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+ Le street dance (littéralement « danse de rue ») est un ensemble de danses venues principalement des États-Unis (et d'Allemagne pour la clip dance).
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+ Street Dance est également le titre d'un célèbre morceau du groupe Break Machine (1983).
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+ Le texte peut changer fréquemment, n’est peut-être pas à jour et peut manquer de recul.N’hésitez pas à participer en citant vos sources.La dernière modification de cette page a été faite le 23 juillet 2020 à 14:09.
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+ Stromboli, en italien Isola di Stromboli, est une île volcanique d'Italie faisant partie des îles Éoliennes située au nord de la Sicile, dans le bassin tyrrhénien de la mer Méditerranée. Le nom provient du grec ancien Στρογγύλη / Strongyle, littéralement « la ronde », donné à l'île en raison de son pourtour circulaire. Sur l'île se trouve le volcan homonyme, le Stromboli.
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+ Les Strombolani (habitants de l'île) appellent le volcan Struognoli en sicilien. Plus communément, il est appelé Iddu, « Lui » en sicilien, car les habitants personnifient le volcan, ils vivent avec Lui selon ses humeurs[1].
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+ Le Stromboli est un volcan explosif situé au nord-est du Vulcano, un autre volcan actif de cet archipel. L'île de Stromboli est la plus septentrionale et la plus orientale des îles de l'archipel, si l'on fait exception de l'îlot Strombolicchio, situé dans l'est immédiat. Stromboli est séparée de Vulcano par Panarea, reste majeur d'un volcan explosé, et par l'île Lipari. La distance séparant l'extrémité nord-est de Vulcano et le point le plus méridional de Stromboli est d'environ 23 nautiques, soit environ 40 km. L'île présente un aspect conique typique aux volcans et sa particularité réside dans les éruptions régulières (à raison de plusieurs par heure) visibles de loin, de nuit, qui lui ont valu le surnom de « phare de la Méditerranée ». Outre la randonnée nocturne au sommet du volcan, il est également possible d'observer depuis la mer la chute des projections incandescentes le long d'un toboggan naturel, situé sur la face nord-ouest de l'île et nommé Sciara del Fuoco (allée du feu)[2]). La partie active du volcan s'est formée il y a moins de cinq mille ans et est en éruption quasi continue. La totalité de l'édifice volcanique prend naissance à 2 000 m sous la mer, la partie émergée culminant à 926 m[3].
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+ Administrativement, l'île fait partie de la commune de Lipari et de la région (autonome) de Sicile. Elle s'étend sur 12,6 km2 et fait partie des sept îles Éoliennes. À quelques centaines de mètres au nord de l'île, émerge le Strombolicchio, reste d'une ancienne cheminée vieille de deux cent mille ans. Cette petite île abrite un phare automatisé de la marine[1].
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+ Le volcan de Stromboli est le plus régulièrement actif des volcans européens. Il est couronné d'un panache de gaz et ses éruptions se produisent à la fréquence moyenne de quelques minutes ou dizaines de minutes, souvent avec une surprenante régularité.
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+ L’activité typique du Stromboli est censée délivrer à intervalles réguliers des gerbes de projectiles incandescents, les fameuses explosions stromboliennes[4], depuis l’Antiquité. Pourtant aucun texte ancien ne fait d’allusion précise à ce phénomène, et des recherches récentes prouvent que ce genre d’activité n’a commencé qu’au Moyen Âge[5]. Tout aussi inexacte est la prétendue régularité des explosions et cette idée reçue a été la cause de plusieurs accidents graves. Il est vrai que le régime ordinaire du volcan consiste en projections de fragments de lave (scories et bombes) toutes les quelques dizaines de minutes. Mais des arrêts éruptifs peuvent durer plusieurs jours ou plusieurs mois pendant lesquels ne s’exhalent que des fumerolles. Inversement, il arrive que des paroxysmes soudains forment une colonne sombre de vapeurs et de cendres d’où pleuvent de gros projectiles sur l’île tout entière.
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+ En 1916, puis en 1919, des blocs de plusieurs tonnes défoncèrent des maisons de San Bartolo et Ginostra. L’éruption de 1930, très violente, produisit même une nuée ardente qui tua 6 personnes au débouché du Vallonazzo, un profond ravin du flanc nord. D’autres manifestations importantes, accompagnées de coulées de lave, ont eu lieu en 1954-1955, 1966-1967, 1971, 1975 et 1985-1986.
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+ Le 30 décembre 2002, une émission de lave a entraîné l’écroulement catastrophique d’une partie de la Sciara : l’arrivée de l’« avalanche de débris » dans la mer déclencha un tsunami qui ravagea les côtes de l’île[6]. La coulée de lave émise par une bouche en haut de la Sciara dura pendant plus de 6 mois. Le 5 avril 2003, une explosion paroxysmique analogue projeta des blocs vers le nord-est et vers le sud jusque sur les maisons de Ginostra : les autorités interdirent aux touristes l’accès du sommet. Puis le volcan reprit son rythme habituel. Mais le 27 février 2007, d’abondantes coulées pénétrèrent dans la mer et furent suivies, le 15 mars, par une nouvelle explosion paroxysmique. Des explosions moins violentes, quoique redoutables, se sont produites en 2010 et 2013. Pendant l'été 2014, plusieurs coulées de lave ont à nouveau sillonné la Sciara. Une forte reprise d'activité est observée également fin 2017[7]. Le 3 juillet 2019, selon l’Institut national italien de géophysique (INVG), deux fortes explosions se sont produites autour de 16 h 46 sur le versant centre-sud du cratère du volcan, précédées de coulées de lave « depuis toutes les bouches actives », projetant un panache de fumée de deux kilomètres de haut. La chute des lapilli provoque des incendies dans la zone des roseaux. Un randonneur est tué[8].
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+ L'île est connue, fréquentée et habitée depuis l'Antiquité[note 1][1]. Son économie traditionnelle se basait sur des productions agricoles typiquement méditerranéennes : olives, vignes, figues, et pêche. Jusqu'au XIXe siècle cette économie était florissante et l'île comptait jusqu'à 4 000 habitants. Après l'unité italienne, la modification des conditions économiques due au recul des cultures vivrières, la répétition d'éruptions et de tremblements de terre et enfin le mildiou — qui dans les années trente détruisit la plus rentable des cultures locales, celle des vignes — entraînèrent l'émigration essentiellement vers l'Australie et l'Amérique, au point que l'île risquait d'être laissée à l'abandon.
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+ Ce fut le cinéaste Roberto Rossellini qui en 1949 avec son film Stromboli terra di Dio[6] attira l'attention du public et lança le tourisme, aujourd'hui ressource économique quasi-exclusive de l'île. Auparavant, en 1864, Jules Verne fait connaître le Stromboli grâce à son roman Voyage au centre de la Terre où les héros quittent le monde souterrain lors d'une éruption du volcan.
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+ Le principal village habité est Stromboli, au nord-est de l'île. Il est formé par les quartiers de San Vincenzo (anciennement bourg des agriculteurs), Scari, San Bartolo, Ficogrande (anciennement bourg des armateurs) et Piscità près de la plage[1].
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+ Au sud-ouest se trouve le village de Ginostra[3], uniquement accessible depuis le sommet par un sentier difficile, ou bien par la mer ; il n'y réside qu'une dizaine d'habitants durant l'hiver. Ginostra s'enorgueillit du titre de porto più piccolo d'Italia (« plus petit port d'Italie »), les bateaux de ligne y accostent avec peine et les marchandises étaient encore récemment transportées à terre à dos d'âne.
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+ Les résidents de l'île sont exactement 499 (nombre de votants en avril 2006) mais seulement 350 personnes restent pendant l'hiver ; les autres émigrent principalement vers Lipari, Salina et la Sicile. L'été, et selon la période, on dénombre dans l'île de 3 000 à 5 000 personnes. Beaucoup d'habitants de l'île ont cependant une maison à Milazzo (port de partance pour l'île), dans la province de Messine et vont sur l'île seulement pendant quelques mois.
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+ L'île possède une école primaire et un collège pour les quelques jeunes résidant sur l'île. En principe, après l'école primaire, les enfants vont au collège à Lipari, où sont présents différents lycées.
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+ Le flux touristique vers l'île, qui constitue actuellement la principale ressource économique de l'île de Stromboli, fut jusqu'à la fin des années 1970, surtout représenté par des personnes à la recherche d'un environnement particulier, encore naturel et intègre et privé des commodités (il n'y avait au début, ni eau, ni électricité). Dans les décennies successives, le manque de commodités s'est réduit et le tourisme a beaucoup augmenté, même s'il est globalement resté limité à la saison estivale. En effet, au cours de l'été, l'île est particulièrement indiquée à ceux qui cherchent le calme et les petites plages tranquilles, loin du trouble des grands centres touristiques bondés, comme les Giardini-Naxos dans la baie de Messine. Tandis que Panarea attire les amateurs de discothèques, les visiteurs de l'île de Stromboli cherchent la tranquillité et c'est pour cette raison que les autorités locales interdisent la diffusion de musique dans les lieux publics à partir de 2 h du matin.
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+ En outre, des excursions avec guides expérimentés sont organisées quotidiennement vers le volcan. Le sommet est accessible aux randonneurs : l'excursion dure environ trois heures. Il est interdit de passer la nuit au sommet, sous peine de forte amende. Après une interdiction au public d'accéder au sommet pendant quelques mois, les excursions ont à nouveau été autorisées par la sécurité civile. Le stationnement sur le sommet est toutefois limité à 40 minutes pour des groupes restreints. De l'aveu même des guides de Stromboli, la réglementation des excursions est devenue trop rigide. En effet, celle-ci limite le nombre de touristes pour chaque groupe. La prudence des autorités se justifie par l'impossibilité de prévoir les plus fortes explosions. Des traces de bombes volcaniques récentes existent sur le parcours. Par conséquent, le chemin traditionnel de montée (au-dessus de la plate-forme) a été fermé, car trop exposé à ce risque naturel.
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+ Le plaisancier ne trouvera à Stromboli aucun amarrage convenable et les fonds en pente abrupte (50 m à quelques dizaines de mètres du rivage) interdisent tout mouillage sérieux. La seule solution consiste à s'amarrer à l'un des corps morts situés au sud-ouest de l'île. Ces corps morts appartiennent à des pêcheurs locaux qui, ayant tiré leurs barques à terre à la venue de l'été pour profiter de la manne touristique, peuvent les louer à la journée.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). Sa définition se révèle difficile et varie selon les époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à quoi s'ajoute l'approche propre à la personnalité de chaque poète.
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+ Poésie s'écrivait jusqu'en 1878 poësie (le tréma marquait une disjonction entre les voyelles o et e). Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις (poiesis), le verbe ποιεῖν (poiein) signifiant « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d'où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. Le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d'analogie, recherchées pour leur force suggestive.
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+ La poésie s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques, les civilisations et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle, le poète « lyrique » qui cultive le « chant de l'âme », le poète prophète, découvreur du monde et « voyant », ou le poète engagé, sans cependant réduire un créateur à une étiquette simplificatrice[1].
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+ Dans la mesure où il ne reste pas de traces d'une probable poésie orale préhistorique, il est nécessaire de faire débuter l'histoire de la poésie dans les différentes civilisations de l'Antiquité (grecque, égyptienne, indienne...). On notera toutefois que maintes traditions orales, par exemple celle des griots africains, relèvent de la poésie.
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+ Première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh, (IIIe millénaire av. J.‑C.) en Mésopotamie, les Vedas, le Rāmāyana ou le Mahabharata indien, la Poésie dans l'Égypte antique, la Bible des Hébreux ou l'Iliade et l'Odyssée des Grecs, l'Énéide des Latins.
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+ Dans l’Antiquité grecque toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique[2]. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose, chargée de l’expression commune que l’on qualifiera de prosaïque.
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+ Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.
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+ La poésie fut marquée par l’oralité et la musicalité dès ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l’utilisation des vers, et d’effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. Cette facture propre au texte poétique fait que celui-ci est d’abord destiné à être entendu plutôt qu’abordé par la lecture silencieuse.
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+ Placées sous l’égide d’Orphée et d’Apollon musagète, dieu de la beauté et des arts[3], et associées à la muse Érato, musique et poésie sont également étroitement liées par la recherche de l’harmonie et de la beauté, par le Charme, au sens fort de chant magique. Depuis l'essai La Naissance de la tragédie de Nietzsche, on considère que la création poétique hésitera cependant constamment entre l’ordre et l’apaisement apolliniens (qu’explicite Euripide dans Alceste : « Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise ») et la « fureur dionysiaque »[4] qui renvoie au dieu des extases, des mystères, des dérèglements et des rythmes des forces naturelles que l’on découvre par exemple dans le dithyrambe de l’Antiquité grecque[5].
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+ En linguistique, la poésie est décrite comme un énoncé centré sur la forme du message, donc où la fonction poétique est prédominante[6]. Dans la prose au sens général, l’important est le « signifié », elle a un but « extérieur » (la transmission d’informations) et se définit comme une marche en avant que peut symboliser une flèche et que révèle la racine latine du mot qui signifie « avancer ». En revanche, pour la poésie, l’importance est orientée vers la « forme », vers le signifiant, dans une démarche « réflexive », symbolisée par le « vers » qui montre une progression dans la reprise avec le principe du retour en arrière (le vers se « renverse ») que l’on peut représenter par une spirale.
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+ La poésie ne se définit donc pas par des thèmes particuliers mais par le soin majeur apporté au signifiant pour qu’il démultiplie le signifié : l’enrichissement du matériau linguistique prend en effet en compte autant le travail sur les aspects formels que le poids des mots, allant bien au-delà du sens courant du terme « poésie » qui renvoie simplement à la beauté harmonieuse associée à une certaine sentimentalité. L’expression poétique offre cependant au cours de l’Histoire des orientations variées selon la dominante retenue par le poète.
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+ Traditionnellement, la poésie revêt la forme d'un texte versifié obéissant à des règles particulières en termes de métrique, de scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans une forme fixe. Cependant, la poésie moderne s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer totalement.
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+ La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers[7] (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique (d’où leur dénominations) comme l’emploi des images et la recherche de sonorités ou de rythmes particuliers. Ces vers sont souvent regroupés en strophes et parfois organisés dans des poèmes à forme fixe comme le sonnet ou la ballade.
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+ La poésie métrée utilise des vers définis par le nombre de leurs syllabes comme l’alexandrin français, alors que la poésie scandée joue sur la longueur des pieds (et sur leur nombre) comme dans l’hexamètre dactylique grec et latin, ou sur la place des accents comme dans le pentamètre iambique anglais. Le haïku (ou haïkou) japonais, qui a acquis une diffusion internationale, fait traditionnellement appel à trois vers de cinq, sept et cinq syllabes.
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+ Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du XIXe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au XXe siècle.
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+ Des essais graphiques plus marginaux ont été tentés par exemple par Mallarmé (Un coup de dés jamais n'abolira le hasard), Apollinaire (Calligrammes) ou Pierre Reverdy, en cherchant à parler à l’œil et plus seulement à l’oreille, tirant ainsi le poème du côté du tableau.
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+ L'on ne saurait définir uniquement la poésie par l'utilisation de vers : la forme versifiée a été employée dans des ouvrages que l'on peut considérer comme des romans (tels ceux de Chrétien de Troyes), tandis qu'il existe, en revanche, une poésie en prose. Dès le XVIIIe siècle, apparurent des traductions en français de poèmes étrangers (et de « fausses traductions ») qui utilisèrent la prose plutôt que le vers[8]. Certains commentateurs parlaient de « poèmes en prose » pour désigner des romans tels que les Aventures de Télémaque de Fénelon ou La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette[9]. La naissance du genre du poème en prose en tant que tel est généralement associée à la publication par Aloysius Bertrand de Gaspard de la Nuit ; en effet, ce poète était, selon Yves Vadé, conscient de créer une forme nouvelle[10], même s'il n'utilisait pas le terme de « poèmes » ; c'est ensuite Charles Baudelaire, avec les Petits Poèmes en prose, qui « imposa le poème en prose comme une forme poétique reconnue »[11].
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+ Si la poésie présente souvent une forte densité stylistique, donc un travail particulier sur la langue, tant s'en faut qu'il revête toujours la même forme. On notera ainsi que les règles traditionnelles de versification peuvent varier d'une langue à l'autre, et qu'il est également possible de s'en affranchir. Aussi les éléments qui suivent (métrique, rime, échos phoniques, recherche lexicale, figures de style...) sont-ils des ressources disponibles pour le poète, plutôt que des éléments définitoires de la poésie, d'autant plus qu'ils peuvent également apparaître dans des textes non-poétiques.
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+ L’origine orale et chantée de la po��sie qu’évoquent la lyre d’Orphée ou la flûte d’Apollon marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs / vers impairs, « e muet »…) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes plates, croisées ou embrassées) et de richesse (rimes pauvres, suffisantes ou riches). Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : « Pour qui sont ces serpents… », Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).
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+ Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité : on parle parfois de « poésie-télégramme » où chaque mot « coûte » comme dans le sonnet et ses 14 vers ou dans la brièveté extrême du haïku japonais de trois vers, voire du monostiche d'un seul vers. Si le poète peut ainsi rechercher l'intensité de la concision, il peut aussi s'exprimer dans des poèmes longs.
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+ L’enrichissement passe aussi par la recherche (ou, au contraire, par l'évitement) de sens rares et de néologismes (par exemple « incanter » dans Les Sapins d’Apollinaire, qui, « graves magiciens //Incantent le ciel quand il tonne », ou « aube » associé aux Soleils couchants par Verlaine), par les connotations comme l’Inspiration derrière la figure féminine dans les Pas de Paul Valéry (« Personne pure, ombre divine, / Qu’ils sont doux, tes pas retenus ! ») ou par des réseaux lexicaux tissés dans le poème comme la religiosité dans Harmonie du soir de Baudelaire. Le poète dispose d’autres ressources encore comme la place dans le vers ou dans le poème (« trou de verdure » dans le premier vers du Dormeur du val de Rimbaud auquel répondent les « deux trous rouges au côté droit » du derniers vers) ou les correspondances avec le rythme et les sonorités (« L’attelage suait, soufflait, était rendu… », La Fontaine, Le Coche et la Mouche).
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+ Le poète joue également de la mise en valeur des mots par les figures de style comme les figures d’insistance comme l’accumulation, le parallélisme ou l’anaphore (exemple : « Puisque le juste est dans l’abîme, /Puisqu’on donne le sceptre au crime, / Puisque tous les droits sont trahis, / Puisque les plus fiers restent mornes, /Puisqu’on affiche au coin des bornes / Le déshonneur de mon pays… », Victor Hugo, les Châtiments, II, 5), les figures d’opposition comme le chiasme ou l’oxymore (« le soleil noir de la Mélancolie » Gérard de Nerval), les ruptures de construction comme l’ellipse ou l’anacoluthe (« Exilé sur le sol au milieu des huées, /Ses ailes de géant l’empêchent de marcher », Baudelaire l’Albatros) et bien sûr les figures de substitution comme la comparaison et la métaphore, (de Ronsard et Du Bellay à Jacques Prévert ou Eugène Guillevic en passant par Victor Hugo, Apollinaire, les surréalistes et bien d’autres). L’emploi de l’image est d’ailleurs repéré comme une des marques de l’expression poétique ; un seul exemple emblématique de métaphore filée en rendra compte : « (Ruth se demandait…) Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été / Avait, en s’en allant, négligemment jeté / Cette faucille d’or dans le champ des étoiles » (Victor Hugo, Booz endormi).
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+ La définition de genres poétiques a toujours été discutée en débattant de critères formels et/ou de critères de contenu (d’objet) et, par ailleurs, la poésie moderne en faisant éclater les genres traditionnels (poésie lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive…) et en devenant une expression totalisante et libre rend encore plus difficile la catégorisation[12].
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+ Cependant, sans s’enfermer trop dans la terminologie formaliste, on peut observer des « dominantes » clés dans l’expression poétique, Roman Jakobson définissant la dominante comme « l’élément focal d’une œuvre d’art » qui gouverne, détermine et transforme les autres éléments (voir Antoine Compagnon[13]). L’opposition la plus simple se fait entre une orientation vers la forme (orientation « esthétique ») et une orientation vers le contenu (orientation « sémantique »), évidemment sans exclusion de l’autre puisque d’une part il y a sens dès qu’il y a mots et que, d’autre part, il y a expressivité formelle sans cela il n’y aurait pas écriture poétique. Cette dernière orientation multiple et complexe est parfois dite aussi « ontologique » (comme par Olivier Salzar[14]), parce que renvoyant « au sens de l’être considéré simultanément en tant qu’être général, abstrait, essentiel et en tant qu’être singulier, concret, existentiel » (TLF). Son champ très vaste peut à son tour être subdivisé en trois dominantes (définies par le modèle du signe présenté par Karl Bühler : « Le signe fonctionne en tant que tel par ses relations avec l’émetteur, le récepteur et le référent »[15]. Ces trois dominantes, là encore non exclusives, sont la dominante « expressive » ou « émotive » ou lyrique au sens étroit, tournée vers le moi du poète, la dominante « conative », orientée vers le destinataire que le poète veut atteindre en touchant sa conscience et sa sensibilité comme dans la poésie morale et engagée, et la fonction « référentielle », tournée vers un « objet » extérieur, vers le chant du monde dans des perceptions sensibles, affectives ou culturelles comme dans la célébration ou la poésie épique où le poète rend sensible la démesure des mythes.
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+ Mais ce découpage n’est qu’un éclairage : la poésie, plus que tout autre genre littéraire, pâtit de ces approches des « doctes » alors qu’elle est d’abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. En témoigne par exemple une œuvre inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont.
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+ Plusieurs courants poétiques, au demeurant fort différents entre eux, et relevant de contextes historiques distincts, insistent sur le travail esthétique et la perfection formelle.
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+ Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux XVIe et XVIIe siècles (compte du « e muet », diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci », dira François de Malherbe), avant de réapparaître au XIXe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que « l'art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté », comme le dira au siècle suivant André Gide, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José-Maria de Heredia. Cette conception esthétique[16] ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire, etc.) que systématiseront au milieu du XXe siècle les jeux de l'Oulipo et de Raymond Queneau (Cent mille milliards de poèmes), Jacques Roubaud ou Georges Perec. On peut également, au-delà du paradoxe apparent, rattacher à ce courant poétique qui met l’accent sur la « forme », les démarches d'Henri Michaux dont Le Grand Combat (Qui je fus ?, 1927) est écrit dans une langue inventée faite de suggestion sonore, ou encore les expérimentations « lettristes » d’Isidore Isou.
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+ Les impasses de cette poésie coupée de l'âme et parfois très rhétorique seront régulièrement combattues au nom de la souplesse et de la force de la suggestion, par exemple par Paul Verlaine et les poètes symbolistes ou décadentistes de la fin du XIXe siècle, qui revendiqueront une approche moins corsetée de la poésie. Cette conception d’un art libéré des contraintes l’emportera largement au XXe siècle où la poésie deviendra une expression totalisante, au-delà des questions de forme.
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+ Des formes contraintes comme le haïku, bref poème japonais, relèvent de cette préoccupation formelle tout en lui associant une expression lyrique.
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+ Si le mot « poétique » a dans son acception quotidienne le sens d’harmonieux et de sentimental, c’est à l’importance de la poésie lyrique qu’il le doit. Celle-ci, orientée vers le « moi » du poète[17], doit son nom à la lyre qui a appartenu à Orphée et Apollon et qui, dans l’Antiquité, accompagnait les chants qu’on ne distinguait pas alors de la poésie mais ne doit pas se limiter à la petite musique personnelle du poète chantant un des thèmes traditionnels et a priori poétiques comme l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse existentielle, la nature ou la rêverie. En effet la poésie a su faire entrer la modernité dans le champ poétique y compris dans ses aspects les plus surprenants ou les plus prosaïques (« Une charogne » chez Baudelaire, la ville industrielle chez Verhaeren et le quotidien trivial chez Verlaine dans ces vers de Cythère, dans Les fêtes galantes, « l’Amour comblant tout, hormis / La faim, sorbets et confitures / Nous préservent des courbatures »…). En fait, la variété des voix est extrême, avec cependant des courants dominants selon les époques, comme le romantisme et le symbolisme au XIXe siècle ou le surréalisme au XXe siècle[18].
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+ Les formes évoluent elles aussi passant par exemple du long poème romantique (À Villequier de Victor Hugo ou les Nuits d’Alfred de Musset) au sonnet régulier de Baudelaire puis aux formes libres des symbolistes et à l’expression jaillissante de l’inconscient avec les Surréalistes avant la spontanéité de l’expression orale de Jacques Prévert dans Paroles par exemple.
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+ La poésie lyrique est pour le poète le canal d’expression privilégiée de sa sensibilité et de sa subjectivité que symbolise le Pélican (Nuit de mai) d’Alfred de Musset. Mais cette poésie va au-delà de la confidence pour exprimer l’humaine condition et Hugo proclame dans la Préface des Contemplations : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ! ». Ce « chant de l’âme », domaine privilégié du « je », auquel adhère cependant le destinataire, s’oppose donc à la poésie descriptive et objective voire rhétorique des Parnassiens ou à la poésie narrative des romans du Moyen Âge et au genre épique qui traite de thèmes héroïques et mythiques avec rythme et couleur ou encore à la poésie d’idées (Lucrèce, Ovide, Voltaire) pour laquelle la forme poétique n’est pas le souci premier.
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+ L’art de la poésie est aussi traditionnellement associé au « don de poésie », c’est-à-dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, à qui revient le rôle de décodeur de l’invisible[19]. C’est la conception de l’Antiquité représentée par Platon qui fait dire à Socrate (dans Ion) à propos des poètes : « Ils parlent en effet, non en vertu d’un art, mais d’une puissance divine ». Au XVIe siècle, la Pléiade reprendra cette perspective et Ronsard écrira ces vers dans son Hymne de l'Automne : « M’inspirant dedans l’âme un don de poësie, / Que Dieu n’a concédé qu’à l’esprit agité/ Des poignants aiguillons de sa Divinité./ Quand l’homme en est touché, il devient un prophète ») et c’est dans cette lignée que s’inscriront les poètes romantiques et après eux Baudelaire et les poètes symbolistes. Cette fonction particulière du poète trouvera un partisan exemplaire avec Arthur Rimbaud qui dans sa fameuse lettre à Paul Demeny demande au Poète de se faire « voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » et d’être « vraiment voleur de feu », et de trouver « du nouveau, - idées et formes », en évoquant ailleurs « l’alchimie du verbe » qui doit être l’instrument du poète-découvreur.
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+ Après la Première Guerre mondiale et après Apollinaire, défenseur lui aussi de « L’esprit nouveau », les surréalistes, héritiers de cet enthousiasme rimbaldien, confieront à l’image poétique le soin de dépasser le réel et d’ouvrir des « champs magnétiques » novateurs mettant au jour l’inconscient, ce que formulera Louis Aragon dans Le Paysan de Paris en parlant de « l’emploi déréglé et passionnel du stupéfiant image ».
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+ Dans les années 1950-1970, revenant sur cette systématisation de l’image, les poètes s’orienteront davantage vers une poésie-célébration, un chant du monde orphique ou vers une poésie lyrique, chant de l’âme qui fait entendre la voix personnelle des poètes comme celle de Jules Supervielle, René Char ou Yves Bonnefoy.
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+ Pour Saint-John Perse, la poésie est « initiatrice en toute science et devancière en toute métaphysique »[20].
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+ Cependant[21], certains Romantiques et particulièrement Victor Hugo feront entrer le poète dans la Cité en lui attribuant un rôle de guide pour le peuple. De prophète, il devient Messie comme l’expose le célèbre « Fonction du poète » (Les Rayons et les Ombres, 1840) où Victor Hugo définit le poète comme « le rêveur sacré », élu de Dieu « qui parle à son âme », devenu porteur de lumière et visionnaire, « des temps futurs perçant les ombres ». La poésie engagée des Châtiments, à la fois épique et satirique, sera l’étape suivante pour Victor Hugo qui se posera comme l’Opposant à « Napoléon le petit ». Jehan Rictus témoigne avec sa poésie singulière de la vie des pauvres à la fin du XIXe siècle, contrastant avec le naturalisme distancié de Zola.
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+ Les engagements religieux (de Charles Péguy par exemple) ou idéologiques retrouveront au XXe siècle comme un lointain héritage de Ronsard (Discours) ou d’Agrippa d'Aubigné avec Louis Aragon, chantre du communisme (Hourra l’Oural, 1934), Paul Claudel, pétainiste en 1941 (Paroles au Maréchal) ou Paul Éluard (Ode à Staline, 1950) ou encore Jacques Prévert et ses positions anarchisantes dans Paroles (1946-1949).
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+ Les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor notamment, représentent quant à eux une branche particulière de la poésie francophone du XXe siècle, dont l’engagement et les idées véhiculées, très forts, sont encore assez confidentiels en France. Édouard Glissant, poète du « Tout-Monde » et de la « Philosophie de la relation » en sera le digne fils spirituel au XXIe siècle. Aimé Césaire est le chantre des Antilles, ayant la volonté de « plonger dans la vérité de l’être »[22], hanté par la question du déracinement des descendants d’esclaves (Cahier d'un retour au pays natal). Léopold Sédar Senghor a créé une poésie à vocation universelle ayant l’espérance comme leitmotiv, l’utilisation de la langue française et les références positives à la culture françaises mêlent aux sujets historiques africains qu’il vivifie (Chaka). Il faut ajouter qu'avec et à la suite de ces deux grands poètes négro-africains, d'autres poètes noirs comme Léon-Gontran Damas, membre du mouvement de la Négritude, David Diop, Jacques Rabemananjara ont mis leur poésie au service de la libération de l'homme noir en général et de l'indépendance du continent africain en particulier. Dans l'après-guerre, René Depestre, poète engagé venu d'Haïti, est une voix qui parle de l'homme noir, mais aussi de l'homme universel. Sans oublier Tchicaya U Tam'si & Léopold Congo-Mbemba qui portent très haut l'exigence de la parole souveraine.
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+ Avec L'Honneur des poètes[23], certains poètes participent à la Résistance en publiant clandestinement des œuvres importantes. C’est le cas de Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa, 1942 ; La Diane Française, 1944), de Paul Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au rendez-vous allemand, 1944), de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1946) ou de René Guy Cadou (Pleine Poitrine, 1946). Les poètes ne seront d’ailleurs pas épargnés par l’extermination nazie : Robert Desnos mourra au camp de concentration de Theresienstadt et Max Jacob dans le camp de Drancy.
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+ Une autre forme d'engagement se fait jour au XXe siècle, une poésie contestataire, tant sur le plan politique que linguistique. Cet élan, synthétisé sous le nom d’avant-garde, est né avec les Futuristes italiens et russes et le mouvement Dada. Il s'est fondé sur la dénonciation de la liaison entre le pouvoir politique et le langage et s'est développé sous des formes diverses jusqu'à nos jours. Les avant-gardes ont fait évoluer la poésie vers un abandon progressif du vers rimé et mesuré et de la composition en strophes. Cela a commencé avec le « vers libre standard du surréalisme » (Jacques Roubaud) et s'est précipité dans les années 1960 avec une démolition complète, par exemple chez Denis Roche[24].
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+ De ce fait, la situation est plus complexe au XXIe siècle puisque le terme de « poésie » a en fait recouvert des aspects très différents, celle-ci s’étant dégagée d’une forme versifiée facilement identifiable et même du « poème ». On a cherché la poésie à la limite dans une « expression poétique » indépendante du travail des poètes. Néanmoins, la spécificité du texte poétique a demeuré à travers sa densité qui tentait d'exploiter à la fois toutes les possibilités offertes par les spécificités linguistiques. Il est d’ailleurs difficile de traduire un poème dans une autre langue, car la question se pose toujours de savoir s'il faut se préoccuper d’abord du sens ou s'il faut chercher à inventer des équivalences sonores et rythmiques.
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+ Le vers qui tend à s'imposer depuis la fin du XXe siècle est ce que Jacques Roubaud nomme le « vers international libre ». « Il n'est ni compté ni rimé et plus généralement ignore les caractéristiques d'une tradition poétique dans une langue donnée ; il « va à la ligne » en évitant les ruptures syntaxiques trop fortes »[25]. Ses exigences formelles sont faibles. Il est de ce fait plus facile de le traduire à l'heure de la mondialisation. La différence entre la poésie et la prose est ténue. La poésie se fait par « petites proses courtes » mais non narratives. L'absence de narration devenant alors le marqueur du genre poésie[24]. On parle également tout simplement de « texte » ou de « document poétique »[24]. On peut en trouver de nombreux exemples dans les innombrables revues de poésie qui continuent à fleurir, malgré une ambiance peu favorable à leur expression.
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+ La poésie, depuis plus de cinquante ans, n'est que très peu présente dans les journaux et la presse nationale. La diffusion en librairie est de plus en plus restreinte. Elle n'est pas présente non plus à la télévision et on ne choisit plus guère de poètes pour représenter la littérature en France. La poésie perd de son audience, car elle a peu d'importance sur le plan économique, puisque ne se publie que ce qui peut se vendre, d'où la responsabilité de certaines grandes maisons d'éditions.
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+ L'essentiel cependant est ailleurs. Si la poésie aujourd'hui est en effet peu et mal diffusée, si les médias la passent à peu près sous silence, elle est effectivement pratiquée par de très nombreux auteurs - comme en témoignent les publications abondantes et diversifiées des petites maisons d'édition - et lue par beaucoup de lecteurs passionnés. Les revues papier et en ligne jouent à cet égard un rôle décisif. Place de la Sorbonne, par exemple, s'efforce de faire découvrir la poésie vivante dans sa richesse et sa grande diversité, tout en proposant des outils et des éclairages pour mieux la lire. Les blogs ou les très nombreuses lectures ou festivals, comme le Printemps des poètes, le Marché de la poésie ou encore la Journée mondiale de la poésie, témoignent également d'une pratique vivante de la poésie.
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+ L'influence que la poésie exerce sur la production littéraire en général est discrète, voire indirecte, mais réelle. On peut tenir en effet la poésie pour le laboratoire principal où s'élaborent les formes les plus novatrices de l'expression et de la représentation, celles qui bousculent ce que Gustave Flaubert appelle « les formes convenues ». Elle travaille incessamment la langue pour que le désir s'y fraie une voix en s'affranchissant de tout ce qui l'aliène. En cela, le poète contemporain s'inscrit bien dans une démarche rimbaldienne : « Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l'humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue » (Arthur Rimbaud, lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871).
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+ Certaines tentatives, s’expriment avec le soutien de la musique. Le slam, de son côté, décline une certaine idée de la poésie. Il est démocratique au sens où il suppose que « tout le monde est virtuellement poète »[26]. Il s'agit néanmoins d'émouvoir l'auditoire par les mots. C'est un art d'improvisation poétique qui retrouverait donc la tradition médiévale perdue de la tenson des troubadours qui était néanmoins un genre de poésie savante. Le slam fait resurgir la rime mais dans un état minimal[27].
94
+
95
+ De manière plus générale la poésie dialogue avec les autres arts donnant notamment lieu à des « happenings » où les poètes dialoguent avec les musiciens et les peintres. Des clubs de poésie organisent ainsi des rencontres d'artistes où c'est l'improvisation qui doit gouverner, chaque artiste doit répondre à l'improvisation de l'autre sur le moment. Ce type de représentations se fonde notamment sur l'idée d'une appartenance universelle de l'Art c'est-à-dire de 'idée de l'inspiration comme don. Ainsi l'œuvre réalisé dans ce type de happening est-elle collective dans un sens large puisque non seulement elle n'appartient pas à un artiste mais également parce qu'elle est autant l’œuvre des spectateurs que des artistes. Ce type de « happenings » est très développé notamment en Inde et, dans une moindre mesure, en France.
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+ Jacques Roubaud distingue enfin une dernière catégorie de poésie qu'il appelle « vroum-vroum » et consiste en des performances qui se donnent le nom de poésie, mais ne font pas nécessairement appel au langage. Le modèle invoqué est l'Ursonate de Kurt Schwitters qui relève en réalité plutôt de la musique. Or selon l'universitaire et performeur canadien Yan St-Onge, « L’événement contemporain de poésie peut se penser en trois grandes catégories : la lecture de poésie ou ce qu’on appelait traditionnellement un récital ; le spectacle de poésie au sens d’une mise en scène théâtrale avec des comédiens ; et la poésie-performance »[28]. De son côté Serge Martin, dans le sillage de la lecture performée ou lecture-performance, place Charles Pennequin en droite ligne de Ghérasim Luca[29].
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+ Dans la poésie, l’essentiel demeure néanmoins la prise de conscience de la créativité et de la beauté de la langue. Pour l’amateur de poésie, « au commencement est le Verbe » et sa puissance créatrice qui nourrit la mémoire et « transforme la nuit en lumière »[30].
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
2
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3
+ Le terme de banque renvoie à deux conceptions. Soit il s'agit d'un secteur d'activité économique, celui traitant les opérations de banque — le secteur bancaire —, qui comprend les fournisseurs et les distributeurs des contrats relatifs à ces opérations. Soit le terme vise l'un des types d'entreprises actifs dans ce secteur, essentiellement des établissements de crédit ou des établissements de paiement, s'agissant des fournisseurs de services, ou des entreprises d'intermédiation bancaire, pour ce qui concerne les distributeurs de ces mêmes services.
4
+
5
+ Le dictionnaire Larousse définit la banque comme un « Établissement financier qui, recevant des fonds du public, les emploie pour effectuer des opérations de crédit et des opérations financières »[1]. Au sens du droit positif français, essentiellement d'origine européenne, une banque est l'une des catégories légales d'établissement de crédit (article L. 511-1 du Code monétaire et financier).
6
+
7
+ Ces établissements de crédit exercent sous la condition de disposer d'une autorisation administrative, telle que l'agrément, en France ; ils pratiquent l'octroi des opérations de banque (article L.311-1 de ce même Code monétaire et financier). L'activité étant subordonnée à cette autorisation conduit parfois à la qualifier de "monopole", terme juridiquement inadéquat. De plus, ces établissements bancaires ne disposent pas davantage du monopole de la distribution bancaire, qui représente la fonction de commercialisation. Ils partagent cette fonction de distribution bancaire avec d'autres acteurs bancaires, les intermédiaires qui ne sont pas des banques.
8
+
9
+ La taille d'un établissement de crédit se mesure soit en fonction de son chiffre d'affaires (ou Produit Net Bancaire, cf infra), soit en fonction de celle de son bilan comptable (total des actifs), soit encore de ses parts de marché ou du nombre de ses employés. En 2014, la plus grande banque au monde, par le total des actifs, est la banque chinoise Industrial & Commercial Bank of China, devant la britannique HSBC[2].
10
+
11
+ Une banque est donc, à la fois, une entreprise qui :
12
+
13
+ Elle est ainsi au cœur du commerce de l'argent et en responsabilité directe dans la gestion des risques financiers présents dans un système économique.
14
+
15
+ Cette activité peut être exercée pour le compte de clients de différentes manières : recevoir et garder des fonds, proposer divers placements (épargne), fournir des moyens de paiement (chèques, cartes bancaires) et de change, prêter de l'argent (crédit), et plus généralement se charger de tous services financiers. Une banque commerciale peut également intervenir pour réaliser des opérations et des interventions sur les marchés financiers pour son compte ou celui de sa clientèle.
16
+
17
+ Les activités de banque de dépôt (ou « banque commerciale ») peuvent se distinguer de celles des banques d'investissement ou d'affaires, encore que beaucoup d'établissements bancaires se livrent conjointement à ces deux types d'activité, ce qui donne régulièrement lieu à débat (voir celui inauguré au début du XXe siècle par la Doctrine Germain).
18
+
19
+ En raison de l'importance des activités bancaires dans l'économie d'un pays, les banques sont soumises à une législation précise encadrant l'exercice et le contrôle de leurs actions. Collecter des dépôts, gérer et distribuer des crédits, délivrer des outils ou des services de paiements « bancaires » (chèques, cartes de paiement, virements, prélèvements, principalement) sont donc des activités réservées à des établissements agréés et soumis à autorisation préalable.
20
+
21
+ Les deux fonctions des banques commerciales, gérer les risques et vendre les produits bancaires, doivent être clairement dissociées. En effet, des entreprises sans agrément, mais immatriculées, peuvent distribuer des produits bancaires, dont les risques restent gérés par les établissements bancaires[3].
22
+
23
+ Les banques commerciales assurent la bonne tenue d'un registre des comptes et la gestion des transferts entre ces comptes. À ce titre elles facilitent les échanges économiques et contribuent à la traçabilité des flux financiers. L'État leur confère souvent la responsabilité d'assurer la traçabilité des opérations financières et ainsi de contribuer à la lutte contre les trafics illicites, le blanchiment d'argent ou plus récemment contre la fraude fiscale (voir en particulier la lutte contre les paradis fiscaux).
24
+
25
+ Dans le système bancaire, les établissements bénéficient d'un pouvoir important étant des agents économiques de la création de la monnaie. Les banques ont en effet la faculté de créer et de gérer des dettes. Toute dette ainsi créée équivaut à une création de monnaie, toute dette éteinte par son remboursement équivaut à une destruction de monnaie. L'impact économique de cette monnaie dite « scripturale » selon les mécanismes décrits par la théorie économique est fort :
26
+
27
+ En sens contraire, les restrictions de liquidité ou de financement qui seraient pratiquées par les établissements bancaires provoquent des restrictions immédiates sur l'économie.
28
+
29
+ La dynamique qui permet aux banques de fournir du crédit aux agents économiques est techniquement permise :
30
+
31
+ Toutes ces décisions constituent une prise de risque qui doit être convenablement appréciée et maîtrisée, même si en contrepartie, elles créent le soutien nécessaire aux activités économiques jugées saines et opportunes.
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+ En sus des billets de banque et des pièces de monnaie, la monnaie scripturale - qui matérialise le résultat de ces décisions - figure dans les comptes des banques et représente maintenant des montants considérables (plus de 90 % de la masse monétaire définie comme la quantité de monnaie en circulation). Ceci explique qu'elle soit encadrée :
34
+
35
+ Au XVIe siècle, la banque est « la table de changeur ou de commerçant, le lieu où se fait le trafic, le commerce de l'argent »[4]. Le mot correspond à une forme féminine de « banc » et dérive de l'italien « banca » introduit en France lors de l'installation des banques italiennes à Lyon.
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+ L'usage de telles « tables » est attesté dans les temps plus anciens.
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+ La Bible rapporte que Jésus, chassant les marchands du Temple, bouscule les « tables des offrandes et des changeurs ».
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+ Dans le monde orthodoxe grec, la « trapeza » désigne la table où, dans les monastères, les pèlerins viennent déposer leurs offrandes. Aujourd'hui, en grec moderne, le terme « trapeza ou Τραπεζα » signifie également « Banque ».
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+ Le cadre bancaire et financier, en France, est donné par le Code monétaire et financier.
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+ Ce recueil normatif ne procure pas de définition juridique de la « Banque ».
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+ En revanche, il propose et connaît six natures juridiques d'établissements :
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+ Les banques appartiennent donc à la catégorie juridique et économique des établissements de crédit, lesquels réalisent des opérations de banque telles que définies par la loi dans le respect des dispositions législatives et réglementaires correspondantes.
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+ En France, l'article L.311-1 du code monétaire et financier donne la définition suivante : « Les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public, les opérations de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement ».
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+
53
+ Dans chaque zone monétaire, l'activité bancaire se trouve être supervisée par une banque -la banque centrale- disposant d'un statut particulier lui assurant une relative indépendance pour assurer des missions spécifiques :
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+ Il existe plusieurs types de « banques » en fonction :
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+
57
+ Comme rappelé en introduction, le terme « banque » peut renvoyer, soit à un type d'établissement, soit à un secteur d'activité. En ce cas, il convient de noter que « la banque » regroupe des entreprises qui peuvent avoir différents statuts juridiques : « les banques » ne sont pas les seules à composer « la banque ».
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+ Les premières techniques de banques sophistiquées de l'histoire bancaire européenne apparaissent dans les villes italiennes de Florence et Gênes à la fin du Moyen Âge.[5] Les premiers échanges de parts standardisées et diversifiées, relevant de l'histoire boursière, ont lieu dans le quartier du Rialto à Venise.
60
+
61
+ Ensuite l'Angleterre joue un rôle moteur dans les deux domaines, lors de Révolution financière britannique des années 1690. Puis le Bank Charter Act de 1833 incite les banques anglaises à se faire coter en Bourse pour pouvoir émettre des billets de banque, à une époque où ceux-ci inspirent encore de la méfiance à une partie de la population en Europe et aux États-Unis. Au cours de la seule année, 59 banques britanniques par actions entrent en Bourse de Londres[6].
62
+
63
+ En France, l'expansion du secteur bancaire démarre véritablement après la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, obligeant la France à emprunter 25 % de son PIB, pour verser de l'or à l'Allemagne en guise d'indemnité de guerre.[7] Ce diktat allemand fait doubler la dette publique française, mais crée une classe d'épargnants, avec 4 millions de français porteurs d'obligations du Trésor français en 1880, contre 1,5 million en 1870[8]. Le besoin d'un réseau bancaire se fait sentir, ce qui accélère la création de grandes banques de dépôt (Création du Crédit lyonnais en 1863 à Lyon par François Barthélemy Arlès-Dufour et Henri Germain ou la Société Générale à Paris en 1864) et contribue à l'expansion boursière sous la IIIe République.
64
+
65
+ En Suisse, les banques privées des XVIe et XVIIe siècles ne pouvaient pas profiter du grand business avec l'endettement public comme les établissements financières dans les grandes royaumes d'Europe, car les pouvoirs décentralisés dans le pays alpin manifestait à ce temps-là déjà beaucoup de discipline fiscale. Elles focalisaient donc leur activités dans le commerce et les investissements à l'étranger. Après 1850, l'industrialisation et le développement du réseau ferroviaire créaient en Suisse un grand besoin pour des moyens d'investissement à domicile. Des banques modernes qui ont été créées à ce temps-là, après beaucoup de fusionnements, se formaient jusqu'à la fin du XXe siècle, les deux grandes banques UBS et Crédit suisse. Le troisième groupe important des banques en Suisse sont les caisses cantonales et communales dont les premières ont été créées au XIVe siècle[9].
66
+
67
+ Les tendances contemporaines observées dans l'activité bancaire sont :
68
+
69
+ Cette évolution de la distribution des produits et des services bancaires est notable, en France, avec l'introduction d'un nouveau cadre réglementaire en 2013 (articles L. 519-1 à L. 519-6 et R. 519-1 à R. 519-31 du code monétaire et financier).
70
+
71
+ L'impact de cette évolution de la vente bancaire est fort ; celui-ci touche tous les clients des banques. Autrefois marquée par la spécialisation des banques (ventes réservées aux seuls établissements de crédit et établissements spécialisés dans tel ou tel produits ou clientèles), la commercialisation des opérations bancaires est devenue généraliste et mixte. Aux côtés des réseaux « classiques » d'agences distributrices, se sont installés durablement de nouveaux canaux de vente et de nouveaux types de vendeurs. Par exemple, les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement ou IOBSP comme le sont les courtiers en crédit qui pratiquent le courtage en prêt immobilier. Des normes juridiques sont applicables à ce volet très actuel des évolutions bancaires, visant à mieux assurer l'osmose entre les consommateurs et les circuits bancaires. En particulier, ces nouveaux distributeurs bancaires sont soumis à des règles d'accès à la profession.
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+
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+ Il est assez probable que cette évolution forte transformera le nombre et les fonctions des agences bancaires, avec l'apparition, à proche avenir, de réseaux de vente de produits bancaires indépendants des banques.
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+
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+ Ces activités se concentrent autour des opérations de banque. Celles-ci sont donc au nombre de trois : crédit, dépôts reçus du public et paiements.
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+ Des prestations connexes, complémentaires, peuvent être proposées par les établissements bancaires. Les investissements financiers et instruments de placement relèvent, quant à eux, de l'activité financière.
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+ La fourniture de crédit s'analyse en fonction de la nature du crédit consenti (professionnel, immobilier, à la consommation, regroupement de crédits), ainsi que de la nature de l'emprunteur (entreprise, consommateur, État ou entités publiques).
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+
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+ L'établissement bancaire :
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+ Le premier service spécifique des banques aux entreprises est la gestion des traites (LCR, Billet à ordre). L'escompte des traites est une des activités historiques des banques. Elle reste importante en France où la traite a la vie tenace, moins dans d'autres pays. L'escompte des traites est un crédit relativement court.
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+
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+ Le crédit documentaire est également un crédit sur document qui porte généralement sur des transactions commerciales avec l'étranger.
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+ Le découvert bancaire est devenu progressivement le principal mode de prêt à court terme. Il est généralement accordé en contrepartie de l'obtention de garanties et de cautions sur le patrimoine de l'entreprise ou de ses dirigeants.
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+
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+ Avec la dé-spécialisation, les banques peuvent pratiquer généralement toutes les formes de crédit à plus ou moins long terme, avec des règles prudentielles et des techniques différentes selon les secteurs économiques. Leasing, financement du fonds de roulement, des stocks, des achats d'équipements, des opérations immobilières, l'ensemble des compartiments de l'actif d'une entreprise peut bénéficier du support des banques.
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+
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+ Les entreprises étant aujourd'hui capables de se financer directement sur différents marchés, le secteur bancaire a réagi en diminuant son rôle de prêteur et en augmentant celui de prestataire de service, sa rémunération dépendant désormais plus de commissions et moins de l'activité de crédit proprement dite[réf. nécessaire].
92
+
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+ Les banques cherchent à se placer à toutes les phases de vie d'une entreprise : naissance, expansion, introduction en bourse, fusions, acquisitions, restructuration, sortie de cote, cession.
94
+
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+ Elles peuvent également agir sur le crédit à la clientèle des entreprises qu'elles servent. C'est le cas des secteurs immobiliers (on prête simultanément aux promoteurs, aux entreprises et aux acheteurs), de l'aviation (on finance la construction et les achats par les grands clients), l'automobile (on finance les stocks et en même temps l'achat des flottes par les entreprises et le crédit automobile des particuliers via des filiales spécialisées).
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+
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+ L'une des contestations les plus fréquentes de ces activités provient des PME-PMI qui contrairement aux grands groupes ont en général beaucoup de mal à se faire financer notamment en phase de récession ou de mauvais climat des affaires. Les autorisations de découvert sont systématiquement retirées provoquant de graves difficultés de trésorerie exogènes et indépendantes de la santé des entreprises en question. Le financement participatif envisage une réponse à cette critique.
98
+
99
+ La consanguinité entre gestion de fortune et production de fonds de placement a été souvent dénoncé comme source de conflits d'intérêt, la banque pouvant utiliser les mandats de gestion de la gestion de fortune pour faire vivre ses propres produits de placement dans lesquels pouvaient être placé des produits plus ou moins toxiques.
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+
101
+ L'introduction massive des CDO dans les OPCVM de trésorerie dits dynamiques a rappelé les dangers de l'asymétrie dans la connaissance des risques entre gestionnaires et particuliers. La banque recevait d'un côté des commissions extrêmement importantes et de l'autre introduisait du risque non perçu par la clientèle.
102
+
103
+ De même l'introduction d'escroqueries comme les différents « fonds Madoff » dans les comptes en mandat de gestion en contrepartie de très fortes commissions fait l'objet de sévères critiques, notamment pour les clients de la banque suisse UBS. On s'attend généralement à une certaine prudence et à des vérifications de la réalité des titres intégrés dans les portefeuilles. L'expérience a montré que cette espérance pouvait ne pas être exactement fondée, l'attrait des commissions l'emportant sur l'intérêt des clients.
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+
105
+ La banque peut également prendre des rémunérations pour placer des titres lors par exemple d'une introduction en bourse et toucher des commissions de mandats sur les portefeuilles qu'elle nourrit de ces titres non pas pour le meilleur soin du client mais pour le sien propre. Le cas le plus caricatural est celui de l'action Wanadoo introduite à très haut cours par certaines grandes banques françaises puis retirée à moitié prix quelque temps plus tard. Les portefeuilles sous mandat ont été gorgés de ces titres et ont perdu 50 % de leur valeur sans que les épargnants puissent réagir. La banque elle a gagné deux fois sur une opération perdante pour ses clients.
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+
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+ La situation d'un groupe financier commercialisant, auprès de ses clients, des titres de sociétés appartenant à ce même groupe, est également pointé comme une source de conflit d'intérêts.
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+
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+ Ces excès expliquent que des voix s'élèvent pour interdire les doubles rémunérations par les gestionnaires de fortune. Même si la réalité de ces opérations est partiellement masquée par le fait que ce sont des parties différents de la banque voire des filiales différentes qui assurent ces doubles rémunérations.
110
+
111
+ Un autre aspect de cette problématique tient aux activités de gestion pour compte propre de la banque qui peut spéculer et acquérir des titres dangereux qu'il est facile de refiler aux comptes en gestion de fortune, voire aux clients en général. Il a été noté aux États-Unis qu'une bonne part des produits titrisés à haut risque et hautes commissions ont d'abord été monté dans le cadre de la gestion pour compte propre avant d'être vendu avec commission aux épargnants. Des procès sont en cours en Suisse contre l'UBS pour des opérations du même genre (création d'ABS puis cession aux petits épargnants).
112
+
113
+ En matière de crédits aux particuliers, à la consommation ou immobiliers, un cadre juridique commun de distribution s'est mis en place, en 2008 et en 2016 (ordonnance 2016-351 du 25 mars 2016). Ce cadre impose des obligations partagées et communes à tous les distributeurs de crédits aux particuliers. La France a décidé d'étaler sa mise en œuvre, entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019.
114
+
115
+ Depuis que la Banque centrale ne peut plus directement financer le Trésor Public par la création de monnaie, une norme qui s'est progressivement généralisée et qui est appliquée notamment par la BCE en application l'article 123 du TFUE[11] (ex article 104 du Traité de Maastricht[12]), ce sont les banques commerciales et le marché monétaire qui financent les déficits publics. Des pays qui comme la France sont en situation de déficits constants pratiquement depuis la crise de 1974 ont vu leur endettement s'envoler et représenter une part croissante du produit net bancaire. En France, le crédit aux collectivités locales s'est également considérablement accru en proportion de l'extension considérable de leurs budgets depuis la décentralisation.
116
+
117
+ Ici encore, de nombreuses voix s'élèvent contre une activité de prêt pratiquement captive qui voit la banque bénéficier pour son compte propre de la rente de création de monnaie au détriment de l'État, alors que le seigneuriage sur un financement en billets serait acquis à l'État. En effet, les prêts des banques à l'État peuvent, dans certains cas, augmenter le déficit public. Ainsi, les impôts augmentent au profit des actionnaires des institutions bancaires.
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+
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+ Les sûretés constituent des actes de crédit.
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+
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+ Par exemple :
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+ Les établissements bancaires fournissent aux déposants une série de services :
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+ L'établissement bancaire établit des chèques de banque pour certaines transactions sécurisées.
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+ Outre les trois opérations de banque, les établissements bancaires commercialisent d'autres services ou produits.
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+ Les contrats d'assurance sont distribués par des établissements bancaires, de même que les entreprises d'assurance proposent des opérations de banque.
130
+
131
+ Ces services d'investissement, ou services financiers, sont souvent proposées par les établissements bancaires. Ils portent sur les instruments financiers, eux-mêmes composés de titres financiers (titres de capital, titres de créances, parts d'OPCVM) et de contrats financiers, qui sont des contrats à terme (en France, articles L. 321-1 et L. 211-1 du code monétaire et financier).
132
+
133
+ Les opérations sur le passif, parfois désignée comme opérations « de haut de bilan », qui étaient le privilège des banques d'affaires sont désormais mises en œuvre par toutes les banques.
134
+
135
+ Il peut s'agir d'introduction en bourse, de LBO, d'émission d'obligation, de cession ou d'achat d'autres entreprises, de prise de participation, de restructuration de l'endettement, de crédit relais, de titrisation de la dette de la clientèle, à titre d'exemples.
136
+
137
+ La typologie des banques, forte lorsque la loi en imposait les contours, s'est beaucoup relâchée à partir des années 1980, au profit d'une banque-assurance universelle prenant la forme de géants de la finance, gérés comme des industries. Ce qu'on appelle aujourd'hui « banque » est en général un conglomérat financier qui gère toutes les activités financières, et non les seules activités bancaires au sens légal du terme. Le schéma représente le possible découpage en différentes entités fonctionnelles des banques.
138
+
139
+ Il ne précise pas les statuts juridiques requis par ces activités, qui font l'objet d'une autre typologie.
140
+
141
+ L’ensemble des banques, chapeauté par la banque centrale, forme le secteur bancaire d’une zone monétaire. On distingue ainsi différents types de banques selon leur rôle.
142
+
143
+ Une banque centrale a pour rôle de réglementer et superviser les opérations des différentes banques, de veiller à leur solvabilité à l'égard des déposants, de superviser la production de monnaie par ces banques, et d’en réguler l’usage par le biais du taux directeur. La théorie économique y voit un moyen de réguler la croissance, via l’incitation à l’épargne ou à la consommation, et d’agir sur l’inflation.
144
+
145
+ Les banques de dépôt (en anglais : commercial banks) travaillent essentiellement avec leurs clients, particuliers, professionnels et entreprises, reçoivent des dépôts, accordent des prêts et sont traditionnellement séparées entre la banque de détail (en anglais, retail banking) destinée aux particuliers, aux petites et moyennes entreprises, et la banque d'affaires (en anglais, wholesale banking) destinées aux moyennes et grandes entreprises. La banque d'investissement (en anglais, investment banking) est active sur les marchés financiers, se chargeant des opérations financières comme les émissions d'emprunts obligataires, les souscriptions d'actions, les introductions en bourse, les fusions-acquisitions, etc.
146
+
147
+ De plus en plus, les banques de détail et d’investissement sont de simples filiales de groupes diversifiés qui intègrent parfois l'assurance, la gestion de fonds de placement ou d’autres activités financières. Fréquemment, ceux-ci rattachent à la filiale banque d’investissement les activités de banque d'affaires.
148
+
149
+ Aux États-Unis, le Banking Act de 1933, plus connu sous le nom de Glass-Steagall Act, a imposé une stricte séparation entre les activités de banque de détail, qui reçoit les dépôts et qui effectue des prêts et de banque d'investissement, qui réalise des opérations sur titres et valeurs mobilières. Adoptée à l’apogée de la crise de 1929, cette loi visait à interdire la répétition de ce qui, à l’époque, était perçu dans l’opinion comme l’une des causes de la bulle boursière et la spéculation sur les actions par les banques de détail. Battu en brèche depuis la déréglementation des marchés financiers américains le 1er mai 1975, le Glass-Steagall Act est tombé progressivement[réf. nécessaire] en désuétude et a fini par disparaître à l’automne 1999 (Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999) pour permettre la constitution aux États-Unis de grandes banques universelles, comme Citigroup.
150
+
151
+ Il existe des banques spécialisées dans un segment d’activité spécifique, souvent issues d’une ancienne réglementation ou, en France, de la distribution dans le passé de certains prêts bonifiés :
152
+
153
+ Les établissements bancaires se distinguent également en fonction de la manière dont leurs forme juridique et leur capital, et conséquemment leur gouvernance, sont organisés.
154
+
155
+ Dans chaque pays, il existe un ou plusieurs organismes professionnels qui représentent les banques, parfois selon leur type. Ce sont des syndicats professionnels de défense d'entreprises bancaires.
156
+
157
+ La Fédération bancaire française est l’organisation professionnelle qui représente les banques installées en France : commerciales, coopératives ou mutualistes, françaises ou étrangères.
158
+
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+ L'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (APIC), ou encore l'Association professionnelle des intermédiaires bancaires (AFIB), avec l'Association Professionnelle Financement Participatif France (APFPF), forment d'autres associations professionnelles de nature bancaire.
160
+
161
+ Le secteur bancaire comprend 28 banques canadiennes, 24 filiales de banques étrangères et 24 succursales de banques étrangères offrant des services complets, ainsi que quatre succursales de prêts de banques étrangères exerçant des activités au Canada[13]. De plus, on compte 6205 succursales bancaires actives au Canada. Le système bancaire canadien est considéré comme très solide. Il comprend la banque centrale qui comprend un gouverneur général et plusieurs sous-gouverneur. Il a su bien gérer les différentes crises survenues lors des dernières années. Leurs sources de revenus diversifiés est en partie responsable de leur fiabilité. Les banques canadiennes emploient 279 795 canadiens à temps plein afin de s'occuper de leurs établissements[14] 81 % des Canadiens ont une bonne impression des banques au Canada[14]. En somme, le secteur banquier canadien est l'un des meilleurs au monde et le classement des banques mondial le prouve sans aucun doute, beaucoup de banques canadiennes se trouvaient parmi le top 10 mondial.
162
+
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+ Fin 2007, se trouvait dans le monde 7 282 banques commerciales, 1 251 caisses d'épargne et 8 101 coopératives de crédit[15].
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+
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+ Le système bancaire français présente des fournisseurs, établissements de crédit ou établissements de paiement et des distributeurs, soit les précédents, directement, soit des intermédiaires bancaires, notamment les courtiers en crédits.
166
+
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+ En France, fin 2012, il y avait 634 établissements bancaires en France et 94 entreprises d’investissement. Sur les 634 établissements bancaires français, 448 (71 %) étaient détenus par des capitaux français et 186 (29 %) par des capitaux étrangers[16].
168
+
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+ Les établissements bancaires ont créé à partir du milieu des années 1960 des réseaux denses d'agences, pour diffuser les services auprès des particuliers. Cette présence a profondément modifié la physionomie des villes[réf. nécessaire]. Les réseaux sont en voie de forte réduction, depuis les années 2010.
170
+
171
+ À fin 2013, 25.000 intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement étaient en activité, dont environ 5.200 courtiers en crédits, pour 58.000 intermédiaires au total (source : wwww.orias.fr)[17].
172
+
173
+ 68 % des internautes regardent régulièrement le site internet de leur banque (source Ifop). 50 % des internautes font des virements en ligne et 19 % des clients utilisateurs de services de banque en ligne ont déjà souscrit un produit bancaire sur Internet[18].
174
+
175
+ En France, le livret A est l'un des placements financiers de précaution de masse, avec 63,3 millions de livrets A[réf. nécessaire].
176
+
177
+ Dans leur grande majorité, les opérations bancaires sont payantes.La réglementation nationale peut imposer un cadre d'exercice particulier. Ainsi en France le paiement des salaires par virement à des comptes bancaires, a rendu obligatoire l'utilisation des services des banques. La tenue de compte ainsi que l'usage des chèques ont longtemps été gratuits, comme une compensation implicite de la non-rémunération des dépôts à vue.
178
+
179
+ En France, depuis le 1er avril 2014, la clarté tarifaire est une obligation (article D. 312-1-1 du Code monétaire et financier). En septembre 2018, après la révélation par la presse[19], de pratiques tarifaires abusives[20], les établissements bancaires prennent un nouvel engagement de limiter les frais d'incidents de paiement (ou "commissions d'intervention") pour les clients en situation financière fragile[21].
180
+
181
+ Pour un particulier, lire une plaquette tarifaire de 20 à 50 pages, pour y trouver la ligne dont il a besoin est fastidieux. C'est pour cette raison que les comparateurs ont vu le jour. Même s'il est vrai que les banques ont été obligées (par le gouvernement) à faire des efforts et notamment à faire un « extrait standard des tarifs » avec les onze tarifs les plus courants et depuis 2019, elles sont obligées de publier un document d'information tarifaire.
182
+
183
+ La tendance est de faire exécuter la majorité des opérations non plus par des guichetiers mais par l'usager lui-même, ce qui entraîne un mouvement de réduction des agences, depuis 2010[22]. Beaucoup de banques ne fournissent plus de billets à leurs guichets et imposent de passer par des GAB ou des distributeurs de billets. Dans ce cas, la carte bancaire de retrait ne peut être payante, évitant un double gain (frais de cartes et économie de personnel). Même la fourniture des extraits de compte est désormais en libre service dans des banques. La poussée d'Internet a permis l'établissement de banques sans succursales mais aussi le renvoi vers l'internaute, via des procédures sécurisées, de la plupart des opérations relatives au fonctionnement du compte chèque : consultation de la position et des mouvements, virements, demande de chéquiers, etc. Les services Internet étant ici aussi généralement payant la banque gagne deux fois[réf. nécessaire] : économie de personnel et facturation de frais.
184
+
185
+ Certains auteurs, comme le prix Nobel français Maurice Allais, ont longtemps milité pour que les prêts soient couverts à 100 % par des dépôts à terme plus long (100 % monnaie) et que les banques facturent au prix du marché leurs services comme la fourniture de moyens de paiements, y compris les chèques. La réduction constante de la part des dépôts dans la ressource bancaire rend cette suggestion moins difficile à admettre par les banques.
186
+
187
+ Le produit net bancaire des banques est l'ajout des marges d’intermédiation Crédit / Prêt et des différents commissions bancaires frais et services. Il provient :
188
+
189
+ Les banques centrales sont des institutions nationales ou supra-nationales à but non lucratif qui émettent de la monnaie.
190
+
191
+ Elles prêtent essentiellement aux banques commerciales. Ces institutions ont pour mission d'assurer la stabilité des prix (c'est-à-dire de limiter l'inflation) et la bonne marche de l'économie. Les banques centrales essaient de maintenir le taux d'inflation, au plus possible, à 2 %. La Banque centrale européenne, elle, établit sa politique monétaire en fixant les taux directeurs selon les intérêts de sa mission. Depuis 2008 la BCE rachète aussi des dettes souveraines ce qui équivaut indirectement à prêter aux États.
192
+
193
+ Les banques centrales sont dans le système financier, indépendantes du pouvoir politique. L'indépendance des banques centrales est considérée comme susceptible de limiter l'inflation. En France la loi de 1973 précise l'autonomie de la banque de France par rapport au pouvoir politique. Cependant, si le droit interdit dans un grand nombre de pays l'achat direct de dette d'état par la banque centrale, celle-ci peut par contre librement acheter cette dette sur le marché secondaire[24]. Alesina et Summers (1993) ont entendu démontrer une relation entre taux d'inflation faible et grande indépendance des banques centrales, mais des études fondées sur un indicateur plus précis de l'indépendance, celui de Cukierman (1992), et menées dans un plus grand nombre de pays relativisent grandement cette première conclusion[25].
194
+
195
+ La régulation désigne une forme particulière d'encadrement d'activité économique. La régulation bancaire se donne pour principaux buts d'assurer la sécurité d'un système bancaire et de protéger les consommateurs bancaires.
196
+
197
+ La régulation établit des normes, selon leurs principes usuels d'élaboration : législatif ou réglementaire.
198
+
199
+ En dehors des banques centrales déjà citées plus haut, les établissements financiers sont soumis à l'autorité d'organismes de supervision, selon les pays et les réglementations.
200
+
201
+ Pour sa part, l'Autorité des marchés financiers (AMF) regroupe l'ancienne Commission des opérations de bourse et le Conseil des marchés financiers. Cette Autorité de supervision est responsable du système financier et de la protection des investisseurs (hors assurance, qui est du ressort de compétence de l'ACPR).
202
+
203
+ L'AMF et l'ACPR déploie un service commun tourné vers la protection des consommateurs : ABE Infoservice (ABEIS).
204
+
205
+ Les autorités de supervision bancaire exercent également pour mission la protection des consommateurs, avec la préservation du système bancaire et financier.
206
+
207
+ Des associations assurent la défense des consommateurs. Les associations de défense des consommateurs aident les clients bancaires à faire valoir leurs droits, par exemple en cas de découvert sans avertissement et de non-respect des procédures (comme la loi Scrivener en France). Elles peuvent notamment préparer la défense des consommateurs devant les tribunaux d'instance et assigner une banque devant ces mêmes tribunaux. Les associations de défense des consommateurs spécialisées dans les litiges bancaires sont l'Association française des usagers de la banque (AFUB)[26] ou l'Association contre les abus des banques européennes (ACABE)[27] ou du CVDCB (Comité de défense des victimes de chèques de Banque) ou de la FNACAB ou Fédération nationale d’action contre les abus bancaires qui a pris la suite du CAAB (Comité d’action contre les abus bancaires)[28] ou l'association nationale des consommateurs et usagers CLCV qui a livré une étude sur les tarifs bancaires en France en 2020 sont constantes.
208
+
209
+ La question de la séparation ou du regroupement par un même établissement bancaire, de différentes activités bancaires et financières est l'une des plus essentielle, du point de vue de la sécurité économique.
210
+
211
+ À la suite de la crise financière de 2007-2010 et la crise de la dette dans la zone euro, des économistes ont préconisé la mise en place de législations bancaires plus strictes inspirées de la doctrine Germain et du Glass-Steagall Act[29] qui permettraient d'opérer une distinction nette entre deux métiers bancaires fondamentalement différents :
212
+
213
+ Cette contrainte est distincte du 100 % monnaie, qui préconise de séparer les activités de tenue de compte et celles de prêt. Elle laisse ouverte la question du lien entre création et destruction monétaire et crédit bancaire.
214
+
215
+ En décembre 2009, les sénateurs John McCain (républicain/Arizona), Maria Cantwell (démocrate/État de Washington), et l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale Paul Volcker ont avancé l’idée d’un retour au Glass-Steagall Act par le biais d’une remise en vigueur du texte de loi originel (Banking Act de 1933[30]). Le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de juillet 2010 est partiellement inspiré de cette proposition, mais ne va pas jusqu'à rétablir la stricte séparation des métiers bancaires.
216
+
217
+ En Europe, un nombre grandissant d'experts appellent à l'adoption d'une réforme en profondeur permettant de séparer une bonne fois pour toutes la banque de dépôt de la banque d'affaires : cette approche régulationniste est préconisée notamment par la Commission Vickers au Royaume-Uni et le World Pensions Council (WPC) en Europe Continentale afin d'éviter les conflits d'intérêts potentiels et les risques de contagion systémique en cas de crise[31],[32].
218
+
219
+ Ce point de vue s'est développé à la faveur de la « Crise du Libor » au cours de l'été 2012, les éditorialistes du Financial Times au Royaume-Uni appelant désormais à l'adoption rapide d'un « Glass Steagall II » Pan-Européen[33].
220
+
221
+ En juillet 2012, l'ex-patron de Citigroup, Sandy Weill, s'est également prononcé en faveur d'une séparation entre les banques d'investissement et les banques de dépôts aux États-Unis. Cette déclaration a été d'autant plus remarquée que Sandy Weill avait été, sous la présidence de Bill Clinton, un des éléments les plus actifs prônant l'abrogation des dernières barrières du Glass-Steagall Act[34].
222
+
223
+ En février 2013, le gouvernement allemand adopte un projet de loi définissant la séparation des activités bancaires, la Grande-Bretagne a opté pour une séparation franche. Le gouvernement de François Hollande préparant, selon le quotidien Le Monde, un « projet de réforme bancaire très édulcoré »[35]. Le projet français de réforme bancaire a été adopté par l'Assemblée nationale le 19 février[36]. Il ne prévoit pas de séparation stricte des activités de détail et de marché, mais le cantonnement, dans une filiale séparée, des activités menées par les banques sur les marchés pour leur propre compte et leur propre profit[37].
224
+
225
+ Au début de 2015, la séparation structurelle des activités de dépôts et des activités spéculatives n'est pas opérée[38].
226
+
227
+ L'intermédiation bancaire désigne la fonction de distribution des services bancaires, hors du réseau direct d'un établissement de crédit ou d'un établissement de paiement.
228
+
229
+ Du point de vue de la protection des consommateurs, le libre choix du vendeur de services bancaires, de crédit, par exemple, est apparu ces dernières années comme une sécurité supplémentaire. Elle répond, en outre, aux comportements manifestés par les consommateurs de produits financiers.
230
+
231
+ Il n'est plus obligatoire d'acheter directement au guichet de la banque les produits vendus par la banque. Ceci permet aux consommateurs de s'adresser aux professionnels en contact avec l'ensemble des fournisseurs bancaires.
232
+
233
+ D'autant que la protection des consommateurs n'est juridiquement pas identique, selon que les produits sont achetés directement auprès de la banque ou auprès d'intermédiaires. Les obligations incombant à la banque en tant qu'agent de vente sont moins fortes que celles des intermédiaires. Le développement, par la jurisprudence du devoir de mise en garde - dans le domaine du crédit - en constitue une illustration.
234
+
235
+ En 2013, la réglementation bancaire[39] a commencé à répondre à cette évolution, en dotant les courtiers[40] notamment en crédits, d'un cadre juridique spécifique.
236
+
237
+ Finalement, ces dispositions juridiques dessinent la consécration d'un droit de la distribution bancaire orienté vers la protection accrue des consommateurs[41].
238
+
239
+ Les banques ne sont plus les seules distributeurs de produits bancaires.
240
+
241
+ Le système bancaire comprend à la fois les fournisseurs de produits, gestionnaires des risques financiers, mais également l'ensemble des distributeurs, qui sont soit les réseaux directs des fournisseurs (les banques), soit des entreprises indépendantes, telles que les intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement, depuis le 15 janvier 2013, ou encore, les intermédiaire en financement participatif, au 1er octobre 2014.
242
+
243
+ La vente des produits bancaires est assurée, soit directement par les banques, via leurs réseaux d'agences, soit par des professionnels indépendants, l'banque restant décisionnaire du crédit.
244
+
245
+ Ainsi, pour 58.000 intermédiaires de l'assurance, de la banque ou de la finance, le registre unique tenu par l'ORIAS recense près de 27.000 IOBSP, dont environ 6.300 courtier en crédits, à fin 2017[42]. Outre leur nombre, en forte croissance depuis le recensement de 2014, leur marché s'organise, avec de nouvelles enseignes et surtout, la constitution de groupes de distribution bancaire de grandes tailles[43].
246
+
247
+ Le régime juridique de l'intermédiation bancaire, notamment du point de vue de la protection des consommateurs, cumule quatre niveaux :
248
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249
+ Ces obligations, de nature bancaire, sont posées par le code monétaire et financier.
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+ La responsabilité de l'intermédiaire bancaire, à l'égard du client, est distincte de la responsabilité de l'établissement de crédit.
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253
+ En particulier, l'accès à la profession d'intermédiaire bancaire, puis son exercice, suppose le respect de conditions spécifiques[44].
254
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255
+ Le cadre de la distribution bancaire des crédits immobiliers aux particuliers a fait l'objet d'une harmonisation en 2016, avec la transposition de la Directive 2014/17 UE du 4 février 2014. Tous les vendeurs de crédits immobiliers aux particuliers sont soumis aux mêmes obligations, progressivement mises en œuvre entre le 1er juillet 2016 et le 21 mars 2019. Elle fait suite à celle touchant les crédits à la consommation, la Directive 2008/48 CE du 23 avril 2008.
256
+
257
+ Les principales banques françaises financent activement le secteur du charbon, du gaz ou du pétrole. Dans une étude publiée en novembre 2019, les ONG Oxfam et Les Amis de la Terre soulignent « la colossale empreinte carbone des banques françaises » et appellent les pouvoirs publics à prendre des mesures contraignantes. « En 2018, les émissions de gaz à effet de serre issues des activités de financement des quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE – dans le secteur des énergies fossiles ont atteint plus de 2 milliards de tonnes équivalent CO2, soit 4,5 fois les émissions de la France », relève l'étude[45].
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+ Parmi les critiques, se trouvent notamment celles avançant :
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+ Parmi les critiques, on relève celles avançant :
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+ Le débat sur la place des activités financières, principalement réalisées par les banques, dans l'économie ressort à chaque crise financière. En France, le débat agite ainsi le monde intellectuel, après la première vague de libéralisation des marchés. Le Monde Affaires du 28 février 1987 titre ainsi, L'industrie malade de la finance. L'idée sera repris dans les polémiques qui concernent le krach boursier d'octobre 1987. Parmi ses critiques figurent l'économiste libéral Bertrand Jacquillat[52] et le banquier Gérard Worms[53].
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+ Après l'explosion de la crise des subprimes de 2007-2008, de nombreux observateurs ont de nouveau mis en cause, à travers le monde, le poids du secteur bancaire et financier au sein de l'économie. Certaines études suggèrent que des déséquilibres trop importants en faveur de la sphère financière sont annonciateurs de crises graves :
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+ La crise bancaire qui s'approfondit depuis l'été 2007 et qui a conduit à partir de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 à la quasi faillite d'un grand nombre d'établissements, dont beaucoup ont dû être nationalisées en tout ou en partie, notamment en Grande-Bretagne, a provoqué une grande accélération de la contestation des banques et de leurs pratiques qui débouchera sans doute sur des réformes importantes et en tout cas sur la fin de la dérégulation mise en place à partir des années 1980. Les banques ont bénéficié de plans de relance garantissant une part majeure des prêts accordés aux PME, à travers des organismes tels que la Banque publique d'investissement en France et la mise en place d'un médiateur du crédit.
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+ Pour l'analyste de l'économie sociale et solidaire, Michel Abhervé, la situation décrite durant ce procès résulte de l'éloignement des groupes bancaires concernés, Caisse d'épargne et Banque populaire, des valeurs coopératives[63].
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+ La poésie est un genre littéraire très ancien, aux formes variées, écrites généralement en vers mais qui admettent aussi la prose, et qui privilégient l'expressivité de la forme, les mots disant plus qu'eux-mêmes par leur choix (sens et sonorités) et leur agencement (rythmes, métrique, figures de style). Sa définition se révèle difficile et varie selon les époques, au point que chaque siècle a pu lui trouver une fonction et une expression différente, à quoi s'ajoute l'approche propre à la personnalité de chaque poète.
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+ Poésie s'écrivait jusqu'en 1878 poësie (le tréma marquait une disjonction entre les voyelles o et e). Le terme « poésie » et ses dérivés « poète », « poème » viennent du grec ancien ποίησις (poiesis), le verbe ποιεῖν (poiein) signifiant « faire, créer » : le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du Moyen Âge trouvère et troubadour. Le poète, héritier d'une longue tradition orale, privilégie la musicalité et le rythme, d'où, dans la plupart des textes poétiques, le recours à une forme versifiée qui confère de la densité à la langue. Le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation des figures de style et au premier chef des images et des figures d'analogie, recherchées pour leur force suggestive.
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+ La poésie s'est constamment renouvelée au cours des siècles avec des orientations différentes selon les époques, les civilisations et les individus. On peut par exemple distinguer le poète artiste soucieux d'abord de beauté formelle, le poète « lyrique » qui cultive le « chant de l'âme », le poète prophète, découvreur du monde et « voyant », ou le poète engagé, sans cependant réduire un créateur à une étiquette simplificatrice[1].
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+ Dans la mesure où il ne reste pas de traces d'une probable poésie orale préhistorique, il est nécessaire de faire débuter l'histoire de la poésie dans les différentes civilisations de l'Antiquité (grecque, égyptienne, indienne...). On notera toutefois que maintes traditions orales, par exemple celle des griots africains, relèvent de la poésie.
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+ Première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh, (IIIe millénaire av. J.‑C.) en Mésopotamie, les Vedas, le Rāmāyana ou le Mahabharata indien, la Poésie dans l'Égypte antique, la Bible des Hébreux ou l'Iliade et l'Odyssée des Grecs, l'Énéide des Latins.
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+ Dans l’Antiquité grecque toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique[2]. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose, chargée de l’expression commune que l’on qualifiera de prosaïque.
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+ Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.
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+ La poésie fut marquée par l’oralité et la musicalité dès ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l’utilisation des vers, et d’effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. Cette facture propre au texte poétique fait que celui-ci est d’abord destiné à être entendu plutôt qu’abordé par la lecture silencieuse.
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+ Placées sous l’égide d’Orphée et d’Apollon musagète, dieu de la beauté et des arts[3], et associées à la muse Érato, musique et poésie sont également étroitement liées par la recherche de l’harmonie et de la beauté, par le Charme, au sens fort de chant magique. Depuis l'essai La Naissance de la tragédie de Nietzsche, on considère que la création poétique hésitera cependant constamment entre l’ordre et l’apaisement apolliniens (qu’explicite Euripide dans Alceste : « Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise ») et la « fureur dionysiaque »[4] qui renvoie au dieu des extases, des mystères, des dérèglements et des rythmes des forces naturelles que l’on découvre par exemple dans le dithyrambe de l’Antiquité grecque[5].
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+ En linguistique, la poésie est décrite comme un énoncé centré sur la forme du message, donc où la fonction poétique est prédominante[6]. Dans la prose au sens général, l’important est le « signifié », elle a un but « extérieur » (la transmission d’informations) et se définit comme une marche en avant que peut symboliser une flèche et que révèle la racine latine du mot qui signifie « avancer ». En revanche, pour la poésie, l’importance est orientée vers la « forme », vers le signifiant, dans une démarche « réflexive », symbolisée par le « vers » qui montre une progression dans la reprise avec le principe du retour en arrière (le vers se « renverse ») que l’on peut représenter par une spirale.
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+ La poésie ne se définit donc pas par des thèmes particuliers mais par le soin majeur apporté au signifiant pour qu’il démultiplie le signifié : l’enrichissement du matériau linguistique prend en effet en compte autant le travail sur les aspects formels que le poids des mots, allant bien au-delà du sens courant du terme « poésie » qui renvoie simplement à la beauté harmonieuse associée à une certaine sentimentalité. L’expression poétique offre cependant au cours de l’Histoire des orientations variées selon la dominante retenue par le poète.
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+ Traditionnellement, la poésie revêt la forme d'un texte versifié obéissant à des règles particulières en termes de métrique, de scansion, de rimes, s'inscrivant ou non dans une forme fixe. Cependant, la poésie moderne s'est affranchie du vers traditionnel, qu'il s'agisse de l'assouplir ou de s'en passer totalement.
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+ La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers[7] (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique (d’où leur dénominations) comme l’emploi des images et la recherche de sonorités ou de rythmes particuliers. Ces vers sont souvent regroupés en strophes et parfois organisés dans des poèmes à forme fixe comme le sonnet ou la ballade.
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+ La poésie métrée utilise des vers définis par le nombre de leurs syllabes comme l’alexandrin français, alors que la poésie scandée joue sur la longueur des pieds (et sur leur nombre) comme dans l’hexamètre dactylique grec et latin, ou sur la place des accents comme dans le pentamètre iambique anglais. Le haïku (ou haïkou) japonais, qui a acquis une diffusion internationale, fait traditionnellement appel à trois vers de cinq, sept et cinq syllabes.
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29
+ Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du XIXe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au XXe siècle.
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31
+ Des essais graphiques plus marginaux ont été tentés par exemple par Mallarmé (Un coup de dés jamais n'abolira le hasard), Apollinaire (Calligrammes) ou Pierre Reverdy, en cherchant à parler à l’œil et plus seulement à l’oreille, tirant ainsi le poème du côté du tableau.
32
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+ L'on ne saurait définir uniquement la poésie par l'utilisation de vers : la forme versifiée a été employée dans des ouvrages que l'on peut considérer comme des romans (tels ceux de Chrétien de Troyes), tandis qu'il existe, en revanche, une poésie en prose. Dès le XVIIIe siècle, apparurent des traductions en français de poèmes étrangers (et de « fausses traductions ») qui utilisèrent la prose plutôt que le vers[8]. Certains commentateurs parlaient de « poèmes en prose » pour désigner des romans tels que les Aventures de Télémaque de Fénelon ou La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette[9]. La naissance du genre du poème en prose en tant que tel est généralement associée à la publication par Aloysius Bertrand de Gaspard de la Nuit ; en effet, ce poète était, selon Yves Vadé, conscient de créer une forme nouvelle[10], même s'il n'utilisait pas le terme de « poèmes » ; c'est ensuite Charles Baudelaire, avec les Petits Poèmes en prose, qui « imposa le poème en prose comme une forme poétique reconnue »[11].
34
+
35
+ Si la poésie présente souvent une forte densité stylistique, donc un travail particulier sur la langue, tant s'en faut qu'il revête toujours la même forme. On notera ainsi que les règles traditionnelles de versification peuvent varier d'une langue à l'autre, et qu'il est également possible de s'en affranchir. Aussi les éléments qui suivent (métrique, rime, échos phoniques, recherche lexicale, figures de style...) sont-ils des ressources disponibles pour le poète, plutôt que des éléments définitoires de la poésie, d'autant plus qu'ils peuvent également apparaître dans des textes non-poétiques.
36
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37
+ L’origine orale et chantée de la po��sie qu’évoquent la lyre d’Orphée ou la flûte d’Apollon marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs / vers impairs, « e muet »…) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes plates, croisées ou embrassées) et de richesse (rimes pauvres, suffisantes ou riches). Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : « Pour qui sont ces serpents… », Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).
38
+
39
+ Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité : on parle parfois de « poésie-télégramme » où chaque mot « coûte » comme dans le sonnet et ses 14 vers ou dans la brièveté extrême du haïku japonais de trois vers, voire du monostiche d'un seul vers. Si le poète peut ainsi rechercher l'intensité de la concision, il peut aussi s'exprimer dans des poèmes longs.
40
+
41
+ L’enrichissement passe aussi par la recherche (ou, au contraire, par l'évitement) de sens rares et de néologismes (par exemple « incanter » dans Les Sapins d’Apollinaire, qui, « graves magiciens //Incantent le ciel quand il tonne », ou « aube » associé aux Soleils couchants par Verlaine), par les connotations comme l’Inspiration derrière la figure féminine dans les Pas de Paul Valéry (« Personne pure, ombre divine, / Qu’ils sont doux, tes pas retenus ! ») ou par des réseaux lexicaux tissés dans le poème comme la religiosité dans Harmonie du soir de Baudelaire. Le poète dispose d’autres ressources encore comme la place dans le vers ou dans le poème (« trou de verdure » dans le premier vers du Dormeur du val de Rimbaud auquel répondent les « deux trous rouges au côté droit » du derniers vers) ou les correspondances avec le rythme et les sonorités (« L’attelage suait, soufflait, était rendu… », La Fontaine, Le Coche et la Mouche).
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+ Le poète joue également de la mise en valeur des mots par les figures de style comme les figures d’insistance comme l’accumulation, le parallélisme ou l’anaphore (exemple : « Puisque le juste est dans l’abîme, /Puisqu’on donne le sceptre au crime, / Puisque tous les droits sont trahis, / Puisque les plus fiers restent mornes, /Puisqu’on affiche au coin des bornes / Le déshonneur de mon pays… », Victor Hugo, les Châtiments, II, 5), les figures d’opposition comme le chiasme ou l’oxymore (« le soleil noir de la Mélancolie » Gérard de Nerval), les ruptures de construction comme l’ellipse ou l’anacoluthe (« Exilé sur le sol au milieu des huées, /Ses ailes de géant l’empêchent de marcher », Baudelaire l’Albatros) et bien sûr les figures de substitution comme la comparaison et la métaphore, (de Ronsard et Du Bellay à Jacques Prévert ou Eugène Guillevic en passant par Victor Hugo, Apollinaire, les surréalistes et bien d’autres). L’emploi de l’image est d’ailleurs repéré comme une des marques de l’expression poétique ; un seul exemple emblématique de métaphore filée en rendra compte : « (Ruth se demandait…) Quel Dieu, quel moissonneur de l’éternel été / Avait, en s’en allant, négligemment jeté / Cette faucille d’or dans le champ des étoiles » (Victor Hugo, Booz endormi).
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+ La définition de genres poétiques a toujours été discutée en débattant de critères formels et/ou de critères de contenu (d’objet) et, par ailleurs, la poésie moderne en faisant éclater les genres traditionnels (poésie lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive…) et en devenant une expression totalisante et libre rend encore plus difficile la catégorisation[12].
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+ Cependant, sans s’enfermer trop dans la terminologie formaliste, on peut observer des « dominantes » clés dans l’expression poétique, Roman Jakobson définissant la dominante comme « l’élément focal d’une œuvre d’art » qui gouverne, détermine et transforme les autres éléments (voir Antoine Compagnon[13]). L’opposition la plus simple se fait entre une orientation vers la forme (orientation « esthétique ») et une orientation vers le contenu (orientation « sémantique »), évidemment sans exclusion de l’autre puisque d’une part il y a sens dès qu’il y a mots et que, d’autre part, il y a expressivité formelle sans cela il n’y aurait pas écriture poétique. Cette dernière orientation multiple et complexe est parfois dite aussi « ontologique » (comme par Olivier Salzar[14]), parce que renvoyant « au sens de l’être considéré simultanément en tant qu’être général, abstrait, essentiel et en tant qu’être singulier, concret, existentiel » (TLF). Son champ très vaste peut à son tour être subdivisé en trois dominantes (définies par le modèle du signe présenté par Karl Bühler : « Le signe fonctionne en tant que tel par ses relations avec l’émetteur, le récepteur et le référent »[15]. Ces trois dominantes, là encore non exclusives, sont la dominante « expressive » ou « émotive » ou lyrique au sens étroit, tournée vers le moi du poète, la dominante « conative », orientée vers le destinataire que le poète veut atteindre en touchant sa conscience et sa sensibilité comme dans la poésie morale et engagée, et la fonction « référentielle », tournée vers un « objet » extérieur, vers le chant du monde dans des perceptions sensibles, affectives ou culturelles comme dans la célébration ou la poésie épique où le poète rend sensible la démesure des mythes.
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+ Mais ce découpage n’est qu’un éclairage : la poésie, plus que tout autre genre littéraire, pâtit de ces approches des « doctes » alors qu’elle est d’abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. En témoigne par exemple une œuvre inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont.
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+ Plusieurs courants poétiques, au demeurant fort différents entre eux, et relevant de contextes historiques distincts, insistent sur le travail esthétique et la perfection formelle.
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+ Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux XVIe et XVIIe siècles (compte du « e muet », diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci », dira François de Malherbe), avant de réapparaître au XIXe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que « l'art naît de contraintes, vit de lutte et meurt de liberté », comme le dira au siècle suivant André Gide, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José-Maria de Heredia. Cette conception esthétique[16] ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire, etc.) que systématiseront au milieu du XXe siècle les jeux de l'Oulipo et de Raymond Queneau (Cent mille milliards de poèmes), Jacques Roubaud ou Georges Perec. On peut également, au-delà du paradoxe apparent, rattacher à ce courant poétique qui met l’accent sur la « forme », les démarches d'Henri Michaux dont Le Grand Combat (Qui je fus ?, 1927) est écrit dans une langue inventée faite de suggestion sonore, ou encore les expérimentations « lettristes » d’Isidore Isou.
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+ Les impasses de cette poésie coupée de l'âme et parfois très rhétorique seront régulièrement combattues au nom de la souplesse et de la force de la suggestion, par exemple par Paul Verlaine et les poètes symbolistes ou décadentistes de la fin du XIXe siècle, qui revendiqueront une approche moins corsetée de la poésie. Cette conception d’un art libéré des contraintes l’emportera largement au XXe siècle où la poésie deviendra une expression totalisante, au-delà des questions de forme.
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+ Des formes contraintes comme le haïku, bref poème japonais, relèvent de cette préoccupation formelle tout en lui associant une expression lyrique.
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+ Si le mot « poétique » a dans son acception quotidienne le sens d’harmonieux et de sentimental, c’est à l’importance de la poésie lyrique qu’il le doit. Celle-ci, orientée vers le « moi » du poète[17], doit son nom à la lyre qui a appartenu à Orphée et Apollon et qui, dans l’Antiquité, accompagnait les chants qu’on ne distinguait pas alors de la poésie mais ne doit pas se limiter à la petite musique personnelle du poète chantant un des thèmes traditionnels et a priori poétiques comme l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse existentielle, la nature ou la rêverie. En effet la poésie a su faire entrer la modernité dans le champ poétique y compris dans ses aspects les plus surprenants ou les plus prosaïques (« Une charogne » chez Baudelaire, la ville industrielle chez Verhaeren et le quotidien trivial chez Verlaine dans ces vers de Cythère, dans Les fêtes galantes, « l’Amour comblant tout, hormis / La faim, sorbets et confitures / Nous préservent des courbatures »…). En fait, la variété des voix est extrême, avec cependant des courants dominants selon les époques, comme le romantisme et le symbolisme au XIXe siècle ou le surréalisme au XXe siècle[18].
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+ Les formes évoluent elles aussi passant par exemple du long poème romantique (À Villequier de Victor Hugo ou les Nuits d’Alfred de Musset) au sonnet régulier de Baudelaire puis aux formes libres des symbolistes et à l’expression jaillissante de l’inconscient avec les Surréalistes avant la spontanéité de l’expression orale de Jacques Prévert dans Paroles par exemple.
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+ La poésie lyrique est pour le poète le canal d’expression privilégiée de sa sensibilité et de sa subjectivité que symbolise le Pélican (Nuit de mai) d’Alfred de Musset. Mais cette poésie va au-delà de la confidence pour exprimer l’humaine condition et Hugo proclame dans la Préface des Contemplations : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ! ». Ce « chant de l’âme », domaine privilégié du « je », auquel adhère cependant le destinataire, s’oppose donc à la poésie descriptive et objective voire rhétorique des Parnassiens ou à la poésie narrative des romans du Moyen Âge et au genre épique qui traite de thèmes héroïques et mythiques avec rythme et couleur ou encore à la poésie d’idées (Lucrèce, Ovide, Voltaire) pour laquelle la forme poétique n’est pas le souci premier.
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+ L’art de la poésie est aussi traditionnellement associé au « don de poésie », c’est-à-dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, à qui revient le rôle de décodeur de l’invisible[19]. C’est la conception de l’Antiquité représentée par Platon qui fait dire à Socrate (dans Ion) à propos des poètes : « Ils parlent en effet, non en vertu d’un art, mais d’une puissance divine ». Au XVIe siècle, la Pléiade reprendra cette perspective et Ronsard écrira ces vers dans son Hymne de l'Automne : « M’inspirant dedans l’âme un don de poësie, / Que Dieu n’a concédé qu’à l’esprit agité/ Des poignants aiguillons de sa Divinité./ Quand l’homme en est touché, il devient un prophète ») et c’est dans cette lignée que s’inscriront les poètes romantiques et après eux Baudelaire et les poètes symbolistes. Cette fonction particulière du poète trouvera un partisan exemplaire avec Arthur Rimbaud qui dans sa fameuse lettre à Paul Demeny demande au Poète de se faire « voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » et d’être « vraiment voleur de feu », et de trouver « du nouveau, - idées et formes », en évoquant ailleurs « l’alchimie du verbe » qui doit être l’instrument du poète-découvreur.
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+ Après la Première Guerre mondiale et après Apollinaire, défenseur lui aussi de « L’esprit nouveau », les surréalistes, héritiers de cet enthousiasme rimbaldien, confieront à l’image poétique le soin de dépasser le réel et d’ouvrir des « champs magnétiques » novateurs mettant au jour l’inconscient, ce que formulera Louis Aragon dans Le Paysan de Paris en parlant de « l’emploi déréglé et passionnel du stupéfiant image ».
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+ Dans les années 1950-1970, revenant sur cette systématisation de l’image, les poètes s’orienteront davantage vers une poésie-célébration, un chant du monde orphique ou vers une poésie lyrique, chant de l’âme qui fait entendre la voix personnelle des poètes comme celle de Jules Supervielle, René Char ou Yves Bonnefoy.
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+ Pour Saint-John Perse, la poésie est « initiatrice en toute science et devancière en toute métaphysique »[20].
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+ Cependant[21], certains Romantiques et particulièrement Victor Hugo feront entrer le poète dans la Cité en lui attribuant un rôle de guide pour le peuple. De prophète, il devient Messie comme l’expose le célèbre « Fonction du poète » (Les Rayons et les Ombres, 1840) où Victor Hugo définit le poète comme « le rêveur sacré », élu de Dieu « qui parle à son âme », devenu porteur de lumière et visionnaire, « des temps futurs perçant les ombres ». La poésie engagée des Châtiments, à la fois épique et satirique, sera l’étape suivante pour Victor Hugo qui se posera comme l’Opposant à « Napoléon le petit ». Jehan Rictus témoigne avec sa poésie singulière de la vie des pauvres à la fin du XIXe siècle, contrastant avec le naturalisme distancié de Zola.
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+ Les engagements religieux (de Charles Péguy par exemple) ou idéologiques retrouveront au XXe siècle comme un lointain héritage de Ronsard (Discours) ou d’Agrippa d'Aubigné avec Louis Aragon, chantre du communisme (Hourra l’Oural, 1934), Paul Claudel, pétainiste en 1941 (Paroles au Maréchal) ou Paul Éluard (Ode à Staline, 1950) ou encore Jacques Prévert et ses positions anarchisantes dans Paroles (1946-1949).
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+ Les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor notamment, représentent quant à eux une branche particulière de la poésie francophone du XXe siècle, dont l’engagement et les idées véhiculées, très forts, sont encore assez confidentiels en France. Édouard Glissant, poète du « Tout-Monde » et de la « Philosophie de la relation » en sera le digne fils spirituel au XXIe siècle. Aimé Césaire est le chantre des Antilles, ayant la volonté de « plonger dans la vérité de l’être »[22], hanté par la question du déracinement des descendants d’esclaves (Cahier d'un retour au pays natal). Léopold Sédar Senghor a créé une poésie à vocation universelle ayant l’espérance comme leitmotiv, l’utilisation de la langue française et les références positives à la culture françaises mêlent aux sujets historiques africains qu’il vivifie (Chaka). Il faut ajouter qu'avec et à la suite de ces deux grands poètes négro-africains, d'autres poètes noirs comme Léon-Gontran Damas, membre du mouvement de la Négritude, David Diop, Jacques Rabemananjara ont mis leur poésie au service de la libération de l'homme noir en général et de l'indépendance du continent africain en particulier. Dans l'après-guerre, René Depestre, poète engagé venu d'Haïti, est une voix qui parle de l'homme noir, mais aussi de l'homme universel. Sans oublier Tchicaya U Tam'si & Léopold Congo-Mbemba qui portent très haut l'exigence de la parole souveraine.
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+ Avec L'Honneur des poètes[23], certains poètes participent à la Résistance en publiant clandestinement des œuvres importantes. C’est le cas de Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa, 1942 ; La Diane Française, 1944), de Paul Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au rendez-vous allemand, 1944), de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1946) ou de René Guy Cadou (Pleine Poitrine, 1946). Les poètes ne seront d’ailleurs pas épargnés par l’extermination nazie : Robert Desnos mourra au camp de concentration de Theresienstadt et Max Jacob dans le camp de Drancy.
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+ Une autre forme d'engagement se fait jour au XXe siècle, une poésie contestataire, tant sur le plan politique que linguistique. Cet élan, synthétisé sous le nom d’avant-garde, est né avec les Futuristes italiens et russes et le mouvement Dada. Il s'est fondé sur la dénonciation de la liaison entre le pouvoir politique et le langage et s'est développé sous des formes diverses jusqu'à nos jours. Les avant-gardes ont fait évoluer la poésie vers un abandon progressif du vers rimé et mesuré et de la composition en strophes. Cela a commencé avec le « vers libre standard du surréalisme » (Jacques Roubaud) et s'est précipité dans les années 1960 avec une démolition complète, par exemple chez Denis Roche[24].
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+ De ce fait, la situation est plus complexe au XXIe siècle puisque le terme de « poésie » a en fait recouvert des aspects très différents, celle-ci s’étant dégagée d’une forme versifiée facilement identifiable et même du « poème ». On a cherché la poésie à la limite dans une « expression poétique » indépendante du travail des poètes. Néanmoins, la spécificité du texte poétique a demeuré à travers sa densité qui tentait d'exploiter à la fois toutes les possibilités offertes par les spécificités linguistiques. Il est d’ailleurs difficile de traduire un poème dans une autre langue, car la question se pose toujours de savoir s'il faut se préoccuper d’abord du sens ou s'il faut chercher à inventer des équivalences sonores et rythmiques.
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+ Le vers qui tend à s'imposer depuis la fin du XXe siècle est ce que Jacques Roubaud nomme le « vers international libre ». « Il n'est ni compté ni rimé et plus généralement ignore les caractéristiques d'une tradition poétique dans une langue donnée ; il « va à la ligne » en évitant les ruptures syntaxiques trop fortes »[25]. Ses exigences formelles sont faibles. Il est de ce fait plus facile de le traduire à l'heure de la mondialisation. La différence entre la poésie et la prose est ténue. La poésie se fait par « petites proses courtes » mais non narratives. L'absence de narration devenant alors le marqueur du genre poésie[24]. On parle également tout simplement de « texte » ou de « document poétique »[24]. On peut en trouver de nombreux exemples dans les innombrables revues de poésie qui continuent à fleurir, malgré une ambiance peu favorable à leur expression.
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+ La poésie, depuis plus de cinquante ans, n'est que très peu présente dans les journaux et la presse nationale. La diffusion en librairie est de plus en plus restreinte. Elle n'est pas présente non plus à la télévision et on ne choisit plus guère de poètes pour représenter la littérature en France. La poésie perd de son audience, car elle a peu d'importance sur le plan économique, puisque ne se publie que ce qui peut se vendre, d'où la responsabilité de certaines grandes maisons d'éditions.
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+ L'essentiel cependant est ailleurs. Si la poésie aujourd'hui est en effet peu et mal diffusée, si les médias la passent à peu près sous silence, elle est effectivement pratiquée par de très nombreux auteurs - comme en témoignent les publications abondantes et diversifiées des petites maisons d'édition - et lue par beaucoup de lecteurs passionnés. Les revues papier et en ligne jouent à cet égard un rôle décisif. Place de la Sorbonne, par exemple, s'efforce de faire découvrir la poésie vivante dans sa richesse et sa grande diversité, tout en proposant des outils et des éclairages pour mieux la lire. Les blogs ou les très nombreuses lectures ou festivals, comme le Printemps des poètes, le Marché de la poésie ou encore la Journée mondiale de la poésie, témoignent également d'une pratique vivante de la poésie.
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+ L'influence que la poésie exerce sur la production littéraire en général est discrète, voire indirecte, mais réelle. On peut tenir en effet la poésie pour le laboratoire principal où s'élaborent les formes les plus novatrices de l'expression et de la représentation, celles qui bousculent ce que Gustave Flaubert appelle « les formes convenues ». Elle travaille incessamment la langue pour que le désir s'y fraie une voix en s'affranchissant de tout ce qui l'aliène. En cela, le poète contemporain s'inscrit bien dans une démarche rimbaldienne : « Donc le poète est vraiment voleur de feu. Il est chargé de l'humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue » (Arthur Rimbaud, lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871).
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+ Certaines tentatives, s’expriment avec le soutien de la musique. Le slam, de son côté, décline une certaine idée de la poésie. Il est démocratique au sens où il suppose que « tout le monde est virtuellement poète »[26]. Il s'agit néanmoins d'émouvoir l'auditoire par les mots. C'est un art d'improvisation poétique qui retrouverait donc la tradition médiévale perdue de la tenson des troubadours qui était néanmoins un genre de poésie savante. Le slam fait resurgir la rime mais dans un état minimal[27].
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+ De manière plus générale la poésie dialogue avec les autres arts donnant notamment lieu à des « happenings » où les poètes dialoguent avec les musiciens et les peintres. Des clubs de poésie organisent ainsi des rencontres d'artistes où c'est l'improvisation qui doit gouverner, chaque artiste doit répondre à l'improvisation de l'autre sur le moment. Ce type de représentations se fonde notamment sur l'idée d'une appartenance universelle de l'Art c'est-à-dire de 'idée de l'inspiration comme don. Ainsi l'œuvre réalisé dans ce type de happening est-elle collective dans un sens large puisque non seulement elle n'appartient pas à un artiste mais également parce qu'elle est autant l’œuvre des spectateurs que des artistes. Ce type de « happenings » est très développé notamment en Inde et, dans une moindre mesure, en France.
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+ Jacques Roubaud distingue enfin une dernière catégorie de poésie qu'il appelle « vroum-vroum » et consiste en des performances qui se donnent le nom de poésie, mais ne font pas nécessairement appel au langage. Le modèle invoqué est l'Ursonate de Kurt Schwitters qui relève en réalité plutôt de la musique. Or selon l'universitaire et performeur canadien Yan St-Onge, « L’événement contemporain de poésie peut se penser en trois grandes catégories : la lecture de poésie ou ce qu’on appelait traditionnellement un récital ; le spectacle de poésie au sens d’une mise en scène théâtrale avec des comédiens ; et la poésie-performance »[28]. De son côté Serge Martin, dans le sillage de la lecture performée ou lecture-performance, place Charles Pennequin en droite ligne de Ghérasim Luca[29].
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+ Dans la poésie, l’essentiel demeure néanmoins la prise de conscience de la créativité et de la beauté de la langue. Pour l’amateur de poésie, « au commencement est le Verbe » et sa puissance créatrice qui nourrit la mémoire et « transforme la nuit en lumière »[30].
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+ La structure interne de la Terre désigne la répartition en enveloppes successives de la Terre : principalement la croûte terrestre, le manteau et le noyau, selon le modèle géologique actuel, qui s'efforce de décrire leurs propriétés et leurs comportements au cours des temps géologiques.
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+ Ces couches sont délimitées par des discontinuités, repérables grâce à la sismologie. Celle-ci a permis de déterminer l'état de la matière à des profondeurs inaccessibles.
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+ Cette constitution se comprend en remontant à la formation de la Terre par accrétion de planétésimaux, dont les météorites primitives, ou chondrites, constituent la mémoire. Les différentes couches se sont ensuite mises plus ou moins progressivement en place sous l'influence de divers paramètres physiques, comme la densité et la rhéologie des différentes phases constituant les matériaux premiers, ainsi que les affinités chimiques des éléments pour les diverses phases minérales, c'est-à-dire la différenciation chimique.
6
+
7
+ La croûte terrestre représente environ 1,5 % du volume de la Terre solide, 4,4 ‰ de la masse terrestre et 6,5 ‰ de la masse silicatée de la Terre (la Terre sans le noyau métallique)[1].
8
+
9
+ La croûte continentale (1) est solide, essentiellement granitique et surmontée par endroits de roches sédimentaires. Elle est plus épaisse que la croûte océanique (de 30 km à 100 km sous les massifs montagneux).
10
+
11
+ La croûte océanique (2) est solide et surtout composée de roches basaltiques. Relativement fine (environ 5 km).
12
+
13
+ Le manteau terrestre total représente 84 % du volume terrestre. La discontinuité de Mohorovicic (14) marque la transition entre la croûte et le manteau.
14
+
15
+ Le manteau terrestre est moins « rigide » que les autres couches, sans pour autant en être liquide (comme pourraient le laisser penser les coulées de lave). Pour donner une idée, la viscosité du manteau pour la roche qui le compose est comparable à la viscosité de la glace (telle que celle qui s'écoule dans les glaciers) pour l'eau.
16
+
17
+ Néanmoins, le manteau reste solide. En effet, aux profondeurs élevées du manteau, l'effet de pression (maintenant l'état solide) est plus important que l'effet de température (provoquant la fusion).
18
+
19
+ En revanche, quand les effets s'appliquent en sens inverse, lors par exemple d'une remontée suffisamment rapide, les matériaux mantelliques remontent (et donc se dépressurisent) plus vite que ne le permet l'équilibrage thermique par diffusion de la chaleur transportée : c'est ce que l'on appelle une remontée adiabatique. Ainsi, le matériau peut croiser son point de fusion commençante, et commencer à donner naissance à un magma primaire. Ceci se produit à l'aplomb des dorsales à une profondeur d'environ 100 km.
20
+
21
+ Le manteau supérieur (4) est moins visqueux (plus ductile) que le manteau inférieur : les contraintes physiques qui y règnent le rendent en partie plastique. Il est formé essentiellement de roches telles que la péridotite.
22
+
23
+ Le manteau inférieur (6) a des propriétés solides aux échelles de temps inférieures à l'année, et plastiques aux échelles de temps supérieures au siècle.
24
+
25
+ Dans le manteau inférieur, des cellules de convection du manteau (10) sont de la matière en mouvement lent. En effet, le manteau est le siège de courants de convection qui transfèrent la majeure partie de l’énergie calorifique du noyau de la Terre vers la surface. Ces courants provoquent la dérive des continents, mais leurs caractéristiques précises (vitesse, amplitude, localisation) sont encore mal connues.
26
+
27
+ Le noyau, qu'on distingue en noyau externe et interne, représente 15 % du volume terrestre. La discontinuité de Gutenberg (13) marque la transition entre le manteau et le noyau.
28
+
29
+ Le noyau externe (8) est liquide. Il est essentiellement composé de fer à 80-85 %, d'environ 10-12 % d'un élément léger non encore déterminé parmi le soufre, l'oxygène, le silicium et le carbone (ou un mélange des quatre)[2],[3], et enfin de l'ordre de 5 % de nickel. Sa viscosité est estimée entre 1 et 100 fois celle de l’eau, sa température moyenne atteint 4 000 degrés Celsius et sa densité 10.
30
+
31
+ Cette énorme quantité de métal en fusion est brassée par convection. Cette convection est surtout thermique (refroidissement séculaire de la planète), et pour une plus faible partie due à la composition du noyau (séparation, démixtion des phases).
32
+
33
+ Les mouvements du noyau externe interagissent avec les mouvements de la Terre : principalement sa rotation quotidienne, mais aussi à plus longue échelle de temps sa précession.
34
+
35
+ La nature conductrice du fer permet le développement de courants électriques variables qui donnent naissance à des champs magnétiques, lesquels renforcent ces courants, créant ainsi un effet dynamo, en s’entretenant les uns les autres. Ainsi explique-t-on que le noyau liquide est à l’origine du champ magnétique terrestre. La source d'énergie nécessaire à l'entretien de cette dynamo réside très probablement dans la chaleur latente de cristallisation de la graine.
36
+
37
+ Le noyau interne (9), aussi appelé graine, est une boule solide. Elle est essentiellement métallique (environ 80 % d'alliages de fer et 20 % de nickel) et constituée par cristallisation progressive du noyau externe. La pression, qui est de 3,5 millions de bars (350 gigapascals), le maintient dans un état solide malgré une température supérieure à 6000 °C[4] et une densité d’environ 13. La discontinuité de Lehmann marque la transition entre le noyau externe et le noyau interne.
38
+
39
+ Le noyau interne est toujours un sujet actif de la recherche géologique. Différentes observations laissent entendre que le noyau interne serait en mouvement. Sa nature exacte reste sujette à discussion.
40
+
41
+ La lithosphère (11) est constituée de la croûte et d'une partie du manteau supérieur. Elle est subdivisée en plaques tectoniques, ou lithosphériques. La limite inférieure de la lithosphère se trouve à une profondeur comprise entre 100 et 200 kilomètres, à la limite où les péridotites approchent de leur point de fusion. Elle comprend la discontinuité de Mohorovicic (14).
42
+
43
+ L'asthénosphère (12) est la zone en dessous de la lithosphère.
44
+
45
+ Comprise dans l'asthénosphère, à la base de la lithosphère, se trouve une zone appelée LVZ (Low Velocity Zone) où on constate une diminution de la vitesse et une atténuation marquée des ondes sismiques P et S. Ce phénomène est dû à la fusion partielle des péridotites qui entraîne une plus grande fluidité. La LVZ n’est généralement pas présente sous les racines des massifs montagneux de la croûte continentale. Certains géologues incluent la LVZ dans la lithosphère.
46
+
47
+ Une zone de subduction (3) est une plaque qui s’enfonce dans le manteau, parfois jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres. C'est le lieu d'activités sismiques et volcaniques.
48
+
49
+ Le volcanisme (5) dit « de point chaud » est le plus profond des volcanismes actifs. Il s’agirait de volcans dont le magma proviendrait des profondeurs du manteau proche de la limite avec le noyau liquide. Ces volcans ne seraient donc pas liés aux plaques tectoniques et, ne suivant donc pas les mouvements de l’écorce terrestre, ils seraient quasiment immobiles à la surface du globe, et formeraient les archipels d'îles comme celui de Tahiti.
50
+
51
+ Le volcanisme de point chaud est produit par un panache de matière plus chaude (7) qui, partant de la limite avec le noyau, fond partiellement en arrivant près de la surface de la Terre.
52
+
53
+ La chaleur interne de la Terre est produite par la radioactivité naturelle des roches par désintégration de l'uranium, du thorium et du potassium[10]. Les études estiment que la contribution de la radioactivité crustale et mantellique représente approximativement la moitié de l’énergie totale dégagée, celle de la chaleur primordiale transmise du noyau de la Terre vers le manteau étant évaluée à 10 et jusqu'à 20 %[11].
54
+
55
+ Globalement, la température s'élève avec la proximité au centre de la Terre. À titre indicatif, elle varie d'entre 1100 °C à la base de la croûte continentale à probablement 5100 °C dans le noyau.
56
+
57
+ Les températures ne peuvent être mesurées rigoureusement : elles sont approximatives, la marge d'erreur grandissant avec la profondeur.
58
+
59
+ À partir de 2 900 km de profondeur, là où la pression commence à dépasser 1 million d’atmosphères, soit 100 Gigapascals, la chaleur interne joue au moins deux rôles majeurs :
60
+
61
+ À l'aide des enregistrements de plusieurs sismographes, on détermine expérimentalement à la suite d'un séisme la position de son épicentre le plus précisément possible. Les vibrations qui se propagent ensuite à travers tout le globe sont pareillement enregistrées.
62
+
63
+ Ces phénomènes ondulatoires sont soumis à des lois physiques telles que la réflexion ou la réfraction. Par analogie, les ondes sismiques se "comportent" comme des rayons lumineux. Ainsi, en appliquant les lois de Snell-Descartes de réfraction on déduit qu'elles ne se déplacent pas toutes à la même vitesse suivant le milieu qu’elles traversent.
64
+
65
+ L’examen attentif des courbes du temps mis selon la distance parcourue par les ondes permet alors d'évaluer le contenu de la Terre : une onde ira plus lentement dans un matériau plus mou (densité plus faible), et plus rapidement dans un matériau plus dur (densité plus élevée).
66
+
67
+ Il est à noter que les ondes étudiées dans la tomographie sismique sont les ondes de fond qui parcourent le globe terrestre dans toutes les directions. Les ondes de surface, qui causent les dégâts aux constructions humaines, ne se propagent que dans la croûte et ne donnent aucune information sur les couches profondes.
68
+
69
+ Les ondes sont de deux types : P et S. Certaines ondes arrivent rapidement : ce sont les ondes P (comme Premières) ; d’autres sont retardées et sont enregistrées plus tard : ce sont les ondes S (comme Secondes).
70
+
71
+ Lorsqu’une onde P arrive non-perpendiculairement sur une zone de transition (interface manteau-noyau par exemple) une petite partie de son énergie est convertie dans une autre forme d’onde (une fraction de P devient alors S). L’interprétation des relevés sismographiques est donc ardue car s’y chevauchent les tracés de nombreux types d’ondes qu’il faut démêler et dont on doit expliquer l’origine.
72
+
73
+ Toutes ces ondes sont désignées par des lettres différentes qu’on peut ensuite combiner au fur et à mesure de leur évolution (voir tableau ci-dessous).
74
+
75
+ Ainsi une onde PP est une onde P qui, après avoir subi une réflexion à la surface du globe terrestre, est restée dans le manteau avant de réapparaître en surface où elle est détectée. Une onde PKP est une onde P qui ressort en surface après avoir traversé le noyau externe liquide (trajet = manteau / noyau ext. / manteau).
76
+
77
+ L’appellation peut être allongée autant que nécessaire. Par exemple, une onde quasi verticale traversant le globe terrestre de part en part après avoir rebondi à la surface et être passée deux fois (à l’aller et au retour) par le noyau et la graine, et enfin réapparaissant à la surface, sera appelée PKIKPPKIKP.
78
+
79
+ En suivant le principe que dès que la vitesse d'une onde sismique change brutalement et de façon importante, cela signifie qu'il y a changement de milieu, les différentes couches séparées par des discontinuités ont pu être établies.
80
+
81
+ Sous l'effet de sa rotation et des mouvements internes des métaux en fusion de son noyau, la Terre se comporte comme une sorte de dynamo, dont résulte un champ magnétique. Celui-ci est peu important par rapport aux aimants industriels, mais est suffisant pour dévier l’aiguille d'une boussole et protéger en partie la surface terrestre de rayons cosmiques, comme ceux des vents solaires, qui perturberaient sinon les appareils électroniques.
82
+
83
+ Ce champ varie dans le temps. Dans la vie de la Terre, il s’est même inversé des centaines de fois, pour des raisons encore méconnues, mais qui occupent une recherche active. Celle-ci n'a pas pour le moment permis de mettre en évidence un effet dynamo dans une sphère en rotation lente, mais a montré la formation de colonnes de convection à certaines températures selon la viscosité des fluides et la vitesse de rotation. Ces mouvements sont apparemment compatibles avec ce que nous connaissons du champ électromagnétique terrestre.
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+
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+ Afin de comprendre comment les couches successives de la Terre se sont progressivement différenciées, il est utile de connaître la composition exacte du matériau primitif qui lui a donné naissance.
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+ Ses éléments indispensables sont le fer, le nickel et les silicates. On retrouve ces éléments (et plusieurs autres) dans un type de météorites appelé chondrites. Elles contiennent des petites zones sphériques de silicates solidifiés après fusion, les chondres, dont le nom est à l’origine de l’appellation de ces météorites.
88
+
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+ Certaines d’entre elles, comme la chondrite Allende, contiennent un mélange de fer métallique et d’oxyde de fer, ainsi qu’une grande quantité de carbone. D’autres, comme la chondrite d’Indarch[réf. nécessaire], du fer métallique et de l’enstatite, un silicate de magnésium (MgSiO3) extrêmement fréquent dans le manteau terrestre. Les météorites carbonées CI, plus primitives, montrent du fer totalement oxydé. Elles sont très proches par leur composition de la nébuleuse gazeuse qui donna naissance au système solaire il y a environ 4,57 milliards d’années, et à la Terre il y a 4,45 milliards d’années.
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+
91
+ Parmi toutes ces chondrites, seules celles contenant 45 % d’enstatite présentent une composition chimique et isotopique en adéquation avec la densité et la nature profonde actuelle de la Terre (plusieurs couches de silicates légers et un noyau où ont migré les métaux plus lourds). Ces météorites ont une taille bien trop faible pour être différenciées : leurs éléments y sont restés répartis de façon relativement homogène.
92
+
93
+ L'exploration humaine du cœur de la Terre est sujette à beaucoup de rêves et fantasmes, comme illustré dans le roman Voyage au centre de la Terre de Jules Verne.
94
+
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+ Dans les faits, en 1956 au Gouffre Berger, dans le massif du Vercors (Isère) la profondeur symbolique de –1 000 mètres est atteinte pour la première fois. En 2005, la profondeur spectaculaire des –2 000 mètres est dépassée par des spéléologues à Krubera-Voronja (ex gouffre Voronja), dans le Caucase occidental (Abkhazie).
96
+
97
+ Par ailleurs, la variété des terrains explorés dans les mines est beaucoup plus importante que les étendues de roches sédimentaires parcourues par les spéléologues et les terrains exploités sont bien plus anciens. Les mineurs y côtoient quotidiennement le phénomène d’élévation de la température qui dès le XVIIIe siècle influera sur les hypothèses d’un globe au cœur en fusion. Toutefois, même les mines les plus profondes du monde (~3 500m pour la Tau Tona d'Afrique du Sud en 2002) ne font qu’effleurer l’écorce terrestre.
98
+
99
+ La simple exploration humaine ne suffit pas à la connaissance du contenu profond du globe. Au-delà de deux kilomètres, l'exploration indirecte est nécessaire.
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101
+ L’objectif des forages profonds est de mieux connaître la lithosphère et d’atteindre la zone de transition entre celle-ci et le manteau supérieur : le Moho.
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103
+ Deux exemples : le programme KTB (Kontinental Tiefbohrprogramm der Bundesrepublik), qui a atteint 9 800 mètres sous l’Allemagne, et le forage sg3 de 12 600 mètres dans la péninsule de Kola (Russie) qui a duré de 1970 à 1989. À cette profondeur, la température observée était de 180 °C alors que l'on s'attendait plutôt à une température de l'ordre de 200 °C. Le gradient géothermique de 1 °C/60 m (la température s'élève avec la profondeur en moyenne de 1 °C tous les 60 m) y est deux fois plus faible que celui mesuré par la plupart des sondages[12].
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+
105
+ Si ces forages ont permis de confirmer la structure et la composition de la croûte, ou de tracer des profils sismiques régionaux, ils ne dépassent pas la croûte terrestre, ce qui ne représente même pas la peau d'une orange mise à l'´échelle de la planète.
106
+
107
+ La croûte océanique étant plus mince que les plaques continentales, plusieurs projets de forage océanique ont vu le jour, MOHOLE puis DSP[13] (1968-1983) aux États-Unis, puis des programmes internationaux comme ODP[14] (1985-2003) et IODP[15] (2003-2013).
108
+ Pour l'instant, aucun navire n’a encore réussi à forer jusqu’à la discontinuité de Mohorovičić.
109
+
110
+ L'étude des géoneutrinos issus des désintégrations radioactives de l'uranium 238, de l'uranium 235, du thorium 232 et du potassium 40 permet d'obtenir des informations sur la chaleur générée à l'intérieur de la Terre : environ 40 TW[16]. Cette valeur est cohérente avec celles obtenues par d'autres méthodes.
111
+
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+ L'étude des neutrinos atmosphériques qui traversent la Terre permet d'en sonder les couches internes et ainsi d'en déduire la densité et la masse des différentes couches[17].
113
+
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+ Depuis l’Antiquité, beaucoup ont tenté d'expliquer la constitution interne de notre globe : des mathématiciens, des philosophes, des théologiens puis plus tardivement des naturalistes, des physiciens et des géologues. Certains de ces intellectuels ont cherché à coller à la vision du terrain (relief, volcans, tremblements de terre), d’autres ont voulu aussi incorporer à leur modèle une explication des textes bibliques (le déluge) ; l'exhaustivité de ce recensement est difficilement atteignable.
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+ Aristote (IVe siècle av. J.-C.) établit l'une des premières définition de la constitution terrestre. Pour lui, la Terre est constituée de terre et de roche entourée d’eau puis d’air. Viennent ensuite une couche de feu et les astres. Jusqu’à Copernic cette vision évoluera peu.
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+ Mais au milieu du XVIIe siècle un foisonnement d’idées nouvelles apparaît. En 1644, René Descartes dans Les Principes de la philosophie présente la Terre comme un ancien soleil qui a gardé un noyau de type solaire, mais dont les couches externes ont évolué. Plusieurs couches se succèdent à partir du centre : roche, eau, air puis enfin une croûte extérieure en équilibre sur cet air. Cette croûte brisée a formé les reliefs et laissé passer l’eau venant des profondeurs qui a formé les mers et les océans. À la même époque, Athanasius Kircher postule lui aussi que le globe terrestre est un astre refroidi, mais qu'il contient sous la croûte une matière en fusion qui s’échappe parfois du centre par les volcans.
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+
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+ À la fin du XVIIe et au cours du XVIIIe siècle, une grande quantité d’hypothèses sont émises. William Whiston suggère une Terre issue d'une ancienne comète. John Woodward et Thomas Burnet proposent une Terre ayant été composée d’un mélange fluide qui s’est déposé par gravité au cours du temps. Edmund Halley conçoit une Terre creuse à plusieurs coques concentriques et noyau aimanté, séparés par du vide. Henri Gautier pense à une Terre totalement creuse où la fine croûte externe serait en équilibre entre gravité et force centrifuge.
121
+
122
+ Avec l’essor de la géologie, les théories doivent être cohérentes avec l'observation et les mesures géophysiques.
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+
124
+ Le peu d’influence des masses montagneuses sur la gravité locale tend à prouver que la Terre n’est pas creuse, invalidant les hypothèses antérieures. Dès le XVIIIe, le léger aplatissement du globe aux pôles et la nature ignée de certaines roches font dire à Georges de Buffon que la Terre a été en fusion à son origine.
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+
126
+ Au XIXe, la mesure de l’augmentation régulière de la température avec la profondeur dans les mines (1 °C pour 25 mètres) incite Joseph Fourier et Louis Cordier à extrapoler et déduire que le centre de notre planète est en fusion à une température de plusieurs milliers de degrés. L’origine de cette température est encore incertaine : on ne sait s'il s'agit d'un reste de la chaleur originelle conservée dans un globe terrestre en cours de refroidissement, ou bien s'il y a pu avoir élévation de la température interne de la Terre par des phénomènes physiques ou chimiques exothermiques. De plus, cette chaleur pourrait être suffisamment intense pour que toute la matière interne soit gazeuse au-delà d’une certaine profondeur.
127
+
128
+ Pour William Hopkins, la variation du point de fusion des roches en fonction de la pression fait une nouvelle fois pencher la balance en faveur d’un noyau solide.
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+
130
+ Selon Lord Kelvin, le niveau très faible des mouvements du sol liés à la marée (évalué par comparaison avec la mesure précise des marées océaniques) plaide pour un globe aux propriétés d’un solide élastique, et non pas d’un fluide. Son modèle nécessite une partie centrale rigide pour expliquer la déformation due aux marées (14 jours de période)[18].
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+
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+ Au cours du XXe siècle, la tomographie sismique, gagnant en précision, permet de faire plusieurs découvertes essentielles.
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+
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+ Dans le même temps, de 1923 à 1952, d’autres géophysiciens (Adams, Williamson, Bullen, Birch…) travaillent sur des équations permettant de déterminer la variation de la densité avec la profondeur et la pression qu’elle engendre.
135
+
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+ Par ailleurs, l’analyse de la composition des roches terrestres et météoritiques, ainsi que la mesure de la densité moyenne du globe (5,5) influent sur plusieurs modèles où une fine croûte légère de silicates recouvre un noyau métallique volumineux plus dense.
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+
138
+ La recherche actuelle s'intéresse à une meilleure connaissance du « très profond ». En particulier, la nature et les propriétés exactes de la graine terrestre. Par exemple, sa température. En 2013, des résultats convergents expliquent les écarts antérieurs, selon lesquels la température du noyau évoluerait de 3 800 °C à 5 500 °C selon la profondeur.[réf. nécessaire]
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+
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+ Croûte (continentale ou océanique)
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+
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+ Manteau
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+
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+ Noyau externeNoyau interneCentre de la Terre
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+ Manteau supérieur
fr/5522.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,146 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ La structure interne de la Terre désigne la répartition en enveloppes successives de la Terre : principalement la croûte terrestre, le manteau et le noyau, selon le modèle géologique actuel, qui s'efforce de décrire leurs propriétés et leurs comportements au cours des temps géologiques.
2
+
3
+ Ces couches sont délimitées par des discontinuités, repérables grâce à la sismologie. Celle-ci a permis de déterminer l'état de la matière à des profondeurs inaccessibles.
4
+
5
+ Cette constitution se comprend en remontant à la formation de la Terre par accrétion de planétésimaux, dont les météorites primitives, ou chondrites, constituent la mémoire. Les différentes couches se sont ensuite mises plus ou moins progressivement en place sous l'influence de divers paramètres physiques, comme la densité et la rhéologie des différentes phases constituant les matériaux premiers, ainsi que les affinités chimiques des éléments pour les diverses phases minérales, c'est-à-dire la différenciation chimique.
6
+
7
+ La croûte terrestre représente environ 1,5 % du volume de la Terre solide, 4,4 ‰ de la masse terrestre et 6,5 ‰ de la masse silicatée de la Terre (la Terre sans le noyau métallique)[1].
8
+
9
+ La croûte continentale (1) est solide, essentiellement granitique et surmontée par endroits de roches sédimentaires. Elle est plus épaisse que la croûte océanique (de 30 km à 100 km sous les massifs montagneux).
10
+
11
+ La croûte océanique (2) est solide et surtout composée de roches basaltiques. Relativement fine (environ 5 km).
12
+
13
+ Le manteau terrestre total représente 84 % du volume terrestre. La discontinuité de Mohorovicic (14) marque la transition entre la croûte et le manteau.
14
+
15
+ Le manteau terrestre est moins « rigide » que les autres couches, sans pour autant en être liquide (comme pourraient le laisser penser les coulées de lave). Pour donner une idée, la viscosité du manteau pour la roche qui le compose est comparable à la viscosité de la glace (telle que celle qui s'écoule dans les glaciers) pour l'eau.
16
+
17
+ Néanmoins, le manteau reste solide. En effet, aux profondeurs élevées du manteau, l'effet de pression (maintenant l'état solide) est plus important que l'effet de température (provoquant la fusion).
18
+
19
+ En revanche, quand les effets s'appliquent en sens inverse, lors par exemple d'une remontée suffisamment rapide, les matériaux mantelliques remontent (et donc se dépressurisent) plus vite que ne le permet l'équilibrage thermique par diffusion de la chaleur transportée : c'est ce que l'on appelle une remontée adiabatique. Ainsi, le matériau peut croiser son point de fusion commençante, et commencer à donner naissance à un magma primaire. Ceci se produit à l'aplomb des dorsales à une profondeur d'environ 100 km.
20
+
21
+ Le manteau supérieur (4) est moins visqueux (plus ductile) que le manteau inférieur : les contraintes physiques qui y règnent le rendent en partie plastique. Il est formé essentiellement de roches telles que la péridotite.
22
+
23
+ Le manteau inférieur (6) a des propriétés solides aux échelles de temps inférieures à l'année, et plastiques aux échelles de temps supérieures au siècle.
24
+
25
+ Dans le manteau inférieur, des cellules de convection du manteau (10) sont de la matière en mouvement lent. En effet, le manteau est le siège de courants de convection qui transfèrent la majeure partie de l’énergie calorifique du noyau de la Terre vers la surface. Ces courants provoquent la dérive des continents, mais leurs caractéristiques précises (vitesse, amplitude, localisation) sont encore mal connues.
26
+
27
+ Le noyau, qu'on distingue en noyau externe et interne, représente 15 % du volume terrestre. La discontinuité de Gutenberg (13) marque la transition entre le manteau et le noyau.
28
+
29
+ Le noyau externe (8) est liquide. Il est essentiellement composé de fer à 80-85 %, d'environ 10-12 % d'un élément léger non encore déterminé parmi le soufre, l'oxygène, le silicium et le carbone (ou un mélange des quatre)[2],[3], et enfin de l'ordre de 5 % de nickel. Sa viscosité est estimée entre 1 et 100 fois celle de l’eau, sa température moyenne atteint 4 000 degrés Celsius et sa densité 10.
30
+
31
+ Cette énorme quantité de métal en fusion est brassée par convection. Cette convection est surtout thermique (refroidissement séculaire de la planète), et pour une plus faible partie due à la composition du noyau (séparation, démixtion des phases).
32
+
33
+ Les mouvements du noyau externe interagissent avec les mouvements de la Terre : principalement sa rotation quotidienne, mais aussi à plus longue échelle de temps sa précession.
34
+
35
+ La nature conductrice du fer permet le développement de courants électriques variables qui donnent naissance à des champs magnétiques, lesquels renforcent ces courants, créant ainsi un effet dynamo, en s’entretenant les uns les autres. Ainsi explique-t-on que le noyau liquide est à l’origine du champ magnétique terrestre. La source d'énergie nécessaire à l'entretien de cette dynamo réside très probablement dans la chaleur latente de cristallisation de la graine.
36
+
37
+ Le noyau interne (9), aussi appelé graine, est une boule solide. Elle est essentiellement métallique (environ 80 % d'alliages de fer et 20 % de nickel) et constituée par cristallisation progressive du noyau externe. La pression, qui est de 3,5 millions de bars (350 gigapascals), le maintient dans un état solide malgré une température supérieure à 6000 °C[4] et une densité d’environ 13. La discontinuité de Lehmann marque la transition entre le noyau externe et le noyau interne.
38
+
39
+ Le noyau interne est toujours un sujet actif de la recherche géologique. Différentes observations laissent entendre que le noyau interne serait en mouvement. Sa nature exacte reste sujette à discussion.
40
+
41
+ La lithosphère (11) est constituée de la croûte et d'une partie du manteau supérieur. Elle est subdivisée en plaques tectoniques, ou lithosphériques. La limite inférieure de la lithosphère se trouve à une profondeur comprise entre 100 et 200 kilomètres, à la limite où les péridotites approchent de leur point de fusion. Elle comprend la discontinuité de Mohorovicic (14).
42
+
43
+ L'asthénosphère (12) est la zone en dessous de la lithosphère.
44
+
45
+ Comprise dans l'asthénosphère, à la base de la lithosphère, se trouve une zone appelée LVZ (Low Velocity Zone) où on constate une diminution de la vitesse et une atténuation marquée des ondes sismiques P et S. Ce phénomène est dû à la fusion partielle des péridotites qui entraîne une plus grande fluidité. La LVZ n’est généralement pas présente sous les racines des massifs montagneux de la croûte continentale. Certains géologues incluent la LVZ dans la lithosphère.
46
+
47
+ Une zone de subduction (3) est une plaque qui s’enfonce dans le manteau, parfois jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres. C'est le lieu d'activités sismiques et volcaniques.
48
+
49
+ Le volcanisme (5) dit « de point chaud » est le plus profond des volcanismes actifs. Il s’agirait de volcans dont le magma proviendrait des profondeurs du manteau proche de la limite avec le noyau liquide. Ces volcans ne seraient donc pas liés aux plaques tectoniques et, ne suivant donc pas les mouvements de l’écorce terrestre, ils seraient quasiment immobiles à la surface du globe, et formeraient les archipels d'îles comme celui de Tahiti.
50
+
51
+ Le volcanisme de point chaud est produit par un panache de matière plus chaude (7) qui, partant de la limite avec le noyau, fond partiellement en arrivant près de la surface de la Terre.
52
+
53
+ La chaleur interne de la Terre est produite par la radioactivité naturelle des roches par désintégration de l'uranium, du thorium et du potassium[10]. Les études estiment que la contribution de la radioactivité crustale et mantellique représente approximativement la moitié de l’énergie totale dégagée, celle de la chaleur primordiale transmise du noyau de la Terre vers le manteau étant évaluée à 10 et jusqu'à 20 %[11].
54
+
55
+ Globalement, la température s'élève avec la proximité au centre de la Terre. À titre indicatif, elle varie d'entre 1100 °C à la base de la croûte continentale à probablement 5100 °C dans le noyau.
56
+
57
+ Les températures ne peuvent être mesurées rigoureusement : elles sont approximatives, la marge d'erreur grandissant avec la profondeur.
58
+
59
+ À partir de 2 900 km de profondeur, là où la pression commence à dépasser 1 million d’atmosphères, soit 100 Gigapascals, la chaleur interne joue au moins deux rôles majeurs :
60
+
61
+ À l'aide des enregistrements de plusieurs sismographes, on détermine expérimentalement à la suite d'un séisme la position de son épicentre le plus précisément possible. Les vibrations qui se propagent ensuite à travers tout le globe sont pareillement enregistrées.
62
+
63
+ Ces phénomènes ondulatoires sont soumis à des lois physiques telles que la réflexion ou la réfraction. Par analogie, les ondes sismiques se "comportent" comme des rayons lumineux. Ainsi, en appliquant les lois de Snell-Descartes de réfraction on déduit qu'elles ne se déplacent pas toutes à la même vitesse suivant le milieu qu’elles traversent.
64
+
65
+ L’examen attentif des courbes du temps mis selon la distance parcourue par les ondes permet alors d'évaluer le contenu de la Terre : une onde ira plus lentement dans un matériau plus mou (densité plus faible), et plus rapidement dans un matériau plus dur (densité plus élevée).
66
+
67
+ Il est à noter que les ondes étudiées dans la tomographie sismique sont les ondes de fond qui parcourent le globe terrestre dans toutes les directions. Les ondes de surface, qui causent les dégâts aux constructions humaines, ne se propagent que dans la croûte et ne donnent aucune information sur les couches profondes.
68
+
69
+ Les ondes sont de deux types : P et S. Certaines ondes arrivent rapidement : ce sont les ondes P (comme Premières) ; d’autres sont retardées et sont enregistrées plus tard : ce sont les ondes S (comme Secondes).
70
+
71
+ Lorsqu’une onde P arrive non-perpendiculairement sur une zone de transition (interface manteau-noyau par exemple) une petite partie de son énergie est convertie dans une autre forme d’onde (une fraction de P devient alors S). L’interprétation des relevés sismographiques est donc ardue car s’y chevauchent les tracés de nombreux types d’ondes qu’il faut démêler et dont on doit expliquer l’origine.
72
+
73
+ Toutes ces ondes sont désignées par des lettres différentes qu’on peut ensuite combiner au fur et à mesure de leur évolution (voir tableau ci-dessous).
74
+
75
+ Ainsi une onde PP est une onde P qui, après avoir subi une réflexion à la surface du globe terrestre, est restée dans le manteau avant de réapparaître en surface où elle est détectée. Une onde PKP est une onde P qui ressort en surface après avoir traversé le noyau externe liquide (trajet = manteau / noyau ext. / manteau).
76
+
77
+ L’appellation peut être allongée autant que nécessaire. Par exemple, une onde quasi verticale traversant le globe terrestre de part en part après avoir rebondi à la surface et être passée deux fois (à l’aller et au retour) par le noyau et la graine, et enfin réapparaissant à la surface, sera appelée PKIKPPKIKP.
78
+
79
+ En suivant le principe que dès que la vitesse d'une onde sismique change brutalement et de façon importante, cela signifie qu'il y a changement de milieu, les différentes couches séparées par des discontinuités ont pu être établies.
80
+
81
+ Sous l'effet de sa rotation et des mouvements internes des métaux en fusion de son noyau, la Terre se comporte comme une sorte de dynamo, dont résulte un champ magnétique. Celui-ci est peu important par rapport aux aimants industriels, mais est suffisant pour dévier l’aiguille d'une boussole et protéger en partie la surface terrestre de rayons cosmiques, comme ceux des vents solaires, qui perturberaient sinon les appareils électroniques.
82
+
83
+ Ce champ varie dans le temps. Dans la vie de la Terre, il s’est même inversé des centaines de fois, pour des raisons encore méconnues, mais qui occupent une recherche active. Celle-ci n'a pas pour le moment permis de mettre en évidence un effet dynamo dans une sphère en rotation lente, mais a montré la formation de colonnes de convection à certaines températures selon la viscosité des fluides et la vitesse de rotation. Ces mouvements sont apparemment compatibles avec ce que nous connaissons du champ électromagnétique terrestre.
84
+
85
+ Afin de comprendre comment les couches successives de la Terre se sont progressivement différenciées, il est utile de connaître la composition exacte du matériau primitif qui lui a donné naissance.
86
+
87
+ Ses éléments indispensables sont le fer, le nickel et les silicates. On retrouve ces éléments (et plusieurs autres) dans un type de météorites appelé chondrites. Elles contiennent des petites zones sphériques de silicates solidifiés après fusion, les chondres, dont le nom est à l’origine de l’appellation de ces météorites.
88
+
89
+ Certaines d’entre elles, comme la chondrite Allende, contiennent un mélange de fer métallique et d’oxyde de fer, ainsi qu’une grande quantité de carbone. D’autres, comme la chondrite d’Indarch[réf. nécessaire], du fer métallique et de l’enstatite, un silicate de magnésium (MgSiO3) extrêmement fréquent dans le manteau terrestre. Les météorites carbonées CI, plus primitives, montrent du fer totalement oxydé. Elles sont très proches par leur composition de la nébuleuse gazeuse qui donna naissance au système solaire il y a environ 4,57 milliards d’années, et à la Terre il y a 4,45 milliards d’années.
90
+
91
+ Parmi toutes ces chondrites, seules celles contenant 45 % d’enstatite présentent une composition chimique et isotopique en adéquation avec la densité et la nature profonde actuelle de la Terre (plusieurs couches de silicates légers et un noyau où ont migré les métaux plus lourds). Ces météorites ont une taille bien trop faible pour être différenciées : leurs éléments y sont restés répartis de façon relativement homogène.
92
+
93
+ L'exploration humaine du cœur de la Terre est sujette à beaucoup de rêves et fantasmes, comme illustré dans le roman Voyage au centre de la Terre de Jules Verne.
94
+
95
+ Dans les faits, en 1956 au Gouffre Berger, dans le massif du Vercors (Isère) la profondeur symbolique de –1 000 mètres est atteinte pour la première fois. En 2005, la profondeur spectaculaire des –2 000 mètres est dépassée par des spéléologues à Krubera-Voronja (ex gouffre Voronja), dans le Caucase occidental (Abkhazie).
96
+
97
+ Par ailleurs, la variété des terrains explorés dans les mines est beaucoup plus importante que les étendues de roches sédimentaires parcourues par les spéléologues et les terrains exploités sont bien plus anciens. Les mineurs y côtoient quotidiennement le phénomène d’élévation de la température qui dès le XVIIIe siècle influera sur les hypothèses d’un globe au cœur en fusion. Toutefois, même les mines les plus profondes du monde (~3 500m pour la Tau Tona d'Afrique du Sud en 2002) ne font qu’effleurer l’écorce terrestre.
98
+
99
+ La simple exploration humaine ne suffit pas à la connaissance du contenu profond du globe. Au-delà de deux kilomètres, l'exploration indirecte est nécessaire.
100
+
101
+ L’objectif des forages profonds est de mieux connaître la lithosphère et d’atteindre la zone de transition entre celle-ci et le manteau supérieur : le Moho.
102
+
103
+ Deux exemples : le programme KTB (Kontinental Tiefbohrprogramm der Bundesrepublik), qui a atteint 9 800 mètres sous l’Allemagne, et le forage sg3 de 12 600 mètres dans la péninsule de Kola (Russie) qui a duré de 1970 à 1989. À cette profondeur, la température observée était de 180 °C alors que l'on s'attendait plutôt à une température de l'ordre de 200 °C. Le gradient géothermique de 1 °C/60 m (la température s'élève avec la profondeur en moyenne de 1 °C tous les 60 m) y est deux fois plus faible que celui mesuré par la plupart des sondages[12].
104
+
105
+ Si ces forages ont permis de confirmer la structure et la composition de la croûte, ou de tracer des profils sismiques régionaux, ils ne dépassent pas la croûte terrestre, ce qui ne représente même pas la peau d'une orange mise à l'´échelle de la planète.
106
+
107
+ La croûte océanique étant plus mince que les plaques continentales, plusieurs projets de forage océanique ont vu le jour, MOHOLE puis DSP[13] (1968-1983) aux États-Unis, puis des programmes internationaux comme ODP[14] (1985-2003) et IODP[15] (2003-2013).
108
+ Pour l'instant, aucun navire n’a encore réussi à forer jusqu’à la discontinuité de Mohorovičić.
109
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110
+ L'étude des géoneutrinos issus des désintégrations radioactives de l'uranium 238, de l'uranium 235, du thorium 232 et du potassium 40 permet d'obtenir des informations sur la chaleur générée à l'intérieur de la Terre : environ 40 TW[16]. Cette valeur est cohérente avec celles obtenues par d'autres méthodes.
111
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+ L'étude des neutrinos atmosphériques qui traversent la Terre permet d'en sonder les couches internes et ainsi d'en déduire la densité et la masse des différentes couches[17].
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114
+ Depuis l’Antiquité, beaucoup ont tenté d'expliquer la constitution interne de notre globe : des mathématiciens, des philosophes, des théologiens puis plus tardivement des naturalistes, des physiciens et des géologues. Certains de ces intellectuels ont cherché à coller à la vision du terrain (relief, volcans, tremblements de terre), d’autres ont voulu aussi incorporer à leur modèle une explication des textes bibliques (le déluge) ; l'exhaustivité de ce recensement est difficilement atteignable.
115
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116
+ Aristote (IVe siècle av. J.-C.) établit l'une des premières définition de la constitution terrestre. Pour lui, la Terre est constituée de terre et de roche entourée d’eau puis d’air. Viennent ensuite une couche de feu et les astres. Jusqu’à Copernic cette vision évoluera peu.
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118
+ Mais au milieu du XVIIe siècle un foisonnement d’idées nouvelles apparaît. En 1644, René Descartes dans Les Principes de la philosophie présente la Terre comme un ancien soleil qui a gardé un noyau de type solaire, mais dont les couches externes ont évolué. Plusieurs couches se succèdent à partir du centre : roche, eau, air puis enfin une croûte extérieure en équilibre sur cet air. Cette croûte brisée a formé les reliefs et laissé passer l’eau venant des profondeurs qui a formé les mers et les océans. À la même époque, Athanasius Kircher postule lui aussi que le globe terrestre est un astre refroidi, mais qu'il contient sous la croûte une matière en fusion qui s’échappe parfois du centre par les volcans.
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+ À la fin du XVIIe et au cours du XVIIIe siècle, une grande quantité d’hypothèses sont émises. William Whiston suggère une Terre issue d'une ancienne comète. John Woodward et Thomas Burnet proposent une Terre ayant été composée d’un mélange fluide qui s’est déposé par gravité au cours du temps. Edmund Halley conçoit une Terre creuse à plusieurs coques concentriques et noyau aimanté, séparés par du vide. Henri Gautier pense à une Terre totalement creuse où la fine croûte externe serait en équilibre entre gravité et force centrifuge.
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+ Avec l’essor de la géologie, les théories doivent être cohérentes avec l'observation et les mesures géophysiques.
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+ Le peu d’influence des masses montagneuses sur la gravité locale tend à prouver que la Terre n’est pas creuse, invalidant les hypothèses antérieures. Dès le XVIIIe, le léger aplatissement du globe aux pôles et la nature ignée de certaines roches font dire à Georges de Buffon que la Terre a été en fusion à son origine.
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126
+ Au XIXe, la mesure de l’augmentation régulière de la température avec la profondeur dans les mines (1 °C pour 25 mètres) incite Joseph Fourier et Louis Cordier à extrapoler et déduire que le centre de notre planète est en fusion à une température de plusieurs milliers de degrés. L’origine de cette température est encore incertaine : on ne sait s'il s'agit d'un reste de la chaleur originelle conservée dans un globe terrestre en cours de refroidissement, ou bien s'il y a pu avoir élévation de la température interne de la Terre par des phénomènes physiques ou chimiques exothermiques. De plus, cette chaleur pourrait être suffisamment intense pour que toute la matière interne soit gazeuse au-delà d’une certaine profondeur.
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128
+ Pour William Hopkins, la variation du point de fusion des roches en fonction de la pression fait une nouvelle fois pencher la balance en faveur d’un noyau solide.
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130
+ Selon Lord Kelvin, le niveau très faible des mouvements du sol liés à la marée (évalué par comparaison avec la mesure précise des marées océaniques) plaide pour un globe aux propriétés d’un solide élastique, et non pas d’un fluide. Son modèle nécessite une partie centrale rigide pour expliquer la déformation due aux marées (14 jours de période)[18].
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+ Au cours du XXe siècle, la tomographie sismique, gagnant en précision, permet de faire plusieurs découvertes essentielles.
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+ Dans le même temps, de 1923 à 1952, d’autres géophysiciens (Adams, Williamson, Bullen, Birch…) travaillent sur des équations permettant de déterminer la variation de la densité avec la profondeur et la pression qu’elle engendre.
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+ Par ailleurs, l’analyse de la composition des roches terrestres et météoritiques, ainsi que la mesure de la densité moyenne du globe (5,5) influent sur plusieurs modèles où une fine croûte légère de silicates recouvre un noyau métallique volumineux plus dense.
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+ La recherche actuelle s'intéresse à une meilleure connaissance du « très profond ». En particulier, la nature et les propriétés exactes de la graine terrestre. Par exemple, sa température. En 2013, des résultats convergents expliquent les écarts antérieurs, selon lesquels la température du noyau évoluerait de 3 800 °C à 5 500 °C selon la profondeur.[réf. nécessaire]
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+ Croûte (continentale ou océanique)
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+ Manteau
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+ Manteau supérieur
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+
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+ Un tsunami (en japonais 津波, litt. « vague du port ») est une série d'ondes de très grande période se propageant à travers un milieu aquatique (océan, mer ou lac[1]), issues du brusque mouvement d'un grand volume d'eau, provoqué généralement par un séisme, un glissement de terrain sous-marin ou une explosion volcanique, et pouvant se transformer, en atteignant les côtes, en vagues destructrices déferlantes de très grande hauteur[2].
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+
5
+ En eau profonde, les vagues du tsunami ont une période (temps séparant chaque crête) se comptant en dizaines de minutes, et peuvent voyager à plus de 800 km/h, tout en ne dépassant pas quelques décimètres de hauteur. Mais à l'approche des côtes, leur période et leur vitesse diminuent, tandis que leur amplitude augmente, leur hauteur pouvant dépasser 30 m[2]. Elles peuvent alors submerger le rivage, inondant les terrains bas, pénétrant profondément dans les terres, en emportant tout sur leur passage, dans une succession de flux et de reflux.
6
+
7
+ Les tsunamis font partie des catastrophes les plus destructrices de l'histoire. Sur les quatre derniers millénaires, ils totalisent plus de 600 000 victimes, à travers au moins 279 évènements répertoriés[2]. Le tsunami de 2004 dans l'Océan Indien est la catastrophe la plus meurtrière des 30 dernières années, avec plus de 250 000 victimes.
8
+
9
+ En français, le terme de raz-de-marée était précédemment couramment employé pour désigner les tsunamis. C'est toutefois un terme imprécis, car il regroupe sous la même appellation les tsunamis et d'autres phénomènes de submersion marine. Les scientifiques ont donc officialisé en 1963 le terme « tsunami »[3], sujet de cet article.
10
+
11
+ Un tsunami est créé lorsqu'une grande masse d'eau est déplacée. Cela peut être le cas lors d'un séisme important, d'une magnitude de 6,3 (valeur « seuil » d'après les catalogues de tsunamis disponibles : NOA, catalogue de Novossibirsk, etc.) ou plus, lorsque le niveau du plancher océanique le long d'une faille s'abaisse ou s'élève brutalement (voir Fig. 1), lors d'un glissement de terrain côtier ou sous-marin, lors d'un impact par un astéroïde ou une comète ou encore lors d'un retournement d'iceberg. Un fort séisme ne produit pas nécessairement un tsunami : tout dépend de la manière (vitesse, surface, etc.) avec laquelle la topographie sous-marine (bathymétrie) évolue aux alentours de la faille et transmet la déformation à la colonne d'eau au-dessus.
12
+
13
+ Les mouvements de l'eau provoquent un mouvement de grande longueur d'onde (généralement quelques centaines de kilomètres) et de grande période (quelques minutes dans le cas d'un glissement de terrain à quelques dizaines de minutes dans le cas d'un séisme).
14
+
15
+ Certains tsunamis sont capables de se propager sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres et d'atteindre l'ensemble des côtes d'un océan en moins d'une journée. Ces tsunamis de grande étendue sont généralement d'origine tectonique, car les glissements de terrain et les explosions volcaniques produisent généralement des ondes de plus courte longueur d'onde qui se dissipent rapidement : on parlera de dispersion des ondes.
16
+
17
+ Ce n'est pas principalement la hauteur du tsunami qui fait sa force destructrice, mais la durée de l'élévation du niveau de l'eau et la quantité d'eau déplacée à son passage : si des vagues de plusieurs mètres de hauteur, voire d'une dizaine de mètres, sont légion sur les côtes de l'océan Pacifique, elles ne transportent pas assez d'énergie pour pénétrer profondément à l'intérieur des terres. On peut voir le phénomène sous un autre angle : une vague classique, d'une période d'au plus une minute, n'élève pas le niveau de l'eau suffisamment longtemps pour qu'elle pénètre profondément, tandis que le niveau des eaux s'élève au-dessus de son niveau normal pendant 5 à 30 minutes lors du passage d'un tsunami.
18
+
19
+ La force destructrice provient de l'énergie considérable qu'il véhicule : contrairement à la houle ou aux vagues classiques qui sont des phénomènes de surface et de faible longueur, le tsunami touche l'océan sur toute sa profondeur et sur une longueur d'onde bien plus importante. L'énergie dépendant de la vitesse et de la masse, celle-ci est considérable, même pour une faible élévation de surface au large près de l'épicentre. C'est cette énergie qui est révélée par l'élévation de la vague à l'approche des côtes. D'où son impact sur le littoral.
20
+
21
+ Les victimes emportées par un tsunami peuvent recevoir divers chocs par les objets charriés (morceaux d'habitations détruites, bateaux, voitures, arbres, etc.) ou être projetées violemment contre des objets terrestres (mobilier urbain, arbres, etc.) : ces coups peuvent être mortels ou provoquer une perte de conscience et de facultés, pertes menant à la noyade. Certaines victimes peuvent aussi être piégées sous les décombres d'habitations. Enfin, le reflux du tsunami est capable d'emmener des personnes au large, où elles dérivent et, sans secours, meurent de noyade, d'épuisement ou de soif.
22
+
23
+ Dans les jours et les semaines suivant l'événement, le bilan peut s'alourdir, en particulier dans les pays pauvres. Mais de temps à autre des victimes survivent et restent des jours, des semaines voire des mois sous les décombres. L'après-tsunami peut être plus mortel que la vague elle-même. Les maladies liées à la putréfaction de cadavres, à la contamination de l'eau potable et à la péremption des aliments sont susceptibles de faire leur apparition. La faim peut survenir en cas de destruction des récoltes et des stocks alimentaires.
24
+
25
+ Les tsunamis sont susceptibles de détruire habitations, infrastructures et flore en raison :
26
+
27
+ De plus, dans les régions plates, la stagnation d'eaux maritimes saumâtres peut porter un coup fatal à la faune et à la flore côtières, ainsi qu'aux récoltes. Sur les côtes sableuses ou marécageuses, le profil du rivage peut être modifié par la vague et une partie des terres, immergées.
28
+
29
+ Les récifs coralliens peuvent également être disloqués et mis à mal par le tsunami lui-même et par la turbidité de l'eau qui peut s'ensuivre les semaines suivantes, ainsi que par les polluants (engrais, pesticides…) que l'eau a pu ramener.
30
+
31
+ Pour mesurer les effets ou la magnitude des tsunamis, différentes échelles, analogues à l'échelle de Richter pour les séismes, sont utilisées.
32
+
33
+ L'échelle Sieberg-Ambraseys, utilisée par le BRGM, classe les tsunamis par degrés[3] :
34
+
35
+ L'échelle d'Imamura permet d'attribuer une magnitude aux tsunamis. Introduite par Akitsune Imamura en 1942 et développée par Iida en 1956, elle est l'une des plus simples. La magnitude est calculée à partir de la hauteur maximum de la vague au niveau de la côte, selon la formule[4] :
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+
41
+ m
42
+
43
+
44
+ {\displaystyle m}
45
+
46
+ désigne la magnitude et
47
+
48
+
49
+
50
+
51
+ H
52
+
53
+
54
+ m
55
+ a
56
+ x
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+ {\displaystyle H_{\mathrm {max} }}
63
+
64
+ la hauteur maximale de la vague (
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+ log
70
+
71
+ 2
72
+
73
+
74
+
75
+
76
+ {\displaystyle \log _{2}}
77
+
78
+ est le logarithme de base 2).
79
+
80
+ Par exemple, le tsunami de 2004 dans l'océan Indien fut de magnitude 4 à Sumatra et de magnitude 2 en Thaïlande[4].
81
+
82
+ La présence d'un système d'alerte permettant d'alerter la population quelques heures avant la survenue d'un tsunami, la sensibilisation des populations côtières aux risques et aux gestes de survie, et la sécurisation de l'habitat permettent de sauver la plupart des vies humaines.
83
+
84
+ Au Japon, habitué à ce genre de catastrophes, les habitants ont pris des précautions systématiques. Ils ont mis en place un système doté d'ordinateurs très performants, système qui peut détecter la formation d'un tsunami, en déduire la hauteur des vagues ainsi que la vitesse de leur propagation et le moment où les vagues atteindront les côtes grâce à l'épicentre et à la magnitude du séisme. Ils transmettent aussi ces données aux pays du Pacifique, même à leurs concurrents, contrairement à la surveillance de l'océan Indien[5].
85
+
86
+ Il suffit généralement de s'éloigner de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres des côtes ou d'atteindre un promontoire de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de hauteur pour être épargné. La mise à l'abri ne prend donc que quelques minutes à un quart d'heure, aussi un système d'alerte au tsunami permet-il d'éviter la plupart des pertes humaines.
87
+
88
+ Un système de bouées adaptées à la réception des mouvements (capteurs de pression disposés sur les fonds océaniques) peut être installé le long des côtes et ainsi prévenir du danger.
89
+
90
+ Un dispositif de surveillance et d'alerte, utilisant une maille de sondes subocéaniques et traquant les séismes potentiellement déclencheurs de tsunamis, permet d'alerter les populations et les plagistes de l'arrivée d'un tsunami dans les pays donnant sur l'océan Pacifique : le Centre d'alerte des tsunamis dans le Pacifique, basé sur la plage d'Ewa à Hawaï, non loin d'Honolulu.
91
+
92
+ À Hawaï, où le phénomène est fréquent, les règlements d'urbanisme imposent que les constructions proches du rivage soient bâties sur pilotis.
93
+
94
+ À Malé, la capitale des Maldives, une rangée de tétrapodes en béton dépassant de 3 mètres le niveau de la mer est prévue pour diminuer l'impact des tsunamis.
95
+
96
+ La sensibilisation au phénomène et à ses dangers est également un facteur déterminant pour sauver des vies humaines, car toutes les côtes ne possèdent pas de système d'alarme - les côtes des Océans Atlantique et Indien en sont notamment dépourvues. De plus, certains tsunamis ne peuvent être détectés à temps (tsunamis locaux).
97
+
98
+ Deux indices annonçant la survenue possible d'un tsunami sont à reconnaître et impliquent qu'il faut se rendre en lieu sûr :
99
+
100
+ Si l'on est surpris par le tsunami, grimper sur le toit d'une habitation ou la cime d'un arbre solide, tenter de s'accrocher à un objet flottant que le tsunami charrie sont des solutions de dernier recours. En aucun cas, il n'est sûr de revenir auprès des côtes dans les heures suivant le tsunami car celui-ci peut être composé de plusieurs vagues espacées de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures.
101
+
102
+ Sources : voir Bibliographie thématique : prévention.
103
+
104
+ Un rapport publié par le PNUE suggère que le tsunami du 26 décembre 2004 a causé moins de dégâts dans les zones où des barrières naturelles, telles que les mangroves, les récifs coralliens ou la végétation côtière, étaient présentes. Une étude japonaise sur ce tsunami au Sri Lanka, établit à l’aide d’une modélisation sur image satellite, les paramètres de résistance côtière en fonction de différentes classes d’arbres[6].
105
+
106
+ En France Métropolitaine, le programme MAREMOTI[7] financièrement soutenu par l'ANR dans le cadre de RiskNat 2008 et ayant débuté le 24 mars 2009[8]. Il associe plusieurs disciplines : la marégraphie, l'observation historique et de traces de paléo-tsunamis d'événements anciens (aux Baléares et sur la côte Nord-Est Atlantique notamment), la modélisation (notamment pour la création d'outils d'alerte) et des études de vulnérabilité. Le CEA coordonne les dix partenaires (CEA/DASE, SHOM, université de La Rochelle, Noveltis, GEOLAB - Université Blaise Pascal, LGP - Université Paris 1, Géosciences Consultants, GESTER - Université Montpellier, Centro de Geofisica da Universidade de Lisboa (Portugal), Laboratoire de Géologie - ENS).
107
+
108
+ En outre-mer, le programme de recherche PREPARTOI[9] s'intéresse à l'évaluation et la réduction du risque de tsunami à La Réunion et à Mayotte. Également pluridisciplinaire, ce projet se veut intégré et systémique, tout comme le programme MAREMOTI, apportant des solutions opérationnelles aux services de l'État.
109
+
110
+ Le CENALT, le centre d'alerte aux tsunamis pour l'Atlantique Nord-Est et la Méditerranée occidentale est opérationnel depuis juillet 2012 à Bruyères-le-Châtel.
111
+
112
+ Glissements de terrain et éruptions volcaniques peuvent déclencher des tsunamis dans des lacs et des fleuves[10]. Le lac Léman a connu un tsunami en l'an 563 avec une vague atteignant 13 mètres[11],[12]. Des tsunamis ont affecté d'autres lacs alpins, notamment le lac de Côme aux vie et xiie siècles, le lac de Lucerne en 1601 et le lac du Bourget en 1822[13].
113
+
114
+ On définit comme mégatsunami un tsunami dont la hauteur au niveau des côtes dépasse cent mètres. Un mégatsunami, s'il se propage librement dans l'océan, est capable de provoquer des dégâts majeurs à l'échelle de continents entiers. Les séismes étant incapables a priori d'engendrer de telles vagues, seuls des événements cataclysmiques, tels un impact météoritique de grande ampleur ou l'effondrement d'une montagne dans la mer, en sont la cause possible.
115
+
116
+ Aucun mégatsunami non local n'a été rapporté dans l'histoire de l'humanité. Notamment, l'explosion du Krakatoa en 1883 et l'effondrement de Santorin dans l'Antiquité n'en ont pas produit.
117
+
118
+ Les causes possibles d'un mégatsunami sont des phénomènes rares, espacés d'échelles de temps géologiques — au bas mot plusieurs dizaines de milliers d'années, si ce n'est des millions d'années. Certains scientifiques estiment cependant qu'un mégatsunami aurait récemment été provoqué par l'effondrement du Piton de la Fournaise sur lui-même, à La Réunion : l'événement remonterait à 2 700 av. J.-C. environ.
119
+
120
+ Les glissements de terrain produisent des tsunamis de courte période qui ne peuvent se propager sur plusieurs milliers de kilomètres sans dissiper leur énergie. Par exemple, lors des glissements de terrain à Hawaï en 1868 sur le Mauna Loa et en 1975 sur le Kīlauea, des tsunamis locaux importants furent créés, sans que les côtes américaines ou asiatiques distantes fussent inquiétées.
121
+
122
+ Le risque de mégatsunami reste cependant médiatisé et surévalué. Des modèles controversés prédisent en effet deux sources possibles de mégatsunami dans les prochains millénaires : sont envisagés un effondrement le long des flancs du Cumbre Vieja aux Canaries (mettant la côte est du continent américain en danger) et un autre au Kīlauea à Hawaï (menaçant la côte ouest de l'Amérique et celles de l'Asie). Des études plus récentes remettent en cause le risque d'effondrement sur les flancs de ces volcans, d'une part, et le caractère non local des tsunamis engendrés, d'autre part.
123
+
124
+ Sources : Bibliographie thématique : mégatsunamis.
125
+
126
+ Dans la mythologie grecque, à l'occasion de son témoignage sur la vengeance des dieux contre le roi de Troie Laomédon (~XIVe siècle av. J.-C.) et le sacrifice d'Hésione, le poète romain Ovide identifie le monstre marin divin Céto à une inondation[14]. D'autres auteurs, comme Valérius Flaccus, y joignent un bruit de tremblement de terre[15]. L'un dans l'autre suggérant un tsunami.
127
+
128
+ Des tsunamis surviennent quasiment chaque année dans le monde. Les plus violents peuvent changer le cours de l'histoire. Par exemple, des archéologues ont avancé qu'un raz de marée en mer Méditerranée a ravagé la côte nord de la Crète, il y a un peu plus de 3 500 ans ; ce désastre aurait marqué le début de la décadence de la civilisation minoenne, l'une des plus raffinées de l'Antiquité[16].
129
+
130
+ À l'échelle des temps géologiques, des tsunamis d'une ampleur exceptionnelle peuvent accompagner des événements majeurs tout aussi exceptionnels. C'est par exemple le cas de l'impact de Chicxulub il y a environ 66 millions d'années. En 2018, une simulation numérique de ses effets sur l'océan mondial a permis de quantifier la hauteur de la vague : jusqu'à 1 500 m dans le golfe du Mexique, plusieurs mètres dans les secteurs les plus éloignés. La vitesse de l'eau au fond de l'océan (plus de 20 cm/s) doit aussi avoir eu pour effet de remobiliser une épaisseur considérable de sédiments[17].
131
+
132
+ L'historien grec Thucydide fut le premier à établir un lien entre tremblements de terre et tsunamis, au Ve siècle av. J.-C.. Il avait noté que le premier indice d'un raz de marée est souvent le soudain retrait des eaux d'un port, tandis que la mer s'éloigne de la côte[18].
133
+
134
+ Le Stromboli est à l'origine d'un tsunami vu par Pétrarque, c'est l'un des trois qui se sont produits au Moyen Âge en Méditerranée. Une étude de l'Université de Pise et de l' Ingv situe les épisodes dans la période 1343 - 1456.
135
+ Pétrarque a été témoin oculaire du tsunami qu'il définit una strana tempesta («  une étrange tempête »), si violent qu'il aurait détruit les ports de Naples et d'Amalfi[19].
136
+
137
+ Au XXe siècle, dix tsunamis par an furent enregistrés, dont un et demi par an a provoqué des dégâts ou des pertes humaines. Sur cette période d'un siècle, sept provoquèrent plus d'un millier de morts, soit moins d'un tous les dix ans.
138
+
139
+ 80 % des tsunamis enregistrés le sont dans l'océan Pacifique ; parmi les huit tsunamis ayant causé plus d'un millier de victimes depuis 1900, seul le tsunami du 26 décembre 2004 n'a pas eu lieu dans l'océan Pacifique.
140
+
141
+ Sources : voir Bibliographie thématique : statistiques sur les tsunamis.
142
+
143
+ En pleine mer, le tsunami se comporte comme la houle : c'est une onde à propagation elliptique, c'est-à-dire que les particules d'eau sont animées d'un mouvement elliptique à son passage. Il n'y a (presque) pas de déplacement global de l'eau, une particule retrouve sa position initiale après le passage du tsunami. La figure 2 illustre le déplacement des particules d'eau au passage de la vague.
144
+
145
+ Mais, contrairement à la houle, le tsunami provoque une oscillation de l'eau aussi bien en surface (un objet flottant est animé d'un mouvement elliptique à son passage, cf. point rouge du haut sur la Fig. 2) qu'en profondeur (l'eau est animée d'une oscillation horizontale dans le sens de la propagation de l'onde, voir le point rouge du bas sur la Fig. 2). Ce fait est lié à la grande longueur d'onde du tsunami, typiquement quelques centaines de kilomètres, qui est très supérieure à la profondeur de l'océan - une dizaine de kilomètres tout au plus. Il en résulte que la quantité d'eau mise en mouvement est bien supérieure à ce que la houle produit ; aussi le tsunami transporte-t-il beaucoup plus d'énergie que la houle.
146
+
147
+ Les vagues ordinaires de l'océan sont de simples rides formées à sa surface par le vent. Mais un tsunami déplace une colonne d'eau tout entière, depuis le plancher océanique jusqu'en haut. La perturbation initiale se propage dans des directions opposées à partir de la faille, dans de longs fronts de houle parfois séparés les uns des autres par 500 km. Ceux-ci se remarquent à peine au large, en eaux profondes. Ils n'atteignent des hauteurs redoutables qu'en eaux peu profondes, quand ils se cumulent à l'approche d'une côte[18].
148
+
149
+ Un tsunami possède deux paramètres fondamentaux :
150
+
151
+ Ces paramètres sont sensiblement constants au cours de la propagation du tsunami, dont la perte d'énergie par friction est faible du fait de sa grande longueur d'onde.
152
+
153
+ Les tsunamis d'origine tectonique ont des périodes longues, généralement entre une dizaine de minutes et plus d'une heure. Les tsunamis créés par des glissements de terrain ou l'effondrement d'un volcan ont souvent des périodes plus courtes, de quelques minutes à un quart d'heure.
154
+
155
+ Les autres propriétés du tsunami comme la hauteur de la vague, la longueur d'onde (distance entre les crêtes) ou la vitesse de propagation sont des quantités variables qui dépendent de la bathymétrie et/ou des paramètres fondamentaux
156
+
157
+
158
+
159
+ E
160
+
161
+
162
+ {\displaystyle E}
163
+
164
+ et
165
+
166
+
167
+
168
+ T
169
+
170
+
171
+ {\displaystyle T}
172
+
173
+ .
174
+
175
+ La plupart des tsunamis ont une longueur d'onde supérieure à la centaine de kilomètres, bien supérieure à la profondeur des océans qui ne dépasse guère 10 km, de sorte que leur propagation est celle d'une vague en milieu « peu profond ». La longueur d'onde
176
+
177
+
178
+
179
+ λ
180
+
181
+
182
+ {\displaystyle \lambda }
183
+
184
+ dépend alors de la période
185
+
186
+
187
+
188
+ T
189
+
190
+
191
+ {\displaystyle T}
192
+
193
+ et de la profondeur de l'eau
194
+
195
+
196
+
197
+ h
198
+
199
+
200
+ {\displaystyle h}
201
+
202
+ selon la relation :
203
+
204
+
205
+
206
+
207
+
208
+ g
209
+ =
210
+ 9
211
+
212
+ ,
213
+
214
+ 81
215
+  
216
+
217
+
218
+ m
219
+
220
+
221
+ s
222
+
223
+
224
+ 2
225
+
226
+
227
+
228
+
229
+
230
+
231
+ {\displaystyle g=9{,}81\ {\rm {m\cdot s^{-2}}}}
232
+
233
+ est la gravité, ce qui donne numériquement
234
+
235
+ La période spatiale ou longueur d'onde est le plus souvent comprise entre 60 km (période de 10 min et profondeur de 1 km), typique des tsunamis locaux non tectoniques, et 870 km (période de 60 min et profondeur de 6 km), typique des tsunamis d'origine tectonique.
236
+
237
+ Pour les tsunamis de période suffisamment longue, typiquement une dizaine de minutes, soit la plupart des tsunamis d'origine tectonique, la vitesse
238
+
239
+
240
+
241
+ v
242
+
243
+
244
+ {\displaystyle v}
245
+
246
+ de déplacement d'un tsunami est fonction de la seule profondeur d'eau
247
+
248
+
249
+
250
+ h
251
+
252
+
253
+ {\displaystyle h}
254
+
255
+  :
256
+
257
+ Cette formule peut être utilisée pour obtenir une application numérique :
258
+
259
+ ce qui signifie que la vitesse est de 870 km/h pour une profondeur de 6 km et de 360 km/h pour une profondeur d'un kilomètre. La figure 4. illustre la variabilité de la vitesse d'un tsunami, en particulier le ralentissement de la vague en milieu peu profond, notamment à l'approche des côtes.
260
+
261
+ De la variabilité de cette vitesse de propagation, il résulte une réfraction de la vague dans les zones peu profondes. Ainsi, le tsunami a rarement l'allure d'une onde circulaire centrée sur le point d'origine, comme le montre la Fig. 5. Toutefois, l'heure d'arrivée d'un tsunami sur les différentes côtes est prévisible puisque la bathymétrie des océans est bien connue. Cela permet d'organiser au mieux l'évacuation lorsqu'un système de surveillance et d'alerte est en place.
262
+
263
+ Il est ainsi possible de calculer et de retracer les temps de parcours de différents tsunamis historiques à travers un océan comme le fait le National Geophysical Data Center[20].
264
+
265
+ Pour des tsunamis de longue période, qui présentent peu de dissipation d'énergie même sur de grandes distances, l'amplitude
266
+
267
+
268
+
269
+ A
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+
271
+
272
+ {\displaystyle A}
273
+
274
+ du tsunami est donnée par la relation :
275
+
276
+ Pour les tsunamis de faible période (souvent ceux d'origine non sismique) la décroissance avec la distance peut être beaucoup plus rapide.
277
+
278
+ Lorsque le tsunami s'approche des côtes sa période et sa vitesse diminuent, son amplitude augmente. Lorsque l'amplitude du tsunami devient non négligeable par rapport à la profondeur de l'eau, une partie de la vitesse d'oscillation de l'eau se transforme en un mouvement horizontal global, appelé courant de Stokes. Sur les côtes, c'est davantage ce mouvement horizontal et rapide (typiquement plusieurs dizaines de km/h) qui est la cause des dégâts que l'élévation du niveau de l'eau.
279
+
280
+ À l'approche des côtes, le courant de Stokes d'un tsunami a pour vitesse théorique
281
+
282
+ soit
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+
284
+ Cependant, contrairement à la propagation en haute mer, les effets d'un tsunami sur les côtes sont difficiles à prévoir, car de nombreux phénomènes peuvent avoir lieu.
285
+
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+ Contre une falaise, par exemple, le tsunami peut être fortement réfléchi ; à son passage on observe une onde stationnaire dans laquelle l'eau a essentiellement un mouvement vertical.
287
+
288
+ Les derniers tsunamis vraiment importants de la période historique ont concerné la mer Méditerranée et datent de l'Antiquité[22] : le premier récit historique d'un tsunami est fait par Hérodote dans son Enquête lors de la prise de la ville de Potidée par le général perse Artabaze en -479 lors des guerres médiques[23]. Ils peuvent aussi naître dans la mer du nord située au-dessus de ce qui a été la jonction de trois plaques tectoniques continentales dans la première période de l'ère paléozoïque (des mouvements et failles résiduels peuvent encore provoquer des tremblements de terre et les tsunamis de petite taille)[24]. Quelques petits tsunamis semblent avoir eu lieu durant les vingt derniers siècles dans le pas de Calais, notamment lors du tremblement de terre de 1580.
289
+
290
+ Dans les 3 siècle précédents, la France métropolitaine n'a connu que quelques petits tsunamis (au XXe siècle principalement) :
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+
292
+ La France d'outre-mer est bien plus exposé à l'aléa tsunami que la France Métropolitaine. Ses territoires et départements sont souvent situés dans des bassins océaniques plus propices au déclenchement de tsunami par des séismes de forte magnitude, notamment dans les zones de subduction.
293
+ De nombreux catalogues de ces tsunamis existent dans la littérature scientifique pour la Polynésie française[28], la Guadeloupe[29], la Martinique[30] ou encore la Nouvelle-Calédonie[31]. À noter l'événement meurtrier du 28 mars 1875, tuant 25 personnes sur l'île de Lifou en Nouvelle-Calédonie.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le baroque est un mouvement artistique qui trouve son origine en Italie dans des villes telles que Rome, Mantoue, Venise et Florence dès le milieu du XVIe siècle et qui se termine au milieu du XVIIIe siècle. Il y a un âge baroque différent selon les domaines, qu'ils soient intellectuels, historiques ou artistiques. Certains critiques y voient une constante culturelle qui revient tout au long de l'histoire comme l'a écrit Eugenio d'Ors.
2
+
3
+ Si la définition du baroque reste ouverte, comme son étude, on peut en proposer l’approche suivante :
4
+
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+ Au sens propre, le terme baroque, qui n’a d’ailleurs jamais été utilisé au XVIIe s., s’applique à un style architectural créé alors à Rome et qui s’est propagé dans d’autres pays. De l’architecture, ce vocable s’est étendu à la sculpture et à la peinture et aux autres formes de la production spirituelle contemporaine.
6
+
7
+ Si les dates du baroque varient d’un pays à l’autre, on s’accorde à situer l’ensemble entre le commencement du XVIIe et la première moitié du XVIIIe s., cela n’impliquant pas pour autant que tout ce qui appartient à cette époque soit baroque.
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+
9
+ Entre la fin de la Renaissance et le baroque, on s’accorde aujourd’hui à insérer la phase maniériste. D’autre part, une esthétique du rococo est en voie d’être clairement définie. Cette restriction du champ d’application du terme baroque semble utile dans l’effort de clarification entrepris.
10
+
11
+ Le baroque, qui touche tous les domaines, se caractérise par l’exagération du mouvement, la surcharge décorative, les effets dramatiques, la tension, l’exubérance des formes, la grandeur parfois pompeuse et le contraste, ce même contraste dont parlait Philippe Beaussant : l’époque baroque a tenté de dire « un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles »[R 1].
12
+
13
+ À l'origine, le baroque était un terme péjoratif, relevant de la bizarrerie et de l'étrangeté[1]. L’adjectif « baroque » apparaît au XVIe siècle sous le nom de berrueco (en Espagne) et barroco (au Portugal) pour désigner, en joaillerie, une perle irrégulière.
14
+
15
+ Le mot « baroque » pourrait aussi provenir d'un moyen mnémotechnique utilisé à la Renaissance pour retenir la façon de construire, en logique aristotélicienne, un des syllogismes de la deuxième figure, Baroco. La bizarrerie qu'on attache depuis toujours au baroque serait née de cette manière futile et pédante de raisonner, pour finir, au XVIIIe siècle, par désigner « la forme la plus extrême du bizarre »[2].
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+
17
+ Il touche tous les domaines artistiques, sculpture, peinture, littérature, architecture, théâtre et musique et se répand rapidement dans la plupart des pays d’Europe.
18
+
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+ Le terme « baroque » vient du portugais « barroco » qui signifie « perle irrégulière »[Note 2]. Les idées germinales du baroque se retrouvent dans le travail de Michel-Ange. Le style baroque débute aux alentours de 1580.
20
+
21
+ Les historiens de l’art, souvent protestants, ont traditionnellement accentué le fait que le style baroque évoluait à une époque où l’Église catholique romaine réagissait face à plusieurs mouvements culturels produisant une nouvelle science et de nouvelles formes de religions – la Réforme[Note 3],[R 2]. On a dit que le baroque monumental était un style que la papauté pouvait instrumentaliser, comme le firent les monarchies absolues, en imposant une voie d’expression à même de restaurer son prestige, au point de commencement symbolique de la Contre-Réforme catholique. Que ce fût ou non le cas, son développement eut du succès à Rome[Note 4] où l’architecture baroque renouvela largement le centre-ville ; peut-être la plus importante rénovation urbanistique.
22
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23
+ Le terme « baroque » dans son sens actuel, comme la plupart des périodes ou désignations stylistiques, a été inventé postérieurement par la critique d'art (c'est Heinrich Wolfflin qui impose cette catégorie esthétique en 1915 dans ses Principes fondamentaux de l'histoire de l'art) et non par les artistes des XVIe et XVIIe siècles. Ceux-ci ne se pensaient pas baroques, mais classiques. Ils utilisent les formes du Moyen Âge, les ordres classiques, les frontons, toute une modénature classique issue des modèles gréco-romains. Le baroque est né à Rome à la fin du XVIe siècle. En français, le terme est attesté dès 1531 à propos d'une perle, à la fin du XVIIe siècle au sens figuré[E 1]. Ainsi Jean-Jacques Rousseau écrit en 1768 dans son Dictionnaire de la musique « Baroque : Une musique baroque est celle dont l'harmonie est confuse, chargée de modulations et dissonances, le chant dur et peu naturel, l'intonation difficile, et le mouvement contraint. Il y a bien de l'apparence que ce terme vient du baroco des logiciens[E 2]. » C'est en 1855 que, pour la première fois, le mot est utilisé pour décrire la période et l’art succédant à la Renaissance sous la plume de l’historien d’art suisse Jacob Burckhardt dans Le Cicerone[A 2].
24
+
25
+ Il faut attendre une génération et 1878 pour que le « style baroque » fasse son entrée dans le Dictionnaire de l’Académie française et que la définition perde un peu de son caractère dépréciatif[E 3]. Il est vrai que l’impératrice Eugénie a remis au goût du jour les mignardises et le style Louis XV et qu’est né, ce que nous appelons le style néo-baroque[Note 5] : la réhabilitation peut commencer et Wölfflin écrit son œuvre pour nous éclairer sur ce qu’est ce baroque si complexe, tourmenté, irrégulier et, au fond, plus fascinant que bizarre…
26
+
27
+ L’historien d’art d’origine suisse Heinrich Wölfflin[R 3] (1864-1945), dans Renaissance et Baroque[A 3], définit le baroque comme un « mouvement importé en masse », un art antithèse de l’art de la Renaissance[Note 6]. Il ne fait pas de distinctions entre le maniérisme et le baroque, ce que font les auteurs modernes, et il ignore sa phase plus récente, le rococo qui s’épanouit dans la première moitié du XVIIIe siècle. En France et en Grande-Bretagne, son étude n’est prise au sérieux qu’à partir de l’influence prédominante que Wölfflin acquiert au sein de l’école germanique.
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+ Les historiens de l'art actuels utilisent avec réticence le mot baroque, terme polysémique qui a une signification trop floue et ambigüe[C 1].
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+ C’est grâce à l’implantation de l’Église catholique que l’art baroque se propage en Europe[R 4]. Il se diffuse au XVIIe siècle dans toute l’Europe, et plus particulièrement en Espagne, Europe centrale et Pays-Bas. En France par exemple Claude Lorrain a peint Port de mer au soleil couchant avec un grand travail de la lumière. Et en Espagne, Les Ménines de Vélasquez. On peut retrouver encore aujourd’hui des traces de ce mouvement baroque partout en Europe, par exemple la façade de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle.
32
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33
+ La popularité et le succès du baroque sont encouragés par l’Église catholique romaine quand elle décide que le côté théâtral du style des artistes du baroque pouvait promouvoir des thèmes religieux avec une implication directe et émotionnelle[R 5]. C’est un art du catholicisme tel qu'il fut défini en 1545-1563 par le concile de Trente, dont le décret le plus significatif est le Décret sur l’innovation et les reliques des saints, et sur les images saintes. C’est donc une esthétique de la Contre-Réforme, que l'on retrouve particulièrement dans l'art jésuite ; on a d'ailleurs longtemps assimilé l'« art jésuite » et l'« art baroque ». Cette esthétique rencontre de fortes résistances dans les pays acquis à la Réforme, où se développe un art protestant. L’Angleterre reste très réfractaire, la France également.
34
+
35
+ L’aristocratie laïque considérait également l’effet spectaculaire des arts et de l’architecture baroque comme une façon d’impressionner leurs visiteurs et leurs éventuels rivaux. Les palais baroques sont constitués d’une succession de cours à l’entrée, d’antichambres, de grands escaliers et de salles de réception, dans un ordre de splendeur croissante. De nombreuses formes d’art – musique, architecture et littérature – s’inspirent les unes des autres au sein de ce mouvement culturel.
36
+
37
+ Le charme du style baroque se transforme consciemment, passant de la finesse, des qualités intellectuelles de l’art maniériste du XVIe siècle au charme viscéral visant les sens. Il emploie une iconographie directe, simple, évidente et dramatique. L’art baroque s’inspire dans une certaine mesure des tendances héroïques d’Annibale Carracci et de son cercle, et trouve l’inspiration à travers d’autres artistes comme Le Corrège et Le Caravage et Federico Barocci, qualifiés parfois de nos jours de « proto-baroques ».
38
+
39
+ On oppose souvent l’art des Carraccis (les frères et cousins) à l’art du Caravage par les termes de classique et baroque, ce sont deux influences opposées au niveau plastique (ce qui fut défini par Wölfflin) qui vont avoir beaucoup d’influences sur leurs successeurs.
40
+
41
+ Le baroque tardif ou rococo succède au baroque classique, au XVIIIe siècle. Il apparaît dès la fin du XVIIe en Allemagne, en Autriche et en Bohême. Le goût de la beauté sensuelle apporte une composition plus libre au caractère systématique du baroque du XVIIe siècle.
42
+ L'ornementation se multiplie, devient riche et fantaisiste. Les fresques en trompe-l'œil, les escaliers, les nymphées et les sculptures allégoriques vont jusqu'à la surcharge des églises, des châteaux et des fontaines. Vienne, Londres, Dresde, Turin, l'Allemagne du Sud et la Bohême en adoptent toutes les audaces. Le plaisir des yeux est impératif autour du capriccio exubérant du baroque tardif, comme la fontaine de Trevi à Rome (1732-1762) par Salvi et l'escalier de Caserte près de Naples (1751-1758) par Vanvitelli.
43
+
44
+ Les espaces architecturaux s'ouvrent à Paris (place de la Concorde), à Bordeaux (place de la Bourse), à Nancy (place Stanislas). En Autriche, Fischer von Erlach et Lucas von Hildebrandt rivalisent d'architecture fantastique. En Bavière, les abbayes rurales se couvrent d'angelots. Les frères Asam sont célèbres à Munich. Le rococo d'Autriche, de Bohême, de Moravie et d'Allemagne du Sud orne les églises de pèlerinage, comme à Wies où les murs croulent sous les effets de dorures sur fond blanc.
45
+
46
+ Les colonies américaines de l'Espagne et du Portugal influencent le style plateresque ibérique. En France, les disciples de Mansart se tournent vers les hôtels particuliers et leur décor intérieur, visibles dans le faubourg Saint-Germain et dans le Marais ou encore sur les boiseries extraordinaires de Rambouillet.
47
+
48
+ La littérature baroque utilise de nombreuses métaphores et allégories dans ses œuvres. Le thème le plus abordé est le thème religieux mais les artistes baroques aiment aussi parler de la mort et utilisent fréquemment l’illusion dans leurs œuvres.
49
+
50
+ Le théâtre est le lieu de l’illusion par excellence. Le théâtre baroque accentue cette illusion par de fréquents changements d’intrigues comme dans l’Illusion comique de Corneille. Le théâtre baroque est plutôt fondé sur les émotions que sur l’intellect.
51
+
52
+ Dans les romans baroques, les intrigues sont complexes et multiples. On distingue de nombreux types de romans baroques, parmi eux le roman pastoral, qui présente un monde idéalisé et le roman picaresque, à mi-chemin entre idéal et réalité.
53
+
54
+ La poésie baroque (1570-1630) fut d’abord épique pendant les guerres de religion puis pendant la paix devient lyrique. Il y a dans cette poésie de nombreux affrontements entre l’Église catholique et l’Église réformée.
55
+
56
+ Le baroque exalte de nouvelles valeurs que l’on résume souvent à l’utilisation de métaphores et d’allégories, que l’on retrouve largement en littérature baroque, et en recherche de « maraviglia »[R 6] (merveilleux, étonnement, comme dans le maniérisme), et l’utilisation d’artifices. Si le maniérisme ouvrit une première brèche à la Renaissance, le baroque en fut la réponse opposée. On retrouva l’affliction psychologique de l’Homme – un thème abandonné après les révolutions de Copernic et de Luther dans la recherche d’un soutien solide, une preuve de l’ultime puissance humaine – à la fois dans l’art et l’architecture de la période baroque. Une part révélatrice des œuvres fut réalisée sur des thèmes religieux, puisque l’Église catholique romaine était alors le principal « client ».
57
+
58
+ Les artistes recherchaient la virtuosité (et le virtuoso devint une forme commune d’art) avec le réalisme, soucieux du détail (certains parlent d’une « complexité » typique)[R 7].
59
+
60
+ Le privilège donné aux formes extérieures devait composer et équilibrer le manque de contenu observé dans de nombreuses œuvres baroques : Maraviglia de Marino, par exemple, fut pratiquement réalisé à partir d’une forme primitive. Elles devaient susciter au spectateur, au lecteur, à l’auditeur, fantaisie et imagination. Toutes étaient focalisées sur l’homme en tant qu’individu, comme une relation directe avec l’artiste, ou directement entre l’art et ses utilisateurs, ses clients. L’art est alors moins distant de son utilisateur, s’approche de lui de manière plus directe, résolvant le fossé culturel qui tenait à l’écart l’art et l’usager l’un de l’autre, par Maraviglia. Mais l’attention croissante de l’individu, créa également avec ces principes quelques genres importants comme le Romanzo (roman) et met de côté d’autres formes populaires ou locales, en particulier la littérature dialectale, ce qu’il faut souligner. En Italie ce mouvement face au simple individu (que certains désignent comme un « descendant culturel », tandis que d’autres l’indiquent comme une cause possible de l’opposition classique au baroque) fut la cause du remplacement irrémédiable du latin par l’italien.
61
+
62
+ Dans la littérature anglaise, les poètes métaphysiques représentent un mouvement très apparenté ; leur poésie employait de la même façon d’inhabituelles métaphores, qu’ils examinaient souvent avec précision. Leurs vers manifestent un goût pour le paradoxe, et pour d’inhabituelles et délibérément inventives tournures de phrase.
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+
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+ Dans le domaine du théâtre, l’élaboration de vanités, de multiples changements d’intrigue, et une variété de circonstances caractéristiques du maniérisme (les tragédies de Shakespeare par exemple) sont supplantés par l’opéra qui regroupe tous les arts en un tout unifié.
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+ Plusieurs auteurs écrivent des pièces de théâtre durant la période baroque tels que Corneille (Comédies, L'Illusion comique) et Molière (Dom Juan ou le Festin de pierre) en France ; Shakespeare (Roméo et Juliette) en Angleterre ; Tirso de Molina (Marthe la dévote, comédie ; L'abuseur de Séville, drame historique) et Lope de Vega (l’Étoile de Séville, Aimer sans savoir qui, comédies) ou Calderón (La vie est un songe) en Espagne.
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68
+ Le théâtre baroque peut anachroniquement se définir, dans un premier temps, comme le négatif du théâtre classique. À l’analyse intellectuelle, le baroque préfère l’émotion, la perception ; face à la recherche de la vraisemblance, le baroque promeut l’illusion ; à l’unité de ton, le baroque privilégie l’inconstance et le paradoxe ; à la simplicité, le baroque oppose la complexité.
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+ En règle générale, la littérature baroque est marquée par une forte implication de la mort et du jeu de l’illusion. Comme dans les vanités en peinture, la mort est utilisée comme métaphore du temps qui passe, de l’irrémédiable, et de l’éphémère. Contrairement au romantisme, la mort ne représente pas une souffrance morale, mais plutôt une évidence métaphysique.
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+ L’illusion est aussi caractéristique du baroque qui se présente, étymologiquement, comme une pierre précieuse à multiples facettes. Ainsi, nombreuses œuvres sont porteuses de diverses mises en abyme : dans l’Illusion comique de Corneille, le public assiste au spectacle d’un père qui regarde son fils évoluer dans un milieu qui s’avère être celui de la comédie. De ce fait, l’auteur donne plus de force à son plaidoyer en faveur du théâtre et entraîne malgré lui le public à adhérer à son point de vue. Les personnages, tout comme le spectateur, sont, à un moment ou à un autre, victimes de l’illusion. Pridamant croit son fils mort au vers 977, Matamore croit en ses propres mensonges. L’Illusion comique ne fait pas que parler du théâtre : par ses personnages, cette pièce convoque aussi d’autres genres littéraires répandus au XVIIe siècle. Clindor est un héros picaresque, c’est-à-dire audacieux et opportuniste, vagabond et aventurier, tandis qu’Alcandre semble être un avatar des mages présent dans les pastorales. De même, le personnage de Matamore correspond au type du soldat fanfaron présent dans les comédies latines.
73
+
74
+ L’illusion permet aussi de dire la vérité : on le voit dans la pièce Hamlet, de Shakespeare. Le jeune Hamlet sait que le roi actuel, son oncle, a tué son propre frère, autrement dit le père du jeune héros. Il fait représenter sous les yeux du roi une scène de meurtre semblable en tous points à celle que nous n’avons pas vue, mais que nous connaissons par le discours du fantôme du roi Hamlet assassiné par son frère. Le roi, devant cette représentation, quitte la scène. Dans cette pièce, illusion et vérité se rejoignent étrangement et provoquent ainsi un vertige chez le spectateur.
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+ Dom Juan de Molière met aussi en scène un caractère baroque : l’inconstance. Pour le Héros séducteur, « tout le plaisir de l’amour est dans le changement », cette thèse s’applique dans tous les domaines et rejoint ainsi le mouvement baroque.
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+ L’esthétique baroque repose sur le mouvement, l’inconstance, la contradiction, l’antithèse. Les personnages passent d’une palette de sentiments à une autre. On est dans l’excès, le paroxysme. Le discours donne à voir plus qu’à entendre ; il s’agit de montrer, de convoquer les images par le procédé rhétorique de l’hypotypose. Alors que l’esthétique classique recherche l’unité, le baroque se complaît dans la pluralité, d’où son goût pour l’accumulation. Le baroque donne les deux versants d’une médaille : la vérité est indissociable du mensonge, comme le réel l’est du rêve, comme la vie l’est de la mort.
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+ La mise en scène s'est beaucoup développée à l'époque baroque. L'arrière-plan peint était changé à chaque acte. On a aussi vu l'apparition de machineries sophistiquées, tel que des chars de bois qui s'élevaient (difficilement) dans les airs et sortaient de la scène « par le haut ». Toutes ces machineries étaient un progrès extraordinaire pour l'époque et étaient réservées pour la cour du roi, de par leur prix. Cela s'est également traduit grâce à une certaine mise en scène (lumières, jeux, costumes...). Le jeu du théâtre baroque se base sur trois principes : le langage, le geste et l'énergie[3]. Le théâtre baroque se caractérise par une diction unique. Les acteurs reprennent le langage de cour, avec un grand travail de prononciation, dans la précision de certaines consonnes (par exemple : les « r » sont roulés) et de voyelles (les "a" sont ouverts). Le théâtre baroque se dissocie également des autres mouvements artistiques de par ses chorégraphies gestuelles, où l'acteur devra faire une adaptation de ses gestes par rapport au texte. Ainsi le geste sera le reflet d'un sentiment, d'une émotion que le texte a voulu faire ressentir. Le langage et le geste se réunissent dans l'axe de l'énergie corporelle et vocale. Il y a également une relation entre le spectateur et l'acteur, dans le cas où ils doivent se regarder, créant ainsi un jeu frontal, très spécifique du jeu baroque[4].
80
+
81
+ La poésie de la période littéraire baroque entre 1570 et 1600 est qualifié de poésie épique[Note 7]. On qualifiera plus tard de poésie baroque la poésie riche et diverse qui s'est développée entre 1600 et 1630, ainsi les 4 grands poètes de l'époque baroque sont Mathurin Régnier[Note 8] (1573-1613), Théophile de Viau[Note 9](1590-1626), Malherbe[Note 10] et Saint-Amant[Note 11] (1594-1661)[R 8].
82
+
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+ La poésie baroque, inscrite entre l’humanisme et la littérature classique, utilise de nouvelles formes : le sonnet, l’ode et de nouveaux thèmes. Le baroque se prête à la satire qui permet de dénoncer les vices du temps mais il donne surtout naissance à une poésie lyrique subtile et émouvante, expression des sentiments personnels face à l’amour, la nature, la fuite du temps ou à la mort. La foi peut renforcer le lyrisme en l’élevant, en le sublimant et le baroque débouche sur une poésie religieuse.
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+ Les poètes Théodore Agrippa d'Aubigné, Théophile de Viau, François L'Hermite ou Marc-Antoine Girard de Saint-Amant ont en commun le goût de la sensualité, de l’ostentation, du contraste, du langage à effets, d’inhabituelles métaphores, hyperboles, oxymores.
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+ Des images de mouvement, symboles de l’éphémère, prédominent : flamme, nuage, arc-en-ciel, plume d’oiseau, bulle de savon, eau. Ils répondent à l’inconstance et à la fragilité de la vie par l’utilisation de la métamorphose et du surnaturel. Leur poésie exprime la tension permanente, dramatisée et théâtralisée, entre le désir de saisir le sens de la vie et la vanité de l’existence humaine. Depuis la révolution copernicienne, le monde est instable et l’homme fragilisé.
87
+
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+ Parmi les poètes baroques, il convient de signaler encore Pierre de Marbeuf, Jean de Sponde...
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+
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+ Théophile de Viau, le poète le plus lu de l’époque baroque, traduit cet état d’esprit dans ses vers :
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+
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+ «  Il faudrait inventer quelque nouveau langage
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+ Prendre un esprit nouveau, penser et dire mieux…  »
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+
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+ — Élégie à une Dame
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+
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+ La peinture baroque est née au XVIe siècle en Italie suivant le maniérisme. On peut y voir que les corps des personnages sont très détaillés comme dans L'Archange Michel écrasant les anges rebelles[R 9]. La perspective joue un rôle important, il y a un grand nombre d’effets de lumières (clair-obscur)[R 10] et de jeux d’ombre. Les tableaux sont formés de courbes ; on a du mal à repérer l’organisation du tableau du premier coup d’œil.
98
+
99
+ Les principales caractéristiques de cette peinture sont :
100
+
101
+ Une définition de la signification de baroque en peinture est fournie par les séries de tableaux exécutés par Pierre Paul Rubens[R 11] pour Marie de Médicis au Palais du Luxembourg à Paris (à présent au Louvre), dans lesquels un peintre catholique satisfait aux exigences d’un mécène catholique : les conceptions de la monarchie à l’ère baroque, l’iconographie, la maîtrise de la peinture et les compositions tout comme la description de l’espace et du mouvement. Du Caravage[R 12] à Pietro da Cortona, il y avait différentes ramifications dans l’école italienne baroque, tous deux approchant la dynamique émotionnelle dans des styles différents. Une autre œuvre fréquemment citée, Sainte-Thérèse en extase du Bernin, pour la chapelle Cornaro de Sainte Marie de la Victoire, rassemble architecture, sculpture et théâtre dans une grandiose vanité[R 13].
102
+
103
+ Le style baroque tardif fait progressivement place à une décoration rococo, laquelle, cependant, contraste avec ce que l’on appela plus tard le baroque. Et en opposition au baroque on trouve l’art classique souvent directement assimilé à la France comme un art au service de la Monarchie.
104
+
105
+ En sculpture baroque, les ensembles de figures prirent une importance nouvelle, il y eut un mouvement dynamique et une énergie portée par les formes humaines – elles s’enroulent en volutes autour d’un tourbillon central, ou atteignent vers l’extérieur les espaces alentour. À ce titre L'Annonciation (1603-1608) de Francesco Mochi, pour la cathédrale d'Orvieto, représente l'un des tout premiers exemples du genre[D 1]. De façon novatrice, la sculpture baroque eut plusieurs angles de vue idéaux. Une caractéristique de la sculpture baroque fut d’ajouter des éléments sculptés supplémentaires, par exemple, des éclairages dissimulés ou des fontaines[R 14].
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+
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+ Une autre caractéristique de la sculpture baroque serait les piliers en forme de personnages mythologiques. Prenons l’exemple du palais du Belvédère supérieur à Vienne, bâti entre 1721 et 1722. Dans la salle du rez-de-chaussée, la voûte en pavillon est soutenue par des puissants télamons (sorte de titans ayant pris les traits des Turcs), sculptés dans le marbre. Les Turcs ayant été vaincus, il n’était pas rare de trouver ce genre de télamons sculptés dans les résidences baroques d’Autriche.
108
+
109
+ En sculpture baroque ce fut Le Bernin qui marqua si bien qu'il fût surnommé le « second Michel-Ange », le Bernin était aussi une figure importante de l'architecture baroque[R 15],[Note 13].
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111
+ Le développement du style baroque est généralement défini comme consubstantiel à la Contre-Réforme. Il a néanmoins été adopté par les élites des pays protestants du nord de l’Europe et par celles du monde orthodoxe slave. Sa naissance à Rome est concomitante avec celle de la compagnie de Jésus, fondée en 1537 pour renforcer l’influence catholique perdue et évangéliser le Nouveau Monde ; et avec celle du concile de Trente (1545-1563) qui réforme les excès les plus patents de l'Église catholique romaine dont la réputation était entachée par le népotisme systématique et le scandale des indulgences. Il a ainsi essaimé dans l’Europe entière et le Nouveau-Monde[R 16].
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+ Le dernier édifice de Michel-Ange, la basilique Saint-Pierre, peut être considéré comme le précurseur de l’expression baroque en architecture, de par ses dimensions colossales inédites. Son élève, Giacomo della Porta en développe le langage, en particulier à travers l’élévation de la façade l’église du Gesù (1584), église-mère de la compagnie de Jésus alors en pleine expansion. Cet édifice est souvent considéré comme le premier exemple d’architecture baroque lequel influencera l’architecture religieuse pour le siècle à venir[Note 14].
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+ Dans l’architecture baroque, l’accent est mis à la fois sur l’aspect massif et chargé, colonnades, dômes, clair-obscur, effets colorés de peinture, et le jeu chargé des volumes opposés au vide, liberté des formes et profusion des ornements. Dans les intérieurs, le mouvement baroque se manifeste autour et à travers un savant escalier monumental sans précédent en architecture.
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+ Nous retrouvons cet escalier monumental dans le palais Zwinger à Dresde. Ce palais a été édifié à l’initiative d’Auguste le Fort comme lieu de fêtes entre 1709 et 1732 par les architectes Pöppelmann et Permoser. On remarque aussi sur cet édifice baroque des jeux d’ombre et de lumières qui sont le fait des pleins et des vides. Il y a un équilibre parfait entre sculpture et architecture sur l’entrée magistrale, qui est typique dans l’architecture baroque.
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+ L’autre invention du baroque que l’on retrouve dans les intérieurs du monde entier est l’appartement public, une succession processionnelle d’intérieurs de richesse croissante culminant avec l’emplacement de la chambre à coucher, de la salle du trône, ou d’une chambre publique. L’enchaînement de l’escalier monumental suivi de l’appartement public fut copié à moindre échelle partout dans les résidences aristocratiques de toutes prétentions.
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+ L’architecture baroque fut reprise avec enthousiasme dans la partie centrale de l’Allemagne (cf par exemple le Château de Ludwigsbourg et le Palais Zwinger à Dresde), en Autriche et en Pologne (cf par exemple Wilanów et le palais de Bialystok). En Angleterre, le point culminant de l’architecture baroque fut incarné par l’œuvre de Sir Christopher Wren, Sir John Vanbrugh et Nicholas Hawksmoor, de ~1660 vers ~1725. On retrouve de nombreux exemples d’architecture baroque et de plan de ville dans les autres villes d’Europe, ainsi qu’en Amérique hispanique. Les plans de ville de cette époque comprennent des avenues rayonnantes, avec des squares à leurs intersections, s’inspirant des plans des jardins baroques.
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+ Le style baroque se développe à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, d’abord à Rome, puis dans le reste de l’Italie. Il respecte tout d'abord le paradigme romain de la basilique en croix dont le chœur est surmonté d'un dôme. Outre l’Église du Gesù sus-citée, on considère que le pionnier de l'architecture baroque religieuse est Carlo Maderno avec son église Santa Susanna alle Terme di Diocleziano, construite entre 1585 et 1603. Le rythme dynamique des colonnes et pilastres, la façade centralisée et complexe, liant rigueur et jeu sur les codes classiques de la Renaissance, les statues placées dans des niches et rappelant furieusement la structure de la scène d'un théâtre romain antique en font l'un des premiers exemples du baroque. Ce premier essai est poursuivi par Pierre de Cortone dans son église Notre-Dame-de-la-Paix de Rome (1656) avec des ailes concaves qui rappellent une scène de théâtre et dont la partie centrale s'avance comme pour occuper la petite place qui lui fait face.
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+ Les Français appellent « classique » l’architecture du siècle de Louis XIV et de ses successeurs et rejettent l'appellation, péjorative en français[E 4], de « baroque ». Cette opposition entre un classicisme « raisonnable » à la française et un baroque « excessif » à l’italienne trouve sa source dans la volonté, affirmée dès le XVIIe siècle, de supplanter Rome et, dans les faits, c’est le moment où Versailles et la cour du Roi-Soleil prennent la place de l’Italie comme foyer de rayonnement culturel. Le tournant est le refus des plans du Bernin en avril 1665 pour la colonnade du Louvre : l’architecte le plus célèbre, le plus demandé d’Europe est rejeté par la Cour de France.
126
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127
+ Cependant, certains historiens de l’art considèrent l’architecture française des règnes de Louis XIV et Louis XV comme baroque : ils estiment que la plupart des constructions « classiques » françaises, qu'elles soient religieuses ou civiles, auraient pu être édifiées ailleurs en Europe et qu'elles comportent tous les éléments baroques : goût pour la magnificence, la perspective, le décor[Note 15].
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+ Au fur et à mesure que pénètre l'influence italienne au-delà des Pyrénées, elle fait reculer l'approche classicisant en vogue jusqu'alors sous la férule de Juan de Herrera. En 1667, les façades de la cathédrale de Grenade par Alonso Cano annoncent la victoire du baroque en Espagne. S'ensuit la cathédrale de Jaén par Eufrasio López de Rojas qui intègre les leçons baroques au structures architecturales spécifiquement espagnoles.
130
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131
+ En contraste avec l'art du nord de l'Europe, les Espagnols ont créé un art qui fait appel aux sens plus qu'à l'intellect. La famille Churriguera, architectes spécialisés dans le dessin et la construction d'autels et de retables s'est opposée au style dépouillé qu'on appelle « herreresque » en référence à son inventeur et promoteur principal, Juan de Herrera, et a promu un style exagéré, élaboré, presque capricieux qui couvre chaque pouce de surface disponible avec un motif et qui est passé à la postérité sous le vocable de « churrigueresque ». En moins d'un demi-siècle, les Churriguera transforment Salamanque en une cité modèle du style churrigueresque.
132
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133
+ Le Portugal, sous domination espagnole entre 1580 et 1640, est dans la sphère d'influence culturelle de son grand voisin et ne s'en distingue (ce qui est vrai aussi pour le Brésil vis-à-vis des colonies espagnoles d'Amérique latine) que par une atténuation sensible, empreinte d'une douceur toute portugaise.
134
+
135
+ De même que l'art de la Renaissance connaît un déclin formel avec le maniérisme, le baroque s'épuise dans un académisme précieux, et qualifié de vain par ses détracteurs, dans le rococo.
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137
+ L'architecture baroque est consubstantielle à l’absolutisme, sa période rococo se termine avec celle du despotisme éclairé[Note 16]. Et on peut faire l'hypothèse que si le baroque s'épuise, c'est en raison de l'épuisement de la philosophie politique et religieuse (cuius regio, eius religio) qui le sous-tend.
138
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+ Au sens le plus large on considère la période baroque en musique comme s'étendant de 1600 à 1750, la musique baroque étant directement inspirée de l'architecture baroque.
140
+ Le baroque couvre donc une large période dans l’histoire de la musique et de l'opéra. Il s’étend du début du XVIIe siècle environ au milieu du XVIIIe siècle, de façon plus ou moins uniforme selon les pays. De façon nécessairement schématique, l’esthétique et l’inspiration baroques succèdent à celles de la Renaissance (apogée du contrepoint et de la polymélodie) et précèdent celles du classicisme (naissance d'éléments discursifs, comme la phrase musicale ponctuée) : comme dans l'architecture, les « figures » musicales baroques sont soutenues par une « basse continue » très stable (on est à la jonction entre contrepoint et harmonie).
141
+
142
+ On appelle musique baroque, l'école musicale du XVIIe siècle, d'un point de vue purement chronologique. Or, Jean-Jacques Rousseau définit la musique baroque comme celle « dont l'harmonie est confuse, chargée de modulations et de dissonances ». Il s'agit du style de musique composée au cours de la période chevauchant celle de l'art baroque, et également celui d'une période légèrement plus tardive. Jean-Jacques Rousseau affirmant son désaccord avec la musique baroque va être à l'origine de la Querelle des Bouffons.
143
+
144
+ C'est en Italie qu'apparaît le mouvement de la musique baroque, sous l'influence du compositeur Monteverdi, qui avec Orfeo (considéré comme le premier opéra), marque une rupture dans l'histoire de la musique. En France, la musique étant peu développée[R 17], c'est un Italien, Jean-Baptiste Lully, qui va la développer auprès du roi Louis XIV. Lully inventa un genre d'opéra : la tragédie lyrique. Par la suite des compositeurs comme Jean-Philippe Rameau perpétueront la musique baroque française. Avec la musique baroque, se développe la cantate, suite de danse ; Courante, Sarabande, Allemande... et danse populaire : Les Folies d'Espagnes. En 1750, avec la mort du compositeur Allemand Johann Sebastian Bach, la période musicale du baroque laisse place à la musique classique.
145
+
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+ L'époque musicale baroque peut se découper en trois périodes différentes : le premier baroque de 1580 à 1630[Note 17], puis le baroque médian jusqu'à la fin du XVIIe siècle[Note 18], et enfin le dernier baroque jusqu'à la mort de Bach (1750)[Note 19],[R 18]. Les figures culminantes de la musique baroque à son apogée, c'est-à-dire lors du dernier baroque, sont Corelli (1653-1713) et Vivaldi (1678-1741) en Italie, Haendel (1685-1759) en Angleterre, Bach (1685-1750) en Allemagne. Pour la France, on retiendra Jean-Baptiste Lully (1632-1687) ou encore Jean-Philippe Rameau (1683-1764). L’étendue des points communs de la musique baroque avec les principes esthétiques des arts graphiques et littéraires de la période baroque est encore une question débattue.
147
+
148
+ René Huyghe[Note 20], à propos du baroque : « le classique, tendant à la définition fixe, est de type « architectural » ; le baroque, excitant des perceptions émotives et mouvantes, est de type "musical" »[Note 21],[D 2].
149
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150
+ L’ère de la musique baroque débute symboliquement en Italie avec l'opéra de Claudio Monteverdi (1567-1643), L'Orfeo (1607), et se termine avec les contemporains de Jean-Sébastien Bach et Georg Friedrich Haendel. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Georg Philipp Telemann (1681-1767), du fait de leur longévité, composent leurs dernières œuvres dans les années 1760 mais, bien avant cette décennie, les compositeurs plus jeunes se sont tournés vers un nouveau style.
151
+
152
+ Au cours de la période baroque, la musique instrumentale s’émancipe et naît véritablement : elle ne se contente plus d’accompagner ou de compléter une polyphonie essentiellement vocale ; si elle emprunte encore, au début du XVIIe siècle, ses formes à la musique vocale, elle ne tarde pas à élaborer ses propres structures, adaptées à leurs possibilités techniques et expressives.
153
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154
+ Les deux pôles de la musique baroque sont l’Italie et la France, dont les styles sont fortement opposés malgré des influences réciproques. Cette opposition était telle que beaucoup de musiciens de l’une des écoles allaient jusqu’à refuser de jouer des œuvres provenant de l’autre. Le style italien se diffusa largement hors d’Italie. La France est sans doute le pays qui résista le plus à cette domination, sous l’influence de Jean-Baptiste Lully (Italien naturalisé français), ceci jusqu’à la Querelle des Bouffons, au milieu du XVIIIe. Par ailleurs, la France a suivi avec retard le mouvement européen d’évolution de la musique vers le style dit « classique » illustré notamment par Haydn et Mozart.
155
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156
+ D’autres foyers existent et participent au mouvement en y apportant leurs spécificités : les Pays-Bas et l’Allemagne du Nord (le stylus fantasticus, le choral), l’Angleterre (l’art de la variation), un peu l’Espagne. Une synthèse apparaît dans la musique allemande, qui emprunte à ces différents courants et culmine dans l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Elle existe aussi, de façon beaucoup moins accomplie, chez quelques autres dont Johann Jakob Froberger (musicien européen par excellence), Georg Muffat, Savoyard devenu Autrichien après avoir étudié en France et en Italie, François Couperin (les Goûts Réunis). Quant à Haendel, son œuvre relève plus de l’assimilation personnelle de chaque style que d’une véritable synthèse : il sait composer comme un Allemand du Nord, comme un Italien, comme un Français, et crée même le nouveau genre de l’oratorio en anglais.
157
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158
+ Le style baroque se caractérise notamment par l’importance du contrepoint puis par une harmonie qui s’enrichit progressivement, par une expressivité accrue, par l’importance donnée aux ornements, par la division fréquente de l’orchestre avec basse continue, qui est nommé ripieno, par un groupe de solistes qui est le concertino et par la technique de la basse continue chiffrée comme accompagnement de sonates. C’est un style savant et sophistiqué.
159
+
160
+ Le style baroque exprime aussi beaucoup de contrastes : les oppositions notes tenues/notes courtes, graves/aiguës, sombres/claires (un accord majeur à la fin d’une pièce mineure)... ou encore l’apparition du concerto (de l’italien concertare « dialoguer ») qui met en opposition un soliste au reste de l’orchestre (le tutti), l’opposition entre pièces d’invention (prélude, toccata, fantaisie) et pièces construites (fugue) ne sont que des exemples.
161
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162
+ Le classicisme, plus tard, aura pour ambition de « revenir à la nature ». La confrontation de ces deux idéaux trouve une de ses illustrations les plus célèbres dans la véhémente « Querelle des Bouffons » qui confronte, en France vers 1740 la tragédie lyrique à la française et l’opéra-bouffe italien (Rameau contre Rousseau).
163
+
164
+ De nombreuses formes musicales sont créées pendant cette période d’un siècle et demi : certaines y atteignent leur apogée (par exemple : la suite, le concerto grosso…) pour ensuite tomber dans l’oubli, d’autres connaîtront une fortune qui durera bien au-delà de la fin du baroque : l’opéra, la sonate (qui engendrera la symphonie), le concerto de soliste.
165
+
166
+ La période baroque est aussi un moment important pour ce qui concerne l’élaboration de la théorie musicale. On y passe progressivement des tonalités de la polyphonie (tons ecclésiastiques du plain-chant) à la gamme tempérée et aux deux modes majeur et mineur légués à la période classique. On aura entre-temps inventé et expérimenté de nombreux tempéraments et posé les bases de l’harmonie classique. Des instruments s’effacent, d’autres apparaissent ou prennent leur forme définitive, pendant que la facture fait de nombreux progrès et que les techniques d’exécution se stabilisent et se codifient. Il s’agit donc, à tous égards d’une période très féconde.
167
+
168
+ Depuis les années 1960, on appelle danse baroque l'art chorégraphique des XVIIe et XVIIIe siècles, principalement la danse de cour et de théâtre[R 19].
169
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170
+ Étroitement liée à la musique baroque, tant par la chronologie que par le style, la danse baroque évolue dans le cadre du « merveilleux », que ce soit dans le ballet de cour, la tragédie en musique ou l'opéra-ballet. Dénommée à l'époque la « belle danse », elle a été remise au goût du jour par des chercheurs et des historiens de la danse qui ont réhabilité un art et un style de danse que le ballet classique et romantique avaient simplifiés et uniformisés[R 20].
171
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+ Plusieurs danses sont considérés comme baroque ainsi en danse binaire baroque on retrouve les danses d'entrée de ballets, les contredanses, les marches, les gavottes, la gaillarde, la sarabande, la folia, la chaconne, le menuet, la pavane et l'allemande. En ternaire on retrouve principalement les danses de la Sicilienne, la gigue, la canarie et la forlane[R 21],[R 22].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La Renaissance est une période de l'époque moderne associée à la redécouverte de la littérature, de la philosophie et des sciences de l'Antiquité, qui a pour point de départ la Renaissance italienne. En effet, la Renaissance est l'œuvre, à Florence (Italie), des artistes qui peuvent y exprimer librement leur art : une Pré-Renaissance se produit dans plusieurs villes d'Italie dès les XIIIe et XIVe siècles (Duecento et Trecento). La Renaissance s'exprime au XVe siècle dans la plus grande partie de l'Italie, en Espagne, en Flandre et en Allemagne, sous la forme de ce que l'on appelle la Première Renaissance (Quattrocento) ; ainsi en Flandre, sur les quatre primitifs flamands (Jan Van Eyck, Hans Memling, Jheronimus Bosch, Brueghel Den Oude), les deux premiers vivent au XVe siècle. La Renaissance concerne l'ensemble de l'Europe au XVIe siècle (Cinquecento).
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+ On parle de Renaissance artistique au sens où les œuvres de cette époque ne s'inspirent plus du Moyen Âge mais de l'art gréco-romain.
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+ La Renaissance s'accompagna d'un ensemble de réformes religieuses.
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+ Selon l'historien René Rémond, une « Renaissance » se caractérise par :
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+ La découpe historique de cette époque charnière entre l'époque médiévale et l'époque moderne est sujette à un débat interprétatif entre historiens de l'art. La notion de Renaissance découle d'une perception de l'Histoire visant à lui donner un sens, ce qui correspond au régime de pensée de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, notamment au travers des concepts de Hegel. Cette manière de percevoir l'Histoire étant elle-même controversée. Certains historiens considèrent de plus que l'usage traditionnel de la période Renaissance dans l'historiographie française est un chrononyme commode mais discutable pour marquer une rupture entre l'Âge sombre médiéval et l'époque moderne. Ils préfèrent utiliser, selon la thèse de continuité (en) postulant un passage graduel entre ces périodes, l'appellation plus neutre d'« early modern » (pour « Early modern Europe », littéralement début de l'Europe moderne), de « première modernité » ou « seuil de la modernité »[1]. Les historiens italiens parlent quant à eux de Trecento, Quattrocento et Cinquecento.
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+ Cette période est devenue un concept historiographique et a pu être utilisé pour caractériser d'autres périodes historiques : la Renaissance carolingienne[2] (les lettrés de cette époque parlaient de renovatio), la Renaissance ottono-clunisienne (920 – 1000), la Renaissance du XIIe siècle.
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+ Selon l'historien Jean Delumeau, le mot Renaissance nous est venu d'Italie et concernait le domaine des arts. Le peintre, architecte, et historien de l'art italien Giorgio Vasari a employé le terme « Rinascita » en 1568 dans Le vite de' più eccellenti pittori, scultori e architettori[3]. Les Italiens disent aujourd'hui Rinascimento. Le sens du mot Renaissance s'est progressivement élargi.
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+ Le terme de « Renaissance » en tant qu'époque et non plus pour désigner un renouveau des lettres et des arts, a été utilisé pour la première fois en 1840 par Jean-Jacques Ampère dans son Histoire littéraire de la France avant le XIIe siècle[4] puis par Jules Michelet en 1855 dans son volume consacré au XVIe siècle La Renaissance dans le cadre de son Histoire de France. Ce terme a été repris en 1860 par l'historien de l'art suisse Jacob Burckhardt (1818 – 1897) dans son livre Culture de la Renaissance en Italie[5].
20
+
21
+ Dans son cours au Collège de France en 1942-1943, l'historien français Lucien Febvre montre que Jules Michelet a utilisé ce terme pour des raisons personnelles[6]. En effet, Jules Michelet, travaillant sur le roi Louis XI alors qu'il était attristé par la perte de son épouse et contrarié par l'évolution politique conservatrice de la monarchie de Juillet, eut un besoin profond de nouveauté, de renouvellement. Or sa conception de l'histoire était telle qu'il identifiait ce qu'il vivait et ce qu'il ressentait du passé ; il a donc imaginé une Renaissance après le règne de Louis XI, par l'intermédiaire des guerres d'Italie.
22
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23
+ Ce point de vue original a été présenté par Thomas Lepeltier dans un article de la Revue des Livres en 2000[7]. Il est cependant contesté par de nombreux historiens qui voient des aspects de césure entre le Moyen Âge et la Renaissance. Ce qui est certain, c'est que la rupture entre Moyen Âge et Renaissance est moins radicale que ce qu'on ne le disait jadis.
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25
+ Selon certains auteurs, cette période peut être plus ou moins longue :
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+ Ainsi, selon les auteurs, la Renaissance commence :
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+ et finit avec la mort de :
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+ D'autres auteurs enfin vont jusqu'à mettre en doute la pertinence d'une définition temporelle. Au sujet de ce débat, voir par exemple Paul Oskar Kristeller (1905-1999)[8].
32
+
33
+ Il y a eu plusieurs grandes périodes de la Renaissance. Il est d’usage d’appeler les siècles de la Renaissance en Italie par le vocable « n »-cento, où « n » désigne le chiffre du siècle :
34
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35
+ Attention au décalage des appellations entre l’italien (formées sur « n ») et le français (formées sur « n+1 »).
36
+
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+ Au XIVe siècle, les prémices de la Renaissance se produisirent surtout en Italie :
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+ Des foyers de Renaissance importants sont les zones en contact avec les autres civilisations, notamment la civilisation islamique : Sicile et Espagne. Ces zones de contact existent en réalité depuis plusieurs siècles : l'Andalousie (royaume de Séville) depuis l'an mil, la Sicile depuis le XIIe siècle (Palerme).
40
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41
+ L'Italie commence ainsi à importer les sciences et techniques islamiques dans les domaines de l'algèbre, de l'astronomie, de la médecine, de l'alchimie, de la géographie, bien que l'essentiel de l'influence culturelle et philosophique ait été récupérée depuis la chute de l'Empire byzantin qui provoque l'afflux de savants byzantins dans la péninsule italienne.
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43
+ Un grand nombre de « découvertes » faites pendant la Renaissance et jusqu'aux Lumières, proviennent en réalité du savoir assimilé, enrichi puis transmis par les musulmans depuis la Grèce, l'Inde et Babylone. Beaucoup de mots de la langue française attestent de cette influence : « algèbre » (de l'arabe al-jabra), « algorithme » (du nom du mathématicien Al-Khwârizmî), « alchimie » (de l'arabe al-kemia), etc. Les pays arabes possèdent en effet une avance très importante sur l'Europe dans ces domaines. Les échanges avec l'Extrême-Orient, déjà commencés avec la route de la soie, s'intensifient par voie de terre à la suite du voyage de Marco Polo.
44
+
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+ Au XVe siècle, la Renaissance se poursuit en Italie sous le nom de Première Renaissance ou Quattrocento.
46
+
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+ Elle s'intensifie en Grèce, elle s'étend aussi aux Flandres, à l'Angleterre, à la Bourgogne, à l'Alsace, à certaines régions d'Allemagne, à la Baltique (Hanse), et surtout à Lyon, qui renait à cette époque.
48
+
49
+ En France, le Royaume est encore empêtré dans la guerre de Cent Ans, qui se termina en 1453-1477. La région de Bourges est restée un foyer culturel (Jean de Berry au siècle précédent et Jacques Cœur durant ce siècle, grâce notamment à son palais déjà de style Renaissance). Il faudra les efforts de Charles VII et surtout de Louis XI pour remettre de l'ordre dans le Royaume.
50
+
51
+ Louis XII commence à importer la Renaissance italienne en France, avec la construction du château de Meillant dans le Berry (actuel département du Cher) dans un style Renaissance.
52
+
53
+ Au XVIe siècle, le Portugal continue les explorations (Cabral). Les autres grands navigateurs Christophe Colomb, Amerigo Vespucci (voir paragraphe et article détaillé grandes découvertes…) permettent aux puissances ibériques (Portugal et Espagne) d'étendre leur puissance et de chercher de nouvelles voies maritimes pour les épices, la principale route des épices exploitée par les Ottomans étant coupée depuis la chute de Constantinople.
54
+
55
+ L'Espagne semble ainsi devenir la première puissance européenne grâce à la richesse de ses colonies et à l'exploitation des mines d'argent, qui autorisent une augmentation de la masse monétaire.
56
+
57
+ Charles Quint est le souverain le plus puissant d'Europe, étend son influence dans l'ensemble de l'Europe, ce qui n'est pas sans créer une rivalité avec François Ier.
58
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+ La renaissance italienne se poursuit également dans le Cinquecento.
60
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61
+ En France, à partir de Louis XII et de François Ier (à partir du début de son règne en 1515, correspondant à la bataille de Marignan), les guerres d'Italie font connaître la Renaissance italienne en France, avec un siècle de retard. Léonard de Vinci apporte en France le savoir-faire des artistes de la Renaissance italienne.
62
+
63
+ L'Espagne gardera sa puissance jusqu'au traité des Pyrénées (1659).
64
+
65
+ Les lettrés du Moyen Âge avaient conscience qu'ils vivaient sur un continent appelé Europe par les géographes, pour le distinguer de l'Asie et de l'Afrique. En revanche, la grande masse des habitants de l'Europe n'avaient jamais entendu ce terme : ils lisaient difficilement et « le clergé leur parlait comme à des chrétiens appartenant au continent choisi par la Divine providence pour être le foyer de la vraie foi ». En somme, les Européens n'avaient pas pleinement conscience de leur identité culturelle. La conscience de cette identité n'apparut qu'à la Renaissance[9]. Selon l'historien anglais John Hale, ce fut à cette époque que le mot Europe entra dans le langage courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des cartes et d'un ensemble d'images affirmant son identité visuelle et culturelle.
66
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67
+ Début 1492, Antonio de Nebrija présente à Isabelle de Castille la première grammaire d'une langue populaire d'Europe, le Gramática Castellana, qu'il conçoit comme un outil d'affermissement des conquêtes de la reine sur les « barbares qui parlent des langues exotiques », et qu'il complètera par un dictionnaire.
68
+
69
+ En 1539, François Ier, par l'ordonnance de Villers-Cotterêts, proclame le français comme langue officielle. Le français devient ainsi la langue officielle du droit et de l'administration, dans les actes juridiques, à la place du latin. François Ier installe également la bibliothèque royale au château de Fontainebleau.
70
+
71
+ Le travail linguistique au sein des Institutions permet à la langue française de dépasser les frontières des seules communautés de clercs. Il atteint les érudits (les humanistes).
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73
+ Il est fréquent de dire que durant la Renaissance, on s'intéressa de nouveau à l'Antiquité, ce qui accompagna le mouvement intellectuel de l'« humanisme »[10].
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75
+ En fait, l'Antiquité était loin d'être inconnue au Moyen Âge :
76
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77
+ Les textes qui ont été sauvés de l'Antiquité l'ont été, pour ce qui est des auteurs latins, par les copistes médiévaux dans les monastères. Cette culture était réservée à une élite composée essentiellement de clercs, dans les monastères, puis, à partir du XIIIe siècle, dans les écoles urbaines, et les premières universités européennes (école scolastique) : au XVe siècle, 75 à 80 % des humanistes véritables avaient reçu le sacrement de l'ordre, et près de 100 % les ordres mineurs[13]. Par la suite eut lieu une relative laïcisation des études humanistes, qui ne servaient plus à former essentiellement de futurs théologiens ou canonistes, mais s'adressaient à un public beaucoup plus large : grands princes, petits nobles, détenteurs d'offices, négociants ou banquiers, techniciens (médecins, juristes, artistes de haut niveau, imprimeurs), de plus en plus nombreux à venir de la bourgeoisie[14].
78
+
79
+ Selon Régine Pernoud, ce qui caractérise la Renaissance des XIVe au XVIe siècles, c'est d'une part qu'elle concerne une certaine Antiquité, celle de Périclès pour la Grèce, et pour Rome celle qui s'inspire du siècle de Périclès ; d'autre part, il s'agit plutôt de l'imitation de l'Antiquité considérée comme ayant déjà atteint la perfection que sa redécouverte[15].
80
+
81
+ Pendant la Renaissance des XIVe au XVIe siècles, la connaissance des auteurs antiques s'ouvrit plus largement aux « humanistes » :
82
+
83
+ La même année l'invention de l'imprimerie allait permettre d'amplifier le phénomène.
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+
85
+ Par conséquent :
86
+
87
+ En fait, si le terme humanités existait déjà, le terme humanisme ne fut employé qu'à partir du XVIIIe siècle (selon Jean Delumeau).
88
+
89
+ L'une des inventions qui eurent le plus d'impact sur les hommes de la Renaissance était le perfectionnement de l'imprimerie[17] par les caractères mobiles en plomb et la presse à vis, par Gutenberg vers 1450. La première édition imprimée de la Bible apparut en 1455. Les premiers textes imprimés concernaient assez souvent la religion et ceci pendant une cinquantaine d'années.
90
+
91
+ Avant l'invention de ces procédés, l'imprimerie ne permettait pas une productivité beaucoup plus élevée que la copie manuelle, par des clercs, qui étaient les seuls capables de maîtriser les techniques d'écritures : au XIe siècle et XIIe siècle, les manuscrits étaient retranscrits par des moines, dans des scriptoria lorsqu'ils existaient ou dans leurs cellules. C'était l'une des deux principales tâches des moines à l'époque ; ils les embellissaient par des enluminures. D'autre part, la langue employée dans les manuscrits était souvent le latin (la littérature en roman existait néanmoins et a donné son nom au genre littéraire).
92
+
93
+ Les universités disposaient d'un quasi-monopole dans l'éducation et la diffusion de l'information. Les puissantes universités de Bologne, de Paris, de Salamanque, d'Oxford et de Cambridge, étaient seules habilitées à diffuser le savoir, selon les méthodes éprouvées de la scolastique. Le droit et la théologie étaient les principales disciplines enseignées dans ces universités.
94
+
95
+ Contrairement à une image construite au XIXe siècle, le savoir écrit n'a pas été réservé aux clercs jusqu'à la fin du Moyen Âge. On assiste à une rapide diffusion de l'écrit en dehors de l'Église à partir des XIIe – XIIIe siècles. Ramon Llull (v. 1235-1316), Dante (1265-1321) et Pétrarque (1304-1374) sont des figues marquantes de cette laïcisation des savoirs. Toutefois, ces laïcs qui savent lire et écrire demeurent classés dans la catégorie des illitterati, la notion de litteratus servant à désigner un individu qui maîtrise le latin[18].
96
+
97
+ L'imprimerie permit brusquement d'ouvrir l'accès à la connaissance à d'autres cercles. Il devint possible, par l'édition de livres à partir du milieu du XVe siècle, de mieux comprendre les faits.
98
+
99
+ Par exemple, l'Imago mundi de Pierre d'Ailly fut écrit en 1410 et imprimé en 1478. Il fut l'un des fondements de la connaissance géographique utilisée par Christophe Colomb et les navigateurs pendant les grandes découvertes. Les textes imprimés bouleversèrent la hiérarchie des valeurs. À l'université de Paris, par exemple, la faculté des arts devint au XVIe siècle la faculté la plus prestigieuse, devant celle de théologie. Les bibliothèques se développèrent. En France, les rois installèrent des bibliothèques dans leurs résidences.
100
+
101
+ À l'intérieur du christianisme, le besoin de réforme se manifeste dès le XVe siècle. Mais la Renaissance se caractérise aussi en Europe par un fort sentiment antijudaïque.
102
+
103
+ Au Moyen Âge, la plupart des fidèles n'avaient pas accès à la Bible dans leur langue maternelle. Les traductions en langues vulgaires avaient même été interdites par la hiérarchie catholique[19]. L'arrivée de l'imprimerie va bouleverser cette situation : l'Église catholique ne pourra plus s'opposer à la traduction et à la diffusion de la Bible dans les principales langues de l'Europe[20]. Les premières traductions ont souvent été réalisées par des protestants, comme William Tyndale pour la traduction en anglais en 1537, et Giovanni Diodati pour la traduction en italien en 1607. La première traduction complète en français, à partir du latin, fut l'œuvre du théologien catholique Lefèvre d'Étaples dès 1528, et fut imprimée en 1530.
104
+
105
+ Le mouvement de renouveau en Europe s'accompagne d'un enrichissement jugé excessif de l'Église, ce qui provoque l'indignation de certains chrétiens, qui veulent revenir aux sources de la Bible. D'autre part, à cette époque, certains chefs de l'Église étaient jugés trop proches des autorités politiques.
106
+
107
+ Au XVe siècle, plusieurs réformateurs dont John Wyclif en Angleterre et Jan Hus en Bohême, tentent de réformer l'Église, mais se heurtent à l'intransigeance des clercs. Jan Hus est condamné par l'Église, ce qui laissera une blessure durable en Europe centrale. Le moine dominicain Savonarole défia l'Église à Florence. Il mourut sur le bûcher.
108
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109
+ Au XVIe siècle, de nouveaux réformateurs apparurent :
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+ L'Église catholique tient plusieurs conciles dont le concile de Constance (1414-1418), le concile de Bâle (1431-1441) et le concile de Trente (1545-1563), ce dernier en réaction à la Réforme protestante, d'où le nom de contre-réforme donné aux décisions de ce concile.
112
+
113
+ Les aspects liés au judaïsme dans cette période sont abordés dans l'article « Antijudaïsme » :
114
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+ Alors que les Juifs avaient été des acteurs des précédentes Renaissances, les populations juives sont exclues de ce mouvement de Renaissance, par la multiplication de mesures d'exclusion, soit religieuses, soit politiques : des expulsions de plusieurs pays (Angleterre, Espagne…), des mesures discriminatoires et la multiplication des ghettos.
116
+
117
+ Dans le monde cultivé des universités occidentales, on avait conscience depuis l’intégration des systèmes de l’antiquité grecque (Claude Ptolémée, Aristote, Ératosthène), c’est-à-dire depuis les XIIe et XIIIe siècles, que la Terre était ronde. Cette représentation n’était pas encore très diffusée dans la société occidentale avant le XVe siècle.
118
+
119
+ Entre les XIIe et XVe siècles, les informations géographiques se sont enrichies considérablement à partir d'un ensemble de sources, incluant, outre les philosophes et géographes grecs déjà cités, l’astronome arabe Al-Farghani, l’explorateur vénitien Marco Polo (voyages en Asie), le cardinal français Pierre d'Ailly (auteur de l’Imago Mundi, publié en 1410, imprimé en 1478).
120
+
121
+ Avant la Renaissance, on se représentait donc, dans les milieux cultivés, la terre comme sphérique, les terres émergées connues (Europe, Asie, Afrique) occupant l'hémisphère nord, dans un secteur d'environ 180°[réf. nécessaire].
122
+
123
+ On savait donc qu’il était théoriquement possible d’atteindre l’Asie sans passer par le bassin oriental de la Méditerranée et le Moyen-Orient, occupés par les Turcs, après la prise de Constantinople (1453), soit en contournant l’Afrique par voie de mer en passant au sud, soit en allant vers l’ouest.
124
+
125
+ La découverte de l'héliocentrisme, objet de nombreux débats, n’a pas eu d'influence pendant la Renaissance : Nicolas Copernic fit publier ses thèses héliocentristes à sa mort en 1543, mais celles-ci furent interdites en 1616 puis « enterrées » au moment de l’affaire Galilée (1633, pendant la guerre de Trente Ans) jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Il serait donc inexact de parler de révolution copernicienne pour la Renaissance, même s’il y eut effectivement un changement important de représentation du monde.
126
+
127
+ De nouveaux procédés techniques permirent la soutenabilité des explorations maritimes des grandes découvertes. La boussole fut importée de Chine. L’astrolabe est utilisé pour la première fois par Christophe Colomb. Le loch permit d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire. Le Sextant remplace l'octant et l'astrolabe au XVIIIe siècle. La caravelle est déjà inventée par les Portugais au début du XVe siècle, c'est-à-dire à la fin du Moyen Âge, ce type de navire fut utilisé dans les grandes découvertes par les explorateurs européens. Ils permettaient de s’aventurer plus loin des terres. Mais on ne connaissait pas bien la distance à parcourir. La cartographie connut de grands développements avec par exemple Fra Mauro à Venise, dès le XVe siècle, qui correspondit avec Henri le Navigateur, ce qui permit aux explorateurs européens de partir à la découverte du monde. En retour, les explorations fournirent de nombreux relevés cartographiques, qui firent avancer cette discipline, avec notamment la projection de Mercator, en 1569.
128
+
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+ Des expéditions chinoises s’étaient lancées aussi à l’assaut des océans à partir de 1405 avec des explorations vers les côtes de l'Asie du Sud-Est, de nombreuses îles de l'océan Indien, et l'Afrique de l'Est, sous la conduite de l'amiral Zheng He, mais furent arrêtées par l’administration chinoise.
130
+
131
+ Du côté européen, on cherchait des voies commerciales alternatives aux routes commerciales continentales comme la route des épices, après la prise de Constantinople (1453), par les Ottomans, et leur domination sur l’est du bassin méditerranéen.
132
+
133
+ Une première phase des grandes découvertes est ouverte, dès le XVe siècle, par les navigateurs portugais qui, sous l'impulsion de Henri le Navigateur, lancent des expéditions en vue de contourner l'Afrique. Vasco de Gama découvre l'Inde (1497-1498) (Inde), Cabral découvre le Brésil (1500).
134
+
135
+ De son côté, l'Espagne envoya ses propres navigateurs : Christophe Colomb vers l'Amérique (trois voyages à partir de 1492), Magellan (tour du monde), Amerigo Vespucci (Amérique du Sud), qui donnera (involontairement) son nom au nouveau continent (voir plus bas)…
136
+
137
+ Le traité de Tordesillas (1494) définissait une ligne de partage entre colonies espagnoles et portugaises en Amérique. Le traité de Tordesillas lésait les nations autres que l'Espagne et le Portugal, ce qui provoqua le phénomène des corsaires. Le plus célèbre, Francis Drake, accomplit la deuxième circumnavigation de l'histoire après Magellan (1577-1580).
138
+
139
+ Le terme « Amérique » fut attribué en 1507 dans la ville de Saint-Dié (actuellement Saint-Dié-des-Vosges), par une assemblée savante, le Gymnase vosgien, composé de géographes. Le nom du nouveau continent fut composé à partir du nom du navigateur Amerigo Vespucci.
140
+
141
+ Le navigateur français Jacques Cartier partit vers le Canada (1534). Les navigateurs britanniques étaient souvent des corsaires.
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+
143
+ François Xavier atteignit la Chine et le Japon en 1549-1551.
144
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145
+ Ces explorations enrichirent considérablement les relevés cartographiques (voir Mercator). Elles permirent d’identifier de nouvelles terres émergées et d’affiner les contours des continents.
146
+
147
+ La première conséquence économique de la découverte du Nouveau Monde fut un afflux considérable de métaux précieux. On emploie de plus en plus l'or, l'argent, le fer, le cuivre, en majorité ramenés du nouveau monde. L'essentiel fut converti en monnaie, entraînant une hausse sensible des prix. On estime qu'entre 1450 et 1550, la masse monétaire en Europe a été multipliée par huit.
148
+
149
+ La deuxième conséquence est que l'Espagne, pays dominant de cette période, a acquis sa puissance politique, économique, et militaire non par le travail de ses habitants, mais par l'accès à un stock de monnaie[21].
150
+
151
+ Cette situation va donner naissance à un courant de pensée économique appelé mercantilisme, qui dura tout au long des XVIe et XVIIe siècles. Plus particulièrement, le courant de pensée cherchant à définir la richesse à partir de la quantité d'or détenue s'appelle le bullionisme. Adam Smith, le père fondateur de l'économie moderne, critiqua vivement le mercantilisme dans la Richesse des Nations (1776), non que le commerce des colonies lui déplût, mais il y voyait une richesse essentiellement princière.
152
+
153
+ Au Moyen Âge, les châteaux étaient d'austères monuments édifiés pour l'autodéfense d'un territoire ou d'un pays et la protection de la population environnante. C'est l'archétype même du château fort. Cependant, en France dès le milieu du XVe siècle avec la fin de la guerre de Cent Ans, l'influence architecturale de la Renaissance italienne commence à se faire sentir et du château fort traditionnel, on va passer au siècle suivant au règne des châteaux-palais si présents aujourd'hui dans la vallée de la Loire mais aussi ailleurs (Fontainebleau, le Louvre…).
154
+
155
+ Ainsi, l'ère de la Renaissance laissa la place aux édifices qui misaient tout sur l'esthétique plutôt que sur la défense. C'est alors que disparurent mâchicoulis, créneaux, ponts-levis, meurtrières et douves, pour laisser la place aux somptueux jardins géométriques, aux symétries des châteaux, aux immenses fenêtres, aux colonnes, aux frontons et aux autres ornements qui pourraient montrer toute la puissance du propriétaire du château.
156
+
157
+ C'est donc sur l'esthétique que l'on mise et non sur la défense. Le but étant d'attirer l'œil sur la richesse et montrer le pouvoir du roi ou du prince. C'est une des caractéristiques les plus visibles de la Renaissance.
158
+
159
+ L'un des plus beaux exemples d'architecture du XIVe siècle est le palais des Papes d'Avignon, qui reste toutefois dans le style gothique.
160
+
161
+ En France, au XVe siècle, on voit déjà une pré-renaissance, attestée par les châteaux de la route appelée aujourd'hui Jacques Cœur près de Bourges. Le style gothique flamboyant se répand. Il constitue comme une résistance de l'ancien style. Au XVe siècle, les châteaux de style Renaissance, notamment les Châteaux de la Loire se répandent. En Île-de-France, le Château d'Écouen, du célèbre architecte Jean Bullant, est le principal témoignage de cette période architecturale.
162
+
163
+ Cette époque voit certains artistes marquants comme Filippo Brunelleschi et Bramante à Florence, Andrea Palladio à Venise, ou encore Sebastiano Serlio, célèbre pour son traité d'architecture.
164
+
165
+ Au XIVe siècle, Pétrarque, d'origine toscane, passe pour être (avec Dante au siècle précédent), l'un des pères de la Renaissance. C'était un érudit, qui maîtrisait la langue latine. Il voyagea dans toute l'Europe, séjourna en Avignon, et séjourna aussi dans le nord de l'Italie à la fin de sa vie. Il eut Giovanni Boccaccio comme disciple.
166
+
167
+ Le XVIe siècle est marqué par l'apparition de la langue française moderne, soutenue par le pouvoir royal de François Ier, qui, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), donne à cette langue son statut de langue officielle du droit et de l'administration du royaume de France. La bibliothèque royale est transférée de Blois à Fontainebleau.
168
+
169
+ L'usage du latin commence à décroître, les dialectes continuent d'être parlés par la grande majorité de la population en France et ce jusqu'à la Révolution française (voir Histoire du français).
170
+
171
+ Les écrivains marquants sont :
172
+
173
+ Mais, dans un contexte de prépondérance de l'Italie dans la plupart des domaines, le XVIe siècle est marqué par une vague très importante d'emprunts de la langue française à l'italien[22]. Des 2 000 italianismes que comportait alors la langue française à cette époque[23], le français moderne n'en a toutefois retenu qu'environ 700[24]. Plusieurs défenseurs de la langue française se sont émus contre ces excès de mode, notamment Henri Estienne, auteur de Deux dialogues du nouveau langage italianizé et autrement desguizé (1578), Barthélemy Aneau, Étienne Tabourot, et Béroalde de Verville, auteur de Moyen de parvenir (1616)[25].
174
+
175
+ L'appellation « Renaissance » est ici aussi problématique : après tout, la littérature n'était pas morte et l'Âge d'or (1530-1560) est finalement assez court et évolue très rapidement vers le Baroque. La poésie compose alors un ensemble assez polymorphe et disparate.
176
+
177
+ D'un côté, quelques formes médiévales subsistent - que l'on songe notamment à Marot utilisant les formes du rondeau, de la ballade de l'épître, formes qui tombent en désuétude avec la Pléiade.
178
+
179
+ Parallèlement, de nouvelles formes apparaissent telles que l'ode, le sonnet, l'élégie, le discours ou l'églogue mais aussi d'autres plus longues telles que les longs poèmes cosmologiques de Scève, les Hymnes de Ronsard qui concentrent sur un thème l'ensemble des savoirs et les poèmes dramatiques (qu'ils soient comiques ou tragiques).
180
+
181
+ Pour autant cette distinction par formes n'est pas toujours évidente, encore moins pertinente et les arguments permettent tout aussi bien de discriminer la poésie de la Renaissance :
182
+
183
+ Les formes permettent un classement d'autant moins pertinent qu'un recueil est alors souvent composé avec différents genres et différents registres.
184
+
185
+ La poésie demeure le genre dominant, produit de la Divine fureur (la furor) envoyée par les Muses. Pontus de Thiard distingue d'ailleurs quatre fureurs divines : la fureur poétique (don des muses), l'intelligence des mystères et religions inspirée par Bacchus, la divination (don d'Apollon) et enfin la passion amoureuse inspirée par Vénus.
186
+
187
+ Au XIVe siècle, la peinture connaît déjà un renouveau, surtout à partir de l'Italie et des Flandres.
188
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189
+ Au XVe siècle, en Italie, les peintres les plus marquants sont Fra Angelico, Fra Bartolomeo, Masaccio, Filippo Lippi, Piero della Francesca, Titien, Leone Battista Alberti théoricien de la peinture et architecte, Sandro Botticelli. Cette période est également marquée par le développement de la perspective (Italie et Flandre), inventée par Masaccio et grâce à Brunelleschi, son théoricien à la Renaissance. Dans les Pays-Bas Espagnols, la peinture à l'huile fait son apparition avec Jan van Eyck, Rogier de la Pasture dit Vanderweyden, Jérôme Bosch. La toile remplaça progressivement les peintures a fresco employées dans les édifices.
190
+
191
+ Concernant le portrait chez Hans Memling, primitif flamand, Jean-Pierre Stroobants, correspondant du journal "Le Monde" en Belgique, précise (07/08/2005) : "(Memling) a innové en introduisant des décors (paysages, intérieurs, fonds), qui, malgré leur foisonnement de détails, n’enlèvent rien à la sobriété des tableaux et à l’étrangeté des personnages. L’étude du visage, des mains, du corps donne à la majorité de ces œuvres un caractère envoûtant et permet à Till-Holger Borchert, conservateur du musée Groeninge, d’affirmer que c’est bien Memling qui transmit à tout le sud de l’Europe les caractéristiques et les innovations du portrait primitif flamand, qui allait notamment influencer les peintres florentins, vénitiens ou lombards."[26]
192
+
193
+ Au XVIe siècle, la peinture se caractérisait par un intérêt porté à l'homme. On jugeait un homme, si et seulement s'il était instruit. Les peintures étaient le plus souvent des portraits, sculptures de l'être humain dans une image complète et méliorative. L'art du nu s'affirma (en référence à l'Antiquité) notamment pour valoriser l'aspect athlétique de l'Homme.
194
+
195
+ Parmi les peintres de cette époque, Michel Ange, Raphaël, Leonardo Da Vinci, Titien, Véronèse se démarquent, en Italie ; Jean Clouet, en France ; Albrecht Dürer, peintre graveur, dessinateur allemand, Hans Memling, Lucas Cranach l’Ancien, Hans Holbein le Jeune, en Allemagne.
196
+
197
+ Au XVe siècle, les polyphonies se développèrent à l'origine dans les Flandres, en Angleterre et en Bourgogne. La polyphonie est une musique écrite pour des chœurs à plusieurs voix en musique sacrée ou profane. Elle nécessitait des règles d'harmonie afin de bien entendre les voix simultanément. Les instruments utilisés étaient alors les flûtes, les hautbois (chalemie, bombarde, douçaine…), l’épinette, la viole de gambe…
198
+
199
+ Au XVIe siècle, les polyphonies pluritextuelles se développent. Les musiciens qui se démarquent peuvent être notamment Claudio Monteverdi, compositeur italien et auteur de nombreux Madrigaux, Giovanni Pierluigi da Palestrina, compositeur italien, Roland de Lassus.
200
+
201
+
202
+
203
+ L'art de la guerre évolue de manière importante durant la Renaissance. L'infanterie reprend sa place de cœur de l'armée aux dépens de la cavalerie, principalement par l'assimilation de la technique du carré de pique par la plupart des armées occidentales. Ce modèle, introduit notamment par les cantons suisse au bas Moyen Âge, prévaudra sur les champs de bataille jusqu'à la guerre de Trente Ans. L'arquebuse prend une place de plus en plus importante dans les armées de la Renaissance. l'arme étant meilleurs marché qu'une arbalète[28] et son utilisation ne requérant pas un entrainement aussi poussé que pour l'utilisation efficace de l'arc, elle remplace, à quelques exceptions près, les armes de traits sur le champ de bataille.
204
+
205
+ La cavalerie elle aussi utilise les armes à feu et un nouveau type de cavalerie apparaît en Allemagne dans les années 1540, les reître. Ils sont armés de pistolets et leurs chevaux, contrairement à ceux des gendarmes ne sont pas bardés.
206
+
207
+ L'artillerie elle aussi fait son entrée sur le champ de bataille, autrefois réservés aux sièges les canons sont alors devenus une arme de campagne avec notamment les canon-orgues et les coulevrines, armes à dessein antipersonnel uniquement.
208
+
209
+ Pour faire face aux perfectionnements de l'artillerie des innovations apparaissent en matière de défense et de fortifications, avec invention du bastion en Italie à la fin du XVe siècle. Les fortifications de type italien apparaissent à Troyes et à Saint-Paul-de-Vence à partir de 1525.
210
+
211
+ En droit, un changement structurel se produisit au XVIe siècle, avec le passage de la suzeraineté (société de type féodal, serment d’allégeance), à la souveraineté.
212
+
213
+ Le roi contrôlait directement le royaume à l’aide d’une administration mieux structurée, surtout en France et en Espagne. Il s’agissait encore d’une administration très légère, puisqu’elle comptait environ 1 500 fonctionnaires en France.
214
+
215
+ Il fallut imaginer un système de droit adapté à la nouvelle forme de monarchie.
216
+
217
+ Par ailleurs, en France, la langue française devint à cette époque la langue officielle du droit et de l’administration, grâce à l’édit de Villers-Cotterêts (François Ier, 1539), qui vint appuyer la souveraineté du roi.
218
+
219
+ Les théoriciens du droit qui se démarquent furent notamment Jean Bodin, juriste français et Machiavel.
220
+
221
+ Les échanges commerciaux en Méditerranée c'est-à-dire la triade amorcés après la période des Croisades, continuèrent, surtout depuis les ports italiens de Venise et Gênes. Ces Républiques acquirent ainsi une grande puissance.
222
+
223
+ La nouveauté vint, dès le XVe siècle, du contournement de l'Espagne par les grandes voies maritimes, délaissant les routes commerciales continentales traditionnelles, qui passaient par les anciennes foires de Champagne par exemple.
224
+
225
+ La conséquence fut le déclin des foires de Champagne, très florissantes au Moyen Âge et le développement dès le XVe siècle des grands ports d'Europe du Nord (Bruges, Londres, villes hanséatiques…), qui devinrent en même temps des foyers d'activité culturelle importants.
226
+
227
+ Alors que la France était encore en pleine guerre de Cent Ans, on assistait ainsi à des échanges entre les grandes villes d'Italie et les grands ports du nord de l'Europe (Bruges, Londres…). La Bourgogne était également prospère.
228
+
229
+ Quelques techniques permirent un renouveau économique et commercial, inventées ou importées d'autres régions du monde. L'horloge mécanique apparaît en Italie dès 1280 et remplace les sabliers et horloges à eau pendant la Renaissance. L'usage de la verrerie et des vitres se développa au XVIe siècle. L'île de Murano fut un important centre de production. Dans le textile, le rouet et le tricot furent perfectionnés et généralisés. Le procédé de l'amalgame apparaît pour le traitement de l'argent.
230
+
231
+ L'exploration de nouvelles terres permit également la découverte de nouvelles plantes.
232
+
233
+ La Renaissance s'est manifestée par un changement important de vision du monde par rapport au Moyen Âge, qui a eu des répercussions considérables aux époques moderne et contemporaine.
234
+
235
+ Plusieurs éléments caractérisent ce changement :
236
+
237
+ L'humanisme est une exaltation de l'homme considéré en lui-même, pour lui-même. L'humanisme, même s'il ne nie pas Dieu, le rejette dans l'au-delà et affirme la totale autonomie de l'homme par rapport à Lui. Ce n'est plus Dieu qui sert de référence, mais l'homme qui devient la mesure de toute chose[29].
238
+
239
+ La Renaissance se définit à la fois par un retour à l'Antiquité grecque et par un retour à la nature (les deux étant liés), ouvrant la voie au naturalisme. L'humanisme, en ramenant tout à l'homme (c'est-à-dire en excluant Dieu) ramène toute chose à une dimension purement naturelle, c'est-à-dire exclut le surnaturel ou réduit sa part. L'art de la Renaissance abandonne le caractère symbolique de l'art médiéval dans la représentation de l'homme et de la nature[30]
240
+
241
+ La Renaissance fait de la raison la principale faculté de connaissance de l'homme, reléguant au second plan son esprit ou intellect, faculté de contemplation des réalités surnaturelles. La valorisation de la raison et de l'approche rationnelle des phénomènes favorise non seulement le développement d'une forme de philosophie qui s'affranchit de la théologie dont elle n'était jusqu'alors que la servante, mais encore l'essor des sciences, qui se développeront considérablement à partir du XVIIe siècle à la suite de la révolution copernicienne[31].
242
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243
+ L'humanisme de la Renaissance a pour corrélat une exaltation de l'individu. Cela se manifeste dans l'art par la valorisation de l'artiste en tant que sujet créateur original. Cette tendance s'accentuera ultérieurement avec le Cogito de Descartes qui pose le sujet « je » non seulement comme seule source, mais comme critère de la connaissance vraie et même de la réalité de soi et du monde. L'individualisme mènera par la suite à la concurrence, fondement du capitalisme qui se développera à partir du XVIIIe siècle, et aura pour conséquence l'affaiblissement du sens de la communauté[32].
244
+
245
+ La conquête du Nouveau Monde a été fondée sur une volonté des États européens d'accroître leur pouvoir en étendant leurs territoires, mais aussi de développer leur économie grâce à une exploitation de ces terres nouvelles et de la commercialisation de leurs produits. Cela a sans doute contribué à modifier l'image de la nature qu'avaient les populations européennes, en y voyant un stock de ressources exploitables et monnayables. Les conquérants ont fait preuve d'une absence totale de scrupule vis-à-vis de la nature, en comparaison des populations indigènes qui avaient un sens développé de la sacralité de la nature[33].
246
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247
+ Le christianisme, avec surtout saint Irénée de Lyon, en développant une conception unifiée de l'être humain, avait rejeté le dualisme platonicien et ses avatars gnostiques des tout premiers siècles. Dans le sillage du rationalisme réapparaît, avec Descartes, un dualisme âme-corps. Le corps appartenant à la nature, la séparation entre l'âme et le corps a eu sans aucun doute un effet sur la relation de l'homme avec la nature, rendant l'homme moins proche et moins solidaire de celle-ci, la percevant comme une réalité extérieure à ce qu'il est[34].
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+ L'ensemble de ces éléments, auxquels il faut ajouter la mécanisation des corps et le Dieu horloger lointain, auront pour conséquence, selon le théologien orthodoxe Jean-Claude Larchet, de poser les fondements spirituels de la crise écologique que nous connaissons aujourd'hui[35].
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+ Le stylo Écouter (apocope de stylographe) est un instrument, généralement de forme allongée facilitant sa préhension, qui sert à écrire ou à dessiner. Ayant l'avantage de posséder son propre réservoir d'encre, il a progressivement remplacé le porte-plume. Le mot est attesté en Grande-Bretagne dès 1882 pour un instrument à pointe tubulaire mais ne fut utilisé en France au sens d'instrument d'écriture qu'à partir de 1907. Il ne figure cependant pas encore dans le Larousse élémentaire illustré de 1918. On parlait plus couramment à l'époque de « porte-plume réservoir », « plume à réservoir » ou « plume-réservoir »[1], tandis que « stylographe » désignait le stylo à pointe tubulaire[2].
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+ Au fil des années, plusieurs modèles ont reçu ce nom :
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+ Le stylo sert aussi d'outil en jonglerie.
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+ À l'origine, les tablettes sont gravées avec un roseau ou un burin. Le premier outil que l'on pourrait rapprocher du stylo est le calame constitué d'un roseau taillé dans lequel l'encre s'écoule le long d'une petite fente. Les Égyptiens utilisent un stylet en cuivre pour marquer l'argile tandis que les Romains privilégient le stylet en bronze[3].
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+ Au Moyen Âge, la plume d'oie, utilisée dès le IVe siècle sur du papyrus, lui est progressivement substituée par les moines copistes. La plume d'oie (ou d'autres oiseaux, selon l'usage qui en est fait : cygne, dinde, canard, corbeau) avec lesquelles les moines copistes du Moyen Âge écrivaient sur leur parchemin mais aussi les écrivains jusqu'au début du XIXe siècle) devient l'instrument d'écriture le plus courant.
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+ Léonard de Vinci dessine en 1508 dans son Codex Atlanticus des stylos à plume métallique avec des réservoirs cylindriques d'encre[4]. En 1636, Daniel Schwenter dans son Delicia Physic-Mathematicae, décrit un stylo fait de deux plumes, une plume servant de réservoir pour l'encre de l'autre plume. Au XVIIe siècle, le stylo est appelé « plume sans fin », « plume-perpétuelle » ou « plume éternelle »[1].
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+ À la fin du XIXe siècle, la plume d'oie est remplacée par la plume métallique. Avec son porte-plume, la plume métallique dont la plus connue en France est la plume Sergent-Major se diffuse dans les écoles. Le stylo a ensuite continué à évoluer techniquement : il voit le jour sous le nom original de porte plume portable en 1827, inventé par le roumain Petrache Poenaru, qui a déposé son brevet à Paris, ensuite le problème du réservoir d'encre est résolu partiellement par Waterman qui met au point en 1884 le premier stylo-plume à encre à réservoir intégré. En 1895, Parker innove avec le Lucky Curve (conduit courbe qui rend le débit de l'encre régulier), le stylo enfin propre. Jusqu'ici en ébonite puis en plastique, les stylos de la marque Sheaffer concurrencent les Parker dans les années 1920 en habillant leur produit en matériau précieux (filigree argent, or)[5].
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+ Le stylomine et le stylographe 303 sont inventés par Yves Zuber en 1925.
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+ Après sa mise au point en 1938, la diffusion massive du stylo-bille dès 1952 a fortement démocratisé l'utilisation du stylo. Il est autorisé dans les écoles françaises dès 1965. Le gros Bic 4 couleurs est quant à lui mis au point en 1970.
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+ Il existe de nombreux modèles de stylos adaptés à différents usages : écriture, mais aussi dessin, calligraphie, utilisant des formes de plumes spécifiques.
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+ Un stylo et développé autour de 6 éléments : la pointe, l'encre, le réservoir d'encre et son système d'adduction, le système de protection de la pointe, le fut et le design.
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+ Un collectionneur de stylo peut avoir plusieurs appellations, suivant le style de stylos qu'il choisit de collectionner[6].
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+ Ainsi, un collectionneur de stylos à bille sera un stylobiliaphile[7]. De stylos à image mobile un stylumobilophile[8]. De stylos et porte plumes un stylographile[9].
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+ Enfin, et ce sont les plus nombreux, ceux qui collectionnent les stylos publicitaires sont des stylopubligraphiles[10].
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35
+ En Belgique, le mot "stylo" est exclusivement employé pour désigner un stylo-plume. Un stylo-bille est systématiquement appelé "bic" en usage courant. Dans la même logique, un stylo-feutre sera simplement appelé "marqueur" ou "feutre".
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+ La digestion est un mode de transformation mécanique et chimique des aliments en nutriments assimilables ou non par l'organisme.
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+ Par définition, la digestion est un processus présent chez tous les organismes hétérotrophes. Cette digestion se réalise dans un système digestif qui peut correspondre à une simple vacuole digestive d'une eubactérie, ou se spécialiser comme c'est le cas des mammifères ruminants (vache, etc.). La digestion peut aussi se définir comme étant la simplification moléculaire c’est-à-dire la transformation des macromolécules (molécules de grandes tailles) en micromolécules.
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+ Des aliments aux nutriments : pour transformer les aliments en nutriments, il faut passer par une étape obligatoire : la digestion. Une première phase de la digestion est mécanique et buccale, les aliments étants préparés dans la bouche pour leur ingestion stomacale. Ainsi il convient de ne pas fumer avant de manger pour ne pas détruire le ferment salivaire permettant la première transformation utile des aliments ingérés. La digestion est assurée par le tube digestif et ses glandes annexes : glandes salivaires, hépatique et pancréatique. Elle permet de transformer les aliments en petites molécules absorbables par les cellules du tube digestif et utilisables par l’organisme. Dans sa phase stomacale, le suc gastrique produit un acide qui permet une meilleur assimilation des aliments, dont la fabrication est favorisée dès la perception des odeurs de cuisine, ce qui produit de l'appétit. Le suc intestinal permet de digérer les sucres. Il accompagne l'action du suc pancréatique, et de celui de la bile dont l'action digestive se situe dans la partie de l'estomac nommée duodénum. La bile venant du foie, agit sur les graisses qu'elle rend assimilables. Le suc pancréatique possède plusieurs ferments dont la trypsine fait pour digérer surtout la viande. L'estomac peut assimiler l'eau et le sel, mais en quantité réduite, l'assimilation la plus importante se faisant dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum et le jéjunum. La digestion peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, selon la qualité, la composition, la préparation et les conditions du repas. Une moyenne difficile à établir avec précision, peut s'établir entre huit ou dix, voire douze heures. Elle est variable selon les personnes.
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+ Le processus de digestion n'est pas réservé aux animaux. Des plantes carnivores capturent d'autres organismes, le plus souvent des animaux invertébrés, et les digèrent de manière chimique. Les champignons sont aussi en mesure de digérer de la matière organique. Les champignons entomopathogènes sont même capables de parasiter un insecte, de le tuer, et de se développer aux dépens de son cadavre.
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+ La digestion est un mode de transformation mécanique et chimique des aliments en nutriments assimilables ou non par l'organisme.
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+ Par définition, la digestion est un processus présent chez tous les organismes hétérotrophes. Cette digestion se réalise dans un système digestif qui peut correspondre à une simple vacuole digestive d'une eubactérie, ou se spécialiser comme c'est le cas des mammifères ruminants (vache, etc.). La digestion peut aussi se définir comme étant la simplification moléculaire c’est-à-dire la transformation des macromolécules (molécules de grandes tailles) en micromolécules.
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+ Des aliments aux nutriments : pour transformer les aliments en nutriments, il faut passer par une étape obligatoire : la digestion. Une première phase de la digestion est mécanique et buccale, les aliments étants préparés dans la bouche pour leur ingestion stomacale. Ainsi il convient de ne pas fumer avant de manger pour ne pas détruire le ferment salivaire permettant la première transformation utile des aliments ingérés. La digestion est assurée par le tube digestif et ses glandes annexes : glandes salivaires, hépatique et pancréatique. Elle permet de transformer les aliments en petites molécules absorbables par les cellules du tube digestif et utilisables par l’organisme. Dans sa phase stomacale, le suc gastrique produit un acide qui permet une meilleur assimilation des aliments, dont la fabrication est favorisée dès la perception des odeurs de cuisine, ce qui produit de l'appétit. Le suc intestinal permet de digérer les sucres. Il accompagne l'action du suc pancréatique, et de celui de la bile dont l'action digestive se situe dans la partie de l'estomac nommée duodénum. La bile venant du foie, agit sur les graisses qu'elle rend assimilables. Le suc pancréatique possède plusieurs ferments dont la trypsine fait pour digérer surtout la viande. L'estomac peut assimiler l'eau et le sel, mais en quantité réduite, l'assimilation la plus importante se faisant dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum et le jéjunum. La digestion peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, selon la qualité, la composition, la préparation et les conditions du repas. Une moyenne difficile à établir avec précision, peut s'établir entre huit ou dix, voire douze heures. Elle est variable selon les personnes.
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+ Le processus de digestion n'est pas réservé aux animaux. Des plantes carnivores capturent d'autres organismes, le plus souvent des animaux invertébrés, et les digèrent de manière chimique. Les champignons sont aussi en mesure de digérer de la matière organique. Les champignons entomopathogènes sont même capables de parasiter un insecte, de le tuer, et de se développer aux dépens de son cadavre.
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+ Le sucre est une substance de saveur douce extraite principalement de la canne à sucre et de la betterave sucrière. Le sucre est une molécule de saccharose (glucose + fructose). Il est également possible d'obtenir du sucre à partir d'autres plantes.
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+ Toutefois, d'autres composés de la même famille des saccharides ont également une saveur douce : le glucose, le fructose… qui sont de plus en plus utilisés par l'industrie agroalimentaire et dans d'autres secteurs[1]. Sur un étiquetage nutritionnel, l'information dont sucres, située sous la ligne Glucides qu'elle complète, désigne tous les glucides « oses » ayant un pouvoir sucrant, essentiellement le fructose, saccharose, glucose, maltose et lactose. Les autres glucides ayant un pouvoir sucrant sont les « polyols » (sorbitol, maltitol, mannitol) mais ils sont maintenant étiquetés séparément, en tant que « polyalcools », qui sont des glucides mais pas des sucres.
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+ Le terme « sucre » provient du terme italien « zucchero », lui-même emprunté à l'arabe « sukkar » (ٌسُكَّر), mot d'origine indienne, en sanskrit « çârkara » (signifiant « gravier » ou « sable »[2]).
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9
+ Outre le miel et les fruits (comme la pomme) qui servent de complément glucidique depuis la Haute Antiquité, divers végétaux contiennent des quantités importantes de sucres et sont utilisés comme matière première d'où l'on extrait ces sucres, souvent sous la forme de sirop :
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+
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+ Les sucres ont une saveur que l'on a dit être une des quatre saveurs de base (sucré, salé, amer, acide).
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13
+ Sur le plan cognitif et neurologique, les saveurs sucrées semblent indiquer aux primates, humains ou non humains, la valeur énergétique des végétaux, d'où le plaisir qui lui est associé[3]. Le premier aliment de l'homme est légèrement sucré (lactose). La plupart des plantes toxiques sont amères, le choix d'un aliment sucré serait donc sans danger.
14
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+ Certaines saveurs sucrées sont reconnues par une famille de récepteurs, situés sur la langue, couplés à la protéine G T1R1, T1R2 et T1R3 ; ils s’assemblent en homodimères ou hétérodimères et permettent la reconnaissance des sucres naturels ou des édulcorants.
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+ À part les sucres, de nombreuses autres molécules, artificielles ou naturelles, possèdent un pouvoir sucrant, mais celles-ci ne sont pas toutes reconnues par l'ensemble des animaux.
18
+
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+ Parmi les molécules d'origine naturelle on trouve les acides aminés (glycine), les protéines (thaumatine, mabinline), des hétérosides (stéviosides), etc.
20
+
21
+ Parmi les molécules de synthèse, on trouve, des dipeptides (aspartame), des sulfamates (acésulfame potassium), etc.
22
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+ Les premières traces de cultures sucrières associées à une plante naturelle se trouvent en Asie du Sud-Est et sur les îles du Pacifique : on y mâchait la tige de la canne à sucre pour en extraire le suc. La fabrication du sucre par extraction aurait commencé dans le Nord-Est de l’Inde ou dans le Pacifique Sud respectivement vers 10000 ou 6000 av. J.-C. Vers 325 av. J.-C., Néarque, l'amiral d'Alexandre le Grand, lors d'une expédition en Inde, évoque un « roseau donnant du miel sans le concours des abeilles », reprenant par là une expression des Perses[4].
24
+
25
+ En Europe occidentale, chez les Anciens Grecs notamment, on utilisait principalement la saveur sucrée du miel, comme en témoignent les nombreuses jarres découvertes durant les campagnes archéologiques de Cnossos, Mycènes et de Paestum. Le sucre de canne n'y est pas inconnu (les Anciens Égyptiens la cultivent), du fait des échanges maritimes : cependant, il est encore rare et cher. Sous l'Empire romain, le coût faiblit grâce à l'annexion de l’Égypte et d'une partie de l'ancienne Perse, mais l'usage du miel est très largement dominant.
26
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27
+ D’autres témoignages archéologiques effectués au début du XXe siècle associent la culture de la canne avec la civilisation de la vallée de l'Indus[5], cultures qui remonteraient au deuxième millénaire avant notre ère.
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+ En Inde, on aurait réussi à purifier et cristalliser le sucre pendant la dynastie des Gupta vers l’an 350.
30
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+ Partis de Bagdad, de Damas et de Tunis, dès le Xe siècle les premiers voyageurs arabes découvrent la canne sucrière, notamment en Inde. Au fur et à mesure de l’expansion musulmane en Asie, en retour la canne à sucre est acclimatée dans les pays méditerranéens, depuis la Syrie jusqu'à l'Espagne du sud, et les techniques de production indiennes y sont adoptées et améliorées[6]. Le sucre, en pains ou en poudre, est ainsi facilement transportable par les caravanes. La route des épices est aussi celle du sucre. Les Arabes sont également à l'origine des premières sucreries, raffineries, et plantations de type quasi-industriel[7].
32
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33
+ Au Moyen Âge, l'Occident découvre le sucre de canne lors des croisades face aux califats fatimides et almoravides : la canne arrive en Italie, dans les îles de la Méditerranée (Crète, Chypre)[8] et dans le Sud de la France.
34
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35
+ Produit exotique et rare, il est d'abord réservé aux apothicaires et aux élites chez qui il est utilisé comme monnaie d'échange, épice et médicament jusqu'au XVIIe siècle, ne devenant réellement un ingrédient pour la cuisine qu'au XVIIIe siècle : avant cette époque, le sucre de canne est associé au chaud et au sec selon la théorie des humeurs, il soigne le lymphatique ou l'atrabilaire, purge le phlegme, entre dans la fabrication de sirop (chaud et sec) contre le rhume (froid et humide). Dans plusieurs pays où il existe une nette séparation du sucré et du salé, le sucre apparaît plutôt en fin de repas puis en entremets comme dans le blanc-manger[9].
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+ Vers 1390, une meilleure technique de pressage est créée, permettant de multiplier par deux la quantité de jus obtenu à partir de la canne, et inaugure l’expansion économique des plantations de sucre en Andalousie et en Algarve. Vers 1420, la production de sucre de canne fut étendue aux îles Canaries, Madère et aux Açores.
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+ Au XVe siècle, Venise contrôle le commerce de la Méditerranée orientale, y compris celui du sucre, et fonde la première raffinerie d’Europe. La route des Indes, ouverte par Vasco de Gama, permit aux Portugais de s’assurer d’importantes ressources sucrières et de devenir les premiers fournisseurs du marché européen. Dès le milieu du XVe siècle, ils installèrent des plantations et des raffineries à Madère.
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+ Les Portugais importèrent au milieu du XVIe siècle le sucre au Brésil. L'aventurier Hans Staden témoigne qu’« en 1540, l’île de Santa Catarina comptait 800 sucreries et que la côte nord du Brésil, Démérara et le Suriname en comptaient 2 000. »
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+ Après 1625, les Hollandais importèrent la canne à sucre d’Amérique du Sud vers les îles des Caraïbes, aux îles Vierges et à la Barbade. De 1625 à 1750, le sucre devint une matière première très prisée, et les Caraïbes, la principale source mondiale grâce à la main-d’œuvre fournie par l’esclavage.
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+ Au début du XVIIe siècle, les Antilles françaises sont des colonies de peuplement. Les premières plantations de canne ne voient le jour qu’en 1643, après l’échec de la culture du tabac. Les sucreries se multiplient à la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Domingue. En métropole, ce sont les raffineries qui fleurissent sous l’impulsion de Colbert, à Nantes et Bordeaux. Le siècle des Lumières est aussi le siècle de la domination française du marché du sucre colonial[10] : le sucre devient un élément important de l’économie et donc de la politique européenne mercantiliste.
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+ Au milieu du XVIIIe siècle, le sucre de canne devient très populaire dans la bourgeoisie, on l'appelle « canamelle ». Le marché du sucre connait une forte croissance, la production devenant de plus en plus mécanisée. Une machine à vapeur alimente un premier moulin à sucre en Jamaïque en 1768, et peu après, la vapeur servit d'intermédiaire au feu comme source de chaleur.
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+ Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que le sucre de betterave va connaître un réel essor. Si, dès 1600, l’agronome français, Olivier de Serres, remarque que la « bette-rave » donne en cuisant un jus « semblable au sirop de sucre », il faut attendre 1747 pour qu’Andreas Sigismund Marggraf, chimiste berlinois, prouve que le sucre de betterave et le sucre de canne sont identiques. Les écrits de Marggraf sont ensuite traduites en français[11].
50
+ Franz Karl Achard, élève de Marggraf, produit en 1798 le premier pain de sucre de betterave[12]. En 1810, face au blocus continental qui suspend le commerce colonial maritime, l’intérêt pour la betterave est soudain ravivé en France sous l’impulsion de Jean-Antoine Chaptal, qui travaille dans la commission de l’Institut de France, laquelle est chargée de vérifier les expériences d’Achard. Cette commission informe Napoléon de l’intérêt que la France aurait à produire elle-même son sucre car la culture betteravière est rentable et l'extraction en cristaux possible.
51
+
52
+ Fin 1811, le Normand Jean-Baptiste Quéruel, engagé chez Benjamin Delessert à sa manufacture de Passy, invente la méthode permettant la fabrication industrielle de sucre cristallisé (extraction du jus, filtration, compactage en pains coniques). Napoléon Ier, via Chaptal, incite derechef les agriculteurs français à ensemencer les champs en plants de betterave et les industriels à améliorer les procédés. Dès lors, la France se mobilise pour extraire le sucre à partir de la betterave. En 1812 naît l’agro-industrie sucrière française. Delessert présente à l'empereur en personne ses premiers pains de sucre : celui-ci ordonne aussitôt la mise en culture de 100 000 hectares[13].
53
+
54
+ La fin de l’Empire permet le retour sur le continent du sucre de canne et met un temps en péril le développement de la betterave sucrière. Mais la récession ne va cependant pas durer. En 1828, la France compte 585 sucreries implantées dans 44 départements.
55
+ En 1900, le sucre de betterave représente 53 % de la production mondiale de sucre. La Première Guerre mondiale, en transformant les grandes plaines betteravières européennes en champs de bataille, stoppe toute la production et la fait redescendre à 26 %. S'il remonte pour atteindre 40 % dans les années 1950, le sucre de betterave représente actuellement 22 % de la production mondiale de sucre.
56
+
57
+ En 1949, Louis Chambon met au point la technique de moulage des « dominos » de sucre par compression, mais les premiers morceaux de sucre blanc, certes grossièrement, sont inventés en 1855.
58
+
59
+ La démocratisation de la consommation en Europe a lieu lors de la révolution industrielle, la production de sucre étant multipliée par 1 000 entre le XVIIIe et le XXe siècle[9].
60
+
61
+ Aujourd'hui une sucrerie de betteraves produit entre 1 500 et 2 000 tonnes de sucre au cours d'une journée avec un effectif permanent d'environ 150 personnes.
62
+
63
+ Certains types de sucre sont normalisés au niveau mondial par le Codex Alimentarius.
64
+
65
+ Sucre blanc, sucre roux de canne, sucre de canne complet et vergeoise.
66
+
67
+ Sucre en morceaux.
68
+
69
+ Bûchettes de sucre en poudre.
70
+
71
+ Sucre en morceaux.
72
+
73
+ Quelques types de sucre (normalisés ou non) :
74
+
75
+ La canne à sucre contient environ :
76
+
77
+ L'extraction n'étant pas parfaite, 1 tonne de canne fournira environ 115 kilogrammes de saccharose.
78
+
79
+ Les champs de canne à sucre sont généralement brûlés et les cannes ramassées mécaniquement. Le brûlage sur pied, qui diminue la masse végétale inutile (les feuilles) et concentre le sucre dans la tige par évaporation, est une technique aussi ancienne que la culture de la canne. Cette technique est toutefois abandonnée par certains producteurs afin de réduire la production de CO2 associée à la culture de la canne[17].
80
+
81
+ Ensuite, le procédé d’extraction du sucre de canne[18] est identique à celui du sucre de betterave, à l'exception de la première phase où le jus de canne est extrait par broyage, tandis que celui de betterave est extrait par diffusion. À leur entrée dans la sucrerie, les cannes sont découpées en petits morceaux puis pressées et broyées dans plusieurs moulins. Séparé de la bagasse (la canne écrasée), le jus de canne obtenu (le vesou) contient 80 à 85 % d'eau, 10 à 20 % de sucre et 0,7 à 3 % de composés organiques et minéraux. Il suit ensuite les mêmes étapes que le jus de betterave. Le sirop recueilli après cristallisation et essorage du sucre de canne ou de betterave, également appelé « eau mère », est encore chargé de sucre. Il subit alors une nouvelle cuisson et un nouvel essorage qui donnent le sucre dit de « deuxième jet », plus coloré et moins pur que le sucre de premier jet.
82
+ Puis ce sirop de deuxième jet, toujours riche en sucre, est à son tour réintroduit dans le cycle pour donner un sucre de troisième jet, brun et chargé d’impuretés (le sucre roux), ainsi qu'un dernier sirop visqueux et très coloré, appelé mélasse.
83
+ La bagasse est utilisée de différentes façons, le carburant pour la chaudière de la sucrerie étant la plus commune.
84
+
85
+ Pour les sucres « biologiques », obtenus à partir de cannes de l'agriculture biologique, on distingue plusieurs types de sucres, dont :
86
+
87
+ Le rhum est obtenu à partir du jus fermenté.
88
+
89
+ La betterave sucrière contient environ :
90
+
91
+ Pour la canne comme pour la betterave, l'extraction[18] doit se faire rapidement car les plantes continuent à respirer et consomment du sucre pour leur métabolisme. En moyenne, on chiffre de 100 à 130 g de sucre perdu par tonne de betterave et par jour[19]. Les usines sucrières sont ainsi toujours à moins de trente kilomètres des champs. Une autre partie du sucre se retrouve dans la mélasse ou reste dans la pulpe. Le sucre extrait de la betterave est naturellement blanc et ne nécessite donc pas de raffinage[20],[21].
92
+
93
+ La mélasse produite au cours de l'extraction du sucre de betterave est souvent utilisée pour la fermentation ou la nourriture du bétail.
94
+
95
+ Le sucre roux de betterave, appelé vergeoise ou cassonade, est obtenu par chauffage prolongé du sucre blanc qui provoque la formation de colorants de type caramel[21].
96
+
97
+ De fabrication artisanale, ce sucre est extrait des inflorescences des palmiers à sucre. Le jus obtenu est filtré, puis cuit afin de le transformer en sirop. Il est enfin battu pour amorcer la cristallisation. Le sucre obtenu est brun, naturellement riche en fructose et oligo-éléments.
98
+
99
+ En 2011, les cinq premiers producteurs de sucre étaient le Brésil, l'Inde, l'Union européenne, la Chine et la Thaïlande. Cette même année, le principal exportateur de sucre était le Brésil, suivi à distance par la Thaïlande, l'Australie et l'Inde. Les principaux importateurs étaient l'Union européenne, les États-Unis et l'Indonésie[22],[23]. Dans la dernière décennie (2000-2009), la part du Brésil dans les exportations mondiales de sucre brut est passée de 7 % à 62 %[24].
100
+
101
+ Sur 112 pays producteurs, 35 cultivent la betterave sucrière, et fournissent environ 20 % de la production en 2017.
102
+
103
+ En 2016-17, la France, avec un rendement de treize tonnes de sucre à l'hectare, a produit 4,7 millions de tonnes, et exporté 2 millions de tonnes. Elle est le premier producteur mondial de sucre de betterave[26]. En 2016-2017, la Belgique a produit 683 000 tonnes[27].
104
+
105
+ L'Organisation commune de marché du sucre (OCM sucre) a été profondément réformée en 2006. Trois impératifs ont présidé à cette réforme : intégrer les principes de la nouvelle PAC dans l'OCM sucre, tenir compte de l'ouverture accrue du marché européen résultant d’engagements pris par l'UE auprès de pays en développement et appliquer une décision de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) obligeant l'UE à réduire ses exportations de sucre. Actuellement, la filière sucrière est l'une des plus encadrées par Bruxelles[28]. Le système actuel, fondé sur un quota de production réparti entre les différents États membres, prendra fin le 30 septembre 2017[29]. L'Europe met ainsi fin à un dispositif existant depuis les années 1960 ; la même année, les principaux producteurs de sucre augmentent également leurs productions, réduisant les cours, et permettant d'alimenter de nouveaux marchés en sucre[30].
106
+
107
+ Il existe deux manières d'évaluer la consommation de sucre : par les données de ventes et par les études de consommation.
108
+
109
+ Il existe aussi différent indicateurs, selon l'objet auquel on s'attache :
110
+
111
+ Les ventes de sucre sont passées de 5 kg par an et par habitant en 1850 à 30−35 kg dans les années 1960. Depuis, elles sont stables[31] (environ 33 kg par an et par habitant en 2017), avec quelques variations (maximum de 39 en 2013, minimum de 33 en 2017)[32].
112
+
113
+ Ces quantités vendues sont utilisées en partie pour des usages alimentaires (consommation des ménages, usage par les professionnels, usages industriels) et en partie dans des usages de transformation chimique ou culinaire (fabrication de médicaments, homéopathie, chaptalisation du vin, vins effervescents). Il existe aussi des pertes (par les industriels au cours de leurs processus de fabrication) et du gaspillage. Elles ne représentent donc pas la consommation stricto sensu (les ventes de sucre reflètent la notion de disponibilité ou de volumes de sucre mis sur le marché, à l’échelle d’un pays ou d’une population).
114
+
115
+ La consommation est mesurée par des enquêtes de consommation individuelles menées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC).
116
+
117
+ L'ANSES évalue la consommation de sucres totaux (sucre naturellement présent dans les fruits et légumes + sucres ajoutés dans la cuisine ou dans des produits industriels), hors lactose, à 75 g par jour et par personne en 2006-2007[33] (il n'existe pas d'étude plus récente), tout en fixant une recommandation pour les apports maximums en sucres (hors lactose) à 100 g par jour et par personne. Selon l'ANSES, 20 à 30 % des enfants et des jeunes adultes dépassent cette recommandation.
118
+
119
+ Ces données concernent les sucres totaux et ne doivent pas être confondues avec celles des sucres libres (ensemble des sucres ajoutés, ainsi que le sucre des jus de fruits et le miel), sur lesquels porte la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé. L'OMS recommande de ramener l'apport en sucres libres à moins de 10 % de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant, ce qui représente une consommation d'environ 50 g de sucres libres par jour et par personne. Il s'agit de sa recommandation dite « forte ». L'OMS a établi une deuxième recommandation, « avec réserve » pour éventuellement baisser l'apport en sucres libres à 5 % de la ration énergétique[34].
120
+
121
+ En 2006-2007, l'apport en sucres libres en France a été mesuré à 52 g par jour et par adulte, soit 9,5 % des apports énergétiques, par l'étude INCA2, 41 % dépassant cette recommandation[35].
122
+
123
+ En Belgique, les ventes par habitant sont équivalentes à 34 kg par habitant et par an.
124
+
125
+ La consommation de sucre fournit de l'énergie chimique à court terme, mais ce n'est pas une forme de stockage d'énergie pour l'organisme. Une partie du sucre consommé peut être utilisée tout de suite pour fournir de l'énergie si nécessaire, dans les minutes qui suivent ; une autre partie sera emmagasinée dans le foie et les muscles (sous forme de glycogène) pour utilisation dans les heures qui suivent ; et, en cas d'excès, une partie sera transformée en graisses (triglycérides) qui seront stockées dans les cellules du tissu adipeux[36].
126
+
127
+ Dès que l'on consomme du glucose, composant du sucre, l'insuline est sécrétée : son rôle principal est de favoriser l'utilisation du glucose par toutes les cellules de l'organisme. Par ailleurs l'insuline stimule la glycolyse, bloque la lipolyse (utilisation des graisses stockées) et favorise la lipogenèse par l'intermédiaire d'une enzyme (la triglycéride synthase), c'est-à-dire la fabrication de graisses dans le tissu adipeux. En effet, le stock de glycogène hépatique est limité et le glycogène musculaire n'est utilisable que par les muscles eux-mêmes.
128
+
129
+ Cette régulation du glucose, avec un système de stockage et de libération, permet de fournir un apport continu en glucose au cerveau. S'il ne représente que 2 % du poids du corps, le cerveau utilise 20 % à 30 % du glucose disponible, qui est sa seule source d'énergie (en dehors des corps cétoniques synthétisés en cas de jeûne prolongé)[37].
130
+
131
+ Après extraction et purification, le sucre de betterave sort naturellement blanc, tandis que le sucre de canne cristallise avec une coloration qui va du blond au brun, due à des pigments présents uniquement dans la canne. Pour devenir blanc, le sucre roux de canne est refondu et débarrassé de ses colorants dans une raffinerie, sans modification chimique. Seul le sucre blanc de canne peut être appelé sucre « raffiné »[38].
132
+
133
+ Lorsqu'il provient de la canne à sucre, le sucre roux est composé de 95 % à 98 % de sucre (saccharose). Le sucre blanc lui, qui vient soit de la canne (après raffinage) soit de la betterave, contient plus de 99,7 % de saccharose. Le reste est constitué de traces d’eau, de minéraux et de matières organiques[39],[40].
134
+
135
+ En outre, le sucre complet (non raffiné) contient quarante fois plus d’éléments minéraux que le sucre roux de betterave et vingt fois plus d'éléments minéraux que le sucre roux de canne[41].
136
+
137
+ Cependant, l'apport en minéraux par le sucre, qu'il soit blanc ou roux, reste très minime au regard des portions de sucres réellement consommés et des apports nutritionnels conseillés pour ces minéraux, et ces types de sucre ont les mêmes effets sur le métabolisme[42].
138
+
139
+ En France, d'après l'enquête INCA2, les apports quotidiens en glucides (amidon et sucres) sont chez les adultes de 230 g/j en moyenne ; chez les enfants, ils sont de 207 g/j. Les adultes consomment 95 g/j de sucres totaux tandis que les enfants en consomment 99 g/j[43]. Les apports quotidiens recommandés en glucides sont de 200 à 250 grammes (voir Apports nutritionnels conseillés).
140
+
141
+ Une nouvelle étude a analysé les données INCA2 afin de connaitre la consommation en « sucres libres » (sucres ajoutés et sucres naturellement présents dans les jus de fruits), l'Organisation mondiale de la santé recommandant un apport inférieur à 10 % de la ration énergétique totale (50 g de sucre pour une ration énergétique de 2 000 Cal). La consommation de sucres libres, chez les adultes en France, est estimée à 51,9 g par jour en moyenne pour une ration énergétique moyenne de 2 151 Cal par jour, 41 % des adultes français dépassant la recommandation de l'OMS[44].
142
+
143
+ Au Canada, en 2004, les apports quotidiens moyens étaient de 110 g par jour[45], avec de fortes variations suivant l'âge et le sexe. Aux États-Unis, la consommation moyenne de sucres est proche de 120 g par jour[46].
144
+
145
+ Qu'il soit blanc ou complet, il contient toujours quatre kilocalories (4 kcal ou 4 Cal) par gramme, soit 16 760 joules. Consommé sans modération, il peut conduire au diabète, à l'obésité, et peut déséquilibrer la régulation du taux de glucose dans le sang par hyperglycémie. Manger beaucoup d'aliments sucrés n'entraîne pas forcément ces troubles s'ils sont associés à une alimentation équilibrée : selon certains[réf. nécessaire], un régime alimentaire équilibré se base sur le rapport sucres simples aux sucres complexes, selon d'autres[réf. nécessaire] ce sont les indices glycémiques de tous les aliments ingérés dans la journée qui comptent le plus. Récemment les avis médicaux suggèrent une limitation de l'apport de sucres à un niveau beaucoup plus faible que la consommation effective (voir Sucre/Avis du corps médical).
146
+
147
+ Les glucides complexes ou polysaccharides sont généralement plus difficiles à décomposer au cours de la digestion que les glucides simples oses ou diholosides, de sorte qu'on les qualifie parfois de « sucres lents », tandis que les glucides simples sont qualifiés de « sucres rapides ». Un glucide complexe peut toutefois être plus rapide à digérer que certains glucides simples comme le fructose, de sorte que les nutritionnistes préfèrent se référer à l'indice glycémique des glucides[47].
148
+
149
+ L'ANSES rappelle en 2016 qu'à proprement parler le terme « sucres » (au pluriel) désigne seulement les glucides simples[48].
150
+
151
+ Les glucides sont plutôt à classer selon leur pouvoir « glycémiant », c'est-à-dire leur action sur la glycémie (taux de glucose dans le sang), ou plus récemment encore, selon la rapidité de la réaction insulinique qu'ils induisent[49].
152
+
153
+ La vitesse d'assimilation des glucides n'est pas liée à leur type : les glucides simples n’ont pas tous un indice glycémique élevé et les glucides complexes un indice glycémique faible. Par exemple, la pomme de terre est un féculent (source de glucides complexes) mais son index glycémique est élev��[50].
154
+
155
+ Un régime à faible indice glycémique est recommandé pour prévenir le diabète, les maladies cardio-vasculaires et probablement l'obésité[51].
156
+
157
+ Le sucre ingéré est hydrolysé en glucose et fructose[52] dans l'intestin. Les monosaccharides sont ensuite absorbés soit par diffusion passive (transporteur de glucose et de fructose), soit par transport actif faisant intervenir des transporteurs spécifiques (transporteur sodium-glucose)[53]. Ces produits passent rapidement dans le sang puis sont véhiculés vers le foie et le reste de l'organisme. Le taux de glucose dans le sang (glycémie) est régulé par la production d'insuline ; le taux de fructose dans le sang n'est pas régulé. Le métabolisme du glucose est la glycogénogenèse qui intervient dans le foie pour reconstituer les réserves de glycogène. La glycolyse, à l'inverse, est le procédé métabolique permettant la dégradation du glucose en énergie. Le métabolisme du fructose prend place essentiellement dans le foie où il peut être transformé en glucose, lactate, glycogène et en triglycérides[54],[55].
158
+
159
+ Une étude[56] de la Harvard School of Public Health (États-Unis) a conclu que l’excès de glucose dans le sang est la cause de plus de trois millions de décès par an dans le monde, dont 960 000 directement à cause du diabète et 2,2 millions en raison de troubles cardiovasculaires (1,5 million de décès par infarctus du myocarde soit 21 % du total des infarctus) et 709 000 décès dus à un accident vasculaire cérébral (13 % du total des décès par AVC). Selon un commentaire paru dans la presse[57], « Ces chiffres sont comparables aux décès annuels dus au tabac (4,8 millions de morts), à l’excès de cholestérol (3,9 millions) et au surpoids et à l’obésité (2,4 millions) ». D'autres sources médicales soulignent le lien entre la consommation de boissons sucrées et les maladies cardiovasculaires[58].
160
+
161
+ Chez l'Homme, « la glycémie doit varier en moyenne entre 0,80 et 1,40 g/l de sang (entre 1 et 1,4 g/l deux heures après un repas et entre 0,80 et 1,10 g/l à jeun le matin) »[59].
162
+
163
+ Le taux de glucose dans le sang est régulé par le pancréas :
164
+
165
+ On parle de diabète quand la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 1,26 gramme par litre de sang (à deux reprises et en laboratoire)[59]. Selon l’OMS, quelque 356 millions de personnes sont diabétiques en septembre 2012 dans le monde[60]. Le diabète de type 2 représente la majorité des diabètes dans le monde, et est en grande partie le résultat d’une surcharge pondérale et de la sédentarité[60]. La sur-consommation de sucres ajoutés en général ou de fructose et de boissons sucrées en particulier sont une des causes du diabète de type 2. La consommation de sucres à des niveaux inatteignables avec des produits naturels non préparés nourrit l'épidémie de diabète de type 2[61]. À ce titre réduire sa consommation de sucres ajoutés ou préférablement de fructose ajouté pourrait se traduire par une réduction de la mortalité due au diabète[61]. La consommation de nourriture à fort indice glycémique est associée au diabète de type 2[62]. La consommation de boissons sucrées augmente le risque de diabète[63],[64]. Par exemple, boire une à deux boissons sucrées par jour entraîne une augmentation de 26 % du risque de diabète de type 2[62]. Dans le monde, il est estimé que 133 000 morts du diabète sont imputables à la consommation de boissons sucrées[65].
166
+
167
+ L'excès de fructose semble constituer une cause de l'accumulation de graisse dans le foie[66] ou stéatose hépatique, qui peut conduire à une inflammation chronique du foie.
168
+
169
+ La carie est un problème qui peut être lié à la consommation répétée de glucides. En effet, ils favorisent la métabolisation d’acides par des bactéries, qui détruisent l’émail dentaire. Le facteur déterminant dans la formation des caries est moins la quantité que la fréquence et la durée de séjour en bouche du sucre absorbé, ainsi que la texture plus ou moins collante de l'aliment. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA, devenue ANSES), les aliments contenant du saccharose ou de l'amidon interviennent dans la propagation des caries dentaires[67]. Elle préconise donc de limiter la consommation entre les repas de féculents (pâtes, pommes de terre, etc.), boissons et produits sucrés, et d'avoir une bonne hygiène bucco-dentaire.
170
+
171
+ Beaucoup d'études et d'experts scientifiques affirment que l'apport excessif en sucre et/ou en fructose joue un rôle important dans l'obésité et le diabète[68],[69],[70]. Plusieurs études établissent le lien entre la consommation de sucre et/ou de fructose et l'augmentation de la graisse intra-abdominale (ou viscérale)[71].
172
+
173
+ Par ailleurs, il semblerait que l’organisme comptabilise moins bien « l'énergie liquide » consommées en excès. Ainsi les boissons sucrées (jus de fruits, sodas, nectars, sirops…) régulièrement consommées pendant ou en dehors des repas, apporteraient un excès d'énergie préjudiciable à terme et constituent un facteur de risque d'obésité[72],[73],[74],[75],[63].
174
+ La réduction de la consommation de sucres réduit le poids et, inversement, l'augmentation de la consommation entraîne une prise de poids[76].
175
+ Une consommation d'une boisson sucrée par jour entraîne une prise de poids moyenne de 0,12 kg par an chez les adultes[62].
176
+
177
+ En 2010, l'Autorité européenne de sécurité des aliments n'a pas établi de relation directe entre consommation de sucres — en dehors d’apports caloriques excessifs — et prise de poids[77] en s'appuyant sur quatre études dont deux financées par les industriels du sucre[78]. Le rapport de l'EFSA est aussi critiqué du fait que la majorité des experts aient des liens avec l'industrie[78].
178
+ En revanche, l'EFSA recommande de favoriser les glucides complexes plutôt que les glucides simples dont le sucre.
179
+
180
+ Il arrive que l'industrie laisse penser que l'exercice physique est aussi important que l'alimentation. Par exemple, dans une de ses communications, Coca-Cola associe leur produit au sport en suggérant que ce n'est pas un problème de consommer leur boisson du moment que l'on fait de l'exercice. Or ce n'est pas corroboré par les données scientifiques puisqu'une synthèse des connaissances scientifiques a montré que réduire sa consommation de sucres est le plus efficace pour réduire le syndrome métabolique et que les bénéfices s'en font ressentir avant même la perte de poids[79].
181
+
182
+ L'ANSES a conclu en 2016 que les études d'intervention ainsi que les données épidémiologiques ne montrent pas d'association de la prise de poids avec la consommation de sucres lorsque l'apport énergétique est contrôlé[48].
183
+
184
+ La consommation importante de sucre, de produits sucrés pauvres en vitamines, sels minéraux et fibres, peut favoriser des carences nutritionnelles si par ailleurs l'alimentation est peu diversifiée.
185
+
186
+ La consommation de sucres est un facteur d'augmentation de l'indice de masse corporelle, qui favorise l'émergence de certains cancers (sein, côlon, pancréas, œsophage, utérus, rein, vésicule biliaire)[65]. De ce fait, la consommation de boissons sucrées serait responsable de 6 450 décès par cancers chaque année dans le monde[65].
187
+
188
+ Il existe aussi un lien direct entre syndrome métabolique et survenue du cancer du sein[80].
189
+ Une synthèse de onze études montre qu'une consommation d'aliments à indice glycémique élevé est associée à une augmentation de 6 % du risque de cancer du sein[81].
190
+
191
+ La consommation de fructose peut théoriquement engendrer des cancers du pancréas mais l'analyse de populations ne permet pas de corroborer cet effet[82].
192
+ En revanche, la consommation de fructose est responsable de carcinomes hépatocellulaires mais pour les autres cancers du foie, les conclusions sont contradictoires[82].
193
+ Les conclusions sont contradictoires quant à un lien entre consommation de sucre et cancer colo-rectaux[82].
194
+
195
+ De plus, un excès de consommation de ces produits pourrait favoriser l'obésité ou l'insulinorésistance qui, elles-mêmes, favoriseraient le risque de cancer[83].
196
+
197
+ Le risque de maladie cardio-vasculaire augmente en moyenne de 17 % par boisson sucrée supplémentaire consommée chaque jour[62].
198
+ Après prise en compte des autres facteurs de risque, il y a une augmentation moyenne de 16 % du risque d'accident vasculaire entre les plus gros consommateurs de boissons sucrées et les moins gros consommateurs[62]. D'après une autre étude, la mortalité par maladie cardio-vasculaire est plus que doublée pour les personnes qui consomment plus de 25 % de leurs calories à partir de sucres ajoutés, par rapport aux personnes qui consomment moins de 10 % des calories à partir de sucres ajoutés[84].
199
+ Remplacer des graisses saturées par des glucides hautement raffinés ne fait pas diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire, alors que remplacer ces graisses par des graisses polyinsaturées fait diminuer le risque[62].
200
+ Chaque année, environ 45 000 décès par maladie cardio-vasculaires dans le monde sont imputables aux boissons sucrées[65].
201
+
202
+ Dans la plupart des cas, le comportement des enfants n’est pas modifié par l’absorption de sucre[85] : il n’y a pas de lien établi entre le sucre et l’hyperactivité.
203
+
204
+ Plusieurs études ont montré qu'il existait un lien entre l’hyperactivité observée chez certains enfants et certains colorants alimentaires[86]. Ce lien a été relativisé par l'EFSA[87] mais un avertissement accompagne désormais les aliments contenant certains colorants[88].
205
+
206
+ Les résultats des études récentes sont contradictoires. Selon une étude américaine publiée dans le Journal of Biological Chemistry en décembre 2007, le sucre contribuerait au développement de la maladie d'Alzheimer[89]. Une autre étude parue en 2012 dans la revue Aging Cell a établi un effet protecteur du glucose vis-à-vis de la neurodégénerescence[90].
207
+
208
+ Chez le rat, une exposition prolongée au goût sucré (sous forme de sucre ou d'édulcorant) induit une dépendance caractérisée par des modifications comportementales et cérébrales comme celles des drogues dures[91]. Des expériences ont montré que des rats et des souris préfèrent la consommation d'eau sucrée à celle de cocaïne en intraveineuse[92]. Cela peut constituer un facteur explicatif de la tendance de l'industrie agro-alimentaire à sucrer ses préparations[93]. Selon Serge Ahmed, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, l'extrapolation de ces études à l’homme reste délicate et « la littérature médicale contient encore trop peu de cas avérés d’addiction au sucre[94]. », il ajoute que le manque de données « reflète plutôt le faible intérêt porté jusque-là au problème »[91].
209
+
210
+ Une revue systématique des études liées aux « addictions alimentaires » conclut que la dépendance à des aliments existe, et que les aliments sucrés présentent le risque le plus élevé de créer une dépendance[95].
211
+
212
+ Plusieurs études suggèrent qu'une consommation élevée de sucre et/ou d'HFCS (donc de fructose) est associée à une moindre capacité d'apprentissage et/ou de mémorisation[96],[97],[98].
213
+
214
+ La consommation d'aliments sucrés est associée au développement de symptômes dépressifs[99]. Des analyses prospectives ont montré une augmentation à 5 ans de 23 % du nombre de personnes atteintes de troubles dépressifs chez les hommes consommant une quantité importante de sucre. Les études confirment un effet négatif de la consommation de sucre sur la santé psychologique à long terme[99]. Certaines études ont montré une corrélation hautement significative entre la consommation de sucre et le taux annuel de dépression dans six pays différents[100]. Une étude menée en Australie a montré que les individus buvant un demi-litre de soda sucré par jour avait environ 60 % plus de risques de développer des troubles dépressifs[101].
215
+
216
+ Il n'y a pas d'avis médical contre les glucides en général, mais la sous-catégorie du sucre fait depuis quelques années l'objet d'avis plus tranchés. En plus de l'effet incontestable sur les caries, plusieurs spécialistes associent soit le sucre soit le fructose avec l'épidémie d'obésité et de diabète de type 2. Une campagne se développe pour limiter la consommation de sucre aux États-Unis[102], en Australie[103] et au Royaume-Uni[104]. L'association de cardiologues American Heart Association fait le lien entre une consommation de sucre élevée et les maladies cardiovasculaires, et a récemment produit des recommandations pour limiter la consommation de sucre[105]. Les limites sont 20 g de sucres ajoutés par jour pour les femmes et 36 g pour les hommes (une canette de soda contient 33 g de sucre ajouté). Au Royaume-Uni, les autorités médicales conseillent clairement de diminuer la consommation de sucre[106],[107] et ont recommandé au Parlement d'introduire une taxe pour limiter la consommation de sucre[108]. En France, l'ANSES recommande depuis peu de réduire de 25 % la consommation de glucides simples[109],[110] (actuellement de 100 g environ par jour et par personne), tout en augmentant les glucides complexes. En 2004, le rapport exhaustif de l'ANSES sur les glucides ne donnait pas de recommandations sur les sucres simples[67].
217
+
218
+ En 2003, l'OMS a préconisé de limiter les apports en sucres libres (sucres ajoutés + sucres des jus de fruits et sirops) à 10 % des apports énergétiques, soit environ 50 g de sucres libres par jour pour un apport quotidien de 2 000 kcal/j[111]. En France, la consommation actuelle en sucres totaux est d’environ 100g/j, dont environ la moitié de sucres libres, selon l’enquête INCA 2[43]. En 2014, une révision de la recommandation de l'OMS suggère une limitation à 5 % des apports énergétiques, soit environ 25 g de sucre[112],[113].
219
+
220
+ En France sur le plan des politiques publiques de santé il faut noter l'interdiction des distributeurs automatiques de boissons dans les écoles en 2005, et l'introduction d'une taxe spécifique sur les boissons sucrées et/ou édulcorées en 2012[114], cela alors même que le vin est deux fois moins taxé[115] mais est soumis au taux de TVA normal. Selon une étude commanditée par l'industrie des boissons, la taxe n'a pas eu l'effet recherché[116]. En 2018, la taxe sur les boissons sucrées a été triplée[117], celle sur les boissons édulcorées a été baissée[118].
221
+
222
+ D'autres pays ont introduit une taxe sur les boissons sucrées comme le Mexique[119] (un des pays les plus touchés par le diabète de type II dans le monde, et où la consommation de sodas est la plus élevée), la ville de Berkeley en Californie[120], et le Royaume-Uni pourrait le faire dans les années qui viennent[121].
223
+
224
+ Dès les années 1950, la Sugar Research Foundation (SRF), une organisation industrielle fondée en 1943, était consciente du rôle du sucre dans les caries. Mais elle va sélectionner les recherches à financer pour éviter que les restrictions sur le sucre soit un moyen de contrôler les caries. Entre 1967 et 1970, la SRF va financer, avec les industries du chocolat et des bonbons, le projet 269 visant à rendre la bactérie Streptococcus mutans moins destructive pour les dents après que du sucre a été consommé. Ce même projet visera également à développer un vaccin contre les caries pour que les gens puissent continuer à consommer du sucre. Ces recherches ne donneront finalement pas de résultat concluant. Influencé par l'industrie, le National Institute of Dental Research des États-Unis, va financer très peu de recherche pour étudier le risque de carie associé à chaque aliment[122].
225
+
226
+ Des documents révélés en 2013 ont montré que l'industrie du sucre a cherché à « forger l'opinion publique » dès les années 1970 pour minorer les craintes d'effets du sucre sur la santé. En 1977, la Sugar Association a réservé 230 000 dollars pour financer des recherches, notamment des scientifiques dans de prestigieuses universités américaines. Les fonds provenaient de diverses industries dont Coca-Cola, General Foods ou General Mills[123].
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+
228
+ En 2006, à la suite de travaux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour promouvoir une limite de 10 % de calories issues de sucres, une campagne de lobbying aux États-Unis a visé les sénateurs d'États producteurs de sucre et de sirop de maïs pour menacer l'OMS de couper ses fonds[124].
229
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230
+ Un lobbying de la World Sugar Research Organisation, une organisation regroupant des intérêts économiques (dont Coca-Cola), a bloqué avec succès une recommandation de 2003 conjointe entre l'OMS et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les recommandations quantitatives qu'elle contenait ont été remplacées par des limites non spécifiques[122].
231
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232
+ Coca-Cola a financé le Global Energy Balance Network (en) dont les chercheurs considéraient que le manque d'exercice, plutôt que la consommation de calories, était responsable de l'obésité, à l'opposé des conclusions scientifiques[124],[79].
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+ Les chercheurs recevant des financements de l'industrie du sucre ont tendance à avoir des conclusions à allant plus en faveur de l'industrie[125]. Par exemple, une analyse de 88 études sur la consommation de sodas a montré que les études financées par l'industrie trouvaient une taille d'effet quasi nulle pour la prise d'énergie, alors que les études non financées par l'industrie trouvaient une taille d'effet modérée[126]. D'autres chercheurs ont étudié les différentes synthèses réalisées sur le lien entre consommation de boissons sucrées et gain de poids. Parmi 18 résultats de ces synthèses, 12 n'avaient pas de lien mentionné avec l'industrie et 10 considéraient que la consommation de sodas pouvait être un facteur de risque pour la prise de poids. À l'inverse, parmi les 6 financées par l'industrie, 5 concluaient que les preuves n'étaient pas suffisantes pour soutenir un tel lien. Les synthèses dont les auteurs avaient un conflit d'intérêt avaient donc cinq fois plus de chance d'avoir une conclusion allant dans le sens de l'industrie[127].
235
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236
+ Une étude de 2016 a révélé que l'industrie du sucre, à travers la Sugar Research Foundation, rebaptisée depuis « Sugar Association (en) », a financé des recherches afin de minorer les effets du sucre sur les maladies cardiovasculaires et de reporter la faute sur les graisses saturées[128].
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238
+ Selon le journaliste Michael Moss (en), le 8 avril 1999, les dirigeants des onze plus grandes entreprises agroalimentaires américaines se réunissent dans l'auditorium de la Pillsbury Company à Minneapolis pour fixer le cap de leur secteur dans les années à venir. Michael Mudd, vice-président de Kraft Foods, les alerte sur l'image négative de leur groupe auprès des institutions liées à la santé publique et des organismes de recherche qui les jugent en partie responsables de l'épidémie d'obésité qui touche le pays, due à « la multiplication de nourriture savoureuse, dense en énergie, vendue à petit prix et en grand format ». Il recommande de diminuer l'incorporation de sel, de sucre et de matière grasse dans la nourriture industrielle. Le PDG de General Mills Stephen Sanger (en), rejette cette responsabilité. Les céréales de petit-déjeuner hypersucrées que produisent son groupe sont régulièrement condamnées dans les médias mais il rappelle qu'il fabrique une large gamme de produits qui répond à tous les besoins des consommateurs. Enfin, selon Michael Moss, Sanger précise que son leitmotiv n'est pas la nutrition mais le goût, mesuré par le point de félicité, indicateur non scientifique mais concept de marketing qui désigne le niveau de perfection que doit atteindre le goût sucré, salé et la texture grasse dans les produits lancés sur le marché[129].
239
+
240
+ Par photosynthèse, les plantes produisent du glucose ou éventuellement d’autres sucres, comme le fructose. Ces sucres sont majoritairement transportés dans la sève des plantes sous forme de saccharose. Suivant les plantes, le saccharose est ensuite stocké comme réserve énergétique sans modification (ex. : canne, betterave sucrière) ou bien est modifié et transformé en amidon (ex. : pommes de terre, céréales)[130].
241
+
242
+ Le glucose en solution est essentiellement sous cette forme cyclique avec moins de 0,1 % des molécules sous forme de chaîne ouverte.
243
+
244
+ Les oses peuvent se grouper par liaisons covalentes osidiques et former des diholosides tels que saccharose (sucrose), ou former des polyosides tels que l’amidon. Les liaisons osidiques doivent être hydrolysées (c’est-à-dire qu’une molécule d’eau vient « casser » ou rompre le lien.) Cette réaction est catalysée par une enzyme (protéine) pour que les molécules puissent être métabolisées. Après digestion et absorption par un animal, les oses présents dans le sang et les tissus sont le glucose, le fructose, et le galactose.
245
+
246
+ Le préfixe « glyco- » indique la présence de sucre dans une substance non glucidique : par exemple, une glycoprotéine est une protéine à laquelle un ou plusieurs oses se sont connectés. De même, un glycolipide est un lipide lié à des résidus osidiques.
247
+
248
+ Fructose, glucose, galactose et mannose sont des sucres simples (oses) de formule C6H12O6.
249
+
250
+ Parmi les diholosides, les plus courants sont le saccharose (sucre de canne ou de betteraves, formé d’un glucose et d’un fructose), le lactose (un glucose et un galactose) et le maltose (deux glucoses). La formule de ces diholosides est C12H22O11.
251
+
252
+ En industrie, le saccharose peut être hydrolysé pour obtenir une solution contenant du fructose, du glucose et du saccharose et appelée « sucre inverti », utilisée en confiserie et en pâtisserie.
253
+
254
+ Le sucre entre dans la composition de nombreuses recettes, notamment en pâtisserie.
255
+
256
+ En pâtisserie, le sucre blanc mélangé avec un peu d’eau forme un sirop qui prend différents aspects selon sa concentration : le sirop passe par différentes phases qui ont chacune un nom et une utilisation[131]. (Voir le tableau ci-dessous)
257
+
258
+ Plusieurs moyens permettent de savoir dans quelle phase se trouve le sirop :
259
+
260
+ Le tableau ci-après donne le nom de la phase, la température et les proportions de sucre correspondantes, ainsi que le test de la cuisson aux doigts.
261
+
262
+ Le sucre et l’eau doivent être mélangés à froid dans une proportion de 300 millilitres d’eau pour 1 kg de sucre.
263
+
264
+ Certains cuisiniers préparent également du caramel à sec, sans eau.
265
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266
+ La fiscalité sur le sucre dépend des pays. Par exemple, en Norvège en 2019, le sucre est davantage taxé que dans l'Union européenne. La Norvège a introduit une taxe sur le sucre en 1922. Depuis janvier 2019, la taxe sur les aliments sucrés a été augmentée de 83 % à 36,92 couronnes, soit 3,12 livres sterling par kilogramme, alors que la taxe sur les boissons artificiellement sucrées est de 43 pence par litre. En conséquence, la dépendance au sucre a diminué, et la consommation norvégienne de confiserie, de 5 kilogrammes par personnes en 1960 et 15 kg en 2008, a été réduite à 12 kilogrammes par personne en 2018. La consommation de boissons sucrées est passée de 93 litres à la fin des années 1990 à 47 litres par personne en 2018. La branche aliment-boisson de la Confédération des entreprises norvégiennes (en) milite pour la suppression de la taxe sur le sucre[132].
267
+
268
+ « The existing basic science evidence, observational data, and clinic trial findings suggest that reducing consumption of added sugars, particularly added fructose, could translate to reduced diabetes-related morbidity and potentially premature mortality. […] At current levels, sugar consumption and fructose consumption in particular—in concentrations and contexts not seen in natural whole foods—are fueling a worsening epidemic of type 2 diabetes. Even without existing data for the duration of diabetes’ 20-year incubation period, shorter-term basic science evidence, observational data, and clinical trial findings present compelling evidence to suggest that added sugar and especially added fructose (provided from HFCS and sucrose) present a serious and increasing public health problem. »
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+ « Robust data from systematic reviews and high-quality randomized controlled trials (RCTs) support a harmful effect of highly refined, high–glycemic load (GL) carbohydrates. A meta-analysis of observational studies indicated that high–glycemic index (GI) foods are associated with T2DM.[…]T2DM risk in individuals with the highest GL and lowest cereal fiber is 2.5-fold that of those with the lowest GL and highest cereal fiber diet. […] A meta-analysis of 310,819 participants and 15,043 cases of T2DM reported a 26% increased T2DM risk among those consuming 1 to 2 SSB servings/day compared with nonconsumers. »
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+ « Coca Cola, who spent $3.3 billion on advertising in 2013, pushes a message that ‘all calories count’; they associate their products with sport, suggesting it is ok to consume their drinks as long as you exercise. However science tells us this is misleading and wrong. It is where the calories come from that is crucial. Sugar calories promote fat storage and hunger. Fat calories induce fullness or ‘satiation’. causation. A recently published critical review in nutrition concluded that dietary carbohydrate restriction is the single most effective intervention for reducing all the features of the metabolic syndrome and should be the first approach in diabetes management, with benefits occurring even without weight loss. »
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+ Barack Hussein Obama II /bəˈɹɑːk huːˈseɪn oʊˈbɑːmə/[1] Écouter, né le 4 août 1961 à Honolulu (Hawaï), est un homme d'État américain. Il est le 44e président des États-Unis, en fonction du 20 janvier 2009 au 20 janvier 2017.
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+ Fils d'un Kényan noir et d'une Américaine blanche du Kansas d’ascendance anglaise et irlandaise, il est élevé durant plusieurs années en Indonésie. Diplômé de l'université Columbia de New York et de la faculté de droit de Harvard, il est, en 1990, le premier Afro-Américain à présider la prestigieuse Harvard Law Review. Après avoir été travailleur social dans les quartiers sud de Chicago durant les années 1980, puis avocat en droit civil à sa sortie de Harvard, il enseigne le droit constitutionnel à l'université de Chicago de 1992 à 2004.
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+ Marié à Michelle Robinson en 1992, Barack Obama entre en politique quatre ans plus tard : il est élu au Sénat de l'Illinois, où il effectue trois mandats, de 1997 à 2004. Il s'oppose à la guerre d'Irak lancée par George W. Bush et se fait connaître au niveau national par le discours qu'il prononce en juillet 2004 lors de la Convention nationale démocrate qui désigne John Kerry comme candidat à la présidence. Après avoir échoué à obtenir l'investiture du Parti démocrate pour la Chambre des représentants en 2000, il est élu au Sénat fédéral en novembre 2004. Il se présente ensuite aux primaires présidentielles démocrates face à Hillary Clinton ; devancé en nombre de voix, il l'emporte avec une légère avance en termes de grands électeurs et devient ainsi le candidat du parti.
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+ Il obtient 52,9 % des voix et 365 grands électeurs à l'élection présidentielle de 2008 contre le républicain John McCain. Il est le premier homme noir à accéder à la présidence des États-Unis. Son parcours a suscité chez les électeurs comme dans les médias du monde entier un grand intérêt. Sa présidence intervient dans un contexte de guerre en Irak, de guerre d'Afghanistan, de crise au Moyen-Orient, d'importante récession de l'économie américaine et de crise financière et économique mondiale. En octobre 2009, il reçoit le prix Nobel de la paix.
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+ Il promulgue un plan de relance économique, met en place le renouvellement d'autorisation des assurances-chômages et les créations d'emplois, celle sur la protection des patients et des soins abordables ainsi qu'une réforme de la régulation financière en 2010. Dans le domaine de la politique étrangère, il retire progressivement les troupes américaines d'Irak, augmente celles présentes en Afghanistan et signe un traité de contrôle des armements avec la Russie. Il commande également l'opération qui aboutit à la mort d'Oussama ben Laden. En 2011, lors de la guerre civile libyenne, il contribue au renversement de Mouammar Kadhafi. Candidat à sa réélection lors de l'élection présidentielle de 2012, il est opposé au républicain Mitt Romney, qu'il bat avec 332 voix du collège électoral et 51 % des suffrages au niveau national.
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+ Durant son second mandat, Barack Obama tente de promouvoir un contrôle accru des armes à feu et la reconnaissance constitutionnelle réussie du mariage entre personnes du même sexe. En politique extérieure, il ordonne une intervention militaire en Irak et en Syrie contre l'État islamique. Il poursuit le processus de retrait des forces américaines d'Afghanistan. En 2013, il décommande à la dernière minute une opération de représailles contre le régime de Bachar el-Assad, alors que ce dernier utilise des armes chimiques contre la population civile des zones rebelles de Syrie. Il ratifie l'accord de Paris sur le climat, parvient à un accord sur le nucléaire iranien et normalise les relations américaines avec Cuba.
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+ Si ses derniers mois de présidence sont marqués par une popularité en hausse, avec une majorité d'opinions favorables au niveau national, le républicain Donald Trump lui succède après avoir emporté l'élection présidentielle de 2016 face à la candidate du Parti démocrate, Hillary Clinton, qui avait reçu le soutien de Barack Obama.
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+ Barack[2] Hussein Obama (2e du nom) naît le 4 août 1961 à 19 h 24 à la maternité de Kapiolani à Honolulu[3].
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+ Son père, Barack Obama, Senior (né à Nyang’oma Kogelo en 1936 et mort le 24 novembre 1982 à Nairobi dans un accident de voiture), est un économiste et homme politique kényan, issu de l'ethnie luo[4]. Ses parents se sont rencontrés en 1960 lors de classes de langue russe à l'université d'Hawaï à Mānoa[5],[6]. Dans son autobiographie, troisième partie, notamment le récit de Granny sur les origines familiales et la vie d'Hussein et de Barack, Sr., Barack Obama fournit une assez longue généalogie en ligne paternelle (12 générations au-dessus de lui) et indique que la famille vivait de l'élevage nomade dans la région de l'Ouganda avant de venir se fixer au Kenya, à Alego[7] puis à Kendu Bay[8].
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23
+ L'arrière-grand-père de Barack Obama, Jr. s'appelait simplement Obama (il est donc l'ancêtre éponyme) et vivait à Kendu Bay à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Son grand-père, Hussein Onyango Obama (1895-1979), est présenté comme un personnage assez original ; il est le premier habitant de Kendu Bay à entrer en contact avec les Anglais à Kisumu, autour de 1910. Immédiatement, il adopte un mode de vie moderne (vêtements européens, apprentissage de la lecture et de l'écriture, souci exceptionnel d'hygiène). Désavoué par son père et ses frères, il se met au service du colonisateur. Pendant la Première Guerre mondiale, il est responsable de l'organisation de corvées au Kenya puis au Tanganyika. Après la guerre, il exerce la profession de domestique et cuisinier pour différents patrons britanniques ; en même temps, il effectue un retour aux origines en achetant des terres à Kendu Bay et en prenant une épouse, Helima (puis une seconde, Akumu, puis une troisième, Sarah). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est au service d'un officier britannique dans différents endroits (Birmanie, Thaïlande, Ceylan, Europe). Après son retour, il cesse de travailler comme domestique et devient agriculteur à plein temps ; c'est aussi le moment où il quitte Kendu Bay et s'installe à Alego.
24
+
25
+ Dans les années 1950, il est détenu durant six mois à la suite d'une dénonciation calomnieuse à propos de liens avec le mouvement nationaliste kényan (KANU). Reconnu innocent, il sort malgré tout affaibli physiquement et moralement de cette épreuve[9].
26
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27
+ De ses trois épouses, il a eu huit enfants[10].
28
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29
+ Barack Obama Senior est le deuxième enfant à être né en 1936 à Kendu Bay. Sa mère est Akumu. Barack Obama, Sr., qui est mort en 1982, a été éduqué dans la religion musulmane mais était néanmoins athée[11]. Après le départ[12] d'Akumu en 1945, il a été élevé par la troisième épouse de Hussein Onyango dans le village d'Alego ; quand il termine ses études primaires brillantes, quoique peu assidues, il est admis dans l'école des missionnaires de Maseno, mais en est renvoyé pour indiscipline, avant d'avoir mené à leur terme ses études secondaires. Il travaille plusieurs années comme employé de bureau à Mombasa et Nairobi et épouse sa première femme, Kezia. Il a la chance d'être repéré comme très doué par deux universitaires américaines qui lui font prendre un cours par correspondance et lui font passer l'examen de fin d'études secondaires à l'ambassade des États-Unis ; c'est encore avec leur appui qu'il sollicite une bourse auprès de plusieurs universités américaines et, en 1959, il reçoit une réponse favorable de l'université d'Hawaï. Il va y suivre un cursus d'économétrie, obtient les meilleures notes de sa promotion et y fonde l'association des étudiants étrangers[13].
30
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31
+ Sa mère, Stanley[14] Ann Dunham (née en 1942 et morte en 1995), est la fille de Stanley (né le 23 mars 1918 et mort le 8 février 1992) et de Madelyn Dunham (née le 26 octobre 1922 et morte le 3 novembre 2008)[15]. La famille Dunham est chrétienne, mais Ann, adulte, est agnostique. L'ascendance de la famille blanche de Stanley Ann Dunham semble avoir compté le premier esclave noir du continent : John Punch selon le site ancestry.com[16].
32
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33
+ Ann Dunham est née à Wichita dans le Kansas[4], près d'une base militaire[3], son père ayant été appelé en 1942 pour servir comme GI dans l'armée américaine. Pendant la guerre, Madelyn Dunham travaille dans les usines aéronautiques de Wichita. Après avoir servi en Europe dans l'armée de George Patton, Stanley Dunham devient vendeur représentant en meubles. La famille Dunham déménage assez souvent, habitant successivement la Californie, le Kansas, le Texas, l'État de Washington (Seattle) avant de partir pour Hawaï en 1959. Stanley y connaît des déboires professionnels, mais Madelyn occupe un emploi de cadre de banque.
34
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35
+ Stanley Ann suit des études d'anthropologie à l'université d'Hawaï quand elle rencontre Barack Sr[17].
36
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37
+ Barack Obama a été élevé par ses grands-parents maternels à partir de 1971. Étant très attaché à Madelyn (« Toot », américanisation de Tutu, « grand-mère » en hawaïen), le candidat a même interrompu sa campagne pour s'occuper d'elle alors qu'elle était souffrante à Hawaï. Madelyn Dunham est décédée le 3 novembre 2008[15], la veille même de l'élection de son petit-fils à la présidence des États-Unis.
38
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39
+ Les parents de Barack Obama se marient le 2 février 1961[18]. En août 1963, son père est accepté à l'université Harvard mais il part seul pour le Massachusetts car la bourse qu'il a obtenue ne lui permettrait pas de subvenir aux besoins de son épouse et de son fils. Le divorce sera prononcé en janvier 1964. Diplômé en économie en 1965, le père de Barack Obama repart au Kenya où il fonde une nouvelle famille. D'abord homme en vue proche du gouvernement de Jomo Kenyatta, il finit par s'opposer aux projets du président. Limogé et boycotté, il sombre dans la pauvreté et l'alcoolisme avant de se tuer dans un accident de voiture en 1982[13]. Son fils ne l'aura revu qu'une fois, à 10 ans, lors d'un séjour de son père à Hawaï (décembre 1971/janvier 1972).
40
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41
+ Ann Dunham s'est remariée en 1965 avec un étudiant originaire d'Indonésie, Lolo Soetoro, qui regagne son pays dès 1966 ; Ann et Barack le rejoignent à Jakarta[19] en 1967. Barack va passer quatre ans en Indonésie. Il fréquente d'abord pendant deux ans l'école primaire catholique St-François d'Assise, puis une école publique où il est le seul étranger[18]. Dans son dossier d'inscription, il aurait choisi, parmi les cinq religions proposées, celle de son beau-père, le javanisme[20], une branche locale de la religion musulmane[21]. Pendant la campagne électorale pour l'investiture de 2008, l'éditorialiste néo-conservateur Daniel Pipes a prétendu qu'Obama avait été un musulman pratiquant durant son séjour en Indonésie (donc entre 6 et 10 ans)[22]. Obama affirme quant à lui que son foyer n'était pas religieux.
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+ En 1971, sa mère le fait revenir à Hawaï chez ses grands-parents maternels, afin qu'il puisse faire des études secondaires américaines (depuis le début du séjour indonésien, elle lui faisait suivre un cours par correspondance et, dans les derniers mois, lui imposait de se lever très tôt pour travailler avec elle avant d'aller à l'école) ; il est inscrit à l'Académie Punahou, prestigieuse école privée d'Hawaï[23] pour laquelle il a obtenu une bourse. L'année suivante, Ann, séparée de Lolo Soetoro, le rejoint avec Maya et reprend ses études avec un mastère consacré à l'anthropologie de l'Indonésie. Selon Maya, l'éducation que sa mère a donnée à cette époque à ses deux enfants était « idéaliste et exigeante[24] ». En 1975, elle retourne en Indonésie pour effectuer les travaux de terrain obligatoires pour son diplôme, mais Barack refuse de la suivre[24]. Elle devient responsable d'un programme d'aide aux femmes pauvres organisé par la fondation Ford puis contribue à développer le système de microcrédit indonésien[24]. Elle achève son doctorat en 1992 avec une thèse sur The peasant blacksmithing in Indonesia. Mais elle meurt à Hawaii à 52 ans le 7 novembre 1995 d'un cancer de l'ovaire. Obama affirme que sa plus grande erreur a été de ne pas avoir été à ses côtés au moment de sa mort.
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+ Barack Obama a raconté son enfance et sa jeunesse (jusqu'en 1988) dans son autobiographie Les Rêves de mon père[25].
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+ Barack Obama a adhéré en tant qu'adulte à la foi protestante. Comme il l'a écrit dans son livre The Audacity of Hope[26], il a été élevé en dehors de tout enseignement religieux dans un foyer parfaitement athée, son père étant par ailleurs issu d'une famille musulmane et sa mère d'une famille chrétienne. En janvier 2008, Barack Obama a déclaré à Christianity Today : « Je suis chrétien, et un chrétien pratiquant. Je crois en la mort rédemptrice et à la résurrection de Jésus-Christ. Je crois que la foi m'ouvre une voie pour être lavé de tout péché et obtenir la vie éternelle. »[27]
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+ C'est le pasteur afro-américain Jeremiah Wright qui a amené Barack Obama à la foi chrétienne à la suite de son engagement à ses côtés dans le service social au sein de la communauté afro-américaine. Barack Obama a ensuite été vingt ans membre de sa paroisse, Trinity United Church of Christ (en), qui appartient à l'Église unie du Christ, une église d'inspiration réformée et congrégationnaliste. Le pasteur Wright a aussi marié Barack et Michelle Obama, baptisé leurs deux filles et béni leur maison. Il a été la première personne à avoir été nommée dans le discours de remerciements de Barack Obama après son élection au Sénat des États-Unis en 2004[28]. Toutefois, en 2008, les déclarations publiques très virulentes du pasteur Wright au sujet du passé esclavagiste des États-Unis, des blancs et des juifs ont fortement embarrassé le candidat à la présidentielle. Les milieux conservateurs ont profité des déclarations du pasteur Wright pour accuser Barack Obama d'être aligné sur des positions radicales et anti-patriotiques[28].
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51
+ Devant la controverse croissante et ses conséquences sur sa campagne électorale, Barack Obama a alors quitté cette église et condamné les propos extrêmes de son ancien pasteur, tout en refusant de condamner en bloc la paroisse de Trinity United Church of Christ (en), qui est l'une des plus grandes églises noires de Chicago et l'une des plus actives dans le domaine social et solidaire. Plusieurs théologiens notables sont par ailleurs membres de cette église[28].
52
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53
+ Après s'être installée à Washington en 2009, la famille Obama a participé aux cultes de plusieurs églises protestantes, dont l'église baptiste de Siloé (en) et l'église épiscopalienne Saint-Jean, ainsi que Evergreen Chapel à Camp David, mais sans participer régulièrement aux services de l'une d'entre elles[29],[30].
54
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55
+ Après ses études secondaires, Barack Obama passe deux ans à l'Occidental College de Los Angeles (Californie) puis entre à l'université Columbia de New York. Il en sort diplômé en 1983[31] avec un baccalauréat universitaire en science politique, spécialité relations internationales.
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+ Avant[32] même d'obtenir son diplôme de l'université Columbia, Barack Obama envisageait de devenir « organisateur communautaire » (community organizer, et non pas social worker[33]), mais ses démarches auprès de différents organismes (notamment la mairie de Chicago, depuis peu dirigée par un Noir, Harold Washington) n'aboutissent pas. Il entre à New York dans un cabinet de consultants (Business International Corporation (en)[34]) travaillant pour des multinationales, d'abord comme assistant de recherche, puis comme analyste financier, fonction importante qui lui permet de disposer d'un bureau et d'une secrétaire. À la suite d'une prise de contact avec sa tante Auma[réf. nécessaire], il décide de se réorienter vers le travail communautaire et quitte son entreprise. Toujours à New York, il connaît une période de travail précaire (il travaille notamment pendant trois mois pour l'organisation de Ralph Nader), puis est recruté par un militant associatif de Chicago, Jerry Kellman (qu'il appelle Marty Kaufman dans son autobiographie).
58
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+ À l'été de l'année 1985[35], il choisit de travailler comme organisateur communautaire dans le quartier noir défavorisé de Bronzeville. Il devient adjoint de Jerry Kellman, travailleur social chrétien, membre d'un réseau d'Églises progressistes. Jusqu'en 1987, Barack Obama, surnommé « Baby Face » par les pasteurs locaux, arpente South Side pour aider les résidents à s'organiser dans la défense de leurs intérêts, pour obtenir le désamiantage des logements sociaux, l'ouverture de bureaux d'embauche, ou pour lutter contre la délinquance des jeunes. C'est durant cette période que Barack Obama, élevé sans religion[36], se rapproche de l'Église unie du Christ dirigée dans le quartier par le pasteur antisémite Jeremiah Wright, et embrasse la religion protestante.
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+ Au cours de l'année 1987, il pose sa candidature à plusieurs universités et reçoit un agrément de Harvard en février 1988. Il quitte Chicago en mai 1988 et après un séjour touristique en Europe, part pour son premier voyage au Kenya. Il étudie ensuite pendant trois ans[35] à la faculté de droit de Harvard à Cambridge près de Boston ; il en sort diplômé avec la mention magna cum laude. En 1990, il est le premier Afro-Américain[37] élu (face à 18 autres candidats) rédacteur en chef de la prestigieuse Harvard Law Review, événement qui fait l'objet d'une information dans des journaux nationaux.
62
+
63
+ À la fin de ses études, au lieu de devenir adjoint au juge Abner Mikva, Barack Obama revient à Chicago pour devenir enseignant en droit constitutionnel à l'université de Chicago où il travaille jusqu'en 2004[35]. Il entre dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques.
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+ En 1992, il épouse Michelle Robinson, juriste originaire de Chicago rencontrée en 1989 dans le cabinet d'avocats où il travaille et où elle est avocate associée. Le couple Obama aura deux filles, Malia Ann (née en 1998) et Natasha, plus connue par son surnom Sasha (née en 2001). Michelle Robinson-Obama est alors une avocate renommée, figure influente du Parti démocrate local et proche du maire de Chicago, Richard M. Daley. C'est elle qui va propulser la carrière politique de son époux[13],[35] alors qu'il n'a, jusque-là, milité activement que pour soutenir la candidature de Bill Clinton à la présidence des États-Unis, et celle de Carol Moseley-Braun au Sénat.
66
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+ En 1996, Barack Obama est élu au Sénat de l'Illinois dans la 13e circonscription, couvrant les quartiers de South Side à Chicago[35] dont le quartier de Hyde Park, dans lequel il vivra avec sa femme et ses deux filles jusqu'à son entrée à la Maison-Blanche. Il préside la commission de santé publique quand les démocrates reprennent la majorité au Sénat de l'État.
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+ Il soutient les législations en faveur de l'extension de la couverture médicale aux plus démunis, se fait le défenseur de la cause des homosexuels et fait augmenter les fonds destinés à la lutte contre le sida. Son mandat est marqué par sa capacité à obtenir, par le biais de compromis, l'assentiment des républicains sur des lois comme celles contre le profilage racial, pour la vidéosurveillance des interrogatoires de police ou encore un moratoire sur l'application de la peine de mort dans l'Illinois[13].
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+ En 2000, il tente de se faire désigner aux primaires démocrates pour être candidat à la Chambre des représentants des États-Unis mais il est battu avec 30 % des voix contre 61 % à Bobby Rush, le titulaire démocrate sortant et ancienne figure historique du Black Panther Party.
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+ Barack Obama se fait aussi remarquer à l'échelle nationale en 2002 lorsqu'il refuse de cautionner les explications des néo-conservateurs au sujet d'une invasion nécessaire de l'Irak. « Je ne suis pas quelqu'un qui s'oppose à la guerre en toutes circonstances. Je suis opposé à une guerre stupide, non pas basée sur la raison, mais sur la passion, non sur les principes, mais sur la politique », déclare-t-il le 2 octobre 2002 à Chicago[38]. Cette opposition à la guerre lancée par l'administration Bush le 19 mars 2003 et approuvée par une large majorité du Sénat des États-Unis (notamment par Hillary Clinton[39]), lui servira de référence tout au long de sa campagne pour l'investiture de l'élection présidentielle américaine de 2008 pour contrer ses adversaires.
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+ À l'automne 2002, il engage le consultant politique David Axelrod et annonce officiellement sa candidature au Sénat des États-Unis en janvier 2003[40]. Parmi les membres du comité pour le financement de sa campagne se trouve un repris de justice notoire, Tony Rezko (en)[41],[42]. En juillet 2004, il prononce un discours de la Convention démocrate de Boston désignant John Kerry comme candidat du parti à l'élection présidentielle. Il y fait l'apologie du rêve américain, de l'Amérique généreuse, en rappelant ses origines familiales. Il en appelle à l'unité de tous les Américains et dénonce les « errements » et l'« extrémisme » diviseur de l'administration de George W. Bush. Ce discours The Audacity of Hope[43] repris dans la presse écrite et à la télévision fait connaître Barack Obama aux militants démocrates mais également à de nombreux Américains[44].
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+ Le 2 novembre 2004, après avoir battu quelques mois plus tôt ses adversaires démocrates lors des primaires, Barack Obama est élu au Sénat des États-Unis avec 70 % des voix contre 27 % à son adversaire républicain, l'ancien ambassadeur et chroniqueur politique conservateur afro-américain Alan Keyes. Le score n'est pas une surprise. Pendant plusieurs mois, Barack Obama a fait une grande partie de sa campagne électorale sans aucun opposant désigné contre lui à la suite du retrait en dernière minute de Jack Ryan, le candidat républicain ; ce dernier avait lui-même succédé à Blair Hull, le vainqueur des primaires. Tous deux étant englués dans des affaires scabreuses avec leurs épouses respectives, ce n'est que deux mois avant l'élection, qu'Alan Keyes a été désigné comme candidat républicain en dépit du fait qu'il résidait au Maryland, qu'il n'avait aucun lien avec l'Illinois et qu'en 2000, il avait dénoncé le parachutage d'Hillary Clinton à New York.
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+ Barack Obama succède alors au sénateur républicain sortant Peter Fitzgerald. Il prête serment comme sénateur le 4 janvier 2005, devenant le seul homme de couleur à siéger au Sénat, et le cinquième de l'histoire[45]. Il démissionne de son poste de sénateur le 16 novembre 2008, après son élection à la présidence des États-Unis.
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+ Le 16 janvier 2007, il annonce la création d'un comité exploratoire en vue de lever des fonds pour une candidature à l'élection présidentielle de 2008 ; le 10 février 2007, il déclare sa candidature à l'investiture démocrate[46] et ce, malgré son inexpérience relative et la concurrence dans le camp démocrate d'Hillary Clinton, jusque-là favorite pour les primaires. Le 15 décembre 2007, il reçoit l'appui du prestigieux quotidien national The Boston Globe[47].
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+ Tout au long de l'année 2007, il a insisté sur le fait qu'il incarnait le changement et qu'il s'opposait à la politique partisane[48]. Sa candidature enthousiasme une partie des électeurs indépendants et des jeunes[48]. Il obtient le ralliement de nombreuses personnalités comme le sénateur John Kerry, les hommes d'affaires Warren Buffett et George Soros, les acteurs George Clooney, Matt Damon, Will Smith, Ben Affleck, Robert De Niro, les actrices Halle Berry, Sophia Bush et Scarlett Johansson, le rocker Bruce Springsteen, la chanteuse Nicole Scherzinger, le rappeur Nas, la romancière Toni Morrison ou l'animatrice de télévision Oprah Winfrey, personnalité extrêmement influente dans son pays, notamment au sein de la communauté afro-américaine[49]. Le 21 avril 2008, il obtient également le soutien du cinéaste Michael Moore.
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+ Le 3 janvier 2008, Barack Obama crée la surprise[50] en remportant les premières primaires, les caucus de l'Iowa, État blanc à plus de 96 %, avec 38 % des suffrages exprimés, loin devant le sénateur John Edwards (30 %) et l'ancienne First Lady Hillary Clinton qui a obtenu 29 %[51], démontrant ainsi pour la première fois qu'un métis pouvait avoir de réelles chances au niveau national.
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+ Il réussit alors à imposer à la campagne des primaires, aussi bien démocrates que républicaines, le thème du « changement » (« Change »). Le 8 janvier, il perd dans le New Hampshire (37 %) contre Hillary Clinton (39 %) malgré des sondages l'annonçant grand favori avec 10 points d'avance[52]. Son discours de défaite est teinté d'espoir et de remotivation. De cette défaite Barack Obama tire son nouveau slogan : « Yes we can » (« Oui, nous pouvons »), promis à une grande renommée. Selon les sources, celui-ci trouve son origine dans le cri de ralliement lancé en 1972 par le syndicaliste César Chávez (« Sí se puede (en) »), à qui Obama rendra hommage une fois élu[53], ou dans le mot d'ordre de Dolores Huerta, une militante des droits civiques dans les années 1960 à qui Barack Obama a remis une haute distinction[54].
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+ Après une polémique avec Hillary Clinton sur les droits civiques et les rôles respectifs de Martin Luther King Jr. et du président Lyndon B. Johnson, il arrive de nouveau deuxième en nombre de voix, derrière Hillary Clinton, lors du caucus du Nevada du 19 janvier (51 % contre 45 %). Néanmoins Barack Obama obtient une majorité de 13 délégués contre 12 pour Hillary Clinton, raison pour laquelle il refuse de concéder sa défaite. Il évoque également des irrégularités dans le vote qu'il impute au camp Clinton, accusant Bill Clinton et sa femme, de déformer les faits à son encontre[55].
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+ Le 27 janvier, sa très large victoire (55 % contre 27 % pour Hillary Clinton) lors des primaires de Caroline du Sud[56] relance sa candidature dans la perspective du Super Tuesday du 5 février.
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+ Le 28 janvier, il obtient le soutien de Caroline Kennedy[57], ainsi que d'Edward Moore Kennedy et Patrick Kennedy[58].
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+ Lors du Super Tuesday, le 5 février, Barack Obama remporte 13 États, face à 9 pour Hillary Clinton.
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+ Le 2 février, Will.i.am enregistre Yes We Can, une chanson inspirée d'un discours prononcé par Obama, à la suite de la primaire du New Hampshire de 2008. Mixée avec des images et des extraits du discours, elle est interprétée par de nombreuses célébrités (la plupart des musiciens, chanteurs et comédiens américains) soutenant le sénateur Obama. La chanson a été produite par Will.i.am, le clip a été réalisé par Jesse Dylan, le fils du chanteur Bob Dylan[59].
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+ Le 9 février, il remporte les États de Washington, du Nebraska et de Louisiane ainsi que les îles Vierges. Le lendemain 10 février, il remporte l'État du Maine. Le 12 février, en remportant les trois élections primaires démocrates en Virginie, au Maryland et dans la capitale fédérale Washington, Barack Obama prend un avantage dans la course aux 2 025 délégués nécessaires pour obtenir l'investiture démocrate. Avec 1 231 délégués, il devance dorénavant Hillary Clinton (1 196 délégués), s'adjugeant au passage la confiance non seulement d'une bonne partie de l'électorat afro-américain mais aussi celui des personnes âgées (53 % contre 47 % à Hillary Clinton) et des femmes (58 %) ; les Blancs demeurent plutôt favorables à Hillary Clinton (48 % contre 51 %)[60].
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+ Le 19 février, il gagne les primaires dans le Wisconsin et à Hawaï, signant là dix victoires consécutives sur Hillary Clinton.
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+ Le 22 février, avec plus de 65 % des voix, Barack Obama, sénateur de l'Illinois, a largement remporté la primaire des démocrates expatriés. En France, il dépasse la barre des 70 %[61].
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+ Le 4 mars, il gagne dans l'État du Vermont mais perd dans l'Ohio et le Rhode Island. Au Texas, il obtient plus de représentants à la convention que Hillary Clinton (99 contre 94). Il conserve une avance de plus de 100 délégués.
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+ Il remporte les primaires du Wyoming le 8 mars, puis celles du Mississippi trois jours plus tard.
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+ Le 18 mars 2008, il prononce l'important discours de Philadelphie[62] sur la question raciale.
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+ Le 22 avril, Hillary Clinton remporte la primaire de Pennsylvanie[63] ; sa campagne qui ne pouvait se permettre d'accroître davantage son retard, bénéficie alors d'un second souffle aux dépens de celle d'Obama. Ce dernier a été fragilisé dans l'opinion par son attitude ambiguë à l'égard des dérapages verbaux de son ancien pasteur, le communautariste Jeremiah Wright[64], ainsi que par des accusations d'élitisme.
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+ Ainsi, le 3 mai, il remporte avec seulement sept voix d'écart les caucus de Guam, île du Pacifique, avec 50,08 % des voix contre 49,92 % pour Hillary Clinton.
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+ Le 6 mai, il remporte l'État de Caroline du Nord avec 56 % des voix mais perd avec 22 000 voix d'écart dans l'Indiana (49 % des voix)[65].
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117
+ Le 13 mai, Hillary Clinton remporte la primaire en Virginie-Occidentale avec 67 % des voix contre 26 % pour Barack Obama. La candidate bénéficie d'un vote massif des électeurs blancs et modestes, très nombreux dans cet État[66]. Obama peut néanmoins rattraper son retard auprès de cette dernière catégorie d'électeurs et auprès des « cols bleus » (ouvriers blancs) grâce au ralliement de poids de John Edwards, annoncé dès le lendemain de la primaire de Virginie-Occidentale[67].
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+ À ce stade des primaires, les cinq dernières consultations à venir seront d'une importance toute relative, aucun des deux candidats ne pouvant obtenir la majorité qualifiante des délégués ordinaires, tandis que les super-délégués, qui restent partagés entre Obama (282), Clinton (273) et l'indécision (environ 240), auront probablement le dernier mot lors de la Convention démocrate du mois d'août. Certains observateurs misent cependant sur un retrait de Clinton avant la fin du processus[68].
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+
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+ Le 20 mai, Obama et Clinton remportent l'un et l'autre une primaire. Le premier s'impose dans l'Oregon (58 % des voix), la seconde dans le Kentucky (65 % des voix)[69].
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+ Le 30 mai, il quitte l'Église unie du Christ à la suite des polémiques engendrées par les propos du pasteur Wright et du révérend Michael Pfleger. Obama était membre de cette Église depuis une vingtaine d'années[70],[71].
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+ Le 3 juin, à l'issue des dernières primaires (Montana et Dakota du Sud), il atteint le seuil requis des 2 118 délégués, ainsi que le soutien de nombreux super-délégués[72]. Malgré la revendication par Clinton de la majorité du « vote populaire » (en nombre de voix de militants) et le refus de la sénatrice de se déclarer vaincue, Obama est désormais quasiment assuré d'être désigné candidat à la Maison-Blanche lors de la convention démocrate de la fin du mois d'août.
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+ Le 7 juin, Hillary Clinton « suspend » sa campagne à l'investiture démocrate et apporte son soutien à Barack Obama dans sa campagne présidentielle contre le républicain John McCain[73].
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+ Le 27 août, troisième jour de la Convention nationale démocrate de 2008 (en) à Denver, Obama est officiellement investi par acclamation, ou roll call, lancée par la sénatrice Hillary Clinton[74]. Plus de vingt ans après le révérend Jesse Jackson, trois fois candidat à l'investiture démocrate et premier à remporter des primaires, notamment en 1988, c'est le premier métis Afro-Américain[37] investi pour la présidentielle par un parti majeur[75].
130
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+ Concernant le financement des campagnes électorales, faiblement encadrée par la législation américaine, Barack Obama se déclare partisan d'un système de financement public et indique avant même sa déclaration de candidature qu'il financerait ainsi sa campagne présidentielle si son rival républicain faisait de même.
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133
+ Cependant, en juin 2008, il décide de baser sa campagne sur la collecte de fonds privés, échappant ainsi à la limite de collecte imposée en cas de financement par les fonds publics[76]. Il devient alors le premier candidat à se passer de ces fonds fédéraux depuis l'adoption par le Congrès des lois sur le financement des campagnes électorales, élaborées après le scandale du Watergate[77].
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+ Plus de 40 % des fonds de campagne d'Obama viennent de la Californie, de l'État de New York et de l’Illinois, États traditionnellement démocrates[78].
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+ Les 5 principaux groupes de donateurs d'Obama sont les actionnaires, les employés, ou membres de[78] :
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+ Avec un taux de participation record de 63 % des électeurs inscrits[82], Barack Obama a remporté l'élection présidentielle du 4 novembre 2008 avec plus de 9 millions de voix d'avance[83] sur son adversaire John McCain. La victoire est nette aussi bien au niveau des grands électeurs (365 à 173[84],[85]) que dans le vote populaire (52,9 % à 45,6 %)[86]. Outre ses victoires dans les États-clés âprement disputés de l'Ohio et de la Floride, Obama a fait basculer, de justesse, des bastions républicains traditionnels comme l'Indiana[87], et a même obtenu les suffrages de deux anciens États confédérés (en plus de la Floride) : la Virginie[88] et la Caroline du Nord[89]. Barack Obama l'emporte dans toutes les classes d'âge, sauf chez les plus de 65 ans, et bénéficie d'une plus forte mobilisation des jeunes électeurs, alors que 68 % des 18-25 ans se sont prononcés en sa faveur[90]. Il obtient également le suffrage de 54 % des catholiques, de 78 % des juifs, ainsi que de 67 % des Latinos et de 95 % des Afro-Américains[91].
140
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141
+ Au soir du 4 novembre 2008, il prononce devant plusieurs centaines de milliers de personnes son discours de victoire à Grant Park, dans la ville de Chicago (Illinois)[92]. Après avoir remercié tous ses soutiens (famille, collaborateurs, électeurs), il évoque les enjeux majeurs de son mandat à venir ; en particulier les guerres d'Irak et d'Afghanistan et la crise économique. Son discours est teinté de références significatives aux discours d'investiture de John F. Kennedy, d'Abraham Lincoln et également aux discours prononcés par Martin Luther King Jr. ; il cite notamment mot pour mot un passage du discours que fit Abraham Lincoln lors de sa première investiture[93].
142
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143
+ L'élection de Barack Obama est dans l'ensemble très bien accueillie à l'étranger, où elle est souvent l'occasion de célébrations populaires. Le Kenya, pays natal de son père, décrète même un jour férié. Fait également sans précédent, des gouvernements traditionnellement en très mauvais termes avec les États-Unis adressent leurs félicitations au nouveau président, ainsi Raúl Castro (Cuba), Hugo Chávez (Venezuela) ou Mahmoud Ahmadinejad (Iran). Depuis l'Afrique du Sud, il est aussi félicité par le prix Nobel de la paix et ancien président Nelson Mandela[94].
144
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145
+ Barack Obama a été formellement élu par les grands électeurs le 15 décembre 2008 — sa victoire ayant été officiellement proclamée au Congrès des États-Unis par Dick Cheney le 8 janvier 2009)[95] — et il a succédé à George W. Bush le 20 janvier 2009. Il est alors devenu le quarante-quatrième président des États-Unis, et le premier Afro-Américain[37] à accéder à la Maison-Blanche.
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147
+ Le début de sa présidence commence dans un contexte de guerre en Irak, de guerre d'Afghanistan et d'une importante récession de l'économie américaine.
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+ Barack Obama doit notamment sa victoire au vote de très nombreux primo-votants, recrutés grâce à une campagne révolutionnaire de mobilisation des donateurs, des militants, et enfin des électeurs. Cette mobilisation fut basée sur trois leviers principaux : le message, les nouvelles technologies et l'organisation de terrain.
150
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151
+ Le message, c'est le « changement », fondé sur l'émotion, sur le modèle des campagnes de community organizing, faisant des électeurs les acteurs de ce changement. La capacité de la campagne (ou organisation) mise en place par Obama à canaliser les flux monétaires et de bénévoles, a constitué un élément déterminant de sa victoire ; en s'inspirant du modèle mis en place par les républicains huit ans auparavant et en l'améliorant, Obama a su canaliser et tirer parti de son succès populaire[96].
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+ Les nouvelles technologies, ce sont les outils Internet qui sont utilisés avant tout pour recruter les sympathisants et organiser le militantisme. On y trouve les réseaux sociaux, de type Facebook, sur lequel Barack Obama est de loin la personne au monde ayant le plus de partisans déclarés, avec près de cinq millions de supporters en janvier 2009[97], mais aussi une exceptionnelle base de données appelée Catalist, « un fichier unique qui répertorie individuellement 220 millions d'Américains, avec jusqu'à 600 informations par personne », et permettant d'effectuer un ciblage précis sur tous les électeurs afin d'élaborer des messages personnalisés[98].
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+ Enfin, l'organisation de terrain combine une communication de mobilisation, le militantisme de proximité et une campagne de financement, structurée en groupes géographiques (DC for Obama, etc.) ou thématiques (Students for Obama, Lawyers for Obama, etc.), organisée sur le modèle du téléthon, qui permet à Barack Obama de bénéficier in fine d'un budget de 750 M$ contre 350 M$ pour John McCain. Au total, Barack Obama a levé une armée de 1,2 million de militants, représentant 25 % du budget de campagne (200 M$). Ces militants ont approché, directement ou par téléphone, près de 68 millions d'Américains, soit plus de la moitié des électeurs et 99 % des électeurs cibles[98].
156
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+ L'élection présidentielle américaine indirecte fait que le président élu ne prend ses fonctions que onze semaines après le suffrage populaire. Cette période entre l'Election Day du 4 novembre et l'Inauguration Day, jour de la prise de fonction présidentielle le 20 janvier, est une phase de nomination de la nouvelle administration présidentielle et de transition avec l'administration sortante. La première nomination de la nouvelle administration est celle de Rahm Emanuel au poste de Chef de cabinet de la Maison-Blanche. De nombreux noms circulent quant aux différents secrétaires et, le 1er décembre, il est annoncé que son ancienne rivale à l'investiture Hillary Clinton sera proposée par l'administration Obama comme secrétaire d'État[99]. Les principaux postes sont pourvus dès début décembre. Bien qu'Obama ait axé sa campagne présidentielle sur le slogan du changement, on note la prépondérance de vétérans de l'administration Clinton dans la nouvelle équipe, par souci revendiqué de bénéficier de leur expérience face à la crise.
158
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+ Conformément à ses promesses de dépasser le clivage bipartite[100], Obama maintient à la Défense son titulaire nommé par George W. Bush en 2006, Robert Gates, un proche des républicains[101] et de la famille Bush en particulier[102] ; il rencontre aussi à deux reprises son adversaire malheureux John McCain à la mi-novembre 2008 et le 19 janvier 2009, lors d'un bal rendu en l'honneur de l'ancien vétéran du Viêt Nam[103]. Il nomme également deux autres hommes proches des républicains dans son gouvernement, Ray LaHood (ancien représentant républicain) comme secrétaire au transport et le général James L. Jones, proche de John McCain[104], comme conseiller à la sécurité nationale.
160
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+ Le président Bush ayant souhaité que cette transition se passe au mieux, Obama bénéficie rapidement d'un accès aux informations classées secret défense et reçoit les mêmes rapports de sécurité que le président toujours en exercice, par la CIA et le FBI.
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+ Avançant qu'il ne peut y avoir qu'un président des États-Unis en exercice à la fois, Barack Obama fait le choix discuté de rester globalement silencieux en décembre 2008 et janvier 2009 lors de l'offensive israélienne contre le Hamas à Gaza. Celle-ci se ralentit très sensiblement quelques jours avant son investiture.
164
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165
+ Obama bénéficie d'une sécurité renforcée, très proche de celle du président en exercice. Elle est assurée par le Secret Service, l'agence fédérale chargée de la protection du président, du vice-président et de diverses personnalités. Il circule ainsi en convoi blindé et sa maison de Hyde Park ainsi que le bâtiment fédéral de Chicago lui servant de quartier général pendant cette période de transition sont étroitement surveillés. Le président-élu ne déménage à Washington que début janvier 2009.
166
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167
+ Lors des campagnes électorales, les principaux candidats à l'élection présidentielle américaine bénéficient d'une protection du Secret Service. Le candidat Obama fut le premier, en mai 2007, à en bénéficier du fait du risque d'attentats par des suprémacistes blancs[105]. Cette protection fut, comme pour le candidat républicain, renforcée après leur désignation respective comme candidat de leur parti.
168
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169
+ Le 20 janvier 2009 à 12 h 07, Barack Obama prête serment au Capitole de Washington, D.C., devant une foule sans précédent estimée à plus de 2 millions de personnes, et sous les yeux de plusieurs centaines de millions de téléspectateurs du monde entier. Il est ainsi officiellement investi comme 44e président, dans une atmosphère de ferveur nationale et internationale peu habituelle (près de 8 Américains sur 10 lui accordent alors leur confiance face à la crise). Symboliquement, le premier président métis afro-américain réutilise la Bible qui avait servi en 1861 pour l'investiture d'Abraham Lincoln. Dans les jours précédents, il avait refait en train le trajet de Philadelphie à Washington accompli par ce dernier cette année-là, et s'était adressé à la foule depuis le Lincoln Memorial.
170
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171
+ En signe d'unité nationale, Barack Obama choisit un évêque épiscopalien gay pour dire la prière d'ouverture des festivités de son investiture, un pasteur évangélique anti-avortement pour la prière d'ouverture de la cérémonie, et un célèbre vétéran du mouvement des droits civiques, ancien compagnon de Martin Luther King Jr., pour la prière de clôture. Le discours d'investiture du nouveau président insiste sur « le triomphe de l'espérance sur la peur », sur le « refus du choix entre nos idéaux et notre sécurité » et sur le dialogue international, sans cacher aux Américains les difficultés qui les attendent[106].
172
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173
+ Le président de la Cour suprême John G. Roberts, Jr. ayant mal placé un adverbe en récitant la formule constitutionnelle (« […] that I will execute the Office of President to the United States faithfully » au lieu de « […] that I will faithfully execute the Office of President of the United States »), et fait ainsi hésiter le nouveau président, la prestation de serment est refaite en privé le lendemain 21 janvier à la Maison-Blanche afin d'éviter toute contestation juridique éventuelle[107].
174
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175
+ Barack Obama est considéré comme un homme politique pragmatique, adepte du compromis pour faire avancer ses idées et ses projets et capable de rassembler diverses catégories de l'électorat, même si ses votes au Congrès ont pu le classer à la gauche du parti[108]. Son discours sur l'état de l'Union de janvier 2010, venant peu de temps après avoir perdu la super majorité au Sénat avec l'élection du successeur de Ted Kennedy au Massachusetts, a mis l'accent sur la nécessité de réformer la finance mondiale, à la suite de la crise financière de 2008, et appelle les démocrates et républicains à voter une loi afin de contrecarrer l'arrêt de la Cour suprême, Citizens United v. Federal Election Commission, du 21 janvier 2010, qui étend les possibilités de financement électoral par les entreprises (nationales et étrangères)[109]. La perte de la majorité au Sénat hypothèque la réforme du système de protection sociale. Obama est aussi adepte d'une large ouverture de l'information (non classifiée) détenue par les administrations et les Agences gouvernementales, vers le public, ainsi que d'une approche participative et collaborative, ce qu'il a traduit, dès son premier jour de travail à la Maison-Blanche par l'Open Government Initiative.
176
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177
+ Barack Obama est présenté comme un adepte du multilatéralisme, partisan de la realpolitik, et prend pour modèle James Baker, saluant la politique étrangère américaine menée sous la présidence de George H. W. Bush pendant la Première Guerre du Golfe en 1991 et lors de la chute du mur de Berlin en 1989[110]. Sa politique étrangère est mise en œuvre par sa secrétaire d'État, Hillary Clinton. S'il veut être plus ferme à l'égard du programme nucléaire de la Corée du Nord, ses principales propositions sont un retrait en 16 mois des troupes américaines (combattantes) d'Irak, qui commencerait dès sa prise de fonction, et le commencement d'un dialogue « sans préconditions » avec l'Iran[111]. Il affirme cependant après son élection qu'il considère le programme nucléaire iranien comme « inacceptable ». Cette déclaration a été critiquée par le président du Parlement iranien, Ali Larijani[112].
178
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179
+ Concernant les relations avec Israël et avec les Palestiniens, après avoir été ambivalent, il prononçait, le 4 juin 2008 à la conférence de la coterie pro-israélienne Aipac (American Israel Public Affairs Committee) un discours dans lequel il apportait son soutien au statut de Jérusalem en tant que capitale indivisible de l'État d'Israël[113],[67]. Les observateurs notent néanmoins que les relations entre Barack Obama et les dirigeants israéliens, en particulier Benyamin Netanyahou, sont moins chaleureuses que celles entretenues par ses prédécesseurs[114].
180
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+ Le 10 juillet 2009, il rencontre au Vatican le pape Benoît XVI, en marge du sommet du G8. Le président Obama s'est notamment engagé auprès de lui à tenter de réduire le nombre d'avortements.
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+ Le 1er mai 2011, à approximativement 23 h 20 (heure de l'Est), il annonce la mort, par les forces spéciales des États-Unis, du dirigeant principal du réseau jihadiste Al-Qaïda, Oussama ben Laden[115], considéré comme le commanditaire des attentats du 11 septembre 2001. Cette annonce suscite des scènes de liesse aux États-Unis, et de nombreuses réactions positives à travers le monde[116]. Dans les heures d'extrême tension précédant un assaut tenu secret et à l'issue incertaine, il effectuait lors du dîner des correspondants de la Maison-Blanche, un mémorable exercice de style où il déployait tout son humour[117].
184
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185
+ Au cours de la Première guerre civile libyenne, il apporte son soutien aux rebelles du Conseil national de transition et adhère à l'intervention militaire placée sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU) : il s’agit de l'opération Odyssey Dawn, qui participe au renversement de Mouammar Kadhafi. En 2016, il juge que le manque de suivi après cette opération militaire a été « la pire erreur de sa présidence », reconnaissant que Washington a une part de responsabilité dans le « chaos » libyen[118],[119].
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+ Dans le cadre de la guerre civile syrienne, il semble d'abord s'engager dans un processus débouchant sur une intervention militaire aérienne au cas où le régime de Bachar el-Assad franchirait la « ligne rouge » qu'il définit en 2012, à savoir l'emploi d'armes chimiques contre la population civile des zones rebelles. À la grande surprise de ses alliés, essentiellement de la France qui avait déjà annoncé des frappes conjointes à la suite des attaques au gaz sarin du 21 août 2013 qui font entre 1000 et 2 000 victimes, il suspend puis annule le 31 août les opérations de représailles prévues. Barack Obama se dit « très fier » de cette décision par laquelle il souhaite marquer une rupture avec la tradition interventionniste américaine, et se référer à la communauté internationale pour ce genre d'intervention ; elle est toutefois vécue comme une véritable trahison par François Hollande et considérée comme un abandon de la Syrie à Vladimir Poutine par les critiques de la stratégie du président des États-Unis.
188
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+ Il a prononcé à l'université al-Azhar du Caire le 4 juin 2009 un discours considéré comme présentant un changement de cap majeur en matière de relations internationales entre les États-Unis et les musulmans[120]. Cette université est le centre le plus important du monde arabe pour la formation des oulémas[121]. Au cours de ce discours, en présence de Frères musulmans invités d'honneur contre l'avis d'Hosni Moubarak, le président Obama a attribué à l'islam quasiment toutes les inventions majeures de l'histoire de l'humanité, présentant aussi les États-Unis comme « un grand pays musulman »[122]. Il s'est également prononcé en faveur de la non-réglementation du port du voile : « Il est important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu'une femme doit porter » et d'ajouter : « On ne doit pas dissimuler l'hostilité envers une religion devant le faux-semblant du libéralisme ». Cette critique envers un pays occidental vise selon de nombreux observateurs la France et sa politique de laïcité[123],[124].
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+ En octobre 2010, concernant l'attribution du prix Nobel de la paix au Chinois Liu Xiaobo, il déclare :
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+ En janvier 2011, recevant Hu Jintao en visite d'État, Barack Obama aborde la question des droits de l'homme et suggère le dialogue entre la Chine et le dalaï-lama[126].
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+ En 2013, John Camille Pecastaing, professeur à l'université Johns-Hopkins, juge que « la politique étrangère des États-Unis sous Obama est devenue minimaliste et réactive. Elle se résume à l'emploi de drones tueurs dans la lutte antiterroriste »[127]. L'historien Perry Anderson souligne également combien « les assassinats exécutés par des drones, qui avaient commencé sous son prédécesseur, [sont devenus] la marque de fabrique du prix Nobel de la paix » et rappelle que durant son premier mandat, « Obama a ordonné un assassinat de ce type tous les quatre jours — un rythme plus de dix fois plus élevé que sous la présidence Bush »[128].
196
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+ L'ancien astronaute Charles F. Bolden est nommé Administrateur de la Nasa en juillet 2009 et le programme Constellation est annulé. À la place, l'administration Obama souhaite confier au secteur privé le transport des astronautes vers la Station spatiale internationale. Après une valse-hésitation, le programme de véhicule habité Orion est rétabli, et un objectif à long terme d'exploration habitée des astéroïdes et finalement de Mars est donné à la NASA, en utilisant un nouveau lanceur géant, le Space Launch System. La première mission d'Orion est prévue en 2014.
198
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199
+ À l'instar de Bill Clinton, Barack Obama radicalisa sa position au fur et à mesure de son ascension politique. Lorsqu'il était sénateur dans l'Illinois, Obama a fait voter une loi qui rend obligatoire pour la police de filmer les interrogatoires des accusés encourant la peine de mort, sous peine de voir les aveux non-filmés annulés. Lorsqu'il fut candidat pour devenir sénateur fédéral de l'Illinois, Obama déclara à la télévision que la peine de mort était utilisée « trop fréquemment et inconsciemment » et rappela que « treize condamnés à mort ont été libérés en Illinois pour cause d'innocence ». Il conclut en déclarant que même s'il approuvait la peine de mort lorsque « la communauté est fondée à exprimer la pleine mesure de son indignation », il fallait réduire le nombre de crimes capitaux[129]. Durant la campagne présidentielle, Obama déclara également que Ben Laden justifiait le recours à la peine de mort[130]. Enfin il condamna, le jour-même où elle fut rendue, une décision[131] de la Cour suprême qui déclarait la peine de mort anticonstitutionnelle pour les personnes condamnées pour viol sur mineur sans homicide (John McCain venait de faire la même chose dans la matinée). Une fois élu, Obama nomma Eric Holder, personnellement opposé à la peine de mort, comme procureur général (poste crucial dans le fonctionnement de la peine de mort fédérale). Lors de son audition, Holder déclara qu'il appliquerait « la loi faite par le Congrès ». C'est avec son autorisation que la peine de mort fut ainsi requise devant une cour fédérale dès sa prise de fonction en janvier 2009[132].
200
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+ Il se déclare également en faveur du 2e amendement sur le droit de posséder des armes à feu, mais reconnaît l'utilité des « lois de bon sens pour empêcher les armes de tomber dans les mains d'enfants ou de membres de gangs[132] ».
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+ Barack Obama est favorable au droit à l'avortement ; il s'est d'abord déclaré partisan des contrats d'union civile entre personnes de même sexe (lors de sa campagne de 2008, il est ainsi opposé au mariage homosexuel[133]) puis a souhaité la généralisation de l'extension des droits et avantages matrimoniaux aux homosexuels jusqu'au mariage, tant au niveau de chaque État qu'au niveau fédéral[134]. Enfin, en mai 2012, il devient, lors d'une annonce officielle très médiatique, le premier Président américain à se déclarer en faveur du mariage entre personnes de même sexe[135]. Le mariage homosexuel est finalement autorisé sous son mandat, lors d'une décision de la Cour suprême le 26 juin 2015.
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+ S'il est favorable au renforcement des contrôles à la frontière mexicaine, il défend une régularisation des immigrés clandestins déjà présents auxquels il envisage l'octroi du permis de conduire[108]. Il considère notamment que sans l'apport de main-d'œuvre immigrée, l'agriculture américaine mettrait la « clef sous la porte », signifiant concrètement son intention de favoriser le regroupement familial et d'augmenter le nombre d'immigrés réguliers[136].
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+ Le 20 novembre 2014, dans une allocution télévisée de la Maison-Blanche, Barack Obama annonce une « action différée » permettant à environ 45 % d'immigrants illégaux de rester aux États-Unis[137]. Jusqu'à 3,7 millions d'individus de parents sans papiers, ou qui ont résidé légalement dans le pays depuis au moins cinq ans, sont éligibles au statut DACA, qui leur permet l'éligibilité à un permis de travail aux États-Unis[138].
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+ Les expulsions de migrants ont fortement augmenté sous la présidence de Barack Obama. Entre 2009 et 2016, trois millions de personnes ont été expulsées vers le Mexique, ce qui vaut au président le surnom d'« expulseur en chef » auprès des détracteurs de cette politique[139].
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+ Au niveau économique, la présidence Obama est avant tout marquée par le plan de relance de près de 800 milliards de dollars lancé par l'American Recovery and Reinvestment Act de 2009, visant à faire face à la crise des subprimes.
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+ Lors de sa campagne électorale de 2008, Obama propose de mettre en place une importante réforme du système de santé américain permettant la création, au niveau fédéral, d'une « assurance santé universelle », sans pour autant imposer une couverture santé obligatoire à l'exception des enfants[111]. C'est alors un de ses projets phares de sa campagne. Néanmoins, une fois élu président, pour faire adopter son texte, Obama fut contraint à des concessions pour faire adopter son projet par le Congrès. Le 7 novembre 2009, soit presque 11 mois après son investiture et en dépit d'une majorité confortable à la Chambre des représentants, il obtint de justesse, par 220 voix contre 215, l'adoption d'un texte réformant le système de santé. Un seul républicain, Joseph Cao, avait alors voté pour la réforme. Le Sénat des États-Unis adopta également son propre texte le 24 décembre, après un long débat et de multiples amendements par 60 voix contre 40. Finalement, après maintes péripéties, le 21 mars 2010, en dépit de sondages d'opinion défavorables, d'une polarisation aggravée de la classe politique et des citoyens américains, d'une popularité présidentielle en berne symbolisée par la victoire d'un républicain dans le Massachusetts pour succéder à Ted Kennedy, en dépit enfin des réticences d'une partie des élus démocrates, le texte voté par le Sénat est adopté tel quel par la Chambre des représentants par 219 voix contre 212.
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+ Qualifié d'historique, le texte, qui n'a reçu aucune voix de l'opposition (une première historique pour ce genre de législation), permet de garantir une couverture santé à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus. Il reste néanmoins bien en deçà des promesses électorales de Barack Obama car elle n'inclut pas, notamment, de régime public universel ni même d'assurance publique, et laissera 5 % des résidents américains (23 millions de personnes) sans aucune couverture maladie (contre 15 % avant la réforme)[140].
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+ En vertu du texte ainsi adopté, la plupart des Américains auront l'obligation de s'assurer avant 2014, sous peine de se voir infliger des pénalités[141]. Des subventions seront accordées par le gouvernement fédéral pour aider les familles aux plus bas revenus à payer leurs cotisations (revenus inférieurs à 88 000 dollars par an[141]). Les entreprises de plus de 50 salariés (PME et commerçants) qui ne fourniront pas de couverture devront également payer des pénalités[142]. Par ailleurs, le texte interdit aux assurances de refuser de couvrir des personnes en raison de leurs antécédents médicaux[141]. Les parents pourront également protéger leurs enfants jusqu'à l'âge de 26 ans. Néanmoins, pour parvenir à ses fins et faire adopter cette loi, Barack Obama annonce qu'il signera un décret garantissant que la réforme ne modifierait en rien les restrictions interdisant l'utilisation de fonds fédéraux pour des avortements[143], ce qu'il fait le 24 mars au lendemain de la promulgation de la loi[144]. Plusieurs correctifs doivent encore être adoptés par une loi budgétaire par les deux chambres. La réforme devrait coûter 940 milliards de dollars (695 milliards d'euros) sur dix ans[141]. Son financement devrait être assuré par des taxes sur les revenus élevés et la baisse des dépenses de soins[141].
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+ Cela faisait près d'un siècle que le Congrès débattait de cette question de la santé. Le président républicain Theodore Roosevelt en parlait déjà dans son programme, mais il fut battu à l'élection présidentielle américaine de 1912 par le candidat démocrate Woodrow Wilson. En 1965, le président démocrate Lyndon B. Johnson avait promulgué le Medicare et le Medicaid, respectivement assurances pour les personnes âgées et pour les personnes pauvres, après avoir rallié à lui la moitié des voix républicaines du Congrès. Le président démocrate Bill Clinton tenta lui aussi de faire passer un projet ambitieux en 1993, mais échoua.
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221
+ Dès la promulgation de la loi par Barack Obama le 23 mars 2009, les attorneys généraux (ministres de la Justice) de douze (puis quatorze) États américains déclareront mettre en œuvre une procédure judiciaire fédérale visant à contester la constitutionnalité de la nouvelle loi pour violation de la souveraineté des États[145] alors que les législatures de 37 États entament des débats visant à adopter un statut dérogatoire pour ne pas avoir à appliquer la réforme[146]. Puis, le 24 mars, après l'adoption au Sénat de deux amendements déposés par les républicains concernant des vices de procédure, la loi de conciliation, adoptée par la chambre des représentants pour appliquer la nouvelle loi et qui prévoit notamment une extension des subventions fédérales, une aide accrue de l'État au programme Medicaid, un élargissement de l'assiette de l'impôt et une réforme du programme des prêts aux étudiants, doit être renvoyée de nouveau à la chambre pour faire l'objet d'un nouveau vote, retardant ainsi la mise en œuvre du texte[147].
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+ La loi de conciliation est à son tour adoptée par le Sénat le 25 mars 2010[148]. La réforme devient alors l'un des thèmes principaux de la campagne électorale de mi-mandat de 2010, les républicains ayant promis de l'abroger ou de la modifier.
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+ Lors de sa campagne électorale, Barack Obama a également préconisé une hausse du salaire minimum afin qu'il soit indexé sur l'inflation[149], des baisses d'impôts massives pour la classe moyenne (pour les personnes gagnant moins de 250 000 $ par an)[150], le recours au crédit d'impôt pour aider les ménages les plus modestes, et a promis de renégocier le traité de libre-échange nord-américain (l'ALÉNA). Dans le contexte de la crise des subprimes et du poids des crédits, il déclarait vouloir protéger les citoyens américains contre les abus des prêts de toutes sortes et annonçait un plan de grands travaux publics sur dix ans, financés par le retrait des forces de combat d'Irak[108].
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+ À la suite de son investiture, le président Barack Obama procéda à des annulations de programmes industriels jugés trop coûteux, non budgétés ou à l'ambition détournée de leur finalité : ce fut notamment le cas du programme Constellation (annulé le 1er février 2010) ou du projet de bouclier radar européen annulé le 18 septembre 2009 en vue d'obtenir l'appui du Kremlin sur la demande d'arrêt du programme nucléaire de l'Iran[151].
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+ L'agence pour la protection de l'environnement, Environmental Protection Agency (EPA), peut, depuis mars 2009, réglementer toute activité économique produisant du dioxyde de carbone, au motif qu'au-delà d'un certain seuil non défini, il constitue un polluant majeur, qualifié « d'injustice sociale »[152]. Ainsi, 20 % des centrales thermiques en activité en janvier 2009 ont dû cesser leurs activités ; pour lutter contre le réchauffement climatique, Barack Obama propose d'augmenter le prix de l'électricité, d'investir dans les biocarburants, les énergies alternatives[111],[153] et se déclare favorable à l'instauration d'un marché du CO2 obligeant les entreprises polluantes à racheter un « droit à polluer » auprès d'entreprises non polluantes[108]. Des subventions sont distribuées aux entreprises spécialisées dans l'énergie éolienne et le photovoltaïque, entreprises qui produisent très peu d'électricité et qui sont structurellement déficitaires[154],[155] ; dans le même temps, la construction d'un oléoduc permettant d'acheminer du pétrole depuis l'Alberta au Canada a été interrompue à la demande de l'EPA, et la prospection du sous-sol des États-Unis a cessé depuis avril 2009. Comme son ancien adversaire républicain à l'élection présidentielle de 2008, John McCain, il est plutôt favorable également au développement de l'énergie nucléaire comme solution aux problèmes climatiques mais sa position sur le sujet est devenue ambivalente durant la campagne électorale[156]. Le 1er juin 2009, le Secrétaire à l'Énergie Steven Chu a annoncé un fonds de 256 millions de dollars afin d'améliorer l'efficience énergétique des principales industries aux États-Unis[157].
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+ Faute de majorité de 60 voix au Sénat, l'examen du projet de loi sur l'énergie, adopté par la Chambre des représentants en 2009, a été ajourné le 22 juillet 2010, ce qui rend son adoption peu probable. Ce recul, qui ne traduit pas en loi les engagements pris à Copenhague, fragilise la position de l'exécutif américain dans les négociations internationales à venir[158].
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+ Le 9 octobre 2009, Barack Obama reçoit le prix Nobel de la paix[159], suscitant la surprise et une certaine incrédulité dans le monde, alors qu'il n'entame que son dixième mois de mandat présidentiel. Le comité du Nobel justifie sa décision en évoquant « les efforts extraordinaires du président des États-Unis en faveur du renforcement de la diplomatie internationale et de la coopération entre les peuples ». Cette décision est souvent qualifiée de politique et de partisane, récompensant plus des paroles et des bonnes intentions que des actes concrets[160],[161],[162],[163]. Obama devient ainsi le quatrième président des États-Unis et le troisième en fonction à recevoir le prix après Woodrow Wilson, Theodore Roosevelt et Jimmy Carter.
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+ Dix jours avant de recevoir le prix Nobel, le président des États-Unis décide, avec l'accord du Sénat, l'envoi de 30 000 soldats américains pour poursuivre la guerre d'Afghanistan de 2001[164]. Cela déclencha une forte controverse obligeant le « président de guerre », surnom qu'il a reçu et qu'il ne rejette pas[165], à aller chercher son prix Nobel en toute discrétion[166]. Seuls 19 % des Américains pensent que leur président méritait le prix Nobel de la paix[166]. De plus, l'administration de Barack Obama est celle ayant vendu le plus d'armement depuis la Seconde Guerre mondiale selon un rapport du Congrès américain[167].
236
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237
+ Alors que pendant sa campagne électorale de 2008, il déclarait vouloir mettre fin à la guerre, le New York Times souligne qu'il est à la fin de son second mandat, en novembre 2016, le seul président des États-Unis à avoir accompli « deux mandats entiers à la tête d'un pays en guerre »[168] sur différents théâtres d'opérations (Afghanistan, Pakistan, Somalie, Yémen, Syrie, Irak, Cameroun et Ouganda)[169].
238
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+ Le 4 avril 2011, Barack Obama annonce qu’il se porte candidat pour un second mandat présidentiel dans une vidéo postée sur son site internet et intitulée « It Begins With Us » (« Cela commence avec nous »)[170],[171],[172]. En tant que président sortant, il n’a pas d’opposant pour les primaires du Parti démocrate[173]. Le 3 avril 2012, il réunit les 2 778 délégués de son parti dont il a besoin pour être désigné et lors de la convention démocrate à Charlotte (Caroline du Nord), l'ancien président Bill Clinton nomme formellement Obama et Joe Biden candidats aux élections générales pour les postes de président et vice-président[174]. Les républicains désignent de leur côté Mitt Romney lors de la convention républicaine qui se tient à Tampa, en Floride, le 28 août 2012 ; celui-ci choisit comme colistier Paul Ryan.
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241
+ Au cours de la campagne, quatre débats télévisés sont organisés, les 3 octobre, 11 octobre (débat entre Biden et Ryan pour la vice-présidence), 16 octobre et 22 octobre[175],[176]. Mitt Romney se révèle globalement meilleur que le président sortant lors du premier débat et la campagne d'Obama est considérée comme manquant de souffle, si bien que plusieurs sondages indiquent une possible victoire de son adversaire républicain[177]. Mais, fin octobre, l'ouragan Sandy marque un coup d'arrêt à l'ascension de Romney et permet à Obama de mettre en avant son rôle de chef de l'État[178].
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+ Le mardi 6 novembre 2012, jour de l'élection nationale, Obama obtient 332 grands électeurs, dépassant les 270 nécessaires à sa réélection[179],[180],[181]. Avec 51 % du vote populaire, il devient le premier président depuis Franklin D. Roosevelt à remporter deux élections consécutives avec la majorité au niveau national, ayant obtenu 61 % des voix des grands électeurs (332 contre 206 pour son rival), 51 % des 129 millions de suffrages exprimés (pour environ 200 millions d'inscrits sur 300 millions d'habitants aux États-Unis) — soit une avance d'environ 4,7 millions de voix sur son adversaire — et remportant 26 États contre 24 à Mitt Romney. Obama perd néanmoins 3 583 000 voix et 2 points de pourcentage par rapport à 2008, et l'emporte en obtenant une large majorité chez les jeunes, les femmes et les minorités[182],[183],[184].
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+ Au soir de sa victoire, il s’adresse à ses partisans à Chicago et déclare : « Aujourd’hui, vous avez voté pour l’action, pas pour la politique. Vous nous avez élus pour que nous nous concentrions sur vos emplois, pas sur les nôtres. Et ces prochaines semaines et mois, j’escompte bien parvenir à travailler avec les leaders des deux partis »[185]. Barack Obama est officiellement investi pour un second mandat en prêtant serment d'abord à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2013, puis au pied du Capitole en public, le 21 janvier.
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+ La première année du second mandat d'Obama est marquée par une série de polémiques qui affectent son image et son autorité : le drame de Benghazi, l'échec de la loi sur le contrôle des armes à feu, les écoutes de la National Security Agency (NSA), l'usage excessif de drones tueurs contre des suspects islamistes dans le monde, ses hésitations sur la question de l'intervention militaire en Syrie[186],[187]. Si le président dénonce l'« obstructionnisme » systématique des élus républicains, décidés à mettre à mal la mise en place de sa réforme du système de santé ainsi que la légalisation massives d'immigrés clandestins latino-américains, ceux-ci critiquent l'attitude de leurs collègues démocrates ainsi que l'autoritarisme et la distance du chef de l'État. Afin d'inverser la tendance, Obama annonce plusieurs réformes en faveur de la classe moyenne, appelées « Grand Bargain » et inspiré du New Deal de Roosevelt, comme la réduction des taxes professionnelle et d'incitation à l'embauche ; pour ce faire, il multiplie les déplacements dans les États du pays, mais avec un succès mitigé[188]. Il doit faire face à la défiance de sa propre majorité, de nombreux démocrates ayant notamment soutenu un texte déposé à la Chambre des représentants pour limiter les prérogatives de la NSA et s'étant opposé à la nomination de l'économiste Lawrence Summers à la tête de la Réserve fédérale des États-Unis, à laquelle le chef de l'État a dû renoncer[186].
248
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249
+ Le blocage des représentants du Parti républicain sur le budget fédéral des États-Unis, dont ils veulent obtenir l'abandon du Patient Protection and Affordable Care Act, fait que, pour 18e fois de son histoire et la première fois depuis 1996[189],[190], l'administration fédérale américaine effectue un lock-out (« shutdown ») le 1er octobre 2013[191]. Le 17 octobre, un accord est finalement trouvé entre les démocrates et républicains qui met fin au shutdown tout en relevant le plafond de la dette. L'Obamacare n'a donc pas été modifiée. Mais l'accord ne porte que jusqu'au 15 janvier 2014 pour le budget fédéral, et au 7 février pour l'autorisation donnée au Trésor d'emprunter sur les marchés (plafond de la dette)[192]. En décembre 2013, l'administration Obama rétropédale finalement sur sa réforme de la santé à cause de nombreux dysfonctionnements, repoussant pour des millions d'Américains d'un an l'obligation de souscrire à une police d'assurance maladie[193].
250
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251
+ Souhaitant en début de son mandat reprendre (reset) les relations russo-américaines et rallier Moscou à la cause anti-chinoise, Obama doit néanmoins composer avec le Congrès et les agences fédérales (CIA, Pentagone) partisans d'un endiguement de la Russie et d'un contrôle direct sur les États voisins (pays baltes, Ukraine, Géorgie) par le biais de l'OTAN[194]. L'affaire Snowden et la révolution ukrainienne de 2014 enveniment ces relations, la Russie accusant les agences américaines d'avoir joué un rôle déclencheur dans ces événements. Quand les régions de l'Est du pays se révoltent contre le pouvoir central, Vladimir Poutine est accusé d'encourager un soulèvement pro-russe, ce qui conduit Barack Obama à initier sa politique de sanctions économiques imposées à la Russie[194], alors que la première crise diplomatique entre l'Ukraine et la Russie à propos de la Crimée remonte au 5 mai 1992, soit immédiatement après la dislocation de l'URSS en décembre 1991, et sept ans avant son premier mandat à la tête de la Fédération de Russie en 1999. Cette crise permet surtout de relancer l'OTAN[194].
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+ Malgré ce nouveau foyer de tension, le président des États-Unis reste pourtant décidé à poursuivre son « pivot diplomatique » vers l'Asie, mais doit rassurer ses alliés (Japon, Corée du Sud), en proie eux aussi à des conflits territoriaux, mais avec la Chine. Sheila Smith, experte au Conseil pour les relations extérieures, note que « l'administration Obama a beau dire qu'il n'y a pas d'équation possible entre la Crimée et les îles Senkaku, chaque allié est très sensible sur la question de la fermeté américaine »[195]. Il parvient en juillet 2015 à conclure de manière positive les négociations avec l'Iran[196]. Cet accord endommage les relations avec Israël déjà perturbées par les liens tendus entre Benyamin Netanyahou et Obama[194] et celles avec l'Arabie saoudite qui, du fait de l'autosuffisance énergétique rendue possible par les hydrocarbures non conventionnels, perd son rôle d'interlocuteur privilégié des États-Unis dans la région[194]. À la suite de la crise migratoire subie par l'Europe en 2015, il annonce que les États-Unis accorderont l'asile à 10 000 Syriens pour soulager les pays submergés, tels que la Hongrie ou la Croatie. En 2016, il exprime nettement son opposition au Brexit mettant en avant les conséquences sécuritaires et les effets négatifs pour le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement[197].
254
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+ Après la fusillade de l'Umpqua Community College, dans l'Oregon, en septembre 2015, Obama renforce sa position en faveur d'une législation pour un meilleur contrôle des armes. Début 2016, grâce à l'économie forte retrouvée par les États-Unis, au taux de chômage proche du plein emploi, à la validation de son système de sécurité sociale visant à protéger les Américains contre les coûts des soins hospitaliers, à la légalisation du mariage homosexuel sur l'ensemble du territoire américain (rendu Obergefell v. Hodges de la Cour suprême des États-Unis) ainsi qu'à l'obtention du pouvoir de négocier sa loi sur le libre-échange avec le reste du monde, Barack Obama retrouve une forte popularité aux États-Unis[198],[199]. À partir de juillet 2016, son niveau de popularité dépasse les 51 % d'opinions favorables[200], jusqu'à 60 % durant les derniers jours de son mandat.
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257
+ Depuis janvier 2017, le couple Obama demeure à Washington, D.C. pour que leur fille cadette Sasha puisse terminer le lycée. À cet effet, ils louent pour un loyer mensuel de 22 000 dollars une luxueuse villa de 760 m2 construite en 1928 et estimée à plus de 5 millions d'euros, comptant pas moins de huit salles de bain, neuf chambres, deux cuisines, une bibliothèque, une salle de sport, une salle de divertissement, une cave à vins, ainsi qu'une grande cour pouvant accueillir jusqu'à dix véhicules[201].
258
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259
+ En avril 2017, il donne une conférence à Wall Street, pour laquelle il est payé 400 000 dollars, ce qui est critiqué par Bernie Sanders[202].
260
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+ Deux mois après avoir quitté la Maison-Blanche, Barack et Michelle Obama signent un contrat de plus de 60 millions de dollars pour la parution de deux livres de mémoires (un chacun) avec la maison d'édition Penguin Random House[203]. Ils annoncent cependant qu'ils reverseront une majorité de la somme à des œuvres de charité.
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+ En avril 2017, il donne un discours à l'université de Chicago en marge d'une discussion sur l'engagement citoyen et se livre à une rencontre avec les étudiants. Il dit vouloir aider à préparer la prochaine génération de dirigeants[204].
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+ Le 4 mai 2017, à quatre jours du second tour de l'élection présidentielle française de 2017, Barack Obama, après avoir déclaré qu'il ne compte pas s'impliquer personnellement dans de nombreuses élections, apporte son soutien au candidat d'En marche !, Emmanuel Macron, saluant sa capacité « d'en appeler aux espoirs de la population et non à ses peurs »[205]. L'ancien président des États-Unis souligne que « la réussite de la France importe au monde entier » et conclut son intervention par un « En marche ! », suivi d'un « Vive la France ! »[206].
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+ Son intervention dans la campagne présidentielle française s'inscrit dans un projet que Barack Obama veut conduire à travers sa fondation : redonner un second souffle aux valeurs progressistes, aux États-Unis et dans le monde, pour résister à la poussée des mouvements populistes[206]. Mais l'équipe de campagne de Macron commet une erreur en traduisant les « liberal values » évoquées par Barack Obama par « valeurs libérales », là où il aurait plutôt fallu lire « valeurs progressistes », le mot « libéral » n'ayant pas du tout le même sens des deux côtés de l'Atlantique[207].
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+ En mars 2018, il apporte son soutien dans une lettre aux survivants de la fusillade de Parkland qui luttent pour une législation plus dure sur les armes à feu aux États-Unis, lui-même ayant échoué à la réformer à la suite de la tuerie de Sandy Hook fin 2012[208].
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+ Personnalité attachée à ses racines afro-américaines, il a des goûts culturels éclectiques[209] ; c'est un grand lecteur, écrivant lui-même ses livres et ses discours les plus importants, Barack Obama doit une bonne partie de son ascension politique à ses talents d'orateur et à son charisme[210],[211],[212]. Bien que métis, Obama est décrit comme Noir, et se définit lui-même comme Noir[213],[214].
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+ Dans sa déclaration de revenus de 2007, le couple Obama a inscrit 4,2 millions de dollars, provenant largement des droits d'auteur des livres de Barack Obama.
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+ Le couple Obama a déclaré un revenu brut ajusté de 2 656 902 dollars (environ 2 millions d'euros) en avril 2009 pour ses déclarations de 2008. Ils ont payé, en 2008, 855 323 dollars (environ 647 000 euros) d'impôts fédéraux et 77 883 dollars (environ 59 000 euros) à l'État de l'Illinois et donné 172 050 dollars à 37 œuvres caritatives[215].
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+ Barack Obama est un grand amateur de basket-ball, qu'il continua à pratiquer presque chaque matin pendant sa campagne électorale, y compris le jour de son élection. Il promit l'installation d'une salle appropriée à la Maison-Blanche. Pendant la campagne présidentielle, il fit beaucoup rire par une tentative pour s'essayer maladroitement sous les caméras au bowling, sport très populaire en Amérique. Une fois à la Maison-Blanche, on le verra aussi jouer au golf avec le vice-président Biden sur le green du jardin de la résidence officielle[216].
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+ Barack Obama se trouve être le cinquième président gaucher en trente ans, après Gerald Ford, Ronald Reagan, Georges H. Bush et Bill Clinton. Ainsi qu'il le lança aux photographes lors de la signature de ses premiers documents officiels de président : « Je suis gaucher, il va falloir vous y faire[217] ».
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+ Président très « connecté », Barack Obama est un adepte des réseaux sociaux et des nouvelles formes de communication[218]. Plusieurs observateurs ont jugé que les réseaux sociaux avaient d'ailleurs joué un impact important lors de ses deux élections en 2008 et 2012[219],[220],[221],[222]. Il est le seul homme politique dont le compte Twitter est parmi les 10 les plus influents du site de microblogging avec plus de 55 millions d'abonnés[223]. Obama se met lui-même régulièrement en scène dans des vidéos, comme lors de sa dernière campagne en date réalisée avec BuzzFeed vue par des millions de personnes en quelques heures : « Things Everybody Does But Doesn’t Talk About, Featuring President Obama »[224].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le sucre est une substance de saveur douce extraite principalement de la canne à sucre et de la betterave sucrière. Le sucre est une molécule de saccharose (glucose + fructose). Il est également possible d'obtenir du sucre à partir d'autres plantes.
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+ Toutefois, d'autres composés de la même famille des saccharides ont également une saveur douce : le glucose, le fructose… qui sont de plus en plus utilisés par l'industrie agroalimentaire et dans d'autres secteurs[1]. Sur un étiquetage nutritionnel, l'information dont sucres, située sous la ligne Glucides qu'elle complète, désigne tous les glucides « oses » ayant un pouvoir sucrant, essentiellement le fructose, saccharose, glucose, maltose et lactose. Les autres glucides ayant un pouvoir sucrant sont les « polyols » (sorbitol, maltitol, mannitol) mais ils sont maintenant étiquetés séparément, en tant que « polyalcools », qui sont des glucides mais pas des sucres.
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+
7
+ Le terme « sucre » provient du terme italien « zucchero », lui-même emprunté à l'arabe « sukkar » (ٌسُكَّر), mot d'origine indienne, en sanskrit « çârkara » (signifiant « gravier » ou « sable »[2]).
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+
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+ Outre le miel et les fruits (comme la pomme) qui servent de complément glucidique depuis la Haute Antiquité, divers végétaux contiennent des quantités importantes de sucres et sont utilisés comme matière première d'où l'on extrait ces sucres, souvent sous la forme de sirop :
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+ Les sucres ont une saveur que l'on a dit être une des quatre saveurs de base (sucré, salé, amer, acide).
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+ Sur le plan cognitif et neurologique, les saveurs sucrées semblent indiquer aux primates, humains ou non humains, la valeur énergétique des végétaux, d'où le plaisir qui lui est associé[3]. Le premier aliment de l'homme est légèrement sucré (lactose). La plupart des plantes toxiques sont amères, le choix d'un aliment sucré serait donc sans danger.
14
+
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+ Certaines saveurs sucrées sont reconnues par une famille de récepteurs, situés sur la langue, couplés à la protéine G T1R1, T1R2 et T1R3 ; ils s’assemblent en homodimères ou hétérodimères et permettent la reconnaissance des sucres naturels ou des édulcorants.
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+
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+ À part les sucres, de nombreuses autres molécules, artificielles ou naturelles, possèdent un pouvoir sucrant, mais celles-ci ne sont pas toutes reconnues par l'ensemble des animaux.
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+ Parmi les molécules d'origine naturelle on trouve les acides aminés (glycine), les protéines (thaumatine, mabinline), des hétérosides (stéviosides), etc.
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+ Parmi les molécules de synthèse, on trouve, des dipeptides (aspartame), des sulfamates (acésulfame potassium), etc.
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+ Les premières traces de cultures sucrières associées à une plante naturelle se trouvent en Asie du Sud-Est et sur les îles du Pacifique : on y mâchait la tige de la canne à sucre pour en extraire le suc. La fabrication du sucre par extraction aurait commencé dans le Nord-Est de l’Inde ou dans le Pacifique Sud respectivement vers 10000 ou 6000 av. J.-C. Vers 325 av. J.-C., Néarque, l'amiral d'Alexandre le Grand, lors d'une expédition en Inde, évoque un « roseau donnant du miel sans le concours des abeilles », reprenant par là une expression des Perses[4].
24
+
25
+ En Europe occidentale, chez les Anciens Grecs notamment, on utilisait principalement la saveur sucrée du miel, comme en témoignent les nombreuses jarres découvertes durant les campagnes archéologiques de Cnossos, Mycènes et de Paestum. Le sucre de canne n'y est pas inconnu (les Anciens Égyptiens la cultivent), du fait des échanges maritimes : cependant, il est encore rare et cher. Sous l'Empire romain, le coût faiblit grâce à l'annexion de l’Égypte et d'une partie de l'ancienne Perse, mais l'usage du miel est très largement dominant.
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+
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+ D’autres témoignages archéologiques effectués au début du XXe siècle associent la culture de la canne avec la civilisation de la vallée de l'Indus[5], cultures qui remonteraient au deuxième millénaire avant notre ère.
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+ En Inde, on aurait réussi à purifier et cristalliser le sucre pendant la dynastie des Gupta vers l’an 350.
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+ Partis de Bagdad, de Damas et de Tunis, dès le Xe siècle les premiers voyageurs arabes découvrent la canne sucrière, notamment en Inde. Au fur et à mesure de l’expansion musulmane en Asie, en retour la canne à sucre est acclimatée dans les pays méditerranéens, depuis la Syrie jusqu'à l'Espagne du sud, et les techniques de production indiennes y sont adoptées et améliorées[6]. Le sucre, en pains ou en poudre, est ainsi facilement transportable par les caravanes. La route des épices est aussi celle du sucre. Les Arabes sont également à l'origine des premières sucreries, raffineries, et plantations de type quasi-industriel[7].
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+ Au Moyen Âge, l'Occident découvre le sucre de canne lors des croisades face aux califats fatimides et almoravides : la canne arrive en Italie, dans les îles de la Méditerranée (Crète, Chypre)[8] et dans le Sud de la France.
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+ Produit exotique et rare, il est d'abord réservé aux apothicaires et aux élites chez qui il est utilisé comme monnaie d'échange, épice et médicament jusqu'au XVIIe siècle, ne devenant réellement un ingrédient pour la cuisine qu'au XVIIIe siècle : avant cette époque, le sucre de canne est associé au chaud et au sec selon la théorie des humeurs, il soigne le lymphatique ou l'atrabilaire, purge le phlegme, entre dans la fabrication de sirop (chaud et sec) contre le rhume (froid et humide). Dans plusieurs pays où il existe une nette séparation du sucré et du salé, le sucre apparaît plutôt en fin de repas puis en entremets comme dans le blanc-manger[9].
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+ Vers 1390, une meilleure technique de pressage est créée, permettant de multiplier par deux la quantité de jus obtenu à partir de la canne, et inaugure l’expansion économique des plantations de sucre en Andalousie et en Algarve. Vers 1420, la production de sucre de canne fut étendue aux îles Canaries, Madère et aux Açores.
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+ Au XVe siècle, Venise contrôle le commerce de la Méditerranée orientale, y compris celui du sucre, et fonde la première raffinerie d’Europe. La route des Indes, ouverte par Vasco de Gama, permit aux Portugais de s’assurer d’importantes ressources sucrières et de devenir les premiers fournisseurs du marché européen. Dès le milieu du XVe siècle, ils installèrent des plantations et des raffineries à Madère.
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+ Les Portugais importèrent au milieu du XVIe siècle le sucre au Brésil. L'aventurier Hans Staden témoigne qu’« en 1540, l’île de Santa Catarina comptait 800 sucreries et que la côte nord du Brésil, Démérara et le Suriname en comptaient 2 000. »
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+ Après 1625, les Hollandais importèrent la canne à sucre d’Amérique du Sud vers les îles des Caraïbes, aux îles Vierges et à la Barbade. De 1625 à 1750, le sucre devint une matière première très prisée, et les Caraïbes, la principale source mondiale grâce à la main-d’œuvre fournie par l’esclavage.
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+ Au début du XVIIe siècle, les Antilles françaises sont des colonies de peuplement. Les premières plantations de canne ne voient le jour qu’en 1643, après l’échec de la culture du tabac. Les sucreries se multiplient à la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Domingue. En métropole, ce sont les raffineries qui fleurissent sous l’impulsion de Colbert, à Nantes et Bordeaux. Le siècle des Lumières est aussi le siècle de la domination française du marché du sucre colonial[10] : le sucre devient un élément important de l’économie et donc de la politique européenne mercantiliste.
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+ Au milieu du XVIIIe siècle, le sucre de canne devient très populaire dans la bourgeoisie, on l'appelle « canamelle ». Le marché du sucre connait une forte croissance, la production devenant de plus en plus mécanisée. Une machine à vapeur alimente un premier moulin à sucre en Jamaïque en 1768, et peu après, la vapeur servit d'intermédiaire au feu comme source de chaleur.
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49
+ Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que le sucre de betterave va connaître un réel essor. Si, dès 1600, l’agronome français, Olivier de Serres, remarque que la « bette-rave » donne en cuisant un jus « semblable au sirop de sucre », il faut attendre 1747 pour qu’Andreas Sigismund Marggraf, chimiste berlinois, prouve que le sucre de betterave et le sucre de canne sont identiques. Les écrits de Marggraf sont ensuite traduites en français[11].
50
+ Franz Karl Achard, élève de Marggraf, produit en 1798 le premier pain de sucre de betterave[12]. En 1810, face au blocus continental qui suspend le commerce colonial maritime, l’intérêt pour la betterave est soudain ravivé en France sous l’impulsion de Jean-Antoine Chaptal, qui travaille dans la commission de l’Institut de France, laquelle est chargée de vérifier les expériences d’Achard. Cette commission informe Napoléon de l’intérêt que la France aurait à produire elle-même son sucre car la culture betteravière est rentable et l'extraction en cristaux possible.
51
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52
+ Fin 1811, le Normand Jean-Baptiste Quéruel, engagé chez Benjamin Delessert à sa manufacture de Passy, invente la méthode permettant la fabrication industrielle de sucre cristallisé (extraction du jus, filtration, compactage en pains coniques). Napoléon Ier, via Chaptal, incite derechef les agriculteurs français à ensemencer les champs en plants de betterave et les industriels à améliorer les procédés. Dès lors, la France se mobilise pour extraire le sucre à partir de la betterave. En 1812 naît l’agro-industrie sucrière française. Delessert présente à l'empereur en personne ses premiers pains de sucre : celui-ci ordonne aussitôt la mise en culture de 100 000 hectares[13].
53
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54
+ La fin de l’Empire permet le retour sur le continent du sucre de canne et met un temps en péril le développement de la betterave sucrière. Mais la récession ne va cependant pas durer. En 1828, la France compte 585 sucreries implantées dans 44 départements.
55
+ En 1900, le sucre de betterave représente 53 % de la production mondiale de sucre. La Première Guerre mondiale, en transformant les grandes plaines betteravières européennes en champs de bataille, stoppe toute la production et la fait redescendre à 26 %. S'il remonte pour atteindre 40 % dans les années 1950, le sucre de betterave représente actuellement 22 % de la production mondiale de sucre.
56
+
57
+ En 1949, Louis Chambon met au point la technique de moulage des « dominos » de sucre par compression, mais les premiers morceaux de sucre blanc, certes grossièrement, sont inventés en 1855.
58
+
59
+ La démocratisation de la consommation en Europe a lieu lors de la révolution industrielle, la production de sucre étant multipliée par 1 000 entre le XVIIIe et le XXe siècle[9].
60
+
61
+ Aujourd'hui une sucrerie de betteraves produit entre 1 500 et 2 000 tonnes de sucre au cours d'une journée avec un effectif permanent d'environ 150 personnes.
62
+
63
+ Certains types de sucre sont normalisés au niveau mondial par le Codex Alimentarius.
64
+
65
+ Sucre blanc, sucre roux de canne, sucre de canne complet et vergeoise.
66
+
67
+ Sucre en morceaux.
68
+
69
+ Bûchettes de sucre en poudre.
70
+
71
+ Sucre en morceaux.
72
+
73
+ Quelques types de sucre (normalisés ou non) :
74
+
75
+ La canne à sucre contient environ :
76
+
77
+ L'extraction n'étant pas parfaite, 1 tonne de canne fournira environ 115 kilogrammes de saccharose.
78
+
79
+ Les champs de canne à sucre sont généralement brûlés et les cannes ramassées mécaniquement. Le brûlage sur pied, qui diminue la masse végétale inutile (les feuilles) et concentre le sucre dans la tige par évaporation, est une technique aussi ancienne que la culture de la canne. Cette technique est toutefois abandonnée par certains producteurs afin de réduire la production de CO2 associée à la culture de la canne[17].
80
+
81
+ Ensuite, le procédé d’extraction du sucre de canne[18] est identique à celui du sucre de betterave, à l'exception de la première phase où le jus de canne est extrait par broyage, tandis que celui de betterave est extrait par diffusion. À leur entrée dans la sucrerie, les cannes sont découpées en petits morceaux puis pressées et broyées dans plusieurs moulins. Séparé de la bagasse (la canne écrasée), le jus de canne obtenu (le vesou) contient 80 à 85 % d'eau, 10 à 20 % de sucre et 0,7 à 3 % de composés organiques et minéraux. Il suit ensuite les mêmes étapes que le jus de betterave. Le sirop recueilli après cristallisation et essorage du sucre de canne ou de betterave, également appelé « eau mère », est encore chargé de sucre. Il subit alors une nouvelle cuisson et un nouvel essorage qui donnent le sucre dit de « deuxième jet », plus coloré et moins pur que le sucre de premier jet.
82
+ Puis ce sirop de deuxième jet, toujours riche en sucre, est à son tour réintroduit dans le cycle pour donner un sucre de troisième jet, brun et chargé d’impuretés (le sucre roux), ainsi qu'un dernier sirop visqueux et très coloré, appelé mélasse.
83
+ La bagasse est utilisée de différentes façons, le carburant pour la chaudière de la sucrerie étant la plus commune.
84
+
85
+ Pour les sucres « biologiques », obtenus à partir de cannes de l'agriculture biologique, on distingue plusieurs types de sucres, dont :
86
+
87
+ Le rhum est obtenu à partir du jus fermenté.
88
+
89
+ La betterave sucrière contient environ :
90
+
91
+ Pour la canne comme pour la betterave, l'extraction[18] doit se faire rapidement car les plantes continuent à respirer et consomment du sucre pour leur métabolisme. En moyenne, on chiffre de 100 à 130 g de sucre perdu par tonne de betterave et par jour[19]. Les usines sucrières sont ainsi toujours à moins de trente kilomètres des champs. Une autre partie du sucre se retrouve dans la mélasse ou reste dans la pulpe. Le sucre extrait de la betterave est naturellement blanc et ne nécessite donc pas de raffinage[20],[21].
92
+
93
+ La mélasse produite au cours de l'extraction du sucre de betterave est souvent utilisée pour la fermentation ou la nourriture du bétail.
94
+
95
+ Le sucre roux de betterave, appelé vergeoise ou cassonade, est obtenu par chauffage prolongé du sucre blanc qui provoque la formation de colorants de type caramel[21].
96
+
97
+ De fabrication artisanale, ce sucre est extrait des inflorescences des palmiers à sucre. Le jus obtenu est filtré, puis cuit afin de le transformer en sirop. Il est enfin battu pour amorcer la cristallisation. Le sucre obtenu est brun, naturellement riche en fructose et oligo-éléments.
98
+
99
+ En 2011, les cinq premiers producteurs de sucre étaient le Brésil, l'Inde, l'Union européenne, la Chine et la Thaïlande. Cette même année, le principal exportateur de sucre était le Brésil, suivi à distance par la Thaïlande, l'Australie et l'Inde. Les principaux importateurs étaient l'Union européenne, les États-Unis et l'Indonésie[22],[23]. Dans la dernière décennie (2000-2009), la part du Brésil dans les exportations mondiales de sucre brut est passée de 7 % à 62 %[24].
100
+
101
+ Sur 112 pays producteurs, 35 cultivent la betterave sucrière, et fournissent environ 20 % de la production en 2017.
102
+
103
+ En 2016-17, la France, avec un rendement de treize tonnes de sucre à l'hectare, a produit 4,7 millions de tonnes, et exporté 2 millions de tonnes. Elle est le premier producteur mondial de sucre de betterave[26]. En 2016-2017, la Belgique a produit 683 000 tonnes[27].
104
+
105
+ L'Organisation commune de marché du sucre (OCM sucre) a été profondément réformée en 2006. Trois impératifs ont présidé à cette réforme : intégrer les principes de la nouvelle PAC dans l'OCM sucre, tenir compte de l'ouverture accrue du marché européen résultant d’engagements pris par l'UE auprès de pays en développement et appliquer une décision de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) obligeant l'UE à réduire ses exportations de sucre. Actuellement, la filière sucrière est l'une des plus encadrées par Bruxelles[28]. Le système actuel, fondé sur un quota de production réparti entre les différents États membres, prendra fin le 30 septembre 2017[29]. L'Europe met ainsi fin à un dispositif existant depuis les années 1960 ; la même année, les principaux producteurs de sucre augmentent également leurs productions, réduisant les cours, et permettant d'alimenter de nouveaux marchés en sucre[30].
106
+
107
+ Il existe deux manières d'évaluer la consommation de sucre : par les données de ventes et par les études de consommation.
108
+
109
+ Il existe aussi différent indicateurs, selon l'objet auquel on s'attache :
110
+
111
+ Les ventes de sucre sont passées de 5 kg par an et par habitant en 1850 à 30−35 kg dans les années 1960. Depuis, elles sont stables[31] (environ 33 kg par an et par habitant en 2017), avec quelques variations (maximum de 39 en 2013, minimum de 33 en 2017)[32].
112
+
113
+ Ces quantités vendues sont utilisées en partie pour des usages alimentaires (consommation des ménages, usage par les professionnels, usages industriels) et en partie dans des usages de transformation chimique ou culinaire (fabrication de médicaments, homéopathie, chaptalisation du vin, vins effervescents). Il existe aussi des pertes (par les industriels au cours de leurs processus de fabrication) et du gaspillage. Elles ne représentent donc pas la consommation stricto sensu (les ventes de sucre reflètent la notion de disponibilité ou de volumes de sucre mis sur le marché, à l’échelle d’un pays ou d’une population).
114
+
115
+ La consommation est mesurée par des enquêtes de consommation individuelles menées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC).
116
+
117
+ L'ANSES évalue la consommation de sucres totaux (sucre naturellement présent dans les fruits et légumes + sucres ajoutés dans la cuisine ou dans des produits industriels), hors lactose, à 75 g par jour et par personne en 2006-2007[33] (il n'existe pas d'étude plus récente), tout en fixant une recommandation pour les apports maximums en sucres (hors lactose) à 100 g par jour et par personne. Selon l'ANSES, 20 à 30 % des enfants et des jeunes adultes dépassent cette recommandation.
118
+
119
+ Ces données concernent les sucres totaux et ne doivent pas être confondues avec celles des sucres libres (ensemble des sucres ajoutés, ainsi que le sucre des jus de fruits et le miel), sur lesquels porte la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé. L'OMS recommande de ramener l'apport en sucres libres à moins de 10 % de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant, ce qui représente une consommation d'environ 50 g de sucres libres par jour et par personne. Il s'agit de sa recommandation dite « forte ». L'OMS a établi une deuxième recommandation, « avec réserve » pour éventuellement baisser l'apport en sucres libres à 5 % de la ration énergétique[34].
120
+
121
+ En 2006-2007, l'apport en sucres libres en France a été mesuré à 52 g par jour et par adulte, soit 9,5 % des apports énergétiques, par l'étude INCA2, 41 % dépassant cette recommandation[35].
122
+
123
+ En Belgique, les ventes par habitant sont équivalentes à 34 kg par habitant et par an.
124
+
125
+ La consommation de sucre fournit de l'énergie chimique à court terme, mais ce n'est pas une forme de stockage d'énergie pour l'organisme. Une partie du sucre consommé peut être utilisée tout de suite pour fournir de l'énergie si nécessaire, dans les minutes qui suivent ; une autre partie sera emmagasinée dans le foie et les muscles (sous forme de glycogène) pour utilisation dans les heures qui suivent ; et, en cas d'excès, une partie sera transformée en graisses (triglycérides) qui seront stockées dans les cellules du tissu adipeux[36].
126
+
127
+ Dès que l'on consomme du glucose, composant du sucre, l'insuline est sécrétée : son rôle principal est de favoriser l'utilisation du glucose par toutes les cellules de l'organisme. Par ailleurs l'insuline stimule la glycolyse, bloque la lipolyse (utilisation des graisses stockées) et favorise la lipogenèse par l'intermédiaire d'une enzyme (la triglycéride synthase), c'est-à-dire la fabrication de graisses dans le tissu adipeux. En effet, le stock de glycogène hépatique est limité et le glycogène musculaire n'est utilisable que par les muscles eux-mêmes.
128
+
129
+ Cette régulation du glucose, avec un système de stockage et de libération, permet de fournir un apport continu en glucose au cerveau. S'il ne représente que 2 % du poids du corps, le cerveau utilise 20 % à 30 % du glucose disponible, qui est sa seule source d'énergie (en dehors des corps cétoniques synthétisés en cas de jeûne prolongé)[37].
130
+
131
+ Après extraction et purification, le sucre de betterave sort naturellement blanc, tandis que le sucre de canne cristallise avec une coloration qui va du blond au brun, due à des pigments présents uniquement dans la canne. Pour devenir blanc, le sucre roux de canne est refondu et débarrassé de ses colorants dans une raffinerie, sans modification chimique. Seul le sucre blanc de canne peut être appelé sucre « raffiné »[38].
132
+
133
+ Lorsqu'il provient de la canne à sucre, le sucre roux est composé de 95 % à 98 % de sucre (saccharose). Le sucre blanc lui, qui vient soit de la canne (après raffinage) soit de la betterave, contient plus de 99,7 % de saccharose. Le reste est constitué de traces d’eau, de minéraux et de matières organiques[39],[40].
134
+
135
+ En outre, le sucre complet (non raffiné) contient quarante fois plus d’éléments minéraux que le sucre roux de betterave et vingt fois plus d'éléments minéraux que le sucre roux de canne[41].
136
+
137
+ Cependant, l'apport en minéraux par le sucre, qu'il soit blanc ou roux, reste très minime au regard des portions de sucres réellement consommés et des apports nutritionnels conseillés pour ces minéraux, et ces types de sucre ont les mêmes effets sur le métabolisme[42].
138
+
139
+ En France, d'après l'enquête INCA2, les apports quotidiens en glucides (amidon et sucres) sont chez les adultes de 230 g/j en moyenne ; chez les enfants, ils sont de 207 g/j. Les adultes consomment 95 g/j de sucres totaux tandis que les enfants en consomment 99 g/j[43]. Les apports quotidiens recommandés en glucides sont de 200 à 250 grammes (voir Apports nutritionnels conseillés).
140
+
141
+ Une nouvelle étude a analysé les données INCA2 afin de connaitre la consommation en « sucres libres » (sucres ajoutés et sucres naturellement présents dans les jus de fruits), l'Organisation mondiale de la santé recommandant un apport inférieur à 10 % de la ration énergétique totale (50 g de sucre pour une ration énergétique de 2 000 Cal). La consommation de sucres libres, chez les adultes en France, est estimée à 51,9 g par jour en moyenne pour une ration énergétique moyenne de 2 151 Cal par jour, 41 % des adultes français dépassant la recommandation de l'OMS[44].
142
+
143
+ Au Canada, en 2004, les apports quotidiens moyens étaient de 110 g par jour[45], avec de fortes variations suivant l'âge et le sexe. Aux États-Unis, la consommation moyenne de sucres est proche de 120 g par jour[46].
144
+
145
+ Qu'il soit blanc ou complet, il contient toujours quatre kilocalories (4 kcal ou 4 Cal) par gramme, soit 16 760 joules. Consommé sans modération, il peut conduire au diabète, à l'obésité, et peut déséquilibrer la régulation du taux de glucose dans le sang par hyperglycémie. Manger beaucoup d'aliments sucrés n'entraîne pas forcément ces troubles s'ils sont associés à une alimentation équilibrée : selon certains[réf. nécessaire], un régime alimentaire équilibré se base sur le rapport sucres simples aux sucres complexes, selon d'autres[réf. nécessaire] ce sont les indices glycémiques de tous les aliments ingérés dans la journée qui comptent le plus. Récemment les avis médicaux suggèrent une limitation de l'apport de sucres à un niveau beaucoup plus faible que la consommation effective (voir Sucre/Avis du corps médical).
146
+
147
+ Les glucides complexes ou polysaccharides sont généralement plus difficiles à décomposer au cours de la digestion que les glucides simples oses ou diholosides, de sorte qu'on les qualifie parfois de « sucres lents », tandis que les glucides simples sont qualifiés de « sucres rapides ». Un glucide complexe peut toutefois être plus rapide à digérer que certains glucides simples comme le fructose, de sorte que les nutritionnistes préfèrent se référer à l'indice glycémique des glucides[47].
148
+
149
+ L'ANSES rappelle en 2016 qu'à proprement parler le terme « sucres » (au pluriel) désigne seulement les glucides simples[48].
150
+
151
+ Les glucides sont plutôt à classer selon leur pouvoir « glycémiant », c'est-à-dire leur action sur la glycémie (taux de glucose dans le sang), ou plus récemment encore, selon la rapidité de la réaction insulinique qu'ils induisent[49].
152
+
153
+ La vitesse d'assimilation des glucides n'est pas liée à leur type : les glucides simples n’ont pas tous un indice glycémique élevé et les glucides complexes un indice glycémique faible. Par exemple, la pomme de terre est un féculent (source de glucides complexes) mais son index glycémique est élev��[50].
154
+
155
+ Un régime à faible indice glycémique est recommandé pour prévenir le diabète, les maladies cardio-vasculaires et probablement l'obésité[51].
156
+
157
+ Le sucre ingéré est hydrolysé en glucose et fructose[52] dans l'intestin. Les monosaccharides sont ensuite absorbés soit par diffusion passive (transporteur de glucose et de fructose), soit par transport actif faisant intervenir des transporteurs spécifiques (transporteur sodium-glucose)[53]. Ces produits passent rapidement dans le sang puis sont véhiculés vers le foie et le reste de l'organisme. Le taux de glucose dans le sang (glycémie) est régulé par la production d'insuline ; le taux de fructose dans le sang n'est pas régulé. Le métabolisme du glucose est la glycogénogenèse qui intervient dans le foie pour reconstituer les réserves de glycogène. La glycolyse, à l'inverse, est le procédé métabolique permettant la dégradation du glucose en énergie. Le métabolisme du fructose prend place essentiellement dans le foie où il peut être transformé en glucose, lactate, glycogène et en triglycérides[54],[55].
158
+
159
+ Une étude[56] de la Harvard School of Public Health (États-Unis) a conclu que l’excès de glucose dans le sang est la cause de plus de trois millions de décès par an dans le monde, dont 960 000 directement à cause du diabète et 2,2 millions en raison de troubles cardiovasculaires (1,5 million de décès par infarctus du myocarde soit 21 % du total des infarctus) et 709 000 décès dus à un accident vasculaire cérébral (13 % du total des décès par AVC). Selon un commentaire paru dans la presse[57], « Ces chiffres sont comparables aux décès annuels dus au tabac (4,8 millions de morts), à l’excès de cholestérol (3,9 millions) et au surpoids et à l’obésité (2,4 millions) ». D'autres sources médicales soulignent le lien entre la consommation de boissons sucrées et les maladies cardiovasculaires[58].
160
+
161
+ Chez l'Homme, « la glycémie doit varier en moyenne entre 0,80 et 1,40 g/l de sang (entre 1 et 1,4 g/l deux heures après un repas et entre 0,80 et 1,10 g/l à jeun le matin) »[59].
162
+
163
+ Le taux de glucose dans le sang est régulé par le pancréas :
164
+
165
+ On parle de diabète quand la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 1,26 gramme par litre de sang (à deux reprises et en laboratoire)[59]. Selon l’OMS, quelque 356 millions de personnes sont diabétiques en septembre 2012 dans le monde[60]. Le diabète de type 2 représente la majorité des diabètes dans le monde, et est en grande partie le résultat d’une surcharge pondérale et de la sédentarité[60]. La sur-consommation de sucres ajoutés en général ou de fructose et de boissons sucrées en particulier sont une des causes du diabète de type 2. La consommation de sucres à des niveaux inatteignables avec des produits naturels non préparés nourrit l'épidémie de diabète de type 2[61]. À ce titre réduire sa consommation de sucres ajoutés ou préférablement de fructose ajouté pourrait se traduire par une réduction de la mortalité due au diabète[61]. La consommation de nourriture à fort indice glycémique est associée au diabète de type 2[62]. La consommation de boissons sucrées augmente le risque de diabète[63],[64]. Par exemple, boire une à deux boissons sucrées par jour entraîne une augmentation de 26 % du risque de diabète de type 2[62]. Dans le monde, il est estimé que 133 000 morts du diabète sont imputables à la consommation de boissons sucrées[65].
166
+
167
+ L'excès de fructose semble constituer une cause de l'accumulation de graisse dans le foie[66] ou stéatose hépatique, qui peut conduire à une inflammation chronique du foie.
168
+
169
+ La carie est un problème qui peut être lié à la consommation répétée de glucides. En effet, ils favorisent la métabolisation d’acides par des bactéries, qui détruisent l’émail dentaire. Le facteur déterminant dans la formation des caries est moins la quantité que la fréquence et la durée de séjour en bouche du sucre absorbé, ainsi que la texture plus ou moins collante de l'aliment. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA, devenue ANSES), les aliments contenant du saccharose ou de l'amidon interviennent dans la propagation des caries dentaires[67]. Elle préconise donc de limiter la consommation entre les repas de féculents (pâtes, pommes de terre, etc.), boissons et produits sucrés, et d'avoir une bonne hygiène bucco-dentaire.
170
+
171
+ Beaucoup d'études et d'experts scientifiques affirment que l'apport excessif en sucre et/ou en fructose joue un rôle important dans l'obésité et le diabète[68],[69],[70]. Plusieurs études établissent le lien entre la consommation de sucre et/ou de fructose et l'augmentation de la graisse intra-abdominale (ou viscérale)[71].
172
+
173
+ Par ailleurs, il semblerait que l’organisme comptabilise moins bien « l'énergie liquide » consommées en excès. Ainsi les boissons sucrées (jus de fruits, sodas, nectars, sirops…) régulièrement consommées pendant ou en dehors des repas, apporteraient un excès d'énergie préjudiciable à terme et constituent un facteur de risque d'obésité[72],[73],[74],[75],[63].
174
+ La réduction de la consommation de sucres réduit le poids et, inversement, l'augmentation de la consommation entraîne une prise de poids[76].
175
+ Une consommation d'une boisson sucrée par jour entraîne une prise de poids moyenne de 0,12 kg par an chez les adultes[62].
176
+
177
+ En 2010, l'Autorité européenne de sécurité des aliments n'a pas établi de relation directe entre consommation de sucres — en dehors d’apports caloriques excessifs — et prise de poids[77] en s'appuyant sur quatre études dont deux financées par les industriels du sucre[78]. Le rapport de l'EFSA est aussi critiqué du fait que la majorité des experts aient des liens avec l'industrie[78].
178
+ En revanche, l'EFSA recommande de favoriser les glucides complexes plutôt que les glucides simples dont le sucre.
179
+
180
+ Il arrive que l'industrie laisse penser que l'exercice physique est aussi important que l'alimentation. Par exemple, dans une de ses communications, Coca-Cola associe leur produit au sport en suggérant que ce n'est pas un problème de consommer leur boisson du moment que l'on fait de l'exercice. Or ce n'est pas corroboré par les données scientifiques puisqu'une synthèse des connaissances scientifiques a montré que réduire sa consommation de sucres est le plus efficace pour réduire le syndrome métabolique et que les bénéfices s'en font ressentir avant même la perte de poids[79].
181
+
182
+ L'ANSES a conclu en 2016 que les études d'intervention ainsi que les données épidémiologiques ne montrent pas d'association de la prise de poids avec la consommation de sucres lorsque l'apport énergétique est contrôlé[48].
183
+
184
+ La consommation importante de sucre, de produits sucrés pauvres en vitamines, sels minéraux et fibres, peut favoriser des carences nutritionnelles si par ailleurs l'alimentation est peu diversifiée.
185
+
186
+ La consommation de sucres est un facteur d'augmentation de l'indice de masse corporelle, qui favorise l'émergence de certains cancers (sein, côlon, pancréas, œsophage, utérus, rein, vésicule biliaire)[65]. De ce fait, la consommation de boissons sucrées serait responsable de 6 450 décès par cancers chaque année dans le monde[65].
187
+
188
+ Il existe aussi un lien direct entre syndrome métabolique et survenue du cancer du sein[80].
189
+ Une synthèse de onze études montre qu'une consommation d'aliments à indice glycémique élevé est associée à une augmentation de 6 % du risque de cancer du sein[81].
190
+
191
+ La consommation de fructose peut théoriquement engendrer des cancers du pancréas mais l'analyse de populations ne permet pas de corroborer cet effet[82].
192
+ En revanche, la consommation de fructose est responsable de carcinomes hépatocellulaires mais pour les autres cancers du foie, les conclusions sont contradictoires[82].
193
+ Les conclusions sont contradictoires quant à un lien entre consommation de sucre et cancer colo-rectaux[82].
194
+
195
+ De plus, un excès de consommation de ces produits pourrait favoriser l'obésité ou l'insulinorésistance qui, elles-mêmes, favoriseraient le risque de cancer[83].
196
+
197
+ Le risque de maladie cardio-vasculaire augmente en moyenne de 17 % par boisson sucrée supplémentaire consommée chaque jour[62].
198
+ Après prise en compte des autres facteurs de risque, il y a une augmentation moyenne de 16 % du risque d'accident vasculaire entre les plus gros consommateurs de boissons sucrées et les moins gros consommateurs[62]. D'après une autre étude, la mortalité par maladie cardio-vasculaire est plus que doublée pour les personnes qui consomment plus de 25 % de leurs calories à partir de sucres ajoutés, par rapport aux personnes qui consomment moins de 10 % des calories à partir de sucres ajoutés[84].
199
+ Remplacer des graisses saturées par des glucides hautement raffinés ne fait pas diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire, alors que remplacer ces graisses par des graisses polyinsaturées fait diminuer le risque[62].
200
+ Chaque année, environ 45 000 décès par maladie cardio-vasculaires dans le monde sont imputables aux boissons sucrées[65].
201
+
202
+ Dans la plupart des cas, le comportement des enfants n’est pas modifié par l’absorption de sucre[85] : il n’y a pas de lien établi entre le sucre et l’hyperactivité.
203
+
204
+ Plusieurs études ont montré qu'il existait un lien entre l’hyperactivité observée chez certains enfants et certains colorants alimentaires[86]. Ce lien a été relativisé par l'EFSA[87] mais un avertissement accompagne désormais les aliments contenant certains colorants[88].
205
+
206
+ Les résultats des études récentes sont contradictoires. Selon une étude américaine publiée dans le Journal of Biological Chemistry en décembre 2007, le sucre contribuerait au développement de la maladie d'Alzheimer[89]. Une autre étude parue en 2012 dans la revue Aging Cell a établi un effet protecteur du glucose vis-à-vis de la neurodégénerescence[90].
207
+
208
+ Chez le rat, une exposition prolongée au goût sucré (sous forme de sucre ou d'édulcorant) induit une dépendance caractérisée par des modifications comportementales et cérébrales comme celles des drogues dures[91]. Des expériences ont montré que des rats et des souris préfèrent la consommation d'eau sucrée à celle de cocaïne en intraveineuse[92]. Cela peut constituer un facteur explicatif de la tendance de l'industrie agro-alimentaire à sucrer ses préparations[93]. Selon Serge Ahmed, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, l'extrapolation de ces études à l’homme reste délicate et « la littérature médicale contient encore trop peu de cas avérés d’addiction au sucre[94]. », il ajoute que le manque de données « reflète plutôt le faible intérêt porté jusque-là au problème »[91].
209
+
210
+ Une revue systématique des études liées aux « addictions alimentaires » conclut que la dépendance à des aliments existe, et que les aliments sucrés présentent le risque le plus élevé de créer une dépendance[95].
211
+
212
+ Plusieurs études suggèrent qu'une consommation élevée de sucre et/ou d'HFCS (donc de fructose) est associée à une moindre capacité d'apprentissage et/ou de mémorisation[96],[97],[98].
213
+
214
+ La consommation d'aliments sucrés est associée au développement de symptômes dépressifs[99]. Des analyses prospectives ont montré une augmentation à 5 ans de 23 % du nombre de personnes atteintes de troubles dépressifs chez les hommes consommant une quantité importante de sucre. Les études confirment un effet négatif de la consommation de sucre sur la santé psychologique à long terme[99]. Certaines études ont montré une corrélation hautement significative entre la consommation de sucre et le taux annuel de dépression dans six pays différents[100]. Une étude menée en Australie a montré que les individus buvant un demi-litre de soda sucré par jour avait environ 60 % plus de risques de développer des troubles dépressifs[101].
215
+
216
+ Il n'y a pas d'avis médical contre les glucides en général, mais la sous-catégorie du sucre fait depuis quelques années l'objet d'avis plus tranchés. En plus de l'effet incontestable sur les caries, plusieurs spécialistes associent soit le sucre soit le fructose avec l'épidémie d'obésité et de diabète de type 2. Une campagne se développe pour limiter la consommation de sucre aux États-Unis[102], en Australie[103] et au Royaume-Uni[104]. L'association de cardiologues American Heart Association fait le lien entre une consommation de sucre élevée et les maladies cardiovasculaires, et a récemment produit des recommandations pour limiter la consommation de sucre[105]. Les limites sont 20 g de sucres ajoutés par jour pour les femmes et 36 g pour les hommes (une canette de soda contient 33 g de sucre ajouté). Au Royaume-Uni, les autorités médicales conseillent clairement de diminuer la consommation de sucre[106],[107] et ont recommandé au Parlement d'introduire une taxe pour limiter la consommation de sucre[108]. En France, l'ANSES recommande depuis peu de réduire de 25 % la consommation de glucides simples[109],[110] (actuellement de 100 g environ par jour et par personne), tout en augmentant les glucides complexes. En 2004, le rapport exhaustif de l'ANSES sur les glucides ne donnait pas de recommandations sur les sucres simples[67].
217
+
218
+ En 2003, l'OMS a préconisé de limiter les apports en sucres libres (sucres ajoutés + sucres des jus de fruits et sirops) à 10 % des apports énergétiques, soit environ 50 g de sucres libres par jour pour un apport quotidien de 2 000 kcal/j[111]. En France, la consommation actuelle en sucres totaux est d’environ 100g/j, dont environ la moitié de sucres libres, selon l’enquête INCA 2[43]. En 2014, une révision de la recommandation de l'OMS suggère une limitation à 5 % des apports énergétiques, soit environ 25 g de sucre[112],[113].
219
+
220
+ En France sur le plan des politiques publiques de santé il faut noter l'interdiction des distributeurs automatiques de boissons dans les écoles en 2005, et l'introduction d'une taxe spécifique sur les boissons sucrées et/ou édulcorées en 2012[114], cela alors même que le vin est deux fois moins taxé[115] mais est soumis au taux de TVA normal. Selon une étude commanditée par l'industrie des boissons, la taxe n'a pas eu l'effet recherché[116]. En 2018, la taxe sur les boissons sucrées a été triplée[117], celle sur les boissons édulcorées a été baissée[118].
221
+
222
+ D'autres pays ont introduit une taxe sur les boissons sucrées comme le Mexique[119] (un des pays les plus touchés par le diabète de type II dans le monde, et où la consommation de sodas est la plus élevée), la ville de Berkeley en Californie[120], et le Royaume-Uni pourrait le faire dans les années qui viennent[121].
223
+
224
+ Dès les années 1950, la Sugar Research Foundation (SRF), une organisation industrielle fondée en 1943, était consciente du rôle du sucre dans les caries. Mais elle va sélectionner les recherches à financer pour éviter que les restrictions sur le sucre soit un moyen de contrôler les caries. Entre 1967 et 1970, la SRF va financer, avec les industries du chocolat et des bonbons, le projet 269 visant à rendre la bactérie Streptococcus mutans moins destructive pour les dents après que du sucre a été consommé. Ce même projet visera également à développer un vaccin contre les caries pour que les gens puissent continuer à consommer du sucre. Ces recherches ne donneront finalement pas de résultat concluant. Influencé par l'industrie, le National Institute of Dental Research des États-Unis, va financer très peu de recherche pour étudier le risque de carie associé à chaque aliment[122].
225
+
226
+ Des documents révélés en 2013 ont montré que l'industrie du sucre a cherché à « forger l'opinion publique » dès les années 1970 pour minorer les craintes d'effets du sucre sur la santé. En 1977, la Sugar Association a réservé 230 000 dollars pour financer des recherches, notamment des scientifiques dans de prestigieuses universités américaines. Les fonds provenaient de diverses industries dont Coca-Cola, General Foods ou General Mills[123].
227
+
228
+ En 2006, à la suite de travaux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour promouvoir une limite de 10 % de calories issues de sucres, une campagne de lobbying aux États-Unis a visé les sénateurs d'États producteurs de sucre et de sirop de maïs pour menacer l'OMS de couper ses fonds[124].
229
+
230
+ Un lobbying de la World Sugar Research Organisation, une organisation regroupant des intérêts économiques (dont Coca-Cola), a bloqué avec succès une recommandation de 2003 conjointe entre l'OMS et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les recommandations quantitatives qu'elle contenait ont été remplacées par des limites non spécifiques[122].
231
+
232
+ Coca-Cola a financé le Global Energy Balance Network (en) dont les chercheurs considéraient que le manque d'exercice, plutôt que la consommation de calories, était responsable de l'obésité, à l'opposé des conclusions scientifiques[124],[79].
233
+
234
+ Les chercheurs recevant des financements de l'industrie du sucre ont tendance à avoir des conclusions à allant plus en faveur de l'industrie[125]. Par exemple, une analyse de 88 études sur la consommation de sodas a montré que les études financées par l'industrie trouvaient une taille d'effet quasi nulle pour la prise d'énergie, alors que les études non financées par l'industrie trouvaient une taille d'effet modérée[126]. D'autres chercheurs ont étudié les différentes synthèses réalisées sur le lien entre consommation de boissons sucrées et gain de poids. Parmi 18 résultats de ces synthèses, 12 n'avaient pas de lien mentionné avec l'industrie et 10 considéraient que la consommation de sodas pouvait être un facteur de risque pour la prise de poids. À l'inverse, parmi les 6 financées par l'industrie, 5 concluaient que les preuves n'étaient pas suffisantes pour soutenir un tel lien. Les synthèses dont les auteurs avaient un conflit d'intérêt avaient donc cinq fois plus de chance d'avoir une conclusion allant dans le sens de l'industrie[127].
235
+
236
+ Une étude de 2016 a révélé que l'industrie du sucre, à travers la Sugar Research Foundation, rebaptisée depuis « Sugar Association (en) », a financé des recherches afin de minorer les effets du sucre sur les maladies cardiovasculaires et de reporter la faute sur les graisses saturées[128].
237
+
238
+ Selon le journaliste Michael Moss (en), le 8 avril 1999, les dirigeants des onze plus grandes entreprises agroalimentaires américaines se réunissent dans l'auditorium de la Pillsbury Company à Minneapolis pour fixer le cap de leur secteur dans les années à venir. Michael Mudd, vice-président de Kraft Foods, les alerte sur l'image négative de leur groupe auprès des institutions liées à la santé publique et des organismes de recherche qui les jugent en partie responsables de l'épidémie d'obésité qui touche le pays, due à « la multiplication de nourriture savoureuse, dense en énergie, vendue à petit prix et en grand format ». Il recommande de diminuer l'incorporation de sel, de sucre et de matière grasse dans la nourriture industrielle. Le PDG de General Mills Stephen Sanger (en), rejette cette responsabilité. Les céréales de petit-déjeuner hypersucrées que produisent son groupe sont régulièrement condamnées dans les médias mais il rappelle qu'il fabrique une large gamme de produits qui répond à tous les besoins des consommateurs. Enfin, selon Michael Moss, Sanger précise que son leitmotiv n'est pas la nutrition mais le goût, mesuré par le point de félicité, indicateur non scientifique mais concept de marketing qui désigne le niveau de perfection que doit atteindre le goût sucré, salé et la texture grasse dans les produits lancés sur le marché[129].
239
+
240
+ Par photosynthèse, les plantes produisent du glucose ou éventuellement d’autres sucres, comme le fructose. Ces sucres sont majoritairement transportés dans la sève des plantes sous forme de saccharose. Suivant les plantes, le saccharose est ensuite stocké comme réserve énergétique sans modification (ex. : canne, betterave sucrière) ou bien est modifié et transformé en amidon (ex. : pommes de terre, céréales)[130].
241
+
242
+ Le glucose en solution est essentiellement sous cette forme cyclique avec moins de 0,1 % des molécules sous forme de chaîne ouverte.
243
+
244
+ Les oses peuvent se grouper par liaisons covalentes osidiques et former des diholosides tels que saccharose (sucrose), ou former des polyosides tels que l’amidon. Les liaisons osidiques doivent être hydrolysées (c’est-à-dire qu’une molécule d’eau vient « casser » ou rompre le lien.) Cette réaction est catalysée par une enzyme (protéine) pour que les molécules puissent être métabolisées. Après digestion et absorption par un animal, les oses présents dans le sang et les tissus sont le glucose, le fructose, et le galactose.
245
+
246
+ Le préfixe « glyco- » indique la présence de sucre dans une substance non glucidique : par exemple, une glycoprotéine est une protéine à laquelle un ou plusieurs oses se sont connectés. De même, un glycolipide est un lipide lié à des résidus osidiques.
247
+
248
+ Fructose, glucose, galactose et mannose sont des sucres simples (oses) de formule C6H12O6.
249
+
250
+ Parmi les diholosides, les plus courants sont le saccharose (sucre de canne ou de betteraves, formé d’un glucose et d’un fructose), le lactose (un glucose et un galactose) et le maltose (deux glucoses). La formule de ces diholosides est C12H22O11.
251
+
252
+ En industrie, le saccharose peut être hydrolysé pour obtenir une solution contenant du fructose, du glucose et du saccharose et appelée « sucre inverti », utilisée en confiserie et en pâtisserie.
253
+
254
+ Le sucre entre dans la composition de nombreuses recettes, notamment en pâtisserie.
255
+
256
+ En pâtisserie, le sucre blanc mélangé avec un peu d’eau forme un sirop qui prend différents aspects selon sa concentration : le sirop passe par différentes phases qui ont chacune un nom et une utilisation[131]. (Voir le tableau ci-dessous)
257
+
258
+ Plusieurs moyens permettent de savoir dans quelle phase se trouve le sirop :
259
+
260
+ Le tableau ci-après donne le nom de la phase, la température et les proportions de sucre correspondantes, ainsi que le test de la cuisson aux doigts.
261
+
262
+ Le sucre et l’eau doivent être mélangés à froid dans une proportion de 300 millilitres d’eau pour 1 kg de sucre.
263
+
264
+ Certains cuisiniers préparent également du caramel à sec, sans eau.
265
+
266
+ La fiscalité sur le sucre dépend des pays. Par exemple, en Norvège en 2019, le sucre est davantage taxé que dans l'Union européenne. La Norvège a introduit une taxe sur le sucre en 1922. Depuis janvier 2019, la taxe sur les aliments sucrés a été augmentée de 83 % à 36,92 couronnes, soit 3,12 livres sterling par kilogramme, alors que la taxe sur les boissons artificiellement sucrées est de 43 pence par litre. En conséquence, la dépendance au sucre a diminué, et la consommation norvégienne de confiserie, de 5 kilogrammes par personnes en 1960 et 15 kg en 2008, a été réduite à 12 kilogrammes par personne en 2018. La consommation de boissons sucrées est passée de 93 litres à la fin des années 1990 à 47 litres par personne en 2018. La branche aliment-boisson de la Confédération des entreprises norvégiennes (en) milite pour la suppression de la taxe sur le sucre[132].
267
+
268
+ « The existing basic science evidence, observational data, and clinic trial findings suggest that reducing consumption of added sugars, particularly added fructose, could translate to reduced diabetes-related morbidity and potentially premature mortality. […] At current levels, sugar consumption and fructose consumption in particular—in concentrations and contexts not seen in natural whole foods—are fueling a worsening epidemic of type 2 diabetes. Even without existing data for the duration of diabetes’ 20-year incubation period, shorter-term basic science evidence, observational data, and clinical trial findings present compelling evidence to suggest that added sugar and especially added fructose (provided from HFCS and sucrose) present a serious and increasing public health problem. »
269
+
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+ « Robust data from systematic reviews and high-quality randomized controlled trials (RCTs) support a harmful effect of highly refined, high–glycemic load (GL) carbohydrates. A meta-analysis of observational studies indicated that high–glycemic index (GI) foods are associated with T2DM.[…]T2DM risk in individuals with the highest GL and lowest cereal fiber is 2.5-fold that of those with the lowest GL and highest cereal fiber diet. […] A meta-analysis of 310,819 participants and 15,043 cases of T2DM reported a 26% increased T2DM risk among those consuming 1 to 2 SSB servings/day compared with nonconsumers. »
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+ « Coca Cola, who spent $3.3 billion on advertising in 2013, pushes a message that ‘all calories count’; they associate their products with sport, suggesting it is ok to consume their drinks as long as you exercise. However science tells us this is misleading and wrong. It is where the calories come from that is crucial. Sugar calories promote fat storage and hunger. Fat calories induce fullness or ‘satiation’. causation. A recently published critical review in nutrition concluded that dietary carbohydrate restriction is the single most effective intervention for reducing all the features of the metabolic syndrome and should be the first approach in diabetes management, with benefits occurring even without weight loss. »
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+ Le sucre est une substance de saveur douce extraite principalement de la canne à sucre et de la betterave sucrière. Le sucre est une molécule de saccharose (glucose + fructose). Il est également possible d'obtenir du sucre à partir d'autres plantes.
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+ Toutefois, d'autres composés de la même famille des saccharides ont également une saveur douce : le glucose, le fructose… qui sont de plus en plus utilisés par l'industrie agroalimentaire et dans d'autres secteurs[1]. Sur un étiquetage nutritionnel, l'information dont sucres, située sous la ligne Glucides qu'elle complète, désigne tous les glucides « oses » ayant un pouvoir sucrant, essentiellement le fructose, saccharose, glucose, maltose et lactose. Les autres glucides ayant un pouvoir sucrant sont les « polyols » (sorbitol, maltitol, mannitol) mais ils sont maintenant étiquetés séparément, en tant que « polyalcools », qui sont des glucides mais pas des sucres.
6
+
7
+ Le terme « sucre » provient du terme italien « zucchero », lui-même emprunté à l'arabe « sukkar » (ٌسُكَّر), mot d'origine indienne, en sanskrit « çârkara » (signifiant « gravier » ou « sable »[2]).
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+
9
+ Outre le miel et les fruits (comme la pomme) qui servent de complément glucidique depuis la Haute Antiquité, divers végétaux contiennent des quantités importantes de sucres et sont utilisés comme matière première d'où l'on extrait ces sucres, souvent sous la forme de sirop :
10
+
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+ Les sucres ont une saveur que l'on a dit être une des quatre saveurs de base (sucré, salé, amer, acide).
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+
13
+ Sur le plan cognitif et neurologique, les saveurs sucrées semblent indiquer aux primates, humains ou non humains, la valeur énergétique des végétaux, d'où le plaisir qui lui est associé[3]. Le premier aliment de l'homme est légèrement sucré (lactose). La plupart des plantes toxiques sont amères, le choix d'un aliment sucré serait donc sans danger.
14
+
15
+ Certaines saveurs sucrées sont reconnues par une famille de récepteurs, situés sur la langue, couplés à la protéine G T1R1, T1R2 et T1R3 ; ils s’assemblent en homodimères ou hétérodimères et permettent la reconnaissance des sucres naturels ou des édulcorants.
16
+
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+ À part les sucres, de nombreuses autres molécules, artificielles ou naturelles, possèdent un pouvoir sucrant, mais celles-ci ne sont pas toutes reconnues par l'ensemble des animaux.
18
+
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+ Parmi les molécules d'origine naturelle on trouve les acides aminés (glycine), les protéines (thaumatine, mabinline), des hétérosides (stéviosides), etc.
20
+
21
+ Parmi les molécules de synthèse, on trouve, des dipeptides (aspartame), des sulfamates (acésulfame potassium), etc.
22
+
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+ Les premières traces de cultures sucrières associées à une plante naturelle se trouvent en Asie du Sud-Est et sur les îles du Pacifique : on y mâchait la tige de la canne à sucre pour en extraire le suc. La fabrication du sucre par extraction aurait commencé dans le Nord-Est de l’Inde ou dans le Pacifique Sud respectivement vers 10000 ou 6000 av. J.-C. Vers 325 av. J.-C., Néarque, l'amiral d'Alexandre le Grand, lors d'une expédition en Inde, évoque un « roseau donnant du miel sans le concours des abeilles », reprenant par là une expression des Perses[4].
24
+
25
+ En Europe occidentale, chez les Anciens Grecs notamment, on utilisait principalement la saveur sucrée du miel, comme en témoignent les nombreuses jarres découvertes durant les campagnes archéologiques de Cnossos, Mycènes et de Paestum. Le sucre de canne n'y est pas inconnu (les Anciens Égyptiens la cultivent), du fait des échanges maritimes : cependant, il est encore rare et cher. Sous l'Empire romain, le coût faiblit grâce à l'annexion de l’Égypte et d'une partie de l'ancienne Perse, mais l'usage du miel est très largement dominant.
26
+
27
+ D’autres témoignages archéologiques effectués au début du XXe siècle associent la culture de la canne avec la civilisation de la vallée de l'Indus[5], cultures qui remonteraient au deuxième millénaire avant notre ère.
28
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+ En Inde, on aurait réussi à purifier et cristalliser le sucre pendant la dynastie des Gupta vers l’an 350.
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+ Partis de Bagdad, de Damas et de Tunis, dès le Xe siècle les premiers voyageurs arabes découvrent la canne sucrière, notamment en Inde. Au fur et à mesure de l’expansion musulmane en Asie, en retour la canne à sucre est acclimatée dans les pays méditerranéens, depuis la Syrie jusqu'à l'Espagne du sud, et les techniques de production indiennes y sont adoptées et améliorées[6]. Le sucre, en pains ou en poudre, est ainsi facilement transportable par les caravanes. La route des épices est aussi celle du sucre. Les Arabes sont également à l'origine des premières sucreries, raffineries, et plantations de type quasi-industriel[7].
32
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+ Au Moyen Âge, l'Occident découvre le sucre de canne lors des croisades face aux califats fatimides et almoravides : la canne arrive en Italie, dans les îles de la Méditerranée (Crète, Chypre)[8] et dans le Sud de la France.
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+
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+ Produit exotique et rare, il est d'abord réservé aux apothicaires et aux élites chez qui il est utilisé comme monnaie d'échange, épice et médicament jusqu'au XVIIe siècle, ne devenant réellement un ingrédient pour la cuisine qu'au XVIIIe siècle : avant cette époque, le sucre de canne est associé au chaud et au sec selon la théorie des humeurs, il soigne le lymphatique ou l'atrabilaire, purge le phlegme, entre dans la fabrication de sirop (chaud et sec) contre le rhume (froid et humide). Dans plusieurs pays où il existe une nette séparation du sucré et du salé, le sucre apparaît plutôt en fin de repas puis en entremets comme dans le blanc-manger[9].
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+ Vers 1390, une meilleure technique de pressage est créée, permettant de multiplier par deux la quantité de jus obtenu à partir de la canne, et inaugure l’expansion économique des plantations de sucre en Andalousie et en Algarve. Vers 1420, la production de sucre de canne fut étendue aux îles Canaries, Madère et aux Açores.
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+
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+ Au XVe siècle, Venise contrôle le commerce de la Méditerranée orientale, y compris celui du sucre, et fonde la première raffinerie d’Europe. La route des Indes, ouverte par Vasco de Gama, permit aux Portugais de s’assurer d’importantes ressources sucrières et de devenir les premiers fournisseurs du marché européen. Dès le milieu du XVe siècle, ils installèrent des plantations et des raffineries à Madère.
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+ Les Portugais importèrent au milieu du XVIe siècle le sucre au Brésil. L'aventurier Hans Staden témoigne qu’« en 1540, l’île de Santa Catarina comptait 800 sucreries et que la côte nord du Brésil, Démérara et le Suriname en comptaient 2 000. »
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+ Après 1625, les Hollandais importèrent la canne à sucre d’Amérique du Sud vers les îles des Caraïbes, aux îles Vierges et à la Barbade. De 1625 à 1750, le sucre devint une matière première très prisée, et les Caraïbes, la principale source mondiale grâce à la main-d’œuvre fournie par l’esclavage.
44
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+ Au début du XVIIe siècle, les Antilles françaises sont des colonies de peuplement. Les premières plantations de canne ne voient le jour qu’en 1643, après l’échec de la culture du tabac. Les sucreries se multiplient à la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Domingue. En métropole, ce sont les raffineries qui fleurissent sous l’impulsion de Colbert, à Nantes et Bordeaux. Le siècle des Lumières est aussi le siècle de la domination française du marché du sucre colonial[10] : le sucre devient un élément important de l’économie et donc de la politique européenne mercantiliste.
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+ Au milieu du XVIIIe siècle, le sucre de canne devient très populaire dans la bourgeoisie, on l'appelle « canamelle ». Le marché du sucre connait une forte croissance, la production devenant de plus en plus mécanisée. Une machine à vapeur alimente un premier moulin à sucre en Jamaïque en 1768, et peu après, la vapeur servit d'intermédiaire au feu comme source de chaleur.
48
+
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+ Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que le sucre de betterave va connaître un réel essor. Si, dès 1600, l’agronome français, Olivier de Serres, remarque que la « bette-rave » donne en cuisant un jus « semblable au sirop de sucre », il faut attendre 1747 pour qu’Andreas Sigismund Marggraf, chimiste berlinois, prouve que le sucre de betterave et le sucre de canne sont identiques. Les écrits de Marggraf sont ensuite traduites en français[11].
50
+ Franz Karl Achard, élève de Marggraf, produit en 1798 le premier pain de sucre de betterave[12]. En 1810, face au blocus continental qui suspend le commerce colonial maritime, l’intérêt pour la betterave est soudain ravivé en France sous l’impulsion de Jean-Antoine Chaptal, qui travaille dans la commission de l’Institut de France, laquelle est chargée de vérifier les expériences d’Achard. Cette commission informe Napoléon de l’intérêt que la France aurait à produire elle-même son sucre car la culture betteravière est rentable et l'extraction en cristaux possible.
51
+
52
+ Fin 1811, le Normand Jean-Baptiste Quéruel, engagé chez Benjamin Delessert à sa manufacture de Passy, invente la méthode permettant la fabrication industrielle de sucre cristallisé (extraction du jus, filtration, compactage en pains coniques). Napoléon Ier, via Chaptal, incite derechef les agriculteurs français à ensemencer les champs en plants de betterave et les industriels à améliorer les procédés. Dès lors, la France se mobilise pour extraire le sucre à partir de la betterave. En 1812 naît l’agro-industrie sucrière française. Delessert présente à l'empereur en personne ses premiers pains de sucre : celui-ci ordonne aussitôt la mise en culture de 100 000 hectares[13].
53
+
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+ La fin de l’Empire permet le retour sur le continent du sucre de canne et met un temps en péril le développement de la betterave sucrière. Mais la récession ne va cependant pas durer. En 1828, la France compte 585 sucreries implantées dans 44 départements.
55
+ En 1900, le sucre de betterave représente 53 % de la production mondiale de sucre. La Première Guerre mondiale, en transformant les grandes plaines betteravières européennes en champs de bataille, stoppe toute la production et la fait redescendre à 26 %. S'il remonte pour atteindre 40 % dans les années 1950, le sucre de betterave représente actuellement 22 % de la production mondiale de sucre.
56
+
57
+ En 1949, Louis Chambon met au point la technique de moulage des « dominos » de sucre par compression, mais les premiers morceaux de sucre blanc, certes grossièrement, sont inventés en 1855.
58
+
59
+ La démocratisation de la consommation en Europe a lieu lors de la révolution industrielle, la production de sucre étant multipliée par 1 000 entre le XVIIIe et le XXe siècle[9].
60
+
61
+ Aujourd'hui une sucrerie de betteraves produit entre 1 500 et 2 000 tonnes de sucre au cours d'une journée avec un effectif permanent d'environ 150 personnes.
62
+
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+ Certains types de sucre sont normalisés au niveau mondial par le Codex Alimentarius.
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+
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+ Sucre blanc, sucre roux de canne, sucre de canne complet et vergeoise.
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+
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+ Sucre en morceaux.
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+
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+ Bûchettes de sucre en poudre.
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+
71
+ Sucre en morceaux.
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+
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+ Quelques types de sucre (normalisés ou non) :
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+
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+ La canne à sucre contient environ :
76
+
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+ L'extraction n'étant pas parfaite, 1 tonne de canne fournira environ 115 kilogrammes de saccharose.
78
+
79
+ Les champs de canne à sucre sont généralement brûlés et les cannes ramassées mécaniquement. Le brûlage sur pied, qui diminue la masse végétale inutile (les feuilles) et concentre le sucre dans la tige par évaporation, est une technique aussi ancienne que la culture de la canne. Cette technique est toutefois abandonnée par certains producteurs afin de réduire la production de CO2 associée à la culture de la canne[17].
80
+
81
+ Ensuite, le procédé d’extraction du sucre de canne[18] est identique à celui du sucre de betterave, à l'exception de la première phase où le jus de canne est extrait par broyage, tandis que celui de betterave est extrait par diffusion. À leur entrée dans la sucrerie, les cannes sont découpées en petits morceaux puis pressées et broyées dans plusieurs moulins. Séparé de la bagasse (la canne écrasée), le jus de canne obtenu (le vesou) contient 80 à 85 % d'eau, 10 à 20 % de sucre et 0,7 à 3 % de composés organiques et minéraux. Il suit ensuite les mêmes étapes que le jus de betterave. Le sirop recueilli après cristallisation et essorage du sucre de canne ou de betterave, également appelé « eau mère », est encore chargé de sucre. Il subit alors une nouvelle cuisson et un nouvel essorage qui donnent le sucre dit de « deuxième jet », plus coloré et moins pur que le sucre de premier jet.
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+ Puis ce sirop de deuxième jet, toujours riche en sucre, est à son tour réintroduit dans le cycle pour donner un sucre de troisième jet, brun et chargé d’impuretés (le sucre roux), ainsi qu'un dernier sirop visqueux et très coloré, appelé mélasse.
83
+ La bagasse est utilisée de différentes façons, le carburant pour la chaudière de la sucrerie étant la plus commune.
84
+
85
+ Pour les sucres « biologiques », obtenus à partir de cannes de l'agriculture biologique, on distingue plusieurs types de sucres, dont :
86
+
87
+ Le rhum est obtenu à partir du jus fermenté.
88
+
89
+ La betterave sucrière contient environ :
90
+
91
+ Pour la canne comme pour la betterave, l'extraction[18] doit se faire rapidement car les plantes continuent à respirer et consomment du sucre pour leur métabolisme. En moyenne, on chiffre de 100 à 130 g de sucre perdu par tonne de betterave et par jour[19]. Les usines sucrières sont ainsi toujours à moins de trente kilomètres des champs. Une autre partie du sucre se retrouve dans la mélasse ou reste dans la pulpe. Le sucre extrait de la betterave est naturellement blanc et ne nécessite donc pas de raffinage[20],[21].
92
+
93
+ La mélasse produite au cours de l'extraction du sucre de betterave est souvent utilisée pour la fermentation ou la nourriture du bétail.
94
+
95
+ Le sucre roux de betterave, appelé vergeoise ou cassonade, est obtenu par chauffage prolongé du sucre blanc qui provoque la formation de colorants de type caramel[21].
96
+
97
+ De fabrication artisanale, ce sucre est extrait des inflorescences des palmiers à sucre. Le jus obtenu est filtré, puis cuit afin de le transformer en sirop. Il est enfin battu pour amorcer la cristallisation. Le sucre obtenu est brun, naturellement riche en fructose et oligo-éléments.
98
+
99
+ En 2011, les cinq premiers producteurs de sucre étaient le Brésil, l'Inde, l'Union européenne, la Chine et la Thaïlande. Cette même année, le principal exportateur de sucre était le Brésil, suivi à distance par la Thaïlande, l'Australie et l'Inde. Les principaux importateurs étaient l'Union européenne, les États-Unis et l'Indonésie[22],[23]. Dans la dernière décennie (2000-2009), la part du Brésil dans les exportations mondiales de sucre brut est passée de 7 % à 62 %[24].
100
+
101
+ Sur 112 pays producteurs, 35 cultivent la betterave sucrière, et fournissent environ 20 % de la production en 2017.
102
+
103
+ En 2016-17, la France, avec un rendement de treize tonnes de sucre à l'hectare, a produit 4,7 millions de tonnes, et exporté 2 millions de tonnes. Elle est le premier producteur mondial de sucre de betterave[26]. En 2016-2017, la Belgique a produit 683 000 tonnes[27].
104
+
105
+ L'Organisation commune de marché du sucre (OCM sucre) a été profondément réformée en 2006. Trois impératifs ont présidé à cette réforme : intégrer les principes de la nouvelle PAC dans l'OCM sucre, tenir compte de l'ouverture accrue du marché européen résultant d’engagements pris par l'UE auprès de pays en développement et appliquer une décision de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) obligeant l'UE à réduire ses exportations de sucre. Actuellement, la filière sucrière est l'une des plus encadrées par Bruxelles[28]. Le système actuel, fondé sur un quota de production réparti entre les différents États membres, prendra fin le 30 septembre 2017[29]. L'Europe met ainsi fin à un dispositif existant depuis les années 1960 ; la même année, les principaux producteurs de sucre augmentent également leurs productions, réduisant les cours, et permettant d'alimenter de nouveaux marchés en sucre[30].
106
+
107
+ Il existe deux manières d'évaluer la consommation de sucre : par les données de ventes et par les études de consommation.
108
+
109
+ Il existe aussi différent indicateurs, selon l'objet auquel on s'attache :
110
+
111
+ Les ventes de sucre sont passées de 5 kg par an et par habitant en 1850 à 30−35 kg dans les années 1960. Depuis, elles sont stables[31] (environ 33 kg par an et par habitant en 2017), avec quelques variations (maximum de 39 en 2013, minimum de 33 en 2017)[32].
112
+
113
+ Ces quantités vendues sont utilisées en partie pour des usages alimentaires (consommation des ménages, usage par les professionnels, usages industriels) et en partie dans des usages de transformation chimique ou culinaire (fabrication de médicaments, homéopathie, chaptalisation du vin, vins effervescents). Il existe aussi des pertes (par les industriels au cours de leurs processus de fabrication) et du gaspillage. Elles ne représentent donc pas la consommation stricto sensu (les ventes de sucre reflètent la notion de disponibilité ou de volumes de sucre mis sur le marché, à l’échelle d’un pays ou d’une population).
114
+
115
+ La consommation est mesurée par des enquêtes de consommation individuelles menées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC).
116
+
117
+ L'ANSES évalue la consommation de sucres totaux (sucre naturellement présent dans les fruits et légumes + sucres ajoutés dans la cuisine ou dans des produits industriels), hors lactose, à 75 g par jour et par personne en 2006-2007[33] (il n'existe pas d'étude plus récente), tout en fixant une recommandation pour les apports maximums en sucres (hors lactose) à 100 g par jour et par personne. Selon l'ANSES, 20 à 30 % des enfants et des jeunes adultes dépassent cette recommandation.
118
+
119
+ Ces données concernent les sucres totaux et ne doivent pas être confondues avec celles des sucres libres (ensemble des sucres ajoutés, ainsi que le sucre des jus de fruits et le miel), sur lesquels porte la recommandation de l'Organisation mondiale de la santé. L'OMS recommande de ramener l'apport en sucres libres à moins de 10 % de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant, ce qui représente une consommation d'environ 50 g de sucres libres par jour et par personne. Il s'agit de sa recommandation dite « forte ». L'OMS a établi une deuxième recommandation, « avec réserve » pour éventuellement baisser l'apport en sucres libres à 5 % de la ration énergétique[34].
120
+
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+ En 2006-2007, l'apport en sucres libres en France a été mesuré à 52 g par jour et par adulte, soit 9,5 % des apports énergétiques, par l'étude INCA2, 41 % dépassant cette recommandation[35].
122
+
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+ En Belgique, les ventes par habitant sont équivalentes à 34 kg par habitant et par an.
124
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+ La consommation de sucre fournit de l'énergie chimique à court terme, mais ce n'est pas une forme de stockage d'énergie pour l'organisme. Une partie du sucre consommé peut être utilisée tout de suite pour fournir de l'énergie si nécessaire, dans les minutes qui suivent ; une autre partie sera emmagasinée dans le foie et les muscles (sous forme de glycogène) pour utilisation dans les heures qui suivent ; et, en cas d'excès, une partie sera transformée en graisses (triglycérides) qui seront stockées dans les cellules du tissu adipeux[36].
126
+
127
+ Dès que l'on consomme du glucose, composant du sucre, l'insuline est sécrétée : son rôle principal est de favoriser l'utilisation du glucose par toutes les cellules de l'organisme. Par ailleurs l'insuline stimule la glycolyse, bloque la lipolyse (utilisation des graisses stockées) et favorise la lipogenèse par l'intermédiaire d'une enzyme (la triglycéride synthase), c'est-à-dire la fabrication de graisses dans le tissu adipeux. En effet, le stock de glycogène hépatique est limité et le glycogène musculaire n'est utilisable que par les muscles eux-mêmes.
128
+
129
+ Cette régulation du glucose, avec un système de stockage et de libération, permet de fournir un apport continu en glucose au cerveau. S'il ne représente que 2 % du poids du corps, le cerveau utilise 20 % à 30 % du glucose disponible, qui est sa seule source d'énergie (en dehors des corps cétoniques synthétisés en cas de jeûne prolongé)[37].
130
+
131
+ Après extraction et purification, le sucre de betterave sort naturellement blanc, tandis que le sucre de canne cristallise avec une coloration qui va du blond au brun, due à des pigments présents uniquement dans la canne. Pour devenir blanc, le sucre roux de canne est refondu et débarrassé de ses colorants dans une raffinerie, sans modification chimique. Seul le sucre blanc de canne peut être appelé sucre « raffiné »[38].
132
+
133
+ Lorsqu'il provient de la canne à sucre, le sucre roux est composé de 95 % à 98 % de sucre (saccharose). Le sucre blanc lui, qui vient soit de la canne (après raffinage) soit de la betterave, contient plus de 99,7 % de saccharose. Le reste est constitué de traces d’eau, de minéraux et de matières organiques[39],[40].
134
+
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+ En outre, le sucre complet (non raffiné) contient quarante fois plus d’éléments minéraux que le sucre roux de betterave et vingt fois plus d'éléments minéraux que le sucre roux de canne[41].
136
+
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+ Cependant, l'apport en minéraux par le sucre, qu'il soit blanc ou roux, reste très minime au regard des portions de sucres réellement consommés et des apports nutritionnels conseillés pour ces minéraux, et ces types de sucre ont les mêmes effets sur le métabolisme[42].
138
+
139
+ En France, d'après l'enquête INCA2, les apports quotidiens en glucides (amidon et sucres) sont chez les adultes de 230 g/j en moyenne ; chez les enfants, ils sont de 207 g/j. Les adultes consomment 95 g/j de sucres totaux tandis que les enfants en consomment 99 g/j[43]. Les apports quotidiens recommandés en glucides sont de 200 à 250 grammes (voir Apports nutritionnels conseillés).
140
+
141
+ Une nouvelle étude a analysé les données INCA2 afin de connaitre la consommation en « sucres libres » (sucres ajoutés et sucres naturellement présents dans les jus de fruits), l'Organisation mondiale de la santé recommandant un apport inférieur à 10 % de la ration énergétique totale (50 g de sucre pour une ration énergétique de 2 000 Cal). La consommation de sucres libres, chez les adultes en France, est estimée à 51,9 g par jour en moyenne pour une ration énergétique moyenne de 2 151 Cal par jour, 41 % des adultes français dépassant la recommandation de l'OMS[44].
142
+
143
+ Au Canada, en 2004, les apports quotidiens moyens étaient de 110 g par jour[45], avec de fortes variations suivant l'âge et le sexe. Aux États-Unis, la consommation moyenne de sucres est proche de 120 g par jour[46].
144
+
145
+ Qu'il soit blanc ou complet, il contient toujours quatre kilocalories (4 kcal ou 4 Cal) par gramme, soit 16 760 joules. Consommé sans modération, il peut conduire au diabète, à l'obésité, et peut déséquilibrer la régulation du taux de glucose dans le sang par hyperglycémie. Manger beaucoup d'aliments sucrés n'entraîne pas forcément ces troubles s'ils sont associés à une alimentation équilibrée : selon certains[réf. nécessaire], un régime alimentaire équilibré se base sur le rapport sucres simples aux sucres complexes, selon d'autres[réf. nécessaire] ce sont les indices glycémiques de tous les aliments ingérés dans la journée qui comptent le plus. Récemment les avis médicaux suggèrent une limitation de l'apport de sucres à un niveau beaucoup plus faible que la consommation effective (voir Sucre/Avis du corps médical).
146
+
147
+ Les glucides complexes ou polysaccharides sont généralement plus difficiles à décomposer au cours de la digestion que les glucides simples oses ou diholosides, de sorte qu'on les qualifie parfois de « sucres lents », tandis que les glucides simples sont qualifiés de « sucres rapides ». Un glucide complexe peut toutefois être plus rapide à digérer que certains glucides simples comme le fructose, de sorte que les nutritionnistes préfèrent se référer à l'indice glycémique des glucides[47].
148
+
149
+ L'ANSES rappelle en 2016 qu'à proprement parler le terme « sucres » (au pluriel) désigne seulement les glucides simples[48].
150
+
151
+ Les glucides sont plutôt à classer selon leur pouvoir « glycémiant », c'est-à-dire leur action sur la glycémie (taux de glucose dans le sang), ou plus récemment encore, selon la rapidité de la réaction insulinique qu'ils induisent[49].
152
+
153
+ La vitesse d'assimilation des glucides n'est pas liée à leur type : les glucides simples n’ont pas tous un indice glycémique élevé et les glucides complexes un indice glycémique faible. Par exemple, la pomme de terre est un féculent (source de glucides complexes) mais son index glycémique est élev��[50].
154
+
155
+ Un régime à faible indice glycémique est recommandé pour prévenir le diabète, les maladies cardio-vasculaires et probablement l'obésité[51].
156
+
157
+ Le sucre ingéré est hydrolysé en glucose et fructose[52] dans l'intestin. Les monosaccharides sont ensuite absorbés soit par diffusion passive (transporteur de glucose et de fructose), soit par transport actif faisant intervenir des transporteurs spécifiques (transporteur sodium-glucose)[53]. Ces produits passent rapidement dans le sang puis sont véhiculés vers le foie et le reste de l'organisme. Le taux de glucose dans le sang (glycémie) est régulé par la production d'insuline ; le taux de fructose dans le sang n'est pas régulé. Le métabolisme du glucose est la glycogénogenèse qui intervient dans le foie pour reconstituer les réserves de glycogène. La glycolyse, à l'inverse, est le procédé métabolique permettant la dégradation du glucose en énergie. Le métabolisme du fructose prend place essentiellement dans le foie où il peut être transformé en glucose, lactate, glycogène et en triglycérides[54],[55].
158
+
159
+ Une étude[56] de la Harvard School of Public Health (États-Unis) a conclu que l’excès de glucose dans le sang est la cause de plus de trois millions de décès par an dans le monde, dont 960 000 directement à cause du diabète et 2,2 millions en raison de troubles cardiovasculaires (1,5 million de décès par infarctus du myocarde soit 21 % du total des infarctus) et 709 000 décès dus à un accident vasculaire cérébral (13 % du total des décès par AVC). Selon un commentaire paru dans la presse[57], « Ces chiffres sont comparables aux décès annuels dus au tabac (4,8 millions de morts), à l’excès de cholestérol (3,9 millions) et au surpoids et à l’obésité (2,4 millions) ». D'autres sources médicales soulignent le lien entre la consommation de boissons sucrées et les maladies cardiovasculaires[58].
160
+
161
+ Chez l'Homme, « la glycémie doit varier en moyenne entre 0,80 et 1,40 g/l de sang (entre 1 et 1,4 g/l deux heures après un repas et entre 0,80 et 1,10 g/l à jeun le matin) »[59].
162
+
163
+ Le taux de glucose dans le sang est régulé par le pancréas :
164
+
165
+ On parle de diabète quand la glycémie à jeun est supérieure ou égale à 1,26 gramme par litre de sang (à deux reprises et en laboratoire)[59]. Selon l’OMS, quelque 356 millions de personnes sont diabétiques en septembre 2012 dans le monde[60]. Le diabète de type 2 représente la majorité des diabètes dans le monde, et est en grande partie le résultat d’une surcharge pondérale et de la sédentarité[60]. La sur-consommation de sucres ajoutés en général ou de fructose et de boissons sucrées en particulier sont une des causes du diabète de type 2. La consommation de sucres à des niveaux inatteignables avec des produits naturels non préparés nourrit l'épidémie de diabète de type 2[61]. À ce titre réduire sa consommation de sucres ajoutés ou préférablement de fructose ajouté pourrait se traduire par une réduction de la mortalité due au diabète[61]. La consommation de nourriture à fort indice glycémique est associée au diabète de type 2[62]. La consommation de boissons sucrées augmente le risque de diabète[63],[64]. Par exemple, boire une à deux boissons sucrées par jour entraîne une augmentation de 26 % du risque de diabète de type 2[62]. Dans le monde, il est estimé que 133 000 morts du diabète sont imputables à la consommation de boissons sucrées[65].
166
+
167
+ L'excès de fructose semble constituer une cause de l'accumulation de graisse dans le foie[66] ou stéatose hépatique, qui peut conduire à une inflammation chronique du foie.
168
+
169
+ La carie est un problème qui peut être lié à la consommation répétée de glucides. En effet, ils favorisent la métabolisation d’acides par des bactéries, qui détruisent l’émail dentaire. Le facteur déterminant dans la formation des caries est moins la quantité que la fréquence et la durée de séjour en bouche du sucre absorbé, ainsi que la texture plus ou moins collante de l'aliment. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA, devenue ANSES), les aliments contenant du saccharose ou de l'amidon interviennent dans la propagation des caries dentaires[67]. Elle préconise donc de limiter la consommation entre les repas de féculents (pâtes, pommes de terre, etc.), boissons et produits sucrés, et d'avoir une bonne hygiène bucco-dentaire.
170
+
171
+ Beaucoup d'études et d'experts scientifiques affirment que l'apport excessif en sucre et/ou en fructose joue un rôle important dans l'obésité et le diabète[68],[69],[70]. Plusieurs études établissent le lien entre la consommation de sucre et/ou de fructose et l'augmentation de la graisse intra-abdominale (ou viscérale)[71].
172
+
173
+ Par ailleurs, il semblerait que l’organisme comptabilise moins bien « l'énergie liquide » consommées en excès. Ainsi les boissons sucrées (jus de fruits, sodas, nectars, sirops…) régulièrement consommées pendant ou en dehors des repas, apporteraient un excès d'énergie préjudiciable à terme et constituent un facteur de risque d'obésité[72],[73],[74],[75],[63].
174
+ La réduction de la consommation de sucres réduit le poids et, inversement, l'augmentation de la consommation entraîne une prise de poids[76].
175
+ Une consommation d'une boisson sucrée par jour entraîne une prise de poids moyenne de 0,12 kg par an chez les adultes[62].
176
+
177
+ En 2010, l'Autorité européenne de sécurité des aliments n'a pas établi de relation directe entre consommation de sucres — en dehors d’apports caloriques excessifs — et prise de poids[77] en s'appuyant sur quatre études dont deux financées par les industriels du sucre[78]. Le rapport de l'EFSA est aussi critiqué du fait que la majorité des experts aient des liens avec l'industrie[78].
178
+ En revanche, l'EFSA recommande de favoriser les glucides complexes plutôt que les glucides simples dont le sucre.
179
+
180
+ Il arrive que l'industrie laisse penser que l'exercice physique est aussi important que l'alimentation. Par exemple, dans une de ses communications, Coca-Cola associe leur produit au sport en suggérant que ce n'est pas un problème de consommer leur boisson du moment que l'on fait de l'exercice. Or ce n'est pas corroboré par les données scientifiques puisqu'une synthèse des connaissances scientifiques a montré que réduire sa consommation de sucres est le plus efficace pour réduire le syndrome métabolique et que les bénéfices s'en font ressentir avant même la perte de poids[79].
181
+
182
+ L'ANSES a conclu en 2016 que les études d'intervention ainsi que les données épidémiologiques ne montrent pas d'association de la prise de poids avec la consommation de sucres lorsque l'apport énergétique est contrôlé[48].
183
+
184
+ La consommation importante de sucre, de produits sucrés pauvres en vitamines, sels minéraux et fibres, peut favoriser des carences nutritionnelles si par ailleurs l'alimentation est peu diversifiée.
185
+
186
+ La consommation de sucres est un facteur d'augmentation de l'indice de masse corporelle, qui favorise l'émergence de certains cancers (sein, côlon, pancréas, œsophage, utérus, rein, vésicule biliaire)[65]. De ce fait, la consommation de boissons sucrées serait responsable de 6 450 décès par cancers chaque année dans le monde[65].
187
+
188
+ Il existe aussi un lien direct entre syndrome métabolique et survenue du cancer du sein[80].
189
+ Une synthèse de onze études montre qu'une consommation d'aliments à indice glycémique élevé est associée à une augmentation de 6 % du risque de cancer du sein[81].
190
+
191
+ La consommation de fructose peut théoriquement engendrer des cancers du pancréas mais l'analyse de populations ne permet pas de corroborer cet effet[82].
192
+ En revanche, la consommation de fructose est responsable de carcinomes hépatocellulaires mais pour les autres cancers du foie, les conclusions sont contradictoires[82].
193
+ Les conclusions sont contradictoires quant à un lien entre consommation de sucre et cancer colo-rectaux[82].
194
+
195
+ De plus, un excès de consommation de ces produits pourrait favoriser l'obésité ou l'insulinorésistance qui, elles-mêmes, favoriseraient le risque de cancer[83].
196
+
197
+ Le risque de maladie cardio-vasculaire augmente en moyenne de 17 % par boisson sucrée supplémentaire consommée chaque jour[62].
198
+ Après prise en compte des autres facteurs de risque, il y a une augmentation moyenne de 16 % du risque d'accident vasculaire entre les plus gros consommateurs de boissons sucrées et les moins gros consommateurs[62]. D'après une autre étude, la mortalité par maladie cardio-vasculaire est plus que doublée pour les personnes qui consomment plus de 25 % de leurs calories à partir de sucres ajoutés, par rapport aux personnes qui consomment moins de 10 % des calories à partir de sucres ajoutés[84].
199
+ Remplacer des graisses saturées par des glucides hautement raffinés ne fait pas diminuer le risque de maladie cardio-vasculaire, alors que remplacer ces graisses par des graisses polyinsaturées fait diminuer le risque[62].
200
+ Chaque année, environ 45 000 décès par maladie cardio-vasculaires dans le monde sont imputables aux boissons sucrées[65].
201
+
202
+ Dans la plupart des cas, le comportement des enfants n’est pas modifié par l’absorption de sucre[85] : il n’y a pas de lien établi entre le sucre et l’hyperactivité.
203
+
204
+ Plusieurs études ont montré qu'il existait un lien entre l’hyperactivité observée chez certains enfants et certains colorants alimentaires[86]. Ce lien a été relativisé par l'EFSA[87] mais un avertissement accompagne désormais les aliments contenant certains colorants[88].
205
+
206
+ Les résultats des études récentes sont contradictoires. Selon une étude américaine publiée dans le Journal of Biological Chemistry en décembre 2007, le sucre contribuerait au développement de la maladie d'Alzheimer[89]. Une autre étude parue en 2012 dans la revue Aging Cell a établi un effet protecteur du glucose vis-à-vis de la neurodégénerescence[90].
207
+
208
+ Chez le rat, une exposition prolongée au goût sucré (sous forme de sucre ou d'édulcorant) induit une dépendance caractérisée par des modifications comportementales et cérébrales comme celles des drogues dures[91]. Des expériences ont montré que des rats et des souris préfèrent la consommation d'eau sucrée à celle de cocaïne en intraveineuse[92]. Cela peut constituer un facteur explicatif de la tendance de l'industrie agro-alimentaire à sucrer ses préparations[93]. Selon Serge Ahmed, directeur de recherche en neurosciences au CNRS, l'extrapolation de ces études à l’homme reste délicate et « la littérature médicale contient encore trop peu de cas avérés d’addiction au sucre[94]. », il ajoute que le manque de données « reflète plutôt le faible intérêt porté jusque-là au problème »[91].
209
+
210
+ Une revue systématique des études liées aux « addictions alimentaires » conclut que la dépendance à des aliments existe, et que les aliments sucrés présentent le risque le plus élevé de créer une dépendance[95].
211
+
212
+ Plusieurs études suggèrent qu'une consommation élevée de sucre et/ou d'HFCS (donc de fructose) est associée à une moindre capacité d'apprentissage et/ou de mémorisation[96],[97],[98].
213
+
214
+ La consommation d'aliments sucrés est associée au développement de symptômes dépressifs[99]. Des analyses prospectives ont montré une augmentation à 5 ans de 23 % du nombre de personnes atteintes de troubles dépressifs chez les hommes consommant une quantité importante de sucre. Les études confirment un effet négatif de la consommation de sucre sur la santé psychologique à long terme[99]. Certaines études ont montré une corrélation hautement significative entre la consommation de sucre et le taux annuel de dépression dans six pays différents[100]. Une étude menée en Australie a montré que les individus buvant un demi-litre de soda sucré par jour avait environ 60 % plus de risques de développer des troubles dépressifs[101].
215
+
216
+ Il n'y a pas d'avis médical contre les glucides en général, mais la sous-catégorie du sucre fait depuis quelques années l'objet d'avis plus tranchés. En plus de l'effet incontestable sur les caries, plusieurs spécialistes associent soit le sucre soit le fructose avec l'épidémie d'obésité et de diabète de type 2. Une campagne se développe pour limiter la consommation de sucre aux États-Unis[102], en Australie[103] et au Royaume-Uni[104]. L'association de cardiologues American Heart Association fait le lien entre une consommation de sucre élevée et les maladies cardiovasculaires, et a récemment produit des recommandations pour limiter la consommation de sucre[105]. Les limites sont 20 g de sucres ajoutés par jour pour les femmes et 36 g pour les hommes (une canette de soda contient 33 g de sucre ajouté). Au Royaume-Uni, les autorités médicales conseillent clairement de diminuer la consommation de sucre[106],[107] et ont recommandé au Parlement d'introduire une taxe pour limiter la consommation de sucre[108]. En France, l'ANSES recommande depuis peu de réduire de 25 % la consommation de glucides simples[109],[110] (actuellement de 100 g environ par jour et par personne), tout en augmentant les glucides complexes. En 2004, le rapport exhaustif de l'ANSES sur les glucides ne donnait pas de recommandations sur les sucres simples[67].
217
+
218
+ En 2003, l'OMS a préconisé de limiter les apports en sucres libres (sucres ajoutés + sucres des jus de fruits et sirops) à 10 % des apports énergétiques, soit environ 50 g de sucres libres par jour pour un apport quotidien de 2 000 kcal/j[111]. En France, la consommation actuelle en sucres totaux est d’environ 100g/j, dont environ la moitié de sucres libres, selon l’enquête INCA 2[43]. En 2014, une révision de la recommandation de l'OMS suggère une limitation à 5 % des apports énergétiques, soit environ 25 g de sucre[112],[113].
219
+
220
+ En France sur le plan des politiques publiques de santé il faut noter l'interdiction des distributeurs automatiques de boissons dans les écoles en 2005, et l'introduction d'une taxe spécifique sur les boissons sucrées et/ou édulcorées en 2012[114], cela alors même que le vin est deux fois moins taxé[115] mais est soumis au taux de TVA normal. Selon une étude commanditée par l'industrie des boissons, la taxe n'a pas eu l'effet recherché[116]. En 2018, la taxe sur les boissons sucrées a été triplée[117], celle sur les boissons édulcorées a été baissée[118].
221
+
222
+ D'autres pays ont introduit une taxe sur les boissons sucrées comme le Mexique[119] (un des pays les plus touchés par le diabète de type II dans le monde, et où la consommation de sodas est la plus élevée), la ville de Berkeley en Californie[120], et le Royaume-Uni pourrait le faire dans les années qui viennent[121].
223
+
224
+ Dès les années 1950, la Sugar Research Foundation (SRF), une organisation industrielle fondée en 1943, était consciente du rôle du sucre dans les caries. Mais elle va sélectionner les recherches à financer pour éviter que les restrictions sur le sucre soit un moyen de contrôler les caries. Entre 1967 et 1970, la SRF va financer, avec les industries du chocolat et des bonbons, le projet 269 visant à rendre la bactérie Streptococcus mutans moins destructive pour les dents après que du sucre a été consommé. Ce même projet visera également à développer un vaccin contre les caries pour que les gens puissent continuer à consommer du sucre. Ces recherches ne donneront finalement pas de résultat concluant. Influencé par l'industrie, le National Institute of Dental Research des États-Unis, va financer très peu de recherche pour étudier le risque de carie associé à chaque aliment[122].
225
+
226
+ Des documents révélés en 2013 ont montré que l'industrie du sucre a cherché à « forger l'opinion publique » dès les années 1970 pour minorer les craintes d'effets du sucre sur la santé. En 1977, la Sugar Association a réservé 230 000 dollars pour financer des recherches, notamment des scientifiques dans de prestigieuses universités américaines. Les fonds provenaient de diverses industries dont Coca-Cola, General Foods ou General Mills[123].
227
+
228
+ En 2006, à la suite de travaux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour promouvoir une limite de 10 % de calories issues de sucres, une campagne de lobbying aux États-Unis a visé les sénateurs d'États producteurs de sucre et de sirop de maïs pour menacer l'OMS de couper ses fonds[124].
229
+
230
+ Un lobbying de la World Sugar Research Organisation, une organisation regroupant des intérêts économiques (dont Coca-Cola), a bloqué avec succès une recommandation de 2003 conjointe entre l'OMS et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les recommandations quantitatives qu'elle contenait ont été remplacées par des limites non spécifiques[122].
231
+
232
+ Coca-Cola a financé le Global Energy Balance Network (en) dont les chercheurs considéraient que le manque d'exercice, plutôt que la consommation de calories, était responsable de l'obésité, à l'opposé des conclusions scientifiques[124],[79].
233
+
234
+ Les chercheurs recevant des financements de l'industrie du sucre ont tendance à avoir des conclusions à allant plus en faveur de l'industrie[125]. Par exemple, une analyse de 88 études sur la consommation de sodas a montré que les études financées par l'industrie trouvaient une taille d'effet quasi nulle pour la prise d'énergie, alors que les études non financées par l'industrie trouvaient une taille d'effet modérée[126]. D'autres chercheurs ont étudié les différentes synthèses réalisées sur le lien entre consommation de boissons sucrées et gain de poids. Parmi 18 résultats de ces synthèses, 12 n'avaient pas de lien mentionné avec l'industrie et 10 considéraient que la consommation de sodas pouvait être un facteur de risque pour la prise de poids. À l'inverse, parmi les 6 financées par l'industrie, 5 concluaient que les preuves n'étaient pas suffisantes pour soutenir un tel lien. Les synthèses dont les auteurs avaient un conflit d'intérêt avaient donc cinq fois plus de chance d'avoir une conclusion allant dans le sens de l'industrie[127].
235
+
236
+ Une étude de 2016 a révélé que l'industrie du sucre, à travers la Sugar Research Foundation, rebaptisée depuis « Sugar Association (en) », a financé des recherches afin de minorer les effets du sucre sur les maladies cardiovasculaires et de reporter la faute sur les graisses saturées[128].
237
+
238
+ Selon le journaliste Michael Moss (en), le 8 avril 1999, les dirigeants des onze plus grandes entreprises agroalimentaires américaines se réunissent dans l'auditorium de la Pillsbury Company à Minneapolis pour fixer le cap de leur secteur dans les années à venir. Michael Mudd, vice-président de Kraft Foods, les alerte sur l'image négative de leur groupe auprès des institutions liées à la santé publique et des organismes de recherche qui les jugent en partie responsables de l'épidémie d'obésité qui touche le pays, due à « la multiplication de nourriture savoureuse, dense en énergie, vendue à petit prix et en grand format ». Il recommande de diminuer l'incorporation de sel, de sucre et de matière grasse dans la nourriture industrielle. Le PDG de General Mills Stephen Sanger (en), rejette cette responsabilité. Les céréales de petit-déjeuner hypersucrées que produisent son groupe sont régulièrement condamnées dans les médias mais il rappelle qu'il fabrique une large gamme de produits qui répond à tous les besoins des consommateurs. Enfin, selon Michael Moss, Sanger précise que son leitmotiv n'est pas la nutrition mais le goût, mesuré par le point de félicité, indicateur non scientifique mais concept de marketing qui désigne le niveau de perfection que doit atteindre le goût sucré, salé et la texture grasse dans les produits lancés sur le marché[129].
239
+
240
+ Par photosynthèse, les plantes produisent du glucose ou éventuellement d’autres sucres, comme le fructose. Ces sucres sont majoritairement transportés dans la sève des plantes sous forme de saccharose. Suivant les plantes, le saccharose est ensuite stocké comme réserve énergétique sans modification (ex. : canne, betterave sucrière) ou bien est modifié et transformé en amidon (ex. : pommes de terre, céréales)[130].
241
+
242
+ Le glucose en solution est essentiellement sous cette forme cyclique avec moins de 0,1 % des molécules sous forme de chaîne ouverte.
243
+
244
+ Les oses peuvent se grouper par liaisons covalentes osidiques et former des diholosides tels que saccharose (sucrose), ou former des polyosides tels que l’amidon. Les liaisons osidiques doivent être hydrolysées (c’est-à-dire qu’une molécule d’eau vient « casser » ou rompre le lien.) Cette réaction est catalysée par une enzyme (protéine) pour que les molécules puissent être métabolisées. Après digestion et absorption par un animal, les oses présents dans le sang et les tissus sont le glucose, le fructose, et le galactose.
245
+
246
+ Le préfixe « glyco- » indique la présence de sucre dans une substance non glucidique : par exemple, une glycoprotéine est une protéine à laquelle un ou plusieurs oses se sont connectés. De même, un glycolipide est un lipide lié à des résidus osidiques.
247
+
248
+ Fructose, glucose, galactose et mannose sont des sucres simples (oses) de formule C6H12O6.
249
+
250
+ Parmi les diholosides, les plus courants sont le saccharose (sucre de canne ou de betteraves, formé d’un glucose et d’un fructose), le lactose (un glucose et un galactose) et le maltose (deux glucoses). La formule de ces diholosides est C12H22O11.
251
+
252
+ En industrie, le saccharose peut être hydrolysé pour obtenir une solution contenant du fructose, du glucose et du saccharose et appelée « sucre inverti », utilisée en confiserie et en pâtisserie.
253
+
254
+ Le sucre entre dans la composition de nombreuses recettes, notamment en pâtisserie.
255
+
256
+ En pâtisserie, le sucre blanc mélangé avec un peu d’eau forme un sirop qui prend différents aspects selon sa concentration : le sirop passe par différentes phases qui ont chacune un nom et une utilisation[131]. (Voir le tableau ci-dessous)
257
+
258
+ Plusieurs moyens permettent de savoir dans quelle phase se trouve le sirop :
259
+
260
+ Le tableau ci-après donne le nom de la phase, la température et les proportions de sucre correspondantes, ainsi que le test de la cuisson aux doigts.
261
+
262
+ Le sucre et l’eau doivent être mélangés à froid dans une proportion de 300 millilitres d’eau pour 1 kg de sucre.
263
+
264
+ Certains cuisiniers préparent également du caramel à sec, sans eau.
265
+
266
+ La fiscalité sur le sucre dépend des pays. Par exemple, en Norvège en 2019, le sucre est davantage taxé que dans l'Union européenne. La Norvège a introduit une taxe sur le sucre en 1922. Depuis janvier 2019, la taxe sur les aliments sucrés a été augmentée de 83 % à 36,92 couronnes, soit 3,12 livres sterling par kilogramme, alors que la taxe sur les boissons artificiellement sucrées est de 43 pence par litre. En conséquence, la dépendance au sucre a diminué, et la consommation norvégienne de confiserie, de 5 kilogrammes par personnes en 1960 et 15 kg en 2008, a été réduite à 12 kilogrammes par personne en 2018. La consommation de boissons sucrées est passée de 93 litres à la fin des années 1990 à 47 litres par personne en 2018. La branche aliment-boisson de la Confédération des entreprises norvégiennes (en) milite pour la suppression de la taxe sur le sucre[132].
267
+
268
+ « The existing basic science evidence, observational data, and clinic trial findings suggest that reducing consumption of added sugars, particularly added fructose, could translate to reduced diabetes-related morbidity and potentially premature mortality. […] At current levels, sugar consumption and fructose consumption in particular—in concentrations and contexts not seen in natural whole foods—are fueling a worsening epidemic of type 2 diabetes. Even without existing data for the duration of diabetes’ 20-year incubation period, shorter-term basic science evidence, observational data, and clinical trial findings present compelling evidence to suggest that added sugar and especially added fructose (provided from HFCS and sucrose) present a serious and increasing public health problem. »
269
+
270
+ « Robust data from systematic reviews and high-quality randomized controlled trials (RCTs) support a harmful effect of highly refined, high–glycemic load (GL) carbohydrates. A meta-analysis of observational studies indicated that high–glycemic index (GI) foods are associated with T2DM.[…]T2DM risk in individuals with the highest GL and lowest cereal fiber is 2.5-fold that of those with the lowest GL and highest cereal fiber diet. […] A meta-analysis of 310,819 participants and 15,043 cases of T2DM reported a 26% increased T2DM risk among those consuming 1 to 2 SSB servings/day compared with nonconsumers. »
271
+
272
+ « Coca Cola, who spent $3.3 billion on advertising in 2013, pushes a message that ‘all calories count’; they associate their products with sport, suggesting it is ok to consume their drinks as long as you exercise. However science tells us this is misleading and wrong. It is where the calories come from that is crucial. Sugar calories promote fat storage and hunger. Fat calories induce fullness or ‘satiation’. causation. A recently published critical review in nutrition concluded that dietary carbohydrate restriction is the single most effective intervention for reducing all the features of the metabolic syndrome and should be the first approach in diabetes management, with benefits occurring even without weight loss. »
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+ La digestion est un mode de transformation mécanique et chimique des aliments en nutriments assimilables ou non par l'organisme.
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+ Par définition, la digestion est un processus présent chez tous les organismes hétérotrophes. Cette digestion se réalise dans un système digestif qui peut correspondre à une simple vacuole digestive d'une eubactérie, ou se spécialiser comme c'est le cas des mammifères ruminants (vache, etc.). La digestion peut aussi se définir comme étant la simplification moléculaire c’est-à-dire la transformation des macromolécules (molécules de grandes tailles) en micromolécules.
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+ Des aliments aux nutriments : pour transformer les aliments en nutriments, il faut passer par une étape obligatoire : la digestion. Une première phase de la digestion est mécanique et buccale, les aliments étants préparés dans la bouche pour leur ingestion stomacale. Ainsi il convient de ne pas fumer avant de manger pour ne pas détruire le ferment salivaire permettant la première transformation utile des aliments ingérés. La digestion est assurée par le tube digestif et ses glandes annexes : glandes salivaires, hépatique et pancréatique. Elle permet de transformer les aliments en petites molécules absorbables par les cellules du tube digestif et utilisables par l’organisme. Dans sa phase stomacale, le suc gastrique produit un acide qui permet une meilleur assimilation des aliments, dont la fabrication est favorisée dès la perception des odeurs de cuisine, ce qui produit de l'appétit. Le suc intestinal permet de digérer les sucres. Il accompagne l'action du suc pancréatique, et de celui de la bile dont l'action digestive se situe dans la partie de l'estomac nommée duodénum. La bile venant du foie, agit sur les graisses qu'elle rend assimilables. Le suc pancréatique possède plusieurs ferments dont la trypsine fait pour digérer surtout la viande. L'estomac peut assimiler l'eau et le sel, mais en quantité réduite, l'assimilation la plus importante se faisant dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum et le jéjunum. La digestion peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, selon la qualité, la composition, la préparation et les conditions du repas. Une moyenne difficile à établir avec précision, peut s'établir entre huit ou dix, voire douze heures. Elle est variable selon les personnes.
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+ Le processus de digestion n'est pas réservé aux animaux. Des plantes carnivores capturent d'autres organismes, le plus souvent des animaux invertébrés, et les digèrent de manière chimique. Les champignons sont aussi en mesure de digérer de la matière organique. Les champignons entomopathogènes sont même capables de parasiter un insecte, de le tuer, et de se développer aux dépens de son cadavre.
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+ L’Amérique du Sud est un continent ou un sous-continent et la partie méridionale de l'Amérique. Il est situé entièrement dans l'hémisphère ouest et principalement dans l'hémisphère sud. Il est bordé à l'ouest par l'océan Pacifique et au nord et à l'est par l'océan Atlantique. L'Amérique centrale, qui relie le sous-continent à l'Amérique du Nord, et les Caraïbes sont situées au nord-ouest.
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+ Le portugais et l'espagnol sont les deux langues dénombrant le plus grand nombre de locuteurs en Amérique du Sud.
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+ L'Amérique du Sud fut nommée, à Saint-Dié-des-Vosges en 1507, par les cartographes Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann d'après Amerigo Vespucci, qui fut le premier Européen à suggérer que l'Amérique n'était pas les Indes mais un Nouveau Monde inconnu des Européens.
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+ L'Amérique du Sud a une superficie de 17 840 000 km2, soit 11,9 % de la surface des terres émergées de la Terre. En 2015, sa population est d'environ 410 millions d'habitants[1]. Le gentilé de ses habitants est les « Sud-Américains ». L'Amérique du Sud est classée quatrième continent en superficie (après l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Nord) et cinquième en nombre d'habitants (après l'Asie, l'Afrique, l'Europe et l'Amérique du Nord).
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+ L'Amérique du Sud constitue la majeure partie australe des terres émergées de ce qui est généralement désigné comme le Nouveau Monde, l'hémisphère ouest, les Amériques, ou simplement l'Amérique (qui est parfois considérée comme un seul continent[2] et l'Amérique du Sud un sous-continent)[3]. Il se trouve au sud et à l'est du canal du Panama, qui traverse l'isthme de Panama. Géographiquement, presque tout le territoire sud-américain est situé sur la plaque sud-américaine. Géopolitiquement, tout le Panama – y compris le segment à l'est du canal de Panama de l'isthme – est souvent considéré comme faisant partie de l'Amérique du Nord et un pays d'Amérique centrale.
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+ Géologiquement, le continent n'est rattaché à l'Amérique du Nord que tout récemment avec la formation de l'isthme panaméen il y a environ 3 millions d'années, ce qui provoqua le Grand échange américain. De même, les Andes sont des chaînes de montagnes relativement jeunes et sismiquement instables, descendent du nord au sud en suivant la bordure occidentale du continent ; le territoire à l'est des Andes est principalement occupé par la forêt tropicale humide, le vaste bassin de l'Amazonie. Le continent présente aussi des régions plus sèches telle la Patagonie orientale ou l'Atacama.
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+ Le continent sud-américain comprend aussi de nombreuses îles, dont beaucoup appartiennent aux pays du continent. Beaucoup d'îles des Caraïbes (les Antilles) – par exemple, les Grandes Antilles et les Petites Antilles – sont situées au-dessus de la plaque caraïbe, une plaque tectonique avec une topographie diffuse. Aruba, les Barbades, Trinité-et-Tobago sont situées sur le plateau continental sud-américain. Les Antilles néerlandaises et les dépendances du Venezuela sont situées au nord du continent. Géopolitiquement, les îles-États et les territoires d'outre-mer des Caraïbes sont généralement regroupés et considérés comme une partie ou une sous-région d'Amérique du Nord. Les nations d'Amérique du Sud qui bordent la mer des Caraïbes – dont la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane – forment l'Amérique du Sud caribéenne. Les autres îles sont les Galapagos, l'île de Pâques (en Océanie mais qui appartient au Chili), l'île Robinson Crusoe, l'île de Chiloé, la Terre de Feu, et les îles Malouines.
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+ L'Amérique du Sud est la terre des plus hautes chutes d'eau, Salto Ángel, du fleuve au débit le plus important, l'Amazone, de la chaîne de montagne la plus longue, les Andes, du désert le plus aride, le désert d'Atacama, de la voie ferrée la plus élevée, Ticlio, de la capitale la plus haute, La Paz, du plus haut lac commercialement navigable, le lac Titicaca, et de la ville la plus australe, Puerto Toro.
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+ Les ressources naturelles de l'Amérique du Sud sont l'or, le cuivre, le minerai de fer, l'étain et le pétrole.
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+ L'Amérique du Sud abrite de nombreuses espèces d'animaux uniques comme le lama, l'anaconda, les piranha, le jaguar, la vigogne et le tapir. La forêt tropicale humide d'Amazonie possède une biodiversité élevée, contenant une fraction importante des espèces de la planète.
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+ Le plus grand pays d'Amérique du Sud est de loin le Brésil, à la fois du point de vue de sa superficie et de sa population[4].
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+ En Amérique du Sud, on distingue plusieurs sous-régions : les États andins, les Guyanes, le cône Sud et le Brésil.
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+ Le nord de l'Amérique du Sud abrite une grande partie de la biodiversité planétaire des terres émergées. Les forêts y sont cependant en forte régression au profit des prairies d'élevage (bovin notamment, destiné à l'exportation) et cultures industrielles (de soja notamment, pour partie transgénique). Les feux de forêts, la dégradation des sols, et l'élevage et l'agriculture industrielle sont à l'origine d'émissions importantes de gaz à effet de serre (qui font par exemple du Brésil un des premiers émetteurs mondiaux). Par ailleurs le sud du continent est situé sous le trou de la couche d'ozone de l'antarctique, qui a conduit à une forte hausse des taux d'UV (cancérogènes, mutagènes).
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+ L'agriculture reste le secteur d'activité le plus important de l'Amérique du Sud, même si le chômage rural et la pauvreté chassent la population vers les énormes villes côtières. Les ressources minières et pétrolières, bien que substantielles, sont inégalement réparties selon les pays. Pour limiter l'importation de matières premières, relancer la production et renforcer les infrastructures, les gouvernements se sont lourdement endettés auprès de la Banque mondiale dans les années 1960 et 1970. Aujourd'hui, le Brésil est la première puissance économique, suivie de loin par l'Argentine, qui est, à son tour, suivie de près par la Colombie et le Venezuela[5]. L'ouest de l'Amérique du Sud, moins développé, a récemment su tirer parti de sa position géographique. Ainsi, le Chili exporte de plus en plus de matières premières vers le Japon.
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+ Les langues les plus utilisées en Amérique du Sud sont l'espagnol et le portugais, qui est la langue officielle du Brésil.
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+ L'Amérique du Sud présente un très grand nombre de langues minoritaires : on dénombre près de 600 langues qui appartiennent à 118 familles linguistiques. Par exemple, les 32 langues de Bolivie sont de 15 familles différentes, y compris 6 isolats. Les 68 langues de Colombie appartiennent à 13 familles différentes, dont 10 sont des isolats. Toutefois, le contraste est marqué entre les « grandes » langues (andennes et guarani) et les petites langues amazoniennes.
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+ Les cinq langues d'origine coloniale de l'Amérique du Sud sont le portugais, l'espagnol, l'anglais, le néerlandais et le français.
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+ La population amérindienne, chiffrée par millions, a été progressivement refoulée vers l'intérieur du continent. Paradoxalement, l'importance de cette population locutrice ne garantit en rien la pérennité des langues amérindiennes, qui sont pour la plupart menacées d'extinction.
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+ On distingue habituellement les langues d'Amérique du Sud selon l'importance recensée de la population locutrice. On dénombre ainsi habituellement quatre « grandes » langues :
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+ Les langues amazoniennes sont parlées par des groupes minoritaires dans les neuf pays du bassin amazonien :
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+
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+ Beaucoup de ces langues sont parlées à cheval sur les frontières, en zones marginales des pays, pour beaucoup parce que les populations indigènes des côtes et du centre, exploitées par les européens, ont été exterminées. Ce sont dans leur ensemble des langues très menacées.
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+
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+ La région amazonienne constitue un «trou noir » linguistique, au même titre que la Nouvelle-Guinée. Le travail linguistique sur ces langues, qui se sont révélées être très intéressantes dans leur diversité pour le développement de la linguistique, est encore très limité.
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+
48
+ La religion principale en Amérique du Sud est le catholicisme. Cependant, les églises protestantes (principalement évangéliques) se développent rapidement en nombre de pratiquants, notamment au Brésil (voir Religion au Brésil) et au Suriname[9]. Dans de nombreux pays la pratique de ces religions, en particulier le catholicisme, se mêlent avec des rites et pratiques de religions précolombiennes[10].
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+
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+ Les groupes ethniques et indigènes de l'Amérique du Sud incluent :
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+
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+ Les pays (et territoires dépendants) dans cette table sont catégorisés d'après le schéma pour les régions et subrégions géographiques utilisé par les Nations unies.
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+ Les douze pays indépendants du tableau ci-dessus ont lancé le 8 décembre 2004 (déclaration de Cuzco) un projet de Communauté sud-américaine de nations (CSN), devenu Union des nations sud-américaines (UNASUD), sur le modèle de l'Union européenne.
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+ République du Soudan
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+ (ar) جمهورية السودان
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+ (en) Republic of the Sudan
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+ 15° 31′ N, 32° 35′ E
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+
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+ modifier
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+
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+ Le Soudan (prononcé en français : /sudɑ̃/[3] ; en arabe : السودان as-Sūdān), en forme longue la république du Soudan (جمهورية السودان Jumhūrīyat as-Sūdān), est un pays africain.
14
+
15
+ Le pays est bordé par la Libye au nord-ouest, l’Égypte au nord, la mer Rouge à l'est-nord-est, l'Érythrée à l'est, l'Éthiopie à l'est-sud-est, le Soudan du Sud au sud, la République centrafricaine au sud-ouest et le Tchad à l'ouest. Les langues officielles du pays sont l’arabe, et depuis peu (2005), l'anglais.
16
+
17
+ Son nom vient de l'arabe balad as-sūdaan, qui signifie littéralement « pays (balad) des Noirs » (sūdaan, ce terme étant le pluriel d'aswad)[4] ; cette expression désigne le Soudan, une région d'Afrique plus grande dont fait partie l'Ouest du pays.
18
+
19
+ Dans l'Antiquité, le pays correspondait en grande partie à l'ancienne Nubie (voir l'article détaillé sur l'histoire du Soudan).
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+
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+ Quelques repères :
22
+
23
+ Dans les années 1820, l'Égypte est gouvernée par le pacha Méhémet Ali. L'Égypte étant une province de l'Empire ottoman, il est en théorie vassal du sultan de Constantinople, mais s'est en pratique libéré de la tutelle de celui-ci et mène une politique indépendante d'expansion territoriale.
24
+
25
+ Après d'infructueuses tentatives pour conquérir la Palestine et la Syrie, il se lance avec succès à la conquête du Soudan dans les années 1820.
26
+
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+ En 1885 le chef religieux Muhammad ibn Abdallah, s'étant proclamé « le Mahdi » (« l'attendu »)[5], tenta d'unifier les tribus de l'Ouest et du Centre du Soudan contre la domination égyptienne. Il prit la tête d'une révolte religieuse que le gouvernement égyptien s'avéra incapable de réprimer et infligea une défaite écrasante à l'armée envoyée contre lui par Le Caire : commandée par le colonel anglais Hicks, celle-ci commit l'imprudence de s'aventurer dans le désert à la poursuite du Mahdi qui, lorsqu'elle fut bien épuisée et démoralisée, se retourna contre elle et l'anéantit.
28
+
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+ Cette victoire, outre qu'elle laissait l'Égypte presque sans moyen militaire, apporta au Mahdi les moyens qui lui manquaient pour donner à l'insurrection une plus grande ampleur : le ralliement de nouvelles tribus et surtout des milliers de fusils Remington, 5 millions de cartouches et des pièces d'artillerie. Jusque-là cantonnée au désert et à des opérations de guérilla, l'insurrection mahdiste pouvait désormais s'attaquer aux villes et garnisons égyptiennes du Soudan, à commencer par la capitale : Khartoum. Le Khédive d'Égypte demanda l'aide de la Grande-Bretagne, mais le gouvernement de Gladstone refusa d'engager des troupes dans une aventure qui ne le concernait pas. Il consentit tout au plus à mettre à la disposition de l'Égypte le général Gordon avec pour mission d'organiser l'évacuation des garnisons égyptiennes du Soudan, abandonnant le pays au Mahdi.
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+ Si Gordon connaissait bien le Soudan (dans les années 1870, il en avait été gouverneur général, nommé par le khédive) et s'il était un chrétien convaincu, il ne comprit pas vraiment la signification de la révolte, ni la raison pour laquelle elle mobilisait largement la population. Pour reprendre les remarques d'un des meilleurs observateurs britanniques de l'époque, Wilfred Scawen Blunt[6], il ne se rendit pas compte que tous les gens de bien au Soudan étaient du côté du Mahdi.
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+ Encerclé à Khartoum, il refusa de l'abandonner et organisa la défense, persuadé que l'opinion publique britannique et en particulier la très influente Ligue contre l'esclavage exercerait sur le gouvernement une pression telle que celui-ci se verrait contraint d'envoyer des troupes à son secours, ce qui fut le cas.
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+ L'expédition de secours, commandée par Garnet Joseph Wolseley, arriva trop tard et se trouvait encore à quelques jours de marche de Khartoum lorsqu'elle apprit la chute de la ville et la mort de Gordon (janvier 1885). Les instructions qu'avait reçues sir Garnet étaient claires : sa mission était de sauver Gordon, pas de conquérir le Soudan. Il fit donc demi-tour et regagna l'Égypte, ramenant avec lui les dernières garnisons égyptiennes ; le Mahdi restait maître de tout le pays. Ce dernier ne profita guère de sa victoire, il mourut quelques semaines plus tard, peut-être d'une méningite. Dirigé par le khalifa Abdullah, le pouvoir mahdiste survécut jusqu'en 1898 où il fut anéanti à la bataille d'Omdurman par une armée anglo-égyptienne commandée par sir Horatio Herbert Kitchener. Cette bataille fit 11 000 tués du côté soudanais et 48 du côté anglo-égyptien, ce qui en fait un massacre plus qu'une bataille, et personne ne s'interrogea sur le fait que presque aucun des 16 000 Soudanais blessés ne survécut[7]. Kitchener était en route vers Fachoda et sa dramatique confrontation avec l'expédition française du commandant Marchand.
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+ 1916 est l'année de la défaite et de la mort d'Ali Dinar, dernier sultan du Darfour.
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+ L'indépendance fut proclamée en 1956, mais le gouvernement de Khartoum revint sur les promesses faites aux provinces du Sud de créer un État fédéral, ce qui conduisit à une mutinerie menée par des officiers du Sud, qui fut le début d'une guerre civile de dix-sept ans (1955-1972).
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+ Des élections eurent lieu en avril 1965 mais les gouvernements successifs furent incapables de se mettre d'accord sur une constitution permanente ou de résoudre les problèmes de la lutte entre factions, de la stagnation économique et de la dissidence ethnique. Le mécontentement amena un deuxième coup d'État militaire le 25 mai 1969. Son meneur, le colonel Gaafar Muhammad Nimeiri, devint Premier ministre, et le nouveau régime supprima le Parlement et interdit tous les partis politiques.
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+ Des luttes entre les marxistes et les non-marxistes à l'intérieur de la coalition militaire au pouvoir provoquèrent un nouveau coup d'État en juillet 1971, dirigé par le Parti communiste soudanais. Quelques jours après, des troupes anti-communistes du colonel Nimeiri exécutent le secrétaire général du PC soudanais : l'écrivain Abdel Khaliq Mahjub (en), le dirigant de la Confédération Générale des travailleurs du Soudan, Chafi’Al Cheikh, sont pendus le 28 juillet, et des centaines de militants et de syndicalistes sont exécutés[8].
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+ En 1972, l'accord d'Addis-Abeba (en) mit fin à la guerre civile Nord-Sud et instaura un certain degré d'autonomie régionale.
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+ En septembre 1983, le président Nimeiri annonça sa décision d'étendre au droit pénal[9] le domaine du droit musulman, cantonné depuis la colonisation au droit personnel. Bien que le droit pénal soit en théorie uniquement personnel et proportionné.
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+ Cette décision est l'élément déclencheur d'une guerre civile qui oppose le Gouvernement (GOS) à des groupes armés du Soudan du Sud. Ce conflit s'analyse le plus souvent comme une guerre de religion entre le Nord — islamique — et le Sud — chrétien. Si cette dimension religieuse existe certainement, comme en témoigne le déclenchement de la guerre civile consécutive à l'instauration de la charia par le gouvernement du Nord, il n'en demeure pas moins qu'elle est à tempérer, le Sud étant minoritairement chrétien et plutôt animiste. Ce sont donc plutôt deux cultures, une tribale traditionaliste au sud et une arabo-musulmane au nord, qui s'opposent. On peut aussi y analyser une opposition entre le Centre et la périphérie, expliquant ainsi aussi les moteurs des conflits au Darfour, à l'ouest du pays, et dans le Béjaland, à l'est du pays.
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51
+ La proximité avec les États-Unis s’accentue sous l'administration de Ronald Reagan. L’aide américaine passe de 5 millions de dollars en 1979 à 200 millions en 1983, puis à 254 en 1985, essentiellement pour les programmes militaires. Le Soudan devient ainsi le deuxième bénéficiaire de l’aide américaine en Afrique (après l’Égypte). La construction de quatre bases aériennes destinées à accueillir des unités de la Force de déploiement rapide et d’une puissante station d’écoute, près de Port-Soudan, est mise en chantier En 1984 et 1985; après une période de sécheresse, plusieurs millions de personnes sont menacées par la famine, en particulier dans l’ouest du Soudan. Le régime fait en sorte de cacher la situation à l'international[8].
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53
+ En mars 1985, l’annonce de l’augmentation des prix des produits de première nécessité, sur l’injonction du Fonds monétaire international avec lequel le régime était en négociation, provoque de premières manifestations. Le 2 avril, huit syndicats appellent à la mobilisation et à une « grève politique générale jusqu’à la suppression du régime actuel ». Le 3, des manifestations massives secouent Khartoum, mais aussi les principales villes du pays ; la grève paralyse les institutions et l’économie. Un autre coup d'État, mené par le général Souwar ad-Dahab, restaura un gouvernement civil. Cependant la guerre civile faisait de plus en plus de morts et la situation économique continuait à se dégrader[8].
54
+
55
+ En 1989, à la suite d'un coup d'État, le général Omar el-Bechir devint chef de l'État, Premier ministre et chef des forces armées. La loi pénale de 1991 institua des peines sévères dans tout le pays, telles que l'amputation et la lapidation. Bien que les États du Sud non musulmans soient officiellement exemptés de ces dispositions, la loi permet cependant une possible application future de la charia dans le Sud.
56
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57
+ La guerre civile a déplacé plus de quatre millions d'habitants du Sud et fait deux millions de morts. Certains ont fui dans des villes du Sud comme Djouba, d'autres ont cheminé vers le nord jusqu'à Khartoum ou ont pris le chemin de pays voisins comme l'Éthiopie, le Kenya, l'Ouganda ou l'Égypte. Ces gens ne pouvaient pas produire de la nourriture ou gagner de l'argent pour se nourrir, et la malnutrition et la famine se sont répandues. Le manque d'investissement dans le Sud a également abouti à ce que les organisations humanitaires internationales appellent une « génération perdue », mal éduquée, sans accès aux soins de base et sans grandes chances de trouver un emploi productif que ce soit dans le Sud ou dans le Nord.
58
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+ Les pourparlers de paix entre les rebelles du Sud et le gouvernement ont fait des progrès notables en 2003 et au début de l'année 2004, même si des accrochages se seraient encore produits dans certaines régions méridionales.
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61
+ Une nouvelle rébellion dans la province occidentale du Darfour a commencé début 2003. Le gouvernement et les rebelles ont été accusés d'atrocités au cours de cette guerre. En février 2004, le gouvernement a proclamé sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disent garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats continuent à de nombreux endroits. Les milices janjawids sont accusées du massacre de plus de cinquante mille personnes, le conflit ayant fait, en trois ans, plus de trois cent mille morts et trois millions de déplacés et réfugiés, selon certaines estimations.
62
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63
+ Le 9 janvier 2005, un accord de paix a été signé à Nairobi entre John Garang (APLS) et le vice-président Ali Osmane Taha, représentant le gouvernement soudanais. Il met fin à vingt-et-un ans de guerre civile dans l'État, dominé par les musulmans et les miliciens chrétiens de Garang. Cet accord prévoit un régime d'autonomie de six ans au Soudan du Sud, période à l'issue de laquelle un référendum d'autodétermination sera organisé.
64
+
65
+ Le 9 juillet 2005, la nouvelle constitution, élaborée grâce aux accords de Nairobi, est appliquée et permet le retour du mouvement de John Garang à Khartoum. Un gouvernement d'union nationale est instauré pour cette période de transition.
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67
+ Le 31 juillet 2005, John Garang meurt dans l'accident de l'hélicoptère ougandais qui le transportait, dans le Sud du Soudan. Cela provoque plusieurs jours d'émeutes dans la capitale ainsi qu'à Djouba entre les partisans de Garang et ceux du gouvernement. Les partisans de l'ancien chef rebelle John Garang ne croient en effet pas à la thèse officielle du gouvernement selon laquelle l'hélicoptère a été victime de problèmes techniques. Ils déclenchent des émeutes à Khartoum, provoquant les représailles de militants nordistes. Ces violences font, d'après le bilan du Croissant-Rouge soudanais (en), cent trente morts et plus de trois cent cinquante blessés.
68
+
69
+ Le référendum d'autodétermination du Soudan du Sud prévu par les accords de paix a eu lieu le 9 janvier 2011[10]. Les votants se sont exprimés en faveur de la sécession à 98,83 %[11]. Le 8 février 2011, Omar el-Béchir a officiellement reconnu ce résultat[12]. Ce nouvel État a accédé à son indépendance dès le 9 juillet 2011[13]. En perdant plus d'un quart de son territoire, le Soudan perd également son « statut » de plus grand État d'Afrique (au profit de l'Algérie) qu'il détenait depuis son indépendance en 1956.
70
+
71
+ Selon certains observateurs[14], la sécession du Sud ne manque pas d'alimenter une certaine inquiétude au sein de la population quant à l'avenir du pays. Jusqu'ici, le gouvernement central profitait des ressources pétrolières du Sud (qui assurait 85 % de la production nationale) pour, « acheter » la paix civile avec les différents groupes rebelles qui sévissaient dans le Nord. Avec des revenus en baisse, il lui sera difficile de poursuivre ce type de politique. Ainsi, selon Fouad Hikmat, analyste à l'International Crisis Group : « Dans un an, si le NCP (le Congrès national au pouvoir à Khartoum) ne change pas, n'adopte pas une nouvelle approche plus fondée sur l'intégration que sur la sécurité, le Soudan va affronter de sérieux problèmes ». Cette manne pétrolière permettait également de limiter les conséquences économique de la crise en jugulant l'inflation, garantissant une certaine « paix sociale ».
72
+
73
+ Face à ces nombreux défis intérieurs, ces mêmes observateurs craignent que les durs du régime, « débarrassés » du Sud chrétien et animiste, n'en profitent pour se radicaliser en accélérant l'islamisation du reste du pays, comme le président Bashir l'avait laissé entrevoir[15], d'autant plus que les effectifs des communautés chrétiennes se trouvant dans le Nord se sont largement réduits par le fait que l'essentiel de leurs membres, originaires du Sud, ont regagné leur région d'origine en prévision de l'indépendance de celle-ci[16].
74
+
75
+ Le régime d'Omar el-Bechir applique en 2018 un plan d'austérité du Fonds monétaire international (FMI), transférant certains secteurs des importations au secteur privé. En conséquence, le prix du pain est doublé et celui de l’essence augmente de 30 %. L’inflation atteint les 40 %. Des mouvements étudiants et le Parti communiste soudanais organisent des manifestations pour contester cette politique. Omar el-Bechir réagit en faisant arrêter le secrétaire général du Parti communiste et deux autres dirigeants du parti, et par la fermeture de six journaux[17].
76
+
77
+ À partir de décembre 2018, un vaste mouvement de protestation contre le régime se forme dans les villes de l’extrême nord du pays, en particulier autour d'Atbara, agglomération ouvrière et fief du syndicalisme soudanais. Les manifestants réclament initialement de meilleures conditions de vie (plus de 20 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté), puis, alors que la répression s’accentue, la démission du président[18].
78
+
79
+ Omar El-Béchir est destitué par l'armée et remplacé par un conseil militaire de transition le 11 avril 2019[19]. Le 21 août, le Conseil militaire de transition devient le Conseil de souveraineté. Il maintient les président et vice-président sortants en place mais dispose de membres civils[20]. Abdallah Hamdok, ancien économiste à l'ONU, est nommé premier ministre à la tête d'un gouvernement de transition[21].
80
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+ Le Soudan est une république de type présidentiel dont l'actuel président est Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan.
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+ De 1983 à 1997, le pays était divisé en cinq régions dans le Nord et trois dans le Sud, chacune dirigée par un gouverneur militaire. Les parlements régionaux ont été suspendus après le coup d'État militaire du 6 avril 1985. Le Conseil révolutionnaire a été aboli en 1996 et le Front national islamique au pouvoir a pris le nom de Congrès national. Après 1997, les structures administratives régionales ont été réformées vers un système de 26 États. Les membres des exécutifs régionaux sont nommés par le président de la République. Le budget des États est entièrement dépendant du pouvoir central de Khartoum.
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+
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+ À la suite d'une décision de la cour pénale internationale (CPI), Omar al-Bashir est désormais sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
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+ Du 11 au 15 avril 2010 ont eu lieu les premières élections régionales, législatives et présidentielle tenues depuis 1986. Les deux principaux rivaux du général Omar al-Bashir, Yasser Arman (en), un musulman laïque soutenu par le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) et Sadek al-Mahdi, ancien Premier ministre et chef du parti Umma (nationaliste) ont décidé de boycotter le processus électoral et retiré leur candidature. Entaché de graves irrégularités mais porteur d'espoir aux dires de Mme Véronique de Keyser[22], chef de la mission d'observation de l'Union européenne, le scrutin a reconduit le général Omar El-Béchir dans ses fonctions de chef de l’État.
88
+
89
+ Le président américain Bill Clinton place en 1993 le Soudan sur la liste des pays soutenant le terrorisme, puis fait adopter en 1996 une série de mesures (interdiction des transferts de technologie, du commerce des pièces détachées, et embargo sur toutes les transactions bancaires internationales en dollars) qui pénalise lourdement le fonctionnement de l’économie soudanaise[23].
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+ Les attentats du 11 septembre 2001 incitent Washington à se rapprocher du Soudan dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme »[23].
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93
+ À partir de 2015, l'Arabie saoudite sollicite des troupes soudanaises pour combattre au Yémen, pays dans lequel le royaume s'est engagé dans une guerre contre le mouvement Houthi qui avait pris le pouvoir. Le Soudan reçoit en échange des « prêts » importants, dont le montant n'a jamais été dévoilé. Le régime de Omar el-Béchir adhère de plus en plus au « programme diplomatique » américano-saoudien dans le monde musulman, visant avant tout l'Iran. En outre, Riyad achète massivement des terres agricoles soudanaises, dans un programme confié à un proche du milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim[23].
94
+
95
+ Barack Obama annonce en janvier 2017 une levée partielle des sanctions ciblant le Soudan. Celles-ci sont ensuite totalement levées par Donald Trump[23].
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+
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+ Le Soudan est situé dans le Nord de l'Afrique, en bordure de la mer Rouge, entre l'Égypte et l'Érythrée. Il est traversé de part en part par le Nil.
98
+
99
+ Avec une superficie de 1 886 068 km2, le Soudan est le troisième plus grand pays d'Afrique après l'Algérie et la République démocratique du Congo. Avant l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, le Soudan était le plus grand pays d'Afrique.
100
+
101
+ Le Soudan est une très grande plaine entourée à l'est et à l'ouest par des montagnes. Le climat y est semi-aride dans le Sud et désertique dans le Nord, avec la saison des pluies d'avril à octobre. La désertification qui s'étend vers le sud et l'érosion des sols sévissent sur le pays.
102
+
103
+ Le Soudan est un État fédéral divisé en dix-sept États ou wilayat.
104
+
105
+ L'agriculture est la principale activité économique locale du pays, bien que 90 % des ressources économiques proviennent du pétrole que contient ses sols (ce qui explique les tensions ou conflits dans ce pays).
106
+
107
+ La superficie des terres cultivables au Soudan est estimée à 840 000 kilomètres carrés. Seulement 18 % sont actuellement exploités. Seule une paix dans ce pays lui permettrait de devenir le grenier à blé de l'Afrique.
108
+
109
+ Les principaux produits agricoles sont le coton, le sésame, l’arachide, la gomme arabique dont le Soudan est le premier producteur mondial et le sucre (troisième pays producteur de sucre en Afrique).
110
+
111
+ Le cheptel, le deuxième du continent africain, est à la base d'un intense trafic clandestin avec les pays voisins.
112
+
113
+ L'exploitation pétrolière a commencé dans le Sud et modifie les conditions économiques du pays.
114
+
115
+ Le Nord possède les raffineries et contrôle la répartition des profits.
116
+
117
+ Depuis 2011, le chômage touche en moyenne 18 % des actifs et près de 50 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.
118
+
119
+ En 2014, la population du Soudan est estimée à environ 35,5 millions d'habitants[1].
120
+
121
+ Le Soudan est majoritairement peuplé d'Arabes (70 %), de Nubiens, de Fours, de Bejas et de Noubas.
122
+
123
+ Les langues officielles de la république du Soudan sont l'arabe et l'anglais, mais le pays montre une grande diversité linguistique et de nombreuses langues y sont parlées. Elles appartiennent à plusieurs familles: les langues nilo-sahariennes, les langues kordofaniennes, les langues kadougliennes et les langues couchitiques.
124
+
125
+ Selon l'article 8 de la Constitution de 2005 :
126
+
127
+ Le Soudan est un pays majoritairement musulman dont la constitution prévoit la liberté de religion ; cependant, en pratique le gouvernement soudanais traite l'islam comme la religion d'État et certains préceptes de la charia sont en vigueur dans tout le pays.
128
+
129
+ En réaction à la sécession du Soudan du Sud, peuplé majoritairement d'animistes et de chrétiens qui se sont affranchis du régime islamique et de la charia, à la suite du référendum d'autodétermination du 9 janvier 2011, le président Omar el-Bechir a annoncé un renforcement de la charia dans les régions septentrionales du pays restant sous le contrôle de Khartoum[26].
130
+
131
+ Il y aurait au Soudan 93 % de musulmans (majorité de sunnites, et minorité chiite), 5 % de chrétiens coptes (il y a une cathédrale de l'église copte à Khartoum), les 2 % restants sont composés d'animistes, de protestants, et de baha'is[réf. souhaitée].
132
+
133
+ Le jeudi 14 mai 2014, un tribunal de Khartoum condamne une femme enceinte de huit mois à la pendaison, pour avoir adopté la religion chrétienne. Née de père musulman mais élevée par sa mère chrétienne-orthodoxe, Meriam Yahia Ibrahim Ishag est mariée à un catholique. Elle est aussi condamnée pour cela à 100 coups de fouet, cette union étant considérée comme un adultère. Libérée officiellement le 24 juin 2014, réfugiée à l'ambassade des États-Unis le 27, elle quitte le Soudan avec sa famille le 24 juillet pour l'Italie, où elle est reçue par le pape au Vatican[27].
134
+
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+ Le 11 juillet 2020, le ministre de la Justice du Soudan annonce que le gouvernement met fin à la peine de mort pour apostasie, dans l'objectif de se détacher de la charia[28].
136
+
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+ Tayeb Salih, Mansour Khalid (en), Jamal Mahjoub et Abdallah Al-Tayeeb sont les principaux visages de la littérature soudanaise et arabe.
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+ Adam D. H. Hinawi dit Adam Dalfalla et Nezar Musa Noreen sont les peintres contemporains les plus connus.
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+ Le Soudan a pour codes :
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+ Le sud est un point cardinal, opposé au nord.
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+ « Sud » est un nom ou un adjectif invariable.
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+ Il est emprunté à l'ancien anglais suth (XIe-XIIe siècles), lui-même déformé du saxon Sund, désignant le Soleil.
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+ En ancien français, le sud avait pour équivalent le terme de midi, désignant le moment où le Soleil était à son apogée (depuis tout point d'observation situé au nord du tropique du Cancer[1]). Il est alors l'opposé du septentrion. C'est ce terme que l'on retrouve sur les anciennes cartes avec ceux de : Occident pour l'Ouest, Orient pour l'Est et Septentrion pour le Nord. Cet usage est resté dans des noms comme le Midi de la France ou la gare du Midi.
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+ De fait, le terme « méridien » (du latin meridianus, "de midi") est un synonyme vieilli de sud, mais l'adjectif « méridional » qui en découle reste très usité.
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+ L'utilisation de minuit ou de midi pour désigner le nord ou le sud existe également dans d'autres langues, comme l'italien (mezzogiorno « midi »), le polonais (północ « minuit »; południe « midi ») et le hongrois (észak « nuit »).
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+ Selon le contexte, le Sud désigne :
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+ Les points cardinaux, qu'ils soient utilisés comme nom ou comme qualificatif, s'écrivent avec une majuscule lorsqu'ils font partie d'un toponyme ou désignent une région, mais prennent une minuscule s'ils désignent une direction, une exposition, une orientation.
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+ Royaume de Suède
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+
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+ Konungariket Sverige Écouter
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+
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+ 59° 21′ N 18° 4′ E
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+
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+ modifier
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+ La Suède (en suédois : Sverige [ˈsvæ̌rjɛ]) — en forme longue le royaume de Suède (en suédois : Konungariket Sverige [ˈkôːnɵŋaˌriːkɛt ˈsvæ̌rjɛ] Écouter) — est un pays d'Europe du Nord situé en Scandinavie. Sa capitale est Stockholm et ses habitants sont appelés Suédois. Sa langue officielle et langue majoritaire est le suédois. Le finnois et le sami sont aussi parlés, principalement dans le nord du pays. Les variations régionales sont fréquentes.
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+
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+ La Suède a une frontière avec la Norvège à l'ouest-nord-ouest et une autre avec la Finlande au nord-nord-est. Au sud, la Suède est séparée du Danemark par l'Øresund, un détroit du Cattégat dont la section la plus étroite mesure 4 km de large. La partie septentrionale de la Suède est occupée par la Laponie, appelée Sápmi par ses habitants, les Samis, qui furent les premiers habitants du nord de la Scandinavie.
12
+
13
+ Avec un territoire d'une superficie de 449 964 km2, la Suède est le cinquième plus grand pays d'Europe après la Russie, l'Ukraine, la France et l'Espagne. La Suède possède une faible densité de population, sauf dans les zones métropolitaines. Le taux d'urbanisation est de 84 % alors que les villes n'occupent qu'1,3 % du territoire. La sauvegarde de l'environnement et l'enjeu des énergies renouvelables sont généralement la priorité des hommes politiques, ainsi que d'une grande partie de la population. En 2014, le "Global Green Economy Index" classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
14
+
15
+ La Suède est depuis longtemps un grand exportateur de fer, de cuivre et de bois. L'industrialisation, qui a commencé dans les années 1890, a permis à la Suède de se développer, et d'obtenir constamment de nos jours une bonne place dans les classements européens sur l'Indice de développement humain (IDH). La Suède possède de grandes réserves d'eau potable, mais manque de ressources énergétiques fossiles comme le charbon ou le pétrole.
16
+
17
+ La Suède moderne est issue de l'Union de Kalmar, créée en 1397. Le pays fut unifié au XVIe siècle par le roi Gustav Vasa. Au XVIIe siècle, la Suède conquiert de nouveaux territoires et forme un empire colonial. Cependant, la majeure partie de ces territoires devra être abandonnée au XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, la Finlande et d'autres territoires sont perdus. Après sa dernière guerre en 1814, la Suède connaît la paix, adoptant une politique de non-alignement en temps de paix et de neutralité en temps de guerre. La Suède fait partie de l'Union européenne depuis 1995, mais pas de la zone euro.
18
+
19
+ Selon l'indice de démocratie du groupe de presse britannique The Economist Group, la Suède est un des pays les plus démocratiques au monde (premier en 2008, troisième en 2017 derrière la Norvège et l'Islande). De plus, le 31 décembre 2010, elle reçoit le prix de l'Excellence 2010 (pays le mieux réputé).
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+ La Suède est un pays scandinave qui se situe entre la Norvège et la Finlande.
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23
+ Le long du golfe de Botnie se trouve la région de « la côte haute » Höga Kusten qui se soulève chaque année de plus de 8 mm. Ce rebond isostatique est dû à l'enfoncement du sol sous le poids d'une couche de glace épaisse de plus de trois kilomètres pendant la dernière période glaciaire. Depuis la fonte des glaces, le sol s'est élevé de 800 m. À 286 m d'altitude, on peut trouver la ligne côtière la plus élevée formée après la dernière glaciation.
24
+
25
+ La Suède est bordée par la golfe de Botnie à l'est-nord-est et la mer Baltique au sud-sud-est: ce littoral très allongé contribue à adoucir encore le climat. À l’ouest-nord-ouest, le pays est séparé de la Norvège par les Alpes scandinaves.
26
+
27
+ Le pays est très riche en lacs dont certains, comme le Vänern et le Vättern, sont parmi les plus grands d'Europe.
28
+
29
+ Gotland et Öland, dans la mer Baltique, sont les deux plus grandes îles de Suède et forment chacune une province historique propre. Les côtes suédoises sont assez entrecoupées avec un très grand nombre de petits golfes (des fjärdar) et de nombreux îlots qui forment souvent des archipels, comme ceux de Stockholm et de Göteborg.
30
+
31
+ La Suède jouit d’un climat relativement tempéré en dépit de sa situation septentrionale, du fait de l’action du Gulf Stream. Dans le sud du pays, les feuillus peuvent se trouver en abondance, contrairement au nord, où les résineux dominent le paysage. Dans la partie du pays se situant au nord du cercle polaire arctique, le soleil ne se couche jamais en été, et l’hiver n’est qu’une nuit sans fin: le soleil ne se lève pas mais il y a assez de lumière pour voir clair quelques heures (varie selon les endroits).
32
+
33
+ En 2014, le Global Green Economy Index classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
34
+
35
+ En 2015, l'organisation Global Footprint Network indique que la Suède est un des 57 pays (sur 181) préservant ses ressources (réserve en biocapacité positive), notamment grâce à sa capacité forestière qui compense largement son empreinte carbone[4].
36
+
37
+ La Suède est frappée en 2018 par des épisodes de canicules et de sécheresses parmi les pires de son histoire. L'été est ainsi le plus chaud jamais observé depuis le début des enregistrements en 1756. En conséquence, les récoltes agricoles ont lourdement chuté et le pays, jusqu'alors exportateur de céréales, va devoir en importer[5].
38
+
39
+ Après la honte de prendre l'avion flygskam, c'est la honte d'acheter köpskam qui est né en Suède avant de parcourir le monde. Ces deux mouvements visant à prendre en compte les conséquences environnementales de ses actes ont également des conséquences économiques : annulation de la Fashion Week, chute du trafic aérien (8%)[6].
40
+
41
+ Le Sud a une vocation agricole très nette, et la surface occupée par la forêt augmente au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord. La densité de population est également supérieure au sud, notamment dans la vallée du lac Mälar, dans la région de l’Øresund et tout le long de la côte ouest, même si le sud-est du pays forme aussi une région à relativement faible densité.
42
+
43
+ Des découvertes archéologiques prouvent que le territoire suédois fut colonisé au cours de l’âge de la pierre, lorsque les terres commencèrent à se débarrasser de la glace accumulée pendant l’ère glaciaire. Les premiers habitants vécurent de chasse, de cueillette, et surtout des ressources que leur offrait la future mer Baltique.
44
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45
+ Le territoire suédois semble avoir connu une forte densité de population pendant l’âge du bronze, les traces de communautés élargies et prospères ayant été mises en évidence.
46
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47
+ La toute première mention écrite de l’existence du peuple suédois (Suiones en latin) est faite par Tacite en l’an 98. Ils sont aussi mentionnés par Jordanès au VIe siècle, sous les noms de Suehans ou Suetidi. L'épopée anglo-saxonne Beowulf décrit des batailles entre les Suédois et les Goths de Scandinavie (Geats) durant cette époque, qui se soldèrent par la prédominance des Suédois (Sweonas).
48
+
49
+ Au cours du IXe et du Xe siècle, la culture viking put s’épanouir dans toute la Scandinavie grâce au commerce, aux pillages et aux mouvements de colonisation vers l’est (pays baltes, Russie et mer Noire).
50
+
51
+ Le mouvement de christianisation, au XIIe siècle, se traduisit notamment par la création de l’archevêché d’Uppsala en 1164. Il facilita la consolidation d’un État suédois centré sur les bords de la mer Baltique : en 1250, la dynastie des Folkung accède au pouvoir et établit sa capitale à Stockholm.
52
+
53
+ Néanmoins, tout comme dans les nouveaux États de Norvège et du Danemark, une grave crise survint au XIVe siècle, aggravée par la Peste noire. Malgré ces difficultés, les Suédois continuèrent leur expansion au nord de la péninsule scandinave, vers l’actuelle Finlande.
54
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55
+ Le Grand Schisme d'Orient entre le catholicisme et l’orthodoxie eut des répercussions jusque dans cette région, notamment à travers les guerres incessantes qui éclatèrent entre la Suède catholique et la République de Novgorod, orthodoxe. Les tensions ne s’apaisèrent qu’en 1323 avec la signature du traité de Nöteborg, lequel établit une frontière allant de la pointe est du golfe de Finlande à la pointe nord du golfe de Botnie. Le territoire finlandais passe sous domination suédoise à partir de 1362.
56
+
57
+ En 1397, les trois États de Norvège, Danemark et Suède s’unirent sous un seul monarque dans le cadre de l’Union de Kalmar. Au cours du XVe siècle, les Suédois durent ensuite résister aux tentatives de centraliser l’autorité sous la couronne danoise, parfois jusqu’à prendre les armes. La Suède finit par quitter l’Union en 1521, lorsque Gustave Eriksson Vasa rétablit l’indépendance de la couronne suédoise avant d'accéder au trône deux ans plus tard sous le nom de Gustave Ier.
58
+
59
+ Le règne de Gustave Vasa se caractérisa par l’adoption de la Réforme protestante, une nouvelle consolidation de l’État et une participation accrue des bourgeois aux décisions publiques par la création d’une assemblée à quatre chambres (le Riksdag). Gustave Vasa, roi bâtisseur et pacifique, est souvent considéré comme le père de la nation suédoise.
60
+
61
+ Au cours du XVIIe siècle, la Suède s’affirma progressivement comme une grande puissance européenne, en raison notamment de son engagement dans la Guerre de Trente Ans, à l’initiative du roi Gustave II Adolphe. L’intérieur du royaume connut également de profondes réformes modernisatrices grâce à l’action du comte Axel Oxenstierna.
62
+
63
+ Cette position de force s’écroula au XVIIIe siècle, lorsque la Russie imposa sa domination à l’Europe du Nord à l’issue de la grande guerre du Nord, avant finalement de s’octroyer en 1809 la moitié est du pays et d’en faire le Grand-Duché de Finlande, sous administration russe.
64
+
65
+ Le roi Gustave III, à la suite d'un coup d’État en 1772, mit fin au régime constitutionnel instauré par le Riksdag en 1719 et régna en despote, établissant une monarchie absolue qui prendra fin en 1809, lorsque la Suède devint une monarchie constitutionnelle.
66
+
67
+ Le maréchal français Jean-Baptiste Bernadotte fut élu héritier du trône puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV. Sa dynastie règne toujours sur la Suède. Le reste du XIXe siècle et le début du XXe siècle, jusqu'en 1917 où le parlementarisme sortit définitivement vainqueur, signifièrent un transfert lent du pouvoir du roi vers le Riksdag.
68
+
69
+ L’histoire contemporaine de la Suède est remarquablement pacifique, la dernière guerre connue par le pays ayant été une campagne menée contre la Norvège en 1814, à l’issue de laquelle une union personnelle des deux couronnes fut établie, à domination suédoise. Elle fut dissoute en 1905 lorsque la Norvège déclara son indépendance mais sans entraîner de conflit.
70
+
71
+ La première cérémonie de remise des prix Nobel eut lieu à l’Académie royale suédoise de musique à Stockholm en 1901. Depuis 1902, les prix sont officiellement décernés par le roi de Suède.
72
+
73
+ La Suède parvint à conserver sa neutralité pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, à l’exception notable du soutien logistique et militaire apporté à la Finlande lors de la tentative d’invasion soviétique de 1939-1940. La Suède a joué un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale : tout en collaborant avec l'Allemagne nazie en l'approvisionnant en minerai de fer, elle mit en place une politique active d'accueil des juifs (en particulier danois)[7] et réfugiés européens.
74
+
75
+ À la suite de l'échec de l'instauration d'une union de défense scandinave, le pays persista dans sa politique de neutralité au cours de la guerre froide et n’est jusqu’aujourd’hui membre d’aucun traité d’alliance militaire. Elle adhéra toutefois à l’Union européenne en 1995.
76
+
77
+ La Suède est une monarchie depuis presque un millénaire. Dès le Moyen Âge, les paysans soumis à l'impôt constituaient l'une des quatre chambres des États généraux du royaume : le Ståndsriksdagen (en).
78
+
79
+ Le pouvoir exécutif, jusqu'en 1680, était partagé entre le roi et un Conseil de la noblesse suédoise. Il s'ensuivit une période de monarchie absolue exercée par le roi. En réaction au fiasco de la grande guerre du Nord, le parlementarisme fut réintroduit en 1719, suivi par trois formes différentes de monarchie constitutionnelle en 1772, 1789 et enfin en 1809, lorsque la première constitution suédoise fut signée par le roi, qui s'y engage à garantir plusieurs libertés fondamentales.
80
+
81
+ En 1866, le Ståndsriksdagen fut définitivement dissous et remplacé par un système parlementaire bicaméral, le Riksdag : la Première Chambre était élue au suffrage indirect par des grands électeurs locaux, et la Seconde Chambre était élue au suffrage direct.
82
+
83
+ Le parlementarisme fut renforcé en 1917 lorsque le roi Gustave V, après des décennies d’affrontement politique qui laissaient craindre une révolution, accepta de nommer désormais des ministres devant obtenir la confiance de la majorité du Parlement. La démocratisation du régime fut complétée en 1918 avec l’adoption du suffrage universel. La participation électorale a toujours été élevée en Suède : le taux de 80 % aux élections législatives de 2002 est le plus bas jamais enregistré.
84
+
85
+ La social-démocratie a joué un rôle politique dominant depuis 1917, lorsque la branche réformiste se renforça et que la branche révolutionnaire [Laquelle ?] quitta le parti [réf. souhaitée]. L’influence du courant social-démocrate sur la société suédoise est souvent décrite comme hégémonique. La coalition des centristes et des sociaux-démocrates assura un gouvernement stable de 1932 à 1956. Par la suite, la vie politique a été totalement dominée par les seuls sociaux-démocrates, souvent soutenus par les marxistes du Vänsterpartiet et les Verts du Miljöpartiet.
86
+
87
+ En 1971, le Riksdag devint monocaméral. Selon la constitution, les 349 membres du Riksdag détiennent l’autorité suprême en Suède. L’assemblée peut modifier la constitution à la majorité qualifiée. L’initiative des lois revient concurremment aux ministres et aux parlementaires. Ces derniers sont élus pour quatre ans selon le principe de la représentation proportionnelle.
88
+
89
+ En 1975, une nouvelle constitution mit une fin définitive au pouvoir politique du roi : il n’est plus aujourd’hui que le représentant formel mais symbolique de l’État suédois, et ses obligations consistent essentiellement à présider aux cérémonies officielles.
90
+
91
+ Le gouvernement et le parlement sont en dialogue permanent avec les autres pays nordiques dans le cadre du Conseil nordique.
92
+
93
+ Le système juridique (en), de tradition romano-germanique, se compose des juridictions civiles, pénales et administratives. Une hiérarchie existe entre tribunaux, cours d’appel et cours suprêmes. La loi suédoise est codifiée.
94
+
95
+ Le modèle économique de développement suédois, reposant sur la social-démocratie, après avoir assuré une forte croissance, affronte ses premières difficultés dans les années 1990. C'est l'époque où le pays entreprend de grandes réformes, pour alléger une fiscalité parmi les plus lourdes du monde et rendre plus flexible son marché du travail. [réf. souhaitée]
96
+
97
+ Les années 1990 voient aussi la réforme du système de retraite en Suède. Pour y parvenir, le pays a attendu 1999, après un long processus de dialogue social et la recherche d'un compromis assurant un vote unanime au parlement, et plutôt bien accueilli par le monde des affaires, car jugé politiquement et financièrement plus solide que le système qui avait prévalu pendant des décennies[8]. Les principes essentiels de cette grande réforme ont été fixés dès 1991 par le gouvernement social-démocrate d’Ingvar Carlsson[8]. Après un processus de concertation entre les sociaux-démocrates et une coalition de partis du centre et de la droite menée par Carl Bildt, qui a duré de 1991 à 1994, la réforme a affronté avec succès un premier vote au Parlement en 1994, sur ses principes, puis dans un second temps sur l’intégralité de la législation en 1998. Près de 80 % des députés s’étant prononcés favorablement, cette réforme cimente le consensus national, sur le plan politique.
98
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99
+ Pendant plus de 50 ans, la Suède avait cinq partis politiques qui recevaient régulièrement suffisamment de voix pour obtenir des sièges au Riksdag - les Sociaux-démocrates, les Modérés, le Parti du centre et le Parti du peuple - Les Libéraux - avant que le Parti de l'environnement Les Verts ne devienne le sixième parti à partir des élections de 1988. Lors des élections de 1991, tandis que les Verts perdent leurs sièges, deux nouveaux partis ont obtenu des sièges pour la première fois : les Chrétiens-démocrates et la Nouvelle Démocratie. Les élections de 1994 ont vu le retour des Verts et de la disparition de la Nouvelle Démocratie. Il a fallu attendre les élections en 2010 pour qu'un huitième parti, les Démocrates de Suède, obtiennent des sièges au Riksdag. Lors des élections européennes, des partis qui ont échoué à passer le seuil au Riksdag ont réussi à obtenir une représentation : la Liste de juin (2004-2009), le Parti pirate (2009-2014) et Initiative féministe (depuis 2014).
100
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+ L'actuel Premier ministre, Stefan Löfven, meneur du Parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP), a été nommé le 19 janvier 2019, après 131 jours sans gouvernement, grâce à la formation d'une coalition. Il dirige un gouvernement composé de 23 ministres, principalement issus d'une coalition de centre gauche, majoritaire au Riksdag depuis septembre 2014.
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+ La Suède se compose de trois grandes régions traditionnelles (Landsdelar en suédois) : le Götaland au sud, le Svealand au centre et le Norrland au nord. Jusqu’en 1809, la quatrième région de Suède était l’Österland, à l’est, aujourd’hui la Finlande.
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+ Jusqu’aux réformes administratives menées par Axel Oxenstierna en 1634, ces trois grandes régions étaient subdivisées en 25 provinces, dites « provinces historiques » (Landskap en suédois). Les provinces n’ont plus aucune fonction administrative aujourd’hui, mais représentent pour les Suédois un important patrimoine historique et culturel auquel ils s’identifient volontiers. Elles servent également de délimitation pour les duchés.
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+ Les comtés (län en suédois) furent institués en 1634 à l’initiative du chancelier Axel Oxenstierna en vue de l’édification d’une administration moderne. Bien que fortement inspirés des provinces préexistantes, les comtés ont des frontières souvent différentes. La Suède est divisée en 21 comtés. Dix-huit d’entre eux sont dirigés, d’une part, par un préfet (Landshövding) représentant l'État à la tête du Länsstyrelse, et d’autre part par une assemblée locale élue (Landstinget) dont la principale fonction est de gérer les services de santé. Deux comtés, Västra Götaland et Skåne, ont accédé au statut de région, et possèdent un organe de gouvernement régional (« regionalt självstyrelseorgan »). Un comté, Gotland, est composé d'une seule commune qui a pris en charge les fonctions occupées ailleurs par le « landsting »[9],[10].
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+ Les comtés sont divisés en communes, ou kommuner, qui représentent l'échelon local du gouvernement en Suède. On dénombre 290 communes (en 2004).
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+ La nouvelle politique étrangère, souvent appelée La Politique de 1812, est mise en place par Jean Baptiste Bernadotte, prince couronné élu. La politique de 1812 contrastait fortement avec la politique étrangère traditionnelle de la Suède, caractérisée par son implication dans de nombreux conflits, notamment avec son ennemi principal, la Russie. En 1812, l'empereur Alexandre, ayant besoin d'alliés contre Napoléon s'entend avec Bernadotte. Lors de la réunion, il est convenu que la Suède acceptera que la Finlande fasse partie de la Russie en échange de l'aide du tsar pour faire pression sur le Danemark afin qu'il lui cède la Norvège.
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113
+ Les troupes suédoises dirigées par Bernadotte participent aux guerres napoléoniennes en 1813 et 1814, combattant contre la France (ils jouent un maigre rôle à la bataille de Leipzig) et le Danemark. La Suède force le Danemark à lui remettre la Norvège par le traité de Kiel (14 janvier 1814). Depuis lors, la Suède n'a pas pris part à aucune guerre armée (à l'exception de missions de maintien de la paix).
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+ Au cours du XXe siècle, la politique étrangère suédoise reste fondée sur les principes de la non-participation aux alliances en temps de paix et sur une politique de neutralité en cas de guerre. Après son adhésion à l'Union européenne en 1995, la Suède révise en partie sa doctrine de politique étrangère qui prend en compte une participation plus active à la coopération européenne.
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+ Favorisée par la paix et la neutralité politique tout au long du XXe siècle, la population suédoise a atteint un niveau de vie enviable reposant sur les deux piliers de la haute-technologie et d’un État-providence puissant. Le pays dispose d’excellentes infrastructures de transport et de communication et d’une main d’œuvre hautement qualifiée. Le bois, l’hydroélectricité et le fer constituent les ressources de base d’une économie orientée vers le commerce extérieur. La Suède est également le premier pays à consommer plus d'énergies renouvelables que d'énergies fossiles[11], grâce à une importante biomasse (bois, principalement).
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+ La proportion de la population employée dans le secteur secondaire (l'industrie) était en 1960 43,9 % puis 29,1 % en 1987 selon les chiffres du BIT.
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121
+ À la suite d'une crise du modèle suédois au cours des années 1990, la politique de rigueur budgétaire adoptée par le gouvernement a conduit à un excédent substantiel en 2001. Ce dernier fut réduit de moitié en 2002, en raison du ralentissement économique mondial. La Banque de Suède se fixe comme objectif la stabilité des prix avec une cible d’inflation à 2 %.
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+ En 2003, l'adoption de l'euro fut rejetée dans un référendum où les opposants à l'euro emportèrent une victoire convaincante[12]. La majorité des partis politiques fut officiellement en faveur de l'adoption.
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+ Le taux de croissance pour 2004 devrait s’élever à 3,5 %, confirmant une santé économique remarquable par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne. Le chômage atteint 6,2 % selon les statistiques officielles en 2008 mais serait plus proche des 15 %[13]. Cependant, cette dernière statistique provient d'une étude qui inclut aussi les personnes pouvant travailler mais ne désirant pas forcément le faire ce qui gonfle les chiffres et va à l'encontre de la définition du chômage. C'est ce qu'on appelle le « chômage technique » ou le chômage structurel qui découle alors, pour un niveau de compétence donné, du refus des travailleurs d'accepter un salaire jugé trop faible (concept de chômage volontaire et de salaire de réserve) et de l'absence d'intérêt pour les firmes de proposer un salaire trop élevé. Alors que « le chômage se définit comme l'état d'une personne sans emploi, apte au travail et désireuse de travailler »[14].
126
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+ Connu pour son généreux système social, la Suède a néanmoins largement diminué son niveau de dépenses publiques entre 1995 et 2015. Alors que celles-ci se situaient à 63 % du PIB entre 1986 à 1995, elles se réduisent à 53,5 % en 2000, pour s'établir à 50,5 % en 2015[15].
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+ La Suède est passée à un système de retraite par points en 1998 en raison de difficultés financières. En conséquences, les carrières hachées ainsi que travail à temps partiel sont pénalisés. Les pensions s’en trouvent ainsi amaigries[16]. Les femmes sont les plus pénalisées, touchant en moyenne 600 euros de moins par mois que les hommes. L’« équilibrage » automatique destiné à assurer la stabilité financière du régime a été enclenché à trois reprises, en 2010, 2011 et 2014. Les retraités suédois ont vu leurs pensions baisser de 3 %, 4,3 % et 2,7 %. Ce système pousse les salariés à travailler plus longtemps. En 2019, 38 % des personnes âgées de 67 ans continuent d'exercer un emploi, contre 18 % en 2000 (juste avant le nouveau régime)[17].
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+ Le taux de pauvreté des retraités s'élève à 14,7 % en 2017[16].
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+ Parmi les entreprises suédoises, on peut citer Ericsson, Electrolux, H&M, Ikea, Spotify, Saab, Scania, Tele2, Tetra Pak et Volvo.
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+ La Suède présente l'un des taux d'emploi dans les administrations publiques (nombre de fonctionnaires par habitants) les plus élevés des pays de l'OCDE, celui-ci s’élevant en 2018 à 138,5 ‰ (88,5 ‰ en France)[18].
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+ Au 28 février 2017, la Suède compte 10 014 873 habitants[19]. La croissance démographique annuelle est de 1,5 %, l'une des plus élevées d'Europe.
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+ La Suède a une des espérances de vie les plus élevées au monde[20], et un des taux de natalité les plus hauts en Europe malgré le fait que, dès 1969, son taux de fécondité passa en dessous du seuil de renouvellement (2,1 enfants par femme). Elle compte environ 17 000 Sames au nord, et 50 000 Suédois de souche finlandaise, à ne pas confondre avec les immigrants finlandais du XXe siècle.
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+ La Suède dispose d’un système de crèches très perfectionné pouvant garantir une place à tout enfant âgé de 2 à 5 ans. L’État-providence, fortement développé, accorde également de longs congés parentaux à la mère et au père d’un enfant, un plafond pour les dépenses de santé, des pensions minimales de retraite et des indemnités maladie.
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+ La nation suédoise fut un pays d’émigration jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (près d'1,5 million de Suédois émigrèrent aux États-Unis vers la 2e moitié du XIXe siècle à cause principalement de la famine), puis une nation d’immigration après la Seconde Guerre mondiale. Près de 12 % des résidents sont nés à l’étranger, et environ un cinquième de la population suédoise est constitué soit d’immigrants, soit d’enfants d’immigrants. Les immigrants les plus nombreux viennent de Finlande, d’ex-Yougoslavie, d’Iran, de Norvège, du Danemark et de Pologne. Cette composition témoigne des fortes migrations entre pays nordiques, de l’immigration de main d’œuvre dans les années 1960, puis du regroupement familial.
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+ Les Finlandais constituent la première grosse vague d’immigration en Suède contemporaine. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 70 000 jeunes Finlandais fuirent leur pays en raison de l’invasion soviétique. 15 000 d’entre eux restèrent en Suède après la guerre, et d’autres y retournèrent à leur âge adulte. Les difficultés d’après-guerre en Finlande poussèrent ensuite un grand nombre de chômeurs finlandais vers la prospère économie suédoise des années 1950 et 1960. Au plus fort du phénomène, 400 000 Finlandais vivaient en Suède, mais à la suite de la première crise pétrolière en 1973 le taux de chômage augmenta alors que la Finlande bénéficiait de ses relations commerciales avec l’URSS. Depuis, le nombre de Finno-Suédois a chuté sous la barre des 200 000.
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+ Les interventions soviétiques en Hongrie en 1956, puis à Prague en 1968, entraînèrent l’arrivée des premiers réfugiés politiques. Les déserteurs américains refusant d’aller se battre au Viêt Nam trouvèrent souvent refuge parmi les Suédois. Du temps du Premier ministre social-démocrate Olof Palme fut mise en place une « politique d'immigration volontariste » notamment pour les réfugiés politiques[21]. Après le coup d’État de 1973 au Chili et l’apparition d’autres dictatures militaires en Amérique du Sud, ceux-ci se mirent à dominer le flux migratoire vers la Suède, y compris en provenance d’Iran, d’Irak et de Palestine. 135 000 réfugiés arrivés au cours des conflits yougoslaves se trouvent toujours dans le pays. Plus récemment, la Suède accueille des milliers de migrants (80 000 en 2014[22]) dont des réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile syrienne. Parmi les raisons de l'attractivité de la Suède sont évoquées « son généreux système social » et « sa réputation de tolérance »[22].
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+
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+ Le pays compte une communauté musulmane de 106 327 personnes officiellement en 2009. D'autres sources donnent le chiffre à environ 450 000 à 500 000, ce qui représente environ 5 % de la population suédoise totale[23].
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+ Les premières remises en cause du modèle immigrationniste suédois surviennent dans les années 2000-2010 avec des émeutes dans les banlieues de Stockholm[21], puis avec différentes affaires de harcèlement sexuel par les jeunes réfugiés[24]. Néanmoins, le pays demeure, en comparaison de ses voisins tel le Danemark, tenant d'une politique très favorable à l'immigration[25].
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+ Entre 2000 et 2016, le nombre de personnes nées à l'étranger a augmenté de 80 % en moyenne[26]. En 2016, il est rentré près de 122 000 étrangers venant d'un pays situé hors d'Europe, alors que seulement 13 000 personnes sont sorties du territoire, donnant un solde migratoire de 109 000 personnes[26]. Alors qu'au début des années 1960, sur les 4 % des personnes nées à l'étranger, presque toutes étaient d'orgine européenne et principalement des pays nordiques, en 2016, la majorité des migrants vient de pays non européens (Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Somalie, Érythrée). En 2017, la population d'origine étrangère sur deux générations, est sans doute la plus importante de l'Union européenne en termes relatifs avec 30,6 % (17 % sur une génération)[26].
156
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+ Le pays se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE en matière de sécurité[28]. En 2013, le gouvernement suédois a fermé quatre établissements pénitentiaires[29]. Cette fermeture est la conséquence de la baisse du nombre de détenus dans le pays : 4 852 prisonniers pour 9 500 000 habitants fin 2012[30], soit un taux d'incarcération de 0,051 %, contre un taux de 0,079% en 2006. Cependant, selon Eurostat[31] et le Conseil national suédois de la criminalité[32], la délinquance et la criminalité ne semblent pas baisser (cette progression en chiffres absolus n'est pas démentie en proportion de la population générale). La politique du gouvernement en faveur de l'insertion et des peines de probation, et le laxisme en matière de stupéfiants semblent expliquer en partie la baisse du nombre de détenus.
158
+
159
+ En 2009, une étude place la Suède en tête des pays d’Europe pour le nombre de viols. Si les chiffres s’expliquent en partie par la définition légèrement différente que la Suède donne du viol, celle-ci n’explique pas l'augmentation de 81 % des déclarations de viol entre 2004 et 2007. À peine 10 % des coupables désignés sont condamnés[33]. Selon le Conseil national de la prévention des crimes suédois (Brå), depuis le début des années 2000, le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles a doublé dans le royaume, passant de 10 419 par an en 2004 à 20 284 en 2016[34]. Pour ce qui concerne uniquement les viols signalés, ceux-ci ont augmenté 34 % au cours de la décennie 2008-2017[35].
160
+
161
+ En 2016, seulement 14 % des crimes et des délits (qui incluent notamment cambriolages, vols simples, harcèlement ou vandalisme) ont été résolus par la police, la moitié d'entre eux n'ayant jamais déclenché une enquête[36].
162
+
163
+ En 2017, plusieurs émeutes ont lieu dans des banlieues de grandes villes à prédominance immigrée pendant lesquelles des voitures sont incendiées et les forces de police sont caillaissées[37],[38]. Ces émeutes sont parfois analysées comme des luttes de pouvoir pour tenir un territoire entre des gangs rivaux comme à Trollhättan où la police est confrontée à des migrants somaliens[39].
164
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+ Le pays n'est pas exempt des menaces posées par le terrorisme islamiste. Le 7 avril 2017, un camion conduit par un terroriste islamiste renverse des passants à Stockholm, faisant un total de cinq morts et 14 blessés. En juin 2017, les services du renseignement intérieur annoncent que le nombre des islamistes radicaux qui était d'environ 200 en 2010 a augmenté à des « milliers » en 2017, le chef des services estimant que la situation était « grave » et présentait pour le pays un « défi historique »[40],[41].
166
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+ Si le taux d'assassinats en Suède demeure relativement bas au plan international, la violence des gangs a explosé dans les années 2010 et les Suédois craignent que la police soit incapable de s'en sortir. Un rapport du Conseil national suédois pour la prévention du crime montre qu'un nombre croissant de Suédois s'inquiètent de la criminalité, la confiance en la police et dans le système judiciaire étant en baisse. En janvier 2018, le Premier ministre Stefan Löfven annonce qu'il n'excluait pas l'utilisation de l'armée pour mettre fin à la violence des gangs dans certains quartiers[42]. Selon le New-York Times, un des problèmes causés par la violence des gangs serait l'afflux d'armes lourdes auquel le système de justice pénale suédois ne serait pas préparé[43].
168
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169
+ La Suède a connu une forte augmentation des explosions ces dernières années, principalement liées à des conflits entre bandes criminelles. Selon la police, l'utilisation d'explosifs dans le pays se situe maintenant à un niveau unique au monde pour un État qui n'est pas en guerre. Quelque 50 explosions ont été signalées au cours des trois premiers mois de 2019, soit une moyenne de plus d'une explosion tous les deux jours et une augmentation par rapport à la même période en 2018, une année qui a vu un nombre record de plus de trois explosions par semaine[44]. Du 1er janvier au 30 novembre 2019, il y a eu 236 explosions contre 162 en 2018[45].
170
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+ Selon la journaliste Paulina Neuding (sv), les fusillades liées aux gangs se sont nettement intensifiées, de plus en plus souvent en plein jour. La Suède a enregistré en 2018 45 fusillades meurtrières dans ce que la police qualifie des « environnements criminels », soit un facteur multiplié par 10 en une génération. Les tirs mortels par habitant en Suède sont considérablement plus élevés que la moyenne européenne. Enfin, l'intimidation systématique de témoins, associée à un code de silence dans les zones d’immigration socio-économiquement faibles du pays, rend difficile l'élucidation de ce type de crime pour le système judiciaire suédois[44]. L'augmentation de la violence liée aux gangs et d'autres types de criminalité a, toujours selon cette journaliste, de profondes répercussions sur la société suédoise. Ainsi, un tiers des jeunes femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu'elles sortent la nuit. Une récente enquête menée dans les trois plus grandes villes du pays a également montré que la sécurité est désormais la principale priorité des Suédois qui cherchent à acheter une maison[44].
172
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+ En octobre 2019, le Danemark annonce qu'il va imposer des contrôles temporaires à la frontière suédoise, après que des Suédois ont été soupçonnés d'être à l'origine de plusieurs attentats graves cette année à Copenhague. Selon Reuters, les crimes violents avec des assaillants utilisant des armes à feu et des explosifs puissants, sont devenus un problème politique majeur en Suède au cours des dernières années. Parmi les incidents les plus médiatisés au cours des derniers mois, une explosion massive a démoli une partie d'un immeuble de la ville de Linköping (sud) en juin, blessant une vingtaine de personnes, tandis qu'une mère a été abattue en plein jour dans une rue de Malmö par delà le pont de Copenhague[46].
174
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+ 93 % des citoyens suédois ont le suédois comme langue maternelle. 4 % environ ont le finnois comme langue maternelle. Le saame ou lapon est parlé par 50 000 à 65 000 locuteurs, surtout au nord du pays. L'anglais est largement compris, surtout chez les jeunes. 86 % des Suédois comprennent l'anglais à des degrés divers. En 2013, 92 % des jeunes entre 15 et 40 ans sont parfaitement anglophones[réf. nécessaire]. L'allemand et plus rarement le français sont parfois enseignés.
176
+
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+ D'autres langues minoritaires sont parlées dans le royaume tel que le romani et le yiddish, mais aussi, du fait de l'immigration récente, le turc, l'arabe, le persan, le kurde et le grec.
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+ L'inter-compréhension est possible entre les locuteurs des langues scandinaves (danois, norvégien et dans une moindre mesure, islandais), mais pas avec le finnois, qui est une langue finno-ougrienne.
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181
+ À la fin de l'âge des Vikings, la Suède se convertit au christianisme. Le missionnaire franc Anschaire de Brême vint deux fois à Birka dans la première moitié du IXe siècle. La religion chrétienne s'est implantée en Suède vers la fin du XIe siècle sur les bords du lac Mälar et dans la région d'Uppsala. Les premières églises furent construites au début du XIIe siècle, notamment à Sigtuna ou Linköping. Le premier archevêque fut intronisé en 1164 à Uppsala.
182
+
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+ La majorité des Suédois sont luthériens. En 2017, 59,3 %[47] des habitants étaient membres de l'Église de Suède, un chiffre en diminution constante.
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+ Le reste de la population est composé de personnes sans religion, de catholiques (1,15 %), orthodoxes (1,2 %), musulmans (5,1 %), juifs (0,2 %), etc.
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+ La Suède a une longue tradition de musique : skillingtryck, Carl Michael Bellman, Monica Zetterlund, danse folklorique, Evert Taube… et c'est un pays avec une culture musicale notamment orientée vers le chant et la chorale. On dit même que la langue suédoise se prête très bien au chant classique, comme l'italien, grâce à ses voyelles. La Suède donne à l'opéra de nombreux chanteurs tels qu'Anne Sofie von Otter. Le pays compte également deux orchestres de renom, l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm et l'Orchestre symphonique de Göteborg.
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+ Concernant la musique de variétés, la Suède a gagné le concours Eurovision de la chanson six fois mais une seule fois en langue suédoise :
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+ La Suède regroupe aussi de nombreux groupes musicaux qui ont eu un succès international, tels qu'Ace of Base en 1993 avec All that she wants, Roxette avec Pearls of Passion en 1986 et les Cardigans plus récemment avec Lovefool. On peut nommer Eagle-Eye Cherry, Neneh Cherry, Stefan Olsdal (du groupe Placebo) et Titiyo, sans oublier le groupe Europe avec son Final Countdown.
192
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+ La Suède est le troisième pays exportateur de musique, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni[48],[49]. En 2004 et pour la première fois, la Suède a exporté plus vers l'Angleterre que l'Angleterre vers elle-même. Cette culture musicale remonte sans doute à la victoire d'ABBA à l'Eurovision et donc à l'émergence de ce groupe, qui a vendu plus de 370 millions d'albums à travers le monde tout au long de sa carrière.
194
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+ La musique électronique et électroacoustique suédoise est connue grâce à l'œuvre de Joakim Sandgren. La musique électronique suédoise est aujourd’hui connue à travers les DJs comme le groupe de la Swedish House Mafia, Avicii, Alesso, Otto Knows par exemple. Le heavy metal, notamment viking metal et death metal mélodique, est également populaire. Des groupes comme In Flames (plus de deux millions d'albums vendus dans le monde), Soilwork, Dark Tranquillity, Opeth, Pain of Salvation, Meshuggah, Arch Enemy, Ghost, Darkane ou encore At the Gates et Sabaton sont connus et ont une très grande influence musicale partout dans le monde. Mais quelques années plus tôt, la Suède était connue pour avoir hébergé l'un des groupes précurseurs du black metal et du viking metal, Bathory (dont le leader Quorthon est mort en 2004). Autre groupe majeur du black suédois, Dissection, premier groupe à fusionner black et death. À noter, au sein du viking metal, la présence de groupes tels que Vintersorg ou bien encore Amon Amarth, bien connus des amateurs du genre. Enfin, la Suède compte aussi un groupe de metal exclusivement féminin (quatre femmes) nommé Crucified Barbara, ayant sorti deux albums. La Suède a aussi abrité quelques groupes de death metal au moment où le style décollait, à la fin des années 1980 et au début des années 1990 : Nihilist (en), Entombed, Dismember, Grave, Unleashed. Ils se distinguaient de la scène death metal américaine par leur son plus « crade », leur approche plus punk et primitive du mouvement et leur technique moindre.
196
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197
+ Le rock reste cependant la musique majeure de Suède avec des groupes comme the Hives, Millencolin, Kent, the Soundtrack of Our Lives, The Sounds, Backyard Babies, Caesars Palace. Une minorité rap est représentée par Timbuktu, et ska par Svenska Akademien.
198
+
199
+ Il existe également un folk rock populaire en Suède : Lars Winnerbäck.
200
+
201
+ D'autre part, le groupe Alcazar est également un nom à connaître, leur musique est un mélange de disco et de musique house reprenant des samples d'anciens groupes tels que Sheila and B. Devotion. Pour le jazz, on compte notamment Niels Landgren et sa formation funky, Niels Landgren Funk Unit (NLFU)[réf. nécessaire].
202
+
203
+ De plus, la Suède organise en période de février-mars son grand concours de chanson le Melodifestivalen, lui permettant de sélectionner l'artiste qui ira la représenter au concours Eurovision de la chanson. Ce concours dure environ un mois où beaucoup d'artistes suédois y présentent une chanson et le public vote pour élire la meilleure. Il a comme particularité de se dérouler à différents endroits un peu partout en Suède, durant la période des demi-finales, puis se termine toujours à Stockholm.
204
+
205
+ Il a révélé de nombreux artistes, comme le groupe ABBA, Carola Häggkvist ou Linda Bengtzing.
206
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207
+ Certains artistes suédois ont préféré la France comme terre d'accueil et y ont rencontré le succès : Fredrika Stahl, Jay-Jay Johanson, Herman Dune ou encore Peter von Poehl. On n'oubliera pas de citer le renouveau de la pop suédoise avec José González, I'm from Barcelona, Loney, Dear, Love Is All, the Knife, Deportees (en) et, dans un registre plus intimiste, Frida Hyvönen. Des artistes tels que les virtuoses de Freak Kitchen ont réussi à s'exporter aux États-Unis pour faire connaître leur musique qui est une alliance de jazz, de metal et de musique indienne. Leur leader est Mattias IA Eklundh. [Information douteuse] [réf. nécessaire]
208
+
209
+ Le grand prix de l'Académie suédoise (« Svenska akademiens stora pris ») est un prix rare pour auteurs suédois et non un prix annuel et international comme le prix Nobel de littérature, qui a été récemment décerné au poète suédois Tomas Tranströmer.
210
+
211
+ Le prix August (« Augustpriset ») est un prix annuel pour auteurs suédois. Le livre qui a gagné le prix 2000, Populärmusik från Vittula, a été adapté en un film en 2004.
212
+
213
+ La série Millenium de Stieg Larsson, dont ont aussi été tirés trois films, a mis en lumière la littérature suédoise policière. Celle-ci, cependant, ne se limite pas à cet auteur. Henning Mankell en est un digne représentant, dont les œuvres se sont exportées dans le monde entier. On peut aussi nommer la romancière Camilla Läckberg qui écrit une saga policière avec son héroïne Erica Falk.
214
+
215
+ Parmi les réalisateurs de cinéma, on peut citer Ingmar Bergman, ainsi que Bo Widerberg ou Lukas Moodysson, avec des films comme Together ou Lilya 4-ever.
216
+
217
+ La Suède possède le plus grand modèle réduit du système solaire au monde : le système solaire suédois s'étend sur toute la Suède le long de la mer Baltique depuis Stockholm où est situé le Soleil jusqu'à Kiruna où se trouve le choc terminal. Le Soleil est représenté à Stockholm par l'Ericsson Globe qui est le plus grand bâtiment sphérique du monde (110 m de diamètre).
218
+
219
+ Le château de Drottningholm (1991).
220
+
221
+ Birka et Hovgården (1993).
222
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+ Forges d'Engelsberg (1993).
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+
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+ Les gravures rupestres de Tanum (1993).
226
+
227
+ Cimetière boisé de Stockholm (1994).
228
+
229
+ La ville hanséatique de Visby (1995).
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231
+ Gammelstad (1996).
232
+
233
+ Région de Laponie (1996).
234
+
235
+ Ville navale de Karlskrona (1998).
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+
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+ Haute Côte (2000).
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+ Falun och Kopparbergslagen (2001).
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+ Södra Ölands kulturlandskap (2001).
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+ Station radio de Grimeton (2004).
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+ Arc géodésique de Struve (2005).
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+ La Suède a pour codes :
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+ Royaume de Suède
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+
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+ Konungariket Sverige Écouter
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+
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+ 59° 21′ N 18° 4′ E
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+ modifier
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9
+ La Suède (en suédois : Sverige [ˈsvæ̌rjɛ]) — en forme longue le royaume de Suède (en suédois : Konungariket Sverige [ˈkôːnɵŋaˌriːkɛt ˈsvæ̌rjɛ] Écouter) — est un pays d'Europe du Nord situé en Scandinavie. Sa capitale est Stockholm et ses habitants sont appelés Suédois. Sa langue officielle et langue majoritaire est le suédois. Le finnois et le sami sont aussi parlés, principalement dans le nord du pays. Les variations régionales sont fréquentes.
10
+
11
+ La Suède a une frontière avec la Norvège à l'ouest-nord-ouest et une autre avec la Finlande au nord-nord-est. Au sud, la Suède est séparée du Danemark par l'Øresund, un détroit du Cattégat dont la section la plus étroite mesure 4 km de large. La partie septentrionale de la Suède est occupée par la Laponie, appelée Sápmi par ses habitants, les Samis, qui furent les premiers habitants du nord de la Scandinavie.
12
+
13
+ Avec un territoire d'une superficie de 449 964 km2, la Suède est le cinquième plus grand pays d'Europe après la Russie, l'Ukraine, la France et l'Espagne. La Suède possède une faible densité de population, sauf dans les zones métropolitaines. Le taux d'urbanisation est de 84 % alors que les villes n'occupent qu'1,3 % du territoire. La sauvegarde de l'environnement et l'enjeu des énergies renouvelables sont généralement la priorité des hommes politiques, ainsi que d'une grande partie de la population. En 2014, le "Global Green Economy Index" classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
14
+
15
+ La Suède est depuis longtemps un grand exportateur de fer, de cuivre et de bois. L'industrialisation, qui a commencé dans les années 1890, a permis à la Suède de se développer, et d'obtenir constamment de nos jours une bonne place dans les classements européens sur l'Indice de développement humain (IDH). La Suède possède de grandes réserves d'eau potable, mais manque de ressources énergétiques fossiles comme le charbon ou le pétrole.
16
+
17
+ La Suède moderne est issue de l'Union de Kalmar, créée en 1397. Le pays fut unifié au XVIe siècle par le roi Gustav Vasa. Au XVIIe siècle, la Suède conquiert de nouveaux territoires et forme un empire colonial. Cependant, la majeure partie de ces territoires devra être abandonnée au XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, la Finlande et d'autres territoires sont perdus. Après sa dernière guerre en 1814, la Suède connaît la paix, adoptant une politique de non-alignement en temps de paix et de neutralité en temps de guerre. La Suède fait partie de l'Union européenne depuis 1995, mais pas de la zone euro.
18
+
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+ Selon l'indice de démocratie du groupe de presse britannique The Economist Group, la Suède est un des pays les plus démocratiques au monde (premier en 2008, troisième en 2017 derrière la Norvège et l'Islande). De plus, le 31 décembre 2010, elle reçoit le prix de l'Excellence 2010 (pays le mieux réputé).
20
+
21
+ La Suède est un pays scandinave qui se situe entre la Norvège et la Finlande.
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+ Le long du golfe de Botnie se trouve la région de « la côte haute » Höga Kusten qui se soulève chaque année de plus de 8 mm. Ce rebond isostatique est dû à l'enfoncement du sol sous le poids d'une couche de glace épaisse de plus de trois kilomètres pendant la dernière période glaciaire. Depuis la fonte des glaces, le sol s'est élevé de 800 m. À 286 m d'altitude, on peut trouver la ligne côtière la plus élevée formée après la dernière glaciation.
24
+
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+ La Suède est bordée par la golfe de Botnie à l'est-nord-est et la mer Baltique au sud-sud-est: ce littoral très allongé contribue à adoucir encore le climat. À l’ouest-nord-ouest, le pays est séparé de la Norvège par les Alpes scandinaves.
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+
27
+ Le pays est très riche en lacs dont certains, comme le Vänern et le Vättern, sont parmi les plus grands d'Europe.
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+
29
+ Gotland et Öland, dans la mer Baltique, sont les deux plus grandes îles de Suède et forment chacune une province historique propre. Les côtes suédoises sont assez entrecoupées avec un très grand nombre de petits golfes (des fjärdar) et de nombreux îlots qui forment souvent des archipels, comme ceux de Stockholm et de Göteborg.
30
+
31
+ La Suède jouit d’un climat relativement tempéré en dépit de sa situation septentrionale, du fait de l’action du Gulf Stream. Dans le sud du pays, les feuillus peuvent se trouver en abondance, contrairement au nord, où les résineux dominent le paysage. Dans la partie du pays se situant au nord du cercle polaire arctique, le soleil ne se couche jamais en été, et l’hiver n’est qu’une nuit sans fin: le soleil ne se lève pas mais il y a assez de lumière pour voir clair quelques heures (varie selon les endroits).
32
+
33
+ En 2014, le Global Green Economy Index classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
34
+
35
+ En 2015, l'organisation Global Footprint Network indique que la Suède est un des 57 pays (sur 181) préservant ses ressources (réserve en biocapacité positive), notamment grâce à sa capacité forestière qui compense largement son empreinte carbone[4].
36
+
37
+ La Suède est frappée en 2018 par des épisodes de canicules et de sécheresses parmi les pires de son histoire. L'été est ainsi le plus chaud jamais observé depuis le début des enregistrements en 1756. En conséquence, les récoltes agricoles ont lourdement chuté et le pays, jusqu'alors exportateur de céréales, va devoir en importer[5].
38
+
39
+ Après la honte de prendre l'avion flygskam, c'est la honte d'acheter köpskam qui est né en Suède avant de parcourir le monde. Ces deux mouvements visant à prendre en compte les conséquences environnementales de ses actes ont également des conséquences économiques : annulation de la Fashion Week, chute du trafic aérien (8%)[6].
40
+
41
+ Le Sud a une vocation agricole très nette, et la surface occupée par la forêt augmente au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord. La densité de population est également supérieure au sud, notamment dans la vallée du lac Mälar, dans la région de l’Øresund et tout le long de la côte ouest, même si le sud-est du pays forme aussi une région à relativement faible densité.
42
+
43
+ Des découvertes archéologiques prouvent que le territoire suédois fut colonisé au cours de l’âge de la pierre, lorsque les terres commencèrent à se débarrasser de la glace accumulée pendant l’ère glaciaire. Les premiers habitants vécurent de chasse, de cueillette, et surtout des ressources que leur offrait la future mer Baltique.
44
+
45
+ Le territoire suédois semble avoir connu une forte densité de population pendant l’âge du bronze, les traces de communautés élargies et prospères ayant été mises en évidence.
46
+
47
+ La toute première mention écrite de l’existence du peuple suédois (Suiones en latin) est faite par Tacite en l’an 98. Ils sont aussi mentionnés par Jordanès au VIe siècle, sous les noms de Suehans ou Suetidi. L'épopée anglo-saxonne Beowulf décrit des batailles entre les Suédois et les Goths de Scandinavie (Geats) durant cette époque, qui se soldèrent par la prédominance des Suédois (Sweonas).
48
+
49
+ Au cours du IXe et du Xe siècle, la culture viking put s’épanouir dans toute la Scandinavie grâce au commerce, aux pillages et aux mouvements de colonisation vers l’est (pays baltes, Russie et mer Noire).
50
+
51
+ Le mouvement de christianisation, au XIIe siècle, se traduisit notamment par la création de l’archevêché d’Uppsala en 1164. Il facilita la consolidation d’un État suédois centré sur les bords de la mer Baltique : en 1250, la dynastie des Folkung accède au pouvoir et établit sa capitale à Stockholm.
52
+
53
+ Néanmoins, tout comme dans les nouveaux États de Norvège et du Danemark, une grave crise survint au XIVe siècle, aggravée par la Peste noire. Malgré ces difficultés, les Suédois continuèrent leur expansion au nord de la péninsule scandinave, vers l’actuelle Finlande.
54
+
55
+ Le Grand Schisme d'Orient entre le catholicisme et l’orthodoxie eut des répercussions jusque dans cette région, notamment à travers les guerres incessantes qui éclatèrent entre la Suède catholique et la République de Novgorod, orthodoxe. Les tensions ne s’apaisèrent qu’en 1323 avec la signature du traité de Nöteborg, lequel établit une frontière allant de la pointe est du golfe de Finlande à la pointe nord du golfe de Botnie. Le territoire finlandais passe sous domination suédoise à partir de 1362.
56
+
57
+ En 1397, les trois États de Norvège, Danemark et Suède s’unirent sous un seul monarque dans le cadre de l’Union de Kalmar. Au cours du XVe siècle, les Suédois durent ensuite résister aux tentatives de centraliser l’autorité sous la couronne danoise, parfois jusqu’à prendre les armes. La Suède finit par quitter l’Union en 1521, lorsque Gustave Eriksson Vasa rétablit l’indépendance de la couronne suédoise avant d'accéder au trône deux ans plus tard sous le nom de Gustave Ier.
58
+
59
+ Le règne de Gustave Vasa se caractérisa par l’adoption de la Réforme protestante, une nouvelle consolidation de l’État et une participation accrue des bourgeois aux décisions publiques par la création d’une assemblée à quatre chambres (le Riksdag). Gustave Vasa, roi bâtisseur et pacifique, est souvent considéré comme le père de la nation suédoise.
60
+
61
+ Au cours du XVIIe siècle, la Suède s’affirma progressivement comme une grande puissance européenne, en raison notamment de son engagement dans la Guerre de Trente Ans, à l’initiative du roi Gustave II Adolphe. L’intérieur du royaume connut également de profondes réformes modernisatrices grâce à l’action du comte Axel Oxenstierna.
62
+
63
+ Cette position de force s’écroula au XVIIIe siècle, lorsque la Russie imposa sa domination à l’Europe du Nord à l’issue de la grande guerre du Nord, avant finalement de s’octroyer en 1809 la moitié est du pays et d’en faire le Grand-Duché de Finlande, sous administration russe.
64
+
65
+ Le roi Gustave III, à la suite d'un coup d’État en 1772, mit fin au régime constitutionnel instauré par le Riksdag en 1719 et régna en despote, établissant une monarchie absolue qui prendra fin en 1809, lorsque la Suède devint une monarchie constitutionnelle.
66
+
67
+ Le maréchal français Jean-Baptiste Bernadotte fut élu héritier du trône puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV. Sa dynastie règne toujours sur la Suède. Le reste du XIXe siècle et le début du XXe siècle, jusqu'en 1917 où le parlementarisme sortit définitivement vainqueur, signifièrent un transfert lent du pouvoir du roi vers le Riksdag.
68
+
69
+ L’histoire contemporaine de la Suède est remarquablement pacifique, la dernière guerre connue par le pays ayant été une campagne menée contre la Norvège en 1814, à l’issue de laquelle une union personnelle des deux couronnes fut établie, à domination suédoise. Elle fut dissoute en 1905 lorsque la Norvège déclara son indépendance mais sans entraîner de conflit.
70
+
71
+ La première cérémonie de remise des prix Nobel eut lieu à l’Académie royale suédoise de musique à Stockholm en 1901. Depuis 1902, les prix sont officiellement décernés par le roi de Suède.
72
+
73
+ La Suède parvint à conserver sa neutralité pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, à l’exception notable du soutien logistique et militaire apporté à la Finlande lors de la tentative d’invasion soviétique de 1939-1940. La Suède a joué un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale : tout en collaborant avec l'Allemagne nazie en l'approvisionnant en minerai de fer, elle mit en place une politique active d'accueil des juifs (en particulier danois)[7] et réfugiés européens.
74
+
75
+ À la suite de l'échec de l'instauration d'une union de défense scandinave, le pays persista dans sa politique de neutralité au cours de la guerre froide et n’est jusqu’aujourd’hui membre d’aucun traité d’alliance militaire. Elle adhéra toutefois à l’Union européenne en 1995.
76
+
77
+ La Suède est une monarchie depuis presque un millénaire. Dès le Moyen Âge, les paysans soumis à l'impôt constituaient l'une des quatre chambres des États généraux du royaume : le Ståndsriksdagen (en).
78
+
79
+ Le pouvoir exécutif, jusqu'en 1680, était partagé entre le roi et un Conseil de la noblesse suédoise. Il s'ensuivit une période de monarchie absolue exercée par le roi. En réaction au fiasco de la grande guerre du Nord, le parlementarisme fut réintroduit en 1719, suivi par trois formes différentes de monarchie constitutionnelle en 1772, 1789 et enfin en 1809, lorsque la première constitution suédoise fut signée par le roi, qui s'y engage à garantir plusieurs libertés fondamentales.
80
+
81
+ En 1866, le Ståndsriksdagen fut définitivement dissous et remplacé par un système parlementaire bicaméral, le Riksdag : la Première Chambre était élue au suffrage indirect par des grands électeurs locaux, et la Seconde Chambre était élue au suffrage direct.
82
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83
+ Le parlementarisme fut renforcé en 1917 lorsque le roi Gustave V, après des décennies d’affrontement politique qui laissaient craindre une révolution, accepta de nommer désormais des ministres devant obtenir la confiance de la majorité du Parlement. La démocratisation du régime fut complétée en 1918 avec l’adoption du suffrage universel. La participation électorale a toujours été élevée en Suède : le taux de 80 % aux élections législatives de 2002 est le plus bas jamais enregistré.
84
+
85
+ La social-démocratie a joué un rôle politique dominant depuis 1917, lorsque la branche réformiste se renforça et que la branche révolutionnaire [Laquelle ?] quitta le parti [réf. souhaitée]. L’influence du courant social-démocrate sur la société suédoise est souvent décrite comme hégémonique. La coalition des centristes et des sociaux-démocrates assura un gouvernement stable de 1932 à 1956. Par la suite, la vie politique a été totalement dominée par les seuls sociaux-démocrates, souvent soutenus par les marxistes du Vänsterpartiet et les Verts du Miljöpartiet.
86
+
87
+ En 1971, le Riksdag devint monocaméral. Selon la constitution, les 349 membres du Riksdag détiennent l’autorité suprême en Suède. L’assemblée peut modifier la constitution à la majorité qualifiée. L’initiative des lois revient concurremment aux ministres et aux parlementaires. Ces derniers sont élus pour quatre ans selon le principe de la représentation proportionnelle.
88
+
89
+ En 1975, une nouvelle constitution mit une fin définitive au pouvoir politique du roi : il n’est plus aujourd’hui que le représentant formel mais symbolique de l’État suédois, et ses obligations consistent essentiellement à présider aux cérémonies officielles.
90
+
91
+ Le gouvernement et le parlement sont en dialogue permanent avec les autres pays nordiques dans le cadre du Conseil nordique.
92
+
93
+ Le système juridique (en), de tradition romano-germanique, se compose des juridictions civiles, pénales et administratives. Une hiérarchie existe entre tribunaux, cours d’appel et cours suprêmes. La loi suédoise est codifiée.
94
+
95
+ Le modèle économique de développement suédois, reposant sur la social-démocratie, après avoir assuré une forte croissance, affronte ses premières difficultés dans les années 1990. C'est l'époque où le pays entreprend de grandes réformes, pour alléger une fiscalité parmi les plus lourdes du monde et rendre plus flexible son marché du travail. [réf. souhaitée]
96
+
97
+ Les années 1990 voient aussi la réforme du système de retraite en Suède. Pour y parvenir, le pays a attendu 1999, après un long processus de dialogue social et la recherche d'un compromis assurant un vote unanime au parlement, et plutôt bien accueilli par le monde des affaires, car jugé politiquement et financièrement plus solide que le système qui avait prévalu pendant des décennies[8]. Les principes essentiels de cette grande réforme ont été fixés dès 1991 par le gouvernement social-démocrate d’Ingvar Carlsson[8]. Après un processus de concertation entre les sociaux-démocrates et une coalition de partis du centre et de la droite menée par Carl Bildt, qui a duré de 1991 à 1994, la réforme a affronté avec succès un premier vote au Parlement en 1994, sur ses principes, puis dans un second temps sur l’intégralité de la législation en 1998. Près de 80 % des députés s’étant prononcés favorablement, cette réforme cimente le consensus national, sur le plan politique.
98
+
99
+ Pendant plus de 50 ans, la Suède avait cinq partis politiques qui recevaient régulièrement suffisamment de voix pour obtenir des sièges au Riksdag - les Sociaux-démocrates, les Modérés, le Parti du centre et le Parti du peuple - Les Libéraux - avant que le Parti de l'environnement Les Verts ne devienne le sixième parti à partir des élections de 1988. Lors des élections de 1991, tandis que les Verts perdent leurs sièges, deux nouveaux partis ont obtenu des sièges pour la première fois : les Chrétiens-démocrates et la Nouvelle Démocratie. Les élections de 1994 ont vu le retour des Verts et de la disparition de la Nouvelle Démocratie. Il a fallu attendre les élections en 2010 pour qu'un huitième parti, les Démocrates de Suède, obtiennent des sièges au Riksdag. Lors des élections européennes, des partis qui ont échoué à passer le seuil au Riksdag ont réussi à obtenir une représentation : la Liste de juin (2004-2009), le Parti pirate (2009-2014) et Initiative féministe (depuis 2014).
100
+
101
+ L'actuel Premier ministre, Stefan Löfven, meneur du Parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP), a été nommé le 19 janvier 2019, après 131 jours sans gouvernement, grâce à la formation d'une coalition. Il dirige un gouvernement composé de 23 ministres, principalement issus d'une coalition de centre gauche, majoritaire au Riksdag depuis septembre 2014.
102
+
103
+ La Suède se compose de trois grandes régions traditionnelles (Landsdelar en suédois) : le Götaland au sud, le Svealand au centre et le Norrland au nord. Jusqu’en 1809, la quatrième région de Suède était l’Österland, à l’est, aujourd’hui la Finlande.
104
+
105
+ Jusqu’aux réformes administratives menées par Axel Oxenstierna en 1634, ces trois grandes régions étaient subdivisées en 25 provinces, dites « provinces historiques » (Landskap en suédois). Les provinces n’ont plus aucune fonction administrative aujourd’hui, mais représentent pour les Suédois un important patrimoine historique et culturel auquel ils s’identifient volontiers. Elles servent également de délimitation pour les duchés.
106
+
107
+ Les comtés (län en suédois) furent institués en 1634 à l’initiative du chancelier Axel Oxenstierna en vue de l’édification d’une administration moderne. Bien que fortement inspirés des provinces préexistantes, les comtés ont des frontières souvent différentes. La Suède est divisée en 21 comtés. Dix-huit d’entre eux sont dirigés, d’une part, par un préfet (Landshövding) représentant l'État à la tête du Länsstyrelse, et d’autre part par une assemblée locale élue (Landstinget) dont la principale fonction est de gérer les services de santé. Deux comtés, Västra Götaland et Skåne, ont accédé au statut de région, et possèdent un organe de gouvernement régional (« regionalt självstyrelseorgan »). Un comté, Gotland, est composé d'une seule commune qui a pris en charge les fonctions occupées ailleurs par le « landsting »[9],[10].
108
+
109
+ Les comtés sont divisés en communes, ou kommuner, qui représentent l'échelon local du gouvernement en Suède. On dénombre 290 communes (en 2004).
110
+
111
+ La nouvelle politique étrangère, souvent appelée La Politique de 1812, est mise en place par Jean Baptiste Bernadotte, prince couronné élu. La politique de 1812 contrastait fortement avec la politique étrangère traditionnelle de la Suède, caractérisée par son implication dans de nombreux conflits, notamment avec son ennemi principal, la Russie. En 1812, l'empereur Alexandre, ayant besoin d'alliés contre Napoléon s'entend avec Bernadotte. Lors de la réunion, il est convenu que la Suède acceptera que la Finlande fasse partie de la Russie en échange de l'aide du tsar pour faire pression sur le Danemark afin qu'il lui cède la Norvège.
112
+
113
+ Les troupes suédoises dirigées par Bernadotte participent aux guerres napoléoniennes en 1813 et 1814, combattant contre la France (ils jouent un maigre rôle à la bataille de Leipzig) et le Danemark. La Suède force le Danemark à lui remettre la Norvège par le traité de Kiel (14 janvier 1814). Depuis lors, la Suède n'a pas pris part à aucune guerre armée (à l'exception de missions de maintien de la paix).
114
+
115
+ Au cours du XXe siècle, la politique étrangère suédoise reste fondée sur les principes de la non-participation aux alliances en temps de paix et sur une politique de neutralité en cas de guerre. Après son adhésion à l'Union européenne en 1995, la Suède révise en partie sa doctrine de politique étrangère qui prend en compte une participation plus active à la coopération européenne.
116
+
117
+ Favorisée par la paix et la neutralité politique tout au long du XXe siècle, la population suédoise a atteint un niveau de vie enviable reposant sur les deux piliers de la haute-technologie et d’un État-providence puissant. Le pays dispose d’excellentes infrastructures de transport et de communication et d’une main d’œuvre hautement qualifiée. Le bois, l’hydroélectricité et le fer constituent les ressources de base d’une économie orientée vers le commerce extérieur. La Suède est également le premier pays à consommer plus d'énergies renouvelables que d'énergies fossiles[11], grâce à une importante biomasse (bois, principalement).
118
+
119
+ La proportion de la population employée dans le secteur secondaire (l'industrie) était en 1960 43,9 % puis 29,1 % en 1987 selon les chiffres du BIT.
120
+
121
+ À la suite d'une crise du modèle suédois au cours des années 1990, la politique de rigueur budgétaire adoptée par le gouvernement a conduit à un excédent substantiel en 2001. Ce dernier fut réduit de moitié en 2002, en raison du ralentissement économique mondial. La Banque de Suède se fixe comme objectif la stabilité des prix avec une cible d’inflation à 2 %.
122
+
123
+ En 2003, l'adoption de l'euro fut rejetée dans un référendum où les opposants à l'euro emportèrent une victoire convaincante[12]. La majorité des partis politiques fut officiellement en faveur de l'adoption.
124
+
125
+ Le taux de croissance pour 2004 devrait s’élever à 3,5 %, confirmant une santé économique remarquable par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne. Le chômage atteint 6,2 % selon les statistiques officielles en 2008 mais serait plus proche des 15 %[13]. Cependant, cette dernière statistique provient d'une étude qui inclut aussi les personnes pouvant travailler mais ne désirant pas forcément le faire ce qui gonfle les chiffres et va à l'encontre de la définition du chômage. C'est ce qu'on appelle le « chômage technique » ou le chômage structurel qui découle alors, pour un niveau de compétence donné, du refus des travailleurs d'accepter un salaire jugé trop faible (concept de chômage volontaire et de salaire de réserve) et de l'absence d'intérêt pour les firmes de proposer un salaire trop élevé. Alors que « le chômage se définit comme l'état d'une personne sans emploi, apte au travail et désireuse de travailler »[14].
126
+
127
+ Connu pour son généreux système social, la Suède a néanmoins largement diminué son niveau de dépenses publiques entre 1995 et 2015. Alors que celles-ci se situaient à 63 % du PIB entre 1986 à 1995, elles se réduisent à 53,5 % en 2000, pour s'établir à 50,5 % en 2015[15].
128
+
129
+ La Suède est passée à un système de retraite par points en 1998 en raison de difficultés financières. En conséquences, les carrières hachées ainsi que travail à temps partiel sont pénalisés. Les pensions s’en trouvent ainsi amaigries[16]. Les femmes sont les plus pénalisées, touchant en moyenne 600 euros de moins par mois que les hommes. L’« équilibrage » automatique destiné à assurer la stabilité financière du régime a été enclenché à trois reprises, en 2010, 2011 et 2014. Les retraités suédois ont vu leurs pensions baisser de 3 %, 4,3 % et 2,7 %. Ce système pousse les salariés à travailler plus longtemps. En 2019, 38 % des personnes âgées de 67 ans continuent d'exercer un emploi, contre 18 % en 2000 (juste avant le nouveau régime)[17].
130
+
131
+ Le taux de pauvreté des retraités s'élève à 14,7 % en 2017[16].
132
+
133
+ Parmi les entreprises suédoises, on peut citer Ericsson, Electrolux, H&M, Ikea, Spotify, Saab, Scania, Tele2, Tetra Pak et Volvo.
134
+
135
+ La Suède présente l'un des taux d'emploi dans les administrations publiques (nombre de fonctionnaires par habitants) les plus élevés des pays de l'OCDE, celui-ci s’élevant en 2018 à 138,5 ‰ (88,5 ‰ en France)[18].
136
+
137
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138
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139
+ Au 28 février 2017, la Suède compte 10 014 873 habitants[19]. La croissance démographique annuelle est de 1,5 %, l'une des plus élevées d'Europe.
140
+
141
+ La Suède a une des espérances de vie les plus élevées au monde[20], et un des taux de natalité les plus hauts en Europe malgré le fait que, dès 1969, son taux de fécondité passa en dessous du seuil de renouvellement (2,1 enfants par femme). Elle compte environ 17 000 Sames au nord, et 50 000 Suédois de souche finlandaise, à ne pas confondre avec les immigrants finlandais du XXe siècle.
142
+
143
+ La Suède dispose d’un système de crèches très perfectionné pouvant garantir une place à tout enfant âgé de 2 à 5 ans. L’État-providence, fortement développé, accorde également de longs congés parentaux à la mère et au père d’un enfant, un plafond pour les dépenses de santé, des pensions minimales de retraite et des indemnités maladie.
144
+
145
+ La nation suédoise fut un pays d’émigration jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (près d'1,5 million de Suédois émigrèrent aux États-Unis vers la 2e moitié du XIXe siècle à cause principalement de la famine), puis une nation d’immigration après la Seconde Guerre mondiale. Près de 12 % des résidents sont nés à l’étranger, et environ un cinquième de la population suédoise est constitué soit d’immigrants, soit d’enfants d’immigrants. Les immigrants les plus nombreux viennent de Finlande, d’ex-Yougoslavie, d’Iran, de Norvège, du Danemark et de Pologne. Cette composition témoigne des fortes migrations entre pays nordiques, de l’immigration de main d’œuvre dans les années 1960, puis du regroupement familial.
146
+
147
+ Les Finlandais constituent la première grosse vague d’immigration en Suède contemporaine. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 70 000 jeunes Finlandais fuirent leur pays en raison de l’invasion soviétique. 15 000 d’entre eux restèrent en Suède après la guerre, et d’autres y retournèrent à leur âge adulte. Les difficultés d’après-guerre en Finlande poussèrent ensuite un grand nombre de chômeurs finlandais vers la prospère économie suédoise des années 1950 et 1960. Au plus fort du phénomène, 400 000 Finlandais vivaient en Suède, mais à la suite de la première crise pétrolière en 1973 le taux de chômage augmenta alors que la Finlande bénéficiait de ses relations commerciales avec l’URSS. Depuis, le nombre de Finno-Suédois a chuté sous la barre des 200 000.
148
+
149
+ Les interventions soviétiques en Hongrie en 1956, puis à Prague en 1968, entraînèrent l’arrivée des premiers réfugiés politiques. Les déserteurs américains refusant d’aller se battre au Viêt Nam trouvèrent souvent refuge parmi les Suédois. Du temps du Premier ministre social-démocrate Olof Palme fut mise en place une « politique d'immigration volontariste » notamment pour les réfugiés politiques[21]. Après le coup d’État de 1973 au Chili et l’apparition d’autres dictatures militaires en Amérique du Sud, ceux-ci se mirent à dominer le flux migratoire vers la Suède, y compris en provenance d’Iran, d’Irak et de Palestine. 135 000 réfugiés arrivés au cours des conflits yougoslaves se trouvent toujours dans le pays. Plus récemment, la Suède accueille des milliers de migrants (80 000 en 2014[22]) dont des réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile syrienne. Parmi les raisons de l'attractivité de la Suède sont évoquées « son généreux système social » et « sa réputation de tolérance »[22].
150
+
151
+ Le pays compte une communauté musulmane de 106 327 personnes officiellement en 2009. D'autres sources donnent le chiffre à environ 450 000 à 500 000, ce qui représente environ 5 % de la population suédoise totale[23].
152
+
153
+ Les premières remises en cause du modèle immigrationniste suédois surviennent dans les années 2000-2010 avec des émeutes dans les banlieues de Stockholm[21], puis avec différentes affaires de harcèlement sexuel par les jeunes réfugiés[24]. Néanmoins, le pays demeure, en comparaison de ses voisins tel le Danemark, tenant d'une politique très favorable à l'immigration[25].
154
+
155
+ Entre 2000 et 2016, le nombre de personnes nées à l'étranger a augmenté de 80 % en moyenne[26]. En 2016, il est rentré près de 122 000 étrangers venant d'un pays situé hors d'Europe, alors que seulement 13 000 personnes sont sorties du territoire, donnant un solde migratoire de 109 000 personnes[26]. Alors qu'au début des années 1960, sur les 4 % des personnes nées à l'étranger, presque toutes étaient d'orgine européenne et principalement des pays nordiques, en 2016, la majorité des migrants vient de pays non européens (Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Somalie, Érythrée). En 2017, la population d'origine étrangère sur deux générations, est sans doute la plus importante de l'Union européenne en termes relatifs avec 30,6 % (17 % sur une génération)[26].
156
+
157
+ Le pays se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE en matière de sécurité[28]. En 2013, le gouvernement suédois a fermé quatre établissements pénitentiaires[29]. Cette fermeture est la conséquence de la baisse du nombre de détenus dans le pays : 4 852 prisonniers pour 9 500 000 habitants fin 2012[30], soit un taux d'incarcération de 0,051 %, contre un taux de 0,079% en 2006. Cependant, selon Eurostat[31] et le Conseil national suédois de la criminalité[32], la délinquance et la criminalité ne semblent pas baisser (cette progression en chiffres absolus n'est pas démentie en proportion de la population générale). La politique du gouvernement en faveur de l'insertion et des peines de probation, et le laxisme en matière de stupéfiants semblent expliquer en partie la baisse du nombre de détenus.
158
+
159
+ En 2009, une étude place la Suède en tête des pays d’Europe pour le nombre de viols. Si les chiffres s’expliquent en partie par la définition légèrement différente que la Suède donne du viol, celle-ci n’explique pas l'augmentation de 81 % des déclarations de viol entre 2004 et 2007. À peine 10 % des coupables désignés sont condamnés[33]. Selon le Conseil national de la prévention des crimes suédois (Brå), depuis le début des années 2000, le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles a doublé dans le royaume, passant de 10 419 par an en 2004 à 20 284 en 2016[34]. Pour ce qui concerne uniquement les viols signalés, ceux-ci ont augmenté 34 % au cours de la décennie 2008-2017[35].
160
+
161
+ En 2016, seulement 14 % des crimes et des délits (qui incluent notamment cambriolages, vols simples, harcèlement ou vandalisme) ont été résolus par la police, la moitié d'entre eux n'ayant jamais déclenché une enquête[36].
162
+
163
+ En 2017, plusieurs émeutes ont lieu dans des banlieues de grandes villes à prédominance immigrée pendant lesquelles des voitures sont incendiées et les forces de police sont caillaissées[37],[38]. Ces émeutes sont parfois analysées comme des luttes de pouvoir pour tenir un territoire entre des gangs rivaux comme à Trollhättan où la police est confrontée à des migrants somaliens[39].
164
+
165
+ Le pays n'est pas exempt des menaces posées par le terrorisme islamiste. Le 7 avril 2017, un camion conduit par un terroriste islamiste renverse des passants à Stockholm, faisant un total de cinq morts et 14 blessés. En juin 2017, les services du renseignement intérieur annoncent que le nombre des islamistes radicaux qui était d'environ 200 en 2010 a augmenté à des « milliers » en 2017, le chef des services estimant que la situation était « grave » et présentait pour le pays un « défi historique »[40],[41].
166
+
167
+ Si le taux d'assassinats en Suède demeure relativement bas au plan international, la violence des gangs a explosé dans les années 2010 et les Suédois craignent que la police soit incapable de s'en sortir. Un rapport du Conseil national suédois pour la prévention du crime montre qu'un nombre croissant de Suédois s'inquiètent de la criminalité, la confiance en la police et dans le système judiciaire étant en baisse. En janvier 2018, le Premier ministre Stefan Löfven annonce qu'il n'excluait pas l'utilisation de l'armée pour mettre fin à la violence des gangs dans certains quartiers[42]. Selon le New-York Times, un des problèmes causés par la violence des gangs serait l'afflux d'armes lourdes auquel le système de justice pénale suédois ne serait pas préparé[43].
168
+
169
+ La Suède a connu une forte augmentation des explosions ces dernières années, principalement liées à des conflits entre bandes criminelles. Selon la police, l'utilisation d'explosifs dans le pays se situe maintenant à un niveau unique au monde pour un État qui n'est pas en guerre. Quelque 50 explosions ont été signalées au cours des trois premiers mois de 2019, soit une moyenne de plus d'une explosion tous les deux jours et une augmentation par rapport à la même période en 2018, une année qui a vu un nombre record de plus de trois explosions par semaine[44]. Du 1er janvier au 30 novembre 2019, il y a eu 236 explosions contre 162 en 2018[45].
170
+
171
+ Selon la journaliste Paulina Neuding (sv), les fusillades liées aux gangs se sont nettement intensifiées, de plus en plus souvent en plein jour. La Suède a enregistré en 2018 45 fusillades meurtrières dans ce que la police qualifie des « environnements criminels », soit un facteur multiplié par 10 en une génération. Les tirs mortels par habitant en Suède sont considérablement plus élevés que la moyenne européenne. Enfin, l'intimidation systématique de témoins, associée à un code de silence dans les zones d’immigration socio-économiquement faibles du pays, rend difficile l'élucidation de ce type de crime pour le système judiciaire suédois[44]. L'augmentation de la violence liée aux gangs et d'autres types de criminalité a, toujours selon cette journaliste, de profondes répercussions sur la société suédoise. Ainsi, un tiers des jeunes femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu'elles sortent la nuit. Une récente enquête menée dans les trois plus grandes villes du pays a également montré que la sécurité est désormais la principale priorité des Suédois qui cherchent à acheter une maison[44].
172
+
173
+ En octobre 2019, le Danemark annonce qu'il va imposer des contrôles temporaires à la frontière suédoise, après que des Suédois ont été soupçonnés d'être à l'origine de plusieurs attentats graves cette année à Copenhague. Selon Reuters, les crimes violents avec des assaillants utilisant des armes à feu et des explosifs puissants, sont devenus un problème politique majeur en Suède au cours des dernières années. Parmi les incidents les plus médiatisés au cours des derniers mois, une explosion massive a démoli une partie d'un immeuble de la ville de Linköping (sud) en juin, blessant une vingtaine de personnes, tandis qu'une mère a été abattue en plein jour dans une rue de Malmö par delà le pont de Copenhague[46].
174
+
175
+ 93 % des citoyens suédois ont le suédois comme langue maternelle. 4 % environ ont le finnois comme langue maternelle. Le saame ou lapon est parlé par 50 000 à 65 000 locuteurs, surtout au nord du pays. L'anglais est largement compris, surtout chez les jeunes. 86 % des Suédois comprennent l'anglais à des degrés divers. En 2013, 92 % des jeunes entre 15 et 40 ans sont parfaitement anglophones[réf. nécessaire]. L'allemand et plus rarement le français sont parfois enseignés.
176
+
177
+ D'autres langues minoritaires sont parlées dans le royaume tel que le romani et le yiddish, mais aussi, du fait de l'immigration récente, le turc, l'arabe, le persan, le kurde et le grec.
178
+
179
+ L'inter-compréhension est possible entre les locuteurs des langues scandinaves (danois, norvégien et dans une moindre mesure, islandais), mais pas avec le finnois, qui est une langue finno-ougrienne.
180
+
181
+ À la fin de l'âge des Vikings, la Suède se convertit au christianisme. Le missionnaire franc Anschaire de Brême vint deux fois à Birka dans la première moitié du IXe siècle. La religion chrétienne s'est implantée en Suède vers la fin du XIe siècle sur les bords du lac Mälar et dans la région d'Uppsala. Les premières églises furent construites au début du XIIe siècle, notamment à Sigtuna ou Linköping. Le premier archevêque fut intronisé en 1164 à Uppsala.
182
+
183
+ La majorité des Suédois sont luthériens. En 2017, 59,3 %[47] des habitants étaient membres de l'Église de Suède, un chiffre en diminution constante.
184
+
185
+ Le reste de la population est composé de personnes sans religion, de catholiques (1,15 %), orthodoxes (1,2 %), musulmans (5,1 %), juifs (0,2 %), etc.
186
+
187
+ La Suède a une longue tradition de musique : skillingtryck, Carl Michael Bellman, Monica Zetterlund, danse folklorique, Evert Taube… et c'est un pays avec une culture musicale notamment orientée vers le chant et la chorale. On dit même que la langue suédoise se prête très bien au chant classique, comme l'italien, grâce à ses voyelles. La Suède donne à l'opéra de nombreux chanteurs tels qu'Anne Sofie von Otter. Le pays compte également deux orchestres de renom, l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm et l'Orchestre symphonique de Göteborg.
188
+
189
+ Concernant la musique de variétés, la Suède a gagné le concours Eurovision de la chanson six fois mais une seule fois en langue suédoise :
190
+
191
+ La Suède regroupe aussi de nombreux groupes musicaux qui ont eu un succès international, tels qu'Ace of Base en 1993 avec All that she wants, Roxette avec Pearls of Passion en 1986 et les Cardigans plus récemment avec Lovefool. On peut nommer Eagle-Eye Cherry, Neneh Cherry, Stefan Olsdal (du groupe Placebo) et Titiyo, sans oublier le groupe Europe avec son Final Countdown.
192
+
193
+ La Suède est le troisième pays exportateur de musique, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni[48],[49]. En 2004 et pour la première fois, la Suède a exporté plus vers l'Angleterre que l'Angleterre vers elle-même. Cette culture musicale remonte sans doute à la victoire d'ABBA à l'Eurovision et donc à l'émergence de ce groupe, qui a vendu plus de 370 millions d'albums à travers le monde tout au long de sa carrière.
194
+
195
+ La musique électronique et électroacoustique suédoise est connue grâce à l'œuvre de Joakim Sandgren. La musique électronique suédoise est aujourd’hui connue à travers les DJs comme le groupe de la Swedish House Mafia, Avicii, Alesso, Otto Knows par exemple. Le heavy metal, notamment viking metal et death metal mélodique, est également populaire. Des groupes comme In Flames (plus de deux millions d'albums vendus dans le monde), Soilwork, Dark Tranquillity, Opeth, Pain of Salvation, Meshuggah, Arch Enemy, Ghost, Darkane ou encore At the Gates et Sabaton sont connus et ont une très grande influence musicale partout dans le monde. Mais quelques années plus tôt, la Suède était connue pour avoir hébergé l'un des groupes précurseurs du black metal et du viking metal, Bathory (dont le leader Quorthon est mort en 2004). Autre groupe majeur du black suédois, Dissection, premier groupe à fusionner black et death. À noter, au sein du viking metal, la présence de groupes tels que Vintersorg ou bien encore Amon Amarth, bien connus des amateurs du genre. Enfin, la Suède compte aussi un groupe de metal exclusivement féminin (quatre femmes) nommé Crucified Barbara, ayant sorti deux albums. La Suède a aussi abrité quelques groupes de death metal au moment où le style décollait, à la fin des années 1980 et au début des années 1990 : Nihilist (en), Entombed, Dismember, Grave, Unleashed. Ils se distinguaient de la scène death metal américaine par leur son plus « crade », leur approche plus punk et primitive du mouvement et leur technique moindre.
196
+
197
+ Le rock reste cependant la musique majeure de Suède avec des groupes comme the Hives, Millencolin, Kent, the Soundtrack of Our Lives, The Sounds, Backyard Babies, Caesars Palace. Une minorité rap est représentée par Timbuktu, et ska par Svenska Akademien.
198
+
199
+ Il existe également un folk rock populaire en Suède : Lars Winnerbäck.
200
+
201
+ D'autre part, le groupe Alcazar est également un nom à connaître, leur musique est un mélange de disco et de musique house reprenant des samples d'anciens groupes tels que Sheila and B. Devotion. Pour le jazz, on compte notamment Niels Landgren et sa formation funky, Niels Landgren Funk Unit (NLFU)[réf. nécessaire].
202
+
203
+ De plus, la Suède organise en période de février-mars son grand concours de chanson le Melodifestivalen, lui permettant de sélectionner l'artiste qui ira la représenter au concours Eurovision de la chanson. Ce concours dure environ un mois où beaucoup d'artistes suédois y présentent une chanson et le public vote pour élire la meilleure. Il a comme particularité de se dérouler à différents endroits un peu partout en Suède, durant la période des demi-finales, puis se termine toujours à Stockholm.
204
+
205
+ Il a révélé de nombreux artistes, comme le groupe ABBA, Carola Häggkvist ou Linda Bengtzing.
206
+
207
+ Certains artistes suédois ont préféré la France comme terre d'accueil et y ont rencontré le succès : Fredrika Stahl, Jay-Jay Johanson, Herman Dune ou encore Peter von Poehl. On n'oubliera pas de citer le renouveau de la pop suédoise avec José González, I'm from Barcelona, Loney, Dear, Love Is All, the Knife, Deportees (en) et, dans un registre plus intimiste, Frida Hyvönen. Des artistes tels que les virtuoses de Freak Kitchen ont réussi à s'exporter aux États-Unis pour faire connaître leur musique qui est une alliance de jazz, de metal et de musique indienne. Leur leader est Mattias IA Eklundh. [Information douteuse] [réf. nécessaire]
208
+
209
+ Le grand prix de l'Académie suédoise (« Svenska akademiens stora pris ») est un prix rare pour auteurs suédois et non un prix annuel et international comme le prix Nobel de littérature, qui a été récemment décerné au poète suédois Tomas Tranströmer.
210
+
211
+ Le prix August (« Augustpriset ») est un prix annuel pour auteurs suédois. Le livre qui a gagné le prix 2000, Populärmusik från Vittula, a été adapté en un film en 2004.
212
+
213
+ La série Millenium de Stieg Larsson, dont ont aussi été tirés trois films, a mis en lumière la littérature suédoise policière. Celle-ci, cependant, ne se limite pas à cet auteur. Henning Mankell en est un digne représentant, dont les œuvres se sont exportées dans le monde entier. On peut aussi nommer la romancière Camilla Läckberg qui écrit une saga policière avec son héroïne Erica Falk.
214
+
215
+ Parmi les réalisateurs de cinéma, on peut citer Ingmar Bergman, ainsi que Bo Widerberg ou Lukas Moodysson, avec des films comme Together ou Lilya 4-ever.
216
+
217
+ La Suède possède le plus grand modèle réduit du système solaire au monde : le système solaire suédois s'étend sur toute la Suède le long de la mer Baltique depuis Stockholm où est situé le Soleil jusqu'à Kiruna où se trouve le choc terminal. Le Soleil est représenté à Stockholm par l'Ericsson Globe qui est le plus grand bâtiment sphérique du monde (110 m de diamètre).
218
+
219
+ Le château de Drottningholm (1991).
220
+
221
+ Birka et Hovgården (1993).
222
+
223
+ Forges d'Engelsberg (1993).
224
+
225
+ Les gravures rupestres de Tanum (1993).
226
+
227
+ Cimetière boisé de Stockholm (1994).
228
+
229
+ La ville hanséatique de Visby (1995).
230
+
231
+ Gammelstad (1996).
232
+
233
+ Région de Laponie (1996).
234
+
235
+ Ville navale de Karlskrona (1998).
236
+
237
+ Haute Côte (2000).
238
+
239
+ Falun och Kopparbergslagen (2001).
240
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+ Södra Ölands kulturlandskap (2001).
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+ Station radio de Grimeton (2004).
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+ Arc géodésique de Struve (2005).
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+ La Suède a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5538.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,249 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Royaume de Suède
2
+
3
+ Konungariket Sverige Écouter
4
+
5
+ 59° 21′ N 18° 4′ E
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+ La Suède (en suédois : Sverige [ˈsvæ̌rjɛ]) — en forme longue le royaume de Suède (en suédois : Konungariket Sverige [ˈkôːnɵŋaˌriːkɛt ˈsvæ̌rjɛ] Écouter) — est un pays d'Europe du Nord situé en Scandinavie. Sa capitale est Stockholm et ses habitants sont appelés Suédois. Sa langue officielle et langue majoritaire est le suédois. Le finnois et le sami sont aussi parlés, principalement dans le nord du pays. Les variations régionales sont fréquentes.
10
+
11
+ La Suède a une frontière avec la Norvège à l'ouest-nord-ouest et une autre avec la Finlande au nord-nord-est. Au sud, la Suède est séparée du Danemark par l'Øresund, un détroit du Cattégat dont la section la plus étroite mesure 4 km de large. La partie septentrionale de la Suède est occupée par la Laponie, appelée Sápmi par ses habitants, les Samis, qui furent les premiers habitants du nord de la Scandinavie.
12
+
13
+ Avec un territoire d'une superficie de 449 964 km2, la Suède est le cinquième plus grand pays d'Europe après la Russie, l'Ukraine, la France et l'Espagne. La Suède possède une faible densité de population, sauf dans les zones métropolitaines. Le taux d'urbanisation est de 84 % alors que les villes n'occupent qu'1,3 % du territoire. La sauvegarde de l'environnement et l'enjeu des énergies renouvelables sont généralement la priorité des hommes politiques, ainsi que d'une grande partie de la population. En 2014, le "Global Green Economy Index" classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
14
+
15
+ La Suède est depuis longtemps un grand exportateur de fer, de cuivre et de bois. L'industrialisation, qui a commencé dans les années 1890, a permis à la Suède de se développer, et d'obtenir constamment de nos jours une bonne place dans les classements européens sur l'Indice de développement humain (IDH). La Suède possède de grandes réserves d'eau potable, mais manque de ressources énergétiques fossiles comme le charbon ou le pétrole.
16
+
17
+ La Suède moderne est issue de l'Union de Kalmar, créée en 1397. Le pays fut unifié au XVIe siècle par le roi Gustav Vasa. Au XVIIe siècle, la Suède conquiert de nouveaux territoires et forme un empire colonial. Cependant, la majeure partie de ces territoires devra être abandonnée au XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, la Finlande et d'autres territoires sont perdus. Après sa dernière guerre en 1814, la Suède connaît la paix, adoptant une politique de non-alignement en temps de paix et de neutralité en temps de guerre. La Suède fait partie de l'Union européenne depuis 1995, mais pas de la zone euro.
18
+
19
+ Selon l'indice de démocratie du groupe de presse britannique The Economist Group, la Suède est un des pays les plus démocratiques au monde (premier en 2008, troisième en 2017 derrière la Norvège et l'Islande). De plus, le 31 décembre 2010, elle reçoit le prix de l'Excellence 2010 (pays le mieux réputé).
20
+
21
+ La Suède est un pays scandinave qui se situe entre la Norvège et la Finlande.
22
+
23
+ Le long du golfe de Botnie se trouve la région de « la côte haute » Höga Kusten qui se soulève chaque année de plus de 8 mm. Ce rebond isostatique est dû à l'enfoncement du sol sous le poids d'une couche de glace épaisse de plus de trois kilomètres pendant la dernière période glaciaire. Depuis la fonte des glaces, le sol s'est élevé de 800 m. À 286 m d'altitude, on peut trouver la ligne côtière la plus élevée formée après la dernière glaciation.
24
+
25
+ La Suède est bordée par la golfe de Botnie à l'est-nord-est et la mer Baltique au sud-sud-est: ce littoral très allongé contribue à adoucir encore le climat. À l’ouest-nord-ouest, le pays est séparé de la Norvège par les Alpes scandinaves.
26
+
27
+ Le pays est très riche en lacs dont certains, comme le Vänern et le Vättern, sont parmi les plus grands d'Europe.
28
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29
+ Gotland et Öland, dans la mer Baltique, sont les deux plus grandes îles de Suède et forment chacune une province historique propre. Les côtes suédoises sont assez entrecoupées avec un très grand nombre de petits golfes (des fjärdar) et de nombreux îlots qui forment souvent des archipels, comme ceux de Stockholm et de Göteborg.
30
+
31
+ La Suède jouit d’un climat relativement tempéré en dépit de sa situation septentrionale, du fait de l’action du Gulf Stream. Dans le sud du pays, les feuillus peuvent se trouver en abondance, contrairement au nord, où les résineux dominent le paysage. Dans la partie du pays se situant au nord du cercle polaire arctique, le soleil ne se couche jamais en été, et l’hiver n’est qu’une nuit sans fin: le soleil ne se lève pas mais il y a assez de lumière pour voir clair quelques heures (varie selon les endroits).
32
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33
+ En 2014, le Global Green Economy Index classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
34
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35
+ En 2015, l'organisation Global Footprint Network indique que la Suède est un des 57 pays (sur 181) préservant ses ressources (réserve en biocapacité positive), notamment grâce à sa capacité forestière qui compense largement son empreinte carbone[4].
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37
+ La Suède est frappée en 2018 par des épisodes de canicules et de sécheresses parmi les pires de son histoire. L'été est ainsi le plus chaud jamais observé depuis le début des enregistrements en 1756. En conséquence, les récoltes agricoles ont lourdement chuté et le pays, jusqu'alors exportateur de céréales, va devoir en importer[5].
38
+
39
+ Après la honte de prendre l'avion flygskam, c'est la honte d'acheter köpskam qui est né en Suède avant de parcourir le monde. Ces deux mouvements visant à prendre en compte les conséquences environnementales de ses actes ont également des conséquences économiques : annulation de la Fashion Week, chute du trafic aérien (8%)[6].
40
+
41
+ Le Sud a une vocation agricole très nette, et la surface occupée par la forêt augmente au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord. La densité de population est également supérieure au sud, notamment dans la vallée du lac Mälar, dans la région de l’Øresund et tout le long de la côte ouest, même si le sud-est du pays forme aussi une région à relativement faible densité.
42
+
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+ Des découvertes archéologiques prouvent que le territoire suédois fut colonisé au cours de l’âge de la pierre, lorsque les terres commencèrent à se débarrasser de la glace accumulée pendant l’ère glaciaire. Les premiers habitants vécurent de chasse, de cueillette, et surtout des ressources que leur offrait la future mer Baltique.
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+
45
+ Le territoire suédois semble avoir connu une forte densité de population pendant l’âge du bronze, les traces de communautés élargies et prospères ayant été mises en évidence.
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47
+ La toute première mention écrite de l’existence du peuple suédois (Suiones en latin) est faite par Tacite en l’an 98. Ils sont aussi mentionnés par Jordanès au VIe siècle, sous les noms de Suehans ou Suetidi. L'épopée anglo-saxonne Beowulf décrit des batailles entre les Suédois et les Goths de Scandinavie (Geats) durant cette époque, qui se soldèrent par la prédominance des Suédois (Sweonas).
48
+
49
+ Au cours du IXe et du Xe siècle, la culture viking put s’épanouir dans toute la Scandinavie grâce au commerce, aux pillages et aux mouvements de colonisation vers l’est (pays baltes, Russie et mer Noire).
50
+
51
+ Le mouvement de christianisation, au XIIe siècle, se traduisit notamment par la création de l’archevêché d’Uppsala en 1164. Il facilita la consolidation d’un État suédois centré sur les bords de la mer Baltique : en 1250, la dynastie des Folkung accède au pouvoir et établit sa capitale à Stockholm.
52
+
53
+ Néanmoins, tout comme dans les nouveaux États de Norvège et du Danemark, une grave crise survint au XIVe siècle, aggravée par la Peste noire. Malgré ces difficultés, les Suédois continuèrent leur expansion au nord de la péninsule scandinave, vers l’actuelle Finlande.
54
+
55
+ Le Grand Schisme d'Orient entre le catholicisme et l’orthodoxie eut des répercussions jusque dans cette région, notamment à travers les guerres incessantes qui éclatèrent entre la Suède catholique et la République de Novgorod, orthodoxe. Les tensions ne s’apaisèrent qu’en 1323 avec la signature du traité de Nöteborg, lequel établit une frontière allant de la pointe est du golfe de Finlande à la pointe nord du golfe de Botnie. Le territoire finlandais passe sous domination suédoise à partir de 1362.
56
+
57
+ En 1397, les trois États de Norvège, Danemark et Suède s’unirent sous un seul monarque dans le cadre de l’Union de Kalmar. Au cours du XVe siècle, les Suédois durent ensuite résister aux tentatives de centraliser l’autorité sous la couronne danoise, parfois jusqu’à prendre les armes. La Suède finit par quitter l’Union en 1521, lorsque Gustave Eriksson Vasa rétablit l’indépendance de la couronne suédoise avant d'accéder au trône deux ans plus tard sous le nom de Gustave Ier.
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59
+ Le règne de Gustave Vasa se caractérisa par l’adoption de la Réforme protestante, une nouvelle consolidation de l’État et une participation accrue des bourgeois aux décisions publiques par la création d’une assemblée à quatre chambres (le Riksdag). Gustave Vasa, roi bâtisseur et pacifique, est souvent considéré comme le père de la nation suédoise.
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61
+ Au cours du XVIIe siècle, la Suède s’affirma progressivement comme une grande puissance européenne, en raison notamment de son engagement dans la Guerre de Trente Ans, à l’initiative du roi Gustave II Adolphe. L’intérieur du royaume connut également de profondes réformes modernisatrices grâce à l’action du comte Axel Oxenstierna.
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+ Cette position de force s’écroula au XVIIIe siècle, lorsque la Russie imposa sa domination à l’Europe du Nord à l’issue de la grande guerre du Nord, avant finalement de s’octroyer en 1809 la moitié est du pays et d’en faire le Grand-Duché de Finlande, sous administration russe.
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+ Le roi Gustave III, à la suite d'un coup d’État en 1772, mit fin au régime constitutionnel instauré par le Riksdag en 1719 et régna en despote, établissant une monarchie absolue qui prendra fin en 1809, lorsque la Suède devint une monarchie constitutionnelle.
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+ Le maréchal français Jean-Baptiste Bernadotte fut élu héritier du trône puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV. Sa dynastie règne toujours sur la Suède. Le reste du XIXe siècle et le début du XXe siècle, jusqu'en 1917 où le parlementarisme sortit définitivement vainqueur, signifièrent un transfert lent du pouvoir du roi vers le Riksdag.
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+ L’histoire contemporaine de la Suède est remarquablement pacifique, la dernière guerre connue par le pays ayant été une campagne menée contre la Norvège en 1814, à l’issue de laquelle une union personnelle des deux couronnes fut établie, à domination suédoise. Elle fut dissoute en 1905 lorsque la Norvège déclara son indépendance mais sans entraîner de conflit.
70
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71
+ La première cérémonie de remise des prix Nobel eut lieu à l’Académie royale suédoise de musique à Stockholm en 1901. Depuis 1902, les prix sont officiellement décernés par le roi de Suède.
72
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73
+ La Suède parvint à conserver sa neutralité pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, à l’exception notable du soutien logistique et militaire apporté à la Finlande lors de la tentative d’invasion soviétique de 1939-1940. La Suède a joué un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale : tout en collaborant avec l'Allemagne nazie en l'approvisionnant en minerai de fer, elle mit en place une politique active d'accueil des juifs (en particulier danois)[7] et réfugiés européens.
74
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+ À la suite de l'échec de l'instauration d'une union de défense scandinave, le pays persista dans sa politique de neutralité au cours de la guerre froide et n’est jusqu’aujourd’hui membre d’aucun traité d’alliance militaire. Elle adhéra toutefois à l’Union européenne en 1995.
76
+
77
+ La Suède est une monarchie depuis presque un millénaire. Dès le Moyen Âge, les paysans soumis à l'impôt constituaient l'une des quatre chambres des États généraux du royaume : le Ståndsriksdagen (en).
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+ Le pouvoir exécutif, jusqu'en 1680, était partagé entre le roi et un Conseil de la noblesse suédoise. Il s'ensuivit une période de monarchie absolue exercée par le roi. En réaction au fiasco de la grande guerre du Nord, le parlementarisme fut réintroduit en 1719, suivi par trois formes différentes de monarchie constitutionnelle en 1772, 1789 et enfin en 1809, lorsque la première constitution suédoise fut signée par le roi, qui s'y engage à garantir plusieurs libertés fondamentales.
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+ En 1866, le Ståndsriksdagen fut définitivement dissous et remplacé par un système parlementaire bicaméral, le Riksdag : la Première Chambre était élue au suffrage indirect par des grands électeurs locaux, et la Seconde Chambre était élue au suffrage direct.
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+ Le parlementarisme fut renforcé en 1917 lorsque le roi Gustave V, après des décennies d’affrontement politique qui laissaient craindre une révolution, accepta de nommer désormais des ministres devant obtenir la confiance de la majorité du Parlement. La démocratisation du régime fut complétée en 1918 avec l’adoption du suffrage universel. La participation électorale a toujours été élevée en Suède : le taux de 80 % aux élections législatives de 2002 est le plus bas jamais enregistré.
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+ La social-démocratie a joué un rôle politique dominant depuis 1917, lorsque la branche réformiste se renforça et que la branche révolutionnaire [Laquelle ?] quitta le parti [réf. souhaitée]. L’influence du courant social-démocrate sur la société suédoise est souvent décrite comme hégémonique. La coalition des centristes et des sociaux-démocrates assura un gouvernement stable de 1932 à 1956. Par la suite, la vie politique a été totalement dominée par les seuls sociaux-démocrates, souvent soutenus par les marxistes du Vänsterpartiet et les Verts du Miljöpartiet.
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+ En 1971, le Riksdag devint monocaméral. Selon la constitution, les 349 membres du Riksdag détiennent l’autorité suprême en Suède. L’assemblée peut modifier la constitution à la majorité qualifiée. L’initiative des lois revient concurremment aux ministres et aux parlementaires. Ces derniers sont élus pour quatre ans selon le principe de la représentation proportionnelle.
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+ En 1975, une nouvelle constitution mit une fin définitive au pouvoir politique du roi : il n’est plus aujourd’hui que le représentant formel mais symbolique de l’État suédois, et ses obligations consistent essentiellement à présider aux cérémonies officielles.
90
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+ Le gouvernement et le parlement sont en dialogue permanent avec les autres pays nordiques dans le cadre du Conseil nordique.
92
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93
+ Le système juridique (en), de tradition romano-germanique, se compose des juridictions civiles, pénales et administratives. Une hiérarchie existe entre tribunaux, cours d’appel et cours suprêmes. La loi suédoise est codifiée.
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+ Le modèle économique de développement suédois, reposant sur la social-démocratie, après avoir assuré une forte croissance, affronte ses premières difficultés dans les années 1990. C'est l'époque où le pays entreprend de grandes réformes, pour alléger une fiscalité parmi les plus lourdes du monde et rendre plus flexible son marché du travail. [réf. souhaitée]
96
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97
+ Les années 1990 voient aussi la réforme du système de retraite en Suède. Pour y parvenir, le pays a attendu 1999, après un long processus de dialogue social et la recherche d'un compromis assurant un vote unanime au parlement, et plutôt bien accueilli par le monde des affaires, car jugé politiquement et financièrement plus solide que le système qui avait prévalu pendant des décennies[8]. Les principes essentiels de cette grande réforme ont été fixés dès 1991 par le gouvernement social-démocrate d’Ingvar Carlsson[8]. Après un processus de concertation entre les sociaux-démocrates et une coalition de partis du centre et de la droite menée par Carl Bildt, qui a duré de 1991 à 1994, la réforme a affronté avec succès un premier vote au Parlement en 1994, sur ses principes, puis dans un second temps sur l’intégralité de la législation en 1998. Près de 80 % des députés s’étant prononcés favorablement, cette réforme cimente le consensus national, sur le plan politique.
98
+
99
+ Pendant plus de 50 ans, la Suède avait cinq partis politiques qui recevaient régulièrement suffisamment de voix pour obtenir des sièges au Riksdag - les Sociaux-démocrates, les Modérés, le Parti du centre et le Parti du peuple - Les Libéraux - avant que le Parti de l'environnement Les Verts ne devienne le sixième parti à partir des élections de 1988. Lors des élections de 1991, tandis que les Verts perdent leurs sièges, deux nouveaux partis ont obtenu des sièges pour la première fois : les Chrétiens-démocrates et la Nouvelle Démocratie. Les élections de 1994 ont vu le retour des Verts et de la disparition de la Nouvelle Démocratie. Il a fallu attendre les élections en 2010 pour qu'un huitième parti, les Démocrates de Suède, obtiennent des sièges au Riksdag. Lors des élections européennes, des partis qui ont échoué à passer le seuil au Riksdag ont réussi à obtenir une représentation : la Liste de juin (2004-2009), le Parti pirate (2009-2014) et Initiative féministe (depuis 2014).
100
+
101
+ L'actuel Premier ministre, Stefan Löfven, meneur du Parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP), a été nommé le 19 janvier 2019, après 131 jours sans gouvernement, grâce à la formation d'une coalition. Il dirige un gouvernement composé de 23 ministres, principalement issus d'une coalition de centre gauche, majoritaire au Riksdag depuis septembre 2014.
102
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103
+ La Suède se compose de trois grandes régions traditionnelles (Landsdelar en suédois) : le Götaland au sud, le Svealand au centre et le Norrland au nord. Jusqu’en 1809, la quatrième région de Suède était l’Österland, à l’est, aujourd’hui la Finlande.
104
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105
+ Jusqu’aux réformes administratives menées par Axel Oxenstierna en 1634, ces trois grandes régions étaient subdivisées en 25 provinces, dites « provinces historiques » (Landskap en suédois). Les provinces n’ont plus aucune fonction administrative aujourd’hui, mais représentent pour les Suédois un important patrimoine historique et culturel auquel ils s’identifient volontiers. Elles servent également de délimitation pour les duchés.
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107
+ Les comtés (län en suédois) furent institués en 1634 à l’initiative du chancelier Axel Oxenstierna en vue de l’édification d’une administration moderne. Bien que fortement inspirés des provinces préexistantes, les comtés ont des frontières souvent différentes. La Suède est divisée en 21 comtés. Dix-huit d’entre eux sont dirigés, d’une part, par un préfet (Landshövding) représentant l'État à la tête du Länsstyrelse, et d’autre part par une assemblée locale élue (Landstinget) dont la principale fonction est de gérer les services de santé. Deux comtés, Västra Götaland et Skåne, ont accédé au statut de région, et possèdent un organe de gouvernement régional (« regionalt självstyrelseorgan »). Un comté, Gotland, est composé d'une seule commune qui a pris en charge les fonctions occupées ailleurs par le « landsting »[9],[10].
108
+
109
+ Les comtés sont divisés en communes, ou kommuner, qui représentent l'échelon local du gouvernement en Suède. On dénombre 290 communes (en 2004).
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+ La nouvelle politique étrangère, souvent appelée La Politique de 1812, est mise en place par Jean Baptiste Bernadotte, prince couronné élu. La politique de 1812 contrastait fortement avec la politique étrangère traditionnelle de la Suède, caractérisée par son implication dans de nombreux conflits, notamment avec son ennemi principal, la Russie. En 1812, l'empereur Alexandre, ayant besoin d'alliés contre Napoléon s'entend avec Bernadotte. Lors de la réunion, il est convenu que la Suède acceptera que la Finlande fasse partie de la Russie en échange de l'aide du tsar pour faire pression sur le Danemark afin qu'il lui cède la Norvège.
112
+
113
+ Les troupes suédoises dirigées par Bernadotte participent aux guerres napoléoniennes en 1813 et 1814, combattant contre la France (ils jouent un maigre rôle à la bataille de Leipzig) et le Danemark. La Suède force le Danemark à lui remettre la Norvège par le traité de Kiel (14 janvier 1814). Depuis lors, la Suède n'a pas pris part à aucune guerre armée (à l'exception de missions de maintien de la paix).
114
+
115
+ Au cours du XXe siècle, la politique étrangère suédoise reste fondée sur les principes de la non-participation aux alliances en temps de paix et sur une politique de neutralité en cas de guerre. Après son adhésion à l'Union européenne en 1995, la Suède révise en partie sa doctrine de politique étrangère qui prend en compte une participation plus active à la coopération européenne.
116
+
117
+ Favorisée par la paix et la neutralité politique tout au long du XXe siècle, la population suédoise a atteint un niveau de vie enviable reposant sur les deux piliers de la haute-technologie et d’un État-providence puissant. Le pays dispose d’excellentes infrastructures de transport et de communication et d’une main d’œuvre hautement qualifiée. Le bois, l’hydroélectricité et le fer constituent les ressources de base d’une économie orientée vers le commerce extérieur. La Suède est également le premier pays à consommer plus d'énergies renouvelables que d'énergies fossiles[11], grâce à une importante biomasse (bois, principalement).
118
+
119
+ La proportion de la population employée dans le secteur secondaire (l'industrie) était en 1960 43,9 % puis 29,1 % en 1987 selon les chiffres du BIT.
120
+
121
+ À la suite d'une crise du modèle suédois au cours des années 1990, la politique de rigueur budgétaire adoptée par le gouvernement a conduit à un excédent substantiel en 2001. Ce dernier fut réduit de moitié en 2002, en raison du ralentissement économique mondial. La Banque de Suède se fixe comme objectif la stabilité des prix avec une cible d’inflation à 2 %.
122
+
123
+ En 2003, l'adoption de l'euro fut rejetée dans un référendum où les opposants à l'euro emportèrent une victoire convaincante[12]. La majorité des partis politiques fut officiellement en faveur de l'adoption.
124
+
125
+ Le taux de croissance pour 2004 devrait s’élever à 3,5 %, confirmant une santé économique remarquable par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne. Le chômage atteint 6,2 % selon les statistiques officielles en 2008 mais serait plus proche des 15 %[13]. Cependant, cette dernière statistique provient d'une étude qui inclut aussi les personnes pouvant travailler mais ne désirant pas forcément le faire ce qui gonfle les chiffres et va à l'encontre de la définition du chômage. C'est ce qu'on appelle le « chômage technique » ou le chômage structurel qui découle alors, pour un niveau de compétence donné, du refus des travailleurs d'accepter un salaire jugé trop faible (concept de chômage volontaire et de salaire de réserve) et de l'absence d'intérêt pour les firmes de proposer un salaire trop élevé. Alors que « le chômage se définit comme l'état d'une personne sans emploi, apte au travail et désireuse de travailler »[14].
126
+
127
+ Connu pour son généreux système social, la Suède a néanmoins largement diminué son niveau de dépenses publiques entre 1995 et 2015. Alors que celles-ci se situaient à 63 % du PIB entre 1986 à 1995, elles se réduisent à 53,5 % en 2000, pour s'établir à 50,5 % en 2015[15].
128
+
129
+ La Suède est passée à un système de retraite par points en 1998 en raison de difficultés financières. En conséquences, les carrières hachées ainsi que travail à temps partiel sont pénalisés. Les pensions s’en trouvent ainsi amaigries[16]. Les femmes sont les plus pénalisées, touchant en moyenne 600 euros de moins par mois que les hommes. L’« équilibrage » automatique destiné à assurer la stabilité financière du régime a été enclenché à trois reprises, en 2010, 2011 et 2014. Les retraités suédois ont vu leurs pensions baisser de 3 %, 4,3 % et 2,7 %. Ce système pousse les salariés à travailler plus longtemps. En 2019, 38 % des personnes âgées de 67 ans continuent d'exercer un emploi, contre 18 % en 2000 (juste avant le nouveau régime)[17].
130
+
131
+ Le taux de pauvreté des retraités s'élève à 14,7 % en 2017[16].
132
+
133
+ Parmi les entreprises suédoises, on peut citer Ericsson, Electrolux, H&M, Ikea, Spotify, Saab, Scania, Tele2, Tetra Pak et Volvo.
134
+
135
+ La Suède présente l'un des taux d'emploi dans les administrations publiques (nombre de fonctionnaires par habitants) les plus élevés des pays de l'OCDE, celui-ci s’élevant en 2018 à 138,5 ‰ (88,5 ‰ en France)[18].
136
+
137
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138
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139
+ Au 28 février 2017, la Suède compte 10 014 873 habitants[19]. La croissance démographique annuelle est de 1,5 %, l'une des plus élevées d'Europe.
140
+
141
+ La Suède a une des espérances de vie les plus élevées au monde[20], et un des taux de natalité les plus hauts en Europe malgré le fait que, dès 1969, son taux de fécondité passa en dessous du seuil de renouvellement (2,1 enfants par femme). Elle compte environ 17 000 Sames au nord, et 50 000 Suédois de souche finlandaise, à ne pas confondre avec les immigrants finlandais du XXe siècle.
142
+
143
+ La Suède dispose d’un système de crèches très perfectionné pouvant garantir une place à tout enfant âgé de 2 à 5 ans. L’État-providence, fortement développé, accorde également de longs congés parentaux à la mère et au père d’un enfant, un plafond pour les dépenses de santé, des pensions minimales de retraite et des indemnités maladie.
144
+
145
+ La nation suédoise fut un pays d’émigration jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (près d'1,5 million de Suédois émigrèrent aux États-Unis vers la 2e moitié du XIXe siècle à cause principalement de la famine), puis une nation d’immigration après la Seconde Guerre mondiale. Près de 12 % des résidents sont nés à l’étranger, et environ un cinquième de la population suédoise est constitué soit d’immigrants, soit d’enfants d’immigrants. Les immigrants les plus nombreux viennent de Finlande, d’ex-Yougoslavie, d’Iran, de Norvège, du Danemark et de Pologne. Cette composition témoigne des fortes migrations entre pays nordiques, de l’immigration de main d’œuvre dans les années 1960, puis du regroupement familial.
146
+
147
+ Les Finlandais constituent la première grosse vague d’immigration en Suède contemporaine. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 70 000 jeunes Finlandais fuirent leur pays en raison de l’invasion soviétique. 15 000 d’entre eux restèrent en Suède après la guerre, et d’autres y retournèrent à leur âge adulte. Les difficultés d’après-guerre en Finlande poussèrent ensuite un grand nombre de chômeurs finlandais vers la prospère économie suédoise des années 1950 et 1960. Au plus fort du phénomène, 400 000 Finlandais vivaient en Suède, mais à la suite de la première crise pétrolière en 1973 le taux de chômage augmenta alors que la Finlande bénéficiait de ses relations commerciales avec l’URSS. Depuis, le nombre de Finno-Suédois a chuté sous la barre des 200 000.
148
+
149
+ Les interventions soviétiques en Hongrie en 1956, puis à Prague en 1968, entraînèrent l’arrivée des premiers réfugiés politiques. Les déserteurs américains refusant d’aller se battre au Viêt Nam trouvèrent souvent refuge parmi les Suédois. Du temps du Premier ministre social-démocrate Olof Palme fut mise en place une « politique d'immigration volontariste » notamment pour les réfugiés politiques[21]. Après le coup d’État de 1973 au Chili et l’apparition d’autres dictatures militaires en Amérique du Sud, ceux-ci se mirent à dominer le flux migratoire vers la Suède, y compris en provenance d’Iran, d’Irak et de Palestine. 135 000 réfugiés arrivés au cours des conflits yougoslaves se trouvent toujours dans le pays. Plus récemment, la Suède accueille des milliers de migrants (80 000 en 2014[22]) dont des réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile syrienne. Parmi les raisons de l'attractivité de la Suède sont évoquées « son généreux système social » et « sa réputation de tolérance »[22].
150
+
151
+ Le pays compte une communauté musulmane de 106 327 personnes officiellement en 2009. D'autres sources donnent le chiffre à environ 450 000 à 500 000, ce qui représente environ 5 % de la population suédoise totale[23].
152
+
153
+ Les premières remises en cause du modèle immigrationniste suédois surviennent dans les années 2000-2010 avec des émeutes dans les banlieues de Stockholm[21], puis avec différentes affaires de harcèlement sexuel par les jeunes réfugiés[24]. Néanmoins, le pays demeure, en comparaison de ses voisins tel le Danemark, tenant d'une politique très favorable à l'immigration[25].
154
+
155
+ Entre 2000 et 2016, le nombre de personnes nées à l'étranger a augmenté de 80 % en moyenne[26]. En 2016, il est rentré près de 122 000 étrangers venant d'un pays situé hors d'Europe, alors que seulement 13 000 personnes sont sorties du territoire, donnant un solde migratoire de 109 000 personnes[26]. Alors qu'au début des années 1960, sur les 4 % des personnes nées à l'étranger, presque toutes étaient d'orgine européenne et principalement des pays nordiques, en 2016, la majorité des migrants vient de pays non européens (Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Somalie, Érythrée). En 2017, la population d'origine étrangère sur deux générations, est sans doute la plus importante de l'Union européenne en termes relatifs avec 30,6 % (17 % sur une génération)[26].
156
+
157
+ Le pays se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE en matière de sécurité[28]. En 2013, le gouvernement suédois a fermé quatre établissements pénitentiaires[29]. Cette fermeture est la conséquence de la baisse du nombre de détenus dans le pays : 4 852 prisonniers pour 9 500 000 habitants fin 2012[30], soit un taux d'incarcération de 0,051 %, contre un taux de 0,079% en 2006. Cependant, selon Eurostat[31] et le Conseil national suédois de la criminalité[32], la délinquance et la criminalité ne semblent pas baisser (cette progression en chiffres absolus n'est pas démentie en proportion de la population générale). La politique du gouvernement en faveur de l'insertion et des peines de probation, et le laxisme en matière de stupéfiants semblent expliquer en partie la baisse du nombre de détenus.
158
+
159
+ En 2009, une étude place la Suède en tête des pays d’Europe pour le nombre de viols. Si les chiffres s’expliquent en partie par la définition légèrement différente que la Suède donne du viol, celle-ci n’explique pas l'augmentation de 81 % des déclarations de viol entre 2004 et 2007. À peine 10 % des coupables désignés sont condamnés[33]. Selon le Conseil national de la prévention des crimes suédois (Brå), depuis le début des années 2000, le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles a doublé dans le royaume, passant de 10 419 par an en 2004 à 20 284 en 2016[34]. Pour ce qui concerne uniquement les viols signalés, ceux-ci ont augmenté 34 % au cours de la décennie 2008-2017[35].
160
+
161
+ En 2016, seulement 14 % des crimes et des délits (qui incluent notamment cambriolages, vols simples, harcèlement ou vandalisme) ont été résolus par la police, la moitié d'entre eux n'ayant jamais déclenché une enquête[36].
162
+
163
+ En 2017, plusieurs émeutes ont lieu dans des banlieues de grandes villes à prédominance immigrée pendant lesquelles des voitures sont incendiées et les forces de police sont caillaissées[37],[38]. Ces émeutes sont parfois analysées comme des luttes de pouvoir pour tenir un territoire entre des gangs rivaux comme à Trollhättan où la police est confrontée à des migrants somaliens[39].
164
+
165
+ Le pays n'est pas exempt des menaces posées par le terrorisme islamiste. Le 7 avril 2017, un camion conduit par un terroriste islamiste renverse des passants à Stockholm, faisant un total de cinq morts et 14 blessés. En juin 2017, les services du renseignement intérieur annoncent que le nombre des islamistes radicaux qui était d'environ 200 en 2010 a augmenté à des « milliers » en 2017, le chef des services estimant que la situation était « grave » et présentait pour le pays un « défi historique »[40],[41].
166
+
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+ Si le taux d'assassinats en Suède demeure relativement bas au plan international, la violence des gangs a explosé dans les années 2010 et les Suédois craignent que la police soit incapable de s'en sortir. Un rapport du Conseil national suédois pour la prévention du crime montre qu'un nombre croissant de Suédois s'inquiètent de la criminalité, la confiance en la police et dans le système judiciaire étant en baisse. En janvier 2018, le Premier ministre Stefan Löfven annonce qu'il n'excluait pas l'utilisation de l'armée pour mettre fin à la violence des gangs dans certains quartiers[42]. Selon le New-York Times, un des problèmes causés par la violence des gangs serait l'afflux d'armes lourdes auquel le système de justice pénale suédois ne serait pas préparé[43].
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+ La Suède a connu une forte augmentation des explosions ces dernières années, principalement liées à des conflits entre bandes criminelles. Selon la police, l'utilisation d'explosifs dans le pays se situe maintenant à un niveau unique au monde pour un État qui n'est pas en guerre. Quelque 50 explosions ont été signalées au cours des trois premiers mois de 2019, soit une moyenne de plus d'une explosion tous les deux jours et une augmentation par rapport à la même période en 2018, une année qui a vu un nombre record de plus de trois explosions par semaine[44]. Du 1er janvier au 30 novembre 2019, il y a eu 236 explosions contre 162 en 2018[45].
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+ Selon la journaliste Paulina Neuding (sv), les fusillades liées aux gangs se sont nettement intensifiées, de plus en plus souvent en plein jour. La Suède a enregistré en 2018 45 fusillades meurtrières dans ce que la police qualifie des « environnements criminels », soit un facteur multiplié par 10 en une génération. Les tirs mortels par habitant en Suède sont considérablement plus élevés que la moyenne européenne. Enfin, l'intimidation systématique de témoins, associée à un code de silence dans les zones d’immigration socio-économiquement faibles du pays, rend difficile l'élucidation de ce type de crime pour le système judiciaire suédois[44]. L'augmentation de la violence liée aux gangs et d'autres types de criminalité a, toujours selon cette journaliste, de profondes répercussions sur la société suédoise. Ainsi, un tiers des jeunes femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu'elles sortent la nuit. Une récente enquête menée dans les trois plus grandes villes du pays a également montré que la sécurité est désormais la principale priorité des Suédois qui cherchent à acheter une maison[44].
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+ En octobre 2019, le Danemark annonce qu'il va imposer des contrôles temporaires à la frontière suédoise, après que des Suédois ont été soupçonnés d'être à l'origine de plusieurs attentats graves cette année à Copenhague. Selon Reuters, les crimes violents avec des assaillants utilisant des armes à feu et des explosifs puissants, sont devenus un problème politique majeur en Suède au cours des dernières années. Parmi les incidents les plus médiatisés au cours des derniers mois, une explosion massive a démoli une partie d'un immeuble de la ville de Linköping (sud) en juin, blessant une vingtaine de personnes, tandis qu'une mère a été abattue en plein jour dans une rue de Malmö par delà le pont de Copenhague[46].
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+ 93 % des citoyens suédois ont le suédois comme langue maternelle. 4 % environ ont le finnois comme langue maternelle. Le saame ou lapon est parlé par 50 000 à 65 000 locuteurs, surtout au nord du pays. L'anglais est largement compris, surtout chez les jeunes. 86 % des Suédois comprennent l'anglais à des degrés divers. En 2013, 92 % des jeunes entre 15 et 40 ans sont parfaitement anglophones[réf. nécessaire]. L'allemand et plus rarement le français sont parfois enseignés.
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+
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+ D'autres langues minoritaires sont parlées dans le royaume tel que le romani et le yiddish, mais aussi, du fait de l'immigration récente, le turc, l'arabe, le persan, le kurde et le grec.
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+ L'inter-compréhension est possible entre les locuteurs des langues scandinaves (danois, norvégien et dans une moindre mesure, islandais), mais pas avec le finnois, qui est une langue finno-ougrienne.
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+ À la fin de l'âge des Vikings, la Suède se convertit au christianisme. Le missionnaire franc Anschaire de Brême vint deux fois à Birka dans la première moitié du IXe siècle. La religion chrétienne s'est implantée en Suède vers la fin du XIe siècle sur les bords du lac Mälar et dans la région d'Uppsala. Les premières églises furent construites au début du XIIe siècle, notamment à Sigtuna ou Linköping. Le premier archevêque fut intronisé en 1164 à Uppsala.
182
+
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+ La majorité des Suédois sont luthériens. En 2017, 59,3 %[47] des habitants étaient membres de l'Église de Suède, un chiffre en diminution constante.
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+ Le reste de la population est composé de personnes sans religion, de catholiques (1,15 %), orthodoxes (1,2 %), musulmans (5,1 %), juifs (0,2 %), etc.
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+ La Suède a une longue tradition de musique : skillingtryck, Carl Michael Bellman, Monica Zetterlund, danse folklorique, Evert Taube… et c'est un pays avec une culture musicale notamment orientée vers le chant et la chorale. On dit même que la langue suédoise se prête très bien au chant classique, comme l'italien, grâce à ses voyelles. La Suède donne à l'opéra de nombreux chanteurs tels qu'Anne Sofie von Otter. Le pays compte également deux orchestres de renom, l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm et l'Orchestre symphonique de Göteborg.
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+
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+ Concernant la musique de variétés, la Suède a gagné le concours Eurovision de la chanson six fois mais une seule fois en langue suédoise :
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+
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+ La Suède regroupe aussi de nombreux groupes musicaux qui ont eu un succès international, tels qu'Ace of Base en 1993 avec All that she wants, Roxette avec Pearls of Passion en 1986 et les Cardigans plus récemment avec Lovefool. On peut nommer Eagle-Eye Cherry, Neneh Cherry, Stefan Olsdal (du groupe Placebo) et Titiyo, sans oublier le groupe Europe avec son Final Countdown.
192
+
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+ La Suède est le troisième pays exportateur de musique, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni[48],[49]. En 2004 et pour la première fois, la Suède a exporté plus vers l'Angleterre que l'Angleterre vers elle-même. Cette culture musicale remonte sans doute à la victoire d'ABBA à l'Eurovision et donc à l'émergence de ce groupe, qui a vendu plus de 370 millions d'albums à travers le monde tout au long de sa carrière.
194
+
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+ La musique électronique et électroacoustique suédoise est connue grâce à l'œuvre de Joakim Sandgren. La musique électronique suédoise est aujourd’hui connue à travers les DJs comme le groupe de la Swedish House Mafia, Avicii, Alesso, Otto Knows par exemple. Le heavy metal, notamment viking metal et death metal mélodique, est également populaire. Des groupes comme In Flames (plus de deux millions d'albums vendus dans le monde), Soilwork, Dark Tranquillity, Opeth, Pain of Salvation, Meshuggah, Arch Enemy, Ghost, Darkane ou encore At the Gates et Sabaton sont connus et ont une très grande influence musicale partout dans le monde. Mais quelques années plus tôt, la Suède était connue pour avoir hébergé l'un des groupes précurseurs du black metal et du viking metal, Bathory (dont le leader Quorthon est mort en 2004). Autre groupe majeur du black suédois, Dissection, premier groupe à fusionner black et death. À noter, au sein du viking metal, la présence de groupes tels que Vintersorg ou bien encore Amon Amarth, bien connus des amateurs du genre. Enfin, la Suède compte aussi un groupe de metal exclusivement féminin (quatre femmes) nommé Crucified Barbara, ayant sorti deux albums. La Suède a aussi abrité quelques groupes de death metal au moment où le style décollait, à la fin des années 1980 et au début des années 1990 : Nihilist (en), Entombed, Dismember, Grave, Unleashed. Ils se distinguaient de la scène death metal américaine par leur son plus « crade », leur approche plus punk et primitive du mouvement et leur technique moindre.
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+ Le rock reste cependant la musique majeure de Suède avec des groupes comme the Hives, Millencolin, Kent, the Soundtrack of Our Lives, The Sounds, Backyard Babies, Caesars Palace. Une minorité rap est représentée par Timbuktu, et ska par Svenska Akademien.
198
+
199
+ Il existe également un folk rock populaire en Suède : Lars Winnerbäck.
200
+
201
+ D'autre part, le groupe Alcazar est également un nom à connaître, leur musique est un mélange de disco et de musique house reprenant des samples d'anciens groupes tels que Sheila and B. Devotion. Pour le jazz, on compte notamment Niels Landgren et sa formation funky, Niels Landgren Funk Unit (NLFU)[réf. nécessaire].
202
+
203
+ De plus, la Suède organise en période de février-mars son grand concours de chanson le Melodifestivalen, lui permettant de sélectionner l'artiste qui ira la représenter au concours Eurovision de la chanson. Ce concours dure environ un mois où beaucoup d'artistes suédois y présentent une chanson et le public vote pour élire la meilleure. Il a comme particularité de se dérouler à différents endroits un peu partout en Suède, durant la période des demi-finales, puis se termine toujours à Stockholm.
204
+
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+ Il a révélé de nombreux artistes, comme le groupe ABBA, Carola Häggkvist ou Linda Bengtzing.
206
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207
+ Certains artistes suédois ont préféré la France comme terre d'accueil et y ont rencontré le succès : Fredrika Stahl, Jay-Jay Johanson, Herman Dune ou encore Peter von Poehl. On n'oubliera pas de citer le renouveau de la pop suédoise avec José González, I'm from Barcelona, Loney, Dear, Love Is All, the Knife, Deportees (en) et, dans un registre plus intimiste, Frida Hyvönen. Des artistes tels que les virtuoses de Freak Kitchen ont réussi à s'exporter aux États-Unis pour faire connaître leur musique qui est une alliance de jazz, de metal et de musique indienne. Leur leader est Mattias IA Eklundh. [Information douteuse] [réf. nécessaire]
208
+
209
+ Le grand prix de l'Académie suédoise (« Svenska akademiens stora pris ») est un prix rare pour auteurs suédois et non un prix annuel et international comme le prix Nobel de littérature, qui a été récemment décerné au poète suédois Tomas Tranströmer.
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+
211
+ Le prix August (« Augustpriset ») est un prix annuel pour auteurs suédois. Le livre qui a gagné le prix 2000, Populärmusik från Vittula, a été adapté en un film en 2004.
212
+
213
+ La série Millenium de Stieg Larsson, dont ont aussi été tirés trois films, a mis en lumière la littérature suédoise policière. Celle-ci, cependant, ne se limite pas à cet auteur. Henning Mankell en est un digne représentant, dont les œuvres se sont exportées dans le monde entier. On peut aussi nommer la romancière Camilla Läckberg qui écrit une saga policière avec son héroïne Erica Falk.
214
+
215
+ Parmi les réalisateurs de cinéma, on peut citer Ingmar Bergman, ainsi que Bo Widerberg ou Lukas Moodysson, avec des films comme Together ou Lilya 4-ever.
216
+
217
+ La Suède possède le plus grand modèle réduit du système solaire au monde : le système solaire suédois s'étend sur toute la Suède le long de la mer Baltique depuis Stockholm où est situé le Soleil jusqu'à Kiruna où se trouve le choc terminal. Le Soleil est représenté à Stockholm par l'Ericsson Globe qui est le plus grand bâtiment sphérique du monde (110 m de diamètre).
218
+
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+ Le château de Drottningholm (1991).
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+ Birka et Hovgården (1993).
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+ Forges d'Engelsberg (1993).
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+ Les gravures rupestres de Tanum (1993).
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+ Cimetière boisé de Stockholm (1994).
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+ La ville hanséatique de Visby (1995).
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+ Gammelstad (1996).
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+ Région de Laponie (1996).
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+ Ville navale de Karlskrona (1998).
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+ Haute Côte (2000).
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+ Falun och Kopparbergslagen (2001).
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+ Södra Ölands kulturlandskap (2001).
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+ Station radio de Grimeton (2004).
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+ Arc géodésique de Struve (2005).
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+ La Suède a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Artikel 1.
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+ Le suédois (svenska svenska en suédois) est une langue scandinave parlée par environ 10,4 millions de locuteurs, principalement en Suède et en Finlande, les deux pays dont il est langue officielle. Comme les autres langues scandinaves, il est issu du vieux norrois, la langue commune à tous les peuples germaniques de Scandinavie à l'époque des Vikings. La langue écrite et orale est standardisée, mais il subsiste des variantes régionales issues des anciens dialectes ruraux.
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+ Comme la plupart des langues germaniques, le suédois est une langue V2 : le verbe apparaît en deuxième position dans les propositions principales. La morphologie présente un nombre réduit de flexions. Il existe deux genres (commun et neutre) et deux nombres (singulier et pluriel), mais pas de cas. Par défaut, l'article défini est un clitique postposé, mais il existe également des articles séparés. L'adjectif s'accorde avec le nom en genre et en nombre, mais aussi en fonction de son caractère défini ou non. Phonologiquement, le suédois présente un nombre important de voyelles, ainsi qu'une consonne distinctive, le sj, dont la réalisation phonétique exacte varie selon les dialectes et reste débattue.
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+ Le suédois est une langue indo-européenne qui appartient à la branche scandinave (ou germanique du nord) des langues germaniques. Au sein des langues scandinaves, le suédois constitue avec le danois une branche orientale qui s'oppose à la branche occidentale qui réunit le norvégien, le féroïen et l'islandais. Une autre classification des langues scandinaves, qui prend en compte l'influence importante du danois sur le norvégien au cours du dernier millénaire, distingue les langues insulaires (féroïen et islandais) des langues continentales (danois, norvégien et suédois).
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+ L'intelligibilité mutuelle qui existe entre les trois langues continentales pourrait amener à les considérer comme de simples dialectes d'une langue scandinave unique, mais les siècles de rivalité entre le Danemark et la Suède, du XVIe au XVIIIe siècle, puis les nationalismes émergents du XIXe siècle ont œuvré contre le rapprochement de leurs langues, qui possèdent des traditions linguistiques (orthographe, dictionnaires, académies) distinctes. D'un point de vue linguistique, il vaut mieux décrire les langues scandinaves continentales comme un continuum linguistique, dans lequel certains dialectes frontaliers jouent le rôle d'intermédiaires entre les langues officielles standardisées.
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+ Une langue véhiculaire commune aux trois langues pourrait être créée, comme le fut par exemple le Bahasa Indonesia en Indonésie, qui est une synthèse[réf. nécessaire] des dialectes malais parlés en Indonésie. En Scandinavie, les pays sont riches, et une académie pourrait voir le jour pour régir et définir cette langue commune, mais il n'y a jamais eu vraiment de volonté politique pour l'instaurer, d'autant plus que le finnois n'est pas une langue scandinave. Culturellement, les Suédois, Danois et Norvégien ressentent un malaise lorsqu'ils ne peuvent communiquer entre eux dans leurs langues d'origines du fait qu'ils sont censés pouvoir le faire et que la majorité de la population en est également capable. D'autant plus que les diverses coopération internes facilitent les opportunités pour pouvoir le faire (échange de programme télévisé/films/séries, journaux, invitation à des échanges universitaires…).
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+ Pour le moment, l'Anglais semble être la langue véhiculaire pour communiquer entre les populations scandinaves et nordiques, vu le haut niveau d'éducation de ces pays, où une large partie de la population, surtout les plus jeunes, parlent cette langue.
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+ Le proto-norrois, langue germanique commune à toute la Scandinavie, évolue en vieux norrois au VIIIe siècle. Les évolutions ultérieures ne couvrent pas l'ensemble de l'espace scandinave, donnant naissance à une série de dialectes orientaux au Danemark et en Suède, distincts des dialectes occidentaux parlés en Norvège et en Islande. Ces dialectes sont attestés par des textes écrits en futhark récent, un système de 16 runes développé à partir du vieux futhark utilisé pour transcrire le proto-norrois.
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+ Les dialectes danois commencent à s'éloigner de leurs équivalents suédois vers 1200. Les innovations danoises se propagent de manière inégale, donnant naissance à une série d'isoglosses s'étendant de l'île de Seeland jusqu'au Norrland et au nord-ouest de la Finlande.
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+ Au XIIe siècle, les dialectes parlés dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Suède et le Danemark ont commencé à se distinguer l'un de l'autre, puis se séparèrent au XIIIe siècle pour former les dialectes du vieux suédois (en) et du vieux danois. Une des différences cruciales est phonologique : en vieux danois (à la différence du vieux suédois), les diphtongues primaires æi, au et øy ont été monophtongués totalement en e et (pour les deux derniers), ø.
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+ On donne le nom de vieux suédois à la langue suédoise parlée au Moyen Âge à partir de 1225. Parmi les documents les plus importants datant de cette période, on trouve le plus ancien code pénal régional (Västgötalagen, le code pénal du Gotland occidental), conservé par fragments remontant à 1250. La principale influence qu'a subie le suédois à cette époque vint de l'établissement de l'Église catholique, et de ses différents ordres monastiques, qui introduisirent de nombreux mots d'emprunts au latin et au grec. La syntaxe particulièrement complexe du latin influença la langue écrite. Avec l'essor que connut la Hanse, et qui fit d'elle une grande puissance économique, politique et militaire entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe, le bas allemand exerça une influence profonde sur le suédois et le danois. Cette influence fut telle que plusieurs villes suédoises comptèrent des ressortissants germanophones au sein de leurs commerces et de leur administrations. En plus d'un grand nombre de mots d'emprunt relevant du vocabulaire de la guerre, du commerce, de l'artisanat et de la bureaucratie, ce sont même des expressions fondamentales, telles que des préfixes ou des suffixes, ou des conjonctions qui ont été directement empruntés à l'allemand. Be-, ge- et för- que l'on trouve au début de mots suédois viennent le plus souvent des préfixes be-, ge- et vor-. L'ancien mot désignant une ouverture dans un mur - vindöga (cf. danois contemporain vindue) - fut remplacé par le mot fönster (allemand Fenster). Le mot eldhus devint kök (cuisine, allemand Küche), gälda devint betala (payer, allemand bezahlen), tunga devint språk (langue, allemand Sprache), et le mot begynna (allemand beginnen) apparut, aux côtés de son synonyme börja. De nombreux mots relevant du vocabulaire maritime furent également empruntés au néerlandais.
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25
+ Le changement du suédois sous l'influence du bas-allemand fut facilité par le fait que le suédois était déjà, du fait de ses origines, une langue proche de l'allemand. Le bas-allemand partageait ainsi un grand nombre de mots avec les dialectes scandinaves. Par exemple, borgare (châtelain) est un emprunt au haut allemand, alors que borg (château) est scandinave, riddare (cavalier) est un emprunt au bas-allemand, mais rida (monter à cheval) est scandinave, köpman est un emprunt au bas-allemand, alors que köpa (acheter) et man (homme) appartiennent au fonds ancien de la langue (et la situation est la même pour förbjuda, för, et bjuda). Les emprunts au bas-allemand sont ainsi tout à fait différents de ceux qui seront empruntés plus tard à des langues bien plus étrangères.
26
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27
+ Le suédois tel qu'il était parlé au début du Moyen Âge était bien différent de la langue contemporaine. Les différences les plus évidentes sont peut-être d'ordre grammatical : les cas et les genres formaient un système plus complexe. Les substantifs, adjectifs, pronoms et certains numéraux se déclinaient à quatre cas, qui comprenaient, en plus du nominatif et du génitif qui existent encore aujourd'hui, un datif et un accusatif. Le système des genres rappelle plus celui du suédois contemporain. La plupart des noms masculins et féminins se sont réunis en un seul genre, qu'on appelle en grammaire suédoise utrum (auparavant : reale). La conjugaison était elle aussi beaucoup plus complexe, comprenant indicatif et subjonctif, le verbe variant en nombre et en personne. Vers le XVIe siècle, la grammaire de la langue quotidienne et de la littérature profane s'était extrêmement simplifiée, et ressembla beaucoup au suédois d'aujourd'hui. Les anciennes déclinaisons s'employèrent encore cependant dans la prose solennelle jusqu'au XVIIe siècle, et subsistent encore aujourd'hui dans certains dialectes.
28
+
29
+ L'utilisation des ligatures (comme æ) en Scandinavie diffère de celle qui avait cours dans la Romania. Les suites de lettres aa et oe étaient souvent écrites avec l'une des lettres se trouvant au-dessus de l'autre. Ceci contribua à former par la suite les lettres å, ä et ö.
30
+
31
+ Il est difficile de dater exactement le moment où des dialectes comme celui d'Älvdalen ou le gutnisk de Gotland ont commencé à se séparer du suédois standard. On peut cependant dire que le gutnisk a divergé du suédois bien avant que celui-ci se distingue du danois.
32
+
33
+ L'état de la langue appelé suédois moderne (nysvenska) commence son histoire avec l'introduction de l'imprimerie et la Réforme protestante. Après sa prise de pouvoir et son élection comme roi, Gustav Vasa commanda une traduction suédoise de la Bible, subissant ainsi une forte influence du chef religieux protestant Martin Luther. Une version du Nouveau Testament parut en 1526, et fut suivie d'une traduction complète de la Bible en 1541, qu'on appelle souvent la Bible de Gustav Vasa (Gustav Vasas bibel). Cette traduction fut considérée comme si réussie qu'elle fut — après plusieurs révisions — la plus utilisée jusqu'en 1917. Les personnes à l'origine de cette traduction étaient Laurentius Andræ et les frères Laurentius et Olaus Petri. La plupart des traducteurs venaient de la Suède centrale (Mellansverige), région dont les dialectes influencèrent donc profondément la langue employée.
34
+
35
+ La Bible de Gustav Vasa fut considérée comme un bon compromis entre des usages de la langue anciens et nouveaux. Même si l'usage qu'elle fait de la langue n'est pas totalement conforme à la langue parlée de son époque, cet usage n'avait rien d'extrêmement conservateur. Avec elle, un grand pas était franchi vers une graphie plus aboutie de la langue suédoise : elle imposa par exemple l'usage des graphèmes å, ä et ö, l'usage de ck à la place de kk après les voyelles brèves, ainsi que la graphie originelle de och (la conjonction et). Les traducteurs étaient censés produire une langue compréhensible par elle-même : pour ce faire, ils évitèrent aussi bien les emprunts au danois et à l'allemand que des constructions syntaxiques trop lourdes calquées sur le latin. Le texte obtenu fut écrit dans une langue respectant la tradition suédoise, et qui permit l'essor du suédois moderne.
36
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37
+ Même si la bible de Gustav Vasa marqua fortement les graphies employées et conduisit à une stabilisation de la langue, au XVIe siècle les graphies redevinrent plus aléatoires. Les discussions sur l'orthographe à proprement parler n'eurent pas lieu avant le XVIIe siècle, après l'écriture des premières grammaires du suédois. Une loi ecclésiastique de 1686 fut lourde de conséquences pour l'aptitude des gens du peuple à lire et écrire le suédois. Elle donna aux prêtres la responsabilité de vérifier si les gens du peuple connaissaient les passages importants de la Bible et du petit catéchisme de Luther. C'est ainsi que l'alphabétisation connut dès cette époque un essor important en Suède. En Swensk Orde-Skötsel , écrit en 1680 par Samuel Columbus recommanda l'utilisation du suédois, et d'utiliser une langue écrite semblable à la langue orale. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, les rois Charles XI et Charles XII de Suède ordonnèrent aux prêtres et aux diplomates de faire la promotion du suédois, au détriment des autres langues ainsi que des mots étrangers.
38
+
39
+ Au XVIIe siècle, le français était la langue couramment utilisée dans les familles royales d'Europe et au sein de la noblesse. Le français, par l'intermédiaire des Lumières et de l'intérêt que l'on pouvait alors avoir pour la culture, fut la source de nombreux emprunts au XVIIIe siècle : c'est à cette époque qu'ont été empruntés des mots comme möbel (< meuble), balkong (< balcon), garderob (< garde-robe), salong (< salon), parfym (< parfum), mustasch (< moustache), kastrull (< casserole), balett(<ballet) et pjäs (<pièce, uniquement au sens dramatique). C'est également à cette époque que se forma une classe moyenne cultivée et lisant le journal, permettant le développement d'une langue journalistique. Une langue scientifique apparut également, conséquence du succès de plusieurs scientifiques suédois tels que Carl von Linné et Anders Celsius. Au XVIIIe siècle parut le Code juridique du royaume de Suède (Sweriges rikes lag), dans une langue moderne. C'est à cette époque qu'apparurent également de nombreuses grammaires et recommandations qui modernisèrent la langue écrite. L'Académie suédoise fut fondée en 1786 : son but était de promouvoir « la pureté, la vigueur et la grandeur » de la langue suédoise. Au cours du XIXe siècle apparurent les vocabulaires de l'industrie, des voyages et du sport. De nombreux mots furent alors importés de l'anglais : räls, lokomotiv, station (gare), jobb, strejk, bojkott, turist, sport et rekord.
40
+
41
+ Des controverses sur les différentes graphies coururent tout au long du XIXe siècle, et ne prirent fin qu'au début du XXe siècle pour former une norme assez globalement acceptée. Par exemple, l'emploi des majuscules n'était pas standardisé, et suivait en grande partie les propensions individuelles des usagers, sur lesquels l'allemand (langue dans laquelle, encore aujourd'hui, les noms communs s'écrivent avec une majuscule) avait beaucoup d'influence. Parmi les événements du XIXe siècle les plus lourds de conséquences pour la langue, on peut mentionner le traité de Carl Gustaf Leopold (sv) sur l'orthographe, introduit dans les écoles populaires en 1842, et la liste de mots de l'Académie suédoise de 1874.
42
+
43
+ Parmi les changements de prononciation qui eurent lieu à cette époque, on compte l'assimilation progressive de groupes consonantiques en /ʃ/ (ou en /ɦ/ dans les dialectes du Sud), et la perte de sonorité des consonnes /g/ et /dʒ/ devant des voyelles d'avant.
44
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45
+ On donne le nom de suédois contemporain (nusvenska) à l'état que la langue connaît aujourd'hui, et depuis environ 1900. Avec l'industrialisation et l'urbanisation de la Suède — déjà en bonne voie dès les années 1890 — ce sont de nouvelles catégories de personnes qui commencent à faire leur entrée dans la littérature suédoise. De nombreux auteurs nouveaux, hommes politiques et autres personnages publics exerçaient une profonde influence sur la langue nationale qui se développait. Si on cherche un point de départ précis, on peut poser l'année 1879 (celle de La Chambre rouge), et la percée d'August Strindberg (1849-1912), un des auteurs les plus influents.
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47
+ Une réforme de l'orthographe, lancée par le ministre des Affaires religieuses Fridtjuv Berg en 1906, fit une démarcation nette avec ce qu'on appellera par la suite l'ancienne orthographe : haf devint hav (radical du verbe avoir ou bien nom mer), rödt devint rött (adjectif rouge accordé au genre neutre), etc. La règle orthographique — pas si ancienne qu'on pourrait le croire — qui fait la différence entre les participes passés et les supins (huset är måladt, jag har målat : la maison est peinte, j'ai peint), fait partie des quelques-unes qui manquent encore à cette époque. La disparition de la graphie hv, par exemple en tête des mots interrogatifs hvem (qui), hvar (où), ont été pointées du doigt par beaucoup, parce qu'elle éloignait le suédois du danois et du norvégien.
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+ C'est pendant le XXe siècle qu'une langue nationale commune, standardisée, vint à la portée de la grande majorité des Suédois. L'orthographe était définitivement standardisée et presque entièrement unifiée depuis la réforme de 1906. À l'exception des formes plurielles des verbes (comme vi komma, nous venons, alors que la graphie moderne est vi kommer) et de quelques différences ponctuelles dans l'ordre des mots, en particulier dans la langue écrite (par exemple l'inversion Och beslutade styrelsen att…, où le sujet styrelsen passe après le verbe beslutade lorsque la proposition commence par une conjonction de coordination comme och), la langue était globalement identique au suédois parlé aujourd'hui. Dans la conjugaison des verbes, les désinences du pluriel furent de moins en moins utilisées et disparurent en 1950, lorsque les dernières recommandations officielles à propos de leur usage furent supprimées.
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+ Le changement le plus visible consista en un raccourcissement des usages du suédois formel, pour aller vers le plus facile à lire et à prononcer. Les exemples les plus patents sont le raccourcissement d'un petit nombre de verbes très courants : tager devint tar (conjugaison au présent de prendre), ikläda sig devint klä sig i (s'habiller). Skall (auxiliaire dénotant le futur) semble revenir, mais il est encore écrit en général sous sa forme abrégée ska. Au cours des années 1970 et 1980 apparurent des formes comme sen au lieu de sedan (adverbe ensuite), nån au lieu de någon (pronom quelqu'un, ou déterminant quelque), dom au lieu de de ou dem (pronom personnel de troisième personne du pluriel), dej au lieu de dig (cas objet du pronom personnel de deuxième personne du singulier). Ce mouvement semble s'être arrêté depuis. Des conjonctions comme ehuru, därest et ity ont cédé place à leurs homologues issus de la langue orale : fast, om et därför. Depuis les années 1970, le développement (et la fabrication) d'un suédois d'usage courant, compréhensible, à l'oral, a formé un des combats les plus essentiels concernant cette langue.
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+ Un changement important dans la réalité sociale de la langue intervint dans les années 1960 avec ce qu'on a appelé la réforme du tutoiement (du-reformen). On considérait auparavant que le mieux était de s'adresser aux personnes d'un rang social comparable au sien ou plus élevé en utilisant un titre et un nom de famille. L'usage de herr (monsieur), fru (madame) et fröken (mademoiselle) était en général restreint à la conversation avec des personnes dont la profession, les titres académiques ou le rang militaire n'était pas connu de leur interlocuteur. On se posait parfois la question de savoir s'il fallait s'adresser à son interlocuteur à la troisième personne. Pour résoudre ce problème, des expressions comme vad får det lov att vara? ou tas det socker i kaffet? (utilisation de la forme passive : Du sucre est-il pris dans le café ?) étaient utilisées. Au début du XXe siècle, beaucoup essayèrent de remplacer ce système complexe de titres par le pronom vous, à l'image de ce qui était fait en français ou en allemand. Vous (ni) fut cependant bientôt ressenti comme une variante un peu moins arrogante de tu (du, ou de la troisième personne) pour s'adresser à des personnes de rang social inférieur, dépourvues de titre. Avec la libéralisation et un virage à gauche de la société suédoise pendant la seconde moitié du XXe siècle, ces différences de classes devinrent moins pertinentes et du (tu) devint le pronom d'adresse habituel, même dans les occasions les plus formelles et officielles. Ce qu'on appelle le nouveau vouvoiement (« det nya niandet ») chez les vendeurs de magasins et autres emplois de services reste un phénomène marginal.
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+ Le suédois est la langue principale de la grande majorité de 8 millions de personnes nées en Suède. Il constitue également la langue seconde d'environ 1 million d'immigrants.
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+ Le suédois est officiellement la « principale langue » (huvudspråk) de Suède. Omniprésente dans les institutions et l'éducation, elle ne bénéficie cependant d'aucun statut officiel jusqu'en 2009. En 2005, une proposition de loi visant à en faire la langue officielle du pays est présentée au Parlement, mais elle est rejetée par 147 voix contre 145. Une seconde proposition, plus développée et renforçant également le statut des langues minoritaires, est soumise par un comité d'experts en mars 2008. Elle est votée par le Parlement et entre en vigueur le 1er juin 2009.
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+ Le suédois est l'une des deux langues officielles de la Finlande, avec le finnois. Les seize communes de l'archipel d'Åland sont exclusivement suédophones, ainsi que trois autres communes du pays, dont Korsnäs, qui possède le taux le plus élevé de locuteurs natifs suédophones (98 %).
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+ En 2012, environ 290 000 Finlandais (5,3 % de la population) ont le suédois comme langue maternelle[1]. Jusqu’à ces dernières années[Quand ?], le taux de suédophones en Finlande avait diminué de façon continue pendant 400 ans[2]. Aujourd'hui, le taux semble s'être stabilisé. En 2008, 46,8 % des Finlandais déclaraient savoir parler Suédois en seconde langue.
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+ Une minorité suédophone, arrivée au XIIIe siècle, réside toujours en Estonie : les Suédois d'Estonie[3]. Aux États-Unis, au Canada et Argentine, pays ou vivent plusieurs millions de descendants de Suédois, la langue Suédoise n'est quasiment plus parlée, mais elle reste enseignée en de nombreuses universités, et on retrouve l'origine des descendants de Suédois le plus souvent par les noms de familles, et la religion Lutheriénne.
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+ Le Conseil de la langue suédoise est l'organisme officiel responsable de la normalisation du suédois, mais il n'essaye pas de surveiller la langue aussi fortement que, par exemple, l'Académie française. Plusieurs organisations et agences exigent néanmoins que les règles données dans la publication du conseil Svenska Skrivregler soient suivies dans toutes communications officielles. Effectivement, le conseil est considéré comme l'organe régissant de la normalisation orthographique. Parmi les organisations qui font partie du conseil, l'Académie suédoise est considérée comme la plus importante.
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+ Autrefois, de 1526 à 1917, les traductions suédoises de la Bible dictaient la norme, mais la traduction officielle de 1917 n'a pas rattrapé l'évolution de la langue. À sa place, ce sont les règles orthographiques appliquées par l'agence de presse TT, instituée en 1922, qui sont depuis lors reconnues comme fixant la langue standard.
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+ Les dialectes du suédois sont traditionnellement divisés en six groupes :
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+ Le suédois utilise un alphabet de 29 lettres. Il comprend les 26 lettres de base de l'alphabet latin et trois lettres supplémentaires : le Å (« A rond en chef »), le Ä (« A tréma ») et le Ö (« O tréma »), qui se prononcent généralement /o(ː)/, /ɛ(ː)/ et /œ(ː)/. Ces trois graphèmes ne sont pas considérés comme des variantes diacritées de A et O, mais comme des lettres à part entière, qui figurent après la lettre Z dans l'ordre alphabétique. Elles ont été créées au XVIe siècle et correspondent respectivement à un O écrit au-dessus d'un A, un E au-dessus d'un A et un E au-dessus d'un O.
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+ Ces lettres correspondent respectivement au Å, Æ et Ø danois (des mots communs aux deux langues s'écriront par contre avec les caractères de la langue considérée, comme Malmö qui s'écrit Malmø en danois). Les touches des claviers sont généralement coordonnées (la touche Ä fera un Æ avec Ctrl ou inversement).
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+ Les lettres accentuées sont rares en suédois. Le É sert parfois à indiquer la position de l'accent tonique, en particulier lorsqu'il existe un homophone où l'accent tombe ailleurs : ainsi idé « idée » se distingue-t-il de ide « tanière ». Il figure également dans quelques noms propres. L'accent aigu apparaît sur d'autres lettres dans des emprunts ou des noms propres. Le À est utilisé pour indiquer un coût unitaire, à la manière de l'arobase @ en anglais.
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+ Les dialectes suédois comptent 17 ou 18 voyelles, la moitié brèves et l'autre moitié longues. La majorité des voyelles longues vont de pair avec une brève qui partage leur qualité, mais un peu plus ouverte et centrale.
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+ Il existe 18 consonnes, dont deux (/ɧ/ et /r/) présentent d'importantes variations en fonction du dialecte et du statut social du locuteur. De nombreux dialectes présentent des rétroflexes lorsqu'un /r/ est suivi d'une dentale. Les dialectes des anciennes provinces danoises sont caractérisés par un /r/ uvulaire, à la française, qui empêche l'apparition des rétroflexes.
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+
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+ Le suédois est une langue à accent de hauteur. Il distingue deux tons : un accent « aigu » (ou accent 1) et un accent « grave » (ou accent 2). La prosodie constitue l'une des différences les plus marquées entre dialectes.
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+ Les noms peuvent être de deux genres : commun (utrum) ou neutre (neutrum). Les noms communs représentent environ 80 % de l'ensemble de cette catégorie[4]. Ils se distinguent par leurs articles : en correspond au genre commun et ett au neutre. L'article indéfini s'utilise comme en français, mais ce n'est pas le cas de l'article défini, qui est postposé et enclitique, c’est-à-dire qu'il est soudé à la fin du nom[5].
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+
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+ Il existe six terminaisons possibles pour le pluriel des noms : -or, -ar, -er, -r, -n et rien[6]. Ces pluriels correspondent à la forme indéfinie du nom. Pour la forme définie, il faut ajouter un article postposé enclitique, qui peut être -na (après un pluriel se terminant par -r), -a (après un pluriel en -n) ou -n (après un pluriel non marqué)[7].
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+ L'adjectif s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il modifie. Il existe deux déclinaisons de l'adjectif : la déclinaison définie ne peut être utilisée que lorsque l'adjectif est en position d'épithète, alors que la déclinaison indéfinie peut apparaître en position d'épithète ou d'attribut[8].
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+ La déclinaison définie pratique la double détermination du nom, avec l'utilisation de den / det / de en plus de l'article postposé enclitique.
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+ Comme dans les autres langues germaniques, il existe des verbes faibles et des verbes forts. Les premiers forment leur prétérit et leur participe passé par l'ajout d'un suffixe comprenant une voyelle dentale (t ou d), alors que les seconds le forment en altérant la voyelle de leur radical. Bien que les verbes forts ne représentent que 8 % de l'ensemble des verbes suédois, ils constituent une part importante des verbes les plus couramment employés[9].
92
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+ Au présent comme au prétérit, il n'y a pas d'accord en nombre et en personne : le paradigme entier ne comprend qu'une seule forme. Le participe passé se décline comme en français et s'utilise comme un adjectif. Le supin, forme distincte du participe passé (il est souvent, mais pas toujours, identique au participe passé neutre), est utilisé pour former les temps composés avec l'auxiliaire ha « avoir »[10].
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+
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+ Il existe trois façons de former le passif :
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97
+ Le subjonctif n'est quasiment plus employé. Il ne subsiste guère que dans des expressions figées comme Leve kungen! « Vive le roi ! »[12]. L'impératif est identique au radical du verbe. Le participe présent est invariable et formé à l'aide du suffixe -ande ou -ende ; il est assez peu utilisé.
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99
+ La majeure partie du vocabulaire suédois est d'origine germanique, en distinguant le fonds germanique natif des emprunts ultérieurs aux autres langues germaniques, principalement l'allemand, le moyen bas allemand (lingua franca dans la zone hanséatique au Moyen Âge) et l'anglais dans une moindre mesure. Certains emprunts sont des calques du terme original, comme bomull « coton », de l'allemand Baumwolle.
100
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101
+ Les emprunts au français remontent pour la plupart au XVIIe et XVIIIe siècle. Ils ont généralement trait aux domaines de la culture, du théâtre et de la restauration. Leur orthographe est adaptée à la phonologie du suédois : fåtölj « fauteuil », parfym « parfum », toalett « toilette ».
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+ La plupart des termes des domaines religieux et scientifique sont d'origine grecque ou latine, le plus souvent empruntés par l'intermédiaire du français, ou, plus récemment, de l'anglais. Le suédois de Finlande a parfois des termes propres proches des mots finnois correspondant, particulièrement dans le vocabulaire juridique et administratif.
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+ Comme dans les autres langues germaniques, de nouveaux mots peuvent être formés par composition. Le déterminé se trouve toujours à la fin du mot composé, après les déterminants. À l'image de ce qui se passe en allemand et en néerlandais, ces mots composés peuvent devenir très longs : par exemple, produktionsstyrningssystemsprogramvaruuppdatering signifie « mise à jour (uppdatering) du logiciel (programvaru) du système (system) de contrôle (styrning) de la production (produktion) ». Cependant, il est rare de trouver des mots d'une telle longueur ailleurs qu'à l'écrit, dans des textes de nature technique.
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+ La dérivation lexicale permet également de construire de nouveaux mots à partir de mots existants. Il est possible de former des verbes à partir de substantifs en leur ajoutant la terminaison -a, comme bila « voyager en voiture » à partir de bil, « voiture ». L'opération inverse est également productive, comme dans le cas de tänk, « concept, manière de penser », à partir de tänka « penser ».
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Barack Hussein Obama II /bəˈɹɑːk huːˈseɪn oʊˈbɑːmə/[1] Écouter, né le 4 août 1961 à Honolulu (Hawaï), est un homme d'État américain. Il est le 44e président des États-Unis, en fonction du 20 janvier 2009 au 20 janvier 2017.
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+ Fils d'un Kényan noir et d'une Américaine blanche du Kansas d’ascendance anglaise et irlandaise, il est élevé durant plusieurs années en Indonésie. Diplômé de l'université Columbia de New York et de la faculté de droit de Harvard, il est, en 1990, le premier Afro-Américain à présider la prestigieuse Harvard Law Review. Après avoir été travailleur social dans les quartiers sud de Chicago durant les années 1980, puis avocat en droit civil à sa sortie de Harvard, il enseigne le droit constitutionnel à l'université de Chicago de 1992 à 2004.
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+ Marié à Michelle Robinson en 1992, Barack Obama entre en politique quatre ans plus tard : il est élu au Sénat de l'Illinois, où il effectue trois mandats, de 1997 à 2004. Il s'oppose à la guerre d'Irak lancée par George W. Bush et se fait connaître au niveau national par le discours qu'il prononce en juillet 2004 lors de la Convention nationale démocrate qui désigne John Kerry comme candidat à la présidence. Après avoir échoué à obtenir l'investiture du Parti démocrate pour la Chambre des représentants en 2000, il est élu au Sénat fédéral en novembre 2004. Il se présente ensuite aux primaires présidentielles démocrates face à Hillary Clinton ; devancé en nombre de voix, il l'emporte avec une légère avance en termes de grands électeurs et devient ainsi le candidat du parti.
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+ Il obtient 52,9 % des voix et 365 grands électeurs à l'élection présidentielle de 2008 contre le républicain John McCain. Il est le premier homme noir à accéder à la présidence des États-Unis. Son parcours a suscité chez les électeurs comme dans les médias du monde entier un grand intérêt. Sa présidence intervient dans un contexte de guerre en Irak, de guerre d'Afghanistan, de crise au Moyen-Orient, d'importante récession de l'économie américaine et de crise financière et économique mondiale. En octobre 2009, il reçoit le prix Nobel de la paix.
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+ Il promulgue un plan de relance économique, met en place le renouvellement d'autorisation des assurances-chômages et les créations d'emplois, celle sur la protection des patients et des soins abordables ainsi qu'une réforme de la régulation financière en 2010. Dans le domaine de la politique étrangère, il retire progressivement les troupes américaines d'Irak, augmente celles présentes en Afghanistan et signe un traité de contrôle des armements avec la Russie. Il commande également l'opération qui aboutit à la mort d'Oussama ben Laden. En 2011, lors de la guerre civile libyenne, il contribue au renversement de Mouammar Kadhafi. Candidat à sa réélection lors de l'élection présidentielle de 2012, il est opposé au républicain Mitt Romney, qu'il bat avec 332 voix du collège électoral et 51 % des suffrages au niveau national.
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+ Durant son second mandat, Barack Obama tente de promouvoir un contrôle accru des armes à feu et la reconnaissance constitutionnelle réussie du mariage entre personnes du même sexe. En politique extérieure, il ordonne une intervention militaire en Irak et en Syrie contre l'État islamique. Il poursuit le processus de retrait des forces américaines d'Afghanistan. En 2013, il décommande à la dernière minute une opération de représailles contre le régime de Bachar el-Assad, alors que ce dernier utilise des armes chimiques contre la population civile des zones rebelles de Syrie. Il ratifie l'accord de Paris sur le climat, parvient à un accord sur le nucléaire iranien et normalise les relations américaines avec Cuba.
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+ Si ses derniers mois de présidence sont marqués par une popularité en hausse, avec une majorité d'opinions favorables au niveau national, le républicain Donald Trump lui succède après avoir emporté l'élection présidentielle de 2016 face à la candidate du Parti démocrate, Hillary Clinton, qui avait reçu le soutien de Barack Obama.
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+ Barack[2] Hussein Obama (2e du nom) naît le 4 août 1961 à 19 h 24 à la maternité de Kapiolani à Honolulu[3].
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+ Son père, Barack Obama, Senior (né à Nyang’oma Kogelo en 1936 et mort le 24 novembre 1982 à Nairobi dans un accident de voiture), est un économiste et homme politique kényan, issu de l'ethnie luo[4]. Ses parents se sont rencontrés en 1960 lors de classes de langue russe à l'université d'Hawaï à Mānoa[5],[6]. Dans son autobiographie, troisième partie, notamment le récit de Granny sur les origines familiales et la vie d'Hussein et de Barack, Sr., Barack Obama fournit une assez longue généalogie en ligne paternelle (12 générations au-dessus de lui) et indique que la famille vivait de l'élevage nomade dans la région de l'Ouganda avant de venir se fixer au Kenya, à Alego[7] puis à Kendu Bay[8].
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23
+ L'arrière-grand-père de Barack Obama, Jr. s'appelait simplement Obama (il est donc l'ancêtre éponyme) et vivait à Kendu Bay à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Son grand-père, Hussein Onyango Obama (1895-1979), est présenté comme un personnage assez original ; il est le premier habitant de Kendu Bay à entrer en contact avec les Anglais à Kisumu, autour de 1910. Immédiatement, il adopte un mode de vie moderne (vêtements européens, apprentissage de la lecture et de l'écriture, souci exceptionnel d'hygiène). Désavoué par son père et ses frères, il se met au service du colonisateur. Pendant la Première Guerre mondiale, il est responsable de l'organisation de corvées au Kenya puis au Tanganyika. Après la guerre, il exerce la profession de domestique et cuisinier pour différents patrons britanniques ; en même temps, il effectue un retour aux origines en achetant des terres à Kendu Bay et en prenant une épouse, Helima (puis une seconde, Akumu, puis une troisième, Sarah). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est au service d'un officier britannique dans différents endroits (Birmanie, Thaïlande, Ceylan, Europe). Après son retour, il cesse de travailler comme domestique et devient agriculteur à plein temps ; c'est aussi le moment où il quitte Kendu Bay et s'installe à Alego.
24
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25
+ Dans les années 1950, il est détenu durant six mois à la suite d'une dénonciation calomnieuse à propos de liens avec le mouvement nationaliste kényan (KANU). Reconnu innocent, il sort malgré tout affaibli physiquement et moralement de cette épreuve[9].
26
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+ De ses trois épouses, il a eu huit enfants[10].
28
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29
+ Barack Obama Senior est le deuxième enfant à être né en 1936 à Kendu Bay. Sa mère est Akumu. Barack Obama, Sr., qui est mort en 1982, a été éduqué dans la religion musulmane mais était néanmoins athée[11]. Après le départ[12] d'Akumu en 1945, il a été élevé par la troisième épouse de Hussein Onyango dans le village d'Alego ; quand il termine ses études primaires brillantes, quoique peu assidues, il est admis dans l'école des missionnaires de Maseno, mais en est renvoyé pour indiscipline, avant d'avoir mené à leur terme ses études secondaires. Il travaille plusieurs années comme employé de bureau à Mombasa et Nairobi et épouse sa première femme, Kezia. Il a la chance d'être repéré comme très doué par deux universitaires américaines qui lui font prendre un cours par correspondance et lui font passer l'examen de fin d'études secondaires à l'ambassade des États-Unis ; c'est encore avec leur appui qu'il sollicite une bourse auprès de plusieurs universités américaines et, en 1959, il reçoit une réponse favorable de l'université d'Hawaï. Il va y suivre un cursus d'économétrie, obtient les meilleures notes de sa promotion et y fonde l'association des étudiants étrangers[13].
30
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31
+ Sa mère, Stanley[14] Ann Dunham (née en 1942 et morte en 1995), est la fille de Stanley (né le 23 mars 1918 et mort le 8 février 1992) et de Madelyn Dunham (née le 26 octobre 1922 et morte le 3 novembre 2008)[15]. La famille Dunham est chrétienne, mais Ann, adulte, est agnostique. L'ascendance de la famille blanche de Stanley Ann Dunham semble avoir compté le premier esclave noir du continent : John Punch selon le site ancestry.com[16].
32
+
33
+ Ann Dunham est née à Wichita dans le Kansas[4], près d'une base militaire[3], son père ayant été appelé en 1942 pour servir comme GI dans l'armée américaine. Pendant la guerre, Madelyn Dunham travaille dans les usines aéronautiques de Wichita. Après avoir servi en Europe dans l'armée de George Patton, Stanley Dunham devient vendeur représentant en meubles. La famille Dunham déménage assez souvent, habitant successivement la Californie, le Kansas, le Texas, l'État de Washington (Seattle) avant de partir pour Hawaï en 1959. Stanley y connaît des déboires professionnels, mais Madelyn occupe un emploi de cadre de banque.
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35
+ Stanley Ann suit des études d'anthropologie à l'université d'Hawaï quand elle rencontre Barack Sr[17].
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37
+ Barack Obama a été élevé par ses grands-parents maternels à partir de 1971. Étant très attaché à Madelyn (« Toot », américanisation de Tutu, « grand-mère » en hawaïen), le candidat a même interrompu sa campagne pour s'occuper d'elle alors qu'elle était souffrante à Hawaï. Madelyn Dunham est décédée le 3 novembre 2008[15], la veille même de l'élection de son petit-fils à la présidence des États-Unis.
38
+
39
+ Les parents de Barack Obama se marient le 2 février 1961[18]. En août 1963, son père est accepté à l'université Harvard mais il part seul pour le Massachusetts car la bourse qu'il a obtenue ne lui permettrait pas de subvenir aux besoins de son épouse et de son fils. Le divorce sera prononcé en janvier 1964. Diplômé en économie en 1965, le père de Barack Obama repart au Kenya où il fonde une nouvelle famille. D'abord homme en vue proche du gouvernement de Jomo Kenyatta, il finit par s'opposer aux projets du président. Limogé et boycotté, il sombre dans la pauvreté et l'alcoolisme avant de se tuer dans un accident de voiture en 1982[13]. Son fils ne l'aura revu qu'une fois, à 10 ans, lors d'un séjour de son père à Hawaï (décembre 1971/janvier 1972).
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+ Ann Dunham s'est remariée en 1965 avec un étudiant originaire d'Indonésie, Lolo Soetoro, qui regagne son pays dès 1966 ; Ann et Barack le rejoignent à Jakarta[19] en 1967. Barack va passer quatre ans en Indonésie. Il fréquente d'abord pendant deux ans l'école primaire catholique St-François d'Assise, puis une école publique où il est le seul étranger[18]. Dans son dossier d'inscription, il aurait choisi, parmi les cinq religions proposées, celle de son beau-père, le javanisme[20], une branche locale de la religion musulmane[21]. Pendant la campagne électorale pour l'investiture de 2008, l'éditorialiste néo-conservateur Daniel Pipes a prétendu qu'Obama avait été un musulman pratiquant durant son séjour en Indonésie (donc entre 6 et 10 ans)[22]. Obama affirme quant à lui que son foyer n'était pas religieux.
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+ En 1971, sa mère le fait revenir à Hawaï chez ses grands-parents maternels, afin qu'il puisse faire des études secondaires américaines (depuis le début du séjour indonésien, elle lui faisait suivre un cours par correspondance et, dans les derniers mois, lui imposait de se lever très tôt pour travailler avec elle avant d'aller à l'école) ; il est inscrit à l'Académie Punahou, prestigieuse école privée d'Hawaï[23] pour laquelle il a obtenu une bourse. L'année suivante, Ann, séparée de Lolo Soetoro, le rejoint avec Maya et reprend ses études avec un mastère consacré à l'anthropologie de l'Indonésie. Selon Maya, l'éducation que sa mère a donnée à cette époque à ses deux enfants était « idéaliste et exigeante[24] ». En 1975, elle retourne en Indonésie pour effectuer les travaux de terrain obligatoires pour son diplôme, mais Barack refuse de la suivre[24]. Elle devient responsable d'un programme d'aide aux femmes pauvres organisé par la fondation Ford puis contribue à développer le système de microcrédit indonésien[24]. Elle achève son doctorat en 1992 avec une thèse sur The peasant blacksmithing in Indonesia. Mais elle meurt à Hawaii à 52 ans le 7 novembre 1995 d'un cancer de l'ovaire. Obama affirme que sa plus grande erreur a été de ne pas avoir été à ses côtés au moment de sa mort.
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+ Barack Obama a raconté son enfance et sa jeunesse (jusqu'en 1988) dans son autobiographie Les Rêves de mon père[25].
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+ Barack Obama a adhéré en tant qu'adulte à la foi protestante. Comme il l'a écrit dans son livre The Audacity of Hope[26], il a été élevé en dehors de tout enseignement religieux dans un foyer parfaitement athée, son père étant par ailleurs issu d'une famille musulmane et sa mère d'une famille chrétienne. En janvier 2008, Barack Obama a déclaré à Christianity Today : « Je suis chrétien, et un chrétien pratiquant. Je crois en la mort rédemptrice et à la résurrection de Jésus-Christ. Je crois que la foi m'ouvre une voie pour être lavé de tout péché et obtenir la vie éternelle. »[27]
48
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+ C'est le pasteur afro-américain Jeremiah Wright qui a amené Barack Obama à la foi chrétienne à la suite de son engagement à ses côtés dans le service social au sein de la communauté afro-américaine. Barack Obama a ensuite été vingt ans membre de sa paroisse, Trinity United Church of Christ (en), qui appartient à l'Église unie du Christ, une église d'inspiration réformée et congrégationnaliste. Le pasteur Wright a aussi marié Barack et Michelle Obama, baptisé leurs deux filles et béni leur maison. Il a été la première personne à avoir été nommée dans le discours de remerciements de Barack Obama après son élection au Sénat des États-Unis en 2004[28]. Toutefois, en 2008, les déclarations publiques très virulentes du pasteur Wright au sujet du passé esclavagiste des États-Unis, des blancs et des juifs ont fortement embarrassé le candidat à la présidentielle. Les milieux conservateurs ont profité des déclarations du pasteur Wright pour accuser Barack Obama d'être aligné sur des positions radicales et anti-patriotiques[28].
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+ Devant la controverse croissante et ses conséquences sur sa campagne électorale, Barack Obama a alors quitté cette église et condamné les propos extrêmes de son ancien pasteur, tout en refusant de condamner en bloc la paroisse de Trinity United Church of Christ (en), qui est l'une des plus grandes églises noires de Chicago et l'une des plus actives dans le domaine social et solidaire. Plusieurs théologiens notables sont par ailleurs membres de cette église[28].
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+ Après s'être installée à Washington en 2009, la famille Obama a participé aux cultes de plusieurs églises protestantes, dont l'église baptiste de Siloé (en) et l'église épiscopalienne Saint-Jean, ainsi que Evergreen Chapel à Camp David, mais sans participer régulièrement aux services de l'une d'entre elles[29],[30].
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+ Après ses études secondaires, Barack Obama passe deux ans à l'Occidental College de Los Angeles (Californie) puis entre à l'université Columbia de New York. Il en sort diplômé en 1983[31] avec un baccalauréat universitaire en science politique, spécialité relations internationales.
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+ Avant[32] même d'obtenir son diplôme de l'université Columbia, Barack Obama envisageait de devenir « organisateur communautaire » (community organizer, et non pas social worker[33]), mais ses démarches auprès de différents organismes (notamment la mairie de Chicago, depuis peu dirigée par un Noir, Harold Washington) n'aboutissent pas. Il entre à New York dans un cabinet de consultants (Business International Corporation (en)[34]) travaillant pour des multinationales, d'abord comme assistant de recherche, puis comme analyste financier, fonction importante qui lui permet de disposer d'un bureau et d'une secrétaire. À la suite d'une prise de contact avec sa tante Auma[réf. nécessaire], il décide de se réorienter vers le travail communautaire et quitte son entreprise. Toujours à New York, il connaît une période de travail précaire (il travaille notamment pendant trois mois pour l'organisation de Ralph Nader), puis est recruté par un militant associatif de Chicago, Jerry Kellman (qu'il appelle Marty Kaufman dans son autobiographie).
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+ À l'été de l'année 1985[35], il choisit de travailler comme organisateur communautaire dans le quartier noir défavorisé de Bronzeville. Il devient adjoint de Jerry Kellman, travailleur social chrétien, membre d'un réseau d'Églises progressistes. Jusqu'en 1987, Barack Obama, surnommé « Baby Face » par les pasteurs locaux, arpente South Side pour aider les résidents à s'organiser dans la défense de leurs intérêts, pour obtenir le désamiantage des logements sociaux, l'ouverture de bureaux d'embauche, ou pour lutter contre la délinquance des jeunes. C'est durant cette période que Barack Obama, élevé sans religion[36], se rapproche de l'Église unie du Christ dirigée dans le quartier par le pasteur antisémite Jeremiah Wright, et embrasse la religion protestante.
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+ Au cours de l'année 1987, il pose sa candidature à plusieurs universités et reçoit un agrément de Harvard en février 1988. Il quitte Chicago en mai 1988 et après un séjour touristique en Europe, part pour son premier voyage au Kenya. Il étudie ensuite pendant trois ans[35] à la faculté de droit de Harvard à Cambridge près de Boston ; il en sort diplômé avec la mention magna cum laude. En 1990, il est le premier Afro-Américain[37] élu (face à 18 autres candidats) rédacteur en chef de la prestigieuse Harvard Law Review, événement qui fait l'objet d'une information dans des journaux nationaux.
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+ À la fin de ses études, au lieu de devenir adjoint au juge Abner Mikva, Barack Obama revient à Chicago pour devenir enseignant en droit constitutionnel à l'université de Chicago où il travaille jusqu'en 2004[35]. Il entre dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques.
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+ En 1992, il épouse Michelle Robinson, juriste originaire de Chicago rencontrée en 1989 dans le cabinet d'avocats où il travaille et où elle est avocate associée. Le couple Obama aura deux filles, Malia Ann (née en 1998) et Natasha, plus connue par son surnom Sasha (née en 2001). Michelle Robinson-Obama est alors une avocate renommée, figure influente du Parti démocrate local et proche du maire de Chicago, Richard M. Daley. C'est elle qui va propulser la carrière politique de son époux[13],[35] alors qu'il n'a, jusque-là, milité activement que pour soutenir la candidature de Bill Clinton à la présidence des États-Unis, et celle de Carol Moseley-Braun au Sénat.
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+ En 1996, Barack Obama est élu au Sénat de l'Illinois dans la 13e circonscription, couvrant les quartiers de South Side à Chicago[35] dont le quartier de Hyde Park, dans lequel il vivra avec sa femme et ses deux filles jusqu'à son entrée à la Maison-Blanche. Il préside la commission de santé publique quand les démocrates reprennent la majorité au Sénat de l'État.
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+ Il soutient les législations en faveur de l'extension de la couverture médicale aux plus démunis, se fait le défenseur de la cause des homosexuels et fait augmenter les fonds destinés à la lutte contre le sida. Son mandat est marqué par sa capacité à obtenir, par le biais de compromis, l'assentiment des républicains sur des lois comme celles contre le profilage racial, pour la vidéosurveillance des interrogatoires de police ou encore un moratoire sur l'application de la peine de mort dans l'Illinois[13].
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+ En 2000, il tente de se faire désigner aux primaires démocrates pour être candidat à la Chambre des représentants des États-Unis mais il est battu avec 30 % des voix contre 61 % à Bobby Rush, le titulaire démocrate sortant et ancienne figure historique du Black Panther Party.
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+ Barack Obama se fait aussi remarquer à l'échelle nationale en 2002 lorsqu'il refuse de cautionner les explications des néo-conservateurs au sujet d'une invasion nécessaire de l'Irak. « Je ne suis pas quelqu'un qui s'oppose à la guerre en toutes circonstances. Je suis opposé à une guerre stupide, non pas basée sur la raison, mais sur la passion, non sur les principes, mais sur la politique », déclare-t-il le 2 octobre 2002 à Chicago[38]. Cette opposition à la guerre lancée par l'administration Bush le 19 mars 2003 et approuvée par une large majorité du Sénat des États-Unis (notamment par Hillary Clinton[39]), lui servira de référence tout au long de sa campagne pour l'investiture de l'élection présidentielle américaine de 2008 pour contrer ses adversaires.
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+ À l'automne 2002, il engage le consultant politique David Axelrod et annonce officiellement sa candidature au Sénat des États-Unis en janvier 2003[40]. Parmi les membres du comité pour le financement de sa campagne se trouve un repris de justice notoire, Tony Rezko (en)[41],[42]. En juillet 2004, il prononce un discours de la Convention démocrate de Boston désignant John Kerry comme candidat du parti à l'élection présidentielle. Il y fait l'apologie du rêve américain, de l'Amérique généreuse, en rappelant ses origines familiales. Il en appelle à l'unité de tous les Américains et dénonce les « errements » et l'« extrémisme » diviseur de l'administration de George W. Bush. Ce discours The Audacity of Hope[43] repris dans la presse écrite et à la télévision fait connaître Barack Obama aux militants démocrates mais également à de nombreux Américains[44].
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+ Le 2 novembre 2004, après avoir battu quelques mois plus tôt ses adversaires démocrates lors des primaires, Barack Obama est élu au Sénat des États-Unis avec 70 % des voix contre 27 % à son adversaire républicain, l'ancien ambassadeur et chroniqueur politique conservateur afro-américain Alan Keyes. Le score n'est pas une surprise. Pendant plusieurs mois, Barack Obama a fait une grande partie de sa campagne électorale sans aucun opposant désigné contre lui à la suite du retrait en dernière minute de Jack Ryan, le candidat républicain ; ce dernier avait lui-même succédé à Blair Hull, le vainqueur des primaires. Tous deux étant englués dans des affaires scabreuses avec leurs épouses respectives, ce n'est que deux mois avant l'élection, qu'Alan Keyes a été désigné comme candidat républicain en dépit du fait qu'il résidait au Maryland, qu'il n'avait aucun lien avec l'Illinois et qu'en 2000, il avait dénoncé le parachutage d'Hillary Clinton à New York.
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+ Barack Obama succède alors au sénateur républicain sortant Peter Fitzgerald. Il prête serment comme sénateur le 4 janvier 2005, devenant le seul homme de couleur à siéger au Sénat, et le cinquième de l'histoire[45]. Il démissionne de son poste de sénateur le 16 novembre 2008, après son élection à la présidence des États-Unis.
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+ Le 16 janvier 2007, il annonce la création d'un comité exploratoire en vue de lever des fonds pour une candidature à l'élection présidentielle de 2008 ; le 10 février 2007, il déclare sa candidature à l'investiture démocrate[46] et ce, malgré son inexpérience relative et la concurrence dans le camp démocrate d'Hillary Clinton, jusque-là favorite pour les primaires. Le 15 décembre 2007, il reçoit l'appui du prestigieux quotidien national The Boston Globe[47].
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+ Tout au long de l'année 2007, il a insisté sur le fait qu'il incarnait le changement et qu'il s'opposait à la politique partisane[48]. Sa candidature enthousiasme une partie des électeurs indépendants et des jeunes[48]. Il obtient le ralliement de nombreuses personnalités comme le sénateur John Kerry, les hommes d'affaires Warren Buffett et George Soros, les acteurs George Clooney, Matt Damon, Will Smith, Ben Affleck, Robert De Niro, les actrices Halle Berry, Sophia Bush et Scarlett Johansson, le rocker Bruce Springsteen, la chanteuse Nicole Scherzinger, le rappeur Nas, la romancière Toni Morrison ou l'animatrice de télévision Oprah Winfrey, personnalité extrêmement influente dans son pays, notamment au sein de la communauté afro-américaine[49]. Le 21 avril 2008, il obtient également le soutien du cinéaste Michael Moore.
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+ Le 3 janvier 2008, Barack Obama crée la surprise[50] en remportant les premières primaires, les caucus de l'Iowa, État blanc à plus de 96 %, avec 38 % des suffrages exprimés, loin devant le sénateur John Edwards (30 %) et l'ancienne First Lady Hillary Clinton qui a obtenu 29 %[51], démontrant ainsi pour la première fois qu'un métis pouvait avoir de réelles chances au niveau national.
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+ Il réussit alors à imposer à la campagne des primaires, aussi bien démocrates que républicaines, le thème du « changement » (« Change »). Le 8 janvier, il perd dans le New Hampshire (37 %) contre Hillary Clinton (39 %) malgré des sondages l'annonçant grand favori avec 10 points d'avance[52]. Son discours de défaite est teinté d'espoir et de remotivation. De cette défaite Barack Obama tire son nouveau slogan : « Yes we can » (« Oui, nous pouvons »), promis à une grande renommée. Selon les sources, celui-ci trouve son origine dans le cri de ralliement lancé en 1972 par le syndicaliste César Chávez (« Sí se puede (en) »), à qui Obama rendra hommage une fois élu[53], ou dans le mot d'ordre de Dolores Huerta, une militante des droits civiques dans les années 1960 à qui Barack Obama a remis une haute distinction[54].
88
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+ Après une polémique avec Hillary Clinton sur les droits civiques et les rôles respectifs de Martin Luther King Jr. et du président Lyndon B. Johnson, il arrive de nouveau deuxième en nombre de voix, derrière Hillary Clinton, lors du caucus du Nevada du 19 janvier (51 % contre 45 %). Néanmoins Barack Obama obtient une majorité de 13 délégués contre 12 pour Hillary Clinton, raison pour laquelle il refuse de concéder sa défaite. Il évoque également des irrégularités dans le vote qu'il impute au camp Clinton, accusant Bill Clinton et sa femme, de déformer les faits à son encontre[55].
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+ Le 27 janvier, sa très large victoire (55 % contre 27 % pour Hillary Clinton) lors des primaires de Caroline du Sud[56] relance sa candidature dans la perspective du Super Tuesday du 5 février.
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+ Le 28 janvier, il obtient le soutien de Caroline Kennedy[57], ainsi que d'Edward Moore Kennedy et Patrick Kennedy[58].
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+ Lors du Super Tuesday, le 5 février, Barack Obama remporte 13 États, face à 9 pour Hillary Clinton.
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+ Le 2 février, Will.i.am enregistre Yes We Can, une chanson inspirée d'un discours prononcé par Obama, à la suite de la primaire du New Hampshire de 2008. Mixée avec des images et des extraits du discours, elle est interprétée par de nombreuses célébrités (la plupart des musiciens, chanteurs et comédiens américains) soutenant le sénateur Obama. La chanson a été produite par Will.i.am, le clip a été réalisé par Jesse Dylan, le fils du chanteur Bob Dylan[59].
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+ Le 9 février, il remporte les États de Washington, du Nebraska et de Louisiane ainsi que les îles Vierges. Le lendemain 10 février, il remporte l'État du Maine. Le 12 février, en remportant les trois élections primaires démocrates en Virginie, au Maryland et dans la capitale fédérale Washington, Barack Obama prend un avantage dans la course aux 2 025 délégués nécessaires pour obtenir l'investiture démocrate. Avec 1 231 délégués, il devance dorénavant Hillary Clinton (1 196 délégués), s'adjugeant au passage la confiance non seulement d'une bonne partie de l'électorat afro-américain mais aussi celui des personnes âgées (53 % contre 47 % à Hillary Clinton) et des femmes (58 %) ; les Blancs demeurent plutôt favorables à Hillary Clinton (48 % contre 51 %)[60].
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+ Le 19 février, il gagne les primaires dans le Wisconsin et à Hawaï, signant là dix victoires consécutives sur Hillary Clinton.
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+ Le 22 février, avec plus de 65 % des voix, Barack Obama, sénateur de l'Illinois, a largement remporté la primaire des démocrates expatriés. En France, il dépasse la barre des 70 %[61].
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+ Le 4 mars, il gagne dans l'État du Vermont mais perd dans l'Ohio et le Rhode Island. Au Texas, il obtient plus de représentants à la convention que Hillary Clinton (99 contre 94). Il conserve une avance de plus de 100 délégués.
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+ Il remporte les primaires du Wyoming le 8 mars, puis celles du Mississippi trois jours plus tard.
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+ Le 18 mars 2008, il prononce l'important discours de Philadelphie[62] sur la question raciale.
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+ Le 22 avril, Hillary Clinton remporte la primaire de Pennsylvanie[63] ; sa campagne qui ne pouvait se permettre d'accroître davantage son retard, bénéficie alors d'un second souffle aux dépens de celle d'Obama. Ce dernier a été fragilisé dans l'opinion par son attitude ambiguë à l'égard des dérapages verbaux de son ancien pasteur, le communautariste Jeremiah Wright[64], ainsi que par des accusations d'élitisme.
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+ Ainsi, le 3 mai, il remporte avec seulement sept voix d'écart les caucus de Guam, île du Pacifique, avec 50,08 % des voix contre 49,92 % pour Hillary Clinton.
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+ Le 6 mai, il remporte l'État de Caroline du Nord avec 56 % des voix mais perd avec 22 000 voix d'écart dans l'Indiana (49 % des voix)[65].
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+ Le 13 mai, Hillary Clinton remporte la primaire en Virginie-Occidentale avec 67 % des voix contre 26 % pour Barack Obama. La candidate bénéficie d'un vote massif des électeurs blancs et modestes, très nombreux dans cet État[66]. Obama peut néanmoins rattraper son retard auprès de cette dernière catégorie d'électeurs et auprès des « cols bleus » (ouvriers blancs) grâce au ralliement de poids de John Edwards, annoncé dès le lendemain de la primaire de Virginie-Occidentale[67].
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+ À ce stade des primaires, les cinq dernières consultations à venir seront d'une importance toute relative, aucun des deux candidats ne pouvant obtenir la majorité qualifiante des délégués ordinaires, tandis que les super-délégués, qui restent partagés entre Obama (282), Clinton (273) et l'indécision (environ 240), auront probablement le dernier mot lors de la Convention démocrate du mois d'août. Certains observateurs misent cependant sur un retrait de Clinton avant la fin du processus[68].
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121
+ Le 20 mai, Obama et Clinton remportent l'un et l'autre une primaire. Le premier s'impose dans l'Oregon (58 % des voix), la seconde dans le Kentucky (65 % des voix)[69].
122
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123
+ Le 30 mai, il quitte l'Église unie du Christ à la suite des polémiques engendrées par les propos du pasteur Wright et du révérend Michael Pfleger. Obama était membre de cette Église depuis une vingtaine d'années[70],[71].
124
+
125
+ Le 3 juin, à l'issue des dernières primaires (Montana et Dakota du Sud), il atteint le seuil requis des 2 118 délégués, ainsi que le soutien de nombreux super-délégués[72]. Malgré la revendication par Clinton de la majorité du « vote populaire » (en nombre de voix de militants) et le refus de la sénatrice de se déclarer vaincue, Obama est désormais quasiment assuré d'être désigné candidat à la Maison-Blanche lors de la convention démocrate de la fin du mois d'août.
126
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127
+ Le 7 juin, Hillary Clinton « suspend » sa campagne à l'investiture démocrate et apporte son soutien à Barack Obama dans sa campagne présidentielle contre le républicain John McCain[73].
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+ Le 27 août, troisième jour de la Convention nationale démocrate de 2008 (en) à Denver, Obama est officiellement investi par acclamation, ou roll call, lancée par la sénatrice Hillary Clinton[74]. Plus de vingt ans après le révérend Jesse Jackson, trois fois candidat à l'investiture démocrate et premier à remporter des primaires, notamment en 1988, c'est le premier métis Afro-Américain[37] investi pour la présidentielle par un parti majeur[75].
130
+
131
+ Concernant le financement des campagnes électorales, faiblement encadrée par la législation américaine, Barack Obama se déclare partisan d'un système de financement public et indique avant même sa déclaration de candidature qu'il financerait ainsi sa campagne présidentielle si son rival républicain faisait de même.
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+ Cependant, en juin 2008, il décide de baser sa campagne sur la collecte de fonds privés, échappant ainsi à la limite de collecte imposée en cas de financement par les fonds publics[76]. Il devient alors le premier candidat à se passer de ces fonds fédéraux depuis l'adoption par le Congrès des lois sur le financement des campagnes électorales, élaborées après le scandale du Watergate[77].
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+ Plus de 40 % des fonds de campagne d'Obama viennent de la Californie, de l'État de New York et de l’Illinois, États traditionnellement démocrates[78].
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+ Les 5 principaux groupes de donateurs d'Obama sont les actionnaires, les employés, ou membres de[78] :
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+ Avec un taux de participation record de 63 % des électeurs inscrits[82], Barack Obama a remporté l'élection présidentielle du 4 novembre 2008 avec plus de 9 millions de voix d'avance[83] sur son adversaire John McCain. La victoire est nette aussi bien au niveau des grands électeurs (365 à 173[84],[85]) que dans le vote populaire (52,9 % à 45,6 %)[86]. Outre ses victoires dans les États-clés âprement disputés de l'Ohio et de la Floride, Obama a fait basculer, de justesse, des bastions républicains traditionnels comme l'Indiana[87], et a même obtenu les suffrages de deux anciens États confédérés (en plus de la Floride) : la Virginie[88] et la Caroline du Nord[89]. Barack Obama l'emporte dans toutes les classes d'âge, sauf chez les plus de 65 ans, et bénéficie d'une plus forte mobilisation des jeunes électeurs, alors que 68 % des 18-25 ans se sont prononcés en sa faveur[90]. Il obtient également le suffrage de 54 % des catholiques, de 78 % des juifs, ainsi que de 67 % des Latinos et de 95 % des Afro-Américains[91].
140
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+ Au soir du 4 novembre 2008, il prononce devant plusieurs centaines de milliers de personnes son discours de victoire à Grant Park, dans la ville de Chicago (Illinois)[92]. Après avoir remercié tous ses soutiens (famille, collaborateurs, électeurs), il évoque les enjeux majeurs de son mandat à venir ; en particulier les guerres d'Irak et d'Afghanistan et la crise économique. Son discours est teinté de références significatives aux discours d'investiture de John F. Kennedy, d'Abraham Lincoln et également aux discours prononcés par Martin Luther King Jr. ; il cite notamment mot pour mot un passage du discours que fit Abraham Lincoln lors de sa première investiture[93].
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+
143
+ L'élection de Barack Obama est dans l'ensemble très bien accueillie à l'étranger, où elle est souvent l'occasion de célébrations populaires. Le Kenya, pays natal de son père, décrète même un jour férié. Fait également sans précédent, des gouvernements traditionnellement en très mauvais termes avec les États-Unis adressent leurs félicitations au nouveau président, ainsi Raúl Castro (Cuba), Hugo Chávez (Venezuela) ou Mahmoud Ahmadinejad (Iran). Depuis l'Afrique du Sud, il est aussi félicité par le prix Nobel de la paix et ancien président Nelson Mandela[94].
144
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145
+ Barack Obama a été formellement élu par les grands électeurs le 15 décembre 2008 — sa victoire ayant été officiellement proclamée au Congrès des États-Unis par Dick Cheney le 8 janvier 2009)[95] — et il a succédé à George W. Bush le 20 janvier 2009. Il est alors devenu le quarante-quatrième président des États-Unis, et le premier Afro-Américain[37] à accéder à la Maison-Blanche.
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147
+ Le début de sa présidence commence dans un contexte de guerre en Irak, de guerre d'Afghanistan et d'une importante récession de l'économie américaine.
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+ Barack Obama doit notamment sa victoire au vote de très nombreux primo-votants, recrutés grâce à une campagne révolutionnaire de mobilisation des donateurs, des militants, et enfin des électeurs. Cette mobilisation fut basée sur trois leviers principaux : le message, les nouvelles technologies et l'organisation de terrain.
150
+
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+ Le message, c'est le « changement », fondé sur l'émotion, sur le modèle des campagnes de community organizing, faisant des électeurs les acteurs de ce changement. La capacité de la campagne (ou organisation) mise en place par Obama à canaliser les flux monétaires et de bénévoles, a constitué un élément déterminant de sa victoire ; en s'inspirant du modèle mis en place par les républicains huit ans auparavant et en l'améliorant, Obama a su canaliser et tirer parti de son succès populaire[96].
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+ Les nouvelles technologies, ce sont les outils Internet qui sont utilisés avant tout pour recruter les sympathisants et organiser le militantisme. On y trouve les réseaux sociaux, de type Facebook, sur lequel Barack Obama est de loin la personne au monde ayant le plus de partisans déclarés, avec près de cinq millions de supporters en janvier 2009[97], mais aussi une exceptionnelle base de données appelée Catalist, « un fichier unique qui répertorie individuellement 220 millions d'Américains, avec jusqu'à 600 informations par personne », et permettant d'effectuer un ciblage précis sur tous les électeurs afin d'élaborer des messages personnalisés[98].
154
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+ Enfin, l'organisation de terrain combine une communication de mobilisation, le militantisme de proximité et une campagne de financement, structurée en groupes géographiques (DC for Obama, etc.) ou thématiques (Students for Obama, Lawyers for Obama, etc.), organisée sur le modèle du téléthon, qui permet à Barack Obama de bénéficier in fine d'un budget de 750 M$ contre 350 M$ pour John McCain. Au total, Barack Obama a levé une armée de 1,2 million de militants, représentant 25 % du budget de campagne (200 M$). Ces militants ont approché, directement ou par téléphone, près de 68 millions d'Américains, soit plus de la moitié des électeurs et 99 % des électeurs cibles[98].
156
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+ L'élection présidentielle américaine indirecte fait que le président élu ne prend ses fonctions que onze semaines après le suffrage populaire. Cette période entre l'Election Day du 4 novembre et l'Inauguration Day, jour de la prise de fonction présidentielle le 20 janvier, est une phase de nomination de la nouvelle administration présidentielle et de transition avec l'administration sortante. La première nomination de la nouvelle administration est celle de Rahm Emanuel au poste de Chef de cabinet de la Maison-Blanche. De nombreux noms circulent quant aux différents secrétaires et, le 1er décembre, il est annoncé que son ancienne rivale à l'investiture Hillary Clinton sera proposée par l'administration Obama comme secrétaire d'État[99]. Les principaux postes sont pourvus dès début décembre. Bien qu'Obama ait axé sa campagne présidentielle sur le slogan du changement, on note la prépondérance de vétérans de l'administration Clinton dans la nouvelle équipe, par souci revendiqué de bénéficier de leur expérience face à la crise.
158
+
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+ Conformément à ses promesses de dépasser le clivage bipartite[100], Obama maintient à la Défense son titulaire nommé par George W. Bush en 2006, Robert Gates, un proche des républicains[101] et de la famille Bush en particulier[102] ; il rencontre aussi à deux reprises son adversaire malheureux John McCain à la mi-novembre 2008 et le 19 janvier 2009, lors d'un bal rendu en l'honneur de l'ancien vétéran du Viêt Nam[103]. Il nomme également deux autres hommes proches des républicains dans son gouvernement, Ray LaHood (ancien représentant républicain) comme secrétaire au transport et le général James L. Jones, proche de John McCain[104], comme conseiller à la sécurité nationale.
160
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161
+ Le président Bush ayant souhaité que cette transition se passe au mieux, Obama bénéficie rapidement d'un accès aux informations classées secret défense et reçoit les mêmes rapports de sécurité que le président toujours en exercice, par la CIA et le FBI.
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163
+ Avançant qu'il ne peut y avoir qu'un président des États-Unis en exercice à la fois, Barack Obama fait le choix discuté de rester globalement silencieux en décembre 2008 et janvier 2009 lors de l'offensive israélienne contre le Hamas à Gaza. Celle-ci se ralentit très sensiblement quelques jours avant son investiture.
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165
+ Obama bénéficie d'une sécurité renforcée, très proche de celle du président en exercice. Elle est assurée par le Secret Service, l'agence fédérale chargée de la protection du président, du vice-président et de diverses personnalités. Il circule ainsi en convoi blindé et sa maison de Hyde Park ainsi que le bâtiment fédéral de Chicago lui servant de quartier général pendant cette période de transition sont étroitement surveillés. Le président-élu ne déménage à Washington que début janvier 2009.
166
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167
+ Lors des campagnes électorales, les principaux candidats à l'élection présidentielle américaine bénéficient d'une protection du Secret Service. Le candidat Obama fut le premier, en mai 2007, à en bénéficier du fait du risque d'attentats par des suprémacistes blancs[105]. Cette protection fut, comme pour le candidat républicain, renforcée après leur désignation respective comme candidat de leur parti.
168
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+ Le 20 janvier 2009 à 12 h 07, Barack Obama prête serment au Capitole de Washington, D.C., devant une foule sans précédent estimée à plus de 2 millions de personnes, et sous les yeux de plusieurs centaines de millions de téléspectateurs du monde entier. Il est ainsi officiellement investi comme 44e président, dans une atmosphère de ferveur nationale et internationale peu habituelle (près de 8 Américains sur 10 lui accordent alors leur confiance face à la crise). Symboliquement, le premier président métis afro-américain réutilise la Bible qui avait servi en 1861 pour l'investiture d'Abraham Lincoln. Dans les jours précédents, il avait refait en train le trajet de Philadelphie à Washington accompli par ce dernier cette année-là, et s'était adressé à la foule depuis le Lincoln Memorial.
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+ En signe d'unité nationale, Barack Obama choisit un évêque épiscopalien gay pour dire la prière d'ouverture des festivités de son investiture, un pasteur évangélique anti-avortement pour la prière d'ouverture de la cérémonie, et un célèbre vétéran du mouvement des droits civiques, ancien compagnon de Martin Luther King Jr., pour la prière de clôture. Le discours d'investiture du nouveau président insiste sur « le triomphe de l'espérance sur la peur », sur le « refus du choix entre nos idéaux et notre sécurité » et sur le dialogue international, sans cacher aux Américains les difficultés qui les attendent[106].
172
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173
+ Le président de la Cour suprême John G. Roberts, Jr. ayant mal placé un adverbe en récitant la formule constitutionnelle (« […] that I will execute the Office of President to the United States faithfully » au lieu de « […] that I will faithfully execute the Office of President of the United States »), et fait ainsi hésiter le nouveau président, la prestation de serment est refaite en privé le lendemain 21 janvier à la Maison-Blanche afin d'éviter toute contestation juridique éventuelle[107].
174
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175
+ Barack Obama est considéré comme un homme politique pragmatique, adepte du compromis pour faire avancer ses idées et ses projets et capable de rassembler diverses catégories de l'électorat, même si ses votes au Congrès ont pu le classer à la gauche du parti[108]. Son discours sur l'état de l'Union de janvier 2010, venant peu de temps après avoir perdu la super majorité au Sénat avec l'élection du successeur de Ted Kennedy au Massachusetts, a mis l'accent sur la nécessité de réformer la finance mondiale, à la suite de la crise financière de 2008, et appelle les démocrates et républicains à voter une loi afin de contrecarrer l'arrêt de la Cour suprême, Citizens United v. Federal Election Commission, du 21 janvier 2010, qui étend les possibilités de financement électoral par les entreprises (nationales et étrangères)[109]. La perte de la majorité au Sénat hypothèque la réforme du système de protection sociale. Obama est aussi adepte d'une large ouverture de l'information (non classifiée) détenue par les administrations et les Agences gouvernementales, vers le public, ainsi que d'une approche participative et collaborative, ce qu'il a traduit, dès son premier jour de travail à la Maison-Blanche par l'Open Government Initiative.
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+ Barack Obama est présenté comme un adepte du multilatéralisme, partisan de la realpolitik, et prend pour modèle James Baker, saluant la politique étrangère américaine menée sous la présidence de George H. W. Bush pendant la Première Guerre du Golfe en 1991 et lors de la chute du mur de Berlin en 1989[110]. Sa politique étrangère est mise en œuvre par sa secrétaire d'État, Hillary Clinton. S'il veut être plus ferme à l'égard du programme nucléaire de la Corée du Nord, ses principales propositions sont un retrait en 16 mois des troupes américaines (combattantes) d'Irak, qui commencerait dès sa prise de fonction, et le commencement d'un dialogue « sans préconditions » avec l'Iran[111]. Il affirme cependant après son élection qu'il considère le programme nucléaire iranien comme « inacceptable ». Cette déclaration a été critiquée par le président du Parlement iranien, Ali Larijani[112].
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+ Concernant les relations avec Israël et avec les Palestiniens, après avoir été ambivalent, il prononçait, le 4 juin 2008 à la conférence de la coterie pro-israélienne Aipac (American Israel Public Affairs Committee) un discours dans lequel il apportait son soutien au statut de Jérusalem en tant que capitale indivisible de l'État d'Israël[113],[67]. Les observateurs notent néanmoins que les relations entre Barack Obama et les dirigeants israéliens, en particulier Benyamin Netanyahou, sont moins chaleureuses que celles entretenues par ses prédécesseurs[114].
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+ Le 10 juillet 2009, il rencontre au Vatican le pape Benoît XVI, en marge du sommet du G8. Le président Obama s'est notamment engagé auprès de lui à tenter de réduire le nombre d'avortements.
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+ Le 1er mai 2011, à approximativement 23 h 20 (heure de l'Est), il annonce la mort, par les forces spéciales des États-Unis, du dirigeant principal du réseau jihadiste Al-Qaïda, Oussama ben Laden[115], considéré comme le commanditaire des attentats du 11 septembre 2001. Cette annonce suscite des scènes de liesse aux États-Unis, et de nombreuses réactions positives à travers le monde[116]. Dans les heures d'extrême tension précédant un assaut tenu secret et à l'issue incertaine, il effectuait lors du dîner des correspondants de la Maison-Blanche, un mémorable exercice de style où il déployait tout son humour[117].
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+ Au cours de la Première guerre civile libyenne, il apporte son soutien aux rebelles du Conseil national de transition et adhère à l'intervention militaire placée sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU) : il s’agit de l'opération Odyssey Dawn, qui participe au renversement de Mouammar Kadhafi. En 2016, il juge que le manque de suivi après cette opération militaire a été « la pire erreur de sa présidence », reconnaissant que Washington a une part de responsabilité dans le « chaos » libyen[118],[119].
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+ Dans le cadre de la guerre civile syrienne, il semble d'abord s'engager dans un processus débouchant sur une intervention militaire aérienne au cas où le régime de Bachar el-Assad franchirait la « ligne rouge » qu'il définit en 2012, à savoir l'emploi d'armes chimiques contre la population civile des zones rebelles. À la grande surprise de ses alliés, essentiellement de la France qui avait déjà annoncé des frappes conjointes à la suite des attaques au gaz sarin du 21 août 2013 qui font entre 1000 et 2 000 victimes, il suspend puis annule le 31 août les opérations de représailles prévues. Barack Obama se dit « très fier » de cette décision par laquelle il souhaite marquer une rupture avec la tradition interventionniste américaine, et se référer à la communauté internationale pour ce genre d'intervention ; elle est toutefois vécue comme une véritable trahison par François Hollande et considérée comme un abandon de la Syrie à Vladimir Poutine par les critiques de la stratégie du président des États-Unis.
188
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+ Il a prononcé à l'université al-Azhar du Caire le 4 juin 2009 un discours considéré comme présentant un changement de cap majeur en matière de relations internationales entre les États-Unis et les musulmans[120]. Cette université est le centre le plus important du monde arabe pour la formation des oulémas[121]. Au cours de ce discours, en présence de Frères musulmans invités d'honneur contre l'avis d'Hosni Moubarak, le président Obama a attribué à l'islam quasiment toutes les inventions majeures de l'histoire de l'humanité, présentant aussi les États-Unis comme « un grand pays musulman »[122]. Il s'est également prononcé en faveur de la non-réglementation du port du voile : « Il est important pour les pays occidentaux d'éviter de gêner les citoyens musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, et par exemple en dictant les vêtements qu'une femme doit porter » et d'ajouter : « On ne doit pas dissimuler l'hostilité envers une religion devant le faux-semblant du libéralisme ». Cette critique envers un pays occidental vise selon de nombreux observateurs la France et sa politique de laïcité[123],[124].
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+ En octobre 2010, concernant l'attribution du prix Nobel de la paix au Chinois Liu Xiaobo, il déclare :
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+ En janvier 2011, recevant Hu Jintao en visite d'État, Barack Obama aborde la question des droits de l'homme et suggère le dialogue entre la Chine et le dalaï-lama[126].
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+ En 2013, John Camille Pecastaing, professeur à l'université Johns-Hopkins, juge que « la politique étrangère des États-Unis sous Obama est devenue minimaliste et réactive. Elle se résume à l'emploi de drones tueurs dans la lutte antiterroriste »[127]. L'historien Perry Anderson souligne également combien « les assassinats exécutés par des drones, qui avaient commencé sous son prédécesseur, [sont devenus] la marque de fabrique du prix Nobel de la paix » et rappelle que durant son premier mandat, « Obama a ordonné un assassinat de ce type tous les quatre jours — un rythme plus de dix fois plus élevé que sous la présidence Bush »[128].
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+ L'ancien astronaute Charles F. Bolden est nommé Administrateur de la Nasa en juillet 2009 et le programme Constellation est annulé. À la place, l'administration Obama souhaite confier au secteur privé le transport des astronautes vers la Station spatiale internationale. Après une valse-hésitation, le programme de véhicule habité Orion est rétabli, et un objectif à long terme d'exploration habitée des astéroïdes et finalement de Mars est donné à la NASA, en utilisant un nouveau lanceur géant, le Space Launch System. La première mission d'Orion est prévue en 2014.
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+ À l'instar de Bill Clinton, Barack Obama radicalisa sa position au fur et à mesure de son ascension politique. Lorsqu'il était sénateur dans l'Illinois, Obama a fait voter une loi qui rend obligatoire pour la police de filmer les interrogatoires des accusés encourant la peine de mort, sous peine de voir les aveux non-filmés annulés. Lorsqu'il fut candidat pour devenir sénateur fédéral de l'Illinois, Obama déclara à la télévision que la peine de mort était utilisée « trop fréquemment et inconsciemment » et rappela que « treize condamnés à mort ont été libérés en Illinois pour cause d'innocence ». Il conclut en déclarant que même s'il approuvait la peine de mort lorsque « la communauté est fondée à exprimer la pleine mesure de son indignation », il fallait réduire le nombre de crimes capitaux[129]. Durant la campagne présidentielle, Obama déclara également que Ben Laden justifiait le recours à la peine de mort[130]. Enfin il condamna, le jour-même où elle fut rendue, une décision[131] de la Cour suprême qui déclarait la peine de mort anticonstitutionnelle pour les personnes condamnées pour viol sur mineur sans homicide (John McCain venait de faire la même chose dans la matinée). Une fois élu, Obama nomma Eric Holder, personnellement opposé à la peine de mort, comme procureur général (poste crucial dans le fonctionnement de la peine de mort fédérale). Lors de son audition, Holder déclara qu'il appliquerait « la loi faite par le Congrès ». C'est avec son autorisation que la peine de mort fut ainsi requise devant une cour fédérale dès sa prise de fonction en janvier 2009[132].
200
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+ Il se déclare également en faveur du 2e amendement sur le droit de posséder des armes à feu, mais reconnaît l'utilité des « lois de bon sens pour empêcher les armes de tomber dans les mains d'enfants ou de membres de gangs[132] ».
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+ Barack Obama est favorable au droit à l'avortement ; il s'est d'abord déclaré partisan des contrats d'union civile entre personnes de même sexe (lors de sa campagne de 2008, il est ainsi opposé au mariage homosexuel[133]) puis a souhaité la généralisation de l'extension des droits et avantages matrimoniaux aux homosexuels jusqu'au mariage, tant au niveau de chaque État qu'au niveau fédéral[134]. Enfin, en mai 2012, il devient, lors d'une annonce officielle très médiatique, le premier Président américain à se déclarer en faveur du mariage entre personnes de même sexe[135]. Le mariage homosexuel est finalement autorisé sous son mandat, lors d'une décision de la Cour suprême le 26 juin 2015.
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+ S'il est favorable au renforcement des contrôles à la frontière mexicaine, il défend une régularisation des immigrés clandestins déjà présents auxquels il envisage l'octroi du permis de conduire[108]. Il considère notamment que sans l'apport de main-d'œuvre immigrée, l'agriculture américaine mettrait la « clef sous la porte », signifiant concrètement son intention de favoriser le regroupement familial et d'augmenter le nombre d'immigrés réguliers[136].
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+ Le 20 novembre 2014, dans une allocution télévisée de la Maison-Blanche, Barack Obama annonce une « action différée » permettant à environ 45 % d'immigrants illégaux de rester aux États-Unis[137]. Jusqu'à 3,7 millions d'individus de parents sans papiers, ou qui ont résidé légalement dans le pays depuis au moins cinq ans, sont éligibles au statut DACA, qui leur permet l'éligibilité à un permis de travail aux États-Unis[138].
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+ Les expulsions de migrants ont fortement augmenté sous la présidence de Barack Obama. Entre 2009 et 2016, trois millions de personnes ont été expulsées vers le Mexique, ce qui vaut au président le surnom d'« expulseur en chef » auprès des détracteurs de cette politique[139].
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+ Au niveau économique, la présidence Obama est avant tout marquée par le plan de relance de près de 800 milliards de dollars lancé par l'American Recovery and Reinvestment Act de 2009, visant à faire face à la crise des subprimes.
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213
+ Lors de sa campagne électorale de 2008, Obama propose de mettre en place une importante réforme du système de santé américain permettant la création, au niveau fédéral, d'une « assurance santé universelle », sans pour autant imposer une couverture santé obligatoire à l'exception des enfants[111]. C'est alors un de ses projets phares de sa campagne. Néanmoins, une fois élu président, pour faire adopter son texte, Obama fut contraint à des concessions pour faire adopter son projet par le Congrès. Le 7 novembre 2009, soit presque 11 mois après son investiture et en dépit d'une majorité confortable à la Chambre des représentants, il obtint de justesse, par 220 voix contre 215, l'adoption d'un texte réformant le système de santé. Un seul républicain, Joseph Cao, avait alors voté pour la réforme. Le Sénat des États-Unis adopta également son propre texte le 24 décembre, après un long débat et de multiples amendements par 60 voix contre 40. Finalement, après maintes péripéties, le 21 mars 2010, en dépit de sondages d'opinion défavorables, d'une polarisation aggravée de la classe politique et des citoyens américains, d'une popularité présidentielle en berne symbolisée par la victoire d'un républicain dans le Massachusetts pour succéder à Ted Kennedy, en dépit enfin des réticences d'une partie des élus démocrates, le texte voté par le Sénat est adopté tel quel par la Chambre des représentants par 219 voix contre 212.
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+ Qualifié d'historique, le texte, qui n'a reçu aucune voix de l'opposition (une première historique pour ce genre de législation), permet de garantir une couverture santé à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus. Il reste néanmoins bien en deçà des promesses électorales de Barack Obama car elle n'inclut pas, notamment, de régime public universel ni même d'assurance publique, et laissera 5 % des résidents américains (23 millions de personnes) sans aucune couverture maladie (contre 15 % avant la réforme)[140].
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+ En vertu du texte ainsi adopté, la plupart des Américains auront l'obligation de s'assurer avant 2014, sous peine de se voir infliger des pénalités[141]. Des subventions seront accordées par le gouvernement fédéral pour aider les familles aux plus bas revenus à payer leurs cotisations (revenus inférieurs à 88 000 dollars par an[141]). Les entreprises de plus de 50 salariés (PME et commerçants) qui ne fourniront pas de couverture devront également payer des pénalités[142]. Par ailleurs, le texte interdit aux assurances de refuser de couvrir des personnes en raison de leurs antécédents médicaux[141]. Les parents pourront également protéger leurs enfants jusqu'à l'âge de 26 ans. Néanmoins, pour parvenir à ses fins et faire adopter cette loi, Barack Obama annonce qu'il signera un décret garantissant que la réforme ne modifierait en rien les restrictions interdisant l'utilisation de fonds fédéraux pour des avortements[143], ce qu'il fait le 24 mars au lendemain de la promulgation de la loi[144]. Plusieurs correctifs doivent encore être adoptés par une loi budgétaire par les deux chambres. La réforme devrait coûter 940 milliards de dollars (695 milliards d'euros) sur dix ans[141]. Son financement devrait être assuré par des taxes sur les revenus élevés et la baisse des dépenses de soins[141].
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+ Cela faisait près d'un siècle que le Congrès débattait de cette question de la santé. Le président républicain Theodore Roosevelt en parlait déjà dans son programme, mais il fut battu à l'élection présidentielle américaine de 1912 par le candidat démocrate Woodrow Wilson. En 1965, le président démocrate Lyndon B. Johnson avait promulgué le Medicare et le Medicaid, respectivement assurances pour les personnes âgées et pour les personnes pauvres, après avoir rallié à lui la moitié des voix républicaines du Congrès. Le président démocrate Bill Clinton tenta lui aussi de faire passer un projet ambitieux en 1993, mais échoua.
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+ Dès la promulgation de la loi par Barack Obama le 23 mars 2009, les attorneys généraux (ministres de la Justice) de douze (puis quatorze) États américains déclareront mettre en œuvre une procédure judiciaire fédérale visant à contester la constitutionnalité de la nouvelle loi pour violation de la souveraineté des États[145] alors que les législatures de 37 États entament des débats visant à adopter un statut dérogatoire pour ne pas avoir à appliquer la réforme[146]. Puis, le 24 mars, après l'adoption au Sénat de deux amendements déposés par les républicains concernant des vices de procédure, la loi de conciliation, adoptée par la chambre des représentants pour appliquer la nouvelle loi et qui prévoit notamment une extension des subventions fédérales, une aide accrue de l'État au programme Medicaid, un élargissement de l'assiette de l'impôt et une réforme du programme des prêts aux étudiants, doit être renvoyée de nouveau à la chambre pour faire l'objet d'un nouveau vote, retardant ainsi la mise en œuvre du texte[147].
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+ La loi de conciliation est à son tour adoptée par le Sénat le 25 mars 2010[148]. La réforme devient alors l'un des thèmes principaux de la campagne électorale de mi-mandat de 2010, les républicains ayant promis de l'abroger ou de la modifier.
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+ Lors de sa campagne électorale, Barack Obama a également préconisé une hausse du salaire minimum afin qu'il soit indexé sur l'inflation[149], des baisses d'impôts massives pour la classe moyenne (pour les personnes gagnant moins de 250 000 $ par an)[150], le recours au crédit d'impôt pour aider les ménages les plus modestes, et a promis de renégocier le traité de libre-échange nord-américain (l'ALÉNA). Dans le contexte de la crise des subprimes et du poids des crédits, il déclarait vouloir protéger les citoyens américains contre les abus des prêts de toutes sortes et annonçait un plan de grands travaux publics sur dix ans, financés par le retrait des forces de combat d'Irak[108].
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227
+ À la suite de son investiture, le président Barack Obama procéda à des annulations de programmes industriels jugés trop coûteux, non budgétés ou à l'ambition détournée de leur finalité : ce fut notamment le cas du programme Constellation (annulé le 1er février 2010) ou du projet de bouclier radar européen annulé le 18 septembre 2009 en vue d'obtenir l'appui du Kremlin sur la demande d'arrêt du programme nucléaire de l'Iran[151].
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+ L'agence pour la protection de l'environnement, Environmental Protection Agency (EPA), peut, depuis mars 2009, réglementer toute activité économique produisant du dioxyde de carbone, au motif qu'au-delà d'un certain seuil non défini, il constitue un polluant majeur, qualifié « d'injustice sociale »[152]. Ainsi, 20 % des centrales thermiques en activité en janvier 2009 ont dû cesser leurs activités ; pour lutter contre le réchauffement climatique, Barack Obama propose d'augmenter le prix de l'électricité, d'investir dans les biocarburants, les énergies alternatives[111],[153] et se déclare favorable à l'instauration d'un marché du CO2 obligeant les entreprises polluantes à racheter un « droit à polluer » auprès d'entreprises non polluantes[108]. Des subventions sont distribuées aux entreprises spécialisées dans l'énergie éolienne et le photovoltaïque, entreprises qui produisent très peu d'électricité et qui sont structurellement déficitaires[154],[155] ; dans le même temps, la construction d'un oléoduc permettant d'acheminer du pétrole depuis l'Alberta au Canada a été interrompue à la demande de l'EPA, et la prospection du sous-sol des États-Unis a cessé depuis avril 2009. Comme son ancien adversaire républicain à l'élection présidentielle de 2008, John McCain, il est plutôt favorable également au développement de l'énergie nucléaire comme solution aux problèmes climatiques mais sa position sur le sujet est devenue ambivalente durant la campagne électorale[156]. Le 1er juin 2009, le Secrétaire à l'Énergie Steven Chu a annoncé un fonds de 256 millions de dollars afin d'améliorer l'efficience énergétique des principales industries aux États-Unis[157].
230
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231
+ Faute de majorité de 60 voix au Sénat, l'examen du projet de loi sur l'énergie, adopté par la Chambre des représentants en 2009, a été ajourné le 22 juillet 2010, ce qui rend son adoption peu probable. Ce recul, qui ne traduit pas en loi les engagements pris à Copenhague, fragilise la position de l'exécutif américain dans les négociations internationales à venir[158].
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+ Le 9 octobre 2009, Barack Obama reçoit le prix Nobel de la paix[159], suscitant la surprise et une certaine incrédulité dans le monde, alors qu'il n'entame que son dixième mois de mandat présidentiel. Le comité du Nobel justifie sa décision en évoquant « les efforts extraordinaires du président des États-Unis en faveur du renforcement de la diplomatie internationale et de la coopération entre les peuples ». Cette décision est souvent qualifiée de politique et de partisane, récompensant plus des paroles et des bonnes intentions que des actes concrets[160],[161],[162],[163]. Obama devient ainsi le quatrième président des États-Unis et le troisième en fonction à recevoir le prix après Woodrow Wilson, Theodore Roosevelt et Jimmy Carter.
234
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+ Dix jours avant de recevoir le prix Nobel, le président des États-Unis décide, avec l'accord du Sénat, l'envoi de 30 000 soldats américains pour poursuivre la guerre d'Afghanistan de 2001[164]. Cela déclencha une forte controverse obligeant le « président de guerre », surnom qu'il a reçu et qu'il ne rejette pas[165], à aller chercher son prix Nobel en toute discrétion[166]. Seuls 19 % des Américains pensent que leur président méritait le prix Nobel de la paix[166]. De plus, l'administration de Barack Obama est celle ayant vendu le plus d'armement depuis la Seconde Guerre mondiale selon un rapport du Congrès américain[167].
236
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237
+ Alors que pendant sa campagne électorale de 2008, il déclarait vouloir mettre fin à la guerre, le New York Times souligne qu'il est à la fin de son second mandat, en novembre 2016, le seul président des États-Unis à avoir accompli « deux mandats entiers à la tête d'un pays en guerre »[168] sur différents théâtres d'opérations (Afghanistan, Pakistan, Somalie, Yémen, Syrie, Irak, Cameroun et Ouganda)[169].
238
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+ Le 4 avril 2011, Barack Obama annonce qu’il se porte candidat pour un second mandat présidentiel dans une vidéo postée sur son site internet et intitulée « It Begins With Us » (« Cela commence avec nous »)[170],[171],[172]. En tant que président sortant, il n’a pas d’opposant pour les primaires du Parti démocrate[173]. Le 3 avril 2012, il réunit les 2 778 délégués de son parti dont il a besoin pour être désigné et lors de la convention démocrate à Charlotte (Caroline du Nord), l'ancien président Bill Clinton nomme formellement Obama et Joe Biden candidats aux élections générales pour les postes de président et vice-président[174]. Les républicains désignent de leur côté Mitt Romney lors de la convention républicaine qui se tient à Tampa, en Floride, le 28 août 2012 ; celui-ci choisit comme colistier Paul Ryan.
240
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241
+ Au cours de la campagne, quatre débats télévisés sont organisés, les 3 octobre, 11 octobre (débat entre Biden et Ryan pour la vice-présidence), 16 octobre et 22 octobre[175],[176]. Mitt Romney se révèle globalement meilleur que le président sortant lors du premier débat et la campagne d'Obama est considérée comme manquant de souffle, si bien que plusieurs sondages indiquent une possible victoire de son adversaire républicain[177]. Mais, fin octobre, l'ouragan Sandy marque un coup d'arrêt à l'ascension de Romney et permet à Obama de mettre en avant son rôle de chef de l'État[178].
242
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+ Le mardi 6 novembre 2012, jour de l'élection nationale, Obama obtient 332 grands électeurs, dépassant les 270 nécessaires à sa réélection[179],[180],[181]. Avec 51 % du vote populaire, il devient le premier président depuis Franklin D. Roosevelt à remporter deux élections consécutives avec la majorité au niveau national, ayant obtenu 61 % des voix des grands électeurs (332 contre 206 pour son rival), 51 % des 129 millions de suffrages exprimés (pour environ 200 millions d'inscrits sur 300 millions d'habitants aux États-Unis) — soit une avance d'environ 4,7 millions de voix sur son adversaire — et remportant 26 États contre 24 à Mitt Romney. Obama perd néanmoins 3 583 000 voix et 2 points de pourcentage par rapport à 2008, et l'emporte en obtenant une large majorité chez les jeunes, les femmes et les minorités[182],[183],[184].
244
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245
+ Au soir de sa victoire, il s’adresse à ses partisans à Chicago et déclare : « Aujourd’hui, vous avez voté pour l’action, pas pour la politique. Vous nous avez élus pour que nous nous concentrions sur vos emplois, pas sur les nôtres. Et ces prochaines semaines et mois, j’escompte bien parvenir à travailler avec les leaders des deux partis »[185]. Barack Obama est officiellement investi pour un second mandat en prêtant serment d'abord à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2013, puis au pied du Capitole en public, le 21 janvier.
246
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247
+ La première année du second mandat d'Obama est marquée par une série de polémiques qui affectent son image et son autorité : le drame de Benghazi, l'échec de la loi sur le contrôle des armes à feu, les écoutes de la National Security Agency (NSA), l'usage excessif de drones tueurs contre des suspects islamistes dans le monde, ses hésitations sur la question de l'intervention militaire en Syrie[186],[187]. Si le président dénonce l'« obstructionnisme » systématique des élus républicains, décidés à mettre à mal la mise en place de sa réforme du système de santé ainsi que la légalisation massives d'immigrés clandestins latino-américains, ceux-ci critiquent l'attitude de leurs collègues démocrates ainsi que l'autoritarisme et la distance du chef de l'État. Afin d'inverser la tendance, Obama annonce plusieurs réformes en faveur de la classe moyenne, appelées « Grand Bargain » et inspiré du New Deal de Roosevelt, comme la réduction des taxes professionnelle et d'incitation à l'embauche ; pour ce faire, il multiplie les déplacements dans les États du pays, mais avec un succès mitigé[188]. Il doit faire face à la défiance de sa propre majorité, de nombreux démocrates ayant notamment soutenu un texte déposé à la Chambre des représentants pour limiter les prérogatives de la NSA et s'étant opposé à la nomination de l'économiste Lawrence Summers à la tête de la Réserve fédérale des États-Unis, à laquelle le chef de l'État a dû renoncer[186].
248
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249
+ Le blocage des représentants du Parti républicain sur le budget fédéral des États-Unis, dont ils veulent obtenir l'abandon du Patient Protection and Affordable Care Act, fait que, pour 18e fois de son histoire et la première fois depuis 1996[189],[190], l'administration fédérale américaine effectue un lock-out (« shutdown ») le 1er octobre 2013[191]. Le 17 octobre, un accord est finalement trouvé entre les démocrates et républicains qui met fin au shutdown tout en relevant le plafond de la dette. L'Obamacare n'a donc pas été modifiée. Mais l'accord ne porte que jusqu'au 15 janvier 2014 pour le budget fédéral, et au 7 février pour l'autorisation donnée au Trésor d'emprunter sur les marchés (plafond de la dette)[192]. En décembre 2013, l'administration Obama rétropédale finalement sur sa réforme de la santé à cause de nombreux dysfonctionnements, repoussant pour des millions d'Américains d'un an l'obligation de souscrire à une police d'assurance maladie[193].
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+ Souhaitant en début de son mandat reprendre (reset) les relations russo-américaines et rallier Moscou à la cause anti-chinoise, Obama doit néanmoins composer avec le Congrès et les agences fédérales (CIA, Pentagone) partisans d'un endiguement de la Russie et d'un contrôle direct sur les États voisins (pays baltes, Ukraine, Géorgie) par le biais de l'OTAN[194]. L'affaire Snowden et la révolution ukrainienne de 2014 enveniment ces relations, la Russie accusant les agences américaines d'avoir joué un rôle déclencheur dans ces événements. Quand les régions de l'Est du pays se révoltent contre le pouvoir central, Vladimir Poutine est accusé d'encourager un soulèvement pro-russe, ce qui conduit Barack Obama à initier sa politique de sanctions économiques imposées à la Russie[194], alors que la première crise diplomatique entre l'Ukraine et la Russie à propos de la Crimée remonte au 5 mai 1992, soit immédiatement après la dislocation de l'URSS en décembre 1991, et sept ans avant son premier mandat à la tête de la Fédération de Russie en 1999. Cette crise permet surtout de relancer l'OTAN[194].
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+ Malgré ce nouveau foyer de tension, le président des États-Unis reste pourtant décidé à poursuivre son « pivot diplomatique » vers l'Asie, mais doit rassurer ses alliés (Japon, Corée du Sud), en proie eux aussi à des conflits territoriaux, mais avec la Chine. Sheila Smith, experte au Conseil pour les relations extérieures, note que « l'administration Obama a beau dire qu'il n'y a pas d'équation possible entre la Crimée et les îles Senkaku, chaque allié est très sensible sur la question de la fermeté américaine »[195]. Il parvient en juillet 2015 à conclure de manière positive les négociations avec l'Iran[196]. Cet accord endommage les relations avec Israël déjà perturbées par les liens tendus entre Benyamin Netanyahou et Obama[194] et celles avec l'Arabie saoudite qui, du fait de l'autosuffisance énergétique rendue possible par les hydrocarbures non conventionnels, perd son rôle d'interlocuteur privilégié des États-Unis dans la région[194]. À la suite de la crise migratoire subie par l'Europe en 2015, il annonce que les États-Unis accorderont l'asile à 10 000 Syriens pour soulager les pays submergés, tels que la Hongrie ou la Croatie. En 2016, il exprime nettement son opposition au Brexit mettant en avant les conséquences sécuritaires et les effets négatifs pour le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement[197].
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+ Après la fusillade de l'Umpqua Community College, dans l'Oregon, en septembre 2015, Obama renforce sa position en faveur d'une législation pour un meilleur contrôle des armes. Début 2016, grâce à l'économie forte retrouvée par les États-Unis, au taux de chômage proche du plein emploi, à la validation de son système de sécurité sociale visant à protéger les Américains contre les coûts des soins hospitaliers, à la légalisation du mariage homosexuel sur l'ensemble du territoire américain (rendu Obergefell v. Hodges de la Cour suprême des États-Unis) ainsi qu'à l'obtention du pouvoir de négocier sa loi sur le libre-échange avec le reste du monde, Barack Obama retrouve une forte popularité aux États-Unis[198],[199]. À partir de juillet 2016, son niveau de popularité dépasse les 51 % d'opinions favorables[200], jusqu'à 60 % durant les derniers jours de son mandat.
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257
+ Depuis janvier 2017, le couple Obama demeure à Washington, D.C. pour que leur fille cadette Sasha puisse terminer le lycée. À cet effet, ils louent pour un loyer mensuel de 22 000 dollars une luxueuse villa de 760 m2 construite en 1928 et estimée à plus de 5 millions d'euros, comptant pas moins de huit salles de bain, neuf chambres, deux cuisines, une bibliothèque, une salle de sport, une salle de divertissement, une cave à vins, ainsi qu'une grande cour pouvant accueillir jusqu'à dix véhicules[201].
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+ En avril 2017, il donne une conférence à Wall Street, pour laquelle il est payé 400 000 dollars, ce qui est critiqué par Bernie Sanders[202].
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+ Deux mois après avoir quitté la Maison-Blanche, Barack et Michelle Obama signent un contrat de plus de 60 millions de dollars pour la parution de deux livres de mémoires (un chacun) avec la maison d'édition Penguin Random House[203]. Ils annoncent cependant qu'ils reverseront une majorité de la somme à des œuvres de charité.
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+ En avril 2017, il donne un discours à l'université de Chicago en marge d'une discussion sur l'engagement citoyen et se livre à une rencontre avec les étudiants. Il dit vouloir aider à préparer la prochaine génération de dirigeants[204].
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+ Le 4 mai 2017, à quatre jours du second tour de l'élection présidentielle française de 2017, Barack Obama, après avoir déclaré qu'il ne compte pas s'impliquer personnellement dans de nombreuses élections, apporte son soutien au candidat d'En marche !, Emmanuel Macron, saluant sa capacité « d'en appeler aux espoirs de la population et non à ses peurs »[205]. L'ancien président des États-Unis souligne que « la réussite de la France importe au monde entier » et conclut son intervention par un « En marche ! », suivi d'un « Vive la France ! »[206].
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+ Son intervention dans la campagne présidentielle française s'inscrit dans un projet que Barack Obama veut conduire à travers sa fondation : redonner un second souffle aux valeurs progressistes, aux États-Unis et dans le monde, pour résister à la poussée des mouvements populistes[206]. Mais l'équipe de campagne de Macron commet une erreur en traduisant les « liberal values » évoquées par Barack Obama par « valeurs libérales », là où il aurait plutôt fallu lire « valeurs progressistes », le mot « libéral » n'ayant pas du tout le même sens des deux côtés de l'Atlantique[207].
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+ En mars 2018, il apporte son soutien dans une lettre aux survivants de la fusillade de Parkland qui luttent pour une législation plus dure sur les armes à feu aux États-Unis, lui-même ayant échoué à la réformer à la suite de la tuerie de Sandy Hook fin 2012[208].
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+ Personnalité attachée à ses racines afro-américaines, il a des goûts culturels éclectiques[209] ; c'est un grand lecteur, écrivant lui-même ses livres et ses discours les plus importants, Barack Obama doit une bonne partie de son ascension politique à ses talents d'orateur et à son charisme[210],[211],[212]. Bien que métis, Obama est décrit comme Noir, et se définit lui-même comme Noir[213],[214].
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+ Dans sa déclaration de revenus de 2007, le couple Obama a inscrit 4,2 millions de dollars, provenant largement des droits d'auteur des livres de Barack Obama.
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+ Le couple Obama a déclaré un revenu brut ajusté de 2 656 902 dollars (environ 2 millions d'euros) en avril 2009 pour ses déclarations de 2008. Ils ont payé, en 2008, 855 323 dollars (environ 647 000 euros) d'impôts fédéraux et 77 883 dollars (environ 59 000 euros) à l'État de l'Illinois et donné 172 050 dollars à 37 œuvres caritatives[215].
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+ Barack Obama est un grand amateur de basket-ball, qu'il continua à pratiquer presque chaque matin pendant sa campagne électorale, y compris le jour de son élection. Il promit l'installation d'une salle appropriée à la Maison-Blanche. Pendant la campagne présidentielle, il fit beaucoup rire par une tentative pour s'essayer maladroitement sous les caméras au bowling, sport très populaire en Amérique. Une fois à la Maison-Blanche, on le verra aussi jouer au golf avec le vice-président Biden sur le green du jardin de la résidence officielle[216].
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+ Barack Obama se trouve être le cinquième président gaucher en trente ans, après Gerald Ford, Ronald Reagan, Georges H. Bush et Bill Clinton. Ainsi qu'il le lança aux photographes lors de la signature de ses premiers documents officiels de président : « Je suis gaucher, il va falloir vous y faire[217] ».
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+ Président très « connecté », Barack Obama est un adepte des réseaux sociaux et des nouvelles formes de communication[218]. Plusieurs observateurs ont jugé que les réseaux sociaux avaient d'ailleurs joué un impact important lors de ses deux élections en 2008 et 2012[219],[220],[221],[222]. Il est le seul homme politique dont le compte Twitter est parmi les 10 les plus influents du site de microblogging avec plus de 55 millions d'abonnés[223]. Obama se met lui-même régulièrement en scène dans des vidéos, comme lors de sa dernière campagne en date réalisée avec BuzzFeed vue par des millions de personnes en quelques heures : « Things Everybody Does But Doesn’t Talk About, Featuring President Obama »[224].
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+ Artikel 1.
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+ Le suédois (svenska svenska en suédois) est une langue scandinave parlée par environ 10,4 millions de locuteurs, principalement en Suède et en Finlande, les deux pays dont il est langue officielle. Comme les autres langues scandinaves, il est issu du vieux norrois, la langue commune à tous les peuples germaniques de Scandinavie à l'époque des Vikings. La langue écrite et orale est standardisée, mais il subsiste des variantes régionales issues des anciens dialectes ruraux.
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+ Comme la plupart des langues germaniques, le suédois est une langue V2 : le verbe apparaît en deuxième position dans les propositions principales. La morphologie présente un nombre réduit de flexions. Il existe deux genres (commun et neutre) et deux nombres (singulier et pluriel), mais pas de cas. Par défaut, l'article défini est un clitique postposé, mais il existe également des articles séparés. L'adjectif s'accorde avec le nom en genre et en nombre, mais aussi en fonction de son caractère défini ou non. Phonologiquement, le suédois présente un nombre important de voyelles, ainsi qu'une consonne distinctive, le sj, dont la réalisation phonétique exacte varie selon les dialectes et reste débattue.
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+ Le suédois est une langue indo-européenne qui appartient à la branche scandinave (ou germanique du nord) des langues germaniques. Au sein des langues scandinaves, le suédois constitue avec le danois une branche orientale qui s'oppose à la branche occidentale qui réunit le norvégien, le féroïen et l'islandais. Une autre classification des langues scandinaves, qui prend en compte l'influence importante du danois sur le norvégien au cours du dernier millénaire, distingue les langues insulaires (féroïen et islandais) des langues continentales (danois, norvégien et suédois).
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+ L'intelligibilité mutuelle qui existe entre les trois langues continentales pourrait amener à les considérer comme de simples dialectes d'une langue scandinave unique, mais les siècles de rivalité entre le Danemark et la Suède, du XVIe au XVIIIe siècle, puis les nationalismes émergents du XIXe siècle ont œuvré contre le rapprochement de leurs langues, qui possèdent des traditions linguistiques (orthographe, dictionnaires, académies) distinctes. D'un point de vue linguistique, il vaut mieux décrire les langues scandinaves continentales comme un continuum linguistique, dans lequel certains dialectes frontaliers jouent le rôle d'intermédiaires entre les langues officielles standardisées.
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+ Une langue véhiculaire commune aux trois langues pourrait être créée, comme le fut par exemple le Bahasa Indonesia en Indonésie, qui est une synthèse[réf. nécessaire] des dialectes malais parlés en Indonésie. En Scandinavie, les pays sont riches, et une académie pourrait voir le jour pour régir et définir cette langue commune, mais il n'y a jamais eu vraiment de volonté politique pour l'instaurer, d'autant plus que le finnois n'est pas une langue scandinave. Culturellement, les Suédois, Danois et Norvégien ressentent un malaise lorsqu'ils ne peuvent communiquer entre eux dans leurs langues d'origines du fait qu'ils sont censés pouvoir le faire et que la majorité de la population en est également capable. D'autant plus que les diverses coopération internes facilitent les opportunités pour pouvoir le faire (échange de programme télévisé/films/séries, journaux, invitation à des échanges universitaires…).
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+ Pour le moment, l'Anglais semble être la langue véhiculaire pour communiquer entre les populations scandinaves et nordiques, vu le haut niveau d'éducation de ces pays, où une large partie de la population, surtout les plus jeunes, parlent cette langue.
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+ Le proto-norrois, langue germanique commune à toute la Scandinavie, évolue en vieux norrois au VIIIe siècle. Les évolutions ultérieures ne couvrent pas l'ensemble de l'espace scandinave, donnant naissance à une série de dialectes orientaux au Danemark et en Suède, distincts des dialectes occidentaux parlés en Norvège et en Islande. Ces dialectes sont attestés par des textes écrits en futhark récent, un système de 16 runes développé à partir du vieux futhark utilisé pour transcrire le proto-norrois.
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+ Les dialectes danois commencent à s'éloigner de leurs équivalents suédois vers 1200. Les innovations danoises se propagent de manière inégale, donnant naissance à une série d'isoglosses s'étendant de l'île de Seeland jusqu'au Norrland et au nord-ouest de la Finlande.
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+ Au XIIe siècle, les dialectes parlés dans ce qu'on appelle aujourd'hui la Suède et le Danemark ont commencé à se distinguer l'un de l'autre, puis se séparèrent au XIIIe siècle pour former les dialectes du vieux suédois (en) et du vieux danois. Une des différences cruciales est phonologique : en vieux danois (à la différence du vieux suédois), les diphtongues primaires æi, au et øy ont été monophtongués totalement en e et (pour les deux derniers), ø.
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+ On donne le nom de vieux suédois à la langue suédoise parlée au Moyen Âge à partir de 1225. Parmi les documents les plus importants datant de cette période, on trouve le plus ancien code pénal régional (Västgötalagen, le code pénal du Gotland occidental), conservé par fragments remontant à 1250. La principale influence qu'a subie le suédois à cette époque vint de l'établissement de l'Église catholique, et de ses différents ordres monastiques, qui introduisirent de nombreux mots d'emprunts au latin et au grec. La syntaxe particulièrement complexe du latin influença la langue écrite. Avec l'essor que connut la Hanse, et qui fit d'elle une grande puissance économique, politique et militaire entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe, le bas allemand exerça une influence profonde sur le suédois et le danois. Cette influence fut telle que plusieurs villes suédoises comptèrent des ressortissants germanophones au sein de leurs commerces et de leur administrations. En plus d'un grand nombre de mots d'emprunt relevant du vocabulaire de la guerre, du commerce, de l'artisanat et de la bureaucratie, ce sont même des expressions fondamentales, telles que des préfixes ou des suffixes, ou des conjonctions qui ont été directement empruntés à l'allemand. Be-, ge- et för- que l'on trouve au début de mots suédois viennent le plus souvent des préfixes be-, ge- et vor-. L'ancien mot désignant une ouverture dans un mur - vindöga (cf. danois contemporain vindue) - fut remplacé par le mot fönster (allemand Fenster). Le mot eldhus devint kök (cuisine, allemand Küche), gälda devint betala (payer, allemand bezahlen), tunga devint språk (langue, allemand Sprache), et le mot begynna (allemand beginnen) apparut, aux côtés de son synonyme börja. De nombreux mots relevant du vocabulaire maritime furent également empruntés au néerlandais.
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+ Le changement du suédois sous l'influence du bas-allemand fut facilité par le fait que le suédois était déjà, du fait de ses origines, une langue proche de l'allemand. Le bas-allemand partageait ainsi un grand nombre de mots avec les dialectes scandinaves. Par exemple, borgare (châtelain) est un emprunt au haut allemand, alors que borg (château) est scandinave, riddare (cavalier) est un emprunt au bas-allemand, mais rida (monter à cheval) est scandinave, köpman est un emprunt au bas-allemand, alors que köpa (acheter) et man (homme) appartiennent au fonds ancien de la langue (et la situation est la même pour förbjuda, för, et bjuda). Les emprunts au bas-allemand sont ainsi tout à fait différents de ceux qui seront empruntés plus tard à des langues bien plus étrangères.
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27
+ Le suédois tel qu'il était parlé au début du Moyen Âge était bien différent de la langue contemporaine. Les différences les plus évidentes sont peut-être d'ordre grammatical : les cas et les genres formaient un système plus complexe. Les substantifs, adjectifs, pronoms et certains numéraux se déclinaient à quatre cas, qui comprenaient, en plus du nominatif et du génitif qui existent encore aujourd'hui, un datif et un accusatif. Le système des genres rappelle plus celui du suédois contemporain. La plupart des noms masculins et féminins se sont réunis en un seul genre, qu'on appelle en grammaire suédoise utrum (auparavant : reale). La conjugaison était elle aussi beaucoup plus complexe, comprenant indicatif et subjonctif, le verbe variant en nombre et en personne. Vers le XVIe siècle, la grammaire de la langue quotidienne et de la littérature profane s'était extrêmement simplifiée, et ressembla beaucoup au suédois d'aujourd'hui. Les anciennes déclinaisons s'employèrent encore cependant dans la prose solennelle jusqu'au XVIIe siècle, et subsistent encore aujourd'hui dans certains dialectes.
28
+
29
+ L'utilisation des ligatures (comme æ) en Scandinavie diffère de celle qui avait cours dans la Romania. Les suites de lettres aa et oe étaient souvent écrites avec l'une des lettres se trouvant au-dessus de l'autre. Ceci contribua à former par la suite les lettres å, ä et ö.
30
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31
+ Il est difficile de dater exactement le moment où des dialectes comme celui d'Älvdalen ou le gutnisk de Gotland ont commencé à se séparer du suédois standard. On peut cependant dire que le gutnisk a divergé du suédois bien avant que celui-ci se distingue du danois.
32
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33
+ L'état de la langue appelé suédois moderne (nysvenska) commence son histoire avec l'introduction de l'imprimerie et la Réforme protestante. Après sa prise de pouvoir et son élection comme roi, Gustav Vasa commanda une traduction suédoise de la Bible, subissant ainsi une forte influence du chef religieux protestant Martin Luther. Une version du Nouveau Testament parut en 1526, et fut suivie d'une traduction complète de la Bible en 1541, qu'on appelle souvent la Bible de Gustav Vasa (Gustav Vasas bibel). Cette traduction fut considérée comme si réussie qu'elle fut — après plusieurs révisions — la plus utilisée jusqu'en 1917. Les personnes à l'origine de cette traduction étaient Laurentius Andræ et les frères Laurentius et Olaus Petri. La plupart des traducteurs venaient de la Suède centrale (Mellansverige), région dont les dialectes influencèrent donc profondément la langue employée.
34
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35
+ La Bible de Gustav Vasa fut considérée comme un bon compromis entre des usages de la langue anciens et nouveaux. Même si l'usage qu'elle fait de la langue n'est pas totalement conforme à la langue parlée de son époque, cet usage n'avait rien d'extrêmement conservateur. Avec elle, un grand pas était franchi vers une graphie plus aboutie de la langue suédoise : elle imposa par exemple l'usage des graphèmes å, ä et ö, l'usage de ck à la place de kk après les voyelles brèves, ainsi que la graphie originelle de och (la conjonction et). Les traducteurs étaient censés produire une langue compréhensible par elle-même : pour ce faire, ils évitèrent aussi bien les emprunts au danois et à l'allemand que des constructions syntaxiques trop lourdes calquées sur le latin. Le texte obtenu fut écrit dans une langue respectant la tradition suédoise, et qui permit l'essor du suédois moderne.
36
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37
+ Même si la bible de Gustav Vasa marqua fortement les graphies employées et conduisit à une stabilisation de la langue, au XVIe siècle les graphies redevinrent plus aléatoires. Les discussions sur l'orthographe à proprement parler n'eurent pas lieu avant le XVIIe siècle, après l'écriture des premières grammaires du suédois. Une loi ecclésiastique de 1686 fut lourde de conséquences pour l'aptitude des gens du peuple à lire et écrire le suédois. Elle donna aux prêtres la responsabilité de vérifier si les gens du peuple connaissaient les passages importants de la Bible et du petit catéchisme de Luther. C'est ainsi que l'alphabétisation connut dès cette époque un essor important en Suède. En Swensk Orde-Skötsel , écrit en 1680 par Samuel Columbus recommanda l'utilisation du suédois, et d'utiliser une langue écrite semblable à la langue orale. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, les rois Charles XI et Charles XII de Suède ordonnèrent aux prêtres et aux diplomates de faire la promotion du suédois, au détriment des autres langues ainsi que des mots étrangers.
38
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39
+ Au XVIIe siècle, le français était la langue couramment utilisée dans les familles royales d'Europe et au sein de la noblesse. Le français, par l'intermédiaire des Lumières et de l'intérêt que l'on pouvait alors avoir pour la culture, fut la source de nombreux emprunts au XVIIIe siècle : c'est à cette époque qu'ont été empruntés des mots comme möbel (< meuble), balkong (< balcon), garderob (< garde-robe), salong (< salon), parfym (< parfum), mustasch (< moustache), kastrull (< casserole), balett(<ballet) et pjäs (<pièce, uniquement au sens dramatique). C'est également à cette époque que se forma une classe moyenne cultivée et lisant le journal, permettant le développement d'une langue journalistique. Une langue scientifique apparut également, conséquence du succès de plusieurs scientifiques suédois tels que Carl von Linné et Anders Celsius. Au XVIIIe siècle parut le Code juridique du royaume de Suède (Sweriges rikes lag), dans une langue moderne. C'est à cette époque qu'apparurent également de nombreuses grammaires et recommandations qui modernisèrent la langue écrite. L'Académie suédoise fut fondée en 1786 : son but était de promouvoir « la pureté, la vigueur et la grandeur » de la langue suédoise. Au cours du XIXe siècle apparurent les vocabulaires de l'industrie, des voyages et du sport. De nombreux mots furent alors importés de l'anglais : räls, lokomotiv, station (gare), jobb, strejk, bojkott, turist, sport et rekord.
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+ Des controverses sur les différentes graphies coururent tout au long du XIXe siècle, et ne prirent fin qu'au début du XXe siècle pour former une norme assez globalement acceptée. Par exemple, l'emploi des majuscules n'était pas standardisé, et suivait en grande partie les propensions individuelles des usagers, sur lesquels l'allemand (langue dans laquelle, encore aujourd'hui, les noms communs s'écrivent avec une majuscule) avait beaucoup d'influence. Parmi les événements du XIXe siècle les plus lourds de conséquences pour la langue, on peut mentionner le traité de Carl Gustaf Leopold (sv) sur l'orthographe, introduit dans les écoles populaires en 1842, et la liste de mots de l'Académie suédoise de 1874.
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+ Parmi les changements de prononciation qui eurent lieu à cette époque, on compte l'assimilation progressive de groupes consonantiques en /ʃ/ (ou en /ɦ/ dans les dialectes du Sud), et la perte de sonorité des consonnes /g/ et /dʒ/ devant des voyelles d'avant.
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45
+ On donne le nom de suédois contemporain (nusvenska) à l'état que la langue connaît aujourd'hui, et depuis environ 1900. Avec l'industrialisation et l'urbanisation de la Suède — déjà en bonne voie dès les années 1890 — ce sont de nouvelles catégories de personnes qui commencent à faire leur entrée dans la littérature suédoise. De nombreux auteurs nouveaux, hommes politiques et autres personnages publics exerçaient une profonde influence sur la langue nationale qui se développait. Si on cherche un point de départ précis, on peut poser l'année 1879 (celle de La Chambre rouge), et la percée d'August Strindberg (1849-1912), un des auteurs les plus influents.
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47
+ Une réforme de l'orthographe, lancée par le ministre des Affaires religieuses Fridtjuv Berg en 1906, fit une démarcation nette avec ce qu'on appellera par la suite l'ancienne orthographe : haf devint hav (radical du verbe avoir ou bien nom mer), rödt devint rött (adjectif rouge accordé au genre neutre), etc. La règle orthographique — pas si ancienne qu'on pourrait le croire — qui fait la différence entre les participes passés et les supins (huset är måladt, jag har målat : la maison est peinte, j'ai peint), fait partie des quelques-unes qui manquent encore à cette époque. La disparition de la graphie hv, par exemple en tête des mots interrogatifs hvem (qui), hvar (où), ont été pointées du doigt par beaucoup, parce qu'elle éloignait le suédois du danois et du norvégien.
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49
+ C'est pendant le XXe siècle qu'une langue nationale commune, standardisée, vint à la portée de la grande majorité des Suédois. L'orthographe était définitivement standardisée et presque entièrement unifiée depuis la réforme de 1906. À l'exception des formes plurielles des verbes (comme vi komma, nous venons, alors que la graphie moderne est vi kommer) et de quelques différences ponctuelles dans l'ordre des mots, en particulier dans la langue écrite (par exemple l'inversion Och beslutade styrelsen att…, où le sujet styrelsen passe après le verbe beslutade lorsque la proposition commence par une conjonction de coordination comme och), la langue était globalement identique au suédois parlé aujourd'hui. Dans la conjugaison des verbes, les désinences du pluriel furent de moins en moins utilisées et disparurent en 1950, lorsque les dernières recommandations officielles à propos de leur usage furent supprimées.
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51
+ Le changement le plus visible consista en un raccourcissement des usages du suédois formel, pour aller vers le plus facile à lire et à prononcer. Les exemples les plus patents sont le raccourcissement d'un petit nombre de verbes très courants : tager devint tar (conjugaison au présent de prendre), ikläda sig devint klä sig i (s'habiller). Skall (auxiliaire dénotant le futur) semble revenir, mais il est encore écrit en général sous sa forme abrégée ska. Au cours des années 1970 et 1980 apparurent des formes comme sen au lieu de sedan (adverbe ensuite), nån au lieu de någon (pronom quelqu'un, ou déterminant quelque), dom au lieu de de ou dem (pronom personnel de troisième personne du pluriel), dej au lieu de dig (cas objet du pronom personnel de deuxième personne du singulier). Ce mouvement semble s'être arrêté depuis. Des conjonctions comme ehuru, därest et ity ont cédé place à leurs homologues issus de la langue orale : fast, om et därför. Depuis les années 1970, le développement (et la fabrication) d'un suédois d'usage courant, compréhensible, à l'oral, a formé un des combats les plus essentiels concernant cette langue.
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+ Un changement important dans la réalité sociale de la langue intervint dans les années 1960 avec ce qu'on a appelé la réforme du tutoiement (du-reformen). On considérait auparavant que le mieux était de s'adresser aux personnes d'un rang social comparable au sien ou plus élevé en utilisant un titre et un nom de famille. L'usage de herr (monsieur), fru (madame) et fröken (mademoiselle) était en général restreint à la conversation avec des personnes dont la profession, les titres académiques ou le rang militaire n'était pas connu de leur interlocuteur. On se posait parfois la question de savoir s'il fallait s'adresser à son interlocuteur à la troisième personne. Pour résoudre ce problème, des expressions comme vad får det lov att vara? ou tas det socker i kaffet? (utilisation de la forme passive : Du sucre est-il pris dans le café ?) étaient utilisées. Au début du XXe siècle, beaucoup essayèrent de remplacer ce système complexe de titres par le pronom vous, à l'image de ce qui était fait en français ou en allemand. Vous (ni) fut cependant bientôt ressenti comme une variante un peu moins arrogante de tu (du, ou de la troisième personne) pour s'adresser à des personnes de rang social inférieur, dépourvues de titre. Avec la libéralisation et un virage à gauche de la société suédoise pendant la seconde moitié du XXe siècle, ces différences de classes devinrent moins pertinentes et du (tu) devint le pronom d'adresse habituel, même dans les occasions les plus formelles et officielles. Ce qu'on appelle le nouveau vouvoiement (« det nya niandet ») chez les vendeurs de magasins et autres emplois de services reste un phénomène marginal.
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55
+ Le suédois est la langue principale de la grande majorité de 8 millions de personnes nées en Suède. Il constitue également la langue seconde d'environ 1 million d'immigrants.
56
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+ Le suédois est officiellement la « principale langue » (huvudspråk) de Suède. Omniprésente dans les institutions et l'éducation, elle ne bénéficie cependant d'aucun statut officiel jusqu'en 2009. En 2005, une proposition de loi visant à en faire la langue officielle du pays est présentée au Parlement, mais elle est rejetée par 147 voix contre 145. Une seconde proposition, plus développée et renforçant également le statut des langues minoritaires, est soumise par un comité d'experts en mars 2008. Elle est votée par le Parlement et entre en vigueur le 1er juin 2009.
58
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+ Le suédois est l'une des deux langues officielles de la Finlande, avec le finnois. Les seize communes de l'archipel d'Åland sont exclusivement suédophones, ainsi que trois autres communes du pays, dont Korsnäs, qui possède le taux le plus élevé de locuteurs natifs suédophones (98 %).
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61
+ En 2012, environ 290 000 Finlandais (5,3 % de la population) ont le suédois comme langue maternelle[1]. Jusqu’à ces dernières années[Quand ?], le taux de suédophones en Finlande avait diminué de façon continue pendant 400 ans[2]. Aujourd'hui, le taux semble s'être stabilisé. En 2008, 46,8 % des Finlandais déclaraient savoir parler Suédois en seconde langue.
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+ Une minorité suédophone, arrivée au XIIIe siècle, réside toujours en Estonie : les Suédois d'Estonie[3]. Aux États-Unis, au Canada et Argentine, pays ou vivent plusieurs millions de descendants de Suédois, la langue Suédoise n'est quasiment plus parlée, mais elle reste enseignée en de nombreuses universités, et on retrouve l'origine des descendants de Suédois le plus souvent par les noms de familles, et la religion Lutheriénne.
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+ Le Conseil de la langue suédoise est l'organisme officiel responsable de la normalisation du suédois, mais il n'essaye pas de surveiller la langue aussi fortement que, par exemple, l'Académie française. Plusieurs organisations et agences exigent néanmoins que les règles données dans la publication du conseil Svenska Skrivregler soient suivies dans toutes communications officielles. Effectivement, le conseil est considéré comme l'organe régissant de la normalisation orthographique. Parmi les organisations qui font partie du conseil, l'Académie suédoise est considérée comme la plus importante.
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+ Autrefois, de 1526 à 1917, les traductions suédoises de la Bible dictaient la norme, mais la traduction officielle de 1917 n'a pas rattrapé l'évolution de la langue. À sa place, ce sont les règles orthographiques appliquées par l'agence de presse TT, instituée en 1922, qui sont depuis lors reconnues comme fixant la langue standard.
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+ Les dialectes du suédois sont traditionnellement divisés en six groupes :
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+ Le suédois utilise un alphabet de 29 lettres. Il comprend les 26 lettres de base de l'alphabet latin et trois lettres supplémentaires : le Å (« A rond en chef »), le Ä (« A tréma ») et le Ö (« O tréma »), qui se prononcent généralement /o(ː)/, /ɛ(ː)/ et /œ(ː)/. Ces trois graphèmes ne sont pas considérés comme des variantes diacritées de A et O, mais comme des lettres à part entière, qui figurent après la lettre Z dans l'ordre alphabétique. Elles ont été créées au XVIe siècle et correspondent respectivement à un O écrit au-dessus d'un A, un E au-dessus d'un A et un E au-dessus d'un O.
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+
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+ Ces lettres correspondent respectivement au Å, Æ et Ø danois (des mots communs aux deux langues s'écriront par contre avec les caractères de la langue considérée, comme Malmö qui s'écrit Malmø en danois). Les touches des claviers sont généralement coordonnées (la touche Ä fera un Æ avec Ctrl ou inversement).
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+
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+ Les lettres accentuées sont rares en suédois. Le É sert parfois à indiquer la position de l'accent tonique, en particulier lorsqu'il existe un homophone où l'accent tombe ailleurs : ainsi idé « idée » se distingue-t-il de ide « tanière ». Il figure également dans quelques noms propres. L'accent aigu apparaît sur d'autres lettres dans des emprunts ou des noms propres. Le À est utilisé pour indiquer un coût unitaire, à la manière de l'arobase @ en anglais.
76
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+ Les dialectes suédois comptent 17 ou 18 voyelles, la moitié brèves et l'autre moitié longues. La majorité des voyelles longues vont de pair avec une brève qui partage leur qualité, mais un peu plus ouverte et centrale.
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+ Il existe 18 consonnes, dont deux (/ɧ/ et /r/) présentent d'importantes variations en fonction du dialecte et du statut social du locuteur. De nombreux dialectes présentent des rétroflexes lorsqu'un /r/ est suivi d'une dentale. Les dialectes des anciennes provinces danoises sont caractérisés par un /r/ uvulaire, à la française, qui empêche l'apparition des rétroflexes.
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+ Le suédois est une langue à accent de hauteur. Il distingue deux tons : un accent « aigu » (ou accent 1) et un accent « grave » (ou accent 2). La prosodie constitue l'une des différences les plus marquées entre dialectes.
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+ Les noms peuvent être de deux genres : commun (utrum) ou neutre (neutrum). Les noms communs représentent environ 80 % de l'ensemble de cette catégorie[4]. Ils se distinguent par leurs articles : en correspond au genre commun et ett au neutre. L'article indéfini s'utilise comme en français, mais ce n'est pas le cas de l'article défini, qui est postposé et enclitique, c’est-à-dire qu'il est soudé à la fin du nom[5].
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+ Il existe six terminaisons possibles pour le pluriel des noms : -or, -ar, -er, -r, -n et rien[6]. Ces pluriels correspondent à la forme indéfinie du nom. Pour la forme définie, il faut ajouter un article postposé enclitique, qui peut être -na (après un pluriel se terminant par -r), -a (après un pluriel en -n) ou -n (après un pluriel non marqué)[7].
86
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+ L'adjectif s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il modifie. Il existe deux déclinaisons de l'adjectif : la déclinaison définie ne peut être utilisée que lorsque l'adjectif est en position d'épithète, alors que la déclinaison indéfinie peut apparaître en position d'épithète ou d'attribut[8].
88
+
89
+ La déclinaison définie pratique la double détermination du nom, avec l'utilisation de den / det / de en plus de l'article postposé enclitique.
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+ Comme dans les autres langues germaniques, il existe des verbes faibles et des verbes forts. Les premiers forment leur prétérit et leur participe passé par l'ajout d'un suffixe comprenant une voyelle dentale (t ou d), alors que les seconds le forment en altérant la voyelle de leur radical. Bien que les verbes forts ne représentent que 8 % de l'ensemble des verbes suédois, ils constituent une part importante des verbes les plus couramment employés[9].
92
+
93
+ Au présent comme au prétérit, il n'y a pas d'accord en nombre et en personne : le paradigme entier ne comprend qu'une seule forme. Le participe passé se décline comme en français et s'utilise comme un adjectif. Le supin, forme distincte du participe passé (il est souvent, mais pas toujours, identique au participe passé neutre), est utilisé pour former les temps composés avec l'auxiliaire ha « avoir »[10].
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+
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+ Il existe trois façons de former le passif :
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+ Le subjonctif n'est quasiment plus employé. Il ne subsiste guère que dans des expressions figées comme Leve kungen! « Vive le roi ! »[12]. L'impératif est identique au radical du verbe. Le participe présent est invariable et formé à l'aide du suffixe -ande ou -ende ; il est assez peu utilisé.
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+
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+ La majeure partie du vocabulaire suédois est d'origine germanique, en distinguant le fonds germanique natif des emprunts ultérieurs aux autres langues germaniques, principalement l'allemand, le moyen bas allemand (lingua franca dans la zone hanséatique au Moyen Âge) et l'anglais dans une moindre mesure. Certains emprunts sont des calques du terme original, comme bomull « coton », de l'allemand Baumwolle.
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+ Les emprunts au français remontent pour la plupart au XVIIe et XVIIIe siècle. Ils ont généralement trait aux domaines de la culture, du théâtre et de la restauration. Leur orthographe est adaptée à la phonologie du suédois : fåtölj « fauteuil », parfym « parfum », toalett « toilette ».
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+ La plupart des termes des domaines religieux et scientifique sont d'origine grecque ou latine, le plus souvent empruntés par l'intermédiaire du français, ou, plus récemment, de l'anglais. Le suédois de Finlande a parfois des termes propres proches des mots finnois correspondant, particulièrement dans le vocabulaire juridique et administratif.
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+ Comme dans les autres langues germaniques, de nouveaux mots peuvent être formés par composition. Le déterminé se trouve toujours à la fin du mot composé, après les déterminants. À l'image de ce qui se passe en allemand et en néerlandais, ces mots composés peuvent devenir très longs : par exemple, produktionsstyrningssystemsprogramvaruuppdatering signifie « mise à jour (uppdatering) du logiciel (programvaru) du système (system) de contrôle (styrning) de la production (produktion) ». Cependant, il est rare de trouver des mots d'une telle longueur ailleurs qu'à l'écrit, dans des textes de nature technique.
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+ La dérivation lexicale permet également de construire de nouveaux mots à partir de mots existants. Il est possible de former des verbes à partir de substantifs en leur ajoutant la terminaison -a, comme bila « voyager en voiture » à partir de bil, « voiture ». L'opération inverse est également productive, comme dans le cas de tänk, « concept, manière de penser », à partir de tänka « penser ».
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+ La sueur est un liquide biologique sécrété par les glandes sudoripares lors du phénomène de transpiration qui joue un rôle important pour le contrôle de la température du corps (évacuation de 580 Kcal par litre de sueur évaporée).
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+ Les philosophes Platon[1] et Théophraste ont écrit Sur la sueur[2], de ses causes et facteurs physiques[3].
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+ La sueur contient principalement de l'eau. Elle contient aussi des minéraux, et les protéines en plus du lactate qui est une forme ionisée de l'acide lactique, et de l'urée. La composition minérale varie d'un individu à l'autre, et en fonction de l'accommodation à la chaleur, de l'exercice, de la source du stress (sport, sauna, etc.), la durée de la transpiration, et des minéraux disponibles dans le corps. Il y a souvent d'autres substances moins abondantes dans le corps qui sont présentes dans la transpiration, y compris les substances présentes sur la peau (sébum, etc.). Chez l'humain, la sueur est hyposmotique et hypotonique.
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+ Outre sa fonction principale de refroidissement du corps humain qui évite que la température interne ne dépasse trop les 37 °C, ce qui endommagerait l'organisme, la sudation est utilisée dans de nombreuses médecines non conventionnelles, notamment l'Ayurveda, comme moyen de « purification » du corps. On retrouve également cette notion dans la pratique des bains de vapeur (comme les saunas) qui, en provoquant une forte sudation et une dilatation des pores cutanés (d'où sort la sueur), permettraient l'évacuation des éventuelles toxines ou corps étrangers retenus dans ces pores et auraient une fonction exfoliante. Ce bénéfice de « purification » par la sudation est remis en cause par la médecine moderne, dans la mesure où la sueur ne comporte pas de toxines [4].
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+ Les personnes dont les paumes exsudent une sueur excessive (hyperhidrose palmaire primaire) ont pour 63 % d'entre elles plusieurs parents souffrant de la même affection, ce qui laisse penser qu'elle a une origine génétique[5].
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+ Contrairement à une croyance répandue, la transpiration en elle-même est inodore[6]. L'odeur résulte en réalité du contact des substances sécrétées par des glandes situées dans le derme avec la peau. Il existe deux types de glandes sudorales, les glandes eccrines et les glandes apocrines :
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+ La sueur émise par les glandes apocrines est riche en corps gras, la nourriture favorite des bactéries du genre Corynebacterium, lesquelles sont en grande partie responsables des odeurs de transpiration[7].
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+ Le suffrage universel consiste en la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyennes et citoyens. Il est défini par opposition au suffrage restreint qui réserve le droit de vote à certains citoyens[1], en particulier au suffrage censitaire ou au suffrage capacitaire. Il est l'expression de la souveraineté populaire et de la volonté générale dans un régime démocratique. Dans sa version moderne, il est individualisé, c'est-à-dire qu'il s'effectue selon le principe « une personne, une voix », contrairement au vote plural ou au vote familial.
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+ L'expression « suffrage universel » est attestée au XVIIIe siècle[2] : sa plus ancienne occurrence connue se trouve chez Denis Diderot dans une de ses Lettres à Sophie Volland, datée de 1765, avec le sens de « vote à l'unanimité »[2],[3] ; François Guizot est le premier à l'employer dans le sens de « droit de vote attribué à tous les électeurs (masculins) » dans la 13e leçon de son cours d'histoire moderne, en 1828[2],[3].
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+ Le droit de vote permet aux citoyens d'un État d'exprimer leur volonté, à l'occasion d'un scrutin, afin d'élire leurs représentants et leurs gouvernants, de répondre à la question posée par un plébiscite ou un référendum, ou encore de voter directement leurs lois. Pour les démocraties modernes il s'agit du principal droit civique, considéré comme fondamental.
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+ Le suffrage universel est le mode de scrutin adopté par les démocraties modernes, d'abord en tant que suffrage universel masculin puis en tant que véritable suffrage universel, étendu au droit de vote des femmes. Institué en France pendant la Révolution française, avec le décret du 11 août 1792, il fut supprimé par le Directoire avant d'être rétabli, presque par surprise, lors de la Révolution de 1848 [5]. En vigueur lors du Second Empire, bien que fortement limité en raison des conditions pesant sur la procédure, avec notamment la nomination des candidats par l'État — ce qui l'apparentait à ce qui se passe dans les régimes du XXe siècle à parti unique mais instituant le suffrage universel —, il fut ré-institué lors de la Troisième République et depuis accepté en tant que fondement de la démocratie. Bien qu'admis dès 1848, le principe du vote secret n'est réellement mis en place qu'avec l'institution de l'isoloir en 1913, tandis qu'il faut attendre 1944 pour que les femmes obtiennent le droit de vote (première application en 1945). Dans de nombreux autres pays, à l'exception de la Suisse, l'écart entre le suffrage universel masculin, souvent adopté plus tardivement qu'en France (1870 pour l'Allemagne) et le suffrage universel proprement dit (incluant donc, les femmes), est bien moindre.
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+ L'histoire du suffrage universel ne concerne pas uniquement l'élection des représentants politiques, puisqu'elle croise aussi celle de l'institution des jurys populaires, ou l'élection des magistrats et autres responsables politiques (c'était le cas dans la France révolutionnaire, et ça l'est toujours aux États-Unis).
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+ Par ailleurs, outre la proclamation du principe lui-même du suffrage universel, les conditions de son application concrète et l'extension du droit de vote à certaines catégories de la population qui pouvaient en être exclues (les femmes, mais aussi les personnes condamnées pour certaines peines, les « malades mentaux » ou encore les enfants, mais aussi les domestiques ou les vagabonds) font partie de son histoire. On pouvait en effet affirmer le principe du suffrage universel, tout en restreignant par certaines lois électorales sa portée. Des conditions de domicile ou d'alphabétisation (notamment lorsqu'il fallait soi-même écrire le nom des candidats sur les bulletins) ont ainsi été imposées. En France, il faut attendre par exemple la loi pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées pour que des personnes mises sous tutelle puissent voter, après autorisation d'un juge, la loi du 5 mars 2007 sur la réforme de la protection des majeurs faisant du droit de vote des majeurs sous tutelle la norme.
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+ Le suffrage universel se définit par opposition à d'autres types de suffrages restreints qui limitent le droit de vote à une partie de la population en raison de la fortune, de l'éducation, du sexe, de l'âge, de la religion, de la race, de la nationalité, des condamnations pénales, basé sur l'égalité devant la loi.
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+ Expression de la volonté populaire d'une nation, le suffrage universel est réputé n'avoir de sens que s'il est réservé aux citoyens de cette nation. La loi fixe les conditions censées garantir la représentativité du suffrage :
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+ Le suffrage universel peut s'exprimer de deux manières :
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+ Chaque État fédéré des États-Unis dispose de sa propre constitution et de sa propre législation en matière de droit de vote. Toutefois, un certain nombre de règles ont été imposées aux États par le Congrès fédéral. À l'indépendance, le suffrage était limité aux hommes blancs propriétaires, et souvent aux protestants. Le premier État à abolir la condition de propriété fut le New Hampshire en 1792, le dernier fut la Caroline du Nord en 1856. Les dernières restrictions discriminant l'accès au droit de vote des Afro-Américains et des autres minorités n'ont été abolies que par le Voting Rights Act en 1965. La première entité à accorder le droit de vote aux femmes aux États-Unis fut le Territoire du Wyoming en 1869, ce droit fut étendu en 1920 à toutes les élections par le XIXe amendement. Le droit de vote fut abaissé à 18 ans en 1971 par le XXVIe amendement.
20
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+ La Constitution de 1793 — qui ne sera pas appliquée en raison de la guerre et sera supprimée lors de la réaction thermidorienne — prévoit pour la première fois le suffrage universel et une démocratie semi-directe[7].
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+
23
+ De 1815 à 1848, sous la monarchie, le peuple est totalement exclu du suffrage par le rétablissement du suffrage censitaire. Malgré l'abaissement des critères de cens, le nombre d'électeurs passe seulement de 100 000 en 1817 à 246 000 en 1846. Sous la monarchie de Juillet, le ministre royaliste et libéral Guizot s'oppose au suffrage universel qu’il considère comme un principe absurde [8].
24
+
25
+ En 1848, pour contourner l’interdiction de réunion et d’association instaurée par la monarchie, les partisans du suffrage universel, auquel s'oppose le roi, organisent des banquets qui se transforment en discours politiques. La répression de ces rassemblements, qui fit plusieurs morts, conduit à la révolution de 1848[9]. Le suffrage « universel », encore réservé aux hommes, sera rétabli par la deuxième république en 1848, sous l'impulsion d'un gouvernement provisoire composé de républicains libéraux et de socialistes [10]. De nombreuses personnalités s'y opposent néanmoins, comme Alexis de Tocqueville, Dès 1850, le suffrage universel est suspendu avec l'exclusion des populations jugées « dangereuses » du droit de vote[11].
26
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27
+ Sous la Troisième République, le sénat dominé par l'aile droite du parti radical ne cessera de repousser le vote des femmes malgré les divers votes et propositions de l'assemblée nationale, notamment une proposition du républicain Ferdinand Buisson[12], et le vote à l'unanimité des députés sous le Front populaire mais qui ne sera pas retranscrit à l'ordre du jour au Sénat [13]. Les femmes n'obtiennent le droit de vote qu'en 1944 sur proposition d'un député communiste[14].
28
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+ Le suffrage universel a été prévu, en France, dans les constitutions suivantes :
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+ Au Royaume-Uni, John Cartwright fut le premier à en réclamer l'adoption, dans son pamphlet Take your Choice (1776). La classe dirigeante britannique rejette cependant avec une certaine véhémence l'idée de démocratie, qualifiée par le philosophe conservateur Edmund Burke de « dictature de la populace » et de « multitude porcine ». L'historien whig Thomas Babington Macaulay voit pour sa part le suffrage universel comme étant « absolument incompatible avec la survie de la civilisation[16]. »
32
+
33
+ Le 16 août 1819, un rassemblement ouvrier réunit à Manchester près de soixante mille personnes pour réclamer l'établissement du suffrage universel. Sur ordre des magistrats, la marche est réprimée par la milice montée (la Yeomanry), avec l’aide de l’armée régulière. Au cours de la charge, 16 à 18 personnes sont tuées et plus de 650 blessées, dont environ un quart sont des femmes. Le « massacre de Peterloo » est depuis lors considéré comme l'un des évènements fondateur de l'histoire ouvrière britannique[17].
34
+
35
+ Le Reform Bill de 1832 fit passer le droit de vote de 200 000 à un million d'hommes (environ le cinquième de la population masculine) Une grande agitation populaire entraine l'adoption du Reform Act de 1867 qui augmente le nombre d'électeurs mais continue de priver du droit de vote la moitié de la population masculine. D'autre part, « aucun des dirigeants, qu'ils fussent libéraux ou conservateurs, n'attendaient de cet édit qu'il établisse une constitution démocratique. » Il faut attendre 1918 pour que le droit de vote soit étendu à tous les hommes de plus de 21 ans et aux femmes de plus de 30 ans[18].
36
+
37
+ C'est immédiatement après la première guerre que le Suffrage universel masculin fut introduit par la volonté manifeste du roi Albert Ier et la pression sociale. Cette démarche soudaine est appelée par les conservateurs le coup de Loppem. En effet, les élections législatives pour mettre en place l'assemblée constituante auraient dû être menées selon le principe du vote plural alors en vigueur, mais il n'en fut rien.
38
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39
+ En 1948, l'Assemblée constituante, tout en exprimant, avec l'approbation de l'ordre du jour d'Antonio Giolitti, le support de la représentation proportionnelle dans l'élection des membres de la Chambre des députés, ne vise pas à rigidifier cette question en termes législatifs, la constitutionnalisation de choix proportionnaliste ou de placer formellement pour les systèmes électoraux, dont la configuration est laissée à la loi ordinaire.
40
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+ La Cour constitutionnelle, avec arrêt no 1 de 2014, a résumé les principes qui régissent le droit électoral italien[19] : « Il est [...] un modèle de système électoral imposé par la Constitution, car elle laisse à la discrétion du législateur de choisir le système qu'il juge le plus approprié et efficace compte tenu du contexte historique [...] Les dispositions attaquées visent à faciliter la formation d'une majorité parlementaire appropriée, afin d'assurer la stabilité du gouvernement du pays et à accélérer le processus de prise de décision, ce qui constitue sans autre objectif constitutionnellement légitime [...] une altération du système démocratique établi par la Constitution, basé sur le principe fondamental de l'égalité du vote (art. 48, deuxième alinéa, de la Constitution.). Il ne lie pas en fait le législateur au choix d'un système particulier, cependant il exige que chaque vote puisse potentiellement contribuer aussi efficacement à la formation des organes élus (décision n°43 de 1961) et prend des nuances différentes selon le système électoral choisi. Dans les systèmes constitutionnels cohérents avec l'italien, dans lequel il est également envisagé que le principe et ne sont pas constitutionnalisés la formule électorale, la Cour constitutionnelle a expressément reconnu, pendant un certain temps, que si le législateur adopte le système proportionnel, même partiellement, il génère une attente légitime qui se traduira par un déséquilibre sur les effets du vote, et qui est une évaluation inégale de la « charge » du vote « résultante » pour la répartition des sièges, il est nécessaire d'éviter des dommages pour la fonctionnalité de l'organe parlementaire »[20].
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+ Mise en garde médicale
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+
3
+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
4
+
5
+ Le suicide — du latin suicidium, terme composé du préfixe sui, « soi », et du verbe caedere, « tuer » — est l’acte délibéré de mettre fin à sa propre vie. À l'échelle mondiale, plus de 800 000 personnes se suicident chaque année[1], dont environ 3 sur 10 par ingestion intentionnelle de pesticides. C'est, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la treizième cause de mortalité dans le monde[2], tous âges compris, et parmi les premières causes de mortalité chez les jeunes[3],[4]. Les tentatives de suicide sont estimées entre dix et vingt millions chaque année dans le monde[5].
6
+
7
+ Le suicide est étudié par les sciences de la psychologie, sociologie et de « suicidologie ». Il peut être compris comme résultant de problèmes psychologiques individuels. Les causes psychologiques en sont le désespoir accompagné de solitude ou d'isolement social, et souvent un trouble mental tel que la dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie, l'alcoolisme ou l'abus de substances[6]. Des facteurs de stress tels que les problèmes financiers ou des problèmes dans les relations humaines jouent souvent et également un rôle significatif[7]. Le suicide varie en fonction de nombreux facteurs sociologiques comme l'anomie (désintégration sociale), la pauvreté, les taux de chômage, les crises économiques, etc. Les taux de suicide varient en fonction des croyances religieuses. La prévalence du suicide diffère énormément selon les genres et l'âge. Dans les pays occidentaux elle est souvent de trois à quatre fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes, tandis que la tendance est inverse en Chine[8],[9].
8
+
9
+ Depuis 1953, des réseaux d'assistance se sont mis en place pour aider les personnes tentées par le suicide, sous forme de numéros d'urgence joignables par téléphone ou par internet. Des programmes de prévention du suicide sont mis en place dans de nombreux pays et leurs coûts et performances sont évalués. Dans le domaine médical, le suicide assisté pose des problèmes éthiques et n'est autorisé que dans un nombre limité de pays. La question du suicide pose des questions philosophiques, religieuses et politiques. Les religions abrahamiques considèrent que le suicide est une offense envers Dieu.
10
+
11
+ Le suicide est un sujet représenté dans les arts et la littérature. Il est également assez fréquemment interprété dans la chanson française.
12
+
13
+ Le substantif masculin[10],[11] « suicide » est formé, d'après « homicide », du latin sui (« de soi »), génitif du pronom personnel réfléchi se (« se, soi ») et du suffixe « -cide », du verbe latin caedere[12]. Bien que le phénomène soit très ancien, l'origine du mot « suicide » est récente. Sa paternité est souvent attribuée à un écrit de l'abbé Desfontaines en 1737 (Observations sur les écrits modernes, t. XI, p. 299) mais dès 1734, l'abbé Prévost parle de suicide dans sa gazette Pour et Contre, ce néologisme latin semblant même avoir été utilisé dès le XVIe siècle par les casuistes pour contrebalancer le mot homicide utilisé jusque-là et jugé trop fort[13]. Voltaire (qui publie, en 1739, Du suicide ou de l'homicide de soi-même) et les encyclopédistes acceptent ce néologisme et le diffusent. Il est adopté par des jurisconsultes, comme Daniel Jousse, qui feront désormais coexister les deux termes au niveau juridique.
14
+
15
+ L'étude du suicide commence au XIXe siècle et est dominée par deux courants. L'un de ces courants est celui de la médecine et des débuts de la psychiatrie, le second sera celui de la sociologie[14].
16
+
17
+ En France en 1838, le médecin Jean-Étienne Esquirol considère que la réaction suicidaire est tellement répandue chez les personnes souffrant de maladies mentales, qu'elle peut être considérée comme un symptôme psychopathologique[14]. L'instinct de conservation est considéré comme normal et son altération est considérée comme un signe d'une pathologie. Cette théorie est reprise par la grande majorité des psychiatres. Pour certains auteurs, les suicidants ne sont pas forcément tous des malades, néanmoins, lors de l'acte suicidaire, ils se trouvent dans un état émotionnel ou affectif pathologique[14].
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+ Selon l'historien Jean Starobinski, depuis la médecine d'Hippocrate, il existe au moins deux formes de suicide décrites par des expressions diverses : « Les images du suicide, dans la culture de l'Occident, oscillent entre deux types extrêmes : d'un côté, le suicide accompli en pleine conscience, au terme d'une réflexion où la nécessité de mourir, exactement évaluée, l'emporte sur les raisons de vivre ; à l'opposé, l'égarement démentiel qui se livre à la mort sans penser la mort. Les deux exemples antithétiques pourraient se nommer Caton et Ophélie. » La clinique moderne décèle la plupart du temps un mélange des deux types : « On voit fonctionner des formes mixtes, c'est-à-dire celles où raison et déraison se mêlent et se confondent, sans qu'il soit possible de départager[15]. » L'entité psychiatrique la plus souvent invoquée est la dépression et ses différentes formes dont le délire mélancolique[16] ou le raptus suicidaire, qui est une manifestation impulsive liée à une frustration majeure, un mouvement violent incontrôlé, en d'autres termes, pour reprendre la distinction précédente, à une fureur de déraison.
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+ Émile Durkheim, un des fondateurs de la sociologie, publie en 1897 le livre Le Suicide où il analyse ce phénomène sous un angle social et par une approche statistique. Son approche est totalement nouvelle : il dégage des régularités statistiques sur un phénomène considéré alors comme relevant seulement de la décision individuelle. Il défend l'idée que la désintégration sociale est la cause première véritable du suicide[14]. Inspiré des travaux de Durkheim, le sociologue Maurice Halbwachs interprète également les taux de suicide dans le contexte général des sociétés et civilisations, parlant de « courants collectifs suicidogènes » qui agissent de plusieurs façons : désintégration du groupe social (suicide égoïste) ; surintégration sociale (suicide altruiste, en particulier dans les sociétés primitives) ; dislocation du groupe social (crises politiques ou économiques) ou insuffisance de cohésion sociale (suicide anomique) ; excès de réglementation sociale (suicide fataliste, chez les esclaves en particulier)[14].
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+ Tandis que cette approche semble opposée à celle de la psychiatrie et de la tradition clinique, ces deux théories sur le suicide sont synthétisées dans l'ouvrage de Deshaies sur le suicide en 1947. Une théorie psychologique du suicide voit alors le jour, intégrant les méthodes statistiques et les observations cliniques, pour envisager le suicidant sous plusieurs dimensions, physique, psychique et sociale[14].
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25
+ La suicidologie est, depuis 1969, l'étude des comportements suicidaires et la prévention du suicide. Les approches sont celles de la psychologie et de la sociologie. Le psychologue américain Edwin Shneidman est considéré comme le fondateur de cette discipline avec la fondation en 1958 d'un premier centre de recherche scientifique voué à l'étude du suicide et à sa prévention.
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27
+ En psychiatrie contemporaine, les pensées suicidaires, la tentative de suicide ou le suicide, ne sont pas considérés comme des troubles psychiatriques. Ainsi le manuel de diagnostic psychiatrique DSM-5 ne donne pas de code spécifique aux conduites suicidaires. Cette absence de prise en compte sur le plan psychiatrique contraste avec le fait que les conduites suicidaires sont la première raison des hospitalisations d'urgence en psychiatrie hospitalière (cf. controverses scientifiques ci-dessous)[17]. De fait, les conduites suicidaires sont considérées comme des conséquences ou complications d'autres troubles mentaux, et non comme des troubles mentaux spécifiques[17].
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+ L'épidémiologie du suicide vise à connaître la répartition et les moyens de suicide dans les populations, dans le but de mettre en place des moyens de prévention. L'Organisation mondiale de la santé recueille ces données à l'échelle mondiale et met en place des études sur les différences entre pays et les programmes de prévention.
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+ Globalement, les taux de suicide sont en augmentation dans le monde. Les chiffres et les taux de suicide varient significativement en fonction des régions du monde, du sexe, des âges, ainsi qu'en fonction de facteurs religieux et culturels. L'Europe est la région du monde la plus touchée par le suicide (les taux les plus élevés étant trouvés en Europe de l'Est et Russie), suivie par des régions insulaires (Sri Lanka, Cuba, Japon, île Maurice). Les régions les moins touchées par le suicide sont les régions de Méditerranée orientale et des pays d'Asie centrale anciennement URSS. Les hommes sont beaucoup plus touchés dans la plupart des pays du monde, à l'exception de la Chine. Le suicide tend à augmenter avec l'âge, mais des exceptions existent en fonction des sexes et des régions. Enfin, le suicide augmente avec les facteurs de stress financier, et est moins élevé dans les cultures où les religions le considèrent comme un péché, et beaucoup plus élevé chez les athées que chez les personnes religieuses.
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+ Les méthodes employées par les personnes s'étant suicidées sont compilées par l'OMS afin de concevoir des stratégies efficaces de prévention du suicide[18],[19]. L'empoisonnement par pesticide est courant dans de nombreux pays d'Asie et en Amérique latine ; l'empoisonnement médicamenteux est fréquent dans les pays nordiques et au Royaume-Uni. La pendaison est la méthode la plus utilisée dans l'est de l'Europe, tandis que l'on observe plus souvent le recours à l'arme à feu aux États-Unis et le saut d'un endroit élevé dans les grandes villes telles que Hong Kong[19]. La noyade est aussi un mode assez usuel, connu dans la mythologie grecque, en référence à Égée, lequel donna son nom à la mer, où il se noya par désespoir, après avoir appris la mort de son fils, Thésée.
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+
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+ Les endroits au monde où ont lieu le plus de suicides sont les bois d'Aokigahara au Japon avec 30 morts par an en moyenne avec un pic de 105 morts en 2003[20], suivi du Pont du Golden Gate à San Francisco et des falaises de Beachy Head en Angleterre avec 20 morts par an en moyenne[21],[22]. Le grand pont de Nankin sur le Yangtsé est le lieu où le plus grand nombre de suicides ont été effectués, avec une estimation de 2 000 suicides entre 1968 et 2006[23].
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+ Il existe un grand nombre de facteurs de risque liés au suicide et ces facteurs peuvent être très divers. Le suicide peut être compris comme un acte individuel motivé sur le plan psychologique et résultant de psychopathologie et troubles psychiatriques ; des facteurs biologiques et des facteurs d'origine sociale influencent également les risques de suicide. Les modèles théoriques sur le suicide parlent alors de facteurs suicidogènes ou d'influences[24].
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+ Le suicide peut être lié à des facteurs physiologiques tels qu'une douleur chronique[25], une commotion cérébrale ou traumatisme crânien[26],[27].
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+ Des troubles du sommeil comme l'insomnie[28] et l'apnée du sommeil ont été cités dans de nombreuses études comme facteurs de dépression et de suicide. Le manque de sommeil peut être un facteur de risque indépendant de la dépression[29].
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+ Des antécédents d'abus physiques ou sexuels[30], ou du temps passé dans un foyer d'accueil sont des facteurs suicidaires[31],[32].
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+ Dans une perspective psychiatrique et biologique, le désir de suicide (les pensées suicidaires et la conduite suicidaire) peut résulter d'une difficulté à réguler ses émotions (par conséquent les circuits neuronaux responsables de la régulation des émotions et du contrôle cognitif sont impliqués)[17]. Dans une étude comparant des anciens combattants souffrant de dépression ou de stress post-traumatique, les vétérans suicidaires différaient de leurs pairs (non-suicidaires) dans leur contrôle cognitif et gestion de leurs actions : la correction de certaines erreurs sur une tâche cognitive (tâche de Stroop) leur demandait plus d'efforts cognitifs ce qui reflétait, selon les auteurs, une vulnérabilité accrue au stress[33]. Cette hypothèse n'a pas été suffisamment étudiée et par conséquent, n'est pas validée sur de larges ou nombreux échantillons de la population[17].
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+ Les corrélats psychologiques les plus fréquents sont l'anxiété, un contrôle impulsif réduit et une agressivité accrue[17]. Les personnes ayant des conduites suicidaires ont plus de mal que d'autres à reconnaître leurs propres sentiments et veulent supprimer leurs émotions[17].
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+ Le risque suicidaire, appelé suicidalité dans les disciplines de la santé et des sciences (pensées suicidaires, conduites suicidaires, suicide) est associé au désespoir, à une peur ou sensibilité à la désapprobation sociale, et à une capacité réduite d'imaginer des événements positifs futurs[17].
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+ Des facteurs démographiques et familiaux peuvent être également des facteurs de suicide. Notamment les facteurs familiaux, ou une pression psychologique venant d’un parent peut être pesante. Ou alors une dévalorisation de l’individu qui perd entièrement confiance en soi et n’a plus aucune estime de soi et considère sa vie inutile.
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+ Des facteurs sociaux-économiques comme le chômage, la pauvreté et la discrimination peuvent être à l'origine de pensées suicidaires[34]. La pauvreté n'est pas une cause directe de suicide, mais l'appauvrissement étant un facteur de dépression en est un facteur de risque[35].
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+ La récession mondiale de 2008 a mené à une forte augmentation des taux de suicide dans les pays touchés[17]. Aux Pays-Bas, par exemple, les taux de suicide ont augmenté de 30 % entre 2008 et 2012 (1353 à 1753 suicides)[17].
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+ Bien que l'augmentation des risques suicidaires associés à un faible niveau socio-économique (comparés à la moyenne de la population) soient peu élevés, la prévalence du problème socio-économique est large dans la population générale. Par comparaison, la présence d'une pathologie neuropsychiatrique augmente beaucoup plus fortement les risques de conduite suicidaire, mais la prévalence de troubles neuropsychiatriques est relativement faible dans la population générale. Si, au lieu de comparer les risques individuels à l'intérieur de ces populations, les chercheurs comparent les risques suicidaires sur la population générale (Population attributable risk (en)), des chercheurs arrivent à la conclusion que ces risques sur la population générale sont équivalents[36].
58
+
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+ Le salaire minimum a des effets sur le bien-être psychologique, au point de pouvoir contribuer à la prévention des suicides. Aux États-Unis, une augmentation de 10 % du salaire minimum semble permettre de diminuer les suicides de 3,6 % parmi les adultes[37].
60
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61
+ La religion d'un pays ou d'une région peut avoir un impact sur les taux de suicide. Notons que les données ne prennent pas en compte les différences individuelles de religiosité et ne concernent que des moyennes sur des régions[38]. Les pays musulmans ont un taux de suicide proche de zéro (par exemple le Koweït, avec un taux de 0,1 sur 100 000 habitants[38]. Les pays catholiques (par exemple l'Italie) et hindouistes (par exemple l'Inde) ont des taux proches de 10[38]. Les pays bouddhistes (par exemple le Japon) ont un taux plus élevé avoisinant les 18[38]. Les taux de suicide sont significativement plus élevés dans les pays athées (par exemple, la Chine) et où la religion a été réprimée pour de longues périodes (par exemple, l'Albanie) avec des taux de 25,6[38].
62
+
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+ Des travaux de recherche ont été réalisés afin de déterminer si conformément à une idée reçue durant les événements sportifs certains supporters se suicident à la suite d'une défaite de leur équipe favorite[39]. Il a été établi que dans 10 pays d'Europe de l'Ouest sur 12 étudiés le nombre de morts par suicide durant les grands tournois internationaux, Euro et Coupe du Monde, significativement moins de suicides étaient comptabilisés par rapport au même mois des années dépourvues de tournoi international[39]. Cette observation ne dépendait pas de l'équipe qui remportait la victoire[39]. De plus aucun pic de suicides n'a été observé dans les mois qui ont suivi[39].
64
+
65
+ Cette baisse du nombre de suicides n'est pas propre aux événements sportifs, on a ainsi relevé une forte baisse du nombre de suicides aux États-Unis après des événements tels que l'assassinat de Kennedy ou les attentats du 11 septembre et au Royaume-Uni après la mort accidentelle de la princesse Diana[39]. L'une des hypothèses invoquées pour expliquer ces baisses est que les événements considérés sont des périodes de plus fortes cohésion sociale[39].
66
+
67
+ Pour certaines populations de réfugiés climatiques et/ou agricoles le dérèglement climatique peut aussi être cause significative de suicide ; Selon
68
+ une étude publiée en 2017, en Inde « une augmentation de la température de 1 °C en une seule journée pourrait causer environ 70 suicides de plus »[40]
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+ Les troubles mentaux sont présents lors d'une période suicidaire dans environ 80 % à 90 % des cas[17],[41],[36]. Ces troubles incluent : troubles de l'humeur à 30 %, abus de substances à 18 %, schizophrénie à 14 % et troubles de la personnalité à 13 %[42]. Une méta-analyse conduite en 1997 conclut que presque tous les troubles psychiatriques augmentent les risques de suicide, à l'exception des démences et du retard mental[41]. Une méta-analyse portant sur les études basées sur l'autopsie psychologique des morts par suicide, estime que les abus de substance et les troubles psychiatriques conduisent à des risques de suicide élevés, comparés aux facteurs familiaux ou professionnels qui sont associés à des risques plus faibles[43].
71
+
72
+ La dépression psychiatrique (qui fait partie des troubles de l'humeur dans la nosographie psychiatrique) est le premier trouble psychiatrique fortement lié au suicide (aux côtés de, mais indépendamment de l'alcoolisme)[44]. La dépression est associée au désespoir qui entraîne une intense douleur morale. Le risque de passage à l'acte est particulièrement élevé durant les premières étapes de la maladie chez les individus atteints de dépression majeure ou le trouble bipolaire[45]. Or la dépression est l'un des troubles mentaux les plus communément diagnostiqués[46],. 17,6 millions d'Américains en sont affectés chaque année, soit approximativement un individu sur six ; en Europe de l'Ouest, la prévalence de la dépression est de 13 % (vie) et 4 % (année)[47].
73
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74
+ Bien qu'il existe un lien entre l'automutilation et le suicide, cette première n'est pas perçue comme étant une cause du suicide ; les deux, cependant, sont des éléments de la dépression clinique[48][source insuffisante]. Les jeunes individus, et plus récemment les personnes âgées, sont particulièrement touchés par l'automutilation[49][évasif].
75
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76
+ L'abus de substances est le second facteur de risque le plus répandu après la dépression et le trouble bipolaire[50]. Aux États-Unis, entre un tiers et la moitié des suicides sont liés à une forme d'abus de substance : l'alcool est impliqué dans un tiers des cas environ. Les consommateurs réguliers de drogues illicites ont cinquante fois plus de risques suicidaires, et les alcooliques ont cinq fois plus de risques suicidaires que le reste de la population[50].
77
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78
+ Les abus de substances chroniques sont également liés à un haut risque de suicide chez les adolescents et jeunes adultes[51].
79
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+ Certains psychotropes provoquent des effets néfastes et peuvent mener à d'importants dysfonctionnements sensoriels. Lorsque ces troubles prennent place dans un contexte des problèmes personnels sont présents, le risque de suicide est particulièrement élevé[52].
81
+
82
+ Dans les années 1970, une étude souvent citée mentionnait qu'environ 10 % des patients schizophréniques se suicidaient. Une méta-analyse ultérieure menée en 2005, estime qu'environ 4,9 % des schizophrènes se suicident[53]. Ce suicide est commis le plus souvent dans la période du début de la maladie[53],[54]. En 1990, des auteurs estiment que le suicide est la première cause de mortalité chez les schizophrènes[55].
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+
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+ Selon une revue de question publiée en 2002, la dépression est fréquente chez les personnes autistes ou souffrant de troubles du spectre autistique[56].
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+ La majeure partie des individus qui tentent de se suicider n'en meurent pas. Cependant, un suicide ayant échoué peut souvent mener à une autre tentative qui peut cette fois réussir[57].
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88
+ Depuis que l'on cherche à prévenir le suicide, peu de programmes de prévention ont vraiment reposé sur des éléments de preuve d'efficacité[1].
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+ L'un des moyens de bon sens et souvent considéré comme éprouvé, indépendamment des programmes de santé mentale, consiste à réduire pour tous la facilité d'accès aux moyens hautement létaux utilisés dans les suicides (armes à feu, poisons violents...). Cette méthode, dite de « restriction des moyens » (Mann et al., 2005) est maintenant communément considérée comme un élément essentiel de toute stratégie nationale efficace de réduction des taux de suicide[1]. Elle est reprise par exemple dans la Stratégie nationale de prévention du suicide de 2012 aux États-Unis. Selon l'Organisation mondiale de la santé la méthode fonctionne. Mais malgré une abondante littérature empirique sur les liens entre taux de suicide et l'accès facile aux méthodes de suicide les plus létales, et malgré des éléments de preuves d'efficacité, cette méthode semble peu mise en œuvre, notamment dans les pays pauvres et dans l'Asie rurale (où les pesticides toxiques sont très disponibles) et aux États-Unis (où les armes sont omniprésentes)[1]. La prise de drogue, dont via le tabagisme et l'alcoolisme sont parfois assimilés à des comportements suicidaires chroniques (ou brutaux en cas d'overdose), facilités quand l'alcool, le tabac ou les drogues sont très accessibles, y compris financièrement.
91
+
92
+ Pour chaque grand moyen de se suicider, il semble en outre exister une relation de type dose-réponse liée à la facilité d'accès, mais aussi à la facilité d'utilisation qui favorise le passage à l'acte[1]. Ainsi les armes à feu domestiques n’augmentent pas seulement le risque de suicide par rapport à l’absence d’armes à feu : au sein des foyers où est présente une armes à feu, le risque augmente quand l'accès est immédiat, quand l'arme n'est pas stockée déchargée, loin de ses munitions, dans un local ou une armoire fermée à clé... Le risque de suicide existe aussi avec des produits réputés faiblement toxique (ex : suite à l'interdiction du paraquat, le roundup, désherbant le plus vendu au monde ; a été plus utilisé) ; là aussi un accès centralisé aux pesticides, non stockés dans le foyer limiterait le nombre de cas de suicides. Mais de manière générale quand un produit est peu toxique, il est moins à risque d'être utilisé par des personnes voulant se suicider[1].
93
+
94
+ Selon Azrael D, Miller M.J, O'Connor R.C & Pirkis J (2016) la mesure mondiale qui sauverait le plus de monde (et plus que toute autre approche) serait la réduction de l'accès aux pesticides hautement toxiques[1].
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+
96
+ Le suicide est très souvent précédé de signes avant-coureurs. Beaucoup de suicidés ont essayé de signaler leur détresse plusieurs semaines avant de passer à l'acte[réf. nécessaire].
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+
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+ Selon le professeur Michel Debout[58] :
99
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+ « Lorsqu’on pense qu’une personne va mal, il ne faut pas hésiter à lui dire ce que l’on ressent. Et la manière dont on lui dit est importante. Si vous lui demandez : « ça ne va pas ? », elle risque de se renfermer dans une réponse de type : « Mais si ça va très bien. » Alors que si vous dites « je te sens mal », vous vous impliquez personnellement, et vous montrez que non seulement vous offrez une écoute, mais même un véritable dialogue. À partir de là, tout dépend de la situation et de votre lien avec elle. Mais vous pouvez essayer de l’orienter vers un soutien, un spécialiste ou une association qui pourront l’aider. »
101
+
102
+ L'aide téléphonique pour les personnes en détresse est venue du prêtre anglican Chad Varah, du centre de Londres, en 1953. Persuadé que tous les désespérés sur le point de mettre fin à leur vie doivent pouvoir parler à quelqu’un, il fait passer dans le Times une annonce insolite : « Avant de vous suicider, téléphonez-moi. » Cette idée fut reprise partout dans le monde[59].
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+
104
+ Cf. Liste des aides en ligne contre le suicide (téléphoniques et par internet).
105
+
106
+ En France, plusieurs associations offrent des aides en ligne que les personnes tentées par le suicide peuvent contacter pour trouver une écoute. Ces lignes sont gérées par des bénévoles.
107
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108
+ En France et en Suisse, ces services « se cantonnent exclusivement à l'écoute��» et n'interviennent pas sauf sur demande expresse de la personne en détresse »[réf. nécessaire].
109
+
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+ Dans la province du Québec, si la personne est jugée en danger immédiat, les intervenants du 1-866-APPELLE retraceront l'appel et enverront des secours. C'est une ligne d'intervention. Spécifiquement à Montréal, Suicide Action Montréal[60] possède un grand réseau d'intervenants formés en intervention auprès des personnes suicidaires. Le service est disponible 24/7 au (514) 723-4000. Le service est également offert en anglais.
111
+
112
+ Pour les anglophones[Où ?], le service de SOS Amitié spécialisé peut orienter vers un psychiatre anglophone voire appeler les pompiers « à la demande expresse » de la personne. SOS Amitié a aussi un service d'écoute par courriel mais avec des délais de 48 heures pour les réponses.
113
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114
+ D'autres aides peuvent être trouvées sur des forums affirmant procurer un soutien psychologique sur Internet[61]. Il convient d'aborder ces sites avec circonspection en raison de l'impossibilité de contrôler la compétence des interlocuteurs : un site Internet étant facile à créer, il n'apporte pas le gage d'une structure pratiquant la formation interne et l'évaluation de ses personnels ou du décalage culturel pouvant exister entre les personnes parlant la même langue mais pouvant être de culture très différente. Ces deux facteurs pourraient mener à une aide inadaptée, qui pourrait même être suicidogène[réf. souhaitée]. SOS Amitié Internet, dans le prolongement de son écoute téléphonique, offre un service d'écoute web gratuit, mais intermittent, fonctionnant par courriel, pour donner aux personnes la possibilité de mettre des mots sur leurs difficultés et leur souffrance[62]. Les personnes qui répondent aux messages appartiennent à l'équipe d'écoute au téléphone et auraient suivi une formation spécifique à l'écoute écrite. Les messages reçus reçoivent une réponse sous 48 heures.
115
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116
+ Les personnes qui ont fait une tentative de suicide sont en général prises en charge en service de soins aigus à l'hôpital (à la suite d'un empoisonnement ou des blessures nécessitant souvent une réanimation). Une fois l'épisode critique surmonté et l'éloignement de tout danger vital, le patient est orienté vers un service de psychiatrie. L'hospitalisation est volontaire dans la grande majorité des cas, mais certaines dépressions sévères (mélancolie, dépression délirante) peuvent entraîner une hospitalisation à la demande d'un tiers, voire une hospitalisation d'office. Dans tous les cas, les sujets ayant fait une tentative de suicide doivent être[évasif] évalués par un psychiatre, et souvent orientés vers une structure adaptée à la prise en charge d'une cause curable de suicide (dépression très souvent, mais aussi psychose, alcoolisme, etc.)[réf. nécessaire]. Dans le cas d'un séjour en psychiatrie, il est proposé[Qui ?] un suivi ultérieur en consultation psychiatrique (hospitalière ou avec un psychiatre libéral)[réf. nécessaire]. Malgré ces efforts[Qui ?] de prise en charge et la possibilité d'hospitalisation contre le gré du suicidant, en France, un quart des adolescents mineurs suicidants sortent de l'hôpital sans avoir eu de consultation psychiatrique. Cette prise en charge des personnes qui tentent de se suicider est importante car les risques d'une nouvelle tentative sont grands (75 % dans les deux ans)[63].
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118
+ Les programmes de prévention du suicide ont été mis en place puis évalués dans plusieurs pays, soit par des chercheurs indépendants, des gouvernements, ou l'OMS. Plusieurs stratégies de prévention sont possibles.
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+ Les programmes de prévention comprennent des programmes permettant d'augmenter la connaissance des signes avant-coureurs dans la population générale, une meilleure formation des médecins généralistes (souvent contactés par les suicidants dans les semaines précédant leur passage à l'acte), des points d'accès faciles et des services de suivi pour les personnes suicidaires, ainsi que des programmes d'information pour les gouvernements et autres responsables de santé publique afin d'éliminer « le stigma, obstacle majeur à la prévention du suicide »[17].
121
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122
+ La psychiatrie ne reconnaissant pas la conduite suicidaire comme un trouble spécifique, mais comme la conséquence d'un ou de plusieurs autre(s) trouble(s) psychiatrique(s), les études sur les conduites suicidaires sont moins nombreuses que celles sur d'autres troubles psychiatriques pourtant moins fréquents : le spécialiste Aleman estime que six fois plus d'articles sur la schizophrénie ont été publiés de 1999 à 2003 dans les deux plus grands journaux internationaux de psychiatrie, comparés aux articles sur les conduites suicidaires[17]. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce phénomène : il est possible que le sujet soit tabou car le suicide reste illégal dans certains pays ; il est possible que le phénomène soit peu étudié parce que les tentatives de suicide diffèrent peut-être des tentatives réussies dans leur étiologie ; il est possible que le suicide soit trop complexe à étudier car impliquant des causes non seulement psychiatriques mais également financières, morales, et sociales[17].
123
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124
+ Le suicide collectif décrit le suicide d'un grand nombre de personnes au même moment et pour les mêmes raisons. Par exemple, en 1978, à Jonestown (en), en Guyana, 918 membres d'un culte américain mené par Jim Jones ont mis fin à leur vie par empoisonnement au cyanure[64],[65],[66]. En 1944, environ 10 000 civils japonais se sont suicidés lors des derniers jours de la bataille de Saipan, certains sautant d'une falaise surnommée pour cette raison la « falaise du suicide »[67].
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126
+ Un suicide par pacte décrit un suicide dans lequel deux individus, ou plus, se mettent d'accord pour planifier leur suicide. Il peut s'agir de mourir ensemble ou à un certain intervalle. Ce type de suicide est différent du suicide collectif (grand nombre de personnes partageant une idéologie, souvent dans un contexte religieux, politique, militaire ou paramilitaire). Le suicide par pacte concerne un petit groupe de personnes intimement liées (souvent des époux ou amants, membres de la famille, amis) et leurs motivations sont personnelles et individuelles.
127
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128
+ Le meurtre-suicide est un acte dans lequel un individu commet un meurtre puis se donne la mort immédiatement après, ou pendant, le meurtre. Les raisons en sont très diverses. Il peut s'agir de meurtres motivés par des raisons politiques (terrorisme), tout comme des meurtres motivés par des raisons dites altruistes (un individu déprimé entraîne dans la mort les membres de sa famille avant de se suicider).
129
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130
+ Le Shinjū (心中, mot composé des caractères pour « esprit » et « centre »?) est un terme japonais qui signifie « double suicide » ou « suicide amoureux ». Ce terme est utilisé pour désigner tout suicide en groupe de personnes liées par l'amour, généralement les amants, les parents et les enfants, et même des familles entières.
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132
+ Les suicides doubles sont assez communs dans l'histoire du Japon et constituent un thème important du répertoire de théâtre de marionnettes.
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134
+ Le suicide par devoir (dutiful suicide) est commis dans l'espoir qu'il sera un acte de bienveillance. Il peut être commis pour éviter un déshonneur ou un meurtre, ou il peut être imposé pour protéger une famille ou une réputation. Par exemple, le général allemand Erwin Rommel durant la Seconde Guerre mondiale[68]. Ce type de suicide peut relever de pratiques culturelles, comme le suicide rituel seppuku au Japon.
135
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136
+ Le suicide a été utilisé dans l’histoire comme un acte politique d’opposition, de contestations ou encore de dévolution. Dans l'Empire romain, il était d'usage qu'un proche de l'empereur désirant mettre fin à ses jours, en demande au préalable l'autorisation à ce dernier (illustration, par exemple, dans les Mémoires d'Hadrien). Dans l'Antiquité, le suicide était commis après une défaite dans une bataille afin d'éviter la capture et les possibles tortures, mutilations ou la mise en esclavage par l'ennemi. Ainsi, au cours de la seconde guerre punique, la princesse carthaginoise Sophonisbe s'empoisonna pour ne pas tomber aux mains des Romains. Brutus et Cassius, les assassins de Jules César, se suicidèrent à la suite de la défaite de la bataille de Philippes. Cléopâtre VII, dernière reine d'Égypte, a également mis fin à ses jours pour ne pas être emmenée prisonnière à Rome. Les Juifs de Massada offrent un autre exemple en se suicidant massivement en 74 av. J.-C. pour échapper à la mise en esclavage par les Romains. Dans la société romaine, le suicide était un moyen accepté par lequel son honneur était préservé. Ceux qui étaient jugés pour des crimes capitaux, par exemple, pouvaient empêcher la confiscation des biens et propriétés familiaux en se suicidant avant la condamnation par le tribunal. Dans le Japon médiéval, toute critique du Shogun s'accompagnait d'un seppuku de l'accusateur.
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+ Le suicide peut être un acte politique, proche du martyre. À l'époque contemporaine, le suicide est utilisé pour protester de façon spectaculaire, notamment par autocrémation[69], contre une situation jugée insupportable : le 11 juin 1963, à Saïgon, le bonze Thích Quảng Đức s'est suicidé pour protester contre le gouvernement du président vietnamien Ngô Đình Diệm. Ce geste a été imité par la suite : Jan Palach et Jan Zajíc en 1969 pour protester contre la répression soviétique du printemps de Prague ; trois membres de l'Organisation des moudjahiddines du peuple iranien, en 2003, pour dénoncer l'arrestation de Maryam Radjavi par la police française ; Josiane Nardi en France le 18 octobre 2008 pour protester contre la politique d'expulsion de son compagnon arménien sans-papiers ; au Tibet depuis mars 2011, plusieurs laïcs, moines et nonnes tibétains se sont immolés pour protester contre la présence chinoise. L'immolation de Mohamed Bouazizi en 2010 marque le début de la révolution tunisienne de 2010-2011.
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140
+ En France, le suicide n'est plus réprimé depuis le code pénal de 1810 autrement que par, éventuellement, une hospitalisation d'office (HO) préfectorale[70].
141
+
142
+ À la suite de la publication du livre Suicide, mode d'emploi, parfois retrouvé chez des suicidés, a été cependant créé en 1987 le délit de « provocation au suicide » (art. 223-13 à 223-15-1 du Code pénal), ayant pour conséquence l'interdiction de publication de l'ouvrage.
143
+
144
+ En France, l'article L132-7 du Code des assurances dispose[71],[72] :
145
+
146
+ « L'assurance en cas de décès est de nul effet si l'assuré se donne volontairement la mort au cours de la première année[73] du contrat.
147
+
148
+ L'assurance en cas de décès doit couvrir le risque de suicide à compter de la deuxième année du contrat. En cas d'augmentation des garanties en cours de contrat, le risque de suicide, pour les garanties supplémentaires, est couvert à compter de la deuxième année qui suit cette augmentation.
149
+
150
+ Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables aux contrats mentionnés à l'article L. 141-1 souscrits par les organismes mentionnés au dernier alinéa de l'article L. 141-6.
151
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+ L'assurance en cas de décès doit couvrir dès la souscription, dans la limite d'un plafond qui sera défini par décret, les contrats mentionnés à l'article L. 141-1 souscrits par les organismes mentionnés à la dernière phrase du dernier alinéa de l'article L. 141-6, pour garantir le remboursement d'un prêt contracté pour financer l'acquisition du logement principal de l'assuré. »
153
+
154
+ « Attendu qu'en énonçant qu'aucun élément ne permettait de penser que l'assuré n'avait pas eu la jouissance de sa raison au moment de son suicide, après avoir relevé, d'une part, que son corps avait été retrouvé dans sa voiture garée dans un lieu clos, moteur allumé et l'habitacle relié au pot d'échappement par un tuyau, et d'autre part, que la victime avait laissé à sa veuve une lettre dépourvue d'équivoque quant à ses intentions, c'est sans inverser la charge de la preuve que la cour d'appel a retenu l'existence d'un suicide volontaire et conscient soumis à l'article L. 132-7 du Code des assurances, dans sa rédaction antérieure à la loi no 98-546 du 2 juillet 1998, qui n'est pas applicable à l'espèce dès lors que le sinistre lui est antérieur ; que le moyen est sans fondement. »
155
+
156
+ — Civ1, 14 mars 2000, pourvoi no 97-21581
157
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158
+ L'aide au suicide ou le suicide assisté se produit lorsqu'un individu qui souhaite en finir avec la vie demande et obtient l'assistance d'un autre individu pour mettre fin à ses jours. L'aide au suicide est le fait d'« exécuter la décision d'un suicidant ou ne pas intervenir sur la situation dans laquelle il s'est mis s'il a clairement exprimé sa volonté. » Une approche de suicide assisté pourrait permettre aux personnes suicidaires d'avoir un espace sécuritaire et accueillant pour explorer leur désir de mort, parler librement, être écoutées par des professionnels de la santé et ultimement être accompagnées dans cette étape de la vie qu'est la mort[74],[75]. L'aide au suicide est à distinguer de l'euthanasie qui est appliquée sur des personnes (ou animaux) en fin de vie. L'aide au suicide fait l'objet de débats éthiques dans la plupart des pays d'Europe ou d'Amérique du Nord. Le suicide assisté est un sujet controversé politiquement et moralement. Il fait l'objet de poursuites judiciaires dans la plupart des pays du monde.
159
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160
+ La Cour européenne des droits de l'homme, dans son arrêt Pretty c. Royaume-Uni du 29 avril 2002, a déclaré à l'unanimité que le suicide n'entrait pour l'instant dans le champ d'aucun droit de l'homme, ni de l'article 2 de la Convention protégeant le droit à la vie : « En conséquence, la Cour estime qu’il n’est pas possible de déduire de l’article 2 de la Convention un « droit à mourir », que ce soit de la main d’un tiers (ou par l'abstention de l'intervention de ce tiers), ou avec l’assistance d’une autorité publique. »
161
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162
+ En France, l'aide au suicide est prohibée pour « abstention volontaire de porter assistance à personne en péril » (article 223-6 du Code pénal, concept plus connu sous le nom de « non-assistance à personne en danger »)[76]. En 2007, l'affaire Vincent Humbert a été fortement médiatisée, illustrant les problèmes éthiques posés par cet aspect du droit français.
163
+
164
+ En Suisse, le code pénal la tolère puisque l'article 115[77] prévoit de punir l'assistance au suicide si elle est causée par des « motifs égoïstes ». Deux associations suisses, Exit et Dignitas ont été créées dans le but d'aider des malades en phase terminale à mettre fin à leurs jours ou d'empêcher des interventions médicales non souhaitées visant à les ranimer.
165
+
166
+ Le suicide assisté est autorisé par la loi et sous des conditions spécifiques aux Pays-Bas, en Belgique, dans l'état d'Oregon aux États-Unis.
167
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168
+ En Allemagne, une décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe rappelle en 2020 que le suicide est un droit et qu'il « inclut la liberté de s’ôter la vie et de demander de l’aide pour le faire »[78].
169
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170
+ Le suicide est vu bien différemment selon les courants philosophiques qui l'évoquent. Il peut être considéré comme un acte suprême de liberté ou une option de faiblesse et de renoncement, voire de sacrifice. Du point de vue contraire, le suicide est mis en opposition avec l'humanité. En effet, la mort fait partie de la nature. Se donner la mort, c'est donc renier la nature et s'opposer à elle. C'est s'éloigner de son humanité.
171
+
172
+ Dans l’Antiquité grecque et romaine, presque toutes les écoles philosophiques se sont posé la question de la légitimité ou non du suicide. Quelques heures avant de boire la ciguë, Socrate est invité à dire « sous quel rapport on peut bien nier que ce soit chose permise de se donner à soi-même la mort[79]. » Dans le Phédon, en effet, Platon affirme que les hommes, ici-bas, sont sous la garde des dieux : « Une sorte de garderie, voilà notre séjour à nous, les hommes, et le devoir est de ne pas s'en libérer soi-même ni s’en évader. Nous sommes une partie de la propriété des Dieux ». La mythologie grecque illustrait cet argument, puisque la mort relevait de la décision des Moires qui coupaient le fil de la vie. Platon comme Philolaos de Crotone, le philosophe de la tradition pythagoricienne, estime que se suicider, c'est donc aller contre la volonté des dieux. Le représentant de l’école néo-platonicienne, Plotin a rédigé une courte prédication destinée à empêcher le suicide, et intitulée Du suicide raisonnable (Περὶ εὐλόγου ἐξαγωγῆς)[80]. Elle emprunte presque tous ses traits à la prédication morale populaire contre le suicide, telle qu’on la trouve chez Épictète. Malgré quelques idées vraisemblablement d’origine pythagoricienne, ce court texte développe deux arguments du stoïcisme qui répondent aussi à des préoccupations d’Épictète[81] : il faut attendre la dissolution naturelle des liens du corps et de l’âme ; et le temps de la mort est fixé par le destin. Deux arguments revêtent une valeur morale : il faut vivre pour progresser moralement ; et le suicide est le résultat des passions : « On fait violence au corps pour le détacher de l’âme ; ce n’est plus lui qui laisse l’âme partir. C’est la passion qui fait rompre ces liens ; c’est l’ennui, le chagrin ou la colère ; il ne faut pas agir ainsi ». En acceptant même de supporter la folie plutôt que de lui échapper par le suicide, Plotin choisit une position contraire à celle généralement admise par les Stoïciens comme Marc Aurèle[82],[83].
173
+
174
+ Dans ses Leçons de Philosophie enseignées dans les temps troublés des années 1933-1934, la philosophe Simone Weil établit une typologie des différents cas de suicides[84]. Selon qu'ils sont accomplis par « désespoir », par « conscience », ou bien par « honneur ou dévouement », ils ne revêtent ni le même sens ni le même aspect condamnable. Le suicide par désespoir qui a l’injustice ou le malheur pour cause, est condamnable car « on nie absolument la valeur de la vie ». Le suicide par conscience n’est pas condamnable : c’est par exemple « refuser de prêter faux témoignage quand on y est contraint sous peine de mort », ou encore « consentir à se tuer quand on sent que la vie va vous entraîner à faire de vous un assassin (antifascistes allemands) ». Enfin, le suicide par honneur ou dévouement consiste à mourir à la place d’un autre jugé plus important que soi, ou « pour un être collectif : patrie, église ». Mais quel que soit le cas, tout consentement à la mort doit néanmoins, pour Simone Weil, s’exécuter avec regret.
175
+
176
+ Paul Valéry indique dans Tel Quel que le suicide est en général dû à l'impossibilité pour sa victime de supprimer chez elle une idée lui causant souffrance, et à laquelle elle pense donc ne pouvoir mettre fin qu'avec sa propre vie. Pour Jean-Jacques Delfour[85], le suicidant ne peut pas vouloir mourir, puisqu'il ignore ce qu'est la mort, dans le sens où il n'en a pas l'expérience. Le suicide, pour lui, est uniquement une manière de mettre fin à une souffrance. Cependant, s'ils mettent fin à leur souffrance, ils mettent aussi fin à la suppression de cette souffrance et donc n'en bénéficient pas ; et la liberté que l'on a sur sa vie, le pouvoir de se tuer, disparaît avec la vie elle-même, on n'a donc pas l'occasion d'en jouir. Pour lui, il n'y a donc pas à proprement parler de suicide, mais une agression du corps pour laquelle rien n'est venu interrompre le processus mortel.
177
+
178
+ Le suicide est traditionnellement un acte condamné dans le cadre des religions monothéistes. En effet, si le fait de se suicider est d'abord un acte qui va contre soi-même, l'« appartenance » de la destinée de l'homme à Dieu fait que cet acte devient une rupture de la relation spécifique entre l'homme et Dieu et un acte allant contre la souveraineté de Dieu. Le point de vue catholique a été précisé dès le premier concile de Braga qui s'est tenu vers 561 : il déclare que le suicide est criminel dans la chrétienté, sauf chez les « fous ». Le premier concile de Braga entendait lutter contre les modes de pensée païens à une époque encore profondément marquée par la mentalité romaine où le suicide était présenté comme une voie noble, une mort honorable, recommandable pour racheter un crime, alors que le christianisme voulait marquer que, pour lui, le pardon et l'acceptation de se livrer à la justice, pour un criminel, étaient les seules voies acceptables.
179
+
180
+ L'islam interdit le suicide et le considère comme un péché (voire un crime). D'après un hadith, Mahomet aurait refusé de prier sur un suicidé qui lui fut présenté, cependant il avait ordonné à ses compagnons de tout de même le faire. Commettre un suicide est loin d'être considéré comme une bonne chose, au sens où le fait de prendre la vie de quelqu'un est considéré comme négatif. Cependant, d'un point de vue bouddhiste, ce que nous faisons ou ne faisons pas n'est pas le seul critère qui détermine si un acte est « bon », « mauvais » ou « très mauvais ». Le critère essentiel est la motivation qui sous-tend l'acte et ici, « se tuer, c'est tuer les divinités qui sont l'essence du corps. La motivation qui pousse à se tuer et donc à tuer ses propres divinités, est plus grave, karmiquement, que la motivation qui conduit à tuer une autre personne[86]. » Selon la théorie du karma, quoi que nous fassions, nos actes auront des conséquences. Rien ni personne ne prend la décision de nous récompenser ou de nous punir. C'est la force de l'action elle-même qui détermine le résultat. D'après les principes d'interdépendance et du karma, notre mort est suivie d'une renaissance dans la vie suivante[87].
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182
+ Le suicide est perçu assez différemment selon les cultures ; si dans les sociétés occidentales, il a longtemps été considéré comme immoral et déshonorant, il est dans d'autres sociétés justement le moyen de recouvrer un honneur perdu. En Asie, il existe des formes de suicide ritualisé comme les jauhâr et satî indiens. Le seppuku japonais, quant à lui, est un suicide vu comme une issue honorable face à certaines situations perçues comme trop honteuses ou sans espoir : communément appelé hara-kiri, il caractérisait le code de conduite des samouraïs qui, par honneur et respect du Bushido, se tuaient pour ne pas être faits prisonniers ou pour restituer l'honneur de leur famille ou de leur clan, à la suite d'une faute. Une étude menée dans 26 pays de tradition judéo-chrétienne a révélé que plus les femmes et les personnes âgées étaient religieuses, moins elles se suicidaient[88].
183
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184
+ L'acte suicidaire a très largement inspiré la littérature. Il est abordé, voire représenté à travers de multiples genres littéraires.
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186
+ Des romans considérés comme classiques et connus internationalement ont très largement façonné la perception du suicide dans les esprits du lectorat occidental moderne :
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+ « Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s’approchèrent. Elle n’existait plus. »
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190
+ Le poète anglais Alfred Alvarez (en) a publié une étude sur le suicide en littérature intitulée Le Dieu sauvage, essai sur le suicide.
191
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192
+ Jean Améry publie un livre en 1976 sur le suicide où il défend la thèse selon laquelle le suicide représente l'ultime liberté de l'humanité. Il se donne la mort deux ans plus tard.
193
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194
+ Voici, ci-dessous, une liste de chansons francophones écrites et composée sur le thème du suicide avec le nom de leurs interprètes principaux :
195
+
196
+ Si le chanteur Charles Trénet évoque bien la mort par suicide à la fin de sa chanson Je chante, le suicide n'est pas le thème principal de celle-ci.
197
+
198
+ De nombreux témoignages relatent des chiens qui se laissent mourir après la mort et l'enterrement de leurs maîtres et maîtresses. Cependant, les spécialistes du comportement animal préfèrent considérer que les suicides d'animaux comme les chiens s'expliquent plutôt en raison de contraintes environnementales que par un réel désir de se donner la mort. Le terme de « suicide passif », donc « non délibéré », est donc le plus acceptable pour décrire ce type de comportement, et il reste assez éloigné du comportement actif et volontairement réfléchi de l'être humain[90].
199
+
200
+ Il arrive assez fréquemment que sur certains rivages, des cétacés (baleines, dauphins) viennent s’échouer. Certains d'entre eux peuvent même jusqu'à résister à l'action des sauveteurs tentant le repousser vers le large pour leur éviter ainsi une mort certaine.
201
+
202
+ De nombreuses études scientifiques, notamment dans le monde anglo-saxon ont été lancées sans pouvoir donner de réponse définitive, sinon que ces types d'animaux, intelligents et grégaires restent parfaitement capables de ressentir des émotions jusqu'à l'empathie.
203
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204
+ Un biologiste attaché à l'Oxford Brookes University (John Runions), chroniqueur scientifique pour la télévision, évoque les méthodes de chasse en eau peu profonde des baleines-pilotes pour expliquer ce phénomène d'échouage.
205
+
206
+ Une professeure en anthropologie (Barbara J. King) auteur d'un ouvrage dénommé « Comment les animaux pleurent », explique dans le journal américain Miami Herald que les liens sociaux sont tellement forts entre certains cétacés que les autres membres du groupe. Selon cette scientifique, ceux-ci « refusent d'abandonner leurs compagnons mourants », même si eux-mêmes sont en parfaite santé. Il pourrait s'agir dans ce cas d'une assistance poussée à l'extrême et motivée par la mort d'un des leurs[91].
207
+
208
+ Le tarsier des Philippines, l'un des plus petits primates au monde ne supporte pas la captivité, notamment quand il est enfermé dans une cage. Selon Carlito Pizarras, conservateur au sanctuaire pour tarsiers de Corella, situé sur l'île de Bohol, la plupart de ces primates stressés par leur enfermement, s'arrêtent de respirer et se donnent ainsi volontairement la mort.
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210
+ Le gouvernement des Philippines a adopté une loi pour tenter d'assurer la survie de ce petit animal vivant uniquement dans ce secteur de l'archipel[92].
211
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212
+ En 1955, un illustrateur des Studios Disney, Carl Barks, dessina une bande dessinée d'Uncle Scrooge (Oncle Picsou), intitulée The Lemming with the Locket (la course au lemming en français)[93]. Cette bande dessinée, elle-même inspirée d'un article de l’American Mercury paru[94] en 1953, montre des lemmings se jetant en masse d'une falaise en Norvège[95].
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+ Cependant, cette « vision » ne repose sur aucune réalité scientifique, même si cet argument est souvent repris dans des films, des reportages ou des articles à vocation non scientifique, mais de pure invention due au phénomène migratoire très particulier de ces petits rongeurs. Il s'agit là d'un cas typique de légende urbaine.
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+ Famille
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+ Tribus de rang inférieur
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+ Les Suidés (Suidae) ou Porcins[1] sont une famille de mammifères artiodactyles dont les canines sont développées et dont les pattes ont quatre onglons[2]. Sus domesticus désigne habituellement le porc domestique, longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier Sus scrofa, Sus scrofa domesticus.
6
+
7
+ Il peut y avoir eu de nombreux croisements entre ces espèces/sous-espèces interfertiles, mais qui ne portent pas le même nombre de chromosomes. Ce sont des hybrides communément nommées sanglochon ou cochonglier.
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+ La denture est dite complète avec un total de 44 dents.
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11
+ Au sein de l'ordre des artiodactyles, la famille des suidés est classée dans le sous-ordre des suines (Suina) au côté des pécaris (Tayassuidae). La branche des artiodactyles qui contient les suines et les espèces fossiles qui leur sont apparentées est celle des suoïdes (Suoidea).
12
+
13
+ Les anciennes sous-familles des babyroussinés et des phacochoerinés ne sont plus utilisées et ont été remplacées par des tribus au sein de la sous-famille des suinés qui constitue le groupe-couronne des espèces actuelles.
14
+ Classification des espèces actuelles selon MSW et ITIS, au sein de la sous-famille Suinae Gray, 1821:
15
+
16
+ Le choeropotame (Potamochoerus choeropotamus) d'Afrique orientale et méridionale est considéré comme la sous-espèce Potamochoerus larvatus koiropotamus du Potamochère du Cap (Potamochoerus larvatus).
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+ Babyrousa celebensis
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+ Hylochoerus meinertzhageni
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+ Phacochoerus africanus
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+ Potamochoerus porcus
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+ Sus barbatus
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30
+ Reconstituton d'un Metridiochoerus (genre éteint)
31
+
32
+ Listes des sous-familles fossiles selon Paleobiology Database (septembre 2017)[3]:
33
+
34
+ Phylogénie des familles actuelles de cétartiodactyles (hors cétacés), d'après Price et al., 2005[4] et Spaulding et al., 2009[5]:
35
+
36
+ Camelidae (chameaux, lamas...)
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+ Suidae (porcins)
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+ Tayassuidae (pécaris)
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+ Cetacea (cétacés)
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+
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+ Hippopotamidae (hippopotames)
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+ Tragulidae (chevrotains)
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+ Antilocapridae (antilocapres)
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+ Giraffidae (girafes, okapi...)
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+ Bovidae (bovins, caprins, antilopes...)
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+ Cervidae (cerfs, rennes...)
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+ Moschidae (cerfs porte-musc)
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+ Les Suidés (Suidae) ou Porcins[1] sont une famille de mammifères artiodactyles dont les canines sont développées et dont les pattes ont quatre onglons[2]. Sus domesticus désigne habituellement le porc domestique, longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier Sus scrofa, Sus scrofa domesticus.
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+ Il peut y avoir eu de nombreux croisements entre ces espèces/sous-espèces interfertiles, mais qui ne portent pas le même nombre de chromosomes. Ce sont des hybrides communément nommées sanglochon ou cochonglier.
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+ La denture est dite complète avec un total de 44 dents.
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+ Au sein de l'ordre des artiodactyles, la famille des suidés est classée dans le sous-ordre des suines (Suina) au côté des pécaris (Tayassuidae). La branche des artiodactyles qui contient les suines et les espèces fossiles qui leur sont apparentées est celle des suoïdes (Suoidea).
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+ Les anciennes sous-familles des babyroussinés et des phacochoerinés ne sont plus utilisées et ont été remplacées par des tribus au sein de la sous-famille des suinés qui constitue le groupe-couronne des espèces actuelles.
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+ Classification des espèces actuelles selon MSW et ITIS, au sein de la sous-famille Suinae Gray, 1821:
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+ Le choeropotame (Potamochoerus choeropotamus) d'Afrique orientale et méridionale est considéré comme la sous-espèce Potamochoerus larvatus koiropotamus du Potamochère du Cap (Potamochoerus larvatus).
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+ Camelidae (chameaux, lamas...)
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+ Suidae (porcins)
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+ Tayassuidae (pécaris)
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+ Cetacea (cétacés)
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+ Hippopotamidae (hippopotames)
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+ Tragulidae (chevrotains)
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+ Antilocapridae (antilocapres)
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+ Giraffidae (girafes, okapi...)
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+ Bovidae (bovins, caprins, antilopes...)
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+ Cervidae (cerfs, rennes...)
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+
3
+ Confédération suisse
4
+
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+ (de) Schweizerische Eidgenossenschaft
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+
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+ (it) Confederazione svizzera
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+
9
+ (rm) Confederaziun svizra
10
+
11
+ 46° 57' N, 7° 25' E
12
+
13
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+ La Suisse, en forme longue la Confédération suisse[5] (en allemand Schweiz Écouter et Schweizerische Eidgenossenschaft, en italien Svizzera et Confederazione Svizzera, en romanche Svizra et Confederaziun svizra) est un pays d'Europe centrale et, selon certaines définitions, de l'Ouest, formé de 26 cantons[6], avec Berne pour capitale de facto, parfois appelée « ville fédérale ». La Suisse est bordée par l'Allemagne au nord, l'Autriche et le Liechtenstein à l'est-nord-est, l'Italie au sud et au sud-est et la France à l'ouest. C'est un pays sans côte océanique, mais qui dispose d'un accès direct à la mer par le Rhin (Convention de Mannheim)[7]. La superficie de la Suisse est de 41 285 km2. Elle est géographiquement divisée entre les Alpes, le plateau suisse et le Jura. Les Alpes occupent la majeure partie du territoire (60 %)[8]. La population de la Suisse dépasse les 8,5 millions d'habitants et elle se concentre principalement sur le plateau, là où se trouvent les plus grandes villes. Parmi elles, Zurich, Genève et Bâle sont les agglomérations les plus importantes du pays en termes économiques et de population, et des villes mondiales où se trouvent le siège d'organisations internationales et des aéroports de dimension internationale.
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+ L'établissement de la Confédération suisse est traditionnellement daté au 1er août 1291, jour célébré chaque année en tant que Fête nationale. Le pays a une longue tradition de neutralité politique et militaire et n'a rejoint les Nations unies qu'en 2002. Il poursuit cependant une politique étrangère active et s'implique fréquemment dans des processus de construction de la paix autour du monde[9]. La Suisse est aussi le berceau du comité international de la Croix-Rouge ; elle abrite en outre de nombreuses organisations internationales, dont le deuxième plus grand siège de l'ONU après celui de New York : l'Office des Nations unies à Genève ainsi que le siège de la Banque des règlements internationaux à Bâle et du Comité International Olympique à Lausanne. Dans le domaine européen, elle est un des membres fondateurs de l'Association européenne de libre-échange, et membre de l'espace Schengen, mais pas de l'Union européenne ni de l'Espace économique européen.
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+ La Suisse comporte quatre régions culturelles et linguistiques[6] et possède donc quatre langues nationales : l'allemand, le français, l'italien et le romanche. Alors que les trois premières langues sont officielles, le romanche ne l'est que partiellement[10]. En conséquence, les Suisses forment une nation au sens civique du terme, n'ayant pas d'unicité forte sur un plan ethnique ou linguistique ; le sens fort de l'identité et de la communauté des Suisses est fondé sur un fond historique commun partageant des valeurs communes, telles que le fédéralisme, la démocratie directe[11] et le symbolisme alpin[12]. Ernest Renan la cite nommément comme exemple dans Qu'est-ce qu'une nation ?
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+ La Suisse possède le deuxième PIB nominal le plus élevé au monde par habitant, ainsi que le neuvième PIB en parité de pouvoir d'achat selon le Crédit suisse et le FMI. Les Suisses ont la deuxième plus haute espérance de vie au monde sur la liste publiée par le DAES des Nations unies. La Suisse est classée comme l'un des dix pays les moins corrompus ; de plus, sur les cinq dernières années, le pays a été classé premier en termes de compétitivité économique et touristique, selon respectivement le Rapport sur la compétitivité mondiale et le Rapport sur la compétitivité du secteur des voyages et du tourisme, tous deux réalisés par le forum économique mondial.
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+ Dans ses différentes langues nationales, le pays est appelé respectivement Suisse en français, Schweiz en allemand, Svizzera en italien et Svizra en romanche. Depuis 1803, le nom officiel de l'entité politique suisse est Confédération suisse en français, Schweizerische Eidgenossenschaft en allemand, Confederazione Svizzera en italien et Confederaziun svizra en romanche[13].
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+ Au XIXe siècle, le latin servait traditionnellement de langue commune pour les inscriptions officielles. Ainsi, la formule Confœderatio Helvetica se trouve inscrite notamment sur les pièces de monnaie suisses ainsi qu'au fronton du Palais fédéral à Berne. Le sigle CH en est la forme abrégée pour les plaques minéralogiques, les codes postaux et les extensions de noms de domaine sur Internet[14],[15],[16].
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+ Depuis le milieu du XIVe siècle, le terme de confédération est employé pour qualifier les systèmes d'alliance qui se sont formés sur le territoire de la Suisse actuelle. Le mot français, comme ses équivalents dans les langues latines, est issu du latin foedus, « traité d'alliance », alors que l'allemand Eidgenossenschaft renvoie au « serment devant Dieu », Eid, prêté par des Genossen, « compagnons » de même rang. Le mode d'association ainsi désigné contraste avec la dissymétrie des liens de dépendance féodaux[17].
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+ Le nom de Schweiz, d'où dérive le français Suisse, est utilisé dès le XVIe siècle par les Autrichiens, par déformation de celui du canton de Schwytz (Switz ou Sweitz en moyen haut-allemand) qui est alors, parmi les trois cantons d'origine, le plus proche géographiquement de Vienne, pour désigner l'ensemble de la communauté révoltée contre eux. Une confusion régna ensuite pendant plusieurs siècles sur l'orthographe utilisé par les deux toponymes (Schwytz et Schweiz). L'historien suisse Johannes von Müller proposa en 1785 de dissocier les deux formes[18]. Le terme de Schwytz, quant à lui, viendrait de celui apparu en 972 pour désigner la population de la région, les Suittes ; ce nom serait lui-même issu du vieux haut-allemand swedan signifiant « brûler » (cfr. islandais svíða, danois et suédois svide), rappelant ainsi la culture sur brûlis, technique par laquelle les habitants défrichaient les forêts avoisinantes afin de construire ou de cultiver les terrains[19].
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+ Le terme Confédération suisse ne devient courante qu'au XVIIIe siècle, où il n'est encore ni officiel ni unique, puisque les appellations Corps helvétique, Magna Liga, Ligues et Helvetia sont également utilisées pour désigner le pays[13],[20].
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+ La proposition de Von Müller visant à utiliser l'appellation de Schweiz pour désigner la confédération fut officialisée en 1803, sinon dans l'Acte de Médiation lui-même[18], du moins par le titre de « Médiateur de la Confédération suisse » que prend Bonaparte à cette occasion. Elle est reprise à l'article 15 du pacte fédéral de 1815 : « les XXII Cantons se constituent en Confédération suisse », puis par les constitutions de 1848, 1874 et 1999[13]. Aujourd'hui, dans la liste des dénominations d'États publiée par les autorités du pays, c'est Confédération suisse qui est retenue, l'adjectif helvétique étant explicitement exclu[21].
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+ Cependant, au cours d'une évolution historique complexe, inscrite depuis 1848 dans le texte de ses constitutions successives, les institutions de la Suisse se sont éloignées de la confédération d'États pour devenir celles d'un État fédéral. Le maintien en vigueur d'une appellation officielle inchangée, bien qu'elle ne leur corresponde plus (du moins dans les langues latines : en allemand Eidgenossenschaft ne désigne pas une forme politique particulière), exprime l'idée d'une continuité de l'histoire suisse, depuis les alliances médiévales jusqu'à l'État contemporain[13].
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+ Confédération, avec ou sans majuscule, désigne trois concepts différents, qui correspondent chacun à un mot différent en allemand :
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+ La Suisse est habituellement divisée en trois grandes zones géographiques. Du nord au sud, ainsi que par superficie croissante, sont inclus le Jura, le plateau suisse et les Alpes suisses. Le plateau constitue par sa densité de population la zone la plus importante en matière démographique et économique.
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+ Mis à part les quelques plaines alluviales, du Rhin et du Rhône notamment, chaque région possède un relief plus ou moins marqué, des collines du plateau et du Jura (1 000 - 1 600 m) aux sommets des Alpes (2 000 - 4 600 m).
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+ Bien que d'importance modeste du point de vue économique, la région alpine comporte les paysages les plus variés et les plus marquants de la Suisse. Elle s'étend sur près des deux tiers du pays (62,5 % du territoire), faisant de la Suisse le pays le plus montagneux d'Europe occidentale. Certains grands cantons se trouvent en totalité ou majoritairement à l'intérieur du périmètre alpin, ce sont le Valais, le Tessin et les Grisons. La Suisse possède en outre la concentration d'habitants vivant en zone montagneuse la plus élevée d'Europe avec plus de 80 % de la population[25].
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+ La topographie, notamment la barrière naturelle que forment les Alpes, est aussi à l'origine d'une grande variété de climats.
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+ Les chaînes de montagne principales (comprenant des sommets supérieurs à 4 000 m) sont quant à elles localisées dans les régions des cantons de Berne (Alpes bernoises), du Valais (Alpes valaisannes) et des Grisons (massif de la Bernina). Ce sont également les chaînes contenant la plupart des glaciers en Suisse, dont elle est recouverte à la hauteur de quelque 3 %. Enfin des sommets tels que le Cervin et l'Eiger ont gagné un statut emblématique de la chaîne alpine.
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+ La Suisse est située sur la ligne de partage des eaux de quatre bassins versants. Celui du Rhin couvre la plus grande partie du pays et celui du Rhône couvre le Valais, la partie sud du canton de Vaud et Genève. Cependant, des régions de Suisse appartiennent aussi aux bassins du Danube (la haute vallée de l'Inn dans les Grisons), du Pô et de l'Adige en Italie [le canton du Tessin avec notamment la rivière Tessin mais aussi quelques petites vallées des Grisons, avec les rivières Poschiavino, Maira et Rom (val Müstair) ainsi que la vallée de Simplon en Valais avec la rivière Diveria].
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+ Ainsi les eaux coulant en Suisse peuvent se diriger vers la mer du Nord, la mer Méditerranée occidentale, la mer Adriatique ou la mer Noire. Pour cette raison, il est parfois question de la région du Gothard comme du « château d'eau de l'Europe ».
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+ Presque chaque région compte un nombre d'étendues d'eau assez important. Les plus grandes sont situées sur le plateau, ainsi qu'en bordure du territoire alpin. Les lacs de montagne proprement dits, sont d'étendues modestes mais particulièrement nombreux si les lacs de retenue destinés à la production d'hydroélectricité sont inclus.
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+ Le climat de la Suisse est un climat tempéré de transition, influencé par le climat océanique d'Europe de l'Ouest, le climat continental humide d'Europe centrale, le climat méditerranéen et le climat montagnard. Les précipitations sont réparties tout au long de l'année, parfois sous forme de neige en hiver. Les quatre saisons sont bien marquées, avec une différence d'environ 20 °C entre la température moyenne du mois le plus chaud (juillet) et le mois le plus froid (janvier).
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+ Les Alpes font effet de barrière climatique et provoquent des différences significatives de température et de quantité de pluie en fonction de la position géographique (microclimats). L'influence du climat méditerranéen est plus marquée au sud des Alpes, où les étés sont plus chauds et les hivers sont plus doux et plus secs par effet de foehn. L'influence du climat continental humide est plus marquée dans la partie est du pays avec des écarts de température plus importants et des pluies plus importantes en été.
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+ La température moyenne diffère en fonction de l'altitude du lieu et de la période de l'année, du fait du relief accidenté, il peut exister plusieurs étages avec des climats et des milieux naturels différents sur les façades d'une montagne. Dans les basses terres telles que le plateau suisse (500 m) la température dépasse 30 °C durant les jours les plus chauds de l'été - de juin à septembre - et peut descendre en dessous de 0 °C en hiver - de décembre à mars. La température moyenne diminue de 1 degré tous les 300 m. Au-dessus de 1 500 m d'altitude la saison d'hiver dure du mois de novembre au mois d'avril, et la neige subsiste durant toute la saison - condition favorable aux sports d'hiver. Au-dessus de 3 000 m la neige subsiste toute l'année et la température monte rarement au-dessus de 10 °C. L'ensoleillement, élevé dans tout le pays durant l'été, est faible dans les vallées et le plateau durant l'hiver à cause du phénomène de brouillard de vallée.
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+ Par effet de foehn sur les Alpes, lorsque le vent chaud du sud souffle vers le nord, il provoque un temps pluvieux et doux sur la façade sud des Alpes, et un temps sec et chaud sur la façade nord. Quand, au contraire, le vent froid du nord souffle vers le sud, il provoque un temps pluvieux et froid sur la façade nord, et un temps ensoleillé et doux au sud. Située dans les Alpes internes, la région du Valais reçoit de l'air sec toute l'année.
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+ La bise est un vent froid et sec venu du nord-est, fréquent en hiver. Elle provoque une chute de température, un ciel dégagé et une impression de froid accentuée par le souffle des rafales qui peuvent atteindre 100 km/h[27].
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+ La Suisse, selon un rapport officiel de 2007[28], est un pays notamment exposé aux conséquences du changement climatique, en raison de l'importance de ses glaciers, lesquels reculent et vont encore reculer et peut-être disparaître d'ici 100 ans[29]. Le risque d'inondation, coulée de boue, glissement de terrain ou chute de pierre augmente. Des cartes de danger sont faites (fin 2007) pour 30 % du territoire. Le nombre de jours de canicule (température> 30 °C) a fortement augmenté[30], passant au Tessin d'une moyenne d'un à deux jours par an dans les années 1960 à presque 15 aujourd'hui. De même sur le plateau, avec une augmentation encore plus forte à Zurich et à Genève (quatre fois plus de jours de canicule depuis les années 1960). Les hivers se réchauffent aussi, avec moins de jours d'enneigement, surtout à moins de 1 500 mètres. Les chutes de neige sont plus tardives, y compris à haute altitude, ce qui peut avoir un impact sur le tourisme et les sports d'hiver (en 2005, 20 % environ des pistes ont dû recevoir un enneigement artificiel qui n'est pas sans conséquences sur la gestion de l'eau).
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+ Au début des années 2000, la floraison des cerisiers était en moyenne plus précoce de 15 à 20 jours qu'en 1950. Les cours d'eau du Plateau suisse se réchauffent depuis les années 1960 et l'eau y dépasse 18 °C un nombre de jours croissant par an, avec en parallèle une régression des truites de rivière qui ont besoin d'eau froide et riche en oxygène.
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+ Les émissions de gaz à effet de serre ont été stabilisées vers 1990, sans toutefois être diminuées. Le programme « SuisseÉnergie » incite aux mesures volontaires de l'industrie. Les émissions agricoles ont reculé, alors que les émissions du transport augmentaient, ainsi que celle de l'habitat, en lien avec la croissance (démographique et économique). La surface de référence énergétique des bâtiments certifiés (Minergie et Minergie-P) augmente depuis 1998 plus vite que dans la plupart des autres pays d'Europe, mais en 2006, ne concernait que 0,9 % de la surface de référence énergétique totale du pays.
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+ D'après une enquête du journal Le Temps, la Suisse dépasse régulièrement les pics de pollution autorisés par l'ordonnance sur la protection de l'air, mais les autorités préfèrent ne pas donner l'alerte auprès de la population.[31]
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+ La Suisse dispose de milieux naturels de qualité et abrite une biodiversité importante avec environ 50 000 espèces répertoriées (pour la faune, flore et fonge), mais dont 30 à 50 % des indigènes sont menacées (comme dans la plupart des pays européens), alors qu'une centaine d'espèces invasives posent problème.
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+ Du fait du relief, la population (à 75 % urbaine) est très concentrée, mais l'urbanisation s'étale (périurbanisation). En 2000, chaque habitant consommait une surface habitable de 44 m2, soit 10 m2 de plus qu'en 1980, alors que le nombre de ménages s'était accru de 27 % dans le même temps. La fragmentation écopaysagère est importante et croissante[32] et une artificialisation des milieux. Le nombre de kilomètres parcourus sur la route a presque doublé en 34 ans (de 1970 à 2004), et les surfaces imperméabilisées et construites, routes et parkings ont augmenté de concert, d'environ 10 % de 1982 à 1995.
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+ Environ un milliard de mètres cubes d'eau potable sont distribués annuellement par les robinets (soit l'équivalent en volume du lac de Bienne).
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+ Les énergies renouvelables sont en progression, mais l'énergie finale consommée a été de +11,5 % entre 1990 et 2005, avec une forte hausse (+ 23 % de 1990 à 2005) de la consommation électrique. Les sols se dégradent ou sont construits (11 hectares de sol agricoles sont quotidiennement perdus et plus de 15 % des sols analysés de 1992 à 1996 dépassaient des valeurs-seuil ou indiquant une pollution pour un ou plusieurs métaux lourds. 61 % des sols arables sont sensibles à l'érosion, 17 % l'étant fortement). Des progrès sont constatés en matière de pollution de l'air (moins de pluies acides, de métaux, de poussières à l'extérieur), mais en 2000, plus de 40 % des habitants étaient chez eux exposée à des taux de poussières fines (PM10) dépassant les valeurs limites. L'ozone (O3) et les oxydes d'azote (NOX) posent également problème[33]. La pollution y est quand même inférieure à la plupart des pays d'Europe tels que la France ou l'Espagne.
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+ En 2018 et 2019, l'ensemble des forets du nord-ouest de la Suisse sont atteintes par la mort en masse des hêtres du fait du réchauffement climatique[34].
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+ Zurich, ville la plus peuplée de Suisse avec 407 447 habitants (décembre 2017)[35], se trouve au nord-est à l'extrémité nord du lac de Zurich. C'est la capitale économique et la principale place bancaire du pays. L'École polytechnique fédérale de Zurich s'y trouve. La ville est desservie par le principal aéroport ainsi qu'un performant réseau de voies ferrées et quelques autoroutes. Avec 360 000 passagers quotidiens, la gare centrale de Zurich est très importante.
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+ Genève, deuxième ville du pays avec 202 527 habitants (septembre 2017)[36] et première ville suisse en densité de population, se trouve à l'extrême ouest du pays à la pointe du lac Léman. L'agglomération se développe également de l'autre côté de la frontière, en France. Genève est le siège de nombreuses organisations internationales, d'organisations non gouvernementales, de banques privées et d'entreprises horlogères.
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+ Bâle, troisième ville avec 176 461 habitants (décembre 2017)[37], se trouve au nord-ouest du pays. L'agglomération se développe également de l'autre côté de la frontière, en France et en Allemagne. La ville est traversée par le Rhin et dispose de l'unique port fluvial du pays. Elle accueille de nombreuses industries pharmaceutiques, l'université la plus ancienne du pays et le siège mondial de la Banque des règlements internationaux. La ville est aussi célèbre pour ses plusieurs musées, comme le Kunstmuseum Bâle (plus ancienne collection d'art publique au monde) ou la Fondation Beyeler à Riehen.
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+ Lausanne, quatrième ville avec 144 790 habitants (décembre 2017)[38], se trouve à l'ouest du pays au bord du lac Léman. Elle est le siège du Tribunal fédéral, de l'École polytechnique fédérale de Lausanne et du Comité international olympique.
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+ Berne, cinquième ville avec 142 479 habitants (décembre 2017)[39], se trouve au centre-ouest. C'est la ville fédérale, siège du gouvernement et des principales institutions fédérales.
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+ La Suisse compte 2 212 communes au 1er janvier 2019[40].
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+ Peuplé dès la Préhistoire, c'est à l'époque celtique grâce aux Helvètes surtout, que le territoire suisse franchit le seuil de l'Histoire. En 58 av. J.-C., les Helvètes, sous la pression migratoire des tribus germaniques, tentent de s'installer dans le Sud-Ouest de la Gaule, en Saintonge (actuelle Charente et Charente-Maritime). Battus près de Bibracte par les armées de Jules César, ils sont reconduits sur leur territoire d'origine qui devient ensuite part de l'Empire romain.
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+ Largement christianisé, le territoire suisse est ensuite occupé par les Burgondes et les Alamans au Ve siècle. Incorporé successivement aux royaumes de Bourgogne, des Francs, puis à l'Empire carolingien, il est rattaché au XIe siècle, à la chute du royaume de Bourgogne transjurane, au Saint-Empire romain germanique. Il est alors le théâtre de dures luttes féodales.
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+ La date de 1291 est choisie à la fin du XIIIe siècle comme date de naissance de la Suisse, car c'est celle du Pacte fédéral, le plus vieux document écrit connu parlant du renouvellement d'une précédente alliance entre des cantons suisses : Uri, Schwytz, qui donnera son nom au pays, et Nidwald[41],[42] (vallée inférieure d'Unterwald). Ces cantons confirment en 1315 leur alliance par le pacte de Brunnen, conclu après la bataille de Morgarten, qu'ils remportent contre Léopold Ier d'Autriche.
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+ Les territoires avoisinants, Lucerne, Zurich, Glaris, Zoug et Berne se rapprochent d'eux au XIVe siècle, fondant le pays actuellement nommé la Confédération des VIII cantons. Le XVe siècle est parsemé de conquêtes et voit la Confédération atteindre le Rhin et la Suisse romande, tout en s'alliant avec les territoires environnants que sont le Valais, Appenzell, Saint-Gall, les Ligues grises (canton des Grisons) et Fribourg. Le pays participe à la guerre de Bourgogne de 1474 à 1477, puis est le théâtre de celle de Souabe en 1499 à la suite de quoi la Confédération suisse est reconnue de facto par le Saint-Empire romain germanique (traité de Bâle). Ce n'est cependant qu'après la guerre de Trente Ans, lors de la signature des traités de Westphalie en 1648, que l'existence de la Confédération suisse est officiellement et définitivement reconnue.
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+ La fin du XVe siècle voit une première opposition entre les villes et campagnes qui aboutit finalement au convenant de Stans, signé en 1481 avec l'aide de Nicolas de Flue, qui ouvre la porte à cinq nouveaux cantons : Fribourg, Soleure, Appenzell, Bâle et Schaffhouse. Ainsi, le début du XVIe siècle voit la naissance de la confédération des XIII cantons qui renforce ses alliances locales avec Bienne, Saint-Gall et Neuchâtel et étend ses possessions au Tessin et dans le canton de Vaud. Les guerres d'Italie et surtout la bataille de Marignan (1515) sonnent la fin de ses activités militaires hors de son territoire. Seuls les mercenaires suisses feront désormais parler d'eux sur les champs de bataille européens et au Vatican.
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+ Déchiré par la Réforme, le pays se divise et est le théâtre de plusieurs guerres de religion : la Première et deuxième guerre de Kappel (1529 et 1531), Première guerre de Villmergen (1656), Deuxième guerre de Villmergen (1712), occupent la politique intérieure. La démocratie des premiers temps laisse la place à des gouvernements oligarchiques qui bloquent les réformes proposées par les Lumières.
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+ Les succès économiques de la Suisse en font vite le banquier de l'Europe. Les progrès importants dans l'espérance de vie et son estimation qui se produisent au milieu du XVIIIe siècle, grâce aux table de mortalité et la vaccination, permettent à la communauté financière genevoise de financer la dette publique française par le biais des rentes viagères au moment des lourdes dépenses militaires de l'expédition Lafayette.
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+ La domination française exercée après l'invasion de 1798, réforme la Suisse en la transformant en un État unitaire appelé République helvétique. En effet, devant les troubles intérieurs incessants, Napoléon impose l'Acte de Médiation en 1803, par lequel il crée plusieurs nouveaux cantons (Vaud, Tessin, Argovie, Thurgovie et Saint-Gall devenant alors des cantons à part entière). Dans le même temps, il intègre au Premier Empire la principauté de Neuchâtel, remise au maréchal Louis-Alexandre Berthier, ainsi que les républiques de Genève, annexée au département du Léman depuis 1798, et du Valais qui devient en 1810 le département du Simplon.
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+ Après le départ de l'armée napoléonienne et presque deux ans de tractations, 1815 voit la création d'un État de 22 cantons reconnu comme neutre par l'« Acte de reconnaissance de la neutralité perpétuelle de la Suisse » rédigé par Charles Pictet de Rochemont et signé lors du congrès de Vienne. En effet, Neuchâtel, Valais et Genève pensaient que le temps des petits États indépendants était définitivement terminé et avaient négocié leur entrée dans la Suisse en tant que cantons à part entière. En 1847 cependant, les luttes entre les conservateurs et les libéraux-radicaux aboutissent à la guerre du Sonderbund et à la victoire de ces derniers qui profitent de leur victoire pour créer, en 1848, un État fédéral qui abolit les frontières intérieures, impose une monnaie unique et une armée de milice fédérale. La première constitution fédérale, acceptée le 12 septembre 1848 met en place les bases politiques de la Suisse. Elle est ensuite révisée en 1874 pour y ajouter le droit de référendum puis en 1891 celui d'initiative populaire.
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+ Parallèlement aux événements politiques, le XIXe siècle voit l'essor du tourisme et des premiers voyages organisés, en particulier dans les régions alpines. Le développement de l'infrastructure touristique (transports, hôtellerie) prend de l'ampleur.
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+ Le début du XXe siècle voit la suite du travail législatif : un code pénal, puis un code civil fédéral sont créés. La Suisse échappe aux deux guerres mondiales et devient peu à peu le siège de nombreuses organisations internationales.
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+ C'est en février 1971 que les Suisses, après plusieurs refus, acceptent avec une majorité de 65,7 % la participation des femmes à la vie politique fédérale. L'adhésion de la Suisse et son intégration aux principales organisations internationales (Conseil de l'Europe en 1963, Organisation des Nations unies le 10 septembre 2002) se fait également avec un décalage par rapport à ses voisins.
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+ Une nouvelle Constitution suisse est acceptée en votation populaire le 18 avril 1999, et entre en vigueur le 1er janvier 2000[43].
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+ La Suisse est depuis 1848 une fédération de cantons, aujourd'hui au nombre de 26 :
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+ La superficie des cantons varie entre 37 et 7 105 km2 et leur population de 16 000 à 1 488 000 habitants (2016).
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+ Les cantons sont souverains selon leur constitution respective, mais ne sont plus indépendants comme aux premières heures de la Suisse : le terme de Confédération, s'il reflète ce passé, ne correspond donc plus à la configuration actuelle de fédéralisme. La répartition actuelle des compétences entre la Confédération et les cantons est formalisée dans la constitution fédérale, qui précise les limites de leurs souverainetés respectives. Certaines compétences sont attribuées explicitement aux cantons, ou à la Confédération ; ce qui n'est pas explicitement délégué à la Confédération est du ressort des cantons[46].
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+ Chaque canton est divisé en communes. De nombreux cantons ont une subdivision intermédiaire nommée district, ou équivalente (les arrondissements administratifs du canton de Berne par exemple). Chaque canton dispose de sa propre constitution. La Constitution fédérale garantit leur autonomie : ils prélèvent des impôts et adoptent des lois dans tous les domaines qui ne relèvent pas de la compétence de la Confédération. Un certain nombre de domaines sont ainsi gérés uniquement au niveau cantonal. On y trouve par exemple l'éducation (sauf les deux écoles polytechniques fédérales et la Haute école fédérale de sport de Macolin), la gestion des hôpitaux (sauf les hôpitaux communaux et privés), la construction et l'entretien de la majorité des routes (sauf les autoroutes et routes nationales) et la police (contrairement à l'armée), d'autres cotisations sociales, ou encore le contrôle de la fiscalité. La souveraineté des cantons se limite donc à certains domaines et est en outre toujours limitée par le principe de la primauté du droit fédéral, ou force dérogatoire du droit fédéral (contrairement à l'équipollence des normes en vigueur en Belgique).
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+ Les cantons ont tous leur propre parlement (appelé Grand Conseil dans la plupart des cantons francophones) et leur gouvernement (appelé Conseil d'État dans la plupart des cantons francophones). La structure politique de la Suisse est composée du pouvoir législatif, du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire. Chaque canton définit la composition et le fonctionnement des trois pouvoirs. En principe, il appartient aux cantons d'appliquer non seulement le droit cantonal, mais aussi le droit fédéral (fédéralisme d'exécution, contrairement aux États-Unis et à la Belgique).
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+ Le pouvoir législatif est exercé par l'Assemblée fédérale, qui est formée de deux chambres : le Conseil national (200 membres), formé des représentants du peuple, et le Conseil des États (46 membres). Au Conseil national, le nombre de sièges par canton est proportionnel à sa population. Au Conseil des États, les cantons possèdent deux sièges, à l'exception des cantons d'Obwald, Nidwald, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Appenzell Rhodes-Extérieures et Appenzell Rhodes-Intérieures qui ont un siège ; ils étaient appelés « demi-cantons » sous l'empire de la constitution de 1874 aujourd'hui remplacée par celle de 1999. Les membres du Conseil national sont élus pour 4 ans, tandis que le mandat des membres du Conseil des États dépend du droit cantonal.
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+ Organisé en régime directorial, le pouvoir exécutif est exercé par le Conseil fédéral, formé de sept membres (conseillers fédéraux), et de l'administration fédérale qui lui est subordonnée. Les membres du Conseil fédéral sont élus pour quatre ans par l'Assemblée fédérale, qui, en règle générale, reconduit les candidats sortants si ces derniers désirent poursuivre leurs fonctions. Cependant, cette règle tacite a été mise à mal lors de l'élection de décembre 2003 avec la non-réélection de la conseillère fédérale démocrate-chrétienne Ruth Metzler-Arnold, évincée au profit du candidat de l'Union démocratique du centre (UDC) Christoph Blocher, lui-même non réélu en 2007 et remplacé par Eveline Widmer-Schlumpf (UDC, puis PBD). Cette situation a donc modifié la répartition des sièges en fonction des partis politiques pour la première fois depuis l'introduction de la formule magique en 1959. Cette dernière vise à répartir les sièges du gouvernement fédéral proportionnellement au poids de chaque parti à l'Assemblée fédérale. Depuis 1959, et malgré la progression depuis le début des années 1990 de l'UDC, cette répartition n'avait jamais été modifiée et était composée comme suit : deux sièges pour le Parti radical-démocratique (PRD), 2 pour le Parti démocrate-chrétien (PDC), 2 pour le Parti socialiste (PSS) et un siège pour l'UDC. Les élections fédérales de l'automne 2003 ayant confirmé la montée en puissance de l'UDC, les partis gouvernementaux se sont résolus, sous une certaine pression populaire, à revoir la répartition des sièges du Conseil fédéral. Suite au départ d'Eveline Widmer-Schlumpf (PBD), il est désormais composé de deux sièges pour le PLR, 2 pour le PS, 2 pour l'UDC et 1 pour le PDC.
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+ Le Conseil fédéral fonctionne selon le principe de collégialité, ce qui signifie que les décisions sont prises le plus possible par consensus. Si tel n'est pas le cas, un vote a lieu parmi les sept conseillers fédéraux. Selon ce principe, ceux qui s'opposent à une mesure qui est adoptée par le collège doivent tout de même défendre le projet au nom de celui-ci. Mais ce principe a connu quelques distorsions ces dernières années, notamment lors de campagnes précédant des votations populaires : un précédent plus ancien étant le refus de Kurt Furgler (PDC) de défendre la loi légalisant l'avortement devant le peuple pour des raisons de conscience, ce qui n'a pas empêché le souverain de l'adopter.
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+ Les sept départements fédéraux incluent le Département fédéral des affaires étrangères, le Département fédéral de l'intérieur, le Département fédéral de justice et police, le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports, le Département fédéral des finances, le Département fédéral de l'économie et le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication.
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+ Un président de la Confédération est élu pour une année parmi les conseillers fédéraux par l'Assemblée fédérale[47]. Son rôle est principalement symbolique et médiatique. Traditionnellement, les conseillers fédéraux sont élus président chacun à leur tour en fonction de leur ancienneté.
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+ Le pouvoir judiciaire est exercé par les tribunaux fédéraux.
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+ Une particularité de la démocratie suisse est que le peuple garde en permanence un contrôle sur ses élus, car la Suisse est une démocratie qui peut être qualifiée de semi-directe, dans le sens où elle a des éléments d'une démocratie représentative (élection des membres des parlements ainsi que des exécutifs cantonaux) et d'une démocratie directe. En effet, en Suisse, le corps électoral dispose de deux instruments qui lui permettent d'agir sur un acte décidé par l'État : il s'agit du référendum, qui peut être facultatif ou obligatoire, et de l'initiative populaire qui est le droit d'une fraction du corps électoral de déclencher une procédure permettant l'adoption, la révision, ou l'abrogation d'une disposition constitutionnelle.
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+ Le référendum facultatif permet de remettre en cause une loi votée par l'Assemblée fédérale. Il est facultatif car il nécessite la récolte de 50 000 signatures en l'espace de 100 jours pour qu'il aboutisse à une consultation populaire. Si tel n'est pas le cas, la loi est considérée comme adoptée. Lors de la votation, seule la majorité de la population est prise en compte. Le référendum obligatoire impose, comme son nom l'indique, automatiquement une consultation populaire dans les cas prévus par la constitution fédérale. Il implique la double majorité de la population et des cantons.
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+ L'armée suisse est composée des forces terrestres et des forces aériennes. La Suisse n'ayant pas de côte océanique, la marine est inexistante mais une flotte de bateaux armés est maintenue sur les lacs frontaliers. La particularité de l'armée suisse est son système de milice. Les soldats professionnels constituent seulement environ 5 % du personnel militaire. Le reste est formé par des citoyens conscrits âgés de 18 à 34 ans (dans certains cas jusqu'à 50 ans). Les citoyens suisses (à l'exception des binationaux) n'ont pas le droit de servir dans des armées étrangères à l'exception de la Garde pontificale.
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+ La structure du système de milice stipule que le soldat garde chez lui son propre équipement, incluant le bien connu couteau suisse et l'arme personnelle. Ceci n'est pas sans susciter des controverses de la part de certains partis politiques et d'associations. Le service militaire obligatoire concerne tous les citoyens suisses de sexe masculin. Ces derniers reçoivent en général leur ordre de marche vers 19 ans pour le recrutement. Les femmes peuvent aussi servir dans l'armée sur base volontaire. Annuellement, environ 24 000 personnes sont entraînées dans des écoles de recrue pendant 18 à 21 semaines. La réforme Armée XXI a été adoptée par vote populaire en 2003, remplaçant le modèle Armée 95 (qui lui-même avait remplacé le modèle Armée 61 avec près de 800 000 soldats mobilisables), et réduisant les effectifs de 400 000 à environ 210 000 personnes, parmi lesquelles 130 000 sont en service actif et 80 000 sont des unités de réserve[48].
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+ En tout, trois mobilisations générales ont été déclarées pour assurer l'intégrité et la neutralité de la Suisse. La première a été tenue en l'occasion de la guerre franco-prussienne de 1870. La seconde a été décidée à l'éclatement de la Première Guerre mondiale en août 1914. La troisième mobilisation de l'armée a pris place en septembre 1939, en réponse à l'attaque allemande de la Pologne ; Henri Guisan fut élu général.
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+ La Suisse, ne faisant pas partie de l'Union européenne, entretient néanmoins des relations étroites avec elle[49],[50], grâce à différents accords. Environ vingt accords principaux et une centaine d'accords secondaires, en tout, ont été conclus au fil des ans dont l'Accord de libre-échange (AELE) de 1972, l'Accord sur les assurances de 1989, les Accords bilatéraux I de 1999 et les Accords bilatéraux II de 2004.
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+ Sur le plan économique, au niveau du commerce extérieur en 2008, 62 % des exportations, pour un montant de 128 050,7 millions de francs suisses et 81,2 % des importations pour un montant de 151 775,2 millions de francs suisses, se sont faites avec l'Union européenne. Sur le plan humain, en 2008, 405 393 Suisses vivent dans l'Union européenne et 1 026 495 citoyens européens vivent en Suisse[51].
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+ Le peuple suisse a été amené à se prononcer à de nombreuses reprises depuis le 9 octobre 1992, où les Suisses refusèrent à 50,3 % de faire partie de l'Espace économique européen[52], sur les relations qu'il voulait entretenir avec l'Union européenne. Ce fut le cas notamment sur les accords bilatéraux et l'entrée de la Suisse dans l'espace Schengen qui, après acceptation, permirent aux citoyens membres de l'Union européenne de se voir faciliter l'entrée et l'emménagement en Suisse, et vice-versa[53].
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+ Sur le plan du transit des camions provenant de l'Union européenne, le peuple suisse s'est prononcé par référendum, en 1991, en faveur de l'introduction d'une redevance poids-lourds liées aux prestations et en 1992 sur la construction de nouvelles lignes ferroviaires à travers les Alpes, entièrement financée par la Suisse, pour inciter les camions européens circulant sur ses routes à transiter par voie de chemin de fer par le biais du ferroutage.
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+ Les habitants de la Suisse sont les Suisses[54]. En Suisse, les habitantes sont appelées Suissesses ou Suisse. Le terme Suissesse présent dans la Constitution de la Suisse de 1999 est adopté par l'administration fédérale[55]. Ce terme est mentionné à partir de 1786 dans le dictionnaire de l'agriculture et de la campagne: avec vocabulaire des mots de l'abbé Etienne-Modeste Besançon[56].
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+ Toutefois, certaines études linguistiques plus récentes ne retiennent, au féminin, que le gentilé « Suissesse ». C'est, notamment, le cas du linguiste Elmar Eggert (docteur en linguistique à l'université de Tours) qui, dans une étude de 2005, relève : « le gentilé, un Suisse, qui, dans sa forme féminine, se dit une Suissesse »[57]. Les linguistes Denis Maurel et Odile Piton estiment également que le féminin du gentilé Suisse est Suissesse, ainsi qu'ils l'ont énoncé lors du colloque international Fractal : linguistique et informatique : théorie et outils pour le traitement automatique des langues, qui s'est tenu en 1997 à Besançon, selon les conclusions rapportées par Claude Muller, Jean Royauté et Max Silberztein, dans leur ouvrage INTEX pour la linguistique et le traitement automatique des langues[58].
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+ Depuis 2008, Suissesse est le gentilé féminin recommandé par le ministère français des Affaires étrangères pour ses documents[59]. Dès 1993, l'arrêté du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales, pris conjointement par François Bayrou, ministre de l'Éducation nationale, et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, précise, au huitième point de son article deux : « L’adjectif de nationalité est identique au nom des habitants. La Suisse fait exception à cette règle (nom féminin : Suissesse, adjectif féminin : suisse) »[60]. Ce terme est aussi repris par le gouvernement canadien pour ses documents officiels[61]. Le code de rédaction interinstitutionnel de l'Union Européenne le mentionne également[62].
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+ Cependant, certaines sources, comme l'Encyclopædia Universalis, indiquent qu'il est préférable d'utiliser le gentilé Suisses pour les femmes également[63]. Le Dictionnaire des difficultés du français indique « Le substantif féminin Suissesse est parfois senti comme péjoratif et remplacé par l'adjectif suisse, qui a la forme unique. »[64].
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+ La population totale de la Suisse au deuxième trimestre de l'année 2016 s'élevait à 8 364 123, dont 4 221 943 femmes et 4 142 180 hommes ; 6 297 365 citoyens suisses et 2 066 758 étrangers (24,7 %)[65]. Parmi la population étrangère, 39 % résident en Suisse depuis 10 ans ou plus et 21 % sont nés en Suisse[66].
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+ En 2018, l'espérance de vie à la naissance était de 85,4 ans[67] pour les femmes et 81,7 ans pour les hommes pour une moyenne de 83,6 ans. Le taux de fécondité est remonté à 1,52[68] ; les Suisses ont un taux de 1,40 et les étrangères 1,86[69].
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174
+ La croissance de la population suisse entre 2005 et 2010 devrait être 0,4 %, l'indicateur conjoncturel de fécondité est prévu pour la même période à 1,42 enfants/femme, la mortalité infantile devrait être à 4,1 pour mille, l'espérance de vie des enfants nés et qui naîtront entre 2005 et 2010 sera 81,7 ans, la population urbaine constitue 75,2 %. Le nombre de médecins pour mille habitants est 3,8 ; l'espérance de scolarisation moyenne en année est à 15,3 ; 47 % des jeunes suivent une scolarisation au troisième degré[70].
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+ En 2001, 2,4 millions d'immigrés et de descendants d'immigrés vivaient en Suisse, soit 33 % de la population résidante permanente en Suisse : ce chiffre étant composé de deux tiers par les immigrés et d'un tiers par leurs descendants[71].
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+ La Suisse est également le pays en Europe, après le Luxembourg, qui compte proportionnellement en 2008 le plus de personnes issues de l'immigration (1re et 2e générations) parmi les personnes âgées de 25 à 54 ans avec 31,1 % d'immigrés et 15,3 % d'enfants d'au moins un immigré, soit un total de 46,4 %, loin devant la France (26,6 %), la Suède (25,8 %), l'Irlande (25,4 %), l'Autriche (25,3 %), le Royaume-Uni (24,4 %), les Pays-Bas (23,5 %), la Belgique (22,9 %), l'Allemagne (21,9 %) et l'Espagne (20,2 %)[72].
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+ La Suisse a quatre langues nationales : l'allemand (62,2 % de la population en 2018), le français (23 %), l'italien (8 %) et le romanche (0,5 %)[73],[74]. En 2018, les langues les plus parlées à la maison par les résidents permanents de 15 ans ou plus sont : le suisse allemand (59,4 %), le français (23,5 %), l'allemand standard (10,6 %), l'italien (8,5 %), l'anglais (5 %), le portugais (3,8 %), l'albanais (3 %), l'espagnol (2,6 %), le serbe ou croate (2,5 %), des dialectes tessinois (1,3 %) et le romanche (0,6 %). Enfin, 6,9 % de la population résidente parle une autre langue à la maison[75]. Au travail, environ 43 % de la population utilise plus d'une langue au moins une fois par semaine. Les langues les plus fréquemment parlées sur le lieu de travail en Suisse sont le suisse-allemand (64 % des personnes actives), l'allemand standard (35 %), le français (29 %), l'anglais (20 %) et l'italien (9 %)[76],[n 7].
181
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182
+ La Suisse est divisée en quatre zones linguistiques reconnues, en principe unilingues. Seuls quatre des vingt-six cantons sont plurilingues ; Berne, Fribourg et le Valais sont partagés entre la Suisse alémanique et la Suisse romande, tandis que les Grisons sont partagés entre la région alémanique et la région romanche. Les deux seules villes à être considérées officiellement comme bilingues français-allemand sont Bienne et Fribourg[77].
183
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+ L'administration fédérale suisse a l'obligation de communiquer toutes ses publications en allemand, français et italien, tandis que certaines d'entre-elles sont également publiées en anglais et en romanche[78]. L'office fédéral de la culture est chargé, entre autres, de promouvoir le plurilinguisme en Suisse, notamment au travers de l'enseignement obligatoire[79].
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186
+ Les termes propres à la Suisse, que ce soit en allemand, français ou italien, sont des helvétismes[80].
187
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+ Le suisse allemand est la langue la plus répandue en Suisse. Celle-ci est en réalité un regroupement de dialectes alémaniques et est utilisée dans l'ensemble de la Suisse alémanique pour les relations de tous les jours et pour tous les contextes, mais seulement à l'oral. Malgré des différences régionales notables, tous les pratiquants du suisse allemand se comprennent entre eux. Pour les échanges écrits formels, l'allemand standard est cependant préféré[81]. Au total, 17 cantons sur 26 sont unilingues allemands.
189
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+ La plupart des dialectes suisses allemands appartiennent au groupe du haut alémanique. Le dialecte de Bâle est le seul à avoir pour origine le bas alémanique, tandis que le dialecte de la vallée de Samnaun se rapproche de l'austro-bavarois[82]. L'enseignement dans une grande partie de la Suisse alémanique se fait en allemand standard[83].
191
+
192
+ Le français de Suisse est parlé dans l'ouest du pays, région appelée Suisse romande, et diffère peu du français standard[81]. Quatre cantons sont unilingues français : Genève, Jura, Neuchâtel et Vaud.
193
+
194
+ Autrefois, la majeure partie des romands parlaient des patois francoprovençaux. Ceux-ci se sont éteints au cours du XXe siècle et sont encore parlés par la population âgée dans les cantons de Fribourg, du Valais et de Vaud[81]. Dans le canton du Jura, un dialecte d'oïl, le franc-comtois était la langue vernaculaire. Malgré l'appui institutionnel et le fait que le patois est inscrit dans la constitution jurassienne, le dialecte local est en voie de disparition[82].
195
+
196
+ L'italien est parlé dans le sud du pays, dans la région généralement appelée Suisse italienne. On y retrouve plusieurs dialectes, qui sont utilisés lors de conversations familières[82].
197
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198
+ Le dialecte le plus répandu est le tessinois. Celui-ci s’apparente aux parlers lombards et fait partie du groupe gallo-italique. On retrouve également différents dialectes dans les vallées tessinoises, tous apparentés au lombard. Cependant, plus la région se trouve au nord, plus son dialecte a généralement de points communs avec d'autres dialectes alpins[82].
199
+
200
+ Le romanche est une langue romane et la seule langue nationale à être unique à la Suisse. Elle est pratiquée par environ 60 000 personnes dans certaines région du canton des Grisons[81]. Elle se compose de quatre dialectes : le sursilvan, le sutsilvan, le surmiran, le puter et le vallader. Ceux-ci se distinguent fortement par leur vocabulaire, leur prononciation et leur syntaxe, mais tous se comprennent entre eux. Au XXe siècle, le romanche a été standardisé sous l’appellation « rumantsch grischun », qui reprend les formes les plus courantes des dialectes afin de créer une langue uniformisée[82].
201
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202
+ Langue nationale depuis 1938, le romanche est présent sur le passeport et les billets de banques suisses et peut être utilisé pour des démarches administratives depuis 1996. Son usage est malgré tout limité. Seules quatre universités suisses enseignent le romanche, et seuls certains textes officiels sont traduits[84].
203
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204
+ L'anglais est souvent utilisé dans le monde du travail. Enfin le latin sert parfois lorsqu'il faut désigner dans une seule langue des institutions suisses : Confœderatio helvetica (CH), Pro Helvetia, Pro Natura, Pro Infirmis, etc.
205
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206
+ La Suisse a ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en 1997 et a reconnu à ce titre le yéniche comme une langue nationale sans territoire[85].
207
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208
+ Les membres de l'Assemblée fédérale s'expriment dans leur langue maternelle. Les débats en plénum du Conseil national font l'objet d'une traduction simultanée, ce qui n'est pas le cas du Conseil des États ainsi que des commissions parlementaires.
209
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210
+ Selon le recensement fédéral de la population 2010, la religion la plus répandue du pays est le catholicisme, avec presque 39 %[86] de la population. La deuxième religion est le protestantisme, avec 33 %[86] de la population. Généralement, les cantons se réclament de l'une des deux confessions. L'islam est la troisième religion avec 4,5 %[86] de la population. 40 000 à 50 000 alévis bektachis vivent en Suisse, la plupart sont d'origine turque[87]. 0,2 % de la population appartiennent aux communautés juives. La proportion des habitants se déclarant sans religion est de 20 %[86].
211
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212
+ Bénéficiant d'une réputation de sécurité, la Suisse connaît une évolution et se trouve dans les années 2010 au-dessus de la moyenne européenne en matière de cambriolages et d'actes de violence. La moitié des États européens enregistrerait pour ces délits un taux plus bas que la Suisse, alors qu'en 1984, celle-ci se trouvait encore en dernière position au niveau européen[88]. Le pays est également touché par un banditisme international. Des bandes spécialisées choisissent souvent la Suisse comme cible, encouragées en cela, selon le criminologue Martin Killias, par la clémence du droit pénal suisse[88].
213
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214
+ Les statistiques de la criminalité sont très variées selon les cantons, les cantons de Genève arrivant en tête en 2016 pour des vols par effraction avec un taux de 9,4 effractions pour 1 000 habitants (12 en 2015), devant Vaud 9,3 (9,9) et Bâle-Ville 8,8 (8,9) pour seulement 1,5 pour Appenzell Rhodes-Intérieures, 2,1 pour Uri et 2,5 pour Appenzell Rhodes-Extérieures, Lausanne et Genève étant en tête pour ce qui concerne les villes de plus de 30 000 habitants[89].
215
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216
+ Au 31 décembre 2012, la population étrangère représente 23,3 % de la population de la Suisse[90]. Dans un rapport de 2007, Doudou Diène, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, a constaté une dynamique raciste et xénophobe en Suisse. Selon ce document, les étrangers européens du sud-est ainsi que les extra-européens seraient les plus touchés. Le Conseil fédéral a pris note du rapport et a déclaré « qu'on ne peut pas, à partir de cas particuliers, tirer des conclusions générales quant à l'existence « d'une dynamique de racisme et de xénophobie en Suisse » comme le dit le rapport de l'ONU[91] ». Une étude conduite en 2006 par l'université de Genève avec le soutien du FNS a toutefois révélé que plus de 50 % des personnes interrogées ont des idées xénophobes[92]. Même si 90 % n'approuvent pas l'extrémisme de droite, 77 % voudraient que les étrangers soient mieux intégrés et 55 % voudraient une naturalisation facilitée. Dans certains cantons, le droit de vote est accordé aux étrangers sur les plans communal et cantonal. La disposition constitutionnelle leur donne parfois même le droit d'éligibilité.
217
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218
+ L'économie suisse figure parmi les plus prospères et les plus développées du monde[96] bien que la Suisse soit très pauvre en matières premières et ne dispose pas d'énergies fossiles. Orientée vers les services avec les banques et les assurances, le tourisme, le transport, ainsi que vers l'industrie avec notamment la mécanique de précision et des spécialités industrielles, le pays produit surtout des biens à forte valeur ajoutée. Le tourisme représente 2,4 % du produit national brut de la Suisse. Dans les cantons de montagne des Grisons, d'Appenzell Rhodes intérieures, du Valais et d'Obwald, plus de 10 % de la main-d'œuvre est cependant employée dans ce secteur.[97]
219
+
220
+ Selon le Global Competitiveness Report 2011-2012 du forum économique mondial, la Suisse est le 19e pays industriel au monde au regard de sa production annuelle (100 milliards de dollars en 2010) et la plus forte production industrielle par habitant au monde avec 12 400 $ de production industrielle par habitant[98]. Le niveau de vie est l'un des plus élevés du monde. De plus, sa stabilité et sa neutralité ont attiré bon nombre de capitaux étrangers et d'organisations internationales comme l'ONU.
221
+
222
+ Le secteur tertiaire représentait en 2005 72,4 % du PIB et 295 622 entreprises, il emploie 72,5 % de la population active ; en 1960, il en occupait 40 %[99]. Le secteur secondaire représentait en 2005 26,3 % du PIB (18 % du PIB de l'UE en 2006) et 76 927 entreprises, il emploie 23,7 % de la population active (17,9 % dans l'UE) ; en 1960, il occupait 25 % de la population environ[99]. Le secteur primaire représentait en 2005 1,3 % du PIB et 68 050 entreprises, il emploie 3,8 % de la population active ; en 1960, il occupait 15 % de la population environ[99].
223
+
224
+ Après plusieurs années de croissance nulle ou faible[100], une reprise s'est fait ressentir dès mi-2003. En 2004 la croissance du PIB est 2,5 %, puis 2,6 % en 2006. En 2006 et 2007 elle passe à 3,6 %. Durant le premier semestre 2008, le PIB n'augmente que modestement puis fléchit au deuxième semestre. À cause de l'effet de base, la croissance est 1,9 %, chiffre à relativiser étant donné la forte croissance démographique (+ 1,3 %). La Suisse a mieux résisté à la récession de 2008-2009 que d'autres pays. Le creux, atteint au deuxième trimestre 2009, a vu un recul total du PIB de 2,7 %, un taux bien inférieur au Japon (- 8,6 %), l'Allemagne (- 6,7 %), l'Italie (- 6,5 %), le Royaume-Uni (- 5,8 %), les États-Unis (- 3,8 %) ou la France (- 3,5 %)[101]. En 2009, le PIB s'établit à 535,3 milliards de francs suisses[102]. L'inflation est relativement faible : entre mai 1993 et avril 2010, le renchérissement annuel moyen se chiffre à 0,9 %[103]. La dette des collectivités publiques en 2011 se situe à 36,5 % du PIB[104]. En 2014, la croissance annuelle était de 1,9 %.
225
+
226
+ Le 15 janvier 2015, la banque nationale suisse décide de laisser flotter le franc suisse face à l'euro avec pour conséquence de faire monter la monnaie helvétique de 1,20 CHF pour 1 € à 0,97 CHF pour 1 € ce qui provoque un ralentissement du PIB (-0,3 % au premier trimestre, +0,2 % au deuxième trimestre et 0 % au troisième trimestre), soit une baisse de 0,2 % par habitant. Les exportations de biens baissent et un tiers des entreprises du secteur de l'industrie des biens d'équipement devraient faire face à une perte opérationnelles. Les Suisses dépensent massivement leurs francs hors des frontières nationales et le « tourisme frontalier » augmente de 8 % en 2015[105].
227
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228
+ Le taux de chômage, bien que variable selon les cantons, se maintient à un niveau très bas (3,7 % en 2009, 2,8 % en juin 2011 et 3,1 % en juin 2015, 3,4 % en janvier 2016)[106], le plus bas en Europe mais le nombre des demandeurs d'emploi, 158 629 personnes en décembre 2015, est à son plus haut niveau depuis avril 2010. Ce taux de chômage néanmoins très faible peut s'expliquer par une valorisation de l'apprentissage. En effet, deux tiers des plus de quinze ans font le choix de ce système de formation[107],[108],[109].
229
+
230
+ Cette liste est celle des cantons suisses classés selon la valeur de leur produit intérieur brut (PIB) annuel, en valeur nominale, par tête en Francs suisses en 2017 selon l'Office fédéral de la statistique[110] :
231
+
232
+ La Suisse n'est pas autosuffisante sur le plan énergétique. En 2006, 85 % de l'énergie finale consommée dans le pays provient d'importations : produits pétroliers, gaz naturel ou combustible nucléaire. La principale source d'énergie indigène est l'énergie hydraulique. Elle fournit plus de la moitié de l'électricité produite dans le pays. Les autres sources d'énergies indigènes sont le bois, les déchets industriels et les autres énergies renouvelables (géothermie, énergie éolienne, énergie solaire, etc.). La production d'électricité est principalement assurée par des installations hydroélectriques et des centrales nucléaires.
233
+
234
+ En mai 2011, suite aux accidents de Fukushima, le Conseil fédéral avait ordonné l'abandon total de l'énergie atomique pour 2034. Les électeurs suisses ayant rejeté en novembre 2016 à 54,23 % une initiative des Verts, proposant de limiter à 45 ans la durée de vie d'un réacteur, le conseil fédéral devra repousser l'échéance à 2050.
235
+
236
+ Le 21 mai 2017, les Suisses votent par référendum, à 58,2 %, pour la sortie progressive du nucléaire et le développement des énergies renouvelables. Tous les partis apportent leur soutien sauf l'UDC, estimant que le coût de la transition serait trop élevé. Si la loi interdit la construction de nouvelles centrales, les centrales existantes pourront toutefois subsister tant que leur sûreté sera garantie[111],[112].
237
+
238
+ Les compétences des autorités fédérales suisses sont limitées en ce qui concerne l'école obligatoire, comprenant le primaire et le secondaire pour la partie qui concerne des élèves jusqu'à 16 ans. Dans ces secteurs, il est en conséquence peu approprié de parler d'un système éducatif suisse. En effet, même si des tentatives d'harmonisation ont d'ores et déjà abouti, avec notamment le projet HarmoS, il est légitime de considérer que la Suisse compte 26 systèmes éducatifs, soit un par canton. Cette règle du partage des compétences sur l'instruction se retrouve, depuis la constitution suisse de 1874, en particulier dans les quatre alinéas de l'article 27[113].
239
+
240
+ Concernant l'enseignement supérieur, l'offre de formation en Suisse est très importante. Elle se divise principalement en deux domaines ː celui des hautes écoles et celui de la formation professionnelle supérieure.
241
+
242
+ Le domaine des hautes écoles comprend les hautes écoles universitaires (universités cantonales et Écoles polytechniques fédérales) ainsi que les hautes écoles spécialisées et les écoles supérieures. Le domaine de la formation professionnelle supérieure est constitué par toutes les autres formations de degré tertiaire préparant au brevet fédéral ou au diplôme fédéral. La formation professionnelle supérieure se caractérise par une offre large et diversifiée d'institutions privées.
243
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244
+ Il y a au total 12 universités en Suisse, parmi lesquelles dix sont gérées au niveau cantonal et proposent souvent des sujets non techniques.
245
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246
+ La plus ancienne université en Suisse fut fondée à Bâle en 1460 (faculté de médecine). Elle est devenue un centre de recherche en chimie et en médecine, mais en raison de son héritage intellectuel d'Érasme de Rotterdam au XVe siècle, l'université est généralement aussi compté parmi l'un des lieux de naissance de l'humanisme de la Renaissance[114]. L'université de Zurich constitue le plus grand campus du pays avec environ 25 000 étudiants[115].
247
+
248
+ Les deux écoles polytechniques qui sont gérées par la confédération sont l'EPFL (fondée en 1853) et l'EPFZ (fondée en 1855). Elles jouissent toutes les deux d'une excellente réputation internationale. En 2016 l'EPFL a été classée 11e dans le domaine de l'ingénierie/technologie et des sciences informatiques par le classement académique des universités mondiales et l'EPFZ a été classée 9e en sciences naturelles et mathématiques par le même classement.
249
+
250
+ Le CERN, situé près de Genève, à la frontière franco-suisse, est le premier centre mondial de recherche en physique des particules[116]. Un autre centre de recherche important est l'Institut Paul Scherrer.
251
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252
+ Parmi les inventions et découvertes notables se trouvent le LSD (par le chimiste Albert Hofmann), le microscope à effet tunnel (prix Nobel) ou le très populaire velcro. Quelques technologies ont en outre permis l'exploration de nouveaux mondes, comme le ballon pressurisé d'Auguste Piccard ou le bathyscaphe qui permettra à Jacques Piccard d'atteindre l'endroit le plus profond du globe.
253
+
254
+ Un grand nombre de prix Nobel a été attribué à des scientifiques suisses, par exemple au mondialement célèbre Albert Einstein dans le domaine de la physique. Au total, pas moins de 113 prix Nobel sont associés, directement ou indirectement, à la Suisse ainsi qu'à des organisations internationales basées en Suisse[117].
255
+
256
+ La Suisse est l'un des dix membres fondateurs de l'Agence spatiale européenne (ESA), en 1975[118]. Elle est le septième plus grand contributeur au budget de l'ESA. Dans le secteur privé, quelques entreprises sont impliquées dans l'industrie spatiale telles qu'Oerlikon Space[119] et Maxon Motors[120] qui fournissent des structures pour véhicules spatiaux.
257
+
258
+ Chaque habitant qui est établi en Suisse a l'obligation d'être couvert par une assurance maladie, ainsi qu'une assurance accident. Le système de santé suisse est en 2018 classé meilleur d'Europe, notamment avec des délais courts et un accès direct aux spécialistes[121].
259
+
260
+ Par sa position géographique au centre de l'Europe, la Suisse possède un réseau routier et de chemin de fer dense (5 053 km de voies ferrées et 71 059 km de routes revêtues, dont 1 638 km d'autoroutes).
261
+
262
+ La traversée des Alpes constitue un enjeu important pour les transports européens puisque les Alpes (qui recouvrent une bonne partie du pays) séparent l'Italie du reste de l'Europe. Depuis l'industrialisation des pays européens, la Suisse améliore son réseau transalpin : tunnel ferroviaire du Saint-Gothard de 15 km en 1882, tunnel ferroviaire du Simplon de 20 km en 1906, tunnel routier du Grand-Saint-Bernard de 6 km en 1964, tunnel routier du San Bernardino de 7 km en 1967, tunnel routier du Saint-Gothard de 17 km en 1980, tunnel ferroviaire de base du Lötschberg de 34 km en 2007, tunnel ferroviaire de base du Saint-Gothard de 57 km en 2016.
263
+
264
+ Le transport ferroviaire international du pays s'élevait en 2008 à 9 766 millions de tonnes-kilomètres, ce qui représente le cinquième de la quantité totale transportée de cette manière en Europe (CEE + Norvège + Suisse)[122]. La majorité du réseau ferré est géré par les Chemins de fer fédéraux suisses (CFF). Le Chemin de fer du Lötschberg, qui exploite le deuxième réseau ferroviaire suisse sur l'axe Suisse centrale - Italie via les tunnels du Lötschberg et du Simplon, ainsi que les chemins de fer rhétiques, qui desservent le canton des Grisons en voies étroites, sont deux compagnies privées importantes. Il y a en outre une multitude de petites entreprises privées.
265
+
266
+ Le réseau routier est public, sauf le tunnel du Grand-Saint-Bernard. Une vignette annuelle permet d'utiliser les autoroutes nationales.
267
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268
+ Sur le plan du transport aérien, la Suisse possède 39 aérodromes, dont les aéroports internationaux de Zurich (23 millions de passagers par an), Genève (16 millions), Bâle/Mulhouse (7 millions), de Berne (200 000), de Sion en Suisse romande et de Lugano pour la Suisse italienne[123].
269
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270
+ En 2012, la Banque nationale suisse détient des réserves en euros pratiquement équivalentes à la moitié de celles cumulées des 17 banques centrales nationales de la zone euro. La Suisse se situe au cinquième rang des plus importantes réserves en devises étrangères détenues par des États, derrière la Chine, le Japon, l'Arabie saoudite et la Russie[124].
271
+
272
+ La Suisse est souvent considérée comme l'un des plus grands paradis financiers au monde : en 2013, selon les estimations de Boston Consulting Group, la Confédération est le premier centre financier offshore mondial avec 1 600 milliards d'euros d'avoirs[125]. Le pays représente 4,5 % des flux financiers internationaux et figure à la première place du classement des paradis fiscaux établi par l'association Tax Justice Network[126].
273
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274
+ La Suisse, par sa situation géographique et son histoire, est imprégnée des cultures latines et germaniques ; les coutumes locales cohabitent selon les régions linguistiques du pays. En effet, le pays possède quatre langues nationales (l'allemand (64 %), le français (20 %), l'italien (6 %) et le romanche (<1 %)). Cette diversité culturelle, essentielle pour la cohésion du pays, participe de l'identité de la Suisse[127].
275
+
276
+ L'hymne national suisse officiel depuis 1981 est le Cantique suisse, composé en 1841 par Alberich Zwyssig (1808-1854) sur des paroles de Leonhard Widmer (1809-1867)[128].
277
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278
+ Au XVIIe siècle, la Confédération ne possédait pas encore de représentation symbolique forte. Mais au cours du siècle suivant, Helvetia et Guillaume Tell sont élevés au rang de symboles patriotiques suisse. Et à partir de 1848, Helvetia est élevée au rang d'emblème national du nouvel État fédéral. Ce symbole devient alors omniprésent, que ce soit sous la forme d'œuvre d'art, sur les monuments, sur les timbres ou sur les monnaies[129].
279
+
280
+ Un certain nombre de mythes et de légendes sont associés aux épisodes anciens de l'histoire suisse.
281
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282
+ La notion de protection du patrimoine apparaît dès la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, sept sites culturels font partie du patrimoine mondial de l'UNESCO : la vieille ville de Berne, l'Abbaye de Saint-Gall, le Couvent bénédictin Saint-Jean-des-Sœurs, les trois châteaux de Bellinzone, le vignoble de Lavaux[130], le Chemin de fer rhétique dans le paysage de l'Albula et de la Bernina et l'urbanisme horloger des villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle.
283
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284
+ De nombreux châteaux forts et fortifications du Moyen Âge sont construits par les familles dynastiques. Ils servent à la fois d'habitation et de moyen de défense. Mentionnons quelques châteaux forts : le château de Chillon, Lenzbourg, Mesocco, Berthoud, Kybourg ou les trois châteaux de Bellinzone. Les villes du Moyen Âge sont fortifiées. Certaines d'entre elles, comme Morat, sont préservées et ont conservé leurs remparts. Mais, dans la plupart des cas, seuls subsistent des vestiges au cœur des villes comme la Zeitturm de Zoug, la porte de Spalen à Bâle ou la Zytglogge de Berne.
285
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286
+ Des bâtiments religieux apparaissent dès le VIe siècle. Couvents, monastères, églises et cathédrales sont bâtis, parmi lesquels on peut mentionner le couvent de Saint-Gall, l'abbaye d'Einsiedeln, l'abbaye de Saint-Maurice, la cathédrale de Bâle, l'Abbatiale de Romainmôtier et la cathédrale de Lausanne[131].
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288
+ On trouve des édifices publics dont certains remontent à la période romaine, comme l'amphithéâtre d'Avenches, mais aussi des hôtels de ville, le plus ancien étant celui de Berne (1406)[132]. L'hôtel de ville de Bâle (1504 – 1514), avec ses façades de couleur rouge, est très caractéristique. La tour carrée dans la cour de l'hôtel de ville de Genève (1555) est un bâtiment typique de la Renaissance de tradition française en pierre de taille. Au XIXe siècle, de nouveaux bâtiments publics voient le jour comme les postes, les gares, les musées, les théâtres, les églises et les écoles. Citons le palais fédéral, la gare centrale de Zurich, le musée national suisse, le grand Théâtre de Genève et l'université de Zurich.
289
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290
+ La Suisse compte quelques ensembles urbains remarquables. La vieille ville de Berne, avec ses arcades, places et fontaines, est représentative de l'urbanisme médiéval en Europe. À la fin du XIXe siècle, les quartiers neufs naissent sur l'emplacement des anciennes fortifications des grandes villes, comme la Bahnhofstrasse de Zurich, la Ceinture fazyste de Genève ou le quartier St. Alban à Bâle[ca 1]. C'est également dans cette période que de nouvelles synagogues sont construites dans les quartiers neufs des grandes villes du pays : Genève (1859), Bâle (1866) et Zurich (1884). L'urbanisme devient planifié : en 1834, La Chaux-de-Fonds, qui est détruite par un incendie, sera reconstruite selon une nouvelle structure urbaine[ca 2] (voir Ensemble urbain du XIXe siècle de La Chaux-de-Fonds). Au début du XXe siècle sont créés des logements ouvriers basés sur le modèle du Werkbund, comme le lotissement Freidorf (1919 – 1921) à Muttenz, synthèse entre l'idéal de la cité-jardin et le mouvement coopératif[134]. Des cités satellites sont construites dans les banlieues des grandes villes durant la période entre 1945 et 1975, comme Le Lignon en périphérie de Genève[ca 3].
291
+
292
+ À partir du XVe siècle, les maisons civiles de style gothique en pierre apparaissent, par exemple, le Grimmenturm de la Spiegelgasse à Zurich, la maison Tavel à Genève, la Haus zum Rüden[135] à Zurich, la Haus zum Ritter à Schaffhouse, l'hôtel Ratzé (1583-1586) à Fribourg et la maison Serodine (1620) à Ascona[136]. Pendant la Renaissance, des arcades sont ouvertes au Tessin comme dans la cour du château de Muralto, l'ancien Palazzo Rusca à Lugano et le Collegio Papio à Ascona[ms 1]. En Suisse allemande, le premier bâtiment de style renaissance est le « palais Ritter » (1556) à Lucerne.
293
+
294
+ Les maisons particulières baroques sont richement décorées avec des encorbellements à un ou plusieurs étages, comme à Schaffhouse, et possèdent des oriels en pierre ou en bois comme à Saint Gall. À titre d'exemple, le Herrenstube et le Frontwagenturm à Schaffhouse. À Zurich, deux maisons de corporation sont construites en pierres de taille et présentent un aspect sévère : Zimmerleuten (1708) et Saffran (1719 – 1723)[ms 2]. L'ouest du pays est plus influencé par l'architecture baroque française; ce style s'impose en Suisse romande vers la fin du XVIIe siècle. Il en va ainsi des hôtels particuliers de la rue des Granges, à Genève, avec cour d'honneur[137]. On trouve aussi des exemples de style rococo[ms 3]. Parmi les bâtiments les plus importants pour l'architecture néo-baroque en Suisse se trouvent la cathédrale Saint-Ours et Saint-Victor à Soleure (1769) et l'Opéra de Zurich (1891). La ville de Soleure est généralement considérée comme « la plus belle ville baroque de Suisse »[133].
295
+
296
+ À partir de 1800, de grandes villas classicistes sont conçues, comme le palais Eynard (1817 – 1821) à Genève ou la Villa Merian (1801) à Bâle/Münchenstein. Plus tard, au XXe siècle apparaissent quelques réalisations d'architecture moderne : la villa Le Lac (1923) et l'immeuble Clarté (1931) à Genève par Le Corbusier, ou la Cité Halen (1957 - 1961) par l'Atelier 5, près de Berne, un exemple de maisons individuelles contiguës en terrasse pour la classe moyenne[ca 4]. Mais on constate également encore la construction des plusieurs bâtiments dans le style de la Belle Époque, comme le Beau-Rivage Palace de Lausanne ou le siège de Swiss Re à Zurich en 1913.
297
+
298
+ La forte diversité des espaces naturels en Suisse se retrouve dans la grande variété de maisons rustiques, qui se déclinent selon diverses variétés alpines : les Gotthardhaus (maisons du Gothard), en bois, trouvées dans les vallées alpines isolées du Tessin, du Valais et dans les Grisons ; la maison valaisanne, en bois, typique du centre du Valais et du Val d'Hérens ; la maison tessinoise, en moellons ; la maison engadinoise décorée de peintures murales et de Sgraffite[ms 4],[mh 1] ; les maisons de l'Oberland bernois et Simmental, en bois massif travaillé à la scie, Strickbau ou en madriers carrés, taillés à la hache[138].
299
+
300
+ Sur le plateau suisse, la maison bernoise, recouverte d'une énormes toiture en croupe avec des charpentes agrémentées de motifs sculptés[ms 5],[139] ; les chaumières argoviennes[140] ; les maisons à colombage sur le plateau oriental et à Zurich ; les fermes à usages multiples (Dreisässenhäuser) au nord-ouest et sur le plateau romand, construites en pierre[141],[ms 5].
301
+
302
+ Dans le Jura, les fermes jurassiennes possèdent de larges façades pignon entièrement en pierre crépie à la chaux[ms 4],[mh 2],[142].
303
+
304
+ Les ouvrages d'arts tels que ponts et tunnels sont nombreux. Le Pont du Diable au cœur des Alpes sur la route du col du Saint-Gothard ou le Mittlere Brücke sur le Rhin à Bâle en sont des exemples historiques. Beaucoup de ponts médiévaux sont en bois comme le Kapellbrücke à Lucerne. Au XIXe siècle, des ponts suspendus à l'aide de câbles d'acier sont construits à Genève (pont de Saint-Antoine) et à Fribourg (Grand Pont). En 1834, à l'époque de sa construction, ce dernier était le plus long du genre[143],[ca 2]. De nombreux ponts et tunnels pour les chemins de fer comme le viaduc de Landwasser, les tunnels du Gothard et du Simplon sont construits au tournant du XXe siècle[ca 5]. Le pont de Salginatobel ou le viaduc de Chillon sont des ouvrages routiers du XXe siècle.
305
+
306
+ La plupart des fêtes sont locales ou régionales. Certaines fêtes sont célébrées dans toute la Suisse comme la fête nationale suisse, le Jeûne fédéral (à part Genève et dans les cantons catholiques) ou les principales fêtes religieuses. De différentes fêtes fédérales sont également trouvées ; Rassemblements associatifs avec un caractère patriotique plus ou moins prononcé selon l'époque, ce sont des concours ayant lieu tous les trois ans environ[144].
307
+
308
+ La fête nationale suisse est célébrée le 1er août. C'est un jour férié officiel dans toute la Suisse depuis 1994 seulement. Les jours fériés en Suisse sont de la compétence des cantons, qui déterminent eux-mêmes leur propres jours fériés, jusqu'à huit dans l'année. Légalement, les jours fériés sont assimilés à des dimanches. Les jours fériés varient donc beaucoup d'un canton à l'autre. Seuls Noël, le Nouvel An, le Jeudi de l'Ascension et le 1er août sont communs à tous, les autres fêtes (Le 2 janvier Saint-Berthold, Vendredi saint, le Lundi de Pâques, le Lundi de Pentecôte, Fête-Dieu, Assomption, Jeûne fédéral, Toussaint, Immaculée Conception et le 26 décembre) étant reconnues par les cantons selon leur tradition principalement religieuse (catholique ou protestante). Seule la fête nationale, le 1er août, est ancrée dans la constitution fédérale[145].
309
+
310
+ Les jeux nationaux, qui se pratiquent notamment lors de fêtes fédérales ou cantonales, sont la lutte suisse, le lancer de la pierre et le Hornuss. La pratique du tir est élevée au rang de sport national. En plus des obligations de tir prévues dans le cadre du service militaire, donc de nombreuses fêtes de tir lors de fêtes locales, cantonales et fédérales. Parmi d'autres jeux traditionnellement pratiqués en Suisse, il existe le Jass, très populaire, le Eisstock et les combats de reines.
311
+
312
+ La musique populaire suisse « typique » rurale n'est pas exclusivement suisse. Les traditions telles que le « Chant du soir », les « Ranz des vaches » ou le « yodel » se retrouvent dans d'autres régions alpines; des pièces variées, autant par la langue utilisée (allemand, français ou italien) que par le genre d'histoire racontée[146].
313
+
314
+ La Suisse a, depuis des siècles, une grande tradition de carnavals agrémentés de groupes musicaux avec leur style propre : les cliques et les groupes de Guggenmusik et de brass band. Les carnavals les plus connus sont ceux de Bâle, de Lucerne, de Soleure, de Fribourg, de Monthey et celui de Bellinzone. Les Brandons de Payerne est un des plus anciens carnavals de Suisse[147]. La musique folklorique jouée lors de fêtes traditionnelles comprend notamment le yodel. Lors de la fête fédérale des yodleurs, le cor des Alpes est également joué. Le ranz des vaches est le chant traditionnel a cappella des armaillis (vachers) dans le canton de Fribourg. Il est habituellement chanté durant la montée des troupeaux à l'alpage et le retour dans les étables à la fin de l'été.
315
+
316
+ Il y a peu de plats nationaux. Les nombreuses spécialités locales reflètent la diversité linguistique et géographique de la Suisse. Les traditions culinaires d'origine paysannes proposent des plats robustes et riches en calories, justifiés en partie par la nature montagneuse de la Suisse avec ses hivers longs et rudes[148]. Les plats représentatifs du pays sont les röstis ainsi que ses repas traditionnels au fromage comme la fondue au fromage et la raclette. Parmi les spécialités locales connues dans l'ensemble du pays, on trouve les Basler Läckerlis, la tarte aux noix des Grisons, la tourte au Kirsch de Zoug, l'émincé de veau à la zurichoise, le gratin de cardons genevois, le totché jurassien, la taillaule neuchâteloise, le papet vaudois ainsi que la polenta et le risotto à la tessinoise.
317
+
318
+ Les produits typiques sont le chocolat dont les variantes au lait et fondant ont été créées respectivement par Daniel Peter en 1875 et Rudolf Lindt en 1879 ; de nombreuses formes de fromages tels que l'Emmental, le Gruyère, L'Etivaz, la Raclette, le Sbrinz, la Tête de Moine, le Vacherin fribourgeois ou le Vacherin Mont d'Or[149] ; la viticulture, principalement concentrée à l'ouest et au sud du pays ; ainsi que de nombreuses variétés de saucisses et viande séchée comme le cervelas ou cervelat[150], le saucisson vaudois, la viande séchée du Valais, la viande des Grisons ou des salamis tels que le Salametto. Certains produits alimentaires comme les aromates en poudre (Knorr[151] et les cubes de bouillon Maggi), le Rivella et l'Ovomaltine sont des classiques fabriqués de longue date. Le Cenovis à base végétale et le Parfait sont des pâtes à tartiner très connues de la Suisse[152].
319
+
320
+ « La culture est du ressort des cantons »[153]. Néanmoins, « la Confédération peut promouvoir les activités culturelles présentant un intérêt national et encourager l’expression artistique et musicale, en particulier par la promotion de la formation »[154]. La part du budget de la Confédération affecté à la culture est faible : 0,3 % du total. En chiffre cela représente environ 200 millions de francs suisses. Celle des cantons est variable en fonction de leur importance. À titre d'exemple, les budgets cantonaux de Zurich (322 millions de francs suisses en 2002), et Genève (234 millions), sont même plus élevés que la part de la Confédération. Les entreprises privées contribuent pour 320 millions de francs suisses[155]. Au niveau fédéral, l'Office fédéral de la culture (OFC) a pour mission de favoriser la diversité de la culture et de préserver son développement en toute indépendance.
321
+
322
+ L'organisme Présence Suisse promeut l'image de la Suisse à l'étranger. Dans le cadre de la culture il travaille avec Pro Helvetia[156],[157]. Pro Helvetia est une fondation fédérale dont les tâches concernent principalement la création contemporaine. Pro Helvetia possède quatre bureaux de liaison à l'étranger et gère également les centres culturels suisses[158]. Dans le cadre de la protection du patrimoine, la Confédération publie quatre inventaires : l'inventaire fédéral des sites construits à protéger en Suisse, l'inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d'importance nationale, l'inventaire des voies de communication historiques de la Suisse[159] et l'inventaire suisse des biens culturels d'importance nationale et régionale à protéger en cas de catastrophe[160].
323
+
324
+ Le mécénat est une forme de financement de la culture en Suisse pratiqué par les grandes entreprises, notamment les banques et assurances. L'aide va surtout aux grandes institutions au détriment des acteurs culturels indépendants. Elle prend la forme d'achat ou de commande d'œuvre ainsi que l'organisation de manifestations propres (concours ou expositions)[161].
325
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326
+ Le pour-cent culturel Migros est un mode de financement volontaire de la culture en Suisse par la Migros, mis en place dès 1957[162]. Parmi d'autres organisations de protection du patrimoine on peut citer la Cinémathèque suisse, le Patrimoine suisse et Pro Natura.
327
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328
+ En 2015, la Suisse comptait 1 111 musées, qui ont totalisé 12,1 millions d'entrées cette année-là. Un tiers sont des établissements régionaux ou locaux. 71,4 % se trouvent en Suisse alémanique, 20,3 % en Suisse romande et 8,3 % en Suisse italienne[163]. Entre 1998 et 2015, il y a eu une augmentation de 200 musées, et leur nombre était trois fois moins important en 1950[164].
329
+
330
+ Les principaux musées des beaux-arts sont le Kunstmuseum de Bâle (plus ancien musée d'art accessible au public au monde)[165], le Kunstmuseum de Berne[166] et le Kunsthaus de Zurich[167]. Art contemporain : le musée d'Art moderne et contemporain (MAMCO)[168]. Collections privées : le Centre Paul-Klee à Berne, le Musée Tinguely à Bâle, la Fondation Beyeler à Riehen[169] et la Fondation Gianadda à Martigny. La Collection de l'art brut est un musée consacré à l'art brut, situé dans la ville vaudoise de Lausanne.
331
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332
+ Les Musées nationaux suisses dépendent de l'Office fédéral de la culture. Ils regroupent huit musées répartis dans différentes régions de la Suisse dont le principal est le musée national suisse de Zurich. Des musées présentant l'histoire : le musée des chartes fédérales (1936) à Schwytz[170],[171] et le musée international de la Réforme à Genève. Autres thèmes : le musée suisse des transports de Lucerne, le musée olympique à Lausanne, le musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève, la Fondation Martin Bodmer à Cologny et le Musée suisse de l'habitat rural du Ballenberg.
333
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334
+ Des foires et expositions ont lieu régulièrement, comme Art Basel, l'une des plus importantes foires d'art contemporain du monde avec près de 300 galeries représentées[172]. Les expositions nationales suisses sont des expositions ayant lieu tous les vingt-cinq ans environ depuis 1883. Leur but de rassembler et de répondre aux attentes socio-politiques des visiteurs autour de thèmes choisis. Elles sont ainsi le « miroir » de la société suisse à un moment donné. Parmi les salles de spectacle d'importance on peut citer le Schauspielhaus de Zurich (compté parmi les théâtres les plus importants du monde germanophone) et le Theater Basel à Bâle (nommé « théâtre de l'année » en 2009, 2012 et 2018 par le journal berlinois « Opernwelt »)[173] pour le théâtre ; le Grand Théâtre à Genève et l'Opéra de Zurich pour l'opéra ; le Victoria Hall de Genève et la Tonhalle de Zurich pour la musique classique. Des salles sont polyvalentes et se destinent à des événements d'ampleur régionale, voire nationale, tels que l'Aréna de Genève, l'Auditorium Stravinski de Montreux[174] ou le Palais de la culture et des congrès de Lucerne. Martigny accueil chaque année depuis 1960 la Foire du Valais recueillant plus de 200 000 personnes sur une dizaine de jours et avec ses 221 700 visiteurs en 2015, elle est devenue la foire la plus fréquentée de Suisse Romande. Elle se démarque des autres foires par son ambiance très festive.
335
+
336
+ Certains lieux publics, dont la fonction première n'est pas le spectacle scénique, reçoivent les événements rassemblant de nombreux spectateurs, tels que l'ancien aérodrome de Dübendorf qui a reçu les spectacles de Madonna (2008) et des Rolling Stones (2006)[175] ou des stades comme l'Hallenstadion de Zurich. De nombreux festivals : le Festival de musique de Lucerne a lieu au palais de la culture et des congrès de Lucerne, le Festival international de musique de Sion (jusqu'en 2001, c'était le Festival international de musique Tibor Varga[176]), les festivals de musique en plein air[177] comme le Paléo Festival Nyon à Nyon, l'un des plus grands festivals de musique en plein air d'Europe, le Rock Oz'Arènes un festival ayant lieu dans le cadre de l'amphithéâtre romain d'Avenches.
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338
+ Montreux abrite plusieurs festivals renommés : le Festival de la Rose d'or[178] (dès 2004 à Lucerne au Palais de la culture et des congrès de Lucerne[179]), le Septembre musical, le Montreux Jazz Festival (1967)[180] et le Festival du rire de Montreux[181]. Pour le cinéma, le Festival international du film de Locarno à Locarno (1946) est un festival de film d'auteurs indépendants disposant d'une réputation internationale. Le festival de bande dessinée BDSierre (1984 – 2004) a attiré jusqu'à 40 000 personnes, il était réputé au-delà de la Suisse. Il a disparu pour des raisons financières[182].
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340
+ La culture alternative est née au début des années 1980. Les revendications de la jeunesse pour des centres culturels autonomes, les manifestations de cette époque contre les valeurs établies ont changé les mentalités. La culture alternative est désormais reconnue plus ou moins officiellement et les centres autonomes sont, au XXIe siècle, des lieux incontournables de la création artistique[183]. Quelques centres culturels pour la jeunesse ou centres de culture alternative : la Rote Fabrik de Zurich (depuis 1980)[184], la Kultur Kaserne de Bâle (depuis 1980)[185], la Reithalle Berne (partiellement en 1981 – 1982 puis durablement dès 1987)[186],[187], Artamis à Genève (1996 - 2008)[188].
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342
+ La ville de Zurich connaît un autre festival de plein air : la Street Parade. Ce festival a lieu dans les rues du centre de la ville chaque deuxième samedi du mois d'août Comparable à la Love Parade de Berlin, au son de la musique « techno », chaque année cette manifestation attire plus de 700 000 personnes venues de tous les coins du pays[189].
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+ Plusieurs dizaines d'organisations et fédérations internationales sportives ont leur siège en Suisse : le Comité international olympique (CIO), le Tribunal arbitral du sport (TAS), la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), la Fédération internationale de football association (FIFA), la Fédération internationale de gymnastique (FIG), l'Union des associations européennes de football (UEFA), l'European Club Association (ECA), l'Association européenne d'athlétisme (EAA), la Fédération internationale d'escrime, etc.
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+ Le hockey sur glace, le tennis, les sports hivernaux et le football sont très populaires. La gymnastique, le football, le tennis et le tir sportif sont les sports avec le plus grand nombre de licenciés par fédération[190]. En Formule 1, l'écurie Sauber est basée à Hinwil.
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348
+ En tennis, la Suisse remporte la Coupe Davis en 2014, avec une équipe composée de Roger Federer, Stanislas Wawrinka, Marco Chiudinelli et Michael Lammer. En 1992, l'équipe dans laquelle figurait Marc Rosset (champion olympique en simple la même année), Jakob Hlasek, Thierry Grin et Claudio Mezzadri a été défaite en finale par les États-Unis. En 1998, l'équipe composée de Martina Hingis, Patty Schnyder et Emmanuelle Gagliardi subit le même sort face à l'Espagne.
349
+
350
+ Le bâlois Roger Federer est considéré par de nombreux observateurs comme étant l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de ce sport, sinon le meilleur: il détient le record de 305 semaines passées à la première place du classement mondial de tennis ATP World Tour, ainsi que le record masculin de 20 victoires dans les tournois du Grand Chelem. Il a terminé l'année calendaire à la première place mondiale à cinq reprises (en 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009). Il est médaillé d'or en double messieurs avec Stanislas Wawrinka aux Jeux olympiques de Pékin 2008 puis vice-champion olympique en simple à Londres en 2012. Roger Federer a gagné à ce jour 102 titres, dont 26 tournois majeurs (Grand Chelem et Masters) et 28 Masters 1000. Son doublé Roland-Garros—Wimbledon en 2009 lui a permis de réaliser le Grand Chelem en carrière sur cinq surfaces différentes. Il est le tennisman qui a atteint le plus de finales dans un même tournoi du Grand Chelem (11 finales à Wimbledon) et est le recordman de victoires à Wimbledon, avec huit succès entre 2003 et 2017. Parmi ses nombreux records, on peut également souligner ses dix finales, vingt-trois demi-finales et trente-six quarts de finale consécutifs dans les tournois du Grand Chelem.
351
+
352
+ Chez les femmes, la Suisse compte en Martina Hingis la plus jeune numéro un de l'histoire en simple. La Saint-Galloise est restée au total 209 semaines au sommet de la hiérarchie féminine, se situant derrière des championnes comme Steffi Graf, Martina Navratilova, Serena Williams et Chris Evert. Elle a gagné au moins une fois tous les tournois du Grand Chelem en simple, en double et en double mixte, à l'exception du simple de Roland-Garros où elle a été battue deux fois en finale, ainsi qu'une médaille d'argent olympique en double avec Timea Bacsinszky.
353
+
354
+ En 1922 fut mis en exploitation à Lausanne, le troisième émetteur public de radiodiffusion en Europe. Puis, au cours des années qui suivirent cette date, le pays vit la création de nombreuses sociétés de radiodiffusion. En 1923, la Suisse compte 980 concessionnaires radio[191].
355
+
356
+ En 1930, les autorités fédérales réglementent la radiodiffusion, en regroupant l'ensemble des organisations régionales pour en faire une organisation de type fédéraliste, sous le nom de Société suisse de radiodiffusion (SSR), et qui se nomme aujourd'hui SRG SSR[191]. Durant cette période furent également mis en service les premiers émetteurs nationaux : à Sottens en mars 1931, Beromünster en mai de la même année et Monte Ceneri en octobre 1933. En 1953, la SSR inaugure un premier service expérimental de télévision[191].
357
+
358
+ Le Cervin près de Zermatt, Valais.
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+
360
+ Face nord de l'Eiger, Berne.
361
+
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+ Le lac des Quatre-Cantons, Suisse centrale.
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+
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+ Le glacier d'Aletsch, Valais.
365
+
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+ Les chutes du Rhin, Schaffhouse.
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+
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+ Le lac d'Oeschinen, Berne.
369
+
370
+ Lacs de la haute Engadine, Grisons.
371
+
372
+ Les vignobles de Lavaux au bord du lac Léman, Vaud.
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+
374
+ Massif du Säntis, Appenzell R. Intérieures.
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+
376
+ Le Piz Bernina, Grisons.
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+
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+ Zurich.
379
+
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+ Genève.
381
+
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+ Bâle.
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+
384
+ Berne.
385
+
386
+ Lausanne.
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+
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+ Lugano.
389
+
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+ Le château de Chillon au bord du Léman, Vaud.
391
+
392
+ Le Kapellbrücke, Lucerne.
393
+
394
+ L'hôtel de ville de Bâle.
395
+
396
+ L'abbaye d'Einsiedeln, Schwyz.
397
+
398
+ Les châteaux de Bellinzone, Tessin.
399
+
400
+ Le jet d'eau de Genève.
401
+
402
+ Le Glacier Express sur le viaduc de Landwasser, Grisons.
403
+
404
+ Train de la Wengernalpbahn dans la vallée de Lauterbrunnen, Berne.
405
+
406
+ Le pont de Salginatobel, Grisons.
407
+
408
+ Le versant sud de la ligne de faîte du Lötschberg, Valais.
409
+
410
+ La rampe sud du col du Saint-Gothard, Tessin.
411
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412
+ Différents codes internationaux, souvent constitués de 2 à 3 lettres dénomment la Suisse. Parmi les plus usités, on trouve :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République de Finlande
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+ (fi) Suomen tasavalta Écouter
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+
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+ (sv) Republiken Finland Écouter
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+
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+ 60° 10′ N, 24° 56′ E
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+
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+ modifier
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+
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+ La Finlande (en finnois : Suomi Prononciation ; en suédois : Finland), en forme longue la république de Finlande (en finnois : Suomen tasavalta ; en suédois : Republiken Finland), est un pays d'Europe du Nord, membre de l'Union européenne depuis 1995.
12
+
13
+ La Finlande est baignée par la mer Baltique, plus précisément par le golfe de Finlande au sud et par le golfe de Botnie à l'ouest et au sud-ouest. Son territoire s'étend de part et d'autre du cercle arctique dans la partie orientale de la Fennoscandie, ce qui fait d'elle un pays nordique entièrement extérieur à la Scandinavie. Composé de plus de 3 000 lacs et d'innombrables îles, parmi lesquelles celles de l'archipel autonome d'Åland, il occupe une superficie totale de 338 145 km2 entre la Norvège au nord, la Russie à l'est et la Suède au nord-nord-ouest, ce qui en fait un des plus vastes pays de l'Union européenne.
14
+
15
+ Cet espace géographique soumis à un climat rigoureux pendant l'hiver est majoritairement une zone de taïga. Les 5,3 millions d'habitants que recense la démographie nationale confèrent au pays l'une des plus faibles densités de population de toute l'Union européenne. Principalement installés dans le Sud du pays, en particulier sur la côte méridionale, où se trouve la capitale, Helsinki, mais aussi les autres municipalités les plus peuplées, à savoir Espoo et Vantaa, qui sont regroupées au sein de la Région capitale ou Grand Helsinki, les Finlandais disposent de deux langues officielles, le finnois et le suédois. Après la zone urbaine d'Helsinki, la deuxième plus grande ville de Finlande est Tampere, située à environ 180 kilomètres au nord d'Helsinki.
16
+
17
+ Enrichie par les apports ancestraux d'une mythologie féconde, par les Samis, ou encore par les populations autochtones de la province septentrionale de Laponie, et bien qu'elle se soit clairement occidentalisée dans la seconde moitié du XXe siècle à la suite d'une reconversion réussie de son économie (centrée sur la sylviculture, puis la métallurgie, et enfin l'électronique), la culture nationale plébiscite toujours un certain dépouillement matériel, dont le sisu et le sauna sont des symboles sûrs, ainsi qu'une culture du silence.
18
+
19
+ Longtemps sous domination du voisin suédois, sous le règne duquel fut fondée la première capitale, Turku, la Finlande demeure marquée par les nombreux conflits qui l'ont opposée durant toute son histoire récente à la Russie, puissance impérialiste dont elle est devenue un grand-duché autonome en 1809, et dont elle n'a obtenu son indépendance qu'en 1917. L'année suivante, une guerre civile ensanglante le pays, suivie de deux guerres contre l'URSS pendant la Seconde Guerre mondiale, et enfin, d'une longue tutelle soviétique indirecte durant la guerre froide, connue sous le nom de « finlandisation ».
20
+
21
+ Ces soubresauts n'ont cependant pas empêché l'établissement d'une république stable dont les réalisations sont souvent présentées en modèles, et ce en de nombreux domaines, notamment environnement et qualité de vie. La politique nationale s'articule autour d'un président de la République, Sauli Niinistö, d'un parlement unicaméral, l'Eduskunta et d'un gouvernement dirigé par la Première ministre, actuellement Sanna Marin. Le Grand-duché de Finlande, alors composante de l'Empire russe, a été le premier État en Europe à accorder le droit de vote aux femmes ainsi que le premier au monde à les rendre éligibles au même titre que les hommes. En 2009, l'étude Legatum Prosperity classe la Finlande en première position à la suite de ses performances économiques et de la qualité de vie[4].
22
+
23
+ La Finlande connaît une forte période de récession à la fin des années 2000, en partie liée à l’affaiblissement de son industrie électronique (comme la chute de Nokia), la récession de son voisin russe et une crise dans l'industrie forestière. L'économie du pays se redresse néanmoins au milieu des années 2010.
24
+
25
+ Le paysage finlandais est plat dans la partie sud-ouest et dans les vastes plaines côtières d'Ostrobothnie, mais vallonné de collines dans le Centre et l'Est. La Laponie est par endroits montagneuse, mais généralement formée de vastes étendues assez planes. Le point culminant est le mont Ridnitsohkka 1 317,1 m d'altitude[5],[6], qui se trouve dans la pointe nord-ouest de la Laponie, près des frontières norvégienne et suédoise[6]. La Finlande est un pays aux milliers de lacs (dont la plupart communiquent entre eux) et d'îles (187 888 lacs et 179 584 îles). Un de ces lacs, le Saimaa, est le cinquième plus grand d'Europe. À côté des nombreux lacs, le paysage est dominé par la forêt boréale (environ 68 % du pays) et assez peu de terres arables. La plupart des îles sont dans le Sud-Ouest, dans l'archipel d’Åland, et le long de la côte méridionale du golfe de Finlande.
26
+
27
+ Le socle rocheux de la Finlande est formé principalement de roches précambriennes du bouclier scandinave (gneiss, granite et schistes). Le relief de la Finlande s'est formé il y a environ un milliard d'années, si bien qu'il est aujourd’hui très érodé et peu marqué. Seuls quelques dômes de quartzite ont relativement bien résisté à l'érosion, et ils forment les rares collines du pays.
28
+
29
+ Le paysage actuel est essentiellement marqué par les glaciations. Il y a 10 000 ans, les glaciers recouvraient la totalité de la Finlande : ils ont charrié des rochers puis ont laissé en se retirant de vastes moraines, érodées à leur tour par l’eau de fonte. Les paysages présentent des formes typiques de paysage glaciaire : roches moutonnées, drumlins et eskers. Autour des moraines, comme à Suomenselkä dans l’Ouest, ou à Salpausselkä au sud, l’épaisseur des dépôts de sédiments glaciaires peut dépasser par endroits 100 m. L’eau de fonte des glaciers a donné naissance au lac Ancylus, ancêtre de l’actuelle mer Baltique, et recouvert une grande partie du pays. Le lac s’est ouvert il y a 7 000 ans sur la mer du Nord. L’abaissement du niveau de l’eau, conjugué à la surrection isostatique a donné au fil des siècles suivants le relief actuel du pays. Dans l’intérieur des terres, l’eau de fonte des glaciers a noyé les dépressions du relief et rempli d’anciennes failles, donnant naissance à la multitude de lacs de la Finlande. Le processus de surrection du relief se poursuit aujourd’hui : ainsi la côte de Pohjanmaa s’élève de 8 mm/an au-dessus de la mer Baltique. Il s’ensuit presque à chaque printemps des inondations, car les rivières n’ont pas de chenal d’écoulement naturel formé vers les côtes et les eaux de fontes peuvent librement s’épancher à travers le pays. Au cours des derniers siècles, certaines villes, comme Pori et Vaasa, ont été rebâties plus à l’ouest de plusieurs kilomètres car leurs ports étaient asséchés.
30
+
31
+ Le type de sédiment le plus commun dans les sols est la tillite, qui est un héritage des glaciations. Comme on ne trouve de craie ou de marbre que dans des sites isolés en Finlande, les dépôts glaciaires sont souvent pauvres en calcaire, et c’est pourquoi ils donnent des sols sujets à l’acidification. Dans les dépressions du relief, formées lors de la phase du lac d'Ancylus et de la formation de la Baltique, les sédiments glaciaires sont souvent recouverts par des sédiments marins, enrichis en carbonates. Ces sols limoneux, combinés à la douceur du climat, concentrent la culture des céréales sur les côtes ouest et sud de la Finlande ; car dans l’intérieur du pays, les sols sont peu favorables à l’agriculture du fait de leur acidification et de la fossilisation : il faut les chauler, les principales ressources en chaux étant fournies par les carrières de Pargas, de Lohja et de Lappeenranta.
32
+
33
+ Si les mines de fer de Finlande sont aujourd’hui pratiquement épuisées, il subsiste d’importants gisements de cuivre, de nickel, de zinc et de chrome. Dans les années 1860, la découverte de quartz aurifères dans la vallée du Kemijoki déclencha une véritable ruée vers l’or en Laponie. Les rivières de Laponie sont toujours en exploitation, soit par orpaillage, soit par lixiviation industrielle : un filon important se trouve à Pahtavaara près de Sodankylä. Les autres placers se répartissent un peu partout à l’intérieur du pays : dernièrement, en 1996, on a découvert près de Kittilä un filon estimé à 50 tonnes d'or. La Finlande est aussi le plus gros exportateur de talc d’Europe[7]. Cette roche, très utilisée dans l’industrie de la pâte à papier, est extraite en grandes quantités à Sotkamo et Polvijärvi. Parmi les autres minéraux d’intérêt industriel extraits en Finlande, on trouve la wollastonite, dolomite, apatite, quartz et feldspath.
34
+
35
+ Le climat de la Finlande méridionale est continental. En Finlande du Nord, particulièrement en Laponie, le climat subarctique domine, caractérisé par des hivers parfois très froids (pouvant descendre jusqu'à −40 °C). Dans le Sud et le Sud-Ouest, les hivers peuvent être rudes, selon les années. L'enneigement, en tout cas, est plus irrégulier que dans le Nord finlandais. L'été, le thermomètre peut parfois monter jusqu'à 30 °C. La Finlande est d'ailleurs un pays à faible pluviométrie : 400 mm de pluie en Laponie et dans l'Est carélien, 550 à 700 mm dans le Sud-Ouest.
36
+
37
+ On dénombre 42 000 espèces différentes d'animaux et de végétaux en Finlande, dont 65 espèces de mammifères[8]. Si la biodiversité y est moindre qu'en Europe centrale, les zones vierges procurent un habitat à de nombreuses espèces devenues rares sur le reste du continent.
38
+
39
+ En Finlande, la tradition du droit d'accès à la nature (jokamiehenoikeus en finnois, allemansrätten en suédois) permet à tout particulier, sous certaines conditions, de fréquenter en toute liberté les zones naturelles : il est notamment permis de récolter des baies, des champignons ou de pêcher à la ligne ; la chasse et la pêche sont du reste des activités très communes, puisque 6 % des Finlandais possèdent un permis de chasse[9].
40
+
41
+ La Finlande est le pays le plus boisé d'Europe : 86 % de la superficie du pays est couverte de forêts[10]. Mais la végétation s’ordonne du nord au sud en trois zones de végétation bien contrastées : la plus grande partie du pays est recouverte par la forêt boréale, qui se caractérise par une dominance des conifères, une période végétative brève et des sols pauvres, sur lesquels la croissance des arbres est lente et la variété florale est faible. Les essences dominantes sont le pin (50 %) et l'épicéa (30 %) ; le feuillu le plus représenté est le bouleau (16,5 %[11]). Le sol est couvert d’airelles et de mousse, qui plus au nord cèdent la place aux lichens.
42
+
43
+ On ne retrouve de forêt mixte que le long de la côte sud-ouest ainsi que sur les quelques récifs disséminés au large. Il s'y trouve certaines essences uniques pour la Finlande, comme le chêne. La Laponie septentrionale est essentiellement dénudée ; seuls quelques bouleaux faméliques trouvent à se développer. Les collines sont couvertes de toundra.
44
+
45
+ Un tiers de la Finlande était à l'origine couvert de tourbières : au fil des siècles passés, la moitié a été asséchée pour l'agriculture[12]. Il ne subsiste au sud que quelques tourbières ombrotrophes ; plus au nord, ce sont des tourbières d’aapa. La plus grande partie de ces tourbières sont des ripisylves.
46
+
47
+ Malgré une chasse intense, les rennes sont encore nombreux en Finlande, et bien qu'un tiers du cheptel soit abattu chaque année, la population se maintient à peu près au niveau de 100 000 individus[13]. Ces animaux présentent un véritable danger pour les automobilistes car les chocs sont souvent mortels. Dans le Nord du pays, l'animal est omniprésent : quelque 200 000 rennes sont semi-domestiqués et s'ébattent toute l'année en liberté ; à la fin de l'automne, les éleveurs rassemblent le troupeau et sélectionnent les individus pour l'abattage. Le renne des forêts est beaucoup plus rare : naguère commun dans toute la Finlande, il avait disparu à la fin du XIXe siècle ; dans les années 1950, une petite population a migré de Russie à Cajanie et en Carélie du Nord. Les cerfs de Virginie, importés en grande quantité d'Amérique, se sont acclimatés dans le Sud et l'Ouest du pays.
48
+
49
+ La prospérité retrouvée des populations de prédateurs doit beaucoup aux mesures prises par les autorités ces dernières années ; on dénombre aujourd’hui plus de 1 000 ours bruns et lynx, et plus de 200 loups. Par endroits, on a dû autoriser de nouveau la chasse de certains de ces animaux pour une durée déterminée. Il subsiste en Laponie une population de 150 gloutons. Le renard polaire était naguère répandu dans tout le pays, mais l'activité des trappeurs l'avait pratiquement fait disparaître au début du XXe siècle. Le renard roux a toujours été vivace, mais depuis quelques décennies il est concurrencé par le chien viverrin, venu de Russie.
50
+
51
+ Le Pusa hispida saimensis (en) (phoque annelé) est confiné aux lacs de Saimaa. Cette variété rare de phoque d'eau douce n'a pu être sauvée que par l'adoption de mesures énergiques et symbolise la protection de la Nature en Finlande. Le polatouche de Sibérie, qui pour l'Union européenne ne se trouve qu'en Finlande et en Estonie, bénéficie également de mesures spécifiques.
52
+
53
+ L’avifaune de Finlande comporte 430 espèces[8], dont l’aigle royal, le pygargue, des gallinacées comme le Grand Tétras, le coq de bruyère, la gélinotte et le lagopède et enfin une multitude de palmipèdes. Le cygne chanteur, par la place qu'il occupe dans la mythologie nordique, est l'animal-emblème finlandais. Cette espèce, elle aussi, n'a pu être sauvée de la disparition que par l'adoption de lois sévères : des 15 couples recensés dans les années 1950, sont nés les 1 500 couples actuels.
54
+
55
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
56
+
57
+ En décembre 2018, la Finlande comptait 1 866 sites dont :
58
+
59
+ La superficie totale est de 50 636 km2, ce qui représente 12,6 % de la surface terrestre et marine du territoire de la Finlande[14].
60
+
61
+ La Finlande est subdivisée en 19 régions, 70 sous-régions et 320 municipalités.
62
+
63
+ La Finlande est la patrie de Nokia, ancien numéro un mondial de la téléphonie mobile, ainsi que de nombreuses autres grandes entreprises, par exemple : Kone, Outokumpu, Rautaruukki, Amer Sports, Fiskars, UPM-Kymmene, Stora Enso, Patria, F-Secure, TietoEVRY, Nautor's Swan (sv), Marimekko, VR-Yhtymä Oy…
64
+
65
+ La population active finlandaise s'élève à 2,66 millions (2004). Celle-ci se répartit dans les catégories suivantes : service public 32 %, industrie 22 %, commerce 14 %, finance et services 10 %, agriculture et forêt 8 %, transport et communication 8 %, construction 6 %.
66
+
67
+ En 2004, le taux de chômage était de 8,8 % (2004). Il est passé à 7,7 % en 2006 avant d'atteindre 6,0 % en avril 2008. Par la suite, le taux de chômage remonte à 8,9 % en novembre 2009 puis revient à 7,2 % en novembre 2011[16].
68
+
69
+ La Finlande est l'un des 12 pays à avoir adopté l'euro le 1er janvier 2002.
70
+
71
+ L'ONU, à travers le calcul de l'IDH (mesure synthétique du niveau de développement des pays) place la Finlande en neuvième position mondiale en 2007.
72
+
73
+ En 2015, l’écart d’espérance de vie entre les personnes diplômées et les personnes non diplômées est de 5 ans en Finlande[17]
74
+
75
+ En 2016, le gouvernement modifie le code du travail dans l'objectif d'accroitre la compétitivité des entreprises. Les salaires des fonctionnaires sont réduits pendant les jours de congés, les heures supplémentaires et le travail dominical seront moins payés et les cotisations sociales des salariés sont augmentées. En revanche, les cotisations patronales sont réduites[18].
76
+
77
+ La « Finlande et le Nord de la Sibérie » fut d'abord peuplée par des chasseurs-cueilleurs. Ils ont transmis leurs gènes jusqu’à l’ère moderne. Le groupe s’étend de la Laponie à l’est jusqu‘au Groenland. Bien que génétiquement variées, ces populations ont une signature génétique qui les relie le plus souvent aux peuples finnois.
78
+
79
+ Ils sont descendants des chasseurs-cueilleurs qui ont résisté à la poussée des agriculteurs. Ils se sont adaptés, et ont prospéré dans un nouvel âge. Tout comme l’expansion de Béring, ce groupe dépasse les divisions conventionnelles, montrant des connexions claires à la fois avec l’est et l’ouest. Même l’Amérique est connectée avec le groupe « Finlande et le nord de la Sibérie », par sa parenté avec la Sibérie ancienne.
80
+
81
+ Les Hommes ne se sont installés dans le Grand Nord qu’il y a 30 000 ans, là où aucun Néanderthalien ne s’était aventuré. Conservant des connexions sur le long terme avec les populations du Sud, les peuples du Grand Nord ont maintenu leur cohérence après la fin de la glaciation. Le groupe « Finlande et le Nord de la Sibérie » se retrouve chez les chasseurs-pêcheurs Saami, avec des apports ouraliens, russes, suédois et même scandinaves.
82
+
83
+ La Finlande est, pendant le Moyen Âge et jusqu'au début du XIXe siècle, une partie du royaume de Suède. Pour autant la délimitation exacte de ses frontières notamment septentrionales fait l'objet d'une évolution lente marquée par les rapports de forces entre les différentes puissances voisines parfois alliées du Danemark, de la Norvège, de la Russie et de la Suède[19].
84
+
85
+ Elle passe sous la souveraineté de la Russie de 1809 à 1917 en tant que grand-duché autonome. Plusieurs guerres entre ces deux pays se sont déroulées en Finlande, notamment là où se trouve la forteresse suédoise de Suomenlinna (Sveaborg en suédois), à l'entrée d'Helsinki. Cette période ouvre les débuts de la construction d'une identité nationale finlandaise[20].
86
+
87
+ En témoigne également « Le Livre d'Or de la Baltique », havre naturel constitué par des îlots rocheux à proximité immédiate de Hanko (Hangö), où de nombreux marins, partis guerroyer contre les Russes, ont laissé une trace de leur passage, gravée dans le roc.
88
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89
+ Le 6 décembre 1917, pendant les événements révolutionnaires russes, la Finlande obtient son indépendance, à l'instar de ses voisins baltes. En 1918, une guerre civile déchire le pays et se termine par la défaite des « rouges » soutenus par la Russie soviétique.
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+ Le 30 novembre 1939, l'Union soviétique attaque la Finlande lors de la guerre d'Hiver à la suite de désaccords territoriaux concernant des îles du golfe de Finlande ; Moscou tente même d'y installer un régime fantoche, la République démocratique finlandaise. La Finlande parvient à tenir tête bien mieux que prévu à l'Armée rouge, le conflit aboutissant à un traité de paix en 1940 : l'URSS annexe l'isthme de Carélie, mais renonce à envahir le reste de la Finlande. L'attaque de l'URSS par l'Allemagne nazie en 1941 (opération Barbarossa), place la Finlande dans la position d'une alliée de facto de l'Axe (se battant contre l'URSS pour des raisons différentes). Les Finlandais passent à l'offensive (guerre de Continuation), mais si les débuts sont victorieux, les défaites successives de l'Allemagne et une vaste offensive soviétique lancée en Carélie les conduisent à signer une paix séparée avec l'URSS en 1944, ce qui place cette fois l'armée finlandaise du côté des Alliés. Après avoir lancé un ultimatum à la Wehrmacht pour se retirer du territoire, en accord avec le traité de paix, la Finlande attaque les Allemands qui lui font payer ce « coup de poignard dans le dos » par de lourdes pertes : le pays sort ruiné et ravagé de cette guerre. Cet engagement porte ses fruits, car bien qu'elle doive, après la guerre, payer de lourdes réparations à l'URSS suite au traité de Paris de 1947, la Finlande, contrairement à ses voisins baltes, sauve au moins son indépendance. Elle fait en effet valoir que son combat était motivé par la volonté de récupérer les territoires perdus en 1940 et qu'elle n'avait pas aidé l'armée allemande à encercler définitivement Léningrad durant l'hiver 1941.
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+ Elle est ensuite soumise à une politique de neutralité stricte pendant la guerre froide (interdiction d'adhérer à l'OTAN, de permettre des troupes occidentales ou à des systèmes de défense sur son sol, interdiction des livres ou films anti-soviétiques, etc.), marquée par l'influence que l'URSS exerce sur la politique extérieure finlandaise. En Occident, cet état de soumission sera appelé la « finlandisation ».
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+ Durant presque toute cette période, le président Urho Kekkonen, dont la personnalité a durablement marqué la Finlande, « règne » avec une longévité remarquable.
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+ En 1995, la Finlande adhère à l'Union européenne. Elle adopte l'euro comme monnaie en 2002.
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+ La Finlande est une démocratie parlementaire. Le président de la République, élu au suffrage universel direct, dispose de pouvoirs non négligeables, mais joue actuellement un rôle moins marqué dans la vie politique qu'il y a vingt ans. Le gouvernement (valtioneuvosto en finnois ou statsrådet en suédois) est dirigé par le Premier ministre qui est choisi par le parlement. Le gouvernement est constitué du Premier ministre, des différents ministres du gouvernement central et d'un membre d'office, le Chancelier de la justice.
100
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101
+ Le parlement (Eduskunta en finnois ou Riksdag en suédois) unicaméral est constitué de 200 députés, et possède constitutionnellement l'autorité législative suprême en Finlande. Il peut modifier la constitution, révoquer le gouvernement, et contrer les vetos présidentiels. Ses actes ne peuvent être judiciairement contestés. Les lois peuvent être proposées par le gouvernement ou l'un des membres de l'Eduskunta, qui sont élus au suffrage proportionnel pour une durée de quatre ans.
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+
103
+ Le système judiciaire comprend les tribunaux de grande instance qui jugent des affaires civiles et pénales, des cours d'appel et une Cour suprême. Le contentieux administratif est du ressort des tribunaux administratifs, des cours administratives d'appel et de la Cour administrative suprême. Certaines juridictions administratives particulières sont chargées de traiter des litiges, par exemple dans le domaine des eaux.
104
+
105
+ Le parlement, depuis que le suffrage universel a été instauré en 1906 (femmes comprises), a été dominé par les partis agrariens (parti centriste Maalaisliitto, actuellement Suomen Keskusta), sociaux-démocrates (SDP) et alliance de gauche (Vasemmistoliitto). On peut noter que l'éventail politique a été plus marqué par l'influence des courants anti-socialistes (au sens soviétique) que dans d'autres pays similaires ayant eu moins de contacts avec l'URSS.
106
+
107
+ La constitution et sa place dans le système judiciaire sont uniques, dans le sens où il n'y a pas de Cour constitutionnelle et où la Cour suprême ne peut intervenir sur une loi au seul prétexte que celle-ci soit inconstitutionnelle. La valeur constitutionnelle d'une loi dépend d'un simple vote parlementaire. Les seuls autres pays européens à ne pas disposer d'organe suprême constitutionnel sont les Pays-Bas, la Suisse et le Royaume-Uni (ce dernier n'ayant d'ailleurs pas de constitution écrite, celle-ci reposant sur les traditions, les précédents, la jurisprudence et un nombre limité de lois quasi-constitutionnelles).
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+
109
+ La Finlande est un pays neutre depuis 1955, et ne fait pas partie de l'OTAN, mais développe un programme d'interopérabilité de ses forces avec celles de l'OTAN.
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+ Les langues officielles du pays sont le finnois et le suédois.
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113
+ Le finnois est une langue agglutinante appartenant à la famille des langues finno-ougriennes, qui comprend aussi l'estonien, les langues sames et, dans une moindre mesure, le hongrois, langue ouralo-altaïque. Ces langues se distinguent des autres langues parlées en Europe car, de même que le basque, elles ne sont pas indo-européennes.
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+ Les bases du finnois écrit ont été codifiées par Mikael Agricola, archevêque de Turku, qui écrivit un abécédaire en 1543.
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+ Les mots « finnois » et « finlandais » sont souvent employés indifféremment en français courant pour désigner la langue. L'usage le plus courant en français est de faire la distinction entre les deux termes :
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+ On trouve en Finlande une grande majorité de finnophones (environ 91,5 % de la population, cf. Démographie de la Finlande) mais aussi une minorité suédophone (environ 300 000 personnes ; mais 46,6 % de la population sait parler le suédois en 2008), et une minorité d'expression samie (Lapons). On estime le nombre de locuteurs de langue samie à 1 500 actuellement sur le territoire de la Finlande. À cela s'ajoute une minorité Rom relativement importante (près de 10 000 personnes). Il y a donc en Finlande des Finlandais d'origine finnoise finnophones et suédophones (tous les suédophones ne sont pas des descendants de Suédois), d'autres d'origine suédoise suédophones ou finnophones (des anciens Suédois ayant changé de langue), des Samis d'expression finnoise (qui ont perdu la connaissance du sami).
120
+
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+ Le nom de nombreuses villes de la bande littorale est exprimé dans les deux langues ; ainsi de Helsinki (Helsingfors), Turku (Åbo) ou Tampere (Tammerfors), par exemple. La signalisation routière bilingue est également présente dans de nombreuses municipalités.
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+ L’anglais est aussi très présent, en seconde, ou même en troisième langue, pour une très grande partie de la population, vu le haut niveau d'éducation de la population, surtout en milieux urbains, et chez les plus jeunes. En 2011, environ 90 % des Finlandais avaient des connaissances partielles, ou parlaient couramment l'anglais, soit environ deux fois plus que les Finlandais qui savent parler suédois.[réf. nécessaire]
124
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+ La Finlande fut une province russe (grand-duché) entre 1809 et 1918. Quelque 200 000 Finlandais parlent russe ; elle demeure une langue universitaire[réf. nécessaire]. Le Russe reste la langue maternelle de quelque 5 000 Finlandais, qui sont surtout des descendants de Russes, ou Slaves, qui s'établirent en Finlande entre 1800 et 1910. De nos jours, ils sont généralement bilingues russe/finnois, ou russe/suédois. Ils sont localisés surtout à Helsinki, et vers Hamina[réf. nécessaire].
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+ Avant l'arrivée du christianisme, la Finlande est le berceau de croyances animistes et polythéistes.
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+ À partir de l'an 1000, et la conversion des rois suédois, le christianisme commence à apparaître. Il se développe sous la poussée de Éric IX de Suède et de l'évêque anglais saint Henri au XIIe. Comme les pays du Nord de l'Europe, la Finlande se convertit aux idées de la Réforme. En 1634, l'adhésion à l'Église luthérienne devient obligatoire par la loi. Toutefois, des traces et des croyances de la religion païenne subsistent jusqu'au XIXe siècle dans les campagnes.
130
+
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+ L'Église évangélique luthérienne est, en 2018, la principale confession du pays, avec 69,8 % de la population se réclamant de cette foi (Église d'État depuis 1923)[21]. La seconde Église d'État est l'Église orthodoxe de Finlande qui regroupe environ 1 % des Finlandais, on trouve aussi environ 11 000 catholiques finlandais[22]. L'islam s'est développé avec l'immigration (10 000 musulmans aujourd’hui)[23].
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133
+ L'éducation est considérée comme un des droits fondamentaux de tous les citoyens finlandais. Il s'agit du droit de recevoir une formation secondaire (lycée inclus) gratuitement. La loi garantit ce droit pour tous les résidents et non uniquement pour les citoyens finlandais.
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+ Les enfants de Finlande qui entrent à l’école à sept ans « ont passé leur enfance à jouer à la crèche »[réf. nécessaire], ils peuvent apprendre l'alphabet un an avant d’entrer à l’école, mais rien n'est exigé. L'enseignement fondamental est un enseignement de culture générale dispensé à l'ensemble des classes d'âge. Il est destiné à l'enfant de sa septième à sa seizième année. L'école fondamentale dure donc neuf ans et correspond à l'accomplissement de la scolarité obligatoire. Dans l'enseignement fondamental, les groupes sont formés par classes d'âge. Pendant les six premières années, il y a en général un enseignant principal qui enseigne la plupart des matières, ou toutes. Durant les trois dernières années, l'enseignement se fait habituellement par matières si bien que les enseignants sont spécialisés selon celles-ci. Dans l'enseignement fondamental sont intégrés aussi l’orientation pédagogique de l'élève et, en cas de besoin, un enseignement spécifique de soutien.
136
+
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+ Le programme scolaire inclut au moins les matières suivantes : langue maternelle et littérature, seconde langue nationale (suédois ou finnois, selon le cas), langues étrangères, connaissances de l'environnement, instruction civique, religion ou morale, histoire, sciences sociales, mathématiques, physique, chimie, biologie, géographie, éducation physique et sportive, musique, dessin, travaux manuels et ménagers. La définition des objectifs généraux au niveau national et la répartition horaire des différentes matières ou combinaisons de matières dans l'enseignement et l'orientation pédagogique de l’élève sont du ressort du gouvernement. La direction nationale de l'enseignement définit les objectifs particuliers et les principaux contenus de l'enseignement en arrêtant les fondements des programmes scolaires. Sur ces bases, chaque établissement détermine concrètement, au niveau local, son programme d'enseignement. Il n'y a aucun examen à la fin de la scolarité obligatoire (à 16 ans). Les redoublements et les abandons sont extrêmement rares.
138
+
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+ Le baccalauréat finlandais s'appelle Ylioppilastutkinto[24] et est considéré comme une véritable institution, et un pas important vers la vie adulte. En classe de terminale, les cours s'arrêtent fin avril, et les élèves se consacrent alors aux révisions, non sans avoir gratifié les plus jeunes de bordées de bonbons et d'autres friandises lancées depuis des camions lors de la virée bigarrée et joyeuse des Penkinpainajaiset[25],[26]. Après le baccalauréat, les heureux élus gagnent le droit de porter la casquette blanche du bachelier, ou ylioppilaslakki[27] et inondent les restaurants des grandes villes pour une grande fête avant d'attaquer les révisions pour les examens d'entrée aux études supérieures, la vie active, ou une année sabbatique.
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+ De plus, l’école est gratuite, comme le transport scolaire et le repas de midi. Les horaires sont doux : la journée démarre à 8 heures et se termine vers 14 heures. L’après-midi est consacrée aux sports, aux activités artistiques, à la découverte de la nature et il n’y a pratiquement pas de devoirs à la maison. Après l'école élémentaire, les jeunes Finlandais peuvent choisir entre le lycée et le lycée professionnel qui durent environ trois ans.
142
+
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+ La Finlande est depuis plusieurs années championne du monde pour l'efficacité du système scolaire. Selon l'enquête PISA[28] sur les acquis des jeunes de 15 ans (2000 et 2003), la Finlande arrive en effet en tête en mathématiques, en maîtrise de la lecture, en sciences et en capacité à résoudre un problème (Finlande : deuxième position)[29]. Pourtant ce pays performant ne consacre que 6,2 % de son PIB à l'éducation alors que la France par exemple en consacre 6,9 %.
144
+
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+ Si on en croit les enquêtes menées sur cette réussite, les relations avec les professeurs sont très bonnes, le climat est moins à la répression qu'à l'autodiscipline. Si un élève perd pied, pas question de redoubler, des professeurs spécialisés (2 ou 3 par établissement) viennent prêter main-forte à leur collègue dans la classe ou donnent des cours particuliers, autant qu’il est nécessaire. Les enseignants se situent dans une optique d'accompagnement et les textes, la hiérarchie, les maîtres y sont très respectés et leur autorité reconnue.
146
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+ Le système est entièrement décentralisé. L'équipe enseignante et le directeur ont une grande marge de manœuvre dans l'organisation de l'établissement. L'école se charge elle-même de l'embauche des professeurs. Il n'y pas d'inspecteurs, mais des évaluations ministérielles à usage interne. Les professeurs s'évaluent entre eux. Les municipalités financent les établissements à hauteur de 50 % du budget, le reste étant financé par l'État[30].
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+
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+ L'enseignement supérieur comprend deux types d'institutions : les universités et les instituts universitaires professionnalisés. Pour y entrer il faut passer des concours. Le système de l'enseignement supérieur est très décentralisé avec une cinquantaine d'établissements.
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151
+ La culture finlandaise est propre à la Finlande, et se distingue notablement de celles des pays voisins. En dépit d'un siècle au sein de la Russie, et d'une frontière de plus de mille kilomètres avec ce pays, les influences culturelles russes sont bien moins fortes que les influences suédoise et allemande. Le sentiment d’identité culturelle finnoise est né au XIXe siècle, quand la Finlande faisait partie de la Russie, et que cette dernière a laissé naître, voire encouragé, le sentiment d'identité nationale.
152
+
153
+ Un grand pan de la musique finlandaise est influencé par les mélodies et les paroles de la musique traditionnelle carélienne, telle qu'elle est exprimée par le Kalevala. La culture carélienne est considérée comme l'expression la plus pure des mythes et croyances de la culture finlandaise, et la moins influencée par la culture germanique. La musique traditionnelle finlandaise vit un renouveau depuis quelques décennies, et est devenue une branche de la musique populaire. Les peuples du Nord de la Finlande, les Samis, ont leur propre tradition musicale (en).
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+ Un grand compositeur national est Jean Sibelius dont l'œuvre majeure Finlandia symbolise le mieux la naissance de l'identité nationale finlandaise.
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+ La musique contemporaine populaire finlandaise inclut une scène renommée de metal, phénomène musical partagé avec les autres pays nordiques. Les groupes/artistes les plus connus hors frontières sont actuellement Stratovarius, Nightwish, Tarja Turunen, Impaled Nazarene, Children of Bodom, HIM, Sonata Arctica, Wintersun, Sentenced, Moonsorrow, Ensiferum, Turisas, Korpiklaani, Finntroll, Von Hertzen Brothers, Apocalyptica, Lordi, Reckless Love (en), Santa Cruz, Insomnium et Shiraz Lane (fi). Il existe également un certain nombre de groupes de rock dont The Rasmus, connu entre autres pour les titres In The Shadows et No Fear, de musiciens de jazz et de représentants du hip-hop. La musique finlandaise est aussi représentée par un grand nombre d'artistes de musique classique. Le groupe Värttinä est aujourd’hui aux avant-postes de la musique folk finlandaise.
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+ La littérature finlandaise fait référence à la littérature écrite en Finlande. Au début du Moyen Âge européen, le texte le plus ancien en langue finnoise est la lettre sur écorce de bouleau no 92 (en) de Novgorod, datant du XIIIe siècle. Les premiers textes en Finlande sont écrits en suédois ou en latin, au cours du Moyen Âge (aux environs de 1200 à 1523). La littérature finnoise se développe lentement, à partir du XVIe siècle, après que l'évêque et réformateur luthérien finlandais Mikael Agricola (1510-1557) eut fondé le finnois écrit. Il traduit le Nouveau Testament, dans cette langue, en 1548[31].
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+ Au début du XIXe siècle, la Finlande passe sous domination russe et l'essor du nationalisme se reflète et est favorisé par l'activité littéraire, qui se concentre sur le folklore finlandais. La plupart des œuvres importantes de l'époque, écrites en suédois ou de plus en plus en finnois, s'articulent autour de l'acquisition ou du maintien d'une identité finlandaise forte, comme le Carélianisme. Des milliers de poèmes folkloriques sont rassemblés dans Suomen kansan vanhat runot (en) (en français : Les poèmes anciens du peuple finlandais). Le recueil de poésie le plus célèbre est le Kalevala, publié en 1835. Le premier roman publié en finnois est Les Sept Frères (en)[32] (1870) d'Aleksis Kivi (1834-1872). Le livre Sainte Misère[33] (1919) de Frans Emil Sillanpää (1888-1964) lui vaut le premier prix Nobel de littérature finlandais, en 1939. D'autres auteurs notables sont Väinö Linna, Eino Leino et Johannes Linnankoski.
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+ Les réalisateurs finlandais les plus célèbres sont Aki Kaurismäki, Mika Kaurismäki et Timo Koivusalo. Le réalisateur et producteur hollywoodien Renny Harlin est aussi finlandais et est né en Finlande.
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+ À l'occasion du 100e anniversaire d'indépendance du pays, un vote a été tenu pour déterminer l'aliment national de la Finlande. Le choix des citoyens s'est arrêté sur le pain de seigle[34].
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+ La cuisine traditionnelle finlandaise a été fortement influencée par les cuisines suédoise, allemande et russe. Il y a cependant des différences et des singularités. Par exemple, les plats finlandais ont tendance à être moins sucrés que les plats suédois, et les Finlandais utilisent moins de crème smetana que les voisins russes. Dans des temps plus reculés, la cuisine finnoise variait d'une région à l'autre, et différait notablement entre l'Ouest et l'Est de la Finlande.
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+ Le petit déjeuner traditionnel, très consistant, est un vrai repas. Le déjeuner, qui est un repas assez léger, rapide et peu formel, est en général consommé autour de 11 h 30, « là où on est », soit pour ceux qui travaillent : sur le lieu de travail ou dans une cantine. Le dîner est pris entre 17 et 18 h, à la maison.
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+ Le sport est un passe-temps national en Finlande et de nombreux Finlandais se rendent régulièrement aux compétitions sportives. Le sport national est le pesäpallo, proche du baseball, mais les sports les plus populaires pour l'audience et la couverture médiatique sont le hockey sur glace et la Formule 1. Le football est aussi très populaire en Finlande grâce au célèbre Jari Litmanen, surnommé « le Roi » en Finlande. L'équipe nationale s'est qualifiée pour le championnat d'Europe de football 2020, première compétition majeure de son histoire.
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+ La Finlande est le berceau de Keke Rosberg (un titre), Nico Rosberg (un titre), Mika Häkkinen (deux titres), et Kimi Räikkönen (un titre), tous les quatre champions du monde de Formule 1 ; et de deux autres pilotes, Heikki Kovalainen (une victoire) et Valtteri Bottas (cinq victoires), qui sont vainqueurs en GP de F1. La Finlande a aussi donné naissance à de grands champions de rallye, tels qu'Ari Vatanen, Hannu Mikkola, Juha Kankkunen, Tommi Mäkinen, Marcus Grönholm, Jari-Matti Latvala ou encore Kimi Räikkönen ; le joueur de hockey Saku Koivu, ancien capitaine de l'équipe des Canadiens de Montréal et ancien joueur des Ducks d'Anaheim, qui est maintenant retraité ; Teemu Selänne, qui a remporté la Coupe Stanley avec les Ducks d'Anaheim en 2007 ; Tuukka Rask, qui remporte la Coupe Stanley en 2011 avec les Bruins de Boston. La Finlande a également de très bonnes équipes de patinage sur glace synchronisé, et une biathlète qui évolue au sommet dans les années 2010 : Kaisa Mäkäräinen.
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+ Parmi les plus fameux athlètes finlandais du temps passé, il y a Hannes Kolehmainen (1890-1966), Paavo Nurmi (1897-1973) et Ville Ritola (1896-1982), qui, à eux trois, ont remporté 25 médailles olympiques de course de fond. Ils sont considérés comme étant les premiers d'une génération de grands coureurs de fond finlandais, surnommés les « Finlandais volants ». Un autre coureur de fond, Lasse Virén (né en 1949), a remporté quatre médailles d'or au cours des Jeux olympiques de 1972 et 1976. Il n'est pas rare de voir un Finlandais skier deux heures après le travail.
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+ Jari Litmanen
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+ Teemu Selänne
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+ Jari Kurri
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+ Paavo Nurmi en 1920.
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+ Mika Häkkinen.
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+ Sami Hyypiä avec Liverpool.
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+ Marcus Grönholm.
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+ Kaisa Mäkäräinen.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Si la Finlande n'est pas dans les premiers pays pour la durée moyenne de vie (le Japon et la France sont aujourd’hui en tête dans ce palmarès), elle est mieux placée que la France pour les chances d'arriver à 35 ans en bonne santé.
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+ Dans le domaine du cancer, on parle même d'« exception finlandaise » pour décrire le phénomène suivant : les cancérologues et urologues signalent et mesurent une fréquence accrue du cancer du testicule partout dans le monde (en tous cas partout où existent des registres du cancer, et surtout dans les pays riches où les populations à peau blanche dominent, notamment au début des années 1990 en Europe). Or, pour des raisons encore inexpliquées, la Finlande semble être le seul pays épargné par ce phénomène, alors même que le proche Danemark semble le pays le plus touché au monde, avec des taux de cancer quatre fois plus élevés qu'en Finlande dont il n'est séparé que par la Baltique ; la Finlande serait le pays (suivi) le moins touché au monde, et la qualité du sperme y semble également la meilleure[35]. De nombreux indices plaident pour des causes environnementales[36] et tout particulièrement pour les cancers de l'enfant, une exposition à des perturbateurs endocriniens ou à des produits cancérigènes in utero. Dans ce dernier cas, ce cancer est un des éléments du syndrome de dysgénésie testiculaire qui semble inexplicablement ne pas exister en Finlande.
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+ Le terme héritage finlandais s'applique à un groupe de maladies génétiques dont la prévalence est particulièrement élevée en Finlande.
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+ Le drapeau de la Finlande, une croix scandinave bleue sur fond blanc, date de 1918. Les armoiries sont plus anciennes, puisqu’elles datent de 1557.
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+ Drapeau.
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+ Armoiries.
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+ Le pays s’est aussi doté, après des sondages auprès de sa population, de sept symboles supplémentaires :
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+ Triptyque de Akseli Gallen-Kallela, représentant une scène du Kalevala.
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+ Children of Bodom, un groupe de Death metal mélodique finlandais.
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+ Parc national de Repovesi (fi).
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+ Musée national de Finlande à Helsinki.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Un supercontinent est, en géologie, une masse continentale comprenant plus d’un craton. C’est le cas typiquement de l’Eurasie actuelle.
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+ Toutefois communément, les paléogéographes emploient ce terme de supercontinent de façon plus restrictive pour désigner une masse continentale regroupant tous les continents actuels.
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+ Le plus ancien supercontinent connu, la Rodinia, se serait fragmenté il y a environ 750 millions d’années. Ces fragments se rassemblèrent au paléozoïque pour former la Pangée, qui se divisa ensuite en deux autres supercontinents, la Laurasia au Nord et le Gondwana au Sud.
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+ Il semblerait que les supercontinents se forment par cycles, se rassemblant et se fragmentant par le jeu de la tectonique des plaques tous les 400 à 500 millions d’années : c'est le cycle de Wilson. Récemment, les professeurs Rogers et Santosh ont émis l’hypothèse de l’existence de la Columbia, un supercontinent encore antérieur qui se serait formé et divisé entre 1,8 et 1,5 milliard d’années.
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+ Les géologues ont identifié dans les supercontinents un nombre important de masses continentales qui sont les nôtres aujourd'hui, mais ce ne sont là que des repères car le découpage actuel de nos masses continentales n'existe que depuis la dislocation de la Pangée et l'ouverture de l'Atlantique il y a 200 Ma[1].
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+ Actuellement, on peut définir comme supercontinents l’Eurasie, l’Afrique–Eurasie (encore appelée Afro-Eurasie) et les Amériques.
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+ Les supercontinents bloquent le flux de chaleur provenant de l’intérieur de la Terre, ce qui provoque l’échauffement de l’asthénosphère et parfois l’apparition de phénomènes sismiques au sein de la lithosphère : des volcans se forment alors, le magma remonte et différents fragments du supercontinent s’écartent, ce qui conduit à sa dislocation. Le processus conduisant à la reformation des supercontinents est sujet à débat ; il est possible que les fragments dérivent autour du globe avant de se rejoindre ou qu’ils se rapprochent après s’être écartés pendant un temps.
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+ Dans d’autres champs d’études (en histoire et géographie, par exemple), des masses continentales reliées par des isthmes peuvent être considérées comme des supercontinents, comme les Amériques et l’Afro-Eurasie, mais sans base géologique.
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+ Voici une liste de supercontinents supposés regrouper la quasi-totalité des terres émergées à leur époque, par ordre chronologique inverse :
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+ Quelques autres supercontinents, mais qui ne regroupèrent pas la quasi-totalité des terres émergées de leurs époques respectives :
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+ Voici une liste de continents ou supercontinents et leur ère vraisemblable d'appartenance :
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+ Les continents suivants, passés, sont désignés sous le vocable de paléocontinents.
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+ La Supercoupe de l'UEFA ou Supercoupe d'Europe est une compétition européenne de football organisée par l'UEFA.
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+ La première édition a lieu en 1973[1] et opposait le vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions (appelée « Ligue des champions » depuis 1992) et celui de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe. Depuis la disparition de la Coupe des vainqueurs de coupe en 1999, le match fait s'opposer le vainqueur de la Ligue des champions et celui de la Coupe de l'UEFA (appelée « Ligue Europa » depuis 2009).
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+
9
+ La Supercoupe d'Europe a été créée en 1972 par Anton Witkamp, un journaliste sportif du journal néerlandais De Telegraaf. L'idée lui est venue à l'époque où le football néerlandais était à son âge d'or (plus particulièrement l'Ajax Amsterdam), le football total prôné par les Pays-Bas étant alors le plus apprécié dans le Vieux Continent. Witkamp cherchait le moyen de savoir définitivement quelle était la meilleure équipe d'Europe et par ailleurs, tester l'équipe de l'Ajax, menée par son joueur vedette Johan Cruyff. Il a donc été décidé d'organiser un match entre le vainqueur de la Coupe des clubs champions européens et le vainqueur de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe. Néanmoins, lorsque Witkamp tenta d'officialiser la compétition, l'UEFA ne répondit pas positivement à sa demande.
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+ En effet, en 1972, les Glasgow Rangers, fêtant par ailleurs leur centième anniversaire, ont remporté la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe tandis que l'Ajax Amsterdam avait été sacré champion d'Europe. L'UEFA refusa de prendre en charge l'organisation de cette compétition cette année-là, du fait de la suspension des Rangers en raison du mauvais comportement de ses supporters lors de la finale de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe de football 1971-1972. La confrontation se déroula en matchs aller-retour et financée par De Telegraaf. L'Ajax s'imposa face aux Rangers et remporta ainsi la première supercoupe d'Europe, bien que non officielle[2].
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+ L'année suivante, l'UEFA prit en main l'organisation de cette supercoupe.
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+ De 1972 à 1997, elle s'est jouée en matchs aller-retour sauf en 1984, 1986 et 1991, en raison de calendriers surchargés ou de problèmes géopolitiques.
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+ Jusqu'en 1999, la Supercoupe d'Europe opposait le vainqueur de la Ligue des champions à celui de la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupe. La dernière finale dans ce format fut la Supercoupe de l'UEFA 1999 entre la SS Lazio et Manchester United, qui voit la victoire des Italiens 1-0. À la disparition de la Coupe des coupes, ce fut le vainqueur de la Coupe UEFA, puis de la Ligue Europa, qui remplaça le vainqueur de la C2.
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+
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+ De 1998 à 2012, elle se joue chaque année fin août au Stade Louis-II de Monaco en un match unique[3]. À partir de 2013, la compétition change de lieu tous les ans comme pour les finales des autres compétitions de l'UEFA : l'Eden Aréna de Prague est ainsi choisie en juin 2011 pour accueillir l'édition 2013[4].
20
+
21
+ Un trophée offert par l'UEFA est remis pour une année au club vainqueur, qui doit le rendre deux mois avant la finale suivante, mais il peut en faire réaliser une copie à condition qu'elle soit pourvue de l'inscription bien visible « réplique » et que ses dimensions ne dépassent pas les 4/5 de l'original. Les noms des vainqueurs sont gravés sur le trophée.
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+
23
+ Le trophée devient propriété définitive du club qui le gagne trois fois de suite ou cinq fois en tout, comme c'est le cas pour tous les trophées de l'UEFA. Seul le Milan AC (1989, 1990, 1994, 2003 et 2007) et le FC Barcelone (1992, 1997, 2009, 2011 et 2015) l'ont gagné définitivement avec 5 victoires.
24
+
25
+ Le trophée a vécu plusieurs changements durant son histoire. Le premier trophée décerné à l'Ajax Amsterdam en 1973 et 1974 était très large et plus imposant que la Coupe des clubs champions européens. Il a ensuite été remplacé par une plaque, avec l'emblème de l'UEFA au centre. Ensuite la Supercoupe eut droit au trophée le plus petit et le plus léger de tous les trophées européens, pesant 5 kilogrammes et ayant une hauteur de 42,5 centimètres. En comparaison, le trophée de la Ligue des Champions pèse 8 kilogrammes et la Coupe UEFA 15 kilogrammes. Le nouveau modèle, remis pour la première fois en août 2006 à l'équipe du Séville FC, pèse 12,2 kilogrammes.
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+
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+ Logo de la Supercoupe de l'UEFA entre 2000 et 2005.
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+
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+ Logo de la Supercoupe de l'UEFA entre 2006 et 2012.
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+
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+ Logo de la Supercoupe de l'UEFA depuis 2013.
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+
33
+ Les règles de la Supercoupe de l'UEFA sont les mêmes que pour toutes les autres compétitions de l'UEFA. La Supercoupe de l'UEFA est une finale à match unique se déroulant sur terrain neutre. Des prolongations puis une séance de tirs au but décide du vainqueur en cas d'égalité à la fin du temps réglementaire (prolongation comprise)[3]. Chaque feuille de match doit comporter 18 joueurs et seuls trois remplacements sont autorisés au cours du match. Chaque équipe peut étrenner sa tenue port��e habituellement à domicile; néanmoins, si les tenues peuvent porter à confusion, le vainqueur de la Ligue Europa doit changer de tenue. Si un club refuse de jouer ou en est interdit par l'UEFA, il est remplacé par le finaliste de la compétition remportée par ce club. Si le terrain n'est pas praticable en raison du mauvais temps, il est reporté au lendemain[5].
34
+
35
+ Carlsberg est le sponsor principal de la Supercoupe de l'UEFA de 2006[6] à 2009. De ce fait, a été créé le « Prix de l'Homme du Match Carlsberg »[7].
36
+ Depuis 2009, les sponsors de la Supercoupe de l'UEFA sont identiques à ceux de la Ligue des champions de l'UEFA.
37
+
38
+ N.B: En gras, les joueurs en activité en Europe.
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+
40
+ Arie Haan (PB) et José Antonio Reyes (ESP) sont les 2 seuls joueurs à avoir marqué en Supercoupe de l'UEFA avec 2 équipes différentes, alors que 9 joueurs ont marqué lors de deux éditions différentes.
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+ Depuis 1998, le Trophée Homme du match UEFA est remis au meilleur joueur de la finale.
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+ Barbade
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+ (en) Barbados
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+ 13° 05′ N, 59° 37′ O
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+ modifier
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+ La Barbade est un micro-État insulaire situé en mer des Caraïbes à proximité de la limite de celle-ci avec l'océan Atlantique. Pendant plus de trois siècles, la Barbade a été sous domination britannique et le souverain du Royaume-Uni est encore le chef de l'État. Cependant elle est indépendante depuis le 30 novembre 1966, en qualité de Royaume du Commonwealth. Située à environ 13° nord de l'équateur et 59° ouest du méridien de Greenwich, la Barbade fait partie des Petites Antilles. Les îles les plus proches sont les îles de Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Sainte-Lucie, à l'ouest. Au sud, se trouve Trinité-et-Tobago — avec qui la Barbade partage désormais une frontière maritime fixe et officielle — et la côte sud-américaine. La superficie totale de la Barbade est d'environ 430 kilomètres carrés ; sa densité est la plus élevée d'Amérique (8e rang mondial). Son altitude est assez basse, les pics les plus élevés étant à l'intérieur du pays. Le point le plus élevé de la Barbade est le mont Hillaby dans la commune de Saint Andrew. La structure géologique de la Barbade n'est pas d'origine volcanique. C'est principalement un calcaire corallien né de la subduction de la plaque sud-américaine en collision avec la plaque caraïbe. L'île a un climat tropical, avec des alizés de l'océan Atlantique maintenant des températures douces. Certaines parties moins développées de ce pays grand comme trois fois Marie-Galante abritent des forêts tropicales et des mangroves. D'autres parties de l'intérieur du pays connaissent une mise en œuvre agricole dédiée à la production de cannes à sucre. Ce pays vit principalement du tourisme.
10
+
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+ La Barbade est une île relativement plate d'une superficie de 431 km2, se relevant doucement dans la région centrale montagneuse, le point le plus élevé est le mont Hillaby à 336 m. Son littoral a une longueur de 97 km. L'île a une position plus excentrée vers l'océan Atlantique que les autres îles des Petites Antilles. Elle se trouve à 145 km à l'est-sud-est de l'île Sainte-Lucie et à 159 km à l'est de l'île Saint-Vincent. Le climat est tropical, avec une saison des pluies à partir de juin jusqu'à octobre. La capitale est Bridgetown. D'autres villes à signaler sont Holetown et Speightstown.
12
+
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+ La Barbade est la partie émergée d'un prisme d'accrétion, en effet la partie océanique de la plaque nord-américaine se trouvant sous l'Atlantique est en subduction sous la plaque caraïbe, ce qui entraîne au niveau de la fosse océanique l'obduction des sédiments océaniques. Ceux-ci s'accumulent et atteignent parfois la surface de l'eau : c'est ce qui s'est passé à Barbade. Elle est donc une île constituée de roches sédimentaires contrairement à la majorité des îles des Antilles qui ont pris naissance grâce au volcanisme de subduction. Cette structure géologique se manifeste également par le promontoire rocheux de l'île connu sous le nom de Pico Teneriffe. Celui-ci tire son nom d'une croyance de la population locale selon laquelle l'île de Tenerife, en Espagne, serait la première terre rencontrée vers l'est depuis le territoire de la Barbade[2],[3].
14
+
15
+ La Barbade est divisée en 11 paroisses :
16
+
17
+ Le nom de Barbade vient de l'explorateur portugais Pedro A. Campos qui nomma l'île en 1536 Os Barbudos (« Les Barbus »). Il la nomma ainsi en voyant les longues racines aériennes de certains ficus qui lui faisaient penser à des « barbes ».
18
+
19
+ En 1819, une révolte d'esclaves éclate le jour de Pâques. La révolte est matée dans le sang, les têtes sont exposées sur des piquets. Néanmoins, la brutalité de la répression choque jusqu’en Angleterre et renforce le mouvement abolitionniste[4].
20
+
21
+ La Barbade est une monarchie parlementaire multipartite, indépendante depuis le 30 novembre 1966. La reine Élisabeth II est le chef d'État, elle est représentée sur place par un gouverneur général. Le Premier ministre est le chef du gouvernement, et exerce le pouvoir exécutif, le rôle du chef de l'État étant essentiellement symbolique. Les deux chambres du Parlement exercent le pouvoir législatif. Le pouvoir judiciaire est indépendant de l’exécutif et du législatif.
22
+
23
+ En mars 2015, Freundel Stuart, alors Premier ministre de la Barbade, annonce qu'un projet de loi est en cours d'adoption au Parlement de la Barbade afin que l’État devienne une République. Dès lors, la reine Élisabeth II cesserait d'être le chef d’État de la Barbade et sera remplacée par un président[5]. Cette réforme n'a toutefois pas été adoptée.
24
+
25
+ La Barbade est membre de la Communauté caribéenne, un regroupement d'États principalement anglophones des Caraïbes qui intervient politiquement et économiquement afin de favoriser le développement du territoire sous sa juridiction[6].
26
+
27
+ La Barbade est peuplée d'environ 285 247 habitants (2016), avec une croissance démographique de 3,3 ‰ (estimations mi-2005), soit le 4e pays le plus densément peuplé en Amérique (le 18e mondialement) et le 10e en termes de pays insulaire le plus peuplé dans sa région (le 101e mondialement). L’espérance de vie y est de 77 ans quel que soit le sexe ; comme au Japon, le territoire héberge un nombre élevé de centenaires[réf. nécessaire].
28
+
29
+ La population est composée à 21,68 % de personnes de 0 à 14 ans, à 69,44 % de personnes de 15 à 64 ans et à 8,88 % de personnes de 65 ans ou plus. La densité de population est de 640 hab./km2.
30
+
31
+ Environ 90 % des Barbadiens sont descendants de peuples africains. Le reste de la population est issu d'Europe (essentiellement Grande-Bretagne et Irlande), de Chine, d’Inde, des États-Unis, du Canada.
32
+
33
+ La langue officielle est l’anglais, qui est utilisée en communication, dans l’administration et tous les services publics de l’île. Dans la vie de tous les jours, cet anglais standard britannique laisse place à une de ses variantes locales, appelée « bajan », sous l'influence des autres langues caribéennes.
34
+
35
+ Parmi les autres langues populaires, on trouve l’espagnol, suivi du français.[réf. nécessaire]
36
+
37
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 95,2 % des habitants de la Barbade sont chrétiens, principalement protestants (88 %) et dans une bien moindre mesure catholiques (4,3 %). La minorité musulmane rassemble 1 % de la population, alors que les autres minorités religieuses (bouddhisme, hindouisme, judaïsme, etc.) représentent chacune moins de 1 % de la population[7].
38
+
39
+ L’Église anglicane était la religion d’État, avant d’être détachée par le Parlement barbadien après l’indépendance[8].
40
+
41
+ Les principales fêtes de la Barbade sont[9] :
42
+
43
+ La Barbade a pour codes :
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45
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Les coordonnées de cet article :
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1
+ En mathématiques, l'aire est une grandeur relative à certaines figures du plan ou des surfaces en géométrie dans l'espace.
2
+
3
+ Le développement de cette notion mathématique est lié à la rationalisation du calcul de grandeur de surfaces agricoles, par des techniques d'arpentage. Cette évaluation assortie d'une unité de mesure est aujourd'hui plutôt appelée superficie.
4
+
5
+ Informellement, l'aire permet d'exprimer un rapport de grandeur d'une figure relativement à une unité, par le biais de découpages et recollements, de déplacements et retournements et de passage à la limite par approximation. La mesure d'une aire peut être un nombre réel positif ou être infinie pour certaines surfaces comme le plan dans son ensemble.
6
+
7
+ Diverses techniques ont été élaborées pour mesurer une aire, de la méthode des indivisibles au calcul intégral et aux méthodes probabilistes comme la méthode de Monte-Carlo.
8
+
9
+ Dans un espace euclidien de dimension 2, un domaine a une aire s'il est un ensemble mesurable pour la mesure de Jordan et son aire est égale à cette mesure.
10
+
11
+ L'aire S d'une surface plane suit quatre propriétés[1] :
12
+
13
+ La propriété d'additivité est étendue, par récurrence, à un entier naturel n supérieur à deux quelconque : si A1, A2… An sont des surfaces deux à deux disjointes d'aires respectives S(A1), S(A2)… S(An), alors
14
+
15
+ ce qui se note plus rigoureusement :
16
+
17
+ Mais cette propriété d'additivité finie ne suffit pas, ne serait-ce que pour prouver la formule de calcul de l'aire d'un disque (voir plus bas). Elle est donc étendue à une famille infinie dénombrable de surfaces planes (An)n∈ N∗ deux à deux disjointes dont les aires sont supposées connues, avec le résultat analogue au précédent :
18
+
19
+ On parle alors de σ-additivité[2] (« sigma-additivité »).
20
+
21
+ Une unité de longueur (notée 1u.l.) étant préalablement choisie, on définit l'unité d'aire (notée 1u.a.) par 1u.a.=(1u.l.)2. Toutes les surfaces sont mesurées en unités d'aire. La figure de base pour le calcul d'une aire est le carré unité, de côté 1u.l. ; il permet de calculer l'aire du rectangle. À l'aide de l'aire du rectangle, il est possible de déterminer l'aire d'un triangle rectangle (vu comme un demi-rectangle) ou d'un parallélogramme, puis celle d'un triangle quelconque et, par suite, d'un polygone quelconque.
22
+
23
+ La formule de l'aire d'un disque est plus complexe à démontrer : elle nécessite le passage par une limite de suite. L'idée d'approcher successivement une surface complexe par une suite de surfaces plus simples (en général, des rectangles ou des polygones) est fondamentale. Une surface qui peut être « correctement » approchée par des rectangles, au point qu'on puisse en déduire son aire par un calcul de limite est dite quarrable.
24
+
25
+ Dans certains cas, l'analyse vient au secours de la géométrie, lorsque les raisonnements par découpage et recollement ne suffisent plus. Certains calculs d'aires nécessitent le recours à des intégrales (notion d' "aire sous la courbe"), qui peuvent parfois être calculées à partir de primitives d'une fonction.
26
+
27
+ D'autres cas sont plus pathologiques : les mathématiciens ont établi une théorie de la mesure pour généraliser les résultats sur les aires. Pour les fractales, les aires ne sont pas calculables — ou non satisfaisantes. La notion de dimension de Hausdorff généralise celle d'aire, pour un objet fractal plan.
28
+
29
+ Ci-dessous sont données les formules de calcul d'aire usuelles les plus courantes[3] et des démonstrations, qui illustrent les raisonnements géométriques souvent utilisés pour résoudre les problèmes d'aire[4] : « coupé-collé »[5], parfois en imaginant une infinité de découpages par des considérations sur les limites.
30
+
31
+ Aire d'un rectangle — L'aire d'un rectangle est égale au produit de sa longueur par sa largeur.
32
+
33
+ Un rectangle[6] dont la longueur et la largeur sont égales à des nombres entiers m et n peut être vu comme composé de m lignes contenant chacune n carrés unité. Son aire est donc égale à m × n.
34
+
35
+ Si les dimensions du rectangle sont des fractions m/p et n/q, on considère qu'on a « découpé » le rectangle de dimensions m et n en p parts égales, puis chacune de ces parts à nouveau en q parts égales. Le rectangle de dimensions m et n contient donc p × q fois celui de dimensions m/p et n/q. L'aire de ce dernier rectangle est donc égale à m/p × n/q.
36
+
37
+ Ce résultat se généralise au cas où la longueur et la largeur du rectangle sont des nombres réels, mais le raisonnement est plus abstrait : il nécessite un passage à la limite, en considérant que tout nombre réel est la limite d'une suite de nombres rationnels[7].
38
+
39
+ Un carré est un rectangle dont la longueur et la largeur sont égales à un même nombre appelé côté du carré. Un carré de côté c possède une aire égale à c × c, ce qui se note c2. Réciproquement, tout nombre de la forme c2 (où c est positif) peut être considéré comme l'aire d'un carré de côté c, ce qui explique que c2 se lit « c au carré » ou « le carré de c »[8].
40
+
41
+ La formule de calcul de l'aire d'un triangle la plus courante est[9] :
42
+
43
+ Aire d'un triangle — L'aire d'un triangle est égale à la moitié du produit de sa base par sa hauteur.
44
+
45
+ Tout triangle rectangle dont les cathètes (ou petits côtés) mesurent a et b peut être considéré comme la moitié d'un rectangle de dimensions a et b partagé en deux par une de ses diagonales. L'aire de ce triangle rectangle est donc égale à
46
+
47
+
48
+
49
+
50
+
51
+
52
+ a
53
+ ×
54
+ b
55
+
56
+ 2
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+ {\displaystyle {\frac {a\times b}{2}}}
62
+
63
+ .
64
+
65
+ Plus généralement, tout triangle de hauteur d'un triangle h et de côté associé b (dans ce cas, le côté est appelé base) est la moitié d'un rectangle de dimensions h et b, ce qui donne la formule classique de calcul d'aire d'un triangle :
66
+
67
+ D'autres méthodes permettent de calculer l'aire d'un triangle et, par suite, l'aire d'un polygone quelconque, en utilisant le fait que tout polygone peut être partagé en un nombre fini de triangles[10]. C'est notamment en partageant un polygone régulier en triangles dont un sommet est son centre qu'on obtient les formules usuelles de calcul de l'aire d'un polygone régulier.
68
+
69
+ En accolant au triangle rectangle gris un autre triangle isométrique suivant l'hypoténuse, on obtient un rectangle.
70
+
71
+ Un triangle vu comme un demi-rectangle.
72
+
73
+ Un polygone partagé en triangles.
74
+
75
+ Théorème — L'aire d'un disque de rayon R est égale à π × R 2.
76
+
77
+ On se convainc de ce résultat[11] par un partage du disque en un nombre arbitrairement grand de triangles.
78
+
79
+ En considérant n points A1, A2… An régulièrement espacés sur un cercle de centre O et de rayon R, on obtient un polygone régulier à n côtés constitué de n triangles isocèles de même aire OA1A2, OA2A3, etc. L'aire du polygone régulier est donc n fois celle de l'un de ces triangles. Si la hauteur de chacun de ses triangles est hn, l'aire de chaque triangle est 1/2hn × A1A2. En multipliant par n, l'aire du polygone égale donc la moitié de la hauteur hn multipliée par le périmètre du polygone. Lorsque le nombre n de points tend vers l'infini,
80
+ la hauteur hn tend vers R, et le périmètre du polygone vers celui du cercle, soit 2πR, ce qui donne bien le résultat annoncé.
81
+
82
+ Connaissant le rayon du cercle, une autre méthode, utilisée par Archimède consiste à diviser le disque en secteurs, comme montré sur la figure à droite.
83
+
84
+ Chaque secteur a une forme à peu près triangulaire et les secteurs peuvent être réarrangés pour former un parallélogramme. La hauteur de ce parallélogramme est r, et la largeur est la moitié de la circonférence du cercle, ou πr. Ainsi, la surface totale du disque est πr2
85
+
86
+ Bien que cette méthode de division en secteurs ne soit qu'approximative, l'erreur devient de plus en plus petite à mesure que le cercle est divisé en un plus grand nombre de secteurs. La limite de la somme des surfaces des parallélogrammes approximatifs est exactement πr2, qui est la surface totale du disque.
87
+
88
+ Le plan euclidien étant muni d'un repère orthonormé, pour une fonction numérique f positive et continue, l'intégrale de Riemann de f sur un intervalle [a ; b] permet d'exprimer facilement l'aire du domaine délimité[12] par :
89
+
90
+ Cette aire vaut alors I(1u.a.) où le nombre I désigne l'intégrale
91
+
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+
97
+ a
98
+
99
+
100
+ b
101
+
102
+
103
+ f
104
+ (
105
+ x
106
+ )
107
+
108
+ d
109
+
110
+ x
111
+ .
112
+
113
+
114
+ {\displaystyle \int _{a}^{b}f(x){\text{d}}x.}
115
+
116
+ N.B. Lorsque le repère cartésien n'est plus orthonormé, la mesure de la surface (l'aire) précédente sera égale à I(Mu.a.) où Mu.a désigne l'aire de la "maille élémentaire" du repère (c'est-à-dire l'aire du parallélogramme construit sur les deux vecteurs de base du repère): l'intégrale correspond donc à la quantité de "mailles élémentaires" contenues dans la surface mesurée.
117
+
118
+ Cette aire peut être évaluée par des méthodes numériques en approchant l'aire sous la courbe par des surfaces usuelles : rectangles ou trapèzes notamment. Dans certains cas, un calcul de limite permet de déterminer la valeur exacte de l'intégrale, par un raisonnement semblable à celui utilisé ci-dessus pour le disque[13].
119
+
120
+ Un raisonnement mêlant des considérations sur les aires et du calcul différentiel permet de prouver[14] que
121
+
122
+ où F est une primitive de f sur [a ; b]. Ainsi, la connaissance de primitives d'une fonction permet d'élargir l'ensemble des aires calculables par « découpage » vues précédemment.
123
+
124
+ Ainsi les raisonnements sur les aires et le calcul différentiel se nourrissent et s'enrichissent mutuellement. Les calculs d'aire ont de ce fait un retentissement sur de nombreux domaines des mathématiques, par le biais des intégrales, notamment les probabilités ou les statistiques par le calcul de la valeur moyenne d'une fonction.
125
+
126
+ Si le calcul d'aires permet d'améliorer la connaissance de probabilités via les intégrales, la réciproque est également vraie. Soit une surface S, dont l'aire est connue, qui en contient une autre, L d'aire inconnue. La méthode de Monte-Carlo consiste à envoyer des points au hasard dans S. On dénombre alors le nombre total nS de points et le nombre nL qui se sont trouvés, par hasard, dans L. Il est alors probable que le rapport des aires de L et S soit proche du rapport de nL sur nS. La marge d'erreur sera statistiquement d'autant plus faible que le nombre de points nS sera grand.
127
+
128
+ Un problème d'aire a traversé les siècles, depuis au moins Anaxagore[15] (Ve siècle av. J.-C.) jusqu'à 1882, lorsque Ferdinand von Lindemann prouve que π est un nombre transcendant : celui de la quadrature du cercle qui consiste à construire, à la règle et au compas, un carré d'aire égale à celle d'un disque donné.
129
+
130
+ Le périmètre est, avec l'aire, l'une des deux mesures principales des figures géométriques planes. Malgré le fait qu'elles ne s'expriment pas dans la même unité, il est fréquent de confondre ces deux notions[16] ou de croire que, plus l'une est grande, plus l'autre l'est aussi. En effet l'agrandissement (ou la réduction) d'une figure géométrique fait croître (ou décroître) simultanément son aire et son périmètre. Par exemple, si un terrain est représenté sur une carte à l'échelle 1:10 000, le périmètre réel du terrain peut être calculé en multipliant le périmètre de la représentation par 10 000 et l'aire en multipliant celle de la représentation par 10 0002. Il n'existe cependant aucun lien direct entre l'aire et le périmètre d'une figure quelconque. Par exemple, un rectangle possédant une aire égale à un mètre carré peut avoir comme dimensions, en mètres : 0,5 et 2 (donc un périmètre égal à 5 m) mais aussi 0,001 et 1000 (donc un périmètre de plus de 2 000 m). Proclus (Ve siècle) rapporte que des paysans grecs se sont partagé « équitablement » des champs suivant leurs périmètres, mais avec des aires différentes[17],[18]. Or, la production d'un champ est proportionnelle à l'aire, non au périmètre : certains paysans naïfs ont pu obtenir des champs avec de longs périmètres, mais une aire (et donc une récolte) médiocre.
131
+
132
+ L'isopérimétrie traite, en particulier, la question de trouver la surface la plus vaste possible, pour un périmètre donné. La réponse est intuitive, c'est le disque[19]. Ceci explique pourquoi, notamment, les yeux à la surface d'un bouillon ont une forme circulaire.
133
+
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+ Ce problème, d'apparence anodin, fait appel à des théories sophistiquées pour obtenir une démonstration rigoureuse. On simplifie parfois le problème isopérimétrique en limitant les surfaces autorisées. Par exemple on cherche le quadrilatère ou le triangle d'aire la plus vaste possible, toujours pour un périmètre donné. Les solutions respectives sont le carré et le triangle équilatéral. De manière générale, le polygone à n sommets ayant la plus grande surface, à périmètre donné, est celui qui se rapproche le plus du cercle, c'est le polygone régulier.
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+
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+ L'isopérimétrie ne se limite pas à ces questions. On recherche aussi une zone d'aire la plus vaste possible pour un périmètre donné, avec des géométries différentes. Par exemple, dans le cas d'un demi-plan, la réponse est le demi-disque.
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+
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+ Ce concept donne naissance à une famille de théorèmes, dit isopérimétriques, à des majorations dites inégalités isopérimétriques, ainsi qu'à un rapport, appelé quotient isopérimétrique. L'inégalité isopérimétrique indique qu'une surface de périmètre p et d'aire a vérifie la majoration suivante :
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+
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+ Le terme de gauche, est appelé quotient isopérimétrique, il est égal à 1 si, et seulement si la surface est un disque.
141
+
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+ Si l'origine de cette question date d'au moins 2 900 ans[20], ce n'est qu'en 1895, à l'aide de méthodes dérivées du théorème de Minkowski que la question est définitivement résolue sous sa forme antique[21]. Ces méthodes permettent de démontrer le théorème isopérimétrique et de le généraliser à des dimensions supérieures dans le cas d'une géométrie euclidienne.
143
+
144
+ Le problème d'isopérimétrie dans l'espace à trois dimensions consiste à chercher, le plus grand volume contenu dans une surface d'aire donnée. La réponse est la sphère, ce qui entraîne notamment la forme des bulles de savon.
145
+
146
+ Voir l'article isopérimétrie pour les aspects élémentaires de cette question. Des éléments de réponse, faisant usage d'outils mathématiques plus sophistiqués, sont proposés dans l'article Théorème isopérimétrique.
147
+
148
+ Une surface minimale est une surface de l'espace à trois dimensions qui, sous certaines contraintes, minimise l'aire au voisinage de chacun de ses points. Cela signifie qu'une petite variation de cette surface rend l'aire plus grande[22]. Pour un ensemble donné de contraintes, il peut exister plusieurs surfaces minimales. Les surfaces minimales sont spontanément prises par un film de savon qui s'appuie sur un cadre[23] car de telles surfaces minimisent également les forces exercées sur le film. La recherche de telles surfaces est appelée en mathématiques problème de Plateau, elle nécessite des raisonnements de calcul différentiel[22].
149
+
150
+ A contrario, le problème d'obtenir, pour un volume donné, la figure avec la plus grande superficie possible se pose. Une solution mathématiquement simple existe : une surface sans épaisseur possède un volume nul. De telles formes se trouvent dans la nature : une feuille de plante verte est généralement très peu épaisse mais large, afin d'exposer la plus grande surface possible au soleil, pour favoriser la photosynthèse[24]. Mais une grande surface du limbe foliaire de la feuille favorise également la transpiration, les plantes devant lutter contre des périodes de sécheresse (pins, cactus…) ont ainsi souvent des feuilles plus épaisses afin de diminuer leur superficie et donc lutter contre le dessèchement[25].
151
+
152
+ Une autre stratégie possible consiste à prendre une solide et à le percer d'un grand nombre de trous. Par exemple, l'éponge de Menger est construite à partir d'un cube qu'on partage trois tranches égales suivant chacune des trois dimensions. Cela donne vingt-sept cubes égaux, puis on enlève les cubes centraux. On obtient alors un nouveau solide, de volume inférieur et d'aire supérieure au précédent, constitué de vingt cubes. Puis on reprend le même procédé pour chacun de ces vingt cubes, puis à nouveau pour les cubes ainsi obtenus, etc. En répétant le procédé indéfiniment, on obtient un objet fractal qui possède une aire infinie et un volume égal à zéro, tout en ayant des dimensions (longueur, largeur, profondeur) égales à celles du cube de départ[26]. Des formes très découpées comme l'éponge de Menger se trouvent dans la nature, lorsqu'il s'agit de favoriser les échanges entre deux milieux : par exemple les poumons de mammifères (afin de maximiser les échanges gazeux dans un volume réduit)[26], les branchies, intestins…
153
+
154
+ La surface spécifique d'un matériau est sa superficie par unité de masse[27] : plus la surface spécifique est grande, plus l'objet peut échanger avec son environnement, plus il est poreux. La surface spécifique est notamment une caractéristique physique importante d'un sol, qui détermine sa capacité à retenir des éléments nutritifs et à les échanger avec des plantes[27],[28].
155
+
156
+ Selon Hérodote, la géométrie dans l'Égypte antique prend son origine dans la nécessité de répartir équitablement les surfaces des champs cultivés après les crues du Nil[29]. Les Égyptiens connaissaient les formules usuelles de calcul des aires des polygones et la majorité des problèmes de géométrie conservés de cette époque concernent des problèmes d'aires[30].
157
+
158
+ À Babylone, l'aire A était calculée à partir du périmètre P d'un cercle suivant une procédure équivalente à la formule[29] :
159
+
160
+ Même lorsqu'ils connaissaient le diamètre d'un cercle, les scribes passaient toujours par le calcul de son périmètre (en multipliant le diamètre par 3) pour ensuite obtenir son aire. La procédure était la suivante[31], comme dans cet exemple, extrait de la résolution d'un problème où il est demandé de déterminer le volume d'une bûche cylindrique dont le diamètre était 1 + 2/3 :
161
+
162
+ Méthode babylonienne — Triple 1 + 2/3, le dessus de la bûche, et 5, la circonférence de la bûche, viendra. Prends le carré de 5 et 25 viendra. Multiplie 25 par 1/12, la constante, et 2 + 1/12, l'aire, viendra.
163
+
164
+ En Égypte[29],[30], le calcul s'effectuait à partir du diamètre D :
165
+
166
+ Le raisonnement consistait probablement à inscrire un octogone et un cercle dans un carré[29],[30]. La figure ci-contre illustre ce raisonnement : si le carré a pour côté le diamètre D du disque, l'octogone construit sur le tiers du côté du carré possède une aire de
167
+
168
+ L'aire du disque est considérée comme légèrement supérieure à celle de l'octogone, soit
169
+
170
+ Al-Khwârizmî, dans son Abrégé du calcul par la restauration et la comparaison, analyse et résout les équations du second degré par des considérations géométriques sur des aires de carrés, poursuivant en cela la tradition de l'algèbre géométrique remontant à l'Antiquité.
171
+
172
+ La superficie d'un espace au sol ou d'une surface physique plane ou gauche est sa mesure physique exprimée avec une unité de mesure. L'unité correspondante du Système international est le mètre carré[33] ou l'un de ses multiples ou sous-multiples, comme les ares ou hectares.
173
+
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+ Cette mesure est parfois désignée par le terme « surface » lui-même, qui partage la même étymologie[34].
175
+
176
+ Les calculs de superficie liés à la notion de rendement agricole et à l'imposition fiscale ont motivé la notion d'aire en géométrie. La modélisation d'un terrain par une surface géométrique simple permet une évaluation efficace de sa superficie.
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+ La superficie des entités administratives (par exemple en France, celle d'une commune, d'un département…) peut prendre plusieurs valeurs différentes selon qu'elle est mesurée en se limitant aux terres émergées ou en prenant en compte les surfaces en eau.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/5551.html.txt ADDED
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
2
+
3
+ Mise en garde médicale
4
+
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+
7
+ La surdité est un état pathologique de l'audition caractérisé par une perte partielle ou totale de la perception des sons. Lorsque la perte est totale, il s'agit d'une cophose, parfois appelée anacousie. Le terme hypoacousie est quasi-synonyme de surdité, étant parfois réservé aux cas où la perte de l'audition est partielle.
8
+
9
+ La surdité peut être classée selon le degré de perte de l'ouïe et selon la localisation de l'atteinte. Son traitement médical est possible, par des appareillages externes ou internes (implants), quoique la récupération de l'audition des phonèmes de la langue puisse continuer à être altérée.
10
+
11
+ La surdité qui apparaît à l'âge adulte peut avoir des origines médicales ou traumatiques. Elle est un handicap contre lequel certains moyens sont mis en œuvre afin d'aider les personnes dites sourdes ou malentendantes.
12
+
13
+ Lorsqu'elle survient à un âge précoce et avant l'apprentissage du langage, la surdité peut compromettre l'apprentissage du langage et par conséquent l'apprentissage de la lecture et entraîner de multiples problèmes associés à illettrisme et aux bas niveaux d'éducation. La surdité précoce nécessite une prise en charge éducative précoce offrant à l'enfant sourd des moyens de communication qui vont lui permettre de bien développer ses relations sociales et d'optimiser son développement émotionnel, cognitif et intellectuel. L'apprentissage de la langue des signes et l'aide à l'apprentissage de la langue orale par diverses méthodes de rééducation et de complément à la lecture labiales sont des méthodes validées ayant chacune des avantages démontrés, malgré leurs limites.
14
+
15
+ La surdité est définie en fonction de plusieurs critères[1].
16
+
17
+ Elle est définie en fonction du degré de perte auditive qui est mesuré par des méthodes d'audiométrie : la surdité légère pour une perte de 20 à 40 dB (décibels), surdité moyenne pour une perte de 41 à 70 dB, surdité sévère pour une perte de 71 à 90 dB, surdité profonde pour une perte de 90 à 120 dB et surdité totale, ou cophose, à 120 dB. On parle d'audition normale ou subnormale lorsque la surdité est sous le seuil des 20 dB car malgré la perte de certains sons faibles, la compréhension du langage n'est pas affectée et il n'y a donc pas de handicap dans les situations sociales[2].
18
+
19
+ On classifie également la surdité selon la localisation de l'atteinte. Si l'oreille externe ou l'oreille moyenne est en cause, la surdité est dite « de transmission » ; si l'oreille interne ou le nerf auditif est en cause, la surdité est dite « de perception ». Si la surdité est d'origine neurologique, on parle de « surdité centrale » (le terme « central » dans ce cas, fait référence au système nerveux central, pour la différentier des autres surdités qui touchent les cellules sensorielles de l'oreille, qui font partie du système nerveux périphérique). La surdité centrale peut être due à des lésions au niveau du tronc cérébral. Elle peut aussi être due à des lésions bilatérales des aires auditives, on parle alors de «  surdité corticale »[3],[4].
20
+
21
+ Les deux oreilles peuvent être touchées (surdité bilatérale) et l'atteinte peut se limiter à une oreille (surdité unilatérale).
22
+
23
+ On parle de surdité congénitale chez les enfants sourds qui sont affectés de surdité dès la naissance[5].
24
+
25
+ Les termes utilisés pour parler de la population des sourds dans son entier varient d'une source à l'autre et ne sont pas toujours clairement définis.
26
+
27
+ En France métropolitaine, environ une personne sur dix est atteinte d'une déficience de l'audition ; une personne de moins de vingt ans sur 25, mais une personne sur trois parmi les plus de 75 ans. Parmi ceux-ci, 300 000 sont sourds de type « déficients auditifs profonds »[9].
28
+
29
+ Parmi les enfants nés sourds, la proportion de gauchers est supérieure à la moyenne. Ainsi, d'après une étude, la proportion d'enfants sourds gauchers dépasse 20 % alors qu'elle est de 10 % chez les enfants ne présentant pas de surdité[10].
30
+
31
+ Le risque de trouble de l'audition est augmenté avec le tabagisme, l'obésité ou la présence d'un diabète[11].
32
+
33
+ La surdité est dans de nombreux pays (dont en France) reconnue comme maladie professionnelle (en France au tableau no 42 du régime général de la sécurité sociale et dans le tableau no 46 de la mutualité sociale agricole, dans les deux cas assortie d'une liste limitative des travaux susceptibles de provoquer la surdité reconnue et d'un temps minimum d'exposition d'un an (réduite à trente jours pour l'exposition aux bruits violents dans la mise au point des propulseurs, réacteurs et moteurs thermiques). La déclaration et les mesures doivent ��tre faites après trois semaines de cessation de l'exposition au bruit professionnel et avant un an. La perte auditive doit être supérieure ou égale à 35 dB sur la meilleure oreille, déficit confirmé par une audiométrie tonale et vocale réalisée trois semaines à un an après la cessation de l'exposition aux bruits lésionnels (ce déficit audiométrique moyen de 35 dB est calculé en divisant par 10 la somme des déficits mesurés sur les fréquences 500, 1 000, 2 000 et 4 000 Hz, pondérés respectivement par les coefficients 2, 4, 3 et 1).
34
+
35
+ Alors que seulement environ 750 surdités professionnelles sont déclarées et reconnues chaque année en France, les études épidémiologiques pratiquées par la médecine du travail en Europe comme au Québec montrent une atteinte beaucoup plus importante : en France, l'enquête Sumer[12] donnait 27 % de salariés soumis à un bruit excessif et une autre enquête situe à 21,3 % soit 13,5 millions de salariés qui présentent un déficit auditif dû au bruit.
36
+
37
+ Le traumatisme sonore peut agir comme agent aggravant en cas de prise de médicaments potentiellement ototoxiques[13] et peut être une cause d'accidents du travail, domestiques et de la route.
38
+
39
+ De nombreuses technologies peuvent actuellement permettre une prise en charge rapide et efficace.
40
+
41
+ L'épreuve de Rinne permet de reconnaître le siège d’une lésion auditive. Afin de l’effectuer, le médecin se munit d’un diapason et le fait sonner près de l’oreille, puis fait sonner la queue de l’instrument entre les dents du patient.
42
+
43
+ Si l'audition par voie aérienne persiste et celle par voie osseuse a cessé, le test de Rinne est positif, et la lésion a eu lieu dans l’oreille interne ou dans l’un des centres cérébraux de l’audition. Si, au contraire, l’audition par voie aérienne a cessé et que celle par voie osseuse persiste, le résultat est négatif, et la lésion se situe dans l’oreille moyenne.
44
+
45
+ La perception auditive est mesurée en décibels HL, et correspond au rapport entre le niveau sonore minimal perçu par le sujet à un niveau correspondant à une audition normale. Elle se mesure avec des sons purs écoutés au casque dans un milieu insonore. L'audiogramme indique le résultat pour chacune des fréquences.
46
+
47
+ Pour déterminer le degré de surdité d’une personne, on se base sur les résultats de la meilleure oreille (celle qui a le moins de perte d'audition). Pour cette oreille, on fait alors la moyenne des pertes pour les fréquences de 500, 1000 et 2 000 Hz. En dessous de 20 dB de perte, l’audition est considérée comme normale. Pour le reste, on se reporte à la classification établie par le Bureau international d’audio-phonologie (BIAP), détaillée ci-après.
48
+
49
+ Une perte de 20 dB à 40 dB correspond à une surdité légère : 30 dB représente le volume sonore d'une conversation à voix basse[14], ce qui implique que la parole normale est perçue mais certains éléments phonétiques échappent au patient. La voix faible n'est pas correctement perçue. Un enfant atteint de surdité légère peut présenter des signes de fatigue, d'inattention, un certain flou de compréhension, des difficultés articulatoires. Au-dessus de 30 dB de perte, si l'enfant est gêné à l'école, l'appareillage est possible.
50
+
51
+ Pour une perte de 40 dB à 70 dB, la surdité est moyenne. 60 dB représentant le niveau sonore d'une conversation normale[14], cela implique qu’à ce niveau, la parole n’est perçue que si elle est forte. Chez l’enfant, les troubles du langage et de l'articulation sont importants, la compréhension est lacunaire. Entre 55 et 70 dB de perte, les enfants perçoivent la voix forte sans comprendre les paroles : l’appareillage et la rééducation sont alors nécessaires.
52
+
53
+ Pour une atténuation de 70 à 80 dB, la surdité est dite sévère, 80 dB représentant le niveau sonore d’une rue bruyante. Certains enfants atteints de surdité sévère entendent la voix à forte intensité mais ne comprennent pas les paroles. L’amplification des sons est insuffisante pour qu’il y ait élaboration spontanée de langage intelligible. Ces enfants procèdent par désignation de l’objet désiré : un appareillage, une rééducation et l’utilisation de la lecture labiale sont nécessaires.
54
+
55
+ Enfin, le bruit d'un marteau-piqueur monte à 100 dB et celui d’un réacteur d'avion à 10 mètres à 120 dB. On parle donc de surdité profonde à partir de pertes supérieures à 90 dB. À cet état de surdité, l’enfant n’a aucune perception de la voix et aucune idée de la parole. Pour une surdité profonde, on recalcule une moyenne des seuils des fréquences 250, 500, 1000 et 2 000 Hz, ce qui permet de distinguer trois sous-catégories :
56
+
57
+ Pour des enfants atteints de surdité profonde, l’apprentissage de la langue des signes est prioritaire. Un appareillage auditif, une rééducation et l'utilisation de la lecture labiale sont nécessaires quand l’âge de communiquer est atteint, ainsi qu'un suivi orthophonique.
58
+
59
+ Pour les pertes supérieures à 120 dB, on parle de surdité totale ou cophose. Il s’agit généralement d’une surdité de perception due à un dysfonctionnement de la cochlée, aucun son ne peut être perçu. L’appareillage classique (audioprothèse) permet d’entendre les sons, mais pas de comprendre la parole. Seul l’implant cochléaire est efficace pour récupérer le maximum d'informations auditives.
60
+
61
+ À noter qu’en règle générale, plus la perte d’audition est forte, plus la récupération auditive par le biais de l’appareillage et de la rééducation est difficile, sauf pour les surdités post-linguales (survenues après la constitution d’une zone auditive et linguistique dans le cerveau).
62
+
63
+ La surdité brusque se caractérise par une baisse rapide de l'audition sans parfois même de signe annonciateur. Elle est en général unilatérale et peut être due à plusieurs facteurs: origine virale, auto-immune, une perforation de la membrane tympanique, des antécédents familiaux ou un traumatisme crânien. Mis à part ces facteurs, les origines de cette forme de surdité sont généralement peu connues. Le devenir de l'audition peut être spontanée totale, partielle ou malheureusement irrécupérable. Sa prévalence est comprise entre 5 et 20 cas pour 100 000 personnes[15].
64
+
65
+ La prise en charge d'une surdité brusque a fait l'objet de la publication de recommandation (médecine)s par l'« American Academy of Otolaryngology–Head and Neck Surgery » en 2012[16]. La surdité brutale est une vraie urgence nécessitant une prise en charge immédiate, dans les premières heures : un traitement parentéral immédiat (corticoïdes, vasodilatateurs), éventuellement oxygénothérapie hyperbare ; son efficacité est discutée, mais elle serait nulle après une semaine.
66
+ La recherche nécessaire d'une cause la retrouve rarement.
67
+ Le pronostic fonctionnel est péjoratif (50 % à 75 % ne récupèrent pas), surtout si la surdité est sévère ou profonde et si le traitement est retardé ou nul[17].
68
+
69
+ Une malformation appelée aplasie peut être majeure: le pavillon, le conduit auditif, la chaîne ossiculaire ou l'oreille interne sont touchés. Elle peut aussi être mineure: sténose du conduit auditif externe ou malformation d'un osselet (enclume, étrier ou marteau). Une malformation mineure des osselets peut alors entraîner des otites moyennes chroniques avec tympanosclérose, c'est-à-dire des séquelles dues aux inflammations chroniques de l'oreille moyenne. Cependant la progression de la surdité est assez lente.
70
+
71
+ La surdité d'origine génétique atteint environ 1 à 3 enfants sur 1000[18]. Beaucoup de ces surdités n'apparaitront qu'au bout de plusieurs années voire plusieurs dizaines d'années.
72
+
73
+ Les causes génétiques peuvent donner des surdités isolées (un peu moins de la moitié des cas étant dues à une mutation sur le gène GJB2[19] ou dans le cadre de syndromes malformatifs (syndrome de Waardenburg ou de Pendred).
74
+
75
+ Les infections virales ou parasitaires au cours de la grossesse comme la toxoplasmose, la rubéole et la maladie des inclusions cytomégaliques en sont souvent responsables. Cette dernière maladie est l'infection la plus fréquente chez la femme enceinte en Europe. Elle atteindrait jusqu'à 2 % des femmes enceintes. La moitié des fœtus de ces femmes seront atteints par le virus et 10 % des fœtus développeront au bout de quelques années une surdité. Ce virus serait responsable d'un peu plus du cinquième des surdités congénitales[20]. La perte d'audition est alors dans ce cas-ci tardive et fluctuante. L'audition étant initialement normale. L'avenir auditif de ces enfants ne peut être prédit.
76
+
77
+ Parmi les principaux problèmes qui entraînent fréquemment des surdités de transmission, notons :
78
+
79
+ L'otospongiose est une maladie génétique, héréditaire mais à expression variable (la maladie peut sauter des générations avant de s'exprimer par une surdité). Plus souvent bilatérale, elle touche les os de l'oreille (ostéodystrophie de la capsule otique). Causée par un trouble du métabolisme osseux, c'est-à-dire que le renouvellement des os est anormal. Des foyers de déminéralisation et d'ossification anormale de la capsule otique provoquent alors un blocage de la platine de l'étrier (Ankylose stapédo-vestibulaire) ou une ostéogenèse imparfaite (maladie de Lobstein ou des os de verre). L'otospongiose est plus fréquente chez les femmes, le rapport est de deux femmes pour un homme et de 0,1 à 2 % de la population. Elle intervient chez le jeune adulte (entre 20 et 40 ans). Les apparitions juvéniles sont plus rares.
80
+
81
+ Les séquelles d'otites donnent une altération du fonctionnement du système tympano-ossiculaire. Elles peuvent entraîner une perforation tympanique, une imperméabilité de la trompe d'Eustache, lyse ossiculaire avec interruption de la chaîne.
82
+
83
+ Le cholestéatome est une forme d'otite chronique avec une présence d'épiderme dans les cavités de l'oreille moyenne (épithélium pavimenteux). Ce surplus d'épiderme se présente comme un kyste ou comme une poche remplie de squames de peau. Elle grossit petit à petit pour provoquer une infection chronique de l'oreille moyenne mais aussi la destruction des structures osseuses contenues dans et autour de l'oreille.
84
+
85
+ La maladie osseuse de Paget cause une surdité due aux lésions qui touchent l'os temporal et le crâne qui provoquent un surplus de remodelage osseux anormal qui est fabriqué aboutissant à de nombreuses anomalies osseuses dont l'épaississement des osselets.
86
+
87
+ La presbyacousie ou surdité due à l'âge est due au vieillissement des cellules de l'oreille et à l'usure. Elle se manifeste par une perte d'audition bilatérale (touchant les deux oreilles). Elle apparaît progressivement à l'avancée de l'âge et intervient souvent à partir de soixante ans. Elle débute premièrement par la perte des sons aigus. Cependant l'âge de la presbyacousie peut dépendre de différents facteurs.
88
+
89
+ Le neurinome de l'acoustique est une tumeur nerveuse bénigne de l’angle ponto-cérébelleux. Elle se développe par les cellules de Schwann (à l'origine de la gaine de myéline entourant les axones du nerf). Le neurinome de l'acoustique est habituellement unilatéral, isolé et non héréditaire, sauf lorsqu'il s’agit d'une maladie génétique rare appelée maladie de Recklinghausen ou neurofibromatose.
90
+
91
+ L'otospongiose est une atteinte neurosensorielle pure se caractérisant par une calcification du labyrinthe osseux de l'oreille interne. Ce type d'otospongiose évolue en fonction d'événements hormonaux (grossesses) et surtout en présence d'antécédents familiaux connus de surdité.
92
+
93
+ La maladie de Menière touche l'ensemble du labyrinthe membraneux de l'oreille interne créant ainsi des hydrops labyrinthiques (troubles de l’homéostasie du liquide endolymphatique). Les causes de cette maladie sont à l'heure actuelle encore très peu connues.
94
+
95
+ La surdité de perception endochocléaire est d’origine auto-immune. Ce type de surdité peut être intégré dans une maladie de système ou paraître isolé. L’organisme fabrique des auto-anticorps qui vont détruire les antigènes de la cochlée. La surdité de perception est bilatérale, asymétrique et s’installe sur quelques semaines ou mois.
96
+
97
+ . Les traumatismes sonores peuvent se manifester à cause d'un claquage de l'oreille, au-dessus d'un certain volume au-dessus de 125 dB. Une longue exposition à un son aigu, à 4 000 Hz peut aussi causer une perte auditive partielle de 30 à 40 dB.
98
+
99
+ Le bruit entraîne une surdité par destruction de l'oreille interne qui survient sous forme d'accident à la suite d'un son de très forte intensité, ou progressivement par exposition prolongée à des bruits trop intenses (avec une corrélation entre le temps d'exposition et le niveau sonore). Le mécanisme est la destruction progressive irréversible des cellules ciliées de l'organe de Corti dont les premières cellules touchées sont celles de la perception des sons de fréquence 4 000 Hz ce qui explique l'évolution clinique et la nécessité, prévue par la législation d'une surveillance régulière par audiogrammes des salariés exposés au bruit.
100
+
101
+ L'évolution passe généralement par 4 phases :
102
+
103
+ De très nombreux médicaments peuvent provoquer des lésions souvent irréversibles au niveau des structures nerveuses de l'oreille entraînant une baisse, parfois sévère, des capacités auditives. Cette ototoxicité dépend de la dose et de la durée des traitements et elle est variable d'un sujet à l'autre ; elle est aggravée par une mauvaise élimination du produit incriminé (insuffisance rénale par exemple).
104
+
105
+ Si le traitement commence par le dépistage, c'est le plus souvent le triangle ORL/audioprothésiste/orthophoniste et audiologiste qui prennent en charge le patient, en dehors des traitements chirurgicaux.
106
+
107
+ Grâce à l'évolution de la médecine, de nombreux progrès sont apparus afin de permettre l'amélioration de la qualité de l'audition pour personnes atteintes de surdité. De nombreux appareillages et techniques chirurgicales sont désormais disponibles :
108
+
109
+ Normalement, un sourd de naissance a sa propre langue, toutefois afin de communiquer avec des personnes ne connaissant pas cette langue spécifique, il est nécessaire d'opter pour d'autres possibilités. Ces possibilités ne sont pas exclusives. Un sourd peut s’exprimer par la langue des signes et/ou l’oral, savoir "lire sur les lèvres" et être équipé d’un appareil auditif en même temps. À bien savoir qu'un sourd et un malentendant ne se donnent pas du tout la même signification malgré ce que l'on croit encore de nos jours à cause des aides auditives. Un sourd appareillé n'est pas forcément un malentendant parce qu'il parle bien : il a du mal à comprendre parce qu'il lit sur les lèvres, surtout parce qu'il ne connaît pas tous les vocabulaires. Il peut très bien se fatiguer avec son ou ses interlocuteurs, qui lui parlent vite ou bougent tout le temps. Un malentendant appareillé n'est pas forcément non plus un « devenu sourd » à la suite d'un accident ou quoi que ce soit.
110
+
111
+ Les acouphènes sont des nuisances qui accompagnent souvent la surdité. Les acouphènes gênent souvent la communication allant même jusqu'à provoquer un repli de la personne. Les personnes souffrant d'acouphènes (ou assimilés : hyperacousie, hypersonie, sonophonie, etc.) se retrouvent souvent en situation d'évitement : cela veut dire que les personnes tentent d'organiser leur vie pour éviter d'avoir à subir des nuisances sonores qui risquent d'accentuer leurs acouphènes. C'est un cercle vicieux qui fait que les individus se retrouvent parfois isolés et ne peuvent souvent plus avoir une vie sociale normale. Cela est encore plus difficile quand il faut concilier vie personnelle, problèmes de santé et vie professionnelle.
112
+
113
+ Mais avec un "bon diagnostic", un traitement adapté et du temps il arrive que l'on puisse améliorer sa situation. Il est conseillé de contacter des associations qui sont souvent très compétentes pour aider dans les démarches.
114
+
115
+ Les langues des signes (LS) sont des langues visuelles et gestuelles, et non sonores comme les autres langues. Ce ne sont pas des pantomimes ; elles emploient des signes et ont une grammaire élaborée qui leur est propre. Il est nécessaire que l’interlocuteur comprenne aussi la langue des signes pour que le sourd puisse communiquer avec lui. Certaines familles improvisent aussi des signes, mais ils ne font pas partie de la langue des signes. Contrairement à une idée très répandue, celle-ci n’est pas universelle. Toutefois, certains signes sont communs à plusieurs pays, et cela peut permettre à des sourds, pourtant originaires de pays très différents, de communiquer rapidement entre eux grâce des signes très iconisés. La langue des signes existe en France depuis plus de deux siècles. Il existe des interprètes en langue des signes.
116
+ On considère que la langue des signes est la langue naturelle des sourds car elle est acquise par l'enfant de façon naturelle lorsque ses parents communiquent en langue des signes. Ceci n'est pas une appellation exclusive. De nos jours, l'adoption ou non de la langue des signes comme langue maternelle de l'enfant est fonction du choix d'éducation des parents et des professionnels de la surdité. Un sourd peut apprendre n'importe quelle langue à partir du moment où il en maîtrise au moins une, au même titre qu'un entendant.
117
+
118
+ La langue des signes française (LSF) ou la langue des signes québécoise (LSQ), possèdent leur propre syntaxe tout en conservant la syntaxe de la langue française. Ce sont surtout les sourds oralisés qui ont le français comme langue maternelle qui l’utilisent sans se référer à la culture sourde.
119
+
120
+ La lecture labiale permet au sourd de comprendre un interlocuteur oralisant, mais ne lui permet pas de percevoir l’intégralité du message. On estime que 30 % seulement du message est « lu » sur les lèvres, le reste étant interprété par la personne sourde suivant le contexte (suppléance mentale), ce qui donne souvent lieu à des malentendus. Par exemple, certains sons se ressemblent énormément sur les lèvres comme baba, papa et mama. Des phonèmes sont invisibles sur les lèvres comme le /r/ et le /k/ et sont donc difficiles à percevoir. Il existe même des blagues sourdes tirant parti de ces confusions comme meilleurs veaux pour « meilleurs vœux »…
121
+
122
+ Le langage parlé complété (LPC) est issu du Cued Speech américain, soit littéralement « parole codée »). Le LPC est un complément à la lecture labiale qui permet à l'enfant sourd une réception à 100 % du message oral. Il permet ainsi l'accès à la langue française dans des conditions comparables à celles d'un enfant entendant. C'est un outil très efficace pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, car il permet une totale autonomie du sourd face au support écrit.
123
+ Le langage parlé complété est facile à apprendre (une vingtaine d'heures pour acquérir l'ensemble des clefs) ; il demande ensuite une pratique régulière. Il est souhaitable de l'utiliser en famille (parents, fratrie, grands-parents, cousins…).
124
+ Les choix familiaux peuvent être relayés dans le cadre scolaire, puisque des codeurs et codeuses professionnels en LPC sont autorisés — dans le cadre de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées — à intervenir en classe. Leur présence permet aux élèves sourds de bénéficier de l'intégralité du cours dispensé par le professeur, des interventions des élèves et de l'ambiance de classe : bruits divers, blagues, chahut… La vie de la classe est restituée dans son ensemble et permet donc l'intégration et la participation de l'élève sourd au sein du groupe.
125
+ Le LPC existe en France depuis une trentaine d'années. L'association pour la promotion de la langue française parlée complétée (ALPC) dispense informations et formations pour les parents et les professionnels, notamment les orthophonistes (ou logopèdes) et les éducateurs spécialisés.
126
+
127
+ L’appareillage (audioprothèse) permet aux malentendants de mieux entendre et aux sourds profonds d’avoir des repères sonores. Il est plus utilisé par les personnes qui deviennent sourdes en vieillissant. Beaucoup de parents entendants d’enfants sourds choisissent aussi cette option. Tous les sourds ne portent pas d’appareils, soit parce qu’ils ont une surdité trop profonde pour s’en servir efficacement, soit par choix personnel : on sait surtout que, pour les sourds et certains malentendants (nés sourds de naissance), l'appareillage n'est pas un miracle ; les repères sonores sont perçus d'une façon très différente de celle des entendants.
128
+
129
+ L’implant cochléaire est un appareil électronique composé d’un implant interne (une plaque métallique placée derrière l’oreille et des électrodes insérées dans la cochlée lors d’une opération chirurgicale) et d’un implant externe (un aimant qui est collé derrière l’oreille et un boîtier externe ou un contour d’oreille qui captent le son et le transmettent à l’implant interne). Il est utilisé pour les enfants sourds profonds et les devenus-sourds adultes sous certaines conditions (ancienneté de la surdité, état de la cochlée, appareils classiques non efficaces, etc.). L’implant cochléaire permet ainsi aux sourds profonds de retrouver une perception auditive, mais il ne remplace pas l’ouïe et nécessite une rééducation auditive importante.
130
+
131
+ On le désigne parfois sous le sigle de CC (close captioning)
132
+
133
+ Dans l’ensemble, on distingue deux grandes méthodes dans l’éducation des sourds :
134
+
135
+ Toutefois ces deux méthodes d’éducation ne sont pas forcément contradictoires, même si elles sont l’objet de conflits et de discussions interminables entre les partisans de chaque méthode pour savoir laquelle est la meilleure.
136
+
137
+ Normalement, les parents confrontés à ce choix peuvent choisir d’opter pour l’une ou l’autre des éducations dispensées aux enfants sourds bien que les moyens ne soient pas également répartis sur l’ensemble du territoire : on voit des familles déménager ou bien effectuer des transports assez longs pour les enfants sourds. Le choix se fait donc entre l’enseignement de la langue des signes et l’oral avec appareillage, ou la langue française parlée complétée (LFPC) et l’oral avec appareillage. Il est également possible d’utiliser les trois au départ, puis de ne retenir ensuite que la formule qui réussit le mieux à l’enfant sourd.
138
+
139
+ La problématique développée ici, s’applique aux enfants sourds et malentendants qui éprouvent des difficultés lors de l’apprentissage de la lecture[28].
140
+
141
+ Certaines compétences orales sont utiles pour l’apprentissage de la lecture, c’est à dire : la référenciation d’illustration au texte, la distinction auditive, la représentation des phonèmes en mémoire à court terme de même que la conscience phonologique qui justement fait défaut chez les enfants sourds[29].
142
+
143
+ Ceux-ci n’y accèdent pas par la modalité auditive comme tous les autres enfants entendants, mais par la modalité visuelle. Ce qui engendre un déficit lexical majeur chez les enfants atteints de déficience auditive.
144
+
145
+ Lors des prémisses de la lecture, l’enfant sourd ou malentendant traite l’information en privilégiant la modalité visuelle et adopte une stratégie de lecture appelée : “Visuo-graphiques”. Cette méthode permet de comprendre le sens d’un mot dont on a mémorisé l’orthographe.
146
+
147
+ Les enfants sourds qui acquièrent un bon lexique orthographique (mémorisation visuelle) vont assimiler de nombreux mots écrits et ainsi réduire leurs difficultés lors de l’apprentissage de la lecture[30].
148
+
149
+ La réussite de l’apprentissage de la lecture est lié à la facilité d’associer l’écrit au signe[28]. Un autre avantage est mis en avant pour développer un bon apprentissage en lecture-écriture, il faut développer préalablement de bonnes capacités langagières par la langue orale ou la langue des signes.
150
+
151
+ Le développement dans l’éducation des technologies de l’information et de la communication a eu un réel impact sur la communauté sourde. Des applications, ainsi que la création de logiciels, leur ont permis de pouvoir communiquer et apprendre. Quelques formations par la technologie associe le « visuel », l’écriture et la langue des signes. Malgré tout, il ne faut pas oublier qu’il existe une fracture numérique concernant l’accès à ces nouveaux outils[29].
152
+
153
+ Ce type d’enseignement par le numérique permet de prendre en considération l’élève sourd ou malentendant sans gêner son développement cognitif, émotionnel, intellectuel et culturel.
154
+
155
+ La première étape a été la reconnaissance de la Langue des Signes par le parlement de la Communauté française de Belgique. En effet, il reconnaît officiellement la Langue des Signes belge francophone, le 21 octobre 2003. Tandis que le parlement flamand la reconnaît plus tardivement, soit le 26 avril 2006 (Décret relatif à la reconnaissance de la langue des signes, 2003).
156
+
157
+ Par la suite, la Belgique a signé et approuvé la Convention ONU, adoptée le 13/12/2006. Cette convention est relative aux droits des personnes handicapées, dans laquelle l’article 24 énonce que les états signataires veillent à ce que l’exclusion des enfants handicapés dans l’enseignement primaire gratuit et obligatoire, ne soit pas appliquée que sur un seul jugement de leur handicap. Et que chacun d’entre eux dispose d’aménagements raisonnables en fonction de leurs besoins spécifiques.
158
+
159
+ Selon le décret, nous pouvons définir les aménagements raisonnables comme des outils d’aide à la personne handicapée , des outils qui permettent de réguler l’équité entre les élèves et permettre une progression du parcours scolaire.
160
+
161
+ Toujours selon le décret, un besoin spécifique est issu d’une spécificité, d’une difficulté, d’une condition permanente ou semi-permanente qui bloque l’apprentissage et demande une aide spécifique pour l’apprenant afin de l’aider à surmonter cet obstacle.
162
+
163
+ Les missions du service d’aide à  l’inclusion scolaire et extrascolaire sont également cadrées dans un autre décret. Il s’agit notamment de collaborer avec la personne handicapée et sa famille en mettant en valeur ses ressources et son potentiel, de soutenir cette personne, de permettre qu’elle soit accueillie correctement et qu’elle bénéficie de prestations diverses complétant l’action scolaire et finalement de soutenir son autonomie .
164
+
165
+ Officiellement, le terme utilisé est "déficient auditif". Les termes sourd et malentendant sont souvent l'objet d'imprécisions Une personne sourde peut l'être de naissance ou le devenir, tout comme pour un malentendant. On peut faire la différence entre un sourd et un malentendant en fonction de la perte auditive de la personne: un sourd total, profond ou sévère préféra se désigner comme sourd. Le terme malentendant est trop souvent employé comme euphémisme pour désigner de manière politiquement correcte des personnes qui n'entendent pas du tout. De plus, ce terme peut avoir pour certains une connotation négative qui met en valeur un "manque" par rapport à des personnes "normales". Le mieux reste de demander à la personne concernée par quel terme celle-ci préfère être désignée.
166
+
167
+ Pour un sourd de naissance ayant appris à parler (dit « oraliste ») ou un devenu-sourd qui utilise la langue orale, on a tendance à directement les considérer comme malentendant. De la même manière, si un sourd sait et veut parler oralement, cela ne signifie pas qu'il ne connait pas la langue des signes. Certains sourds savent à la fois parler et signer : c'est le bilinguisme. D'autres sourds (généralement de naissance) ont appris à parler dans leur enfance mais ne souhaitent pas utiliser leur voix, pour de multiples raisons (respect de leur identité sourde, accent sourd trop prononcé etc.).
168
+
169
+ Le terme « sourd-muet » est quant à lui désuet. Il continue toutefois à être utilisé dans les médias et dans les actes officiels, preuve du manque d'information vis-à-vis de ce handicap. L'APEDAF (Association des parents d'enfants déficients auditif francophone) milite contre l’utilisation de ce terme[31]. Ils donnent ainsi 5 raisons de ne plus dire « sourd-muet » :
170
+
171
+ Au Moyen Âge, les sourds et leurs signes semblent bien acceptés.Au XIIe siècle, le pape Innocent III autorise le mariage des sourds et muets, qui peuvent donner leur consentement par signes[32].
172
+
173
+ Surdité dans l'art et la culture
174
+
175
+ Pédagogues :
176
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+ Médecins et chercheurs :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sa qualité peut être largement améliorée en utilisant un vocabulaire plus directement compréhensible.
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+ Discutez des points à améliorer en page de discussion.
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+ Le surf (abréviation française de l'anglais surf-riding, où riding signifie « chevaucher » et surf « (vagues) déferlantes ») est un sport qui consiste à glisser sur les vagues, ondes de surface, au bord de l'océan, debout sur une planche. Le surf se pratique sur des sites de surf, appelés spots (« bons coins »), plages qui sont baignées par des vagues plus ou moins grandes et propices à la glisse.
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+ Les adeptes de ce sport sont les surfeurs ou aquaplanchistes[1].
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10
+ La plupart des experts et sources s'accordent à penser que le surf trouverait ses origines à Hawaï, même s'il était pratiqué sous diverses formes, comme le body surf, dans toute la Polynésie[2]. Un surf similaire à celui pratiqué aujourd'hui, c'est-à-dire debout sur une planche, est décrit par des sources occidentales telles que le capitaine James Cook, premier Européen à découvrir (en 1778) les îles Hawaï, qu'il baptise îles Sandwich en l'honneur de son mécène.
11
+
12
+ La plus ancienne planche de surf connue à ce jour a été découverte en 1905 à Ko'Okena, sur la grande île d'Hawaii, à l'intérieur d'un tombeau. Les archéologues pensent qu'il s'agissait de la sépulture d'une « cheffesse » nommée Kaneamuna, qui régnait au début du XIVe siècle. Fabriquée dans le fond de l'arbre à pain, cette planche fut retrouvée en parfait état de conservation[3].
13
+
14
+ Le surf a pendant longtemps été une partie intégrante de la culture hawaïenne : les premiers comptes rendus à ce sujet seraient ceux de Samuel Wallis et de l'équipage du Dauphin[4], premiers Européens à mettre le pied à Tahiti en 1767, ou de Joseph Banks[5], botaniste embarqué sur le HMS Endeavour de Cook et qui arriva sur la même île en 1769. Le lieutenant James King en fera mention en complétant les mémoires de Cook après le décès de celui-ci en 1779[6]. En 1788, James Morrison, un des mutins de la Bounty, décrit de manière similaire la pratique du hōrue à Tahiti[7].
15
+
16
+ Quand Mark Twain visite Hawaii en 1866, il décrit des « indigènes, de tous sexes et âges, s'amusant avec ce passe-temps national qu'est le surf »[8].
17
+
18
+ Les longboards (ou planches longues[1]) sont les descendantes modernes des premières planches apparues et relèvent d'une longue tradition hawaiienne. Les shortboards (ou planches courtes[1]) sont apparues dans les années 1960-1970. Plus légères, plus relevées et effilées au niveau du nez, plus fines, elles sont beaucoup plus maniables et procurent une liberté beaucoup plus importante au surfeur dans sa trajectoire et les figures qu'il peut réaliser.
19
+
20
+ Les planches de surf sont aujourd'hui généralement réalisées en résine polyester, fibre de verre et âme synthétique (pain de mousse polyuréthane et résine polyester).
21
+
22
+ Les artisans qui fabriquent les planches de surf sont les shapers (« façonneurs »), ainsi que les glasseurs qui eux font le travail de stratification, certains shapers font également le glass.
23
+
24
+ On parle de shape, pour désigner la forme de la planche. Avec l'arrivée de nouvelles technologies et l'évolution, il existe maintenant un grand nombre de shapes différents.
25
+
26
+ C'est le type de planche le plus répandu. Courte et étroite (1,50/2,10 m pour 44⁄49 cm de large), elle est destinée aux surfeurs possédant un minimum de technique.
27
+
28
+ Ce sont des planches de 1,90 à 2,20 m pour une largeur comprise entre 49 et 52 cm. Larges, épaisses, ces planches sont tolérantes tout en offrant des possibilités de manœuvre étendues.
29
+
30
+ Beaucoup de surfeurs moyens adoptent une évolutive comme petite planche même si cela manque un peu de radicalité. C'est un bon compromis entre la vivacité du shortboard et le confort du mini-malibu.
31
+
32
+ Les planches dites fishs ressemblent aux évolutives mais sont beaucoup plus courtes et plus larges. De 1,70 à 1,90 m, très large (52 cm ou plus), avec pas mal de volume, un outline assez rond, elles sont l'outil idéal des petites vagues. De plus en plus de surfeurs l'utilisent à la place de leur longboard ou de leur mini-malibu dans les petites vagues de l'été.
33
+
34
+ Parfois montés en twin (avec deux dérives), les fish ont peu de rocker et offrent une flottabilité intéressante et surtout permettent de balancer des figures new school plus facilement que n'importe quelle autre planche. Le problème est que ce style de planche se limite à des conditions de vagues réduites : quand c'est creux et gros, le fish n'a plus sa place.
35
+
36
+ Longues de 2,20 à 2,60 mètres, larges de 52 à 56 cm, ces planches stables offrent une glisse facile aux débutants mais aussi aux surfeurs moyens pour les vagues molles d'été. Un mini-malibu est vraiment la planche la plus facile à surfer.
37
+
38
+ Un minimum de 2,75 mètres (9 pieds), larges parfois jusqu'à 56 cm et très épaisses, les longboards, appelées aussi malibus, permettent une glisse tout en douceur dans le style des années 1960. Certains malibus reprennent la technique de shape moderne pour un surf plus radical. Qu'elles soient modernes ou traditionnelles, les longboards sont parfois à tort conseillées aux débutants.
39
+
40
+ Ce sont des planches lourdes et difficiles à manœuvrer. De plus, la barre est éprouvante à franchir, car faire un canard avec une planche longue demande technique et bras musclés.
41
+
42
+ Planche spécifique aux grosses vagues, d'une longueur allant de 2,10 mètre à plus de 3 mètres (abréviation anglaise de elephant gun, « fusil à éléphants »). Les guns sont très volumineux, ce qui leur permet de partir très tôt sur des grosse vagues. Ces planches sont à déconseiller aux débutants et sont vraiment une affaire de spécialistes.
43
+
44
+ La pratique du surf nécessite de bonnes conditions de vagues. Ces bonnes conditions de vagues ne peuvent être acquises que par de bonnes conditions de vent ou de houle, qui peuvent varier selon les spots (voir sites de surf). Il existe trois sortes majeures de vagues :
45
+
46
+ Les vagues creuses sont les préférées des shortboarders mais aussi des utilisateurs de mini-malibu. Les vagues creuses sont les vagues les plus puissantes, mais pas forcément les plus grandes. En effet, certaines vagues que l'on peut qualifier de creuses sont bien plus puissantes qu'une vague molle de la même taille.
47
+
48
+ Le surfeur se tient généralement allongé à plat ventre sur sa planche, un bras de chaque côté de la planche. Il rame (comme en crawl) quand il repère une vague qu'il souhaite surfer afin d'acquérir une vitesse suffisante pour que la vague puisse l'emporter. Quand il sent la vague le soulever, il rame plus rapidement puis pousse avec ses mains, et s'appuie sur ses bras pour se redresser en avant dans la bonne direction. En même temps qu'il redresse son buste, sa jambe gauche (pour un regular) ou droite (pour un goofy) vient se placer devant et sa jambe droite (ou gauche) à l'arrière de la planche. Il adopte une posture penchée sur ses jambes fléchies. Une fois debout, les bras servent essentiellement à maintenir l'équilibre et aider à changer de direction. Les jambes jouent un rôle d'amortisseur et d'équilibreur.
49
+
50
+ On désigne généralement par regular un individu qui se tient sur la planche pied droit en arrière. Les personnes se tenant pied gauche en arrière sont appelés goofy. Le pied arrière est généralement le pied sur lequel on prend appel lorsqu'on saute.
51
+ Un surfeur regular, donc qui mettra son pied gauche à l'avant, sera frontside (face à la vague) sur une droite (vague qui déroule du pic vers la droite quand on est debout sur la planche) ; le même surfeur regular sera backside sur une gauche (qui déroule de droite à gauche). Pour un goofy, c'est l'inverse.
52
+
53
+ La discipline la plus connue et la plus populaire se pratique sur des planches de 1,50 m à 2,00 m. En compétition, elle consiste à réaliser des figures dont la difficulté et la qualité d'exécution déterminent le score du compétiteur.
54
+ Le surfeur cherche généralement à chevaucher (to ride en anglais) la vague parallèlement à sa face, en suivant la direction de son déferlement et en précédant celui-ci. On ne surfe la vague perpendiculairement à sa face qu'au départ (take-off) pour prendre de la vitesse. Sur certains sites, la puissance des vagues permet de surfer à l'intérieur du rouleau. Cette figure, appelée tube, est l'une des plus spectaculaires du surf.
55
+
56
+ Le longboard (en anglais longboarding) se pratique avec des planches longues et épaisses et au nez arrondi. Celles-ci sont plus stables mais n'offrent pas autant de maniabilité que les planches plus courtes. Elles permettent par contre de surfer dans des conditions où la planche courte, du fait de son volume et donc de sa flottaison moindre, ne pourrait porter le surfeur.
57
+
58
+ Ce type de surf, favorisant la glisse au détriment de la radicalité des figures, nécessite une adaptation continue de la position du longboarder (nom donné aux surfeurs de longboard). Lorsque celui-ci sent sa vitesse se ralentir par rapport à la vague, il doit avancer à petits pas à l'avant de la planche le long de l'axe (ce qui s'appelle un nose-ride, « la monte à l'avant ») afin d'y déplacer son centre de gravité et ainsi d'augmenter la vitesse de celle-ci et vice-versa.
59
+
60
+ La taille et la stabilité de la planche longue donne la possibilité au surfeur de prendre des poses très théâtrales sur la planche, seul ou en couple.
61
+
62
+ Pour une liste des spots de surfs : voir l'article spot de surf.
63
+
64
+ Le terme « spot » désigne le lieu où les surfeurs pratiquent leur activité, il peut s'agir d'une vague, d'une plage ou d'un endroit qui s'en approche.
65
+
66
+ Les sites de surf sont de plusieurs types. En fonction du fond marin, on distingue le site de récif sur fond rocheux, ou brisant de récif (reef-break), du site sur fond sableux, ou brisant de sable (beach-break).
67
+
68
+ Les fonds rocheux produisent des vagues appréciées et redoutées car elles ont toujours à peu près la même configuration, sont généralement creuses et puissantes avec un niveau d'eau peu profond. C'est le cas de la célèbre vague de Pipeline, sur la côte nord de l'île d'Oahu, à Hawaï. La houle du Pacifique nord se lève brutalement sur un corail mort et provoque une volute très large. La vague est courte, mais très intense. Une seule manœuvre est possible : le tube (le surfeur se laisse enfermer quelques secondes au creux de la volute). La vague est si violente qu'il n'est pas rare de heurter le récif. C'est la raison pour laquelle certains surfeurs, et non les moins talentueux comme Liam Mac Namara, un habitué du spot, portent une protection.
69
+
70
+ Les fonds rocheux permettent de « tenir le gros », c'est-à-dire qu'ils permettent à des houles de forte amplitude et avec des grandes longueurs d'onde de produire des vagues très grosses et « surfables ». C'est le cas de Jaws, sur l'île de Maui à Hawaï, de Maverick au nord de Santa Cruz ou plus récemment de Shipstern Bluff en Tasmanie. Ces spots sont célèbres pour leurs vagues gigantesques, qui peuvent atteindre ou dépasser les 10 ou 15 mètres. Les adeptes de ces spots hors normes sont appelés big waves riders, « chevaucheurs de grosses vagues ».
71
+
72
+ Dans certains cas les spots à fond rocheux créent des vagues qui déroulent sur une très grande distance, parfois plusieurs centaines de mètres. Ce sont des point breaks. La houle diffracte le long du récif, c'est-à-dire qu'elle change de direction au contact de la masse rocheuse. La zone de déferlement se fait donc uniquement sur ce point de contact. La vague déroule très régulièrement et sa volute y est particulièrement violente car les crêtes de houle convergent vers ce point où l'eau est peu profonde. Les vagues d'un point break sont orientées dans une seule direction. Quand elles déroulent vers la gauche du surfeur lorsqu'il regarde la plage, on parle de vagues « en gauche » et inversement pour la droite. Ces spots se situent souvent le long de caps rocheux, c'est le cas de la droite de Rincon en Californie ou de l'incroyable gauche de Desert Point à Lombok (Indonésie). Ils sont aussi souvent présents le long des passes de récifs coralliens. La houle se lève au large et offre au surfeur une première section relativement tranquille. Puis rapidement, elle tourne pratiquement à 90 degrés en suivant le corail au moment d'entrer dans la passe. Cet instant est attendu avec angoisse et excitation par le surfeur, car la vague double de taille, le niveau de l'eau devient très faible et la volute s'agrandit tandis que la lèvre prend de l'épaisseur. C'est la section à tube qu'on appelle le bowl. Après ce passage il reste encore une centaine de mètres à glisser sur des sections plus molles, mais qui déroulent toujours bien régulièrement vers la gauche.
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+ Les beach-breaks offrent des vagues généralement plus aléatoires, car ces spots dépendent de bancs de sable, qui par nature sont mobiles. Ainsi leur zone de déferlement est moins définie et moins stable que sur les fonds rocheux. En revanche, sur les meilleurs spots de sable, on trouve des vagues courtes mais très creuses. Les phénomènes de point breaks ne sont pas inexistants pour les beach-breaks, mais plus rares. Mundaka au Pays basque espagnol et surtout Snapper Rock ou Kirra en Australie sont les exemples les plus connus. Les beach-breaks tiennent moins bien le gros que les spots de récifs. Généralement, ils saturent au-delà de trois ou quatre mètres, rendant la pratique du surf impossible. Les vagues ne déroulent plus, mais forment des longs murs d'eau qui s'écroulent brutalement en un seul tenant. On dit que les vagues « ferment ». Le spot de La Nord à Hossegor, ainsi que celui de Puerto Escondido au Mexique ou de Mundaka en Espagne sont les rares exceptions ; on peut y surfer des vagues de cinq mètres et parfois plus[9]. Les plus beaux beach-breaks se situent dans les Landes en France[10], autour du Cap Hatteras aux États-Unis, et à Puerto Escondido dans l'état d'Oaxaca au Mexique. Sur ces spots les bancs de sable ont beaucoup de relief, ils offrent ainsi des zones de déferlement bien marquées.
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+ Le championnat principal est le World Championship Tour (WCT) organisé par la World Surf League (WSL). Il est constitué d'une série de 11 épreuves pour les hommes et de 8 pour les femmes, réparties sur l'ensemble du globe (Australie, Mexique, Afrique du Sud, Fidji, Tahiti, France, Espagne, Brésil, Hawaii et États-Unis).
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+ Il existe deux circuits, le WQS ("World Qualifying Series") et le WCT ("World Circuit Tour").
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+ Le WQS est le circuit de qualification : chaque année, les 16 premiers du tour WQS passent en WCT et les 16 derniers du WCT doivent retourner en WQS.
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+ Les épreuves concernant le WCT se déroulent généralement entre les mois de février et décembre.
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+ Le classement est réalisé grâce à un système de points acquis par les surfeurs à chaque épreuve. Le surfeur qui a le plus de points à l'issue de la dernière étape, le Pipe Masters sur l'île d'Oahu à Hawaii, est déclaré vainqueur.
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+ La compétition est loin d'être un passage obligé. En effet, certains surfeurs appelés « free surfers » comme Laird Hamilton sont devenus de véritables légendes de la discipline sans carrière dans le circuit professionnel (en tout cas, pour ce qui concerne le surf, puisque ce dernier est un ancien véliplanchiste).
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+ La Surfrider Foundation Europe est une association à but non lucratif qui se propose de protéger et mettre en valeur les océans, les vagues et le littoral. Elle a été créée en 1990 par un groupe de surfeurs dont Tom Curren, triple champion du monde de surf. Elle regroupe plus de 3 500 adhérents en Europe. Elle compte parmi ses membres des personnes passionnées par les océans et soucieuses de l'environnement.
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+ Les objectifs principaux de Surfrider Foundation sont de :
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+ Surfrider Foundation a servi de modèle et des antennes locales existent dans le monde entier : Surfrider Foundation Europe, Surfrider Foundation Brazil, Surfrider Foundation Japan, Surfrider Foundation Australia, Surfrider Foundation Maroc.
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+ Le surf est un terme générique qui définit « les activités pratiquées dans les vagues ». Une vague est une onde qui se déplace sur un plan d'eau pour déferler in fine sur le littoral.
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+ Le surf regroupe l'ensemble des disciplines suivantes :
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+ Toute personne qui utilise l'énergie d'une vague pour se faire porter peut donc être considérée comme un surfeur.
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+ Le bodyboard (ou « la planche ventrale »[1]) est un sport nautique de vagues proche du surf se pratiquant sur une planche plus courte et flexible. Mise au point par le Californien Tom Morey en 1971, la planche est le plus souvent utilisée en position allongée (position appelée prone), le bodyboardeur (ou « aquaplanchiste »[1]) s'aidant d'une paire de palmes courtes pour essentiellement exacerber la précocité des départs. D'autres préfèrent une autre position, le drop knee, qui consiste à se relever et à poser un genou sur la planche.
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+
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+ Enfin, la dernière pratique est le stand up qui se pratique debout ; peu de bodyboardeurs utilisent cette technique, mais il y a néanmoins quelques grands bodyboardeurs qui ont surfé dans cette position des vagues de taille considérable. On peut citer notamment Danny Kim ou encore Chris Won.
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+ L'apparition du bodysurf est antérieure à celle du surf. Le bodysurf consiste à surfer la vague avec son corps.
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+ Il s'agit de la discipline la plus épurée et, par son côté instinctif, la plus ancienne.
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+ La pratique s'apparente à celle de certains animaux, comme les dauphins, qui utilisent l'onde de la vague pour se laisser porter par elle.
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+ C'est une discipline exigeante qui met en exergue le respect fondamental de la nature et la confrontation directe avec l'océan.
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+ Le skimboard consiste à surfer une vague en se lançant de la plage. Utilisant une planche très courte, fine et dépourvue de dérive, le skimboardeur utilise pour se lancer sur la fine pellicule d'eau laissée par la vague qui se retire de la plage pour aller percuter la vague suivante en réalisant des figures très similaires à celles du surf.
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+ Le Skimboard consiste également à réaliser des figures à la façon du skateboard.
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+ Le paddleboard (ou « planche à bras »[1]) consiste à utiliser une planche spécialement conçue pour ramer et se déplacer en mer en utilisant les bras comme en surf. En position à plat ventre ou à genoux sur la planche, les distances parcourues sont généralement de 30 à 60 km pour certaines courses.
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+ Une variante est le rescue board, ou « planche de sauvetage », qui est utilisée par les surveillants de plage pour porter secours à un baigneur en difficulté. Sa longueur réglementaire est de 3,20 m et elle est équipée de sangles ou poignées pour s'accrocher. Il existe des compétitions de sauvetage, très populaires en Australie, et le rescue board fait partie des épreuves. Il a été créé par Laird Hamilton, grand nom du surf d'aujourd'hui.
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+
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+ Spécialité proche du shortboard, le kneeboard (ou « planche à genoux »[1]) se pratique à genoux sur une planche légèrement plus courte, mais plus large. C'est une discipline intermédiaire entre le surf et le bodyboard puisque le pratiquant s'aide de palmes pour faciliter les départs, mais reste à genoux durant toute la durée de ses prestations. Les manœuvres effectuées en kneeboard sont les mêmes qu'en surf.
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+ Le surf tandem est une discipline du surf se pratiquant en couple sur une même planche et dans laquelle les deux surfeurs réalisent des portés acrobatiques. Cette discipline voit le jour vers 1920 avec les beach boys de Waikiki qui emmenaient les touristes sur leurs planches pour un tour dans les vagues d'Honolulu.
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+ Le kayak Surf se pratique avec un kayak fermé insubmersible.
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+ Le stand up paddle (SUP ou « planche à rame »[1]) est une discipline du surf où le surfeur est debout sur une planche plus longue et plus large qu'un longboard classique (entre 10 et 15 pieds environ soit ~3m - 4,5 m) et se déplace à l'aide d'une pagaie. Lorsqu'il a choisi sa vague, il se propulse à l'aide de sa pagaie pour acquérir une vitesse suffisante et au take off se déplace vers l'arrière de sa planche. Il se dirige grâce au poids de son corps et à sa pagaie, utilisée alors comme un point de pivot, appuyée sur l'eau du côté du creux de la vague.
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+ La planche du Stand Up Paddle peut peser jusqu'à 25 kilos pour un volume de 250 litres. Si la taille du SUP peut faire penser à surfer des vagues molles ou flat, Laird Hamilton, Brian Keaulana et d'autres ont déjà repoussé les limites de cette catégorie de surf en s'attaquant à des grosses vagues.
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+ L'origine du SUP serait ancienne et est attribuée aux Polynésiens qui furent les premiers à ramer debout à l'aide d'une pagaie sur des planches ou des troncs de bois taillés. Dans les années 1940, cette pratique a été reprise par le champion de natation hawaïen Duke Kahanamoku et sa bande de copains, les premiers beach boys, sur la plage de Waikiki à Hawaï. La pratique est restée très confidentielle, supplantée par le surf et l'utilisation de planches courtes. Le SUP est revenu sur le devant de la scène lors d'une compétition à Hawaï organisée en 2004. Depuis lors, cette discipline se développe peu à peu et il devient rare sur les sites de France, lorsque les vagues restent petites, de ne pas voir évoluer un SUP.
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+ Depuis novembre 2009 une section dédiée a vu le jour au sein de la Fédération Française de Surf[11].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ République du Suriname
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+ (nl) Republiek Suriname
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+ 5° 52′ 05″ N, 55° 10′ 03″ O
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+ Le Suriname (parfois également orthographié Surinam), en forme longue la république du Suriname (en néerlandais : Suriname et Republiek Suriname), est un pays d'Amérique du Sud. Il est situé dans le Nord du continent, sur le littoral de l'océan Atlantique, au cœur du plateau des Guyanes ou Guyanes. Ses voisins sont le Guyana à l'ouest, le Brésil au sud et la Guyane française à l'est, et sa capitale est Paramaribo. Le pays doit son nom à son principal cours d'eau, le fleuve Suriname. Avec une population d'environ 520 000 habitants pour 163 270 km2, le Suriname est le pays le moins densément peuplé d'Amérique (le deuxième si l'on prend en compte le territoire français de la Guyane).
10
+
11
+ La région est colonisée par les Provinces-Unies au XVIIe siècle et prend le nom de Guyane néerlandaise. Elle fournit sucre, café, chocolat et coton à la métropole du fait de l'esclavage, jusqu'à son abolition en 1863. Le Suriname devient une région autonome du Royaume des Pays-Bas en 1954 avant d'accéder à l'indépendance en 1975. Un coup d'État militaire en 1980 signe le début d'une décennie de dictature marquée par l'exécution d'opposants politiques (massacres de décembre 1982) et l'éclatement d'une guerre civile. Le processus démocratique est rétabli au début des années 1990. Le responsable du coup d'État de 1980, Desi Bouterse, est cependant élu président de la République en 2010.
12
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13
+ La graphie Surinam[3], employée depuis Candide de Voltaire[4], est toujours celle utilisée dans de nombreux guides touristiques[5],[6] ou certains organes de presse[7],[8].
14
+
15
+ Aujourd'hui, l'orthographe Suriname est utilisée par l'Organisation des Nations unies[9], la Commission de toponymie de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN)[3], l'Union européenne[10] et l'Organisation internationale de normalisation[11].
16
+
17
+ L'ex-Guyane néerlandaise gagne son indépendance des Pays-Bas en 1975, après avoir été déclaré autonome en 1954. Le pays change finalement de nom en 1987. L’origine de son nom est hydronyme, le Suriname est en effet le cours d’eau le plus important du pays[12].
18
+
19
+ Le Suriname est l'une des nombreuses colonies de la Côte Sauvage, entre le delta de l'Orénoque et celui de l'Amazone, occupée aujourd'hui par une partie du Venezuela et du Brésil, la Guyane, le Suriname, et le Guyana.
20
+
21
+ Des groupes tribaux amérindiens s’installent à partir de 1100 av. J.-C., sur le plateau des Guyanes : des paléo-indiens, les Arawaks au Ier siècle, puis vers l’an 900 les Karibs et enfin Tupis. Ces quatre groupes étaient encore présents lors de l’arrivée des Européens.
22
+
23
+ Les premiers contacts entre Européens et Amérindiens se font en 1500, lors d’expéditions espagnoles sur les côtes (Pinzón). Des expéditions britanniques sont menées bien plus tard (1595-1616) par Walter Raleigh. À partir de 1616, les premières colonies permanentes néerlandaises s’installent sur les estuaires de l’Essequibo, de la Berbice puis de la Demerara (en actuel Guyana). En 1630 s’implantent des Britanniques à l’embouchure du fleuve Suriname, ce qui mènera en 1651 à la création de la prospère et éphémère colonie britannique, par Anthony Rowse et Lord Francis Willoughby de Parham, gouverneur de la Barbade. Des colons britanniques et des esclaves noirs arrivent alors de la Barbade.
24
+
25
+ Cette colonie est conquise en 1667 par les Néerlandais, qui cèdent aux Anglais la Nouvelle-Néerlande en retour. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les Néerlandais deviennent maîtres du littoral des Guyanes, du Maroni à l’Essequibo (soit le Suriname et le Guyana). Les quatre colonies permanentes sont administrées par la Compagnie des Indes occidentales, dont la ville d’Amsterdam devient propriétaire en 1770.
26
+
27
+ En 1783, après un siècle de révoltes et de fuites d’esclaves (marronnage), du fait des dures conditions de ces derniers, les Néerlandais signent un traité avec le chef des révoltés Aluku Nengé, surnommé Boni, reconnaissant une véritable autonomie aux Noirs réfugiés dans les zones forestières.
28
+
29
+ Les colonies sont reprises par les Britanniques de 1796 à 1799, menant aux traités par lesquels les trois colonies de l’Essequibo, Berbice et Demara (soit le Guyana) restent à la Grande-Bretagne, et celle du Suriname aux Pays-Bas. Ainsi, en 1816, les colonies passent sous l’administration des Pays-Bas, faisant ainsi perdre tous leurs privilèges à la Compagnie des Indes occidentales et à la ville d’Amsterdam. Un gouverneur est alors nommé par La Haye.
30
+
31
+ Pendant l'occupation britannique, entre 1796 et 1816, de nombreux esclaves noirs, déjà anglophones, et en provenance des Antilles britanniques, arrivent au Suriname. Leur présence explique le développement de créoles à base d'anglais, comme le sranan, ou le saramaca. Ces créoles s'étendent avec le marronnage dans le pays, au détriment du néerlandais, langue des colonisateurs qui reviennent en 1817.
32
+
33
+ L’esclavage est aboli tardivement, en 1863 (1794 puis 1848 dans les colonies françaises). Les colons font alors venir des travailleurs hindoustanis (accord avec Londres), javanais et chinois.
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35
+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1945, le Suriname est mis sous tutelle des Américains et de la Grande-Bretagne, car les Pays-Bas sont occupés par l’Allemagne. La colonie coopère alors avec les alliés, et l’administration coloniale néerlandaise. À la suite de la libération des Pays-Bas en 1945, des mouvements populaires émanent pour demander l’indépendance. Enfin, en 1954, la colonie du Suriname reçoit de la couronne néerlandaise un statut d’autonomie interne (sous forme d’assemblée législative élue au suffrage universel).
36
+
37
+ L’acte d’indépendance est adopté le 25 novembre 1975 par le parlement surinamais. Le gouvernement est alors celui de Henck Arron, qui remporte en 1973 l’élection générale pour acquérir l’autonomie gouvernementale. Survint alors un exode des Hindoustanis, surtout vers les Pays-Bas.
38
+
39
+ Le 25 février 1980, à la suite d'un coup d’État du sergent Desiré Bouterse, une dictature militaire s'installe. Une répression violente est mise en place, se manifestant notamment le 8 décembre 1982, lors de l’assassinat de quinze opposants au régime militaire. Les Pays-Bas cessent aussitôt le versement de l’aide au développement. L’économie s’effondre et l’émigration vers les Pays-Bas s’accélère (400 000 personnes entre 1980 et 2010[réf. nécessaire]).
40
+
41
+ Une révolte des Bushinenge en 1986, conduite par Ronnie Brunswijk, un des gardes du corps de Bouterse, cause le début d’une guerre civile. Les forces gouvernementales répliquent, notamment lors du massacre d’une trentaine de civils dans le village bushinenge de Moiwana, proche de la frontière avec la Guyane française. La communauté internationale fait pression pour instaurer un régime démocratique. Le gouvernement de Desiré Bouterse signe la paix avec les Bushinenge le 21 juillet 1989 lors de l'accord de paix de Kourou.
42
+
43
+ Dési Bouterse reprend le pouvoir le 24 décembre 1990, mais il perdra en 1991 devant Ronald Venetiaan qui est élu président de la République. La démocratie est rétablie et l’aide néerlandaise reprend. L'élection présidentielle suivante, en 1996, porte Jules Wijdenbosch à la présidence de la République. Ronald Venetiaan remportera l'élection présidentielle de mai 2000, ainsi que celle de 2005 (dans une coalition de huit partis, comprenant 29 députés sur 51).
44
+
45
+ Le 1er décembre 2007 se tient le procès des auteurs présumés des « massacres de décembre 1982 » (24 suspects, dont Dési Bouterse, qui refuse de se présenter devant le tribunal).
46
+
47
+ Enfin, le 25 mai 2010, les élections législatives placent la coalition de Dési Bouterse en tête, mais sans majorité absolue. Celui-ci est néanmoins élu président de la République en juillet.
48
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+ Il est réélu à la suite des élections législatives du 25 mai 2015, où il obtient une majorité absolue mais ne permettant pas sa réélection en tant que président de la République. Il est réélu pour un deuxième mandat de président de la République le 14 juillet, en passant des alliances.
50
+
51
+ Le Suriname est une démocratie établie par la Constitution de 1987. Le corps législatif est l'Assemblée nationale, composée de 51 membres élus tous les cinq ans.
52
+
53
+ L'Assemblée nationale élit le président de la République, chef de l'exécutif, par une majorité des deux tiers. Si aucun candidat n'atteint une telle majorité, le président est élu par l'Assemblée du peuple, une institution de 340 personnes composée de l'Assemblée nationale et de représentants régionaux.
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55
+ Le Suriname est membre de la Communauté caribéenne, le marché commun caribéen.
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57
+ Le Suriname est membre « invité spécial » de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) depuis 2012.
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59
+ Le Suriname est divisé en dix districts :
60
+
61
+ Le Suriname est avec la Guyane (qui le jouxte sur une frontière de 510 km) et une partie du Brésil une des régions du monde les plus riches en biodiversité, mais celle-ci est en rapide recul, au moins en termes de surface disponible. Le pays couvre 2% de la forêt amazonienne.
62
+
63
+ La forêt tropicale et les milieux naturels sont de plus en plus écologiquement fragmentés et remplacés par des plantations (riz, arbres), des villes et des infrastructures. La naturalité des milieux diminue fortement autour des villes et le long des routes et pistes. L'orpaillage illégal y est en plein développement (maintenant très visible sur les dernières images satellitaires de Google Earth par exemple). Les gigantesques mines de bauxite fournissent 80 % des recettes d’exportation, mais non sans un impact majeur sur la forêt. Dans les grandes cultures de riz et de banane, on utilise beaucoup de pesticides (insecticides en particulier) qui sont d'autant plus rapidement évaporés et lessivés vers les eaux superficielles que le climat est chaud et humide. Selon l'ONU, bien que la situation économique semble s'améliorer depuis les années 2000, 50 à 60 % de la population manque des ressources nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels, ce qui encourage l'économie informelle et l'orpaillage illégal dans le pays, voire dans les pays voisins, l'exploitation illégale ou inadaptée de la forêt et du gibier. Le gouvernement du Suriname a établi un plan pluriannuel de développement jusqu’en 2010 pour tenter de vaincre la pauvreté. Le Suriname est inscrit par la France en Zone de Solidarité Prioritaire depuis 1999, ce qui a notamment permis une coopération avec la région Guyane et la métropole via un Programme opérationnel de coopération transfrontalière 2007-2013 « Amazonie »[13].
64
+
65
+ Composition ethnique en 2012[14]:
66
+
67
+ La population du Suriname est d'origine géographique variée. À la fin des années 1880, une aquarelle d'Arnold Borret représente 19 types[15].
68
+
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+ Aujourd'hui, la population surinamienne est constituée de plusieurs groupes ethniques. Le plus grand, 27,4 % de la population, est composé des Hindoustanis (tant hindous que musulmans ou chrétiens), descendants d'immigrés venus d'Inde au XIXe siècle dans le cadre de l'engagisme[14].
70
+
71
+ Les Marrons (descendants d'esclaves africains évadés) représentent environ 21,7 %, alors que les Créoles, d'ascendance mixte européenne et africaine, et les Javanais (« importés » des anciennes Indes orientales néerlandaises) représentent respectivement 15,7 % et 13,7 %, presque le même pourcentage que les métis (13,4 %)[14].
72
+
73
+ Le reste de la population est composé d'Amérindiens (3,8 %), de Chinois (1,5 %) et de Blancs (0,3 %), parmi lesquels les Boeroes (même origine que les Boers en Afrique du Sud), descendants des colons ruraux néerlandais du XIXe siècle et les « Bakras », arrivants plus récents, avec des Syro-libanais. Enfin, bon nombre de travailleurs immigrés brésiliens sont arrivés récemment au Suriname.
74
+
75
+ Il reste par ailleurs quelques familles juives séfarades, descendantes de réfugiés expulsés d'Espagne en 1492 et du Portugal en 1495, venus au XVIIe siècle via les Pays-Bas, l'Italie (Granas) ou le Brésil. Elles ont bénéficié, sous la colonisation britannique, puis néerlandaise, d'une certaine autonomie, dans une localité appelée Jodensavanne, qu'elles avaient mise sur pied en 1652 sur la Savannah, près de la crique de Cassipora[16].
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+
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+ En raison du grand nombre de groupes ethniques dans le pays, il n'y a pas de religion principale. La plupart des Hindustanis sont hindous, mais il y a également des musulmans et des chrétiens parmi eux. La plupart des Créoles et des Marrons sont chrétiens.
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+
79
+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 51,6 % des habitants du Surinam sont chrétiens principalement catholiques (29,3 %) et protestants (21,2 %), alors que 19,8 % sont hindous, 15,2 % sont musulmans et que 5,3 % pratiquent une religion populaire[17].
80
+
81
+ Le Suriname dispose d'un aéroport international, l'aéroport international Johan Adolf Pengel.
82
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83
+ Le Suriname est un des deux pays d'Amérique du Sud où la conduite se fait à gauche, l'autre étant son voisin, le Guyana.
84
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+ De nombreux sportifs, et plus particulièrement des footballeurs, sont nés au Suriname, ou sont d'origine surinamaise, comme Ruud Gullit, Frank Rijkaard, Patrick Kluivert, Clarence Seedorf, Edgar Davids, Georginio Wijnaldum, Virgil Van Dijk, Jimmy Floyd Hasselbaink ou encore Aron Winter ainsi que les kickboxers Ernesto Hoost, Remy Bonjasky, Tyrone Spong, Melvin Manhoef et Andy Ristie.
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+ Le seul médaillé olympique du Suriname est Anthony Nesty, vainqueur du 100 m papillon aux Jeux olympiques de Séoul en 1988.
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+ Les locuteurs des langues de ce pays se partagent une quinzaine de langues, dont les plus importantes sont : le néerlandais (300 000 locuteurs) ; le créole surinamien à base d'anglais (120 000 locuteurs), appelé aussi sranan ; le hindi appelé « sarnami hindustani » (150 000 locuteurs) ; le "javanais" appelé « surinamien javanais » (60 000) ; le créole guyanais (500) ; le ndjuka (ou aucan) (25 000) ; le créole saramaca (23 000) ; le chinois hakka (6 000), etc. Précisons que plus de 120 000 locuteurs parlent le créole surinamien ou sranan tongo, comme langue seconde ; et 100 000 locuteurs, le néerlandais. À noter aussi la présence de 10 000 locuteurs du créole haïtien. L'anglais est à peu près parlé partout, favorisé en cela par la diffusion de deux langues créoles à base d'anglais : le sranan tongo et le saramaca. Bien que n'ayant pas de statut officiel, l'anglais est couramment utilisé par les institutions, l'administration et les médias, dont la télévision. Le français n'est pas utilisé. Par contre le portugais et l'espagnol sont deux langues très présentes (surtout parlées en seconde langue), mais on en ignore le nombre exact de locuteurs.
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+ Les 40 000 Brésiliens (environ 8 % de la population) parlent le portugais, mais très peu parlent le néerlandais. Le papiamento, créole à base de portugais, et parlé surtout aux Antilles néerlandaises, est aussi présent au Suriname, mais avec un nombre de locuteurs plus restreint.
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+ Le Suriname a pour codes :
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+ République du Suriname
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+ (nl) Republiek Suriname
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+ 5° 52′ 05″ N, 55° 10′ 03″ O
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+ Le Suriname (parfois également orthographié Surinam), en forme longue la république du Suriname (en néerlandais : Suriname et Republiek Suriname), est un pays d'Amérique du Sud. Il est situé dans le Nord du continent, sur le littoral de l'océan Atlantique, au cœur du plateau des Guyanes ou Guyanes. Ses voisins sont le Guyana à l'ouest, le Brésil au sud et la Guyane française à l'est, et sa capitale est Paramaribo. Le pays doit son nom à son principal cours d'eau, le fleuve Suriname. Avec une population d'environ 520 000 habitants pour 163 270 km2, le Suriname est le pays le moins densément peuplé d'Amérique (le deuxième si l'on prend en compte le territoire français de la Guyane).
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+ La région est colonisée par les Provinces-Unies au XVIIe siècle et prend le nom de Guyane néerlandaise. Elle fournit sucre, café, chocolat et coton à la métropole du fait de l'esclavage, jusqu'à son abolition en 1863. Le Suriname devient une région autonome du Royaume des Pays-Bas en 1954 avant d'accéder à l'indépendance en 1975. Un coup d'État militaire en 1980 signe le début d'une décennie de dictature marquée par l'exécution d'opposants politiques (massacres de décembre 1982) et l'éclatement d'une guerre civile. Le processus démocratique est rétabli au début des années 1990. Le responsable du coup d'État de 1980, Desi Bouterse, est cependant élu président de la République en 2010.
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+ La graphie Surinam[3], employée depuis Candide de Voltaire[4], est toujours celle utilisée dans de nombreux guides touristiques[5],[6] ou certains organes de presse[7],[8].
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+ Aujourd'hui, l'orthographe Suriname est utilisée par l'Organisation des Nations unies[9], la Commission de toponymie de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN)[3], l'Union européenne[10] et l'Organisation internationale de normalisation[11].
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+ L'ex-Guyane néerlandaise gagne son indépendance des Pays-Bas en 1975, après avoir été déclaré autonome en 1954. Le pays change finalement de nom en 1987. L’origine de son nom est hydronyme, le Suriname est en effet le cours d’eau le plus important du pays[12].
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+ Le Suriname est l'une des nombreuses colonies de la Côte Sauvage, entre le delta de l'Orénoque et celui de l'Amazone, occupée aujourd'hui par une partie du Venezuela et du Brésil, la Guyane, le Suriname, et le Guyana.
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+ Des groupes tribaux amérindiens s’installent à partir de 1100 av. J.-C., sur le plateau des Guyanes : des paléo-indiens, les Arawaks au Ier siècle, puis vers l’an 900 les Karibs et enfin Tupis. Ces quatre groupes étaient encore présents lors de l’arrivée des Européens.
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+ Les premiers contacts entre Européens et Amérindiens se font en 1500, lors d’expéditions espagnoles sur les côtes (Pinzón). Des expéditions britanniques sont menées bien plus tard (1595-1616) par Walter Raleigh. À partir de 1616, les premières colonies permanentes néerlandaises s’installent sur les estuaires de l’Essequibo, de la Berbice puis de la Demerara (en actuel Guyana). En 1630 s’implantent des Britanniques à l’embouchure du fleuve Suriname, ce qui mènera en 1651 à la création de la prospère et éphémère colonie britannique, par Anthony Rowse et Lord Francis Willoughby de Parham, gouverneur de la Barbade. Des colons britanniques et des esclaves noirs arrivent alors de la Barbade.
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+ Cette colonie est conquise en 1667 par les Néerlandais, qui cèdent aux Anglais la Nouvelle-Néerlande en retour. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les Néerlandais deviennent maîtres du littoral des Guyanes, du Maroni à l’Essequibo (soit le Suriname et le Guyana). Les quatre colonies permanentes sont administrées par la Compagnie des Indes occidentales, dont la ville d’Amsterdam devient propriétaire en 1770.
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+ En 1783, après un siècle de révoltes et de fuites d’esclaves (marronnage), du fait des dures conditions de ces derniers, les Néerlandais signent un traité avec le chef des révoltés Aluku Nengé, surnommé Boni, reconnaissant une véritable autonomie aux Noirs réfugiés dans les zones forestières.
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+ Les colonies sont reprises par les Britanniques de 1796 à 1799, menant aux traités par lesquels les trois colonies de l’Essequibo, Berbice et Demara (soit le Guyana) restent à la Grande-Bretagne, et celle du Suriname aux Pays-Bas. Ainsi, en 1816, les colonies passent sous l’administration des Pays-Bas, faisant ainsi perdre tous leurs privilèges à la Compagnie des Indes occidentales et à la ville d’Amsterdam. Un gouverneur est alors nommé par La Haye.
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+ Pendant l'occupation britannique, entre 1796 et 1816, de nombreux esclaves noirs, déjà anglophones, et en provenance des Antilles britanniques, arrivent au Suriname. Leur présence explique le développement de créoles à base d'anglais, comme le sranan, ou le saramaca. Ces créoles s'étendent avec le marronnage dans le pays, au détriment du néerlandais, langue des colonisateurs qui reviennent en 1817.
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+ L’esclavage est aboli tardivement, en 1863 (1794 puis 1848 dans les colonies françaises). Les colons font alors venir des travailleurs hindoustanis (accord avec Londres), javanais et chinois.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1945, le Suriname est mis sous tutelle des Américains et de la Grande-Bretagne, car les Pays-Bas sont occupés par l’Allemagne. La colonie coopère alors avec les alliés, et l’administration coloniale néerlandaise. À la suite de la libération des Pays-Bas en 1945, des mouvements populaires émanent pour demander l’indépendance. Enfin, en 1954, la colonie du Suriname reçoit de la couronne néerlandaise un statut d’autonomie interne (sous forme d’assemblée législative élue au suffrage universel).
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+ L’acte d’indépendance est adopté le 25 novembre 1975 par le parlement surinamais. Le gouvernement est alors celui de Henck Arron, qui remporte en 1973 l’élection générale pour acquérir l’autonomie gouvernementale. Survint alors un exode des Hindoustanis, surtout vers les Pays-Bas.
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+ Le 25 février 1980, à la suite d'un coup d’État du sergent Desiré Bouterse, une dictature militaire s'installe. Une répression violente est mise en place, se manifestant notamment le 8 décembre 1982, lors de l’assassinat de quinze opposants au régime militaire. Les Pays-Bas cessent aussitôt le versement de l’aide au développement. L’économie s’effondre et l’émigration vers les Pays-Bas s’accélère (400 000 personnes entre 1980 et 2010[réf. nécessaire]).
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+ Une révolte des Bushinenge en 1986, conduite par Ronnie Brunswijk, un des gardes du corps de Bouterse, cause le début d’une guerre civile. Les forces gouvernementales répliquent, notamment lors du massacre d’une trentaine de civils dans le village bushinenge de Moiwana, proche de la frontière avec la Guyane française. La communauté internationale fait pression pour instaurer un régime démocratique. Le gouvernement de Desiré Bouterse signe la paix avec les Bushinenge le 21 juillet 1989 lors de l'accord de paix de Kourou.
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+ Dési Bouterse reprend le pouvoir le 24 décembre 1990, mais il perdra en 1991 devant Ronald Venetiaan qui est élu président de la République. La démocratie est rétablie et l’aide néerlandaise reprend. L'élection présidentielle suivante, en 1996, porte Jules Wijdenbosch à la présidence de la République. Ronald Venetiaan remportera l'élection présidentielle de mai 2000, ainsi que celle de 2005 (dans une coalition de huit partis, comprenant 29 députés sur 51).
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+ Le 1er décembre 2007 se tient le procès des auteurs présumés des « massacres de décembre 1982 » (24 suspects, dont Dési Bouterse, qui refuse de se présenter devant le tribunal).
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+ Enfin, le 25 mai 2010, les élections législatives placent la coalition de Dési Bouterse en tête, mais sans majorité absolue. Celui-ci est néanmoins élu président de la République en juillet.
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+ Il est réélu à la suite des élections législatives du 25 mai 2015, où il obtient une majorité absolue mais ne permettant pas sa réélection en tant que président de la République. Il est réélu pour un deuxième mandat de président de la République le 14 juillet, en passant des alliances.
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+ Le Suriname est une démocratie établie par la Constitution de 1987. Le corps législatif est l'Assemblée nationale, composée de 51 membres élus tous les cinq ans.
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+ L'Assemblée nationale élit le président de la République, chef de l'exécutif, par une majorité des deux tiers. Si aucun candidat n'atteint une telle majorité, le président est élu par l'Assemblée du peuple, une institution de 340 personnes composée de l'Assemblée nationale et de représentants régionaux.
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+ Le Suriname est membre de la Communauté caribéenne, le marché commun caribéen.
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+ Le Suriname est membre « invité spécial » de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) depuis 2012.
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+ Le Suriname est divisé en dix districts :
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+ Le Suriname est avec la Guyane (qui le jouxte sur une frontière de 510 km) et une partie du Brésil une des régions du monde les plus riches en biodiversité, mais celle-ci est en rapide recul, au moins en termes de surface disponible. Le pays couvre 2% de la forêt amazonienne.
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+ La forêt tropicale et les milieux naturels sont de plus en plus écologiquement fragmentés et remplacés par des plantations (riz, arbres), des villes et des infrastructures. La naturalité des milieux diminue fortement autour des villes et le long des routes et pistes. L'orpaillage illégal y est en plein développement (maintenant très visible sur les dernières images satellitaires de Google Earth par exemple). Les gigantesques mines de bauxite fournissent 80 % des recettes d’exportation, mais non sans un impact majeur sur la forêt. Dans les grandes cultures de riz et de banane, on utilise beaucoup de pesticides (insecticides en particulier) qui sont d'autant plus rapidement évaporés et lessivés vers les eaux superficielles que le climat est chaud et humide. Selon l'ONU, bien que la situation économique semble s'améliorer depuis les années 2000, 50 à 60 % de la population manque des ressources nécessaires à la satisfaction des besoins essentiels, ce qui encourage l'économie informelle et l'orpaillage illégal dans le pays, voire dans les pays voisins, l'exploitation illégale ou inadaptée de la forêt et du gibier. Le gouvernement du Suriname a établi un plan pluriannuel de développement jusqu’en 2010 pour tenter de vaincre la pauvreté. Le Suriname est inscrit par la France en Zone de Solidarité Prioritaire depuis 1999, ce qui a notamment permis une coopération avec la région Guyane et la métropole via un Programme opérationnel de coopération transfrontalière 2007-2013 « Amazonie »[13].
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+ Composition ethnique en 2012[14]:
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+ La population du Suriname est d'origine géographique variée. À la fin des années 1880, une aquarelle d'Arnold Borret représente 19 types[15].
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+ Aujourd'hui, la population surinamienne est constituée de plusieurs groupes ethniques. Le plus grand, 27,4 % de la population, est composé des Hindoustanis (tant hindous que musulmans ou chrétiens), descendants d'immigrés venus d'Inde au XIXe siècle dans le cadre de l'engagisme[14].
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+ Les Marrons (descendants d'esclaves africains évadés) représentent environ 21,7 %, alors que les Créoles, d'ascendance mixte européenne et africaine, et les Javanais (« importés » des anciennes Indes orientales néerlandaises) représentent respectivement 15,7 % et 13,7 %, presque le même pourcentage que les métis (13,4 %)[14].
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+
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+ Le reste de la population est composé d'Amérindiens (3,8 %), de Chinois (1,5 %) et de Blancs (0,3 %), parmi lesquels les Boeroes (même origine que les Boers en Afrique du Sud), descendants des colons ruraux néerlandais du XIXe siècle et les « Bakras », arrivants plus récents, avec des Syro-libanais. Enfin, bon nombre de travailleurs immigrés brésiliens sont arrivés récemment au Suriname.
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+ Il reste par ailleurs quelques familles juives séfarades, descendantes de réfugiés expulsés d'Espagne en 1492 et du Portugal en 1495, venus au XVIIe siècle via les Pays-Bas, l'Italie (Granas) ou le Brésil. Elles ont bénéficié, sous la colonisation britannique, puis néerlandaise, d'une certaine autonomie, dans une localité appelée Jodensavanne, qu'elles avaient mise sur pied en 1652 sur la Savannah, près de la crique de Cassipora[16].
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+ En raison du grand nombre de groupes ethniques dans le pays, il n'y a pas de religion principale. La plupart des Hindustanis sont hindous, mais il y a également des musulmans et des chrétiens parmi eux. La plupart des Créoles et des Marrons sont chrétiens.
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+ Selon le Pew Research Center, en 2010, 51,6 % des habitants du Surinam sont chrétiens principalement catholiques (29,3 %) et protestants (21,2 %), alors que 19,8 % sont hindous, 15,2 % sont musulmans et que 5,3 % pratiquent une religion populaire[17].
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+ Le Suriname dispose d'un aéroport international, l'aéroport international Johan Adolf Pengel.
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+ Le Suriname est un des deux pays d'Amérique du Sud où la conduite se fait à gauche, l'autre étant son voisin, le Guyana.
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+ De nombreux sportifs, et plus particulièrement des footballeurs, sont nés au Suriname, ou sont d'origine surinamaise, comme Ruud Gullit, Frank Rijkaard, Patrick Kluivert, Clarence Seedorf, Edgar Davids, Georginio Wijnaldum, Virgil Van Dijk, Jimmy Floyd Hasselbaink ou encore Aron Winter ainsi que les kickboxers Ernesto Hoost, Remy Bonjasky, Tyrone Spong, Melvin Manhoef et Andy Ristie.
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+ Le seul médaillé olympique du Suriname est Anthony Nesty, vainqueur du 100 m papillon aux Jeux olympiques de Séoul en 1988.
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+ Les locuteurs des langues de ce pays se partagent une quinzaine de langues, dont les plus importantes sont : le néerlandais (300 000 locuteurs) ; le créole surinamien à base d'anglais (120 000 locuteurs), appelé aussi sranan ; le hindi appelé « sarnami hindustani » (150 000 locuteurs) ; le "javanais" appelé « surinamien javanais » (60 000) ; le créole guyanais (500) ; le ndjuka (ou aucan) (25 000) ; le créole saramaca (23 000) ; le chinois hakka (6 000), etc. Précisons que plus de 120 000 locuteurs parlent le créole surinamien ou sranan tongo, comme langue seconde ; et 100 000 locuteurs, le néerlandais. À noter aussi la présence de 10 000 locuteurs du créole haïtien. L'anglais est à peu près parlé partout, favorisé en cela par la diffusion de deux langues créoles à base d'anglais : le sranan tongo et le saramaca. Bien que n'ayant pas de statut officiel, l'anglais est couramment utilisé par les institutions, l'administration et les médias, dont la télévision. Le français n'est pas utilisé. Par contre le portugais et l'espagnol sont deux langues très présentes (surtout parlées en seconde langue), mais on en ignore le nombre exact de locuteurs.
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+ Les 40 000 Brésiliens (environ 8 % de la population) parlent le portugais, mais très peu parlent le néerlandais. Le papiamento, créole à base de portugais, et parlé surtout aux Antilles néerlandaises, est aussi présent au Suriname, mais avec un nombre de locuteurs plus restreint.
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+ Le Suriname a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Mise en garde médicale
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+
5
+ L’obésité résulte du fait d'ingérer plus de substances caloriques que l'organisme n'en dépense sur le long terme, ce qui conduit à une augmentation de la masse adipeuse et à un « excès de poids pour une stature donnée ». Elle est évaluée au moyen de l'indice de masse corporelle (IMC), à partir duquel l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini des seuils de surcharge pondérale, correspondant à un IMC compris entre 25 et 30 kg/m2, d'obésité, correspondant à un IMC entre 30 et 40, et d’obésité massive lorsque l'IMC dépasse 40[1],[2]. Statistiquement, un simple surpoids (surcharge pondérale) n'est pas source de maladies particulières, mais peut être un facteur d'aggravation d'une maladie, alors que l'obésité, en plus de son retentissement social et psychologique, est directement associée à des maladies, reflétant notamment l'excès de risque de diabète de type 2 et de maladie cardiovasculaire[3].
6
+
7
+ En 1997, l'OMS a classé l'obésité comme maladie chronique, et a défini « le surpoids et l'obésité comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». Sa prévention est un problème de santé publique dans les pays développés.
8
+
9
+ Cet état multifactoriel est considéré aujourd'hui par métaphore comme une pandémie, bien qu'il ne s'agisse pas d'une maladie infectieuse[4].
10
+
11
+ Le mot « obésité » apparaît en 1550[6].
12
+
13
+ Les formes cliniques sont nombreuses, avec des mécanismes physiopathologiques et des conséquences pathologiques différentes, il est donc plus judicieux de parler « des obésités ». Pour évaluer ces obésités il convient d'analyser deux paramètres qui influent sur les complications de la maladie d'une manière indépendante l'un de l'autre : l'excès de masse grasse et la répartition du tissu adipeux.
14
+
15
+ La Cour de justice de l’Union européenne a posé une définition du handicap dans un arrêt du 11 juillet 2006[7]. La notion de « handicap » au sens de la directive[8]
16
+
17
+ « doit être entendue comme visant une limitation, résultant notamment d'atteintes physiques, mentales ou psychiques et entravant la participation de la personne concernée à la vie professionnelle. Toutefois, en utilisant la notion de “handicap” à l'article 1er de cette directive, le législateur a délibérément choisi un terme qui diffère de celui de “maladie”. Une assimilation pure et simple des deux notions est donc exclue[9],[10]. »
18
+
19
+ L’obésité se situe à la frontière de ces deux notions. Elle peut tantôt être définie comme une maladie, tantôt comme un handicap.
20
+
21
+ En 1997, l’OMS a d'abord défini l’obésité comme une maladie chronique (« le surpoids et l’obésité comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. »).
22
+
23
+ En France, l’obésité est considérée comme une maladie chronique et constitue un problème de société. Pour l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM),
24
+
25
+ « [c'est] un excès de masse grasse qui entraîne des inconvénients pour la santé et réduit l’espérance de vie. Ses causes sont complexes : au-delà de la nutrition et de la génétique, de nombreux facteurs environnementaux semblent en effet impliqués dans le développement et l’installation de cette maladie chronique[11]. »
26
+
27
+ En 2014, la CJUE (arrêt du 18 décembre 2014[12]) a reconnu qu’un licenciement pour obésité pouvait être jugé comme discriminatoire[13]. Pour que l'obésité d'un travailleur puisse relever de la notion de « handicap » au sens de l’Union européenne[14] elle doit être durable, et atteindre un degré tel qu’elle rend clairement difficile sa participation à la vie professionnelle sur un pied d’égalité avec ses collègues.
28
+
29
+ Aucun principe général du droit de l’Union européenne n'interdit en soi les discriminations fondées sur l’obésité, mais un salarié licencié en raison de celle-ci pourrait donc invoquer une discrimination fondée sur le handicap[15], notamment à l'embauche[16].
30
+
31
+ L'histoire des représentations de l'obésité est décrite par l'historien Georges Vigarello dans son ouvrage Les Métamorphoses du gras. Histoire de l'obésité du Moyen Âge au XXe siècle en six parties.
32
+
33
+ Quatre types d'obésité sont décrits :
34
+
35
+ L'obésité est associée à une inflammation systémique chronique subaiguë : il a en effet été constaté que dans l'organisme des personnes obèses circulent continuellement des médiateurs de l'inflammation tels que le TNF-alpha et l'interleukine-6 et que leurs concentrations se normalisent avec la perte de poids. Il est reconnu que les tissus adipeux hypertrophiés sont une source de ces médiateurs et que ceux-ci, en retour, entravent la lipolyse et la perte de poids[29].
36
+
37
+ Une autre source récemment mise en évidence est l'intestin grêle, qui entre dans un état inflammatoire lorsqu'il est exposé à une alimentation à haute teneur en gras ; cette transformation pourrait précéder l'apparition de l'obésité, selon de récents résultats[30]. Il y a un excès de bactéries du phylum des Bacteroidetes et trop peu du phylum des Firmicutes dans le colon des personnes obèses[31]. La consommation de fortes doses de lipides cause, au moins chez les animaux, une diminution marquée de plusieurs familles de bactéries du côlon, dont les Bactéroides et les bifidobactéries. La baisse de bifidobactéries est, à son tour, corrélée avec l'inflammation et l'endotoxémie[32].
38
+
39
+ L'inflammation systémique contribuerait en grande partie à expliquer l'association entre l'obésité et le diabète[33], l'asthme[34], le cancer[35] et la dépression[36], entre autres comorbidités.
40
+
41
+ L'intestin, chez la personne obèse, n'est pas seulement dans un état d'inflammation mais est aussi une source de calories plus importante que chez la personne ayant un poids normal. La flore intestinale obésogène est apte à extraire plus d'énergie de l'alimentation que la flore normale. Il s'y produit également plus de fermentation. Si cette flore intestinale est transplantée à un hôte sain, la colonisation provoquera un gain de masse adipeuse[31].
42
+
43
+ Les cellules adipeuses sécrètent également des médiateurs appelés adipokines qui régulent la masse corporelle : plus les cellules adipeuses sont nombreuses, plus abondants seront ces adipokines et, notamment, la leptine (du grec leptos, mince), qui signaleront au système nerveux la possibilité de dépenser l'énergie emmagasinée et de ne pas en consommer plus. Or, les humains et les animaux obèses souffrent d'une résistance à la leptine. Le noyau arqué, situé dans la région médiobasale de l'hypothalamus, ne répond pas aux fortes concentrations de leptine circulant dans l'organisme de la personne obèse, si bien que celui-ci se comporte comme s'il n'y avait pas de surplus calorique. Limiter à la normale la consommation de lipides atténuerait ce phénomène[37]. Cependant, en raison de son état de résistance à la leptine, la dépense et la consommation énergétiques d'une personne obèse tendent à demeurer dans un équilibre caractéristique d'une personne mince. De plus, l'exposition continuelle à de fortes concentrations de leptine est en soi une cause d'obésité, puisque les récepteurs hypothalamiques de ce médiateur tendent à diminuer en réactivité à la leptine, comme cela se produit dans le syndrome de résistance à l'insuline. Enfin, la barrière hémato-encéphalique tend alors à être moins perméable à cet adipokine.
44
+
45
+ Contrairement à l'opinion répandue que la leptine est essentiellement un stimulateur de la satiété et de la dépense énergétique agissant sur l'hypothalamus, il est récemment devenu clair que d'autres parties du cerveau régissant le plaisir de manger à jeun étaient inhibées par la leptine. Ce mécanisme, tout comme celui qui préside au maintien du surpoids, serait un trait conservé pour ses avantages pendant l'évolution : la leptine ferait maigrir en situation d'excès de lipides (modéré) mais ferait outre-manger en situation de disette[38].
46
+
47
+ Les prébiotiques, une classe de fibres alimentaires nécessaires au métabolisme du microbiote humain, sont doublement impliqués dans la régulation du poids : d'une part, ils augmentent la sensation de satiété, modulant les concentrations de médiateurs dérivés de l'intestin comme le peptide YY, la ghréline et le glucagon-like peptide-1 (GLP-1)[39] ; d'autre part, des prébiotiques comme l'inuline et des oligosaccharides analogues ont une action anti-inflammatoire et régulatrice de la flore intestinale[32].
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+
49
+ Comme d'autres pathologies caractérisées par une inflammation chronique, l'obésité est associée à une altération de la composition de la membrane cellulaire. Les concentrations d'acides gras polyinsaturés oméga-3 et oméga-6, précurseurs de deux familles de messagers paracrines/autocrines impliqués dans l'inflammation (voir prostaglandines), traduisent un déclin particulièrement marqué des concentrations et du métabolisme, globalement anti-inflammatoire, des oméga-3 (tandis que les oméga-6, précurseurs de la prostaglandine E2, notamment, sont inchangés par rapport aux sujets sains)[40]. C'est l'équilibre entre les deux classes de lipides qui détermine la tendance de la cellule à générer et entretenir l'inflammation. Les acides gras polyinsaturés sont qualifiés de pléiotropes parce qu'ils agissent sur une grande variété de mécanismes physiologiques. Outre leur rôle structurel et protecteur, comme constituants de la membrane, et leur fonction dans la réponse immunitaire, ils interviennent aux niveaux de l'expression génique et de la transduction des signaux. Ainsi les oméga-6 stimuleraient, et les oméga-3 inhiberaient, la formation de tissus adipeux pendant la période périnatale[41]. En seulement quatre générations, toutes choses étant égales par ailleurs, un ratio oméga-3/oméga-6 diminué augmente l'expression de gènes des tissus adipeux impliqués dans le surplus de poids[42].
50
+
51
+ Les effets d'un manque d'oméga-3 s'étendent également à la neurophysiologie de l'obésité. À la suite de la découverte de l'importance de la transmission endocannabinoïde (ce qui a mené à la mise sur le marché du Rimonabant, qui a ensuite été retiré en raison de ses effets psychiatriques indésirables), des chercheurs ont voulu savoir si les oméga-3, dont l'importance en neurologie est indéniable mais mal comprise au niveau synaptique, pourraient être impliqués dans ce système. Il fut démontré que les oméga-3 étaient essentiels à l'action des endocannabinoïdes : en état de carence, les animaux ne pouvaient atteindre l'état de dépression (dans certaines régions) normalement causé par les endocannabinoïdes et les altérations du comportement qui en découlaient étaient analogues à celles causées par un régime Occidental typique, c'est-à-dire causant un déficit en oméga-3[43].
52
+
53
+ Pour être en mesure de brûler les calories en trop, la personne souffrant d'un excès de poids doit non seulement augmenter sa dépense énergétique mais également disposer de muscles capables de répondre adéquatement à l'effort. Des biopsies musculaires ont montré que, dans l'obésité, ce n'est pas le nombre de mitochondries — les centrales énergétiques de la cellule — qui est insuffisant mais leur rendement. L’exercice et la restriction calorique permettent, comme chez la personne saine, d'augmenter le nombre de mitochondries. Cependant, la respiration cellulaire demeure entravée, si bien que les enzymes de la pyruvate déshydrogénase et du cycle de Krebs, en amont, génèrent un excès de métabolites, et leur traitement est d'autant plus inadéquat qu'il dépend d'une conversion de la NADH en NAD+, opération assurée par la mitochondrie[44]. La respiration cellulaire est également entravée dans la graisse viscérale, chez les obèses, ce qui donne lieu à l'obésité abdominale[45]. Selon des études sur des animaux, de tels dérangements mitochondriaux, au niveau hépatique, précéderaient la stéatose hépatique et l'insulinorésistance observées chez les personnes obèses — et le gain de poids[46].
54
+
55
+ Les graisses (et autres lipides), tout comme les sucres (glucides), servent à stocker l'énergie dans le corps. Les sucres fournissent une énergie rapidement utilisable, les graisses permettent de stocker beaucoup d'énergie dans peu d'espace. La graisse est stockée dans des cellules appelées lipocytes ou adipocytes. En cas de stock important, deux situations sont distinguées : le surpoids (les adipocytes stockent de plus en plus de graisse et grossissent) et l'obésité (lorsque les adipocytes arrivent à saturation, ils se multiplient).
56
+
57
+ Les évaluations courantes de l'obésité font intervenir la masse (ce qui est souvent appelé le « poids ») et la taille. La solution idéale serait de déterminer plus précisément la masse grasse, sachant que l'adiposité est le vrai facteur de risque surtout lorsque sa répartition est viscérale[47].
58
+
59
+ Le principal indicateur de mesure utilisé est l'indice de masse corporelle (IMC). Il tient compte de la morphologie de l'individu même s'il peut être exceptionnellement biaisé dans le cas de sportifs avec une masse musculaire très importante.
60
+ Pour les adultes, l'indice de masse corporelle est égal à la masse (exprimée en kilogrammes) divisée par le carré de la taille de la personne (en mètres)[48] :
61
+
62
+ Exemple : 75 kg / (1,75 m)2 = 75 / (1,75 x 1,75) = 75 / 3.0625 = 24,49 (le résultat final a été arrondi et il est en kg/m2, mais il est courant de ne pas rappeler l'unité)
63
+
64
+ Toutefois, l'IMC présente une variation non négligeable à l'échelle planétaire. La norme de l'IMC se base principalement sur une population de type européen. Cet indice n'est donc pas forcément applicable à d'autres types de population. Les populations asiatiques, notamment, montrent des conséquences négatives de l'obésité sur la santé à partir d'IMC plus bas que ceux des populations européennes ; de ce fait, certains pays asiatiques ont redéfini l'obésité : le Japon a ainsi défini l'obésité comme étant tout indice corporel supérieur à 25[49], la Chine faisant appel de son côté à un IMC supérieur à 28[50].
65
+
66
+ L'IMC est l'un des outils de mesure du risque de l'obésité pour les professionnels de santé, car il permet d'évaluer rapidement et simplement le risque d'obésité en ce qui concerne la très grande majorité de la population.
67
+
68
+ Sa seule limitation, qui reste cependant exceptionnelle, concerne les athlètes et les sportifs de haut niveau, pour lesquels l'IMC n'est pas pertinent dans le cas d'une masse musculaire importante. Par exemple un joueur de rugby qui mesure 1,95 m et fait 125 kg a un IMC de 33. Selon cet indice, il souffre d'obésité associé à une augmentation du risque de comorbidité alors qu'il a seulement 12 % de graisse corporelle et que son excès de poids est dû à son muscle, non à son tissu adipeux[51].
69
+
70
+ Il ne faut pas confondre obésité et syndrome métabolique. En effet, pour être concerné par ce syndrome, il faut présenter trois des facteurs de risques ci-contre[52]. Il est donc possible de souffrir du syndrome métabolique sans être obèse, de même qu'un individu peut être obèse sans souffrir du syndrome métabolique. Il existe également d'autres indicateurs de surpoids : le rapport tour de taille/tour de hanches. Il doit être inférieur à 1 chez l'homme et à 0,85 chez la femme. Le diamètre du cou (ou Tour de cou) peut donner un indice fiable d'IMC anormalement élevé chez l'enfant de plus de 8 ans. Il est également associé à l'apnée obstructive du sommeil, au diabète et à l'hypertension chez les adultes.
71
+
72
+ La masse de graisse se répartit différemment chez l'homme et la femme. Elle représente 10 à 15 % du poids corporel de l'homme et 20 à 25 % du poids de la femme. Elle s'accumule plutôt sur l'abdomen et le thorax chez l'homme, sur les hanches et les cuisses chez la femme.
73
+
74
+ Auparavant le surpoids et l'obésité étaient considérés comme des problèmes spécifiques aux pays à hauts revenus, mais ils augmentent spectaculairement dans les pays disposant de faibles ou moyens revenus, essentiellement en milieu urbain[54].
75
+
76
+ Évolution de la prévalence (ajustée pour l'âge) de l'obésité dans le monde de 1975 à 2016 (par ordre descendant en 2016)[55] :
77
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78
+
79
+
80
+ D'après les estimations mondiales de l’OMS publiées en 2006, il y avait en 2005 environ 1,6 milliard d’adultes (âgés de plus de 15 ans) et au moins 20 millions d’enfants de moins de cinq ans en surpoids (IMC > 25), dont au moins 400 millions d’adultes obèses (IMC > 30). La même étude estimait que d'ici 2015, environ 2,3 milliards d'adultes seraient en surpoids, dont plus de 700 millions seraient obèses[54].
81
+
82
+ En 2010, selon l'OMS[57], le surpoids concernait 43 millions d'enfants de moins de cinq ans.
83
+
84
+ En 2013, une étude estimait que le nombre de personnes en surpoids et obèses avait atteint 2,1 milliards[58].
85
+
86
+ De nouvelles estimations concernant les adultes (âgés de 18 ans et plus) étaient publiées en avril 2016 à partir de données nationales standardisées par âge et sexe sur la base de la structure démographique au niveau mondial. Ces estimations sont accompagnées d'un « intervalle crédible à 95 % » indiqué ici entre parenthèses[59],[60].
87
+
88
+ Selon certains auteurs, la proportion d'obèses tend à se stabiliser depuis la fin des années 2000 aux États-Unis[61]. Cependant, selon l'agence fédérale américaine National Center for Health Statistics, le taux d'obésité entre 2000 et 2016 est passé de 30,5 % à 39,6 % chez les adultes, et de 13,9 % à 18,5 % chez les enfants[62]. L'étude de l'OCDE[63] donne des projections où le taux d'obésité continue de progresser pour tous les pays, y compris aux Etats-Unis.
89
+
90
+ En France, en 1965, seuls 3 % des enfants d'âge scolaire étaient obèses selon l'IMC ; ils étaient 13,3 % en 2000[64], 26 % au Canada (obésité et surpoids)[65] et 16 % aux États-Unis[66]. L'obésité de l'enfant est un problème majeur : acquise avant 5 ans, elle persiste à l'âge adulte. Les derniers chiffres pour les adultes français[67] comptabilisent 14,5 % de la population adulte obèse (6,5 millions d'individus) contre 8,7 % en 1997. Cette progression est plus rapide chez les femmes (+81,9 % en 12 ans). Au Canada, la situation est plus critique: 36 % des adultes font de l’embonpoint (IMC>25) et 25 % sont obèses (IMC>30)[68].
91
+
92
+ Une étude de la Direction régionale des Affaires sanitaires et sociales (DRASS) menée en 2002 en région parisienne a affiné ce constat : 6,2 % des élèves de grande section (4 à 5 ans) scolarisés en école publique souffraient d’une obésité de degré I et 3,3 % de degré II. 11,8 % des enfants de réseaux d'éducation prioritaire (REP, populations défavorisées), contre 8,7 % de la population globale, sont atteints d’obésité de degré I ; 4,5 % contre 2,9 % de degré II.
93
+
94
+ L'INVS note début 2008 une stabilisation du surpoids chez l'enfant, mais un adulte sur six est encore obèse[69].
95
+
96
+ D'après un rapport de l'International Association for the Study of Obesity (2007), 22,5 % des Allemands et 23,3 % des Allemandes sont obèses ; 75,4 % des hommes et 58,9 % des femmes souffrent d'un excès de poids en Allemagne, les plaçant ainsi en première place en Europe occidentale[70]. Toujours en Europe, la population du Royaume-Uni compte 27 % d'obèses, un taux proche de celui des États-Unis[71].
97
+
98
+ Selon les chiffres de 2016 publiés par l'agence européenne Eurostat, 15,9 % des européens sont considérés comme obèses[72].
99
+
100
+ Dans les pays en développement, l'obésité a quadruplé depuis 1980, portant à plus de 900 millions les personnes trop grosses dans le monde en développement, et, plus globalement à un humain sur trois le nombre de personnes en surpoids[74],[75].
101
+
102
+ 115 millions d'individus obèses sont dénombrés dans les pays en développement[réf. souhaitée] ; paradoxalement dans certains de ces pays, des personnes souffrant d'obésité et d'autres souffrant de dénutrition se côtoient[75]. Ceci s'explique, en partie, par deux phénomènes d'origine économique : la chute du cours mondial du sucre et la fabrication d'huile est une activité subventionnée par les États dans nombre de ces pays. Par conséquent, l'huile et le sucre sont les denrées les moins chères, ce qui facilite leur accès pour ces populations, au détriment d'autres produits, ce qui peut se traduire par des carences en protéines, vitamines, oligo-éléments, etc.
103
+
104
+ En 2013, et d'après un rapport de la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, le Mexique a dépassé les États-Unis en tant que pays ayant la proportion d'obèses la plus élevée, avec 38,2 % (contre 31,8 % pour les États-Unis)[76].
105
+
106
+ En 2002, la Chine connaît une importante augmentation de l'obésité (2,6 % de la population à un IMC supérieur ou égale à 30) et de surpoids en général (14,7 % de la population à un IMC supérieur ou égal à 25), qui touche ainsi environ 215 millions de Chinois. Le problème est principalement présent chez les jeunes (entre 7 et 18 ans) où il connaît une très forte augmentation, de l'ordre de 28 fois entre 1985 et 2000, principalement chez les garçons. Les causes sont similaires à celles des pays occidentaux[77]. Les chiffres de 2008 confirment la forte progression de l'obésité en Chine : 90 millions de Chinois sont obèses et 200 millions en surcharge pondérale[78]. Désormais un quart des adultes sont en surpoids ou obèses en 2008, alors qu'ils n'étaient que 8,8 % en 1989[79],[80].
107
+
108
+ En 2013, Nuria Urquia publie un rapport stipulant que le taux d'obésité au Mexique s'élevait désormais à 32,8 %, soit plus que celui des États-Unis qui est de 31,8%[81]. La cause première étant que le soda est la boisson la plus consommée, depuis que son prix est inférieur à celui de l'eau.
109
+
110
+ Dans les pays les plus pauvres, l'obésité est socialement valorisée. Par exemple, en Mauritanie, les jeunes filles en âge de se marier sont engraissées afin d'être plus séduisantes et de maximiser leur chance de trouver un conjoint. Contrairement aux pays développés, elle concerne les populations aisées, elle est par conséquent signe de réussite et de richesse[82].
111
+
112
+ Les deux grands facteurs – « the Big Two »[83] – traditionnellement impliqués dans le développement de l'obésité sont la consommation et la dépense énergétiques :
113
+
114
+ Dans ce cadre d'analyse, le maintien d'un poids-santé est une stricte question de comptabilité énergétique.
115
+
116
+ Lorsque l'organisme reçoit plus qu'il ne dépense, il stocke une partie de l'apport, sous forme de graisses dans le tissu adipeux. Cependant le métabolisme, très différent selon les individus, joue un rôle important, et certaines personnes vont donc plus facilement devenir obèses que d'autres.
117
+
118
+ La prise en compte des deux grands facteurs n'explique pas l'explosion de l'obésité contemporaine. Il y a eu bien d'autres périodes d'abondance alimentaire dans l'histoire qui n'ont pas été accompagnées d'obésité. Il faut donc prendre en compte des dérèglements de la régulation, dérèglements qui peuvent être de différentes origines combinées entre elles : hormonales (hyperinsulinisme), psychologiques (boulimie par exemple), métaboliques (perturbateurs endocriniens), alimentaires (aliments nouveaux à l'échelle historique, comme le sucre, les sodas, les jus de fruits, le chocolat, les crèmes glacées), déstructuration des repas, grignotage, environnementales (sédentarité, chauffage, automobile, marketing, télévision, publicité, stress, manque de sommeil, phénomènes inhérents à la vie moderne).
119
+
120
+ Par ailleurs, certains chercheurs considèrent que l'obésité n'est qu'une manifestation visible du syndrome métabolique[86], maladie de la régulation métabolique concernant essentiellement le foie et le pancréas mais ayant un impact sur tout le corps.
121
+
122
+ Outre les effets secondaires des médicaments psychotropes, des troubles du comportement alimentaire sont souvent associés à l'obésité. Des carences socio-affectives, mais aussi des psycho-traumatismes dans l'enfance ou l'adolescence sont souvent retrouvées dans les antécédents d'adultes obèses[87].
123
+
124
+ Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, une grande proportion des humains peuvent s'alimenter à suffisance, voire se suralimenter ou s'alimenter sans tenir compte de leurs besoins (par exemple en mangeant trop vite, ce qui ne permet pas de ressentir la satiété et d'interrompre le repas). Auparavant, des épisodes de disettes et de famines étaient plus répandus.
125
+
126
+ Cette surabondance de nourriture est attribuable aux moyens industriels de production de nourriture.
127
+
128
+ Lutter contre l'obésité, pas contre tous les gras Types de lipides et fonctions dans l'organisme
129
+
130
+ De très nombreux aliments sont accessibles, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, indépendamment des repas, ce qui peut favoriser un grignotage de produits alimentaires à fortes charges caloriques. Le grignotage le plus usité est sans conteste celui à base de produits sucrés et gras (confiseries, chips…). Ces produits sont généralement riches en glucides simples et en lipides. Alors que les apports énergétiques sont largement comblés par ces produits, la sensation de satiété n'est toujours pas obtenue. Enfin, lors d'un repas, toujours les mêmes aliments (ce qui était le cas traditionnellement), la satiété (perte d'envie de manger) indique qu'un individu a un apport énergétique suffisant ; lorsque les aliments consommés sont inhabituels, cette information est faussée. L'industrie agroalimentaire a transformé nombres d'aliments qui ont vu leur index glycémique augmenter et ce faisant a introduit un biais dans l'unité de compte que constitue la calorie : les calories apportées par les protéines ne sont pas les mêmes, au niveau bilan global, que celles apportées par les glucides. Résultat: beaucoup de produits « light », sans graisses mais aussi très pauvres en protéines et chargés en édulcorants. Le raffinage et la présence du goût sucré dans ces nouveaux aliments industriels crée une véritable « toxicodépendance » qui, au long des ans, amène à une souffrance physiochimique quand l'organisme obèse en est privé.
131
+
132
+ Les critiques s'adressent également au rôle de la télévision, à la fois par l'inactivité physique qu'elle entraîne pour le spectateur et par l'effet de la publicité pour des produits alimentaires souvent gras et sucrés. Concernant l'influence de la publicité, un groupe de scientifiques français responsables de questions de nutrition affirmait en 2008, dans une tribune intitulée « Engraisser les enfants pour sauver la télévision[90] », et se référant à « des rapports récents » : « Il existe même un lien entre une forte exposition aux publicités télévisées et l'obésité des enfants âgés de 2 à 11 ans ainsi que des adolescents de 12 à 18 ans. L'exposition à la publicité télévisée portant sur des aliments de haute densité énergétique (notamment sucrés et gras) est associée à une prévalence plus élevée de l'obésité. »
133
+
134
+ Les sociétés contemporaines sont source de stress. De nombreux individus peuvent alors ressentir un vide moral en eux, qu'ils compensent par la nourriture. (Voir boulimie).
135
+
136
+ En ce qui concerne l'alimentation, plusieurs facteurs sont en jeu: disponibilité permanente d'aliments, publicité portant essentiellement sur des aliments sucrés et/ou gras (en particulier auprès des enfants), et augmentation de la consommation de sucre et/ou de fructose.
137
+
138
+ La quantité de sucre consommé n'est pas le seul critère, leur qualité (index glycémique, sucre complet versus raffiné) joue beaucoup ; de même la teneur en graisses n'est pas le seul critère, leur qualité joue également un grand rôle : les huiles de première pression à froid sont par exemple beaucoup plus favorables que les huiles raffinées (extraites à chaud, ce qui élimine une bonne partie des apports bénéfiques, anti-oxydants notamment, et/ou avec des solvants), et plus favorables que les graisses saturées.
139
+
140
+ Régimes : ils peuvent paradoxalement parfois favoriser l'obésité. En effet, les mauvais régimes (pauvres en protéines et trop restrictifs) favorisent la perte de masse musculaire, qui est directement liée au métabolisme. Après ces mauvais régimes, il y a ralentissement du métabolisme et reprise accélérée du poids. Ces mauvais régimes sont carencés, principalement en apport protéique. Aucun régime n'apporte de solution durable (voir plus bas).
141
+
142
+ De nombreux travaux scientifiques mettent en cause le fructose, qu'il soit présent dans le sucre ou extrait industriellement du maïs[91],[92]
143
+
144
+ Il existe une corrélation entre la consommation de fructose et la fréquence de l'obésité[93]. Le fructose, même s'il est « naturel », reste un glucide (un sucre) à consommer avec mesure. La consommation de fructose a beaucoup augmenté dans la deuxième moitié du XXe siècle. Le fructose n'induit pas ou peu de sécrétion d'insuline, et pas non plus de sécrétion de leptine (du grec, leptos, mince) qui est une hormone intervenant dans la satiété. L'insuline et la leptine sont deux éléments majeurs de la régulation de la prise alimentaire. Ainsi, à quantité égale, le fructose apporte autant de calories que le sucre de cuisine ou le glucose, mais n'induit pas aussi rapidement la satiété, ce qui aboutit en une consommation plus importante, avec pour conséquence une prise de poids qui n'aurait probablement pas eu lieu si le goût sucré avait été dû au sucre de cuisine ou au glucose[94]. Le fructose augmente les taux de ghréline, hormone qui stimule l'appétit[95]… Il existe des rapports faisant état d'une corrélation entre la consommation de fructose et l'obésité, spécialement l'obésité centrale (aussi appelée « obésité abdominale ») qui est habituellement vue comme la plus délétère[96],[97],[98],[99],[100],[101].
145
+
146
+ Les mécanismes du métabolisme cellulaire seraient également en cause et particulièrement le niveau élevé d'insuline qui favoriserait l'accumulation des graisses dans les adipocytes, et empêcherait la mobilisation rapide des graisses[102],[103]. Les niveaux élevés d'insuline seraient liés à l'alimentation plus raffinée qu'historiquement[104], ainsi qu'à la multiplication des en-cas, jus et prises alimentaires entre les repas[105].
147
+
148
+ De nombreuses études ont été conduites sur la relation entre la consommation de boissons alcoolisées et l'obésité[106]. Bien que ces boissons apportent des quantités de calories non négligeables (1 gramme d'alcool apportant 7 kcal alors que les glucides apportent 4 kcal par gramme), la plupart des études concordent sur le fait que les consommateurs "raisonnables" sont moins touchés par l'obésité que les abstinents.
149
+
150
+ Ce résultat contre-intuitif pourrait provenir d'une thermogénèse augmentée par l'absorption d'alcool, mais cette explication ne semble pas suffisante[107]. Les sujets qui consomment de l'alcool pourraient aussi être plus actifs que la moyenne[108], ou moins bien se nourrir. Les abstinents pourraient consommer plus de boissons sucrées, par rapport aux personnes qui consomment de l'alcool. L'alcool - un composé toxique à court terme et à long terme - pourrait aussi avoir d'autres effets sur certains processus physiologiques, par exemple le foie endommagé pourrait moins bien absorber les nutriments.
151
+
152
+ La consommation excessive de boissons alcoolisées, en particulier celles qui sont également riches en sucres (cocktails sucrés, vins doux, bières), est elle corrélée à l'obésité[109].
153
+
154
+ Le mode de vie sédentaire est un facteur de risque d'obésité : l'activité physique s'est réduite en raison du développement des transports (voiture, transports en commun, ascenseurs…), des nouvelles technologies (télécommandes) et du temps passé devant les écrans (télévision, ordinateur, tablette, smartphone…) ne permettant souvent plus d'équilibrer le bilan énergétique[110],[111]. L'abondance alimentaire n'a pas nécessairement occasionné une hausse des apports énergétiques qui expliquerait la pandémie de l'obésité[réf. nécessaire]. Les apports énergétiques journaliers tendent même à diminuer, tout en restant supérieure aux dépenses énergétiques journalières[réf. nécessaire]. C'est ce dernier élément qui reste un facteur d'obésité[réf. nécessaire].
155
+
156
+ Des études récentes suggèrent cependant que, contrairement à une idée reçue, que le manque d'activité physique ne serait pas le facteur clé de l'apparition de l'obésité[112],[113],[114], que les populations plus physiquement actives ne dépensent pas plus d'énergie que celles plus sédentaires[115],[116] et que le sport a un faible impact sur le poids corporel (en l'absence de modification de l'alimentation)[116].
157
+
158
+ La thermorégulation assistée : les nouvelles technologies depuis les années 1980 ont permis la mise en place de climatisation et de chauffage facilitant la stabilisation de la température corporelle. Le corps ne lutte pas contre les variations de températures ce qui n'occasionne pas de dépenses énergétiques importantes au niveau du tissu adipeux brun, affaiblit le système de thermorégulation et modifie le taux métabolique de base[117].
159
+
160
+ Les dérèglements du sommeil causent plusieurs modifications neuroendocriniennes obésogènes causant la surconsommation des aliments, mais aussi d'autres modifications plus subtiles de la gestion métabolique de l'énergie[83] ; une durée inférieure à 6 heures de sommeil est reconnue comme étant à risque de prise de poids[118], ceci étant dû à un taux de leptine plus faible que celui que prédit le pourcentage de graisse corporelle chez les patients de l'étude[119]. Il est prouvé que la réduction du temps de sommeil diminue les bénéfices d'un régime[120] amaigrissant.
161
+ Une étude australienne confirme ce rôle du manque de sommeil chez l'enfant : chaque heure de sommeil en moins entre 3 et 5 ans se traduit par 0,7 kg en plus à l'âge de 7 ans par rapport à la moyenne du poids d'une population de référence du même âge[121].
162
+
163
+ Les perturbations du rythme circadien entraînent également une diminution du métabolisme[122],[123].
164
+
165
+ Le stress chronique est corrélé avec une mauvaise qualité du sommeil. Plusieurs études établissent une relation entre le stress et les "fringales", des envies soudaines et parfois incontrôlables de certains aliments, souvent gras et sucrés[124].
166
+
167
+ La lumière bleue rayonnant des écrans des téléphones portables et des ordinateurs a fait l'objet d'études qui ont été validées par l'INSERM et qui attestent de l’impact négatif de l’utilisation intensive le soir des écrans générateurs de lumière bleue associée à une heure trente de sommeil en moins, générant ainsi risque accru de surpoids et d’obésité corrélé avec la durée passée sur ces écrans.
168
+
169
+ Selon deux études respectivement publiées en 2010[125] et 2011, la seconde étant basée sur 101 enfants, un surpoids de la mère affecte déjà le métabolisme du fœtus et de l'embryon, en annonçant déjà des troubles du métabolisme pour l'enfant et le futur adulte (toute la vie), ce qui fait dire à certains chercheurs de l’Imperial College de Londres que la prévention devrait commencer in utero.
170
+
171
+ Un IMC élevé de la mère avant la grossesse prédispose statistiquement à des bébés plus gros, et dont le foie est plus riche en graisse, ainsi qu'à un risque augmenté de troubles du métabolisme[126], reste à faire la part des causes génétiques et seulement liées à l'obésité de la mère et à comprendre les liens de causes à effets.
172
+
173
+ On a statistiquement constaté chez l'Humain que l'exposition à la pollution particulaire de l'air renforce le risque d'obésité, probablement pour des raisons cardiovasculaires[127] tout comme elle favorise le diabète de type 2[128] et hypertension[128].
174
+
175
+ Une augmentation de la prévalence de l'obésité est aussi observée chez d'autres espèces animales que l'humain. Elle indique qu'il existe bien des causes environnementales au phénomène. Une étude de 2011 a porté sur plus de 20 000 animaux appartenant à 12 espèces (singes, grands primates, chats, chiens, marmottes, rats, souris, notamment) vivant dans des environnements divers. Elle a constaté une augmentation hautement significative de la prévalence de l'obésité. Des perturbateurs endocriniens ou métaboliques (voir ci-dessous), et certaines infections virales (en particulier à l'adénovirus AD-36 (en)) sont deux types de causes environnementales identifiées. Mais la reprogrammation épigénétique pourrait aussi être en cause, en réponse à la pollution de l'air[127], à des changements dans l'abondance de nourriture, à l'absence de prédateurs et à l'apparition de nouveaux stresseurs[129].
176
+
177
+ Des facteurs « obésogènes » ont été soupçonnés puis détectés (ex : dérivés du butylétain) dans le corps humain et étudiés[130],[131],[132] par les épidémiologistes depuis quelque temps.
178
+
179
+ Ils ne sont pas encore bien identifiés, mais le rôle d'un environnement obésogène semble être l'une des causes[133] (février 2012), à la suite du constat[61] d'une augmentation régulière de la prévalence de l'obésité aux États-Unis (depuis 150 ans, avec une nouvelle hausse légère mais statistiquement significative en 2000-2010[134]). En 2011, aux États-Unis, plus de 35 % des adultes et près de 17 % des enfants de 2 à 19 ans sont obèses[135], et un autre tiers est en surpoids[136]. De plus, chez les humains, même ceux qui sont à l'extrémité basse de l'IMC [indice de masse corporelle] tendent à prendre du poids[137]. Ce fléau touche de nombreux pays, et de plus en plus les pays en développement, ce qui inquiète l'OMS[138].
180
+
181
+ Les animaux de compagnie, et les animaux de laboratoire (rats, singes), ainsi que les rats urbains commensaux de l'Homme en sont aussi victimes. Le poids corporel moyen du rat des villes a augmenté durant la seconde moitié XXe siècle, ce qui selon YC Klimentidis (biosatisticiens et généticien de l'université d'Alabama de Birmingham) devrait nous alerter, tout comme les canaris alertaient les mineurs de la présence de grisou dans les mines au XIXe siècle[139]. L'ensemble de ces tendances[140] ne semble pas uniquement pouvoir s'expliquer par des facteurs comportementaux (choix alimentaires, exercice), et appelle une explication et un « déclencheur » environnemental.
182
+
183
+ Il existe donc maintenant un faisceau de preuves convaincantes que des produits chimiques « obésogènes », toxiques[141] ou non, d'origine agricole et/ou industrielle et introduit dans l'alimentation, l'eau, l'air et l'environnement global[142] peuvent altérer les processus métaboliques et prédisposer certaines personnes à grossir[143],[144] Ce sont notamment des produits chimiques, dont médicamenteux et dits phytosanitaires.
184
+
185
+ Un autre changement récent dans l'histoire humaine est la contamination du système endocrinien par des dizaines à centaines de produits chimiques de synthèse. Depuis le milieu du XXe siècle environ, les perturbateurs endocriniens, et surtout certains polluants organiques persistants, ne cessent d'augmenter en nombre et en quantité dans l'environnement (et donc dans les organismes). Leur capacité à imiter ou à contrecarrer certaines hormones (œstrogènes, testostérone, hormones thyroïdiennes, notamment) est démontrée ; plusieurs types de preuves les désignent comme suspects dans la récente « épidémie » mondiale d'obésité[83]. Ils interagissent avec d'autres facteurs hormonaux qui régulent normalement le poids tout au long de la vie marquée par des évènements tels que le développement intra-utérin, la naissance, la puberté, les grossesses, les accouchements, la ménopause ou l'andropause, le vieillissement... qui ont une influence notable sur le poids via la modification des taux d'hormones sexuelles et thyroïdiennes. Fait notable, la première prise de contraception hormonale entraînera fréquemment la prise de quelques kilos.
186
+
187
+ En raison de cette accumulation de preuves in vitro, in vivo, et épidémiologiques que ces pesticides, plastifiants, antimicrobiens, et retardateurs de flammes agissent comme des perturbateurs du métabolisme dans l'obésité, mais aussi le syndrome métabolique, et le diabète de type 2, il est maintenant convenu de les qualifier de perturbateurs métaboliques ou du métabolisme (metabolic disruptors)[145].
188
+
189
+ Des facteurs iatrogènes (voir iatrogénèse) sont connus.
190
+ Des psychotropes :
191
+
192
+ Des traitements hormonaux (dont contraceptifs oraux ou injectables), dont :
193
+
194
+ Mais aussi certains antiépileptiques et antalgiques neurotropes, des médicaments anti-cancéreux, des antidiabétiques (en particulier les glitazones), certains antihistaminiques, les corticoïdes, certains dérivés de l'ergot de seigle utilisés dans le traitement de fond des migraines[146],[147].
195
+
196
+ Des travaux récents ont montré qu'un déséquilibre dans l'écologie microbienne du microbiote intestinal peut induire ou exacerber l'obésité ; la perte de poids s'accompagnant d'ailleurs souvent d'un rétablissement de la flore intestinale qui a des impacts sur l'inflammation, la sensibilité à l'insuline et l'accumulation des graisses, trois facteurs impliqués dans l'obésité[148].
197
+
198
+ La perturbation du microbiote par des traitements antibiotiques - surtout dans l'enfance - favoriserait parfois l'obésité[149],[150]. Ceci concorde avec le fait qu'en élevage intensif les antibiotiques à faible dose sont utilisés pour améliorer le gain pondéral des animaux.
199
+
200
+ Les enfants nés par césarienne sont privés d'une partie du microbiote de leur mère. Ils sont plus susceptibles de devenir obèses[151].
201
+
202
+ La contribution de l'hérédité est peu à peu mieux connue. 6 ou 7 gènes seraient impliqués dans les formes monogéniques (dues à un seul gène) de l’obésité. Une vingtaine d'autres - à faible effet - causeraient ou faciliteraient des obésités dues à l'action conjointe de plusieurs gènes. Mais cela n’explique encore ni tous les mécanismes, ni toute l'héritabilité liée à cette maladie[152]. Tous ces gènes codent des protéines exprimées dans le cerveau (dans l'hypothalamus ou dans les neurones régulant l'appétit)[152].
203
+
204
+ Des gènes responsables ont été identifiés, qui interviennent sur la production par les adipocytes de leptine, une hormone (protéine) agissant au niveau du système nerveux central sur le contrôle de l'appétit et de la dépense énergétique.
205
+
206
+ Une mutation touchant le gène codant les récepteurs β3-Adrenergiques[153], ceux-ci principalement retrouvés à la surface des adipocytes, pourrait être également une des causes de l'obésité. En effet, lors d'un effort physique, ceux-ci ont en temps normal pour fonction de déclencher la libération d'acides gras (stockés sous forme de triglycérides) par les tissus adipeux, à la suite d'une stimulation du récepteur par un agoniste (adrénaline). Une fois ce processus enclenché (β3-Adr → protéine Gs→ adénylate cyclase → AMPc → protéine kinase A → lipase), des acides gras sont libérés dans la circulation sanguine. Les différentes cellules de l'organisme peuvent ainsi capter ces acides gras (qui diffusent librement à travers la membrane plasmique), les diriger vers la matrice mitochondriale (via la transformation en acyl-CoA → acylcarnitine → acyl-CoA), et les convertir en acétyl-coenzyme A (β-oxydation), qui sera utilisé dans le cycle de Krebs et la chaîne respiratoire dans le but de produire de l'énergie (ATP). Il semble ainsi logique qu'un défaut de fonctionnement de ces récepteurs soit une des causes de la persistance de tissus adipeux chez les personnes concernées.
207
+
208
+ Une des formes rares et sévère d’obésité (1 % des cas, associée à un retard mental) est associée au manque (délétion) d'un morceau du chromosome 16 ; quand ces 30 gènes manquent, le fait de ne disposer que d'une seule copie de ces gènes multiplie par 50 le risque de surpoids[152].
209
+
210
+ Le mode de vie influe aussi sur les facteurs génétiques. Une hypothèse est que le corps a été habitué depuis des millénaires à devoir faire face au manque ; la sélection naturelle aurait alors favorisé des personnes capables de stocker en période d'abondance pour faire face aux périodes de disette. Paradoxalement ces personnes seraient alors les moins adaptées à une abondance régulière. Le meilleur exemple de cette interaction entre génétique et mode de vie est fourni par les indiens Pimas. En effet, ce peuple est divisé en 2 communautés, l'une vivant en Arizona aux États-Unis et l'autre dans la Sierra Madre au Mexique[154]. La moitié des adultes Pimas d'Arizona sont diabétiques et 95 % de ceux-ci sont obèses[155] ; le différentiel de l'IMC est d'environ de 10 (34,2 et 24,9) entre les Pimas d'Arizona et ceux du Mexique[156], et la prévalence de l'obésité est de 70 %[157].
211
+
212
+ Par ailleurs, avec une même alimentation et une même pratique physique, la prise de masse varie selon les individus (selon leur métabolisme). L'obésité est plus importante dans les familles Pimas où un ralentissement du métabolisme énergétique au repos a été mis en évidence[158].
213
+
214
+ Une mutation du gène FTO augmenterait très sensiblement le risque d'obésité, et d'autant plus que cette mutation est homozygote (c'est-à-dire, présente sur les deux chromosomes)[159].
215
+
216
+ Chez les très jeunes enfants, des facteurs de risque de surcharge pondérale dès la période prénatale peuvent être diagnostiqués[160]. Ils incluent la surcharge pondérale de la mère en début de grossesse, la prise de poids excessive en cours de grossesse, le diabète gestationnel et le tabagisme.
217
+
218
+ L'arrêt du tabac entraînerait une prise de poids de quelques kilos en lien avec l'action métabolique de la nicotine. Cet effet, connu du public, apparaît d'ailleurs comme un frein - chez des femmes en particulier - à la décision d'arrêter de fumer.
219
+
220
+ Le microbiote intestinal des sujets atteints d'obésité est spécifique[161].
221
+
222
+ Facteurs culturels, en Mauritanie, l'obésité est un canon de la beauté féminine chanté par les poètes : les filles sont « gavées » dès leur plus jeune âge[162].
223
+
224
+ Environnement économique : l'obésité affecte en France 7,5 % des enfants d’ouvriers, contre 2,7 % des enfants de cadres selon une étude publiée en aout 2019 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees)[163].
225
+
226
+ Un individu souffrant d'obésité court plusieurs risques. Selon les résultats (publiés en 2019) d'un suivi de 2,8 millions de Britanniques : l'obésité sévère de classe III (IMC de 40 à 45 kg/m2) rend l'adulte 12 fois plus susceptibles de développer un diabète de type 2, et le rend 22 fois plus à risque d'apnée du sommeil (par rapport aux pairs de poids normal). L'obésité de classe I (30–35 kg/m2) expose à 70% de risques supplémentaires d'insuffisance cardiaque[164]. La mortalité croît dès que l'indice de masse corporelle dépasse 25 kg m−2 et l'espérance de vie diminue d'autant plus que cet indice est haut[165] ; cette réduction est évaluée à 8 ans chez les grands obèses[166].
227
+
228
+ Le niveau optimal serait un indice compris entre 22,5 et 25 kg m−2. En dessous de ce seuil, la mortalité augmenterait également sensiblement[167].
229
+
230
+ En 1992, l'obésité a été la cause estimée de 55 000 décès en France, essentiellement par maladies cardiovasculaires et diabète[183]. Par ailleurs, du fait des complications du diabète, l'obésité est la première cause de cécité avant 65 ans en France, et la première cause d'amputation. Cette sur-mortalité se retrouve chez tous les âges, ethnies ou sexes[184].
231
+
232
+ L'index de masse corporelle chez l'enfant serait directement corrélé avec le risque de développer une maladie cardiovasculaire, une fois adulte[185], mais il semble que si on parvient à normaliser le poids chez l'enfant, on atténue voire on élimine le sur-risque cardiovasculaire lié à l'obésité infantile[186].
233
+
234
+ L'homme le plus lourd du monde à ce jour, l'américain Robert Earl Hughes, est mort en 1958 à 32 ans d'un arrêt cardiaque lors d'une crise d'urémie[187].
235
+
236
+ L'obésité peut entraîner dépression, mal-être, complexes, inhibition, rejet de son corps et de sa propre personnalité. L'individu obèse risque de souffrir de discrimination et de mise à l'écart. Celui-ci pâtit de sa condition dans sa vie amoureuse. Selon une étude présentée à la Conférence internationale sur l'obésité d'Amsterdam en 2009, « les hommes obèses à 18 ans ont quasiment 50 % de chances en moins d'être mariés à l'âge de 30 ou 40 ans »[188].
237
+
238
+ L'obésité a un coût économique, provenant notamment de l'accroissement des dépenses médicales induites et d'une plus faible productivité au travail. Selon un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) :
239
+
240
+ « Les études ont montré que le risque d'absentéisme est deux fois plus élevé chez les travailleurs obèses que chez les travailleurs sains. L'obésité représente 2 à 7 pour cent des dépenses totales de santé dans les pays industrialisés. Aux États-Unis, le coût occasionné par l'obésité est estimé à 99,2 milliards de dollars[189]. »
241
+
242
+ Aux États-Unis, les dépenses médicales d'une personne obèse en 2008 sont supérieures de 36 % à celle des personnes ayant un poids normal[190]. Dans ce même pays en 2005, près de 16 % du budget de la santé serait consacré aux maladies en rapport avec l'obésité[191].
243
+
244
+ Les personnes obèses sont victimes de moqueries, de harcèlement et de mises à l'écart en raison de leur apparence physique (à l'école, au travail, pour accéder à une boite de nuit, pour réserver une place dans un avion, etc.)[192].
245
+
246
+ Les femmes à forte corpulence sont particulièrement victimes de ces comportements et de discriminations à l'embauche. Les tests par envoi de CV de l'observatoire des discriminations ont montré ce phénomène, qui est confirmé par les sondages disponibles de la Sofres, en particulier. Selon l'universitaire Jean-François Amadieu[193], cette stigmatisation des personnes obèses ou en surpoids s'apparente à une tyrannie de la minceur.
247
+
248
+ La discrimination dans les transports est très répandue avec, par exemple, l'obligation faite aux personnes obèses de payer deux sièges sur beaucoup de compagnies aériennes.
249
+
250
+ Dans la sphère professionnelle, l’obésité est un problème majeur. L’obésité peut entraîner des conséquences néfastes, comme :
251
+
252
+ En effet, une étude menée par l’IFOP[194], sur les inégalités concernant le domaine de l’emploi en 2015 révèle des discriminations liées aux personnes obèses en augmentation de 63%. Menée sur 1002 salariés de 18 ans et plus, et environ 500 demandeurs d’emploi, cette étude confirme les difficultés et les inégalités rencontrées par les individus obèses dans le milieu du travail.
253
+
254
+ En France, les salariés en situation d’obésité ou les personnes s’estimant discriminées dans l’emploi ou à l’embauche peuvent se prévaloir de l’article L. 1132-1 du Code du travail. Ce texte énumère les nombreux motifs de discriminations prohibés, soit : l’état de santé, le handicap et l’apparence physique.
255
+
256
+ Il en résulte qu’un salarié licencié en raison de son obésité peut agir sur le terrain de la discrimination fondée sur l’apparence physique pour obtenir la nullité de son licenciement, peu important que cette obésité constitue ou non un handicap au sens de la directive 2000/78[195].
257
+
258
+ Le développement de l'obésité constitue, aux yeux de certains spécialistes, l'un des signes de décadence d'une société. Ce thème est notamment développé par l'historien britannique Niall Ferguson[196] qui se réfère aux conclusions classiques de l'historien britannique Edward Gibbon sur la décadence physique des citoyens à la fin de l'Empire romain.
259
+
260
+ La question de l'obésité comme signe de déclin des États-Unis est également mise en avant par des géopolitologues, tel le Français Dominique Moïsi, qui cite en 2008 l'obésité parmi les signes de recul des États-Unis :
261
+
262
+ « L’évolution de leur corps, avec le nombre toujours plus grand d’obèses, l’approfondissement de leur endettement, le manque d’appétence des soldats américains pour des aventures extérieures sont autant de symboles de ce qui pourrait s’apparenter à un déclin[197]. »
263
+
264
+ Les autorités américaines commencent à prendre conscience des implications stratégiques du problème. Ainsi, le 1er mars 2006, lors d'une conférence à l'université de Caroline du Sud, le surgeon general (responsable fédéral en matière de santé) des États-Unis, Richard Carmona, a comparé l'obésité avec un « terrorisme de l'intérieur », s'interrogeant notamment, concernant l'avenir des Américains :
265
+
266
+ « D'où viendront nos soldats, nos marins, nos aviateurs ? D'où viendront nos policiers, nos pompiers […][198] ? »
267
+
268
+ L'obésité est un problème qui se traite sur le moyen et le long terme, avec un suivi médical voire psychologique. Le suivi médical et psychologique ont pour but de surveiller à ce que l'obésité et ses complications ne s'aggravent pas. L'obésité peut être en grande partie évitée en équilibrant son apport énergétique pour conserver un poids normal. À titre préventif, une alimentation régulière, basée sur le respect des heures des repas, permet de mieux contrôler ce qui peut être consommé. Le Programme national nutrition santé a été créé en France pour lutter contre ce fléau. Il propose des repères nutritionnels sur son site internet[199].
269
+
270
+ L'industrie agroalimentaire a tendance à mettre des matières premières bon marché dans les plats préparés afin de réduire le coût de fabrication, et notamment du sel, des sucres et des graisses produites à partir d'huiles hydrogénées contenant des acides gras insaturés trans, augmentant fortement les risques cardiovasculaires. Il est aussi vivement recommandé d'avoir une activité physique minimale. À défaut de pratiquer un sport, faire au moins une demi-heure de marche à pied par jour[199].
271
+
272
+ Enfin les facteurs psychologiques (plaisir de manger) et sociaux (manger ensemble, au cours d'un bon repas) jouent très favorablement[200]. En effet, l'acte alimentaire ne devrait pas être uniquement un acte physiologique mais également une source de plaisir. La culpabilité peut être un facteur aggravant de l'obésité.
273
+
274
+ Il a fallu attendre les années 2000 pour voir apparaître une définition internationale de l'obésité de l'enfant[201]. Les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle (hypertension) et les problèmes articulaires se retrouvent souvent chez les enfants en surpoids. Le diabète de type 2 n'est pas rare, il est souvent précédé d’une tolérance au glucose. L’augmentation du taux de cholestérol favorise aussi les calculs biliaires et les inflammations du foie[202].
275
+
276
+ La prévention auprès des enfants est importante. Ils sont les plus sensibles aux sollicitations publicitaires pour les aliments, ils sont naturellement attirés par les goûts sucrés, et une bonne partie des enfants a été habituée très tôt à un déséquilibre de l'alimentation, y compris dans le ventre de leur mère, si elle avait une alimentation déséquilibrée. C'est d'autant plus difficile de contrarier ces mauvaises habitudes qu'elles sont plus anciennes, cela demande plus de temps et de patience, pour eux et pour leur entourage.
277
+
278
+ En raison du mode de vie moderne, il devient difficile pour les parents de contribuer à une bonne nutrition de leurs enfants :
279
+
280
+ L'Association santé environnement France (ASEF) et ses médecins ont mené une enquête révélant que les enfants avaient de mauvaises habitudes alimentaires et des connaissances culinaires limitées[203],[204]. Selon cette enquête, à table près d’un enfant sur quatre boit du sirop, du jus de fruit ou du soda et 10 % rajoutent des sauces systématiquement (mayonnaise ou ketchup). Quatre-vingt-sept pour cent (87 %) des enfants ne savent pas ce qu’est une betterave et un écolier sur trois ne reconnaît pas un poireau, une courgette, une figue ou un artichaut. Un quart des enfants ne savent pas que les frites sont des pommes de terre et 40 % ne connaissent pas la composition des chips, du jambon ou des nuggets[203].
281
+
282
+ C'est pourquoi l'éducation à la nutrition est très importante, à l'école. Les expériences menées dans plusieurs villes françaises (programme E.P.O.D.E. : « Ensemble, prévenons l'obésité des enfants »[205]) montrent l'utilité et l'efficacité de cette éducation, à la fois pour les enfants et pour leurs parents : ce sont les enfants qui se font les ambassadeurs d'une alimentation équilibrée auprès de leurs parents. Pour les enfants obèses, une prise en charge familiale, psychologique et médicale est primordiale.
283
+
284
+ Pour favoriser la recherche sur l'obésité enfantine, l'European Childhood Obesity Group (ECOG) et la Fondation Louis-Bonduelle décernent un prix qui récompense une recherche sur l'obésité enfantine[206].
285
+
286
+ Dans plusieurs pays du monde (Allemagne, Angleterre, Autriche, Australie, Danemark, Écosse, États-Unis, Japon, Luxembourg[207], Norvège, Royaume-Uni, République tchèque, Suède et Suisse) existent des « crèches en forêt ». Les enfants y passent leur temps en plein air (dans une forêt) – ils y ont assez d’espace pour bouger, courir et s’amuser. Leur motricité, système immunitaire et le niveau de la santé sont beaucoup plus élevés que dans les crèches ou garderies traditionnelles[réf. souhaitée].
287
+
288
+ Il existe de nombreuses associations de lutte contre l'obésité aux États-Unis : Stop Obesity Alliance (Alliance contre l'obésité) est basée à Washington DC.
289
+
290
+ En Californie, le code de l'éducation prévoit des cours d'éducation physique dans les écoles publiques : 200 minutes de sport au moins tous les 10 jours d'école dans le primaire ; 400 minutes dans le secondaire. Les États de Floride, Arkansas et Pennsylvanie ont récemment lancé des programmes de sensibilisation des parents sur l'obésité infantile, par l'intermédiaire des écoles : par exemple, les établissements scolaires de l'Arkansas envoient aux familles un courrier les avertissant de l'obésité de leurs enfants depuis 2003. Les écoles ont introduit plus de fruits et de légumes dans les menus et ont augmenté les boissons sans sucre. Le gouverneur de l'Arkansas, Mike Huckabee et Bill Clinton ont annoncé en 2006 que les producteurs de soda ont décidé de remplacer les boissons sucrées dans les distributeurs. Cette politique a permis d'arrêter la progression de l'obésité chez les enfants[208]. Cadburry Schweppes, Pepsi et Coca-Cola ont annoncé qu'ils retireront leurs sodas des écoles à la rentrée 2008[209]. Coca-Cola a également lancé une nouvelle boisson qui ferait maigrir appelée Enviga[209].
291
+
292
+ L'entreprise McDonald's, considérée comme en partie responsable de l'obésité de par la taille de ses menus ainsi que ses pratiques commerciales (vu dans Super Size Me) a décidé de financer la lutte contre l'obésité et le diabète en faisant un don de deux millions de dollars au Scripps Research Institute[210].
293
+
294
+ En 2002, la sortie du livre Fast Food Nation relance le débat sur l'obésité aux États-Unis. En 2004, le film documentaire Super Size Me de l'Américain Morgan Spurlock met en relief les dangers du fast-food qui entraînent l'accroissement de l'obésité. Les autorités sanitaires de la municipalité de New York ont décidé d'interdire les graisses d’origine industrielle dans les 24 000 restaurants que compte la ville[211]. Elles imposent également aux fast-food d'afficher en grand les calories sur leurs menus. À Chicago, un projet d'interdiction des graisses issues d'hydrogénation industrielle sont à l'étude en 2006. La chaîne de restauration rapide Kentucky Fried Chicken a annoncé en octobre 2006, la substitution de ces graisses par une huile de soja dans ses 5 500 restaurants américains à partir d'avril 2007[212]. Les fast-food de Manhattan ont l'obligation d'afficher les calories contenues dans leurs menus[213].
295
+
296
+ La municipalité de Los Angeles envisage en septembre 2007 de proposer un « moratoire de deux ans sur la construction de nouveaux fast-foods dans les quartiers défavorisés du sud de la ville »[214].
297
+
298
+ En 2013, les maires de 18 grandes villes américaines[215] et des autorités de certains États[216],[217] proposent que les food stamps (aides sociales fédérales bénéficiant à 47 millions d'américains pauvres, administrées par les États) ne permettent plus d'acheter des boissons sucrées. Cette idée progresse au Congrès.
299
+
300
+ En France, une campagne de sensibilisation lancée en 2002 incite les gens à manger au moins cinq fruits et légumes par jour et à pratiquer l'équivalent d'une 1/2 heure de marche par jour (Programme national nutrition-santé — PNNS, puis PNNS 2). En 2007, les publicités destinées aux produits alimentaires pour enfants doivent être moins nombreuses et un message doit indiquer les risques que l'excès de ce genre de produits peut engendrer : sur les chaînes destinées aux enfants et lors des programmes pour la jeunesse, sont diffusés en petits caractères au bas des spots publicitaires les conseils « manger 5 fruits et légumes par jour », « dépense toi bien » et « évite de manger trop gras, trop sucré, trop salé ». L'efficacité de ce message sanitaire est sujette à caution, « la moitié des consommateurs ne le comprennent pas et pensent qu'il signale un aliment bon pour la santé »[218].
301
+
302
+ En 2005 les distributeurs automatiques de boissons dans les écoles ont été interdits. En 2012, une taxe spécifique sur les boissons sucrées et/ou édulcorées a été créée[219], cela alors même que le vin est deux fois moins taxé[220] mais est soumis au taux de TVA normal. Selon une étude commanditée par l'industrie des boissons, la taxe n'a pas eu l'effet recherché[221]. Le Sénat produit un rapport sur la fiscalité comportementale et poursuit ses travaux[222], le Sénat recommande d'augmenter la TVA sur les boissons sucrées et d'éliminer la taxe sur les boissons édulcorées.
303
+
304
+ Afin de prévenir l'obésité infantile, le 2e Plan national nutrition santé (PNNS) 2006/2010 a été mis en place. Ce plan comporte trois grandes mesures. Supprimer la publicité pour certains aliments et certaines boissons sucrés lors des programmes jeunesse. Inciter le retrait des sucreries aux caisses des magasins alimentaires. Et instaurer de nouvelles recommandations nutritionnelles pour la restauration scolaire. Concernant la suppression de la publicité, celle-ci n'est toujours pas à l'ordre du jour, la loi dite « Hôpital, patients, santé et territoire », promulguée en 2009, en ayant rejeté le principe[218]. Le PNNS est entré dans sa troisième phase[223] en 2011 et est complété par un Plan Obésité (PO)[224].
305
+
306
+ La Haute Autorité de santé a publié en septembre 2011 une recommandation de bonne pratique sur le Surpoids et l'obésité de l'enfant et l'adolescent(actualisation de ses recommandations de 2003) visant à améliorer la qualité de la prise en charge médicale des enfants et adolescents ayant un surpoids ou une obésité. Selon cette recommandation, en France, la prévalence estimée du surpoids incluant l’obésité était en 2006, d'après les références de l'International Obesity Task Force (IOTF), de 18 % chez les enfants de 3 à 17 ans, dont 3,5 % présentaient une obésité et est supérieure dans les populations défavorisées. La probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie selon les études de 20 à 50 % avant la puberté, à 50 à 70 % après la puberté.
307
+
308
+ La Haute Autorité de santé a également publié en septembre 2011 une recommandation de bonne pratique sur Le surpoids et l'obésité de l'adulte : prise en charge médicale de premier recours. En 2009, pour l’étude Obépi-Roche citée par cette recommandation, la prévalence de l’obésité (IMC ≥ 30 kg/m2) chez les adultes français de 18 ans et plus était de 14,5 % et celle du surpoids (25 ≤ IMC ≤ 30 kg/m2)de 31,9 % (16). La prévalence de l’obésité était plus élevée chez les femmes (15,1 %) que chez les hommes(13,9 %)et augmentait avec l’âge dans les deux sexes avec un pic pour la tranche d’âge 55-64 ans.
309
+
310
+ En 2012, si l’obésité continue à progresser, elle semble le faire de façon beaucoup plus modérée qu’au cours des 10 dernières années[225]. En effet, la Haute Autorité de santé, dans la mise à jour de 2011 de ses recommandations constate que depuis les années 2000 les observations suggèrent une stabilisation de la prévalence du surpoids et de l'obésité en France, chez l'enfant.
311
+
312
+ Alors que l’on comptait 6,5 millions d’obèses hexagonaux, il y en a aujourd'hui 6,9. Le taux d’obésité est donc passé de 14,5 % à 14,9 % avec un différentiel de plus en plus marqué entre les classes sociales les plus favorisées et celles qui le sont moins. L’accalmie ne concerne pas non plus les 18–24 ans. Dans cette tranche d’âge au contraire, l���incidence a véritablement bondi : + 35 %.
313
+
314
+ La Belgique met au point son Programme PNNS-B 2006-2010[226].
315
+
316
+ Au Royaume-Uni on évoque officiellement la possibilité d'une taxe sur le sucre pour combattre l'obésité[227]. Une limitation plus importante de la publicité destinée aux enfants est également à l'étude[228].
317
+
318
+ Les traitements visent, en principe, la restriction calorique pour obtenir une réduction pondérale. Parmi les moyens utilisés, il y a le régime, l'activité physique et le soutien personnalisé[229].
319
+
320
+ Les régimes amaigrissants sont de plusieurs sortes :
321
+
322
+ L'évaluation de l'efficacité de ces différents régimes est délicate, car les études publiées tentant de le faire sont « ouvertes » (le patient sait à quel type de régime il est soumis) et leur interprétation est donc susceptible de certains biais. De plus, elles sont de courte durée. Aucune étude n'a suivi le maintien de l'efficacité d'un programme de réduction pondérale sur plus de 5 ans. Les études les plus prolongées ont montré qu'au bout de cinq ans seuls 5 % des patients avaient maintenu leur poids initial, et 64 % des patients avaient tout repris. En pratique, les conseils diététiques sans accompagnement sont d'une efficacité modérée et limitée dans le temps (forte probabilité de reprise de poids)[246],[231]. Il semble médicalement raisonnable de viser au maximum une perte de poids de 5 à 10 % du poids initial[231].
323
+
324
+ L'engouement pour chacun de ces types de régimes (annoncés souvent comme nouveaux et miraculeux) varie dans le temps selon des effets de mode. La plupart des régimes alimentaires récemment mis en avant sont des régimes d'exclusion (on interdit une ou plusieurs catégories d'aliments, seuls ceux autorisés peuvent être consommés). Exemples : Mayo[247], Atkins, South Beach/Miami, Dukan, Montignac, Scarsdale[248], Hollywood, Jenny Craig, Low-carb, Détox, sans gluten, sans produits laitiers (ou la combinaison des deux), Seignalet/paléo, etc.
325
+
326
+ Techniquement il est quasiment impossible de perdre plus de 200 g de graisse par jour (150 g pour une femme)[249] - le corps humain étant essentiellement composé d'eau (66 % environ), de graisse (lipides), de protéines et de sels minéraux (surtout du phosphate de calcium dans les os et les dents) - les résultats acquis les premiers jours étant reliés à la consommation du stock de glycogène et de l'eau associée, de l'évacuation des selles et à une alimentation moins riche en sel (qui fait perdre de l'eau également). Cela explique aussi les reprises spectaculaires de poids par évolution inverse.
327
+
328
+ Dans son avis relatif à la demande d’évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement[250] rendu le 4 mai 2011, l'ANSES met en garde contre les risques « d'apparition de conséquences néfastes pour la santé » des régimes amaigrissants, « des perturbations physiologiques somatiques (d'ordres osseux, musculaire, hépatique et rénal), des modifications profondes du métabolisme énergétique et de la régulation physiologique du comportement alimentaire, ainsi que des perturbations psychologiques (troubles du comportement alimentaire). Ces dernières modifications sont souvent à l'origine du « cercle vicieux » d'une reprise de poids, éventuellement plus sévère, à plus ou moins long terme ». Soulignant en particulier que « la reprise de poids concerne 80 % des sujets après un an et augmente avec le temps » et que, sur le plan psychologique, « la dépression et la perte de l’estime de soi sont des conséquences psychologiques fréquentes des échecs à répétition des régimes amaigrissants ».
329
+
330
+ Sur le plan somatique, l'agence souligne en particulier que « l’amaigrissement ne se fait pas uniquement aux dépens des réserves de masse adipeuse mais conduit rapidement à l’affaiblissement du sujet par perte de masse maigre, notamment musculaire et osseuse, quel que soit le niveau d’apport protéique » (ce qui veut dire : régimes hyperprotéinés compris) et que « les pratiques des régimes amaigrissants, en particulier lorsqu'elles sont répétées dans le temps, sont délétères pour l’intégrité du capital osseux : ainsi, pour une perte de poids de 10 %, il est observé en moyenne une diminution de un à deux pour cent de la densité minérale osseuse » d'où à long terme, risque d'ostéoporose et de fracture. L'avis de l'ANSES n'évalue pas le jeûne ni le jeûne intermittent cependant.
331
+
332
+ Une étude signale un taux de succès moyen à long terme des régimes de 15%[251], avec un meilleur taux de succès pour des régimes accompagnés de support collectif (type WeightWatchers), de modifications de comportements et un suivi actif pendant plusieurs années (par exemple par un coach, un nutritionniste ou un diététicien).
333
+
334
+ Sans parler de restriction calorique, diverses actions au niveau des aliments ingérés sont envisageables :
335
+
336
+ Les phytothérapeutes conseillent l'utilisation de certaines plantes médicinales ou d'extraits de plantes, en complément d'un régime hypocalorique bien équilibré[277][réf. à confirmer] :
337
+
338
+ L'activité physique, sans restriction calorique, permet à elle seule d'avoir une baisse modérée du poids. L'association de l'activité physique à un régime est plus efficace que chacun des éléments pris séparément[278]. Elle n'est pas nécessairement sportive. Il est nécessaire d'encourager l'activité physique régulière. Cette dernière permet le maintien, au long terme, de la perte de poids[279].
339
+
340
+ D'autres actions contre l'obésité, tenant compte de l'échec relatif des régimes amaigrissants, visent à modifier les modes de vie et à rétablir un équilibre entre les apports alimentaires et le métabolisme[280]. Dans le cadre d'un régime avec restriction calorique raisonnable avec ré-équilibrage[281] des repas par diminution des apports au dîner et accroissement des apports au petit-déjeuner, le métabolisme de base qui représente 70 % du métabolisme doit être augmenté[282], parallèlement au métabolisme d'effort correspondant à la pratique d'activités physiques, mais qui ne constitue que 20 % environ du métabolisme.
341
+
342
+ On peut aussi agir sur certains aspects du mode de vie (meilleur sommeil[283],[284], moins de stress[285], moins de luminosité nocturne[286], moins de sédentarité[287], remplacement de temps passé assis par du temps passé debout[288], diminution de l'exposition à la publicité[289], diminution du temps passé devant la télévision[290], etc.).
343
+
344
+ Il a été démontré qu'un soutien actif de type thérapie comportementale améliore l'efficacité des mesures diététiques par rapport à des groupes sans thérapie (-4 à -8 kg)[291]. Les thérapies familiales avec le conjoint ont été légèrement plus efficaces, contrairement aux thérapies de groupe qui ne sont pas plus efficaces que les thérapies individuelles.
345
+
346
+ Au-delà du traitement comportemental, certains psychanalystes lèvent les causes inconscientes de l’enfermement dans ce symptôme et permettent alors le respect de modes de vie plus propices au respect des préconisations d’alimentation et d’exercice physique. Catherine Grangeard montre que diverses problématiques ne permettent en rien de définir une « personnalité obèse »[292].
347
+
348
+ Le bilan des thérapies médicamenteuses de l'obésité est peu reluisant : tous les médicaments promus dans les dernières décennies ont été qualifiés de percées majeures mais ont tous déçu en raison, principalement, de leurs effets secondaires[293]. Aucun de ces médicaments n'est supérieur par rapport à l'autre. Ils doivent être pris pendant au moins plusieurs années[réf. nécessaire] et leur arrêt provoque souvent une reprise du poids ; certains diminueraient divers facteurs de risque cardiovasculaire : ainsi l'orlistat diminuerait la progression du diabète[294] (grâce à son action dans le système digestif) chez les sujets à haut risque et le rimonabant diminuerait le tour de taille et améliorerait les taux en HDL cholestérol et en triglycérides[295]. Néanmoins, ces critères sont appelés en épidémiologie critères intermédiaires, ce qui veut dire que diminuer ces facteurs de risque ne prouve pas qu'on améliore l'espérance de vie des personnes.
349
+
350
+ Les molécules étudiées sont :
351
+
352
+ La chirurgie bariatrique consiste à restreindre l'absorption des aliments, diminuant, de fait, l'apport calorique journalier.
353
+
354
+ L'anneau gastrique réduit la prise de nourriture et la gastroplastie consiste à réduire la taille de l'estomac en supprimant une partie, de manière à réduire la prise de nourriture, mais aussi la production d'une hormone sécrétée par l'estomac (la ghréline) qui est à l'origine de la sensation de faim quand l'estomac est vide (le taux de cette hormone augmente quand l'estomac est vide et diminue après le repas).
355
+
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+ La stimulation électrique du nerf vague permet de couper la sensation de faim, entraînant une perte de poids. Un dispositif de cette sorte a eu l'agrément de la Food and Drug Administration pour cette indication en 2015[312].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sus scrofa • Sanglier d'Europe, Sanglier d'Eurasie
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+
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+ Espèce
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+
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+ Répartition géographique
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+
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+ Statut de conservation UICN
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+
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+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Le sanglier d'Europe, sanglier d'Eurasie ou plus simplement sanglier (Sus scrofa), est une espèce de mammifères omnivores, forestiers de la famille des Suidés. Cette espèce abondamment chassée est aussi considérée comme une espèce-ingénieur[1], capable de développer des stratégies d'adaptation à la pression de chasse, ce qui lui confère parfois un caractère envahissant[1].
12
+
13
+ Le porc (ou cochon) est issu de la domestication du sanglier. Longtemps considéré comme une sous-espèce du sanglier sous le nom de Sus scrofa domesticus il est maintenant considéré comme une espèce à part entière (Sus domesticus) afin de limiter les confusions entre les populations sauvages et domestiques[2].
14
+
15
+ Une femelle de sanglier est une laie [11],[12],[13] et un jeune sanglier âgé de moins de six mois, à la livrée rayée, est un marcassin[14],[15],[16]. Dans le lexique de la chasse, notamment celui de la vénerie, un jeune sanglier âgé de six mois à un an, qui a perdu sa livrée de marcassin, est appelé une bête rousse[17],[18] ; un mâle adulte, une bête noire, ou bête de compagnie à un an[17],[18] ; un ragot à deux ans[19],[20] ; un tiers-an, ou tiers-ans, à trois ans[21] ; un quartanier, ou quartannier, de 4 à 5 ans[22],[23] ; un vieux sanglier à six ans ; et un grand vieux sanglier à sept ans et plus. Un solitaire est un sanglier qui vit seul[24].
16
+
17
+ Le substantif masculin « sanglier » vient du latin vulgaire singularis (porcus)[9] qui signifie littéralement « porc solitaire »[9] et a d'abord désigné « le mâle qui vit seul »[9]. Il est attesté vers 1140 sous les graphies sengler et senglier[9].
18
+
19
+ L'avant-train est puissant, le cou massif. La tête (hure) a une forme globalement conique. Les flancs sont comprimés. Le pelage est constitué de longs jarres très rêches (les soies) ainsi que d'un épais duvet.
20
+
21
+ Les adultes sont de couleur gris-brun uniforme, foncé en général ; les plus jeunes ont un pelage formé de bandes rousses et crème horizontales. Les oreilles (les écoutes) triangulaires sont toujours dressées. Les canines sont particulièrement développées. Celles de la mâchoire supérieure, les grès, se recourbent vers le haut durant la croissance. La taille des mâles est plus importante que celle des femelles. En outre, les sujets présents dans le sud de l'Eurasie sont plus petits que ceux du nord et de l'est, en accord avec la règle de Bergmann. Leurs dimensions augmentent aussi de l'ouest vers l'est de l'Europe. En Sardaigne, on trouve de très petits sujets.
22
+
23
+ Le sanglier européen peut peser de 150 à 160 kg pour le mâle et 100 kg pour la femelle environ. Le poids d'un sanglier de plaine où les cultures de maïs abondent est significativement plus important que celui de son congénère établi en montagne. Sa longueur, de la tête et du corps varie de 1,10 à 1,80 m et sa hauteur au garrot de 0,60 à 1,15 m.
24
+
25
+ Sa queue moyennement longue (25 à 30 cm) se termine par un long pinceau de soies. Généralement, elle est pendante quand l'animal est calme et bien dressée s'il est inquiet ou en colère.
26
+
27
+ Le sanglier possède un corps trapu et une tête volumineuse. Sa tête est prolongée d'un groin très allongé appelé boutoir, et de deux grandes oreilles mobiles. Ses canines sont très développées : les supérieures s'appellent les grès et les inférieures les défenses. Ces défenses poussent tout au long de la vie du sanglier. Les plus beaux trophées proviennent des mâles les plus âgés. En ouvrant et fermant sa gueule, le sanglier aiguise ses défenses sur les grès. Résultat: elles sont acérées en permanence.
28
+
29
+ Le squelette est massif et solide, le crâne a une forme trapézoïdale (vue de profil). On en retrouve des éléments (dents, défenses, sabot percé, os) qui semblent avoir servi de bijoux ou éléments pendentifs[25] de décor durant la Préhistoire. On retrouve aussi des défenses associées à des tombes ou puits funéraires préhistoriques[26].
30
+
31
+ Le cochon domestique, une sous-espèce (Sus scrofa domesticus), possède 38 chromosomes. Le sanglier européen n'en détient que 36, à la suite d'une fusion ancestrale. Leur descendance commune, appelée cochonglier ou sanglochon, est fertile. Les hybrides de première génération possèdent 37 chromosomes. Ensuite ils peuvent en avoir 36, 37 ou 38. L'hybridation est fréquente dans les régions d'élevage de cochons en plein air ou bien lorsque la population sauvage a été reconstituée par des femelles de cochons domestiques saillies par un sanglier mâle. Le sanglier corse est génétiquement très proche du cochon domestique.
32
+
33
+ Le sanglier a été introduit par l'Homme hors de son aire naturelle de répartition, dont en Amérique du Nord où il a parfois été croisé avec diverses souches de cochons. Ceci complexifie encore sa génétique, mais aussi sa dénomination commerciale légale. En Amérique du Nord, où il n'existe normalement pas dans la nature, certaines étiquettes commerciales qualifient sa viande de « sanglier sauvage », alors qu'il est élevé, et introduit.
34
+
35
+ Le sanglier est essentiellement nocturne (une évolution peut-être due à la présence de l'homme). Il est plutôt sédentaire et apparemment attaché à son territoire quand il est entouré d'obstacles[27], mais dans un milieu qui lui convient, il peut parcourir plusieurs dizaines de kilomètres dans la nuit et son aire vitale peut atteindre de 100 hectares à plus de 1 000 ha[28],[29]. Il sélectionne ses habitats selon la saison, l'heure du jour ou de la nuit et ses besoins alimentaires[30].
36
+
37
+ Régulièrement, le sanglier se vautre dans la boue dans des lieux appelés « souilles », et se frotte avec insistance contre les troncs d'arbres avoisinants pour se débarrasser d'un certain nombre de parasites, réguler sa température corporelle et marquer son territoire. Il dort dans de petites dépressions du sol, sèches, bien dissimulées, nommées « bauges ».
38
+
39
+ Les sangliers sont grégaires[31]. Ils forment des troupes (ou bandes) appelées hardes[32] ou compagnies[33] et dont la taille varie selon le lieu et la saison[31]. Une harde (ou compagnie) compte d'ordinaire de six à vingt individus[31], quoique des troupes (ou bandes) de plus de cent individus aient déjà été observées[31]. L'unité de base est un noyau composé d'une ou plusieurs laies et leurs dernières portées de marcassins[31]. La dynamique du groupe inclut l'isolement de la laie (pré)parturiente puis sa rentrée avec sa portée, l'entrée de laies nullipares ainsi que l'arrivée de mâles adultes avec le départ simultané d'individus subadultes[31]. Les ragots (sangliers de 2 à 4 ans) ferment la marche lors des déplacements, mais sont remplacés par des mâles plus âgés en période de rut. Les cortèges sont souvent bruyants, non seulement par le bruit lourd des pas, mais aussi par les grognements, cris, soufflements et autres reniflements. Cependant, les sangliers savent se montrer discrets et silencieux s'ils se sentent menacés.
40
+
41
+ Le sanglier, omnivore et volontiers fouisseur, consomme de très nombreuses parties d'un grand nombre de végétaux (tubercules, rhizomes fruits dont les glands et les noix, céréales, etc.), des champignons (dont champignons à fructification souterraine tels que truffe ou truffe du cerf), de nombreux animaux (vers, mollusques, insectes et leurs larves, petits mammifères, lissamphibiens, oiseaux et autres sauropsides) morts ou vivants. S'il est affamé, il est réputé pour pouvoir occasionnellement s'attaquer à un animal plus grand mourant, voire à une brebis en bonne santé, en particulier lors de la mise-bas. Il se montre volontiers nécrophage.
42
+
43
+ À l'approche de l'homme, le sanglier prend généralement la fuite avant qu'on ne l'ait détecté et peut se montrer étonnamment agile et rapide. Une laie pressentant un danger pour ses marcassins, peut se montrer dangereuse et charger, ou attaquer un chien, de même qu'un adulte blessé. Irrité, un sanglier claque violemment des dents ; on dit alors qu'il « casse la noisette ».
44
+
45
+ Les déplacements importants d'individus ou de groupes sont habituellement induits par le manque de nourriture ou d'eau mais un autre facteur croissant de déplacement de groupes de sangliers est le dérangement : surfréquentation des couverts forestiers par les promeneurs et les cueilleurs de champignons (qui dans certains cas écument certaines parcelles forestières), poursuite par les chiens non tenus en laisse, traque lors des journées de chasse en battue, chantiers forestiers, construction de lotissements sur des terres agricoles, etc.
46
+
47
+ Les sangliers peuvent ainsi, seuls ou en groupe, parcourir des distances très importantes, traverser des fleuves et des routes, ce qui occasionne de nombreuses collisions avec des véhicules. Néanmoins, les individus semblent généralement ensuite chercher à revenir sur leur territoire.
48
+
49
+ À certaines périodes de l'année, il est d'autant plus important de respecter la tranquillité du sanglier, afin de ne pas l'encourager à investir les cultures agricoles :
50
+
51
+ À défaut, les agriculteurs subissent d'importants dégâts dans leurs récoltes tandis que les chasseurs doivent payer les factures des dégâts et endosser la colère des exploitants agricoles.
52
+
53
+ L'activité reproductrice du sanglier a tendance à être saisonnière[31] et est corrélée à la disponibilité relative des principales denrées alimentaires ou est reliée à des facteurs climatiques[31] .
54
+
55
+ Le rut s'étale d'octobre à janvier avec une activité importante dans les mois de novembre et décembre. Lors d'affrontements violents entre mâles, des blessures parfois importantes peuvent être occasionnées. La gestation dure 3 mois, 3 semaines, 3 jours (soit 114 à 116 jours), la laie met bas dans le chaudron (une excavation plus ou moins aménagée dans la végétation basse) de 2 à 10 marcassins aux yeux ouverts. Le nombre de petits est corrélé au poids initial de la femelle (40 kg : deux petits, 60 kg : quatre petits), mais dans le sud de la France les populations de sangliers ont été recréées ou renforcées par des hybrides de cochon domestique dans le but d'augmenter la prolificité. L'allaitement dure 3 à 4 mois, mais les jeunes sont aptes à suivre la mère dans ses déplacements dès la fin de leur première semaine. Bien que capables de subvenir à leurs propres besoins vers l'âge de six mois, ils demeureront dans le groupe familial encore une ou deux années.
56
+
57
+ Le sanglier remplit des fonctions complexes et importantes au sein des écosystèmes qu'il fréquente.
58
+
59
+ Le sanglier affectionne particulièrement les zones arborées disposant de points d'eau. Cependant, il est relativement ubiquiste et on peut le rencontrer dans de nombreux autres types de milieux. Les landes sont par exemple des milieux très favorables pourvu qu'une strate arbustive même discontinue approche un mètre de haut. Il évite simplement les grandes zones trop à découvert. Il est aussi visible dans une très grande partie de la Sologne.
60
+
61
+ Il est présent dans de nombreuses régions d'Europe (une partie du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, d'Italie, d'ex-Yougoslavie…) et d'Asie, ainsi qu'en Afrique du Nord. Il a disparu des Îles Britanniques.
62
+
63
+ Au moment de la chasse ou à d'autres périodes, des sangliers sont de plus en plus souvent observés[37] en zone périurbaine, et plus rarement en centre ville. Leur présence dans ces zones peut poser des problèmes sanitaires et de sécurité (routière notamment).
64
+
65
+ Ainsi, des compagnies de sangliers sont régulièrement observées sur les hauteurs de Barcelone et en périphérie de la ville. Et il y aurait à Berlin entre 5 000 et 8 000 sangliers périodiquement réfugiés ou vivant dans le réseau des espaces verts berlinois[38]. En 2004, à Saint-Amand (Nord), un sanglier s'est réfugié 18 heures (avant d'être abattu par un chasseur) dans la cour intérieure de l'hôpital[39]. En octobre 2011, le terrain de football de Metz-en-Couture est en partie « muloté » (retourné) par des sangliers[40]. En novembre 2011 à Toulouse, une laie désorientée a erré plusieurs heures dans le centre historique de Toulouse, traversant la place du Capitole, avant de plonger dans le Canal du Midi face à la gare où elle a été abattue sur ordre du préfet[41], au lieu d'être sortie de l’eau et relâchée dans la nature, comme le réclamaient quelques témoins de la scène.
66
+
67
+ Tout comme l'ensemble du grand gibier (cerfs, chevreuils)[42], une prolifération des sangliers est observée en Europe (augmentation de quatre ou cinq fois en moyenne par pays en vingt ans[43]), et plus particulièrement en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, au Luxembourg, au Portugal[43] et en Suisse[42], depuis les années 1980-1990[42],[43]. Celle-ci entraîne une hausse des dégâts agricoles et forestiers, entravant par exemple le taux de renouvellement de la forêt[42], un risque de prolifération de maladies et l'augmentation du risque d'accidents de la route. Cette prolifération inquiète aussi certaines zones urbaines[43]. Elle s'explique par une plus grande précocité reproductive[44], l'évolution des emblavements des cultures refuges, le changement climatique et une régulation déficiente par la prédation ou la chasse[43]. En 2009, le ministre français de l'Écologie Jean-Louis Borloo lance un Plan national de maîtrise du sanglier[44].
68
+
69
+ Le sanglier, porc féral (redevenu sauvage) ou des croisements de porcs et sangliers ont été introduits (volontairement ou involontairement) dans plusieurs régions du monde et dans de nombreuses îles.
70
+
71
+ Ainsi en 1493, Christophe Colomb a importé huit porcs aux Antilles. Plusieurs importations ont eu lieu sur le continent américain dès le milieu du XVIe siècle par Hernán Cortés et Hernando de Soto, et au milieu du XVIIe siècle par le sieur de La Salle. Du sanglier eurasien « pur » a aussi été importé pour satisfaire la « chasse sportive » au début du XXe siècle[45]. De vastes populations de sangliers se sont ainsi peu à peu formées en Australie, Nouvelle-Zélande et l'Amérique du Nord et du Sud[46]. Aux États-Unis, il y aurait environ 6 millions de porcs redevenus sauvages[47] et dans la première décennie du XXIe siècle, des sangliers échappés de fermes d'élevage se sont rapidement reproduits au Canada en Alberta et en Saskatchewan ; des primes sont offertes pour les paires d'oreilles rapportées par les chasseurs.
72
+
73
+ Au Royaume-Uni où l'espèce a probablement disparu au XIIIe siècle à la suite d'une chasse intensive, des échappés d'élevage et d'autres sangliers importés du continent pour satisfaire la chasse de loisir ont formé de nouvelles populations[48].
74
+
75
+ Le genre Sus appartient à la famille des Suidés, dans l'ordre des Artiodactyla ou des cétartiodactyles selon les classifications.
76
+
77
+ Selon ITIS (14 septembre 2017)[49] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (14 septembre 2017)[50] :
78
+
79
+ C'est le grand mammifère chassé dont la population augmente le plus en Europe[51], à la suite des plans de chasse, mais aussi par l'agrainage abondamment pratiqué, la déprise agricole au profit de la forêt et de la garrigue, la grande quantité de nourriture dans les champs exploités (notamment les vastes monocultures de maïs qui offrent un refuge aux hardes)[52].
80
+
81
+ L'agrainage notamment lorsqu'il est réalisé, de façon linéaire (c'est-à-dire avec un petit épandeur tout en circulant le long d'un chemin), vise à disperser une quantité modérée de maïs grain (2 à 3 kg/100 ha de surface boisée) sur une distance, longue de plusieurs centaines de mètres. Il en résulte que les sangliers vont passer du temps à ramasser les grains ; temps pendant lequel la nuit va passer en grande partie, les amenant aussi à trouver d'autres fruits forestiers et, leur éviter ainsi de se rendre dans les cultures agricoles, aux alentours des forêts.
82
+
83
+ L'agrainage est, par exemple, interdit à moins de 250 m de toute surface agricole (y compris zone d'habitations) dans le département de la Moselle depuis plusieurs années.
84
+
85
+ En France, les chasseurs ont lâché dans la nature, et ce des années durant, des animaux croisés en captivité (une pratique désormais interdite), provoquant une très forte augmentation de leur nombre[56]. Les chasseurs le chassent à l'affût, ou organisent des battues pour en prélever et réduire leur nombre : depuis les années 2010, ils tuent environ 500 000 sangliers par an, y compris hors de la saison de la chasse, soit quatre fois plus qu’il y a vingt ans (la Fédération nationale des chasseurs estimant que leur population est de 1 à 1,5 million d'individus) et ils sont désormais classés « nuisibles » dans nombre de départements[57]. Le naturaliste Pierre Rigaux souligne que « le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance d’animaux à tuer, résume l’écologue. Les chasseurs ont maintenant le beau rôle, celui de régulateurs de sangliers, justifiant plus largement dans l’inconscient collectif leur rôle de régulateur de la faune sauvage[56]. »
86
+
87
+ Le sanglier sauvage avait disparu en Grande-Bretagne et en Irlande au XVIIe siècle, mais des individus d'élevage échappés des enclos de ferme ont récemment été repérés à travers le Weald[58].
88
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89
+ À Berlin, leur population est estimée entre 5 000 et 8 000 individus, et plus de 500 bêtes ont été abattues entre avril et novembre 2008 à l'initiative de la municipalité[38].
90
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+ Il a fait l'objet de réintroductions en France[59], en Égypte[60] et plusieurs études ont étudié les possibilités de réintroduction au Royaume-Uni (en Écosse notamment dont pour évaluer le nombre minimal de sanglier à introduire pour avoir une population viable à long terme (« Minimum viable population » ou MVP pour les anglophones)[61] et pour savoir s'il existait encore en Écosse, région fortement déforestée, des boisements assez grands pour abriter une telle population[62].
92
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93
+ En France, à la suite d'une augmentation de population dépassant nettement les prélèvements, et pour limiter les coûts des dégâts du gibier (indemnisations aux agriculteurs passées de 20 à 30 millions d'€ par an entre 2000 et 2010 en raison notamment du doublement du prix des céréales[63]), pour limiter certains risques sanitaires[63] (risque de « retour » de certaines zoonoses transmissibles entre animaux sauvages et d'élevage ou à l'homme), un plan national de maîtrise du sanglier a été mis en place en 2009, sur tout le territoire avec 13 mesures[64] (à appliquer dans chaque département) pour en limiter la démographie puis en maîtriser les populations. L'agrainage du sanglier pourrait aussi être interdit[63], sauf cas particulier (quand sa nécessité est démontrée).
94
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+ 747 000 sangliers étaient abattus en France en 2019, contre 36 000 en 1973[52].
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+ Le sanglier est apprécié en venaison pour sa chair goûteuse et peu grasse. À l'instar du porc, tout se mange dans un sanglier. Certains bouchers et charcutiers produisent du jambon fumé de sanglier, notamment en Ardenne belge.
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+ Sur la base d'une compilation de 144 206 résultats d'analyses de plomb dans les aliments recueillis en Europe durant neuf ans, l'AESA[65] notait en 2012 qu'alors que la plupart des aliments ont un taux de plomb qui a diminué, la viande de sanglier (avec celle du faisan et divers abats d'autres espèces gibier) reste préoccupante en termes de teneur en plomb (teneur moyenne de 1143 μg/kg, soit environ 100 fois plus élevée que la viande de porc/porcelet (11 μg/kg en moyenne), et 1 600 fois la dose moyenne ingérée par jour par un européen moyen (0.68 µg/kg/jour/personne)[65]. Un échantillon de viande de sanglier sauvage a culminé à 232 000 μg/kg, le record pour près de 145 000 analyses parmi 734 catégories d'aliments consommés en Europe[65]. Ces teneurs très élevées en plomb peuvent être dues au caractère nécrophage du sanglier, son goût pour les champignons (dont certains bioconcentrent très bien le plomb, notamment dans certaines forêts de guerre où le plomb des munitions fait partie des séquelles laissées par les conflits armés), mais les résidus de plomb laissés par les munitions qui ont servi à le tuer sont aussi en cause[66].
100
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101
+ Les défenses, en ivoire, matériau dur, étaient utilisés pour réaliser des casques en défense de sanglier par la Civilisation minoenne.
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+ En France, de 1984 à 1986[67] (en 3 ans), il y avait eu 11 055 collisions avec animaux sauvages (phénomène dit de roadkill) déclarées (un peu moins de 4 000/an), ayant fait 75 blessés[63].
104
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105
+ En 1993-94, pour 25 départements étudiés, on a constaté un triplement du nombre de collisions (par rapport au précédent recensement), sur des routes départementales le plus souvent, mais avec une augmentation préoccupante sur les autoroutes (de 6,8 % en 1984-86, 18,3 % en 1993-94). Le sanglier est en cause dans 1/3 des cas environ, derrière le chevreuil (75 % des collisions, en forêt presque toujours) avec selon les statistiques de la police et gendarmerie pour 2008-2010 : 500 accidents corporels dus à animal sauvage (+/-170/an), 35 tués (+/-12/an), 350 hospitalisations (+/-115 par an) et 200 blessés légers (65 par an). Depuis 2003, le fonds de garantie (n'indemnisant originellement que les victimes d’accidents de la circulation dont les auteurs sont non-assurés ou non-identifiés) intervient. En 2008 il y eut près de 35 000 collisions déclarées, dont plus de 60 % par du grand gibier (36 % sangliers, 17 % chevreuils, 8 % cerfs), pour 16 millions d'euros de dégâts réglés par les assureurs. En 2009, le fonds de garantie a été déchargé de sa mission d’indemnisation au profit d'un règlement des dommages par les assurances et risques assurables[63].
106
+
107
+ De manière générale, une « surpopulation » de sangliers peut augmenter certains risques pour les élevages porcins proches, mais aussi pour la santé humaine, dont via des virus grippaux porcins, et peut-être celui de la grippe aviaire[réf. nécessaire] ou assurément via la maladie de Lyme, la peste porcine, la peste africaine, la maladie d'Aujeszky (aussi dite « pseudo-rage ») ou diverses parasitoses dues à des nématodes Metastrongylus, la trichinose (affection dont l'augmentation est liée au nombre de sangliers), ou encore via une augmentation du risque d'accidents de la route, avec des dégâts matériels importants, des blessures corporelles voire pertes en vies humaines[68].
108
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109
+ Les « pullulations » locales de sanglier, peuvent être source de risque épidémique[69], y compris aux États-Unis où des sangliers introduits à partir de l'Europe (dès les années 1500) comme gibier ont localement proliféré, notamment là où ils se sont croisés avec des porcs domestiques (ils seraient au moins 4 millions dans 39 États du pays, surtout en Californie, au Texas et dans le Sud-Est du pays). Une étude publiée en 2011, confirmant d'autres études faites au Texas ou dans d'autres États a montré que les risques d'exposition aux parasites Toxoplasma gondii et Trichinella (trouvés dans le sang de 83 sangliers sauvages tués en Caroline du Nord de 2007 et 2009) augmente alors que ces deux parasites (ici trouvés pour la première fois chez des sangliers) avaient été éliminés des élevages de porcs. Ces parasites ingérés provoquent des symptômes pouvant être confondus avec ceux de la grippe, mais T. Gondii est dangereux pour la femme enceinte et les personnes ayant un système immunitaire affaibli (C'est une cause majeure de décès pour cause de maladie d'origine alimentaire aux États-Unis)[69]. Trichinella peut produire des symptômes légers à sévères, avec dans le pire des cas des problèmes cardiaques potentiellement mortels et de graves problèmes respiratoires selon les CDC[69]. Même dans les cas modérés, la fatigue, un état de faiblesse et des diarrhées peuvent durer des mois[69].
110
+
111
+ Omnivore et nécrophage à l'odorat fin, le sanglier a aussi un rôle sanitaire : il détecte et élimine rapidement les cadavres de nombreux petits et gros animaux, même cachés, en évitant qu'ils contaminent les eaux superficielles par des pathogènes ou toxines (botuliques notamment, auxquelles il se montre très résistant). Pour cette raison, c'est une espèce qui – bien que non située en bout de chaîne alimentaire – peut fortement bioconcentrer certains toxiques et polluants (via les cadavres qu'il mange ou via les champignons basidiomycètes et souterrains contaminés (dont par des radionucléides[70], après Tchernobyl par exemple) qu'il consomme en grande quantité).
112
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113
+ Selon Fernández & al., au-delà des considérations empiriques[71], les risques zoonotique, sanitaire pour les élevages et écoépidémiologiques devraient être mieux pris en compte lors des opérations de translocation ou de réintroduction[72]
114
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+ Les sangliers ne sont pas situés en fin de la chaîne alimentaire. Mais en tant qu'animaux fouisseurs omnivores, nécrophages et mycophages ils sont vulnérables à certains polluants ; ainsi de l'hydrogène sulfuré a tué, au cours de l'été 2011, 36 sangliers (pour un seul ragondin) sur une zone de marées vertes en Bretagne[75].
116
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117
+ Ils sont également impliqués dans la remise au jour et la bioconcentration de certains radionucléides. Ainsi, sur les zones touchées par les retombées de la catastrophe de Tchernobyl, l'iode radioactif en raison de sa courte période radioactive, a rapidement disparu de l'environnement, mais les sangliers ont continué à accumuler du césium 137, à partir de leurs aliments. Or, ce cation est radiologiquement et chimiquement toxique[76], très soluble dans le bol alimentaire et traverse facilement la barrière intestinale au niveau du petit intestin[74] d'où il gagne facilement toutes les parties du corps (comme s'il avait été inhalé)[77],[78].
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+ Selon l'IRSN, en 1986, en France, la radioactivité des champignons (mets particulièrement recherchés par les sangliers) était 5 à 10 fois plus élevée que celle du lait ou des céréales (273 à 1 165 Bq/kg pour les champignons analysés dans le parc national du Mercantour). Plus grave pour les animaux mycophages, elle diminuait beaucoup moins chez les champignons (de même que dans le gibier) de 1986 à 2003 (dépassant parfois la limite de commercialisation), ce qui démontre une bioconcentration et contamination persistantes de la chaine alimentaire. Un sanglier consommant les champignons sur une tache de contamination du Mercantour, selon l'IRSN, était alors exposé à une « dose efficace » très élevée (de 10 microsievert (µSv) à 100 microsievert) ; or, les champignons à fructification souterraine n'ont pas été pris en compte par cette étude, alors qu'il a été ensuite démontré qu'ils concentrent plus encore que les autres le césium radioactif ; avec un délai lié au temps de percolation du césium dans le sol (1 cm par an en moyenne). Il faut probablement 10 à 20 ans pour que le césium lessivé atteigne la zone de prospection des truffes (plus tôt dans les zones acides ou pauvres en nutriments), alors les sangliers augmentent leur risque d'être contaminé (de même pour les écureuils ou certains micro-mammifères qui s'en sont nourri ou pour certains nécrophages ou ceux qui consommeront des nécrophages contaminés[86]. En 2005, des études[74] sur le radiocésium de Tchernobyl dans le Land de Rhénanie-Palatinat (Allemagne) ont confirmé la persistance du phénomène dans les deux décennies qui ont suivi l'accident, sur la base d'analyse de 2 433 sangliers échantillonnés dans une zone de 45 400 ha de forêts (de janvier 2001 à février 2003), qui a par ailleurs fait l'objet de plusieurs études sur la radioactivité des sangliers[87] et des sols[88]. Les chercheurs ont aussi étudié le contenu et la radioactivité des estomacs de 689 des sangliers tués à la chasse, mettant en évidence une courbe saisonnière de contamination, dépassant les taux admissibles en été pour 21 à 26 % des sangliers (au sud-ouest de l'Allemagne, avec un gradient croissant Est-ouest, et avec une forte réduction en hiver (1 à 9,3 % qui correspond à une consommation plus élevée de nourriture contaminée en période de végétation, avant l'arrivée des glands et faines de hêtres pas ou peu contaminés[74]. L’été 2002, une analyse précise du contenu en nourriture des 18 estomacs les plus radioactifs (345 à 1 749 Bq/kg de matière fraîche) a été faite, ainsi que pour les 18 estomac présentant les plus bas taux de césium radioactif (moins de 20 à 199 Bq/kg). Des restes de truffes du cerf (Elaphomyces granulatus) ont été trouvés dans des proportions beaucoup plus élevées dans les estomacs très contaminés que dans des estomacs faiblement contaminés. Cette truffe est donc la principale cause de contamination des sangliers[74]. Elle est méconnue car invisible (fructification souterraine), mais un chien truffier en a détecté en moyenne une par 20 mètres carrés en forêt du Palatinat, surtout sous des résineux[89]. Leur teneur moyenne en césium 137 était de 6 030 Bq/kg[90].
122
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+ La saisonnalité de la concentration dans cette région n'est pas nécessairement extrapolable ailleurs, car dans d'autres régions, plus au sud par exemple, on trouve d'autres espèces de truffes qui arrivent à maturité à d'autres époques (en automne ou hiver par exemple). le Césium 234 a dû être également bioaccumulé après l'accident, mais sa courte période radioactive (2 ans) fait qu'il ne pose probablement plus de problème de radioactivité[74]. À la suite de ces découvertes, l'autoconsommation (de certains « gibiers » ou champignons en particulier) dans les zones de retombées radioactives a été reconnue comme source de risque radiologique[91], la législation allemande impose maintenant une analyse de radioactivité pour tout sanglier chassé dans la forêt du Palatinat, parmi celles touchée par des pluies radioactives lors du passage du nuage de Tchernobyl[92]. Cette analyse doit être faite avant que le sanglier ne soit livré à la consommation. En 2011, le laboratoire fédéral allemand de la santé (Landesuntersuchungsamt) et l’Institut für Lebensmittelchemie Speyer (Institut de chimie et de l’alimentation, notamment chargé de la surveillance des radionucléides dans les aliments, et des centrales nucléaires) ont rappelé que des analyses de sangliers sauvages (cette fois faites sur 2 200 individus tués à la chasse entre 2010 et mars 2011) en forêt du palatinat (Rhénanie-Palatinat) confirment que de nombreux sangliers sont encore radioactifs en forêts (avec dépassement des normes dans 20 % de ces 2 200 cas), malgré les 25 ans écoulés depuis le passage du nuage. Pour la période mars 2010 - mars 2011, 400 de ces sangliers présentaient une radioactivité dépassant le seuil (600 becquerels par kilogramme) d'autorisation de mise sur le marché (pour la radioactivité maximale cumulée en Cs 134 et 137). L’un d’entre eux présentait une activité radioactive de 5 389 becquerels (9 fois la dose autorisée). En ce qui concerne l'exposition immédiate au rayonnement, 200 grammes de viande de sanglier avec une charge de 4 000 becquerels ne correspondent qu’à l’exposition externe au rayonnement cosmique durant un vol de Francfort à l'île Grande Canarie, mais l’ingestion de cette viande expose à une contamination interne, avec un risque très différent si les radionucléides responsables de ce rayonnement se fixent dans l’organisme. En effet, concernant les effets radiatifs et ionisants, il faut distinguer l'exposition externe, et l'exposition interne. Cette dernière est beaucoup plus dangereuse, car la toxicité du césium inhalé ou ingéré est fortement exacerbée par le fait que le césium 137 est un analogue du potassium ; ce qui explique qu’il est rapidement assimilé, dans n'importe quelle partie de l’organisme, d’où il ne sera éliminé qu’avec une période biologique de 70 jours environ[93]. L’enfant y est plus vulnérable, car ayant des besoins en potassium supérieurs à ceux d’un adulte, et parce qu’il en absorbe et en fixe plus que ce dernier, proportionnellement à sa masse corporelle. Le césium est particulièrement bien bioaccumulé sous les forêts qui le protègent du lessivage et des réenvols et où il reste biodisponible[94].
124
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+ Les facteurs de transfert de radioactivité[95], notamment étudiés[96] en Allemagne en forêt, varient[97] selon les types de forêt (pH du sol, densité en champignons, relief…). Le contenu de l'estomac de sangliers tués à la chasse varie selon les saisons, mais aussi selon l’habitat fréquenté par les animaux avant qu’ils n'aient été tués (démontré par une étude[98] la saison[99] ayant porté sur l’analyse des contenus stomacaux d'environ 430 sangliers tués dans le Bade-Wurtemberg.
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127
+ Lors de la fructification des champignons souterrains, les sangliers sont – comme l’écureuil roux – victimes de leur attrait pour les truffes. En zone contaminée, la radioactivité de ces truffes dépasse souvent les doses qui seraient exceptionnellement admises pour l'alimentation porcine en situation d'« urgence radiologique » post-accident nucléaire en Europe (1250 Bq/kg Cs-134 et Cs-137[100]) ; la viande de porc ne devant pas elle-même (pour le Codex alimentarius) dépasser 1 000 Bq/kg - dans ce type de situation exceptionnelle et quel que soit le pays - pour pouvoir être commercialisée[101]. Or, les truffes et en particulier Elaphomyces granulatus concentrent fortement le césium qui s'accumule plus dans les forêts que dans les champs, rivières et mers et qu'ailleurs[102]. Comme les truffes vont continuer à concentrer ce radiocésium et sachant que son temps de demi-vie (période radioactive) est de 30 ans environ, les sanglier sauvages et d’autres animaux qui mangeraient ces truffes resteront radioactifs, et à contrôler durant encore plusieurs décennies[103]. On avait dès 1995 montré que les champignons (et un peu moindrement certaines espèces de fougères) bioaccumulaient le mieux et très fortement parfois le radiocésium[104]. Selon des études[105] sur les transferts de césium chez le lapin, on suppose par extrapolation que le Césium aurait une durée de « demi-vie biologique » dans le sanglier en moyenne de 2-3 semaines (avant d’être éliminé, essentiellement via l’urine et donc de pouvoir recontaminer des plantes, invertébrés ou champignons).
128
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129
+ Ce même rapport montre que dans le parc naturel Pfälzerwald situé au-dessus de l’Alsace et à l’est de la Belgique et du Luxembourg, plus on se déplace vers l’ouest plus la contamination est importante et plus le pourcentage de dépassement de norme de radioactivité pour la viande est élevé parmi les sangliers tués à la chasse, avec possiblement une contamination des consommateurs de sanglier contaminé ou d'autre gibier sauvage contaminé[106]. L'Institut fédéral pour l'écologie forestière et des forêts, après étude du contenu stomacal des sangliers du Palatinat[107] a confirmé que les champignons souterrains étaient encore, 25 ans après Tchernobyl, les premières sources de contamination des sangliers. Bien que le porc soit un animal-modèle très utilisé en laboratoire (génétiquement et biologiquement à la fois assez proche de l'Homme et très proche du sanglier), il ne semble pas[108] avoir fait l'objet d'études publiées sur la manière dont il se contamine par le Césium 134 ou 137, via les truffes ou d'autres aliments forestiers (rhizomes de fougères par exemple[107]).
130
+
131
+ C'est en Allemagne que le problème de la contamination des sangliers par le Césium 137 semble avoir été le mieux détecté, étudié et traité (pour ce qui est du nombre d'animaux analysés, du suivi et de la précaution).
132
+
133
+ En 2010-2011[109] de la nourriture contenant 1 250 mg de bleu de Prusse par kg d'aliments a été distribuée à des sangliers bavarois durant toute une saison de chasse, pour tester l’effet de cette molécule sur l’absorption de Césium 13 par le sanglier. Un effet significatif, déjà montré chez d’autres mammifères[110] a été confirmé chez 285 sangliers tués en 2011 dans 6 zones de chasse dont deux traitées par ce chélateurs(la radioactivité moyenne de la viande des sangliers traités était de 522 Bq (pour le 137Cs)/kg de viande maigre de muscle squelettique, soit 211 Bq/kg de radioactivité en moins (en moyenne) (p<0,001) que l'effet soit -344 Bq/kg (p<0,05)[109].
134
+
135
+ En Suède alors que les rennes et élans sont très rarement contaminés, la bioconcentration des sangliers semble se poursuivre ; avec en août 2017 un individu tué à la chasse émettant 13 000 Bq/kg (becquerel par kilogramme), puis un autre tué (au nord de l'Uppland, en octobre) contrôlé à 16 000 Bq/Kg (soit plus de 10 fois le seuil suédois pour le gibier : 1 500 Bq/kg)[111],[112] ; En 2017 pour 30 sangliers testés seuls 5 ou 6 étaient sous le seuil toléré par l’Agence suédoise de l’alimentation ; les régions à risques sont celles d'Uppsala, Gävle et Västerbotten où il a plu lors du passage du nuage[113]. Selon Pål Andersson (de l'Autorité suédoise de radioprotection SVT), les personnes exposées à ce rayonnement en mangeant la viande d'un animal aussi radioactif que cela présenteront un « risque accru de cancer »[112] (risque faible selon le SVT[114]).
136
+
137
+ Bien qu'assez peu représenté sur les peintures et gravures rupestres, on sait par les archéologues que le sanglier était chassé durant la Préhistoire. Il est possible qu'il ait dans les derniers millénaires, alors que se développaient les populations humaines de chasseurs-cueilleurs, profité du recul des grands prédateurs tels que le lion des cavernes, le tigre à dent de sabre et l'ours des cavernes.
138
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139
+ Chez les Indo-Européens, le sanglier symbolise la caste sacerdotale tandis que l’ours correspond à la caste guerrière.
140
+
141
+ Le sanglier est le troisième Avatar (descente, incarnation) du dieu Vishnou, Varaha, chargé de sauver la déesse Terre (son épouse) d'un démon des eaux d'un déluge. C'est donc un animal particulièrement sacré en Inde.
142
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143
+ La symbolique du sanglier est très riche chez les Celtes mais également présente, et de façon généralisée dans les mythes indo-européens : la Grèce mycénienne, l'Inde védique, chez les Germains laissant imaginer une origine commune.
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+ Il représente la force et le courage mais aussi la connaissance et a un rapport avec l'au-delà.
146
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+ Les Celtes le considèrent comme un animal sacré. Des têtes de sanglier ornent les armes et sa viande accompagne les défunts dans leur dernier voyage. Son rôle est à rapprocher de celui du taureau dans les mythologies des origines de l'Europe. Le sanglier est donc l'attribut des druides et certains se faisaient même appeler « sanglier ».
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149
+ Le quatrième des 12 travaux d'Hercule était de rapporter vivant le sanglier d'Érymanthe.
150
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+ En Occident, dans l'antiquité romaine, germano-gauloise et galloromaine, sa chasse semble avoir été particulièrement valorisée. Dans la religion celtique, il s'agissait de la nourriture des héros rassemblé chez les dieux[115].
152
+
153
+ L'animal était considéré comme courageux et fort et se battant jusqu'au bout. Le chasser devient un combat entre le guerrier et l'animal, un combat singulier où l'homme doit supporter les cris, les coups et l'odeur de la bête. Le vaincre est alors un exploit.
154
+
155
+ Ces qualités sont aussi reconnues chez les Romains comme chez les Germains, qui semblent avoir fait de la chasse au sanglier un rituel initiatique indispensable du guerrier pour devenir libre et adulte. Les Celtes en ont fait un gibier de rois et une chasse symbolique[116].
156
+
157
+ Cette tradition continue tout au long du Haut Moyen Âge, mais s'inverse aux alentours du XIIIe siècle, d'abord en France et en Angleterre puis en Italie et en Allemagne aux siècles suivants. Le sanglier et sa chasse sont progressivement dévalorisés.
158
+
159
+ Le sanglier n'est plus le gibier des rois et des princes; il perd cette qualité au profit du cerf qui lui est opposé. L'une des raisons serait que la chasse au sanglier demandant peu d'espace, contrairement à la chasse au cerf, les grands seigneurs auraient alors « laissé » sa chasse aux seigneurs moins importants. La chasse au cerf serait devenue un moyen de se démarquer pour les seigneurs ayant des forêts assez vastes pour se la permettre.
160
+
161
+ L'autre raison principale de cette dévalorisation a été la « propagande » de l'Église. Les qualités du sanglier vantées à l'Antiquité en font, pour l'Église, l'animal des païens, voire l'animal du diable. L'Église va tourner toutes ses qualités en défauts, et sa force et son courage deviennent de la férocité. Le cerf, auquel elle l'oppose aussi, a lui toutes les vertus : c'est le Christ des animaux. Avec le temps, et plus récemment, la chasse au sanglier devient aussi le moyen de se débarrasser d'animaux dangereux qui abîment les cultures[117],[118].
162
+
163
+ En astrologie chinoise, le sanglier est considéré comme un signe particulièrement auspicieux et un gage de loyauté.
164
+
165
+ Le sanglier est le symbole du :
166
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167
+ Le Moyen Âge européen a repris cette symbolique en héraldique où le sanglier est très représenté (notamment dans les Ardennes[125]), et aussi dans le vocabulaire de l'escrime (garde de la « dent du sanglier »).
168
+
169
+ En règle générale, le sanglier apparait de profil dans les blasons, et passant, c'est-à-dire semblant avancer trois pattes au sol et une patte avant levée. Il est dit « défendu » si ses défenses sont d'une couleur différente de celle du corps. On nomme sa tête « hure », son nez « boutoir » et sa couche « bauge ».
170
+
171
+ Ebersviller (Moselle)
172
+
173
+ Sanglier de sable défendu d'argent (Champ-Dolent - Eure)
174
+
175
+ Sanglier de sable, défendu d'argent, baugé dans un buisson (Baugé - Maine-et-Loire)
176
+
177
+ Trois hures de sanglier (Givonne - Ardennes)
178
+
179
+ Défense de sanglier d'argent (Albignac - Corrèze)
180
+
181
+ D'argent au sanglier de sable défendu du champ… (Courcelles-sur-Viosne - Val-d'Oise)
182
+
183
+ … trois hures de sanglier… (Baillou - Loir-et-Cher)
184
+
185
+ …hures arrachées de sanglier en pal… (Booth - Angleterre)
186
+
187
+ Le sanglier est le symbole des Ardennes où il abonde. Il en est devenu la mascotte et la sculpture du « plus grand sanglier du monde », Woinic, symbolise le département.
188
+
189
+ Il est aussi le symbole du premier club de football du département, le Club Sportif Sedan Ardennes, étant représenté sur l'écusson du club depuis ses débuts.
190
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191
+ Il est enfin le symbole du régiment des chasseurs ardennais caserné à Marche-en-Famenne (Belgique), ainsi que l'unité aérienne du 2 Wing Tactique de Florennes (Belgique) ayant pour mascotte Bull Rusch (mâle) et Gipsy (femelle).
192
+
193
+ Il a parfois été repris par l'armée, notamment l'armée de l'air — par exemple, à des fins commémoratives, où le sanglier a décoré des avions en l'honneur d’escadrilles affectées dans les Ardennes. Un exemplaire de mirage III décoré aux couleurs des Ardennes et comportant une tête de sanglier imposante est toujours visible et accessible au public sur le site des Ailes Anciennes à Blagnac, pour célébrer le cinquantième anniversaire de l'escadron de chasse 3/3 Ardennes[126]
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le Svalbard (prononcé /ˈsʋɑlbɑɖ/) est un archipel de la Norvège situé dans l'océan Arctique, entre le Groenland à l'ouest, l'archipel François-Joseph à l'est et l'Europe continentale au sud. Il constitue la terre la plus septentrionale de la Norvège et l'un de ses territoires. À l'exception de neuf habitants sur l'île aux Ours située à 238 km plus au sud, ses 2 321 habitants se trouvent sur Spitzberg, la seule autre île habitée et la plus grande de l'archipel. Territoire norvégien autonome et démilitarisé, il n'est pas soumis à la fiscalité norvégienne. Sa superficie n'est pas incluse dans celle de la Norvège et il n'est membre ni de l'espace Schengen, ni de l'AELE. Le statut de neutralité du Svalbard permet à n'importe quel pays d'exploiter librement les ressources locales, ce que fit longuement l'URSS en établissant et en administrant une colonie russe dans l'archipel norvégien pour exploiter une mine. La population russe dépassait même la population norvégienne jusque dans les années 1990.
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+ Distant de 447 km du Nordostrundingen, au Groenland, le Svalbard est un archipel de l'océan Arctique, s'étendant entre 74° et 81° de latitude nord et entre 10° et 34° de longitude est, et formant la partie la plus au nord de la Norvège. L'extrémité septentrionale de la Norvège métropolitaine, Knivskjellodden, se trouve à 660 km de là. Les îles s'étendent sur 62 050 km2. Les trois îles principales sont Spitsbergen (ou Spitzberg) (39 000 km2), Nordaustlandet (14 600 km2) et Edgeøya (5 000 km2).
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+ Des pans entiers du Svalbard sont recouverts par des glaciers, en particulier l'Austfonna sur Nordaustlandet. Environ 60 % du Svalbard sont recouverts de glaciers qui restent relativement peu épais, 300 à 400 m maximum, en raison de la relative sécheresse du climat. Cependant, le courant nord atlantique tempère le climat arctique, rendant les eaux navigables quasiment toute l'année.
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+ L'archipel est montagneux, avec deux points culminants situés à 22 kilomètres l'un de l'autre : le Perriertoppen et le Newtontoppen, respectivement de 1 712 et 1 713 mètres d'altitude selon les mesures les plus récentes. Les côtes de cet archipel sont très découpées car il a été entièrement recouvert de glaciers pendant les glaciations. Les plus grands fjord du Svalbard mesurent une centaine de kilomètres de long, comme le Storfjord au sud, et le Wijdefjord au nord.
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+ Le Svalbard est situé au-delà du cercle polaire arctique. À Longyearbyen, le soleil de minuit dure du 20 avril au 23 août et la nuit polaire du 26 octobre au 15 février.
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+ Le jour permanent commence vers la fin avril pour finir fin août. Au début de cette période, la température est proche de −10 °C à −5 °C. Toutefois, lors de tempêtes polaires ou bien lorsque le soleil se cache quelques heures derrière un pic ou un nuage, la température peut vite descendre à −15 °C et même −20 °C (dans ce cas extrême, seulement en bas des glaciers, car le vent s'y engouffre et se refroidit). Au cours de l'été, la température est normalement faiblement positive, habituellement comprise entre 0 et 10 °C. Au mois de juillet, il gèle rarement à Longyearbyen. Le ciel est très souvent couvert et les tempêtes y sont moins fréquentes.
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+ Svalbard a un climat de type ET (Polaire de Toundra) avec comme record de chaleur 21,7 °C le 25 juillet 2020[1] et comme record de froid −46,3 °C le 4 mars 1986. La température moyenne annuelle est de −5,7 °C.
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+ Des fossiles couvrant une période de près de 400 millions d'années ont été découverts : poissons primitifs, ammonites, rostres de bélemnites, coquillages, traces de pas de dinosaures, fougères, arbres, feuilles. À l'été 2006, un site de fossiles de reptiles marins d'une richesse exceptionnelle[2] a été découvert. Durant les étés 2010 et 2011, des expéditions y ont eu lieu pour comprendre l'apparition des espèces d'insectes ailés.
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+ La plus grande partie du Svalbard est protégée, classée en réserve naturelle ou en parc national.
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+ Les parties qui ne sont ni montagneuses ni recouvertes de glace sont composées de toundra.
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+ Le Svalbard est un lieu de reproduction majeur pour plusieurs espèces d'oies (Bernache nonnette et Oie à bec court notamment), de canards (principalement les Eiders à duvet et à tête grise et l'Harelde boréale), d'alcidés (Guillemots de Brünnich et à miroir, Mergules nains, Macareux moines...), de laridés (dont le Goéland bourgmestre, la Mouette blanche et la Mouette tridactyle), de labbes et de limicoles[3]. Seules deux espèces de passereaux nichent au Svalbard, le Traquet motteux et le Bruant des neiges ; d'autres espèces peuvent occasionnellement s'y rencontrer, mais il s'agit d'oiseaux s'étant égarés dans leur migration ou ayant été déplacés sur de longues distances par des vents violents[3].
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31
+ Les sites abritant les plus grands effectifs d'oiseaux nicheurs se trouvent à Bjørnøya, au Storfjorden, dans le Nordvest-Spitsbergen et à Hopen. Une importante colonie d'oiseaux de mer se trouve sur la rive ouest du fjord de Trygghamna, sur la falaise d'Alkhornet. Il est estimé que la mer de Barents, où se trouve l'archipel, accueille 20 millions d'oiseaux au total en fin d'été (à la suite de la période de reproduction, qui produit de nombreux jeunes).
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+
33
+ Quatre espèces de mammifères terrestres sont présents dans l'archipel : le Renard polaire, le Renne du Spitzberg (variété de petite taille et au pelage très épais), l'Ours polaire et le Campagnol d'Ondrias (introduit [4])[5]. Par le passé, des tentatives d'introduction du Bœuf musqué et du Lièvre arctique ont échoué. On peut ajouter à cela une quinzaine d'espèces de mammifères marins incluant baleines, dauphins, morses et phoques (notamment Phoque annelé et Phoque barbu)[5].
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+ Il existerait entre 3 000 et 5 000 Ours polaires sur l'archipel, ce qui constitue une population assez importante. Même si l'espèce est protégée, les habitants sont contraints de prendre leurs précautions en dehors des villages et emportent systématiquement un fusil de chasse afin d'assurer leur sécurité en cas d'attaque. Cependant, son usage est exclusivement réservé à la légitime défense. Le risque d'attaque est réel : un écolier britannique a été tué en 2011[6] et plus récemment un guide touristique allemand a été blessé en 2018[7], parvenant toutefois à tuer l'animal.
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+ Un Ours blanc bondissant entre deux blocs de glace de la banquise en fonte, sur l'île de Spitzberg.
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+ Un Bécasseau violet à l'Adventfjorden.
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+ Un Renne du Spitzberg.
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+ Un Renard arctique sur l'île de Spitzberg.
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+ Il y a polémique quant à savoir qui a découvert le Svalbard :
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+ Les sagas islandaises font référence à une terre qu'elles désignent sous le nom de Svalbard – littéralement « côte froide » – et qui se situerait à quatre jours de voile de l'Islande. Il y a environ 900 milles nautiques entre l'Islande et le Svalbard, impossible à parcourir en quatre jours de voile surtout à cette époque. Seule l'île Jan Mayen pourrait correspondre. D'autres avancent que des trappeurs russes auraient pu aborder le Spitzberg dès le XIIIe siècle.
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+
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+ Dans tous les cas, la première découverte incontestable de l'archipel fut réalisée par le navigateur néerlandais Willem Barents en 1596. Les îles servirent de base internationale pour la pêche à la baleine lors des XVIIe et XVIIIe siècles. Elles servent également comme base arrière pour de nombreuses expéditions d'exploration de l'Arctique.
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+ Au début du XXe siècle, des compagnies américaines, anglaises, suédoises, russes et norvégiennes commencèrent l'extraction de charbon.
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+ La souveraineté de la Norvège a été reconnue par le traité du Spitzberg le 9 février 1920 avec une clause qui limitait l'utilisation militaire du territoire et une autre qui tolérait les colonies créées par les autres nations. Cinq ans après, la Norvège contrôle officiellement le territoire. Le Svalbard fut le théâtre d'une lutte méconnue entre le Troisième Reich et les Alliés pour l'implantation de stations météorologiques lors de la Seconde Guerre mondiale[8]. L'Opération Fritham est un exemple de cette lutte.
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+ Svalbard (nn)Svalbard (no)Шпицберген (ru)
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+ Par le traité du Spitzberg du 9 février 1920, la souveraineté norvégienne sur l'archipel a été reconnue et les îles constituent un territoire déclaré « zone démilitarisée ». La Norvège récupéra l'administration du Spitzberg en 1925 qu'elle décida de rebaptiser Svalbard, pour ne réserver le nom de Spitzberg qu'à l'île principale, jusque-là appelé Spitzberg occidental (Vestspitsbergen).
60
+
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+ Cependant, selon les termes de ce traité, les citoyens de divers pays ont le droit d'exploiter les ressources naturelles « sur un pied d'égalité absolu ». En conséquence, un établissement russe permanent, plus ou moins autonome, s'est développé à Barentsburg. Les Russes ont abandonné un établissement similaire à Pyramiden en 2000. Il fut un temps où la population russe du Spitzberg dépassait considérablement la population norvégienne, mais ce n'est plus le cas désormais.
62
+
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+ Un gouverneur nommé par la Norvège, le sysselmann, basé à Longyearbyen, administre le territoire, indépendamment du régime des fylker, excepté la fiscalité qui dépend des services d'imposition (fylkesskattekontor) et de contentieux (fylkesskattenemnd) du Nord-Troms et les affaires juridiques qui relèvent du tribunal de grande instance (tingrett) de Tromsø.
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+
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+ La Convention sur la participation des étrangers à la vie publique au niveau local, ratifiée par la Norvège, n'est pas en application dans cet archipel[10].
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+
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+ Le norvégien est la langue administrative officielle du territoire. Néanmoins, en raison du caractère international des traités signés depuis 1920, tous les textes administratifs sont traduits depuis cette date en anglais et en français, langues internationales des traités, et depuis 1945 le russe remplace le français.
68
+
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+ Philatélie : le territoire utilise les timbres de Norvège, sans surcharge. Dans les établissements russes, des timbres de la fédération de Russie sont utilisés, sans surcharge.
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+ L'activité économique tourne autour de l'extraction de charbon, complétée par la pêche et la chasse. Pendant la dernière décennie du XXe siècle, le tourisme, la recherche scientifique et quelques entreprises de haute-technologie se sont développées, particulièrement les stations relais de satellite.
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+
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+ La Norvège revendique une zone de pêche exclusive de 200 milles marins autour des îles, mais la Russie ne la reconnaît pas pour l'instant.
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+ En 2008, la géopolitique se tend entre les deux pays. Pour des raisons de présence, la Russie continue l'extraction de charbon au Svalbard, même à perte. D'autre part, le traité de partage des eaux de l'océan Arctique est contesté (zone gazière). La présence de Mourmansk proche et de brise-glaces nucléaires russes et l'ouverture de la RMN (Route Maritime du Nord) vont intensifier les tensions.
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+
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+ Cependant, en avril 2010, ces deux pays sont arrivés à un accord sur la délimitation des espaces marins en mer de Barents et dans l'océan Arctique[11]
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+ Depuis janvier 2004, le Svalbard est relié par plus de 1 400 kilomètres de fibres optiques à Harstad en Norvège. Ce réseau est utilisé par les stations suivant des satellites en orbite polaire.
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+ Un important dépôt de semences, la « réserve mondiale de semences du Svalbard » (Svalbard globale frøhvelv en norvégien), est opérationnel depuis février 2008.
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+ À la fois présentée comme une forteresse pouvant résister aux cataclysmes naturels et humains et une arche de Noé, cette banque de graines, propriété du gouvernement norvégien, est cofinancée par la Fondation Rockefeller, la Fondation Syngenta et divers organismes privés. Elle doit conserver (à −18 °C) des semences d'arbres et de toutes les cultures vivrières de la planète, et permettre ainsi à l’agriculture et à la sylviculture de mieux résister aux défis imposés par les changements climatiques et les catastrophes d'origines naturelle ou humaine. Début 2017, 930 000 variétés essentiellement d'origine agricole étaient présentes dans le bunker[12].
84
+
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+ Creusée à 120 mètres sous la surface, la banque de graines dispose d'un volume de stockage de 1 500 m3, ce qui correspond à une quantité de graines estimée à 4,5 millions [12].
86
+
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+ Fin 2016, une température inhabituellement élevée a entrainé un début de fonte du permafrost qui a causé l'inondation de la galerie d'accès[12].
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+ En mai 2017 des travaux de consolidation ont été annoncés par Statsbygg (l'opérateur public qui gère le site), avec tranchées drainantes et mur d’étanchéité, et suppression de sources de chaleur présentes dans le tunnel d’accès. Fin 2018 ces travaux devraient être terminés[12]. Si, dans le futur, des intrusions saisonnières d'eau se manifestent dans le haut du bunker, cette eau sera pompée 24 heures sur 24[12]. Un contrôle de la qualité du pergélisol du Svalbard va également démarrer[12].
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+
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+ La population du Svalbard compte 2 321 habitants en 2007, dont environ 800 citoyens russes et ukrainiens ainsi qu'une quinzaine de scientifiques polonais. La majorité de la population est norvégienne. Ces îles bénéficient d'un statut particulier qui leur permet d'accueillir des étrangers sans visas ou permis de travail[13]. Ainsi, certains immigrants vont au Svalbard pour y travailler, lorsqu'ils ont été refusés sur le continent. Un bon nombre de ces personnes pensent pouvoir obtenir un permis de séjour en Norvège après avoir passé plusieurs années au Svalbard, or ceci est rarement le cas[réf. souhaitée].
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+
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+ Les hameaux du Svalbard, tous sur Spitzberg à l'exception de celui sur l'île aux Ours, sont :
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+ Les hameaux ne sont reliés par aucune route. Les moyens de transports utilisés sont le bateau, l'avion, l'hélicoptère et la motoneige.
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+ Voir le documentaire Les exilés de l'Arctique de Herlé Jouon
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+ Swaziland
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+
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+ Royaume d’Eswatini
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+
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+ (ex-Royaume du Swaziland)
6
+
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+ (ss) Umbuso we Swatini
8
+
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+ (en) Kingdom of Eswatini
10
+
11
+ 26° 28′ S, 31° 12′ E
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+
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+ modifier
14
+
15
+ L’Eswatini[n 1], en forme longue le royaume d’Eswatini[5],[6] (en swati : eSwatini [ɛswáˈtʼiːni][7] et Umbuso we Swatini ; en anglais : Eswatini et Kingdom of Eswatini), appelé Swaziland (forme longue : royaume du Swaziland) jusqu’en 2018, est un pays d'Afrique australe sans accès à la mer, bordé par l'Afrique du Sud et le Mozambique. Il est parfois appelé Ngwane ou Ngwané.
16
+
17
+ Cette nation, comme ses habitants, doit son nom au roi du XIXe siècle Mswati II, chef dont le nom signifie « bâton de commandement » en zoulou[8]. L'Eswatini est un petit pays, moins de 200 km séparent le nord du sud et 130 km l'est de l'ouest. La partie ouest du pays est en altitude, l'altitude est moins importante vers le centre. La frontière est du pays se distingue grâce aux monts Lebombo. Le climat est assez tempéré à l'ouest, mais il atteint les 40 °C dans l'est du pays en été. Le pays connaît d'importantes précipitations dans l'ouest et surtout en été.
18
+
19
+ Le territoire de l'actuel Eswatini a régulièrement été habité depuis la Préhistoire, mais les plateaux étaient peu peuplés lorsque les Dlamini (issus du peuple nguni)[9],[10] y trouvèrent refuge. De nos jours, ces habitants appartiennent presque tous à l'ethnie swazi, dont la langue est le swati.
20
+
21
+ Bien que des restes d'occupations par des humains datant de plus de 100 000 ans aient été trouvés en Eswatini, la population actuelle, composée de pasteurs, s'y installe uniquement au XIXe siècle, dans des hauts-plateaux, dans le cadre des guerres qui opposent les Ndwandwe aux Ngwane.
22
+ Une guerre oppose, en 1815, les Ngwane-Dlamini du roi Sobhuza Ier aux Ndwandwe menés par Zwide. En conflit pour les terres de la vallée de la Pongola, Zwide repousse les Ngwane vers le nord ; ils se réfugient sur les hauts-plateaux de ce qui deviendra l'Eswatini[11],[12]. À la mort de Sobhuza, son fils Mswazi (ou Mswati) lui succède ; c'est à ce moment que le peuple Ngwane-Dlamini prend le nom de Swazi[13]. Un peu plus tard, les premiers Blancs commencent à pénétrer dans cette région.
23
+
24
+ Après la Seconde guerre des Boers, l'Eswatini devient une colonie britannique sous le nom de Swaziland.
25
+
26
+ L'indépendance est accordée au pays le 6 septembre 1968. C'est Sobhuza II qui est à la tête de cette monarchie : de chef suprême des Swazi pendant la domination britannique, il est devenu roi. L'Eswatini reste membre du Commonwealth et intègre l’ONU. En avril 1973, jugeant la constitution rédigée par les Britanniques, et faisant de ce pays une monarchie constitutionnelle, en inadéquation avec les traditions swazies, Sobhuza II dissout le parlement (le Libandla) élu, et abolit cette Constitution, s'appuyant pour ce faire sur une armée privée qu'il a formée et équipée en secret. Ceci lui permet de s'arroger les pleins pouvoirs. À partir de ce moment, les partis politiques sont interdits. L'Eswatini devient une monarchie absolue de fait depuis 1973 et de droit depuis 1978[14],[15]. Il meurt en août 1982. Le Liqoqo (Conseil intérieur royal) nomme alors Dzeliwe, une de ses épouses parmi soixante-dix, comme reine régente, en raison a priori de son niveau d'éducation, en attendant qu'un autre prince que son fils, le prince Makhosetive, désigné par le Conseil royal comme successeur, ait atteint l'âge de vingt-deux ans[16]. C'est le point de départ d'une période d'intrigues au sein de la Cour, avec également l'influence de puissances étrangères, notamment l'Afrique du Sud voisine. Finalement, elle est poussée, par ce même conseil, à renoncer à la régence au profit de Ntfombi Tfwala, la mère du prince héritier Makhosetive[17].
27
+
28
+ Le prince héritier devient roi, sous le nom de Mswati III en 1986. C'est le dernier monarque absolu du continent africain, appuyant son pouvoir sur les traditions. Il nomme le premier ministre, les ministres, les juges, et une partie des parlementaires, une autre partie étant toutefois élue. Il y a des élections législatives pour élire 55 des 65 députés. Pour faire candidature, un candidat doit lever la main lors d'une assemblée de tous les habitants de la région, et patienter jusqu'à obtenir que quinze personnes se rangent derrière lui, en présence du chef, pour valider son inscription. Les partis politiques sont interdits. Par ailleurs, chaque année, à la fin août, tous les parents doivent s'assurer que leurs filles encore vierges participent à la danse des roseaux, qui s'effectue devant le roi. C'est l'occasion pour celui-ci de choisir éventuellement une nouvelle épouse (il en a une quinzaine)[18].
29
+
30
+ Le 19 avril 2018, le roi Mswati III annonce que le pays reprend son nom d'origine d'avant la colonisation : Eswatini[4],[19], pour les 50 ans de l’indépendance du pays. Eswatini signifiant « le pays des Swazis » en langue swati, Swaziland était donc un nom hybride entre l’anglais et la langue nationale. Le roi Mswati III a déclaré « Nous étions le seul pays d’Afrique à avoir conservé son nom de l’époque coloniale »[20].
31
+
32
+ La constitution en vigueur interdit les partis politiques.
33
+
34
+ Le 18 août 2004, le roi Mswati III annonça que le pays allait changer de constitution. Les organisations de défense des droits de l'homme et les groupes d'opposition dénoncèrent le projet proposé de constitution, puisqu'elle continuait à interdire les partis politiques et renforçait les pouvoirs du roi. En dépit des résistances des groupes d'opposition, la nouvelle constitution du Swaziland fut ratifiée par le roi le 26 juillet 2005 et est entrée en vigueur le 8 février 2006. Le pays demeure une monarchie absolue. Les partis politiques ne sont perçus que comme des associations et la Cour suprême ne peut juger d'affaires pouvant impliquer la monarchie.
35
+
36
+ En septembre 2018, le pays reste le dernier pays africain à être l'allié de Taïwan, alors que l'ensemble des autres pays du continent soutiennent la république populaire de Chine[21].
37
+
38
+ L'Eswatini est divisé en quatre districts :
39
+
40
+ L'Eswatini offre une grande variété de paysages : des montagnes le long de la frontière avec le Mozambique (monts Lebombo), des savanes d'altitude à l'est avec le highveld (qui fait partie du Drakensberg) et des forêts tropicales dans le nord-ouest. Plusieurs fleuves traversent le pays, tel que le Umbeluzi ou le Lusutfu. L'Eswatini n'a pas d'accès à la mer.
41
+
42
+ Son point culminant est le mont Emlembe, 1 862 mètres, situé au nord-ouest du pays, près de Pigg's Peak.
43
+
44
+ Avec 62 000 habitants[22], la capitale Mbabane est la deuxième plus grande ville du pays derrière Manzini ; Lobamba (capitale royale et législative) et Siteki sont d'autres villes d'importance.
45
+
46
+ L'économie de l'Eswatini est caractérisée par un taux de chômage de 34 %, soit le 170e rang mondial en 2004. Les exportations qui représentent une entrée d'argent de plus de 900 millions de dollars ne couvrent pas le coût des importations, qui représentent plus d'un milliard de dollars. La balance commerciale est déficitaire de 72 millions de dollars. En 2001, le PNB s'élevait à 1,4 milliard de dollars. La croissance à 1,6 % en 2001 et à 2 % en 2006[23].
47
+
48
+ La production est surtout agricole. Le secteur primaire emploie 80 % des actifs mais ne représente que 16,4 % du PNB. Le pays cultive la canne à sucre, le coton, le tabac, le riz et le maïs. Depuis les années 1980, l'industrie se développe, en particulier dans l'agroalimentaire et le textile. L'activité des services atteint plus de 40 % du PNB. La culture de la canne à sucre, principale ressource du pays, asservit cependant une partie de la population : expulsions forcées de communautés rurales pour aménager les plantations, travail des enfants, semaines de travail allant jusqu'à 60 heures, etc. La Confédération syndicale internationale évoque « des conditions de travail ardues et malsaines, des salaires misérables et une répression violente de toute tentative de syndicalisation »[24].
49
+
50
+ L'économie de l'Eswatini dépend pour partie des échanges avec l'Afrique du Sud, son voisin, et de ceux avec l'Europe. En 2006, les importations depuis l'Afrique du Sud représentaient les 9/10e des importations totales et les exportations vers ce pays les 3/4 des exportations. L'Union européenne est son second partenaire commercial avec 14,2 % des exportations. Les échanges commerciaux avec l'UE se sont renforcées depuis la signature d'un partenariat économique en 2016. Les produits manufacturés sont tous importés d'Afrique du Sud mais du minerai de fer, du kaolin, du bois, du sucre sont exportés en Angleterre ou au Japon. Des entreprises étrangères implantées dans le pays, comme Coca-Cola, bénéficient d'un taux d'imposition très faible[24].
51
+
52
+ L'Eswatini doit faire face à des problèmes de développement importants. Le pays est au 125e rang mondial pour l'IDH, malgré une aide internationale en 2001 de 104 millions de dollars. Les deux tiers des habitants vivent en effet sous le seuil de pauvreté[25]. Dans le même temps, 10 % de la population détient 50 % des richesses du pays[25]. Les difficultés sont réelles dans les dépenses étatiques : le déficit budgétaire atteignait 101 millions de dollars en 2003. L'inflation atteignait 7,3 % devant celle que connaît la Namibie. Les services publics sont très peu développés : le pays ne dispose que de douze ambulances publiques, les écoles primaires n'assurent généralement plus la cantine et les pharmacies disparaissent[24].
53
+
54
+ Un cercle économique de 15 000 hommes d'affaires s'octroie l'essentiel des richesses du pays. Ce cercle comprend des investisseurs sud-africains venus trouver à l'Eswatini une main-d’œuvre trois fois moins chère et un groupe de chefs d'entreprises blancs héritiers des colons britanniques[24].
55
+
56
+ La monnaie de l'Eswatini est le lilangeni (7,67 emalangeni pour 1 dollar en 2009, env. 12 pour 1 dollar[26] et 14,5 pour 1 euro[27] en 2018). Les sommes allouées au roi Mswati III pour ses dépenses de fonction représentent 8 % du budget national. Les forces de police reçoivent 5 % du budget, tout comme les forces armées[24].
57
+
58
+ L'Eswatini a une équipe nationale de football qui n'a participé à aucune phase finale de compétition[28].
59
+
60
+ En 2016, la population de l'Eswatini est estimée à 1 451 428 habitants.
61
+
62
+ L'Eswatini est l'un des pays du monde où l'espérance de vie est la plus faible (51,6 ans, estimation 2016[29]), principalement[30] parce que c'est le pays du monde où le taux de prévalence chez les adultes du VIH/SIDA est le plus élevé, avec 25,9 %[31].
63
+
64
+ L'Eswatini possède le 31e plus fort taux de mortalité infantile du monde (59,57 ‰, estimation 2012)[32].
65
+
66
+ L'Eswatini a deux langues officielles, le swati (une langue nguni de la famille des langues bantoues), la langue maternelle de près de 90 % de la population, et l'anglais (0,6 %). D'autres langues sont parlées dans le pays et appartiennent essentiellement à la famille des langues bantoues.
67
+
68
+ Le christianisme est la principale religion en Eswatini.
69
+
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+ L'Eswatini a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La syllabe (latin syllaba, du grec συλλαβή « ensemble, rassemblement ») est une unité interrompue du langage oral[1]. Son noyau, autour duquel elle se construit, est généralement une voyelle. Une syllabe peut également avoir des extrémités précédant ou suivant la voyelle, qui, lorsqu'elles existent, sont toujours constituées de consonnes[1].
2
+
3
+ En linguistique, la syllabe est considérée comme une unité abstraite de la langue. Elle existe en tant qu'élément du système d'une langue donnée, et est par conséquent étudiée par la phonologie, qui s'intéresse aux sons en tant qu'éléments d'un système linguistique. On constate cependant que cette existence abstraite dans la langue est liée à de nombreux faits concrets et matériels de la parole, tant lorsque la syllabe est articulée que lorsqu'elle est perçue à l'oral. Des faits directement liés à la syllabe peuvent ainsi être mesurés et quantifiés empiriquement : cela conduit la syllabe à être également l'objet d'étude de la phonétique, étudiant les sons de la langue dans leur matérialité.
4
+
5
+ Deux types de modèles expliquent le fonctionnement interne de la syllabe. Les modèles dits linéaires postulent que l'agencement des sons linguistiques dans la syllabe s'opère directement d'après leurs propriétés respectives. Les modèles dits non-linéaires montrent au contraire qu'il existe un certain nombre de sous-constituants, tels que l'attaque, la coda, le noyau ou encore la rime, qui génèrent des règles au sein de la syllabe et sont perçus par les usagers de la langue.
6
+
7
+ La syllabe est la première entité non porteuse de sens de l'oral à avoir été transcrite à l'écrit. De fait, l'écriture syllabique a précédé de plusieurs centaines d'années les premières lettres, en naissant vers 2800 av. J.-C. dans la cité sumérienne d'Ur. Ce passage des pictogrammes aux lettres a été qualifié de « plus importante étape dans l'histoire de l'écriture »[N 1],[2]. Dans les développements récents de l'écriture des langues transcrites dans l'alphabet latin, une syllabe écrite a développé ses propres fonctionnements et joue un rôle en termes de règles orthographiques.
8
+
9
+ Guilhem Molinier, membre de l'académie poétique du Consistori del Gay (ou Gai) Saber, qui fut l'un des premiers théoriciens de la littérature au Moyen Âge, a donné une définition de la syllabe dans ses Leys d'Amour[3], un manuscrit dans lequel il tente de structurer par des règles la poésie occitane alors en plein essor.
10
+
11
+ Sillaba votz es literals.
12
+ Segon los ditz gramaticals.
13
+ En un accen pronunciada.
14
+ Et en un trag: d'una alenada.
15
+
16
+ « Une syllabe est le [son] de plusieurs lettres,Selon ceux que l'on dit grammairiens,Prononcée en un [accent]En un trait : d'une respiration. »
17
+
18
+ Conformément à l'intuition de Guilhem Molinier, la syllabe est constituée d'un flux d'air continu[4]. La définition de la syllabe comme une entité phonétique régie par le principe de sonorité est la définition la plus ancienne qu'on en a faite. Elle se retrouve déjà en linguistique historique chez Eduard Sievers (1881)[5].
19
+ Il est avéré, grâce à la phonotactique (discipline étudiant les agencements et combinaisons possibles entre les phonèmes) que la syllabe, loin d'être un agencement arbitraire de phonèmes, respecte dans sa structure un principe régulier de sonorité. Cette sonorité se définit comme une valeur qualitative attribuée aux phonèmes, modélisée d'après plusieurs critères mesurables, tels que la quantité d'air extrait des poumons ou l'ouverture du canal lors de son articulation. Au sein de la syllabe, elle est croissante jusqu'à un pic de sonorité, généralement représenté par une voyelle, avant de décroître jusqu'à la fin de la syllabe.
20
+
21
+ Ainsi, l'on considère un flux parlé comme une courbe d'intensités diverses, de creux et de bosses. Le sommet des bosses correspond aux sommets de syllabes et possède une hauteur donnée : à chaque pic d'intensité, on trouve un sommet de syllabe, qui est la plupart du temps représenté par une voyelle, mais qui peut l'être par d'autres phonèmes, qui sont alors dits « vocalisés », c'est-à-dire qu'ils jouent le rôle du sommet de syllabe. Les autres sons, s'apparentant aux bruits, sont donc souvent moins intenses et, surtout, n'ont pas de hauteur clairement définissable.
22
+
23
+ Pour s'en rendre compte, il suffit de chanter : si l'on veut suivre une mélodie, il est nécessaire d'émettre des sons qui ne sont pas forcément des voyelles (si l'on chante bouche fermée, ce seront des nasales vocalisées, on peut aussi chanter sur [zzzz]) mais des sommets de syllabes. Ne chanter qu'avec des consonnes momentanées (comme [p], [d], [k]) ou sourdes (comme [f], [t]) n'est pas possible (sauf dans le cas des consonnes vocalisées). Ainsi, l'air de Au clair de la lune peut être chanté normalement, dans une suite de sons et de bruits, ou bien seulement avec des voyelles ou encore bouche fermée. Il n'est cependant pas possible de chanter correctement cette mélodie au moyen de bruits comme [f] ou [k].
24
+
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+ Les chercheurs s'accordent généralement à hiérarchiser les phonèmes suivant trois catégories minimales et universelles, dans un ordre décroissant de sonorité[4] :
26
+
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+ En français comme dans toutes les langues contenant des diphtongues, la catégorie des semi-voyelles (ou semi-consonnes) est également pertinente au sein de la syllabe (en français, pour les sons [j], [w] et [ɥ]). Parmi les constrictives, certains chercheurs distinguent les fricatives ([s] et [z], [ʃ] et [ʒ]), considérées comme plus sonores que les occlusives ([t] et [d], [k] et [g]). Une autre distinction est faite entre les consonnes voisées, entraînant la vibration des cordes vocales, et les consonnes sourdes considérées comme moins sonores. Ces distinctions ne font pas l'unanimité, car la régularité de leur ordonnancement dans la syllabe est peu systématique et souffre de nombreuses exceptions.
28
+
29
+ Le principe de sonorité est universel : il s'applique à toutes les syllabes de toutes les langues du monde. Il constitue le schéma canonique de la syllabe, mais rares sont les langues qui ne le violent pas dans certains contextes. Ainsi, en français, de nombreuses syllabes mal formées résultent de la chute du schwa ([ə] e caduc), comme dans le mot arbre [aʁbʁ] (voir schéma ci-contre), dont le dernier [ʁ] viole la courbe standard de sonorité. Il s'agit d'un cas que certains chercheurs analysent comme une consonne extrasyllabique.
30
+
31
+ Dans la tradition occidentale, une syllabe (σ) comprend essentiellement deux constituants[6] :
32
+
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+ La syllabe française dextre [dɛkstʁ̥] s'analyse donc ainsi :
34
+
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+ Dans la tradition d'analyse d'Extrême-Orient (également représentée dans le schéma ci-contre), particulièrement adaptée à l'analyse des syllabes du chinois mandarin, on distingue plus généralement dans la syllabe
36
+
37
+ Dans les langues possédant des syllabes brèves opposées à des syllabes longues (voir : Quantité syllabique), on distingue également un élément inférieur à la syllabe, la more. Une syllabe ouverte est composée d'une more, tandis qu'une syllabe fermée, du fait qu'elle est chargée d'une coda, est composée de deux mores.
38
+
39
+ Elle se retrouve dans toutes les syllabes de toutes les langues du monde. L'attaque peut être simple ou ramifiée. La plupart des langues autorisent également les attaques vides de syllabes[6], mais on parle dans ce cas d'un trait structurel marqué[4], autrement dit, même vide, l'attaque de syllabe tend à être comblée par un son consonantique lié au contexte (ce fait est notamment à l'origine du phénomène de liaison en français).
40
+
41
+ La rime est l'ensemble comprenant le noyau (généralement vocalique) de la syllabe, qui peut être seul (dans le cas d'une syllabe ouverte) ou bien associé à une coda formé de consonnes. Toute syllabe comporte au moins une rime, qui est nécessairement occupée par au moins 1 phonème.
42
+ La rime linguistique ne couvre pas la même notion que la rime en poésie. Alors qu'en linguistique, la rime est toujours une fraction de la syllabe, en poésie, certaines rimes (les rimes riches) sont constituées de plusieurs syllabes adjacentes, attaque comprise (ex. : la formule hocus pocus).
43
+ Les règles grammaticales touchant la rime de la syllabe sont dans la plupart des langues beaucoup plus nombreuses que celles qui touchent l'attaque de la syllabe. Ainsi, dans certaines variantes du français de Belgique, les voyelles s'allongent et les consonnes sont systématiquement assourdies en position de rime syllabique (rouge se prononce [ru:ʃ] et non [ruʒ]).
44
+
45
+ Le noyau syllabique (aussi nommé noyau de syllabe, sommet de syllabe, cœur de syllabe) est constitué du segment possédant le plus haut degré de sonorité de la syllabe. En français standard, il s'agit systématiquement d'un élément vocalique (le plus souvent une voyelle brève, une voyelle longue ou une diphtongue). Dans d'autres langues toutefois, une consonne nasale ou liquide peut également jouer le rôle de noyau syllabique, soit dans certains contextes d'élision de voyelles non-accentuées (anglais apple [a.pl̩], allemand singen [siŋn̩]). D'autres langues autorisent les syllabes à noyau consonantique de manière régulière, sans qu'il y ait élision d'une voyelle : c'est le cas du tchèque, comme dans l'énoncé Strč prst skrz krk ([str̩tʃ pr̩st skr̩s kr̩k], écouter) (qui signifie « enfonce le doigt dans la gorge »), qui ne comporte pas de voyelle écrite dans aucune de ses syllabes (mais des phonèmes voyelles s'y trouvent tout de même).
46
+
47
+ La coda (ital. coda « queue ») est un élément facultatif de la syllabe, constitué d'une ou de plusieurs consonnes. Sa sonorité, à l'inverse de l'attaque de syllabe, est descendante. Une syllabe qui possède une coda (VC, CVC, CVCC, CVV...)[pas clair] est nommée syllabe fermée.
48
+
49
+ La segmentation en syllabes d'un énoncé ne peut être correcte que si l'on connaît les contraintes de formation syllabique de la langue à analyser. Leur étude constitue la phonotactique.
50
+
51
+ Établir la liste des contraintes syllabiques d'une langue revient à indiquer le nombre et l'identité des phonèmes par rapport aux éléments de la syllabe. Ainsi, en français, l'attaque peut être nulle et la coda absente ; y [i] (pronom adverbial) vaut :
52
+
53
+ Ce n'est pas le cas en arabe[7], où l'attaque est obligatoirement présente : cela revient à dire que toute syllabe doit commencer par une consonne ; اللّٰه ʾAllāh [ʔallaːh] s'analyse :
54
+
55
+ En japonais[8], la coda doit être une nasale ou bien nulle (si l'on fait abstraction d'une prononciation plus rapide dans laquelle certaines voyelles atones, en l'occurrence u et i, peuvent s'amuïr) : le mot です [de.su], « c'est », est possible, mais non *desut. D'ailleurs, です est un exemple où existe l'amuïssement du u, donnant des’.
56
+
57
+ Il est donc possible d'indiquer la structure quantitative des syllabes, c'est-à-dire le nombre maximal de phonèmes à l'attaque et à la coda : en français, la syllabe théorique la plus lourde est de la forme CCCVCCCC (CCCV... dans strict, ...VCCCC dans dextre ; aucun mot, cependant, ne forme une syllabe CCCVCCCC). En polonais, la syllabe la plus lourde peut être encore plus importante : CCCCCVCCCCC (CCCCCV... dans źdźbło [ʑḏʑbwɔ] « lame », ...VCCCCC dans la deuxième syllabe de przestępstw [pʃɛstɛmpstʍ] « transgression » (génitif pluriel)). En japonais, cependant, la syllabe la plus lourde ne peut dépasser CVN (où N est une nasale). Le tahitien est encore plus limité, puisque toutes les syllabes doivent être ouvertes ; la syllabe lourde y vaut CV.
58
+
59
+ Il faut aussi considérer la place de la syllabe par rapport au mot : en turc, par exemple, CCV... est impossible en début de mot ; aucune syllabe initiale ne peut donc commencer par deux consonnes, ce qui explique les nombreux cas de prosthèse : station [stasjɔ̃] devient istasyon, pour éviter que la première syllabe ne soit à deux consonnes initiales. Des langues romanes comme le castillan suivent ce principe : spécial s'y dit especial. Le français, dans des états antérieurs, possédait la même contrainte, ce qui explique que le latin stella ait donné étoile.
60
+
61
+ En arabe et en français, chaque phonème de la langue peut intervenir dans n'importe quel élément. Dans d'autres, les phonèmes se répartissent selon la place qu'ils occupent : en mandarin, la coda ne peut être réalisée que comme une nasale [n] ou [ŋ]. Le même phonème [ŋ] ne peut cependant pas occuper la place de l'attaque. Cela revient à dire qu'aucun mot ne peut commencer dans cette langue par un [ŋ] et qu'aucun mot ne peut finir par un [t]. Dans ce cas, le nombre total de syllabes que la langue peut produire est limité et dénombrable.
62
+
63
+ Les langues à tendance monosyllabique telles que les dialectes chinois mais aussi le birman, le vietnamien et de nombreuses langues de l'Asie du Sud-Est, fonctionnent selon ce principe.
64
+
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+ Il a été montré par des études en psycholinguistique que la syllabe n'aurait pas le même rôle dans la perception de la parole suivant les langues testées [réf. souhaitée].
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+ Lorsque nous percevons de la parole, il nous faut la segmenter en différentes unités afin de l'analyser et la comprendre: ce processus est nommé la « segmentation de la parole ».
67
+ Or, on sait depuis les études de Cutler, Mehler, Norris & Segui (1983, 1986)[9] que si la syllabe est une unité utilisée par les francophones lorsqu'ils écoutent leur langue maternelle (mais également de façon inappropriée lorsqu'ils écoutent une langue étrangère peu maîtrisée comme l'anglais), ce n'est pas le cas pour les anglophones pour qui la syllabe ne formerait pas une unité des plus pertinentes pour la procédure de segmentation de la parole.
68
+
69
+ En phonétique acoustique, on analyse les sons émis par le gosier avec des appareils donnant des informations techniques (intensité, durée, fréquence, formants, etc.). Tous les phonèmes n'ont pas la même intensité, les phonèmes les moins intenses étant les consonnes sourdes occlusives ([p], [t], [k], [q], [c], etc.), les plus intenses les voyelles ouvertes ([a], [ɑ], [ɶ] et [ɒ]).
70
+
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+ H. A. Gleason, dans son Introduction à la linguistique[10], définit la syllabe comme étant liée à l'activité des muscles intercostaux, ceux qui permettent la respiration en rapprochant puis éloignant les parois de la cavité thoracique. Selon l'intensité naturelle des phonèmes émis, les déplacements sont plus ou moins importants. L'émission de la parole est donc constituée d'une alternance de déplacements plus ou moins importants d'air. Là où, dans le flux, l'intensité connaît un pic, l'on est en présence d'un sommet de syllabe. Il est aussi possible de définir le sommet de syllabe comme un son (dont on peut donner la hauteur) tandis que les autres phonèmes sont des bruits.
72
+
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+ Or, les sons susceptibles d'être les plus intenses sont, dans l'ordre croissant (selon le principe de l'échelle de sonorité) :
74
+
75
+ Tous ces sons possèdent un point commun : ils sont continus (on peut en maintenir la production tant qu'il reste du souffle) et ils sont voisés (les cordes vocales vibrent en les produisant). Semblent donc exclus les phonèmes momentanés (comme les occlusives) et les phonèmes sourds.
76
+
77
+ Les consonnes finales de ces mots sont parmi les plus faibles en sonorité ; elles ne peuvent pas jouer le rôle de sommet.
78
+
79
+ Si l'on ajoute un e caduc (lors de la lecture de vers, par exemple, devant consonne), on ajoute une voyelle, donc une syllabe :
80
+
81
+ Autres exemples (les sommets sont soulignés ; /C/ représente « toute consonne », /V/ « toute voyelle ») :
82
+
83
+ Dans d'autres langues, il est possible de placer autre chose qu'une voyelle comme sommet de syllabe ; ce sont alors des consonnes vocalisées, « utilisées comme voyelle », mais la plupart du temps des
84
+ sonantes (ici représentées par /S/) :
85
+
86
+ Si toutes les voyelles d'une diphtongue reçoivent la même intensité, ce n'est plus une diphtongue mais une suite de voyelles ; il n'y a pas de diphtongues en français mais bien des suites de voyelles :
87
+
88
+ Dans de rares langues (certaines langues du Caucase, berbères ou amérindiennes), une syllabe peut ne posséder aucune voyelle et aucune consonne vocalisée et être une seule suite monosyllabique de consonnes sourdes momentanées [réf. souhaitée]. L'une de ces consonnes, cependant, reçoit un pic d'intensité qui permet de repérer le sommet. La plupart du temps, une voyelle épenthétique est insérée pour faciliter la prononciation. En sorte, les syllabes sans phonème continu n'existent presque pas.
89
+
90
+ Reste ensuite à déterminer ce qui entre ou non dans la syllabe en question ; en effet, si l'on peut acoustiquement savoir où sont les sommets des syllabes, c'est-à-dire compter le nombre de syllabes d'un énoncé, il faut ensuite répartir les phonèmes situés avant et après : appartiennent-ils à la syllabe en question, à celle d'avant ou celle d'après ? Pour cela, la structure phonologique de la langue que l'on analyse compte : si les sommets sont visibles avec un appareil, il faut se référer au système phonologique de la langue pour savoir ce qui appartient à une syllabe, c'est-à-dire pour répartir convenablement ce qui se trouve de part et d'autre des sommets.
91
+
92
+ Ainsi, en peul, chien se dit rawaandu ; pour un francophone ne connaissant pas la phonologie du peul, le découpage se fait ainsi : [ra.waːn.du]. Pour un Peul, cependant, c'est [ra.waː.ⁿdu] (notez le [ⁿ]). Dans le système phonologique du peul, en effet, il existe des consonnes dites « prénasalisées », c'est-à-dire qu'elles commencent comme des nasales mais finissent comme des consonnes (de la même manière, en mandarin, l'initiale de 幾 jǐ [ʨi] n'est qu'une seule consonne, dite affriquée, qui commence comme une occlusive et finit comme une fricative et non une suite de deux consonnes).
93
+
94
+ Il existe donc en peul une consonne [n], une consonne [ⁿd] et des rencontres de consonnes [n]+[d], qui ne sont pas entendues de la même manière par un natif : [ⁿd] dure moins longtemps que [n]+[d]. L'explication en est simple : [n]+[d] forment deux consonnes de durée normale, [ⁿd] une seule, de durée normale. Dans un terme qui serait de forme [a.ⁿda], on trouve une consonne, dans [an.da] deux. Le mot est plus long quand il est prononcé [an.da] que lorsque c'est [a.ⁿda] ; un francophone ne fera sans doute pas la différence, un Peul si.
95
+
96
+ En conclusion, seule la connaissance des phonèmes d'une langue ainsi que celle des contraintes de construction de ces phonèmes en syllabes permettent de savoir comment couper les mots.
97
+
98
+ La syllabe, en tant que structure inhérente aux flux de la parole, se retrouve dans toutes les langues du monde et est réglée par un certain nombre de principes universels -l'universalité de la syllabe n'étant contredite que de façon très marginale par le groupe typologique discuté des langues asyllabiques (kwak'wala, nuxalk, ...). La notion de syllabe en tant que telle est toutefois difficile à cerner, pour une bonne raison : elle varie selon la langue à analyser. Plusieurs approches sont possibles pour tenter de la définir. On peut, pour l'instant, se contenter de dire qu'un locuteur lambda est capable de découper un mot en syllabes dans sa langue, sans forcément savoir comment il procède. Une syllabe est composée d’un ou de plusieurs phonèmes et un mot est formé d’une ou plusieurs syllabes (mot alors appelé monosyllabique ou polysyllabique).
99
+
100
+ Le découpage syllabique (ou syllabation) est la séparation d'un groupe accentuel oral (ou d'un mot écrit) en une ou plusieurs syllabes qui le composent. La plupart des langues peuvent être découpées en syllabes tant à l'oral qu'à l'écrit, mais la syllabe écrite doit toujours être bien différenciée de la syllabe orale. Ainsi, en français, la règle de base de la syllabation écrite est que toute voyelle (y compris les e muets) est considérée comme un noyau syllabique.
101
+
102
+ Nous noterons que les mots qui suivent, bien que constitués de deux syllabes écrites, se prononcent en une seule syllabe orale :
103
+
104
+ Il y a là contradiction entre la forme orale et la forme écrite d’un même mot. Cette situation est habituelle et régulière en français pour les mots se terminant selon la forme consonne(s) + e caduc (à savoir un e qui peut se prononcer ou non) :
105
+
106
+ Cette situation apparaît aussi parfois quand la forme (consonne + e caduc) est en début ou en corps de mot :
107
+
108
+ Ce phénomène, dû à l’évolution de la langue parlée, conduit à prendre en considération au niveau de l’enseignement de la lecture et de l’orthographe ce double aspect phonie/graphie ; il entraîne la nécessité de bien faire distinguer entre la segmentation syllabique écrite et la segmentation syllabique orale[11].
109
+
110
+ La syllabation orale ne suit pas les mêmes principes que la syllabation écrite. Premièrement, elle ne repose pas sur le critère visuel du nombre de voyelles, mais nécessite une connaissance de l'accentuation et de la nature des sons du segment analysé. En outre, en français, la syllabation d'un mot seul se révèle peu pertinente, en ceci que l'accent en français n'est pas un accent lexical (touchant au mot) mais un accent de groupe. Par ce fait, de nombreux mots forment des syllabes avec les mots voisins, principalement via le phénomène de liaison.
111
+
112
+ La découpe d'un segment oral en syllabe se déroule comme suit[12], en partant toujours de la transcription phonétique :
113
+
114
+ Notation : les frontières de syllabes pertinentes se notent par un point (.)
115
+
116
+ Ainsi, l'énoncé La petite fille dort se découpe en syllabes de la manière suivante : [la.pə.ti.tfij.dɔʁ]
117
+
118
+ Le principe de sonorité est rarement violé au sein de la syllabe. La plupart des violations de ce principe sont le fait d'un regroupement de constrictives tantôt fricatives, tantôt occlusives, dotées du même degré de sonorité. Des violations plus importantes au principe de sonorité se produisent lorsqu'une consonne a une sonorité plus grande que la consonne plus proche du noyau qui lui est contiguë. C'est le cas de la consonne [ʁ] dans la syllabe [aʁbʁ] (voir schéma plus haut).
119
+ Pour de nombreux phonéticiens[4], le principe de sonorité ne peut rencontrer d'exceptions. Certains chercheurs ont dès lors développé le concept de consonnes extrasyllabiques, lorsqu'elles font partie du même morphème que la syllabe précédente ; elles sont considérées comme des isolats phonétiques, à l'extérieur de toute syllabe, mais toutefois présentes dans la représentation mentale du locuteur[4] .
120
+
121
+ Les consonnes ambisyllabiques (du lat. ambo « les deux ») sont des consonnes courtes (à la différence des consonnes géminées) situées entre deux voyelles (ex. : aider [ede] ~ [ɛde])[4]. La consonne joue un rôle déterminant de séparateur articulatoire entre les deux voyelles qui, sans elle, pourraient se rencontrer et former une diphtongue ou une voyelle longue.
122
+ Dans ce cas précis, on considère que la consonne, en plus de former l'attaque de la seconde syllabe, est également comprise dans la coda de la première.
123
+
124
+ Voir aussi pour les mêmes notions, en poésie : synérèse et diérèse
125
+
126
+ La rencontre de deux voyelles pose problème dans la découpe en syllabes d'un segment oral. Deux voyelles placées ensemble forment en effet un double pic de sonorité, qui ne peut être séparé en deux par un élément de sonorité plus faible, i.e. une consonne.
127
+
128
+ Lors de la rencontre de deux voyelles, trois solutions de syllabation se présentent (dépendant des règles propres à la langue analysée) :
129
+
130
+ Si l'une des deux voyelles représente une énergie articulatoire trop faible par rapport à la voyelle qui lui est contiguë. En français, le schwa [ə] (e caduc) est très fréquemment amuï devant une autre voyelle; ainsi, dans Une grande émotion, la syllabation de [ə] et de [e] occasionne un amuïssement du schwa [ə]. L'expression se découpe alors en syllabes comme suit : [grã.de.mo.sjɔ̃].
131
+
132
+ Les deux voyelles sont considérées comme faisant partie d'une seule et même syllabe. Pour produire ce résultat, une des deux voyelles est reléguée au rang de semi-voyelle, et est ainsi légèrement moins sonore que la syllabe précédente. L'union d'une voyelle et d'une semi-voyelle forme ce que l'on nomme en phonétique une diphtongue. En français, les diphtongues sont toujours descendantes, ce qui signifie que c'est toujours la première voyelle de la paire qui devient une semi-voyelle.
133
+ En français, trois phonèmes vocaliques sont susceptibles de devenir semi-vocaliques :
134
+
135
+ Les deux voyelles font partie de deux syllabes distinctes. Dans ce cas, trois stratégies se présentent :
136
+
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+ La barbe (du latin barba, issu d'un mot indo-européen reconstitué *bharda) est l’ensemble des poils recouvrant le menton, les joues, la mâchoire ainsi que l'extérieur des lèvres (supérieure et inférieure) de l'homme et de l'adolescent.
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+ Généralement, la barbe apparaît progressivement à partir de la puberté, comme la plupart des autres poils du corps humain. Toutefois, s'agissant d'un caractère sexuel secondaire, elle dépend de la génétique et du taux de testostérone que produit naturellement le corps. En outre, il existe de très grandes variations dans l'acquisition finale de ce caractère. La pilosité est variable dans les divers groupes humains : les populations asiatiques en ont par exemple très peu, et l'aspect des conquistadors espagnols barbus surprit[1] autant que leurs chevaux à leur arrivée. Tout comme l'est la vitesse de pousse, la vitesse d'apparition des poils, en particulier ceux des joues, est également très variable d'un individu à l'autre. Certaines personnes mettent plusieurs années avant d'obtenir une barbe dure, d'autres n'y parvenant jamais. Dans quelques rares cas, il arrive que des bébés naissent avec une fine barbe qui s'estompe au fil des premiers mois. Les femmes atteintes d'hypertrichose peuvent aussi être pourvues d'une barbe.
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+ De tout temps, les hommes barbus se sont vu attribuer des vertus diverses comme la sagesse, la virilité ou un statut social élevé. Cependant, la barbe peut être aussi perçue comme un manque de propreté et est synonyme de contact piquant lorsqu'elle est taillée, mais peut être appréciée lorsqu'elle est longue et douce.
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+ Peu d'études semblent exister sur le sujet de l'histoire de la barbe (pogonologie[2]) ou de la manière de l'entretenir (pogonotomie[3]).
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+ La barbe est considérée comme un caractère sexuel secondaire et l'un des éléments du dimorphisme sexuel propre à l'espèce humaine, c'est-à-dire l'un des traits qui différencient le sexe mâle vis-à-vis du sexe femelle chez une espèce sans jouer de rôle direct dans la reproduction (contrairement aux caractères sexuels primaires, qui sont nécessaires à la reproduction). Elle n'a donc pas de fonction biologique évidente en dehors du rôle qu'elle a pu jouer dans la sélection sexuelle en tant qu'ornement à certains moments de l'histoire de l'évolution humaine. On peut la comparer aux crinières ou pilosités différentiées entre mâles et femelles chez d'autres mammifères, ou aux plumages complexes et colorés de certains oiseaux.
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+ Éventuellement, comme pour les cheveux, si elles sont denses et assez épaisses, la barbe et la moustache peuvent jouer un certain rôle protecteur de la peau (contre le froid et les coups de soleils ou pathologies induits par les ultraviolets solaires[4]). Ce rôle reste cependant modeste, notamment contre le froid (par rapport aux vêtements)[5].
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+ D'importantes différences génétiques (ethniques et individuelles) existent, et les poils de barbe n'apparaissent simplement jamais chez certaines populations naturellement imberbes.
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+ Quand ils existent, les poils diffèrent physiologiquement des autres poils du corps et des cheveux : ils présentent chacun plus de couches de cuticule, ils sont chez l'adulte plus épais, plus variable et plus omnidirectionnels que les cheveux et autres poils poussant sur la peau[4]. Chez l'adulte sectionner un poil de barbe exige en moyenne trois fois plus de force que pour un cheveu ou un poil de jambe[4].
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+ La densité de poils de la barbe est plus ou moins élevée selon l'âge et selon les individus (de 6000 à 25 000 poils)[4].
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+ Le poil de barbe grandit de 0,27 mm par jour en moyenne pour atteindre une longueur moyenne de 30 cm si non coupés ou non arraché[4]. Mais cela varie beaucoup selon les individus. Cette vitesse de croissance augmente de l'adolescence à l'âge de 35–40 ans, puis se stabilise et décroit à partir de 70 ans[6], en lien avec le taux plasmatique de 5 alpha-dihydrotestostérone (DHT) alors que la densité de poils par cm2 de peau semble, elle, corrélée aux taux de testostérone de la peau[7] (hormone qui pilote aussi la pilosité des aisselles et du pubis chez l'homme comme chez la femme)[8]. La barbe pousse plus vite en été quand le corps produit plus d'hormones androgéniques[9].
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+ La section du poil varie aussi selon les individus (ronde, ovalisée ou ovale-aplatie[4]), ce qui modifie l'apparence de la barbe qui est par ailleurs plus ou moins bouclée ou crépue. La barbe est statistiquement moins dense dans les populations asiatiques par rapport aux Européens à peau claire ou à certaines populations moyen-orientales.
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+
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+ Bien qu'elles correspondent souvent, la couleur naturelle de la barbe d'un homme est parfois très différente de celle de ses cheveux, tout comme les poils corporels. Cette pilosité polychrome se rencontre essentiellement chez les populations d'origine européenne. Ainsi les barbes rousses naturelles, claires à foncées, sont beaucoup plus fréquentes que les cheveux roux, et elles peuvent être associées à n'importe quelle couleur de cheveux, du blond clair au brun foncé. Au Moyen-Orient, les barbes rousses naturelles sont moins fréquentes mais elles y sont souvent imitées par des teintures au henné.
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+ Barbe rousse naturelle plus foncée que les cheveux blonds, une combinaison fréquente.
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+ Barbe rousse naturelle plus claire que les cheveux bruns de l'acteur Christian Bale, tout aussi fréquent.
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+ Barbe et poils teintés au henné, Pakistan, 2010
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+ Barbe complète au naturel, poivre et sel
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+ La rasage de la barbe est parfois encouragé, notamment pour des raisons sanitaires. Selon cette approche sanitaire, la barbe présente un risque de présence de virus ainsi qu'un gêne à l'efficacité du masque respiratoire[10].
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+ Contrairement à une idée reçue, le rasage du poil ne le rend ni plus dur, ni plus foncé. Cette impression viendrait du fait que, le plus souvent, lorsque la barbe est rasée à l'aide d'une lame, le poil est coupé en biseau, ce qui le rend plus piquant. Cette impression vient aussi du fait que la plupart du temps, les jeunes hommes commencent à se raser à l'adolescence, période à laquelle le duvet se transforme en barbe. Ce n'est donc pas le fait de se raser qui rend le poil plus dur et le transforme en barbe mais l'évolution hormonale qui caractérise la puberté[11].
36
+
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+ Le rasage de la barbe est moins douloureux que son épilation par arrachage des poils, mais c'est néanmoins un traumatisme pour la peau ; la lame du rasoir est source d'irritation, de rougeur, picotements, sécheresse ou tiraillements, parfois exacerbés par des allergies aux produits chimiques ou naturels présents dans les mousses, crèmes et autres produits de rasage/après rasage. De plus, les poils incarnés et/ou coupures accidentelles sont favorisés par le rasage[4]. Le rasage est néanmoins plus fréquent dans les années 2010 qu'au XXème siècle[4]. Il a depuis longtemps une importance économique significative, avec autrefois le métier de barbier, et de nos jours, au sein de « l'industrie du poil », les achats massifs de rasoirs (manuels ou électriques), blaireaux et de produit de rasage qu'il nécessite avant, pendant et après l'opération de coupe du poil[12]. Selon une évaluation récente (publication 2012), pour l'industrie des cosmétiques, le marché masculin des produits avant-rasage, après-rasage, parfums, crèmes de soins, épilation, etc., fortement poussé par la publicité, représentait près de 30 milliards de $ en 2010 (environ 29 milliards[Quoi ?])[13].
38
+
39
+ Il existe aussi des pathologies (et donc des soins ou cosmétiques associés) de la barbe (hypertrichose, hirsutisme, dermatoses, alopécies, poils incarnés, colorations du poil dues au tabac, etc.)[4]
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+
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+ Barbier sur le jeu de cartes Hofämterspiel, XVe s.
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+
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+ Barbier, Allemagne, 1568
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+ Habit de barbier-perruquier français, 1695
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+
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+ Barbier ambulant ottoman, 1707
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+
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+ Barbier tsigane à la foire,Valachie, 1837
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+
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+ Barbier arabe, 1860
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+
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+ Femme barbier rasant un soldat, Londres, XVIIIe s.
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+
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+ Emblème de la guilde des barbiers, 1895
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+
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+ Barbier rasant un poilu dans une tranchée française, 1916-17
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+
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+ Bol à raser, Rotterdam, 1930-60
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+ Barbier à Kaxgar (Chine), 2008
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+
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+ Nécessaire à raser, 2008
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+ Rasage lors d'un festival médiéval en Allemagne, 2014
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+ Boutique de barbier contemporaine, Groningen, 2018
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+ De tous temps, et comme les cheveux, la barbe s'est prêtée à de multiples mises en valeur, pouvant être purement esthétiques ou suivant des traditions culturelles et religieuses. Elle suit en partie des effets de mode qui varient fortement d'une époque à l'autre et d'une culture à l'autre. Elle peut être laissée complète au naturel, bien entretenue pour des raisons d’hygiène ou non (à l'exemple des ermites dans plusieurs religions). Elle se prête aussi facilement à de multiples coupes, plus ou moins courtes ou longues, moyennant des rasages totaux ou partiels. Fréquemment, seule une partie de la barbe est conservée, comme la moustache ou la barbiche. Une méthode répandue de nos jours en Occident est la barbe de trois jours (ce terme est générique, les rasages ayant souvent une fréquence plus espacée), qui permet d'avoir un visage découvert proche de celui obtenu par des rasages de près quotidiens sans trop en subir les désagréments, en diminuant leur fréquence, et peut éventuellement constituer une mise en avant de la barbe en la laissant visible. Cette « barbe de trois jours » donnait auparavant en Occident une impression de laisser-aller, alors que de nos jours elle est devenue une marque de décontraction, puis elle est aussi fréquemment devenue « faussement négligée » (entretenue mais avec un aspect naturel).
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+
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+ Noms de plusieurs coupes classiques de barbe. 1 : la barbe de trois jours, 2 : la moustache, 3 : la barbiche, 4 : le bouc, 5 : les favoris, 6 : la Souvarov, 7 : l'impériale, 8 : barbe complète.
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+ Plus légère et rigide que les cheveux, la barbe se prête à des mises en valeur créatives, comme une matière propice à la sculpture.
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+ La barbe dite « de trois jours », permet d'avoir le visage découvert sans rasage au quotidien, et de laisser visible une barbe très courte.
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+
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+ Actuellement, le record de longueur de barbe est toujours détenu par Hans Langseth (1846-1927). En 1927, sa barbe mesurait 5,33 m. Ce Norvégien a légué sa barbe à la Smithsonian Institution de Washington[14].
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+
79
+ Le record en France est détenu par le père Coulon (Vandenesse 1826 - Montluçon 1916), ou Louis Coulon de son vrai nom, qui était un ouvrier aux Usines Saint-Jacques à Montluçon. En 1889, selon la revue La Nature, il arborait déjà une barbe de 2,32 m[15]. Le 24 février 1899, il figura sur la page de couverture du Journal Illustré : il portait alors une barbe de 3,35 mètres qu'il allait laver dans les eaux du Cher.
80
+
81
+ Le port de la barbe fut à la mode et/ou imposé par des traditions ou religions, plus ou moins selon les époques et le contexte socioculturel, et ceci probablement dès la préhistoire[16]. Elle est l'un des attributs, fondateurs selon certains ethnologues, de la masculinité[17].
82
+
83
+ Les Assyriens portaient généralement une grande barbe bouclée, parfois teinte.
84
+
85
+ Durant l'Ancien Empire, les aristocrates se laissent pousser une fine barbe souvent teinte au henné. En dehors de cette période, la barbe est un attribut divin et de souveraineté. Le pharaon, le roi ou même la reine sont représentés de façon distincte des autres personnages, avec notamment une barbe postiche symbolique en forme de cornet à dés maintenue par des cordons qui aboutissent derrière les oreilles[19].
86
+
87
+ Pour les militaires (Sparte), elle était un signe de virilité et de courage. Pour les philosophes (Athènes), la barbe est un signe de sagesse et d'expérience.
88
+ [réf. nécessaire]
89
+
90
+ Du IIIe au VIe siècles, contrairement à celles des philosophes stoïques tels Zénon ou Chrysippe, les statues représentant les épicuriens montrent Épicure et ses disciples sereins, vêtus avec une élégance urbaine, les cheveux et la barbe toujours soignés, façon d'« exalter les idéaux de l'ancienne cité aristocratique » et confirmer un statut social reconnu[20]. Dans son discours 1.2.29[21], le stoïcien Épictète dit placidement qu'en tant que philosophe, il préfère qu'on le décapite plutôt que se raser, comme pouvait l'exiger l'empereur Domitien avant d'exiler tous les philosophes[22]. Pour lui, la barbe est le signe de la différence du sexe[23] mais l'habit ne fait pas le moine[24] :
91
+
92
+ « ...Mais tu te crois philosophe pour avoir une longue barbe, une besace, un bâton et un manteau. Mon ami, l'habit est convenable à l'art ; mais le nom, c'est l'art qui le donne et non pas l'habit »
93
+
94
+ Alexandre le Grand imposa à ses soldats de se raser la barbe de près avant la bataille pour ne pas offrir de prise à leurs adversaires dans le corps à corps.
95
+
96
+ Chez les Romains, la barbe était discréditée au premier siècle de l'Empire, puis réapparaît progressivement comme canon esthétique, à l'imitation de la Grèce antique[20], à partir d'Hadrien, d'abord pour les hommes de plus de 40 ans, associée à la vieillesse et à l'expérience[25]. « Jusqu'aux derniers Antonins, sous les Sévères, la barbe devient le signe distinctif de tout homme de culture », de l'amateur éclairé, et son port se diffuse des empereurs aux Romains aisés[20].
97
+
98
+ À partir de Constantin, au début du IVe siècle, elle souffre à nouveau d'un certain discrédit à tel point que l'empereur Julien, moqué par le peuple d'Antioche au sujet de sa barbe[26] compose en 363 un texte spirituel justifiant son choix, le Misopogon, ce qui peut se traduire par L’ennemi de la barbe[27].
99
+
100
+ Chez les Byzantins, le triomphe de la barbe est lié à l'iconoclasme : le Patriarcat de Constantinople décide de s'affirmer face au pouvoir politique en autorisant les images et en encourageant ses prêtres et ses moines à laisser croître leur barbe.
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+
102
+ Par réaction[réf. nécessaire], le pape romain ordonne aux siens de se raser et de se tonsurer[28].
103
+
104
+ Au XVIIIe siècle, le tsar Pierre Ier de Russie, dit Pierre le Grand, dans un souci d'occidentaliser son empire, mit fin à la tradition du port de la barbe en instituant un impôt sur la barbe[29].
105
+
106
+ Il coupa lui-même la barbe de certains Boyards récalcitrants.
107
+
108
+ Dans la deuxième moitié du XIIe siècle, Burchardus, abbé de l'abbaye cistercienne de Bellevaux en Franche-Comté, écrivait un traité sur les barbes[30]. À son avis elles étaient appropriées pour les frères convers, mais pas pour les moines prêtres.
109
+
110
+ Au XVe siècle, la plupart des Européens sont rasés de près, de nombreux édits interdisant son port. À partir des années 1510-1520, la barbe et la moustache réapparaissent d'abord dans la Cour italienne (barbes royale et curiale), la noblesse italienne confrontée aux défaites des guerres d'Italie[31] réagissant face aux accusations de s'être efféminée par cet attribut viril[32]. Puis la barbe se diffuse dans l'aristocratie européenne ainsi que dans le clergé catholique qui doit avoir une autorisation (un décret du concile de Carthage défend aux clercs de porter barbes et cheveux longs[33] mais il y a débat pour savoir s'il y a interpolation de la lecture du concile). François Ier rétablit en France la mode de la barbe longue à partir de 1521[34]. La barbe disparaît dans la première moitié du XVIIe siècle, l'absence de la barbe et de la moustache étant compensée par le port de la perruque[35].
111
+
112
+ La barbe revient de nouveau à la mode en Occident dans la seconde moitié du XIXe siècle, puis dans les années 1960 et 1970 du XXe siècle à la faveur des mouvements contestataire lié à la contre-culture hippies, et réapparaît au début du XXIe siècle, portée notamment par le milieu du show-bizness, à partir des premières années de la décennie 2010[réf. nécessaire], favorisant l'essor d'une économie liée (regain des barbiers, voire des greffes de barbe[36],[37],[38]).
113
+ Barbes et moustaches sont aujourd'hui des accessoires que l'on aime porter[39], changer grâce au rasage ou à la taille, et détachés de toute portée symbolique. D'ailleurs, les entreprises sont plus permissives à ce niveau.
114
+
115
+ Chez les pionniers de la Légion étrangère, il est de tradition de porter la barbe. Comme les pionniers montaient à l'assaut en premier, leur espérance de vie était très faible. De ce fait, ils avaient le droit, lorsqu'ils partaient au combat, de ne pas se raser et revenaient barbus lorsqu'ils survivaient[réf. nécessaire].
116
+
117
+ Le port de la barbe dans le judaïsme est un sujet discuté et la Kabbale indique que les raisons en sont cachées[40],[41]. Le Zohar évoque « la barbe mythique de la plus élevée des dix sefirot de la divinité dont les longues mèches sont censées non seulement représenter mais aussi contenir les Treize facettes de la miséricorde divine »[42]. La barbe serait signe de sagesse et de respect car elle symboliserait et permettrait le passage de l'esprit au coeur, de la pensée à l'action, de la théorie à la pratique[43]. Aussi, pour distinguer l'homme de la femme ou l'Hébreu du polythéiste, le Lévitique interdit de raser sa barbe : « Vous ne couperez point en rond les coins de votre chevelure, et tu ne raseras point les coins de ta barbe »[44],[45] mais autorise sa taille selon certaines règles, notamment avec des ciseaux[41],[46]. Une histoire talmudique (parasha Kora'h) allégorique évoque une conversation entre un sage chauve et barbu et un eunuque rasé et chevelu[45].
118
+
119
+ Néanmoins, pour différents épisodes de la Torah, se raser était signe de deuil comme dans le Livre d'Ezéchiel : « Et toi, fils de l’homme, prends un instrument tranchant, un rasoir de barbier ; prends-le, et passe-le sur ta tête et sur ta barbe »[47]. Pour le Talmud, « La barbe est l’ornement de l’homme »[45].
120
+
121
+ A partir du IIIe siècle, certains dirigeants chrétiens comme Clément d'Alexandrie recommandent le port de la barbe par les hommes chrétiens[48].
122
+
123
+ Conformément à la Bible, le judaïsme interdit la représentation de la figure humaine mais le christianisme l'encourageant, Moïse et les patriarches bibliques, Jean-Baptiste, Jésus-Christ et la plupart des apôtres (dans le christianisme plus tardif) sont représentés portant la barbe, signe de sagesse et de maturité, car on suppose qu'il ne pouvait pas en être autrement dans leurs contextes historiques.
124
+
125
+ Les Evangiles ne contiennent aucun description physique de Jésus, si ce n'est qu'il portait le talit juif (châle de prières)[49]. Le plus ancien portrait connu de Jésus, trouvé en Syrie et daté à environ 235, le montre en jeune homme imberbe, aux cheveux ras et habillé dans le style d'un jeune philosophe d'une tunique et d'un pallium - signes que certains premiers chrétiens ne tiennent pas compte du contexte historique du judaïsme de Jésus et le visualisent uniquement en fonction de leur propre contexte social gréco-latin[50]. L'art chrétien primitif dépeint alors Jésus le plus souvent comme le Bon Pasteur, déguisé en Orphée, le héros de la mythologie grecque, jeune, imberbe et en tunique courte mais cela n'a probablement pas été compris comme un portrait du Jésus historique à cette époque[51].
126
+
127
+ Une autre représentation des IIIe-IVe siècles montre Jésus avec une barbe et dans le type conventionnel qui apparaîtra plus tard[20]. Cette description se rapproche du type du philosophe classique « charismatique » comme celle d'Euphrate le stoïcien , Dio de Pruse ou Apollonius de Tyane dont on dit (comme Jésus) qu'ils pouvaient faire des miracles[20] et aussi celle du dieu des dieux mythologiques, le grec Zeus ou Jupiter protecteur de Rome[51]. Selon l'historien d'art (en) Paul Zanker, le modèle barbu possède les cheveux longs depuis le début, et une barbe relativement longue qui contraste avec la courte barbe « classique » et les cheveux courts toujours attribués à saint Pierre et à la plupart des autres apôtres[52] - une représentation de Jésus spécifiquement associée aux philosophes[20].
128
+
129
+ Au cours du IVe siècle, Jésus commence à être dépeint comme un homme d'apparence juive, avec une barbe et les cheveux longs, un style reconnaissable, généralement pas porté par les Romains alentour. Le siècle suivant, particulièrement en Orient, il lui est rajouté une auréole. Sur les mosaïques du début du VIe siècle de la basilique Saint-Apollinare-le-Neuf à Ravenne, Jésus est imberbe durant son ministère jusqu'aux scènes de la Passion, après quoi il est représenté avec une barbe[53].
130
+
131
+ Sur les icônes du Christ Pantocrator (Christ en gloire), Jésus est représenté adulte, barbu avec les cheveux longs. Il tient souvent un livre et esquisse un geste de bénédiction, ses deux doigts tendus symbolisant sa double nature, humaine et divine.
132
+
133
+ Jésus imberbe comme « le Bon Pasteur », Rome, v. 300 après J.-C.
134
+
135
+ Représentation de Jésus-Christ, catacombes de Commodilla, Rome, IV-Ves.
136
+
137
+ Christ Pantocrator, monastère Sainte-Catherine du Sinaï, Égypte, VIe s.
138
+
139
+ Christ Pantocrator, basilique Sainte-Sophie, Constantinople, IXe s.
140
+
141
+ Statuette médiévale du Christ barbu, Limoges, 1200-1300
142
+
143
+ Christ en tant que juge, barbe et cheveux bouclés, anciennement dans la cathédrale gothique de Thérouanne, XII-XIVe s.
144
+
145
+ Verrière « Sacré-Cœur de Jésus », Chapelle Sainte-Barbe de Kuttolsheim (Alsace), par Alphonse Ehret, XIXe s.
146
+
147
+ Dans les faits, le port ou non, la taille ou non de la barbe a fortement varié dans les communautés juives selon les lieux, les époques, les modes et les interprétations[54].
148
+
149
+ En 839, le diacre Bodo, ancien membre de la cour de Louis le Pieux, se serait fait pousser la barbe après une spectaculaire conversion au judaïsme pour devenir le juif Eléazar. Les récits chrétiens de sa conversion insistent sur le fait que le passage de l'homme d'Eglise du christianisme au judaïsme supposait qu'il se fît pousser les cheveux de sa tonsure et la barbe, et se fasse circoncire (sicque circumcisus capillisque ac barba crescentibus) et le décrivent « comme le juif accompli par sa foi et son costume barbu, marié (barbatus et conjugatus) et fréquentant quotidiennement la synagogue de Satan »[42].
150
+
151
+ Dès le XIe siècle, « les juifs séfarades ou ashkénazes identifient la longue barbe flottante comme étant l'apanage de la seule profession rabbinique mais non communément arborée par tous »[55].
152
+
153
+ Au début du XVIIe siècle, le kabbaliste de Jérusalem rabbi (en) Meir Poppers recommande d'éviter de toucher ou de tenir la barbe de quiconque de crainte qu'un seul poil n'en soit ôté par inadvertance[56]. Tous les éléments historiographiques vont dans le sens d'une signification à la fois d'honneur viril et de splendeur divine dans le port de la barbe (araméen : dikna 'ila ah) chez les Juifs levantins, laquelle faisant fonction parfois simultanément de signe de fraternité et de marque d'altérité exotique[42]. En revanche, la barbe ne semble pas vénérée parmi les juifs achkénazes médiévaux[42].
154
+
155
+ En terre d'islam, les non musulmans (dhimmis) devaient s'acquitter d'un impôt (djizîa) évoqué dans le Coran, durant un cérémonial humiliant[57] assorti de quelques violences physiques[58], décrit ici selon des sources du XIe siècle où la barbe, insigne d'honneur, devient un objet d'humiliation[59] :
156
+
157
+ « Le Dimmi se présentera le dos courbé et la tête baissée, il posera l'argent dans la balance, tandis que le percepteur le saisira par la barbe et lui administrera un soufflet sur chaque joue »[60],[61].
158
+
159
+ Ce genre de scène de reproduira à l'époque nazie[62].
160
+
161
+ Un épisode du Zohar montre « une représentation éloquente des différents types d'humiliations que les barbes des Juifs ont eu à souffrir entre les mains de musulmans vénérant par ailleurs la barbe »[42]. Ainsi, cette scène[63],[64] :
162
+
163
+ « Un jour qu'il montait à Jérusalem, rabbi Jochua vit un Arabe et son fils croiser un juif. L'Arabe dit à son fils : « Vois. Voici un juif que Dieu a rejeté. Va et insulte-le. Crache-lui au visage sept fois... » Le garçon alla et saisit le juif par la barbe, sur quoi rabbi Jochua dit : « Tout-Puissant (...) J'invoque les puissances célestes, qu'elles descendent ici-bas ! » »
164
+
165
+ Dans l'Église orthodoxe et les Églises catholiques orientales, il est de coutume que les religieux portent une barbe.
166
+
167
+ Pendant longtemps, en pays slave, la barbe était considérée comme une marque de vertu, voire de sainteté, alors que le visage glabre associé à la débauche et à la décadence était condamné, voire réprimé. Couper la barbe des personnes qui abandonnaient l'orthodoxie officielle était une mesure de persécution récurrente ; c'est ce qui est infligé au XVIIe siècle, aux uniates d'Ukraine (catholiques orientaux), et aux traditionalistes orthodoxes du Raskol[65].
168
+
169
+ Le médiéviste Giles Constable indique qu'« aucun Carolingien, Charlemagne compris, ne portait de barbe » et que le style caractéristique dans Europe du Nord du IXe siècle « était la moustache portée avec le menton rasé »[42].
170
+
171
+ Au XIIe siècle, l'historien latin Guillaume de Tyr observait que : « Les Orientaux, tant Grecs que des autres nations, entretiennent leur barbe avec le plus grand soin et s'il se trouve par pur hasard un de leurs cheveux en soit arraché, ils le considèrent comme le plus haut degré de l'injure et de l'ignominie »[42]. Il rapporte aussi que l'arménien Gabriel de Malatia fut outré que son gendre, le roi Baudouin II, ait prétendu avoir engagé sa barbe (atteignant la poitrine) pour le paiement de ses hommes :
172
+
173
+ « il avait ainsi mis en gage ce qui devait être conservé avec le plus grand soin, le trait caractérisant l'homme, la gloire de sa face, le sommet de sa dignité, comme si c'était là une chose négligeable »[42].
174
+
175
+ La question du port de la barbe, était aussi un facteur d'opposition à l'Église catholique où selon les époques les prêtres se rasaient la barbe. [réf. nécessaire]. La figure parfaitement glabre prédomine en Europe vers la fin du XVIIe et au XVIIIe siècles ; ceci s'illustre par exemple de Clément XI qui est le premier pape rasé à régner (1700-1721) après Jules II (1503-1513)[2].
176
+
177
+ En Islam, le port de la barbe est une Sounnah (trad. relative : tradition) de Mahomet, qui lui-même avait une barbe fournie, ainsi que de ses Compagnons. Le statut du port de la barbe n'est pas mentionné dans le Coran mais le Prophète a ordonné aux musulmans de laisser pousser leur barbe en disant dans un hadith : « Laissez pousser vos barbes, et taillez-vous les moustaches, différenciez vous des polythéistes ».
178
+
179
+ L'exemple de Mahomet conservant sa barbe intacte était suivi par les croyants et la laisser pousser considéré par les musulmans comme l'insigne de la dignité masculine[66].
180
+
181
+ En Espagne musulmane des Xe-XIe siècles, tous les hommes, de quelque religion qu'ils soient, portent la barbe, d'après l'historien (en) Elihaou Ashtor[42]. C'est une des raisons pour lesquelles le paiement dans l'humiliation de la taxe djizîa pouvait comporter une scène où le musulman saisissait la barbe du dhimmi juif ou chrétien pour le gifler[60],[61].
182
+
183
+ Au XVIIIe siècle et après avoir passé plusieurs années en Afrique du Nord, le poète italien (en) Samuel Romanelli rapporte une sensibilité exacerbée à l'importance de la pilosité du visage ainsi que sa suppression, montrant qu'elle fait alors partie d'une culture partagée par les musulmans, les Juifs et même les chrétiens du Levant pendant plusieurs siècles ; il indique en 1792[67],[42] :
184
+
185
+ « Les Arabes ne se saisiraient jamais de la barbe de l'un entre eux lors une querelle car ils la tiennent pour sacrée et qu'ils prêtent serment par elle. Ainsi en est-il également pour les juifs. Les juifs pieux ne la toucheraient même pas de peur qu'un seul cheveu en tombe au sol et souille la vénérable barbe »[68].
186
+
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+ Après la prise de Kaboul, le 27 septembre 1996, le gouvernement provisoire des talibans édicte un certain nombre de règles dont celle-ci à propos de la barbe[69] :
188
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189
+ « Il est interdit de se raser ou de se tailler la barbe. Les porteurs de mentons glabres ou peu poilus seront emprisonnés jusqu'à ce que la barbe leur pousse et atteigne la taille d'une main. »
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+ Chez la femme, la présence d'une barbe est liée à un dérèglement hormonal entraînant une hypertrichose[70].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Le tableau périodique des éléments, également appelé tableau ou table de Mendeleïev, classification périodique des éléments ou simplement tableau périodique, représente tous les éléments chimiques, ordonnés par numéro atomique croissant et organisés en fonction de leur configuration électronique, laquelle sous-tend leurs propriétés chimiques.
2
+
3
+ La conception de ce tableau est généralement attribuée au chimiste russe Dmitri Ivanovitch Mendeleïev, qui, en 1869, construisit une table, différente de celle qu'on utilise aujourd'hui[a] mais semblable dans son principe, dont le grand intérêt était de proposer une classification systématique des éléments connus à l'époque en vue de souligner la périodicité de leurs propriétés chimiques, d'identifier les éléments qui restaient à découvrir, voire de prédire certaines propriétés d'éléments chimiques alors inconnus.
4
+
5
+ Le tableau périodique a connu de nombreux réajustements depuis lors jusqu'à prendre la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Il est devenu un référentiel universel auquel peuvent être rapportés tous les types de comportements physique et chimique des éléments. Depuis la mise à jour de l'UICPA du 28 novembre 2016, sa forme standard comporte 118 éléments[1], allant de l'hydrogène 1H à l'oganesson 118Og.
6
+
7
+ Ce tableau est la représentation la plus usuelle de la classification des éléments chimiques. Certains chimistes ont proposé d'autres façons de classer les éléments, mais celles-ci restent bornées au domaine scientifique.
8
+
9
+ Parmi les 118 éléments chimiques connus, 83 sont dits primordiaux parce qu'ils possèdent au moins un isotope stable ou suffisamment stable pour être plus ancien que la Terre. Parmi eux, trois sont radioactifs : l'uranium 92U, le thorium 90Th et le bismuth 83Bi ; la radioactivité de ce dernier est cependant si faible qu'elle n'a été mise en évidence qu'en 2003[2].
10
+
11
+ 11 éléments existent naturellement dans l'environnement terrestre mais sont trop radioactifs pour que leurs isotopes présents lors de la formation du Système solaire aient pu subsister jusqu'à nos jours : ils sont formés continuellement par désintégration radioactive d'autres éléments chimiques, principalement de l'uranium et du thorium. C'est par exemple le cas du technétium 43Tc, le plus léger d'entre eux, qui est un produit de fission de l'uranium, ou encore du plutonium 94Pu, le plus lourd d'entre eux, qui est considéré comme un radioisotope naturel présent à l'état de traces dans la pechblende, principal minerai d'uranium. La chaîne de désintégration de l'uranium 238, principal isotope naturel d'uranium, produit ainsi continuellement du protactinium 234Pa, du thorium 234Th et 230Th, du radium 226Ra, du radon 222Rn, du polonium 218Po, 214Po et 210Po, du bismuth 214Bi et 210Bi, et du plomb 214Pb, 210Pb et 206Pb, ce dernier étant stable.
12
+
13
+ Les 24 derniers éléments sont dits synthétiques car ils n'existent pas naturellement dans l'environnement terrestre et sont produits artificiellement dans les réacteurs nucléaires ou expérimentalement en laboratoire. On peut cependant trouver certains d'entre eux dans la nature à la suite d'essais nucléaires atmosphériques ou d'accidents nucléaires, comme c'est le cas, dans certaines zones contaminées, pour l'américium 95Am, le curium 96Cm, le berkélium 97Bk et le californium 98Cf. Hors de notre planète, ces éléments, ainsi que l'einsteinium 99Es, sont peut-être produits naturellement par processus r[3] lors d'explosions de supernovae, comme on l'a longtemps pensé de l'isotope 254Cf[4],[5],[6], hypothèse cependant réfutée depuis lors[7] ; ils auraient également été détectés dans le spectre de l'étoile de Przybylski[8].
14
+
15
+ Parmi les 103 éléments dont l'état standard est connu aux conditions normales de température et de pression (0 °C et 1 atm), 90 sont solides, 11 sont gazeux, et seulement deux sont liquides : le brome 35Br, fondant à −7,2 °C, et le mercure 80Hg, fondant à −38,8 °C ; plusieurs éléments solides ont cependant un point de fusion voisin de la température ambiante, par exemple le francium 87Fr, à 27 °C, le césium 55Cs, à 28,5 °C, le gallium 31Ga, à 29,8 °C, le rubidium 37Rb, à 39,3 °C, ou encore le phosphore blanc 15P, à 44,2 °C.
16
+
17
+ Dans la mesure où les propriétés physico-chimiques des éléments reposent sur leur configuration électronique, cette dernière est sous-jacente à l'agencement du tableau périodique. Ainsi, chaque ligne du tableau, appelée période, correspond à une couche électronique, identifiée par son nombre quantique principal, noté n : il existe sept couches électroniques connues à l'état fondamental, donc sept périodes dans le tableau périodique standard, numérotées de 1 à 7. Chaque période est elle-même scindée en un à quatre blocs, qui correspondent aux sous-couches électroniques, identifiées par leur nombre quantique secondaire, noté ℓ : il existe quatre types de sous-couches électroniques connues à l'état fondamental, notées s, p, d et f (ces lettres viennent d'abréviations utilisées initialement en spectroscopie). Chacune de ces sous-couches contient respectivement 1, 3, 5 et 7 orbitales atomiques, identifiées par leur nombre quantique magnétique, noté mℓ. Enfin, chaque orbitale est occupée par au plus deux électrons, identifiés chacun par leur nombre quantique magnétique de spin, noté ms.
18
+
19
+ Chaque électron d'un atome est donc décrit par quatre nombres quantiques, qui vérifient les propriétés suivantes :
20
+
21
+ En vertu du principe d'exclusion de Pauli, selon lequel deux fermions (ici, deux électrons) d'un même système (ici, un même atome) ne peuvent partager le même état quantique, les sous-couches électroniques s, p, d et f ne peuvent contenir chacune qu'au plus 2, 6, 10 et 14 électrons respectivement ; dans le tableau périodique, elles matérialisent ainsi le bloc s, le bloc p, le bloc d et le bloc f, contenant respectivement 2, 6, 10 et 14 éléments par période.
22
+
23
+ Si l'on respecte la construction du tableau par blocs en fonction des configurations électroniques, l'hélium devrait se trouver au-dessus du béryllium dans la 2e colonne, celle dont les atomes ont une sous-couche externe ns2, et non au-dessus du néon dans la 18e colonne, dont les atomes ont une sous-couche externe np6 ; l'hélium est cependant positionné usuellement dans la 18e colonne car c'est celle des gaz nobles, dont il fait chimiquement partie.
24
+
25
+ Ordre indicatif de remplissage des couches et les sous-couches par énergie croissante selon la règle de Klechkowski.
26
+
27
+ Construction du tableau à partir des orbitales atomiques.
28
+
29
+ Toutes les sous-couches d'une période n'appartiennent pas nécessairement à la même couche électronique : à partir de la 3e période, des sous-couches appartenant à des couches différentes se remplissent sur une même période. En effet, la distribution des électrons sur les différents niveaux d'énergie quantiques autour de l'atome obéit au principe d'Aufbau (« édification » en allemand), selon lequel l'ordre précis des sous-couches électroniques est donné par la règle de Klechkowski : les sous-couches sont remplies afin que les valeurs n + ℓ puis n soient croissantes, avec n le nombre quantique principal et ℓ le nombre quantique azimutal.
30
+
31
+ C'est la succession des sous-couches électroniques de chaque période qui détermine la structure du tableau périodique en blocs, chaque période étant définie par le retour d'une sous-couche s suivant une sous-couche p de la période précédente, avec un nombre quantique principal incrémenté d'une unité.
32
+
33
+ La règle de Klechkowski est observée pour plus de 80 % des 103 éléments dont la configuration électronique à l'état fondamental est connue avec précision, mais une vingtaine d'éléments y font exception. L'état fondamental est en effet par définition celui dont l'énergie est la plus faible, et le nombre quantique magnétique de spin des électrons entre en jeu pour déterminer cette énergie : plus le spin résultant des électrons d'une orbitale atomique est élevé, plus la configuration de ces électrons sur cette orbitale est stable (règle de Hund). Il s'ensuit que, pour les éléments du bloc d et du bloc f (métaux de transition, lanthanides et actinides), il est énergétiquement moins favorable de suivre la règle de Klechkowski que de favoriser l'occupation impaire des sous-couches les plus externes lorsque la couche d ou f est vide, à moitié remplie ou entièrement remplie, car l'écart d'énergie entre ces sous-couches est inférieur au gain d'énergie induit par la redistribution des électrons de telle sorte que leur nombre quantique magnétique de spin résultant soit le plus élevé — dans le tableau qui suit, les distributions d'électrons irrégulières sont indiquées en gras :
34
+
35
+ Le grand intérêt de la classification périodique est d'organiser les éléments chimiques de telle sorte que leurs propriétés physico-chimiques puissent être largement prédites par leur position dans la table. Ces propriétés évoluent différemment selon qu'on se déplace verticalement ou horizontalement dans le tableau.
36
+
37
+ Une période désigne une ligne du tableau périodique. Elle se définit par le remplissage progressif des sous-couches électroniques jusqu'à atteindre la sous-couche s de la couche électronique suivante. Les propriétés des éléments varient généralement beaucoup le long d'une période, mais peuvent être localement assez semblables et constituer des familles d'éléments chimiques complètes, notamment dans le bloc d (métaux dits « de transition ») et surtout dans le bloc f (lanthanides sur la 6e période et actinides sur la 7e période).
38
+
39
+ Un groupe désigne une colonne du tableau périodique. Chacun des 18 groupes du tableau périodique standard constitue souvent un ensemble d'éléments aux propriétés distinctes des groupes voisins, notamment aux extrémités gauche et droite du tableau périodique (c'est-à-dire dans les blocs s et p), où ils se sont vus attribuer des noms d'usage au fil du temps :
40
+
41
+ Si les termes pnictogène et chalcogène sont aujourd'hui assez désuets, les quatre autres en revanche sont encore très employés car ils se confondent usuellement avec des familles de même nom :
42
+
43
+ Le groupe 3 est un cas particulier dans la mesure où sa composition ne fait pas l'objet d'un consensus parmi les chimistes : si les éléments des périodes 4 et 5 qui le constituent sont toujours le scandium et l'yttrium, ceux des périodes 6 et 7 sont en revanche ou bien le lanthane et l'actinium, ou bien le lutécium et le lawrencium. Cela signifie que la composition des blocs d et f est également variable selon les auteurs, car le groupe 3 fait partie du bloc d. La première option, plaçant le lanthane et l'actinium dans le groupe 3, et donc dans le bloc d, était prépondérante jusqu'au début du siècle, avec semble-t-il un renversement de tendance depuis lors ; ce choix relève essentiellement d'une convention : les propriétés chimiques du scandium, de l'yttrium et des 15 lanthanides (lanthane et lutécium compris) sont ainsi suffisamment semblables pour que ces éléments soient collectivement appelés terres rares.
44
+
45
+ La description quantique de la configuration électronique des atomes permet d'expliquer la similitude des propriétés chimiques au sein d'un groupe par une configuration identique des électrons dans la couche de valence. Le rayon atomique augmente rapidement de haut en bas d'une colonne, car à chaque période s'ajoute une couche électronique. En corollaire, l'énergie d'ionisation et l'électronégativité diminuent car les électrons périphériques sont moins fortement liés au noyau dans le bas du tableau.
46
+
47
+ Outre les analyses par lignes et par colonnes, le tableau périodique permet également d'établir des relations diagonales entre certains éléments chimiques des deuxième et troisième périodes qui se trouvent en diagonale les uns par rapport aux autres dans le tableau. Il s'agit toujours de la direction diagonale allant du haut à gauche vers le bas à droite, car parcourir une période vers la droite et descendre le long d'une colonne se traduisent de façon opposée sur la couche de valence des atomes (respectivement, diminution et augmentation du rayon atomique, d'où augmentation et diminution de l'électronégativité). Il s'ensuit certaines similitudes entre éléments diagonaux, qui pourtant ne partagent ni la même période ni le même groupe : la distribution des métalloïdes dans le tableau périodique illustre cet effet.
48
+
49
+ D'une manière générale, le rayon atomique tend à décroître lorsqu'on parcourt une période de gauche à droite, depuis les métaux alcalins jusqu'aux gaz nobles, et à croître lorsqu'on parcourt un groupe de haut en bas. Il croît brutalement lorsqu'on passe d'une période à la suivante, entre le gaz noble d'une période P et le métal alcalin de la période P + 1. Ceci s'explique très bien par les couches électroniques constituant les atomes, et ces observations fournissent des preuves importantes pour l'élaboration et la confirmation des théories de la mécanique quantique.
50
+
51
+ La décroissance du rayon atomique le long des périodes résulte notamment du fait que la charge électrique du noyau atomique augmente tout au long de chaque période, ce qui accroît l'attraction du noyau sur les électrons et réduit par conséquent le volume des orbitales atomiques. La contraction des lanthanides, observée au cours du remplissage de la sous-couche 4f, illustre très bien ce phénomène : le rayon atomique de l'osmium (élément 76) est quasiment identique à celui du ruthénium (élément 44), qui lui est juste au-dessus dans le tableau. Cette particularité s'observe le long de la 6e période à partir du hafnium (élément 72) jusqu'au platine (élément 78), après lequel elle est masquée par un effet relativiste appelé effet de paire inerte. Un phénomène semblable s'observe également avec le remplissage des sous-couches nd du bloc d, mais est moins marqué que celui observé avec les lanthanides, bien qu'il ait la même origine.
52
+
53
+ Le tableau ci-dessous présente les rayons de covalence moyens mesurés pour la plupart des atomes, qui illustrent les tendances observées pour les rayons atomiques à travers le tableau périodique :
54
+
55
+
56
+
57
+
58
+
59
+ L'énergie d'ionisation, qui correspond implicitement à l'énergie de première ionisation, est l'énergie minimum nécessaire pour retirer un électron à un atome et former un cation. L'électron retiré est le moins lié au noyau atomique et se trouve dans la couche de valence. L'énergie de deuxième ionisation est par conséquent l'énergie nécessaire pour retirer un deuxième électron à l'ion précédemment formé, etc. Pour un atome donné, les énergies d'ionisation successives augmentent avec le degré d'ionisation. Pour le magnésium, par exemple, l'énergie de première ionisation est de 738 kJ·mol-1 pour former le cation Mg+, tandis que l'énergie de deuxième ionisation est de 1 450 kJ·mol-1 pour former le cation Mg2+. Cela s'explique par le fait que les électrons sont d'autant plus liés au noyau qu'ils sont dans des sous-couches intérieures, ce qui explique également que l'énergie de première ionisation croisse quand on se rapproche du haut et de la droite du tableau.
60
+
61
+ L'énergie d'ionisation fait un bond lorsqu'on tente d'arracher un électron à une configuration électronique de gaz noble, ce qui est par exemple le cas du magnésium ionisé deux fois Mg2+, dont la configuration électronique est très semblable à celle du néon : l'énergie de troisième ionisation passe à 7 730 kJ·mol-1 pour former le cation Mg3+ et correspond à l'arrachement d'un électron de la sous-couche 2p après que les deux électrons de la sous-couche 3s ont été retirés lors des première et deuxième ionisations.
62
+
63
+ Le tableau ci-dessous représente la première énergie d'ionisation mesurée pour la plupart des éléments, ce qui permet de visualiser les variations de cette grandeur à travers le tableau périodique. On observe en particulier plusieurs minima locaux autour de l'angle inférieur gauche des différents blocs, césium et francium pour le bloc s, actinium pour le bloc f, lawrencium pour le bloc d et thallium pour le bloc p :
64
+
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+ L'électronégativité est une indication de la tendance d'un atome à attirer les électrons. Elle dépend à la fois du numéro atomique et de l'éloignement des électrons de valence par rapport au noyau atomique. Plus l'électronégativité est élevée, plus l'élément attire les électrons. Cette grandeur, déterminée par exemple par l'échelle de Pauling, suit globalement la même tendance que l'énergie d'ionisation : elle croît quand on va vers le haut et vers la droite du tableau, avec un maximum pour le fluor et un minimum pour le francium. Il existe cependant des exception à cette règle générale, qui suivent les exceptions à l'évolution du rayon atomique : le gallium et le germanium ont une électronégativité supérieure à celle de l'aluminium et du silicium respectivement en raison de la contraction du bloc d. Les éléments de la 4e période qui viennent immédiatement après les métaux de transition ont des rayons atomiques particulièrement petits, d'où une électronégativité plus élevée. On observe également que les métaux du groupe du platine et les métaux nobles ont une électronégativité particulièrement élevée et croissante vers le bas du tableau, phénomène qu'on observe également le long du groupe no 6.
70
+
71
+
72
+
73
+ L'affinité électronique d'un atome est la quantité d'énergie libérée lorsqu'un électron est ajouté à un atome neutre pour former un anion. Cette grandeur varie beaucoup d'un élément à un autre, mais des tendances sont perceptibles à travers le tableau périodique, présentant certaines similitudes avec l'électronégativité. Les halogènes présentent la plus forte affinité électronique, très supérieure à celle des tous les autres éléments ; elle est maximum pour le chlore, et non le fluor, à la différence de l'électronégativité.
74
+
75
+ D'une manière générale, les non métaux ont une affinité électronique plus positive que celle des métaux, tandis que celle des gaz nobles, réagissant trop peu, n'a pas été mesurée. L'affinité électronique croît généralement le long d'une période, mais il est plus difficile de dégager une tendance le long des groupes : elle devrait décroître en descendant le long d'un groupe puisque les couches de valence sont de moins en moins liées au noyau, mais on observe expérimentalement qu'environ un tiers des éléments échappent à cette tendance, et présentent une affinité électronique supérieure à celle de l'élément situé au-dessus d'eux dans le tableau périodique ; seul le 1er groupe, celui des métaux alcalins, est caractérisé par une décroissance régulière de l'affinité électronique.
76
+
77
+ En fonction de leurs propriétés physiques et chimiques générales, les éléments peuvent être classés en métaux, métalloïdes et non-métaux :
78
+
79
+ Plus l'énergie d'ionisation, l'électronégativité et l'affinité électronique sont faibles, plus l'élément a un caractère métallique prononcé. Réciproquement, les éléments pour lesquels ces grandeurs sont élevées sont non métalliques. Les non-métaux se regroupent par conséquent autour de l'angle supérieur droit du tableau (typiquement le fluor et le chlore), tandis que la grande majorité des éléments ont un caractère métallique plus ou moins prononcé, les plus métalliques se regroupant autour de l'angle inférieur gauche (typiquement le francium et le césium). Entre ces deux extrêmes, on a coutume de distinguer parmi les métaux :
80
+
81
+ Parmi les non-métaux, on peut distinguer, outre les familles conventionnelles :
82
+
83
+ Au-delà des lignes, des colonnes et des diagonales, les éléments sont traditionnellement regroupés en familles aux propriétés physico-chimiques homogènes :
84
+
85
+ Aux extrémités gauche et droite du tableau, ces familles se confondent à peu pr��s avec les groupes, tandis qu'au centre du tableau elles ont plutôt tendance à se confondre avec les blocs, voire avec les périodes. Ces regroupements d'éléments fondés sur leurs propriétés physiques et chimiques sont par essence imparfaits, car ces propriétés varient souvent de manière assez continue à travers le tableau périodique, de sorte qu'il est fréquent d'observer des recouvrements aux limites entre ces regroupements. Ainsi, le béryllium est toujours classé parmi les métaux alcalins bien que ses oxydes soient amphotères et qu'il présente une tendance marquée à former des composés covalents, deux caractéristiques des métaux pauvres comme l'aluminium. De même, le radon est toujours classé comme gaz noble bien qu'il ne soit pas chimiquement inerte et tende à former des composés ioniques, ce qui le rapproche des métaux.
86
+
87
+ D'autres regroupements sont également en usage, par exemple :
88
+
89
+ La configuration électronique des éléments est décrite de façon satisfaisante par le modèle des orbitales atomiques jusqu'au milieu de la 7e période. Pour Z >> 100, des effets relativistes deviennent significatifs sur des électrons en interaction avec un noyau très fortement chargé, certaines corrections induites par l'électrodynamique quantique ne peuvent plus être négligées, les approximations considérant les électrons de façon individuelle pour déterminer les orbitales — approximation du champ central — ne sont plus valides, et des effets de couplage spin-orbite redistribuent les niveaux d'énergie, et donc les sous-couches électroniques. Il s'ensuit que la distribution des électrons autour du noyau devient délicate à modéliser pour ces éléments, et qu'on peut s'attendre à ce que leurs propriétés chimiques soient plus difficiles à prévoir.
90
+
91
+ Si les propriétés physiques et chimiques de tous les éléments jusqu'au hassium 108Hs sont bien connues, seuls deux éléments de numéro atomique supérieur à 108 ont fait l'objet d'études expérimentales : le copernicium 112Cn et le flérovium 114Fl ; on n'a par conséquent que très peu d'informations sur les propriétés physiques et chimiques des autres éléments de numéro atomique supérieur à 108.
92
+
93
+ Le copernicium 112Cn, dont les propriétés chimiques ont été particulièrement étudiées, s'est révélé être un homologue plus volatil du mercure et prolonge donc bien le groupe 12[13]. Il peut ainsi être rangé parmi les métaux pauvres comme le mercure, mais il semble également répondre à la définition de l'IUPAC pour les éléments de transition, c'est-à-dire « un élément chimique dont les atomes ont une sous-couche électronique d incomplète, ou qui peuvent former des cations dont la sous-couche électronique d est incomplète[14] » en raison d'effets relativistes stabilisant la sous-couche électronique s au détriment de la sous-couche d : le cation Cn2+ aurait ainsi la configuration électronique [Rn]5f14 6d8 7s2. Le copernicium présente par ailleurs certaines propriétés le rapprochant des gaz nobles[15] et pourrait d'ailleurs être gazeux[16].
94
+
95
+ Le flérovium, quant à lui, présente des propriétés ambiguës : davantage métal que gaz noble, contrairement à ce que laissaient penser les premiers résultats obtenus en 2008[17], il serait lui aussi volatil mais plus réactif que le copernicium, et pourrait appartenir, tout comme lui, à une nouvelle famille correspondant à des « métaux volatils », intermédiaires entre métaux et gaz nobles du point de vue de leurs propriétés d'adsorption sur l'or[18] ; dans la mesure où il s'avère chimiquement semblable au plomb, il peut être vu comme un métal pauvre, mais ne peut en toute rigueur être rangé dans une famille d'éléments en l'état actuel de nos connaissances.
96
+
97
+ Les propriétés de l'oganesson 118Og, qui devrait être un gaz noble en vertu de son positionnement en bas de la 18e colonne du tableau, n'ont pas été étudiées expérimentalement ; des modélisations suggèrent qu'il pourrait peut-être s'agir d'un solide semiconducteur ayant des propriétés évoquant les métalloïdes[13].
98
+
99
+ Les éléments chimiques sont identifiés dans le tableau périodique par leur numéro atomique, qui représente le nombre de protons que contient leur noyau, mais il peut exister plusieurs atomes différents pour un même élément chimique, différant les uns des autres par le nombre de neutrons dans leur noyau. Dans la mesure où ces atomes occupent la même case dans le tableau périodique, ils sont dits isotopes — avec une étymologie issue du grec ancien ἴσος τόπος signifiant « au même endroit ».
100
+
101
+ Les isotopes d'un élément ont généralement exactement les mêmes propriétés chimiques, car leur configuration électronique est identique. Mais la masse du noyau étant différente, on observe un effet isotopique d'autant plus prononcé que l'atome est léger. C'est notamment le cas pour le lithium 3Li, l'hélium 2He (du point de vue de ses propriétés physiques) et surtout l'hydrogène 1H.
102
+
103
+ L'isotope 2H (deutérium) de l'hydrogène est suffisamment différent de l'isotope 1H (protium) pour que l'UICPA admette — mais sans le recommander — l'usage d'un symbole chimique spécifique au deutérium (D) distinct de celui de l'hydrogène (H).
104
+
105
+ 80 des 118 éléments du tableau périodique standard possèdent au moins un isotope stable : ce sont tous les éléments de numéro atomique compris entre 1 (hydrogène) et 82 (plomb) hormis le technétium 43Tc et le prométhium 61Pm, qui sont radioactifs.
106
+
107
+ Dès le bismuth 83Bi, tous les isotopes des éléments connus sont radioactifs. L'isotope 209Bi a ainsi une période radioactive valant un milliard de fois l'âge de l'univers. Lorsque la période dépasse quatre millions d'années, la radioactivité produite par ces isotopes devient négligeable et présente à court terme un risque sanitaire très faible : c'est par exemple le cas de l'uranium 238, dont la période est de près de 4,5 milliards d'années et dont la toxicité est avant tout chimique[19],[20],[21], à travers notamment des composés solubles tels que UF6, UO2F2, UO2Cl2, UO2(NO3)2, UF4, UCl4, UO3, certains composés peu solubles tels que UO2 et U3O8 étant quant à eux radiotoxiques[22].
108
+
109
+ Au-delà de Z = 110 (darmstadtium 281Ds), tous les isotopes des éléments ont une période radioactive de moins de 30 secondes, et de moins d'un dixième de seconde à partir de l'élément 115 (moscovium 288Mc).
110
+
111
+ Le modèle en couches de la structure nucléaire permet de rendre compte de la plus ou moins grande stabilité des noyaux atomiques en fonction de leur composition en nucléons (protons et neutrons). En particulier, des « nombres magiques » de nucléons, conférant une stabilité particulière aux atomes qui en sont composés, ont été observés expérimentalement, et expliqués par ce modèle[23],[24]. Le plomb 208, qui est le plus lourd des noyaux stables existants, est ainsi composé du nombre magique de 82 protons et du nombre magique de 126 neutrons.
112
+
113
+ Certaines théories[b] extrapolent ces résultats en prédisant l'existence d'un îlot de stabilité parmi les nucléides superlourds, pour un « nombre magique » de 184 neutrons et — selon les théories et les modèles — 114, 120, 122 ou 126 protons ; une approche plus moderne montre toutefois, par des calculs fondés sur l'effet tunnel, que, si de tels noyaux doublement magiques sont probablement stables du point de vue de la fission spontanée, ils devraient cependant subir des désintégrations α avec une période radioactive de quelques microsecondes[25],[26],[27], tandis qu'un îlot de relative stabilité pourrait exister autour du darmstadtium 293, correspondant aux nucléides définis par Z compris entre 104 et 116 et N compris entre 176 et 186 : ces éléments pourraient avoir des isotopes présentant des périodes radioactives de l'ordre de la minute.
114
+
115
+ On ignore jusqu'à combien de protons et d'électrons un même atome peut contenir. La limite d'observabilité pratique est généralement estimée à au plus Z = 130[28], dans la mesure où l'existence des atomes superlourds se heurte à la limite de stabilité des noyaux[29]. Cela place la fin du tableau périodique peu après l'une des valeurs proposées pour le dernier îlot de stabilité, centré dans ce cas autour de Z = 126.
116
+
117
+ Richard Feynman releva en 1948 qu'une interprétation simple de l'équation de Dirac semi-relativiste aboutit à une impossibilité pour représenter les orbitales atomiques lorsque le numéro atomique vaut Z > 1⁄α ≈ 137, où α est la constante de structure fine : de tels atomes ne pourraient avoir d'orbitale électronique stable pour plus de 137 électrons, ce qui rendrait impossible l'existence d'atomes électriquement neutres au-delà de 137 protons ; l'élément 137 est depuis lors parfois surnommé « feynmanium »[30]. Le modèle de Bohr donne par ailleurs une vitesse supérieure à celle de la lumière pour les électrons de la sous-couche 1s dans le cas où Z > 137. Une étude plus poussée, prenant notamment en compte la taille non nulle du noyau, montre cependant que le nombre critique de protons pour lequel l'énergie de liaison électron-noyau devient supérieure à 2m0c2, où m0 représente la masse au repos d'un électron ou d'un positron, vaut Zcrit ≈ 173 : dans ce cas, si la sous-couche 1s n'est pas pleine, le champ électrostatique du noyau y crée une paire électron-positron[31],[32], d'où l'émission d'un positron[33] ; si ce résultat n'écarte pas complètement la possibilité d'observer un jour des atomes comprenant plus de 173 protons, il met en lumière un facteur supplémentaire d'instabilité les concernant.
118
+
119
+ Au-delà des sept périodes standard, une huitième période est envisagée pour classer les atomes — à ce jour inobservés — ayant plus de 118 protons. Cette huitième période serait la première à posséder des éléments du bloc g, caractérisés à l'état fondamental par des électrons sur une orbitale g. Néanmoins, compte tenu des limites à la périodicité aux confins du tableau — effets relativistes sur les électrons des très gros atomes — qui deviennent significatifs dès le dernier tiers de la 7e période, il est peu probable que la configuration électronique de tels atomes obéisse aux règles observées tout au long des six premières périodes. Il est en particulier délicat d'établir le nombre d'éléments contenus dans ce bloc g : la règle de Klechkowski en prédit 18, mais la méthode de Hartree-Fock en prédit 22.
120
+
121
+ Le tableau périodique étendu à la huitième période avec 22 éléments dans le bloc g pourrait ainsi présenter l'aspect suivant :
122
+
123
+ Une neuvième période est parfois évoquée, mais, compte tenu de l'incertitude réelle quant à la possibilité d'observer à terme plus d'une dizaine d'éléments nouveaux sur la huitième période, tous les éléments de numéro atomique supérieur à 130 relèvent a priori de la pure extrapolation mathématique. À noter qu'une variante de la table ci-dessus, proposée par Fricke et al. en 1971[34] et revue par Pekka Pyykkö en 2011[35], répartit les 172 mêmes éléments sur 9 périodes, et non 8, en les distribuant de manière non périodique : les éléments 139 et 140 sont ainsi placés entre les éléments 164 et 169, dans le bloc p et non plus dans le bloc g, tandis que les éléments 165 à 168 sont placés sur une 9e période dans les blocs s et p.
124
+
125
+ De la toute première tentative de classification des éléments chimiques par Antoine Lavoisier en 1789 au tableau périodique de Glenn Seaborg que nous utilisons aujourd'hui, de nombreux hommes de sciences, issus d'horizons — et parfois de disciplines — différents, ont apporté chacun leur contribution, sur une période de près de deux siècles.
126
+
127
+ C'est en 1789 que le chimiste français Antoine Lavoisier a publié à Paris son Traité élémentaire de chimie, présenté dans un ordre nouveau et d'après les découvertes modernes. Cet ouvrage en deux volumes a jeté les bases de la chimie moderne, en faisant le point sur les connaissances de la fin du XVIIIe siècle dans cette discipline. Il y précise notamment le concept d'élément chimique comme une substance simple qui ne peut être décomposée en d'autres substances, avec en corollaire la loi fondamentale de conservation de la masse de chacune de ces substances simples au cours des réactions chimiques. Il mentionna également le fait que de nombreuses substances considérées comme simples par le passé se sont révélées être en réalité des composés chimiques (par exemple l'huile et le sel marin), et il précisa s'attendre à ce qu'on considère sous peu les terres (c'est-à-dire certains minerais) comme des substances composées de nouveaux éléments.
128
+
129
+ Il publia dans cet ouvrage un tableau récapitulatif des « substances » considérées à son époque comme des éléments chimiques, en prenant soin d'établir une équivalence avec le vocabulaire hérité des alchimistes afin d'éliminer toute ambiguïté. Ce tableau, qui se voulait exhaustif et outil de référence, mentionnait ainsi, parmi les éléments chimiques, la lumière et le feu, encore considérés à cette époque comme des principes « chimiques » bien que Lavoisier lui-même ait invalidé la théorie du phlogistique :
130
+
131
+ Chaleur
132
+ Principe de la chaleur
133
+ Fluide igné
134
+ Feu
135
+ Matière du feu et de la chaleur
136
+
137
+ Air déphlogistiqué
138
+ Air empiréal
139
+ Air vital
140
+ Base de l'air vital
141
+
142
+ Gaz phlogistiqué
143
+ Mossette
144
+ Base de la mossette
145
+
146
+ Gaz inflammable
147
+ Base du gaz inflammable
148
+
149
+ Terre calcaire
150
+ Chaux
151
+
152
+ Magnésie
153
+ Base du sel d'Epsom
154
+
155
+ Barote
156
+ Terre pesante
157
+
158
+ Argile
159
+ Terre de l'alun
160
+ Base de l'alun
161
+
162
+ Terre siliceuse
163
+ Terre vitrifiable
164
+
165
+ Les éléments chimiques y sont classés en quatre familles :
166
+
167
+ Le chlore est désigné comme « radical muriatique », car Lavoisier considérait que tous les acides étaient des oxoacides — le nom oxygène signifie étymologiquement « formant des acides » — et cherchait donc le « radical » que l'oxygène aurait rendu acide — l'acide muriatique désignait l'acide chlorhydrique, qui ne contient cependant pas d'oxygène.
168
+
169
+ Cette classification a surtout le mérite de clarifier certaines notions fondamentales, mais ne révèle encore aucune périodicité des propriétés des éléments classés : les métaux sont ainsi recensés tout simplement par ordre alphabétique en français.
170
+
171
+ La première tentative de classification moderne des éléments chimiques revient au chimiste allemand Johann Wolfgang Döbereiner qui, en 1817, nota que la masse atomique du strontium (88) était égale à la moyenne arithmétique des masses atomiques du calcium (40) et du baryum (137), qui ont des propriétés chimiques semblables (aujourd'hui, ils sont classés parmi les métaux alcalino-terreux). En 1829, il avait découvert deux autres « triades » de ce type : celle des halogènes (la masse atomique du brome (80) étant égale à la moyenne arithmétique (81) de celles du chlore (35,5) et de l'iode (127)) et celle des métaux alcalins (la masse atomique du sodium (23) étant égale à la moyenne arithmétique de celles du lithium (7) et du potassium (39)).
172
+
173
+ D'autres chimistes identifièrent d'autres séries d'éléments, et Leopold Gmelin publia en 1843 la première édition de son Handbuch der Chemie, qui mentionnait des triades, ainsi que trois « tétrades » et une « pentade » — azote, phosphore, arsenic, antimoine et bismuth, que nous connaissons aujourd'hui comme les éléments du groupe 15 du tableau périodique.
174
+
175
+ En 1859, le chimiste français Jean-Baptiste Dumas généralisa les triades de Döbereiner en les étendant en tétrades incluant les éléments les plus légers, définies non plus par les moyennes arithmétiques, mais par une progression similaire d'une tétrade à l'autre, par exemple :
176
+
177
+ Bien qu'en apparence similaire à celle de Döbereiner, l'approche de Dumas était potentiellement bien plus féconde car applicable de façon pertinente à un bien plus grand nombre d'éléments : alors que les progressions arithmétiques sont restreintes à quelques groupes d'éléments, l'incrément constaté par Dumas entre éléments successifs aux propriétés similaires mesure précisément la longueur de la période qui sépare ces deux éléments — incrément d'environ 16 entre les deux premiers éléments d'une tétrade, puis incrément d'environ 48 entre deuxième et troisième éléments, puis entre troisième et quatrième éléments.
178
+
179
+ Le premier à remarquer la périodicité des propriétés chimiques des éléments fut le géologue français Alexandre-Émile Béguyer de Chancourtois lorsqu'il classa en 1862 les éléments chimiques alors connus en fonction de leur masse atomique déterminée en 1858 par le chimiste italien Stanislao Cannizzaro. Il normalisa la masse atomique de tous les éléments en prenant celle de l'oxygène égale à 16, et, considérant que « les propriétés des éléments sont les propriétés des nombres, » organisa les éléments chimiques en spirale sur un cylindre divisé en seize parties, de telle sorte que les éléments aux propriétés similaires apparaissent l'un au-dessus de l'autre.
180
+
181
+ Chancourtois remarqua alors que certaines « triades » se retrouvaient précisément alignées dans cette représentation, ainsi que la tétrade oxygène – soufre – sélénium – tellure, qui se trouvait également avoir des masses atomiques à peu près multiples de seize (respectivement 16, 32, 79 et 128). C'est la raison pour laquelle il appela cette représentation « vis tellurique, » en référence au tellure. C'était la première ébauche de classification périodique des éléments. Celle-ci ne retint cependant pas l'attention de la communauté scientifique, car Chancourtois n'était pas chimiste et avait employé des termes appartenant plutôt au domaine de la géochimie dans la publication qu'il avait adressée à l'Académie des sciences, laquelle fut éditée de surcroît sans ses schémas explicatifs, ce qui rendit le texte abscons.
182
+
183
+ D'un point de vue conceptuel, c'était une grande avancée, mais, d'un point de vue pratique, Chancourtois n'avait pas identifié la période correcte pour les éléments les plus lourds, de sorte que, dans sa représentation, une même colonne regroupait le bore, l'aluminium et le nickel, ce qui est correct pour les deux premiers mais totalement erroné d'un point de vue chimique pour le troisième.
184
+
185
+ Dans la foulée, le chimiste anglais John Alexander Reina Newlands publia en 1863 une classification périodique qui eut, elle, un plus fort retentissement (quoique tardif, et a posteriori), car il avait organisé les premiers éléments alors connus par masse atomique croissante — plus précisément, par masse équivalente croissante — dans un tableau à sept lignes en les arrangeant de telle sorte que leurs propriétés chimiques soient similaires par lignes, sans hésiter à placer deux éléments dans une même case si nécessaire pour éviter de laisser des cases vides par ailleurs.
186
+
187
+ Ce faisant, il avait identifié une nouvelle triade, dont les extrémités étaient le silicium et l'étain, et dont l'élément médian restait à découvrir : il prédit ainsi l'existence du germanium, en lui assignant une masse atomique d'environ 73. Mais la grande faiblesse de son travail était qu'il n'avait pas laissé de case vide dans son tableau pour accueillir notamment le futur germanium : il avait en fait cherché avant tout à classer les éléments connus dans un tableau complet sans chercher de classification plus large tenant compte de possibles éléments à découvrir, qu'il avait pourtant pressentis. De plus, comme Chancourtois, il avait un problème de périodicité, car si les éléments légers connus à l'époque avaient bien une périodicité chimique tous les sept éléments, cela cessait d'être valable au-delà du calcium, et le tableau de Newlands s'avère alors inopérant :
188
+
189
+ La mise en évidence d'une périodicité globale jusqu'au calcium était néanmoins une grande avancée, et Newlands présenta cette classification en l'appelant « loi des octaves » par analogie avec les sept notes de musique, mais ce travail fut assez mal accueilli par ses pairs de la Société de chimie de Londres, qui le tournèrent souvent en ridicule et firent obstacle à sa publication ; ce n'est qu'après la publication des travaux de Dmitri Mendeleïev que la qualité de cette analyse a été reconnue.
190
+
191
+ Le chimiste anglais William Odling — secrétaire de la Société de chimie de Londres, et donc rival de Newlands — travaillait également, dans les années 1860, à une table périodique des éléments chimiques remarquablement proche de celle que publierait Mendeleïev en 1869. Elle était organisée en périodes verticales avec des cases vides pour les éléments manquants et plaçait — à la différence du premier tableau de Mendeleïev — le platine, le mercure, le thallium et le plomb dans les bons groupes. Son action négative à l'encontre de Newlands entacha néanmoins définitivement la renommée d'Odling, et sa contribution à l'élaboration du tableau périodique des éléments est aujourd'hui largement méconnue.
192
+
193
+ La contribution du chimiste allemand Lothar Meyer est à peine mieux reconnue que celle d'Odling, car ses travaux décisifs ont été publiés après ceux de Mendeleïev alors qu'ils étaient pour la plupart antérieurs. Il publia ainsi une première version de sa classification des éléments en 1864, puis finalisa en 1868 une seconde version plus aboutie qui ne fut intégralement publiée qu'à sa mort, en 1895.
194
+
195
+ Le premier tableau de Meyer comprenait vingt-huit éléments classés en six familles définies par leur valence : c'était un grand pas en direction de la forme moderne du tableau périodique, organisé en groupes dépendant de la configuration électronique des éléments, elle-même directement en relation avec leur valence ; ce n'était néanmoins pas encore le même tableau qu'aujourd'hui, car les éléments étaient toujours rangés par masse atomique croissante. Le second tableau de Meyer, qui élargissait et corrigeait le premier, fut publié en 1870, quelques mois après celui de Mendeleïev, dont il renforça l'impact sur la communauté scientifique en apportant aux thèses du chimiste russe, encore très contestées, le soutien de travaux indépendants. La grande force de ce travail résidait dans les périodes de longueur variable, avec une disposition des éléments qui permettait d'éviter les regroupements fâcheux de Newlands, tels que le fer, l'or et certains éléments du groupe du platine parmi l'oxygène, le soufre, et les autres éléments du groupe 16 :
196
+
197
+ Meyer avait également remarqué que si l'on trace une courbe représentant en abscisse la masse atomique et en ordonnée le volume atomique de chaque élément, cette courbe présente une série de maxima et de minima périodiques, les maxima correspondant aux éléments les plus électropositifs.
198
+
199
+ Malgré la qualité réelle des travaux de ses contemporains, c'est bien au chimiste russe Dmitri Mendeleïev qu'on doit le premier tableau périodique des éléments s'approchant de celui que nous utilisons aujourd'hui, non seulement dans sa forme mais surtout par la vision qui l'accompagne. À la différence de ses prédécesseurs, Mendeleïev a en effet formulé explicitement en quoi son tableau constituait un outil d'analyse théorique des propriétés de la matière :
200
+
201
+ L'avancée était significative :
202
+
203
+ Les travaux de Mendeleïev ont été accueillis avec scepticisme par ses pairs, mais la publication subséquente de plusieurs résultats similaires (ceux de John Newlands et de Lothar Meyer en particulier) obtenus de façon indépendante a fait basculer le consensus en faveur de cette nouvelle vision des éléments chimiques.
204
+
205
+ C'est en voulant mesurer avec précision la masse atomique de l'oxygène et de l'azote par rapport à celle de l'hydrogène que John William Strutt Rayleigh nota une divergence entre la masse atomique de l'azote produit à partir d'ammoniac et celle de l'azote séparé de l'air atmosphérique, légèrement plus lourd. Employant une méthodologie rigoureuse, William Ramsay parvint en 1894 à isoler l'argon à partir de « l'azote » atmosphérique, et expliqua l'anomalie apparente de la masse atomique de l'azote atmosphérique en déterminant la masse atomique de ce nouvel élément, pour lequel rien n'était prévu dans le tableau de Mendeleïev. Sa nature gazeuse et son inertie chimique l'avaient rendu jusqu'alors invisible aux chimistes.
206
+
207
+ La masse atomique de l'argon (un peu moins de 40) est très voisine de celle du calcium (un peu plus de 40) et donc supérieure à celle du potassium (39,1), ce qui posa quelques problèmes de classification[39] car il semblait y avoir « plus de place » dans le tableau périodique entre le chlore et le potassium qu'entre le potassium et le calcium. Les choses se compliquèrent encore lorsque Ramsay et Morris Travers découvrirent le néon en 1898, matérialisant, avec l'hélium (découvert en 1868 par l'astronome français Jules Janssen et l'Anglais Joseph Norman Lockyer), le groupe nouveau des gaz rares (ou gaz nobles), appelé « groupe 0 » : la masse atomique du néon (20,2) était exactement intermédiaire entre celles du fluor (19) et du sodium (23). Ainsi, les gaz rares semblaient se positionner tantôt entre un métal alcalin et un métal alcalino-terreux, tantôt entre un halogène et un métal alcalin.
208
+
209
+ À la suite de la découverte de l'électron et de celle des isotopes par l'Anglais Joseph John Thomson — qui ont accompagné les débuts de la physique de l'atome avec les travaux de l'Allemand Max Planck, du Néo-Zélandais Ernest Rutherford et du Danois Niels Bohr — les recherches du physicien anglais Henry Moseley sur la corrélation entre la charge du noyau atomique et le spectre aux rayons X des atomes ont abouti en 1913 au classement des éléments chimiques non plus par masse atomique croissante, mais par numéro atomique croissant. C'était une évolution majeure, qui résolvait toutes les incohérences issues du classement en fonction de la masse atomique, lesquelles devenaient gênantes depuis les travaux de systématisation de Dmitri Mendeleïev.
210
+
211
+ L'argon était ainsi placé entre le chlore et le potassium, et non plus entre le potassium et le calcium, tandis que le cobalt était clairement positionné avant le nickel bien qu'il soit un peu plus lourd. Il confirma que le tellure devait être placé avant l'iode sans nécessiter de revoir sa masse atomique, contrairement à ce qu'avait suggéré Mendeleïev. Il releva également que les éléments de numéro atomique 43 et 61 manquaient à l'appel : l'élément 43 avait déjà été prédit par Mendeleïev comme eka-manganèse (il s'agit du technétium, radioactif, synthétisé en 1937) mais l'élément 61 était nouveau — il s'agit du prométhium, radioactif également, isolé en 1947 :
212
+
213
+
214
+
215
+ Ce tableau, directement inspiré de celui de John Newlands, constituait l'étape intermédiaire conduisant à la disposition contemporaine. En particulier, la numérotation des groupes avec des chiffres romains de I à VIII, qui remontent à Newlands, et les lettres A et B, introduites par Moseley, étaient encore largement utilisées à la fin du XXe siècle :
216
+
217
+
218
+
219
+
220
+
221
+ Il était identique au tableau actuel, hormis pour ce qui avait trait à la septième période.
222
+
223
+ Le physicien américain Glenn Theodore Seaborg contribua dès 1942 au projet Manhattan dans l'équipe du physicien italien Enrico Fermi. Il était chargé d'isoler le plutonium — que lui-même avait synthétisé et caractérisé en février 1941 — de la matrice d'uranium au sein de laquelle il se formait. C'est au cours de ce travail qu'il développa une connaissance approfondie de la chimie particulière de ces éléments. Il établit ainsi que leur position dans le tableau périodique (l'uranium était alors placé sous le tungstène et le plutonium sous l'osmium) ne rendait pas compte de leurs propriétés.
224
+
225
+ En 1944, il parvint à synthétiser et à caractériser l'américium et le curium (éléments 95 et 96), ce qui lui permit de formaliser le concept des actinides, c'est-à-dire d'une nouvelle famille aux propriétés spécifiques et formée des éléments 89 à 103, située sous les lanthanides dans le tableau périodique, qui prit ainsi sa configuration actuelle. Seaborg conjectura également l'existence des superactinides, regroupant les éléments 121 à 153 et situés sous les actinides.
226
+
227
+ Le tableau périodique utilisé de nos jours est celui remanié en 1944 par Seaborg.
228
+
229
+ De très nombreuses présentations alternatives du tableau périodique ont été proposées tout au long du XXe siècle, et des présentations graphiques innovantes sont encore régulièrement proposées. L'une des plus anciennes et des plus simples est celle d'un autodidacte français par ailleurs méconnu, Charles Janet, qui a donné son nom à une disposition du tableau élaborée au début du XXe siècle et récemment redécouverte par les Anglo-saxons, chez lesquels elle est assez bien connue des spécialistes du sujet (sous les noms de Janet Form ou de Left-Step Periodic Table) car elle range les éléments chimiques sur des périodes définies chacune par une valeur de n + ℓ donnée (où n est le nombre quantique principal et ℓ le nombre quantique azimutal) tout en ayant le double mérite de rester familière et de disposer les éléments dans l'ordre naturel des blocs (de droite à gauche), à la différence du tableau usuel :
230
+
231
+ Une autre représentation est celle de Theodor Benfey, datée de 1960, dont l'objectif était de remédier aux discontinuités du tableau standard à l'aide d'une représentation en spirale :
232
+
233
+ De nombreux modèles en trois dimensions ont également été proposés afin d'enrichir la représentation des éléments par diverses informations spécifiques[43].
234
+
235
+ Une autre représentation a été proposée par Timmothy Stowe, en losanges par niveaux de remplissage : voir Tableau radial des éléments chimiques)
236
+
237
+ Le tableau de Mendeleïev a été adapté pour représenter d'autres données physiques des éléments, et été appliqué pour visualiser des éléments totalement différents [45]
238
+
239
+ Concernant plus particulièrement les métaux, jusque dans les années 1970, moins de 20 métaux étaient utilisés dans l'industrie. Depuis les années 2000, par suite du développement exponentiel des produits électroniques, des technologies de l'information et de la communication, de l'aéronautique, allié à l'innovation technique dans la recherche de performances et de rendements, la demande en nouveaux métaux « high tech » a explosé, et concerne maintenant environ 60 métaux. Pratiquement tous les éléments de la table sont utilisés jusqu'au no 92 (uranium)[46]. Les réserves de la plupart des métaux au niveau de production 2008 varient de 20 ans à 100 ans[47].
240
+
241
+ Transition element: an element whose atom has an incomplete d sub-shell, or which can give rise to cations with an incomplete d sub-shell.
242
+
243
+ Sur les autres projets Wikimedia :
244
+
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1
+ Œuvres principales
2
+
3
+ Théogonie d'Hésiode
4
+
5
+ modifier
6
+
7
+ Les cyclopes forment une espèce de créatures fantastiques dans la mythologie grecque.
8
+
9
+ Ce sont des monstres géants n'ayant qu'un œil au milieu du front. Les premiers cyclopes sont ceux de la Théogonie d'Hésiode.
10
+
11
+ « Cyclope » est un emprunt au latin Cyclops[1],[2],[3], transcription[3] du grec κύκλωψ / kýklôps[1],[2], qui, au singulier, désigne Polyphème et, au pluriel, les géants n'ayant qu'un œil rond au milieu du front[3]. Formé de κύκλος / kýklos (« roue », « cercle ») et de ὤψ / ốps (« œil »), que l'on pourrait traduire par « œil rond ». Cet œil rond figure le soleil « œil du ciel ». Le cyclope est un dieu du ciel dont l'arme est la foudre[4]...
12
+
13
+ Les légendes qui les concernent sont contradictoires : il ne faut pas les confondre avec les Géants, nés du sang de Tartare et tués lors de la gigantomachie ; il faut aussi veiller à distinguer plusieurs races successives : ouraniens, forgerons, bâtisseurs et pasteurs (seuls les cyclopes ouraniens et pasteurs sont mentionnés par Homère).
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+ Ces cyclopes sont les enfants d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre). Leur nom devient synonyme de force et de pouvoir et désigne des armes exceptionnellement bien travaillées.
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+ Ils sont trois : Brontès (Βρόντης / Bróntês, « Tonnerre »), Stéropès (Στερόπης / Sterópês, « Éclair ») et Argès (Ἄργης / Árgês, « Foudre »)[5]. Ouranos, terrifié par leur force, les enferme dans le Tartare. Plus tard, leur frère Cronos les libère, ainsi que les Hécatonchires et les Géants. Ils l'aident à renverser et à émasculer Ouranos, mais Cronos, redoutant à son tour d'être vaincu par eux, les renvoie dans le Tartare où ils restent jusqu'à leur libération par Zeus.
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+ Reconnaissants envers Zeus, les cyclopes fabriquent le foudre pour lui. Argès ajoute la lueur, Brontès l'orage et Stéropès les éclairs. Ces armes forment le foudre de Zeus, grâce auquel il peut vaincre Cronos et les Titans, et devenir le maître de l'Univers. Ils créent aussi le trident de Poséidon, l'arc et les flèches d'Artémis et la kunée d'Hadès (casque qui rend son porteur invisible et que l'on retrouve dans plusieurs légendes).
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+ Dans une version du mythe, les cyclopes sont tués par Apollon après que Zeus a tué son fils, Asclépios, avec l'arme forgée par les cyclopes, alors que ce dernier avait ramené à la vie plusieurs morts. Selon Phérécyde de Syros[6], ce ne sont pas les cyclopes mais leurs fils qu'Apollon anéantit pour se venger de la mort d'Asclépios.
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+ Le cyclope Argès serait l'époux de Phrygie et le père de trois enfants dont les noms sont : Atreneste, Atron et Deusus.
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+ Chez un commentateur de l’Iliade, Zeus avale Métis alors qu'elle est enceinte d'Athéna par le cyclope Brontès[7].
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+ Les cyclopes servent d'assistants à Héphaïstos. On connaît les noms de trois d'entre eux : Acamas, Pyracmon et Adnanos.
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+ Un groupe de cyclopes au service du roi Proétos construit les murs de la cité de Tirynthe[réf. nécessaire], la ville natale d'Héraclès. Ces murailles sont qualifiées de cyclopéennes. Ils construisent aussi les murs de Mycènes et la porte des Lionnes[8]. Ils ont un sanctuaire dans l'isthme de Corinthe. Ces cyclopes sont appelés encheirogastères, (ἐγχειρογάστορες), « qui vivent du travail de leurs mains », car ils travaillent pour gagner leur vie. Les premières tours furent bâties par les cyclopes d'après Aristote.
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+ Les cyclopes pasteurs incarnent une génération tardive, loin d'être aussi brillante que les précédentes. Ils se contentent de vivre de l'élevage en Sicile. Le terme « cyclope » se réfère alors habituellement à l'un des représentants de cette génération, dont le mieux mis en valeur par Homère est le fils de Poséidon et de Thoosa : Polyphème, dont le nom signifie : « abondant en paroles ». Il existe aussi Télémos.
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+ Chez Homère et Virgile, les cyclopes, fils de Poséidon, sont des géants sauvages et anthropophages, ne craignant ni les dieux ni les hommes, sans foi ni lois. Ils vivent en élevant des moutons, notamment dans l'île sicilienne de Trinacrie. Ces cyclopes de l´Odyssée rustres asociaux et impies n'ont à première vue, en dehors de leur œil unique, rien de commun avec les trois alliés de Zeus ou les compagnons d'Héphaïstos. Ils sont la contrepartie sauvage des feux divins. L'un d'eux est directement lié à la production du feu par frottement. Selon Arthur Cook, c'est la signification de l'épisode de l'Odyssée où Ulysse crève l'œil de Polyphème[9],[10].
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+ Euripide a également mis en scène Polyphème dans son drame satyrique intitulé Le Cyclope en réunissant deux épisodes mythologiques distincts. En effet, Ulysse aborde bien sur l'île comme dans le chant IX de l’Odyssée, mais au lieu de rencontrer Polyphème, il tombe nez à nez avec les Satyres et le vieux Silène, qui après avoir échoué sur le rivage, se sont retrouvés esclaves de Polyphème et obligés de faire paître ses troupeaux. Polyphème, quant à lui, apparaît également dans le mythe d'Acis et Galatée.
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+ Cette catégorie de cyclopes ne se limite pas à la mythologie grecque, puisque l'on en retrouve des exemples dans les Pyrénées, avec le Tartaro, les Bécuts, et les Ulhart (Pyrénées et Alpes) dont l'essentiel des récits correspond d'assez près aux démêlés de Polyphème avec Ulysse.
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+ Pausanias mentionne un autel des cyclopes à Corinthe sans fournir d'autres précisions[10].
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+ L'explication la plus courante donnée par les linguistes et les comparatistes aux cyclopes est que ceux-ci sont « des démons du feu, qui peuvent tantôt se rendre utiles aux hommes, tantôt leur nuire »[12]. Cette explication correspond également à l'étymologie de leur nom[10]. D'autres explications ont été avancées.
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+ L'holoproencéphalie est une malformation congénitale du cerveau et de la face. Elle existe à des degrés divers et résulte en une séparation incomplète entre les deux hémisphères du cerveau et parfois entre les deux yeux. On parle alors de cyclopie ou cyclocéphalie. Il est aisé d'imaginer que la naissance d'un bébé présentant de telles malformations ait pu être la source de légendes terrifiantes. L'otocéphalie, elle, est une pathologie congénitale rare mais témoignant de l'existence de la cyclopie dans certains cas chez l'être humain.
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+ Une autre source possible des légendes sur les cyclopes pourrait être la présence de crânes préhistoriques d'éléphants nains trouvés par les Grecs en Sicile et en Crète. La large cavité nasale (pour la trompe) au centre du crâne aurait été prise pour une orbite oculaire de grande taille[13].
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+ Les Grecs antiques connaissant très mal l'apparence des éléphants vivants et n'ayant probablement jamais vu de crâne de ces animaux, ils avaient peu de chance de reconnaître l'origine exacte de ces crânes, ayant plus du triple de la taille d'un crâne humain.
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+ Durant la guerre de Troie apparaissent des forgerons qui portaient, pour éviter d'être aveuglés en cas de projection d'étincelles ou de scories, une protection sur un œil, risquant seulement l'autre œil et travaillant donc « en cyclope » ; ils portaient des tatouages en l'honneur du soleil. Cela constitue deux liens avec le mythe des Cyclopes, connus pour leur penchant pour la métallurgie. La génération des cyclopes pasteurs est clairement différenciée de la précédente : ils sont probablement des additions tardives au Panthéon et n'ont pas ou peu de relations avec les forgerons.
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+ L'inclusion par Homère de Polyphème dans l’Odyssée en tant que cyclope pourrait également être le « détournement » d'un démon sicilien. Les « triophtalmes » des légendes crétoises pourraient en être la véritable origine : ces ogres se nourrissant de chair humaine portent un troisième œil à l'arrière de la tête. En dehors de la position de cet œil, ils ressemblent beaucoup aux cyclopes d'Homère.
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+ Enfin on trouve des similitudes entre le mythe des Cyclopes, les créatures appelées les Fomoires des croyances irlandaises, qui n'avaient qu'un œil, qu'un bras et qu'une jambe (leur roi était Balor) ou encore les croyances des Ossètes, peuple de langue iranienne, concernant des ogres n'ayant, eux aussi, qu'un œil. Ces ressemblances peuvent provenir d'un mythe commun à ces peuples dans l'hypothèse de la civilisation indo-européenne.
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+ Selon Héraclide du Pont, le cyclope représente « la fureur sauvage, propre à chaque homme »[14]. Aux dires de Porphyre, elle est engendrée dans l'homme par « le démon de son horoscope natal »[15].
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+ Le cyclope naît, précise Eustathe, dans une caverne par laquelle « le poète entend la cavité du cœur ; car c’est là que naît la fureur, celle-ci étant le bouillonnement du sang dans la région du cœur »[16].
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+ Pour le philosophe d'Hooghvorst, le cyclope représente « le sens vulgaire de l'homme » qui en « suce les os et la moelle avec fureur » [17].
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+ Victor Bérard y voit une forme d’anthropomorphisme des volcans : « Le Cyclope est une montagne qui hurle, engouffre, vomit et lance des rochers, un volcan à l’œil rond »[18].
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+ Paysage avec Polyphème par Nicolas Poussin (1649).
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+ Polyphème, sculpture en terre cuite patinée façon bronze de Corneille Van Clève (1680), musée du Louvre
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+ Le Cyclope, tableau d'Odilon Redon (entre 1898 et 1900 ou 1914).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le mur cyclopéen ou appareil cyclopéen est un mode de construction primitif, constitué de grosses pierres équarries ou non, agencées ou simplement entassées de manière à former un mur défensif ou une jetée, un barrage, un pont, une route.
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