76].
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Certains gagnants aux Oscars ont d'ailleurs refusé leur trophée et boycotté la cérémonie. Le premier fut Dudley Nichols, lauréat en 1936 de l'Oscar de la meilleure adaptation pour Le Mouchard. Il manifestait ainsi sa désapprobation de l'AMPAS, alors en conflit avec le Syndicat américain des scénaristes (American Guild of Writers)[77]. Il fut suivi en 1971 du comédien George C. Scott qui déclara au sujet de cet évènement : « Tout ça n'est qu'un satané défilé de viande. Je ne veux absolument pas y prendre part. »[78].
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D'autres ne prirent même pas la peine de se déplacer pour recevoir leur prix, comme Katharine Hepburn qui ne vint chercher aucun de ses 4 Oscars (pour 12 sélections)[79], Woody Allen (4 Oscars pour 24 nominations)[80] ou encore Glenda Jackson (2 Oscars pour 4 citations)[81].
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Cérès, officiellement désignée par (1) Cérès (désignation internationale (1) Ceres), est la plus petite planète naine reconnue du Système solaire ainsi que le plus gros astéroïde de la ceinture principale ; c'est d'ailleurs la seule planète naine située dans la ceinture d'astéroïdes. Elle fut découverte le 1er janvier 1801 par Giuseppe Piazzi et porte le nom de la déesse romaine Cérès.
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Cérès est l'objet le plus grand et le plus massif de la ceinture d'astéroïdes située entre les orbites de Mars et Jupiter.
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Des observations de 2015 par la sonde Dawn ont confirmé qu'elle possède une forme sphérique, à la différence des corps plus petits qui ont une forme irrégulière[7]. Sa surface est probablement composée d'un mélange de glace d'eau et de divers minéraux hydratés (notamment des carbonates et de l'argile)[6], et de la matière organique a été décelée. Il semble que Cérès possède un noyau rocheux et un manteau de glace[2]. Elle pourrait héberger un océan d'eau liquide, ce qui en fait une piste pour la recherche de vie extraterrestre[9]. Cérès est entourée d'une atmosphère ténue contenant de la vapeur d'eau[10], dont deux geysers, ce qui a été confirmé le 22 janvier 2014 par l'observatoire spatial Herschel de l'Agence spatiale européenne[11].
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Avec une magnitude apparente qui évolue entre 6,7 et 9,3 dans le spectre visible, Cérès n'est pas observable à l'œil nu[12].
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Le 27 septembre 2007, la sonde spatiale Dawn de la NASA a été lancée afin de l'explorer. Après avoir étudié l'astéroïde Vesta en 2011-2012, elle a été dirigée vers Cérès, autour de laquelle elle s'est mise en orbite à 61 000 kilomètres d'altitude le 6 mars 2015[13]. Du 9 mai au 6 juin, son système de propulsion ionique a été rallumé pour abaisser l'orbite à 4 400 kilomètres[14]. Du 6 août au 15 octobre, l'orbite de Dawn a été une nouvelle fois abaissée à 1 450 kilomètres[15],[16].
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À la fin de l'année 2015 et pour la troisième fois, l'altitude de Dawn a été fortement réduite : depuis le 8 décembre 2015, la sonde survole Cérès à 385 kilomètres[17]. En octobre 2017, la NASA annonce que Dawn devrait se rapprocher à une orbite inférieure à 200 kilomètres[18], altitude qu'elle a conservé jusqu'à l'épuisement de son carburant qui s'est finalement produit le 31 octobre 2018 [18],[19],[20],[21]. Dawn est depuis un satellite passif de Cérès.
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L'idée selon laquelle une planète inconnue pourrait exister entre les orbites de Mars et Jupiter[4] fut proposée pour la première fois par Johann Elert Bode en 1768[22]. Ses suggestions étaient basées sur la loi de Titius-Bode, une théorie désormais obsolète proposée par Johann Daniel Titius en 1766[23],[22]. Selon cette loi, le demi-grand axe de cette planète aurait été d'environ 2,8 ua[23]. La découverte d'Uranus par William Herschel en 1781[22] accrut la confiance dans la loi de Titius-Bode et, en 1800, vingt-quatre astronomes expérimentés combinèrent leurs efforts et entreprirent une recherche méthodique de la planète proposée[22],[23]. Le groupe était dirigé par Franz Xaver von Zach. Bien qu'ils n'aient pas découvert Cérès, ils trouvèrent néanmoins plusieurs autres astéroïdes[23].
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Cérès fut observée pour la première fois le 1er janvier 1801 par Giuseppe Piazzi[22], alors directeur de l'observatoire astronomique de Palerme en Sicile. Piazzi découvrit Cérès par accident, alors qu'il cherchait à observer la 87e étoile du Catalogue d'étoiles zodiacales de Nicolas-Louis de Lacaille[22]. À la place de cette étoile, aujourd'hui identifiée à HR 1110[24], Piazzi observa un objet se déplaçant sur la voûte céleste, qu'il prit d'abord pour une comète[25].
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Piazzi observa Cérès 24 fois, la dernière fois le 11 février. Le 24 janvier 1801, Piazzi annonça sa découverte par des lettres à plusieurs collègues italiens, parmi lesquels Barnaba Oriani à Milan. Il la décrivit comme une comète, mais remarqua que « puisque son mouvement est lent et uniforme, il m'a semblé à plusieurs reprises qu'il pourrait s'agir de quelque chose de mieux qu'une comète[22]. » En avril, Piazzi envoya ses observations complètes à Oriani, Bode et Lalande à Paris. Elles furent publiées dans l'édition de septembre 1801 du Monatliche Correspondenz[25].
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Peu après sa découverte, Cérès s'approcha trop près du Soleil et ne put être observée à nouveau ; les autres astronomes ne purent confirmer les observations de Piazzi avant la fin de l'année. Cependant, après une telle durée, il était difficile de prédire la position exacte de Cérès. Afin de retrouver l'astéroïde, Carl Friedrich Gauss développa une méthode de déduction de l'orbite basée sur trois observations[25]. En l'espace de quelques semaines, il prédit celle de Cérès et communiqua ses résultats à Franz Xaver von Zach, éditeur du Monatliche Correspondenz. Le 31 décembre 1801, von Zach et Heinrich Olbers confirmèrent que Cérès avait été retrouvée près de la position prévue, validant ainsi la méthode[25].
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À l'origine, Piazzi suggéra d'appeler cet objet « Cérès Ferdinandéa » (en italien : Cerere Ferdinandea), d'après la déesse romaine Cérès et le roi Ferdinand III de Sicile[22],[25]. Cérès était la déesse protectrice de la Sicile et Ferdinand III (qui devint Ferdinand Ier des Deux-Siciles en 1816) était son mécène, alors réfugié à Palerme car le royaume de Naples (dont il était également roi) avait été conquis par les armées françaises en 1798.
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Par la suite, pour des considérations diplomatiques, seule la première partie du nom fut conservée. Cérès fut également appelé Héra en Allemagne pendant une brève période[26]. En Grèce, elle est appelée Δήμητρα (Dêmētra, Déméter), d'après le nom en grec moderne de la déesse grecque équivalente à Cérès. Lorsque le nom « Déméter » fut attribué à son tour à l'astéroïde (1108) Déméter, cela créa un problème dans la langue grecque, qui fut résolu en utilisant le nom en grec ancien pour le nouvel objet : Δημήτηρ (Dēmêtēr).
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La désignation des planètes mineures implique de donner aux corps dont l'orbite est connue avec certitude un numéro définitif. À Cérès, en tant que premier membre découvert de la ceinture d'astéroïdes, fut rétrospectivement attribué le numéro 1[27]. Sa désignation scientifique officielle complète est donc (1) Cérès[28], ou éventuellement 1 Cérès. Les premiers astéroïdes découverts possèdent un symbole astronomique et celui de Cérès est un arc de cercle avec une croix pointant vers le bas et représentant une faucille, rappelant le fait qu'elle tire son nom de celui d'une déesse de l'agriculture : [25],[29]. En codage informatique des caractères, ce symbole est présent dans la table Symboles divers du standard Unicode au code 26B3 depuis mars 2008 (Unicode 5.1.0).
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L'élément chimique cérium (numéro atomique 58) fut découvert en 1803 par Berzelius et Klaproth, travaillant indépendamment. Berzelius le nomma d'après l'astéroïde[30]. Le palladium fut également nommé d'après Cérès à l'origine, mais son découvreur changea son nom après que le cérium eut son nom définitif[31] ; le palladium fait référence à un autre astéroïde, Pallas[32].
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La classification de Cérès a changé plus d'une fois et a été le sujet de controverses. Johann Elert Bode pensait que Cérès était la « planète manquante » dont il avait postulé l'existence entre Mars et Jupiter, à une distance de 2,8 UA du Soleil[22]. Il lui fut attribué un symbole planétaire et Cérès demeura listé comme planète dans les livres et tables d'astronomie (avec Pallas, Junon et Vesta) pendant un demi-siècle jusqu'à ce que d'autres astéroïdes soient découverts[22],[25].
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Au fur et à mesure que de nombreux autres objets furent découverts dans la région, les astronomes réalisèrent que Cérès n'était que le premier d'une classe de corps similaires[22]. Ils se révélèrent très petits, ne présentant aucun disque observable, et William Herschel inventa en 1802 le terme d'« astéroïde » (c'est-à-dire « ressemblant à une étoile ») afin de les désigner[33], écrivant qu'« ils ressemblent tellement à de petites étoiles qu'il est difficile de faire la différence, même avec de très bons télescopes »[c]. Cérès étant le premier astéroïde découvert, il fut désigné par (1) Cérès dans le système moderne de numérotation des astéroïdes dans les années 1850[33].
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En 2006, le débat concernant le statut de Pluton et la définition du terme planète conduisit à reconsidérer le statut de Cérès[35],[36]. L'une des propositions de définitions présentées devant l'Union astronomique internationale pour la définition d'une planète (un corps en équilibre hydrostatique en orbite autour d'une étoile et n'étant ni une étoile, ni un satellite d'une planète)[37] aurait fait de Cérès la cinquième planète à partir du Soleil[38]. Cette définition ne fut pas adoptée. La définition finale fut annoncée le 24 août 2006, ajoutant qu'une planète devait avoir « nettoyé son voisinage ». Cérès fut alors catégorisé comme planète naine[39].
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Les observations de la sonde Dawn suggèrent que Cérès s'est formée au-delà de Neptune il y a 4,57 milliards d'années avant d'être éjectée de son orbite primordiale par la Grande Migration planétaire pour se stabiliser dans la ceinture d'astéroïdes[40]. Dans la ceinture d'astéroïdes, Pallas et Vesta pourraient également être d'anciennes protoplanètes[19] mais ne possèdent pas une forme sphérique — dans le cas de Vesta, cette difformité pourrait être principalement due à un impact majeur après son accrétion[41]. Il se peut qu'(243) Ida, un autre corps de la ceinture d'astéroïdes, ait une origine identique[réf. nécessaire].
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Peu après sa formation, Cérès s'est différencié entre un noyau rocheux et un manteau de glace, en raison de l'échauffement provoqué par l'accrétion et peut-être par la désintégration de radioisotopes disparus depuis lors, comme 26Al[7],[42]. Ce processus provoqua un volcanisme d'eau et une tectonique, qui firent disparaître de nombreuses caractéristiques géologiques. Cependant, Cérès se refroidit par la suite en raison de l'épuisement rapide des sources de chaleur[42]. La glace de la surface s'est graduellement sublimée, laissant derrière elle divers minéraux hydratés : argile et carbonates. Cérès est désormais un corps géologiquement mort dont la surface n'est plus sculptée que par des impacts[7].
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L'existence de quantités significatives de glace d'eau dans Cérès[2] a soulevé la possibilité d'une couche d'eau liquide (éventuellement déjà solidifiée)[42]. Cette couche hypothétique, parfois appelée un océan[6], est - ou était - probablement située entre le noyau et le manteau de glace comme sur Europe[42]. L'existence d'un océan est plus probable si de l'ammoniac ou d'autres substances dissoutes (comme des sels) agissant comme antigel, sont présentes dans l'eau. L'existence possible d'eau liquide dans Cérès en fait une cible potentielle des recherches de vie extraterrestre[9].
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Cérès est située sur une orbite héliocentrique entre Mars et Jupiter, au sein de la ceinture d'astéroïdes principale. Sa période est de 4,6 ans. Son orbite est modérément inclinée (10,6° par rapport au plan de l'écliptique, à comparer à 7° pour Mercure et 17° pour Pluton) et faiblement excentrique (0,08, celle de Mars vaut 0,09)[43]. Les observations effectuées par Hubble en 2003-2004 permirent de déterminer que le pôle Nord de Cérès pointe (à 5° près) dans la direction d'ascension droite 19h 41m et de déclinaison +59°, dans la constellation du Dragon ; l'inclinaison de l'axe de Cérès est très faible (environ 4 ± 5 °)[2],[7].
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La distance moyenne au Soleil est de 2,983 unités astronomiques.
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Par le passé, Cérès était considéré comme membre d'une famille d'astéroïdes[44], un regroupement d'astéroïdes qui partagent des éléments orbitaux similaires et peuvent avoir une origine commune (par exemple, à la suite d'une collision). Cérès possède cependant des propriétés spectrales distinctes des autres membres de cette famille et ce regroupement est désormais appelé famille de Gefion, d'après son membre possédant le numéro le plus petit, (1272) Gefion. Cérès est simplement un intrus dans cette famille, partageant des éléments orbitaux mais pas une origine commune[45].
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Avec 950 km de diamètre, Cérès est de loin le plus grand objet de la ceinture d'astéroïdes (le plus grand après Cérès est Vesta, qui mesure un peu moins de 600 km dans sa plus grande dimension)[6]. En revanche ce n'est ni la plus grande ni la plus massive des planètes naines, et de loin : l'objet épars Éris[46] est environ 2,5 fois plus grand et 17 fois plus massif et Pluton, de même taille et 14 fois plus massif (la ceinture de Kuiper contient également d'autres objets plus grands que Cérès comme Quaoar et Orcus).
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La masse de Cérès a été déterminée en analysant son influence sur de petits astéroïdes[4]. Cette valeur diffère cependant suivant les auteurs[47]. La valeur la plus souvent citée est d'environ 9,5 × 1020 kg[4], soit 950 millions de milliards de tonnes. La masse de Cérès forme donc environ le tiers[4] de la masse totale estimée de tous les astéroïdes de la ceinture principale, (3,0 ± 0,2) × 1021 kg[3].
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Cérès a une taille et une masse suffisantes pour être proche de l'équilibre hydrostatique et est donc de forme quasi-sphérique[2]. Les autres grands astéroïdes tels que Pallas[48], Junon[49] et Vesta[41] sont nettement plus irréguliers.
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La pesanteur à la surface de Cérès est estimée à 3 % de celle de la Terre, soit une accélération de la gravité de 30 cm s−2 (un corps qui chute à la surface de Cérès accélère de 30 cm/s à chaque seconde)[50].
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La composition de la surface de Cérès est largement similaire, mais pas identique, à celle des astéroïdes de type C[6]. Le spectre infrarouge de Cérès fait apparaître des matériaux hydratés qui indiquent la présence de quantités significatives d'eau à l'intérieur de l'objet. Parmi les autres possibles constituants de la surface, il y aurait de l'argile riche en fer (cronstedtite) et des composés carbonatés (dolomite et sidérite), minéraux courants dans les météorites chondrites carbonées[6]. Les caractéristiques spectrales des carbonates et de l'argile sont généralement absentes du spectre des autres astéroïdes de type C[6]. Cérès est parfois classifié comme un astéroïde de type G[51].
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La cartographie opérée dans le visible et l'infrarouge par le spectromètre à bord de Dawn a révélé la présence d'un pic d'absorption vers 3,4 µm. Ce pic, qui est caractéristique de la matière organique aliphatique, est principalement observable dans une région d'environ 1 000 km2, à proximité du cratère Ernutet. La présence sur Cérès de minéraux hydratés contenant de l'ammoniac, de la glace d'eau, des carbonates, des sels et de la matière organique indique un environnement chimique très complexe, éventuellement favorable à la chimie prébiotique[52],[53].
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La surface de Cérès est relativement chaude. La température diurne maximale fut estimée à 235 K (environ −38 °C) le 5 mai 1991[8]. En tenant compte de la distance de Cérès au Soleil lors de cette mesure, il fut possible d'estimer que la température maximale est d'environ 239 K (environ −34 °C) au périhélie. Quelques indices laissent à penser que Cérès possède une atmosphère ténue et du givre[10]. Des observations dans l'ultraviolet effectuées par le télescope International Ultraviolet Explorer (IUE) ont détecté de la vapeur d'eau près du pôle nord[10].
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Il existe divers points singuliers de nature incertaine à la surface de Cérès. Les photographies ultraviolettes en haute résolution prises par le télescope spatial Hubble en 1995 montrèrent un point sombre sur sa surface, qui fut surnommé « Piazzi » en l'honneur du découvreur de Cérès[51] et dont on pensait qu'il s'agissait d'un cratère. Des images ultérieures, prises en plus haute résolution par le télescope Keck par optique adaptative sur une rotation complète, ne montrèrent aucun signe de « Piazzi »[54]. Cependant, deux zones sombres semblaient se déplacer avec la rotation de la planète naine, l'une d'entre elles possédant une région centrale brillante. Les scientifiques ont émis l'hypothèse qu'il s'agit également de cratères. Les images les plus récentes, prises par Hubble en lumière visible en 2003 et 2004, mettent en évidence onze points singuliers de nature inconnue à la surface de Cérès[7],[55]. L'une de ces zones correspond à « Piazzi »[7]. Les zones de faible albédo observées par Keck n'ont pas pu être identifiées sur ces images[54].
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Autres curiosités découvertes par la sonde Dawn en 2015 : le mont Ahuna, une montagne de forme conique et d'environ 6 000 mètres d'altitude[56] et surtout de mystérieuses taches claires au fond de différents cratères, dont les plus spectaculaires sont celles du cratère Occator, large de 90 km[57],[58] et que l'on retrouve également sur le cratère Kupalo (26 km de diamètre), photographié le 21 décembre 2015 à 385 km d'altitude[59]. Parmi les autres cratères particulièrement étudiés : Yalode (270 km de diamètre), Urvara (en) (160 km de diamètre), Dantu (120 km de diamètre, typique pour son sol fracturé), Ikapati (50 km de diamètre) et Haulani (30 km de diamètre), dont les survols sont reconstitués dans un film réalisé par la NASA en images de synthèse[60].
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Peter Thomas de l'Université Cornell a émis l'hypothèse selon laquelle l'intérieur de Cérès est différencié[2]. Son aplatissement semble trop faible pour un corps indifférencié, ce qui indique qu'il est constitué d'un noyau rocheux entouré d'un manteau glacé[2]. Ce manteau, d'une épaisseur de 60 à 120 km, pourrait contenir 200 000 000 km3 d'eau (16 à 26 % de la masse de Cérès), soit plus que la totalité de l'eau douce sur Terre[61].
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Deux études en 2018, à partir d'analyses en spectrométrie visuelle et infra-rouge de la sonde Dawn, ont confirmé que Cérès était un corps actif aussi bien d'un point de vue géologique que chimique[62] :
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Fin 2018, une étude également étayée par la sonde Dawn a montré que la croûte de Cérès est extrêmement riche en carbone, celui-ci représentant 20 % en masse des roches de la surface[65].
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Le 22 janvier 2014, l'Agence spatiale européenne a annoncé la première détection de vapeur d'eau dans l'atmosphère de Cérès[10]. Ceci a été largement confirmé en mars 2018 par les observations de la sonde Dawn[66].
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Lorsque Cérès est en opposition à proximité de son périhélie, il peut atteindre une magnitude apparente de +6,7[12]. On considère généralement que cette valeur est trop faible pour que l'objet soit visible à l'œil nu, mais il est néanmoins possible pour une personne dotée d'une excellente vue et dans des conditions d'observation exceptionnelles de percevoir la planète naine. Les seuls astéroïdes pouvant atteindre une telle magnitude sont Vesta et, pendant de rares oppositions à leur périhélie, Pallas et Iris[67]. Au maximum de sa luminosité, Cérès n'est pas l'astéroïde le plus brillant ; Vesta peut atteindre la magnitude +5,4, la dernière fois en mai et juin 2007[68]. Aux conjonctions, Cérès atteint la magnitude de +9,3, ce qui correspond aux objets les moins lumineux qui puissent être visibles à l'aide de jumelles 10×50. La planète naine peut donc être vue aux jumelles dès qu'elle est au-dessus de l'horizon par une nuit noire. Pallas et Iris sont invisibles aux jumelles par de petites élongations[12].
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Le tableau suivant résume les phases d'observabilité de Cérès entre 2006 et 2017.
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Les événements suivants figurent parmi les principales observations de Cérès :
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Cérès constitue le deuxième objectif de la sonde Dawn, après l'astéro��de Vesta. Lancée en septembre 2007, et après avoir tourné autour de Vesta de juillet 2011 à septembre 2012, la sonde a été dirigée vers Céres, autour de laquelle elle s'est mise en orbite le 6 mars 2015, située à une altitude de 61 000 km. Par la suite, son orbite a été rabaissée à trois reprises en 2015.
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Le 9 mai 2015, son système de propulsion ionique a été rallumé afin de rabaisser son orbite à 4 400 km, altitude qu'elle a atteint le 6 juin. Par la suite, la sonde a envoyé des photographies d'une importante élévation (5 ou 6 km d'altitude) de forme conique (et non pyramidale comme il a souvent été écrit)[71]. Les images ont été diffusées par la NASA quelques jours plus tard.
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Début août 2015, l'altitude a été abaissée à 1 470 km et le 19, de nouvelles photographies[72] ont été envoyées[73].
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Début décembre 2015, Dawn a encore réduit progressivement sa distance, jusqu'à atteindre l'altitude de 385 km le 8[16]. Les images qu'elle envoie depuis sont d'une précision inégalée[74].
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En mars 2018, de nouvelles conclusions sont publiées sur la base de données observées par Dawn d'avril à octobre 2016[66]. Elles mettent en évidence une structure plus complexe que prévu, et surtout elle montre qu'il s'agit d'une planète naine encore très active avec une augmentation de la quantité d'eau glacée sur les murs de cratère[75],[76]. Il s'agit là de la première fois où une évolution de la surface de Cérès est mise en évidence. Ces observations permettent également au grand public de découvrir des images extraordinaires de Cérès.
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Parmi les instruments, la sonde compte une caméra, un spectromètre infrarouge et dans le visible, ainsi qu'un détecteur de rayons gamma et de neutrons. Ils servent à examiner la forme de la planète naine et ses différents éléments[19].
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Une face de Cérès, vue par Dawn le 19 février 2015 à environ 46 000 km de distance.
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Photo de Cérès prise par Dawn le 12 février 2015. Au moment de sa capture, cette image faisait partie d'une série d'images de Cérès à la plus haute résolution alors atteinte.
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Cérès vue par Dawn le 12 février 2015, à seulement 83 000 kilomètres de distance.
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Cérès par Dawn le 4 février 2015, à seulement 145 000 kilomètres de la surface de l'astéroïde. La résolution est de 14 kilomètres par pixel.
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Cérès par Dawn le 4 février 2015.
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Vidéo animée composite, avec contraste renforcé, de Cérès par Dawn le 4 février 2015.
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Vidéo animée composite de Cérès par Dawn le 4 février 2015.
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Cérès par Dawn le 25 janvier 2015, à 237 000 kilomètres de distance[77]. La résolution de l'image est 30 % supérieure à celle de Hubble en 2003/4[77].
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Vidéo animée composite de Cérès par Dawn le 13 janvier 2015[78],[79].
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Cérès, officiellement désignée par (1) Cérès (désignation internationale (1) Ceres), est la plus petite planète naine reconnue du Système solaire ainsi que le plus gros astéroïde de la ceinture principale ; c'est d'ailleurs la seule planète naine située dans la ceinture d'astéroïdes. Elle fut découverte le 1er janvier 1801 par Giuseppe Piazzi et porte le nom de la déesse romaine Cérès.
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Cérès est l'objet le plus grand et le plus massif de la ceinture d'astéroïdes située entre les orbites de Mars et Jupiter.
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Des observations de 2015 par la sonde Dawn ont confirmé qu'elle possède une forme sphérique, à la différence des corps plus petits qui ont une forme irrégulière[7]. Sa surface est probablement composée d'un mélange de glace d'eau et de divers minéraux hydratés (notamment des carbonates et de l'argile)[6], et de la matière organique a été décelée. Il semble que Cérès possède un noyau rocheux et un manteau de glace[2]. Elle pourrait héberger un océan d'eau liquide, ce qui en fait une piste pour la recherche de vie extraterrestre[9]. Cérès est entourée d'une atmosphère ténue contenant de la vapeur d'eau[10], dont deux geysers, ce qui a été confirmé le 22 janvier 2014 par l'observatoire spatial Herschel de l'Agence spatiale européenne[11].
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Avec une magnitude apparente qui évolue entre 6,7 et 9,3 dans le spectre visible, Cérès n'est pas observable à l'œil nu[12].
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Le 27 septembre 2007, la sonde spatiale Dawn de la NASA a été lancée afin de l'explorer. Après avoir étudié l'astéroïde Vesta en 2011-2012, elle a été dirigée vers Cérès, autour de laquelle elle s'est mise en orbite à 61 000 kilomètres d'altitude le 6 mars 2015[13]. Du 9 mai au 6 juin, son système de propulsion ionique a été rallumé pour abaisser l'orbite à 4 400 kilomètres[14]. Du 6 août au 15 octobre, l'orbite de Dawn a été une nouvelle fois abaissée à 1 450 kilomètres[15],[16].
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À la fin de l'année 2015 et pour la troisième fois, l'altitude de Dawn a été fortement réduite : depuis le 8 décembre 2015, la sonde survole Cérès à 385 kilomètres[17]. En octobre 2017, la NASA annonce que Dawn devrait se rapprocher à une orbite inférieure à 200 kilomètres[18], altitude qu'elle a conservé jusqu'à l'épuisement de son carburant qui s'est finalement produit le 31 octobre 2018 [18],[19],[20],[21]. Dawn est depuis un satellite passif de Cérès.
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L'idée selon laquelle une planète inconnue pourrait exister entre les orbites de Mars et Jupiter[4] fut proposée pour la première fois par Johann Elert Bode en 1768[22]. Ses suggestions étaient basées sur la loi de Titius-Bode, une théorie désormais obsolète proposée par Johann Daniel Titius en 1766[23],[22]. Selon cette loi, le demi-grand axe de cette planète aurait été d'environ 2,8 ua[23]. La découverte d'Uranus par William Herschel en 1781[22] accrut la confiance dans la loi de Titius-Bode et, en 1800, vingt-quatre astronomes expérimentés combinèrent leurs efforts et entreprirent une recherche méthodique de la planète proposée[22],[23]. Le groupe était dirigé par Franz Xaver von Zach. Bien qu'ils n'aient pas découvert Cérès, ils trouvèrent néanmoins plusieurs autres astéroïdes[23].
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Cérès fut observée pour la première fois le 1er janvier 1801 par Giuseppe Piazzi[22], alors directeur de l'observatoire astronomique de Palerme en Sicile. Piazzi découvrit Cérès par accident, alors qu'il cherchait à observer la 87e étoile du Catalogue d'étoiles zodiacales de Nicolas-Louis de Lacaille[22]. À la place de cette étoile, aujourd'hui identifiée à HR 1110[24], Piazzi observa un objet se déplaçant sur la voûte céleste, qu'il prit d'abord pour une comète[25].
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Piazzi observa Cérès 24 fois, la dernière fois le 11 février. Le 24 janvier 1801, Piazzi annonça sa découverte par des lettres à plusieurs collègues italiens, parmi lesquels Barnaba Oriani à Milan. Il la décrivit comme une comète, mais remarqua que « puisque son mouvement est lent et uniforme, il m'a semblé à plusieurs reprises qu'il pourrait s'agir de quelque chose de mieux qu'une comète[22]. » En avril, Piazzi envoya ses observations complètes à Oriani, Bode et Lalande à Paris. Elles furent publiées dans l'édition de septembre 1801 du Monatliche Correspondenz[25].
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Peu après sa découverte, Cérès s'approcha trop près du Soleil et ne put être observée à nouveau ; les autres astronomes ne purent confirmer les observations de Piazzi avant la fin de l'année. Cependant, après une telle durée, il était difficile de prédire la position exacte de Cérès. Afin de retrouver l'astéroïde, Carl Friedrich Gauss développa une méthode de déduction de l'orbite basée sur trois observations[25]. En l'espace de quelques semaines, il prédit celle de Cérès et communiqua ses résultats à Franz Xaver von Zach, éditeur du Monatliche Correspondenz. Le 31 décembre 1801, von Zach et Heinrich Olbers confirmèrent que Cérès avait été retrouvée près de la position prévue, validant ainsi la méthode[25].
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À l'origine, Piazzi suggéra d'appeler cet objet « Cérès Ferdinandéa » (en italien : Cerere Ferdinandea), d'après la déesse romaine Cérès et le roi Ferdinand III de Sicile[22],[25]. Cérès était la déesse protectrice de la Sicile et Ferdinand III (qui devint Ferdinand Ier des Deux-Siciles en 1816) était son mécène, alors réfugié à Palerme car le royaume de Naples (dont il était également roi) avait été conquis par les armées françaises en 1798.
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Par la suite, pour des considérations diplomatiques, seule la première partie du nom fut conservée. Cérès fut également appelé Héra en Allemagne pendant une brève période[26]. En Grèce, elle est appelée Δήμητρα (Dêmētra, Déméter), d'après le nom en grec moderne de la déesse grecque équivalente à Cérès. Lorsque le nom « Déméter » fut attribué à son tour à l'astéroïde (1108) Déméter, cela créa un problème dans la langue grecque, qui fut résolu en utilisant le nom en grec ancien pour le nouvel objet : Δημήτηρ (Dēmêtēr).
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La désignation des planètes mineures implique de donner aux corps dont l'orbite est connue avec certitude un numéro définitif. À Cérès, en tant que premier membre découvert de la ceinture d'astéroïdes, fut rétrospectivement attribué le numéro 1[27]. Sa désignation scientifique officielle complète est donc (1) Cérès[28], ou éventuellement 1 Cérès. Les premiers astéroïdes découverts possèdent un symbole astronomique et celui de Cérès est un arc de cercle avec une croix pointant vers le bas et représentant une faucille, rappelant le fait qu'elle tire son nom de celui d'une déesse de l'agriculture : [25],[29]. En codage informatique des caractères, ce symbole est présent dans la table Symboles divers du standard Unicode au code 26B3 depuis mars 2008 (Unicode 5.1.0).
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L'élément chimique cérium (numéro atomique 58) fut découvert en 1803 par Berzelius et Klaproth, travaillant indépendamment. Berzelius le nomma d'après l'astéroïde[30]. Le palladium fut également nommé d'après Cérès à l'origine, mais son découvreur changea son nom après que le cérium eut son nom définitif[31] ; le palladium fait référence à un autre astéroïde, Pallas[32].
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La classification de Cérès a changé plus d'une fois et a été le sujet de controverses. Johann Elert Bode pensait que Cérès était la « planète manquante » dont il avait postulé l'existence entre Mars et Jupiter, à une distance de 2,8 UA du Soleil[22]. Il lui fut attribué un symbole planétaire et Cérès demeura listé comme planète dans les livres et tables d'astronomie (avec Pallas, Junon et Vesta) pendant un demi-siècle jusqu'à ce que d'autres astéroïdes soient découverts[22],[25].
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Au fur et à mesure que de nombreux autres objets furent découverts dans la région, les astronomes réalisèrent que Cérès n'était que le premier d'une classe de corps similaires[22]. Ils se révélèrent très petits, ne présentant aucun disque observable, et William Herschel inventa en 1802 le terme d'« astéroïde » (c'est-à-dire « ressemblant à une étoile ») afin de les désigner[33], écrivant qu'« ils ressemblent tellement à de petites étoiles qu'il est difficile de faire la différence, même avec de très bons télescopes »[c]. Cérès étant le premier astéroïde découvert, il fut désigné par (1) Cérès dans le système moderne de numérotation des astéroïdes dans les années 1850[33].
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En 2006, le débat concernant le statut de Pluton et la définition du terme planète conduisit à reconsidérer le statut de Cérès[35],[36]. L'une des propositions de définitions présentées devant l'Union astronomique internationale pour la définition d'une planète (un corps en équilibre hydrostatique en orbite autour d'une étoile et n'étant ni une étoile, ni un satellite d'une planète)[37] aurait fait de Cérès la cinquième planète à partir du Soleil[38]. Cette définition ne fut pas adoptée. La définition finale fut annoncée le 24 août 2006, ajoutant qu'une planète devait avoir « nettoyé son voisinage ». Cérès fut alors catégorisé comme planète naine[39].
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Les observations de la sonde Dawn suggèrent que Cérès s'est formée au-delà de Neptune il y a 4,57 milliards d'années avant d'être éjectée de son orbite primordiale par la Grande Migration planétaire pour se stabiliser dans la ceinture d'astéroïdes[40]. Dans la ceinture d'astéroïdes, Pallas et Vesta pourraient également être d'anciennes protoplanètes[19] mais ne possèdent pas une forme sphérique — dans le cas de Vesta, cette difformité pourrait être principalement due à un impact majeur après son accrétion[41]. Il se peut qu'(243) Ida, un autre corps de la ceinture d'astéroïdes, ait une origine identique[réf. nécessaire].
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Peu après sa formation, Cérès s'est différencié entre un noyau rocheux et un manteau de glace, en raison de l'échauffement provoqué par l'accrétion et peut-être par la désintégration de radioisotopes disparus depuis lors, comme 26Al[7],[42]. Ce processus provoqua un volcanisme d'eau et une tectonique, qui firent disparaître de nombreuses caractéristiques géologiques. Cependant, Cérès se refroidit par la suite en raison de l'épuisement rapide des sources de chaleur[42]. La glace de la surface s'est graduellement sublimée, laissant derrière elle divers minéraux hydratés : argile et carbonates. Cérès est désormais un corps géologiquement mort dont la surface n'est plus sculptée que par des impacts[7].
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42 |
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L'existence de quantités significatives de glace d'eau dans Cérès[2] a soulevé la possibilité d'une couche d'eau liquide (éventuellement déjà solidifiée)[42]. Cette couche hypothétique, parfois appelée un océan[6], est - ou était - probablement située entre le noyau et le manteau de glace comme sur Europe[42]. L'existence d'un océan est plus probable si de l'ammoniac ou d'autres substances dissoutes (comme des sels) agissant comme antigel, sont présentes dans l'eau. L'existence possible d'eau liquide dans Cérès en fait une cible potentielle des recherches de vie extraterrestre[9].
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Cérès est située sur une orbite héliocentrique entre Mars et Jupiter, au sein de la ceinture d'astéroïdes principale. Sa période est de 4,6 ans. Son orbite est modérément inclinée (10,6° par rapport au plan de l'écliptique, à comparer à 7° pour Mercure et 17° pour Pluton) et faiblement excentrique (0,08, celle de Mars vaut 0,09)[43]. Les observations effectuées par Hubble en 2003-2004 permirent de déterminer que le pôle Nord de Cérès pointe (à 5° près) dans la direction d'ascension droite 19h 41m et de déclinaison +59°, dans la constellation du Dragon ; l'inclinaison de l'axe de Cérès est très faible (environ 4 ± 5 °)[2],[7].
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La distance moyenne au Soleil est de 2,983 unités astronomiques.
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Par le passé, Cérès était considéré comme membre d'une famille d'astéroïdes[44], un regroupement d'astéroïdes qui partagent des éléments orbitaux similaires et peuvent avoir une origine commune (par exemple, à la suite d'une collision). Cérès possède cependant des propriétés spectrales distinctes des autres membres de cette famille et ce regroupement est désormais appelé famille de Gefion, d'après son membre possédant le numéro le plus petit, (1272) Gefion. Cérès est simplement un intrus dans cette famille, partageant des éléments orbitaux mais pas une origine commune[45].
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Avec 950 km de diamètre, Cérès est de loin le plus grand objet de la ceinture d'astéroïdes (le plus grand après Cérès est Vesta, qui mesure un peu moins de 600 km dans sa plus grande dimension)[6]. En revanche ce n'est ni la plus grande ni la plus massive des planètes naines, et de loin : l'objet épars Éris[46] est environ 2,5 fois plus grand et 17 fois plus massif et Pluton, de même taille et 14 fois plus massif (la ceinture de Kuiper contient également d'autres objets plus grands que Cérès comme Quaoar et Orcus).
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La masse de Cérès a été déterminée en analysant son influence sur de petits astéroïdes[4]. Cette valeur diffère cependant suivant les auteurs[47]. La valeur la plus souvent citée est d'environ 9,5 × 1020 kg[4], soit 950 millions de milliards de tonnes. La masse de Cérès forme donc environ le tiers[4] de la masse totale estimée de tous les astéroïdes de la ceinture principale, (3,0 ± 0,2) × 1021 kg[3].
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Cérès a une taille et une masse suffisantes pour être proche de l'équilibre hydrostatique et est donc de forme quasi-sphérique[2]. Les autres grands astéroïdes tels que Pallas[48], Junon[49] et Vesta[41] sont nettement plus irréguliers.
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La pesanteur à la surface de Cérès est estimée à 3 % de celle de la Terre, soit une accélération de la gravité de 30 cm s−2 (un corps qui chute à la surface de Cérès accélère de 30 cm/s à chaque seconde)[50].
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La composition de la surface de Cérès est largement similaire, mais pas identique, à celle des astéroïdes de type C[6]. Le spectre infrarouge de Cérès fait apparaître des matériaux hydratés qui indiquent la présence de quantités significatives d'eau à l'intérieur de l'objet. Parmi les autres possibles constituants de la surface, il y aurait de l'argile riche en fer (cronstedtite) et des composés carbonatés (dolomite et sidérite), minéraux courants dans les météorites chondrites carbonées[6]. Les caractéristiques spectrales des carbonates et de l'argile sont généralement absentes du spectre des autres astéroïdes de type C[6]. Cérès est parfois classifié comme un astéroïde de type G[51].
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La cartographie opérée dans le visible et l'infrarouge par le spectromètre à bord de Dawn a révélé la présence d'un pic d'absorption vers 3,4 µm. Ce pic, qui est caractéristique de la matière organique aliphatique, est principalement observable dans une région d'environ 1 000 km2, à proximité du cratère Ernutet. La présence sur Cérès de minéraux hydratés contenant de l'ammoniac, de la glace d'eau, des carbonates, des sels et de la matière organique indique un environnement chimique très complexe, éventuellement favorable à la chimie prébiotique[52],[53].
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La surface de Cérès est relativement chaude. La température diurne maximale fut estimée à 235 K (environ −38 °C) le 5 mai 1991[8]. En tenant compte de la distance de Cérès au Soleil lors de cette mesure, il fut possible d'estimer que la température maximale est d'environ 239 K (environ −34 °C) au périhélie. Quelques indices laissent à penser que Cérès possède une atmosphère ténue et du givre[10]. Des observations dans l'ultraviolet effectuées par le télescope International Ultraviolet Explorer (IUE) ont détecté de la vapeur d'eau près du pôle nord[10].
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Il existe divers points singuliers de nature incertaine à la surface de Cérès. Les photographies ultraviolettes en haute résolution prises par le télescope spatial Hubble en 1995 montrèrent un point sombre sur sa surface, qui fut surnommé « Piazzi » en l'honneur du découvreur de Cérès[51] et dont on pensait qu'il s'agissait d'un cratère. Des images ultérieures, prises en plus haute résolution par le télescope Keck par optique adaptative sur une rotation complète, ne montrèrent aucun signe de « Piazzi »[54]. Cependant, deux zones sombres semblaient se déplacer avec la rotation de la planète naine, l'une d'entre elles possédant une région centrale brillante. Les scientifiques ont émis l'hypothèse qu'il s'agit également de cratères. Les images les plus récentes, prises par Hubble en lumière visible en 2003 et 2004, mettent en évidence onze points singuliers de nature inconnue à la surface de Cérès[7],[55]. L'une de ces zones correspond à « Piazzi »[7]. Les zones de faible albédo observées par Keck n'ont pas pu être identifiées sur ces images[54].
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Autres curiosités découvertes par la sonde Dawn en 2015 : le mont Ahuna, une montagne de forme conique et d'environ 6 000 mètres d'altitude[56] et surtout de mystérieuses taches claires au fond de différents cratères, dont les plus spectaculaires sont celles du cratère Occator, large de 90 km[57],[58] et que l'on retrouve également sur le cratère Kupalo (26 km de diamètre), photographié le 21 décembre 2015 à 385 km d'altitude[59]. Parmi les autres cratères particulièrement étudiés : Yalode (270 km de diamètre), Urvara (en) (160 km de diamètre), Dantu (120 km de diamètre, typique pour son sol fracturé), Ikapati (50 km de diamètre) et Haulani (30 km de diamètre), dont les survols sont reconstitués dans un film réalisé par la NASA en images de synthèse[60].
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Peter Thomas de l'Université Cornell a émis l'hypothèse selon laquelle l'intérieur de Cérès est différencié[2]. Son aplatissement semble trop faible pour un corps indifférencié, ce qui indique qu'il est constitué d'un noyau rocheux entouré d'un manteau glacé[2]. Ce manteau, d'une épaisseur de 60 à 120 km, pourrait contenir 200 000 000 km3 d'eau (16 à 26 % de la masse de Cérès), soit plus que la totalité de l'eau douce sur Terre[61].
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Deux études en 2018, à partir d'analyses en spectrométrie visuelle et infra-rouge de la sonde Dawn, ont confirmé que Cérès était un corps actif aussi bien d'un point de vue géologique que chimique[62] :
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Fin 2018, une étude également étayée par la sonde Dawn a montré que la croûte de Cérès est extrêmement riche en carbone, celui-ci représentant 20 % en masse des roches de la surface[65].
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Le 22 janvier 2014, l'Agence spatiale européenne a annoncé la première détection de vapeur d'eau dans l'atmosphère de Cérès[10]. Ceci a été largement confirmé en mars 2018 par les observations de la sonde Dawn[66].
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Lorsque Cérès est en opposition à proximité de son périhélie, il peut atteindre une magnitude apparente de +6,7[12]. On considère généralement que cette valeur est trop faible pour que l'objet soit visible à l'œil nu, mais il est néanmoins possible pour une personne dotée d'une excellente vue et dans des conditions d'observation exceptionnelles de percevoir la planète naine. Les seuls astéroïdes pouvant atteindre une telle magnitude sont Vesta et, pendant de rares oppositions à leur périhélie, Pallas et Iris[67]. Au maximum de sa luminosité, Cérès n'est pas l'astéroïde le plus brillant ; Vesta peut atteindre la magnitude +5,4, la dernière fois en mai et juin 2007[68]. Aux conjonctions, Cérès atteint la magnitude de +9,3, ce qui correspond aux objets les moins lumineux qui puissent être visibles à l'aide de jumelles 10×50. La planète naine peut donc être vue aux jumelles dès qu'elle est au-dessus de l'horizon par une nuit noire. Pallas et Iris sont invisibles aux jumelles par de petites élongations[12].
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Le tableau suivant résume les phases d'observabilité de Cérès entre 2006 et 2017.
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Les événements suivants figurent parmi les principales observations de Cérès :
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Cérès constitue le deuxième objectif de la sonde Dawn, après l'astéro��de Vesta. Lancée en septembre 2007, et après avoir tourné autour de Vesta de juillet 2011 à septembre 2012, la sonde a été dirigée vers Céres, autour de laquelle elle s'est mise en orbite le 6 mars 2015, située à une altitude de 61 000 km. Par la suite, son orbite a été rabaissée à trois reprises en 2015.
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Le 9 mai 2015, son système de propulsion ionique a été rallumé afin de rabaisser son orbite à 4 400 km, altitude qu'elle a atteint le 6 juin. Par la suite, la sonde a envoyé des photographies d'une importante élévation (5 ou 6 km d'altitude) de forme conique (et non pyramidale comme il a souvent été écrit)[71]. Les images ont été diffusées par la NASA quelques jours plus tard.
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Début août 2015, l'altitude a été abaissée à 1 470 km et le 19, de nouvelles photographies[72] ont été envoyées[73].
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Début décembre 2015, Dawn a encore réduit progressivement sa distance, jusqu'à atteindre l'altitude de 385 km le 8[16]. Les images qu'elle envoie depuis sont d'une précision inégalée[74].
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En mars 2018, de nouvelles conclusions sont publiées sur la base de données observées par Dawn d'avril à octobre 2016[66]. Elles mettent en évidence une structure plus complexe que prévu, et surtout elle montre qu'il s'agit d'une planète naine encore très active avec une augmentation de la quantité d'eau glacée sur les murs de cratère[75],[76]. Il s'agit là de la première fois où une évolution de la surface de Cérès est mise en évidence. Ces observations permettent également au grand public de découvrir des images extraordinaires de Cérès.
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Parmi les instruments, la sonde compte une caméra, un spectromètre infrarouge et dans le visible, ainsi qu'un détecteur de rayons gamma et de neutrons. Ils servent à examiner la forme de la planète naine et ses différents éléments[19].
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Une face de Cérès, vue par Dawn le 19 février 2015 à environ 46 000 km de distance.
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Photo de Cérès prise par Dawn le 12 février 2015. Au moment de sa capture, cette image faisait partie d'une série d'images de Cérès à la plus haute résolution alors atteinte.
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Cérès vue par Dawn le 12 février 2015, à seulement 83 000 kilomètres de distance.
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Cérès par Dawn le 4 février 2015, à seulement 145 000 kilomètres de la surface de l'astéroïde. La résolution est de 14 kilomètres par pixel.
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Cérès par Dawn le 4 février 2015.
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Vidéo animée composite, avec contraste renforcé, de Cérès par Dawn le 4 février 2015.
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Vidéo animée composite de Cérès par Dawn le 4 février 2015.
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Cérès par Dawn le 25 janvier 2015, à 237 000 kilomètres de distance[77]. La résolution de l'image est 30 % supérieure à celle de Hubble en 2003/4[77].
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Vidéo animée composite de Cérès par Dawn le 13 janvier 2015[78],[79].
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Statut CITES
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Le cerf élaphe (Cervus elaphus) est un grand cervidé des forêts tempérées d'Europe, d'Afrique du Nord, d'Amérique du Nord et d'Asie. Son nom est un pléonasme car « élaphe » signifie déjà « cerf » en grec.
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Ce cerf est l'un des représentants les plus connus de cette famille de mammifères. L'espèce comprend plusieurs sous-espèces, dont le cerf de Bactriane, le cerf du Turkestan, le cerf rouge du Turkestan ou encore le cerf élaphe du Turkestan[1].
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La femelle est la biche, le petit est le faon. Ensuite, de 6 mois à 1 an, on l'appelle « hère » s'il s'agit d'un mâle, la femelle conserve le nom de faon jusqu'à un an. De 1 an à 2 ans, le jeune mâle est appelé « daguet » avec deux grands bois secs et la femelle « bichette ».
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Les cerfs sont de grands herbivores ruminants présents dans l'hémisphère nord. Originellement adaptés aux milieux ouverts enherbés ou à des zones de type savanes tempérées (broutage de feuilles et bourgeons à différentes hauteurs), ils ont formé des populations et sous-populations qui ont évolué, sous la contrainte des dernières glaciations, et plus rapidement ensuite sous la contrainte de la chasse par l'homme et de l’anthropisation des paysages[3]. À la différence du cerf megaloceros, ils ont, sur une part significative de leur aire potentielle de répartition survécu aux chasseurs du paléolithique et du néolithique en se réfugiant dans les zones de forêt dense. Les grands cervidés doivent cependant affronter localement des phénomènes d'insularisation écologique notamment dû à la fragmentation des forêts où ils se sont réfugiés, ou au fait que certaines populations sont issues d'un petit nombre d'individus réintroduits (risques liés à la consanguinité). Des sous-populations ont pu évoluer de manière assez divergente, notamment dans le contexte d'insularisation écologique des îles méditerranéennes au Pléistocène, avec des variations de taille, mais aussi fonctionnelles (par exemple de l'appareil masticateur ou des os du pied, qui sont probablement des adaptations aux modifications des niches écologiques occupées[4]). Le « mégacérin de la Sardaigne » et le « cerf de Sicile » devaient être des herbivores agiles et rapides. Le « megacérin de Sicile », semble quant à lui avoir été plus adapté à des milieux plus fermés et boisés[4]. En Crète, les petits mégacérins, même peu agiles, devaient être adaptés à des terrains difficiles et accidentés, sans qu'on sache exactement quelle pouvait être leur alimentation[4].
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Le cerf élaphe comme toute la grande et petite faune des zones tempérées a « récemment » (aux échelles géologiques du terme) dû s'adapter à trois glaciations. De premiers échantillons d'ADN bien conservé ont été trouvés sur des os de trois cerfs (Cervus elaphus) datés de la fin du Pléistocène, trouvés dans la grotte Emine-Bair-Khosar (EBK) à la lisière nord du plateau inférieur du Massif montagneux de Chatyrdag en Crimée[5]. En les comparant à l'arbre phylogéographique connu basé sur l'analyse de séquences d'ADN mitochondrial de cerfs vivant aujourd'hui dans l'hémisphère Nord, les chercheurs ont pu confirmer que la péninsule de Crimée semble avoir servi de refuge à une grande part des cerfs élaphes du nord-Est de l'Europe, et qu'elle a ensuite (Pléistocène supérieur) joué un « rôle majeur » dans la recolonisation et la dispersion des espèces tempérées pour tout le continent eurasien[5].
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Pour éclairer la phylogénie, la phylogéographie du cerf élaphe, une étude publiée en 2004 a comparé la séquence d'ADN mitochondrial du cytochrome b d'échantillons prélevés parmi cinquante et une populations de cerfs réparties dans le monde, mais essentiellement en Asie et Europe[6].
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Plusieurs méthodes ont été combinées (dont le maximum de parcimonie, le maximum de vraisemblance, et l'analyse cladistique imbriquée), qui ont conduit les chercheurs à conclure que les populations de cerf élaphe actuellement présentes seraient originaires de la région située entre le Kirghizistan et l'Inde du Nord, avec deux groupes génétiquement bien distincts, l'un vivant à l'ouest (composé de 4 sous-groupes) et un autre vivant à l'Est (composée de trois sous-groupes)[6].
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Ces données ADNmt ne confirment pas la classification traditionnelle considérant que tous les cerfs élaphes constituent une seule espèce, ni sa division en nombreuses sous-espèces[6].
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Dans la littérature antérieure aux nouvelles données génomiques, l'espèce Cervus elaphus compte plusieurs sous-espèces :
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Ces espèces peuvent comprendre plusieurs génotypes ayant permis des adaptations aux caractéristiques biogéographiques et écologique des zones où elles ont vécu, et leur classification pourrait devoir être revue.
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Cette classification est actuellement remise en cause par certains taxonomistes.
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Après analyse génétique[7], le wapiti (anciennement Cervus elaphus wapiti) est considéré comme une espèce à part entière sous le nom de Cervus canadensis. Le nombre de sous-espèces tendrait à se réduire pour n'en conserver que deux.[réf. nécessaire]
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Les cerfs élaphe contemporains sont élancés, ils atteignent une longueur totale de 1,6 à 2,6 mètres, pour 1,10 à 1,50 mètre de hauteur au garrot et un poids de 67 à 300 kilogrammes, variant selon la sous-espèce. Le poids des animaux est variable selon l'âge, le sexe et la région. Le poids des cerfs augmente de l'Ouest vers l'Est de l'Europe : de 100 kg en Écosse à 250 kg en Europe de l'Est. Le poids des animaux se stabilise vers l'âge de 3–4 ans chez la femelle (biche) et 7 ans chez le mâle.
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En France, les cerfs mâles pèsent entre 120 et 250 kg (150 kg en moyenne) pour une taille de 130 à 150 cm (1,40 mètre en moyenne) au garrot et environ 1,70 à 1,80 m à la hauteur de la tête, les biches, pèsent entre 67 et 100 kg (80 kg en moyenne) pour une taille qui varie selon les individus de 1,10 à 1,30 mètre (1,20 mètre en moyenne) au garrot et 1,50 m environ à la hauteur de la tête.
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Ce poids varie selon la qualité du milieu de vie (abondance de la nourriture) mais aussi selon la saison. Un hiver rude peut entraîner une perte de poids de 10 à 15 % chez les deux sexes, le mâle peut perdre jusqu'à 20 % de son poids pendant le brame et la femelle jusqu'à 15 % de son poids pendant la période d'allaitement. Les activités physiques également, notamment la course et les bonds, montrent qu'en l'absence de prédateurs, les cerfs se déplacent moins et peuvent prendre plus de poids.
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La queue mesure de 10 à 27 centimètres de long. Les sous-espèces nord-américaines et du nord est de l'Asie sont généralement plus grandes que les européennes. Les mâles sont également toujours plus massifs que les femelles. Le cerf élaphe est élancé, mais fortement constitué, avec un poitrail massif, et un cou assez élancé. Les yeux sont de taille moyenne, les oreilles effilées aussi longues que la moitié de la tête et des pattes très fines adaptées à la course rapide et aux bonds. Les pattes sont constituées de quatre doigts (les doigts 2, 3, 4, 5, le « pouce » étant atrophié), les doigts 2 et 5, plus petits que les deux autres et ramenés vers les côtés de la patte, ne marquent normalement pas le sol lors des déplacements, excepté lors de déplacements dans la neige ou la boue.
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On trouvait en Gaule au moins jusqu'à l'époque gallo-romaine de cerfs de très grande taille, comme en témoigne par exemple le squelette entier d'un cerf retrouvé par les archéologues MM. Métayer et Gardin en 1856 dans un puits funéraire gallo-romain. Les mensurations du crâne de ce cerf sont de 56 cm de long et 25 cm de large (entre les deux arcades sourcilières) celles des omoplates : 37 cm de long et 23 cm de large. De nombreux squelettes de loups et d'autres animaux contemporains de ce cerf ont été trouvés dans ce même puits, avec quelques têtes de chiots.
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La coloration du pelage varie fortement selon les saisons, l'âge et le sexe : d'une teinte brun-roux en été et gris-brun en hiver ; le mâle a généralement un pelage plus sombre que la femelle.
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La mue intervient deux fois par an, aux printemps (avril-mai), alors les cerfs perdent leur pelage épais de l'hiver pour laisser apparaître une nouvelle peau plus fine et plus claire, puis à l'automne (octobre) apparaît un pelage plus épais et plus foncé pour supporter les froids d'hiver.
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Une tache jaune clair, appelée « cimier », orne la croupe des deux sexes.
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Le faon a, jusqu'à l'âge de quatre mois environ, un pelage brun clair tacheté de blanc que l'on appelle « livrée ».
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Exceptionnellement, des cerfs ont un pelage blanc, tels qu'en captivité au parc de Dyrehaven (Danemark), et au moulin de Poyaller (dans les Landes, en France)[8] ou à l'élevage de la belle charme en Haute-Marne (Champagne-Ardenne).
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À partir de neuf mois, des bois commencent à pousser sur la tête du mâle sous forme de pivots. À un an, ils sont visibles et le mâle est alors appelé « daguet ». Les bois vont alors tomber chaque année (fin de l'hiver chez les cerfs âgés, début du printemps chez les jeunes) pour repousser au cours de l'été. Une enveloppe nourricière, duveteuse et irriguée de sang, assure leur croissance à la manière d'un placenta pour un fœtus. Fin juillet, le velours tombe. Paradoxe de la nature, les bois ne sont opérationnels que lorsqu'ils sont morts. Pour les dépouiller totalement puis les aiguiser en vue des prochains combats, le cerf va « frayer » en les frottant de façon répétitive aux arbres. Il mange les lambeaux de peau qui pendent aux ramures.
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Les dimensions et la forme des bois varient individuellement mais aussi selon l'âge et la sous-espèce[9]. Contrairement à une croyance répandue, le nombre de cors n'a pas de rapport direct avec l'âge[10]. Le premier cors se nomme l'andouiller de massacre, le second le surandouiller.
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Le bois de cerf râpé ou calciné était employé jusqu'à la fin du XIXe siècle en tant qu'antidiarrhéique, les principes actifs étant la gélatine et le phosphate de calcium[réf. souhaitée].
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Le groupe des « cerfs élaphes » est répandu dans l’hémisphère nord en trois grandes populations séparées, aujourd'hui classées en deux espèces différentes depuis 2004. L'espèce Cervus elaphus, le cerf élaphe proprement dit, est désormais réduite à la population du Paléarctique occidental seulement. Il est présent dans l'essentiel de l'Europe, le nord-ouest de l'Afrique, dans le nord du Moyen-Orient et en Asie centrale jusqu'aux contreforts sud-est du Tian Shan à l'extrême ouest de la Chine. Tandis que Cervus canadensis, le wapiti, rassemble les populations du Paléarctique oriental (Asie tempérée, jusqu'à l'Altaï à l'ouest) et du Néarctique (Amérique du Nord).
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Il a été introduit et est élevé pour sa viande dans certains pays, comme en Nouvelle-Zélande où il est aujourd'hui invasif.
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En France, il est aujourd'hui commun ou redevenu commun dans de nombreuses régions. Parmi les nombreux massifs à cerf, citons :
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Le cerf a parfois été trop chassé ce qui a conduit à sa disparition d'une grande partie de la France, et les populations menacées de certains massifs ont dû être reconstituées par réintroduction de l'espèce (dans la forêt de Paimpont en Bretagne ou de Mormal dans le nord par exemple).
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En France, à la suite de la disparition de ses prédateurs naturels et depuis l'instauration des plans de chasse dans les années 1960, la population est en augmentation continue. Ainsi, la population serait passée de 40 000 en 1983 à 100 000 en 1994 et 160 000 en 2010. Localement, d'importants dégâts sont constatés sur les jeunes arbres. Toutefois, la capacité maximale des cerfs élaphes en France serait de 700 000 individus.[réf. nécessaire]
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Il vit surtout dans les grands massifs de la forêt tempérée européenne ainsi que dans les forêts et maquis méditerranéens. Mais dans ces massifs forestiers il affectionne surtout les zones de bois clairs, les parcelles coupées et en régénération, les trouées et clairières avec prairies ou landes et les larges chemins d'exploitation peu fréquentés. Le soir il peut sortir dans les champs et les prairies des lisières s'il y trouve de la tranquillité. Il utilise la forêt dense pour se cacher, notamment la journée. Il est présent aussi dans les forêts de montagne jusqu'à plus de 2 000 m et il fréquente les alpages.
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Ses caractéristiques morphologiques et biologiques (animal taillé pour la course, vue et odorat très développés, la taille de ses bois), son régime alimentaire (essentiellement des plantes de lumière qu'il broute) et son comportement (vie en troupeaux pouvant être importants, territorialité en période de rut), indiquent qu'il s'agit plutôt d'un animal de milieu semi-ouvert à ouvert. Mais il s'est réfugié au sein des grands massifs forestiers car il a été chassé des terres agricoles et des prairies pastorales par l'homme depuis des temps très anciens. Il a vécu par exemple en grands troupeaux dans les steppes d'Europe de l'Est, en zones dépourvues de tout boisement, mais il en a aujourd'hui disparu car il était plus facile à trouver et à chasser dans cet habitat. En Écosse, il vit encore actuellement en forte densité dans de vastes landes ouvertes dépourvues de forêt. Dans les Alpes, il séjourne dans les alpages où il peut aller jusqu'à la limite de la végétation à plus 3 000 m d'altitude[11].
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Son territoire vital est estimé en France à entre 1 000 et 5 000 ha (soit 10–50 km2) ; 3 000 ha (30 km2) en moyenne, ce chiffre variant considérablement selon la productivité du milieu. Ces animaux se déplacent parfois sur de longues distances (plusieurs dizaines de kilomètres). La fragmentation forestière peut donc leur nuire, mais elle semble pouvoir être compensée par des écoducs judicieusement placés (au-dessus d'autoroutes ou de TGV par exemple).
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Le cerf est une espèce crépusculaire et nocturne (ou qui l'est devenue en s'adaptant à la pression de chasse, comme elle est probablement devenue forestière tout en étant plus adaptée aux milieux semi-ouverts ou ouverts).
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L'espèce est grégaire. Les femelles (biches) se regroupent en hardes dont le domaine vital est de 2 000 à 5 000 ha[12]. Les mâles vivent avec elles durant la saison des amours (le rut). Un seul mâle peut être accompagné d'une harde qui peut compter jusqu'à soixante biches. La biche est la seule à prendre soin de son faon. Elle ne le quitte que pour aller brouter. La gestation est d'environ huit mois[13].
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Les groupes ou hardes sont composées de mâles, de femelles ou mixtes. La cellule de base est « matriarcale » (avec un groupe triangulaire composé d'une biche suivie du jeune de l’année et du jeune de l’année précédente).
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Le cerf marque son territoire, par le brame du mâle, les excréments, l'abroutissement (plantules mangées, extrémités des rameaux latéraux ou de la pousse terminale des végétaux ligneux rongés), écorçage par les incisives inférieures dans un but alimentaire, peut être « médical » mais aussi comportemental) et frottis du cerf mâle (en période de reproduction et de repousse des bois)[12].
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Mâles et femelles vivent séparément de décembre à août et se retrouvent pour une période de fécondation qui s'étend en Europe tempérée du 15 septembre au 15 octobre. Le système reproducteur des mâles et des jeunes biches nées de l'année précédente est en état de quiescence jusqu'au moment du rut où sous l'effet de certaines hormones, le sperme du cerf mâle devient plus abondant et change de composition[15], ce qui a une importance pour les banques de sperme qui souhaitent conserver des spermatozoïdes d'espèces menacées de cerfs, ou pour l'insémination artificielle de biches d'élevage[16].
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Le rut, marqué par le cri rauque et retentissant du mâle (le brame) intervient à la fin de l'été ou au début de l'automne, et dure environ un mois, mais on peut encore entendre bramer des cerfs jusqu'à mi-novembre. Le cri du brame tient du rugissement et du mugissement et s'entend à plusieurs kilomètres de distance. C'est aussi le terme désignant le rut chez cette espèce.
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Le mâle avertit ainsi les femelles réceptives de sa présence, intimide ses concurrents potentiels et défie les autres mâles qui s'aventureraient sur son territoire. Il devient particulièrement agressif à ce moment-là. En cas de rencontre avec un autre mâle, après une phase d'intimidation, les deux adversaires vont mener un combat très violent durant lequel ils se projettent la tête en avant l'un contre l'autre dans le but de déséquilibrer l'adversaire. Ces combats peuvent conduire à l'abandon ou à des blessures assez graves voire la mort par épuisement des deux cerfs s'ils restent coincés par leurs bois emmêlés : seuls des mâles de puissance et de ramure comparables s'affrontent de la sorte.
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G. A. Lincoln, Fiona Guinness et R. V. Short, The way in which testosterone controls the social and sexual behavior of the red deer stag (Cervus elaphus). ; On a montré que la testostérone joue un rôle majeur dans le comportement agressif et reproducteur (uniquement en saison du rut) des mâles[17]. Les cerfs mâles expérimentalement castrés perdent leur agressivité ainsi que les comportements typiques des mâles de cette espèce, ce qui les fait descendre en termes de statut social dans le groupe. Si les cerfs castrés reçoivent de la testostérone en décembre, ils retrouvent tous les comportements de rut en quelques semaines, y compris l'agressivité envers les autres mâles. Si la testostérone leur est fournie en avril et juin, elle n'induit pas de comportement immédiat de rut mais l'animal retrouve son niveau d'agressivité sociale, puis en automne le comportement normal de rut, au moment normal du rut.
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L'injection de testostérone à des cerfs normaux, quelle que soit la saison, n'induit pas une seconde période d'activité reproductrice, par contre les animaux montrent de nets changements en termes d'agressivité. Ce n'est pas l'odeur de l’œstrus ou la présence des femelles qui rendent les mâles agressifs. Cette agressivité est également constatée chez des mâles élevés en enclos loin des femelles[18].
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Le cycle des bois du cerf est également contrôlé par le niveau de testostérone. Ceci explique que les expériences visant à tester les effets d'injection de testostérone ont aussi eu des effets sur les bois, qui ont eux-mêmes affecté certains comportements. Les effets directs de la testostérone ne sont certains que quand ils se manifestent quand le traitement hormonal n'induit pas de changements dans les bois.
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Le mâle régnant sur une harde de femelles surveillera de façon intensive les différents individus de la troupe en vue de l'accouplement, car les femelles ne restent sexuellement réceptives qu'une seule journée durant l'année. Lorsque le « maître de harde » a éliminé ses concurrents. Polygame, il couvre les 10 à 30 biches de son harem au fur et à mesure de leurs chaleurs. Une biche qui est stérile est appelée « bréhaigne ».
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De jeunes mâles profitent parfois des combats entre deux mâles plus forts pour saillir une biche « en chaleur », ce qui contribue à la diversité génétique de la harde.
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La temporalité du cycle sexuel et l'œstrus de la femelle sont principalement sous le contrôle d'une hormone majeure, la mélatonine[19], dont le cycle est contrôlé par la durée du jour (ex. : l'injection de mélatonine à de jeunes biches avance le moment de leur première ovulation[19]). La mélatonine influe elle-même sur le cycle de sécrétion d'une autre hormone, la progestérone[20]. La production de cette hormone, selon les mesures faites dans les échantillons de sang veineux jugulaire de cerfs d'élevage, varie selon le statut de dominance de la femelle, mais non selon son poids corporel, ni selon la taille de l'enclos d'élevage. Mais le taux de progestérone des biches chute (plus que divisé par deux) après de longues périodes de temps chaud et sec. Ces observations faites sur des animaux d'élevages, nourris à satiété peuvent ne pas différer ce qui se passe dans la nature.
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La production de progestérone et la lutéine jouent un rôle dans le caractère saisonnier du cycle ovarien et les dates de l'œstrus (qui peut être plus tardif chez les biches plus jeunes, avec une saison de reproduction potentielle plus courte que pour les biches adultes[21]. Dans les élevages, le stress des animaux (jeunes notamment) semble pouvoir affecter la puberté et éventuellement provoquer des aberrations du cycle ovarien, et expliquer certains échecs de reproduction[21]. Les dates de fécondabilité peuvent varier selon le génotype (animaux provenant de l'Est ou de l'Ouest de l'Europe par exemple[21]).
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Des expériences utilisant des implants diffusant de la mélatonine montrent qu'on peut ainsi modifier (avancer) les dates d'œstrus et par suite de fécondation et mise bas, mais non sans risque d'élevage plus difficile des jeunes si le climat leur est défavorable[22].
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La gestation du cerf élaphe était réputée durer huit mois, mais des études récentes ont montré que la durée de gestation est en fait très variable, dépendant notamment de divers facteurs environnementaux. Cette variabilité favorise probablement la survie du nouveau-né.
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Une hypothèse était qu'il existe néanmoins une synchronisation (hormonale) des œstrus[23], mais aussi des naissances au sein de chaque troupeau (les biches concevant tôt et tard en saison de reproduction ayant des périodes de gestation respectivement plus longues et plus courtes). Deux études au moins ont porté sur la date de conception et la durée de gestation et ont permis de tester et confirmer cette hypothèse (pour 393 biches ayant naturellement mis bas dans deux troupeaux, pour l'une de ces deux études, et pour 91 biches dont l'œstrus et la conception ont été artificiellement déclenchés dans une plage de quatre semaines durant la période de rut naturel). Ces études ont montré que l'âge des biches gestantes intervenait aussi sur la durée de gestation, mais l'analyse des données soutient l'hypothèse, montrant que pour chaque différence de dix jours de la date de conception il y avait un changement dans la longueur de gestation de 01/09 à 04/09 jours. Les mécanismes physiologiques précis tendant à synchroniser les naissances n'ont pas encore été élucidés. Une possibilité est un effet combiné de la mélatonine (contrôlée par la durée du jour/photopériode) et d'autres interactions hormonales[24] entre individus modifiant l'induction de la parturition, ou un contrôle nutritionnel[25],[26] lié à l'âge du fœtus aux derniers stades de la grossesse[27].
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L'insémination artificielle avec du sperme congelé est utilisée, avec des résultats mitigés[28].
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La fécondation in vitro[29], et le transfert d'embryon a aussi été utilisé chez le cerf[30], pour l'élevage, ou éventuellement la sauvegarde d'espèces de cerfs ou de sous-espèces menacées.
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L'ovulation multiple permet de produire plusieurs embryons[31].
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Diverses méthodes (par l'observation, des analyses, ou suivi électronique) de détection de l'œstrus ont été mises au point[32]
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De manière générale, les cervidés forment un assemblage complexe de taxons avec une grande diversité morphologique, physiologique, écologique et de répartition géographique ou d'habitats (de la forêt dense à la lande écossaise ouverte). Les données scientifiques disponibles sur la génétique des cervidés sont en partie biaisées par le fait qu'elles ont surtout porté sur les espèces d'intérêt commercial (animaux d'élevages) ou jugées les moins difficiles à élever en enclos (Cervus elaphus scoticus, Cervus elaphus hippelaphus et leurs hybrides ; naturellement les plus grégaires) ; En outre, la littérature scientifique ne semble pas avoir présenté toutes les stratégies de reproduction des cervidés, qui vont de modèles très saisonniers à des naissances complètement a-saisonnières. Les espèces à stratégie K qui produisent un jeune par an durant une dizaine d'années sont de mieux en mieux connues, alors qu'on en sait peu sur les stratégies K d'autres espèces, généralement plus petites, solitaires et souvent très territoriales. Les cervidés réellement adaptés à la forêt sont souvent caractérisés par une forte fécondité (mise bas de deux jeunes) compensée par une durée de vie plus courte (<10 ans). Dans ce groupe figurent de nombreux taxons menacés de cervidés qui seraient donc probablement plus difficiles à élever faute de données sur les facteurs environnementaux influençant la gestation ou le succès de reproduction.
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Quelques études ont porté sur l'analyse génétique de populations de cerfs élaphes sauvages (analyses d'ADN[33]), les croisements d'espèces différentes de cerfs (issus de zoos ou d'élevage). Elles apportent notamment des compléments d'information sur les liens entre génomes et les cycles de la reproduction[34].
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D'autres études, comme en Bavière (sud de l'Allemagne) ont montré que l'espèce a en Europe de l'Ouest, comme en Amérique du Nord, connu un goulet d'étranglement génétique à la suite d'une forte réduction de population (au XVIIIe siècle en France, au XIXe siècle en Amérique du Nord) en raison d'une sur-chasse. L'espèce a depuis localement démographiquement récupéré, mais les populations échangent plus difficilement leurs gènes en raison d'une fragmentation nouvelle et croissante des habitats. Ainsi, en Bavière, l'analyse génétique d'échantillons provenant de 9 populations de cerfs et de deux populations adjacentes (Thuringe et République tchèque) a révélé que 91,6 % de ces cerfs bavarois descendent d'un même individu, et les études de corrélation entre les matrices de distance génétique et de distance géographique ne montrent pas de preuve d'isolement par la distance. Des indices de dérive génétique sont nettement présents chez plusieurs sous-population et la diversité génétique de toutes les populations est faible, ce qui est considéré comme un facteur de vulnérabilité par les généticiens[35].
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Des seuils critiques de consanguinités sont déjà dépassés dans certaines populations. Par exemple, un groupe d'une cinquantaine de cerfs du Schleswig-Holstein (Allemagne du nord) présentait un nombre anormal d'individus brachygnathes (Brachygnatie : anomalie morphologiques caractérisée par une mâchoire inférieure trop courte[36], souvent associée chez les mammifères à une dépression de consanguinité et à un retard de développement). Une analyse génétique a porté sur 18 de ces cerfs[37]. Elle a montré une très faible diversité génétique, comparativement aux individus d'autres populations européennes ou proches dont les cerfs étudiés ont dérivé depuis 130 ans[Quand ?] environ). Le noyau « originel » de cette cinquantaine de cerfs a été estimée à sept individus seulement. L'augmentation de la consanguinité correspondait dans ce cas à une perte d'hétérozygotie de 7 % pour chaque génération, valeur sept fois plus élevée que le seuil théorique au-delà duquel la sélection naturelle ne peut plus contrecarrer la fixation des allèles délétères dans le pool génétique[37]. Selon les auteurs de cette étude, cette population a un besoin urgent de gènes neufs provenant d'autres populations pour surmonter les effets négatifs de la dérive aléatoire et de la consanguinité[37].
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Les analyses génétiques faites en Europe montrent que le pool génétique de l'espèce a subi maintes influences anthropogéniques. Le génome de l'espèce porte les traces des effets de l'élevage des animaux en enclos (Les populations vivant en enclos sont loin des valeurs attendues selon le modèle « isolation by distance », mais sans réduction très forte de la diversité génétique[38]), de la chasse sélective qui a favorisé les grands trophées (une corrélation a été trouvée entre certains génotypes d'alloenzymes et la morphologie des ramures, et la chasse sélective a augmenté la fréquence de ces allèles dans la direction attendue[38]), de la translocation de cerfs pour améliorer les trophées, ou de la fragmentation écologique des habitats (dont les impacts sur le pool génétique des cerfs européens restent difficiles à évaluer, faute d'état-zéro et faute d'information sur l'histoire des populations de cervidés[38].
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Des phénomènes d'hybridation, d'introgression génétique[39] et de « pollution génétique » existent aussi : les études génétiques et moléculaires montrent que là où - comme en Écosse[39], dans le Nord-ouest de l'Angleterre[40] ou en Irlande - des cerfs exotiques (Cerf sika) ont été introduits du Japon, dès 1860 à partir d'individus provenant de la sous-espèce de Kyushu[41] et mis en contact avec les populations autochtones de Cerf élaphe, des croisements ont eu lieu (hybrides signalés dès 1920 en Angleterre[40]), et des translocations ultérieures d'individus ou de petites populations ont encore pu compliquer la génétique des populations[42]. Les origines de la population actuelle du Cerf élaphe en Irlande, d'après les données génétiques disponibles restent « obscures ». Les outils de la biologie moléculaire sont nécessaires pour identifier le degré d'hybridation car les apparences phénotypiques (pelage et les proportions du corps) peuvent être trompeuses. Les zones où les Cerfs élaphes et sika sont sympatriques doivent encore être évaluées pour le niveau et l'ampleur réelle de l'hybridation et le cas échéant gérées pour protéger l'intégrité génétique des populations de cerfs élaphes[42]. La situation est compliquée par le fait que certaines sous-espèces de Sika sont morphologiquement très proches d'hybrides du Cerf sika et du cerf élaphe[40]. De plus, le Cerf sika (dont les individus importés au Royaume-Uni) avait déjà lui-même subi une dérive génétique liée à la fragmentation de ses populations au Japon au XIXe siècle ou avant[41]. Localement, sur des territoires restreints, l'hybridation est très avancée. Par exemple sur la presqu'île écossaise de Kintyre, 43 % des 735 cerfs génétiquement testés étaient des hybrides alors que les 2 espèces ne sont en contact que depuis 120 ans[Quand ?][43], ce qui laisse penser que le taux d'hybridation pourrait augmenter de manière significative dans les décennies à venir dans toute l'Angleterre là où les deux espèces sont présentes.
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Dans la nature, la mise bas semble s'effectuer discrètement, un peu à l'écart du groupe, dans une zone retirée, non enherbée, à l'abri du dérangement.
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Dans les élevages (fréquents en Nouvelle-Zélande), la mortalité des nouveau-nés est importante (10 % des naissances) et plus importante chez les jeunes biches primipares que chez des adultes multipares[44]. Une étude a montré que les biches d'un an maintenues en enclos montrent un comportement de stress (marche le long des clôtures) plus fréquents (43 % des observations à cette période) dans les 24 h avant la naissance[44]. Ce comportement pourrait aussi correspondre à une volonté de la biche de s'isoler, car les biches sont souvent observées isolées (à plus de 20 m des autres individus du troupeau) durant les 2 jours précédant la parturition (comportement est aussi courant chez les adultes que chez les jeunes biches primipares).
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Au moment de la parturition dans l'enclos d'élevage - lors de cette étude - 44 % des biches adultes et 60 % des jeunes biches d'un an ont eu des comportements d'interférence avec d'autres biches (remarque : les autres biches du troupeau qui ont interféré avec celles qui mettaient bas étaient plus souvent de jeunes biches d'un an)[44]. Lors de cette étude, les faons nés des biches primipares ont commencé à téter leur mère en moyenne 44 min après la naissance (c'est 11 minutes de plus que dans le cas des faons nés de biches adultes)[44].
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Cette étude laisse penser que les jeunes biches inexpérimentées ont plus de difficulté à exprimer un comportement naturel de recherche d'isolement et une moindre aptitude maternelle, peut-être liée à une anxiété accrue (indiquée par la marche le long des clôtures de l'enclos), et peut être augmentée par les interférences acceptées d'autres biches au moment de la mise bas. Ceci, ainsi que le délai plus long entre la naissance et la première tétée pourrait augmenter le risque de mortalité des faons nouveau-nés[44]. De même, les faons ont l'instinct de se cacher dès après la naissance. Dans un enclos d'élevage de cerfs, si au moment de la mise bas, des caches de type fossé, hautes herbes ou amas de branches de pins sont disponibles comme alternatives à la prairie plate et ouverte, les biches et faons les choisissent et les réutilisent, plus souvent s'il s'agit d'un terrain aux herbes courtes, alors que le faon se cache de manière plus aléatoire si le terrain est constitué de hautes herbes[45] ; Dans les élevages on observe aussi régulièrement des faons tentant de passer au travers de la clôture (14,6 % des faons ; que les herbes soient hautes ou non, dans l'étude précédemment citée)[45]. En élevage, que le terrain soit riche en caches ou non, les interactions entre le faon et des biches autres que sa mère sont fréquentes (les faons approchés ou suivis, reniflés, léchés ou ayant reçu des coups ont été observés respectivement dans 25, 34, 5 et 14 % des cas[45]. Divers auteurs estiment que dans les élevages, le vêlage et l'élevage des faons devraient être faits dans des enclos où l'herbe est haute ou avec des cachettes disponibles pour les animaux. D'autres auteurs ou les mêmes estiment qu'il est aussi utile d'offrir des caches aux biches au moment du vêlage[45].
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Le cerf élaphe est un herbivore et un ruminant, mais comme tous les mammifères, il est d'abord nourri, après la naissance du lait de sa mère, dont les teneurs en sels minéraux[46] s'adapteront au poids du faon, jusqu'au sevrage.
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Au sein de la classe des herbivores, le cerf est dit intermediate feeder, c'est-à-dire qu'il est très sélectif dans son alimentation, tout en s'adaptant toujours à la végétation qu'il a à disposition.
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Au sein des massifs résineux de montagne, le cerf préfère le sapin (Abies alba) à l'épicéa (Picea abies).
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Au sein des massifs feuillus de plaine, son comportement alimentaire varie selon la saison et les plantes disponibles :
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En fin de saison, il consomme également des fruits (pommes, poires).
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Un adulte consomme en moyenne de 10 à 15 kg de végétaux frais par jour :
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Les cerfs et plus encore les biches sont dotés d'une musculature puissante, avec de longues pattes fines et légères terminées par des sabots serrés et pointus, adaptés à la course et aux bonds. Ils peuvent courir à 40 km/h en vitesse de croisière mais en cas de danger, les biches et certains cerfs (les plus minces) peuvent courir très vite jusqu'à 76 km/h en pointe[47][réf. non conforme]. Ils peuvent aussi faire de grands sauts (jusqu'à 2,50 mètres en hauteur et 9 mètres en longueur pour les biches contre 3 mètres de haut à 11 mètres de long pour les cerfs[48], il s'agit là de records mesurés sur des cerfs sauvages), et ils ne sont pas arrêtés par l'eau. Par contre, les gros cerfs mâles plus âgés courent moins vite que les biches et les jeunes cerfs, mais ils sont plus forts au combat (du moins quand ils ont leurs bois). Les animaux âgés, les très jeunes faons ou encore les animaux en moins bonne santé ne sont pas très rapides à la course, et constituent généralement des proies idéales pour les prédateurs. En l'absence de leurs prédateurs naturels (les loups), dans certaines régions d’Europe (notamment en France), les cerfs se déplacent moins et sont moins musclés (quels que soient leur âge, leur sexe ou leur poids). De plus, ils sont effrayés par des obstacles ou objets qu'ils ne connaissent pas (simples drapeaux sur corde tendue par exemple).
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On peut supposer qu'autrefois, en présence de grands prédateurs tels que le tigre à dents de sabre, le lion des cavernes ou de prédateurs tels que le loup et la hyène et le lynx, les cerfs se déplaçaient sur de plus grandes distances et saisonnièrement, mais avec la fragmentation des massifs forestiers et milieux naturels, ils tendent à se sédentariser.
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Si leurs prédateurs sauvages ont disparu, comme beaucoup d'animaux chassés depuis longtemps par l'homme ou d'autres prédateurs, les cerfs continuent à se déplacer avec prudence, surtout dans les lieux qu'ils ne connaissent pas encore.
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Face à une fragmentation forestière croissante, et pour notamment mieux concevoir ou protéger les corridors biologiques ou les écoducs construits pour leur permettre de mieux circuler dans le territoire, des éthologues cherchent à mieux comprendre leurs déplacements.
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À la suite d'une chasse intensive, les populations de grands cervidés avaient fortement régressé en Europe de l'Ouest et du Sud et en Chine dès la fin du Moyen Âge. À la fin du XIXe siècle, le cerf élaphe avait disparu de la plupart des massifs forestiers de l'Europe de l'Ouest.
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Avec l'organisation et la règlementation progressive de la chasse depuis le XIXe siècle (réintroductions, élevages, nourrissage, plans de chasse…) de nombreuses populations se sont localement reconstituées et continuent parfois à augmenter[53] à partir d'individus réintroduits, mais avec un appauvrissement génétique probablement important par rapport au patrimoine génétique des populations préhistoriques.
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Le cerf est un des premiers animaux terrestres européens considérés non menacés à avoir fait l'objet d'études ADN (par exemple sur le massif de Saint-Hubert en Belgique[54]), permettant d'assigner avec certitude des mues à une série ou à un trophée, d'apparier les parties d’animal qui auraient fait l'objet de trafic ou braconnage. On a aussi pu démontrer l'existence en Région wallonne de trois sous-populations génétiquement isolées en raison des barrières autoroutières. Un poil ou un morceau de viande crue saisis dans un restaurant ou un véhicule suffisent à déterminer l’espèce, le sexe, et, quand des études antérieures existent (en Région wallonne par exemple), la provenance de l'animal. Une analyse PCR basée sur des amorces oligonucléotidiques ciblant le gène ARNr 12S mitochondrial a été récemment mise au point pour lutter contre les fraudes de viandes ou produits carnés à base de chair de cerf élaphe (Cervus elaphus), daims (Dama dama) et chevreuil (Capreolus capreolus)[55].
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Dans de nombreux pays, les populations de cerfs qui se sont reconstituées sont de plus en plus isolées par la fragmentation du paysage par les infrastructures (et parfois elles ont été maintenues dans des surfaces encloses), sur des territoires parfois restreints où elles survivent grâce à l'agrainage et parfois en surexploitant les sous-bois.
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Dix-huit cerfs parmi cinquante issus d’une population du Nord de l’Allemagne ont fait l'objet d'une analyse génétique[56]. Cette population était supposée écologiquement isolée des autres populations par des infrastructures routières depuis 30 à 40 ans, et de nombreux cerfs dans ce groupe sont affectés d'une malformation génétique rendant leur mâchoire inférieure plus courte d’environ 5 cm par rapport à la supérieure. L'analyse génétique a confirmé la perte de diversité génétique du groupe, avec une perte d’hétérozygotie d'environ 7 % à chaque génération. C'est sept fois plus que dans la population voisine d'où elle est originaire, et cela rend ce type de population d'autant plus vulnérables aux anomalies génétiques qu'en l'absence de grands prédateurs, les animaux sont moins mobiles, plus sensibles aux parasites et échappent aux processus de sélection naturelle.
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Si la chasse a un temps failli faire disparaître les cerfs d'Europe et Asie, les réintroductions, l'agrainage, les apports en sel et les « plans de tir » mis en place au XXe siècle ont en Europe donné des résultats qui ont dépassé les espérances des acteurs qui ont lancé les dynamiques de gestion restauratoire de population de grands et petits cervidés.
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Comme les sangliers et les chevreuils bénéficiant outre d'hivers plus doux, de compléments d'alimentation qui leur sont offerts en forêt (agrainage, cultures cynégétiques), les populations de cerfs tendent à atteindre des « records[57] » populationnels dans plusieurs pays de l'Union européenne. Outre des dégâts sylvicoles on peut craindre, en raison de l'isolement de la plupart des populations, et en l'absence de sélection par leurs prédateurs naturels carnivores (qui ont presque disparu), des problèmes écoépidémiologiques avec diffusion de maladies favorisées par la promiscuité et l'absence de pression sélective par prédation naturelle, voire des impacts sur l'homme avec par exemple la diffusion de maladies à tiques, dont la maladie de Lyme et les pullulations de tiques[58] ou peut-être des maladies telles que la CWD.
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On suppose qu'une densité « trop » élevée de cerf par massif ou par territoire devient - au-delà d'un certain seuil - un facteur de stress pour les cerfs eux-mêmes. On note dans les élevages, que les mâles en particulier se montrent plus agressifs entre eux, et un peu différemment (de manière moins sélective) de ce qui se passe dans la nature concernant le système de dominance[59],[60], lorsqu'ils sont confinés sur de petites surfaces. De plus, de manière générale, au moment du rut, les cerfs mâles dépensent beaucoup d'énergie, ce qui se traduit par une perte importante de poids et ils peuvent être affaiblis par leurs blessures lors des combats.
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Des éthologues se sont demandé si la présence d'abris légers (naturels ou artificiels) sur leur territoire pourrait modifier leur comportement face à divers facteurs de stress. Une étude a ainsi observé les réponses comportementales de huit groupes de cinq jeunes cerfs (groupes mixtes de mâles et femelles) à diverses perturbations (stimuli visuels (escalade d'une clôture) et sonores ; ici diffusion de musique forte) sur un territoire avec ou sans abris (abris légers de type windcloth en 3 sections de 4 × 1,5 m). Dans cette expérience, la présence d'abris artificiels n'a pas eu d'incidence sur la position des sujets, ni sur la fréquence ou la durée des activités observées des cerfs (comportement agressif, pâturage, comportement d'alerte). Cependant, les réponses à 2 types de perturbations ont été modifiées ; les cerfs étaient plus alertes lors de présentations d'un stimulus visuel et des taux plus élevés d'agression étaient notés ensuite. En revanche, le bruit (musique) conduisait à plus d'agressivité au moment du stimulus et à un niveau d'alerte plus élevé des cerfs après le stimulus. Selon les auteurs, ces deux types de perturbations (escalade des clôtures ou musique forte) n'ont pas semblé provoquer de changements durables de comportement[61].
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L'impact comportemental de la taille des enclos d'élevage a aussi été étudié. Par exemple, 4 groupes de 10 cerfs issus d'élevage, âgés de 2 ans, ont été temporairement confinés (de 40 min à 2 jours) dans des enclos de 5 × 4 m ou dans des enclos deux fois plus petits (2,5 × 4 m), au printemps et en été[62]. Dans les petits enclos, les marches lentes le long des grillages et des mouvements de tête verticaux et horizontaux ont été plus fréquents (p <0,05) et ont été pratiqués par un pourcentage plus élevé des cerfs (P <0,01), et les distances entre individus étaient plus petits que dans les grands enclos[62]. L'agressivité a varié selon les saisons : les coups de tête et poursuites étaient plus fréquentes au printemps et les morsures et coups de pied plus fréquents en été, mais avec une agressivité globalement moins fréquente en été[62]. Au printemps, dans les petits enclos, il y avait moins de menaces par coup de tête, moins de coups de tête donnés par des animaux en mouvement, et moins d'activité de marche que dans de grands enclos. En été, dans les petits enclos, il y avait plus de menaces envers les arrière-trains et plus d'activité de marche que dans les enclos de grande taille. En été comme au printemps, l'agressivité des cerfs était corrélée à l'activité de marche le long des clôtures[62].
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Ceci laisse penser qu'on peut minimiser l'agression interindividuelle en plaçant les cerfs d'élevage dans des enclos plutôt petits au printemps et plus grands en été. mais l'observation des distances inter-individuelles et des mouvements de tête montrent que quelle que soit la saison, les grands enclos sont préférés par les cerfs[62].
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À titre d'exemple, en Région wallonne, du 1er juillet 2006 au 30 juin 2007, ce sont 4 732 cerfs qui ont été abattus ou trouvés morts (1 401 cerfs « porteurs de bois », 3 328 cerfs « non boisés » dont 1 571 biches et bichettes et 1 757 faons ; 842 mâles, et 770 femelles, 145 indéterminés par les déclarations ; et 3 non identifiés), ce malgré une augmentation du nombre de tirs. Ces tableaux sont de nouveaux records et inquiètent les forestiers wallons alors que la répartition des tirs et mortalités entre biches, bichettes et faons semble correspondre aux objectifs (45 à 50 % de biches et bichettes pour 55 à 50 % de faons). Les statistiques montrent que depuis 1996, les chasseurs privilégient encore la survie des femelles (sauf pour 1999), les faons mâles (tués à la chasse, ou retrouvés morts) a toujours été plus élevé que celui des faons femelles. Les taux de non boisés tirés à l'approche et à l'affût (soit 20 % des cerfs non boisés tués) ont varié de 0 à 81 selon les conseils cynégétiques considérés (il y en a 23 en Région wallonne, dont 17 pratiquant ce mode de chasse). Il reste difficile de juger à partir de quand on peut parler de surpopulation, d'autant que le cerf est une source importante de revenu forestier via la location des droits de chasse et que les comptages sous-estiment toujours les effectifs[63]. En France, la situation est identique : 43 744 cerfs ont été abattus en 2007 par les chasseurs (hors parcs et enclos) à la saison 2006-2007, ce qui correspond à une progression de + 5,2 % par rapport à l'année précédente, et à + 410 % par rapport à 1986 mais seulement à 74,2 % de la réalisation du plan de chasse[64],[65]. Les populations devraient donc encore augmenter[réf. souhaitée].
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La grande « école du cerf » est en France la réserve nationale de Chambord : l'ancien domaine royal s'étend sur 5 343 ha de bois, d'étangs et de pâturages, derrière une muraille de 33 km. Quinze spécialistes payés par l'État (aidés de trente ouvriers agricoles) étudient 600 cerfs et 900 sangliers. Seuls des invités officiels y sont admis à chasser (à la carabine, à l'approche ou à l'affût). Ils sont toujours accompagnés de conseillers qui leur désignent les pièces à tuer. On y capture aussi, chaque année, une centaine d'animaux vivants destinés à repeupler les autres massifs français. « Chambord doit être d'abord une école vivante », souhaite Christian Mary, commissaire général du domaine[citation nécessaire]. Dès la mi-septembre, des dizaines de curieux se pressent chaque nuit dans les miradors pour observer le brame. Cinq mille écoliers s'y rendent chaque année en groupes et des visites commentées y sont organisées.
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Les cerfs sont 37 000 en France dont plus des trois quarts dans la moitié du nord du pays (surtout en Champagne, Alsace et Lorraine). Leur population doublerait tous les deux ou trois ans, si la chasse était supprimée, car douze mille petits environ naissent chaque printemps. De dix à onze mille cerfs sont tués chaque année par les chasseurs. Une gestion « saine » des effectifs exigerait que, chaque année, sur cent animaux, une trentaine soit tués, dont neuf faons mâles et femelles et dix daguets et bichettes de plus d'un an. Il faudrait aussi tuer de préférence des individus déficients, comme le feraient les carnassiers dans la nature. Cependant, les chasseurs sont laissés libres : la plupart choisissent selon la quantité de viande et la beauté des bois alors que la chasse doit avoir pour premier but le contrôle et la sélection des populations.[réf. souhaitée]
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Certaines sources estiment[66] que, comme le chevreuil ou le sanglier, le cerf peut causer de graves dégâts aux forêts où il est en surpopulation. Dans le parc national des Cévennes, la forêt telle qu'elle existe en serait menacée. Environ 15 000 ha sont classés en zone interdite à la chasse, ce qui, en l'absence de prédateurs carnivores sauvages, aurait entraîné une multiplication anormale des cervidés[67]. De tels dommages pourraient peut-être être évités en réintroduisant ou acceptant le loup dans le parc des Cévennes.
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Un problème identique avait été identifié dans le parc américain de Yellowstone : une surpopulation de wapitis mangeant les pousses d'arbres entraînait une déforestation. La réintroduction du loup, prédateur de wapitis, a permis d'en contrôler la population et ainsi d'enrayer la menace sur la forêt. La réintroduction du loup a également permis de restaurer l'équilibre naturel de l'écosystème du parc[68], perturbé depuis l'extermination du loup par l'homme dans cette zone, dans les années 1950. Cependant, les caractéristiques (taille du parc, faible nombre de sentiers et de routes…) du parc de Yellowstone limitent la comparaison.
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Les populations de cervidés (et d'autres ongulés sauvages) « peuvent avoir un rôle important dans le maintien de populations de tiques, et aussi en tant que réservoirs de germes pathogènes ». À titre d'exemple, on a trouvé en Espagne 10 espèces différentes de tique parasitant le cerf élaphe (dont principalement Hyalomma marginatum (63,7 %), Rhipicephalus annulatus (en) (7,9 %) et Rhipicephalus bursa (de) (7,5 %), avec des prévalences géographiques très variables. Et en moyenne, les cerfs portaient près de 14 tiques par individu, soit à peu près autant que les sangliers (13,6 par sanglier), mais, bien que partageant les mêmes territoires, seules 5 des 13 espèces de tiques ixodidées trouvées parasitaient à la fois le cerf et le sanglier, ce qui laisse penser que les tiques ont des préférences en termes d'hôtes[69].
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Le cerf élaphe est par ailleurs naturellement sensible à certaines maladies dont :
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Les cerfs, bien que moins que les animaux carnivores, peuvent aussi être exposés à une bioaccumulation de métaux lourds pouvant affecter leur santé. Une étude a porté sur des cerfs de la vallée d'Alcudia (es) et de la Sierra Madrona (es) (sud de l'Espagne) exploitée pour les métaux (mines) il y a plus de 2 100 ans par les Romains puis périodiquement et au XXe siècle jusqu'à la fin des années 1900[73]. Chez 168 cerfs élaphes et 58 sangliers, des analyses de plomb, zinc, cuivre, cadmium, arsenic et sélénium ont été faites sur des échantillons de foie et d'os (métacarpe)[73]. La Peroxydation lipidique, le glutathion total, le glutathion oxydase (GSH), la superoxyde dismutase (SOD), le glutathion peroxydase (GPX) et composition en acides gras ont aussi été étudiés dans les foies des cerfs[73]. Les teneurs des foies et os de cerfs et sangliers étaient effectivement plus élevés dans le secteur minier que dans la zone de contrôle. Les sangliers en accumulaient plus que le cerf ; toujours sous le seuil associé aux signes extérieurs du saturnisme animal, mais avec un métabolisme très affecté, avec par exemple 39 % de GSH total en moins que dans la zone de contrôle[73]. Le taux d'acide docosahexaénoïque des foies de cerf élaphe de la région minière était de 16 % inférieur à celui de la zone de contrôle. Ceci est aussi attribuable aux taux de Cu, Cd et Se également plus élevés dans les foies des cerfs élaphes de la zone minière que dans la zone témoin[73]. Il a été proposé en Écosse de remplacer les balles de plomb par des balles alternatives moins toxique lors des battues au cerf, pour limiter les risques de saturnisme induit par les munitions en plomb[74]
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Ces métaux ou d'autres toxiques, ainsi que le stress pourraient rendre les cerfs touchés plus sensibles aux maladies en zones de surdensité, à cause de la conjonction d'une baisse d'immunité avec la promiscuité, à quoi se surajoute l'impossibilité fréquente de changer de territoire (car leur environnement est morcelé et manque de corridors biologiques et d'écoducs adaptés aux grands mammifères herbivores). Les zones de forte densité de cervidés correspondent d'ailleurs souvent à des zones de pullulation de tiques, acariens piqueurs-suceurs connus comme vecteur de nombreuses maladies (dont zoonoses). (Tuberculose, babésiose (maladie à laquelle le cerf Sika semble mieux résister que le cerf élaphe[71]), souvent transmise en Europe par la tique Ixodes ricinus qui semble en extension).
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De même, on a montré (2007) avec les Wapitis de Yellowstone que l'agrainage a aussi des effets négatifs : attirer un nombre important d'individus au même endroit, notamment en hiver, est aussi un facteur exacerbant la transmission de parasites, dont via les excréments qui contaminent la nourriture, ou en favorisant la promiscuité d'individus sains avec d'autres malades et contagieux[75]. L'offre en pierre à sel semble utile dans un environnement fermé où des carences sont possibles, d'autant que les cervidés semblent capables de consommer les sels selon leurs besoins[76], mais cette offre en sels, comme en aliments appétents ou d'autres techniques (clôtures…) visant à fixer les cerfs localement dans un massif ou un territoire de chasse peuvent avoir des effets de consanguinité et sur la santé des cerfs eux-mêmes, mais aussi sur des animaux de fermes proches ou pour l'Homme quand les maladies sont des zoonoses[75].
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Les cerfs peuvent bioaccumuler des métaux (cadmium par exemple[77]), minéraux (fluorures par exemple[78]) et des radionucléides (à la suite des retombées de la catastrophe de Tchernobyl par exemple, ou lorsqu'il pâture en zone granitique[79]), notamment quand ils sont jeunes au moment de la rapide croissance du squelette. Les métaux sont retrouvés dans le foie, le rein, le cerveau, la viande (et les os pour le plomb). Les taux de métaux bioaccumulés varient selon les organes, les animaux et leur provenance.
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Il peut arriver que les balles de plomb, notamment quand elles éclatent au contact d'un os, ou quand le cœur a continué à battre quelques instants après la pénétration de la balle, contaminent la viande. En théorie, le boucher doit supprimer la viande périphérique au trou de pénétration de la balle. Il existe pour la chasse au grand gibier des munitions sans plomb dites non toxiques.
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Localement, en mangeant dans des champs récemment traités par des pesticides, ou en les traversant, ils peuvent aussi se contaminer par ces produits.
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En raison de la perte annuelle des bois, le besoin en minéraux des mâles est comparativement plus important que chez d'autres animaux. Les biches ont des besoins important durant la gestation et l'allaitement, même si comme beaucoup de grands herbivores, elles ne produisent qu'un jeune par an.
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Comme les troupeaux sauvages sont difficiles à échantillonner, une étude a porté sur l'évaluation des teneurs corporelles en Césium 137 à partir de l'analyse des excréments[79].
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La dangerosité pour l'homme des prions pathogènes infectieux de la CWD est encore discutée, mais des précautions similaires à celles prises pour limiter les risques dans le cas de la vache folle sont recommandées. Le velours des bois, riche en sang et hormone de croissance a été utilisé pour produire des compléments alimentaires aux États-Unis[80] ou des médicaments, de longue date dans les pays asiatiques et semble-t-il dans la Rome antique, et autrefois en Europe, Asie et Amérique du Nord ou plus récemment en URSS (dans la pharmacopée officielle). Il aurait notamment été prescrit contre les douleurs articulaires, des problèmes rénaux et hépatiques, l'ulcère à l'estomac, la goutte, les maux de tête, l'eczéma, les frissons. Les Chinois lui attribuaient, prescrit en poudres, pilules, extraits, teintures et pommades de nombreuses vertus dont pour renforcer les os et tendons, pour nourrir le sang, réduire les œdèmes ou pour lutter contre l'impuissance[80]. La Chine produit près de 100 tonnes par an de bois de velours séchés[80], c'est une ressource que la Nouvelle-Zélande qui dispose de nombreux élevages de cerfs veut exploiter[81] et la Russie en exporte vers le Japon, Singapour, Hong Kong et en Thaïlande, mais l'Asie apprécie les bois importés d'Amérique du Nord, car plus grands et considérés comme plus actifs que ceux d’andouillers couramment disponibles[80]. Or, en Amérique du Nord, le velours du cerf peut contenir des prions (CWD).
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Au Moyen Âge, le cerf est un animal à la charge symbolique particulièrement forte[82]. À l'égal de l'ours ou du lion, il fait partie des royautés animales. Des auteurs comme Bède le vénérable ou Raban Maur en font l'image du chrétien, de l'homme innocent, pur et saint. La légende de l'invention des reliques de saint Denis, trouvées par Dagobert sur les indications d'un cerf envoyé par la Providence renforce cette idée. Les hagiographes de saint Hubert ou de saint Eustache l'associent plus particulièrement au Christ, apparu en croix à ces deux saints entre les bois d'un cerf. Divers parallèles sont établis en ce sens par les lettrés du Moyen Âge. Les livres de vénerie insistent ainsi sur le fait que le cerf est un animal destiné à être sacrifié au terme d'un rituel précis, comme le Christ a été rituellement sacrifié. De même, les bois du cerf, repoussant chaque année après être tombés, apparaissent comme des images de la résurrection. Le cerf à la robe d'un blanc immaculé devient un véritable symbole christique[83].
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Cette association explique le succès de cet animal auprès des rois souhaitant démontrer leur piété. Richard II d'Angleterre choisit ainsi le cerf blanc couché sur une prairie que l'on voit au dos du diptyque Wilton comme emblème personnel. C'est néanmoins dans les rois de France du XVe siècle que le cerf trouve les plus fidèles dévots. Si le cerf fait discrètement partie du vocabulaire traditionnel de la monarchie, c'est Charles VI qui, le premier, donne à cet animal une réelle importance dans le bestiaire royal, sous la forme du cerf ailé (parfois appelé cerf volant ou cerf de justice). Philippe de Mézières introduit ainsi ce thème dans le Songe du viel pèlerin, décrivant le roi comme un « noble cerf ailé », image du Christ sur Terre. Cette comparaison aura un immense succès pendant tout le XVe siècle. Son fils Charles VII, reprend cette symbolique pour affirmer sa légitimité et sa filiation, faisant souvent représenter ses armoiries tenues par deux cerfs blancs ailés portant une couronne autour du cou. Louis XI, peu enclin à la pompe symbolique et à la célébration allégorique de son pouvoir, délaisse quelque peu les cerfs qui seront à nouveau à l'honneur sous Charles VIII et Louis XII. Celui-ci est le dernier à être chanté comme le cerf de France, François Ier et successeurs abandonnant totalement ce symbole. Pendant toute cette période, les cerfs ailés font partie du répertoire iconographique de la monarchie, abondant dans les tapisseries, les manuscrits et les décors monumentaux. Certains princes, comme Pierre II de Bourbon suivent la mode et adoptent également cet animal.
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Le cerf, dans l'art martial chinois du jeu des 5 animaux, correspond à plusieurs figures censées imiter cet animal.
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La cerise est le fruit comestible du cerisier. Il s'agit d'une drupe (fruit charnu à noyau), de forme sphérique, de couleur généralement rouge plus ou moins foncé jusque noire, plus rarement jaune. Ce petit fruit compte environ 50 calories pour 100 grammes. La fleur est généralement blanche.
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Il en existe plus de 600 variétés, dont les plus connues sont la Burlat et la Bigarreau. Les cerises se récoltent de fin mai à mi-août.
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Le cerisier sauvage ou merisier, Prunus avium est présent en Europe dès l'époque néolithique, comme l'attestent les découvertes archéologiques[1].
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Les cultivars de cerises douces sont très proches des formes du Prunus avium sauvage que l'on trouve dans toute l'Europe tempérée, dans le Caucase et le Nord de la Turquie[2]. Les fruits de ce merisier sauvage sont de la même couleur rouge foncé. Mûrs, ils ont une chair sucrée mais qui peut être amère, sans être acide. Avant d'être cultivées, ces merises sauvages étaient récoltées comme l'attestent les noyaux trouvés sur des sites néolithiques et de l'Âge du Bronze, en Europe centrale[2].
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La culture du cerisier pour ses fruits remonterait au IVe siècle avant notre ère, d'après les traces archéologiques trouvées en Asie Mineure (Caucase, Anatolie). Les premières cultures seraient grecques puis romaines. La cerise aurait été rapportée de Cerasus du Pont à Rome par Lucullus, après sa campagne contre Mithridate[3].
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Jules Verne, dans un ouvrage peu connu Kéraban-le-Têtu, fait passer ses héros le long de la mer Noire en direction d’Istanbul, ils traversent alors une ville nommée Kérésoum où « le cerisier abonde ». L'auteur mentionne aussi le fait que le bois de ces arbres est utilisé également pour faire des pipes.
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Les termes français cerise, anglais cherry (issu du normand cherise, avec [z] pris pour un pluriel), espagnol cereza, allemand Kirsche, vieil anglais cirse procèdent tous du latin vulgaire *cerĕsia, issu lui-même du bas latin ceresium pour cerasium, emprunt au grec κερἀσιον. La cerise a donné son nom à des villages et à des familles.
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En France, le cerisier fut cultivé pour le commerce dès le haut Moyen Âge ; ses fruits délicats et sucrés étaient appréciés, mais aussi son bois, à la texture et à la finesse délicates.
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Jean Morelot, de Fontenoy-le-Château, qui rapporta de ses voyages en Asie Mineure des plants de cerisiers, fut anobli en 1585 par le duc de Lorraine ; lui ont été octroyées des armes parlantes portant un « cerisier de sinople fruité de gueules ».
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Cependant, c’est à Louis XV, qui aimait beaucoup ce fruit, que l’on doit l’optimisation et la culture intensive du cerisier moderne en France.
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La récolte des fruits se fait en général entre fin mai et mi-août, selon les variétés. Il faut généralement compter 45 jours entre la date de floraison et la date de maturité des fruits.
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Les ravageurs principaux de la cerise sont la Drosophila suzukii et la mouche de la cerise. La lutte se fait par insecticide ou par traitement biologique (argile blanche, pulvérisation d'ail liquéfié, agent entomopathogène de type Beauveria bassiana)[4].
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En dix ans, la production mondiale de cerises douces a progressé de 17 %.
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En 2009, la Turquie reste le premier producteur mondial, les États-Unis sont montés au second rang.
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Les premières cerises de l'année viennent systématiquement de la région de Céret (Pyrénées-Orientales) dès le mois de mars[5] et un cageot des premières cerises de l'année est envoyé chaque année au président de la République depuis 1932[6].
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En 2017 la production française est de 39 936 tonnes[7]. La surface cultivée est de 8 009 hectares, soit un rendement de 5 tonnes à l'hectare. Les principaux départements producteurs sont le Vaucluse (13 900 tonnes) le Gard, le Rhône, la Drôme. Le commerce extérieur est déficitaire ː 2 664 tonnes produites sont exportées mais 6 404 tonnes sont importées.
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La cerise douce est riche en sucre et assez énergétique. C'est une bonne source de fibres alimentaires et de vitamine C.
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Cerise, fraîche (teneur pour 100 g d'aliment comestible, d'après ANSES[8])
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La cerise douce contient des composés phénoliques qui contribuent à son activité anti-oxydante.
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On trouve principalement des acides phénols (des acides chlorogéniques, de l'acide férulique et hydroxybenzoïque) et des flavonoïdes (avec une dominance des anthocyanosides).
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Il n'y a pas de mesure absolue de l'activité antioxydante des aliments mais diverses méthodes qui, lorsqu'elles sont appliquées à des listes de produits, permettent de faire des comparaisons significatives. Ainsi, le Nutrient Data Laboratory de Beltsville[14] donne dans sa table de 2010, le classement suivant le score ORAC :
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Les cerises se consomment nature, au sirop (amarena), à l’eau de vie, en confiture, en pâtisserie et même en tisane :
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Il existe aussi des recettes locales :
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Le noyau de la cerise contient de l’amygdaline.
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Les cerises fraîches sont très riches en vitamine C, en vitamine B3 et sont légèrement laxatives. Elles contiennent des sucres (15 g pour 100 g, dont le lévulose), de la pectine (utile pour les confitures).
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Le potassium qu’elle contient lui donne des propriétés diurétiques et ses fibres stimulent le fonctionnement intestinal.
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Leur teneur calorique reste raisonnable de 65 à 68 kcal pour 100 g.
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Les pédoncules, ou queues de cerises, se préparent en décoction — peu agréable à boire — et sont utilisées notamment contre l’inflammation des voies urinaires, la cystite, la goutte et l’hydropisie.
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Les cerises sont censées réguler l'appareil urinaire et les intestins[15].
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Un proverbe dit que[15]:
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« Si toute l'année il y avait des cerises, messieurs les médecins n'iraient plus qu'en chemise. »
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Le cerisier appartient à la sous-famille des Prunoïdées (ou Amygdaloïdées) qui élaborent des hétérosides cyanogénétiques (prulaurasoside surtout contenu surtout dans les feuilles et les fleurs, amygdaloside présent surtout dans le noyau), qu'un complexe enzymatique, l'émulsine, décompose en glucose, aldéhyde benzoïque, essence à parfum caractéristique et acide cyanhydrique, ce dernier composé étant violemment toxique. Une consommation excessive d'amandes de noyaux de cerises est donc dangereuse[16].
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La France, depuis 2016, l'Italie et l'Espagne ont interdit la vente de produits traités avec du diméthoate, insecticide destiné à lutter contre la mouche de la cerise (drosophila suzukii) qui fait des ravages dans la filière arboricole et particulièrement chez les producteurs de cerises, car les larves de cet insecte détruisent les fruits et les pertes de production peuvent être considérables[17]. Il n'est pas interdit par l'Union européenne et certains pays l'utilisent. Pour éviter une situation de distorsion de concurrence défavorable à ses producteurs, la France interdit en 2019 l'importation et la mise sur le marché de cerises fraîches en provenance de ces pays où l'utilisation du diméthoate est autorisée[18],[19].
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Le nom de la cerise désigne, par analogie, d'autres fruits. Il désigne aussi le fruit du caféier, qui contient deux noyaux, et les grains de café, par analogie à cause de leur couleur rouge. On parle aussi de tomate cerise à propos des variétés de tomates à petits fruits.
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Cerise peut être un prénom. En France, un arrêt de la 1re chambre civile de la Cour de cassation en date du 10 juin 1981 (connu sous le nom d'arrêt « Cerise ») a rappelé que : « d'après l'article I de la loi du 11 germinal an XI relative aux prénoms et aux changements de nom, peuvent notamment être reçus comme prénoms les noms en usage dans les différents calendriers […] les parents peuvent choisir comme prénoms, sous la réserve générale que dans l'intérêt de l'enfant ils ne soient pas jugés ridicules, les noms en usage dans les différents calendriers » et qu'« il n'existe aucune liste officielle des prénoms autorisés. »
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La cerise apparaît dans plusieurs expressions et proverbes. On la rencontre dans plusieurs proverbes français : « avoir la cerise » ou « avoir la guigne », c’est manquer de chance. « Mettre une cerise sur le gâteau », c’est terminer une activité. « C’est la cerise sur le gâteau » signifie (parfois ironiquement) « c’est le petit détail final qui parfait une réalisation ».
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Par tradition, les bataillons français de chasseurs à pied ou alpins, bleu cerise est employé à la place de rouge pour désigner cette dernière couleur, sauf dans trois cas : la couleur du drapeau ; l'insigne ou le ruban de la Légion d'honneur ; « les lèvres de la femme aimée ».
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En physique, on parle de rouge cerise quand un métal porté à incandescence atteint une température d’environ 900 °C.
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La chanson Le Temps des cerises fut longtemps un symbole révolutionnaire ouvrier fort et, à ce titre, fut longtemps interdite dans de nombreux pays. « La cerise » est aussi un titre de chanson de Matmathah.
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En 1782, l'écrivain et philosophe français Jean-Jacques Rousseau consacre un chapitre de ses Confessions à un moment de sa vie, qu'il intitule « l'idylle des cerises ».
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En 1969, l'écrivain français René Fallet publie le roman Comment fais-tu l'amour, Cerise ? chez Denoël. Une œuvre musicale en est tirée : Cerise (comment fais-tu l'amour, Cerise ?), paroles René Fallet, musique Paul Louka, publiée en 1976 chez Babel. Une adaptation théâtrale du roman est créée par la Compagnie XYZ.
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Il existe un sport consacré au cracher de noyau de cerise. Des championnats sont organisés en Suisse et en Europe[20]. Pour la fête annuelle de la cerise de Céret, un pinyodrome est dressé pour le concours amateur de cracher de noyau de cerises, avec régulièrement des lancers de plus de 10 mètres.
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Championnat du monde à Düren (Allemagne).
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Concours du cracher de noyau de cerise à Céret.
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Dans le calendrier républicain français, le 19e jour du mois de messidor est dénommé jour de la cerise[21].
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Miguel de Cervantes francisé en Miguel de Cervantès (de son nom complet Miguel de Cervantes Saavedra [miˈɣel de θeɾˈβantes saaˈβeðɾa][b]), né le 29 septembre 1547[c] à Alcalá de Henares et enterré le 23 avril 1616 à Madrid[d], est un romancier, poète et dramaturge espagnol. Il est célèbre pour son roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605 et reconnu comme le premier roman moderne.
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Cervantes mène d'abord une vie aventureuse de soldat et participe à la bataille de Lépante en 1571, où il perd l'usage de la main gauche. Cette main paralysée lui vaut le surnom de « Manchot de Lépante ». Le 26 septembre 1575, à son retour vers l'Espagne, il est capturé par les Barbaresques avec son frère, Rodrigo, et, malgré quatre tentatives d'évasion, il reste captif à Alger. En 1580, il est racheté en même temps que d'autres prisonniers espagnols et regagne son pays.
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Marié et séparé de son épouse et occupant diverses fonctions, il se lance alors dans l'écriture par le roman pastoral La Galatea en 1585. En 1605, il publie la première partie de ce qui reste comme son chef-d'œuvre : L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche dont la deuxième partie ne paraît qu'en 1615. Sa parodie grandiose des romans de chevalerie et la création des personnages mythiques de Don Quichotte, Sancho Panza et Dulcinée, ont fait de Cervantes la plus grande figure de la littérature espagnole et l'un des romanciers les plus éminents du monde. Son roman Don Quichotte a été traduit dans plus de 140 langues et dialectes et fait partie des livres les plus traduits au monde[1],[2],[3].
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Ses premières œuvres théâtrales, peu appréciées de son vivant, ont pourtant donné lieu à de nombreuses imitations. En particulier, la tragédie en vers Le Siège de Numance, écrite de 1581 à 1583, a connu entre 1600 et 1813 cinq imitations sous des titres divers et a inspiré à Lope de Vega La Sainte Ligue.
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Les informations sur la vie de Cervantès sont souvent contradictoires et difficiles à rassembler. Parce que, selon Émile Chasles : « On le laissa mourir en 1616 dans le silence (…). Pendant toute la durée du XVIIe siècle, personne ne s'occupa de son tombeau ni de la publication complète de ses ouvrages[4]. » On ignorait encore son lieu de naissance cent ans après sa mort, avant que Lord Carteret découvre que la vie de Cervantès était à écrire[4]. Mais beaucoup de biographes qui s'y sont essayés ont émis des hypothèses fausses, les traducteurs ont usé de supercheries, et des naïfs ont pris au pied de la lettre les récits autobiographiques de l'auteur[4].
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Le lieu de naissance de Miguel de Cervantès reste inconnu, même s'il naquit le plus probablement à Alcalá de Henares, en Espagne[5]. Selon son acte de baptême, c'est en effet dans cette ville qu'il fut baptisé[5], et c'est également ce lieu de naissance qu'il revendiqua dans son Información de Argel (Information d'Alger), ouvrage publié en 1580[6]. Le jour exact de sa naissance est également incertain[5], mais étant donné la tradition espagnole de nommer son enfant d'après le nom du Saint du jour, il est probable que ce fut un 29 septembre, jour de célébration de l'archange saint Michel[5]. Miguel de Cervantes fut donc baptisé à Alcalá de Henares le 9 octobre 1547 dans la paroisse de Santa María la Mayor[e]. Dans l'acte de baptême on lit :
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« Dimanche, neuvième jour du mois d'octobre, année du Seigneur mille cinq cent quarante-sept, fut baptisé Miguel, fils de Rodrigo de Cervantes et de sa femme Leonora. Il fut baptisé par le révérend Bartolomé Serrano, curé de Notre Seigneur. Témoins, Baltasar Vázquez, Sacristain, et moi, qui le baptisai et signai de mon nom. Bachelier Serrano. »
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— D'après Fernández Álvarez[5]
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Ses grands-parents paternels étaient Juan de Cervantes, juriste, et madame Leonor de Torreblanca, fille de Juan Luis de Torreblanca, un médecin cordouan[7]. Son père Rodrigo de Cervantes (1509-1585) naquit à Alcalá de Henares et était chirurgien[7]. D'après Jean Babelon : « c'était un médecin mal qualifié, et besogneux, qui exerçait son métier au cours de ses fréquentes errances », ce qui expliquerait que Miguel reçut une éducation assez peu méthodique[8].
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L'origine et la religion de ses ancêtres sont controversées. Cervantès avait des ancêtres convertis au christianisme dans les deux branches de sa famille, selon Américo Castro et Daniel Eisenberg[7]. Jean Canavaggio s'oppose à cette analyse. Il insiste sur le fait que cette ascendance juive « n'est pas prouvée » et compare Cervantès à Mateo Alemán pour qui les origines sont documentées. Cependant, en Espagne, la controverse dépasse le cadre historique et prend un tour éminemment politique : la naissance de Cervantès, écrivain le plus emblématique de l'Espagne, intervient peu après le décret d'expulsion des Juifs d'Espagne. Il ne faut cependant pas en exagérer l'influence sur l'interprétation de l'œuvre de Cervantès[7] :
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« On l'a soupçonné, on le soupçonne toujours, d'avoir des origines suspectes. On a même écrit des livres spécieux, truffés d'interprétations cabalistiques. On a lu en hébreu certains de ses propos, vu des allusions bibliques, alors qu'on est à tout le moins assuré d'une chose : serait-il d'origine marrane, Cervantès ne connaissait pas un mot d'hébreu. »
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— Michel del Castillo[9].
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Peu de choses sont connues sur la mère de Miguel de Cervantes. Elle s'appelait Leonora de Cortinas Sánchez[10] et il est possible qu'elle eût parmi ses ascendants des convertis au christianisme[7]. Miguel était le troisième d'une fratrie de cinq[7] : Andrés (1543), Andrea (1544), Luisa (1546), qui devint prieure dans un couvent de carmélites, Rodrigo (1550), soldat qui accompagna Miguel dans sa captivité à Alger[10]. Magdalena (1554) et Juan ne furent connus que parce que leur père les mentionna dans son testament, ils moururent en bas âge[7].
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Alors que le nom complet de Cervantès est « Miguel de Cervantes Saavedra », le nom « Saavedra » n'apparut sur aucun document de la jeunesse de Cervantès[11], et ne fut pas utilisé par ses frères et sœurs. Selon la tradition espagnole, le nom de naissance aurait dû être « Miguel de Cervantes Cortinas ». Miguel ne commença à utiliser le nom « Saavedra » qu'après son retour de captivité d'Alger[11], peut-être pour se différencier d'un certain Miguel de Cervantes Cortinas expulsé de la cour.
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Vers 1551, Rodrigo de Cervantes déménagea avec sa famille à Valladolid. Il fut emprisonné pour dettes pendant quelques mois et ses biens furent confisqués. En 1556 la famille est à Madrid[7], le père se rendit à Cordoue pour recevoir l'héritage de Juan de Cervantes, grand-père de l'écrivain, et pour fuir ses créanciers.
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Il n'existe pas de données précises sur les études de Miguel de Cervantes[7]. Il est probable que celui-ci n'atteignit jamais un niveau universitaire[4]. Valladolid, Cordoue et Séville se trouvent parmi les hypothèses de lieux possibles pour ses études. La Compagnie de Jésus constitue une autre piste[12] puisque dans son roman Le Colloque des chiens, il décrit un collège de jésuites et fait allusion à une vie d'étudiant[12]. Jean Babelon pense qu'il a certainement fréquenté l'université d'Alcalá et celle de Salamanque si l'on se fie à ses écrits sur la vie pittoresque des étudiants[8]. Les informations qu'il fournit dans ses ouvrages ne permettent cependant pas de conclure formellement qu'il suivit un enseignement universitaire, comme le rappelle la bibliothèque virtuelle Cervantès[7].
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En 1566, il s'installa à Madrid. Il assista à l’Estudio de la Villa[7]. L'institution était gérée par le professeur de grammaire Juan López de Hoyos[7], qui publia en 1569 un livre sur la maladie et la mort de la reine Élisabeth de Valois[13], la troisième épouse du roi Philippe II. López de Hoyos inclut dans ce livre trois poésies de Cervantès, « notre cher et aimé disciple », qui sont ses premières manifestations littéraires : le jeune homme avait écrit ces vers en hommage à la défunte reine[8].
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Ce fut à cette époque que Cervantès prit goût au théâtre en assistant aux représentations de Lope de Rueda et de Bartolomé Torres Naharro dont les pièces étaient jouées dans les villes et les villages par des comédiens ambulants[8]. Il adorait le monde du théâtre et fit déclarer à son célèbre Hidalgo, dans la seconde partie de son chef-d'œuvre Don Quichotte de la Manche : « il n'avait d'yeux que pour le spectacle[f] ».
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Une ordonnance de Philippe II de 1569 a été conservée. Le roi y ordonnait d'arrêter Miguel de Cervantès, accusé d'avoir blessé dans un duel un certain Antonio Sigura, maître d'œuvre. Si cette ordonnance concerna réellement Cervantès et non un homonyme, elle pourrait expliquer sa fuite en Italie[14].
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Miguel de Cervantès arriva à Rome en décembre 1569. Il lut alors les poèmes de chevalerie de Ludovico Ariosto et les Dialogues d'amour du juif séfarade León Hebreo (Juda Abravanel), d'inspiration néoplatonicienne et qui influencèrent sa vision de l'amour. Cervantès s'instruisit du style et des arts italiens dont il garda par la suite un très agréable souvenir.
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Mais malgré son goût pour la littérature, Cervantès cherchait d'abord à faire carrière dans les armes. Il s'engagea dans une compagnie de soldats de 1570 à 1574[14],[g] avant d'entrer comme camerier au service de Giulio Acquaviva, qui devint cardinal en 1570 et qu'il suivit en Italie. Il avait probablement rencontré ce cardinal à Madrid, mais ce dernier ne le garda pas longtemps comme secrétaire, et Cervantès dut prendre rang dans les régiments des tercios d'Italie, à la solde des Colonna[13]. Les hasards de la vie militaire l'entraînèrent sur les routes de toute l'Italie : Naples, Messine, Loreto, Venise, Ancône, Plaisance, Parme, Asti et Ferrare. Il consigna par la suite le souvenir de ces différents séjours dans l'une de ses Nouvelles exemplaires : Le Licencié Vidriera[8]. Il lui arrivait de méditer sur la guerre, et de vitupérer la « diabolique invention de l'artillerie »[8]. Mais tout en combattant, il complétait son éducation littéraire par la lecture des classiques anciens et des auteurs italiens de son époque[13].
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En 1570, le sultan Selim II attaqua Nicosie (Chypre). Cervantès décrit l’événement dans la nouvelle L'Amant généreux qui fait partie des Nouvelles exemplaires. Il fut alors enrôlé dans la compagnie du capitaine Diego de Urbina dans le tercio de Manuel de Moncada. La flotte, commandée par Don Juan d'Autriche, fils naturel du puissant Charles Quint et demi-frère du roi, réunit sous son pavillon les vaisseaux du Pape, ceux de Venise, et ceux de l'Espagne[15], et engagea la bataille de Lepante le 7 octobre 1571. Cervantès prit part à la victoire sur les Turcs dans le golfe de Patras à bord du bateau la Marquesa (la Marquise). Dans une information légale[16] élaborée huit ans plus tard on lisait :
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« Quand fut reconnue l'armée du Turc, dans cette bataille navale, ce Miguel de Cervantès se trouvait mal et avec de la fièvre, et ce capitaine... et ses amis lui dirent, comme il était malade et qu'il avait de la fièvre, qu'il restât en bas dans la cabine de la galère ; il se demanda alors ce que l'on dirait de lui, et qu'il ne faisait pas ce qu'il devait, et qu'il préférait mieux mourir en se battant pour Dieu et pour son roi, que ne pas mourir sous couverture, et avec sa santé... Et il se battit comme un vaillant soldat contre ces Turcs dans cette bataille au canon, comme son capitaine lui a demandé et ordonné, avec d'autres soldats. Une fois la bataille terminée, quand le seigneur don Juan sut et entendit comment et combien s'était battu ce Miguel de Cervantès, il lui donna quatre ducats de plus sur sa paye... De cette bataille navale il sortit blessé de deux coups d'arquebuse dans la poitrine et à une main, de laquelle il resta abîmé[16]. »
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Ce fut après cette bataille qu'il gagna le surnom de « manchot de Lépante » (el manco de Lepanto)[15]. Cervantès fut blessé lors de la bataille : sa main gauche ne fut pas coupée, mais elle perdit son autonomie de mouvement à cause du plomb qui lui avait sectionné un nerf. Après six mois d'hôpital à Messine, Cervantès renoua avec sa vie militaire en 1572. Il prit part aux expéditions navales de Navarin (1572), Corfou, Bizerte, et en 1573, il figurait dans le tercio de Figueroa lors de la bataille de Tunis. Toutes ces missions furent exécutées sous les ordres du capitaine Manuel Ponce de León et dans le régiment du très fameux Lope de Figueroa dont il est fait mention dans Le maire de Zalamea de Pedro Calderón de la Barca.
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Cervantès décrivit tous les combats navals auxquels il avait pris part et pour lesquels il gardait une juste rancœur. À tous ceux qui se moquaient de lui il répondait :
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« Comme si mon état de manchot avait été contracté dans quelque taverne, et non dans la plus grande affaire qu'aient vu les siècles passés, et présent, et que puissent voir les siècles à venir[17],[15] ! »
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Plus tard, il parcourut les villes principales de Sicile et Sardaigne, de Gênes et de la Lombardie. Il resta finalement deux ans à Naples, jusqu'en 1575. Cervantès était très fier d'avoir participé à la bataille de Lépante.
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Le 20 septembre 1575, Cervantès bénéficia d'un congé et il s'embarqua de Naples pour l'Espagne. Mais au large des Saintes-Maries-de-la-Mer[13],[h], et alors qu'il naviguait à bord de la galère espagnole El Sol[13], le bateau fut attaqué par trois navires turcs commandés par le renégat albanais Arnaute Mamí[15], le 26 septembre 1575[14]. Miguel et son frère Rodrigo furent emmenés à Alger. Cervantès fut attribué comme esclave au renégat Dali Mamí, marin aux ordres d'Arnaute. Il fit le récit de sa mésaventure dans L'Espagnole-Anglaise, qui fait partie des Nouvelles exemplaires.
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Miguel, porteur de lettres de recommandations de la part de don Juan d'Autriche et du Duc de Sessa fut considéré par ses geôliers comme quelqu'un de très important et de qui ils pourraient obtenir une forte rançon. C'était, selon l'expression de l'époque un « esclave de rachat » pour lequel on demanda cinq cents écus d'or de rançon[15].
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Les sources permettant de retracer la captivité de Cervantès sont des écrits autobiographiques[18] : ses comédies Los tratos de Argel, Los baños de Argel («Les Bains d'Alger»)[18] et Le Récit du Captif inclus dans la première partie de Don Quichotte, aux chapitres 39 à 41[15]. Le livre du frère Diego de Haedo, Topographie et histoire générale d'Alger (1612), qui offre des informations importantes sur la captivité de Cervantès, a été donné pour une source « indépendante ». Cependant, l'attribution de cette œuvre à Diego de Haedo est erronée, chose que lui-même reconnut en son temps[18]. Selon Emilio Sola, Antonio de Sosa[18], bénédictin et compagnon de captivité de Cervantès, a coécrit cet ouvrage avec son ami[18]. En conséquence, le livre de Diego de Haedo n'est pas une confirmation indépendante de la vie de Cervantès à Alger, mais un écrit de plus de la part de Cervantès et qui porte aux nues son héroïsme[18].
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Le récit de la captivité de Cervantès est épique. Pendant ses cinq ans d'emprisonnement, Cervantès, d'esprit fort et motivé, essaya de s'échapper à quatre occasions. Pour éviter des représailles sur ses compagnons de captivité, il assuma la totale responsabilité de ces tentatives devant ses ennemis et préféra la torture à la délation[18]. Il n'a cependant jamais été châtié[18], peut-être pour des raisons politiques[18].
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La première tentative de fuite fut un échec, car le complice maure qui devait conduire Cervantès et ses compagnons à Oran les abandonna dès le premier jour. Les prisonniers durent retourner à Alger, où ils furent enfermés et mieux gardés. En butte à de dures représailles, Cervantès fut alors employé aux carrières et aux fortifications du port. Il devint ensuite jardinier sous les murs de Bab El Oued pour son maître Hassan.
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L'écrivain relate en partie ce dernier épisode dans L'Amant libéral inclus dans le tome I de Nouvelles espagnoles[19].
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Cependant, la mère de Cervantès avait réussi à réunir une certaine quantité de ducats, avec l'espoir de pouvoir sauver ses deux fils. En 1577, après avoir traité avec les geôliers, la quantité de ducats se révéla insuffisante pour libérer les deux frères. Miguel préféra que ce soit son frère qui fût libéré. Rodrigo rentra alors en Espagne en possession d'un plan élaboré par Miguel pour se libérer, lui et ses quatorze ou quinze autres compagnons[15].
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Cervantès s'associa au renégat El Dorador (le Doreur) pour une deuxième évasion. Le plan prévoyait que Cervantès se cachât avec les autres prisonniers dans une grotte, en attendant une galère espagnole qui viendrait les récupérer. La galère, effectivement, vint et tenta de s'approcher deux fois de la plage ; mais finalement elle fut capturée à son tour. Le traître El Dorador dénonça les chrétiens cachés dans la grotte. Cervantès se déclara alors seul responsable de l'organisation, de l'évasion et d'avoir convaincu ses compagnons de le suivre. Le vice-roi d'Alger, Hassan Vénéziano, le racheta à son maître pour une somme de cinq cents écus d'or[15].
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Dans le quartier algérois de Belouizdad, la « grotte de Cervantes[20] » est réputée avoir été la cache de Cervantès et ses compagnons.
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La troisième tentative fut conçue par Cervantès dans le but de joindre par la terre Oran alors sous domination espagnole. Il envoya là-bas un Maure avec des lettres pour Martín de Córdoba y Velasco[i], général de cette place, en lui expliquant la situation et lui demandant des guides.
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Le messager fut pris. Les lettres découvertes dénonçaient Miguel de Cervantès et montraient qu'il avait tout monté. Il fut condamné à recevoir deux mille coups de bâtons, mais la condamnation ne fut pas appliquée car de nombreuses personnes intercédèrent en sa faveur.
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La dernière tentative de fuite se produisit en 1579[15] avec la complicité du renégat Giron et à l'aide d'une importante somme d'argent que lui donna un marchand valencien de passage à Alger, Onofre Exarque[15]. Cervantès acheta une frégate capable de transporter soixante captifs chrétiens[21].
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Alors que l'évasion était sur le point de réussir, l'un des prisonniers, l'ancien dominicain le docteur Juan Blanco de Paz, révéla tout le plan à Azán Bajá[21],[j]. Comme récompense, le traître reçut un écu et une jarre de graisse. Cervantès fut repris et condamné à cinq mois de réclusion dans le bagne du vice-roi. Azán Bajá transféra alors Cervantès dans une prison plus sûre, au sein de son palais[21]. Il décida par la suite de l'emmener à Constantinople, d'où la fuite deviendrait une entreprise quasi impossible à réaliser. Une fois encore, Cervantès assuma toute la responsabilité[21].
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En mai 1580, les frères Trinitaires, frère Antonio de la Bella et frère Juan Gil, arrivèrent à Alger. Leur Ordre tentait de libérer des captifs, y compris en se proposant eux-mêmes comme monnaie d'échange. Cinq cents captifs furent libérés par leur entremise. Les sources divergent sur les modalités d'obtention des fonds. Certaines biographies avancent que la famille fortunée de Cervantès paya sa rançon[22]. Pour une autre source[15], Fray Jorge de Olivarès de l'ordre de la Merci resta en otage contre sept mille autres prisonniers. Enfin, pour d'autres biographes[21], les frères Antonio de la Bella et Juan Gil ne disposaient que de trois cents écus pour faire libérer Cervantès, dont on exigeait cinq cents pour la rançon. Frère Juan Gil collecta la somme qui manquait parmi les marchands chrétiens. Finalement, au moment où Cervantès était monté dans le vaisseau du Pacha Azán Bajá qui retournait à Constantinople avec tous ses esclaves, l'écrivain fut libéré le 19 septembre 1580 par un acte de rachat passé devant le notaire Pedro de Ribera, et il s'embarqua le 24 octobre 1580 en route pour Denia, d'où il gagna Valence en cherchant à gagner sa vie[15].
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Le 24 octobre, il revint enfin en Espagne avec d'autres captifs sauvés également. Il arriva à Dénia, d'où il partit pour Valence. Vers novembre ou décembre, il retrouva sa famille à Madrid. C'est à ce moment-là qu'il commença à écrire Le Siège de Numance, de 1581 à 1583[23].
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Il est probable que La Galatea fut écrite entre 1581 et 1583 ; c'est sa première œuvre littéraire remarquable. Elle fut publiée à Alcalá de Henares en 1585. Jusqu'alors il n'avait publié que quelques articles dans des œuvres d'autrui ou des recueils, qui réunissaient les productions de divers poètes.
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La Galatea est divisée en six livres, mais seule la « première partie » fut écrite. Cervantes promit de donner une suite à l'œuvre ; elle ne fut pourtant jamais imprimée. Non sans autodérision, Cervantes place dans la bouche de l'un des personnages de Don Quichotte ce commentaire sur La Galatée :
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« Il y a bien des années, reprit le curé [Pedro Perez], que ce Cervantes est de mes amis, et je sais qu'il est plus versé dans la connaissance des infortunes que dans celle de la poésie. Son livre ne manque pas d'heureuse invention, mais il propose et ne conclut rien. Attendons la seconde partie qu'il promet ; peut-être qu'en se corrigeant, il obtiendra tout à fait la miséricorde qu'on lui refuse aujourd'hui. »
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— Cervantes[24]
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Dans le prologue de la Galatée, l'œuvre est qualifiée d'« églogue » et l'auteur insiste sur l'affection qu'il a toujours eue pour la poésie. C'est un roman pastoral, genre littéraire déjà publié en Espagne dans la Diana de Jorge de Montemayor. On peut encore y deviner les lectures qu'il a pu avoir quand il était soldat en Italie.
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De retour à Madrid[25], il eut une aventure avec la femme d'un aubergiste[25] qui lui donna une fille naturelle, Isabelle, en octobre 1584[25]. Deux mois plus tard, le 12 décembre 1584[25], Miguel de Cervantes se maria avec Catalina de Salazar y Palacios[25] dans le village d'Esquivias[25] près de Tolède où le couple déménagea[25]. Catalina était une jeune fille qui n'avait pas vingt ans et qui lui apporta une dot modeste. Après deux ans de mariage, Cervantes entreprit de grands voyages à travers l'Andalousie. En 1587[26], il était à Séville, séparé de sa femme[26], sans que les raisons de leur séparation ne fussent claires[26]. Cervantes ne parla jamais de son épouse dans ses textes autobiographiques[26], bien qu'il fût le premier à avoir abordé le thème du divorce dans son intermède Le juge des divorces et alors que cette procédure était impossible dans un pays catholique. Il conclut ce texte par :
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« mieux vaut la pire entente
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que le meilleur divorce[27] »
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Nommé commissaire aux vivres par le roi Philippe II lors de la préparation de l'attaque espagnole de l'Invincible Armada contre l'Angleterre[26], Cervantès séjourna à Séville entre 1585 et 1589[26]. Il parcourut à nouveau le chemin entre Madrid et l'Andalousie, qui traverse la Castille et la Manche[26]. Ce voyage est raconté dans Rinconete et Cortadillo[26]. Mais, en 1589, il fut accusé d'exactions, arrêté et excommunié[13]. L'affaire le mettait aux prises avec le doyen et le chapitre de Séville. Au cours de ses réquisitions à Écija, Cervantès aurait détourné des biens de l'Église. Un peu plus tard, en 1592, le commissaire aux vivres fut arrêté de nouveau à Castro del Río, dans la province de Cordoue pour vente illicite de blé[28]. Il fut de nouveau emprisonné pour une courte période et accepta un emploi à Madrid : il fut affecté au recensement des impôts dans la région de Grenade[28].
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C'est vers cette époque qu'il commença à rédiger Don Quichotte. Il eut l'idée du personnage probablement dans la prison de Séville, peut-être dans celle de Castro del Río[11]. En tout cas, selon ses dires, « dans une prison, où toute incommodité a son siège, où tout bruit sinistre a son siège, où tout bruit lugubre fait sa demeure[11],[29]. »
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La malchance poursuivit l'écrivain qui avait déposé ses avoirs chez le banquier portugais Simon Freyre, lequel fit faillite. Cervantès se retrouva de nouveau en prison à Séville de septembre à décembre 1597 où il retourna encore en 1602 et 1603[28].
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En 1601, le roi Philippe III s'établit avec sa cour à Valladolid qui devint pour un temps la capitale de l'Espagne. Cervantès s'y installa en 1604[30] dans une maison près de l'hôpital de la résurrection qui lui inspira le décor du Colloque des chiens, et de Scipion et Berganza.
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À la fin de 1604[30], il publia la première partie de ce qui fut son chef-d'œuvre : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche. Le livre fut un succès immédiat[30]. Il y raillait le goût des aventures romanesques et chevaleresques qui dominait en son temps. Cette œuvre marqua la fin du réalisme en tant qu'esthétique littéraire, créa le genre du roman moderne qui eut une très grande influence et constitue sans doute le plus bel exemple de roman picaresque. Cependant en juin de 1605[30], Don Santiago Gaspar de Espeleta fut assassiné devant la maison de l'écrivain. On accusa Cervantès sur la base d'insinuations[30] des voisins, et sa famille fut mise à l'index. Il fut pourtant reconnu innocent[13].
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De retour à Madrid avec la cour, Cervantès bénéficia de la protection des ducs de Lerma, de Bejar, et de Lemos ainsi que de celle du cardinal Bernardo de Sandoval, archevêque de Tolède.
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En 1613 parurent les Nouvelles exemplaires, un ensemble de douze récits brefs, écrits plusieurs années auparavant. Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès : « La peinture est sobre, juste ; le style brillant, précis (...) on assiste à la naissance d'une poésie brutale et cependant jamais vulgaire[31]. »
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La critique littéraire est une constante dans l'œuvre de Cervantès. Elle apparut dans la Galatea et se poursuivit dans Don Quichotte. Il lui consacra le long poème en tercets enchaînés le Voyage au Parnasse en 1614[32].
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De même, dans Huit comédies et huit intermèdes, recueil de pièces de théâtre publié à Madrid en 1615, que Cervantès qualifie de « nouvelles » (œuvres nouvelles) pour les distinguer de ses œuvres du début[33], le prologue présente une synthèse du théâtre espagnol depuis les origines jusqu'aux productions de Lope de Rueda et Lope de Vega. Ce recueil réunit toute la production des dernières années de l'auteur[33].
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La seconde partie du Don Quichotte ne parut qu'en janvier 1615 : L'Ingénieux chevalier don Quichotte de la Manche. Cette partie sortit deux ans après la parution d'une suite apocryphe signée d'un mystérieux Alonso Fernández de Avellaneda publiée cours de l'été 1614 à Tarragone, et qui s'intitulait : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, par le licencié Alonso Fernández de Avellaneda natif de Tordesillas[28]. On n'a jamais pu identifier l'auteur de cette contrefaçon déloyale. On sait qu'Alonso Fernández de Avellaneda est le pseudonyme d'un écrivain espagnol. Les historiens ont émis plusieurs hypothèses quant au personnage qui se cachait derrière ce nom. Il pourrait s'agir de Lope de Vega, de Juan Ruiz de Alarcón y Mendoza, ou de Tirso de Molina. Un groupe d'amis de Lope est également évoqué[34].
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Les deux parties de Don Quichotte forment une œuvre qui donne à Cervantès un statut dans l'histoire de la littérature universelle, aux côtés de Dante, Shakespeare, Rabelais et Goethe comme un auteur incontournable de la littérature occidentale. Balzac lui rendit hommage dans l'avant-propos de La Comédie humaine, où il le cita comme un de ses inspirateurs aux côtés de Goethe et Dante et dans Illusions perdues il qualifie Don Quichotte de sublime :
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« Enfin le grand Cervantès, qui avait perdu le bras à la bataille de Lépante en contribuant au gain de cette fameuse journée, appelé vieux et ignoble manchot par les écrivailleurs de son temps, mit, faute de libraire, dix ans d'intervalle entre la première et la seconde partie de son sublime Don Quichotte. »
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— Honoré de Balzac[35]
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L'étrange inventeur, comme lui-même se nomme dans Le Voyage au Parnasse[36], mourut à Madrid le 22 avril 1616, en présentant les symptômes du diabète[36]. Il était alors tertiaire de l'Ordre de saint François. Il fut probablement enterré dans le couvent de cet ordre, entre les rues madrilènes Cantarranas et Lope de Vega. C'est là qu'il repose avec son épouse, sa fille et celle de Lope de Vega[37] bien que certaines sources affirment que, Cervantès étant mort pauvre, sa dépouille fut mise en fosse commune, et est aujourd'hui perdue[38].
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Le roman Les Travaux de Persille et Sigismonde parut un an après la mort de l'écrivain ; sa dédicace au comte de Lemos fut signée seulement deux jours avant le décès. Ce roman grec, qui prétend concurrencer le modèle classique grec d'Héliodore, connut quelques éditions supplémentaires à son époque mais il fut oublié et effacé par le triomphe indiscutable du Don Quichotte.
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La Galatée fut écrite en 1584 et publiée l'année suivante à Alcalá de Henares par Blas de Robles[25] sous le titre de Primera parte de La Galatea, dividida en seis libros («Première partie de Galatée, divisée en six livres»)[25]. Le livre aurait été commencé durant la détention à Alger et seule la première des six parties annoncées fut rédigée[39].
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Le livre met en scène deux pasteurs amoureux de Galatée alors que celle-ci préfère son indépendance. C'est un roman pastoral[40], genre alors classique. Le livre permet une lecture à plusieurs niveaux et plusieurs trames s’enchevêtrent[39]. Cette œuvre représente une étape importante pour ce genre[25] initié au milieu du XVIe siècle par Diane de Jorge de Montemayor[25] et par Diane amoureuse de Gil Polo et dont Cervantès se serait inspiré[39],[40]. Sous la forme d’un roman pastoral[39], cette œuvre narrative[39] est un prétexte à une étude de la psychologie amoureuse[39].
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Plusieurs années plus tard, dans le Colloque des chiens, Cervantès, anticipant la désuétude de ce genre[40], moqua le roman pastoral[25] : l'ambiance bucolique, le printemps éternel et les reproches d'un amant à une femme indifférente[25]. La bibliothèque virtuelle Cervantes[25] affirme cependant qu'il ne s'agit pas seulement d'une œuvre de jeunesse, mais qu'elle « exprime dans un mélange de prose et de vers intercalés, au travers de la recherche d'une impossible harmonie des âmes et des cœurs, le rêve de l'Âge d'Or[25] ».
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Cervantès affirma à deux reprises vouloir donner une seconde partie à Galatée, dans Don Quichotte, lors de l'épisode de la bibliothèque de Don Quichotte, et dans Persilès et Sigismonde :
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« C’est la Galatée de Miguel de Cervantès, répondit le barbier.
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— Il y a bien des années, reprit le curé, que ce Cervantès est un de mes amis, et je sais qu’il est plus versé dans la connaissance des infortunes que dans celle de la poésie. Son livre ne manque pas d’heureuse invention ; mais il propose et ne conclut rien. Attendons la seconde partie qu’il promet ; peut-être qu’en se corrigeant il obtiendra tout à fait la miséricorde qu’on lui refuse aujourd’hui. En attendant, seigneur compère, gardez-le reclus en votre logis. »
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— Miguel de Cervantes, L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, chapitre VI
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El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha (L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche) est la plus célèbre des œuvres de Cervantes. La première partie fut publiée à Madrid par Juan de la Cuesta en 1605. Le même éditeur imprima la seconde partie, L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche, en 1615.
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Cervantes y raconte les aventures du pauvre hidalgo Alonso Quichano, vivant dans la Manche et obsédé par les livres de chevalerie. Alors que l'époque des chevaliers est déjà révolue, il prend la décision de devenir le chevalier errant Don Quichotte, et de parcourir l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Il rencontre de nombreux êtres restés célèbres, Sancho Panza, paysan naïf devenu écuyer ; Rossinante son cheval famélique ; Dulcinée du Toboso, l'élue de son cœur à qui Don Quichotte jure amour et fidélité. Les auberges deviennent des châteaux, les paysannes des princesses, et les moulins à vent des géants. Aussi bien le héros que son serviteur subissent des changements complexes et des évolutions pendant le déroulement du récit.
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En parodiant un genre en déclin, comme les romans de chevalerie, Cervantès créa un autre genre extrêmement vivace, le roman polyphonique. Dans ce genre, en jouant avec la fiction, se superposent les points de vue jusqu'à se confondre de manière complexe avec la réalité elle-même. À l'époque, la poésie épique pouvait aussi s'écrire en prose. Après le précédent de Lope de Vega au théâtre, peu respectueux des modèles classiques, Cervantès inscrivit son œuvre dans un
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réalisme[41] annoncé par une longue tradition littéraire espagnole qui avait été commencée avec El Cantar del Mío Cid, pour aller vers ce que certains qualifient déjà de « réalisme magique »[42]. Dès cette époque, le roman investit le réel, et fait reposer l'effort d'imagination sur les lecteurs et l'auteur[43] :
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« Heureux, trois fois heureux le siècle où l'intrépide chevalier Don Quichotte de la Manche vint au monde, s'exclame le narrateur, car […] il nous offre, en ces temps si pauvres en distractions, le plaisir d'écouter non seulement sa belle et véridique histoire, mais les récits et nouvelles qu'elle renferme. »
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— Miguel de Cervantes, Don Quichotte de la Manche, chapitre XXVIII
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Avec un génie créatif indubitable, il ouvrit de nouveaux chemins à partir de terrains connus qui paraissaient alors des impasses. Il dépassa la nouvelle italienne, court récit, pour créer le premier roman moderne dont l'influence et la renommée éclipsèrent le reste de l’œuvre de l'écrivain[44]. Borges considère Don Quichotte comme « le dernier livre de chevalerie et la première nouvelle psychologique des lettres occidentales »[45].
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Cervantès popularisa ce style en Europe où il eut plus de disciples qu'en Espagne. Le roman réaliste tout entier fut marqué par ce chef-d'œuvre qui servit de modèle à la littérature Européenne postérieure[46]. L'influence de Cervantès - et en particulier du Don Quichotte - dans la littérature universelle est telle que l'espagnol est souvent nommé la « langue de Cervantès ».
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Novelas ejemplares (Les Nouvelles exemplaires) sont un ensemble de douze nouvelles inspirées du modèle italien caractérisé par son idéalisme[44]. Elles sont écrites de 1590 à 1612 et publiées en 1613[44]. Cervantès les nomme « exemplaires » parce que c'est le premier exemple en castillan de nouvelles de ce type au caractère didactique et moral inscrit dans la narration[44]. C'est ce qu'il explique dans le prologue du livre :
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« C'est à cela que s'est appliqué mon entendement, par-là que m'emmène mon inclinaison, et plus que je ne veux le faire comprendre, et c'est ainsi, que je suis le premier à avoir nouvellé en langue castillane, car la plupart des nombreuses nouvelles qui courent dans cette langue, sont traduites de langues étrangères, et celles-ci sont les miennes propres, non imitées ni appropriées ; mon intelligence et ma plume les engendrèrent, et elles vont grandissantes dans les bras de l'imprimeur. »
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— Miguel de Cervantes, Nouvelles exemplaires, Prologue
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C'est un ensemble de douze récits brefs[44]. Son inspiration est originale, et il tente diverses formules narratives comme la satire lucianesque (Le Colloque des chiens), le roman picaresque (Rinconete et Cortadillo), la miscelánea et le mélange de sentences et de mots d'esprits (Le Licencié Vidriera), le roman grec (L'Espagnole anglaise, L'Amant libéral), le roman policier (La Force du sang), la narration constituée sur une anagnorèse (La Petite Gitane), Le Jaloux d'Estrémadure, dont le personnage principal Cañizares est considéré comme une « figure vraiment grande » à l'instar de Don Quichotte et du Licencié de Vidriera[47]. Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès.
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Les nouvelles suivantes complètent le recueil : La Tante supposée (La tía fingida), L'Illustre laveuse de vaisselle (La ilustre fregona), Les Deux Jeunes Filles (Las dos doncellas), Madame Cornelie (La señora Cornelia), Le Mariage trompeur (El casamiento engañoso)[44].
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Les Travaux de Persille et Sigismonde (Los trabajos de Persiles y Sigismunda, historia septentrional) est la dernière œuvre de Cervantes qui employa les deux dernières années de sa vie à l'écrire[36] sur le patron du roman grec. Il promettait de terminer ce livre au fil de ses œuvres antérieures, dans le prologue des Nouvelles exemplaires, dans le Voyage au Parnasse et dans la dédicace de la seconde partie du Don Quichotte[36]. Cervantes considérait Persilès et Sigismonde comme son chef-œuvre[48]. Le livre fut terminé le 20 avril 1616[36], deux jours avant sa mort et fut publié en 1617[36].
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Au lieu de n'utiliser que deux personnages centraux, Cervantès fait appel à un groupe comme fil conducteur de l'œuvre[49]. Sigismonde, princesse de Frise, prend pour surnom Auristelle et Persille, prince de Thulé, devient Pérandre[48]. Ils partent chercher auprès du Pape la légitimation de leur amour dans des aventures opposant Europe nordique et méditerranéenne[48]. L'histoire a pour décors les brumes nordiques où s'ajoutent des éléments fantastiques et merveilleux[48] qui anticipent le réalisme magique. Danièle Becker voit dans ce roman « un voyage initiatique vers la connaissance du christianisme civilisateur »[49]. D'une certaine manière, Cervantes christianise le modèle original en utilisant le cliché de l’homo viator[50] et en atteignant le point culminant à la fin de l'œuvre avec l'anagnorisis des deux amoureux, à Rome :
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« Nos âmes, comme tu le sais bien et comme on me l'a enseigné ici, se meuvent dans un continuel mouvement et ne peuvent s'arrêter sinon en Dieu, ou en leur centre. Dans cette vie les désirs sont infinis et certains s'enchaînent aux autres et forment une maille qui une fois arrive au ciel et une autre plonge en enfer. »
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La structure et l'intention de ce roman sont très complexes mais supportent toutefois une interprétation satisfaisante. La dédicace au comte de Lemos date du 19 avril 1616[36] soit quatre jours avant sa mort. Il cite dans sa préface quelques vers d'une ancienne romance : « Le pied dans l'étrier, en agonie mortelle, Seigneur, je t'écris ce billet[36]. »
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L'essentiel des vers de Cervantès est intégré dans des ouvrages en prose : des nouvelles et des pièces de théâtre[51]. Ce sont des pièces séparées utilisées pour illustrer une circonstance particulière de la pièce de théâtre ou de la romance à laquelle ils appartiennent (enterrement, chant, commémoration, etc.)[51]. Cervantès s'inspire de la poésie italienne[51].
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En dehors de ces textes, il existe deux œuvres narratives en vers, le Chant de Caliope, inclus dans Galatée, et le Voyage au Parnasse écrit en 1614 « d'après César Caporal Perusino »[52]. C'est un débat et une réflexion artistique où les écrivains de l'ancienne et de la nouvelle époque font un voyage littéraire au mont Parnasse pour s'y affronter.
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La quasi-totalité de ces vers ont été perdus ou n'ont pas été identifiés[51]. Une croyance erronée lui attribue l'invention des vers brisés. Cervantès déclare avoir composé un grand nombre de romances et disait aimer particulièrement l'une d'elles sur la jalousie. Il a participé dans les années 1580 à l'imitation des romances antiques avec d'autres grands poètes contemporains (Lope de Vega, Góngora et Quevedo). Ce mouvement est à l'origine de la « Nouvelle Romance », nommé par opposition à l'« ancienne » romance anonyme du XVe siècle[51].
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Il commence son œuvre poétique par quatre compositions dédiées aux obsèques de la Reine Isabelle de Valois[7]. Il écrit par la suite les poèmes A Pedro Padilla, A la muerte de Fernando de Herrera (À la mort de Fernando de Herrera) et A la Austriada de Juan Rufo (À L'Austriade de Juan Rufo). Son trait le plus marquant comme poète est son ton comique et satirique. Ses principales œuvres sont Un fanfaron en spatule et culotte et un sonnet Al túmulo del rey que se hizo en Sevilla dont les derniers vers restent célèbres[53] :
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Y luego, encontinente,
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Caló el chapeo, requirió la espada,
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miró al soslayo, fuese, y no hubo nada[53],[54].
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Et après, incontinent,
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Il enfonça son chapeau, toucha son épée,
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Regarda de travers, partit, et il ne se passa rien.
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Si l'intérêt littéraire premier de Cervantès va vers la poésie et le théâtre, genre qu'il n'abandonne jamais, il se sent frustré par son incapacité à n'être reconnu ni comme poète ni comme dramaturge[51]. Il s'est efforcé d'être un poète, bien qu'il ait douté de ses capacités[51]. Sa confession dans le Voyage au Parnasse[51],[55], peu avant de mourir, est à l'origine de nombreuses polémiques dont il ressort que son œuvre en vers n'est pas à la hauteur de son œuvre narrative[55] :
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Yo que siempre trabajo y me desvelo
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por parecer que tengo de poeta
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la gracia que no quiso darme el cielo[56]
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Moi, qui toujours travaille et suis angoissé
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pour paraître avoir d'un poète
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la grâce que le ciel ne m'a pas voulu donner
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La Lettre à Mateo Vázquez ainsi que les livrets en prose El buscapié, Une revendication de Don Quichotte sont des faux[57] écrits par l'érudit du XIXe siècle Adolfo de Castro[57].
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Avec Luis Quiñones de Benavente et Francisco de Quevedo, Cervantès est l'un des principaux dramaturges espagnols, il a apporté une plus grande profondeur des personnages, un humour renouvelé, un meilleur projet et une transcendance du thème. Différentes interconnexions entre le monde théâtral et les narrations de Cervantès existent. Par exemple, le thème initial du « vieux jaloux » apparaît également dans Le Jaloux d'Estrémadure des Nouvelles exemplaires. Le personnage de Sancho Panza est repris dans l’Élection des maires de Daganzo, où le protagoniste est un fin dégustateur de vin, comme l'est l'écuyer de Don Quichotte. Le thème baroque de l'apparence et de la réalité est présent dans Le Retable des merveilles où Cervantès adapte le conte médiéval Le roi est nu de Don Juan Manuel en lui donnant un contenu social.
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Le Juge des divorces, comme nombre de ses pièces, est autobiographique par certains de ses aspects. Cervantès arrive à la conclusion que « mieux vaut la pire entente / que le meilleur divorce ». Pour écrire ses intermèdes, Cervantes utilise aussi bien la prose que les vers.
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Les pièces importantes du théâtre de Cervantès ont été injustement mal appréciées et peu représentées[58].
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« La verve comique que Cervantès avait montrée dans Don Quichotte, semblait le rendre éminemment propre au théâtre (…) ce fut par là qu'il lança sa carrière littéraire ; mais quoiqu'il y ait eu des succès, il éprouva aussi des mortifications, et son talent dramatique ne fut point alors jugé proportionné à la supériorité qu'il a développée dans d'autres genres[59]. »
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Les réticences de Cervantès aux comédies du style de Lope de Vega alors en vogue ne sont probablement pas étrangères à cet état de fait[58]. Les professionnels du spectacle refusent de mettre à leurs affiches les pièces de Cervantès, qu'ils jugent être « des oisivetés de vieux »[58]. Cervantès le confesse dans ses Huit comédies et huit intermèdes :
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« En pensant que les siècles où avaient cours mes louanges duraient encore, je me remis à écrire quelques comédies, mais je ne trouvais plus d'oiseaux dans les nids d'antan ; je veux dire que je ne trouvais plus d'auteur qui me les demandât, bien qu'ils sussent que je les avais, et ainsi, je les enfermais dans un coffre et les condamnais au silence perpétuel[58] »
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Il opte par la suite pour se passer de comédiens et publie ses pièces sans les représenter[58], comme il l'indique le 22 juillet 1614 dans son supplément au Parnasse[58].
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Le Siège de Numance est la plus aboutie des imitations de tragédies classiques en espagnol[60] et a cependant reçu un bon accueil. La mise en scène du patriotisme, du sacrifice collectif face au général Scipion l'Africain, de la faim comme souffrance existentielle et les prophéties d'un avenir glorieux à l'Espagne ont sans doute joué un rôle dans cette reconnaissance bien que d'autres pièces oubliées mettent également en valeur ce patriotisme, comme La Conquête de Jérusalem récemment redécouverte[61].
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De ses autres pièces, beaucoup font référence à sa captivité à Alger. Cervantès a réuni ses œuvres non représentées dans Huit comédies et huit intermèdes jamais représentés. Ce recueil de pièces de théâtre est publié à Madrid en 1615 à titre posthume[62]. Il réunit toute la production des dernières années de l'auteur. Des œuvres manuscrites sont également conservées : La Vie à Alger, Le Gaillard espagnol, La Grande Sultane, Les Bagnes d'Alger[62].
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La majorité des pièces sont aujourd'hui perdues. Seules restent Le Siège de Numance et La Vie à Alger. On attribue également à Cervantès : Les Deux bavards, La Prison de Séville, L'Hôpital des pourris, L'Intermède de romances[62]. Son théâtre a été traduit pour la première fois en 1862 par Alphonse Royer. Le Voyage au Parnasse a été traduit par Joseph-Michel Guardia en 1864.
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Cervantès mentionne diverses œuvres en cours de rédaction ou qu'il pensait écrire. Parmi eux, se trouvent la deuxième partie de Galatée, Le Fameux Bernardo (probablement un livre de chevalerie autour de Bernardo del Carpio) et Les Semaines du jardin[36]. Il est également possible qu'il ait pensé écrire une suite à Belianis de Grèce.
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Cervantès cite des pièces de théâtre qui ont été représentées mais qui sont aujourd'hui perdues. C'est le cas de La Grande Turque, La Bataille navale, Jérusalem, Amaranta ou celle de mai, Le Bois amoureux, L'Unique, La Bizarre Arsinda et La Confuse. Cette dernière figure au répertoire de Juan Acacio jusqu'en 1627. Cervantès cite également une comédie : Le Traité de Constantinople et la mort de Sélim.
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Plusieurs œuvres nous sont parvenues et sont attribuées à Cervantès, sans avoir de preuve définitive. Parmi les plus connues, se trouve La Tante supposée[63] dont la narration et le style la rapprochent des Nouvelles exemplaires. Le Dialogue entre Cilène et Sélane sur la vie paysanne est également attribué à Cervantès et on suppose qu'il s'agit d'un fragment d'une pièce perdue : Les Semaines du jardin'[63].
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La Topographie et histoire générale d'Alger constitue un cas particulier. Cette œuvre est éditée en 1612 à Valladolid, et on sait que le signataire, frère Diego de Haedo abbé de Fromista, n'en est pas l'auteur. Le livre a été écrit par un ami de Cervantès, le religieux portugais Antonio de Sosa alors qu'ils étaient ensemble en détention à Alger, entre 1577 et 1581[18]. Ainsi, Sosa a été le premier biographe de Cervantes ; son récit de l’épisode de la grotte où il décrit la seconde tentative d'évasion de l'écrivain figure dans le Dialogue des martyrs d'Alger.
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En 1992, l'hispaniste italien Stefano Arata publie le texte d'un manuscrit d'une pièce de théâtre : La Conquête de Jérusalem par Godofre de Bullon. Dans l'article qu'Arata publie en même temps que la pièce, il affirme avoir retrouvé la pièce Jérusalem de Cervantès[61]. D'autres études sont publiées en 1997 puis en 2010 et concluent dans le même sens[64]. Depuis, la pièce est effectivement attribuée à l'écrivain espagnol. Les éditions Catedra Letras Hispanas en font une première publication critique en 2009 avec la mention Œuvre attribuée à Cervantès.
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Signe de la place emblématique que Cervantès occupe dans la culture espagnole et hispanophone, l'espagnol est couramment désigné par la périphrase « langue de Cervantès », au même titre que, par exemple, l’allemand est « langue de Goethe », l’anglais « langue de Shakespeare », le français « langue de Molière » et l’italien « langue de Dante ».
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De nombreux prix, sculptures, bâtiments et institutions gardent la mémoire de Cervantès. Cinq « maisons de Cervantès » peuvent se visiter à Valladolid[65], à Madrid, à Vélez-Málaga et à Cartagène. À Alger, la grotte de Cervantes où il a trouvé refuge lors d'une de ses tentatives d'évasion fait aujourd'hui partie d'un jardin public.
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Le plus important des prix de littérature en castillan est le prix Miguel de Cervantes. Le trophée Cervantès[66] est, en football, un tournoi amical qui se déroule dans sa ville de naissance, Alcalá de Henares.
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L'Institut Cervantes assure la promotion et l'enseignement de la langue espagnole de par le monde. Il existe au moins quatorze théâtres à son nom dans cinq pays différents. Onze sont en Espagne (Almería, Malaga, Alcalá de Henares, Santa Eulalia (Alicante) (es), Béjar, Salamanque, Jaén, Murcia, Petrel, Ségovie, Valladolid), les autres sont au Mexique (México, Guanajuato), au Maroc (Tanger), au Chili (Putaendo) et en Argentine (Buenos Aires).
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De nombreux monuments en hommage à Cervantès ont été érigés dans toute l'Espagne. Son village, Alcalá de Henares, accueille une statue sur la place Cervantès. Madrid lui dédie divers monuments : un ensemble monumental sur la place d'Espagne[67], une sculpture sur la plaza de las Cortes et une autre à la Bibliothèque nationale d'Espagne et enfin une dernière sur la place où a eu lieu son enterrement. Valladolid accueille une autre statue de l'écrivain.
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De nombreux instituts, dans divers domaines, ont pris le nom de l'écrivain. On compte parmi eux des collèges et lycées[k] dans de nombreux pays, des facultés de lettres[l], des bibliothèques, des cinémas Art et Essai, une revue littéraire (qui édite de 1916 à 1920) et un centre médical dans sa ville de naissance. De très nombreuses villes de par le monde ont nommé des rues, places ou avenues d'après l'auteur du Don Quichotte. La « Semaine Cervantès[68] » est une fête célébrée dans diverses villes espagnoles alors que le « festival Cervantès[69] » est organisé chaque année par l'état mexicain de Guanajuato.
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Trois navires ont été baptisés de son nom : un destroyer argentin[70] (1925-1961), un croiseur espagnol[71] (1929-1964) et une brigantine construite en 1885 et utilisée aujourd'hui comme navire-école[72].
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Depuis 1999, les pièces en euro de l'Espagne de 10, 20 et 50 centimes sont dédiés à Cervantès dont le portrait est affiché sur l'avers.
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La Jeunesse de Cervantès, œuvre musicale pour orchestre réduit, composée par Paul Ladmirault.
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Son visage, d'après le portrait présumé de Juan de Jaúregui, figure sur les pièces de 10, 20 et 50 centimes d'euro espagnoles.
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Plus récemment, un roman ayant pour sujet l'épisode de la vie de Cervantès chez les barbaresques a été publié par Olivier Weber[73].
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Le Siège de Numance (El Cerco de Numancia), tragédie en quatre actes et en vers écrite à Madrid entre 1581 et 1583, imprimée seulement en 1784[23]. Elle a donné lieu à de nombreuses imitations. Lope de Vega en a tiré La Sainte Ligue en 1600, Francisco Mosquera de Barnuevo en a fait un poème La Numancia ou La Numantina en 1612[74] dans lequel pas une fois il ne fait référence à son illustre prédécesseur[75]. Rolas Zorrilla l'a reproduite dans deux comédies : Numancia cercada et Numancia destruida. Une nouvelle imitation de Lopez de Sedano a vu le jour en 1771 : Cerco y ruina de Numancia. En 1775, Ignacio López de Ayala qui a présenté une Numancia destruida. En 1813, Antonio Sabiñón a repris la pièce sous le titre Numancia, tragedia española
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Don Quichotte est le modèle de nombreuses œuvres signées par d'autres auteurs que Cervantès. Du vivant de Cervantès, une première suite une suite apocryphe des aventures de don Quichotte est publiée et est attribuée à Avellaneda. Le célèbre hidalgo est cité également dans de nombreuses œuvres littéraires, musicales, peintures et sculptures.
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En 2008, l'artiste québécoise d'origine new-yorkaise Dulcinée Langfelder crée une œuvre inspirée de Don Quichotte : La Complainte de Dulcinée[76].
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Quatre siècles après la mort de l'écrivain, la mairie de Madrid a décidé de financer, en 2014, des recherches à l'aide du géoradar et de la thermographie infrarouge pour retrouver sa dépouille dans le quartier des Lettres (Barrio de las Letras) dans le centre de Madrid, car sa sépulture s'est perdue au fil des ans et des travaux d'agrandissement de l'église des Trinitaires et du couvent attenant[77],[78]. L'équipe de scientifiques espagnols a commencé ses recherches fin avril[79],[80].
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Début juin 2014, 4 zones contenant des ossements ont été explorées, ainsi qu'une crypte contenant 33 sépultures. L'équipe de 10 médecins légistes continue les études des ossements trouvés[81].
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Début 2015, l'équipe scientifique constituée de 22 spécialistes (architecte, géomètre, médecin-légiste, anthropologue légiste, expert en identification d'ADN) continue les analyses. Sont particulièrement examinés les restes trouvés dans la crypte et qui pourraient les relier à Cervantès : les os d'un sexagénaire, presque édenté, avec atrophie de la main gauche, à la suite des blessures subies lors de la bataille de Lépante, ainsi que des blessures à la poitrine, à la suite d'impacts d'arquebuse[82]. Le 24 janvier 2015, ont été découverts les restes d'un cercueil, marqué des initiales « MC », qui laisse beaucoup d'espoirs à l'équipe scientifique. Cependant, les chercheurs ont rencontré des difficultés supplémentaires, car ils ont découvert dans les niches beaucoup plus de sépultures que prévu[83],[84].
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Le 17 mars 2015, les restes de Miguel de Cervantès auraient été identifiés[85]
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L'Airbus A300 est une famille d'avions de ligne à large fuselage construits par Airbus de 1972 à 2007. L'A300 est à l'origine de la création du groupe Airbus et constitue son premier modèle commercialisé.
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La dernière version de l'avion, l'A300B4-600R, est améliorée en tant qu'appareil moyen-courrier, ouvrant le marché à sa version long-courrier, désormais connue sous le nom d'A310.
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L'ancêtre de l'avion était le projet Galion, étudié par Dassault et Sud-Aviation à partir de 1965. Selon le premier accord, deux avions devaient être développés en parallèle : un moyen-courrier de 300 places, ancêtre de l'Airbus, et un court-courrier de 150 places. À l'époque, Sud-Aviation rencontrait quelques succès avec la Caravelle mais le marché des avions de ligne, surtout les longs-courriers, était dominé par les appareils américains comme le 707 ou le DC-8.
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De plus, à la suite du premier choc pétrolier, les Américains étaient en train de développer les premiers avions à large fuselage muni de deux allées dans la cabine : le Tristar, le DC-10 et le Boeing 747[5]. Par la suite, Dassault se retira du projet mais continua à développer le court-courrier, qui devint plus tard le Mercure 100, tandis que Sud-Aviation s'associa avec Hawker-Siddeley qui était déjà son partenaire sur Concorde et Bréguet, puis avec des industriels allemands.
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Les Allemands, dont l'industrie aéronautique commençait seulement à renaître de ses cendres, étudiaient depuis quelque temps, au sein de l'Arbeitgemeinschaft Airbus, un avion à réaction de 300 places destiné aux lignes intracontinentales, notamment en Europe : le développement du trafic aérien créait en effet un besoin d'avion plus grand que les BAC One-Eleven, les Caravelle ou les Vickers VC-10 pour les lignes reliant les capitales européennes[pm 2].
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D'autre part, Nord-Aviation, Bréguet et Hawker-Siddeley avaient étudié un projet HBN 100 portant sur un biréacteur de 220 places. L'Airbus 300 est parfois considéré comme une synthèse de ces trois projets.
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Craignant que l'Europe ne s'éloigne des avancements aux États-Unis, des ministres français, allemands et britanniques se réunirent en 1967, afin de réaliser une collaboration en faveur d'un nouvel appareil[6]. En conséquence, Roger Béteille fut nommé en tant que responsable de ce projet. Il est de nos jours considéré comme un des fondateurs d'Airbus[5].
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En 1966 déjà, sous l'initiative des ministres britanniques et français[pm 2], il avait pris la forme d'un biréacteur moyen-courrier de 300 places (d'où le nom A300), presque aussi grand que le DC-10, qui devait être équipé de moteurs Rolls-Royce RB207[7]. En 1968, pour la première fois, une publicité de l'A300, mentionnant encore le réacteur RB207, apparut dans le magazine américain Aviation week & space technology. Elle vante l'A300 d'Airbus International (association de Sud-Aviation, Hawker-Siddeley Aviation et Deutsche Airbus), et s'intitule « C'est le début de quelque chose de grand ». Toutefois, en mai 1968, Roger Béteille apprit que l'entreprise britannique ne se concentrait que sur le RB211, moins puissant[ee 1]. Il n'existait pas à l'époque le vaste choix de moteurs actuel, et Airbus décida en décembre 1968 de se contenter du RB-211, en cours de développement pour le triréacteur Lockheed Tristar. Rolls-Royce pensait, à tort, que le Lockheed aurait plus de succès que le projet européen. Les Britanniques quittèrent alors le projet, car l'appareil devait être modifié, en laissant Hawker-Siddeley sans soutien politique[pm 3].
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Le moteur finalement retenu fut le CF6-50 de General Electric, conçu pour le DC-10 et à peu près de la même puissance que le RB-211. Les moteurs étant moins puissants, la capacité de l'avion dut être réduite à environ 250 places et le fuselage fut raccourci. Sa dénomination changea alors en A300B[7].
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À la suite du retrait du Royaume-Uni du projet, le gouvernement allemand souhaitait fortement continuer le programme. Il s'agissait en effet d'une occasion unique pour les entreprises allemandes, afin qu'elles puissent revenir sur le marché des appareils civils, après une longue interdiction, conséquence de la Seconde guerre mondiale. Le gouvernement allemand exerça une pression considérable sur la France[pm 3]. L'initiative était surtout soutenue par Franz Josef Strauss[7]. Il faut souligner le courage d'Arnold Hall, dirigeant de Hawker-Siddeley, qui décida de rester dans le projet, son entreprise se voyant confier la fabrication des ailes. Encore fallait-il trouver 35 milliards de livres. À nouveau, l'Allemagne donna cette somme[7].
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Le 29 mai 1969, la production de l'A300 fut officiellement lancée par une signature des ministres français Jean Chamant et allemand Karl Schiller[6] lors du salon aéronautique du Bourget[5]. Puis Airbus Industrie fut officiellement créé le 18 décembre 1970[8].
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Si, à cette époque-là, Air France, Air Inter, Lufthansa et British European Airways s'intéressaient au programme, il devint évident qu'Air France avait besoin d'appareils plus grands[ee 2]. C'est la raison pour laquelle l'A300B2, version allongée, qui serait capable de transporter 270 passagers, lui fut proposé, en l'espace de 3 jours[ee 2]. La compagnie française signa enfin, le 3 septembre 1970, son intention d'achat pour six premiers exemplaires[8],[vh 1].
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Le prototype MSN001 assemblé fut officiellement présenté au public à Toulouse, le 28 septembre 1972[ee 3]. Le premier vol de cet A300B1 se déroula le 28 octobre, en avance d'un mois sur le calendrier[ee 4],[5], alors que les ventes de ce nouvel avion ne décollaient toujours pas. Bernard Ziegler fut nommé directeur des vols d'essai[ee 4].
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« Malgré les conditions météorologiques exécrables qui se sont abattues sur le Sud-Ouest, le prototype numéro 1 immatriculé F-WUAB effectue son premier vol le 28 octobre à 10 h 39. Sa durée, 1 h 25, permet de vérifier le bon comportement de l'avion, avec une montée à 4 500 m, fait exceptionnel pour un premier vol, et enclenchement du pilote automatique. « Un vol de routine, un vol historique », note Bernard Ziegler[5], sans faire référence à un atterrissage acrobatique mais parfaitement réussi par Max Fischl[5] malgré un vent traversier particulièrement violent. »
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— Pierre Sparaco, Airbus, la véritable histoire[vh 2]
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En 1973 et en 1974, Airbus effectua plusieurs tournées de démonstration dans le monde pour promouvoir l'A300 auprès des compagnies, notamment aux États-Unis, marché potentiel depuis le lancement du projet[9].
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Airbus obtint la certification de l'A300B2 le 15 mars 1974, auprès des autorités allemande et française[9],[ee 5].
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Finalement, le 23 mai 1974, Air France devint la première compagnie à mettre en service l'A300, sur les vols entre Paris et Londres[2],[9]. Ce vol se distinguait également en raison du premier vol de biréacteur à double allée ainsi que de l'appareil utilisant les matériaux composites[10],[8]. Le 30 mai, la Federal Aviation Administration des Etats-Unis donna sa certification qui permettait désormais d'exploiter cet appareil outre-Atlantique[ee 5].
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Le MSN001, premier prototype, fut démantelé le 27 août 1974, avec une autre immatriculation attribuée F-OCAZ[11]. Il semble que cet appareil fut très différent des exemplaires suivants. De sorte qu'il reste peu de photos au regard de MSN001[12].
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En juin 1976, le carnet de commandes ne comptait que 33 commandes fermes et 23 options en Europe et en Asie[vh 3]. En outre, la plupart des commandes provenaient de compagnies aériennes ayant l'obligation d'acheter une certaine quantité d'avions produits localement, en particulier Air France et Lufthansa. Airbus dut même entreposer jusqu'à 16 exemplaires achevés mais qui n'avaient pas encore trouvé preneurs.
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Entre décembre 1975 et mai 1977, soit durant 18 mois, Airbus ne put obtenir aucune commande ferme, jusqu'à ce que Thai Airways commande deux exemplaires[9],[13]. En janvier 1977, Western Airlines conclut l'acquisition de 8 appareils, une première outre-Atlantique[14]. Pourtant, à la suite du refus de Washington, la compagnie dut dénoncer ce contrat, en achetant cinq B727 et deux DC-10[vh 6].
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En faveur de la ligne de production, il fallut attendre le 6 avril 1978 pour qu'une compagnie américaine Eastern Airlines dénonce 23 appareils de commande ferme avec 9 options[9] accompagnée de 25 A300B10 (futur A310) d'intention d'achat[vh 7]. Cette transaction fut facilitée par la location préalable de quatre appareils A300-B4 neufs (MSN041 - 044) pendant 6 mois, gracieusement, et signé à Toulouse le 2 mai 1977[ee 6].
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Frank Borman, le PDG de la compagnie et ancien astronaute, fut convaincu, non seulement par leur consommation modeste en carburant, notamment en comparaison de ses triréacteurs L-1011, mais aussi par leur ponctualité au départ. En effet, Airbus avait prudemment choisi ses composants. Pour les pièces produites aux États-Unis, il ne fit appel qu'à des pièces éprouvées et aux qualités établies afin d'assurer une bonne fiabilité[15]. Ce fut par exemple le cas des réacteurs CF6 de General Electric, développés pour le DC-10. Enfin, ce choix au lieu du RB207 de Rolls-Royce sauva ce précieux contrat. Car, cet homme distingué de sa carrière auprès de l'armée américaine et de l'astronautique était évidemment plus important que le PDG de Western Airlines. En soulignant de nombreux fournisseurs américains pour le programme de l'A300, notamment ceux du réacteur de General Electric comptant quelque mille entreprises, il réussit finalement à résister aux attaques puissantes de plusieurs administratifs et du PDG de Douglas[13].
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Cette commande marqua un véritable démarrage des ventes de l'A300 qui se maintinrent par la suite à un bon niveau pendant plus de vingt ans, grâce notamment à l'introduction de nouvelles versions A300B4-600 en 1985 et A300F4-600R en 1991, pour atteindre un total de plus de 560 livraisons.
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Non seulement l'A300 était le premier biréacteur à large fuselage au monde mais aussi celui-ci inspira par la suite les biréacteurs B767 et B777 de Boeing. L'A300B4 devint aussi, en 1977, le premier avion conforme à la norme ETOPS-120 autorisant le survol de zones océaniques et désertiques par des avions bimoteurs[16]. La dernière version passager modernisée, les A300B4-600/600R, est autorisée ETOPS-180[easa 3].
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Airbus annonça l'arrêt de la production des Airbus A300 début mars 2006 et celui des A310 en juillet 2007. Ces avions furent produits à 821 exemplaires. Le dernier exemplaire sorti des chaînes de montage d'Airbus fut produit pour le compte de FedEx et livré le 12 juillet 2007.
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Le marché des A300 d'occasion connaît cependant un renouveau grâce à leur reconversion en avions-cargos.
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L'Airbus 300B1 fut construit en deux exemplaires seulement. L'A300B1 obtint sa certification le 12 novembre 1974[easa 4]
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Le premier servit uniquement de prototype et fut ferraillé en 1974, le second fut vendu et mis en service par la compagnie charter belge Trans European Airlines (TEA) avec le matricule OO-TEF. Il était baptisé « Aline » et fut loué à Air Inter en 1980, alors que la compagnie manquait de gros porteurs, en attendant que leurs 5 A300B2-1C fussent aménagés avec 314 sièges en avril 1980[itf 1]. Cet appareil fut surnommé « la Friteuse » par les mécaniciens de la compagnie intérieure.
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Air Algérie loua deux fois cet appareil, avant et après Air Inter. Il pouvait accueillir 259 passagers en classe unique pour un poids maximum de 120 t[vh 8]. Il était propulsé par deux réacteurs General Electric CF6-50A d'une poussée de 220 kN. L'A300B1 n'avait que 2 220 km d'autonomie[ee 2].
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L'Airbus 300 B2 fut le premier modèle de production, il entra en service en mai 1974 pour la compagnie Air France. À la suite de l'arrivée des réacteurs de Pratt & Whitney, le constructeur annonça une modification de dénomination. Il s'agissait d'une dénomination plus logique, selon la version, le fabricant du moteur et son variant (de nos jours, 00-General Electric, 10-CFM International, 20-Pratt & Whitney, 30-International Aero Engines, 40-Rolls-Royce, 50-CFM International (neo), 60-Engine Alliance, 70-Pratt & Whitney (neo) et 80-Europrop International).
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L'A300B2-100 fut la première version de série commerciale à court rayon d'action avec 137 tonnes de masse maximale au décollage[vh 8]. Air Inter fut l'un des premiers et principaux clients de ce modèle. En 1979, la compagnie française fut attaquée en raison de ses tarifs élevés. De plus, le 22 septembre 1981, la SNCF inaugura son service du TGV entre Paris et Lyon. Air Inter devait s'adapter à cette situation. Afin d'augmenter sa productivité, la capacité de l'appareil fut augmentée de 270 à 314 sièges, par la suppression de deux galleys et par l'aménagement de neuf sièges de front[itf 2]. Finalement, Air Inter exploita avec satisfaction quinze exemplaires d'A300B2-1C, notamment en acquérant quelques appareils d'occasion ainsi que six type B4 et un B2K-3C[itf 3].
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Pour les modèles A300B2-201/203, Airbus développa l'A300B2K-3C doté du bec de type Krueger, celui de la version B4, afin d'améliorer les performances lors du décollage et de l'atterrissage. Ainsi, sa masse maximale au décollage augmenta-t-elle jusqu'à 142 tonnes[easa 5]. Le constructeur proposa cette version à South African Airways pour la desserte de l'aéroport de Johannesbourg où la densité de l'air est toujours faible, en raison de l'altitude (1 700 m) et sa haute température. Le premier des quatre exemplaires (MSN32) fut livré le 15 novembre 1976. Comme cet appareil était équipé de réacteurs General Electric CF6-50C2 (2×230,5 kN lors du décollage, 2x206,0 kN après)[easa 6] Airbus vendit sous la dénomination A300B2-203. Il en vendit également huit exemplaires à Iran Air, trois exemplaires à VASP ainsi que MSN112 pour Air Inter, vraisemblablement en raison d'une annulation. De plus, neuf autres A300B2K-3C furent construits pour Toa Domestic Airlines qui devait desservir un certain nombre d'aéroports ayant des pistes courtes. Le réacteur General Electric CF6-50C2R (R : réduction)[easa 5] équipe ces A300B2K-3C, en réduisant sa poussée. Airbus attendait plus de commande de cette version A300B2-201. Mais, en attendant la livraison des A300B4-622R, la compagnie préféra acheter plusieurs A300B4-203 d'occasion, pour profiter d'une grande communauté entre les appareils. L'A300B2-201 ne fut jamais livré.
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L'A300B2-320 fut le premier appareil d'Airbus propulsé par le réacteur de Pratt & Whitney, JT9D-59A (2x230,2 kN lors du décollage, 2x199,2 kN après)[easa 7]. Ses masses à vide et à l'atterrissage étaient accrues. Scandinavian Airlines System qui possédait à l'aéroport d'Arlanda un centre d'entretien de ce type de moteur reçut le premier de ses A300B2-320 le 15 janvier 1980, afin d'optimiser sa capacité des vols entre les capitales scandinaves. Après qu'en 1983, tous les quatre exemplaires fussent convertis en A300B4-120, Scanair, sa filiale charter, bénéficia de l'autonomie améliorée.
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En 2014, seuls six appareils de type B2 étaient exploités. Il s'agissait de trois B2-203 d'Iran Air et de trois B2K-3C de Mahan Air[17]. À la suite du remplacement de l'Airbus A300 ZERO-G depuis octobre 2014[18], il semble qu'ait quasiment été terminée l'exploitation de l'A300B2.
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Airbus développa la version moyen-courrier A300-B4 qui devint la principale version de production des premières années. Il est similaire au A300-B2 avec une masse maximale portée jusqu'à 165 t. Le rayon d'action fut amélioré jusqu'à 5 500 km[ee 2].
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L'A300B4-103/120 fut la première version à autonomie moyenne. Le modèle B4 se caractérise par un réservoir de carburant dans le caisson de voilure et le nez de type Krueger, afin d'atteindre les 157,5 tonne de masse maximale au décollage[easa 8]. Le prototype (MSN9) vendu en 1976 à Air France effectua son premier vol le 26 décembre 1974. German Air reçut le premier appareil (MSN12) le 23 mai 1975. Cet exemplaire de haute densité avec 315 sièges était équipé de réacteurs General Electric CF6-50C2 (2×230,4 kN). 43 A300B4-103 (A300B4-1C auparavant) furent vendus. Seuls 6 A300B4-120 s'équipant le réacteur Pratt & Whitney JT9D-59A (2×235,8 kN) furent construits et acquis par Iberia alors que Scandinavian Airlines System convertit ses 4 A300B2-320 en A300B4-120. En 2011, il ne restait que 5 A300B4-103 actifs dont 4 appareils cargo convertis.
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L'A300B4-203/220 fut une version améliorée avec jusqu'à 165 tonnes de masse maximale au décollage, grâce à la voilure renforcée[easa 9]. Cet appareil est capable d'effectuer le vol de 5 375 km d'autonomie. Équipé deux General Electric CF6-50C2 (2×230,4 kN), l'A300B4-203 (jadis A300B4-2C) est le modèle d'A300 classique le plus vendu, à savoir plus de 100 exemplaires furent construits. Convertis en version fret, une quarantaine d'appareils sont encore en service. Le premier appareil (MSN19) fut livré, le 16 novembre 1975, à Air France. Seul China Airlines acquit 5 A300B4-220 s'équipant Pratt & Whitney JT9D-59A (2×235,8 kN) en raison d'une harmonisation avec les réacteurs de ses B747.
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En 1986, Korean Air acquit 2 A300F4-203[easa 10] (MSN277 et 292), version fret. Ces appareils sont actuellement exploités par Global Charter Services. Trois A300C4-203, la version convertible[easa 11], furent construits pour Thai Airways International (MSN33), Hapag-Lloyd (MSN83) et South African Airways (MSN212). Un autre appareil, MSN256, équipé d'une porte latérale fut produit pour Libyan Airlines. Toutefois, en raison des sanctions économiques, il fut livré à TOA Domestic Airlines, en tant qu'A300B4-203 une fois cette porte bloquée. En dépit de plus de 30 ans d'âge, certains sont encore exploités en 2015, tel MSN277 auprès de Georian Star International.
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Les A300B4-203/220 FFCC (Forward Facing Crew Cockpit)[16] : il s'agit du premier appareil du monde à deux couloirs, commandé par deux seuls pilotes[easa 1]. Le constructeur modifia complètement la poste afin que l'équipage puisse commander l'appareil sans retourner aux compteurs à l'arrière, traditionnellement occupés par le mécanicien de bord. Le premier vol d'essai durant 3 h 40 fut effectué le 6 octobre 1981 (MSN159). C'est Garuda Indonesia qui commença les vols commerciaux le 21 janvier 1982 avec son premier exemplaire de ses 9 A300B4-220 (MSN165)[19],[16]. Commandés par Tunisair, 2 A300B4-203 FFCC (MSN299 et 302) furent construits, mais finalement acquis par Finnair en 1986 et principalement exploités au sein de Kar-Air puis d'Air Scandic International, ses filiales charter. Si Airbus ne compte pas assez de production de ce modèle, ses technologies contribuèrent très bien aux programmes de l'A310 et de l'A300B4-600/600R.
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Au total, 248 exemplaires du B2 et du B4 furent produits.
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Par ailleurs, un nouveau musée aéronautique Aeroscopia fut inauguré à Toulouse en 2015. Si celui-ci se distingue surtout des appareils nés à cette capitale aéronautique tel le Concorde, Airbus fit démanteler MSN001 de l'A300 il y a longtemps. D'où, un A300B4-203 MSN238 fut transformé en A300 classique, avec l'immatriculation de MSN001, F-WUAB. L'appareil y fut déjà accueilli et sa cabine est entièrement visitable[5].
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Les fondateurs d'Airbus envisageaient, depuis le début du programme, des variantes de l'A300, selon eux « une famille d'avion ». Felix Kracht, directeur de la production, en présenta officiellement en bénéficiant du salon aéronautique de Hanovre, le 26 avril 1974[vh 9]. Un peu plus tard, le projet de l'A300B11 fut ajouté dans la liste.
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plus tard,
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Lancé en 1980, l'A300B4-600 est la première version de l'A300 modernisée, en bénéficiant de nouvelles technologies développées pour l'A310. Les certifications pour ces appareils furent toujours accordées en tant que l'A300B4-600, bien que ce modèle soit connu en tant qu'A300-600. En effet, Airbus avait modifié la dénomination de ce modèle, précédemment appelé A300B6.
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Le premier appareil long-courrier d'Airbus, l'A310, avait le vent en poupe. Ainsi, Singapore Airlines en acquit 26 exemplaires, en éliminant ses 4 B757. Mais il fallait moderniser l'A300, car l'A310, un long-courrier de taille plus modeste, ne pouvait pas optimiser le vol moyen-courrier, à savoir celui de l'A300, et ce d'autant plus que la productivité de l'A300 devenait inférieure à celle de l'A310, du fait de son poste de commande classique (3 personnels navigants, à savoir 2 pilotes et 1 mécanicien de bord).
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Grâce à son cockpit conçu pour seulement deux pilotes, l'A300B4-600 augmenta la productivité. Mais il était important d'améliorer aussi la sécurité d'exploitation. En effet, en lançant le L-1011 TriStar, véritable bijou technologique, les ingénieurs de Lockheed avaient constaté que, dans le cockpit des jets de grande taille, la complexité d'un trop grand nombre d'indicateurs, d'instruments et d'organes pouvait provoquer des erreurs, donc des accidents[20]. Afin de résoudre cette difficulté, ils réalisèrent non seulement un pilotage automatique très sophistiqué[21], mais inventèrent également un nouvel indicateur intégrant à la fois l'usage d'un compteur et d'un bouton. Celui-ci s'allume en fonction de son état marche arrêt et est aujourd'hui très utilisé dans tous les domaines industriels. Grâce à lui, les pilotes pouvaient facilement vérifier les états et leurs manœuvres. Airbus amplifia ces idées pour la sécurité, en développant l'A300B4 FFCC (Forward Facing Crew Cockpit), malgré le maintien de technologies analogiques. Enfin, après avoir constaté l'évolution du calculateur[22], le constructeur décida d'adopter les technologies numériques, pour l'A310, puis pour l'A300 modernisé : l'A300B4-600.
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Quelle que soit la taille d'avion, ce fut désormais le calculateur qui commanda l'appareil. Celui-ci n'eut besoin que de 2 pilotes qui ne commandaient plus directement l'appareil. En consultant les calculateurs qui vérifiaient toujours les paramètres, organisaient et optimisaient le vol. Bien entendu, l'équipage pouvait reprendre les commandes manuelles à tout moment. À partir de l'A300B4-600, le pilote devint directeur général du ciel[23].
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Les principales informations requises pour commander l'appareil furent désormais indiquées, selon leur importance, sur 6 écrans à tube cathodique (2 paires identiques pour 2 pilotes et 2 autres) le cockpit acquit le surnom de « cockpit de verre ». Comme les 6 écrans sont identiques, en cas de panne, il est facile d'en changer. Le personnel navigant peut facilement distinguer l'état de l'appareil grâce à un code de couleurs. Si un message est indiqué en rouge, il faut que cette anomalie soit immédiatement résolue.
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Les calculateurs ne furent totalement numériques qu'à partir de l'A320. Du fait de choix des ingénieurs d'Airbus qui voulaient laisser une étape de transition aux pilotes, les instruments concernant les réacteurs demeuraient analogues (voir le cockpit de D-AIAY, A300B4-605R).
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Comme à cette époque la fiabilité du calculateur était encore faible, Airbus choisit d'assurer la redondance par trois ordinateurs de trois types complètement différents, à la fois sur le plan matériel et logiciel, approche opposée au B777 par exemple. Pour que le pilote automatique utilisât des valeurs appropriées, il fallait qu'au minimum 2 résultats (capteurs, etc.) fussent identiques afin de parer à tout défaut, qu'il fût logiciel, de production ou autre.
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Le diamètre de fuselage est identique à celui de l'A300B2/B4. 16 sièges supplémentaires environ (2 rangées de sièges) furent ajoutés à la cabine, et Airbus adopta l'empennage développé pour l'A310 plus court, tout en allongeant la cabine. Il dispose donc d'une capacité typique de 266 passagers et jusqu'à 380 sièges en configuration dense, selon les règles d'évacuation.
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L'A300B4-600 conserve la voilure classique, celle de -B2/-B4. La voilure supercritique de l'A310 ne fut pas adoptée car elle induisait une modification entière et coûteuse de l'appareil, notamment en raison de sa masse maximale au décollage qui aurait été plus lourde (165 tonnes). Toutefois, dès 1989, un certain nombre d'A300B4-600 et tous les A300B4-600R furent équipés d'ailette (flèche) afin d'éviter le tourbillon marginal, la traînée induite et enfin de réduire légèrement la consommation de carburant.
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De plus, pour diminuer le poids et maximiser l'efficacité, toutes les possibilités d'amélioration furent étudiées, notamment les freins et un moteur auxiliaire de puissance[easa 12] plus performants.
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L'A300B4-600 est autorisé à partir de 27 juillet 1990 à exploiter avec ETOPS180, à condition que la compagnie et l'appareil satisfassent les règles requis[easa 3].
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Équipé de 2 réacteurs Pratt & Whitney JT9D-7R4H1 (2×249,1kN), le prototype A300B4-620 ((MSN252), vendu à La Tur Charter le 3 août 1989) effectua son premier vol le 8 juillet 1983[ee 7]. À la suite de la certification de l'A300B4-620 le 9 mars 1984[easa 13], le constructeur livra le premier appareil (A300B4-620 (MSN284)) à Saudia (actuellement Saudi Arabian Airlines) le 1er juin 1984 tandis que Thai Airways International reçut le premier A300B4-601 (MSN368) équipé General Electric CF6-80C2A1 (2×257,4kN) le 26 septembre 1985. L'A300B4-601 avait obtenu sa certification le 17 septembre[easa 13]. Lufthansa choisit pour ses 11 A300B4-603, une autre version plus puissante du réacteur, le CF6-80C2A3 (2×262,2kN). Pratt & Whitney améliora son réacteur dans sa version PW4158 (258,1kN) qui fut adapté pour l'A300B4-622. Ce dernier n'obtint sa certification que le 6 mars 1989[easa 13].
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Seuls quatre exemplaires de la version « convertible » (passager-cargo) A300C4-620[easa 14] furent construits. Deux de ces appareils furent détruits à l'aéroport de Koweït lors de la Guerre du Golfe (1990-1991). Par ailleurs, après avoir acquis cinq A300B4-622 auprès de Korean Air, FedEx les convertit en version fret (A300B4-622F) au sein d'EADS EFW (Elbe Flugzeigwerke).
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En raison de l'amélioration du rayon d'action par l'A300B4-600R, Airbus ne livra que 35 exemplaires de l'A300B4-600, ainsi que 4 A300C4-600.
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En allongeant son rayon d'action (R : extended-Range), Airbus lança ses dernières versions passagers de l'A300. Le constructeur augmenta sa masse maximale au décollage (170,5 tonnes ou 171,7 tonnes[easa 15] au lieu de 165 tonnes) et ajouta un réservoir de carburant d'équilibrage placé dans l'empennage horizontal[easa 16], conçu pour le Concorde. Le carburant dans ce réservoir est utilisé non seulement pour l'alimentation des réacteurs mais également pour le centrage, automatique, au cours du vol. L'A300B4-600R atteignit un rayon d'action de 7 500 km dans sa configuration A300B4-605R, (équipé de deux réacteurs General Electric CF6-80C2A5, 2×267,3kN) et 7 540 km pour l'A300B4-622R, (équipé de deux réacteurs Pratt & Whitney PW4158, 2×258,1kN), dépassant largement les 6 670 km de l'A300B4-600.
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Une particularité de l'A300B4-622R était la disponibilité du système FADEC, une technologie alors nouvelle. Ce fut la raison pour laquelle certains clients d'A300B2/B4 équipés les moteurs de General Electric changèrent leur choix de réacteur (Egypt Air, Japan Air System, Korean Air et Thai Airways International). Toutefois, l'A300B4-605R[easa 15] fut aussi sélectionné par plusieurs compagnies aériennes comme la Lufthansa qui utilisait le même modèle de moteurs de General Electric CF6 pour ses B747 et DC-10, afin de réduire le coût d'entretien.
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Le premier appareil (A300B4-605R, MSN423) fut livré à American Airlines le 21 avril 1988, à la suite de la certification obtenue le 10 mars[easa 15]. Afin d'augmenter la fréquence de ses vols vers les Caraïbes, American Airlines, qui était en novembre 1978 la première compagnie intérieure américaine avant la déréglementation du secteur aérien aux États-Unis, organisa une sévère mise en concurrence entre les deux principaux constructeurs au terme de laquelle elle devint un nouveau client d'Airbus. Elle commanda 25 exemplaires d'A300B4-605R en même temps que 25 Boeing 767. Mais l'A300-600 était le biréacteur de plus grande taille de l'époque et son le rayon d'action et sa capacité de l'A300 en faisaient un appareil de choix pour les lignes d'Amérique latine, si bien que 35 exemplaires furent produits pour cette compagnie.
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En ce qui concerne la version convertible, seuls deux A300C4-605R[easa 17] (MSN 755 et 758) furent construits, acquis par CityBird, rachetés plus tard par Air Atlanta Icelandic et actuellement opérés par MNG Airlines.
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Grâce à l'amélioration du rayon d'action, ce modèle connut un grand succès. Le choix très judicieux du diamètre de fuselage en faisait un avion cargo très demandé, et les compagnies aériennes savaient que l'achat d'A300B4-600R limitaient les risques : en cas de nécessité, les A300 peuvent être convertis en version fret, et réutilisés en cargo, ou revendus. Ainsi, Egypt Air et China Cargo Airlines, filiale de China Eastern Airlines, convertirent certains appareils de leurs flottes en version cargo.
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De son côté DHL Express commença, en mai 2011, à moderniser sa flotte constituée de 13 A300B4-200F. Elle convertit 13 A300B4-622R de Japan Air System (Japan Airlines après leur fusion), en version fret au sein d'EADS EFW (Elbe Flugzeigwerke) de Dresde. Elle précisa, le 12 mai 2011, que la taille intermédiaire de l'A300B4-622RF était idéale pour le réseau aérien européen[24]. En gardant les mêmes procédures de manutention, cet appareil permit un emport de 5 tonnes supplémentaires de charge, une autonomie améliorée de 900 km et une consommation de carburant inférieure de 20 %[25]. Le premier appareil (MSN711) arriva à Leipzig le 5 novembre 2011[26]. À la suite de cette livraison, la compagnie annonça qu'elle ajouterait cinq appareils supplémentaires fin 2011.
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Étant donné que l'A300 manque de certaines hautes technologies standard chez Airbus après l'A320 (Voilure supercritique, Commande de vol électrique...), le dernier exemplaire fut produit en 2002 (MSN838) mettant un terme définitif à la version passager. Japan Air System reçut ce dernier le 25 novembre 2002.
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Le constructeur vendit et livra finalement en tout 165 exemplaires d'A300B4-600R.
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Connu sous le nom de Beluga, l'A300B4-608ST (ST : super-transporter) est un des modèles d'A300B4-600R.
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Le constructeur voulait vendre cet appareil également aux compagnies aériennes de fret. Cependant, seulement 5 exemplaires furent construits, pour Airbus Transport International, sa filiale. Ces avions sont surtout utilisés pour le transport de morceaux encombrants d'Airbus, les fuselages notamment (excepté de l'A380), y compris ceux plus larges des A350 XWB.
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Il s'agit de la version fret de l'A300, dérivée de l'A300B4-600R, et entrée en service en avril 1994 auprès de FedEx (MSN726), après que l'A300F4-605R avait obtenu sa certification le 19 avril[easa 18]. L'A300F4-600R peut transporter jusqu'à 48,1 tonnes de chargement, sur une distance de 4 850 km. Cependant, jusqu'à 3 650 km, il est capable de transporter 54,6 tonnes de fret. Ces appareils sans hublot furent construits à Toulouse en tant que version cargo directement, alors que l'A300B4-600RF est l'appareil converti en version fret à Dresde (EADS EFW, Elbe Flugzeigwerke).
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Certes, à cette époque-là, Airbus réalisa le programme de l'A330/340, les appareils de la nouvelle génération, en démodant la famille A300/310. Toutefois, non seulement l'A300B4-600R avait établi une excellente fiabilité appréciée par un grand nombre de clients mais aussi il gardait une capacité idéale pour le transport de fret, notamment pour remplacer les DC-8F et les B707F vieillis. De plus, son coût d'acquisition était moins cher. En acquérant des A300B4-600RF, FedEx avait besoin de plus d'appareils. Ce sont les raisons pour lesquelles Airbus lança son premier avion de cargo.
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Équipé deux réacteurs de General Electric CF6-80C2A5F[easa 18] (2×271,9kN), 42 exemplaires d'A300F4-605R furent construits pour FedEx. Le constructeur vendit également à Air Hong Kong 8 appareils de ce type. Un autre, MSN872, acquis par Galaxy Airlines en 2006, est actuellement possédé par Trans Mediterranean Airways, après sa défunte. Le rival de FedEx, la campagnie UPS, quant à elle, reçut 53 exemplaires d'A300F4-622R, équipé deux réacteurs de Pratt & Whitney PW4158 (2×258,1kN), en raison d'une cohérence avec d'autres appareils. UPS n'acquit que des A300F4-622R neufs. Il avait fallu qu'Airbus obtienne la certification de ce type, le 20 juin 2000[easa 18].
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En dépit de la modernisation, il est certain que l'A300F4-600R est un appareil d'ancienne génération. L'on comprend que, pour le constructeur, il ne s'agisse plus d'appareil rentable. Aussi Airbus livra-t-elle son dernier A300F4-622R (MSN869) à UPS en juin 2006 tandis que FedEx reçut MSN878, en tant que le dernier de la famille A300/A310, le 12 juillet 2007. Encore faut-il qu'Airbus soutienne leur maintenance jusqu'à leur dernier service, prévu vers 2025. Boeing conservant la production de la même génération, le B767-300F, est encore capable d'obtenir 50 appareils d'intention d'achat ainsi que 50 options de FedEx, annoncée le 22 juillet 2015, et afin de remplacer des A300F et A310F convertis[27]. Il est possible qu'ait été effectuée trop tôt la clôture de la ligne d'assemblage de Toulouse.
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Au total, 104 A300F4-600R furent construits, et l'A330-200F est désormais disponible dans le catalogue d'Airbus, au lieu de cet A300F4-600R.
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L'Airbus A300 ZERO-G est un A300 (B2-1C, MSN3) reconditionné pour les vols paraboliques permettant d'atteindre un état d'apesanteur pendant 22 secondes, à partir de 1999. Il s'agit du prototype de l'A300B2, possédé depuis le 30 mai 1996 par la société Novespace et stationné à l'aéroport de Bordeaux.
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Si cet appareil, ancien prototype de l'A300B2 construit en 1973, ne connaît pas beaucoup de cycles. Ainsi, Novespace annonce en 2011 qu'il lui faut le remplacer par un A310 ou un A300-600 plus récent en 2013 ou 2014[28]. Finalement, Novespace choisit un A310-304 auprès de la Luftwaffe (MSN498) en 2014. Par conséquent, en octobre 2014, l'A300 ZERO-G termine définitivement sa mission[18].
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Avant que l'appareil ne quitte ce programme, à partir du 4 décembre 2012, tous ceux qui voulaient réaliser un vol en apensanteur pouvaient le faire sur cet appareil, Le premier vol de ces vols pour le grand public a été réalisé au départ de Bordeaux, le 15 mars 2013[29] sous la marque Air Zero G[30].
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Depuis sa mise en service en 1974, l'A300 est victime de 32 accidents ou incidents ayant entraîné la destruction de l'avion et fait 1 126 victimes[31]. 3 actes criminels entraînent la mort de 290 personnes et 13 autres sont tuées au cours de 23 détournements[32].
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Parmi les accidents les plus remarquables :
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Démantelé déjà en 1974, le premier prototype MSN001 laissa peu d'images, à l'exception de quelques photos et vidéos. Le musée Aeroscopia à Toulouse, inauguré en janvier 2015, conserve les traces de ce prototype monumental, de deux manières :
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MSN238, bien que légèrement plus long (A300B4-203), porte la livrée de MSN001. Reconvertie en cabine passager de la version fret, sa cabine, visitable, est cependant loin d'être en configuration originale.
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Miguel de Cervantes francisé en Miguel de Cervantès (de son nom complet Miguel de Cervantes Saavedra [miˈɣel de θeɾˈβantes saaˈβeðɾa][b]), né le 29 septembre 1547[c] à Alcalá de Henares et enterré le 23 avril 1616 à Madrid[d], est un romancier, poète et dramaturge espagnol. Il est célèbre pour son roman L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605 et reconnu comme le premier roman moderne.
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Cervantes mène d'abord une vie aventureuse de soldat et participe à la bataille de Lépante en 1571, où il perd l'usage de la main gauche. Cette main paralysée lui vaut le surnom de « Manchot de Lépante ». Le 26 septembre 1575, à son retour vers l'Espagne, il est capturé par les Barbaresques avec son frère, Rodrigo, et, malgré quatre tentatives d'évasion, il reste captif à Alger. En 1580, il est racheté en même temps que d'autres prisonniers espagnols et regagne son pays.
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Marié et séparé de son épouse et occupant diverses fonctions, il se lance alors dans l'écriture par le roman pastoral La Galatea en 1585. En 1605, il publie la première partie de ce qui reste comme son chef-d'œuvre : L'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche dont la deuxième partie ne paraît qu'en 1615. Sa parodie grandiose des romans de chevalerie et la création des personnages mythiques de Don Quichotte, Sancho Panza et Dulcinée, ont fait de Cervantes la plus grande figure de la littérature espagnole et l'un des romanciers les plus éminents du monde. Son roman Don Quichotte a été traduit dans plus de 140 langues et dialectes et fait partie des livres les plus traduits au monde[1],[2],[3].
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Ses premières œuvres théâtrales, peu appréciées de son vivant, ont pourtant donné lieu à de nombreuses imitations. En particulier, la tragédie en vers Le Siège de Numance, écrite de 1581 à 1583, a connu entre 1600 et 1813 cinq imitations sous des titres divers et a inspiré à Lope de Vega La Sainte Ligue.
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Les informations sur la vie de Cervantès sont souvent contradictoires et difficiles à rassembler. Parce que, selon Émile Chasles : « On le laissa mourir en 1616 dans le silence (…). Pendant toute la durée du XVIIe siècle, personne ne s'occupa de son tombeau ni de la publication complète de ses ouvrages[4]. » On ignorait encore son lieu de naissance cent ans après sa mort, avant que Lord Carteret découvre que la vie de Cervantès était à écrire[4]. Mais beaucoup de biographes qui s'y sont essayés ont émis des hypothèses fausses, les traducteurs ont usé de supercheries, et des naïfs ont pris au pied de la lettre les récits autobiographiques de l'auteur[4].
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Le lieu de naissance de Miguel de Cervantès reste inconnu, même s'il naquit le plus probablement à Alcalá de Henares, en Espagne[5]. Selon son acte de baptême, c'est en effet dans cette ville qu'il fut baptisé[5], et c'est également ce lieu de naissance qu'il revendiqua dans son Información de Argel (Information d'Alger), ouvrage publié en 1580[6]. Le jour exact de sa naissance est également incertain[5], mais étant donné la tradition espagnole de nommer son enfant d'après le nom du Saint du jour, il est probable que ce fut un 29 septembre, jour de célébration de l'archange saint Michel[5]. Miguel de Cervantes fut donc baptisé à Alcalá de Henares le 9 octobre 1547 dans la paroisse de Santa María la Mayor[e]. Dans l'acte de baptême on lit :
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« Dimanche, neuvième jour du mois d'octobre, année du Seigneur mille cinq cent quarante-sept, fut baptisé Miguel, fils de Rodrigo de Cervantes et de sa femme Leonora. Il fut baptisé par le révérend Bartolomé Serrano, curé de Notre Seigneur. Témoins, Baltasar Vázquez, Sacristain, et moi, qui le baptisai et signai de mon nom. Bachelier Serrano. »
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— D'après Fernández Álvarez[5]
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Ses grands-parents paternels étaient Juan de Cervantes, juriste, et madame Leonor de Torreblanca, fille de Juan Luis de Torreblanca, un médecin cordouan[7]. Son père Rodrigo de Cervantes (1509-1585) naquit à Alcalá de Henares et était chirurgien[7]. D'après Jean Babelon : « c'était un médecin mal qualifié, et besogneux, qui exerçait son métier au cours de ses fréquentes errances », ce qui expliquerait que Miguel reçut une éducation assez peu méthodique[8].
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L'origine et la religion de ses ancêtres sont controversées. Cervantès avait des ancêtres convertis au christianisme dans les deux branches de sa famille, selon Américo Castro et Daniel Eisenberg[7]. Jean Canavaggio s'oppose à cette analyse. Il insiste sur le fait que cette ascendance juive « n'est pas prouvée » et compare Cervantès à Mateo Alemán pour qui les origines sont documentées. Cependant, en Espagne, la controverse dépasse le cadre historique et prend un tour éminemment politique : la naissance de Cervantès, écrivain le plus emblématique de l'Espagne, intervient peu après le décret d'expulsion des Juifs d'Espagne. Il ne faut cependant pas en exagérer l'influence sur l'interprétation de l'œuvre de Cervantès[7] :
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« On l'a soupçonné, on le soupçonne toujours, d'avoir des origines suspectes. On a même écrit des livres spécieux, truffés d'interprétations cabalistiques. On a lu en hébreu certains de ses propos, vu des allusions bibliques, alors qu'on est à tout le moins assuré d'une chose : serait-il d'origine marrane, Cervantès ne connaissait pas un mot d'hébreu. »
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— Michel del Castillo[9].
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Peu de choses sont connues sur la mère de Miguel de Cervantes. Elle s'appelait Leonora de Cortinas Sánchez[10] et il est possible qu'elle eût parmi ses ascendants des convertis au christianisme[7]. Miguel était le troisième d'une fratrie de cinq[7] : Andrés (1543), Andrea (1544), Luisa (1546), qui devint prieure dans un couvent de carmélites, Rodrigo (1550), soldat qui accompagna Miguel dans sa captivité à Alger[10]. Magdalena (1554) et Juan ne furent connus que parce que leur père les mentionna dans son testament, ils moururent en bas âge[7].
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Alors que le nom complet de Cervantès est « Miguel de Cervantes Saavedra », le nom « Saavedra » n'apparut sur aucun document de la jeunesse de Cervantès[11], et ne fut pas utilisé par ses frères et sœurs. Selon la tradition espagnole, le nom de naissance aurait dû être « Miguel de Cervantes Cortinas ». Miguel ne commença à utiliser le nom « Saavedra » qu'après son retour de captivité d'Alger[11], peut-être pour se différencier d'un certain Miguel de Cervantes Cortinas expulsé de la cour.
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Vers 1551, Rodrigo de Cervantes déménagea avec sa famille à Valladolid. Il fut emprisonné pour dettes pendant quelques mois et ses biens furent confisqués. En 1556 la famille est à Madrid[7], le père se rendit à Cordoue pour recevoir l'héritage de Juan de Cervantes, grand-père de l'écrivain, et pour fuir ses créanciers.
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Il n'existe pas de données précises sur les études de Miguel de Cervantes[7]. Il est probable que celui-ci n'atteignit jamais un niveau universitaire[4]. Valladolid, Cordoue et Séville se trouvent parmi les hypothèses de lieux possibles pour ses études. La Compagnie de Jésus constitue une autre piste[12] puisque dans son roman Le Colloque des chiens, il décrit un collège de jésuites et fait allusion à une vie d'étudiant[12]. Jean Babelon pense qu'il a certainement fréquenté l'université d'Alcalá et celle de Salamanque si l'on se fie à ses écrits sur la vie pittoresque des étudiants[8]. Les informations qu'il fournit dans ses ouvrages ne permettent cependant pas de conclure formellement qu'il suivit un enseignement universitaire, comme le rappelle la bibliothèque virtuelle Cervantès[7].
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En 1566, il s'installa à Madrid. Il assista à l’Estudio de la Villa[7]. L'institution était gérée par le professeur de grammaire Juan López de Hoyos[7], qui publia en 1569 un livre sur la maladie et la mort de la reine Élisabeth de Valois[13], la troisième épouse du roi Philippe II. López de Hoyos inclut dans ce livre trois poésies de Cervantès, « notre cher et aimé disciple », qui sont ses premières manifestations littéraires : le jeune homme avait écrit ces vers en hommage à la défunte reine[8].
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Ce fut à cette époque que Cervantès prit goût au théâtre en assistant aux représentations de Lope de Rueda et de Bartolomé Torres Naharro dont les pièces étaient jouées dans les villes et les villages par des comédiens ambulants[8]. Il adorait le monde du théâtre et fit déclarer à son célèbre Hidalgo, dans la seconde partie de son chef-d'œuvre Don Quichotte de la Manche : « il n'avait d'yeux que pour le spectacle[f] ».
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Une ordonnance de Philippe II de 1569 a été conservée. Le roi y ordonnait d'arrêter Miguel de Cervantès, accusé d'avoir blessé dans un duel un certain Antonio Sigura, maître d'œuvre. Si cette ordonnance concerna réellement Cervantès et non un homonyme, elle pourrait expliquer sa fuite en Italie[14].
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Miguel de Cervantès arriva à Rome en décembre 1569. Il lut alors les poèmes de chevalerie de Ludovico Ariosto et les Dialogues d'amour du juif séfarade León Hebreo (Juda Abravanel), d'inspiration néoplatonicienne et qui influencèrent sa vision de l'amour. Cervantès s'instruisit du style et des arts italiens dont il garda par la suite un très agréable souvenir.
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Mais malgré son goût pour la littérature, Cervantès cherchait d'abord à faire carrière dans les armes. Il s'engagea dans une compagnie de soldats de 1570 à 1574[14],[g] avant d'entrer comme camerier au service de Giulio Acquaviva, qui devint cardinal en 1570 et qu'il suivit en Italie. Il avait probablement rencontré ce cardinal à Madrid, mais ce dernier ne le garda pas longtemps comme secrétaire, et Cervantès dut prendre rang dans les régiments des tercios d'Italie, à la solde des Colonna[13]. Les hasards de la vie militaire l'entraînèrent sur les routes de toute l'Italie : Naples, Messine, Loreto, Venise, Ancône, Plaisance, Parme, Asti et Ferrare. Il consigna par la suite le souvenir de ces différents séjours dans l'une de ses Nouvelles exemplaires : Le Licencié Vidriera[8]. Il lui arrivait de méditer sur la guerre, et de vitupérer la « diabolique invention de l'artillerie »[8]. Mais tout en combattant, il complétait son éducation littéraire par la lecture des classiques anciens et des auteurs italiens de son époque[13].
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En 1570, le sultan Selim II attaqua Nicosie (Chypre). Cervantès décrit l’événement dans la nouvelle L'Amant généreux qui fait partie des Nouvelles exemplaires. Il fut alors enrôlé dans la compagnie du capitaine Diego de Urbina dans le tercio de Manuel de Moncada. La flotte, commandée par Don Juan d'Autriche, fils naturel du puissant Charles Quint et demi-frère du roi, réunit sous son pavillon les vaisseaux du Pape, ceux de Venise, et ceux de l'Espagne[15], et engagea la bataille de Lepante le 7 octobre 1571. Cervantès prit part à la victoire sur les Turcs dans le golfe de Patras à bord du bateau la Marquesa (la Marquise). Dans une information légale[16] élaborée huit ans plus tard on lisait :
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« Quand fut reconnue l'armée du Turc, dans cette bataille navale, ce Miguel de Cervantès se trouvait mal et avec de la fièvre, et ce capitaine... et ses amis lui dirent, comme il était malade et qu'il avait de la fièvre, qu'il restât en bas dans la cabine de la galère ; il se demanda alors ce que l'on dirait de lui, et qu'il ne faisait pas ce qu'il devait, et qu'il préférait mieux mourir en se battant pour Dieu et pour son roi, que ne pas mourir sous couverture, et avec sa santé... Et il se battit comme un vaillant soldat contre ces Turcs dans cette bataille au canon, comme son capitaine lui a demandé et ordonné, avec d'autres soldats. Une fois la bataille terminée, quand le seigneur don Juan sut et entendit comment et combien s'était battu ce Miguel de Cervantès, il lui donna quatre ducats de plus sur sa paye... De cette bataille navale il sortit blessé de deux coups d'arquebuse dans la poitrine et à une main, de laquelle il resta abîmé[16]. »
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Ce fut après cette bataille qu'il gagna le surnom de « manchot de Lépante » (el manco de Lepanto)[15]. Cervantès fut blessé lors de la bataille : sa main gauche ne fut pas coupée, mais elle perdit son autonomie de mouvement à cause du plomb qui lui avait sectionné un nerf. Après six mois d'hôpital à Messine, Cervantès renoua avec sa vie militaire en 1572. Il prit part aux expéditions navales de Navarin (1572), Corfou, Bizerte, et en 1573, il figurait dans le tercio de Figueroa lors de la bataille de Tunis. Toutes ces missions furent exécutées sous les ordres du capitaine Manuel Ponce de León et dans le régiment du très fameux Lope de Figueroa dont il est fait mention dans Le maire de Zalamea de Pedro Calderón de la Barca.
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Cervantès décrivit tous les combats navals auxquels il avait pris part et pour lesquels il gardait une juste rancœur. À tous ceux qui se moquaient de lui il répondait :
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« Comme si mon état de manchot avait été contracté dans quelque taverne, et non dans la plus grande affaire qu'aient vu les siècles passés, et présent, et que puissent voir les siècles à venir[17],[15] ! »
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Plus tard, il parcourut les villes principales de Sicile et Sardaigne, de Gênes et de la Lombardie. Il resta finalement deux ans à Naples, jusqu'en 1575. Cervantès était très fier d'avoir participé à la bataille de Lépante.
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Le 20 septembre 1575, Cervantès bénéficia d'un congé et il s'embarqua de Naples pour l'Espagne. Mais au large des Saintes-Maries-de-la-Mer[13],[h], et alors qu'il naviguait à bord de la galère espagnole El Sol[13], le bateau fut attaqué par trois navires turcs commandés par le renégat albanais Arnaute Mamí[15], le 26 septembre 1575[14]. Miguel et son frère Rodrigo furent emmenés à Alger. Cervantès fut attribué comme esclave au renégat Dali Mamí, marin aux ordres d'Arnaute. Il fit le récit de sa mésaventure dans L'Espagnole-Anglaise, qui fait partie des Nouvelles exemplaires.
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Miguel, porteur de lettres de recommandations de la part de don Juan d'Autriche et du Duc de Sessa fut considéré par ses geôliers comme quelqu'un de très important et de qui ils pourraient obtenir une forte rançon. C'était, selon l'expression de l'époque un « esclave de rachat » pour lequel on demanda cinq cents écus d'or de rançon[15].
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Les sources permettant de retracer la captivité de Cervantès sont des écrits autobiographiques[18] : ses comédies Los tratos de Argel, Los baños de Argel («Les Bains d'Alger»)[18] et Le Récit du Captif inclus dans la première partie de Don Quichotte, aux chapitres 39 à 41[15]. Le livre du frère Diego de Haedo, Topographie et histoire générale d'Alger (1612), qui offre des informations importantes sur la captivité de Cervantès, a été donné pour une source « indépendante ». Cependant, l'attribution de cette œuvre à Diego de Haedo est erronée, chose que lui-même reconnut en son temps[18]. Selon Emilio Sola, Antonio de Sosa[18], bénédictin et compagnon de captivité de Cervantès, a coécrit cet ouvrage avec son ami[18]. En conséquence, le livre de Diego de Haedo n'est pas une confirmation indépendante de la vie de Cervantès à Alger, mais un écrit de plus de la part de Cervantès et qui porte aux nues son héroïsme[18].
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Le récit de la captivité de Cervantès est épique. Pendant ses cinq ans d'emprisonnement, Cervantès, d'esprit fort et motivé, essaya de s'échapper à quatre occasions. Pour éviter des représailles sur ses compagnons de captivité, il assuma la totale responsabilité de ces tentatives devant ses ennemis et préféra la torture à la délation[18]. Il n'a cependant jamais été châtié[18], peut-être pour des raisons politiques[18].
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La première tentative de fuite fut un échec, car le complice maure qui devait conduire Cervantès et ses compagnons à Oran les abandonna dès le premier jour. Les prisonniers durent retourner à Alger, où ils furent enfermés et mieux gardés. En butte à de dures représailles, Cervantès fut alors employé aux carrières et aux fortifications du port. Il devint ensuite jardinier sous les murs de Bab El Oued pour son maître Hassan.
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L'écrivain relate en partie ce dernier épisode dans L'Amant libéral inclus dans le tome I de Nouvelles espagnoles[19].
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Cependant, la mère de Cervantès avait réussi à réunir une certaine quantité de ducats, avec l'espoir de pouvoir sauver ses deux fils. En 1577, après avoir traité avec les geôliers, la quantité de ducats se révéla insuffisante pour libérer les deux frères. Miguel préféra que ce soit son frère qui fût libéré. Rodrigo rentra alors en Espagne en possession d'un plan élaboré par Miguel pour se libérer, lui et ses quatorze ou quinze autres compagnons[15].
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Cervantès s'associa au renégat El Dorador (le Doreur) pour une deuxième évasion. Le plan prévoyait que Cervantès se cachât avec les autres prisonniers dans une grotte, en attendant une galère espagnole qui viendrait les récupérer. La galère, effectivement, vint et tenta de s'approcher deux fois de la plage ; mais finalement elle fut capturée à son tour. Le traître El Dorador dénonça les chrétiens cachés dans la grotte. Cervantès se déclara alors seul responsable de l'organisation, de l'évasion et d'avoir convaincu ses compagnons de le suivre. Le vice-roi d'Alger, Hassan Vénéziano, le racheta à son maître pour une somme de cinq cents écus d'or[15].
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Dans le quartier algérois de Belouizdad, la « grotte de Cervantes[20] » est réputée avoir été la cache de Cervantès et ses compagnons.
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La troisième tentative fut conçue par Cervantès dans le but de joindre par la terre Oran alors sous domination espagnole. Il envoya là-bas un Maure avec des lettres pour Martín de Córdoba y Velasco[i], général de cette place, en lui expliquant la situation et lui demandant des guides.
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Le messager fut pris. Les lettres découvertes dénonçaient Miguel de Cervantès et montraient qu'il avait tout monté. Il fut condamné à recevoir deux mille coups de bâtons, mais la condamnation ne fut pas appliquée car de nombreuses personnes intercédèrent en sa faveur.
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La dernière tentative de fuite se produisit en 1579[15] avec la complicité du renégat Giron et à l'aide d'une importante somme d'argent que lui donna un marchand valencien de passage à Alger, Onofre Exarque[15]. Cervantès acheta une frégate capable de transporter soixante captifs chrétiens[21].
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Alors que l'évasion était sur le point de réussir, l'un des prisonniers, l'ancien dominicain le docteur Juan Blanco de Paz, révéla tout le plan à Azán Bajá[21],[j]. Comme récompense, le traître reçut un écu et une jarre de graisse. Cervantès fut repris et condamné à cinq mois de réclusion dans le bagne du vice-roi. Azán Bajá transféra alors Cervantès dans une prison plus sûre, au sein de son palais[21]. Il décida par la suite de l'emmener à Constantinople, d'où la fuite deviendrait une entreprise quasi impossible à réaliser. Une fois encore, Cervantès assuma toute la responsabilité[21].
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En mai 1580, les frères Trinitaires, frère Antonio de la Bella et frère Juan Gil, arrivèrent à Alger. Leur Ordre tentait de libérer des captifs, y compris en se proposant eux-mêmes comme monnaie d'échange. Cinq cents captifs furent libérés par leur entremise. Les sources divergent sur les modalités d'obtention des fonds. Certaines biographies avancent que la famille fortunée de Cervantès paya sa rançon[22]. Pour une autre source[15], Fray Jorge de Olivarès de l'ordre de la Merci resta en otage contre sept mille autres prisonniers. Enfin, pour d'autres biographes[21], les frères Antonio de la Bella et Juan Gil ne disposaient que de trois cents écus pour faire libérer Cervantès, dont on exigeait cinq cents pour la rançon. Frère Juan Gil collecta la somme qui manquait parmi les marchands chrétiens. Finalement, au moment où Cervantès était monté dans le vaisseau du Pacha Azán Bajá qui retournait à Constantinople avec tous ses esclaves, l'écrivain fut libéré le 19 septembre 1580 par un acte de rachat passé devant le notaire Pedro de Ribera, et il s'embarqua le 24 octobre 1580 en route pour Denia, d'où il gagna Valence en cherchant à gagner sa vie[15].
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Le 24 octobre, il revint enfin en Espagne avec d'autres captifs sauvés également. Il arriva à Dénia, d'où il partit pour Valence. Vers novembre ou décembre, il retrouva sa famille à Madrid. C'est à ce moment-là qu'il commença à écrire Le Siège de Numance, de 1581 à 1583[23].
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Il est probable que La Galatea fut écrite entre 1581 et 1583 ; c'est sa première œuvre littéraire remarquable. Elle fut publiée à Alcalá de Henares en 1585. Jusqu'alors il n'avait publié que quelques articles dans des œuvres d'autrui ou des recueils, qui réunissaient les productions de divers poètes.
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La Galatea est divisée en six livres, mais seule la « première partie » fut écrite. Cervantes promit de donner une suite à l'œuvre ; elle ne fut pourtant jamais imprimée. Non sans autodérision, Cervantes place dans la bouche de l'un des personnages de Don Quichotte ce commentaire sur La Galatée :
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« Il y a bien des années, reprit le curé [Pedro Perez], que ce Cervantes est de mes amis, et je sais qu'il est plus versé dans la connaissance des infortunes que dans celle de la poésie. Son livre ne manque pas d'heureuse invention, mais il propose et ne conclut rien. Attendons la seconde partie qu'il promet ; peut-être qu'en se corrigeant, il obtiendra tout à fait la miséricorde qu'on lui refuse aujourd'hui. »
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— Cervantes[24]
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Dans le prologue de la Galatée, l'œuvre est qualifiée d'« églogue » et l'auteur insiste sur l'affection qu'il a toujours eue pour la poésie. C'est un roman pastoral, genre littéraire déjà publié en Espagne dans la Diana de Jorge de Montemayor. On peut encore y deviner les lectures qu'il a pu avoir quand il était soldat en Italie.
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De retour à Madrid[25], il eut une aventure avec la femme d'un aubergiste[25] qui lui donna une fille naturelle, Isabelle, en octobre 1584[25]. Deux mois plus tard, le 12 décembre 1584[25], Miguel de Cervantes se maria avec Catalina de Salazar y Palacios[25] dans le village d'Esquivias[25] près de Tolède où le couple déménagea[25]. Catalina était une jeune fille qui n'avait pas vingt ans et qui lui apporta une dot modeste. Après deux ans de mariage, Cervantes entreprit de grands voyages à travers l'Andalousie. En 1587[26], il était à Séville, séparé de sa femme[26], sans que les raisons de leur séparation ne fussent claires[26]. Cervantes ne parla jamais de son épouse dans ses textes autobiographiques[26], bien qu'il fût le premier à avoir abordé le thème du divorce dans son intermède Le juge des divorces et alors que cette procédure était impossible dans un pays catholique. Il conclut ce texte par :
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« mieux vaut la pire entente
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que le meilleur divorce[27] »
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Nommé commissaire aux vivres par le roi Philippe II lors de la préparation de l'attaque espagnole de l'Invincible Armada contre l'Angleterre[26], Cervantès séjourna à Séville entre 1585 et 1589[26]. Il parcourut à nouveau le chemin entre Madrid et l'Andalousie, qui traverse la Castille et la Manche[26]. Ce voyage est raconté dans Rinconete et Cortadillo[26]. Mais, en 1589, il fut accusé d'exactions, arrêté et excommunié[13]. L'affaire le mettait aux prises avec le doyen et le chapitre de Séville. Au cours de ses réquisitions à Écija, Cervantès aurait détourné des biens de l'Église. Un peu plus tard, en 1592, le commissaire aux vivres fut arrêté de nouveau à Castro del Río, dans la province de Cordoue pour vente illicite de blé[28]. Il fut de nouveau emprisonné pour une courte période et accepta un emploi à Madrid : il fut affecté au recensement des impôts dans la région de Grenade[28].
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C'est vers cette époque qu'il commença à rédiger Don Quichotte. Il eut l'idée du personnage probablement dans la prison de Séville, peut-être dans celle de Castro del Río[11]. En tout cas, selon ses dires, « dans une prison, où toute incommodité a son siège, où tout bruit sinistre a son siège, où tout bruit lugubre fait sa demeure[11],[29]. »
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La malchance poursuivit l'écrivain qui avait déposé ses avoirs chez le banquier portugais Simon Freyre, lequel fit faillite. Cervantès se retrouva de nouveau en prison à Séville de septembre à décembre 1597 où il retourna encore en 1602 et 1603[28].
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En 1601, le roi Philippe III s'établit avec sa cour à Valladolid qui devint pour un temps la capitale de l'Espagne. Cervantès s'y installa en 1604[30] dans une maison près de l'hôpital de la résurrection qui lui inspira le décor du Colloque des chiens, et de Scipion et Berganza.
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À la fin de 1604[30], il publia la première partie de ce qui fut son chef-d'œuvre : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche. Le livre fut un succès immédiat[30]. Il y raillait le goût des aventures romanesques et chevaleresques qui dominait en son temps. Cette œuvre marqua la fin du réalisme en tant qu'esthétique littéraire, créa le genre du roman moderne qui eut une très grande influence et constitue sans doute le plus bel exemple de roman picaresque. Cependant en juin de 1605[30], Don Santiago Gaspar de Espeleta fut assassiné devant la maison de l'écrivain. On accusa Cervantès sur la base d'insinuations[30] des voisins, et sa famille fut mise à l'index. Il fut pourtant reconnu innocent[13].
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De retour à Madrid avec la cour, Cervantès bénéficia de la protection des ducs de Lerma, de Bejar, et de Lemos ainsi que de celle du cardinal Bernardo de Sandoval, archevêque de Tolède.
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En 1613 parurent les Nouvelles exemplaires, un ensemble de douze récits brefs, écrits plusieurs années auparavant. Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès : « La peinture est sobre, juste ; le style brillant, précis (...) on assiste à la naissance d'une poésie brutale et cependant jamais vulgaire[31]. »
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La critique littéraire est une constante dans l'œuvre de Cervantès. Elle apparut dans la Galatea et se poursuivit dans Don Quichotte. Il lui consacra le long poème en tercets enchaînés le Voyage au Parnasse en 1614[32].
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De même, dans Huit comédies et huit intermèdes, recueil de pièces de théâtre publié à Madrid en 1615, que Cervantès qualifie de « nouvelles » (œuvres nouvelles) pour les distinguer de ses œuvres du début[33], le prologue présente une synthèse du théâtre espagnol depuis les origines jusqu'aux productions de Lope de Rueda et Lope de Vega. Ce recueil réunit toute la production des dernières années de l'auteur[33].
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La seconde partie du Don Quichotte ne parut qu'en janvier 1615 : L'Ingénieux chevalier don Quichotte de la Manche. Cette partie sortit deux ans après la parution d'une suite apocryphe signée d'un mystérieux Alonso Fernández de Avellaneda publiée cours de l'été 1614 à Tarragone, et qui s'intitulait : L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, par le licencié Alonso Fernández de Avellaneda natif de Tordesillas[28]. On n'a jamais pu identifier l'auteur de cette contrefaçon déloyale. On sait qu'Alonso Fernández de Avellaneda est le pseudonyme d'un écrivain espagnol. Les historiens ont émis plusieurs hypothèses quant au personnage qui se cachait derrière ce nom. Il pourrait s'agir de Lope de Vega, de Juan Ruiz de Alarcón y Mendoza, ou de Tirso de Molina. Un groupe d'amis de Lope est également évoqué[34].
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Les deux parties de Don Quichotte forment une œuvre qui donne à Cervantès un statut dans l'histoire de la littérature universelle, aux côtés de Dante, Shakespeare, Rabelais et Goethe comme un auteur incontournable de la littérature occidentale. Balzac lui rendit hommage dans l'avant-propos de La Comédie humaine, où il le cita comme un de ses inspirateurs aux côtés de Goethe et Dante et dans Illusions perdues il qualifie Don Quichotte de sublime :
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« Enfin le grand Cervantès, qui avait perdu le bras à la bataille de Lépante en contribuant au gain de cette fameuse journée, appelé vieux et ignoble manchot par les écrivailleurs de son temps, mit, faute de libraire, dix ans d'intervalle entre la première et la seconde partie de son sublime Don Quichotte. »
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— Honoré de Balzac[35]
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L'étrange inventeur, comme lui-même se nomme dans Le Voyage au Parnasse[36], mourut à Madrid le 22 avril 1616, en présentant les symptômes du diabète[36]. Il était alors tertiaire de l'Ordre de saint François. Il fut probablement enterré dans le couvent de cet ordre, entre les rues madrilènes Cantarranas et Lope de Vega. C'est là qu'il repose avec son épouse, sa fille et celle de Lope de Vega[37] bien que certaines sources affirment que, Cervantès étant mort pauvre, sa dépouille fut mise en fosse commune, et est aujourd'hui perdue[38].
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Le roman Les Travaux de Persille et Sigismonde parut un an après la mort de l'écrivain ; sa dédicace au comte de Lemos fut signée seulement deux jours avant le décès. Ce roman grec, qui prétend concurrencer le modèle classique grec d'Héliodore, connut quelques éditions supplémentaires à son époque mais il fut oublié et effacé par le triomphe indiscutable du Don Quichotte.
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La Galatée fut écrite en 1584 et publiée l'année suivante à Alcalá de Henares par Blas de Robles[25] sous le titre de Primera parte de La Galatea, dividida en seis libros («Première partie de Galatée, divisée en six livres»)[25]. Le livre aurait été commencé durant la détention à Alger et seule la première des six parties annoncées fut rédigée[39].
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Le livre met en scène deux pasteurs amoureux de Galatée alors que celle-ci préfère son indépendance. C'est un roman pastoral[40], genre alors classique. Le livre permet une lecture à plusieurs niveaux et plusieurs trames s’enchevêtrent[39]. Cette œuvre représente une étape importante pour ce genre[25] initié au milieu du XVIe siècle par Diane de Jorge de Montemayor[25] et par Diane amoureuse de Gil Polo et dont Cervantès se serait inspiré[39],[40]. Sous la forme d’un roman pastoral[39], cette œuvre narrative[39] est un prétexte à une étude de la psychologie amoureuse[39].
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Plusieurs années plus tard, dans le Colloque des chiens, Cervantès, anticipant la désuétude de ce genre[40], moqua le roman pastoral[25] : l'ambiance bucolique, le printemps éternel et les reproches d'un amant à une femme indifférente[25]. La bibliothèque virtuelle Cervantes[25] affirme cependant qu'il ne s'agit pas seulement d'une œuvre de jeunesse, mais qu'elle « exprime dans un mélange de prose et de vers intercalés, au travers de la recherche d'une impossible harmonie des âmes et des cœurs, le rêve de l'Âge d'Or[25] ».
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Cervantès affirma à deux reprises vouloir donner une seconde partie à Galatée, dans Don Quichotte, lors de l'épisode de la bibliothèque de Don Quichotte, et dans Persilès et Sigismonde :
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« C’est la Galatée de Miguel de Cervantès, répondit le barbier.
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— Il y a bien des années, reprit le curé, que ce Cervantès est un de mes amis, et je sais qu’il est plus versé dans la connaissance des infortunes que dans celle de la poésie. Son livre ne manque pas d’heureuse invention ; mais il propose et ne conclut rien. Attendons la seconde partie qu’il promet ; peut-être qu’en se corrigeant il obtiendra tout à fait la miséricorde qu’on lui refuse aujourd’hui. En attendant, seigneur compère, gardez-le reclus en votre logis. »
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— Miguel de Cervantes, L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, chapitre VI
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El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha (L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche) est la plus célèbre des œuvres de Cervantes. La première partie fut publiée à Madrid par Juan de la Cuesta en 1605. Le même éditeur imprima la seconde partie, L'ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche, en 1615.
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Cervantes y raconte les aventures du pauvre hidalgo Alonso Quichano, vivant dans la Manche et obsédé par les livres de chevalerie. Alors que l'époque des chevaliers est déjà révolue, il prend la décision de devenir le chevalier errant Don Quichotte, et de parcourir l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Il rencontre de nombreux êtres restés célèbres, Sancho Panza, paysan naïf devenu écuyer ; Rossinante son cheval famélique ; Dulcinée du Toboso, l'élue de son cœur à qui Don Quichotte jure amour et fidélité. Les auberges deviennent des châteaux, les paysannes des princesses, et les moulins à vent des géants. Aussi bien le héros que son serviteur subissent des changements complexes et des évolutions pendant le déroulement du récit.
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En parodiant un genre en déclin, comme les romans de chevalerie, Cervantès créa un autre genre extrêmement vivace, le roman polyphonique. Dans ce genre, en jouant avec la fiction, se superposent les points de vue jusqu'à se confondre de manière complexe avec la réalité elle-même. À l'époque, la poésie épique pouvait aussi s'écrire en prose. Après le précédent de Lope de Vega au théâtre, peu respectueux des modèles classiques, Cervantès inscrivit son œuvre dans un
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réalisme[41] annoncé par une longue tradition littéraire espagnole qui avait été commencée avec El Cantar del Mío Cid, pour aller vers ce que certains qualifient déjà de « réalisme magique »[42]. Dès cette époque, le roman investit le réel, et fait reposer l'effort d'imagination sur les lecteurs et l'auteur[43] :
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« Heureux, trois fois heureux le siècle où l'intrépide chevalier Don Quichotte de la Manche vint au monde, s'exclame le narrateur, car […] il nous offre, en ces temps si pauvres en distractions, le plaisir d'écouter non seulement sa belle et véridique histoire, mais les récits et nouvelles qu'elle renferme. »
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— Miguel de Cervantes, Don Quichotte de la Manche, chapitre XXVIII
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Avec un génie créatif indubitable, il ouvrit de nouveaux chemins à partir de terrains connus qui paraissaient alors des impasses. Il dépassa la nouvelle italienne, court récit, pour créer le premier roman moderne dont l'influence et la renommée éclipsèrent le reste de l’œuvre de l'écrivain[44]. Borges considère Don Quichotte comme « le dernier livre de chevalerie et la première nouvelle psychologique des lettres occidentales »[45].
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Cervantès popularisa ce style en Europe où il eut plus de disciples qu'en Espagne. Le roman réaliste tout entier fut marqué par ce chef-d'œuvre qui servit de modèle à la littérature Européenne postérieure[46]. L'influence de Cervantès - et en particulier du Don Quichotte - dans la littérature universelle est telle que l'espagnol est souvent nommé la « langue de Cervantès ».
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Novelas ejemplares (Les Nouvelles exemplaires) sont un ensemble de douze nouvelles inspirées du modèle italien caractérisé par son idéalisme[44]. Elles sont écrites de 1590 à 1612 et publiées en 1613[44]. Cervantès les nomme « exemplaires » parce que c'est le premier exemple en castillan de nouvelles de ce type au caractère didactique et moral inscrit dans la narration[44]. C'est ce qu'il explique dans le prologue du livre :
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« C'est à cela que s'est appliqué mon entendement, par-là que m'emmène mon inclinaison, et plus que je ne veux le faire comprendre, et c'est ainsi, que je suis le premier à avoir nouvellé en langue castillane, car la plupart des nombreuses nouvelles qui courent dans cette langue, sont traduites de langues étrangères, et celles-ci sont les miennes propres, non imitées ni appropriées ; mon intelligence et ma plume les engendrèrent, et elles vont grandissantes dans les bras de l'imprimeur. »
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— Miguel de Cervantes, Nouvelles exemplaires, Prologue
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C'est un ensemble de douze récits brefs[44]. Son inspiration est originale, et il tente diverses formules narratives comme la satire lucianesque (Le Colloque des chiens), le roman picaresque (Rinconete et Cortadillo), la miscelánea et le mélange de sentences et de mots d'esprits (Le Licencié Vidriera), le roman grec (L'Espagnole anglaise, L'Amant libéral), le roman policier (La Force du sang), la narration constituée sur une anagnorèse (La Petite Gitane), Le Jaloux d'Estrémadure, dont le personnage principal Cañizares est considéré comme une « figure vraiment grande » à l'instar de Don Quichotte et du Licencié de Vidriera[47]. Selon Jean Cassou, ce recueil de nouvelles représente le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantès.
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Les nouvelles suivantes complètent le recueil : La Tante supposée (La tía fingida), L'Illustre laveuse de vaisselle (La ilustre fregona), Les Deux Jeunes Filles (Las dos doncellas), Madame Cornelie (La señora Cornelia), Le Mariage trompeur (El casamiento engañoso)[44].
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Les Travaux de Persille et Sigismonde (Los trabajos de Persiles y Sigismunda, historia septentrional) est la dernière œuvre de Cervantes qui employa les deux dernières années de sa vie à l'écrire[36] sur le patron du roman grec. Il promettait de terminer ce livre au fil de ses œuvres antérieures, dans le prologue des Nouvelles exemplaires, dans le Voyage au Parnasse et dans la dédicace de la seconde partie du Don Quichotte[36]. Cervantes considérait Persilès et Sigismonde comme son chef-œuvre[48]. Le livre fut terminé le 20 avril 1616[36], deux jours avant sa mort et fut publié en 1617[36].
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Au lieu de n'utiliser que deux personnages centraux, Cervantès fait appel à un groupe comme fil conducteur de l'œuvre[49]. Sigismonde, princesse de Frise, prend pour surnom Auristelle et Persille, prince de Thulé, devient Pérandre[48]. Ils partent chercher auprès du Pape la légitimation de leur amour dans des aventures opposant Europe nordique et méditerranéenne[48]. L'histoire a pour décors les brumes nordiques où s'ajoutent des éléments fantastiques et merveilleux[48] qui anticipent le réalisme magique. Danièle Becker voit dans ce roman « un voyage initiatique vers la connaissance du christianisme civilisateur »[49]. D'une certaine manière, Cervantes christianise le modèle original en utilisant le cliché de l’homo viator[50] et en atteignant le point culminant à la fin de l'œuvre avec l'anagnorisis des deux amoureux, à Rome :
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« Nos âmes, comme tu le sais bien et comme on me l'a enseigné ici, se meuvent dans un continuel mouvement et ne peuvent s'arrêter sinon en Dieu, ou en leur centre. Dans cette vie les désirs sont infinis et certains s'enchaînent aux autres et forment une maille qui une fois arrive au ciel et une autre plonge en enfer. »
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La structure et l'intention de ce roman sont très complexes mais supportent toutefois une interprétation satisfaisante. La dédicace au comte de Lemos date du 19 avril 1616[36] soit quatre jours avant sa mort. Il cite dans sa préface quelques vers d'une ancienne romance : « Le pied dans l'étrier, en agonie mortelle, Seigneur, je t'écris ce billet[36]. »
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L'essentiel des vers de Cervantès est intégré dans des ouvrages en prose : des nouvelles et des pièces de théâtre[51]. Ce sont des pièces séparées utilisées pour illustrer une circonstance particulière de la pièce de théâtre ou de la romance à laquelle ils appartiennent (enterrement, chant, commémoration, etc.)[51]. Cervantès s'inspire de la poésie italienne[51].
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En dehors de ces textes, il existe deux œuvres narratives en vers, le Chant de Caliope, inclus dans Galatée, et le Voyage au Parnasse écrit en 1614 « d'après César Caporal Perusino »[52]. C'est un débat et une réflexion artistique où les écrivains de l'ancienne et de la nouvelle époque font un voyage littéraire au mont Parnasse pour s'y affronter.
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La quasi-totalité de ces vers ont été perdus ou n'ont pas été identifiés[51]. Une croyance erronée lui attribue l'invention des vers brisés. Cervantès déclare avoir composé un grand nombre de romances et disait aimer particulièrement l'une d'elles sur la jalousie. Il a participé dans les années 1580 à l'imitation des romances antiques avec d'autres grands poètes contemporains (Lope de Vega, Góngora et Quevedo). Ce mouvement est à l'origine de la « Nouvelle Romance », nommé par opposition à l'« ancienne » romance anonyme du XVe siècle[51].
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Il commence son œuvre poétique par quatre compositions dédiées aux obsèques de la Reine Isabelle de Valois[7]. Il écrit par la suite les poèmes A Pedro Padilla, A la muerte de Fernando de Herrera (À la mort de Fernando de Herrera) et A la Austriada de Juan Rufo (À L'Austriade de Juan Rufo). Son trait le plus marquant comme poète est son ton comique et satirique. Ses principales œuvres sont Un fanfaron en spatule et culotte et un sonnet Al túmulo del rey que se hizo en Sevilla dont les derniers vers restent célèbres[53] :
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Y luego, encontinente,
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Caló el chapeo, requirió la espada,
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miró al soslayo, fuese, y no hubo nada[53],[54].
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Et après, incontinent,
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Il enfonça son chapeau, toucha son épée,
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Regarda de travers, partit, et il ne se passa rien.
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Si l'intérêt littéraire premier de Cervantès va vers la poésie et le théâtre, genre qu'il n'abandonne jamais, il se sent frustré par son incapacité à n'être reconnu ni comme poète ni comme dramaturge[51]. Il s'est efforcé d'être un poète, bien qu'il ait douté de ses capacités[51]. Sa confession dans le Voyage au Parnasse[51],[55], peu avant de mourir, est à l'origine de nombreuses polémiques dont il ressort que son œuvre en vers n'est pas à la hauteur de son œuvre narrative[55] :
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Yo que siempre trabajo y me desvelo
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por parecer que tengo de poeta
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la gracia que no quiso darme el cielo[56]
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Moi, qui toujours travaille et suis angoissé
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pour paraître avoir d'un poète
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la grâce que le ciel ne m'a pas voulu donner
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La Lettre à Mateo Vázquez ainsi que les livrets en prose El buscapié, Une revendication de Don Quichotte sont des faux[57] écrits par l'érudit du XIXe siècle Adolfo de Castro[57].
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Avec Luis Quiñones de Benavente et Francisco de Quevedo, Cervantès est l'un des principaux dramaturges espagnols, il a apporté une plus grande profondeur des personnages, un humour renouvelé, un meilleur projet et une transcendance du thème. Différentes interconnexions entre le monde théâtral et les narrations de Cervantès existent. Par exemple, le thème initial du « vieux jaloux » apparaît également dans Le Jaloux d'Estrémadure des Nouvelles exemplaires. Le personnage de Sancho Panza est repris dans l’Élection des maires de Daganzo, où le protagoniste est un fin dégustateur de vin, comme l'est l'écuyer de Don Quichotte. Le thème baroque de l'apparence et de la réalité est présent dans Le Retable des merveilles où Cervantès adapte le conte médiéval Le roi est nu de Don Juan Manuel en lui donnant un contenu social.
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Le Juge des divorces, comme nombre de ses pièces, est autobiographique par certains de ses aspects. Cervantès arrive à la conclusion que « mieux vaut la pire entente / que le meilleur divorce ». Pour écrire ses intermèdes, Cervantes utilise aussi bien la prose que les vers.
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Les pièces importantes du théâtre de Cervantès ont été injustement mal appréciées et peu représentées[58].
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« La verve comique que Cervantès avait montrée dans Don Quichotte, semblait le rendre éminemment propre au théâtre (…) ce fut par là qu'il lança sa carrière littéraire ; mais quoiqu'il y ait eu des succès, il éprouva aussi des mortifications, et son talent dramatique ne fut point alors jugé proportionné à la supériorité qu'il a développée dans d'autres genres[59]. »
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Les réticences de Cervantès aux comédies du style de Lope de Vega alors en vogue ne sont probablement pas étrangères à cet état de fait[58]. Les professionnels du spectacle refusent de mettre à leurs affiches les pièces de Cervantès, qu'ils jugent être « des oisivetés de vieux »[58]. Cervantès le confesse dans ses Huit comédies et huit intermèdes :
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« En pensant que les siècles où avaient cours mes louanges duraient encore, je me remis à écrire quelques comédies, mais je ne trouvais plus d'oiseaux dans les nids d'antan ; je veux dire que je ne trouvais plus d'auteur qui me les demandât, bien qu'ils sussent que je les avais, et ainsi, je les enfermais dans un coffre et les condamnais au silence perpétuel[58] »
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Il opte par la suite pour se passer de comédiens et publie ses pièces sans les représenter[58], comme il l'indique le 22 juillet 1614 dans son supplément au Parnasse[58].
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Le Siège de Numance est la plus aboutie des imitations de tragédies classiques en espagnol[60] et a cependant reçu un bon accueil. La mise en scène du patriotisme, du sacrifice collectif face au général Scipion l'Africain, de la faim comme souffrance existentielle et les prophéties d'un avenir glorieux à l'Espagne ont sans doute joué un rôle dans cette reconnaissance bien que d'autres pièces oubliées mettent également en valeur ce patriotisme, comme La Conquête de Jérusalem récemment redécouverte[61].
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De ses autres pièces, beaucoup font référence à sa captivité à Alger. Cervantès a réuni ses œuvres non représentées dans Huit comédies et huit intermèdes jamais représentés. Ce recueil de pièces de théâtre est publié à Madrid en 1615 à titre posthume[62]. Il réunit toute la production des dernières années de l'auteur. Des œuvres manuscrites sont également conservées : La Vie à Alger, Le Gaillard espagnol, La Grande Sultane, Les Bagnes d'Alger[62].
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La majorité des pièces sont aujourd'hui perdues. Seules restent Le Siège de Numance et La Vie à Alger. On attribue également à Cervantès : Les Deux bavards, La Prison de Séville, L'Hôpital des pourris, L'Intermède de romances[62]. Son théâtre a été traduit pour la première fois en 1862 par Alphonse Royer. Le Voyage au Parnasse a été traduit par Joseph-Michel Guardia en 1864.
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Cervantès mentionne diverses œuvres en cours de rédaction ou qu'il pensait écrire. Parmi eux, se trouvent la deuxième partie de Galatée, Le Fameux Bernardo (probablement un livre de chevalerie autour de Bernardo del Carpio) et Les Semaines du jardin[36]. Il est également possible qu'il ait pensé écrire une suite à Belianis de Grèce.
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Cervantès cite des pièces de théâtre qui ont été représentées mais qui sont aujourd'hui perdues. C'est le cas de La Grande Turque, La Bataille navale, Jérusalem, Amaranta ou celle de mai, Le Bois amoureux, L'Unique, La Bizarre Arsinda et La Confuse. Cette dernière figure au répertoire de Juan Acacio jusqu'en 1627. Cervantès cite également une comédie : Le Traité de Constantinople et la mort de Sélim.
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Plusieurs œuvres nous sont parvenues et sont attribuées à Cervantès, sans avoir de preuve définitive. Parmi les plus connues, se trouve La Tante supposée[63] dont la narration et le style la rapprochent des Nouvelles exemplaires. Le Dialogue entre Cilène et Sélane sur la vie paysanne est également attribué à Cervantès et on suppose qu'il s'agit d'un fragment d'une pièce perdue : Les Semaines du jardin'[63].
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La Topographie et histoire générale d'Alger constitue un cas particulier. Cette œuvre est éditée en 1612 à Valladolid, et on sait que le signataire, frère Diego de Haedo abbé de Fromista, n'en est pas l'auteur. Le livre a été écrit par un ami de Cervantès, le religieux portugais Antonio de Sosa alors qu'ils étaient ensemble en détention à Alger, entre 1577 et 1581[18]. Ainsi, Sosa a été le premier biographe de Cervantes ; son récit de l’épisode de la grotte où il décrit la seconde tentative d'évasion de l'écrivain figure dans le Dialogue des martyrs d'Alger.
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En 1992, l'hispaniste italien Stefano Arata publie le texte d'un manuscrit d'une pièce de théâtre : La Conquête de Jérusalem par Godofre de Bullon. Dans l'article qu'Arata publie en même temps que la pièce, il affirme avoir retrouvé la pièce Jérusalem de Cervantès[61]. D'autres études sont publiées en 1997 puis en 2010 et concluent dans le même sens[64]. Depuis, la pièce est effectivement attribuée à l'écrivain espagnol. Les éditions Catedra Letras Hispanas en font une première publication critique en 2009 avec la mention Œuvre attribuée à Cervantès.
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Signe de la place emblématique que Cervantès occupe dans la culture espagnole et hispanophone, l'espagnol est couramment désigné par la périphrase « langue de Cervantès », au même titre que, par exemple, l’allemand est « langue de Goethe », l’anglais « langue de Shakespeare », le français « langue de Molière » et l’italien « langue de Dante ».
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De nombreux prix, sculptures, bâtiments et institutions gardent la mémoire de Cervantès. Cinq « maisons de Cervantès » peuvent se visiter à Valladolid[65], à Madrid, à Vélez-Málaga et à Cartagène. À Alger, la grotte de Cervantes où il a trouvé refuge lors d'une de ses tentatives d'évasion fait aujourd'hui partie d'un jardin public.
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Le plus important des prix de littérature en castillan est le prix Miguel de Cervantes. Le trophée Cervantès[66] est, en football, un tournoi amical qui se déroule dans sa ville de naissance, Alcalá de Henares.
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L'Institut Cervantes assure la promotion et l'enseignement de la langue espagnole de par le monde. Il existe au moins quatorze théâtres à son nom dans cinq pays différents. Onze sont en Espagne (Almería, Malaga, Alcalá de Henares, Santa Eulalia (Alicante) (es), Béjar, Salamanque, Jaén, Murcia, Petrel, Ségovie, Valladolid), les autres sont au Mexique (México, Guanajuato), au Maroc (Tanger), au Chili (Putaendo) et en Argentine (Buenos Aires).
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De nombreux monuments en hommage à Cervantès ont été érigés dans toute l'Espagne. Son village, Alcalá de Henares, accueille une statue sur la place Cervantès. Madrid lui dédie divers monuments : un ensemble monumental sur la place d'Espagne[67], une sculpture sur la plaza de las Cortes et une autre à la Bibliothèque nationale d'Espagne et enfin une dernière sur la place où a eu lieu son enterrement. Valladolid accueille une autre statue de l'écrivain.
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De nombreux instituts, dans divers domaines, ont pris le nom de l'écrivain. On compte parmi eux des collèges et lycées[k] dans de nombreux pays, des facultés de lettres[l], des bibliothèques, des cinémas Art et Essai, une revue littéraire (qui édite de 1916 à 1920) et un centre médical dans sa ville de naissance. De très nombreuses villes de par le monde ont nommé des rues, places ou avenues d'après l'auteur du Don Quichotte. La « Semaine Cervantès[68] » est une fête célébrée dans diverses villes espagnoles alors que le « festival Cervantès[69] » est organisé chaque année par l'état mexicain de Guanajuato.
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Trois navires ont été baptisés de son nom : un destroyer argentin[70] (1925-1961), un croiseur espagnol[71] (1929-1964) et une brigantine construite en 1885 et utilisée aujourd'hui comme navire-école[72].
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Depuis 1999, les pièces en euro de l'Espagne de 10, 20 et 50 centimes sont dédiés à Cervantès dont le portrait est affiché sur l'avers.
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La Jeunesse de Cervantès, œuvre musicale pour orchestre réduit, composée par Paul Ladmirault.
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Son visage, d'après le portrait présumé de Juan de Jaúregui, figure sur les pièces de 10, 20 et 50 centimes d'euro espagnoles.
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Plus récemment, un roman ayant pour sujet l'épisode de la vie de Cervantès chez les barbaresques a été publié par Olivier Weber[73].
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Le Siège de Numance (El Cerco de Numancia), tragédie en quatre actes et en vers écrite à Madrid entre 1581 et 1583, imprimée seulement en 1784[23]. Elle a donné lieu à de nombreuses imitations. Lope de Vega en a tiré La Sainte Ligue en 1600, Francisco Mosquera de Barnuevo en a fait un poème La Numancia ou La Numantina en 1612[74] dans lequel pas une fois il ne fait référence à son illustre prédécesseur[75]. Rolas Zorrilla l'a reproduite dans deux comédies : Numancia cercada et Numancia destruida. Une nouvelle imitation de Lopez de Sedano a vu le jour en 1771 : Cerco y ruina de Numancia. En 1775, Ignacio López de Ayala qui a présenté une Numancia destruida. En 1813, Antonio Sabiñón a repris la pièce sous le titre Numancia, tragedia española
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Don Quichotte est le modèle de nombreuses œuvres signées par d'autres auteurs que Cervantès. Du vivant de Cervantès, une première suite une suite apocryphe des aventures de don Quichotte est publiée et est attribuée à Avellaneda. Le célèbre hidalgo est cité également dans de nombreuses œuvres littéraires, musicales, peintures et sculptures.
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En 2008, l'artiste québécoise d'origine new-yorkaise Dulcinée Langfelder crée une œuvre inspirée de Don Quichotte : La Complainte de Dulcinée[76].
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Quatre siècles après la mort de l'écrivain, la mairie de Madrid a décidé de financer, en 2014, des recherches à l'aide du géoradar et de la thermographie infrarouge pour retrouver sa dépouille dans le quartier des Lettres (Barrio de las Letras) dans le centre de Madrid, car sa sépulture s'est perdue au fil des ans et des travaux d'agrandissement de l'église des Trinitaires et du couvent attenant[77],[78]. L'équipe de scientifiques espagnols a commencé ses recherches fin avril[79],[80].
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Début juin 2014, 4 zones contenant des ossements ont été explorées, ainsi qu'une crypte contenant 33 sépultures. L'équipe de 10 médecins légistes continue les études des ossements trouvés[81].
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Début 2015, l'équipe scientifique constituée de 22 spécialistes (architecte, géomètre, médecin-légiste, anthropologue légiste, expert en identification d'ADN) continue les analyses. Sont particulièrement examinés les restes trouvés dans la crypte et qui pourraient les relier à Cervantès : les os d'un sexagénaire, presque édenté, avec atrophie de la main gauche, à la suite des blessures subies lors de la bataille de Lépante, ainsi que des blessures à la poitrine, à la suite d'impacts d'arquebuse[82]. Le 24 janvier 2015, ont été découverts les restes d'un cercueil, marqué des initiales « MC », qui laisse beaucoup d'espoirs à l'équipe scientifique. Cependant, les chercheurs ont rencontré des difficultés supplémentaires, car ils ont découvert dans les niches beaucoup plus de sépultures que prévu[83],[84].
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Le 17 mars 2015, les restes de Miguel de Cervantès auraient été identifiés[85]
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Le cerveau est le principal organe du système nerveux des animaux bilatériens. Ce terme tient du langage courant (non scientifique) et chez les chordés, comme les humains, il peut désigner l'encéphale, ou uniquement une partie de l'encéphale, le prosencéphale (télencéphale + diencéphale), voire seulement le télencéphale. Néanmoins, dans cet article, le terme cerveau prend son sens le plus large.
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Le cerveau des chordés est situé dans la tête, protégé par le crâne chez les craniés, et son volume varie grandement d'une espèce à l'autre. Pour les animaux d'autres embranchements, certains centres nerveux sont également appelés cerveau par analogie avec les chordés.
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Le cerveau régule les autres systèmes d'organes du corps, en agissant sur les muscles ou les glandes, et constitue le siège des fonctions cognitives. Ce contrôle centralisé de l'organisme permet des réponses rapides et coordonnées aux variations environnementales. Les réflexes, schémas de réponses simples, ne nécessitent pas l'intervention du cerveau. Toutefois, les comportements plus sophistiqués nécessitent que le cerveau intègre les informations transmises par les systèmes sensoriels et fournisse une réponse adaptée.
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L'encéphale est une structure extrêmement complexe qui peut renfermer jusqu'à plusieurs milliards de neurones connectés les uns aux autres. Les neurones sont les cellules cérébrales qui communiquent entre elles par le biais de longues fibres protoplasmiques appelées axones. L'axone d'un neurone transmet des influx nerveux, les potentiels d'action, à des cellules cibles spécifiques situées dans des régions plus ou moins distantes du cerveau ou de l'organisme. Les cellules gliales sont le deuxième type cellulaire du cerveau et assurent des fonctions très diversifiées, centrées autour du support des neurones et de leurs fonctions. Bien que les cellules gliales et les neurones aient probablement été observés pour la première fois en même temps au début du XIXe siècle, contrairement aux neurones dont les propriétés morphologiques et physiologiques étaient directement observables pour les premiers investigateurs du système nerveux, les cellules gliales étaient considérées, jusqu'au milieu du XXe siècle, simplement comme de la « glu » qui « colle » les neurones ensemble[1].
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Malgré de grandes avancées en neurosciences, le fonctionnement du cerveau est encore mal connu. Les relations qu'il entretient avec l'esprit sont le sujet de nombreuses discussions, aussi bien philosophiques que scientifiques.
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Depuis son origine, la recherche sur le cerveau a connu principalement trois phases : phase philosophique, phase expérimentale et phase théorique. Pour le futur des neurosciences, certains auteurs prédisent une phase de simulation[2].
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Le cerveau est la structure biologique la plus complexe connue[3] ce qui rend souvent délicate la comparaison de cerveaux de différentes espèces à partir de leur apparence. Néanmoins, l'architecture du cerveau présente plusieurs caractéristiques communes à un grand nombre d'espèces. Trois approches complémentaires permettent de les mettre en évidence. L'approche évolutionniste compare l'anatomie du cerveau entre différentes espèces et repose sur le principe que les caractères retrouvés sur toutes les branches descendantes d'un ancêtre donné étaient aussi présentes chez leur ancêtre commun. L'approche développementale étudie le processus de formation du cerveau du stade embryonnaire au stade adulte. Enfin, l'approche génétique analyse l'expression des gènes dans les différentes zones du cerveau.
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L'origine du cerveau remonte à l'apparition des bilatériens, une des principales subdivisions du règne animal notamment caractérisée par une symétrie bilatérale des organismes, il y a environ 550-560 millions d'années[4]. L'ancêtre commun de ce taxon suivait un plan d'organisation de type tubulaire, vermiforme et métamérisé ; un schéma qui continue de se retrouver dans le corps de tous les bilatériens actuels, dont les humains[5]. Ce plan d'organisation fondamental du corps est un tube renfermant un tube digestif, reliant la bouche et l'anus, et un cordon nerveux qui porte un ganglion au niveau de chaque métamère du corps et notamment un ganglion plus important au niveau du front appelé « cerveau ».
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La composition du cerveau des protostomiens est très différente de celle des chordés (qui sont épineuriens), à tel point qu'il est difficile de comparer les deux structures sauf à se baser sur la génétique. Beaucoup de protostomiens sont hyponeuriens ; deux groupes s'en démarquent par un cerveau relativement complexe : les arthropodes et les céphalopodes[6]. Le cerveau de ces deux groupes provient de deux cordons nerveux parallèles qui s'étendent à travers tout le corps de l'animal. Les arthropodes ont un cerveau central avec trois divisions et de larges lobes optiques derrière chaque œil pour le traitement visuel[6]. Les céphalopodes possèdent le plus gros cerveau de tous les protostomiens. Celui des pieuvres est très développé, avec une complexité similaire à celle rencontrée chez les chordés, ce qui permet aux pieuvres de développer des capacités cognitives comme la possibilité d'utiliser un outil[7].
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Le cerveau de quelques hyponeuriens a été particulièrement étudié. Par la simplicité et l'accessibilité de son système nerveux, l'aplysie (un mollusque) a été choisie comme modèle par le neurophysiologiste Eric Kandel pour l'étude des bases moléculaires de la mémoire qui lui valut un Prix Nobel en 2000[8]. Cependant, le cerveau d'hyponeurien le plus étudié demeure celui de la drosophile (un arthropode). Du fait de l'important panel de techniques à disposition pour étudier leur matériel génétique, les drosophiles sont tout naturellement devenues un sujet d'étude sur le rôle des gènes dans le développement du cerveau[9]. De nombreux aspects de la neurogénétique des drosophiles se sont avéré être également valable chez l'humain. Par exemple, les premiers gènes impliqués dans l'horloge biologique furent identifiés dans les années 1970 en étudiant des drosophiles mutantes montrant des perturbations dans leur cycles journaliers d'activité[10]. Une recherche sur le génome des chordés a montré un ensemble de gènes analogues à ceux de la drosophile jouant un rôle similaire dans l'horloge biologique de la souris et probablement également chez l'humain[11].
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Un autre protostomien, le ver nématode Caenorhabditis elegans a fait l'objet, comme la drosophile, d'études génétiques approfondies[12] car son plan d'organisation est très stéréotypé : le système nerveux du morphe hermaphrodite possède exactement 302 neurones, toujours à la même place, établissant les mêmes liaisons synaptiques pour chaque ver[13]. Au début des années 1970, du fait de sa simplicité et de sa facilité d’élevage, Sydney Brenner le choisit comme organisme modèle pour ses travaux sur le processus de régulation génétique du développement qui lui valurent un Prix Nobel en 2002[14]. Pour ses travaux, Brenner et son équipe ont découpé les vers en milliers de sections ultra fines et photographié chacune d'entre elles au microscope électronique afin de visualiser les fibres assorties à chaque section et ainsi planifier chaque neurone et chaque synapse dans le corps du ver[15]. Actuellement, un tel niveau de détail n'est disponible pour aucun autre organisme, et les informations récoltées ont rendu possibles de nombreuses études.
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L'embranchement des chordés, auquel appartiennent les humains, est apparu lors de l'explosion cambrienne[16].
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Le cerveau de l'ensemble des chordés présente fondamentalement la même structure[17]. Il est constitué d'un tissu mou d'une texture gélatineuse[18]. De manière générale, le tissu cérébral vivant est rosâtre à l'extérieur et blanchâtre à l'intérieur. Le cerveau des chordés est enveloppé d'un système membranaire de tissu conjonctif, les méninges, qui sépare le crâne du cerveau[19]. De l'extérieur vers l'intérieur, les méninges sont composées de trois membranes : la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère. L'arachnoïde et la pie-mère sont étroitement connectées entre elles et peuvent ainsi être considérées comme une seule et même couche, la pie-arachnoïde. Compris entre l'arachnoïde et la pie mère, l'espace sous-arachnoïdien contient le liquide cérébro-spinal qui circule dans l'étroit espace entre les cellules et à travers les cavités appelées système ventriculaire. Ce liquide sert notamment de protection mécanique au cerveau en absorbant et amortissant les chocs et à transporter hormones et nutriments vers le tissu cérébral. Les vaisseaux sanguins viennent irriguer le système nerveux central à travers l'espace périvasculaire au-dessus de la pie-mère. Au niveau des vaisseaux sanguins, les cellules sont étroitement jointes, formant la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau en agissant comme un filtre vis-à-vis des toxines susceptibles d'être contenues dans le sang.
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Les cerveaux des chordés possèdent la même forme sous-jacente, caractérisée par la manière dont le cerveau se développe[20]. Pendant le neurodéveloppement, le système nerveux commence à se mettre en place par l'apparition d'une fine bande de tissu neural parcourant tout le dos de l'embryon. La bande s'épaissit ensuite et se plisse pour former le tube neural. C'est à l'extrémité avant du tube que se développe le cerveau, l'émergence de celui-ci chez les premiers chordés aquatiques étant en relation avec le développement de leur sens de l'olfaction lié à leurs capacités exploratrices à la recherche de proies. Au départ, le cerveau se manifeste comme trois gonflements qui représentent en fait le prosencéphale, le mésencéphale et le rhombencéphale. Chez de nombreux groupes de chordés, ces trois régions gardent la même taille chez l'adulte, mais le prosencéphale des mammifères devient plus important que les autres régions, le mésencéphale étant lui plus petit[21].
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La corrélation entre la taille du cerveau et la taille de l'organisme ou d'autres facteurs a été étudiée sur un grand nombre d'espèces de chordés. La taille du cerveau augmente avec la taille de l'organisme, mais pas de manière proportionnelle. Chez les mammifères, la relation suit une loi de puissance, avec un exposant d'environ 0,75[22]. Cette formule s'applique pour le cerveau moyen des mammifères mais chaque famille s'en démarque plus ou moins, reflétant la complexité de leur comportement. Ainsi, les primates ont un cerveau cinq à dix fois plus gros que ce qu’indique la formule. De manière générale, les prédateurs tendent à avoir des cerveaux plus gros. Quand le cerveau des mammifères augmente en taille, toutes les parties n'augmentent pas dans la même proportion. Plus le cerveau d'une espèce est gros, plus la fraction occupée par le cortex est importante[23], 80 % de l'activité cérébrale dépendant des signaux visuels chez les primates[21].
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En neuroanatomie des chordés, le cerveau est généralement considéré comme constitué de six régions principales définies sur la base du développement du système nerveux à partir du tube neural : le télencéphale, le diencéphale, le mésencéphale, le cervelet, le pont, et le bulbe rachidien[24]. Chacune de ces régions possède une structure interne complexe. Certaines régions du cerveau, comme le cortex cérébral ou le cervelet, sont formées de couches formant des replis sinueux, les circonvolutions cérébrales, qui permettent d'augmenter la surface corticale tout en logeant dans la boîte crânienne. Les autres régions du cerveau représentent des groupes de nombreux noyaux. Si des distinctions claires peuvent être établies à partir de la structure neurale, la chimie et la connectivité, des milliers de régions distinctes peuvent être identifiées dans le cerveau des chordés.
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Dans plusieurs branches des chordés, l'évolution a amené des changements importants sur l'architecture du cerveau. Les composants du cerveau des requins sont assemblés de façon simple et directe, mais chez les poissons téléostéens, groupe majoritaire des poissons modernes, le prosencéphale est devenu éverté. Le cerveau des oiseaux présente également d'importants changements[25]. Un des principaux composants du prosencéphale des oiseaux, la crête ventriculaire dorsale, a longtemps été considéré comme l'équivalent du ganglion basal des mammifères, mais est maintenant considéré comme étroitement apparenté au néocortex[26].
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De nombreuses régions du cerveau ont gardé les mêmes propriétés chez tous les chordés[3]. Le rôle de la plupart de ces régions est encore soumis à la discussion mais il est malgré tout possible de dresser une liste des régions principales du cerveau et le rôle qu'on leur attribue selon les connaissances actuelles :
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Le cortex cérébral est la région du cerveau qui distingue au mieux le cerveau des mammifères de celui des autres vertébrés, celui des primates de celui des autres mammifères, et celui des humains de celui des autres primates. Le rhombencéphale et le mésencéphale des mammifères est généralement similaire à celui des autres vertébrés, mais des différences très importantes se manifestent au niveau du prosencéphale qui n'est pas seulement beaucoup plus gros mais présente également des modifications dans sa structure[36]. Chez les autres chordés, la surface du télencéphale est recouverte d'une simple couche, le pallium[37]. Chez les mammifères, le pallium a évolué en une couche à six feuillets appelée néocortex. Chez les primates, le néocortex s'est grandement élargi, notamment au niveau de la région des lobes frontaux. L'hippocampe des mammifères a également une structure bien particulière.
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L'histoire évolutive de ces particularités mammaliennes, notamment le néocortex, est difficile à retracer[37]. Les synapsides, ancêtres des mammifères, se sont séparés des sauropsides, ancêtres des reptiles actuels et des oiseaux, il y a environ 350 millions d'années. Ensuite, il y a 120 millions d'années, les mammifères se sont ramifiés en monotrèmes, marsupiaux et placentaires, division qui a abouti aux représentants actuels. Le cerveau des monotrèmes et des marsupiaux se distingue de celui des placentaires (groupe majoritaire des mammifères actuels) à différents niveaux, mais la structure de leur cortex cérébral et de leur hippocampe est la même. Ces structures ont donc probablement évolué entre -350 et -120 millions d'années, une période qui ne peut être étudiée qu'à travers les fossiles mais ceux-ci ne préservent pas les tissus mous comme le cerveau.
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Le cerveau des primates possède la même structure que celui des autres mammifères, mais il est considérablement plus large proportionnellement à la taille de l'organisme[23]. Cet élargissement provient essentiellement de l'expansion massive du cortex, notamment au niveau des régions servant à la vision et à la prévoyance[38]. Le processus de perception visuelle chez les Primates est très complexe, faisant intervenir au moins trente zones distinctes et un important réseau d'interconnexions, et occupe plus de la moitié du néocortex[39]. L'élargissement du cerveau provient également de l'élargissement du cortex préfrontal dont les fonctions sont difficilement résumables mais portent sur la planification, la mémoire de travail, la motivation, l'attention, et les fonctions exécutives.
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Chez les humains, l'élargissement des lobes frontaux est encore plus extrême, et d'autres parties du cortex sont également devenues plus larges et complexes.
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Le tissu cérébral est composé de deux types de cellules, les neurones et les cellules gliales[40]. Les neurones jouent un rôle prépondérant dans le traitement de l'information nerveuse tandis que les cellules gliales, ou cellules de soutien, assurent diverses fonctions annexes dont le métabolisme cérébral. Bien que ces deux types de cellules soient en même quantité dans le cerveau, les cellules gliales sont quatre fois plus nombreuses que les neurones dans le cortex cérébral[41].
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Contrairement aux cellules gliales, les neurones sont capables de communiquer entre eux à travers de longues distances[42]. Cette communication se fait par des signaux envoyés par le biais de l'axone, prolongement protoplasmique du neurone qui s'étend depuis le corps cellulaire, se ramifie et se projette, parfois vers des zones proches, parfois vers des régions plus éloignées du cerveau ou du corps. Le prolongement de l'axone peut être considérable chez certains neurones. Les signaux transmis par l'axone se font sous forme d'influx électrochimiques, appelés potentiels d'action, qui durent moins d'un millième de seconde et traversent l'axone à une vitesse de 1 à 100 mètres par seconde. Certains neurones émettent en permanence des potentiels d'action, de 10 à 100 par seconde, d'autres n'émettent des potentiels d'action qu'occasionnellement.
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Le point de jonction entre l'axone d'un neurone et un autre neurone, ou une cellule non-neuronale, est la synapse où le signal est transmis[43]. Un axone peut avoir jusqu'à plusieurs milliers de terminaisons synaptiques. Lorsque le potentiel d'action, après avoir parcouru l'axone, parvient à la synapse, cela provoque la libération d'un agent chimique appelé neurotransmetteur. Une fois libéré, le neurotransmetteur se lie aux récepteurs membranaires de la cellule cible. Certains récepteurs neuronaux sont excitateurs, c'est-à-dire qu'ils augmentent la fréquence de potentiel d'action au sein de la cellule cible ; d'autres récepteurs sont inhibiteurs et diminuent la fréquence de potentiel d'action ; d'autres ont des effets modulatoires complexes.
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Les axones occupent la majeure partie de l'espace cérébral[44]. Les axones sont souvent regroupés en larges groupes pour former des faisceaux de fibres nerveuses. De nombreux axones sont enveloppés d'une gaine de myéline, une substance qui permet d'augmenter fortement la vitesse de propagation du potentiel d'action. La myéline est de couleur blanche, de telle sorte que les régions du cerveau essentiellement occupées par ces fibres nerveuses apparaissent comme de la substance blanche tandis que les zones densément peuplées par les corps cellulaires des neurones apparaissent comme de la substance grise. La longueur totale des axones myélinisés dans le cerveau adulte d'un humain dépasse en moyenne les 100 000 kilomètres[45].
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Article complet sur wikibooks : Le métabolisme cérébral
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Selon le prix nobel Roger Sperry, 90 % de la stimulation et de la nutrition du cerveau sont générés par les mouvements de la colonne vertébrale[46].
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Le développement du cerveau suit une succession d'étapes[47]. Beaucoup de neurones naissent dans des zones spécifiques contenant des cellules souches et migrent ensuite à travers le tissu pour atteindre leur destination ultime[48]. Ainsi, dans le cortex, la première étape du développement est la mise en place d'une armature par un type de cellules gliales, les cellules radiales, qui établissent des fibres verticales à travers le cortex. Les nouveaux neurones corticaux sont créés à la base du cortex et « grimpent » ensuite le long des fibres radiales jusqu'à atteindre les couches qu'ils sont destinés à occuper.
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Chez les chordés, les premières étapes du développement sont communes à toutes les espèces[47]. Tandis que l'embryon passe d'une forme ronde à une structure de type vermiforme, une étroite bande de l'ectoderme se décolle de la ligne médiane dorsale pour devenir la plaque neurale, précurseur du système nerveux. La plaque neurale se creuse, s'invagine de manière à former la gouttière neurale puis, les plis neuraux qui bordent la gouttière fusionnent pour fermer la gouttière qui devient le tube neural. Ce tube se subdivise ensuite en une partie antérieure renflée, la vésicule céphalique primitive, qui se segmente en trois vésicules qui deviendront le prosencéphale, le mésencéphale, et le rhombencéphale[47]. Le prosencéphale se divise ensuite en deux autres vésicules, le télencéphale et le diencéphale tandis que le rhombencéphale se divise en métencéphale et myélencéphale. Chacune de ces vésicules contient des zones prolifératives dans lesquelles neurones et cellules gliales sont formés. Ces deux types de cellules migrent ensuite, parfois sur de longues distances, vers leurs positions finales.
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Une fois qu'ils sont en place, les neurones commencent à étendre leurs dendrites et leur axone autour d'eux[49]. L'axone doit généralement s'étendre sur une longue distance à partir du corps cellulaire du neurone et doit se connecter sur des cibles bien spécifiques, ce qui lui nécessite de croître d'une manière plus complexe. À l'extrémité de l'axone en développement se trouve une région parsemée de récepteurs chimiques, le cône de croissance. Ces récepteurs recherchent des signaux moléculaires dans l'environnement alentour qui guident la croissance de l'axone en attirant ou en repoussant le cône de croissance et dirigent ainsi l'étirement de l'axone dans une direction donnée. Le cône de croissance navigue ainsi à travers le cerveau jusqu'à ce qu'il atteigne sa région de destination, où d'autres signaux chimiques engendrent la formation de synapses. Des milliers de gènes interviennent pour générer ces signaux de guidage mais le réseau synaptique qui en émerge n'est déterminé qu'en partie par les gènes. Dans de nombreuses parties du cerveau, les axones connaissent d'abord une surcroissance proliférative qui est ensuite régulée par des mécanismes dépendants de l'activité neuronale[50]. Ce processus sophistiqué de sélection et d'ajustement graduel aboutit finalement à la forme adulte du réseau neuronal.
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Chez les mammifères les neurones sont produits avant la naissance (principalement entre la 6e et la 18e semaine gestationnelle chez l'humain). Le cerveau du nouveau-né contient donc substantiellement plus de neurones que celui de l'adulte car au cours du développement puis encore pendant le vieillissement, un grand nombre de ces cellules vont être détruites. La disparition des cellules nerveuses correspond à un phénomène nécessaire de sélection/stabilisation dans les réseaux de neurones au cours de la mise en place de circuits cérébraux.
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Cependant quelques zones continuent de générer de nouveaux neurones tout au long de la vie, telles que le bulbe olfactif ou le gyrus dentatus de l'hippocampe. En dehors de ces exceptions, le nombre de neurones présents à la naissance est définitif, contrairement aux cellules gliales qui sont renouvelées tout au long de la vie, à la manière de la plupart des cellules de l'organisme. Bien que le nombre de neurones évolue peu après la naissance, les connexions axonales continuent de se développer et de s'organiser pendant encore un long moment. Chez l'humain ce processus n'est pas terminé avant l'adolescence et il continue de se poursuivre avec l'acquisition de nouveaux apprentissages.
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De nombreuses questions restent en suspens concernant ce qui relève de l'inné et de l'acquis à propos de l'esprit, de l'intelligence et de la personnalité[51]. Bien que de nombreux points restent à éclaircir, les neurosciences ont montré que deux facteurs sont essentiels. D'un côté, les gènes déterminent la forme générale du cerveau, et la manière dont le cerveau répond à l'expérience. D'un autre côté, l'expérience est nécessaire pour affiner la matrice de connexions synaptiques. À bien des égards, la qualité et la quantité d'expériences joue un rôle[52]. L’enrichissement environnemental montre que le cerveau d'un animal placé dans un environnement plus riche et stimulant a un nombre plus important de synapses que celui d'un animal dans un milieu plus pauvre[53].
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La fonction principale du cerveau est de contrôler les actions de l'organisme à partir des informations sensorielles qui lui parviennent[54]. Les signaux sensoriels peuvent stimuler une réponse immédiate, moduler un schéma d'activité en cours, ou être emmagasinés pour un besoin futur. Ainsi, par le rôle central qu'il exerce dans la captation des stimuli externes, le cerveau occupe le rôle central dans la création de réponses à l'environnement. Le cerveau a aussi un rôle dans la régulation hormonale.
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Le cerveau des chordés reçoit des signaux par les nerfs afférents de la part des différentes régions de l'organisme. Le cerveau interprète ces signaux et en tire une réponse fondée sur l'intégration des signaux électriques reçus, puis la transmet. Ce jeu de réception, d'intégration, et d'émission de signaux représente la fonction majeure du cerveau, qui explique à la fois les sensations, le mouvement, la mémoire et, on le suppose, la conscience.
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Pour mener à bien sa complexe tâche, le cerveau est organisé en sous-systèmes fonctionnels c'est-à-dire que certaines régions cérébrales traitent plus spécifiquement certains aspects de l'information. Cette division fonctionnelle n'est pas stricte et ces sous-systèmes peuvent être catégorisés de plusieurs façons : anatomiquement, chimiquement ou fonctionnellement. Une de ces catégorisations repose sur les neurotransmetteurs chimiques utilisés par les neurones pour communiquer. Une autre se base sur la manière dont chaque zone du cerveau contribue au traitement de l'information : les zones sensorielles amènent l'information au cerveau ; les signaux moteurs envoient l'information du cerveau jusqu'aux muscles et aux glandes ; les systèmes excitateurs modulent l'activité du cerveau en fonction du moment de la journée et de divers facteurs.
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Le cerveau utilise principalement le glucose comme substrat énergétique et une perte de conscience peut survenir s'il en manque. La consommation énergétique du cerveau n'est pas particulièrement variable, mais les régions actives du cortex consomment plus d'énergie que les inactives.
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Selon le principe de Dale, chaque neurone du cerveau libère constamment le même neurotransmetteur chimique, ou la même combinaison de neurotransmetteurs, pour toutes les connexions synaptiques qu'il entretient avec d'autres neurones[55]. Un neurone peut donc être caractérisé en fonction des neurotransmetteurs qu'il libère bien qu'il existe quelques exceptions à ce principe. Les deux neurotransmetteurs les plus fréquents sont le glutamate, qui correspond généralement à un signal excitatoire, et l'acide γ-aminobutyrique (GABA), généralement inhibitoire. Les neurones utilisant ces deux neurotransmetteurs se retrouvent dans presque toutes les régions du cerveau et forment un large pourcentage des synapses du cerveau[56].
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Les autres neurotransmetteurs, comme la sérotonine ou la noradrénaline, proviennent de neurones localisés dans des zones particulières du cerveau. D'autres neurotransmetteurs, comme l'acétylcholine ou la dopamine, proviennent de plusieurs endroits du cerveau, mais ne sont pas distribués de façon aussi ubiquitaire que le glutamate et le GABA. La grande majorité des drogues psychotropes agissent en altérant les systèmes de neurotransmetteurs qui ne sont pas directement impliqués dans les transmissions glutamatergiques ou GABAergiques[57].
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Une fonction importante du cerveau est de traiter l'information reçue par les récepteurs sensoriels[58]. Contrairement aux idées reçues, les sens que peut capter le cerveau ne sont pas limitées à cinq. Outre la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, et le goût, le cerveau peut recevoir d'autres informations sensorielles comme la température, l'équilibre, la position des membres, ou la composition chimique du sang. Toutes ces variables sont détectées par des récepteurs spécialisés qui transmettent les signaux vers le cerveau. Certaines espèces peuvent détecter des sens supplémentaires, comme la vision infrarouge des serpents, ou utiliser les sens « standards » de manière non conventionnelle, comme l'écholocation du système auditif des chauves-souris.
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Chaque système sensoriel possède ses propres cellules sensorielles réceptrices. Ces cellules sont des neurones mais, contrairement à la majorité des neurones, ceux-ci ne sont pas contrôlés par les signaux synaptiques d'autres neurones. Au lieu de cela, ces cellules sensorielles possèdent des récepteurs membranaires qui sont stimulées par un facteur physique spécifique comme la lumière, la température, ou la pression. Les signaux de ces cellules sensorielles réceptrices parviennent jusqu'à la moelle épinière ou le cerveau par les nerfs afférents.
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Pour la plupart des sens, il y a un noyau sensitif principal dans le tronc cérébral, ou un ensemble de noyaux, qui reçoit et réunit les signaux des cellules sensorielles réceptrices. Dans de nombreux cas, des zones secondaires sous-corticales se chargent d'extraire et de trier l'information. Chaque système sensoriel a également une région du thalamus qui lui est dédié et qui relaie l'information au cortex.
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Pour chaque système sensoriel, une zone corticale primaire reçoit directement les signaux en provenance du relai thalamique. Habituellement, un groupe spécifique de zones corticales supérieures analyse également le signal sensoriel. Enfin, des zones multimodales du cortex combinent les signaux en provenance de différents systèmes sensoriels. À ce niveau, les signaux qui atteignent ces régions du cerveau sont considérés comme des signaux intégrés plutôt que comme des signaux strictement sensoriels[59].
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Toutes ces étapes ont leurs exceptions. Ainsi, pour le toucher, les signaux sensoriels sont principalement reçus au niveau de la moelle épinière, au niveau de neurones qui projettent ensuite l'information au tronc cérébral[60]. Pour l'odorat, il n'y a pas de relai dans le thalamus, le signal est transmis directement de la zone primaire, le bulbe olfactif, vers le cortex[61].
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Les systèmes moteurs sont les zones du cerveau responsables directement ou indirectement des mouvements du corps, en agissant sur les muscles. À l'exception des muscles contrôlant les yeux, tous les muscles squelettiques de l'organisme sont directement innervés par des neurones moteurs de la moelle épinière. Ils sont donc le dernier maillon de la chaîne du système psychomoteur[62]. Les neurones moteurs spinaux sont contrôlés à la fois par des circuits neuronaux propres à la moelle épinière, et par des influx efférents du cerveau. Les circuits spinaux intrinsèques hébergent plusieurs réactions réflexes, ainsi que certains schémas de mouvements comme les mouvements rythmiques tels que la marche ou la nage[63]. Les connexions efférentes du cerveau permettent quant à elles, des contrôles plus sophistiqués.
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Un certain nombre de zones du cerveau sont connectées directement à la moelle épinière[64]. Au niveau le plus bas se trouvent les zones moteurs situées dans le bulbe rachidien et le pont. Au-dessus se situent les zones du mésencéphale, comme le noyau rouge, qui sont responsables de la coordination des mouvements. À un niveau supérieur se trouve le cortex moteur primaire, une bande de tissu cérébral localisée à la lisière postérieure du lobe frontal. Le cortex moteur primaire transmet ses commandes motrices aux zones moteurs sous-corticales, mais également directement à la moelle épinière par le biais du faisceau pyramidal. Les influx nerveux de ce faisceau cortico-spinal transmettent les mouvements fins volontaires. D'autres zones moteurs du cerveau ne sont pas directement reliées à la moelle épinière, mais agissent sur les zones moteurs primaires corticales ou sous-corticales. Quelques-unes de ces zones secondaires les plus importantes sont le cortex prémoteur, impliqués dans la coordination des mouvements de différentes parties du corps, les ganglions de la base, dont la fonction principale semble être la sélection de l'action, et le cervelet, qui module et optimise les informations pour rendre les mouvements plus précis.
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Le cerveau et la moelle épinière contiennent également un réseau neuronal qui contrôle le système nerveux autonome, la partie du système nerveux responsable des fonctions automatiques. Non soumis au contrôle volontaire, le système nerveux autonome contrôle notamment la régulation hormonale et l'activité des muscles lisses et du muscle cardiaque. Le système nerveux autonome agit à différents niveaux comme le rythme cardiaque, la digestion, la respiration, la salivation, la miction, la sueur ou l'excitation sexuelle.
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Un des aspects les plus visibles du comportement animal est le cycle journalier veille-sommeil-rêve. L'éveil et l'attention sont aussi modulés à une échelle de temps plus fine, par un réseau de zones cérébrales[65].
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Un composant clé du système d'éveil est le noyau suprachiasmatique, petite région de l'hypothalamus localisée directement au-dessus du point de croisement des nerfs optiques[66]. Le noyau suprachiasmatique renferme l'horloge biologique centrale de l'organisme. Les neurones de ce noyau montrent un niveau d'activité qui augmente ou diminue sur une période d'environ 24 heures, le rythme circadien : cette activité fluctuante est dirigée par des changements rythmiques exprimés par un groupe de gènes horlogers. Le noyau suprachiasmatique reçoit généralement des signaux en provenance des nerfs optiques qui permettent de calibrer l'horloge biologique à partir des cycles jour-nuit.
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Le noyau suprachiasmatique se projette dans un ensemble de zones cérébrales (situées au niveau de l'hypothalamus et du tronc cérébral) qui sont impliqués dans la mise en œuvre des cycles jour-nuit. Un composant important du système est la formation réticulée, un groupe d'amas neuronaux s'étendant dans le tronc cérébral[65]. Les neurones réticulés envoient des signaux vers le thalamus, qui répond en envoyant des signaux à différentes régions du cortex qui régule le niveau d'activité.
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Le sommeil implique de profondes modifications dans l'activité cérébrale[67]. Le cerveau ne s'éteint pas pendant le sommeil, l'activité cérébrale se poursuit mais est modifiée. En fait, il existe deux types de sommeil : le sommeil paradoxal (avec rêves) et le sommeil non paradoxal (généralement sans rêves). Ces deux sommeils se répètent selon un schéma légèrement différent à chaque sommeil. Trois grands types de schéma d'activité cérébrale peuvent être distingués : sommeil paradoxal, sommeil léger, et sommeil profond. Pendant le sommeil profond, l'activité du cortex prend la forme de larges ondes synchronisées tandis que ces ondes sont désynchronisées pendant l'état de rêve. Les niveaux de noradrénaline et de sérotonine tombent au cours du sommeil profond, et approchent du niveau zéro pendant le sommeil paradoxal, tandis que les niveaux d'acétylcholine présentent un schéma inverse.
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Le cycle du sommeil se divise en 5 stades. Au stade 1, le sommeil lent apparaît lorsque l'on s'allonge et ferme les yeux, des rêves courts ou de brèves pensées sont parfois rapportés durant ce stade qui dure de 3 à 12 minutes. La seconde phase du sommeil lent est un sommeil léger, c'est la phase la plus longue occupant près de 50 % du temps de sommeil d'une nuit. Le stade 3 est le passage du sommeil moyennement profond à profond, les muscles ont encore du tonus mais on est très peu réactif aux stimulations extérieures. Au niveau 4, nous sommes au plus profond de notre sommeil, l'activité neuronale est à son plus bas, la température du cerveau est également basse, la respiration, le rythme cardiaque et la pression sanguine sont ralentis. Le stade 5 est le dernier, le sommeil est paradoxal, l'activité électrique du cerveau est très importante, les yeux bougent rapidement, bien que le reste du corps se trouve en état d'atonie musculaire. Un cycle du sommeil dure de 70 à 90 minutes et se reproduit 4 à 6 fois en une nuit[68].
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Jean-Didier Vincent dresse une histoire et relie celle-ci avec les résultats des travaux de recherche[69].
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La compréhension de la relation entre le cerveau et l'esprit est un problème aussi bien scientifique que philosophique[70]. La relation forte entre la matière cérébrale physique et l'esprit est aisément mise en évidence par l'impact que les altérations physiques du cerveau ont sur l'esprit, comme le traumatisme crânien ou l'usage de psychotrope[71].
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Jusqu'à la fin du XXe siècle, le problème corps-esprit était l'un des débats centraux de l'histoire de la philosophie et consistait à considérer la manière dont le cerveau et l'esprit pouvaient être reliés[72].
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Trois grands courants de pensée existaient concernant cette question : dualisme, matérialisme, et idéalisme :
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Outre ces questions philosophiques, cette hypothèse de relation entre l'esprit et le cerveau soulevait un grand nombre de questions scientifiques, comme la relation entre l'activité mentale et l'activité cérébrale, le mécanisme d'action des drogues sur la cognition, ou encore la corrélation entre neurones et conscience.
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Historiquement, un grand nombre de philosophes considéraient inconcevable que la cognition puisse être mise en place par une substance physique comme le tissu cérébral[75]. Des philosophes comme Patricia Churchland ont postulé que l'interaction entre la drogue et l'esprit est un indicateur de la relation intime entre le cerveau et l'esprit mais que les deux entités sont distinctes[76].
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Depuis l'avènement des neurosciences, et les travaux de nombreuses équipes internationales de recherche, cette question n'est plus d'actualité en sciences[77].
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Antonio Damasio, dans son livre L'Erreur de Descartes notamment, montre que le corps et l'esprit fonctionnent de manière indissociable. Il explique par ailleurs que le raisonnement, la mémorisation, l'acquisition de nouveaux apprentissages ne peuvent pas s'effectuer sans intégrer les émotions dans les processus[78].
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Le domaine des neurosciences englobe toutes les approches cherchant à comprendre le fonctionnement du cerveau et du reste du système nerveux[79]. La psychologie cherche à comprendre l'esprit et le comportement. La neurologie est la discipline médicale qui diagnostique et traite les pathologies liées au système nerveux. Le cerveau est également l'organe le plus étudié en psychiatrie, une branche de la médecine qui étudie et traite les troubles mentaux[80]. Les sciences cognitives tentent de lier la neuroscience et la psychologie avec d'autres domaines comme l'informatique et la philosophie.
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La plus ancienne méthode d'étude du cerveau est l'anatomie. Au milieu du XXe siècle, les progrès des neurosciences proviennent de l'amélioration des techniques de microscopie et de coloration[81]. Les neuroanatomistes étudient la structure du cerveau aussi bien à grande échelle qu'à l'échelle microscopique. Parmi d'autres outils, ils emploient une large gamme de colorants qui permettent de révéler la structure neurale, les réactions chimiques, et la connectivité. Le développement plus récent de techniques d'immunocoloration a permis de colorer les neurones qui exprime spécifiquement un groupe de gènes. Également, la neuroanatomie fonctionnelle utilise les techniques d'imagerie médicale pour corréler les variations dans la structure du cerveau avec les changements de cognition ou de comportement.
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Les neurophysiologistes étudient les propriétés chimiques, pharmacologiques et électriques du cerveau. Leurs principaux outils sont les drogues et les dispositifs d'enregistrement. Des milliers de drogues expérimentalement développées affectent le système nerveux, plusieurs le font de manière très spécifique. L'enregistrement de l'activité cérébrale peut se faire par l'utilisation d'électrodes, soit collées au crâne comme dans le cas d'électro-encéphalographie, soit implantées à l'intérieur du cerveau pour des enregistrements extracellulaires, qui peuvent détecter les potentiels d'action générés par des neurones individuels. Comme le cerveau ne contient pas de nocicepteurs, il est possible d'utiliser ces techniques sur un animal éveillé sans causer de douleur. Il est aussi possible d'étudier l'activité cérébrale par un examen non invasif en utilisant des techniques d'imagerie fonctionnelle comme l'IRM. Ainsi la tomographie à émission de positons met en évidence qu'en l'absence de toute focalisation particulière de l'attention, l'activité du cerveau (activité intrinsèque du réseau du mode par défaut, nommée « énergie sombre du cerveau » par analogie à l'énergie sombre du cosmos[82] et qui consiste en des vagues d'ondes électriques lentes) correspond à une dépense de 60 à 80 % de toute l'énergie consommée par le cerveau, soit une énergie 20 fois supérieure à celle consommée par le cerveau lorsqu'il réagit consciemment, la réalisation d'une tâche particulière (activité consciente moins fréquente que l'activité inconsciente) exige une énergie qui n'excède pas 5 % de celle consommée par l'activité de fond[83].
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Une autre approche est d'examiner les conséquences de l'endommagement de zones spécifiques du cerveau. Bien que protégé par le crâne et les méninges, et isolé du flux sanguin par la Barrière hémato-encéphalique, le cerveau est tout de même vulnérable à de nombreuses maladies et à différents types de dégâts. Chez les humains, les effets des dégâts cérébraux sont une source importante d'informations sur la fonction cérébrale[84]. Comme il n'y a pas la capacité de contrôler expérimentalement la nature de ces dégâts, cette information est néanmoins souvent difficile à interpréter. Chez les animaux, les rats étant les plus fréquents sujets d'étude, il est possible d'utiliser des électrodes ou d'injecter localement des produits chimiques pour produire des types de dégâts bien précis et observer ensuite leurs conséquences sur le comportement.
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Les neurosciences computationnelles regroupent deux approches : l'utilisation d'ordinateurs pour comprendre le cerveau et l'étude de la façon dont le cerveau réalise la computation[85]. D'un côté, il est possible de coder un programme informatique pour permettre de simuler le fonctionnement d'un groupe de neurones en utilisant des systèmes d'équations décrivant l'activité électrochimique ; ces simulations sont appelées « réseaux de neurones biologiquement réalistes ». D'un autre côté, il est possible d'étudier les algorithmes de computation neurale par la simulation ou l'analyse mathématique d'« unités » simplifiées ayant plusieurs des caractéristiques des neurones mais en faisant abstraction de la plupart de leur complexité biologique. Les fonctions computationnelles du cerveau sont étudiés à la fois par les neuroscientifiques et les informaticiens.
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Les dernières années ont vu les premières applications des techniques d'ingénierie génétique pour l'étude du cerveau[86]. Les sujets d'études les plus fréquents sont les souris, car c'est sur cette espèce que les outils techniques à disposition sont le plus au point. Il est désormais possible d'inactiver ou de muter une grande variété de gènes, et ensuite examiner les effets sur la fonction cérébrale. Des approches plus sophistiquées sont également utilisées, comme la recombinaison Cre-Lox qui permet d'activer ou d'inactiver les gènes dans des zones spécifiques du cerveau à des moments spécifiques.
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Des équipes américaines, bénéficiant d'un financement fédéral de 28 millions d'euros, utilisent des scanners dernier cri pour créer une banque de « connectomes ». Ces cartes des circuits cérébraux promettent de révéler comment les organes réagissent au vieillissement, à l'apprentissage et à d'autres événements. Les données du Human Connectome Project laisseraient présager des avancées sur les traitements de l'autisme et de la schizophrénie.
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« Over half of the neocortex in non-human primates is occupied by visual areas. At least 25 visual areas beyond the primary visual cortex (V1) have been identified with a combination of microelectrode mapping, tracer injections, histological stains, and functional studies »
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/942.html.txt
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Le cervelet (du latin : cerebellum, « petit cerveau ») est une structure de l'encéphale des vertébrés qui joue un rôle important dans le contrôle moteur et est également impliqué, dans une moindre mesure, dans certaines fonctions cognitives, telles que l'attention, le langage et la régulation des réactions de peur et de plaisir[1].
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Le cervelet n'est pas à l'origine du mouvement, il contribue à la coordination et la synchronisation des gestes, et à la précision des mouvements. Il reçoit des signaux en provenance des différents systèmes sensoriels, ainsi que d'autres parties du cerveau et de la moelle épinière. Il intègre ces signaux pour ajuster au mieux l'activité motrice[2]. En plus de son rôle direct dans le contrôle moteur, le cervelet est également nécessaire dans différents types d'apprentissages moteurs, le plus remarquable étant l'apprentissage de l'ajustement aux variations dans les relations sensorimotrices.
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Du fait de ces fonctions d'ajustement, des dommages au cervelet ne provoquent pas la paralysie, mais des troubles dans la précision des mouvements, dans l'équilibre, la posture et l'apprentissage moteur[2].
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Anatomiquement, le cervelet apparaît comme une structure isolée, située sous les hémisphères cérébraux et derrière le tronc cérébral. La surface du cervelet est couverte de stries parallèles très rapprochées, qui contrastent fortement avec les circonvolutions larges et irrégulières du cortex cérébral. Ces stries parallèles dissimulent le fait que le cervelet est constitué d'une couche mince et continue de tissu nerveux, le cortex cérébelleux. Ce cortex est fortement replié sur lui-même, tel un accordéon, ce qui lui donne cet aspect caractéristique.
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Le cortex cérébelleux présente plusieurs types de neurones rangés très régulièrement, les plus importants étant les cellules de Purkinje et les cellules granulaires. Ce réseau complexe de neurones permet une remarquable capacité de traitement du signal. Néanmoins, l'essentiel des signaux efférents est dirigé vers un ensemble de petits noyaux cérébelleux profonds, à l'intérieur du cervelet.
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Le cervelet est situé en dessous du lobe occipital du cerveau, et en arrière du tronc cérébral, en particulier, en arrière de la moelle allongée et du pont.
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Au niveau macroscopique, le cervelet consiste en une couche particulièrement repliée sur elle-même du cortex, qui recouvre une substance blanche enveloppant elle-même plusieurs noyaux profonds, avec un ventricule rempli de liquide à sa base. À un niveau intermédiaire, le cervelet et ses structures auxiliaires peuvent être décomposés en plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de modules fonctionnant indépendamment les uns des autres, appelés « microzones » ou « microcompartiments ». Au niveau microscopique, chaque partie de ce cortex cérébelleux consiste en un même petit ensemble de neurones, disposés selon une géométrie fortement stéréotypée.
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Le cervelet est situé tout en bas du cerveau, sous la masse imposante du cortex cérébral, et en face de la portion du tronc cérébral appelée Pont[3]. Il est séparé du cortex cérébral qui le surplombe par une couche de dure-mère ; toutes ses connexions avec d'autres parties du cerveau transitent par le pont. Les anatomistes classent le cervelet comme appartenant au métencéphale, qui comprend également le pont ; le métencéphale est lui-même la partie la plus haute du rhombencéphale.
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Comme le cortex cérébral, le cervelet est divisé en deux hémisphères. Il comprend également une étroite zone centrale appelée vermis. Par convention, la structure globale est divisée en dix « lobules » plus petits, chacun étant un large ensemble de replis. Du fait de son grand nombre de minuscules cellules granulaires, le cervelet contient plus de neurones que toutes les autres parties du cerveau mises ensemble, mais il ne représente que 10 % du volume total du cerveau[4].
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L'apparence inhabituelle de la surface du cervelet masque le fait que la plus grande partie de son volume est constituée d'une couche de matière grise fortement repliée sur elle-même, le cortex cérébelleux. On estime que si l'on dépliait complètement le cortex cérébelleux humain, on obtiendrait une couche de tissu neuronal d'environ 1 mètre de long pour 5 centimètres de largeur moyenne, soit une surface totale de près de 500 cm2, entassée dans un volume de dimensions 6 cm × 5 cm × 10 cm[4]. Sous la matière grise du cortex se trouve la substance blanche, constituée majoritairement de fibres nerveuses myélinisées partant du cortex ou allant vers celui-ci. Elle est parfois appelée l'arbor vitae, en référence à son apparence, ressemblant à un arbre en coupe sagittale. Quatre noyaux cérébelleux profonds, composés de matière grise, sont enfoncés dans cette substance blanche[5].
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Sur la base de l'apparence de la surface, on peut distinguer trois lobes dans le cervelet :
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Chez l'humain, ces lobes divisent le cervelet de haut en bas. En termes de fonction cependant, la distinction est plus importante le long du sillon postéro-latéral. En laissant de côté le lobe flocculo-nodulaire, qui a des fonctions et des connexions distinctes, le cervelet peut être séparé fonctionnellement en un secteur médian appelé spinocerebellum, et un secteur latéral plus large appelé cerebrocerebellum[5]. L'étroite bande de tissu protubérant le long de la ligne médiane est appelée vermis[5].
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La plus petite région, le lobe flocculo-nodulaire, est souvent appelée vestibulocerebellum ou archéocervelet. C'est la partie la plus ancienne, d'un point de vue évolutif, et elle participe principalement à l'équilibre et à l'orientation spatiale. L'archéocervelet fait ses connexions primaires avec le noyau vestibulaire, bien qu'il reçoive également des signaux visuels et d'autres afférences sensorielles. Des dommages à l'archéocervelet provoquent des troubles de l'équilibre et de la démarche[5].
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La région médiane des lobes antérieurs et postérieurs constitue le spinocerebellum, également connu sous le nom de paléocervelet. Ce secteur du cervelet agit surtout en ajustant précisément les mouvements du corps et des membres. Il reçoit des messages de proprioception en provenance des colonnes dorsales de la moelle épinière et du nerf trijumeau, ainsi que des systèmes visuel et auditif. Le paléocervelet envoie des fibres aux noyaux cérébelleux profonds qui, à leur tour, projettent leurs axones sur le cortex cérébral comme sur le tronc cérébral, faisant ainsi office de modulation du système moteur descendant[5].
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La région latérale, majoritaire chez l'humain, constitue le cerebrocerebellum, ou néocervelet. Il reçoit des signaux provenant exclusivement du cortex cérébral (particulièrement du lobe pariétal) via les noyaux dentelés (formant les voies cortico-ponto-cérébelleuses), et envoie des messages principalement vers le thalamus ventrolatéral (connecté à son tour aux aires motrices du cortex prémoteur et à l'aire motrice primaire du cortex cérébral) et le noyau rouge[5]. Il y a un désaccord entre les spécialistes à propos des fonctions du néocervelet : on le pense impliqué dans la planification des mouvements en préparation[6], dans l'évaluation des informations sensorielles dans l'intérêt de l'action[5], aussi bien que dans nombre de fonctions purement cognitives[7].
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Deux types de neurones jouent un rôle dominant dans le circuit cérébelleux : les cellules de Purkinje et les cellules granulaires. Trois types d'axones jouent également un rôle prépondérant : les fibres parallèles (les axones des cellules granulaires), les fibres moussues et les fibres grimpantes (qui entrent dans le cervelet par l'extérieur). Il existe deux voies principales de signalisation à travers le cervelet, une provenant des fibres moussues et l'autre des fibres grimpantes. Ces deux voies se terminent au niveau des noyaux cérébelleux profonds.
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Certaines fibres moussues se projettent directement dans les noyaux profonds et d'autres donnent lieu à la voie :
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fibres moussues → cellules granulaires → fibres parallèles → cellules de Purkinje → noyaux profonds.
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Les fibres grimpantes font synapse avec les cellules de Purkinje, mais envoient également des prolongements collatéraux directement vers les noyaux profonds[4]. Chacun des signaux issus de fibres moussues ou de fibres grimpantes porte des informations spécifiques à cette fibre. Le cervelet reçoit également des inputs dopaminergiques, sérotoninergiques, noradrénalinergiques et cholinergiques, qui assurent vraisemblablement une neuromodulation globale[8].
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Le cortex cérébelleux est divisé en trois couches :
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Les cellules de Purkinje font partie des neurones les plus faciles à reconnaitre du système nerveux. Ce sont ainsi les premiers spécimens neuronaux à avoir été décrits, la première fois par l'anatomiste tchèque Jan Evangelista Purkinje en 1837. Elles sont caractérisées par la forme de leur arbre dendritique : les branches dendritiques sont abondantes, mais sont sévèrement aplaties dans un plan perpendiculaire au repli du cortex cérébelleux. Les dendrites des cellules de Purkinje forment ainsi un réseau plan très dense, au travers duquel passent perpendiculairement les fibres parallèles[4]. Leurs dendrites sont couvertes d'épines dendritiques, chacune desquelles formant une synapse avec une fibre parallèle. Les cellules de Purkinje forment davantage de synapses que n'importe quel autre type de cellule dans le cerveau - on estime que le nombre d'épines dendritiques sur une seule cellule de Purkinje humaine peut monter jusqu'à 200 000[4].
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Les corps cellulaires des cellules de Purkinje, larges et sphériques, sont serrés dans une étroite couche (d'une seule cellule d'épaisseur) du cortex cérébelleux, appelée couche de Purkinje. Après avoir émis des collatérales qui vont innerver les proches régions du cortex, leurs axones atteignent les noyaux cérébelleux profonds, où chacun d'entre eux réalise environ 1 000 contacts avec différents types de cellules nucléaires, tous dans une zone restreinte. Les cellules de Purkinje utilisent le GABA comme neurotransmetteur, et exercent ainsi une action inhibitrice sur les cellules cibles[4].
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Les cellules de Purkinje forment le cœur du circuit cérébelleux, et leur large taille ainsi que leurs patterns d'activité particuliers ont rendu relativement aisée l'étude de leurs réponses stéréotypées chez des animaux vigiles par des techniques d'enregistrement extracellulaire. Les cellules de Purkinje émettent normalement des potentiels d'action à une fréquence élevée, même en l'absence d'influx synaptique entrant. Chez des animaux vigiles et éveillés, les fréquences moyennes typiques avoisinent les 40 Hz. Les trains de potentiels d'action résultent d'un mélange de ce que l'on appelle des potentiels simples et complexes :
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Des études physiologiques ont montré que les potentiels d'action complexes (qui surviennent à des fréquences comprises entre 1 et 10 Hz, rarement plus) sont vraisemblablement associés à l'activation d'une fibre grimpante, tandis que les potentiels d'action simples sont produits par une combinaison d'une activité de base avec l'entrée d'un signal provenant d'une fibre parallèle. Les potentiels d'action complexes sont souvent suivis d'une pause de plusieurs centaines de millisecondes, pendant laquelle toute activité de potentiel simple est supprimée[9].
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Contrairement aux cellules de Purkinje, les cellules granulaires du cervelet sont parmi les plus petits neurones du cerveau. Ce sont également, et de loin, les neurones les plus nombreux de tout le cerveau : on estime que leur nombre total chez l'humain atteint environ 50 milliards, ce qui signifie que ces cellules représentent à elles seules trois quarts des neurones cérébraux[4]. Leurs corps cellulaires sont serrés dans une épaisse couche, en bas du cortex cérébelleux. Une cellule granulaire n'émet que quatre dendrites, chacune d'elles se terminant par un élargissement. C'est au niveau de ces élargissements que la cellule Granulaire reçoit des synapses excitatrices des fibres moussues et des synapses inhibitrices des cellules de Golgi.
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Les axones fins et non myélinisés des cellules granulaires s'élèvent verticalement jusqu'à la couche la plus haute du cortex cérébelleux, la couche moléculaire, où ils se divisent en deux, chaque branche progressant horizontalement pour former une fibre parallèle ; la séparation de l'axone vertical en deux branches horizontales donne lieu à une forme en T caractéristique. Une fibre parallèle se prolonge d'environ 3 mm dans les deux directions à partir du point de séparation, pour une longueur totale de près de 6 mm, soit 1/10 de la largeur totale de la couche corticale[4]. Le long de cette distance, les fibres parallèles traversent les arbres dendritiques des cellules de Purkinje et établissent des synapses avec 1/3 à 1/5 d'entre elles, formant au total 80 à 100 synapses avec les épines dendritiques de diverses cellules de Purkinje[4]. Les cellules granulaires utilisent le glutamate comme neurotransmetteur, et exercent par conséquent une action excitatrice sur les cellules cibles.
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Les cellules granulaires reçoivent tous leurs signaux des fibres moussues, mais surpassent celles-ci en nombre (proportion de 200 pour 1 chez l'humain). Ainsi l'information qui circule dans la population de cellules granulaires en activité est identique à l'information véhiculée par les fibres moussues, mais encodée d'une manière plus «expansive». À cause de la petite taille et de la densité des cellules granulaires, il a été très difficile d'enregistrer leur émission de potentiels d'action chez l'animal vigile, de sorte que nous ne disposons que de peu de données pour établir des théories. La conception la plus célèbre de leur fonction a été proposée par David Marr, qui a suggéré que les cellules granulaires pourraient encoder des combinaisons de signaux en provenance de diverses fibres moussues. L'idée est que chaque cellule granulaire ne reçoit des signaux que de 4 ou 5 fibres moussues, et ne répond que si plus d'un signal lui parvient. Ce schéma de codage combinatoire pourrait potentiellement permettre au cervelet de faire des distinctions plus fines entre les patterns d'information que ce que permettraient les fibres moussues seules[10].
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Les fibres moussues pénètrent dans la couche granulaire en provenance de diverses origines, telles que les noyaux pontiques, la moelle épinière, les noyaux vestibulaires, etc. Dans le cervelet humain, on estime le nombre total de fibres moussues à environ 200 millions[4]. Ces fibres forment des synapses excitatrices avec les cellules granulaires et les cellules des noyaux cérébelleux profonds. À l'intérieur de la couche granulaire, une fibre moussue donne naissance à une série d'élargissements appelés «rosettes». Les contacts entre les fibres moussues et les dendrites des cellules granulaires s'effectuent dans des structures appelées glomérules. Chaque glomérule comporte une rosette de fibre moussue en son centre, en contact avec jusqu'à 20 arbres dendritiques de cellules granulaires. Les terminaisons axonales des cellules de Golgi infiltrent la structure de l'ensemble, et forment des synapses inhibitrices sur les dendrites des cellules granulaires. L'assemblage tout entier est enveloppé dans une gaine de cellules gliales[4]. Chaque fibre moussue envoie des branches collatérales vers plusieurs folia cérébelleux, donnant naissance à un total de 20 à 30 rosettes ; ainsi une seule fibre moussue peut être en contact avec 400 à 600 cellules granulaires[4].
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Les cellules de Purkinje reçoivent également des afférences en provenance du noyau olivaire inférieur, sur le versant controlatéral du tronc cérébral, via les fibres grimpantes. Bien que le noyau olivaire inférieur se trouve dans la moelle allongée, et reçoive ses signaux de la moelle épinière, du tronc cérébral et du cortex cérébral, il envoie des influx exclusivement vers le cervelet. Une fibre grimpante émet des collatérales vers les noyaux cérébelleux profonds avant d'entrer dans le cortex cérébelleux, où elle se divise en une dizaine de terminaisons axonales, innervant chacune une seule cellule de Purkinje[4]. Contrastant fortement avec la centaine de milliers (ou davantage) de signaux en provenance des fibres parallèles, une seule et unique fibre grimpante entre en contact avec une cellule de Purkinje ; mais cette fibre «escalade» les dendrites de la cellule de Purkinje, s'enroulant autour d'elles jusqu'à former un total de près de 300 synapses[4]. Le signal du réseau dans son ensemble est si puissant qu'un seul potentiel d'action dans une fibre grimpante, à une fréquence assez faible, est capable de produire dans la cellule de Purkinje une émission de longue durée d'un potentiel d'action complexe. Les synapses des fibres grimpantes couvrent le corps cellulaire et les dendrites basales des cellules de Purkinje ; cette zone est dénuée de contacts avec les fibres parallèles[4].
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Le contraste entre les afférences des fibres parallèles et des fibres grimpantes est probablement la caractéristique la plus étonnante de l'anatomie du cervelet, et a motivé une grande partie des théories établies au fil du temps sur ce dernier. En fait, la fonction des fibres grimpantes est, parmi tous les sujets qui touchent au cervelet, le plus controversé. Deux écoles de pensées se font ici face : l'une suit Marr et Albus, et soutient que l'input de la fibre grimpante sert d'abord de signal professeur ; l'autre propose qu'il a pour but de moduler directement les signaux sortant du cervelet. Chaque point de vue a été défendu en de longues lignes dans de nombreuses publications. Selon les mots d'une revue[réf. nécessaire], «En essayant de synthétiser les diverses hypothèses sur la fonction des fibres grimpantes, on a le sentiment d'examiner une œuvre de Escher. Chaque point de vue semble rendre compte d'un certain nombre de découvertes, mais lorsqu'on tente de réunir les opinions, aucune image cohérente de la fonction des fibres grimpantes n'apparaît. Pour la majorité des chercheurs, les fibres grimpantes signalent une erreur dans l’exécution d'une commande motrice, soit d'une manière habituelle par la modulation des fréquences de décharge, soit par une simple annonce d'un «évènement inhabituel». Pour les autres experts, l'information se trouve dans la synchronie de l'ensemble et la rythmicité au sein d'une population de fibres grimpantes.»[9]
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Les noyaux profonds du cervelet sont des grappes de matière grise enchâssées dans la substance blanche au cœur du cervelet. Ce sont, à l'exception négligeable des noyaux vestibulaires, les uniques sources d'efférences du cervelet. Ces noyaux reçoivent des projections collatérales des fibres parallèles et des fibres grimpantes, aussi bien que des signaux inhibiteurs des cellules de Purkinje du cortex cérébelleux. Chacun des trois noyaux (dentelés, interposés, fastigiaux) communique avec différentes régions du cerveau et du cortex cérébral. Les noyaux fastigiaux et interposés (globuleux et emboliformes) appartiennent au paléocervelet. Les noyaux dentelés, qui chez les mammifères sont beaucoup plus larges que les autres, sont formés d'une fine couche de matière grise en circonvolutions, et communiquent exclusivement avec les régions latérales du cortex cérébelleux. L'archéocervelet avec le lobe flocculo-nodulaire est la seule partie du cortex cérébelleux qui n'a pas d'efférence vers les noyaux profonds, mais vers les noyaux vestibulaires[4].
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La majorité des neurones des noyaux cérébelleux profonds ont de larges corps cellulaires, des arbres dendritiques sphériques avec un rayon d'environ 400 µm, et utilisent le glutamate comme neurotransmetteur. Ces cellules se projettent vers un large éventail de cellules hors du cervelet. Accompagnant ces neurones, un nombre moins élevé de petites cellules utilisent le GABA comme neurotransmetteur, et se projettent uniquement vers le noyau olivaire inférieur, la source des fibres grimpantes. Ainsi, les projections du noyau olivaire exercent une rétroaction inhibitrice pour contrebalancer l'action excitatrice des fibres grimpantes sur les noyaux. Certaines données tendent à prouver que chaque petite grappe de cellules nucléaires projette vers la même grappe de cellules du noyau olivaire qui lui envoient des fibres grimpantes[4].
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Lorsque l'axone d'une cellule de Purkinje pénètre l'un des noyaux profonds, il se ramifie pour entrer en contact à la fois avec des cellules larges et petites, le nombre total de cellules contactées avoisinant 35 (chez le chat). À l'inverse, chaque cellule nucléaire profonde forme environ 860 connexions avec autant de cellules de Purkinje (à nouveau chez le chat)[4].
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Dans une étude anatomique grossière, le cortex cérébelleux apparaît comme une feuille homogène de tissu neuronal ; dans une étude anatomique détaillée, tous les morceaux de cette feuille semblent présenter la même structure interne. Il y a cependant un certain nombre de points pour lesquels la structure du cervelet est compartimentée. On trouve des compartiments larges, appelés «zones», que l'on peut décomposer en plusieurs compartiments plus petits que l'on appelle « microzones »[11].
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Les premiers indices de la compartimentation de la structure du cervelet sont venus d'études sur les champs récepteurs des cellules dans différentes régions du cortex cérébelleux[11]. Chaque partie du corps correspond à des points spécifiques dans le cervelet, mais la carte de base se répète de nombreuses fois, en formant une organisation appelée «somatotopie fracturée»[12]. Un indice plus explicite de la compartimentation est obtenu par un immunomarquage du cervelet affectant uniquement certaines protéines. Les plus connus de ces marqueurs sont les «zébrines», appelées ainsi parce que leur utilisation donne naissance à un motif très particulier rappelant les rayures d'un zèbre. Ces rayures provoquées par les zébrines (ainsi que les autres marqueurs de la compartimentation) sont orientées perpendiculairement aux replis du cervelet - c'est-à-dire qu'on en trouve en bandes étroites dans la direction médiolatérale, et en bandes beaucoup plus étendues dans la direction longitudinale. Différents marqueurs génèrent différents ensembles de rayures, et les dimensions des rayures varient en fonction de leur localisation, mais on retrouve une forme similaire à chaque fois[11].
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À la fin des années 1970, Oscarsson suggéra que ces zones corticales pouvaient être découpées en plusieurs unités plus réduites, appelées microzones[13]. On définit une microzone comme un groupe de cellules de Purkinje partageant un même champ récepteur somatotopique. Chaque microzone comprend environ 1 000 cellules de Purkinje, disposées dans une rayure longue et étroite, orientées perpendiculairement aux replis du cervelet[11]. Ainsi, les dendrites des cellules de Purkinje sont aplaties dans la même direction au fur et à mesure de l'extension de la microzone, tandis que les fibres parallèles les croisent à angle droit.
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La structure d'une microzone n'est pas uniquement définie par le champ récepteur : l'afférence des fibres grimpantes en provenance du noyau olivaire inférieur est tout aussi importante. Les branches d'une fibre grimpante (au nombre de 10 environ) innervent habituellement les cellules de Purkinje appartenant à une même microzone. De plus, les neurones olivaires qui envoient des fibres grimpantes vers une même microzone ont tendance à être unis par des jonctions communicantes, qui synchronisent leur activité et entraînent les cellules de Purkinje à manifester une émission coordonnée de potentiels d'action complexes à l'échelle de la milliseconde[11]. Les cellules de Purkinje appartenant à une même microzone envoient également leurs axones vers une même grappe des cellules efférentes dans les noyaux cérébelleux profonds[11]. Enfin, les axones des cellules en corbeille sont beaucoup plus longs dans la direction longitudinale que dans la direction médiolatérale, les condamnant à rester cantonnés à une seule microzone[11]. La conséquence principale de cette structure est que les interactions cellulaires sont bien plus intenses à l'intérieur d'une microzone qu'entre plusieurs microzones.
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En 2005, Richard Apps et Martin Garwicz ont récapitulé les preuves que les microzones elles-mêmes ne sont qu'une partie d'une entité plus importante, qu'ils nomment un microcomplexe microzonal. Un tel microcomplexe englobe plusieurs microzones corticales spatialement séparées, qui toutes se projettent vers le même groupe de noyaux cérébelleux profonds, ainsi qu'un groupe de neurones olivaires couplés qui émettent leurs axones vers les microzones corticales incluses aussi bien que vers la zone des noyaux profonds[11].
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Le cervelet est vascularisé par trois paires d'artères provenant des artères vertébrales : les artères cérébelleuses postéro-inférieures, issues directement des artères vertébrales ; les artères cérébelleuses antéro-inférieures et les artères cérébelleuses supérieures, issues de l'artère basilaire, celle-ci étant une artère issue de la réunion des deux artères vertébrales.
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D'une manière générale, les fibres moussues (en) font synapse avec les dendrites des grains au niveau des glomérules (et des cellules de Golgi (en)) et les fibres grimpantes font synapse avec les cellules de Purkinje, mais ces deux types de fibres envoient une collatérale aux noyaux cérébelleux profonds.
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Les noyaux pontiques situés dans la région ventrale de la protubérance (basis pontis) forment les principaux relais des afférences corticales vers le cervelet. Ces afférences comprennent, chez le singe, des faisceaux issus des cortex sensori-moteur et prémoteur, ainsi que des faisceaux « associatifs » : prefronto-pontique (aires de Brodmann 8A, 9, 10, 45B, 46, 32), temporo-pontique (la berge supérieure du sillon temporal supérieur), pariéto-pontique (lobules pariétaux supérieur et inférieur), para-hippocampo-pontique, occipito-pontique (région parastriée), et cingulo-pontique (aires 23, 24, 25, 35 et cortex rétrosplénial)[14].
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L'olive bulbaire reçoit des afférences multiples via le faisceau cortico-bulbaire (cortex moteur), via le faisceau tegmental central (notamment la partie parvocellulaire du noyau rouge), via les noyaux cérébelleux profonds et via le faisceau spino-olivaire. Le noyau de l'olive bulbaire participe ainsi à une boucle cérébello-rubro-olivo-cérébelleuse dont le fonctionnement est modulé principalement par les projections corticales.
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Les fibres grimpantes se terminent sur les troncs primaires et secondaires des cellules de Purkinje, du côté opposé. À noter qu'une cellule de Purkinje est innervée par une seule fibre grimpante. Les fibres grimpantes induisent l'émission de potentiels d'action complexes et synchrones chez les cellules de Purkinje [15], et peuvent moduler le poids synaptique entre cellules de Pukinje et fibres parallèles. Cette modulation hétérosynaptique diminue globalement l'activité des cellules de Purkinje à court terme (pause ou sensibilisation) ou à long terme (dépression à long terme (DLT))[16]. Cette DLT secondaire à une désensibilisation des récepteurs AMPA ionotropes serait à la base du processus d'apprentissage supervisé que sous-tendrait le cervelet. Ainsi, a-t-il été proposé que les fibres grimpantes délivreraient un signal d'erreur reflétant, par exemple, l'inadéquation entre le mouvement réalisé et le mouvement projeté[17], mais aussi que ces fibres participeraient à la détection de nouveauté, à la régulation du degré d'activation globale des cellules de Purkinje, à la synchronisation des cellules de Purkinje… Le ou les rôles exacts restent encore à déterminer.
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Les neurones olivaires présentent une oscillation endogène de leur potentiel membranaire à une fréquence d'environ 10 Hz, et la survenue des potentiels d'action coïncide avec le maximum d'amplitude de ces oscillations[18]. L'activité de plusieurs neurones olivaires peut être synchronisée par des jonctions communicantes au niveau de leurs dendrites[19]. À l'opposé, les projections GABAergiques des noyaux cérébelleux concourent à désynchroniser le fonctionnement de ces neurones[20]. L'activité de ces «agrégats» de neurones olivaires permettrait de séquencer dans le temps l'activité des cellules de Purkinje en définissant des fenêtres d'activation[21].
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Les noyaux cérébelleux profonds se projettent aussi sous forme de fibres moussues glutaminergiques ou, moins densément, GABAergiques sur les grains.
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Les noyaux thalamiques recevant des projections cérébelleuses comprennent chez le singe: les noyaux ventro-postéro-latéral oral, ventro-latéral caudal, X, dorso-médian et intralaminaire (paracentral).
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Par l'intermédiaire du thalamus, le cervelet se connecte, chez le singe, aux cortex moteur (aire 4), prémoteur (aire 6 incluant l'aire motrice supplémentaire), pariétal (aire 7) et préfrontal (aires 8, 9 latérale et médiane et 46 dorsale)[23]. Les voies cérébello-préfrontales sont issues de la région ventrale du noyau dentelé.
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Les indices les plus forts sur la fonction du cervelet sont venus avec l'examen des conséquences de lésions cérébelleuses. Les animaux et les humains ayant un dysfonctionnement cérébelleux montrent par-dessus tout des troubles du contrôle moteur. Ils sont toujours capables de générer une activité motrice, mais elle est imprécise, avec des mouvements erratiques, mal coordonnée ou mal synchronisée. Un test standard de la fonctionnalité du cervelet est de tenter d'atteindre avec le bout du doigt une cible placée à une distance d'un bras : une personne saine bougera son doigt dans un mouvement rapide et droit vers la cible, là où des personnes lésées au cervelet auront des mouvements lents et maladroits, avec de nombreuses corrections à mi-parcours. Des pertes dans des fonctions non motrices sont plus difficiles à détecter. On est ainsi parvenu, il y a des décennies de cela, à la conclusion que la fonction première du cervelet n'est pas d'initier les mouvements ou de décider de ceux qui vont être exécutés, mais bien de déterminer la forme détaillée de chaque mouvement[5].
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Avant les années 1990, on croyait presque unanimement que la fonction du cervelet n'était relative qu'au mouvement, mais des découvertes plus récentes ont remis sérieusement en cause ce point de vue. Des études par imagerie cérébrale fonctionnelle ont montré l'activité du cervelet dans des tâches impliquant le langage, l'attention, ou l'imagerie mentale ; des études corrélées ont mis en évidence les interactions entre le cervelet et des aires non motrices du cortex cérébral ; enfin, une grande variété de symptômes non moteurs ont été observés chez des patients qui avaient subi des lésions confinées au seul cervelet[24],[25].
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Kenji Doya a soutenu que la fonction du cervelet est mieux comprise, non pas en considérant dans quels comportements il est impliqué, mais bien en examinant le type de calcul neuronal qu'il effectue ; le cervelet consiste en un grand nombre de modules plus ou moins indépendants, tous avec la même structure interne géométriquement régulière, et par conséquent supposés réaliser le même type de calcul. Si les afférences ou les efférences d'un module se portent sur une aire motrice du cortex cérébral (comme c'est souvent le cas), alors le module sera impliqué dans des comportements moteurs ; si en revanche les aires corticales concernées ne sont pas motrices, le module sera concerné dans d'autres types de comportements. Le cervelet, suggère Doya, est mieux compris comme dispositif d'apprentissage supervisé, au contraire des ganglions de la base qui opèrent un apprentissage par renforcement, et du cortex cérébral, qui concerne l'apprentissage non supervisé[25].
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Les relatives simplicités et régularités de l'anatomie du cervelet ont mené à un premier espoir qu'elles pouvaient impliquer une simplicité comparable au niveau de la fonction computationnelle, comme il est dit dans l'un des premiers ouvrages sur l'électrophysiologie du cervelet, The Cerebellum as a Neuronal Machine (« Le cervelet comme une machine neuronale »), écrit conjointement par John Eccles, Masao Ito et Janos Szentágothai[26]. Bien que la compréhension totale de la fonction du cervelet nous échappe encore, quatre principes ont été identifiés comme primordiaux : (1) le traitement par contrôle en boucle ouverte, (2) la divergence et la convergence, (3) la modularité et (4) la plasticité.
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Le cervelet diffère de l'immense majorité des régions du cerveau (en particulier du cortex cérébral) en ce que le traitement du signal se fait presque entièrement par contrôle en boucle ouverte - c'est-à-dire que les signaux se déplacent de façon unidirectionnelle à travers le système, de l'afférence vers l'efférence, avec très peu de transmission rétroactive en interne. Le peu de rétroaction existant consiste en une inhibition mutuelle ; il n'y a pas de circuit d'excitation mutuelle. Ce mode opératoire en «feedforward» signifie que le cervelet, contrairement au cortex cérébral, ne peut pas générer de schéma auto-entretenu d'activité neuronale. Les signaux entrent dans le circuit, sont traités par les différents modules dans un ordre séquentiel, puis quittent le circuit. Comme l'écrivaient Ito, Eccles et Szentágothai : « cette élimination de toute possibilité de chaînes rétroactives d'excitation neuronale est sans aucun doute un immense avantage pour la performance de calcul du cervelet, car ce que le reste du système nerveux demande à ce dernier n'est probablement pas de produire un signal exprimant le fonctionnement de circuits de rétroaction complexes dans le cervelet, mais plutôt une réponse claire et rapide à un quelconque ensemble particulier d'informations[27]. »
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Dans le cervelet humain, l'information en provenance de 200 millions de fibres moussues est transmise à 50 milliards de cellules granulaires, dont les fibres parallèles convergent sur 15 millions de cellules de Purkinje[4]. De par leur alignement longitudinal, le millier de cellules de Purkinje qui appartiennent à une même microzone peuvent recevoir des informations de près de 100 millions de fibres parallèles, et concentrent leur propre émission vers moins d'une cinquantaine de cellules des noyaux profonds[11]. Ainsi, le réseau cérébelleux reçoit un nombre modeste de signaux, les traite de façon extensive à travers un réseau interne rigoureusement structuré, et renvoie les résultats via un nombre limité de cellules efférentes.
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Le système cérébelleux est divisé en modules plus ou moins indépendants, qui se comptent probablement par centaines ou par milliers. Tous ces modules ont une structure interne similaire, mais des entrées et des sorties différentes. Un module (un « microcompartiment multizonal » pour reprendre les termes de Apps et Garwicz) consiste en une petite grappe de neurones dans le noyau olivaire inférieur, un ensemble de longues et étroites bandes de cellules de Purkinje dans le cortex cérébelleux (les microzones), et un petit groupe de neurones dans l'un des noyaux cérébelleux profonds. Différents modules partagent les mêmes signaux en provenance des fibres moussues et des fibres parallèles, mais ils apparaissent comme fonctionnant différemment à d'autres égards - le signal émis par un module ne semble pas influencer significativement l'activité des autres modules[11].
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Les synapses entre les fibres parallèles et les cellules de Purkinje, et les synapses entre les fibres moussues et les cellules des noyaux profonds, sont susceptibles chacune de voir leur force renforcée. Dans un seul module du cervelet, des signaux en provenance d'un nombre de fibres parallèles pouvant atteindre un milliard convergent sur un groupe de moins de 50 cellules nucléaires profondes, et l'influence de chaque fibre parallèle est adaptable. Cette organisation procure une formidable souplesse dans l'ajustement des relations entre les afférences et les efférences cérébelleuses[28].
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On dispose de fortes preuves que le cervelet joue un rôle important dans certains types d'apprentissages moteurs. Les tâches où le cervelet entre le plus clairement en action sont celles dans lesquelles il est nécessaire de procéder à un ajustement précis de la manière d'exécuter une action. Il y a eu cependant de nombreux litiges, pour savoir si l'apprentissage se déroulait dans le cervelet lui-même, ou si ce dernier servait davantage à émettre des signaux qui favorisaient l'apprentissage dans d'autres structures du cerveau[28]. La plupart des théories qui associent l'apprentissage aux circuits du cervelet d'idées originales de David Marr et James Albus, qui postulèrent que les fibres grimpantes émettent un signal professeur qui induit une modification dans les synapses entre les fibres parallèles et les cellules de Purkinje[29]. Marr supposa que le signal des fibres grimpantes provoque un renforcement des signaux issus de l'activation synchrone des fibres parallèles. Les modèles plus récents de l'apprentissage dans le cervelet ont cependant présumé à la suite d'Albus que l'activité des fibres parallèles marque un signal d'erreur, et provoquerait un affaiblissement des signaux issus de l'activation synchrone des fibres parallèles. Quelques-uns de ces modèles tardifs, comme le modèle du «Filtre adaptatif» de Fujita[30], ont tenté de comprendre la fonction du cervelet à travers la théorie du contrôle optimal.
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L'idée que l'activité des fibres parallèles fonctionne comme un signal d'erreur a été examiné dans de nombreuses études expérimentales, certaines y étant favorables, d'autres plus réservées[9]. Dans une étude pionnière de Gilbert et Thach en 1977, les cellules de Purkinje de singes en plein apprentissage montraient une émission élevée de potentiels d'action complexes pendant les périodes où la performance du singe était médiocre[31]. Plusieurs études sur l'apprentissage moteur chez le chat ont montré qu'il y avait une émission de potentiels d'action complexes lorsque le mouvement exécuté ne correspondait pas au mouvement voulu. Les études sur le réflexe vestibulo-oculaire (qui stabilise l'image sur la rétine quand on tourne la tête) ont trouvé que l'activité des fibres grimpantes indique un «glissement rétinien», mais pas de manière directe[9].
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L'une des tâches d'apprentissage cérébelleux les plus largement étudiées est le paradigme du conditionnement du clignement des paupières, dans lequel un stimulus neutre conditionnel (SC) tel qu'une lumière ou une tonalité est répétitivement associé avec un stimulus inconditionnel (SI), comme un jet d'air, qui provoque un clignement des paupières en réponse. Après de telles présentations répétées du SC et du SI, le SC provoquera finalement un clignement des paupières avant même l'arrivée du SI : c'est ce que l'on appelle une réponse conditionnelle (RC). Les expériences ont montré que des lésions localisées dans une région spécifique du noyau interposé (un des noyaux cérébelleux profonds) ou à certains points spécifiques du cortex cérébelleux peuvent abolir l'apprentissage d'une réponse des paupières correctement synchronisée. Si les efférences du cervelet sont pharmacologiquement inactivées tandis que les afférences et les circuits intracellulaires restent intactes, l'apprentissage aura lieu même si l'animal échoue à montrer une quelconque réponse, alors que si les circuits intracellulaires sont perturbés, aucun apprentissage n'a lieu - ces faits pris ensemble constituent un argument de poids en faveur du fait que l'apprentissage s'effectue dans le cervelet[32].
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La grande base de données sur l'anatomie et les fonctions comportementales du cervelet en a fait un terrain fertile pour la théorisation - il y a probablement davantage de théories sur la fonction du cervelet que sur n'importe quelle autre partie du cerveau. La distinction la plus simple que l'on puisse faire entre celles-ci les sépare entre les «théories de l'apprentissage» et les «théories de l'action» - c'est-à-dire entre les théories qui utilisent la plasticité synaptique du cervelet pour expliquer son rôle dans l'apprentissage, et celles qui rendent compte de certains aspects d'un comportement en cours sur la base du traitement du signal dans le cervelet. Plusieurs théories de chaque type ont été mises sous la forme de modèles mathématiques qui ont été simulés sur ordinateur[29].
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La première des « théories de l'action » fut peut-être l'hypothèse de la « ligne à retard » de Valentino Braitenberg. La théorie initiale mise en avant par Braitenberg et Atwood en 1958 suggérait que la propagation lente des signaux le long des fibres parallèles impose des retards prévisibles qui permettent au cervelet de déterminer les relations temporelles entre les signaux dans un certain cadre[33]. Les données expérimentales ne confirmèrent pas cette première théorie, mais Braitenberg continua de plaider pour des versions modifiées[34]. L'hypothèse que le cervelet fonctionne essentiellement comme un système de perception temporelle a également été soutenue par Richard Ivry[35]. Une autre «théorie de l'action» influente est la théorie des réseaux de tenseurs de Pellionisz et Llinás, qui a fourni une formulation mathématique avancée de l'idée que le calcul fondamental opéré par le cervelet est la conversion des signaux sensoriels en coordonnées motrices[36].
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Les « théories de l'apprentissage » dérivent presque toutes des premières publications de David Marr[10] et James Albus[37]. L'article de Marr de 1969 propose que le cervelet est un dispositif d'apprentissage qui associe les mouvements élémentaires encodés par les fibres grimpantes avec le contexte sensoriel encodé par les fibres moussues. Albus supposa qu'une cellule de Purkinje fonctionne comme un perceptron, un dispositif d'apprentissage abstrait d'inspiration neuronale. La différence la plus simple entre les théories de Marr et d'Albus est que Marr suppose que l'activité des fibres grimpantes provoque un renforcement des synapses avec les fibres parallèles, alors qu'Albus considère qu'il s'agit davantage d'un affaiblissement de ces synapses. Albus a également formulé son hypothèse dans un algorithme qu'il a appelé CMAC (pour l'anglais : Cerebellar Model Articulation Controller), et qui a été testé dans de nombreuses applications[38].
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La sémiologie cérébelleuse admet trois grands types de troubles moteurs selon la localisation et l'importance de la lésion causale[39] :
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Il s'y associe des troubles de la reproduction des mouvements rythmiques, et du contrôle de l'impédance articulaire, de la force musculaire et des gains de certains réflexes comme le réflexe vestibulo-oculaire.
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Ces altérations concernent non seulement les mouvements des membres mais également la démarche, la parole, l'écriture et l'oculomotricité (nystagmus horizontal). Les globes oculaires peuvent également présenter des oscillations rapides (flutter).
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La symptomatologie motrice des membres peut être expliquée par un déséquilibre entre les activités musculaires agonistes et antagonistes.
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Récemment, cette symptomatologie motrice a été complétée par l'individualisation d'un syndrome cérébelleux cognitif et affectif [40] comportant une atteinte des fonctions exécutives de planification, d'abstraction, de mémoire de travail, et de la mémoire visuospatiale, une diminution de la fluence verbale, des persévérations, une simultagnosie et des changements émotionnels (comportements inappropriés, désinhibition, irritabilité, impulsivité, labilité et pauvreté des affects. Quelques erreurs de langage ont été aussi notées (dysprosodie, agrammatisme et anomie modérée). Ce syndrome porte aussi le nom de syndrome de Schmahmann [41]
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Le syndrome cognitif surviendrait lors de lésions affectant les hémisphère cérébelleux (et le noyau dentelé), alors que le syndrome affectif résulterait d'une lésion du vermis (et du noyau fastigial). Dans ce dernier cas, un dysfonctionnement autonomique avec des accès d'éternuements, une bradycardie, une hyperventilation, une dilatation pupillaire et des pertes de connaissance ont aussi été décrits[42]. Ces symptômes n'ont cependant pas toujours été retrouvés.
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Les circuits du cervelet sont similaires chez toutes les classes de vertébrés, incluant les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères[43]. Il existe une structure cérébrale analogue chez les céphalopodes au cerveau développé, comme la pieuvre[44]. Ce fait a été considéré comme une preuve que le cervelet joue un rôle important chez tous les vertébrés.
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Les variations de la forme et de la taille du cervelet sont considérables d'une espèce vertébrée à l'autre. Chez les amphibiens, les lamproies et les myxines, le cervelet est peu développé ; chez les deux dernières, il se distingue à peine du tronc cérébral. Bien que le paléocervelet soit présent chez ces groupes, l'archéocervelet y est réduit à de petits noyaux couplés[45]. Le cervelet est un peu plus gros chez les reptiles, nettement plus important chez les oiseaux et plus important encore chez les mammifères. Les lobes jumelés et faits de circonvolutions que l'on trouve chez l'homme sont typiques des mammifères, mais le cervelet est, en règle générale, un simple lobe central chez les autres groupes, soit lisse, soit strié de légères rainures. Chez les mammifères, le néocervelet constitue la majeure partie du cervelet par sa masse, mais chez les autres vertébrés, cette distinction est habituellement réservée au paléocervelet[45].
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Le cervelet des poissons osseux et des poissons cartilagineux est extraordinairement large et complexe. Sur au moins un point important, il diffère dans sa structure interne du cervelet mammalien : le cervelet des poissons ne contient pas de noyaux cérébelleux profonds. À la place, les cibles primaires des cellules de Purkinje constituent un type bien distinct de cellules distribuées au travers du cortex cérébelleux, un type de cellules que l'on n'observe pas chez les mammifères. Chez les mormyridés (une famille de poissons d'eau fraîche faiblement électrosensitifs), le cervelet est nettement plus volumineux que tout le reste du cerveau mis ensemble. La plus grande partie du cervelet est une structure appelée valvula, qui a une architecture inhabituellement régulière et reçoit la plupart de ses signaux du système électrosensoriel[46].
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La marque du cervelet mammalien est un développement important des lobes latéraux, qui interagissent principalement avec le néocortex. Comme les primates évoluaient en grands singes, l'extension des lobes latéraux a continué, en même temps que le développement des lobes frontaux du néocortex. Chez les hominidés ancestraux, et chez Homo sapiens jusqu'au milieu du Pléistocène, le cervelet a continué de s'étendre, mais les lobes frontaux se sont développés plus vite encore. La période la plus récente de l'évolution humaine peut cependant être associée à l'accroissement de la taille relative du cervelet, comme le néocortex se réduisait et le cervelet s'étendait[47].
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Beaucoup d'espèces de vertébrés ont des aires cérébrales qui ressemblent au cervelet de par leur architecture cellulaire et leur neurochimie[43]. La seule de ces aires que l'on trouve chez les mammifères est le noyau cochléaire dorsal (NCD), l'un des deux noyaux sensoriels primaires qui reçoivent des signaux directement du nerf auditif. Le NCD est une structure en couches, la couche inférieure contenant des cellules granulaires similaires à celles du cervelet, donnant naissance à des fibres parallèles qui s'élèvent jusqu'à la couche superficielle et la parcourent horizontalement. La couche superficielle contient un ensemble de neurones GABA-ergiques qui ressemblent anatomiquement et chimiquement aux cellules de Purkinje - ils reçoivent des signaux des fibres parallèles, mais d'aucun corps ressemblant aux fibres grimpantes. Les neurones efférents du NCD sont les cellules fusiformes. Ce sont des neurones glutamatergiques, mais qui ressemblent également aux cellules de Purkinje à certains égards : ils ont des arbres dendritiques superficiels épineux et aplatis qui relayent l'information des fibres parallèles, mais ils reçoivent également grâce à leurs dendrites basales des informations en provenance des fibres du nerf auditif, qui traversent le NCD perpendiculairement aux fibres parallèles. Le NCD est le plus développé chez les rongeurs et d'autres petits animaux, et considérablement réduit chez les primates. Sa fonction n'est pas encore comprise ; les hypothèses les plus populaires la rapprochent d'une manière ou d'une autre de l'audition spatiale[48].
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La plupart des espèces de poissons et d'amphibiens possèdent un système de ligne latérale, capable de déceler les variations de la pression sous l'eau. L'une des aires cérébrales qui reçoit les informations de la ligne latérale, l'aire octavolatérale, a une structure semblable à celle du cervelet, avec des cellules granulaires et des fibres parallèles. Chez les poissons électro-sensibles, les signaux du système électrosensitif vont vers le noyau dorsal octavolatéral, qui a également une structure similaire à celle du cervelet. Chez les poissons à nageoires rayonnées (le groupe le plus diversifié des vertébrés), le colliculus supérieur a une couche - la couche marginale - qui ressemble également au cervelet[43].
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Toutes ces structures similaires au cervelet semblent d'abord se rapporter plutôt au système sensoriel qu'au système moteur. Toutes possèdent des cellules granulaires donnant naissance à des fibres parallèles, qui sont connectées à des neurones semblables aux cellules de Purkinje par des synapses modifiables, mais aucune n'a de fibres grimpantes comparables à celles du cervelet ; à la place, elles reçoivent leurs informations directement des organes sensoriels périphériques. Aucune n'a de fonction clairement démontrée, mais l'hypothèse la plus influente veut qu'elles servent à transformer les signaux sensoriels de manière sophistiquée, peut-être pour compenser des changements dans la position du corps[43]. En réalité, James Bower et d'autres chercheurs ont soutenu, en se fondant à la fois sur ces structures et sur des études du cervelet, que le cervelet lui-même est fondamentalement une structure sensorielle, et qu'il contribue au contrôle moteur en déplaçant le corps de façon à contrôler les signaux sensoriels en résultant[49].
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L'apparence particulière du cervelet lui permis d'être caractérisé facilement par les pionniers de l'anatomie, dès l'Antiquité. Aristote et Galien ne le considéraient cependant pas comme une véritable partie du cerveau : ils l'appelèrent paracephalon (« semblable au cerveau »), par opposition à l’encephalon proprement dit. Galien a été le premier à en donner une description étendue ; en remarquant que le tissu cérébelleux semblait plus solide que le reste du cerveau, il supposa que sa fonction était de renforcer les nerfs moteurs[50].
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Les descriptions plus approfondies du cervelet ne vinrent qu'à la Renaissance. Vésale l'examina brièvement, mais il fut étudié plus minutieusement par Thomas Willis en 1664. Ses travaux furent approfondis durant le XVIIIe siècle, mais ce n'est pas avant le XIXe siècle que l'on conçut les premières idées de sa fonction. En 1809, Luigi Rolando établit que des lésions dans le cervelet provoquaient des troubles moteurs. Durant la première moitié du XIXe siècle, Pierre Flourens mena des études expérimentales détaillées, qui révélèrent que des animaux ayant subi des dommages au cervelet pouvaient encore bouger, mais avec une perte de coordination (mouvements étranges, démarche maladroite, faiblesse musculaire), et qu'ils pouvaient récupérer presque complètement tant que la lésion n'était pas très étendue[51]. À l'aube du XXe siècle, il était largement accepté que la fonction du cervelet était principalement motrice. La première moitié du XXe siècle produisit plusieurs descriptions détaillées des symptômes cliniques associés à des lésions dans le cervelet humain[2].
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La particularité des cervidés est de porter des bois, des organes osseux caducs présents sur la tête des mâles. Il existe toutefois quelques exceptions:
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Les bois des cervidés forment un trophée (terme cynégétique employé aussi bien pour la parure sur l'animal vivant, que dans le sens plus connu de trophée de chasse). Ils muent chaque année ; le produit de la mue (les bois morts délaissés) s'appelle la « mue »[1].
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Les cervidés constituent les derniers grands ruminants sauvages des régions tempérées. À travers le monde, il en existe quarante-quatre espèces réparties en dix-sept genres.
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Les cervidés les plus fréquents dans les forêts d'Europe sont le cerf élaphe, Cervus elaphus le chevreuil, Capreolus capreolus et le daim, Dama dama. En Scandinavie, s'y ajoutent le renne, Rangifer tarandus, et l'élan, Alces alces, également présent en Europe centrale. D'autres espèces ont été acclimatées en Europe et peuvent s'y rencontrer occasionnellement, comme le cerf Sika, Cervus nippon.
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Ils sont nettement divisés en deux ensembles phylogénétiquement cohérents : l'un, paléarctique et asiatique : cervidés européens ; l'autre, néarctique et néotropical : cervidés américains. Trois espèces seulement échappent à la règle, avec une répartition holarctique : le cerf élaphe, ou wapiti, en Amérique, le renne, ou caribou et l'élan, ou orignal.
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La bière est une boisson alcoolisée obtenue par fermentation alcoolique d'un moût de produits végétaux amylacés tels que l'orge, le maïs, le riz (saké), la banane, le manioc... Ce moût est obtenu à l'issue d'une étape importante de la fabrication de la bière, le brassage, opération à l'origine des vocables brasseur et brasserie. C'est la plus ancienne boisson alcoolisée connue au monde et la boisson la plus consommée après l'eau et le thé[1].
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La bière actuelle (à partir du Moyen Âge) est généralement produite à partir d’eau, de malt d'orge (parfois additionnée d'autres céréales) et de houblon. Ce dernier, en particulier, apporte un parfum et de l'amertume à la bière et agit comme conservateur. Cette boisson est consommée à la pression, en bouteille ou en canette. La consommation de bière est à l'origine de nombreux évènements festifs tels que la Fête de la bière, le Mondial de la bière, la Journée internationale de la bière ; et suscite également de nombreux jeux à boire comme le bière-pong, le Flip cup (en), le bong à bière (en), la botte de bière (de) ou le barathon. Des versions très faiblement alcoolisées (variant de 2° à 0°) sont présentes sur le marché. Contrairement aux autres boissons « sans alcool », elles sont élaborées par les mêmes procédés que la bière classique. La production de bière est réalisée industriellement ou artisanalement dans une brasserie, tout en étant possible par le particulier.
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L'histoire de la bière est intimement liée à celle de ses ingrédients, ainsi qu'aux avancées technologiques qui firent de cette boisson le breuvage que l'on connaît aujourd’hui. Les premières cultures de céréales, notamment de l'orge et de l'épeautre (une variété de blé), ont été attestées en 8000 av. J.-C. en Mésopotamie[2]. Tous les ingrédients étant disponibles dès cette époque, la bière pouvait donc exister et l'on estime son invention/découverte à 6000 av. J.-C. Cependant, les preuves formelles de son existence, découvertes dans la province de Sumer, remontent au IVe millénaire av. J.-C. À cette époque, la bière, alors appelée « sikaru »[3] (dont la traduction littérale est « pain liquide ») était à la base de l'alimentation quotidienne. On la fabriquait par cuisson de galettes à base d'épeautre et d'orge que l'on mettait à tremper dans de l'eau, afin de déclencher la fermentation nécessaire à la production d'alcool, et que l'on assaisonnait avec de la cannelle, du miel ou toutes autres épices en fonction des préférences des clients. La bière, connue des peuples de Chaldée (maintenant Irak, Koweït) et d'Assyrie (Irak, Syrie, Liban, Palestine[4],[2]), devenue monnaie d'échange, commença sa dissémination. Des recherches archéologiques ont pu démontrer que les Provençaux brassaient déjà leur bière au Ve siècle av. J.-C.[5].
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Consommée en famille et utilisée comme moyen de paiement à Babylone, boisson des dieux en Égypte, la bière devint dans la Grèce antique (Diodore de Sicile dit qu'elle fut inventée par Dionysos[6]) et dans l’Empire romain celle du pauvre, et le vin celle des dieux. Elle resta cependant la boisson de choix des peuples du Nord, Celtes et Germains. La préférence pour le vin se confirma dans l’Europe chrétienne au début du Moyen Âge, notamment grâce au concile d’Aix-la-Chapelle de 816 qui encouragea les viticultures épiscopales et monastiques dans le but de célébrer l’eucharistie. Il fallut attendre le VIIIe siècle pour voir le brassage de la bière y reprendre de l’importance, en particulier en Bavière. Par la suite, aux environs du XIIe siècle, certains monastères (par exemple en Alsace et en Bavière) se spécialisèrent dans le brassage de la bière, bue par la population à la place d’une eau souvent non potable.
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Aujourd’hui, la bière jouit d’un succès mondial en tant que boisson désaltérante et de dégustation. Ce succès remonte au XIXe siècle où la maîtrise de la fermentation basse grâce à la réfrigération et la pasteurisation permirent la production de nouvelles variétés de bière ainsi que leur exportation.
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La bière est une boisson qui intervient également dans de nombreuses recettes de cuisine à la bière comme ingrédient premier (exemple : soupe à la bière) ou secondaire apportant une caractéristique particulière au mets (exemple : carbonade flamande).
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La bière est utilisée pour le lavage ou l’affinage de certains fromages (exemple : le Cochon 'nez et le Bergues). Elle a aussi été utilisée pour la conservation de la viande.
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Elle sert de badigeon après chaulage des murs.
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L'élaboration de la bière a évolué à travers les âges. Ce que l’on considérait comme de la bière il y a 8 000 ans est sans aucun doute très éloigné de ce que nous connaissons aujourd’hui. Les « migrations » de ce breuvage à travers le monde et le temps ont obligé les brasseurs à adapter le mode de fabrication en fonction des évolutions techniques et des matières premières disponibles. Ce qui n’était autrefois qu’une sorte de « bouillie » alcoolisée, plus proche des aliments solides que des boissons, est devenu, notamment grâce aux progrès de la microbiologie et des techniques industrielles au XIXe siècle, la boisson limpide que l’on connaît aujourd’hui. Les méthodes de fabrication actuelles sont cependant très proches de celles de ces derniers siècles ce qui dénote une normalisation dans le processus de fabrication.
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Pour produire de la bière, il faut certaines matières premières qui vont être transformées tout au long du processus de fabrication. Il est nécessaire de disposer :
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D’autre part, on peut aussi utiliser :
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Selon le Reinheitsgebot édicté le 23 avril 1516, les brasseurs allemands ne pouvaient utiliser que l'orge, le houblon et l'eau.
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Pour transformer ces matières premières par voies enzymatiques et microbiologiques, on utilise diverses techniques de chauffage et de trempage, ainsi que des levures afin de permettre la fermentation du moût (production d’alcool).
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Les étapes sont les suivantes :
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On distingue quatre types de fermentations :
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Certaines bières, notamment en Belgique, subissent une nouvelle fermentation après la mise en bouteille. Une levure, potentiellement différente de la première, peut être ajoutée à cette occasion.
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Il existe des bières triples ou tripel, qui ne sont pas des bières ayant subi une triple fermentation, mais des bières pour lesquelles on a ajouté du sucre par rapport à une bière classique, cela vaut aussi pour les bières doubles ou dubbel. Ces bières atteignent généralement un pourcentage relativement élevé d'alcool (plus de 7 %).
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La couleur[8] résulte des types de malts de spécialité utilisés. À peine 10 % de malt black patent, mélangé à un malt de base, est suffisant pour produire une bière noire comme l’ébène :
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Les bières sont naturellement troubles, cependant, la tendance actuelle tend à généraliser la filtration de la bière en post-fermentation, ce qui explique la limpidité de nos boissons actuelles. C’est notamment le cas des pils ou de la Kölsch. À l’opposé de cette logique de marché, certains brasseurs continuent de produire des bières non (ou peu) filtrées. Les bières trappistes, qui sont fermentées une nouvelle fois durant leur période de garde, font partie de ces bières troubles. Une garde prolongée sans filtration permet d’obtenir une bière parfaitement limpide sans toutefois occasionner la perte de saveurs souvent obtenue lors de la filtration.
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En France, on note généralement la bière par son degré d’alcool, mais également par d’autres degrés indiquant la proportion de céréales dans le moût :
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Il ne faut pas confondre ces degrés entre eux. Par exemple, l’Eku 28 titre 28° Balling et environ 11° d’alcool. On peut retenir que le degré alcoolique est généralement un peu plus du tiers du degré Balling.
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On peut regrouper les bières par structure de goût[9] :
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La bière en tant qu'aliment possède à la fois une valeur nutritive et énergétique qui dépend du type de bière et du type de consommation qui en est fait : boisson ou ingrédient culinaire.
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Issue de l'orge commune, une céréale peu panifiable, la bière a toujours eu ce caractère nutritif de pain liquide[10] depuis son usage par les moines lors du carême, ou encore sa confection domestique par des ménagères telle que Katharina von Bora au Moyen Âge[11]. Certains brasseurs perpétuent cette tradition en refusant toute filtration et en proposant ainsi des bières plus rustiques (Kellerbier, Zwickelbier, Zoigl).
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Une tendance récente, représentée notamment par le gastronome suisse Harry Schraemli[12] favorise en outre le développement de la cuisine à la bière.
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En Égypte ancienne, les femmes utilisaient la bière à des fins cosmétiques ou dermatologiques (cette tradition est toujours vivante en République tchèque sous forme de bain de bière). En Grèce antique, Hippocrate utilisait la bière pour faciliter la diurèse et combattre la fièvre. Arétée la conseillait en cas de diabète et de migraine.
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Au Moyen Âge, cet alcool était réputé pour stimuler l’humeur et l’appétit, calmer et favoriser le sommeil. La bière remplaçait aussi avantageusement l'eau souvent contaminée en ce temps, et jusqu'aux réformes des hygiénistes au XIXe siècle, car les germes infectieux étaient détruits lors du brassage.
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Au XIXe siècle, la bière était encore fabriquée et vendue en pharmacie, additionnée de plantes telles que le gruit aux vertus diverses[13].
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Au XXe siècle, la médecine dénonce les conséquences nocives de l’abus d’alcool et les médicaments ont remplacé l’alcool en tant que remède.
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Pour des raisons pratiques, les consommateurs ont rapidement classé les bières afin de s’y retrouver parmi le nombre important de bières sur le marché. Il existe deux types principaux de classement : le « classement par couleur », et le « classement par fermentation ». Le « classement par couleur » correspond uniquement à la couleur de la bière, indépendamment de sa méthode de fabrication, de sa composition, ou de sa provenance. Au contraire, le « classement par fermentation » correspond au type de fermentation de la bière, ainsi que, dans certains cas, de la couleur.
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Certaines catégories sont sans rapport avec les caractéristiques intrinsèques de la bière :
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Certains spécialistes ainsi que diverses associations ont tenté d’établir un classement le plus complet possible des différents types de bières existants (voir article détaillé). Le classement créé conjointement par le Beer Judge Certification Program (BJCP) et l’Institut de la bière décrit par exemple 23 types et 78 sous-types de bières.
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Il existe sept grands types de verres. Les flûtes pour servir les pils, les verres calices pour servir les bières d’abbaye et trappistes, les godets de différentes grosseur pour la witbier, le lambic (straight et gueuze) pour les ales britanniques, les chopes (ou bocks) pour les ales anglaises et pour le service de grandes quantités de bières lors de festivals, les tulipes pour certaines blanches, les ballons pour les bières liquoreuses et les verres fantaisistes (verre de cocher, verre en forme de botte, etc.).
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La contenance des verres à bière oscille entre 12,5 cl et 2 l. La contenance standard varie d’une région à l’autre, tout comme les appellations que l’on donne aux différentes contenances.
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La bière est parfois servie au mètre : un présentoir de 1 mètre de long est percé de façon à pouvoir y présenter une douzaine de verres de 25 cl (0,25 l). Dans les pubs et les bars, on peut également trouver un mode de service original : la « girafe » (cf. photo ci-contre). La « girafe » est un cylindre transparent, d’une contenance de 2,5 à 5 l, monté sur un présentoir et muni d’un robinet pour assurer le service. Bien que le mot soit une expression entrée dans le langage courant, elle est en fait une marque déposée par la société PMP Innovation.
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Il existe également des verres « trompeurs » en forme de botte, de spirale, etc., que l’on peut trouver en Allemagne par exemple et qui sont utilisés lors des fêtes de la bière. Le contenu du verre se renverse sur le buveur si celui-ci n’y prend pas garde.
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Depuis l’origine de la bière, le problème majeur a été de conserver et transporter ce liquide fragile. Au début, les Égyptiens et les Romains utilisaient des amphores en terre cuite, ce qui a permis le commerce de la « bière ». Mais le transport était délicat du fait de la relative fragilité de la terre cuite. L’utilisation par la suite du tonneau en bois inventé par les Gaulois permit d’améliorer la transportabilité.
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Par la suite, les moyens de stockage n’ont guère évolué jusqu’au XIXe siècle où les premiers fûts métalliques furent utilisés. Les fûts métalliques sont toujours utilisés par les débitants de boissons (de 20 à 60 l) et par certaines brasseries pour les périodes de garde (jusqu’à 400 l).
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Le véritable engouement pour la consommation à domicile de la bière est arrivé grâce à l’invention de la bouteille de 33 cl en 1949 suivi de près par la bouteille de 25 cl et de la canette métallique en 1953. Mais, il existe de nombreuses autres déclinaisons de ces contenants individuels qui sont parfois endémiques à certaines régions du globe.
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La bouteille de bière s’appelle également une canette.
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La lumière, en provoquant la photolyse des isomères de l’humulone (un composé du houblon) contenu dans la bière, donne à cette dernière une odeur de mouffette[14]. Seul un contenant de verre coloré ou – mieux encore – opaque, protège la bière adéquatement contre ce phénomène, ce qui explique la coloration de la plupart des bouteilles.
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La chimie ayant permis la production de dérivés du houblon plus stables à la lumière, certaines marques vendent désormais leurs produits dans des bouteilles transparentes[15], dans le but de développer un marketing plus efficace.
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Évolution des principaux pays producteurs de bière entre 2002 et 2013 en millions d'hectolitres[16] :
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La France est le cinquième producteur européen de bière avec une production de 16,8 millions d’hectolitres en 2004 dont elle exporte 10 %. Le secteur brassicole génère près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et entretient plus de 4 500 emplois. L’essentiel de la production est assurée en Alsace (60 % de la production française), en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais mais aussi en Bretagne et en Bourgogne. En 2010, quatre entreprises (Kronenbourg, Heineken, Champigneulles, Saint-Omer) dépassent la production annuelle du million d'hectolitre et cumulent ensemble 88,6 % de la production nationale avec 15,6 millions d’hectolitres.
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Malgré un marché de petite taille et une forte tradition vinicole, plus de 300 bières différentes sont produites sur le sol français. Il faut également noter qu’au XXe siècle, plus de 4 500 brasseries ont existé en France, dont au moins 1 500 rien que pour la région Nord/Pas-de-Calais. Avec les 5,4 millions d’hectolitres d’importation en 2004, la consommation moyenne par an et par habitant atteint les 33,7 l[17] ce qui situe les Français parmi les plus faibles consommateurs de bière d’Europe. En effet, la consommation de bière en France a chuté de 30 % entre 1980 et 2010[18].
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La Belgique est souvent reconnue comme étant le pays de la bière. Il s’y produit plus de mille bières différentes dont six des dix bières trappistes reprenant le logo officiel : Orval, Chimay, Westvleteren, Rochefort, Westmalle et Achel. La consommation annuelle par habitant est de 96,2 l en 2003. Le plus important brasseur en quantité est : Anheuser-Busch InBev (souvent appelé AB InBev) issu de la fusion de Anheuser-Busch et InBev.
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Si l'on regarde plus loin que la Consommation annuelle de bière par habitant par pays, la production mondiale, bien qu’en baisse ces dernières années, avoisine actuellement les 1 400 millions d’hectolitres, dont 268 millions d´hectolitres consommés en Chine. Cette production est aux mains d’un nombre de plus en plus réduit de firmes internationales.
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En 2009, les ventes de bières en grande distribution se concentrent sur les marques suivantes[22] :
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Compte tenu de la baisse de consommation dans les pays développés, le secteur connaît une opération de concentration rapide :
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L'industrie de la bière connaît de nombreuses innovations, tant sur le produit, que sur le packaging. Concernant les innovations autour du produit, les bières sans alcool ont vu le jour en 2000[27], les bières aromatisées (ex. la Pietra rouge en juillet 2014)[28] et le concentré en sachet en février 2014[29]. Concernant les innovations autour du packaging il y a eu les tonnelets sous pression et le kit de préparation à domicile[30].
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En mai 2019, des chercheurs et microbiologistes israéliens parviennent à recréer une bière dite « bière des pharaons »[2] avec une teneur en alcool de 6 % et un hydromel à 14 % à partir de souches de levures datant d'il y a environ 3 000 ans et retrouvées dans des jarres antiques découvertes sur des sites archéologiques dans le centre d'Israël (près du lieu de combat de David et Goliath raconté dans la Bible hébraïque), dans la région de Jérusalem, à Tel Aviv[4] ainsi que dans le désert du Néguev (faisant partie anciennement de l'Egypte des pharaons), qu'ils ont brassées selon les méthodes modernes[31]. Les chercheurs de l'Autorité des antiquités israéliennes et les trois universités du pays qui ont participé à l'expérience se sont aperçus que l'une des levures découvertes ressemblait à celle utilisée dans la bière traditionnelle du Zimbabwe et une autre à celle utilisée dans la fabrication du Tedj, un hydromel éthiopien[32],[33]. C'est la première fois au monde que des chercheurs parviennent à recréer des aliments à partir d'ingrédients de cette époque antique[33].
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Cétacés
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Micro-ordres de rang inférieur
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Les cétacés ou Cetacea (du grec ancien κῆτος [kêtos], « cétacé ») forment un infra-ordre de mammifères aquatiques.
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Il existe, en 2020, 86 espèces[1] (nombre non fixé car les chercheurs débattent encore sur le nombre de sous-espèces et la reconnaissance d'espèces cryptiques)[2]. Seulement cinq espèces encore existantes sont dulçaquicoles. Ce taxon comprend les animaux les plus grands ayant existé sur Terre, dont les 14 espèces de baleines, notamment la baleine bleue. Ils sont considérés comme l'un des groupes d'espèces ayant le plus divergé des autres mammifères[3].
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Ces espèces sont réputées pour avoir une intelligence remarquable. La discipline de zoologie qui les étudie s'appelle la cétologie.
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Leur chasse a également joué un rôle économique important pour de nombreux pays, mais est, à présent, très limitée.
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On a observé (par caméra) de grands cétacés jusqu'à près de 3 000 m de profondeur.
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Le substantif masculin cétacé est issu du grec ancien κῆτος [kêtos], étymologiquement « grand poisson ». Les espèces peuvent génériquement être appelées dauphin, baleine ou rorqual, en fonction de leur aspect[4]. Ces termes ne recoupent pas la classification scientifique qui distingue d'une part les cétacés à dents, taxon qui comporte des baleines (comme la baleine blanche) et des dauphins, et d'autre part les espèces de cétacés à fanons qui sont toutes, elles, qualifiées de baleines.
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Outre ces deux noms génériques, des termes spécifiques sont utilisés pour nommer ces espèces ou groupes d'espèces comme béluga, cachalot, narval, orque ou épaulard, marsouin, rorqual, jubarte, sotalie et de termes issus du latin scientifique comme hypérodon, globicéphale. Ces noms vernaculaires ne désignent pas forcément non plus un taxon précis.
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Carl von Linné avait classé les cétacés dans les plagiures, ce groupe comportait aussi les siréniens. Ce terme était utilisé depuis le XVe siècle au moins et rendait compte de leur queue très aplatie horizontalement. Il regroupait alors des animaux aquatiques, vus comme des poissons, à la queue plate, sans écailles, et avec des poumons.
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Noter que Moby Dick (roman de Herman Melville publié en 1851), un grand cachalot, par conséquent un cétacé à dents, est parfois décrit comme une « baleine blanche » dans le texte. Le titre original de la première publication à Londres est The Whale, La Baleine. Au chapitre XXXII, Cetology, Melville se livre à un état des lieux des connaissances sur la classification des baleines et décide, en désaccord avec Linné (Systema Naturae, 1776 : « désormais je ne mentionnerai plus les cétacés parmi les poissons », cité par Melville lui-même) d'appeler « poissons » les cachalots pourchassés dans son roman. Il alterne régulièrement entre les termes baleines et poissons.
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Aujourd'hui, les cétacés sont divisés en deux sous-ordres : les cétacés à fanons, appelés Mysticètes, et les cétacés à dents, appelés Odontocètes. La distinction entre les deux groupes n'est pas si simple cependant, aussi les taxonomistes se fondent sur plusieurs autres caractéristiques anatomiques pour différencier les espèces des deux groupes. Les narvals ne possèdent aucune dent visible à l'exception de deux dents qui, chez les mâles forment une ou exceptionnellement deux défenses[5]. Les grands cachalots ne possèdent pas de dents sur la mâchoire supérieure[6]. D'ailleurs le nom de genre des premiers monodons et le nom d'espèces des seconds, catodon, est à cet égard parlant.
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Le taxon regroupe dix à quatorze familles selon les auteurs, par exemple les petits cachalots forment la famille des Kogiidae ou sont regroupés avec le grand cachalot au sein des Physeteridae. Les analyses phylogénétiques effectuées dans les années 1990 montrent que les cétacés à dents et les cétacés à fanons sont bien issus de la même lignée de mammifères marins. Aujourd'hui, la position des cétacés par rapport aux Artiodactyla est vivement discutée par les scientifiques.
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Liste des familles établie d'après World Register of Marine Species (22 avril 2016)[7], Mammal Species of the World (version 3, 2005) (22 avril 2016)[8] et ITIS (22 avril 2016)[9] :
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En outre, des dizaines de genres fossiles ont été identifiés ; par exemple Ambulocetus, Pakicetus, Basilosaurus, et classés sous le sous-ordre Archaeoceti.
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Pour le parasitologue Laurent Soulier, l'étude des parasites pourrait montrer qu'au sein de chaque espèce il existerait des groupes qui se croisent sans jamais interagir entre eux, comme si ces groupes appartenaient à des espèces différentes.[réf. nécessaire]
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L'extinction Crétacé-Tertiaire il y a 66 millions d'années provoque un remaniement complet des faunes mondiales, caractérisé notamment par la disparition des dinosaures non-aviens et l'explosion radiative des mammifères placentaires. Quatre lignées de ces mammifères (Cétacés, Siréniens, Pinnipèdes et Lutrinae) qui étaient sorties des eaux retournent alors dans le milieu marin il y a environ 50 millions d’années[14]. La conquête de ce milieu s'accomplit grâce à de multiples adaptations, notamment au niveau du système de locomotion et des poumons. Revenus secondairement à la vie marine, ces mammifères (avec leurs caractéristiques : poumons, mise-bas, allaitement, pilosité, homéothermie) n'ont pas récupéré leurs anciennes branchies qui n'existent plus que sous forme de vestige embryonnaire (structures vestigiales des arcs branchiaux donnant chez les hommes la région mandibulaire, le méat acoustique de l'oreille externe, la caisse du tympan et la trompe d'Eustache de l'oreille moyenne) ; c'est leur système respiratoire pulmonaire qui s'est modifié de telle façon qu'un séjour en plongée leur soit possible (flexibilité notamment de la cage thoracique qui peut, sous l'effet de la pression, s'aplatir et comprimer l'air des poumons). Les membres antérieurs des Cétacés se transforment en palettes natatoires tandis que leurs membres postérieurs régressent[15].
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Les cétacés ont ainsi pour ancêtre un animal terrestre. L'analyse phylogénétique des gènes codant certaines protéines mitochondriales[16] les a regroupés au sein d'un même clade avec les Artiodactyles (Ongulés à doigts pairs) dans le groupe des Cetartiodactyla. Ils sont donc plus proches des ruminants que des autres mammifères marins tels que les phoques et les loutres, plus proches des ours, ou des siréniens, plus proches des éléphants. Par ailleurs, l'étude de caractères dérivés dans leur génome nucléaire (les Rétrotransposons)[17] montre que leurs plus proches parents sont les hippopotames. Une étude basée sur la morphologie remet cependant en question cette proche parenté et suggère une plus grande proximité avec les anthracothères fossiles et une évolution des hippopotames à partir d'une autre branche, au sein des Cetartiodactyla à déterminer[18]. Les cétacés auraient donc divergé très tôt des anthracothères, à l'instar des suidés et des ruminants. Il faut cependant préciser que cette étude n'a inclus que des représentants fossiles des cétacés, des archéocètes qui ne sont eux-mêmes pas ancêtres des cétacés actuels.
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Les plus anciens fossiles connus datent d'environ 60 Ma. Le taxon comprend environ 80 espèces dont plus de la moitié sont de répartition mondiale. Leur origine commune a été très discutée, mais une étude phylogénique a montré qu'ils dérivent d'une espèce commune. Les cétacés à fanons sont issus d'un groupe qui s'est différencié des cétacés à dents au cours de l'Éocène.
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Phylogénie des familles actuelles de cétartiodactyles (hors cétacés), d'après Price et al., 2005[19] et Spaulding et al., 2009[20]:
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Camelidae (chameaux, lamas...)
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Suidae (porcins)
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Tayassuidae (pécaris)
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Cetacea (cétacés)
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Hippopotamidae (hippopotames)
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Tragulidae (chevrotains)
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Antilocapridae (antilocapres)
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Giraffidae (girafes, okapi...)
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Bovidae (bovins, caprins, antilopes...)
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Cervidae (cerfs, rennes...)
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Moschidae (cerfs porte-musc)
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Phylogénie des familles actuelles des cétacés modernes (néocètes) d'après Gatesy et al. (2012)[21] :
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Balaenidae (les baleines franches)
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Neobalaenidae (avec la Baleine pygmée)
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Balaenopteridae (les rorquals)
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Eschrichtiidae (avec la Baleine grise)
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Kogiidae (avec le Cachalot pygmée)
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Physeteridae (avec le Grand cachalot)
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Platanistidae (dauphins de rivière indiens)
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Ziphiidae (les « baleines à bec »)
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Lipotidae (dauphins de rivières du Pacifique))
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Iniidae (dauphins de rivière du bassin amazonien)
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Pontoporiidae (avec le Dauphin de la Plata)
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Delphinidae (les dauphins océaniques)
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Monodontidae (avec le Bélouga et le Narval)
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Phocoenidae (les marsouins)
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Eubalaena glacialis (Balaenidae).
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Megaptera novaeangliae (Balaenopteridae).
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Eschrichtius robustus (Eschrichtiidae).
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Caperea marginata (Neobalaenidae).
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Tursiops truncatus (Delphinidae).
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Inia geoffrensis (Iniidae).
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Kogia sima (Kogiidae).
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Lipotes vexillifer (Lipotidae).
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Delphinapterus leucas (Monodontidae).
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Phocoenoides dalli (Phocoenidae).
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Physeter macrocephalus (Physeteridae).
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Platanista gangetica (Platanistidae).
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Pontoporia blainvillei (Pontoporiidae).
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Mesoplodon bidens (Ziphiidae).
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Squelette de Xiphiacetus (espèce fossile).
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Les cétacés partagent tous un certain nombre de caractères morphologiques, un corps lisse et fuselé, ce qui facilite la pénétration dans l'eau, un système pileux quasi inexistant, l'absence de griffes, pas d'oreilles externes et le conduit auditif est fermé[3]. Les membres antérieurs et la queue des cétacés ont évolué en nageoires. La nageoire caudale appelée palette, très puissante, est horizontale, contrairement à celles des poissons. Elle assure la propulsion tandis que les nageoires latérales assurent l'équilibre et le maintien de la direction. L'aileron dorsal fait office de stabilisateur comme la quille d'un bateau. Comme les autres mammifères, les cétacés respirent à l'aide de poumons et doivent régulièrement faire surface pour respirer avec leur évent situé au sommet du crâne.
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Le dimorphisme sexuel observé pour ces espèces est principalement lié à la taille, les mâles odontocètes sont en général plus grands que les femelles, mais ce n'est pas le cas par exemple chez les botos[22] et chez la plupart des mysticètes dont la baleine bleue[23]. Les mâles de certaines espèces d'odontocètes, comme les Ziphiidae ou surtout le narval, possèdent une dentition différente des femelles[3].
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La livrée des cétacés est adaptée au mode de vie de l'animal. Elle peut être asymétrique gauche-droite comme pour le rorqual commun. Pour plusieurs espèces, elle permet de reconnaître les spécimens. La plupart des cétacés océaniques ont le dos foncé et le ventre blanc, de façon que les proies et les prédateurs les confondent avec le fond de la mer lorsqu'ils les voient de dessus et ne voient qu'un reflet de la surface de l'eau lorsqu'ils les voient par-dessous.
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Des caractéristiques morphologiques permettent de reconnaitre les espèces, voire les individus, cependant l'observation des cétacés est difficile, du fait de leur vitesse et de leur méfiance vis-à-vis de l'homme. Les analyses génétiques permettent de résoudre cette difficulté : en effet, à chaque plongeon les cétacés laissent des squams, des résidus huileux ou des excréments qui flottent. Ceux-ci peuvent être analysés. Les espèces peuvent également être identifiées par leurs chants, toutes les espèces ne produisant pas des vocalises identiques.
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Les spécimens de certaines espèces peuvent être facilement reconnus par les taches sur leur peau. Ainsi les spécimens de certaines espèces peuvent être reconnus uniquement par les taches sur leur nageoire caudale. Les baleines les plus grandes peuvent être aussi reconnues par la forme de l'implantation des balanes sur leur peau ou la forme de leurs nageoires. Les marques sur la peau, souvent présentes chez les mâles car résultant de combats, permettent aussi d'identifier les individus.
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Selon Alexey V. Yablokov, la livrée des cétacés est liée à leur mode de vie, ainsi les cétacés aux livrées plus ou moins uniformes seraient planctophages, les livrées des espèces au ventral dégradé clair seraient sociales et les espèces aux livrées contrastées seraient des chasseurs.
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Les cétacés possèdent deux « nageoires » pectorales (ce sont en fait des palettes natatoires issues de la transformation des membres antérieurs osseux des ancêtres des cétacés, mammifères terrestres), une nageoire dorsale ou aileron et une nageoire caudale ou queue remplaçant les membres postérieurs disparus. Nageoires pectorales et caudales rappellent que les ancêtres des baleines étaient des mammifères quadrupèdes dont les espèces fossiles ont été regroupées dans un micro-ordre distinct, les archéocètes (mammifères aux mœurs amphibies qui vivaient comme des hippopotames)[24]. Les nageoires pectorales permettent aux cétacés de s'orienter et de s'équilibrer[25]. Il semble que la nageoire dorsale permette une plus grande efficacité dans les mouvements. les nageoires dorsales assurent la propulsion. Les nageoires dorsales de certains épaulards mâles peuvent dépasser deux mètres. Megaptera novaeangliae dispose quant à elle des plus grandes nageoires pectorales, celles-ci peuvent atteindre le tiers de leurs corps[26].
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La progression est due à la pression sur l'eau d'une nageoire caudale de forme homocerque. Celle-ci est orientée horizontalement (alors qu'elle est verticale chez les poissons osseux et cartilagineux). La pression de la queue sur l'eau est exercée verticalement, le sens de mouvement de cette nageoire favoriserait les déplacements de ces animaux du fond vers la surface et inversement. Le marsouin de Dall, un des cétacés les plus rapides, a été mesuré à 55 km/h[27], l'orque pourrait l'être encore plus. Hormis les siréniens, les autres mammifères marins ne possèdent pas de queue qui permette le mouvement.
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Les cétacés doivent remonter à la surface pour respirer, y compris lorsqu'ils dorment. Leurs phases de sommeil sont courtes, environ un quart d'heure et s'étalent sur toute la journée, mais certains cétacés peuvent être observés inactifs en mer durant de longues périodes. Les cétacés semblent ne jamais entrer en sommeil paradoxal[28] car on suppose qu'ils doivent garder du tonus musculaire pour assurer qu'un mouvement permettant la respiration soit possible. Chez certaines espèces de cétacés, ainsi que chez certaines espèces d'oiseaux, chaque hémisphère cérébral assure à son tour cette fonction[29], le sommeil est unilatéral[30].
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Le sens[31] le plus développé chez les cétacés est l'audition, particulièrement chez les cétacés à dents qui sont dotés de la fonction d'écholocation, sorte de sonar naturel. Diverses mutations dans les domaines transmembranaires et cytosoliques de la prestine, protéine très abondante dans la paroi de certains cils de l'oreille interne ont été rapportées chez différentes espèces de Chiroptères et se sont révélées convergentes avec celles observées chez le grand dauphin[32]. Cependant, la démonstration fonctionnelle de l'implication de ces mutations dans le mécanisme de l'écholocalisation n'a pour l'instant pas été apportée. Les odontocètes émettent des clics d'écholocation dont une partie est réfléchie par les obstacles. L'analyse de ces retours leur donne une sorte d'image acoustique de leur environnement. La présence de ce type de sens est beaucoup moins développée chez les baleines à fanons, mais des signes semblent montrer qu'elles n'en sont pas dépourvues.
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Leur vue n'est pas mauvaise, même si elle n'est pas leur sens principal. Elle est beaucoup plus mauvaise pour les dauphins de rivières, certaines espèces sont même presque aveugles, pour les autres, elle est efficace sous l'eau ou hors de l'eau. Certains cétacés sortent la tête de l'eau pour observer les oiseaux et en déduire où se trouvent les bancs de poissons. Les cétacés des delphinariums sont capables de localiser des objets à plusieurs mètres au-dessus du niveau de l'eau et de s'en saisir. Les odontocètes semblent avoir perdu leur odorat, mais il est présent chez les mysticètes. Si les chémorécepteurs comme l'organe de Jacobson sont atrophiés chez les mysticètes et absents chez les odontocètes, ils sont dotés de bulbes olfactifs, permettant au cétacés à fanons de détecter le krill[33].
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Ce sens est compensé par un sens du goût, ainsi les grands dauphins sont capables de détecter par exemple des phéromones, des poissons... Ce même dauphin, s'il semble posséder moins de récepteurs chimiques permettant le goût, est, en revanche, plus sensible aux variations de salinité et surtout d'amertume.
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Si toutes les espèces naissent avec des poils sur leurs rostres, seules certaines espèces de mysticètes gardent des vibrisses à l'âge adulte. En revanche toutes ces espèces ressentent les contacts, la chaleur, leur position relative dans l'espace.
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Une hypothèse appuyée sur de nombreux indices, mais encore à préciser est que les cétacés disposent d'un sens magnétique analogue à celui des oiseaux ou des tortues marines[34]. De la magnétite a en effet été trouvée, connectée à des neurones dans leur dure-mère[34]. Ils l'utiliseraient pour migrer sur de longues distances. Les relevés par satellite des baleines à bosse au large de l'archipel d'Hawaï montre que les trajectoires de ces dernières suivent le nord magnétique avec une grande précision. Certains expliquent par des erreurs dues à ce sens, les échouages, régulièrement observés (depuis l'Antiquité au moins). Dans un certain nombre de cas, une corrélation a été trouvée entre anomalies magnétiques au sol et zones fréquente d'échouage. Dans certains cas et/ou chez certains individus, la pollution et/ou des interférences liées à l'activité solaire pourraient provoquer une méprise magnétique et provoquer des échouages[34].
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Les ancêtres des cétacés, en quelques millions d'années se sont adaptés du milieu terrestre au milieu marin. À partir d'une morphologie terrestre proche des artiodactyles, ils ont perdu certaines caractéristiques pour en gagner d'autres[31]. Comme chez les ruminants et autres ongulés, les cétacés possèdent trois bronches, trois poches stomacales, pas de clavicule, etc[3]. Mais les adaptations au milieu aquatique comme celle du squelette et surtout les adaptations liées aux sens et celles liées aux capacités hyperbares pour certaines espèces sont très originales. On peut tout de même citer l'absence de glande sébacée, la présence d'une couche de graisse importante, les poumons et le foie non lobés, un diaphragme oblique[3]... L'étude de l'anatomie des grandes espèces est particulièrement malaisée du fait de la taille imposante des animaux et donc des organes, le cœur d'une baleine bleue adulte pèse plus de 500 kilogrammes.
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Les nageoires pectorales sont le résultat de l'évolution des membres supérieurs des cétacés, à ce titre, elle contiennent des os internes qui rappellent les os des pattes des mammifères terrestres. Les autres nageoires, dorsale ou caudale, sont en revanche dépourvues d'os et de muscles mais sont constituées de tissus fibreux rigides extrêmement solides. Les tissus de la nageoire caudale sont enveloppés de ligaments inextensibles et très solides attachés aux vertèbres.
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Le génome des cétacés est diploïde, ils ont 42 ou 44 chromosomes[3].
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Le système respiratoire et circulatoire des cétacés est remarquablement efficace. Il doit répondre à deux objectifs pour la majorité des espèces, à savoir assurer des plongées les plus longues possible et de supporter des pressions élevées. Les performances mesurées au sein de ce taxon sont cependant très variées, les dauphins dulçaquicoles n'ont en effet pas besoin de descendre très profondément et donc pas besoin de plonger longtemps. La plus longue plongée enregistrée pour un sousouc n'est que de 180 secondes[35] ainsi que de 460 secondes pour une orque mais de 3 780 secondes pour une baleine boréale[36], soit 21 fois plus longtemps que pour le sousouc.
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La trachée et les bronches sont séparées, ce qui implique que les cétacés ne peuvent respirer que par les évents. La respiration est contrôlée et volontaire et non pas réflexe, si l'animal est anesthésié sans ventilation pulmonaire active ou ses évents bouchés, il meurt. Ils peuvent respirer relativement vite, un grand dauphin respire trois fois par minute. L'évent est partiellement fermé pendant les expirations et grand ouvert pendant les inspirations. Les expirations expulsent de l'air chaud, mêlé de vapeur d'eau, ce qui en région froide, produit des panaches visibles de loin à cause de la condensation de l'eau. Les cétacés utilisent 80 à 90 % de leur volume pulmonaire, contre 10 à 15 % environ pour l'homme, ce qui leur permet d'extraire 12 % de l'oxygène qu'ils inhalent contre 4 %, classiquement chez les mammifères terrestres.
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Le volume sanguin des cétacés est élevé puisqu'il représente 15 % du poids de leur corps, contre 7 % chez les humains. En outre, il dispose de deux fois plus d'hématies et de myoglobines[3] que ces derniers. Ils sont également capables de contrôler l'alimentation en oxygène des organes non vitaux comme les intestins[3]. La fréquence de battements de cœur de certains d'entre eux baisse à 80 par minute en plongée[3].
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Le Rete mirabile est bien développé comme pour tous les mammifères marins. Il l'est surtout dans la cage thoracique où il forme un plexus sous la plèvre, entre les côtes et de chaque côté de la colonne vertébrale. Il est également développé dans l'aire à la base du crâne[3]. Les dispositions et mécanismes des veines et artères autour du cœur, qui est relativement aplati, ont pour but de ralentir le retour du sang veineux et donc de réduire la fréquence de battement.
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En général, les mammifères marins ont proportionnellement des plus petits poumons que les autres mammifères, ceux des cétacés sont particulièrement élastiques et placés dorsalement dans la cage thoracique. Ils reposent sur un diaphragme plus long et placé plus horizontalement que chez les autres mammifères. Ils plongent donc avec relativement peu d'air en comparaison de leur volume total. Il plongent d'autant plus facilement que leur masse volumique est plus élevée sans un grand volume d'air. Les humains qui plongent en utilisant des bouteilles, malgré leur lourd équipement, doivent ajouter des plombs à leurs accessoires pour arriver à descendre. Lors de la descente, l'air vicié repasse du sang aux poumons, évitant aux gaz de stationner dans le système sanguin. Ils expirent donc dans l'eau lors de la plongée pour évacuer les surplus de gaz. Il semblerait que les grands cachalots sécrètent également une « huile » fixant l'azote du sang[réf. nécessaire]. Ainsi, ils ne craignent donc ni l'ivresse des profondeurs et ne sont que rarement victimes d'accidents de décompression.
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Comme chez les plongeurs professionnels humains, on peut observer une ostéonécrose c'est-à-dire une nécrose des tissus cartilagineux au niveau des articulations. C'est une conséquence de l'accumulation de l'azote qui provoque de minuscules accidents de décompression[37]. Certains experts estiment que les grands cachalots qui peuvent plonger à plus de 2 500 mètres pendant plusieurs heures observent des paliers de décompression.
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Les modifications au niveau du squelette sont nettement visibles et sont analogues sur plusieurs points à celles des siréniens, mais il s'agit d'une convergence évolutive[réf. nécessaire]. Le rôle du squelette, n'est pas de porter le corps, mais de servir de support aux ligaments. Le poids moyen de leur squelette a été évalué à 17 % soit un peu plus que ceux des hommes, évalué à 15 %, mais moins que ceux des éléphants, évalué à 20 %.
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Les membres pelviens sont considérablement réduits : il ne reste plus que quelques os pelviens résiduels auxquels est relié le muscle ischio-caverneux qui maintient le pénis en place à l'intérieur de la fente génitale chez les mâles. Ce muscle est analogue à celui retrouvé chez les autres mammifères dont, entre autres, les ongulés et l'Homme. En revanche, les membres thoraciques sont conservés, quoique atrophiés, et l'on retrouve la scapula (« omoplate » de l'Homme), l'humérus, le radius, l'ulna (anciennement « cubitus »), les os du carpe, les métacarpes et les phalanges qui se sont multipliées, on parle d'hyperphalangie. Les membres supérieurs ne sont pas mobiles les uns vis-à-vis les autres à part pour l'épaule. La clavicule est absente comme elle l'est chez les autres ongulés[3]. Le tout forme une nageoire pectorale, équivalente à celle des poissons et dont le rôle n'est pas la propulsion mais le maintien de l'équilibre dans l'espace et la direction des mouvements. Les autres nageoires ne sont pas ossifiées.
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Parmi les autres caractéristiques observées, on observe un cou court et peu flexible, les vertèbres sacrées n'ont pas fusionné.
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C'est au niveau du crâne que l'on différencie principalement les odontocètes des mysticètes : ces derniers ont un crâne symétrique. Les os de la face (maxillaire, incisif, mandibule, etc.) se sont allongés et se télescopent avec les os du crâne sur la face dorsale du crâne pour former ce que l'on appelle l'évent, issu de la migration sur la face dorsale des narines osseuses au cours de l'Oligocène.
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Les côtes sont très fines voir absentes, sauf chez la baleine pygmée[31]. Cette adaptation confère un avantage important pour les plongées profondes[31]. Le nombre de phalanges dépend des espèces mais est toutefois important, permettant de rigidifier les nageoires pectorales de grande taille[31].
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Il n'y a pas d'os dans les nageoires dorsale et caudale en revanche, les nageoires pectorales en contiennent et ils sont les homologues de ceux, par exemple, de la main humaine. De très rares spécimens disposent d'embryons de nageoires à moitié arrière du corps, parallèlement aux nageoires pectorales, ce sont, selon la théorie de l'évolution, des vestiges des membres arrière, peu à peu atrophiés au fil des générations.
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L'attache des muscles dorsaux au squelette varie énormément entre les différentes familles, c'est un des critères possibles d'identification de celles-ci.
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La chair est particulièrement foncée, car les muscles sont riches en myoglobine. La musculature est particulièrement développée puisqu'elle représente 40 % de la masse corporelle de la baleine bleue et 54 % du rorqual boréal[31]. L'organisation de la musculature est foncièrement différente de celle des autres mammifères, les muscles peauciers peuvent être réduits mais leur masse peut être importante.
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La peau est composée de quatre couches dont les épaisseurs sont différentes de celle des autres mammifères. La couche épidermique des cétacés atteint 2 à 4 millimètres en moyenne, et 12 millimètres chez le bélouga. L'épiderme est composé de tissu conjonctif dense et est en général dépourvu de follicules pileux et de glandes sébacées. Certaines zones, pour certaines espèces, sont encore équipées de poils sensibles. La couche épidermique est fine, lisse et élastique et exsude de l'huile qui augmente leur hydrodynamisme. Cette adaptation est également présente chez de nombreux poissons. Ainsi les mysticètes peuvent atteindre des vitesses de 26 km/h et les odontocètes des vitesses supérieures à 30 km/h[3]. Le paradoxe de James Gray, qui stipule que les muscles des cétacés sont insuffisamment puissants pour permettre à ceux-ci de se déplacer aux vitesses observées est aujourd'hui caduc[39], les muscles le sont. Plusieurs hypothèses pour expliquer l'inadéquation musculaire supposée à leur vitesse réelle ont été formées. L'une d'elles proposait qu'il se formait à la surface de la peau une multitude de rides minuscules qui dirigent le flux de l'eau en évitant la création de micro-turbulences qui freineraient ces animaux, permettant de conserver un écoulement régulier de l'eau favorisant un glissement dans l'eau avec peu d'efforts.
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Le derme est composé de tissus conjonctifs d'une épaisseur formée par quelques cellules. L'hypoderme est lui plus épais, il est poreux et inextensible[31]. La concentration en graisse y est importante, ainsi l'hypoderme de la Baleine Bleue est constitué de 62 % de graisse soit 15 à 20 tonnes au total[31]. La proportion en graisse varie entre les couches extérieures et les couches intérieures. La quantité de graisse varie elle en fonction des saisons, des migrations, de la quantité de nourriture disponible. Comme chez les autres mammifères, cette couche sert de réserve énergétique. C'est dans cette couche que l'on retrouve les grandes accumulations de certains polluants (liposolubles) auxquels sont soumis les cétacés (PCB, dioxines, furanes, certains pesticides et autres organochlorés[40]). Cette couche contient des tissus conjonctifs intermédiaires et est très vascularisée. Ce système permet aux cétacés de contrôler leur température interne. La quatrième couche, le Stratum germinativum est constituée d'un Épithélium pavimenteux et les mélanocytes y sont fixés.
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La peau des cétacés est aussi sensible au toucher.
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Lorsqu'ils remontent près de la surface, la peau des cétacés est sensible, comme toutes les peaux des mammifères sans fourrure, aux rayons du Soleil. Des études scientifiques menées sur des baleines bleues, des grands cachalots et des rorquals communs ont révélé en 2010 que certaines lésions cutanées font suite à un coup de soleil, sans que néanmoins des cancers de la peau aient pu être observés[41]. Sur la courte durée des observations, ces lésions semblent être en augmentation. Aucune explication précise n'est à ce jour fournie, la réduction de la couche d'ozone est une des causes possibles[41].
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L'eau de mer est un milieu hypertonique, c'est-à-dire que les cellules des organismes marins doivent sans cesse lutter contre la perte naturelle de leur eau. Cette lutte nécessite une adaptation au moins aussi poussée que celle des mammifères vivant dans les zones très arides[42]. Il existe assez peu d'études sur ce sujet pour ces animaux[42].
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La concentration en sel dans leur urine est supérieure à celle de l'eau de mer. Les cétacés boivent cependant très peu d'eau de mer, selon une étude de 1970, entre 4,5 et 13 ml par kg et par jour[42]. Ces espèces ne règlent pas leur concentration interne en sels par l'absorption de l'eau de mer[42]. Même les espèces vivant en eau douce gardent la capacité à augmenter la salinité de leur urine en réponse à un stimulus hypertonique.
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Seuls parmi les mammifères, les reins des cétacés, des pinnipèdes, des loutres ou des ours ont une structure réniculée[42]. Ces reins sont constitués d'une multitude de petits lobes qui contiennent des tissus corticaux et une pyramide rénale insérée dans un seul calice. La structure des reins ne permet pas d'expliquer leur performance, la raison de leur performance est vraisemblablement due au mécanisme de régulation hormonale de la concentration d'urine[42].
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Les cétacés sont carnivores pourtant leur système digestif ressemble à ceux des ruminants du sous-ordre des Sélénodontes, il possède trois poches[3]. Ils n'ont pas de vésicule biliaire[3]. Le foie est non lobé.
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La première poche stomacale est un assez grand et musculeux estomac mécanique qui broie les aliments. Cela est d'autant plus nécessaire que leurs dents, quand ils en ont, ne sont pas destinées à broyer la nourriture.
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La seconde poche est la plus grande, les sucs digestifs commençant à dissoudre la nourriture.
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L'estomac pylorique est le plus petit des trois estomacs, commence là l'assimilation des substances nutritives. Cet estomac est suivi d'une ampoule duodénale, puis du duodénum.
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Les organes génitaux sont internes, situés derrière la fente génitale, chez les mâles comme les femelles si bien qu'il est parfois difficile de distinguer le sexe des spécimens. Les testicules des mâles sont également dans cette poche. L'utérus des femelles est constitué de deux parties comme chez les autres ongulés et les carnivores, les mamelles, plates, élongées et extractibles, se trouvent près de la fente génitale. Le placenta est épithéliochorial[3].
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Chez les femelles des cétacés, contrairement aux autres mammifères, les corps blancs ne disparaissent pas et témoignent de l'histoire reproductive de chaque animal. Les cétologues peuvent ainsi estimer le nombre de gestations d'un cétacé.
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La couche de graisse sous-cutanée, généralement très épaisse, permet d'éviter la déperdition de chaleur, épouse la forme du corps et équilibre le poids de ce dernier, augmente la flottabilité. Le pannicule de certaines baleines peut atteindre 30 cm.
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Les cétacés n'ont plus d'oreilles externes mais se servent, en plus des osselets habituels aux mammifères, de petits os dans la mandibule qui transmettent les sons grâce au coussin adipeux qui entoure l'os tympanique. L'oreille interne est isolée par une ampoule contenant de l'air. Les variations de densité de toutes ces structures indiquent à l'animal d'où vient le son. Le nombre de cellules qui innervent l'oreille — deux ou trois fois plus élevé que chez l'homme — et la taille importante du nerf auditif indiquent que les cétacés parviennent très bien à discriminer les tons et les ondes sonores à haute fréquence et surtout le lieu de leur provenance.
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Les cétacés peuvent produire un grand nombre de sons destinés à communiquer comme la production de bulles, de sifflements, de bruit de battements de nageoire, de vocalises et de trombes avec leur évents, mais pas seulement pour communiquer. Le sonar nécessite l'émission de cliquetis pour fonctionner. Le grand cachalot et l'orque ainsi que quelques espèces de dauphins sont capables d'étourdir et de paralyser les poissons et les calmars avec de puissantes ondes sonores.
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Les yeux des cétacés n'ont pas de canal lacrymal mais sont protégés par une huile sécrétée par des glandes situées près des paupières ; celles-ci sont épaisses et souvent peu mobiles[43]. Les yeux sont souvent petits par rapport à la taille de l'animal en comparaison de ceux des primates par exemple. La sclère est très épaisse, particulièrement à l'arrière de l'œil dans la zone du nerf optique ce qui réduit encore le volume du globe oculaire et donc l'acuité visuelle. Le cristallin est presque sphérique.
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L'arrière de la rétine est constitué d'un tapetum lucidum, de type cellulosum choroïdien, une zone richement vascularisée qui permet d'accroitre la quantité de lumière qui se dirige vers la rétine, autrement dit cela accroit la vision dans l'obscurité. La rétine contient des cônes et des bâtonnets, ce qui leur permet de détecter les couleurs, mais les cônes ne représentent que 1 % des photo-récepteurs et ceux sensibles aux faibles longueurs d'onde ont disparu. Bien que cette question soit sujette à controverse[44], la vision des couleurs ne leur est certainement possible que dans certaines circonstances. Tous les cétacés étudiés, comme les phoques ont perdu certains pigments rétiniens au cours de l'évolution, ce qui fait que pour eux, l'eau n'apparait pas bleue[45]. Les phoques et les baleines étant deux groupes taxonomiques assez éloignés, le fait qu'ils soient tous deux touchés plaide à la fois pour une évolution convergente et un avantage adaptatif de ce trait dans l'environnement visuel marin[45].
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Les yeux sont disposés latéralement ce qui rend la vision stéréoscopique impossible pour certaines espèces. Les Delphinidae peuvent bouger, tel les caméléons leurs yeux indépendamment[46]. Les grands dauphins peuvent même focaliser leurs yeux et les zones de chevauchement leur permettraient de percevoir les objets en relief[46].
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Mais, même si ce n'est pas leur organe sensoriel principal, ils n'en sont pas pour autant atrophiés. Le grand Dauphin sait même adapter sa vision hors de l'eau de sorte[44] qu'en observant le vol des oiseaux de mer, il peut repérer les bancs de poissons.
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Le cerveau des cétacés est très performant. Avec les éléphants[47] et les primates[48], les cétacés font partie des rares animaux dont la conscience d'eux-mêmes a été scientifiquement mise en évidence. Les expériences sur le grand dauphin montrent qu'ils sont également capables de se mettre à la place d'un humain, d'apprendre, d'inventer mais ils ont également conscience de leurs propres états de la connaissance (métacognition)[49]. D'autre part, on sait que les cétacés sont capables de communiquer, que tous les groupes d'une même espèce n'utilisent pas forcément les mêmes signaux, y compris vocaux, pour communiquer[50], de maîtriser une grammaire[51] et même, pour certaines espèces au moins, de pouvoir nommer par vocalise un partenaire. Le cerveau des cétacés a évolué alors qu'ils étaient déjà mammifères marins, d'une façon indépendante de celui des primates depuis 95 Ma[52] et il est donc remarquable qu'il permette des performances comparables à celles des primates sur ces points. C'est un remarquable exemple de convergence évolutive.
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En fait le néocortex des cétacés surpasse par son degré de gyrification celui de tous les autres mammifères, y compris des humains. L'épaisseur des différentes couches du néocortex diffère cependant de celle des primates, la I et la IV sont plus minces, la II plus dense. En fait la connectivité intra-hémisphérique semble favorisée[53] chez les cachalots par exemple. Le cerveau des cétacés se caractérise aussi par la forte densité des cellules gliales[53]. Ceci rend les cerveaux des cétacés très différents de ceux des espèces terrestres même si, curieusement les corticaux préfrontaux responsables des fonctions cognitives élevées comme l'attention, le jugement, l'intuition, et la conscience sociale, sont à la même position que ceux des primates[53].
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De nombreux exemples d'entraide pour la pêche ont été observés, témoignant de l'opportunisme et de l'intelligence de ces espèces. Ainsi des baleines à bosse collaborent entre elles pour rabattre des bancs de poissons avec l'aide de thons, des grands dauphins collaborent avec des humains sur les plages du Sénégal. Ces mêmes dauphins peuvent collaborer avec des goélands pour les mêmes raisons. Quelques espèces mutualistes se nourrissent des ectoparasites par exemple le poisson nettoyeur appelé capucette barré consomme les « poux de baleines » des baleines grises.
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Les cétacés sont hôtes de très nombreuses espèces de parasites, internes ou externes. Ils peuvent être cleptoparasite ou quelquefois victimes de ces pratiques du fait par exemple des oiseaux de mer, de rémoras ou de poissons-pilotes bien que leur intelligence les protège quelque peu. Les parasites seraient responsables de la mort de 25 % des cétacés de Méditerranée. Non pas qu'ils tuent directement leur hôtes, seuls certains parasites particulièrement pathogènes le font, mais leur prolifération devient pathologique sur les animaux faibles ou immunodéprimés[55], ce qui finit par les tuer.
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Des cestodes Tetrabothrium et Diplogonoporus parasitent leurs intestins, des plérocercoïdes Phyllobothrium et Monorygma parasitent leur péritoine et leur peau, des trématodes comme ceux des genres Bolbosoma et Corynosoma parasitent leurs estomacs, leur foie, leurs intestins, leurs sinus, des vers acanthocéphales parasitent leurs intestins, des nématodes comme ceux des genres Anisakis, Crassicauda, et Placentonema parasitent également leurs estomacs et leurs voies génitales. Les voies respiratoires sont parasitées par des nématodes de la famille Pseudaliidae.
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Certains des parasites externes sont de grande taille comme le squalelet féroce ou les lamproies. Certains crustacés parasites, Rhizocephala et copépodes dont Balaenophilus unisetus et les Pennella, colonisent leur peau et leur graisse. Des nématodes comme Odontobius ceti, des protozoaires vivent également sur la peau. Des crustacés amphipodes dits « poux de baleine », les Cyamidae consomment la peau des cétacés sur lesquels ils vivent (ou les parties blessées purulentes). Ils sont rares chez les dauphins et étaient très nombreux autrefois sur les baleines, surtout en été. Ils se déplacent en s'encrant profondément dans la peau au moyen de leurs longues griffes. La diatomée Cocconeis ceticola, qui n'est pas a proprement parler un parasite provoque des plaques de couleurs sur la peau.
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Les balanes de genre Coronula et Conchoderma par exemple se fixent sur la peau, voire les fanons des espèces les plus grandes. Ce ne sont pas à proprement parler des parasites, ils ne semblent pas occasionner de désavantage à ces baleines[56].
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L'analyse de ces parasites donne aux scientifiques des informations sur l'espèce hôte et des informations biogéographiques[55].
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Les cétacés ont peu de prédateurs naturels.
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Disparu il y a 1,6 Ma, le plus grand requin ayant jamais existé le mégalodon a pu être un prédateur de cétacés, des traces de dents ont été découverts sur des fossiles de diverses baleines. Aujourd'hui, tous les cétacés sont susceptibles de subir des attaques d'orque, ceux-ci attaquent même les juvéniles de baleines bleues en les noyant. Les grands requins tels que le requin tigre ou le requin blanc sont également des prédateurs possibles. Les morses ainsi que l'ours polaire sont occasionnellement prédateurs de cétacés, principalement des bélougas ou des narvals. Les cétacés à fanon ont pour principale défense leur masse, qui généralement dissuade les prédateurs, cependant un requin des grandes profondeurs (-1 000 à −4 000 m), dit requin emporte-pièce, rarement observé a une forme de bouche et de mâchoire qui lui permet de prélever des morceaux de chair de grands cétacés, durant leurs migrations. Ses morsures habituellement non-mortelles laissent des cicatrices « en cratères » (un rorqual boréal avait 138 de ces cicatrices)[57]. Face à leurs prédateurs naturels, les odontocètes comptent davantage sur la cohérence de leur groupe, sur leur vitesse et sur leur agilité.
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Les humains restent le prédateur le plus redoutable des cétacés, que cette chasse soit artisanale ou industrielle.
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Les petits cétacés ont été chassés pour leur viande, et en tant que concurrents de la pêche ou parce qu'ils faisaient des dégâts dans les filets en s'y prenant accidentellement ou en cherchant à y manger des poissons[58], ce qui les a fait considérer comme nuisibles par certains.
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Dans les années 1920, l'ichtyologiste Le Gall (Agrégé de l'Université, Directeur du laboratoire de l'office scientifique et technique des pêches maritimes de Boulogne-sur-mer, et correspondant du CIEM, en Poste à Boulogne sur mer), pouvait ainsi écrire que les pêcheries sardinières de l'Atlantique « redoutent, avec juste raison, les visites dangereuses que leur font les nombreux Cétacés delphinidés (Dauphins, marsouins, etc.) attirés sur nos côtes pendant les mois d'été par la présence des bancs de sardines. Ces Mammifères, désignés par les pêcheurs sous le nom général de Bélugas (nom inexact (…)), commettent de tels dégâts dans les pêcheries que les pouvoirs publics s'en sont émus et que diverses tentatives ont été faites, sans grand résultat d'ailleurs, pour essayer de s'en débarrasser. Jusqu'ici, seuls l'emploi du fusil et de la mitraille semblent avoir donné des résultats assez appréciables. Mais dans ce cas, l'animal blessé ou tué s'enfuit ou coule et involontairement les pêcheurs laissent s'échapper une bonne aubaine »[58].
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La chair du marsouin, foncée et dotée d'un goût assez fort a été prisée durant plusieurs siècles, par toutes les classes sociales, vendue salée, fumée ou fraiche sur les marchés[58]. La langue, le filet, la cervelle, le foie et les rognons ont été particulièrement appréciés[58]. Tombée en désuétude en France, elle était encore au début du XXe siècle appréciée et consommée en Angleterre, en Italie, aux États-Unis, dont sous forme de conserves de Cétacés au Canada[58]. Le Gall disait ceci de la défaveur récemment faite à la viande de marsouin en France : « injustifiée », elle « doit donc disparaître, la chair du marsouin doit retrouver sur le marché aux poissons la place qu'elle occupait autrefois, et ce serait peut-être le meilleur moyen d'atténuer la pullulation de ces hôtes indésirés. Le pêcheur alléché par l'attrait non seulement d'une prime, mais encore d'une vente certaine, n'hésiterait pas à se livrer à la chasse du Cétacé et, directement intéressé, s'occuperait bien vite des meilleurs moyens pour le capturer »[58]. Il recommande pour cela l'emploi de la senne tournante à grandes mailles et surtout le fusil lance-harpon inventé en Norvège par M Krohnstad[59] en 1923 et testé avec succès en 1924[58].
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Les cétacés peuvent être victimes de séquelles de l'ingestion de plastique[60] et porteurs nombreux types de blessures, susceptibles de s'infecter ou de se surinfecter (combats contre des orques ou requins, capture dans des filets, blessures dues à des hélices de bateaux[61] ou à des collisions avec des bateaux[62]...) et certaines pathologies de cétacés semblent en augmentation, notamment en raison de la pollution marine et/ou de manque de nourriture dans les zones de surpêche[63],[63].
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Des Cétacés (dauphins notamment) porteurs de lésions cutanées[64], de divers malformations[65],[66] (parfois dues à des mutations), abcès[67], d'angiomes et hémangiomes[68] et de plusieurs types de cancers et métastases ont été observés de par le monde (néoplasies[69], séminomes[70], phéochromocytome, lymphomes[71]...)[63]. En tant que superprédateurs, ils sont exposés à la bioconcentration dans le réseau trophique de nombreux polluants.
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Un Morbillivirus semblable à la maladie de Carré, au début des années 1990 a causé en Méditerranée une épidémie qui a tué en masse les odontocètes, en particulier les dauphins bleu et blanc. Il semble que cette surmortalité a été causée par l'accumulation de plusieurs maladies dues à de mauvaises conditions climatiques, à une fragilisation des organismes liée aux pollutions chimiques, à une diminution des ressources alimentaires. D'autres virus comme des Adenovirus, des Poxviridae, des Hepadnavirus, des Herpesviridae et grippes peuvent être transmis à l'homme et mortels, pour eux ou pour nous. De même, les cétacés peuvent également être porteurs de virus moins dangereux comme des Calicivirus, des Papillomavirus, Picornavirus et Morbillivirus.
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Les cétacés semblent sensibles à la bactérie Erysipelothrix rhusiopathiae[72]. Brucella maris est pathogène pour l'ensemble des mammifères marins. Plusieurs Vibrio et Pseudomonas pseudomallei sont des bactéries pouvant causer des zoonoses.
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Parce qu'ils sont susceptibles de transmettre leurs maladies ou d'attraper les nôtres (mycoses notamment[73]), ce qui pourrait avoir dans un sens comme dans l'autre des conséquences imprévisibles, il est recommandé de ne pas toucher les cétacés[74], pas plus d'ailleurs que pour tout autre animal sauvage, même si celui-ci vient vers vous.
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Comme chez les autres mammifères, les cas d'hybridation naturelle semblent rares chez les cétacés, en comparaison de ceux observés chez les oiseaux par exemple. Quelques cas d'hybridations spontanées ou induites par une présence commune en delphinarium sont cependant connus. Une étude a confirmé que des femelles marsouins de Dall peuvent occasionnellement s'hybrider avec des marsouins commun, ces accouplements semblent dépendre principalement de facteurs écologiques provoquant un isolement reproductif qui pousse les mâles à poursuivre les femelles[75]. En 2008, un hybride de rorqual et de baleine à bosse aurait été observé puis photographiée à Rurutu (Polynésie)[76].
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Plusieurs whalphins issus d'une fausse orque (Pseudorca crassidens) et d'un grand dauphin (Tursiops truncatus) sont nés en captivité.
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Le comportement des cétacés est d'une façon générale mal connu, du fait de leur crainte de l'homme, de leur extrême mobilité et, pour les espèces marines au moins, de leur environnement peu favorable à la présence de l'homme. Les cétacés sont les seuls amniotes, avec les siréniens, à vivre tout leur cycle de vie dans l'eau, les autres espèces aquatiques de ce groupe, comme les manchots, les crocodiliens ou les phoques doivent au moins revenir à terre pour faire naitre leur petit, et que les hippopotames amphibies, dont la parturition est aquatique, doivent retourner à terre pour se nourrir.
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La plupart des espèces de cétacés sont grégaires, et ils chassent souvent en groupe[77], le nombre d'individus dans les groupes — aussi appelés pods — peut fortement varier, ainsi certaines orques chassent par trois ou quatre, d'autres en groupe comptant plus d'une dizaine d'individus. Pour cette espèce, leur nombre dépend du type de proies chassées. Le marsouin de Dall est communément observé par groupe de 20, mais des groupes de plus de 200 individus ont été observés[27]. Le boto est lui plutôt solitaire[22]. Certaines espèces comme les dauphins à long bec[78] ou les dauphins bleu et blanc[79] peuvent côtoyer des espèces plus grandes comme les rorquals au sein de groupes plus ou moins grands. Plusieurs espèces aiment nager auprès des plus grosses ou des bateaux, devant l'étrave ou derrière la poupe, profitant du sillage pour se déplacer à moindre effort, pour chercher une protection ou pour jouer en surfant sur les sillons provoqués par les gros volumes. Au sein des groupes, tous les individus n'ont pas le même rôle social. Chez les Tursiops, certains individus favorisent même les relations entre les sous-groupes, autrement dit, la cohérence globale du groupe[80]. Une hiérarchie existe entre les individus, et entre les trois générations : juvéniles, subadultes, adultes. Les individus de la même espèce au sein d'un groupe sont la plupart du temps très solidaires[81], n'hésitant pas à aider les malades. La plupart des espèces grégaires regroupent leurs petits au sein de nurseries pendant que les adultes chassent, certaines d'entre elles, comme celles des dauphins à long bec[78] ou le bleu blanc[82] peuvent regrouper des centaines de petits. Cependant les conflits entre mâles au sein d'un groupe, entre groupes différents, voir entre espèces peuvent-être violents.
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Les cétacés sont carnivores et la plupart du temps diurnes, le dauphin à long bec est cependant connu pour chasser la nuit[3].
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La plupart des espèces étudiées sont polyandres, polygynes ou polygynandres. Parfois le comportement sexuel, comme celui de la baleine franche de l'Atlantique Nord est connu, car la parade nuptiale et l'accouplement se déroulent près de la surface[83]. La plupart des espèces de cétacés n'ont qu'une seule saison de reproduction par an. Les femelles donnent naissance à un nouveau-né tous les un à six ans, après 10 à 17 mois de gestation[3]. Beaucoup d'espèces migrent vers l'équateur pour mettre bas, notamment plusieurs mysticètes qui jeûnent durant toute cette saison et qui repartent avec leur petit se nourrir vers les pôles après quelques semaines. Habituellement, les naissances ont lieu en saison chaude. Les nouveau-nés sont précoces, ils sortent par le siège de l'utérus et doivent immédiatement nager pour regagner la surface. Les femelles allaitent les petits sur les périodes qui s'étalent selon les espèces de six mois à deux ans, du moins pour le grand cachalot[6]. Les mères sont très maternelles mais les mâles ne s'occupent en général pas des petits, bien que quelques cas où des mâles jouant et apportant de la nourriture à des jeunes ont été observés. Chez certaines espèces, comme le béluga, les mères et leurs jeunes peuvent former des associations qui durent longtemps après que ceux-ci sont sevrés[3]. Les jeunes n'atteignent leur maturité sexuelle qu'après plusieurs années, une dizaine en moyenne pour les mysticètes. Même après avoir atteint la maturité sexuelle, les jeunes doivent attendre plusieurs années avant qu'ils soient socialement intégrés et placés dans une situation où la reproduction est permise.
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Les cétacés sont vraisemblablement tous capables de communiquer entre eux, quelquefois à très grandes distances et de transmettre des informations complexes.
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Ainsi les grands dauphins identifient un congénère car ils ont des vocalises spécifiques qui varient selon les circonstances du groupe, les caractérisant eux-mêmes ; c'est ainsi qu'ils sont capables d'identifier la signature vocale des différents individus de leur groupe[84]. Les orques possèdent des techniques de chasses propres à un groupe, qu'ils peuvent enseigner à un nouvel arrivant. Leur langage basé sur des sifflements bruyants et des ultrasons inaudibles pour l'oreille humaine semble être très élaboré mais est encore mal compris.
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Les cétacés peuvent nager en formation en V pour diminuer les efforts lors de migrations durant plusieurs milliers de kilomètres.
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On trouve des cétacés dans toutes les mers du monde et outre dans les rivières d'Asie, d'Amérique du Sud et du nord. La répartition de certaines espèces est mondiale, comme les orques ; d'autres se cantonnent à un hémisphère comme les baleines de Minke, à un océan comme le Lagenorhynchus obliquidens. Certaines espèces sont fortement migratrices, d'autres très sédentaires.
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Quelques espèces vivent très près des pôles, dans des eaux très froides. Ces cétacés sont en général de plus grande taille que la moyenne. Ces espèces ont un taux métabolique plus faible et comparativement, disposent d'une plus petite surface de peau en comparaison de leur volume sanguin ce qui leur permet de moins perdre de chaleur, et enfin elles disposent d'une imposante couche de graisse.
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En 2005, l'UNESCO reconnaissait que « plus de deux tiers des dauphins, des marsouins et autres espèces de la famille des cétacés sont en danger d’être abattus ou pris dans des filets »[90]. En 2007, l'UICN a déclaré probablement disparu le dauphin de Chine[91], tandis que selon elle, en 2008, une espèce est considérée comme en danger critique d'extinction, le marsouin du Golfe de Californie[92]. Sept autres espèces sont classées par cet organisme comme en danger, le rorqual boréal[93], la baleine bleue[94], le rorqual commun[95], le dauphin de Nouvelle-Zélande[96], la baleine franche de l'Atlantique Nord[97], la baleine franche du Pacifique Nord[98], le sousouc[99]. Cinq espèces, uniquement à dents, sont classées vulnérables. Bien que les effectifs de nombreuses espèces soient en déclin, plusieurs espèces, après avoir été grandement menacées comme la baleine boréale[100] ou la baleine bleue, ont ces effectifs en augmentation. Ainsi par exemple la population de baleines boréales qui atteint au moins 10 000[100] spécimens en 2006 augmente de 3 à 5 % par an, alors qu'elle se situait vraisemblablement à près de 50 000 individus avant les campagnes de chasse.
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L'augmentation du trafic maritime et l'apparition de navires à grande vitesse s'accompagnent d'une pollution sonore sous-marine croissante et d'une augmentation du risque de collision avec des cétacés[101] ou de blessures par hélice ou filets. Les cétacés les plus gros peuvent être tués par des chocs avec les gros bateaux ; peu de précautions semblent prises par les armateurs pour éviter ces chocs mortels pour les cétacés mais peu dommageables pour les grands navires.
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Les sonars militaires utilisant des systèmes d'écholocation comparables à ceux des cétacés marins à forte puissance, peuvent les tuer (Aux Bahamas en 2000, une expérience de l'US Navy avec un émetteur à 230 dB dans la gamme de fréquence 3 000 à 7 000 hertz provoqua l'échouage de seize baleines, dont sept furent trouvées mortes. L'US Navy reconnut sa responsabilité dans cet échouage dans un rapport publié dans le Boston Globe, le 1er janvier 2002). Les sonars pourraient leur faire perdre leur sens de l'orientation, voire les empêcher de se nourrir ou de se reproduire. Ils pourraient provoquer des malaises de décompression, ce qui occasionne ensuite des échouages.
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La chasse à la baleine (encore aujourd’hui pratiquée par les Japonais et Islandais) a fait chuter d'une manière importante les populations de certaines espèces comme le globicéphale tropical, la fausse orque, le dauphin bleu et blanc, le dauphin d'Électre. La viande de ces espèces y est vendue sous l'appellation « viande de baleine ».
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Des menaces indirectes sont la pollution marine et la surpêche qui affectent les ressources alimentaires des cétacés. Ces menaces ne touchent pas uniformément chacune des espèces (selon leur position dans le réseau trophique). En outre, plusieurs associations écologistes et la FAO[102] dénoncent également les mortalités occasionnées par les filets dérivants, pratique qui se poursuit en 2008, même dans les endroits où elle a été interdite, comme en Méditerranée[103]. Depuis les années 1990, des pingers sont expérimentés avec un certain succès pour éloigner les dauphins et surtout les marsouins des filets. Le Whale-watching souvent pratiqué in situ et en période de reproduction peut aussi perturber leur vie.
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Les museums, aquariums publics et diverses associations cherchent à mieux faire connaitre les cétacés[104].
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La Commission baleinière internationale condamne la chasse à la baleine, sauf dans quelques cas particuliers et justifiés, pour lesquels elle accorde des permis de chasse. Plusieurs pays comme la Nouvelle Zélande, le Canada ou les Etats-Unis (parmi d'autres) ont intégré dans leurs lois des régulations concernant l'approche et l'attitude à adopter près des cétacés. Dans de nombreuses régions, des chartes et des codes de bonne conduite[74] sont en place, ainsi que des labels pour une observation des baleines durable. Une zone pour protéger les mysticètes a été créé en 1979 dans l’Océan Indien puis une autre autour de l'Antarctique en 1994, les deux sanctuaires ont une zone contiguë. Un espace maritime protégé pour tous les types de cétacés leur est consacré en Méditerranée : le Sanctuaire Pelagos qui résulte d'un accord signé en 1999 par la France, l'Italie et Monaco pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.
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De nombreuses associations comme la Société pour la conservation des baleines et des dauphins
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Liste alphabétique des noms vernaculaires qui peuvent être donnés aux cétacés en français :
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L'observation des baleines ou whale-watching a pour but d'observer les cétacés dans leur milieu naturel, à des fins touristiques. Cette activité, plus rarement dénommée « tourisme baleinier », est une activité en plein développement depuis les années 1990. Pratiquée de façon raisonnable, durable et dans le respect de l'environnement marin et de sa faune, cette activité offre un réel intérêt à l'éducation, à la sensibilisation du public et à la protection des cétacés. Non encadrée et pratiquée par des opérateurs non, ou mal, formés, elle peut avoir de forts impacts sur le comportement, la survie et la reproduction des populations de mammifères marins[106],[107]. La nage est quant à elle une activité particulièrement controversée. Les études posent de grandes inquiétudes sur la soutenabilité de ces pratiques pour les animaux [108], mais aussi sur la sécurité des pratiquants.
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Les plus anciennes représentations connues des cétacés sont datées de 6 à 10 000 ans, ce sont des peintures rupestres découvertes en Corée du Sud qui représentent des scènes de chasse[109]. Dans l'Antiquité, les gros cétacés sont avant tout des monstres marins, thème que l'on retrouve dans la Bible ou dans Pinocchio, les dauphins sont au contraire représentés sur de nombreuses fresques romaines assez fidèlement. Arion de Méthymne est sauvé par un dauphin.
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La chasse à la baleine, de par son danger, a été le centre de nombreuses œuvres, la plus célèbre étant Moby Dick. Après la moitié du XXe siècle et le début de la prise de conscience des menaces pesant sur les cétacés, les dauphins sont devenus populaires. Une série télévisuelle, Flipper le dauphin, a reçu un accueil particulièrement favorable. Par la suite des centres d'élevage, appelés delphinariums, sont apparus, contribuant à faire de ces animaux des animaux « sympathiques ».
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Voir aussi : Liste des cétacés de fiction
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Cétacés
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Les cétacés ou Cetacea (du grec ancien κῆτος [kêtos], « cétacé ») forment un infra-ordre de mammifères aquatiques.
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Il existe, en 2020, 86 espèces[1] (nombre non fixé car les chercheurs débattent encore sur le nombre de sous-espèces et la reconnaissance d'espèces cryptiques)[2]. Seulement cinq espèces encore existantes sont dulçaquicoles. Ce taxon comprend les animaux les plus grands ayant existé sur Terre, dont les 14 espèces de baleines, notamment la baleine bleue. Ils sont considérés comme l'un des groupes d'espèces ayant le plus divergé des autres mammifères[3].
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Ces espèces sont réputées pour avoir une intelligence remarquable. La discipline de zoologie qui les étudie s'appelle la cétologie.
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Leur chasse a également joué un rôle économique important pour de nombreux pays, mais est, à présent, très limitée.
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On a observé (par caméra) de grands cétacés jusqu'à près de 3 000 m de profondeur.
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Le substantif masculin cétacé est issu du grec ancien κῆτος [kêtos], étymologiquement « grand poisson ». Les espèces peuvent génériquement être appelées dauphin, baleine ou rorqual, en fonction de leur aspect[4]. Ces termes ne recoupent pas la classification scientifique qui distingue d'une part les cétacés à dents, taxon qui comporte des baleines (comme la baleine blanche) et des dauphins, et d'autre part les espèces de cétacés à fanons qui sont toutes, elles, qualifiées de baleines.
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Outre ces deux noms génériques, des termes spécifiques sont utilisés pour nommer ces espèces ou groupes d'espèces comme béluga, cachalot, narval, orque ou épaulard, marsouin, rorqual, jubarte, sotalie et de termes issus du latin scientifique comme hypérodon, globicéphale. Ces noms vernaculaires ne désignent pas forcément non plus un taxon précis.
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Carl von Linné avait classé les cétacés dans les plagiures, ce groupe comportait aussi les siréniens. Ce terme était utilisé depuis le XVe siècle au moins et rendait compte de leur queue très aplatie horizontalement. Il regroupait alors des animaux aquatiques, vus comme des poissons, à la queue plate, sans écailles, et avec des poumons.
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Noter que Moby Dick (roman de Herman Melville publié en 1851), un grand cachalot, par conséquent un cétacé à dents, est parfois décrit comme une « baleine blanche » dans le texte. Le titre original de la première publication à Londres est The Whale, La Baleine. Au chapitre XXXII, Cetology, Melville se livre à un état des lieux des connaissances sur la classification des baleines et décide, en désaccord avec Linné (Systema Naturae, 1776 : « désormais je ne mentionnerai plus les cétacés parmi les poissons », cité par Melville lui-même) d'appeler « poissons » les cachalots pourchassés dans son roman. Il alterne régulièrement entre les termes baleines et poissons.
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Aujourd'hui, les cétacés sont divisés en deux sous-ordres : les cétacés à fanons, appelés Mysticètes, et les cétacés à dents, appelés Odontocètes. La distinction entre les deux groupes n'est pas si simple cependant, aussi les taxonomistes se fondent sur plusieurs autres caractéristiques anatomiques pour différencier les espèces des deux groupes. Les narvals ne possèdent aucune dent visible à l'exception de deux dents qui, chez les mâles forment une ou exceptionnellement deux défenses[5]. Les grands cachalots ne possèdent pas de dents sur la mâchoire supérieure[6]. D'ailleurs le nom de genre des premiers monodons et le nom d'espèces des seconds, catodon, est à cet égard parlant.
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Le taxon regroupe dix à quatorze familles selon les auteurs, par exemple les petits cachalots forment la famille des Kogiidae ou sont regroupés avec le grand cachalot au sein des Physeteridae. Les analyses phylogénétiques effectuées dans les années 1990 montrent que les cétacés à dents et les cétacés à fanons sont bien issus de la même lignée de mammifères marins. Aujourd'hui, la position des cétacés par rapport aux Artiodactyla est vivement discutée par les scientifiques.
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Liste des familles établie d'après World Register of Marine Species (22 avril 2016)[7], Mammal Species of the World (version 3, 2005) (22 avril 2016)[8] et ITIS (22 avril 2016)[9] :
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En outre, des dizaines de genres fossiles ont été identifiés ; par exemple Ambulocetus, Pakicetus, Basilosaurus, et classés sous le sous-ordre Archaeoceti.
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Pour le parasitologue Laurent Soulier, l'étude des parasites pourrait montrer qu'au sein de chaque espèce il existerait des groupes qui se croisent sans jamais interagir entre eux, comme si ces groupes appartenaient à des espèces différentes.[réf. nécessaire]
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L'extinction Crétacé-Tertiaire il y a 66 millions d'années provoque un remaniement complet des faunes mondiales, caractérisé notamment par la disparition des dinosaures non-aviens et l'explosion radiative des mammifères placentaires. Quatre lignées de ces mammifères (Cétacés, Siréniens, Pinnipèdes et Lutrinae) qui étaient sorties des eaux retournent alors dans le milieu marin il y a environ 50 millions d’années[14]. La conquête de ce milieu s'accomplit grâce à de multiples adaptations, notamment au niveau du système de locomotion et des poumons. Revenus secondairement à la vie marine, ces mammifères (avec leurs caractéristiques : poumons, mise-bas, allaitement, pilosité, homéothermie) n'ont pas récupéré leurs anciennes branchies qui n'existent plus que sous forme de vestige embryonnaire (structures vestigiales des arcs branchiaux donnant chez les hommes la région mandibulaire, le méat acoustique de l'oreille externe, la caisse du tympan et la trompe d'Eustache de l'oreille moyenne) ; c'est leur système respiratoire pulmonaire qui s'est modifié de telle façon qu'un séjour en plongée leur soit possible (flexibilité notamment de la cage thoracique qui peut, sous l'effet de la pression, s'aplatir et comprimer l'air des poumons). Les membres antérieurs des Cétacés se transforment en palettes natatoires tandis que leurs membres postérieurs régressent[15].
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Les cétacés ont ainsi pour ancêtre un animal terrestre. L'analyse phylogénétique des gènes codant certaines protéines mitochondriales[16] les a regroupés au sein d'un même clade avec les Artiodactyles (Ongulés à doigts pairs) dans le groupe des Cetartiodactyla. Ils sont donc plus proches des ruminants que des autres mammifères marins tels que les phoques et les loutres, plus proches des ours, ou des siréniens, plus proches des éléphants. Par ailleurs, l'étude de caractères dérivés dans leur génome nucléaire (les Rétrotransposons)[17] montre que leurs plus proches parents sont les hippopotames. Une étude basée sur la morphologie remet cependant en question cette proche parenté et suggère une plus grande proximité avec les anthracothères fossiles et une évolution des hippopotames à partir d'une autre branche, au sein des Cetartiodactyla à déterminer[18]. Les cétacés auraient donc divergé très tôt des anthracothères, à l'instar des suidés et des ruminants. Il faut cependant préciser que cette étude n'a inclus que des représentants fossiles des cétacés, des archéocètes qui ne sont eux-mêmes pas ancêtres des cétacés actuels.
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Les plus anciens fossiles connus datent d'environ 60 Ma. Le taxon comprend environ 80 espèces dont plus de la moitié sont de répartition mondiale. Leur origine commune a été très discutée, mais une étude phylogénique a montré qu'ils dérivent d'une espèce commune. Les cétacés à fanons sont issus d'un groupe qui s'est différencié des cétacés à dents au cours de l'Éocène.
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Phylogénie des familles actuelles de cétartiodactyles (hors cétacés), d'après Price et al., 2005[19] et Spaulding et al., 2009[20]:
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Camelidae (chameaux, lamas...)
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Suidae (porcins)
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Tayassuidae (pécaris)
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Cetacea (cétacés)
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Hippopotamidae (hippopotames)
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Tragulidae (chevrotains)
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Antilocapridae (antilocapres)
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Giraffidae (girafes, okapi...)
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Bovidae (bovins, caprins, antilopes...)
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Cervidae (cerfs, rennes...)
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Moschidae (cerfs porte-musc)
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Phylogénie des familles actuelles des cétacés modernes (néocètes) d'après Gatesy et al. (2012)[21] :
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Balaenidae (les baleines franches)
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Neobalaenidae (avec la Baleine pygmée)
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Balaenopteridae (les rorquals)
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Eschrichtiidae (avec la Baleine grise)
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Kogiidae (avec le Cachalot pygmée)
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+
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+
Physeteridae (avec le Grand cachalot)
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+
Platanistidae (dauphins de rivière indiens)
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+
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Ziphiidae (les « baleines à bec »)
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Lipotidae (dauphins de rivières du Pacifique))
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Iniidae (dauphins de rivière du bassin amazonien)
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Pontoporiidae (avec le Dauphin de la Plata)
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Delphinidae (les dauphins océaniques)
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Monodontidae (avec le Bélouga et le Narval)
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92 |
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+
Phocoenidae (les marsouins)
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Eubalaena glacialis (Balaenidae).
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Megaptera novaeangliae (Balaenopteridae).
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Eschrichtius robustus (Eschrichtiidae).
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Caperea marginata (Neobalaenidae).
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Tursiops truncatus (Delphinidae).
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Inia geoffrensis (Iniidae).
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Kogia sima (Kogiidae).
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Lipotes vexillifer (Lipotidae).
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Delphinapterus leucas (Monodontidae).
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Phocoenoides dalli (Phocoenidae).
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Physeter macrocephalus (Physeteridae).
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Platanista gangetica (Platanistidae).
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Pontoporia blainvillei (Pontoporiidae).
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Mesoplodon bidens (Ziphiidae).
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Squelette de Xiphiacetus (espèce fossile).
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Les cétacés partagent tous un certain nombre de caractères morphologiques, un corps lisse et fuselé, ce qui facilite la pénétration dans l'eau, un système pileux quasi inexistant, l'absence de griffes, pas d'oreilles externes et le conduit auditif est fermé[3]. Les membres antérieurs et la queue des cétacés ont évolué en nageoires. La nageoire caudale appelée palette, très puissante, est horizontale, contrairement à celles des poissons. Elle assure la propulsion tandis que les nageoires latérales assurent l'équilibre et le maintien de la direction. L'aileron dorsal fait office de stabilisateur comme la quille d'un bateau. Comme les autres mammifères, les cétacés respirent à l'aide de poumons et doivent régulièrement faire surface pour respirer avec leur évent situé au sommet du crâne.
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Le dimorphisme sexuel observé pour ces espèces est principalement lié à la taille, les mâles odontocètes sont en général plus grands que les femelles, mais ce n'est pas le cas par exemple chez les botos[22] et chez la plupart des mysticètes dont la baleine bleue[23]. Les mâles de certaines espèces d'odontocètes, comme les Ziphiidae ou surtout le narval, possèdent une dentition différente des femelles[3].
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La livrée des cétacés est adaptée au mode de vie de l'animal. Elle peut être asymétrique gauche-droite comme pour le rorqual commun. Pour plusieurs espèces, elle permet de reconnaître les spécimens. La plupart des cétacés océaniques ont le dos foncé et le ventre blanc, de façon que les proies et les prédateurs les confondent avec le fond de la mer lorsqu'ils les voient de dessus et ne voient qu'un reflet de la surface de l'eau lorsqu'ils les voient par-dessous.
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Des caractéristiques morphologiques permettent de reconnaitre les espèces, voire les individus, cependant l'observation des cétacés est difficile, du fait de leur vitesse et de leur méfiance vis-à-vis de l'homme. Les analyses génétiques permettent de résoudre cette difficulté : en effet, à chaque plongeon les cétacés laissent des squams, des résidus huileux ou des excréments qui flottent. Ceux-ci peuvent être analysés. Les espèces peuvent également être identifiées par leurs chants, toutes les espèces ne produisant pas des vocalises identiques.
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Les spécimens de certaines espèces peuvent être facilement reconnus par les taches sur leur peau. Ainsi les spécimens de certaines espèces peuvent être reconnus uniquement par les taches sur leur nageoire caudale. Les baleines les plus grandes peuvent être aussi reconnues par la forme de l'implantation des balanes sur leur peau ou la forme de leurs nageoires. Les marques sur la peau, souvent présentes chez les mâles car résultant de combats, permettent aussi d'identifier les individus.
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Selon Alexey V. Yablokov, la livrée des cétacés est liée à leur mode de vie, ainsi les cétacés aux livrées plus ou moins uniformes seraient planctophages, les livrées des espèces au ventral dégradé clair seraient sociales et les espèces aux livrées contrastées seraient des chasseurs.
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Les cétacés possèdent deux « nageoires » pectorales (ce sont en fait des palettes natatoires issues de la transformation des membres antérieurs osseux des ancêtres des cétacés, mammifères terrestres), une nageoire dorsale ou aileron et une nageoire caudale ou queue remplaçant les membres postérieurs disparus. Nageoires pectorales et caudales rappellent que les ancêtres des baleines étaient des mammifères quadrupèdes dont les espèces fossiles ont été regroupées dans un micro-ordre distinct, les archéocètes (mammifères aux mœurs amphibies qui vivaient comme des hippopotames)[24]. Les nageoires pectorales permettent aux cétacés de s'orienter et de s'équilibrer[25]. Il semble que la nageoire dorsale permette une plus grande efficacité dans les mouvements. les nageoires dorsales assurent la propulsion. Les nageoires dorsales de certains épaulards mâles peuvent dépasser deux mètres. Megaptera novaeangliae dispose quant à elle des plus grandes nageoires pectorales, celles-ci peuvent atteindre le tiers de leurs corps[26].
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La progression est due à la pression sur l'eau d'une nageoire caudale de forme homocerque. Celle-ci est orientée horizontalement (alors qu'elle est verticale chez les poissons osseux et cartilagineux). La pression de la queue sur l'eau est exercée verticalement, le sens de mouvement de cette nageoire favoriserait les déplacements de ces animaux du fond vers la surface et inversement. Le marsouin de Dall, un des cétacés les plus rapides, a été mesuré à 55 km/h[27], l'orque pourrait l'être encore plus. Hormis les siréniens, les autres mammifères marins ne possèdent pas de queue qui permette le mouvement.
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Les cétacés doivent remonter à la surface pour respirer, y compris lorsqu'ils dorment. Leurs phases de sommeil sont courtes, environ un quart d'heure et s'étalent sur toute la journée, mais certains cétacés peuvent être observés inactifs en mer durant de longues périodes. Les cétacés semblent ne jamais entrer en sommeil paradoxal[28] car on suppose qu'ils doivent garder du tonus musculaire pour assurer qu'un mouvement permettant la respiration soit possible. Chez certaines espèces de cétacés, ainsi que chez certaines espèces d'oiseaux, chaque hémisphère cérébral assure à son tour cette fonction[29], le sommeil est unilatéral[30].
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Le sens[31] le plus développé chez les cétacés est l'audition, particulièrement chez les cétacés à dents qui sont dotés de la fonction d'écholocation, sorte de sonar naturel. Diverses mutations dans les domaines transmembranaires et cytosoliques de la prestine, protéine très abondante dans la paroi de certains cils de l'oreille interne ont été rapportées chez différentes espèces de Chiroptères et se sont révélées convergentes avec celles observées chez le grand dauphin[32]. Cependant, la démonstration fonctionnelle de l'implication de ces mutations dans le mécanisme de l'écholocalisation n'a pour l'instant pas été apportée. Les odontocètes émettent des clics d'écholocation dont une partie est réfléchie par les obstacles. L'analyse de ces retours leur donne une sorte d'image acoustique de leur environnement. La présence de ce type de sens est beaucoup moins développée chez les baleines à fanons, mais des signes semblent montrer qu'elles n'en sont pas dépourvues.
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Leur vue n'est pas mauvaise, même si elle n'est pas leur sens principal. Elle est beaucoup plus mauvaise pour les dauphins de rivières, certaines espèces sont même presque aveugles, pour les autres, elle est efficace sous l'eau ou hors de l'eau. Certains cétacés sortent la tête de l'eau pour observer les oiseaux et en déduire où se trouvent les bancs de poissons. Les cétacés des delphinariums sont capables de localiser des objets à plusieurs mètres au-dessus du niveau de l'eau et de s'en saisir. Les odontocètes semblent avoir perdu leur odorat, mais il est présent chez les mysticètes. Si les chémorécepteurs comme l'organe de Jacobson sont atrophiés chez les mysticètes et absents chez les odontocètes, ils sont dotés de bulbes olfactifs, permettant au cétacés à fanons de détecter le krill[33].
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Ce sens est compensé par un sens du goût, ainsi les grands dauphins sont capables de détecter par exemple des phéromones, des poissons... Ce même dauphin, s'il semble posséder moins de récepteurs chimiques permettant le goût, est, en revanche, plus sensible aux variations de salinité et surtout d'amertume.
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Si toutes les espèces naissent avec des poils sur leurs rostres, seules certaines espèces de mysticètes gardent des vibrisses à l'âge adulte. En revanche toutes ces espèces ressentent les contacts, la chaleur, leur position relative dans l'espace.
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Une hypothèse appuyée sur de nombreux indices, mais encore à préciser est que les cétacés disposent d'un sens magnétique analogue à celui des oiseaux ou des tortues marines[34]. De la magnétite a en effet été trouvée, connectée à des neurones dans leur dure-mère[34]. Ils l'utiliseraient pour migrer sur de longues distances. Les relevés par satellite des baleines à bosse au large de l'archipel d'Hawaï montre que les trajectoires de ces dernières suivent le nord magnétique avec une grande précision. Certains expliquent par des erreurs dues à ce sens, les échouages, régulièrement observés (depuis l'Antiquité au moins). Dans un certain nombre de cas, une corrélation a été trouvée entre anomalies magnétiques au sol et zones fréquente d'échouage. Dans certains cas et/ou chez certains individus, la pollution et/ou des interférences liées à l'activité solaire pourraient provoquer une méprise magnétique et provoquer des échouages[34].
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Les ancêtres des cétacés, en quelques millions d'années se sont adaptés du milieu terrestre au milieu marin. À partir d'une morphologie terrestre proche des artiodactyles, ils ont perdu certaines caractéristiques pour en gagner d'autres[31]. Comme chez les ruminants et autres ongulés, les cétacés possèdent trois bronches, trois poches stomacales, pas de clavicule, etc[3]. Mais les adaptations au milieu aquatique comme celle du squelette et surtout les adaptations liées aux sens et celles liées aux capacités hyperbares pour certaines espèces sont très originales. On peut tout de même citer l'absence de glande sébacée, la présence d'une couche de graisse importante, les poumons et le foie non lobés, un diaphragme oblique[3]... L'étude de l'anatomie des grandes espèces est particulièrement malaisée du fait de la taille imposante des animaux et donc des organes, le cœur d'une baleine bleue adulte pèse plus de 500 kilogrammes.
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Les nageoires pectorales sont le résultat de l'évolution des membres supérieurs des cétacés, à ce titre, elle contiennent des os internes qui rappellent les os des pattes des mammifères terrestres. Les autres nageoires, dorsale ou caudale, sont en revanche dépourvues d'os et de muscles mais sont constituées de tissus fibreux rigides extrêmement solides. Les tissus de la nageoire caudale sont enveloppés de ligaments inextensibles et très solides attachés aux vertèbres.
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Le génome des cétacés est diploïde, ils ont 42 ou 44 chromosomes[3].
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Le système respiratoire et circulatoire des cétacés est remarquablement efficace. Il doit répondre à deux objectifs pour la majorité des espèces, à savoir assurer des plongées les plus longues possible et de supporter des pressions élevées. Les performances mesurées au sein de ce taxon sont cependant très variées, les dauphins dulçaquicoles n'ont en effet pas besoin de descendre très profondément et donc pas besoin de plonger longtemps. La plus longue plongée enregistrée pour un sousouc n'est que de 180 secondes[35] ainsi que de 460 secondes pour une orque mais de 3 780 secondes pour une baleine boréale[36], soit 21 fois plus longtemps que pour le sousouc.
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La trachée et les bronches sont séparées, ce qui implique que les cétacés ne peuvent respirer que par les évents. La respiration est contrôlée et volontaire et non pas réflexe, si l'animal est anesthésié sans ventilation pulmonaire active ou ses évents bouchés, il meurt. Ils peuvent respirer relativement vite, un grand dauphin respire trois fois par minute. L'évent est partiellement fermé pendant les expirations et grand ouvert pendant les inspirations. Les expirations expulsent de l'air chaud, mêlé de vapeur d'eau, ce qui en région froide, produit des panaches visibles de loin à cause de la condensation de l'eau. Les cétacés utilisent 80 à 90 % de leur volume pulmonaire, contre 10 à 15 % environ pour l'homme, ce qui leur permet d'extraire 12 % de l'oxygène qu'ils inhalent contre 4 %, classiquement chez les mammifères terrestres.
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Le volume sanguin des cétacés est élevé puisqu'il représente 15 % du poids de leur corps, contre 7 % chez les humains. En outre, il dispose de deux fois plus d'hématies et de myoglobines[3] que ces derniers. Ils sont également capables de contrôler l'alimentation en oxygène des organes non vitaux comme les intestins[3]. La fréquence de battements de cœur de certains d'entre eux baisse à 80 par minute en plongée[3].
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Le Rete mirabile est bien développé comme pour tous les mammifères marins. Il l'est surtout dans la cage thoracique où il forme un plexus sous la plèvre, entre les côtes et de chaque côté de la colonne vertébrale. Il est également développé dans l'aire à la base du crâne[3]. Les dispositions et mécanismes des veines et artères autour du cœur, qui est relativement aplati, ont pour but de ralentir le retour du sang veineux et donc de réduire la fréquence de battement.
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En général, les mammifères marins ont proportionnellement des plus petits poumons que les autres mammifères, ceux des cétacés sont particulièrement élastiques et placés dorsalement dans la cage thoracique. Ils reposent sur un diaphragme plus long et placé plus horizontalement que chez les autres mammifères. Ils plongent donc avec relativement peu d'air en comparaison de leur volume total. Il plongent d'autant plus facilement que leur masse volumique est plus élevée sans un grand volume d'air. Les humains qui plongent en utilisant des bouteilles, malgré leur lourd équipement, doivent ajouter des plombs à leurs accessoires pour arriver à descendre. Lors de la descente, l'air vicié repasse du sang aux poumons, évitant aux gaz de stationner dans le système sanguin. Ils expirent donc dans l'eau lors de la plongée pour évacuer les surplus de gaz. Il semblerait que les grands cachalots sécrètent également une « huile » fixant l'azote du sang[réf. nécessaire]. Ainsi, ils ne craignent donc ni l'ivresse des profondeurs et ne sont que rarement victimes d'accidents de décompression.
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Comme chez les plongeurs professionnels humains, on peut observer une ostéonécrose c'est-à-dire une nécrose des tissus cartilagineux au niveau des articulations. C'est une conséquence de l'accumulation de l'azote qui provoque de minuscules accidents de décompression[37]. Certains experts estiment que les grands cachalots qui peuvent plonger à plus de 2 500 mètres pendant plusieurs heures observent des paliers de décompression.
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Les modifications au niveau du squelette sont nettement visibles et sont analogues sur plusieurs points à celles des siréniens, mais il s'agit d'une convergence évolutive[réf. nécessaire]. Le rôle du squelette, n'est pas de porter le corps, mais de servir de support aux ligaments. Le poids moyen de leur squelette a été évalué à 17 % soit un peu plus que ceux des hommes, évalué à 15 %, mais moins que ceux des éléphants, évalué à 20 %.
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Les membres pelviens sont considérablement réduits : il ne reste plus que quelques os pelviens résiduels auxquels est relié le muscle ischio-caverneux qui maintient le pénis en place à l'intérieur de la fente génitale chez les mâles. Ce muscle est analogue à celui retrouvé chez les autres mammifères dont, entre autres, les ongulés et l'Homme. En revanche, les membres thoraciques sont conservés, quoique atrophiés, et l'on retrouve la scapula (« omoplate » de l'Homme), l'humérus, le radius, l'ulna (anciennement « cubitus »), les os du carpe, les métacarpes et les phalanges qui se sont multipliées, on parle d'hyperphalangie. Les membres supérieurs ne sont pas mobiles les uns vis-à-vis les autres à part pour l'épaule. La clavicule est absente comme elle l'est chez les autres ongulés[3]. Le tout forme une nageoire pectorale, équivalente à celle des poissons et dont le rôle n'est pas la propulsion mais le maintien de l'équilibre dans l'espace et la direction des mouvements. Les autres nageoires ne sont pas ossifiées.
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Parmi les autres caractéristiques observées, on observe un cou court et peu flexible, les vertèbres sacrées n'ont pas fusionné.
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C'est au niveau du crâne que l'on différencie principalement les odontocètes des mysticètes : ces derniers ont un crâne symétrique. Les os de la face (maxillaire, incisif, mandibule, etc.) se sont allongés et se télescopent avec les os du crâne sur la face dorsale du crâne pour former ce que l'on appelle l'évent, issu de la migration sur la face dorsale des narines osseuses au cours de l'Oligocène.
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Les côtes sont très fines voir absentes, sauf chez la baleine pygmée[31]. Cette adaptation confère un avantage important pour les plongées profondes[31]. Le nombre de phalanges dépend des espèces mais est toutefois important, permettant de rigidifier les nageoires pectorales de grande taille[31].
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Il n'y a pas d'os dans les nageoires dorsale et caudale en revanche, les nageoires pectorales en contiennent et ils sont les homologues de ceux, par exemple, de la main humaine. De très rares spécimens disposent d'embryons de nageoires à moitié arrière du corps, parallèlement aux nageoires pectorales, ce sont, selon la théorie de l'évolution, des vestiges des membres arrière, peu à peu atrophiés au fil des générations.
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L'attache des muscles dorsaux au squelette varie énormément entre les différentes familles, c'est un des critères possibles d'identification de celles-ci.
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La chair est particulièrement foncée, car les muscles sont riches en myoglobine. La musculature est particulièrement développée puisqu'elle représente 40 % de la masse corporelle de la baleine bleue et 54 % du rorqual boréal[31]. L'organisation de la musculature est foncièrement différente de celle des autres mammifères, les muscles peauciers peuvent être réduits mais leur masse peut être importante.
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La peau est composée de quatre couches dont les épaisseurs sont différentes de celle des autres mammifères. La couche épidermique des cétacés atteint 2 à 4 millimètres en moyenne, et 12 millimètres chez le bélouga. L'épiderme est composé de tissu conjonctif dense et est en général dépourvu de follicules pileux et de glandes sébacées. Certaines zones, pour certaines espèces, sont encore équipées de poils sensibles. La couche épidermique est fine, lisse et élastique et exsude de l'huile qui augmente leur hydrodynamisme. Cette adaptation est également présente chez de nombreux poissons. Ainsi les mysticètes peuvent atteindre des vitesses de 26 km/h et les odontocètes des vitesses supérieures à 30 km/h[3]. Le paradoxe de James Gray, qui stipule que les muscles des cétacés sont insuffisamment puissants pour permettre à ceux-ci de se déplacer aux vitesses observées est aujourd'hui caduc[39], les muscles le sont. Plusieurs hypothèses pour expliquer l'inadéquation musculaire supposée à leur vitesse réelle ont été formées. L'une d'elles proposait qu'il se formait à la surface de la peau une multitude de rides minuscules qui dirigent le flux de l'eau en évitant la création de micro-turbulences qui freineraient ces animaux, permettant de conserver un écoulement régulier de l'eau favorisant un glissement dans l'eau avec peu d'efforts.
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Le derme est composé de tissus conjonctifs d'une épaisseur formée par quelques cellules. L'hypoderme est lui plus épais, il est poreux et inextensible[31]. La concentration en graisse y est importante, ainsi l'hypoderme de la Baleine Bleue est constitué de 62 % de graisse soit 15 à 20 tonnes au total[31]. La proportion en graisse varie entre les couches extérieures et les couches intérieures. La quantité de graisse varie elle en fonction des saisons, des migrations, de la quantité de nourriture disponible. Comme chez les autres mammifères, cette couche sert de réserve énergétique. C'est dans cette couche que l'on retrouve les grandes accumulations de certains polluants (liposolubles) auxquels sont soumis les cétacés (PCB, dioxines, furanes, certains pesticides et autres organochlorés[40]). Cette couche contient des tissus conjonctifs intermédiaires et est très vascularisée. Ce système permet aux cétacés de contrôler leur température interne. La quatrième couche, le Stratum germinativum est constituée d'un Épithélium pavimenteux et les mélanocytes y sont fixés.
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La peau des cétacés est aussi sensible au toucher.
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Lorsqu'ils remontent près de la surface, la peau des cétacés est sensible, comme toutes les peaux des mammifères sans fourrure, aux rayons du Soleil. Des études scientifiques menées sur des baleines bleues, des grands cachalots et des rorquals communs ont révélé en 2010 que certaines lésions cutanées font suite à un coup de soleil, sans que néanmoins des cancers de la peau aient pu être observés[41]. Sur la courte durée des observations, ces lésions semblent être en augmentation. Aucune explication précise n'est à ce jour fournie, la réduction de la couche d'ozone est une des causes possibles[41].
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L'eau de mer est un milieu hypertonique, c'est-à-dire que les cellules des organismes marins doivent sans cesse lutter contre la perte naturelle de leur eau. Cette lutte nécessite une adaptation au moins aussi poussée que celle des mammifères vivant dans les zones très arides[42]. Il existe assez peu d'études sur ce sujet pour ces animaux[42].
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La concentration en sel dans leur urine est supérieure à celle de l'eau de mer. Les cétacés boivent cependant très peu d'eau de mer, selon une étude de 1970, entre 4,5 et 13 ml par kg et par jour[42]. Ces espèces ne règlent pas leur concentration interne en sels par l'absorption de l'eau de mer[42]. Même les espèces vivant en eau douce gardent la capacité à augmenter la salinité de leur urine en réponse à un stimulus hypertonique.
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Seuls parmi les mammifères, les reins des cétacés, des pinnipèdes, des loutres ou des ours ont une structure réniculée[42]. Ces reins sont constitués d'une multitude de petits lobes qui contiennent des tissus corticaux et une pyramide rénale insérée dans un seul calice. La structure des reins ne permet pas d'expliquer leur performance, la raison de leur performance est vraisemblablement due au mécanisme de régulation hormonale de la concentration d'urine[42].
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Les cétacés sont carnivores pourtant leur système digestif ressemble à ceux des ruminants du sous-ordre des Sélénodontes, il possède trois poches[3]. Ils n'ont pas de vésicule biliaire[3]. Le foie est non lobé.
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La première poche stomacale est un assez grand et musculeux estomac mécanique qui broie les aliments. Cela est d'autant plus nécessaire que leurs dents, quand ils en ont, ne sont pas destinées à broyer la nourriture.
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La seconde poche est la plus grande, les sucs digestifs commençant à dissoudre la nourriture.
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L'estomac pylorique est le plus petit des trois estomacs, commence là l'assimilation des substances nutritives. Cet estomac est suivi d'une ampoule duodénale, puis du duodénum.
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Les organes génitaux sont internes, situés derrière la fente génitale, chez les mâles comme les femelles si bien qu'il est parfois difficile de distinguer le sexe des spécimens. Les testicules des mâles sont également dans cette poche. L'utérus des femelles est constitué de deux parties comme chez les autres ongulés et les carnivores, les mamelles, plates, élongées et extractibles, se trouvent près de la fente génitale. Le placenta est épithéliochorial[3].
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Chez les femelles des cétacés, contrairement aux autres mammifères, les corps blancs ne disparaissent pas et témoignent de l'histoire reproductive de chaque animal. Les cétologues peuvent ainsi estimer le nombre de gestations d'un cétacé.
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La couche de graisse sous-cutanée, généralement très épaisse, permet d'éviter la déperdition de chaleur, épouse la forme du corps et équilibre le poids de ce dernier, augmente la flottabilité. Le pannicule de certaines baleines peut atteindre 30 cm.
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Les cétacés n'ont plus d'oreilles externes mais se servent, en plus des osselets habituels aux mammifères, de petits os dans la mandibule qui transmettent les sons grâce au coussin adipeux qui entoure l'os tympanique. L'oreille interne est isolée par une ampoule contenant de l'air. Les variations de densité de toutes ces structures indiquent à l'animal d'où vient le son. Le nombre de cellules qui innervent l'oreille — deux ou trois fois plus élevé que chez l'homme — et la taille importante du nerf auditif indiquent que les cétacés parviennent très bien à discriminer les tons et les ondes sonores à haute fréquence et surtout le lieu de leur provenance.
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Les cétacés peuvent produire un grand nombre de sons destinés à communiquer comme la production de bulles, de sifflements, de bruit de battements de nageoire, de vocalises et de trombes avec leur évents, mais pas seulement pour communiquer. Le sonar nécessite l'émission de cliquetis pour fonctionner. Le grand cachalot et l'orque ainsi que quelques espèces de dauphins sont capables d'étourdir et de paralyser les poissons et les calmars avec de puissantes ondes sonores.
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Les yeux des cétacés n'ont pas de canal lacrymal mais sont protégés par une huile sécrétée par des glandes situées près des paupières ; celles-ci sont épaisses et souvent peu mobiles[43]. Les yeux sont souvent petits par rapport à la taille de l'animal en comparaison de ceux des primates par exemple. La sclère est très épaisse, particulièrement à l'arrière de l'œil dans la zone du nerf optique ce qui réduit encore le volume du globe oculaire et donc l'acuité visuelle. Le cristallin est presque sphérique.
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L'arrière de la rétine est constitué d'un tapetum lucidum, de type cellulosum choroïdien, une zone richement vascularisée qui permet d'accroitre la quantité de lumière qui se dirige vers la rétine, autrement dit cela accroit la vision dans l'obscurité. La rétine contient des cônes et des bâtonnets, ce qui leur permet de détecter les couleurs, mais les cônes ne représentent que 1 % des photo-récepteurs et ceux sensibles aux faibles longueurs d'onde ont disparu. Bien que cette question soit sujette à controverse[44], la vision des couleurs ne leur est certainement possible que dans certaines circonstances. Tous les cétacés étudiés, comme les phoques ont perdu certains pigments rétiniens au cours de l'évolution, ce qui fait que pour eux, l'eau n'apparait pas bleue[45]. Les phoques et les baleines étant deux groupes taxonomiques assez éloignés, le fait qu'ils soient tous deux touchés plaide à la fois pour une évolution convergente et un avantage adaptatif de ce trait dans l'environnement visuel marin[45].
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Les yeux sont disposés latéralement ce qui rend la vision stéréoscopique impossible pour certaines espèces. Les Delphinidae peuvent bouger, tel les caméléons leurs yeux indépendamment[46]. Les grands dauphins peuvent même focaliser leurs yeux et les zones de chevauchement leur permettraient de percevoir les objets en relief[46].
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Mais, même si ce n'est pas leur organe sensoriel principal, ils n'en sont pas pour autant atrophiés. Le grand Dauphin sait même adapter sa vision hors de l'eau de sorte[44] qu'en observant le vol des oiseaux de mer, il peut repérer les bancs de poissons.
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Le cerveau des cétacés est très performant. Avec les éléphants[47] et les primates[48], les cétacés font partie des rares animaux dont la conscience d'eux-mêmes a été scientifiquement mise en évidence. Les expériences sur le grand dauphin montrent qu'ils sont également capables de se mettre à la place d'un humain, d'apprendre, d'inventer mais ils ont également conscience de leurs propres états de la connaissance (métacognition)[49]. D'autre part, on sait que les cétacés sont capables de communiquer, que tous les groupes d'une même espèce n'utilisent pas forcément les mêmes signaux, y compris vocaux, pour communiquer[50], de maîtriser une grammaire[51] et même, pour certaines espèces au moins, de pouvoir nommer par vocalise un partenaire. Le cerveau des cétacés a évolué alors qu'ils étaient déjà mammifères marins, d'une façon indépendante de celui des primates depuis 95 Ma[52] et il est donc remarquable qu'il permette des performances comparables à celles des primates sur ces points. C'est un remarquable exemple de convergence évolutive.
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En fait le néocortex des cétacés surpasse par son degré de gyrification celui de tous les autres mammifères, y compris des humains. L'épaisseur des différentes couches du néocortex diffère cependant de celle des primates, la I et la IV sont plus minces, la II plus dense. En fait la connectivité intra-hémisphérique semble favorisée[53] chez les cachalots par exemple. Le cerveau des cétacés se caractérise aussi par la forte densité des cellules gliales[53]. Ceci rend les cerveaux des cétacés très différents de ceux des espèces terrestres même si, curieusement les corticaux préfrontaux responsables des fonctions cognitives élevées comme l'attention, le jugement, l'intuition, et la conscience sociale, sont à la même position que ceux des primates[53].
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De nombreux exemples d'entraide pour la pêche ont été observés, témoignant de l'opportunisme et de l'intelligence de ces espèces. Ainsi des baleines à bosse collaborent entre elles pour rabattre des bancs de poissons avec l'aide de thons, des grands dauphins collaborent avec des humains sur les plages du Sénégal. Ces mêmes dauphins peuvent collaborer avec des goélands pour les mêmes raisons. Quelques espèces mutualistes se nourrissent des ectoparasites par exemple le poisson nettoyeur appelé capucette barré consomme les « poux de baleines » des baleines grises.
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Les cétacés sont hôtes de très nombreuses espèces de parasites, internes ou externes. Ils peuvent être cleptoparasite ou quelquefois victimes de ces pratiques du fait par exemple des oiseaux de mer, de rémoras ou de poissons-pilotes bien que leur intelligence les protège quelque peu. Les parasites seraient responsables de la mort de 25 % des cétacés de Méditerranée. Non pas qu'ils tuent directement leur hôtes, seuls certains parasites particulièrement pathogènes le font, mais leur prolifération devient pathologique sur les animaux faibles ou immunodéprimés[55], ce qui finit par les tuer.
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Des cestodes Tetrabothrium et Diplogonoporus parasitent leurs intestins, des plérocercoïdes Phyllobothrium et Monorygma parasitent leur péritoine et leur peau, des trématodes comme ceux des genres Bolbosoma et Corynosoma parasitent leurs estomacs, leur foie, leurs intestins, leurs sinus, des vers acanthocéphales parasitent leurs intestins, des nématodes comme ceux des genres Anisakis, Crassicauda, et Placentonema parasitent également leurs estomacs et leurs voies génitales. Les voies respiratoires sont parasitées par des nématodes de la famille Pseudaliidae.
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Certains des parasites externes sont de grande taille comme le squalelet féroce ou les lamproies. Certains crustacés parasites, Rhizocephala et copépodes dont Balaenophilus unisetus et les Pennella, colonisent leur peau et leur graisse. Des nématodes comme Odontobius ceti, des protozoaires vivent également sur la peau. Des crustacés amphipodes dits « poux de baleine », les Cyamidae consomment la peau des cétacés sur lesquels ils vivent (ou les parties blessées purulentes). Ils sont rares chez les dauphins et étaient très nombreux autrefois sur les baleines, surtout en été. Ils se déplacent en s'encrant profondément dans la peau au moyen de leurs longues griffes. La diatomée Cocconeis ceticola, qui n'est pas a proprement parler un parasite provoque des plaques de couleurs sur la peau.
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Les balanes de genre Coronula et Conchoderma par exemple se fixent sur la peau, voire les fanons des espèces les plus grandes. Ce ne sont pas à proprement parler des parasites, ils ne semblent pas occasionner de désavantage à ces baleines[56].
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L'analyse de ces parasites donne aux scientifiques des informations sur l'espèce hôte et des informations biogéographiques[55].
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Les cétacés ont peu de prédateurs naturels.
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Disparu il y a 1,6 Ma, le plus grand requin ayant jamais existé le mégalodon a pu être un prédateur de cétacés, des traces de dents ont été découverts sur des fossiles de diverses baleines. Aujourd'hui, tous les cétacés sont susceptibles de subir des attaques d'orque, ceux-ci attaquent même les juvéniles de baleines bleues en les noyant. Les grands requins tels que le requin tigre ou le requin blanc sont également des prédateurs possibles. Les morses ainsi que l'ours polaire sont occasionnellement prédateurs de cétacés, principalement des bélougas ou des narvals. Les cétacés à fanon ont pour principale défense leur masse, qui généralement dissuade les prédateurs, cependant un requin des grandes profondeurs (-1 000 à −4 000 m), dit requin emporte-pièce, rarement observé a une forme de bouche et de mâchoire qui lui permet de prélever des morceaux de chair de grands cétacés, durant leurs migrations. Ses morsures habituellement non-mortelles laissent des cicatrices « en cratères » (un rorqual boréal avait 138 de ces cicatrices)[57]. Face à leurs prédateurs naturels, les odontocètes comptent davantage sur la cohérence de leur groupe, sur leur vitesse et sur leur agilité.
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Les humains restent le prédateur le plus redoutable des cétacés, que cette chasse soit artisanale ou industrielle.
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Les petits cétacés ont été chassés pour leur viande, et en tant que concurrents de la pêche ou parce qu'ils faisaient des dégâts dans les filets en s'y prenant accidentellement ou en cherchant à y manger des poissons[58], ce qui les a fait considérer comme nuisibles par certains.
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Dans les années 1920, l'ichtyologiste Le Gall (Agrégé de l'Université, Directeur du laboratoire de l'office scientifique et technique des pêches maritimes de Boulogne-sur-mer, et correspondant du CIEM, en Poste à Boulogne sur mer), pouvait ainsi écrire que les pêcheries sardinières de l'Atlantique « redoutent, avec juste raison, les visites dangereuses que leur font les nombreux Cétacés delphinidés (Dauphins, marsouins, etc.) attirés sur nos côtes pendant les mois d'été par la présence des bancs de sardines. Ces Mammifères, désignés par les pêcheurs sous le nom général de Bélugas (nom inexact (…)), commettent de tels dégâts dans les pêcheries que les pouvoirs publics s'en sont émus et que diverses tentatives ont été faites, sans grand résultat d'ailleurs, pour essayer de s'en débarrasser. Jusqu'ici, seuls l'emploi du fusil et de la mitraille semblent avoir donné des résultats assez appréciables. Mais dans ce cas, l'animal blessé ou tué s'enfuit ou coule et involontairement les pêcheurs laissent s'échapper une bonne aubaine »[58].
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La chair du marsouin, foncée et dotée d'un goût assez fort a été prisée durant plusieurs siècles, par toutes les classes sociales, vendue salée, fumée ou fraiche sur les marchés[58]. La langue, le filet, la cervelle, le foie et les rognons ont été particulièrement appréciés[58]. Tombée en désuétude en France, elle était encore au début du XXe siècle appréciée et consommée en Angleterre, en Italie, aux États-Unis, dont sous forme de conserves de Cétacés au Canada[58]. Le Gall disait ceci de la défaveur récemment faite à la viande de marsouin en France : « injustifiée », elle « doit donc disparaître, la chair du marsouin doit retrouver sur le marché aux poissons la place qu'elle occupait autrefois, et ce serait peut-être le meilleur moyen d'atténuer la pullulation de ces hôtes indésirés. Le pêcheur alléché par l'attrait non seulement d'une prime, mais encore d'une vente certaine, n'hésiterait pas à se livrer à la chasse du Cétacé et, directement intéressé, s'occuperait bien vite des meilleurs moyens pour le capturer »[58]. Il recommande pour cela l'emploi de la senne tournante à grandes mailles et surtout le fusil lance-harpon inventé en Norvège par M Krohnstad[59] en 1923 et testé avec succès en 1924[58].
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Les cétacés peuvent être victimes de séquelles de l'ingestion de plastique[60] et porteurs nombreux types de blessures, susceptibles de s'infecter ou de se surinfecter (combats contre des orques ou requins, capture dans des filets, blessures dues à des hélices de bateaux[61] ou à des collisions avec des bateaux[62]...) et certaines pathologies de cétacés semblent en augmentation, notamment en raison de la pollution marine et/ou de manque de nourriture dans les zones de surpêche[63],[63].
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Des Cétacés (dauphins notamment) porteurs de lésions cutanées[64], de divers malformations[65],[66] (parfois dues à des mutations), abcès[67], d'angiomes et hémangiomes[68] et de plusieurs types de cancers et métastases ont été observés de par le monde (néoplasies[69], séminomes[70], phéochromocytome, lymphomes[71]...)[63]. En tant que superprédateurs, ils sont exposés à la bioconcentration dans le réseau trophique de nombreux polluants.
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Un Morbillivirus semblable à la maladie de Carré, au début des années 1990 a causé en Méditerranée une épidémie qui a tué en masse les odontocètes, en particulier les dauphins bleu et blanc. Il semble que cette surmortalité a été causée par l'accumulation de plusieurs maladies dues à de mauvaises conditions climatiques, à une fragilisation des organismes liée aux pollutions chimiques, à une diminution des ressources alimentaires. D'autres virus comme des Adenovirus, des Poxviridae, des Hepadnavirus, des Herpesviridae et grippes peuvent être transmis à l'homme et mortels, pour eux ou pour nous. De même, les cétacés peuvent également être porteurs de virus moins dangereux comme des Calicivirus, des Papillomavirus, Picornavirus et Morbillivirus.
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Les cétacés semblent sensibles à la bactérie Erysipelothrix rhusiopathiae[72]. Brucella maris est pathogène pour l'ensemble des mammifères marins. Plusieurs Vibrio et Pseudomonas pseudomallei sont des bactéries pouvant causer des zoonoses.
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Parce qu'ils sont susceptibles de transmettre leurs maladies ou d'attraper les nôtres (mycoses notamment[73]), ce qui pourrait avoir dans un sens comme dans l'autre des conséquences imprévisibles, il est recommandé de ne pas toucher les cétacés[74], pas plus d'ailleurs que pour tout autre animal sauvage, même si celui-ci vient vers vous.
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Comme chez les autres mammifères, les cas d'hybridation naturelle semblent rares chez les cétacés, en comparaison de ceux observés chez les oiseaux par exemple. Quelques cas d'hybridations spontanées ou induites par une présence commune en delphinarium sont cependant connus. Une étude a confirmé que des femelles marsouins de Dall peuvent occasionnellement s'hybrider avec des marsouins commun, ces accouplements semblent dépendre principalement de facteurs écologiques provoquant un isolement reproductif qui pousse les mâles à poursuivre les femelles[75]. En 2008, un hybride de rorqual et de baleine à bosse aurait été observé puis photographiée à Rurutu (Polynésie)[76].
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Plusieurs whalphins issus d'une fausse orque (Pseudorca crassidens) et d'un grand dauphin (Tursiops truncatus) sont nés en captivité.
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Le comportement des cétacés est d'une façon générale mal connu, du fait de leur crainte de l'homme, de leur extrême mobilité et, pour les espèces marines au moins, de leur environnement peu favorable à la présence de l'homme. Les cétacés sont les seuls amniotes, avec les siréniens, à vivre tout leur cycle de vie dans l'eau, les autres espèces aquatiques de ce groupe, comme les manchots, les crocodiliens ou les phoques doivent au moins revenir à terre pour faire naitre leur petit, et que les hippopotames amphibies, dont la parturition est aquatique, doivent retourner à terre pour se nourrir.
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La plupart des espèces de cétacés sont grégaires, et ils chassent souvent en groupe[77], le nombre d'individus dans les groupes — aussi appelés pods — peut fortement varier, ainsi certaines orques chassent par trois ou quatre, d'autres en groupe comptant plus d'une dizaine d'individus. Pour cette espèce, leur nombre dépend du type de proies chassées. Le marsouin de Dall est communément observé par groupe de 20, mais des groupes de plus de 200 individus ont été observés[27]. Le boto est lui plutôt solitaire[22]. Certaines espèces comme les dauphins à long bec[78] ou les dauphins bleu et blanc[79] peuvent côtoyer des espèces plus grandes comme les rorquals au sein de groupes plus ou moins grands. Plusieurs espèces aiment nager auprès des plus grosses ou des bateaux, devant l'étrave ou derrière la poupe, profitant du sillage pour se déplacer à moindre effort, pour chercher une protection ou pour jouer en surfant sur les sillons provoqués par les gros volumes. Au sein des groupes, tous les individus n'ont pas le même rôle social. Chez les Tursiops, certains individus favorisent même les relations entre les sous-groupes, autrement dit, la cohérence globale du groupe[80]. Une hiérarchie existe entre les individus, et entre les trois générations : juvéniles, subadultes, adultes. Les individus de la même espèce au sein d'un groupe sont la plupart du temps très solidaires[81], n'hésitant pas à aider les malades. La plupart des espèces grégaires regroupent leurs petits au sein de nurseries pendant que les adultes chassent, certaines d'entre elles, comme celles des dauphins à long bec[78] ou le bleu blanc[82] peuvent regrouper des centaines de petits. Cependant les conflits entre mâles au sein d'un groupe, entre groupes différents, voir entre espèces peuvent-être violents.
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Les cétacés sont carnivores et la plupart du temps diurnes, le dauphin à long bec est cependant connu pour chasser la nuit[3].
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La plupart des espèces étudiées sont polyandres, polygynes ou polygynandres. Parfois le comportement sexuel, comme celui de la baleine franche de l'Atlantique Nord est connu, car la parade nuptiale et l'accouplement se déroulent près de la surface[83]. La plupart des espèces de cétacés n'ont qu'une seule saison de reproduction par an. Les femelles donnent naissance à un nouveau-né tous les un à six ans, après 10 à 17 mois de gestation[3]. Beaucoup d'espèces migrent vers l'équateur pour mettre bas, notamment plusieurs mysticètes qui jeûnent durant toute cette saison et qui repartent avec leur petit se nourrir vers les pôles après quelques semaines. Habituellement, les naissances ont lieu en saison chaude. Les nouveau-nés sont précoces, ils sortent par le siège de l'utérus et doivent immédiatement nager pour regagner la surface. Les femelles allaitent les petits sur les périodes qui s'étalent selon les espèces de six mois à deux ans, du moins pour le grand cachalot[6]. Les mères sont très maternelles mais les mâles ne s'occupent en général pas des petits, bien que quelques cas où des mâles jouant et apportant de la nourriture à des jeunes ont été observés. Chez certaines espèces, comme le béluga, les mères et leurs jeunes peuvent former des associations qui durent longtemps après que ceux-ci sont sevrés[3]. Les jeunes n'atteignent leur maturité sexuelle qu'après plusieurs années, une dizaine en moyenne pour les mysticètes. Même après avoir atteint la maturité sexuelle, les jeunes doivent attendre plusieurs années avant qu'ils soient socialement intégrés et placés dans une situation où la reproduction est permise.
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Les cétacés sont vraisemblablement tous capables de communiquer entre eux, quelquefois à très grandes distances et de transmettre des informations complexes.
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Ainsi les grands dauphins identifient un congénère car ils ont des vocalises spécifiques qui varient selon les circonstances du groupe, les caractérisant eux-mêmes ; c'est ainsi qu'ils sont capables d'identifier la signature vocale des différents individus de leur groupe[84]. Les orques possèdent des techniques de chasses propres à un groupe, qu'ils peuvent enseigner à un nouvel arrivant. Leur langage basé sur des sifflements bruyants et des ultrasons inaudibles pour l'oreille humaine semble être très élaboré mais est encore mal compris.
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Les cétacés peuvent nager en formation en V pour diminuer les efforts lors de migrations durant plusieurs milliers de kilomètres.
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On trouve des cétacés dans toutes les mers du monde et outre dans les rivières d'Asie, d'Amérique du Sud et du nord. La répartition de certaines espèces est mondiale, comme les orques ; d'autres se cantonnent à un hémisphère comme les baleines de Minke, à un océan comme le Lagenorhynchus obliquidens. Certaines espèces sont fortement migratrices, d'autres très sédentaires.
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Quelques espèces vivent très près des pôles, dans des eaux très froides. Ces cétacés sont en général de plus grande taille que la moyenne. Ces espèces ont un taux métabolique plus faible et comparativement, disposent d'une plus petite surface de peau en comparaison de leur volume sanguin ce qui leur permet de moins perdre de chaleur, et enfin elles disposent d'une imposante couche de graisse.
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En 2005, l'UNESCO reconnaissait que « plus de deux tiers des dauphins, des marsouins et autres espèces de la famille des cétacés sont en danger d’être abattus ou pris dans des filets »[90]. En 2007, l'UICN a déclaré probablement disparu le dauphin de Chine[91], tandis que selon elle, en 2008, une espèce est considérée comme en danger critique d'extinction, le marsouin du Golfe de Californie[92]. Sept autres espèces sont classées par cet organisme comme en danger, le rorqual boréal[93], la baleine bleue[94], le rorqual commun[95], le dauphin de Nouvelle-Zélande[96], la baleine franche de l'Atlantique Nord[97], la baleine franche du Pacifique Nord[98], le sousouc[99]. Cinq espèces, uniquement à dents, sont classées vulnérables. Bien que les effectifs de nombreuses espèces soient en déclin, plusieurs espèces, après avoir été grandement menacées comme la baleine boréale[100] ou la baleine bleue, ont ces effectifs en augmentation. Ainsi par exemple la population de baleines boréales qui atteint au moins 10 000[100] spécimens en 2006 augmente de 3 à 5 % par an, alors qu'elle se situait vraisemblablement à près de 50 000 individus avant les campagnes de chasse.
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L'augmentation du trafic maritime et l'apparition de navires à grande vitesse s'accompagnent d'une pollution sonore sous-marine croissante et d'une augmentation du risque de collision avec des cétacés[101] ou de blessures par hélice ou filets. Les cétacés les plus gros peuvent être tués par des chocs avec les gros bateaux ; peu de précautions semblent prises par les armateurs pour éviter ces chocs mortels pour les cétacés mais peu dommageables pour les grands navires.
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Les sonars militaires utilisant des systèmes d'écholocation comparables à ceux des cétacés marins à forte puissance, peuvent les tuer (Aux Bahamas en 2000, une expérience de l'US Navy avec un émetteur à 230 dB dans la gamme de fréquence 3 000 à 7 000 hertz provoqua l'échouage de seize baleines, dont sept furent trouvées mortes. L'US Navy reconnut sa responsabilité dans cet échouage dans un rapport publié dans le Boston Globe, le 1er janvier 2002). Les sonars pourraient leur faire perdre leur sens de l'orientation, voire les empêcher de se nourrir ou de se reproduire. Ils pourraient provoquer des malaises de décompression, ce qui occasionne ensuite des échouages.
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La chasse à la baleine (encore aujourd’hui pratiquée par les Japonais et Islandais) a fait chuter d'une manière importante les populations de certaines espèces comme le globicéphale tropical, la fausse orque, le dauphin bleu et blanc, le dauphin d'Électre. La viande de ces espèces y est vendue sous l'appellation « viande de baleine ».
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Des menaces indirectes sont la pollution marine et la surpêche qui affectent les ressources alimentaires des cétacés. Ces menaces ne touchent pas uniformément chacune des espèces (selon leur position dans le réseau trophique). En outre, plusieurs associations écologistes et la FAO[102] dénoncent également les mortalités occasionnées par les filets dérivants, pratique qui se poursuit en 2008, même dans les endroits où elle a été interdite, comme en Méditerranée[103]. Depuis les années 1990, des pingers sont expérimentés avec un certain succès pour éloigner les dauphins et surtout les marsouins des filets. Le Whale-watching souvent pratiqué in situ et en période de reproduction peut aussi perturber leur vie.
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Les museums, aquariums publics et diverses associations cherchent à mieux faire connaitre les cétacés[104].
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La Commission baleinière internationale condamne la chasse à la baleine, sauf dans quelques cas particuliers et justifiés, pour lesquels elle accorde des permis de chasse. Plusieurs pays comme la Nouvelle Zélande, le Canada ou les Etats-Unis (parmi d'autres) ont intégré dans leurs lois des régulations concernant l'approche et l'attitude à adopter près des cétacés. Dans de nombreuses régions, des chartes et des codes de bonne conduite[74] sont en place, ainsi que des labels pour une observation des baleines durable. Une zone pour protéger les mysticètes a été créé en 1979 dans l’Océan Indien puis une autre autour de l'Antarctique en 1994, les deux sanctuaires ont une zone contiguë. Un espace maritime protégé pour tous les types de cétacés leur est consacré en Méditerranée : le Sanctuaire Pelagos qui résulte d'un accord signé en 1999 par la France, l'Italie et Monaco pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.
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De nombreuses associations comme la Société pour la conservation des baleines et des dauphins
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Liste alphabétique des noms vernaculaires qui peuvent être donnés aux cétacés en français :
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L'observation des baleines ou whale-watching a pour but d'observer les cétacés dans leur milieu naturel, à des fins touristiques. Cette activité, plus rarement dénommée « tourisme baleinier », est une activité en plein développement depuis les années 1990. Pratiquée de façon raisonnable, durable et dans le respect de l'environnement marin et de sa faune, cette activité offre un réel intérêt à l'éducation, à la sensibilisation du public et à la protection des cétacés. Non encadrée et pratiquée par des opérateurs non, ou mal, formés, elle peut avoir de forts impacts sur le comportement, la survie et la reproduction des populations de mammifères marins[106],[107]. La nage est quant à elle une activité particulièrement controversée. Les études posent de grandes inquiétudes sur la soutenabilité de ces pratiques pour les animaux [108], mais aussi sur la sécurité des pratiquants.
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Les plus anciennes représentations connues des cétacés sont datées de 6 à 10 000 ans, ce sont des peintures rupestres découvertes en Corée du Sud qui représentent des scènes de chasse[109]. Dans l'Antiquité, les gros cétacés sont avant tout des monstres marins, thème que l'on retrouve dans la Bible ou dans Pinocchio, les dauphins sont au contraire représentés sur de nombreuses fresques romaines assez fidèlement. Arion de Méthymne est sauvé par un dauphin.
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La chasse à la baleine, de par son danger, a été le centre de nombreuses œuvres, la plus célèbre étant Moby Dick. Après la moitié du XXe siècle et le début de la prise de conscience des menaces pesant sur les cétacés, les dauphins sont devenus populaires. Une série télévisuelle, Flipper le dauphin, a reçu un accueil particulièrement favorable. Par la suite des centres d'élevage, appelés delphinariums, sont apparus, contribuant à faire de ces animaux des animaux « sympathiques ».
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Voir aussi : Liste des cétacés de fiction
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/948.html.txt
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Cétacés
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Micro-ordres de rang inférieur
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Les cétacés ou Cetacea (du grec ancien κῆτος [kêtos], « cétacé ») forment un infra-ordre de mammifères aquatiques.
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Il existe, en 2020, 86 espèces[1] (nombre non fixé car les chercheurs débattent encore sur le nombre de sous-espèces et la reconnaissance d'espèces cryptiques)[2]. Seulement cinq espèces encore existantes sont dulçaquicoles. Ce taxon comprend les animaux les plus grands ayant existé sur Terre, dont les 14 espèces de baleines, notamment la baleine bleue. Ils sont considérés comme l'un des groupes d'espèces ayant le plus divergé des autres mammifères[3].
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Ces espèces sont réputées pour avoir une intelligence remarquable. La discipline de zoologie qui les étudie s'appelle la cétologie.
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Leur chasse a également joué un rôle économique important pour de nombreux pays, mais est, à présent, très limitée.
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On a observé (par caméra) de grands cétacés jusqu'à près de 3 000 m de profondeur.
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Le substantif masculin cétacé est issu du grec ancien κῆτος [kêtos], étymologiquement « grand poisson ». Les espèces peuvent génériquement être appelées dauphin, baleine ou rorqual, en fonction de leur aspect[4]. Ces termes ne recoupent pas la classification scientifique qui distingue d'une part les cétacés à dents, taxon qui comporte des baleines (comme la baleine blanche) et des dauphins, et d'autre part les espèces de cétacés à fanons qui sont toutes, elles, qualifiées de baleines.
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Outre ces deux noms génériques, des termes spécifiques sont utilisés pour nommer ces espèces ou groupes d'espèces comme béluga, cachalot, narval, orque ou épaulard, marsouin, rorqual, jubarte, sotalie et de termes issus du latin scientifique comme hypérodon, globicéphale. Ces noms vernaculaires ne désignent pas forcément non plus un taxon précis.
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Carl von Linné avait classé les cétacés dans les plagiures, ce groupe comportait aussi les siréniens. Ce terme était utilisé depuis le XVe siècle au moins et rendait compte de leur queue très aplatie horizontalement. Il regroupait alors des animaux aquatiques, vus comme des poissons, à la queue plate, sans écailles, et avec des poumons.
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Noter que Moby Dick (roman de Herman Melville publié en 1851), un grand cachalot, par conséquent un cétacé à dents, est parfois décrit comme une « baleine blanche » dans le texte. Le titre original de la première publication à Londres est The Whale, La Baleine. Au chapitre XXXII, Cetology, Melville se livre à un état des lieux des connaissances sur la classification des baleines et décide, en désaccord avec Linné (Systema Naturae, 1776 : « désormais je ne mentionnerai plus les cétacés parmi les poissons », cité par Melville lui-même) d'appeler « poissons » les cachalots pourchassés dans son roman. Il alterne régulièrement entre les termes baleines et poissons.
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Aujourd'hui, les cétacés sont divisés en deux sous-ordres : les cétacés à fanons, appelés Mysticètes, et les cétacés à dents, appelés Odontocètes. La distinction entre les deux groupes n'est pas si simple cependant, aussi les taxonomistes se fondent sur plusieurs autres caractéristiques anatomiques pour différencier les espèces des deux groupes. Les narvals ne possèdent aucune dent visible à l'exception de deux dents qui, chez les mâles forment une ou exceptionnellement deux défenses[5]. Les grands cachalots ne possèdent pas de dents sur la mâchoire supérieure[6]. D'ailleurs le nom de genre des premiers monodons et le nom d'espèces des seconds, catodon, est à cet égard parlant.
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Le taxon regroupe dix à quatorze familles selon les auteurs, par exemple les petits cachalots forment la famille des Kogiidae ou sont regroupés avec le grand cachalot au sein des Physeteridae. Les analyses phylogénétiques effectuées dans les années 1990 montrent que les cétacés à dents et les cétacés à fanons sont bien issus de la même lignée de mammifères marins. Aujourd'hui, la position des cétacés par rapport aux Artiodactyla est vivement discutée par les scientifiques.
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Liste des familles établie d'après World Register of Marine Species (22 avril 2016)[7], Mammal Species of the World (version 3, 2005) (22 avril 2016)[8] et ITIS (22 avril 2016)[9] :
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En outre, des dizaines de genres fossiles ont été identifiés ; par exemple Ambulocetus, Pakicetus, Basilosaurus, et classés sous le sous-ordre Archaeoceti.
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Pour le parasitologue Laurent Soulier, l'étude des parasites pourrait montrer qu'au sein de chaque espèce il existerait des groupes qui se croisent sans jamais interagir entre eux, comme si ces groupes appartenaient à des espèces différentes.[réf. nécessaire]
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L'extinction Crétacé-Tertiaire il y a 66 millions d'années provoque un remaniement complet des faunes mondiales, caractérisé notamment par la disparition des dinosaures non-aviens et l'explosion radiative des mammifères placentaires. Quatre lignées de ces mammifères (Cétacés, Siréniens, Pinnipèdes et Lutrinae) qui étaient sorties des eaux retournent alors dans le milieu marin il y a environ 50 millions d’années[14]. La conquête de ce milieu s'accomplit grâce à de multiples adaptations, notamment au niveau du système de locomotion et des poumons. Revenus secondairement à la vie marine, ces mammifères (avec leurs caractéristiques : poumons, mise-bas, allaitement, pilosité, homéothermie) n'ont pas récupéré leurs anciennes branchies qui n'existent plus que sous forme de vestige embryonnaire (structures vestigiales des arcs branchiaux donnant chez les hommes la région mandibulaire, le méat acoustique de l'oreille externe, la caisse du tympan et la trompe d'Eustache de l'oreille moyenne) ; c'est leur système respiratoire pulmonaire qui s'est modifié de telle façon qu'un séjour en plongée leur soit possible (flexibilité notamment de la cage thoracique qui peut, sous l'effet de la pression, s'aplatir et comprimer l'air des poumons). Les membres antérieurs des Cétacés se transforment en palettes natatoires tandis que leurs membres postérieurs régressent[15].
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Les cétacés ont ainsi pour ancêtre un animal terrestre. L'analyse phylogénétique des gènes codant certaines protéines mitochondriales[16] les a regroupés au sein d'un même clade avec les Artiodactyles (Ongulés à doigts pairs) dans le groupe des Cetartiodactyla. Ils sont donc plus proches des ruminants que des autres mammifères marins tels que les phoques et les loutres, plus proches des ours, ou des siréniens, plus proches des éléphants. Par ailleurs, l'étude de caractères dérivés dans leur génome nucléaire (les Rétrotransposons)[17] montre que leurs plus proches parents sont les hippopotames. Une étude basée sur la morphologie remet cependant en question cette proche parenté et suggère une plus grande proximité avec les anthracothères fossiles et une évolution des hippopotames à partir d'une autre branche, au sein des Cetartiodactyla à déterminer[18]. Les cétacés auraient donc divergé très tôt des anthracothères, à l'instar des suidés et des ruminants. Il faut cependant préciser que cette étude n'a inclus que des représentants fossiles des cétacés, des archéocètes qui ne sont eux-mêmes pas ancêtres des cétacés actuels.
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Les plus anciens fossiles connus datent d'environ 60 Ma. Le taxon comprend environ 80 espèces dont plus de la moitié sont de répartition mondiale. Leur origine commune a été très discutée, mais une étude phylogénique a montré qu'ils dérivent d'une espèce commune. Les cétacés à fanons sont issus d'un groupe qui s'est différencié des cétacés à dents au cours de l'Éocène.
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Phylogénie des familles actuelles de cétartiodactyles (hors cétacés), d'après Price et al., 2005[19] et Spaulding et al., 2009[20]:
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Camelidae (chameaux, lamas...)
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Suidae (porcins)
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Tayassuidae (pécaris)
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Cetacea (cétacés)
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Hippopotamidae (hippopotames)
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Tragulidae (chevrotains)
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Antilocapridae (antilocapres)
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Giraffidae (girafes, okapi...)
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+
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Bovidae (bovins, caprins, antilopes...)
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Cervidae (cerfs, rennes...)
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Moschidae (cerfs porte-musc)
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Phylogénie des familles actuelles des cétacés modernes (néocètes) d'après Gatesy et al. (2012)[21] :
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Balaenidae (les baleines franches)
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Neobalaenidae (avec la Baleine pygmée)
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Balaenopteridae (les rorquals)
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Eschrichtiidae (avec la Baleine grise)
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Kogiidae (avec le Cachalot pygmée)
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Physeteridae (avec le Grand cachalot)
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+
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+
Platanistidae (dauphins de rivière indiens)
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+
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Ziphiidae (les « baleines à bec »)
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+
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83 |
+
Lipotidae (dauphins de rivières du Pacifique))
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84 |
+
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Iniidae (dauphins de rivière du bassin amazonien)
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+
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Pontoporiidae (avec le Dauphin de la Plata)
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+
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Delphinidae (les dauphins océaniques)
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+
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Monodontidae (avec le Bélouga et le Narval)
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Phocoenidae (les marsouins)
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+
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Eubalaena glacialis (Balaenidae).
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Megaptera novaeangliae (Balaenopteridae).
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Eschrichtius robustus (Eschrichtiidae).
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Caperea marginata (Neobalaenidae).
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Tursiops truncatus (Delphinidae).
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Inia geoffrensis (Iniidae).
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Kogia sima (Kogiidae).
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Lipotes vexillifer (Lipotidae).
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Delphinapterus leucas (Monodontidae).
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Phocoenoides dalli (Phocoenidae).
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Physeter macrocephalus (Physeteridae).
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Platanista gangetica (Platanistidae).
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Pontoporia blainvillei (Pontoporiidae).
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Mesoplodon bidens (Ziphiidae).
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Squelette de Xiphiacetus (espèce fossile).
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Les cétacés partagent tous un certain nombre de caractères morphologiques, un corps lisse et fuselé, ce qui facilite la pénétration dans l'eau, un système pileux quasi inexistant, l'absence de griffes, pas d'oreilles externes et le conduit auditif est fermé[3]. Les membres antérieurs et la queue des cétacés ont évolué en nageoires. La nageoire caudale appelée palette, très puissante, est horizontale, contrairement à celles des poissons. Elle assure la propulsion tandis que les nageoires latérales assurent l'équilibre et le maintien de la direction. L'aileron dorsal fait office de stabilisateur comme la quille d'un bateau. Comme les autres mammifères, les cétacés respirent à l'aide de poumons et doivent régulièrement faire surface pour respirer avec leur évent situé au sommet du crâne.
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Le dimorphisme sexuel observé pour ces espèces est principalement lié à la taille, les mâles odontocètes sont en général plus grands que les femelles, mais ce n'est pas le cas par exemple chez les botos[22] et chez la plupart des mysticètes dont la baleine bleue[23]. Les mâles de certaines espèces d'odontocètes, comme les Ziphiidae ou surtout le narval, possèdent une dentition différente des femelles[3].
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La livrée des cétacés est adaptée au mode de vie de l'animal. Elle peut être asymétrique gauche-droite comme pour le rorqual commun. Pour plusieurs espèces, elle permet de reconnaître les spécimens. La plupart des cétacés océaniques ont le dos foncé et le ventre blanc, de façon que les proies et les prédateurs les confondent avec le fond de la mer lorsqu'ils les voient de dessus et ne voient qu'un reflet de la surface de l'eau lorsqu'ils les voient par-dessous.
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Des caractéristiques morphologiques permettent de reconnaitre les espèces, voire les individus, cependant l'observation des cétacés est difficile, du fait de leur vitesse et de leur méfiance vis-à-vis de l'homme. Les analyses génétiques permettent de résoudre cette difficulté : en effet, à chaque plongeon les cétacés laissent des squams, des résidus huileux ou des excréments qui flottent. Ceux-ci peuvent être analysés. Les espèces peuvent également être identifiées par leurs chants, toutes les espèces ne produisant pas des vocalises identiques.
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Les spécimens de certaines espèces peuvent être facilement reconnus par les taches sur leur peau. Ainsi les spécimens de certaines espèces peuvent être reconnus uniquement par les taches sur leur nageoire caudale. Les baleines les plus grandes peuvent être aussi reconnues par la forme de l'implantation des balanes sur leur peau ou la forme de leurs nageoires. Les marques sur la peau, souvent présentes chez les mâles car résultant de combats, permettent aussi d'identifier les individus.
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Selon Alexey V. Yablokov, la livrée des cétacés est liée à leur mode de vie, ainsi les cétacés aux livrées plus ou moins uniformes seraient planctophages, les livrées des espèces au ventral dégradé clair seraient sociales et les espèces aux livrées contrastées seraient des chasseurs.
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Les cétacés possèdent deux « nageoires » pectorales (ce sont en fait des palettes natatoires issues de la transformation des membres antérieurs osseux des ancêtres des cétacés, mammifères terrestres), une nageoire dorsale ou aileron et une nageoire caudale ou queue remplaçant les membres postérieurs disparus. Nageoires pectorales et caudales rappellent que les ancêtres des baleines étaient des mammifères quadrupèdes dont les espèces fossiles ont été regroupées dans un micro-ordre distinct, les archéocètes (mammifères aux mœurs amphibies qui vivaient comme des hippopotames)[24]. Les nageoires pectorales permettent aux cétacés de s'orienter et de s'équilibrer[25]. Il semble que la nageoire dorsale permette une plus grande efficacité dans les mouvements. les nageoires dorsales assurent la propulsion. Les nageoires dorsales de certains épaulards mâles peuvent dépasser deux mètres. Megaptera novaeangliae dispose quant à elle des plus grandes nageoires pectorales, celles-ci peuvent atteindre le tiers de leurs corps[26].
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La progression est due à la pression sur l'eau d'une nageoire caudale de forme homocerque. Celle-ci est orientée horizontalement (alors qu'elle est verticale chez les poissons osseux et cartilagineux). La pression de la queue sur l'eau est exercée verticalement, le sens de mouvement de cette nageoire favoriserait les déplacements de ces animaux du fond vers la surface et inversement. Le marsouin de Dall, un des cétacés les plus rapides, a été mesuré à 55 km/h[27], l'orque pourrait l'être encore plus. Hormis les siréniens, les autres mammifères marins ne possèdent pas de queue qui permette le mouvement.
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Les cétacés doivent remonter à la surface pour respirer, y compris lorsqu'ils dorment. Leurs phases de sommeil sont courtes, environ un quart d'heure et s'étalent sur toute la journée, mais certains cétacés peuvent être observés inactifs en mer durant de longues périodes. Les cétacés semblent ne jamais entrer en sommeil paradoxal[28] car on suppose qu'ils doivent garder du tonus musculaire pour assurer qu'un mouvement permettant la respiration soit possible. Chez certaines espèces de cétacés, ainsi que chez certaines espèces d'oiseaux, chaque hémisphère cérébral assure à son tour cette fonction[29], le sommeil est unilatéral[30].
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Le sens[31] le plus développé chez les cétacés est l'audition, particulièrement chez les cétacés à dents qui sont dotés de la fonction d'écholocation, sorte de sonar naturel. Diverses mutations dans les domaines transmembranaires et cytosoliques de la prestine, protéine très abondante dans la paroi de certains cils de l'oreille interne ont été rapportées chez différentes espèces de Chiroptères et se sont révélées convergentes avec celles observées chez le grand dauphin[32]. Cependant, la démonstration fonctionnelle de l'implication de ces mutations dans le mécanisme de l'écholocalisation n'a pour l'instant pas été apportée. Les odontocètes émettent des clics d'écholocation dont une partie est réfléchie par les obstacles. L'analyse de ces retours leur donne une sorte d'image acoustique de leur environnement. La présence de ce type de sens est beaucoup moins développée chez les baleines à fanons, mais des signes semblent montrer qu'elles n'en sont pas dépourvues.
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Leur vue n'est pas mauvaise, même si elle n'est pas leur sens principal. Elle est beaucoup plus mauvaise pour les dauphins de rivières, certaines espèces sont même presque aveugles, pour les autres, elle est efficace sous l'eau ou hors de l'eau. Certains cétacés sortent la tête de l'eau pour observer les oiseaux et en déduire où se trouvent les bancs de poissons. Les cétacés des delphinariums sont capables de localiser des objets à plusieurs mètres au-dessus du niveau de l'eau et de s'en saisir. Les odontocètes semblent avoir perdu leur odorat, mais il est présent chez les mysticètes. Si les chémorécepteurs comme l'organe de Jacobson sont atrophiés chez les mysticètes et absents chez les odontocètes, ils sont dotés de bulbes olfactifs, permettant au cétacés à fanons de détecter le krill[33].
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Ce sens est compensé par un sens du goût, ainsi les grands dauphins sont capables de détecter par exemple des phéromones, des poissons... Ce même dauphin, s'il semble posséder moins de récepteurs chimiques permettant le goût, est, en revanche, plus sensible aux variations de salinité et surtout d'amertume.
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Si toutes les espèces naissent avec des poils sur leurs rostres, seules certaines espèces de mysticètes gardent des vibrisses à l'âge adulte. En revanche toutes ces espèces ressentent les contacts, la chaleur, leur position relative dans l'espace.
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Une hypothèse appuyée sur de nombreux indices, mais encore à préciser est que les cétacés disposent d'un sens magnétique analogue à celui des oiseaux ou des tortues marines[34]. De la magnétite a en effet été trouvée, connectée à des neurones dans leur dure-mère[34]. Ils l'utiliseraient pour migrer sur de longues distances. Les relevés par satellite des baleines à bosse au large de l'archipel d'Hawaï montre que les trajectoires de ces dernières suivent le nord magnétique avec une grande précision. Certains expliquent par des erreurs dues à ce sens, les échouages, régulièrement observés (depuis l'Antiquité au moins). Dans un certain nombre de cas, une corrélation a été trouvée entre anomalies magnétiques au sol et zones fréquente d'échouage. Dans certains cas et/ou chez certains individus, la pollution et/ou des interférences liées à l'activité solaire pourraient provoquer une méprise magnétique et provoquer des échouages[34].
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Les ancêtres des cétacés, en quelques millions d'années se sont adaptés du milieu terrestre au milieu marin. À partir d'une morphologie terrestre proche des artiodactyles, ils ont perdu certaines caractéristiques pour en gagner d'autres[31]. Comme chez les ruminants et autres ongulés, les cétacés possèdent trois bronches, trois poches stomacales, pas de clavicule, etc[3]. Mais les adaptations au milieu aquatique comme celle du squelette et surtout les adaptations liées aux sens et celles liées aux capacités hyperbares pour certaines espèces sont très originales. On peut tout de même citer l'absence de glande sébacée, la présence d'une couche de graisse importante, les poumons et le foie non lobés, un diaphragme oblique[3]... L'étude de l'anatomie des grandes espèces est particulièrement malaisée du fait de la taille imposante des animaux et donc des organes, le cœur d'une baleine bleue adulte pèse plus de 500 kilogrammes.
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+
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Les nageoires pectorales sont le résultat de l'évolution des membres supérieurs des cétacés, à ce titre, elle contiennent des os internes qui rappellent les os des pattes des mammifères terrestres. Les autres nageoires, dorsale ou caudale, sont en revanche dépourvues d'os et de muscles mais sont constituées de tissus fibreux rigides extrêmement solides. Les tissus de la nageoire caudale sont enveloppés de ligaments inextensibles et très solides attachés aux vertèbres.
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Le génome des cétacés est diploïde, ils ont 42 ou 44 chromosomes[3].
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Le système respiratoire et circulatoire des cétacés est remarquablement efficace. Il doit répondre à deux objectifs pour la majorité des espèces, à savoir assurer des plongées les plus longues possible et de supporter des pressions élevées. Les performances mesurées au sein de ce taxon sont cependant très variées, les dauphins dulçaquicoles n'ont en effet pas besoin de descendre très profondément et donc pas besoin de plonger longtemps. La plus longue plongée enregistrée pour un sousouc n'est que de 180 secondes[35] ainsi que de 460 secondes pour une orque mais de 3 780 secondes pour une baleine boréale[36], soit 21 fois plus longtemps que pour le sousouc.
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La trachée et les bronches sont séparées, ce qui implique que les cétacés ne peuvent respirer que par les évents. La respiration est contrôlée et volontaire et non pas réflexe, si l'animal est anesthésié sans ventilation pulmonaire active ou ses évents bouchés, il meurt. Ils peuvent respirer relativement vite, un grand dauphin respire trois fois par minute. L'évent est partiellement fermé pendant les expirations et grand ouvert pendant les inspirations. Les expirations expulsent de l'air chaud, mêlé de vapeur d'eau, ce qui en région froide, produit des panaches visibles de loin à cause de la condensation de l'eau. Les cétacés utilisent 80 à 90 % de leur volume pulmonaire, contre 10 à 15 % environ pour l'homme, ce qui leur permet d'extraire 12 % de l'oxygène qu'ils inhalent contre 4 %, classiquement chez les mammifères terrestres.
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Le volume sanguin des cétacés est élevé puisqu'il représente 15 % du poids de leur corps, contre 7 % chez les humains. En outre, il dispose de deux fois plus d'hématies et de myoglobines[3] que ces derniers. Ils sont également capables de contrôler l'alimentation en oxygène des organes non vitaux comme les intestins[3]. La fréquence de battements de cœur de certains d'entre eux baisse à 80 par minute en plongée[3].
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Le Rete mirabile est bien développé comme pour tous les mammifères marins. Il l'est surtout dans la cage thoracique où il forme un plexus sous la plèvre, entre les côtes et de chaque côté de la colonne vertébrale. Il est également développé dans l'aire à la base du crâne[3]. Les dispositions et mécanismes des veines et artères autour du cœur, qui est relativement aplati, ont pour but de ralentir le retour du sang veineux et donc de réduire la fréquence de battement.
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En général, les mammifères marins ont proportionnellement des plus petits poumons que les autres mammifères, ceux des cétacés sont particulièrement élastiques et placés dorsalement dans la cage thoracique. Ils reposent sur un diaphragme plus long et placé plus horizontalement que chez les autres mammifères. Ils plongent donc avec relativement peu d'air en comparaison de leur volume total. Il plongent d'autant plus facilement que leur masse volumique est plus élevée sans un grand volume d'air. Les humains qui plongent en utilisant des bouteilles, malgré leur lourd équipement, doivent ajouter des plombs à leurs accessoires pour arriver à descendre. Lors de la descente, l'air vicié repasse du sang aux poumons, évitant aux gaz de stationner dans le système sanguin. Ils expirent donc dans l'eau lors de la plongée pour évacuer les surplus de gaz. Il semblerait que les grands cachalots sécrètent également une « huile » fixant l'azote du sang[réf. nécessaire]. Ainsi, ils ne craignent donc ni l'ivresse des profondeurs et ne sont que rarement victimes d'accidents de décompression.
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Comme chez les plongeurs professionnels humains, on peut observer une ostéonécrose c'est-à-dire une nécrose des tissus cartilagineux au niveau des articulations. C'est une conséquence de l'accumulation de l'azote qui provoque de minuscules accidents de décompression[37]. Certains experts estiment que les grands cachalots qui peuvent plonger à plus de 2 500 mètres pendant plusieurs heures observent des paliers de décompression.
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Les modifications au niveau du squelette sont nettement visibles et sont analogues sur plusieurs points à celles des siréniens, mais il s'agit d'une convergence évolutive[réf. nécessaire]. Le rôle du squelette, n'est pas de porter le corps, mais de servir de support aux ligaments. Le poids moyen de leur squelette a été évalué à 17 % soit un peu plus que ceux des hommes, évalué à 15 %, mais moins que ceux des éléphants, évalué à 20 %.
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Les membres pelviens sont considérablement réduits : il ne reste plus que quelques os pelviens résiduels auxquels est relié le muscle ischio-caverneux qui maintient le pénis en place à l'intérieur de la fente génitale chez les mâles. Ce muscle est analogue à celui retrouvé chez les autres mammifères dont, entre autres, les ongulés et l'Homme. En revanche, les membres thoraciques sont conservés, quoique atrophiés, et l'on retrouve la scapula (« omoplate » de l'Homme), l'humérus, le radius, l'ulna (anciennement « cubitus »), les os du carpe, les métacarpes et les phalanges qui se sont multipliées, on parle d'hyperphalangie. Les membres supérieurs ne sont pas mobiles les uns vis-à-vis les autres à part pour l'épaule. La clavicule est absente comme elle l'est chez les autres ongulés[3]. Le tout forme une nageoire pectorale, équivalente à celle des poissons et dont le rôle n'est pas la propulsion mais le maintien de l'équilibre dans l'espace et la direction des mouvements. Les autres nageoires ne sont pas ossifiées.
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Parmi les autres caractéristiques observées, on observe un cou court et peu flexible, les vertèbres sacrées n'ont pas fusionné.
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C'est au niveau du crâne que l'on différencie principalement les odontocètes des mysticètes : ces derniers ont un crâne symétrique. Les os de la face (maxillaire, incisif, mandibule, etc.) se sont allongés et se télescopent avec les os du crâne sur la face dorsale du crâne pour former ce que l'on appelle l'évent, issu de la migration sur la face dorsale des narines osseuses au cours de l'Oligocène.
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Les côtes sont très fines voir absentes, sauf chez la baleine pygmée[31]. Cette adaptation confère un avantage important pour les plongées profondes[31]. Le nombre de phalanges dépend des espèces mais est toutefois important, permettant de rigidifier les nageoires pectorales de grande taille[31].
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Il n'y a pas d'os dans les nageoires dorsale et caudale en revanche, les nageoires pectorales en contiennent et ils sont les homologues de ceux, par exemple, de la main humaine. De très rares spécimens disposent d'embryons de nageoires à moitié arrière du corps, parallèlement aux nageoires pectorales, ce sont, selon la théorie de l'évolution, des vestiges des membres arrière, peu à peu atrophiés au fil des générations.
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L'attache des muscles dorsaux au squelette varie énormément entre les différentes familles, c'est un des critères possibles d'identification de celles-ci.
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La chair est particulièrement foncée, car les muscles sont riches en myoglobine. La musculature est particulièrement développée puisqu'elle représente 40 % de la masse corporelle de la baleine bleue et 54 % du rorqual boréal[31]. L'organisation de la musculature est foncièrement différente de celle des autres mammifères, les muscles peauciers peuvent être réduits mais leur masse peut être importante.
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La peau est composée de quatre couches dont les épaisseurs sont différentes de celle des autres mammifères. La couche épidermique des cétacés atteint 2 à 4 millimètres en moyenne, et 12 millimètres chez le bélouga. L'épiderme est composé de tissu conjonctif dense et est en général dépourvu de follicules pileux et de glandes sébacées. Certaines zones, pour certaines espèces, sont encore équipées de poils sensibles. La couche épidermique est fine, lisse et élastique et exsude de l'huile qui augmente leur hydrodynamisme. Cette adaptation est également présente chez de nombreux poissons. Ainsi les mysticètes peuvent atteindre des vitesses de 26 km/h et les odontocètes des vitesses supérieures à 30 km/h[3]. Le paradoxe de James Gray, qui stipule que les muscles des cétacés sont insuffisamment puissants pour permettre à ceux-ci de se déplacer aux vitesses observées est aujourd'hui caduc[39], les muscles le sont. Plusieurs hypothèses pour expliquer l'inadéquation musculaire supposée à leur vitesse réelle ont été formées. L'une d'elles proposait qu'il se formait à la surface de la peau une multitude de rides minuscules qui dirigent le flux de l'eau en évitant la création de micro-turbulences qui freineraient ces animaux, permettant de conserver un écoulement régulier de l'eau favorisant un glissement dans l'eau avec peu d'efforts.
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Le derme est composé de tissus conjonctifs d'une épaisseur formée par quelques cellules. L'hypoderme est lui plus épais, il est poreux et inextensible[31]. La concentration en graisse y est importante, ainsi l'hypoderme de la Baleine Bleue est constitué de 62 % de graisse soit 15 à 20 tonnes au total[31]. La proportion en graisse varie entre les couches extérieures et les couches intérieures. La quantité de graisse varie elle en fonction des saisons, des migrations, de la quantité de nourriture disponible. Comme chez les autres mammifères, cette couche sert de réserve énergétique. C'est dans cette couche que l'on retrouve les grandes accumulations de certains polluants (liposolubles) auxquels sont soumis les cétacés (PCB, dioxines, furanes, certains pesticides et autres organochlorés[40]). Cette couche contient des tissus conjonctifs intermédiaires et est très vascularisée. Ce système permet aux cétacés de contrôler leur température interne. La quatrième couche, le Stratum germinativum est constituée d'un Épithélium pavimenteux et les mélanocytes y sont fixés.
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La peau des cétacés est aussi sensible au toucher.
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Lorsqu'ils remontent près de la surface, la peau des cétacés est sensible, comme toutes les peaux des mammifères sans fourrure, aux rayons du Soleil. Des études scientifiques menées sur des baleines bleues, des grands cachalots et des rorquals communs ont révélé en 2010 que certaines lésions cutanées font suite à un coup de soleil, sans que néanmoins des cancers de la peau aient pu être observés[41]. Sur la courte durée des observations, ces lésions semblent être en augmentation. Aucune explication précise n'est à ce jour fournie, la réduction de la couche d'ozone est une des causes possibles[41].
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L'eau de mer est un milieu hypertonique, c'est-à-dire que les cellules des organismes marins doivent sans cesse lutter contre la perte naturelle de leur eau. Cette lutte nécessite une adaptation au moins aussi poussée que celle des mammifères vivant dans les zones très arides[42]. Il existe assez peu d'études sur ce sujet pour ces animaux[42].
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La concentration en sel dans leur urine est supérieure à celle de l'eau de mer. Les cétacés boivent cependant très peu d'eau de mer, selon une étude de 1970, entre 4,5 et 13 ml par kg et par jour[42]. Ces espèces ne règlent pas leur concentration interne en sels par l'absorption de l'eau de mer[42]. Même les espèces vivant en eau douce gardent la capacité à augmenter la salinité de leur urine en réponse à un stimulus hypertonique.
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Seuls parmi les mammifères, les reins des cétacés, des pinnipèdes, des loutres ou des ours ont une structure réniculée[42]. Ces reins sont constitués d'une multitude de petits lobes qui contiennent des tissus corticaux et une pyramide rénale insérée dans un seul calice. La structure des reins ne permet pas d'expliquer leur performance, la raison de leur performance est vraisemblablement due au mécanisme de régulation hormonale de la concentration d'urine[42].
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Les cétacés sont carnivores pourtant leur système digestif ressemble à ceux des ruminants du sous-ordre des Sélénodontes, il possède trois poches[3]. Ils n'ont pas de vésicule biliaire[3]. Le foie est non lobé.
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La première poche stomacale est un assez grand et musculeux estomac mécanique qui broie les aliments. Cela est d'autant plus nécessaire que leurs dents, quand ils en ont, ne sont pas destinées à broyer la nourriture.
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La seconde poche est la plus grande, les sucs digestifs commençant à dissoudre la nourriture.
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L'estomac pylorique est le plus petit des trois estomacs, commence là l'assimilation des substances nutritives. Cet estomac est suivi d'une ampoule duodénale, puis du duodénum.
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Les organes génitaux sont internes, situés derrière la fente génitale, chez les mâles comme les femelles si bien qu'il est parfois difficile de distinguer le sexe des spécimens. Les testicules des mâles sont également dans cette poche. L'utérus des femelles est constitué de deux parties comme chez les autres ongulés et les carnivores, les mamelles, plates, élongées et extractibles, se trouvent près de la fente génitale. Le placenta est épithéliochorial[3].
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Chez les femelles des cétacés, contrairement aux autres mammifères, les corps blancs ne disparaissent pas et témoignent de l'histoire reproductive de chaque animal. Les cétologues peuvent ainsi estimer le nombre de gestations d'un cétacé.
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La couche de graisse sous-cutanée, généralement très épaisse, permet d'éviter la déperdition de chaleur, épouse la forme du corps et équilibre le poids de ce dernier, augmente la flottabilité. Le pannicule de certaines baleines peut atteindre 30 cm.
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Les cétacés n'ont plus d'oreilles externes mais se servent, en plus des osselets habituels aux mammifères, de petits os dans la mandibule qui transmettent les sons grâce au coussin adipeux qui entoure l'os tympanique. L'oreille interne est isolée par une ampoule contenant de l'air. Les variations de densité de toutes ces structures indiquent à l'animal d'où vient le son. Le nombre de cellules qui innervent l'oreille — deux ou trois fois plus élevé que chez l'homme — et la taille importante du nerf auditif indiquent que les cétacés parviennent très bien à discriminer les tons et les ondes sonores à haute fréquence et surtout le lieu de leur provenance.
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Les cétacés peuvent produire un grand nombre de sons destinés à communiquer comme la production de bulles, de sifflements, de bruit de battements de nageoire, de vocalises et de trombes avec leur évents, mais pas seulement pour communiquer. Le sonar nécessite l'émission de cliquetis pour fonctionner. Le grand cachalot et l'orque ainsi que quelques espèces de dauphins sont capables d'étourdir et de paralyser les poissons et les calmars avec de puissantes ondes sonores.
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Les yeux des cétacés n'ont pas de canal lacrymal mais sont protégés par une huile sécrétée par des glandes situées près des paupières ; celles-ci sont épaisses et souvent peu mobiles[43]. Les yeux sont souvent petits par rapport à la taille de l'animal en comparaison de ceux des primates par exemple. La sclère est très épaisse, particulièrement à l'arrière de l'œil dans la zone du nerf optique ce qui réduit encore le volume du globe oculaire et donc l'acuité visuelle. Le cristallin est presque sphérique.
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L'arrière de la rétine est constitué d'un tapetum lucidum, de type cellulosum choroïdien, une zone richement vascularisée qui permet d'accroitre la quantité de lumière qui se dirige vers la rétine, autrement dit cela accroit la vision dans l'obscurité. La rétine contient des cônes et des bâtonnets, ce qui leur permet de détecter les couleurs, mais les cônes ne représentent que 1 % des photo-récepteurs et ceux sensibles aux faibles longueurs d'onde ont disparu. Bien que cette question soit sujette à controverse[44], la vision des couleurs ne leur est certainement possible que dans certaines circonstances. Tous les cétacés étudiés, comme les phoques ont perdu certains pigments rétiniens au cours de l'évolution, ce qui fait que pour eux, l'eau n'apparait pas bleue[45]. Les phoques et les baleines étant deux groupes taxonomiques assez éloignés, le fait qu'ils soient tous deux touchés plaide à la fois pour une évolution convergente et un avantage adaptatif de ce trait dans l'environnement visuel marin[45].
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Les yeux sont disposés latéralement ce qui rend la vision stéréoscopique impossible pour certaines espèces. Les Delphinidae peuvent bouger, tel les caméléons leurs yeux indépendamment[46]. Les grands dauphins peuvent même focaliser leurs yeux et les zones de chevauchement leur permettraient de percevoir les objets en relief[46].
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Mais, même si ce n'est pas leur organe sensoriel principal, ils n'en sont pas pour autant atrophiés. Le grand Dauphin sait même adapter sa vision hors de l'eau de sorte[44] qu'en observant le vol des oiseaux de mer, il peut repérer les bancs de poissons.
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Le cerveau des cétacés est très performant. Avec les éléphants[47] et les primates[48], les cétacés font partie des rares animaux dont la conscience d'eux-mêmes a été scientifiquement mise en évidence. Les expériences sur le grand dauphin montrent qu'ils sont également capables de se mettre à la place d'un humain, d'apprendre, d'inventer mais ils ont également conscience de leurs propres états de la connaissance (métacognition)[49]. D'autre part, on sait que les cétacés sont capables de communiquer, que tous les groupes d'une même espèce n'utilisent pas forcément les mêmes signaux, y compris vocaux, pour communiquer[50], de maîtriser une grammaire[51] et même, pour certaines espèces au moins, de pouvoir nommer par vocalise un partenaire. Le cerveau des cétacés a évolué alors qu'ils étaient déjà mammifères marins, d'une façon indépendante de celui des primates depuis 95 Ma[52] et il est donc remarquable qu'il permette des performances comparables à celles des primates sur ces points. C'est un remarquable exemple de convergence évolutive.
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En fait le néocortex des cétacés surpasse par son degré de gyrification celui de tous les autres mammifères, y compris des humains. L'épaisseur des différentes couches du néocortex diffère cependant de celle des primates, la I et la IV sont plus minces, la II plus dense. En fait la connectivité intra-hémisphérique semble favorisée[53] chez les cachalots par exemple. Le cerveau des cétacés se caractérise aussi par la forte densité des cellules gliales[53]. Ceci rend les cerveaux des cétacés très différents de ceux des espèces terrestres même si, curieusement les corticaux préfrontaux responsables des fonctions cognitives élevées comme l'attention, le jugement, l'intuition, et la conscience sociale, sont à la même position que ceux des primates[53].
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De nombreux exemples d'entraide pour la pêche ont été observés, témoignant de l'opportunisme et de l'intelligence de ces espèces. Ainsi des baleines à bosse collaborent entre elles pour rabattre des bancs de poissons avec l'aide de thons, des grands dauphins collaborent avec des humains sur les plages du Sénégal. Ces mêmes dauphins peuvent collaborer avec des goélands pour les mêmes raisons. Quelques espèces mutualistes se nourrissent des ectoparasites par exemple le poisson nettoyeur appelé capucette barré consomme les « poux de baleines » des baleines grises.
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Les cétacés sont hôtes de très nombreuses espèces de parasites, internes ou externes. Ils peuvent être cleptoparasite ou quelquefois victimes de ces pratiques du fait par exemple des oiseaux de mer, de rémoras ou de poissons-pilotes bien que leur intelligence les protège quelque peu. Les parasites seraient responsables de la mort de 25 % des cétacés de Méditerranée. Non pas qu'ils tuent directement leur hôtes, seuls certains parasites particulièrement pathogènes le font, mais leur prolifération devient pathologique sur les animaux faibles ou immunodéprimés[55], ce qui finit par les tuer.
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Des cestodes Tetrabothrium et Diplogonoporus parasitent leurs intestins, des plérocercoïdes Phyllobothrium et Monorygma parasitent leur péritoine et leur peau, des trématodes comme ceux des genres Bolbosoma et Corynosoma parasitent leurs estomacs, leur foie, leurs intestins, leurs sinus, des vers acanthocéphales parasitent leurs intestins, des nématodes comme ceux des genres Anisakis, Crassicauda, et Placentonema parasitent également leurs estomacs et leurs voies génitales. Les voies respiratoires sont parasitées par des nématodes de la famille Pseudaliidae.
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Certains des parasites externes sont de grande taille comme le squalelet féroce ou les lamproies. Certains crustacés parasites, Rhizocephala et copépodes dont Balaenophilus unisetus et les Pennella, colonisent leur peau et leur graisse. Des nématodes comme Odontobius ceti, des protozoaires vivent également sur la peau. Des crustacés amphipodes dits « poux de baleine », les Cyamidae consomment la peau des cétacés sur lesquels ils vivent (ou les parties blessées purulentes). Ils sont rares chez les dauphins et étaient très nombreux autrefois sur les baleines, surtout en été. Ils se déplacent en s'encrant profondément dans la peau au moyen de leurs longues griffes. La diatomée Cocconeis ceticola, qui n'est pas a proprement parler un parasite provoque des plaques de couleurs sur la peau.
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Les balanes de genre Coronula et Conchoderma par exemple se fixent sur la peau, voire les fanons des espèces les plus grandes. Ce ne sont pas à proprement parler des parasites, ils ne semblent pas occasionner de désavantage à ces baleines[56].
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L'analyse de ces parasites donne aux scientifiques des informations sur l'espèce hôte et des informations biogéographiques[55].
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Les cétacés ont peu de prédateurs naturels.
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Disparu il y a 1,6 Ma, le plus grand requin ayant jamais existé le mégalodon a pu être un prédateur de cétacés, des traces de dents ont été découverts sur des fossiles de diverses baleines. Aujourd'hui, tous les cétacés sont susceptibles de subir des attaques d'orque, ceux-ci attaquent même les juvéniles de baleines bleues en les noyant. Les grands requins tels que le requin tigre ou le requin blanc sont également des prédateurs possibles. Les morses ainsi que l'ours polaire sont occasionnellement prédateurs de cétacés, principalement des bélougas ou des narvals. Les cétacés à fanon ont pour principale défense leur masse, qui généralement dissuade les prédateurs, cependant un requin des grandes profondeurs (-1 000 à −4 000 m), dit requin emporte-pièce, rarement observé a une forme de bouche et de mâchoire qui lui permet de prélever des morceaux de chair de grands cétacés, durant leurs migrations. Ses morsures habituellement non-mortelles laissent des cicatrices « en cratères » (un rorqual boréal avait 138 de ces cicatrices)[57]. Face à leurs prédateurs naturels, les odontocètes comptent davantage sur la cohérence de leur groupe, sur leur vitesse et sur leur agilité.
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Les humains restent le prédateur le plus redoutable des cétacés, que cette chasse soit artisanale ou industrielle.
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Les petits cétacés ont été chassés pour leur viande, et en tant que concurrents de la pêche ou parce qu'ils faisaient des dégâts dans les filets en s'y prenant accidentellement ou en cherchant à y manger des poissons[58], ce qui les a fait considérer comme nuisibles par certains.
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Dans les années 1920, l'ichtyologiste Le Gall (Agrégé de l'Université, Directeur du laboratoire de l'office scientifique et technique des pêches maritimes de Boulogne-sur-mer, et correspondant du CIEM, en Poste à Boulogne sur mer), pouvait ainsi écrire que les pêcheries sardinières de l'Atlantique « redoutent, avec juste raison, les visites dangereuses que leur font les nombreux Cétacés delphinidés (Dauphins, marsouins, etc.) attirés sur nos côtes pendant les mois d'été par la présence des bancs de sardines. Ces Mammifères, désignés par les pêcheurs sous le nom général de Bélugas (nom inexact (…)), commettent de tels dégâts dans les pêcheries que les pouvoirs publics s'en sont émus et que diverses tentatives ont été faites, sans grand résultat d'ailleurs, pour essayer de s'en débarrasser. Jusqu'ici, seuls l'emploi du fusil et de la mitraille semblent avoir donné des résultats assez appréciables. Mais dans ce cas, l'animal blessé ou tué s'enfuit ou coule et involontairement les pêcheurs laissent s'échapper une bonne aubaine »[58].
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La chair du marsouin, foncée et dotée d'un goût assez fort a été prisée durant plusieurs siècles, par toutes les classes sociales, vendue salée, fumée ou fraiche sur les marchés[58]. La langue, le filet, la cervelle, le foie et les rognons ont été particulièrement appréciés[58]. Tombée en désuétude en France, elle était encore au début du XXe siècle appréciée et consommée en Angleterre, en Italie, aux États-Unis, dont sous forme de conserves de Cétacés au Canada[58]. Le Gall disait ceci de la défaveur récemment faite à la viande de marsouin en France : « injustifiée », elle « doit donc disparaître, la chair du marsouin doit retrouver sur le marché aux poissons la place qu'elle occupait autrefois, et ce serait peut-être le meilleur moyen d'atténuer la pullulation de ces hôtes indésirés. Le pêcheur alléché par l'attrait non seulement d'une prime, mais encore d'une vente certaine, n'hésiterait pas à se livrer à la chasse du Cétacé et, directement intéressé, s'occuperait bien vite des meilleurs moyens pour le capturer »[58]. Il recommande pour cela l'emploi de la senne tournante à grandes mailles et surtout le fusil lance-harpon inventé en Norvège par M Krohnstad[59] en 1923 et testé avec succès en 1924[58].
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Les cétacés peuvent être victimes de séquelles de l'ingestion de plastique[60] et porteurs nombreux types de blessures, susceptibles de s'infecter ou de se surinfecter (combats contre des orques ou requins, capture dans des filets, blessures dues à des hélices de bateaux[61] ou à des collisions avec des bateaux[62]...) et certaines pathologies de cétacés semblent en augmentation, notamment en raison de la pollution marine et/ou de manque de nourriture dans les zones de surpêche[63],[63].
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Des Cétacés (dauphins notamment) porteurs de lésions cutanées[64], de divers malformations[65],[66] (parfois dues à des mutations), abcès[67], d'angiomes et hémangiomes[68] et de plusieurs types de cancers et métastases ont été observés de par le monde (néoplasies[69], séminomes[70], phéochromocytome, lymphomes[71]...)[63]. En tant que superprédateurs, ils sont exposés à la bioconcentration dans le réseau trophique de nombreux polluants.
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Un Morbillivirus semblable à la maladie de Carré, au début des années 1990 a causé en Méditerranée une épidémie qui a tué en masse les odontocètes, en particulier les dauphins bleu et blanc. Il semble que cette surmortalité a été causée par l'accumulation de plusieurs maladies dues à de mauvaises conditions climatiques, à une fragilisation des organismes liée aux pollutions chimiques, à une diminution des ressources alimentaires. D'autres virus comme des Adenovirus, des Poxviridae, des Hepadnavirus, des Herpesviridae et grippes peuvent être transmis à l'homme et mortels, pour eux ou pour nous. De même, les cétacés peuvent également être porteurs de virus moins dangereux comme des Calicivirus, des Papillomavirus, Picornavirus et Morbillivirus.
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Les cétacés semblent sensibles à la bactérie Erysipelothrix rhusiopathiae[72]. Brucella maris est pathogène pour l'ensemble des mammifères marins. Plusieurs Vibrio et Pseudomonas pseudomallei sont des bactéries pouvant causer des zoonoses.
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Parce qu'ils sont susceptibles de transmettre leurs maladies ou d'attraper les nôtres (mycoses notamment[73]), ce qui pourrait avoir dans un sens comme dans l'autre des conséquences imprévisibles, il est recommandé de ne pas toucher les cétacés[74], pas plus d'ailleurs que pour tout autre animal sauvage, même si celui-ci vient vers vous.
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Comme chez les autres mammifères, les cas d'hybridation naturelle semblent rares chez les cétacés, en comparaison de ceux observés chez les oiseaux par exemple. Quelques cas d'hybridations spontanées ou induites par une présence commune en delphinarium sont cependant connus. Une étude a confirmé que des femelles marsouins de Dall peuvent occasionnellement s'hybrider avec des marsouins commun, ces accouplements semblent dépendre principalement de facteurs écologiques provoquant un isolement reproductif qui pousse les mâles à poursuivre les femelles[75]. En 2008, un hybride de rorqual et de baleine à bosse aurait été observé puis photographiée à Rurutu (Polynésie)[76].
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Plusieurs whalphins issus d'une fausse orque (Pseudorca crassidens) et d'un grand dauphin (Tursiops truncatus) sont nés en captivité.
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Le comportement des cétacés est d'une façon générale mal connu, du fait de leur crainte de l'homme, de leur extrême mobilité et, pour les espèces marines au moins, de leur environnement peu favorable à la présence de l'homme. Les cétacés sont les seuls amniotes, avec les siréniens, à vivre tout leur cycle de vie dans l'eau, les autres espèces aquatiques de ce groupe, comme les manchots, les crocodiliens ou les phoques doivent au moins revenir à terre pour faire naitre leur petit, et que les hippopotames amphibies, dont la parturition est aquatique, doivent retourner à terre pour se nourrir.
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La plupart des espèces de cétacés sont grégaires, et ils chassent souvent en groupe[77], le nombre d'individus dans les groupes — aussi appelés pods — peut fortement varier, ainsi certaines orques chassent par trois ou quatre, d'autres en groupe comptant plus d'une dizaine d'individus. Pour cette espèce, leur nombre dépend du type de proies chassées. Le marsouin de Dall est communément observé par groupe de 20, mais des groupes de plus de 200 individus ont été observés[27]. Le boto est lui plutôt solitaire[22]. Certaines espèces comme les dauphins à long bec[78] ou les dauphins bleu et blanc[79] peuvent côtoyer des espèces plus grandes comme les rorquals au sein de groupes plus ou moins grands. Plusieurs espèces aiment nager auprès des plus grosses ou des bateaux, devant l'étrave ou derrière la poupe, profitant du sillage pour se déplacer à moindre effort, pour chercher une protection ou pour jouer en surfant sur les sillons provoqués par les gros volumes. Au sein des groupes, tous les individus n'ont pas le même rôle social. Chez les Tursiops, certains individus favorisent même les relations entre les sous-groupes, autrement dit, la cohérence globale du groupe[80]. Une hiérarchie existe entre les individus, et entre les trois générations : juvéniles, subadultes, adultes. Les individus de la même espèce au sein d'un groupe sont la plupart du temps très solidaires[81], n'hésitant pas à aider les malades. La plupart des espèces grégaires regroupent leurs petits au sein de nurseries pendant que les adultes chassent, certaines d'entre elles, comme celles des dauphins à long bec[78] ou le bleu blanc[82] peuvent regrouper des centaines de petits. Cependant les conflits entre mâles au sein d'un groupe, entre groupes différents, voir entre espèces peuvent-être violents.
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Les cétacés sont carnivores et la plupart du temps diurnes, le dauphin à long bec est cependant connu pour chasser la nuit[3].
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La plupart des espèces étudiées sont polyandres, polygynes ou polygynandres. Parfois le comportement sexuel, comme celui de la baleine franche de l'Atlantique Nord est connu, car la parade nuptiale et l'accouplement se déroulent près de la surface[83]. La plupart des espèces de cétacés n'ont qu'une seule saison de reproduction par an. Les femelles donnent naissance à un nouveau-né tous les un à six ans, après 10 à 17 mois de gestation[3]. Beaucoup d'espèces migrent vers l'équateur pour mettre bas, notamment plusieurs mysticètes qui jeûnent durant toute cette saison et qui repartent avec leur petit se nourrir vers les pôles après quelques semaines. Habituellement, les naissances ont lieu en saison chaude. Les nouveau-nés sont précoces, ils sortent par le siège de l'utérus et doivent immédiatement nager pour regagner la surface. Les femelles allaitent les petits sur les périodes qui s'étalent selon les espèces de six mois à deux ans, du moins pour le grand cachalot[6]. Les mères sont très maternelles mais les mâles ne s'occupent en général pas des petits, bien que quelques cas où des mâles jouant et apportant de la nourriture à des jeunes ont été observés. Chez certaines espèces, comme le béluga, les mères et leurs jeunes peuvent former des associations qui durent longtemps après que ceux-ci sont sevrés[3]. Les jeunes n'atteignent leur maturité sexuelle qu'après plusieurs années, une dizaine en moyenne pour les mysticètes. Même après avoir atteint la maturité sexuelle, les jeunes doivent attendre plusieurs années avant qu'ils soient socialement intégrés et placés dans une situation où la reproduction est permise.
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Les cétacés sont vraisemblablement tous capables de communiquer entre eux, quelquefois à très grandes distances et de transmettre des informations complexes.
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Ainsi les grands dauphins identifient un congénère car ils ont des vocalises spécifiques qui varient selon les circonstances du groupe, les caractérisant eux-mêmes ; c'est ainsi qu'ils sont capables d'identifier la signature vocale des différents individus de leur groupe[84]. Les orques possèdent des techniques de chasses propres à un groupe, qu'ils peuvent enseigner à un nouvel arrivant. Leur langage basé sur des sifflements bruyants et des ultrasons inaudibles pour l'oreille humaine semble être très élaboré mais est encore mal compris.
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Les cétacés peuvent nager en formation en V pour diminuer les efforts lors de migrations durant plusieurs milliers de kilomètres.
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On trouve des cétacés dans toutes les mers du monde et outre dans les rivières d'Asie, d'Amérique du Sud et du nord. La répartition de certaines espèces est mondiale, comme les orques ; d'autres se cantonnent à un hémisphère comme les baleines de Minke, à un océan comme le Lagenorhynchus obliquidens. Certaines espèces sont fortement migratrices, d'autres très sédentaires.
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Quelques espèces vivent très près des pôles, dans des eaux très froides. Ces cétacés sont en général de plus grande taille que la moyenne. Ces espèces ont un taux métabolique plus faible et comparativement, disposent d'une plus petite surface de peau en comparaison de leur volume sanguin ce qui leur permet de moins perdre de chaleur, et enfin elles disposent d'une imposante couche de graisse.
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En 2005, l'UNESCO reconnaissait que « plus de deux tiers des dauphins, des marsouins et autres espèces de la famille des cétacés sont en danger d’être abattus ou pris dans des filets »[90]. En 2007, l'UICN a déclaré probablement disparu le dauphin de Chine[91], tandis que selon elle, en 2008, une espèce est considérée comme en danger critique d'extinction, le marsouin du Golfe de Californie[92]. Sept autres espèces sont classées par cet organisme comme en danger, le rorqual boréal[93], la baleine bleue[94], le rorqual commun[95], le dauphin de Nouvelle-Zélande[96], la baleine franche de l'Atlantique Nord[97], la baleine franche du Pacifique Nord[98], le sousouc[99]. Cinq espèces, uniquement à dents, sont classées vulnérables. Bien que les effectifs de nombreuses espèces soient en déclin, plusieurs espèces, après avoir été grandement menacées comme la baleine boréale[100] ou la baleine bleue, ont ces effectifs en augmentation. Ainsi par exemple la population de baleines boréales qui atteint au moins 10 000[100] spécimens en 2006 augmente de 3 à 5 % par an, alors qu'elle se situait vraisemblablement à près de 50 000 individus avant les campagnes de chasse.
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L'augmentation du trafic maritime et l'apparition de navires à grande vitesse s'accompagnent d'une pollution sonore sous-marine croissante et d'une augmentation du risque de collision avec des cétacés[101] ou de blessures par hélice ou filets. Les cétacés les plus gros peuvent être tués par des chocs avec les gros bateaux ; peu de précautions semblent prises par les armateurs pour éviter ces chocs mortels pour les cétacés mais peu dommageables pour les grands navires.
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Les sonars militaires utilisant des systèmes d'écholocation comparables à ceux des cétacés marins à forte puissance, peuvent les tuer (Aux Bahamas en 2000, une expérience de l'US Navy avec un émetteur à 230 dB dans la gamme de fréquence 3 000 à 7 000 hertz provoqua l'échouage de seize baleines, dont sept furent trouvées mortes. L'US Navy reconnut sa responsabilité dans cet échouage dans un rapport publié dans le Boston Globe, le 1er janvier 2002). Les sonars pourraient leur faire perdre leur sens de l'orientation, voire les empêcher de se nourrir ou de se reproduire. Ils pourraient provoquer des malaises de décompression, ce qui occasionne ensuite des échouages.
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La chasse à la baleine (encore aujourd’hui pratiquée par les Japonais et Islandais) a fait chuter d'une manière importante les populations de certaines espèces comme le globicéphale tropical, la fausse orque, le dauphin bleu et blanc, le dauphin d'Électre. La viande de ces espèces y est vendue sous l'appellation « viande de baleine ».
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Des menaces indirectes sont la pollution marine et la surpêche qui affectent les ressources alimentaires des cétacés. Ces menaces ne touchent pas uniformément chacune des espèces (selon leur position dans le réseau trophique). En outre, plusieurs associations écologistes et la FAO[102] dénoncent également les mortalités occasionnées par les filets dérivants, pratique qui se poursuit en 2008, même dans les endroits où elle a été interdite, comme en Méditerranée[103]. Depuis les années 1990, des pingers sont expérimentés avec un certain succès pour éloigner les dauphins et surtout les marsouins des filets. Le Whale-watching souvent pratiqué in situ et en période de reproduction peut aussi perturber leur vie.
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Les museums, aquariums publics et diverses associations cherchent à mieux faire connaitre les cétacés[104].
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La Commission baleinière internationale condamne la chasse à la baleine, sauf dans quelques cas particuliers et justifiés, pour lesquels elle accorde des permis de chasse. Plusieurs pays comme la Nouvelle Zélande, le Canada ou les Etats-Unis (parmi d'autres) ont intégré dans leurs lois des régulations concernant l'approche et l'attitude à adopter près des cétacés. Dans de nombreuses régions, des chartes et des codes de bonne conduite[74] sont en place, ainsi que des labels pour une observation des baleines durable. Une zone pour protéger les mysticètes a été créé en 1979 dans l’Océan Indien puis une autre autour de l'Antarctique en 1994, les deux sanctuaires ont une zone contiguë. Un espace maritime protégé pour tous les types de cétacés leur est consacré en Méditerranée : le Sanctuaire Pelagos qui résulte d'un accord signé en 1999 par la France, l'Italie et Monaco pour la protection des mammifères marins qui le fréquentent.
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De nombreuses associations comme la Société pour la conservation des baleines et des dauphins
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Liste alphabétique des noms vernaculaires qui peuvent être donnés aux cétacés en français :
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L'observation des baleines ou whale-watching a pour but d'observer les cétacés dans leur milieu naturel, à des fins touristiques. Cette activité, plus rarement dénommée « tourisme baleinier », est une activité en plein développement depuis les années 1990. Pratiquée de façon raisonnable, durable et dans le respect de l'environnement marin et de sa faune, cette activité offre un réel intérêt à l'éducation, à la sensibilisation du public et à la protection des cétacés. Non encadrée et pratiquée par des opérateurs non, ou mal, formés, elle peut avoir de forts impacts sur le comportement, la survie et la reproduction des populations de mammifères marins[106],[107]. La nage est quant à elle une activité particulièrement controversée. Les études posent de grandes inquiétudes sur la soutenabilité de ces pratiques pour les animaux [108], mais aussi sur la sécurité des pratiquants.
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Les plus anciennes représentations connues des cétacés sont datées de 6 à 10 000 ans, ce sont des peintures rupestres découvertes en Corée du Sud qui représentent des scènes de chasse[109]. Dans l'Antiquité, les gros cétacés sont avant tout des monstres marins, thème que l'on retrouve dans la Bible ou dans Pinocchio, les dauphins sont au contraire représentés sur de nombreuses fresques romaines assez fidèlement. Arion de Méthymne est sauvé par un dauphin.
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La chasse à la baleine, de par son danger, a été le centre de nombreuses œuvres, la plus célèbre étant Moby Dick. Après la moitié du XXe siècle et le début de la prise de conscience des menaces pesant sur les cétacés, les dauphins sont devenus populaires. Une série télévisuelle, Flipper le dauphin, a reçu un accueil particulièrement favorable. Par la suite des centres d'élevage, appelés delphinariums, sont apparus, contribuant à faire de ces animaux des animaux « sympathiques ».
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Voir aussi : Liste des cétacés de fiction
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Le Sri Lanka, en forme longue république socialiste démocratique du Sri Lanka (en singhalais : ශ්රී ලංකා, Śrī Laṃkā et ශ්රී ලංකා ප්රජාතාන්ත්රික සමාජවාදී ජනරජය, Srī Lankā prajātāntrika samājavādī janarajaya ; en tamoul : இலங்கை, Ilaṅkai et இலங்கை சனநாயக சோஷலிசக் குடியரசு, Ilaṅkai jaṉanāyaka sōsalisa kuṭiyarasu ; en anglais : Sri Lanka et Democratic Socialist Republic of Sri Lanka), est un État insulaire de 65 610 km2 du sous-continent indien, situé au sud-est de l'Inde, et peuplé d'environ vingt-deux millions de personnes.
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Le pays était auparavant nommé Tambapanni par ses premiers habitants, Taprobane par les Grecs, Serendip (ou Serendib) par les Arabes, puis Ceylan jusqu'en 1972.
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Le pays possède une diversité religieuse, culturelle et linguistique marquée. Ainsi, le Sri Lanka possède deux langues officielles reconnues par la Constitution du pays à parts égales, le singhalais et le tamoul. La première est prédominante dans la plus grande partie du pays, car environ 73,8 % des habitants parlent singhalais et environ 26,1 % parlent tamoul[réf. souhaitée].
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Le Sri Lanka est situé dans l’océan Indien, à environ 31 km du Sud-Est de l'Inde, les deux pays étant séparés par le détroit de Palk, mais quasiment reliés par le pont d'Adam. Sa superficie est de 65 610 km2 et sa population s’élève à plus de 20,4 millions d'habitants[5]. Point culminant : le mont Pidurutalagala, à 2 524 m.
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Les principales villes sont Colombo (capitale économique, 690 000 habitants en 2003), Kandy et Galle. Les villes autour de Colombo sont Dehiwala-Mount Lavinia (196 000 hab.), Moratuwa (170 000 hab.). La ville la plus septentrionale du pays, Jaffna (129 000 hab.), est aujourd’hui dans la zone contestée entre les militants tamouls et le gouvernement. La capitale politique est Sri Jayawardenapura Kotte, située à 15 km au sud-est de Colombo.
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Les premières traces d'activités humaines au Sri Lanka datent d'il y a 125 000 ans, à plus de 500 000 ans[6].
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Les premiers habitants connus de l'île sont les Vedda[7]. Une ethnie de près de 2 500 personnes.
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L'un des premiers textes faisant référence à l'île est le Ramayana, dont deux épopées mythologiques relatent des événements datés entre le IIIe siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère[8].
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Cette île serait l'île de Taprobane que l'on trouve chez Ptolémée (aussi appelée, Zeilan, c'est-à-dire Ceylan, chez Thomassin[9], d'après un certain Bochart qui pense que Salomon s'y serait approvisionné en or). Elle joua un rôle important dans les échanges commerciaux maritimes pendant l'Antiquité et elle est citée dans Le Périple de la mer Érythrée.
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Le bouddhisme fut probablement introduit dans l'île au IIIe siècle av. J.-C., par le fils de l'empereur indien Ashoka[10].
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Une civilisation prospère se développa dans des villes comme Anurâdhapura. Cette civilisation, au cours du Ve siècle, créa une « hydrocratie » sous l'influence du bouddhisme, autour d'immenses réservoirs d'eau artificiels (comme dans l'Empire khmer).
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Le Mahavamsa (« la grande généalogie ») est un texte écrit (IVe siècle) en langue pâli par le moine Mahanama. Ce texte raconte les histoires des rois singhalais et dravidiens de l'île. Il couvre une période qui s'étend de l'avènement du roi Vijaya en 543 av. J.-C. au règne du roi Mahasena (334-361 apr. J.-C.). Le Culavamsa, ou « la petite généalogie » a continué cette tradition écrite jusqu'au XIXe siècle. Depuis 1070, singhalais en majorité bouddhistes et Tamouls en majorité hindouistes, sont présents sur la plus grande partie du territoire.
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D'après des textes singhalais, la partie méridionale de l'île aurait subi deux attaques de la part de Candrabhanu, souverain de la principauté malaise de Tambralinga (aujourd'hui Nakhon Si Thammarat dans le Sud de la Thaïlande). La première aurait eu lieu en 1247. Candrabhanu est défait par le roi Parâkramabâhu II (règne 1236-1270), mais il réussit néanmoins à prendre le contrôle du nord de l'île. Candrabhanu lance une seconde attaque en 1262, cette fois-ci avec l'aide de forces tamoules et singhalaises. Il est de nouveau défait et tué en combat. L'influence de Tambralinga disparaît au XIVe siècle. Si l'on excepte l'influence malaise à Madagascar, cet épisode est le seul exemple d'une expédition venant du Sud-Est asiatique, en dehors des limites de cette région.
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Le Sri Lanka connut, à plusieurs reprises, le règne de rois tamouls, en particulier sous l'empire de Chola, en Inde du Sud.
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Les Portugais ont principalement étendu leur domination sur les territoires du royaume de Kotte et des villages Vannimai du Nord de Ceylan. L'arrivée des Portugais sur l'île était accidentelle sachant qu'ils étaient venus pour le commerce de la cannelle.
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Le Portugal va maintenir sa domination sur l'île de 1505 à 1658.
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En 1638, le royaume de Kandy voisin signe le traité de Kandy avec l'Empire colonial néerlandais pour chasser les Portugais. Ces derniers sont vaincus en 1658.
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Après la signature du traité de Kandy en 1638, le roi Râjasimha II désigne les Hollandais comme nouveaux protecteurs de l'île. Une guerre éclate donc entre les Pays-Bas et le Portugal pour le contrôle de l'île (guerre néerlando-portugaise). Les Pays-Bas en prennent définitivement le contrôle en 1658.
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L'Empire britannique intégra l'île de Ceylan en tant que province en 1796 au détriment des Hollandais. Le territoire devint officiellement une colonie entre 1802 et 1948. Au début ce territoire ne comprenait pas le royaume de Kandy, devenu un protectorat en 1815, mais à partir de 1817 les possessions britanniques couvrent toute l'île de Ceylan. Ce contrôle britannique fut confirmé au congrès de Vienne, en 1814 et 1815 puis par la convention de Kandy de 1815.
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Très rapidement, les Kandyens se sont rebellés et ont mené une guérilla. Le mécontentement à l'égard des activités britanniques se transforma bientôt en rébellion ouverte, débutant dans le duché d'Uva en 1817. Ces batailles sont connues sous le nom de rébellion d'Uva, ou encore de Troisième Guerre de Kandy. Elle se termina après une sanglante répression de la part des Britanniques. La principale cause de la rébellion était religieuse ; les Kandyens voyant les Britanniques comme une menace envers leurs traditions bouddhistes, considérées par les insulaires comme faisant partie intégrante de leur vie. Ce fut le dernier soulèvement de ce genre. La réaction brutale de la Grande-Bretagne, en massacrant tous les rebelles, ayant servi d'avertissement au reste de la communauté. C'est après cette rébellion que le royaume de Kandy a été annexé à Ceylan en 1817.
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L'administration anglaise introduisit au XIXe siècle la culture du thé, ainsi qu'un réseau ferroviaire.
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Les politiques racistes de G. G. Ponnambalam, dirigeant tamoul, et de son homologue singhalais, Solomon Bandaranaike, déclenchèrent, pendant les années 1930, des troubles entre les deux communautés. Les premiers affrontements eurent lieu en 1939, après un discours enflammé du dirigeant tamoul G. G. Ponnambalam[11]. Par contre, les actions indépendantistes furent non-violentes et adoptèrent une approche progressive et constitutionnelle.
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La Seconde Guerre mondiale retarda les troubles ethniques sur l'île et un gouvernement modéré, dirigé par Don Stephen Senanayake, Premier ministre, déclara l'indépendance le 4 février 1948. Lors de l'indépendance, les dirigeants refusèrent de rejoindre l'Union Indienne, rappelant la spécificité du pays, dont sa majorité bouddhiste. Après la mort de Senanayake, une coalition nationaliste singhalaise menée par Bandaranaike gagna les élections. Le gouvernement de S. W. R. D. Bandaranaike, au pouvoir en 1956, instaura le singhalais comme seule langue officielle, première loi emblématique discriminante à l'égard de la minorité tamoule.
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Les Tamouls, surtout le parti souverainiste tamoul (Tamil Arasu Kachchi), organisèrent des manifestations pacifiques contre l'usage d'une langue officielle unique. En 1958 un pogrom anti-Tamouls fait 500 victimes et en 1959 S. W. R. D. Bandaranaike est assassiné par un moine bouddhiste singhalais. En 1972, le bouddhisme est décrété religion d'État et l'admission des Tamouls à l'université devient sélective.
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Les Tamouls et très majoritairement les jeunes, prennent alors les armes sous forme de plusieurs groupes de guérilla. En 1977, une modification de la loi sur la langue officielle reconnaît à nouveau — mais un peu tard — le tamoul comme langue officielle.
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Une guerre civile prend de l'ampleur à compter de 1983 : elle oppose le gouvernement central à l'organisation des Tigres de libération de l'Îlam tamoul (en anglais LTTE – Liberation Tigers of Tamil Eelam), conduite par Velupillai Prabhakaran, et devenue unique représentante de la résistance armée. En prenant en compte les événements d'avant la guerre proprement dite, cette guerre civile a causé la mort de plus de 100 000 personnes depuis 1972.
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Le Sri Lanka a été gravement touché par le tsunami du 26 décembre 2004, causant environ 31 000 morts et de très importants dégâts matériel[12].
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Après la trêve de 2002-2005, le conflit s'accélère et rentre dans une phase décisive en 2009. Avec l'appui logistique de la Chine et du Pakistan, le président Rajapakse (élu sur un programme ultra-sécuritaire) mène une « guerre contre le terrorisme » dont il veut purger le pays. L'offensive est particulièrement sanglante avec 40 000 morts selon des estimations qui ne prennent pas en compte plusieurs dizaines de milliers de disparus (dont une grande partie de civils). L'ONU estime que dans cette phase ont été commis de part et d'autre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, le gouvernement srilankais ayant refusé toute aide humanitaire.
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Les LTTE cessent le combat le 17 mai 2009 après l'annonce de la mort de M. V. Prabhakaran. Et le chef de l’État srilankais Mahinda Rajapakse déclarera solennellement le 19 mai 2009 devant le Parlement la victoire écrasante de la République démocratique et socialiste du Sri Lanka.
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En 2011 la RDS du Sri Lanka continue de percevoir des fonds importants de l'ensemble de la Communauté internationale sous forme d'aide au développement et à la reconstruction. Des ONG locales (les autres restant interdites) s'occupent d'améliorer la situation des 300 000 Tamouls qui ont tout perdu lors du conflit et sortent sporadiquement des camps de réfugiés sous contrôle militaire où ils ont vécu plusieurs mois.
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En absence d'observateurs, ou de journalistes étrangers, le gouvernement reste libre de comptes à rendre sur ses intentions de dialogue, mais il est à signaler que son budget d'armement n'a pas baissé depuis 2009.
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Des ONG dénoncent le fait que le gouvernement a abandonné les populations tamoules et a donné les pleins pouvoirs et assuré l'impunité à l'armée dans les régions tamoules depuis la fin de la guerre contre les terroristes du LTTE[13].
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Le peuple élit un président pour un mandat de cinq ans renouvelable deux fois depuis la révision constitutionnelle du 28 avril 2015. Il est à la fois le chef d'État, le chef du gouvernement et le commandant en chef des forces armées. Le président est responsable devant le Parlement de ses actes et du respect de la Constitution et des lois. Il peut être révoqué par un vote des deux tiers des parlementaires avec l'accord de la Cour suprême. Le président nomme et dirige un cabinet de ministres, qui sont responsables devant le parlement. L'actuel président de la République est Gotabaya Rajapaksa depuis le 18 novembre 2019.
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Le parlement est monocaméral et comprend 225 parlementaires élus au suffrage universel dans chaque province au scrutin proportionnel plurinominal pour un mandat de six ans. Le président peut dissoudre le Parlement et provoquer de nouvelles élections une fois par an. Le Parlement vote les lois. Le président du Parlement (speaker) est élu par les parlementaires. Mais la démocratie n'est pas parfaite, les élections présidentielles de 2010 ont été entachées de fraude et la liberté d'expression n'a pas été respectée.
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Après plus d'un quart de siècle, la guerre civile qui a ravagé le pays a connu son épilogue en mai 2009[14].
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Le pays est basé sur le système de Westminster propre aux pays ayant fait partie de l'Empire britannique, avec un parti au pouvoir, et un parti d'opposition. Depuis l'indépendance en 1948, le pouvoir est partagé entre les mains de deux partis mastodontes : le Parti national uni représentant la droite singhalaise conservatrice et libérale ; et le Sri Lanka Freedom Party représentant la gauche singhalaise socialiste. Ces deux partis ont mis en place un système d'alliance politique qui a verrouillé le choix des électeurs entre ces deux partis.
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Le Sri Lanka possède neuf provinces, elles-mêmes divisées en 25 districts.
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Le produit intérieur brut (PIB) du Sri Lanka était d'environ 82 milliards de dollars en 2015. Quelques indicateurs économiques pour 2015 :
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Le secteur primaire correspond à 12,6 % de la totalité de la production. Au Sri Lanka, on cultive surtout le riz, la canne à sucre, toutes sortes de grains, les épices, des fruits et légumes, le thé, le latex, la noix de coco et on élève bœufs et poissons.
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Pour ce qui est du secteur secondaire, il représente 29,7 % de toute la production. Parmi les plus importantes industries, il y a le traitement du caoutchouc, l'industrie du thé, de la noix de coco, du tabac et plusieurs autres matières premières agricoles, sans oublier les télécommunications, l'assurance et le secteur bancaire. Le tourisme, le textile, le ciment, le raffinage du pétrole, des services de technologie de l'information et de la construction sont des activités importantes. On parle aussi de développement dans le secteur fruitier.
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Le secteur tertiaire prend la plus grande place avec 57,7 % de la production totale. Sur les 18 aéroports du pays, 14 sont bétonnés. Il y a 1 449 km de voies ferrées et 91 907 km de routes.
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En 2016, la population du Sri Lanka est estimée à 22,23 millions d'habitants. Quelques données démographiques pour 2015[5] :
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Le Sri Lanka a été, pendant des décennies, un des pays avec le plus haut taux de suicides au monde[16]. Toutefois, le nombre de suicides est passé du record de 8 449 morts soit 46,6 ‰ en 1995 à 4225 soit 21 ‰ en 2007[16]. Cette baisse peut s'expliquer par diverses mesures prises au milieu des années 1990 dont la principale a été la décriminalisation du suicide en éliminant la honte qui lui est liée[16].
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Le non-respect des droits de l'homme au Sri Lanka a été dénoncé par de nombreuses organisations, dont Amnesty International, Human Rights Watch et le département d'État des États-Unis.
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Outre les nombreuses exactions commises pendant la guerre civile[17], un rapport récent de Free from Torture montre que le gouvernement continue à pratiquer la torture de façon courante[18].
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Les femmes sont victimes de nombreuses violences, et l'inaction des pouvoirs publics est dénoncée par plusieurs organismes, dont l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés[19]. Un rapport de l'Organisation des Nations unies de septembre 2013 a révélé, quant à lui, que 97 % des violeurs au Sri Lanka n'étaient pas inquiétés par la justice[20].
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En avril 2014, un projet de loi vivement critiqué par la presse internationale[21] envisage de permettre aux violeurs d'épouser leur victime pour éviter des sanctions judiciaires. Le président de l'Assemblée nationale Chamal Rajapaksa (en) a quant à lui déclaré que les violences faites aux femmes relevaient de leur propre responsabilité et certainement pas de celle des hommes[22]. Quelques jours après l'abolition d'une loi de 1979 qui interdisait aux femmes d'acheter de l'alcool, le président du Sri Lanka a finalement décidé de la remettre en vigueur[23].
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Le groupe bouddhiste extrémiste et islamophobe Bodu Bala Sena a été menacé de poursuites pour abus des droits de l'homme après les élections de janvier 2015[24].
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Les bouddhistes — d'obédience theravāda — représentaient 69,1 % de la population en 2001[25]. Cependant, la Constitution de 1972 n'a pas donné au bouddhisme le statut de religion d'État. Elle lui reconnaît une place privilégiée, mais garantit l'égalité de traitement aux autres croyances[26].
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En 2001, les hindous étaient 11,6 %, les musulmans 7,6 %, et les chrétiens — pour la plupart catholiques — 6,2 %[25]. Les protestants descendants des colons hollandais sont désormais très peu nombreux : beaucoup ont émigré vers l'Occident[27]. Les musulmans appartiendraient presque tous à la minorité tamoule[28]. Contrairement à l'Inde, il n'y a pas de tensions entre les Tamouls hindous et musulmans.
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Statue de Bouddha dans le Temple de la Dent à Kandy.
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Temple hindou près de Jaffna.
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Mosquée Jami Ul Alfar Jumma à Colombo.
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Le cardinal Ranjith, archevêque de Colombo.
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Intérieur de l'église réformée hollandaise de Galle.
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Il existe des tensions entre les confessions présentes dans le pays, notamment entre des éléments radicaux de la religion majoritaire, le bouddhisme qui accusent la communauté musulmane, qui représente entre 7 % et 9 % des habitants, de chercher à étendre son influence. En août 1990, un massacre au cours duquel des musulmans sont attaqués dans quatre mosquées fait 130 morts[29]. En 2014, des manifestations avaient fait quatre morts dans la région d'Aluthgama, sur la côte sud-ouest Au printemps 2018, des émeutes antimusulmanes menées par des extrémistes bouddhistes poussent le président, Maithripala Sirisena, à déclarer l’état d’urgence[29].
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Le 21 avril 2019, une série d'attentats contre des hôtels de luxe et des églises où était célébrée la messe de Pâques, cause la mort d'au moins 321 personnes et fait plus de 500 blessés[30]. Le porte-parole du gouvernement Rajitha Senaratne annonce qu'un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama'ath (NTJ), est à l'origine des attaques suicides[31].
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Langues officielles : singhalais 69,5 %, tamoul 29,5 %[1], autres 1 %. Toutefois, la politique du pays tolérait « difficilement » l'utilisation et l'enseignement du tamoul. Au bout du compte, un locuteur tamoul se devait de parler le singhalais pour pouvoir s'adresser ou émettre des demandes au sein de l'administration. Cette ségrégation linguistique devient un peu moins courante aujourd'hui.[réf. souhaitée]
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Selon le recensement de 2012, 87,0 % des Srilankais sont capables de parler le singhalais (14 670 239 locuteurs), 28,5 % le tamoul (4 807 584) et 23,8 % l'anglais (4 019 583). L'anglais est la première langue étrangère enseignée mais seulement 0,1 % de la population a l'anglais comme langue maternelle. Sans être langue officielle, il est parfois utilisé comme langue de travail par le gouvernement et est considéré comme une « langue de lien » par la Constitution srilankaise.
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Un créole malais est parlé par la communauté des Malais de Sri Lanka, mais son utilisation est en déclin. Quant à la langue des Vedda, elle ne serait plus du tout en usage[32].
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Le français, bien après l'anglais, demeure la deuxième langue étrangère enseignée et le nombre d'apprenants au primaire et au secondaire a progressé de 30 % entre 2010 et 2014.
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Le néerlandais a quasiment disparu depuis le début des années 1930. Les Burghers, descendants de Néerlandais, souvent métissés, sont au nombre d'environ 39 000 en 2013, mais ils parlent souvent le singhalais, et un grand nombre de Burghers parlent anglais en seconde langue. Les Burghers qui savent parler néerlandais sont très rares de nos jours. Le portugais, jadis lui aussi langue coloniale, a totalement disparu vers 1920.
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Sites archéologiques :
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À l'époque de l'Esala Perahera, la lune de juillet-août, la relique déposée dans le Temple de la Dent parcourt les rues de Kandy où a lieu le Perahera en l'honneur d'une canine du Bouddha. Dix nuits durant, entourés de baladins, musiciens et danseurs, des éléphants escortent la relique dans les rues de la ville. Le soir de la pleine lune, la fête atteint son apogée. Jusqu'à cent éléphants défilent ensemble dont beaucoup sont « ornés ».
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Le Sri Lanka a pour codes :
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Sur les autres projets Wikimedia :
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Asie centrale
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Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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Asie de l’Est
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Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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Asie de l'Ouest
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Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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Asie du Sud
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Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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@@ -0,0 +1,281 @@
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L'Airbus A350 XWB est un avion de ligne long-courrier et gros porteur du constructeur européen Airbus. Initialement baptisé A350, ce modèle était dérivé de l'A330 ; toutefois, à la suite des remarques des compagnies aériennes, il a été décidé à la mi-juillet 2006 d'en revoir le concept et de le munir d'un fuselage plus large, à la fois par rapport aux A330 et A340, et surtout par rapport à son principal concurrent, à cette époque, le Boeing 787 [3]. Cette évolution permet aujourd'hui à l'A350 de concurrencer aussi le nouveau Boeing 777x (dont le premier vol, initialement prévu le 13 mars 2019, a finalement eu lieu le 25 janvier 2020).
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Le projet a été ainsi rebaptisé « A350 XWB », pour eXtra Wide Body – « fuselage extra-large », en anglais. Cette modification tardive, ainsi qu'une conception faisant davantage appel aux matériaux composites, ont fortement augmenté les coûts de conception de l'avion[4] et ont reporté de 2011 à 2014 son entrée en service[5].
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Il a effectué son premier essai en vol, le 14 juin 2013 à 10 h[6], à Toulouse-Blagnac. La première certification de type est délivrée le 30 septembre 2014 par l'AESA[easa 1]. L'appareil obtient ensuite, pour la première fois dans l'histoire, la certification ETOPS370 avant sa première livraison, le 15 octobre 2014. Enfin, la FAA délivre sa certification de type à l'A350-900 le 12 novembre 2014[7] à la suite de laquelle le premier exemplaire d'A350-900 (MSN6) est livré à Qatar Airways le 18 décembre 2014[Note 2]. La cérémonie de la livraison a lieu à Toulouse en grande pompe, le 22 décembre 2014.
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À partir du 26 décembre 2014, l'appareil commence par effectuer quatre rotations par jour entre Doha et Charjah, pour des vols d'entraînement sans passager[8]. Finalement, le 15 janvier 2015, MSN6 réalise son premier vol commercial de Doha à Francfort, en respectant le calendrier prévu.
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L'A350-1000 a obtenu sa certification de type le 21 novembre 2017. Après plusieurs reports dus aux difficultés d'intégration de la classe affaires QSuite, le premier A350-1000 de série, MSN88 a été officiellement délivré à Qatar Airways le 20 février 2018, accessoirement dernier jour de Fabrice Brégier à la tête d'Airbus Avions Commerciaux.
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En dépit d'une qualification de type commune (Common type rating) avec l'A330 accordée par l'EASA[easa18 1], l'A350 XWB est un nouvel avion, et non pas une évolution de l'A330 comme envisagé au début du programme. Les moteurs, l'aile, et la structure sont propres à l'A350 et il dispose d'un certificat de navigabilité de type différent de celui de l'A330 (EASA.A.151 pour l'A350, EASA.A.004 pour l'A330).
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Les 6 premiers appareils accumulaient 7 400 heures de vols avec 98 % de fiabilité, à la fin du mois de septembre 2015. Au contraire des difficultés rencontrées par les programmes de l'A380 et du B787, l'A350 ne subit donc guère de problèmes de jeunesse. De fait, le taux de fiabilité de l'A350 est actuellement d'environ 98 %, après 6 ans de service[Note 3],[10].
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Airbus et Boeing sont confrontés depuis les années 1970 à un marché de plus en plus marqué par la hausse continue du prix du pétrole.
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Après le lancement du nouveau projet 7E7 de Boeing, marqué par la recherche du meilleur rendement (d'où le « E » pour efficiency: rendement), Airbus se décide en septembre 2004 à étudier un nouvel appareil. Les ingénieurs d'Airbus, alors encore mobilisés par les études de l'A380, reprennent alors les travaux portant sur l'allongement du rayon d'action de l'A330-500 en proposant de lui adjoindre une nouvelle voilure en composite.
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Le programme initial de l'A350 est officiellement annoncé[11] le 6 octobre 2005 par EADS, maison-mère d'Airbus.
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Celui-ci comporte alors deux versions, l'A350-800 et l'A350-900, capables de transporter de 250 à 300 passagers sur des étapes sans escale de 13 900 à 16 300 kilomètres. Ces deux premières versions de l'A350 sont très proches de l'A330 : même structure en aluminium, même taille, sauf pour la version 900 qui est plus longue d'1,6 mètre que l'A330-300.
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Pour propulser l'A350, Airbus avait alors sollicité le motoriste General Electric avec les réacteurs de la série GEnx, qui équiperont aussi le B-787, et Rolls-Royce avec une autre version dédiée de la famille Trent, le 1700.
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Initialement positionné comme une riposte face au 787 et à certains modèles du 777 de Boeing, il s'avère aussi un concurrent pour l'A330. Airbus souhaitait surtout ne pas faire de l'ombre aux nouvelles versions de l'A340, malgré les signes annonciateurs du désintérêt grandissant des compagnies aériennes pour les quadriréacteurs de moins de 400 passagers.
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Lors du lancement du programme en octobre 2005, le marché semblait donner raison à Airbus, car l'A350 comptait 140 appareils en commandes fermes de la part de neuf compagnies clientes[12]. Le premier prototype de l'A350 devait voler initialement en 2009 avec une mise en service attendue pour 2011.
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Fin mars 2006, Steven Udvar-Hazy, président fondateur d’ILFC, compagnie de location d'avions et deuxième acheteur mondial d’avions civils, affirme publiquement qu'Airbus devrait revoir de fond en comble son A350, sous peine de devoir se contenter de 25 % d'un marché promis au quasi-monopole du 787 de son rival Boeing[13]. Après le gel par la compagnie Emirates de ses commandes d'A340-600 qui sont jugés plus chers à exploiter que les très long-courriers de la famille 777 de Boeing, le doute s'installe chez Airbus.
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Le 11 mai 2006, la chaîne d'information française BFM TV annonce la possibilité pour Airbus d'abandonner le projet, ou de le repenser en raison du faible nombre de commandes face à son concurrent le Boeing 787. La raison évoquée serait la consommation de carburant, supérieure de 20 % à celle du Boeing 787.
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Le 16 mai 2006, Noël Forgeard, coprésident du groupe EADS, déclare au Salon aéronautique international de Berlin qu'Airbus présenterait à l'été 2006 un nouveau projet avec de substantielles modifications par rapport à celui de l'A350. La presse évoquera alors pendant un temps les noms d'A370 ou A280 pour ce projet, même si ceux-ci n'ont jamais été officiellement utilisés par Airbus.
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Le 17 juillet 2006, Christian Streiff, nouveau président d'Airbus, a présenté au Salon aéronautique de Farnborough le nouveau programme de l'A350 baptisé A350 XWB pour EXtra Wide Body[14].
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Compte tenu des modifications, le budget de développement est passé d'environ 3,5 à 9,5 milliards d'euros. Le fuselage du nouvel appareil sera équipé de hublots agrandis et sera plus large que celui du 787 de 30 cm. La construction fera davantage appel aux matériaux composites. L'aile aura 33° de flèche et sera munie d'un nouveau type de winglet incurvé[15].
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Destiné à remplacer à terme la famille des A330/A340, l'A350 XWB sera disponible sous trois versions principales plus cinq variantes, au lieu de deux versions à l'origine. Il sera un concurrent du 787 mais aussi du 777. Il pourra transporter jusqu'à 350 passagers (en trois classes) et atteindre 18 000 km de rayon d'action.
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Le financement de ce nouveau projet a été décidé par le conseil d'administration du groupe EADS en décembre 2006.
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Le développement de l'A350 s'effectue dans un contexte tendu, avec d'une part une crise structurelle au sein du groupe EADS et d'autre part une concurrence exacerbée entre Airbus et Boeing dans le cadre d'une forte valorisation de l'euro face au dollar et la flambée du prix du pétrole.
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Les compagnies aériennes clientes dictent les évolutions du projet sur fond de surenchère technologique entre Boeing et Airbus, obligeant notamment Airbus à utiliser de façon plus importante les matériaux composites afin de réduire la masse à vide[16]. Les matériaux employés sont des composites (53 %), de l'aluminium ou de l'alliage aluminium-lithium (19 %), du titane (14 %) et de l'acier (6 %)[17].
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En juin 2008, Airbus décide de proposer des variantes à plus faible rayon d'action pour les trois versions de l'A350 XWB pour limiter la masse de l'avion et réduire les coûts opérationnels. Le fait de proposer des variantes plutôt qu'une version dédiée, à l'instar du Boeing 787-3, permet ainsi à Airbus de réduire les coûts de développement tout en élargissant la gamme des A350 XWB[18].
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Le 15 novembre 2009, Airbus remit définitivement des documents requis en faveur de la certification de l'A350-941 à l'Agence européenne de la sécurité aérienne[easa 1].
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Le prototype de l'A350 XWB effectue son premier vol d'essai de quatre heures le 14 juin 2013[19] avec une mise en service attendue à l'été 2014, mais une utilisation plus importante de matériaux composites pour limiter le poids du nouvel avion pourrait entraîner des retards dans ce calendrier. Les matériaux composites représentent 53 % de la masse structurale de l'appareil, contre 19 % pour l'alliage aluminium-lithium, ce qui n'a pas empêché en 2009 un surpoids constaté de 2,2 tonnes sur l'A350-900 à 115,7 tonnes[20] alors que les premiers B787 assemblés et non livrables souffriraient du problème d'embonpoint de 6 tonnes par rapport à la spécification de Boeing (MZFW, c'est-à-dire la masse maximale structurale sans carburant, de 161 tonnes)[21]. Cela serait une des raisons pour lesquelles Airbus a reporté son assemblage des premiers appareils d'essai[Note 4].
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Cinq appareils sont prévus pour les vols d'essai pour un total de 3 000 heures répartis sur quinze mois, à partir de mai 2013. Les MSN2 et MSN5 sont équipés d'une cabine passagers afin de valider au plus tôt les caractéristiques de confort acoustique du fuselage, de compatibilité électromagnétique et de confort[20]. Donc, MSN 6 deviendra l'appareil qui effectuera le premier vol commercial auprès de la compagnie Qatar Airways tandis que Singapore Airlines aussi recevra sans délai MSN 8.
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Le projet ayant pris du retard, l'assemblage final du premier A350 XWB MSN5000, destiné aux tests statiques, débuta le 5 avril 2012[22],[23]. Celui de MSN1 pour le premier vol fut enfin démarré le 23 octobre 2012[24]. Les trois mois de nouveau retard sont expliqués par la fabrication de deux premières paires d'ailes pour MSN1 et MSN2. En effet, en raison de la difficulté entre nouvelles technologies et maturité industrielle, les responsables de la chaîne d'assemblage final de Broughton décidèrent d'en assembler de façon manuelle, afin d'éviter des fautes de programmation (bugs). Il faut plus de 15 000 opérations accompagnées de changements d'outils, outils complètement nouveaux. À partir de la troisième paire, le problème n'existe plus[25].
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Concernant les batteries lithium-ion qui sont 30 % moins lourdes, le choix d'Airbus est un peu différent. D'une part, le constructeur européen a prévu d'installer quatre batteries d'une tension de 28 volts sur l'A350XWB au lieu des deux du B787, deux batteries servant aux fonctions primaires (allumage de l'APU également) et les deux autres pour les fonctions de secours[Note 5]. D'autre part, Airbus s'adressa à Saft, leader mondial dans le domaine et qui possède 70 % de part de marché dans l'aéronautique alors que la synthèse des deux batteries de 32 volts de Boeing est plus compliquée : c'est Thales qui est maître d'œuvre des équipements ; GS Yuasa fabrique l'électro-chimie ; l'électronique revient à Securaplane, une filiale de Meggitt[26]. Enfin, le constructeur décida, le 15 février 2013, de retourner à son Plan (projet) B, à savoir les batteries traditionnelles nickel-cadmium, afin d'assurer la première livraison sans délai[27].
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Le premier prototype MSN1, immatriculé F-WXWB, a effectué son premier roulage sans moteur le 26 février 2013[28]. Le premier vol a eu lieu le 14 juin 2013 à Toulouse-Blagnac de 10 h à 14 h 6[29].
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Le second prototype MSN3, immatriculé F-WZGG, a effectué son premier vol le 14 octobre 2013 à Toulouse-Blagnac et ce conformément au programme initialement prévu pour la campagne de certification[30]. Cet appareil est destiné aux essais de performance de l'A350 XWB. Le troisième prototype MSN2, immatriculé F-WWCF, est sorti d'usine le 2 janvier 2014[31]. Cet exemplaire arbore une livrée spéciale dite « Carbone », rappelant que l'A350 est fabriqué avec 53 % de matériaux composites[32]. MSN2 est par ailleurs le premier A350 à disposer d'une véritable cabine pouvant accueillir des passagers (elle sera d'abord utilisée pour effectuer les tests systèmes et air conditionné avant de recevoir des passagers, plus tard dans l'année)[33].
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L'A350-900 obtient son certificat de type le 30 septembre 2014 de la part de l’Agence européenne de la sécurité aérienne, conformément au calendrier prévu par Airbus[34].
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Certes, il fallait que le constructeur règle un nouveau problème chaque jour, selon Didier Evrard, responsable du programme A350, en mai 2012, étant donné qu'il s'agit d'un nouvel appareil. Prudemment, Airbus décida, en dépit des quelques mois de retard requis, de construire son fuselage à partir de quatre grands panneaux, deux formant les flancs, auxquels s'ajoutent le panneau du dessous et le pavillon alors que celui du B787 est fabriqué d'un seul tenant en autoclave. La conception d'Airbus semble l'emporter sur celle de Boeing à la suite de l'incendie d'un B787 à Londres en juillet 2013[Note 6]. L'A350 n'est produit qu'à 50 % par des fournisseurs extérieurs au groupe, contre 70 % pour le dreamliner. Par ailleurs, Airbus a renoncé provisoirement aux batteries au lithium pour rester fidèle à la technologie du nickel-cadmium, jusqu'à ce que la nouvelle technologie soit considérée suffisamment mûre pour emporter la confiance des clients et des actionnaires[6].
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Un autre défi du constructeur de Toulouse, c'est son rythme de production. Dès 2018, non seulement la cadence de dix exemplaires par mois devra être atteinte mais aussi l'assemblage d'un appareil devra se faire en 10 semaines, au lieu de 14 semaines pour les A330. Plusieurs assemblages seront effectués dès que les tronçons seront arrivés à Toulouse[36]. Alors que Boeing prévoit 168 livraisons de B787 par an à la fin de la décennie, Airbus est en train d'étudier une cadence de 15 exemplaires par mois, soit 180 appareils en un an. Sa décision sera prise en 2016[37].Si Airbus recevait en mai 2015 des pièces équivalant à trois exemplaires par mois, la production de l'A350 est fortement contrôlée et spontanément ralentie, comme le précisait le responsable Didier Evrard, afin d'éviter le risque accompagné du développement, notamment en raison de nouveaux matériaux[Note 7]. Toutefois, l'assemblage sera désormais accéléré et le constructeur prévoit la livraison de 15 appareils en 2015[39].
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Airbus envisage ETOPS 420[40]. À la suite du succès des vols d'endurance et d'évaluation en ligne en août 2014 ainsi que la fiabilité de l'A330, l'A350XWB décrocha, le 15 octobre 2014, d'abord ETOPS 370[41].
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L'A350 est équipé de deux réacteurs de dernière génération Trent XWB de Rolls-Royce, un réacteur entièrement nouveau et non dérivé de celui proposé sur le Boeing 787.
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Réacteur Rolls-Royce Trent XWB-84.
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Les vols d'essai du Trent XWB-84 de Rolls-Royce furent réalisés sur un A380 (réacteur no 2 en bleu).
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Moteur avec le train d'atterrissage. Salon aéronautique international de Berlin 2016.
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Si le constructeur européen souhaite que soient disponibles tous les moteurs à haute taille des trois fournisseurs actuels de l'A330, afin d'attirer tous les clients de ce dernier, l'A350XWB ne peut s'équiper actuellement que de celui de Rolls-Royce.
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La poussée du moteur de Pratt & Whitney est insuffisante, sans nouveau développement coûteux.
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Quant à General Electric, il n'accepte toujours pas de participer au programme de l'A350XWB[42]. En effet, ce fabricant américain profite énormément de son moteur GE90 qui équipe uniquement le Boeing 777-300ER, dont l'A350-1000XWB sera concurrent. Il est donc peu probable que celui-ci développe un moteur pour l'A350XWB qui pourrait nuire à l'excellente rentabilité du GE90[42]. General Electric avait proposé à Airbus son moteur GEnx du B787 mais celui-ci est insuffisant pour l'A350-1000XWB. Par ailleurs, les compagnies aériennes n'ont actuellement pas assez de possibilité à négocier les prix de moteur, lorsqu'ils achètent le Boeing 777-300ER, étant donné qu'il n'existe pas de concurrence[43].
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Cette motorisation unique de l'A350 XWB fut l'un des principaux obstacles en 2012 au contrat avec le groupe Air France-KLM, client exclusif de General Electric et de CFM International[44]. Toutefois, l'amélioration des caractéristiques techniques permet malgré tout à Airbus d'augmenter ses ventes, en dépit de ce désavantage.
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Le Trent 1700-75 de 330 kN (75000 livres) était à l'origine prévu pour l'A350-800, complété par une version Trent XWB-79 pour les appareils "hot and high". Ces derniers étaient destinés aux clients utilisant les aéroports situés dans la zone tropicale ou ceux de haute altitude où la densité d'air diminue.
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Malgré le retrait du catalogue de cette version de l'A350, ce moteur, qui avait été certifié avec le Trent XWB-84[Note 9], demeure toujours disponible pour les compagnies aériennes qui souhaiteraient commander l'A350-900 dans sa version Régional avec MTOW reduit. Structure de moteur essentiellement identique, ce réacteur peut prolonger sa vie d'usage[45].
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L'A350-941 s'équipant le Trent XWB-75 obtint sa certification en mars 2019[46] auprès de l'EASA[47].
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Le Trent 1700-84 de 374 kN (84 000 livres) est la première motorisation qui a été proposée pour l'A350-900. Il s'agissait alors du plus gros moteur construit par Rolls-Royce.
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Le premier test sur banc a eu lieu le 17 juin 2010 à Derby. Dérivé de la famille Trent, il est le premier à intégrer des disques aubagés monoblocs ("blisks") dans son compresseur et une turbine IP à deux étages. Il a été testé en vol sur A380 à l'automne 2011.
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Le 18 février 2012, Airbus annonça que le premier vol d'essai de ce réacteur Trent XWB-84 s'était déroulé avec succès. D'une part, le moteur remplaçant l'un des quatre réacteurs du prototype A380 fonctionna parfaitement pendant plus de cinq heures de vol ainsi que jusqu'à Mach 0,9, à 84 000 livres (374 kN) de pleine poussée et à 43 000 ft (13 100 m) d'altitude. D'autre part, la qualité de ce réacteur nouvellement conçu fut confirmée : consommation de carburant réduite et niveau sonore plus faible. Les vols d'essai accumuleront jusqu'à 175 heures, soit trois fois plus que les essais standards, afin que le programme puisse intégrer la correction d'éventuels problèmes liés au développement de la nouvelle génération.
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Le 7 février 2013, le réacteur Trent XWB-84 (84 000 livres, soit 38 tonnes) pour l'A350-900XWB obtint sa certification européenne par l'AESA4. Cette certification recouvre également ses variantes moins puissantes destinées à l'A350-800XWB, à savoir les Trent XWB-75 (75 000 livres) et Trent XWB-79 (79 000 livres). Il entra en service en 2015.
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Pendant le développement du Trent XWB-84, les présidents de Emirates et de Qatar Airways avaient exprimé la ferme volonté que l'A350-1000 dépasse 300 tonnes de masse maximale au décollage afin de disposer d'au moins 15 000 km d'autonomie[43].
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Pour cela, la poussée du réacteur devait atteindre 431 kN (97 000 livres) au lieu de 413 kN (93 000 livres)[48], prévu initialement avec le modèle Trent XWB-93, et ce sans modifier ni sa taille ni son diamètre. Ceci nécessitait donc que le réacteur tourne plus vite. Un Trent XWB-84 est parvenu à atteindre les 100 000 livres de poussée, mais en conditions de laboratoire, lors d'essais au banc.
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Pour cela, il a fallu trouver de nouveaux matériaux dans les parties haute pression afin de résister à une plus haute température prévue[49]. Le nouveau réacteur est le premier moteur du fournisseur britannique qui profite d'une dernière technologie, l'impression tridimensionnelle, tout comme l'A350 lui-même[Note 10]. Elle concerne une pièce de 1,5 mètre de dimension en titane[51].
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Le premier exemplaire du Trent XWB-97 arriva à Toulouse le 23 septembre 2015[52]. Ses vols d'essai débutèrent le 5 novembre 2015, selon Airbus[53].
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Des études ont été menées depuis par Rolls-Royce pour la mise en œuvre éventuelle d'une version de 470 kN (105 000 livres) afin d'équiper une éventuelle version allongée de l'A350. Face aux difficultés de Rolls-Royce pour fiabiliser ses nouveaux moteurs[54], Airbus n'a pas donné suite pour le moment à cette nouvelle évolution du Trent XWB. Le constructeur européen a préféré attendre de nouvelles évolutions technologiques attendues dans les prochaines années, comme l'Ultrafan[55], qui pourraient permettre d'acter une version Neo (New Engine Option) de l'A350.
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Avec l'A350 XWB, Airbus souhaitait proposer un avion capable de s'adapter plus facilement aux attentes multiples des compagnies aériennes clientes. Aux trois versions initialement prévues en juin 2008 , Airbus souhaitait proposer jusqu'à cinq variantes de ces trois versions en juin 2011 avec des MTOW soit réduites, soit augmentées.
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Le 17 septembre 2014, le PDG Fabrice Brégier a cependant annoncé la suspension du développement de la version 800. Il n'existe donc aujourd'hui que deux versions de l'A350 au catalogue de Airbus : la version 900, qui est déclinée avec une variante Régional ou ULR, et la version 1000.
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Airbus propose aussi un ACJ350 XWB comprenant deux déclinaisons affaires de son appareil sous les dénominations ACJ350-900 et ACJ350-1000.
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Une variante ULR de la version 1000 et une nouvelle version allongée de l'A350 sont toujours envisagées par Airbus.
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L'A350 XWB se positionne plus comme un concurrent du Boeing 777 que du Boeing 787, car Airbus a pour politique commerciale de proposer plutôt ses nouveaux appareils face à des concurrents de conception plus ancienne. Fabrice Brégier déclare à ce sujet, en novembre 2016, que « l'A350-1000 va tuer le 777ER »[56]. De ce fait, le 787-8 connaît un grand succès commercial car il n'existe plus d'appareil équivalent chez Airbus, l'A340-200 n'ayant en effet pas été remplacé et le projet A30X (qui est susceptible de proposer une version entre 200 et 250 passagers) n'étant pas attendu avant le milieu de la prochaine décennie. Ceci a d'ailleurs conduit Airbus à annoncer, en juillet 2014, le lancement du nouvel A330neo et ce afin de compléter la gamme de l'A350 XWB pour maintenir sa présence sur l'ensemble du marché aéronautique.
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Cette version était destinée à concurrencer le Boeing 787-9 et devait remplacer à terme l'A330-200. Initialement, celle-ci proposait à l'origine 270 sièges, répartis sur 3 classes, pour une autonomie de 15 700 km[57], conçue en tant que concurrent du prototype du 787-9 qui avait permis de proposer une masse maximale au décollage accrue qui était passé de 248 à 259 tonnes. Les livraisons de la version de base étaient à l'origine prévues pour l'année 2016.
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En dépit d'un nombre considérable de commandes, ce type subit l'augmentation du prix de carburant. À la suite de plusieurs conversions de contrat de la version 800 en versions 900 et 1000, notamment celle de Qatar Airways annoncée le 3 décembre 2012 [58] et d' Aeroflot annoncée le 22 octobre 2013[59], le carnet de commande de l'A350-800 ne comptait plus que 79 exemplaires à la fin du mois d'octobre 2013, avec cependant des bénéfices économiques pour Airbus qui vendait finalement des appareils plus grands et ayant un tarif plus élevé que ceux d'origine[60].
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Il a un alliage en carbone: un materiau recent dans son utilisation en aéronautique. En s'adaptant à la situation, le constructeur lança d'abord en 2012 de nouvelles évolutions des A330-200 et A330-300, avec 242 tonnes de masse maximale au décollage[61], puis le programme de l'A330neo, qui leur permettent de mieux affronter la concurrence du Boeing 787. D'où, l'A350 se positionnait désormais presque exclusivement comme un concurrent du Boeing 777.
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Dans un premier temps, Airbus avait confirmé, le 13 janvier 2014[62], vouloir maintenir cette version et cependant réfléchir à augmenter les capacités de celle-ci d'une vingtaine de sièges pour s'approcher de celles du Boeing 787-9 afin de mieux concurrencer ce dernier. Le PDG Fabrice Brégier est revenu ensuite sur cette décision en annonçant la suspension du développement de cette version le 17 septembre 2014. Les huit derniers A350-800 commandés par la compagnie Asiana Airlines ont été alors convertis en commande pour le modèle A350-900[63].
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Depuis février 2018, le programme n'apparait plus dans le détail officiel des commandes d'Airbus ; ceci signifiant que la cellule n'est plus offerte à la commercialisation et que le développement de cette version est donc aujourd'hui définitivement abandonné.
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L'A350-900 est le premier modèle A350 et remplace l'A340-300 dont la production a été arrêtée. Sa longueur est de 67 mètres, sa masse maximale au décollage (MTOW) est de 280 tonnes, il peut accueillir 325 passagers dans une configuration 3 classes standard et sa portée est de 15 000 km[64],[65].
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Celui-ci était destiné à concurrencer à l'origine le Boeing 777-200ER. Airbus indiquait alors que, par siège, le Boeing 777-200ER avait un poids à vide plus lourd de 16%, une consommation de carburant supérieure de 30% et des coûts d’exploitation plus élevés de 25% par rapport à l’A350-900.
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Cela a conduit Boeing à proposer notamment le 787-10, avec un poids à vide moins élevé mais avec un rayon d'action plus limité.
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Avant d'exploiter l'A350-900, Lufthansa estime en mai 2015 que cet appareil ne consommera qu'à peine 2,9 litres de carburant par passager aux 100 km[66]. Il s'agit d'un chiffre quasiment identique à celui de l'A380[67].
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Airbus avait envisagé trois variantes de la version 900 :
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La première certification de type, en tant qu'A350-900 (sans suffixe XWB, dénomination de catalogue), fut autorisée par l'Agence européenne de la sécurité aérienne le 30 septembre 2014, de sorte qu'Airbus puisse livrer ses appareils[69],[easa 2]. La particularité de l'A350 se trouve dans l'autorisation du pilotage. Ce dernier fut autorisé en tant que double approbation pour les A330/A350. À savoir, l'A350-900 et l'A330 sont considérés comme variantes du même type d'appareil[easa 3] selon lequel la permission de pilotage est commune entre ces deux modèles. De même, l'AESA conclut que la cabine de l'A350-900 est considérée en tant que variante de l'A330-200[easa 4].
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Avec 8 membres d'équipage dans la cabine, jusqu'à 400 sièges sont autorisés. Afin d'accueillir plus de passagers, il faut que l'équipage se compose de 9 personnes[easa 5]. D'ailleurs, le nombre de sièges varie d'après la configuration de portes. L'A350-941 standard est autorisé jusqu'à 385. Avec la configuration A-A-A-A, l'appareil peut accueillir 440 passagers tandis que la configuration C-A-C-A n'assure que 330 sièges[easa 6].
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L'appareil est pareillement capable de transporter 41 tonnes de fret en conteneurs, auquel s'ajoute 3,468 tonnes de capacité à l'arrière pour le cargo sans conteneurs[easa 7].
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Ce type de l'appareil -941 obtint son ETOPS, le 3 avril 2019, pour 180 minutes ou plus de 180 minutes selon la condition de la compagnie aérienne[easa18 2].
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Le 20 mai 2019, 3 premiers appareils d'ACJ350-941XWB (version vip) furent commandés par le gouvernement allemand[70].
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Cette variante, qui se positionne en concurrente du Boeing 787-10 et se veut complémentaire de l'A330-900neo, fut confirmée au salon du Bourget en juillet 2013 à la suite des annonces de Boeing concernant les évolutions du B787[71].
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Le constructeur confirma que le premier client identifié est Etihad Airways avec 24 appareils de commande effectuée en novembre 2013[72]. Selon la présentation du constructeur tenue le 14 janvier 2014 par John Leahy, les performances de l'A350-900 Regional équivaudraient à celles du B787-10, ou légèrement meilleures, avec 250 tonnes de MTOW[73].
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D'autres compagnies exploitent aujourd'hui cette version comme Singapore Airlines, depuis décembre 2018[47], mais Airbus a fait le choix de ne pas distinguer cette variante dans son détail de commandes.
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Cette variante exploite des moteurs Trent XWB-75, destinés à l'origine à la version 800, dont la puissance réduite à 75 000 livres permet des intervalles plus longs entre les opérations de maintenance afin de réduire les coûts d'exploitation. Sa certification reste comme une variante d'A350-941[easa18 3].
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Le 17 août 2015, un responsable d'Airbus déclare que le constructeur est en train de développer une version de type -900, le ULR (pour Ultra Long Range), qui sera capable de relier Singapour à New York sans escale, soit 15 344 km. Cette ligne, anciennement exploitée par l'A340-541 de Singapore Airlines jusqu'en 2013, profitera, dès 2018, de 25 % moins de consommation de carburant en comparaison de son prédécesseur. Dans cette optique, il faut une modification de la configuration afin de réduire le poids de l'appareil ainsi que la certification de ETOPS 420, initialement prévu par Airbus. Si peu de compagnies aériennes ont besoin de ce rayon d'action, le nouveau modèle sera « prestigieux » selon un analyste[74],[75].
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À la suite d'une conversion de 7 appareils de ce type par SIA, Airbus lança formellement le programme de l'A350-900ULR le 13 octobre 2015. La compagnie singapourienne ajouta simultanément 4 exemplaires de commande ferme, modèle -900[76]. En mai 2018, Singapore Airlines annonce qu'elle mettra l'Airbus A350-900 ULR en service sur la ligne Singapour-New York à partir d'octobre 2018. La liaison en question couvrira une distance de 16 700 km en 18 h 45 min, ce qui en fera la plus longue en service[77].
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Selon John Leahy, cette version intéresse plusieurs compagnies aériennes du Golfe, et Airbus en attend un certain nombre de commandes[78].
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Au regard de la spécification, le constructeur précise encore que l'A350-900ULR a une masse maximale au décollage portée à 280 tonnes, ce qui correspond au MTOW maximal de l'A350-900. La quantité de carburant disponible a été augmentée jusqu'à 165 000 litres au lieu de 141 000, mais sans ajouter aucun réservoir supplémentaire[76]. Par ailleurs, Airbus impose des limitations de la charge utile en limitant le nombre de sièges proposés et en réduisant le nombre de conteneurs embarqués[79].
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Il a effectué son premier vol le 23 avril 2018. À la suite de la certification obtenue le 30 septembre[easa18 3], le premier vol commercial a lieu le 11 octobre 2018 entre Singapour et New York pour une liaison de 16 700 kilomètres d'une durée de dix-huit heures et trente minutes[80].
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L'A350-1000 est le second modèle A350 et remplace l'A340-600 dont la production a été arrêtée. Cette version était initialement destinée à concurrencer le Boeing 777-300ER, mais Airbus a été conduit à revoir les caractéristiques techniques de ce modèle afin de mieux répondre aux nouvelles versions du Boeing 777X.
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Sa longueur est de 74 mètres, sa masse maximale au décollage (MTOW) est de 316 tonnes, il peut accueillir 366 sièges dans une configuration 3 classes standard et sa portée est de 14 800 km[81].
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L'A350-1000 avait deux objectifs au sein de la gamme Airbus. Premièrement, proposer aux compagnies une autre solution que l'A340-600, dont le succès commercial n'a pas été au rendez-vous. Deuxièmement, concurrencer de manière directe le Boeing 777-300ER qui constituait la référence dans cette catégorie. Pour ce faire, les performances de l'A350-1000 étaient assez proches de celles du Boeing 777-300ER, en se contentant d'un réacteur 18 % moins puissant (431 kN contre 512 kN), d'où d'importantes économies de carburant. Ceci a conduit Boeing à limiter la puissance du GE9X qui équipe les 777X à 470 kN.
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La masse maximale au décollage a augmenté jusqu'à 316 tonnes[82] tandis que la poussée du réacteur est fixée à 431,5 kN[easa18 4],[Note 9] Dans cette optique, une équipe de 400 ingénieurs fut chargée de son développement afin de trouver les meilleures solutions[43]. En raison d'une plus grande masse, la version -1000 dispose d'un nouveau train d'atterrissage renforcé doté d'un bogie de deux fois trois roues[83] ainsi que de pièces de voilure modifiées (90 % de la totalité), en dépit de la même taille que le modèle -941[82]. Les bords de fuite ont été allongés, augmentant de 4 % la surface alaire. Sa configuration finale a été gelée en 2011, la phase de conception détaillée a été achevée en 2012.
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En octobre 2013, le directeur du programme Didier Evrard confirma que l'A350-1000 XWB était déjà entré en phase industrielle[84]. En juin 2015, le programme respectait le calendrier. Un certain nombre de sous-ensembles importants, tels que le caisson central de voilure, furent fabriqués pour le prototype. Ensuite, la production des premières ailes fut commencée en août au Royaume-Uni[85]. Puis, en novembre 2015, Airbus commença les vols d'essai du réacteur RB211 Trent XWB-97 en utilisant un de ses A380, durant 120 heures. Le 24 novembre, le premier fuselage fut achevé à Hambourg[86]. L'assemblage final a débuté le 10 février 2016. Le premier exemplaire est assemblé le 18 avril et est entré en phase de test de ses différents systèmes. Le premier vol d'essai a été effectué le 24 novembre 2016. Trois Airbus A350-1000 participeront à la campagne d'essais en vol qui doit démarrer d'ici à la fin de cette année[87]. Sa certification et la première mise en service sont attendus pour l'année suivante[83].
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En 2016, François Caudron, responsable marketing chez Airbus, estimait que L’A350-1000 était parfaitement placé pour une lutte en tête à tête contre le 777X : "Il est 35 tonnes plus léger, affiche une portée supérieure de 400 milles, et un coût par vol inférieur de 15 %. Certes, le 777-9 a 32 sièges de plus. Encore faut-il les remplir : il faut que 26 de ces sièges soient occupés pour que la compagnie gagne de l’argent."[88]
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La première version d’essai de l'A350-1000 (MSN059) est sortie des usines de Toulouse le 19 juillet 2016. Le premier vol a eu lieu le 24 novembre 2016 à Toulouse-Blagnac[89]. Tous les objectifs de performance ont été atteints ou dépassés mais le respect des spécifications de poids n’a pas été respecté, contrairement aux premiers -900. Sa masse de base maximale au décollage de 308 tonnes a été portée à 311 tonnes avant d’offrir une version possible de 316 tonnes, qui est apparue dans la mise à jour de sa fiche de certificat de type du 29 mai 2018. Cela a porté son rayon d'action de 14 720 à 15 560 km pour offrir une meilleure concurrence au Boeing 777-9.
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La certification de type a été obtenue le 21 novembre 2017[easa18 5] et le premier appareil de série a été livré à Qatar Airways le 20 février 2018. Il entre en service commercial le 24 février 2018 sur la ligne Doha - Londres Heathrow[90].
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En octobre 2018, Qatar Airways annonce avoir converti cinq A350-900 actuellement en commande en A350-1000. Cette modification de commande renforce le positionnement de Qatar Airways en tant que principal client de l'A350-1000, avec une flotte de 42 avions[91].
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En 2018, A350-1041 obtint successivement l'approbation d'ETOPS : 120 minutes (6 février), 180 minutes (19 juin) et enfin plus de 180 minutes (6 juillet)[easa18 6].
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En novembre 2019, le passage de 440 à 480 passagers au maximum dans l’A350-1000, soit une capacité similaire à celle du Boeing 777X, a été certifié par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA)[92], mais il nécessite pour cela l’installation de portes de secours modifiées (type A+), avec toboggan d’évacuation à deux « pistes ».
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En 2011, les projets de Boeing de proposer des versions de son nouveau 777X, avec 17 000 km d'autonomie, ont conduit Airbus à envisager la possibilité de développer une variante de l'A350-1000 avec une autonomie étendue[93]. Cependant, l'absence d'engagement ferme de Airbus sur ce projet ont conduit les compagnies Emirates et Qatar Airways à se tourner vers le Boeing 777-8 en 2014.
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Le 25 août 2017, Qantas annonce, dans le cadre de son projet Sunrise[94],[95],[96], son intention de créer des liaisons directes entre l'Australie et l'Europe. Airbus est alors de nouveau sollicité pour proposer cette variante avec une plus forte masse au décollage et une plus grande capacité en carburant.
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Le 13 décembre 2019, la compagnie australienne a annoncé que son choix se portait finalement sur l’A350-1000[97], et ce au détriment du Boeing 777-8 pour lequel Boeing avait annoncé, en août 2019, le report de son développement[98].
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La commande de Qantas porterait sur une douzaine d’exemplaires, dont les caractéristiques exactes demeurent à définir.
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Les dernières évolutions du programme de l'A350-1000 permettent aujourd'hui à Airbus d'envisager assez aisément une nouvelle augmentation de son MTOW à 319 tonnes. Avec un emport de carburant supplémentaire, identique à celui de l'A350-900 ULR, cette nouvelle variante de l'A350-1000 pourrait atteindre le rayon d'action nécessaire à la réalisation des vols prévus par Qantas, en limitant néanmoins la charge utile (nombre de sièges et de conteneurs) afin de respecter la charge structurelle maximale.
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Cependant, Airbus devra prendre en compte notamment les contraintes pour les réacteurs Trent XWB-97, pour lesquels une augmentation de puissance de plus de 3 % semble aujourd'hui peu envisageable sans nouvelle évolution technique majeure.
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Les premiers vols commerciaux de cette nouvelle version de l’A350 sont attendus pour le premier semestre 2023.
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Airbus propose également une version privée de son A350 XWB disponible en version ACJ350-900 ou ACJ350-1000. Airbus l'a dévoilée le 23 mai 2016 lors du salon EBACE (European Business Aviation Convention) de Genève.
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Cet appareil est décrit par Airbus comme l'avion VIP, le plus confortable, le plus moderne et le plus « capable » des avions d’affaires au monde.
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En version -900, sa cabine de 854 m3 , 270 m2 lui permet de transporter jusqu'à 25 passagers sur 11 100 nm/20 557 km (soit des vols dépassant 22 heures).
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Il bénéficie d'équipements Easyfit, (des centaines de points d’attache répartis tout au long du fuselage en fibre de carbone), permettant une plus grande flexibilité dans la création de cabines sur mesure. Selon John Leahy, directeur des opérations d’Airbus, les clients de la gamme ACJ « veulent le meilleur et le plus moderne des avions », et l’ACJ350 avec Easyfit « personnifie ce besoin »[99].
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Il est doté de nouveaux systèmes tels que l’OANS (Onboard Airport Navigation System) pour le déplacement de l’avion dans les aéroports, ou le ROPS (Runway Overrun Prevention System) pour éviter les sorties de pistes par mauvais temps.
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À ce jour, le gouvernement allemand a commandé trois ACJ350-900 et un client anonyme a commandé deux ACJ350-900.
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Le marché des avions capables de transporter plus de 400 passagers a profondément changé lorsque Boeing a annoncé, en septembre 2011, le développement de nouvelles versions du Boeing 777 capables de rivaliser notamment à l'A380-800.
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Cette annonce a contraint Airbus à étudier d'une part l'augmentation de capacité de l'A350 et d'autre part d'envisager de revoir le positionnement de l'A380. Une tendance que le marché aéronautique n'a fait que confirmer par la suite. Ainsi, dès le 26 septembre 2013, la compagnie allemande Lufthansa, connue pour être un des principaux clients du constructeur européen, passe commande de 34 Boeing 777-9, d'une capacité de 407 sièges, et ce en renonçant par ailleurs à trois options concernant des commandes d'A380.
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Les déclarations successives des dirigeants de Airbus confirmaient que le constructeur européen privilégiait dans un premier temps l'amélioration des caractéristiques du nouvel A350-1000, tout en se refusant à développer une version allongée qui aurait porté préjudice à la carrière commerciale de l'A380 :
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John Leahy estimait par ailleurs que l'A350-1000 avait tué le Boeing 777-300ER, que la clef de la réussite passait actuellement par le coût d'exploitation par passager et par km. D'ailleurs, dénonça-t-il, Boeing avait ajouté 40 sièges supplémentaires au Boeing 777-9X, en faisant un appareil trop lourd et trop grand pour remplacer idéalement le Boeing 777-300ER.
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Cependant, entre 2016 et 2018, la presque totalité des compagnies aériennes clientes de l'A380[100], notamment Emirates, délaissèrent celui-ci au profit du Boeing 777-9X et ce sans que l'A350-1000 ne parvienne à capter ces nouvelles commandes. Une des premières réponses de Airbus a été alors d'augmenter les capacités de l'A350-1000[101], celui-ci devrait ainsi gagner 20 sièges supplémentaires d'ici 2020 (soit 389 sièges au total en 3 classes) pour mieux concurrencer le Boeing 777-9X.
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Le 14 février 2019, Tom Enders, le président exécutif de Airbus, annonça la fin du programme A380[102], ce qui ouvrait de nouvelles perspectives au développement d'une version allongée de l'A350 au cours des prochaines années.
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Une version allongée de l'A350, provisoirement baptisée A350-1100, -2000 ou -8000 dans la presse selon les périodes, devra pouvoir concurrencer un hypothétique Boeing 777-10X attendu par certaines compagnies aériennes, notamment Singapore Airlines[103].
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Une des solutions envisagées par Airbus[104] consistait à ajouter un tronçon supplémentaire de 4 m, afin de rester dans la limite de quatre paires de portes de sortie, pour gagner une vingtaine de sièges supplémentaires. L'augmentation modeste de la MTOW de 308 à 319 tonnes n'aurait alors besoin que de 3 % de puissance supplémentaire au niveau des réacteurs, et ce afin de rester dans les limites des capacités de Rolls-Royce Trent XWB -97, tout en offrant une autonomie de 14 100 km (7 600 nmi). Cette solution sera finalement partiellement adoptée pour augmenter le nombre de sièges sur l'A350-1000, mais sans ajout d'un nouveau tronçon, en gagnant de l’espace grâce à une nouvelle conception des galleys et à une nouvelle disposition des toilettes. Cela a ainsi permis de limiter l'augmentation de la MTOW à 316 tonnes pour rester performant par rapport au Boeing 777-9X.
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Une autre solution plus ambitieuse consisterait à réaliser une version allongée de 6 m de l'A350-1000 pour pouvoir atteindre une capacité de plus de 400 passagers. Cette version de l'A350 pourrait atteindre alors une longueur totale de près de 80 m, plus long donc que l'A340-600 et équivalent à la longueur de l'A380-900 (dont les dimensions avaient été limitées à un carré de 80 m de côté). En plus de la modification du train d'atterrissage et de l'agrandissement de la surface alaire, cette solution nécessiterait par ailleurs le développement d'une nouvelle version du Trent-XWB offrant une poussée de 470 kN (105 000 livres), équivalente à celle fournie par le GE9X qui équipe le Boeing 777X, et ce afin de conserver un confortable rayon d'action.
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Les contraintes techniques, notamment au niveau de l'envergure de l'appareil[105] et de la fiabilité des réacteurs[106], les coûts de développement importants et la faible demande du marché aéronautique actuel[107] retardent pour le moment la mise en œuvre de tels projets, que cela soit pour la version allongée de l'A350 ou pour son concurrent le Boeing 777-10X.
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Airbus devrait donc à priori attendre la possible mise en œuvre de versions Neo (New Engine Option) de l'A350[108], dans la seconde moitié de la décennie 2020-2030, pour proposer cette augmentation de capacité. Airbus pourrait alors s'appuyer sur le développement de moteurs à taux de dilution élevé poursuivi par Pratt & Whitney, sur le Geared Turbofan, ou encore Safran, dont un test au sol d’un démonstrateur est prévu en 2021, ainsi que Rolls-Royce, qui vise une mise en service de son projet Ultrafan en 2025[109].
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Le coût de développement du programme A350 était initialement estimé à environ 4 milliards d'euros. Après l'annonce en mai 2006 de modifications substantielles à apporter au programme, certains analystes ont ré-estimé le coût total du programme à environ 8 milliards d'euros[110].
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Suivant l'Allemagne et la France qui ont accordé 2,5 milliards d'euros d'aides remboursables, le Royaume-Uni annonce le 14 août 2009 qu'il fait de même à hauteur de 340 millions de livres (environ 400 millions d'euros) pour le développement du long-courrier A350 XWB. Cela dans le but de créer plusieurs milliers d'emplois en Angleterre[111].
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Actuellement, le Conseil pour la recherche aéronautique civile française (CORAC) exécute un soutien direct et important en faveur du programme de l'A350-1000, car « les masses et les interfaces composites-métal ne sont pas les mêmes ». Notamment, il faut « obtenir un gain de masse d'une tonne »[112]. En effet, le Sénat juge que le gouvernement des États-Unis effectue un soutien budgétaire massif à Boeing[Note 11].
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Avant son lancement industriel, le programme A350 a été dirigé par Olivier Andries en tant que vice-président exécutif pour la stratégie d'Airbus et mené par Neil Scott lui-même secondé par l'ingénieur en chef Dougie Hunter. Au début de l'année 2007, ils ont été remplacés à la tête du programme par Didier Evrard[115] et Gordon McConnell en tant qu'ingénieur en chef.
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À la suite du succès de programme respectant le calendrier, l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace octroya le Prix Icare 2015 à Didier Evrard le 22 mai 2015, en appréciant sa gestion de qualité sur le programme effectuée depuis 2007. Il avait été nommé directeur général de tous les programmes d'Airbus le 1er janvier 2015[116].
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Cinq mois après le lancement du programme, Airbus enregistre sa première commande ferme de 20 appareils par China Eastern le 26 octobre 2006. En 2007 les ventes s’enchaînent pour atteindre 289 appareils vendus dans l'année, dont 101 en configuration A350-800. Cette version sera finalement abandonnée en 2011 et les ventes converties en configuration A350-900 et A350-1000. La crise du marché aérien entre 2008 et 2012, et le retard pris par le programme entraînent un ralentissement des ventes et quelques annulations. Le premier vol de l'appareil le 14 juin 2013 permet à Airbus de relancer son carnet de commande. 2014 est marquée par l'annulation par Emirates de 70 commandes le 11 juin. Mais le 18 novembre 2019, Emirates annonce au Dubai Airshow une commande de 50 A350-900.[1] Ce qui porte le carnet de commande à 963 exemplaires dont 787 en version -900 et 176 en version -1000.
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*Au 30 juin 2020
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de sièges [Note 12]
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Qatar Airways, livraison le 22 décembre 2014. Premier vol vers Francfort, le 15 janvier 2015.
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Finnair, livraison le 7 octobre 2015.
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Le cockpit est équipé de 6 principaux écrans de grande taille.
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Winglet sophistiquée en trois dimensions.
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Le pare-brise arbore un liseré noir, parfois comparé à un « masque de raton-laveur ».
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Les forme et taille du hublot furent améliorées (un grand hublot par rangée).
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Sur les autres projets Wikimedia :
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fr/950.html.txt
ADDED
@@ -0,0 +1,190 @@
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Un réseau trophique est un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d'un écosystème et par lesquelles l'énergie et la biomasse circulent (échanges d'éléments tels que le flux de carbone et d'azote entre les différents niveaux de la chaîne alimentaire, échange de carbone entre les végétaux autotrophes et les hétérotrophes).
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Le terme trophique se rapporte à tout ce qui est relatif à la nutrition d'un tissu vivant ou d'un organe. Par exemple, une relation trophique est le lien qui unit le prédateur et sa proie dans un écosystème.
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Dans un écosystème, la structure des réseaux trophiques (les types et réseaux de relations alimentaires entre organismes) influence fortement la quantité, la diversité, la stabilité et la qualité de la biomasse et de la matière organique résiduelle (excrétions, nécromasse) produites par les écosystèmes[1]. La qualité d'un réseau trophique et de ses interactions a un lien direct avec la stabilité et la résilience des populations qui en font partie [2].
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Les réseaux trophiques, parfois très complexes, sont étudiés par l'« écologie trophique ». Ils sont affectés par les changements globaux, dont ceux liés au dérèglement climatique[3],[4], dont au niveau des espèces-clé[5].
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La notion de réseau trophique désigne l'ensemble des relations trophiques existant à l'intérieur d'une biocénose entre les diverses catégories écologiques d'êtres vivants constituant cette dernière (producteurs, consommateurs, décomposeurs). Il peut aussi se définir comme étant la résultante de l'ensemble des chaînes alimentaires unissant les diverses populations d'espèces que comporte une biocénose.
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Aux échelles humaines de temps, la structure de la communauté peut sembler en équilibre. Il s'agit en fait d'un équilibre instable maintenu en équilibre dynamique, par le jeu de deux grandes chaines de rétro-contrôles ; les relations « top-down » (régulation des ressources par leurs consommateurs) et « bottom-up » (rétroactions des ressources sur leurs consommateurs).
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Mieux comprendre ces interactions est un des enjeux de l'écologie, car elles sont fortement affectées par les impacts en cascade des activités humaines (chasse, pêche, agriculture), qui diminuent fortement le nombre et la biomasse des espèces de haut niveau trophique, tout en augmentant ou perturbant les apports et les cycles de nutriments[6], conduisant notamment à des phénomènes d'appauvrissement en amont et de dystrophisation en aval des bassins versants, ou à des phénomènes d'eutrophisation et d'anoxie en mer[7].
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Chaque réseau est caractérisé par des boucles de rétroactions complexes et des équilibres dynamiques, fortement influencées par les paramètres biotiques et abiotiques (température, pH, disponibilité en lumière, oxygène et nutriments notamment).
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Ainsi, à titre d'exemple pour les milieux aquatiques, l'augmentation du nombre d'individus d'une espèce ou du nombre d'espèces herbivores tend à diminuer le nombre d'algues fixées ou en suspension. Mais dans le même temps cette pression herbivore favorise l'arrivée de lumière et rend disponible des nutriments, ce qui favorise la croissance d'autres algues ou plantes[8],[9].
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Inversement, un déséquilibre écologique, tel que la pullulation en surface ou en pleine eau d'une espèce invasive introduite (n'ayant pas ou n'ayant plus de prédateur local) peut priver le milieu de lumière et le conduire à l'anoxie[10] voire à un phénomène de zone morte, ou une espèce invasive, comme la moule zébrée (Dreissena polymorpha), en filtrant des masses considérables d'eau va induire un changement de la composition algale[11].
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Selon les espèces herbivores (éventuellement exotiques et invasives) qui dominent le milieu, la pression herbivore peut être très sélective et alors induire d'importants changements dans le réseau trophique (changements de dynamiques démographiques et de colonisation, changement dans les tailles[12] ou dans le nombre d'espèces, etc.)[13].
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Les relations inter-spécifiques, les structures en taille et biomasse de la communauté, les relations intra-spécifiques des assemblages de plantes ou microalgues en seront affectées et modifient en retour la structure et la dynamique des herbivores et de leurs prédateurs[14].
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Une chaîne alimentaire est une suite d'êtres vivants de différents niveaux trophiques dans laquelle chacun mange des organismes de niveau trophique inférieur dans le but d'acquérir de l'énergie. Le premier maillon d'une chaîne est toujours un organisme autotrophe. Dans les mers et les océans, le phytoplancton assure ce rôle. Dans les profondeurs abyssales où les rayons du soleil ne parviennent pas, les bactéries thermophiles sont les premiers maillons de la chaîne. Cependant, la chaîne photosynthétique y existe tout de même ; en effet les organismes pélagiques meurent et coulent.
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Selon une étude de 2013[15],[16] basée sur son régime alimentaire l'espèce humaine, loin d'être au sommet de la chaîne alimentaire, se situe au même niveau que les anchois ou les cochons. L'homme est un cas spécifique, il ne possède pas de prédateur sans pour autant être au sommet de la chaîne alimentaire. Les populations humaines avec un régime carné se rapprochent cependant des superprédateurs comme l'ours polaire.
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Dans un écosystème, les liens qui unissent les espèces sont le plus souvent d'ordre alimentaire. Ces relations forment des séquences où chaque individu mange le précédent et est mangé par celui qui le suit ; on parle de « chaîne alimentaire ». Chaque maillon est un niveau trophique.
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L’intérêt envers la structure des réseaux trophiques est né lors des recherches effectuées pour comprendre la relation entre la diversité et la stabilité des réseaux. Depuis, les recherches pour comprendre comment sont structurés ces réseaux - nombre de noeuds (espèces), nombre de liens trophiques, densité et organisation des liens trophiques - et quels en sont les processus à l'origine ont été nombreuses, notamment car la structure joue un rôle important dans la dynamique et la stabilité des écosystèmes. De plus, dans un contexte de perte de biodiversité et de changements globaux, comprendre comment sont structurées les communautés d'espèces sur la base des relations trophiques est devenu un enjeu important pour la conservation.
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Les réseaux trophiques sont composés de plusieurs niveaux trophiques en commençant par les espèces basales étant le niveau le plus bas. Il contient tous les producteurs primaires que sont les espèces autotrophes. Viennent ensuite les herbivores, considérés comme les premiers consommateurs, se nourrissant des espèces basales. On retrouve ensuite les carnivores primaires (seconds consommateurs) et les carnivores secondaires (consommateurs tertiaires). Les taxons se trouvant à différents niveaux trophiques, sont liés par des interactions plus ou moins fortes de type consommateur/consommé. Les liens d'un réseau trophique sont alors unidirectionnels. Ensemble, ils forment des chaînes trophiques reliées entre elles. Chaque écosystèmes à un réseau trophique dont la structure lui est propre. Les réseaux trophiques peuvent être plus ou moins compartimentés, par exemple, en milieu marin, on peut retrouver le compartiment benthique et le compartiment pélagique. Ces compartiments interagissent entre eux par des interactions plus faibles que les interactions au sein même du compartiment. Les réseaux peuvent aussi être plus ou moins complexes, avec un nombre de nœuds plus ou moins important, on parle alors de la diversité du réseau. De plus, le nombre de liens entre les nœuds peut aussi varier. Afin d'expliquer et de prédire les propriétés structurales des interactions trophiques entre ces espèces, de nombreux modèles universels ont été étudiés et décrits.
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Un large éventail de réseaux, sociaux, économiques, technologiques ou encore biologiques, ont été décrits comme étant des réseaux « petit monde » (réseaux avec beaucoup de nœuds faiblement connectés et un petit nombre de nœuds très connectés) et « sans échelle » (la distribution des degrés de nœuds suit une loi de puissance). Cependant, l’appartenance des réseaux trophiques à ces classes de réseaux a été remise en cause par Dunne et al. (2006)[17], grâce à l’étude d’un panel de réseaux trophiques empiriques provenant de divers écosystèmes aquatiques et terrestres.
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Les réseaux « petit monde » affichent un coefficient de regroupement plus élevé que les réseaux aléatoires, ce qui signifie que les voisins d’un nœud sont susceptibles d’être beaucoup plus connectés les uns aux autres dans un réseau « petit monde » que dans un graphe aléatoire. Ils possèdent également une plus petite longueur de trajet que dans un réseau régulier, semblable à ce qui est vu dans un réseau aléatoire, ce qui signifie que la longueur de trajet caractéristique (ou longueur de trajet la plus courte moyenne) augmente de manière logarithmique avec le nombre de nœuds. Or, la majorité des réseaux trophiques ont peu de nœuds par rapport à d’autres réseaux non – biologiques et leur coefficient de regroupement est alors similaire à celui d’un graphe aléatoire. La plupart des réseaux trophiques ne possèdent donc pas la topologie typique d’un réseau « petit monde ».
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Les distributions de degrés de nœuds des réseaux trophiques, qui sont les distributions probabilistes des degrés de chaque sommet du réseau, différent souvent de celles d’un réseau aléatoire. Ainsi, les réseaux trophiques n’affichent pas toujours des distributions de degrés « sans échelle » mais présentent une variété de formes fonctionnelles et ne peuvent donc pas être exprimés sous une forme fonctionnelle universelle. Cependant, il y a tout de même une relation systématique entre la forme de la distribution des degrés de nœuds et la complexité du réseau trophique (mesurée en termes de connectance). Les réseaux trophiques à connectance élevée affichent généralement des distributions uniformes, les réseaux à connectance moyenne ont souvent des distributions exponentielles et les réseaux à faible connectance affichent des distributions de loi de puissance ou de loi de puissance partielle. La taille des réseaux trophiques joue aussi un rôle dans la forme que prend la distribution des degrés de nœuds.
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Les réseaux trophiques sont plus ou moins complexes (la complexité étant le produit du nombre d'espèces et de la connectance), pour en comprendre l'évolution des diverses propriétés structurales l'utilisation de modèles est nécessaire. Au cours de la recherche sur ces réseaux alimentaires, de nombreux modèles ont été proposés afin d'expliquer au mieux ces propriétés. Au sein des premiers modèles étudiés on retrouve le modèle aléatoire (J.E Cohen et al 1990) et le modèle en cascade (J.E Cohen & C.N Newman 1985)[18]. Dans le modèle en cascade les espèces sont classées de 1 à S (avec S le nombre total d'espèces) et les consommateurs ne peuvent consommer que des espèces aux rangs inférieurs avec une probabilité
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S
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{\displaystyle p=2SC/(S-1)}
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, avec C la connectance. Ces deux modèles présentant de nombreuses limites dans la description des propriétés structurales des réseaux, d'autres modèles ont été avancés par la suite: le "modèle de niche" (R.J Williams & N.D Martinez 2000) a été fortement étudié et comparé aux autres modèles. Dans le modèle de niche, les espèces sont rangées en fonction de leur valeur de niche, si leur valeur de niche est supérieure à celles des autres espèces alors elles se nourrissent de ces espèces. On a alors une continuité dans le régime alimentaire. De nombreux autres modèles ont été proposés au fil de la recherche afin d'optimiser au mieux la description des réseaux trophiques.
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Car ces principaux modèles, même s’ils aboutissent à des descriptions satisfaisantes de la structure des réseaux trophiques, présentent certaines limites. En effet, ils utilisent des propriétés émergentes des réseaux trophiques (diversité, connectance…) comme paramètres pour déterminer d'autres descripteurs et considèrent que ces réseaux sont binaires (les espèces et les liens trophiques sont présents ou absents mais ne sont pas quantifiés). Les processus de niveaux inférieurs, liés à la dynamique des populations et aux phénomènes d’adaptation, ne sont pas étudiés[19].
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Loeuille et Loreau. (2005)[19] ont alors élaboré un modèle basé sur une approche simple, dans laquelle la taille corporelle est le seul trait sujet à l’évolution, de manière à prédire l’émergence de la structure des réseaux trophiques. Il apparaît que la structure des réseaux trophique est principalement déterminée par la largeur de niche, mais aussi par l’intensité de la compétition par interférence. Si la largeur de la niche et l'intensité de la compétition sont faibles, les espèces sont distribuées en groupe de tailles différentes correspondant à des niveaux trophiques distincts. Si elles sont fortes, la structure du réseau trophique est floue, les espèces sont réparties de manière homogène le long de l’axe de la taille corporelle.
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L'emboîtement ou « nestedness » en anglais, est un terme qui désigne un type d'organisation retrouvée dans de nombreux réseaux trophiques naturels. Il peut se définir comme un modèle d'interactions dans lequel des espèces spécialistes créent des liens trophiques avec des espèces qui forment un sous-groupe des espèces avec lesquelles des espèces plus généralistes interagissent. C'est à dire que les proies d'une espèce spécialiste sont un sous ensemble des proies d'une espèce plus généraliste, dont les proies sont elles aussi un sous ensemble des proies d'une espèce encore plus généraliste, d'où cette idée d'emboîtement. La taille corporelle semble jouer un rôle dans cette organisation car une espèce de petite taille doit prédater sur des proies qui appartiennent à l'ensemble des proies d'un prédateur de plus grande taille. De plus la stratégie optimale de recherche de nourriture ou « optimal foraging theory » prédit que le régime d'une espèce doit être celui qui maximise l'apport en énergie, et donc la fitness des individus. Par conséquent la taille des proies détermine l'énergie dépensée lors de la capture. Un modèle prenant en compte cette théorie et la taille corporelle a été proposé par Petchey et al. (2008)[20], ce modèle prédit assez bien la structure de différents réseaux trophiques.
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Cependant, la taille peut varier de façon importante au sein d’un même groupe trophique et elle peut aussi se chevaucher entre différents niveaux trophiques, c’est le cas des herbivores et des carnivores dans les savanes africaines. Cela indique que la taille corporelle serait d’une importance moindre que d'autres facteurs pour expliquer la structure des réseaux trophiques[21].
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Un autre modèle théorique pour expliquer la structure des interactions trophiques, en particulier cet emboitement, a été formulé par Cattin et al. (2004)[21]. Il s’agit du modèle en « hiérarchie imbriquée » (nested-hierarchy model). Ce modèle prend en compte la phylogénie qui doit contraindre le régime d’une espèce (par exemple une espèce d’oiseau peut appartenir à un genre caractérisé par un bec fait pour attraper des insectes, donc elle doit se nourrir d’insectes). Ce modèle est basé sur l'observation d'une relation significative entre le régime (les interactions trophiques) et l’origine phylogénétique. Mais il existe une variabilité des relations trophiques entre espèces qui ne s’explique pas seulement par la phylogénie. Il faut également prendre en compte l’adaptation, puisque deux espèces proches peuvent diverger s’il y a un changement de comportement ou de nourriture exploitée pour s’adapter à son environnement. Ce modèle, bien qu'il prenne en compte le concept d'adaptation, ne prend pas en compte les concepts de dynamique écologique et évolutive. Loeuille et Loreau (2005)[19] proposent un modèle décrivant bien la structure des réseaux et comment celle-ci émerge. Leur modèle qui est basé sur l'évolution d'un trait, la taille corporelle, montre que la structure des réseaux trophique est principalement déterminée par la largeur de niche et l’intensité de la compétition par interférence.
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La qualité des ressources, c’est-à-dire des producteurs primaires à la base du réseau trophique, affecte les interactions entre espèces en contraignant la quantité d’énergie transmise entre les niveaux du réseau. D’après la théorie de l’optimal foraging, la structure des réseaux repose en partie sur la taille des prédateurs et des proies. Mais il semblerait que la variation dans les traits de certaines espèces puisse influencer la structure du réseau, notamment si les traits affectent la qualité de la ressource dans le réseau.
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Cela a été mis en évidence par Bukovinszky et al. (2008)[22], qui ont étudié la structure de deux réseaux trophiques constitués des mêmes espèces trophiques (groupe fonctionnel d’espèces qui partagent les mêmes proies et les mêmes prédateurs) mais avec des producteurs primaires de qualité différente. Ils ont montré que la variation de qualité du producteur primaire a des effets en cascade sur tous les niveaux trophiques. Elle détermine en premier lieu l’abondance et la taille des herbivores qui contrôlent la diversité des liens trophiques, la densité et la diversité des consommateurs secondaires qui eux influencent les consommateurs tertiaires (le sommet de la chaine) de la même manière. Les traits du producteur primaire ont des conséquences sur la diversité et la complexité du réseau trophique, via des effets directs et indirects de la densité et de la taille des espèces dans le réseau.
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On parle généralement de cascade trophique lorsqu’un prédateur affecte indirectement l’abondance des espèces des niveaux trophiques inférieurs, cas de contrôle top-down, ces espèces prédatrices sont qualifiées de clés de voute si leur impact sur l'abondance des autres espèces est très important par rapport à leur propre abondance. Mais l’exemple précédent montre que les producteurs primaires peuvent aussi avoir un contrôle indirect ascendant, contrôle bottom-up, on parle alors d’espèce « pierre fondatrice ».
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Le lien entre la structure des réseaux trophiques, la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes à fait l’objet de nombreuses études. Dans le contexte de perte de biodiversité actuelle, l’impact de cette perte de biodiversité sur la stabilité des communautés est devenu un enjeu important[23]. L'effet de la complexité sur la stabilité des réseaux trophiques a souvent été pris en compte, néanmoins le lien entre complexité et stabilité n’est pas toujours évident. La complexité est définie comme le produit de la diversité spécifique et de la connectance. La diversité ou richesse spécifique de la communauté est déterminée par son passé évolutif, et par les processus d'émigration, immigration et extinction qui résultent d’interactions directes et indirectes entre les populations et au sein des populations. La connectance (ou densité de liaison), notée C dans un réseau trophique, est décrite comme le rapport de l'ensemble des liens trophiques réalisés, L, sur l'ensemble des liens trophiques possibles Lp, elle est aussi exprimée avec la diversité spécifique notée S (nombre de nœuds dans le réseau, équivaut donc aux liens possibles si exprimée au carré). On a alors :
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C
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L
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S
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{\displaystyle C=L/S^{2}}
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Robert MacArthur formule en 1955 l'hypothèse que la stabilité de la communauté augmente lorsque le nombre de liens dans le réseau trophique augmente[24]. Cette hypothèse indique donc qu'il existerait un lien entre la connectance et la stabilité des réseaux, puisque la connectance, pour une même diversité, doit augmenter avec le nombre de liens trophiques dans le réseau.
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Cette relation a été mise en évidence par Dunne et al. (2002)[25] qui se sont intéressés au rôle de la structure des réseaux trophiques dans les cascades d’extinctions engendrées par la perte de certaines espèces. A partir de réseaux trophiques naturels, ils ont modélisé des séquences d’extinctions d’espèces afin de déterminer la robustesse des réseaux.
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Ils ont mis en évidence que lorsque les espèces les plus connectées sont retirées, que l’on peut qualifier d’espèces clés de voute, le nombre d’extinctions secondaires engendrées est plus important. Cela indique que ces espèces, de par leur densité de liens élevée, ont en effet un rôle important dans la stabilité de la communauté car de nombreuses espèces seront directement affectées si elles disparaissent.
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La connectance a un effet important sur la robustesse des réseaux, lorsque la connectance augmente le fait de retirer des espèces clés n’a pas beaucoup d’effet jusqu’à un certain seuil à partir duquel la sensibilité à la perte d’une espèce très connectée augmente rapidement. Et ce seuil augmente avec la connectance.
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Parfois, le fait de retirer les espèces les moins connectées engendre le plus d’extinctions d’espèces dans le réseau. Le fait que ces espèces aient un effet important sur la structure du réseau peut avoir différentes explications.
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Il peut s’agir du cas où les espèces les moins connectées sont à la base du réseau, donc si elles sont retirées tous les niveaux supérieurs sont impactés. Une autre possibilité est qu’une espèce peut être prédatée juste par une seule espèce, mais ce prédateur a lui-même beaucoup de prédateurs donc ça engendre de nombreuses extinctions par cascade. Biologiquement ça peut s’interpréter également dans un cadre de dynamique de population avec les « weak-interactor species» qui peuvent avoir un rôle très important sur l’abondance de plusieurs espèces dans la communauté[26].
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Pour comprendre la stabilité du système, on utilise donc sa complexité (connectance*diversité) mais aussi la force des interactions entre les nœuds. C'est une mesure qui représente le taux de changement, par individu, causé par une espèce B sur une espèce A, ceci de manière instantanée. Elle peut aussi être considérée comme le flux de biomasse entre deux espèces (N. Rooney & K. MacCann 2012)[23]. Lorsque ces forces sont importantes dans une chaîne du réseau, on dit que cette chaîne est rapide, sinon elle est lente. Il a été montré que ces forces jouaient un rôle sur la stabilité du système. Effectivement, les faibles forces d'interactions inter-spécifiques (entre deux individus d'espèces différentes) sont considérées comme stabilisantes. A l'inverse, de grandes forces d'interactions inter-spécifiques sont plus potentiellement instables. C'est le couplage entre les forces importantes et faibles, permis par la structure du système qui aurait un effet stabilisant. Pour ce qui est des forces d'interactions intra-spécifiques (entre deux individus de même espèce), elles seraient stabilisantes (P. Yodzis 1981)[27].
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Ainsi pour étudier la stabilité des réseaux trophique via sa structure, les principales variables utilisées sont la force des interactions (i), la connectance (C) et la diversité (S). Le chercheur May (1972)[28] a élaboré un critère de stabilité se basant sur ces trois mesures. Aux alentours de l'équilibre, si i*(SC)1/2<1 alors, la stabilité de la structure est assurée. Cette information a donné un élan à la recherche sur la structure des chaînes trophiques et le lien entre elle et la stabilité. Cependant, le modèle de May comportait uniquement des structures aléatoires. Yodzis (1981) [27] a réanalysé ce critère via des structures de réseaux trophiques existant. Il en a résulté que le critère de May était trop sévère car ses réseaux trophiques étaient plus stables que ceux créés aléatoirement. Ainsi, il a prouvé que l'organisation de la diversité dans le monde du vivant ne se faisait pas de manière aléatoire et que la structure du réseau était bel et bien importante.
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L''impact de l'omnivorie sur la stabilité des réseaux trophiques est débattue. Selon Pimm (1979) [29] les systèmes contenant des espèces omnivores sont plus susceptibles d'être instables, le niveau d’instabilité dépendrait donc en partie du nombre d’omnivores et de leur position au sein du réseau. D'après ces résultats, la probabilité d’avoir un équilibre instable est plus élevée avec un nombre important d'omnivores, de plus les effets sur la stabilité du réseau diffèrent selon que les liens omnivores se trouvent à l’intérieur ou entre des chaînes. E K. McCann, publie en 1997 un article stipulant le contraire[30]. Pour lui des boucles omnivores, dans un système simple et hors équilibre, permettraient de réduire l'instabilité. Cependant, avec une omnivorie trop importante, McCann retrouve les mêmes résultats que Pimm. La théorie serait qu'il existe un juste milieu pour l'omnivorie permettant une stabilité optimale. Celui-ci dépendrait du prédateur au sommet du réseau trophique. L'hypothèse est que plus le prédateur est efficace, moins la structure peut accueillir d'omnivores. L'étude de Dunne et al. (2002) suggère que le taux d'omnivorie dans le réseau n'a pas d'effet sur la robustesse de ce dernier face aux extinctions d'espèces[25].
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Le rôle de la compartimentation dans la stabilité des réseaux a été longuement discutée, S.L Pimm en 1979[29] conclu que les compartiments au sein d'un réseau trophique font augmenter la probabilité que ce réseau soit instable. Il affirme alors que les interactions entre espèces ne doivent pas être organisées dans des compartiments étroits afin de maximiser la stabilité du système. Il n'existe dans les écosystèmes naturels que très peu de compartimentation, les écosystèmes sont donc fortement interconnectés et l’élimination de n’importe quelle espèce peut induire de grandes perturbations (J. Camacho et al 2002)[31]. Ce résultat, des modèles les plus compartimentés étant les moins stables, va à l'encontre d'un certain nombre de suggestions sur l'organisation des systèmes écologiques, les recherches ayant suivi affirment alors que théoriquement, les compartiments augmenteraient la stabilité dans les réseaux biologiques incluant les réseaux trophiques (A. Krause et al. 2003)[32]. Dans ce cas-ci, les interactions faibles entre les compartiments permettraient de cantonner une perturbation à son compartiment. L'ensemble du système serait alors plus résistant à une perturbation et donc plus stable. Ce dernier a démenti le fait que la compartimentation soit un cas isolé dans les milieux empiriques. Pour lui, le manque de compartimentation était dû à une trop faible résolution des modèles. Il a donc créé le sien mettant en évidence plus de compartimentation et obtenu ces résultats.
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Des recherches ont été menées sur le rôle de l'environnement sur la stabilité de la structure du réseau. Selon F. Briand (1983)[33], l'environnement aurait un impact sur la connectance. Les réseaux au sein d'environnements fluctuants (dont les ressources sont accessibles de manière restreinte dans le temps) auraient une connectance moins importante que ceux des milieux constants (où la nourriture est présente constamment). Une connectance élevée est souvent associée à une force d'interactions plutôt faible pour garder le système stable avec l'augmentation de la diversité. Bien que cela soit le cas pour les environnements fluctuants, dans les environnements constants cette règle semble avoir été omise. Pour Briand, ce phénomène s'expliquerait par l'évolution. Dans les environnements fluctuants, la connectance est limitée par le changement de l'environnement. Ainsi, la stratégie la plus efficace serait de maximiser la force des interactions, les rendre les plus rentables possible, et ce au détriment d'une connectance de toute manière limitée. Pour les environnements constants, c'est l'inverse, miser sur la répétition des interactions peut s'avérer plus avantageux. De plus, Briand émet l'hypothèse que la connectance comme la force de l’interaction peuvent être élevées. La stabilité serait alors impossible mais au vu de la constance de l'habitat, ce type de structure trophique a pu voir le jour.
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Dans un contexte de conservation, les effets des facteurs précédents sur la stabilité semblent donc intéressants à prendre en compte. Les communautés avec une connectance élevée seront donc moins sensibles à des pertes d’espèces et des extinctions aléatoires auront aussi moins d’effet que des extinctions ciblées sur les espèces clés de voûte. Actuellement, il semblerait que les extinctions ne sont pas aléatoires car les activités comme la pêche ou la chasse ont plutôt visées les niveaux trophiques élevés qui contiennent souvent des espèces clés de voûte[25]. De plus, les extinctions des espèces omnivores pourraient avoir des effets importants sur la stabilité de la communauté. On voit donc l'importance pour la conservation de la biodiversité de prendre en compte le rôle des différentes espèces et la structure des réseaux trophiques.
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D'après la loi de Raymond Lindeman (1942)[34], la quantité d'énergie passant d'un maillon à l'autre de la chaîne est de seulement 10 %. Ceci implique que les chaînes trophiques sont limitées ; par ailleurs, dans les échelons les plus bas de la chaîne, l'énergie est allouée en grande quantité à la reproduction. En bout de chaîne en revanche, les espèces ont une reproduction plus limitée et l'énergie est allouée à la survie (chasse, défense, etc.).
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Certaines substances toxiques, « indésirables » ou polluantes sont bioaccumulées dans la chaîne alimentaire[35]. En contexte pollué notamment, elles constituent aussi une limite probable au nombre de maillons (niveaux trophiques) de la cha��ne[réf. souhaitée].
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On qualifie de « contrôle » dans un réseau trophique l’influence de certains paramètres sur la structure et la dynamique de celui-ci. On regroupe sous ce terme de “paramètres” les interactions ou les niveaux trophiques jouant sur la distribution et l’abondance des organismes. Si la nature de ces contrôles fait plutôt consensus dans la communauté scientifique, à savoir le contrôle top-down (contrôle par les prédateurs) et le contrôle bottom-up (contrôle par la compétition), la part de chacun dans les réseaux reste encore débattue[36]
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Le contrôle bottom-up correspond à une régulation de la biomasse d'un réseau trophique, uniquement ou principalement, induite par la compétition entre individus d'un même niveau trophique pour l'accès aux ressources. On observe ainsi une co-variation positive de la biomasse entre niveaux trophiques adjacents. Dans la littérature scientifique, deux visions de ce concept de régulation transparaissent, en s'opposant sur certains point[36].
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La vision de White[37] où le contrôle bottom-up est présenté comme la force de régulation globale de tous les écosystèmes. White part du postulat suivant : le monde est un endroit inhospitalier où la survie d'un individu dépend plus de son accès à la nourriture que de la prédation ou l'herbivorie. Ainsi, la principale ressource limitante des écosystèmes est la nourriture et, par extension, la quantité de nutriments présents dans le sol (comme l'azote), car étant un des facteurs principaux influant sur la production primaire, elle-même impactant les herbivores, et ainsi de suite jusqu'au sommet du réseau trophique.
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Ce postulat induit par la même occasion un paradoxe vis-à-vis de la théorie du Monde Vert : un contrôle induit par la quantité de ressources n'expliquerait pas la forte proportion de végétaux et de prédateurs par rapport à celle des herbivores sur Terre. Ce paradoxe est désamorcé par White, qui avance l'hypothèse qu'une faible proportion de la végétation peut réellement être considérée comme comestible (et donc en tant que « ressources ») du fait de la faible qualité nutritive de la majorité des végétaux (induite par de trop faibles concentrations d'azote dans les sols). Cette vision s'inspire des travaux de Chitty (1960)[38] et de Wynne-Edwards (1962) qui proposaient que la limitation du nombre d'individus trouve son origine dans des mécanismes intrinsèquement comportementaux ou génétiques d'autorégulation, comme la territorialité permettant la préservation d'une ressource limitée par une limitation de la reproduction (et donc un maintien de la population à son plus haut niveau). Ce concept de populations « limitées par le bas » plutôt que « contrôlées par le haut » conduit à une réévaluation du rôle de la prédation, du comportement social et territorial ou tout autres interactions entre niveaux trophiques, en tant que facteurs susceptibles d'influencer l'abondance des populations dans un environnement.
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La vision de Hunter & Price[39] où le contrôle bottom-up est présenté comme une des forces de régulation des réseaux trophiques, sans exclusivité, et soumise à l'hétérogénéité de l'environnement et à la diversité des écosystèmes.
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Plusieurs facteurs abiotiques (climat, ressource en eau, nutriments...) et biotiques (prédation/parasitisme, symbiotes, compétiteurs, décomposeurs...) entre alors en jeu et les rôles relatifs de chacun quant à la structure des communautés sont propres à chaque écosystème.
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Hunter & Price proposent un modèle théorique « bottom-up dominé » (voir figure ci-contre), s'appuyant sur l'observation que la suppression des niveaux trophiques les plus élevés laisse les niveaux inférieurs présents (mais possiblement fortement modifiés), alors que la suppression des producteurs primaires ne laisse aucun système. Dans ce modèle, les facteurs déterminants la production végétale sont les facteurs abiotiques (climat, paramètres du sol…) et les facteurs biotiques (décomposeurs, symbiotes…) de l’environnement, puisqu’ils impactent directement l'hétérogénéité de la production végétales. La production primaire détermine ainsi la distribution dans l'espace et le temps des populations d’herbivores, ainsi que leur qualité intrinsèque en tant que ressources pour leurs prédateurs. Cette hétérogénéité parmi les herbivores détermine à son tour la densité, la diversité des espèces et la distribution du niveau supérieur, et ainsi de suite jusqu’au sommet. De plus, ce modèle prend en compte des facteurs plus complexes, comme les interactions entre espèces et les effets de l'hétérogénéité abiotique, et ce à tous les niveaux trophiques.
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Ce modèle théorique est présenté par Hunter & Price comme une première piste à suivre pour la compréhension de systèmes biologiques. Il a en effet pour avantages d’intégrer les boucles de rétroaction biotique/abiotiques ainsi que de prendre en compte l'hétérogénéité des écosystèmes. Malgré tout, ce modèle demande à être complexifié car ne prenant pas en compte les processus évolutifs, ni la diversité de facteurs biotiques et abiotiques, ni les interactions biologiques.
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Le concept de contrôle top-down (contrôle du sommet vers la base) stipule que la prédation prévaut sur la compétition dans les réseaux trophiques, et donc que la quantité et l’efficacité des prédateurs détermine les effectifs des populations de niveaux trophiques inférieurs[40]. Ce concept n’exclut pas l’impact des ressources sur les organismes de l’écosystème : un milieu plus riche pourra toujours contenir de plus grands effectifs de plantes, d’herbivores et donc de prédateurs. Cependant, le contrôle top-down indique un rétrocontrôle négatif (direct) ou positif (indirect) des effectifs des prédateurs sur les densités des niveaux trophiques inférieurs.
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Ce concept découle de l’« Hypothèse du Monde Vert » de Hairston et ses collaborateurs[40] qui présente le fait que bien qu’en général les plantes soient présentes en grand nombre dans tous les environnements terrestres, il existe cependant des cas où les herbivores sont capables d’épuiser complètement leur ressource et de localement provoquer la disparition des plantes (herbivores protégés par l’Homme ou par des phénomènes naturels, espèces introduites, etc.). Cette observation peut être expliquée non pas par le fait que les espèces introduites soient « mieux adaptés » à leur nouvel environnement et capables d’exploiter mieux les ressources que les espèces natives, mais plutôt que leur capacité à exploiter le milieu est simplement dû à l’absence de leur prédateur naturel. Ce sont les prédateurs qui contrôlent ainsi les effectifs des herbivores, et non pas la quantité de ressource à leur disposition.
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La validation expérimentale de ce concept fait suite aux expériences des années 1960 afin de comprendre pourquoi et comment la biodiversité est répartie sur le globe[41],[42],[43]. L’expérience de Robert T. Paine (1966)[44] portant sur la complexité des réseaux trophiques et leur lien avec la diversité spécifique par de l’hypothèse de travail que « La diversité locale est directement liée à l’efficacité des prédateurs à empêcher la monopolisation de la grande partie des ressources nécessaires par une espèce. ». Pour la tester il réalise une expérience d’un an dans laquelle il retire le prédateur au sommet du réseau trophique de sa zone d’étude, l’étoile de mer Pisaster ochraceus dans la zone intertidale, et regarde l’impact qu’a sa disparition sur la diversité spécifique du milieu. En un an, le réseau trophique passe de 15 espèces à 8 espèces : Paine parle de système « trophiquement simplifié ». Ainsi en l’absence d’un facteur de régulation (ici la prédation), il y a un « gagnant » dans la compétition interspécifique pour l’espace, et le système tend vers la simplicité. L’absence de contrôle par les prédateurs induit ainsi l’exclusion compétitive d’espèces de niveaux trophiques inférieurs. Cette étude illustre l’importance du contrôle top-down dans un réseau trophique et la relation directe entre diversité spécifique et quantité et efficacité de prédateurs dans le système afin d’empêcher une seule espèce à monopoliser la ressource limitante du milieu.
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Dans les réseaux comportant un seul prédateur au sommet du réseau, celui-ci est donc le seul à réguler toute la biomasse du réseau : on peut alors parler d’espèce clef de voûte de l’écosystème, sa disparition entraîne une suite de conséquences dans l’écosystème appelé cascade trophique. La réintroduction du loup Canis lupus dans le parc National de Yellowstone est une illustration typique de ce contrôle top-down : sa réintroduction dans les années 1990 à induit une réduction par trois de la population des wapitis Cervus canadensis et une forte augmentation du couvert végétal.
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Les principales forces Bottom-up et Top-down contrôlant les interactions dans les réseaux trophiques peuvent être modulées par des mécanismes influençant les interactions entre proies et prédateurs[36].
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En effet, les proies peuvent avoir recours à des changements de localisation[45] leur permettant d’échapper aux prédateurs, comme l’utilisation de refuges spatiaux[46]. L’hétérogénéité structurale de l’environnement peut ainsi procurer aux proies des refuges où le risque de prédation est réduit. Ces refuges peuvent être permanents (absence complète des prédateurs) ou transitoires (prédateur rarement présents). Une augmentation de la richesse spécifique est observée dans les environnements plus structurés puisque le taux de recherche de proies par les prédateurs est réduit, ainsi ces refuges améliorent la persistance des proies en réduisant l'efficacité des prédateurs.
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Ces changements de localisation des proies peuvent être accompagnés de changements de comportements de celles-ci afin d’être plus difficiles à capturer. Par exemple, la proie peut diminuer son temps d’alimentation en diminuant son temps de recherche de nourriture puis en manipulant celle-ci dans des lieux sûrs afin d’éviter de se faire attraper par un prédateur. Cependant cela n’est possible que pour des espèces pour lesquels l’apport de nourriture pour le développement et la croissance n’est pas nécessaire en continu (discontinuouss feeders)[45]. En effet dans le cas des « continuous feeders », cette perte de temps d’alimentation peut engendrer un allongement du temps de développement et donc un risque d’être prédaté avant l’âge de reproduction.
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Les proies peuvent également privilégier certains comportements de groupe afin d’échapper au prédateur, comme les cigales qui émergent toutes en mêmes temps tous les 13 ans : leur grand nombre submerge les oiseaux prédateurs et les contraint à ne se focaliser que sur un nombre restreint de proies.
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D’autres changements de comportements sont observables, comme l’induction de défenses chimiques ou morphologiques, des stratégies anti-prédateurs tel que le camouflage, ou la présence d’un état de vigilance qui augmente avec le risque de prédation, comme chez les mésanges bleues lors de leur recherche de nourriture[47], ou encore la coloration aposématique et le dégoût associé, comme chez les espèces de papillons qui présentent sur leurs ailes des couleurs d'avertissement qui signalent aux prédateurs un danger potentiel à les prédater[48].
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Lorsque les proies sont des plantes et les prédateurs des herbivores, les défenses anti-prédateurs peuvent être directes comme les épines, les cires ou encore des composés volatiles interagissant directement avec le prédateur de la plante en perturbant sa croissance, ou en limitant voire inhibant sa capacité à s’alimenter. Les défenses peuvent également être indirectes et n’ont donc pas d’influence directe sur les herbivores mais bien sur les prédateurs de ces derniers, impactant donc des niveaux trophiques supérieurs. Ce type de défenses se fait grâce à des métabolites secondaires comme les HIVOC (Herbivore-Induced Volatiles Organic Compounds) ou l’EFN (Extra-Floral Nectar).
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À de faibles pressions de pâturage, les pertes des plantes peuvent être compensées par une stratégie de croissance rapide, stimulée par le recyclage des nutriments. À mesure que le pâturage augmente, les pertes de biomasse pour les végétaux atteindront des niveaux qui ne peuvent être compensés par une croissance stimulée, et la productivité primaire spécifique à la zone diminuera. Des relations hautement non linéaires entre la pression de pâturage et le renouvellement des plantes pourraient ainsi dissocier et déstabiliser l’équilibre du contrôle top-down dans ces réseaux, rendant difficiles ou impossibles à prédire les rendements de cultures sur pied sous différents régimes trophiques[36].
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Dans les sols, le recyclage des nutriments entre la matière organique morte, les microorganismes décomposeurs, leurs consommateurs et les producteurs primaires fournit un bon exemple de la façon dont les forces bottom-up et top-down sont importantes et étroitement liées dans les réseaux trophiques, dont les effets sont visibles à des échelles spatio-temporelles suffisamment larges. Il a été démontré à maintes reprises que le broutage des micro-organismes par la faune améliore la minéralisation des nutriments minéraux (N, P, S, etc.) dans le sol, en particulier l'azote (N) et le phosphore (P). La disponibilité accrue de ces éléments augmente avec la complexité de la chaîne alimentaire, ce qui se traduit par une amélioration de la croissance des plantes et une augmentation de la concentration de ces éléments dans la biomasse végétale. Ainsi, les « nourrisseurs microbiens » comme les prédateurs peuvent exercer un contrôle top-down sur les microbes par des interactions d'alimentation, et également affecter indirectement la croissance microbienne en influençant la quantité et la qualité de la litière végétale, la ressource nécessaire aux communautés microbiennes. Cet exemple montre que des rétroactions positives, provoquées par des interactions indirectes entre les niveaux trophiques non adjacents dans les réseaux trophiques du sol, peuvent exercer un certain contrôle sur la structure et la fonction des réseaux trophiques détritiques[49].
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L’intensité de prédation des proies par les prédateurs change également avec l’importance de la couverture végétale : les plantes, en s'accumulant, fournissent une couverture aux organismes en limitant leur détection par les prédateurs[36]. Ainsi la disponibilité en ressource pour les plantes et l’accroissement du couvert végétal (force bottom-up) peut avoir pour conséquence de tamponner la réduction des effectifs d’herbivores par les prédateurs (force top-down).
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Il a été également démontré l’importance des mécanismes de régulations intrinsèques de certains niveaux trophiques dans le contrôle général des réseaux. En effet, le phénomène de cascade trophique illustre l’importance des apex prédateurs dans le but de limiter les tailles de populations de divers taxons (contrôle top-down), contrôlant ainsi la densité de leur proie et celle des mésoprédateurs. La question se posant alors est celle de comment les apex prédateurs sont eux-mêmes contrôlés : la présence d’une auto-régulation au sein de ces prédateurs en serait la réponse. L’étude a donc été menées chez ces prédateurs au sommet de la chaine trophique afin de savoir quels traits d’histoires de vie leur permettait de ne pas surexploiter leurs ressources. De ce fait, la disponibilité en proie et par conséquent la biodiversité sont maintenues[50].
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Un autre exemple de régulation intrinsèque serait la théorie du professeur Fretwell. En effet, il applique cette théorie afin d’expliquer les multiples interactions trophiques d’un écosystème qui rendrait un paysage plus « vert » ou non, en fonction de la parité du nombre de niveaux trophiques[36]. Selon lui, si les chaînes alimentaires ont des nombres impairs, les brouteurs seraient limités aux prédateurs et les paysages devraient être remplis d'une végétation luxuriante. Alors que les chaînes alimentaires ont un nombre de niveaux trophiques pair, les plantes seraient limitées par les brouteurs et les paysages devraient apparaître stériles. D’après Fretwell, ce serait l’augmentation de productivité primaire qui ajouterait des niveaux trophiques de sorte que, les paysages apparaissent alternativement verts ou stériles.
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Les réseaux trophiques ont été mis en évidence dès 1927 par le biologiste Charles Elton (Animal ecology). Certaines espèces, dites espèces clé de voûte, ont un rôle important au sein des écosystèmes, par leur influence sur plusieurs autres espèces pouvant être réparties dans différents « niveaux trophiques ».
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Depuis les années 1970, les écologues tentent de mieux comprendre les réseaux trophiques.
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On a d'abord cru que le degré de séparation entre 2 espèces d'un réseau trophique était d'au moins 4 liens, c'est-à-dire 4 relations de type « prédateur-proie », ce qui laissait penser que la disparition d'une espèce pouvait facilement être compensée par l'occupation de sa niche écologique par une autre. Cependant, l'observation des réseaux trophiques naturels a montré[51] que plus de 95 % des espèces d'un habitat naturel (aquatique ou terrestre) étaient liées à un réseau trophique dépendant de l'habitat en question, et à moins de trois liens les unes des autres (deux liens en moyenne).
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De plus des interactions durables de type symbiose/parasitisme complexifient ces réseaux en rendant les espèces plus dépendantes les unes des autres que ce que l'on avait d'abord pensé, d'où les inquiétudes pour la régression accélérée de la biodiversité induite par l'Homme.
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Cette proximité des espèces dans le réseau trophique (deux degrés de séparation) signifie que l'extinction d'une espèce peut avoir des impacts en cascade plus importants que ce qu'on pensait antérieurement. Même des espèces autrefois jugées banales et ubiquistes, parce que communes, pourraient être concernées par les impacts indirects d'un recul « en réseau » de la biodiversité.
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Dans les milieux aquatiques, marin notamment, est peu à peu apparu que l'importance des réseaux trophiques microbiens a été sous-estimée[52]. Les interactions fungi-fungi ou fungi-bactéries jouent en particulier un rôle important, voire critique dans les processus de décomposition subaquatique de la matière organique, et donc dans le cycle du carbone. Ces réseaux trophiques microbiens, partout présents, mais souvent invisibles à nos yeux, commencent à être étudiés, avec une approche se voulant plus holistique[53] grâce notamment au métabarcoding.
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L'écologie trophique a bénéficié du développement de l'écologie isotopique et de l'analyse génétique. Elle se développe en France notamment via le réseau pluridisciplinaire de chercheurs GRET (Recherche en écologie trophique), mis en place en France en 2012 puis labellisé GDR 3716[54] par le CNRS début 2015. Ce réseau vise à mieux décrire et comprendre les réseaux trophiques en France et leur rôle pour les écosystèmes, biocénoses et services écoystémiques.
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Un réseau trophique est un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles au sein d'un écosystème et par lesquelles l'énergie et la biomasse circulent (échanges d'éléments tels que le flux de carbone et d'azote entre les différents niveaux de la chaîne alimentaire, échange de carbone entre les végétaux autotrophes et les hétérotrophes).
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Le terme trophique se rapporte à tout ce qui est relatif à la nutrition d'un tissu vivant ou d'un organe. Par exemple, une relation trophique est le lien qui unit le prédateur et sa proie dans un écosystème.
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Dans un écosystème, la structure des réseaux trophiques (les types et réseaux de relations alimentaires entre organismes) influence fortement la quantité, la diversité, la stabilité et la qualité de la biomasse et de la matière organique résiduelle (excrétions, nécromasse) produites par les écosystèmes[1]. La qualité d'un réseau trophique et de ses interactions a un lien direct avec la stabilité et la résilience des populations qui en font partie [2].
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Les réseaux trophiques, parfois très complexes, sont étudiés par l'« écologie trophique ». Ils sont affectés par les changements globaux, dont ceux liés au dérèglement climatique[3],[4], dont au niveau des espèces-clé[5].
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La notion de réseau trophique désigne l'ensemble des relations trophiques existant à l'intérieur d'une biocénose entre les diverses catégories écologiques d'êtres vivants constituant cette dernière (producteurs, consommateurs, décomposeurs). Il peut aussi se définir comme étant la résultante de l'ensemble des chaînes alimentaires unissant les diverses populations d'espèces que comporte une biocénose.
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Aux échelles humaines de temps, la structure de la communauté peut sembler en équilibre. Il s'agit en fait d'un équilibre instable maintenu en équilibre dynamique, par le jeu de deux grandes chaines de rétro-contrôles ; les relations « top-down » (régulation des ressources par leurs consommateurs) et « bottom-up » (rétroactions des ressources sur leurs consommateurs).
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Mieux comprendre ces interactions est un des enjeux de l'écologie, car elles sont fortement affectées par les impacts en cascade des activités humaines (chasse, pêche, agriculture), qui diminuent fortement le nombre et la biomasse des espèces de haut niveau trophique, tout en augmentant ou perturbant les apports et les cycles de nutriments[6], conduisant notamment à des phénomènes d'appauvrissement en amont et de dystrophisation en aval des bassins versants, ou à des phénomènes d'eutrophisation et d'anoxie en mer[7].
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Chaque réseau est caractérisé par des boucles de rétroactions complexes et des équilibres dynamiques, fortement influencées par les paramètres biotiques et abiotiques (température, pH, disponibilité en lumière, oxygène et nutriments notamment).
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Ainsi, à titre d'exemple pour les milieux aquatiques, l'augmentation du nombre d'individus d'une espèce ou du nombre d'espèces herbivores tend à diminuer le nombre d'algues fixées ou en suspension. Mais dans le même temps cette pression herbivore favorise l'arrivée de lumière et rend disponible des nutriments, ce qui favorise la croissance d'autres algues ou plantes[8],[9].
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Inversement, un déséquilibre écologique, tel que la pullulation en surface ou en pleine eau d'une espèce invasive introduite (n'ayant pas ou n'ayant plus de prédateur local) peut priver le milieu de lumière et le conduire à l'anoxie[10] voire à un phénomène de zone morte, ou une espèce invasive, comme la moule zébrée (Dreissena polymorpha), en filtrant des masses considérables d'eau va induire un changement de la composition algale[11].
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Selon les espèces herbivores (éventuellement exotiques et invasives) qui dominent le milieu, la pression herbivore peut être très sélective et alors induire d'importants changements dans le réseau trophique (changements de dynamiques démographiques et de colonisation, changement dans les tailles[12] ou dans le nombre d'espèces, etc.)[13].
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Les relations inter-spécifiques, les structures en taille et biomasse de la communauté, les relations intra-spécifiques des assemblages de plantes ou microalgues en seront affectées et modifient en retour la structure et la dynamique des herbivores et de leurs prédateurs[14].
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Une chaîne alimentaire est une suite d'êtres vivants de différents niveaux trophiques dans laquelle chacun mange des organismes de niveau trophique inférieur dans le but d'acquérir de l'énergie. Le premier maillon d'une chaîne est toujours un organisme autotrophe. Dans les mers et les océans, le phytoplancton assure ce rôle. Dans les profondeurs abyssales où les rayons du soleil ne parviennent pas, les bactéries thermophiles sont les premiers maillons de la chaîne. Cependant, la chaîne photosynthétique y existe tout de même ; en effet les organismes pélagiques meurent et coulent.
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Selon une étude de 2013[15],[16] basée sur son régime alimentaire l'espèce humaine, loin d'être au sommet de la chaîne alimentaire, se situe au même niveau que les anchois ou les cochons. L'homme est un cas spécifique, il ne possède pas de prédateur sans pour autant être au sommet de la chaîne alimentaire. Les populations humaines avec un régime carné se rapprochent cependant des superprédateurs comme l'ours polaire.
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Dans un écosystème, les liens qui unissent les espèces sont le plus souvent d'ordre alimentaire. Ces relations forment des séquences où chaque individu mange le précédent et est mangé par celui qui le suit ; on parle de « chaîne alimentaire ». Chaque maillon est un niveau trophique.
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L’intérêt envers la structure des réseaux trophiques est né lors des recherches effectuées pour comprendre la relation entre la diversité et la stabilité des réseaux. Depuis, les recherches pour comprendre comment sont structurés ces réseaux - nombre de noeuds (espèces), nombre de liens trophiques, densité et organisation des liens trophiques - et quels en sont les processus à l'origine ont été nombreuses, notamment car la structure joue un rôle important dans la dynamique et la stabilité des écosystèmes. De plus, dans un contexte de perte de biodiversité et de changements globaux, comprendre comment sont structurées les communautés d'espèces sur la base des relations trophiques est devenu un enjeu important pour la conservation.
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Les réseaux trophiques sont composés de plusieurs niveaux trophiques en commençant par les espèces basales étant le niveau le plus bas. Il contient tous les producteurs primaires que sont les espèces autotrophes. Viennent ensuite les herbivores, considérés comme les premiers consommateurs, se nourrissant des espèces basales. On retrouve ensuite les carnivores primaires (seconds consommateurs) et les carnivores secondaires (consommateurs tertiaires). Les taxons se trouvant à différents niveaux trophiques, sont liés par des interactions plus ou moins fortes de type consommateur/consommé. Les liens d'un réseau trophique sont alors unidirectionnels. Ensemble, ils forment des chaînes trophiques reliées entre elles. Chaque écosystèmes à un réseau trophique dont la structure lui est propre. Les réseaux trophiques peuvent être plus ou moins compartimentés, par exemple, en milieu marin, on peut retrouver le compartiment benthique et le compartiment pélagique. Ces compartiments interagissent entre eux par des interactions plus faibles que les interactions au sein même du compartiment. Les réseaux peuvent aussi être plus ou moins complexes, avec un nombre de nœuds plus ou moins important, on parle alors de la diversité du réseau. De plus, le nombre de liens entre les nœuds peut aussi varier. Afin d'expliquer et de prédire les propriétés structurales des interactions trophiques entre ces espèces, de nombreux modèles universels ont été étudiés et décrits.
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Un large éventail de réseaux, sociaux, économiques, technologiques ou encore biologiques, ont été décrits comme étant des réseaux « petit monde » (réseaux avec beaucoup de nœuds faiblement connectés et un petit nombre de nœuds très connectés) et « sans échelle » (la distribution des degrés de nœuds suit une loi de puissance). Cependant, l’appartenance des réseaux trophiques à ces classes de réseaux a été remise en cause par Dunne et al. (2006)[17], grâce à l’étude d’un panel de réseaux trophiques empiriques provenant de divers écosystèmes aquatiques et terrestres.
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Les réseaux « petit monde » affichent un coefficient de regroupement plus élevé que les réseaux aléatoires, ce qui signifie que les voisins d’un nœud sont susceptibles d’être beaucoup plus connectés les uns aux autres dans un réseau « petit monde » que dans un graphe aléatoire. Ils possèdent également une plus petite longueur de trajet que dans un réseau régulier, semblable à ce qui est vu dans un réseau aléatoire, ce qui signifie que la longueur de trajet caractéristique (ou longueur de trajet la plus courte moyenne) augmente de manière logarithmique avec le nombre de nœuds. Or, la majorité des réseaux trophiques ont peu de nœuds par rapport à d’autres réseaux non – biologiques et leur coefficient de regroupement est alors similaire à celui d’un graphe aléatoire. La plupart des réseaux trophiques ne possèdent donc pas la topologie typique d’un réseau « petit monde ».
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Les distributions de degrés de nœuds des réseaux trophiques, qui sont les distributions probabilistes des degrés de chaque sommet du réseau, différent souvent de celles d’un réseau aléatoire. Ainsi, les réseaux trophiques n’affichent pas toujours des distributions de degrés « sans échelle » mais présentent une variété de formes fonctionnelles et ne peuvent donc pas être exprimés sous une forme fonctionnelle universelle. Cependant, il y a tout de même une relation systématique entre la forme de la distribution des degrés de nœuds et la complexité du réseau trophique (mesurée en termes de connectance). Les réseaux trophiques à connectance élevée affichent généralement des distributions uniformes, les réseaux à connectance moyenne ont souvent des distributions exponentielles et les réseaux à faible connectance affichent des distributions de loi de puissance ou de loi de puissance partielle. La taille des réseaux trophiques joue aussi un rôle dans la forme que prend la distribution des degrés de nœuds.
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Les réseaux trophiques sont plus ou moins complexes (la complexité étant le produit du nombre d'espèces et de la connectance), pour en comprendre l'évolution des diverses propriétés structurales l'utilisation de modèles est nécessaire. Au cours de la recherche sur ces réseaux alimentaires, de nombreux modèles ont été proposés afin d'expliquer au mieux ces propriétés. Au sein des premiers modèles étudiés on retrouve le modèle aléatoire (J.E Cohen et al 1990) et le modèle en cascade (J.E Cohen & C.N Newman 1985)[18]. Dans le modèle en cascade les espèces sont classées de 1 à S (avec S le nombre total d'espèces) et les consommateurs ne peuvent consommer que des espèces aux rangs inférieurs avec une probabilité
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, avec C la connectance. Ces deux modèles présentant de nombreuses limites dans la description des propriétés structurales des réseaux, d'autres modèles ont été avancés par la suite: le "modèle de niche" (R.J Williams & N.D Martinez 2000) a été fortement étudié et comparé aux autres modèles. Dans le modèle de niche, les espèces sont rangées en fonction de leur valeur de niche, si leur valeur de niche est supérieure à celles des autres espèces alors elles se nourrissent de ces espèces. On a alors une continuité dans le régime alimentaire. De nombreux autres modèles ont été proposés au fil de la recherche afin d'optimiser au mieux la description des réseaux trophiques.
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Car ces principaux modèles, même s’ils aboutissent à des descriptions satisfaisantes de la structure des réseaux trophiques, présentent certaines limites. En effet, ils utilisent des propriétés émergentes des réseaux trophiques (diversité, connectance…) comme paramètres pour déterminer d'autres descripteurs et considèrent que ces réseaux sont binaires (les espèces et les liens trophiques sont présents ou absents mais ne sont pas quantifiés). Les processus de niveaux inférieurs, liés à la dynamique des populations et aux phénomènes d’adaptation, ne sont pas étudiés[19].
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Loeuille et Loreau. (2005)[19] ont alors élaboré un modèle basé sur une approche simple, dans laquelle la taille corporelle est le seul trait sujet à l’évolution, de manière à prédire l’émergence de la structure des réseaux trophiques. Il apparaît que la structure des réseaux trophique est principalement déterminée par la largeur de niche, mais aussi par l’intensité de la compétition par interférence. Si la largeur de la niche et l'intensité de la compétition sont faibles, les espèces sont distribuées en groupe de tailles différentes correspondant à des niveaux trophiques distincts. Si elles sont fortes, la structure du réseau trophique est floue, les espèces sont réparties de manière homogène le long de l’axe de la taille corporelle.
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L'emboîtement ou « nestedness » en anglais, est un terme qui désigne un type d'organisation retrouvée dans de nombreux réseaux trophiques naturels. Il peut se définir comme un modèle d'interactions dans lequel des espèces spécialistes créent des liens trophiques avec des espèces qui forment un sous-groupe des espèces avec lesquelles des espèces plus généralistes interagissent. C'est à dire que les proies d'une espèce spécialiste sont un sous ensemble des proies d'une espèce plus généraliste, dont les proies sont elles aussi un sous ensemble des proies d'une espèce encore plus généraliste, d'où cette idée d'emboîtement. La taille corporelle semble jouer un rôle dans cette organisation car une espèce de petite taille doit prédater sur des proies qui appartiennent à l'ensemble des proies d'un prédateur de plus grande taille. De plus la stratégie optimale de recherche de nourriture ou « optimal foraging theory » prédit que le régime d'une espèce doit être celui qui maximise l'apport en énergie, et donc la fitness des individus. Par conséquent la taille des proies détermine l'énergie dépensée lors de la capture. Un modèle prenant en compte cette théorie et la taille corporelle a été proposé par Petchey et al. (2008)[20], ce modèle prédit assez bien la structure de différents réseaux trophiques.
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Cependant, la taille peut varier de façon importante au sein d’un même groupe trophique et elle peut aussi se chevaucher entre différents niveaux trophiques, c’est le cas des herbivores et des carnivores dans les savanes africaines. Cela indique que la taille corporelle serait d’une importance moindre que d'autres facteurs pour expliquer la structure des réseaux trophiques[21].
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Un autre modèle théorique pour expliquer la structure des interactions trophiques, en particulier cet emboitement, a été formulé par Cattin et al. (2004)[21]. Il s’agit du modèle en « hiérarchie imbriquée » (nested-hierarchy model). Ce modèle prend en compte la phylogénie qui doit contraindre le régime d’une espèce (par exemple une espèce d’oiseau peut appartenir à un genre caractérisé par un bec fait pour attraper des insectes, donc elle doit se nourrir d’insectes). Ce modèle est basé sur l'observation d'une relation significative entre le régime (les interactions trophiques) et l’origine phylogénétique. Mais il existe une variabilité des relations trophiques entre espèces qui ne s’explique pas seulement par la phylogénie. Il faut également prendre en compte l’adaptation, puisque deux espèces proches peuvent diverger s’il y a un changement de comportement ou de nourriture exploitée pour s’adapter à son environnement. Ce modèle, bien qu'il prenne en compte le concept d'adaptation, ne prend pas en compte les concepts de dynamique écologique et évolutive. Loeuille et Loreau (2005)[19] proposent un modèle décrivant bien la structure des réseaux et comment celle-ci émerge. Leur modèle qui est basé sur l'évolution d'un trait, la taille corporelle, montre que la structure des réseaux trophique est principalement déterminée par la largeur de niche et l’intensité de la compétition par interférence.
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La qualité des ressources, c’est-à-dire des producteurs primaires à la base du réseau trophique, affecte les interactions entre espèces en contraignant la quantité d’énergie transmise entre les niveaux du réseau. D’après la théorie de l’optimal foraging, la structure des réseaux repose en partie sur la taille des prédateurs et des proies. Mais il semblerait que la variation dans les traits de certaines espèces puisse influencer la structure du réseau, notamment si les traits affectent la qualité de la ressource dans le réseau.
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Cela a été mis en évidence par Bukovinszky et al. (2008)[22], qui ont étudié la structure de deux réseaux trophiques constitués des mêmes espèces trophiques (groupe fonctionnel d’espèces qui partagent les mêmes proies et les mêmes prédateurs) mais avec des producteurs primaires de qualité différente. Ils ont montré que la variation de qualité du producteur primaire a des effets en cascade sur tous les niveaux trophiques. Elle détermine en premier lieu l’abondance et la taille des herbivores qui contrôlent la diversité des liens trophiques, la densité et la diversité des consommateurs secondaires qui eux influencent les consommateurs tertiaires (le sommet de la chaine) de la même manière. Les traits du producteur primaire ont des conséquences sur la diversité et la complexité du réseau trophique, via des effets directs et indirects de la densité et de la taille des espèces dans le réseau.
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On parle généralement de cascade trophique lorsqu’un prédateur affecte indirectement l’abondance des espèces des niveaux trophiques inférieurs, cas de contrôle top-down, ces espèces prédatrices sont qualifiées de clés de voute si leur impact sur l'abondance des autres espèces est très important par rapport à leur propre abondance. Mais l’exemple précédent montre que les producteurs primaires peuvent aussi avoir un contrôle indirect ascendant, contrôle bottom-up, on parle alors d’espèce « pierre fondatrice ».
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Le lien entre la structure des réseaux trophiques, la stabilité et le fonctionnement des écosystèmes à fait l’objet de nombreuses études. Dans le contexte de perte de biodiversité actuelle, l’impact de cette perte de biodiversité sur la stabilité des communautés est devenu un enjeu important[23]. L'effet de la complexité sur la stabilité des réseaux trophiques a souvent été pris en compte, néanmoins le lien entre complexité et stabilité n’est pas toujours évident. La complexité est définie comme le produit de la diversité spécifique et de la connectance. La diversité ou richesse spécifique de la communauté est déterminée par son passé évolutif, et par les processus d'émigration, immigration et extinction qui résultent d’interactions directes et indirectes entre les populations et au sein des populations. La connectance (ou densité de liaison), notée C dans un réseau trophique, est décrite comme le rapport de l'ensemble des liens trophiques réalisés, L, sur l'ensemble des liens trophiques possibles Lp, elle est aussi exprimée avec la diversité spécifique notée S (nombre de nœuds dans le réseau, équivaut donc aux liens possibles si exprimée au carré). On a alors :
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Robert MacArthur formule en 1955 l'hypothèse que la stabilité de la communauté augmente lorsque le nombre de liens dans le réseau trophique augmente[24]. Cette hypothèse indique donc qu'il existerait un lien entre la connectance et la stabilité des réseaux, puisque la connectance, pour une même diversité, doit augmenter avec le nombre de liens trophiques dans le réseau.
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Cette relation a été mise en évidence par Dunne et al. (2002)[25] qui se sont intéressés au rôle de la structure des réseaux trophiques dans les cascades d’extinctions engendrées par la perte de certaines espèces. A partir de réseaux trophiques naturels, ils ont modélisé des séquences d’extinctions d’espèces afin de déterminer la robustesse des réseaux.
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Ils ont mis en évidence que lorsque les espèces les plus connectées sont retirées, que l’on peut qualifier d’espèces clés de voute, le nombre d’extinctions secondaires engendrées est plus important. Cela indique que ces espèces, de par leur densité de liens élevée, ont en effet un rôle important dans la stabilité de la communauté car de nombreuses espèces seront directement affectées si elles disparaissent.
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La connectance a un effet important sur la robustesse des réseaux, lorsque la connectance augmente le fait de retirer des espèces clés n’a pas beaucoup d’effet jusqu’à un certain seuil à partir duquel la sensibilité à la perte d’une espèce très connectée augmente rapidement. Et ce seuil augmente avec la connectance.
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Parfois, le fait de retirer les espèces les moins connectées engendre le plus d’extinctions d’espèces dans le réseau. Le fait que ces espèces aient un effet important sur la structure du réseau peut avoir différentes explications.
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Il peut s’agir du cas où les espèces les moins connectées sont à la base du réseau, donc si elles sont retirées tous les niveaux supérieurs sont impactés. Une autre possibilité est qu’une espèce peut être prédatée juste par une seule espèce, mais ce prédateur a lui-même beaucoup de prédateurs donc ça engendre de nombreuses extinctions par cascade. Biologiquement ça peut s’interpréter également dans un cadre de dynamique de population avec les « weak-interactor species» qui peuvent avoir un rôle très important sur l’abondance de plusieurs espèces dans la communauté[26].
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Pour comprendre la stabilité du système, on utilise donc sa complexité (connectance*diversité) mais aussi la force des interactions entre les nœuds. C'est une mesure qui représente le taux de changement, par individu, causé par une espèce B sur une espèce A, ceci de manière instantanée. Elle peut aussi être considérée comme le flux de biomasse entre deux espèces (N. Rooney & K. MacCann 2012)[23]. Lorsque ces forces sont importantes dans une chaîne du réseau, on dit que cette chaîne est rapide, sinon elle est lente. Il a été montré que ces forces jouaient un rôle sur la stabilité du système. Effectivement, les faibles forces d'interactions inter-spécifiques (entre deux individus d'espèces différentes) sont considérées comme stabilisantes. A l'inverse, de grandes forces d'interactions inter-spécifiques sont plus potentiellement instables. C'est le couplage entre les forces importantes et faibles, permis par la structure du système qui aurait un effet stabilisant. Pour ce qui est des forces d'interactions intra-spécifiques (entre deux individus de même espèce), elles seraient stabilisantes (P. Yodzis 1981)[27].
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Ainsi pour étudier la stabilité des réseaux trophique via sa structure, les principales variables utilisées sont la force des interactions (i), la connectance (C) et la diversité (S). Le chercheur May (1972)[28] a élaboré un critère de stabilité se basant sur ces trois mesures. Aux alentours de l'équilibre, si i*(SC)1/2<1 alors, la stabilité de la structure est assurée. Cette information a donné un élan à la recherche sur la structure des chaînes trophiques et le lien entre elle et la stabilité. Cependant, le modèle de May comportait uniquement des structures aléatoires. Yodzis (1981) [27] a réanalysé ce critère via des structures de réseaux trophiques existant. Il en a résulté que le critère de May était trop sévère car ses réseaux trophiques étaient plus stables que ceux créés aléatoirement. Ainsi, il a prouvé que l'organisation de la diversité dans le monde du vivant ne se faisait pas de manière aléatoire et que la structure du réseau était bel et bien importante.
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L''impact de l'omnivorie sur la stabilité des réseaux trophiques est débattue. Selon Pimm (1979) [29] les systèmes contenant des espèces omnivores sont plus susceptibles d'être instables, le niveau d’instabilité dépendrait donc en partie du nombre d’omnivores et de leur position au sein du réseau. D'après ces résultats, la probabilité d’avoir un équilibre instable est plus élevée avec un nombre important d'omnivores, de plus les effets sur la stabilité du réseau diffèrent selon que les liens omnivores se trouvent à l’intérieur ou entre des chaînes. E K. McCann, publie en 1997 un article stipulant le contraire[30]. Pour lui des boucles omnivores, dans un système simple et hors équilibre, permettraient de réduire l'instabilité. Cependant, avec une omnivorie trop importante, McCann retrouve les mêmes résultats que Pimm. La théorie serait qu'il existe un juste milieu pour l'omnivorie permettant une stabilité optimale. Celui-ci dépendrait du prédateur au sommet du réseau trophique. L'hypothèse est que plus le prédateur est efficace, moins la structure peut accueillir d'omnivores. L'étude de Dunne et al. (2002) suggère que le taux d'omnivorie dans le réseau n'a pas d'effet sur la robustesse de ce dernier face aux extinctions d'espèces[25].
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Le rôle de la compartimentation dans la stabilité des réseaux a été longuement discutée, S.L Pimm en 1979[29] conclu que les compartiments au sein d'un réseau trophique font augmenter la probabilité que ce réseau soit instable. Il affirme alors que les interactions entre espèces ne doivent pas être organisées dans des compartiments étroits afin de maximiser la stabilité du système. Il n'existe dans les écosystèmes naturels que très peu de compartimentation, les écosystèmes sont donc fortement interconnectés et l’élimination de n’importe quelle espèce peut induire de grandes perturbations (J. Camacho et al 2002)[31]. Ce résultat, des modèles les plus compartimentés étant les moins stables, va à l'encontre d'un certain nombre de suggestions sur l'organisation des systèmes écologiques, les recherches ayant suivi affirment alors que théoriquement, les compartiments augmenteraient la stabilité dans les réseaux biologiques incluant les réseaux trophiques (A. Krause et al. 2003)[32]. Dans ce cas-ci, les interactions faibles entre les compartiments permettraient de cantonner une perturbation à son compartiment. L'ensemble du système serait alors plus résistant à une perturbation et donc plus stable. Ce dernier a démenti le fait que la compartimentation soit un cas isolé dans les milieux empiriques. Pour lui, le manque de compartimentation était dû à une trop faible résolution des modèles. Il a donc créé le sien mettant en évidence plus de compartimentation et obtenu ces résultats.
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Des recherches ont été menées sur le rôle de l'environnement sur la stabilité de la structure du réseau. Selon F. Briand (1983)[33], l'environnement aurait un impact sur la connectance. Les réseaux au sein d'environnements fluctuants (dont les ressources sont accessibles de manière restreinte dans le temps) auraient une connectance moins importante que ceux des milieux constants (où la nourriture est présente constamment). Une connectance élevée est souvent associée à une force d'interactions plutôt faible pour garder le système stable avec l'augmentation de la diversité. Bien que cela soit le cas pour les environnements fluctuants, dans les environnements constants cette règle semble avoir été omise. Pour Briand, ce phénomène s'expliquerait par l'évolution. Dans les environnements fluctuants, la connectance est limitée par le changement de l'environnement. Ainsi, la stratégie la plus efficace serait de maximiser la force des interactions, les rendre les plus rentables possible, et ce au détriment d'une connectance de toute manière limitée. Pour les environnements constants, c'est l'inverse, miser sur la répétition des interactions peut s'avérer plus avantageux. De plus, Briand émet l'hypothèse que la connectance comme la force de l’interaction peuvent être élevées. La stabilité serait alors impossible mais au vu de la constance de l'habitat, ce type de structure trophique a pu voir le jour.
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Dans un contexte de conservation, les effets des facteurs précédents sur la stabilité semblent donc intéressants à prendre en compte. Les communautés avec une connectance élevée seront donc moins sensibles à des pertes d’espèces et des extinctions aléatoires auront aussi moins d’effet que des extinctions ciblées sur les espèces clés de voûte. Actuellement, il semblerait que les extinctions ne sont pas aléatoires car les activités comme la pêche ou la chasse ont plutôt visées les niveaux trophiques élevés qui contiennent souvent des espèces clés de voûte[25]. De plus, les extinctions des espèces omnivores pourraient avoir des effets importants sur la stabilité de la communauté. On voit donc l'importance pour la conservation de la biodiversité de prendre en compte le rôle des différentes espèces et la structure des réseaux trophiques.
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D'après la loi de Raymond Lindeman (1942)[34], la quantité d'énergie passant d'un maillon à l'autre de la chaîne est de seulement 10 %. Ceci implique que les chaînes trophiques sont limitées ; par ailleurs, dans les échelons les plus bas de la chaîne, l'énergie est allouée en grande quantité à la reproduction. En bout de chaîne en revanche, les espèces ont une reproduction plus limitée et l'énergie est allouée à la survie (chasse, défense, etc.).
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Certaines substances toxiques, « indésirables » ou polluantes sont bioaccumulées dans la chaîne alimentaire[35]. En contexte pollué notamment, elles constituent aussi une limite probable au nombre de maillons (niveaux trophiques) de la cha��ne[réf. souhaitée].
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On qualifie de « contrôle » dans un réseau trophique l’influence de certains paramètres sur la structure et la dynamique de celui-ci. On regroupe sous ce terme de “paramètres” les interactions ou les niveaux trophiques jouant sur la distribution et l’abondance des organismes. Si la nature de ces contrôles fait plutôt consensus dans la communauté scientifique, à savoir le contrôle top-down (contrôle par les prédateurs) et le contrôle bottom-up (contrôle par la compétition), la part de chacun dans les réseaux reste encore débattue[36]
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Le contrôle bottom-up correspond à une régulation de la biomasse d'un réseau trophique, uniquement ou principalement, induite par la compétition entre individus d'un même niveau trophique pour l'accès aux ressources. On observe ainsi une co-variation positive de la biomasse entre niveaux trophiques adjacents. Dans la littérature scientifique, deux visions de ce concept de régulation transparaissent, en s'opposant sur certains point[36].
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La vision de White[37] où le contrôle bottom-up est présenté comme la force de régulation globale de tous les écosystèmes. White part du postulat suivant : le monde est un endroit inhospitalier où la survie d'un individu dépend plus de son accès à la nourriture que de la prédation ou l'herbivorie. Ainsi, la principale ressource limitante des écosystèmes est la nourriture et, par extension, la quantité de nutriments présents dans le sol (comme l'azote), car étant un des facteurs principaux influant sur la production primaire, elle-même impactant les herbivores, et ainsi de suite jusqu'au sommet du réseau trophique.
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Ce postulat induit par la même occasion un paradoxe vis-à-vis de la théorie du Monde Vert : un contrôle induit par la quantité de ressources n'expliquerait pas la forte proportion de végétaux et de prédateurs par rapport à celle des herbivores sur Terre. Ce paradoxe est désamorcé par White, qui avance l'hypothèse qu'une faible proportion de la végétation peut réellement être considérée comme comestible (et donc en tant que « ressources ») du fait de la faible qualité nutritive de la majorité des végétaux (induite par de trop faibles concentrations d'azote dans les sols). Cette vision s'inspire des travaux de Chitty (1960)[38] et de Wynne-Edwards (1962) qui proposaient que la limitation du nombre d'individus trouve son origine dans des mécanismes intrinsèquement comportementaux ou génétiques d'autorégulation, comme la territorialité permettant la préservation d'une ressource limitée par une limitation de la reproduction (et donc un maintien de la population à son plus haut niveau). Ce concept de populations « limitées par le bas » plutôt que « contrôlées par le haut » conduit à une réévaluation du rôle de la prédation, du comportement social et territorial ou tout autres interactions entre niveaux trophiques, en tant que facteurs susceptibles d'influencer l'abondance des populations dans un environnement.
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La vision de Hunter & Price[39] où le contrôle bottom-up est présenté comme une des forces de régulation des réseaux trophiques, sans exclusivité, et soumise à l'hétérogénéité de l'environnement et à la diversité des écosystèmes.
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Plusieurs facteurs abiotiques (climat, ressource en eau, nutriments...) et biotiques (prédation/parasitisme, symbiotes, compétiteurs, décomposeurs...) entre alors en jeu et les rôles relatifs de chacun quant à la structure des communautés sont propres à chaque écosystème.
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Hunter & Price proposent un modèle théorique « bottom-up dominé » (voir figure ci-contre), s'appuyant sur l'observation que la suppression des niveaux trophiques les plus élevés laisse les niveaux inférieurs présents (mais possiblement fortement modifiés), alors que la suppression des producteurs primaires ne laisse aucun système. Dans ce modèle, les facteurs déterminants la production végétale sont les facteurs abiotiques (climat, paramètres du sol…) et les facteurs biotiques (décomposeurs, symbiotes…) de l’environnement, puisqu’ils impactent directement l'hétérogénéité de la production végétales. La production primaire détermine ainsi la distribution dans l'espace et le temps des populations d’herbivores, ainsi que leur qualité intrinsèque en tant que ressources pour leurs prédateurs. Cette hétérogénéité parmi les herbivores détermine à son tour la densité, la diversité des espèces et la distribution du niveau supérieur, et ainsi de suite jusqu’au sommet. De plus, ce modèle prend en compte des facteurs plus complexes, comme les interactions entre espèces et les effets de l'hétérogénéité abiotique, et ce à tous les niveaux trophiques.
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Ce modèle théorique est présenté par Hunter & Price comme une première piste à suivre pour la compréhension de systèmes biologiques. Il a en effet pour avantages d’intégrer les boucles de rétroaction biotique/abiotiques ainsi que de prendre en compte l'hétérogénéité des écosystèmes. Malgré tout, ce modèle demande à être complexifié car ne prenant pas en compte les processus évolutifs, ni la diversité de facteurs biotiques et abiotiques, ni les interactions biologiques.
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Le concept de contrôle top-down (contrôle du sommet vers la base) stipule que la prédation prévaut sur la compétition dans les réseaux trophiques, et donc que la quantité et l’efficacité des prédateurs détermine les effectifs des populations de niveaux trophiques inférieurs[40]. Ce concept n’exclut pas l’impact des ressources sur les organismes de l’écosystème : un milieu plus riche pourra toujours contenir de plus grands effectifs de plantes, d’herbivores et donc de prédateurs. Cependant, le contrôle top-down indique un rétrocontrôle négatif (direct) ou positif (indirect) des effectifs des prédateurs sur les densités des niveaux trophiques inférieurs.
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Ce concept découle de l’« Hypothèse du Monde Vert » de Hairston et ses collaborateurs[40] qui présente le fait que bien qu’en général les plantes soient présentes en grand nombre dans tous les environnements terrestres, il existe cependant des cas où les herbivores sont capables d’épuiser complètement leur ressource et de localement provoquer la disparition des plantes (herbivores protégés par l’Homme ou par des phénomènes naturels, espèces introduites, etc.). Cette observation peut être expliquée non pas par le fait que les espèces introduites soient « mieux adaptés » à leur nouvel environnement et capables d’exploiter mieux les ressources que les espèces natives, mais plutôt que leur capacité à exploiter le milieu est simplement dû à l’absence de leur prédateur naturel. Ce sont les prédateurs qui contrôlent ainsi les effectifs des herbivores, et non pas la quantité de ressource à leur disposition.
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La validation expérimentale de ce concept fait suite aux expériences des années 1960 afin de comprendre pourquoi et comment la biodiversité est répartie sur le globe[41],[42],[43]. L’expérience de Robert T. Paine (1966)[44] portant sur la complexité des réseaux trophiques et leur lien avec la diversité spécifique par de l’hypothèse de travail que « La diversité locale est directement liée à l’efficacité des prédateurs à empêcher la monopolisation de la grande partie des ressources nécessaires par une espèce. ». Pour la tester il réalise une expérience d’un an dans laquelle il retire le prédateur au sommet du réseau trophique de sa zone d’étude, l’étoile de mer Pisaster ochraceus dans la zone intertidale, et regarde l’impact qu’a sa disparition sur la diversité spécifique du milieu. En un an, le réseau trophique passe de 15 espèces à 8 espèces : Paine parle de système « trophiquement simplifié ». Ainsi en l’absence d’un facteur de régulation (ici la prédation), il y a un « gagnant » dans la compétition interspécifique pour l’espace, et le système tend vers la simplicité. L’absence de contrôle par les prédateurs induit ainsi l’exclusion compétitive d’espèces de niveaux trophiques inférieurs. Cette étude illustre l’importance du contrôle top-down dans un réseau trophique et la relation directe entre diversité spécifique et quantité et efficacité de prédateurs dans le système afin d’empêcher une seule espèce à monopoliser la ressource limitante du milieu.
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Dans les réseaux comportant un seul prédateur au sommet du réseau, celui-ci est donc le seul à réguler toute la biomasse du réseau : on peut alors parler d’espèce clef de voûte de l’écosystème, sa disparition entraîne une suite de conséquences dans l’écosystème appelé cascade trophique. La réintroduction du loup Canis lupus dans le parc National de Yellowstone est une illustration typique de ce contrôle top-down : sa réintroduction dans les années 1990 à induit une réduction par trois de la population des wapitis Cervus canadensis et une forte augmentation du couvert végétal.
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Les principales forces Bottom-up et Top-down contrôlant les interactions dans les réseaux trophiques peuvent être modulées par des mécanismes influençant les interactions entre proies et prédateurs[36].
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En effet, les proies peuvent avoir recours à des changements de localisation[45] leur permettant d’échapper aux prédateurs, comme l’utilisation de refuges spatiaux[46]. L’hétérogénéité structurale de l’environnement peut ainsi procurer aux proies des refuges où le risque de prédation est réduit. Ces refuges peuvent être permanents (absence complète des prédateurs) ou transitoires (prédateur rarement présents). Une augmentation de la richesse spécifique est observée dans les environnements plus structurés puisque le taux de recherche de proies par les prédateurs est réduit, ainsi ces refuges améliorent la persistance des proies en réduisant l'efficacité des prédateurs.
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Ces changements de localisation des proies peuvent être accompagnés de changements de comportements de celles-ci afin d’être plus difficiles à capturer. Par exemple, la proie peut diminuer son temps d’alimentation en diminuant son temps de recherche de nourriture puis en manipulant celle-ci dans des lieux sûrs afin d’éviter de se faire attraper par un prédateur. Cependant cela n’est possible que pour des espèces pour lesquels l’apport de nourriture pour le développement et la croissance n’est pas nécessaire en continu (discontinuouss feeders)[45]. En effet dans le cas des « continuous feeders », cette perte de temps d’alimentation peut engendrer un allongement du temps de développement et donc un risque d’être prédaté avant l’âge de reproduction.
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Les proies peuvent également privilégier certains comportements de groupe afin d’échapper au prédateur, comme les cigales qui émergent toutes en mêmes temps tous les 13 ans : leur grand nombre submerge les oiseaux prédateurs et les contraint à ne se focaliser que sur un nombre restreint de proies.
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D’autres changements de comportements sont observables, comme l’induction de défenses chimiques ou morphologiques, des stratégies anti-prédateurs tel que le camouflage, ou la présence d’un état de vigilance qui augmente avec le risque de prédation, comme chez les mésanges bleues lors de leur recherche de nourriture[47], ou encore la coloration aposématique et le dégoût associé, comme chez les espèces de papillons qui présentent sur leurs ailes des couleurs d'avertissement qui signalent aux prédateurs un danger potentiel à les prédater[48].
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Lorsque les proies sont des plantes et les prédateurs des herbivores, les défenses anti-prédateurs peuvent être directes comme les épines, les cires ou encore des composés volatiles interagissant directement avec le prédateur de la plante en perturbant sa croissance, ou en limitant voire inhibant sa capacité à s’alimenter. Les défenses peuvent également être indirectes et n’ont donc pas d’influence directe sur les herbivores mais bien sur les prédateurs de ces derniers, impactant donc des niveaux trophiques supérieurs. Ce type de défenses se fait grâce à des métabolites secondaires comme les HIVOC (Herbivore-Induced Volatiles Organic Compounds) ou l’EFN (Extra-Floral Nectar).
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À de faibles pressions de pâturage, les pertes des plantes peuvent être compensées par une stratégie de croissance rapide, stimulée par le recyclage des nutriments. À mesure que le pâturage augmente, les pertes de biomasse pour les végétaux atteindront des niveaux qui ne peuvent être compensés par une croissance stimulée, et la productivité primaire spécifique à la zone diminuera. Des relations hautement non linéaires entre la pression de pâturage et le renouvellement des plantes pourraient ainsi dissocier et déstabiliser l’équilibre du contrôle top-down dans ces réseaux, rendant difficiles ou impossibles à prédire les rendements de cultures sur pied sous différents régimes trophiques[36].
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Dans les sols, le recyclage des nutriments entre la matière organique morte, les microorganismes décomposeurs, leurs consommateurs et les producteurs primaires fournit un bon exemple de la façon dont les forces bottom-up et top-down sont importantes et étroitement liées dans les réseaux trophiques, dont les effets sont visibles à des échelles spatio-temporelles suffisamment larges. Il a été démontré à maintes reprises que le broutage des micro-organismes par la faune améliore la minéralisation des nutriments minéraux (N, P, S, etc.) dans le sol, en particulier l'azote (N) et le phosphore (P). La disponibilité accrue de ces éléments augmente avec la complexité de la chaîne alimentaire, ce qui se traduit par une amélioration de la croissance des plantes et une augmentation de la concentration de ces éléments dans la biomasse végétale. Ainsi, les « nourrisseurs microbiens » comme les prédateurs peuvent exercer un contrôle top-down sur les microbes par des interactions d'alimentation, et également affecter indirectement la croissance microbienne en influençant la quantité et la qualité de la litière végétale, la ressource nécessaire aux communautés microbiennes. Cet exemple montre que des rétroactions positives, provoquées par des interactions indirectes entre les niveaux trophiques non adjacents dans les réseaux trophiques du sol, peuvent exercer un certain contrôle sur la structure et la fonction des réseaux trophiques détritiques[49].
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L’intensité de prédation des proies par les prédateurs change également avec l’importance de la couverture végétale : les plantes, en s'accumulant, fournissent une couverture aux organismes en limitant leur détection par les prédateurs[36]. Ainsi la disponibilité en ressource pour les plantes et l’accroissement du couvert végétal (force bottom-up) peut avoir pour conséquence de tamponner la réduction des effectifs d’herbivores par les prédateurs (force top-down).
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Il a été également démontré l’importance des mécanismes de régulations intrinsèques de certains niveaux trophiques dans le contrôle général des réseaux. En effet, le phénomène de cascade trophique illustre l’importance des apex prédateurs dans le but de limiter les tailles de populations de divers taxons (contrôle top-down), contrôlant ainsi la densité de leur proie et celle des mésoprédateurs. La question se posant alors est celle de comment les apex prédateurs sont eux-mêmes contrôlés : la présence d’une auto-régulation au sein de ces prédateurs en serait la réponse. L’étude a donc été menées chez ces prédateurs au sommet de la chaine trophique afin de savoir quels traits d’histoires de vie leur permettait de ne pas surexploiter leurs ressources. De ce fait, la disponibilité en proie et par conséquent la biodiversité sont maintenues[50].
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Un autre exemple de régulation intrinsèque serait la théorie du professeur Fretwell. En effet, il applique cette théorie afin d’expliquer les multiples interactions trophiques d’un écosystème qui rendrait un paysage plus « vert » ou non, en fonction de la parité du nombre de niveaux trophiques[36]. Selon lui, si les chaînes alimentaires ont des nombres impairs, les brouteurs seraient limités aux prédateurs et les paysages devraient être remplis d'une végétation luxuriante. Alors que les chaînes alimentaires ont un nombre de niveaux trophiques pair, les plantes seraient limitées par les brouteurs et les paysages devraient apparaître stériles. D’après Fretwell, ce serait l’augmentation de productivité primaire qui ajouterait des niveaux trophiques de sorte que, les paysages apparaissent alternativement verts ou stériles.
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Les réseaux trophiques ont été mis en évidence dès 1927 par le biologiste Charles Elton (Animal ecology). Certaines espèces, dites espèces clé de voûte, ont un rôle important au sein des écosystèmes, par leur influence sur plusieurs autres espèces pouvant être réparties dans différents « niveaux trophiques ».
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Depuis les années 1970, les écologues tentent de mieux comprendre les réseaux trophiques.
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On a d'abord cru que le degré de séparation entre 2 espèces d'un réseau trophique était d'au moins 4 liens, c'est-à-dire 4 relations de type « prédateur-proie », ce qui laissait penser que la disparition d'une espèce pouvait facilement être compensée par l'occupation de sa niche écologique par une autre. Cependant, l'observation des réseaux trophiques naturels a montré[51] que plus de 95 % des espèces d'un habitat naturel (aquatique ou terrestre) étaient liées à un réseau trophique dépendant de l'habitat en question, et à moins de trois liens les unes des autres (deux liens en moyenne).
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De plus des interactions durables de type symbiose/parasitisme complexifient ces réseaux en rendant les espèces plus dépendantes les unes des autres que ce que l'on avait d'abord pensé, d'où les inquiétudes pour la régression accélérée de la biodiversité induite par l'Homme.
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Cette proximité des espèces dans le réseau trophique (deux degrés de séparation) signifie que l'extinction d'une espèce peut avoir des impacts en cascade plus importants que ce qu'on pensait antérieurement. Même des espèces autrefois jugées banales et ubiquistes, parce que communes, pourraient être concernées par les impacts indirects d'un recul « en réseau » de la biodiversité.
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Dans les milieux aquatiques, marin notamment, est peu à peu apparu que l'importance des réseaux trophiques microbiens a été sous-estimée[52]. Les interactions fungi-fungi ou fungi-bactéries jouent en particulier un rôle important, voire critique dans les processus de décomposition subaquatique de la matière organique, et donc dans le cycle du carbone. Ces réseaux trophiques microbiens, partout présents, mais souvent invisibles à nos yeux, commencent à être étudiés, avec une approche se voulant plus holistique[53] grâce notamment au métabarcoding.
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L'écologie trophique a bénéficié du développement de l'écologie isotopique et de l'analyse génétique. Elle se développe en France notamment via le réseau pluridisciplinaire de chercheurs GRET (Recherche en écologie trophique), mis en place en France en 2012 puis labellisé GDR 3716[54] par le CNRS début 2015. Ce réseau vise à mieux décrire et comprendre les réseaux trophiques en France et leur rôle pour les écosystèmes, biocénoses et services écoystémiques.
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Une montagne (Écouter) est une forme topographique de relief positif, à la surface de planètes telluriques, et faisant partie d'un ensemble — une chaîne de montagnes — ou formant un relief isolé. Elle est caractérisée par son altitude et, plus généralement, par sa hauteur relative, voire par sa pente. Il n'existe toutefois pas de définition unique de ce qu'est une montagne, terme apparu entre le Xe et le XIIe siècle, et de nombreux régionalismes coexistent pour décrire les formes de relief. Elle peut désigner à la fois un sommet pentu et une simple élévation de terrain, comme une colline, aussi bien que le milieu dans son ensemble. Les montagnes prennent en effet des formes très diverses en fonction des processus qui mènent à leur orogenèse : des escarpements de marges continentales et rifts en domaine extensif, aux chaînes de collision et plissement, en passant par les phases de subduction créant des volcans de type explosif en arcs insulaires ou le long de cordillères, sans oublier le volcanisme de point chaud de type effusif ni les intrusions mises au jour par l'érosion. Le climat qu'elles subissent, avec des températures en moyenne plus basses et des précipitations plus importantes qu'en plaine du fait de l'altitude, joue également un rôle important dans leur façonnement. Avec l'isostasie, les montagnes connaissent des phénomènes de surrection et d'amincissement crustal qui mènent à terme à leur disparition. Les plus anciennes chaînes de montagnes sur Terre datent du Paléozoïque.
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En raison de leur climat spécifique, généralement marqué par un étagement altitudinal, et de leurs pentes difficiles d'accès rendant impossible une exploitation intensive, les montagnes abritent une grande variété d'écosystèmes et une importante biodiversité. De nombreuses espèces animales y trouvent une pression écologique moindre. De ce fait, près du tiers des zones protégées dans le monde se trouvent en montagne. Bien qu'elles soient une source d'eau douce indispensable, les zones montagneuses sont souvent considérées comme rudes ou demandent des efforts d'adaptation importants de la part des populations humaines.
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Les montagnes, demeures supposées de nombreuses divinités, ont longtemps inspiré de la crainte aux êtres humains et restent largement méconnues jusqu'aux premières études scientifiques sérieuses au XVIIIe siècle. À partir de cette époque, leur représentation artistique devient plus réaliste. Par la suite, elles sont l'objet de conquêtes avec l'avènement de l'alpinisme. Elles sont au cœur du développement de l'hydroélectricité à la fin du XIXe siècle. Dès lors, plus faciles d'accès, elles s'ouvrent au tourisme, en premier lieu à celui des sports d'hiver, qui bouleverse souvent les paysages des montagnes des régions tempérées, mais également en dehors de la saison hivernale à la randonnée pédestre voire au trekking, dont la pratique est proche de la nature.
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Le mot « montagne » apparaît en gallo-roman au XIIe siècle[1]. Ainsi, il est employé dans la chanson de geste Pèlerinage de Charlemagne en 1150[2]. Il provient de l'ancien français montaigne, dérivé du bas latin montanea, féminin substantivé de l'adjectif montaneus, altération du latin classique montanus, littéralement « relatif à la montagne »[1]. Dans le cartulaire de Sauxillanges, daté de 989 à 994, dans le Livradois, on trouve montana[1]. En 1678, Charles du Fresne, sieur du Cange, dans son Glossarium mediæ et infimæ latinitatis, atteste la forme montania, notamment en Cerdagne en 1035. Il rapporte aussi les emplois de montanea par Pierre Tudebode dans Historia de Hierosolymitano itinere et Baudri de Bourgueil dans Historia Jerosolimitana (livres 3 et 4, réunis dans le Recueil des historiens des croisades), et par Orderic Vital dans Histoire ecclésiastique (livre 9), entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle[1]. Ces formes deviennent donc concurrentes de « mont », issu du latin mons, montem et préexistant à « montagne »[1]. L'adjectif « montagneux » naît sous la plume de Jean de Meung en 1284[3]. Le mot « montagnette » apparaît au XVe siècle dans une tentative de distinguer des formes de relief en fonction de leur hauteur[1].
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Au XIIIe siècle, en Auvergne, la montagne désigne aussi bien la basse et la moyenne montagne que les pâturages, à l'instar de l'alpe[1]. Dans la péninsule Ibérique, c'est également un terrain de chasse, alors qu'en Europe centrale, c'est une zone minière[1].
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Outre une forme de relief, statique, la montagne reflète également une forme de mouvement, sans doute sous l'influence du verbe latin populaire montare qui a engendré en ancien français le verbe « (re)monter » ou la « montée » au XIIe siècle, éliminant au passage la forme plus noble issue d'ascendere, laissant seulement le substantif français « ascension »[4]. Les montagnes sont définies ici comme un espace géographique de migration. La montagne est le lieu où l'on monte, de manière saisonnière par exemple pour l'estive des éleveurs ou un hivernage de bûcheron, ou occasionnellement sur le chemin d'une fuite ou d'un voyage[4]. Au XIIe siècle, montain et montagnier qualifient la faune, selon le fauconnier, et les habitants qui vivent en montagne[1],[4]. Les verbes enmontagner ou démontagner sont employés pour décrire l'activité de déménagement des montignons ou montagnards au XVIe siècle[4].
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Au sens figuré, une montagne indique un amoncellement, une montagne d'objets, de richesses, de difficultés. Il désigne selon le lieu ou la relation engagée, la valeur, le prix, le nombre, la valeur morale, l'intérêt, le taux d'emprunt. En ce sens, les formes verbales ont été mieux préservées en français, à l'instar du verbe « surmonter » attesté par Philippe de Thaon au XIIe siècle[5], dans l'expression « le montant d'une somme » ou « monter un budget » lorsqu'une situation est délicate.
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Les tentatives pour donner une définition générale et universelle de la montagne sont très vite confrontées à l'imprécision et aux exceptions. Ainsi, selon Raoul Blanchard, « une définition même de la montagne, qui soit claire et compréhensible, est à elle seule à peu près impossible à fournir »[6]. La pente et l'altitude définissent la topographie et le relief, ensemble des formes, de volumes saillants ou en creux, « une famille de formes topographiques » comme décrit par Emmanuel de Martonne[7], mais la montagne est aussi un cortège de spécificités où certains phénomènes sont amplifiés et où des limites aux facteurs altitudinaux peuvent essayer d'être définies. Il est possible de distinguer trois sens à la montagne[8]. Dans le premier, c'est une élévation de terrain individuelle entourée de vallées, synonyme de hauteur, relief, sommet ; le mot « mont », bien qu'étymologiquement semblable, est guère utilisé dans cette acception, désignant par ailleurs une forme de relief de plissement. Dans le deuxième sens, une montagne est un espace formé par des reliefs saillants et s'oppose à la colline, au plateau, au piémont, à la vallée. Le troisième sens englobe tout le milieu de la montagne dans sa globalité ; plus imprécis, laissant de côté les notions de pente et d'altitude, il prend en compte les dimensions paysagères et humaines[8].
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En France, des critères administratifs et législatifs ont été définis. La loi montagne (1985) insiste sur des seuils et des pentes[9] : entre 600 et 800 mètres d'altitude moyenne communale et une pente supérieure à 20 %, hors outre-mer[10]. Les difficultés face à la réduction de la saison végétative sont également prises en compte : adaptation de la production et de la mécanisation agricoles, donnant droit aux fonds structurels européens, perception des conditions locales de développement nécessitant des mesures compensatrices telles que la politique de la « zone de montagne » (1961) et l'indemnité spéciale « montagne » des années 1970[11].
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Dans les îles Britanniques, une montagne s'élève traditionnellement à plus de 2 000 pieds (610 m) d'altitude et présente une hauteur de culminance minimum de 100 à 500 pieds[12],[13]. Aux États-Unis, l'Institut d'études géologiques des États-Unis a distingué une montagne, relief de plus de 1 000 pieds (305 m) de hauteur relative, d'une colline en deçà, mais cette définition a été officiellement abandonnée au début des années 1970[14].
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Une définition internationale des régions montagneuses est apportée par le Centre de surveillance de la conservation de la nature, dans le cadre du Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP-WCMC) : altitude de plus de 2 500 mètres, ou altitude entre 1 500 et 2 500 mètres et pente de 2°, ou altitude entre 1 000 et 1 500 mètres et pente de 5°, ou encore altitude entre 300 et 1 000 mètres continue dans un rayon de sept kilomètres[15].
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En onomastique, un oronyme est un toponyme de montagne. Les oronymes sont parfois utilisés pour de simples hauteurs (escarpements, collines)[16].
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Les vocables de la montagne se caractérisent par l'importance des variantes et synonymes ; cette richesse est issue des observations nombreuses des hommes qui vivent dans la montagne avec la nature et de la variété linguistique. Outre les couches successives de populations à travers les âges qui ont colonisé le domaine montagnard, dont on retrouve les traces et les racines linguistiques dans les cartes anciennes et les cadastres, il y a les déformations successives des noms en particulier à une époque où l'orthographe n'était pas fixée et lors de transcriptions dans un mouvement général de francisation. Certains toponymes de la carte d'État-Major (1818-1881) ont été collectés par des officiers cartographes plus préoccupés par les formes et accidents de terrain que par les questions linguistiques[17].
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Il en ressort une grande variété de régionalismes. Tête et berg, employé en suffixe, sont courants dans l'Est de la France[18], aux côtés des ballons (de l'allemand Belchen). Puy et puech sont fréquents en toponymie, pour désigner des lieux situés en hauteur (du latin podium : « hauteur, lieu élevé ») en particulier dans le Massif central[19]. Le mot d'origine occitane serre correspond à un mamelon, une croupe, un relief allongé, une pointe rocheuse voire un contrefort et viendrait d'un terme pré-indo-européen ou prélatin serra : montagne allongée ou crête en dos d'âne. L'usage en géographie du mot désigne une forme de relief : crêtes étroites et allongées, dénudées, gazonnées ou boisées. La moitié méridionale de la France est très riche en toponymes formés sur serre[20]. De même, le provençal baou, avec son sommet généralement plat, le tuc gascon de forme arrondie, et le soubeyran, avec ses variantes comme barre et chaux (chau, chalp, chaup), ou plus généralement la cime se réfèrent à des hauteurs ou des sommets[18]. Le terme mendi, montagne en basque, constitutif de nombreux toponymes, s'applique à toute hauteur, même peu élevée. Hegi correspond à une crête, monho à la colline, gain aux hauteurs[21]. Par-delà les mots qui indiquent la montagne précisément, il existe un ensemble de termes relatifs aux détails du paysage montagnard comme adret et ubac pour ne prendre que des exemples alpins. Les termes évoquant la végétation, naturelle ou aménagée, sont particulièrement fréquents tant en montagne qu'en plaine et renseignent sur les qualités du milieu ou leur histoire, à l'instar de la chaume et de l'alpe (ou aulp, aup, arpe et dérivés alpette, arpettaz, alpille), qui a donné l'« alpage »[22],[23].
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Le terme de « chaîne de montagnes » est employé pour désigner un ensemble de reliefs disposés de façon allongée, principalement dans le cas d'une collision continentale[24]. Les chaînes de montagnes sont généralement divisées en massifs de montagnes[25], lesquels sont parfois subdivisés en chaînons[26] ; toutefois, la terminologie québécoise ne retient que le terme de « chaînon » (équivalent de l'anglais range) pour désigner le sous-ensemble d'une chaîne (équivalent de l'anglais mountains)[27]. En outre, le terme de « massif de montagnes » est aussi employé dans le cas d'ensembles montagneux, souvent anciens, formant un bloc continu[25]. Enfin, l'usage veut parfois que l'on parle de « chaîne » même pour des sous-ensembles, à l'instar de la chaîne de Belledonne ou de la chaîne des Aravis, au sein des Alpes, dont la disposition des sommets est globalement rectiligne. Le terme de « monts », au pluriel, est employé de façon générique pour désigner une chaîne ou un massif[28].
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La proportion de terres émergées situées à plus de 1 000 mètres d'altitude est d'environ un quart[29],[30], auquel peuvent s'ajouter 10 % de terres situées à une altitude inférieure mais présentant de fortes pentes selon les critères du Centre de surveillance de la conservation de la nature (UNEP-WCMC)[29]. Dans le détail, les reliefs montagneux couvrent approximativement 33 % de l'Eurasie, 24 % de l'Amérique du Nord, 19 % de l'Amérique du Sud et 14 % de l'Afrique[31].
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Dans un massif montagneux, les sommets sont reliés par des crêtes et séparés par des cols, points les plus bas sur cette crête, et par des vallons, ou par des vallées pour les plus larges séparant généralement les massifs. Un sommet peut avoir une cime principale et des cimes secondaires[32].
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La géomorphologie des montagnes dépend de différents facteurs[33] : leur processus de formation (orogenèse), la vitesse de déformation (mouvements verticaux et horizontaux des roches), la nature des roches (les roches tendres donnent des reliefs plus doux que les roches dures) et le climat.
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Dans les chaînes de collision jeunes et les chaînes anciennes considérablement rajeunies, les sommets sont généralement qualifiés de « pics », lorsqu'ils ont une forme conique, ou d'« aiguille », lorsqu'ils sont particulièrement acérés sur une arête, voire de « dent » lorsqu'ils se détachent du relief[32]. On trouve aussi les qualificatifs de « pointe », de « tête » ou encore de « roche, rocher, roc »[34]. Lorsqu'ils ont connu une glaciation, les sommets peuvent présenter une forme de pic pyramidal dominant des vallées et cirques glaciaires[35].
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Le relief de plissement se traduit par une géomorphologie spécifique. Le sommet d'un anticlinal forme un mont. Dans un relief conforme, de type jurassien, le fond d'un synclinal constitue un val. Une dépression au sommet d'un mont est une combe. Les corniches rocheuses en bord de val ou de combe sont appelées crêts. Les cluses sont des dépressions traversant les anticlinaux perpendiculairement. Dans un relief inverse, de type préalpin, les synclinaux se retrouvent au niveau des points hauts par érosion différentielle et sont dits « perchés ». Le relief appalachien est un type particulier de relief de plissement ayant été largement aplani, puis à nouveau soulevé provoquant une reprise de l’érosion. Dans ce cas, les anticlinaux et les synclinaux sont nommés respectivement barres et sillons[36].
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En domaine extensif, le rebord d'un horst forme généralement un long escarpement de faille. L'érosion contribue à créer des sommets individualisés[37].
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Les reliefs volcaniques sont de deux grands types. Les volcans explosifs se présentent généralement sous la forme de stratovolcans, d'aspect conique, ou de dômes de lave[38]. Les stratovolcans peuvent supporter des dômes de lave et des cônes de scories secondaires[38], auquel cas ils sont dits complexes ; les volcans Somma en font partie. Les volcans effusifs se présentent sous la forme de volcans boucliers, de grandes dimensions avec de très faibles pentes[38]. Ceux-ci peuvent également supporter des cônes volcaniques. Lorsque les volcans boucliers émettent des laves sous une calotte glaciaire, ils forment des tuyas[39]. La majorité des volcans sous-marins sont des volcans boucliers[40]. Les stratovolcans et les volcans boucliers présentent généralement à leur sommet des cratères et parfois, lorsque leur chambre magmatique se vide, une vaste caldeira[41].
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Vue du mont Damavand en hiver, stratovolcan endormi et point culminant de l'Iran.
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Vue du mont Fuji, stratovolcan actif et point culminant du Japon.
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Vue aérienne du Mauna Loa, volcan bouclier à Hawaï.
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Vue du Skjaldbreiður, volcan bouclier en Islande.
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Vue du Herðubreið, tuya en Islande.
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Dans les bassins sédimentaires, l'érosion différentielle peut également mettre au jour des reliefs. Si les couches sédimentaires sont monoclinales, c'est-à-dire inclinées et non plissées (couches de même pendage), avec une alternance de roches dures au-dessus et tendres en dessous, l'érosion forme en bordure du bassin une cuesta, au front raide et au revers peu incliné ; si le fragment rocheux est totalement isolé, il constitue une butte-témoin[42],[37],[43]. Si les couches ne sont pas inclinées, ou faiblement, l'érosion peut provoquer l'apparition d'un relief tabulaire appelé mesa s'il constitue un plateau[42], butte si ses dimensions sont moindres[44],[45], planèze si l'origine est un relief volcanique inversé[46], ou tepuy en milieu tropical. Parmi les différentes formes d'inselberg, on trouve le bornhardt et le kopje, qui sont respectivement un monolithe naturel inclusif et un amoncellement de rochers, ou encore le morne[47], en milieu tropical[44], le monadnock en zone tempérée[47],[38], le neck et le dyke, qui sont respectivement les résidus d'une cheminée volcanique et d'un filon volcanique vertical dégagés par l'érosion[46].
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Il existe à la surface des continents deux grandes zones principales d'orogenèse active : la ceinture alpine et la ceinture circum-pacifique[48],[49].
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La première est issue de la fermeture, dès le Crétacé, de l'océan Téthys, principalement par collision des plaques africaine et indienne avec l'Eurasie depuis l'Éocène. Elle s'étend du Maghreb à l'Asie du Sud-Est. Elle comprend la majeure partie de l'Atlas, l'arc de Gibraltar, les Pyrénées, les Alpes, le massif du Jura, les Apennins, les Carpates, les Balkans, l'Anatolie, le Caucase, l'Elbourz, les monts Zagros, les monts Hajar, le Kopet-Dag, l'Hindou Kouch, le Pamir, le Karakoram, l'Himalaya, le plateau tibétain, la cordillère du Kunlun, les monts Hengduan, la chaîne Tenasserim et les Bukit Barisan[48],[49],[50].
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La seconde s'étend sur le pourtour de l'océan Pacifique, le long de fosses océaniques. Elle se met en place dès le début du Mésozoïque. C'est une zone volcanique extrêmement active. En Amérique, jusqu'à la terre de Graham en Antarctique au sud, elle se matérialise par la cordillère américaine et englobe la chaîne aléoutienne, la chaîne Brooks, la chaîne d'Alaska, les monts Mackenzie, les chaînes côtières du Pacifique, les montagnes Intérieures, la chaîne Columbia, les montagnes Rocheuses, la sierra Madre orientale, la sierra Madre del Sur, la sierra Madre de Chiapas, la cordillère Centrale, la cordillère de Talamanca, l'arc insulaire des Antilles, la cordillère des Andes et les Antarctandes. Sur la marge occidentale du Pacifique, elle est constituée par les monts de Verkhoïansk, les monts Tcherski, les montagnes du Kamtchatka (chaîne Orientale et chaîne Centrale) et du Japon (dont les Alpes japonaises), la chaîne de Sikhote-Aline, les montagnes de Taïwan, des Philippines et des îles de la Sonde (Indonésie), la chaîne Centrale de Nouvelle-Guinée et les Alpes de Nouvelle-Zélande[48],[49],[50].
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À une moindre échelle, la vallée du grand rift est également un système montagneux très jeune, apparu seulement vers l'Oligocène. Il inclut les monts Nur, les montagnes des Alaouites, le mont Liban, l'Anti-Liban, les monts de Judée, la pointe méridionale du Sinaï, les monts Sarawat, le bloc Danakil, les plateaux d'Éthiopie, le Rwenzori, les montagnes des Virunga, les monts Bleus, les monts Mitumba, l'Aberdare, le massif du Ngorongoro, les Southern Highlands et les Mafinga Hills[49].
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À l'inverse, un système montagneux majeur, désormais inactif, a été constitué par plusieurs phases orogéniques au cours du Paléozoïque. Il comprend les Appalaches, les montagnes d'Irlande, les Highlands d'Écosse, l'Est du Groenland, les Alpes scandinaves, les Spitzberg, la Cornouailles, l'Anti-Atlas, les Mauritanides, le centre de la péninsule Ibérique dont le Système central et le Système ibérique, l'ensemble de la chaîne varisque (ou localement hercynienne) constituée par le Massif armoricain, le Massif central, le massif des Vosges, la Forêt-Noire, le massif schisteux rhénan, le Harz, le massif de Bohême et le massif de Thuringe-Franconie, ainsi que l'Oural, le Tian Shan, l'Altaï, les monts Saïan, les monts Khangaï, les monts Baïkal et les monts Stanovoï[48],[49],[50].
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Un autre système montagneux ancien, dit panafricain[51], s'est formé progressivement entre le Permien et le Jurassique, accompagnant l'assemblage puis la dislocation du Gondwana, au niveau du plateau des Guyanes, des massifs de l'Est du Brésil (dont la serra do Mar), des montagnes de la ceinture plissée du Cap puis du Grand Escarpement africain, des monts Ellsworth et autres massifs de la Terre de la Reine-Maud en Antarctique, des montagnes de Madagascar et des Ghats occidentaux et orientaux en Inde[48],[50].
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Plus ancienne encore est l'orogenèse ayant donné naissance au Cambrien à la chaîne Transantarctique, largement rajeunie au Crétacé, ainsi qu'aux chaînes du Mont-Lofty et de Flinders en Australie-Méridionale[49],[52],[53]. La Cordillère australienne est une chaîne de montagne majeure dont la formation par accrétion à partir du Carbonifère peut être considérée comme leur prolongation tardive, mais les phases successives incluant du volcanisme, un soulèvement isostatique et un rifting l'en distinguent nettement[49],[54].
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Quoi qu'il en soit, le plus long système montagneux sur Terre se trouve au fond des océans, au niveau de la dorsale médio-océanique[48].
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La principale notion pour apprécier la hauteur d'un sommet est l'altitude. Elle est relativement moderne[38] et reste très vague jusqu'au XVIIe siècle[55]. Auparavant, la distance depuis laquelle un sommet était observable était déterminante et favorisait les plus proches de la mer[55]. Sur Terre, l'altitude se définit par rapport au niveau de la mer. Tous les sommets de plus de 7 000 mètres d'altitude se trouvent en Asie, en particulier les quatorze sommets de plus de 8 000 mètres, dans l'Himalaya et le Karakoram : Everest (8 848 m), K2 (8 611 m), Kangchenjunga (8 586 m), Lhotse (8 516 m), Makalu (8 485 m), Cho Oyu (8 188 m), Dhaulagiri I (8 167 m), Manaslu (8 163 m), Nanga Parbat (8 126 m), Annapurna I (8 091 m), Gasherbrum I (8 080 m), Broad Peak (8 051 m), Gasherbrum II (8 034 m) et Shishapangma (8 027 m)[56]. Le sommet le plus élevé en dehors d'Asie est l'Aconcagua (6 962 m), en Amérique du Sud. Les sept sommets sont les sommets les plus élevés de chacun des sept continents, mais ils sont soumis à des interprétations variables.
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D'autres référentiels peuvent être pris en considération : en se référant à la base de la montagne, c'est-à-dire le dénivelé, le Nanga Parbat (environ 7 000 m par rapport à la vallée de l'Indus distante de 25 km), le Denali (environ 5 500 m) ou encore le Kilimandjaro (4 800[57] à 5 200 m[58]) sont particulièrement notables ; en tenant compte de sa partie émergée, le Mauna Kea a une élévation verticale de plus de 9 000 mètres, alors que son voisin, le Mauna Loa, moins élevé mais plus volumineux, s'enfonce plus profondément dans le plancher océanique et présente une hauteur totale d'environ 17 000 mètres depuis sa racine[59],[60] ; le sommet du Chimborazo, en raison du renflement équatorial, est le point de la surface le plus éloigné du centre de la Terre[61].
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La notion de hauteur de culminance, ou proéminence topographique, s'est ainsi développée pour prendre en compte l'importance du relief[38]. Ébauchée dans les années 1920 par John Rooke Corbett pour les hauteurs d'Écosse[62], elle est normalisée à partir des années 1960[63]. Elle correspond à la différence d'altitude entre un sommet donné et l'ensellement ou le col le plus élevé permettant d'atteindre une cime encore plus haute. Selon cette définition, les dix plus hauts sommets du monde sont, dans l'ordre, l'Everest (8 848 m), l'Aconcagua (6 962 m), le Denali (6 138 m), le Kilimandjaro (5 885 m), le pic Cristóbal Colón (5 509 m), le mont Logan (5 250 m), le pic d'Orizaba (4 922 m), le massif Vinson (4 892 m), le Puncak Jaya (4 884 m) et l'Elbrouz (4 741 m)[64].
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L'isolement topographique est la distance séparant un sommet du point d'altitude supérieure ou égale le plus proche. Ainsi, les dix sommets les plus isolés au monde sont l'Everest, l'Aconcagua (16 520 km), le Denali (7 451 km), le Kilimandjaro (5 562 km), le Puncak Jaya (5 264 km), le massif Vinson (4 911 km), le mont Orohena (4 133 km), le Mauna Kea (3 947 km), Gunnbjørn (3 254 km) et l'Aoraki/Mont Cook (3 140 km)[65].
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La plus haute montagne connue avec précision du Système solaire est Olympus Mons, volcan bouclier sur la planète Mars avec 21,2 kilomètres d'altitude et 21,9 kilomètres de hauteur, pour un diamètre de 600 kilomètres[66]. Les autres planètes telluriques présentent également des formations montagneuses : Maxwell Montes, culminant à Skadi Mons sur Vénus à 10,7 kilomètres d'altitude pour 6,4 kilomètres de hauteur[67], dont l'origine est tectonique[68], et Caloris Montes, s'élevant à moins de 3 kilomètres de hauteur[69] à la suite d'un impact[70] sur Mercure. Il en est de même pour nombre de satellites et de planètes mineures. Ainsi, sur (4) Vesta, le pic central de Rheasilvia s'élève à environ 22 kilomètres au-dessus du fond du cratère d'impact[71], soit une hauteur comparable à celle d'Olympus Mons mais de loin la plus haute du Système solaire par rapport au diamètre de son astre. La crête équatoriale de Japet, dont l'origine est incertaine, mesure environ 20 kilomètres de haut[72]. Le point culminant de Io se trouve sur Boösaule Montes, dont l'origine est tectonique ; il a environ 18 kilomètres de hauteur[73]. Sur Mimas, le cratère d'impact Herschel possède également un pic central ; sa hauteur atteint 7 kilomètres[74]. Le plus haut sommet de la Lune, le mont Huygens, dans les monts Apennins, mesure 5,5 kilomètres[75].
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Plusieurs astres du Système solaire possèdent des formations à l'aspect de montagnes, mais qui seraient constituées de glace, appelées cryovolcans, absents sur Terre. Parmi les candidats à ce processus figurent le mont Ahuna sur (1) Cérès[76], Doom Mons sur Titan[77] et éventuellement quelques reliefs de Pluton[78].
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Schéma des dimensions comparées d'Olympus Mons avec les plus hautes montagnes terrestres : le Mauna Kea et l'Everest.
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Image de synthèse en vue oblique de Rheasilvia avec une échelle de la hauteur en couleurs.
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Vue en gros plan de la crête équatoriale de Japet.
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Image de synthèse représentant Ishtar Terra avec Maxwell Montes près du centre.
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Vues du mont Ahuna.
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En raison des précipitations qui s'abattent sur elles, du manteau neigeux voire des glaciers qui peuvent s'y former et y constituer un stockage sous forme solide, permettant une régulation du débit des cours d'eau vers la plaine, les montagnes sont d'importantes ressources en eau douce[79]. Les plus grands fleuves prennent tous leur source sur des hautes terres[80]. C'est pourquoi les montagnes sont qualifiées de « châteaux d'eau »[79],[80],[81].
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L'eau des montagnes s'écoule vers les plaines au travers du réseau fluvial et des nappes d'eau souterraine[80]. Dans les parties les plus hautes et les plus pentues, au travers de ravins, les torrents arrachent des sédiments par érosion au niveau de la « zone de production ». Le blocage puis la purge des chenaux entraînent des coulées de débris qui laissent apparaître la roche du lit. Dans la partie intermédiaire se trouve la « zone de transport », qui jaillit entre les rochers, formant des cuvettes et des petites chutes d'eau en « marches d'escalier ». Au niveau des piémonts se trouve la « zone de dépôt », avec la pente la plus faible mais la largeur la plus importante, permettant une sédimentation[82].
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Plus de la moitié de la population mondiale dépend de cette eau ; dans les zones arides et semi-arides, cette proportion grimpe aux alentours de 90 %[80],[81]. Par exemple, les dix plus grands fleuves de l'aire Hindou Kouch–Himalaya alimentent à eux seuls les besoins en eau douce de 20 % de la population mondiale ; de même, le mont Kenya fournit de l'eau à sept millions d'habitants[81].
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Toutefois, le changement climatique perturbe le régime des précipitations, notamment leur répartition saisonnière, et les capacités de régulation des écosystèmes. Le recul des glaciers amoindrit les capacités de stockage en eau douce[81]. De plus, l'exploitation des régions montagneuses, notamment par déforestation, fragilise leur écosystème et favorise le ruissellement de surface entraînant des glissements de terrain et des inondations[80]. À l'inverse, l'irrigation et la rétention d'eau pour l'hydroélectricité en amont contribuent aux sécheresses en aval[80],[81].
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Les processus de formation des ensembles montagneux mettent le plus souvent en jeu des mouvements tectoniques[83]. Plusieurs types d'orogenèse (littéralement « naissance de relief ») en découlent[84]. Les forces mises en jeu modifient l'équilibre gravitaire par déplacement des masses rocheuses et affectent le géoïde terrestre[85].
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Lorsque la lithosphère continentale se fragmente et que deux plaques se mettent à diverger, l'extension crustale entraîne l'apparition dans le socle de failles normales[86]. Au niveau de la croûte continentale, elles sont listriques et compartimentent le socle en blocs basculés[86],[87]. L'arête la plus haute du bloc, à l'aplomb du bord de faille, constitue la crête de la formation montagneuse, avec en général un versant plus abrupt que l'autre du fait de l'angle d'inclinaison (pendage). Ce relief en hémigraben s'observe au niveau des rifts continentaux, par exemple le long de la vallée du grand rift, et sur les marges continentales passives[86],[87]. Avec l'apparition de la lithosphère océanique, des roches magmatiques remontent en surface et forment une dorsale[86],[88].
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Lorsque deux plaques convergent, la lithosphère océanique, plus dense, plonge selon un plan incliné sous la lithosphère continentale au niveau de la zone de subduction[89]. Les roches sédimentaires de la plaque océanique sont comprimées en bordure de la plaque chevauchante au niveau du prisme d'accrétion, tandis que la croûte continentale s'épaissit pour former une cordillère[89] et que les roches de la lithosphère océanique, plongées en profondeur, se transforment en magma sous l'effet de la température et de la pression[88] et remontent par infiltration à la surface pour donner naissance à un arc volcanique[89], comme dans la cordillère des Andes. Dans le cas d'une convergence entre deux plaques océaniques, un arc insulaire se met en place le long de la fosse océanique, telles les îles Aléoutiennes[89]. Le volcanisme associé à une subduction est généralement explosif. Il se retrouve sur une grande partie de la ceinture de feu du Pacifique.
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Si l'océan se referme entièrement, la convergence provoque une collision continentale qui se manifeste par la création d'une chaîne de montagnes par plissement et chevauchement d'une plaque par-dessus l'autre[89]. Le socle continental est parcouru de failles inverses[89]. Les roches au-dessus du socle sont détachées et charriées[90]. Les blocs basculés préalables sont surélevés[89]. Le raccourcissement horizontal de l'écorce terrestre provoque un épaississement crustal vertical, aussi bien vers le haut qu'au niveau de la racine[85]. La fusion partielle des roches en profondeur entraîne des intrusions de granite[91]. La ceinture alpine est essentiellement liée à ce processus de collision et plissement. Le long des marges de coulissage, les terrains de part et d'autre de la faille transformante sont juxtaposés, déformés et soulevés par frottement des deux plaques[92],[93].
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Un panache est une remontée de roches très profondes issues du manteau terrestre. Il serait à l'origine du volcanisme de point chaud, généralement effusif[94]. Avec le déplacement des plaques tectoniques au-dessus du panache, qui lui reste fixe, les roches magmatiques forment des chaînes de montagnes[88]. La chaîne sous-marine Hawaï-Empereur en est un bon exemple. En milieu continental, ce volcanisme peut se traduire par des épanchements colossaux de lave appelés trapps, à l'instar de ceux du Deccan au moment du passage du sous-continent indien au-dessus du point chaud de La Réunion[95].
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Lorsque du magma est piégé en profondeur, au cours de l'un de ces processus, il forme un pluton. Son intrusion dans la croûte terrestre peut notamment prendre la forme d'un batholite, d'une laccolite, d'un sill, d'un dyke ou d'un neck[96],[97]. Il peut alors déformer les couches supérieures de la croûte continentale mais le relief est surtout révélé par l'érosion qui conduit au dégagement des terrains environnants ; sa roche étant plus résistante, elle peut alors apparaître comme une formation montagneuse. Parfois isolée, elle peut se présenter comme un inselberg[97]. Le massif du Brandberg, par exemple, présente plusieurs de ces caractéristiques.
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Un autre phénomène de surrection est provoqué par l'isostasie[98]. Ce n'est pas à proprement parler un processus d'orogenèse ; il est qualifié d'épirogenèse (littéralement « naissance de terre ferme » ou « terre continentale »[99]). Il est provoqué par l'érosion, puissant agent de répartition des masses, ou par un rebond post-glaciaire[85],[98]. Dans les deux cas, la croûte continentale est allégée et subit une compensation verticale vers le haut, dite antéclise, de la part de la lithosphère[98]. Si le rapport entre l'érosion des sommets et l'érosion des vallées est positif, les sommets gagnent en altitude[100]. Les Alpes scandinaves ont été considérablement rehaussées et rajeunies par ce processus.
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Parmi les phénomènes plus marginaux, les moraines laissées par les glaciers, après leur retrait, peuvent donner naissance à des reliefs de collines[101], comme la moraine d'Oak Ridges en Amérique du Nord ou les croupes lacustres de la Baltique en Europe. Il en est de même pour les cratères d'impact[102], qui peuvent présenter un pic central et des rebords escarpés, comme dans le cas du cratère de Steinheim, associé à l'événement du Ries, et parfois des anneaux multiples comme le dôme de Vredefort, le plus grand cratère connu sur Terre.
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L'érosion est un facteur majeur de compensation de l'orogenèse. En réduisant la masse superficielle des montagnes, elle participe à la surrection des roches présentes en profondeur, causant à leur tour leur érosion[38],[103]. Au niveau des jeunes chaînes montagneuses, elle est de l'ordre de 200 mètres par million d'années, alors qu'elle est quatre fois moindre en moyenne sur l'ensemble des continents. En l'absence de surrection, tous les reliefs de la Terre seraient arasés en quelques dizaines de millions d'années avec la seule érosion. La compensation isostatique est donc un mécanisme de retour à un état d'équilibre par suppression du relief et de la racine crustale[85].
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La météorisation des roches fait appel à plusieurs formes d'érosion. Parmi les formes mécaniques, la thermoclastie contribue à la fragmentation des roches par variations de températures, la cryoclastie faisant de surcroît intervenir les cycles de gel et de dégel[104]. L'hydroclastie implique une alternance de phases d'humectation et de dessiccation de certaines roches capables d'absorber l'eau qui mène à leur délitage[104]. L'érosion fluvioglaciaire, sous l'effet du propre poids du glacier qui glisse et abrase la roche, est responsable du creusement des cirques et des vallées glaciaires « en U », du surcreusement d'ombilics, qui sont remplis par des lacs glaciaires, et du façonnement de pics pyramidaux voire de nunataks[105]. Le ruissellement détache et entraîne les particules par le biais des torrents. La déflation est le phénomène d'érosion éolienne par mise à nu des sols et corrasion des roches[106]. Le produit de ces formes d'érosion mécanique est transporté par action gravitationnelle puis déposé par sédimentation, par exemple sous forme de moraines, de blocs erratiques, d'éboulis et de cônes de déjection[38], puis de nouveau charrié jusqu'aux océans. Ainsi, l'Himalaya a perdu depuis sa formation plusieurs fois son volume actuel, transporté essentiellement sous formes de sables et de limons vers le golfe du Bengale qui les accumule jusqu'à 3 000 kilomètres au sud du delta du Gange sur une épaisseur atteignant plus de dix kilomètres[107]. La principale forme d'érosion physico-chimique, faisant partie des processus d'altération, est la dissolution par l'eau qui affecte essentiellement le calcaire et donne lieu à des paysages karstiques[108].
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Vue de la vallée de Yosemite (Californie), vallée glaciaire surcreusée au Quaternaire : des parois de roches cristallines intrusives crétacées de plusieurs centaines de mètres dominent le fond granitique de la vallée.
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Vue du lac Moraine, dans les Rocheuses canadiennes : des éboulis (à gauche) et des moraines (au centre) sont visibles au pied des versants derrière le lac.
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Vue de l'Artesonraju au Pérou : un pic pyramidal caractéristique de l'érosion en haute montagne.
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Vue du cirque de Gavarnie, cirque glaciaire dans les Pyrénées françaises.
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Vue du Fitz Roy, en Argentine.
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Pourtant, les modèles d'érosion n'expliquent pas la rapidité de disparition des chaînes montagneuses malgré leur surrection, ni la quantité plus faible qu'attendue de sédiments accumulés dans les bassins[109]. Lorsque la convergence tectonique et la collision continentale ralentissent, un phénomène de relâchement se produit (la contrainte horizontale due aux forces de convergence devient inférieure à la contrainte verticale lithostatique), entraînant une extension et un amincissement crustaux[110]. En effet, avec son épaississement préalable, la croûte est rendue plus ductile par les modifications thermiques et physiques qu'elle a subies. L'affaissement des reliefs est d'autant plus prononcé que des failles normales parcourent déjà le centre des chaînes montagneuses[109],[111]. Parmi les hypothèses expliquant ce phénomène d'extension, dit « syn-convergence » ou « post-orogénique », figurent le fluage avec épanchement latéral en profondeur, le retrait de panneau lithosphérique plongeant, le détachement par convection de racine lithosphérique et le détachement de panneau plongeant[109]. Cette extension s'observe aussi bien dans les Alpes[109] et l'Himalaya[112] que dans la province géologique de Basin and Range dans l'Ouest des États-Unis[113],[114].
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Une ancienne classification, issue des travaux de William Morris Davis, départageait les chaînes de montagnes tectoniquement actives présentant généralement des pentes fortes et des formes acérées, « jeunes », et les chaînes de montagnes anciennes, « inactives », avec généralement des formes plus douces, érodées[33].
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En outre, certaines éruptions volcaniques sont responsables de la destruction de volcans, en particulier les éruptions pliniennes, phréatique et phréato-magmatique qui ont les plus forts indices d'explosivité volcanique. Les plus destructeurs sont appelés « supervolcans ». En cas de vidange de la chambre magmatique se forme une caldeira, vaste dépression d'ordre kilométrique à la place du sommet[115].
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Vue du mont Saint Helens quelques mois après l'éruption de 1980 ayant éventré son sommet.
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Vue de la caldeira du mont Paektu, occupée par un lac de cratère, entre la Chine et la Corée du Nord.
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En raison de leur variét�� de formation, les chaînes de montagnes abritent une importante diversité de roches appartenant aux trois grandes familles : les roches magmatiques, sédimentaires et métamorphiques.
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Les roches volcaniques de type explosif, felsiques ou intermédiaires, se trouvent dans les cordillères et les arcs insulaires liés à des zones de subduction : rhyolite, dacite, trachyte, andésite et phonolite[116]. Les roches volcaniques de type effusif, mafiques, se trouvent au niveau des volcans de points chauds et des dorsales océaniques : il s'agit essentiellement de basalte[116],[117]. Les roches plutoniques sont l'autre type de roche magmatique, de type intrusif. Lorsqu'elles ont une origine mantellique, équivalente au basalte, elles forment des gabbros et des péridotites présents au niveau des dorsales[116] ; en cas d'obduction, gabbros et basaltes peuvent se retrouver dans des ophiolites dans les chaînes de collision[118]. Lorsqu'elles sont issues de l'anatexie crustale, les roches plutoniques constituent des granites, des granodiorites, des syénites et des diorites[119] ; elles se retrouvent en plutons en fin de processus de subduction et dans les chaînes de collision, ou après érosion dans les bassins sédimentaires sous forme de dykes et de sills[116].
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Les roches sédimentaires sont comprimées dans les prismes d'accrétion sur le front des cordillères[120], ainsi que dans les reliefs de plissement et les nappes de charriage des chaînes de collision[119]. Les plus fréquentes sont le calcaire, la dolomie, le grès, le shale, la marne, le flysch et la molasse[121].
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Les roches métamorphiques proviennent de roches sédimentaires ou magmatiques ayant subi un métamorphisme en raison des conditions de chaleur et de pression dans la croûte terrestre, ou au contact de magma[122]. Elles se trouvent essentiellement dans les chaînes de collision, au niveau des blocs basculés laissant apparaître le socle[123]. Il s'agit principalement de gneiss (orthogneiss issu de granite ou rhyolite et paragneiss issu de marne), d'amphibolite (issue de basalte), de serpentinite (issue de péridotite), de schiste (issu de shale), de marbre (issu de calcaire et de dolomie), de quartzite (issu d'un grès)[123],[124].
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En raison du gradient thermique adiabatique, la température de l'air diminue de 0,5 °C à 1 °C tous les 100 mètres avec l'altitude, sous une pression atmosphérique normale d'environ 1 000 hPa au niveau de la mer[125]. L'amplitude journalière est plus élevée, en revanche l'amplitude annuelle est plus faible qu'en plaine[125]. Parfois, essentiellement lors de la présence d'un anticyclone, une couche d'inversion peut se mettre en place, inversant le gradient de température et piégeant les masses d'air froid dans les vallées[125]. La différence d'ensoleillement entre l'adret (ou endroit, soulane) et l'ubac (ou paco, ombrée, envers) crée des contrastes thermiques importants[125].
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Lorsque les masses d'air océaniques, chargées d'humidité, rencontrent un relief, elles sont forcées de s'élever au-dessus du versant au vent et, par détente, se refroidissent, se condensent sous forme d'épais nuages et déversent d'importantes précipitations, parfois sous forme de neige. Occasionnellement, une fois les lignes de crêtes franchies, les masses d'air redescendent le long du versant sous le vent et se compriment, créant un effet de foehn. Elles se réchauffent et s'assèchent. La différence de précipitations de part et d'autre est appelée ombre pluviométrique[125].
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Selon la classification de Köppen, le climat alpin, comme le climat polaire, correspond aux zones où aucun mois n'a une température moyenne supérieure à 10 °C[126]. Sa présence varie grandement en fonction de la latitude : dans le Nord de la Suède, par exemple, sur le 68e parallèle nord, il est présent dès 650 mètres d'altitude, alors qu'au Kilimandjaro, près de l'équateur, il se trouve au-dessus de 4 000 mètres environ[127].
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En raison de la diminution des températures en fonction de l'altitude, toutes les montagnes, hormis dans les régions polaires, présentent un étagement altitudinal qui leur permet d'abriter des écosystèmes spécifiques[128],[129]. Il est inégal selon que le versant est à l'adret ou à l'ubac[125] et selon qu'il est au vent ou sous le vent[128]. Il existe trois biomes en totalité ou principalement influencés par l'altitude et le relief[128] : les prairies et terres arbustives de montagne et leurs 48 écorégions[130], les forêts de conifères tempérées et leurs 52 écorégions[131] et les forêts de conifères tropicales et subtropicales et leurs 15 écorégions[132].
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Carte de répartition des prairies et terres arbustives de montagne.
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Carte de répartition des forêts de conifères tempérées.
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Carte de répartition des forêts de conifères tropicales et subtropicales.
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Chaque écorégion à caractère montagneux présente une forme d'insularisation écologique à grande échelle d'espèces adaptées aux conditions plus froides qu'en plaine et trouvant parfois un refuge sur les terrains plus escarpés préservés des activités humaines[128]. Nombre de ces espèces sont relictes : elles ont investi les montagnes des zones tempérées à la fin de la dernière période glaciaire, avec la réduction des biotopes froids. Dans les zones intertropicales, cette différenciation est plus ancienne[128]. L'isolement des espèces et leur évolution[128] contribuent à ce que les montagnes abritent près de la moitié de la biodiversité mondiale[133].
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La qualité des sols est un facteur supplémentaire perturbant l'étagement altitudinal. Dans les parties les plus élevées des montagnes, ils sont généralement peu épais, en raison de l'érosion glaciaire et fluviatile (ruissellement), de la pente (glissements de terrain) et de la thermoclastie. Les plantes ne disposent alors pas de l'azote nécessaire à leur développement[128]. Dans les parties intermédiaires des montagnes, où la décomposition et la météorisation sont plus actives, et les parties inférieures, où les produits de l'érosion et les nutriments s'accumulent, leur croissance est au contraire favorisée. Localement, en raison du froid et de l'humidité des sols, des tourbières peuvent se mettre en place et, par l'acidité du milieu, participer à la biodiversité[128]. Les dépôts d'éjectas participent à épaissir et fertiliser les sols dans les régions volcaniques[128].
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Un des marqueurs de l'étagement altitudinal est la limite des arbres, à l'exception des déserts chauds et froids où ils sont absents. Au-delà de cette limite, à l'étage alpin, les conditions climatiques sont trop rigoureuses et la période de végétation trop courte, de même que l'insolation est trop intense, pour permettre leur développement ; ils sont remplacés par des arbrisseaux à croissance lente et des plantes herbacées[128]. Celles-ci ont une période de croissance et de floraison parfois limitée à trois mois après l'hiver en région tempérée, alors qu'en zone intertropicale la croissance est seulement ralentie par la saison sèche[128]. Le port en coussin et la présence d'un duvet sur les feuilles sont des formes adaptées contre le froid[129]. La limite des arbres se situe à une altitude approximative où la température moyenne du mois le plus chaud est de 10 °C, presque indépendamment de la latitude[128]. À l'étage nival, seuls quelques mousses et lichens survivent[129]. Malgré l'insularisation écologique, on retrouve une diversité d'espèces botaniques dans les étages alpins comparable partout dans le monde et des genres similaires à latitude équivalente[128]. Même lorsque les genres rencontrés sont différents, notamment dans la zone intertropicale, ils présentent une stratégie évolutive convergente, à l'instar d'Espeletia et Puya sp. dans les Andes septentrionales et de Dendrosenecio et Lobelia sp. en Afrique de l'Est, ou d'autres encore à Hawaï et Java, qui gardent leurs feuilles mortes, leur permettant ainsi de lutter contre le froid[128].
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Dans les forêts tempérées de l'hémisphère nord, les conifères dominent l'étage subalpin avec les pins, les sapins, les épicéas, les mélèzes et les genévriers. Certaines forêts sont mixtes et présentent une partie de feuillus (bouleaux, aulnes, saules, hêtres, etc.)[128],[129] Les éricacées sont caractéristiques des sous-bois, généralement humides et présentant une stratification verticale, ainsi que des landes[128]. Les forêts tempérées de l'hémisphère sud sont dominées en montagne par des feuillus, à l'instar des eucalyptus et des espèces de Nothofagus[128]. Dans les zones intertropicales, les montagnes sont caractérisées par une forêt de nuage d'espèces sempervirentes. Le genre Polylepis se trouve essentiellement dans la cordillère des Andes, au niveau de la limite des arbres et au-dessus[128].
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Les espèces animales sont moins contraintes par l'altitude et les conditions climatiques. Leur présence en montagne reflète davantage que la flore leur répartition régionale[128]. Si certains grands mammifères (caprins, cerfs, lamas, loups, ours, panthère des neiges, puma, vigognes, yacks), et autres marmottes ou pikas, sont devenus emblématiques de la montagne, c'est surtout en raison de la pression écologique exercée par les activités humaines[128],[129]. De nombreux oiseaux ont un comportement adapté aux prairies ouvertes et aux parois rocheuses du milieu montagnard : condors[128],[129], aigles, faucons, vautours[129]. La migration et l'hibernation sont des stratégies d'adaptation[128],[129].
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Sous les zones tempérées, les montagnes sont généralement considérées comme un milieu rude voire hostile, de fait moins peuplé que les plaines au climat plus propice[125],[134]. La pression plus faible de l'air, le climat plus rude, l'hydrologie plus irrégulière obligent tous les organismes à s'adapter. De plus, les versants mal exposés au soleil et l'importance des pentes rendent difficile une exploitation agricole[135]. Toutefois, dans la zone intertropicale, les montagnes offrent des conditions climatiques plus favorables que les régions arides qui les entourent généralement : dans la cordillère des Andes, en Afrique ou sur le plateau tibétain, les populations ont adapté leur mode de vie et su tirer profit du milieu montagnard, au point parfois de voir fleurir des civilisations développées[125].
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Ainsi, en 2000, la population vivant au-dessus d'une altitude de 1 220 mètres (4 000 pieds) est estimée à 10,2 % de la population mondiale[136], soit une densité moyenne de 20,7 habitants/km2 (incluant les régions polaires)[29],[136], avec trois zones principales, dans la vallée du grand rift, au Yunnan et dans l'agglomération de Mexico[136]. Au-dessus de 2 130 mètres (7 000 pieds), elle avoisine 3 %, soit une densité de 12,8 habitants/km2[136]. En retenant un critère d'altitude de 1 000 mètres, relativement proche du premier, et en y ajoutant un critère de pente pour les terrains situés entre cette altitude et 300 mètres, tel que défini par le Centre de surveillance de la conservation de la nature (UNEP-WCMC), la population de montagne est estimée à 15 % dans le monde, dont la moitié en Asie et un quart en Afrique[29]. Au milieu du XXe siècle, elle était de 8 %[29]. C'est en Europe que le taux de croissance est le plus rapide durant ces cinquante années, alors qu'il est le plus lent en Amérique latine[29]. Sur l'ensemble du continent américain, cette population montagnarde a pour caractéristique de se rassembler à plus de 40 % dans des métropoles de plus de 100 000 habitants[29].
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Les inégalités sont plus prononcées en montagne et les catastrophes naturelles y sont plus fréquentes[30]. Les principales lignes de crêtes départageant les grands bassins versants servent souvent de frontières naturelles et politiques entre les populations, en particulier dans les pays développés, entraînant leur isolement et le développement de contrastes[125]. Les développements idéologiques et technologiques sont souvent plus tardifs en montagne, tandis que les pratiques religieuses et l'entraide y sont plus ancrées[135].
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La construction des territoires montagnards commence à la Préhistoire ancienne avec l’exploration de territoires de chasse et de cueillette. Ils se transforment au Néolithique avec l’exploitation plus grande et plus diversifiée des ressources et la mobilité des pratiques[137].
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Les premières explorations recensées de montagnes, des Grecs Hérodote et Anaximandre ou de l'Italien Pétrarque, sont le fait d'érudits motivés par le souci de connaissance de soi-même[138]. Les premiers Européens à s'aventurer jusqu'aux contreforts occidentaux de l'Himalaya sont des soldats d'Alexandre le Grand, même si celui-ci n'a probablement jamais dépassé la citadelle d'Aornos[139]. Les Grecs, parmi eux Ératosthène, Strabon, Pline l'Ancien et Ammien Marcellin, nomment la chaîne Hemodi (ou Hemodos, Emodos, Imaos)[140], signifiant « enneigé »[141] ; Diodore de Sicile l'identifie à la source du Gange[142]. En 663, le moine bouddhiste En no Gyōja gravit le mont Fuji[38].
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Au IXe siècle, le moine et géographie irlandais Dicuil, établit dans le traité De mensura Orbis terrae la liste des six plus hautes montagnes connues à l'époque : l'Olympe, l'Athos, l'Atlas, le Pélion, les Alpes et le Solurius, point culminant supposé de la péninsule Ibérique[143]. La géographie médiévale, avec des auteurs chrétiens et arabes comme le géographe Ibn Hawqal, conçoit les montagnes comme l'œuvre de Dieu qui a souhaité procurer à la Terre une « charpente »[144]. Avicenne, au XIe siècle, donne deux causes géologiques aux montagnes : les tremblements de terre qui soulèvent le sol et dans une moindre mesure l'érosion qui laisse les reliefs les plus durs intacts[145]. Ses travaux sont amendés au XIIIe siècle par Albert le Grand[146]. Restoro d'Arezzo émet lui aussi une théorie sur l'origine des montagnes : elles auraient pour cause une forme d'attraction de la part des étoiles[147]. Jean Buridan, au XIVe siècle, est un des premiers à s'intéresser à l'altitude des montagnes[148]. L'histoire de la conquête de la montagne en Occident retient le récit du poète humaniste italien Pétrarque, qui décrit le panorama extraordinaire offert depuis le sommet du mont Ventoux qu'il aurait gravi le 26 avril 1336, puis l'ascension effectuée le 26 juin 1492 par Antoine de Ville et ses compagnons jusqu'au sommet du mont Aiguille[149].
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Pour les auteurs de la Renaissance, les montagnes sont soit le résultat de l'érosion (Léonard de Vinci, Agricola, Palissy) soit des reliefs dont l'existence remonte à la création de la Terre[150]. Dès 1524, le Suisse Aegidius Tschudi franchit les cols des Alpes centrales — Septimer, Saint-Gothard, Furka, Grimsel et Grand-Saint-Bernard — et en fait un récit qui dépasse les frontières[134]. Trois décennies plus tard, son compatriote Josias Simmler révèle au public l'existence des glaciers au travers du premier ouvrage entièrement consacré aux Alpes[134]. L'histoire naturelle des XVIIe et XVIIIe siècles inaugure l'approche scientifique avec les « théories de la Terre »[144]. Jean-Jacques Rousseau fait découvrir la chaîne alpine par le biais de sa botanique, précédé dans sa démarche par Joseph Pitton de Tournefort au mont Ararat, Pierre Bouguer et Charles Marie de La Condamine dans les Andes équatoriennes ; Marc Antoine Louis Claret de La Tourrette, qui entretient une correspondance avec Rousseau, prolonge ce travail au Pilat, Dominique Villars dans le Dauphiné et Louis Ramond de Carbonnières dans les Pyrénées[134]. Le naturaliste Jean-Louis Giraud-Soulavie décrit en 1780 le climat montagnard dans Histoire naturelle de la France méridionale[144] et l'étagement de la végétation dans la partie méridionale du Massif central[134] ; Philippe Buache cartographie les montagnes du monde entier dans Essai de géographie physique en 1752[144]. Alexander von Humboldt apporte une contribution majeure : voyageur amoureux des montagnes, il gravit plusieurs sommets remarquables, notamment le Chimborazo. Il détermine notamment des « tables des hauteurs » pour les associations végétales et dépasse les causalités linéaires des naturalistes précédents pour faire de la montagne un milieu que l'on ne cherche pas à étudier dans sa particularité régionale mais selon les principes de géographie générale[134],[151]. Comme Rousseau et Carl Ritter, Humboldt s'intéresse aussi à l'organisation sociale des populations montagnardes ; ce dernier écrit : « La configuration du sol dans le sens de la hauteur [...] peut jouer un rôle important dans le domaine de l'homme. Tout ce qui fait naître une variété quelconque de formes en un point de la surface terrestre (chaîne de montagne, plateau...), tout accident du sol imprime un cachet particulier à l'état social du peuple qui l'habite »[134]. Gottlieb Sigmund Gruner, Marc-Théodore Bourrit, Jean André Deluc et son frère Guillaume-Antoine, Pierre Bernard Palassou et Louis Ramond de Carbonnières abordent la haute montagne sous l'angle de sa géologie[134].
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C'est avec la même optique que le Genevois Horace-Bénédict de Saussure[134], en 1786, offre une prime au premier qui gravirait le mont Blanc ; le guide Jacques Balmat et le docteur chamoniard Michel Paccard parviennent pour la première fois au sommet le 8 août. Saussure y parvient lui-même l'année suivante et, par son récit, popularise l'alpinisme en Europe[152]. L'âge d'or de la conquête des Alpes a lieu de 1854 à 1865, sous l'impulsion de Britanniques. Durant cette décennie, un grand nombre de premières de sommets importants sont réalisées, jusqu'à celle du Cervin[38], dernier « géant » alpin invaincu, avec la Meije qui l'est finalement en 1877[153],[154].
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Les montagnes enneigées d'Afrique de l'Est suscitent l'incrédulité de la communauté scientifique qui ne s'attend pas à trouver des neiges éternelles à ces latitudes. Le Kilimandjaro est découvert en 1848 par Johannes Rebmann, le mont Kenya en 1849 par Johann Ludwig Krapf et le Ras Dashan en 1841 par Antoine d'Abbadie d'Arrast, mais il ne révèle son existence qu'après 1849[134]. L'exploration géographique et le relevé cartographique de l'Himalaya commencent véritablement au XIXe siècle avec notamment les travaux de la Great Trigonometrical Survey menée par George Everest de 1830 à 1843[139]. Les tentatives de conquête des hauts sommets se développent après la Première Guerre mondiale mais, si plusieurs « 7 000 » sont conquis et la barre des 8 000 mètres dépassée sur l'Everest lors de l'expédition de 1922, la cime d'aucun sommet excédant cette altitude n'est atteinte. Après la Seconde Guerre mondiale, de 1950 à 1960, grâce à l'ouverture politique et l'aide des peuples sherpas et hunzas, treize des quatorze sommets de plus de 8 000 mètres sont gravis, la Chine se réservant le Shishapangma, intégralement sur son territoire, jusqu'en 1964[153].
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La géographie vidalienne du XIXe siècle concentre les études sur les interactions entre les hommes et les milieux naturels[144]. Les géographes du XXe siècle de l'École française que ce soit à l'occasion de traités ou de manuels de géographie physique générale ou d'articles (de De Martonne, en 1909, à Pierre Pech et Hervé Regnauld, en 1994, en passant par Jules Blache, en 1933, et Pierre Deffontaines, en 1947) considèrent désormais la montagne comme un agencement de processus et de facteurs qui deviennent les objets même de la recherche scientifique[144].
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La connaissance de la montagne a été longtemps marquée par le recours à des stéréotypes : les Alpes en particulier comme stéréotype de chaîne ou de région de montagne ; par exemple l'étage alpin comme prototype d'étage écologique, la transhumance comme type de mode de vie montagnard. Puis les recherches comparatives dépassent les monographies et les ouvrages généraux sont plus rares. Par ailleurs, quelques scientifiques ont appelé à fonder une « montologie » et à développer une réflexion sur les paradigmes de la montagne[155],[156], notamment en termes de services écosystémiques[157].
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Alexander von Humboldt, en ayant exploré la cordillère des Andes à la même époque que Thaddäus Haenke (en), est parfois considéré comme le précurseur de la recherche comparative sur la montagne[30]. Celle-ci, avec Carl Troll qui en définit les règles[30], devient un objet de recherche qui mobilise progressivement la communauté scientifique internationale. Le programme international biologique (en) des années 1970, portant sur la modélisation des processus naturels, et le programme sur l'homme et la biosphère intitulé « Study of the impact of human activities on mountain »[158] mobilisent des spécialistes d'aires géographiques très différentes pour tenter une analyse comparative des systèmes montagnards. Dans les années 1990, à la faveur de la conférence de Rio et de l'agenda 21, la montagne, identifiée comme un écosystème fragile, devient l'objet d'une attention internationale de la communauté scientifique, des organisations non-gouvernementales et des institutions[144]. Désormais, la recherche mondiale sur les montagnes est conditionnée par l'analyse des problèmes rencontrés et la mise en œuvre de solutions concrètes en matière de protection de l'environnement et de conservation des cultures locales, c’est-à-dire de développement durable (cf. les enjeux pour les sociétés et les économies en aval : gestion des ressources en eau, limitation des risques environnementaux), etc.
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Les pratiques traditionnelles de culture et d’élevage, comme l'abandon des espaces montagnards, ont façonné les paysages de montagne de la zone tempérée à la zone intertropicale[159]. La montagne est le lieu de nombreuses activités économiques du secteur primaire et de subsistance, tel le pastoralisme transhumant, qui consiste à amener ovins, bovins, caprins, lamas, alpagas, vigognes ou yacks vers les alpages durant l'estive, pour la production de fromage, de lait, de viande et de laine (comme le cachemire). Le pastoralisme est établi généralement dans l'étage alpin, où se trouvent des biotopes de pelouses alpines, la puna, le paramo, etc. L'élevage saisonnier s'est établi à cet étage ou sur certains versants en raison d'un environnement trop aride, trop froid, trop peu ensoleillé ou trop pentu pour une agriculture productive[4],[160].
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Les cultures montagnardes ont aussi une importante agriculture traditionnelle, centrée sur la pomme de terre, l'orge et le sarrasin qui peuvent être cultivés jusqu'à des altitudes de 4 000 à 4 500 mètres[161] dans les Andes et l'Himalaya. L'orge est la culture la plus courante à ces altitudes dans l'Himalaya avant l'introduction de la pomme de terre, alors que cette dernière l'est antérieurement dans les Andes, avec notamment la culture de la coca. D'autres plantes ont des capacités d'adaptation altitudinales moindres comme le maïs, le blé, la luzerne qui peuvent tout de même être cultivés dans les meilleurs secteurs andins et himalayens à des altitudes supérieures à 3 000 mètres[162]. Des espèces et variétés originellement de climats tropicaux de basse et moyenne altitudes comme le riz, le café et le thé présentent des aires de cultures à moyenne altitude, jusqu'à 2 000 mètres environ. La culture en terrasses permet d'irriguer les sols en pente en évitant le ruissellement et de lutter contre leur érosion[38]. Elle est répandue dans de vastes régions montagneuses du monde : Asie, particulièrement du Sud-Est, cordillère des Andes, Afrique et bassin méditerranéen (restanque en Provence)[163].
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Comme l'agriculture, la sylviculture façonne les paysages de montagne et assure de surcroît l'accès et l'entretien des zones récréatives. Elle assure également la préservation d'essences locales[164]. Le défrichement, contrairement à la sylviculture, n'a pas pour but une exploitation durable de la forêt, mais a pour vocation d'ouvrir des parcelles cultivables et des pâturages pour les troupeaux[165].
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Les chutes d'eau permettent, grâce à l'énergie mécanique, de faire tourner des turbines hydrauliques. Elles sont utilisées dès les années 1830 pour les besoins de l'industrie papetière, notamment dans les Alpes où sont disponibles les matières premières : l'eau et le bois. En 1882, Aristide Bergès, qui a inventé la formule de houille blanche, construit une retenue sur le lac du Crozet dans la chaîne de Belledonne, met en place une conduite forcée de 500 mètres de dénivelé pour la relier à ses usines de Lacey et couple à sa turbine une dynamo Gramme[166],[167]. Ainsi, en couplant un générateur électrique à une turbine, il est possible de produire de l'énergie hydroélectrique. Les barrages permettent de stocker une énergie potentielle. La topographie des montagnes et la hauteur de chute les rendent propices à la construction de barrages hydroélectriques et à la formation de lacs artificiels.
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La combinaison de branches économiques ne s'accordant pas forcément, comme le tourisme et l'agriculture ou la sylviculture, engendrent à partir des spécificités du territoire montagnard de nouveaux potentiels. Ils offrent un environnement favorable aux sports, aux loisirs et à la détente. Ils requièrent toutefois des infrastructures de transport et parfois de logement, ainsi que des services[164].
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La montagne est un espace de plus en plus parcouru. Jadis, aux hautes altitudes, le domaine des pionniers de l'alpinisme, elle est de plus en plus largement fréquentée. La montagne n'est cependant pas un espace de loisirs banalisé et sécurisé ; les risques se caractérisent par de fortes pentes et des terrains instables (plaques de neiges susceptibles d’évoluer en avalanches, éboulements, coulées de boue, crevasses, gouffres, etc.) ; les phénomènes météorologiques y évoluent très vite et souvent avec intensité[168]. Les secours en montagne sont mis en œuvre pour porter secours aux malades et victimes d'accidents ou de malaises, fréquemment à l'aide d'hélicoptères.
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En 2016, les stations de sports d'hiver disposant d'au moins une remontée mécanique se répartissent dans 66 pays, très majoritairement dans l'hémisphère nord. Seuls le Chili, l'Argentine, l'Afrique du Sud, le Lesotho, l'Australie et la Nouvelle-Zélande possèdent des stations dans l'hémisphère sud. Elles se trouvent à 47 % en Europe de l'Ouest dont 35 % rien que dans les Alpes, à 21 % en Amérique, à 19 % en Asie-Pacifique et à 13 % en Europe de l'Est et en Asie centrale[169]. Hormis les Alpes, les chaînes montagneuses abritant le plus de stations sont respectivement les Carpates, les massifs d'Allemagne centrale, les Sudètes, les Appalaches, les Alpes scandinaves, les montagnes japonaises, les chaînes côtières du Pacifique et les montagnes Rocheuses[170]. Les pays abritant le plus de stations de plus de cinq remontées mécaniques se trouvent aux États-Unis, au Japon, en France, en Italie et en Autriche, loin devant les autres pays[169]. Leurs domaines skiables permettent d'y pratiquer notamment le ski alpin[171], le snowboard[172] et autres formes de ski acrobatique sur des pentes aménagées, ainsi que le ski nordique sur des terrains plus vallonnés[173].
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La raquette à neige permet d'évoluer sur neige en montagne aussi bien qu'en plaine, en pleine nature comme sur sentier balisé[174]. Le ski de montagne, qu'il soit à connotation de loisir, à savoir le ski de randonnée[175], ou sa forme compétitive, le ski-alpinisme[176], se pratique sur des fortes pentes en dehors des stations, à l'aide de peaux de phoques collées à la montée sous les skis de type alpin pour éviter l'effet de recul.
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L'alpinisme, dont le ski-alpinisme est dérivé et emprunte des techniques de progression, consiste à évoluer en haute montagne, à l'aide de cordes, baudrier, crampons et piolets[177]. Il s'est développé à partir du milieu du XIXe siècle[38]. Le guide de montagne est un professionnel formé pour encadrer les alpinistes amateurs, particulièrement en haute montagne. Quelques décennies plus tard, l'alpinisme donne naissance à l'escalade, avec pour perspective non plus d'atteindre des sommets mais de parvenir à grimper des voies cotées par difficultés dans des parois verticales ou des rochers à mains nues. En milieu naturel, elle se pratique surtout en été[178]. La via ferrata s'en distingue du fait que les parois restent équipées en permanence d'échelles, de ponts de singe et de câbles métalliques permettant un assurage constant[179]. L'escalade glaciaire, apparue dans les années 1970 et qui consiste à évoluer sur des pentes glacées[180], et le dry-tooling, né à la fin des années 1990 dans des parois rocheuses[181], empruntent l'équipement de l'alpinisme mais les techniques de l'escalade.
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En basse et moyenne montagne, quand la progression offre peu de difficulté, il est possible de pratiquer la randonnée pédestre sur des sentiers[182]. Lorsqu'elle est effectuée sur plusieurs jours et dans des régions particulièrement sauvages, on parle de trekking[183]. Les nuits ponctuant les randonnées sur plusieurs jours peuvent être passées en refuge de montagne ou en bivouac, comme en alpinisme. Le trail est une forme de course à pied de longue distance effectuée sur sentier, souvent en moyenne montagne, alors que la course en montagne se pratique hors des sentiers. Le vélo tout terrain (VTT) est adapté à la pratique du cyclisme en moyenne montagne[184].
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Le décollage en deltaplane, aile triangulaire sous laquelle le pilote est allongé sur le ventre, comme celui en parapente, voile sous laquelle il s'assoit[185], nécessitent de s'élancer depuis un relief après avoir pris un peu de vitesse et permettent de profiter de l'aérologie propre aux montagnes. Le speed riding est un dérivé de voile de parapente conjugué à une paire de skis permettant au pratiquant de descendre une montagne le plus rapidement possible en frôlant ses pentes, en alternant du vol et de la glisse. Le paralpinisme est une discipline de BASE jump consistant à sauter depuis le haut d'une falaise puis à ouvrir le parachute[186].
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Les torrents permettent de pratiquer le canyonisme en progressant dans des gorges et des cascades, alternant des glissades, des sauts dans des vasques naturelles et des descentes en rappel[187]. Le canoë-kayak, incluant le rafting, consiste à descendre les torrents à bord d'embarcations propulsées à l'aide d'une pagaie. La vocation de la spéléologie est d'explorer les réseaux souterrains, notamment dans les massifs karstiques[188].
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Les zones montagneuses abritent une importante biodiversité à l'équilibre écologique fragile[164]. Elles représentent environ 30 % des zones terrestres protégées[133],[189]. En dehors de l'Antarctique, 17[189] à 18 %[190] des zones montagneuses sont protégées, soit un peu plus que la moyenne de 12[190] à 15 %[191] de l'ensemble des zones terrestres, mais en Eurasie et en Afrique elles ne représentent que 10 à 15 % de la superficie montagneuse contre 23 à 32 % sur les autres continents[190]. Sur les 4 000 zones clés de biodiversité recensées en montagne dans le monde, seuls 20 % sont entièrement ou partiellement protégés[189]. La protection des montagnes a été reconnue comme un objectif majeur pour le développement durable au sommet de Rio en 1992[192].
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Dans la mythologie celtique irlandaise, la montagne est un lieu merveilleux associé au sidh, l'Autre Monde, où séjournent les Tuatha Dé Danann, habitants mythiques de l'île[193] ; c'est aussi un lieu de sépulture[194]. Dès l'Antiquité, la poésie didactique, par exemple sous la plume du géographe et poète Avienus, dans Description de la terre, évoque des paysages montagneux mystérieux, mais dans un style très normé[195]. La montagne a une image colossale, aussi bien dans la mythologie grecque, avec Atlas, que dans le roman de chevalerie de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion, au XIIe siècle. Dans la chanson de geste apparaît le mythe de la montagne creuse, comme l'Etna où séjournerait le roi Arthur et sa cour, ou l'Untersberg où, selon les versions, Charlemagne ou Barberousse attendraient tous les cent ans leur résurrection[196]. Il est fait mention de la montagne également dans la Chanson de Roland, dans le cadre des Pyrénées, dans l'Aspremont, la montagne éponyme étant située à l'extrémité méridionale des Apennins en Calabre, ou encore dans le Moniage Guillaume, qui se déroule sur les contreforts méridionaux du Massif central : elle est tour à tour épique, épouvantable, terrifiante, sauvage, désolée, idyllique[196]. La montagne, ses grottes, ses cavernes et ses gouffres, conservent généralement jusqu'au XVIe siècle une image maudite, ils « avalent » les hommes qui s'y aventurent ; les volcans en particulier sont vus comme la bouche de l'Enfer dans la tradition judéo-chrétienne[197].
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L'évocation artistique de la montagne émerge surtout en Chine où, associée à l'eau, elle symbolise le paysage[198], puis au Japon[199] au VIIIe siècle[200], notamment dans la poésie avec le Man'yōshū[201]. C'est un lieu familier, de retraite spirituelle, où l'on rencontre des esprits, voire de fin de vie ; on retrouve cette vision dans la littérature japonaise d'Izumi Shikibu au Xe siècle jusqu'à nos jours chez Yasushi Inoue, Haruo Umezaki, Jirō Nitta et Kenji Nakagami[202]. Le mont Fuji est un symbole de la peinture, notamment pour Hokusai et ses Trente-six puis Cent vues du mont Fuji, tout comme de la littérature, par exemple pour Kanoko Okamoto[203], à la fois montagne sacrée et destination touristique[204].
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Puis, à partir de la fin du XIIe siècle, l'image de la montagne commence à évoluer dans la littérature occidentale, où elle devient le théâtre d'exploits, de découvertes, d'héroïsme[206]. Ainsi, pour Gervais de Tilbury, dans son Livre des merveilles au XIIIe siècle, elle revêt un caractère magique, rejoignant en cela la vision celte[193]. Elle apparaît en toile de fond des peintures au XVe siècle en Europe[205], éventuellement transmise le long de la route de la soie sous l'influence de la dynastie Song[207]. Vers 1470, des dessins à caractère scientifique sont réalisés depuis le sommet de montagnes par Antonio Pollaiuolo, Andrea Mantegna, Léonard de Vinci ou encore Albrecht Altdorfer, alors que sont organisées les premières réelles ascensions[205]. La représentation cartographique des chaînes de montagnes demeure néanmoins longtemps une répétition de « boursouflures » sans tenir compte de l'importance ni de la distance entre les reliefs[207]. Puis la montagne s'impose plus largement dans l'art occidental au XVIIIe siècle[195],[199],[205]. Journal de voyage en Italie, rédigé en 1580-1581 par Montaigne, n'est publié qu'en 1774[208]. Les Alpes sont surtout évoquées par la littérature classique au travers des témoignages de Tite-Live et Lucain relayant leur traversée par Hannibal. Le mythe est modernisé par le franchissement du col du Grand-Saint-Bernard par Bonaparte[208]. De fait, jusqu'au début du XIXe siècle, la peinture de montagnes, et de paysages en général, reste reléguée derrière la peinture d'histoire, du fait de la hiérarchie académique et d'une création prédominante en atelier, en particulier en France où elle résiste même au romantisme voire au réalisme[205]. Elle se popularise toutefois auprès du public[205].
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Si les montagnes ont longtemps conservé un caractère sacré[209], comme le mont Sinaï et le mont Ararat[210] ou dans la tradition bouddhiste[201], métaphysique et onirique[205] ou machiavélique[195], l'exactitude de leur représentation picturale supplante progressivement l'idéalisme, en premier lieu en Suisse par Caspar Wolf, puis en Angleterre avec William Turner et John Ruskin, et enfin en Allemagne, notamment avec l'école de Dresde, avec Caspar David Friedrich, Carl Gustav Carus, Carl Blechen et le Norvégien Johan Christian Dahl[205]. Cette évolution se reflète dans la littérature, par exemple avec l'ouvrage de l'historien Jules Michelet, La Montagne, en 1868, ou avec Histoire d'une montagne d'Élisée Reclus en 1876, décrivant tous deux la nature et les hommes[211].
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À la fin du XIXe siècle, la montagne est l'objet d'une recherche esthétique, symbole du cycle de la vie chez Giovanni Segantini, capteur de lumière pour Claude Monet et Ferdinand Hodler, ou encore déclinée sous les traits de la montagne Sainte-Victoire dans près de 80 œuvres par Paul Cézanne[205]. Dans les films Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene en 1920 et Metropolis de Fritz Lang en 1927, la présence de la montagne est suggérée sous forme géométrique au travers d'un décor urbain. Dans Nosferatu le vampire en 1922, Friedrich Wilhelm Murnau emprunte à Caspar David Friedrich et son Voyageur contemplant une mer de nuages des éléments de la Rückenfigur (de)[212]. Dans l'œuvre de Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, la montagne véhicule encore les valeurs de solitude, de pureté, de méditation, de puissance et de liberté[213]. Cette vision est prolongée par Jack Kerouac dans Sur la route[214]. À une époque où de moins en moins de régions montagneuses sont inviolées, l'imaginaire n'est pas exclu des parutions scientifiques de Raoul Blanchard, et quelques romans continuent à apporter une quête de sens aux ascensions : Premier de cordée de Roger Frison-Roche en 1941, Carnets du vertige de Louis Lachenal en 1950, ou encore Les Conquérants de l'inutile de Lionel Terray en 1961[215]. Le Tour de France participe lui-même à établir une mythologie populaire de la montagne, notamment du mont Ventoux, et inversement[216].
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Comme pour la peinture, les premières apparitions cinématographiques de montagnes réelles sont reléguées au rang de décor, avec toutefois le but de prouver que le septième art est capable de refléter la réalité du monde. Cette volonté se heurte toutefois à l'impossibilité de représenter dans un même champ l'immensité de la montagne dans sa globalité et la figure humaine des personnages, sujet même du récit. Ainsi, les premiers westerns s'ouvrent fréquemment avec un champ large sur un paysage de montagne qui se rétrécit progressivement sur des convois, des troupeaux et des silhouettes humaines. Ce procédé permet de dresser le caractère et les valeurs supposées des personnages dans leur environnement. En réduisant la taille de la montagne à la figure humaine dans un même cadre, le personnage apparaît comme familier avec le décor[217]. Sur le plan technique, un champ large sur la totalité d'un paysage montagneux requiert une caméra à focale courte qui accélère le déplacement des objets mobiles vers les lignes de fuite et déforme les verticales. Pour en assurer l'intégrité, il est nécessaire d'y placer des repères visuels. De plus, les premières pellicules ne possèdent pas la qualité nécessaire pour assurer les contrastes, pas plus que la prise de son ne parvient à s'adapter aux conditions de tournage en extérieur. L'adaptation Premier de cordée par Louis Daquin est donc un défi en 1943[218]. En plaçant la montagne hors-champ, à la place du spectateur, sa présence est suggérée et permet d'offrir par les mouvements de la caméra un large panorama visuel sur une plaine, à l'instar de La Charge fantastique en 1941 et La Rivière rouge en 1948[219].
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Finalement, la généralisation des prises de vue aériennes parvient à montrer fidèlement, parfois avec une approche documentaire en dehors du regard humain, l'intégrité de la montagne, comme dans Le Premier Maître en 1965 par Andreï Kontchalovski, La Ballade de Narayama en 1983 par Shōhei Imamura et L'Ours en 1988 par Jean-Jacques Annaud[220]. La montagne tend à être banalisée par les publications techniques des clubs alpins, par la médiatisation des exploits et par des documentaires comme ceux de Gaston Rébuffat[215].
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Dans La Montagne, en 1964, Jean Ferrat évoque sans les nommer les Cévennes et effectue une synecdoque pour parler de la nature en général, qu'il oppose au monde citadin, regrettant que l'homme se détourne d'une forme de vie traditionnelle, rude mais authentique, dans un contexte d'exode rural après-guerre[221]. Pour Jean-Louis Murat, en 1993, dans la chanson Montagne, elle est à la fois femme et amante ; il oppose la chaîne des Puys à la plaine de la Limagne.
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Les montagnes sont un élément sacré au centre de nombreuses religions et croyances[222]. Pour beaucoup, l'aspect le plus symbolique est le sommet de la montagne car il est identifié comme le plus proche du Ciel[223], celui en particulier où résident les dieux et les esprits, comme le mont Olympe dans la mythologie grecque[224], ou celui où les saints et les prophètes ont rencontré Dieu et accompli son œuvre[222],[225], à l'instar de Moïse au mont Sinaï dans le judaïsme[226], ou notamment de Jésus au mont Thabor, ou encore de Mahomet au djébel el-Nour. Parfois, la montagne est considérée comme l'axe du monde[223] ; c'est le cas du mont Meru, souvent identifié au mont Kailash, dans le bouddhisme, le jaïnisme et l'hindouisme, qui en fait la résidence de Shiva[227].
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Les montagnes ont souvent fait l'objet de substitutions dans la pratique religieuse, pour permettre l'élévation : ziggurats chez les Mésopotamiens, pyramides précolombiennes, tours du silence chez les zoroastriens ou encore colonnes des stylites[222]. Dès l'Antiquité, la montagne est souvent interdite aux simples croyants et réservée aux moines[222]. Toutefois, la réalité de la Grèce ancienne est moins stricte. Certes les montagnes naissent immédiatement après la Terre (Gaïa) et le ciel (Ouranos), en se singularisant de la Terre juste avant la mer, et deviennent le séjour des nymphes, en faisant immédiatement un milieu surnaturel et divin (zatheon). Elles sont aussi le théâtre des amours des Dieux, comme les monts Latmos et le Ida, et la résidence des muses qui habitent les monts Hélicon et Parnasse[224]. Cependant, la montagne (l'oros), opposée à la plaine côtière (la polis), n'est pas pour autant un sanctuaire. Elle est fertile et féconde, peuplée de bergers, tout autant qu'un lieu de quêtes ; ainsi les centaures du mont Pélion sont chassés par Pirithoos, alors qu'Œdipe, nouveau-né, est découvert abandonné sur le mont Cithéron[224]. Dans la cosmologie andine, la montagne, avec la cordillère, « marque les confins du monde civilisé »[228]. Prenant le plus souvent la forme humaine lorsqu'elle se manifeste aux hommes, elle a une vie et des occupations propres : elle possède des troupeaux qui se cachent dans les nuages, loin des regards humains, de l'or et de l'argent qu'elle garde jalousement dans ses entrailles et elle est détentrice de l'eau, nécessaire à la vie. Dans la hiérarchie des divinités andines, elle vient aussitôt après la « Terre-Mère » et joue à la fois un rôle protecteur en veillant sur les récoltes, la fertilité du bétail, la santé des humains mais aussi un rôle maléfique lorsqu'elle châtie durement ceux qui ne respectent pas son domaine en n'établissant pas avec elle de pacte d'alliance par des dons avant de prendre ses richesses. Elle est aussi le domaine des morts : avant la christianisation, au Pérou, les morts étaient déposés dans les cavernes naturelles ou les failles de la montagne, aux limites de la zone habitable par les humains. Bien que les évangélisateurs aient combattu cette croyance d'une montagne séjour des morts, « les habitants du Sud andin croient comme à l'époque incaïque que la demeure des morts se trouve au sommet du Coropuna, dans un village situé à l'intérieur même du volcan »[228]. Axe unissant le ciel, la terre et le monde sous-terrain, la montagne « permet le passage entre les différentes sphères qui constituent la cosmologie andine »[228].
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Dans la Bible, que ce soit dans l'Ancien ou le Nouveau Testament, « la montagne est le lieu des théophanies, c'est-à-dire là où Dieu se manifeste »[229] comme dans l'Exode où Moïse rencontre Dieu sur le mont Sinaï. La montagne est le « temple du Dieu de Jacob » (Isaïe Michée 4) et il est annoncé que c'est sur « sa montagne » que Dieu préparera le festin messianique (Isaïe 25). Mais c'est le Nouveau Testament qui instaure la montagne comme lieu de rassemblement du peuple et cesse d'en faire une demeure exclusivement divine[222]. Dans les Évangiles, les grands moments de la vie de Jésus se tiennent sur la montagne, qu'il s'agisse de sa transfiguration, de son entrée dans Jérusalem aux Rameaux ou encore de sa crucifixion[229]. Ainsi, outre les monts Sinaï et Thabor, les montagnes sont omniprésentes dans la tradition biblique : le mont Sion, le mont du Temple, le mont des Oliviers, le mont Moriah, le mont Horeb, le mont Carmel, le mont Garizim, le mont Ebal, les montagnes de Galaad, le mont Séïr, le mont Nébo ou encore le mont Ararat où Noé aurait trouvé refuge à bord de son arche au cours du Déluge[230].
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L'Himalaya Écouter (sanskrit : हिमालय de hima (neige) et ālaya (demeure), littéralement « demeure des neiges »[1], népalais : हिमालय, hindi : हिमालय, ourdou : ہمالیہ), ou chaîne de l'Himalaya, est un ensemble de chaînes de montagnes s'étirant sur plus de 2 400 km de long et large de 250 à 400 km, qui sépare le sous-continent indien du plateau tibétain dans le Sud de l'Asie. Au sens strict, il débute à l'ouest au Nanga Parbat au Pakistan et se termine à l'est au Namche Barwa au Tibet. Cet ensemble montagneux, délimité à l'ouest par la vallée du fleuve Indus et à l'est par la vallée du fleuve Brahmapoutre, couvre une aire d'environ 600 000 km2.
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Ainsi, l'Himalaya abrite 10 des 14 sommets qui culminent à plus de 8 000 mètres d'altitude, dont le mont Everest, le plus haut de tous ; les 4 autres se situent dans le Karakoram. Ces hauts sommets ont donné lieu à de nombreuses expéditions d'alpinistes renommés et ont tous été conquis.
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La limite supérieure des forêts se situe à 3 900 m et la limite inférieure des neiges éternelles vers 5 000 m[2].
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L'Himalaya fait partie d'un ensemble montagneux plus vaste encore que l'on désigne par « Aire Hindu Kush-Himalaya » (HKH), laquelle comprend les chaînes du Karakoram, de l'Hindou Kouch et du Pamir. Ce vaste ensemble chevauche huit pays et abrite plus de 140 millions de personnes.
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L'Himalaya s'étend sur plus de 2 400 km, depuis le Nanga Parbat, au Pakistan, à l'ouest jusqu'au Namche Barwa à l'est. Il comporte trois chaînes parallèles disposées en ordre d'altitude et d'ère géologique.
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La plus jeune des trois chaînes est dite « sub-himalayenne » (collines de Shivalik) et s'élève à environ 1 200 mètres d'altitude. Elle s'est formée par l'érosion depuis la formation de l'Himalaya. Parallèle à cette chaîne se trouve celle du « Bas Himalaya » dont l'altitude varie de 2 000 à 5 000 mètres. Enfin, la chaîne la plus au nord, le « Grand Himalaya », est la plus ancienne des trois. Elle s'élève à plus de 6 000 mètres d'altitude et comporte un grand nombre des plus hauts sommets du monde, dont les trois premiers sont l'Everest, le K2, et le Kangchenjunga. Au total 164 sommets dépassent l'altitude de l'Aconcagua, le point culminant de la cordillère des Andes et la plus haute montagne en dehors de l'Asie[3].
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L'Himalaya couvre la majeure partie du Népal et du Bhoutan et occupe le sud de la région autonome pakistanaise du Baltistan. Il constitue également le relief principal des États et territoires indiens suivants : le Jammu-et-Cachemire, le Ladakh, l'Himachal Pradesh, l'Uttarakhand, le Sikkim (célèbre pour abriter le Kangchenjunga), le Bengale-Occidental et l'Arunachal Pradesh. À la frontière du Sikkim et du Bengale-Occidental s'étend l'arête de Singalila (en), dont les plus hauts sommets sont le mont Sandakphu (en), plus haut point de l'État du Bengale-Occidental à 3 636 mètres, suivi du pic Falut, qui culmine à 3 595 mètres. L'Himalaya occupe l'extrême nord de la Birmanie. Enfin, il chevauche une très petite partie du sud-est du Tibet (cependant, le plateau tibétain ne fait pas partie de l'Himalaya).
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Nota : Les sommets au Pakistan sont du côté pakistanais de la ligne de contrôle, mais sont réclamés par l'Inde.
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D'après la tectonique des plaques, l'Himalaya est le résultat de la collision de la plaque indienne et de la plaque eurasienne[4].
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Il y a 80 millions d'années, au Crétacé supérieur, l'Inde était une île, située à 6 400 km au sud du continent asiatique[5]. Se dirigeant vers le nord à la vitesse de 9 mètres par siècle[4], elle a heurté la plaque eurasienne.
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La portion de l'océan Téthys, qui les séparait, a totalement disparu il y a environ 50 millions d'années. Le sommet de l'Everest est fait de calcaire marin provenant de cette mer[6].
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La plaque indienne continue à se déplacer à la vitesse constante d'environ 5 centimètres par année, s'enfonçant sous la plaque eurasienne et provoquant ainsi l'élévation de l'Himalaya et du plateau tibétain.
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L'Inde se comporte comme un poinçon qui emboutit et déforme la lithosphère asiatique sur plus de 3 000 kilomètres au nord de l'Himalaya. Le Tibet est coupé par de grandes failles qui absorbent cette déformation. Sur le côté est du poinçon indien, la chaîne de l'Arakan et les îles Andaman-et-Nicobar dans l'océan Indien ont aussi été créées par le mouvement entre l'Inde et l'Eurasie.
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Cette intense activité tectonique rend la région très active du point de vue sismique. D'ailleurs, des séismes historiques de magnitude 8 et plus sont documentés sur le front sud de l'Himalaya.
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La chaîne de l'Himalaya possède de très nombreux glaciers dont le Siachen, le plus long avec 70 km environ. D'autres glaciers sont aussi très célèbres : le Gangotri et le Yamunotri (Uttarakhand), le Nubra, le Biafo et le Baltoro (région de Karakoram), le Zemu (Sikkim) et les glaciers de Khumbu (région de l'Everest).
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Les plus hautes régions de l'Himalaya sont recouvertes de neige toute l'année malgré leur proximité avec les tropiques, et les glaciers alimentent de nombreuses rivières qui se divisent en deux grands systèmes :
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Le Salouen, le Mékong, le Yangzi et le fleuve Jaune sont tous originaires du plateau tibétain, mais ils ne sont pas considérés comme de vrais fleuves de l'Himalaya. Pour désigner cet ensemble de fleuves, certains géographes parlent de fleuves péri-himalayens[7].
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L'Himalaya et l'Hindou Kouch voisin sont particulièrement touchés par le réchauffement climatique. Sur la base d’images satellitaires de 40 ans, les chercheurs ont calculé que les glaciers avaient perdu environ un quart de leur masse au cours des 40 dernières années. Entre 2000 et 2016, ils ont perdu en moyenne 7,7 milliards de tonnes de glace par an[8]. Les résultats d'une étude de 2019, impliquant plus de 350 chercheurs, montrent que même atteindre l'objectif optimiste de 1,5 °C de la Conférence de Paris bouleverserait le système climatique de l'aire montagneuse. À la fin de ce siècle, environ un tiers de la surface de glace serait perdu dans cette région. L’approvisionnement en eau de près de deux milliards de personnes est alimenté par les systèmes glaciaires. Par conséquent, on pourrait s'attendre à des conséquences dramatiques pour la population si la protection du climat échouait[9].
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La région de l'Himalaya comprend des centaines de lacs. La plupart se situent à une altitude inférieure à 5 000 mètres, et leur taille diminue en altitude. Le plus grand lac, le Pangong t'so, longe la frontière entre l'Inde et le Tibet. Il est situé à 4 250 mètres[10] d'altitude et mesure 134 km de long sur 8 km de large. Un des lacs se trouvant en plus haute altitude est le Gurudogmar dans le Sikkim septentrional, situé à 5 148 mètres (source : SRTM). Un autre lac important est le lac Tsongmo, près de la frontière indo-chinoise au Sikkim.
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Les lacs de montagnes sont connus par les géographes sous le nom de laquets s'ils ont été créés par une activité glaciaire. Les « laquets » se situent principalement proches des sommets de l'Himalaya, à environ 5 000 mètres d'altitude[11].
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La chaîne de l'Himalaya a une forte influence sur les climats du sous-continent indien et du plateau tibétain. Comme elle empêche les vents secs et glaciaux qui soufflent vers le sud d'atteindre l'Inde, le climat de tout le sud de l'Asie est bien plus chaud que celui d'autres régions situées à la même latitude. L'Himalaya forme aussi une barrière empêchant les vents de mousson en provenance du golfe du Bengale de progresser vers le nord, ce qui explique que le versant nord de la chaîne est aride tandis que son versant sud est humide parce que plus exposé aux pluies de mousson. Enfin, l'Himalaya serait aussi un des facteurs importants dans la formation des déserts en Asie centrale, tels que les déserts de Taklamakan et de Gobi.
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L'Himalaya arrête les perturbations qui viennent de l'ouest et qui sévissent en Iran durant l'hiver. Ces perturbations ne peuvent pas aller plus loin, ce qui provoque d'importantes chutes de neige dans le Cachemire et de fortes pluies dans les régions du Penjab et du Nord de l'Inde. Tout en faisant obstacle aux vents du nord, la vallée du Brahmapoutre est propice à ces vents, ce qui cause une baisse des températures dans le nord-est de l'Inde et au Bangladesh. Le Brahmapoutre subit des vents particulièrement violents pendant la mousson.
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La faune et la flore de l'Himalaya varient selon le climat, les précipitations, l'altitude et le sol. Le climat tropical domine au pied des montagnes, tandis que des neiges éternelles caractérisent les plus hauts sommets. La hauteur des précipitations annuelles augmente d'ouest en est sur le front de la chaîne. Cette variété du climat, de l'altitude, des précipitations et du sol génère des communautés végétales et animales et des écosystèmes tout aussi diversifiés.
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Dans la plaine indo-gangétique à la base des montagnes, plaine alluviale drainée par les réseaux fluviaux de l'Indus, du Gange et du Brahmapoutre, la végétation varie d'ouest en est selon les précipitations. La région nord-ouest se distingue par ses forêts xérophiles à épineux qui occupent les plaines du Pakistan et du Pendjab indien. Plus à l'est, les forêts humides de feuillus bordent le cours supérieur du Gange au Uttar Pradesh et celles du cours inférieur occupent le Bihar et l'ouest du Bengale. Ces forêts sont soumises aux moussons, et les feuillus qui s'y trouvent perdent leur feuillage durant la saison sèche. Les forêts tropicales semi-sempervirentes, en raison du milieu plus humide dans la vallée du Brahmapoutre, occupent les plaines de l'Assam.
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Au-dessus des plaines alluviales s'étend le Teraï, zone marécageuse saisonnière composée de sols sableux et argileux. Les pluies y sont plus abondantes qu'elles ne le sont dans les plaines, et le courant des rivières qui descendent de l'Himalaya ralentit dans la zone plane du Teraï où celles-ci débordent, y déposant ainsi un limon fertile pendant la mousson, puis elles baissent en saison sèche. La nappe phréatique du Teraï est élevée, et la partie centrale de la ceinture du Teraï se compose de savane et prairies du Terraï et des Douars, mosaïque de prairies et de steppe, de forêts sempervirentes de feuillus, dont certaines des plus vastes prairies au monde. Les prairies de la ceinture du Teraï constituent l'habitat du rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis).
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Au-dessus de la ceinture du Teraï se trouve une zone sèche connue sous le nom de Bhabhar où le sol, poreux et rocheux, est constitué de débris venant des chaînes supérieures. Le Bhabhar et la partie inférieure des chaînes du Shivalik se caractérisent par un climat subtropical. Dans cette zone subtropicale, les pinèdes, principalement constituées de pin chir (Pinus roxburghii), occupent l'extrémité ouest, et les forêts de feuillus, où prédomine le sal (Shorea robusta), occupent la partie centrale.
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En moyenne altitude, les forêts tropicales laissent place aux forêts de feuillus (à l'ouest) et près de l'Assam et de l'Arunachal Pradesh. Au-dessus, et principalement à l'est, se développent des forêts de conifères et de feuillus.
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Au-dessus des prés ouest, nord-ouest et est, sur les plus hauts sommets de l'Himalaya, la toundra prédomine. Les alpages sont l'habitat des léopards des neiges (Uncia uncia), une espèce menacée.
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Le terrain accidenté de l'Himalaya fait qu'il n'y a que très peu de routes possibles pour voyager dans la montagne[12]. Les principales routes sont :
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L'Inde a entrepris et continue à entreprendre la construction de nombreuses autoroutes nationales qui devront permettre aux 6 États himalayens du pays à être connectés au reste de la nation, cela permet le progrès économique de cette région mais aussi de stopper l'isolement de certains États ou régions (Arunachal Pradesh, Ladakh, Lahaul et Spiti). Mais le plus stratégique est que les territoires sont mieux contrôlés et cela permet de dissuader les gouvernements chinois et pakistanais d'« envahir » ces États[réf. nécessaire].
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La taille gigantesque de l'Himalaya a limité les migrations humaines entre le nord et le sud. Les différences sont notables dès que l'on compare les religions, les coutumes et les langues de la Chine et de l'Inde. Les contacts ayant été peu nombreux, les conflits ont été évités : c'est ainsi que la péninsule indienne a échappé aux conquêtes mongoles de Genghis Khan.
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De nombreux lieux de l'Himalaya ont une signification religieuse dans l'hindouisme et le bouddhisme :
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Chair de poule (Goosebumps) est une série de livres américaine à caractère fantastique et horrifique pour la jeunesse, écrite par R. L. Stine de juillet 1992 à décembre 1997 pour la collection originale qui comporte soixante-quatorze livres. Divers spin-off de la collection toujours écrits par R. L. Stine ont paru par la suite.
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Ces romans à suspense destinés aux enfants et aux jeunes adolescents ont été publiés en France aux éditions Bayard Poche entre le 23 mars 1995 et le 13 novembre 2001 pour la série originale (soixante-quatorze livres).
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Cette collection de livres a connu un grand succès en France mais également dans le monde entier surtout auprès de la jeunesse, puisque 350 millions de livres traduits en trente-cinq langues ont été vendus. Elle a même donné naissance dans les années 1990 à une série télévisée homonyme Chair de poule de soixante-douze épisodes, diffusée notamment sur YTV au Canada et sur France 2 en France et dont les épisodes retranscrivent plus ou moins fidèlement certains romans de la collection. Cette dernière a également engendré la création de nombreux produits dérivés. En 2015, elle a été adaptée au cinéma avec le film Chair de poule, le film, mettant en scène une version fictive de R. L. Stine, suivi en 2018 de Chair de poule 2 : Les Fantômes d'Halloween.
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En 1968, Robert Lawrence Stine rencontre Jane Waldhorn qui deviendra par la suite sa femme. Ils décident ensemble de travailler sur des livres d'épouvante destinés à la jeunesse. Après plusieurs histoires à succès, R. L. Stine et sa femme créent leur propre maison d'édition Parachute Press au début des années 1980.
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Le succès planétaire de la série de livres Fear Street (apparu en France sous le nom Rue de la peur) en 1989 auprès des adolescents donnera envie à R. L. Stine d'écrire une nouvelle série d'horreur : Goosebumps (apparu en France sous le nom de Chair de poule) est né. C'est en effet dès 1992 qu'il commence à rédiger ces romans qui, très vite, vont connaître également un grand succès.
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R. L. Stine va continuer la rédaction de ces livres jusqu'en 1997. Après soixante-deux livres édités, ne souhaitant pas mettre un point final à la série, il va en rédiger une nouvelle intitulée Goosebumps Series 2000 et composée de vingt-cinq romans, c'est-à-dire les Chair de poule du 3e millénaire, ceux d'une nouvelle génération.
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Après cette série, divers spin-off de la collection de livres sont sortis et continuent de l'être aujourd'hui, mais « très différents » de ce qu'étaient les précédentes séries.
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En France, c'est Bayard Poche qui va éditer la série de Goosebumps dès 1995 sous le nom de Chair de poule. La série va également connaître du succès auprès des jeunes.
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À noter que contrairement à la publication aux États-Unis, la deuxième série de vingt-cinq livres (Goosebumps 2000) ne fut pas distinguée et séparée par Bayard Poche en France de la première, sans doute pour donner plus d'amplitude à la collection et ainsi de ne pas risquer le détournement.
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Plus de 74 livres de la collection Chair de poule ont été édités.
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Les Chair de poule se présentent comme des romans, sans illustrations et divisés en plusieurs chapitres, donnant ainsi la sensation aux jeunes lecteurs d'évoluer dans leur lecture en abordant des livres semblables à ceux des adultes.
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La couverture reste néanmoins fidèle à la plupart des livres destinés à la jeunesse. On y joue avec les couleurs et les caractères pour attirer l'attention des lecteurs (vert dégoulinant, image attrayante en rapport avec le contenu du livre, etc.).
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Les éditions françaises des livres Chair de poule portent les mentions : « À partir de 9-10 ans », « À partir de 9 ans », « À partir de 10 ans », ou « Danger, Frissons Garantis! » pour la première édition de 1995.
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Dans l'édition française également, chaque tome de la série possédait un « sous-titre » en jaune au-dessus du résumé qui annonce le thème principal du livre. En revanche, lors de la réédition récente des Chair de poule en France en 2001, ce « sous-titre » en jaune au-dessus du résumé disparaît. De 1995 à 2017 la série a connu cinq rééditions et maquettes différentes : la première (de 1995 à 1997) durant la publication des tomes 1 à 24, la deuxième de 1997 à 2000 (tomes 25 à 67), la troisième de 2001 (tomes 68 à 74) à 2010 (rééditions) , la quatrième (de 2010 à 2016), et la cinquième (depuis 2017). Notons qu'à chaque nouvelle maquette toute la collection déjà parue est rééditée dans son entièreté. Néanmoins le tome 65 de la série est, pour des raisons inconnues, le seul tome de la série à n'avoir jamais été réédité depuis sa première édition en 2000.
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À noter que les illustrations de la première de couverture dans les versions américaines sont davantage pensées dans l'horreur grotesque que celles des versions françaises, plus mystérieuses et effrayantes. Les dessinateurs principaux des couvertures françaises des Chair de Poule sont Jean-Michel Nicollet, Henri Galeron et Gerard Failly. D'autres dessinateurs ont également réalisé quelques couvertures, comme Jean-Philippe Chabot, Corrado Parrini (pour le tome 45) et Gerard Marié (pour la première édition du tome 27).
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Chaque livre raconte une histoire mettant en scène des enfants ou des adolescents confrontés à un phénomène étrange, effrayant, fantastique et horrifique. La frayeur et le suspense sont ainsi au rendez-vous chez les jeunes lecteurs sans toutefois rebuter leur sensibilité.
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Ces histoires reprennent en effet les principaux cauchemars des enfants comme les fantômes, momies, pantins possédés, miroirs maléfiques, loup-garou… tout en y mêlant amitié, découverte du courage, plaisir de l'imagination, etc.
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Les héros ont toujours à peu près généralement l'âge des lecteurs, il y a ainsi souvent un principe d'identification.
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Quelques histoires ont une fin heureuse, mais beaucoup s'achèvent sur une fin "ouverte", où les protagonistes se retrouvent dans une situation périlleuse à la dernière page, voire se finissent mal. L'on n'assiste jamais directement à la mort des personnages principaux, cela dit, certains récits ont une fin assez triste: par exemple, le protagoniste peut se rendre compte qu'il est lui-même mort et fantôme.
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Fort de son succès, la série de livres a donc été adaptée en série télévisée homonyme Chair de poule dans les années 1990. Soixante-quatorze épisodes en quatre saisons ont été tournés et chacun retranscrit plus ou moins fidèlement l'univers d'un des romans. Les héros sont également des enfants et des adolescents et il y a toujours chez les spectateurs un principe d'identification.
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Diffusée entre autres sur YTV au Canada et sur France 2 en France, la série télévisée a également connu un franc succès en France et dans le monde entier.
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Chair de poule, le film réalisé par Rob Letterman, en tournage à partir d'avril 2014, est sorti en 2015.
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Il est suivi par Chair de poule 2 : Les Fantômes d'Halloween réalisé par Ari Sandel et sorti en octobre 2018.
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Trois jeux d'action/aventure tirés de la série ont été développés par DreamWorks Interactive LLC (aujourd'hui Danger Close Games).
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Il existe un jeu Chair de poule sur Android et IOS reprenant le même principe que les Five Night at Freddy.
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Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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Un fauteuil roulant (en langage familier « chaise roulante ») est une aide technique à la mobilité qui permet de transporter une personne assise sans peine sur une surface plane.
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En France, son appellation officielle est « Véhicule pour Handicapé Physique » (VHP).
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Les premiers meubles à roulettes ont été inventés en Chine au Ve siècle av. J.-C. : des lits pour enfants ont ainsi été découverts sur des frises. Ce n'est qu'à partir du VIe siècle que l'on trouve des fauteuils permettant de transporter des personnes[2].
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Un fauteuil roulant a été fabriqué spécialement pour Philippe II d'Espagne (1527-1598)[3]. Il figure sur un croquis datant de 1595 dans une chaise avec des roues.
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Nicolas Grollier de Servières (1596-1689), ingénieur lyonnais et inventeur de machines fantastiques, construisit et exposa dans son cabinet de curiosités un fauteuil roulant dont le dessin fut publié par son petit-fils en 1719[4].
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Un horloger allemand paralysé invente en 1665 un fauteuil à trois roues, avec une manivelle sur la roue avant.
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En 1783, John Dawson de Bath en Angleterre, invente une chaise roulante nommée d'après sa ville d'origine[5].
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À l'origine littéralement « chaises avec des roues », les fauteuils roulants, bien que souffrant d'une image plutôt négative, sont devenus de véritables objets technologiques faisant appel à une technicité importante. Il est difficile de parler de fauteuils roulants au singulier tant l'offre actuelle est importante, diversifiée et adaptée à des besoins très différents. En France uniquement, il est distribué plus de 450 modèles par une cinquantaine de fabricants. Il n'existe pas à l'heure actuelle de consensus sur leur classification, même si de grandes catégories se dessinent.
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La première occurrence de compétition sportive pour handicapés se tient en 1948 à Londres, avec en particulier une épreuve de basket-ball en fauteuil[6]. Une institution chargée de gérer le sport en fauteuil roulant est créée en 1951, l'nternational Stoke Mandeville Federation.
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Flemming Moller a déposé un brevet en 2005 concernant la chaise roulante moderne[7].
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En milieu hospitalier, pour le transport de patients, on utilise des chaises sans motorisation, avec quatre roulettes, une à chaque pied de la chaise. En préhospitalier, de telles chaises sont utilisées pour l'évacuation de victimes supportant la station assise, ce qui facilite le brancardage ; ce sont en général des modèles pliants qui se rangent aisément dans l'ambulance ou le véhicule d'intervention. On parle en général de chaise de transport ou de chaise d'évacuation.
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Les paraplégiques (handicapés moteurs des membres inférieurs) et certains tétraplégiques (handicapés moteurs des membres inférieurs et supérieurs) ayant suffisamment de force dans les bras utilisent en général des fauteuils dont les roues arrière sont de grand diamètre. Ils peuvent ainsi propulser le fauteuil en mettant les roues arrière en mouvement, par l'intermédiaire d'un volant solidaire de la roue.
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Il est important de distinguer la personne active (enfant ou adulte dans la force de l'âge) ayant été victime d'un accident médullaire ou autre (avec comme conséquence une paraplégie ou une tétraplégie partielle), de la personne âgée, dont les pathologies diverses associées au vieillissement font que ses capacités physiques globales sont amoindries ou très amoindries. Dans cette deuxième catégorie on peut aussi ranger les personnes souffrant de pathologies neuro-musculaires. En effet les besoins de l'un ou de l'autre sont alors très différents. C'est pourquoi l'offre de fauteuil roulant est une offre très diversifiée.
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Les nuances sont subtiles mais bien réelles. Certains patients auront besoin d'un fauteuil roulant manuel pour se déplacer, d'autres devront s'équiper de fauteuil roulant électrique pour garder leur autonomie.[8]
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Le poids d'un fauteuil varie de 150 kg pour un modèle électrique complexe à 15 kg pour un modèle standard manuel, et descend désormais jusqu'à moins de 5 kg par l'emploi de matériaux spécifiques (alliages complexes d'aluminium, carbone) mais surtout aussi grâce à un travail du tube bien particulier. Les tubes peuvent être à épaisseur variable afin de "garder de la matière" là où elle est nécessaire. L'emploi du titane existe, mais son aspect cassant impose de fortes épaisseurs de tubes qui annulent l'avantage de sa faible masse volumétrique. Les prix des modèles légers sont élevés, en raison des technologies utilisées et de la qualité des matériaux, mais surtout en raison du temps passé pour la construction sur mesure et l'adaptation parfaite du modèle pour un confort maximal de l'utilisateur. Cela permet d'exploiter au mieux ses ressources musculaires et d'avoir un maximum de mobilité et de liberté au quotidien.
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Dans cette optique, le fauteuil roulant devient un vrai véhicule et ses caractéristiques essentielles sont celles d'un véhicule; on parle alors de voie, d'empattement, de chasse, de carrossage, de centre de gravité, d'assiette, de diamètre de roue, de pneumatique. Tous ces paramètres vont jouer pour avoir un fauteuil maniable ou au contraire très stable mais difficile à propulser, adapté à l'extérieur, ou fait pour des salles de sport, etc. Pour les patients les plus jeunes (et les moins jeunes parfois), un facteur irrationnel mais néanmoins fondamental concerne le « look » du fauteuil ; il faut dire que certains fauteuils sont d'une grande esthétique, tout à fait comparable à un vélo très haut de gamme. Par ailleurs, le fauteuil roulant est une des premières choses que les gens voient lorsqu'une personne handicapée arrive, il est donc important de bien présenter.
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Avoir le meilleur fauteuil possible est essentiel pour vaincre son environnement. Il faut dire que souvent, des aménagements anodins lorsque l'on peut marcher, deviennent tout à fait problématiques lorsqu'on y est confronté en fauteuil roulant. Par exemple, un commerce avec une marche à l'entrée, ou par exemple, une personne handicapée en fauteuil roulant monte sur un trottoir avec un bateau (aménagement d'une portion de trottoir avec une pente et une marche de hauteur très réduite), se déplace sur toute la longueur de la rue, et se retrouve coincé parce qu'il n'y a pas de bateau. Songez de même aux trottoirs qui ne sont que rarement parfaitement horizontaux ; le moindre devers demande à corriger sans arrêt les trajectoires ce qui est très éprouvant. Tout est obstacle potentiel.
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Des efforts grandissants sont faits pour que l'environnement urbain soit accessible du mieux possible, principalement dans les grandes villes ; mais beaucoup de chemin est encore à faire et très nombreuses sont les villes qui n'y prêtent pas assez d'attention. (Par exemple; des villes qui proposent de transporter par un service spécialisé les personnes en fauteuil roulant de la commune, lorsque le réseau de transport en commun n'a pas de matériel roulant accessible, refusent de prendre en charge des personnes handicapée de passage, tandis que tout un chacun peut utiliser les bus sans discrimination sur le lieu de domicile). Une loi passée en 2005, Accessibilité de la voirie et des espaces publics en France, indique que le domaine public devra être entièrement accessible à compter de 2015. Toutefois, cette loi ne prévoit pas de supprimer les trottoirs surélevés pour mettre l'ensemble de l'espace public sur le même plan, tel que dans beaucoup de pays du Nord de l'Europe, ce qui éviterait pourtant les soucis d'accès ou de détours nécessaires pour accéder aux bateaux. Certaines villes, comme Évry ou Nantes, l'ont bien compris et sont aujourd'hui les exemples à suivre.
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Des équipements relativement récents (une dizaine d'années) mais encore peu répandus en France comme les assistances électriques à la propulsion [9]: le but est de garder le concept du fauteuil roulant manuel et son aspect visuel, mais les roues d'origine sont remplacées par des roues incorporant moteur et batteries (à ne pas confondre avec les motorisations).
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Le but est de permettre à quelqu'un possédant un capital musculaire des membres supérieurs faible (tétraplégique, malade neuro-musculaire) de quand même rouler en fauteuil roulant manuel (ce qui est moins dur psychologiquement à accepter) plutôt que de passer à un fauteuil électrique.
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Ou bien ils conviennent à une personne « simplement » paraplégique qui veut aller au travail sans transpirer pendant son trajet.
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Chaque cas est particulier et chacun apprivoise son fauteuil en fonction de son usage.
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Les fabricant de fauteuils roulants sont majoritairement saxons (allemand, suisse allemand, autrichien, etc.), la culture du handicap est beaucoup plus forte dans ces pays et globalement dans toute l'Europe du Nord, pour qui les notions d'ergonomie et de design au sens des fonctionnalités apportées est un réel souci.
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Pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, les problèmes sont tout aussi nombreux et là aussi des solutions peuvent être envisagées pour augmenter leurs autonomie, comme des scooters électriques et des fauteuils permettant de monter et descendre les marches d'escalier[10].
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Les personnes porteuses de handicap ne pouvant pas se propulser utilisent en général un fauteuil motorisé, dirigé par une poignée de type joystick. Ce type de fauteuil coûte de 2702.81 euros (=prix de remboursement de base par la sécurité sociale) à plus de 20000 euros (fauteuil à propulsion électrique et verticalisation électrique + système sans fil de contrôle d'environnement par exemple). La sécurité sociale rembourse suivant les équipements de 2702,81 euros à 3938,01 euros, la différence resta à charge de l'utilisateur.
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Les fauteuils tout terrain (FTT) sont des fauteuils roulants pour personnes handicapées qui permettent leur utilisation sur des terrains escarpés. Ils comportent en général 4 roues qui sont indépendamment suspendues et freinées par des freins à disques hydrauliques. Il existe aussi des modèles à trois roues (une seule roue à l'avant) et des dispositifs amovibles, qui permettent de rendre son fauteuil ordinaire tout-terrain.
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Pour permettre aux personnes dépendantes d'un fauteuil roulant de vivre de manière indépendante, des logements adaptés ont été conçus ou aménagés. Pour cela, ils doivent pouvoir y accéder, y circuler et en utiliser toutes les fonctions de manière autonome. Certaines communes ou associations dressent l'inventaire de ces habitations.
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Il y a différents types de fauteuil roulant. Il faut bien vérifier les caractéristiques du fauteuil lors de l'aménagement du domicile.
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Pour la pratique de certains handisports, les sportifs en situation de handicap peuvent utiliser des fauteuils de compétition, plus légers et plus maniables que les fauteuils qu'ils utilisent dans la vie quotidienne. Ces fauteuils de sport ont autant de différence avec un fauteuil de « tous les jours » qu'une voiture de série avec une voiture de compétition. On peut aussi comparer un fauteuil de sport à une chaussure de sport : de même qu'il existe des chaussures « de ville » et d'autres modèles spécifiques pour différents sports (basket-ball, tennis, faire de la course à pied…), il existe des fauteuils pour les déplacements quotidiens et d'autres qui sont spécialement dessinés/équipés pour le handisport (modèles différents pour le handibasket, le tennis handisport, l'athlétisme en fauteuil… et ainsi de suite). Certains sportifs, tel que Aaron Fotheringham participeront ainsi à rendre les fauteuils roulants quasiment indestructibles.
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Le terme chaleur peut désigner :
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Chaleur est un nom de lieu notamment porté par :
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Le champagne[1], également appelé vin de Champagne, est un vin effervescent français protégé par une appellation d'origine contrôlée dont la réglementation a nécessité plusieurs siècles de gestation. Son nom vient de la Champagne, une région du nord-est de la France. La délimitation géographique, les cépages, les rendements et l'ensemble de l'élaboration du champagne sont les principales spécificités de l'appellation.
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Historiquement, dès le Moyen Âge, cette province a commencé par produire des vins tranquilles, non effervescents. Des vins clairs appelés aussi « nature », dont la renommée commence à dépasser leur région d'origine au XVIe siècle, par l'entremise d'un ambassadeur de renom, le roi Henri IV, puis au XVIIe siècle, grâce aux talents de dom Pérignon (1638-1715), un moine cellérier de l'abbaye bénédictine d’Hautvillers, notamment avec l'assemblage de différents crus et le contrôle de la prise de mousse lors de la deuxième fermentation. Le succès de l'appellation est ensuite allé croissant, passant de 8 millions de bouteilles expédiées en 1850, à 28 millions en 1900, 100 millions en 1970, 200 millions en 1986, 300 millions en 2010[6] et 312 millions en 2015, le marché ayant atteint 4,74 milliards d'euros, avec près de la moitié du chiffre d'affaires réalisée à l'export marqué par une forte progression en valeur et en volume[7],[8].
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Le champagne est élaboré essentiellement à partir de trois cépages : le pinot noir N, le meunier N et le chardonnay B. Le vignoble de Champagne produit surtout des vins blancs mousseux, avec un large éventail de cuvées (spéciales ou non), de millésimes et de flaconnages variés.
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Le champagne est une boisson devenue synonyme de fête ou de célébration. Il bénéficie d'un prestige reconnu dans le monde entier, grâce à la protection et à la défense très actives de l'appellation, notamment assurées par le CIVC (Comité interprofessionnel du vin de Champagne).
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La culture de la vigne en Champagne remonterait à l'époque gallo-romaine, comme le suggèrent les vases et coupes trouvés au cours de fouilles archéologiques mais ces récipients ont aussi bien pu servir à boire de l'eau, de la cervoise, de l'hydromel ou du vin provenant de Rome ou de la Gaule méridionale[10]. L'affirmation selon laquelle les Romains trouvèrent de la vigne dans les alentours de l'oppidum de Durocorter fondé par les Rèmes en 80 av. J.-C.[11] provient de lectures erronées des textes antiques[12], le vignoble ne se développant dans la partie septentrionale de la Gaule qu'au IVe siècle[13].
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Le développement de la viticulture princière, ecclésiastique et monastique, source de revenus et de prestige, est attesté en Champagne à partir du VIIe siècle[12]. L'intérêt que porte le clergé aux vins champenois, en particulier ceux de Reims et de Châlons-en-Champagne, s'explique aussi par son utilisation lors de l'Eucharistie comme Sang du Christ. Après le monastère d'Hautvillers, vers 660, c'est l'abbaye de Saint-Pierre-aux-Monts, à Châlons-en-Champagne, qui plante de nombreuses vignes dans les domaines qu'elle possédait en Champagne.
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En l'an 1114, l'évêque de Châlons, Guillaume de Champeaux, fait rédiger la grande charte champenoise qui confirme cette abbaye dans toutes ses possessions agricoles et vinicoles. Cette charte, dont l'original est perdu mais dont une copie est conservée aux archives départementales de la Marne, est considérée comme l'acte fondateur du vignoble de Champagne : par cette confirmation, toutes les conditions sont réunies pour que le vignoble se développe en paix et puisse prospérer. Dès lors, les moines n'ont pas cessé de cultiver la vigne et de produire un vin de plus en plus élaboré.
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Durant l'époque féodale, les vins de Champagne sont classés parmi les « vins de France » considérés comme produits dans le Bassin parisien (le Midi n'étant pas encore français).
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Durant le règne d'Henri IV, il acquiert le nom de « vin de Champagne » à Paris, mais cette dénomination s'impose plus difficilement dans la région, le terme champagne désignant des terres non fertiles, ne pouvant servir que de pâturages aux moutons. Pierre Gosset, élu maire d'Aÿ en 1584, était à la fois propriétaire-vigneron et négociant en vins de champagne (non effervescents), ce qu'on appelle actuellement un récoltant-manipulant.
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Au cours du XVIIe siècle, ces vins séduisent de plus en plus d'amateurs dans les cours royales de France et d'Angleterre, sous l'impulsion de certaines familles parisiennes qui possèdent des terres en Champagne. Ce siècle marque aussi une évolution, correspondant au désir des consommateurs, vers des vins gris, très faiblement colorés mais qui, selon les vignerons, vieillissent très mal en fûts.
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Le champagne est donc rapidement mis en bouteille en verre (vers 1660) afin d'assurer une meilleure conservation des arômes (avec un tirage avant la fin de la première fermentation) grâce à l'invention de la bouteille de vin résistante par les Anglais qui découvrent parallèlement le bouchon de liège et le sulfitage des barriques pratiqué par les Hollandais[14]. Mais il devient, en contrepartie, naturellement pétillant (surtout pour les champagnes ayant peu d’alcool, étant peu colorés et dont le tirage est fait à l'équinoxe de printemps), favorisé par le petit âge glaciaire. Ce caractère effervescent cause beaucoup de soucis aux vignerons, à tel point qu’il est surnommé « vin du diable » ou « saute-bouchon » à cause des bouteilles qui explosent ou des bouchons qui sautent sous la pression. Pour ces raisons, si les Anglais n’avaient pas été conquis par ce vin pétillant, le champagne ne serait peut-être pas ce qu'il est aujourd’hui car, à cette époque, les Anglais achetaient aux Champenois des tonneaux de vin en vrac, qu'ils se chargeaient de mettre eux-mêmes en bouteilles. Ils avaient aussi observé que la meilleure époque pour provoquer la prise de mousse était le printemps, ils rajoutèrent par la suite du sucre de canne issu de leurs colonies des Caraïbes pour développer cette prise de mousse et augmenter le degré alcoolique. En 1676, un poète londonien chantait « le champagne effervescent qui ranime rapidement les pauvres amants languissants »[15].
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En 1670, dom Pérignon (1638-1715), un moine cellérier de l'abbaye bénédictine d’Hautvillers, est le premier à pratiquer l'assemblage de raisins de différents crus et cépages, qui améliore la qualité du vin et en fait disparaître certains défauts. Selon la légende, à l'occasion d'un pèlerinage à l'abbaye bénédictine de Saint-Hilaire en Languedoc, il découvre la méthode de vinification des vins effervescents de Limoux, qui existe depuis plus d'un siècle[16]. Revenu dans son abbaye d'Hautvillers, Dom Pérignon aurait expérimenté la méthode sur les vins du vignoble champenois. Une autre légende[17] veut que ce soit lui qui introduit l'emploi du bouchon de liège, maintenu sur la bouteille par une ficelle de chanvre imprégnée d'huile, ce qui permet au vin de garder sa fraîcheur et sa mousse. De plus, il aurait fait renforcer la bouteille en adoptant un verre plus épais, pour éviter qu'elle n'explose[18]. Malgré les efforts du moine, l'effervescence du vin reste empirique jusqu'aux recherches de Louis Pasteur sur la fermentation, au XIXe siècle. Les crayères près de son abbaye étaient utilisées pour conserver le champagne à température et humidité constantes. Par la suite, d'autres caves furent creusées en pleine craie.
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Selon le chanoine Jean Godinot qui écrivit en 1718 que « depuis plus de vingt ans le goût des Français s'est déterminé au vin mousseux », le champagne effervescent aurait donc été commercialisé dans des bouteilles spécifiques, pour la première fois en France, vers 1695. D'autres archives attestent que, en l'an 1729, Nicolas Irénée Ruinart fonde à Reims le premier négoce en vin de Champagne effervescent, la maison Ruinart.
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Jusqu'au XVIIIe siècle, le champagne ne peut exister qu'en bouteille bouchée et seule la vente en fûts est autorisée (loi de 1691 qui impose la vente en tonneaux, contenant plus facilement taxable car suffisamment gros pour prévenir de multiples fraudes) jusqu'à l'arrêt du Conseil royal du 25 mai 1728 sous Louis XV qui permet le transport du vin en paniers de cinquante ou de cent bouteilles[19]. Cet édit royal ne rend pas pour autant le négoce du champagne plus dynamique : à cette époque, les expéditions de vin de champagne en bouteille ne dépassent pas 300 000 bouteilles par an, soit 0,5 % de la production totale de vin de la province, et les principaux vignerons sont encore des abbayes (Dom Ruinart, dom Pérignon)[20]. Le champagne ne commence à acquérir son rayonnement international qu'à la fin du XVIIIe siècle grâce à des familles bourgeoises propriétaires de vignes qui organisent le marché : de producteurs, elles vont passer courtiers assurant le transport et mettant en place une promotion efficace de leur vin. Ces familles sont principalement de souche allemande, comme Florens-Louis Heidsieck ou Claude Moët puis, au XIXe siècle, la famille Bollinger. De même, certaines femmes, après la mort de leur mari, continuent le travail de celui-ci, entre autres Mme Pommery, Mme Perrier et Mme Clicquot (surnommée la « Grande Dame de Champagne »), contribuant elles aussi à la notoriété du champagne. La promotion du champagne est également assurée par des hommes d'État et des écrivains : Talleyrand le décrit comme « vin de la civilisation », Honoré de Balzac comme le symbole de l'amitié[21].
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Avant qu'on apprenne à champagniser les vins blancs, ceux-ci étaient parfois (certaines années) naturellement pétillants. On retrouve une production de vins pétillants naturels aux quatre coins de l'ancienne Champagne, aussi bien dans l'Aube (du côté de Bar-sur-Aube) qu'en Haute-Marne, où le vin de Soyers (région de Bourbonne-les-Bains), vin de cépage produit à partir du meslier doré, avait une typicité reconnue, avant l'invasion du phylloxéra en Europe et dans le monde.
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En 1860, le savant champenois Jules Salleron invente les premiers bouchons en aggloméré puis, en 1882, le densimètre pour mesurer le degré alcoolique du vin, afin d’éviter les excès de sucre ou de levure dans le processus de la seconde fermentation.
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Les maisons de Champagne dont beaucoup sont créées ou refondées par des investisseurs étrangers amoureux de ce produit, continuent, sur la lancée de leurs voyageurs de commerce sur les routes dès le XVIIIe siècle, de développer leur puissance commerciale : les invasions étrangères lors de la chute de l'Empire, la guerre de 1870 et les deux guerres mondiales renforcent cette notoriété[14]. En 1928, l'appellation champagne concernait seulement huit mille hectares et les expéditions se montaient à vingt-quatre millions de bouteilles. La consommation se démocratise durant les Trente Glorieuses. Les campagnes de marketing favorisent l'utilisation du champagne pour trinquer à l'apéritif dans les années 1970 (jusque-là, on le buvait au dessert), celles des années 1990 recommandent de le marier avec tous les mets, excepté les viandes rouges[14].
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Le champagne est produit dans la zone viticole délimitée par la loi du 22 juillet 1927. Cette zone n'est pas d'un seul tenant :
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Il existe quatre zones de production de raisins qui regroupent les 17 terroirs de champagne.
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Sur un peu plus de trente mille hectares de vigne au total, c'est le vignoble le plus septentrional de France avec 60 à 80 jours de gel par an. Il doit sa richesse à son morcellement, chaque village constituant un cru, c'est-à-dire le produit d'un terroir et d'un climat ; il existe 319 crus. Les plus grandes caves de champagne se trouvent à Épernay et à Reims.
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Quelques parcelles de l'appellation champagne (20 ha) se trouvent en Île-de-France dans les communes de Citry, Nanteuil-sur-Marne et Saâcy-sur-Marne (Seine-et-Marne).
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En 2014, l'aire géographique de l'AOC Champagne est composée de 635 communes, dont 319 pour la production de raisins[22], réparties sur les cinq départements de la Marne (51), de l'Aisne (02), de l'Aube (10), de Seine-et-Marne (77) et de la Haute-Marne (52)[23].
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Le climat de la zone de production du champagne est mesuré depuis la station de Reims-Courcy, à 91 mètres d'altitude.
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Ce terroir viticole se situe à l'est du bassin parisien, son climat est océanique dégradé, il est sous influence du climat continental, expliquant ses hivers frais, ses étés doux et ses pluies assez fréquentes mais souvent peu abondantes et réparties tout au long de l'année. Le climat océanique dégradé des vallées champenoises est, dans l’ensemble, doux : 2 °C pendant le mois de janvier, 18 °C au mois de juillet, température moyenne annuelle de 10 °C. Les précipitations sont modérées (entre 550 et 700 mm par an).
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Juste avant le début de la Révolution française, le vignoble champenois s'étendait sur quelque 50 000 hectares. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le vignoble connaît avec 65 000 hectares son expansion maximale comprenant aussi 2 500 hectares dans le département des Ardennes. Après les fléau du phylloxéra et de la Première Guerre mondiale, le vignoble s'est réduit à 12 000 hectares.
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Au début du XXIe siècle, la surface plantée du vignoble champenois est en augmentation : 32 341 hectares en 2007 ; 33 105 hectares en 2009[2].
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Dans les années 1970, une première révision de la zone incluse dans l'appellation reclasse deux communes en appellation Champagne. Dans les années 1990, onze villages supplémentaires sont inclus dans l'appellation. Depuis 2003, une nouvelle procédure visant à l'extension de la délimitation de l'appellation est lancée. Elle fait suite à des contentieux devant les tribunaux qui ont poussé le Syndicat général des vignerons à émettre à nouveau une demande de révision, au début des années 2000. 40 à 45 villes et villages sont examinés dans le cadre de cette révision[25],[26].
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Cette procédure, dont le but est d'intégrer dans l'aire de production du vin de champagne quelques parcelles dûment certifiées d'une quarantaine de nouveaux villages, fait appel aux expertises de phytosociologues, d'historiens (pour rechercher des pratiques viticoles anciennes) et de géologues pour rechercher les parcelles concernées soit par les marnes du Kimméridgien, les craies blanches du Campanien ou les sédiments du Paléocène, toutes terres qui doivent fonder le sous-sol des terres champenoises dignes de porter la vigne. Ces experts sont mandatés par l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao). Le verdict définitif est attendu en 2024[26].
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Les terroirs champenois sont classés en trois catégories (cru ou village) :
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Sur les 319 communes que compte l'aire de production du champagne, seuls 17 ont droit à l'appellation « grand cru » et 44 à celle de « premier cru »[27].
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La classification « grand cru » est la plus prestigieuse appellation dans l’échelle des A.O.C. : elle est réservée « aux vins provenant des communes classées à 100 p. 100 »[27] sur une échelle reflétant la qualité des raisins[28].
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Au début du siècle dernier, 17 communes (*) du vignoble de Champagne ont été sélectionnées pour bénéficier de l'appellation Grand Cru. Cette distinction leur a été décernée en raison des caractéristiques de leur sol et de leur exposition, particulièrement propices à la production des meilleurs raisins. Ceci a bien entendu un impact sur le prix de vente de ces raisins, plus élevé lorsqu'ils proviennent de communes « Grand Cru ».
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(*) Liste des villages classés en grand cru :
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dans la Montagne de Reims
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70 |
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71 |
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dans la Côte des Blancs
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dans la Vallée de la Marne
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Les villages classés en Premier cru sont au nombre de 44, les raisins qui composent une cuvée doivent être exclusivement issus des parcelles de ces villages pour que la mention Premier cru figure sur l’étiquette, ou d'une parcelle d'un village classé en Grand cru, qui a été déclassée en Premier cru.
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Liste des villages classés en premier cru :
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En 2017, l'hectare dans la région de la côte des Blancs oscille en moyenne entre 2 et 2,2 millions d'euros au maximum[29].
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En 2008, un premier dossier visant à inscrire les « paysages du champagne » sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO a été soumis[25], mais il n'a pas été retenu en 2009. Depuis, fédérées au sein de l'association Paysages du champagne[30], les principales institutions régionales préparent un nouveau dossier qui met en avant trois sites symbolisant particulièrement la région autour du titre « Coteaux, caves et Maisons de Champagne » :
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Le 4 juillet 2015, « Coteaux, maisons et caves de Champagne » sont inscrits au patrimoine mondial de l'humanité[31].
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L'élaboration du champagne présente sept principales originalités parmi les grands vins français : cueillette manuelle, pressoir spécifique, assemblage, deuxième fermentation en bouteille, remuage, dégorgement et dosage, ainsi qu'un temps de maturation minimum.
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Trois cépages de la famille des Noiriens sont autorisés pour l'appellation champagne :
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Si ces pourcentages ne préjugent en rien de ceux utilisés, par chaque producteur, lors de l'assemblage de chacune de ses cuvées annuelles, le fait est que le plus célèbre des vins blancs est majoritairement issu de raisins noirs.
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Cinq autres cépages sont également autorisés dans l'élaboration du champagne, mais ils restent très marginaux sur des aires très limitées (93 hectares seulement[2] sur plus de 33 500, soit 0,3 % de la zone d'appellation) :
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Reste le cas du gamay qui n'est pas un pinot. Son utilisation est très controversée par les producteurs et fait toujours l'objet d'une autorisation temporaire dans le seul département de l'Aube.
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Le vin de Champagne est élaboré selon la méthode champenoise, parfois appelée méthode traditionnelle, qui consiste principalement à opérer une double fermentation du moût, la première en cuves, la seconde dans la bouteille même, en cave. La croyance populaire veut que cette méthode soit l'invention de dom Pérignon, moine de l'abbaye d'Hautvillers, près d'Épernay, dans le dernier quart du XVIIe siècle. Aujourd'hui, les historiens s'accordent plutôt pour dire qu'il est seulement à l'origine de la technique de l'assemblage[36].
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Dans les 275 000 parcelles[37] dont la superficie moyenne se situe aux alentours de 18 ares, le mode de plantation est aussi régi de façon très stricte. Ceci se traduit par des normes de plantations bien établies : la distance d'écartement entre chaque rang de vigne ne doit pas dépasser les 1,50 mètre. De plus, à l'intérieur d'un même rang, les souches doivent être distantes d'une distance comprise entre 0,90 mètre et 1,50 mètre[38].
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Une particularité de la Champagne est que les rendements viticoles sont exprimés dans les décrets en kilogrammes de raisin par hectare, et non en hectolitres de vin par hectare comme pour tous les autres vignobles. Selon le cahier des charges de l'appellation champagne (décret du 22 novembre 2010), le rendement d'entrée en production est fixé à 10 400 kilogrammes par hectare (soit environ 65 hectolitres par hectare), tandis que le rendement butoir l'est à 15 500 kilogrammes par hectare (soit environ 97 hectolitres par hectare).
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En 2014 La charge maximale moyenne à la parcelle est fixée à 19 700 kilogrammes de raisins à l’hectare[39], soit environ 125 hl/ha.
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Ces rendements élevés sont tempérés par la forte densité des pieds de vigne : les meilleures parcelles sont à 10 000 pieds par hectare tandis que la moyenne pour tout le vignoble de Champagne est supérieure à 8 000 pieds par hectare (la densité minimale légale à raison de 1,25 mètre entre chaque pied[40]). La charge prévue à la taille est de 17 grappes par pied maximum.
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Dans la méthode champenoise, la notion de rendement est double :
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Chaque année, le CIVC fixe un rendement maximal à l'hectare. Les quantités récoltées au-dessus de cette limite sont déclassées ou peuvent être conservées (bloquées), dans l'attente d'un déblocage éventuel, qui peut ne jamais intervenir.
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Outre la spécificité du pressoir champenois, large et bas pour éviter que le moût ne se colore au contact de la peau des raisins noirs, le rendement est, lui aussi, réglementé au pressurage. Depuis 1993, pour chaque unité de 4 000 kilogrammes (appelée « marc »), on ne peut obtenir qu'un maximum de 2 550 litres, répartis en deux « presses » :
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Au-delà, le supplément, la « rebêche », n'a plus droit à l'appellation champagne. La « deuxième taille » a été supprimée à partir de 1993.
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160 kilogrammes de raisin produisent 102 litres de moût qui, après les pertes à la vinification (1,5 %) et au dégorgement (0,5 %), donneront 100 litres de vin commercialisable, soit 133 bouteilles de 75 centilitres.
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La première fermentation, appelée fermentation alcoolique, est identique à celle que subissent les vins tranquilles (c'est-à-dire non effervescents). Elle peut être suivie — mais ce n'est pas toujours le cas — d'une fermentation malolactique. Quelques maisons sont réputées pour ne pas pratiquer cette fermentation malolactique, afin de préserver l’arôme naturellement fruité et la vivacité du vin. Le moût est le plus souvent vinifié en cuve. Certains préfèrent néanmoins travailler à l'ancienne et vinifier en fût de chêne[41].
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En début d'année (qui suit la récolte), après plusieurs filtrages, les vins sont suffisamment clairs pour être dégustés et permettre de procéder à l'étape de l'assemblage, mariage en proportions variables chaque année, des vins de cépages, terroirs et millésimes différents[42],[43] (aucune autre AOC en France ne permet ce type de mélange de vins de différents millésimes). En fonction des cuvées et des années, on peut arriver à marier jusqu'à trois dizaines de crus et vins de réserve différents.
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Ces assemblages appelés « BSA » (brut sans années), représentent globalement 83 à 84 % des ventes, mais selon les pays entre 70 % (Japon) et plus de 90 % (Belgique, Allemagne, Italie) des ventes de champagne. Ces assemblages se sont développés à partir du milieu du XIXe siècle, lorsque les producteurs ont décidé, à la demande des clients britanniques, de rompre avec les champagnes aux goûts trop « sirotés » avec leur excessif dosage en sucre[44].
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Ces assemblages constituent autant de puzzles réunissant les trois cépages champenois, pouvant provenir des 321 villages champenois dont la qualité des raisins est cotée entre 80 et 100 %, et de plusieurs années de vendanges, appelés « vins de réserve » et conservés dans les caves champenoises. La participation de ces réserves à la composition de la cuvée peut varier de 10 à 50 %.
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Depuis quelques années, les BSA peuvent aussi se décliner en « blanc de blancs », « blanc de noirs », « peu dosé », « pas dosé », « grand cru » et « premier cru », mais ces variantes ne représentent qu'un faible volume.
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La bibliographie indique que, dans le milieu du XIXe siècle, une partie du cidre produit dans le département des Ardennes était « vendue à des fabricants de vins de Champagne », pour l'assemblage[45]. Ce ne semblait pas, alors, une pratique choquante.
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L'acide tartrique, acide naturel du vin de Champagne, cristallise à basse température en présence de calcium ou de potassium. Ces microcristaux transparents de bitartrate de potassium[46] ou tartrate de calcium, appelés « gravelles », peuvent apparaître sous forme de paillettes incrustant le bouchon ou précipiter sous forme d'un dépôt visible au fond des bouteilles lorsqu'elles sont mises au frais[47].
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Cette cristallisation n’altère pas la qualité organoleptique ou hygiénique du vin mais perturbe son remuage et favorise le gerbage (jet excessif de mousse) à l'ouverture de « bouteilles gerbeuses ». Afin de prévenir ce phénomène qui peut faire perdre de 10 à 50 ml de vin au débouchage[48], la précipitation de ces cristaux en cuverie est soit favorisée (passage au froid en stabulation ou ensemencement par ajout de crème de tartre puis filtration des cristaux), soit inhibée (inhibiteur de cristallisation : carboxyméthylcellulose, acide métatartrique)[49].
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Au moment d'embouteiller le vin de base ainsi obtenu — la cuvée de l'année — on lui ajoute la liqueur de tirage, composée de levures et de sucre. Cette liqueur de tirage enclenchera la dernière fermentation, dite prise de mousse. C'est cette deuxième fermentation qui, pour une bouteille de 75 cl, donne naissance à 10 g de dioxyde de carbone dissous correspondant à un dégagement potentiel d’environ 5 litres de CO2[33]. La bouteille est alors bouchée par une cartouche plastique appelée bidule recouverte d'une capsule métallique analogue à celle des bouteilles de bière. Suit la période de vieillissement du vin, d'une année environ pour les non millésimés, �� trois ans et plus pour les cuvées millésimées. Les bouteilles sont descendues en cave profonde et couchées à l'horizontale.
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Comme la première, cette deuxième fermentation produit des lies abondantes dont on devra débarrasser le vin par la suite.
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Après ce vieillissement, on déplaçait autrefois les bouteilles sur des supports spéciaux en bois, appelés « pupitres » (invention de ces râteliers à trous obliques en 1813 par Antoine Müller, employé de la maison Clicquot, remplaçant les bacs à sable utilisés par les moines), en forme de V renversé et comportant des perforations, où elles sont penchées, le goulot vers le bas. Les négociants et les coopératives ont abandonné cette technique, mais elle se pratique encore fréquemment chez les petits vignerons qui ne sont pas équipés de moyens automatisés, et elle tend à réapparaître dans les grands domaines qui souhaitent conserver une image traditionnelle. Chaque jour, les bouteilles sont remuées, c'est-à-dire tournées d'un quart de tour, d'un mouvement sec, afin de décoller les lies de la paroi de la bouteille et de les faire descendre vers le goulot. Une rotation alternée (d'abord à droite, puis à gauche), complétée par le relèvement progressif de la bouteille, finit par regrouper la totalité des lies (le dépôt) contre la capsule. Au bout d'environ deux mois, toutes les lies sont rassemblées contre la capsule. Les bouteilles sont alors stockées la pointe en bas, « sur pointe ».
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Le remuage peut être mécanisé et se faire à l'aide de Gyropalette (marque déposée[50]).
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Pour chasser le dépôt, on plonge alors le haut du col dans un bain de saumure à - 25 °C, pendant quelques minutes, créant un petit glaçon qui emprisonne le dépôt. En ôtant la capsule, le dépôt et le glaçon sont expulsés par le gaz sous pression (environ 6 atmosphères), c'est l'étape du dégorgement. Les quelques centilitres ainsi perdus sont remplacés par un mélange de vieux vin et de sucre, appelé liqueur d'expédition : c'est l'étape du dosage. La quantité de sucre présente dans la liqueur va déterminer si le champagne sera (Règlement de l'UE[51]) :
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Il existe aussi des champagnes non dosés : après le dégorgement, on complète le niveau de la bouteille avec du vin seul, au lieu de la liqueur d'expédition. Ce sont des champagnes très « nature », parfois appelés brut nature. On en trouve, par exemple, auprès des maisons Drappier à Urville, Georges Vesselle à Bouzy, Laurent-Perrier à Tours-sur-Marne, Paul Goerg à Vertus, Piper-Heidsieck à Reims, Ayala à Aÿ, ou Pol Roger.
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Une fois le dégorgement effectué, dosée ou non, la bouteille de champagne est bouchée avec son célèbre bouchon de liège maintenu par son muselet, avant d'effectuer, en cave, un ultime vieillissement (maturation) avant commercialisation. Au fur et à mesure des besoins, on prélève sur ce stock les bouteilles qui sont alors étiquetées et mises en caisses pour expédition.
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Le vin de Champagne est le fruit d'une subtile élaboration effectuée tout au long de sa vinification et qui va donner ses caractéristiques au produit prêt à être consommé. Les choix faits par chaque Maison lors de ce processus détermineront, outre le type de vin, la marque gustative de celle-ci vis-à-vis du public. Les bruts représentent entre 80 % et 85 % de la production, mais il existe une douzaine d'autres variétés de champagne, dont certains restent confidentiels.
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La typicité d'un champagne peut être déterminée :
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Enfin, on élabore aussi en Champagne des vins tranquilles, non effervescents, des vins clairs appelés aussi « nature ». On les trouve encore sous deux appellations :
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Le raisin de Champagne est également utilisé pour élaborer un apéritif, le ratafia, et une eau-de-vie, le marc de champagne, qui ne doit pas être confondue avec la variété de cognac appelée « fine champagne ».
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La bouteille de champagne classique a une contenance de 75 cl ; elle est plus épaisse et résistante que les bouteilles d'autres vins, afin de pouvoir résister à une pression de gaz de six atmosphères. Le fond du flacon est aussi fortement creusé pour la même raison, ce qui permet au remueur de bouteilles de pouvoir y glisser son pouce et aux adeptes de l'art du « service à la champenoise », de tenir la bouteille par le fond. Une seule marque propose une bouteille à fond plat transparente, il s'agit de la célèbre cuvée « Cristal de Roederer ». Le tsar Alexandre II de Russie, qui craignait pour sa vie, avait exigé ce type de bouteilles afin de vérifier facilement qu'aucune bombe ne soit dissimulée dans le fond de la bouteille.
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Les négociants champenois ont créé au XIXe siècle une série de bouteilles de diverses contenances. À noter que, pour les vins de Bordeaux, certains noms de bouteilles correspondent à des contenances différentes des appellations champenoises ; seuls la demi-bouteille, la bouteille et le magnum y sont couramment utilisés, les autres formats sont généralement remplis avec du vin déjà fermenté :
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Les contenances supérieures au jéroboam sont très rares, bien que leur dimension et leur esthétique accentuent le caractère festif des événements, les flacons, fragiles et très chers à produire, deviennent rapidement peu pratiques à manipuler. Toutes les bouteilles de contenance supérieure au jéroboam portent des noms bibliques, à l'exception du souverain (26,25 litres) et du primat (27 litres). À noter que, lorsqu'on achète un jéroboam ou un flacon de taille supérieure, rien ne prouve que le premier tirage ait eu lieu dans le flacon reçu.
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Les flacons subissent un test de résistance à la pression avant de recevoir le vin. La valeur de référence est de 6 bars, soit 30 à 40 % de plus que la valeur réellement obtenue dans le vin. Le test[53] ne concerne qu'un échantillon pour petits formats (jusqu'au magnum), mais est appliqué à l'ensemble des flacons pour les autres formats. Les explosions de bouteilles (en cave), qui pouvaient encore atteindre 1 à 2 % il y a une cinquantaine d'années, sont désormais extrêmement rares, voire nulles.
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Le choix de noms bibliques reste, pour le moment, inexpliqué. Certains ont voulu y voir l'empreinte des familles protestantes qui sont venues s'installer en Champagne. En fait, il semble que la source de cet usage soit beaucoup plus ancienne car, dès les années 1370, on trouve la trace du « jéroboam », appelé « roboam » et du « balthazar » dans l'œuvre poétique d'Eustache Deschamps[54].
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Certains négociants ont récemment introduit des flacons aux contenances encore plus extravagantes.
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Un moyen mnémotechnique permet de mémoriser les principales tailles de bouteilles dans l'ordre croissant de contenance : « Car de bon matin je remarquais mal sa banalité naturelle » (Quart / Demi / Bouteille / Magnum / Jéroboam / Réhoboam / Mathusalem / Salmanazar / Balthazar / Nabuchodonosor).
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La première représentation d'une bouteille de champagne date de 1735 avec le tableau Le Déjeuner d'huîtres de Jean-François de Troy. C'est dans une de ces bouteilles, qu'il trouvait « la plus belle », que Nicolas Appert confectionna ses premières conserves en 1795[55].
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En 2010, Le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) lance un nouveau standard de bouteille, plus légère (835 g. contre 900 g. auparavant) afin de réduire l'empreinte carbone et les frais de transport[56].
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Le bouchon de liège des bouteilles de champagne est célèbre pour sa forme en champignon, plus complexe que celle cylindrique des bouchons utilisés pour les autres vins. En fait, cette forme lui est conférée par le goulot de la bouteille dans lequel il n'est que partiellement inséré.
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Il est, au moment de l'embouteillage, cylindrique et de fort diamètre (31 millimètres). Pour que le bouchon puisse entrer, il est nécessaire de le mettre en place par compression (réduction forte du diamètre à 17 millimètres) dans le col de la bouteille, sur la moitié de sa longueur, puis de l'écraser en forme de champignon pour recevoir le muselet. Ce bouchage « en force » permet de s'assurer qu'il ne sautera pas tout seul, sous la pression du gaz dissous dans le vin. Avec le temps, le bouchon perd son élasticité naturelle. La partie du bouchon située au niveau du goulot est déformée lors de l'écrasement nécessaire à la mise en place du muselet et se dessèche plus vite que celle en contact avec le vin. D'où la forme au moment de l'ouverture de la bouteille, plus étroite au niveau du col. Cela est de plus favorisé par la différence de qualité des lièges (de plus en plus chers) constituant le bouchon. En laissant tremper un bouchon usagé, il reprendra en partie sa forme originelle.
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De par la différence d'aspect des lièges, on distingue nettement deux ou trois parties :
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Une fois assemblés, meulés et poncés, les bouchons font l'objet d'une sélection individuelle et sont généralement traités en surface (paraffine solide), pour garantir leur étanchéité et favoriser leur introduction dans la bouteille.
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Au-dessus du bouchon, une plaque en fer-blanc est maintenue, avec le bouchon, par du fil de fer préformé, appelé « muselet ». Cette plaque empêche le fil de fer de s'enfoncer dans le bouchon. Le muselet est repris sur la collerette du goulot et maintient le bouchon, qui ne peut alors plus être éjecté par la pression dans la bouteille. Les plaques de muselet (également appelées improprement « capsules » dans le langage courant) sont devenues des objets de collection, la « placomusophilie ». Il s'agit d'une invention du docteur Jules Guyot, brevetée en 1844 par son employeur, la maison de vins de Champagne Jacquesson à Châlons-en-Champagne[57].
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Il existe un chocolat du nom de « bouchon de champagne » ayant la même forme et aromatisé au marc de champagne.
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En 2009, un nouveau type de bouchon de champagne fait son apparition. Nommé Maestro, il permet d'ouvrir la bouteille avec facilité, tout en conservant le bruit caractéristique des anciens bouchons[58],[59].
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La production du champagne fait intervenir trois principales catégories professionnelles :
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Alors qu'en 1950, plus de 92 % des volumes de la Champagne sont commercialisés par les négociants, leur monopole est progressivement rongé par les vignerons et coopératives qui expédient 31 % des volumes en 2011[7].
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L'Union des Maisons de Champagne (UMC)[60], installée à Reims, regroupe les négociants en champagne dès 1882[25].
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Le Syndicat Général des Vignerons de la Champagne (SGV)[61], installé à Épernay, regroupe les vignerons depuis 1904[25].
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Le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC)[62] a son siège à Épernay ; il a notamment pour rôle de gérer l'appellation d'origine contrôlée du Champagne. Officiellement créé par la loi du 12 avril 1941, cette interprofession entre les négociants et les vignerons existe informellement depuis 1919, date à laquelle les syndicats des deux professions prennent l'habitude de se réunir, une fois par an, pour discuter du prix du raisin, afin de stabiliser le prix de vente du Champagne[25]. Le CIVC est coprésidé par les présidents du SGV et de l'UMC.
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La superficie en production s'établit à 33 762 hectares, dont deux tiers dans la Marne, 23,62 % dans l'Aube et la Haute-Marne, et 10 % dans l'Aisne et la Seine-et-Marne. L'Aube est le deuxième département.
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Voir le paragraphe sur la procédure d'extension.
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La récolte 2015 s'est établie à 309 millions de bouteilles, pour un rendement en appellation de 10 600 kg à l'hectare.
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En juillet 2015, les stocks globaux s'élevaient à 1 428 millions de bouteilles, réserve individuelle incluse, ce qui représente une réserve globale d'un peu plus de quatre années de production.
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Pour l’année 2015, les expéditions de champagne se sont élevées à 312,5 millions de bouteilles, pour un montant total de 4,7 milliards d’euros ou 15 € par bouteille, dont 2,6 à l'export ou 55,3 %. Le pic absolu a été atteint en 2007, avec 338,8 millions de bouteilles[35].
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En 2015, le marché français a représenté 52 % des ventes globales, et près de 151 millions de bouteilles ont été exportées dans plus de 190 pays, soit 48 % des expéditions. Parmi les principaux pays acheteurs figurent le Royaume-Uni (34,15 millions de bouteilles), les États-Unis (20,5 millions), l'Allemagne et le Japon (chacun près de 12 millions), la Belgique (9,2 millions) et l'Australie (8,1 millions). L'Italie est en septième position, avec 6,36 millions de cols.
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En nombre de bouteilles, les maisons de champagne représentent 72 % de l'activité totale, tandis que les vignerons et les coopératives sont à 28 %.
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Depuis 1980, les expéditions s'établissent ainsi, en millions de bouteilles[35],[63] :
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En 2015, les expéditions ont été effectuées par :
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C'est une loi de 1927[64] qui définit, aujourd'hui encore, les critères géographiques de la production du Champagne. Depuis le 13 mars 2008, une ultime extension de la délimitation a permis à quarante communes, désignées par un comité d'experts, d'accéder à la prestigieuse appellation.
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L'appellation « champagne » est une AOC depuis 1936 mais, compte tenu de l’antériorité et de l’unicité de l’Appellation Champagne, l’usage de la mention « appellation d'origine contrôlée » sur les bouteilles est optionnelle[64].
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Le mot « champagne » lui-même est également protégé avec une grande vigilance. Quelques exemples notables :
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Aux États-Unis, l'appellation « champagne » est considérée comme « semi-générique » par la loi américaine. Elle y est autorisée uniquement pour la commercialisation intérieure et à condition que le nom soit suivi de la mention du lieu de production. Devant cette double restriction, de nombreux producteurs américains de méthode traditionnelle — notamment les plus actifs — préfèrent désormais les appellations « méthode champenoise » ou plus généralement la désignation de sparkling wine (« vin pétillant »). Paradoxalement, seuls certains visant le marché bas et milieu de gamme utilisent encore la désignation « champagne », notamment Korbel, Tott ou Cook's.
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L'art du champagne consiste à assembler des crus et pas à composer des millésimes qui sont formés de raisins d'une même année de récolte. Les cuvées millésimées ne dépassent jamais plus de 5 % des ventes de champagne. Elles sont surtout un extraordinaire vecteur de communication pour doper les ventes et faire parler des marques, qui rivalisent d'idées et organisent des événements autour de leurs millésimés.
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Selon le Comité interprofessionnel des vins de Champagne, le millésime « est un outil de valorisation. La demande est toujours forte mais, comme l'extension du vignoble champenois demeure très rare, la croissance ne peut donc se faire que dans le haut de gamme ». Une cuvée millésimée se vend en moyenne 30 % à 40 % plus cher que le brut et beaucoup plus dans le cas des cuvées de prestige. La tentation est donc forte de millésimer, même quand l'année ne le mérite pas vraiment. Entre 1945 et 2004, la Champagne a millésimé 46 années sur 60.
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Or, millésimer n'est pas une démarche sans risque, car selon Olivier Krug, « un millésime est une figure libre par rapport à un brut. Il reflète le climat d'une année, c'est une personnalité, un caractère ». Pour Benoît Gouez, de chez Moët & Chandon, « élaborer un millésime, c'est bousculer les codes d'une maison ».
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Cette boisson a acquis une forte notoriété internationale en devenant un synonyme de luxe, étant employée notamment pour célébrer les grandes occasions. La particularité « effervescente » du champagne est un peu à l'origine de ce caractère festif : on fait sauter le bouchon, plus rarement on sabre (ou sable) la bouteille, et la victoire est fêtée dans de nombreux sports (notamment les sports mécaniques) par l'aspersion de la foule à l'aide d'une bouteille de champagne agitée par les vainqueurs depuis leur podium[65]. De même, le baptême des navires se fait traditionnellement en brisant une bouteille de champagne sur la coque.
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Un champagne jeune (douze mois à trois ans) dispose d'arômes d'une grande fraîcheur, qui peuvent correspondre à des parfums de fruits blancs ou rouges, d'agrumes, de fleurs blanches, de végétaux, de ferments (levure, mie de pain) ou encore à des senteurs minérales.
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Pour le champagne plus mature (trois à cinq ans), les arômes sont plus ronds et forts et s'établissent dans le registre des fruits jaunes, secs ou cuits, d'alcools végétaux, d'épices, de confiserie et de pâtisserie.
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Après cinq ans, le parfum est plus complexe et s'exprime au travers d'arômes de fruits très mûrs ou confits, de parfums de sous-bois, de torréfaction, de grillé ou de miel.
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On peut lire sur une étiquette de champagne la marque, le nom de l'élaborateur, le dosage (brut, sec, zéro dosage, etc.), le millésime — ou, en son absence, la commune d'origine des raisins — et parfois la cotation qualitative des raisins : « grand cru » pour les dix-sept communes qui ont le droit à ce titre, ou « premier cru » pour les quarante et une autres.
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Le titrage alcool, la présence de sulfites et la contenance du flacon doivent être indiqués, ainsi qu'une abréviation qui représente le statut professionnel du producteur :
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NM : négociant manipulant. Maisons de champagne qui élaborent et commercialisent leur vin à partir de raisin principalement acheté. Certains possèdent des vignobles, mais achètent le raisin de producteurs locaux pour compléter leur production.
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RM : récoltant manipulant. Regroupe les vignerons qui élaborent et commercialisent leurs propres cuvées à partir de leur seul raisin ; ils peuvent prétendre au label "vigneron indépendant". Ils doivent vinifier et commercialiser uniquement le produit de leurs parcelles pour avoir droit à la dénomination « champagne de vignerons » dans la limite fixée annuellement par le CIVC.
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CM : coopérative de manipulation. Ce sont des vins élaborés et vendus par une union de producteurs regroupés en coopérative ; elle a donc sa propre marque.
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RC : récoltant coopérateur. Le viticulteur assure l'intégralité du travail de la vigne jusqu'à la récolte. Il confie ensuite ses raisins à sa coopérative pour qu'elle élabore le vin ou utilise simplement leur machine, puis récupère tout ou partie des bouteilles terminées pour les commercialiser à leur nom. Cette catégorie est très proche de la RM, comme ce dernier le RC ne peut commercialiser que les bouteilles équivalentes à leur surface pour avoir droit à la dénomination « champagne de vignerons » dans la limite fixée annuellement par le CIVC.
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SR : société de récoltants. Assez rare, le plus souvent familiale ; Regroupement de vignerons qui se réunissent pour vinifier et commercialiser leur production.
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ND : négociant distributeur. C'est un négociant qui achète des bouteilles terminées à d'autres opérateurs, et les commercialise sous sa propre marque.
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MA : marque d'acheteur. Un commercialisateur a demandé à un opérateur champenois d'apposer sa propre marque sur des bouteilles qu'il a achetées.
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Le vin de Champagne se boit en toutes occasions et il peut être le vin unique de tout un repas.
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La question de savoir s'il faut dire sabler ou sabrer le champagne revient souvent au moment d'ouvrir une bouteille. Elle est prétexte à de plaisantes polémiques. Les deux se disent mais ne signifient pas la même chose.
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À l'origine, « sabler le champagne » signifiait : « boire d'un trait ». L'expression vient du mot sabler au sens de couler de la matière en fusion dans un moule en sable. Par analogie avec l'opération, on désigne métaphoriquement l'action de verser d'un trait le vin dans son gosier par ce terme technique.
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« Sabler le champagne » au sens de « boire rapidement », que les dictionnaires courants donnent comme sens vieilli, n'est plus utilisé. Dans son acception qualifiée de moderne, l'expression signifie « boire le champagne en compagnie pour fêter une heureuse occasion ». On ne sable aujourd'hui que le champagne, et aucun autre breuvage (on ne sable pas du thé ou du bordeaux), alors que l'expression d'origine s'appliquait à n'importe quel vin.
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« Sabrer le champagne » : on ouvre la bouteille sans que le bouchon ne soit retiré, en cassant le col à l'aide d'un sabre dont on fait glisser le plat de la lame d'un mouvement vif le long du goulot, tranchant orienté vers soi, en donnant un coup très sec avec le dos du sabre sur le col de la bouteille. Le choc asséné, combiné à la pression du vin dans la bouteille, permet de la décapiter proprement. Le col, le bouchon et le muselet sont violemment éjectés, suivis de projections de gaz, de vin et de mousse. Cette manœuvre nécessite un minimum de précaution et d'adresse, pas forcément un sabre ; un objet métallique lourd et allongé, avec une arête, peut faire l'affaire.
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On peut donc sabrer le champagne pour, ensuite, le sabler.
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En premier lieu, lorsqu'on ouvre une bouteille de champagne, le bruit d'un bouchon qui saute se fait au détriment de la sensation gustative, même si cette action est réalisée au profit du côté festif. Il est donc recommandé de renoncer au bruit et de toujours retirer le bouchon avec délicatesse, pour lui garder toute la saveur. Un bouchon de champagne incontrôlé peut atteindre une vitesse de près de 15 m/s (soit 54 km/h) et être responsable d'accidents domestiques (casse, lésion oculaire[67] , [68]…).
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De manière tout aussi contrariante, un bouchon trop vite enlevé peut se solder par le jaillissement d'un jet mousseux causé par une concentration excessive de bulles : on appelle cela un phénomène de « gerbage ». Bien que les pilotes de Formule 1 réalisent intentionnellement cette action en secouant fortement la bouteille avant de l'ouvrir (ce qui provoque la déformation de l'interface entre le liquide et l'air, et piège des microbulles de gaz[33]), les maisons de champagne se préoccupent au contraire de prévenir ce phénomène.
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Le champagne doit être servi frais, 4 à 7 °C[69] lorsqu'il est jeune, jusqu'à 10 °C lorsqu'il est plus mature ou millésimé. On place la bouteille pendant 20 à 30 minutes dans un seau à champagne rempli d'eau et de glaçons. On peut également placer la bouteille au réfrigérateur 3-4 heures (surtout jamais dans le compartiment à glace ou, pire, au congélateur). Pour être sûr que la partie haute (près du col) soit aussi fraîche que le reste, on peut faire basculer la bouteille, très lentement, de bas en haut.
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La température de service chez « Lasserre », grand restaurant où le vin de Champagne est roi, est de 9 °C. Les champagnes les plus anciens, au-delà de quinze ans d'âge, peuvent être offerts à 14 ou 15 °C, c'est-à-dire à la température d'une bonne cave.
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Qu'elle soit dans un seau à champagne ou au réfrigérateur, la bouteille de champagne ne doit pas rester à la lumière artificielle (moindre avec la lumière naturelle) qui peut communiquer un goût de réduit, de laine mouillée, de fromage, etc. au vin, goût que l'on appelle le goût de lumière. L'action des rayons ultraviolets de la lumière sera moins important avec une bouteille verte ou colorée[70]. Il est donc conseillé de couvrir ou d'emballer la bouteille d'un linge fin ou mieux — de façon plus raffinée — avec du papier de soie.
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Il existe un type de verre appelé blida. Il est très peu courant d'en trouver hors de la région de Champagne. Il s'agit à la base du verre utilisé pour servir le thé à la menthe. Un blida contient en général 7 à 8 cl[71].
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Il faut penser à changer de flûte chaque fois qu'on change de cru. La dose standard est 10 cl. Les sommeliers comptent 6 à 10 flûtes pour une bouteille de 75 cl. Le contenant doit absolument être en verre ou en cristal, surtout pas en plastique. Le plastique étant hydrophobe, il ne permet pas aux bulles d'être fines et de pétiller, car elles restent collées aux parois.
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Des recherches sont actuellement menées avec des verriers sur les formes de verres qui pourraient le mieux mettre en valeur les arômes du champagne : la coupe offre une plus grande surface d'échange avec l'air, ce qui accélère le dégazage et la perte des arômes qui sont de plus dilués au niveau de la large ouverture ; par contre la hauteur de service étant plus réduite, les bulles qui grossissent lors de leur courte remontée dans la coupe, sont donc plus petites, ce qui est apprécié, gustativement et esthétiquement, des amateurs de champagne. La flûte concentre les arômes, laisse voir le vin travailler (longue remontée des bulles) mais les bulles sont plus grosses et une flûte trop étroite accumule arômes et gaz carbonique qui produisent un effet piquant et agressif au nez. Ainsi, il est conseillé de le déguster dans des verres tulipes suffisamment hauts[72],[33].
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On savait nécessaire la présence d'infimes poussières dans le verre pour que se forment les bulles : l'air emprisonné dans les particules absorbe le dioxyde de carbone, qui se gazéifie alors. Un verre très légèrement rayé provoque une plus grande effervescence (moins de bulles mais plus d'arôme), des flûtes gravées ont d'ailleurs existé dans le passé, mais ce sont surtout les impuretés qui jouent ce rôle[66]. Un touilleur, appelé aussi agitateur de vin pétillant, fouet à champagne mais aussi batteur, mosser (ou moser), moussoir à Champagne, fut autrefois utilisé (encore aujourd'hui pour ceux qui n'apprécient pas le goût piquant dû à l'éclatement des bulles sur la langue), rappelant à l'origine que le champagne était apprécié comme vin tranquille puisqu'il pouvait être dégazé lorsqu'il était de piètre qualité[73].
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Une bouteille de champagne contient environ cinq litres de CO2, soit 0,7 litres de dioxyde de carbone par verre de champagne, ce qui représente un potentiel de onze millions de bulles par verre : 80 % du CO2 s'échappe directement de la surface du liquide (dégazage par diffusion libre), les 20 % restants se dégageant sous forme de bulles. Un verre de champagne peut ainsi générer jusqu'à deux millions de bulles qui passent de dix micromètres à la base du verre à un millimètre à la surface, pouvant atteindre une vitesse de 15 cm/s en haut de la flûte soit 0,54 km/h[75]. L'éclatement de la bulle se produit en un millième de seconde, projetant un jet de champagne d'un millimètre à une vitesse de 10 à 15 m/s[76].
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Lorsque deux bulles sont en contact, il se produit le phénomène de coalescence ou, si le film qui les sépare résiste suffisamment longtemps, le phénomène de « disproportionnement » appelé aussi « mûrissement d'Ostwald (en) »[77].
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Pour mieux préserver les bulles, il faut tourner la bouteille, pas le bouchon (car le gaz s'échappe davantage lorsque le bouchon éclate) et servir le champagne en inclinant le verre à 45°. Le champagne, versé délicatement dans un verre penché, conserve beaucoup mieux ses bulles (le gaz CO2 dissous étant un paramètre essentiel de l'arôme, du goût et de la sensation en bouche) que si la flûte est posée toute droite sur la table. Ce phénomène vient des turbulences. Selon une étude de chercheurs des Laboratoires d'œnologie, de chimie appliquée et de thermomécanique de l'Université de Reims[78], « il y a en moyenne 12 grammes de CO2 par litre de champagne […] lorsqu'on verse le champagne dans un verre vertical, on trouve systématiquement un écart allant de 0,3 gramme à plus de 1,5 gramme avec un verre incliné ». De plus « c'est lorsqu'il est le plus froid — 4 degrés — que l'écart est le plus important », avec un écart de 1,4 gramme.
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En fait, cette technique de service au verre penché est déjà utilisée depuis longtemps pour la bière. Il est possible de maintenir l'effervescence avec un verre droit, à condition de verser le champagne en trois fois. Néanmoins, l'expert en champagne Tom Stevenson (en) (auteur de l'ouvrage Les vins mousseux du monde et le champagne) déconseille cette technique. « Vous ne verrez jamais de la vie un sommelier faire ça, et le verser comme le font les sommeliers vous rend service, en laissant le CO2 s'échapper du verre, de telle sorte que les bulles ne vous remontent pas dans le nez »[79].
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Le carafage du champagne peut paraître une opération surprenante à cause de la crainte de perdre l’effervescence. Cependant, la qualité d’un champagne ne réside pas dans ses bulles, mais dans sa matière et c’est justement la matière qui sera mieux mise en valeur après un carafage[réf. nécessaire]. Cette opération devrait rester exceptionnelle et toujours être effectuée par un professionnel, car elle doit respecter plusieurs règles contraignantes, notamment l'utilisation d'une carafe spéciale, en forme de harpe évasée et ouverte aux deux extrémités[80].
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Pour un repas uniquement au champagne, la quantité globale conseillée pour tout le repas est selon les chiffres ci-dessous, 5,00 à 7,00 verres ou 0,63 à 0,88 bouteille par personne. Ce qui représente le double des quantités autorisées en France pour conduire.[réf. nécessaire] Pour une santé idéale, il est conseillé de ne pas dépasser 1,00 verre par jour pour les femmes et 2,00 verres par jour pour les hommes[réf. nécessaire]. On peut évaluer la répartition conseillée tout au long du repas comme suit :
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Le service du champagne, dit « à la champenoise », suit un protocole particulier :
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Il était autrefois de tradition d'accompagner la dégustation du champagne de petits biscuits longs et rectangulaires recouverts de sucre glace : les biscuits à la cuiller ou biscuits roses de Reims.
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Les bouteilles doivent être stockées dans un lieu frais dont la température doit demeurer constante entre 12 et 14 °C. Chez le particulier, ces conditions sont très souvent difficiles à obtenir. Pourtant, il ne faut pas croire qu’une température un peu plus haute (de l’ordre de 16 à 18 °C) ou un peu plus basse (entre 8 et 10 °C) est rédhibitoire pour les bouteilles. Un peu trop élevée, la température à tendance à accélérer l’évolution d’un vin. Un peu trop basse, elle a tendance à le figer. En outre, il est très important d’éviter (dans la mesure du possible) les variations rapides de températures et les gradients trop élevés entre la période froide et la période chaude.
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Il est aussi très important de contrôler l’hygrométrie. L’idéal est une valeur voisine de 80 %. Au-delà de cette limite, il peut être observé un développement de moisissures qui, à terme, peut se transmettre au vin si le bouchon a été trop longtemps en contact avec ces microorganismes. En dessous de 60 %, l’air trop sec augmente les risques d’assèchement du bouchon. Plus assez souple, le liège du bouchon se contracte alors et ne joue plus son rôle. Cela peut favoriser l’évaporation du liquide et le passage de l’air à l’intérieur de la bouteille augmentant ainsi l’oxydation du vin.
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Enfin, les flacons doivent être entreposés loin de toute source d’odeur. En effet, certaines odeurs ont la capacité de se transmettre au vin à travers le bouchon. Il est donc fortement déconseillé de stocker ses bouteilles dans une cave à côté de la citerne de mazout ou d’autres hydrocarbures, ou sur des palettes en bois préalablement traitées.
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Dans ce domaine comme dans bien d’autres, l’idéal demeure malheureusement souvent inaccessible. Il est très difficile de rassembler toutes ces conditions même pour des professionnels.
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Enfin, il est conseillé de sortir les bouteilles de leur emballage carton (afin d’éviter la moisissure et la transmission du mauvais goût au vin par le bouchon) et les coucher à plat sur les rayonnages[81].
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Une fois ouvert, le champagne se dégrade vite. L'utilisation d'une petite cuillère, en lieu et place d'un bouchon, est inefficace ou illusoire.
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Par sa teneur en alcool, la consommation excessive de vin de Champagne est nuisible à la santé. Sa consommation est spécialement déconseillée aux femmes enceintes, en raison des effets possibles de l'alcool sur le développement du fœtus[82]. Également comme toute boisson alcoolisée, il peut engendrer une dépendance. L'OMS reconnaît l'alcoolisme comme une maladie et le définit comme des troubles mentaux et troubles du comportement liés à l'utilisation d'alcool.
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Cependant, le vin de Champagne fut longtemps chaleureusement recommandé en œnothérapie au motif qu'il « dissipe les états nauséeux et soutient le moral ». En 1718, dans son traité sur les vins de Champagne, le chanoine Godinot assurait : « De tous les vins, il n'en est pas de meilleur pour la santé qu'un vin gris de Champagne, ou de couleur œil de perdrix. »
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Ses qualités :
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Au XIXe siècle, quelques maisons élaborèrent du vin de Champagne effervescent de couleur rouge en ajoutant un quart ou un tiers de vin rouge tranquille, puis une part de liqueur d'expédition de couleur rouge. Ce type de produit fut interdit et la dernière maison qui en élabora fut la maison F. Giesler en 1887.
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Le réchauffement global de la planète aura sans aucun doute des conséquences sur la culture de la vigne et sur l’industrie du champagne en particulier. Le climat septentrional et les sols calcaires permettent aux viticulteurs champenois d’avoir une production de qualité. Non seulement un climat frais produit des vins âpres et légers nécessaire pour la réalisation d’un bon champagne mais en plus les sols calcaires apportent aux raisins une acidité qui permet aux arômes de se développer longuement au cours de la phase de vieillissement ; une élévation des températures et une longue saison chaude en Champagne modifieraient de ce fait les propriétés et le bon déroulement du processus de vieillissement de ce vin.
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Au cours de l’été 2003, la France a connu les températures les plus chaudes jamais enregistrées depuis que les relevés existent. Les faibles précipitations et la chaleur ont non seulement provoqué un dessèchement du raisin mais elles ont également eu pour conséquence une forte concentration de sucre dans les grains. Les niveaux d’acidité ont chuté à mesure que le raisin se gorgeait de sucre, alors qu’un champagne à besoin d’une bonne acidité pour bien vieillir et développer ses arômes. La production de 2003 a été réduite de 50 % environ par rapport à une année normale[83].
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Depuis la fin du XVIIe siècle, de nombreux artistes ont travaillé sur le thème du vin de Champagne. Le but est d'associer au champagne les idées de luxe, de mondanité et même d'érotisme. Un travail sur l'authenticité a aussi été abordé.
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Parmi les artistes : Andreis (Delbeck), Aubrey Beardsley (Piper-Heidsieck), Pierre Bonnard (France-Champagne), Leonetto Cappiello (Delbeck, De Castellane), Jules Chéret, Walter Crane, René Gruau (Interprofession), Louis Théophile Hingre (Roederer, SN Grands vins d'Ay), Léo Kouper (De Castellane), Achille Mauzan (Pommery, Victor Clicquot), Émile Gallé (Perrier-Jouët), Alfons Mucha (Ruinart, Moët & Chandon), Toulouse-Lautrec, Raymond Savignac (De Castellane), Bernard Pagès (Mailly Grand Cru).
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Du 14 décembre 2012 au 26 mai 2013, une exposition sur ce thème a lieu au musée des beaux-arts de Reims, Les arts de l'effervescence champagne ![84].
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Voir aussi à Épernay le musée de l'affiche de la Maison de Castellane sur la thème de la croix de Saint-André son symbole.
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Le champagne utilise désormais le Royal Warrant comme outil marketing et publicitaire, voici la liste des maisons de champagne utilisant le Royal Warrant : Champagne Bollinger, Champagne Lanson, Champagne Moet & Chandon, Champagne Veuve Clicquot-Ponsardin, Champagne Louis Roederer, Champagne Krug, Champagne GH Mumm & Cie, Champagne Laurent-Perrier, Champagne Pol Roger[85].
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Depuis les débuts du cinéma également, le champagne tient une place à part : en 1899, Eugène Mercier commande un film sur son champagne à diffuser lors de l'Exposition universelle de 1900 ; réalisé par les Frères Lumières, il s'agit de la première publicité filmée. Des marques apparaissent également dans de nombreux longs-métrages : en 1939 dans The Flying Deuces où Laurel et Hardy se battent pour une bouteille de Piper-Heidsieck, la décapsulant ensuite avec un marteau, en 1979 dans Moonraker lorsque Requin ouvre une bouteille de Bollinger avec les dents (la marque est apparue dans treize James Bond au total), en 1987 dans Le Festin de Babette quand la chef cuisinière sert une bouteille de Veuve-Cliquot lors d'un festin, en 1990 dans Il était une fois en Amérique quand la foule célèbre la fin de la Prohibition avec des jéroboams de Cordon-Rouge Mumm, en 1990 encore dans Pretty Woman avec une bouteille de Moët & Chandon commandée avec des fraises par Edward[86].
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La réputation mondiale du vin de champagne est à l'origine de l'usage de champagne comme nom de couleur dans le contexte de la mode. En particulier, aux États-Unis d'Amérique, le nuancier et dictionnaire de noms de couleur ISCC-NBS le fait correspondre aux nuances 73, 79, 89, 90, 93[87]. Ces couleurs correspondent à des dénominations commerciales.
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Vous venez d’apposer le modèle {{à fusionner}}, suivez ces étapes :
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Apposez le bandeau sur les autres pages à fusionner :
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Utilisez ce texte :
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{{à fusionner |Fungi |Champignon}}
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Important : ajoutez une section dans Pages à fusionner en motivant votre proposition.
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Créer la section sur la page des Pages à fusionner
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Pensez à informer les contributeurs principaux de la page et les projets associés lorsque cela est possible.
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Les champignons sont des eucaryotes pluricellulaires ou unicellulaires. Le terme « champignon » est devenu ambigu car il désigne un taxon obsolète. Ce terme englobe à la fois les Fungi (ou mycètes), les oomycètes, les chytridiomycètes et les mycétozoaires. Leurs cellules, pourvues d'une paroi chitineuse ou cellulosique, sont immobiles et se nourrissent par l’absorption des molécules organiques directement dans le milieu. La cellule ou les cellules sont dépourvues de chlorophylles et/ou de plastes car ces organismes sont hétérotrophes vis-à-vis du carbone. Leur appareil végétatif est un thalle : ce sont donc des thallophytes. L'étude de ces champignons, la mycologie, est pratiquée par des mycologues.
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Tous les véritables champignons appartiennent au groupe des eumycètes et se répartissent au sein des basidiomycètes, comme les amanites ou, pour quelques-uns, parmi les ascomycètes, à l'exemple des morilles ou des truffes. Deux groupes sont communément appelés « champignons » mais n'en sont pas au sens strict du terme : les oomycètes (plus proches génétiquement des algues brunes) et les myxomycètes.
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Présents dans le registre fossile depuis 450 millions d'années, soit le Silurien, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et même aquatiques en eaux douce, saumâtre et même marine (1500 espèces au moins, qui ont un rôle écologique important[1] ; via des symbioses avec des algues parfois).
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Les premiers champignons mycorhiziens de type gloméromycètes ont vraisemblablement aidé les premières plantes terrestres à coloniser les terres émergées[2].
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Ce qu'on appelle couramment « champignon » n'est en fait que la « fructification » temporaire et visible, le sporophore (autrefois appelé « carpophore »), d'un organisme à caractère plus durable et plus discret, le macromycète, dont la structure habituellement filamenteuse constitue le mycélium, formé de filaments généralement invisibles à l’œil nu lorsqu'ils sont isolés. Le sporophore se présente souvent sous forme d'un pied (le stipe) portant un chapeau. D'autres silhouettes de sporophores sont bien connues : en forme de petits buissons comme les clavaires, de langues sur le tronc des arbres comme les fistulines, de coupes comme les pézizes, de sphères comme les vesses-de-loup, etc.
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Il existe une grande dispersion étymologique pour désigner les champignons, ce qui peut laisser penser que les hommes pré- et protohistoriques consommaient rarement ces organismes[3]. Cependant, la découverte en 1991 d'Ötzi révèle que cet homme, vivant vers 2500 av. J.-C., transportait dans son sac deux champignons, des polypores du bouleau, probablement à usage médicinal, et de l'amadou, probable allume-feu, ce qui suggère que les hommes de cette époque qui vivaient de chasse et de cueillette, ont récolté des champignons pour leur consommation, comme le font encore de nos jours maintes peuplades exploitant la nature[4].
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Le terme champignon vient de l'ancien français du XIIIe siècle champignuel[5] (par substitution du suffixe -on*) du bas latin campinolius[6] « petits produits des campagnes » ou « qui pousse dans les champs » (dérivé en -ŏlu de campania), lui-même issu de la racine latine campus, « campagne », qui donne le champ[7], la plaine.
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Le mousseron, perçu comme poussant dans la mousse, a donné en anglais le nom générique du champignon, mushroom. La racine de ce mot semble être la mousse, mais est plus probablement l'indo-européen *meu qui l’apparente au latin muscus (« mousse »), mucus (« morve »), mucor (« moisissure ») et au grec mykès (d'où les Mycètes) désignant d'abord les champignons en général[8]. Les termes grec et latin sont ainsi une allusion possible aux champignons qui se protègent contre la dessication par une couche de mucus qui recouvre leur chapeau et parfois aussi leur pied, ou à la mycophobie ancestrale, les champignons étant associés aux mucosités nasales repoussantes[8].
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Selon une étymologie populaire, fungus et fongus sont la contraction du latin funus, « funérailles » et d'ago, « produire », rappelant les nombreux décès provoqués par les champignons toxiques[9]. Une origine plus probable de ce terme serait une allusion à l'aspect poreux ou spongieux des champignons : les mots espagnol (hongo) et italien (fungo) remontent en effet à une racine méditerranéenne[10], *sfong-/*fung-, qui a donné en grec spongos et en anglais sponge, signifiant « éponge », et en latin fungus qui signifie en même temps « champignon » et « éponge »[11].
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Dans la langue commune, le terme « champignon » désigne un organisme vivant charnu, constitué généralement d'un pied surmonté d'un chapeau, à l'image du champignon de Paris ou du bolet.
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Aussi loin que remontent les sources documentaires, les champignons ont attiré les hommes pour leurs propriétés comestibles ou hallucinogènes. Ils les ont aussi effrayés par leur toxicité. Les premières descriptions en langues européennes datent du Grec Théophraste (-371, -288) qui observe que les champignons (mykès) sortent des racines des chênes et que les Grecs savent les faire croître sur les fumiers[12]. On trouve de nombreuses mentions chez les auteurs gréco-latins de divers fungus (mykès) : Nicandre rapporte les noms de champignons mortels de l'olivier, du grenadier et de l’yeuse, Pline l'Ancien[13] et Dioscoride, décrivent l'agaricum[N 1] (ou en grec agaricon[14], ἀγαρικόν) et Athénée[15] comme ses prédécesseurs, distingue les champignons, la truffe et le pezis. La classification des champignons parmi les plantes vient des Grecs et perdurera jusqu'au XXe siècle.
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Il faut attendre l'invention du microscope et son perfectionnement au XVIIe siècle pour découvrir les parties invisibles des champignons (nommées actuellement les "spores" et les "hyphes"), sans que l'on connaisse encore leurs rôles[16]. Au siècle des Lumières, les premières cultures de laboratoire permettent au botaniste italien Pier Antonio Micheli de décrire et dessiner les spores (qu'il appelle graines) de tous les grands groupes de champignons. Il est le premier à établir le cycle de développement partant de la spore, passant par le mycélium et donnant l'appareil reproducteur charnu (le sporophore). Mais comme ses contemporains, Michelli classe les champignons parmi les plantes et utilise les termes de graines, de fruits et même de fleurs pour désigner les parties qu'il dessine pourtant correctement (Nova plantarum genera (1729) Michelli[17]).
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Linné ne sait que faire de ces êtres vivants qu'il classe comme Fungi[18] dans les Cryptogamia regroupant « les plantes dont les noces ne sont pas publiques » (Species plantarum, 1753).
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La croyance en une génération spontanée a longtemps persisté même parmi les savants. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les travaux sur la multiplication des champignons comme ceux de Micheli ou de Della Porta, Malpighi et Spallanzani ont eu beau réfuter cette croyance tenace, certains (comme le botaniste Medicus, directeur de l'université de Heidelberg) continuaient à penser que les champignons provenaient de la gelée issue de la décomposition des feuilles mortes[17].
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Plusieurs mycologues sont considérés comme les pères de la classification mycologique moderne : Christiaan Hendrik Persoon qui publie deux volumes du Synopsis methodica fungorum en 1801, Elias Magnus Fries qui publie entre 1821 et 1832 les trois volumes de son Systema Mycologicum…, Lewis David von Schweinitz « père de la mycologie américaine » qui publie Synopsis Fungorum Carolinæ Superioris en 1822 et Miles Joseph Berkeley « père de la mycologie britannique » pour son apport dans la British Flora en 1836[19].
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En 1827, J. J. Schilling décrit comment le mycélium naît de graines (samen) et comment il a suivi au microscope la germination d' Aspergillus niger. Schilling eut beau, lui aussi, publier des dessins soignés de ses observations, rien n'y fit : ceux qui considéraient les champignons comme le produit de la génération spontanée restaient toujours nombreux. On peut citer de grands noms des débuts de la mycologie comme Persoon, Rudolphi (1807), Link, Nees, Unger (1833) et même Naegeli (1842) et E.M. Fries[17]. Pourtant ce fut ce même Elias Magnus Fries (1794-1878), surnommé le « Linné des champignons », qui donna la première classification systématique des champignons dans Systema mycologicum (1821-1832) et marqua ainsi le début de la mycologie moderne. Ce n'est qu'avec le développement de la théorie cellulaire et de la théorie de l'évolution, dans la seconde moitié du XIXe siècle, que les botanistes cessent de croire dans la génération spontanée des champignons et qu'ils commencent à les détacher des plantes vasculaires. Ainsi, le botaniste autrichien Endlicher proposa de séparer le règne des Plantae en Cormophytes et Thallophytes ("plantes inférieures", non vascularisées), ces derniers regroupant les champignons, les algues et les lichens[N 2].
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Les champignons sont considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des plantes imparfaites en raison de leur immobilité mais leur inclusion dans le règne végétal tel qu'il a été défini par Linné a souvent été plus ou moins controversée. Comme celles des végétaux, leurs cellules possèdent une paroi et une vacuole mais, à la différence des plantes, leur paroi n'est pas constituée de cellulose mais de chitine, molécule que l'on trouve aussi chez les insectes et les crustacés. Jusqu'au milieu du XXe siècle, les naturalistes les considèrent comme des plantes primitives ou dégénérées (des thallophytes cryptogames)[20]. En 1969, Robert H. Whittaker les individualise enfin dans un règne particulier, les Fungi[16], le botaniste proposant une division en cinq règnes[21] : les procaryotes (ou bactéries, à cellules sans noyau), les protistes (eucaryotes unicellulaires), les végétaux Plantae (eucaryotes pluricellulaires photosynthétiques), les animaux Animalia (eucaryotes pluricellulaires hétérotrophes) et les champignons Fungi (eucaryotes pluricellulaires non-photosynthétiques).
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Les champignons avaient enfin leur règne et on aurait pu attendre un répit dans les remaniements incessants des siècles passés. La coupure avec les plantes et les animaux semblait bien établie mais c'était sans compter sur les avancées techniques dans le séquençage des gènes.
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La comparaison des séquences de gènes permet de reconstruire l'histoire évolutive des êtres vivants en suivant les modifications de leur génome. Ces nouvelles méthodes de phylogénie moléculaire vont alors faire voler en éclats la division en cinq règnes[16] : finie la division en procaryotes et eucaryotes, finie la division entre règne animal et règne végétal, finie l'unité des Fungi, etc. L'évolution des eucaryotes a donné naissance à deux grandes lignées de champignons : les eumycètes ou « vrais champignons » et les pseudomycètes ou « pseudochampignons » (comme les mildious). Les vrais champignons sont de proches parents des animaux alors que les pseudochampignons sont plus proches des plantes. Les pseudochampignons Oomycètes (hétérotrophes filamenteux comme les mildious) qui par certains caractères semblent proches des vrais champignons (Eumycètes) ne sont pourtant pas monophylétiques avec ces derniers : leur ressemblance est le fruit d'une convergence évolutive car de leur ancêtre commun (le plus proche), descendent aussi d'autres lignées.
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Après avoir considéré les champignons comme des plantes primitives ou dégénérées (des thallophytes cryptogames, Endlicher 1840), puis comme des organismes formant un règne à part (le règne fongique parmi les cinq règnes, Whittaker 1969) et actuellement en 2013, comme un ensemble artificiel, polyphylétique, d'organismes présentant des caractères communs par convergence évolutive, le progrès des connaissances va certainement continuer à nous obliger à toujours revoir et perfectionner les classifications. Les études phylogéniques se poursuivent toujours car la place de plusieurs groupes de champignons est encore incertaine[16].
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La classification des champignons relève de la mycologie. Elle évolue, notamment en raison des progrès de la génétique, y compris pour des organismes symbiotes (ex. : les lichens ont un temps été classés hors du monde fongique, et y ont récemment été réintroduits). Les listes et classifications sont donc régulièrement mises à jour[22]. Deux classifications sont actuellement proposées: la classification classique et la classification phylogénétique.
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Les champignons ont été considérés jusqu'au milieu du XXe siècle comme des végétaux, en raison de leur immobilité et de la présence d'une paroi cellulaire épaissie, végétaux dits « cryptogames » car ne produisant pas de fleurs.
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Mais les champignons constituent un règne à part car ils se différencient des plantes et des algues par plusieurs caractères[23],[24] :
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Le botaniste Robert H. Whittaker a donc logiquement créé pour les champignons, en 1969, le règne spécifique des Fungi (du latin littéraire fungus, le champignon) pour y placer ces êtres particuliers, non seulement ceux produisant des sporophores, mais également dans les définitions les plus larges qui ont pu exister toutes sortes d'organismes eucaryotes multicellulaires ni végétaux, ni animaux, comme les moisissures, les rouilles, le mildiou, les saprolègnes, etc. et même parfois unicellulaires comme les levures.
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L'usage du mot champignon s'est alors étendu dans le langage commun à des formes biologiques très diverses. Ainsi le terme de champignon est utilisé parfois extensivement pour désigner aussi bien des agents responsables de dermatophytoses (types d'affections rencontrées fréquemment sous les ongles des pieds), les feutrages des oïdiums qui parasitent le feuillage des végétaux, l'ergot de seigle, des plasmodes coloniaux comme les fleurs de tan, les Penicillium du fromage de Roquefort, etc. À l'analyse, il s'avère que certains de ces « champignons inférieurs » sont effectivement apparentés de manière très proche aux champignons à sporophores, alors que d'autres appartiennent à des groupes très distants. Les définitions des différents taxons scientifiques ont alors été précisées, mais l'emploi élargi du mot champignon est resté.
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Il y a de très nombreuses espèces de champignons, dont épiphytes, endogés ou aquatiques, et il en reste beaucoup à découvrir. Sur les 100 000 espèces de champignons répertoriées en 2015 (sur un nombre total estimé[26] de cinq millions, voire de 10 millions d'espèces[27]), « près de 10 000 produisent des fructifications à l'œil nu, un peu plus de 1 100 sont comestibles et consommés comme aliments, et environ 500 sont utilisés comme remèdes dans la médecine traditionnelle de tous les pays en développement »[28].
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La classification des champignons a été totalement revue :
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La fructification chez les Eumycètes, appelée précisément sporophore (organe portant les spores permettant d'accomplir le cycle de vie, terme aujourd'hui préféré à « carpophore ») est particulièrement développée pour certaines espèces, le reste de l'organisme appelé le mycélium étant souterrain et donc invisible. Certains Eumycètes disposent de sporophores en surface tandis que d'autres, par exemple ceux des truffes, sont souterrains.
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Il existe cependant bien d'autres espèces appelées champignons, qu'elles soient uni- ou pluri-cellulaire, tels que les rouilles, les levures, les moisissures ou encore certains parasites de l'homme . Bien qu'ayant été par le passé regroupées au sein d'un même groupe, elles peuvent n'avoir que peu de rapport entre elles. Les actuels taxons des Fungi / Mycota, des Oomycota, des Hyphochytriomycota, des Labyrinthulomycota, et des Mycetozoa ont été classés ensemble dans le passé comme faisant partie du règne végétal du fait de la présence d'une paroi cellulaire, et de plusieurs similitudes entre leurs cycles de vie et ceux des algues avec lesquelles ils formaient les thallophytes. Les Mycetozoa, souvent décrits comme des champignons-animaux ou amiboïdes, n'ont en fait en commun qu'une ressemblance externe de leur appareil sporifère et sont assez proches des amibes. Des découvertes ont montré que les Oomycota n'étaient en revanche pas des champignons, mais plutôt des cousins des algues et des diatomées. C'est par exemple pour cela que les traitements antifongiques contre le mildiou n'ont jamais été efficaces.
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Transporté dans les sciences naturelles, le mystère demeura en partie, comme le montrent les premières classifications botaniques qui les laissèrent longtemps placées dans les cryptogames ou végétaux à reproduction cachée, principalement en raison de la discrétion et de la complexité de leur mode de reproduction.
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Fungi - Basidiomycota, espèce Boletus chrysenteron (un Bolet)
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Fungi - Basidiomycota, espèce Clavaria zollingeri (un clavaire)
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Fungi - Basidiomycota, espèce Armillaria mellea
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Fungi - Ascomycota, espèce Tuber melanosporum (une Truffe)
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Fungi - Ascomycota, espèce Penicillium roqueforti
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Fungi - Ascomycota, espèce Trichophyton rubrum (donne une mycose)
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Fungi - Ascomycota, espèce Claviceps purpurea (donne l'ergotisme ou mal des ardents)
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Fungi - Chytridiomycota, espèce Cladochytrium menyanthis
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Chromalveolata - Oomycetes, espèce Phytophthora infestans (donne un mildiou)
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Amoebozoa - Mycetozoa, espèce Fuligo septica
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Basidiomycota - Meruliaceae, espèce Chondrostereum purpureum
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Agaric des trottoirs perçant à travers le macadam en juin en région parisienne
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Certains champignons microscopiques sont responsables de pathologies humaines infectieuses.
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Certains champignons peuvent également se révéler pathogènes d'un point de vue toxique en cas d'ingestion.
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En France, les pharmaciens jadis formés à identifier les principaux champignons comestibles et vénéneux, le sont de moins en moins depuis les années 2000[29].
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Plusieurs espèces de champignon sont utilisées pour épurer un milieu (eau, air, sol) ou un substrat de culture d'un ou plusieurs polluants ou éléments chimiques indésirables : c'est la technique de mycoremédiation.
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Un des critères permettant d'identifier les champignons peut être l'odeur qu'ils dégagent[30]. Les fonges émettent des composés organiques volatils montrant une grande diversité de structures chimiques : composés aromatiques, terpènes, dérivés d’acides gras (notamment l'octène-1-ol-3 que l'on retrouve chez de nombreuses espèces telles que les champignons de couche, les cèpes ou les girolles)[31]. Le ratio bactérie/champignon dépend du pH. Le ratio odeur de champignon (principalement l'octénol) / odeur de terre (due à la géosmine produite par des bactéries) permet à un écologue d'évaluer la richesse d'un sol par son odeur. Plus un sol sent l'octénol, plus il est riche en champignon et est acide (exemple : mor, moder de landes ou de forêts de résineux issues de la dégradation lente d'une litière acidifiante). Plus un sol sent l'odeur de terre, plus il est riche en bactéries qui traduisent un recyclage rapide de la matière organique avec des vers de terre (surnommés par Aristote "les intestins de la terre") consommateurs de ces bactéries (exemple : mull de pelouse, d'agrosystème, de forêt productive)[32].
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Il existe principalement deux grandes catégories de champignons parasitant les arbres[33], soit les champignons saprophytes qui se nourrissent d’arbres en décomposition et les champignons lignivores qui se nourrissent de matière organique vivante, c'est-à-dire la cellulose et la lignine des arbres
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Ces champignons sont des parasites véritables des arbres, puisqu'ils s'attaquent à de la matière végétale vivante causant leur dépérissement jusqu'à leur mort après quelques années dans certains cas, selon la virulence du champignon en question.
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Le parasitisme par les champignons se produit quelquefois en réponse à un stress important que l’arbre a subi. Par exemple : le bris d'une branche, l'écorce détériorée par les mammifères s'en nourrissant et même un accident de voiture ayant partiellement altéré son écorce[34]. Ainsi, l'arbre ayant perdu sa couche de protection externe est exposée à plusieurs parasites dont les spores des champignons. De plus, dans ces cas, l'impact écologique sur l’abondance d’une espèce d’arbre dans nos forêts est souvent minime, puisque le phénomène se produit à petite échelle, à l’exception de tous les phénomènes naturels causant des stress beaucoup plus importants. Il faut noter qu’une perte en matière végétale vivante (arbre dans ce cas) ne peut qu’être bénéfique pour les organismes décomposeurs qui ont besoin de cette matière morte afin d’assurer leur survie et le maintien des réseaux trophique de l’écosystème.
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Par contre, certains champignons n’ont pas besoin de profiter de ces altérations majeures. Effectivement, les champignons ayant pour hôte une famille ou espèce d’arbres en particulier[35] réussiront à trouver une petite faille dans la défense de ceux-ci et pourront, par un simple contact, le parasiter et causer sa mort à court ou long terme. Ainsi, un champignon pourrait avoir comme hôte primaire, par exemple, un insecte, qui lui permettra de passer à travers la barrière végétale d’un arbre et d’y implanter ledit parasite mycologique. C'est ce type de champignon qui aura un plus grand impact sur la diversité forestière, surtout si aucune mesure de protection n’est prise et que l’espèce de champignon est une espèce exotique, c’est-à-dire qu’elle s’est répandue dans une région ou sur un continent où elle n’était pas présente auparavant.
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D'un point de vue écologique, une espèce envahissante[36] va créer un déséquilibre naturel dans les écosystèmes déjà en place dans une région donnée. Ainsi, une espèce de champignon envahissante fera compétition à d’autres espèces animales et végétales, dites indigène, afin d’obtenir des ressources nécessaires pour assurer sa survie, ce qui finira par dégrader l’habitat de plusieurs autres espèces, altérer les ressources en eau et minéraux disponibles et même causer la quasi-disparition d’espèces locales qui n’auront pas pu compétitionner avec la nouvelle espèce. On peut nommer comme exemple la maladie hollandaise de l’orme.
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La cueillette de champignons correspond principalement à la collecte de champignons comestibles à usage domestique ou dans un but commercial, plus rarement de champignons hallucinogènes ou aux médicinaux. La récolte concerne également les mycologues qui déterminent les espèces au cours d'excursions mycologiques, ou encore la prospection pour la mise en marché de champignons dans des domaines innovants (cosméceutique (en), pharmaceutique, nutraceutique, etc.).
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Les prélèvements en grande quantité, voire la « sur-récolte », entraînent des atteintes à la biodiversité forestière, des troubles à l’ordre public, voire des infractions plus graves (destruction, dégradation …). La cueillette des champignons, qu'elle soit familiale ou commerciale, peut ainsi être réglementée[37].
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L'utilisation des champignons remonte probablement aux temps les plus reculés. Ainsi Ötzi qui vivait au Chalcolithique (4 546 ± 15 ans BP) portait sur lui deux types de champignons, un morceau d'Amadouvier sur lequel étaient fixés des cristaux de marcassite (associé à un silex, il était utilisé pour la production du feu) et des morceaux de polypores du bouleau enfilés sur une lanière de cuir, à usage probablement médicinal (vermifuge)[38].
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Toutes les mythologies ont en commun de considérer les champignons comme étant les produits d'une réaction mystérieuse entre la terre humide et un élément surnaturel. Ainsi dans la mythologie nordique, le premier homme Odin chevauche Sleipnir dans une forêt ou dans le ciel par des nuits orageuses, poursuivi par des démons. Des gouttes d'écume ensanglantée tombant de la bouche de son cheval Sleipnir donnent naissance à l'amanite tue-mouches dont la poussée est stimulée par la foudre[39].
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Les différentes dénominations des champignons rappellent leur rôle néfaste. Sénèque les appelle voluptuarium venenum, « poison voluptueux », et Pline anceps cibus, « mets suspect ». Encore appelés Mycètes ou Fungi, ils ont une étymologie en lien avec leur rôle funeste. Mycète vient du grec mykes, « mucus » apparenté à de la moisissure et pourriture. Une étymologie populaire de Fungi en fait la contraction du latin funus, « funérailles » et d'ago, « produire », rappelant les nombreux décès provoqués par les champignons[40]. Ainsi selon Pline, la quatrième femme de l'empereur romain Claude aurait empoisonné son mari en remplaçant son mets favori, l'Amanite des Césars, par l'Amanite phalloïde, champignon probablement responsable aussi de la mort de l’empereur du Saint-Empire Romain Germanique Charles VI[41].
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Au Moyen Âge, les champignons sont classés au plus bas de l'« échelle des êtres ». À l'exception des champignons comestibles (moins de 0,1 % de l'ensemble des espèces fongiques), ils sont associés à la mort et la putréfaction, considérés comme pervers (forme du pied de champignons phalliques). Considérés comme des « excréments de la terre », diaboliques et démoniaques, les adeptes de la magie noire les utilisent dans leurs élixirs[42]. Selon la théorie enthéogène des religions, certains champignons hallucinogènes sont à l'origine du phénomène magique et religieux : sorciers, chamanes et autres grands prêtres de différentes ethnies, souvent très éloignées géographiquement les unes des autres, utilisent ces substances sacrées accompagnant le surgissement des civilisations (tels les chamanes Paléo-Sibériens avec l'Amanita muscaria, ou le língzhī, « champignon divin » de la Chine)[43]. Il est ainsi possible que les autorités religieuses du Moyen Âge aient fait du champignon un élément chtonien maléfique pour empêcher la diffusion de ce savoir millénaire chamanique devenu ésotérique[44]. Les épidémies de mal des ardents qui s'abattent sur des régions au Moyen Âge, tuent des dizaines de milliers de personnes et provoquent des ravages jusqu'au XVIIe siècle[45].
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En Asie, le champignon est symbole de longévité, par exemple, pour les Coréens le champignon magique est l'un des dix symboles de longévité et aussi un symbole de fertilité[46]. Dans la peinture chinoise c'est le cerf qui apporte le champignon, tous deux sont des symboles de longue vie, la croyance chinoise voulant que le cerf vive très vieux et soit donc le seul animal capable de trouver le champignon sacré de l’immortalité[47],[48].
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« Autant de sons nés du même instrument, autant de champignons nés d'une même humidité[49]. » Ainsi Zhuangzi explique-t-il que les êtres sont l'émanation fugitive d'une seule et même essence.
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En Pologne, consommer des champignons à Noël facilitait les contacts avec les morts[50].
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En héraldique le champignon est également le symbole de la fertilité ainsi que de la puissance sexuelle[51].
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La rapidité de croissance des champignons fascine. Ils sont présents dans l'imagerie populaire sous forme de champignons géants, thème qui intéresse encore les journalistes : en juillet 2006 sur l'île taïwanaise de Taitung on aurait découvert deux champignons plats de 60 cm de diamètre et pesant chacun environ 20 kg[52]. En juillet 2007 un champignon géant de plus de 70 cm de haut et pesant plus de 20 kg aurait été découvert au Mexique, dans la forêt de Tapachula (Chiapas), à la frontière du Guatemala[53].
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L'armillaire d'Ostoya (Armillaria ostoyae) est particulièrement connu pour détenir le titre du plus grand organisme vivant, un individu couvrant une surface de 8,9 km2 ayant été trouvé en Oregon, dans l'ouest des États-Unis[54].
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Termitomyces titanicus est le plus grand champignon comestible sur terre avec un « chapeau » atteignant un diamètre d'un mètre[55].
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Dans son roman Voyage au centre de la Terre, Jules Verne évoque une forêt de champignons géants.
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Dans la bande dessinée L'Étoile mystérieuse, le héros Tintin est confronté à des champignons géants à la croissance instantanée. On retrouve le même thème dans le jeu de société pour enfants Spirou et les champignons géants.
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L'artiste chrétien médiéval représente rarement les champignons, considérés comme maléfiques, si ce n'est pour évoquer leur symbolisme démoniaque. Un bolet à pied rouge et une amanite tue-mouches figurent au centre du triptyque Le Jardin des délices de Jérôme Bosch[56]. Tout comme dans les aventures d'Alice au pays des merveilles, le champignon évoquerait plutôt les effets hallucinogènes de certains champignons, dits magiques, modifiant la perception de la réalité[57].
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Les artistes contemporains s'intéressent eux aussi aux champignons, fascinants parce qu'ils poussent dans la pourriture et prolifèrent sur des organismes morts[58].
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Par exemple un artiste comme Michel Blazy travaille, entre autres, sur les moisissures et pourrissements microscopiques générés par les altérations biologiques sur des installations éphémères. La prolifération incontrôlée de micro-organismes dont les transformations et changements d’état sont autant de moments nécessaires à l’activation de ce type d'œuvre et à son développement, au sens propre du terme[59].
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Les champignons sont utilisés depuis peu dans la mode. En effet, on a réussi à créer un cuir à base de champignons. Son nom commercial est le Muskin, nom donné par l'entreprise Grado Zero Espace. Ce cuir est une peau extraite du chapeau du champignon. Ce cuir n'utilise pas de substance chimique et n'est pas toxique, il est 100% biodégradable[61].
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